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Ensemble, on bloque le recul

4 novembre, par Collectif —
Quand les projets de la CAQ tournent au désastre, de SAAQclic à Northvolt, le gouvernement Legault préfère faire diversion et changer de sujet. Au lieu de s'attaquer à la crise (…)

Quand les projets de la CAQ tournent au désastre, de SAAQclic à Northvolt, le gouvernement Legault préfère faire diversion et changer de sujet. Au lieu de s'attaquer à la crise du logement, à la santé en déroute ou aux écoles délabrées, il s'en prend aux syndicats.

Grand rassemblement intersyndical

Le 29 novembre, on ne tombera pas dans le piège : marchons pour lui rappeler les vraies priorités !

Toute la population est invitée à se joindre au grand rassemblement intersyndical ! Une grande marche se mettra en mouvement, à Montréal, pour se rendre jusque devant le bureau du premier ministre coin McGill College et Sherbrooke.

Venez en grand nombre !

Quand : 29 novembre à 13 h 30

: Place du Canada (Montréal)

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Pour un programme de rupture : socialiser l’économie, combattre le patriarcat et construire le pouvoir populaire

4 novembre, par Bernard Rioux — ,
Le débat ouvert sur l'actualisation du programme de Québec solidaire n'en est qu'un premier moment. Ce qui se joue, ce n'est pas un simple ajustement de formulations : c'est la (…)

Le débat ouvert sur l'actualisation du programme de Québec solidaire n'en est qu'un premier moment. Ce qui se joue, ce n'est pas un simple ajustement de formulations : c'est la direction que prendra notre parti dans les années à venir. Le Parti de la rue défend une orientation qui vise à mobiliser largement afin de pouvoir rompre avec l'ordre établi.

Quand on lit le texte de la coordination nationale à propos de la préservation de la biodiversité, on voit bien qu'il se limite à juxtaposer des enjeux — biodiversité, climat, santé, alimentation — sans jamais en identifier la cause systémique : le capitalisme. Le cœur du problème est là. Tant que nous ne nommons pas le capitalisme comme la cause de la destruction des écosystèmes, de la marchandisation de la vie et de l'exploitation du travail, nous ne donnons pas tout son sens à notre lutte.

La décroissance ne se limite pas au secteur des industries polluantes

Depuis trop longtemps, Québec solidaire refuse d'assumer clairement une perspective de décroissance. Le Programme actualisé soumis à la discussion parle de décroissance des secteurs fossiles, comme si le problème se limitait à quelques industries polluantes. Mais la décroissance, c'est bien plus que cela : c'est une critique radicale du productivisme et de la recherche illimitée du profit. C'est une remise en cause de la logique capitaliste.

La décroissance, ce n'est pas produire un peu plus « vert ». C'est comme l'écrit l'amendement du CAP écologiste produire autrement, pour d'autres fins : satisfaire les besoins humains réels, préserver la vie et réduire la dépendance au marché. Elle implique la planification démocratique de la production, la socialisation des grands moyens de production et le renversement de la logique d'accumulation privée.

Socialiser, ce n'est pas seulement étatiser

C'est pourquoi la question de la socialisation est décisive. Dans le texte proposé dans l'actualisation du programme, la socialisation est définie comme une extension de l'économie sociale — OBNL, coopératives, entreprises collectives. Mais l'économie sociale ne sort pas du capitalisme : elle en est un aménagement partiel, elle en atténue certains impacts. Nous définissons la socialisation comme la prise de contrôle collectif des secteurs stratégiques — énergie, mines, forêts, banques, grandes entreprises industrielles — par les travailleurs, les travailleuses et les communautés.

Cela signifie aller au-delà de la simple étatisation, comme on l'a vu avec Hydro-Québec. L'étatisation a été un progrès à son époque, mais elle a concentré le pouvoir entre les mains d'une technocratie publique sans véritable contrôle populaire. Socialiser, c'est décentraliser, démocratiser, planifier collectivement. C'est faire de l'économie un bien commun, géré par les travailleurs, les travailleuses, les citoyens·es des territoires.

Rompre avec les monopoles

Aujourd'hui, les grands monopoles privés — miniers, forestiers, financiers — contrôlent notre économie, accaparent nos ressources et sabotent toute transition réelle. Ces entreprises n'ont aucun intérêt à la transformation écologique : elles en vivent. Leurs profits dépendent de l'extraction, de la surexploitation et de la destruction des milieux vivants. C'est pourquoi nous soutenons les propositions du CAP écologiste et des associations qui proposent la nationalisation/socialisation complète du secteur énergétique, la création de micro-réseaux municipaux publics, le refus de toute relance du nucléaire et la socialisation des entreprises fossiles pour en assurer le démantèlement.

La lutte, pas la simple régulation

Mais ces transformations ne viendront pas d'un futur gouvernement solidaire isolé au sommet de l'État. Elles viendront de la lutte sociale, de la mobilisation populaire, de la construction d'un rapport de force capable d'imposer la rupture. Notre programme doit être un instrument de lutte, pas un programme de gouvernement.

C'est pourquoi nous devons articuler nos revendications à des campagnes concrètes : contre les privatisations, pour la réduction du temps de travail, pour la salarisation des médecins, pour la gratuité scolaire et la démocratisation du réseau public. Ce sont ces luttes, et non les promesses électorales, qui transforment la société.

Le travail comme émancipation nécessite de briser l'exploitation

Quand on parle d'humaniser le travail, on peut se contenter de formules générales sur l'importance du temps libre. L'humanisation du travail passe par la réduction du temps de travail à 32 heures par semaine, sans perte de salaire, par la répartition équitable de la richesse et par la démocratisation des lieux de travail. La véritable démocratie commence là où les gens passent le plus clair de leur vie : dans la production. Pour humaniser le travail, le programme doit identifier les luttes qui sont nécessaires pour contrer la surcharge au travail. Ce dont il faut parler, ce sont des combats à mener et à soutenir ici et maintenant, dans les milieux de travail et dans les mouvements sociaux.

Reconstruire le service public et le pouvoir populaire

Sur le système de santé et des services sociaux, le programme actualisé proposé est dramatiquement silencieux : rien sur la privatisation, rien sur le mode de rémunération des médecins, ni sur la nécessaire débureaucratiser le réseau. Ces questions, pourtant centrales, sont absentes du débat alors qu'elles devraient être au cœur d'un projet de réappropriation populaire du système de santé publique. Démocratiser le service public, c'est le rendre à ceux et celles qui le font vivre.

Sur la fiscalité, la famille et l'éducation, le texte propose des orientations globalement justes – redistribution de la richesse, lutte contre la pauvreté, approche féministe et inclusive- mais sans ancrage concret dans les luttes sociales. Parler de gratuité scolaire n'a de sens que si l'on se souvient que ce sont les mobilisations étudiantes de 2012 qui ont fait capoter les projets de hausse des frais de scolarité. Aujourd'hui encore, des enseignant·es en francisation qui se sont mobilisé·es contre les coupes budgétaires ont participé à la remise en question de l'austérité gouvernementale.

Sur la démocratie et la culture, les propositions d'élargir les droits politiques aux personnes résidentes permanentes ou en attente de statut vont dans le bon sens. Mais elles restent déconnectées des luttes actuelles contre les politiques migratoires racistes et les attaques contre les droits fondamentaux des personnes immigrantes. Un programme ne doit pas seulement dire ce qu'un gouvernement ferait ; il doit dire comment, dès maintenant, on s'organise pour défendre ces droits.

Sur la laïcité, même constat : des propositions positives existent, mais la discussion reste abstraite, sans lien avec les mobilisations nécessaires pour en finir avec la laïcité discriminatoire imposée par la CAQ.

Indépendance pour une véritable libération nationale

Sur l'indépendance, l'aveuglement est frappant. Dire qu'il n'y a rien à débattre aujourd'hui, c'est ignorer la recomposition politique en cours. L'impérialisme sous la direction de Trump menace le Canada d'annexion et lui livre une guerre commerciale. Le PQ promet un référendum tout en faisant des personnes immigrantes les responsables de tous les maux. Cette nouvelle donne pose à Québec solidaire des questions stratégiques fondamentales. Peut-on construire une majorité pour l'indépendance en s'alliant indistinctement à la droite et à la gauche, comme le propose le PQ ? Nous disons non. La majorité politique pour l'indépendance ne pourra émerger que lorsque la majorité populaire, forgée dans les luttes sociales, féministes, écologiques, antiracistes et décoloniales, fera de l'indépendance son propre projet.

C'est cette stratégie qu'il faut affirmer : faire de l'indépendance le prolongement d'un projet de société émancipateur.

L'indépendance c'est un moyen de libération collective. Elle ne se fera pas sans la conquête du pouvoir économique et sans la socialisation des richesses du Québec.

Pour un Québec écoféministe

Le Programme actualisé réaffirme la construction d'un Québec féministe et inclusif, intégrant la pluralité des genres. Les reformulations visent à actualiser le langage sans en modifier l'orientation politique.

L'amendement de l'Association de Jean-Lesage introduit une rupture majeure : la reconnaissance de l'écoféminisme. En articulant patriarcat, capitalisme et destruction de la nature, cette proposition relie les luttes des femmes à une critique systémique de l'économie capitaliste.

L'écoféminisme déplace le féminisme de l'égalité formelle vers une analyse de la reproduction sociale, du travail gratuit et de la domination violente. Il exprime l'articulation entre féminisme, écologie et économie du soin. En ce sens, il renforce la cohérence du programme solidaire autour du prendre soin comme principe organisateur d'une société égalitaire et met à nu le cœur du système capitaliste-patriarcal : l'exploitation du travail gratuit des femmes et la domination violente qui la soutient.

L'internationalisme contre l'impérialisme

De même, notre altermondialisme doit s'enraciner dans la solidarité active avec les peuples en lutte : de Palestine, d'Ukraine, peuples autochtones, migrants·es. Sortir de l'OTAN, refuser la militarisation et construire une diplomatie des peuples, voilà les bases d'un internationalisme concret, qui doit inspirer nos mobilisations contre les projets militaristes du gouvernement canadien.

Sur l'immigration, il faut rompre avec la logique hypocrite de la « capacité d'accueil ». Dans un monde ravagé par les crises écologiques et les guerres, nous devons défendre la liberté de circulation et d'établissement, et affirmer la responsabilité collective face aux déplacements forcés de personnes que le capitalisme engendre.

Pour un Québec solidaire de rupture

En définitive, notre programme doit redevenir ce qu'il a cessé d'être : une stratégie anticapitaliste de transformation sociale. Il doit articuler trois axes : la socialisation des moyens de production, la planification démocratique et la construction du pouvoir populaire.

La droite prépare sa rupture réactionnaire. À nous de construire la nôtre : une rupture émancipatrice, égalitaire, féministe, écologique et écosocialiste. C'est cette radicalité — claire, assumée, populaire — qui peut rallier la majorité sociale à la cause de l'indépendance et du socialisme.

En somme, nous devons ancrer notre programme dans les luttes sociales réelles, définir les revendications, les alliances et les moyens d'action qui permettent de construire le pouvoir populaire. Ce n'est pas en promettant une meilleure gestion du capitalisme que nous convaincrons : c'est en affirmant la nécessité d'une rupture radicale avec lui.

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Les attaques de Carney vont déclencher des luttes majeures

4 novembre, par John Clarke — ,
Dans ma chronique CD de juin sur la guerre des classes menée par Mark Carney, j'ai suggéré : « Nous pouvons voir émerger un consensus efficace au sein de la classe politique (…)

Dans ma chronique CD de juin sur la guerre des classes menée par Mark Carney, j'ai suggéré : « Nous pouvons voir émerger un consensus efficace au sein de la classe politique canadienne sur la nécessité de répondre à la menace de la guerre commerciale de Trump par une action concertée visant à supprimer les obstacles à la rentabilité et à stimuler la « compétitivité ». Cela prend déjà les dimensions d'une attaque majeure contre les travailleurs et les travailleuses, les communautés et l'environnement. »

Tiré de Canadian dimension.

27 octobre 2025

À l'approche du budget fédéral, il ne fait aucun doute que le gouvernement Carney à Ottawa jouera un rôle de premier plan dans la mise en œuvre d'un programme d'austérité sans précédent, accompagné d'un transfert de ressources pour alimenter des dépenses militaires effrénées et un régime étatique hautement interventionniste qui facilitera l'exploitation et la recherche du profit. À cet égard, l'accent sera particulièrement mis sur la facilitation des projets les plus destructeurs liés aux combustibles fossiles.

Dans ce même article, j'ai également plaidé en faveur de la nécessité d'un front commun de résistance sociale à l'échelle du Canada contre l'attaque menée par Carney, et j'ai conclu que « la tentative de faire porter le poids de la crise commerciale sur les travailleurs, les travailleuses et les communautés engendre de profondes injustices et une colère latente qui peuvent déclencher un tel mouvement. »

Une résistance émergente

Je suis loin de vouloir encourager un excès de confiance, surtout compte tenu de l'ampleur de l'attaque à laquelle nous sommes confronté·s et du manque général de préparation à riposter de manière unie et puissante. Cela dit, il est également clair que Carney et ses acolytes ne pourront pas imposer leur programme régressif aux travailleurs, aux travailleuses et aux communautés sans rencontrer une résistance farouche. Les preuves en sont partout autour de nous.

Tout d'abord, nous ne devons jamais sous-estimer le potentiel explosif de la résistance autochtone au Canada. Le gouvernement Carney et ses homologues provinciaux et territoriaux se rendront compte que leur volonté de lancer des projets pétroliers et gaziers nuisibles et dangereux, au mépris des droits des Autochtones, est une entreprise risquée.

Lorsqu'on évalue les perspectives de résistance autochtone dans une situation particulière, il est toujours important de prendre en compte non seulement les réactions des instances dirigeantes reconnues par la Loi sur les Indiens, mais aussi celles qui émergent au sein des communautés autochtones. Ces dernières sont susceptibles d'être moins patientes, moins modérées et moins respectueuses ; elles revêtent donc une importance capitale.

Les dirigeant·es autochtones officiellement reconnu·es ont elleux-mêmes exprimé une indignation bouillonnante, frôlant la défiance ouverte, en réponse à la ligne de conduite envisagée par Carney. Il est très clair que la conformité autochtone qu'il espère obtenir risque de s'avérer très difficile à obtenir.

Selon The Walrus, le sommet sur les grands projets des Premières Nations organisé par les libéraux en juillet dernier est loin d'avoir été un succès retentissant. Le projet de loi C-5, qui ouvre la voie à ces projets, a suscité un profond ressentiment. Le grand chef Stewart Phillip, de l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique, s'est plaint que « le seul objectif » du sommet était d'annoncer que le projet de loi « est désormais la loi du pays » et que les Premières Nations doivent « accepter pleinement cette réalité et s'y adapter ». Le chef des Atikameksheng Anishnawbek, Craig Nootchtai, est allé plus loin, qualifiant l'événement d'« asservissement ».

Au-delà de ces réactions officielles, nous avons déjà constaté les premiers efforts des communautés autochtones pour mobiliser une opposition active au colonialisme intensifié des ressources mené par Carney et ses allié·es provinciaux.

En juin, Toronto Today a pris note d'un campement de protestation autochtone érigé sur le terrain de l'Assemblée législative de l'Ontario en réponse à l'adoption du projet de loi 5, qui donne au gouvernement de l'Ontario « le pouvoir de désigner des « zones économiques spéciales » et d'accorder certaines exemptions aux lois et règlements provinciaux, tels que les évaluations environnementales ou la consultation des communautés autochtones, dans le but d'accélérer le développement économique ».

L'un des participants à l'action a fait valoir que cette législation constituait « un nouvel exemple de « génocide économique » des Premières Nations ». Il a prédit de manière très plausible que « cette manifestation n'était que le début de l'opposition autochtone à la nouvelle législation ».

Au cours du même mois, comme l'a rapporté l'APTN, des membres des communautés d'Attawapiskat et de Neskantaga, dans le nord de l'Ontario, ont établi un « campement quasi permanent » près d'un projet de pont destiné à faciliter les opérations d'extraction dans la région du Cercle de feu. L'un des participants a déclaré : « Notre message est simple : personne ne traversera la rivière Attawapiskat sans notre consentement libre, préalable et éclairé. »

La poursuite d'une stratégie de « construction nationale » axée en grande partie sur la dégradation de l'environnement et le déni des droits des autochtones risque de se heurter à une résistance beaucoup plus forte à mesure qu'elle prendra de l'ampleur et que ses effets s'intensifieront. Il suffit de se rappeler la résistance massive menée par les autochtones en 2020 en réponse aux attaques de la GRC contre les camps de défenseurs des terres Wet'suwet'en. Les perturbations économiques résultant de cette lutte ont provoqué une crise politique pour le gouvernement fédéral de l'époque.

Les travailleurs et travailleuses du secteur public

Il est évident que les mesures d'austérité sévères de Carney et l'érosion supplémentaire des services publics qu'elles entraînent s'accompagneront inévitablement d'une attaque massive contre les travailleurs et travailleuses du secteur public. Cette attaque s'étendra certainement au-delà de la juridiction fédérale et intensifiera la pression sur les travailleuses et travailleurs provinciaux et municipaux à travers le pays. Tout porte à croire que la guerre lancée par Carney contre les travailleurs et les travailleuses du secteur public et leurs syndicats conduira à des luttes de classe très importantes sur ce front. En effet, des conflits de ce type éclatent déjà.

Comme je l'ai déjà suggéré, le budget fédéral imminent sera probablement un moment décisif dans la mise en œuvre d'une austérité extrême et de coupes sombres dans le secteur public. Carney lui-même n'a fait aucun effort pour dissimuler ses intentions à cet égard et s'en est même vanté.

Dans un article publié le mois dernier dans The Guardian, Leyland Cecco rapporte que Carney a déclaré : « C'est à la fois un budget d'austérité et d'investissement. Et cela est possible si nous faisons preuve de discipline. » Bien sûr, le type d'investissement qu'il a en tête n'a rien à voir avec la satisfaction des besoins des communautés.

En août, Adam D.K. King, du Maple, a mis en garde contre des coupes budgétaires fédérales imminentes d'une ampleur historique, soulignant que « l'AFPC et d'autres syndicats du secteur public fédéral avertissent depuis des mois des conséquences potentiellement catastrophiques du plan proposé par le gouvernement libéral visant à réduire les dépenses de 15 % ».

Des coupes aussi massives entraîneraient d'énormes pertes d'emplois parmi les travailleuses et travailleurs du secteur public fédéral, avec des répercussions sur les travailleuses et travailleurs provinciaux et municipaux, car les autres niveaux de gouvernement réagiraient par des coupes budgétaires. Partout au pays, nous voyons déjà les personnes travaillant dans le secteur public se mobiliser en réponse au programme d'austérité qui leur est imposé.

Malgré les assurances de Carney selon lesquelles il représentera « l'intérêt national », son gouvernement mène actuellement une attaque tous azimuts contre les services postaux et les travailleurs et travailleuses qui les assurent. Comme l'a souligné Dru Oja Jay dans The Breach, « les milliardaires ont tout à gagner à démanteler Postes Canada, et leur rôle caché façonne l'ensemble du combat ». En conséquence, les libéraux ont « annoncé leur intention de supprimer la distribution à domicile... de remplacer les postier·es par des boîtes aux lettres communautaires, d'accélérer les livraisons en recourant à des travailleuses et travailleurs précaires sous-traitants et de céder discrètement les itinéraires rentables à des transporteurs privés ».

Alors que les postier·es poursuivent leur lutte, désormais sous la forme de grèves tournantes, et que d'autres travailleurs et travailleuses du secteur public fédéral se préparent à contester les mesures d'austérité qui se profilent, les travailleuses et travailleurs provinciaux de diverses régions du pays ripostent. C'est le prélude à des batailles plus importantes et plus décisives qui s'annoncent.

Une déclaration publiée le 9 octobre par le Syndicat des employé·es de la fonction publique de l'Ontario (OPSEU) nous informe que « le personnel de soutien à temps plein des 24 collèges de l'Ontario est en grève depuis le 11 septembre 2025, avec la sécurité de l'emploi comme principale revendication ». Les 10 000 travailleuses et travailleurs en grève s'opposent aux « réductions proposées, notamment l'automatisation, l'externalisation et les fusions [afin que] les protections obtenues lors de cette ronde soient déterminantes dans la lutte contre les licenciements futurs ».

Quelque 51 000 enseignant·es sont actuellement en grève en Alberta dans ce que la CBC qualifie de « plus grande grève de l'histoire de la province ». Il est tout à fait clair que cette lutte découle également de l'attaque générale contre les services publics et les travailleuses et travailleurs qui les fournissent. Elle reflète « des préoccupations de longue date, notamment en matière de salaires, de classes surchargées et de manque de soutien aux élèves ayant des besoins complexes ».

Pendant ce temps, en Colombie-Britannique, le Times Colonist a rapporté le 9 octobre que « deux syndicats représentant les professionnel·les et les fonctionnaires de la Colombie-Britannique ont intensifié jeudi leur mouvement de grève qui dure depuis plusieurs semaines, afin d'inclure environ 26 000 employé·es de plus de 20 ministères et sociétés et agences provinciales ». Le BC General Employees' Union (BCGEU) souligne que « les fonctionnaires sont confronté·es à une crise du pouvoir d'achat » et contestent les effets cumulatifs de l'austérité.

Alors que Carney se prépare à intensifier l'attaque d'austérité et les autres éléments de son programme régressif, nous pouvons constater que la résistance est déjà en marche. Les mesures que les libéraux et les autres niveaux de gouvernement chercheront à imposer dans les mois à venir renforceront considérablement la nécessité de riposter.

Les communautés autochtones et les travailleuse et travailleurs du secteur public démontrent déjà les perspectives d'une résistance majeure. Ce qu'il faut toutefois de toute urgence, c'est un effort déterminé pour créer le type de front commun puissant qui puisse aller au-delà des luttes individuelles et construire une résistance unie et coordonnée. Carney et ses acolytes ont élaboré leur plan d'attaque et le moment est venu de préparer une riposte décisive.

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Armes, chefs de guerre et terres dévastées : la stratégie d’Israël pour Gaza après la guerre

4 novembre, par Muhammad Shehada — , ,
Dans la bande de Gaza d'après-guerre, Israël soutient quatre milices criminelles principales afin de provoquer le chaos interne, de collecter des renseignements et d'exercer (…)

Dans la bande de Gaza d'après-guerre, Israël soutient quatre milices criminelles principales afin de provoquer le chaos interne, de collecter des renseignements et d'exercer son contrôle.

Tiré de Association France Palestine Solidarité. Photo : Un char de l'armée israélienne pénétrant dans la bande de Gaza lors d'une offensive contre l'enclave, 18 juillet 2014 © Yotam Ronen / Activestills. Publié par The New Arab.

Alors qu'un cessez-le-feu semblait se profiler à Gaza, le chef d'un gang lié à l'État islamique et soutenu par Israël, Yasser Abu Shabab, a exigé une « protection internationale », terrifié à l'idée d'être traduit en justice pour avoir systématiquement pillé l'aide humanitaire, collaboré avec Israël et tué des Palestiniens.

L'armée israélienne avait refusé de permettre à ces gangs criminels de se réfugier en Israël même et voulait les abandonner, jusqu'à ce que Netanyahu parvienne à modifier les lignes de retrait du plan Trump et à garder plus de 58 % de Gaza entre les mains d'Israël.

Abu Shabab a alors continué à bénéficier d'une protection, Israël trouvant utile à cette milice de poursuivre la guerre par d'autres moyens.

Jusqu'à présent, cela a consisté à provoquer des conflits civils, à orchestrer l'effondrement de la société, à mener des assassinats, des opérations d'espionnage, des enlèvements et des opérations de type « coup de poing » sur le terrain, tandis qu'Israël bombardait depuis les airs.

Le bras armé officieux d'Israël dans le génocide de Gaza

Au cours des derniers mois, Israël a encouragé la formation d'autres gangs similaires à celui d'Abu Shabab à Rafah dans le reste de la bande de Gaza. Husam al-Astal à Khan Younis, Ashraf al-Mansi à Beit Lahia dans le nord et Rami Heles dans l'est de Gaza dirigent désormais chacun un groupe financé, armé, hébergé et protégé par Israël dans les 58 % du territoire de Gaza qui sont entièrement dépeuplés et contrôlés par l'armée israélienne.

Ces gangs ne sont pas apparus spontanément. Depuis mai 2024, l'agence israélienne Shin Bet et l'armée israélienne identifient et recrutent des criminels et des fugitifs recherchés par les autorités, en particulier ceux qui se sont échappés de prison après le 7 octobre, comme Abu Shabab.

Israël a artificiellement regroupé ces individus en leur promettant le pouvoir, l'argent, des armes, des véhicules, des maisons et les luxes dont les Gazaouis sont privés, comme la nourriture, l'eau, les cigarettes et les téléphones.

Israël utilise ces gangs à quatre fins principales : provoquer une famine à Gaza en lâchant des militants pour piller 90 % des convois d'aide humanitaire sous la protection de l'armée israélienne ; provoquer l'effondrement de la société, le chaos et l'érosion de l'ordre civil ; mener des opérations pour le compte d'Israël ; et gérer les camps de Rafah dans lesquels Israël voulait parquer toute la population de Gaza.

Le recours à ces gangs permettrait à Israël de maintenir un déni plausible et d'externaliser la responsabilité de la famine ou du chaos à Gaza.

Cette tactique rappelle ce qu'Israël a fait au Liban en 1982, lorsqu'il a créé le groupe proxy de l'Armée du Sud-Liban (ASL) et l'a utilisé pour mener à bien le massacre de Sabra et Chatila, au cours duquel 3 500 Palestiniens ont été massacrés dans deux camps de réfugiés. La SLA s'est effondrée dès le retrait d'Israël du Sud-Liban, et ses membres ont soit fui vers Israël, soit été jugés pour trahison.

Israël a également facilité, de manière active ou passive, l'acheminement d'armes à feu, d'argent liquide, de véhicules et de munitions vers les grands clans de Gaza, dans le cadre d'une tactique simple consistant à diviser pour mieux régner et à épuiser les Palestiniens par des luttes intestines.

Lorsqu'elle quittait une zone pendant la guerre, l'armée israélienne laissait souvent derrière elle les armes à feu des militants du Hamas qu'elle avait tués, afin que les clans les trouvent et les récupèrent. Dans d'autres cas, Israël utilisait des intermédiaires pour fournir directement des armes ou de l'argent à ces clans.

