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Où va la gauche française ?

20 janvier, par Édouard de Guise
Édouard de Guise, correspondant à Paris Entre tensions idéologiques, ambitions présidentielles et crises internes, la gauche française tente de se réinventer. Face à une (…)

Édouard de Guise, correspondant à Paris Entre tensions idéologiques, ambitions présidentielles et crises internes, la gauche française tente de se réinventer. Face à une dissolution surprise et un paysage politique fragmenté, les alliances paraissent fragiles, mais des dynamiques de (…)

Pour la révolution mondiale – 10 affiches de l’OSPAAAL (1968-1976)

20 janvier, par Archives Révolutionnaires
L’Organisation de la solidarité des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine (OSPAAAL) est une organisation anti-impérialiste cubaine, fondée le 12 janvier 1966 suite à (…)

L’Organisation de la solidarité des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine (OSPAAAL) est une organisation anti-impérialiste cubaine, fondée le 12 janvier 1966 suite à la Conférence tricontinentale. Pendant plus d’un demi-siècle, jusqu’à la fermeture de ses locaux en 2019, l’OSPAAAL a joué un rôle de liaison entre les mouvements de libération sur trois continents, dans une perspective anti-impérialiste et socialiste.

La Conférence tricontinentale se tient du 3 au 15 janvier 1966 à La Havane (Cuba). Elle rassemble 500 représentants issus de divers mouvements de libération provenant de 82 nations distinctes. Elle se situe dans le prolongement de la Conférence de Bandung (1955) et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (1966), deux événements clés qui ont contribué à l’émergence du mouvement des non-alignés, c’est-à-dire des pays qui ne soutiennent ni les États-Unis ni l’URSS. La Tricontinentale vise à unir les mouvements de libération africains, asiatiques et latino-américains afin d’établir une structure de solidarité internationale orientée vers la révolution communiste mondiale. Il s’agit alors d’un des plus importants rassemblements anti-impérialistes à travers le monde. Contrairement à la conférence de Bandung, la Tricontinentale est plus claire dans son intention de s’opposer au capitalisme et soutient ouvertement le socialisme. Durant cette conférence, les délégués adoptent diverses résolutions, comme soutenir la révolution cubaine, demander la fermeture des bases militaires étrangères, promouvoir le désarmement nucléaire et militer contre l’apartheid en Afrique du Sud. Une résolution commune identifie l’impérialisme américain comme l’ennemi commun des peuples en lutte. La conférence aboutit également à une condamnation de l’impérialisme, du colonialisme et du néo-colonialisme, ainsi qu’à la création de l’OSPAAAL.

Entre les années 1960 et 1980, dans un climat de tensions croissantes dû à la guerre froide, l’OSPAAAL s’impose rapidement comme un foyer d’idées révolutionnaires. L’organisation devient la voix des mouvements de résistance contre la domination coloniale à l’échelle mondiale. Grâce à la coopération au sein de l’OSPAAAL, les nouveaux États indépendants peuvent sortir de leur isolement, développer des stratégies économiques et soutenir activement les luttes, qu’elles soient violentes ou pacifiques, sur trois continents.

Pour faire passer son message anti-capitaliste et anti-impérialiste, l’OSPAAAL mise sur son magazine Tricontinental, imprimé à près de 30 000 exemplaires et diffusé dans plus de 80 pays. Elle utilise aussi l’art, notamment à travers des films, mais surtout par la création d’affiches. Les artistes associés à l’OSPAAAL conçoivent des œuvres en soutien aux luttes de libération dans le monde entier, qui se distinguent par leur style visuel audacieux.

Sur le site web de l’OSPAAAL, on peut découvrir une collection d’affiches originales réalisées par divers artistes depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui. Nous mettons en avant ici dix affiches de solidarité internationale.


Semaine internationale de solidarité avec le Viêt Nam (13 au 19 mars)

René Mederos, 1970

Semaine internationale de solidarité avec l’Amérique latine (19 au 25 avril)

Asela M. Pérez Bolondo, 1970

Journée de Solidarité Mondiale avec la Lutte du Peuple de Palestine (15 mai)

Gladys Acosta, vers 1975

Journée de solidarité avec le peuple d’Afrique du Sud (26 juin)

Berta Abelénda, 1968

Journée de solidarité mondiale avec la Révolution cubaine (26 juillet)

Alberto Ortiz de Zarate, 1975

Solidarité avec le peuple afro-américain (18 août 1968)

Lázaro Abreu / Illustration par Emory Douglas, 1968

Journée de solidarité avec les peuples de Guinée-Bissau et du Cap-Vert (3 août)

Berta Abelénda Fernández, 1968

Journée de solidarité mondiale avec la lutte du peuple portoricain (23 septembre)

Rolando Córdova Cabeza, 1976

Journée de solidarité avec le peuple du Laos (12 octobre)

Rafael Zarza, 1969

Journée de Solidarité avec le peuple du Venezuela (21 novembre)

Faustino Pérez, 1969

Une propriétaire harcèle ses locataires âgés pour les expulser

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2025/01/PXL_20250116_155050355-scaled-e1737217314931-1024x599.jpg18 janvier, par Comité de Montreal
Alors qu'une résidence privée pour ainés à Montreal est en train d'expulser illégalement tous ses résidents, une coalition d'organisations de défense des locataires et de (…)

Alors qu'une résidence privée pour ainés à Montreal est en train d'expulser illégalement tous ses résidents, une coalition d'organisations de défense des locataires et de membres de la communauté s'est réunie jeudi passé pour dénoncer ces abus. Les militants et les résidents ont fait état de (…)

Les libéraux choisissent un nouveau tête

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2025/01/trryudeeea3-3-1024x1024.jpg17 janvier, par L'Étoile du Nord
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Les libéraux choisissent un nouveau chef

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2025/01/trryudeeea3-3-1024x1024.jpg17 janvier, par L'Étoile du Nord
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2024 au Québec—Accélération marquée de l’effritement du filet social

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/02/409062380_1073857707367086_8742915920655994196_n-1-e1737078502307-1024x491.png17 janvier, par Comité de Montreal
Le gouvernement caquiste de François Legault n'a pas chaumé en 2024. Celui-ci a utilisé sa supermajorité à l'Assemblée nationale pour continuer à adopter des politiques (…)

Le gouvernement caquiste de François Legault n'a pas chaumé en 2024. Celui-ci a utilisé sa supermajorité à l'Assemblée nationale pour continuer à adopter des politiques dénoncées autant par les syndicats, que les organismes communautaires et que les groupes militants. Ceux-ci affirment que (…)

Finalement un cessez-le-feu à Gaza, mais tiendra-t-il ?

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2025/01/Fars_Photo_of_Destruction_in_Gaza_Strip_during_2023_War_18-e1737135428222-1024x554.jpg17 janvier, par Comité de Montreal
Même si de moins en moins de personnes y croyaient, Israël et le Hamas ont annoncé un cessez-le-feu hier. Celui-ci devrait prendre effet dimanche. Depuis l’annonce, l’armée (…)

Même si de moins en moins de personnes y croyaient, Israël et le Hamas ont annoncé un cessez-le-feu hier. Celui-ci devrait prendre effet dimanche. Depuis l’annonce, l’armée israélienne aurait intensifié ses attaques et aurait déjà tué environ 116 personnes. Pendant ce temps, le gouvernement (…)

Plan d’urgence contre le privé en santé et services sociaux

17 janvier, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — , ,
Pétition Un réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) gratuit est central dans notre conception d'une société équitable et qui prend soin de tout le monde. Nous (…)

Pétition

Un réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) gratuit est central dans notre conception d'une société équitable et qui prend soin de tout le monde. Nous vivons actuellement au Québec, un vaste processus de privatisation de notre RSSS, accéléré par le gouvernement caquiste de François Legault et du ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé. La CSN, par l'entremise de sa campagne Pour un réseau Vraiment public demande un RSSS plus démocratique, décentralisé, déprivatisé et qui met au centre de ses préoccupations des réponses adéquates aux problèmes reliés aux principaux déterminants de la santé.

Lors de son rassemblement, qui a regroupé près de 4000 personnes à Trois-Rivières, le 23 novembre dernier, la CSN a présenté trois mesures rapides que le gouvernement doit prendre afin de freiner l'érosion du RSSS :

Mettre fin à l'exode des médecins vers le secteur privé ;

Cesser d'octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif ;

Décréter un moratoire sur tous les projets de privatisation du travail et des tâches effectués par le personnel du réseau public.

Ces trois mesures peuvent se réaliser dès maintenant si la volonté politique est au rendez-vous. La CSN donne au gouvernement jusqu'au 1er mai 2025, soit la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, pour mettre en place ce plan d'urgence.

La présente pétition vise à envoyer un message clair au gouvernement du Québec en lui rappelant que la population exige des engagements concrets et immédiats pour notre RSSS public.

Pour chaque signature, la CSN fera suivre une carte postale au ministre de la Santé et des Services sociaux. Des activités régionales seront aussi organisées pour livrer le message à d'autres élu-es de la CAQ.

En signant cette pétition, vous acceptez de recevoir de l'information de la CSN et de ses organisations affiliées.

Voici le lien pour passer à l'action : https://urls.fr/a19nBT

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FElon Musk

17 janvier, par Par Michel Rioux
Un felon - félon en français - est un traître à son maître

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PLC : Incohérence et échec d'une politique climatique

17 janvier, par Par Monique Pauzé
Le bilan catastrophique des libéraux en matière d'environnement

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Le CISO fête ses 50 ans

17 janvier, par Par Luc Allaire
Il a été fondé à la suite de la Conférence internationale de solidarité ouvrière présidée par Michel Chartrand

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Toutes les vies se valent-elles vraiment ?

16 janvier, par Ligue des droits et libertés

Retour à la table des matières Droits et libertés, automne 2024 / hiver 2025

Toutes les vies se valent-elles vraiment ?

