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Éoliennes : Autant en emporte le vent

Après les complexes porcins et le gaz de schiste, voici venir le nouvel assaut dans le paysage rural agricole : les éoliennes. Le processus est similaire. Des promesses de richesse sans aucun fondement ni analyse autre que l'intérêt des promoteurs, des consultations bidon, la zizanie.
Agriculteur biologique dans le comté de Lotbinière, je suis témoin de l'enthousiasme maladif de la MRC pour l'implantation de plus de 18 gigantesques éoliennes sur le territoire, essentiellement sur les meilleures terres de la région, sinon de la province. Pour le promoteur Innergex, c'est du gâteau : des sites plats, accessibles, drainés, épierrés. La MRC a même modifié ses règlements pour permettre la construction de ces tours de plus de 200 m de hauteur à 3 mètres de distance des propriétés voisines. En somme, la même distance que votre voisin doit respecter s'il veut placer un cabanon pour ranger sa brouette et son calendrier que son épouse ne veut pas voir dans la maison.
Mais qui suis-je pour ainsi m'opposer à ces magnifiques projets de transition énergétique ? Suis-je donc resté au stade cromagnonesque de consommation de pétrole ? Le premier problème apparent dans cette logique simpliste réside d'une part dans le fait que, de façon globale, les énergies renouvelables ne remplacent pas le pétrole mais ne font que s'y ajouter. Personne n'a jamais réussi à construire ou même entretenir une éolienne sans pétrole. Le plastique employé, mais également les métaux, les lubrifiants, le cuivre pour le transport de l'électricité produite, tout repose sur l'utilisation du pétrole.
Je me permets ici de citer la présentation de l'ingénieur Jean-Marc Jancovici sur la consommation mondiale de l'énergie. Il est assez clair que les énergies d'origine fossile ne font l'objet d'aucune réduction, peu importe quelle autre source énergétique apparaît dans le décor.

Je croirai au scénario de la transition énergétique lorsqu'on me présentera au préalable un plan de réduction des sources d'énergie fossile. Sinon, ce n'est que du vent, au sens propre comme au figuré.
J'ajouterais que le Québec aurait grand intérêt à réduire sa consommation d'énergie au lieu de conclure avec nos voisins du sud des ententes de livraison d'électricité à bas prix sur des périodes de 30 ans. La construction d'éoliennes en zone agricole et habitée y perdrait sans aucun doute son intérêt. Et à propos, j'aimerais qu'on me présente quelqu'un qui, dans le contexte actuel, tiendrait mordicus au respect des ententes de livraison d'électricité à bas prix avec les États-Unis… Si j'y repense, j'en glisserai un mot aux 115 personnes qui ont perdu leur emploi récemment dans mon petit village en raison des sautes d'humeur de l'oncle Donald.
Diviser pour régner
Une vieille recette : traiter les habitants du milieu rural comme des citoyens de seconde classe. Des distances séparatrices de plus de 2 km pour ceux qui résident dans les villages ou les villes (en fait beaucoup plus parce qu'on considère le périmètre urbain), mais de l'ordre de 750 m pour la partie des résidences rurales, dont le fameux 3 m des lots voisins. Fini la tranquillité pour ceux qui circulent sur leurs terres. Avec en prime un bon nanane de 35 000$ par an et par éolienne pour celui qui en fait construire une sur ses champs, mais sans rien pour le voisin. Avec ce genre de projet, on ne fait pas qu'écorcher le paysage, on pourrit le climat social.
La privatisation des profits, la socialisation des dépenses
Dans le cadre de mon parcours du combattant pour comprendre le dossier, je suis allé rencontrer mon conseil municipal. Évidemment, j'avais raté la séance « d'information publique », aucune des trois municipalités où je paie des taxes n'ayant jugé pertinent de m'informer de la tenue d'un tel événement. Idem pour ma MRC. Je me suis donc pointé au conseil avec quelques questions, dont une sur un éventuel fonds de réserve en cas de faillite du promoteur. Qui devra payer si le meneur de projet disparaît et qu'il faut démanteler ? Mon tracteur et moi ? Mon conseil ne disposant d'aucune réponse, on me référa au conseil des maires, où je me rendis, deux fois, avec les mêmes questions. Je prends rendez-vous avec le directeur général, qui ne le sait pas plus. Il me semble pourtant qu'il s'agit d'un élément important. C'est quand même la communauté qui doit financer la moitié du projet, même si mon maire affirme haut et fort qu'il n'en coûtera pas un sou aux citoyens.
J'ai donc assisté aux deux séances publiques subséquentes. L'agent de liaison du promoteur ne sait rien à propos d'un éventuel fonds de réserve. J'obtiens finalement de la part du représentant officiel de l'entreprise l'aveu que s'il y a un problème, le gouvernement assure la garantie. En toute honnêteté, j'avoue que je m'y attendais.
Il en est allé de même avec le plan de financement, la totalité de mon conseil municipal faisant entièrement confiance à une quelconque entreprise comptable, sans en connaître les détails.
Dans tout ce processus, la phrase que j'ai entendue systématiquement, c'est : « Il faut avoir confiance ». Je ne sais pas pour vous, mais chez moi, ça provoque exactement le contraire.
Maxime Laplante,
agronome et agriculteur biologique
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Accélérer l’incompréhension et la confusion climatique locale

Les élections fédérales sont maintenant derrière nous, et si les résultats en ont surpris plusieurs, le nouveau gouvernement, oppositions incluses, ne nous surprendra pas : il ne prendra pas la mesure du réchauffement planétaire et des crises qui s'ensuivent… jusqu'à ce que celles-ci nous rattrapent.
Jacques Benoit et Marc Brullemans
Co-rédacteurs du Plan de la DUC, membres de GMob
Certain.e.s se tournent maintenant vers les élections municipales qui auront lieu dans un peu plus de six mois. La dernière fois, beaucoup avaient voté et élu de nouvelles personnes, espérant une plus grande conscience des enjeux qui nous menacent.
Quatre ans plus tard, les déceptions sont nombreuses : de la part d'élu.e.s qui ont écrit aux partis politiques lors de l'élection fédérale, mais aussi de la part de la population qui s'est vue trahie par des promesses vertes non tenues. L'exemple type est celui de la mairesse de Longueuil, qui appelait récemment à “notre devoir d'agir et notre responsabilité collective” suite à des extrêmes météos s'étant abattus sur sa ville, tout en faisant la promotion de l'expansion de l'aéroport de Saint-Hubert, une infrastructure qui aggrave le réchauffement climatique causant ces extrêmes météos.
Alors, à quoi pouvons-nous nous attendre dans l'année “municipale” qui vient ?
Le 20 avril dernier, Radio-Canada annonçait « Bientôt un plan climatique dans la région de Bécancour ».
Le plan en question découle du programme “Accélérons la transition climatique locale” annoncé l'an dernier par le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCCFP), Benoît Charette. Le ministre avait mentionné que son gouvernement verserait jusqu'à 500 M$ aux municipalités participantes.
Et sans doute pour accélérer la démarche :
• le ministre en avait fait l'annonce endébut février,
• les municipalités (ou MRC) devaient acheminer leur intention d'engagement au plus tard le 15 mars par courriel, et
• l'aide financière serait versée aux bénéficiaires au plus tard le 31 mars 2024.
Le tout, en un mois et demi ! Après quoi, l'élaboration ou la mise à jour de leur plan climat pourrait débuter.
Urgence climatique ? Ou urgence de vider les tiroirs avant la fin de l'année financière ?
À la page 6 duGuide d'élaboration d'un plan climat, sur la définition des objectifs, on pouvait lire :
« Si les élus de l'organisme se sont déjà engagés publiquement pour la lutte contre les changements climatiques, par exemple en adhérant à la Déclaration d'urgence climatique, les objectifs devraient être cohérents avec les engagements déjà existants. »
Mais le guide ne facilitait en rien cette cohérence, puisqu'aucun lien ne conduisait à laDéclaration d'urgence climatique - DUC.
Le guide ne faisait pas plus référence au Plan de la DUC, publié en mars 2021 et transmis à toutes les municipalités. Ce plan, qui est la suite logique de la DUC, énonce les actions à entreprendre : 98 pour les gouvernements fédéral et provincial, 53 pour les municipalités et 59 pour les citoyen.ne.s, pour un total de 210 mesures réparties dans onze chantiers. Ce plan a fait le sujet de 15 articles hebdomadaires consécutifs, entre autres dans les Coops de l'Information au printemps 2021.
Le guide gouvernemental ne référait pas non plus au document « LAST CALL CLIMATIQUE - Pour une mobilisation vitale », publié à la fin août 2021, qui avisait des dangers croissants de tout délai, ou d'action non globale ou incomplète.
Cependant, sachant que l'élaboration du “plan climat local”, sa planification et sa mise en œuvre devaient être approuvées par le MELCCFP, et sous la responsabilité du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation (MAMH), on comprend mieux que le gouvernement voulait s'assurer que l'action reste au niveau « local » ! L'exemple de ladémarche de participation publique à Trois-Rivières montre bien la limite tolérée.
Suivant la liste des 101 municipalités – MRC ayant signifié leur intention, le montant total versé par le gouvernement atteint 127 734 500 $, soit en moyenne 1 264 698 $ par plan climat. Les villes et MRC devraient rendre leurs plans publics dans les prochains mois. Certain.e.s l'utiliseront aux élections municipales de l'automne comme faisant partie de leurs réalisations, voire de leurs prochaines politiques.
Malheureusement, si leurs plans climatiques ne tiennent pas compte des divers niveaux de responsabilités, incluant le fédéral et le provincial, si les mesures prévues ne sont pas à la hauteur des défis qui sont à notre porte, si les actions visent à ne pas nuire au développement économiquequi nous a conduits au précipice actuel, alors cet exercice n'aura servi qu'à augmenter le déficit budgétaire provincial, sans possibilité de réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
Au moment où le monde est entièrement bouleversé par l'irresponsabilité américaine, la campagne électorale fédérale n'a parlé que de fossiles, de pipeline transcanadien, de corridor énergétique, d'exploitation de ressources et de nouveaux marchés. Pour sa part, le gouvernement Legault additionne les tourbières sacrifiées et un troisième lien supposément pour notre bien. Alors que les scientifiques ne cessent de nousalerter sur les impacts de notre inaction, nos dirigeant.e.s ne nous amènent vraiment pas dans la bonne direction.
Dans une récente entrevue radiophonique, une mairesse signataire de la lettre des élu.e.s municipaux disait que « le fédéral a l'argent, le provincial a le pouvoir et les municipalités ont les responsabilités ».
Mais où est le plan ? 101 mini-plans locaux ne font pas un plan global, mais peuvent accélérer localement l'incompréhension et la confusion climatique !
Nous avions un tel plan global : le plan de la DUC, où tous les paliers gouvernementaux sont impliqués ensemble, et avec les citoyen.ne.s, dans une même optique, dans un même plan, chacun selon son niveau. Et il n'a jamais été aussi urgent de le mettre en place !
Et qu'on cesse de nous parler et de se gargariser avec l'adaptation climatique.
"La première adaptation, c'est limiter la cause !"
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Maisonneuve-Rosemont : un hôpital qui met en danger celles qui soignent

Le 29 avril au soir, des orages violents ont frappé Montréal. À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, le pire a été évité de justesse. Une panne de courant majeure a paralysé des secteurs névralgiques.
Le 29 avril au soir, des orages violents ont frappé Montréal. À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, le pire a été évité de justesse. Une panne de courant majeure a paralysé des secteurs névralgiques : le bloc opératoire, les soins intensifs, la salle de réveil, l'unité coronarienne. Des fenêtres ont explosé dans des chambres de patients. Des ascenseurs sont restés bloqués avec du personnel à l'intérieur. Une infirmière a été blessée par une vitre brisée. Des professionnel-les-s de la santé ont dû continuer leur travail dans le noir, à la lueur de lampes frontales et de cellulaires. Tout cela, dans un hôpital public du Québec, en 2025.
C'est un miracle qu'aucun-e patient-e n'ait été gravement blessé ou n'ait perdu la vie cette nuit-là. Mais il ne faut pas se leurrer : ce genre d'incident pourrait à tout moment tourner à la tragédie. Et il n'a rien d'imprévisible. Le problème n'est pas la météo. Le problème, c'est un bâtiment vétuste, surchargé, aux systèmes défaillants, où chaque panne expose la vie des patient-e-s… et celle du personnel.
Ce n'est pas un hôpital, c'est un champ de mines. Et ce sont les professionnelles en soins qui doivent s'y aventurer chaque jour. Partout au Québec, des établissements de santé tombent en ruine pendant que le gouvernement mise sur des mégaprojets, négligeant la sécurité du personnel soignant et de la population. Ces lieux de soin sont devenus des zones à risque.
Le gouvernement parle de reconnaissance. Mais pendant que les ministres félicitent les équipes en conférence de presse, ce sont nos membres qui doivent composer avec des installations délabrées et dangereuses. Ce sont elles qui courent d'une urgence à l'autre, sans savoir si l'ascenseur va fonctionner ou si la génératrice va partir. Ce sont elles qui absorbent les conséquences de la négligence gouvernementale.
Maisonneuve-Rosemont est devenu un repoussoir. Qui voudrait travailler dans un établissement où la simple tempête du mois de mars peut transformer une salle de soins en zone sinistrée ? Comment attirer et retenir du personnel quand la sécurité physique elle-même n'est plus garantie ?
Le ministre Christian Dubé se dit rassuré. Nous, non. Nous sommes inquiètes, épuisées et en colère. Les excuses ne suffisent plus. Les beaux discours non plus. Depuis des mois, le gouvernement recule, temporise, remet les projets à plus tard sous prétexte de rigueur budgétaire. Pendant ce temps, la situation se détériore. Et ce sont nos membres et nos patient-e-s qui paient le prix.
Qui peut croire que si un immense trou s'ouvrait sur une autoroute et menaçait la vie des automobilistes, on attendrait trois ans pour le réparer ? On comblerait ce trou en urgence. On sécuriserait la zone sans délai. Parce que c'est une question de sécurité publique. Eh bien cette logique doit s'appliquer à Maisonneuve-Rosemont. Un hôpital vétuste qui met en péril la vie du personnel et des patients, c'est un gouffre dans notre réseau de la santé. Il faut le réparer. Maintenant.
Tout comme le Collège des médecins du Québec, nous lançons un cri du cœur. Et un cri d'alarme.
Le gouvernement doit immédiatement donner un échéancier clair, contraignant et public pour la réfection complète de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il doit cesser de soumettre le personnel à des risques évitables. Il doit investir sans délai dans un environnement digne pour celles et ceux qui sauvent des vies.
Tant que cet hôpital ne sera pas reconstruit, nous ne pourrons plus nous contenter de la rassurante formule « tout le monde est en sécurité ». Parce que ce n'est tout simplement plus vrai. À l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, la coupe est pleine. Et elle déborde.
Julie Bouchard, Présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec—FIQ
Crédit photo : Jeangagnon, Wikimedia Commons, sous licence CC BY-SA 3.0
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L’Alliance Ouvrière est avec le Syndicat d’Amazon Laval CSN à Montréal : Ici, on boycotte Amazon

Environ 75 manifestants répondant à l'appel d'Alliance Ouvrière bloque actuellement le passage de toute marchandise au terminal intermodal du CN à Côte-Saint-Luc.
“3” mai 2025
tiré de la page facebook d'Alliance ouvrière
Cette action marque l'apogée de la semaine de perturbation économique lancée par l'organisation le 27 mai. Alliance Ouvrière cible ce centre pour son rôle stratégique dans la logistique à Montréal, afin de perturber au maximum la circulation des marchandises et les livraisons sur l'Île.
Nous tentons, par une perturbation directe des opérations économiques, à forcer le gouvernement à répondre aux demandes des travailleurs d'Amazon licenciés et aux exigences citoyennes. Alliance Ouvrière espère que le blocage des profits des collaborateurs de la CAQ brisera enfin le silence du gouvernement, qui détourne ou ignore le débat.
CITATIONS :
"On a rencontré le ministre, puis un candidat CAQ. Aucune réponse. On a manifesté devant chez Jean Boulet, et Legault a dit que c'était honteux. Ensuite, on s'est rendus à l'Assemblée nationale comme il l'avait demandé. Mais encore une fois, rien. Rendu là, il ne reste plus d'alternative. La seule voix que ce gouvernement écoutera peut-être, c'est celle qui menace les profits de ses amis."
– Félix Trudeau, président du Syndicat des Travailleuses et Travailleurs d'Amazon Laval (STTAL-CSN) et membre d'Alliance Ouvrière
"Les milliardaires comme Bezos et les politiciens comme Carney et Legault feraient bien de se préparer : Alliance Ouvrière entend mettre fin au pouvoir des riches pour le redonner aux travailleurs. L'action d'aujourd'hui n'est qu'un simple avant-goût de ce que la population leur réserve s'ils continuent à faire à leur tête. "
– Benoît Dumais, porte-parole d'Alliance Ouvrière
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Semaine de mobilisation et de perturbation économique

29 mai 25
Alliance Ouvrière bloque toutes les livraisons d'un des plus grands bureaux de poste au pays*
*Alliance Ouvrière bloque depuis quelques minutes toutes les livraisons au 333 rue Chabanel, à Montréal. L'action du groupe vise à perturber les livraisons d'Amazon dans l'un des plus grands bureaux de poste au Canada, doté d'infrastructures stratégiques pour la livraison de colis.*
Depuis qu'Amazon a cessé ses livraisons directes au Québec, Postes Canada a pris le relais (avec Intelcom) en signant un contrat de distribution. Une entente vivement dénoncée par Alliance Ouvrière, qui critique le refus de la société d'État de se joindre au boycott d'Amazon et appelle à mettre fin à « l'Amazonification » du service postal.
Pour le groupe, la fermeture des entrepôts d'Amazon et les ordres de retour au travail imposés aux postiers, débardeurs et cheminots s'inscrivent dans une même logique : affaiblir la capacité de la classe ouvrière à obtenir de meilleures conditions de vie face à une concentration croissante du pouvoir entre les mains de l'oligarchie et du patronat.
À l'approche du dépôt du rapport de la commission Kaplan, prévu pour le 15 mai, et alors que la grève pourrait reprendre dès le 22, Alliance Ouvrière réaffirme son appui aux postiers et postières en lutte. Le groupe exige que la surcharge causée par l'afflux des colis d'Amazon soit résolue par la
création de bons emplois stables, et non par le recours au modèle Amazon. Il demande également que les livraisons de fin de semaine soient confiées à des employés à temps plein, et que Postes Canada cesse de viser à la création d'emplois instables.
Cette mobilisation s'inscrit dans la semaine d'action et de perturbation économique organisée par Alliance Ouvrière, du 27 avril au 3 mai. Une action est prévue chaque jour dans le cadre de cette campagne.
*CITATIONS :*
*Félix Trudeau, président du Syndicat des Travailleuses et Travailleurs d'Amazon Laval (STTAL-CSN) et membre d'Alliance Ouvrière :*
« Même si le syndicat des postes n'a pas pris position en faveur du boycott, nous serons toujours présents pour supporter les postiers et postières de la base. Vous n'êtes pas seul face aux attaques antisyndicales, nous avons subi cette vague de plein fouet aussi, et nous sommes avec vous. »
«
Les postiers veulent offrir des services essentiels à la population, les dirigeants de Postes Canada veulent être à la traîne d'une industrie qui les dépasse. Ils ne seront jamais et ne doivent jamais devenir Amazon, même si c'est ce qu'ils voudraient le plus.
»
*Benoît Dumais, porte-parole d'Alliance Ouvrière :*
«
Les ordres de retour au travail, le projet de loi 89, la fermeture d'Amazon après la syndicalisation... Tout ça, c'est dans la même logique, celle d'empêcher à la classe ouvrière de s'organiser et se battre pour ses conditions de vie.
»
*À propos d'Alliance Ouvrière* :
Alliance Ouvrière vise à constituer la classe ouvrière en force politique indépendante. Elle organise et mobilise la classe ouvrière dans les milieux de travail et les autres sphères de la vie sociale afin de récupérer l'outil de la grève politique. Page Facebook :
facebook.com/alliance.ouvriere
*****
Blocage en cours du centre de donné d'Amazon Web Services à Varennes par des militants d'Alliance Ouvrière*
*Varennes, 30 avril 2025* — *Alliance Ouvrière bloque actuellement le passage des employés d'Amazon Web Services (AWS) qui allaient rentrer au travail. Les militants cherchent à perturber le fonctionnement normal du centre de données de Varennes pour mettre de la pression afin que
l'entreprise, qui a renvoyé 4700 travailleurs en janvier, rembourse tout l'argent public qui lui a été accordé.*
Les gouvernements fédéral et provincial ont accordé au cours des dernières années plus de 400 millions de dollars de contrats publics ou subventions à Amazon, dont la majorité à AWS. Par exemple, l'aide de tarifs préférentiels, Amazon paie presque deux fois moins cher son électricité
qu'un travailleur québécois moyen. La multinationale a aussi reçu des rabais supplémentaires de 20% la première année, diminuant de 5% par année.
AWS représentait environ 67% des profits d'Amazon en 2024, comparé à seulement 17% des revenus. C'est donc la division d'hébergement web qui fournit à Amazon les ressources nécessaires pour investir massivement dans une région… et pour s'en retirer aussi rapidement qu'ils sont arrivés.
*CITATIONS*
*Benoît Dumais, porte-parole d'Alliance Ouvrière :*
« Si on dérange, c'est parce qu'eux, ils écrasent. Perturber le centre de données à Varennes, c'est le minimum quand Amazon vide nos coffres, met 4700 personnes à pied, puis continue de rouler sur l'or au Québec. On va se le dire, elle n'est
jamais vraiment partie ! Si elle voulait partir, qu'elle le fasse pour vrai. Nous, on demande que ses actifs soient saisis et remis à la collectivité. »
*Félix Trudeau, président du Syndicat des Travailleuses et Travailleurs d'Amazon Laval (STTAL-CSN) et membre d'Alliance Ouvrière :*
« Quand une multinationale fait ses profits avec nos taxes et notre électricité, elle ne devrait pas avoir le droit de sacrer son camp sans conséquence. Ce modèle-là profite à une poignée d'oligarques et laisse les travailleurs du Québec les mains vides. Amazon peut partir, si elle
rembourse tout ce qu'on lui a donné, autant contrats que subventions. »
*****
AMAZON : Comité d'accueil des travailleurs au ministre Boulet à Québec ce matin*
*Québec, 1er mai 2025* — *Ce matin, les travailleurs licenciés d'Amazon étaient devant l'Assemblée nationale pour accueillir le ministre Boulet. Ils poursuivent leur mobilisation amorcée dimanche à Trois-Rivières, où ils s'étaient rendus devant la maison du ministre pour réclamer une rencontre, en vain. M. Boulet refuse toujours de qualifier le licenciement massif de 4700 personnes comme une crise et d'entamer un dialogue sérieux avec le syndicat.*
Les travailleurs réclament des formations, des compensations justes et des sanctions contre Amazon, qui a violé les lois du Québec en fermant ses entrepôts pour bloquer leur syndicalisation. C'est une pratique illégale, qui est restée sans conséquence.
Le gouvernement ignore toujours des obligations légales claires, c'est-à-dire de mettre en place un comité d'aide au reclassement qui ferait un plan pour s'assurer que les travailleurs licenciés ne resteraient pas trop longtemps sans emplois. À la place, Amazon a remis un contrat à une agence américaine qui propose un simple « coaching ». Selon M. Boulet lui-même, seulement 800 des 4700 licenciés y ont eu accès. La CAQ a pourtant autorisé cette solution.
Le Syndicat des travailleuses et travailleurs d'Amazon (STTAL–CSN) a aussi recueilli des témoignages de chauffeurs qui n'ont reçu aucune compensation suite au congédiement. Bien qu'employés par des sous-traitants (les "DSP", qui n'existaient que dans le contexte d'Amazon, avec leur siège social dans les entrepôts), c'est Amazon qui gérait leur embauche, leurs horaires,
leurs trajets et leur congédiement. Ces compagnies ont été mises en place par Amazon afin d'éviter ses responsabilités légales.
De plus, les travailleurs de l'entrepôt syndiqué DXT4 n'ont reçu que 12 semaines d'indemnités, alors que la loi en exige 16 en cas de licenciement collectif de plus de 300 personnes.
Leurs demandes sont claires : un an de salaire et bénéfices pour compenser les torts, ainsi qu'un soutien gratuit à une formation de reclassification. Le gouvernement a démontré par le passé qu'il pouvait fournir des bourses d'études en contexte de crise, notamment avec la pénurie en santé et en construction. En parallèle, les travailleurs exigent le remboursement des subventions et contrats publics accordés à Amazon, pour sanctionner son non-respect des lois et de leurs droits.
Rappelons qu'en février, les travailleurs avaient arraché une rencontre de cinq minutes avec le ministre Boulet, lors d'un dîner au Château Frontenac. Il leur avait alors affirmé qu'il n'interviendrait pas. Pourtant, des mesures peuvent être mises en place par décret ou via un projet de loi spéciale. Ils avaient aussi rencontré le candidat caquiste Alex Gagné (Terrebonne), qui avait promis d'en parler au ministre Boulet et à la ministre Jourdain.
Cette action s'inscrit dans une semaine de mobilisation et de perturbation économique appelée par l'Alliance Ouvrière.
*CITATIONS :*
*Wesley Marceau, vice-président du STTAL-CSN :*
« Mes collègues ont travaillé fort et se sont blessés à maintes reprises pour cette entreprise. Et qu'est-ce qu'on reçoit en retour ? Un licenciement, un coach de vie, et quelques semaines de salaire. On voulait améliorer nos conditions, et Amazon nous a écrasé. Aujourd'hui, Legault et Boulet ferment les yeux sur une crise qui se passe sous leurs nez. »
*Félix Trudeau, président du STTAL-CSN :*
« On a tout essayé pour que M. Boulet nous entende, mais il continue de faire la sourde oreille. On est allés chez lui samedi et il n'a pas aimé ça, alors on est venus à l'Assemblée nationale. Va-t-il enfin écouter les travailleurs, ou recommencer à dire dans les médias qu'on exagère pour
éviter de parler du vrai problème ? »
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Alliance Ouvrière bloque les marchandises au terminal intermodal du CN à Cote-St-Luc*
*Montréal, 3 mai 2025* - *Environ 75 manifestants répondant à l'appel d'Alliance Ouvrière bloque actuellement le passage de toute marchandise à l'entrée **** de la gare de triage du CPKC de Côte-Saint-Luc. **Cette action marque l'apogée de la semaine de perturbation économique lancée par l'organisation le 27 mai. Alliance Ouvrière cible ce centre pour son rôle stratégique dans la logistique à Montréal, afin de perturber au maximum la circulation des marchandises et les livraisons sur l'Île. *
L'organisation tente, par une perturbation directe des opérations économiques, à forcer le gouvernement à répondre aux demandes des travailleurs d'Amazon licenciés et aux exigences citoyennes. Alliance Ouvrière espère que le blocage des profits des collaborateurs de la CAQ
brisera enfin le silence du gouvernement, qui détourne ou ignore le débat.
Les travailleurs licenciés et les citoyens de la campagne "Ici, on boycotte Amazon" exigent :
- Une indemnité d'un an pour les travailleurs
- Une formation de requalification gratuite
- Le remboursement des fonds publics accordés à Amazon et AWS
- La saisie des actifs d'Amazon au Québec et l'interdiction d'y opérer
Depuis le début de la semaine, Alliance Ouvrière a organisé au moins une action d'envergure par jour :
- Dimanche, les membres de l'organisation, le Syndicat d'Amazon Laval et la campagne de boycott citoyenne ont manifesté devant la résidence personnelle du ministre du Travail Jean Boulet.
- Lundi, Alliance Ouvrière a occupé les bureaux d'Hydro-Québec à Montréal pour dénoncer la vente d'énergie à rabais à Amazon Web Services (AWS).
- Mardi, l'organisation a bloqué l'entrée du bureau de poste Chabanel (où circule beaucoup de colis d'Amazon) pendant plus de deux heures. Le 333 Chabanel est une des plus grosses installations du genre au pays.
- Mercredi, les militants ont bloqué pendant plus de 2h30 l'entrée des employés d'AWS, à Varennes, afin de perturber les opérations du centre de donné.
- Jeudi, Alliance Ouvrière a fait une entrée remarqué à la manifestation du 1er mai, au Parc Lalancette à Montréal, avec une guillotine de deux mêtres de haut.
- Vendredi, Alliance Ouvrière et Désinvestir pour la Palestine ont été faire le ménage du printemps à la Caisse de Dépôt, qui investit massivement dans Amazon, en sortant les meubles du 1er étage de l'Espace CDPQ, à la Place Ville-Marie.
*CITATIONS* :
"On a rencontré le ministre, puis un candidat CAQ. Aucune réponse. On a manifesté devant chez Jean Boulet, et Legault a dit que c'était honteux. Ensuite, on s'est rendus à l'Assemblée nationale comme il l'avait demandé. Mais encore une fois, rien. Rendu là, il ne reste plus d'alternative. La
seule voix que ce gouvernement écoutera peut-être, c'est celle qui menace les profits de ses amis."
– *Félix Trudeau, président du Syndicat des Travailleuses et Travailleurs d'Amazon Laval (STTAL-CSN) et membre d'Alliance Ouvrière*
"Les milliardaires comme Bezos et les politiciens comme Carney et Legault feraient bien de se préparer : Alliance Ouvrière entend mettre fin au pouvoir des riches pour le redonner aux travailleurs. L'action d'aujourd'hui n'est qu'un simple avant-goût de ce que la population leur
réserve s'ils continuent à faire à leur tête. "
– *Benoît Dumais, porte-parole d'Alliance Ouvrière*
*À propos d'Alliance Ouvrière* :
Alliance Ouvrière vise à constituer la classe ouvrière en force politique indépendante. Elle organise et mobilise la classe ouvrière dans les milieux de travail et les autres sphères de la vie sociale afin de récupérer l'outil de la grève politique. Page Facebook :
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Notes sur la situation mondiale et les risques de guerres

