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Les vacances payées : la brève histoire d’une longue lutte

Alors que plusieurs pays européens garantissent cinq semaines de congés payés, les travailleuses et travailleurs québécois n'en ont que trois, et ce, après avoir patienté trois ans. Ce décalage soulève une question essentielle : pourquoi, malgré des décennies de luttes syndicales pour le droit au repos, le Québec reste-t-il à la traîne ?
Tiré de Ma CSQ.
Le contraste est frappant. Au Québec, le minimum légal de vacances annuelles est de deux semaines après un an d'ancienneté, et de trois semaines après trois ans. De l'autre côté de l'océan, la France, le Danemark, la Norvège, la Finlande et la Suède garantissent tous au moins cinq semaines de congés payés chaque année. À cela s'ajoutent 13 jours fériés en Suède, contre seulement 8 au Québec. Les pays scandinaves figurent aussi parmi les meilleurs en matière d'état de santé et de bien-être, ce qui invite à réfléchir à nos propres normes en matière de temps de repos.
Un droit acquis de haute lutte
Pourtant, le droit aux congés payés n'a rien d'un luxe. C'est le fruit de luttes syndicales longues et acharnées qui trouvent leurs origines dans la transformation radicale de l'organisation du travail du XIXe siècle. À cette époque, la maximisation des profits conduit à une exploitation intense de la force du travail : les ouvriers sont soumis à des cadences infernales – parfois jusqu'à 70 heures de travail par semaine – dans des usines qui fonctionnent jour et nuit.
En réaction, les mouvements ouvriers et syndicaux se mobilisent massivement pour revendiquer le « droit au repos ». Celui-ci englobe non seulement la réduction du temps de travail hebdomadaire, mais aussi ce qu'on considère aujourd'hui comme un droit fondamental : les congés payés (autrement dit, le droit à un repos rémunéré).
À l'époque où le temps libre est parfois perçu comme de l'oisiveté, c'est entre autres en faisant des congés une question de santé que cette revendication fait son chemin. L'un des jalons décisifs de cette lutte survient en 1936, avec l'adoption, en France, d'une loi accordant deux semaines de congés payés obligatoires par an (en plus des jours fériés). Ce gain suit les fameuses « grèves joyeuses », un vaste mouvement de mobilisation qui réunit près de deux millions de personnes et paralyse le pays.
Le progrès se poursuit. Au fil des luttes syndicales, en France, les congés payés obligatoires augmentent, passant à trois semaines en 1956, à quatre en 1969, puis à cinq en 1981. Cela démontre clairement le rôle central du syndicalisme dans la conquête du droit au repos.
Bien avant cette époque, au Moyen Âge, certaines formes de régulation du temps de travail existaient déjà dans les relations entre maîtres artisans et compagnons, ou encore entre maîtres d'œuvre et ouvriers. C'est cependant avec l'essor du capitalisme industriel que l'enjeu prend une dimension collective, politique et structurante.
Aujourd'hui, dans un monde du travail marqué par l'épuisement professionnel, les problèmes de santé mentale et la course à la productivité, alors que d'autres pays récoltent les fruits de leurs choix collectifs en matière de bien-être, il est peut-être temps que le Québec relance le débat sur la place du repos !
* Félix Lebrun-Paré est délégué au Syndicat des professionnelles et professionnels de la santé publique du Québec (SPPSPQ-CSQ) et membre du comité d'action sociopolitique de la CSQ.
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Congrès de la FIQ : Trois axes pour guider notre action syndicale

Lors du 13ᵉ congrès de la FIQ, vos déléguées ont été amenées à débattre sur des grandes orientations politiques et syndicales, des lignes d'action et des priorités qui guideront le travail des prochaines années. Ces discussions ont été nourries par des conférences sur plusieurs enjeux contemporains, notamment l'intelligence artificielle, les mouvements de droite et la crise climatique.
Trois grands axes ont structuré les réflexions :
– Le pouvoir sur notre avenir, qui met de l'avant la nécessité de redonner aux professionnelles en soins un réel pouvoir d'action sur leurs conditions de travail et leur expertise, et ce, dans un contexte où les réformes du réseau de la santé ont centralisé les décisions ;
– Des femmes de conviction, qui rappelle l'importance de la politisation des membres, de la justice sociale et de la solidarité face aux enjeux de société ;
– La FIQ tournée vers l'avenir, qui appelle à anticiper les transformations du monde du travail et à défendre une vision syndicale audacieuse et inclusive.
Ces travaux ont mené à l'adoption de 17 recommandations qui guideront l'action de la Fédération et de ses syndicats affiliés au cours des prochaines années. Ces recommandations touchent, entre autres, la valorisation de notre expertise, les alliances syndicales, la reconnaissance de l'impact des changements climatiques sur la santé, la lutte contre les discriminations systémiques et les défis liés à l'intégration de l'intelligence artificielle dans le réseau de la santé.
Pour découvrir l'ensemble des recommandations, consultez le document thématique du congrès.
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Encore des suppressions de postes : Le gouvernement veut détruire les services publics

Québec, le 5 juin 2025 — Après avoir imposé un gel d'embauche, le non-renouvellement des contrats occasionnels, l'interdiction d'heures supplémentaires et le non-remplacement des départs à la retraite, le gouvernement impose maintenant carrément des coupures de postes dans l'appareil public, dénonce le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).
« Les coupes ont débuté dans les collèges avec les compressions de 151 millions $ et plusieurs abolitions de postes et on se rend maintenant compte que ce sont l'ensemble des services de l'État qui sont touchés. Des gens commencent à perdre leur emploi un peu partout alors que le personnel professionnel de l'État est déjà en surcharge. C'est une attaque frontale, le gouvernement veut détruire les services publics au profit du privé », dénonce Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.
