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Un festival et deux semaines d’actions marquent le 1er mai à Halifax
La cause palestinienne fait renaître le panarabisme !

Vers le renouvellement du statu quo ante ou la recherche désespérée d’un accord avec le trumpisme

Alors que les différents sondages de 2024 annonçaient une victoire écrasante du Parti conservateur du Canada, les dernières élections fédérales ont accordé un quatrième mandat au Parti libéral du Canada. La campagne électorale a été dominée par les appréhensions, largement répandues dans la population, provoquées par la guerre commerciale et les menaces d'annexion du Canada formulées par Donald Trump. Ces craintes ont lourdement pesé sur les intentions de vote.
Demain, le nouveau gouvernement Carney devra défendre l'économie canadienne face aux effets des tarifs commerciaux imposés au pays, réaffirmer la souveraineté nationale et même protéger l'unité du territoire. La bourgeoisie canadienne, son gouvernement fédéral et ses gouvernements provinciaux seront sous pression de l'administration américaine, déterminée à assujettir le Canada à ses propres intérêts. Le mouvement syndical, les différents mouvements sociaux et la gauche politique – du moins ce qu'il en reste – devront œuvrer à construire leur unité, manifester une combativité forte et une autonomie politique vis-à-vis des choix des gouvernements de l'oligarchie canadienne afin de résister au projet trumpiste dans une logique de réelle émancipation sociale.
Dynamique électorale et positionnement des partis
Le Parti libéral du Canada (PLC) a fait élire 169 député·es, avec 43,73 % des suffrages. Il devra former un gouvernement minoritaire, n'ayant pas atteint les 172 sièges nécessaires à une majorité. Le Parti conservateur du Canada (PCC) a enregistré une progression significative, avec 143 élu·es et un bond en voix passant de 33,7 % en 2021 à plus de 40 % en 2024.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a subi un effondrement, sa députation passant de 25 à 7 élu·es, lui faisant perdre son statut de parti reconnu. Une grande partie de son électorat traditionnel, inquiet des menaces de Trump et désireux d'empêcher une victoire conservatrice, a préféré voter pour le PLC.
Le Bloc québécois a reculé, obtenant 23 député·es. Le Parti vert n'a fait élire qu'un seul représentant, avec seulement 1,23 % des suffrages. Le Parti populaire du Canada (PPC), d'extrême droite, n'a récolté que 0,7 % des voix, soit six fois moins qu'en 2021.
Ces élections ont donc mené à un gouvernement minoritaire, révélant une polarisation de l'électorat autour de deux grands partis néolibéraux, et une marginalisation des tiers partis. La gauche sociale-démocrate et écologiste voit sa représentation parlementaire et son appui populaire réduits à la portion congrue.
Le Parti conservateur porté par une démagogie populiste
Le PCC a défendu un programme ultralibéral, climatosceptique et militariste : baisses d'impôts pour les entreprises, privatisations, déréglementations dans l'exploitation du pétrole et du gaz et attaques contre les droits syndicaux. Il a combiné cette orientation à une démagogie populiste envers les classes laborieuses, se présentant comme le défenseur du pouvoir d'achat et de l'accès au logement.
Par une tournée d'usines et de lieux de travail, il a réussi à bâtir un appui significatif à son programme, en l'arrimant à la colère populaire. Un bloc conservateur s'est ainsi formé, allant des partisans du capital fossile à certains secteurs de la classe ouvrière.
Le mouvement syndical et les mouvements sociaux progressistes ont clairement perçu cette stratégie, mais ils y ont répondu non par une mobilisation unitaire et massive, mais par un appui au PLC et à son nouveau chef.
Face à l'offensive trumpiste, le PLC surfe sur le nationalisme canadien
La direction du PLC a rapidement compris que la montée du PCC dans les sondages traduisait un glissement significatif à droite de l'électorat. Elle a opéré un repositionnement en conséquence.
Dès son arrivée au pouvoir, Mark Carney a aboli la taxe carbone pour les usager·ères, court-circuitant ainsi le slogan « Axe the tax » de Pierre Poilievre. Durant la campagne, il a promis des baisses d'impôts et l'abandon de l'impôt sur les gains en capital introduit par Trudeau. Il a également soutenu des projets d'oléoducs, prôné une hausse de la production pétrolière, promis d'atteindre 2 % du PIB en dépenses militaires, renforcé la surveillance des frontières et restreint l'immigration.
Il a ainsi repris de nombreux éléments du programme conservateur, ce que le PCC a dénoncé comme un pillage de ses idées. Profitant du regain de nationalisme canadien, suscité par les propos de Trump sur l'annexion du Canada, Carney a vanté l'achat de produits locaux, l'indépendance énergétique et la diversification des marchés d'exportation.
Comme l'écrivait Romaric Godin dans Mediapart :
« Trouver de nouveaux débouchés pour les entreprises canadiennes risque, par ailleurs, d'être délicat. […] Le marché états-unien représentait en 2024 près de 75,9 % des exportations canadiennes et 62,2 % des importations. »
Le projet de diversification économique paraît donc irréaliste, d'autant que le Canada a depuis longtemps abandonné toute politique de nationalisme économique, notamment les orientations du rapport Watkins. Tous les gouvernements, depuis Mulroney, ont soutenu l'intégration continentale, concrétisée par l'ALENA, puis l'ACEUM. L'objectif du gouvernement Carney est ainsi un retour au statu quo ante, dans l'intérêt de la bourgeoisie canadienne. Mais toute négociation avec Trump impliquera des concessions unilatérales : expansion du capital fossile, hausse des dépenses militaires, durcissement migratoire, renvois de demandeur·euses d'asile et renforcement des frontières.
Le silence gêné du gouvernement face aux dérives autoritaires de Trump montre qu'il est prêt à composer avec Washington pour préserver une autonomie canadienne de façade.
Au Québec : recul du Bloc québécois et impasse du mouvement indépendantiste
Le Bloc québécois a connu un net recul. Centrant sa campagne sur la défense d'une société distincte, il n'a pas remis en cause le fédéralisme ni abordé la question de l'indépendance. Il a promis son soutien au PLC pour la première année et suggéré la création d'un ministère des Frontières, ce qui a provoqué l'ire du chef du Parti québécois.
La victoire du PLC au Québec renforce la légitimité du fédéralisme canadien et affaiblit le projet référendaire du PQ. Collaborer avec le PLC revient à renforcer le statu quo. Croire le contraire relève d'une naïveté politique.
Les fondements de la marginalisation de la gauche politique et sociale
La gauche a été affaiblie par l'appui prolongé du NPD au gouvernement libéral, par les manœuvres parlementaires, l'apathie syndicale et la fragmentation des mouvements sociaux.
Les syndicats, au Québec comme au Canada, n'ont pas mobilisé leurs membres contre les politiques conservatrices. Comme l'écrit Sid Ryan :« La voix de millions de syndiqué·es a honteusement manqué. Cela relève autant de la social-démocratie que du manque d'autonomie politique. »
Le NPD, devenu simple force d'appoint parlementaire, s'est coupé des luttes sociales réelles. Sa stratégie fondée sur des compromis a affaibli sa crédibilité. Son affaissement électoral s'explique aussi par son incapacité à défendre un programme de rupture dans l'action.
Les grandes centrales syndicales ont élaboré des plateformes revendicatives, mais se sont contentées de demander à leurs membres d'interpeller les candidat·es. Le virage à droite du PLC n'a pas été dénoncé. Le Congrès du travail du Canada a rapidement exprimé sa volonté de collaborer avec le gouvernement libéral, confirmant l'abandon de toute autonomie politique.
Le mouvement féministe a certes interpellé les partis, mais ses revendications ont été marginalisées. La mobilisation pour le droit à l'avortement s'est heurtée à la montée d'une droite pro-vie peu contestée.
Le mouvement de solidarité internationale a mené des campagnes, notamment pour la défense du peuple palestinien, sans obtenir d'écho significatif. Ni le PLC ni le PCC n'ont dénoncé la politique génocidaire d'Israël à Gaza.
Les mouvements sociaux sont restés dispersés, chacun agissant dans son domaine sans construire un front commun.
Les voies de la reconstruction de la gauche dans l'État canadien
Ces élections se sont déroulées dans un climat de nationalisme canadien accru. Au Québec, le Bloc a adopté un nationalisme compatible avec le fédéralisme. Ces deux formes de nationalisme supposent que les intérêts nationaux convergent avec ceux des capitalistes, au détriment de la solidarité entre peuples.
La gauche canadienne et québécoise ne pourra se reconstruire qu'en rompant avec ces nationalismes. Elle doit rassembler les classes populaires, les peuples autochtones et les groupes subalternes dans un projet de libération plurinational.
Ce projet doit être féministe, antiraciste, socialiste et décolonial. Il implique le rejet de toute alliance avec le PQ et de toute défense de l'État canadien tel qu'il est, c'est-à-dire fondé sur la négation de la réalité multinationale du territoire.
Une gauche de transformation sociale doit lier son action à un projet écosocialiste, soutenir l'autodétermination des peuples autochtones et québécois, et développer des solidarités avec les mouvements écologistes, féministes et populaires.
Elle doit œuvrer à bâtir un bloc social autour de la justice climatique, de la lutte contre le patriarcat, des réparations envers les peuples autochtones, de la création d'assemblées constituantes populaires, de la nationalisation des ressources et du démantèlement du complexe militaro-industriel canadien.
Les résultats des dernières élections montrent qu'il faut tout reconstruire à partir d'un véritable champ de ruines. Mais il est des combats qu'on ne peut esquiver.
Reprendre la route de la solidarité et mettre à jour nos perspectives
Les premiers constats
La construction d'un réseau militant pancanadien a toujours été laborieuse. Ce défi avait été décrit dans le texte « Le défi de lutter ensemble » d'Andrea Levy et André Frappier, publié dans le numéro 24 des NCS. En 2020, ce texte décrivait la situation politique dans l'État canadien et au Québec et ses défis. Force est de constater que l'arrivée de Trump et la montée du fascisme à nos portes ont modifié la situation. Nous devons regarder maintenant de quelle façon nous pouvons et devons lutter ensemble, et sur quelle base.
Le caractère impérialiste de l'État canadien est toujours bien réel, comme nous l'affirmions en 2020 :
« L'État canadien s'est construit contre les droits des peuples, par l'oppression des peuples autochtones que l'on a dépossédés de leurs territoires et de leurs droits ancestraux, et par l'oppression de la nation canadienne-française. Cet État s'est ensuite développé en instrument des sociétés industrielles et du capital financier, jouant de plus en plus un rôle impérialiste au niveau international en tant que partenaire junior de l'impérialisme américain. »
Une difficulté se posait, d'une part, par la compréhension de la lutte de libération nationale :
« Songer à une stratégie uniquement québécoise de changement de société, c'est ignorer la puissance des institutions financières et des corporations… Souvenons-nous du sort que la Banque centrale européenne a réservé à la Grèce (qui est pourtant un État souverain) il y a quelques années. »
Et, d'autre part, nous considérions la problématique des forces progressistes du Reste du Canada : fragmentée et limitée à des perspectives régionales, tout en s'identifiant à l'État fédéral, comme le CTC le fait.
La montée de l'extrême droite et l'arrivée de Trump ont modifié cette situation. Le mantra est devenu « Sauvons le Canada », avec une posture à droite du Parti libéral qui reprend les politiques de Poilievre. Construire un mouvement de gauche pancanadien devient une nécessité incontournable, mais elle ne pourra se réaliser sans la compréhension, dans le ROC autant qu'au Québec, d'une perspective qui combinera la dynamique de la lutte de libération nationale au Québec, la lutte des Autochtones pour leurs droits ancestraux et la lutte pour une société égalitaire. L'unité de la gauche pancanadienne ne pourra exister si elle tombe dans l'appui aux dominants canadiens en pensant faire barrage à Trump.
Cette absence de perspective a laissé tout le terrain au néolibéralisme et à la droite. Il est urgent de reprendre une perspective unitaire, ouvrière et populaire, au niveau pancanadien. Nous devons nous y consacrer maintenant !
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Prise de parole 1er mai 2025 Capitale nationale

À l'heure actuelle, le gouvernement règne sous le signe de l'austérité. Il coupe, il coupe partout dans les services publics, et c'est les femmes qui en paient le prix. Dans le contexte que la Marche Mondiale des femmes a lieu cette année en 2025, il est plus que temps que le gouvernement écoute ce que les femmes ont à dire.
On assiste à un recul des droits des femmes. Pendant la période préélectorale, le gouvernement libéral fédéral, sous la direction du premier ministre Marc Carney, n'a pas cru bon de nommer une ministre au ministère Femmes et égalités des genres. Que doit-on comprendre de ce message ? Que les droits des femmes n'ont pas d'importances pour ce gouvernement ? Qu'il y aura moins financement par projet pour les organismes communautaires féministes et que les droits des femmes s'affaibliront ? Est-ce que Mark Carney nommera une ministre pour le ministère Femmes et égalité des genres dans son nouveau gouvernement ? Nous pouvons nous poser la question.
Que dire des coupes de 1,5 milliard de dollars, au provincial, dans le service de la santé, suite au budget Girard. Ce sera incontestablement des réductions de services, et c'est les infirmières qui réclament de meilleures conditions depuis des années, qui en paieront encore le prix.
En éducation, la hausse du budget de seulement 2,2% ne couvrira pas les augmentations salariales cette année. Par comparaison, les dépenses ont bondi de près de 15 % au cours de l'année qui se termine, soit 5% de plus que la hausse prévue du gouvernement caquiste.
Les travailleuses des CPE subissent des exigences du milieu de travail qui augmentent sans cesse sans que les conditions et les ressources nécessaires suivent. Elles réclament un salaire décent et des conditions de travails dignes. Il me semble que ce n'est pas trop demandé.
En 2025, la hausse du salaire minimum de 0,35$ atteindra désormais un maigre 16,10$ de l'heure. Pour que les travailleurs se sortent la tête de l'eau, il leur faudrait un salaire minimum qui oscille entre 20 et 30 $ de l'heure selon les municipalités. Ce qui implique que de plus en plus de travailleuses et de travailleurs au salaire minimum doivent recourir aux banques alimentaires. Et celles qui en paient le prix sont les mères monoparentales qui sont surreprésentées dans cette catégorie.
Les mesures d'austérités du gouvernement affaibli le bien-être des femmes. Il faut lutter contre ces mesures drastiques, contre le capitalisme que ce gouvernement encourage, pour protéger les femmes travailleuses qui participent à l'économie, mais qui vivent tout de même en majorité sous le seuil de la pauvreté. Il faut protéger ces éducatrices, ces professeurs et ces infirmières, qui jour après jour, travaillent dans des contextes de plus en plus précaires et qui songent à quitter leur milieu de travail. Les femmes tiennent à bout de bras nombre de secteurs. Nous avons besoin d'un gouvernement qui pense à elles et qui répond à leurs besoins.
En terminant, La Marche Mondiale des Femmes aura lieu le 18 octobre prochain. Je vous invite à vous joindre à nous pour ce grand rassemblement féministe.
• Nous nous mobiliserons contre les choix politiques qui ne favorisent pas la redistribution de la richesse et qui promeuvent la privatisation des services publics.
• Nous nous mobiliserons contre l'appauvrissement généré par la division sexuelle et genrée du travail de même que la non-reconnaissance du travail invisible, ici comme ailleurs ;
• Nous nous mobiliserons contre tous les préjugés qui portent atteinte à la dignité des filles, des femmes et de toutes personnes.
Merci !
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Les Pasteurs haïtiens interpellent le président Emmanuel Macron sur la création de la commission sur la dette historique de la France

