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Les syndicats doivent en faire plus contre le PL89, selon un délégué des cols bleus

Quand les syndicats se mobilisent pour l’environnement
L’article qui suit a originalement été publié dans le no.102 de la revue À bâbord !
Guillaume Tremblay-Boily et Julia Posca
Dans le discours dominant sur la crise écologique, l’idée selon laquelle la protection de l’environnement est incompatible avec le développement économique demeure prégnante, et ce malgré le consensus scientifique entourant l’urgence des changements à apporter pour remédier à la situation. Ainsi les mesures environnementales sont-elles présentées par plusieurs comme nuisibles pour les entreprises et ultimement pour leurs salarié·e·s. Certes, le développement capitaliste, parce qu’il repose sur l’exploitation illimitée des ressources et sur une production inouïe de déchets polluants, ne peut permettre de préserver les écosystèmes terrestres ni d’assurer un avenir viable aux différentes espèces qui se côtoient sur la planète Terre.
Cette incompatibilité, plutôt que de nous mener à choisir entre environnement ou économie, devrait cependant nous amener à réfléchir aux contours qu’un système économique devrait prendre pour répondre aux besoins humains tout en respectant les limites planétaires. Ce n’est qu’en adoptant une telle perspective qu’on peut espérer prendre des décisions compatibles avec l’intérêt collectif. En adoptant cette approche, il est aussi plus probable de faire des choix économiques qui bénéficieront aux travailleurs et aux travailleuses, tout comme aux communautés auxquelles ils et elles appartiennent.
Prenons par exemple les conséquences de la crise climatique sur la santé. Alors que la fréquence et l’intensité des événements météorologiques extrêmes augmentent, les risques professionnels sont aussi amenés à croître : coups de chaleur et déshydratation ne sont que les exemples les plus évidents des risques que les travailleurs et les travailleuses vont subir au temps du réchauffement climatique. Face à ces risques accrus, la transition écologique peut être pensée comme un processus qui aura pour effet de réduire l’empreinte matérielle de nos industries, mais aussi d’améliorer l’état de santé des personnes qui les font vivre. Les enjeux environnementaux concernent donc au premier chef les salarié·e·s tout comme les syndicats, qui auraient intérêt à s’en saisir.
L’histoire nous enseigne à ce propos qu’à plusieurs reprises, des syndiqué·e·s se sont mobilisé·e·s pour protéger l’environnement. On a parfois opposé les intérêts des syndicats à ceux des groupes écologistes, notamment en ce qui a trait à la préservation des emplois, par exemple dans les cas où des environnementalistes ont fait campagne contre des coupes forestières. Mais les intérêts des uns et des autres peuvent aussi converger. En plus d’être des travailleurs et des travailleuses, ils et elles sont aussi des citoyen·ne·s qui se préoccupent de l’avenir et qui souhaitent avoir des poumons en santé; des amateurs et amatrices de plein air qui veulent pouvoir randonner, pêcher et chasser dans un environnement sain, ou encore des parents qui veulent léguer une planète habitable à leurs enfants. Plusieurs cas historiques attestent de cette convergence entre syndicats et écologistes.

Protéger sa santé et celle du milieu naturel
En Californie, dans les années 1960, les employé·e·s agricoles majoritairement latino-américain·e·s des grandes monocultures s’unissent sous la bannière des United Farm Workers (UFW, « Travailleurs et travailleuses agricoles uni·e·s »). Leurs conditions de travail sont difficiles et leurs salaires sont maigres, mais les travailleurs et les travailleuses sont aussi alerté·e·s par le recours accru aux pesticides. À l’été 1968, plusieurs équipes de travail tombent gravement malades après avoir récolté des raisins dans des champs qui ont été aspergés de produits hautement toxiques. Les UFW dénoncent alors les pratiques polluantes des compagnies agricoles, ainsi que le manque de réglementation gouvernementale. Le syndicat souligne aussi les conséquences des pesticides sur l’environnement et tisse des liens avec plusieurs groupes écologistes pour revendiquer l’interdiction de certains pesticides. En 1970, les UFW obtiennent la signature de conventions collectives qui incluent à la fois une amélioration significative des conditions de travail et un encadrement strict de l’utilisation des pesticides. Les Québécois·es ont un peu contribué à cette victoire en soutenant en grand nombre l’appel au boycottage des raisins de la Californie lancé à l’époque par les UFW. Les centrales syndicales québécoises ont d’ailleurs appuyé cette campagne.
En Abitibi, dès le milieu des années 1970, les citoyen·ne·s ainsi que les travailleurs et les travailleuses prennent de plus en plus conscience des effets néfastes de la Fonderie Horne sur les humains et l’environnement. Le syndicat de l’entreprise en fait un cheval de bataille. En 1980, il publie un mémoire dans lequel il souligne que la grande quantité d’émissions polluantes dans l’atmosphère pose un danger continu pour la santé publique. Il s’inquiète aussi de « l’état de détérioration de certains lacs et rivières d’où toute faune aquatique a disparu ». Pour brosser un portrait complet de la situation, le syndicat organise une vaste enquête en invitant une quarantaine de chercheurs et de chercheuses américain·e·s du Département en santé environnementale et en santé du travail de l’École de médecine Mont Sinaï. « L’opération Mont Sinaï » permet de faire un bilan systématique de l’exposition des travailleurs aux substances toxiques, ainsi qu’une enquête environnementale approfondie.

L’exemple des « green bans » (moratoires verts) en Australie
Préoccupé·e·s par la transformation rapide de leurs villes au profit des promoteurs immobiliers, les membres de la Builders Labourers’ Federation (BLF, Fédération des travailleurs et des travailleuses de la construction) australienne adoptent dans les années 1970 une tactique audacieuse pour bloquer les projets jugés destructeurs pour l’environnement et pour le patrimoine bâti : les « green bans », ou moratoires verts.
Lorsqu’un projet de construction ne respecte pas certains critères sociaux et environnementaux, les syndiqué·e·s refusent de travailler sur le chantier. Les « green bans » sont décidés collectivement en assemblée générale et sont décrétés seulement pour les projets qui sont fortement contestés par la population locale. Ils impliquent donc une alliance avec des groupes citoyens locaux.
Les « green bans » ont notamment empêché la destruction de parcs publics pour construire des maisons de luxe et la démolition de quartiers ouvriers pour bâtir des gratte-ciels. Dans d’autres cas, les syndiqué·e·s ont obtenu qu’un projet soit amélioré, par exemple en forçant l’installation de dispositifs anti-pollution dans une centrale thermique, ou encore en s’assurant que des projets de développement conservent les bâtiments historiques.
Notons qu’à la même époque, sans aller aussi loin que leurs homologues australien·ne·s, des syndicats montréalais ont participé au Front commun contre l’autoroute est-ouest, qui aurait exproprié des milliers d’habitant·e·s du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Les membres de la coalition s’inquiétaient alors des risques de la pollution automobile sur la santé et l’environnement.

Carte de Noël de la NSW BLF, 1971, énumérant une série de causes à soutenir au cours de l’année suivante. (source)
Des alliances citoyennes
Dans chacun de ces cas, les syndicats ont adopté une vision globale de leurs intérêts, qui dépasse la question des salaires et des conditions de travail pour réfléchir à leur place dans l’économie et la société. Et fait notable, les mobilisations environnementales des syndicats se sont faites en partenariat avec des collectifs citoyens et des groupes environnementaux, ce qui a certainement contribué à leur succès.
Ces exemples nous rappellent ainsi que les travailleurs et les travailleuses, en plus d’être des témoins privilégiés des conséquences environnementales de leurs industries (pensons par exemple aux travailleurs de l’amiante au Québec qui ont été nombreux à voir leur santé se détériorer en raison de leur exposition à ce minerai toxique), sont aussi outillés pour adapter les processus de production propres à chaque entreprise afin de les rendre plus viables sur le plan écologique. Peut-être au fond que ce n’est que du point de vue des hauts dirigeants et des actionnaires des entreprises qu’il y a une incompatibilité fondamentale entre économie et environnement, car les contraintes que nous « imposent » les écosystèmes apparaîtront toujours comme un frein à la croissance… de leurs profits.
Mises à pied massives dans une usine automobile—la guerre commerciale en cause ?

Le capitalisme à son apogée

Aux États-Unis, les politiques du care, les programmes d'aide sociale, l'industrie des soins de santé, les organismes à but non lucratif qui luttent contre la pauvreté, les programmes de tutelle, les agences d'aide sociale, les programmes de garde d'enfants et l'aide au logement ont servi de sites de croissance économique et d'expansion du capital.
L'investissement dans l'économie du care à des fins d'accumulation financière a augmenté rapidement au cours des 30 dernières années et l'engouement pour le care comme nouvel horizon pour l'investissement et l'entrepreneuriat dans le secteur des entreprises ne cesse de grandir. La hausse des profits tirés du care indique qu'il existe un nouveau rapport entre les individus et le capital, ainsi qu'entre l'État-providence et l'accumulation de capital. Un rapport qui permet au capital de tirer profit de la pauvreté, de la maladie, de la dépendance et de la fragilité. Le point de départ de notre réflexion se base sur une analyse du capitalisme racial. En effet, les spécialistes de l'esclavage et du racisme ont démontré que le profit tiré du care s'inscrit dans la longue histoire du capitalisme et du colonialisme.
Capitalisme racial
L'exemplele plus frappant est celui de l'esclavage transatlantique. Le travail des esclaves était une composante nécessaire de l'économie industrielle naissante en Europe et aux Amériques. Outre l'exploitation de leur travail, l'achat et la vente d'esclaves constituaient également une source de profit. Par conséquent, les personnes asservies produisaient des marchandises et constituaient elles-mêmes une marchandise.
Bien que très différente de l'esclavage mobilier [1], l'économie contemporaine du care est fondée sur la rentabilité des personnes et des soins qui leur sont prodigués. Dans le cadre de l'économie néolibérale du care, les entreprises gagnent de l'argent en exploitant les besoins qu'ont les personnes, qu'il s'agisse de soins de santé, de logement, d'éducation, de garde d'enfants, de soins aux personnes âgées ou aux personnes handicapées.
En prenant en compte les voix des personnes les plus marginalisées – militant·es, travailleuses et travailleurs domestiques, bénéficiaires de l'aide sociale – nous sommes à même de comprendre l'économie du care sous l'angle du capitalisme racial. Par exemple, les personnes employées de maison perçoivent leur emploi comme une exploitation (ou du moins une obligation liée au travail) et non comme un engagement affectif, et se mobilisent ainsi dans le secteur grandissant des services du care. Pour la majorité, il s'agit de femmes noires et de couleur. De même, les récits des bénéficiaires d'aide sociale illustrent bien le fait que la réduction et la nature plus punitive des programmes qui leur sont destinés leur cause davantage de difficultés.
On voit alors se dessiner un secteur du care enraciné dans l'exploitation du travail et l'extraction du profit. Tout cela met en évidence les contradictions entre le discours sur les soins (l'idée que le care est une préoccupation publique majeure) et les politiques adoptées.
Rôle de l'État
Un besoin majeur semble être de reconsidérer le rôle de l'État-providence dans le cadre d'une économie du care extractive. L'État-providence a été vu comme un moyen d'atténuer les excès du capitalisme. Or, les programmes gouvernementaux sont souvent externalisés, administrés par des entreprises privées, et il y a peu de surveillance à l'égard de la manière dont l'argent peut être dépensé. L'État-providence est devenu une source de profit pour le secteur privé et une mangeoire pour les riches. Par exemple, Maximus, une entreprise qui offre des services de gestion de programmes pour le gouvernement américain, génère un chiffre d'affaires de 4 milliards de dollars en exploitant des ménages et en fournissant les services de Medicaid [2], de Medicare [3] et de formations professionnelles, entre autres, destinés aux personnes dans le besoin. Seul un quart des fonds publics destinés aux bénéficiaires du Temporary Assistance to Needy Families Program [programme d'assistance temporaire aux familles nécessiteuses] est consacré à l'aide monétaire accordée auxdites personnes démunies.
Le profit tiré du care augmente et devient ainsi une forme dominante d'accumulation de capital. Aux États-Unis, parmi les dix premières entreprises du classement Fortune 500 de 2024, quatre relèvent de l'économie du care : CVS Santé, United Health Group, McKesson et Cencora. À titre de comparaison, en 1980, les dix premières entreprises du palmarès comprenaient six compagnies pétrolières et gazières, trois constructeurs automobiles et une entreprise technologique. Même si l'industrie manufacturière demeure importante, la production de matières premières et l'exploitation de la main-d'œuvre ne sont plus le seul fondement du capitalisme ; désormais, pour créer du profit, les regards sont portés vers le bien-être et la survie des personnes.
Pour un care radical
Toutes les formes de care ne sont pas ancrées dans un marché et une logique capitaliste. D'autres expériences nous invitent à réfléchir à la manière de le réimaginer. Les services médicaux et les programmes de petits-déjeuners gratuits du Black Panther Party en son temps, les collectifs trans du début des années 1970, et les réseaux du care qui se sont formés dans la communauté de la justice pour les personnes handicapées en sont de bons exemples. Ce care radical et communautaire comble un besoin important, en plus de constituer la préfiguration d'une vraie politique du care – les premiers jalons d'une société différente dans laquelle le care n'est pas défini par le profit capitaliste ou les normes raciales et sexistes, mais par un engagement partagé en faveur du bien-être des autres.
[1] Système dans lequel les personnes asservies sont aussi considérées comme des biens par leurs asservisseurs.
[2] Couverture médicale pour certaines personnes avec un revenu et des ressources limités.
[3] Assurance maladie fédérale, notamment pour les personnes âgées de 65 ans.
Premilla Nadasen est professeure d'histoire à l'Université Columbia, New York.
Photo : Selena Phillips−Boyle