CHRISTIAN DJOKO KAMGAIN, PhD, Chargé de cours à l’ÉNAP, Membre du CA de la Ligue des droits et libertés - section de Québec

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce cri, « Plus jamais ça », s’est élevé dans le ciel brûlé de l’humanité comme une prière adressée aux abysses de notre propre cruauté. Ce slogan, simple en apparence, portait l’espoir fragile d’un renouveau, le désir universel de panser les plaies d’un monde défiguré. Mais plus de 70 ans se sont écoulés, et l’on peut se demander si ces fleurs d’idéaux ont produit autre chose que des fruits amers. Les promesses n’ont-elles été que de pâles fleurs sur le sol aride de nos illusions ? L’a-t-on nourrie de mots, cette terre, ou a-t-on simplement replanté les racines des mêmes divisions empoisonnées ? En scrutant le regard que porte cette communauté sur l’Ukraine d’un côté, et sur les cicatrices ouvertes du Moyen-Orient ou de l’Afrique de l’autre, n’assistons-nous pas plus que jamais à l’effritement du pacte fondateur ? J’emploie le nous, mais est-ce vraiment Nous ? Ne sommes-nous pas conduits à soupçonner que ce « Plus jamais ça » pourrait en réalité signifier : « Plus jamais ça pour ceux et celles dont la peau est blanche » ? Les édifices juridiques internationaux, ces architectures imposantes d’un droit façonné par les leçons de l’horreur, se dressent encore, mais que valent-ils vraiment ? Ne sont-ils que des statues d’argile élevées au nom d’une justice que l’on ne sert que par intermittence ? Derrière le vernis des conventions et des lois, derrière les mots qui se veulent universels, la promesse s’effrite : toutes les vies se valent-elles vraiment, ou avons-nous, en silence, désigné des vies plus précieuses que d’autres ? Ce pacte tacite nous entraîne-t-il sur la pente d’un nouvel oubli, où les vies humaines ne sont que des pions, repliés au gré des intérêts du jour, dans un jeu sans fin où seuls les souvenirs de l’horreur retentissent, mais sans jamais arrêter la main de ceux qui rejouent l’échiquier du monde ?

Se dissocier de son époque, c’est avoir le courage de nommer ces vies marginalisées et tuables [...]

Humanisme à géométrie variable

Lutter pour que toutes les vies comptent, c’est avoir le courage de nommer et de défendre en particulier celles qui, dans la hiérarchie implicite des valeurs humaines, comptent objectivement le moins. Derrière les déclarations humanistes universelles se dissimulent bien souvent des structures d’injustice qui, loin de les combattre, les perpétuent sous couvert de neutralité bienveillante. Comme une horloge brisée qui échoue à indiquer l’heure juste, ces discours d’égalité universelle masquent les déséquilibres profonds qui organisent le monde. Certains lieux, comme l’est du Congo ou la bande de Gaza, fonctionnent comme des hétérotopies au sens foucaldien : des espaces qui, bien qu’ancrés dans le monde réel, incarnent des contradictions intenses et une vérité parallèle sur la conscience occidentale. Ces lieux de « marginalité violente », où les vies, piégées dans une cage de fer et de feu, semblent peser moins que d’autres sur l’échelle de la valeur humaine universelle. Ils se dressent comme des miroirs inversés de l’humanisme occidental : ce qu’il condamne avec véhémence dans un contexte, il le facilite ou l’ignore dans un autre. Dans ces espaces autres, où l’horreur et l’indifférence coexistent, la promesse d’égalité se fissure, exposant des hiérarchies tacites. En fait, derrière la force apparente de ses principes, l’occident tergiverse, hésite, et parfois recule, incapable de surmonter ses propres contradictions morales et politiques. Plus largement, l’inaction coupable de nombreux pays occidentaux devant le crâne éclaté d’un enfant palestinien1, leur silence devant les injonctions de la Cour internationale de justice ou les avertissements de la Cour pénale internationale, indiquent plus que jamais que leur prétendu humanisme universel multiséculaire n’est très souvent qu’un voile pudique qui, lorsqu’il n’occulte pas l’autre (Enrique Dussel), dissimule une indifférence sélective.

Ces discours d’égalité universelle masquent les déséquilibres profonds qui organisent le monde.

Exemplifions cette triste réalité par un autre cas : les réactions mondiales aux crises des réfugiés. Quand des millions de personnes fuient des conflits au Moyen-Orient ou en Afrique, elles se heurtent aux murs de l’indifférence ou à la xénophobie institutionnelle des pays occidentaux, et la Méditerranée devient le symbole d’une honte collective et d’une frontière mortifère. En revanche, l’accueil réservé aux réfugiés d’Ukraine illustre une empathie différenciée qui traduit une hiérarchisation implicite des vies. Au cœur de cette logique, disais-je plus haut, les vies racisées se voient accorder une valeur inférieure. Elles sont réduites au rang de murmures, étouffés par le vacarme des priorités géopolitiques et économiques, où la xénophobie et le racisme les relèguent à des notes de bas de page dans l’histoire humaine. Ce contraste n’est pas le fruit du hasard, mais le symptôme d’une xénophobie structurelle et de la « violence atmosphérique du racisme » dont parlait Frantz Fanon : une violence imperceptible, mais présente, qui se déploie dans les imaginaires collectifs façonnés par des siècles de colonialisme et de suprématie blanche.

S’en dissocier

« On n’est pas responsable de son temps, mais de ne pas s’en dissocier », affirmait Guy Hocquenghem en 1986. Se dissocier de son époque, c’est avoir le courage de nommer ces vies marginalisées et tuables, de désigner cette part du monde où, selon les mots poignants de Sony Labou Tansi, « la vie et la mort racontent la même histoire sans serrure, [avec] un trousseau de morts mêlés aux vivants ». C’est lever le voile sur une vérité inconfortable, mais nécessaire : derrière le masque de l’humanisme se dresse une hiérarchie invisible, mais omniprésente, qui dicte silencieusement quelles souffrances méritent notre compassion et quelles morts peuvent être ignorées. Cette hiérarchie secrète, soutenue par un égalitarisme de façade aux accents kantiens, trahit la promesse fondamentale de l’humanité : reconnaître et défendre chaque vie, surtout celles systématiquement rejetées dans l’ombre, dévalorisées ou tuées dans l’indifférence. Se dissocier de cette fausse neutralité, c’est également s’engager. Dans le contexte actuel, l’engagement des forces progressistes doit se transformer en une flamme ardente qui éclaire les zones d’ombre de notre conscience collective et consume les illusions de l’égalitarisme superficiel. Tel un jardinier qui prend soin des plantes les plus fragiles pour assurer la prospérité de tout le jardin, nous devons orienter notre attention et nos efforts vers ceux et celles qui incarnent la vulnérabilité et portent le fardeau des injustices historiques. Cet engagement implique de reconnaître et de contester les hétérotopies modernes de l’oppression – ces espaces où l’existence même semble soumise à un statut précaire, où l’indifférence coloniale persiste, transformant certaines vies en objets du déni collectif. Il ne s’agit pas simplement de tolérer l’existence de ces espaces autres, mais de se mobiliser sans relâche pour les faire émerger au cœur de notre conscience sociale et politique. Ce n’est qu’en prenant en charge cette responsabilité que nous pourrons espérer bâtir un monde où chaque vie compte réellement, et où l’égalité entre toutes les vies n’est plus un idéal distant, mais une réalité tangible et vécue.
1 Selon une étude d’OXFAM, entre 2023 et 2024, « plus de 6 000 femmes et 11 000 enfants ont été tués à Gaza par l’armée israélienne ». En ligne : https://oxfam.qc.ca/un-an-conflit-gaza/

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Veganwashing : L’instrumentalisation politique du véganisme

16 janvier, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Le livre Veganwashing : l’instrumentalisation politique du véganisme de Jérôme Segal explore un sujet inédit et (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Le livre Veganwashing : l’instrumentalisation politique du véganisme de Jérôme Segal explore un sujet inédit et fascinant : comment le véganisme, un mouvement éthique et écologique, est détourné pour servir des intérêts politiques et (…)

Les profits avant les besoins dans le futur quartier Molson à Montréal ?

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2025/01/molson_brewery.jpg15 janvier, par Comité de Montreal
Une organisation de défense des locataires se dit inquiète de la construction d'un quartier de riches sur le terrain de l'ancienne brasserie Molson, à Montréal. L'Étoile du (…)

Une organisation de défense des locataires se dit inquiète de la construction d'un quartier de riches sur le terrain de l'ancienne brasserie Molson, à Montréal. L'Étoile du Nord s'est entretenue à ce sujet avec Léandre Plouffe du comité de Base pour l'Action et l'Information sur le Logement (…)

Après cinq jours qui ont changé son visage, où va le Liban ?

15 janvier, par Gilbert Achcar — , ,
Les événements qui se sont déroulés au Liban entre l'élection d'un nouveau président de la République jeudi 9 janvier et la nomination d'un nouveau premier ministre lundi 13, (…)

Les événements qui se sont déroulés au Liban entre l'élection d'un nouveau président de la République jeudi 9 janvier et la nomination d'un nouveau premier ministre lundi 13, constituent un bouleversement majeur de la situation politique du pays. Ces événements sont eux-mêmes principalement le résultat d'un bouleversement majeur dans l'équilibre réel des forces qui détermine la situation politique du Liban.

tiré de Médiapart
https://blogs.mediapart.fr/gilbert-achcar/blog/150125/apres-cinq-jours-qui-ont-change-son-visage-ou-va-le-liban
Gilbert Achcar

En effet, dans les étapes clés de l'histoire du pays depuis son indépendance en 1943, le gouvernement du Liban a fait l'objet d'un accord entre deux puissances extérieures rivales, et chaque fois que cet accord et l'équilibre qui l'accompagnait ont été perturbés, la situation est devenue tendue au point d'exploser lorsque la tension atteignait son paroxysme.

Au début de la trajectoire de l'État libanais, un équilibre fut établi entre les influences concurrentes des colonialismes britannique et français. Il fut perturbé avec l'affaiblissement de l'influence de ces deux anciens colonialismes et la montée de l'impérialisme américain à l'échelle mondiale et celle du mouvement nationaliste arabe dirigé par l'Égypte de Nasser à l'échelle régionale. La situation explosa alors, jusqu'à ce qu'un accord entre les deux influences ascendantes fût réalisé sur la présidence du commandant de l'armée de l'époque, le général Fouad Chéhab. Cet équilibre fut de nouveau rompu après que l'Égypte nassérienne eut reçu un coup décisif de la part d'Israël en 1967, avec la fraction gauche du parti Baas au pouvoir en Syrie et la Jordanie. Soleimane Frangié devint président du Liban en 1970, à une époque de prépondérance américaine. Cela coïncida avec le coup fatal porté à la résistance palestinienne en Jordanie, la mort de Gamal Abdel Nasser et le coup d'État de Hafez el-Assad contre l'aile gauche du Baas syrien. Avec le transfert du centre de gravité de la résistance palestinienne de Jordanie au Liban, les tensions s'intensifièrent à nouveau jusqu'à ce que la guerre du Liban éclatât en 1975.