L’affaire French Bukkake

La pornographie est banalisée depuis des années. La pornographie, vous savez, ce ne serait que des images, des représentations de la sexualité, ou une façon de découvrir le sexe ; pour les hommes et pour les femmes.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/04/28/laffaire-french-bukkake-communique-unitaire/?jetpack_skip_subscription_popup
Alors, le livre Sous nos regards – récits de la violence pornographique tombe à point nommé. Il est une pièce à charge dans ce qu'on appelle désormais « l'affaire French Bukkake » ; impliquant entre autres Julien Dhaussy, Pascal Ollitrault, dit Pascal OP, ainsi que le site Jacquie et Michel (Piron).
« Il y avait quelqu'un dans ce corps, après tout », tel est l'épigraphe de Toni Morisson qui ouvre le livre.
Préfacé par Christelle Taraud et Lorraine de Foucher, ce sont ensuite quinze écrivaines qui portent tour à tour les récits de quinze femmes victimes ; celles-ci seront parties civiles avec d'autres lors du prochain procès.
Malgré les permanences dans la manipulation, les chantages affectifs, les humiliations et les violences, les différentes histoires s'enchainent avec leur singularité particulière. J'ai été marqué d'autant plus par les récits « Je dois vous parler d'eux » et « Boucherie ».
La lecture du livre reste cependant difficile, car les vécus sont glaçants d'horreur. Vraiment. Ils sont la réalité.
N'en déplaise aux consommateurs de porno, ce ne sont pas que des images.
Les vécus, les récits des vécus sont là.
On ne peut alors qu'envoyer notre solidarité vers ces femmes abusées et violentées, physiquement, sexuellement, psychiquement, y compris par des flics.
La pornographie est une forme de prostitution filmée, mais les violences subies vont bien au-delà de la « putophobie ». On est face ici aux tentatives d'anéantissement de femmes précarisées à différents niveaux. On est face ici à des actes de haine pure et simple, assumée ; face à des tentatives de démolissage que même le mot « misogynie » ne parvient pas à décrire pleinement. Et, au regard des conséquences des vidéos mises en ligne, leur utilisation, et au regard du nombre de victimes qui ont tenté de se suicider, on peut plutôt parler de démolissage tout court.
Achetez ce livre, lisez-le, faites-le connaitre ; d'autant plus que les bénéfices des ventes seront versés à la Fondation des femmes, qui elle dispatchera l'argent aux associations qui luttent contre les violences pornocriminelles.
Le procès s'ouvrira bientôt. A nous de nous emparer du contenu du livre pour qu'une remise en question de la pornographie ait lieu et pour que ce procès devienne celui de la pornographie. Pour qu'il puisse « renver[ser] l'humiliation ». Pour que le démolissage cesse. Et pour que « justice soit faite ».
Pascal OP, comme beaucoup d'autres, est la figure incarnée du phallocrate-abouti d'une société particulière. Violent, dénué d'empathie, stratège égocentrique. Il est le « cassos » par excellence d'une société qui valorise la prédation masculine.
Jusque quand ?
yeun lagadeuc-ygouf
https://scenesdelavisquotidien.com/2025/04/22/laffaire-french-bukkake/
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Tout ceci est impossible

Tout ceci est impossible de Bertrand Carrière avec des textes de Guillaume Lafleur et Robert Daudelin
Une coédition avec la Cinémathèque québécoise
En librairie le 6 mai
La publication exceptionnelle d'un photographe québécois de premier plan.
Au début 2018, le photographe Bertrand Carrière amorçait une résidence à la Cinémathèque québécoise. Depuis son expérience de photographe de plateau, il a développé une relation étroite avec le cinéma. Plusieurs explorations en ont découlé dont _Les images-temps_ réalisées entre
1997 et 2000. Tout ceci est impossible s'inscrit dans la continuité de ce travail et a été réalisé lors de sa résidence à la Cinémathèque.
Cette nouvelle œuvre est maintenant déclinée sous la forme d'un livre, co-publié par les éditions Somme toute et la Cinémathèque québécoise. La juxtaposition des images et leur déploiement sur les pages en font un objet esthétique exceptionnel, accompagné des textes de Guillaume Lafleur
et Robert Daudelin, ainsi que d'une postface de l'artiste. Nous célébrons ainsi la contribution artistique de Bertrand Carrière à l'art des images en mouvement.
ISBN 9782897945558 - 312 pages - 49,95$
Au cours des quarante dernières années, Bertrand Carrière a tissé une œuvre photographique à la fois personnelle et variée. Ses recherches se développent d'abord dans une voie documentaire où il s'intéresse à la mémoire et à l'histoire des lieux. Puis, il a une approche plus intime, caractérisée par une disponibilité du regard aux irrégularités du visible. Son travail a été exposé au Québec, au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Argentine et en Chine.
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« Antifascisme, humanisme et écologie »

« Antifascisme, humanisme et écologie » par Romain Gary, Igor Krtolica, Presses Universitaires de France, Paris, 2025. EAN : 9782130879381. Date de publication : 30 avril 2025. www.puf.com/antifascisme-humanisme-et-ecologie <http://www.puf.com/antifascisme-hum...>
Infomation publiée le 1^er mai 2025par Marc Escola, escola[a]fabula.org sur le site inyternjet« Fabula : La Recherche en littérature » < www.fabula.org/actualites/127378/romain-gary-igor-krtolica-antifascisme-humanisme-et-ecologie.html <http://www.fabula.org/actualites/12...> >
En 1956, *Romain Gary* reçoit le prix Goncourt avec/Les Racines du ciel/, qui raconte les aventures d'un groupe d'individus désaxés luttant pour la protection des éléphants d'Afrique. Avec ce livre, considéré comme le « premier roman écologique », Gary ne renie pas pour autant les thèmes politiques qui animaient jusque-là son œuvre, puisque le combat écologique y est indissociable des problèmes issus de la Seconde Guerre mondiale : résistance antifasciste, expérience concentrationnaire, risque de guerre nucléaire, antitotalitarisme, luttes de décolonisation, tiers-mondisme, impasses de la société industrielle, etc. Mieux, le mouvement écologique pour la protection de la nature et la lutte politique pour la dignité humaine forment pour lui un seul et même combat. Loin de toute opposition homme-nature, il s'agit dans les deux cas d'une même résistance de la vie./Les Racines du ciel/est le roman de cette résistance.
Autour de l'auteur :
**Romain Gary* *(1914-1980) est le seul écrivain à avoir reçu deux fois le prix Goncourt. Avec « Les Racines du ciel », Gary se tenait pour le « premier écologiste de France ».
Texte présenté et commenté par *Igor *Krtolica*,* maître de conférences à l'université de Picardie Jules-Verne et membre de l'Institut universitaire de France.
Lire un extrait
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De l’humanisme à l’écologie

Igor Krtolica,/Romain Gary. De l'humanisme à l'écologie/
* Paris, Gallimard, 2025
* EAN : 9782073084958
* 208 pages
* Prix : 19,50 EUR
* Date de publication :08 Mai 2025
Information publiée le30 avril 2025parMarc Escola sur https://www.fabula.org/actualites/127360/igor-krtolica-romain-gary-de-l-humanisme-a-l-ecologie.html
1956 : le prix Goncourt est attribué aux/Racines du ciel/, roman dont le héros, Morel, se bat contre l'extermination des éléphants dans une Afrique en lutte pour son indépendance. Romain Gary le présente comme le premier roman écologique. L'écologie lui permet de résoudre la contradiction politique insoutenable dans laquelle se débat l'Occident après guerre : impossibilité de croire en l'homme, impossibilité de renoncer à y croire. Comment continuer à donner un sens à l'idée de civilisation ? Le maintien de l'idéal humaniste suppose d'en passer par un combat dont l'homme n'est plus le centre.
Tel est le paradoxe ici exploré. Cet essai littéraire et philosophique montre toute la complexité de la pensée de Romain Gary, son ironie et son humour permanents, ses contradictions, son rejet de tout dogmatisme. Et sa modernité : en avance sur son temps, le romancier anticipe les controverses qui animent la pensée écologique contemporaine, où l'humain n'est qu'une partie de la nature mais où la nature devient elle-même inséparable de l'histoire, de la société et de la politique.
Cette synthèse inédite de l'œuvre de Romain Gary est une analyse originale de la tension entre engagement humaniste et cause écologique.
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« { L’écologie contre-attaque} » : Marine Tondelier en appelle à l’unité de la gauche au congrès des Écologistes

Réélue le 19 avril 2025, la secrétaire nationale des Verts veut promouvoir une « écologie des 99 % » qui rassemble. Samedi 26 avril, depuis Pantin, elle a appelé la gauche à l'unité pour la présidentielle en refusant de choisir entre ses partenaires.
Tiré de l'Humanité
https://www.humanite.fr/politique/les-ecologistes/lecologie-contre-attaque-marine-tondelier-en-appelle-a-lunite-de-la-gauche-au-congres-des-ecologistes
Publié le 27 avril 2025
Emilio Meslet
photo Eric Tschaen / Rea
Le parti Les Ecologistes se réunit autour de sa secrétaire nationale, Marine Tondelier.
Marine Tondelier a présenté, samedi 26 avril, les principales orientations politiques et stratégiques des Écologistes pour son second mandat en mettant l'accent sur les prochaines municipales et la présidentielle.
C'est ici qu'ils avaient fêté sans demi-mesure, à l'été 2020, leur succès aux élections municipales, lorsqu'ils s'imaginaient encore future force dominante de la gauche. Cinq années ont depuis passé, avec leur lot de gadins électoraux et de reculs environnementaux. Voilà pourquoi, selon Marine Tondelier, l'heure de la « contre-attaque » de l'écologie a sonné, comme elle l'a martelé depuis la Cité fertile, tiers-lieu de Pantin (Seine-Saint-Denis) où elle a été officiellement réinvestie secrétaire nationale à l'issue du congrès des Écologistes. Son score de 73 % est sans appel : les militants lui ont massivement renouvelé leur confiance pour porter leur ligne.Mais quelle ligne ?
Des mois durant, les critiques ont plu sur Marine Tondelier, accusée par ses opposants – Florentin Letissier (8 %), Karima Delli (13 %), et Harmonie Lecerf-Meunier (6 %)– d'être trop floue sur son cap politique. De refuser de trancher entre une « écologie de gouvernement » du premier cité, inspiré par les Verts allemands, et une « écologie populaire » foncièrement anticapitaliste défendue par les deux autres prétendantes.
« L'écologie, ce n'est pas la foi »
« Je vais vous faire plaisir : je vais parler de ligne. J'ai vu que ça manquait à certains », a lancé, un poil revancharde, Marine Tondelier pendant son discours. Elle promet donc une « contre-attaque » de l'écologie mais sans cliver. Si, lors de sa première élection en 2022, la Nordiste voulait un « million de sympathisants » pour son parti, elle place désormais la barre encore plus haut, espérant presque 66 millions de sympathisants puisqu'elle se dit « convaincue que chaque Française, chaque Français a, dans un coin de sa tête, un écologiste qui sommeille en lui ». D'où une stratégie qui flirte avec un populisme quasi ruffiniste : Marine Tondelier prône donc une « écologie des 99 % » qui rassemble contre ces 1 % « responsables de la moitié des émissions mondiales », qu'il faut taper au portefeuille avec, notamment, la taxe Zucman, impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des ultrariches.
« Ce congrès n'a pas été celui de la clarification », regrette Karima Delli, laquelle veut un projet « pour gagner, pas pour résister ». Un proche de Florentin Letissier dit lui « ne toujours rien comprendre ». « On a encore trop tendance à se dire qu'on a raison et que les gens vont s'en rendre compte, recadre Harmonie Lecerf-Meunier. Maintenant, il faut convaincre parce que l'écologie, ce n'est pas la foi. » « Marine a indéniablement ramené des gens vers nous et nous n'avons jamais eu autant de militants. Mais je voudrais qu'elle parle plus de fond et qu'elle incarne enfin la radicalité », espère une cadre.
Mais dans l'état-major tondelieriste, on assume de ne pas donner dans la lutte des classes : « Nous sommes sur le mode « transition », pas « révolutionnaire », car il nous faudra emmener tout le monde et faire accepter le changement avec une répartition équitable de l'effort », explique la députée Sabrina Sebaihi. Pour des mesures concrètes, il va falloir encore patienter. Le parti vient d'engager un travail programmatique, avec des chercheurs comme l'économiste Anne-Laure Delatte. Celui-ci ne sera dévoilé qu'à la fin août, lors des Journées d'été des Écologistes à Strasbourg. David Cormand, eurodéputé et proche de la secrétaire nationale, indique que le projet des Verts sera guidé par la lutte contre « le productivisme, dont tous ne sont pas sortis, y compris ceux qui se réclament de l'anticapitalisme ».
Le « théorème de l'entonnoir » pour définir un projet commun
Un débat qui ne doit pas empêcher l'union de la gauche et des écologistes pour 2027, d'après Marine Tondelier et sa ligne « antifasciste ». Une volonté consensuelle dans son parti. C'est d'ailleurs l'un des principaux objectifs du texte d'orientation des Écologistes, voté à 85 % par les adhérents. « Nous serons fidèles à la promesse de cet été (le Nouveau Front populaire, NDLR). Et vous ? », lâche-t-elle à chaque parti allié, dont au moins un émissaire était présent dans la salle. La secrétaire nationale veut peser de tout son poids pour faire aboutir le rassemblement à l'heure où « les forces obscures du néonazisme, du néofascisme, du néopétainisme se répandent ».
Elle propose une méthode tirée du « théorème de l'entonnoir » qu'elle a inventée : commencer par définir les contours d'un projet commun et remettre à plus tard la question de l'incarnation une fois que chacun a mis le doigt dans l'engrenage, « sinon on est sûrs de se planter ». Et, pour répondre aux « aspirations profondes du peuple de gauche et de l'écologie », Marine Tondelier veut tout le monde autour de la table : « Peut-être que des partenaires choisiront à notre place en s'isolant, en refusant de travailler avec les autres. Mais nous ne choisirons pas ! »
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5 mai : Journée des robes rouges

Aujourd'hui, en cette journée de la robe rouge, nous honorons la mémoire des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones assassinées et disparues. Nous portons le rouge pour faire résonner leur voix, trop souvent réduite au silence, et pour rappeler qu'aucune vie ne devrait être oubliée.
Chez Femmes Autochtones Québec, notre cœur est tourné vers les familles et les communautés qui vivent avec une douleur profonde, mais aussi avec une force admirable. À travers le deuil, l'amour demeure, et c'est cet amour que nous portons avec vous aujourd'hui.
Nous vous voyons, nous vous entendons, et nous marchons à vos côtés.
Prise de position d'Unifor
Le 5 mai est la Journée de la robe rouge, une journée de commémoration et de solidarité envers les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées, et l'occasion de renouveler l'engagement collectif du syndicat envers la justice.
Les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones continuent d'être la cible d'actes de violence à des proportions qui sont tout simplement inacceptables dans une société qui prétend accorder de la valeur à la justice. En 2019, l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a publié une feuille de route exhaustive contenant 231 appels à la justice afin de s'attaquer aux causes systémiques de cette violence. Six ans plus tard, un trop grand nombre de ces recommandations ne sont toujours pas mises en œuvre. Le manque de volonté politique à tous les ordres de gouvernement a pour conséquence que la violence continue.
La découverte des restes de Marcedes Myran et de Morgan Harris dans le site d'enfouissement Prairie Green, situé près de Winnipeg, nous rappelle brutalement que la crise est loin d'être terminée, malheureusement. Bien qu'il ait fallu attendre trop longtemps avant d'entamer les recherches, la décision du premier ministre Wab Kinew d'organiser des fouilles montre ce qui est possible lorsque les gouvernements décident d'écouter, de croire les familles et d'agir.
Les familles et les autorités espèrent encore que les restes d'Ashlee Shingoose, une victime du même tueur en série, puissent être découverts dans un autre site d'enfouissement de la région de Winnipeg.
Il est important de sensibiliser la population à propos de cette crise de violence et de proposer aux membres des occasions de se joindre aux militantes et militants qui se battent pour la justice. Unifor invite ses membres à participer à une discussion qui se déroulera en ligne, le 5 mai à 13 h (heure de l'Est), au sujet du soutien à apporter aux familles des femmes, des filles et des personnes bisexuelles autochtones disparues et assassinées. Cliquez ici pour vous inscrire.
D'ici là, les sections locales d'Unifor sont vivement encouragées à prendre part aux événements organisés dans leurs régions pour souligner la Journée de la robe rouge.
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Le révisionnisme d’un certain pacifisme - À propos de la Crimée