(Re)construire l’édifice des droits humains – 50 ans de la Charte québécoise
Adoptée en 1975, la Charte des droits et libertés de la personne du Québec est une loi fondamentale qui a profondément marqué l'histoire des luttes pour l'égalité, la justice sociale et les droits humains au Québec. Ce dossier de la revue Droits et libertés explore une diversité de thématiques liées à l'histoire de la Charte et à son rôle dans les luttes pour les droits humains.
Plusieurs personnes et organisations de différents milieux nous ont partagé leurs perspectives sur le rôle, les impacts et les limites de la Charte québécoise ainsi que sur la manière dont elle pourrait être renforcée pour répondre aux défis et enjeux du Québec d'aujourd'hui et de demain.
Inspirée des grands textes du droit international des droits humains, la Charte québécoise exige d'être promue et reconsidérée tant par les parlementaires que par la population.
Bonne lecture !
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Dans ce numéro
Éditorial
Le tournant identitaire : nos valeurs priment sur vos droitsMaryève Boyer et Louise Pelletier
Chroniques
Un monde sous surveillance
Génocide à Gaza, IA et complicité de Microsoft, Google et AmazonDominique Peschard
Un monde de lecture
Les fictions du racismeCatherine Guindon
Ailleurs dans le monde
Le retour du fascisme allemand?Édouard de Guise
Le monde de Québec
Bâtir nos solidarités contre les violences islamophobesMaryam Bessiri, Hassina Bourihane, Mélina Chasles et Sophie Marois
Dossier principal
(Re)construire l'édifice des droits humains
Présentation
(Re)construire l'édifice des droits humainsPaul-Etienne Rainville
La Charte et ses institutions
Pour que la Charte québécoise brille de tous ses feuxMe Louis-Philippe Lampron Nos luttes garantissent nos droits
Diane Lamoureux La Charte québécoise, un texte vivant en perpétuelle évolution
Me Philippe-André Tessier Le Tribunal des droits de la personne
Michèle Rivet
Perspectives militantes
Enfin reconnaître le droit au logementStéphanie Barahona La Charte québécoise et les droits environnementaux
Entrevue avec Geneviève Paul et Me David Robitaille
Propos recueillis par Paul-Etienne Rainville La Charte québécoise et les droits des peuples autochtones
Entrevue avec Katsi'tsakwas Ellen Gabriel Ellen
Propos recueillis par Paul-Etienne Rainville Travailler sous permis de travail fermé?
Meritxell Abellan Almenara et Amel Zaazaa Le pouvoir relatif des Chartes en contexte social hostile
Sheba Akpokli, Etienne Dufour et Fred Catherine Lavarenne Regards croisés sur les droits humains
Témoignages d'organisations de la société civile Quel droit de manifester à Québec ?
Josyanne Proteau et Linda Forgues Droits humains et prisons : un défi pour la justice
Me Amélie Morin La nouvelle gestion publique : une menace aux droits humains
Christian Djoko Kamgain Les droits culturels, pour donner du sens à la vie
Entrevue avec Vincent Greason
Propos recueillis par Elisabeth Dupuis
Reproduction de la revue
L'objectif premier de la revue Droits et libertés est d'alimenter la réflexion sur différents enjeux de droits humains. Ainsi, la reproduction totale ou partielle de la revue est non seulement permise, mais encouragée, à condition de mentionner la source.
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L’article (Re)construire l’édifice des droits humains – 50 ans de la Charte québécoise est apparu en premier sur Ligue des droits et libertés.
Une politique canadienne d’appui constant à Israël
Doug Ford veut des juges « sévères contre la criminalité »
Erdogan face à la contestation : un début de déclin ?

Du pain ou du sang. Les travailleurs irlandais et le canal de Beauharnois – Compte-rendu de lecture
Un article de Rémi Arsenault
VIAU, Roland. Du pain ou du sang. Les travailleurs irlandais et le canal de Beauharnois, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2013.
En 1843, une grève des constructeurs de canaux éclate à Beauharnois (au sud-ouest de Montréal), avant d’être fortement réprimée par l’armée pour y mettre fin. La violence d’État entraîne d’ailleurs la mort de plusieurs ouvriers lors des événements du Lundi rouge (12 juin). Cette grève méconnue est présentée par le chercheur et professeur Roland Viau dans une monographie parue aux Presses de l’Université de Montréal en 2013. L’auteur souligne dès l’introduction de son ouvrage la manière dont les historiens généralistes ont ignoré ce conflit, le plus meurtrier de l’histoire ouvrière canadienne. Pourtant, au moment des faits, l’opinion publique fut très remuée par ces événements, qui furent effacés de la mémoire collective seulement plus tard. Nous résumons ici le livre de Roland Viau sur la question, qui permet d’éclairer un pan décisif de l’histoire du mouvement ouvrier et de comprendre comment le capitalisme s’est constitué dans la violence.

Étudier l’histoire des premières grèves ouvrières
Les conflits de travail qui ont marqué la construction du canal de Beauharnois sont au nombre de cinq, qui s’étendent du début du chantier à l’automne 1842 jusqu’à sa fin, en août 1845. La grève de juin 1843 est le troisième débrayage, qui répondait à une baisse des salaires décrétée unilatéralement par les patrons. Étrangement, ni ce conflit ni aucun des quatre autres ne sont mentionnés dans les livres d’histoire générale du Canada[1]. C’est d’autant plus problématique que le chantier de ce canal est un projet majeur de l’époque et une pièce importante du système commercial qui se met en place avec la naissance du capitalisme. Roland Viau rappelle que l’histoire retient généralement la version de ceux qui gouvernent, donc les seigneurs et les propriétaires à cette époque. De plus, l’expérience du mouvement ouvrier (naissant au moment des faits) se transmettait principalement à l’oral, puisque les classes populaires n’avaient pas accès à une éducation telle qu’on la conçoit aujourd’hui. Ces raisons ne justifient pas, néanmoins, d’ignorer plus longtemps cette histoire.
L’auteur montre qu’il est possible de trouver des informations sur le sujet. Pour donner suite aux événements, une commission d’enquête a été mise sur pied et un rapport a été publié le 16 octobre 1843. Ce document crucial regroupe une cinquantaine de témoignages des événements. On peut aussi consulter plusieurs journaux du Bas-Canada et du Haut-Canada qui relatent les événements, notamment La Minerve, L’Aurore des Canadas, Les Mélanges religieux et la Montreal Gazette. Les archives du Bureau canadien des Travaux publics, qui se trouvent à Ottawa, contiennent des informations pertinentes décrivant les relations de travail entre les patrons et les ouvriers. Les archives religieuses complètent l’information, entre autres les correspondances du pasteur John Falvey de Beauharnois et du curé Joseph-Olivier Archambault de Saint-Timothée, qui devaient tous deux rendre des comptes à leurs supérieurs. On constate qu’il existe une quantité importante d’archives qui traitent du sujet, ce qui montre le caractère idéologique de son effacement.
En fait, grâce aux différentes sources, Roland Viau est en mesure d’émettre la suggestion suivante : « Nous posons l’hypothèse qu’avant, durant et après le 12 juin 1843, une société secrète assurait l’encadrement des travailleurs coalisés et nous prenons aussi le parti de démontrer que les revendications des grévistes dépassaient les seules questions salariales. »[2] L’auteur ne cache pas qu’il y avait plusieurs tensions au sein du mouvement ouvrier qui nuisaient au développement d’une conscience de classe commune. Ces clivages pouvaient être religieux, ethnoculturels ou encore professionnels. Mais, dans le cas de Beauharnois, il semble qu’une organisation ouvrière secrète a bien permis de regrouper les ouvriers des canaux, malgré leurs différences, et d’aider au développement de revendications sociales opposées à la tyrannie patronale. Ainsi, bien que les grèves des années 1840 dans la région ne furent pas proprement révolutionnaires, elles impliquaient une conscience de classe et des revendications plus radicales que des simples demandes salariales, qui servaient tout de même à cristalliser la colère des ouvriers.

La situation des travailleurs irlandais
Le livre de Roland Viau est divisé en deux parties comprenant chacune quatre chapitres. La première partie est surtout une étude anthropologique d’un groupe social, nommément les travailleurs irlandais engagés pour creuser le canal de Beauharnois, mais il relate aussi le contexte socio-économique du chantier. Pour commencer, l’auteur explique le choix du lieu de la construction qui survient à la suite d’une intrigue politique menée à Londres[3]. Il élabore ensuite sur les conditions de travail au moment de la construction du canal. Le chercheur identifie plusieurs types d’emplois qualifiés : maçons, forgerons, charpentiers, carriers, tailleurs de pierre, mineurs et artificiers. Cependant, la très grande majorité des travailleurs du chantier était non qualifiée, c’est ceux qu’on appelle les terrassiers. Ces hommes travaillaient au pic et à la pelle pour creuser le canal, représentant plus de 2500 travailleurs (sur les 3000 du chantier).
Les journées de travail s’étendaient du lever du soleil jusqu’au crépuscule, soit plus de 15 heures d’ouvrage, pour un salaire journalier de trois shillings (moins de 60 cents). La santé et la sécurité des travailleurs n’étaient aucunement respectées sur le chantier. Viau explique : « Comme les manœuvres non qualifiés et les hommes de métier n’étaient rémunérés que pour les journées travaillées, un système de « contributions charitables » fixées à un demi-denier, soit environ 1 ¢ par jour, permettait de constituer un fonds de réserve destiné à venir en aide aux compagnons de labeur victimes des coups du sort. »[4] La vie de chantier était marquée par les blessures et les accidents de travail, tels que les « muscles endoloris, coupures, meurtrissures et contusions, mutilations et amputations étaient choses fréquentes, tout comme les doigts fracturés, les jambes et les orteils cassés »[5]. En raison de l’insalubrité des lieux, les travailleurs étaient sujets aux maladies contagieuses telles que les fièvres, la dysenterie bacillaire, le choléra, la malaria et la typhoïde. En plus des blessures et des maladies contagieuses, la dureté du travail entraînait des rhumes, des rages de dents, des grippes, des coups de chaleur, des gerçures aux mains, des engelures et des écorchures.
Sinon, les relations entre les travailleurs irlandais récemment immigrés et les habitants, pour la plupart d’origine canadienne-française et agriculteurs, n’étaient pas très bonnes. L’auteur montre que la paysannerie locale n’était pas favorable à la construction du canal, car celui-ci risquait de provoquer plusieurs changements géographiques et dans la composition des sols[6]. Les relations restaient aussi distantes, car peu d’habitants canadiens-français travaillaient au chantier, soit seulement 5 % de la main-d’œuvre totale. Les tensions entre groupes ethniques étaient entretenues par les patrons, comme lorsque l’entrepreneur Charles Rocbrune licencia 19 terrassiers canadiens-français après que ceux-ci exigèrent de meilleurs gages et des heures de travail moins longues, soulignant que les Irlandais étaient plus dociles. Au total, c’est environ 3000 ouvriers qui s’installent avec leurs femmes et leurs enfants aux abords du chantier. La majorité provient de différentes régions d’Irlande. Il y a des Écossais et des Irlandais de confession protestante, mais Viau estime que 75 % de la main-d’œuvre est catholique. Malgré la diversité qui règne au sein de cette population, le chercheur affirme que peu d’incidents violents surviennent entre ces groupes sociaux : « À Beauharnois, le regroupement de terrassiers irlandais, d’ouvriers de métier écossais et de journaliers francophones ayant des cultures d’appartenance et des expériences de vie différentes ne donna pas lieu à des combats de barricades ou à des conflits ethniques tels que ceux survenus pour le travail en forêt dans les camps de bûcherons de la vallée de l’Outaouais entre 1836 et 1838, et connus sous le nom de Shiner’s War. »[7]
La première partie se termine par une étude de la communauté ouvrière qui s’est formée autour du chantier. Les ouvriers s’entassaient dans de petites huttes, qu’ils appelaient shanty et vivaient ensemble selon des coutumes bien à eux. Les conditions de vie étaient extrêmement difficiles. Selon Viau, l’espérance de vie était courte et il était rare de voir des travailleurs âgés de plus de 40 ans sur le chantier. La plupart de la communauté était sous-alimentée, faute d’argent pour bien se nourrir (malgré des semaines de presque 100 heures de travail !). Dans de telles conditions, un vent de révolte souffla sur ces ouvriers démunis, mais déterminés. Pour expliquer la cohésion des travailleurs et de leurs familles derrière des revendications communes, le chercheur suggère qu’une société secrète opérait dans l’ombre afin d’organiser les opprimés. Comme l’explique Roland Viau : « La tolérance des idéologies religieuses et la coexistence des factions rivales aux abords du canal transcendaient toutefois les divergences entre les appartenances communautaires et permettaient une certaine cohésion de la classe prolétaire constituée surtout d’Irlandais, mais aussi d’Écossais et de Canadiens français. »[8]