Le gouvernement n'a même pas eu la décence et l'honnêteté d'en faire l'annonce lui-même au syndicat. Le SPGQ essaie tant bien que mal d'obtenir de l'information sur le nombre exact de personnes touchées actuellement. « L'information nous parvient par des gestionnaires et des déléguées et délégués syndicaux préoccupés, avec raison, par la situation. Penser que les services à la population ne seront pas touchés, c'est de la pensée magique. Les impacts, on les voit déjà. Des délais s'allongent et certains services ne sont tout simplement plus offerts », constate M. Bouvrette.
Favoriser l'entreprise privée
Le gouvernement laisse entendre qu'il génère des économies, mais c'est un mensonge. « Il faut arrêter de prendre les contribuables pour des imbéciles. La vérité, c'est que le gouvernement se tourne de plus en plus vers des consultants et que ceux-ci coûtent beaucoup plus cher. Ce n'est pas de l'économie, c'est de l'idéologie. Le gouvernement est en train de démolir l'appareil public pour favoriser des entreprises privées qui s'enrichissent sur le dos des citoyens », plaide M. Bouvrette.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.
Source
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
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Bref commentaire sur l’orientation antisyndicale perçue chez les jeunes caquistes lors de leur récent regroupement

Nous vivons dans un monde divisé et surtout hiérarchisé dans lequel il y a des groupes ou des institutions qui disposent de la force et du pouvoir de contraindre autrui. Dans ce monde, la loi doit protéger le faible et surtout lui permettre de s'associer pour exprimer ses revendications en vue d'améliorer ses conditions de vie et d'existence. François Legault, en appuyant les propositions antisyndicales des jeunes caquistes qui visent à étouffer la conflictualité sociale ne fait qu'une chose : encourager la polarisation des opinions.
Au sujet de certains préjugés faciles à l'encontre des syndiqué.e.s et des syndicats
Derrière cette prise de position du chef caquiste se cachent malheureusement des idées préconçues, telles que « les syndiqué.e.s se plaignent le ventre plein », « ces personnes bénéficient d'avantages sociaux déjà enviables comparativement à d'autres travailleuses et travailleurs », « le problème de la faible productivité québécoise s'explique en grande partie par la présence des syndicats qui contaminent un peu partout l'économie », « les syndiqué.e.s ne se donnent jamais à fond dans leur travail, aimant rallonger les pauses », et ainsi de suite.
Souvent aussi, la question syndicale revient lorsque l'État accroît sa dette publique et connaît des déficits, parce que les secteurs public et parapublic sont syndiqués et « gourmands », toujours selon un certain point de vue. Mais il y a aussi un contexte qui peut aviver le sentiment antisyndical, en lien avec la guerre commerciale imposée par les États-Unis. En ce sens, le besoin pressant de favoriser le développement économique de la province exige justement d'agir vite et à nouveau apparaissent les préjugés, alors que la présence des syndicats est synonyme de « bâton dans les roues », de « barrières » ou de « frein » à la cadence que le gouvernement en place espérerait.
De l'importance de comprendre le rôle et la valeur des syndicats avant de les vilipender sur la place publique et de leur jeter l'opprobre
Certes, le mouvement syndical n'est pas parfait ; d'ailleurs, rien n'est parfait en ce monde. Il connaît actuellement des difficultés à s'ajuster aux réalités actuelles, avec ses méthodes méritant une certaine révision. Au lieu de proposer des mesures pouvant être perçues comme antisyndicales, les gouvernements devraient toutefois prendre le temps de se questionner sur leurs rôles et leur valeur. La facilité à vouloir « tasser » ce qui ne fait pas notre affaire risque souvent de créer plus de ralentissement que de prendre le temps, aussi réduit soit-il, de déterminer le type de relation que nous souhaitons avoir avec les acteurs qui jouent sur la même scène que nous. Et le syndicalisme québécois, de son côté, a besoin d'ouvrir le débat sur son avenir, surtout sur sa contribution dans le contexte actuel où tout est mis sur la table.
Pour conclure
Le mot débattre, faut-il le rappeler, consiste à examiner le pour et le contre d'une chose. Pas à écraser les exploitéEs, les dominéEs et les oppriméEs dans la portée et l'étendue de leur droit d'association. Parce que l'un des rôles des syndicats consiste d'ailleurs à éviter les abus, si faciles du côté patronal souvent plus soucieux de la croissance de ses profits que de la qualité des conditions de travail. Et il faut le rappeler : l'un ne va pas sans l'autre dans notre monde qui a besoin d'être uni plutôt que divisé.
Guylain Bernier
Yvan Perrier
8 juin 2025
13h50
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Vivre à loisir – Le bonheur à tout âge

Montréal, jeudi 5 juin 2025 – Spectacles, vélo adapté, promenades, art thérapie… Découvrez la série photographique documentaire Vivre à loisir – Le bonheur à tout âge, qui met en lumière des résidents et des résidentes de centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) accompagnés du personnel intervenant en loisir. L'exposition est à l'affiche du 18 juin au 7 septembre 2025 à l'Écomusée du fier monde.
Un projet photographique au cœur des CHSLD
À travers les images sensibles et chaleureuses d'Andrea Calderón Stephens, l'exposition Vivre à loisir – Le bonheur à tout âgeillustre l'importance du plaisir, du jeu et du divertissement dans la construction de conditions de vie dignes. Réalisé dans les 17 CHSLD duCentre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, ce projet témoigne d'un engagement profond envers le mieux-être des personnes âgées ainsi que du travail inestimable réalisé par les équipes des loisirs. Ce personnel contribue jour après jour à rendre la vie des résidents et des résidentes plus
heureuse.