Le monde au moment présent bruisse de risques de conflits armés, dont trois concernent des secteurs où ces conflits auraient une portée mondiale immédiate : l'Europe centrale et orientale, le Proche-Orient, la mer de Chine, auxquels vient de se joindre la question indo-pakistanaise. Dans les deux premiers les risques prennent appui sur les développements concernant deux guerres déjà engagées, celle de la Russie contre l'Ukraine et celle d'Israël contre le peuple palestinien.
Seconde guerre en Europe en 2025 ?
Concernant l'Europe centrale et orientale, les personnes sensées et raisonnables qui nous expliquent que la Russie ne peut avoir ni la volonté, ni les moyens, de déclencher à échéance rapprochée une nouvelle guerre ont raison, dans l'optique d'un monde censé et raisonnable.
Dans l'optique, toutefois, du monde réel, ils oublient trois facteurs :
1°) L'Etat et l'économie russe sont voués à la guerre et risquent de disjoncter en cas d'arrêt : ils tiennent par la dynamique guerrière, ils se sont piégés eux-mêmes dans ce processus, qui ne peut pas s'arrêter d'un coup. Une démobilisation poserait encore plus de problèmes que la mobilisation, y compris sur la sécurité intérieure.
2°) Il y a le facteur Trump. Le facteur Trump signifie qu'en cas d'attaque par exemple sur la Baltique il n'y a pas d'OTAN qui tienne. En outre on ne sait pas encore si Trump va rendre son pouvoir durable ou si les contradictions qui sont en train de monter aux Etats-Unis vont le balayer avant.
3°) Compte tenu des points 1 et 2 Poutine n'a pas forcément intérêt à attendre, car attendre, c'est attendre éventuellement la chute de Trump, d'une part, et une réaction européenne sérieuse, d'autre part, plus, éventuellement, le développement de liens économiques Europe/Chine prenant à revers l'ordonnancement actuel des alliances.
Le réarmement européen s'il s'engage sérieusement aurait cinq années devant lui – s'il s'engage sérieusement -, et les gens sensés et raisonnables les moins confiants disent que Poutine se prépare pour « dans 5 ans » : du point de vue de Poutine ceci n'est ni sensé ni raisonnable, il a intérêt à bousculer ce calendrier hypothétique.
S'il est donc tout à fait sensé et raisonnable de penser que la Russie n'a nulle intention d'attaquer qui que ce soit d'autre que l'Ukraine en 2025, dans le monde réel avec ses facteurs non pas sensés et raisonnables, mais réels, ce serait rigoureusement logique.
Attaquer où ? Des troupes russes sont en cours de concentration en Carélie, face à la Finlande. Le pouvoir chinois estimant avoir intérêt au moment présent d'appuyer sur son alliance militaire avec Moscou (y compris, par ailleurs, pour ne pas être débordé par la Corée du Nord), les entreprises chinoises du secteur militaire ne prennent actuellement plus de commandes, se tenant en réserve. La Baltique (plutôt l'Estonie et la Lettonie que la Finlande, et/ou la Lituanie et la Pologne au niveau du corridor de Suwałki) et l'Arctique (donc la Norvège) semblent être les zones immédiatement menacées.
En outre, les menaces des Etats-Unis sur le Canada et sur le Groenland ont été, de fait, un message à Poutine lui disant : le moment venu, tu pourras y aller, comme nous – et on fera la partition du grand Nord.
Pas seulement le grand Nord. J.D. Vance depuis son discours de Munich a proposé, de fait, le partage de l'Europe à Moscou, voire plus encore car son soutien à l'AfD, assorti des mesures de départ/réduction des troupes US restant en Allemagne, comporte un message mettant en cause les acquis des années 1989-1991, réunification allemande y compris (regardez la carte électorale de l'Allemagne actuelle et vous comprendrez). La politique du pouvoir US dans sa pointe avancée ne propose ni plus ni moins qu'un nouveau partage de Yalta.
Pour que ce danger ni sensé ni raisonnable mais d'autant plus réel risque le plus de se réaliser, un « cessez-le-feu » à la sauce Trump-Poutine est nécessaire en Ukraine, c'est-à-dire un cessez-le-feu au maximum aux conditions de la Russie, qui affaiblisse au maximum l'Ukraine tout en permettant à la Russie d'ouvrir un nouveau front.
Un tel « cessez-le-feu » visant à entériner l'occupation de la Crimée, du Donbass et des régions ukrainiennes méridionales, pourrait théoriquement permettre à Poutine de préparer un nouvel assaut contre l'Ukraine voire la Moldavie, mais l'armée ukrainienne de 900 000 hommes et femmes et le peuple ukrainien qui s'y attendent constitueraient un obstacle de taille : le meilleur, ou plutôt le pire, cessez-le-feu trumpo-poutinien, ne semble pas en mesure à ce stade d'annuler ou d'affaiblir ce facteur (d'où la reprise par Trump, à la demande de Poutine, des pressions visant à délégitimer Zelensky) .
Si Poutine veut exploiter la fenêtre de tir que lui fournirait ce dit « cessez-le-feu », ce serait donc plutôt ailleurs, à savoir la Baltique.
Inversement, aider l'Ukraine au maximum et immédiatement constituerait la chose la plus efficace à faire au service de la paix. Le réarmement européen tel qu'il est programmé par les chefs d'Etat et par la Commission européenne est loin d'y répondre : il enrichirait les trusts de l'armement, il pourrait donner lieu à nouveau à des achats aux Etats-Unis bien que l'objectif de « l'indépendance » soit de plus en plus mis en avant, et il mettrait l'accent sur le nucléaire français et britannique. Il ne répond donc pas à l'objectif d'aide immédiate à l'Ukraine, bien qu'il soit vrai que la question d'un réarmement européen se pose bel et bien.
L'aide immédiate à l'Ukraine, elle, peut se faire en puisant dans les stocks existants, en stoppant les ventes aux dictatures (la France depuis 2022 est devenue le second exportateur d'armes et ses clients sont les dictatures et monarchies pétrolières et l'Inde) et les livraisons à Israël, pour réorienter les livraisons vers l'Ukraine.
En apportant rapidement et massivement (ainsi que tentent de le faire les pays baltes) drones, artillerie de défense, moyens de renseignement, et aviation déconnectée des Etats-Unis, à l'Ukraine, elle interdirait toute nouvelle progression aux troupes russes et produirait leur recul, lequel aurait des conséquences déstabilisatrices sur le régime poutinien.
La question militaire européenne est donc une question politique immédiate qui concerne avant tout l'aide à l'Ukraine et qui demande une autre politique que celles de Macron, Merz, Starmer, et bien entendu que celle de Meloni qui cherche à se tenir au plus près de Trump.
Le fait que la gauche et le syndicalisme ne mènent pas campagne pour cette autre politique militaire, laquelle serait bien entendu un aspect de l'autre politique d'ensemble, démocratique, sociale et écologique, qu'il faut défendre, est un manque décisif contribuant à la montée du risque de guerre. En s'illusionnant sur la « paix en Ukraine » à quelque condition que ce soit, en faisant fi des populations sous occupation, voire en préconisant le « cessez-le-feu partout », on fait en réalité le jeu de la guerre. C'est donc le « pacifisme » à gauche qui, en empêchant de lutter pour une politique militaire démocratique immédiate, contribue le plus au risque de guerre.
La résistance ukrainienne reste le principal facteur de paix, la seule lutte réelle pour la paix et le seul antifascisme digne de ce nom étant la lutte contre l'Axe Trump/Poutine. La puissante mobilisation prolongée de la jeunesse serbe, entrainant toute la société, pointe avancée des mobilisations populaires montante dans les Balkans, ainsi qu'en Turquie, défie aussi l'ordre de Trump/Poutine. Or, l'Union Européenne qui dit défendre la démocratie, traite le pouvoir serbe comme s'il était légitime, et la France de Macron a fait de ce pouvoir proche de Poutine l'un de ses clients pour les Rafales. Question sociale, question démocratique et question militaire, là aussi, devraient être liées par les forces dites de gauche, car elles sont liées.
Le salut de Gaza passe par la défense de la révolution syrienne.
En ce qui concerne maintenant le Proche et le Moyen Orient, les personnes sensées et raisonnables au moment présent n'osent plus dire grand-chose, car le viol massif du cessez-le-feu suivi de la pire offensive contre le peuple de Gaza, par le pouvoir et l'armée israéliens, faisant totalement fi du sort des otages israéliens du Hamas, depuis le 18 mars 2025, apparaissent ouvertement comme n'étant vraiment ni sensés, ni raisonnables.
Ils sont pourtant, hélas, parfaitement logiques du point de vue de Netanyahou, tant pour son intérêt personnel étroit que pour la ligne de fuite en avant de l'extrême-droite raciste qui le soutient, et qui se sent pousser des ailes en raison de l'Axe Trump/Poutine.
L'alternative sensée et raisonnable en effet, celle, ici, du cessez-le-feu, conduisait à la chute de deux pouvoirs politiques aux destins liés : celui du Hamas et celui de Netanyahou.
A Gaza l'irruption de manifestations contre le Hamas, violemment réprimées par celui-ci mais aussi, de fait, par les bombardements israéliens, est un fait récent marquant. Et s'il est vrai que le clivage principal dans la société judéo-israélienne ne porte pas directement sur le rapport colonial aux Palestiniens (à l'exception de Standing Together), le clivage aigu sur la démocratie, l'Etat de droit et la corruption, envers Netanyahou et ses sbires, est essentiel pour les possibilités de défense de leurs droits par les Palestiniens.
Mais le fait central dont Netanyahou, et derrière lui Trump et Poutine, veulent annuler la portée, c'est la révolution syrienne. Une Syrie souveraine et démocratique serait un exemple pour toute la région, et un appui décisif aux Palestiniens pour se débarrasser du Hamas, de l'« axe de la résistance » et donc pour pouvoir combattre efficacement Netanyahou et la colonisation, ainsi qu'aux Libanais pour reconquérir Etat de droit et démocratie. Netanyahou a donc intérêt à exploiter et aggraver au maximum la crise du nouveau régime syrien.
Celle-ci peut s'expliquer globalement : la victoire populaire massive sur le régime d'Assad contredisait totalement l'ordre de Trump, de Poutine, de Netanyahou, de l'Iran, tous ensemble et à la fois, mais si le nouveau pouvoir formé par le Hayat-Tahir-al Cham (HTC) ne présentait pas le danger de vouloir instaurer un soi-disant Etat islamique comme bien des commentateurs l'ont prétendu, il n'avait guère d'autre boussole que de tenter de passer pour le garant d'un ordre bourgeois acceptable.
Un pouvoir démocratique déterminé aurait sans doute engagé rapidement un processus électoral constituant allant de pair avec la formation d'une armée nationale populaire prenant la place des milices. Là, le HTC a combiné compromis avec l'ancien appareil d'Etat d'Assad et règlements de comptes quasi privés. Voici quelques semaines, le « dérapage » s'est produit, attisé par les provocations extérieures (en l'occurrence : iraniennes d'un côté et turques de l'autre) : des alaouites ont subis des massacres de masse. Il ne s'agissait pas de règlements de comptes avec des hommes de l'ancien régime, lesquels ont bien sûr utilisé la situation, mais de massacres communautaires.
Ceci a ouvert une nouvelle situation, dans laquelle Netanyahou s'engouffre, en cherchant à manipuler les druzes, avec un objectif : surtout pas une Syrie souveraine et démocratique, exemple pour toute la région et appui politique inédit aux Palestiniens et aux Libanais.
La révolution syrienne, avec la résistance ukrainienne, est la pointe avancée de la contre-offensive des peuples à l'Axe Trump/Poutine. Il faut la soutenir impérativement, en exigeant la levée de toutes les sanctions toujours maintenues, et en diffusant des informations issues de la Syrie.
Et soutenir la résistance palestinienne, qui ne consiste pas dans les opérations armées du Hamas dont le trait n°1, outre son orientation pogromiste envers les Juifs, est de dessaisir les Palestiniens de toute autonomie, mais dans la manière héroïque, formidable et terrible, dont ce peuple résiste avec ses pieds en ne partant pas.
Le soutien à cette véritable résistance palestinienne passe par le soutien à la révolution syrienne et par le combat contre l'Axe Trump/Poutine, porteur d'une politique dans laquelle tout est lié : menace génocidaire sur les Ukrainiens, menace génocidaire sur les Palestiniens, menace de déportation massive des migrants, menace contre l'Etat de droit.
La menace génocidaire contre les Palestiniens, indépendamment de l'emploi fétichiste du terme « génocide » jusque-là, par un mouvement dit propalestinien aussi impuissant qu'il est étendu, risque de se concrétiser maintenant, maintenant que « Genocide Joe » a été battu (et que ce mouvement y a contribué) : par la destruction totale de Gaza et la concentration, en un camp, de ses deux millions d'habitants qui y seront affamés, au Sud du territoire, par l'accélération drastique de la colonisation en Cisjordanie, le tout allant avec la transformation de la société israélienne en un Etat policier et totalitaire.
Ajoutons que la séance de longue durée de « ball-trap à Bab-el-Mandeb » – voir à ce sujet monarticle de décembre 2023 – n'a rien à voir avec le « soutien à la résistance palestinienne » mis en avant par les Houthis, et participe d'un grand jeu stratégique renchérissant conditions et tarifs du fret maritime et des compagnies d'assurance, dans lequel les Houthis, qui partagent avec l'Arabie saoudite la mission de réprimer les aspirations démocratiques des Yéménites, sont les instruments combinés de l'Iran, de la Russie et de la Chine, les Etats-Unis menant la bataille maritime contre eux depuis 2023.
En outre, la rive africaine de la mer Rouge, théâtre de la guerre en réalité la plus sanglante de ces dernières années, à peu près totalement passée sous silence, de la part du régime néo-impérial éthiopien contre le peuple du Tigré, suscite les intérêts impérialistes, avec l'Ethiopie, nouveau champ d'investissement de capitaux des « BRICS+ » dont elle est membre, et les Etats fantômes issu de la Somalie où l'administration Trump agite le délire de déporter les Gazaouis …
Or, les affaires croquignolesques de fuites du ministre taré et suprématiste de la Défense américaine, Pete Hegseth : successivement invitation par erreur d'un journaliste non trumpiste sur une boucle de messagerie Signal non sécurisée portant sur les frappes anti-Houthis, boucle comportant Vance et autres hauts dirigeants, dont l'un se trouvait à Moscou, puis nouvelle révélation sur le fait qu'Hegseth partage avec sa famille et son avocat les informations confidentielles sur ce même sujet …, le tout associé à la pénétration de l'appareil d'Etat US par les services russes sous l'administration Trump, ne laisse guère de doute sur le fait que la Russie est parfaitement au courant des gesticulations US en mer Rouge et dans l'océan Indien, censées menacer l'Iran.
Gaza : contre le Hamas et les bombardements israéliens, « Nous refusons de mourir ».
Mer de Chine, Taiwan … et grèves, grèves, grèves.
Concernant la mer de Chine, la menace de guerre pour « reprendre » Taiwan, de la part de la RPC (République Populaire de Chine), s'est accentuée, ce que des exercices et provocations militaires fréquents, ainsi que des opérations de « guerre hybride » ne cessent de manifester, depuis l'arrivée de Trump.
On sait que la ligne générale de Trump, mais pas seulement de lui, était de séparer la Russie de la Chine en livrant l'Ukraine à la Russie. C'est manifestement très mal engagé.
Mais à la tentative d'un ordre mondial antichinois à deux (« duplice » Etats-Unis/Russie) pourrait se substituer, au moins pour un temps, celle d'un partage à trois (« triplice ») incluant la Chine, et lui livrant donc Taiwan en même temps que l'Europe, au moins orientale et centrale, serait livrée à la Russie, et que les Etats-Unis mettraient la main sur l'Amérique du Nord jusqu'au Groenland.
Le transfert, qui est engagé, des ateliers de production de la première firme productrice de semi-conducteurs au monde, TSMC, de Taiwan aux Etats-Unis, faciliterait le « deal » temporaire.
L'érection de la Corée du Nord en acteur de l'ordre impérialiste multipolaire, comme centre de production d'armes et fournisseur de la Russie, suivi de l'envoi de troupes nord-coréennes contre l'Ukraine, a « doublé » la Chine, qui ne contrôle pas Pyongyang, mais a pour l'heure plutôt poussé le régime chinois à renforcer son orientation eurasiatique.
Cependant, intervient depuis le 2 avril dernier, massivement, un facteur supplémentaire, la guerre tarifaire de Trump. Le partage impérialiste du monde est associé à la fragmentation du marché mondial et de la division internationale du travail, combinée à la « mondialisation », reproduisant, dans des conditions aggravées, la situation mondiale de fragmentation des années 1930. Et la première offensive tarifaire était très défavorable à la Chine, en fait destructrice de son commerce extérieur. Elle était, par contre, favorable à la Russie, qu'elle épargnait ainsi que la Corée du Nord, mais l'affectait par ricochet par la déflation des prix pétroliers.
Cette offensive globale a été perdue par Trump : les taux d'intérêts de la dette publique états-unienne se sont mis à monter, l'ensemble de la finance internationale cherchant à s'en dessaisir, signe d'une perte historique de confiance dans la solvabilité de ce qui est encore la première puissance impérialiste mondiale, et facteur d'endettement aggravé pour elle. D'où les manœuvres de recul de Trump qui n'ont cependant absolument pas ramené « la stabilité ». Et, dans le krach boursier des 2-5 avril, la firme TSMC est de celles, avec les « GAFAM », qui ont le plus perdu.
Ces développements donnent l'impression d'une Chine patiente et sûre d'elle et d'un pouvoir qui se joue de cet agité de Trump en voyant loin, lui. Or il faut le dire : cette représentation est fausse. Toute la période de guerre des tarifs commerciaux a vu des signes d'affolement dans les sommets chinois, de longues absences de Xi Jinping et la poursuite de purges concernant les appareils militaires et de sécurité. Mais surtout, il y a une nouvelle vague de grèves en Chine. Je donne ici un long extrait, il le mérite, en traduction de l'italien du très précieux blog d'Andrea Ferrario, qui a lui-même résumé le texte chinois des informations provenant de la chaine Telegram d'un groupe chinois d'opposition dénommé « Bolchevik » :
« L'article des activistes chinois commence par décrire la mobilisation importante des travailleurs de BYD [construction automobile] à Wuxi [près de la côte Sud, au Fujian] et Chengdu [énorme ville au Sichuan] qui, entre fin mars et début avril, ont organisé une grève coordonnée dans plusieurs provinces impliquant des milliers de personnes. Cet événement est identifié comme un modèle pour les luttes ultérieures des travailleurs chinois. Malgré la répression violente des forces de police, qui a temporairement freiné le mouvement, l'expérience accumulée de lutte a continué à prospérer ailleurs, contribuant à construire une base matérielle solide pour la croissance des luttes de classe.
Selon les données recueillies par la plateforme « Yesterday » (yesterdayprotests.com), jusqu'au 22 avril 2025, en plus de la grève de BYD, au moins 17 autres grèves et manifestations à grande échelle ont eu lieu. L'article les énumère méticuleusement, en fournissant des dates, des lieux et les revendications de chacun. Parmi eux se trouvent 200 employés d'hôtel qui ont fait grève à Shenzhen du 31 mars au 20 avril pour réclamer des salaires impayés ; des milliers de travailleurs de l'aciérie d'Anyang dans le Henan, qui ont manifesté le 1er avril pour réclamer leurs salaires et leurs avantages sociaux suite à la fermeture de l'usine ; des dizaines de médecins et d'infirmières de Fuzhou, dans le Jiangxi, se sont rendus au gouvernement de la ville le 7 avril pour réclamer leurs salaires impayés.
La liste continue avec les travailleurs de l'automobile en grève à Wenzhou et Nanjing entre le 7 et le 8 avril ; des centaines de travailleurs d'une usine de conteneurs à Fuqing, dans le Fujian, se sont mis en grève les 9 et 10 avril ; les travailleurs de l'industrie de précision à Shenzhen qui ont organisé une deuxième grève le 10 avril pour exiger des avantages de redéploiement ; des centaines d'ouvrières d'une usine d'électronique à Wuhan, dans le Hubei, qui se sont mises en grève le 10 avril mais ont été réprimées ; et de nombreuses autres manifestations dans diverses villes et secteurs industriels.
L'article se concentre ensuite sur trois cas considérés comme particulièrement significatifs.
Le premier est la lutte des chauffeurs de camions de déchets de construction à Chongqing [autre ville majeure du Sichuan], du 11 au 16 avril. Ces travailleurs, qui font un travail sale et éreintant mais ne reçoivent que des « miettes », se sont regroupés pour protester contre les tentatives du service de gestion de la ville de les exclure du marché de l'enlèvement des déchets ou de les forcer à accepter des salaires inférieurs par le biais d'un système de certification qui favorise les entreprises monopolistiques. Leur action coordonnée dans plusieurs quartiers a conduit le service de gestion urbaine à abandonner temporairement ces pratiques. L'article souligne qu'il s'agit d'un exemple rare de victoire du jour au lendemain dans le contexte économique actuel, attribuant ce succès à la capacité des travailleurs à s'unir au niveau de la ville et à paralyser efficacement la production. Les auteurs émettent l'hypothèse que derrière un tel mouvement organisé, il doit y avoir des dirigeants ouvriers déterminés et des structures organisationnelles efficaces.
Le deuxième cas examiné concerne les manifestations dans une mine chinoise en Indonésie, où le 16 avril des centaines de travailleurs chinois ont entamé une lutte pour récupérer les salaires et les comptes impayés. Inspirés par cette action, les travailleurs indonésiens ont rejoint la grève le 18 avril, démontrant ainsi comment la solidarité internationale peut émerger naturellement des luttes des travailleurs malgré les différences culturelles. L'article souligne comment l'intégration du marché mondial et la migration centralisée de la main-d'œuvre ont créé des intérêts communs parmi les travailleurs de nationalités différentes.
Le troisième cas concerne les ouvriers d'une usine de papier à Zhaoqing, dans le Guangdong, qui ont manifesté du 7 au 22 avril contre les licenciements et les salaires impayés. Face à la police armée qui bloquait l'entrée de l'entreprise, les travailleurs ont réagi par des moqueries collectives en dialecte local [cantonais], démontrant qu'ils ne craignaient pas la répression et manifestant une haine ferme envers la classe dirigeante. Cette attitude est interprétée comme emblématique de l'esprit militant des travailleurs à travers le pays alors que la vague de grèves s'intensifie.
L'article conclut en soulignant que la récession économique et la guerre commerciale mondiale qui ont déclenché la vague actuelle de grèves ne font que commencer, ce qui suggère que les luttes des travailleurs pourraient s'intensifier davantage dans le contexte d'un probable ralentissement économique mondial.
Un texte similaire, mais moins détaillé, a également été publié par le China Labour Bulletin, qui donne également un bref aperçu des luttes de mars. Vous pouvez également y consulter ses cartes détaillées des grèves et des manifestations des travailleurs. Autres sources qui suivent quotidiennement les luttes sociales en Chine : Labor Power et Yesterday [v. ci-dessus], Labor Fact qui publie occasionnellement des informations. La chaîne Telegram du célèbre dissident Teacher Li se concentre principalement sur les phénomènes généraux de protestation et d'insubordination, mais publie également souvent des documents sur les actions des travailleurs. »
Ce sont là des données centrales. Est-il besoin de préciser que ce sont là des grèves économiques, mais qu'en tant que telles leur contenu politique est décisif, chacune constituant un affrontement avec le pouvoir du PCC, le « Parti Capitaliste Chinois » : « La lutte de classe à classe est une lutte politique » (Marx, Misère de la Philosophie).
La grève en Indonésie indique en outre que la lutte des classes en Chine intérieure et la lutte des classes dans toute la région interagissent. Ce sont ces données fondamentales, et non pas les Etats-Unis, qui font avant tout hésiter Xi Jinping et son oligarchie à propos de Taiwan. Ils sont en train de digérer Hong-Kong, et ce n'est pas fini. Taiwan pose un autre problème. Traditionnellement, une vision « anti-impérialiste » considère sommairement que la nation chinoise s'est réunifiée contre les Japonais et les occidentaux et donc que Taiwan en fait partie, mais en fait Taiwan n'a été liée à la Chine que tardivement et épisodiquement et sa population est plus diverse, par la présence de diverses couches de chinois et par celles de peuples austronésiens, que dans les régions chinoises côtières proches. Elle aurait peut-être adhéré à une Chine démocratique, unifiée réellement par en bas, celle pour laquelle combattait le vrai fondateur du communisme chinois, Chen Duxiu, autour du mot d'ordre de constituante. Mais la Chine de Mao, de Deng puis de Xi est restée un empire, qui opprime des nationalités, construit militairement par en haut et qui est devenu un repoussoir pour les Taiwanais, qui doivent être libres de s'autodéterminer. Leur intégration à la Chine de Xi ne pourrait qu'être un écrasement totalitaire. Réciproquement, leur aspiration à l'indépendance peut être une source d'inspiration pour les Chinois continentaux.
Lutte des classes et lutte démocratique sont plus que jamais liées et l'Asie orientale l'illustre avec force : en Corée du Sud, la population et au premier rang la classe ouvrière ont chassé un président qui aspirait à la dictature en se référant à Trump. Mauvaise nouvelle pour Trump, mais aussi pour Xi Jinping, mais aussi pour Kim-Jong-Un.