Malgré le refus des clans d'agir en tant que mandataires, Israël pensait que les armer créerait un défi interne pour le Hamas.

La stratégie d'Israël se retourne contre lui

En juin, le journal israélien Yediot Ahronoth a admis que « le pari d'Israël sur la milice Abu Shabab était en train d'échouer ». La taille des gangs reste relativement modeste, quelques centaines de membres au mieux, et un nombre croissant d'entre eux se sont récemment rendus ou agissent désormais comme agents doubles au sein des milices.

Le recours par Israël à des gangs intermédiaires s'est retourné contre lui de deux autres manières cruciales. Premièrement, la popularité du Hamas à Gaza a commencé à remonter après l'émergence d'Abu Shabab et de ses « forces populaires », compte tenu de leur réputation notoire de trafiquants de drogue liés à l'EI et responsables du pillage de la grande majorité de l'aide humanitaire.

La crainte des gangs criminels et des collaborateurs qui dirigent Gaza a créé un effet de ralliement autour du drapeau qui a joué en faveur du Hamas, car celui-ci avait mis en place une « unité Arrow » chargée de traquer les membres des gangs.

La répression sécuritaire lancée par le Hamas après le cessez-le-feu vise à renforcer encore la popularité du groupe en se vengeant de ces gangs et en rétablissant la sécurité et l'ordre public.

Deuxièmement, ces derniers jours, le Hamas a confisqué des centaines d'armes à feu, des dizaines de véhicules et d'autres munitions, en plus des sommes importantes que l'Israël avait données aux gangs, aux clans, aux criminels et aux collaborateurs de Gaza. Cela a conduit la chaîne israélienne Channel 12 à admettre qu'Israël aidait involontairement le Hamas à regagner en puissance.

Le projet d'Israël pour les gangs

Dès l'annonce du cessez-le-feu, le Hamas a lancé une campagne visant à désarmer et démanteler différentes milices autour de l'enclave, mais les quatre principaux gangs israéliens ont tous été déplacés derrière la ligne jaune qui coupe Gaza en deux.

Tout Palestinien qui tente de franchir cette ligne est abattu par Israël à vue, et les médias israéliens admettent ouvertement que l'armée « garde » et protège ces gangs dans une « zone d'extermination » dépeuplée.

Ce n'est pas par loyauté ou par générosité qu'Israël consacre ses ressources militaires à la protection d'un groupe de hors-la-loi, de fugitifs et de collaborateurs. C'est plutôt parce que ces gangs sont encore utiles aux objectifs d'Israël.

Depuis le cessez-le-feu, Israël utilise ses gangs pour atteindre des zones de Gaza inaccessibles à l'armée, afin de recueillir des renseignements, de recruter davantage de collaborateurs et, surtout, de mener des assassinats et d'autres attaques avant de retourner dans la zone tampon. Cette réalité a été mise en évidence avec l'enlèvement et le meurtre de Saleh Jafarawi, un éminent militant gazaoui.

Depuis le début du cessez-le-feu, Israël utilise également les gangs pour alimenter le discours sur la guerre civile, qui présente les Palestiniens comme incapables de se gouverner eux-mêmes et nécessitant une intervention extérieure, afin de justifier la reprise des bombardements israéliens sous prétexte de « protéger les Gazaouis du Hamas ».

Israël pourrait également utiliser ses gangs pour mener une opération sous fausse bannière afin de justifier la reprise du génocide à pleine puissance. L'ancien officier du Mossad, Avner Avraham, a récemment déclaré que « l'idée créative » d'Israël pour faire échouer le cessez-le-feu pourrait être « que notre peuple envoie des missiles depuis l'intérieur [de Gaza] et que nous disions alors « oh, il y a un missile qui vient de Gaza », ce qui nous permettrait de [riposter] ». Il a ajouté : « Nous allons effacer Gaza ».

Enfin, Israël utilise désormais les gangs pour contourner la pression visant à reconstruire Gaza. Le gouvernement israélien a réussi à convaincre l'administration Trump que la reconstruction de l'enclave ne devait être effectuée que dans les 58 % contrôlés par Israël.

Mais ces zones sont entièrement dépeuplées, à l'exception de quelques centaines de membres de gangs et de leurs familles. Aucun Palestinien n'est autorisé à entrer dans ces zones, alors à qui cette reconstruction sélective et superficielle est-elle destinée ?

Cela signifie qu'Israël a l'intention de construire un village Potemkine, une façade extérieure pour faire croire au monde que la situation est meilleure qu'elle ne l'est en réalité, puis de l'utiliser comme prétexte pour justifier pourquoi deux millions de personnes devraient rester enfermées dans une zone inhabitable et régulièrement bombardées par les airs et attaquées au sol par des gangs.

Le Myanmar a utilisé une astuce similaire en 2023 pour blanchir son génocide des Rohingyas. Le gouvernement birman a construit deux « villages modèles » pour 314 familles rohingyas, avec de minuscules habitations dépourvues de salles de bain, de cuisines ou de moyens d'approvisionnement alimentaire, simplement pour dissimuler ses atrocités. Pendant ce temps, plus d'un million de Rohingyas sont toujours réfugiés au Bangladesh et dans les pays voisins.

Israël présentera le village d'Abu Shabab comme la preuve qu'il « aide les Gazaouis » et n'empêche pas la reconstruction, tout en rejetant la responsabilité des conditions de vie invivables qu'il impose à deux millions de Palestiniens enfermés dans l'autre moitié rasée de Gaza.

Israël ne se contente pas de mener une guerre, il met en scène un spectacle pour le monde entier, où des collaborateurs se font passer pour des leaders communautaires et où des villes fantômes sont présentées comme des « reconstructions ».

Derrière les barbelés et la propagande se cache une innovation sinistre dans la violence coloniale : la domination par procuration, la ruine par conception. Les gangs portent peut-être des keffiehs et des cartes d'identité palestiniennes, mais ils opèrent comme le bras armé officieux d'Israël, chargés non pas de gouverner, mais de rendre impossible la gouvernance et la cohésion sociale.

Si le monde adhère à cette illusion, il ne trahira pas seulement Gaza, il récompensera un plan de génocide qui cache sa main derrière des collaborateurs et des façades en béton.

Muhammad Shehada est un écrivain et analyste palestinien originaire de Gaza et responsable des affaires européennes chez Euro-Med Human Rights Monitor.

Traduction : AFPS

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Les États-Unis se préparent à la guerre contre le Venezuela

4 novembre, par Dan La Botz — , ,
Alors que le président Donald Trump affirme que l'objectif de son gouvernement est d'empêcher l'arrivée de drogues vénézuéliennes sur le territoire américain, des responsables (…)

Alors que le président Donald Trump affirme que l'objectif de son gouvernement est d'empêcher l'arrivée de drogues vénézuéliennes sur le territoire américain, des responsables états-uniens ont reconnu en privé que le secrétaire d'État Marco Rubio prévoit de renverser le président vénézuélien Nicolás Maduro.

Hebdo L'Anticapitaliste - 773 (30/10/2025)

Par Dan La Botz

Crédit Photo
Creative Commons / Fibonacci Blue

Cette stratégie s'inscrit dans la volonté de Trump de réaffirmer la domination des États-Unis sur l'Amérique latine, comme ce fut le cas au 19ᵉ siècle par la « diplomatie de la canonnière » ou au 20ᵉ siècle par l'installation de gouvernements amis.

Le prétexte de la drogue

Les préparatifs de guerre ont commencé début septembre par des attaques contre de petites embarcations. Trump prétend qu'il s'agissait de bateaux transportant de la drogue, bien qu'aucune preuve n'ait été fournie. Au total, au 26 octobre, les forces américaines ont détruit dix bateaux et tué quarante-trois personnes dans les eaux internationales de la mer des Caraïbes et de l'océan Pacifique.

L'administration Trump soutient que ces actions relèvent de la légitime défense nationale, au motif que des drogues comme le fentanyl tuent des dizaines de milliers d'AméricainEs. Pourtant, le Venezuela n'est ni un producteur significatif de fentanyl ni un fournisseur majeur de cocaïne. De nombreux juristes considèrent ces exécutions extrajudiciaires comme de simples meurtres commis en haute mer.

Le 2 octobre 2025, l'administration Trump a classé plusieurs cartels latino-américains comme « organisations terroristes étrangères » et « combattants illégaux », affirmant que leurs activités constituaient une « attaque armée contre les États-Unis ».

Le gouvernement américain prétend que Maduro contrôle le Cartel de los Soles, l'organisation criminelle responsable du trafic de drogue. « De la même manière qu'Al-Qaïda a mené la guerre contre notre patrie, ces cartels mènent la guerre contre notre frontière et notre peuple », a déclaré le secrétaire à la Défense Pete Hegseth.

Des démocrates et certains républicains ont critiqué l'opération. Le sénateur Jack Reed, du Rhode Island, a rappelé que l'armée n'a pas le mandat de « traquer des criminels présumés pour les exécuter sans procès ». D'autres ont suggéré que, s'il est sérieux, Trump devrait demander une déclaration de guerre — ce qu'il refuse de faire.

Le véritable objectif : un coup d'État contre Maduro

Le véritable objectif des États-Unis est le renversement de Maduro. La volonté d'éliminer son gouvernement vient de Marco Rubio, homme politique cubano-américain originaire de Miami et ancien sénateur de Floride. Le 7 août, Washington a offert une prime de 50 millions de dollars pour toute information menant à l'arrestation ou à la condamnation du président vénézuélien, une mesure clairement destinée à encourager un coup d'État.

À la mi-octobre, Trump a autorisé la CIA à mener des opérations secrètes au Venezuela tandis que, dans le même temps, des bombardiers B-52 ont commencé à survoler la côte vénézuélienne.

Les États-Unis disposent d'environ 10 000 soldats et de nombreux avions militaires dans les Caraïbes. Depuis plusieurs années, plusieurs navires de guerre, dont des destroyers équipés de missiles guidés, y sont stationnés.

Trump envoie désormais le porte-avions Gerald Ford, le plus grand navire de guerre du monde, en direction du Venezuela, accompagné de cinq destroyers, d'un croiseur et d'un sous-marin. Le Ford transporte environ 75 avions de combat et un équipage de 4 500 personnes. Un tel déploiement de puissance militaire ne vise évidemment pas l'interdiction du trafic de drogue, mais bien la préparation d'une attaque contre le Venezuela.

Il est peu probable que les troupes américaines se battent au sol ; Trump devrait plutôt suivre l'exemple du dictateur russe Vladimir Poutine en utilisant l'artillerie et les bombardements pour détruire les bases militaires, terroriser et démoraliser la population — dans l'objectif de provoquer un coup d'État.

Trump s'était présenté comme un opposant aux guerres extérieures et aux changements de régime, mais désormais, celui qui se proclame « président de la paix » s'apprête à faire la guerre. Il semble que l'impérialisme américain en Amérique latine soit bel et bien de retour — en force.

Par Dan La Botz

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Climat : les ultrariches brûlent la planète à un rythme vertigineux

4 novembre, par Oxfam-Québec — ,
Le 28 octobre 2025 — Un individu appartenant aux 0,1 % les plus riches émet plus de CO₂ en une seule journée qu'une personne faisant partie des 50 % les plus pauvres en une (…)

Le 28 octobre 2025 — Un individu appartenant aux 0,1 % les plus riches émet plus de CO₂ en une seule journée qu'une personne faisant partie des 50 % les plus pauvres en une année entière.

Une nouvelle étude d'Oxfam dévoilée à l'approche de la COP30 à Belém, au Brésil, montre que le mode de vie à forte empreinte carbone des ultrariches épuise le budget carbone restant de la planète, c'est-à-dire la quantité de CO₂ qui peut être émise tout en évitant une catastrophe climatique.

Le rapport Main basse sur le climat : comment une poignée de puissant·es précipitent le monde vers la catastrophe révèle aussi que :

* Si tout le monde polluait autant que les 0,1 % les plus riches, le budget carbone mondial serait épuisé en moins de trois semaines.

* Depuis 1990, la part des émissions mondiales des 0,1 % les plus riches a augmenté de 32 %, tandis que celle de la moitié la plus pauvre de l'humanité a diminué de 3 %.

* Chaque jour, une personne parmi les 0,1 % les plus riches émet plus de 800 kg de CO₂, un poids que même l'homme le plus fort du monde ne pourrait soulever. À l'inverse, une personne parmi les 50 % les plus pauvres émet en moyenne 2 kg de CO₂ par jour – un poids qu'un enfant peut porter.

* Pour respecter l'objectif de contenir le réchauffement de la planète à +1,5°C, les plus riches devraient réduire leurs émissions individuelles de 99 % d'ici 2030.

L'impact des ultrariches ne s'arrête pas à leur mode de vie : les milliardaires investissent massivement dans les entreprises les plus polluantes. En moyenne, un milliardaire génère 1,9 million de tonnes de CO₂ par an par ses investissements, l'équivalent de 10 000 tours du monde en jet privé. Près de 60 % des placements des milliardaires se trouvent dans des secteurs à fort impact climatique, comme le pétrole ou les mines, avec des émissions 2,5 fois supérieures à celles d'un portefeuille moyen. Les investissements de seulement 308 milliardaires génèrent une empreinte carbone qui dépasse celle de 118 pays réunis.

« La crise climatique est avant tout une crise des inégalités : les plus riches financent la destruction du climat et en tirent profit pendant que la majorité mondiale en subit les conséquences », souligne Amitabh Behar, directeur général d'Oxfam International.

La fortune des ultrariches leur donne un pouvoir démesuré sur les politiques climatiques. À la COP29, 1 773 lobbyistes des énergies fossiles ont obtenu des accréditations. C'est plus que les dix pays les plus vulnérables au risque climatique réunis. Dans plusieurs pays riches, comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France ou l'Allemagne, les lois climatiques ont été affaiblies par des lobbys anti-climat aux moyens financiers démesurés.

« C'est une aberration qu'autant de pouvoir et de richesse aient été concentrés entre les mains de quelques personnes qui ne font que renforcer leur emprise et nous embarquer collectivement dans une trajectoire de destruction planétaire. Les ultrariches et les entreprises qu'ils dirigent ont un passif accablant : financement de lobbys, diffusion de désinformation climatique et poursuites judiciaires contre les ONG et les gouvernements qui tentent de leur résister. Il est urgent de briser leur emprise sur les politiques climatiques en taxant leur richesse extrême, en interdisant leur lobbying, et en plaçant les personnes les plus touchées par la crise climatique au cœur des décisions », plaide Amitabh Behar.

Les émissions des personnes formant le 1 % le plus riche pourraient provoquer 1,3 million de décès liés à la chaleur d'ici la fin du siècle, et causer 44 000 milliards de dollars de pertes économiques dans les pays à revenu faible ou intermédiaire d'ici 2050. Les femmes, les filles, les peuples autochtones et les populations du Sud global seront les plus durement touchés.

Oxfam appelle les gouvernements à :

* Faire payer les plus gros pollueurs : taxer la richesse extrême, imposer les profits excessifs des entreprises fossiles, et soutenir la Convention des Nations unies sur la coopération fiscale internationale. Une taxe de 60 % sur les revenus des 1 % les plus riches permettrait ainsi de générer 6 400 milliards de dollars.

* Réduire leur influence politique et économique : interdire la participation des entreprises fossiles aux négociations climatiques, renforcer les régulations sur les entreprises et institutions financières, et rejeter les accords commerciaux comme l'ISDS (le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, qui permet aux entreprises d'attaquer un État devant un tribunal arbitral international) qui placent les intérêts privés au-dessus du bien commun.

* Renforcer la voix de la société civile et des peuples autochtones dans les négociations climatiques.

* Adopter une répartition équitable du budget carbone : chaque pays doit contribuer à la hauteur de sa responsabilité historique dans la crise climatique et de sa capacité à agir, avec un engagement fort des pays riches en matière de financement climatique.

* Construire une économie équitable et durable, en tournant le dos au néolibéralisme et en plaçant les personnes et la planète au cœur du système économique.

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La petite victoire ou la grande ? 30 octobre, trentième anniversaire du deuxième référendum. 1995

4 novembre, par Mohamed Lotfi — , ,
J'étais là ce 30 octobre 1995, au bar le Medelley, coin St Denis et René Lévesque. Je regardais Dédé et ses Colocs sur scène, chanter de toute son âme un échec qui ressemblait (…)

J'étais là ce 30 octobre 1995, au bar le Medelley, coin St Denis et René Lévesque. Je regardais Dédé et ses Colocs sur scène, chanter de toute son âme un échec qui ressemblait à une victoire, et rien, absolument rien, dans son visage n'exprimait la fin d'un rêve.

Il y avait dans l'air une densité presque physique, une tension sourde, une fraternité spontanée. Comme si, malgré la minceur du résultat, malgré la stupeur, malgré la fatigue du combat, ce soir là refusait obstinément de s'incliner devant la défaite. On aurait dit que la musique de Dédé rallumait, ne serait ce qu'un instant, les braises d'un pays qui n'avait peut être pas encore dit son dernier mot

Trente ans déjà que le Québec a retenu son souffle, ce soir de 1995, lorsque les chiffres, venaient heurter ou ranimer l'espoir d'un pays à naître. Le 30 octobre demeure une date à la fois lumineuse et ombrageuse, une balafre dans la mémoire collective, mais aussi un rappel que l'histoire, parfois, passe si près de bifurquer que le simple souffle des citoyens semble peser plus lourd que les institutions elles-mêmes. Ce soir-là, rappelons-le sobrement, près de 93,5 pour cent des électeurs inscrits se sont rendus aux urnes, un taux de participation exceptionnel, presque unique dans les démocraties occidentales. Le Oui, avec ses 49,42 pour cent, n'a échoué que d'un demi-point. Une marge si mince qu'elle continue d'alimenter, trois décennies plus tard, autant les regrets que l'entêtement à croire qu'un troisième rendez-vous finira par renverser la logique.

Tôt ou tard, un autre référendum sur la souveraineté aura lieu. Les nations en devenir, comme les courants profonds, obéissent à des mouvements plus vastes que les contingences partisanes. Un troisième référendum, oui, et comme l'écrivait Miron « Ça ne peut pas ne pas toujours arriver ». On peut s'attarder aux sondages, aux cycles politiques, aux lassitudes de l'électorat, tout semble parfois indiquer qu'un troisième échec serait programmé, presque mécanique, pourtant l'histoire n'est jamais un calcul linéaire. Les référendums de 1980 et de 1995 en témoignent, le premier s'étant soldé par un clair refus, 59,56 pour cent pour le Non, le second ayant frôlé l'inverse quinze ans plus tard. Entre ces deux moments, le pays projeté de René Lévesque avait gagné en chair, en voix, en légitimité. Les sociétés changent, les populations se renouvellent, les aspirations se recomposent, et rien ne permet d'affirmer que la trajectoire est immobile.

Les souverainistes pur et durs aiment dire, parfois mi-rieurs, que jamais deux sans trois, mais plus encore, jamais deux échecs sans une troisième victoire. Cette formule, qui pourrait n'être qu'un slogan, traduit pourtant une conviction intime, presque géologique, que la souveraineté demeure l'horizon naturel du Québec. Elle révèle aussi une lucidité, car entre la petite et la grande victoire, la nuance est immense. Une victoire à 50 pour cent plus 1 serait juridiquement valable, bien sûr, mais politiquement fragile, exposée à toutes les contestations, vulnérable à tous les vents contraires. Ce serait une victoire essentiellement arithmétique, une porte ouverte, mais non un passage assumé.

La grande victoire, celle que plusieurs espèrent, exige une amplitude morale autant que numérique. Entre 55 et 60 pour cent, ce serait une adhésion claire, une parole collective forte, un signal que la société québécoise, dans sa diversité contemporaine, se reconnaît dans le projet d'un pays à elle. Et si une telle majorité advenait, elle signifierait inévitablement que les Québécois issus de l'immigration, aujourd'hui environ 15 pour cent de la population, auraient joué un rôle déterminant. Cela voudrait dire que le Québec a su convaincre, rassurer, inclure, que la souveraineté cesse d'être perçue comme le patrimoine exclusif des identitaires, souvent associés à la droite, pour devenir un dessein partagé, porté aussi par les progressistes, par les mouvements de gauche, par ceux qui refusent de laisser le projet national être rétréci, détourné, annexé par une seule sensibilité politique.

Ce serait alors une victoire du Québec pour tous les Québécois, un projet qui ne divise plus entre anciens et nouveaux arrivants, entre identitaires et universalistes, entre mémoire et avenir. Ce serait une victoire capable de réconcilier les héritages, d'élargir l'idée même de nation, sans renier ses racines ni son histoire. Une victoire qui, au lieu de fermer, ouvrirait, qui, au lieu de réduire, amplifierait.

En tant que souverainiste, j'espère évidemment cette victoire, que dis-je, cette grande victoire, celle qui ne laisse pas derrière elle un pays fracturé, mais un pays rassemblé, confiant, décidé. Une victoire qui ne se contente pas de l'arithmétique, mais qui affirme le sens, la direction, la maturité d'un peuple qui, depuis la Conquête de 1760, depuis l'Acte de Québec de 1774, depuis les insurrections de 1837 et 1838, depuis la Révolution tranquille, poursuit obstinément son propre chemin.

Oui à l'indépendance du Québec, oui, mais à condition qu'elle soit un geste de cohésion, un pacte renouvelé, un territoire politique où chacun, peu importe son origine, puisse se reconnaître. Oui à un Québec ouvert, pluriel, confiant. Oui à un Québec pour tous les Québécois.

Je rappelle que je suis né au Maroc, un pays qui a retrouvé son indépendance en 1956 sans passer par l'épreuve d'un référendum. À l'époque, l'aspiration à l'émancipation était si largement partagée que l'on parlait, sans exagération, de 99,9 pour cent de Marocains unis derrière ce désir de souveraineté. Le mot d'ordre des résistants, simple et puissant, résonnait partout, un Maroc pour tous les Marocains.

Mohamed Lotfi
30 Octobre 2025

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Élection municipale 2025 – Qu’est-il permis d’espérer aux travailleuses et travailleurs du grand Montréal ?

4 novembre, par Comité intersyndical du Montréal métropolitain (CIMM) — , ,
Le comité intersyndical du Montréal métropolitain (CIMM) regroupe depuis plus de 50 ans les forces syndicales du Grand Montréal. Ses organisations membres représentent plus de (…)

Le comité intersyndical du Montréal métropolitain (CIMM) regroupe depuis plus de 50 ans les forces syndicales du Grand Montréal. Ses organisations membres représentent plus de 400 000 travailleuses et travailleurs. Le CIMM intervient principalement sur les enjeux syndicaux, mais aussi, sociaux, environnementaux, économiques et politiques.

À l'approche des élections municipales, les syndicalistes du comité intersyndical du Montréal métropolitain (CIMM) s'interrogent sur les véritables engagements et priorités des partis politiques municipaux qui aspirent à diriger la plus grande ville du Québec.

Le CIMM a identifié certaines revendications clés depuis plusieurs années. Il est toutefois regrettable de constater que trop peu de progrès ont été réalisés concernant des enjeux cruciaux pour les Montréalaises et Montréalais.

La question du transport collectif constitue une préoccupation centrale pour les syndicats du CIMM et leurs membres. Alors que de vastes segments du réseau sont aujourd'hui menacés par un sous-financement chronique, il est impératif que tous les partis politiques s'engagent non seulement à assurer sa pérennité, mais aussi à en favoriser le développement, dans une perspective de transition écologique. Il est également essentiel de mettre en œuvre des mesures concrètes visant à garantir l'universalité de l'accès au réseau. Actuellement, les Montréalaises et Montréalais les plus vulnérables sont particulièrement affectés par des tarifs parmi les plus élevés en Amérique du Nord. Certaines municipalités ont déjà instauré une tarification basée sur le revenu des usagers — une initiative que nous saluons et que nous espérons voir son adoption par les candidats à la mairie. Il est maintenant temps de transformer ces engagements en actions concrètes.

En matière d'accessibilité, il est important de souligner que plusieurs personnes en situation de handicap ne peuvent toujours pas accéder à plusieurs quartiers de Montréal, en raison de l'inaccessibilité universelle du réseau de métro. Il est impératif d'adapter l'ensemble des stations afin de garantir un accès équitable à toutes les citoyennes et à tous les citoyens.

De plus, le droit au logement demeure un enjeu crucial pour le CIMM. Il est indécent que le coût moyen d'un loyer ait pratiquement doublé sur l'île de Montréal depuis 2019, alors que les salaires peinent à suivre l'inflation au cours de la même période. La situation est d'autant plus préoccupante que la moitié des citoyennes et citoyens de la grande région métropolitaine sont locataires. Les municipalités disposent pourtant d'outils concrets pour contrer cette tendance. Les partis politiques qui aspirent à gouverner Montréal doivent intégrer dans leur règlementation de zonage des exigences claires en matière de logement social. Les autorités municipales doivent également légiférer pour interdire certains types de location à court terme, comme Airbnb, et exercer leur pouvoir d'acquérir des terrains afin de développer des projets de logements hors marché. Il est désormais évident que le laxisme des gouvernements en matière de droit au logement est responsable de la crise de l'itinérance actuelle. Dans ce contexte, le minimum attendu envers les populations marginalisées serait une approche beaucoup moins répressive. Le CIMM dénonce fermement les politiques électoralistes qui exploitent le sentiment d'insécurité d'une partie de la population pour justifier l'intolérance et la répression. Le démantèlement des campements est un exemple flagrant et inacceptable.

Finalement, parmi les points soulevés par le CIMM aux élus municipaux au cours des dernières années, figure la question du racisme systémique. La Ville doit prendre des engagements concrets afin que l'institution qu'elle représente cesse de reproduire et de perpétuer des formes de discrimination. Les représentants du CIMM l'ont déjà affirmé : reconnaître l'existence du racisme systémique est une étape nécessaire, mais insuffisante. Il faut surtout agir, notamment en mettant fin aux interpellations policières arbitraires et injustifiées, et en réorientant les budgets vers des programmes sociaux axés sur la prévention, l'accompagnement et le soutien communautaire des personnes précarisées.

Nous ne pouvons interpeller nos concitoyens qui aspirent à gouverner notre métropole sans exprimer notre vive inquiétude quant au respect du droit de manifester — un droit fondamental inhérent au mouvement syndical et ouvrier, tout comme à l'ensemble des groupes sociaux qui aspirent à une société plus juste.

Nous comptons sur la prochaine administration pour redonner un peu d'espoir et de justice dans un monde qui en a cruellement de besoin !

