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Manifestation de solidarité avec la Palestine : la mobilisation s’élargit à Québec

À la suite de six mois d'atrocités ininterrompues en Palestine, reconnues comme un génocide plausible par la Cour Internationale de Justice, les organisations Palestine Québec et Syndicalistes pour la Palestine appellent à une grande manifestation le 7 avril 2024 à 13h devant l'Assemblée nationale.
Cette manifestation est soutenue par plus d'une trentaine d'organisations engagées dans nos communautés, dont le Conseil central de la CSN, le RÉPAC 03-12, le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale, le Collectif pour un Québec sans pauvreté, le FRAPRU et le Collectif de Québec pour la paix. Elle vise notamment à réclamer un cessez-le-feu immédiat et permanent ainsi que la fin de la complicité du Canada et du Québec avec les crimes d'Israël.
« Ne rien faire dans une situation d'injustice, et ce que subissent les populations civiles en Palestine en est clairement une, c'est prendre le parti de l'oppresseur et ça ne devrait jamais être une option pour le mouvement syndical. Ça fait maintenant plus de 50 ans que la CSN soutient la cause palestinienne, la situation actuelle est absolument intolérable et nous interpelle au plus haut point, c'est pourquoi le conseil central appelle à participer massivement à la manifestation de dimanche, » a déclaré Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN).
Détails de l'Événement
● Date et Heure : 7 avril 2024, 13h
● Lieu : Départ devant l'Assemblée nationale de Québec
● Organisateurs : Palestine Québec et Syndicalistes pour la Palestine
Déroulement
De 13h à 13h15 : Présentation de nouveaux chants et vente de drapeaux
13h20 à 13h30 : Début des discours.
● Prise de parole de Palestine Québec
● Prise de parole de Syndicalistes pour la Palestine
● Prise de parole d'une jeune Palestinienne qui a grandi à Québec
13h45 : Début de la marche jusqu'au consulat américain.
14h15 : Discours d'un membre de la Voix Juive Indépendante devant le consulat
américain, ainsi que du comité Uni.e.s pour la Palestine de Ulaval.
14h30 : Reprise de la marche sur la rue Saint-Jean.
15h : Retour à l'Assemblée nationale.
Mise en contexte
Selon un récent rapport de l'ONU, le bilan à Gaza est catastrophique – plus de 32,975 palestiniennes et palestiniens tués, 75 577 blessés, et 1,7 million de personnes déplacées. L'accès à l'eau potable est presque inexistant, exacerbant une crise de malnutrition et une insécurité alimentaire criante.
En réponse à l'urgence d'un soutien international pour le peuple palestinien, et à la suite d'une pression continue de nombreux citoyens et citoyennes, la ville de Québec a joint sa voix à celle de l'Assemblée nationale du Québec et de la Chambre des communes pour appeler à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et permanent en Palestine.
Les organisatrices de Palestine Québec rappellent que malgré ces récentes prises de position, « les gouvernements du Québec et du Canada continuent d'être complices du nettoyage ethnique du peuple palestinien. L'État Israélien est capable de maintenir le siège à Gaza grâce au support financier inconditionnel et indéfectible des États-Unis et de ses alliés, incluant le Canada. » En effet, le gouvernement canadien a autorisé des exportations d'armes d'une valeur de 28,5 millions de dollars à Israël dans les 6 derniers mois.
La manifestation du 7 avril portera les revendications suivantes :
● Un cessez-le-feu immédiat et permanent
● La fin de l'occupation illégale israélienne des territoires palestiniens
● La fin du blocus illégal de Gaza
● La fin de la complicité du Canada et du Québec avec les crimes d'Israël
● L'arrêt immédiat de l'exportation d'armes ou de composantes d'armes à Israël.
● La fermeture du bureau du Québec à Tel-Aviv, marquant notre refus de normaliser les relations avec un État qui viole systématiquement les droits humains et le droit international.
Nous invitons les médias et le public à se joindre à nous pour cet événement significatif, marquant notre solidarité avec le peuple palestinien et notre appel à l'action pour mettre fin au génocide.
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Québec solidaire doit répondre aux réalités migratoires actuelles, produit de la mondialisation capitaliste.

Les dernières déclarations de Québec solidaire sur ses orientations face à l'immigration semblent s'engoncer dans une approche utilitariste de l'immigration choisie pour les seuls intérêts du Québec et de son économie. Cette orientation pourrait conduire à une sous-estimation de l'importance et des enjeux des phénomènes migratoires. Une discussion doit être ouverte sur cette question au sein de QS.
Une première nécessité : caractériser les politiques migratoires des gouvernements néolibéraux à Ottawa comme à Québec.
La politique canadienne en matière d'immigration est entièrement soumise aux besoins du capitalisme et conforme aux intérêts des grandes entreprises. Les personnes migrantes sont considérées comme des réservoirs de main-d'œuvre. Si cette main-d'œuvre est qualifiée, elle a accès à la résidence permanente et donc éventuellement à la citoyenneté. L'immigration choisie est de plus en plus définie précisément pour des entreprises particulières pour répondre à leurs besoins.
Mais, c'est l'immigration de travailleurs et travailleuses temporaires qui s'est le plus développée ces dernières années. Les programmes des travailleurs immigrants temporaires sont principalement destinés à apporter de la main-d'œuvre saisonnière dans l'agriculture, à fournir des aides familiales ; à pallier le manque de main-d'œuvre dans les secteurs de la santé et des services sociaux ; dans l'hôtellerie, etc. Ce sont des travailleurs et travailleuses sans droits et sans pouvoir réel de se défendre face à la réalité de la surexploitation, car toujours sous la menace d'une possible expulsion. La stabilité du séjour est de plus en plus remise en question les maintenant dans une situation de précarité et de vulnérabilité. Récemment, le ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, a annoncé « que son gouvernement compte réduire la proportion de résidents temporaires au sein de la population canadienne au cours des trois prochaines années. » [1] Le plafond des travailleurs étrangers temporaires pouvant être engagés passerait de 30 à 20% et les exigences fédérales demandant aux employeurs de démontrer qu'ils ont été incapables de trouver de la main-d'œuvre locale seront plus sévères. » [2] Cet ajustement repose sur la transformation du climat politique, soit la montée des discours de plus en plus conservateurs sur l'immigration. Tout cela repose sur l'espoir de pouvoir en tirer une rente électorale.
Etre sans papier devient un statut durable pour de plus en plus de personnes immigrantes. Ce sont des personnes sans droit et disponibles à bas coût pour les entreprises. « Si le nombre précis de sans-papiers au Canada reste méconnu, on parlait potentiellement d'un demi- million de personnes concernées, voire davantage. ». Le gouvernement libéral à un temps promit une régularisation massive et historique des sans-papiers au Canada. C'est pourquoi les demandes de régularisation massive ont été de plus en plus insistantes de la part des organisations des travailleurs et travailleuses migrants. Mais, en ce domaine également, le climat politique serait moins propice. [3]. Le gouvernement Trudeau a ainsi laissé tomber ses promesses de rédularisation massive.
Dans l'ensemble des pays d'Europe ou d'Amérique du Nord, le droit d'asile est bafoué. L'accueil comme réfugié est de plus en plus difficile. Les demandeurs d'asile font face à de plus en plus d'obstacles et de délais pour que les demandes d'asile soient acceptées. Ces délais les placent souvent dans une situation de personnes sans droit et sans papier qui peuvent difficilement vivre dans des conditions sûres et humaines. Ces personnes font souvent face à des arrestations, à des enfermements et à des expulsions. La notion de réfugié a été de plus en plus réduite et l'accès à ce droit se trouve limité aux personnes qui fuient les dictatures et la guerre et dont la vie même est menacée.
La politique migratoire du gouvernement du Québec s'inscrit purement et simplement dans la même logique utilitariste. Les particularités du gouvernement Legault se retrouvent que dans sa volonté d'accentuer des orientations du gouvernement fédéral : moins d'immigrant-e-s, moins d'étudiant-e-s étrangers, et surtout une attitude plus dure en ce qui concerne les demandeurs d'asile et les possibilités de recomposition familiale. Et pour parvenir à ces fins, le gouvernement Legault demande le transfert de plus en plus de pouvoirs en ces matières vers le Québec. Sous la pression du Parti québécois, il a même affirmé vouloir récupérer tous les pouvoirs, demande que le gouvernement Trudeau s'est empressé de rejeter.
Pour renforcer son orientation d'une immigration choisie et utilitaire, le gouvernement de la CAQ, appuyée par le PQ [4] abreuve la population de discours xénophobes qui présentent les personnes migrantes comme un problème et une menace pour nos conditions de vie, nos services sociaux et notre avenir national. Il travaille à construire un consensus favorable à la fermeture des frontières, car les migrant-e-s seraient trop nombreux. Ces discours ne sont pas propres aux Québec. Dans l'ensemble des pays capitalistes avancés, que ce soit en Europe ou aux États-Unis, ils développent des politiques visant à transformer ces pays en forteresse assiégée. On voit se multiplier les murs et se renforcer les politiques répressives contre les immigrants.
Au-delà de l ‘immigration choisie, les fondements de migrations plus massives
La migration est un phénomène historique (forcé ou propulsé) par les rapports d'exploitation, d'oppression et maintenant par la crise climatique. Les causes des déplacements forcés des populations sont toujours plus nombreuses au 21 e siècle. Les interventions militaires, le financement des dictatures, le pillage des ressources naturelles ou alimentaires, les accords commerciaux inégaux de libre-échange, l'exacerbation de la crise climatique poussent aux migrations. Ces dernières se font encore principalement sur un axe Sud-Sud. Mais les migrations vers le Nord commencent à devenir plus importantes.
Il faut donc comprendre que les migrations ne se limitent pas à l'immigration choisie pour le bien des entreprises ou des services sociaux d'ici. Les migrations sont liées soit à des conflits géopolitiques souvent provoqués par des interventions impérialistes (Vietnam, Afghanistan, Syrie, Ukraine…) soit à la détérioration des conditions d'existence de régions entières (Afrique, Amérique centrale et du sud...). La montée des migrations s'explique par le fait que des personnes ne trouvent pas la possibilité de vivre dignement là où elles se trouvent. Si on ajoute aux causes économiques et sociales, les conséquences de la crise climatique sur les déplacements des sociétés humaines, l'attitude la moins réaliste est celle du refus de préparer et de planifier les déplacements de population qui s'annoncent. Se limiter à l'immigration choisie pour les besoins économiques des entreprises et à l'accueil parcimonieux des réfugié-e- s, c'est refuser de reconnaître la réalité de la recrudescence des migrations en cette période de crise et de chaos. Ce ne sont pas les murs, des clôtures ou des quotas qui nous aideront à faire face à ces réalités.
Les nouvelles inflexions de la politique migratoire de Québec solidaire
Déjà une orientation utilitariste s'était manifestée durant la dernière campagne électorale, mais les récentes entrevues de Guillaume Cliche-Rivard dans le cadre du conflit sur cette question entre Québec et Ottawa semblent approfondir cette dérive. Nous croyons que Québec solidaire ne pourra éviter de reprendre le débat. Le programme actuel demeure à ce niveau peu développé et insiste sur les rapports entre l'immigration et la langue française. [5] La faiblesse de cette orientation repose sur la négligence manifestée jusqu'ici à envisager l'évolution concrète des réalités migratoires dans le contexte de la mondialisation capitaliste et de la crise climatique. Les orientations que nous devons développer à cet égard sont restées en friche.
Durant la dernière campagne électorale, Québec solidaire parlait d'un seuil entre 60 000 et 80 immigrant-e-s par an en ce qui concerne l'immigration permanente. [6] Il proposait un plan intitulé « objectif Régions » qui s'adressait à ceux qui s'établissent en région et qui y cumulent 12 mois d'emploi avec une preuve d'intention d'y demeurer. « Ce programme permettra, écrivait-on, de répondre à la pénurie de main-d'œuvre touchant différents services essentiels comme dans le réseau de la santé ou dans les écoles par exemple, en plus d'assurer la revitalisation économique en région ». [7] On aurait pu s'attendre à une critique de l'ensemble de la politique du gouvernement Legault en immigration et à une rupture avec une logique utilitariste de l'immigration brimant les droits des personnes migrantes, mais tel n'a pas été malheureusement le cas.
La proposition de régularisation était marquée par une prudence. Cette régularisation suggérée toucherait 10 000 personnes par an et aurait comme objectif d'en intégrer un certain nombre dans l'économie formelle. [8], On est loin de l'objectif d'une régularisation générale et massive comme le demandaient les organisations des travailleurs et travailleuses migrants. [9]
En ce début d'année, le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel-Nadeau Dubois, déclarait qu'il y avait trop d'immigrant-e-s temporaires au Québec que ce soient des étudiant-e-s étrangers, des travailleurs ou travailleuses temporaires ou encore des demandeurs d'asile. Il faisait référence au nombre de 528 000 immigrant-e-s temporaires. [10]
Dans une entrevue à la télévision de Radio-Canada, le responsable parlementaire du dossier immigrant et député de Saint-Henri-Sainte-Anne, Guillaume Cliche-Rivard, allait encore plus loin. Il y affirmait que le Québec faisait plus que sa part. Il envisageait l'hypothèse de réduire le nombre de ces travailleurs et travailleuses immigrants temporaires à 350 000 ou 325 000. [11] Et il soulevait l'hypothèse d'envoyer vers l'Alberta par autobus, les immigrants temporaires consentants. « Je suis certain qu'il y a des milliers de gens qui veulent, qui sont volontaires pour aller dans le reste du pays puis ça pourrait réduire la pression sur le Québec, » [12], Mais il faut faire cela, ajoutait-il, en protégeant les secteurs clés de l'économie comme les services sociaux, la construction et les régions qui ont besoin de ces travailleurs immigrants temporaires. Il faudrait donc cibler des secteurs dans cette réduction des travailleurs temporaires. [13]
En somme, Québec solidaire, en ce qui concerne la politique migratoire, affirmait défendre deux priorités : faire respecter les pouvoirs du Québec en matière d'émigration et s'appuyer sur un comité d'expert-e-s pour établir la capacité d'accueil. « On est rendu à 530 000 immigrants temporaires, la capacité d'accueil actuelle est dépassée, dit M. Cliche Rivard. On veut que des économistes, des démographes, des gens des services publics, des experts en francisation qualifient la capacité d'accueil de chacune des régions en fonction de la disponibilité en logement, des services publics, de la capacité de francisation et aussi de l'apport de l'immigration dans l'économie. À partir de là, on pourra prendre nos décisions politiques. Et si on veut augmenter nos capacités d'accueil, il faut investir. » [14] Il reprenait essentiellement les mêmes propos lors de son entrevue à l'émission Tout un matin avec Patrick Masbourian, [15]. Dans cette entrevue, il se portait d'abord à la défense du pouvoir du Québec et stigmatisait l'incapacité du gouvernement Legault de défendre les droits du Québec en matière d'immigration.
Une politique migratoire de gauche doit rompre avec cette approche utilitariste et à courte vue Québec solidaire en matière migratoire doit faire primer les droits humains sur les besoins du capitalisme. Un parti politique de gauche doit donc sortir de la vision utilitariste des gouvernements et entreprises capitalistes qui justifient essentiellement l'acceptation des personnes migrantes que par les besoins de main-d'œuvre ou par l'accueil de réfugié-e-s dont la vie est menacée.
Québec solidaire doit rompre avec la logique de l'établissement de quotas, ouvrir les frontières et garantir la liberté de circulation et d'installation. Personne n'est illégal sur Terre. Tout le monde doit avoir le droit de se déplacer. Les frontières doivent être ouvertes à tout-tes celles et ceux qui fuient leur pays, que ce soit pour des raisons sociales, politiques, économiques ou environnementales. L'ouverture des frontières ne signifie pas que les flux migratoires ne sont pas régulés, mais que cette régulation se fait à partir des conditions et de principes fondamentaux qui affirment que les immigrant-e-s son une richesse et que fermer les frontières est inefficace et inhumain.
La politique migratoire d'un Québec indépendant
Québec solidaire ne peut centrer son programme face à l'immigration à l'exigence de transferts de pouvoirs vers un gouvernement néolibéral comme celui de la CAQ. Le véritable transfert de ces pouvoirs pourra se réaliser dans un Québec indépendant. Et les pouvoirs que son indépendance lui donnera doivent s'inspirer d'une solidarité agissante et humaniste envers les personnes migrantes.
Afin d'éviter un processus de morcellement de la population d'un Québec indépendant entre ceux e celles qui ont des droits et ceux et celles qui en ont pas ou peu, il faut garantir l'égalité des droits à toutes les personnes habitant le territoire. L'égalité des droits implique la libre circulation, mais aussi la reconnaissance d'une série de droits : droit de s'installer durablement, droit de travailler, de recevoir un salaire égal pour un travail égal, droit de vivre en famille, droit à la citoyenneté, droit à l'accès à la sécurité sociale et aux services sociaux, droit à la syndicalisation, droit à un salaire égal pour un travail d'égale valeur.
Affirmer une telle politique migratoire, c'est faire le choix que l'extension des droits fondamentaux aux exilé-e-s et aux immigré-e-s. Cette orientation doit être partie prenante de notre projet d'indépendance nationale et peut contribuer à la création de liens de solidarité avec les peuples du monde contre les politiques de l'oligarchie et de leurs gouvernements.
Ces orientations doivent être discutées. Elles renforceraient la capacité de Québec solidaire à faire face à la montée des discours de droite et à leur promotion de la xénophobie.
[1] Radio-Canada, Le gouvernement fédéral souhaite réduire de 6,2 % à 5 % la proportion de résidents temporaires dans la population canadienne d'ici 2027, 21 mars
[2] Ibid.
[3] Radio-Canada,Pas de régularisation massive et historique de sans-papiers au Canada, 25 mars 2024
[4] Le Québec se dirige vers « une crise sociale sans précédent », dit PSP, La Presse, 5 novembre 2023
[5] Programme de Québec solidaire, points 8.6.1 et 8.6.2, 2019
[7] Objectif régions : Québec solidaire présente son plan en immigration, 11 septembre 2022
[8] Québec solidaire propose un programme de régularisation des personnes sans statut, 28 février 2023
[9] Une régularisation des sans-papiers réclamée par les organisations communautaires, 25 octobre 22.
[10] 528 000 immigrants temporaires, « c'est trop », dit Québec solidaire, 25 janvier 2024
[11] Entrevue avec Julie Droilet à RDI, 22 janvier 2024
[12] Ibid.
[13] Ibid.
[14] Que proposent les partis politiques en immigration, Vincent Brousseau-Pouliot, La Presse, 8 février 2024
[15] Radio-Canada, Tout un matin, le 28 mars 2024
L’auto : moins cher que le bus !
Israël-Palestine : un naufrage médiatique (vidéo)
31 mars 2024 | tiré de la lettre d'Acrimed
Acrimed débarque sur Blast, pour une série de vidéos de critique des médias. Premier épisode : Israël-Palestine, un naufrage médiatique (lire aussi, à ce sujet, Médiacritiques n°49).
Bienvenue dans la nouvelle émission de critique des médias de Blast en partenariat avec Acrimed. Quatrième pouvoir. Acrimed, pour Action-Critique-Médias, est une association émérite et d'utilité publique qui, depuis le milieu des années 90, analyse, critique, documente le fonctionnement des médias en France.
Vous l'aurez compris à Blast, l'objectif de sensibiliser au rôle, aux méthodes, aux pratiques et à l'influence des médias, mais aussi à leurs dérives, de dévoiler leur dépendance au pouvoir économique et politique, nous paraît à l'heure actuelle plus que jamais nécessaire. Alors, dans un paysage médiatique ultra concentré, financiarisé et durement idéologisé, amenant une extrême droitisation et un nivellement tel du champ journalistique que la valeur de l'information s'en trouve défigurée.
Ensemble, nous allons essayer d'assumer au mieux ce rôle délaissé de contre pouvoir et de faire rempart. Bref, d'opposer à la dérive et au délabrement démocratique une véritable résistance médiatique. Mets ton casque, c'est la guerre, alertait d'ailleurs Denis Robert dans un de ses derniers éditos. La guerre et les bruits ou les silences médiatiques qui l'accompagnent, à laquelle nous avons choisi de consacrer ce premier numéro, c'est celle de Gaza.
C'est un bilan de ces un peu plus de cinq mois de traitement du conflit que l'on vous propose aujourd'hui. Bien sûr, on ne peut prétendre à l'exhaustivité. L'idée ici est de s'intéresser au bruit médiatique entendu, explique l'association, comme la somme des effets de cadrage, de légitimation, délégitimation et d'imposition de problématiques à l'oeuvre dans les grands médias.
Quel a été le périmètre légitime du débat public ? Comment la communication de l'armée israélienne a-t-elle été relayée ? Comment le cadrage a-t-il favorisé les doubles standards et les compassions sélectives ?
C'est à ces différentes questions qu'Acrimed va s'intéresser. Mais la critique portera aussi sur le journalisme politique en décryptant la manière dont les positionnements des différents acteurs du champ politique français concernant la situation en Israël et en Palestine ont été commentés.
Les publications d'Acrimed concernant cette nouvelle séquence du conflit opposant Israël aux Palestiniens
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l'association.``
Les sous-traitants règnent aux dépens des travailleurs et usagers