Grèves de masses en Chine, avril 2025.
Inde/Pakistan, en plus du reste …
Cependant, alors qu'une chaleur mortelle approchant les 50 degrés, au mois d'avril dans l'hémisphère Nord, accable les peuples pendjabi, cachemiri, sindhî … présents de part et d'autre de la « frontière » taillée par la violence en 1947, les chefs d'Etat Modi, en Inde, ethno-nationaliste hindou, affaibli par les dernières élections et par l'effervescence sociale dans le pays, et le premier ministre Sharif, au Pakistan, de la Ligue musulmane, sont tentés par la fuite en avant guerrière pour surmonter les mouvements sociaux et frapper des boucs émissaires dans leurs deux pays.
L'attentat de Pahalgam, au Cachemire, 26 morts le 22 avril dernier, a été saisi par Modi pour intensifier la terreur antimusulmane en Inde et annoncer que le Pakistan allait subir des représailles militaires. Dans l'immédiat, les victimes sont les populations à nouveau expulsées de part et d'autre d'une frontière qui ne vient pas de la lutte des peuples, mais d'une manipulation coloniale relayée par des forces réactionnaires.
Modi doit rétablir une autorité ébréchée et l'Inde, dans le concert de la multipolarité impérialiste, doit s'affirmer. Il joue donc avec le feu, les deux Etats ayant l'arme nucléaire. Chine, Etats-Unis et Iran leur ont demandé de se calmer !
La dynamique d'un éventuel conflit armée indo-pakistanais pousserait la Chine, allié et tuteur économique du Pakistan, à intervenir, ce qui ne semble pas lui convenir à cette étape.
Il n'est donc pas impossible qu'en plus de tout ce qui précède, un « accident » majeur n'éclate aussi de ce côté-là. Cependant, les dirigeants indien et pakistanais sont principalement mus par l'utilisation de leur conflit récurrent pour calmer menaces et contestations internes. Ils ne cherchent pas à entrer dans un conflit armé total. Mais ils sont capables de le provoquer, au risque de déchainer également la révolution dans le sous-continent.
* * *
Les quatre zones dont il vient d'être question sont les plus « sensibles » en raison de la connexion immédiate entre les évènements militaires qui s'y produisent et peuvent s'y produire, et les grandes puissances impérialistes de la planète. Ce sont loin d'être les seules zones de guerre : cet article ne prétend pas à l'exhaustivité.
La situation dans l'Est du Congo, où le Ruanda se comporte comme une sorte de mécano sous-impérialiste et prédateur, ce que ne légitime en rien le fait que son régime ait pris le pouvoir suite au génocide de 1994 ; les tensions en Afrique occidentale notamment entre le Mali et l'Algérie, l'impérialisme russe étant maintenant le gardien prétorien des dictatures au Mali, au Burkina, au Niger, en Centrafrique ; la guerre des factions militaires au Soudan, qui a joué le rôle d'une contre-révolution et qui menace de génocide certains peuples comme les Massalits ; la dictature mafieuse au Venezuela tentée d'opérer une diversion armée au Guyana … : tous ces foyers d'horreurs sont réactivés dans le désordre mondial de l'Axe Trump/Poutine et du grand partage avec Xi.
Ce n'est pas un retour au XIX° siècle, c'est pire : à l'ère au grand réchauffement climatique, c'est la barbarie impérialiste qui arrive. Il est illusoire, où que vous soyez, de croire y échapper. Seule issue, la lutte sociale, bien sûr, et seule perspective réaliste (et non grigri culturel) : la révolution, démocratique et prolétarienne, mouvement réel qui est déjà là car il s'agit de notre survie et de celle de nos enfants. A ces généralités, il convient d'ajouter que la question militaire s'impose dans toute stratégie révolutionnaire. Le survol auquel je viens de me livrer, dans chaque secteur, la pose à sa manière. La question militaire, c'est-à-dire celle des armes pour la révolution et les combats populaires, combinée à celle de leur attitude envers les conflits armées, en toute indépendance de classe, c'est-à-dire de la manière d'intervenir dans ces conflits, qu'elle soit, selon les cas, pacifiste, belliciste, défaitiste ou défensiste.
Or, par-delà l'impression de diversité voire d'éclatement que peut donner le tableau des « points chauds », ils ont un point commun qui est la marque de la réaction sur toute la ligne que constitue la multipolarité impérialiste, c'est l'abaissement de l'Europe.
On voit arriver d'une part la liquidation des restes de possessions « outremer » des puissances européennes. Le Groenland est ici symbolique, dernière possession européenne de très grande taille relevant du continent américain. S'opposer, comme le fait sa population, à la menace étatsunienne, ne conduira pas à réaffirmer son appartenance danoise, mais conduit à sa véritable souveraineté et indépendance.
La France, pour le reste, est en première ligne au plan mondial. On a la liquidation engagée de la Françafrique, qui va conduire au heurt des peuples avec l'impérialisme russe : ce heurt ne ramènera pas la Françafrique, mais est la voie vers la vraie indépendance. De même pour l'outremer française, avec cette anomalie mondiale que constitue le parc français de Zones Economiques Exclusives (ZEE) maritimes : la menace chinoise en Kanaky/Nouvelle-Calédonie n'est évidemment pas un argument contre son indépendance. Mais il est clair que les restes coloniaux européens ne sont pas convoités par les autres impérialismes pour leur assurer la liberté !
D'autre part et surtout, on voit arriver le projet d'asservissement du continent européen lui-même, soit par livraison de l'Europe centrale et orientale à la Russie, soit par soumission de tout le continent via des gouvernements d'extrême droite, éventuellement flanqués de populo-staliniens « de gauche » à la sauce Wagenknecht.
Que l'on se comprenne bien : le fait que les puissances impérialistes européennes soient l'objet d'une tentative les visant de mise hors-jeu, de la part des mastodontes américain, chinois et russe, est en soi indifférent aux intérêts de l'humanité et n'appelle nulle défense des dits impérialismes européens, ancêtres de tous les autres et concepteurs premiers de tous leurs crimes.
Mais le rétablissement d'une domination russe, qui serait le relais des capitaux chinois et du retour partiel des capitaux américains mais exercerait directement son knout, sur l'Est du continent, n'est pas indifférent au « statut » notamment de l'Allemagne, où le spectre de la partition du pays revient à travers la carte électorale, et aussi à la situation de la France, de l'Italie et du Royaume-Uni.
De ce fait, les réflexions du genre « la menace russe concerne les baltes mais pas l'Europe occidentale » sont déplacées et erronées, si l'on comprend qu'il ne s'agit pas seulement de la « menace russe » en tant que telle, mais de la décadence impérialiste comme forme barbare du capitalisme au XXI° siècle, dans le cadre d'un partage du monde qui, lui-même, ne conduira pas à l'entente entre les mastodontes qui se le seront partagés, mais à la guerre entre eux.
Le vrai combat pour empêcher cette guerre, c'est donc le combat pour l'indépendance de l'Europe, mais une Europe non impérialiste. Les forces politiques qui cherchent à réagir dans le sens d'une résistance, d'un réarmement, européens, en gros les libéraux, conservateurs « classiques », démocrates-chrétiens, social-démocrates et écologistes à l'échelle du continent, ne peuvent l'engager vraiment, car leur base est celle de la défense des impérialismes européens.
Il ne s'agit pas de défendre les impérialismes et le capitalisme européens, il s'agit de défendre les conquêtes sociales, démocratiques et culturelles. Et cette bataille sera une bataille centrale de l'affrontement mondial entre les classes. Elle va faire de l'Europe, non pas le foyer de la domination capitaliste et impérialiste qu'elle a été, mais un épicentre révolutionnaire mondial, à rebours de toutes les phrases sur le « Sud global », qui n'existe pas mais dans lequel des dizaines de peuples se battent pour survivre contre le désordre barbare actuel.
L'union démocratique et socialiste des peuples européens comme perspective, et dans l'immédiat la défensive pour sauver les Ukrainiens, les Palestiniens et l'Etat de droit : cette perspective stratégique en Europe, avec sa dimension militaire qui ne sera pas un à-côté mais un aspect essentiel, c'est la forme contemporaine concrète de la révolution prolétarienne et démocratique pour sauver un avenir humain dans un monde habitable.
VP, le 02/05/25.
Source : APLUTSOC https://aplutsoc.org/2025/05/02/notes-sur-la-situation-mondiale-et-les-risques-de-guerres-par-vincent-presumey/
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2000 départs à la retraite : Le gouvernement gère mal ses ressources

Québec, le 1er mai 2025 — Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) juge que le premier ministre François Legault néglige de bien gérer ses ressources humaines et financières en misant sur le non-remplacement de 2000 nouveaux retraités de l'État cette année.
« Demander aux gens de toujours faire plus avec moins, sans tenir compte de l'expertise des personnes qui partent de surcroît, est une solution simpliste, inefficace et carrément nuisible. Si le personnel a augmenté dans les dernières années, c'est en partie pour répondre aux besoins de la population qui augmente, mais aussi pour gérer la multiplication des programmes et des exigences mis en place par le gouvernement lui-même. Nos membres sont fiers de servir la population québécoise, mais il y a des limites à presser le citron. Plusieurs d'entre eux sont tout simplement au bout du rouleau », souligne Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.
Le syndicat rappelle que le non-renouvellement des contrats occasionnels est maintenu également, ce qui donne aussi lieu à des situations particulièrement absurdes. « Le contrat d'une de nos membres du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs n'a pas été renouvelé, par exemple. Mais comme elle détenait une expertise très pointue que ses collègues n'avaient pas, son ex-employeur lui a offert un contrat comme consultante. Voilà ce qui arrive quand on fait n'importe quoi n'importe comment », déplore M. Bouvrette.
Le gouvernement maintient son gel d'embauche et mise sur des consultants beaucoup plus coûteux pour répondre aux besoins. « On a bien vu avec SAAQclic les dérives qui peuvent survenir quand la sous-traitance devient incontrôlable. Miser sur l'expertise interne serait une mesure beaucoup plus économique, mais elle ne permettrait pas au premier ministre d'adopter un discours populiste en se vantant de couper des fonctionnaires », ironise M. Bouvrette.
En attendant, les exemples de réduction de services se multiplient. « Dans les cégeps, des jeunes auront difficilement accès aux services de psychologues et de conseillers en orientation, par exemple, parce qu'on coupe les heures supplémentaires. À la CNESST, certaines inspections ne se font plus parce que des entreprises sont tout simplement trop loin et qu'on a réduit les dépenses de déplacement. Le gouvernement a même gelé les embauches d'agents de probation responsables du suivi de détenus en liberté conditionnelle, mettant ainsi à risque la population. Quand le gouvernement dit que les services ne sont pas affectés, c'est un mensonge éhonté », dénonce M. Bouvrette.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.
Source
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
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1er mai : Des rues pleines contre un gouvernement vide d’écoute

Des centaines de personnes se sont rassemblées dans les rues de Montréal, le 1er mai, dans le cadre de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, afin de dénoncer les mesures d'austérité imposées par le gouvernement Legault, qui s'attaque aux droits de la personne et érode l'édifice social dont s'est doté le Québec.
Tiré de Ma CSQ. Photos : Félix Cauchy-Charest.
Parmi les marcheuses et marcheurs, des militantes et militants de la CSQ ont tenu à prendre part à l'événement, organisé par la Coalition du 1er mai, qui a eu lieu sous le thème « Toujours debout contre l'austérité ».
« Si le gouvernement a fait le choix de l'austérité, ce n'est certainement pas celui des travailleuses et des travailleurs. C'est un film dans lequel le Québec a déjà joué et dont les grands gagnants sont les mêmes qui votent ces mesures d'austérité : le patronat et les plus riches. Et, ô surprise, on retrouve plusieurs de leurs représentantes et représentants au gouvernement », ont déclaré par voie de communiqué les porte-paroles de la Coalition, Dominique Daigneault, du Conseil central du Montréal métropolitain-CSN, et Cheolki Yoon, du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI).
Selon la Coalition, dont fait partie la CSQ, les mesures d'austérité fragilisent considérablement la société, les services publics et le filet social, affectant en premier lieu les populations les plus vulnérables. Le gouvernement a choisi de se priver de revenus en appliquant des baisses d'impôt plutôt que d'investir dans les services publics et les programmes sociaux, qui profitent à toutes et tous.
Les organisations syndicales rencontrent le premier ministre
En marge de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, les représentantes et représentants de la CSQ, de la CSN, de la FTQ et de la CSD ont rencontré le premier ministre, François Legault, afin de discuter du projet de loi no 89. Déposé par le ministre du Travail, Jean Boulet, ce projet de loi vient restreindre le droit de grève des travailleuses et des travailleurs.
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1er mai : Les centrales rencontrent le premier ministre du Québec

Les leaders syndicaux de la FTQ, de la CSQ, de la CSN et de la CSD ont rencontré le premier ministre du Québec et le ministre du Travail dans le cadre de la traditionnelle rencontre du 1er mai, Journée internationale des travailleuses et travailleurs.
Le dossier du projet de loi no 89 sur le droit de grève a fait l'objet de l'ensemble des discussions. Les leaders syndicaux ont rappelé que ce projet de loi remet en question le droit de grève et est une attaque sans précédent contre les travailleurs et travailleuses ! Les leaders syndicaux sont déçus par le manque d'écoute du premier ministre et le ministre du Travail qui rejettent tout dialogue social.
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Comptes rendus de lecture du mardi 6 mai 2025


Manifeste du Parti communiste
Karl Marx et Friedrich Engels
Traduit de l'allemand
Ça m'a toujours déçu qu'on ne nous parle jamais dans nos cours et livres d'histoire de véritables grands moments de notre histoire commune comme le Printemps des peuples, la Première internationale – de son vrai nom l'Association internationale des travailleurs – ou encore la Commune de Paris. Peut-être ce grand déchaînement d'idées nous aurait-il trop permis à nous et à nos pères et mères de rêver d'un monde meilleur ? Ce débat, pourtant si important entre les communistes de Karl Marx, favorables à la gestion centralisée et à la création de partis politiques, et les libertaires anti-autoritaires et anti-politiques réunis autour de Mikhaïl Bakounine, serait fort éclairant, encore et surtout de nos jours. Le « Manifeste du Parti communiste » est un court manifeste qui établi les bases de la pensée communiste, avec les germes d'une dictature du prolétariat comme phase transitoire dans la lutte contre la bourgeoisie... Sa lecture est formatrice. Je ne saurais trop, dans la même veine, vous recommander la lecture des libertaires pour bien connaître l'autre option, l'option libertaire, toujours possible de nos jours, qui s'offrait aussi alors aux travailleurs et aux sans-voix.
Extrait :
L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes de classes.

Le canard de bois
Louis Caron
« Le canard de bois » est un très beau roman et de loin le meilleur des trois de la trilogie de Louis Caron « Les fils de la liberté ». C'est sans doute aussi le plus émouvant qu'on ait jamais écrit sur les événements de 1837. L'histoire raconte la vie de plusieurs personnages du village de Port Saint-François dans les mois précédant la Rébellion de 1837. Hyacinthe Bellerose, le villageois insoumis, Marie-Moitié, son amante métisse, le notaire Plessis, bourgeois canadien fidèle aux autorités coloniales, le major Hubert, député du Parti des Patriotes, le marchand anglais Smith, l'abbé Mailloux, qui condamne la révolte, et le seigneur Cantlie réagissent à ce soulèvement populaire qui sera durement réprimé. Caron insiste dans ses descriptions sur les conditions de vie misérables des paysans canadiens et sur la mainmise des nobles et des commerçants britanniques sur la colonie. Un de nos très bons romans historiques.
Extrait :
Un bleu de fin de jour. La neige commençait à se tasser au pied de bouleaux. Bruno Bellerose finissait de couper des repousses sur le tracé d'un chemin qui n'avait pas servi depuis plusieurs années. C'était sur la concession des McBride, à une heure de marche du camp, à six heures de camion du plus haut relais de la forêt, à quatre heures d'autobus ensuite de La Tuque, la ville la plus au nord, puis à deux heures de train de Trois-Rivières, d'où il fallait encore prendre le Jean-Nicolet, un bon petit bateau blanc, pour traverser le fleuve jusqu'au Port Saint-François, après quoi il restait encore une bonne demi-heure de marche pour arriver à la maison du père, si jamais il vous prenait l'envie de rentrer chez vous.