Originaire du Mexique, Andrea Calderón Stephens est photographe et détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle est également diplômée d'une licence en littérature dramatique et en théâtre par l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM) à Mexico. Ses œuvres, multidisciplinaires, ont été exposées au Mexique, au Québec ainsi qu'aux États-Unis. Son parcours professionnel l'a également menée à travailler dans le domaine du loisir au sein de CHSLD du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal.
Musée d'histoire et musée citoyen
Musée d'histoire et musée citoyen, l'Écomusée du fier monde vous invite à explorer des volets méconnus de la culture montréalaise. Découvrez la vie quotidienne en milieu ouvrier et suivez le parcours inspirant de groupes citoyens. Visitez les expositions de l'Écomusée et l'ancien bain public Généreux, un magnifique exemple de l'architecture des années 1920.
Écomusée du fier monde
2050, rue Atateken
Angle Ontario
Métro Berri-UQAM
Mercredi au dimanche : 10 h à 17 h
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Où es - tu institution ?

– Où es-tu Institution ?
- Gaza en mode extermination.
– Tu condamnes avec fermeté.
– Le crime contre l'Humanité.
- Dérision !
- Ça sent la capitulation sur fond de décimation.
- Quand le bourreau s'abreuve du sang, sans commisération.
– Où es-tu Institution ?
- Gaza en proie à l'abomination.
- Le génocidaire massacre la population.
– Des cadavres que l'œil ne peut embrasser jusqu'au dernier.
- Bébés, femmes, enfants, vieillards (es), tous (tes) rangés en chapelets.
- Où es-tu Institution ?
- Pétocharde, tu bottes en touche avec détermination.
– Pataugeant dans un océan de Résolutions.
- A l'indignation et au mandat d'arrêt.
- Le boucher te répond par moult charniers.
- Où es-tu Institution ?
- Le Maître des « hautes œuvres » te dicte sa domination.
– Tu plies sous l'humiliation.
- Disqualifiée !
- Tu fais pitié !
– Où es-tu Institution ?
- Toi qui n'as pour autorité.
- Qu'un fronton ampoulé.
- Réduite à la figuration !
- Tu excelles dans l'énumération :
- Une victime, deux, trois… cinquante-quatre mille ! Taillés en pièces par l'aviation.
– Les chars et les drones conçus dans les Fablabs de la mort par procuration.
- Où es-tu Institution ?
- Ephéméride funeste et tragique.
- Actant le nettoyage ethnique.
- Où es-tu Institution ?
- La bande de Gaza n'est que désolation !
- Elle a perdu toute une génération !
Texte : Omar HADDADOU Hommage aux victimes de Gaza. (Juin 2025)
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Haïti, un peuple en résistance contre le néocolonialisme : appel à la solidarité
Faire face à la montée des droites
Les mouvances de droite — caractérisées de plus en plus par l'extrême droite — bénéficient actuellement d'une amplification fulgurante de popularité dans plusieurs régions du monde. L'extrême droite gouverne depuis 2022 en Italie ; en Allemagne, l'Alternative pour l'Allemagne (Afd) a remporté plus de 20% des voix lors des élections fédérale en février dernier ; le gouvernement de Javier Milei en Argentine a entraîné une hausse majeure du taux de pauvreté dans le pays ; et, tout près d'ici, Donald Trump s'attaque avec intensité aux droits humains des États-Unien.ne.s depuis son arrivée au pouvoir en janvier.
Au-delà des énumérations, la montée des droites s'inscrit dans une dynamique globale de crises économiques, sociales, politiques et climatiques concrètes. Alors que les démocraties se fragilisent et rendent possible ce glissement, l'autoritarisme se normalise, les discours haineux (xénophobes, antiféministes, transphobes et plus) s'institutionnalisent, et les frontières établies se durcissent. Les personnes les plus marginalisées, dont les migrant.e.s, les femmes, les personnes racisées, les personnes queer et les dissident.e.s, sont systématiquement les plus ciblées par les droites.
Résister à cette montée des droites implique une riposte collective et communautaire, qui se construit déjà à travers des luttes locales, des mobilisations transnationales et différentes formes de productions théoriques. La résistance suppose également de comprendre pourquoi certaines promesses de la démocratie libérale, dont l'égalité et la solidarité, peinent à convaincre.
Avec Ugo Palheta, Lise Benoist et Francis Dupuis-Déri. Animé par Dalila Awada.
Introduction et présentation des panélistes
Bonjour et bienvenue à cette grande conférence sur la montée des droites, des mouvances qui bénéficient actuellement d'une popularité fulgurante dans différentes régions du monde. On le dit souvent — et on aimerait avoir à moins le dire — : en Italie, en Allemagne, en Argentine, en France, aux États-Unis, entre autres, l'extrême droite est soit au pouvoir, soit elle bénéficie d'importants gains électoraux.
Évidemment, quand elle est au pouvoir, elle s'attaque frontalement aux droits fondamentaux et aux filets sociaux. La montée des droites s'inscrit dans une dynamique globale de crises — économique, sociale, politique et climatique. Les démocraties, quant à elles, se fragilisent et rendent possible ce glissement, vraiment effrayant, disons-le, dans lequel l'autoritarisme se normalise, les discours haineux s'institutionnalisent et les frontières se durcissent.
Dans un tel contexte, on sait trop bien que les groupes déjà marginalisés subissent encore plus d'attaques. Les dissidents et les dissidentes sont aussi systématiquement dans la mire.