La grève de 1843 et le Lundi rouge
La deuxième partie de l’ouvrage aborde directement les luttes ouvrières sur les chantiers et à Beauharnois en particulier. À partir des années 1820, plusieurs canaux sont construits en Amérique du Nord : Rideau, Lachine, Érié, Welland, etc. Ces constructions d’envergure ont pour objectif d’améliorer les voies de navigation et de faciliter le transport de marchandises : « Très rapidement, on observe une augmentation fulgurante du flux de marchandises en transit par ces canaux, en plus d’une augmentation du tonnage des navires. La nécessité de développer et de bâtir de nouveaux canaux est ressentie, ce qui engendre la seconde série de canaux, ne comprenant que le canal de Rideau, à Ottawa, et le canal de Lachine à Montréal. »[9] Des hommes d’affaires se regroupent pour faire pression sur le gouvernement fédéral afin de recevoir des subventions pour la construction de leurs projets ; ils veulent ainsi que le gouvernement paie pour des infrastructures qui augmenteront leurs profits personnels. C’est le cas de la Welland Canal Company[10] présidé par George Keefer. En plus de chercher des subventions gouvernementales, cette classe sociale fait pression pour augmenter l’immigration qui doit servir de main-d’œuvre corvéable, n’hésitant pas à encourager les tensions inter-ethniques.
Le gouvernement accepte, en finançant les projets et en faisant venir des milliers de travailleurs irlandais. Viau précise : « En clair, la très grande majorité des nouveaux arrivants formait une armée industrielle constituée surtout d’ouvriers non qualifiés. La seule possibilité qui s’offrait néanmoins à ce prolétariat urbain des plus vulnérables consistait à accepter tous les emplois qu’il pouvait trouver et à se déplacer continuellement d’un endroit à un autre. Certains devenaient donc bûcherons et dockers. D’autres effectuaient divers travaux manuels ou encore des travaux d’intérêt général dans les centres urbains et en venaient parfois à des heurts avec le patronat ou aux mains avec des collègues pour sauvegarder leurs emplois menacés. Mais la plupart d’entre eux se rendaient sur les chantiers d’aménagement de voies navigables qui embauchaient, effectuaient surtout les travaux de terrassement, repartaient vers d’autres sites de construction, se cantonnaient dans le métier de canalier et en faisaient un mode de vie. »[11]
Deux classes s’affrontent lors de la construction de ces canaux. L’une s’assure que ses investissements deviennent profitables, tandis que l’autre cherche à conserver ses emplois et veut améliorer ses conditions matérielles d’existence. On sait qu’il y a eu des tensions sur le chantier du canal Lachine entre les patrons et les ouvriers, aussi dans les années 1840. À ce sujet, Roland Viau cite Les Irlandais et le canal de Lachine. La grève de 1843 (Raymond Boily, 1980). Ce conflit a même mené à un affrontement avec les forces de l’ordre et c’est environ 200 ouvriers irlandais qui furent désarmés aux abords de Saint-Henri. La même chose se produit dans le bassin de Rottenburg au canal Welland (Ontario) où 3000 journaliers provoquent une émeute marquée par des slogans politiques et la présence d’un drapeau rouge[12]. Les travailleurs utilisent donc la grève et l’émeute depuis quelque temps au Canada afin de faire valoir leurs intérêts. On peut même penser que les ouvriers irlandais avaient développé une organisation secrète, comme le défend l’auteur. Cela correspondrait à l’essor des sociétés ouvrières britanniques dans les années 1830 et 1840 (dans le courant chartiste) que connaissent certainement plusieurs ouvriers immigrants.
À Beauharnois, l’étincelle qui met le feu aux poudres est d’ordre salarial. Outre les conditions abominables et les longues heures de travail harassantes, le salaire (au printemps 1843) a été baissé à 52 cents par jour, insuffisant pour vivre. Les ouvriers revendiquent 60 cents par jour et une réduction des heures de travail, demandant un horaire de 12 heures par jour (six heures du matin à six heures du soir). Le temps gagné leur permettrait notamment d’entretenir un jardin, pour se nourrir un peu mieux. Les Travaux publics avaient sous-traité la construction du canal à des entreprises privées qui abaissaient les salaires, voire payaient les ouvriers avec des jetons de la compagnie. Cette méthode obligeait alors les ouvriers à s’approvisionner uniquement dans les magasins de l’employeur, créant une dépendance et une pauvreté innommables. Le 1er mai 1843, plus de 150 ouvriers rassemblés à Saranac discutent d’une possible grève. L’idée est par la suite propagée à l’ensemble des sections du canal. En réaction, les patrons décrètent un lock-out le 1er juin, tout en faisant protéger les chantiers par des fiers-à-bras et en cherchant à recruter des briseurs de grève à Montréal. Pendant une dizaine de jours, les ouvriers interpellent les entrepreneurs des différentes sections pour tenter de les convaincre de céder à leurs demandes. La tension monte et plusieurs incidents se produisent, notamment des invectives et des bousculades avec les contremaîtres. C’est pourquoi les entrepreneurs font appel à l’armée. Le 11 juin, le 74e régiment arrive à Saint-Timothée, un village qui surplombe le chantier du canal.
Le 12 juin 1843, une masse immense d’ouvriers en colère (plus de 1500 travailleurs) converge vers le Manoir Grant à Saint-Timothée, où sont hébergés le magistrat Jean-Baptiste Laviolette et l’entrepreneur Duncan Grant. La demeure sert d’ailleurs de bureau pour la North American Colonial Association of Ireland. À l’arrivée des manifestants, les militaires s’interposent entre eux et le manoir. Il va sans dire que le conflit s’était envenimé et que les ouvriers arrivent armés de bâtons et de gourdins. Sous les huées de la foule, le magistrat Laviolette fait la lecture de l’acte d’émeute, mais les ouvriers refusent de se disperser. Se sentant menacé, le commandant de la troupe, le major Campbell, ordonne de tirer, alors que la cavalerie fonce et sabre les manifestants. Malgré l’élan de panique, une bataille assez violente se produit, avant que les ouvriers ne refluent et s’enfuient. On arrête 27 grévistes, dont quatre seront condamnés pour incitation à l’émeute. Mais, surtout, cinq manifestants sont tués sur place et on estime qu’une quinzaine d’autres meurent de leurs blessures. Dans ces circonstances, le gouvernement fédéral met sur pied une commission d’enquête, la première de l’histoire canadienne.
Finalement, au lendemain de l’affrontement, on pense que les grévistes firent une tentative pour venger leurs morts. En effet, en relatant un fait divers paru dans la Montreal Gazette du 17 juin 1843, Roland Viau affirme qu’une société secrète du nom de Molly Maguires[13] organisa un guet-apens : « Selon nous, ce coup de main avorté dont rendait compte le journal montréalais décrivait le scénario d’une mise en scène orchestrée par une société secrète. »[14] En résumé, environ 150 hommes armés s’étaient embusqués dans un boisé près de Saint-Timothée, attendant le passage du 74e régiment pour les surprendre. Les conspirateurs avaient envoyé une femme pour prévenir le major Campbell que la maison de l’entrepreneur Lawrence Brown était attaquée, et pour qu’il demande à ses hommes de s’y rendre. Mais le major Campbell repéra l’embrouille à cause de la pauvreté de la femme, qui ne pouvait selon lui être liée au riche commerçant Brown. Enfin, c’est en se basant sur cette tentative de guet-apens que Viau cherche à démontrer la présence d’une organisation ouvrière secrète chez les Irlandais, qui aurait joué un rôle dans la grève du canal de Beauharnois. L’argumentation est plutôt convaincante, en fonction de la cohérence de la grève, de l’ampleur de la manifestation du 12 juin et, surtout, de l’action concertée des travailleurs quelques jours plus tard pour se venger.
* * *
En conclusion, la grève de Beauharnois joua un rôle fondamental dans le développement des luttes ouvrières au Canada. Avec les conflits à Bytown (Ottawa) et au canal Lachine, elle forme un des premiers exemples de lutte organisée et qui, dans ce cas, mena à plusieurs améliorations pour les ouvriers. Ces conflits des années 1840 eurent d’ailleurs un large écho dans la classe ouvrière naissante. La mémoire du Lundi rouge, où une vingtaine d’ouvriers trouvèrent la mort à la suite d’une répression brutale des troupes britanniques, demeure vive dans la région. Ce conflit ouvrier est le plus violent dans l’histoire canadienne et, comme le fait remarquer Roland Viau, il demeure très peu relaté dans l’historiographie. Il est pourtant hautement révélateur de la lutte des classes constitutive du Canada et des autres sociétés capitalistes. On y trouve clairement l’alliance exploiteuse et meurtrière des patrons et des politiciens, prêts à tout pour maintenir les ouvriers dans leur condition servile. Mais on y voit aussi la puissance de la classe ouvrière qui possède les outils pour briser ses chaînes. Finalement, même si le syndicalisme tel qu’on le connaît n’existait pas, les exploités ont réussi à développer des méthodes d’organisation et employer des stratégies d’action pour faire valoir leurs revendications et défendre leurs intérêts.

Notes
[1] L’épisode est absent de l’Histoire générale du Canada (Craig Brown, 1988) et de l’ouvrage Chronologie du Québec depuis 1534 (Jean Provencher, 1991). Ces deux livres sont régulièrement mis à jour et encore largement utilisés dans les cours d’histoire.
[2] VIAU. Du pain ou du sang, pages 23-24.
[3] Edward Ellice, propriétaire de la seigneurie de Beauharnois et riche industriel, de connivence avec Edward Wakefield (agent de la North American Colonial Association of Ireland) et avec Charles Bagot (gouverneur général du Canada), manigancèrent pour influencer les Travaux publics et pour que la construction du canal se fasse sur les terres d’Ellice, dans le but d’augmenter leur valeur. VIAU. Du pain ou du sang, pages 48-52.
[4] VIAU. Du pain ou du sang, page 111.
[5] VIAU. Du pain ou du sang, page 113.
[6] Viau mentionne que certaines maisons d’agriculteurs ont été expropriées, que les travaux provoquaient des inondations sur leur terre et que la population immigrante installée dans les camps laissait ses animaux paîtrent sur la terre des agriculteurs, entraînant la frustration de ceux-ci.
[7] VIAU. Du pain ou du sang, pages 105-106. Sur la « guerre des Shiners », on consultera l’article L’émergence du prolétariat et les luttes ouvrières dans la vallée de l’Outaouais (1820-1840), en ligne.
[8] VIAU. Du pain et du sang, page 144.
[9] Voir en ligne : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/le-canal-de-lachine
[10] Voir en ligne : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/canal-welland
[11] VIAU. Du pain et du sang, page 97.
[12] VIAU. Du pain et du sang, page 158, note 19.
[13] L’auteur présente dans les dernières pages de son ouvrage les caractéristiques de cette organisation secrète. Ses origines remontent à l’Irlande rurale du XVIIIe siècle, alors que la classe paysanne menait des actions de sabotage contre les propriétaires fonciers.
[14] VIAU. Du pain et du sang, page 259.
Un festival et deux semaines d’actions marquent le 1er mai à Halifax
La cause palestinienne fait renaître le panarabisme !

Vers le renouvellement du statu quo ante ou la recherche désespérée d’un accord avec le trumpisme

Alors que les différents sondages de 2024 annonçaient une victoire écrasante du Parti conservateur du Canada, les dernières élections fédérales ont accordé un quatrième mandat au Parti libéral du Canada. La campagne électorale a été dominée par les appréhensions, largement répandues dans la population, provoquées par la guerre commerciale et les menaces d'annexion du Canada formulées par Donald Trump. Ces craintes ont lourdement pesé sur les intentions de vote.
Demain, le nouveau gouvernement Carney devra défendre l'économie canadienne face aux effets des tarifs commerciaux imposés au pays, réaffirmer la souveraineté nationale et même protéger l'unité du territoire. La bourgeoisie canadienne, son gouvernement fédéral et ses gouvernements provinciaux seront sous pression de l'administration américaine, déterminée à assujettir le Canada à ses propres intérêts. Le mouvement syndical, les différents mouvements sociaux et la gauche politique – du moins ce qu'il en reste – devront œuvrer à construire leur unité, manifester une combativité forte et une autonomie politique vis-à-vis des choix des gouvernements de l'oligarchie canadienne afin de résister au projet trumpiste dans une logique de réelle émancipation sociale.
Dynamique électorale et positionnement des partis
Le Parti libéral du Canada (PLC) a fait élire 169 député·es, avec 43,73 % des suffrages. Il devra former un gouvernement minoritaire, n'ayant pas atteint les 172 sièges nécessaires à une majorité. Le Parti conservateur du Canada (PCC) a enregistré une progression significative, avec 143 élu·es et un bond en voix passant de 33,7 % en 2021 à plus de 40 % en 2024.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a subi un effondrement, sa députation passant de 25 à 7 élu·es, lui faisant perdre son statut de parti reconnu. Une grande partie de son électorat traditionnel, inquiet des menaces de Trump et désireux d'empêcher une victoire conservatrice, a préféré voter pour le PLC.
Le Bloc québécois a reculé, obtenant 23 député·es. Le Parti vert n'a fait élire qu'un seul représentant, avec seulement 1,23 % des suffrages. Le Parti populaire du Canada (PPC), d'extrême droite, n'a récolté que 0,7 % des voix, soit six fois moins qu'en 2021.
Ces élections ont donc mené à un gouvernement minoritaire, révélant une polarisation de l'électorat autour de deux grands partis néolibéraux, et une marginalisation des tiers partis. La gauche sociale-démocrate et écologiste voit sa représentation parlementaire et son appui populaire réduits à la portion congrue.
Le Parti conservateur porté par une démagogie populiste
Le PCC a défendu un programme ultralibéral, climatosceptique et militariste : baisses d'impôts pour les entreprises, privatisations, déréglementations dans l'exploitation du pétrole et du gaz et attaques contre les droits syndicaux. Il a combiné cette orientation à une démagogie populiste envers les classes laborieuses, se présentant comme le défenseur du pouvoir d'achat et de l'accès au logement.
Par une tournée d'usines et de lieux de travail, il a réussi à bâtir un appui significatif à son programme, en l'arrimant à la colère populaire. Un bloc conservateur s'est ainsi formé, allant des partisans du capital fossile à certains secteurs de la classe ouvrière.
Le mouvement syndical et les mouvements sociaux progressistes ont clairement perçu cette stratégie, mais ils y ont répondu non par une mobilisation unitaire et massive, mais par un appui au PLC et à son nouveau chef.
Face à l'offensive trumpiste, le PLC surfe sur le nationalisme canadien
La direction du PLC a rapidement compris que la montée du PCC dans les sondages traduisait un glissement significatif à droite de l'électorat. Elle a opéré un repositionnement en conséquence.
Dès son arrivée au pouvoir, Mark Carney a aboli la taxe carbone pour les usager·ères, court-circuitant ainsi le slogan « Axe the tax » de Pierre Poilievre. Durant la campagne, il a promis des baisses d'impôts et l'abandon de l'impôt sur les gains en capital introduit par Trudeau. Il a également soutenu des projets d'oléoducs, prôné une hausse de la production pétrolière, promis d'atteindre 2 % du PIB en dépenses militaires, renforcé la surveillance des frontières et restreint l'immigration.
Il a ainsi repris de nombreux éléments du programme conservateur, ce que le PCC a dénoncé comme un pillage de ses idées. Profitant du regain de nationalisme canadien, suscité par les propos de Trump sur l'annexion du Canada, Carney a vanté l'achat de produits locaux, l'indépendance énergétique et la diversification des marchés d'exportation.
Comme l'écrivait Romaric Godin dans Mediapart :
« Trouver de nouveaux débouchés pour les entreprises canadiennes risque, par ailleurs, d'être délicat. […] Le marché états-unien représentait en 2024 près de 75,9 % des exportations canadiennes et 62,2 % des importations. »
Le projet de diversification économique paraît donc irréaliste, d'autant que le Canada a depuis longtemps abandonné toute politique de nationalisme économique, notamment les orientations du rapport Watkins. Tous les gouvernements, depuis Mulroney, ont soutenu l'intégration continentale, concrétisée par l'ALENA, puis l'ACEUM. L'objectif du gouvernement Carney est ainsi un retour au statu quo ante, dans l'intérêt de la bourgeoisie canadienne. Mais toute négociation avec Trump impliquera des concessions unilatérales : expansion du capital fossile, hausse des dépenses militaires, durcissement migratoire, renvois de demandeur·euses d'asile et renforcement des frontières.
Le silence gêné du gouvernement face aux dérives autoritaires de Trump montre qu'il est prêt à composer avec Washington pour préserver une autonomie canadienne de façade.
Au Québec : recul du Bloc québécois et impasse du mouvement indépendantiste
Le Bloc québécois a connu un net recul. Centrant sa campagne sur la défense d'une société distincte, il n'a pas remis en cause le fédéralisme ni abordé la question de l'indépendance. Il a promis son soutien au PLC pour la première année et suggéré la création d'un ministère des Frontières, ce qui a provoqué l'ire du chef du Parti québécois.
La victoire du PLC au Québec renforce la légitimité du fédéralisme canadien et affaiblit le projet référendaire du PQ. Collaborer avec le PLC revient à renforcer le statu quo. Croire le contraire relève d'une naïveté politique.
Les fondements de la marginalisation de la gauche politique et sociale
La gauche a été affaiblie par l'appui prolongé du NPD au gouvernement libéral, par les manœuvres parlementaires, l'apathie syndicale et la fragmentation des mouvements sociaux.
Les syndicats, au Québec comme au Canada, n'ont pas mobilisé leurs membres contre les politiques conservatrices. Comme l'écrit Sid Ryan :« La voix de millions de syndiqué·es a honteusement manqué. Cela relève autant de la social-démocratie que du manque d'autonomie politique. »
Le NPD, devenu simple force d'appoint parlementaire, s'est coupé des luttes sociales réelles. Sa stratégie fondée sur des compromis a affaibli sa crédibilité. Son affaissement électoral s'explique aussi par son incapacité à défendre un programme de rupture dans l'action.
Les grandes centrales syndicales ont élaboré des plateformes revendicatives, mais se sont contentées de demander à leurs membres d'interpeller les candidat·es. Le virage à droite du PLC n'a pas été dénoncé. Le Congrès du travail du Canada a rapidement exprimé sa volonté de collaborer avec le gouvernement libéral, confirmant l'abandon de toute autonomie politique.
Le mouvement féministe a certes interpellé les partis, mais ses revendications ont été marginalisées. La mobilisation pour le droit à l'avortement s'est heurtée à la montée d'une droite pro-vie peu contestée.
Le mouvement de solidarité internationale a mené des campagnes, notamment pour la défense du peuple palestinien, sans obtenir d'écho significatif. Ni le PLC ni le PCC n'ont dénoncé la politique génocidaire d'Israël à Gaza.
Les mouvements sociaux sont restés dispersés, chacun agissant dans son domaine sans construire un front commun.
Les voies de la reconstruction de la gauche dans l'État canadien
Ces élections se sont déroulées dans un climat de nationalisme canadien accru. Au Québec, le Bloc a adopté un nationalisme compatible avec le fédéralisme. Ces deux formes de nationalisme supposent que les intérêts nationaux convergent avec ceux des capitalistes, au détriment de la solidarité entre peuples.
La gauche canadienne et québécoise ne pourra se reconstruire qu'en rompant avec ces nationalismes. Elle doit rassembler les classes populaires, les peuples autochtones et les groupes subalternes dans un projet de libération plurinational.
Ce projet doit être féministe, antiraciste, socialiste et décolonial. Il implique le rejet de toute alliance avec le PQ et de toute défense de l'État canadien tel qu'il est, c'est-à-dire fondé sur la négation de la réalité multinationale du territoire.
Une gauche de transformation sociale doit lier son action à un projet écosocialiste, soutenir l'autodétermination des peuples autochtones et québécois, et développer des solidarités avec les mouvements écologistes, féministes et populaires.
Elle doit œuvrer à bâtir un bloc social autour de la justice climatique, de la lutte contre le patriarcat, des réparations envers les peuples autochtones, de la création d'assemblées constituantes populaires, de la nationalisation des ressources et du démantèlement du complexe militaro-industriel canadien.
Les résultats des dernières élections montrent qu'il faut tout reconstruire à partir d'un véritable champ de ruines. Mais il est des combats qu'on ne peut esquiver.
Reprendre la route de la solidarité et mettre à jour nos perspectives
Les premiers constats
La construction d'un réseau militant pancanadien a toujours été laborieuse. Ce défi avait été décrit dans le texte « Le défi de lutter ensemble » d'Andrea Levy et André Frappier, publié dans le numéro 24 des NCS. En 2020, ce texte décrivait la situation politique dans l'État canadien et au Québec et ses défis. Force est de constater que l'arrivée de Trump et la montée du fascisme à nos portes ont modifié la situation. Nous devons regarder maintenant de quelle façon nous pouvons et devons lutter ensemble, et sur quelle base.
Le caractère impérialiste de l'État canadien est toujours bien réel, comme nous l'affirmions en 2020 :
« L'État canadien s'est construit contre les droits des peuples, par l'oppression des peuples autochtones que l'on a dépossédés de leurs territoires et de leurs droits ancestraux, et par l'oppression de la nation canadienne-française. Cet État s'est ensuite développé en instrument des sociétés industrielles et du capital financier, jouant de plus en plus un rôle impérialiste au niveau international en tant que partenaire junior de l'impérialisme américain. »
Une difficulté se posait, d'une part, par la compréhension de la lutte de libération nationale :
« Songer à une stratégie uniquement québécoise de changement de société, c'est ignorer la puissance des institutions financières et des corporations… Souvenons-nous du sort que la Banque centrale européenne a réservé à la Grèce (qui est pourtant un État souverain) il y a quelques années. »
Et, d'autre part, nous considérions la problématique des forces progressistes du Reste du Canada : fragmentée et limitée à des perspectives régionales, tout en s'identifiant à l'État fédéral, comme le CTC le fait.
La montée de l'extrême droite et l'arrivée de Trump ont modifié cette situation. Le mantra est devenu « Sauvons le Canada », avec une posture à droite du Parti libéral qui reprend les politiques de Poilievre. Construire un mouvement de gauche pancanadien devient une nécessité incontournable, mais elle ne pourra se réaliser sans la compréhension, dans le ROC autant qu'au Québec, d'une perspective qui combinera la dynamique de la lutte de libération nationale au Québec, la lutte des Autochtones pour leurs droits ancestraux et la lutte pour une société égalitaire. L'unité de la gauche pancanadienne ne pourra exister si elle tombe dans l'appui aux dominants canadiens en pensant faire barrage à Trump.
Cette absence de perspective a laissé tout le terrain au néolibéralisme et à la droite. Il est urgent de reprendre une perspective unitaire, ouvrière et populaire, au niveau pancanadien. Nous devons nous y consacrer maintenant !
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Prise de parole 1er mai 2025 Capitale nationale