J'avoue que j'ai vécu
Pablo Neruda
Traduit de l'espagnol
Cette autobiographie a été publiée en 1974, un an après la mort du poète. Parfois drôle et souvent touchante, elle est éclairante sur cette période de l'histoire qui s'étend du début du siècle aux années 1970. J'ai vraiment beaucoup aimé.
En voici un extrait :
Je veux vivre dans un pays où il n'y ait pas d'excommuniés. Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette. Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries. Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser. Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie. Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos. Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir.
Comme si nous étions déjà libres
David Graeber
Traduit de l'anglais
Un autre bon bouquin publié chez Lux sur lequel il y aurait beaucoup à dire. David Graeber sait remettre les choses en perspective et les faits à leur place. Il soutient ici que seule une « véritable démocratie » – basée sur des principes d'égalité, de participation citoyenne et de recherche du consensus – peut nous permettre de jeter les bases de la société juste et équitable que nous souhaitons. Il s'agirait, pour y arriver, de faire comme si nous étions déjà libres.
Un extrait :
La démocratie n'est pas une invention de la Grèce antique. Le terme démocratie a été inventé dans la Grèce antique, je le concède, mais par des gens qui n'aimaient guère le concept. Et la démocratie comme telle n'a jamais été 'inventée'. Pas plus qu'elle n'émane d''une quelconque tradition intellectuelle. Elle n'est pas même une forme de gouvernement. Essentiellement, elle repose sur l'idée que les humains sont fondamentalement égaux et devraient pouvoir prendre leurs propres affaires en main, d'une façon égalitaire, et par les moyens qu'ils jugent les plus appropriés.
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Une histoire du cinéma soudanais : l’art comme résistance politique (1/2)

Dans cette série de deux articles, nous explorons comment le cinéma soudanais a tenté de résister à des décennies de dictature et de violences d'Etat visant à détruire, à travers l'art, l'identité même du pays. Dans ce premier volet, Abeer et Anan Abdulla retracent l'histoire du cinéma soudanais, qu'elles définissent comme un « artivisme », au croisement de l'art et de l'activisme politique.
Tiré du blogue de l'auteur.
Anan et Abeer Abdulla sont des cinéastes soudanaises et des militantes des droits humains qui s'intéressent à la politique et au changement social à travers leur travail artistique. Elles ont commencé leur carrière d'« artivisme » au début de la révolution soudanaise en 2018 et ont été contraintes de demander l'asile en France en 2022. Leur dernier court-métrage « Survivante » évoque le trauma de la jeunesse soudanaise qui a vécu la révolution, puis la guerre et l'exil. Ce texte est issu d'une présentation qu'elles ont faites lors de la journée d'étude « Cinéma soudanais : défis et résiliences » organisée par le groupe de recherche Arts, Médias, Exils (AME) (IRCAV/Sorbonne Nouvelle)[1] le vendredi 28 mars 2025 à Paris.
Qu'est-ce que l'artivisme ?
L'artivisme associe « art » et « activisme », en utilisant la créativité pour susciter des changements sociaux et politiques. Il s'agit de faire de l'art, qu'il soit visuel, musical, performant ou numérique, pour sensibiliser aux droits humains, à l'égalité des sexes et à la justice sociale afin de créer un changement significatif dans la société.
Contexte historique du cinéma soudanais
L'histoire du cinéma soudanais commence avec la période coloniale. La première projection cinématographique de l'histoire du Soudan a eu lieu en 1912. Le film était un documentaire britannique sur l'ouverture de la ligne de chemin de fer entre El Obeid et Khartoum, qui a été projeté à El Obeid.
Le cinéma est né au Soudan comme un outil de propagande coloniale. Le colonialisme britannique a introduit le cinéma au Soudan grâce à son intérêt pour la documentation des événements politiques, sociaux et militaires. L'objectif des colons britanniques était de documenter ce qu'ils présentaient comme leurs « glorieuses réussites » au Soudan. Une unité appelée "Travelling Cinema Section", une camionnette mobile équipée d'un projecteur, a été créée pour projeter des films dans les zones rurales et les petites villes, afin de diffuser des informations sur le pouvoir royal anglais et de promouvoir l'influence britannique.

En 1935, le « Coliseum Cinema » a été construit à Khartoum, l'une des premières salles de cinéma au Soudan. À l'époque, il n'était pas ouvert au public, mais plutôt réservé à l'élite coloniale et soudanaise. D'autres cinémas ont été créés par la suite dans la capitale, tels que « Halfaya » et « Blue Nile », qui ont permis d'introduire le cinéma à la population soudanaise. A l'époque, les Soudanais·es qui s'asseyaient dans les fauteuils du public regardaient uniquement des films étrangers : ils et elles ne voyaient donc le Soudan et le monde qu'à travers les yeux des étranger·es.
Cette situation a perduré jusqu'en 1949, date de la création de la « Sudan Film Unit » ou « SFU », comme nous aimons l'appeler, qui a constitué un véritable tournant.
La première génération de cinéastes soudanais
Au début des années 1950 est apparue la première génération de cinéastes soudanais, c'est-à-dire les premiers Soudanais à s'être approprié le cinéma pour parler des enjeux du Soudan.
La « Sudan Film Unit » a été fondée pour couvrir l'actualité et produire de courts documentaires au service de la colonisation britannique, à l'aide d'une caméra 16mm. Mais les cinéastes Kamal Mohamed Ibrahim et Gadalla Gubara, qui ont rejoint l'unité, se sont approprié la structure pour produire un véritable cinéma soudanais, en écrivant leurs propres scénarios et en produisant leurs propres films. En 1960, La SFU avait ainsi déjà produit plus de cinquante films, la plupart réalisés par Gadalla Gubara.

Grâce aux efforts de Kamal Ibrahim, la section de cinéma itinérante créé par les britannique a été réappropriée par les Soudanais·es, avec pour nouvel objectif de rendre le cinéma accessible à toute la population en organisant des projections dans les zones rurales. Cette première initiative s'inscrit dans un mouvement d'art populaire et engagé pour la société soudanaise. Kamal Mohamed Ibrahim a ainsi écrit aux gouvernements locaux pour les informer de la création du département cinématographique et leur demander de fournir des propositions spécifiques pour produire des courts métrages liés à leurs régions, afin de représenter toute la diversité régionale du Soudan.

Certains réalisateurs de l'époque ont réalisé des courts métrages, des documentaires ou des films d'enregistrement. À l'époque, le cinéma était utilisé pour sensibiliser l'opinion publique sur des faits de société : par exemple, le film « Al-Mankub », sorti en 1952, a permis d'attirer l'attention sur l'épidémie de tuberculose qui se propageait à cette période. La SFU a ainsi joué un rôle-clé dans les campagnes de santé contre les épidémies et dans l'éducation agricole, en documentant la culture du coton et en mettant l'accent la lutte contre les parasites. Ces films ont été très efficaces pour sensibiliser les citoyen·nes à des questions de santé publique et de sécurité au travail.
L'Unité disposait également d'un « Département Oral », dont les membres étaient chargés d'expliquer les films projetés dans les camionnettes de cinéma itinérantes au public qui ne savait pas lire.
La deuxième génération de cinéastes soudanais
À cette époque, l'industrie cinématographique ne bénéficiait d'aucun soutien gouvernemental ou institutionnel. Ce manque de soutien, paradoxalement, a entraîné l'essor des films indépendants :
– En 1970, le premier long métrage soudanais « Amal Wa Ahlam » ("L'espoir et les rêves"), produit par Ibrahim Malasi, a été l'un des premiers films indépendants ;
– L'un des grands réalisateurs de cette génération est Tayeb Mahdi, dont les messages artivistes sont illustrés dans des films comme « Aldarih » (1977), qui traite de l'illusion des croyances religieuses et du contrôle qu'elles exercent ;
– L'une des productions les plus connues de cette génération est le film de Hussein Mamoun Sharif « Aintizae Alkahrman » (1975), qui raconte l'histoire de la ville abandonnée de Sawakin ;
– On peut citer également « Arbae maraat lil'atfali » (1983), sur l'éducation des enfants handicapés au Soudan ;
– Ou encore « Almahata » (1989), qui traite du système capitaliste et de son impact sur les communautés pauvres.

En 1969, Wesal Musa Hassan est considérée comme la première femme cinéaste, non seulement au Soudan mais dans tout le Moyen-Orient. A 18 ans, elle rejoint la "Sudan Film Unit" et travaille sur plusieurs films en tant que camerawoman.

Au cours des années 1980, les politiques du gouvernement du dictateur Jaafar Nimeiry n'ont pas soutenu le cinéma, mais ont au contraire imposé une censure stricte sur les films, mise en œuvre par le ministère des affaires religieuses.
En avril 1989, les cinéastes les plus influents de l'époque, comme Ibrahim Shaddad, Tayeb Mahdi et Manar Al-Hilu ont réussi à créer le « Sudanese Film Group », qui visait à sensibiliser la population à la culture, aux questions de société et à la politique. Le réalisateur Suleiman Mohamed Ibrahim, à la tête du Sudanese Film Group, a déclaré : « L'avenir du cinéma soudanais dépend de la liberté d'expression ». Ces réalisateurs mobilisaient explicitement la caméra comme un outil pour résister à la dictature.

Malheureusement, alors que le cinéma soudanais était en plein développement, le coup d'État du dictateur Omar El-Béshir a mis un frein brutal à cet essor, contrôlant fermement toutes les productions médiatiques et artistiques et arrêtant toutes les personnes soupçonnées d'être des opposant·es politiques.
La troisième génération d'artistes cinématographiques soudanais
Cette troisième génération - la génération actuelle - s'est formée sous le régime des Frères musulmans dans un contexte de suppression de libertés, ce qui a contraint de nombreux cinéastes à produire leurs œuvres en secret.
Malgré la répression très forte, de nombreuses formes de création résistance ont perduré, comme la « Sudan Film Factory », une plateforme de culture cinématographique indépendante, qui rassemble les créateurs soudanais pour renforcer leur capacité de production. Plusieurs films ont réussi à être produits malgré la dictature :
« Nyerkuk » (2016) du réalisateur Mohamed Kordofani, qui parle de la vie d'un enfant des rues ;
« Beats of the Antonov » (2014) de Hajooj Kuka, qui documente le conflit entre le Soudan et les Forces de Soutien Rapide dans les régions du Nil Bleu et des Monts Nouba, en mettant en lumière le rôle de la musique pour aider les communautés affectées à résister culturellement et spirituellement face au conflit en cours.

“L'artivisime” en temps de conflit
Lorsque la révolution a eu lieu en 2018, toutes les formes d'art et d'activisme ont connu un essor spectaculaire, qui s'est traduit par des œuvres d'une immense diversité : les graffitis sur les murs, les poèmes politiques, la musique révolutionnaire... Une nouvelle filmographie a également émergé, permettant de transmettre des histoires de Soudanais·es qui n'avaient pas pu être racontées au cours des 30 dernières années de dictature. Pour la première fois, les cinéastes soudanais·es n'avaient plus besoin de se cacher, et étaient fièr·es de se présenter comme artistes. Quelques exemples de films produits pendant la révolution :
« A Tour in the Republic of Love » (2020) réalisé par Mohamed Kordofani, sur le sit-in devant le siège du commandement général des forces armées pendant la révolution ;
« Khartoum Offside » (2019), un documentaire de la réalisatrice Marwa Zein sur les débuts du club de football féminin à Khartoum.

Lorsque la guerre a commencé le 15 avril 2023, le rôle des artistes soudanais·es a changé. Il est maintenant de notre devoir, en tant qu'artistes et activistes, de documenter et de mettre en lumière le conflit en cours. Nous utilisons la photographie et l'art visuel pour montrer l'impact catastrophique de la guerre et représenter notre identité soudanaise de manière créative. Notre objectif est de s'assurer que le monde sache que notre guerre n'a pas été oubliée de la communauté internationale, mais intentionnellement ignorée. Grâce à notre art, nous rendons impossible le fait d'ignorer nos souffrances. Notre rôle est aussi d'humaniser les victimes de la guerre, montrer les vies des êtres humains derrière les chiffres. Deux exemples nous semblent très inspirants :
Nas Shagala est une campagne d'impact social de la jeunesse soudanaise qui vise à documenter les histoires et les luttes du peuple soudanais pendant la guerre par le biais de films documentaires ;
Ayin Network est un groupe de journalistes activistes, qui couvre les événements dans les zones du Soudan rendues les plus inaccessibles à cause du conflit, notamment au Darfour et dans les montagnes Nouba, difficiles d'accès pour les autres médias. Ils réalisent majoritairement des reportages, mais ont également produit quelques films documentaires.

Conclusion
L'histoire du cinéma au Soudan nous montre que depuis ses débuts, le cinéma soudanais s'est toujours constitué comme un « artivisme », un art né et développé dans le conflit qui a toujours été mobilisé comme outil de résistance. A cause de la particularité de l'histoire soudanaise traversée par les guerres, les révolutions et les dictatures, il est impossible de dissocier la politique de la vie quotidienne. Ainsi, tous les films soudanais parlent du contexte politique, que ce soit de manière explicite ou de manière subtile. Depuis la première génération qui a travaillé pour le changement à partir de l'échelle locale, la deuxième génération qui a lancé l'industrie cinématographique indépendante et la troisième génération qui a travaillé dans des circonstances misérables et dans la clandestinité, le cinéma soudanais a continué et continuera de lutter pour transmettre les histoires qui n'ont pas été racontées.
-------------------
Par Abeer et Anan Abdulla
Traduction : Equipe de Sudfa
[1] Pour en savoir plus sur ce programme de recherche : https://ircav.fr/event/cycle-de-films-et-journee-detudes-cinema-soudanais-defis-et-resiliences/
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Le cas Trump : Portrait d’un imposteur

Un portrait saisissant de Donald Trump autour de trois grands pôles : mensonge, narcissisme et destructivité.
Qui est Donald Trump ? Qu'est-ce qui motive la quête du pouvoir de cet homme que sa propre nièce, psychologue clinicienne, a décrit comme le plus dangereux du monde, et son proche conseiller comme un Hitler américain ? S'appuyant sur une abondante documentation et sa participation à un rallye trumpiste, Alain Roy offre un portrait saisissant et inquiétant du playboy ayant dilapidé l'immense fortune dont il a hérité de son père.
Contrairement à l'image d'homme d'affaires à succès qu'il a voulu projeter tout au long de sa vie et que la téléréalité est venue cristalliser, Trump a fait faillite à maintes reprises. Objet de risée de la part des élites, il s'est fabriqué une identité de « gagnant » pour cacher ses failles et sa honte, jusqu'à se hisser à la tête de la Maison-Blanche. Mais que se passe-t-il lorsque le réel se confronte aux mensonges de l'imposteur ? Jusqu'où peuvent aller sa rage et ses désirs de vengeance ? Dans un contexte où s'agite autour de lui une extrême droite triomphante et décomplexée, ses penchants agressifs et transgressifs forment un cocktail explosif.
À travers les prismes du mensonge, de la faille narcissique et de la dangerosité, Alain Roy plonge au cœur de la psyché de Donald Trump afin de cerner la nature de cette figure politique à la fois grotesque et malfaisante, qui force le monde entier à jouer dans un très mauvais film.
Parution Canada 2025
Parution Europe 2025
Prix 24,00 $/16,00 €
Pages 222
ISBN 9782898570452
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Santé planétaire : Prescriptions médicales pour un environnement sain

Une médecin tire la sonnette d'alarme pour recadrer la crise climatique comme un enjeu de santé.
Claudel Pétrin-Desrosiers
Préface de Dre Joanne Liu
Postface de Jérôme Dupras
« L'un des sentiments que j'ai appris à détester le plus, comme médecin, c'est de savoir que je ne peux pas offrir au patient devant moi ce qui ferait réellement une différence pour lui : un environnement sain. » Voilà le constat qui s'impose à la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers lorsqu'elle pratique dans certains quartiers défavorisés de Montréal. Et cette limite de la médecine clinique lui rappelle constamment les défis posés par la triple crise écologique actuelle que sont les changements climatiques, la pollution atmosphérique et le déclin de la biodiversité.
Avec fougue et rigueur, la Dre Pétrin-Desrosiers défend l'approche de la santé planétaire, une démarche scientifique transdisciplinaire selon laquelle notre santé est indissociable de celle des écosystèmes et du monde vivant. Après avoir exposé les conséquences de la crise écologique sur la santé humaine (chaleur extrême, inondations, feux de forêt, mauvaise qualité de l'air, allergies, infections, insécurité alimentaire, écoémotions, déplacements migratoires et instabilité géopolitique), elle défend l'idée que la communication sur ces enjeux mériterait d'être recadrée comme un enjeu de santé – une valeur que tout le monde partage. Selon elle, c'est la meilleure façon de provoquer les changements de société qui s'imposent. Verdissement urbain, exposition à la nature, réduction de notre dépendance aux énergies fossiles, transports actifs et communs, modification de nos régimes alimentaires… Les solutions qu'elle préconise nous libèrent en plus d'une vision strictement curative et individualiste de la santé.
En fait, l'approche de la santé planétaire reprend une idée toute simple : celle de vivre en harmonie avec la nature. Comme le souligne la Dre Joanne Liu dans la préface, « ce livre est un excellent vaccin contre le “climatoscepticisme” et contre notre apathie face à la triple crise écologique ».
Parution Canada 2025
Prix 25,00 $
Pages 224
ISBN 9782898570643
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Combattre la gentrification : Témoignage d’une ex-conseillère municipale

Le témoignage qu'offre Sophie Thiébaut dans Combattre la gentrification est d'abord celui d'une ancienne élue de la politique municipale, conseillère dans le Sud-Ouest de Montréal pendant plus d'une décennie. Forte de cette expérience, l'autrice dresse un bilan nuancé mais sans concession du travail politique de « proximité ». Elle raconte également les débuts de Projet Montréal, son évolution de petit parti politique d'opposition à parti au pouvoir en 2017, ainsi que la transformation de la question du logement au sein de la formation politique.
Combattre la gentrification, c'est ensuite et surtout le récit d'une « citoyenne ordinaire » qui, comme des milliers d'autres locataires, subit les impacts destructeurs de la gentrification. Quartier par quartier, projet par projet, Sophie Thiébaut évoque les mutations radicales qui ont affecté les secteurs longeant le canal Lachine et qui, dans certains cas, ont pu être ralenties, voire bloquées par l'action populaire. C'est pourquoi l'autrice en appelle à des mobilisations collectives pour préserver nos quartiers de la spéculation immobilière.
Parution : Mai 2025
Prix :
Pages :
Format : 4,5 x 6,75 pouces
ISBN : 978-2-924924-48-8
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Mobilisation : Organiser la lutte des classes en milieu de travail

De 1971 à 1975, la revue Mobilisation a joué un rôle structurant dans la recomposition de la gauche québécoise. Désireuse de rompre avec un militantisme qu'elle juge désorganisé, l'équipe de la revue cherche à combler la distance idéologique et culturelle qui la sépare des travailleur·ses.
Si Mobilisation publie des textes d'analyse politique et des articles de fond sur les enjeux internationaux, l'originalité de sa contribution réside dans sa réflexion sur les différentes stratégies de liaison entre les intellectuel·le·s et le mouvement ouvrier et, plus particulièrement, dans ses bilans pratiques sur l'implantation dans les lieux de travail.
Au fil de leurs expériences dans les usines et les hôpitaux, les militant·e·s de Mobilisation ont élaboré une approche singulière de l'implantation, centrée sur la création de comités de travailleurs, et ont ainsi contribué à démocratiser – voire à radicaliser – les luttes ouvrières de l'époque.
Cinquante ans après la parution de son dernier numéro, à l'heure où la combativité du mouvement syndical souffre de la bureaucratisation des grandes centrales, cette anthologie des réflexions stratégiques de Mobilisation éclaire les possibilités et les défis de la jonction entre les militant·es de gauche et les travailleur·euses du Québec.
Textes choisis et présentés par Guillaume Tremblay-Boily, auteur d'une thèse de doctorat sur l'implantation marxiste-léniniste.
En librairie dès juin 2025
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Lutter contre l’effacement : les archives soudanaises face à la guerre (2/2)

Dans cette série de deux articles, nous explorons comment le cinéma soudanais a tenté de résister à des décennies de dictature et de violences d'Etat visant à détruire, à travers l'art, l'identité même du pays. Face à cet effacement, des artistes, militant·es et archivistes, comme la réalisatrice Sara Suliman, se battent pour conserver les traces de l'histoire du Soudan et lutter contre l'oubli.
Tiré du blogue de l'auteur.
"Sudan's forgotten films" - Les films oubliés du Soudan
Fin mars, nous sommes plusieurs de l'équipe de Sudfa à nous être rendu·es à la rencontre « Cinéma soudanais : défis et résiliences » organisée par le groupe de recherche Arts, Médias, Exils (AME) (IRCAV/Sorbonne Nouvelle)[1] à Paris.
Un des premiers films projetés était « Sudan's Forgotten Films » de Suhaib Gasmelbari (2014). Il nous plonge dans le quotidien de deux archivistes : Awad et Benjamin. Ces deux hommes âgés, figures historiques du cinéma soudanais, se battent pour sauver les archives cinématographiques du pays.
« Le Soudan a parmi les plus nombreuses archives de cinéma en Afrique », affirme l'un d'entre eux. Mais cette collection inestimable a souffert de décennies de négligence : stockée dans de mauvaises conditions, elle a subi les dégradations du temps. Dans le film, on voit les deux vieillards écrire de façon répétée au gouvernement pour demander des outils adaptés, comme un système de refroidissement, et le supplier de recruter des ouvriers pour les aider à transporter les nombreux cartons.