Avec les panélistes, on va s'attarder sur ce contexte de montée des droites à partir de leur expertise variée. Ça va nous permettre de clarifier pourquoi certaines promesses de la démocratie libérale échouent ou s'affaiblissent, et pourquoi tant de gens continuent de penser que l'extrême droite est une avenue viable. La compréhension du phénomène est cruciale pour organiser une riposte collective efficace. Une riposte qui se construit déjà, notamment à travers des luttes locales et des mobilisations transnationales.
Donc, on va en discuter avec :
• Ugo Palheta, sociologue et militant anticapitaliste, co-directeur de la revue en ligne Contretemps, auteur notamment de Comment le fascisme gagne la France et La nouvelle internationale fasciste. Il anime aussi le podcast Minuit dans le siècle, qui porte justement sur les extrêmes droites et l'antifascisme.
• Lise Benoist, doctorante en géographie humaine à l'Université d'Uppsala, précédemment membre du Zetkin Collective, qui a contribué à l'ouvrage Fascisme fossile. L'extrême droite, l'énergie, le climat. Sa recherche de thèse porte sur le militantisme écologique au sein de l'extrême droite extraparlementaire française. Elle s'intéresse particulièrement aux revendications localistes.
• Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique à l'UQAM, qui codirige avec Mélissa Blais le chantier sur l'antiféminisme du Réseau québécois en études féministes. Il a signé plusieurs livres sur la démocratie, l'anarchisme, la répression policière, les hommes et le féminisme, une bande dessinée sur les grèves d'élèves à l'école, et il a dirigé des anthologies de textes anarchistes. Il milite ou a milité dans des collectifs de sensibilité anarchiste.
Climat contre capital : quelles issues possibles ?
Le combat qui oppose le climat au capital implique une tension structurelle inégale entre deux parties engagées. D'un côté, l'effondrement climatique, dont les effets ne sont plus à venir mais se sentent déjà — canicules, inondations, déplacements massifs à l'échelle mondiale, pertes irréversibles — impose l'urgence d'agir. De l'autre, un système économique fondé sur l'accumulation, l'extractivisme, la marchandisation du vivant et l'illusion d'une croissance finie sur une planète finie, continue d'être nourri par les plus grands détenteurs de ressources. Les rapports scientifiques le confirment : limiter la crise climatique suppose de rompre avec les logiques du capital, soit les mêmes logiques qui structurent les politiques dominantes.
Introduction et présentation des intervenantes
Bonsoir, merci beaucoup Violette, merci tout le monde d'être avec nous ce soir, et merci à nos panélistes. Bienvenue !
Je suis vraiment ravie d'avoir l'occasion d'animer cette grande conférence sous le thème « Climat contre capital : quelles issues possibles ? », en compagnie de nos trois merveilleuses panélistes, que je vais vous présenter dans un instant.
Avant de commencer, peut-être dire deux mots sur la thématique de la conférence. Le combat qui oppose le capital au climat, c'est le fruit d'une tension qui est vraiment structurelle. Et c'est aussi un combat qui ne se déroule pas à armes égales, hein — c'est une évidence.
D'un côté, on voit déjà tous les signes de l'effondrement climatique : que ce soit des épisodes de chaleur extrême, des inondations, des déplacements massifs de population, l'effondrement de la biodiversité... des pertes qui sont incommensurables et irréversibles. Au moment où on se parle, déjà, la saison des feux de forêt a débuté en force partout au Canada. Il y a déjà des milliers de personnes qui ont été appelées à évacuer leur lieu de résidence et leur collectivité dans les Prairies canadiennes. Et évidemment, ce n'est qu'un exemple.
De l'autre côté, on voit un système économique qui est toujours fondé sur l'accumulation, les logiques extractives, la marchandisation du vivant, et bien sûr, le fantasme d'une croissance infinie — sur une planète qui est, bien évidemment, finie.
Toutes les données scientifiques l'indiquent : pour limiter la crise climatique, il va falloir absolument prendre de front la contradiction entre les logiques capitalistes et les changements climatiques. Cela crée donc le lieu d'un affrontement politique, évidemment. Et on doit poser des questions cruciales, que nous avons lancées ce soir à nos panélistes :
Qui décide ? Qu'est-ce qu'on doit changer ? Qui va porter le coût de l'adaptation ? Qui porte, de manière disproportionnée, le coût de la perte actuellement ? Quels sont les récits qui parviennent — ou ne parviennent pas — à s'imposer sur la crise climatique ?
Évidemment, les alternatives se pensent déjà, se construisent déjà : autant dans les luttes paysannes, les résistances autochtones, que les appels à la décroissance. Il y a plusieurs formes de réappropriation collective des ressources qui existent.
Et avec moi, j'ai des panélistes pour réfléchir à tout cela.
Tout d'abord, à ma droite, il y a Élisabeth Germain. Bienvenue Élisabeth, merci beaucoup d'être avec nous. Élisabeth est sociologue, chercheuse et travailleuse communautaire avec divers groupes de femmes et de lutte à la pauvreté. Son regard sur le monde a été particulièrement forgé par son expérience de coopération en Afrique de l'Ouest, où elle s'est intéressée notamment aux enjeux en lien avec les inégalités de genre et le développement.
Aujourd'hui, elle milite au sein d'un parti politique de gauche, auprès d'un comité de femmes immigrantes, du comité Femmes et écologie d'un regroupement régional de femmes, ainsi qu'avec la Fédération des femmes du Québec. Merci beaucoup Élisabeth d'être avec nous.
Ensuite, Joëlle Zask, qui est donc au milieu, à la droite d'Élisabeth. Elle est héritière de la philosophie pragmatiste et enseigne au département de philosophie de l'université d'Aix-Marseille. À partir de champs disciplinaires et d'expériences variées — surtout les arts visuels et l'urbanisme — ses recherches portent sur les caractéristiques et les conditions d'une culture démocratique.