Le régime d'Assad intervint au Liban l'année suivante avec les feux verts des États-Unis et d'Israël. Cela aboutit à l'élection d'un président à l'intersection des deux influences, Elias Sarkis. Cependant, le consensus s'effrita rapidement après l'arrivée au pouvoir du Likoud en Israël et le début du processus qui conduisit aux accords de Camp David entre Anouar el-Sadate en Égypte et Menahem Begin en Israël. Les tensions reprirent jusqu'à ce que l'État sioniste envahisse le Liban en 1982. Il tenta d'imposer comme président Bashir Gemayel, le chef de l'extrême droite chrétienne libanaise, mais la tentative échoua avant l'investiture de Gemayel en raison de son assassinat, attribué à Damas. Il fut remplacé par son frère, qui tenta d'entraîner le Liban sur la voie de la normalisation avec Israël, à la suite de l'Égypte, mais une rébellion des forces libanaises soutenues par Damas contrecarra son projet. Après une période de chaos armé, un nouveau consensus entre le régime de Hafez el-Assad et le royaume saoudien aboutit à la fin de la guerre civile libanaise, quinze ans après son début. Le consensus syro-saoudien fut béni par les États-Unis à la suite de la participation du régime syrien à la coalition qui allait mener la guerre contre l'Irak en 1991 sous commandement américano-saoudien.

Le Liban entrait alors dans une phase de « reconstruction » sous tutelle saoudo-syrienne incarnée par le Premier ministre Rafic Hariri et le haut-commissaire syrien au Liban, Ghazi Kanaan. Ce consensus dura jusqu'à ce que les relations entre Damas et Washington se détériorent en raison de la décision des Etats-Unis d'envahir l'Irak et de renverser le régime du parti Baas à Bagdad. La tension revint, l'un de ses signes les plus marquants étant les assassinats orchestrés par le régime syrien, qui culminèrent avec celui de Rafic Hariri en 2005. Cela déclencha un soulèvement populaire qui, combiné à la pression internationale, força Damas à retirer ses forces du Liban. L'équilibre restait fragile, cependant, surtout après la mutation complète de Michel Aoun, de champion autoproclamé de l'opposition au régime syrien au Liban en allié des forces libanaises sous influence syrienne et iranienne.

Le Liban entra une fois de plus dans une phase de troubles résultant de la fragilité de l'équilibre politique entre les deux coalitions, d'autant plus que l'échec de l'assaut sioniste contre le Hezbollah en 2006 avait renforcé l'influence de ce dernier. La région connut une forte expansion de l'influence iranienne, bénéficiant d'abord de l'occupation américaine de l'Irak, qui ouvrit la voie à Téhéran pour imposer sa tutelle sur ce pays, puis de la guerre civile syrienne, en particulier après que le régime syrien eut recours à l'aide iranienne, principalement incarnée par le Hezbollah lui-même, à partir de 2013. La balance s'inversa donc de nouveau, l'influence de l'Iran devenant écrasante dans la région et l'influence du Hezbollah écrasante au Liban. Ce dernier put imposer son allié Michel Aoun à la présidence libanaise en 2016, après une décennie d'alliance entre eux.

Mécontent de l'évolution du Liban et de l'influence croissante de l'Iran sur le pays, le royaume saoudien retira son soutien au Liban, ce qui entraîna l'effondrement de son économie à partir de 2019. La situation du pays resta fort turbulente en raison de l'absence d'accord entre ses composantes de base, jusqu'à la guerre de Gaza et la décision de l'Iran d'y intervenir de manière limitée. Cela se retourna contre le Hezbollah lorsqu'Israël décida de lancer son attaque contre lui et réussit à le décapiter et à détruire la majeure partie de sa capacité militaire. Cette situation a été exacerbée par l'effondrement du régime d'Assad survenu il y a un peu plus d'un mois, et avec lui l'effondrement de la principale voie d'approvisionnement entre l'Iran et ses supplétifs libanais.

C'est dans le contexte de ce nouveau basculement des rapports de force qui a fait pencher la balance en faveur des États-Unis au Liban, que l'homme que Washington avait soutenu pour devenir président du Liban depuis la fin du mandat de Michel Aoun a été élu, à savoir le commandant de l'armée Joseph Aoun (qui n'est pas un parent du premier). Washington avait parié pendant des années sur le renforcement de l'armée libanaise pour lui permettre de mettre fin à la dualité du pouvoir au Liban, représentée par l'existence de l'État du Hezbollah au sein de l'État libanais, et surtout par la coexistence des forces armées du parti avec l'armée officielle du pays. La balance penchant à présent en faveur de l'influence américaine, le royaume saoudien a renouvelé son intérêt pour la situation libanaise, soutenant les efforts de Washington.

Le Hezbollah a participé au vote en faveur de Joseph Aoun lors d'un second tour des élections au parlement libanais, après s'être abstenu de le soutenir au premier tour pour bien marquer la dette du nouveau président à son égard. Il a accepté ce compromis sous la pression de son allié confessionnel Nabih Berri, qui était auparavant dépendant du régime syrien d'Assad. Les deux alliés ont cependant été choqués par la nomination au poste de Premier ministre de Nawaf Salam, dont ils s'étaient précédemment opposés à l'accession à ce poste, le Hezbollah en particulier, tout comme ils s'étaient opposés à l'accession de Joseph Aoun à la présidence.

Le résultat de tout cela est que le consensus qui a présidé aux années de stabilité au Liban, qui sont presque égales aux années de tension, sinon moins nombreuses, n'a pas été renouvelé. Cela laisse présager que le pays entrera dans une nouvelle phase de tension et de conflit, surtout si le nouveau gouvernement tente d'imposer le monopole de l'État sur les armes au Liban, ce qu'Aoun a promis dans son discours de victoire, au lieu de prendre la voie consensuelle qu'il a également promise. Le sort de la situation libanaise dépendra en grande partie de ce qui se passera entre Israël, soutenu par Donald Trump, derechef président des États-Unis, d'une part, et l'Iran d'autre part. Il sera également affecté par les développements en Syrie, où il ne fait aucun doute que l'Iran a l'intention d'étendre à nouveau son influence d'une manière ou d'une autre, ce qui, si Hay'at Tahrir al-Cham (HTC) continue d'essayer de monopoliser toutes les rênes du pouvoir, pourrait faire sombre la Syrie de nouveau dans la guerre civile.

Traduit de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est d'abord paru en ligne le 14 janvier. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.

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Encore des millions pour des consultants privés, cette fois à Santé-Québec

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2025/01/1731519711359-1024x768.jpg15 janvier, par Comité de Montreal
Depuis la création de l'agence Santé-Québec, la CAQ force les CISSS et CIUSS à couper dans les services pour éliminer 1,7 milliard $ de déficit. Pourtant, les coupes ne (…)

Depuis la création de l'agence Santé-Québec, la CAQ force les CISSS et CIUSS à couper dans les services pour éliminer 1,7 milliard $ de déficit. Pourtant, les coupes ne semblent pas toucher les consultants privés, qui ont reçu des contrats totalisant presque 2 millions. Dénoncés par plusieurs (…)

La conquête de l’Amérique à la manière trumpiste

15 janvier, par Guylain Bernier, Yvan Perrier — ,
Dans une rhétorique répétitive (est-ce à titre d'avertissement et de persuasion ?), le président étasunien élu cible une nouvelle fois des alliés à des fins hégémoniques. Le (…)

Dans une rhétorique répétitive (est-ce à titre d'avertissement et de persuasion ?), le président étasunien élu cible une nouvelle fois des alliés à des fins hégémoniques. Le Canada, le canal de Panama et le Groenland font l'objet d'une desiderata ouverte qui ne fait qu'animer les tensions.

Expansion des États-Unis vers le nord et vers le sud fait écho aux époques (soi-disant) révolues où les conquêtes visaient la prise de possession de territoires par la guerre. Or, une telle intention n'a rien de surprenant dans le contexte actuel. Des conflits ici ouverts et là larvés se manifestent un peu partout dans le monde, des conflits animés par des dirigeants convertis à la tyrannie qui mérite d'être définie.

Une définition

Dérivé du grec turannos, la tyrannie est associée à un « pouvoir cruel », voire « despotique » et aussi « injuste » au point où elle s'accompagne « d'un jugement de valeur », étant donné qu'on la compare à l'une des formes du mal (Guineret, 2014, p. 765). Il s'agit en plus d'une façon de traiter les personnes en leur usurpant des libertés, afin de les contraindre au sein d'un régime dit totalitaire. Ici s'érige un culte de la personnalité, celle du tyran, qui prédomine sur tout genre d'individualité. Conquérir, rayonner, atteindre le prestige et autres ambitions d'extase supposent à l'inverse une insatisfaction constante, des envies non rassasiées, une humeur variable, y compris la recherche d'un idéal presque impossible (sinon l'étant [1]).

La voie du Nord

Insinuer la conquête du Canada pour en faire le cinquante-et-unième état fédéré des États-Unis va bien au-delà des arguments entendus sur la diminution des impôts, l'élimination des règles tarifaires et le bénéfice d'une meilleure défense armée pour les Canadiennes et les Canadiens. Cela suppose de s'intéresser aux ressources du pays, à ses terres encore vierges, à son sous-sol, mais aussi à la voie du Nord lorgnée par d'autres, dont la Russie et la Chine. Voilà une interprétation similaire en ce qui concerne le Groenland, qui perd d'année en année des masses de glace au point de le rendre attrayant à l'exploration. Mettre la main sur ces territoires souverains accroîtrait la force des États-Unis en Arctique, jusqu'ici soulignée par l'Alaska. Mais pourquoi ne pas chercher plutôt à renforcer l'alliance États-Unis-Canada-Groenland (Danemark), voire même en ajoutant l'Union européenne ? Parce qu'il faudrait séparer le gâteau, négocier avec des alliés (pouvant aussi être jugés de compétiteurs) en plus des adversaires. Viser la totalité suppose une volonté de tyran. Celui-ci aime l'attaque et appréhende les revers, dans le sens où il limite sa confiance à des personnes proches, très proches ; voire des fidèles adorateurs, soit de lui, soit de son idéologie. Ainsi, les alliés, sur lesquels il n'a point de contrôle, peuvent agir contre ses desseins. Ils représentent alors des menaces latentes et imprévisibles, contrairement aux ennemis supposément plus faciles à analyser (même si leurs actions peuvent aussi s'inscrire dans l'imprévisibilité). Limiter le nombre d'alliés et d'adversaires revient à simplifier les communications et à réduire les dissensions ; cela revient à gagner une plus grande part du magot.