Laurent Thivierge
CIMM

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États généraux québécois de la solidarité internationale Déclaration d’engagement

4 novembre, par Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) — , ,
La Déclaration a été adoptée dans le cadre du Grand rendez-vous des États généraux québécois de la solidarité internationale du 4 au 6 juin 2025. Contexte Au cours des (…)

La Déclaration a été adoptée dans le cadre du Grand rendez-vous des États généraux québécois de la solidarité internationale du 4 au 6 juin 2025.

Contexte

Au cours des deux dernières décennies, le domaine de la solidarité internationale a connu des transformations majeures. Une approche plus décoloniale, antiraciste et intersectionnelle s'est développée, remettant en question les dynamiques de pouvoir historiques et contemporaines. La prise en compte des enjeux environnementaux et climatiques occupe désormais une place centrale et urgente dans un contexte mondial où la justice sociale et la résilience sont devenues indissociables des actions de solidarité.

Parallèlement, les défis globaux se sont amplifiés, avec la montée des inégalités, des conflits et des crises humanitaires. Cette période est également marquée par une crise persistante du financement de l'aide internationale, illustrée notamment par le démantèlement historique de USAID, menaçant la capacité des organisations à répondre aux besoins les plus urgents. À cela s'ajoute un désengagement préoccupant de plusieurs partis politiques et gouvernements qui refusent de reconnaître leur responsabilité différenciée face aux inégalités croissantes et à la crise climatique et environnementale. Cette situation a pour effet de reléguer la solidarité internationale au second plan, malgré l'ampleur des défis globaux. La polarisation, le populisme d'extrême droite et l'autoritarisme gagnent du terrain, tandis que l'empathie semble en perdre. Les attaques envers les droits des groupes historiquement ou socialement marginalisés et opprimés*, en particulier les droits des femmes, se multiplient. Ce contexte est favorable à l'intensification des crises humanitaires complexes et interconnectées. Le monde économique et le milieu des affaires sont en transformation et disposent même du pouvoir de remettre en question les engagements sociaux et climatiques. Les technologies, incluant l'intelligence artificielle, présentent à la fois des menaces et des opportunités.

Dans ce contexte de mutation, la solidarité internationale doit non seulement s'adapter, se réinventer et innover mais aussi être au cœur des solutions à bâtir.

C'est dans ce contexte que les 2e États généraux québécois de la solidarité internationale ont été lancés en 2024 par l'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), avec pour objectif de réaffirmer la place de la solidarité internationale face aux grands enjeux mondiaux.

Cette déclaration se veut un engagement renouvelé en faveur de la solidarité internationale pour les groupes de la société civile québécoise afin d'inspirer des actions collectives, des changements organisationnels, le renforcement de collaborations et le développement de nouvelles alliances.

* Voici une liste plus détaillée mais non limitative des groupes historiquement ou socialement marginalisés ou opprimés : femmes et filles, personnes racisées, minorités ethniques, personnes en situation de handicap, peuples autochtones et afrodescendants, paysannerie, classe ouvrière, personnes 2ELGBTQIA+, minorités religieuses, minorités linguistiques, personnes réfugiées et migrantes.

Vision partagée

Notre vision commune s'ancre dans l'espoir d'un monde plus juste, inclusif, solidaire et respectueux de l'environnement et de la nature, où la solidarité internationale est indissociable des luttes contre les inégalités, les oppressions et la pauvreté. Elle est fondée sur des valeurs féministes, antiracistes, pacifistes, écologistes, d'équité, d'inclusion, de diversité et d'émancipation.

Notre vision partagée s'appuie sur la nécessité de décoloniser les savoirs et les pratiques, en valorisant les expériences et les luttes portées par la diversité des groupes, en particulier ceux historiquement marginalisés ou opprimés.

Elle repose aussi sur une analyse féministe et intersectionnelle, qui permet de comprendre comment les différentes formes d'oppressions systémiques comme le racisme, le capacitisme, le classisme, l'homophobie, l'hétéronormativité, la transphobie, le sexisme, le cissexisme, l'âgisme et les discriminations religieuses peuvent se croiser, se renforcer mutuellement et produire des formes spécifiques d'exclusion souvent invisibilisées.

Les savoirs endogènes et traditionnels ne doivent pas seulement être reconnus, mais ils doivent également guider les actions et nourrir la co-construction des connaissances. Les rapports de pouvoir inégaux doivent céder la place à des partenariats équitables et horizontaux, fondés sur la réciprocité.

Face au recul des droits humains*, nous réaffirmons l'importance des droits de la personne et des droits collectifs, et la nécessité de travailler pour le respect des droits des minorités et des populations vulnérabilisées dans un contexte mondial marqué par des crises interconnectées (écologique, politique, économique, sociale).

La criminalisation croissante des défenseur·es des droits, la montée de l'autoritarisme et le rétrécissement des espaces démocratiques appellent à une mobilisation collective pour défendre la justice, la participation citoyenne, la liberté de parole et la liberté d'agir.

La lutte contre les effets concrets des inégalités économiques – issues de systèmes d'oppression structurels et des dynamiques de la mondialisation – est également au cœur de notre vision. Face à la domination du capitalisme qui fait primer l'économie sur les aspects sociaux et environnementaux, nous prônons une approche plus juste, durable et humaine. Seule une réinvention de nos modèles économiques et sociaux permettra de relever ces défis majeurs pour l'avenir de notre planète et de l'humanité.

Nous croyons en la force des réseaux et des alliances, capables de décloisonner la solidarité internationale et de montrer l'interconnexion entre les enjeux et luttes vécus au Québec et globalement.

En créant des espaces de partage, de mobilisation et de convergence, nous entendons renforcer les liens avec d'autres mouvements qui partagent nos valeurs, comme les mouvements féministes, paysans, syndicaux, antiracistes, en lutte contre la pauvreté, pour la justice climatique, autochtones, en soutien aux personnes migrantes, aux personnes en situation de handicap et aux communautés 2ELGBTQIA+.

Dans un monde incertain et instable, il est essentiel d'unir nos forces pour accroître la portée, l'impact et le pouvoir transformateur de la solidarité et de l'action collective. Nous croyons également en l'importance et la nécessité d'engager un dialogue ouvert et respectueux avec des groupes et des personnes qui ont des perspectives différentes afin d'apprendre, mieux se comprendre et trouver les points communs qui pourraient nous unir plutôt que de nous diviser.

Nous reconnaissons les diasporas comme des partenaires essentiels pour renforcer l'impact et l'efficacité des actions de la solidarité internationale. Fortes de leur double ancrage dans les sociétés d'accueil et les pays d'origine, de leur expertise interculturelle, de leur influence ainsi que de leurs réseaux transnationaux, une synergie d'action avec les diasporas constitue une opportunité d'accroître la portée et la durabilité de nos interventions collectives.

* Les droits humains englobent notamment les droits civils et politiques, les droits économiques, sociaux et culturels (droit à l'éducation, à la santé, au travail, à un niveau de vie décent, au logement, à la protection sociale), les droits environnementaux et climatiques, les droits reproductifs, les droits des peuples autochtones, les droits des femmes, des enfants, des personnes 2ELGBTQIA+, des personnes en situation de handicap, des personnes migrantes et réfugiées et sans statut ainsi que les droits collectifs à l'autodétermination, à la souveraineté territoriale et culturelle.

Engagements*

Nous affirmons que la solidarité internationale doit être indissociable des luttes contre toutes les formes d'inégalités, d'oppressions et d'injustices.

Nous, les groupes de la société civile québécoise et de divers mouvements sociaux, nous nous engageons à :

Poursuivre et approfondir la décolonisation de nos pratiques et de nos savoirs en contribuant au pouvoir d'agir et d'influence des communautés historiquement marginalisées ou opprimées, en appuyant leurs luttes, en valorisant les propositions qu'elles mettent de l'avant, en posant un regard critique sur les discours dominants et en contribuant, avec nos partenaires, à la coconstruction de rapports sociaux solidaires et décolonisés.

Affirmer la primauté du droit international, de l'État de droit et du respect des droits humains en soutenant activement les défenseur·es des droits et en s'opposant à tout recul, notamment en ce qui concerne les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux, avec une attention particulière portée aux groupes historiquement opprimés et marginalisés.

Développer, approfondir et appliquer une analyse féministe des causes d'oppression, créer des espaces de dialogue sur nos approches féministes et améliorer nos pratiques internes, dans une approche transversale et intersectionnelle.

Réaffirmer notre engagement envers la justice, l'équité, la diversité et l'inclusion (JEDI) ainsi que les approches anti-oppressives, notamment en soutenant activement les luttes antiracistes, les droits des personnes en situation de handicap et des minorités de genre et en renforçant nos pratiques organisationnelles pour les rendre plus justes, accessibles et inclusives.

Adopter une posture anti-impérialiste, antimilitariste et de résistance face à l'augmentation des dépenses militaires et à la valorisation de la violence, défendre le droit international comme fondement de la paix en reconnaissant que la justice et l'égalité sont essentielles pour atteindre une paix durable fondée sur la justice, l'égalité et la reconnaissance des droits des peuples, tout en renforçant le pouvoir d'agir des groupes historiquement marginalisés ou opprimés. Accroître le plaidoyer pour le respect du droit des peuples autochtones à l'autodétermination et appuyer les processus de paix menés par les communautés et mouvements porteurs d'alternatives émancipatrices.

Poursuivre et renforcer nos actions et nos plaidoyers en faveur de la justice climatique et environnementale, la protection de la biodiversité et de la transition juste et inclusive vers des énergies renouvelables, auprès notamment des gouvernements canadien et québécois et des entreprises transnationales, en collaboration avec nos partenaires internationaux et pour amplifier les voix des communautés les plus affectées.

Devenir de meilleur·es allié·es des peuples et nations autochtones en allant à leur rencontre, en nourrissant des relations réciproques, en appuyant leurs luttes et revendications, incluant la reconnaissance de leurs territoires, de leur autonomie politique, de leurs droits ancestraux et, d'autre part, valoriser et s'inspirer de leurs savoirs, de leurs modèles d'organisation sociale et de leurs visions des rapports sociaux et des liens avec la Terre-Mère.

Appuyer des initiatives et pratiques qui incluent réellement les personnes réfugiées, immigrantes et sans statut, en concertation avec le milieu communautaire de l'immigration et en tenant compte de leurs expériences et de leurs défis. Ces actions incluent également un travail de plaidoyer pour l'accès aux droits et aux ressources nécessaires à une intégration digne, qui valorise leur participation active et diffuse un narratif inclusif et juste sur leur contribution à la société.

Poursuivre et améliorer la mise en place de programmes de valorisation des savoirs et de renforcement du pouvoir d'agir qui visent l'autonomisation durable des différents acteur·trices à travers notamment des partenariats structurants et inclusifs avec pour objectifs d'accroître l'impact des initiatives sur le long terme, de renforcer la résilience des communautés et d'encourager une collaboration étroite entre les organisations de la société civile, les diasporas, les institutions publiques et privées.

Travailler à la souveraineté alimentaire et l'agroécologie en les intégrant dans nos programmes et en menant un plaidoyer collectif et structuré auprès des instances politiques nationales et internationales afin d'adopter de nouvelles politiques publiques.

Exiger la mise en place de cadres juridiques contraignants au Canada et au niveau international pour prévenir les abus de droits humains et les dommages environnementaux causés par les entreprises transnationales – en particulier les entreprises canadiennes et de l'industrie extractive – et pour offrir des voies de recours aux communautés affectées.

Renforcer les liens entre les luttes locales et internationales pour les droits des travailleur·euses en approfondissant les alliances entre les syndicats québécois et avec les organismes communautaires afin de faire converger nos actions et d'amplifier notre mobilisation pour la justice sociale.

Renforcer les liens, la concertation et la collaboration avec les Québécois·es des diasporas afin de construire une voix collective forte, porteuse de leurs aspirations, capable d'amplifier l'impact des actions menées et de défendre des positions communes face aux grands enjeux mondiaux.

Encourager l'éducation à la citoyenneté mondiale en menant des actions de sensibilisation, de formation, de recherche, de mobilisation et de plaidoyer sur les enjeux mondiaux ancrés dans des approches décoloniales, antiracistes et féministes, afin de promouvoir l'esprit critique, l'ouverture à l'autre, la gouvernance inclusive, la protection de notre planète, le dialogue démocratique et les valeurs de justice et de solidarité, tout en consolidant une participation citoyenne active, éclairée et engagée.

Bâtir des ponts et renforcer les alliances intersectorielles, en favorisant les collaborations entre mouvements sociaux, diasporas, milieux cégépiens et universitaires, organisations de la société civile, groupes autochtones, entreprises d'économie sociale et des acteur·trices non traditionnel·les, tant au Québec qu'à l'international, pour contribuer au dialogue social afin de coconstruire des savoirs critiques, des perspectives partagées et des stratégies de plaidoyer ancrées dans une vision commune de transformation sociale.

Favoriser un accès à une éducation transformatrice, émancipatrice, civique, et de qualité en tant que droit fondamental en soutenant des initiatives qui développent l'esprit critique, le sens du bien commun et la conscience des interdépendances mondiales, comme leviers essentiels pour prévenir les conflits, promouvoir la cohésion sociale et contribuer durablement à la construction de sociétés pacifiques, justes et inclusives, tout en s'attaquant aux obstacles systémiques qui limitent l'accès à une telle éducation dans plusieurs milieux.

Contribuer aux initiatives visant à réinventer les modèles économiques en s'inspirant notamment de l'économie des soins**, de l'économie sociale et solidaire, de la démocratisation de l'économie et de la protection du vivant.
Exiger une plus grande justice fiscale pour abolir les paradis fiscaux et s'assurer que les plus riches contribuent leur juste part afin d'assurer le financement, l'accessibilité et la qualité des services et des biens publics.

Agir pour la santé en tant que droit fondamental, notamment pour la santé sexuelle et les droits reproductifs, en soutenant des initiatives locales et internationales qui promeuvent l'accès à des services de santé de qualité, sûrs et accessibles, tout en luttant activement contre les violences basées sur le genre.

Agir pour le respect et la promotion des droits des femmes et filles et à leur participation pleine et entière aux espaces décisionnels.

Faciliter des espaces de rencontre intergénérationnels et de dialogue entre les jeunes du Québec et ceux·celles d'autres pays pour favoriser la compréhension mutuelle et la solidarité, leur offrir des occasions de s'impliquer concrètement dans des initiatives de solidarité internationale et donner une place aux jeunes dans les espaces décisionnels pour que les voix soient entendues et qu'ils puissent influencer les politiques en matière de solidarité internationale.

Développer des partenariats technologiques sécuritaires, décoloniaux et socialement responsables, tout en adoptant une posture de vigilance face aux biais, aux impacts systémiques et aux dérives du technojovialisme***. Placer les droits humains, la sécurité en ligne, la justice sociale et les savoirs communautaires au cœur des choix technologiques afin de promouvoir un accès équitable, éthique et critique aux technologies numériques, y compris à l'intelligence artificielle, afin de réduire la fracture numérique, de garantir une participation inclusive des communautés et d'éviter l'aggravation des inégalités.

Développer la coopération et des structures de coconstruction entre les acteur·trices de l'économie et de la finance solidaire pour appuyer l'autonomisation économique des communautés. Travailler davantage ensemble, au-delà de nos propres réseaux, pour innover, réfléchir collectivement et adapter les modèles de finance solidaire aux réalités locales, en tirant parti des expériences réussies, notamment celles en partenariat avec le secteur financier local.

S'engager à réfléchir de façon critique et profonde sur nos pratiques et nos programmes à travers des méthodologies collaboratives et un suivi actif afin de nous assurer que nous remplissons effectivement ces engagements.

* Les engagements ne sont pas classés par ordre de priorité ni hiérarchisés.

** Ceci fait référence à care economy en anglais.

*** Attitude naïvement optimiste vis-à-vis des avancées technologiques, considérant qu'elles apporteront automatiquement des solutions aux problèmes sociaux, environnementaux ou économiques, sans remettre en question les rapports de pouvoir, les formes de production, ou les biais systémiques.

Conclusion

L'adoption de cette Déclaration d'engagement est une étape cruciale pour réaffirmer la place centrale de la solidarité internationale face aux grands défis mondiaux. C'est un appel à l'action convergente et un engagement renouvelé en faveur de la solidarité internationale. Ensemble, nous mettrons en œuvre ces engagements au sein de nos organisations et nous nous réunirons pour évaluer régulièrement nos progrès et nos avancées, pour analyser les défis persistants et pour identifier des enjeux émergents.

Guidés par les savoirs et les luttes de nos communautés, nous aspirons à contribuer à la construction d'un monde juste, inclusif et durable. Unissons nos forces pour relever ces défis communs et bâtir ensemble un avenir meilleur pour toutes et tous.

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L’indépendance, dépassée ou pas ?

4 novembre, par Jean-François Delisle — , ,
On parle beaucoup à l'heure actuelle du regain de vigueur souverainiste parce que 38% des jeunes de 18 à 34 ans disent y adhérer, surtout des étudiants et certains artistes. (…)

On parle beaucoup à l'heure actuelle du regain de vigueur souverainiste parce que 38% des jeunes de 18 à 34 ans disent y adhérer, surtout des étudiants et certains artistes.

Ils disposent de porte-paroles enthousiastes souvent présents dans les médias. La poussée du Parti québécois dans les intentions de vote au détriment de la Coalition avenir Québec, du Parti libéral et de Québec solidaire, celle-ci seule autre formation indépendantiste, encourage bien des espoirs à gauche comme à droite. L'indépendance serait-elle enfin à portée de main après les échecs de 1980 et de 1995 ?

En politique cependant, il ne faut surtout pas prendre ses désirs pour la réalité. Québec solidaire en fait l'amère expérience présentement. Sa survie même est menacée. Pire encore, si un référendum se tenait en ce moment, 56% de ses membres voteraient NON à la souveraineté. Du côté péquiste, le tiers de ses électeurs repousseraient cette option. L'idéal indépendantiste ne bénéficie de l'appui que de 35% de l'électorat en général. Pour les souverainistes, il y a donc loin de la coupe aux lèvres. Le Parti québécois avec les 36% d'intentions de vote qu'il récolte est à peine plus populaire que l'option indépendantiste que son chef Paul Saint-Pierre Plamondon (PSPP) veut relancer.

Pour expliquer cet état de fait, on peut invoquer l'évolution générale du contexte politique défavorable aujourd'hui alors qu'il l'était davantage dans les années 1970. On évoque aussi la « quasi victoire » du OUI en 1995 pour se consoler de sa défaite et se convaincre qu'une victoire demeure encore possible. On pense aussi à la résurgence de l'axe gauche droite durant la décennie 2000 avec la fondation en 2006 de Québec solidaire, qui adhérait certes à l'idée de souveraineté mais mettait l'accent sur la critique du néolibéralisme et les réformes sociales. Toutefois, avec la l'intégration d'Option nationale au sein de Québec solidaire (en réalité, une fusion) en décembre 2017, l'indépendantisme s'y affirma davantage.

Mais pour mieux comprendre la stagnation du courant souverainiste dans l'opinion publique depuis 1995, il faut remonter assez loin en arrière. Il s'agit de l'attitude ambivalente de la direction péquiste à l'endroit de la raison d'être du Parti québécois d'une part, et d'autre part des politiques sociales et économiques du gouvernement Lévesque à partir de 1981. Ici, on remarque un brouillage entre le « national » et le « social » au détriment de ce dernier aspect.

Si René Lévesque était un grand nationaliste et réformateur d'État, sur le plan social, il se situait plutôt au centre droit. Même chose pour ses principaux lieutenants et collaborateurs comme Jacques Parizeau, Jacques-Yvan Morin, Claude Morin et Bernard Landry. On tend à oublier que le second mandat péquiste (de 1981 à 1985), secoué par la pire récession depuis celle des années 1930 et marqué par des compressions budgétaires tranchantes et arbitraires non annoncées durant la campagne électorale du printemps 1981, fut une expérience particulièrement pénible pour les travailleurs et travailleuses. La cote de popularité du Parti québécois chuta dans les sondages. On découvrit alors en Lévesque un chef autoritaire et colérique qui rompit avec ses alliés syndicaux et communautaires pour tenter de rallier au projet d'indépendance « nos gens d'affaires », un rêve qu'il caressait mais n'avouait pas depuis la fondation du Parti québécois. En fait, à partir de 1982, Lévesque et sa garde rapprochée se sont ralliés au néolibéralisme, idéologie qui avait alors le vent dans les voiles. Le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard, de 1996 à 2001, continua grosso modo dans cette voie pour atteindre l'équilibre budgétaire à tout prix, objectif devenu le mantra de l'ensemble de la classe politique québécoise. La « prudence budgétaire », quoique moins dure qu'au temps de René Lévesque et de Lucien Bouchard, sera toujours pratiquée par Bernard Landry (2001-2003) et Pauline Marois (2012-2014). La réforme progressiste du marché de l'emploi, sa précarité en particulier ne fut pas non plus remise en question par eux. Le temps des grandes réformes sociales était bien terminé. C'est ce qui explique la fondation de Québec solidaire en 2006 et son insistance sur la dimension sociale plus que nationale de notre existence collective.

Mais même sur la question centrale de l'obtention de l'indépendance, les directions péquistes successives ont souvent laissé l'impression d'une prudence qui confinait à la peur devant les risques qu'impliquait la réalisation de leur rêve d'un Québec libre. Quand leurs adversaires fédéralistes et même les tenants les plus lucides de l'indépendance faisaient ressortir les difficultés et les dangers du passage à l'acte et leur reprochaient de garder le silence en public sur ces problèmes, c'est-à-dire la période de transition qui séparerait un OUI majoritaire de l'atteinte effective du Québec à sa souveraineté, les leaders péquistes les accusaient de tomber dans le « terrorisme psychologique » et dans l'irresponsabilité politique. Ils se faisaient discrets (c'est le moins que l'on puisse dire) sur les difficultés qui pendaient au bout du nez des Québécois et Québécoises en cas de victoire du OUI.

Par exemple, si l'option indépendantiste l'avait emporté en mai 1980 (tout comme en octobre 1995), les compressions budgétaires péquistes qui ont matraqué la population auraient été encore bien pires. Dans cette optique, la défaite du OUI en mai 1980 fut peut-être un mal pour un bien. René Lévesque se mit alors à ressembler à Maurice Duplessis par son attitude autoritaire et intraitable. Par ailleurs, comment aurait agi Jacques Parizeau en octobre 1995 en cas de victoire indépendantiste ? Fondamentalement, il n'aurait pu faire autrement, c'est-à-dire qu'il aurait été obligé de couper dans les dépenses publiques, dont les programmes sociaux, pour assurer un minimum d'équilibre dans les finances publiques québécoises lors des longues et périlleuses négociations avec Ottawa. La social-démocratie aurait pris le bord, du moins pour un long moment.

Ce qui amène l'interrogation suivante : comment agirait PSPP en cas de victoire référendaire (si improbable qu'elle soit) lors d'un troisième et vraisemblablement dernier référendum sur la souveraineté ? Il devrait faire pareil : imposer des coupures budgétaires douloureuses. Même chose pour Québec solidaire, en dépit du socialisme démocratique qu'il affiche. Les strates les plus vulnérables de la population (sans emplois, travailleurs à statut précaire ou à faible revenu, locataires en difficulté, etc.) ne disposent d'aucune garantie que leurs intérêts seraient préservés durant cette période charnière. En plus, on ne peut être certains qu'un Québec enfin souverain adopterait une politique socialiste ou même simplement social-démocrate.

Paul Saint-Pierre Plamondon paraît vague sur le « projet de société » du parti qu'il dirige. Je n'ai pas encore feuilleté le programme électoral péquiste, mais le chef insiste en public bien davantage sur l'indépendance que sur l'orientation socio-économique que son gouvernement imprimerait au Québec. Il semble avoir fait sienne la formule de Bernard Landry « ni à gauche ni à droite, la souveraineté se fera en avant », ce qui équivaut à se dérober devant les sacrifices qu'exigera la réalisation de l'indépendance. S'imaginer que celle-ci se réalisera aisément, sans heurts majeurs entre les intérêts politiques, commerciaux et économiques majeurs qui défendent le fédéralisme équivaut à un gros mensonge, auquel les différentes directions péquistes nous ont, hélas, habitués.

L'indépendance, non appuyée sur un projet de société clair, inspirant et mobilisateur, ne vaut pas la peine qu'on en défende la cause. À la limite, il vaudrait mieux alors tenter de changer les choses à l'intérieur du régime fédéral. À défaut d'être enthousiasmante, cette voie aurait au moins le mérite de l'honnêteté. Non que l'indépendance doive être d'avance intégralement socialiste, mais on doit obtenir des garanties qu'elle débouchera sur un régime social plus juste que celui qui sévit actuellement.

Chose certaine, si un troisième référendum se tient et qu'il débouche encore sur un échec pour la souveraineté, ce sera la dernière consultation sur le sujet. Déjà l'option souverainiste ne suscite plus guère d'enthousiasme même au sein du Parti québécois, si elle perd, on la considérera probablement comme chose du passé. Elle perdra sa crédibilité. Paul Saint-Pierre Plamondon joue donc le tout pout le tout en essayant de la replacer au centre du débat politique. Son ardeur suffira-t-elle à convaincre les indécise et donc, à emporter la décision ? Cela me paraît douteux, mais la politique réserve bien des surprises.

Jean-François Delisle

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Le projet de loi 103 doit être rejeté pour le bien des groupes actuellement visés et pour tous les autres Québec

4 novembre, par Collectif — , ,
Le 29 octobre 2025. Alors que la Commission de la santé et des services sociaux reprend l'analysedu projet de loi 103 Loi visant principalement à réglementer les sites de (…)

Le 29 octobre 2025. Alors que la Commission de la santé et des services sociaux reprend l'analysedu projet de loi 103 Loi visant principalement à réglementer les sites de consommation supervisée afin de favoriser une cohabitation harmonieuse avec la communauté, quatre organisations nationales réitèrent la nécessité de rejeter ce projet de loi.

Dans le cadre d'un point de presse virtuel, laCoalition solidarité santé, laLigue des droits et libertés, le Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA) et la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB) ont mis en lumière l'ampleur des problèmes causés par le syndrome « pas dans ma cour », promu par le projet de loi 103, en compagnie de responsables de groupes actuellement visés, ainsi que par d'autres qui craignent d'être les suivants. Des groupes variés ont livré des témoignages illustrant la gravité des conséquences qu'aurait l'adoption du projet de loi, tant en regard des limites à l'autonomie des groupes communautaires, qu'à la santé et à la sécurité des personnes qui les fréquentent, y travaillent ou y contribuent bénévolement.