Presse-toi à gauche ! (PTAG) publie le 38e numéro de Soutien à l'Ukraine résistante des Brigades éditoriales de solidarité. On y trouvera des textes produits par divers camarades ukrainien·nes, ainsi qu'un dossier consacré à la Crimée ; dossier particulièrement utile pour tout·e internationaliste, acquis·e au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, qui s'inquiète du soutien improbable, apporté par des militants de gauche, au « plan de paix » imaginé par Donald Trump en avril 2025.
Pour rappel, le dit « plan de paix » consacre la loi du plus fort, notamment en reconnaissant la péninsule de Crimée, annexée de force par la Russie de Poutine en 2014, comme un territoire Russe [1].
Pourtant, il se trouve aujourd'hui au sein même des espaces militants, des discours portés au nom de la gauche, du pacifisme et de l'anticolonialisme qui voient dans cette concession une condition somme toute raisonnable. Après tout, la « paix internationale » pourrait bien valoir la peine de céder la Crimée et ses habitant·es au régime de Poutine ; d'ailleurs la Crimée a-t-elle jamais été « vraiment » Ukrainienne ? Et la paix ne serait-elle pas à portée de main si on parvenait à convaincre ce va-t-en-guerre de Zelensky, laquais de l'impérialisme de l'OTAN hier, de l' l'UE aujourd'hui – puisque Trump a officialisé, on ne peut plus publiquement, son soutien à Poutine - d'abandonner sa « prétention patriotique (…) de garder la Crimée ukrainienne » ? (nos italiques).
C'est l'expression mobilisée dans leur article du 25 avril dernier, par les Artistes pour la Paix (APLP). Et ces derniers, « sans vouloir vendre la peau de l'ours trop tôt », se déclarent tout de même « favorables à cette paix possible ». Si ce texte a retenu notre attention, c'est qu'il illustre une tendance de fond, bel et bien repérable dans la gauche au Québec comme ailleurs, et le développement concomitant d'un argumentaire qui se drape de vertu (eux, ils défendent la paix) mais qui procède de contre-vérités et de manipulations historiques tout en souffrant d'amnésies : exit de l'histoire le pacte germano-sovietique, les 1.7 millions d'ukrainien·nes de l'armée rouge qui sont mort·es au combat contre le nazisme, et les crimes russes contre les Tatars de Crimée. Suivant cet argumentaire "pacifiste", les Russes auraient (comme un seul homme) héroïquement résisté aux nazis alors que les Ukrainien·nes et les Tatars, tous aussi antisémites les uns que les autres, auraient (là encore comme un seul homme) collaboré avec l'occupant [2].
À contrecourant de cette relecture sélective de l'histoire, toute à la gloire de la puissance occupante russe, qui ressemble d'ailleurs à s'y méprendre à la propagande de Poutine lui-même (Collectif d'historiens dans Le Monde, 5 mai 2025), on recommande donc vivement la lecture de ce dossier des Brigades éditoriales de solidarité, pour ne pas « oublier » que :
1. « Le peuple autochtone – les Tatars de Crimée – a été au cours des siècles la principale victime de l'impérialisme russe : ils ont été privés de leurs terres, dépossédés, soumis à un nettoyage ethnique et à l'oppression » (Voir le texte de Sophie Bouchet-Petersen dans ce numéro). En 1944 « en deux jours, toute la population tatare (200 000 personnes) [fut] déportée dans des conditions atroces » (ibid.) ; environ 45% d'entre elles et eux sont morts au cours du trajet ou à leur arrivée dans l'Est de la Russie soviétique (en Ouzbékistan pour la plupart). Certains historiens évoquent un génocide, tout comme les autorités Tatares d'ailleurs.
2. Lorsque le 18 mars 2014, comme le rapporte l'APLP et nous reprenons leurs termes ici « le président russe, Vladimir Poutine, signe avec les dirigeants de Crimée un accord historique sur le rattachement de cette péninsule à la Russie, deux jours après le référendum en Crimée qui a pleinement plébiscité cette option », la Crimée venait d'être conquise par les « petits hommes verts » armés jusqu'aux dents, annexée « au terme d'un référendum bidon que la communauté́ internationale ne reconnait pas » (Sophie Bouchet-Petersen dans ce dossier), qui n'a aucune légitimité en droit international, qui fut tenu dans le contexte d'une répression terrible des opposant·es en Crimée, et qui fut largement boycotté par les Tatars. À l'issue de quoi, le Majlis (Assemblée des Tatars) a été déclaré́ « organisation terroriste » et interdit.
3. Aujourd'hui même, « [D]e nombreux Tatars de Crimée réfléchissent sérieusement à la forme d'autodétermination qu'ils préfèrent et au statut juridique de la Crimée sur la base du cadre juridique international. De leur représentation politique au sein du gouvernement de Crimée à la protection du patrimoine culturel, il existe de nombreuses façons de réaliser l'autonomie ». En revanche, l'enrôlement de force, les disparitions, les meurtres, les viols, la torture, la russification forcée, voire le nettoyage ethnique, bref ce qui est décrit de l'occupation Russe, ne figure pas parmi les projets d'autodétermination envisagés par les Tatars, jusqu'ici, à tout le moins.
Certes, nombre d'ukrainien·nes n'ont pas plus de leçon à donner en matière de respect des droits des minorités et des autochtones, que nombre de Russes ou de Québécois·es par exemple, c'est notamment ce que montre le texte de Mariia Chynkarenko concernant la question de l'autodétermination des Tatars. Pour qui s'y intéresse vraiment, ce texte éclaire précisément la complexité des rapports coloniaux en Crimée. Certes, le révisionnisme historique n'est pas le propre de la propagande Russe, des historiens et des politiciens Ukrainien·nes sélectionnent eux aussi des évènements historiques pour légitimer la domination de l'Ukraine sur la Crimée et sur les Tatars en particulier…
Mais en quoi cela peut-il constituer un argument en faveur d'une Crimée russe lorsqu'on se dit internationaliste et donc anticolonialiste ?
Pour ne pas dire n'importe quoi, peut-être pourrions-nous, comme nous y invite Patrick Silberstein dans son introduction, revenir aux principes de base du droit international, du droit international humanitaire, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et du droit des autochtones. Parmi ces principes, il y a bien entendu l'obligation de respecter l'intégrité territoriale des États, y compris, que cela plaise ou non aux pacifistes, celle de l'Ukraine, Crimée comprise. Il y a également l'interdiction des mobilisations forcées dans les territoires occupés (art.51 de la Conv. de Genève), le droit à des procès équitables, le droit à la liberté d'expression, de religion etc. autant de droits dont est privée une large partie de la population de la Crimée occupée, comme le montrent les textes de ce dossier (Halya Coynash et Crima SOS).
Et toujours pour éviter de dire n'importe quoi, peut-être pourrions nous revenir au principe de base de la solidarité internationale, lire et écouter ce que dénoncent et ce que revendiquent les premières et premiers concerné·es.
Bonne lecture.
Martin Gallié (texte révisé par Elsa Galerand)
5 mai 2025
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Des militant-es syndicaux dénoncent la privatisation et les attaques contre les droits syndicaux

Avant le départ de la manifestation réunissant plusieurs centaines de personnes à Québec pour le Premier mai, des militant-es syndicaux ont dénoncé les attaques du gouvernement Legault contre la classe travailleuse, particulièrement par son soutien à la privatisation en santé et au niveau des services d'électricité. Ils et elles ont également dénoncé le projet de loi 89 qui s'attaque au droit de grève. PTAG reproduit ici ces interventions.
À l'ouverture de la manifestation du premier mai à Québec, Pierre-Guy Sylvestre, conseiller syndical du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) dénonce la privatsation des services publics, et particulièrement de la production et de la distribution de l'électricité.
Isabelle Trépanier et Caroline Gravel de la Fédération interprofessionnelle(FIQ) dénoncent la démolition des services de santé par le gouvernement de la CAQ. Cette démolition passe par la privatisation des services de santé et par la détérioration des conditions de travail du personnel de la santé. (Premier mai, Québec)
François Proulx-Dupéré, secrétaire général du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches-CSN dénonce les politiques d'austérité du gouvernement de la CAQ qui se font au détriment des services publics et qui frappent la population de plein fouet. Le capital n'a pas sa place en santé et dans les services publics. Défendons notre droit de grève attaqué par le projet de loi 89 ! Dehors la CAQ ! (Premier mai, Québec)
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Analyse des investissements de la CDPQ en 2024 : 27,4 milliards $ dans 76 entreprises complices des crimes d’Israël en Palestine

La Coalition du Québec URGENCE Palestine et le Mouvement pour une paix juste (Just Peace Advocates) ont publié aujourd'hui, en français et en anglais, leur analyse conjointe du rapport annuel 2024 de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Presse toi à gauche publie ici le résumé, la présentation et la conclusion du rapport.
Pour lire le rapport cliquer ici
Résumé
Une analyse détaillée du rapport annuel 2024 de la CDPQ révèle que le bas de laine des Québécois·es investit, au 31 décembre 2024, 27,4 milliards $ dans 76 entreprises complices des crimes d'Israël en Palestine. Cela représente une augmentation de 24 % par rapport à l'année précédente et 5,8 % du total des investissements qui s'élèvent à 473,3 milliards $. Ces entreprises se retrouvent dans une ou plusieurs des six listes d'entreprises identifiées comme complices de crimes contre le peuple palestinien : base de données des Nations unies, projet AFSC Investigate, Canada : Stop Arming Israel, Who Profits, Don't Buy Into Occupation et Campaign Against Arms Trade.
Présentation
La présente analyse du rapport annuel 2024 de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a été réalisée conjointement par la Coalition du Québec URGENCE Palestine et Just Peace Advocates/Mouvement pour une paix juste. La Coalition est un regroupement de 50 organisations syndicales, communautaires et citoyennes qui a lancé, le 17 mars 2025, la campagne panquébécoise Sortons la Caisse des crimes en Palestine, dans la foulée de l'installation du campement populaire Al Soumoud au Square-Victoria à Tiohtià:ke/Montréal en juin 2024 par le collectif Désinvestir pour la Palestine. Le Mouvement pour une paix juste est une organisation indépendante de défense des droits humains. Il a réalisé des analyses similaires des investissements de la CDPQ pour les années 2021, 2022 et 2023, en collaboration avec Palestiniens et Juifs unis et Canadian BDS Coalition.
L'analyse vise à mettre en lumière le fait troublant et inacceptable que la CDPQ continue d'investir l'argent des Québécois·es dans des entreprises ayant des activités complices des crimes actuels commis par Israël en Palestine : génocide, occupation, colonisation, apartheid et toutes formes de violations des droits humains des Palestinien·nes et du droit international associées à ces crimes.
Conclusion
Depuis plus de deux ans, divers acteurs de la société civile québécoise interviennent auprès de la CDPQ afin qu'elle reconnaisse le caractère hautement problématique, au plan légal et éthique, de toute activité économique qui contribue, d'une manière ou d'une autre, aux crimes d'Israël contre le peuple palestinien : génocide, occupation, colonisation, apartheid et tout le cortège de violations des droits humains et du droit international qui en découle. Ils ne demandent qu'une chose : que la CDPQ remette en question ses investissements dans des entreprises qui ont de telles activités, soit en désinvestissant, soit en faisant pression sur ces entreprises si cela peut mener à la fin rapide de ces activités. L'analyse de son rapport annuel 2024 démontre clairement que la CDPQ n'applique pas sa propre politique concernant les droits de la personne dans le cas des Palestinien·nes, dont la violation des droits ne devrait plus faire de doute pour personne.
En effet, loin de cesser ou de diminuer, les investissements complices de la CDPQ ont augmenté de 24 % au cours de l'année 2024. Nous constatons même une croissance plus élevée encore des investissements de la CDPQ dans les entreprises militaires qui profitent du génocide à Gaza.
Le refus flagrant de la CDPQ d'agir en conformité avec le droit international est honteux et son indifférence aux violations des droits du peuple palestinien est révoltante. La CDPQ ne gère pas un portefeuille de milliardaires. Elle gère l'argent de 6,5 millions Québécois·es à qui elle doit des comptes.
De plus en plus de Québécois·es découvrent avec effroi que des investissements de la CDPQ les rendent complices des crimes contre le peuple palestinien et font connaître leur opposition, notamment à travers la campagne « Sortons la Caisse des crimes en Palestine ». Cette analyse se veut un outil de plus pour soutenir leur mobilisation.
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Riches et puissants contre pauvres et faibles :Trump mondialise la lutte des classes !

Les 100 premiers jours de la seconde présidence de Trump ont suffi au Trumpisme pour qu'il bouleverse non seulement les certitudes de l'ordre international établi par ceux d'en haut, mais aussi les dispositions et la perception de cet ordre international par ceux d'en bas ! Et une première conséquence, mais de taille, de ce bouleversement est que le paysage international de ceux d'en haut est devenu subitement plus clair ou même presque limpide et intelligible aux yeux de cette humanité que constituent ceux d'en bas.
Par Yorgos Mitralias
Par exemple, il y a seulement six mois, Poutine était encore présenté, mais aussi perçu par nombre de ceux d'en bas, comme un contrepoids sinon comme un antidote « progressiste » à l'impérialisme nord-américain. Aujourd'hui, cette fable ne tient plus debout, elle n'est plus qu'un amas de ruines : Trump et Poutine sont des alliés et même des partenaires pour piller et partager le monde et surtout pour faire table rase de tout ce que l'humanité et le monde du travail ont pu conquérir comme droits et libertés par leurs luttes ces 15 ou 23 dernières décennies !
Loin de nous l'idée assez répandue que tout ce chambardement est le fait d'une seule personne, de Trump et de sa folie des grandeurs ultraréactionnaires. En réalité, il correspond à une véritable lame de fond planétaire qui est le fruit des efforts plus ou moins conjugués d'une myriade de personnes et de forces d'extrême droite, fascisantes ou même fascistes décomplexées lesquelles ont, en plus, le vent en poupe. Et c'est exactement parce que ces bouleversements ne sont pas le fait d'une seule personne, qu'ils disposent des bases matérielles solides, qu'ils ne seront -malheureusement- pas éphémères, et qu'ils doivent être pris très au sérieux.
Ceci étant dit, force est de constater qu'a l'instar de l'Establishment du Parti Démocrate américain, les (néo)libéraux de tout poil, temporisent et hésitent de résister à cette extrême droite envahissante, quand évidemment ils ne soutiennent pas, même du bout des lèvres, elle et ses mesures liberticides. En somme, le faisceau de crises cataclysmiques aidant,* le paysage classiste, hier encore brouillé, devient aujourd'hui bien plus claire, ce qui aide manifestement tout le monde, et surtout ceux d'en bas, de mieux s'orienter dans le labyrinthe de classe de temps modernes. *Par exemple, plusieurs pays des BRICS (Afrique du Sud, Brésil…) et de l'Afrique noire qui ont cru trouver dans la Russie de Poutine un ami et protecteur contre la rapacité de l'impérialisme nord-américain, doivent aujourd'hui reconsidérer ce choix stratégique, qui devient pratiquement intenable après que Poutine s'est rapproché énormément de Trump concluant de fait une
alliance avec lui, à laquelle s'ajoute désormais l'imprésentable génocidaire des Palestiniens premier ministre israélien Bibi Netanyahou.
Mais, cette nouvelle réalité politique inaugurée par le tandem Poutine-Trump est en train de bouleverser le paysage politique et de clarifier les idées surtout des masses plébéiennes, des travailleurs et les travailleuses, des opprimé*E*s et des damné*E*s de la terre et -évidemment-
des gens de gauche*.* C'est -presque- inévitable quand* les oligarques s'allient aussi ostensiblement avec les milliardaires pour faire front avec la racaille obscurantiste, raciste et néofasciste afin de s'attaquer tous ensemble à la multitude des pauvres, des exploitéEs et des raciséEs partout dans le monde !* Il s'agit d'une véritable attaque frontale des riches
contre les pauvres, des puissants contre les faibles tant à la périphérie déshéritée qu'au centre développé de notre monde. D'une agression de dimensions historiques qui n'a pas de précédent car cette fois elle met en jeu l'existence même de l'humanité et de notre planète…
C'est donc dans ce nouveau contexte international qu'on voit poindre les premières tentatives de *coaliser ceux d'en bas* -indépendamment de leur précédente affiliation politique- pour qu'ils fassent front contre les attaques des puissants et des néofascistes de l'Internationale Brune en
gestation. Et ce n'est pas évidemment un hasard si ces tentatives soient pour l'instant plus palpables (et réussies) aux Etats-Unis, au cœur du monstre inhumain et réactionnaire : le « tour de lutte contre l'oligarchie » (*Fighting Oligarchy Tour*) de *Bernie Sanders* est en train
de battre les records historiques de participation populaire partout où il fait des arrêts , tant dans les grandes métropoles industrielles qu'aux petites villes rurales, tant dans les États Démocrates qu'aux bastions Republicains ! Et tout ça avec un Bernie Sanders qui fustige avec la même
véhémence tant les Républicains que les Démocrates, au nom de la classe ouvrière américaine et de son mouvement syndical…
Mais, il y en a plus que ça. Le mouvement populaire que Bernie Sanders est en train de propulser deviendra inévitablement une référence de résistance et de lutte pour ceux d'en bas de par le monde et les habituera à faire la distinction entre les deux Amériques, une distinction que hier encore ils ne faisaient pas : celle de ceux d'en haut amis milliardaires et néofascistes de Trump et celle des citoyens américains qui leur résistent, avec lesquels ils auront d'ailleurs tout intérêt de tisser des liens de solidarité active afin de rendre leur action commune plus efficace.
Encore plus importante, cette perception et conscience de la communauté des malheurs mais aussi des luttes, commence à poindre le nez en Palestine et en Ukraine. « Grace » aussi à Trump et à ses initiatives plutôt macabres que « pacificatrices », *les deux tentatives génocidaires de ses amis
Netanyahou et Poutine tendent désormais à paraître pour ce qu'elles ont toujours été, « jumelles »,* confirmant ainsi pleinement ce que le ministre des Affaires étrangères de Poutine Sergueï Lavrov déclarait déjà en janvier 2024, dans l'indifférence générale :* "Israël poursuit des objectifs
similaires à ceux de la Russie » car « la destruction complète du mouvement Hamas » » et « l'élimination de tout extrémisme à Gaza » sont similaires à la "démilitarisation" et la "dénazification" que Moscou poursuit en Ukraine !(1). *Mêmes bourreaux impérialistes et barbares, soutenus par la même coalition internationale des réactionnaires et néofascistes, mêmes
tactiques génocidaires, et même occupation et colonisation des terres prétendument « sans population » au nom de la Grande Russie, du Grand Israël et du droit du plus fort !
Notre conclusion va de soi : face à la menace mortelle que représente ce front uni des milliardaires, des oligarques, des obscurantistes, des racistes, des génocidaires et des néofascistes, face à l'Internationale Brune de Trump-Poutine-Netanyahou, ce n'est pas seulement les peuples de la Palestine et de l'Ukraine qui doivent unir leurs forces et coordonner leurs résistances. Inventer et pratiquer un internationalisme de combat devient désormais pour nous tous aussi important que l'air que nous respirons…
*Notes*
*1. *Voir *Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères : « Israël poursuit des objectifs similaires à ceux de la Russie » : * <https://europe-solidaire.org/spip.p...>
https://europe-solidaire.org/spip.php?article70464
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États-Unis - Cent jours dans la salle d’attente du fascisme