La voie du Sud

La conquête du canal de Panama offre cette fois-ci une mainmise sur le trafic de l'hémisphère sud de l'Amérique. Il s'agit alors d'une position stratégique déjà bien identifiée et facile à saisir, comparativement à la voie du Nord qui impose une configuration à élaborer. Par ailleurs, la voie du Sud est entourée de pays jugés plus faibles, accroissant ainsi le succès d'une manoeuvre rapide. On envisage même un « achat » du canal plutôt qu'une manoeuvre armée. Dans la tête d'un tyran, il n'a même pas lieu de se demander qui est allié ou ennemi, puisqu'un préjugé lui sert à n'y voir qu'une victoire inéluctable. Cette interprétation diffère-t-elle dans le cas de la voie du Nord ? Le Groenland et le Canada sont militairement plus faibles, mais leur alliance avec l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) accroît leur force tout de même. Mais les États-Unis font aussi partie de l'OTAN, étant en plus un grand contributeur. En exprimant un souhait tyrannique contre des membres d'une organisation dont il fait partie, le tyran revendique alors un droit extraordinaire, à défaut de quoi l'alliance sera rompue. Il s'agit également d'une stratégie visant à réviser des ententes jugées désormais défavorables. Cela ne vient-il pas donner un coup de pouce à un pays jugé ennemi, en songeant à un conflit toujours d'actualité ? Pourquoi alors prendre ce risque ? Voilà le complexe du tyran : les alliés véritables n'existent pas dans son esprit, même si quelquefois il s'avère opportun d'en avoir afin d'atteindre le but espéré.

Après l'Ukraine, la Palestine et Taïwan

Le contexte actuel sert bien l'attitude étasunienne de la présidence nouvellement élue. Au-delà d'une raison de grandeur et de retour aux empires, le conflit en Ukraine et les tensions dans la mer de Chine exposent surtout des raisons idéologiques et économiques dans l'accroissement d'un pouvoir sur le Monde. Semblablement, mais aussi avec d'autres raisons, s'explique la dynamique conflictuelle entre Israël et Gaza, en supposant une conquête éventuelle de la Palestine de jadis. Voilà des actions de tyrans qui en font réagir d'autres, le tout exprimé au nom de la nation. En effet, le tyran voudra exposer sa sollicitude aux besoins de sa population, justifiant ainsi ses faits et gestes sur cette base. Des valeurs servent à la propagande : la grandeur, la force, le pouvoir, la richesse, la préservation de la nation, de la famille, du travail, etc. ; sans oublier de parler au nom de la liberté. Toujours, les tyrans lorgneront les territoires de proximité, puisqu'un empire ne peut se constituer et se maintenir si les conquêtes sont trop éloignées de la métropole. Une logique centrifuge fait donc gagner l'étendue, à moins de juger d'une résistance quasi nulle permettant de remporter des positions stratégiques. Cela dit, rien n'est encore précisé au sujet du Mexique, pourtant limitrophe aux États-Unis. Pour éviter la contradiction, en raison de la construction d'un mur entre les deux pays, mieux vaut s'en remettre à renommer le golfe. Donner un nom ou changer le nom d'un lieu ou d'un territoire suppose aussi une forme d'appropriation, de conquête (dans une certaine mesure, du moins d'ordre symbolique ou idéologique).

Conclusion

S'agit-il de phantasmes irréalistes d'un politicien qui se prend pour Ubu roi ou d'aspirations démoniaques d'un politicien populiste et démagogue qui aurait de graves problèmes mentaux échappant à l'expertise de l'analyste politique ? Nous avons plutôt décidé d'examiner ces déclarations qui détonnent sous un angle de géographie stratégique en lien avec des aspirations impérialistes.

Il est facile de taxer Donald Trump de « perversité diabolique » ou de personnalité atteinte par la « folie des grandeurs ». Nous avons voulu, de notre côté, nous éloigner de cette interprétation simpliste qui semble avoir actuellement moult adeptes chez les commentateurs et les commentatrices de l'actualité politique. Nous avons préféré l'exposé de certains scénarios qui relèvent de la supposée « Raison d'État ». Cette raison qui autorise toutes les dérogations. En un mot, une approche analytique qui examine la voie selon laquelle « la fin justifie les moyens ». La politique n'a rien à voir avec le parcours d'un long fleuve tranquille. La politique évolue avec l'histoire et l'Histoire (avec un grand H), jusqu'à maintenant, montre à voir trop d'exemples qui s'inscrivent dans une suite ininterrompue de convulsions, à première vue, irrationnelles. Il est peut-être temps de rappeler que tout empire cache un secret désir, soit celui de vouloir étendre, par divers moyens, sa domination sur d'autres pays.

Héraclite, à son époque, avait déjà remarqué que « Tout bouge, tout change ». Machiavel précisait de son côté, dans son célèbre ouvrage intitulé Le prince, que les dirigeantEs politiques doivent cultiver l'art de la guerre, pire, qu'elles et qu'ils doivent en faire leur principale pensée. C'est ce que Donald Trump semble prêt à faire et ce, au nom même de son slogan Make America Great Again. Le changement est, faut-il le rappeler, un processus paradoxal. La paix et la guerre ne s'excluent pas. Ces deux phénomènes sont tristement liés l'un à l'autre, en ce sens ils sont consubstantiels.

Au-delà du constat de la stratégie d'attaque pour placer la partie négociante sur le qui-vive, exprimer ouvertement ses désirs de conquête à l'endroit d'une nation souveraine doit être interprété comme un acte de tyrannie. Capitalisant sur le contexte mondial du moment, les propos entendus de la part de la présidence étasunienne élue expose un changement de ton où le slogan American Great Again rejoint soudainement l'esprit de conquête britannique des siècles passés et remplace le protectionnisme ou plutôt le déplace dans ce nouvel esprit. Il ne suffit plus de conquérir des marchés, synonyme de territoires symboliques, mais de véritablement les faire siens. Car tout posséder revient à tirer profit de tous les revenus et avantages possibles. Mais il existe encore un large fossé entre acquérir des voies de communication et d'échange et des territoires entiers dans lesquels se trouvent ces trajectoires. Est-ce seulement au nom de l'économie et de l'idéologie que s'avancent ainsi les tyrans contemporains ? L'histoire nous montre pourtant des motifs et des mobiles souvent dichotomiques aux aspirations communes, c'est-à-dire à la fois des populations qu'ils disent représenter et du reste de l'humanité.

Guylain Bernier

Yvan Perrier

12 janvier 2025

9h

Note

[1] Étant : dans le sens de son impossibilité à se matérialiser ou à devenir.

Référence

Guineret, Hervé (2014). Tyrannie. Dans Jean-Pierre Zarader (Dir.), Dictionnaire de philosophie (pp.765-766). Paris, France : Ellipses.

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Nouveaux visages de l’itinérance… issus de l’immigration

14 janvier, par Ligue des droits et libertés

Retour à la table des matières Droits et libertés, automne 2024 / hiver 2025

Une version abrégée est parue dans l'édition du 14 janvier 2025 du journal Le Devoir.

Nouveaux visages de l’itinérance… issus de l’immigration

Maryse Poisson, Directrice des initiatives sociales au Collectif Bienvenue, chargée de cours en travail social, UQAM, et membre du comité Droits des personnes migrantes de la LDL

Mauricio Trujillo Pena, Co-coordonnateur, Regroupement des organismes en hébergement pour les personnes migrantes

Florence Bourdeau, Co-coordonnatrice, Regroupement des organismes en hébergement pour les personnes migrantes

En avril 2023, l’élargissement de l’entente des tiers pays sûrs, annoncée à l’improviste et sans consultation, a fermé la dernière porte qui permettait aux personnes en quête de refuge dans des situations précaires d’avoir accès au système canadien de protection. En effet, avant cette date, l’entente ne s’appliquait pas aux points d’entrée irréguliers, ce qui permettait aux personnes les plus vulnérables de se présenter pour demander l’asile à des points comme le chemin Roxham, et ce, sans visa. Désormais, seules les personnes ayant un visa d’étudiant, de travail, ou autre, peuvent demander l’asile à leur arrivée à l’aéroport canadien ou à un point d’entrée terrestre, avec seule exception les personnes ayant un membre de leur famille proche au Canada. Évidemment, l’obtention de ce visa est difficile et réservée aux plus nantis.

Quel climat pour les demandeurs d’asile ?

En plus de ce resserrement qui a eu un impact évident, les derniers mois ont été le théâtre au Québec d’une montée très importante des idées et du discours anti-immigration, principalement contre les immigrants à statut temporaire. Cette catégorie large est composée de multiples groupes, dont les demandeurs d’asile. Alors que les demandeurs d’asile et les personnes à statut précaire s’installent en majorité dans les villes, les municipalités n’ont pas de pouvoir sur le processus de l’octroi de statut (compétence fédérale), ou sur l’accès aux services sociaux (santé, éducation, aide sociale, etc.). Les municipalités se retrouvent davantage à devoir agir et réagir devant la précarisation de cette population, dont l’augmentation de l’itinérance. Ainsi, on a vu tout récemment un resserrement du processus pour deux groupes autres que les demandeurs d’asile : les personnes obtenant un permis de travail temporaire à bas salaire et les personnes en sol canadien avec un visa de tourisme ou autre, entamant sur place les démarches pour obtenir un visa de travail fermé. Or, d’autres changements de politiques plus subtils affectent également les demandeurs d’asile. Par exemple, dans les dernières semaines, des médias canadiens ont rapporté une hausse préoccupante de personnes se présentant avec un visa canadien valide empêchées d’entrer au Canada, car suspectées de vouloir y demander l’asile, et aussi un resserrement dans le processus d’octroi de visa. Il semble que ces politiques officieuses soient une réponse positive de la part de l’administration Trudeau aux demandes du premier ministre François Legault. En octobre 2024, le discours de François Legault a pris une tangente encore jamais vue en matière d’atteinte aux droits des demandeurs d’asile. Il a ouvertement suggéré de les déplacer de force hors Québec, ou de créer des zones d’attente comme en France, alors que cette pratique ne respecte manifestement pas les droits humains.

Alors que les demandeurs d’asile et les personnes à statut précaire s’installent en majorité dans les villes, les municipalités n’ont pas de pouvoir sur le processus de l’octroi de statut (compétence fédérale), ou sur l’accès aux services sociaux (santé, éducation, aide sociale, etc.).

Se retrouver à la rue

L’ensemble des changements semble avoir créé un terreau fertile pour une hausse des demandes internes, observée autant sur le terrain que dans les statistiques de l’Association des services frontaliers du Canada (ASFC) et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). De plus en plus de personnes ne déposent pas une demande d’asile à leur arrivée à l’aéroport ou à la frontière terrestre, par peur ou méconnaissance, et se retrouvent dans une situation beaucoup plus complexe, appelée le processus de demande d’asile à l’interne. La différence semble technique, mais elle transforme le visage de l’itinérance à Montréal. Présentement, une personne ne déposant pas une demande d’asile auprès d’un agent frontalier quitte l’aéroport sans avoir de droits associés au statut du demandeur d’asile. Elle n’a pas droit aux hébergements prévus par le gouvernement provincial ni fédéral ni à l’aide sociale. Si elle n’a pas de famille ou d’amis à Montréal, elle se retrouve en itinérance, jusqu’à ce qu’elle ait réussi à déposer une demande d’asile complète. L’itinérance engendre à son tour un obstacle majeur à l’exercice de plusieurs droits, mettant en péril la santé et la sécurité notamment. Comme organisme de première ligne, nous observons quotidiennement les impacts de l’itinérance sur ces personnes. Les demandeurs d’asile vivent souvent plusieurs difficultés cumulées (traumatisme ou symptômes de santé mentale, barrière de la langue, absence totale de réseau de soutien ou de connaissance du milieu, etc.). Les hébergements pour personnes en situation d’itinérance, bien qu’ils fassent de leur mieux, ne sont souvent pas adaptés à ces personnes. La cohabitation avec des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie s’avère un obstacle de plus à l’intégration. De plus, la situation d’itinérance complexifie le processus de régularisation de leur statut : de nombreuses personnes sans adresse fixe ne reçoivent pas leur courrier essentiel de la Commission de l’immigration et du statut du réfugié (CISR), et omettent ainsi de se présenter à leur audience.