Mais le gouvernement d'Omar El-Béshir fait la sourde oreille. Entièrement dévoués à sauver ces archives, les deux hommes travaillent sans relâche, bénévolement, achetant eux-mêmes le rouleau de scotch pour réparer les bandes abîmées. A eux seuls, ils sont les gardiens de plus de 13 000 films, dont une grande partie n'ont jamais été visionnée. Les deux vieux amis tiraient la force de leur combat dans cette croyance inébranlable, exprimée par Awad dans le documentaire : « Il ne faut pas qu'on perde ces films, parce qu'il faut que les enfants du Soudan connaisse leur histoire. Quand tu n'as pas d'histoire, tu n'es personne ».
Le visionnage de « Sudan's Forgotten Films » a ouvert des discussions sur le devenir des archives cinématographiques soudanaises qui se sont poursuivies durant toute la rencontre. Ce film très émouvant rappelle les dommages inestimables causés par la dictature d'Omar El Béshir, resté plus de 30 ans au pouvoir, sur l'art et la culture au Soudan. Il nous rappelle aussi que la violence du régime, si elle a pu prendre des formes de répression brutale, a également pu opérer de manière plus silencieuse, à travers l'abandon du soutien aux artistes et archivistes et la négligence du patrimoine culturel du pays.
Sara Suliman, réalisatrice, mobilise les archives dans son travail de cinéaste. Elle témoigne des nombreuses barrières que l'administration d'El Béshir a placées sur son chemin pour l'empêcher d'avoir accès aux archives visuelles, et de l'état de dégradation dans lequel elle a trouvé les cartons qui contenaient des photographies et des bandes vidéographiques d'une valeur exceptionnelle :
« Ils étaient couverts de poussière, et très abîmés par la saleté », décrit-elle avec colère. « Le Soudan était sous une dictature militaire pendant 30 ans, qui a détruit l'art, opprimé les artistes de toutes les disciplines, et particulièrement les cinéastes. Parce que l'art, c'est du pouvoir, et ils le savent. Il y a des générations extraordinaires, avec une grande créativité, qui ont été réprimées. Les histoires étaient là, les idées étaient là, mais tout était réprimé. Les artistes soudanais ont beaucoup plus de choses à mettre en avant. »
La révolution de 2018 : filmer la liberté, retrouver les traces de l'histoire soudanaise
Dans une interview à Sudfa, Sara Suliman raconte le tournant qu'a constitué la révolution de 2018 : « Puis la révolution est arrivée, et a ouvert un moment de liberté. Il n'a pas duré, mais c'était comme prendre une respiration. Quand tu as connu la liberté, c'est difficile qu'on te la reprenne. »
Quand la révolution est arrivée, elle tournait son film Heroic Bodies (2022) : « Je filmais le "Zar" c'est une pratique religieuse considérée comme superstitieuse par le gouvernement soudanais (…) qui utilisait la religion comme prétexte pour opprimer la population. Pendant ces 30 ans ils ont interdit le "Zar", c'est un rituel pendant lequel les femmes dansent avec des percussions très fortes, pour faire ressortir les esprits mauvais en exauçant certaines de leurs demandes. Cette pratique était interdite, mais après la révolution, pendant une année de liberté avant que le coup d'État qui a repris le pouvoir aux civils, les femmes ont pu le pratiquer, et j'ai pu le filmer. Dans cet extrait de film, on peut voir les femmes danser, reprendre place dans l'espace, créer un espace safe. On a commencé cette fête à 10 heures du matin et jusqu'à 7 heures du soir ça continuait encore ! C'est cette liberté que les artistes et les personnes créatives ont trouvé pendant la révolution. C'est pourquoi tant de choses se sont passées cette année-là, plein de films sont sortis, plein d'idées se sont développées. »

Elle explore dans son travail l'intersection des multiples formes de violences (physique, politique, structurelle) auxquelles sont soumises les femmes soudanaises, mais aussi la manière dont les femmes utilisent leurs corps pour résister, et la transmission de ces luttes à travers les différentes générations de femmes. Pour elle, l'accès aux archives est également un enjeu féministe : « Nous, les femmes soudanaises, nous avons besoin qu'on nous garantisse l'accès à l'information. C'est notre droit. Il faut des lois fortes qui soient mises en place pour nous garantir ce droit à connaître notre histoire. »
Grâce au combat de quelques cinéastes soudanais·es, des projets de numérisation ont vu le jour à la fin de la dictature d'Omar El Béshir, financés par des universités étrangères (Durham Université et King's College), à travers des projets comme le site internet « Sudan Memory ». Mais ces projets, portés par des institutions étrangères, posent aussi la question de la colonialité dans la gestion des archives du Soudan.
Rashid Saïd, ancien ministre de la Culture pendant le gouvernement de transition suite à la révolution (2019-2021), et présent lors de la rencontre à Paris, affirme que des projets de numérisation des archives ont avancé pendant cette période avec plus de 100 000 photographies qui ont pu être numérisées et mises en ligne sur un cloud. « Le gouvernement de transition avait voulu faire une loi pour développer le cinéma. On a projeté le film "Sudan Offside" à Khartoum », déclare l'ancien ministre. « On avait fait un comité avec les anciens cinéastes, les nouveaux, la société civile… Mais le coup d'Etat militaire a mis fin à tous ces projets.

Détruire les archives, détruire l'identité nationale
Le coup d'État militaire de 2021, puis la guerre qui a éclaté le 15 avril 2023, ont porté brutalement atteinte à la préservation de ces archives. La tragédie est évoquée par de multiples participant·es à la rencontre : malgré les projets de numérisation qui avaient été mis en place, malheureusement, le gouvernement soudanais n'a jamais donné son autorisation pour que les disques durs sortent du pays. Les disques durs sont donc restés sur place, aux archives nationales à Omdurman.
En plus des nombreuses destructions de bâtiments provoquées par les combats, depuis le début de la guerre, les Forces de Soutien Rapide (milice paramilitaire, autrefois alliée de l'armée soudanaise, qui affronte aujourd'hui l'armée) ont procédé méthodiquement au pillage et à la destruction de tous les espaces culturels. Ces dernières semaines, suite à la reprise de la capitale, Khartoum, par l'armée soudanaise, les Soudanais·es du monde entier ont constaté avec effroi que l'intégralité du musée national avait été pillé, ne laissant que quatre statues à l'intérieur. Les œuvres volées dans les musées, qui sont les rares témoignages de l'histoire du Soudan, ont été revendues sur Internet par les mercenaires, afin de financer la guerre ou pour leur enrichissement personnel.

Dans l'assemblée, tout le monde se demande ce qui a bien pu arriver aux archives nationales, mais les participant·es ne sont pas optimistes. « Si elles sont dans le même état que celui dans lequel on a retrouvé le siège national de la télévision… » murmure une des participantes soudanaises, faisant référence à la destruction de ce bâtiment occupé par les Forces de Soutien Rapide (RSF) depuis le début de la guerre. Les acteurs de la guerre, en s'attaquant au patrimoine culturel et mémoriel du Soudan, ont mené une attaque brutale contre l'identité du pays.
Repenser le travail des cinéastes en temps de guerre
Pour Sarah Suliman, les archives jouent un rôle central dans la résistance de la population soudanaise face à la guerre : « La guerre nous a fait prendre conscience de l'importance des archives et l'importance de la documentation. Dans cette guerre, les RSF détruisent les musées, détruisent les archives nationales, détruisent les archives télévisées du ministère de la culture et de l'information… On a l'impression que c'est une guerre contre l'identité. Être menacé·es de perdre notre identité, qui nous sommes, est une question essentielle pour nous. C'est pourquoi il faut que l'on contre-attaque. Nous avons une diversité extraordinaire, une histoire extraordinaire, nous ne pouvons pas perdre cela. Nous devons nous défendre et les empêcher de nous effacer de l'univers. »

Cette question est venue également transformer le travail des artistes soudanais·es : « La plupart d'entre nous, maintenant, nous essayons de sauver ce qui reste – c'est pourquoi j'étais heureuse de découvrir ce film aujourd'hui – parce que c'est de la documentation de l'histoire, d'une histoire précieuse. Parce que la mémoire est tout. C'est tout ce qui compte. C'est infiniment précieux », affirme Sara Suliman. « Comme nous faisons face à une crise d'identité, parce que nous sommes en train de perdre notre identité, il faut que nous travaillions là-dessus. Ça nous pousse à nous focaliser, dans notre travail, sur la question culturelle, et nous rappelle l'importance de documenter. Même si on fait de la fiction, ça doit être à propos du Soudan, et de tous les détails de notre identité. Parce que même si c'est de la fiction, c'est aussi de la documentation. »
Ainsi, lutter contre la disparition des archives, c'est lutter contre l'effacement de l'histoire et de la culture soudanaise. Mais comment protéger ces archives de la destruction quand on est exilé·e, loin de son pays ? Comment la population locale peut-elle se soucier du sort des archives, alors qu'elle est confrontée à la famine et à des questions de survie immédiate ? Pour les exilé·es soudanais·es présent·es lors de la rencontre, à travers cette lutte pour conserver la mémoire du pays, c'est toute la question de la transmission des connaissances et de la culture soudanaise pour les générations futures qui est en jeu.
Par Equipe de Sudfa
[1] La rencontre a eu lieu qui avait lieu du 27 au 30 mars 2025 à Paris. Pour en savoir plus sur ce programme de recherche : https://ircav.fr/event/cycle-de-films-et-journee-detudes-cinema-soudanais-defis-et-resiliences/
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Elinor Hammarskjöld, la conseillère juridique de l’ONU, rappelle à Israël son obligation d’acheminer l’aide humanitaire à Gaza
Devant la Cour internationale de justice (CIJ), à La Haye, la secrétaire générale adjointe aux affaires juridiques de l'ONU, Elinor Hammarskjöld, a rappelé les obligations d'Israël en vertu du droit international : celle de permettre et de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire à la population gazaouie.
Tiré de l'Humanité
https://www.humanite.fr/monde/bande-de-gaza/elinor-hammarskjold-la-conseillere-juridique-de-lonu-rappelle-a-israel-son-obligation-dacheminer-laide-humanitaire-a-gaza
Publié le 28 avril 2025
Antoine Portoles
À Gaza, le nouveau blocus humanitaire orchestré par le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou entre ce mardi 29 avril dans son 59e jour. La veille, la secrétaire générale adjointe aux affaires juridiques de l'ONU, Elinor Hammarskjöld, a plaidé devant la Cour internationale de justice (CIJ), à La Haye (Pays-Bas), dans le cadre une semaine d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers le peuple palestinien.
L'État d'Israël, en tant que puissance occupante, a une responsabilité claire en vertu du droit international : celle de permettre et de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire à la population gazaouie. « Ces obligations impliquent d'autoriser et d'aider toutes les entités compétentes des Nations Unies à mener leurs activités au profit de la population locale », a affirmé Elino Hammarskjold au siège de la plus haute juridiction onusienne, à La Haye.
Aux côtés de l'arrière-petite-fille d'un ancien premier ministre suédois, le représentant de Palestine auprès des organisations internationales, Ammar Hijazi, a notamment affirmé que ce blocage systématique était utilisé telle une « arme de guerre » dans la bande de Gaza. À l'issue de ces audiences, les juges prononceront un avis juridique sur ce qui incombe à la puissance coloniale vis-à-vis des agences onusiennes et de tous ceux engagés dans la fourniture de l'aide humanitaire.
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30 avril 2004 : Haïti sous tutelle, la souveraineté bradée
Il y a 21 ans, jour pour jour, le 30 avril 2004, le Conseil de sécurité des Nations Unies adoptait à l'unanimité la résolution 1542, entérinant la création de la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti). Cette mission, présentée comme une solution de paix, marquait en réalité le début d'un long cycle d'ingérence internationale, d'occupation déguisée et de dérives qui ont durablement affaibli l'État haïtien.
Une souveraineté suspendue
La résolution 1542 faisait suite au renversement, le 29 février 2004, du président constitutionnel Jean-Bertrand Aristide. Ce coup d'État, cautionné par des puissances étrangères, a ouvert la voie à une mise sous tutelle complète du pays, sous prétexte de stabilisation. Les forces onusiennes, arrivées sur le sol haïtien avec l'étiquette du maintien de la paix, se sont progressivement imposées comme des acteurs de premier plan dans les affaires internes du pays, reléguant les institutions nationales au rang de figurants.
Une mission controversée
Pendant plus d'une décennie, la MINUSTAH a été synonyme de bavures, de violences sexuelles, de violations des droits humains, et surtout d'un désastre sanitaire majeur : l'introduction du choléra, qui a fait des dizaines de milliers de morts. Ce triste épisode reste un stigmate indélébile dans la mémoire collective haïtienne, révélateur du mépris dont ont souvent fait preuve certaines puissances à l'égard du peuple haïtien.
Une leçon ignorée
Vingt-et-un ans plus tard, les blessures sont encore ouvertes. Pire, l'histoire semble se répéter. Alors que le pays traverse une crise sans précédent, des voix s'élèvent de nouveau pour appeler à une intervention internationale. Mais peut-on réellement reconstruire un pays sans respecter sa souveraineté ? Peut-on restaurer la paix sans justice, ni mémoire ?
En guise d'avertissement
Le 30 avril 2004 doit rester une date d'alerte, un moment de lucidité pour rappeler que toute prétendue stabilisation imposée de l'extérieur finit par créer plus de fractures que d'unité. Haïti n'a jamais manqué de ressources humaines ni de volonté populaire : ce qui lui a manqué, c'est qu'on la laisse respirer, décider, reconstruire par elle-même et pour elle-même.
À ceux qui parlent aujourd'hui de solutions, souvenez-vous du 30 avril 2004. Ne répétez pas les erreurs d'hier.
Smith PRINVIL
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Haïti : La jeunesse prend la rue, la révolte s’organise
Port-au-Prince, 3 mai 2025 – En Haïti, le désespoir n'est plus silencieux. Il gronde. Il s'organise. Il se transforme en appel à l'action. À la veille d'une grande mobilisation citoyenne prévue pour ce dimanche 4 mai, deux figures de la jeunesse haïtienne se dressent contre le système : Stevenson Telfort, alias Atros, chanteur du groupe Rockfanm, et Madame Francesse Baptismé, porte-voix du Mouvement Jeunesse Debout.
Ils lancent ensemble un cri d'alarme, un appel au réveil citoyen, face à ce qu'ils qualifient de « dérives graves du gouvernement », de dévoyage de la jeunesse, et d'une instabilité généralisée qui gangrène le pays. Selon eux, trop c'est trop. Le peuple ne peut plus rester spectateur d'un effondrement qui menace sa dignité et son avenir.
Depuis des années, la gouvernance haïtienne s'enlise dans le mépris des plus jeunes. Le chômage endémique, la fuite des cerveaux, la montée des gangs, l'effondrement des institutions éducatives et sanitaires, tout cela compose un quotidien intenable pour une majorité de la population, dont plus de 60 % a moins de 30 ans.
Mais que fait l'État ? Il s'enferme dans ses privilèges, s'accroche à ses routines bureaucratiques, multiplie les démonstrations de pouvoir sans vision. Pendant que des milliers de jeunes risquent leur vie en mer ou croupissent sans perspectives dans les quartiers populaires, les élites vivent dans une autre réalité, coupée du peuple, aveugle aux cris de détresse qui montent des rues.
C'est à cette rupture brutale qu'Atros et Francesse Baptismé veulent répondre. Leur appel dépasse les clivages partisans. Il vise à replacer la jeunesse au cœur de la nation. « Il n'y a pas d'avenir sans jeunesse », martèle la militante. « Et il n'y a pas de citoyenneté sans justice sociale, sans éducation, sans inclusion », ajoute le chanteur, connu pour ses textes politiquement tranchants.
La marche prévue ce dimanche n'est pas une simple démonstration de force. C'est un acte de foi. Une résistance. Une proposition. Celle d'un pays qui veut se relever à travers ceux qu'il tente d'étouffer.
“Nous ne marcherons pas pour demander, nous marcherons pour affirmer”, disent-ils. Car cette mobilisation vise à dénoncer un mode de gouvernance instauré sans la jeunesse, contre la jeunesse, mais aussi à proposer une autre voie : celle de la solidarité, de la justice et de la responsabilité collective.
Ce 4 mai, Port-au-Prince pourrait redevenir ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être : une ville debout. Un peuple debout. Une jeunesse debout.
Smith PRINVIL
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"La pensée Wittig : une introduction"

Natacha Chetcuti-Osorovitz vous présente son ouvrage "La pensée Wittig : une introduction", co-écrit avec Sara Garbagnoli, aux éditions Payot.
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1er mai : une mobilisation imposante à Paris et partout en France.

Arrachée non sans peine, la journée de lutte du 1er mai 2025 ne se limite, désormais, pas à la célébration des conquêtes sociales, leur revendication, mais à l'extériorisation d'une indignation collective permanente contre le système capitaliste, le génocide et le racisme. Plus de 300.000 personnes dont 100.000 à Paris ont battu le pavé.
De Paris, Omar HADDADOU
L'Intersyndicale a sorti la grosse artillerie, en ce 1er Mai, ! Les revendications étant nombreuses, elles requièrent un second souffle. Dans une France terrassée par une dette publique abyssale (plus de 3 Milliards d'euros), l'exécutif se complait dans sa politique extérieure conquérante et élogieuse vis-à-vis du patronat, tournant le dos au peuple. Aussi sont ils relégués au second plan, le génocide à Gaza, le racisme, le pouvoir d'achat, la retraite à 60 ans, les impôts, les conditions de travail, les licenciements, etc.
La Journée Internationale des Travailleurs (es), ce jeudi, à Paris a été un moment de « flagellation » et d'injures à l'égard du parti socialiste (PS) d'Olivier Faure. La formation, rappelons-le- s'est tirée une balle après que son leader a rallié la Macronie avec reptation. D'où la prise à partie en ce 1er mai, Boulevard de l'Hôpital, du Député Jérôme Guedj (exfiltré) et ses collègues par les militants antifascistes et les Black-Blocs, proférant des insultes : « Collabos ! Fachos ! Cassez-vous ! ».
Hormis cet incident, 270 cortèges (300.000 personnes) se sont ébranlés dont celui de Paris et ses 100.000 manifestants, entre Place d'Italie et celle de Nation. Des banderoles, des pancartes, et dans la foulée du cortège, une multitude des tags. Au sein de la procession, on peut lire :
« Les racistes, ça dégage ! Taxer les riches ! Non au racisme ! Stop génocide à Gaza ! L'argent pour les salaires, pas pour les guerres ! L'argent pour les pensions, pas pour les marchands de canons ! Des sous pour les grands parents pas pour l'OTAN ! Mettre au pas le grand Capital, faire revivre la République sociale ! Elle n'est pas terminée la Révolution française, Macron, Macron, souviens-toi Louis seize ! »
Dans ce système de rapacité capitaliste où 1% de la population contrôle plus de 25% de la richesse nationale, les profits des entreprises, selon une source syndicale, explosent. La guerre en Ukraine et le génocide en Palestine constituent une opportunité singulière pour l'industrie française de l'armement. Thales et Dassault Aviation ont vu leurs commandes exploser. En adoptant la Loi Programmation Militaire (2024-2030), le gouvernement a gonflé le budget pour ce secteur dans un contexte de tensions savamment entretenu. Au moment où la Santé et l'Education accusent des coupes budgétaires criantes, une somme déroutante de 413 milliards d'euros est consacrée à l'armement. En vertu de « l'effort de guerre », Macron a opté pour la paupérisation de la masse populaire au profit d'une poignée de puissants magnats de la Finance.
La tribune frappée du slogan « Pour la Paix, contre la guerre sociale », Mélenchon, chef de file de La France Insoumise (LFI), tonne : « Le 1er Mai est un rassemblement politique où s'exprime l'Unité des Travailleurs (ses) de la classe ouvrière. Le travail dont nous parlons est celui qui dispute au capital sa part de richesse ! »
Le Ton coléreux, la gestuelle à l'avenant, il poursuit : « quoi qu'il arrive, nous continuerons cette bataille pour les 8 heures de travail, pour la semaine des 35 heures, et pour la retraite à 60 ans qui demeure l'objectif et la valeur qui nous ont été volés ».
Rebondissant sur l'ancrage de la haine envers la communauté musulmane, Mélenchon fulmine : « Oui, j'ai dit Islamophobie, c'est-à-dire une chose qui tue. C'est de la folie ! Une folie qui va au bout du racisme ! »
Et De s'égosiller avec autant de rage : « La guerre est toujours le fléau qui foudroie les mêmes. Les peuples manifestent leur refus de la guerre et leur envie de vivre. Vivre ! Vivre ! Comme on voudrait vivre et survivre à Gaza, en dépit du génocide ! Que tous les Gazaouis (es)sachent que notre coueur est avec eux. Que l'horreur nous serre la gorge ! »
De la grève générale du 1er mai 1886, insufflée par les Anarchistes au pays de l'oncle Sam, à la Résistance du peuple palestinien, un seul combat : déconstruire le mythe de la domination et sa puissance de feu, par la Solidarité !
O.H








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Impérialisme, guerre, Trump : Claude Serfati analyse le CHAOS MONDIAL
19 avril 2025 | tiré du site de Révolution permanente
https://www.youtube.com/watch?v=eFnnZ2y0_r4
Le 4 avril dernier, quelques jours après l'annonce par Trump de son offensive douanière, RP recevait Claude Serfati. L'économiste marxiste, spécialiste de l'industrie de l'armement et de l'impérialisme français, revient sur la situation internationale, le rôle de l'armée dans la Ve République ou encore le consensus militariste en France.

Hausse sans précédent des dépenses militaires mondiales avec un bond en Europe et au Moyen-Orient