Le nouvel âge des fléaux du capitalisme. Le Covid-19 a été la pandémie la moins inattendue de l’histoire (III)

« Jamais auparavant le monde n'avait été aussi clairement prévenu des dangers d'une pandémie dévastatrice » – Global Preparedness Monitoring Board, September 2020 [1]
Tiré de A l'Encontre
27 mars 2024
Par Ian Angus
A en juger par les excuses que nous entendons pour justifier l'incapacité des gouvernements à réagir efficacement à la pandémie, on pourrait penser que le Covid-19 était un acte de Dieu, un événement naturel que personne n'aurait pu anticiper. Le président états-unien Donald Trump a déclaré qu'il était « sorti de nulle part », qu'il avait « surpris le monde entier » et que « personne n'avait jamais rien vu de tel auparavant ». Parce que c'était inattendu et imprévisible, on ne pouvait pas lui reprocher d'avoir été pris au dépourvu.
C'est tout simplement faux. Comme l'écrit l'historien Kyle Harper, « la pandémie était un désastre parfaitement inévitable ».
« Personne ne pouvait savoir qu'un nouveau coronavirus passerait de l'animal à l'homme dans le centre de la Chine à la fin de l'année 2019 et déclencherait une pandémie mondiale. Pourtant, il était inévitable qu'un nouvel agent pathogène émerge et échappe à nos systèmes de défense collectifs. Il y a fort à parier que le coupable serait un virus à ARN hautement contagieux, d'origine zoonotique, qui se propagerait par voie respiratoire. En bref, une pandémie déstabilisante était inéluctable, ses contours prévisibles, ses détails essentiellement aléatoires. » [2]
Cette attente était si largement partagée par les experts en maladies infectieuses que, deux mois seulement avant le début de la véritable pandémie, le Centre Johns Hopkins pour la sécurité sanitaire a organisé un atelier de simulation de pandémie, auquel ont participé des responsables gouvernementaux et économiques du monde entier, et qui portait sur « un nouveau coronavirus zoonotique transmis de la chauve-souris au porc puis à l'homme, qui finit par se transmettre efficacement d'homme à homme, entraînant une grave pandémie ». La maladie fictive, inspirée du SRAS, aurait tué 65 millions de personnes [3].
Le Covid-19, qui est apparu peu après le départ des participants, est causé par un coronavirus à ARN muté qui est passé des chauves-souris aux animaux puis aux humains. Il est apparenté au SRAS mais est plus infectieux. Les similitudes étaient si fortes que lorsque la véritable pandémie a éclaté, les responsables du Centre Johns Hopkins se sont sentis obligés de publier une déclaration insistant sur le fait que leur scénario était fictif et ne constituait pas une prédiction.
Accélération des zoonoses
Comme nous l'avons vu, les maladies zoonotiques – causées par des virus et des bactéries provenant d'animaux – affectent l'homme depuis longtemps. Mais quelque chose a changé dans l'Anthropocène – comme l'affirme Sean Creaven dans Contagion Capitalism, nous sommes aujourd'hui confrontés à « l'accélération zoonotique… une accélération de la fabrication de nouvelles maladies zoonotiques et la résurgence d'anciennes, ce qui entraîne une aggravation correspondante du risque de pandémie mondiale » [4]. Le Covid-19 est la manifestation la plus récente de cette menace mortelle pour la santé humaine.
Les principales pandémies zoonotiques des cinq dernières décennies ont été les suivantes :
. 1968, grippe de Hong Kong. Une nouvelle souche de grippe aviaire a été détectée pour la première fois à Hong Kong, puis s'est rapidement répandue dans le monde entier, transportée en partie par les troupes américaines revenant du Viêt Nam. Elle a tué environ 1 000 000 de personnes, principalement des personnes âgées. Des variantes subsistent encore aujourd'hui.
. 1981, Syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA). Le virus est probablement passé des chimpanzés aux chasseurs vers 1910, mais n'a eu qu'un impact limité jusqu'à ce qu'une variante explose dans les villes congolaises à croissance rapide dans les années 1980. Se propageant ensuite à Haïti, aux Etats-Unis, puis dans le monde entier, il a tué des dizaines de millions de personnes et reste une cause majeure de décès, en particulier en Afrique australe.
. 2002, Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Un coronavirus, qui fait partie d'une famille de virus provoquant de légers symptômes de rhume, est détecté pour la première fois dans le sud de la Chine. Il est probablement passé des chauves-souris à un animal intermédiaire, puis a infecté quelque 8000 personnes dans deux douzaines de pays, tuant environ 800 d'entre elles.
. 2009, grippe porcine. Un nouveau virus grippal est apparu dans des élevages de porcs aux Etats-Unis et au Mexique, puis s'est propagé dans plus de 70 pays. Près d'un milliard de personnes ont contracté la maladie et entre 50 000 et 575 000 personnes sont mortes la première année. Contrairement à la grippe de Hong Kong, elle est particulièrement dangereuse pour les enfants.
. 2012, Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS). Un nouveau coronavirus est passé des chauves-souris aux chameaux puis aux humains en Arabie saoudite. Il s'est répandu dans une vingtaine de pays, notamment en Corée du Sud. Environ 2500 personnes ont été diagnostiquées et 850 d'entre elles sont décédées – un taux de contagion faible, associé à un taux de mortalité très élevé.
. 2012, Ebola. Jusqu'alors rare, une importante épidémie d'Ebola s'est déclarée en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, tuant la moitié des personnes infectées. Elle s'est propagée en Europe et aux Etats-Unis, faisant plus de 11 000 victimes. Réapparaît en République démocratique du Congo en 2018-2020, infectant 3500 personnes et en tuant deux sur trois.
. 2015, Zika. Identifié pour la première fois en 1947 en Ouganda comme une maladie rare aux symptômes bénins : pendant soixante ans, moins de 20 cas humains ont été recensés. Une version mutante est apparue au Brésil en 2015, entraînant une pandémie majeure qui s'est propagée dans plus de soixante pays, provoquant de graves malformations congénitales chez les bébés nés de milliers de femmes infectées pendant leur grossesse.
Entre 2011 et 2018, l'Organisation mondiale de la santé a recensé 1483 épidémies dans 172 pays, soit en moyenne une épidémie tous les deux jours [5]. La plupart ont été de faible ampleur et se sont terminées rapidement, mais n'importe laquelle d'entre elles aurait pu devenir une pandémie régionale, voire mondiale, si elle avait bénéficié d'une combinaison adéquate d'erreurs de copie de gènes et de conditions environnementales. Les épidémiologistes, les microbiologistes et les virologues s'accordent généralement à dire que la fréquence et l'intensité des maladies zoonotiques augmentent, ce qui signifie que de nouvelles épidémies sont plus probables que jamais.
La maladie X
En 2016, le Dr Jonathan Quick, président du Conseil mondial de la santé, a décrit la « menace gigantesque » que représente l'émergence prochaine d'un agent pathogène jusqu'alors inconnu.
« Quelque part, un virus dangereux est en train de se développer dans le sang d'un oiseau, d'une chauve-souris, d'un singe ou d'un cochon, et se prépare à passer à un être humain. Il est difficile de comprendre l'ampleur d'une telle menace, car elle est susceptible d'anéantir des millions d'entre nous, y compris ma famille et la vôtre, en l'espace de quelques semaines ou de quelques mois…
« Il pourrait naître dans une ferme industrielle du Minnesota, dans un élevage de volailles en Chine ou dans les grottes d'éléphants du Kenya habitées par des chauves-souris, c'est-à-dire dans n'importe quel endroit où des animaux infectés sont en contact avec des êtres humains. Il peut s'agir d'une variante de la grippe espagnole de 1918, de l'une des centaines d'autres menaces microbiennes connues, ou d'un virus entièrement nouveau, comme le SRAS de 2003 qui s'est propagé à l'échelle mondiale à partir de la Chine. Une fois transmis à un être humain, un virus aéroporté peut passer de cette personne infectée à 25 000 autres en l'espace d'une semaine, et à plus de 700 000 au cours du premier mois. En l'espace de trois mois, il pourrait se propager à tous les grands centres urbains du monde. Et dans les six mois, elle pourrait infecter plus de 300 millions de personnes et en tuer plus de 30 millions…
« Les scientifiques ne savent pas de quel microbe il s'agit, ni d'où il vient, ni s'il se transmet par l'air, par le toucher, par les fluides corporels ou par une combinaison de voies, mais ils savent que les épidémies se comportent un peu comme des tremblements de terre. Les scientifiques savent qu'un « grand tremblement de terre » est à venir parce que des dizaines de nouveaux tremblements de terre plus petits se produisent chaque année dans le monde entier…
« Les experts en maladies infectieuses s'accordent à dire que, dans les conditions actuelles, la question n'est pas de savoir si une superbactérie apparaîtra et créera une pandémie mondiale. La question est de savoir quand. » [6]
En 2017, la Banque mondiale a mis en garde :
« Nous savons que ce n'est qu'une question de temps avant que la prochaine pandémie ne nous frappe. Nous savons également qu'il y a de fortes chances qu'elle soit grave. Elle peut signifier la mort à petit feu, se propageant insidieusement dans les populations, sans être reconnue pendant des années, comme le VIH dans les années 1980. Elle peut aussi frapper les gens avec une violence brutale et une rapidité foudroyante, plongeant brusquement les économies nationales dans le chaos, comme l'Ebola en Afrique de l'Ouest en 2014-2015. Quel que soit son mode d'attaque, la prochaine pandémie mortelle à grande échelle ne se produira au mieux que dans quelques décennies. » [7]
En 2017 également, l'Organisation mondiale de la santé a exhorté ses pays membres à concentrer leurs efforts de R&D sur une courte liste de maladies connues qui pourraient devenir pandémiques et pour lesquelles il n'existe pas de vaccins ou d'autres contre-mesures. La mise à jour 2018 de cette liste comprenait : la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, les virus Ebola et Marburg, la fièvre de Lassa, le SRAS et le MERS, les maladies de Nipah et henipavirales, la fièvre de la vallée du Rift et Zika. La liste se termine par la maladie X, reconnaissant qu'« une grave épidémie internationale pourrait être causée par un agent pathogène actuellement inconnu pour causer des maladies humaines ». [8]
L'OMS et la Banque mondiale parrainent un Global Preparedness Monitoring Board qui évalue et conseille les mesures nécessaires pour garantir une réponse rapide et efficace aux maladies épidémiques. Dans leur premier rapport annuel, publié deux mois seulement avant l'apparition du Covid-19 à Wuhan, les coprésidents du Conseil ont lancé un avertissement :
« La menace d'une pandémie d'un agent pathogène respiratoire à évolution rapide et hautement létale, tuant 50 à 80 millions de personnes et anéantissant près de 5% de l'économie mondiale, est bien réelle. Une pandémie mondiale de cette ampleur serait catastrophique et provoquerait des ravages, une instabilité et une insécurité généralisées. » [9]
Comme l'écrit Alex de Waal dans New Pandemics, Old Politics, « le Covid-19 a été la pandémie la moins inattendue de l'histoire » [10].
Impréparation
Dans The Challenge and Burden of Historical Time, Istvan M ?száros affirme que le système capitaliste est « incompatible avec la planification dans un sens autre que myope ». Même lorsqu'une catastrophe se profile, « la poursuite sans restriction de l'accumulation de capital, même si elle est dommageable, voire totalement destructrice », est la priorité absolue des entreprises et des Etats qui représentent leurs intérêts. L'impératif de profit a deux conséquences inévitables.