Ce contexte changeant rend plus urgent de créer des partenariats innovants entre les municipalités et les organismes communautaires pour répondre aux besoins des migrants à statut précaire tout en optimisant les ressources locales disponibles.

Déposer une demande d’asile est complexe et doit inclure un narratif de persécution détaillée, une étape qui requiert normalement les services d’un-e avocat-e ou d’un-e consultant-e. Ces personnes migrantes n’ayant bien souvent pas d’argent pour payer un représentant légal, elles se retrouvent à vivoter dans les sites d’hébergement pour personnes en situation d’itinérance. Une chose est sûre : les reculs dans l’accès à l’asile dans la dernière année contribuent à transformer le visage de l’itinérance à Montréal. Bien que non officiellement comptabilisés, pour ne pas en rajouter en matière de stigmatisation, les échos du terrain font état d’une nette augmentation des personnes immigrantes dans différents refuges. Que ce soit dans des organismes œuvrant en hébergement temporaire pour les femmes, les jeunes, les hommes seuls, de nombreux intervenant-e-s terrain composent maintenant avec des situations complexes des parcours migratoires.

Unir nos forces

[caption id="attachment_20826" align="alignright" width="299"] Crédit : Julien Cadena[/caption] C’est dans ce contexte que plusieurs organismes communautaires en hébergement de personnes migrantes ont pris la décision de se regrouper, en créant le regroupement des organismes en hébergement pour les personnes migrantes (ROHMI). L’objectif est à la fois de faire reconnaître ces organismes, pour l’instant pas financés par le gouvernement, mais également de créer des liens et d’échanger aux intersections de la prévention de l’itinérance et de la défense des droits des personnes à statut précaire. À l’initiative de ce regroupement, le Pont-APPI et Foyer du Monde proposent des hébergements de première ou deuxième étape pour les personnes seules et les familles. Au-delà d’un toit, ces organismes offrent une approche intégrée incluant des services psychosociaux, juridiques, des ateliers de francisation, l’accompagnement dans les premières démarches et jusqu’à la recherche d’un logement permanent. L’accueil dans la dignité prend ici tout son sens. Avec la création du ROHMI, ils visent à étendre ces modèles pour élargir la gamme des options d’hébergement temporaire, tout en favorisant une approche multisectorielle et concertée, impliquant les organisations communautaires, les agences publiques, les institutions académiques, les partenaires des services sociaux et de santé, les acteurs privés et les municipalités. En s’appuyant sur les dispositions de la Loi sur les compétences municipales1, le ROHMI cherche à développer des modèles d’hébergement temporaire avec les villes. L’article 84.1 permet à une municipalité de louer des immeubles qu’elle possède à des fins d’habitation et de déléguer leur gestion à des organismes comme le ROHMI, facilitant ainsi l’utilisation de bâtiments municipaux pour des projets de logement transitoire. Ce contexte changeant rend plus urgent de créer des partenariats innovants entre les municipalités et les organismes communautaires pour répondre aux besoins des migrants à statut précaire tout en optimisant les ressources locales disponibles. Le ROHMI travaille aussi à bâtir des alliances stratégiques, qui permettront la mise en place de modèles innovants au-delà des modèles des maisons d’hébergement temporaire. Les membres du regroupement ont déjà d’autres modèles qui ouvrent la participation aux propriétaires privés, comme le modèle de sous-location à court et à long terme, qui peut s’avérer primordial pour permettre l’accès et le maintien du logement pour les personnes à statut précaire. Les hébergements spécialisés pour demandeurs d’asile se concentrent présentement à Montréal et une vraie expertise s’y développe. Il serait très intéressant de voir les municipalités s’engager davantage, en offrant des lieux ou des incitatifs pour leur multiplication. Le ROHMI renforce ses collaborations avec des organismes nationaux pour encourager l’analyse et l’action autour de l’intersection entre immigration et logement. Ces espaces de partage visent à échanger sur les meilleures pratiques et à souligner l’importance de briser les silos entre les différents secteurs. Il est crucial de reconnaître le rôle central des villes dans le développement de projets et d’initiatives concertées. Leur implication active est essentielle pour garantir une intégration stable, équitable et durable des personnes migrantes à statut précaire à la société dans le respect de leurs droits humains.
1 En ligne : https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/C-47.1?&cible=

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La France en crise

13 janvier, par Édouard de Guise
Entrevue avec Christophe Aguiton par notre correspondant à Paris, Édouard de Guise. Rien ne va plus en France depuis le 9 juin 2024, date à laquelle Emmanuel Macron a annoncé (…)

Entrevue avec Christophe Aguiton par notre correspondant à Paris, Édouard de Guise. Rien ne va plus en France depuis le 9 juin 2024, date à laquelle Emmanuel Macron a annoncé qu’il dissolvait l’Assemblée nationale et conviait les Françaises et Français aux urnes les 30 juin et 7 juillet. Une (…)

L’Université ouvrière de Montréal et le féminisme révolutionnaire (1925-1935)

13 janvier, par Archives Révolutionnaires
L’article qui suit plonge au coeur de la mobilisation des militantes communistes et libertaires de la première moitié du XXe siècle au Québec, en mettant en lumière leurs (…)

L’article qui suit plonge au coeur de la mobilisation des militantes communistes et libertaires de la première moitié du XXe siècle au Québec, en mettant en lumière leurs initiatives au sein de l’Université ouvrière d’Albert Saint-Martin. Il montre comment ces héroïnes montréalaises se sont emparées des théories révolutionnaires pour lutter contre leur oppression, tout en tissant des liens entre leur combat et la libération de toute l’humanité laborieuse. Cet article est initialement paru dans le numéro 31 des Nouveaux Cahiers du socialisme (Printemps 2024).


L’Université ouvrière de Montréal et le féminisme révolutionnaire (1925-1935)

Mélissa Miller

L’Université ouvrière (UO) est fondée à Montréal en 1925, sous l’impulsion du militant Albert Saint-Martin (1865-1947)[1]. Prenant ses distances avec la IIIe Internationale communiste, l’Université ouvrière se veut un lieu d’éducation populaire pour la classe ouvrière francophone montréalaise. De 1925 à 1935, son activité « alimente la critique du libéralisme et du capitalisme et participe à la propagation des idéaux anticléricaux, communistes, marxistes et, parfois même, anarchistes[2] ». Ces discours résonnent chez certaines militantes canadiennes-françaises qui, bien que toujours minoritaires au sein de ce milieu, s’y montrent particulièrement dynamiques.

Ainsi, ces femmes reprennent les critiques sociales et les idées proposées par l’Université ouvrière et élaborent leurs propres revendications afin de répondre aux défis spécifiques que leur condition leur impose au cours des années 1930. D’abord, elles participent activement aux conférences et aux activités de l’Université ouvrière. Ensuite, elles développent un discours féministe et révolutionnaire, qui s’exprime notamment le 15 mars 1931 à l’occasion de la première conférence donnée par une militante (Mignonne Ouimet) à l’Université ouvrière, intitulée La femme. Enfin, elles s’organisent au sein d’un groupe non mixte, la Ligue de réveil féminin (LRF) afin de faire valoir leurs revendications, qui répondent aux défis auxquels sont confrontées les familles de la classe ouvrière durant la Crise économique. C’est sur ces trois aspects de la mobilisation féminine au sein du réseau de l’Université ouvrière que cet article se penche.

Atelier de couture montréalais dans les années 1930.
Source : Archives nationales du Québec, Fonds Philippe Dubé, ANQ-P1000-271_PN-3.

L’Université ouvrière : un lieu d’éducation politique au service du peuple

L’Université ouvrière est fondée en 1925 et son activité se poursuit à Montréal durant une décennie. Par le biais de conférences, la distribution de pamphlets et la mise sur pied d’une bibliothèque, l’UO souhaite éveiller la conscience politique de la classe ouvrière et favoriser le développement de l’esprit critique chez les travailleur·euse·s de la métropole.

Le projet est analogue au Montreal Labor College, fondé au printemps 1920 à l’initiative de trois militantes communistes, Annie Buller, Bella Hall Gauld et Becky Buhay[3]. Toutefois, alors que les militant·e·s du Labor College en viennent à s’associer au Parti communiste du Canada (PCC), l’Université ouvrière est plutôt liée à l’Association révolutionnaire Spartakus (ARS), fondée en 1924 par Albert Saint-Martin et ses camarades[4]. Cette organisation adhère aux idéaux révolutionnaires et communistes, mais s’éloigne des conceptions organisationnelles prônées par Lénine et la IIIe Internationale, tirant plutôt son inspiration du spontanéisme de Rosa Luxembourg et des anarchistes français. Son approche préconise le développement de l’autonomie ouvrière à travers des initiatives comme les coopératives, les épiceries Spartakus, les campagnes politiques et l’éducation populaire. De plus, l’Université ouvrière s’adresse spécifiquement aux francophones tandis que les activités du Labor College sont présentées seulement en anglais. D’abord sise au 222, boulevard Saint-Laurent, l’UO prend de l’expansion en 1932 et ouvre un nouveau local au 1408, rue Montcalm qui peut accueillir près de 1 500 personnes. Ce lieu devient en quelques années « le centre à partir duquel le mouvement communiste libertaire rayonne sur les quartiers Sainte-Marie et Saint-Jacques[5] ».

L’Université ouvrière propose, chaque dimanche après-midi, des conférences de trente minutes suivies d’une séance de débat à laquelle la foule est invitée à participer[6]. Celles-ci regroupent souvent de deux à trois cents personnes. Les thèmes abordés vont de l’histoire à la littérature, de la religion aux sciences, sans oublier, bien sûr, la critique du capitalisme, la révolution et le communisme. On trouve aussi dans les locaux de l’Université une bibliothèque qui est le principal lieu de diffusion de brochures communistes, anarchistes et anticléricales en français, pour la plupart importés d’Europe[7]. Au cours de son existence, l’UO devient à la fois un lieu d’éducation politique, un espace de sociabilité où s’organisent des soirées culturelles et musicales, et un pôle d’organisation politique[8].