À l'heure actuelle, le gouvernement règne sous le signe de l'austérité. Il coupe, il coupe partout dans les services publics, et c'est les femmes qui en paient le prix. Dans le contexte que la Marche Mondiale des femmes a lieu cette année en 2025, il est plus que temps que le gouvernement écoute ce que les femmes ont à dire.
On assiste à un recul des droits des femmes. Pendant la période préélectorale, le gouvernement libéral fédéral, sous la direction du premier ministre Marc Carney, n'a pas cru bon de nommer une ministre au ministère Femmes et égalités des genres. Que doit-on comprendre de ce message ? Que les droits des femmes n'ont pas d'importances pour ce gouvernement ? Qu'il y aura moins financement par projet pour les organismes communautaires féministes et que les droits des femmes s'affaibliront ? Est-ce que Mark Carney nommera une ministre pour le ministère Femmes et égalité des genres dans son nouveau gouvernement ? Nous pouvons nous poser la question.
Que dire des coupes de 1,5 milliard de dollars, au provincial, dans le service de la santé, suite au budget Girard. Ce sera incontestablement des réductions de services, et c'est les infirmières qui réclament de meilleures conditions depuis des années, qui en paieront encore le prix.
En éducation, la hausse du budget de seulement 2,2% ne couvrira pas les augmentations salariales cette année. Par comparaison, les dépenses ont bondi de près de 15 % au cours de l'année qui se termine, soit 5% de plus que la hausse prévue du gouvernement caquiste.
Les travailleuses des CPE subissent des exigences du milieu de travail qui augmentent sans cesse sans que les conditions et les ressources nécessaires suivent. Elles réclament un salaire décent et des conditions de travails dignes. Il me semble que ce n'est pas trop demandé.
En 2025, la hausse du salaire minimum de 0,35$ atteindra désormais un maigre 16,10$ de l'heure. Pour que les travailleurs se sortent la tête de l'eau, il leur faudrait un salaire minimum qui oscille entre 20 et 30 $ de l'heure selon les municipalités. Ce qui implique que de plus en plus de travailleuses et de travailleurs au salaire minimum doivent recourir aux banques alimentaires. Et celles qui en paient le prix sont les mères monoparentales qui sont surreprésentées dans cette catégorie.
Les mesures d'austérités du gouvernement affaibli le bien-être des femmes. Il faut lutter contre ces mesures drastiques, contre le capitalisme que ce gouvernement encourage, pour protéger les femmes travailleuses qui participent à l'économie, mais qui vivent tout de même en majorité sous le seuil de la pauvreté. Il faut protéger ces éducatrices, ces professeurs et ces infirmières, qui jour après jour, travaillent dans des contextes de plus en plus précaires et qui songent à quitter leur milieu de travail. Les femmes tiennent à bout de bras nombre de secteurs. Nous avons besoin d'un gouvernement qui pense à elles et qui répond à leurs besoins.
En terminant, La Marche Mondiale des Femmes aura lieu le 18 octobre prochain. Je vous invite à vous joindre à nous pour ce grand rassemblement féministe.
• Nous nous mobiliserons contre les choix politiques qui ne favorisent pas la redistribution de la richesse et qui promeuvent la privatisation des services publics.
• Nous nous mobiliserons contre l'appauvrissement généré par la division sexuelle et genrée du travail de même que la non-reconnaissance du travail invisible, ici comme ailleurs ;
• Nous nous mobiliserons contre tous les préjugés qui portent atteinte à la dignité des filles, des femmes et de toutes personnes.
Merci !
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Les Pasteurs haïtiens interpellent le président Emmanuel Macron sur la création de la commission sur la dette historique de la France

L’affaire French Bukkake

La pornographie est banalisée depuis des années. La pornographie, vous savez, ce ne serait que des images, des représentations de la sexualité, ou une façon de découvrir le sexe ; pour les hommes et pour les femmes.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/04/28/laffaire-french-bukkake-communique-unitaire/?jetpack_skip_subscription_popup
Alors, le livre Sous nos regards – récits de la violence pornographique tombe à point nommé. Il est une pièce à charge dans ce qu'on appelle désormais « l'affaire French Bukkake » ; impliquant entre autres Julien Dhaussy, Pascal Ollitrault, dit Pascal OP, ainsi que le site Jacquie et Michel (Piron).
« Il y avait quelqu'un dans ce corps, après tout », tel est l'épigraphe de Toni Morisson qui ouvre le livre.
Préfacé par Christelle Taraud et Lorraine de Foucher, ce sont ensuite quinze écrivaines qui portent tour à tour les récits de quinze femmes victimes ; celles-ci seront parties civiles avec d'autres lors du prochain procès.
Malgré les permanences dans la manipulation, les chantages affectifs, les humiliations et les violences, les différentes histoires s'enchainent avec leur singularité particulière. J'ai été marqué d'autant plus par les récits « Je dois vous parler d'eux » et « Boucherie ».
La lecture du livre reste cependant difficile, car les vécus sont glaçants d'horreur. Vraiment. Ils sont la réalité.
N'en déplaise aux consommateurs de porno, ce ne sont pas que des images.
Les vécus, les récits des vécus sont là.
On ne peut alors qu'envoyer notre solidarité vers ces femmes abusées et violentées, physiquement, sexuellement, psychiquement, y compris par des flics.
La pornographie est une forme de prostitution filmée, mais les violences subies vont bien au-delà de la « putophobie ». On est face ici aux tentatives d'anéantissement de femmes précarisées à différents niveaux. On est face ici à des actes de haine pure et simple, assumée ; face à des tentatives de démolissage que même le mot « misogynie » ne parvient pas à décrire pleinement. Et, au regard des conséquences des vidéos mises en ligne, leur utilisation, et au regard du nombre de victimes qui ont tenté de se suicider, on peut plutôt parler de démolissage tout court.
Achetez ce livre, lisez-le, faites-le connaitre ; d'autant plus que les bénéfices des ventes seront versés à la Fondation des femmes, qui elle dispatchera l'argent aux associations qui luttent contre les violences pornocriminelles.
Le procès s'ouvrira bientôt. A nous de nous emparer du contenu du livre pour qu'une remise en question de la pornographie ait lieu et pour que ce procès devienne celui de la pornographie. Pour qu'il puisse « renver[ser] l'humiliation ». Pour que le démolissage cesse. Et pour que « justice soit faite ».
Pascal OP, comme beaucoup d'autres, est la figure incarnée du phallocrate-abouti d'une société particulière. Violent, dénué d'empathie, stratège égocentrique. Il est le « cassos » par excellence d'une société qui valorise la prédation masculine.
Jusque quand ?
yeun lagadeuc-ygouf
https://scenesdelavisquotidien.com/2025/04/22/laffaire-french-bukkake/
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Tout ceci est impossible

Tout ceci est impossible de Bertrand Carrière avec des textes de Guillaume Lafleur et Robert Daudelin
Une coédition avec la Cinémathèque québécoise
En librairie le 6 mai
La publication exceptionnelle d'un photographe québécois de premier plan.
Au début 2018, le photographe Bertrand Carrière amorçait une résidence à la Cinémathèque québécoise. Depuis son expérience de photographe de plateau, il a développé une relation étroite avec le cinéma. Plusieurs explorations en ont découlé dont _Les images-temps_ réalisées entre
1997 et 2000. Tout ceci est impossible s'inscrit dans la continuité de ce travail et a été réalisé lors de sa résidence à la Cinémathèque.
Cette nouvelle œuvre est maintenant déclinée sous la forme d'un livre, co-publié par les éditions Somme toute et la Cinémathèque québécoise. La juxtaposition des images et leur déploiement sur les pages en font un objet esthétique exceptionnel, accompagné des textes de Guillaume Lafleur
et Robert Daudelin, ainsi que d'une postface de l'artiste. Nous célébrons ainsi la contribution artistique de Bertrand Carrière à l'art des images en mouvement.
ISBN 9782897945558 - 312 pages - 49,95$
Au cours des quarante dernières années, Bertrand Carrière a tissé une œuvre photographique à la fois personnelle et variée. Ses recherches se développent d'abord dans une voie documentaire où il s'intéresse à la mémoire et à l'histoire des lieux. Puis, il a une approche plus intime, caractérisée par une disponibilité du regard aux irrégularités du visible. Son travail a été exposé au Québec, au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Argentine et en Chine.
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« Antifascisme, humanisme et écologie »

« Antifascisme, humanisme et écologie » par Romain Gary, Igor Krtolica, Presses Universitaires de France, Paris, 2025. EAN : 9782130879381. Date de publication : 30 avril 2025. www.puf.com/antifascisme-humanisme-et-ecologie <http://www.puf.com/antifascisme-hum...>
Infomation publiée le 1^er mai 2025par Marc Escola, escola[a]fabula.org sur le site inyternjet« Fabula : La Recherche en littérature » < www.fabula.org/actualites/127378/romain-gary-igor-krtolica-antifascisme-humanisme-et-ecologie.html <http://www.fabula.org/actualites/12...> >
En 1956, *Romain Gary* reçoit le prix Goncourt avec/Les Racines du ciel/, qui raconte les aventures d'un groupe d'individus désaxés luttant pour la protection des éléphants d'Afrique. Avec ce livre, considéré comme le « premier roman écologique », Gary ne renie pas pour autant les thèmes politiques qui animaient jusque-là son œuvre, puisque le combat écologique y est indissociable des problèmes issus de la Seconde Guerre mondiale : résistance antifasciste, expérience concentrationnaire, risque de guerre nucléaire, antitotalitarisme, luttes de décolonisation, tiers-mondisme, impasses de la société industrielle, etc. Mieux, le mouvement écologique pour la protection de la nature et la lutte politique pour la dignité humaine forment pour lui un seul et même combat. Loin de toute opposition homme-nature, il s'agit dans les deux cas d'une même résistance de la vie./Les Racines du ciel/est le roman de cette résistance.
Autour de l'auteur :
**Romain Gary* *(1914-1980) est le seul écrivain à avoir reçu deux fois le prix Goncourt. Avec « Les Racines du ciel », Gary se tenait pour le « premier écologiste de France ».
Texte présenté et commenté par *Igor *Krtolica*,* maître de conférences à l'université de Picardie Jules-Verne et membre de l'Institut universitaire de France.
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De l’humanisme à l’écologie