« 1. L'horizon temporel du système est nécessairement à court terme. Il ne peut en être autrement compte tenu des pressions dérégulatrices de la concurrence et du monopole et des moyens qui en découlent pour imposer la domination et la subordination, dans l'intérêt d'un gain immédiat.
« 2. Cet horizon temporel est également post festum [après le fait], c'est-à-dire qu'il n'est possible d'adopter des mesures correctives qu'une fois que le mal a été fait ; et même ces mesures correctives ne peuvent être introduites que sous une forme très limitée. » [11]
La réponse des pays les plus riches à la pandémie l'a démontré de manière puissante et tragique. Malgré des preuves scientifiques accablantes, malgré des livres et des classeurs remplis de plans détaillés et de lignes directrices stratégiques, malgré des appels répétés à investir dans la recherche sur les vaccins et à maintenir des stocks d'équipements de protection essentiels, les gouvernements du monde n'étaient absolument pas préparés à faire face au Covid-19 ou à quoi que ce soit d'autre de semblable.
En mai 2021, un groupe d'experts indépendants, nommé par l'Organisation mondiale de la santé pour évaluer l'état de préparation de la planète en cas de pandémie, a publié une évaluation sans détour :
« Il est clair pour le groupe que le monde n'était pas préparé et qu'il a ignoré les avertissements qui ont abouti à un échec massif : une épidémie de SRAS-COV-2 s'est transformée en une pandémie dévastatrice…
« Malgré les messages cohérents indiquant qu'un changement significatif était nécessaire pour assurer une protection mondiale contre les menaces de pandémie, la majorité des recommandations n'ont jamais été mises en œuvre. Dans le meilleur des cas, la mise en œuvre s'est faite au compte-gouttes…
« COVID-19 a mis en évidence un fossé béant entre des efforts limités et décousus en matière de préparation à la pandémie et les besoins et performances d'un système lorsqu'il est réellement confronté à une pandémie à évolution rapide et à croissance exponentielle. » [12]
De nombreux ouvrages et rapports décrivent les échecs flagrants des mesures prises par les pouvoirs publics pour faire face au Covid-19. Je ne répéterai pas ici cette histoire épouvantable. Mais il est important de noter qu'ils n'étaient pas seulement mal préparés – dans les décennies qui ont précédé le COVID, la plupart des gouvernements étaient impréparés [13].
« Dans les pays capitalistes avancés, les systèmes de santé publique ont été privés de financement, privatisés et vidés de leur substance au cours des quarante dernières années au profit du profit privé et du marché. Les dépenses de santé n'ont pas été orientées vers la prévention ou les soins primaires, mais principalement vers les traitements d'urgence…
« En conséquence, la plupart des systèmes de santé étaient déjà à la limite de leurs capacités de traitement des maladies avant que la pandémie n'éclate. En effet, il était considéré comme « efficace » de faire fonctionner les capacités de santé à 99%, sans aucune marge de manœuvre pour les urgences majeures. De nombreux systèmes de santé ne disposaient d'aucun stock d'équipements nécessaires aux pandémies virales, tels que des masques, des équipements de protection individuelle, des ventilateurs ou même des médicaments permettant d'atténuer l'impact du virus. Lorsque la pandémie a frappé, de nombreux systèmes de santé en Europe ont été débordés, obligeant à un « triage » et ignorant l'impact sur les établissements médico-sociaux (Ehpad). Finalement, les gouvernements ont dû imposer des fermetures drastiques. Les systèmes de santé ont alors été contraints de se concentrer sur les patients Covid-19 au détriment d'autres patients gravement malades, ce qui a entraîné des décès indirects. » [14]
Les politiciens néolibéraux ont réduit le financement de la recherche, démantelé les groupes consultatifs scientifiques et réduit à l'extrême les budgets de santé publique. Lorsque le Covid-19 a atteint les Etats-Unis, « il a trouvé un système de santé publique [qui]… pouvait à peine faire face à la maladie comme d'habitude, sans parler d'un nouveau virus à propagation rapide » [15]. Dans la plupart des pays du Sud, la situation est bien pire – les systèmes de santé déjà faibles ont été vidés de leur substance par les programmes d'austérité imposés par le Fonds monétaire international.
Comme l'a fait remarquer le groupe indépendant de l'OMS, il n'a pas été le premier organisme à recommander des changements urgents.
« Les étagères des salles de stockage des Nations unies et des capitales des Etats membres sont pleines de rapports d'examens et d'évaluations antérieurs qui auraient pu atténuer la crise sociale et économique mondiale dans laquelle nous nous trouvons. Ils sont restés ignorés pendant trop longtemps. » [16]
Aujourd'hui, nous disposons d'un autre programme visant à modifier en profondeur la manière dont les gouvernements et les institutions devraient répondre aux futures épidémies – et il a lui aussi été mis de côté. Personne, connaissant les antécédents du monde capitaliste, ne sera surpris que le programme du groupe spécial de l'OMC n'ait pas été mis en œuvre, ni même sérieusement envisagé.
Même s'il avait été accepté, le programme confirme une fois de plus le jugement de M ?száros : il s'agit d'une longue liste de mesures post festum, axées sur la réaction aux futures pandémies, et non sur leur prévention. Le proverbe de Benjamin Franklin sur « l'once de prévention qui vaut une livre de remède » ne trouve aucun écho dans les discussions officielles sur la préparation à la pandémie.
Des investissements massifs dans les soins de santé publique sont certainement nécessaires, et nous sommes admiratifs du dévouement des scientifiques et des travailleurs et travailleuses de la santé de première ligne qui s'efforcent de sauver les victimes d'Ebola, de la grippe, du SRAS-CoV-2 et d'autres virus émergents. Mais tant que les causes sociales et écologiques sous-jacentes subsisteront, la nouvelle ère des pestes se poursuivra, sans relâche et probablement de manière plus mortelle. (A suivre) (Article publié sur le blog de Ian Angus Climate&Capitalism le 26 mars 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)
Notes
[1] Global Preparedness Monitoring Board, “A World in Disorder : Annual Report 2020” (Geneva, September 2020), 3.
[2] Kyle Harper, Plagues upon the Earth : Disease and the Course of Human History, The Princeton Economic History of the Western World 46 (Princeton : Princeton University Press, 2021), 504.
[3] “Event 201,” accessed March 19, 2024, https://centerforhealthsecurity.org/our-work/tabletop-exercises/event-201-pandemic-tabletop-exercise.
[4] Creaven, Sean, Contagion Capitalism : Pandemics in the Corporate Age (London : Routledge, 2024). viii.
[5] Global Preparedness Monitoring Board, “A World at Risk : Annual Report on Global Preparedness for Health Emergencies” (Geneva : World Health Organization ;, 2019), 12.
[6] Jonathan D. Quick and Bronwyn Fryer, The End of Epidemics : The Looming Threat to Humanity and How to Stop It (New York : St. Martin's Press, 2018), 25.
[7] Global Preparedness Monitoring Board, “World at Risk,” 6.
[8] World Health Organization, “List of Blueprint Priority Diseases,” March 1, 2020.
[9] Global Preparedness Monitoring Board, “World at Risk,” 6.
[10] Alex De Waal, New Pandemics, Old Politics : Two Hundred Years of War on Disease and Its Alternatives (Medford : Polity Press, 2021), 14.
[11] István Mészáros, The Challenge and Burden of Historical Time : Socialism in the Twenty-First Century (New York : Monthly Review Press, 2008), 383.
[12] Independent Panel for Pandemic Preparedness and Response, “COVID-19 : Make It the Last Pandemic” (Geneva, Switzerland, May 2021), 15.
[13] I borrow the word from Alex de Waal, New Pandemics, Old Politics.
[14] Michael Roberts, “Pandemic Economics : The Global Response to Covid-19,” Theory & Struggle 122, no. 1 (June 2021) : 32–45.
[15] Ed Yong, “How Public Health Took Part in Its Own Downfall,” The Atlantic (blog), October 23, 2021.
[16] Independent Panel for Pandemic Preparedness and Response, “Make It the Last Pandemic,” 62.
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Mobilisation 6600 s’oppose à la construction de toute nouvelle route dans le secteur Assomption-sud

*Montréal, 26 mars 2024 –**La Ville de Montréal tient ce soir une séance publique d'information sur le prolongement du boulevard de l'Assomption et de la bretelle autoroutière Souligny dans le secteur Assomption-sud. Mobilisation 6600 a appris que deux scénarios seront présentés à la population de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve : un premier où le prolongement du boulevard de l'Assomption passerait à travers le Boisé Steinberg, et un deuxième où l'abandon du tronçon nord de la route permettrait d'épargner le Boisé.
*Or, pour la mobilisation citoyenne, il s'agit d'un seul et même scénario : le prolongement d'un accès routier vers l'autoroute 25 pour favoriser l'expansion de l'industrie portuaire et logistique. Les porte-paroles de la mobilisation seront présentes ce soir au Cégep de Maisonneuve pour présenter un scénario alternatif : aucun ajout de route supplémentaire et l'optimisation du réseau existant.
« La cohabitation entre industries et résidences, rendue difficile par l'expansion toujours croissante du Port de Montréal, commande de ne pas ajouter d'infrastructures qui favorisent une telle expansion », a affirmé Cassandre Charbonneau-Jobin, co-porte-parole de Mobilisation 6600 Parc-nature MHM. « Même si la Ville décide de préserver des espaces verts, nous n'accepterons pas que l'autoroute Souligny entre plus profondément dans le quartier pour se rapprocher de nos résidences, et vienne ajouter d'autres nuisances à la liste déjà trop longue de nuisances que les habitant.e.s subissent », a-t-elle ajouté la citoyenne, qui vit d'ailleurs dans le secteur.
« Combien de fois devons-nous répéter que la santé de la population du quartier est déjà fragilisée par les activités portuaires et la présence des industries ? La Direction régionale de la santé publique recommandait en 2019 la réduction des nuisances actuelles, pas l'ajout de nouvelles ! » a rappelé Anaïs Houde, co-porte-parole du mouvement citoyen. « Le Port de Montréal a construit une route temporaire pour permettre à ses camions de se diriger vers Souligny. Nous demandons que cette route soit pérennisée, tout simplement. Il n'y a pas besoin d'ajouter d'autres infrastructures ».
« Nous craignons que la Ville utilise l'argument la protection d'une partie du boisé pour nous faire oublier le prolongement d'une autoroute près de résidences, cela nous paraît de très mauvaise foi. Le discours des citoyen.ne.s a toujours été clair : nous ne voulons d'aucune nouvelle route dans le secteur. Nous voulons du courage politique pour un aménagement qui fait passer le vivant avant les industries » a conclut Cassandre Charbonneau-Jobin.
**À propos de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM**
Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM est un mouvement citoyen qui lutte depuis 2016 pour la préservation des espaces verts, de la santé et de la qualité de vie de la population de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Il revendique la création d'un Parc nature dans le quadrilatère Viau-Dickson-Hochelaga-Notre-Dame et s'oppose à l'installation de Ray-Mont Logistiques.
**Source :**Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM
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Les magouilles parlementaires de Québec solidaire – À quelles fins ?