Dans ses derniers travaux, elle a réfléchi aux relations entre écologie et autogouvernement démocratique. Elle est aussi l'autrice de plusieurs ouvrages : Quand la forêt brûle (2019), Zoocities. Des animaux sauvages dans la ville (2020), Écologie et démocratie (2022), et son dernier ouvrage s'intitule Admirer. Éloge d'un sentiment qui nous fait grandir. Bienvenue Joëlle, merci beaucoup d'être avec nous.
Et enfin, Alyssa Battistoni, politologue et professeure adjointe de sciences politiques au Barnard College, à New York. Ses travaux et son enseignement portent notamment sur les politiques climatiques et environnementales, le capitalisme, le marxisme et le féminisme.
Elle est coautrice de l'ouvrage A Planet to Win : Why We Need a Green New Deal (2019), et de Free Gifts : Capitalism and the Politics of Nature, qui paraîtra au mois d'août chez Princeton University Press. Merci beaucoup Alyssa d'être avec nous.
Alors, je vais passer la parole à nos panélistes, qui vont tour à tour vous faire une présentation d'une vingtaine de minutes. Ensuite, vous aurez sans doute l'occasion de réagir aux présentations les unes des autres. On avait convenu d'un déroulement en commençant peut-être par Alyssa…
En route vers le FSM 2026 au Bénin : construire ensemble les solidarités transnationales
Quand la participation citoyenne devient un acte d’amour collectif
Jeunesse et climat : penser le monde autrement
L’intersectionnalité rendu imperceptible par l’universalisme républicain français !
La Flotille de la liberté, un espoir de solidarité qui ne doit pas s’éteindre
Locataires et grévistes de la construction refusent d’être divisés par la CAQ
La Fresque des résistances : repenser les alliances, d’un territoire à l’autre
Résumé détaillé de la conférence de Kimberlé Crenshaw
Corps colonisés, savoirs dominés : reprendre le pouvoir sur nos corps
L’Art-action communautaire : pour agir contre l’injustice
« Cuisiner nos luttes ensemble » : une matinée avec Kimberlé Crenshaw à l’UQAM
Réactiver le potentiel subversif de l’intersectionnalité

Bâtir nos solidarités contre les violences islamophobes
Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2025
Chronique Le monde de Québec
Bâtir nos solidarités contre les violences islamophobes
Maryam Bessiri, Hassina Bourihane, Mélina Chasles, Sophie Marois, membres du conseil d’administration de la Ligue des droits et libertés - section de Québec [caption id="attachment_21653" align="alignright" width="304"]
Des violences interreliées, nourries par des idéologies communes
Ces attaques ont souvent été qualifiées d’« actes isolés » commis par des « loups solitaires », et même qui ne relèveraient d’aucune idéologie particulière. Or, les assaillants revendiquent eux- mêmes des filiations. L’auteur de l’attentat de London citait celui qui s’est attaqué en 2019 à deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, comme principale « source d’inspiration ». Ce dernier avait à son tour glorifié l’assaillant de la Grande mosquée de Québec, allant jusqu’à écrire son nom, avec ceux d’autres tueurs de masse, sur l’une des armes utilisées pour commettre l’attentat1 . Ces liens, fièrement assumés, ne sont pas anecdotiques : ils relèvent d’une vision du monde2 et d’un réseau numérique transnational3 fondés sur le suprémacisme blanc, l’islamophobie et les conspirations du « grand remplacement ». Ces idéologies conçoivent l’immigration, la diversité ethnoculturelle et le féminisme comme des menaces existentielles à l’établissement d’une « nation pure », désignée comme la « nation blanche ». Les procès des attentats de London et de Québec ont d’ailleurs révélé que leurs auteurs avaient envisagé d’autres cibles, notamment des cliniques d’avortement et des groupes féministes. Ces faits témoignent d’un noyau idéologique, bien documenté par la recherche, selon lequel contrôler qui « appartient » à la nation implique aussi de contrôler les corps, les rapports de genre et les sexualités4.Des fractures profondes
Les témoignages des proches des victimes nous rappellent que la violence islamophobe ne surgit pas au hasard, mais s’enracine dans des inégalités profondes. Comme l’a exprimé Tabinda Bukhari — mère, belle-mère et grand-mère des victimes de London — au terme du procès :« La désignation de terrorisme reconnaît la haine qui a alimenté le feu, la laideur qui a coûté la vie à Talat, Salman, Madiha et Yumnah. Mais cette haine n’existait pas dans le vide. Elle a prospéré dans les chuchotements, les préjugés, la peur normalisée de l’autre… Cette haine cachée sous nos yeux [hidden in plain sight] a été normalisée par la croyance non contestée qu’il existerait une hiérarchie raciale au Canada. Ce procès ne concernait pas qu’un seul acte. C’était un rappel brutal des lignes de fracture profondément ancrées dans notre société5».