Le projet de loi 103 entend imposer des règles aux organismes qui soutiennent les personnes fréquentant les sites de consommation supervisée et les personnes en situation d'itinérance, notamment en décidant du lieu où ils s'implantent, règles qui pourraient ensuite s'appliquer à l'ensemble des groupes communautaires.

Les organisations présentes au point de presse estiment que le projet de loi 103 brime les droits et libertés des personnes fréquentant les sites de consommation supervisée et celles en situation d'itinérance, mais aussi qu'il constitue un grave précédent. En effet, ce projet de loi pourrait être suivi par d'autres projets de loi ou de règlements similaires s'appliquant à d'autres types de groupes, ou même à la totalité des organismes du mouvement de l'action communautaire autonome.

Une lettre détaillant les problèmes découlant du projet de loi 103 a par ailleurs été transmise aux membres de la Commission de la santé et des services sociaux, leur demandant d'empêcher son adoption en raison des nombreuses attaques aux droits de la personne qu'il comporte à l'égard des groupes actuellement visés, autant qu'en raison du précédent que cela pourrait créer.

Contrairement à ce qu'il annonce, le projet de loi 103 ne favorisera pas une “cohabitation harmonieuse avec la communauté”. En retirant aux communautés la possibilité de se doter des ressources qu'elles souhaitent, là où elles les souhaitent, le gouvernement entrave la liberté d'association des groupes communautaires en plus de nuire aux droits à la santé, à la sûreté et au secours des personnes concernées.

Le syndrome « pas dans ma cour »

Le gouvernement porte une responsabilité sociale et doit contribuer à la santé et au bien-être de toute la population. Il se doit de contrer le syndrome « pas dans ma cour » et non de l'encourager, car en déplaçant ce qui dérange, il contribue à la montée de l'intolérance en pénalisant les personnes qui en sont victimes.

Le choix de l'endroit où un organisme communautaire s'installe relève uniquement de ses membres, et ce, en fonction des besoins de sa communauté. Si le projet de loi 103 était adopté, le gouvernement empêcherait des ressources de s'implanter à moins de 150 mètres d'une école, d'un centre de la petite enfance ou d'une garderie, occasionnant leur éloignement des lieux où elles sont nécessaires, soit les lieux fréquentés par les populations directement concernées.

Il est en effet à craindre que le gouvernement applique ensuite la même médecine à d'autres groupes, et même selon des règles encore plus strictes, car aucun n'est à l'abri des conséquences de l'application du syndrome « pas dans ma cour ». Le gouvernement doit autant respecter et protéger l'autonomie et la liberté d'association, d'un centre de consommation supervisée, d'un refuge pour personnes itinérantes, d'une maison des jeunes, d'un organisme militant pour le droit au logement ou pour la préservation de l'environnement ou d'un groupe soutenant des personnes marginalisées que de tout autre organisation moins susceptible de déranger la quiétude du voisinage.

Les quatre organisations déplorent que le gouvernement n'ait pas profité du renouvellement de la session parlementaire pour cesser l'étude du projet de loi 103, ainsi qu'elles l'ont demandé le 25 septembre dernier. Rappelant qu'il a été largement critiqué durant la consultation de la Commission de la santé et des services sociaux en juin dernier, elles demandent aux parlementaires de rejeter le projet de loi 103.

Citations

« L'emplacement des groupes et leurs missions sont des décisions qui relèvent des membres et de leur connaissance des besoins des populations soutenues. L'autonomie des groupes est incompatible avec l'instauration d'un pouvoir arbitraire du ministre ou du voisinage. Le projet de loi 103 entrave la liberté d'association des membres par le non-respect de leurs décisions collectives et démocratiques, contrevenant à l'article 3 de la Charte des droits et libertés de la personne. Qui plus est, ce projet de loi alimente une vision selon laquelle les personnes consommatrices de substances ou en situation d'itinérance auraient moins de droits que les autres ; une vision erronée et dangereuse. Plutôt que de les éloigner, il conviendrait de consulter les personnes concernées dans la recherche des solutions menant au respect du droit à la santé et à la sécurité de toutes les personnes » déclare Alexandre Petitclerc, président de la Ligue des droits et libertés.

« Les organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS) sont les premiers visés par le projet de loi 103 et par les dérives qu'il entraînera, mais nous intervenons aujourd'hui autant pour les protéger que pour empêcher qu'il s'élargisse un jour à tout le mouvement de l'ACA. Forcer l'éloignement de groupes des populations qui les fréquentent nuira à leur accessibilité, mais aussi au sentiment de sécurité des gens qui s'y rendent, y travaillent et même y contribuent bénévolement. Vouloir cacher des réalités sociales du regard des enfants, et de leurs parents, équivaut non seulement à exclure des membres de la société des espaces communs, mais aussi à exclure ces mêmes enfants et parents de la société » ajoute Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles.

« En contradiction avec la Politique gouvernementale de l'action communautaire, adoptée en 2001, le projet de loi 103 s'inscrit dans une tendance lourde de ce gouvernement à vouloir s'ingérer, museler ou déraciner des organismes communautaires créés pour et par les communautés. Son adoption créerait un grave précédent et mettrait en péril non seulement l'autonomie, les pratiques et la démocratie interne des groupes visés, mais à terme, celles de tout le mouvement de l'ACA. Quels groupes seront ensuite repoussés loin des lieux de vie des communautés auxquels ils s'adressent ? Qui devra être caché du regard des autres ? Qui dérangera la prochaine fois ? » questionne Claudia Fiore-Leduc, chargée de campagnes du Réseau québécois de l'action communautaire autonome.

« En plus de représenter une grave menace pour les groupes visés, l'adoption du projet de loi 103 créerait un précédent qui, aussi simplement que par règlement, pourrait menacer d'autres types d'organismes perçus comme dérangeant pour certaines personnes. Les groupes communautaires exercent leur besogne dans la communauté. Ils sont essentiels et doivent pouvoir continuer à répondre aux besoins de la population là où elle se trouve. C'est une question d'accessibilité des ressources et du respect de l'autonomie des organismes communautaires. Ils font un travail de prévention capital et devraient être encouragés, plutôt que limités » soulève Geneviève Lamarche, coordonnatrice de la Coalition solidarité santé.

« C'est évident que les réalités de l'itinérance sont difficiles à regarder et que les services de consommation supervisée se font vite remarquer dans un quartier. Mais les éloigner du regard ne les fait pas disparaître, ni l'unes ni l'autre. Leurs locaux ne sont pas choisis au hasard, mais en fonction des besoins des personnes concernées et des pratiques des groupes. Le projet de loi 103 éloignera d'importants outils de santé publique des personnes à soutenir. Il donnera au gouvernement le droit de défaire des décisions prises démocratiquement, en décidant pour nous et sans nous » soulève Denis LaRue-Fréchette, directeur général de Travail de rue de l'Île de Laval.

« Notre mission est de soutenir des personnes vivant avec différents enjeux de santé mentale dont le comportement peut parfois surprendre ou être inhabituels. Les personnes qui fréquentent des groupes comme le nôtre peuvent parfois s'exprimer de manière particulière, leur présence dans le quartier ne passe pas toujours inaperçue. Or, elles ont les mêmes droits que tout le monde et ne doivent surtout pas être punies d'avoir trouvé de l'aide. Où s'arrêtera le gouvernement dans son désir de déplacer loin des yeux des enfants tout ce qui dérange la normalité ? Après le projet de loi 103 quel autre type de mur voudra-t-il installer entre nous et les enfants du quartier ? » s'interroge Kathleen Messier, directrice générale du Centre de soir Denise-Massé (Montréal).

« La solidarité envers les personnes itinérantes et les personnes utilisatrices de drogues est essentielle dans la conjoncture. En plus des drames humains qui se jouent, tout organisme de défense collective des droits devrait se poser la question : serons-nous les prochains visés par une loi du même type que le projet de loi 103 parce que nos missions dérangent la quiétude du voisinage ? Le projet de loi 103 vient créer un précédent pour tout organisme qui risque de déranger par ses manifestations ou ses dénonciations publiques, ce qui est notre cas puisqu'on défend le droit au logement » conclut Marie-Ève Duchesne, coordonnatrice du Comité populaire St-Jean-Baptiste (Québec).

· Vous trouverez ce communiqué, la lettre transmise à la Commission de la santé et des services sociaux, ainsi que l'enregistrement du point de presse ici : https://trpocb.org/pl103-a-rejeter/

À propos

La Coalition solidarité santé est un regroupement québécois d'organisations syndicales, communautaires, de groupes de personnes âgées, de personnes en situation de handicap et de personnes proches aidantes. La défense des grands principes qui constituent les pierres angulaires du réseau de santé depuis sa mise sur pied, à savoir le caractère public, la gratuité, l'accessibilité, l'universalité et l'intégralité, sont à la base de toutes les interventions de la Coalition Solidarité Santé

Depuis 1963, la Ligue des droits et libertés (LDL) a influencé plusieurs politiques gouvernementales et projets de loi en plus de contribuer à la création d'institutions vouées à la défense et la promotion des droits humains. Elle intervient régulièrement dans l'espace public pour porter des revendications et dénoncer des violations de droits auprès des instances gouvernementales sur la scène locale, nationale ou internationale. Son travail d'analyse, de sensibilisation et de promotion est primordial pour que les droits humains deviennent la voie à suivre vers une société juste et inclusive, pour tous et toutes. Comme organisme sans but lucratif, indépendant et non partisan, la LDL vise à défendre et à promouvoir l'universalité, l'indivisibilité etl'interdépendance des droits reconnusdans la Charte internationale des droits de l'homme.

Interlocuteur privilégié du gouvernement en matière d'action communautaire autonome depuis 2001, le Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA) représente 78 regroupements et organismes nationaux, et rejoint au-delà de 4 500 organismes d'ACA travaillant partout au Québec pour une plus grande justice sociale. Grâce à son expertise et à celle de ses membres, il porte et amplifie la voix des organismes communautaires de tout le Québec.

Fondée en 1995, la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB) est formée de 47 regroupements nationaux, rejoignant plus de 3 000 groupes communautaires autonomes à travers le Québec. Ce sont, par exemple, des maisons de jeunes, des centres de femmes, des cuisines collectives, des maisons d'hébergement, des groupes d'entraide, des centres communautaires, des groupes qui luttent contre des injustices ayant des répercussions sur la santé. Ceux-ci représentent plus que les 2/3 des organismes communautaires autonomes du Québec. Ceux-ci abordent la santé et les services sociaux sous différentes perspectives : femmes, jeunes, hébergement, famille, personnes handicapées, communautés ethnoculturelles, sécurité alimentaire, santé mentale, violence, périnatalité, toxicomanie, etc.

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Victoire citoyenne : La baie de Beauport redevient gratuite !

4 novembre, par Table citoyenne du littoral Est — ,
Hier matin, nous avons appris avec enthousiasme la nouvelle du rétablissement de la gratuité d'accès à la plage de la baie de Beauport. Cette nouvelle fait suite à (…)

Hier matin, nous avons appris avec enthousiasme la nouvelle du rétablissement de la gratuité d'accès à la plage de la baie de Beauport.

Cette nouvelle fait suite à l'annonce du Port de mettre fin à son entente partenariale avec Gestev pour la gestion du site, afin d'en reprendre l'animation. Le Port a également manifesté une volonté de travailler avec la communauté dans l'élaboration des activités qui s'y dérouleront.

Il s'agit d'une belle victoire citoyenne et surtout d'un indicateur que nos mobilisations portent fruit, nous nous devons maintenant de continuer ! Rappelons que nous revendiquons la gratuité de la plage depuis plusieurs années, autant auprès du Port que de la Ville de Québec. Il y a quelques semaines à peine nous nous y trouvions pour y revendiquer un meilleur accès lors d'une mobilisation dans le cadre de la campagne électorale !

Cette annonce est une première étape vers l'amélioration de l'accès à la Baie de Beauport, mais plusieurs obstacles demeurent, notamment au niveau de l'accès physique, que ce soit en transport actif ou en transport en commun. Afin de surmonter ces obstacles, la Table citoyenne propose la mise en place d'une piste cyclable sur le boulevard Henri-Bourassa, du chemin de la Canardière jusqu'à la Baie, et d'un accès cyclo piétons direct à partir de la rue D'Estimauville. Enfin, Le RTC doit également être de la partie et améliorer sa desserte de ce secteur, avec par exemple son service flexibus déjà en place.

Notons enfin que l'accès physique et financier à ce secteur doit également s'accompagner de sa renaturalisation. La Baie de Beauport constitue un écosystème unique à Québec et il faut travailler vers sa désindustrialisation, afin d'améliorer concrètement la qualité de vie de la population avoisinante. En ce sens, nous sommes évidemment préoccupés par les projets de terminal de conteneurs et du déménagement de l'incinérateur qui planent.

Nous demandons aux décideurs et aux décideuses de ne pas faire de cette belle annonce une coquille vide. Elle doit être accompagnée de gestes et de décisions concrètes qui amélioreront l'accès à la Baie de Beauport dans un environnement sain et attrayant !

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Et si nous étions des créatrices et des créateurs de richesse ?

4 novembre, par Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) — ,
Saint-Jérôme, 30 octobre 2025 – Les 21 et 22 octobre 2025, en pleine Semaine de l'action communautaire autonome (SNACA), plus de 200 personnes, issues de 75 organismes membres (…)

Saint-Jérôme, 30 octobre 2025 – Les 21 et 22 octobre 2025, en pleine Semaine de l'action communautaire autonome (SNACA), plus de 200 personnes, issues de 75 organismes membres du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL), se sont rassemblées pour un congrès d'orientation historique. L'objectif ? Définir ensemble des orientations porteuses de sens pour le mouvement communautaire Laurentien dans un monde en pleine mutation.

Photo : Benoit Larocque, coordonnateur du ROCL devant plus de 200 personnes issues des organismes communautaires autonomes membres de notre regroupement régional.

Qu'est-ce que ça signifie, aujourd'hui, être un organisme communautaire autonome ? Comment donner du sens à nos actions dans un contexte où la montée de la droite, l'effritement de nos services publics et la polarisation sociale creusent des fossés plutôt que des ponts ? Ces questions, et bien d'autres, ont nourri deux jours de réflexions, d'échanges et de foisonnement d'idées. Un moment unique dans l'histoire du ROCL, où nos membres ont pu se retrouver, s'exprimer et se rappeler qu'en temps de crise, la réponse, c'est la communauté, la solidarité et la création de liens.

Les récents sondages en vue des élections municipales le confirment : les préoccupations portées par les groupes communautaires sont celles de la population. Crise du logement, hausse du coût de la vie, urgence climatique, itinérance… À cela s'ajoutent aussi la santé et l'éducation, qui nous le savons, sont des priorités indéniables pour les citoyennes et citoyens du Québec. Pourtant, certains de ces enjeux peinent encore à trouver l'écho qu'ils méritent dans l'espace médiatique.

Historiquement, les organismes communautaires autonomes ont été créés pour améliorer les conditions de vie et défendre les droits des personnes. Nous traînons aussi en filigrane, un passé judéo-chrétien d'âme charitable qui aide « la veuve et l'orphelin » et qui a le « cœur sur la main ». Toujours aux premières loges de la détresse, des préoccupations et des besoins de la population, mais trop souvent en mode « sauveuse/sauveur » des personnes plus vulnérables.

« Notre congrès d'orientation a justement mis en lumière plusieurs vérités essentielles. Cette culture de charité, elle fait partie de notre histoire, mais elle ne s'applique plus à qui nous sommes aujourd'hui et ce que nous aspirons à être. Nous ne sommes pas de simples « ressources venant en aide », ni une dépense pour l'État. Au contraire, nous sommes des créatrices et des créateurs de richesse, porteurs d'espoir, de liens et de sens », affirme Christine Richard, présidente du ROCL. Aujourd'hui, à travers les nombreuses crises que nous traversons collectivement, notre rôle de transformation sociale est crucial plus que jamais.
« La solidarité, l'amour, la justice sociale et la démocratie n'ont jamais été aussi nécessaires qu'en ces temps de division, même si ça semble « has been ». On ne se mentira pas, le défi est immense, mais quelle est l'alternative ? Se résigner ? Tenter d'éradiquer les souffrances, une à une, à grand coup de charité sans s'attaquer aux causes ? Non, ce n'est pas la solution », témoigne Benoit Larocque, coordonnateur du ROCL.

Nous devons incarner cette force de résistance, solidaire et rassembleuse. Parce que nos revendications sont celles de la majorité, nous devons incarner un mouvement qui unit la population. Il est temps de changer le récit, de revisiter nos façons de faire, de s'unir et de se réapproprier notre temps : celui qui nous permet d'aller au-delà de la charité, pour impacter sur les causes de la détresse sociale. Les organismes communautaires autonomes et la population peuvent, ensemble, défendre les droits, renforcer le filet social et protéger ce qui compte vraiment, au-delà des intérêts politiques.

Le ROCL est un regroupement existant depuis près de 30 ans constitué de plus de 160 organismes communautaires autonomes qui œuvrent dans les Laurentides. Lieu de rassemblement pour les organismes de la région, il offre de la formation, de l'accompagnement et du soutien aux organismes du territoire afin de leur permettre de s'épanouir pleinement dans leurs racines communautaires. Il vise par son action, son approche et son rôle de représentation à faire rayonner l'identité des organismes communautaires autonomes et à opérer de profonds changements pour plus de démocratie, de solidarité et de justice sociale et climatique.

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Un rapport de recherche démontre la présence de profilage racial dans les interventions du SPVQ

4 novembre, par Ligue des droits et libertés – section de Québec (LDL-QC) — ,
30 octobre 2025, Québec - La Ligue des droits et libertés - Section de Québec et l'Observatoire des profilages ont dévoilé hier le premier rapport de recherche portant sur le (…)

30 octobre 2025, Québec - La Ligue des droits et libertés - Section de Québec et l'Observatoire des profilages ont dévoilé hier le premier rapport de recherche portant sur le profilage racial à Québec. Plus de 70 personnes ont participé à l'activité de lancement qui s'est tenue au Monastère des Augustines.

L'auteur de la recherche, Maxim Fortin, a ouvert la soirée en présentant les résultats de sa
recherche, qui révèlent l'existence de pratiques discriminatoires et racistes au sein du Service
de police de la ville de Québec.

Par la suite, trois intervenant·es ont pu apporter leur éclairage sur la situation :

● Gabrielle Prince-Guérard, doctorante et autrice d'un mémoire de maîtrise sur le profilage
racial à Vanier ;
● Charles Ndungutse, qui a témoigné de ses propres expériences ;
● Anne-Valérie Lemieux-Breton, de la campagne « Pour le droit à l'espace public sans
discrimination ».

Les constats du rapport

Le rapport de recherche conclut à l'existence de pratiques discriminatoires à l'encontre des
personnes racisées par les agent·es du service de police de la Ville de Québec (SPVQ). Il met
en lumière, à travers une analyse qualitative de données et de témoignages :

La fréquence élevée des interpellations et interceptions vécues par les personnes
racisées (certaines personnes qui ont participé à la recherche ont été interpellées plus
de 20 fois, souvent sans motif réel) ;
L'attitude hostile qui caractérise les interventions des agent·es de police à leur égard
(questions intrusives injustifiées, comportements irrespectueux) ;
Le recours fréquent à la détention à des fins de contrôle et l'utilisation de la force et de
sanctions injustifiées ;
Les impacts de ces pratiques discriminatoires sur les personnes qui en font les frais,
notamment une perte de confiance envers les institutions, un sentiment d'injustice et des
stratégies d'évitement de la police.

Selon Maxim Fortin, auteur du rapport de recherche et politologue, « les résultats obtenus dans cette étude révèlent l'existence de pratiques discriminatoires et racistes au sein du SPVQ et que ces pratiques relèvent du profilage racial. Ils révèlent que le SPVQ expose les personnes racisées à un traitement différentiel, à des privations de droits et à différentes formes de brutalité policière. »

La LDL-Qc enjoint la prochaine administration de la ville à intervenir sur le profilage racial

Pour la Ligue des droits et libertés - Section de Québec, il est grand temps que cette
problématique soit prise au sérieux et reconnue comme une atteinte aux droits de la personne.

La coordonnatrice de l'organisme, Josyanne Proteau, salue l'arrivée de ce rapport qui permet
de faire la lumière sur ce phénomène.

« Le profilage racial est une forme de discrimination qui contrevient directement au droit à l'égalité, lequel est un droit fondamental reconnu par les chartes Québécoise et Canadienne des droits de la personne. Les pouvoirs municipaux ont une responsabilité claire de protéger les droits des citoyen·ne·s. Il n'y a donc aucune excuse à ce stade pour que la Ville continue de fermer les yeux sur ce problème » affirme-t-elle.

Une première étape pour la Ville serait de tenir une enquête statistique indépendante sur le
profilage racial, comme les villes de Montréal et de Repentigny l'ont déjà fait.

Citations des panélistes

« Ça fait des années que des organismes interviennent sur cet enjeu. On documente les interventions policières, on reçoit des témoignages, on interpelle encore et toujours la Ville de Québec qui continue de nier le profilage racial, social et politique exercé par son service de police. Les données issues de cette recherche viennent confirmer qu'il y a urgence d'agir. L'administration municipale doit reconnaître le profilage racial pratiqué par son service de police et y mettre fin. Banaliser et nier le racisme systémique, ça suffit ! » lance Anne-Valérie Lemieux-Breton, porte-parole de la campagne Pour le droit à l'espace public sans
discrimination .

« Ce qu'il faut se rappeler, c'est que le profilage racial se fait de façon systémique. Il existe dans toutes les sphères de la vie des personnes qui le subissent (emploi, école, espaces publics, etc.). Celui pratiqué par la police est préoccupant vu le pouvoir qui lui est octroyé et le profilage ne peut pas être réduit à une question de pratiques individuelles, c'est toute l'institution qui est à questionner », explique Gabrielle Prince-Guérard, autrice d'un mémoire de maîtrise portant sur le profilage racial et social dans la ville de Québec.

Pour consulter le rapport de recherche :
https://liguedesdroitsqc.org/rapport-profilage-racial-quebec-2025/

*********
La Ligue des droits et libertés - Section de Québec dénonce la réaction de Bruno
Marchand face au rapport de recherche sur le profilage racial, mais salue sa volonté de
rendre publiques les données du SPVQ

Dans un article du journal Le Soleil paru le 30 octobre 2025, Bruno Marchand affirmait être
ouvert à rendre publiques les données du SPVQ concernant les interpellations, “ à moins que
des raisons de sécurité l'en empêchent” . Cette affirmation survient en réaction à la
publication, par la LDL-Qc, d'un rapport de recherche préoccupant sur le profilage racial
mercredi dernier.

La LDL-Qc salue cette initiative du maire sortant, qui constitue un premier pas vers une plus
grande transparence institutionnelle. Elle encourage d'ailleurs les chefs et cheffe de tous les
partis à s'engager à rendre publiques les données d'interpellations du SPVQ s'ils sont élus.
Cependant, la LDL-Qc réitère qu'une enquête statistique indépendante sur le phénomène est
indispensable. C'est la seule façon d'obtenir des données fiables sur lesquelles s'appuyer pour
agir contre le profilage racial à Québec.

De plus, la LDL-Qc dénonce fermement la réaction de déni du maire sortant face à l'étude. La
LDL-Qc rappelle que cette recherche qualitative, menée par le politologue Maxim Fortin,
documente le vécu de personnes concernées et établit la réalité de pratiques discriminatoires
dans les interventions policières à l'encontre des personnes racisées.
Il incombe maintenant à la Ville de se procurer les analyses statistiques dont elle a besoin pour évaluer l'ampleur du problème. Face aux preuves qui s'accumulent, Bruno Marchand ne pourra continuer de simplement nier le phénomène s'il est réélu.****

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Position de MQRP sur la Loi 2 : pour un système public fondé sur la confiance, la collaboration et la démocratie

4 novembre, par Médecins québécois pour le régime public (MQRP) — , ,
Adoptée sous bâillon, la Loi 2 marque un tournant préoccupant dans la gouvernance du réseau de la santé. Elle ignore les recommandations émises par de nombreux groupes lors de (…)

Adoptée sous bâillon, la Loi 2 marque un tournant préoccupant dans la gouvernance du réseau de la santé. Elle ignore les recommandations émises par de nombreux groupes lors de la commission parlementaire sur le projet de loi 106 tenue en mai 2025, de même que les avis des milieux professionnels et des experts du terrain. Plutôt que de s'attaquer aux obstacles qui limitent l'accessibilité — dont un manque de ressources humaines et structurelles, une coordination insuffisante des soins au sein du réseau, ainsi que d'une privatisation croissante touchant tous les aspects des soins de première ligne — la Loi 2 privilégie une approche verticale et technocratique. Elle concentre le pouvoir décisionnel loin des milieux cliniques et des réalités quotidiennes des soignants, impose des mesures coercitives et crée un risque réel de désengagement des professionnels de la santé.

Le régime public devrait être un milieu de travail de choix pour offrir des soins à la population. Les conséquences immédiates de la Loi 2 sont déjà prévisibles, parmi lesquelles figurent la détérioration des conditions de travail et l'exode des médecins vers le privé ou vers d'autres provinces. Comment interpréter les intentions d'un gouvernement qui, d'une main, impose des « mesures de contrôle » visant à freiner l'exode vers le privé, et, de l'autre, accepte la vaste majorité des demandes de désengagement des médecins spécialistes tout en annonçant la couverture des chirurgies réalisées au privé après un an d'attente — alors même que les blocs opératoires du réseau public demeurent sous-utilisés (1) ?

MQRP reconnaît la nécessité d'une réforme sérieuse de la rémunération des médecins, omnipraticiens et spécialistes. Une telle réforme devrait être basée sur les données probantes, favoriser l'intégration des médecins aux objectifs globaux de santé du système et valoriser la qualité des soins plutôt que la simple performance chiffrée. Elle doit également assurer la cohérence des mesures avec la mission publique et universelle du système de santé québécois.

Dans le contexte de l'adoption de la Loi 2, MQRP formule cinq axes de
recommandations concrètes pour renforcer autrement un système public fort, fondé sur la confiance, la collaboration et la démocratie.