À la fin du mois de mars 2024, le leader parlementaire du parti au pouvoir (CAQ), le Ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette, révélait qu'il avait conclu une entente confidentielle avec son homologue de Québec solidaire (QS), Alexandre Leduc. Selon les termes de l'entente, « QS s'engageait à ce que l'adoption par bâillon du projet de loi 15 sur le système de santé soit accélérée » en échange de quoi le Gouvernement s'engageait à soumettre à l'Assemblée nationale, un peu plus tard, un projet de loi de Québec solidaire visant à améliorer la protection des ainé·es contre les évictions.
Que la CAQ conclut des accords confidentiels, y compris à l'Assemblée nationale, ne surprend personne. L'absence de transparence est l'une des marques de fabrique du Gouvernement Legault (refus de communiquer les analyses des sites proposés à Northvolt, sur les taux d'arsenic de la Fonderie Horne, les pressions sur les juristes de l'État pour valider des avis juridiques etc.).
Les députés prennent-ils les militant.es pour des andouilles ?
Ce type de "deal confidentiel" a en revanche de quoi profondément agacer les militant·es de Québec solidaire. On rappellera par exemple que le 9 décembre 2023, soit le lendemain de l'adoption « accélérée » de la loi 15, QS publiait un communiqué dans lequel les députés en charge du dossier « santé » se félicitaient de leur travail :
« Grâce au travail acharné de Guillaume Cliche-Rivard et du leader parlementaire Alexandre Leduc, Québec solidaire est parvenu à arracher trois améliorations in extremis au projet de loi 15 ».
Et le député Cliche-Rivard poursuivait, de manière convaincue, « si la CAQ nous avait laissés faire notre travail jusqu'au bout, nous aurions pu limiter les dégâts ».
À moins de supposer que le député Cliche-Rivard n'était pas au courant de l'entente conclue par son leader afin d'accélérer l'adoption du projet de loi 15 - ce qui soulèverait alors des questionnements encore plus graves sur le fonctionnement du groupe parlementaire - les deux députés de QS prennent ouvertement leurs militant·es pour des andouilles.
Sur le fond, on rappellera que le PL.15, le « 2e plus gros projet de loi de l'histoire du Québec après le Code civil », transforme en profondeur le système de santé. Il a ainsi été dénoncé par les centrales syndicales comme une réforme « bureaucratique », « managériale » qui remet en cause « profondément les relations de travail et les catégories d'emplois » et qui encourage la privatisation du système de santé.
La réforme du système de santé contre la protection des ainé.es ?
Et qu'a obtenu le leader parlementaire Alexandre Leduc en échange de ce passage en force d'une réforme qualifiée par les syndicats comme « la plus grande opération de centralisation en santé de l'histoire du Québec » ?
On ne s'attardera pas ici sur l'humiliation du leader de QS, qui a vu ses petites combines dévoilées au grand jour. Certain·es pourront partager son opinion selon laquelle il « n'est pas très élégant (…) pas digne de la fonction » d'un ministre, de trahir une magouille parlementaire ; on retiendra quant à nous le discrédit que ce type d'entente confidentielle avec la droite réactionnaire jette sur les partis de gauche en général.
Mais il convient d'insister sur le fond de ce « deal » qui a justifié d'accélérer les « dégâts » dans le système de santé.
En échange, le leader de la gauche parlementaire a donc obtenu que soit discuté à l'Assemblée nationale un projet de loi visant à protéger les ainé·es qui vivent sous le seuil de pauvreté ; sans aucune garantie, évidemment, que le texte soit adopté. Le Premier ministre, le Ministre de la justice, la Ministre de l'Habitation, ont d'ailleurs immédiatement fait savoir dans les médias qu'ils n'appuyaient pas le projet.
Et que contient ce projet de loi ? Il prévoit principalement d'élargir la protection des locataires ainé·es contre certaines évictions, en abaissant l'âge des bénéficiaires de 70 ans à 65 ans. C'est une mesure certainement bénéfique pour des ainé.es qui risquent de se retrouver à la rue ou en CHSLD et dans tous les cas complètement déraciné.es. On rappellera cependant que selon une étude réalisée par Me Benjamin Paré, le dispositif actuellement en vigueur n'a été invoqué au tribunal avec succès que par une soixantaine de locataires entre 2016 et 2022, soit dix par an. Rien d'étonnant alors à ce qu'en 2016, les députés de la CAQ les plus proches des associations de propriétaires aient également voté en faveur l'adoption de cette loi, qui ne change rien ou presque mais qui peut faire croire que l'Assemblée se préoccupe du sort des ainé·es.
Certes, les petits ruisseaux font les grandes rivières et l'abaissement de l'âge des bénéficiaires à 65 ans permettrait évidemment d'augmenter le nombre de potentiels bénéficiaires. Mais ce projet apparait très limité, très conservateur et il ne réglera en rien l'incapacité de payer les loyers des ainé·es, les fermetures de RPA, les discriminations dont sont manifestement victimes les ainé·es en matière d'accès à un logement etc.
Surtout, ce n'est certainement pas avec ce type de magouilles parlementaires et de projet de loi que Québec solidaire réussira à mobiliser à gauche et à construire une opposition crédible aux politiques réactionnaires de la CAQ, que ce soit en matière de logement ou de santé. D'autant moins quand certains députés de QS, y compris un de ses porte-paroles, s'évertuent dans le même temps à reprendre à leur compte le discours raciste du Gouvernement caquiste qui ne cesse de marteler que la crise du logement, comme la crise dans le système de santé sont le fait des étrangers, des étrangères, des migrant·es temporaires, des demandeurs et demandeuses d'asile et de leurs enfants.
Camille Popinot
31 mars 2024

Un gouvernement qui travaille à la dépossession du bien commun

Le premier ministre du Québec, député de L'assomption, et le gouvernement de la CAQ permettent à leur superministre de l'économie, de l'innovation et de l'énergie et autres, Pierre Fitzgibbon, de prioriser la privatisation de ressources publiques, en cédant des droits liés à la production électrique sur le territoire du Québec à des compagnies privées, alors que la CAQ n'a nullement reçu de la part de la population lors des dernières élections le mandat de céder ou privatiser partiellement ou totalement la production et la distribution de notre énergie électrique.
Autres signataires : Jacques Benoit, Gmob (Groupe Mobilisation), Michel Jetté, Gmob (Groupe Mobilisation), Louise Sabourin, Gmob (Groupe Mobilisation), Julie Robillard, Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MÉPACQ), André Bélisle, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Josée Harnois, Table régionale des organismes volontaires d'éducation populaire (TROVEP) de la Montérégie, Patricia Posadas, Prospérité sans pétrole, Rimouski, Martin Poirier, Annie Landry et Stéphane Poirier.
Le Journal de Quebec | lettre de GMOB
26 mars 2024
Le Québec peut-il oublier les effets bénéfiques pour la société québécoise tout entière du travail accompli par René Lévesque pour que la production et la distribution électriques soient nationalisées par Hydro-québec ? Et cette électricité ne doit-elle pas rester propriété du peuple québécois ?
En agissant ainsi, le gouvernement Legault met en route notre dépossession d'un bien commun national au profit d'intérêts privés.
Nous considérons que le premier ministre du Québec agit de façon antidémocratique et contre l'intérêt des institutions publiques et du peuple québécois.
PRIVATISATION
Le premier ministre du Québec, député de L'assomption, et le gouvernement de la CAQ permettent au ministre de la Santé, Christian Dubé, de privatiser la première ligne du système public de santé et entérinent la construction d'hôpitaux privés qui viendront en compétition avec le système public pour les ressources tant financières, matérielles qu'humaines.
Cette privatisation canalise lesdites ressources vers des intérêts privés au détriment de ce bien commun du peuple québécois qu'est le système public de santé. Est-ce que la CAQ a reçu le mandat, lors des dernières élections, de procéder à un tel affaiblissement du système public de santé du Québec ?
En agissant ainsi, le gouvernement Legault engendre notre dépossession d'une partie de notre réseau public au profit d'intérêts privés.
Le premier ministre du Québec, député de L'assomption, et le gouvernement de la CAQ permettent au ministre de l'environnement et de la Lutte contre les Changements climatiques, Benoit Charette, d'accepter que les règlements permettant la tenue d'un BAPE soient changés au profit de compagnies privées, sans consulter la population. Cela crée une fois de plus un déficit démocratique important dans le contexte d'une crise climatique planétaire dont plus personne ne peut nier l'existence ni les effets dévastateurs.
Ce faisant, le gouvernement Legault favorise l'exploitation abusive de territoires riches en biodiversité malgré des avis l'avertissant du danger d'extinction d'espèces animales et végétales, dans le contexte d'une crise de la biodiversité que les scientifiques reconnaissent comme la « sixième grande extinction de la vie ».
De plus, ce gouvernement, en toute connaissance de cause, permet que les normes environnementales de la Santé publique ne soient pas respectées afin de favoriser des entreprises privées. Les conséquences sont évidentes : détérioration de la santé de la population locale, chez qui on constate des décès prématurés, tout comme on constate la dévitalisation des territoires concernés. En agissant ainsi, le gouvernement Legault confirme notre dépossession d'une partie de notre territoire, de notre patrimoine naturel et de notre droit à la santé et à la sécurité au profit d'intérêts privés.
DÉPOSSESSION DE NOS DROITS
Le premier ministre du Quéde bec, député L'assomption, et le gouvernement de la CAQ permettent à la ministre de l'habitation, France-élaine Duranceau, qu'une masse critique de la population subisse des chocs économiques sous la forme d'augmentations spectaculaires des loyers, engendrant ainsi une crise sociale que l'on aurait crue chose du passé. Le gouvernement avalise, une fois de plus, une réglementation déficiente qui prive les citoyens de logements abordables ainsi que de droits qui les protégeraient d'augmentations et d'évictions abusives et de spéculateurs sans scrupules tant nationaux qu'internationaux.
En agissant ainsi, le gouvernement Legault confirme la dépossession des personnes et des familles les plus démunies d'un droit essentiel qu'est la capacité de se loger sans s'appauvrir encore plus, sans basculer dans l'indignité, sans risquer de se retrouver sans abri, et ce, au profit d'intérêts privés.
Le premier ministre du Québec, député de L'assomption, et le gouvernement de la CAQ organisent ainsi la dépossession de certains de nos droits (droit au logement, à la santé, à la sécurité) et de nos institutions publiques les plus névralgiques (énergie et santé), essentielles pour nous aider à faire face aux différentes problématiques liées aux changements climatiques. Leur « gouvernance » les amène à vendre les ressources du Québec, nous rappelant les heures les plus sombres de notre histoire.
■ Face à ces trahisons liées aux niveaux les plus névralgiques de nos institutions publiques, face à l'intention d'affaiblir, voire déposséder, nos institutions publiques au profit d'intérêts privés ;
■ Face à l'incompétence du gouvernement à protéger sa population contre des abus économiques ;
■ Face au non-respect des consensus sociaux sur la protection d'une biodiversité qui a la capacité de mitiger les effets dévastateurs des changements climatiques, et à l'attaque de nos institutions publiques si nécessaires face aux différentes crises (sociales, économiques, climatiques et de la biodiversité) dans lesquelles nous sommes plongés ;
■ Et face au fait que François Legault accélère les processus de dépossession du bien commun, tout en perpétuant un modèle économique qui est la cause de la majorité des crises actuelles ;
Nous considérons que le premier ministre du Québec agit de façon antidémocratique et contre l'intérêt des institutions publiques et du peuple québécois.
Et, pour toutes ces raisons, comme signataires de cette lettre, nous demandons la démission immédiate de François Legault.