Tiré de A l'Encontre
28 avril 2025
Par le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri)
(Stockholm, 28 avril 2025) – Les dépenses militaires mondiales ont atteint 2 718 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 9,4 % en termes réels par rapport à 2023. La plus forte hausse annuelle jamais enregistrée depuis au moins la fin de la guerre froide. Les dépenses militaires ont augmenté dans toutes les régions du monde, avec une hausse particulièrement rapide en Europe et au Moyen-Orient. Les cinq plus grands dépensiers – États-Unis, Chine, Russie, Allemagne et Inde – concentrent 60 % du total mondial, avec des dépenses combinées s'élevant à 1 635 milliards de dollars, selon de nouvelles données publiées aujourd'hui par le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri).
Plus forte hausse des dépenses militaires mondiales depuis la fin de la guerre froide
Les dépenses militaires mondiales ont atteint 2 718 milliards de dollars en 2024, soit la dixième année consécutive de hausse. Les 15 plus grands dépensiers au monde ont tous augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Le fardeau militaire mondial, c'est-à-dire la part du produit intérieur brut (PIB) mondial consacrée aux dépenses militaires, a atteint 2,5 % cette même année.
« Plus de 100 pays à travers le monde ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Alors que les gouvernements accordent de plus en plus la priorité à la sécurité militaire, souvent au détriment d'autres secteurs budgétaires, les compromis qui en découlent pourraient avoir un impact socio-économique significatif dans les années à venir », souligne Xiao Liang, chercheur au programme Dépenses militaires et production d'armement du Sipri.
L'augmentation des dépenses européennes fait grimper le total mondial
Les dépenses militaires en Europe (Russie incluse) ont augmenté de 17 % pour atteindre 693 milliards de dollars et sont le principal facteur de la hausse au niveau mondial en 2024. Alors que la guerre en Ukraine entrait dans sa troisième année, les dépenses militaires ont continué d'augmenter sur tout le continent, poussant les dépenses militaires européennes au-delà du niveau enregistré à la fin de la guerre froide. Tous les pays européens ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024, à l'exception de Malte.
Les dépenses militaires de la Russie ont atteint environ 149 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 38 % par rapport à 2023 et le double du niveau de 2015. Cela représente 7,1 % du PIB russe et 19 % de l'ensemble des dépenses publiques russes. Les dépenses militaires totales de l'Ukraine ont augmenté de 2,9 % pour atteindre 64,7 milliards de dollars, soit l'équivalent de 43 % des dépenses de la Russie. Avec 34 % du PIB, l'Ukraine enregistrait le fardeau militaire le plus lourd de tous les pays en 2024.
« La Russie a une fois de plus considérablement augmenté ses dépenses militaires, creusant ainsi l'écart budgétaire avec l'Ukraine », précise Diego Lopes da Silva, chercheur principal au programme Dépenses militaires et production d'armement du Sipri. « L'Ukraine consacre actuellement la totalité de ses recettes fiscales à son armée. Dans un contexte budgétaire aussi serré, il lui sera difficile de continuer à augmenter ses dépenses militaires. »
Plusieurs pays d'Europe centrale et occidentale ont enregistré une hausse sans précédent de leurs dépenses militaires en 2024, suite à la mise en œuvre de nouveaux engagements budgétaires et de plans d'approvisionnement à grande échelle. Les dépenses militaires de l'Allemagne ont augmenté de 28 % pour atteindre 88,5 milliards de dollars, ce qui en fait le plus grand dépensier d'Europe centrale et occidentale et le quatrième au monde.
Les dépenses militaires de la Pologne ont augmenté de 31 % pour atteindre 38,0 milliards de dollars en 2024, ce qui représente 4,2 % du PIB polonais.
« Pour la première fois depuis la réunification, l'Allemagne est devenue le premier pays d'Europe occidentale à dépenser le plus pour ses forces armées, grâce au fonds spécial de défense de 100 milliards d'euros annoncé en 2022 », déclare Lorenzo Scarazzato, chercheur au programme Dépenses militaires et production d'armement du Sipri. « Les dernières politiques adoptées en Allemagne et dans de nombreux autres pays européens augurent de l'entrée de l'Europe dans une période de dépenses militaires élevées et croissantes, qui devrait se poursuivre dans un avenir prévisible. »
Les dépenses d'un nombre record de membres de l'Otan atteignent 2 % du PIB
Tous les membres de l'Otan ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Le total de leurs dépenses s'élève à 1 506 milliards de dollars, soit 55 % des dépenses militaires mondiales. Sur les 32 membres de l'Otan, 18 ont consacré au moins 2,0 % de leur PIB à leurs forces armées, selon la méthodologie du Sipri *, contre 11 en 2023. C'est la part la plus élevée depuis l'adoption par l'OTAN en 2014 de la directive sur les dépenses de défense.
Les dépenses militaires des États-Unis ont augmenté de 5,7 % pour atteindre 997 milliards de dollars, soit 66 % des dépenses totales de l'Otan et 37 % des dépenses militaires mondiales en 2024. Une part importante du budget américain est consacrée à la modernisation des capacités militaires et de l'arsenal nucléaire afin de maintenir un avantage stratégique sur la Russie et la Chine.
Les membres européens de l'Otan ont dépensé 454 milliards de dollars, soit 30 % du total des dépenses de l'alliance.
« L'augmentation rapide des dépenses des membres européens de l'Otan est principalement due à la persistance de la menace russe et aux inquiétudes concernant un éventuel désengagement américain au sein de l'alliance », précise Jade Guiberteau Ricard, assistante de recherche au programme Dépenses militaires et production d'armement du Sipri. « Il est important de souligner qu'une simple hausse des dépenses ne se traduira pas nécessairement par une augmentation significative des capacités militaires ou par une indépendance vis-à-vis des États-Unis. Ce sont des tâches bien plus complexes. »
Bond des dépenses militaires au Moyen-Orient
Les dépenses militaires au Moyen-Orient s'élèvent à environ 243 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2023 et de 19 % par rapport à 2015.
Les dépenses militaires d'Israël ont bondi de 65 % pour atteindre 46,5 milliards de dollars en 2024 – la plus forte augmentation annuelle depuis la guerre des Six Jours en 1967 – tandis que le pays poursuivait sa guerre à Gaza et intensifiait le conflit avec le Hezbollah au sud du Liban. Son fardeau militaire a atteint 8,8 % du PIB, le deuxième plus élevé au monde. Les dépenses militaires du Liban ont augmenté de 58 % en 2024 pour atteindre 635 millions de dollars, après plusieurs années de baisse des dépenses en raison de la crise économique et politique.
« Contrairement au pronostic attendu selon lequel de nombreux pays du Moyen-Orient augmenteraient leurs dépenses militaires en 2024, les hausses majeures ne se sont limitées qu'à Israël et au Liban », précise Zubaida Karim, assistante de recherche au programme Dépenses militaires et production d'armement du Sipri. « Ailleurs, les pays n'ont pas augmenté leurs dépenses de manière significative en réponse à la guerre à Gaza ou en ont été empêchés par des contraintes économiques. »
Les dépenses militaires de l'Iran ont diminué de 10 % en termes réels pour atteindre 7,9 milliards de dollars en 2024, et ce malgré son implication dans des conflits et son soutien à des intermédiaires régionaux. L'impact des sanctions sur l'Iran a fortement limité sa capacité à augmenter ses dépenses.
La Chine et ses voisins poursuivent leur renforcement militaire
La Chine, deuxième plus grand dépensier militaire au monde, a augmenté ses dépenses de 7 %, pour atteindre environ 314 milliards de dollars, marquant ainsi trois décennies d'augmentations consécutives. La Chine représente 50 % de toutes les dépenses militaires en Asie-Océanie, investissant dans la modernisation continue de son armée et dans le renforcement de ses capacités en matière de cyberguerre et d'arsenal nucléaire.
Les dépenses militaires du Japon ont augmenté de 21 % pour atteindre 55,3 milliards de dollars en 2024, soit la plus forte hausse annuelle depuis 1952. Son fardeau militaire a atteint 1,4 % du PIB, son niveau le plus élevé depuis 1958. Les dépenses militaires de l'Inde, cinquième plus grand dépensier au monde, ont augmenté de 1,6 % pour atteindre 86,1 milliards de dollars. Les dépenses de Taïwan ont augmenté de 1,8 % en 2024, s'élevant à 16,5 milliards de dollars.
« Les principaux dépensiers dans la région Asie-Pacifique investissent de plus en plus dans les capacités militaires avancées », souligne Nan Tian, directeur du programme Dépenses militaires et production d'armement du Sipri. « Avec plusieurs conflits non résolus et des tensions croissantes, ces investissements risquent d'entraîner la région dans une dangereuse spirale de course aux armements. »
Autres évolutions notables
. En 2024, le Royaume-Uni a augmenté ses dépenses militaires de 2,8 % pour atteindre 81,8 milliards de dollars, ce qui en fait le sixième pays le plus dépensier au monde. Les dépenses militaires de la France ont augmenté de 6,1 % pour atteindre 64,7 milliards de dollars, c'est le neuvième pays le plus dépensier.
. La Suède a augmenté ses dépenses militaires de 34 % en 2024, pour atteindre 12 milliards de dollars. Au cours de sa première année d'adhésion à l'Otan, le fardeau militaire de la Suède a atteint 2 % du PIB.
. L'Arabie saoudite est le plus grand dépensier du Moyen-Orient en 2024 et le septième au monde. Ses dépenses militaires ont connu une modeste augmentation de 1,5 %, atteignant environ 80,3 milliards de dollars, mais toujours inférieures de 20 % à celles de 2015, année où les revenus pétroliers du pays avaient atteint leur pic.
. Les dépenses militaires du Myanmar ont bondi de 66 % en 2024 pour atteindre environ 5 milliards de dollars, soit le taux de croissance le plus élevé en Asie-Océanie, tandis que les conflits internes s'intensifiaient.
. Les dépenses militaires du Mexique ont augmenté de 39 %, pour atteindre 16,7 milliards de dollars en 2024, afin de financer principalement le renforcement de la Garde nationale et de la marine qui participent à la réponse militarisée du gouvernement au crime organisé.
. Les dépenses militaires en Afrique ont atteint 52,1 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 3 % par rapport à 2023 et de 11 % par rapport à 2015.
Traduction française : Aziza Riahi, Observatoire des armements
Note du SIPRI :
Toutes les variations en pourcentage sont exprimées en termes réels (prix constants de 2023).
Les dépenses militaires incluent toutes les dépenses publiques pour les forces armées et les activités militaires, y compris les salaires et les avantages sociaux, les frais de fonctionnement, les achats de matériel militaire et d'armes, les infrastructures militaires, la recherche et développement, l'administration centrale, le commandement et le soutien.
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Journée internationale de la liberté de presse – Un réveil politique nécessaire

En ces temps incertains, où les fausses nouvelles et la désinformation sont propulsées par les géants du numérique, qui n'ont d'autre but que de faire du profit, s'assurer que nos médias d'information aient les moyens de faire leur travail est fondamental, particulièrement pour des sociétés où le droit de parole de toutes et tous est une valeur cardinale.
En cette journée symbolique, la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) souligne le travail accompli par les journalistes et par les organisations de l'information ; travail essentiel pour la santé démocratique partout à travers le monde.
« En ces temps incertains, où les fausses nouvelles et la désinformation sont propulsées par les géants du numérique, qui n'ont d'autre but que de faire du profit, s'assurer que nos médias d'information aient les moyens de faire leur travail est fondamental, particulièrement pour des sociétés où le droit de parole de toutes et tous est une valeur cardinale », déclare Annick Charette, présidente.
Mme Charette rappelle la situation préoccupante des Coopératives de l'information indépendante, la CN2i, qui regroupe six quotidiens régionaux et qui doit procéder à une nouvelle restructuration afin d'optimiser son fonctionnement. « Les compressions annoncées cette semaine s'ajoutent à toutes celles annoncées dans la dernière année dans le domaine, tant en presse écrite qu'en télévision et en radio. Pourtant l'information locale est au cœur de la vitalité des communautés régionales. À quand le réveil politique ? », continue Mme Charette.
Protéger les médias c'est aussi leur donner les moyens d'exister. « C'est reconnaitre leur importance et protéger les gens qui y travaillent. Les gouvernements de tous paliers doivent prendre fait et acte pour maintenir la diversité des voix et protéger l'information partout au pays en s'impliquant dans le maintien des médias locaux et nationaux. La FNCC a lancé en 2024 la campagne “L'information, un bien public”, qui met de l'avant des solutions structurantes à la crise des médias d'information. Nous invitons les dirigeants à les mettre en œuvre », termine la présidente.
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En 100 jours, Trump a plongé les États-Unis dans une dystopie climatique

En 100 jours à la Maison Blanche, Donald Trump a démantelé des décennies de politique climatique et muselé les contre-pouvoirs. « Sa révolution commence à peine », prévient un politologue.
Tiré de Reporterre
1er mai 2025
Par Emmanuel CLévenot
Le 19 novembre 2024, la mégafusée Starship du milliardaire Elon Musk décollait dans le ciel texan. Une nouvelle étape de la conquête spatiale de Mars, aux premières loges de laquelle jubilait Donald Trump. À deux mois de son investiture à la tête des États-Unis, le tribun crachait déjà son ambition débridée aux yeux de tous. Seulement, l'opération échoua et l'engin spatial s'est écrasé dans le golfe du Mexique. Aurait-il dû y déceler un signe prémonitoire ?
Cinq mois plus tard, la scène semble s'être muée en allégorie. D'après le New York Times, jamais aucun président étasunien n'avait affiché une cote de popularité aussi basse que le Républicain au centième jour de son mandat. Aucun… excepté lui, en 2017, lors de son premier mandat. Peu importe. L'homme de 78 ans est prêt.
« Donald Trump a retenu les erreurs du passé, dit à Reporterre le politologue franco-étasunien Romuald Sciora. Cette fois-ci, il a une colonne vertébrale politique solide. Il est devenu l'incarnation de l'ultradroite. » Et son projet est limpide : mener une contre-révolution blanche, patriarcale et climatodénialiste.
L'ancienne star de téléréalité avait promis un retour fracassant. Il a tenu parole. Le 20 janvier, jour de son entrée à la Maison Blanche, il paraphait 26 décrets sous une pluie de flashs. Parmi eux, le retrait de l'Accord de Paris et l'abandon d'une série de mesures écologiques prises sous l'administration de Joe Biden. Des interdictions des forages pétroliers, elles aussi, sont passées à la trappe. « Nous allons forer, bébé, forer », répétait à tue-tête le nouveau locataire du bureau ovale.
« Inonder la zone de merde »
Trois mois se sont écoulés depuis cette arrivée en fanfare. Le détricotage des politiques climatiques continue à la vitesse de l'éclair, avec déjà plus de 130 décrets signés. Un record absolu, enrobé d'un storytelling parfaitement huilé. « Trump est un showman, explique le chercheur associé à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). Sa signature à peine griffonnée, il jette les stylos à ses fans dans une ambiance pareille à celle des concerts d'Elvis Presley. »
Ce funeste théâtre camoufle toutefois une stratégie calibrée. Ancien conseiller du président, et auteur d'un salut nazi en février, Steve Bannon l'a résumée en cinq mots : « Inonder la zone de merde. » En d'autres termes, asphyxier les contre-pouvoirs par une quantité démentielle de mesures.
Pour Trump, « celui qui sauve sa patrie ne viole aucune loi »
Et ça fonctionne. Les Démocrates, de Joe Biden à Barack Obama, se murent — hormis Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez — dans un silence assourdissant. Le Congrès, où domine le rouge républicain, obéit au doigt et à l'œil. Et les juges fédéraux ont beau réagir, Donald Trump les nargue en citant Napoléon : « Celui qui sauve sa patrie ne viole aucune loi. »
Aussi vif soit-il aujourd'hui, l'écho médiatique international pourrait finir par s'émousser. Académiciens, intellectuels et citoyens du pays semblent en état de sidération. « Voyons les choses comme elles sont, dit Romuald Sciora. Début avril, 500 000 personnes ont défilé dans la rue pour crier leur désaccord à Donald Trump. Elles étaient plus de 17 millions, en 2020, pour le mouvement Black Lives Matter », qui dénonçait le racisme envers les Noirs.
Saccager la politique climatique
Le champ libre, Donald Trump poursuit inlassablement son travail de sape à l'encontre du climat. Et les pays les plus précaires en pâtissent. Le 7 mars, les États-Unis ont quitté le Fonds sur les pertes et dommages, un mécanisme établi deux ans plus tôt, lors de la COP28 à Dubaï, pour dédommager les nations du Sud au lendemain de catastrophes météorologiques. Le Républicain a aussi jeté aux oubliettes les promesses faites à l'Afrique du Sud, l'Indonésie et au Vietnam de les aider à sortir des fossiles.
Le 12 mars, une poignée d'heures lui a suffi à saccager 31 réglementations écologiques. À tour de bras, le tribun a assoupli ou supprimé les normes encadrant les centrales à charbon ou encore les émissions de mercure. Le périmètre de la loi interdisant de déverser des polluants dans les eaux navigables du pays a été également bouleversé. Et l'octroi de 20 milliards de dollars (environ 18 milliards d'euros) de subventions destinées à la lutte contre la crise climatique a été sucré.
Les océans n'ont pas été épargnés par la folie trumpienne. Un sanctuaire marin de la taille du Pérou, parsemé d'atolls coralliens et refuge de baleines menacées d'extinction, a été livré aux griffes de la pêche commerciale. D'autres pourraient suivre. D'un trait de plume, Donald Trump a par ailleurs enterré dix ans de négociations internationales, en autorisant l'exploitation minière des grands fonds marins. « Un précédent extrêmement inquiétant », a déploré auprès de Reporterre François Chartier, de Greenpeace, le 24 avril.
Dans l'avalanche de décrets, certains apparaissent plus farfelus. Pour « prendre soin de [ses] beaux cheveux », le président étasunien a libéralisé le débit des pommeaux de douche. Les pailles en plastique ont aussi fait leur retour dans le pays à sa demande. « Ça peut sembler absurde depuis l'Europe, mais les États-Unis sont une show-nation, précise le politologue de l'Iris. Trump a gagné l'élection après s'être affiché en vendant des frites chez McDonald's et en conduisant un camion-poubelle. Dans un pays où prime l'individualisme, ça marche bien plus que de défendre la lutte contre le changement climatique. »
« Erreur 404 »
En 100 jours aux manettes, le milliardaire new-yorkais a également lancé une croisade antiscience. Des subventions aux prestigieuses universités Harvard et Columbia ont été gelées. Sous peine de perdre leurs financements, les chercheurs ont dû bannir 120 mots de leurs travaux, dont « climat » et « femme ».
Le 10 mars, la scientifique en chef de la Nasa, Katherine Calvin, a été licenciée. Il lui avait été interdit, un peu plus tôt, de participer à une conférence du Giec… dont elle est pourtant l'une des présidentes. La chasse aux sorcières a condamné plus de 880 employés de la NOAA, illustre agence menant notamment des recherches sur les ouragans. Tous ont été mis à la porte dans le cadre de « l'optimisation des effectifs » pilotée par Elon Musk. Plus de 1 000 autres pourraient suivre.
Des étudiants et des chercheurs de UCLA lors d'une manifestation contre les coupes budgétaires de l'administration Trump dans la recherche, la santé et l'enseignement supérieur, à Los Angeles, le 8 avril 2025. © Robyn Beck / AFP
Avant eux, la campagne de licenciements massifs avait déjà atteint les agents des parcs nationaux ou encore ceux assurant la sûreté nucléaire et la protection des côtes. L'Observatoire hawaïen du Mauna Loa, mesurant le CO2 dans l'atmosphère depuis 1958, est aussi sur la sellette. Les données de tous ces services sont pourtant primordiales pour prévoir des scénarios climatiques.
Face à cette purge, la communauté scientifique s'alarme. « C'est l'héritage des Lumières qui est menacé, a déclaré au journal Le Monde la climatologue française Valérie Masson-Delmotte. C'est sans précédent dans un pays démocratique, en dehors de périodes fascistes. » Les pages dédiées à l'écologie sur les sites gouvernementaux arborent d'ailleurs déjà de provocantes « Erreur 404 ».
Le début d'une révolution
En tous points du planisphère, les diplomates sont, eux aussi, en apnée. Les visées expansionnistes de Donald Trump menacent le canal du Panama, le Canada, le Groenland et la bande de Gaza — où le Républicain a déclaré vouloir bâtir « la Côte d'Azur du Moyen-Orient ». Même la toponymie vacille, le golfe du Mexique ayant été rebaptisé « golfe d'Amérique » sur Google Maps. Sans parler de la guerre commerciale lancée contre la Chine notamment, avec des droits de douane de 145 %.
Le cap des 100 jours pourra-t-il arrêter ce basculement dystopique ? Non, rétorque Romuald Sciora : « La révolution trumpienne commence à peine. La guerre contre les minorités et le climat également. » Le chercheur franco-étasunien affirme que le bruit court déjà à Washington que les élections de mi-mandat en 2026 sont en danger : « Elles ne seront pas annulées, mais pourraient être contrôlées par Trump. »
« Ce n'est pas une dérive illibérale, c'est un début de confiscation de la démocratie, dénonçait le 4 mars le sénateur français Claude Malhuret. Rappelons-nous qu'il n'a fallu que 1 mois, 3 semaines et 2 jours pour mettre à bas la République de Weimar [en Allemagne]. »
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Mettre en place des politiques de protection sociale adéquates est essentiel pour l’égalité entre hommes et femmes

Le document de travail de l'OIT met en évidence l'impact d'une protection sociale bien conçue et de politiques intégrées sur l'amélioration de l'égalité entre hommes et femmes.
Tiré de Entre les lignes et les mots
GENÈVE (OIT Infos) – Dans sa nouvelle publication, Mettre la protection sociale au service de l'égalité entre hommes et femmes : A quoi cela ressemble-t-il ? Comment y parvenir ?,l'Organisation internationale du Travail (OIT) souligne que la conception de politiques tenant compte de l'égalité entre hommes et femmes et la coordination entre la protection sociale et d'autres politiques sont essentielles pour lutter contre les inégalités structurelles et garantir l'accès effectif des femmes aux prestations et services de protection sociale.
Présenté lors d'une table ronde en ligne jeudi dernier, le document adopte une approche fondée sur le cycle de vie et souligne que chaque étape nécessite une attention particulière aux risques et besoins spécifiques liés au genre lors de la mise en œuvre des régimes de protection sociale.
La publication de l'OIT montre également que les inégalités entre hommes et femmes dans la couverture légale et effective de la protection sociale et d'adéquation des prestations demeurent importantes. Au niveau mondial, seule une femme sur deux (50,1 pour cent, contre 54,6 pour cent des hommes) est couverte par une forme de protection sociale, tandis que l'autre moitié en demeure toujours exclue. On observe la même inégalité pour la couverture légale globale. Une proportion nettement plus faible de femmes – 28,2 pour cent au niveau mondial – bénéficie d'une couverture légal complète, soit 11,1 points de pourcentage de moins que les hommes, dont 39,3 pour cent sont couverts. Ces écarts de couverture sont d'autant plus préoccupants dans un contexte marqué par multiples crises et défis, tels que la crise climatique, les conflits et les pandémies, qui touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles et risquent d'exacerber les inégalités de genre déjà existantes.
Au cours de la discussion, Shahra Razavi, Directrice du Département de la Protection sociale universelle à l'OIT et modératrice de la table ronde, a prononcé le discours d'ouverture et présenté les principales conclusions de l'étude avec Christina Behrendt, Chef de Unité de Politiques sociales du même Département. « Les politiques de protection sociale doivent placer l'égalité entre hommes et femmes au centre de leurs préoccupations si elles veulent agir en faveur des femmes. Pendant trop longtemps, l'égalité de genre a été synonyme de prestations de maternité et de programmes d'assistance sociale. Cette approche ne tient pas compte de l'ensemble des risques liés au cycle de vie et des obstacles structurels auxquels les femmes sont confrontées, comme le chômage ou le fait d'avoir de jeunes enfants dans leur foyer en l'absence d'un partenaire », a expliqué Shahra Razavi.
La mise en place de systèmes de protection sociale tenant compte de la dimension de genre nécessite des approches politiques intégrées, car les systèmes de protection sociale ne peuvent que partiellement atténuer les inégalités générées par la discrimination sur le marché du travail, dans l'accès à la formation professionnelle ou aux actifs, et par les politiques fiscales qui ne créent pas d'espace budgétaire pour investir dans la protection sociale. « Bien que la durabilité des politiques budgétaires soit importante, il existe une contradiction : la politique budgétaire conduit souvent à des coupes dans la protection sociale et les services, qui sont pourtant essentiels pour préserver les objectifs de développement que la consolidation budgétaire est censée protéger en premier », a déclaré James Heintz, professeur d'économie à l'Université du Massachusetts.
S'appuyant sur les expériences de différents pays, ainsi que sur les normes et principes internationaux de sécurité sociale, le document propose des voies prometteuses pour renforcer la protection sociale pour les femmes dans diverses situations économiques et d'emploi, étapes du cycle de vie et types de famille. Offrant une voie sûre pour sortir de la pauvreté et une base pour un niveau de vie décent, la protection sociale renforce les capacités et l'action des femmes. La réalisation de ce potentiel dépend de la création de synergies puissantes : entre la protection sociale et la protection du travail ; entre les transferts et les services, et entre la protection sociale et les autres politiques, en particulier du soin, de l'emploi, de la formalisation et les politiques fiscales.
« Ce dont les travailleuses de l'économie informelle ont besoin, ce sont des approches intégrées. La protection sociale doit faire partie d'un système intégré visant à améliorer leurs moyens de subsistance et revenus, et, en fin de compte, à apporter des changements économiques structurels », a souligné Laura Alfers, coordinatrice internationale de WIEGO.
Deepta Chopra, professeure-chercheuse à l'Institute of Development Studies de l'Université du Sussex, a conclu « Nous devons réfléchir au fait que la pauvreté ne concerne pas uniquement les revenus, mais aussi les apports – comme la charge de temps qui pèse sur les femmes, par exemple. Ces programmes doivent aller au-delà de la simple aide financière. Si l'on parle d'approches fondées sur les droits, il faut dépasser la vision des femmes uniquement comme mères, voire comme travailleuses, pour les reconnaître pleinement en tant que citoyennes. »
Lisez l'intégralité du document de travailici.
Accédez à l'enregistrement de l'événement : ici.
Getting social protection policies right is key for gender equality
https://www.ilo.org/resource/news/getting-social-protection-policies-right-key-gender-equality
Lograr políticas de protección social adecuadas, clave para la igualdad de género
https://www.ilo.org/es/resource/news/lograr-politicas-de-proteccion-social-adecuadas-clave-para-la-igualdad-de
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Reconstruire l’Ukraine, où les droits syndicaux seront respectés