Depuis son entrée en fonction il y a 100 jours, Donald Trump s'est employé à détruire ce qu'il y a de libéral et de démocratique dans l'État capitaliste américain et ses systèmes de protection sociale, à supprimer les droits des citoyenNEs et des non-citoyenNEs et à s'attaquer aux institutions de la société civile telles que les universités et les médias.
Hebdo L'Anticapitaliste - 752 (1/05/2025)
https://lanticapitaliste.org/actualite/international/cent-jours-dans-la-salle-dattente-du-fascisme
L'attaque de Trump a choqué, désorienté et déconcerté le peuple américain. La résistance s'est développée, mais elle est encore trop divisée, trop petite et trop faible pour l'arrêter.
Licenciements et expulsions
Trump domine le Parti républicain qui contrôle non seulement la présidence, mais aussi le Congrès et la Cour suprême. Trump a créé et placé le milliardaire Elon Musk à la tête du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), qui s'est déchaîné sur les ministères et les agences gouvernementales en procédant à des licenciements massifs de centaines de milliers de travailleurEs fédéraux et en réduisant le budget des programmes d'aide sociale. Trump a signé 137 décrets, dont beaucoup visent à mettre fin aux programmes de diversité, d'équité et d'inclusion qui luttent contre le racisme. Les mesures prises par Trump, Musk et d'autres sont trop nombreuses pour être énumérées, c'est pourquoi nous ne nous intéresserons qu'à quelques domaines.
Trump et son équipe chargée de l'immigration, Stephen Miller et Tom Homan, accélèrent les déportations massives d'immigréEs. En août, l'administration Trump mettra fin au statut de protection temporaire (TPS) qui donne le droit de vivre et de travailler aux États-Unis à 800 000 immigréEs de 16 pays. Ils devront quitter le pays sous peine d'être expulsés vers Haïti, l'Ukraine ou tout autre pays dont ils sont originaires. L'objectif ultime de Donald Trump est d'expulser 11 millions d'immigréEs sans-papiers et il est prêt à le faire en vertu d'une loi de 1798 connue sous le nom d'« Alien Enemies Act » (loi sur les ennemis étrangers), qui permet au président d'expulser les immigréEs sans audience judiciaire. Des centaines d'immigrantEs ont été rassembléEs en violation de la Constitution et sans procédure régulière, puis déportés et emprisonnés au Salvador. Trump a déclaré qu'il était également prêt à déporter des citoyenNEs américainEs de la même manière.
900 cas de rougeole dans 29 États
Trump et son secrétaire à la santé Robert F. Kennedy Jr. ont mis la hache dans les deux plus importantes institutions gouvernementales de santé publique aux États-Unis : les Centres de contrôle des maladies (CDC) et les Instituts nationaux de la santé (NIH). Ils prévoient de réduire le nombre d'employéEs du CDC de 82 000 à 62 000. Au NIH, 1 200 personnes sont licenciées et 30 000 scientifiques ont vu leur financement de recherche interrompu brutalement. Enfin, 2,7 milliards de dollars seront supprimés des subventions de recherche.
Kennedy, qui a encouragé les théories du complot, est un anti-vax qui doit aujourd'hui faire face à la plus grande épidémie de rougeole depuis des décennies. En 2000, les États-Unis avaient déclaré que, grâce à la vaccination, la rougeole avait été éliminée, mais aujourd'hui, à cause des anti-vax qui refusent de vacciner leurs enfants, on dénombre près de 900 cas de rougeole dans 29 États, dont deux enfants et un adulte décédés. Nous risquons une épidémie nationale.
Moins de recettes, pas forcément moins de dépenses
Les Républicains sont impatients de prolonger de 2025 à 2034 les réductions d'impôts accordées aux riches par Trump en 2017, ce qui coûterait 4 500 milliards de dollars de recettes fédérales. Dans le même temps, les effectifs de l'Internal Revenue Service qui collectent les impôts sont réduits de 102 000 à 65 000 employéEs, ce qui signifie que moins d'impôts seront collectés. Trump dit que les droits de douane compenseront ces pertes mais c'est loin d'être certain. Avec moins de recettes, il doit donc y avoir moins de dépenses. Le New York Times écrit que « le budget proposé pour l'année fiscale 2026 réduirait de plusieurs milliards de dollars les programmes qui soutiennent la garde d'enfants, la recherche dans le domaine de la santé, l'éducation, l'aide au logement, le développement communautaire et les personnes âgées ». Par contre, le Pentagone semble devoir échapper aux coupes budgétaires : après que des annonces trompeuses aient laissé entendre que son budget serait réduit, Trump a annoncé lors d'une réunion le 7 avril que « nous allons approuver un budget, et je suis fier de dire qu'il s'agit en fait du plus important que nous ayons jamais consacré à l'armée… 1 000 milliards de dollars. Personne n'a jamais vu une telle somme. »
La situation est effrayante, dangereuse. La résistance prend essentiellement la forme d'actions en justice. Quelque 186 procès ont été intentés contre l'administration Trump et, dans 122 d'entre eux, les tribunaux ont au moins temporairement suspendu la fermeture d'agences et le licenciement de travailleurEs. Des manifestations nationales ont rassemblé des millions de personnes dans les rues, mais pour l'instant, rien n'arrête Trump.
Dan La Botz, traduction Henri Wilno
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Le dilemme du NPD : recentrer ou pas ?

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) se présente comme le parti de la justice sociale, de la redistribution équitable des ressources produites, comme le défenseur de la classe ouvrière et le garant de la protection de l'environnement.
Tout ceci suppose une intervention poussée de l'État fédéral, fût-ce au détriment des champs de compétence des provinces. Bref, c'est le parti des bonnes intentions, lesquelles frôlent parfois l'angélisme.
Cette orientation lui n'a pourtant valu que des performances électorales en dents de scie depuis sa fondation en 1961 par Tom Douglas. Entre autres, il n'est pas encore parvenu à percer au Québec de manière décisive, sauf en 2011 sous Jack Layton. Il n'y a pas remporté de succès électoraux durables.
Sans prétendre me livrer à une analyse savante et détaillée des résultats électoraux obtenus par le parti, je vais présenter l'audience qu'il a conquise à la fois au Canada dans son ensemble, et au Québec en particulier de 2006 jusqu'à 2025, tant en termes de votes recueillis que de députés élus. On remarque sur ces deux plans un contraste marqué entre les deux nations.
Examinons donc le pourcentage et du vote et le nombre de députés néo-démocrates élus au Canada et au Québec.
Au scrutin de 2006, le NPD obtient à l'échelle du Canada 17.4% des suffrages et fait élire 29 députés ; au Québec, il ne recueille qu'un maigre 7.49% du vote et aucun de ses candidats ne remporte la mise.
À celui de 2011, le parti bondit à 33.4% des voix et réalise une avancée aussi prodigieuse qu'imprévue au Québec avec 42.9% d'appuis. Dans tout le Canada, il récolte 103 députés dont 59 au Québec. Il forme l'opposition officielle et Jack Layton, son chef depuis 2003, peut rêver de devenir premier ministre. Il est le premier leader du NPD à avoir compris la nécessité d'effectuer une percée décisive dans la Belle Province et y avait par conséquent déployé les efforts requis pour assurer le succès de sa formation. Il s'était prononcé notamment pour un fédéralisme asymétrique et le respect des camps de compétence provinciaux, rompant ainsi avec la tradition centralisatrice des directions précédentes. Il avait présidé à une campagne électorale dynamique au Québec, y faisant de fréquentes apparitions. C'était un sympathique anglo- montréalais qui maîtrisait parfaitement le français.
Mais la suite des événements allait s'avérer beaucoup plus décevante. Tout d'abord, Layton meurt d'un cancer le 22 août 2011.
Thomas Mulcair, ancien ministre libéral provincial sous Jean Charest, le remplace au début de 2012. Il faut signaler que le nouveau chef avait été un des seuls candidats néodémocrates victorieux au Québec auparavant, lors d'une élection partielle tenue dans le comté d'Outremont le 17 septembre 2007. Layton en a donc fait son lieutenant pour le Québec et l'a nommé co-chef adjoint. Mulcair s'était fait la réputation d'être plus centriste que la majorité des membres de son parti pour ne pas dire plus à droite. Il a donc suscité une certaine méfiance dans le parti, notamment de la part de l'aile gauche.
Sous sa direction, l'audience électorale du NPD allait diminuer. Au scrutin de 2015, le NPD voit sa représentation parlementaire se rétrécir : il passe de 103 députés à 44, et de 59 au Québec à 16 seulement. Il ne recueille que 19.7% des voix à l'échelle canadienne dont 25.3% au Québec. On note donc un affaiblissement marqué des néo-démocrates par rapport aux résultats de 2011. Cet aboutissement décevant entraîne la démission de Mulcair en avril 2016 mais il demeure chef jusqu'à la désignation d'un nouveau leader. Ce leader, ce sera Jagmeet Singh, élu en octobre 2017. Nettement plus à gauche que son prédécesseur, Singh avait tout pour rassurer les militants et militantes. En effet, Mulcair avait semé la controverse par ses prises de position sur le libre-échange (il était en faveur, à condition qu'il soit assorti de clauses protégeant l'emploi et l'environnement), sur l'équilibre des finances publiques (qu'il voulait atteindre en un an, fût-ce au prix de possibles compressions budgétaires, notamment en santé) et au sujet de la loi sur la clarté référendaire (il était prêt à se contenter d'une majorité de 51% de OUI à la souveraineté pour enclencher des négociations entre Ottawa et Québec, ce qui heurtait les convictions de beaucoup de militants canadiens anglais).
Jagmeet Singh a renoué avec l'orthodoxie centralisatrice traditionnelle du parti. Notamment, il s'est opposé à la loi sur la laïcité de l'État votée par le gouvernement caquiste de François Legault en juin 2019. Au scrutin fédéral tenu cette année-là, le NPD a raflé 15.9% des suffrages partout au Canada, dont 10.8% au Québec ; sa représentation s'y est réduite à un seul député, Alexandre Boulerice dans Rosemont La Petite-Patrie. Au total, il n'y avait plus que 24 députés néodémocrates au Parlement. Ce recul n'a pas semblé pas inquiéter outre-mesure la direction du parti qui a continué sur sa lancée centralisatrice avec un programme social poussé mais dont l'application se serait avérée problématique puisqu'elle aurait entraîné de nombreux conflits fédéraux-provinciaux. Quant au nationalisme québécois, Singh s'en est toujours méfié.
Le scrutin de 2021 a abouti à la formation d'un gouvernement libéral minoritaire dirigé par Justin Trudeau mais où le NPD détenait la balance du pouvoir. À l'échelle du Canada, il a arraché 25 sièges mais seul Alexandre Boulerice a gardé le sien au Québec.
La suite est bien connue : le 28 avril dernier, la formation est tombée à 7 députés et on a assisté à l'affaissement de son vote (6.3%). Jagmeet Singh a été défait dans son propre comté, ce qui a provoqué sa démission.
Quelle conclusion tirer de tout cela ?
Tout d'abord, que le NPD n'a obtenu ses meilleurs résultats, tant en termes de votes qu'en ceux de députés que lorsque le Québec l'a soutenu, c'est-à-dire surtout en 2011 sous le dynamique leadership de Jack Layton qui avait bien saisi l'importance de l'équation nationaliste québécoise dans le jeu politique canadien. Layton a ainsi pu rejoindre l'importante frange nationaliste québécoise. Il a aussi été très présent au Québec, ce qui contraste avec l'attitude de Jagmeet Singh pour qui le fédéralisme canadien et la division des pouvoirs entre Ottawa et les provinces n'est qu'une "question académique". Layton rompait, ou du moins s'éloignait du programme centralisateur qui constitue en un sens la marque de commerce du NPD autant que la social-démocratie. Cette orientation a séduit une tranche non négligeable de l'électorat québécois sans effaroucher pour autant celui du Canada anglais.
Mais cette voie fut vite abandonnée par ses successeurs, surtout par monsieur Singh. Dès 2015, sous la gouverne de Thomas Mulcair, le parti reculait à 16 députés au Québec et à 28 au Canada anglais. La volonté de recentrage défendue par le chef lui a nui, mais le flou qu'il a entretenu sur la question du statut national ne l'a pas aidé non plus. Le centralisme qu'a défendu Jagmeet Singh n'a fait que contribuer à éroder encore davantage ses appuis québécois, même si ce n'est pas la seule cause du recul de son vote.
Tous ces facteurs font que le NPD n'a jamais été considéré comme un parti à vocation de pouvoir.
La frange autonomiste du Québec s'est longtemps sentie adéquatement représentée à Ottawa par les libéraux, ensuite, partir des années 1990 par le Bloc québécois, à tort ou à raison. Le récent retour en force des libéraux au Québec, en raison de la menace que Trump fait peser sur le Canada et de l'aversion que les conservateurs suscitent auprès de bien des Québécois ne garantit pas une réimplantation durable du parti au Québec. Tout simplement, Québécois et Québécoises ont voulu éviter de se trouver isolés dans une conjoncture politique jugée périlleuse. Mais même si le Bloc a perdu des plumes lors de ce scrutin, il y demeure bien présent avec 23 députés et 27% du vote. Le NPD, lui, n'a recueilli que 4,5% des voix au Québec.
Même les propositions du Nouveau parti démocratique qui devraient en principe séduire les électeurs et électrices progressistes du Québec n'ont guère réussi à y établir sa crédibilité. La "question nationale" interfère toujours dans l'équation et la brouille le plus souvent.
Pour résumer, si une majorité de Québécois juge le NPD sympathique et généreux, ils ne s'y reconnaissent guère. De leur point de vue, c'est le parti "des autres", celui d'une certaine gauche canadienne anglaise, ce que monsieur Singh n'a jamais voulu comprendre.
Si le Nouveau Parti démocratique tient à offrir à la population canadienne une alternative aux libéraux, il devra rallier le Québec et en faire un de ses bastions politiques. Le prochain chef devra accepter cette donnée de base.
Jean-François Delisle
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Haïti : un an après, le bilan du Cpt : cortège de cadavres, expansion du banditisme