La participation des femmes à l’Université ouvrière

Bien que peu nombreuses, certaines ménagères et ouvrières montréalaises participent activement aux activités de l’Université ouvrière. Elles assistent aux conférences, souvent avec leurs enfants, et participent, avec leurs conjoints, aux assemblées politiques de l’organisation[9]. Les critiques virulentes que l’UO adresse au clergé et à la religion catholique, dominant la société canadienne-française dans le domaine de la morale et de l’éducation, suscitent l’intérêt des femmes qui sont particulièrement touchées par ces exigences religieuses[10]. Le milieu communiste autour de l’Université ouvrière fait une place aux femmes qui ont l’opportunité de remplir des tâches importantes : elles peuvent présider des assemblées, une fonction cruciale, ou être responsables de divers comités. Elles organisent des manifestations, des activités de financement ou des événements à caractère social et apparaissent dans les rapports de police, certaines d’entre elles ayant été arrêtées dans le cadre de rassemblements ou d’actions de désobéissance civile[11]. C’est d’ailleurs une femme – Carmen Gonzales – qui tient la bibliothèque de l’UO, s’occupant aussi de la vente des brochures anticléricales et anarchistes[12]. C’est cette même Carmen Gonzales qui s’occupait, au début des années 1920, de la librairie de l’Educational Press Association, adjacente au Montreal Labor College. En s’impliquant au sein du réseau communiste de l’Université ouvrière, ces femmes développent un discours féministe révolutionnaire et élaborent un programme original de revendications.

Ligne de piquetage, Rose Dress, Montréal, 1937. Photo par Harry Rubenstein. Kheel Center, Cornell University

Mignonne Ouimet : un discours féministe et révolutionnaire

L’élaboration d’un discours féministe au sein de l’Université ouvrière se révèle le 15 mars 1931 à l’occasion de la conférence La femme, donnée par une militante de l’organisation, Mignonne Ouimet. Âgée d’à peine 16 ans, c’est la première femme à monter à la tribune de l’UO[13]. Sa conférence se veut une causerie « pour les femmes, et au point de vue des femmes[14] », qui vise à « contrebalancer les efforts des hommes[15] » et démontrer que les militantes aussi ont la capacité de produire des discours politiques et des critiques sociales. Mignonne Ouimet exprime des positions « féministes marxistes[16] » : elle dénonce l’exploitation du travail féminin et l’autorité illégitime exercée dans la sphère privée par le père ou le mari. Elle critique le rôle que joue le clergé et les institutions politiques dans le maintien des femmes dans un statut inférieur. Enfin, dans le contexte social conservateur de l’époque, qui rejette les demandes visant à faire juridiquement de la femme l’égale de l’homme, les militantes de l’Université ouvrière estiment que seules une révolution et l’instauration d’une société communiste permettront aux femmes de vivre librement.

Les militants de l’UO critiquent les fondements du système capitaliste. Influencés par Marx et Proudhon, ils se positionnent contre la propriété privée des moyens de production et dénoncent l’exploitation salariale. Ces idées sont reprises par Mignonne Ouimet dans sa conférence lorsqu’elle dénonce l’exploitation du travail féminin. Elle souligne toutefois l’oppression particulière qui touche les femmes. Bien que les hommes subissent une exploitation économique qui les maintient dans la pauvreté, les femmes doivent faire face non seulement à l’exploitation économique, mais sont en plus soumises au pouvoir des hommes : « S’il est vrai que certains hommes sont les esclaves d’autres hommes, nous, les femmes, nous sommes les esclaves, même, de ces derniers esclaves. […] Toutes les lois à notre égard sont injustes et les mœurs sont encore pires.[17] » Lorsqu’elles ne sont pas mariées, les filles sont sous la tutelle de leur père ; en se mariant, elles tombent sous le joug de leur mari, car elles sont privées de droits civiques : « Ici, la position de la femme est légalement et clairement définie ; de par le code, elle est un meuble, une propriété ou un objet, pour ainsi dire, que l’homme achète ou loue à plus ou moins long terme, et suivant les stipulations d’un contrat notarié, avec approbation du maire ou d’un ministre du culte.[18] »

Si la jeune fille ne souhaite pas se marier, dit-on, elle peut subvenir à ses propres besoins en travaillant. Pour Ouimet, cette option n’existe pas réellement en raison de la faiblesse des salaires des ouvrières : « Vous savez bien, mes camarades, que notre système économique actuel nous rend ce travail impossible et que cette dernière ressource du travail, pour gagner notre vie, est un bien beau leurre ! En effet, combien gagnent les employées des manufactures de coton, de tabac, d’allumettes, de chaussures ? Combien gagnent les employées chez Eaton, Morgan, Dupuis, etc. ? Une pitance ! » Composant 25,2 % de tous les salariés montréalais en 1931[19], les ouvrières sont cantonnées dans des emplois aux salaires très bas[20]. Ces salaires, de 5 $ à 7 $ par semaine selon Ouimet, sont bien insuffisants pour une jeune célibataire qui souhaite louer une chambre, manger à sa faim et s’habiller convenablement. La militante souligne aussi le harcèlement sexuel subi par les travailleuses dans leur milieu d’emploi. Si les femmes ne peuvent subvenir à leurs besoins en raison des bas salaires qui leur sont réservés, raisonne Ouimet, elles n’ont d’autre choix que de se marier : « En un mot, puisqu’il faut appeler les choses par leur nom, la femme est forcément entraînée vers l’une des prostitutions connues. La première, c’est la prostitution générale, mais légale. C’est-à-dire, le mariage ! La deuxième c’est… l’autre.[21] » Le mariage et la prostitution sont vus comme les deux faces d’une même médaille. Privées de droits civiques et sous-payées, les femmes sont forcées de contracter des échanges économico-sexuels pour survivre. Si les femmes doivent se marier pour pouvoir vivre, leur amour n’est donc pas donné librement ; sali par des considérations financières, l’amour devient alors prostitution.

La critique du mariage et de la famille patriarcale est un thème qui est présent dans le discours des militants de l’Université ouvrière et, plus généralement, dans la tradition communiste. Selon celle-ci, loin d’être une institution d’amour, le mariage en régime capitaliste est plutôt un outil servant à assurer la transmission du patrimoine par l’héritage et le maintien de la propriété privée. De plus, le mariage « relègue la femme au rang d’objet en la plaçant sous la tutelle de son mari, lui retirant jusqu’à son propre nom de famille[22] ». Ce sont ces idées, diffusées par le biais de brochures anarchistes et dans la littérature communiste, que reprend Ouimet dans sa conférence[23]. Pour que les femmes puissent se libérer du joug des hommes et du capitalisme, l’oratrice affirme qu’elles doivent participer à la révolution. Il faut que les femmes encouragent les hommes à se révolter contre le système capitaliste qui les maintient dans la misère, car c’est lorsque ceux-ci seront libres que les femmes pourront, elles aussi, conquérir leur liberté :

Il faut leur faire comprendre qu’ils ont tort de tolérer plus longtemps un système économique permettant à quelques-uns d’entre eux de posséder des richesses, pendant que 90 % de la masse individuelle demeure dans le salariat, l’ignorance et la misère. Sachons que notre planète, la Terre, appartient à l’humanité et non à quelques individus et que celui qui se prétend propriétaire d’un pied de terrain est un voleur ! Enseignons à nos frères que toutes les religions prétendues révélées ne sont que des fables inventées par les exploiteurs pour leurrer les imbéciles, diluer, amoindrir le courage des militants et maintenir les privilèges des repus.[24]

Mignonne Ouimet appelle les femmes à joindre le mouvement révolutionnaire qui veut abolir la propriété privée et le régime capitaliste en faveur de la propriété collective, donnant à tous la pleine valeur de leur travail. Ce n’est que par une transformation radicale des conditions de vie actuelles que les femmes pourront être libres. Alors seulement :

…l’on ne verra plus de jeunes filles accepter de vieux maris, parce que ces derniers ont de la braise… ! […] On n’entendra plus proclamer cette doctrine de la multiplication à outrance ; au lieu de procréer une sale vermine, débile, rachitique, mais nombreuse, les hommes et les femmes chercheront à produire de la qualité plutôt que de la quantité ; et c’est alors seulement que l’on pourra dire vraiment de tous les enfants : ils sont aussi beaux que les fruits de l’amour ! […] Puissent enfin les quelques remarques que je vous ai faites graver dans vos esprits cet axiome : la femme ne sera vraiment femme que lorsqu’elle aura obtenu sa liberté économique. Et les hommes sauront alors et alors seulement, quel trésor d’amour renferme le cœur de la femme.[25]

Si ces idées ne sont pas nouvelles au sein du milieu communiste canadien-français, la conférence de Ouimet exprime des considérations particulières liées au statut des femmes ouvrières dans les années 1930. Sa conférence alimente les réflexions au sujet de la condition féminine et s’inscrit dans le développement d’un militantisme révolutionnaire féminin dans les années 1930 au Québec, qui prend la pleine mesure de la lutte des classes.

Cuisine dans la maison de G. B. Thorn, Montréal, QC, 1934.
Source : Musée McCord.

La Ligue du réveil féminin : une organisation d’action

La crise économique et le chômage qu’elle entraîne fournissent une nouvelle occasion pour les femmes du réseau de l’Université ouvrière de faire valoir leurs revendications politiques. En 1933, les militants autour de l’Université ouvrière fondent l’Association humanitaire (AH), qui a pour but d’aider et d’organiser les chômeurs. Les femmes y sont particulièrement actives. La même année, sous l’impulsion de la militante Éva Varrieur, elles fondent la Ligue du réveil féminin (LRF), un groupe non-mixte. Son objectif est de « soutenir les familles ouvrières aux prises avec le chômage[26] », notamment en faisant pression sur le gouvernement pour qu’il prenne des mesures de soutien aux chômeurs. La Ligue met de l’avant la capacité des femmes à prendre en charge des revendications politiques, comme l’indique son Manifeste publié dans le journal l’Autorité le 14 octobre 1933 :

Dans ce chaos indescriptible, il est malheureux de constater que la femme, mère de l’humanité, a toujours joué un rôle plutôt effacé et reste stationnaire dans l’évolution, imbue de préjugés soigneusement entretenus, pour ne pas dire cultivés. Elle est demeurée un objet de cuisine et de boudoir engoncé dans sa soi-disant dignité féminine. […] C’est pourquoi le Réveil féminin s’impose […] plus de sacrifice, de dévouement pour l’intérêt de quelques femmes, mais le réveil de la femme par l’éducation logique naturelle, basée sur des faits et leurs réalisations, opposée à l’obscurantisme de toujours. Dans un siècle de science et de lumière, faut-il que nous, les femmes, restions aveugles, laissant aux hommes le soin d’essayer d’arranger les choses à leur guise et restions à notre éternel rôle de servante et de poupée ? Le Réveil féminin entreprend de réveiller les intelligences (brillantes souvent), mais somnolentes et faire évoluer la femme vers sa véritable émancipation.[27]

En organisant un groupe d’action politique non mixte, la LRF travaille à l’éveil de la conscience des femmes, capables elles aussi de faire advenir le changement social qu’elles désirent sans rester dans l’ombre de leurs camarades masculins. L’émancipation des femmes, pour la Ligue, passe par une éducation scientifique, ainsi que par un rejet de la religion et des exigences que le clergé impose au sexe féminin. Le contexte de la crise économique n’est pas étranger à ce regain d’activité chez les femmes, leur débrouillardise et leur ingéniosité en tant que ménagères et mères de famille étant particulièrement sollicitées dans un contexte de chômage et de pénuries[28].