Igor Krtolica,/Romain Gary. De l'humanisme à l'écologie/
* Paris, Gallimard, 2025
* EAN : 9782073084958
* 208 pages
* Prix : 19,50 EUR
* Date de publication :08 Mai 2025
Information publiée le30 avril 2025parMarc Escola sur https://www.fabula.org/actualites/127360/igor-krtolica-romain-gary-de-l-humanisme-a-l-ecologie.html
1956 : le prix Goncourt est attribué aux/Racines du ciel/, roman dont le héros, Morel, se bat contre l'extermination des éléphants dans une Afrique en lutte pour son indépendance. Romain Gary le présente comme le premier roman écologique. L'écologie lui permet de résoudre la contradiction politique insoutenable dans laquelle se débat l'Occident après guerre : impossibilité de croire en l'homme, impossibilité de renoncer à y croire. Comment continuer à donner un sens à l'idée de civilisation ? Le maintien de l'idéal humaniste suppose d'en passer par un combat dont l'homme n'est plus le centre.
Tel est le paradoxe ici exploré. Cet essai littéraire et philosophique montre toute la complexité de la pensée de Romain Gary, son ironie et son humour permanents, ses contradictions, son rejet de tout dogmatisme. Et sa modernité : en avance sur son temps, le romancier anticipe les controverses qui animent la pensée écologique contemporaine, où l'humain n'est qu'une partie de la nature mais où la nature devient elle-même inséparable de l'histoire, de la société et de la politique.
Cette synthèse inédite de l'œuvre de Romain Gary est une analyse originale de la tension entre engagement humaniste et cause écologique.
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« { L’écologie contre-attaque} » : Marine Tondelier en appelle à l’unité de la gauche au congrès des Écologistes

Réélue le 19 avril 2025, la secrétaire nationale des Verts veut promouvoir une « écologie des 99 % » qui rassemble. Samedi 26 avril, depuis Pantin, elle a appelé la gauche à l'unité pour la présidentielle en refusant de choisir entre ses partenaires.
Tiré de l'Humanité
https://www.humanite.fr/politique/les-ecologistes/lecologie-contre-attaque-marine-tondelier-en-appelle-a-lunite-de-la-gauche-au-congres-des-ecologistes
Publié le 27 avril 2025
Emilio Meslet
photo Eric Tschaen / Rea
Le parti Les Ecologistes se réunit autour de sa secrétaire nationale, Marine Tondelier.
Marine Tondelier a présenté, samedi 26 avril, les principales orientations politiques et stratégiques des Écologistes pour son second mandat en mettant l'accent sur les prochaines municipales et la présidentielle.
C'est ici qu'ils avaient fêté sans demi-mesure, à l'été 2020, leur succès aux élections municipales, lorsqu'ils s'imaginaient encore future force dominante de la gauche. Cinq années ont depuis passé, avec leur lot de gadins électoraux et de reculs environnementaux. Voilà pourquoi, selon Marine Tondelier, l'heure de la « contre-attaque » de l'écologie a sonné, comme elle l'a martelé depuis la Cité fertile, tiers-lieu de Pantin (Seine-Saint-Denis) où elle a été officiellement réinvestie secrétaire nationale à l'issue du congrès des Écologistes. Son score de 73 % est sans appel : les militants lui ont massivement renouvelé leur confiance pour porter leur ligne.Mais quelle ligne ?
Des mois durant, les critiques ont plu sur Marine Tondelier, accusée par ses opposants – Florentin Letissier (8 %), Karima Delli (13 %), et Harmonie Lecerf-Meunier (6 %)– d'être trop floue sur son cap politique. De refuser de trancher entre une « écologie de gouvernement » du premier cité, inspiré par les Verts allemands, et une « écologie populaire » foncièrement anticapitaliste défendue par les deux autres prétendantes.
« L'écologie, ce n'est pas la foi »
« Je vais vous faire plaisir : je vais parler de ligne. J'ai vu que ça manquait à certains », a lancé, un poil revancharde, Marine Tondelier pendant son discours. Elle promet donc une « contre-attaque » de l'écologie mais sans cliver. Si, lors de sa première élection en 2022, la Nordiste voulait un « million de sympathisants » pour son parti, elle place désormais la barre encore plus haut, espérant presque 66 millions de sympathisants puisqu'elle se dit « convaincue que chaque Française, chaque Français a, dans un coin de sa tête, un écologiste qui sommeille en lui ». D'où une stratégie qui flirte avec un populisme quasi ruffiniste : Marine Tondelier prône donc une « écologie des 99 % » qui rassemble contre ces 1 % « responsables de la moitié des émissions mondiales », qu'il faut taper au portefeuille avec, notamment, la taxe Zucman, impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des ultrariches.
« Ce congrès n'a pas été celui de la clarification », regrette Karima Delli, laquelle veut un projet « pour gagner, pas pour résister ». Un proche de Florentin Letissier dit lui « ne toujours rien comprendre ». « On a encore trop tendance à se dire qu'on a raison et que les gens vont s'en rendre compte, recadre Harmonie Lecerf-Meunier. Maintenant, il faut convaincre parce que l'écologie, ce n'est pas la foi. » « Marine a indéniablement ramené des gens vers nous et nous n'avons jamais eu autant de militants. Mais je voudrais qu'elle parle plus de fond et qu'elle incarne enfin la radicalité », espère une cadre.
Mais dans l'état-major tondelieriste, on assume de ne pas donner dans la lutte des classes : « Nous sommes sur le mode « transition », pas « révolutionnaire », car il nous faudra emmener tout le monde et faire accepter le changement avec une répartition équitable de l'effort », explique la députée Sabrina Sebaihi. Pour des mesures concrètes, il va falloir encore patienter. Le parti vient d'engager un travail programmatique, avec des chercheurs comme l'économiste Anne-Laure Delatte. Celui-ci ne sera dévoilé qu'à la fin août, lors des Journées d'été des Écologistes à Strasbourg. David Cormand, eurodéputé et proche de la secrétaire nationale, indique que le projet des Verts sera guidé par la lutte contre « le productivisme, dont tous ne sont pas sortis, y compris ceux qui se réclament de l'anticapitalisme ».
Le « théorème de l'entonnoir » pour définir un projet commun
Un débat qui ne doit pas empêcher l'union de la gauche et des écologistes pour 2027, d'après Marine Tondelier et sa ligne « antifasciste ». Une volonté consensuelle dans son parti. C'est d'ailleurs l'un des principaux objectifs du texte d'orientation des Écologistes, voté à 85 % par les adhérents. « Nous serons fidèles à la promesse de cet été (le Nouveau Front populaire, NDLR). Et vous ? », lâche-t-elle à chaque parti allié, dont au moins un émissaire était présent dans la salle. La secrétaire nationale veut peser de tout son poids pour faire aboutir le rassemblement à l'heure où « les forces obscures du néonazisme, du néofascisme, du néopétainisme se répandent ».
Elle propose une méthode tirée du « théorème de l'entonnoir » qu'elle a inventée : commencer par définir les contours d'un projet commun et remettre à plus tard la question de l'incarnation une fois que chacun a mis le doigt dans l'engrenage, « sinon on est sûrs de se planter ». Et, pour répondre aux « aspirations profondes du peuple de gauche et de l'écologie », Marine Tondelier veut tout le monde autour de la table : « Peut-être que des partenaires choisiront à notre place en s'isolant, en refusant de travailler avec les autres. Mais nous ne choisirons pas ! »
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5 mai : Journée des robes rouges

Aujourd'hui, en cette journée de la robe rouge, nous honorons la mémoire des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones assassinées et disparues. Nous portons le rouge pour faire résonner leur voix, trop souvent réduite au silence, et pour rappeler qu'aucune vie ne devrait être oubliée.
Chez Femmes Autochtones Québec, notre cœur est tourné vers les familles et les communautés qui vivent avec une douleur profonde, mais aussi avec une force admirable. À travers le deuil, l'amour demeure, et c'est cet amour que nous portons avec vous aujourd'hui.
Nous vous voyons, nous vous entendons, et nous marchons à vos côtés.
Prise de position d'Unifor
Le 5 mai est la Journée de la robe rouge, une journée de commémoration et de solidarité envers les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées, et l'occasion de renouveler l'engagement collectif du syndicat envers la justice.
Les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones continuent d'être la cible d'actes de violence à des proportions qui sont tout simplement inacceptables dans une société qui prétend accorder de la valeur à la justice. En 2019, l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a publié une feuille de route exhaustive contenant 231 appels à la justice afin de s'attaquer aux causes systémiques de cette violence. Six ans plus tard, un trop grand nombre de ces recommandations ne sont toujours pas mises en œuvre. Le manque de volonté politique à tous les ordres de gouvernement a pour conséquence que la violence continue.
La découverte des restes de Marcedes Myran et de Morgan Harris dans le site d'enfouissement Prairie Green, situé près de Winnipeg, nous rappelle brutalement que la crise est loin d'être terminée, malheureusement. Bien qu'il ait fallu attendre trop longtemps avant d'entamer les recherches, la décision du premier ministre Wab Kinew d'organiser des fouilles montre ce qui est possible lorsque les gouvernements décident d'écouter, de croire les familles et d'agir.
Les familles et les autorités espèrent encore que les restes d'Ashlee Shingoose, une victime du même tueur en série, puissent être découverts dans un autre site d'enfouissement de la région de Winnipeg.
Il est important de sensibiliser la population à propos de cette crise de violence et de proposer aux membres des occasions de se joindre aux militantes et militants qui se battent pour la justice. Unifor invite ses membres à participer à une discussion qui se déroulera en ligne, le 5 mai à 13 h (heure de l'Est), au sujet du soutien à apporter aux familles des femmes, des filles et des personnes bisexuelles autochtones disparues et assassinées. Cliquez ici pour vous inscrire.
D'ici là, les sections locales d'Unifor sont vivement encouragées à prendre part aux événements organisés dans leurs régions pour souligner la Journée de la robe rouge.
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Le révisionnisme d’un certain pacifisme - À propos de la Crimée

Presse-toi à gauche ! (PTAG) publie le 38e numéro de Soutien à l'Ukraine résistante des Brigades éditoriales de solidarité. On y trouvera des textes produits par divers camarades ukrainien·nes, ainsi qu'un dossier consacré à la Crimée ; dossier particulièrement utile pour tout·e internationaliste, acquis·e au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, qui s'inquiète du soutien improbable, apporté par des militants de gauche, au « plan de paix » imaginé par Donald Trump en avril 2025.
Pour rappel, le dit « plan de paix » consacre la loi du plus fort, notamment en reconnaissant la péninsule de Crimée, annexée de force par la Russie de Poutine en 2014, comme un territoire Russe [1].
Pourtant, il se trouve aujourd'hui au sein même des espaces militants, des discours portés au nom de la gauche, du pacifisme et de l'anticolonialisme qui voient dans cette concession une condition somme toute raisonnable. Après tout, la « paix internationale » pourrait bien valoir la peine de céder la Crimée et ses habitant·es au régime de Poutine ; d'ailleurs la Crimée a-t-elle jamais été « vraiment » Ukrainienne ? Et la paix ne serait-elle pas à portée de main si on parvenait à convaincre ce va-t-en-guerre de Zelensky, laquais de l'impérialisme de l'OTAN hier, de l' l'UE aujourd'hui – puisque Trump a officialisé, on ne peut plus publiquement, son soutien à Poutine - d'abandonner sa « prétention patriotique (…) de garder la Crimée ukrainienne » ? (nos italiques).
C'est l'expression mobilisée dans leur article du 25 avril dernier, par les Artistes pour la Paix (APLP). Et ces derniers, « sans vouloir vendre la peau de l'ours trop tôt », se déclarent tout de même « favorables à cette paix possible ». Si ce texte a retenu notre attention, c'est qu'il illustre une tendance de fond, bel et bien repérable dans la gauche au Québec comme ailleurs, et le développement concomitant d'un argumentaire qui se drape de vertu (eux, ils défendent la paix) mais qui procède de contre-vérités et de manipulations historiques tout en souffrant d'amnésies : exit de l'histoire le pacte germano-sovietique, les 1.7 millions d'ukrainien·nes de l'armée rouge qui sont mort·es au combat contre le nazisme, et les crimes russes contre les Tatars de Crimée. Suivant cet argumentaire "pacifiste", les Russes auraient (comme un seul homme) héroïquement résisté aux nazis alors que les Ukrainien·nes et les Tatars, tous aussi antisémites les uns que les autres, auraient (là encore comme un seul homme) collaboré avec l'occupant [2].
À contrecourant de cette relecture sélective de l'histoire, toute à la gloire de la puissance occupante russe, qui ressemble d'ailleurs à s'y méprendre à la propagande de Poutine lui-même (Collectif d'historiens dans Le Monde, 5 mai 2025), on recommande donc vivement la lecture de ce dossier des Brigades éditoriales de solidarité, pour ne pas « oublier » que :
1. « Le peuple autochtone – les Tatars de Crimée – a été au cours des siècles la principale victime de l'impérialisme russe : ils ont été privés de leurs terres, dépossédés, soumis à un nettoyage ethnique et à l'oppression » (Voir le texte de Sophie Bouchet-Petersen dans ce numéro). En 1944 « en deux jours, toute la population tatare (200 000 personnes) [fut] déportée dans des conditions atroces » (ibid.) ; environ 45% d'entre elles et eux sont morts au cours du trajet ou à leur arrivée dans l'Est de la Russie soviétique (en Ouzbékistan pour la plupart). Certains historiens évoquent un génocide, tout comme les autorités Tatares d'ailleurs.
2. Lorsque le 18 mars 2014, comme le rapporte l'APLP et nous reprenons leurs termes ici « le président russe, Vladimir Poutine, signe avec les dirigeants de Crimée un accord historique sur le rattachement de cette péninsule à la Russie, deux jours après le référendum en Crimée qui a pleinement plébiscité cette option », la Crimée venait d'être conquise par les « petits hommes verts » armés jusqu'aux dents, annexée « au terme d'un référendum bidon que la communauté́ internationale ne reconnait pas » (Sophie Bouchet-Petersen dans ce dossier), qui n'a aucune légitimité en droit international, qui fut tenu dans le contexte d'une répression terrible des opposant·es en Crimée, et qui fut largement boycotté par les Tatars. À l'issue de quoi, le Majlis (Assemblée des Tatars) a été déclaré́ « organisation terroriste » et interdit.
3. Aujourd'hui même, « [D]e nombreux Tatars de Crimée réfléchissent sérieusement à la forme d'autodétermination qu'ils préfèrent et au statut juridique de la Crimée sur la base du cadre juridique international. De leur représentation politique au sein du gouvernement de Crimée à la protection du patrimoine culturel, il existe de nombreuses façons de réaliser l'autonomie ». En revanche, l'enrôlement de force, les disparitions, les meurtres, les viols, la torture, la russification forcée, voire le nettoyage ethnique, bref ce qui est décrit de l'occupation Russe, ne figure pas parmi les projets d'autodétermination envisagés par les Tatars, jusqu'ici, à tout le moins.
Certes, nombre d'ukrainien·nes n'ont pas plus de leçon à donner en matière de respect des droits des minorités et des autochtones, que nombre de Russes ou de Québécois·es par exemple, c'est notamment ce que montre le texte de Mariia Chynkarenko concernant la question de l'autodétermination des Tatars. Pour qui s'y intéresse vraiment, ce texte éclaire précisément la complexité des rapports coloniaux en Crimée. Certes, le révisionnisme historique n'est pas le propre de la propagande Russe, des historiens et des politiciens Ukrainien·nes sélectionnent eux aussi des évènements historiques pour légitimer la domination de l'Ukraine sur la Crimée et sur les Tatars en particulier…
Mais en quoi cela peut-il constituer un argument en faveur d'une Crimée russe lorsqu'on se dit internationaliste et donc anticolonialiste ?
Pour ne pas dire n'importe quoi, peut-être pourrions-nous, comme nous y invite Patrick Silberstein dans son introduction, revenir aux principes de base du droit international, du droit international humanitaire, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et du droit des autochtones. Parmi ces principes, il y a bien entendu l'obligation de respecter l'intégrité territoriale des États, y compris, que cela plaise ou non aux pacifistes, celle de l'Ukraine, Crimée comprise. Il y a également l'interdiction des mobilisations forcées dans les territoires occupés (art.51 de la Conv. de Genève), le droit à des procès équitables, le droit à la liberté d'expression, de religion etc. autant de droits dont est privée une large partie de la population de la Crimée occupée, comme le montrent les textes de ce dossier (Halya Coynash et Crima SOS).
Et toujours pour éviter de dire n'importe quoi, peut-être pourrions nous revenir au principe de base de la solidarité internationale, lire et écouter ce que dénoncent et ce que revendiquent les premières et premiers concerné·es.
Bonne lecture.
Martin Gallié (texte révisé par Elsa Galerand)
5 mai 2025
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Des militant-es syndicaux dénoncent la privatisation et les attaques contre les droits syndicaux

