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« Les faux réfugiés de Trump » : alors que les États-Unis accueillent des Sud-Africains blancs, Trump dénonce à tort un « génocide »

L'administration Trump a suspendu la réinstallation des réfugiés dans la plupart des pays du monde, mais a accueilli lundi 59 Afrikaners sud-africains blancs à qui le statut de réfugié a été accordé. Le président Trump affirme que les Afrikaners sont victimes de discrimination raciale — alors même que la minorité blanche en Afrique du Sud possède toujours la majorité des terres agricoles, plusieurs décennies après la fin de l'apartheid — et prétend qu'ils fuient un « génocide ». « Il s'agit d'une théorie du complot et d'un mythe qui circulent depuis des décennies dans les cercles populistes de droite et suprémacistes blancs », affirme Andile Zulu, essayiste politique et chercheur au Centre d'information alternative et de développement au Cap. Nous nous entretenons également avec Herman Wasserman, professeur de journalisme à l'Université de Stellenbosch, qui estime que l'administration Trump utilise les Afrikaners comme « des pions, des figurants dans une campagne qui prétend promouvoir la suprématie blanche ».
15 mai 2025 | tiré de Democracy now !
NERMEEN SHAIKH : Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a annoncé qu'il rencontrera le président Trump à la Maison-Blanche la semaine prochaine, après l'arrivée aux États-Unis lundi d'environ 59 Afrikaners ayant obtenu le statut de réfugié. Les Afrikaners sont les Sud-Africains blancs qui dirigeaient le pays pendant l'apartheid. Cela survient alors que l'administration Trump a suspendu la réinstallation des réfugiés pour presque tous les autres pays.
Lundi, Trump a affirmé que les Sud-Africains blancs subissaient une discrimination raciale, bien que la minorité blanche détienne encore la majorité des terres agricoles. Il a déclaré qu'il les autorisait à venir aux États-Unis pour échapper à un soi-disant « génocide ».
DONALD TRUMP : C'est un génocide qui a lieu et dont personne ne veut parler, mais c'est une chose terrible. Des agriculteurs sont tués. Ils sont blancs, mais qu'ils soient blancs ou noirs m'importe peu. Mais des fermiers blancs sont brutalement tués, et leurs terres sont confisquées en Afrique du Sud.
NERMEEN SHAIKH : Lundi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a réfuté les accusations de Trump, les qualifiant de « récit complètement faux ». Mardi, il a rapporté sa conversation téléphonique avec Trump.
CYRIL RAMAPHOSA : J'ai parlé avec le président Trump au téléphone. Il m'a demandé : « Que se passe-t-il chez vous ? » Je lui ai répondu : « Président, ce qu'on vous a dit, par ceux qui s'opposent à la transformation en Afrique du Sud, n'est pas vrai. » Je lui ai ajouté que nous avions été bien formés par Nelson Mandela et d'autres leaders comme Oliver Tambo pour bâtir une nation unie à partir de nos diverses communautés. Nous sommes le seul pays du continent où les colonisateurs sont restés, et nous ne les avons jamais chassés. Ils vivent ici, et ils progressent. Ce sont des groupes marginaux, peu soutenus, qui s'opposent à la transformation et au changement, et qui préféreraient voir l'Afrique du Sud revenir à des politiques de type apartheid.
NERMEEN SHAIKH : Le conseiller de Trump d'origine sud-africaine, Elon Musk, a lui aussi accusé le gouvernement sud-africain de promouvoir un soi-disant « génocide blanc ». Le grand-père de Musk avait déménagé en Afrique du Sud pour soutenir le système d'apartheid.
AMY GOODMAN : Mercredi, le chatbot d'intelligence artificielle de Musk, Grok, est devenu un sujet tendance sur X (ex-Twitter), après avoir répondu à des questions en déclarant qu'il était « programmé par ses créateurs » pour accepter comme réel et raciste le génocide blanc, quelle que soit la question posée. Nous sommes rejoints au Cap, en Afrique du Sud, par deux invités :
Herman Wasserman, professeur de journalisme et directeur du Centre pour l'intégrité de l'information en Afrique à l'Université de Stellenbosch. Son nouvel article s'intitule « Les faux réfugiés de Trump ». Il est lui-même un Afrikaner blanc.
Andile Zulu, analyste politique au Centre d'information alternative et de développement, auteur d'un article intitulé « Race, pouvoir et politique de la distraction ».
HERMAN WASSERMAN : Ma première réaction a été l'incrédulité, suivie d'un sentiment de dégoût face à cette notion de « génocide blanc ». C'est une accusation rejetée par la majorité des Sud-Africains, y compris parmi les blancs.
ANDILE ZULU : Cette idée de génocide blanc qui vient de la Maison-Blanche est une vieille théorie du complot des milieux populistes d'extrême droite. Elle prétend que les Afrikaners sont victimes d'une violence étatique délibérée. Mais tous ceux qui connaissent la réalité du pays — la pauvreté, les inégalités, le chômage — savent que c'est totalement faux.
En réalité, cette propagande sert à mobiliser la peur d'une petite frange blanche mécontente d'avoir perdu ses privilèges. Cela rejoint aussi l'agenda du mouvement MAGA aux États-Unis, qui se présente comme défenseur de la « civilisation blanche ».
Cela a commencé avec l'adoption par Ramaphosa d'une nouvelle loi remplaçant l'Expropriation Act de 1975. Ce n'est même pas une loi radicale. Elle prévoit que l'État peut exproprier des terres pour l'intérêt public avec une compensation équitable. Et les cas où cette compensation serait nulle seraient très rares, selon les experts.
NERMEEN SHAIKH : Pour rappel, une loi de 1913 avait attribué plus de 90 % des terres sud-africaines aux Blancs. Aujourd'hui, bien qu'ils représentent environ 7 % de la population, ils détiennent encore environ 50 % des terres. Les Afrikaners figurent parmi les plus riches du pays. Andile, comment cette nouvelle a-t-elle été reçue en Afrique du Sud ?
ANDILE ZULU : C'est un mélange de frustration et d'incompréhension. Les statistiques parlent d'elles-mêmes : le chômage chez les Blancs est à 7,9 %, contre 36,9 % chez les Noirs. Le taux de pauvreté est de 1 % chez les Blancs, contre 64 % chez les Noirs. Les victimes de violence sont en immense majorité des jeunes Noirs vivant dans les townships.
Oui, les Sud-Africains blancs peuvent eux aussi être victimes de criminalité, mais ce n'est pas parce qu'ils sont blancs. C'est dû à un État dysfonctionnel, gangrené par la corruption et la politique néolibérale imposée à une économie en crise.
AMY GOODMAN : Herman Wasserman, aux États-Unis, des personnalités comme Elon Musk, Peter Thiel et d'autres membres de la « mafia PayPal » ont des liens avec l'Afrique du Sud de l'apartheid. Alors que la majorité des réfugiés dans le monde sont refusés, ce groupe de 59 Afrikaners est accueilli. Quelle est la signification de cela ?
HERMAN WASSERMAN : De nombreux médias sud-africains parlent de ces « réfugiés » entre guillemets, car tout le monde sait qu'ils ne le sont pas réellement. Cela contredit les conditions dramatiques dans lesquelles vivent de véritables réfugiés dans le monde.
Ce récit de persécution est le fruit d'une campagne de désinformation orchestrée depuis des années par des groupes comme AfriForum, qui militent à Washington, interviennent dans les médias conservateurs comme Tucker Carlson, et participent à des événements comme le CPAC. Ils y présentent l'Afrique du Sud comme un pays où les Blancs seraient persécutés, en proie à une sorte d'« apartheid inversé ».
Cette stratégie a porté ses fruits auprès de l'entourage de Trump, en particulier d'anciens Sud-Africains blancs proches de lui. Et maintenant, cette campagne trouve son apogée dans la reconnaissance de ces « réfugiés ».
Il faut aussi comprendre que cette décision vise à punir l'Afrique du Sud pour avoir porté plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice. L'ordre exécutif mentionne explicitement la position sud-africaine sur Gaza.
En somme, ces 59 Afrikaners sont utilisés comme pions dans une vaste campagne politique, à la fois aux États-Unis — pour nourrir l'imaginaire de la « blancheur menacée » — et en Afrique du Sud, où ces groupes veulent faire pression sur le gouvernement. AfriForum ne cherche même pas à quitter le pays. Il s'agit d'un coup de force politique.
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77ème anniversaire de la Nakba : Noura Erakat s’adresse à l’ONU

À l'occasion du 77e anniversaire du début de la Nakba, Noura Erakat, juriste et coéditrice de Jadaliyya, s'est adressée à l'ONU (vidéo ci-dessous). Dans son discours, elle a mis en lumière les insuffisances du droit international face à la guerre génocidaire menée par Israël contre la population palestinienne de Gaza. Elle a également formulé des propositions concrètes d'intervention pour la communauté internationale. Enfin, elle a replacé l'impuissance actuelle des Nations Unies dans une perspective plus large, marquée par l'histoire de la domination impériale, de l'impunité coloniale et des logiques de conquête fascistes. Cliquez ici pour regarder l'intégralité de la commémoration du 77e anniversaire de la Nakba par l'ONU.
Tiré du site de la revue Contretemps.
La Nakba continue
Aujourd'hui marque le 585e jour du génocide. Chacun est ponctué d'atrocités inédites. Il y a deux jours, une petite fille en genouillère rouge, âgée de moins d'un an, a été amputée des deux jambes. Un missile a éventré un hôpital pour tuer un journaliste renommé qui y recevait des soins. Un garçon de 12 ans, témoin du massacre de 15 ambulanciers, a été assassiné ; les secouristes ont été ensevelis dans une fosse commune.
Israël a détruit 92 % des bâtiments résidentiels de Gaza, rendu ses 36 hôpitaux inopérants, et bloqué l'entrée de nourriture et de produits de première nécessité. Ce faisant, Israël ne se contente pas de tuer des Palestiniens aujourd'hui : il compromet l'avenir même du peuple palestinien. Une campagne qui vise à anéantir l'avenir d'un peuple est un génocide. Pourtant, malgré l'ampleur des faits et l'avis de la CIJ affirmant la plausibilité du crime de génocide, cette réalité demeure controversée. Pourquoi ?
L'argument avancé le plus fréquemment est qu'Israël ne cible pas les Palestiniens en tant que peuple, mais uniquement le Hamas. Laissons de côté les nombreuses objections juridiques et factuelles à cette thèse, et examinons quelques données :
À ce jour, au moins 2 % de la population de Gaza a été tuée (environ 52 400 personnes), dont plus de 20 000 enfants enterrés ou portés disparus. Les noms des enfants de moins d'un an remplissent les 14 premières pages d'un document de 649 pages. 1 200 familles entières ont été rayées des registres d'état civil. Trois mois après le début de la guerre, le coordinateur humanitaire de l'ONU a déclaré Gaza « inhabitable » — et la situation ne cesse d'empirer. On est bien au-delà d'une opération contre les seuls combattants du Hamas.