La Ligue de réveil féminin présente aussi, dans le même journal (16 septembre 1933), une liste de revendications. Elle exige des allocations familiales, des pensions mixtes ou individuelles pour les vieillards, ainsi que pour les veuves et les orphelins, l’assurance chômage et enfin les soins médicaux gratuits « pour la famille de l’ouvrier[29] ». Les femmes de la LRF posent ces revendications dans une société qui est largement dépourvue de filet social[30]. Au début des années 1930, le Québec accuse un retard par rapport à la majorité des provinces canadiennes[31], notamment en ce qui concerne les allocations pour les « mères nécessiteuses », les pensions de vieillesse et les indemnisations pour les travailleurs accidentés[32]. Pour endiguer les effets de la crise, le gouvernement provincial mise sur le « secours direct » et les programmes de travaux publics, des mesures d’urgence qui apaisent la misère sans toutefois s’attaquer aux racines du problème de la pauvreté[33]. Au plan de l’urbanisme, la LRF exige de nouvelles constructions pour remplacer les taudis et l’aménagement de parcs dans chaque quartier. Au plan économique, elle réclame une distribution équitable des biens, l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes, et l’interdiction du travail des enfants. Dans tous les cas, les militantes de la LRF proposent des solutions structurelles aux causes profondes de la misère et rejettent les palliatifs superficiels proposés par les gouvernements.

Au cours de son existence, la LRF organise aussi des conférences dans les locaux de l’Université ouvrière, portant sur des sujets tels l’inexistence de Dieu ou les libertés civiles. L’une de ces conférences, donnée en 1934, attire quelque 200 femmes et leurs enfants[34]. En se dotant d’un groupe d’action féminin, les militantes de la LRF développent leur autonomie, sans jamais perdre de vue l’idée révolutionnaire. Elles font aussi apparaître de nouvelles revendications au sein de leur milieu, dont celles portant sur les droits de la jeunesse.

Les préoccupations relatives à la famille, aux enfants et à la régulation des naissances occupent une place importante pour les femmes de l’Université ouvrière et de la LRF. Mignonne Ouimet, comme les militantes de la Ligue, critiquent l’idée de la « multiplication à outrance[35] » portée par le clergé catholique, qui interdit aux couples d’utiliser la contraception pour contrôler la taille de leur famille[36]. Elles soulignent l’impossibilité, pour la classe ouvrière montréalaise, d’harmoniser les exigences morales catholiques de reproduction et le maintien de la qualité de vie des enfants. Ceux-ci font les frais de ces exigences, car ils sont mis au monde par des parents qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins en raison de leur pauvreté. Pour les militantes qui gravitent autour de l’Université ouvrière, c’est seulement en s’attaquant aux racines de la misère par un changement social radical, en faisant advenir une société basée sur la propriété collective et l’égalité entre les sexes, que chaque humain aura la possibilité de s’épanouir à sa pleine capacité.

Crèche de la Miséricorde, vers1920. L’hôpital de la Miséricorde accueillait les filles-mères afin qu’elles puissent mettre au monde leur enfant dans le plus grand secret. Source : BAnQ-Montréal, Fonds La Presse, P833, S3, D288.

La fin de l’Université ouvrière

Entre 1933 et 1935, la répression s’intensifie contre l’Université ouvrière et les organisations qui lui sont liées[37]. L’engouement des ouvrières et des ménagères pour les idées anticléricales et communistes, leur engagement au sein des organisations révolutionnaires, inquiète en particulier le clergé catholique. Les femmes sont, selon le bulletin catholique La Chandelle, « l’élément le plus astucieux et celui qui fera le plus pour l’avancement du mouvement communiste. C’est donc vers les femmes qu’il faudra faire converger nos efforts[38] ». Pour endiguer l’influence de ces initiatives au sein des faubourgs montréalais, le clergé crée trois contre-organisations : l’Université ouvrière catholique, l’Association humanitaire catholique et le Réveil féminin catholique[39]. Enfin, l’Église, l’extrême-droite et le gouvernement provincial tentent, par divers moyens, de faire fermer les lieux d’organisation révolutionnaires. À partir de 1934, dans un contexte où le milieu communiste libertaire périclite, les militant·e·s de l’Université ouvrière, de l’AH et de la LRF se rapprochent du Parti communiste du Canada qui cherche alors à fédérer les forces révolutionnaires canadiennes. L’Université ouvrière est remplacée en 1935 par l’Université du prolétariat, une coopérative d’enseignement mutuel, de cours et de conférences, avant de fermer définitivement ses portes un an plus tard, après avoir été violemment mise à sac par une cohorte de jeunes activistes catholiques[40].

Même si elles étaient minoritaires au sein de leur milieu, les militantes du réseau de l’Université ouvrière ont fait leur marque. Elles se sont réapproprié les idées de l’UO et, plus généralement, des traditions communistes et anarchistes, puis ont élaboré un discours et des pratiques pour répondre aux défis spécifiques auxquels étaient confrontées les ouvrières et ménagères francophones au début du XXe siècle. Tout en participant aux conférences et animant des comités, ces femmes ont développé une réflexion révolutionnaire sur l’exploitation du travail féminin, la domination masculine et les institutions sociales – le clergé, le mariage, le Code civil – participant à les maintenir dans un état de dépendance. Enfin, ces militantes ont pris davantage d’autonomie en s’organisant au sein d’une organisation non mixte, la Ligue de réveil féminin. Dans les journaux, dans la rue et par le biais de leurs organisations, elles ont fait valoir leurs revendications politiques. Par leur activité, ces militantes ont contribué à alimenter la réflexion au sujet de la condition féminine au sein du mouvement communiste canadien-français organisé autour de la figure d’Albert Saint-Martin.


Notes

[1] Au sujet du parcours d’Albert St-Martin, on consultera : Claude Larivière, Albert Saint-Martin, militant d’avant-garde, 1865-1947. (Laval : Éditions coopératives Albert Saint-Martin, 1979).

[2] Alex Cadieux, « Le péril rouge : Le cas de l’Université ouvrière de Montréal (1925-1935) ». Strata, 4 (2018) : 26.

[3] Louise Watson, She Never Was Afraid. The Biography of Annie Buller (Toronto : Progress Books, 1979), 11-14.

[4] Mathieu Houle-Courcelles. « « Ni Rome, ni Moscou » : l’itinéraire des militants communistes libertaires de langue française à Montréal pendant l’entre-deux-guerres » (Thèse de Ph. D., Université Laval, 2020), 160.

[5] Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 170 et 191.

[6] Marcel Fournier, « Histoire et idéologie du groupe canadien-français du parti communiste (1925-1945) ». Socialisme 69, 16 (1969) : 66.

[7] Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 173.

[8] Claude Larivière, op.cit., 138.

[9] Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 182.

[10] Marcel Fournier, op.cit, 63-84. L’anticléricalisme est un élément qui distingue l’Université ouvrière des autres organisations socialistes et syndicales comme la One Big Union ou le Parti communiste du Canada, et traduit l’expérience particulière de la société canadienne-française dominée par le clergé. Voir Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 176-177.

[11] Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 233.

[12] Marcel Fournier, Communisme et anticommunisme au Québec (1920-1950) (Montréal : Les Éditions coopératives Albert Saint-Martin, 1979), 20.

[13] Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 202. Mignonne Ouimet est la fille de Charles Ouimet, qui quittera le réseau de l’Université ouvrière pour rejoindre le PCC.

[14] Mignonne Ouimet, La Femme. Conférence donnée par Mlle M. Ouimet le 15 mars 1931 à l’Université ouvrière (Montréal : L’Université ouvrière, s.d.), s.p.

[15] Mignonne Ouimet, op.cit.

[16] Claude Larivière, op.cit., 146.

[17] Mignonne Ouimet, op.cit.

[18] Mignonne Ouimet, op.cit.

[19] Terry Copp, Classe ouvrière et pauvreté. Les conditions de vie des travailleurs montréalais, 1897-1929 (Montréal : Boréal express, 1978), 45-46.

[20] « De 1901 à 1929, plus du tiers des ouvrières se retrouve dans le secteur manufacturier ; un second tiers occupe le secteur des services et notamment le service domestique ; enfin, le troisième tiers se disperse en une infinité d’emplois ayant tous un facteur en commun : des salaires de famine. » Terry Copp, op.cit., 46.

[21] Mignonne Ouimet, op.cit.

[22] Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 204.

[23] On compte, parmi les travaux des communistes et des anarchistes qui critiquent les institutions de la famille et du mariage en régime capitaliste : L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État de Friedrich Engels, La camaraderie amoureuse, de E. Armand, L’immoralité du mariage de René Chaughi, etc.

[24] Mignonne Ouimet, op.cit.

[25] Mignonne Ouimet, op.cit.

[26] Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 213.

[27] « La Ligue du réveil féminin », L’Autorité, 14 octobre 1933, 4.

[28] « Les réactions à la crise se font surtout sur le plan individuel et à travers les réseaux de solidarité de base. […] C’est l’ère de la débrouille, et les femmes jouent à cet égard un rôle fondamental dans l’économie domestique, par exemple en adaptant l’alimentation ou en retaillant les vêtements. » Paul-André Linteau et al., Histoire du Québec Contemporain. Tome II. Le Québec depuis 1930 (Montréal : Boréal, 1989) 82. Sur le rôle actif des ménagères durant la crise économique des années 1930, voir : Denyse Baillargeon, Ménagères au temps de la crise. (Montréal : Les Éditions du remue-ménage, 1991).

[29] « Les commandements de la Ligue du réveil féminin », L’Autorité, 16 septembre 1933, 4.

[30] L’aide aux indigents est encore prise en charge par les institutions religieuses qui n’ont pas toujours les moyens d’aider adéquatement les familles dans le besoin. Terry Copp, op.cit., 137.