Le 25 avril 2025 marque le premier anniversaire du Conseil présidentiel de transition (Cpt). Cet anniversaire arrive dans un contexte où la majorité de la population se trouve dans une situation extrêmement grave. Elle est constamment menacée de se faire massacrer par des hordes de gangs criminels à la solde de certaines factions de la bourgeoisie, de secteurs politiques et mafieux.
Bien qu'il ne soit pas étonnant que le Cpt fasse preuve d'impuissance, on ne s'attendait pas tout de même que le pouvoir, y compris le gouvernement d'Alix Fils-Aimé, concède des territoires aux bandits lourdement armés au point que la relocalisation des bureaux publics devient l'unique agenda gouvernemental.
Tous les ministères et les directions allouent une part importante de leur budget au déplacement de leurs services. Sous le gouvernement d'Ariel, il était question d'assumer la réalité de territoires perdus. La ministre de la justice d'alors, Madame Emmelie Prophete, ne se gênait pas de reconnaitre le désintérêt des pouvoirs publics à rétablir l'ordre dans les quartiers de Martissant, Cité-Soleil, Bel Air, etc.
Aujourd'hui, ce n'est pas seulement des quartiers qui sont livrés aux gangs mais également des départements entiers. La dernière cession à cette date est le département de Plateau central où se trouve la ville de Mirebalais. Les malfrats sont entrés dans la ville le 31 mars comme s'il n‘existait aucun commissariat, aucun policier. D'aucuns disent que la police a le sens de l'évacuation !
Pourtant, il n'y a pas si longtemps, Fritz Jean, l'actuel président du Cpt, déclara sur toutes les tribunes la guerre aux gangs !
Par ailleurs, il est tentant de croire que les forces policières et militaires seraient trop faibles pour tenir en respect des centaines de jeunes affamés, torses nus et armés d'armes automatiques, qui massacrent et pillent des quartiers de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, de l'Artibonite et du Plateau-central.
Détrompez-vous !
Elles sont assez fortes pour mitrailler des milliers de manifestants qui osent réclamer le rétablissement de la sécurité publique au cours des mois de février et de mars. Ces policiers ont fait preuve d'une capacité hors pair lorsqu'il s'agit de blesser à balles réelles plus d'une dizaine de manifestants et de tuer le jeune manifestant Élibert Idovic le 19 mars 2025.
Face à ces millions de personnes déplacées qui dénoncent le mépris et l'indifférence criminels du pouvoir, il fallait montrer les muscles de la puissance publique pour maintenir le statu quo.
Le CPT a peur de la mobilisation de ces millions de victimes de l'insécurité qui descendent dans les rues et occupent les places publiques. Il ne souhaite pas voir les classes populaires reprendre confiance en elles-mêmes pour exiger la sécurité, l'arrestation des hordes de gangs criminels et leurs commanditaires.
Alors que les cadavres s'amoncellent dans les coins et recoins des principales villes du pays, l'État fait preuve d'une indifférence complice.
Pourtant, le 16 avril 2025, l'annonce d'une nième manifestation contre l'insécurité programmée a créé la panique au sein du gouvernement. Le pouvoir a mobilisé des fonds, des ressources militaires et policières pour ériger des barrages dans les différentes artères de la ville de manière à empêcher le déroulement de la mobilisation.
De surcroit, le CPT a publié un communiqué pour menacer de coups et blessures toute initiative de mobilisation qui mettrait en cause « l'ordre public ».
Fort de ce constat, il est indéniable, pour nous, que ce gouvernement collégial est l'œuvre d'une alliance de classe. Une partie du monde des affaires, certaines organisations de la société civile, des partis politiques dits de gauche et de droite s'entendent sur un agenda antipopulaire pour maintenir le statu quo.
Le bilan négatif du CPT après un an au pouvoir témoigne non seulement de son impuissance mais aussi permet aux classes populaires de voir une fois de plus qu'aucun agenda bourgeois ne peut résoudre la crise sécuritaire et humanitaire.
Le renversement de cet État bourgeois, institué par l'oligarchie et l'impérialisme, constitue l'unique moyen pour mettre hors d'état de nuire les hordes de gangs criminels et construire un État axé sur la défense des intérêts de la majorité de la population.
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Analyse critique des orientations politiques proposées dans le Manifeste pour un Québec solidaire de ses travailleuses et travailleurs

Le Manifeste proposé par les porte-parole de Québec solidaire constitue un tournant et une posture. Un tournant, car l'orientation de ce manifeste révèle une volonté de revenir à une vision classiste de la gauche, opposant la classe des travailleurs et des travailleuses à l'élite dirigeante. Une posture, également, car le manifeste n'éclaire pas les fondements systémiques qui affectent leurs conditions d'existence et la dynamique d'évolution de la société face à la classe travailleuse.
En effet, le Manifeste présente une lecture des problèmes sociaux centrée principalement sur les mauvaises politiques gouvernementales (inaction sur le logement, austérité, soutien au patronat, etc.). Le manifeste affirme que « c'est la faute des gouvernements qui se sont succédé depuis 30 ans ». On croirait entendre les différents partis d'opposition qui nous expliquent que la situation sociale de la majorité populaire est essentiellement la conséquence des politiques gouvernementales. Cette approche permet de désigner des responsables immédiats et de mobiliser rapidement autour de revendications claires.
Toutefois, cette approche évacue l'analyse des causes systémiques plus profondes qui façonnent ces crises : le capitalisme mondialisé, le racisme systémique adossé aux logiques prédatrices du colonialisme et de l'impérialisme, l'oppression patriarcale ou encore la crise climatique. Il ne faudrait pas oublier l'oppression nationale du Québec et des peuples autochtones, qui contribue également à placer les travailleurs et les travailleuses dans une position d'expropriation politique par rapport à leur pouvoir d'assurer leurs droits nationaux. Il faut rester engoncé dans une posture économiste et réformiste pour ne pas mobiliser l'ensemble de ces réalités systémiques, comme autant d'obstacles qu'il faudra renverser si nous voulons transformer radicalement la situation de la classe travailleuse dans cette société capitaliste qu'est le Québec.
En ne tenant pas compte de ces dimensions structurelles, le projet politique risque de s'inscrire dans une logique défensive (réparer les effets visibles du système) plutôt que de porter une vision transformatrice ambitieuse. L'absence d'une critique explicite du capitalisme mondial, par exemple, empêche de proposer des alternatives radicales à l'ordre économique actuel et limite la capacité du mouvement à nourrir une véritable conscience politique visant l'émancipation de la classe travailleuse.
Réalités systémiques non abordées et conséquences
Plusieurs réalités majeures sont absentes ou sous-traitées dans ce Manifeste :
Crise du capitalisme : les racines économiques profondes de la précarité et de l'inégalité ne sont pas abordées. Le développement du précariat, l'articulation de la surexploitation et de l'oppression des femmes, le maintien des travailleurs et travailleuses migrants dans une situation où ils et elles sont privés de droits — tout cela découle de la logique du capitalisme que les gouvernements à son service ne font que protéger et consolider.
Crise climatique : on ne peut apprécier la situation des travailleurs et des travailleuses sans faire intervenir leur vécu face à la crise environnementale, directement liée à la croissance sans frein de la production, au pillage des ressources et à la destruction de la biodiversité. Leur santé et sécurité au travail, la détérioration de leur environnement par la pollution des grandes entreprises pétrochimiques, la crise climatique et les événements extrêmes qui se multiplient remettent en cause leur sécurité et leurs avoirs. Le sort des travailleurs et des travailleuses, leur avenir même, est directement dépendant de la lutte écologiste, et la classe travailleuse, par son rôle dans la production et la reproduction des richesses, peut et doit être un facteur essentiel dans la résolution de la crise. Pourtant, cette dimension essentielle ne donne lieu à aucune proposition écologique, alors que la crise environnementale affecte profondément les travailleuses et les travailleurs.
Racisme systémique et oppression patriarcale : à peine évoqués, ils ne sont pas intégrés aux propositions concrètes.
L'absence de ces luttes interdépendantes, dans lesquelles les travailleuses jouent et sont appelées à jouer un rôle de premier plan, réduit la portée du projet et risque de segmenter les mobilisations au lieu de construire une convergence, un véritable front uni entre mouvements ouvriers, écologistes, féministes et antiracistes. Sans ce lien, la capacité de transformation réelle est diminuée.
Évaluation de l'orientation politique proposée
En partie, cette orientation est cohérente avec les valeurs d'un parti de gauche : identification des luttes de classes comme moteur de la transformation sociale, défense des droits sociaux, appui aux syndicats, reconstruction des services publics. Les enjeux choisis (logement, pouvoir d'achat, services publics, droits syndicaux) sont essentiels, mais pas suffisants pour porter un véritable projet de société alternatif.
Perspectives pour un Manifeste visant réellement l'émancipation de la classe travailleuse
Pour dépasser une politique réformiste défensive, il faudrait :
- proposer des alternatives structurelles (ex. : propriété collective des logements, décentralisation économique, contrôle démocratique des grandes entreprises par leur socialisation) ;
- lier les luttes sociales, écologiques, féministes et antiracistes dans un front commun, comme une nécessité pour que la classe travailleuse puisse s'opposer réellement à toutes les formes d'oppression et d'exploitation ;
- formuler une vision positive de la société que l'on veut construire (ex. : société solidaire, écologique, décoloniale, égalitaire), et non seulement réparer celle qui existe ;
- un parti de gauche qui souhaite transformer plutôt que seulement « gérer autrement » doit nourrir l'espoir d'une autre société, dépasser les logiques de gestion de crise et inscrire son action dans une histoire longue des luttes populaires et de la résistance aux oppressions.
En somme, un manifeste à enrichir d'une véritable perspective émancipatrice
En somme, si le Manifeste de Québec solidaire pose des bases importantes en défendant les travailleuses et les travailleurs, en signalant leur rôle essentiel dans le projet politique de Québec solidaire, il manque une analyse systémique plus large pour répondre aux défis profonds de notre époque. Pour incarner pleinement un projet de gauche de transformation sociale, il serait nécessaire d'articuler la lutte économique avec les luttes écologiques, féministes, antiracistes et anticapitalistes, et de proposer une vision positive et émancipatrice du futur. C'est en liant ces dimensions que le parti pourra dépasser la gestion de crise pour devenir une véritable force de changement.
Notre tâche face au Manifeste est de s'appuyer sur la reconnaissance du rôle stratégique des luttes des travailleurs et des travailleuses dans la construction d'un projet de société égalitaire, pour l'enrichir de revendications qui prennent en compte les différentes dimensions de la lutte de la classe travailleuse, tant sur le terrain économique que sur ceux des luttes antipatriarcales, antiracistes, écologiques et antiguerres. Cet enrichissement peut et doit passer par l'identification de revendications prioritaires à ces différents niveaux.
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Un manifeste des travailleuses-travailleurs oubliant leur intérêt premier

Jetant au panier sans plus d'explication la« Déclaration de Saguenay » servant de programme et qui au moins donnait la priorité à la question climatique, la direction Solidaire propose au prochain Conseil national de juin un « Manifeste pour un Québec solidaire de ses travailleuses et travailleurs ». On n'y trouve nulle trace de crise climatique ni aucune résonnance à la question écologique en général. Pas plus que ne le faisait la Déclaration, le Manifeste ne dénonce la montée du néofascisme qui nous souffle dans le cou et qui cause ou cautionne les guerres génocidaires de l'impérialisme ruinant la crédibilité de toute allusion aux droits humains. Les membres du parti ont plutôt droit à un prodigieux bond vers l'arrière du temps des « trente glorieuses » (1945-1975).
Le mouvement ouvrier, profitant alors de la peur panique patronale vis-à-vis la montée du « communisme » confondu avec le stalinisme, pouvait alors arracher aux gouvernements de grandes réformes. Il profite encore de ses lambeaux après leur charcutage néolibéral. Cette ère est définitivement révolue. Le néolibéralisme a servi d'accoucheur à la présente ère néo-fasciste qui a instrumentalisé la négation ou la minimisation apeurées vis-à-vis des crises du climat et de la biodiversité. Abandonné aux extractivismes ancien et nouveau des hydrocarbures et du toutélectrique plus complémentaires que rivaux et comme l'a analysé le GIEC-ONU et prouvée la suite ininterrompue des catastrophes climatiques nous pend au bout du nez la terre-étuve de la fin de notre monde.
Ignorant totalement cette nouvelle réalité elle qui jadis en faisait une priorité, la direction Solidaire nous sert une insipide liqueur de bons mots et de réformettes comme si de rien n'était. Oui, il faut améliorer les conditions de travail et de vie des travailleuses et des travailleurs mais tout en balayant la consommation de masse assise sur le bungalow, l'auto-solo, le jetable non réparable et l'alimentation carnée. Cette consommation de masse emprisonne le peuple-travailleur dans le piège bancaire du traumatisme de la fin du mois ou pire encore dans celui du prochain repas ou du prochain gîte.
La réponse à la crise du logement c'est le collectif logement social écoénergétique pour tout le monde et pas seulement pour les pauvres.
La réponse à la crise de la mobilité c'est le transport en commun gratuit, fréquent, confortable jusqu'au moindre village et un complément d'autopartage communautaire.
La réponse à la ville infernale et dangereuse c'est la ville piétonnière et cyclable, de services de proximité, d'agriculture urbaine et de parcs nature.
La réponse au gaspillage c'est la garantie de la réparation accessible ou du remplacement, du bannissement de la publicité et de la mode commerciale.
La réponse à la crise de l'embonpoint c'est l'alimentation surtout végétarienne cultivée biologiquement et disponible en produits frais et peu transformés.
La réponse à la multiplication des pandémies dues au zoonoses c'est la préservation des forêts et zones humides mettant fin à l'agriculture carnée.
La réponse à la hausse des prix… c'est tout ce qui précède… et le contrôle des loyers, des prix des aliments indispensables et la gratuité de l'électricité de base.
La réponse à l'austérité des services publics c'est leur bonification quantitative et qualitative et la resocialisation des pans privatisés.
La réponse au financement d'une société écologique c'est son bon marché, la socialisation des banques et consorts et l'imposition des profits et du capital.
La réponse à l'impérialisme génocidaire, c'est le soutien aux peuples en lutte pour leur libération par tous les moyens nécessaires y compris par les armes s'il le faut.
La réponse aux divisifs sexisme et racisme dus à l'âpre compétition capitaliste c'est la solidarité d'une société du soin et du lien en décroissance matérielle.
La réponse au Quebec bashing fédéral et à l'hégémonie pétro-gazière canadienne c'est l'indépendance incluant le droit à l'autodétermination autochtone.
Marc Bonhomme, 5 mai 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Bon premier mai tout le monde

Dans les groupes communautaires, on voit à chaque jour les conséquences de ce système économique injuste et complètement déréglé. Les chiffres confirment ce qu'on constate sur le terrain. Depuis la pandémie, l'inflation et les politiques régressives de nos gouvernements ont appauvrit encore les 40% les plus pauvres, la classe moyenne fait du surplace mais les services publics se dégradent à toute vitesse. Mais pendant ce temps-là les plus riches, eux, ils ont passé go et ils ont ramassé le gros lot.
Le eux c'est le 1%, les milliardaires, les banquiers, les oligarques et leurs pantins politiques comme Legault, Carney, Poilièvre, name it. Ces gens-là se foutent des conséquences des guerres et des génocides, ils se foutent de la pauvreté, de l'itinérance, ils se foutent des reculs dans les droits des femmes, dans les droits des personnes trans, dans les droits des personnes immigrantes, ils se fichent de la jeunesse et des conséquences de la crise climatique. Quand Donald Trump joue au yoyo avec les tarifs Legault en profite pour nous ramener l'austérité. Carney en profite pour nous faire reculer de 20 ans dans la lutte aux émissions de GES. Quand ça va mal c'est nous qui devons nous serrer la ceinture, c'est nos services publics qu'ils coupent, c'est nos toits qui coulent, nos hôpitaux qui se dégradent et nos frigidaires qui se vident.
Encore une fois, on va s'unir pour dire non à l'austérité ! Non aux politiques de droite
Je vous parle pas plus longtemps. Le 1er mai c'est aussi le temps de célébrer nos luttes. De faire le plein de solidarité pour avoir le courage de poursuivre les petites et les grandes luttes pour plus de justice sociale.
Bon premier mai tout le monde…
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L’ACSM invite à agir pour une santé mentale sans masque