Israël soutient que ces chiffres ne sont pas pertinents, car ils seraient dus à l'usage de « boucliers humains » par le Hamas. Mais, là encore, au-delà du débat juridique, voici quelques-unes des méthodes utilisées par l'armée israélienne elle-même :
– Tirer délibérément sur des enfants au-dessus de la taille
– Utiliser des drones pour viser des enfants blessés allongés au sol
– Détruire la plus grande clinique de FIV (Al Basma), y compris 4 000 embryons
– Exécuter des patients les mains liées, puis les jeter dans des fosses communes
– Agressions sexuelles contre des prisonniers détenus sans procès
– Bombardement de routes désignées comme “sûres” pour l'évacuation des civils
– Bombardement de zones dites “refuge”
– Torture et exécution de médecins
– Destruction de plus de la moitié des usines de dessalement, compromettant l'accès à l'eau potable
– Raser quatre universités principales, attaquer des usines, bibliothèques, boulangeries, sites patrimoniaux, 247 mosquées, trois églises, seize cimetières
Comme l'a écrit la professeure Sherene Seikaly,
« Tout observateur honnête de cette guerre comprend que la cible des forces israéliennes et des armes fournies par les États-Unis est la population civile palestinienne. Les combattants du Hamas sont des « dommages collatéraux ».
L'objectif de cette campagne est la destruction du peuple palestinien, sous couvert de la sécurité à long terme d'Israël — ce que j'appelle « la paix de la Nakba », un oxymore violent fondé sur l'élimination des Palestiniens au nom de la sécurité juive-israélienne.
Depuis 77 ans, Israël expulse des Palestiniens dans la poursuite de ses ambitions territoriales. Depuis 58 ans, il maintient une occupation militaire permanente en Cisjordanie et à Gaza. Depuis 17 ans, il impose un blocus à 2,3 millions de Palestiniens. Ce que nous vivons depuis 585 jours est l'épisode le plus cruel et le plus brutal de la Nakba en cours.
Le 12 novembre 2023, le ministre de l'Agriculture, Avi Dichter (1952), nous l'a dit clairement : « C'est la Nakba 2023 ». Cette campagne se déploie dans toutes les régions palestiniennes, y compris dans le nord de la Cisjordanie, où environ 40 000 Palestiniens ont été expulsés cette année. L'administration Trump avait intégré cet objectif dans son projet de transformation de Gaza en une « Riviera », en envisageant l'expulsion des Palestiniens vers le Soudan, la Somalie ou la Syrie. Plus récemment, le 4 mai 2025, le cabinet israélien a voté à l'unanimité la réoccupation de l'ensemble de la bande de Gaza et le nettoyage ethnique de sa population restante.
C'est pourquoi le retour, début 2025, de plus de 300 000 Palestiniens dans leurs foyers du nord de Gaza fut un événement aussi extraordinaire. Pour la première fois en près de huit décennies de Nakba, nous avons assisté à un retour massif des Palestiniens, incarnant les trois aspirations nationales fondamentales du peuple palestinien. Comme l'a raconté Ahmed Abu Artema (1984), qui a rejoint sa maison à pied :
Ce jour-là, j'ai marché comme jamais auparavant, environ 15 km sans m'arrêter. Je suis entré dans la ville de Gaza, un rêve longtemps caressé pendant les jours de guerre, désormais réalisé.
Malgré une cruauté sans précédent, les Palestiniens ont refusé de se rendre et ont marché vers leur foyer à pied. C'est précisément pour cette raison que les Palestiniens sont considérés comme une menace pour la sécurité : parce que nous refusons de disparaître. La Nakba se poursuit, tout comme la résistance palestinienne à notre élimination.
Le droit international
Il existe suffisamment de lois appelant à mettre fin au génocide, lever le blocus, mettre fin à l'occupation et garantir l'autodétermination du peuple palestinien. Si le droit international avait jamais été réellement efficace, les réfugiés palestiniens élèveraient aujourd'hui leurs familles et cultiveraient leurs jardins sur leurs terres d'origine, plutôt que de chercher les restes de leurs enfants sous les décombres.
Fait remarquable : cette période de génocide a également été marquée par des avancées judiciaires notables en faveur de la libération du peuple palestinien.
En janvier 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a estimé que la campagne menée par Israël relevait d'un génocide plausible. En mai 2024, elle a adopté une nouvelle mesure provisoire ordonnant le retrait des troupes israéliennes de Rafah. Le même mois, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d'arrêt contre Benjamin Netanyahou (1949) et Yoav Gallant (1958).
En juillet 2024, la CIJ a rendu un avis consultatif déclarant illégale la présence israélienne en Cisjordanie et à Gaza, exigeant le retrait des colons et des forces militaires, ainsi que des réparations en faveur du peuple palestinien. Le mois dernier, la CIJ a examiné un recours relatif à l'interdiction de l'UNRWA – l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens – désormais interdite dans le cadre d'une campagne de famine qui a causé la mort de 57 enfants en deux mois.
Dans les derniers jours de son mandat, l'administration Biden a reconnu l'existence d'un génocide contre la tribu ethnique Masalit au Darfour par les Forces de soutien rapide. Lorsqu'on lui a demandé si les mêmes critères pouvaient être utilisés pour statuer sur la campagne d'Israël à Gaza, l'ambassadrice itinérante des États-Unis pour la justice pénale mondiale a répondu que « c'est finalement aux juges [de la CIJ] d'en décider », sans la moindre ironie sur le fait que les États-Unis n'ont pas eu à présenter de preuves devant la CIJ dans le cas du Soudan.
Il ne s'agit pas d'une controverse juridique, mais d'un conflit politique. La déférence sélective envers la CIJ, lorsqu'il s'agit du génocide des Palestiniens, vise essentiellement à se défausser de toute responsabilité. Parallèlement, une contre-révolution mondiale s'attaque aux militants et cherche à réécrire l'histoire contemporaine. Depuis 2020, un consensus croissant parmi les ONG de défense des droits humains – ainsi qu'au sein de la CIJ – désigne Israël comme un régime d'apartheid. Mais au lieu de le boycotter, de désinvestir et de sanctionner, la communauté internationale a préféré normaliser cet apartheid. Cinq ans plus tard, nous en voyons les conséquences.
L'apartheid et le génocide s'inscrivent dans un même continuum. Trois des actes spécifiques permettant de maintenir un régime d'apartheid sont identiques à ceux constitutifs d'un génocide. Dans le premier cas, ils sont motivés par l'intention de dominer ; dans le second, par celle de détruire. Le génocide est l'aboutissement logique de tout projet de conquête et de colonisation d'un territoire habité par un autre peuple – à moins qu'on ne l'arrête.
Nombre d'entre vous ont connu le colonialisme, ou sont les descendants directs de celles et ceux qui l'ont subi. Vous connaissez intimement l'héritage qu'il laisse. C'est pourquoi, en 1974, cette institution a déclaré avec force que les Palestiniens formaient un peuple au regard du droit, qu'ils existent et méritent d'exister. En reléguant la question palestinienne au rang de différend politique bilatéral, hors du cadre des normes internationales, vous avez contribué à normaliser l'occupation. En renonçant aux sanctions et au boycott, beaucoup d'entre vous ont normalisé l'apartheid – et aujourd'hui, par votre inaction, vous êtes en passe de normaliser le génocide.
Mais si vous normalisez le génocide, il ne restera plus rien.
Si l'on permet qu'un peuple soit nié dans son existence, enfermé, soumis à une guerre systématique ; si l'on utilise l'intelligence artificielle pour le bombarder sans répit dans ses maisons, le brûler vif dans des tentes, le transformer en cobaye de drones suicides ; si l'on refuse à ses malades les soins médicaux, aux prématurés l'accès aux soins intensifs, aux femmes enceintes l'anesthésie ; si l'on l'affame alors que les camions d'aide humanitaire s'accumulent sans pouvoir décharger leur cargaison – et que tout cela reste sans conséquences, voire justifié au nom de la « souveraineté » des colons sionistes –, alors je vous le dis : plus personne n'est en sécurité. Comme l'a affirmé le président colombien Gustavo Petro (1960) : « Gaza est une répétition pour le reste du monde.
Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich (1980), a récemment déclaré que la victoire dans cette guerre signifierait la destruction totale de Gaza et le déplacement de ses habitants. Il s'est également vanté que les Israéliens « vont enfin conquérir la bande de Gaza. Nous n'avons plus peur du mot occupation ». L'audace de Smotrich est notre échec.
Vous devez empêcher Smotrich et tous ceux qui partagent son opinion de se vanter d'une conquête par le génocide au XXIe siècle, vous devez faire en sorte que ceux qui tiennent de tels propos soient réduits à murmurer leur propos.
L'incapacité d'un système mondial
Soyons honnêtes, la plupart d'entre vous craignent les représailles des États-Unis. Le génocide à Gaza est l'une des atrocités majeures de notre époque, et la majorité des habitants de la planète s'y opposent. Notre incapacité à l'arrêter reflète un système international où l'égalité entre les États-nations demeure un principe idéal, mais rarement appliqué.
Il serait peut-être bon de rappeler que les États-Unis sont un empire, mais qu'ils ne sont pas le monde. À l'heure actuelle, les parlementaires américains accueillent à la Maison Blanche Benjamin Netanyahou, criminel de guerre international. Des parlementaires et universités américaines ont aussi reçu Itamar Ben Gvir (1976), ministre de la Sécurité nationale, disqualifié du service militaire pour son appartenance au mouvement Kahane, reconnu comme organisation terroriste par les États-Unis eux-mêmes et par Israël.
Peut-on imaginer une personne tellement extrême qu'elle soit exclue de l'armée israélienne ? La même armée qui a criblé de 335 balles une fillette de cinq ans et demi, exécuté quinze ambulanciers et les a enterrés, avec leurs ambulances, dans une fosse commune ? L'armée israélienne n'a pas voulu de Ben Gvir, mais il a été accueilli à bras ouverts par des législateurs et des universités étatsuniennes, tout comme ils se sont entendus pour faire expulser, disparaître ou arrêter des étudiants. Ne cherchez pas de leadership moral ou politique en Occident. Les États-Unis ont depuis longtemps abandonné cette position. Ne laissez pas les États-Unis et Israël renverser l'ordre mondial.
En défendant Israël, les États-Unis mettent en péril l'ensemble de l'architecture juridique établie après la Seconde Guerre mondiale :
– Ils ont opposé leur veto à cinq résolutions de cessez-le-feu destinées à mettre fin au génocide, malgré l'invocation exceptionnelle de l'article 99 par le Secrétaire général de l'ONU, et deux recours à la résolution « Unis pour la paix ». Par ailleurs, au Conseil de sécurité, les Etats-Unis ont opposé leur veto cinq fois pour bloquer un cessez-le-feu en Palestine (49 vetos depuis 1967), et 15 fois pour protéger l'apartheid en Afrique du Sud (entre 1963 et 1988).
– Les administrations Biden et Trump ont toutes deux discrédité la CIJ : John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a qualifié l'affaire portant sur la Convention sur le génocide de « sans fondement, contre-productive et totalement dénuée de toute base factuelle ».
– Les États-Unis ne sont pas signataires du Statut de Rome, fondateur de la CPI. L'administration Trump a même émis un décret pour sanctionner le procureur et toute personne coopérant avec la Cour.
– En octobre 2024, 107 membres du Congrès ont menacé de suspendre le financement de l'ONU si elle prenait des mesures contre Israël. Ils ont littéralement menacé son budget… pour avoir fait son travail.