À l'invitation de l'organisation syndicale française Solidaires, deux représentantes du syndicat du personnel soignant ukrainien Soyez comme nous sommes étaient à Paris pour le 1er mai 2025 et ont participé à la manifestation syndicale. Nous publions la déclaration de Antonina Shatsylo membre de Soyez comme nous sommes lors d'une conférence organisée par Solidaires le 30 avril en présence de syndicaliste argentin, espagnol et italien.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Chers amis,
Je m'appelle Antonina Shatsylo et c'est un honneur et un privilège pour moi d'être ici aujourd'hui à Paris pour Solidaires afin de présenter notre jeune syndicat médical indépendant, le Mouvement médical #БудьЯкМи : Soyez comme nous sommes.
Soyez comme nous sommes a vu le jour avant la guerre en Ukraine. En 2019, avec d'autres professionnels de santé, nous avons créé un mouvement qui n'avait alors aucun équivalent dans notre pays. Depuis, nous défendons les droits des professionnels de santé et luttons pour des salaires décents et des conditions de travail dignes. Lorsque nous ne parvenions pas à résoudre les problèmes de manière pacifique, nous organisions des manifestations (actuellement, en raison de l'état d'urgence, elles sont interdites par la loi). Notre objectif principal est d'améliorer les conditions de travail et la formation des professionnels de santé. Pour cela, nous utilisons tous les moyens à notre disposition, dans le respect de la loi bien sûr.
Soyez comme nous sommes est une organisation non gouvernementale à but non lucratif légalement enregistrée. Dans notre travail, nous sommes guidés par des statuts approuvés. La majorité des membres de notre organisation sont des femmes.
Nos principales stratégies sont les suivantes : créer un réseau d'organisations non gouvernementales et de syndicats professionnels, développer une structure dans chaque région d'Ukraine, sensibiliser la population aux droits des travailleurs de la santé. Nous organisons également un travail médiatique et des actions de protestation pour promouvoir des lois qui devraient améliorer la prestation des soins médicaux et les conditions de travail. Par exemple, nous avons exigé l'adoption d'une loi sur la responsabilité en matière de harcèlement moral et physique au travail. Nous défendons également l'égalité des sexes sur le lieu de travail, dans l'éducation et dans la vie quotidienne. Parallèlement, nous mettons en place un réseau de coopération avec d'autres organisations qui ont des activités et des principes similaires, notamment celles qui défendent l'égalité des sexes. Nous organisons des séminaires éducatifs sur la protection des droits du travail pour les équipes d'infirmières dans différentes villes d'Ukraine, au cours desquels elles développent leurs compétences en matière de leadership et acquièrent des compétences en matière d'organisation. Sur la base de conflits de travail concrets dans chaque équipe, nous élaborons un plan d'action pour les résoudre. La priorité de ce plan est la protection des droits des infirmières. Nous organisons également des rencontres entre les équipes et un psychologue afin d'aider les femmes à gérer leur état émotionnel dans le contexte de la guerre.
Notre organisation milite pour un monde sans violence, pour l'égalité des droits et l'égalité des sexes, pour la création d'unions de femmes, en particulier dans le domaine médical, où le travail des femmes doit être respecté et bien rémunéré. Étant donné que les femmes ont, en plus de leur travail, la charge des enfants, des personnes malades, des personnes âgées et des tâches ménagères, nous voulons que ces responsabilités soient réparties équitablement entre tous les membres de la société et de la famille.
Notre organisation fonctionne selon des principes démocratiques. Avant de prendre une décision, nous la soumettons à un débat public au sein du groupe. Nous étudions également en détail les problèmes que nos membres nous soumettent, nous en discutons, tirons des conclusions et cherchons des solutions. Le poste de président de notre organisation est renouvelable. La conférence peut changer le conseil d'administration par un vote. Nous menons régulièrement des sondages publics auprès de nos membres, au cours desquels nous leur demandons d'évaluer nos activités.
Au fil du temps, nous sommes devenus une communauté de 85 000 personnes. Notre organisation a été créée sans aucun soutien de l'État ou des partis politiques. Et nous soutenons la création de syndicats dans toute l'Ukraine. Nous avons organisé les premières manifestations dans plusieurs villes à l'hiver 2019. Nous réclamions une augmentation des salaires des travailleurs de la santé, une augmentation des dépenses de santé en général, et que nos voix, celles des travailleurs de la santé, soient entendues dans toute réforme du système de santé en Ukraine.
Nous avons réitéré ces manifestations en 2020 et 2021 et avons obtenu des avancées : la réintégration des infirmières licenciées illégalement et le paiement des salaires dus dans plusieurs établissements.
Avant même la guerre en Ukraine, une réforme du système de santé avait été mise en place. Depuis lors, des établissements médicaux ferment leurs portes, les hôpitaux sont optimisés, c'est-à-dire fusionnés. Cela a de graves répercussions sur les professionnels de santé, qui perdent leur emploi. Ce processus s'est poursuivi pendant la guerre. La situation s'est considérablement détériorée : de nombreux établissements médicaux ont fermé leurs portes, notamment à la suite de bombardements et de tirs d'artillerie.
La perte d'emploi, l'occupation, les migrations massives, les réductions d'effectifs ne sont pas les seuls problèmes auxquels nous sommes actuellement confrontés. Les économies réalisées par les autorités locales sur le financement, les salaires des infirmières et autres personnels médicaux conduisent à l'appauvrissement d'une partie de la population dont nous défendons les droits.
La guerre qui a éclaté le 24 février 2022 a causé encore plus de problèmes non seulement pour les professionnels de santé, mais aussi pour l'ensemble de la population ukrainienne. Des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie. Des millions ont été contraintes de fuir vers les pays voisins et plus de 6 millions d'Ukrainiens sont devenus des personnes déplacées à l'intérieur du pays. Des villes et des villages ont été détruits. Nos hôpitaux et nos installations énergétiques sont devenus la cible de l'ennemi.
Nous avons compris que dans cette situation, nous ne pourrions pas nous en sortir sans l'aide de partenaires internationaux. C'est pourquoi nous avons convenu avec nos partenaires allemands de l'organisation Medico International d'un projet commun pour venir en aide aux Ukrainiens victimes de la guerre. Grâce à cette coopération, nous avons pu fournir un logement temporaire à plus de 40 familles avec des enfants en bas âge et des parents retraités. Près de 400 familles en situation très difficile ont reçu de l'aide sous forme de produits alimentaires et d'articles d'hygiène. Nous avons également la possibilité d'offrir un soutien psychologique et juridique. Et, ce qui est très important, nous aidons les médecins à se faire soigner. En effet, certaines personnes ont complètement perdu tout espoir de guérison. Grâce à ce projet, elles ont retrouvé la santé et peuvent à nouveau travailler et mener une vie normale.
Malheureusement, notre projet a pris fin le 31 décembre 2023. C'est pourquoi nous recherchons activement des organisations internationales avec lesquelles nous pourrons coopérer et continuer à aider les médecins et les Ukrainiens en particulier.
Nous nous souvenons de chacun de nos frères et sœurs, y compris des nombreux travailleurs de la santé qui ont perdu la vie en défendant notre pays ou qui ont été tués par les bombes et les missiles que la Russie continue de lancer sur nos communautés.
Tout au long de cette horreur, notre réponse s'est fondée sur un principe compréhensible pour tous les participants à cette réunion : le principe de solidarité.
Les syndicats ukrainiens se sont également mobilisés pour fournir une aide humanitaire, en fournissant de la nourriture, des logements, des médicaments et d'autres articles de première nécessité aux personnes déplacées, en réparant des bâtiments et en apportant un soutien psychologique et autre aux familles. Nous avons ressenti le soutien du mouvement syndical international, qui a fait preuve de solidarité en accueillant des Ukrainiens dans leurs pays et en apportant soutien et conseils à ceux qui ont été contraints de fuir.
Nous attendons la fin de la guerre et voulons de toutes nos forces et par tous les moyens rapprocher la victoire. Nous croyons que nous parviendrons à reconstruire l'Ukraine, où les droits syndicaux seront respectés dans tous les secteurs et où les travailleurs recevront un salaire décent et bénéficieront de conditions de travail équitables.
Ce ne sera pas facile. Mais vous avez vu notre force et notre dévouement pendant la guerre.
Paris, 30 avril 2025
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La longue attente de justice : Les travailleuses domestiques d’Indonésie luttent pour une protection juridique

Depuis 21 ans, le Réseau national de plaidoyer pour les travailleuses domestiques (JALA PRT) se bat pour la ratification du projet de loi sur la protection des travailleuses domestiques (RUU PPRT). Ce projet de loi, qui stagne à la Chambre des représentants indonésienne (DPR) depuis 20 ans, est devenu un symbole de la longue attente de justice des travailleuses domestiques.
Tiré de Entre les ligneset les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/05/04/la-longue-attente-de-justice-les-travailleuses-domestiques-dindonesie-luttent-pour-une-protection-juridique/?jetpack_skip_subscription_popup
Le projet de loi RUU PPRT a été soumis pour la première fois pendant la période 2004-2009 de la Chambre des représentants et a été proposé à nouveau durant chaque mandat parlementaire suivant. En juin 2020, la Commission législative de la Chambre des représentants (Baleg) a réussi à finaliser les discussions sur le projet de loi. Pourtant, jusqu'à ce jour, sa promulgation a été reportée à maintes reprises.
Cette situation de limbe législatif affecte environ 10 millions de travailleuses domestiques en Indonésie et à l'étranger, les laissant sans protection juridique adéquate. Selon le Jakarta Post, environ 4,5 millions de travailleuses domestiques opèrent uniquement en Indonésie, dont au moins 90 pour cent sont des femmes et une proportion significative est mineure.
Un appel à la Saint-Valentin
Le 14 février 2025, coïncidant avec la Saint-Valentin, la Coalition civile pour la loi sur la protection des travailleuses domestiques a tenu une conférence de presse à la Commission nationale sur la violence contre les femmes à Jakarta-Centre. La réunion a rassemblé des représentants d'institutions religieuses et d'organisations de la société civile pour faire pression en faveur de la ratification du projet de loi.
Les leaders religieux ont présenté un front uni lors de la conférence de presse. R.D. Marthen L.P. Jenarut, représentant la Conférence des évêques indonésiens, a exprimé son soutien total à la ratification du projet de loi sur la protection des travailleuses domestiques, notant que les travailleuses domestiques constituent un groupe vulnérable à la manipulation, aux traitements arbitraires et à l'exploitation.
« L'Église catholique indonésienne se tient toujours aux côtés de tous pour montrer sa solidarité sur des questions comme celle-ci, car les principes de l'enseignement catholique indonésien se réfèrent toujours à plusieurs valeurs fondamentales. La première est que chaque activité et question doit adhérer à des principes qui défendent la dignité humaine, la justice, la solidarité et le bien-être, » a ajouté le Père Marthen.
De même, le Révérend Ethika S., représentant la Communion des Églises en Indonésie (PGI), a souligné que le fondement de leur croyance est que chaque être humain est une créature noble créée par Dieu. « Ce que nous appelons homo imago dei, 'les humains sont l'image noble de Dieu'. Certainement, les humains en question incluent nos frères et sœurs qui travaillent comme travailleuses domestiques »
Les organisations islamiques ont également exprimé leur soutien. Dr Ummu Salamah de PP Aisyiyah a cité un hadith : « 'Donnez aux travailleurs leur salaire avant que leur sueur ne sèche.' (Rapporté par Ibn Majah). Aisyiyah croit que l'injustice envers les travailleuses domestiques est une forme d'oppression structurelle qui doit être éliminée par des politiques favorisant les groupes vulnérables. »
Nur Achmad, responsable d'un pesantren (école coranique) à Bogor et également membre de l'Assemblée du Congrès des femmes oulémas indonésiennes (KUPI), a proclamé que l'Islam affirme que l'humanité doit être valorisée, faisant référence à des versets du Coran qui parlent de dignité et de traitement équitable des travailleurs.
« Les travailleurs, quel que soit le type de travail qu'ils font, y compris les travailleuses domestiques, exercent des professions nobles qui doivent recevoir de l'appréciation, des garanties de sécurité, des garanties de bien-être et des garanties de protection » a déclaré Achmad.
Obstacles politiques
La réticence politique découle des préoccupations concernant la formalisation du travail domestique. Les législateurs – dont presque tous emploient plusieurs travailleuses domestiques hésitent à adopter une législation qui les obligerait à payer un salaire minimum, à fournir des avantages sociaux, des heures supplémentaires et des indemnités de départ. Ils craignent de perdre des votes des classes moyennes urbaines. Environ 12% des ménages urbains comprennent des travailleuses domestiques.
La Journée nationale des travailleuses domestiques, établie en 2007, commémore le cas tragique de Sunarsih, une travailleuse domestique enfant de 14 ans décédée en 2001 après avoir subi de graves violences. Elle était victime de trafic forcé à Surabaya et a souffert de multiples formes d'abus.
Comme l'a souligné Ajeng Pangesti de Perempuan Mahardhika, le concept de « famille » est souvent exploité pour justifier des salaires plus bas, des heures de travail illimitées et pour dissimuler la violence commise contre les travailleuses domestiques.
Alors que l'administration Prabowo-Gibran achève ses 100 premiers jours au pouvoir, les organisations de la société civile soulignent l'absence de réponse sérieuse à la violence continue et aux féminicides. Le gouvernement semble préoccupé par l'expansion de l'huile de palme, l'efficacité budgétaire et le programme de repas nutritifs gratuits, qui, selon les critiques, ne répond pas aux conditions vulnérables des travailleuses domestiques.
Le groupe féministe de gauche Perempuan Mahardhika est convaincu que les travailleuses domestiques, soutenues par une coalition croissante d'organisations de la société civile et de défense des droits humains, restent déterminées à poursuivre leur lutte jusqu'à ce que la justice qu'elles attendent depuis longtemps soit réalisée. Leur persévérance témoigne de l'espoir durable que, finalement, la valeur du travail de soins sera reconnue et que leurs droits fondamentaux en tant que travailleuses seront inscrits dans la loi.
Mark Johnson
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article74749
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Le droit de se soustraire un travail dangereux est encore refusé à un trop grand nombre de personnes

Le droit de refuser une tâche dangereuse sans crainte de représailles est inscrit dans la Convention 155 de l'OIT. Pourtant, dans certaines des industries les plus dangereuses du monde, comme l'exploitation minière et la démolition des navires, ce droit est encore loin d'être une réalité.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Cette année, le 28 avril, Journée mondiale de la santé et sécurité au travail, IndustriALL réaffirme que la santé et la sécurité des travailleurs ne peuvent être laissées aux mains des employeurs ; les travailleurs et travailleuses doivent être en mesure d'assurer leur sécurité par le biais de comités conjoints de santé et de sécurité et en exerçant leur droit de refuser une tâche qu'ils savent dangereuse.
Le groupe santé et sécurité d'IndustriALL se concentre sur les secteurs où la sécurité est trop souvent sacrifiée au profit, comme celui des matières premières critiques et de la démolition des navires. Dans ces secteurs, les travailleurs et travailleuses risquent leur vie tous les jours mais s'exprimer sur la sécurité peut signifier perdre son gagne-pain.
La démolition des navires est souvent considérée comme le métier le plus dangereux au monde. Les risques sont extrêmes ; il y a un manque de formation et les travailleurs sont exposées à des produits toxiques, à des chutes de tôles d'acier et des blessures mortelles ne surviennent que trop souvent. Après une longue campagne menée par IndustriALL et ses affiliés, la Convention de Hong Kong pour un recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires a été ratifiée et entrera en vigueur en juin de cette année.
L'entrée en vigueur de cette convention devrait améliorer la sécurité. Mais de graves lacunes subsistent. L'Inde a proposé une législation nationale pour transposer la convention dans son droit national. Elle ne comporte aucune référence au droit de refuser une tâche dangereuse, malgré l'intention de la convention d'ainsi protéger les travailleurs et travailleuses.
« Si elle est correctement mise en œuvre, la Convention de Hong Kong a le pouvoir de transformer la démolition des navires en un secteur beaucoup plus sûr. Mais nous nous interrogeons sur la volonté politique et la capacité des autorités des pays concerné par la démolition des navires à s'opposer au pouvoir des employeurs. Les syndicats doivent être reconnus comme des partenaires clés. La Convention est une approche descendante. Elle doit être complétée par une approche ascendante, menée par les travailleurs, afin de garantir la sécurité sur les chantiers »
a indiqué Walton Pantland, Directeur d'IndustriALL pour la construction navale et la démolition des navires.
Il en va de même dans le secteur minier, en particulier pour l'extraction des minéraux bruts essentiels qui alimentent la transition verte. La demande de cobalt, de lithium, de nickel et d'autres matériaux monte en flèche, mais les rapports d'accidents, d'effondrements et d'exposition chronique à la poussière et aux produits chimiques augmentent également. Une Transition juste inclut le droit des travailleurs et travailleuses à refuser un travail dangereux ; sans protections solides, le coût humain risque d'être dévastateur.
Glen Mpufane, Directeur d'IndustriALL pour l'exploitation minière et la santé et la sécurité au travail, a déclaré :
« le droit de refuser une tâche dangereuse n'est pas un privilège, c'est un droit fondamental, reconnu par l'OIT et soutenu par le droit international. Du côté d'IndustriALL, nous continuerons à nous battre pour des lendemains meilleurs en mettant l'accent sur l'évaluation des risques et sur une approche de la santé et de la sécurité au travail centrée sur les droits de l'homme. »
Le 28 avril est également connu comme étant la Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail. Nous nous souvenons des morts et luttons pour les vivants et nous renouvelons notre engagement dans la lutte pour des lieux de travail plus sûrs. Cette année, il s'agit également de faire face à des menaces nouvelles et émergentes. IndustriALL soutient l'appel de la CSI à une action urgente pour préserver la vie et les droits des travailleurs et travailleuses à l'ère de la numérisation et de l'intelligence artificielle (IA).
Alors que l'IA est de plus en plus déployée sur les lieux de travail, elle n'est pas toujours utilisée pour soutenir les travailleurs et travailleuses, mais pour les surveiller, les contrôler et même les exploiter. Bien que l'IA puisse être pilotée par des données, son impact est profondément humain et risque d'aggraver les déséquilibres de pouvoir existants. Protéger les droits des travailleurs et travailleuses à l'ère de l'IA signifie garantir la transparence, la responsabilité et que la sécurité et la dignité ne soient pas sacrifiées au nom de l'efficacité.
La CSI lance un appel en faveur :
* de la pleine participation des syndicats à la conception et au déploiement de l'IA sur le lieu de travail
* de technologies transparentes, centrées sur l'humain, qui respectent les droits et la sécurité
* d'une convention contraignante de l'OIT concernant le travail sur plateforme pour protéger tous les travailleurs et travailleuses de l'économie numérique
« L'intelligence artificielle n'appartient pas à un futur lointain ; elle façonne déjà le présent. La question est de savoir si les travailleurs et travailleuses auront leur mot à dire sur la manière dont elle façonne leur avenir. »
a déclaré Kan Matsuzaki, Secrétaire général adjoint d'IndustriALL.
The right to refuse unsafe work is still denied to too many
https://www.industriall-union.org/the-right-to-refuse-unsafe-work-is-still-denied-to-too-many
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Menaces russes contre la Lituanie – perspectives du monde de travail