Les recommandations de MQRP en réaction à la Loi 2 :

pour renforcer le système public

1. Correction des dérives de la Loi 2

1.1. Suspendre la Loi 2. Il est urgent de cesser l'application de toute mesure
coercitive. Il s'agit d'une réforme importante, qui ne concerne pas uniquement la
rémunération des médecins, laquelle doit faire l'objet d'un dialogue entre les
acteurs concernés. Cette suspension doit ouvrir la voie à un véritable
processus de consultation publique et professionnelle, au-delà du cadre des
négociations avec les fédérations médicales, afin de rebâtir la confiance entre le
gouvernement et les soignants.

1.2. Créer une campagne provinciale de rapatriement des effectifs médicaux au
public. Face à l'exode annoncé vers les systèmes publics des autres provinces
telles que le Nouveau-Brunswick et l'Ontario, ainsi que la croissance
exponentielle de la privatisation de la santé au Québec, la population pourrait
subir une diminution drastique de l'accès aux soins. Le gouvernement doit
inverser la tendance et s'assurer de retenir les médecins dans son giron.

2. Réforme démocratique du mode de rémunération des médecins
et de la gouvernance

2.1. Créer un comité de consultation sur la réforme du mode de rémunération
des médecins, suivant un processus démocratique, décentralisé et guidé par les
avis d'experts.

2.2. Mettre en œuvre les recommandations du comité d'experts sur l'accès aux
soins de première ligne (Breton, Boulanger et Groulx). MQRP estime que le
système de santé a besoin de coopération, pas de commandement. Un
processus participatif doit être mis en place, incluant médecins, professionnels,
gestionnaires, usagers, universitaires et syndicats, pour redéfinir ensemble les
fondements d'un accès universel et équitable aux soins.

2.3. Décentraliser et responsabiliser la gouvernance locale. MQRP rejette la
microgestion des plages horaires par le MSSS et/ou Santé Québec. Les
solutions efficaces émergent du terrain. Plutôt que de centraliser les décisions
dans de gigantesques structures technocratiques telles que Santé Québec, il faut
redonner du pouvoir d'action aux milieux cliniques, aux directions locales et aux
équipes communautaires. Une gouvernance locale forte, soutenue par des
moyens stables, est le meilleur garant de l'équité et de la qualité des soins.

2.4. Favoriser la liberté d'expression professionnelle des médecins et des
soignants. Un régime public fort repose sur la transparence et le dialogue. Les
médecins et soignants doivent pouvoir exprimer leurs opinions sur le système de
santé librement et publiquement.

2.5. S'inspirer des meilleures pratiques des autres systèmes pour améliorer
l'accès aux soins. Tel que rapporté cette semaine par plusieurs médecins (2), d'autres systèmes de santé comparables obtiennent de meilleurs résultats (ex.
Colombie Britannique, Ontario) en termes de dispensation de soins à leurs
populations.

3. Utilisation optimale des ressources publiques

3.1. Exiger une pleine utilisation des salles d'opération publiques de chaque
CISSS avant d'autoriser les permis en CMS sur le territoire. Le réseau est
très loin de la cible des 85% de taux d'utilisation des blocs opératoires, affichant
cet été un taux d'environ 66% selon les données mêmes de Santé Québec (3).
Pourquoi financer les marges de profits des CMS à hauteur de 15% alors qu'on
pourrait faire financer nos salles au public à moindre coût ?

3.2. Annuler le remboursement automatique par la RAMQ au privé après un
délai d'attente d'un an. Alors que le régime public fonctionne sous le signe de
l'austérité (1,5 milliards de dollars sont recoupés en services depuis l'instauration
de Santé Québec (4)) et que des chirurgies sont annulées car on refuse de payer des 15 minutes de temps supplémentaire au personnel soignant (5), il est impensable de financer les chirurgies au privé en mode « bar ouvert ».

3.3. Utiliser les fonds publics existants pour payer le personnel soignant qui
opérera les patients sur la liste d'attente. MQRP implore le ministre d'utiliser
rapidement les sommes dédiées au rattrapage des listes d'attente dans le réseau
public.

3.4. Analyser la pertinence des soins offerts par le régime public. MQRP est
signataire de la Déclaration de Montréal sur les soins de santé pertinents de
2024 (6).

4. Amélioration des conditions de pratique dans le système de
santé public

4.1. Réviser les indicateurs de performance dans une logique de qualité, plutôt
que de volume. L'approche punitive fondée sur des cibles arbitraires est
incompatible avec la qualité des soins. Les indicateurs doivent être co-construits,
contextualisés et orientés vers la santé des populations.

4.2. Protéger la mission universitaire et la formation de la relève médicale. Les
facultés de médecine et les médecins professeurs ne peuvent être soumis à des
impératifs de productivité qui ne considèrent pas les activités d'enseignement et
de recherche. La formation est un investissement public, pas une dépense,
surtout dans un contexte de déficit de médecins dans la province (7).

4.3. Valoriser et promouvoir la pratique au public auprès des étudiants et
résidents en médecine. Dans les dernières années, les cliniques privées au
Québec courtisent ouvertement les étudiants et résidents. En contrepartie, le
gouvernement doit rendre plus attrayant.

4.4. Réduire la bureaucratie médicale. L'amélioration de l'efficacité passe par la
réduction des tâches administratives des médecins. Il faut faciliter la délégation
des tâches non médicales comme les formulaires, les fax et les suivis, numériser
et interconnecter les systèmes cliniques pour éliminer les redondances, simplifier
et uniformiser les formulaires d'assurance et autres documents administratifs,
reconnaître et comptabiliser le temps administratif des médecins, ainsi que
mettre en place des outils de communication sécurisés entre les cliniques et les
établissements.

4.5. Investir dans les infrastructures publiques, équipes soignantes et
ressources. Les obstacles à l'accès sont souvent matériels et humains :
manque de personnel, outils informatiques défaillants, contraintes administratives
absurdes, etc. Pour améliorer l'accessibilité aux soins, les soignants doivent
disposer d'effectifs suffisants et stables pour répondre aux besoins des patients.
Il faut soutenir plutôt que punir.

4.6. Mettre en place de véritables équipes interprofessionnelles. La
réorganisation des soins ne doit pas être centrée sur les médecins. L'intégration
rapide de professionnels dans l'offre publique (psychologie, physiothérapie,
orthophonie, ergothérapie, etc.) est essentielle pour assurer une couverture
réelle des soins de première ligne.

5. Encadrement du privé et application des recours législatifs
existants

5.1. Recourir à l'article 30.1 de la Loi sur l'assurance maladie (LAM) pour freiner
la désaffiliation de médecins. MQRP a rappelé au ministre, durant les
commissions parlementaires du PL83 et du PL106, qu'il possède déjà des leviers
législatifs permettant de préserver l'intégrité du réseau public, sans recourir à de
nouvelles mesures dont l'efficacité semble douteuse.

5.2. Interdire les pratiques d'affiliation et désaffiliation répétées. L'adoption de la
loi n° 83, Loi favorisant l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la
santé et des services sociaux, devait mettre fin à la pratique de désaffiliation
temporaire du réseau. Or depuis son adoption, les résultats sont fâcheusement
mitigés : les demandes de omnipraticiens sont refusées, alors que la vaste
majorité des demandes des spécialistes sont acceptées par Santé Québec (8), envoyant des signaux contradictoires à la communauté médicale.

5.3. Interdire la mixité de pratique en télémédecine pour recentrer le temps médical vers le réseau public.

5.4. Imposer un plafond tarifaire aux médecins pratiquant au privé, diminuant
ainsi la possibilité de profit. MQRP propose de limiter les montants pouvant être
facturés par les médecins non participants aux tarifs de la RAMQ.

5.5. Abolir le statut de médecin non-participant à la RAMQ Une autre façon de
limiter l'expansion de la médecine privée serait de suivre le pas d'autres
provinces canadiennes (9) et d'abolir le statut de médecin non-participant et de ne conserver que le statut de médecin désengagé.

Les recommandations de MQRP en réaction à la Loi 2 - pour renforcer le système public

1. Correction des dérives de la Loi 2

1.1. Suspendre la Loi 2.

1.2. Créer une campagne provinciale de rapatriement des effectifs médicaux au public.

2. Réforme démocratique du mode de rémunération des médecins et de
la gouvernance

2.1. Créer un comité de consultation sur la réforme du mode de rémunération des médecins.

2.2. Mettre en œuvre les recommandations du comité d'experts sur l'accès aux soins de première ligne (Breton, Boulanger et Groulx).

2.3. Décentraliser et responsabiliser la gouvernance locale.

2.4. Favoriser la liberté d'expression professionnelle des médecins et des soignants.

2.5. S'inspirer des meilleures pratiques des autres systèmes pour améliorer l'accès aux soins.

3. Utilisation optimale des ressources publiques

3.1. Exiger une pleine utilisation des salles d'opération publiques de chaque CISSS avant d'autoriser les permis en CMS sur le territoire.

3.2. Annuler le remboursement automatique par la RAMQ au privé après un délai d'attente d'un an.

3.3. Utiliser les fonds publics existants pour payer le personnel soignant qui opérera les patients sur la liste d'attente.

3.4. Analyser la pertinence des soins offerts par le régime public.

4. Amélioration des conditions de pratique dans le système de santé
public

4.1. Réviser les indicateurs de performance dans une logique de qualité, plutôt que de volume.

4.2. Protéger la mission universitaire et la formation de la relève médicale.

4.3. Valoriser et promouvoir la pratique au public auprès des étudiants et résidents en médecine.

4.4. Réduire la bureaucratie médicale.

4.5. Investir dans les infrastructures publiques, équipes soignantes et ressources.

4.6. Mettre en place de véritables équipes interprofessionnelles.

5. Encadrement du privé et application des recours législatifs existants

5.1. Recourir à l'article 30.1 de la Loi sur l'assurance maladie (LAM) pour freiner la désaffiliation de médecins.

5.2. Interdire les pratiques d'affiliation et désaffiliation répétées.

5.3. Interdire la mixité de pratique en télémédecine.

5.4. Imposer un plafond tarifaire aux médecins pratiquant au privé

5.5. Abolir le statut de médecin non-participant à la RAMQ

Notes

1- Cette année, 423 des 488 demandes, soit 86%, ont été acceptées. Archambault, H. (2 octobre 2025). Médecins au
privé : une chirurgienne gagne en cour contre Santé Québec. Le Journal de Montréal.
https://www.journaldemontreal.com/2025/10/02/medecins-au-prive-une-chirurgienne-gagne-en-cour-contre-sante-quebec

2- Sioui, M. (29 octobre 2025). Médecin spécialiste, la fille du ministre Carmant songe à quitter le Québec. Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/politique/quebec/929118/medecin-specialiste-fille-ministre-carmant-songe-quitter-quebec

3- Boily, D., & Gentile, D. (11 juin 2025). Chirurgies : Santé Québec veut faire fondre les délais d'ici 2027.
Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2171029/chirurgies-attente-liste-hopitaux-orthopedie-caq

4- Levesques, Fanny. (15 janvier 2025) Compressions de 1,5 milliard : « Une mission difficile, mais pas impossible », assure Dubé, La Presse.
https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2025-01-15/compressions-de-1-5-milliard/une-mission-difficile-mais-pas-i
mpossible-assure-dube.php

5- Cousineau, M. (13 février 2025). 12 000 opérations annulées depuis septembre au Québec. Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/actualites/sante/807138/12-000-chirurgies-annulees-depuis-septembre-quebec

6- Collège québécois des médecins de famille (3 avril 2024). Déclaration de Montréal sur les soins de santé
pertinents, CQMF. https://www.cqmf.qc.ca/2024/04/03/declaration-de-montreal-sur-les-soins-de-sante-pertinents

7- Desautels, K. (2025, 28 octobre). Les médecins de famille travaillent assez, montrent des données. Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/actualites/sante/928743/medecins-famille-travaillent-assez-montrent-donnees

8- Archambault, H. (2 octobre 2025). Médecins au privé : une chirurgienne gagne en cour contre Santé Québec. Le
Journal de Montréal.
https://www.journaldemontreal.com/2025/10/02/medecins-au-prive-une-chirurgienne-gagne-en-cour-contre-sante-quebec

9- Forcier, M. L. E. M. B. (7 décembre 2024). Une mesure insuffisante pour soutenir le contrat social entre les médecins, l'État et la société. Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/825427/idees-mesure-insuffisante-soutenir-contrat-social-entre-medecins-etat-societe

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Le départ de Lionel Carmant

4 novembre, par Guy Roy — ,
Ce départ est le dernier signe d'un désaveu de la CAQ même à l'interne. Monsieur Legault devait en prendre acte, écouter le peuple québécois qui demeure le seul juge en matière (…)

Ce départ est le dernier signe d'un désaveu de la CAQ même à l'interne. Monsieur Legault devait en prendre acte, écouter le peuple québécois qui demeure le seul juge en matière de gouvernement, et démissionner. Il n'y a pas grande alternative.

La volonté de se battre de Monsieur Legault ressemble de plus en plus à un affrontement contre des moulins à vent. Contre qui devrait-il se battre ? Il n'a plus d'adversaire sinon une volonté populaire de s'en débarrasser et elle est majoritaire. Si la démocratie a un sens pour monsieur Legault, il devrait écouter, non pas sa volonté de perdurer au pouvoir dans une vaine tentative de sauver son gouvernement, mais les vœux de la population qui lui envoie le message depuis des mois, de dégager.

Le choix de se battre apparait de plus en plus comme le dernier baroud d'honneur d'un homme désespéré qui encaisse les coups comme un boxeur dont les derniers ronds sont un entêtement qui ne mènera qu'à une défaite encore plus humiliante que l'appel aux urnes pour en finir. Il n'a que le choix de subir le sort de ceux à qui le peuple montre la porte. C'est sans appel.

Pourquoi s'obstiner quand tous les signes jouent contre vous ? Les élections partielles perdues, les démissions à l'intérieur de la CAQ, les sondages défavorables et, en tout dernier, de coup de bluff contre les médecins qui, malgré leur mauvaise foi, ne retourneront pas l'opinion ne leur faveur. Ce qui ne garantit nullement une remontée de la CAQ, mais continue d'entretenir une crise du pouvoir qui ne peut se conclure que par des élections où la CAQ sera vaincue.

La réflexion de Legault devait porter sur une sortie quelque peu honorable pour lui et son parti. Ils n'ont pas réussi devant le fédéralisme. La bonne entente n'a fait qu'enfoncer davantage le Québec. Son affrontement avec les syndicats annonce une fin de régime humiliante qu'il aurait pu s'épargner en ne multipliant pas les adversaires inutiles. Sa volonté de concilier les autres premiers ministres se conclue par une trahison de Doug Ford. Il y a trop de récriminations contre lui pour réussir à renverser la vapeur. Le sort en est jeté.

La démission est la seule sortie historique que le régime peut espérer comme un moindre mal. Les autres partis devaient en prendre acte et lui montrer une sortie, avec une population excédée d'un pouvoir qui ne la sert plus et qui en a assez. Ce qui aboutira à leur affrontement inutile parce que le pouvoir est déjà dévolu au Parti Québécois, tout le monde s'entend.

Guy Roy

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Danielle Smith utilise une clause dérogatoire pour mettre fin à la grève des enseignant·es de l’Alberta

4 novembre, par David Climenhaga — , ,
Depuis le début de la grève légale des 51 000 enseignant·es des écoles publiques, francophones et catholiques de l'Alberta, le 6 octobre, certains membres du Parti conservateur (…)

Depuis le début de la grève légale des 51 000 enseignant·es des écoles publiques, francophones et catholiques de l'Alberta, le 6 octobre, certains membres du Parti conservateur uni (UCP) de la province sont impatients d'utiliser la clause dérogatoire de la Charte canadienne des droits et libertés pour mettre fin à la grève.

Tiré de rabble.ca

29 octobre 2025

Ainsi, lundi, comme on s'y attendait largement, l'UCP a présenté un projet de loi visant à obliger l'Association des enseignant·es de l'Alberta (ATA) et ses membres à reprendre le travail, sous la forme du projet de loi 2, joliment intitulé « Back to School Act » (loi sur la rentrée scolaire), qu'ils ont maintenant fait adopter à l'Assemblée législative.

La première ministre Danielle Smith espérait manifestement faire passer plusieurs messages clés avec cette mesure musclée. Parmi ceux-ci :

Aux syndicats, en particulier ceux du secteur public : nous n'aimons pas négocier et, si vous nous défiez, nous ne négocierons pas du tout.

Aux libéraux fédéraux à Ottawa : nous n'aimons pas la façon dont fonctionne la Constitution canadienne et nous utiliserons l'article 33 de la Charte pour bloquer vos lois également.

Et à chacun·e d'entre nous ici, dans le pays des fort·es et des libres (à voix basse) : nous ne laisserons pas les droits fondamentaux garantis par la Charte, mais soumis à la clause dérogatoire, nous empêcher de faire ce que nous voulons !

Le projet de loi 2 prévoit des sanctions sévères pour les individus et le syndicat des enseignant·es si la grève se poursuit, respectivement 500 dollars par jour et 500 000 dollars par jour. Il impose également à l'ATA une convention collective que ses membres ont rejetée à près de 90 % lors d'un vote de ratification le mois dernier.

De plus, il prive le syndicat de son droit de négocier collectivement les conditions locales avec les conseils scolaires individuels, ce qui est une pratique courante dans les relations de travail du secteur de l'éducation en Alberta, jusqu'en août 2028, date à laquelle le contrat imposé expirera.

Ce que la première ministre Smith a déclaré lors d'une conférence de presse cet après-midi, c'est que l'objectif du projet de loi aurait pu être facilement atteint sans recourir à la clause dérogatoire.

Mais le problème avec la rédaction d'une loi appropriée sans recourir à la clause dérogatoire et prouver par inadvertance que son gouvernement se moque éperdument des droits fondamentaux garantis par la Charte, c'est bien sûr qu'il pourrait y avoir des contestations judiciaires.

Ainsi, le recours à l'article 33, a expliqué le ministre de la Justice Mickey Amery lors de la conférence de presse, « éliminera l'incertitude qu'un procès créerait ». Réfléchissez-y, chers lecteurs et lectrices. Ce n'est pas un gouvernement qui respecte l'état de droit !

Le ministre des Finances, Nate Horner, et le ministre de l'Éducation, Demetrios Nicolaides, ont également joué un rôle de soutien lors de la conférence de presse. M. Horner a rappelé aux médias les lourdes amendes auxquelles les enseignant·es pourraient être condamné·es. M. Nicolaides semblait surtout inquiet, comme s'il avait d'autres choses en tête – peut-être que la pétition de destitution avec son nom en tête pourrait maintenant prendre de l'ampleur. Il est apparu dans une petite vidéo sur les réseaux sociaux avec la première ministre, lisant d'un ton monocorde à partir d'un téléprompteur.

Mais comme l'a fait remarquer l'ancien président Larry Booi, qui a dirigé l'ATA de 1999 à 2003, c'est désormais Smith qui est responsable de la suite des événements. (Cela explique peut-être pourquoi la première ministre, comme elle a coutume de le faire dans de telles circonstances, a immédiatement pris l'avion pour se réfugier dans la relative sécurité de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Elle ne devrait pas revenir dans la province de l'Alberta avant le 5 novembre.)

« La situation va clairement empirer, et comme il s'agit désormais de la grève de Danielle, elle sera la seule à en porter la responsabilité, a prédit Booi. C'était tellement inutile et malavisé qu'on se demande si cela n'est pas dû à sa certitude quasi sociopathique d'avoir toujours raison et que sa façon de faire est la seule valable. »

Il se souvient qu'un événement similaire s'était produit sous son mandat. « La clé de la réaction très efficace des enseignant·es à la législation draconienne similaire du projet de loi 12 en 2002 a été le retrait des services volontaires. Les enseignant·es avaient obéi à la loi en reprenant le travail et le public avait tendance à considérer le retrait des services volontaires comme une réaction légitime à une législation injuste.

« Cela a été un succès retentissant, et en quelques semaines, le gouvernement est venu voir l'ATA pour discuter d'un assouplissement de ses politiques. » Cela a finalement conduit à un accord raisonnable.

« Le retrait des services volontaires a encore plus de chances d'aboutir aujourd'hui, car les enseignant·es bénéficient d'un soutien encore plus important qu'en 2002 et la législation est clairement plus oppressive », a fait valoir M. Booi.

« L'image d'un enseignant condamné à une amende pour ne pas avoir supervisé le club de ping-pong est tout à fait ridicule. Je suis presque certain que même une première ministre aussi malavisée et idéologique que Mme Smith ne commettrait pas cette erreur », a-t-il conclu, peut-être avec trop d'optimisme.

Pendant ce temps, les dirigeant·es d'autres syndicats de l'Alberta et du Canada sont profondément préoccupé·es par les implications du projet de loi 2.

Exhortant le mouvement syndical à ne pas prendre de mesures pour aider l'ATA, la première ministre a insisté sur le fait qu'« il s'agit d'une mesure très spécifique que nous prenons dans ce cas précis, car nous avons deux tables différentes où des grèves perturbatrices pourraient potentiellement avoir lieu, et nous pensons que les enfants ont déjà été suffisamment perturbés ».

Je ne pense donc pas que les gens devraient en tirer une conclusion générale selon laquelle c'est l'approche que nous adopterions dans tous les cas d'action syndicale », a-t-elle déclaré.

Mais, en réalité, quelle autre conclusion peut-on tirer ?

La grève pourrait prendre fin dès mercredi. Ses répercussions dureront beaucoup plus longtemps.

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Appel à soutenir les communautés équatoriennes contre le projet de la minière canadienne Loma Larga

4 novembre, par Rédaction-coordination JdA-PA — , , ,
Le mois dernier, plus de cent mille personnes habitant Cuenca et d'Azuay, au sud de l'Équateur, ont inondé les rues de Cuenca lors d'une manifestation historique, qualifiée de (…)

Le mois dernier, plus de cent mille personnes habitant Cuenca et d'Azuay, au sud de l'Équateur, ont inondé les rues de Cuenca lors d'une manifestation historique, qualifiée de « Cinquième fleuve de Cuenca ». Elles exigeaient l'annulation du projet de la minière canadienne Loma Larga au Páramo de Kimsakocha, une zone humide andine de haute altitude qui fournit de l'eau à des dizaines de milliers de personnes et qui est essentielle à la conservation de la biodiversité.

Tiré de Journal des Alternatives. Photo : Manifestation pour la protection de l'eau @crédit photo Canada Mining Watch.

Par Rédaction-coordination JdA-PA -20 octobre 2025

D'après des informations de Canada Mining Watch

Hortencia Zhagui, une défenseure de l'environnement faisait partie de la délégation équatorienne qui a visité l'an dernier le Canada. Elle est venue y dénoncer l'Accord de libre-échange entre l'Équateur et le Canada, mais aussi pour tirer la sonnette d'alarme au sujet de ce projet minier canadien.

En réponse à la pression publique constante, la licence environnementale a été révoquée. Cependant, les communautés touchées par l'exploitation minière restent vigilantes, car la société DPM Metals Inc, basée à Vancouver, annonce qu'elle cherche des moyens de contester cette révocation.

La Fédération des organisations indigènes et paysannes de l'Azuay (FOA), des Systèmes communautaires d'eau de Tarqui, Victoria del Portete, le Cabildo por el Agua et MiningWatch Canada invitent les organisations civiles au Canada et au Québec à signer une lettre ouverte adressée à la société minière canadienne faisant écho aux demandes des communautés concernant la nécessité de protéger leur eau potable et l'exhortant à fermer définitivement son projet Loma Larga et à se conformer à la loi.

Vous trouverez ci-dessous un résumé de la lettre que nous avons préparé :

Résumé — Lettre ouverte à DPM Metals Inc. sur le projet minier Loma Larga (Équateur)

La lettre adressée à David Rae, PDG de DPM Metals Inc., dénonce la persistance illégale du projet minier Loma Larga, situé dans le páramo de Kimsakocha, en Équateur. Elle appelle l'entreprise canadienne à mettre fin définitivement à ses activités et à respecter la législation équatorienne ainsi que les décisions populaires et judiciaires qui s'y opposent depuis plusieurs années.

En février 2022, un tribunal de Cuenca a suspendu le projet à la suite d'une plainte déposée par la Fédération des organisations indigènes et paysannes de l'Azuay (FOA) et par plusieurs systèmes communautaires d'eau. Ces groupes dénonçaient l'absence de consultation préalable, libre et éclairée, exigée par la Constitution, ainsi que les risques graves pour l'environnement et l'approvisionnement en eau potable. Cette suspension a été confirmée successivement en 2022, 2023 et 2024, jusqu'à la Cour constitutionnelle, qui a laissé la décision en vigueur.

Deux référendums populaires contraignants ont également rejeté le projet : en 2019, 86,79 % des personnes de Girón ont voté contre la mine, et en 2021, 80,03 % des citoyens et citoyennes de Cuenca ont interdit l'exploitation minière dans les zones de captage d'eau. Ces consultations, validées par la Cour constitutionnelle, interdisent toute autorisation administrative contraire au mandat populaire.

Malgré ce rejet juridique et social, DPM Metals a poursuivi ses démarches pour exploiter le site, obtenant en juin 2025 une licence environnementale controversée, entachée d'irrégularités et de violence. La consultation publique préalable aurait été menée auprès de personnes ne représentant pas la communauté directement concernée, San Pedro de Escaleras. En réaction à la pression populaire, le ministère équatorien de l'Énergie et des Mines a annoncé en août 2025 la suspension indéfinie du projet, suivie en septembre d'une procédure officielle pour révoquer le permis environnemental. Le 3 octobre, le ministre de l'Environnement a effectivement annulé cette licence, confirmant la victoire des mobilisations citoyennes.

Le 16 septembre 2025, plus de 100 000 personnes ont défilé dans les rues de Cuenca lors d'une manifestation historique surnommée le « Cinquième fleuve de Cuenca », exigeant la fin définitive de Loma Larga. Sous cette pression, DPM Metals a suspendu temporairement son programme de forage, mais son communiqué du 6 octobre laisse entendre qu'elle cherche encore à « préserver la valeur pour ses actionnaires » et pourrait poursuivre ses activités sous couvert de « licence sociale ».

La lettre souligne aussi les risques environnementaux confirmés par une étude indépendante de Geoambiental TERRAE (2022) et par l'entreprise municipale ETAPA (2024). Ces études concluent que le projet menace les sources d'eau de Cuenca et d'Azuay par des risques de contamination à l'arsenic et par l'instabilité du dépôt de résidus miniers en cas de fortes pluies ou de séismes.

Les défenseurs de l'eau ont par ailleurs été victimes de criminalisation et de répression, leurs comptes bancaires étant gelés après la grande marche du 16 septembre, dans un contexte de grève nationale de la CONAIE contre le modèle extractiviste.