– À quoi sert donc l'ONU, si elle est incapable d'empêcher un génocide et une famine organisée visant 2 millions de personnes ?
La communauté internationale a déjà échoué, à maintes reprises, avec un coût humain dévastateur. L'un des échecs les plus tragiques remonte à 1936, lorsque la Société des Nations a laissé Mussolini envahir l'Éthiopie, un État indépendant. Elle a décrété des sanctions symboliques, refusé l'embargo pétrolier, toléré l'usage d'armes chimiques et qualifié la lutte éthiopienne de « bouclier humain ». Ce racisme impérial a précipité l'effondrement de la Société des Nations.
L'ONU est née de cet échec. Elle est née de la promesse de ne plus jamais permettre des atrocités comme le génocide des Namibiens, celui des Arméniens ou l'Holocauste. C'est cet engagement qui est aujourd'hui mis à l'épreuve. Si vous ne vous élevez pas pour dénoncer ces crimes, ce système périra sous les coups de la guerre génocidaire menée par les États-Unis et Israël contre le peuple palestinien.
Aujourd'hui, nous n'avons pas besoin d'une ONU comme simple symbole de la coopération internationale. Ce qu'il faut, c'est une action collective puissante et décisive.
Conclusion
À l'heure actuelle, plusieurs choix s'offrent à nous. Nous pouvons reconnaître la campagne d'Israël comme un génocide et imposer un embargo sur les armes, bloquer les ports, rompre les relations diplomatiques, suspendre tout commerce civil et militaire, imposer des boycotts culturels et universitaires, et sanctionner Israël pour ses violations persistantes.
Si le terme de génocide vous semble trop fort, vous pouvez considérer cette horreur comme une guerre — plus précisément, une guerre coloniale menée par un régime raciste et une puissance occupante. Dans ce cadre, les protocoles additionnels et le droit coutumier de la guerre permettent de reconnaître les captifs comme prisonniers de guerre, de leur garantir un traitement humain, de reconnaître les militants palestiniens comme des combattants, et d'autoriser l'intervention d'une tierce partie. Le droit peut être mobilisé pour protéger les hôpitaux, les écoles et les refuges ; pour assurer la sécurité des journalistes, des médecins et des travailleurs humanitaires ; pour ouvrir de force des couloirs humanitaires ; et pour faire exécuter les mandats d'arrêt émis par la CPI contre Netanyahou et Gallant dès leur arrivée.
Si la guerre semble un terme trop fort, vous pouvez alors considérer cette situation comme une tragédie humanitaire. Dans ce cas, vous pouvez envoyer une mission de maintien de la paix pour protéger les Palestiniens, à qui l'on dénie depuis près de huit décennies le droit à l'autodéfense.
Et si même la tragédie humanitaire vous semble trop lourde à porter, alors éprouvez au moins la force d'éprouver de la pitié pour les enfants palestiniens — ceux qu'on a extraits des décombres, amputés, orphelins, enfermés dans des cages sans nourriture ni eau.
Ne restez pas assis, détenteurs de pouvoir, sans agir. Les États-Unis sont un empire, mais les États-Unis ne sont pas le monde. Vous êtes le monde. Chacun d'entre vous détient le pouvoir de mettre fin à cette mascarade et d'accomplir le devoir minimal de garantir à un peuple le droit d'exister.
Chacun d'entre vous est l'ancêtre de quelqu'un. Un jour, vous serez un souvenir. Notre passage sur cette terre est éphémère : je vous implore de lui donner un sens.
Comme nous le rappelle le poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008) :
- « Nous ne sommes pas le peuple le plus élu au monde, mais personne n'est plus élu que nous. »
- Vous ne pouvez pas abandonner la Palestine sans trahir votre héritage, vos descendants, et vous-mêmes.
- Puissions-nous transformer ce monde en un lieu digne de nos enfants.
- Puissiez-vous être protégés.
- Puissiez-vous être forts.
- Puissions-nous être victorieux.
- Libérez la Palestine — et que la Palestine nous libère tous.
*
Illustration : Jaber Jehad Badwan / Wikimedia Commons.
Noura Erakat est professeure d'études africaines et du programme de justice pénale à l'Université Rutgers, à New Brunswick. Noura Erakat est l'autrice de Justice for Some : Law and the Question of Palestine (Stanford University Press, 2019), ouvrage couronné par le Palestine Book Award et la médaille de bronze des Independent Publishers Book Awards dans la catégorie Actualités / Affaires internationales. Elle est cofondatrice et rédactrice en chef de la revue Jadaliyya, elle siège également aux comités de rédaction du Journal of Palestine Studies et de Human Geography. Elle est par ailleurs membre fondatrice du conseil d'administration du DC Palestinian Film and Arts Festival.
Juriste de formation, elle a été conseillère juridique auprès d'une sous-commission du Congrès des États-Unis, avocate pour le Badil Resource Center for Palestinian Refugee and Residency Rights ainsi qu'organisatrice nationale de la campagne aux États-Unis pour mettre fin à l'occupation israélienne.
Noura Erakat a aussi produit plusieurs documentaires vidéo, notamment « Gaza In Context » et « Black Palestinian Solidarity ». Ses articles ont été publiés dans The Washington Post, The New York Times, Los Angeles Review of Books, The Nation, Al Jazeera et Boston Review. Elle intervient régulièrement sur CBS News, CNN, MSNBC, CBS, Fox News, la BBC et NPR. Elle a été chercheuse invitée au Religious Literacy Project de la Harvard Divinity School (2021) et Freedom Fellow de la Fondation Marguerite Casey.
Initialement publié par Jadalyya. Traduit de l'anglais pour Contretemps par Christian Dubucq
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Cachemire, Inde, Pakistan : sur l’histoire et les enjeux internationalistes d’un état de guerre

Cet article tente de faire le point après la récente crise « chaude » qui a opposé l'Inde et le Pakistan autour de la question du Cachemire. De nombreux facteurs sont à prendre en compte. Les récents événements s'inscrivent sans conteste dans une longue histoire de tensions militaires et de guerres qui remontent à la partition désastreuse imposée au sous-continent par l'impérialisme britannique en 1947.
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
17 mai 2025
Par Pierre Rousset
Dans la dernière période cependant, des changements profonds ont affecté les pays concernés, ainsi que l'environnement géopolitique, la gestion régionale des ressources en eau ou les armements utilisés. On ne peut donc pas partir du postulat selon lequel l'histoire ne ferait que se répéter quasiment à l'identique. C'est peut-être la principale question qui nous est posée : qu'y a-t-il de neuf ? C'est évidemment avant tout aux organisations de gauche de la région d'y répondre. Je me contenterai de soumettre à la discussion et à la critique des éléments d'analyse ou des hypothèses, quitte à devoir réviser ma copie.
La partition de 1947 a imposé un gigantesque déplacement forcé de population, concernant environ 15 millions de personnes, selon des critères religieux. Les musulmans ont été regroupés au Pakistan à l'ouest (dans le bassin de l'Indus) et à l'est du sous-continent (dans le bassin du Gange, le Pakistan oriental étant devenu le Bangladesh après la guerre d'indépendance de 1971). Il reste cependant aujourd'hui encore une très importante population musulmane dans l'Etat indien d'Hyderabad. Bon nombre d'hindou.es qui vivaient en territoire « musulmans » ont pour leur part rejoint l'Inde, mais pas toutes et tous.
Le Cachemire est un pays himalayen qui était inclus dans les frontières de l'Empire britannique. Sa population est majoritairement musulmane. Il a été fracturé par la partition dite « inachevée » de 1947 et la Première Guerre indo-pakistanaise qui a suivi. Un vote d'autodétermination était promis, il n'a évidemment jamais eu lieu. Le Pakistan occupe aujourd'hui les territoires de l'Azad Cachemire et du Gilgit-Baltistan ; l'Inde les territoires du Jammu-et-Cachemire et du Ladakh ; la Chine l'Aksai Chin et la vallée de Shaksgam.
[Carte du Cachemire - Wikipedia-https://en.wikipedia.org/wiki/Kashmir#/media/File:Kashmir_region._LOC_2003626427_-_showing_sub-regions_administered_by_different_countries.jpg]
Une tension permanente et trois guerres
Les conséquences de la politique impériale du « diviser pour régner » se font toujours sentir, mais essentiellement parce que les élites au pouvoir les ravivent en permanence. Cet état latent de guerre de basse intensité est utilisé par les régimes pakistanais et indiens pour marginaliser ou faire taire les oppositions, en appeler (avec un succès inégal) à l'union nationale, détourner l'attention des problèmes sociaux, justifier l'ampleur des budgets militaires, etc.
Trois guerres de haute intensité ont eu lieu. La première en 1947-1949, dans la foulée de la partition. Elle se conclut sous l'égide de l'ONU par l'établissement d'une ligne de contrôle coupant le Cachemire en deux (il ne s'agit pas d'une frontière reconnue). La deuxième en 1965-1966 et la troisième en 1999, sur les hauteurs de Kargil, faisant plusieurs milliers de morts de part et d'autre. Les combats se mènent en altitude dans des conditions très éprouvantes.
L'Inde s'est dotée de l'arme nucléaire en 1974, en réponse à la Chine avec qui elle est aussi en conflit à la frontière himalayenne. Le Pakistan a importé la technologie idoine et a procédé à ses premiers essais en 1998 (c'est le seul pays musulman à la posséder). Pas plus qu'en Europe cependant, « l'équilibre de la terreur » n'a mis met fin aux conflits militaires, même si la situation est bien différente que dans la péninsule coréenne où il est difficile d'ignorer les risques de « dérapages ». La France cherche pour sa part à « normaliser » politiquement l'idée de son usage en évoquant ses recherches sur un armement « tactique » - un dangereux nuage de fumée. Le désarmement nucléaire universel reste une urgence première.
Le déroulé de la crise présente
Le 22 avril, un groupe armé religieux commet un attentat à Pahalgam dans la partie orientale du Cachemire (sous occupation indienne). L'Inde dénonce le Pakistan.
Le 7 mai, New Delhi lance l'opération Sindoor. Outre les tirs d'artillerie usuels de part et d'autre de la ligne de contrôle au Cachemire, son aviation et ses drones s'attaquent à de nombreuses cibles en territoire pakistanais.
Le conflit prend de l'ampleur, le Pakistan envoyant notamment des drones détruire des objectifs en profondeur en Inde, y compris des aéroports.
Dans les deux pays, les médias ont enflammé le nationalisme guerrier. Mais il est clair que l'usage massif de drones, notamment, a changé la donne. La bourgeoisie indienne était partie prenante de l'hystérie patriotique, elle a dessoulé et exigé du Premier ministre Narenda Modi qu'il accepte un cessez-le-feu. L'Inde tente de profiter du confit Washington-Pékin pour attirer les capitaux internationaux. Souffler sur les braises de l'idéologie antimusulmane, c'est bon pour la politique ethnonationaliste du BJP (le parti de Modi) qui vise à finaliser le processus d'« hindouisation » illibérale du pays - mais l'insécurité militaire, c'est mauvais pour les affaires.