Avant le départ de la manifestation réunissant plusieurs centaines de personnes à Québec pour le Premier mai, des militant-es syndicaux ont dénoncé les attaques du gouvernement Legault contre la classe travailleuse, particulièrement par son soutien à la privatisation en santé et au niveau des services d'électricité. Ils et elles ont également dénoncé le projet de loi 89 qui s'attaque au droit de grève. PTAG reproduit ici ces interventions.
À l'ouverture de la manifestation du premier mai à Québec, Pierre-Guy Sylvestre, conseiller syndical du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) dénonce la privatsation des services publics, et particulièrement de la production et de la distribution de l'électricité.
Isabelle Trépanier et Caroline Gravel de la Fédération interprofessionnelle(FIQ) dénoncent la démolition des services de santé par le gouvernement de la CAQ. Cette démolition passe par la privatisation des services de santé et par la détérioration des conditions de travail du personnel de la santé. (Premier mai, Québec)
François Proulx-Dupéré, secrétaire général du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches-CSN dénonce les politiques d'austérité du gouvernement de la CAQ qui se font au détriment des services publics et qui frappent la population de plein fouet. Le capital n'a pas sa place en santé et dans les services publics. Défendons notre droit de grève attaqué par le projet de loi 89 ! Dehors la CAQ ! (Premier mai, Québec)
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Analyse des investissements de la CDPQ en 2024 : 27,4 milliards $ dans 76 entreprises complices des crimes d’Israël en Palestine

La Coalition du Québec URGENCE Palestine et le Mouvement pour une paix juste (Just Peace Advocates) ont publié aujourd'hui, en français et en anglais, leur analyse conjointe du rapport annuel 2024 de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Presse toi à gauche publie ici le résumé, la présentation et la conclusion du rapport.
Pour lire le rapport cliquer ici
Résumé
Une analyse détaillée du rapport annuel 2024 de la CDPQ révèle que le bas de laine des Québécois·es investit, au 31 décembre 2024, 27,4 milliards $ dans 76 entreprises complices des crimes d'Israël en Palestine. Cela représente une augmentation de 24 % par rapport à l'année précédente et 5,8 % du total des investissements qui s'élèvent à 473,3 milliards $. Ces entreprises se retrouvent dans une ou plusieurs des six listes d'entreprises identifiées comme complices de crimes contre le peuple palestinien : base de données des Nations unies, projet AFSC Investigate, Canada : Stop Arming Israel, Who Profits, Don't Buy Into Occupation et Campaign Against Arms Trade.
Présentation
La présente analyse du rapport annuel 2024 de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a été réalisée conjointement par la Coalition du Québec URGENCE Palestine et Just Peace Advocates/Mouvement pour une paix juste. La Coalition est un regroupement de 50 organisations syndicales, communautaires et citoyennes qui a lancé, le 17 mars 2025, la campagne panquébécoise Sortons la Caisse des crimes en Palestine, dans la foulée de l'installation du campement populaire Al Soumoud au Square-Victoria à Tiohtià:ke/Montréal en juin 2024 par le collectif Désinvestir pour la Palestine. Le Mouvement pour une paix juste est une organisation indépendante de défense des droits humains. Il a réalisé des analyses similaires des investissements de la CDPQ pour les années 2021, 2022 et 2023, en collaboration avec Palestiniens et Juifs unis et Canadian BDS Coalition.
L'analyse vise à mettre en lumière le fait troublant et inacceptable que la CDPQ continue d'investir l'argent des Québécois·es dans des entreprises ayant des activités complices des crimes actuels commis par Israël en Palestine : génocide, occupation, colonisation, apartheid et toutes formes de violations des droits humains des Palestinien·nes et du droit international associées à ces crimes.
Conclusion
Depuis plus de deux ans, divers acteurs de la société civile québécoise interviennent auprès de la CDPQ afin qu'elle reconnaisse le caractère hautement problématique, au plan légal et éthique, de toute activité économique qui contribue, d'une manière ou d'une autre, aux crimes d'Israël contre le peuple palestinien : génocide, occupation, colonisation, apartheid et tout le cortège de violations des droits humains et du droit international qui en découle. Ils ne demandent qu'une chose : que la CDPQ remette en question ses investissements dans des entreprises qui ont de telles activités, soit en désinvestissant, soit en faisant pression sur ces entreprises si cela peut mener à la fin rapide de ces activités. L'analyse de son rapport annuel 2024 démontre clairement que la CDPQ n'applique pas sa propre politique concernant les droits de la personne dans le cas des Palestinien·nes, dont la violation des droits ne devrait plus faire de doute pour personne.
En effet, loin de cesser ou de diminuer, les investissements complices de la CDPQ ont augmenté de 24 % au cours de l'année 2024. Nous constatons même une croissance plus élevée encore des investissements de la CDPQ dans les entreprises militaires qui profitent du génocide à Gaza.
Le refus flagrant de la CDPQ d'agir en conformité avec le droit international est honteux et son indifférence aux violations des droits du peuple palestinien est révoltante. La CDPQ ne gère pas un portefeuille de milliardaires. Elle gère l'argent de 6,5 millions Québécois·es à qui elle doit des comptes.
De plus en plus de Québécois·es découvrent avec effroi que des investissements de la CDPQ les rendent complices des crimes contre le peuple palestinien et font connaître leur opposition, notamment à travers la campagne « Sortons la Caisse des crimes en Palestine ». Cette analyse se veut un outil de plus pour soutenir leur mobilisation.
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Riches et puissants contre pauvres et faibles :Trump mondialise la lutte des classes !

Les 100 premiers jours de la seconde présidence de Trump ont suffi au Trumpisme pour qu'il bouleverse non seulement les certitudes de l'ordre international établi par ceux d'en haut, mais aussi les dispositions et la perception de cet ordre international par ceux d'en bas ! Et une première conséquence, mais de taille, de ce bouleversement est que le paysage international de ceux d'en haut est devenu subitement plus clair ou même presque limpide et intelligible aux yeux de cette humanité que constituent ceux d'en bas.
Par Yorgos Mitralias
Par exemple, il y a seulement six mois, Poutine était encore présenté, mais aussi perçu par nombre de ceux d'en bas, comme un contrepoids sinon comme un antidote « progressiste » à l'impérialisme nord-américain. Aujourd'hui, cette fable ne tient plus debout, elle n'est plus qu'un amas de ruines : Trump et Poutine sont des alliés et même des partenaires pour piller et partager le monde et surtout pour faire table rase de tout ce que l'humanité et le monde du travail ont pu conquérir comme droits et libertés par leurs luttes ces 15 ou 23 dernières décennies !
Loin de nous l'idée assez répandue que tout ce chambardement est le fait d'une seule personne, de Trump et de sa folie des grandeurs ultraréactionnaires. En réalité, il correspond à une véritable lame de fond planétaire qui est le fruit des efforts plus ou moins conjugués d'une myriade de personnes et de forces d'extrême droite, fascisantes ou même fascistes décomplexées lesquelles ont, en plus, le vent en poupe. Et c'est exactement parce que ces bouleversements ne sont pas le fait d'une seule personne, qu'ils disposent des bases matérielles solides, qu'ils ne seront -malheureusement- pas éphémères, et qu'ils doivent être pris très au sérieux.
Ceci étant dit, force est de constater qu'a l'instar de l'Establishment du Parti Démocrate américain, les (néo)libéraux de tout poil, temporisent et hésitent de résister à cette extrême droite envahissante, quand évidemment ils ne soutiennent pas, même du bout des lèvres, elle et ses mesures liberticides. En somme, le faisceau de crises cataclysmiques aidant,* le paysage classiste, hier encore brouillé, devient aujourd'hui bien plus claire, ce qui aide manifestement tout le monde, et surtout ceux d'en bas, de mieux s'orienter dans le labyrinthe de classe de temps modernes. *Par exemple, plusieurs pays des BRICS (Afrique du Sud, Brésil…) et de l'Afrique noire qui ont cru trouver dans la Russie de Poutine un ami et protecteur contre la rapacité de l'impérialisme nord-américain, doivent aujourd'hui reconsidérer ce choix stratégique, qui devient pratiquement intenable après que Poutine s'est rapproché énormément de Trump concluant de fait une
alliance avec lui, à laquelle s'ajoute désormais l'imprésentable génocidaire des Palestiniens premier ministre israélien Bibi Netanyahou.
Mais, cette nouvelle réalité politique inaugurée par le tandem Poutine-Trump est en train de bouleverser le paysage politique et de clarifier les idées surtout des masses plébéiennes, des travailleurs et les travailleuses, des opprimé*E*s et des damné*E*s de la terre et -évidemment-
des gens de gauche*.* C'est -presque- inévitable quand* les oligarques s'allient aussi ostensiblement avec les milliardaires pour faire front avec la racaille obscurantiste, raciste et néofasciste afin de s'attaquer tous ensemble à la multitude des pauvres, des exploitéEs et des raciséEs partout dans le monde !* Il s'agit d'une véritable attaque frontale des riches
contre les pauvres, des puissants contre les faibles tant à la périphérie déshéritée qu'au centre développé de notre monde. D'une agression de dimensions historiques qui n'a pas de précédent car cette fois elle met en jeu l'existence même de l'humanité et de notre planète…
C'est donc dans ce nouveau contexte international qu'on voit poindre les premières tentatives de *coaliser ceux d'en bas* -indépendamment de leur précédente affiliation politique- pour qu'ils fassent front contre les attaques des puissants et des néofascistes de l'Internationale Brune en
gestation. Et ce n'est pas évidemment un hasard si ces tentatives soient pour l'instant plus palpables (et réussies) aux Etats-Unis, au cœur du monstre inhumain et réactionnaire : le « tour de lutte contre l'oligarchie » (*Fighting Oligarchy Tour*) de *Bernie Sanders* est en train
de battre les records historiques de participation populaire partout où il fait des arrêts , tant dans les grandes métropoles industrielles qu'aux petites villes rurales, tant dans les États Démocrates qu'aux bastions Republicains ! Et tout ça avec un Bernie Sanders qui fustige avec la même
véhémence tant les Républicains que les Démocrates, au nom de la classe ouvrière américaine et de son mouvement syndical…
Mais, il y en a plus que ça. Le mouvement populaire que Bernie Sanders est en train de propulser deviendra inévitablement une référence de résistance et de lutte pour ceux d'en bas de par le monde et les habituera à faire la distinction entre les deux Amériques, une distinction que hier encore ils ne faisaient pas : celle de ceux d'en haut amis milliardaires et néofascistes de Trump et celle des citoyens américains qui leur résistent, avec lesquels ils auront d'ailleurs tout intérêt de tisser des liens de solidarité active afin de rendre leur action commune plus efficace.
Encore plus importante, cette perception et conscience de la communauté des malheurs mais aussi des luttes, commence à poindre le nez en Palestine et en Ukraine. « Grace » aussi à Trump et à ses initiatives plutôt macabres que « pacificatrices », *les deux tentatives génocidaires de ses amis
Netanyahou et Poutine tendent désormais à paraître pour ce qu'elles ont toujours été, « jumelles »,* confirmant ainsi pleinement ce que le ministre des Affaires étrangères de Poutine Sergueï Lavrov déclarait déjà en janvier 2024, dans l'indifférence générale :* "Israël poursuit des objectifs
similaires à ceux de la Russie » car « la destruction complète du mouvement Hamas » » et « l'élimination de tout extrémisme à Gaza » sont similaires à la "démilitarisation" et la "dénazification" que Moscou poursuit en Ukraine !(1). *Mêmes bourreaux impérialistes et barbares, soutenus par la même coalition internationale des réactionnaires et néofascistes, mêmes
tactiques génocidaires, et même occupation et colonisation des terres prétendument « sans population » au nom de la Grande Russie, du Grand Israël et du droit du plus fort !
Notre conclusion va de soi : face à la menace mortelle que représente ce front uni des milliardaires, des oligarques, des obscurantistes, des racistes, des génocidaires et des néofascistes, face à l'Internationale Brune de Trump-Poutine-Netanyahou, ce n'est pas seulement les peuples de la Palestine et de l'Ukraine qui doivent unir leurs forces et coordonner leurs résistances. Inventer et pratiquer un internationalisme de combat devient désormais pour nous tous aussi important que l'air que nous respirons…
*Notes*
*1. *Voir *Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères : « Israël poursuit des objectifs similaires à ceux de la Russie » : * <https://europe-solidaire.org/spip.p...>
https://europe-solidaire.org/spip.php?article70464
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États-Unis - Cent jours dans la salle d’attente du fascisme