Les signataires demandent à DPM Metals :

De suspendre définitivement le projet Loma Larga ;
De respecter les décisions judiciaires et référendums de 2019, 2021, 2022, 2023 et 2024 ;
De renoncer à toute action judiciaire ou arbitrale visant à contourner la souveraineté équatorienne.

Ils concluent en réaffirmant la volonté populaire : « Cuenca a déjà décidé : Kimsakocha ne sera pas touché. »

Ajouter votre signature à la lettre qui est disponible en français et anglais et en espagnol.

Date limite pour signer : 3 novembre

L'inscription est ouverte aux organisations, syndicats et aux particuliers (professeur.esd'université, avocat.es et militant.es).

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La loi canadienne permet la destruction de lacs pour y déverser des déchets miniers, ça doit arrêter !

4 novembre, par Eau Secours — , ,
Nos lacs et rivières sont au cœur de notre identité collective. Leur sauvegarde, comme celle de l'environnement, sont des valeurs fondamentales et prioritaires pour nous tous (…)

Nos lacs et rivières sont au cœur de notre identité collective. Leur sauvegarde, comme celle de l'environnement, sont des valeurs fondamentales et prioritaires pour nous tous et toutes.

Malgré cela, la loi canadienne permet actuellement la destruction complète et totale de lacs et cours d'eau par des compagnies minières qui souhaitent les utiliser comme poubelle pour leurs déchets miniers. Le gouvernement présente cette mesure comme exceptionnelle et envisagée uniquement lorsqu'aucune autre solution n'est applicable, pourtant, 100% des demandes de destruction de plans d'eau déposées par des compagnies minières à ce jour ont été autorisées.

Cette situation est complètement absurde et inacceptable, d'autant plus qu'il est quasiment impossible pour la population de connaître l'ampleur réelle de cette dévastation. Sans pouvoir connaître le total exact, il est question de centaines de lacs et plans d'eau qui auraient été ou seront détruits à la demande de l'industrie minière.

Des solutions de rechange existent pourtant et permettent d'éviter la perte de ces plans d'eau naturels. Renvoyer les déchets miniers dans les fosses et les galeries de ces mêmes mines est certainement la plus simple de ces solutions. Mais ces options sont systématiquement écartées par l'industrie qui refuse toute diminution, aussi minime soit-elle, de ses profits. En autorisant cette destruction insensée de plans d'eau, le gouvernement va à l'encontre de ses engagements pour assurer la sécurité et la protection de l'eau douce au pays.

Nous demandons au gouvernement fédéral :

d'abroger l'article 5(1) du Règlement sur les effluents des mines de métaux et des mines de diamants de la Loi sur les pêches qui permet aux plans d'eau d'être détruits pour y enfouir des résidus miniers ;

d'obliger les exploitants de mines à remblayer systématiquement les excavations minières plutôt que d'utiliser des plans d'eau.

Les lacs et cours d'eau du Canada ne doivent pas servir à enfouir des déchets miniers. Demandez aux ministres responsables d'arrêter cette pratique insensée dès maintenant, avant qu'il ne soit trop tard.

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Un plan d’action ambitieux sur le long terme

4 novembre, par Fondation Émergence — , ,
Un déploiement interrégional pour renforcer l'inclusion des personnes aînées LGBTQ+. La Fondation Émergence lance sa nouvelle tournée « Pour que vieillir soit gai » (…)

Un déploiement interrégional pour renforcer l'inclusion des personnes aînées LGBTQ+. La Fondation Émergence lance sa nouvelle tournée « Pour que vieillir soit gai »

Montréal, le 28 octobre 2025 — La Fondation Émergence annonce le lancement de sa nouvelle tournée québécoise « Pour que vieillir soit gai » [1]. Cette initiative, rendue possible grâce au soutien financier du gouvernement du Québec, s'inscrit dans la mesure 96 du _Plan d'action gouvernemental 2024-2029 – La fierté de vieillir_, qui vise à promouvoir la bientraitance des personnes aînées LGBTQ+.

Durant cette période, la tournée se déploiera dans l'ensemble des régions administratives du Québec, avec pour objectif de former plus de dix mille intervenant·e·s en milieu aîné. Les formations gratuites s'adressent aux personnes travaillant auprès d'une clientèle aînée et visent à renforcer leurs compétences afin d'offrir aux personnes aînées LGBTQ+ des environnements inclusifs, sécuritaires et respectueux des diversités sexuelles et de genre.

La formation aborde plusieurs thématiques fondamentales pour la reconnaissance et l'inclusion des aîné·e·s LGBTQ+, notamment : une introduction aux composantes de la diversité sexuelle et de genre, les réalités et enjeux vécus par les personnes aînées LGBTQ+, les bonnes pratiques pour offrir des services et des milieux plus inclusifs, ainsi que le témoignage d'une personne aînée LGBTQ+.

Inauguré en 2009, le programme « Pour que vieillir soit gai » a acquis une reconnaissance internationale pour son expertise unique en matière d'inclusion de la diversité sexuelle et de genre en milieu aîné. La Fondation a notamment mené une tournée de formations virtuelles pancanadienne en 2021.

Des constats qui interpellent

Un sondage Léger mené au début de l'année 2025 par la Fondation Émergence auprès des personnes fréquentant ou œuvrant dans les milieux de vie pour aîné·e·s révèle qu'à peine 32 % du personnel ont reçu une formation sur la diversité sexuelle et de genre. Par ailleurs, 24 % des répondant·e·s se déclarent peu ou pas du tout à l'aise d'accueillir dans leur milieu une personne trans. Auprès du personnel, ce chiffre est de 19 %. De plus, un quart des répondant·e·s LGBTQ+ déclarent cacher leur orientation sexuelle ou leur identité de genre dans leur milieu.

« Les chiffres parlent d'eux-mêmes : trop de personnes aînées LGBTQ+ vivent encore dans l'ombre. Avec cette tournée, nous voulons changer définitivement la donne et permettre à nos aîné·e·s de s'épanouir dans des milieux qui les respectent et les valorisent véritablement », affirme Laurent Breault, directeur général de la Fondation Émergence.

Grâce à ce financement, la Fondation Émergence entreprend un vaste plan d'action provincial comprenant des tournées de formation dans toutes les régions du Québec ainsi que l'organisation d'un premier symposium national en 2026 sur les réalités aînées LGBTQ+, réunissant les acteur·rice·s clés des milieux aînés afin d'échanger, d'innover et de promouvoir la bientraitance envers les personnes LGBTQ+.

(etc....)

À propos de la Fondation Émergence

Depuis 25 ans, la Fondation Émergence œuvre activement pour l'inclusion des personnes LGBTQ+ en offrant des services de sensibilisation, de formation et d'accompagnement. Elle met aussi sur pied des événements phares, comme la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, dont elle est l'initiatrice, et le Gala Émergence. Par ses actions, elle poursuit sa mission d'informer et de sensibiliser la population aux réalités des personnes LGBTQ+, tout en promouvant leur inclusion, leur égalité juridique et sociale, et leur bien-être dans toutes les sphères de la société.

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L’économie féministe au prisme des études trans. L’exemple argentin

4 novembre, par Pato Laterra — , ,
Après un retour sur l'histoire des luttes trans en Argentine et un focus sur les offensives antitrans de Milei, Pato Laterra revient pour Contretemps sur la manière dont les (…)

Après un retour sur l'histoire des luttes trans en Argentine et un focus sur les offensives antitrans de Milei, Pato Laterra revient pour Contretemps sur la manière dont les études trans revisitent l'économie féministe.

Tiré de la revue Contretemps
27 octobre 2025

Par Pato Laterra

Contretemps – Peux-tu revenir sur l'histoire récente des luttes trans en Argentine ?

Pato Laterra – Il faut tout d'abord revenir sur la loi sur l'identité de genre, adoptée en 2012, qui reconnaît la citoyenneté aux personnes transgenres et donc une identité. Et, en Argentine, il y a quelque chose de très important autour de l'identité, pas au sens libéral étatsunien mais plutôt en lien avec la dictature, les disparitions de militant-es et les mobilisations des mères et grands-mères de la Place de mai. Les disparitions, mais aussi l'identité des enfants volés par les militaires, qu'ils soient nés en captivité et qu'ils aient été enlevés, c'est quelque chose de très important dans notre histoire. Pendant des décennies et encore aujourd'hui, on a patiemment cherché à identifier ces enfants, et à les réunir avec leur famille – souvent leurs grands-mères, les parents ayant « disparu·es », c'est-à-dire ayant été assassiné·es par la dictature. Pour les trans, la dictature a mis en œuvre une persécution policière. Certaines infractions pénales sont restées en vigueur jusqu'en 2005 ou 2006. Ce qu'elles établissaient, c'était le caractère délictueux des comportements non conformes au sexe attribué à la naissance dans la vie publique, comme le fait de s'habiller d'une manière qui ne correspondait pas au sexe figurant sur la carte d'identité à la naissance. Donc pour le simple fait de figurer une expression de genre qui ne serait pas la norme, vous pouviez être arrêté. La seule issue professionnelle qui restait face à la discrimination était également fortement criminalisée : le travail du sexe dans la rue. Cette histoire est très présente en Argentine, contrairement à d'autres pays où la carte d'identité nationale n'a pas de poids propre, où elle joue le même rôle que d'autres formes d'identification, pour effectuer des démarches et obtenir des prestations sociales, par exemple. En Argentine, la carte d'identité nationale est la porte d'entrée vers l'acquisition de droits personnels.

La loi sur l'identité de genre a été obtenue grâce à la lutte des travestis et des trans [1] dès 2006. Elle a permis la reconnaissance de l'identité trans et de l'identité travestie, en tant que sujets de droits, au sens des droits humains, qui eux aussi prennent une importance particulière dans l'histoire argentine marquée par les dictatures. L'enjeu autour de la loi sur l'identité de genre, ce n'est pas seulement la reconnaissance du droit à l'existence, mais aussi une série d'autres droits et de demandes primaires de la population trans, en particulier le droit à la non-discrimination et le droit à la santé. Jusque-là, les personnes trans n'étaient pas reconnues dans les statistiques officielles et les seules statistiques ou informations sur les conditions de vie étaient produites par les personnes trans elles-mêmes. Pour prendre un exemple, en 2010, l'espérance de vie, calculée par les travestis eux-mêmes donc, était de 35 ans, alors que l'espérance de vie de la population cis-sexuelle est de 65 ou 70 ans ! Cette loi donne également lieu à une série de politiques à plus long terme, notamment des politiques culturelles, des politiques liées à la reconnaissance et au respect de cette identité, ainsi que des politiques visant à lutter contre la violence physique et symbolique à l'égard des travesties et des personnes transgenres, même si cette violence reste quotidienne. En pratique, selon les militant·es et leurs organisations, la reconnaissance de l'identité par l'État constitue une amélioration importante. Elle offre un droit reconnu à l'éducation sexuelle intégrale, c'est-à-dire, à former au libre choix de son genre, à s'identifier comme on le souhaite, à partir des droits humains plutôt que, ou à côté, de la biologie. Son objectif est de permettre aux personnes de prendre des décisions éclairées et responsables concernant leur santé et leur sexualité de manière globale, de développer des relations respectueuses, de comprendre leurs droits et de se protéger contre les situations à risque ou les abus. Depuis cette reconnaissance, le taux de grossesse chez les adolescentes a baissé, les cas d'abus sexuels sont plus souvent dénoncés et plus généralement la sexualité et le consentement sont devenus des sujets politiques. Selon un rapport publié en 2019 [2] par la région du grand Buenos Aires, 3 enfants sur 10 ayant signalé des abus sexuels ont pu comprendre qu'ils avaient été victimes d'abus après avoir suivi des cours d'éducation sexuelle intégrale. Chez les 12-14 ans, ce chiffre dépasse les 50 %.

Mais ce n'est qu'un premier pas. Pour changer réellement leurs conditions de vie, il faut également poser la question de l'accès à l'emploi. On l'a dit, la seule perspective qui était offerte aux personnes trans était le travail du sexe. Alors que certains discutent du revenu de base, du fait que nous ne devrions pas travailler du tout ou de la fin de l'exploitation, pour les personnes transgenres, le problème central est simplement de pouvoir obtenir un revenu de son travail sans courir de danger. Du fait des discriminations, la question de l'emploi devient centrale. Beaucoup de trans sont capables d'assurer un emploi, comme les personnes cis ; elles sont qualifiées mais, à cause de leur expression de genre, elles sont exclues du marché du travail. Et si par chance elles obtiennent un poste, c'est difficile de tenir sur la durée, écrasées par le poids d'une vie d'exclusion. Elles ont été exclues de la famille, exclues de l'éducation et exclues des espaces de socialisation quotidienne. Donc elles sont blessées et endommagées, empêchées de pouvoir coexister dans la société. Il y a donc, disons, un grand nombre de subjectivités qui ont du mal à persister dans un espace de travail du fait d'avoir été historiquement discriminées.

Je pense qu'un élément fondamental aujourd'hui, c'est que cette situation du difficile accès des trans au travail rencontre la crise contemporaine du travail, de l'institution du travail, du travail formel. Certaines travesties arrivent enfin sur le marché du travail, au moment même où celui-ci est en crise. Tout cela se télescope. Enfin, tant dans le domaine du travail que dans celui de la santé ou de l'éducation, ce que demandent les personnes transgenres, c'est de pouvoir accéder à ces politiques, c'est-à-dire que les politiques publiques ne soient pas normatives en termes d'accès, qu'il ne soit pas nécessaire de se conformer aux normes cisgenres pour exercer ses droits. Elles ne doivent pas non plus courir de risque, se mettre en danger, pour pouvoir y accéder.

Et je pense que c'est précisément la raison pour laquelle les personnes trans sont la cible de la droite et de l'extrême droite. Les personnes elles-mêmes vivent en dehors d'un cadre normatif, parce le système lui-même les en exclue. Les personnes neurodivergentes, les personnes handicapées, les personnes qui ont été stigmatisées ou discriminées en raison de leur socialisation, parce qu'elles ont grandi dans les familles que le système lui-même a détruit finalement. Donc je pense que ce qui cause la rage des travesties ou ce qui ouvre, disons, cette façon de vivre la vie trans est précisément transgressive. Donc toutes les revendications reviennent finalement à demander une manière non normative de mettre en œuvre les politiques publiques d'accès aux conditions de vie.

À gauche, certains militants révolutionnaires cisgenres peuvent considérer que les personnes transgenres veulent simplement réformer le système, mais c'est parce qu'elles n'y ont pas accès. Cette forme de mépris pour une simple demande d'accès aux conditions de vie, aux droits, aux politiques publiques, au marché du travail, est due au fait que beaucoup de ces personnes cisgenres ont déjà leurs conditions de vie garanties. Tant que nous n'avons pas cette garantie, il est difficile d'imaginer quelque chose de plus révolutionnaire. Il est déjà assez révolutionnaire de vivre dans un monde qui est contre vous. Les revenus, le logement, un espace de soutien et d'amitié ou d'amour, l'éducation, la famille, sont des éléments fondamentaux qui, en général, posent de grandes difficultés aux personnes trans.

Contretemps – Au début des années 2010 les choses évoluaient donc, un peu au moins, dans le bon sens. Avant d'en arriver à Milei en 2024, est-ce qu'il y a eu des avancées sous le gouvernement de Fernandez ?

Pato Laterra – Oui, des progrès importants ont été réalisés pour les personnes transgenres en 2021, avec l'adoption d'une loi sur les quotas d'emploi. Il y a évidemment un long chemin à parcourir entre la loi et son application, mais il s'agissait d'un changement législatif très important. La loi impose des quotas d'emploi pour les personnes transgenres dans le secteur public au niveau fédéral, et elle a déjà été adoptée dans certaines provinces. Il convient de rappeler que l'Argentine est l'un des premiers pays au monde à appliquer ce quota d'emplois. Auparavant, depuis la fin des années 1970, ce quota existait également pour les personnes handicapées. Dans le cas des personnes transgenres, il s'agit de l'occupation de 1 % des postes du secteur public national par des personnes transgenres. En outre, cette loi a permis d'accorder des avantages fiscaux aux entreprises privées afin de les encourager à embaucher des travesties et des personnes transgenres. Si nous croyions à la théorie économique néoclassique, avec un marché parfait, une telle loi ne serait pas nécessaire. Mais la théorie néoclassique et les lois du marché sont une fiction : l'embauche de personnes n'est pas un choix rationnel, effectué de manière abstraite sur le marché. Il existe en réalité une discrimination sur le marché du travail, une stigmatisation des personnes transgenres, et c'est en raison de ces injustices, et non de la qualité, de la formation ou des fonctions des personnes transgenres, qu'elles ne sont pas embauchées. Cette loi vise donc à réparer, dans une certaine mesure, le préjudice subi de manière intergénérationnelle par les générations passées, qui ont été systématiquement discriminées sur le marché du travail.

Avec Francisco Fernández Romero, un collègue géographe, depuis environ trois ans, nous menons une étude sur la mise en œuvre du quota de travail trans [3]. Cette étude a commencé avec l'objectif de savoir comment cette loi était appliquée et aussi de connaître les conditions sociodémographiques des personnes transgenres qui ont pu trouver un emploi. Nous avons mené deux enquêtes, l'une en 2022 et l'autre en 2024. Le premier résultat, c'est dans quelle mesure la loi sur les quotas d'emploi des transgenres était respectée : la loi fixe un quota de 1% pour l'emploi des transgenres. En Argentine, il y a plus ou moins 550 000 travailleurs masculins et féminins dans le secteur public national, si on appliquait le quota, on devrait donc avoir 5 500 travesties ou transgenres travaillant dans le secteur public. Et en novembre 2023, on a pu observer que seulement 955 personnes ont été embauchées dans ce cadre. Donc la loi n'était mise en œuvre qu'à 17 %. Ce que nous avons constaté dans cette étude, c'est que les personnes qui avaient été embauchées, au-delà du fait qu'elles faisaient face à beaucoup d'obstacles, avaient aussi été discriminées une fois en emploi, sur leur lieu de travail. Il y a bien sûr du mégenrage, des problèmes d'accès aux toilettes, mais aussi des discriminations qui consistent à ne pas leur confier certaines tâches. Les lieux de travail sont généralement très hostiles. Cependant, dans de nombreux cas, ces personnes ont dit que ce travail leur a sauvé la vie, que grâce à leur contrat de travail, ielles ont pu louer une chambre ou un appartement. Sans contrat de travail, ielles n'avaient accès qu'à des chambres dans des pensions de famille, qui coûtent le double ou le triple du loyer normal, parce que les chambres en pension sont accessibles sans condition. Il faut savoir qu'aujourd'hui en Argentine, avec la dérégulation des prix des loyers, les loyers sont très chers, proches des prix européens. Or le logement est une question fondamentale pour que les gens puissent développer leurs conditions de vie. Les enquêté·es ont aussi dit que grâce à ce travail, ielles accédaient à un revenu et surtout une stabilité. Et cela rend leur vie quotidienne très différente. Parce que si vous ne pouvez pas prévoir dans un mois ce qui va vous arriver en termes de revenus, vous allez avoir une vie beaucoup plus difficile.Un autre résultat, c'est que les personnes recrutées sur le quota trans ont été placées dans les catégories salariales les plus basses dans le secteur public national, tout en bas de la grille.Ainsi, notre estimation pour le mois de juillet 2024 était que 57% des personnes embauchées sur le quota trans se trouvaient en dessous du seuil de pauvreté. En d'autres termes, bien qu'elles gagnent de l'argent, qu'elles aient un emploi formel, les personnes embauchées se situent sous le seuil de pauvreté. C'est ce qui se passe aujourd'hui pour une grande partie des travailleurs en Argentine, plus ou moins 40 % d'entre eux : vous travaillez, vous avez un salaire chaque mois mais vous êtes toujours sous le seuil de pauvreté. C'est pire encore pour les personnes transgenres, cette proportion monte à 57%.

Pour cette deuxième enquête, nous avons collaboré avec Zaguan qui est, plus qu'un syndicat, un front de travailleurs et travailleuses travesties et transgenres. En juillet 2023, avant même que la possibilité d'une victoire de Milei ne soit envisagée, les travailleuses travesties et transgenres ont commencé à se réunir pour influencer et changer leurs conditions de travail. Il était nécessaire de lutter contre la discrimination et la violence sur le lieu de travail, mais aussi d'interpeller les syndicats. Le syndicalisme, avec la sécurité sociale qu'il gère, par exemple, organisée en mutuelles en Argentine, est loin d'être en mesure d'accueillir les personnes transgenres. À l'époque, nous nous posions une question fondamentale : il en va de même pour les lieux de vacances partagés à bas prix auxquels donne accès l'affiliation syndicale, ou tout autre avantage accordé dans le cadre de certaines politiques syndicales, nous voulions cela pour notre communauté. Lorsque nous nous sommes réunis en 2023 avec Zaguan, notre objectif était le suivant : pouvoir réfléchir à ces questions syndicales et créer un espace permettant de changer les conditions sur les lieux de travail. Au départ, cela différait de la réflexion syndicale habituelle, centrée sur les exigences des employeurs, les revendications salariales, la protection du travail dans les usines… Si Zaguan [4] n'est pas un syndicat, c'est pour pouvoir être l'interlocuteur des syndicats, établir un pont avec eux, au lieu de leur faire concurrence. Il existe une forte concurrence entre les syndicats, car ce sont des structures très rigides et très hétéronormatives, ce qui rend difficile la prise en compte des revendications d'autres acteurs émergents. Nous avons donc entamé un dialogue avec les syndicats. Les deux parties doivent avancer, car il y avait aussi beaucoup de réticence de la part des personnes transgenres envers les syndicats, à juste titre. Les syndicats eux-mêmes discriminaient les personnes transgenres sur leur lieu de travail. Cela est également important pour les syndicats, dans un contexte où, en Argentine, la question syndicale est en pleine crise, car leur sujet, le travailleur, est en crise.

Contretemps – Fin 2023, le candidat d'extrême droite libertarien Milei a gagné l'élection présidentielle. Quelles sont ses prises de position, ses actions sur le sujet des sexualités et identités de genre ?

Pato Laterra – Lorsque Milei arrive au pouvoir, il commence à démanteler férocement toutes ces politiques. Dès son deuxième jour, il met fin à la carte alimentaire destinée aux personnes transgenres en situation critique, qui garantissait une sorte de revenu minimum et ne servait qu'à acheter de la nourriture. La carte alimentaire a été maintenue pour les enfants vulnérables et les familles dans le besoin, ainsi que la politique sociale connue sous le nom d'allocation universelle pour enfant à charge. Il s'agit donc d'une attaque ciblée contre les personnes transgenres. Et ce, sans même un prétexte budgétaire, car il s'agit d'un volume de financement insignifiant. De ce point de vue, cela peut même être contre-productif, car cela réduit la demande des commerces qui acceptent la carte alimentaire, ce qui est économiquement récessif. Il s'agit d'une mesure purement idéologique et réactionnaire. Puis, au bout de trois mois, Milei a commencé à mettre en œuvre ses plans de licenciement des personnes embauchées grâce aux quotas trans : 150 licenciements dans le secteur public au niveau fédéral, selon une estimation issue de notre enquête avec Francisco.

Avec Zaguan, nous avons cherché des formes de résistance juridique. Interpeller les syndicats étaient décisif, parce que ce sont les organisations syndicales qui ont les moyens de défendre les travailleurs, et donc les personnes trans face aux licenciements. La législation de l'administration publique argentine fait que, dans certains cas, les conseils syndicaux ont pu réintégrer la quasi-totalité du personnel trans qui avaient été licenciés. Le dialogue avec ces conseillers juridiques syndicaux, bien que complexe, a pu avoir lieu, ce qui, à une autre époque, aurait peut-être été considéré comme quelque chose de tout à fait impossible.Ces attaques s'inscrivent dans le cadre du démantèlement du ministère de la Femme, du Genre et de la Diversité, qui était chargé de nombreuses mesures très importantes pour les femmes et les personnes transgenres les plus touchées par la violence ; par exemple, il existait une allocation de six mois pour sortir d'une situation de violence.

Le gouvernement Milei perturbe et supprime également les outils qui permettent d'informer le public, qui visent à rendre des comptes et à évaluer ces politiques. Il est donc impossible de faire le bilan et de connaître les effets produits. Ce sont les fonctionnaires licenciés du ministère ou les chercheurs intéressés par les politiques de genre qui doivent reconstituer les dossiers.

Il y a également une attaque contre le financement de l'éducation et de la santé. Cela signifie que tous les systèmes de santé existants sont en crise faute de financement.

Et les personnes transgenres sont généralement prises en charge dans le cadre de la santé publique, qui s'occupe de celles et ceux qui n'ont pas de mutuelle. En Argentine, si vous avez un emploi formel, vous êtes pris en charge par un réseau de soins mutualistes, et non par la santé publique. Mais comme les personnes transgenres ont rarement un emploi formel, c'est le système de santé publique qui prend en charge leur prise en charge. Cela a donné lieu à un système de santé publique informé et, en fin de compte, plus responsable dans le traitement de la diversité que le système d'assurance maladie ou le système médical privé individuel. Et aujourd'hui, c'est ce système qui est particulièrement menacé.

Enfin, Milei sape complètement la politique d'éducation sexuelle intégrale (ESI), qui est une politique à long terme. Il s'agit de permettre aux enfants et aux jeunes d'avoir accès à l'information, afin que cette discrimination ne se reproduise pas. Cela s'inscrit dans le cadre d'une politique de haine très forte, très exacerbée, où les boucs émissaires sont les personnes transgenres, les migrants, les peuples autochtones et les personnes handicapées. Et aussi les fonctionnaires, décrits comme des parasites. Y compris les scientifiques. Il s'agit donc d'une offensive réactionnaire, qui va jusqu'à la violence physique et symbolique contre les personnes transgenres, mais aussi contre les lesbiennes et les gays, ainsi que contre toutes les personnes mentionnées ci-dessus.

Ces changements, tant dans les lois que dans les discours, s'inscrivent dans un contexte de violence à l'égard des personnes transgenres, alors qu'en réalité, bien sûr, elles ne sont pas la cause du problème, ni du déficit budgétaire, ni du déséquilibre des comptes nationaux. Le problème réside dans des années d'organisation économique discriminante et en crise pour générer toujours plus de profits.