Le pouvoir indien a toujours eu un sentiment de supériorité vis-à-vis de son voisin pakistanais. La démographie, la profondeur stratégique (1.600 km d'est en ouest), les capacités économiques et aujourd'hui une idéologie raciste nourrissent ce sentiment. Stratégiquement, le Pakistan n'a pas ces avantages. Les liens entretenus de longue date par les services secrets de l'armée avec les talibans afghans, à sa frontière nord-ouest, devaient en faire un pays « amis », le dotant précisément d'une certaine profondeur stratégique. Lesdits talibans afghans sont aujourd'hui devenus ses premiers ennemis, soutenant les talibans pakistanais.
La défense pakistanaise s'est cependant révélée plus efficace que prévu. Ses pilotes seraient mieux entraînés que ceux de son grand voisin. Elle est dotée d'une flotte aérienne et de missiles chinois qui peuvent frapper de très loin l'attaquant. Cinq avions indiens auraient ainsi été abattus, dont le Rafale français, ses capacités de contre-mesures protégeant des missiles ne semblant pas avoir été efficaces ou activées.
Islamabad ne peut cependant pas soutenir un effort de guerre durable. Le pays croule sous les dettes et il est sous intense pression du FMI. Chaque pays clamant victoire, la signature de l'accord de cessez-le-feu s'est imposée le 10 mai et fut annoncée le 12. Ce n'est qu'une trêve, pas une paix. Après avoir chauffé à blanc les partisans du BJP, qui ne comprennent pas cette trêve, Narenda Modi a ainsi déclaré que l'opération Sindoor n'était pas terminée, qu'elle serait même devenue une politique permanente du pouvoir. Il se prépare ainsi à d'importantes échéances électorales, notamment dans l'Etat du Bihar, en continuant d'attiser la « haine antimusulmane » contre son voisin, ainsi que contre l'importante communauté musulmane d'Inde dans l'Etat d'Hyderabad. Les chrétiens sont aussi la cible des fondamentalistes hindouistes, tenants du suprémacisme hindou (le Hindutva).
Qui a commis l'attentat de Pahalgam ?
Qui est le groupe armé fondamentaliste qui a mené l'opération terroriste du 22 avril, à Pahalgam, au Cachemire sous occupation indienne, faisant 26 victimes parfaitement innocentes ? L'Inde a immédiatement dénoncé le Lashkar-e-Taiba, ce qui lui permet de mettre directement en cause Islamabad, le LeT étant effectivement lié à l'armée pakistanaise. Rien n'indique cependant que tel soit le cas.
Tout en se refusant à soutenir le régime indien et à s'intégrer dans une dynamique union nationale (ce qu'ont fait les deux grands partis de gauche CPI et CPM), mes camarades indiens semblent persuadés que l'attentat de Pahalgam a été effectivement commandité par les services pakistanais. Ce qui me paraît étrange, c'est que la possibilité, voire la probabilité, d'une action (absolument condamnable dans son caractère terroriste) menée par un groupe proprement cachemiri ne soit apparemment pas envisagée. Cette hypothèse mérite pourtant d'être prise au sérieux.
Ce groupe a opéré très loin de la ligne de démarcation sans moyens sophistiqués, avec l'armement de base de toute guérilla, semble-t-il (des armes automatiques, mais pas d'explosifs de qualité), dans une zone ultra-militarisée où les déplacements sur de longues distances sont dangereux. La situation au Jammu-et-Cachemire ne cesse de s'aggraver pour les habitants tant sur le plan social que religieux. Le statut d'autonomie dont « bénéficiait » le territoire n'a jamais signifié grand-chose en pratique, mais le fait qu'il a été abrogé en 2019 annonçait un durcissement brutal de la politique coloniale de dépossession menée par New Delhi, impulsant une dynamique d'hindouisation de l'administration, etc. Les « personnes disparues » sont si nombreuses que l'on parle des « demi-veuves », des femmes qui ne savent pas si leur mari est mort ou vivant. Une situation répressive que dénoncent sans ambiguïté mes camarades indiens. Dans ces conditions, ce qui serait étonnant, c'est qu'aucun groupe local de résistance ne se forme.
Les conditions sont beaucoup moins drastiques dans les territoires cachemiris sous administration pakistanaise.
Il est indubitable que l'armée et les services du renseignement militaire (Inter-Service Intelligence, ISI) ont formé et encadré les organisations terroristes qui opéraient dans le Jammu-et-Cachemire. Cependant, dernièrement, la situation a changé. Une bonne partie des formations fondamentalistes basées au Pakistan auraient pris leur autonomie, poursuivant dorénavant leurs propres objectifs. Quant aux Talibans afghans, ils soutiennent les Talibans pakistanais (le Tehreek Taliban Pakistan, TTP)… qui combattent les militaires et contrôlent une partie du territoire. Ils leur ont fourni un armement lourd pris sur les stocks laissés par les Etats-Unis et leurs alliés locaux quand ils ont quitté en catastrophe le pays en 2021.
Le Pakistan a longtemps vécu sous des régimes militaires directs ou indirects (comme aujourd'hui, avec pour façade le gouvernement de Shehbaz Sharif), les périodes démocratiques n'étant que des interludes. Il traverse cependant une crise de régime probablement sans précédent. L'armée pakistanaise est très impopulaire depuis qu'elle a jeté en prison son protégé d'hier, Imran Kahn, qui était devenu trop puissant et qui est resté étonnamment populaire. Un haut gradé pakistanais peut plastronner après l'attentat pour tenter de redorer sont blason, mais l'appel à l'union nationale derrière la caste militaire semble rester pour l'heure lettre morte, quelle que soit la colère ressentie dans la population après les attaques de l'opération Sindoor qui a visé, outre des installations militaires, des écoles religieuses (madrasas) et des mosquées qui n'étaient plus des centres de formation fondamentalistes.
Géopolitique de l'eau et des pouvoirs
La tension régionale a été considérablement aggravée par la décision du gouvernement Modi de suspendre le Traité de l'Indus. Le partage équitable de ses eaux est en effet vital pour le Pakistan, contribuant notamment à l'irrigation de l'agriculture au Pendjab, grenier à blé du pays. Signé en 1960, ce traité constitue un mécanisme de coopération stable entre les deux pays, chose assez rare pour le souligner. Cette suspension, prise après l'attentat de Pahalgam, équivaut à un véritable acte d'hostilité. Comme l'on sait, à l'heure du réchauffement climatique, le contrôle des ressources aquifères devient un enjeu stratégique plus encore que par le passé.
La Turquie et des Etats du Proche ou Moyen-Orient sont intervenus en médiateurs pour l'arrêt des combats. Ils défendront par ailleurs le Pakistan – l'un des plus grands pays musulmans du monde avec l'Indonésie et celui qui pourrait leur donner accès à l'arme nucléaire. Mais les deux puissances qui comptent restent les Etats-Unis et la Chine. Qui peut prédire ce que fera Trump demain ? Reste Pékin.
Le « corridor pakistanais » a une importance majeure pour le régime chinois, lui permettant de contourner par l'ouest l'Inde pour accéder à l'océan. La voie nord-sud qui conduit au port de Gwadar (en construction) commence au Cachemire sous administration pakistanaise (au Gilgit-Baltistan) pour se terminer au Baloutchistan, zone de conflit où opèrent divers mouvements de résistance indépendantistes (soutenus parfois par l'Inde ?) où l'armée pakistanaise ne fait pas dans la dentelle (ici aussi, des personnes « disparaissent). Les investissements chinois sont considérables et ses forces armées sont présentes tout du long du corridor, sous couvert des services de sécurité des entreprises… chinoises. L'emprise de Pékin est si manifeste que cela a provoqué quelques remous au sein des élites pakistanaises, mais cela ressemble fort à un fait accompli.
Voilà une donnée que le régime Modi ne peut se permettre d'ignorer.
Prendre en compte le neuf, décentrer son regard, agir en internationaliste
Il nous faut penser le neuf. Dans le cas qui nous intéresse ici, le « neuf » est considérable : en Inde, la dynamique excluante de l'Hindutva (Modi revendique l'entièreté des frontières de l'ancien Empire britannique) ; au Pakistan une crise de régime majeure dans un pays taraudé par les régionalismes et les conflits armés ; un bouleversement de la géographie des mouvements fondamentalistes ; les effets accélérés de la crise climatique ; le renouvellement des enjeux géopolitiques avec l'inconnue que représente l'avenir d'une autre crise de régime, celle dans laquelle s'enfoncent les Etats-Unis et dont les répercussions seront mondiales…
Il est normal que dans un premier temps, chaque organisation analyse l'état de crise régionale, disons à partir de son pays et de son orientation politique propre. Cependant, pour pousser l'analyse et agir en commun, au-delà des frontières, il faut faire l'effort de décentrer son regard en observant la situation telle que vu d'autres pays impliqués dans la crise (et d'autres organisations avec lesquelles on veut agir).
Cela vaut en Europe (que les ouest européens voient la guerre ukrainienne telle qu'elle est vécue en Europe de l'Est), où pour un Européen qui cherche à comprendre une lointaine crise asiatique…
L'internationalisme est évidemment le fil à plomb pour les forces qui se réclament de la gauche en cas de conflit militaire. Dans leur grande majorité, mes camarades des pays concernés ont maintenu ce fil à plomb à contre-courant et face à d'intenses pressions, maintenant leurs positions contre l'union nationale et le militarisme, pour la pleine reconnaissance du droit à l'autodétermination des Cachemiris, un devoir premier pour les militant.es pakistanais.es, indien.nes et… chinois.es.
La mise en œuvre de ce droit à l'autodétermination n'est pas simple, y compris parce que chaque territoire cachemiri a vécu une séparation des décennies durant. Néanmoins, tant que ce droit d'autodétermination des Cachemiri.es ne sera pas reconnu, il n'y aura aucune solution durable à une crise régionale qu'instrumentalisent bien des pouvoirs établis, étatiques ou non.
Pierre Rousset
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Des cadres du NPD tentent de truquer la course à la direction en faveur d’un candidat de l’establishment

Le parti a besoin d'un renouveau audacieux et démocratique — mais les initiés veulent une course rapide et manipulée pour verrouiller le statu quo. La course à la direction du Nouveau Parti démocratique n'a même pas encore commencé que l'establishment du parti semble déjà vouloir en biaiser l'issue en sa faveur.
14 mai 2025 | tiré du site Breach media
https://breachmedia.ca/ndp-leadership-race-insiders-establishment-candidate-lobby/
On pourrait croire qu'après l'implosion du NPD lors de la récente élection, les stratèges qui dirigent le parti depuis deux décennies feraient une pause. Peut-être un peu d'introspection. Voire consulter les membres déçus du parti — sans parler des près de deux millions d'électeurs néo-démocrates qui ont voté pour d'autres partis le mois dernier.
Mais la caste des consultants professionnels, où se concentre le pouvoir, ne voit aucun problème fondamental dans son approche. Ces stratèges alternent entre des postes de direction au sein des partis fédéral et provinciaux et des firmes corporatives post-partisanes lucratives, et ils ont modelé le NPD à leur image : plus modéré, méfiant envers les membres et les mouvements sociaux, et déconnecté des réalités de la classe ouvrière.