[31] Terry Copp, op.cit., 133.

[32] Sur l’adoption des politiques sociales touchant les femmes et les familles au Québec, on consultera : Denyse Baillargeon, « Les politiques familiales au Québec. Une perspective historique », Lien social et politiques, 36 (1996) : 21-32.

[33] Robert Comeau et Bernard Dionne, Le droit de se taire. Histoire des communistes au Québec, de la Première Guerre mondiale à la Révolution tranquille. (Montréal : VLB Éditeur, 1989) 55.

[34] Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 215.

[35] Mignonne Ouimet, op. cit.

[36] À propos du contrôle des naissances et des exigences du clergé catholique canadien-français au sujet de la reproduction, on consultera : Danielle Gauvreau et Peter Gossage, « « Empêcher la famille » : Fécondité et contraception au Québec, 1920–60 », The Canadian Historical Review, 78, 3 (1997) : 478-510, ainsi que Danielle Gauvreau et Diane Gervais, « Les chemins détournés vers une fécondité contrôlée : le cas du Québec, 1930-1970 », Annales de démographie historique, 106, 2 (2003) : 89-109.

[37] Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 221.

[38] H. B. « À l’Université ouvrière », La Chandelle, 1, 13 (24 mars 1934), 1. Cité dans : Mathieu Houle-Courcelles, op.cit., 215.

[39] Ibid., 215.

[40] Ibid., 232.

Relations à l’heure des ruptures

12 janvier, par Catherine Caron —
Les revues Relations et À bâbord ! évoluent en bonnes camarades au sein de la gauche québécoise depuis plus de 20 ans, chacune dans sa spécificité. La doyenne des deux, (…)

Les revues Relations et À bâbord ! évoluent en bonnes camarades au sein de la gauche québécoise depuis plus de 20 ans, chacune dans sa spécificité. La doyenne des deux, Relations, avec sa longue histoire (83 ans), ses racines profondes et ses moyens, a souvent semblé tel un chêne solide à côté du jeune roseau vibrant mais fragile qu'est À bâbord !. Ces derniers mois, malheureusement, les deux ont rencontré des vents contraires.

Comme on le sait, À bâbord ! a perdu une importante subvention qui l'a contrainte de lancer une campagne de sociofinancement pour financer ses prochains numéros. Du côté de Relations et du Centre justice et foi (CJF) qui la publie, les ruptures s'additionnent. Le lien d'emploi est définitivement rompu entre le conseil d'administration, dont les jésuites ont pris le contrôle majoritaire, et le personnel qui a été mis à pied « temporairement » en mars dernier. Une entente confidentielle a été négociée après six mois de suspension des activités et une mise à pied que les employé·es continueront sans doute de considérer injustifiables, injustes et scandaleusement contre-productives s'il s'agissait de « restructurer » et d'assurer la pérennité de Relations et de ce centre d'analyse sociale. Ces employé·es ont publié le texte « Notre version des faits [1] » en juin dernier. La majorité des partenaires du CJF et de la revue se sont montrés solidaires des employé·es dès le début de l'affaire et plus de 1 300 personnes ont exprimé leur indignation en signant une déclaration d'appui.

Exit donc toute une équipe compétente (dont certains membres travaillaient là depuis 10, 17, voire 25 ans) qui a refusé de voir s'éterniser sa mise à pied d'encore au moins quatre mois, sans signe de réparation à l'horizon. Sans garantie que son expertise et son point de vue, après des mois de refus du dialogue de la part du conseil d'administration [2], soient enfin sérieusement considérés lors d'une consultation élargie tardivement annoncée. Et sans garantie que chacun·e retrouverait son emploi et pourrait poursuivre la longue aventure de la revue Relations et du CJF. Quant à la directrice Isabelle Lemelin, qui n'aura été en poste que quelques mois (dont une bonne partie sans employé·es), elle a passé « le flambeau » à la fin de l'été, un flambeau pas mal éteint.

La fin d'un pluralisme fécond

Ce qu'on risque d'éteindre de plus grave dans cette affaire, c'est l'esprit d'ouverture et de collaboration qui caractérisait le CJF et Relations depuis des décennies et forgeait leurs réalisations – tout le contraire de l'esprit autoritaire de fermeture au dialogue dont les jésuites et le conseil d'administration du CJF ont fait preuve ces derniers mois. Au CJF et à Relations, dans différents comités, activités publiques et publications, réfléchissaient et débattaient ensemble des croyant·es, des non-croyant·es ou autrement croyant·es ; des laïques, des jésuites et des personnes d'autres confessions ; des spécialistes (professeur·es, chercheur·es, etc.), des acteurs sociaux, des artistes aussi, aux côtés de citoyen·nes. La restructuration visée au CJF ne masquera pas longtemps le déclin provoqué de ce pluralisme fécond sans lequel la voix du CJF et de la revue aura moins de portée dans la société québécoise.

Au fil des 16 années que j'ai passées à Relations, à son comité de rédaction, j'ai vu des théologien·nes (Gregory Baum, Robert Mager, Denise Couture), le jésuite Guy Paiement ou encore un professeur de sciences des religions comme Louis Rousseau dialoguer avec Eve-Lyne Couturier de l'IRIS, la sociologue Rolande Pinard et les chercheurs Jonathan Durand-Folco et Yves-Marie Abraham. Le chrétien engagé Jean-Claude Ravet, ex-rédacteur en chef de la revue (2005-2019), a entre autres attiré dans ce cercle l'anthropologue et professeur Gilles Bibeau, l'écrivaine d'origine haïtienne Marie-Célie Agnant et la militante féministe athée Lorraine Guay, qui y croisaient des croyantes féministes comme Élisabeth Garant, Claire Doran et Céline Dubé, ou encore une militante altermondialiste agnostique comme moi.

C'est rare un tel lieu où la poursuite d'un idéal de justice sociale et écologique ainsi que le développement d'une analyse critique à l'endroit des structures de pouvoir – religieux, économique ou politique – n'excluent pas l'expression d'une spiritualité engagée dans la cité. Tout un carrefour de pensées forgeait la diversité des regards qu'on trouvait dans Relations et sa capacité d'aborder certaines dimensions de l'expérience humaine avec une profondeur qui lui était spécifique et qui n'excluait ni l'expérience spirituelle ni la critique des pouvoirs religieux. Plusieurs de ses dossiers le reflètent, pensons entre autres à ceux sur l'indignation, la décroissance, le racisme (tous épuisés), la désobéissance civile, la Palestine, la gratitude, les violences sexuelles, ou encore aux questionnements portés dans son numéro du 80e anniversaire « En quoi croyons-nous ? » (no 814, automne 2021).

Repli et rétrécissement

Certes le CJF n'est pas encore mort, mais plus de 10 mois d'arrêt n'augurent rien de bon, notamment pour la survie de Relations dans cette période difficile pour l'ensemble des revues sociales et culturelles mises en marché au Québec. On sait que son CA pense proposer une nouvelle formule sans se montrer certain qu'elle plaira aux nouveaux abonnés – au point qu'il a préféré les rembourser en attendant. La rumeur court depuis plusieurs mois qu'il pense sacrifier sa version imprimée, pensant économiser en ne gardant qu'une version numérique. Un tel virage – concernant l'une des plus anciennes revues francophones au Québec, qui dispose d'un bassin enviable de fidèles abonné·es et qui arrivait en 2023 au deuxième rang des meilleures ventes parmi les revues culturelles promues par la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP) – choque profondément. D'autant que ce changement n'a aucunement été élaboré (en date du 7 octobre dernier) avec l'équipe éditoriale et le comité de rédaction de Relations qui ont fait une importante refonte il y a à peine trois ans en réfléchissant à ce sujet.

Dans l'équipe d'À bâbord !, de Relations et d'autres revues, on sait que la quincaillerie du numérique a peut-être certains avantages sur le papier, mais elle a aussi des coûts, incluant des coûts écologiques cachés. On sait aussi que transformer des abonné·es et acheteur·euses en kiosques en abonné·es et client·es payant pour du contenu numérique (articles à la pièce, PDF, version epub) représente un défi important qui nécessite des investissements et des approches marketing adaptées. En outre, le blocage des médias par Facebook/Meta au Canada – À bâbord ! le subit – montre bien les écueils qui peuvent nuire à la diffusion de contenus numériques.

Quoi qu'il en soit, l'heure semble être au rétrécissement de Relations et du CJF. Le mot « restructuration » conduit rarement à autre chose à l'ère néolibérale, surtout pas lorsqu'on procède d'une manière qui ressemble autant à une stratégie du choc. Le secteur Vivre ensemble du CJF, animé par Mouloud Idir et que plusieurs lecteurs et lectrices d'À bâbord ! connaissent, risque d'écoper, tout comme d'autres aspects importants du Centre. Son apport novateur et précieux, depuis 1985, sur les sujets liés à l'immigration, au pluralisme, à la laïcité, au racisme et à l'islamophobie, laissera sa marque.

Attendons la suite, mais l'argument qu'un manque de ressources financières justifierait ce déclin vers un mini-CJF est contesté depuis le début et la situation concerne aussi d'autres bailleurs de fonds. Les Jésuites du Canada – la nouvelle entité pancanadienne qui a absorbé, en 2018, la province des jésuites du Québec et d'Haïti – font d'importants investissements ailleurs. D'autres de leurs œuvres sociales subissent des transformations difficiles (à Toronto notamment). Ils semblent se replier sur leur communauté de foi. De nombreuses relations, pourtant constitutives de l'ouverture et de la spécificité québécoise de Relations et du CJF, s'en trouvent dévalorisées, voire brisées. Ainsi, si relance il y a au bout de tout ça, il sera peut-être plus honnête de renommer autrement Relations et ce Centre que ses fondateurs avaient voulu appeler justice et foi, non pas le contraire.


[1] Lettre ouverte publiée dans Le Devoir du 25 juin 2024 et sur le site soutenonslesemployesducjf.org où se trouve la Déclaration d'appui.

[2] Ce dernier a aussi refusé une demande de rencontre faite par le comité de rédaction de Relations.

L'autrice est ex-éditrice et rédactrice à la revue Relations (2007-2023).

Illustration : Jacques Goldstyn

​Des documents sur la crise des opioïdes détruits par un associé de McKinsey

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Les Grands Amis de Rimouski

11 janvier, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Les Grands Amis de Rimouski est une organisation à but non lucratif qui joue un rôle essentiel dans la communauté de (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Les Grands Amis de Rimouski est une organisation à but non lucratif qui joue un rôle essentiel dans la communauté de Rimouski, au Québec, en offrant des services de mentorat et de soutien aux jeunes en situation de vulnérabilité. Depuis (…)
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Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

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