Depuis son entrée en fonction il y a 100 jours, Donald Trump s'est employé à détruire ce qu'il y a de libéral et de démocratique dans l'État capitaliste américain et ses systèmes de protection sociale, à supprimer les droits des citoyenNEs et des non-citoyenNEs et à s'attaquer aux institutions de la société civile telles que les universités et les médias.
Hebdo L'Anticapitaliste - 752 (1/05/2025)
https://lanticapitaliste.org/actualite/international/cent-jours-dans-la-salle-dattente-du-fascisme
L'attaque de Trump a choqué, désorienté et déconcerté le peuple américain. La résistance s'est développée, mais elle est encore trop divisée, trop petite et trop faible pour l'arrêter.
Licenciements et expulsions
Trump domine le Parti républicain qui contrôle non seulement la présidence, mais aussi le Congrès et la Cour suprême. Trump a créé et placé le milliardaire Elon Musk à la tête du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), qui s'est déchaîné sur les ministères et les agences gouvernementales en procédant à des licenciements massifs de centaines de milliers de travailleurEs fédéraux et en réduisant le budget des programmes d'aide sociale. Trump a signé 137 décrets, dont beaucoup visent à mettre fin aux programmes de diversité, d'équité et d'inclusion qui luttent contre le racisme. Les mesures prises par Trump, Musk et d'autres sont trop nombreuses pour être énumérées, c'est pourquoi nous ne nous intéresserons qu'à quelques domaines.
Trump et son équipe chargée de l'immigration, Stephen Miller et Tom Homan, accélèrent les déportations massives d'immigréEs. En août, l'administration Trump mettra fin au statut de protection temporaire (TPS) qui donne le droit de vivre et de travailler aux États-Unis à 800 000 immigréEs de 16 pays. Ils devront quitter le pays sous peine d'être expulsés vers Haïti, l'Ukraine ou tout autre pays dont ils sont originaires. L'objectif ultime de Donald Trump est d'expulser 11 millions d'immigréEs sans-papiers et il est prêt à le faire en vertu d'une loi de 1798 connue sous le nom d'« Alien Enemies Act » (loi sur les ennemis étrangers), qui permet au président d'expulser les immigréEs sans audience judiciaire. Des centaines d'immigrantEs ont été rassembléEs en violation de la Constitution et sans procédure régulière, puis déportés et emprisonnés au Salvador. Trump a déclaré qu'il était également prêt à déporter des citoyenNEs américainEs de la même manière.
900 cas de rougeole dans 29 États
Trump et son secrétaire à la santé Robert F. Kennedy Jr. ont mis la hache dans les deux plus importantes institutions gouvernementales de santé publique aux États-Unis : les Centres de contrôle des maladies (CDC) et les Instituts nationaux de la santé (NIH). Ils prévoient de réduire le nombre d'employéEs du CDC de 82 000 à 62 000. Au NIH, 1 200 personnes sont licenciées et 30 000 scientifiques ont vu leur financement de recherche interrompu brutalement. Enfin, 2,7 milliards de dollars seront supprimés des subventions de recherche.
Kennedy, qui a encouragé les théories du complot, est un anti-vax qui doit aujourd'hui faire face à la plus grande épidémie de rougeole depuis des décennies. En 2000, les États-Unis avaient déclaré que, grâce à la vaccination, la rougeole avait été éliminée, mais aujourd'hui, à cause des anti-vax qui refusent de vacciner leurs enfants, on dénombre près de 900 cas de rougeole dans 29 États, dont deux enfants et un adulte décédés. Nous risquons une épidémie nationale.
Moins de recettes, pas forcément moins de dépenses
Les Républicains sont impatients de prolonger de 2025 à 2034 les réductions d'impôts accordées aux riches par Trump en 2017, ce qui coûterait 4 500 milliards de dollars de recettes fédérales. Dans le même temps, les effectifs de l'Internal Revenue Service qui collectent les impôts sont réduits de 102 000 à 65 000 employéEs, ce qui signifie que moins d'impôts seront collectés. Trump dit que les droits de douane compenseront ces pertes mais c'est loin d'être certain. Avec moins de recettes, il doit donc y avoir moins de dépenses. Le New York Times écrit que « le budget proposé pour l'année fiscale 2026 réduirait de plusieurs milliards de dollars les programmes qui soutiennent la garde d'enfants, la recherche dans le domaine de la santé, l'éducation, l'aide au logement, le développement communautaire et les personnes âgées ». Par contre, le Pentagone semble devoir échapper aux coupes budgétaires : après que des annonces trompeuses aient laissé entendre que son budget serait réduit, Trump a annoncé lors d'une réunion le 7 avril que « nous allons approuver un budget, et je suis fier de dire qu'il s'agit en fait du plus important que nous ayons jamais consacré à l'armée… 1 000 milliards de dollars. Personne n'a jamais vu une telle somme. »
La situation est effrayante, dangereuse. La résistance prend essentiellement la forme d'actions en justice. Quelque 186 procès ont été intentés contre l'administration Trump et, dans 122 d'entre eux, les tribunaux ont au moins temporairement suspendu la fermeture d'agences et le licenciement de travailleurEs. Des manifestations nationales ont rassemblé des millions de personnes dans les rues, mais pour l'instant, rien n'arrête Trump.
Dan La Botz, traduction Henri Wilno
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Le dilemme du NPD : recentrer ou pas ?

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) se présente comme le parti de la justice sociale, de la redistribution équitable des ressources produites, comme le défenseur de la classe ouvrière et le garant de la protection de l'environnement.
Tout ceci suppose une intervention poussée de l'État fédéral, fût-ce au détriment des champs de compétence des provinces. Bref, c'est le parti des bonnes intentions, lesquelles frôlent parfois l'angélisme.
Cette orientation lui n'a pourtant valu que des performances électorales en dents de scie depuis sa fondation en 1961 par Tom Douglas. Entre autres, il n'est pas encore parvenu à percer au Québec de manière décisive, sauf en 2011 sous Jack Layton. Il n'y a pas remporté de succès électoraux durables.
Sans prétendre me livrer à une analyse savante et détaillée des résultats électoraux obtenus par le parti, je vais présenter l'audience qu'il a conquise à la fois au Canada dans son ensemble, et au Québec en particulier de 2006 jusqu'à 2025, tant en termes de votes recueillis que de députés élus. On remarque sur ces deux plans un contraste marqué entre les deux nations.
Examinons donc le pourcentage et du vote et le nombre de députés néo-démocrates élus au Canada et au Québec.
Au scrutin de 2006, le NPD obtient à l'échelle du Canada 17.4% des suffrages et fait élire 29 députés ; au Québec, il ne recueille qu'un maigre 7.49% du vote et aucun de ses candidats ne remporte la mise.
À celui de 2011, le parti bondit à 33.4% des voix et réalise une avancée aussi prodigieuse qu'imprévue au Québec avec 42.9% d'appuis. Dans tout le Canada, il récolte 103 députés dont 59 au Québec. Il forme l'opposition officielle et Jack Layton, son chef depuis 2003, peut rêver de devenir premier ministre. Il est le premier leader du NPD à avoir compris la nécessité d'effectuer une percée décisive dans la Belle Province et y avait par conséquent déployé les efforts requis pour assurer le succès de sa formation. Il s'était prononcé notamment pour un fédéralisme asymétrique et le respect des camps de compétence provinciaux, rompant ainsi avec la tradition centralisatrice des directions précédentes. Il avait présidé à une campagne électorale dynamique au Québec, y faisant de fréquentes apparitions. C'était un sympathique anglo- montréalais qui maîtrisait parfaitement le français.
Mais la suite des événements allait s'avérer beaucoup plus décevante. Tout d'abord, Layton meurt d'un cancer le 22 août 2011.
Thomas Mulcair, ancien ministre libéral provincial sous Jean Charest, le remplace au début de 2012. Il faut signaler que le nouveau chef avait été un des seuls candidats néodémocrates victorieux au Québec auparavant, lors d'une élection partielle tenue dans le comté d'Outremont le 17 septembre 2007. Layton en a donc fait son lieutenant pour le Québec et l'a nommé co-chef adjoint. Mulcair s'était fait la réputation d'être plus centriste que la majorité des membres de son parti pour ne pas dire plus à droite. Il a donc suscité une certaine méfiance dans le parti, notamment de la part de l'aile gauche.
Sous sa direction, l'audience électorale du NPD allait diminuer. Au scrutin de 2015, le NPD voit sa représentation parlementaire se rétrécir : il passe de 103 députés à 44, et de 59 au Québec à 16 seulement. Il ne recueille que 19.7% des voix à l'échelle canadienne dont 25.3% au Québec. On note donc un affaiblissement marqué des néo-démocrates par rapport aux résultats de 2011. Cet aboutissement décevant entraîne la démission de Mulcair en avril 2016 mais il demeure chef jusqu'à la désignation d'un nouveau leader. Ce leader, ce sera Jagmeet Singh, élu en octobre 2017. Nettement plus à gauche que son prédécesseur, Singh avait tout pour rassurer les militants et militantes. En effet, Mulcair avait semé la controverse par ses prises de position sur le libre-échange (il était en faveur, à condition qu'il soit assorti de clauses protégeant l'emploi et l'environnement), sur l'équilibre des finances publiques (qu'il voulait atteindre en un an, fût-ce au prix de possibles compressions budgétaires, notamment en santé) et au sujet de la loi sur la clarté référendaire (il était prêt à se contenter d'une majorité de 51% de OUI à la souveraineté pour enclencher des négociations entre Ottawa et Québec, ce qui heurtait les convictions de beaucoup de militants canadiens anglais).
Jagmeet Singh a renoué avec l'orthodoxie centralisatrice traditionnelle du parti. Notamment, il s'est opposé à la loi sur la laïcité de l'État votée par le gouvernement caquiste de François Legault en juin 2019. Au scrutin fédéral tenu cette année-là, le NPD a raflé 15.9% des suffrages partout au Canada, dont 10.8% au Québec ; sa représentation s'y est réduite à un seul député, Alexandre Boulerice dans Rosemont La Petite-Patrie. Au total, il n'y avait plus que 24 députés néodémocrates au Parlement. Ce recul n'a pas semblé pas inquiéter outre-mesure la direction du parti qui a continué sur sa lancée centralisatrice avec un programme social poussé mais dont l'application se serait avérée problématique puisqu'elle aurait entraîné de nombreux conflits fédéraux-provinciaux. Quant au nationalisme québécois, Singh s'en est toujours méfié.
Le scrutin de 2021 a abouti à la formation d'un gouvernement libéral minoritaire dirigé par Justin Trudeau mais où le NPD détenait la balance du pouvoir. À l'échelle du Canada, il a arraché 25 sièges mais seul Alexandre Boulerice a gardé le sien au Québec.
La suite est bien connue : le 28 avril dernier, la formation est tombée à 7 députés et on a assisté à l'affaissement de son vote (6.3%). Jagmeet Singh a été défait dans son propre comté, ce qui a provoqué sa démission.
Quelle conclusion tirer de tout cela ?
Tout d'abord, que le NPD n'a obtenu ses meilleurs résultats, tant en termes de votes qu'en ceux de députés que lorsque le Québec l'a soutenu, c'est-à-dire surtout en 2011 sous le dynamique leadership de Jack Layton qui avait bien saisi l'importance de l'équation nationaliste québécoise dans le jeu politique canadien. Layton a ainsi pu rejoindre l'importante frange nationaliste québécoise. Il a aussi été très présent au Québec, ce qui contraste avec l'attitude de Jagmeet Singh pour qui le fédéralisme canadien et la division des pouvoirs entre Ottawa et les provinces n'est qu'une "question académique". Layton rompait, ou du moins s'éloignait du programme centralisateur qui constitue en un sens la marque de commerce du NPD autant que la social-démocratie. Cette orientation a séduit une tranche non négligeable de l'électorat québécois sans effaroucher pour autant celui du Canada anglais.
Mais cette voie fut vite abandonnée par ses successeurs, surtout par monsieur Singh. Dès 2015, sous la gouverne de Thomas Mulcair, le parti reculait à 16 députés au Québec et à 28 au Canada anglais. La volonté de recentrage défendue par le chef lui a nui, mais le flou qu'il a entretenu sur la question du statut national ne l'a pas aidé non plus. Le centralisme qu'a défendu Jagmeet Singh n'a fait que contribuer à éroder encore davantage ses appuis québécois, même si ce n'est pas la seule cause du recul de son vote.
Tous ces facteurs font que le NPD n'a jamais été considéré comme un parti à vocation de pouvoir.
La frange autonomiste du Québec s'est longtemps sentie adéquatement représentée à Ottawa par les libéraux, ensuite, partir des années 1990 par le Bloc québécois, à tort ou à raison. Le récent retour en force des libéraux au Québec, en raison de la menace que Trump fait peser sur le Canada et de l'aversion que les conservateurs suscitent auprès de bien des Québécois ne garantit pas une réimplantation durable du parti au Québec. Tout simplement, Québécois et Québécoises ont voulu éviter de se trouver isolés dans une conjoncture politique jugée périlleuse. Mais même si le Bloc a perdu des plumes lors de ce scrutin, il y demeure bien présent avec 23 députés et 27% du vote. Le NPD, lui, n'a recueilli que 4,5% des voix au Québec.
Même les propositions du Nouveau parti démocratique qui devraient en principe séduire les électeurs et électrices progressistes du Québec n'ont guère réussi à y établir sa crédibilité. La "question nationale" interfère toujours dans l'équation et la brouille le plus souvent.
Pour résumer, si une majorité de Québécois juge le NPD sympathique et généreux, ils ne s'y reconnaissent guère. De leur point de vue, c'est le parti "des autres", celui d'une certaine gauche canadienne anglaise, ce que monsieur Singh n'a jamais voulu comprendre.
Si le Nouveau Parti démocratique tient à offrir à la population canadienne une alternative aux libéraux, il devra rallier le Québec et en faire un de ses bastions politiques. Le prochain chef devra accepter cette donnée de base.
Jean-François Delisle
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Haïti : un an après, le bilan du Cpt : cortège de cadavres, expansion du banditisme