Loin de considérer le moment comme une occasion d'un nécessaire redémarrage, ils cherchent plutôt à s'assurer que la course à la direction soit hostile à toute candidature qui voudrait faire évoluer le NPD dans une nouvelle direction.
Le Globe and Mail leur a rendu service la semaine dernière, en publiant un article sur les modalités que devrait selon eux suivre la course — basé exclusivement sur les propos de quatre initiés : trois consultants, et la chef de cabinet et directrice fédérale du parti depuis 2019. (Le journal a même titré « Les néo-démocrates disent », comme si le parti se résumait à une poignée de lobbyistes en manteau orange.)
L'article était clairement un ballon d'essai lancé par la direction du parti : une tentative de tester la réaction du public à leurs conditions préférées et de leur donner une légitimité auprès des membres du NPD.
Toutes leurs préférences — en particulier un calendrier excessivement court et un changement radical dans la pondération des votes — visent à écarter les candidats qui voudraient faire les choses autrement. Et si les modalités d'une course à la direction peuvent sembler techniques, elles sont en réalité au cœur d'un affrontement sur l'avenir du parti.
D'abord, organiser une course qui ne durerait que quatre à six mois, comme le souhaitent ces initiés, annihilerait tout espoir de reconstruction en profondeur. Les membres et les sympathisants ont besoin de temps pour analyser les ravages causés par le règne autoritaire et idéologiquement timide des consultants. De nombreuses associations de comté sont des coquilles vides. Les militants sont partis en masse. Les mouvements sociaux se sentent mis de côté. Le public n'a pas de vision claire du NPD.
Une course courte ne changerait rien à cela. Une course plus longue — disons neuf à douze mois — pourrait au contraire créer des occasions de capter l'attention du public : des assemblées publiques diffusées en direct, des discussions thématiques, des rassemblements, des débats sur des idées fortes pour contrer les attaques de Donald Trump et l'emprise extrême des grandes entreprises sur notre système économique. Le tout pourrait servir à exposer l'agenda des élites, tant chez les libéraux que chez les conservateurs.
Ce serait un exercice d'éducation politique comme le parti n'en a pas connu depuis des décennies. Cela permettrait non seulement de regarnir les rangs du NPD, mais aussi de mobiliser une nouvelle base électorale à travers le pays — amorçant la construction d'une culture de mouvement autour du parti, plus ancrée dans la classe ouvrière.
Et tout aussi cruciale que la date du vote est celle de la clôture des adhésions. Les initiés souhaitent probablement une règle limitant le droit de vote à ceux qui sont membres depuis 90 jours (comme ce fut le cas lors de la récente course à la direction du NPD de Colombie-Britannique). Si c'est la règle, une convention en décembre — qui peut sembler lointaine — exigerait en réalité une campagne d'adhésion précipitée pendant l'été, à un moment où même les Canadiens de gauche les plus engagés souhaitent faire une pause.
Les initiés veulent également pondérer les votes par région — un signe évident que l'establishment cherche à manipuler la course. Ils tentent d'abandonner le système démocratique du vote par un membre/un vote, en place depuis 20 ans et adopté après de longs débats internes. Ce processus est inscrit dans la constitution du parti, et son changement nécessiterait un congrès — ce que les initiés ne devraient pas faire à la hâte.
À la place, ils veulent un système où chaque circonscription aurait un nombre de points égal. Ces points seraient alloués en fonction du vote dans chaque circonscription, qu'elle soit inactive ou qu'elle compte des milliers de membres actifs. Il est vrai que le NPD a négligé certaines régions (comme le Québec), mais ces lacunes devraient être corrigées sans fausser démocratiquement une course à la direction.
Le résultat serait absurde : un·e candidat·e qui recrute des dizaines de milliers de membres pourrait perdre face à quelqu'un·e qui n'en recrute qu'une fraction. La course ne mesurerait plus la capacité d'un·e leader à générer un enthousiasme national, mais celle à micro-cibler 343 circonscriptions — un net avantage pour ceux qui bénéficient de l'appui des rouages internes du parti.
Et il ne faut pas sous-estimer les manœuvres douteuses de l'establishment. Dans une course où la connaissance détaillée des associations locales est cruciale, les initiés pourraient fournir à leur candidat·e favori·te les listes d'anciens membres ou des bases de données de campagnes précédentes — des ressources auxquelles seuls eux ont accès.
Ce genre de sabotage a déjà eu lieu, notamment lorsque l'activiste éco-socialiste Anjali Appadurai a défié David Eby lors de la course à la direction du NPD de la C.-B. en 2022. Les initiés du parti avaient modifié les règles en cours de route, utilisé leur accès aux listes de membres pour filtrer et disqualifier agressivement des personnes — puis Appadurai elle-même.
Le même réseau de consultants qui a truqué cette course cherche aujourd'hui à garder la mainmise sur le parti. Ironiquement, l'effondrement électoral ayant entraîné des mises à pied massives parmi les cadres supérieurs, le NPD se retrouve essentiellement entre les mains de sa directrice fédérale Lucy Watson (désormais consultante en solo, visiblement un peu seule dans le manteau orange).
C'est elle qui détient le pouvoir de proposer les règles de la course à l'exécutif et au conseil du parti — les instances dirigeantes du NPD. Ce groupe de militant·e·s est habituellement traité comme une simple chambre d'enregistrement, tenu dans l'ignorance des décisions jusqu'à quelques heures des réunions clés. Il va falloir rompre avec cette habitude.
Les enjeux sont existentiels : un·e chef·fe fade, modéré·e et compatible avec l'establishment pourrait confirmer la non-pertinence à long terme du parti. Le NPD a besoin d'une personne dotée d'une vision politique radicalement différente de celle des libéraux, engagée dans la démocratisation du parti, et capable de tisser des liens avec les mouvements sociaux du pays et la classe ouvrière multiraciale.
Pour que la base — ancienne et nouvelle — du NPD ait une chance de se battre, la course à la direction devra être tout ce que ne sont pas les consultants du parti : audacieuse, transparente, accessible et démocratique.
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Comment le fascisme gagne la France

De Macron à Le Pen
Éditions La Découverte
Par Ugo Palheta
RN aux portes du pouvoir, répression violente des mouvements populaires, politiques racistes et anti-immigrés, offensive réactionnaire contre les droits des femmes et des minorités, diabolisation de la gauche d'émancipation, omniprésence de l'extrême droite et de ses obsessions dans les médias, complicités actives des appareils " républicains ", de droite comme de gauche, islamophobie généralisée, etc. L'énumération signale une dynamique mortifère que le règne de Macron a largement amplifiée et qu'il nous faut affronter. Plusieurs questions nous taraudent : de quoi ces symptômes morbides sont-ils le nom ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Et comment conjurer le désastre annoncé ?
Ugo Palheta avance l'hypothèse que nous vivons la renaissance – sous de nouvelles formes – du fascisme, conçu comme une potentialité inhérente au capitalisme. Refusant le morcellement académique des approches, il se propose d'articuler l'analyse par en haut du champ politique et l'étude par en bas des électeurs d'extrême droite, de penser ensemble les politiques néolibérales et le racisme systémique, de prendre au sérieux aussi bien la montée de l'autoritarisme d'État que la progression électorale du RN, tout en avançant quelques pistes pour vaincre ce dernier.
Version papier : 20.90 €
Version numérique : 14.99 €
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Un programme de combat, et non de gouvernement, pour un Québec solidaire anticapitaliste vers une société du soin et du lien

Note : Québec solidaire est en processus de mise à jour de son programme. Une nouvelle version devra être votée par le prochain congrès du parti l'automne prochain. On demande aux membres d'y contribuer bien que le parti ait déjà écrit une première ébauche. Voici ma contribution par l'intermédiaire du CAP-écologie et du groupe « Parti de la rue ».
La crise fondamentale du XXIe siècle est la rupture des grands équilibres de l'écosystème terrestre. Cette rupture se manifeste principalement par la rapide fuite en avant du réchauffement de la Terre-Mère d'un confortable Holocène qui a vu l'émergence de la civilisation vers une terre-étuve chaotique qui la fera disparaître et peut-être l'Humanité elle-même. Cette fin du monde dit civilisé, si la tendance se maintient, a été prouvée tant par les travaux scientifiques du GIECONU que par la multiplication des réellement existantes catastrophes climatiques incommensurablement plus graves au Sud qu'au Nord. Le réchauffement se conjugue et accélère la sixième grande extinction des espèces dont les habitats disparaissent comme une peau de chagrin. Et il envenime une continuelle pollution de l'air, des eaux et des terres.
Le GIEC a établi que pour ne pas dépasser le seuil critique d'un réchauffement planétaire de 1.5°C, il faudrait réduire les gaz à effet de serre (GES) de 50% par rapport à 1990 d'ici 2030. La Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement de 1992 stipule qu'« étant donné la diversité des rôles joués dans la dégradation de l'environnement mondial, les États ont des responsabilités communes mais différenciées ». Se basant sur les travaux du GIEC et cette Déclaration, à l'occasion de la COP26 de Glasgow, le Réseau action climat Canada, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Équiterre, Greenpeace, Nature-Québec, la Fondation David Suzuki et Oxfam-Québec ont requis que le Québec réduise ses GES des deux tiers d'ici 2030. Le seuil de 1.5°C est déjà en passe d'être atteint. Pourtant le gaz carbonique atmosphérique continue de s'accumuler. Pire, il le fait, selon la NOAA, en quantité annuelle moyenne croissante depuis au moins 1960, avec deux records annuels en 2023 et 2024. L'urgence climatique est d'autant plus grande pour ne pas franchir de fatidiques points de bascule.
Le croissancisme du Capitalocène génère une pluricrise menant au néofascisme
La présente ère géologique, irrémédiablement chamboulée par le genre humain, est souvent qualifiée d'Anthropocène. Elle pourrait tout aussi bien être qualifiée de Capitalocène tellement la croissance capitaliste en est la cause fondamentale. Cette croissance résulte de la compétition entre entreprises privées et États à leur service pour maximiser leurs profits afin de survivre comme entreprises ou de ne pas être vaincus comme États. En découle une accumulation de capital tendanciellement exponentielle donnant naissance à des transnationales gargantuesques dirigées par des oligarques. Cette concentration de la richesse et du pouvoir explique que les 10% les plus riches ont causé les deux tiers du réchauffement global depuis 1990.
Cette accumulation est interrompue par des crises de plus en plus profondes et des guerres de plus en plus dévastatrices et devenant génocidaires. Ces crises dite « pluricrise », guerres et accumulation en panne empêchent la mobilisation de la lutte pour le climat et la biodiversité tellement elles résultent en misère, inégalité, chômage, précarité, injustice, dislocation sociale et massacres. En sont d'abord frappées femmes, enfants et personnes racisées, handicapées et LGBTQ+. Faute d'alternatives et de mobilisations anticapitalistes à la hauteur ces personnes opprimées deviennent les boucs émissaires des classes moyenne et même ouvrière atomisées, désemparées et décontenancées.
C'est de ce terreau nauséabond que surgissent les fausses solutions néofascistes balayant le capitalisme néolibéral victime de ses propres contradictions. Celles-ci sont devenues évidentes avec l'austérité permanente et la concomitante accentuation répressive et guerrière depuis la Grande récession de 2008 suivie de la crise pandémique de 2020.