L’hypocrisie de l’administration américaine et l’insolence israélienne

Gilbert Achcar livre son analyse des positions actuelles des États-Unis, dans le contexte de l'adoption de la résolution qu'ils ont proposée au Conseil de sécurité de l'ONU.
Tiré de Inprecor 719 - avril 2024
27 mars 2024
Par Gilbert Achcar
Il est vraiment étonnant que Washington se soit abstenu lors du vote sur la résolution adoptée lundi par le Conseil de sécurité de l'ONU. Or, cette résolution est tout à fait cohérente avec la position américaine qui rejette l'appel à un cessez-le-feu permanent. Elle appelle seulement à « un cessez-le-feu immédiat pour le mois de Ramadan » (dont une bonne moitié est déjà écoulée), ajoutant en guise de vœu pieux que cela devrait « conduire à un cessez-le-feu durable » (la résolution n'utilise pas en anglais le terme « permanent », mais « lasting » (durable), qui n'équivaut pas à une cessation définitive). Les parties qui ont rédigé la résolution ont fait un effort particulier pour utiliser des expressions et des concepts qui puissent satisfaire Washington afin que le texte réconcilie la position américaine avec la position arabe. Ainsi, la résolution condamne « toutes les attaques contre les civils et les biens civils, ainsi que toutes les violences et hostilités contre les civils, et tous les actes de terrorisme » rappelant que « la prise d'otages est interdite par le droit international ».
Hypocrisie et mensonges
La résolution était telle cette fois-ci que la Grande-Bretagne elle-même a pu voter pour elle, après s'être jusqu'à présent alignée sur la position américaine, n'osant la contredire qu'en s'abstenant une fois pendant que Washington utilisait son veto. Quant à la justification par l'administration américaine de son abstention de lundi en soulignant que la résolution ne nomme pas le « Hamas », c'est un prétexte tout à fait vain qui ne peut tromper personne, puisque la résolution ne nomme pas non plus Israël, même en parlant de la nécessité d'ouvrir la voie à l'aide internationale !
En effet, éviter les deux désignations directes constituait l'un des compromis sur lesquels repose la résolution. La vérité est que l'abstention de Washington visait à tenter d'apaiser le ressentiment de la partie israélienne afin que Washington ne donne pas l'impression de participer à un consensus du Conseil de sécurité de l'ONU sur une résolution qu'Israël rejette. Samedi dernier, le ministre des Affaires étrangères du Likoud-sioniste, Israel Katz, avait déjà accusé les Nations unies d'être devenues, sous la direction de leur actuel secrétaire général Antonio Guterres, « un organisme antisémite et anti-israélien qui protège et encourage la terreur » ! Avec cela, la politique habituelle d'Israël consistant à qualifier d'antijuive toute critique de sa politique a atteint un nouveau niveau de décadence et de vulgarité.
La préparation du massacre
Quant à l'administration du président américain Joe Biden, elle a atteint pour sa part un nouveau degré en matière d'hypocrisie. Elle continue à fournir à Israël armes et munitions, comme elle a commencé à le faire dès le début de la guerre sioniste génocidaire contre Gaza, de sorte qu'elle est devenue pleinement complice de l'assaut en cours, qui est de fait la première guerre entièrement conjointe entre les États-Unis et l'État sioniste. Tandis que Benjamin Netanyahou a annulé la visite à Washington d'une délégation conduite par l'un de ses conseillers en affaires stratégiques, le ministre de la « Défense » de son gouvernement, Yoav Galant, qui est bien sûr membre aussi du cabinet de guerre restreint formé au début de l'assaut actuel, est arrivé lundi à Washington.
Sa visite est bien plus importante que celle qui a été annulée par Netanyahou. À son arrivée dans la capitale américaine, Gallant a déclaré que ses forces armées envahiront inévitablement Rafah. Il est venu consulter l'administration Biden sur la manière de préparer l'invasion de Rafah de sorte à ce que les deux parties puissent prétendre avoir pris en compte les considérations humanitaires, devenues une question hautement sensible pour l'administration américaine.
Une position inhumaine
Il va sans dire que cette sensibilité ne découle pas d'un quelconque attachement aux considérations humanitaires elles-mêmes. Comment pourrait-elle en découler d'ailleurs alors que Washington a pleinement participé au meurtre d'environ quarante mille personnes avec des dizaines de milliers de blessé·es, dont un pourcentage élevé de blessures graves ; à la destruction de la bande de Gaza à un degré sans précédent dans l'histoire, au vu de l'ampleur des dégâts causés en quelques mois ; et au déplacement de la grande majorité de la population de la bande de Gaza vers la région de Rafah ?
Les caisses d'aide alimentaire que Washington lâche du ciel sont des gesticulations qui sont loin de disculper l'administration américaine comme elle le souhaite, puisque tous les responsables de l'aide humanitaire internationale ont confirmé qu'il s'agissait d'un moyen coûteux et inefficace pour éliminer la famine meurtrière qui se propage parmi les Gazaoui·es. Ils pointent plutôt du doigt les milliers de camions alignés du côté égyptien de la frontière, dont Israël empêche l'entrée, alors qu'il suffirait à Washington de faire pression sur l'État sioniste en le menaçant sérieusement de cesser son soutien militaire afin de l'obliger à ouvrir les portes de l'aide par voie terrestre, seule voie véritablement capable de réduire la crise humanitaire et d'empêcher la propagation de la famine et son exacerbation.
Jeux d'influence sordides
Quant au port qu'ils construisent sur la côte de Gaza, il n'est pas non plus capable de résoudre la crise. De plus, on est tout à fait en droit de s'interroger sur la véritable intention qui se cache derrière, car cela pourrait être utilisé afin d'encourager les Gazaoui·es à émigrer si les portes du Sinaï leur restaient fermées. En effet, le gouvernement sioniste-fasciste a l'intention d'achever la deuxième Nakba en déracinant une fois de plus les Palestiniens de la terre de Palestine, cette fois de la bande de Gaza. Leur intention première était de les expulser vers le Sinaï, mais le rejet de cette perspective par le régime d'Abdel Fattah al-Sisi (pour des raisons de sécurité et non pour des raisons humanitaires, bien entendu) les a amenés à envisager de les expulser vers diverses parties du monde. Ils ont établi des contacts avec plusieurs pays dans ce but, selon le propre témoignage de Netanyahu.
Récemment, des voix se sont élevées en Israël pour suggérer de concentrer les habitants de Gaza dans un coin du désert du Néguev, à la frontière égyptienne, afin que l'État sioniste puisse annexer la bande de Gaza en tant que terre de plus grande valeur, notamment en raison de sa côte. Tout cela a inquiété Washington, qui l'a poussé à inviter Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, opposant à Netanyahou et au gouvernement du Likoud, pour discuter de la question avec lui. Washington a également reçu Gallant, qui est lui aussi un opposant à Netanyahou, mais de l'intérieur du Likoud. L'administration américaine s'inquiète du projet d'expulsion, qui contredit sa position appelant à préserver le cadre d'Oslo et à faire en sorte que « l'Autorité palestinienne » supervise à nouveau la bande de Gaza, principalement sous tutelle israélienne, qui pourrait s'accompagner du déploiement de forces régionales ou internationales.
Intertitre d'Inprecor. Publié sur le blog Mediapart.
Note de l'auteur : Ceci est la traduction de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est paru le 26 mars en ligne et dans le numéro imprimé du 27 Mars. Vous pouvez librement les reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.
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Manif du jour de la Terre 2024 : reprenons le contrôle de notre avenir énergétique !

Statue de George-Étienne Cartier, Parc du Mont-Royal.
La planète n'est pas à vendre, et les territoires non cédés non plus ! Le dimanche 21 avril, rejoignez-nous pour reprendre contrôle de notre avenir énergétique.
Événement co-organisé par Pour le Futur Montréal, Attac Québec, La planète s'invite au parlement, Le chœur de la transition.
La « transition énergétique » de la CAQ, c'est privatiser Hydro-Québec, construire des méga-usines de batteries et se lancer tête première dans l'hydrogène. C'est vendre l'eau, l'électricité et les terres à petit prix en ouvrant grand la porte aux multinationales qui exploitent déjà le sud, toujours contre la volonté des populations locales. Nous ne permettrons pas. Rejoignez-nous pour exiger une transition écologique, juste, et démocratique.
Cette manif se fait en collaboration avec le Choeur de la transition - en plus des slogans habituels, nous aurons le plaisir de chanter ensemble un répertoire de chants engagés. Chacun.e est invité.e à rejoindre les choristes afin de faire entendre toutes nos voix ensemble !
🌎 21 avril 2024 - Montréal :
https://www.facebook.com/events/934588828244577
🌎 21 avril 2024 - Capitale nationale :
https://www.facebook.com/events/1449343342665697
🌎 22 avril 2024 - Sherbrooke :
https://www.facebook.com/events/431264126061443

Relations : réparer les pots cassés

Nous sommes des membres actuels ou anciens du comité de rédaction de Relations, revue, fondée en 1941 par un groupe de jésuites progressistes, et publiée sans discontinuité depuis. Relations offre à la société québécoise une parole engagée et unique en son genre : elle pose sur les grands enjeux sociaux des regards croisés complémentaires (sociologique, philosophique, anthropologique, théologique, artistique, littéraire, militant, etc.), de croyants et non-croyants.
Le 21 mars 2024, le comité de rédaction était réuni à la Maison Bellarmin. Nos collègues à l'emploi du Centre justice et foi (CJF) qui publie la revue nous ont annoncé leur mise à pied à compter de 17 h, pour une durée indéterminée. Cette décision du conseil d'administration leur avait été annoncée deux jours avant. L'équipe était atterrée et nous aussi. Toutes les activités devaient être immédiatement interrompues, y compris la production de Relations.
Jamais le CA n'en avait évoqué la possibilité auparavant ni cherché des pistes de solutions avec l'équipe du CJF pour éviter cette mise à pied brutale. C'est d'autant plus ahurissant qu'entre l'annonce de la décision et sa concrétisation, soit 48 heures, l'équipe avait élaboré un plan d'urgence. Elle proposait de travailler encore un mois, payée à temps partiel, afin de permettre de boucler des engagements importants, dont la parution du numéro d'été, à défaut de quoi des subventions pourraient être compromises et la crédibilité morale et financière du Centre et de la revue gravement entachées, entre autres conséquences. Peine perdue.
Nous dénonçons cette décision du CA, au sein duquel siègent des jésuites, et sa brutalité envers l'équipe du CJF. Elle contrevient frontalement à l'esprit de concertation et de solidarité qui a animé toutes les activités du CJF depuis sa fondation. Cela nous semble indigne d'un CA chargé de veiller à la mise en œuvre de sa mission, et des jésuites qui l'ont soutenu. Cette mise à pied, même temporaire, menace la survie même du CJF et d'une des plus anciennes revues francophones au Québec, dont la renommée n'est plus à faire.
On a traité cette revue comme si elle n'était qu'un vulgaire bulletin. Le CA affirme espérer reprendre sa publication d'ici la fin de l'été, mais sait-il ce que signifie une telle interruption dans la production d'une revue ? On peut en douter. De multiples partenaires (auteurs et autrices, artistes correcteurs, graphistes, distributeur, subventionnaires, annonceurs, etc.) sont concernés ; l'interruption ne peut que fragiliser sinon compromettre l'existence de la revue. C'est sans parler du lectorat et des abonnés dont une bonne partie sont fidèles depuis des décennies : ils n'auront pour s'informer de la situation qu'un communiqué de presse lapidaire. Or, la rupture du lien de fidélité avec le lectorat pour une revue, dans l'univers médiatique actuel, peut être source d'une hémorragie fatale.
Chose certaine, toute la scène intellectuelle québécoise souffrira de l'affaiblissement de la revue causée par cette décision. Est-ce possible que les autorités jésuites actuelles veuillent prendre le risque de dilapider un tel héritage ?
Si le Provincial des jésuites et le CA ne reviennent pas sur la décision de mettre à pied l'équipe, nous serions amenés à nous poser de sérieuses questions sur les raisons profondes qui les motivent, les difficultés (budgétaires ou autres) ne justifiant en rien autant d'inconséquences. L'écart est scandaleux entre les souhaits exprimés et les effets réels : s'engager « à assurer un processus sans heurt » pour le personnel, alors qu'il est mis à pied de manière brutale, sans considération éthique, en contradiction flagrante avec les valeurs du Centre, et espérer, en plus, sa collaboration en vue « de redéfinir le positionnement et les priorités » de l'organisme ! Comment peut-on espérer cette collaboration si on mine en même temps l'envie des employés d'y œuvrer ?
Y aurait-il un plan politique derrière cette mise à pied ? Serions-nous en face d'un désaveu de l'héritage du christianisme social laissé par les jésuites du Québec, potentiellement lié à la création, en 2018, d'une province jésuite désormais pancanadienne ? Est-ce le fruit de pressions de donateurs importants d'œuvres jésuites à la suite d'actions, de publications, ou de prises de position du Centre et/ou de la revue ? Nous n'osons le croire.
Relations fait partie d'un patrimoine vivant trop précieux pour qu'on le laisse être fragilisé et menacé ainsi sans intervenir.
Gilles Bibeau, anthropologue, professeur émérite de l'Université de Montréal
Jean-Claude Ravet, ex-rédacteur en chef de Relations
Suivent les membres et anciens membres du comité de rédaction, co-signataires :
Élisabeth Garant, ex-directrice de Relations et du CJF
Jean Pichette, ex-rédacteur en chef de Relations
Carolyn Sharp, ex-directrice de Relations
Gisèle Turcot, ex-directrice de Relations
Catherine Caron, ex-rédactrice-éditrice à Relations
Amélie Descheneau-Guay, ex-secrétaire de rédaction de Relations
Louis Rousseau, historien, professeurs émérite de l'UQAM
Denise Couture, théologienne
Claire Doran
Marie Célie Agnant, écrivaine
Mélanie Chabot
Marie-Noëlle Ryan, Département de philosophie, Université de Moncton
Krystof Beaucaire
Alice Chipot, engagée pour les droits humains
Céline Dubé
André Beauchamp, chercheur associé au CJF
Rolande Pinard, sociologue
Guy Dufresne, politologue
Gilles Bourque, sociologue, professeur émérite de l'UQAM
Dominique Bernier
Michel Beaudin, théologien, professeur à l'Université de Montréal.
Jonathan Durand Folco
Jean-François Filion, professeur de sociologie à l'UQAM
Yves-Marie Abraham
Jacques Boucher, professeur retraité de l'UQO
Louis Gaudreau
Osire Glacier
Michaël Séguin, professeur adjoint en leadership, écologie et équité, Université Saint-Paul
Louise Boivin, chercheuse et professeure honoraire de l'UQO
Sylvie Paquerot
Marc-André Gagnon, professeur de politique publique
Vincent Greason
Normand Breault
Paul Wattez
Pierre Durocher
Guy Bourgeault
Brice Simeu
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À propos de la décision de suspendre les activités du Centre justice et foi et de la revue Relations

La mise à pied expéditive et sans appel de toute l'équipe de travail, en plus d'être indigne des valeurs du Centre, met également en péril la capacité du CJF de reprendre ses activités. Que le Centre veuille faire une pause est une chose, qu'il fasse payer à son équipe et au public qui le suit en est une autre. Le Journal des Alternatives s'associe à ceux et celles qui sont renversés et choqués par la décision, et la méthode retenue.
28 mars 2024 | tiré du journal des Alternatives
Destinataires :
Erik Oland
Provincial des jésuites du Canada,
eoland@jesuits.ca
Peter Bisson, Président par intérim du Conseil d'administration,
Centre justice et foi
pbisson@jesuits.org
Bonjour
Nous avons appris la mise en veille des activités du Centre justice et foi (CJF) et de la revue Relations, et la mise à pied de toute son équipe de travail dans un délai inacceptable. Selon le communiqué officiel émis par le conseil d'administration du CJF, « cet exercice a pour but d'assurer la pérennité de notre importante mission, ancrée dans nos valeurs profondes, c'est-à-dire la justice et la solidarité. » Nous croyons cependant que les méthodes utilisées ne respectent l'esprit de solidarité que la décision du CA prétend suivre.
Interrompre ses activités de cette manière précipitée et unilatérale compromet la crédibilité de l'organisation auprès de partenaires, publics, financiers et autres, ainsi que le lectorat de _Relations_. Nous partageons avec nos collègues d'autres organismes et publications qu'un tel dommage serait susceptible de compromettre pour de bon la pérennité du CJF.
Ensuite, la mise à pied expéditive et sans appel de toute l'équipe de travail, en plus d'être indigne des valeurs du Centre, met également en péril la capacité du CJF de reprendre ses activités. Que le Centre veuille faire une pause est une chose, qu'il fasse payer à son équipe et au public qui le suit en est une autre. Le Journal des Alternatives s'associe à ceux et celles qui sont renversés et choqués par la décision, et la méthode retenue.
La revue Relations jouit d'un prestige sans équivoque au Québec depuis 1941. Elle est aussi un espace de réflexion indépendante et libre penseur peu commun, dans un paysage médiatique qui lui confère une exceptionnalité. Aussi le travail du Centre au plan du combat contre le racisme systémique et l'islamophobie est un point d'appui dans la montée de l'intolérance.
Nous invitons donc le conseil d'administration à revoir sa décision et à ouvrir un dialogue avec ses salarié.es et ses collaborateurs-trices en vue de définir une sortie de crise qui permette à cet héritage démocratique de poursuivre son travail d'éducation citoyenne.
C'est pourquoi nous voulons nous associer à la mobilisation en cours pour que la voix du Centre et de Relations puisse être entendue encore dans l'avenir.
Solidairement,
Ronald Cameron
responsable de la rédaction
Journal des Alternatives — Plateforme altermondialiste

Gaza : des syndicats étudiants et de professeur·es d’universités québécoises se mobilisent. Que font les recteurs et les rectrices ?