Lundi, le 5 mai 2025 - Parmi toutes les personnes ayant déclaré avoir une santé mentale “mauvaise” ou “passable” en 2019, 9,1 % d'entre elles soutiennent avoir vécu de la discrimination liée à cette condition ou n'étaient pas à l'aise de partager leurs problèmes.
Malgré les efforts déployés pour sensibiliser, la stigmatisation persiste. Dans ce contexte, il devient particulièrement difficile de faire preuve de vulnérabilité et de demander de l'aide lorsque l'on ne se sent pas accueilli et respecté durant des périodes difficiles. L'Association canadienne pour la santé mentale déploie, du 5 au 11 mai, la 74e édition de la Semaine de la santé mentale avec une phrase évocatrice : “Je suis tellement plus”.
Le masque comme protection
Dans un monde axé sur l'image et la performance, beaucoup choisissent de dissimuler leurs fragilités par crainte du jugement et du rejet. Il peut donc sembler plus simple de feindre que tout va bien plutôt que de se montrer authentique. Avant d'inviter les autres à être eux-mêmes, commençons par cultiver l'empathie et l'ouverture d'esprit dans nos interactions, qu'elles se déroulent en personne ou sur les réseaux sociaux.
Les dangers du masque social
Bien qu'il serve de protection, le masque social peut également nous priver du soutien précieux de notre entourage, augmentant ainsi notre sentiment d'isolement et de honte face aux attentes souvent irréalistes de la société. Les médias sociaux, en présentant fréquemment une version idéalisée de la réalité, contribuent à nous faire croire que nous sommes “anormaux” en vivant des situations qui, en vérité, sont totalement normales et font partie de l'expérience humaine.
Notre porte-parole, Marc-André Dufour, psychologue clinicien, chroniqueur et auteur, souligne les lourdes conséquences de cette stigmatisation et de cette pression à se conformer à une image idéalisée, tout en mettant en avant les bénéfices d'oser se montrer tel que nous sommes.
(Crédit photo : Amelieshoots)
Visitez le site web de la campagne (https://cmha.ca/fr/semaine-sante-mentale/)
Des solutions à portée de main
Des pistes de solutions existent, notamment en faisant preuve de bienveillance et de compassion envers soi-même. Apprenons à respecter et à défendre nos besoins et nos valeurs, même si cela peut parfois impliquer de décevoir les autres. Il est également essentiel d'identifier des personnes de confiance avec qui nous pouvons être authentiques. Se sentir vu, entendu et respecté dans notre vulnérabilité peut apporter un apaisement et un espoir précieux. Soyons attentifs et n'hésitons pas à tendre la main vers ceux qui semblent en difficulté. En osant nous montrer vulnérables et en prenant soin les uns des autres, nous contribuerons sans aucun doute à améliorer notre santé mentale, tant individuelle que collective.
On invite le public à créer cet effet d'entraînement : commençons par accepter les gens pour ce qu'ils sont, quelle que soit leur situation.
Obtenir de l'aide
La Semaine de la santé mentale est une campagne annuelle de transformation sociale. Organisée par l'ACSM, elle vise à modifier les attitudes et les perceptions à l'égard de la santé mentale. Si vous ou des personnes de votre entourage avez besoin de soutien en santé mentale, des programmes et des services gratuits existent. Si vous pensez au suicide, visitez le suicide.ca ou composez le 1-866-277-3553 pour obtneir du soutien. Visitez le www.semainedelasantementale.ca pour de l'information et des outils.
À propos - L'ACSM - Division du Québec
L'Association canadienne pour la santé mentale - Division du Québec constitue une voix forte pour la cause de la santé mentale et vise un changement social à l'échelle de la population québécoise. Elle est membre du réseau de l'ACSM qui fait la promotion de la santé mentale pour tous et qui soutient le rétablissement des personnes vivant avec des troubles de santé mentale. Notre vision est de rendre la santé mentale accessible pour toutes les personnes au Québec. Le mot clic utilisé est #SanteMentaleSansMasque
https://www.facebook.com/ACSM.Quebec
www.semainedelasantementale.ca
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Investissement d’urgence de 10 millions en itinérance, en voilà une bonne nouvelle ! Vraiment ?

La Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC) vous invite à prendre connaissance de la lettre ouverte ci-jointe dans le but de la diffuser.
Gatineau, le 30 avril 2025
Madame Chantal Rouleau
Ministre responsable de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire
Édifice J.-A. Tardif
425, rue Jacques-Parizeau
4e étage
Québec (Québec)
G1R 4Z1
Ministre.ssac@mtess.gouv.qc.ca
Madame la Ministre,
Votre annonce du 7 avril dernier d'octroyer un fonds d'urgence de 10 millions sur deux ans à des organismes communautaires aux prises avec une hausse de l'itinérance semble réjouissante… à première vue. De fait, que pourrait-on trouver à redire à ce que votre gouvernement prenne ses responsabilités face à la dégradation des conditions de vie d'un nombre de plus en plus effarant de
citoyens et citoyennes ? Comment ne pas se réjouir devant votre volonté d'aider ceux qui aident les personnes directement touchées par la crise du logement, la hausse du coût de la vie, l'insécurité alimentaire, les inégalités sociales, pour n'en nommer que quelques-uns ?
Au risque d'être accusée de jouer les trouble-fêtes, la Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC) souhaite malgré tout vous faire part de quelques bémols qui nous préoccupent grandement.
Chacun son métier, les vaches seront bien gardées
Cet ancien proverbe français souligne l'importance qu'il y a à se concentrer sur ses champs de compétences, de responsabilités et d'expertises pour garantir les meilleurs résultats possibles. C'est précisément là que le bât blesse. Au lieu de verser directement l'enveloppe de rehaussement aux organismes communautaires en passant par les mécanismes de répartition financière en place au sein de votre gouvernement, vous avez choisi de confier la distribution d'une enveloppe de 8,5 millions à une organisation philanthropique privée. Pour bénéficier de cette enveloppe, les organismes concernés devront déjà être financés par l'État alors qu'ils ne sont pas tous connus du réseau des Centraide. Ces derniers devront donc s'adresser aux différents ministères pour obtenir une liste d'organismes éligibles.
Nous ne voyons pas en quoi l'objectif annoncé de procéder rapidement pourrait être atteint avec l'ajout d'un intermédiaire entre le gouvernement et les organismes communautaires.Pour en revenir à l'adage cité plus haut, le gouvernement a entre autres le rôle de gérer les finances publiques. Dans cette optique, des programmes sont mis en place afin d'encadrer les conditions à respecter pour administrer au mieux les allocations financières destinées aux organismes. Ainsi qu'il est mentionné sur le sitede votre ministère « chaque membre du personnel s'acquitte de ses tâches avec professionnalisme. Dans l'atteinte des résultats visés, il met à contribution ses connaissances, ses habiletés, son expérience. Il est responsable de ses décisions et de ses actes ainsi que de l'utilisation judicieuse des ressources et de l'information mises à sa disposition ». Selon nous, vous avez transféré une responsabilité dévolue à votre gouvernement à une organisation privée en passant outre les champs de compétences et d'expertises de votre personnel. Il est difficile de ne pas y voir là une forme de désaveu.
Cette façon de procéder nous apparait comme un dangereux précédent que nous ne souhaitons pas voir se reproduire.
C'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe
Nous convenons que les programmes ministériels balisant le soutien financier aux organismes communautaires sont perfectibles. D'ailleurs, dans certains ministères, des travaux d'amélioration sont en cours conjointement avec les représentants des organismes communautaires, et ceci dans le meilleur intérêt des organismes, des personnes qu'ils rejoignent et du gouvernement. Pour plusieurs d'entre eux, ces programmes reposent sur des principes de base qui définissent l'action communautaire autonome décrits dans une politique de reconnaissance de l'action communautaire adoptée en 2001 par le gouvernement, ainsi que dans ses documents complémentaires, soit le cadre de référence et le plan d'action en matière d'action communautaire.
Pour ce qui concerne plus spécifiquement le soutien financier, la politique gouvernementale met de l'avant la nécessité d'assurer la consolidation de l'action communautaire par des orientations générales et des grandes balises nationales, et de renforcer et accroitre l'action des organismes
communautaires autonomes en favorisant leur stabilité et la continuité de leur intervention par un mode de soutien financier qui correspond à leurs caractéristiques et à leur approche globale.1
Même s'il est vrai que la politique gouvernementale avance en âge, ses ingrédients essentiels ne se détériorent pas. En 2025, il est toujours d'actualité de recourir aux mécanismes existants visant à assurer une prévisibilité aux organismes communautaires autonomes. Il reste au goût du jour de
prioriser le mode de financement à la mission globale pour garantir la préservation de l'autonomie de gestion des organismes communautaires. Ce sont là quelques-uns des éléments de base qui soutiennent la capacité des organismes à répondre aux besoins des populations qui les fréquentent
et à contribuer ainsi au maintien d'un filet social de plus en plus fragilisé.
En donnant la responsabilité au privé de financer des organismes communautaires à partir d'une enveloppe publique sur une période de deux ans pour des projets structurants, cela nous parait très loin des objectifs de la politique gouvernementale.
Pourquoi changer non seulement les ingrédients d'une recette qui fonctionne, mais aussi le pot ?
Mieux vaut tard que jamais
Pour la CTROC, il est essentiel de ne pas confondre les rôles du gouvernement et d'organisations autres telles que les fondations. La gestion des finances publiques relève de la mission du gouvernement, alors que celle des organisations philantropiques consiste à collecter des fonds. En outre, étant donné la provenance distincte de leurs ressources financières, ces instances ne peuvent agir comme des vases communicants. Le gouvernement possède tous les mécanismes nécessaires au sein de ses ministères pour octroyer le soutien financier directement aux organismes communautaires sans déléguer ses responsabilités à un intermédiaire sous le couvert de l'urgence d'agir.
À défaut de corriger le tir, nous vous demandons, Madame la Ministre, de :
– Faire en sorte que cette orientation ne s'étende pas aux autres ministères de votre gouvernement, et qu'elle en soit le point final ;
– Appliquer les orientations de la politique gouvernementale sur l'action communautaire, notamment en regard des programmes existants et du soutien financier à la mission globale.
En vous remerciant à l'avance pour votre collaboration, nous vous prions de recevoir nos salutations.
Daniel Cayley-Daoust, président
Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires
c.c._ M. Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux
Notes
1. Gouvernement du Québec, L'action communautaire, une contribution essentielle à l'exercice de la citoyenneté et au développement social du Québec, ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, septembre 2001, p. 16
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La marchandisation de l’éducation aux Centres de petite enfance

Tu les as sans doute vus : Ces petits mignons comme les canetons qui défilent les rues de Montréal. Vu que la sécurité de ce défilement enfantin est une composante incontournable, ils se sont attachés avec les cordes dans les équipes de sept ou huit aux autres camarades. Un pas après l'autre, ils apprennent à marcher ; jour après jour, ils apprennent à parler, à écouter, à voir, à vivre et à bâtir ce monde. Dans cette période, chaque jour compte.
Cette éducation doit être obligatoirement surveillée. C'est pour cette raison que tu vois avec eux toujours deux ou trois adultes qui les accompagnent. Ces personnes accompagnant qui s'occupent de leur éducation sont presque toujours les femmes.
Dans la majorité des heures de jours, la vie de ces petits enfants est ainsi formée par ces femmes, ces éducatrices de Centres de petits enfants. Vu notre dépendance de ces formatrices pour notre avenir, il semble absolument naturel et évident que la vie de ces formatrices ne doit pas être le sujet de compromis. CE N'EST PAS LE CAS !
Les dilemmes sont partout : le gouvernement promet de recruter 18 000 nouvelles éducatrices en 2026. Derrière cette nouvelle est la confession de la surcharge de ces éducatrices. Donc c'est certes une bonne nouvelle, si ce genre de nouvelle n'est pas contrecarrée par d'autres nouvelles. Il y en a beaucoup. Voilà un exemple : « près de 3000 éducatrices ont quitté le réseau en 2021-2022 ». Il ne faut pas être un génie pour discerner les causes. Leur charge de travail étant énorme, leur rémunération inadéquate, leurs demandes inattendues, nos sœurs ne peuvent plus tolérer le travail dans le secteur scolaire.
Laissons-nous revoir quelques demandes de ces éducatrices pour vérifier si nous y trouvons quelque chose d'injuste : l'augmentation raisonnable de salaire, une sixième semaine de congé et l'amélioration des services pour les enfants à besoins de soutien particulier. Il faut souligner que cette dernière est à vrai dire une demande articulée par elles POUR LES ENFANTS. Ce n'est pas leur seule demande directement liée à la vie de ces enfants. « L'augmentation des heures pédagogiques » en est une autre. Dans ce cas aussi, le seul objectif est de perfectionner leur compétence pour être mieux au service de ces enfants.
Dans le langage de la politique de notre jour, la négligence de la part du gouvernement est baptisée comme une « mesure d'économiser les coûts ». En revanche, derrière ce langage se cache une vérité amère : le gouvernement traite les enfants et leur éducation comme une marchandise, comme quelque chose dont la valeur primaire n'est que la valeur monétaire. Le résultat de ce désinvestissement dans ce secteur : le ministère de la Famille avoue que plus de 30 000 enfants sont toujours dans la liste d'attente pour une place en CPE. L'avenir de ces enfants est conséquemment compromis par cette tendance marchandisant pratiquée par le gouvernement.
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Budget 2025-2026 en santé et services sociaux pour les organismes communautaires autonomes

Gatineau, 1er mai 2025 - Lors de l'étude des crédits gouvernementaux tenue le 30 avril, le ministre Carmant a publiquement affirmé qu'il se réservait une somme d'un million sur les 10 millions annoncés dans le budget de rehaussement de financement à la mission des organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux pour la prochaine année. Selon ses propos, ce montant est réservé « pour des urgences, des organismes à risque de fermeture ». Le ministre reconduit ainsi une mesure de l'an dernier qui avait soulevé un tollé chez les organismes communautaires indignés par son irrespect des règles d'un programme de financement géré par son propre ministère.
Pour Daniel Cayley-Daoust, président de la Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC), « le ministre s'octroie de l'argent de poche qu'il pourra saupoudrer selon son bon vouloir. Ce qu'il ne semble pas vouloir comprendre malgré toutes nos tentatives pour le lui rappeler, c'est que le financement à la mission globale fait partie d'un programme normé dont l'objectif est d'assurer une stabilité aux organismes quand ils répondent aux critères. C'est loin d'être un fonds d'urgence ou un budget discrétionnaire ».
Mis en place au début des années 1970, le programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) encadre les exigences auxquelles doivent se soumettre les organismes communautaires autonomes une fois qu'ils ont été reconnus admissibles au financement.
C'est avec une grande froideur que la CTROC accueille cette nouvelle. « Déjà l'an dernier, nous avons fait des pieds et des mains pour tenter de convaincre le ministre Carmant de la nécessité de ne pas amputer un investissement très loin de correspondre aux besoins de rehaussement exprimés par les organismes communautaires. D'ailleurs, près de 1 600 organismes ont signé une lettre ouverte en juin dernier lui signifiant qu'il y avait des limites au manque de reconnaissance », insiste Daniel Cayley-Daoust. Selon les formulaires de demande de rehaussement de 2024-2025, le total des montants inscrits par un peu plus de 3 000 conseils d'administration d'organismes s'élevait à 830 M$. En amputant 1 million de l'enveloppe de rehaussement prévue, le montant à répartir entre les organismes communautaires représente à peine un peu plus de 1% de leurs besoins.
La CTROC rencontrera le ministre Carmant le 26 mai prochain pour lui rappeler à nouveau sa responsabilité de respecter les règles d'attribution des fonds entourant le PSOC. Par ailleurs, le PSOC étant régionalisé, le fait de passer outre les normes entraîne des conséquences sur les ententes de répartition convenues entre les établissements et les regroupements régionaux représentant les organismes communautaires, ce dont il sera question également lors de cette
rencontre.
Combien de fois la CTROC devra-t-elle insister auprès du ministre Carmant afin qu'il se conforme à ses propres règles ministérielles qui sont établies et connues ? « Nous pressons le ministre Carmant de rectifier le tir pour le meilleur intérêt des organismes communautaires autonomes financés par son ministère, et de verser l'entièreté des 10 millions supplémentaires en financement à la mission globale. Monsieur le ministre, le PSOC n'est pas un fonds d'urgence, mais il y urgence d'agir ! », conclut Daniel Cayley-Daoust.
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Où était le vote d’espoir au Canada ?