Exproprier le 1%, détruire la richesse du 10% et l'American Way of Life du 40%
La tâche clef anticapitaliste est d'élaborer une alternative et de construire une organisation en mesure de bloquer la montée néofasciste. Pour se faire il faut démontrer au peuple-travailleur, qui entraînera la classe moyenne, la crédibilité de notre stratégie. Celle-ci doit tracer une voie pour empêcher la dégringolade vers la terre-étuve à travers crises, guerres et gigantesques migrations provenant d'un Sud transformé en enfer climatique et social. La clef de cette stratégie mondiale est d'exproprier le pouvoir oligarchique du 1%, détruire la richesse corruptrice et polluante du 10%, en finir avec l'American Way of Life du 40% (± les deux tiers pour le Québec) et répondre aux besoins pressants et urgents du 50% le plus pauvre (± le quart pour le Québec).
Le bonheur factice du 40% auquel aspire le 50% repose sur la consommation de masse, contrepartie de l'accumulation capitaliste. Ses piliers en sont la maison « campagnarde », l'auto solo et l'alimentation carnée et ultra-transformée. C'est ce bonheur clin-clan, plus rêve aliénant que réalité, qui est entretenu par la propagande capitaliste appelée publicité. Ce pseudo bonheur coince le peupletravailleur au mieux entre fin du mois et fin du monde et au pire entre la hantise du prochain repas ou du loyer à payer… à moins d'être sans-abri. Le stress compétitif résultant de la précarité et de l'atomisation, combiné à l'alimentation carnée et industrialisée, détruisent le « mens sana in corpore sano » en générant accidents et maladies physiques et mentales.
Il faut dès maintenant entreprendre la lutte contre le 1% oligarchique et ses alliés de la classe moyenne supérieure du 10% afin d'édifier une société du soin et du lien en radicale décroissance matérielle. Le grand blocage idéologique à vaincre pour mobiliser la majorité est le faux bonheur idéalisé de l'American Way of Life. Est indispensable sa critique qui renforcera l'aiguisement de ses contradictions vis-àvis la réalité de la pluricrise. Ainsi le 40% arrivera à déconstruise cette idéologie paralysante qui justifie son autodestructeur régime de consommation le rendant dépendant du capital exploiteur. Quant au 50% il pourra émerger de la misère et de la pauvreté sur la base d'une société de plein emploi écologique et solidaire le libérant du faux semblant d'une énergivore accumulation matérielle et du cumul de capital fictif que la pluricrise évaporera.
Les revendications clefs d'une société du soin et lien en décroissance matérielle
- La réponse à l'hégémonie pétro-gazière du Canada et à son Quebec bashing c'est l'indépendance nationale tenant compte du droit à l'autodétermination autochtone.
- La réponse à la crise du logement c'est le collectif logement social écoénergétique pour tout le monde et pas seulement pour les pauvres.
- La réponse aux logements déficients c'est leur rapide mise à niveau écoénergétique par un programme public selon un code du logement tendant à l'énergie zéro.
- La réponse à la crise de la mobilité c'est le transport en commun gratuit, partout, fréquent, confortable et électrique, et un complément d'autopartage communautaire.
- La réponse à la ville infernale et dangereuse c'est la ville piétonnière et cyclable, de services de proximité, d'agriculture urbaine et de parcs nature.
- La réponse à l'étalement et à la congestion urbains envahissant la campagne c'est l'interdiction de l'auto solo privé et de la maison « campagnarde ».
- La réponse au gaspillage c'est la garantie de la réparation accessible ou du remplacement, du bannissement de la publicité et de la mode commerciale.
- La réponse à la crise de l'embonpoint c'est l'alimentation surtout végétarienne cultivée biologiquement et disponible en produits frais et peu transformés.
- La réponse à la mauvaise santé et au stress sont le plein emploi, le contrôle ouvrier des cadences, la baisse du temps de travail, le revenu et services minimum garantis.
- La réponse aux croissantes pandémies dues au zoonoses c'est la préservation des forêts et zones humides d'où en finir avec l'expansive agriculture carnée.
- La réponse à la hausse des prix… c'est tout ce qui précède… et le contrôle des loyers, des prix des aliments indispensables et la gratuité de l'électricité de base.
- La réponse à l'austérité des services publics c'est leur ample bonification quantitative et qualitative et la resocialisation des pans privatisés.
- La réponse aux hydrocarbures et à l'énergivore croissance est la sobriété inhérente à la société du soin et lien ce qui est démontré par les mesures précédentes.
- La réponse à la fausse pénurie d'électricité c'est la suffisante actuelle production hydraulique et éolienne plus du solaire intégré aux bâtiments écoénergétiques.
- La réponse au financement d'une société écologique c'est son implicite bon marché, la socialisation de la Finance et l'imposition des profits et du capital.
- La réponse à la résistance du « marché » c'est l'expropriation des secteurs stratégiques tels la Finance, l'énergie, les communications, le transport, la santé.
- La réponse aux divisifs sexisme et racisme c'est l'écoféminisme donnant la priorité aux activités du soin et du lien et aux travaux essentiels des personnes racisées.
- La réponse à l'impérialisme génocidaire, c'est le soutien aux peuples en lutte pour leur libération par tous les moyens nécessaires y compris par les armes s'il le faut.
- La réponse aux migrations c'est une frontière ouverte avec une politique d'accueil intégrant au sein d'une société de plein emploi écologique et socialement utile.
Le front uni des pauvres et opprimé-e-s pour secouer les créateurs de plus-value
Le combat anti-néofasciste pour ouvrir la voie vers une société du soin et du lien exige la construction du front uni du 50% et des personnes opprimées du 40%, en particulier des écoféministes « mères au front ». Ce front aura comme première tâche d'ébranler le noyau dur surtout masculin des cols bleus fortement pénétrés par le sexisme et le racisme ou, pour certains crispés sur leurs acquis. C'est pourtant ce noyau, nombreux dans la logistique et la construction, qui a la main haute sur la création directe de plus-value, source du profit. L'ont démontré la répression fédérale habituellement rapide des grèves dans les ports, la poste et les chemins de fer… et la sauvagerie antisyndicale de l'oligarque Bezos.
Ce front a bien sûr ses propres antinomies mais il est objectivement uni comme victime immédiate de l'austérité, de la répression néofascistes et des conséquences des catastrophes climatiques. Le jour où ce front uni aura pleinement intégré les créateurs directs de plus-value dans son combat écoféministe, tant par une tactique d'encerclement que par un laborieux travail interne d'éducation, le monde sera à la veille d'être révolutionné. Les syndicats de l'austérisé secteur public, majoritairement féminins, sont l'épine dorsale de ce front uni et la jonction vers les cols bleus bien que le racisme les gangrène aussi. Ils le sont du simple fait d'être le secteur le plus organisé du soin et du lien et le noyau de cette société dématérialisée à consolider et à développer.
Un parti-guide pour muer l'historique Front commun en front uni internationalisé
Le Front commun historique composé des syndicats du secteur public québécois a été le fer de lance de la lutte ouvrière depuis un demi-siècle. Et il l'est encore aujourd'hui. La lutte indépendantiste est dirigée contre la bourgeoisie du Canada et non contre son peuple-travailleur malgré qu'il soit empoisonné par le Quebec bashing. Cette pierre d'achoppement n'exclut en rien, au contraire exige comme facteur neutralisant si ce n'est de soutien pour l'indépendance, une étroite coordination des peuples-travailleurs. L'exemple par excellence, qui cependant s'éloigne dans le temps, en a été cette trop brève grève générale pancanadienne anti-inflationniste de 1976. Ce travail politique doit se déployer sur un large éventail de revendications à mettre de l'avant au gré de la conjoncture, à travers une panoplie de secteurs et d'organisations populaires, et internationalement du simple fait de la mondialisation de la crise écologique et de l'offensive néofasciste.
Au Québec, il ne dépend que de notre parti, Québec solidaire, de devenir cette organisation politique qui trace la voie dans ce dédale de complexités. Le chemin vers le centre-gauche à la NPD intégrerait le parti à l'actuel système institutionnel. S'il parvenait alors à former un gouvernement majoritaire, les forces du capitalisme en décadence et devenues réactionnaires le paralyseraient. Ces forces ont neutralisé les gouvernements NPD de la Saskatchewan et de la Colombie britannique dans de bien meilleures circonstances du temps des « trente glorieuses » en faisant de ces partis NPD au mieux que des « Libéraux pressés ».
Remplacer la démocratie de l'Argent par celle écosocialiste du peuple-travailleur
Par contre, le chemin de la gauche anticapitaliste vers la société du soin et du lien à radicale décroissance matérielle substitue à la grande noirceur du cul-de-sac électoraliste la lumière écosocialiste au bout du tunnel de la dure lutte antinéofasciste. C'est dans ce combat que va se forger la démocratie du peupletravailleur. Sa base en seront les assemblées syndicales, celles des multiples assemblées populaires tant sectorielles que territoriales qui au fur et à mesure du développement des luttes fusionneront en fédérations jusqu'au niveau national et finalement mondial. La forme en sera déterminée par l'évolution des luttes. En attendant, bien sûr, il faudra réclamer la démocratisation autant que possible de la limitée démocratie parlementaire qu'étouffe la puissance de l'Argent, par exemple par le vote proportionnel et par le droit de rappel.
On aura compris que la société du soin et du lien ne cherche pas à maximiser la consommation, reflet de la maximisation du profit dans la sphère de la production. Elle requiert la maximisation du temps de la liberté et du partage entre toustes du temps contraint. Ce temps libre, celui de la science, des arts et du loisir, est immédiatement et impérieusement requis comme temps de la militance sociale et politique. Il est nécessaire de commencer à construire dès maintenant cette fédérative démocratie du peuple-travailleur en démocratisant les syndicats et en créant des organisations populaires redevables et contrôlées par leur militance.
Bien sûr le traquenard de la cherté du coût de la vie assise sur l'endettement hypothécaire et celui de l'auto-solo crée un sérieux obstacle pour réclamer la baisse du temps de travail et même pour entreprendre toute lutte syndicale. Mais simultanément la part des profits dans le revenu national, élevée sous le règne du capitalisme néolibéral en voie de néo-fascisation, crée la marge de manœuvre nécessaire. Cette marge permet de lutter pour la baisse du temps de travail sans baisse du revenu et sans hausse de l'intensité du travail, tant dans les conventions collectives que comme législation. Ainsi le mouvement ouvrier retrouvera-t-il l'inspiration pour le « 30 heures payées 40 », revendication clef des syndicats avantgardistes avant l'ère de la consommation de masse.
Marc Bonhomme, 18 mai 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Crise de l’eau au Nunavik : un appel à l’action qui coule de source

Le manque d'accès à l'eau potable dans le nord du Québec est un enjeu majeur que la CSQ dénonce depuis longtemps. Dans un récent article publié par La Presse, la journaliste Ariane Lacoursière rapporte la situation critique du village de Puvirnituq, frappé par une grave pénurie d'eau. Cette réalité vient confirmer toute la pertinence de la campagne lancée, il y a quelques semaines, par le Mouvement ACTES.
Tiré de Ma CSQ.