Après de multiples actions étudiantes, conférences (dont certaines annulées), résolutions (dont une contestée au tribunal), grèves de la faim, les enseignant.es d'universités québécoises se mobilisent à leur tour et adoptent des résolutions en soutien au peuple palestinien et pour un cessez-le-feu immédiat.
On sait notamment que le Syndicat des professeures et professeurs de l'Université du Québec à Montréal (SPUQ) a adopté une première résolution en février 2024 ; les chargé.es de cours de l'UQAM (SPPEUQAM) et de Rimouski (SUCCUQAR) ont endossé une lettre d'appui en mars 2024 ; enfin, plus récemment, le syndicat des professeur·es de l'Université de Montréal (UdM) a adopté une résolution à l'unanimité.
Ces appels de la communauté universitaire ont minimalement pour point commun d'exiger que les conseils d'administration et les directions universitaires documentent leurs pratiques et s'assurent qu'elles ne contribuent pas à encourager ou à commettre un génocide à Gaza.
Cependant, à notre connaissance, les membres des conseils d'administration, les recteurs et les rectrices Québécoises, le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI) restent obstinément silencieux et silencieuses sur ces demandes formelles de leurs membres et sur les actions entreprises pour documenter leurs pratiques.
Le 27 mars 2024, la rapporteure spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens déclarait quant à elle :
"Après cinq mois de surveillance et d'analyse de l'attaque israélienne contre Gaza, mon rapport conclut qu'il existe des motifs raisonnables de croire qu'Israël commet le crime de génocide contre les Palestiniens"
Camille Popinot
28 mars 2024

Lancement du site Internet Engagez la différence

Saint-Jérôme, le 25 mars 2024 – La Table pour l'intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées des Laurentides (TIMEPHL) est fière d'annoncer le lancement du site Internet Engagez la différence, visant à favoriser l'intégration des personnes handicapées au marché de l'emploi.
Les employés handicapés, une richesse pour les entreprises Ce site Internet est un outil numérique d'information et de sensibilisation à l'intention des employeurs et de toutes personnes (intervenants et parents) concernées par
l'intégration socioprofessionnelle des personnes en situation de handicap.
Les personnes intéressées y retrouveront de l'information sur les thèmes suivants : les particularités relatives à chaque diagnostic, les pratiques optimales en matière d'intégration en milieu de travail, des conseils pour les employeurs et les employés qui accueillent un·e collègue présentant des limitations, les ressources partenaires et les
programmes pouvant soutenir et contribuer au maintien en emploi des personnes handicapées, des témoignages d'employeurs et d'employés présentant des limitations, ainsi que des articles de presse sur le sujet de l'inclusion en milieu de travail.
L'information offerte sur ce site Internet sera donc utile sur le plan local, régional ou national. Pour le consulter, rendez-vous à l'adresse suivante :
www.engagezladifference.quebec
Les membres de la TIMEPHL impliqués dans ce projet sont : la Direction régionale de Services Québec des Laurentides, l'Office des personnes handicapées du Québec, Dysphasie Laurentides, Intégration-Travail Laurentides, SPHERE (Soutien à la Personne Handicapée En Route vers l'Emploi), le CISSS des Laurentides, et le Regroupement pour
la concertation des personnes handicapées des Laurentides.
Nous remercions l'Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ), ainsi que le gouvernement du Québec pour leur soutien financier, nécessaire à la réalisation du projet.
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Palestine : Une solidarité qui doit s’intensifier

La tuerie se poursuit à Gaza, Israël n'ayant de cesse de justifier ses actions comme étant des actes de légitime défense face à l'attaque du Hamas. Cette invocation de la légitime défense est particulièrement fallacieuse puisque le droit international est clair : la légitime défense ne peut être invoquée par une puissance coloniale contre un mouvement de libération nationale. Or Israël est bel et bien une puissance coloniale occupant illégalement des territoires palestiniens.
Se réclamer de l'Holocauste pour dire
que Dieu est avec nous en toutes
circonstances est aussi odieux que le
« Gott mit uns » qui figurait sur
le ceinturon des bourreaux.
• Emmanuel Levinas
La radicalisation droitière en Israël
Ce qui est particulièrement inquiétant en marge du massacre délibéré de toute une population civile à Gaza, c'est la droitisation que cela révèle chez la population juive israélienne. Dans un blog publié sur le site de l'Agence media Palestine, Jonathan Ofir faisait état d'une enquête publiée par l'Institut israélien de la démocratie montrant que 68% des Juifs israéliens s'opposaient au transfert de l'aide humanitaire à la population de Gaza. Dans ces circonstances il ne faut pas s'étonner du fait que des manifestants israéliens bloquent le passage des convois humanitaires près de Rafah et soient loin d'être réprimés pour ces gestes. Il en concluait que les « Israéliens ne semblent même plus se soucier de maintenir un semblant de libéralisme – ils sont passés en mode génocide ».
Cela se fait aussi lourdement sentir dans les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Ainsi, selon des données recueillies par des organismes de défense des droits humains, 422 personnes palestiniennes (108 mineurs) ont été tuées depuis le 7 octobre, 4690 blessées (724 mineurs), 7725 arrêtées. Les démolitions de maison se poursuivent, les raids de l'armée israélienne ont doublé depuis le 7 octobre et on a recensé 660 attaques de colons israéliens contre les Palestinien.nes. Il y a plus de 9000 Palestinien.nes détenues dans les prisons israéliennes, dont plusieurs en détention administrative (i.e. sans accusation précise et, a fortiori, sans procès). De plus Israël s'est approprié 8 000 dunums de terres palestiniennes dans la vallée du Jourdain, terres sur lesquelles le ministre des finances, Smotrich, se propose de construire de nouvelles colonies
Pendant ce temps à Gaza, le décompte macabre s'accélère. Si l'armée israélienne n'a pas encore lancée sa grande offensive contre Rafah, elle n'en poursuit pas moins ses opérations tant à Rafah que dans le reste de Gaza : ce sont encore des bâtiments civils et des hôpitaux qui sont principalement pris pour cible. Ceci sans compter la famine et les maladies liées à l'absence d'eau potable et de soins médicaux qui risquent d'accélérer le processus, de même que les morts de nourrissons et de jeunes enfants. Ainsi Gaza est passé du statut de prison à ciel ouvert à celui encore moins enviable de camp d'extermination.
Une fois de plus, Israël ignore la volonté de la communauté internationale et feint de croire que les décisions du conseil de sécurité ou celles de la Cour internationale de justice ne sont que des recommandations alors qu'elles constituent des obligations. Même si les États-Unis semblent avoir momentanément renoncé à utiliser leur droit de veto au conseil de sécurité de l'ONU, ils n'en continuent pas moins d'alimenter la machine de guerre israélienne.
Renforcer la solidarité internationale
L'expérience nous a montré que la plupart des États occidentaux continuent de soutenir, d'une façon ou d'une autre, Israël. Ce n'est que la solidarité des peuples qui peut parvenir à faire changer la donne pour la population palestinienne.
Le 23 mars, une coalition de plus de 200 organisations québécoises organisait une marche de solidarité avec le peuple palestinien. Il est à souhaiter que ce genre de coalition continue à agir ensemble pour montrer notre détermination à empêcher que le Québec et le Canada ne se fassent les complices d'un État génocidaire et maintenir une pression qui a permis que le gouvernement canadien appelle (tardivement) au cessez-le-feu à Gaza, recommence à financer l'UNRWA et révise sa politique de vente d'armes à Israël. Il semble que nous devons également redoubler d'effort par rapport au gouvernement québécois qui, non seulement a décidé d'ouvrir un bureau du Québec à Tel Aviv mais y a, après avoir longtemps menti à ce sujet, envoyé son responsable. Nous devons faire en sorte que ce bureau ferme définitivement.
Nous devons également redoubler d'efforts pour que l'aide humanitaire se rende effectivement à Gaza et qu'Israël se conforme aux décisions de la Cour internationale de justice qui a encore réitéré et notifié à Israël sa décision du 26 janvier dernier. Le parachutage de quelques denrées ou même la construction d'une jetée à Gaza ne sont que de la poudre aux yeux qui non seulement ne permet pas de nourrir adéquatement 2 millions de personnes, mais peut également s'avérer dangereuse puisque les soldats de l'armée israélienne n'hésitent pas à ouvrir le feu sur ceux et celles qui se précipitent sur les denrées.
Il importe également de remettre à l'ordre du jour le droit à l'autodétermination pour le peuple palestinien. À cet égard, il est urgent d'intensifier un peu partout à travers la planète la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) à l'encontre de l'Israël et de sa politique d'apartheid et de colonisation par rapport au peuple palestinien. Car il n'y saurait y avoir de paix et de justice si le peuple palestinien ne peut exercer son droit à l'autodétermination.
Diane Lamoureux
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Déclaration concernant l’imposition d’un visa canadien aux mexicaines et aux mexicains