Affronter cette haine implique de reconnaître que le racisme est systémique et ancré dans les histoires coloniales québécoise et canadienne, et qu’il persiste aujourd’hui dans les discours publics, les politiques migratoires, les lois discriminatoires et les violences du quotidien. La banalisation des expériences d’islamophobie, ou encore la législation interdisant les signes religieux dans l’exercice de certaines professions — affectant frontalement les femmes musulmanes — participent de cette dynamique et l’institutionnalisent.La force des solidarités
Nos solidarités constituent un rempart essentiel contre ces exclusions et ces violences. Dès le lendemain du 29 janvier 2017, des milliers de résident-e-s de la Ville de Québec ont encerclé la Grande mosquée dans un élan de solidarité avec les victimes et la communauté musulmane. Des rassemblements semblables se sont tenus dans de nombreuses autres villes à travers le pays, et le monde. Depuis, le comité citoyen 29 janvier, je me souviens organise des commémorations annuelles de l’attentat avec le Centre culturel islamique de Québec.Affronter cette haine implique de reconnaître que le racisme est systémique et ancré dans les histoires coloniales québécoise et canadienne, et qu’il persiste aujourd’hui dans les discours publics, les politiques migratoires, les lois discriminatoires et les violences du quotidien.À London, des ami-e-s de la plus jeune victime, Yumnah Afzaal, ont fondé la Youth Coalition Combating Islamophobia (YCCI). Cette association menée par des jeunes crée des ressources éducatives, organise des vigiles et développe des projets artistiques sous la bannière Take Initiative, End Islamophobia6. [caption id="attachment_21657" align="alignleft" width="339"]

- Documentaire Attentat à la mosquée, un devoir de mémoire, réalisé par Catherine En ligne : https://ici.tou.tv/attentat-a-la-mosquee-un-devoir-de-memoire
- Mark Davis, Violence as method : the “white replacement”, “white genocide”, and “Eurabia” conspiracy theories and the biopolitics of networked Ethnic and Racial Studies, 2024.
- Voir, par exemple: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1766695/twitter-neonazi-alexandre-bissonnette-attaque-mosquee-quebec
- Voir, par exemple: https://lemonde.fr/idees/article/2025/03/27/entre-racisme-et-masculinisme-des-liaisons-ordinaires_6586717_3232.html
- En ligne : https://ici.radio-canada.ca/rci/en/news/2051263/nathaniel-veltman-afzal-family-ruling-terrorism-islamophobia
- En ligne : https://ycci.ca
- En ligne : https://london.ca/living-london/anti-racism-anti-oppression
- En ligne : https://lfpress.com/news/local-news/on-afzaal-attack-anniversary-school-board-set-to-unveil-anti-islamophobia-plan
L’article Bâtir nos solidarités contre les violences islamophobes est apparu en premier sur Ligue des droits et libertés.
Contrat de service – Permanence à la revue À bâbord !
La revue sociale et politique À bâbord ! est à la recherche d'une personne pour assurer la permanence de la revue. Revue autonome et indépendante, la revue À bâbord ! est réalisée par des membres bénévoles depuis 2003. Le rôle de la personne permanente est central pour assurer les publications. Cette personne devra effectuer les tâches suivantes, notamment.
Survol du poste
- • Assurer le suivi hebdomadaire des deux boîtes courriel (info + achats/pubs).
- • Relayer les propositions d'articles au secrétaire de rédaction.
- • Relayer les demandes ou les problèmes d'abonnements à la SODEP.
- • Relayer les questions spécifiques au collectif ou au comité de coordination.
- • Assurer le suivi avec l'imprimeur, et ce, toute l'année, en collaboration avec la personne secrétaire de rédaction.
- • Assurer le suivi avec la SODEP (ex. : remplir les sondages, faire les demandes pour le Printemps des revues) en collaboration avec le ou la responsable des abonnements.
- • Rassembler les nouvelles pubs (en relançant chaque syndicat qui a un contrat avec nous) pour le numéro 105 et les suivants, en collaboration avec le comité dédié aux annonces publicitaires et la personne secrétaire de rédaction.
- • Renouveler les contrats de vente d'espaces publicitaires et les achats groupés après le numéro 105 et les suivants.
- • Vendre des espaces publicitaires à l'aide d'un nouveau kit médias (à créer : 2025-2026).
- • Transférer toutes les publicités à l'infographiste et au secrétaire de rédaction avant chaque date de tombée.
- • Produire toutes les factures publicitaires.
- • Produire des factures et faire le suivi des ventes et invendus auprès des librairies indépendantes deux fois par année.
- • Coordonner l'ajout de chaque numéro aux plateformes de vente des Libraires et de la SODEP.
Compétences requises et atouts
- • Bonnes capacités de communication et de rédaction en français.
- • Familiarité avec les outils de gestion et de suivi des boites courriels.
- • Aptitude à travailler en équipe et de manière autonome.
- • Connaissance des milieux syndicaux et militants québécois (atout).
- • Expérience ou connaissance en édition (atout).
- • Expérience de mise en marché (atout).
Conditions de travail
- • Il s'agit d'un contrat de service d'une moyenne de 40 heures par numéro (quatre numéros par année), mais les heures sont réparties en fonction des besoins.
- • La rémunération est de 20,00 $ de l'heure.
- • Toutes les données d'À bâbord ! devront être versées sur le serveur Nextcloud À Bâbord ! financé par la revue, et ce, dès la conclusion du contrat de services pour la personne assurant la permanence de la revue.
- • Le contrat sera renouvelable annuellement en juin), après entente entre les parties, et ce, notamment, si la situation financière de la revue le permet.
- • Le travail se réalise au domicile de la personne.
- • L'entrée en poste est prévue pour juin 2025.
Procédure pour postuler
Les personnes intéressées sont priées d'envoyer leur CV accompagné d'une lettre de motivation avant le 12 juin à 17 h à l'adresse suivante : candidature@ababord.org.
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Gaza : terrifiant et déchirant miroir !

Gaza, juin 2025 : alors que dans les grands médias du monde occidental, on s'écharpe en toute hypocrisie sur le sens des mots, pour savoir si l'on doit ou non oser prononcer le mot de "génocide", le témoignage de l'historien Jean-Pierre Filiu(1) , ayant vécu un mois à Gaza dans un camp de réfugiés, vient nous ramener à l'essentiel. Il nous rappelle " l'inhumanité absolue" à laquelle ont été réduits sous nos yeux près de 2 millions d'êtres humains et sur laquelle tant de nos dirigeants se contentent de fermer les yeux, Canada et Québec compris. Au nom de sordides intérêts militaires et économiques ? Ou alors par frilosité, lâcheté, complicité, peur panique d'indisposer les puissants de l'heure, allez donc savoir ?