Selon La Presse, depuis plus d'un mois, les résidentes et résidents de Puvirnituq, au Nunavik, vivent sans accès adéquat à l'eau courante. La crise atteint un point critique : écoles fermées, hôpital insalubre, flambée de gastroentérite.
Ce drame quotidien rejoint directement les revendications de la CSQ, qui, à travers le Mouvement ACTES, souhaite mobiliser la population, notamment le milieu de l'éducation, pour dénoncer ces injustices. La campagne, Le droit à l'eau, ça coule de source !, amorcée lors de la Journée mondiale de l'eau, le 22 mars dernier, interpelle les élèves, les enseignantes et enseignants ainsi que les élues et élus autour d'un message simple : l'accès à l'eau potable n'est toujours pas garanti pour des centaines de familles autochtones au Québec.
Les témoignages recueillis il y a quelques mois par le Mouvement ACTES brossent également un portrait saisissant. Dans plusieurs villages du nord du Québec, des jeunes manquent l'école parce qu'ils ne peuvent pas se laver. À Aupaluk et à Ivujivik, par exemple, les résidentes et résidents attendent pendant des semaines l'arrivée d'un camion-citerne. Les solutions temporaires sont fragiles et les infrastructures inadéquates.
La CSQ exige des engagements clairs des gouvernements pour garantir un accès permanent, sécuritaire et universel à l'eau potable dans toutes les communautés, peu importe leur localisation. Car au-delà des campagnes de sensibilisation, c'est d'un véritable engagement politique dont ces communautés ont besoin. Il est temps d'agir pour que l'eau coule de source.
En savoir plus
Visitez le site Web du Mouvement ACTES pour tout savoir sur la campagne Le droit à l'eau, ça coule de source !
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Le scrutin de 2026 ; victoire péquiste, défaite souverainiste ultérieure ?

Selon le plus récent sondage (16 mai) de Qc125.com, en cas de référendum, le NON à la souveraineté l'emporterait par 64% et le OUI ne recueillerait que 36% d'appuis. Pourtant, les intentions de vote paraissent à première vue contredire ce modeste score indépendantiste.
Selon le dernier sondage Léger du 14 mai, le Parti québécois gagnerait les élections par 33% des voix, le Parti libéral du Québec irait chercher 21% des votes, la Coalition avenir Québec atteindrait à peine 20%, le Parti conservateur d'Éric Duhaime récolterait 13% et Québec solidaire fermerait la marche avec 12%.
Le sondage Léger met aussi en lumière le nombre élevé de citoyens et citoyennes qui souhaitent changer de gouvernement (63%) contre seulement 18% qui optent pour la stabilité gouvernementale, incarnée par la Coalition avenir Québec (CAQ).
Le Parti québécois de Paul Saint-Pierre Plamondon (PSPP) semble se diriger vers une victoire électorale, à moins que les libéraux ne réussissent une remontée-surprise, surtout si Pablo Rodriguez remplace le chef intérimaire Marc Tanguay. Mais cet éventuel regain de vigueur reste hypothétique pour l'instant.
Ironiquement, si une majorité de Québécois est prête à accorder sa confiance au Parti québécois, elle refuse son option fondamentale, sa raison d'exister : faire la souveraineté. Il s'agit là du dilemme cruel et frustrant pour les militants et militantes indépendantistes : leur parti peut aspirer au pouvoir, mais pas réaliser leur rêve souverainiste.
De ces chiffres, il ressort que si les Québécois et Québécoises aspirent à un remplacement de la CAQ par le PQ, l'option fondamentale de celui-ci, l'indépendance demeure très minoritaire. Bien entendu, le prochain scrutin se tiendra seulement en octobre 2026 au plus tard, ce qui laisse au cabinet caquiste de François Legault une certaine marge de manoeuvre temporelle, comme les libéraux fédéraux ont remplacé Justin Trudeau par Mark Carney ce qui lui a permis de remporter la mise électorale. Mais il y avait la menace trumpiste, ce qui joue beaucoup moins en faveur de François Legault, les relations internationales relevant avant tout d'Ottawa.
Si un référendum se tenait maintenant, et si on se fie aux résultats des sondages tels que mentionnés plus haut, le résultat serait à peu près le même qu'en mai 1980 : environ 40% de citoyens soutiendraient la souveraineté-association et 60% s'y opposeraient. En 1995,les chiffres avaient été beaucoup plus serrés en raison de la conjoncture particulière de l'époque mais dans l'ensemble, lis ne bougent guère. Les récents sondages mentionnés dans le texte en apportent une confirmation sans équivoque.
Pour organiser un référendum et accéder enfin à la souveraineté tant désirée, le Parti québécois doit conquérir le pouvoir, mais il ne peut y arriver qu'en remisant son option. Il compte sur un référendum pour rendre le Québec indépendant, mais jusqu'à présent, il a perdu les deux mis sur pied (quoique de peu dans le second cas). Une majorité de Québécois veut d'un parti autonomiste au pouvoir à Québec, mais pas "séparatiste".
Les péquistes peuvent bénéficier des avantages du pouvoir, certes, mais dans dans un cadre provincial qu'ils rejettent. La distinction entre "bon gouvernement" d'une part, et accession à l'indépendance d'autre part remonte à novembre 1974 lorsque la direction du parti a introduit la notion de référendum.
Tel est le paradoxe québécois : élire un parti indépendantiste à condition qu'il ne réalise pas sa raison d'exister. Peut-on le briser ? Cette responsabilité relève avant tout de la population elle-même. Jusqu'à maintenant, la majorité de celle-ci paraît bien s'accommoder de ce paradoxe. Mais les souverainistes sont tout de même assez nombreux pour teinter de leurs aspirations toute une partie de la culture politique québécoise et inquiéter Ottawa. La partie n'est peut-être pas encore définitivement jouée.
Jean-François Delisle
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Le cellulaire à l’école : Parfois, il faut interdire !

Ce qu'il y a d'intéressant, d'instructif et de significatif dans le débat sur le cellulaire à l'école, c'est la valeur que certaines personnes donnent ou ne donnent pas à la technologie. Dans le camp des « jovialistes », il y a ceux qui voient le développement de l'IA, de la robotique, de l'informatique sous tous ses aspects comme un fait tout aussi « naturel » que l'influence de la lune sur les marées ou que le processus de la photosynthèse adopté par les plantes pour leur croissance.
Cela rappelle étrangement le même culte que certains économistes et politiciens vouent à la croissance économique (PIB, PNB, revenu par habitant, etc.) comme quelque chose que nous porterions dans nos gènes, donc qui s'imposerait à nous et devant lequel nous n'aurions aucun pouvoir ni aucune liberté réelle. Tenter de limiter la multiplication à l'infini des objets de consommation « numériques » ou chercher à encadrer l'économie de marché capitaliste selon des critères qui vont au-delà de la logique du profit dessine, pour eux, les contours d'un véritable « sacrilège », d'un blasphème et d'une hérésie qu'il faut combattre de toutes ses forces.
En face, il y a le camp des « réalistes » (dont je suis) qui apprécient les services rendus à l'humanité par les progrès de la technique moderne mais qui ne renoncent pas pour autant à exercer leur esprit « critique » face à l'enthousiasme immodéré de certains (les « jovialistes ») devant les possibilités soi-disant « infinies » des nouvelles technologies, la nouvelle Ère dans laquelle elles nous feraient entrer et le Nouvel Homme qu'elles sont en voie de constituer. On reconnaît là, ultimement, les tenants du « transhumanisme » qui croient pouvoir « améliorer » l'espèce (ou la nature) humaine par une combinaison savante de biologie moléculaire, d'Intelligence artificielle, d'ingénierie algorithmique, bref par l'Avènement du « cyborg » (l'Homme-Machine à l'image des sciences-fictions hollywoodiennes), c'est-à-dire Frankenstein version futuriste.
La décision du Ministre de l'Éducation d'interdire l'utilisation du cellulaire aux étudiant-e-s de « toutes » les écoles primaires et secondaires de la province s'inscrit d'emblée dans la vision défendue par le camp des réalistes. La réaction des jovialistes à ce qu'ils considèrent comme étant une position intransigeante, dogmatique et trop radicale est symptomatique de ce que l'on pourrait appeler le syndrome du « Meilleur des Mondes ». L'idée étant que si l'on est en mesure d'utiliser les techniques les plus avancées issues de la recherche fondamentale (menée très souvent à des fins d'abord militaires, avec de l'argent « public »), il serait bête de ne pas en profiter en fonçant tête baissée dans leurs applications les plus généralisées sans tenir compte du principe de « précaution », des enjeux éthiques et environnementaux soulevés par cette utilisation dans la vie de tous les jours des citoyens, des conséquences socio-économiques de l'intrusion des technologies de l'information dans l'intimité, l'espace privé, personnel et familial de chaque individu. La société devient ainsi un laboratoire, un champ d'expérimentation pour pouvoir évaluer jusqu'où la technologie peut aller trop loin. Tant pis pour les pots cassés ; les médecins, psychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, professeurs, éducateurs (spécialisés ou non) sont là pour ramasser les dégâts et s'occuper des dommages collatéraux ; après tout, c'est leur travail...
Dans les commentaires rédigés suite à un article de Narjiss Aoukach paru dans Le Devoir du 8 mai dernier, article qui ne laisse pas sa place à ce jovialisme naïf (inquiétant et dangereux, surtout de la part d'une enseignante) qui voit dans le téléphone cellulaire un outil « indispensable » à l'émancipation de nos jeunes, on peut prendre connaissance de cette crédulité aberrante face à un avenir robotisé tout tracé, inscrit dans l'Histoire des Hommes en grosses lettres :
« Dans une dizaine d'années, ce seront des robots conversationnels qui enseigneront au collégial et à l'université. Dans une dizaine d'années, pour éviter la tricherie, il n'y aura plus d'examens écrits ou de dissertations ; il n'y aura que des examens oraux devant un robot conversationnel spécialisé dans un domaine d'étude précis, capable d'évaluer les performances des élèves du secondaire, des étudiants du collégial et de l'université, de façon formative ou sommative. » C'est moi qui souligne.
Voilà qui est bien dit et qui nous ouvre des perspectives « inouïes » sur l'avenir de notre système d'éducation. La robotisation des relations humaines, l'automatisation de toutes les tâches quotidiennes « ingrates » et dévalorisantes, le recours à l'IA pour la planification gouvernementale de l'économie, des programmes sociaux, du système de santé, pour la prédictibilité des actes criminels, jusqu'à la rédaction d'articles de journaux, nous n'aurons bientôt plus rien à faire sauf à dialoguer joyeusement avec : « [...] Gemini, un robot conversationnel, […] [Ainsi...] Imaginez la richesse des conversations qu'un jeune ado pourrait avoir en toute confidentialité avec Gemini ! » (!) C'est moi qui souligne.