À la suite des dernières élections fédérales au Canada, les réseaux sociaux ont été envahis d'analyses spontanées et de célébrations de la victoire de Mark Carney et de la défaite de Pierre Poilievre. Peut-être à cause de l'algorithme, la majorité des commentaires que je vois saluent ce qu'ils perçoivent comme un recul du conservatisme. Pourtant, en y regardant de plus près, les résultats électoraux suscitent de sérieuses inquiétudes.
L'arrivée de Mark Carney à la tête du gouvernement ne saurait masquer la progression fulgurante du Parti conservateur, qui a su capter un large vote de protestation venant de tous les milieux sociaux. Elle ne saurait non plus occulter l'effondrement de l'électorat progressiste, en grande partie absorbé par les libéraux, laissant le NPD presque exsangue.
La stratégie de la peur, axée sur la menace d'un retour du trumpisme, n'a fonctionné qu'en partie. Certes, elle a permis de relancer un Parti libéral en déclin, mais elle n'a pas suffi à garantir une majorité parlementaire. Mark Carney devra maintenant gouverner sans majorité, contraint de négocier à la fois avec sa droite et avec sa gauche. Pendant ce temps, la moitié du pays a résisté à cette stratégie de la peur, et a consolidé le Parti conservateur — un parti qui, loin de se distancier de Donald Trump, semble en partager plusieurs visions.
L'écart entre les deux grands partis ne dépasse pas 400 000 voix. Le fait que le mécontentement social se soit dirigé vers le Parti conservateur, plutôt que vers le NPD, est un signal profondément préoccupant. Cette élection semble avoir été tranchée entre ceux qui ont voté libéral par peur, et ceux qui ont voté conservateur par colère. Mais une question essentielle demeure : où était le vote d'espoir ?
Aucun des deux grands partis n'a proposé une vision véritablement transformatrice du pays. Tous deux ont opté pour une approche conservatrice, en l'absence d'un horizon de changement clair : un Canada plus ouvert, plus juste, plus inclusif, plus humain, plus écologique et plus intelligent. Le NPD et le Parti vert, quant à eux, n'ont pas su construire un discours autonome et percutant, capable de remettre en question la narration dominante — une narration qui, même dans sa version la plus « modérée », reste façonnée par un centre politique toujours plus influencé par la droite.
Il faut toutefois saluer certains gestes courageux. Jagmeet Singh a été l'un des rares dirigeants politiques à avoir qualifié de génocide ce qui se passe à Gaza, et à soutenir ouvertement les mobilisations en faveur de la Palestine. Ce geste restera dans les mémoires. C'est peut-être là que réside la graine d'un NPD renouvelé : plus audacieux, plus cohérent, et davantage connecté aux personnes exclues du système politique actuel.
Car on ne transforme pas la société en imitant les gestes et le langage du centre — un centre qui, dans les sociétés capitalistes, penche presque toujours vers la droite. On la transforme en élargissant les frontières du débat, en intégrant celles et ceux que ce centre a historiquement laissés de côté. C'est à cette condition seulement qu'un véritable espace politique porteur d'espoir pourra émerger.
Manuel Tapial
Membre du Conseil d'administration de Palestine Vivra
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Le Canada est menacé : il est d’autant plus urgent de revoir la souveraineté et l’identité nationale des Premières nations

Au début de son second mandat en tant que président des États-Unis, Donald Trump a commencé à explicitement menacer le Canada de devenir le 51e État américain.
Tiré de The conversation.
Mardi 8 avril 2025 / DE : Frank Deer
Traduction Johan Wallengren
Dans le cadre de sa rhétorique absurde et de temps à autre irrespectueuse, qui comprend également une proposition d'acquisition du Groenland et de la bande de Gaza, certains ont affirmé que l'intérêt de Trump pour l'annexion du Canada relevait d'une impulsion impérialiste.
En tant qu'éducateur Kanien'kehà:ka ayant à cœur l'enseignement des langues autochtones, l'éducation civique et la réconciliation, j'estime qu'il est essentiel de se pencher sur la façon dont les Canadiens abordent le concept de nation autochtone dans un contexte où des menaces pèsent sur la souveraineté de leur pays. J'ajouterai qu'une annexion du Canada par les États-Unis serait dévastatrice pour les peuples autochtones.
Réaffirmer la nation canadienne face aux menaces
Trump a déclaré que le Canada est susceptible d'être annexé par la force économique, tandis que d'autres ont émis l'hypothèse qu'une invasion militaire pourrait faire partie de cette tentative de conquête.
Bien que les menaces de Trump dirigées contre le Canada semblent aberrantes, de nombreux Canadiens les prennent au sérieux et considèrent la rhétorique impérialiste actuelle comme une menace pour la souveraineté canadienne.
Les personnalités politiques, les intellectuels et les citoyens canadiens ont vivement réagi à cette menace en se ralliant autour de la nation, de la souveraineté et de l'identité canadiennes. Certains suggèrent qu'un sentiment d'unité nationale a été attisé au Canada pour la première fois depuis des générations.
Cependant, ce sentiment d'unité que beaucoup ressentent au Canada – et qui pourrait inciter les votants à changer l'issue des élections fédérales qui approchent – camoufle les réalités de la nation canadienne. L'état de nation du Canada mérite à plus d'un titre qu'on s'y attarde, en particulier sous l'angle de l'unité face aux menaces américaines actuelles. Mais je suis particulièrement préoccupé par le fait que l'ancrage national des Premières nations, des Inuits et des Métis puisse être particulièrement menacé par une annexion américaine.
Peuples autochtones
Le Canada est un État-nation qui occupe les territoires traditionnels de nombreuses nations autochtones représentant une vaste diversité de cultures et de langues. Les peuples autochtones de ces nations ont été les gardiens des territoires de l'Amérique du Nord bien plus longtemps que les colonisateurs européens qui ont fini par s'emparer de ceux-ci.
De nombreux comportements coloniaux et postcoloniaux du gouvernement canadien, secondé par ses institutions (par exemple, les églises de diverses confessions), ont été de nature génocidaire.
Ces interventions coloniales ont eu pour conséquence que les communautés autochtones sont devenues des éléments constitutifs d'une nation unifiée – le Canada. Sur la scène publique, les narratifs omettent très souvent que les peuples autochtones avaient en amont établi leurs propres concepts de nation et d'appartenance à une nation. Ces concepts ont été supplantés par ceux des puissances qui ont pris le contrôle des territoires.
Le concept de nation autochtone
Aussi bien jadis qu'aujourd'hui, les peuples autochtones appréhendent leurs liens et leurs responsabilités communautaires comme étant issus de leur nation.
Tout un ensemble de valeurs fondatrices caractérisent les nations autochtones. Le sociologue Stephen Cornell, qui a travaillé avec des nations et des organisations autochtones en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande, dégage à cet égard cinq axes principaux recouvrant les liens avec la terre et ceux du sang, les récits et l'histoire associés à la terre et à la culture, l'autogestion et le bien-être collectif.
Par exemple, de nombreux Anishinaabe considèrent que la nation est fondée sur des histoires et des traditions et qu'elle est façonnée par les relations et les communautés. La diversité des peuples autochtones enrichit donc leur vision du monde.
Les Haudenosaunee (Iroquois) partagent de nombreuses histoires, traditions et langues qui influencent la façon dont ils se perçoivent en tant que nation et leur approche des traités et conventions (tels que l'entente de Kaswenta). Mais les Haudenosaunee se composent également de différentes nations autochtones – dont la mienne, les Kanien'kehà:ka –, chacune ayant ses propres formes de savoir, de réminiscences et de conscience autochtones.
Ces différentes nations ont eu des fonctionnements synergiques reposant sur des alliances et des ententes de partage de terres entre elles.
Le Canada n'est pas une nation unique et homogène
Les incursions colonialistes des autorités françaises, britanniques et, plus tard, canadiennes ont obscurci la façon dont les notions autochtones de nation peuvent être comprises par les Canadiens.
Une ombre a été jetée sur différents attributs des nations autochtones du fait de l'exploitation des terres, de la division des familles et des communautés, de la dénaturation de récits historiques, de l'étouffement de l'autogestion et du primat de la jouissance individuelle par rapport au sens collectif, marginalisant ainsi le concept de nation autochtone dans la conscience du grand public au Canada.
Au demeurant, la perception générale de la population canadienne est que le Canada est une nation unique et relativement homogène. Cela peut sembler souhaitable pour certains, voire idyllique, mais il s'agit là d'un mythe.
Acquis juridiques et chemin de la réconciliation
Quel rapport peut-on établir entre le concept de nation autochtone et les menaces d'un président américain à l'encontre de la souveraineté canadienne ?
Le concept de nation autochtone ne fait pas seulement partie de la conscience et du mode de vie des autochtones depuis des siècles, mais elle est désormais étroitement liée aux principes juridiques et constitutionnels établis et en cours d'élaboration au Canada.
Après des générations de surveillance et d'assujettissement, ces principes permettent enfin aux nations autochtones d'explorer et de mettre en œuvre des approches d'autodétermination et d'autogouvernance.
Les menaces de Trump impliquent l'abolition des cadres juridiques et constitutionnels canadiens existants. Elles suggèrent également que les mœurs culturelles et linguistiques des nations autochtones seraient plus menacées que jamais. Le processus de réconciliation – qui s'est appuyé sur les travaux de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada – serait presque certainement abandonné.
Le 51e État et les traités et conventions
Les menaces de Trump sont inquiétantes pour les nations autochtones, dont certaines ont plus à craindre que d'autres dans des domaines particuliers. Par exemple, de nombreuses Premières nations ont conclu des traités et des conventions avec la Couronne.
Ces traités et conventions servent à codifier les relations des Premières nations avec le gouvernement du Canada. De nombreux travaux sont actuellement en cours pour mieux les conceptualiser dans le contexte de l'ère moderne. Si le Canada devient le 51e État américain, il sera mis fin aux dispositions des traités et conventions, ainsi qu'aux efforts pour mieux les contextualiser.
Les peuples autochtones ont fait beaucoup de chemin – dans certains cas en collaboration avec des partenaires non-autochtones – pour ce qui est d'améliorer leur situation et de mieux se positionner dans le monde, en vue de tracer des pistes pour l'avenir.
Bien entendu, il reste encore beaucoup à faire. La pauvreté, par exemple, est encore très répandue parmi les peuples autochtones, les langues et les cultures de beaucoup d'entre eux sont menacées et les femmes et les filles autochtones continuent d'être traitées de manière horrifiante. Mais le parcours des nations autochtones vers le mieux-vivre et l'autodétermination a débouché sur des réalisations dont les peuples autochtones peuvent être fiers.
Ce voyage se poursuivrait-il au sein d'un 51e État ? J'ai des raisons d'en douter.
Frank Deer est professeur à la Faculté d'éducation de l'Université du Manitoba.
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Un échec capitaliste dont Trump exploite à fond la faille albertaine