C'est le remarquable : que cet historien ait eu le courage de vivre, puis de nous dévoiler un pan de cette horreur indescriptible, tout en y parvenant avec à la fois sobriété et précision, sans jamais perdre sang froid et rigueur !
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : voilà un peuple —le peuple palestinien de Gaza— pris en souricière depuis plus de 600 jours dans une prison à ciel ouvert, retenu de force sur un territoire grand comme l'ile de Montréal, lui-même ravagé périodiquement par des drones et des bombardements touchant sans égards civils, femmes et enfants et n'épargnant, ni les écoles, ni les hôpitaux, ni les universités, ni les centres d'aide humanitaire, tout en ne laissant au fil des jours que destructions et montagnes de gravas s'élever jusqu'au ciel. Plus de 51 000 morts officiellement répertoriés (mais combien enfouis sous les décombres ?), et parmi eux plus de 16 000 enfants, sans compter le cortège des 100 000 autres blessés, handicapés ou mutilés qui survivent dans ce champ de ruines en ne disposant de presque rien.
Partout nous rappelle Jean-Pierre Filiu, c'est une "tragédie au sens absolu du terme", "une situation de détresse, de vulnérabilité totale". À Gaza, raconte-t-il « les rues n'existent plus », les champs et les cultures ont disparu, et "ce qu'on croit être des collines, ne sont que des amoncellements de ruines". Au sud de Gaza, au bord de la méditerranée, là où parmi les dunes et sur les plages ont échoué près d'un million de personnes, on ne voit qu'une mer de tentes de plastique qui ne protègent les gens ni du froid, ni des pluies violentes, ni bien sûr des bombes ou des drones. Le tout, pendant que la famine est utilisée comme arme de guerre et que l'aide humanitaire est dispensée –à l'encontre de toutes les recommandations de l'ONU— au compte gouttes par des agences privées sous contrôle militaire.
Et que l'on ne nous rappelle pas ici, en guise de justification implacable, les 1200 israéliens assassinés le 7 octobre 2023 lors de l'attaque du Hamas, comme si le conflit israélo-palestinien n'avait commencé que ce jour-là et que les dirigeants sionistes israéliens n'avaient pas eu aussi une écrasante part de responsabilité dans cette affaire !
C'est là le plus déchirant, et ce n'est sans doute que les poètes qui peuvent nous le faire ressentir : cet effet miroir que produit aussi en nous l'enfer de Gaza, tant il nous relie malgré tout à l'histoire et nous renvoie au drame de la Shoa ainsi qu'à à la naissance de l'État d'Israël, constitué en 1948 sous la caution coloniale des Européens, pour —croyait-on— s'en prémunir à tout jamais.
En cela, l'enfer de Gaza est peut-être le miroir de nos drames, le symbole des échecs de notre époque, l'occasion de nous interroger sur ses points aveugles. Pour oser penser tout différemment !
C'est le poète palestinien Reefaat Alareer qui le rappelait sans ambages dans un poème écrit 5 semaines avant sa mort provoquée par une frappe aérienne israélienne, le 6 décembre 2023, et dans lequel il s'adressait à son vis-à-vis israélien :
Je suis toi, deux fois, un et deux. Regarde dans le miroir, l'horreur, l'horreur (…)
Je suis toi, je suis ton passé qui hante ton présent et ton avenir.Je fais tout ce que je peux : comme tu l'as fait. Je lutte : comme tu l'as fait. Je résiste : comme tu as résisté
Le temps d'un instant, je prendrais même en exemple ta ténacité, si tu n'étais pas en train de tenir le canon de ton fusil entre mes deux yeux qui saignent.
Un, deux. C'est exactement le même fusil, exactement la même balle qui ont tué ta mère, qui ont tué ton père et qui sont en train d'être utilisés contre moi.
C'est pourquoi nous sommes jumeaux. Même parcours de vie, même arme, même souffrance. Mêmes expressions dessinées sur le visage du tueur –tout est pareil— sauf que dans ton cas la victime s'est transformée en agresseur.
je te le dis, je suis toi (…) Regarde dans le miroir. Je suis toi, je suis ton passé et en me tuant, c'est toi même que tu tues. »(2)
Quand donc oserons-nous le dire, nous regarder dans ce miroir ?
Pierre Mouterde
Sociologue, essayiste
Québec, le 2 juin 2025.
Notes
1. Voir le livre Un historien à Gaza, Paris, les Arènes, mai 2025. Voir aussi Radio Canada : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/tout-terrain/episodes/953538/rattrapage-dimanche-1-juin-2025
Voir aussi TF1, RFI, Radio France, France 24
2. Extraits du poème Je suis toi du jeune poète palestinien Reefaat Alareer, lu par Catherine Dorion, lors d'une manifestation en soutien au peuple palestinien, réalisée le samedi premier juin à Québec (traduction libre).

Les activités de "Marchons pour Du pain et des roses, encore et plus que jamais" sont lancées

Montréal, le 27 mai 2025 - La première journée d'actions soulignant le 30e anniversaire de la Marche des femmes contre la pauvreté « [1]_Du pain et des roses » [1] _s'est conclu hier par une reconnaissance importante [2] de la part de la ville de Montréal, en plus de donner lieu à des marches dans plusieurs régions.