Pour ces gouvernements de droite et d'extrême droite – je pense à Musk, Trump, Bolsonaro –, le cheval de bataille, leur discours principal, est de réduire le déficit. Mais rien de ce qui se passe ne réduit réellement le déficit. Le discours semble économique, il porte sur la réforme fiscale, sur la dette, sur le modèle économique, mais en réalité, il s'agit de réduire les dépenses sociales comme moyen de contrôle public, de dénaturer les problèmes sociaux et d'épuiser et d'appauvrir la population. Au contraire, il faudrait parler de l'argent que s'approprient les multimillionnaires. Je pense qu'aujourd'hui, il est facile de s'en rendre compte.

Contretemps – Peux-tu revenir maintenant sur tes propres recherches. Comment repenser l'économie féministe à partir d'une approche non cis hétéro ? En commençant peut-être par expliquer ce qu'est pour toi l'économie féministe…

Pato Laterra – L'économie féministe consiste à introduire dans l'économie la discussion de ce qui se passe en termes de relations de genre. C'est-à-dire donner de la visibilité à ce que nous pourrions appeler l'autre face de l'économie, le travail qui est rendu invisible. En mettant sur la table le travail invisibilisé, qui est le travail de reproduction, le travail reproductif, le travail domestique et de soins [cuidado, c'est-à-dire soin en espagnol, a un sens un peu distinct, plus militant que care, NDLT] non rémunéré, on ne montre pas seulement ce qui arrive à ce travail. On discute de la manière dont cela soutient le système dans son ensemble. Comment la production et la reproduction des personnes sont organisées, et pas seulement des personnes, mais du monde dans son ensemble.

Maintenant, ce que je pense de l'économie féministe, ayant travaillé longtemps dans l'économie féministe, c'est que l'idée que les chercheuses se font du genre est très étroite.

C'est une idée limitée aux femmes cis-sexuelles. Ou c'est une idée limitée à une vision hétéro-normative, cis-sexuelle. Il en va de même pour la théorie de la reproduction sociale. En d'autres termes, je pense que la définition du sujet de l'économie féministe pose problème.

L'approche de la reproduction sociale consiste à réfléchir à la manière dont elle soutient et produit la main-d'œuvre, ce qui rend ce problème relativement utilitaire. Vous participez à la reproduction sociale dans la mesure où vous contribuez à la reproduction du système. Le fonctionnement de la famille (nucléaire, désormais recomposée) est alors déterminant. La question est de savoir comment fonctionne la famille nucléaire ou quel rapport de domination, hétérosexuel, elle abrite.

Or, ces derniers temps, la famille nucléaire et la famille hétérosexuelle se désintègrent complètement, et soudainement, les gens commencent à s'intéresser à d'autres formes d'organisation, comme les formes queer ou trans. Les familles trans ne sont pas organisées pour leur reproduction de la même manière que la famille nucléaire. Il y a un livre, les soins multidimensionnels [5], sorti pendant la pandémie qui compile tout cela. La différence, c'est que les personnes sont soignées ou reproduites non pas en tant que force de travail, mais en tant qu'êtres humains. Et non par la conjointe ou la mère mais dans des relations d'amitié ou d'autres types de parents qui ne sont pas des membres de la famille, pas une famille avec des enfants. Or de plus en plus de personnes cis, vivent seules ou en dehors d'une famille nucléaire. Je pense donc que parfois ces questions de queer ou trans sont intéressantes parce que précisément ce qu'elles examinent, c'est comment la reproduction sociale, ou plutôt la reproduction quotidienne, reproduction de la vie, s'appuient sur ces nouvelles formes de liens. C'est une contribution des études queer et trans aux études féministes.

Contretemps – Tu défends également le fait que le travail reproductif s'appréhende d'une manière différente au sein des études trans, avec une attention spécifique à la partie émotionnelle de ce travail et de comment les liens sont construits entre les personnes. Peux-tu revenir sur ce point ?

Pato Laterra –
Ma thèse porte sur la prise en charge des personnes trans en Argentine et sur la relation entre les politiques sociales et la reproduction de la vie des travesties et des trans. Ce que j'observe, c'est une conception profondément cisgenre des soins. Je vais apporter une idée qui n'est pas la mienne, mais celle de deux chercheurs canadiens, Lewis et Irving [6], qui affirment que l'objectif de l'économie politique transgenre est d'étudier comment les vies transgenres s'inscrivent dans les structures économiques existantes et comment elles proposent des alternatives pour vivre. Irving vient d'une tradition anglophone avec laquelle j'essaye de faire dialoguer la tradition latino-américaine, qui s'intéresse à la communauté. C'est que pour les trans et plus généralement les LGBT, immédiatement, le moyen de survivre dans le système est une question communautaire, de construction de liens. Je ne veux pas idéaliser cette idée de communauté, je dis simplement que la façon de se reproduire ou de survivre s'appuie plus ou moins directement sur la communauté. Nos besoins sont résolus d'une manière communautaire. C'est en grande partie à cause des vies que nous menons : par exemple, nous passons une grande partie de notre vie à vivre seul·e ou à vivre avec d'autres personnes qui ne sont pas la famille ou un couple. Vous avez donc une forme de reproduction qui est totalement différente. Il y a beaucoup de gens trans qui ont besoin d'obtenir de la nourriture par l'intermédiaire d'une communauté ou qui ne pourraient pas se payer seul·e un logement. Ces questions concrètes, matérielles, ne sont pas séparées des émotions, puisqu'elles se résolvent par la mobilisation de liens interpersonnels. Ces affects nous organisent, mais ils sont aussi instrumentalisés par la droite pour nous désorganiser : la droite sait très bien comment perturber ces affects pour leur ôter la vitalité. Je crois que c'est ce que Milei fait, consciemment ou inconsciemment. Les études trans ou les études queer enrichissent donc le féminisme qui pendant longtemps s'est concentré sur les aspects plus matériels. Le tournant affectif consiste à prendre en compte comment sont produites culturellement les émotions et les affects dans les groupes. Je crois qu'il y a comme une rupture, une coupure, qui complique l'intercompréhension entre celleux d'entre nous qui ont une tradition matérialiste et entre celleux d'entre nous qui rompent avec les féminismes classiques.

On s'intéresse aussi à ce qui constitue la base culturelle de la société, ce qui permet la durabilité de la communauté. C'est finalement une autre façon de penser la matérialité. C'est un peu ce que je disais précédemment sur l'optique utilitariste des théories de la reproduction sociale : comment améliorer la situation des femmes ? Comme si « les femmes » était un sujet unique, homogène, alors que nous savons que les femmes sont une catégorie très diversifiée et traversée par différentes intersectionnalités. Donc je trouve très intéressant le croisement de l'économie féministe avec ces approches à partir de la communauté. D'autant, encore une fois, que ces expériences d'organisation de la vie quotidienne des personnes queer et trans ne sont pas si éloignées des nouvelles organisations que peuvent avoir des jeunes personnes cis, qui adoptent d'autres façons d'affronter la vie. Avoir deux ou trois enfants, s'occuper de ces personnes, être capable, je ne sais pas, d'acheter une maison, d'avoir un foyer : toutes ces questions sont manifestement très éloignées de la majorité de la population trans. Je pense qu'aujourd'hui, elles sont également éloignées des jeunes et de la manière dont ils s'organisent ou dont certains d'entre elleux s'organisent. Il s'agit donc de créer des passerelles. Trans et jeunes ne subissent pas les mêmes discriminations mais je pense que c'est un rapprochement qui peut être pertinent, une perspective non normative. Là où, je crois, souvent l'approche de la reproduction sociale, l'approche féministe, garde une certaine normalité occidentale qui n'est pas ce qui se produit avec d'autres liens.

*

Pato Laterra est économiste à la Université de Buenos Aires.

Propos recueillis par Fanny Gallot et Hugo Harari-Kermadec.

Notes

[1] Le terme « travestie », genrée au féminin, est une identité propre à certaines régions d'Amérique latine et diffusée par les migrations, un retournement du stigmate (« travesti » étant initialement utilisé une insulte) constitué en sujet politique. Suivant Butierrez et Fernández Romero (2023), l'identité de personne trans renvoie à une grande pluralité d'expériences, incluant à la fois celles qui s'identifient comme des hommes ou des femmes transsexuels, transgenres ou trans, ainsi que les travesties, les personnes non binaires et d'autres identités de genre. Bien qu'il existe des différences géographiques, historiques, identitaires et de position sociale entre les personnes qui utilisent chacun de ces termes, le point commun est de vivre dans un genre différent de celui qui leur a été attribué à la naissance.

[2] https://mptutelar.gob.ar/la-esi-permiti%C3%B3-que-el-80-por-ciento-de-los-ni%C3%B1os-y-ni%C3%B1as-abusados-pudieran-contarlo

[3] Laterra, P. & Fernández Romero (2024). Technical Report on Individuals Hired in 2024 Under the Law for the Promotion of Access to Formal Employment for Travestis, Transsexuals, and Transgender People “Diana Sacayán – Lohana Berkins” (No. 27.636). Ciudad de Buenos Aires : Gender and Labor Relations Union Observatory, Association of State Workers (ATE) Link to the report, voir aussi les résumésici et .

[4] En ce qui concerne l'expérience syndicale et Zaguan, on peut lire cet article Romero, F. F., Laterra, P., & Sánchez, V. (2025). At the Thresholds : Labor Organizing as Travesti-Trans Formal Workers in Argentina : Travesti and trans workers in the formal sector expand imaginaries about the relationship between TTNB people and work, contributing to broader labor struggles for all of society. NACLA Report on the Americas, 57(1), 27–33. https://doi.org/10.1080/10714839.2025.2473263

[5] The Care Collective Manifiesto https://www.versobooks.com/products/2625-the-care-manifesto?srsltid=AfmBOopRw9R4tJS5B8Ax05UtY1tlBltkLocQoKr_XhfpKpjnM1j847Wk ; version en espagnol https://www.bellaterra.coop/es/libros/el-manifiesto-de-los-cuidados

[6] Irving, D. (2008). Normalized Transgressions : Legitimizing the Transsexual Body as Productive. Radical History Review, (100). https://transreads.org/wp-content/uploads/2019/03/2019-03-13_5c888b5420f95_NormalizingTransgressionsLegitimizingtheTransgenderbodyasproductive.pdfVoir également Gleeson and O'Rourke (2021) « Transgender Marxism ». Pluto Press et

Bhattacharya Tithi (2015) « How Not To Skip Class : Social Reproduction of Labor and the Global Working Class » https://viewpointmag.com/2015/10/31/how-not-to-skip-class-social-reproduction-of-labor-and-the-global-working-class/

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La sécurisation culturelle : bâtir des ponts dans le réseau de la santé

4 novembre, par Linda Gingras, Mouloud Seddiki — , ,
À l'occasion de la semaine québécoise de rencontres interculturelles qui célèbre la richesse de la diversité au Québec, le comité antiracisme met de l'avant un concept (…)

À l'occasion de la semaine québécoise de rencontres interculturelles qui célèbre la richesse de la diversité au Québec, le comité antiracisme met de l'avant un concept essentiel, mais encore peu connu : la sécurisation culturelle.

Qu'est-ce que la sécurisation culturelle ?

À la base une démarche sociale, la sécurisation culturelle est une nécessité dans nos milieux de travail. Elle vise à assurer que chaque personne, peu importe ses origines, se sente en sécurité, respectée et valorisée.

Pour le comité antiracisme de la FIQ, c'est donc un outil concret pour combattre toute forme de racisme (racisme systémique de la part des institutions, des gestes racistes du quotidien, des micro-agressions au travail). Le concept de sécurisation culturelle fait en sorte que les institutions reconnaissent les réalités historiques et culturelles des groupes marginalisés.

Ayant pris forme en Nouvelle-Zélande dans les années 80 pour répondre aux discriminations vécues par les Maoris dans le système de santé et repris au Québec par le Principe de JOYCE, la sécurisation culturelle est définie par celles et ceux qui la vivent. Cela implique de la part des professionnelles en soins d'écouter et de remettre en question les normes dominantes dans le but de construire des milieux inclusifs.

Concrètement, cela veut dire d'offrir plus de formations dans le réseau de la santé pour sensibiliser les travailleuses à l'histoire et aux réalités des groupes historiquement discriminés, de mettre en place des mécanismes permettant d'adapter nos pratiques afin d'éviter les biais et les exclusions et finalement, de créer des espaces où les voix des minorités sont entendues et respectées.

Pendant la Semaine québécoise des rencontres interculturelles, le comité antiracisme invite chaque professionnelle en soins à la réflexion : nos milieux sont-ils sécurisants pour toutes et tous ? La sécurisation culturelle, ce n'est pas un concept ou une option, c'est notre responsabilité collective. Et c'est surtout en agissant ensemble que nous pourrons bâtir un milieu de vie et un réseau de la santé plus justes, plus à l'écoute, et surtout, plus humain.

Linda Gingras et Mouloud Seddiki, membres du comité antiracisme / FIQ

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Réforme du régime syndical : un projet de loi désespéré

4 novembre, par Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) — , ,
Québec, le 30 octobre 2025 — Désespéré à la lecture des résultats de sondage catastrophiques sur sa formation politique, la Coalition Avenir Québec (CAQ) tente de donner le (…)

Québec, le 30 octobre 2025 — Désespéré à la lecture des résultats de sondage catastrophiques sur sa formation politique, la Coalition Avenir Québec (CAQ) tente de donner le mauvais rôle aux syndicats pour se faire du capital politique, juge le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

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Le premier ministre, François Legault, a besoin d'un “méchant” sur qui tirer pour détourner l'attention de ses échecs majeurs, comme NorthVolt, Recyclage Carbone Varennes, SAAQclic et Lion Électrique. Il a décidé que ce serait les syndicats. Mais son projet de loi s'attaque à des problèmes qui n'existent pas vraiment. Ce sont essentiellement des situations anecdotiques montées en épingle. Au SPGQ, nos votes se font en ligne et s'il veut consulter nos états financiers, il va les trouver sur notre site Internet », note Guillaume Bouvrette, président du SPGQ

François Legault oublie bien vite que les syndicats sont des organisations démocratiques composées d'abord et avant tout de leurs membres. « Quand il essaie de faire taire les critiques des syndicats à son endroit, ce sont celles des travailleuses et des travailleurs qu'il refuse d'entendre. Les déléguées et délégués syndicaux sont élus dans leur milieu de travail pour représenter leurs collègues qu'ils consultent régulièrement. Ils ont toute la légitimité nécessaire pour se prononcer sur différents sujets. Demander aux membres de se prononcer annuellement enlèverait aux syndicats la possibilité de réagir rapidement aux imprévus de l'actualité, par exemple. Le gouvernement cherche à nous bâillonner », juge M. Bouvrette.

Le gouvernement lui-même ne s'impose pas d'exigences semblables. « Le gouvernement est-il prêt à soumettre annuellement son budget à l'approbation de la population ? », questionne M. Bouvrette. Il ajoute au passage que la reddition de compte exigée est aussi beaucoup plus détaillée que celle du gouvernement lui-même.

Le gouvernement incapable d'ajuster ses propres cotisations

Par ailleurs, le SPGQ s'inquiète fortement de la capacité du gouvernement à modifier annuellement les cotisations syndicales de son personnel. « Nous avons récemment ajusté notre cotisation syndicale, à la suite d'un vote des membres. Le gouvernement, comme employeur, a mis six mois pour faire le changement, bien qu'il avait été avisé près de deux mois d'avance. Comment le gouvernement peut-il demander aux entreprises ce qu'il est incapable d'exécuter lui-même ? », demande M. Bouvrette.

Finalement, le ministre du Travail, Jean Boulet, a une vision réductrice du travail des syndicats. « Lorsque nous réclamons dix jours d'absence rémunérés pour les victimes de violence conjugale ou lorsque nous dénonçons le climat de travail toxique que subissent nos membres, ce ne sont pas des enjeux de renouvellement de convention collective à proprement parler. Mais ce sont des sujets importants pour les conditions de travail de nos membres et de l'ensemble des travailleuses et travailleurs », illustre M. Bouvrette.

À propos du SPGQ

Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.

Source
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec

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Dépôt du projet de loi nº 3 La FIQ n’a pas de leçon à recevoir du dernier de classe

4 novembre, par Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) — , ,
Québec, le 30 octobre 2025 — La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ exprime sa vive inquiétude et son opposition catégorique au projet de loi nº 3 (…)

Québec, le 30 octobre 2025 — La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ exprime sa vive inquiétude et son opposition catégorique au projet de loi nº 3 présenté par le ministre du Travail, Jean Boulet. Derrière le vernis de transparence et de bonne gouvernance, ce projet de loi constitue une attaque frontale contre l'autonomie syndicale et le droit fondamental d'association.

« Ce projet de loi est une diversion. Il tente de faire oublier les véritables urgences : les conditions de travail intenables, l'accès aux soins qui se détériore, la première ligne en crise et la qualité des services qui s'effondre. Pendant que la CAQ accumule les fiascos informatiques, les pertes financières colossales et gouverne à coups de bâillons, elle ose nous faire la leçon sur la transparence ? C'est le monde à l'envers », dénonce Julie Bouchard, présidente de la FIQ.

La FIQ est claire : elle n'a aucune leçon à recevoir d'un gouvernement qui multiplie les erreurs de gestion et qui s'illustre comme le dernier de classe en matière de reddition de comptes. « Contrairement à la CAQ, la transparence et l'imputabilité sont au cœur de nos pratiques. Nos membres savent exactement où, quand et comment leur argent est utilisé. Nous, on se comporte de manière responsable », martèle Mme Bouchard.

La chef syndicale poursuit : « Ce projet de loi impose des carcans bureaucratiques sur la vie interne des syndicats. Il piétine le droit des travailleuses de définir leurs propres règles, statuts et modes de fonctionnement. C'est une intrusion inacceptable dans des processus qui relèvent exclusivement de l'autonomie syndicale. Les syndicats appartiennent à leurs membres, pas à l'État, et certainement pas à la CAQ. »

La FIQ dénonce également les restrictions imposées à l'usage des cotisations facultatives pour des activités politiques ou sociales, qu'elle considère comme une tentative à peine voilée de museler la voix syndicale dans l'espace public. Les nouvelles règles sur les scrutins secrets sont tout aussi problématiques : trop rigides, elles risquent de paralyser l'action syndicale en période de mobilisation ou de négociation.

« Dans les hôpitaux, les CLSC, les CHSLD, les établissements privés conventionnés et les services à domicile, les patient-e-s ne demandent pas combien coûte une cotisation syndicale. Ils demandent pourquoi ils attendent des heures à l'urgence, pourquoi leur chirurgie est reportée, pourquoi les soins à domicile sont insuffisants. Voilà les vraies priorités », insiste Mme Bouchard.

La FIQ voit dans ce projet de loi une dérive autoritaire dangereuse. En criminalisant certaines pratiques syndicales et en transférant le pouvoir de poursuite pénale aux salarié-e-s elles-mêmes, le gouvernement sème la division et affaiblit la solidarité. « La FIQ appelle le gouvernement à retirer ce projet de loi et à entamer un véritable dialogue avec les organisations syndicales. Les travailleuses du Québec méritent des syndicats forts, libres et capables de défendre leurs intérêts sans ingérence politique  », conclut la présidente.

Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

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Projet de loi 3 : les prochaines étapes

4 novembre, par Centrale des syndicats démocratiques (CSD) — , ,
Le gouvernement s'attaque de nouveau au mouvement syndical. Cette fois, avec le dépôt, plus tôt aujourd'hui, du projet de loi 3, qui s'en prend directement à la démocratie (…)

Le gouvernement s'attaque de nouveau au mouvement syndical. Cette fois, avec le dépôt, plus tôt aujourd'hui, du projet de loi 3, qui s'en prend directement à la démocratie syndicale et à la collectivité.

Sous prétexte de vouloir améliorer la « transparence », ce projet de loi vise surtout à affaiblir nos organisations et à faire taire les contre-pouvoirs essentiels à notre société. Il s'attaque à la capacité des syndicats à s'organiser.

« Les syndicats font partie des solutions pour l'avenir du Québec. Les affaiblir, c'est fragiliser l'ensemble de notre société. Nous continuerons à défendre le droit d'association, la primauté du droit, la liberté d'expression, la force de la collectivité et le rôle essentiel des syndicats dans notre démocratie. »
— Luc Vachon, président de la CSD

Le Projet de loi 3 : une attaque contre les syndicats et la démocratie

Déposé le 30 octobre, le projet de loi 3, Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail (PL 3), est une véritable attaque contre les syndicats. Il impose aux syndicats des contraintes bureaucratiques très lourdes et s'ingère dans leur fonctionnement. Clairement, le PL 3 vise à désolidariser les travailleurs et les travailleuses, et à affaiblir la capacité des syndicats à s'organiser.

Il s'agit d'une attaque frontale contre la démocratie québécoise, car le PL 3 vise à museler le contre-pouvoir qu'est le syndicalisme.

Tous les syndicats couverts par le Code du travail, ainsi que les syndicats de la construction, sont touchés. Le PL 3 entrera en vigueur le jour même de son adoption, ce qui veut dire que tous les changements devront être appliqués rapidement.

Nous ne pouvons accepter le PL 3. Le gouvernement s'ingère dans ce qui ne le regarde pas et n'a pas de leçon à donner à personne en matière de démocratie et de saine gestion de ses dépenses.

Il est essentiel de se mobiliser et d'exiger le retrait intégral du PL 3. Une grande manifestation intersyndicale est prévue le 29 novembre à Montréal. Votre participation est essentielle pour y arriver.

Les prochaines étapes

Nous préparons notre mémoire et ferons entendre la voix des travailleuses et travailleurs de la CSD lors de la commission parlementaire sur le PL3.

Nous analyserons en profondeur le PL3 et l'ensemble des attaques du gouvernement lors du Colloque de la CSD, dont le thème prend tout son sens : Face aux droits attaqués, une CSD affirmée. Une action de mobilisation y aura également lieu et il est encore temps de vous inscrire !

Grand rassemblement intersyndical

Le 29 novembre, soyons nombreux et nombreuses à marcher ensemble à Montréal ! Un grand rassemblement intersyndical aura lieu pour dire non aux attaques antisyndicales, aux compressions budgétaires et aux reculs de nos droits.

📍 Départ : Place du Canada (Montréal)

🕐 Heure : 13 h 30

➡️ Marche vers les bureaux du ministre du Travail et du premier ministre

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Femmes, inégalités et pauvreté – 3e édition

4 novembre, par Collectif pour un Québec sans pauvreté — , ,
Au Québec, des inégalités de revenus persistent entre les femmes et les hommes. Plusieurs données en témoignent. Tiré de l'infolettre de l'R des Centres de femmes En (…)

Au Québec, des inégalités de revenus persistent entre les femmes et les hommes. Plusieurs données en témoignent.

Tiré de l'infolettre de l'R des Centres de femmes

En voici quelques-unes :

• 316 000 Québécoises ont un revenu inférieur à la mesure du panier de consommation (MPC), soit 24 783$ /an.

• Parmi elles, plus du tiers vivent avec l'aide sociale.

• En 2022, 40,8% des femmes gagnaient moins de 30 000$ par an (contre 32,7% des hommes).

• En 2023, le revenu annuel moyen des femmes était inférieur de 19,7% à celui des hommes (50 200$ contre 62 500$).

• 55% des personnes travaillant au salaire minimum sont des femmes.

• À diplôme égal, la rémunération moyenne des femmes est encore inférieure à celle des hommes.

Ces chiffres rappellent que la pauvreté a encore trop souvent un visage féminin.

La brochure se complète avec une liste des références.

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Collectif pour un Québec sans pauvreté

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La FFQ au Village féministe

4 novembre, par Fédération des femmes du Québec (FFQ) — , ,
Le 17 octobre, la FFQ était présente au village féministe organisé par nos membres du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale. Un immense merci (…)

Le 17 octobre, la FFQ était présente au village féministe organisé par nos membres du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale. Un immense merci pour cette magnifique journée d'échanges, de créativité et de sororité : les kiosques inspirants, les conférences et les ateliers ont donné vie aux luttes et à la solidarité féministe d'hier à aujourd'hui.

Le lendemain, le 18 octobre, nous avons marché aux côtés de plus de 16 000 femmes à travers le Québec dans le cadre de la MARCHE MONDIALE DES FEMMES.

Quelle émotion de voir notre morceau de courtepointe intégré à l'œuvre collective de la Marche symbolisant la vibrante solidarité entre les femmes de toutes les régions du Québec ! Dans les chants, les rires, les pas et les pancartes, c'est toute une mémoire de luttes qui a vibré à l'unisson.

La Marche se termine, mais le mouvement continue. Ensemble, nous restons debout, solidaires et déterminées à transformer nos colères en changements durables. Dans la continuité de la Marche du pain et des roses, nous marchons encore pour un monde féministe, juste et solidaire. 🌹

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Le budget de 2025 doit créer des emplois en investissant dans les gens et l’infrastructure — et non faire des compressions et des cadeaux fiscaux

4 novembre, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
OTTAWA — Alors que les travailleuses et travailleurs et les collectivités sont confrontés à une incertitude croissante en raison de la guerre commerciale de Trump, de (…)

OTTAWA — Alors que les travailleuses et travailleurs et les collectivités sont confrontés à une incertitude croissante en raison de la guerre commerciale de Trump, de l'inflation et d'une crise croissante de l'abordabilité, les syndicats du Canada demandent au gouvernement fédéral de se servir du budget de 2025 pour investir dans les personnes et l'infrastructure — et non pas faire des compressions et des cadeaux fiscaux.

31 octobre 2025 tiré du site du Congrès du travail du Canada

« Les travailleuses et travailleurs font leur part pour maintenir le pays uni, les coudes levés, mais ils sont mis à rude épreuve de tous les côtés », a déclaré Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada. « Ce budget doit comprendre des investissements dans les personnes et l'infrastructure. »

Madame Bruske prévient qu'équilibrer le budget sur le dos des travailleuses et travailleurs ne ferait qu'aggraver les inégalités et freiner la reprise économique.

« Toute mesure visant à renforcer les finances du Canada doit être mise en place de façon équitable », a-t-elle dit. « Il faudra donc demander à ceux qui ont réalisé des profits records et amassé le plus de richesses de payer leur part — et non couper dans les services ou mettre de la pression sur les travailleuses et travailleurs. »

Investir dans les personnes et les collectivités

Les syndicats du Canada exhortent le gouvernement fédéral à lancer une nouvelle vague d'investissements publics axés sur des projets municipaux et provinciaux prêts à démarrer — entre autres dans le logement, les écoles, les transports, la santé publique et les services de garde d'enfants.