Les résultats électoraux canadiens signalent un tournant droitier non banal de l'échiquier politique canadien. Le parti Libéral minoritaire du banquier Mark Carney vire à droite par rapport à l'ex-gouvernement Libéral Trudeau allié implicitement avec le NPD de centre-gauche. Le parti Conservateur à tendance trumpiste augmente son score de près de huit points de pourcentage par rapport à l'élection de 2021 soit à 41% par rapport au 44% des Libéraux.
Il a fallu une remontée Libéral de plus de onze points de pourcentage pour devancer les Conservateurs, non pas à leurs dépens mais principalement à ceux du NPD qui perd aussi plus de onze points de pourcentage par rapport à 2021 obtenant son plus bas score électoral relatif depuis sa fondation en 1961. Une plus grande proportion des gens ayant voté NPD en 2021 a voté Conservateur en 2025 que Libéral notamment dans « le corridor Hamilton-Windsor — le cœur industriel du pays ». Le Bloc québécois nationaliste est le seul des tiers partis qui a évité une dégringolade mais il a quand même perdu plus d'un point de pourcentage et près de 30% de sa députation.
C'est la première fois depuis l'élection de 1958 que les deux grands partis traditionnels depuis la Confédération (1867) obtiennent ensemble plus de 80% des suffrages. Le choc Trump à coup de menaces tarifaires et annexionniste a ramené au bercail l'électorat canadien tout en le clivant de chaque côté de la barrière non pas conservateur-progressiste mais démocratique-néofasciste. Car néofasciste est tendanciellement le parti Conservateur de Pierre Poilievre… à la mode canadienne pourrait-on dire. Quand on sait que la clef de la conquête de la majorité électorale réside dans le Grand Toronto où, selon le Recensement de 2021, plus de la moitié de la population était née à l'étranger, on comprend que les Conservateurs ne se soient pas lancé dans une charge anti-immigration à la Trump. Toutefois le chef Conservateur ne s'est pas gêné pour dénoncer, à une émission francophone de grande écoute, les « faux réfugiés » tout comme il a promis de couper le financement à l'UNWRA au détriment d'un peuple palestinien que l'Occident en voie de néo-fascisation laisse mourir de faim.
Sous prétexte anti-Trump, les Libéraux déroulent le tapis aux entreprises
Pour bien voir le tournant droitiste Libéral commençons par mettre le projecteur sur l'enjeu climatique, épine dorsale de la politique du XXIe siècle. De constater les excellents journalistes du Devoir en la matière, « le chef Libéral parle d'énergie solaire, d'hydrogène vert et d'un réseau électrique transcanadien. Mais l'ancien apôtre de la finance climatique pense qu'il est « impératif » d'assurer la compétitivité des énergies traditionnelles, c'est-à-dire du pétrole et du gaz. ‘‘Oui, plus de pétrole, afin de réduire nos importations'', a-t-il lancé pour se défendre au débat des chefs du 17 avril. Ce pétrole devra toutefois être ‘‘bas carbone'', a-t-il ajouté, cela grâce aux technologies (immatures et coûteuses) de captage et de stockage de carbone. […] Le plafonnement des émissions du secteur pétrogazier — une mesure phare de l'ère Trudeau, qui n'est pas encore finalisée — était absent du programme de M. Carney, sans que celui-ci la renie pour autant. […] Rappelons que le Canada est en voie de rater ses cibles climatiques. » Ayant capitulé au slogan « Axe the [carbon] tax » des Conservateurs, « le premier ministre promet d'‘‘améliorer'' la tarification industrielle du carbone, qui cible les aciéries, les raffineries, les cimenteries, etc.. Tous les détails de cette amélioration ne sont pas connus, mais on sait que M. Carney veut donner ‘‘plus d'options'' aux grands pollueurs qui désirent compenser leurs émissions. »
Côté emploi d'observer une commentatrice du Globe and Mail,« [l]e pays a perdu 33 000 emplois en mars, le pire mois depuis trois ans pour le marché du travail, la menace des droits de douane américains ayant pesé sur la confiance des entreprises et ralenti l'embauche. » Comme politique palliative à court terme pour empêcher la hausse du chômage, « [a]près des années de recours accru aux travailleurs migrants pour occuper des emplois faiblement rémunérés, les Libéraux ont déclaré qu'ils ramèneraient l'immigration à des "niveaux viables", ce qui laisse de nombreux résidents temporaires dans l'incertitude et soulève des questions quant à la manière de combler les lacunes persistantes en matière d'emploi. Le parti s'est engagé à plafonner le nombre total de travailleurs temporaires et d'étudiants étrangers à moins de 5 % de la population canadienne d'ici à la fin de 2027, et à moins de 1 % les années suivantes. » Fini l'illusion des frontières ouvertes à la mode Trudeau alors que les ÉU ne peuvent d'aucune façon être considérés comme un « pays sûr » au titre de la loi.
Par contre, les milliards vont pleuvoir sur les entreprises : « un fonds de 2 milliards de dollars pour soutenir le secteur automobile, ainsi qu'un réseau "tout au Canada" destiné à produire davantage de pièces automobiles nationales. À cela s'ajoutent un fonds de 5 milliards de dollars pour améliorer les infrastructures liées au commerce et un mécanisme de crédit à l'exportation de 25 milliards de dollars pour aider les entreprises à trouver de nouveaux marchés. M. Carney a également évoqué la suppression, d'ici au 1er juillet, de toutes les barrières commerciales réglementées par le gouvernement fédéral entre les provinces, ainsi que la conclusion d'accords commerciaux avec des partenaires d'Amérique du Sud et d'Asie du Sud-Est. » Cependant, de constater un expert consulté par le Globe, « …diversifier les échanges est plus facile à dire qu'à faire. L'énorme marché américain exerce depuis longtemps une attraction sur le commerce canadien, en raison de la proximité et de la force de ses consommateurs. Peter Morrow, professeur agrégé d'économie à l'université de Toronto, a déclaré au Globe qu'il n'était pas réaliste de s'attendre à ce que les industries clés du pays - notamment l'automobile, le pétrole, le gaz et l'acier - se désintéressent des États-Unis dans un avenir proche. »
Plus prometteur paraît l'ambition des Libéraux de régler la crise du logement. « Ce pays a désespérément besoin de plus de logements – 3,5 millions de plus que ce que nous sommes censés construire au cours des cinq prochaines années, pour être exact, et ce uniquement pour ramener l'accessibilité au logement à ce qu'elle était il y a un quart de siècle. Les Libéraux ont promis de doubler la vitesse de construction pour atteindre près de 500 000 nouveaux logements par an, avec une nouvelle agence fédérale qui aiderait à développer et à financer des logements abordables. […dont] 25 milliards de dollars de financement pour les constructeurs de logements préfabriqués et modulaires, ce qui, selon les partisans de cette mesure, rendra la construction de logements moins coûteuse et plus rapide […et] tout en gagnant de l'argent sur les projets afin que le capital puisse être réinvesti pour augmenter l'offre. Il s'agit toutefois d'une tâche complexe, et l'économiste Mike Moffatt n'est pas sûr qu'Ottawa puisse la mener à bien. » On constate l'absence de référence aux logements sociaux, encore plus à ceux écoénergétiques. Toute l'affaire doit être rentable et profiter aux développeurs immobiliers désormais impliqués dans le logement populaire faute d'occasions suffisantes d'investissements payants dans le logement de luxe et les édifices commerciaux.
Un nationalisme canadien à deux faces qui a abouti à un échec capitaliste
On pourrait qualifier cette élection comme celle du triomphe du nationalisme canadien. On aura droit aux deux côtés de ce nationalisme soit la défiance envers un voisin écrasant — ‘trop près des ÉU, trop loin de l'Europe et d'ailleurs' pour paraphraser le dictateur mexicain Porfirio Diaz — mais aussi le néolibéralisme d'une moyenne puissance impérialiste :
Jusqu'alors, l'opposition Conservatrice de Pierre Poilievre détenait une avance significative dans les sondages de l'été 2023 au début de 2025, mais après les fanfaronnades de Trump, Carney a pu renverser la situation en faveur des Libéraux, d'autant plus que les Conservateurs avaient adopté des politiques "trumpistes" - une grave erreur après que Trump a parlé de mettre fin à la souveraineté du Canada. Par son appel flagrant au nationalisme canadien, Carney a pu obtenir le soutien de la plupart de ceux qui votent habituellement pour les Néo-démocrates à tendance travailliste et le Bloc québécois à tendance nationaliste française.
À bien des égards, M. Carney s'apparente à un Mario Draghi canadien que l'Italie et l'Europe n'ont cessé d'appeler de leurs vœux. Tous deux étaient des anciens de Goldman Sachs, tous deux étaient des banquiers centraux et tous deux sont devenus des héros du capital - Draghi pour l'Europe et maintenant Carney pour le Canada. Il semble que dans certains pays, lorsque la classe dirigeante est en difficulté, elle se tourne vers les "hommes d'argent" pour la sortir d'affaire. Parallèlement à sa rhétorique nationaliste anti-Trump, Carney a adopté la formule économique néolibérale habituelle : les réductions d'impôts et de dépenses publiques comme solution aux problèmes économiques du pays.
Toujours selon l'économiste anticapitaliste Michael Roberts, le Canada est malgré sa pléthore de richesses naturelles un échec capitaliste :
Le pays est indépendant sur le plan énergétique et possède les plus grands gisements d'uranium à haute teneur au monde et les troisièmes réserves prouvées de pétrole. Il est également le cinquième producteur de gaz naturel. Le Canada dispose également d'une grande quantité d'autres matières premières, notamment les plus grandes réserves de potasse (utilisée pour fabriquer des engrais), plus d'un tiers des forêts certifiées du monde et un cinquième de l'eau douce de surface de la planète. Il possède en abondance du cobalt, du graphite, du lithium et d'autres éléments des terres rares, qui sont utilisés dans les technologies renouvelables. Malgré ces avantages comparatifs en matière de ressources naturelles, la croissance du PIB du Canada a longtemps été inférieure à celle de ses pairs du G7, se classant seulement au 16e rang mondial en termes de parité de pouvoir d'achat. Un pays doté d'une telle géographie devrait produire davantage. Mais les capitalistes canadiens ont pris du retard dans les investissements productifs (hors énergie) et dans l'augmentation de la productivité de leur main-d'œuvre. […]
La population du Canada a augmenté de 30 %, contre seulement 11,5 % pour l'ensemble du G7. L'ajout d'un million de personnes en un an à une population de base d'environ 40 millions est sans précédent. Mais le niveau de vie des Canadiens, mesuré par le PIB réel par personne, n'est guère plus élevé en 2024 qu'en 2014, soit une stagnation de dix ans. […] En effet, la croissance de la productivité dans les industries productrices de biens au Canada a non seulement ralenti, mais s'est inversée. En conséquence, le secteur des biens a soustrait en moyenne 0,4 point de pourcentage à la croissance globale de la productivité du Canada chaque année depuis la pandémie. […] Le Canada est l'un des pays les moins densément peuplés du monde. Mais, fait remarquable, il connaît également l'une des pires pénuries de logements du monde développé. Les prix moyens des logements ont triplé au cours des deux dernières décennies, et l'endettement hypothécaire élevé pèse sur les dépenses de consommation.
Toujours selon Roberts, « [l]e taux d'investissement a diminué en raison d'une forte baisse de la rentabilité du capital canadien. La trajectoire du taux de profit canadien a toujours été fortement influencée par le prix du pétrole brut. » Bien que Roberts n'en parle pas, cette crise de rentabilité se traduit par une importante fuite des capitaux vers les ÉU depuis au moins 2016 si ce n'est depuis le début de la Grande Récession de 2008 :
Canada : Taux de profit par rapport au stock de capital net en pourcentage
Bilan net des investissements internationaux du Canada, selon la région
Source : Michael Roberts, Canada : election under the shadow of Trump,Statistique Canada
Le secteur des entreprises canadiennes est aujourd'hui accablé par les coûts du service de la dette, plus de la moitié des revenus des entreprises étant consacrée au paiement des intérêts et du capital des emprunts. Environ 25 % des entreprises canadiennes cotées en bourse peuvent être considérées comme des entreprises zombies, c'est-à-dire qu'elles ne gagnent pas suffisamment de revenus pour couvrir les paiements d'intérêts sur leurs dettes en cours.
Le coup de pied trumpien dans un édifice fragile et à la faille albertaine
Le Canada, bien avant la victoire de Trump, était un pays d'où la rentabilité capitaliste sur le marché mondial avait disparu sauf pour l'exploitation des ressources naturelles en particulier le pétrole albertain. Son secteur manufacturier lié au marché mondial, dont le cœur est l'automobile ontarienne, ne survit que grâce à son intégration à celui étatsunien au sein de l'ACEUM. En 2023, le Canada exportait en produits aux ÉU près de 20% de son PIB sans compter ses exportations de services ce qui donne en tout près du quart de son PIB, rien de moins. Pour les quatre grandes provinces canadiennes, leurs exportations de produits, sans les services, aux ÉU par rapport à leur PIB comptaient respectivement pour 35% pour l'Alberta, essentiellement du pétrole, 18% pour l'Ontario surtout la fabrication très intégrée avec les ÉU de véhicules routiers, de l'acier, des minéraux ,15% pour le Québec dont l'aluminium (soit de l'électricité cristallisée), du bois de construction, de l'électricité brut mais aussi des aéronefs, et seulement 7% pour la Colombie britannique qui exporte beaucoup en Asie.
Et voilà que le trumpisme flanque un magistral coup de pied tarifaire et annexionniste dans cette édifice fragile. Maquillée d'un nationalisme de façade l'élite canadienne s'est empressée illico à accommoder le monstre par un renforcement des frontières et une substantielle augmentation de ses dépenses militaires au sein du NORAD, particulièrement pour la défense de l'Arctique. Puis, par Libéraux interposés, elle promet de laisser tomber de grands pans de sa déjà insuffisante et biaisée politique climatique et d'imiter sa baisse des impôts tout en promettant d'investir dans les infrastructures pour « ‘‘faire du Canada une superpuissance des énergies propres et traditionnelles'', disait Mark Carney en campagne. » Mais il n'est nullement question de répondre au sabotage étatsunien du libre-échange des marchandises par un contrôle canadien de l'éperdue fuite des capitaux vers les ÉU. Comment ne pas poser la question de la capacité existentielle du Canada que la récession déjà en coursmettra durement à l'épreuve ?
L'Alberta (et la Saskatchewan) est le tendon d'Achille de la résilience existentielle canadienne. Tout près des deux tiers des votes sont allés aux Conservateurs dans ces deux provinces, soit au moins cinq points de plus que lors des élections de 2021, bien qu'il faille distinguer les zones rurales au score stalinien pro-PCC et les grandes villes quand même en moyenne à nette majorité Conservatrice. Inutile d'ajouter que la victoire Libéral laisse un goût amer d'autant plus que jusqu'aux menaces trumpiennes les Conservateurs s'annonçaient les grands gagnants des élections. Afin de mesurer la propension vers l'annexion dans ce maelstrom, le média alternatif Ricochet a tenté d'y apprécier la tentation séparatiste, voie royale d'une éventuelle annexion de ces provinces archi-dépendantes de leurs exportations de ressources naturelles.
Un sondage réalisé ce mois-ci[avril 2025] montre que 30 % des Albertains et 33 % des Saskatchewanais voteraient en faveur de la séparation si les Libéraux étaient réélus, soit à peu près le même niveau de soutien à la sécession qu'au Québec. Le sentiment séparatiste est régulièrement amplifié par la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, par des journalistes comme Rick Bell, un chroniqueur du Calgary Herald […] et par l'ancien leader du parti Réformiste, Preston Manning, […] Le message de Bell, Smith et Manning est que les électeurs des Prairies sont pleins d'une juste colère à l'égard des politiques environnementales fédérales qui frustrent l'industrie pétrolière et d'un programme de péréquation qui prend l'argent de l'Ouest pour subventionner le Québec, où les gens sont hostiles au pétrole et au gaz. Le ressentiment se concentre dans les zones rurales. […]
Il n'y a pas de répartition régionale au sein de l'Alberta rurale, mais une étude réalisée par Jared Wesley, professeur de sciences politiques à l'université de l'Alberta, a montré que les séparatistes sont généralement des hommes blancs plus âgés, nés en Alberta, qui ont participé au "Convoi de la liberté" contre les restrictions de santé imposées par le COVID ou qui ont été sympathisants de ce mouvement. […] Bratt [professeur de sciences politiques à l'Université Mount Royal] pense qu'elle [Danielle Smith] aime une grande partie du programme de M. Trump, mais il est également clair qu'elle subit des pressions de la part de la base de son parti pour s'attaquer à Ottawa. Elle a pris la tête du parti Conservateur unifié après qu'une rébellion liée au mouvement anti-mandat [COVID] a fait tomber l'ancien premier ministre Jason Kenney. La base de son parti est en colère face à la perspective d'un nouveau gouvernement Libéral à Ottawa, et c'est cette colère qu'elle cherche à canaliser.
Mme Smith a prévenu que si les Canadiens élisaient un gouvernement Libéral, elle mettrait en place un groupe d'experts chargé d'examiner les options de l'Alberta, et elle a évoqué la possibilité d'un référendum à l'initiative des citoyens. Mais la procédure actuelle n'autorise un référendum sur une question constitutionnelle qu'après que les citoyens ont recueilli les signatures de 20 % des électeurs inscrits (près de 600 000), ce qui semble être un seuil impossible à atteindre. Mme Smith fait maintenant l'objet de pressions pour faciliter les choses.
Par un tarif différentiel, Trump joue à fond le réactionnaire régionalisme albertain
Nul doute que les trumpiens joueront à fond cette frustration qui ne s'apparente nullement à une volonté indépendantiste du Québec assise sur l'oppression nationale s'exprimant avant tout dans la menace envers sa langue et sa culture que l'annexion aux ÉU n'arrangerait certainement pas, au contraire. Le parti-pris des « Canadiens » lors de l'invasion étatsunienne tant de 1775 que de 1813 reste prémonitoire. Mais il ne faut rien exclure d'autant plus qu'une bonne partie de la jeunesse québécoise s'entiche de l'anglais et de la culture commerciale étatsunienne. Le séparatisme albertain est un régionalisme réactionnaire assis sur le pétrole bien qu'il soit l'héritier d'un sentiment d'abandon par le « Canada central » qui s'industrialisait à ses dépens.
On peut être assuré que les stratèges trumpiens ont bien compris la faille albertaine comme point faible pour rompre ce long longiforme Canada le long de la frontière étatsunienne quand on visualise sa densité de peuplement d'est en ouest. Trump n'a pas pour rien imposer un tarif de « seulement » 10% au pétrole, au gaz et à la potasse de l'Ouest canadien contrairement à celui de 25% à l'aluminium québécois, à l'acier surtout ontarien et à l'automobile ontarienne quoique partiellement et graduellement. L'éventuel succès de l'annexionnisme trumpien pour dominer les Amériques afin de se colletailler en position de force avec les oligarchies des autres grandes puissances mondiales dépend moins de la résilience canadienne que de la capacité du trumpisme de s'imposer au peuple étatsunien et même à sa classe dominante afin de renouer avec « le rêve américain de prospérité à l'intérieur et de suprématie à l'étranger » qui n'a jamais rien eu de démocratique.
Marc Bonhomme, 4 mai 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Les victimes de l’agence de recrutement et de placement IRIS continuent leur lutte

Tio'tià:ke (Montréal), le 5 mai 2025. – Aujourd'hui, devant les bureaux de l'agence de recrutement et de placement IRIS, seront rassemblé·es des travailleurs et travailleuses migrant·es et leurs allié·es, pour dénoncer les abus vécus aux mains de cette agence et exiger leurs salaires impayés, leurs feuilles de paie et leur relevé d'impôts, nécessaires pour leurs démarches d'immigration, ainsi que faire entendre leurs revendications concernant les agences de placement et le programme de travailleurs étrangers temporaires. Les porte-paroles convient les médias au point de presse qui aura lieu au début du rassemblement.
M. Dieudonné Nidufasha, directeur de l'Agence IRIS, doit plusieurs dizaines de milliers de dollars en salaires impayés. Suite aux révélations parues dans Le Devoir le 09 et 10 avril dernier concernant les abus commis par l'Agence de recrutement et de placement des employés Iris Inc., le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI) tient à montrer sa solidarité avec les victimes et à dénoncer ces violences.
Le CTTI et ses allié·es se réjouissent de la suspension du permis d'opération de l'agence IRIS. Toutefois, plusieurs travailleuses et travailleurs victimes de cette agence attendent depuis plus d'une année la compensation des frais illégalement perçus et des salaires non payés. Qui plus est, le cas de l'agence IRIS n'est pas un cas isolé. Malgré la mise en place du règlement portant sur les pratiques des agences de recrutement de placement en 2020 par le gouvernement du Québec et des clauses interdisant la perception des frais de recrutement auprès des travailleuses et travailleurs en 2022 par le gouvernement du Canada, les pratiques abusives d'intermédiaires privés demeurent malheureusement largement répandues.
« Nous sommes doublement victimisé·es : d'abord par l'agence IRIS, puis par le système d'immigration, qui nous maintient dans une situation précaire » indique un des travailleurs, qui a préféré garder l'anonymat. « L'immigration se ferme les yeux, ne veut pas accepter que cette situation est la conséquence naturelle d'un système dysfonctionnel. » a renchéri une autre travailleuse.
Les travailleuses et travailleurs victimes de l'agence IRIS, le CTTI et leurs allié·es revendiquent la régulation efficiente des pratiques des intermédiaires privés et la mise en place des mesures de protection pour les travailleuses et travailleurs contre leurs pratiques abusives. Elles et ils réitèrent d'ailleurs leurs revendications pour que le gouvernement fédéral abolisse le permis de travail fermé qui expose continuellement les travailleuses et travailleurs migrant·es à ces situations d'exploitation et de traite. En outre, le CTTI note que de plus en plus de personnes migrantes perdent leur statut migratoire à la suite de telles situations abusives, et réaffirme l'urgence de la mise en place d'un programme de régularisation complet et inclusif pour les personnes sans statut.
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