« Place du Pain-et-des-Roses »
La Ville de Montréal a en effet annoncé qu'une place publique située dans le quartier Centre-Sud, entre les rues Atateken et Wolfe, porterait dorénavant le nom de « Place du Pain-et-des-Roses ». Par voie de communiqué [2], madame Valérie Plante, mairesse de Montréal et de l'arrondissement de Ville-Marie, a souligné vouloir « reconnaître ces milliers de femmes québécoises d'hier et aujourd'hui qui ont lutté pour améliorer leurs conditions et rendre leur vie plus digne ».
Des marches dans 10 régions
À compter du 26 mai [3], des marches auront lieu dans 10 régions, [1] certaines se répétant tous les jours et dans plusieurs villes, alors que d'autres se tiendront à un moment précis de la semaine ; chaque jour, de 4 à 8 marches, de durée variée, se réaliseront.
Des marches se tiendront en effet [4] à Alma (28 mai et 5 juin) ; à Beloeil (3 juin) et à Longueuil (27 et 28 mai, 3 et 4 juin) ; à
Carleton-sur-Mer (du 26 mai au 4 juin) ; dans plusieurs villes de la région du Centre-du-Québec (du 26 mai au 4 juin) ; à Chibougamau (5 juin), à Joliette (4 juin) ; à Magog (29 mai) et à Sherbrooke (4 juin) ; à Montréal (29 mai, 3 juin et du 26 mai au 4 juin) ; à Québec (3, 4, 5 et 7 juin) ; à Trois-Rivières (26 mai) et dans plusieurs villes de la Mauricie
(du 26 mai au 4 juin). En hommage au trajet de 1995, le total des kilomètres parcourus sera répertorié.
Le point culminant de cette mobilisation consistera en une marche à Québec, le 7 juin, de 13h à 16h [5], pour un trajet menant du Musée national des beaux-arts de Québec, vers un parc à proximité de l'Assemblée nationale, en passant par un arrêt devant cette dernière. Un état de situation des revendications de 1995 a [6] été produit pour l'occasion.
En prélude aux activités, une lettre ouverte est parue dans La Presse [7], sous la signature des marraines de la marche de 1995 et de courtes capsules vidéos [8], réunissant ces dernières et des comarraines des événements de 2025, sont diffusées par les médias sociaux [9]. Plusieurs marraines et commaraines [10] seront d'ailleurs présentes le 7 juin à Québec.
À propos
La Marche des femmes contre la pauvreté « Du pain et des roses » [11] a eu lieu du 26 mai au 4 juin 1995, à l'initiative de la Fédération des Femmes du Québec, avec la collaboration d'un grand nombre d'organisations. Plus de 850 femmes ont marché pendant 10 jours en direction de l'Assemblée nationale. Plus de 18 000 personnes les y attendaient, pour entendre le gouvernement de l'époque répondre à leurs revendications contre la pauvreté.
« Marchons pour [1]_Du pain et des roses, encor [1]_e et plus que jamais » [1] est organisé par la Fédération des femmes du Québec [12], en collaboration avec la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes [13]. Les marches locales du 26 mai au 4 juin 2025 sont réalisées par des organisations autonomes et celle du 7 juin à Québec est organisée grâce à la contribution du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale [14].
Les marches de 2025 sont notamment réalisées par une vingtaine[1] d'organisations communautaires et syndicales, mixtes et non-mixtes :
· Coalition montréalaise de la Marche mondiale des femmes [15] (CMMMF) et ses groupes membres, le 29 mai
· Centre d'organisation mauricien de services et d'éducation populaire ( [16]COMSEP), le 26 mai
· comité régional Saguenay-Lac-Saint-Jean de la Marche mondiale des femmes [17] et ses groupes membres, le 5 juin
· Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec [18] (FTQ), le 3 juin
· Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), les 3 et 5 juin
· Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale [14] (RGF-CN) et ses groupes membres, organisation du rassemblement du 7 juin.
· Réseau d'action pour l'égalité des femmes immigrées et racisées du Québec [19] (RAFIQ), le 5 juin
· Groupes locataires de Maison pour la santé durable [20]
· Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec (TCMFCQ) [21] et ses groupes membres, du 26 au 4 juin
· Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière [22] (TCGFL) et ses groupes membres, le 4 juin
· Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie [23] (TCMFM) et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin
· L'R des centres de femmes du Québec [24] et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin
· Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec [25] (RTRGFQ) et ses groupes membres, du 26 mai au 4 juin
· Centre des femmes de Longueuil [26], les27 et 28 mai et les 3 et 4 juin
· Centre des femmes de Memphrémagog [27], le 29 mai
· Syndicat des cols bleus Montréal [28] (SCFP301), du 26 au 30 mai
· Centre de femmes l'Essentielle [29] à Beloeil, le 3 juin
· Collective citoyenne Pas Une de Plus [30], le 4 juin
· Centre des femmes Centr'Elles [31] à Carleton, du 26 mai au 4 juin
· ROSE du Nord, [32] le 4 juin
· Centre de femmes les Elles du Nord [33] à Chibougamau, le 5 juin
· Comité Action Féministe d'Unifor Québec [34], 7 juin – vers le rassemblement
Pour information :
Mercédez Roberge, pour le comité d'organisation, 514-690-7826,
painetdesroses@ffq.qc.ca, www.ffq.qc.ca [35]
https://www.facebook.com/Dupainetdesroses1995 [36]
Pour toutes les informations www.ffq.qc.ca [35]
bit.ly/DuPainEtDesRoses-FFQ-1995-2025 [37]
Pour afficher le calendrier
bit.ly/DuPainEtDesRosesCalendrier [38]
[1] Cette liste ne comprend pas les noms des organisations qui invitent la
population à participer aux marches locales et à la marche finale du 7
juin à Québec.
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