Le 25 avril 2025 marque le premier anniversaire du Conseil présidentiel de transition (Cpt). Cet anniversaire arrive dans un contexte où la majorité de la population se trouve dans une situation extrêmement grave. Elle est constamment menacée de se faire massacrer par des hordes de gangs criminels à la solde de certaines factions de la bourgeoisie, de secteurs politiques et mafieux.
Bien qu'il ne soit pas étonnant que le Cpt fasse preuve d'impuissance, on ne s'attendait pas tout de même que le pouvoir, y compris le gouvernement d'Alix Fils-Aimé, concède des territoires aux bandits lourdement armés au point que la relocalisation des bureaux publics devient l'unique agenda gouvernemental.
Tous les ministères et les directions allouent une part importante de leur budget au déplacement de leurs services. Sous le gouvernement d'Ariel, il était question d'assumer la réalité de territoires perdus. La ministre de la justice d'alors, Madame Emmelie Prophete, ne se gênait pas de reconnaitre le désintérêt des pouvoirs publics à rétablir l'ordre dans les quartiers de Martissant, Cité-Soleil, Bel Air, etc.
Aujourd'hui, ce n'est pas seulement des quartiers qui sont livrés aux gangs mais également des départements entiers. La dernière cession à cette date est le département de Plateau central où se trouve la ville de Mirebalais. Les malfrats sont entrés dans la ville le 31 mars comme s'il n‘existait aucun commissariat, aucun policier. D'aucuns disent que la police a le sens de l'évacuation !
Pourtant, il n'y a pas si longtemps, Fritz Jean, l'actuel président du Cpt, déclara sur toutes les tribunes la guerre aux gangs !
Par ailleurs, il est tentant de croire que les forces policières et militaires seraient trop faibles pour tenir en respect des centaines de jeunes affamés, torses nus et armés d'armes automatiques, qui massacrent et pillent des quartiers de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, de l'Artibonite et du Plateau-central.
Détrompez-vous !
Elles sont assez fortes pour mitrailler des milliers de manifestants qui osent réclamer le rétablissement de la sécurité publique au cours des mois de février et de mars. Ces policiers ont fait preuve d'une capacité hors pair lorsqu'il s'agit de blesser à balles réelles plus d'une dizaine de manifestants et de tuer le jeune manifestant Élibert Idovic le 19 mars 2025.
Face à ces millions de personnes déplacées qui dénoncent le mépris et l'indifférence criminels du pouvoir, il fallait montrer les muscles de la puissance publique pour maintenir le statu quo.
Le CPT a peur de la mobilisation de ces millions de victimes de l'insécurité qui descendent dans les rues et occupent les places publiques. Il ne souhaite pas voir les classes populaires reprendre confiance en elles-mêmes pour exiger la sécurité, l'arrestation des hordes de gangs criminels et leurs commanditaires.
Alors que les cadavres s'amoncellent dans les coins et recoins des principales villes du pays, l'État fait preuve d'une indifférence complice.
Pourtant, le 16 avril 2025, l'annonce d'une nième manifestation contre l'insécurité programmée a créé la panique au sein du gouvernement. Le pouvoir a mobilisé des fonds, des ressources militaires et policières pour ériger des barrages dans les différentes artères de la ville de manière à empêcher le déroulement de la mobilisation.
De surcroit, le CPT a publié un communiqué pour menacer de coups et blessures toute initiative de mobilisation qui mettrait en cause « l'ordre public ».
Fort de ce constat, il est indéniable, pour nous, que ce gouvernement collégial est l'œuvre d'une alliance de classe. Une partie du monde des affaires, certaines organisations de la société civile, des partis politiques dits de gauche et de droite s'entendent sur un agenda antipopulaire pour maintenir le statu quo.
Le bilan négatif du CPT après un an au pouvoir témoigne non seulement de son impuissance mais aussi permet aux classes populaires de voir une fois de plus qu'aucun agenda bourgeois ne peut résoudre la crise sécuritaire et humanitaire.
Le renversement de cet État bourgeois, institué par l'oligarchie et l'impérialisme, constitue l'unique moyen pour mettre hors d'état de nuire les hordes de gangs criminels et construire un État axé sur la défense des intérêts de la majorité de la population.
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Analyse critique des orientations politiques proposées dans le Manifeste pour un Québec solidaire de ses travailleuses et travailleurs

Le Manifeste proposé par les porte-parole de Québec solidaire constitue un tournant et une posture. Un tournant, car l'orientation de ce manifeste révèle une volonté de revenir à une vision classiste de la gauche, opposant la classe des travailleurs et des travailleuses à l'élite dirigeante. Une posture, également, car le manifeste n'éclaire pas les fondements systémiques qui affectent leurs conditions d'existence et la dynamique d'évolution de la société face à la classe travailleuse.
En effet, le Manifeste présente une lecture des problèmes sociaux centrée principalement sur les mauvaises politiques gouvernementales (inaction sur le logement, austérité, soutien au patronat, etc.). Le manifeste affirme que « c'est la faute des gouvernements qui se sont succédé depuis 30 ans ». On croirait entendre les différents partis d'opposition qui nous expliquent que la situation sociale de la majorité populaire est essentiellement la conséquence des politiques gouvernementales. Cette approche permet de désigner des responsables immédiats et de mobiliser rapidement autour de revendications claires.
Toutefois, cette approche évacue l'analyse des causes systémiques plus profondes qui façonnent ces crises : le capitalisme mondialisé, le racisme systémique adossé aux logiques prédatrices du colonialisme et de l'impérialisme, l'oppression patriarcale ou encore la crise climatique. Il ne faudrait pas oublier l'oppression nationale du Québec et des peuples autochtones, qui contribue également à placer les travailleurs et les travailleuses dans une position d'expropriation politique par rapport à leur pouvoir d'assurer leurs droits nationaux. Il faut rester engoncé dans une posture économiste et réformiste pour ne pas mobiliser l'ensemble de ces réalités systémiques, comme autant d'obstacles qu'il faudra renverser si nous voulons transformer radicalement la situation de la classe travailleuse dans cette société capitaliste qu'est le Québec.
En ne tenant pas compte de ces dimensions structurelles, le projet politique risque de s'inscrire dans une logique défensive (réparer les effets visibles du système) plutôt que de porter une vision transformatrice ambitieuse. L'absence d'une critique explicite du capitalisme mondial, par exemple, empêche de proposer des alternatives radicales à l'ordre économique actuel et limite la capacité du mouvement à nourrir une véritable conscience politique visant l'émancipation de la classe travailleuse.
Réalités systémiques non abordées et conséquences
Plusieurs réalités majeures sont absentes ou sous-traitées dans ce Manifeste :
Crise du capitalisme : les racines économiques profondes de la précarité et de l'inégalité ne sont pas abordées. Le développement du précariat, l'articulation de la surexploitation et de l'oppression des femmes, le maintien des travailleurs et travailleuses migrants dans une situation où ils et elles sont privés de droits — tout cela découle de la logique du capitalisme que les gouvernements à son service ne font que protéger et consolider.
Crise climatique : on ne peut apprécier la situation des travailleurs et des travailleuses sans faire intervenir leur vécu face à la crise environnementale, directement liée à la croissance sans frein de la production, au pillage des ressources et à la destruction de la biodiversité. Leur santé et sécurité au travail, la détérioration de leur environnement par la pollution des grandes entreprises pétrochimiques, la crise climatique et les événements extrêmes qui se multiplient remettent en cause leur sécurité et leurs avoirs. Le sort des travailleurs et des travailleuses, leur avenir même, est directement dépendant de la lutte écologiste, et la classe travailleuse, par son rôle dans la production et la reproduction des richesses, peut et doit être un facteur essentiel dans la résolution de la crise. Pourtant, cette dimension essentielle ne donne lieu à aucune proposition écologique, alors que la crise environnementale affecte profondément les travailleuses et les travailleurs.
Racisme systémique et oppression patriarcale : à peine évoqués, ils ne sont pas intégrés aux propositions concrètes.
L'absence de ces luttes interdépendantes, dans lesquelles les travailleuses jouent et sont appelées à jouer un rôle de premier plan, réduit la portée du projet et risque de segmenter les mobilisations au lieu de construire une convergence, un véritable front uni entre mouvements ouvriers, écologistes, féministes et antiracistes. Sans ce lien, la capacité de transformation réelle est diminuée.
Évaluation de l'orientation politique proposée
En partie, cette orientation est cohérente avec les valeurs d'un parti de gauche : identification des luttes de classes comme moteur de la transformation sociale, défense des droits sociaux, appui aux syndicats, reconstruction des services publics. Les enjeux choisis (logement, pouvoir d'achat, services publics, droits syndicaux) sont essentiels, mais pas suffisants pour porter un véritable projet de société alternatif.
Perspectives pour un Manifeste visant réellement l'émancipation de la classe travailleuse
Pour dépasser une politique réformiste défensive, il faudrait :
- proposer des alternatives structurelles (ex. : propriété collective des logements, décentralisation économique, contrôle démocratique des grandes entreprises par leur socialisation) ;
- lier les luttes sociales, écologiques, féministes et antiracistes dans un front commun, comme une nécessité pour que la classe travailleuse puisse s'opposer réellement à toutes les formes d'oppression et d'exploitation ;
- formuler une vision positive de la société que l'on veut construire (ex. : société solidaire, écologique, décoloniale, égalitaire), et non seulement réparer celle qui existe ;
- un parti de gauche qui souhaite transformer plutôt que seulement « gérer autrement » doit nourrir l'espoir d'une autre société, dépasser les logiques de gestion de crise et inscrire son action dans une histoire longue des luttes populaires et de la résistance aux oppressions.
En somme, un manifeste à enrichir d'une véritable perspective émancipatrice
En somme, si le Manifeste de Québec solidaire pose des bases importantes en défendant les travailleuses et les travailleurs, en signalant leur rôle essentiel dans le projet politique de Québec solidaire, il manque une analyse systémique plus large pour répondre aux défis profonds de notre époque. Pour incarner pleinement un projet de gauche de transformation sociale, il serait nécessaire d'articuler la lutte économique avec les luttes écologiques, féministes, antiracistes et anticapitalistes, et de proposer une vision positive et émancipatrice du futur. C'est en liant ces dimensions que le parti pourra dépasser la gestion de crise pour devenir une véritable force de changement.
Notre tâche face au Manifeste est de s'appuyer sur la reconnaissance du rôle stratégique des luttes des travailleurs et des travailleuses dans la construction d'un projet de société égalitaire, pour l'enrichir de revendications qui prennent en compte les différentes dimensions de la lutte de la classe travailleuse, tant sur le terrain économique que sur ceux des luttes antipatriarcales, antiracistes, écologiques et antiguerres. Cet enrichissement peut et doit passer par l'identification de revendications prioritaires à ces différents niveaux.
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Un manifeste des travailleuses-travailleurs oubliant leur intérêt premier

Jetant au panier sans plus d'explication la« Déclaration de Saguenay » servant de programme et qui au moins donnait la priorité à la question climatique, la direction Solidaire propose au prochain Conseil national de juin un « Manifeste pour un Québec solidaire de ses travailleuses et travailleurs ». On n'y trouve nulle trace de crise climatique ni aucune résonnance à la question écologique en général. Pas plus que ne le faisait la Déclaration, le Manifeste ne dénonce la montée du néofascisme qui nous souffle dans le cou et qui cause ou cautionne les guerres génocidaires de l'impérialisme ruinant la crédibilité de toute allusion aux droits humains. Les membres du parti ont plutôt droit à un prodigieux bond vers l'arrière du temps des « trente glorieuses » (1945-1975).
Le mouvement ouvrier, profitant alors de la peur panique patronale vis-à-vis la montée du « communisme » confondu avec le stalinisme, pouvait alors arracher aux gouvernements de grandes réformes. Il profite encore de ses lambeaux après leur charcutage néolibéral. Cette ère est définitivement révolue. Le néolibéralisme a servi d'accoucheur à la présente ère néo-fasciste qui a instrumentalisé la négation ou la minimisation apeurées vis-à-vis des crises du climat et de la biodiversité. Abandonné aux extractivismes ancien et nouveau des hydrocarbures et du toutélectrique plus complémentaires que rivaux et comme l'a analysé le GIEC-ONU et prouvée la suite ininterrompue des catastrophes climatiques nous pend au bout du nez la terre-étuve de la fin de notre monde.
Ignorant totalement cette nouvelle réalité elle qui jadis en faisait une priorité, la direction Solidaire nous sert une insipide liqueur de bons mots et de réformettes comme si de rien n'était. Oui, il faut améliorer les conditions de travail et de vie des travailleuses et des travailleurs mais tout en balayant la consommation de masse assise sur le bungalow, l'auto-solo, le jetable non réparable et l'alimentation carnée. Cette consommation de masse emprisonne le peuple-travailleur dans le piège bancaire du traumatisme de la fin du mois ou pire encore dans celui du prochain repas ou du prochain gîte.
La réponse à la crise du logement c'est le collectif logement social écoénergétique pour tout le monde et pas seulement pour les pauvres.
La réponse à la crise de la mobilité c'est le transport en commun gratuit, fréquent, confortable jusqu'au moindre village et un complément d'autopartage communautaire.
La réponse à la ville infernale et dangereuse c'est la ville piétonnière et cyclable, de services de proximité, d'agriculture urbaine et de parcs nature.
La réponse au gaspillage c'est la garantie de la réparation accessible ou du remplacement, du bannissement de la publicité et de la mode commerciale.
La réponse à la crise de l'embonpoint c'est l'alimentation surtout végétarienne cultivée biologiquement et disponible en produits frais et peu transformés.
La réponse à la multiplication des pandémies dues au zoonoses c'est la préservation des forêts et zones humides mettant fin à l'agriculture carnée.
La réponse à la hausse des prix… c'est tout ce qui précède… et le contrôle des loyers, des prix des aliments indispensables et la gratuité de l'électricité de base.
La réponse à l'austérité des services publics c'est leur bonification quantitative et qualitative et la resocialisation des pans privatisés.
La réponse au financement d'une société écologique c'est son bon marché, la socialisation des banques et consorts et l'imposition des profits et du capital.
La réponse à l'impérialisme génocidaire, c'est le soutien aux peuples en lutte pour leur libération par tous les moyens nécessaires y compris par les armes s'il le faut.
La réponse aux divisifs sexisme et racisme dus à l'âpre compétition capitaliste c'est la solidarité d'une société du soin et du lien en décroissance matérielle.
La réponse au Quebec bashing fédéral et à l'hégémonie pétro-gazière canadienne c'est l'indépendance incluant le droit à l'autodétermination autochtone.
Marc Bonhomme, 5 mai 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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