Suite à l'augmentation du nombre de demandeurs d'asile mexicains au Canada, le gouvernement fédéral canadien, sous la pression des États-Unis et du gouvernement provincial du Québec, a réimposé l'obligation de visa d'entrée aux ressortissants mexicains, depuis le 29 février 2024 dernier. Cette mesure aura sans aucun doute un impact sur les personnes en quête d'un refuge et d'une vie paisible.
Tiré de Entre les lignes et les mots
C'est pourquoi les activistes et les organisations de défense des droits humains prennent position contre cette récente mesure. Ils soulignent la responsabilité du Canada dans la crise économique, sociale et de sécurité mexicaine, d'autant plus que le Mexique est l'un des partenaires commerciaux du Canada dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain.
1. La responsabilité du Canada dans la crise économique et sociale mexicaine depuis la signature de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA)
Depuis la signature de l'accord de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique en 1994, l'économie mexicaine est en déclin, en raison de décisions commerciales et politiques imposées qui ont fait du Mexique un partenaire faible de l'ALENA. Les industries canadiennes ont bénéficié de cet accord de manière inégale pour obtenir une main-d'œuvre bon marché, sans garantir de bonnes conditions de travail aux Mexicains. De nombreuses industries mexicaines ont également été démantelées, ce qui a entraîné du chômage et une augmentation de l'économie souterraine.
La population rurale est la plus touchée par l'ALENA : la réduction des aides à l'agriculture mexicaine a entraîné la destruction des campagnes. Les meilleures terres ont été laissées aux monopoles internationaux, spécialisés dans les produits agro-exportés, qui approvisionnent le marché canadien [1]. Cette situation a eu un impact sur la souveraineté alimentaire et la nutrition de la population mexicaine. L'agro-industrie a entraîné l'épuisement des sols fertiles, la déforestation, l'accaparement des terres et la pollution de l'eau par les produits agrochimiques utilisés dans l'industrie. La pauvreté a alors explosée dans les zones rurales, faisant de la migration un moyen alternatif de survie.
Nombre de nos concitoyens ont été contraints d'émigrer dans le cadre des programmes de travailleurs étrangers temporaires (PTET) ou des programmes de travailleurs agricoles temporaires (PTAT). Les conditions d'esclavage moderne dans lesquelles ils travaillent ont été dénoncées, vérifiées et documentées [2]. Les conditions inhérentes au fonctionnement de ces programmes font qu'une personne qui souffre déjà d'exploitation au travail se retrouve dans une situation d'« illégalité », avec le risque d'être expulsée et de vivre dans un état d'isolement et de clandestinité, passant de l'exploitation à la surexploitation [3].
Toutefois, les étudiants et les travailleurs agricoles saisonniers sont exemptés de cette nouvelle mesure imposée au Mexique. Pendant la pandémie, la sécurité alimentaire du Canada a été menacée. Cela démontre la nécessité de recourir à une main-d'œuvre temporaire et précaire.
2. Dépossession, migration forcée et violence liées à l'industrie minière canadienne et au crime organisé
L'industrie minière canadienne a été l'un des principaux bénéficiaires de l'accord de libre-échange ; 74% des concessions d'exploration minière au Mexique sont aux mains de sociétés canadiennes. Les méthodes violentes par lesquelles cette industrie s'est imposée sont bien documentées. Les compagnies minières canadiennes sont responsables de nombreuses violations des droits humains, de la pollution de l'environnement, ainsi que du développement de conflits communautaires internes et de la violence liée au crime organisé. L'assassinat de Mariano Abarca à Chicomuselo, au Chiapas, en 2009, et la relation entre le crime organisé, les compagnies minières et le soutien de l'ambassade canadienne à leurs entreprises en sont des exemples. Un autre cas est celui de la compagnie minière Peñasquito dans l'État de Zacatecas, dirigée par Goldcorp, qui, pour son expansion et sa consolidation, s'est appuyée sur le crime organisé en intimidant et en déplaçant la population. Elle s'est emparée non seulement du territoire, mais aussi du patrimoine familial.
Le lobbying des compagnies minières au Mexique a permis aux entreprises de payer moins d'impôts, en partie grâce à la corruption à laquelle les fonctionnaires mexicains ont consenti. De leur côté, les institutions canadiennes chargées de la responsabilité sociale des entreprises et le bureau du médiateur des peuples, bien que conscients des violations des droits humains commises par les entreprises, agissent avec indifférence et sans prendre de mesures punitives à l'encontre de ces dernières. Tout ceci a contribué au déplacement forcé de populations entières, à la prolifération des conflits sociaux et à l'insécurité au Mexique.
3. La violence au Mexique, cause de migration forcée
Depuis 2000, le Mexique est reconnu comme l'un des premiers pays au monde à générer de la migration, et cette situation s'est aggravée depuis la guerre contre le trafic de drogue décrétée par les anciens présidents Felipe Calderón et Enrique Peña Nieto. Cette guerre et la stratégie actuelle de lutte contre l'insécurité ont fait près de 350 000 morts entre 2006 et 2021 et plus de 72 000 disparus [4]. Dans ce contexte de violence, la situation des femmes et des jeunes filles est déchirante : chaque année, plus de 3 000 femmes sont assassinées, et les violences vont des agressions sexuelles aux féminicides.
La stratégie militaire adoptée par le gouvernement pour lutter contre l'insécurité s'est traduite par la mobilisation de 150 000 soldats de l'armée et de la Garde nationale. Ces soldats, initialement actifs dans les rues, se sont convertis en bâtisseurs de grands travaux publics et en gardiens de ports et de douanes, qui font mur face aux flux migratoires. Cette situation a de redoutables répercussions sur les droits humains de la population civile, car de graves abus ont été signalés. Les organes civils chargés de punir et de contrôler les militaires restent absents.
Nous pensons que cette situation est bien connue du gouvernement canadien : celui-ci a joué le rôle de conseiller militaire dans la stratégie de guerre au Mexique. Il est pratiquement impossible, étant donné le type de relations que le Canada entretient avec le Mexique, que le gouvernement canadien ne soit pas au courant de la situation réelle dans ce pays. Le Canada la connaît parfaitement, mais se tait et se cache pour préserver ses intérêts économiques au Mexique.
D'autre part, il existe un discours faux et hypocrite selon lequel nous, Mexicains, représentons un danger pour la sécurité du Canada dû à l'arrivée des cartels. Cependant, il n'est pas fait mention des mafias canadiennes, telles que le Wolfpack, et de leurs alliances avec ces organisations criminelles, qui opèrent avec et sans visa, en utilisant des méthodes sophistiquées par le biais d'Internet [5]. On ne parle pas non plus de la grande corruption qui sévit parmi les élites canadiennes, ces acteurs principaux qui sont les grands consommateurs et qui, en fin de compte, leur permettent d'entrer, de trafiquer et d'opérer en toute impunité.
Parallèlement, l'augmentation de la traite d'êtres humains au Canada est liée aux politiques migratoires de main-d'œuvre non libre (par le biais des programmes pour les travailleurs d'outre-mer (PTET)) et à la précarité qui touche la population immigrée et migrante. Les pratiques de traite d'êtres humains, d'esclavage et de travail forcé sont liées au flux de personnes cherchant à franchir la frontière canado-américaine, ainsi qu'aux pratiques abusives subies par les migrants qui restent et travaillent au Canada. Ce dernier doit donc assumer la responsabilité directe de ce phénomène par le biais de ses politiques migratoires.
4. Le rôle des demandeurs d'asile dans la vie économique canadienne
Les demandeurs d'asile au Canada, qui ont migré de force à la recherche de meilleures conditions de vie, sont le produit de la violence, de la dépossession, de l'inégalité économique, du manque d'opportunités, de l'extraction des ressources et de l'impunité au Mexique.
Cependant, le rêve canadien est souvent terni par les conditions de vie précaires auxquelles font face les travailleurs mexicains. Ils constituent une partie essentielle de l'économie canadienne, occupant principalement des emplois considérés comme essentiels ou se trouvant à la dernière étape des chaînes de production industrielle. Leur travail est souvent effectué dans des conditions précaires, ce qui nuit à leur expression juste et à leur bien-être.
Les possibilités de travailler dans un domaine professionnel propre au travailleur sont limitées et exigeantes. Les travailleurs sont incorporés dans des emplois peu qualifiés. Leur capacité et la contribution qu'ils peuvent apporter à la société canadienne sont alors gaspillées.
En ce qui concerne la crise du logement au Canada, les Mexicains sont confrontés à des abus constants de la part des propriétaires. Par crainte de perdre leur chambre, ils ne font souvent pas valoir leurs droits. Les familles de demandeurs d'asile ne reçoivent pas d'allocations familiales pour la garde d'enfants. Celles-ci permettraient aux parents de travailler et de maintenir la sécurité et la protection de leurs enfants. En outre, les familles reçoivent des conseils juridiques inefficaces de la part d'avocats mal formés.
Ceci influe sur leur capacité à poursuivre ou à gagner un procès. Leur futur dépend des avocats : vont-ils maintenir un statut régulier avec accès à la sécurité sociale ou vont-ils devoir vivre sans statut, dans la clandestinité et sans accès aux droits fondamentaux tels que la santé, l'éducation et le travail, exposant ainsi leur vie et celle de leur famille à des abus constants ?
5. Les impacts de l'imposition du visa sur la vie des personnes et la position diplomatique du Mexique vis-à-vis du Canada
Les impacts négatifs de l'imposition du visa n'affectent pas seulement la population qui demande l'asile, mais ont également divers effets collatéraux. De plus, les conditions d'obtention du visa sont excluantes et discriminatoires, notamment au niveau de la classe sociale.
Cette imposition s'inscrit dans un ensemble de réformes de l'immigration qui perpétuent le colonialisme en Amérique du Nord. Ces réformes portent atteinte aux droits humains et restreignent l'intégration des Mexicains dans la vie économique et académique du Canada, notamment celle des nouveaux travailleurs qualifiés et des étudiants. De plus, ce visa restreint le droit au regroupement familial pour la population mexicano-canadienne.
Afin de protéger les Mexicaines et les Mexicains au Canada, nous refusons de passer sous silence la position tiède et faible du gouvernement mexicain de la Quatrième Transformation, vis-à-vis du gouvernement de Justin Trudeau. Cette politique d'indifférence et de manque de reconnaissance de la part du gouvernement mexicain envers les Mexicains, qui existent et résistent au Canada, n'est pas différente de celle des administrations précédentes. En effet, citons l'exemple du silence de l'ambassade du Mexique au Canada et des consulats mexicains qui, conformément à cette politique nationale (et préoccupés par les prochaines élections présidentielles), ne se sont pas prononcés sur la décision d'imposer des visas aux Mexicains. Ils connaissent pourtant les implications de cette mesure pour la population qui est déjà au Canada ou celle qui veut y venir, principalement pour fuir le climat de tension et de violence qui est généré avant les élections [6].
L'imposition de visas est une violation directe de la Déclaration universelle des droits humains et ne contribue pas à garantir l'équité entre les personnes de différentes nationalités ; au contraire, elle accroît les inégalités et les conditions de vulnérabilité de milliers de personnes. La demande d'asile est un droit humain et les gouvernements des pays qui peuvent offrir des conditions de sécurité et de vie digne devraient mettre en œuvre des politiques publiques qui garantissent un transit digne à travers les frontières, sans mettre en danger la vie des personnes.
C'est pourquoi nous invitons le gouvernement canadien à annuler l'obligation de visa pour les Mexicaines et les Mexicains.
Montréal, Canada – 11 mars 2024
[1] https://aristeguinoticias.com/1903/mexico/el-tlc-y-la-destruccion-de-la-economia-mexicana/
[2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2008704/travailleurs-etrangers-esclavage-conditions-ferme
[3] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2008704/travailleurs-etrangers-esclavage-conditions-ferme
[4] https://www.washingtonpost.com/es/post-opinion/2021/06/14/mexico-guerra-narcotrafico-calderon-homicidios-desaparecidos/
[5] https://www.infobae.com/america/mexico/2021/12/15/el-wolfpack-la-alianza-criminal-entre-el-cartel-de-sinaloa-y-las-mafias-canadienses-que-cambio-el-negocio/
[6] Depuis le début du processus en novembre dernier et jusqu'au 6 mars, au moins 23 homicides de maires, de candidats, de conseillers et de politiciens inactifs ont été documentés. Parmi eux, 13 étaient candidats aux élections du 2 juin.
http://www.elfinanciero.com.mx/elecciones-mexico-2024/2024/03/06/cuantos-candidatos-han-sido-asesinados-en-el-proceso-electoral-y-quienes-son/
Signez ici :
https://docs.google.com/document/d/1GrVjzoTFAOiMDIieGUdH84MeyqfnFoi0sRWgWHjaa3E/edit
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Nous arrivons !

À la population et aux organisations de la Mauricie, nous revendiquons une société égalitaire non pas qu'en théorie, mais aussi, et surtout, en pratique. Cela signifie, entre autres, une société où :
– Nos filles et nos fils naissent réellement égaux
– Le rose, le bleu, la douceur et la force n'ont pas de sexe ni de genre
– La contraception est gratuite et les milieux de garde abondants
– La charge mentale est partagée
– La répartition des pouvoirs est équilibrée
– Les femmes et les hommes gagnent le même salaire
– Devenir infirmier ou électricienne est valorisé
– Le travail non rémunéré est reconnu
– Être en sécurité n'est pas un privilège
– Avoir un toit et se nourrir n'est pas un combat
– Chaque personne accède aux mêmes services
– L'apport historique et culturel des femmes et des Premières Nations est reconnu
– Tout le monde est vu, entendu, cru et soutenu
– La discrimination n'existe plus
Nous arrivons de la survivance
avec le poids des luttes sur nos épaules
mais nos pas moins lourds sur la balance
nous arrivons avec nos espérances millénaires
et
nos fatigues ancestrales
nos abris nécessaires
nos silences
achevés
nous arrivons de la résistance
avec nos peines torrents
nos colères souterraines
car
dans nos archives et dans nos veines
dans nos mémoires et dans nos jours
trainent encore
la peur au ventre les plafonds de verre le vent de face
la trace
du déséquilibre
nous arrivons chargées d'urgence
avec, en bandoulière, notre sororité et nos miracles
nos miracles
d'être encore là chargées de rêves possibles
parce que nous avons le droit d'exister
entières et pleines
vivantes et souveraines
reconnues
soutenues
légitimes et puissantes
et parce que le Monde en a besoin
nous réclamons sa réparation
au cœur de l'intime jusqu'au bout du commun
le réparer toutes et tous Ensemble
des inégalités
de la brutalité
des injustices et des pillages
de la fatalité
des systèmes qui nous oppressent mais dans lesquelles nous avons marché toutes et tous Ensemble
par habitude et par défaut
parce que le passé parle au futur et qu'il lui dit que ça suffit
nous appelons la guérison
reconstruire toutes et tous Ensemble
autrement, autres mœurs
un Monde respect
un Monde nourricier
un Monde digne
des êtres qu'il enfante
à travers nous
Signature : Le mouvement des femmes de la Mauricie
Autrice : Liliane Pellerin
À la population et aux organisations de la Mauricie
Nous revendiquons une société égalitaire non pas qu'en théorie, mais aussi, et surtout, en pratique. Cela signifie, entre autres, une société où :
Nos filles et nos fils naissent réellement égaux
Le rose, le bleu, la douceur et la force n'ont pas de sexe ni de genre
La contraception est gratuite et les milieux de garde abondants
La charge mentale est partagée
La répartition des pouvoirs est équilibrée
Les femmes et les hommes gagnent le même salaire
Devenir infirmier ou électricienne est valorisé
Le travail non rémunéré est reconnu
Être en sécurité n'est pas un privilège
Avoir un toit et se nourrir n'est pas un combat
Chaque personne accède aux mêmes services
L'apport historique et culturel des femmes et des Premières Nations est reconnu
Tout le monde est vu, entendu, cru et soutenu
La discrimination n'existe plus
Aux élues et élus de la Mauricie
Nous revendiquons :
1- La reconnaissance du féminisme, de ses courants et de ses luttes, de son histoire et de ses contributions sociales, tout en reconnaissant l'intersection des oppressions
2- La reconnaissance de tous les systèmes d'oppression (par exemple, le racisme, l'hétérosexisme, le classisme, etc.) qui engendrent notamment des violences et nuisent aux conditions de vie des femmes
3- L'application de l'analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle (ADS+) dans les politiques, les plans d'action et les projets locaux et régionaux
4- L'obtention des données récentes à l'échelle territoriale et régionale, ventilées selon le sexe et les genres et selon différentes caractéristiques de la population (approche intersectionnelle), pour pouvoir agir adéquatement sur les enjeux d'égalité (éducation, emploi, revenu, santé, violence)
5- L'accès à un revenu couvrant tous les besoins essentiels, peu importe le travail des femmes, qu'il soit rémunéré ou pas
6- L'accès des femmes à des formations qualifiantes et à des professions d'avenir, dont les métiers à prédominance masculine
7- La valorisation des secteurs d'emploi à prédominance féminine
8- La mise en place de mesures favorisant la conciliation famille-travail-études afin de lever un frein à l'autonomie économique et à l'engagement professionnel des femmes dans les entreprises et organisations de la Mauricie
9- La reconnaissance de toutes les formes de violences faites aux femmes et la contribution à leur élimination
10- La mise en place de politiques et pratiques inclusives en s'attaquant au sexisme et à d'autres obstacles à l'égalité des sexes et des genres associés aux violences systémiques et institutionnelles vécues par les femmes dans tout type de parcours de vie
11- Le maintien et l'accessibilité des services publics de santé et d'éducation de qualité, universels et gratuits pour toutes les femmes sans discrimination, peu importe leur statut
12- Le développement et l'adaptation des services de santé et services sociaux pour les femmes afin qu'ils soient accessibles à toutes, dans tous les territoires, et culturellement sécuritaires
13- La mise en place de mesures favorisant la conciliation famille-travail-études afin de lever un frein à l'engagement politique et citoyen des femmes en Mauricie
14- La reconnaissance d'un financement à la mission adéquat et récurrent pour la TCMFM et les groupes en défense collective des droits, ainsi que pour les groupes de femmes et communautaires
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Projets de maisons d’hébergement à l’arrêt : Un dénouement des projets au cas par cas, sur fond de crise

Suite à la grande couverture médiatique entourant les enjeux des projets de construction de maisons d'hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, les associations de maisons considèrent avoir été entendues par le ministère des Affaires municipales et de l'Habitation. En reconnaissant que les maisons d'hébergement ne sont pas du logement social et nécessitent à ce titre des ajustements, une sortie de crise se dessine à court terme.
Un dénouement projet par projet
L'incohérence gouvernementale, qui bloquait plusieurs projets, a pu être mise en lumière dans les dernières semaines. Les projets en péril ont été étudiés en profondeur et des solutions ont enfin été approuvées. Ces ajustements sont issus de demandes faites depuis les trois dernières années en vue de répondre à la réalité des maisons d'hébergement et aux besoins des femmes et des enfants victimes de violence. Des suggestions de la Société d'Habitation du Québec ont aussi permis certaines économies.
“Si notre expertise avait été reconnue dès le début, et que les adaptations avaient été mises en place, nous aurions pu construire plus rapidement et ainsi offrir la sécurité à plus de femmes et d'enfants” se désole Maud Pontel, coordonnatrice de L'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape.
Malgré ces avancées, il reste du chemin à faire pour sécuriser les projets actuels et futurs. Le risque de perdre de l'argent du gouvernement fédéral demeure. “La Société d'Habitation du Québec indique avoir l'intention d'évaluer les besoins des maisons d'hébergement afin d'adapter si nécessaire les programmes de financement actuels. Cette démarche est essentielle pour éviter de vivre les mêmes problèmes avec les projets futurs” indique Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. D'ici là, des rencontres de travail sont prévues pour ne pas ralentir les projets actuellement sur la table à dessin.
Manque de places, services saturés, féminicides : il y a urgence d'agir
Les projets de construction, retardés en raison de l'incohérence gouvernementale, ne résoudront hélas pas, à court terme, la situation d'urgence dans laquelle sont plongés les services qui viennent en aide aux femmes et aux enfants victimes de violence. “Pendant que ces projets prenaient du retard, le manque de places a continué de s'aggraver. Il va maintenant falloir mettre les bouchées doubles, autant pour la construction que pour le financement des services” insiste Mylène Bigaouette, directrice par intérim à la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes. En plus du manque de places qui amène SOS violence conjugale à refuser 17 demandes d'hébergement par jour, les listes d'attente s'allongent pour les femmes et les enfants qui ont besoin de soutien sans être hébergés (ce qu'on appelle les services externes). Plus du tiers des maisons membres du Regroupement ne sont plus en mesure de répondre à la demande pour des activités de sensibilisation et de prévention, qui font partie intégrante de leur mission. Du côté des maisons de 2e étape, plusieurs d'entre elles pourraient d'ores et déjà constituer et former leur équipe en vue d'offrir des services temporaires, avant même d'ouvrir leurs portes.
Les maisons d'hébergement sont prêtes à augmenter leur offre de services aux femmes et aux enfants, et à discuter de solutions rapides avec le gouvernement. Pour répondre à la demande d'aide qui explose partout dans la province, les trois associations de maisons interpellent à nouveau le ministère de la Santé et des Services sociaux et le Secrétariat à la Condition féminine : il y a urgence d'agir pour maintenir le filet de sécurité.
Le meurtre de Madame Houle par son conjoint hier dans les Laurentides vient alourdir le bilan des féminicides conjugaux à 5 depuis le début de l'année au Québec. C'est à peine moins qu'à pareille date en 2021, où le Québec déplorait 7 féminicides en 7 semaines. Malgré des investissements records annoncés cette année-là par le gouvernement Legault, les deux derniers budgets de Monsieur Girard ne prévoyaient aucun argent neuf pour les maisons d'hébergement. Nous souhaitons continuer sur cette lancée afin d'obtenir un financement à la hauteur des services auxquels ont droit les femmes et les enfants victimes de violence.
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400 artistes opposés aux législations anti-trans au Canada – une lettre ouverte