Le syndicaliste et militant Jurgis Valiukevičius s'entretient avec Simon Pirani sur les nouveaux mouvements ouvriers en Lituanie, l'émigration et l'immigration, et sur la façon dont la sympathie pour la résistance ukrainienne a ouvert un espace de discussions sur les significations du nationalisme et de l'anti-impérialisme
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/04/30/menaces-russes-contre-la-lituanie-perspectives-du-monde-de-travail/
Simon : Parlez-nous du mouvement ouvrier en Lituanie. Quelles sont ses forces et ses faiblesses ? Quelle forme prend-il (syndicats ? organisations sur le lieu de travail ? etc.). Y a-t-il des liens entre le mouvement ouvrier et d'autres mouvements sociaux ?
Jurgis : Le mouvement ouvrier en Lituanie a été faible, mais nous avons observé quelques tendances positives au cours des 10 dernières années : il y a eu davantage de grèves et un peu plus de militantisme.
Le taux de syndicalisation a été faible : environ 8 à 10% de la main-d'œuvre sont membres de syndicats. Depuis les transformations économiques qui ont été mises en œuvre après que la Lituanie a obtenu son indépendance de l'Union soviétique en 1990, l'adhésion aux syndicats a régulièrement diminué. La plupart des usines ont fermé, et il n'y avait plus de grands sites industriels où l'activité syndicale traditionnelle pouvait avoir lieu.
Dans l'Union soviétique, les syndicats avaient tendance à fonctionner comme des prestataires de services sociaux, distribuant des aides sociales telles que le logement et les vacances. Lorsqu'il y avait des problèmes concernant les droits des travailleurs, ils avaient l'habitude d'adresser des plaintes à la branche du Parti communiste de leur lieu de travail, ou de résoudre les problèmes directement avec les directeurs d'usine par le biais de documents et de négociations officielles.
Une fois que le contrôle étatique du processus de production a disparu, il n'y avait plus de fonctionnaire auprès duquel les représentants syndicaux pouvaient se plaindre, ce qui a laissé les syndicats sans défense. En même temps, la plupart des dirigeants syndicaux n'étaient pas dotés de compétences d'organisation. Et la nouvelle classe d'affaires qui émergeait à cette époque était issue de groupes obscurs de type mafieux ayant des liens avec le gouvernement central.
J'ai précédemment publié (en anglais) des récits de résistance ouvrière qui ont eu lieu à cette époque. Les travailleurs gardaient leurs usines pour éviter qu'elles ne soient démantelées par les nouveaux propriétaires jusqu'à ce qu'ils reçoivent une compensation pour les salaires impayés. Dans les cas les plus radicaux, les gens faisaient des grèves de la faim.
Arrêter la production n'a pas beaucoup de sens si votre usine fait faillite. Donc, la seule façon de forcer une sorte de réconciliation était d'utiliser sa propre vie comme dernier recours de défense de biens précieux.
On pourrait dire que les travailleurs ont réussi à exercer une certaine pression politique sur les responsables gouvernementaux pour qu'ils interviennent. Vers 2001, le gouvernement a créé un fonds de faillite, à partir duquel les travailleurs pouvaient s'attendre à récupérer une partie de leurs salaires si leur entreprise devenait financièrement insolvable. Cependant, la plupart de ces luttes étaient plutôt des réactions au processus de privatisation et n'ont pas produit d'expériences positives de pouvoir collectif. La plupart des personnes qui ont participé à ces luttes ont ressenti une désillusion face à l'activité politique et sociale. L'effet sur les gens a été un désengagement supplémentaire des organisations de masse telles que les syndicats ou les partis politiques.
Et qu'en est-il des temps plus récents ?
Au cours de la dernière décennie, l'adhésion syndicale s'est stabilisée, et de nouvelles initiatives syndicales ont été lancées, qui tentent d'organiser les travailleurs précaires, ainsi que de chercher des liens avec le mouvement de gauche plus large et les organisations non gouvernementales (ONG).
Les plus militants sont les enseignants. Ils ont fait grève une fois tous les quatre ans. Ils organisent également des actions de protestation plus orientées vers le public qui stimulent le discours public et popularisent les idées sur la grève. En 2019, ils ont occupé le ministère de l'éducation pendant un mois. Les enseignants dormaient dans le ministère en attendant les négociations collectives.
En 2023, ils ont organisé une marche de grève : les enseignants ont fait un « pèlerinage » depuis tous les coins de la Lituanie, marchant à pied et visitant l'école de chaque petite ville. Toutes ces actions ont aidé ce syndicat particulier d'enseignants, le Syndicat des employés de l'éducation lituanienne, à se développer. Beaucoup de ses bastions se trouvent dans les zones rurales.
En 2019, un nouveau syndicat, G1PS ou Syndicat du travail du Premier mai, a été créé. C'est le syndicat que je représente et pour lequel je travaille. L'organisation a été créée après des protestations réussies contre la libéralisation du code du travail en 2018. Ce syndicat s'est organisé dans les secteurs des services, de la culture et de l'informatique, ainsi que pour certains travailleurs des plateformes de vente (par exemple, Uber ou Bolt).
Bien que ce syndicat soit assez jeune et peu nombreux, il a un modèle différent : chaque travailleur peut devenir membre quelle que soit sa profession. Il fournit des consultations gratuites sur les questions de travail. En cinq ans, il a créé six branches – certaines sont basées sur des lieux de travail uniques et d'autres sont orientées vers des secteurs, comme les coursiers de plateformes.
En général, les principaux obstacles à la construction d'un mouvement ouvrier plus militant et actif ne sont pas seulement économiques et idéologiques, mais aussi juridiques. La loi lituanienne sur les grèves est l'une des plus restrictives d'Europe. Elle force les travailleurs à entrer en négociations avant d'acquérir légalement le droit de grève. Il peut falloir jusqu'à deux ans pour passer par les négociations, et le syndicat ne peut pas changer ses revendications pendant ce temps. En conséquence, la plupart des négociations se terminent sans grands résultats, et les grèves sont rares.
Actuellement, les syndicats demandent que la loi sur les grèves soit libéralisée, et on s'attend à ce que le prochain gouvernement mette cette question à l'ordre du jour.
Qu'en est-il de l'économie lituanienne ? Si j'ai bien compris, ces dernières années, elle a été largement intégrée à l'UE, et le commerce avec la Russie a été réduit. Comment ces changements ont-ils affecté les travailleurs ?
L'économie lituanienne a été complètement transformée au cours des 30 dernières années. D'une économie dominée par l'industrie légère à l'époque soviétique, elle se compose maintenant principalement de petites et moyennes entreprises dans le secteur des services, de l'informatique, de la logistique et des marchés financiers.
Les deux hommes les plus riches de Lituanie sont le propriétaire de la chaîne de magasins Maxima et le propriétaire de Girteka, une entreprise de logistique. Ces deux secteurs économiques profitent des conditions de travail précaires – dans les magasins, les femmes constituent la majorité des travailleurs, et dans la logistique, les migrants dominent la main-d'œuvre des chauffeurs.
À part cela, la Lituanie possède un grand secteur agricole : la principale exportation est le grain. Bien qu'il y ait quelques sites industriels, ce sont pour la plupart des reliques post-soviétiques qui ont survécu à la transition des années 1990. Chaque grande ville a sa propre « zone économique libre », ce qui est typique d'un pays d'Europe de l'Est essayant d'attirer des capitaux étrangers.
Notre marché financier est entièrement dominé par les banques scandinaves. Nous n'avons pas de banque nationale. Il existe une institution portant ce nom, mais elle ne fournit que des analyses et quelques propositions politiques pour le gouvernement.
La trajectoire de l'économie a été orientée vers l'intégration aux marchés de l'UE. La guerre en Ukraine et les sanctions économiques qui ont suivi l'attaque russe ont encore plus orienté les entreprises vers les marchés de l'UE. La situation géopolitique a, d'une part, ralenti les investissements directs étrangers. D'autre part, le gouvernement tente d'attirer l'industrie militaire – des accords ont été conclus avec des entreprises industrielles allemandes et ukrainiennes pour ouvrir de nouvelles usines en Lituanie.
Avec la désindustrialisation, la classe ouvrière s'est féminisée et déqualifiée. Si vous demandiez aujourd'hui aux travailleuses des supermarchés leur histoire personnelle, beaucoup de ces femmes avaient auparavant travaillé dans une usine avec une qualification plus élevée. Elles ont perdu leur emploi dans les années 1990 et n'ont pas pu trouver quelque chose qui correspondrait à leur éducation. Puis elles ont trouvé du travail dans les magasins et supermarchés qui ont surgi au début des années 2000.
De plus, il y a eu une émigration à grande échelle, vers l'Irlande, le Royaume-Uni, l'Allemagne et les États-Unis. Au cours des trois dernières années, le niveau de migration s'est stabilisé, et il y a plus de personnes qui viennent en Lituanie que de personnes qui partent. Cependant, la plupart des immigrants ne sont pas des locaux qui reviennent, mais des Ukrainiens, des Biélorusses et des Russes qui arrivent pour la première fois.
La classe ouvrière est devenue plus mixte et stratifiée par nationalités et par statut juridique. Les effectifs des secteurs de la construction et de la logistique, ainsi que des plateformes de vente, sont dominés par les migrants à l'heure actuelle, ce qui crée des tensions et stimule les tendances politiques nationalistes.
J'ai plusieurs questions sur la guerre en Ukraine et l'attitude des Lituaniens à ce sujet. Tout d'abord, puis-je vous demander à propos des réfugiés. Je crois qu'il y a maintenant un nombre substantiel de réfugiés d'Ukraine, de Russie et de Biélorussie en Lituanie. Comment sont-ils traités par le gouvernement ? Comment est leur vie en Lituanie ? Comment les Lituaniens ont-ils réagi à leur arrivée ?
La position officielle du gouvernement a été que les migrants de ces pays ne sont pas les mêmes et que nous ne pouvons pas appliquer les mêmes règles à tout le monde. On pourrait dire que les Ukrainiens ont jusqu'à présent l'accès le plus facile. Pourtant, comme le gouvernement ukrainien essaie de récupérer ses hommes pour servir dans l'armée, les positions du gouvernement lituanien ont quelque peu changé – on parle davantage de la nécessité de ramener les Ukrainiens pour défendre leur pays. Cela créerait toutefois un gros problème pour les entreprises, car les Ukrainiens constituent désormais un segment important de la main-d'œuvre.
La diaspora biélorusse est très importante, mais moins visible. Il y a une longue histoire commune entre les Biélorusses et les Lituaniens. Nous avons une université biélorusse à Vilnius qui a déménagé ici après que [le président biélorusse Alyaksandr] Loukachenko l'a interdite à Minsk. Et la principale organisation d'opposition biélorusse dirigée par Sviatlana Tsikhanouskaya a son bureau à Vilnius. Mais les Biélorusses sont traités de manière ambivalente – en raison des protestations de 2020, ils ont d'abord été soutenus et aimés, mais une fois que la guerre a commencé en Ukraine, ils ont été regardés avec plus de suspicion.
Il est vrai qu'en Lituanie, il y a beaucoup d'agents secrets du Kremlin et de Loukachenko. Et pourtant, pour les gens ordinaires, la suspicion se traduit principalement par des problèmes pour obtenir l'asile ou des documents. Il y a des cas horribles de Biélorusses politiquement actifs renvoyés en Biélorussie, directement entre les mains du KGB [police de sécurité], simplement parce qu'ils ont travaillé dans une entreprise d'État il y a des années.
Vous avez commenté dans votre article pour Posle.Media la façon dont les forces de l'establishment et libérales en Lituanie trouvent souvent commode d'utiliser les Russes ordinaires comme cible de préjugés, et/ou ont prétendu que les Russes ordinaires sont responsables de la brutalité du gouvernement russe. Vous avez également dit que, depuis l'invasion totale de l'Ukraine par la Russie, cela a changé. Pouvez-vous nous donner une mise à jour ?
Je pense qu'en termes d'idéologies, les divisions sont faites par nos élites politiques entre « civilisation contre brutalité ». Comme nous nous alignons sur la partie « civilisée » du monde – au sens le plus large, l'« Occident » – nous avons tendance à dépeindre l'autre côté comme désespérément bestial et non démocratique. Il y a une envie constante de dépeindre la société russe comme brutale et bestiale – cela nous fait sentir plus européens et démocratiques.
De plus, je crois qu'une grande partie du soutien de notre élite politique à l'Ukraine ne provient pas de positions anti-impérialistes, mais se manifeste plutôt comme une haine implicite envers la Russie en tant que pays. Il y a un message répétitif dans les médias selon lequel les Ukrainiens se battent dans notre guerre contre la Russie.
C'est fondamentalement le discours dominant dans tous les médias et la vie politique. Mais les opinions au sein de la population sont plutôt plus mitigées.
Nous venons d'avoir des élections parlementaires dimanche (27 octobre). Les gagnants officieux de ces élections sont un parti qui est arrivé en troisième position – un parti marginal de droite dirigé par un parlementaire de longue date, [Remigijus Žemaitaitis,] qui est devenu célèbre parce qu'il a été accusé d'antisémitisme. Il a certainement fait des déclarations antisémites au parlement, avant le 7 octobre [2023, attaque contre Israël par le Hamas], c'est vrai. Mais plus tard, les accusations d'antisémitisme et un processus de destitution contre lui ont fait de lui une figure « anti-establishment ». Il a parfaitement exploité ce sentiment, mobilisant des votes « protestataires » – une sorte d'édition lituanienne de style Trump.
On peut aussi entendre plus de scepticisme envers les Ukrainiens et le soutien à l'Ukraine. Cependant, les partis qui ont tenté d'exploiter ce sentiment n'ont pas obtenu de vote majeur aux élections parlementaires. En fait, le principal politicien qui défendait des positions pro-Kremlin vient d'annoncer qu'il met fin à sa carrière politique : il n'a pas réussi à obtenir un siège au parlement.
Plus tôt, au printemps de cette année, nous avons eu une élection présidentielle dans laquelle un candidat, qui exprimait une certaine nostalgie pour l'Union soviétique, a obtenu environ 50 000 votes dans toute la Lituanie. Il a obtenu le pourcentage le plus élevé dans les régions où les minorités russes et polonaises sont prédominantes. Les médias ont pris cela comme une preuve que nous avons « une menace russe » dans notre propre pays – bien que ce candidat ait été, je pense, le seul à avoir réussi à traduire ses dépliants et à visiter ces régions pendant sa campagne.
Qu'en est-il de l'accord récemment conclu entre la Lituanie, la Pologne et l'Ukraine, selon lequel les hommes ukrainiens éligibles à la conscription devraient être renvoyés en Ukraine ? Le contexte, comme vous le savez, est les difficultés que l'Ukraine rencontre dans la guerre contre la Russie, sans enrôler plus de personnes dans l'armée. Y a-t-il eu une réaction à cela en Lituanie ?
Cet accord n'a pas été transformé en loi – je pense que les intérêts économiques ont arrêté la mise en œuvre de cette politique. Comme je l'ai mentionné précédemment, la classe ouvrière ukrainienne est bien intégrée dans la main-d'œuvre et des secteurs entiers cesseraient de fonctionner si un jour tous les hommes étaient renvoyés en Ukraine.
Cependant, certains partis politiques visent à mettre en œuvre de telles politiques. Cela prend forme dans des mesures « non officielles ». Par exemple, il y a beaucoup d'Ukrainiens dont les passeports expirent – et une fois que votre passeport expire, votre visa n'est plus valable non plus. Et si vous allez au département lituanien de l'immigration, ils vous diront que vous devez aller en Ukraine pour obtenir votre passeport. Ce que cela signifie, c'est que vous ne reviendrez jamais d'Ukraine : si vous êtes apte pour l'armée, vous serez enrôlé.
Je connais de plus en plus de personnes qui se demandent quoi faire. Un grand nombre de migrants pourraient tomber dans cette zone grise, et vivre sans documents ou décider de rejoindre l'armée.
Pour aider les gens en Europe occidentale à comprendre, pourriez-vous dire quelque chose de plus général sur l'attitude des Lituaniens face à l'agression russe en Ukraine et ailleurs, et face à l'évolution politique du régime de Poutine vers la dictature ces dernières années ? J'expliquerai ma question de cette façon. Il y a quelques mois, j'ai rencontré un vieux camarade et ami, militant socialiste de longue date. Il m'a critiqué pour avoir écrit des articles, dans lesquels je disais que les Ukrainiens avaient le droit de se défendre, les armes à la main, contre l'agression russe. Il a dit : « Tu risques de soutenir l'OTAN ». J'ai dit que je croyais que l'impérialisme russe, et non l'OTAN, était la cause première de la guerre en Ukraine.
Et j'ai ajouté (à peu près) : « Les gens dans les États baltes, et ailleurs en Europe de l'Est, voient le monde très différemment des gens qui vivent au Mexique, et ailleurs en Amérique centrale. La puissance impérialiste qui les inquiète n'est pas la même. Je parie qu'après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les travailleurs des États baltes ont poussé un soupir de soulagement que leurs gouvernements aient rejoint l'OTAN. »
Après cela, j'ai lu dans votre article dans Posle que l'adhésion à l'OTAN a en effet un taux d'approbation très élevé parmi les Lituaniens. Veuillez commenter.
Oui, votre commentaire est tout à fait juste. Pour nous, la critique anti-impérialiste signifie que non seulement les États-Unis ou « l'Occident », mais aussi d'autres, peuvent être des puissances impériales. Cette idée simple semble être très difficile à comprendre pour une partie de la gauche dans les pays occidentaux. Et je comprends – pour beaucoup de gens en Lituanie, il est assez difficile de saisir l'idée que la Russie n'est pas la seule à avoir des intérêts impériaux.
Pourtant, d'une manière étrange, la gauche occidentale maintient la même vision occidentalo-centrée, même lorsqu'il s'agit de critiquer le colonialisme et l'impérialisme. Je pense que ce ne devrait pas être ainsi : nous devrions apprendre à écouter et à respecter nos histoires et positions respectives, même si cela contredit nos théories. C'est l'une des tristes maladies du dogmatisme de la gauche – essayer d'adapter le monde à la théorie. Je pense que cela devrait être l'inverse, ou qu'il devrait y avoir une sorte d'interaction entre les deux.
L'histoire de nos pays a été façonnée par l'empire russe plus que par les pays occidentaux. Il y a seulement 30 ans que nous avons commencé à fonctionner comme des États indépendants. J'ai lu beaucoup de critiques sur les États-nations et le nationalisme, et je vois de nombreux problèmes dans nos pays avec les idées nationalistes. Cependant, à mon avis, la différence entre la plupart des pays occidentaux et les pays d'Europe de l'Est est que l'Occident n'a jamais été occupé par d'autres pays à l'époque moderne.
Vous avez eu le fascisme, des révolutions et quelques dictatures – mais c'était toujours votre propre histoire. Pour nos sociétés, la peur d'être occupées par un autre pays est plus réelle. Donc quand Poutine affirme que les frontières actuelles en Europe de l'Est ne sont pas légitimes et qu'elles devraient être changées – c'est un signe clair de danger pour nous.
Je pense que le nationalisme devrait également être critiqué en le plaçant dans ce contexte historique et géographique. Il y a cette idée que les sociétés d'Europe de l'Est sont plus nationalistes. En Italie, j'ai même entendu des opinions négatives sur les Ukrainiens, qu'ils sont trop nationalistes, parce qu'ils apportent les drapeaux de leur pays aux manifestations. Il semble que ceux qui expriment de telles opinions ne peuvent pas comprendre différents contextes et histoires : il peut y avoir une grande différence entre une personne apportant un drapeau italien à une manifestation en Italie, et une personne apportant un drapeau ukrainien.
Les sociétés d'Europe de l'Est ont vécu sous des occupations la plupart du temps, et, tristement, mais le nationalisme est l'un des outils les plus faciles de mobilisation contre de telles puissances. Je dis cela non pour proposer que nous devrions tous embrasser le nationalisme, mais seulement pour comprendre que vous ne pouvez pas tout mesurer selon une seule histoire. Cela détruit simplement toute possibilité de dialogue et de solidarité.
J'aimerais aussi que vous partagiez, pour les lecteurs d'Europe occidentale, vos réflexions sur l'histoire lituanienne. Beaucoup de gens ici oublient que la Lituanie a passé tout le XIXe siècle comme colonie russe, tout comme de nombreux pays ont passé de longues périodes comme colonies britanniques. Comment les gens en Lituanie voient-ils cela maintenant ?
Oui, depuis 1795, les territoires que nous appelons maintenant Lituanie étaient sous l'empire russe jusqu'en 1918. De plus, le servage n'a été formellement arrêté qu'en 1861, cependant, les paysans n'ont pas reçu la terre (ce qui a provoqué plusieurs soulèvements). Et puis à nouveau de 1945 à 1990, nous faisions partie de l'Union soviétique.
En parlant de cette histoire, je dois dire que, malheureusement, cette expérience historique d'occupations ne se traduit pas facilement par une compréhension plus large des différentes colonisations. Notre programme scolaire et les idées générales sur l'histoire voient toujours « notre expérience » comme quelque peu exceptionnelle. Peut-être est-ce inévitable pour un si petit pays – de toujours se fixer sur l'histoire de son propre pays. Cependant, en termes de recherche de solidarité, il y a un certain potentiel pour chercher des connexions avec d'autres expériences de colonisation.
Il y a bien sûr une grande différence parmi les Lituaniens concernant le racisme. Et probablement que les croyances racistes sont celles qui bloquent toute sorte de compréhension plus globale des colonisations et de l'impérialisme.
Qu'en est-il de l'Union soviétique ? Dans nos discussions au sein du mouvement ouvrier dans les pays occidentaux, il me semble que la position « campiste » de ceux qui s'opposent au droit de l'Ukraine de résister à l'agression russe est fondamentalement une continuation de ceux qui voyaient l'Union soviétique comme l'épitome de l'anti-impérialisme. Les racines de cela sont des idées politiques que, dans les années 1970 et 80, nous appelions staliniennes. Je me souviens avoir eu des discussions avec des membres du Parti communiste au Royaume-Uni, à l'époque, qui défendaient le pacte Molotov-Ribbentrop comme ayant été nécessaire, pour la défense de l'Union soviétique. Comment tout cela est-il vu en Lituanie, par votre génération ?
Ma génération est celle qui est née après la fin de l'Union soviétique, et notre opinion sur ce système a été façonnée davantage par la propagande d'État que par une expérience réelle. En termes les plus généraux, l'Union soviétique est maintenue en vie comme une « histoire d'horreur », qui devrait vous pousser à croire qu'aujourd'hui vous vivez dans une société vraiment égale et libre – ce qui est des conneries de propagande.
Je dirais que, selon l'âge, on pourrait diviser la population lituanienne grossièrement en trois groupes. J'ai déjà mentionné mon groupe : des personnes pour qui l'expérience soviétique est moins importante dans leur parcours politique. Ce sont des personnes qui ont tendance à s'aligner sur les « valeurs européennes » – droits de l'homme, mouvement LGBTQ, etc.
Puis il y a les personnes qui ont grandi en Union soviétique, mais qui ont participé aux protestations et ont vécu le mouvement d'indépendance de la fin des années 1980 et du début des années 1990. La plupart de ces personnes ont tendance à être très sceptiques à l'égard de toute politique de gauche, et sont partisanes du côté conservateur. Et bien qu'il ne s'agisse pas d'une strate monolithique, je pense que ce groupe est souvent mobilisé principalement par des histoires du genre « si vous élisez telle ou telle personne, les temps soviétiques pourraient revenir ». Cette rhétorique est utilisée par les partis conservateurs et a généralement aussi des connotations classistes – l'idée que la démocratie est menacée par les pauvres, ce qu'on appelle l'homo sovieticus (ceux qui ont été laissés pour compte).
Et enfin, il y a une génération qui a vécu la majeure partie de sa vie en Union soviétique. Cette génération est en train de disparaître. Bien qu'ils aient survécu à des périodes très horribles de guerre et de déportations sous Staline, ils ont également vu la croissance des villes, l'industrialisation de l'agriculture, et aussi une sorte de libéralisation de la vie sous Khrouchtchev et Gorbatchev. Ils ont vécu toute la modernisation de l'État qui a été réalisée à l'époque soviétique.
C'est aussi la génération qui a été la plus désillusionnée par les réformes et les changements qui ont eu lieu après l'indépendance. Peut-être que leurs pensions ont été réduites, peut-être qu'ils ont perdu leur emploi et n'ont pas pu changer de profession parce qu'ils avaient déjà la cinquantaine avancée. De plus, pour la plupart d'entre eux, les usines, les entreprises et les centres culturels qui les entouraient, ou qui avaient même été construits de leurs propres mains, ont été détruits par la privatisation.
Ils sont pleins de colère et d'incrédulité envers le système actuel, ce qui se traduit facilement par une nostalgie des temps soviétiques. Cependant, je crois que cette nostalgie ne devrait pas être lue comme un soutien direct au système soviétique, mais comme une désillusion face au système actuel.
Dans quelle mesure y a-t-il un soutien actif et une solidarité avec la lutte de l'Ukraine contre la Russie en Lituanie ? Comment cela s'exprime-t-il (par exemple, des volontaires qui vont se battre, une aide aux organisations de la société civile, d'autres actions) ?
Il y a quelques organisations de bénévoles solides qui ont été créées après le début de la guerre en 2014, et qui ont grandi avec l'escalade actuelle. À l'heure actuelle, le soutien est à un niveau plus bas. Et il y a un processus de désaccord sur la quantité de soutien que nous pouvons donner. Et pourtant, la société lituanienne est toujours très positive quant au soutien à l'Ukraine, car cela est considéré comme un élément crucial pour notre propre sécurité nationale.
Il y a une idée selon laquelle si l'Ukraine tombe, nous serions les prochains. Je ne suis pas sûr qu'il y ait des raisons réelles pour cette peur, et je crois aussi que la droite l'utilise pour mobiliser le soutien à son programme politique. Cependant, je ne peux pas dire qu'une telle menace est impossible. Spécifiquement, si le gouvernement américain change sa politique concernant l'Ukraine, alors notre situation pourrait devenir sérieuse assez rapidement.
L'assaut israélien sur Gaza au cours de la dernière année a galvanisé des millions de personnes, y compris des socialistes, en Europe occidentale. Il y a eu d'importantes manifestations contre la fourniture d'armes à Israël par les puissances occidentales. À Londres, un groupe d'entre nous a participé à certaines de ces manifestations avec des banderoles et des affiches disant : « De l'Ukraine à la Palestine, l'occupation est un crime », et en essayant de souligner le fait que les Ukrainiens, comme les Palestiniens, ont le droit de résister à l'agression. Nous avons rencontré beaucoup de sympathie de la part des autres manifestants. Comment ces questions apparaissent-elles, de votre point de vue ?
Comme je l'ai mentionné précédemment, le soutien envers la Palestine a été très limité, mais avec quelques changements positifs récemment.
Le principal obstacle au soutien n'est pas que la population ne comprend pas la situation en Palestine, ou au Liban. Le problème est qu'Israël a des liens très forts avec les institutions lituaniennes, et cela peut affecter la position de l'élite politique. Et donc, la Lituanie a voté contre tout type de soutien à la Palestine à l'ONU. De plus, les médias présentent le génocide comme un conflit entre Israël « civilisé » et le Hamas « terroriste ». De cette façon, ils essaient d'aligner le génocide israélien avec la résistance ukrainienne contre la Russie : c'est un alignement très erroné et stupide.
Après tout, tant de choses dépendent des États-Unis. Parmi l'élite politique, la principale crainte concernant l'expression d'un soutien à la Palestine est que cela pourrait inciter les États-Unis à affaiblir leur soutien à la Lituanie. Vous pouvez voir que la même logique fonctionne avec l'Ukraine, qui vote également contre la Palestine à l'ONU.
Malgré tout cela, il y a eu des protestations contre l'agression israélienne, organisées par des militants locaux avec des communautés migrantes. Elles ont été beaucoup plus petites que celles qui ont été organisées pour soutenir l'Ukraine. Cependant, je vois qu'il y a un peu plus d'espace pour discuter de la question palestinienne et il y a plus de personnes qui sont prêtes à écouter.
J'espère qu'à l'avenir, il y aura plus de politiciens qui auront le courage de dénoncer le génocide qui a été perpétré par le gouvernement israélien et les mouvements de droite en Israël.
Merci d'avoir pris le temps de répondre à mes questions en détail.
Jurgis Valiukevičius
Simon Pirani
People and Nature
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Traduit pour l'ESSF par Adam Novak
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