« Ces investissements doivent être assortis de conditions », a ajouté madame Bruske. « Ils doivent créer de bons emplois syndicaux, soutenir la collectivité, utiliser les marchés publics canadiens et garantir que les emplois restent au Canada à long terme. »

Le budget de 2025 devrait également permettre de bâtir la prochaine génération d'infrastructures publiques, comme le logement, le transport en commun et l'énergie, de développer les programmes d'apprentissage et de garde des jeunes enfants et de faire des investissements majeurs dans les soins de santé publics, y compris l'assurance-médicaments et les soins de longue durée sécuritaires.

« Signer des chèques en blanc aux entreprises ne résoudra pas les crises auxquelles nous sommes confrontés », a précisé madame Bruske. « Les fonds publics doivent servir le bien public — de bons emplois, de bons salaires et les services sur lesquels les familles travailleuses comptent. »

Protéger les emplois et préparer l'avenir

Les syndicats du Canada réclament un plan exhaustif de création d'emplois axé sur l'infrastructure publique et une stratégie industrielle carboneutre dotée d'une enveloppe budgétaire élaborée en collaboration avec les syndicats. Le plan devrait prévoir des investissements dans des programmes d'énergie propre, de fabrication et de rénovation tout en veillant à ce que les travailleurs des secteurs à forte émission de carbone puissent faire la transition vers de nouveaux emplois syndiqués et stables, assortis de salaires et d'avantages sociaux équitables.

Afin d'aider les travailleuses et travailleurs à surmonter les chocs économiques, le gouvernement doit aussi moderniser l'assurance-emploi — rétablir les cotisations fédérales, améliorer les prestations et abaisser les critères d'admissibilité — afin qu'aucun travailleur ne passe entre les mailles du filet lors du prochain ralentissement économique.

Fiscalité équitable et responsabilité fiscale

Madame Bruske a souligné qu'une véritable responsabilité budgétaire signifie qu'il faut s'assurer que chacun paie sa juste part.

« Ce n'est pas aux travailleuses et travailleurs de porter sur leurs épaules la charge de la reprise alors que les entreprises engrangent des profits records », a-t-elle indiqué.

Les syndicats du Canada réclament des mesures d'équité fiscale, notamment :
• Instaurer des rapports publics des multinationales par pays ;
• Maintenir la taxe sur les services numériques ;
• Hausser le taux d'inclusion des gains en capital ;
• Instaurer un impôt sur la fortune et sur les bénéfices exceptionnels ;
• Investir dans l'Agence du revenu du Canada afin d'éliminer les échappatoires et de faire respecter la loi.

« Lorsque les entreprises et les riches paieront ce qu'ils doivent, a déclaré madame Bruske, le Canada pourra investir dans le logement, les soins de santé et de bons emplois pour tous. »

Assurer l'accès de tous au logement

L'augmentation du coût des habitations et des loyers nuit aux travailleuses et travailleurs parce que leurs salaires n'augmentent pas au même rythme. Les travailleurs et travailleuses veulent que le gouvernement fasse de sérieux efforts pour combattre la spéculation financière en matière de logement, en commençant par frapper d'impôts le « flip » de maisons et de terrains vacants pour profiter des gains immobiliers fortuits réalisés par les personnes les plus riches.

Les syndicats du Canada incitent le gouvernement à instaurer un ambitieux financement direct du développement de nouveaux logements non commerciaux à prix abordable, y compris des logements sociaux et coopératifs pour tous, dont les personnes autochtones, les personnes survivant à la violence conjugale et les personnes vivant avec un handicap — et particulièrement les groupes marginalisés.

Faire passer les travailleurs et travailleuses avant tout

« Les travailleuses et travailleurs ont bâti ce pays, et c'est eux qui bâtiront l'avenir », a déclaré madame Bruske. « Le budget de 2025 doit faire passer les personnes avant les profits — en investissant dans l'infrastructure, les emplois et les services publics qui rendent la vie plus abordable et plus sûre pour tous les Canadiens et Canadiennes. »

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There is always an alternative

4 novembre, par Geru Schneider — , ,
La question du co-porte-parolat ne peut être dissociée de celle, plus large, du projet politique de Québec solidaire lui-même. C'est dans la manière d'articuler la parole et (…)

La question du co-porte-parolat ne peut être dissociée de celle, plus large, du projet politique de Québec solidaire lui-même. C'est dans la manière d'articuler la parole et l'action, la représentation et la mobilisation que se joue l'avenir du parti. Le rôle du co-porte-parole ne se limite donc pas à porter un message ou à faire bonne figure : il s'inscrit au cœur d'une architecture politique qu'il faut repenser si l'on veut que Québec solidaire redevienne un véritable outil d'émancipation populaire, que j'ai déjà exploré dans la première partie.

Car un parti qui n'évolue plus, qui se méfie du débat, de la conflictualité et de l'autocritique, finit par se figer dans sa propre inertie. Or, une gauche de rupture ne peut craindre ni la critique ni la refondation : elle doit au contraire s'en nourrir. Il faut redonner à notre organisation la capacité de penser contre elle-même, d'accueillir le dissensus comme moteur de vitalité démocratique et de se remettre en mouvement — quitte à reconnaître qu'un véhicule politique n'est jamais éternel, et qu'il peut, s'il se détourne de sa mission, devoir être remplacé par un autre.

Le rôle d'un co-porte-parole ne peut pas être défini indépendamment de la santé démocratique du parti qu'il incarne. Si le co-porte-parolat traverse aujourd'hui un questionnement, c'est aussi parce que Québec solidaire est lui-même à la croisée des chemins : entre la fidélité à ses origines populaires et l'adaptation aux logiques parlementaires, entre la parole collective et la personnalisation du message, entre le projet de transformation sociale et la tentation gestionnaire.

Refaire du co-porte-parolat une fonction d'ancrage et d'articulation

Comme je l'ai défendu dans la première partie, le co-porte-parolat n'est pas qu'une fonction de communication. Il est — ou devrait être — un poste d'articulation politique : un espace de circulation entre la base militante, les mouvements sociaux et la parole publique.

Aujourd'hui, cette fonction s'est en partie dévitalisée : elle tend à se réduire à la gestion médiatique d'un message, à la défense ponctuelle d'un programme, ou à l'administration du « ton juste ». Pourtant, le rôle du co-porte-parole ne peut se limiter à être un interprète prudent de la ligne nationale. Il doit être un vecteur de politisation et un catalyseur de débats internes, capable de relier le parti à la société réelle — celle des luttes, des solidarités et des contradictions.

Redonner du souffle au co-porte-parolat, c'est d'abord le sortir du huis clos parlementaire. C'est remettre la politique sur le terrain, dans les quartiers, les villages, les syndicats, les collectifs, les universités et les espaces culturels. Cela suppose une conception itinérante du rôle : un co-porte-parole qui se déplace, qui rencontre, qui écoute, qui aide à organiser la colère plutôt que la canaliser.

Il faut donc recréer des espaces vivants de dialogue politique :

● Des assemblées de cuisine, modestes, mais profondes, où l'on parle du quotidien, du logement, du travail, de l'école, et où la politique se redéfinit à partir de la vie réelle.
● Des caravanes militantes, pour traverser le Québec et aller à la rencontre de celles et ceux qu'on n'entend jamais, non pas en période électorale, mais comme travail politique continu.
● Et surtout, une école de formation politique populaire, ouverte au-delà du cercle des membres.

Cette école ne serait pas un simple espace de formation technique sur le programme, mais un lieu de culture politique : on y apprendrait l'histoire des luttes sociales, les bases de l'économie politique, les outils d'analyse féministe, décoloniale et écologiste, mais aussi les savoirs de la pratique militante — comment s'organiser, débattre, construire un rapport de force.

Elle pourrait devenir le noyau d'une renaissance intellectuelle et collective de la gauche québécoise, une forme de contre-hégémonie concrète.

Et pour sortir de l'entre-soi, il faut oser le festif et le populaire : pourquoi ne pas imaginer une grande fête annuelle de la gauche québécoise, à la manière de la Fête de l'Humanité ? Un moment à la fois politique et culturel, où se croiseraient débats, arts, syndicats, cuisines collectives et mouvements sociaux.

Un lieu où le parti serait non seulement une organisation, mais aussi un mouvement vivant, à la fois critique et joyeux, où l'on apprend à rêver ensemble en préparant les luttes de demain.

Dans cette conception, le co-porte-parole ne serait plus seulement un messager : il deviendrait un animateur politique permanent, un passeur entre les mondes, garant de la démocratie vivante du parti. Il ne serait pas redevable d'une ligne figée, mais d'un mouvement collectif en transformation.

Il aurait pour tâche d'incarner cette gauche de rupture qui ne se contente pas de dénoncer, mais qui propose et construit : celle qui rompt avec le cynisme et le repli, pour rouvrir l'horizon du possible — dans les institutions, mais surtout dans la société.

Clarifier notre articulation politique

Québec solidaire est né d'une coalition des gauches et des forces progressistes, dont la richesse tenait justement à la pluralité. Mais cette pluralité ne doit pas devenir une neutralisation. Le parti a souvent confondu inclusion et dilution : en cherchant à rassembler tout le monde, il a parfois cessé d'incarner quelque chose de tranché. Or, un parti de gauche n'avance pas en cherchant le centre. Il déplace la fenêtre d'Overton, il change les termes du débat. Et, comme on le dit souvent, personne ne choisit du beige face aux bruits des bottes noires.

Face à la montée de la droite identitaire, de l'extrême-droite décomplexée et du cynisme ambiant, notre tâche n'est pas de ménager les angles, mais de retrouver le courage de dire ce qui dérange — avec rigueur, mais sans tiédeur.

Québec solidaire ne peut plus se contenter d'être « une option progressiste parmi d'autres ». Il doit redevenir ce qu'il aurait toujours dû être : le bastion d'une gauche de rupture. Mais pas une rupture abstraite ou purement rhétorique : une rupture vivante, stratégique et populaire.

Une rupture avec la politique poussiéreuse des calculs et des équilibres temporaires.
Une rupture avec l'ordre capitaliste et les institutions qui le protègent.
Une rupture avec le Canada, qui demeure un État colonial au service des puissances économiques.
Une rupture avec les énergies fossiles et les modèles productivistes qui détruisent nos conditions de vie.

Mais une rupture n'est pas un geste de destruction : c'est un acte de création politique.
C'est le choix d'inventer de nouvelles pratiques démocratiques, de nouvelles solidarités, de nouvelles formes d'action collective.

C'est ce qu'a incarné QS à sa fondation, quand il a réussi à articuler les luttes féministes, syndicales, écologistes et indépendantistes dans un même horizon de transformation.

C'est cette étincelle que nous devons rallumer.

Surmonter les contraintes démocratiques actuelles : pour une conflictualité assumée

Depuis quelques années, la direction semble penser que l'unité ne peut se préserver qu'au prix du silence, que le consensus est la condition de la crédibilité. Or, c'est précisément cette illusion que dénonce la philosophe Chantal Mouffe : vouloir évacuer le conflit du champ politique, c'est livrer la démocratie à la technocratie. Le conflit, selon elle, n'est pas un échec du politique, mais son moteur.

Jacques Rancière, dans La Mésentente et dans Les trente inglorieuses, rappelle de son côté que la démocratie n'est pas l'art de pacifier les désaccords, mais celui de les rendre visibles, audibles et féconds. La mésentente n'est pas un bruit à faire taire, mais une épreuve de vérité : c'est par elle que la parole politique retrouve sa densité. Plus récemment, Sébastien Roman, dans Nous, Machiavel et la démocratie, parle du « conflit civil » comme d'une force vitale à réinvestir dans nos pratiques démocratiques — non pas pour entretenir les divisions, mais pour revitaliser l'imagination politique.

Ces auteurs convergent sur un point : une démocratie sans conflit, sans débat réel, finit toujours par se vider de son contenu. QS ne peut prétendre à la rupture s'il craint la confrontation d'idées en son sein. Un parti transformateur ne peut pas fonctionner comme une administration : il doit assumer sa conflictualité comme une richesse. Le rôle d'un co-porte-parole est précisément de canaliser cette tension créatrice et de la politiser.

Réhabiliter le dissensus comme principe structurant de notre vie démocratique interne et surtout à l'externe. Cela implique de redonner à la base militante le droit d'initiative politique, de rouvrir les espaces de débat programmatique et de repenser nos pratiques d'écoute : transformer les consultations en véritables délibérations, où la diversité des points de vue n'est pas diluée, mais mise en dialogue.

Le co-porte-parole doit être à l'avant-garde de cette culture du débat : non pas un arbitre neutre, mais un facilitateur politique. Un parti démocratique n'est pas un espace sans contradictions, c'est un espace où elles deviennent productives. Et c'est là que réside la maturité politique : dans la capacité à confronter les désaccords sans rompre le lien collectif.

Si nous ne refondons pas, d'autres le feront

Un parti qui refuse l'autocritique signe sa propre stagnation.Un parti qui se protège du réel pour préserver son confort interne finit toujours par se vider de sa substance politique. Et un parti de gauche qui se coupe du conflit social perd le droit moral de parler au nom du peuple.

Québec solidaire est à la croisée de ces chemins. Il n'est pas en crise ouverte, mais dans une forme de somnolence : celle d'un mouvement qui avance sans trop savoir où, en comptant sur son inertie pour durer. Or, aucun projet de transformation ne peut se maintenir sans tension créatrice, sans remise en question, sans audace.

Si nous voulons que QS soit autre chose qu'un parti « correct », il nous faut retrouver l'esprit de refondation qui l'a vu naître. Ce n'est pas un luxe intellectuel : c'est une urgence politique. Car l'histoire récente nous enseigne une vérité simple et brutale — quand la gauche cesse d'incarner le changement, c'est la droite qui s'en empare.

Nous ne pouvons pas nous contenter d'être la version polie d'une colère populaire que d'autres exploitent avec cynisme. Le danger, aujourd'hui, n'est pas seulement la montée de l'extrême droite : c'est aussi la normalisation d'une gauche qui a cessé de croire qu'elle pouvait renverser la table.

Si un parti n'est plus capable de vivre, de s'adapter, de se remettre en mouvement, alors il devient une coquille. Et il ne faut pas craindre de le dire : les partis ne sont pas éternels. Ils sont des véhicules, des instruments historiques — et, comme tout instrument, ils peuvent être remplacés si leur fonction n'est plus remplie.

Ce n'est pas trahir Québec solidaire que de le dire. C'est, au contraire, être fidèle à ce qui l'a fait naître.

Car QS lui-même est né de cette conscience : celle que les anciens partis de gauche avaient cessé de représenter le monde du travail, les mouvements féministes, écologistes, antiracistes et communautaires.

La refondation de 2006 fut un geste de rupture, mais aussi un geste d'amour pour la politique : le refus de la résignation.

Si QS se ferme à l'autocritique, si la direction préfère la gestion à la refondation, si le débat est étouffé au nom de la discipline, alors il faut être lucides : le mouvement social trouvera un autre véhicule.

Peut-être sous la forme d'un nouveau parti des travailleurs et travailleuses, ancré dans les syndicats de combat, dans les milieux communautaires, dans la jeunesse précaire et dans les luttes environnementales.
Peut-être d'une coalition citoyenne post-partisane, plus souple, plus démocratique, plus horizontale. Mais cette possibilité existe déjà, et elle s'affirme dans chaque frustration militante, dans chaque débat évacué, dans chaque congrès verrouillé.

Il ne s'agit pas d'appeler à la scission, mais de rappeler que la loyauté ne peut pas être confondue avec la docilité. Être loyal envers un parti de gauche, c'est exiger qu'il reste à la hauteur de sa promesse. Nous devons pouvoir dire à Québec solidaire : si tu veux demeurer notre maison politique, il te faut redevenir un lieu de lutte, de conflit fécond et de rêve collectif.

Le rôle d'un co-porte-parole politique, dans cette perspective, n'est pas de défendre le statu quo, mais d'ouvrir les fenêtres. De redonner souffle et direction, même au risque du désordre. Car c'est seulement en acceptant la possibilité de sa propre transformation qu'un parti peut rester vivant.

La gauche québécoise doit redevenir un champ d'expérimentation politique, pas une institution de gestion électorale. Et si cette refondation ne se fait pas à l'intérieur de Québec solidaire, elle se fera ailleurs. Car la soif de justice, elle, ne disparaît jamais. Elle cherche toujours un chemin — et tôt ou tard, elle le trouve.

Vers un nouvel horizon

Les contraintes démocratiques actuelles ne sont pas une fatalité. Elles peuvent être surmontées si nous réaffirmons que la politique n'est pas l'art de gérer, mais celui d'imaginer collectivement.

Une gauche, une gauche de rupture, cette alternative, elle ne se décrète pas du haut : elle se construit dans les pratiques, les liens, les lieux de débat et les gestes d'organisation. C'est en ce sens que le co-porte-parolat, compris comme fonction d'articulation, peut redevenir le cœur vivant de Québec solidaire — un moteur de refondation démocratique, intellectuelle et populaire.

La gauche de rupture, c'est celle qui refuse la résignation, qui oppose à la logique du TINA — There Is No Alternative — la conviction profonde que there is always an alternative.

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États-Unis — Gaza. « Occupations », douze jours de colère à Columbia

En moins de deux semaines, les étudiant·es de l'université new-yorkaise ont amorcé un mouvement de mobilisation étudiante qui s'est propagé dans plus de 300 universités des (…)

En moins de deux semaines, les étudiant·es de l'université new-yorkaise ont amorcé un mouvement de mobilisation étudiante qui s'est propagé dans plus de 300 universités des États-Unis. Le film documentaire réalisé par Michael T. Workman et Kei Pritsker, actuellement en salle, retrace l'émergence et l'évolution de ces journées de mobilisation pour la Palestine qui ont polarisé la première puissance mondiale.

Tiré d'Orient XXI.

Le 17 avril 2024, six mois après le début du génocide commis par Israël à Gaza, les étudiant·es de l'université de Columbia, dans la ville de New York aux États-Unis, mettent en place un campement dans l'enceinte de l'établissement. Leurs revendications sont très simples, et se résument en un slogan de deux mots : « Divulge, divest » (Révéler, désinvestir). Iels demandent à leur université de rendre publics ses investissements, et de cesser de financer des entreprises tirant profit du génocide à Gaza, comme le géant de l'armement Lockheed Martin, dont l'un des ancien·nes dirigeant·es, Jeh Johnson, siège au conseil d'administration de Columbia (1).

Comme toute l'Ivy League, ce groupe rassemblant les universités les plus prestigieuses des États-Unis, Columbia est un établissement privé qui tire de très importants profits de son activité, notamment des frais de scolarité faramineux exigés des étudiant·es. En 2025, ces seuls frais peuvent s'élever pour un·e étudiant·e en licence à plus de 70 000 dollars (plus de 60 000 euros). L'université estime sur son site internet qu'il faut aux étudiant·es non boursier·es — au moins la moitié de celles et ceux en licence — un budget de plus de 93 000 dollars (plus de 80 000 euros) pour couvrir leur inscription, leurs fournitures scolaires, ainsi que leur logement et leur couvert. Ainsi s'explique l'impressionnant montant des investissements de Columbia qui s'élève en 2025 à 14 milliards de dollars (12 milliards d'euros). Quatre-vingt-dix pour cent d'entre eux sont indirects, c'est-à-dire qu'ils se font à travers des sociétés dépendantes de l'université new-yorkaise.

Peu réceptive aux demandes étudiantes et relayant la rhétorique qui assimile toute critique d'Israël à de l'antisémitisme, l'université de Columbia propose aux étudiant·es de rendre publics seulement ses investissements directs, et de formuler une recommandation contre les investissements dans des entreprises associées à la violation des droits humains. Ces mesures, au mieux symboliques, sont reçues par les représentant·es du mouvement comme la preuve de la déconnexion totale de leur établissement envers la réalité. L'université refuse de poursuivre les négociations, et appelle la police new-yorkaise pour briser brutalement l'occupation du campus au bout de son 12e jour.

Entre solidarité et répression

Si la négociation avec leur établissement est un échec, le documentaire Occupations montre la portée exceptionnelle de la mobilisation des étudiant·es de l'université de Columbia. Dans un pays où l'éducation est majoritairement privatisée, l'occupation d'un établissement, situé au cœur de la capitale économique et financière du pays et représentant l'élite, détonne et effraie visiblement aussi bien l'administration de l'université que la majorité législative conservatrice.

Bande-annonce du film Occupation.

Les médias et les nombreux·euses opposant·es de ce mouvement se scandalisent des slogans et des drapeaux palestiniens. Les accusations d'antisémitisme envers le mouvement étudiant de Columbia sont portées jusqu'au Congrès, sans qu'aucune preuve ne soit avancée. En revanche, au sein de la mobilisation, les étudiant·es juif·ves antisionistes rappellent que la libération de la Palestine va de pair avec la lutte contre toutes les formes de racisme et de discrimination. La mobilisation et la forte répression dont elle fait l'objet renvoient à celle de 1968 contre la guerre du Vietnam, et celle de 1985 contre l'apartheid en Afrique du Sud. Là aussi ces mobilisations de l'élite au sein des écoles de l'Ivy League avaient capté l'attention de tout le pays, et secoué l'opinion publique étasunienne. Le soulèvement de Columbia en 2024, dépeint dans les médias comme violent et indiscipliné, apparaît à l'écran comme une occupation soigneuse et fraternelle du campus. La violence se situe alors plutôt du côté de groupes arborant des drapeaux israéliens, qui brandissent des matraques et agressent physiquement les étudiant·es.

Si le mouvement a des détracteur·ices mis·es en avant sur des chaînes de télévision étasuniennes très influentes comme CNN ou Fox News, Occupations nous montre aussi la solidarité qui se constitue d'abord autour de l'occupation du campus de Columbia, puis autour de celles de centaines d'universités à travers le pays. L'une des scènes du documentaire montre un étudiant brandissant son téléphone pour montrer aux étudiant·es de Yale, à l'autre bout de son appel vidéo, la mobilisation sur le campus. Les étudiant·es constituent progressivement une véritable communauté politique à travers le pays. Les habitant·es et les collectifs locaux leur apportent aussi leur soutien, envoyant des messages de solidarité et acheminant des vivres vers les campus fermés au public.

À Columbia et ailleurs, cette solidarité exprimée par les communautés locales est à la hauteur de la répression policière qui cible les étudiant·es, le plus souvent à l'initiative des administrations des universités. Minouche Shafik, présidente de l'université de Columbia en 2024, est devenue le visage d'une élite étasunienne hypocrite aux méthodes brutales, qui ne se rend jamais auprès des étudiant·es pour écouter leurs demandes, refuse de mentionner le sort des Palestinien·nes massacré·es par Israël, et autorise la police à pénétrer sur le campus pour en déloger les occupant·es avec brutalité.

Plusieurs étudiant·es ont subi de lourdes représailles pour leur engagement. Une trentaine d'étudiant·es se sont vu refuser leur diplôme ou ont vu celui-ci retiré. D'autres ont subi des intimidations légales, comme Mahmoud Khalil, étudiant palestinien et porte-parole de la mobilisation. Il a été détenu et menacé de déportation pendant plus de trois mois, jusqu'à sa libération en mars 2025 quand sa détention, provoquée par son engagement politique, a été jugée anticonstitutionnelle.

Une production engagée

Dans la nuit du 29 au 30 avril 2024, la police s'introduit violemment, à grand renfort d'équipements blindés, dans le hall Hamilton de l'université alors occupé par les étudiant·es à la suite d'un ultimatum lancé par l'administration qui exige le démantèlement du campement. Plus d'une centaine d'entre elleux sont arrêté·es. Le bâtiment avait été rebaptisé « Hind's Hall » par les manifestant·es en hommage à Hind Rajab, cette enfant de 6 ans ayant survécu dans une voiture à l'assassinat de toute sa famille qui fuyait les massacres à Gaza, pour que l'armée israélienne tue les secouristes venu·es la sauver, et finisse par la tuer elle aussi.

Les images de l'occupation du hall de Hind font le tour du monde. Cet événement inspire même une chanson éponyme du rappeur étasunien Macklemore, qui, à travers ce titre, rend hommage aux occupant·es du campus de Columbia et exprime son soutien aux Palestinien·nes victimes du génocide israélien.

L'artiste poursuit aujourd'hui son engagement en étant l'un des producteur·ices exécutif·ves du documentaire Occupations. Il figure après celui de la société de production Watermelon Pictures, dont le nom et le logo reprennent le symbole de la pastèque, utilisé pour évoquer la Palestine tout en contournant la censure sur les réseaux sociaux.

Cette société de production, fondée en 2024, est aussi un service de streaming qui se présente comme une « plateforme de changement » et fournit une alternative à Netflix. Le géant mondial du streaming a été véhément critiqué ces dernières années pour son traitement de la question palestinienne notamment avec la série Fauda. Il a été aussi accusé dans plusieurs pays d'avoir retiré des films palestiniens de son catalogue, jusqu'à la suppression de sa collection de 24 films palestiniens intitulée « Palestinian Stories » fin 2024. Des appels au boycott ont suivi ce retrait, perçu comme une suppression culturelle des voix palestiniennes et qui contribue au nettoyage ethnique commis par Israël. Dans un tel climat, une initiative comme celle de Watermelon Pictures n'est pas qu'une proposition culturelle, elle est un parti pris politique dans un monde qui combat activement le narratif et les voix palestiniennes.

S'il inclut des images de Gaza, notamment celle de la destruction méthodique de toutes les universités par l'armée israélienne, Occupations garde cependant comme fil conducteur le mouvement de Columbia. Il en fait un exemple emblématique de la mobilisation en solidarité avec la Palestine aux États-Unis, mais aussi de la répression dont elle fait l'objet. Le documentaire montre que, face au désarroi et au sentiment d'impuissance causés par le génocide et par sa normalisation dans le discours politique et médiatique occidental, l'organisation politique est une réponse. Le film de Michael T. Workman et Kei Pritsker est à la fois une démonstration, par le sujet du mouvement étudiant, et un exemple, par les conditions de sa production. Documentaire politique et politisé, il nourrit et reproduit, en la montrant, la solidarité occidentale envers le peuple palestinien.

Notes

1- NDLR. Membre du Parti démocrate et ancien secrétaire à la Sécurité intérieure de 2013 à 2017 dans l'administration du président Barack Obama, Jeh Johnson a démissionné en novembre 2024 de Lockheed Martin. Ses fonctions dans l'entreprise d'armement ne figurent plus dans sa fiche de présentation sur le site de l'université.

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