Nous méritons tous la liberté d'être nous-mêmes, d'être en sécurité et traités avec dignité. Les personnes LGBTQ+ sont nos amis, notre famille, nos voisins et nos collègues de travail. Mais les groupes d'extrême droite exploitent la peur et nous opposent les uns aux autres afin de créer un Canada où nous avons peur de la différence. À l'heure actuelle, ils utilisent les personnes trans comme punching-ball, mais la vérité est que cette communauté est leur bouc émissaire commode. Leur programme est le même qu'il a toujours été : permettre aux personnes au pouvoir de conserver ce pouvoir aux dépens des plus marginalisés d'entre nous.
Tiré du site de la Fondation Tegan & Sara.
Pour ceux qui vivent à l'extérieur du Canada, le pays est souvent considéré comme un refuge pour les droits de la personne. Cependant, la réalité est que le Canada n'est pas à l'abri des attaques mondiales contre la communauté trans et son accès à des espaces, des soins de santé et des libertés inclusifs. En Alberta, la première ministre Danielle Smith a ciblé les jeunes transgenres en proposant d'interdire les traitements hormonaux, les bloqueurs de puberté et la chirurgie de confirmation de genre. Quelques mois auparavant, le Nouveau-Brunswick et la Saskatchewan avaient annoncé qu'ils exigeraient le consentement des parents avant que les écoles puissent honorer les noms et pronoms choisis par les enfants de moins de 16 ans de divers genres.
Tout le monde mérite d'avoir accès à des services de santé essentiels qui les valorisent. Toute personne détenant une identité historiquement d'exclusion sait ce que signifie être traitée différemment en raison de qui elle est. Les politiques anti-trans qui s'enracinent au Canada vont au-delà de la discrimination : elles présentent un risque évident pour le bien-être mental et physique des personnes trans partout au pays.
En tant qu'artistes, nous connaissons le danger d'un environnement social et politique qui restreint l'expression, l'exploration, l'individualité et l'autodétermination. Nous voulons continuer à vivre dans un monde qui célèbre la beauté de la différence, car différence et art vont de pair. Nous croyons également au pouvoir d'utiliser nos voix pour ceux qui ne sont pas entendus.
Nous, artistes sous-signés du Canada, nous opposons à ces politiques alarmantes et destructrices et appelons le grand public à porter son attention sur un problème croissant dans notre pays. Le gouvernement ne devrait jamais se mettre entre les parents, leurs enfants et des soins de santé et des soutiens fondés sur des données probantes. Nous tendons vers une législation anti-trans de plus en plus néfaste au Canada, et nous appelons nos communautés et les décideurs politiques locaux et nationaux à mettre un terme à cette montée inquiétante de la politique anti-trans.
Déclaration préparée par le conseil d'administration de la Fondation Tegan et Sara avec le soutien de Fae Johnstone.
Sigantaires
Adam DiMarco
Aïcha Diop
Aidan Andrews
Aidan Knight
Aiden
Aileen Tolentino
Aimee Yoncé Shennel
Aisling Chin-Yee
AJ Simmons
Alan Doyle
Alanis Morissette
Alex Klipper
Alexandra Caprara
Alexandra McDougall
Alexandra Stréliski
Alexandria Maillot
Alice Astrakianakis
Alicia Elliott
Alison Perdue
Alivia Sabatino
Allie X
Allison Russell
Allyson Mitchell
Althea Thauberger
Alyssa Reid
Amanda Rheaume
Amber Dawn
Andie Angelis
Andrea Ramautar
Andy Shauf
angelica schwartz
Anhi Tran
Ann-Marie MacDonald
Anne Murray
Aquakultre (Lance Sampson)
Ariane Lessard
Arkells (Max Kerman)
Arthi Chandra
Ash Molloy
August
August Klintberg
AuntBibby (Patty Locke)
Aurora Matrix (Anton Ling)
Austra (Katie Stelmanis)
AV & The Inner City (Jenn Dahlen)
Avan Jogia
Avery-Jean Brennan
Aysanabee
Babygirl
Backxwash (Ashanti Mutinta)
badbadnotgood (Leland Whitty)
Ballsy (Isabelle Banos)
Barenaked Ladies (Jim Creeggan)
Beau Cassidy
Begonia (Alexa Dirks)
Bells Larsen
Ben Whiteley
Ben Worcester
Berry Wet La Tina (William Franco)
Bif Naked
Bilal Baig
Billy-Ray Belcourt
Blake Mawson
BLOND:ISH
Bonjay (Alanna Stuart)
Brad Labelle
Brandi Sidoryk
Breagh Isabel
Brendan Grey (Super Duty Tough Work)
breton lalama
Bridget Moser
Bruce LaBruce
Buffy Sainte-Marie
Cadence Weapon (Rollie Pemberton)
Camila Diaz-Varela
Carly Cook
Carly Rae Jepsen
Caroline Marie Brooks
Carson Bassett
Cartel Madras
Cassie Mann
Cat McCluskey
Catherine Cormier
Catherine Hernandez
Caveboy (Mint Simon)
Cayce Fischer
Cendrine Tolomio/Photofrazzle
Chad VanGaalen
Chase Joynt
Chenelle Roberts
Cherie Dimaline
Chinese Medicine (Juno Hailey)
Chris Hibbins
Chris Slorach
Christine Quintana
Chrome Harvest
Cicely Belle Blain
Claudia Kedney-Bolduc
Cobie Smulders
Colin Mochrie
Cœur de pirate (Beatrice Martin)
colleen coco collins
Connor James (June Body)
Dallas Green (Alexisonfire, City and Colour)
Dan Mangan
Dana Cutts
Danica Sommer
Daniel Macivor
Daniel Maslany
Daniel Williston
Danny Ramadan
Darcy & Jer
Daryl Hannah
David Vertesi
Dawn Langstroth
Dayna Danger
Debra McGrath
Deepa Mehta
Deirdre Logue
Derek Walz
Devery Jacobs
Devours (Jeff Cancade)
Diana Krall
Dijah Payne (DijahSB)
Dizzy (Katie Munshaw)
Donovan Woods
Dr. Syrus Marcus Ware
Dragonette (Martina Sorbara)
Drew & Linda Scott
Elise Bauman
Elisha Cuthbert
Elliot Page
Elvis Costello
ElyOtto (Elliott Platt)
Elysse Cloma
Emily Austin
Emily Hampshire
Eren Burton
Eric J. Breitenbach
Eric Johnson
Eric Lourenço (Status/Non Status, OMBIIGIZI)
Eric Svilpis
Erica Chan
Erin Corbett
Esra Firatli
Eve Parker Finley
Fariha Roisin
Farzana Doctor
Feist (Leslie Feist)
Felix Cartel (Taelor Deitcher)
Finnley O'Brien
Fortunate Ones
Fred Penner
Future Star
Gavin Howard
Gentleman Reg / Regina the Gentlelady (Reg Vermue)
George Pettit (Alexisonfire)
Georgia Harmer
Giles Roy
Ginger Emery Quaint
Grant Zubritsky
GUTMACHINE (Jazz Cook)
Hannah
Hannah Mariko Bell
Hannah Obanni
Heather Barr
Heather Rankin
Helen Young
Hollerado (Jake Boyd)
Housewife (Brighid Fry)
Hyaenas (Jen Foster and Jessie Robertson)
Iohanne Wakal - Seidhhr
Ingrid Moore
iskwē
Ivan Coyote
J Stevens
Jade Ehlers
James Daniel Baxter
Jamie Fine
Janet Porter
Jann Arden
Jarin Schexnider
Jason Collett
Jason Sikoak
Jasmyn
Jay Arner
Jeanine LeBlanc
Jen Twynn Payne
Jenn Grant
Jenn Stewart
Jennifer Daley
Jennifer LeBlanc
Jessica Wong
Jesse Locke
Jessica Delisle
Jessie Robertson
Jill Barber
Jillian Tamaki
Jim Cuddy (Blue Rodeo)
Jivesh Parasram
Jo Passed (Jo Hirabayashi)
Joel Waddell
John Greyson
Jonah Falco
Jordan Tannahill
Joseph Topmiller
JP Hoe
JULES (Jules Ozon)
Julia Little
Julianna Riolino
July Talk (Leah Fay Goldstein, Peter Dreimanis)
k.d. lang
Kai Brooks
Kai Cheng Thom
Kali Horse
Kama La Mackerel
Kara Springer
Karkwa
Karla Marx
Kate Cooper
Kathy Zaborsky
Katie Tupper
Kayla Dunbar
Kendra Lewis
Kevin Drew (Broken Social Scene)
Kimberley Brower
Kimmortal (Kim Villagante)
Kiran Rai
Kirsten Kurvink Palm (Status/Non-Status)
Kitten Kaboodle
Kristine McCorkell
Kristyn Gelfand
Kyle Brownrigg
Kyle Loven
Kym Gouchie
Larissa B
Laura Hickli
Laura Nanni
Lauren Han
Lauren S
Lauren Spencer Smith
Lee Newman
Leeroy Stagger
Leith Ross
Lena Montecalvo
Leo D.E Johnson
Lex Feathers
Lights (Lights Poxleitner-Bokan)
Lindsay Ell
Lisa Cristinzo
Lisa LeBlanc
Liz Whitbread
LongTallMart (Jorie Doucette)
loser supreme (Sam Séguin)
Louise Burns
LU KALA
Lucy DeCoutere
Lucy Niles
Luke Renshaw
Luna Nuhic
Mac DeMarco
Madeline Nielsen
Mae Martin
Margot Durling
Mariya Stokes
Mark Rendall
Mark Suknanan p.k.a Priyanka
Matt Wiewel
Matti McLean
Mark Andrew Hamilton
Max Hopkins
Mel Lefebvre
Meg Symsyk
Metric
micha cárdenas
Michael Branham
Michael Crummey
Michael DeForge
Michael Malkin
Michelle McGeough
Midnight Channel (Matty, Brandon, Stu, Drake, Gabby and Chris)
Mike Trebilcock
Mishann Lau
Mishelle Cuttler
Mother Mother (Ryan, Molly, Jasmin, Ali and Mike)
Nancy Kenny
Natasha Restrepo
Neil Young
New Chance (Victoria Cheong)
Nice Horse (Brandi Sidoryk and Katie R)
Nico Pante
Nicolette and the Nobodies (Nicolette Hoang)
nikta boroumand
Nolan Bassett
NON ULTRAS
Nova Lupton
Ol Ben (Ben Wattie)
Olivia Cox (Waxlimbs, Leverette)
Only A Visitor (Robyn Jacob)
Owen Pallett
Pantayo (Jo Delos Reyes, Michelle Cruz, Katrin Estacio)
Parlour Panther (Frankie Brave)
Paul Langlois (The Tragically Hip ; Paul Langlois Band)
Peach Pit
Peaches
Pepper Rose
Peter Kohut
Peter Mahoney (Workers Comp)
pHoenix Pagliacci
Phono Pony (Shay Hayashi)
Phouka
Pillow Fite
poolblood
PUP
Quiet Winter (Brandon Garay)
Raine Hamilton
Rahat Saini
Raylene Harewood
Rec Centre (Alex Hudson)
Rezz (Isabelle Rezazadeh)
Ria Mae
Rich Aucoin
Robert Ondzik
Rodney Diverlus
Rose Cousins
Ruby Waters
Rufus Wainwright
Ryan Hemsworth
Ryland Moranz
S. Chandra
Said the Whale (Tyler Bancroft)
Safia Nolin
Sam Tudor
Sam Weber
Samantha Epp (ZENON)
Sara Porter
Sarah Harmer
Sarah McLachlan
Sarain Fox
Scott Button
Scott Nolan
Scott White
Serena Ryder
Sharon & Bram of Sharon, Lois & Bram
Shawn Everett
Shawnee Kish
Shazia Ahmad
Shelley Butler
Shemeeka McLean
Shyam Selvadurai
Siân Alcorn
Sophie Foster
Stacey MacNevin
Starpainter (Joel Stretch)
Stars (Amy Millan, Torquil Campbell)
Status/Non-Status
Stefana Fratila
Stephen Eckert
Steven Lambke
Steven Lourenço
Stoness Verda
Sum 41 (Cone McCaslin, David Baksh/Dave Brownsound)
SuperKnova
T. Thomason
TALK (Nicholas Durocher)
Tanya Marquardt
Tara Kannangara
Tea Fannie (Tiffannie Bruney)
Ted Gowans
Tegan and Sara Quin
The Beaches
The Bros Landreth (David Landreth)
The Burning Hell (Ariel Sharratt, Mathias Korn)
The Strumbellas (Close Kicks)
Theo Jean Cuthand
Theodore Walker Robinson
Tim Baker
TOBi (Oluwatobi Ajibolade)
Tokyo Police Club (Graham Wright, Greg Alsop)
Tomson Highway , writer/musician
Tranna Wintour
Trevor Blumas (E-Prime)
Trish Salah
Tyler Lieb
Tynomi Banks
Tyson M
Vanessa Kwan
Venus Sherwood
Vivek Shraya
Wade MacNeil (Alexisonfire)
Wendy Crewson
Wild Rivers (Khalid Yassein)
Win Bower
xeon aeon - Juniper Xeon
Yolanda Bonnell
Zachary Bennett
Zaki Ibrahim
Zoe Whittall
36 ? (Taylor Cochrane, Justin Van Groningen, Mitch Cooper)
4BPM
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