Au moment de l'industrialisation massive de l'Europe, au dix-neuvième siècle, sous l'égide du capitalisme marchand, Marx avait observé un phénomène (qu'on pourrait qualifier de « psycho-social ») en lien direct avec ce nouvel ordre économique, à savoir la « fétichisation » de la marchandise qui atteindra son paroxysme au vingtième siècle, après la deuxième guerre mondiale, avec l'avènement de la société de consommation, servant d'exutoire à la surproduction capitaliste et qui nous a mené droit vers le précipice devant lequel nous nous trouvons aujourd'hui avec la crise environnementale, largement tributaire de ce mode de production/consommation énergivore et auto-destructeur. Depuis la révolution informatique qui s'est enclenchée en Occident dans les années 1980, suivie par l'arrivée d'Internet, du numérique, de l'Intelligence artificielle, nous avons franchi une nouvelle étape dans le processus d'aliénation face à la chose désirée, voulue, mythifiée et finalement consommée : le « fétiche » (produit d'une névrose obsessionnelle, bien connue des ethnologues, anthropologues et psychanalystes, dont l'origine remonte loin dans notre histoire commune). Tout comme le porte-bonheur (la médaille, le bracelet, l'amulette, le gris-gris) que l'on traîne avec soi comme protection contre les aléas de l'existence, le fétiche est affublé de propriétés « magiques », « symboliques », voire « mystiques » qu'il n'a pas au départ mais qu'on lui attribue par besoin de transcender les simples règles, parfois absurdes, brutales et arbitraires de la société, de la nature, de l'univers.
Il faut reconnaître le fait que la dimension plus ou moins grande de la portée « symbolique » du fétiche est directement proportionnelle à sa capacité de créer un sentiment de contrôle, de puissance, de liberté qui repousse toujours plus loin les limites spatio-temporelles qui encadrent la vie de tous les jours. Or, les technologies de pointe (dont le cellulaire est l'un des spécimen les plus accomplis) ont pour effet d'intensifier cette impression de distance (voire de déconnexion) avec la réalité (prosaïque, banale, ordinaire), de nourrir l'illusion d'une possible satisfaction ininterrompue de nos désirs, d'une possible volonté de vivre éternelle, d'une possible totalisation de notre être et de notre existence. D'où la panique ressentie à l'idée d'être dépossédé de ce prolongement du cerveau perçu, dorénavant, comme absolument essentiel au bon fonctionnement de tout un chacun, qu'il soit à l'école, au travail, au café, au restaurant, avec des amis, des parents, en vacances, etc.
Autre (et dernier) parallèle : la crise climatique. Il est possible d'envisager (et même de prédire, étant donné la passivité avec laquelle nous intervenons en amont du problème) un futur dans lequel il n'y aura presque plus de forêt, où l'air sera de plus en plus difficile à respirer, l'eau douce de plus en plus difficile d'accès, les canicules de l'été tellement insupportables qu'elles nous obligeront à passer nos vacances enfermés dans nos maisons « hyper-climatisées », où le niveau des océans aura tellement monté que des lieux comme les Pays-Bas ne seront plus habitables, des sites touristiques comme Venise en Italie, confrontés à de telles érosions que ses structures urbaines ancestrales ne tiendront plus le coup et, plus près de nous, qu'il sera dangereux de rouler sur la 132 le long de la vallée du Saint-Laurent à cause des nombreux éboulis provoqués par un fleuve devenu trop imprévisible.
Malgré ce scénario « catastrophe » (très plausible, comme nous le disions), il est possible du même coup d'imaginer une humanité, appuyée sur son instinct de survie, continuant à vivre de cette manière pendant encore longtemps, en attendant que l'anthropocène finisse son œuvre mortifère. De même, nous pouvons aussi nous résigner à l'envahissement de notre quotidien par la technologie, devenue de plus en plus omniprésente, addictive, aliénante tellement les exigences perpétuelles de renouvellement de la flotte de gadgets, rendu nécessaire pour doper la croissance économique, elle-même dépendante d'un processus sans fin d'innovation, appartiendront au sens commun et seront élevées au rang de biens de premières nécessités, autant sinon encore plus essentiels que ceux nous permettant de nous nourrir, nous abriter, nous reproduire. Tout comme notre rapport à l'environnement, celui à la technique n'est pas déterminé d'avance par un soi-disant besoin incompressible d'avoir toujours plus, toujours mieux, d'être toujours plus performant, d'avoir une maîtrise toujours plus grande sur tout ce qui nous entoure. C'est ce prométhéisme qui menace notre intégrité, à la fois physiologique et psychologique...
Mario Charland
Shawinigan
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Contexte international

Nous vous présentons ici notre analyse de la conjoncture internationale, qui met en lumière les multiples crises et bouleversements façonnant notre réalité actuelle, qui nous appelle à se mobiliser pour la 6e édition de l'action de la Marche
mondiale des femmes. Les inégalités grandissantes, les conflits, les reculs démocratiques, les crises économiques et environnementales révèlent l'ampleur des injustices systémiques et renforcent la nécessité de notre mobilisation. Face à ces
défis, notre engagement collectif s'impose comme une réponse essentielle pour défendre les droits, la justice sociale et l'égalité, affirmant ainsi la pertinence d'un mouvement de solidarité féministe transnational.
Tiré du GUIDE D'OUTILS D'ÉDUCATION POPULAIRE AUTONOME FÉMINISTE
Marche mondiale des femmes 2025
file :///C :/Users/coord/Downloads/CQMMF_Guide_EPAF_NUM.pdf
La situation internationale en 2025 : un monde en grand bouleversement dans un immense cycle de la violence.
1. Concentration de la richesse et inégalités
La mondialisation économique néolibérale a permis l'accumulation de richesses d'un cercle restreint d'individus : pour chaque dollar gagné par les 90 % les plus pauvres, les milliardaires ont gagné 1,7 million de dollars2. Ils accumulent leur fortune grâce aux actifs des marchés financiers, et profitent également d'un système fiscal qui leur
est favorable.
De plus en plus d'éléments indiquent que les entreprises contribuent à l'inflation3. Nous le voyons autant dans le prix des aliments que dans celui de l'énergie. Le droit à un logement adéquat est aussi soumis à la spéculation. Dans ce système économique donnant priorité au marché, les impacts négatifs sur la vie des populations s'en font sentir, notamment par la hausse de la pauvreté des femmes, bien que ce soient encore elles qui s'occupent le plus fréquemment de nourrir, éduquer
et soigner les membres de leur famille. Les personnes migrantes veulent se soustraire à la pauvreté, à la violence et aux bouleversements climatiques, mais sont exposées à des risques dans leur migration et dans leur intégration sur leur nouvelle terre d'accueil4.
2. Concentration du pouvoir et violences
Non seulement les milliardaires à la tête de transnationales possèdent des ressources et une influence pour façonner le cours des économies, mais ils sont en mesure d'influencer les paysages politiques en prônant une réduction du rôle de l'État. Des gouverne ments de droite et d'extrême droite sont arrivés au pouvoir dans plusieurs pays (Italie, Autriche, Suède, Argentine, États-Unis) et la tendance en vogue est de libéraliser les marchés, de s'attaquer aux programmes sociaux et de privatiser les services publics, empêchant ainsi une juste redistribution de la richesse5.
Le tout à la croissance économique domine sur la démocratie. De plus en plus, les règles démocratiques sont détournées pour imposer une vision ou un projet économique. Cela favorise les entreprises, et ce, au mépris du respect des droits et libertés des collectivités et de la population. Parfois, on outrepasse même le pouvoir judiciaire6 (désinformation, manque de transparence dans les projets en développement, manipulation des médias sociaux, corruption, etc.).
Des valeurs conservatrices sont prônées par des extrémistes et idéologues religieux, renforcées par le courant des masculinistes, qui condamnent la diversité sexuelle et de genre, et préconisent le retour des rôles traditionnels des femmes et des hommes, notamment par le contrôle de la vie et du corps des femmes. Les violences envers les femmes passent non seulement par la hausse du nombre de féminicides, mais par toutes formes de déshumanisation et d'invisibilisation des femmes, jusqu'à l'extrême comme dans le cas des femmes afghanes.
3. L'exploitation de la planète et destruction du vivant
L'accaparement des richesses passe par l'exploitation de la nature, et ces richesses sont convoitées par les principaux pays impérialistes7 (États-Unis, Chine, Russie). Des tensions, des violences politiques et des guerres sévissent partout (Moyen-Orient, Afrique, Ukraine et plusieurs pays) et impliquent souvent des acteurs non étatiques et des sociétés militaires privées. Les conflits armés renforcent le modèle patriarcal, et font augmenter la violence domestique, le viol et la traite des femmes8. Les rapports colonialistes9 persistent avec l'appropriation des territoires des pays du Sud et ceux des populations autochtones.
La production d'énergie avec les combustibles fossiles et certains secteurs d'activités comme le transport et la construction ont fait augmenter le taux d'émission de gaz à effet de serre, ce qui contribue entre autres aux dérèglements climatiques actuels.10 De plus, la déforestation pour libérer des espaces agricoles modifie les habitats des animaux, mettant ceux-ci en péril. Les conséquences de ces changements climatiques alourdissent davantage la charge mentale des femmes liée à l'organisation de la famille pour les soins qu'elles prodiguent à leurs proches dans les cas de catastrophes naturelles
ou d'épidémies11, et peuvent générer une surcharge dans leur milieu de travail.
Même si les études scientifiques crient au danger pour l'avenir de la vie humaine, le mode de développement économique capitaliste12 prend toujours de l'expansion en poursuivant la marchandisation de la nature, incluant les êtres humains qui y habitent13.
4. Soulèvements et luttes des femmes
Ce portrait mondial est à la fois alarmant et redoutable, mais il nous exige d'avancer pour imposer notre volonté et exprimer notre résistance. Soyons réalistes : la lutte n'est pas terminée et sera longue et difficile. Les femmes ont déjà réalisé de grandes avancées après de longues luttes : le droit de voter et de se présenter aux élections, le droit de travailler et de faire une carrière dans plusieurs domaines autrefois interdits aux femmes, le droit de décider de sa maternité, le droit de décider de sa sexualité, le droit de prendre des congés parentaux, et biens d'autres encore. En effet, ces progrès ont été possibles grâce aux mobilisations, et c'est pour cette raison qu'il est essentiel de les maintenir. Cependant, il est important de
nuancer que ces avancées n'ont pas profité à toutes les femmes de manière égale. Nous devons continuer de lutter pour que ces droits soient étendus à TOUTES les femmes, sans exception.
Le mouvement des femmes a fait tomber des barrières immenses pour l'obtention de lois forçant l'égalité des droits pour toutes et tous – même si d'immenses pas restent à faire. Au cours des dernières années, une multitude de mouvements ont pris forme : #moiaussi pour dénoncer les violences sexuelles faites aux femmes ; celui contre les féminicides ; « Femme, vie, liberté » en Iran qui aspire à un changement pour éliminer la discrimination et la violence fondées sur le genre ; les luttes de plusieurs communautés contre l'exploitation des ressources naturelles et énergétiques qui dévaste leurs territoires ; les mobilisations des travailleuses en milieux majoritairement féminins pour la défense des réseaux publics, accessibles et de qualité de l'éducation et de la santé et services sociaux, etc.
Les protestations contre les inégalités, le racisme, les violences envers les femmes ou contre la destruction de l'environnement ne sont pas épargnées par la répression policière ou militaire, ni par l'augmentation de la surveillance et de la criminalisation de ces mouvements sociaux14.
C'est pourquoi les actions de la CQMMF en 2025, inspirées par les valeurs de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité, sont si importantes et demeurent pertinentes encore aujourd'hui !
Travaillons à unir nos forces, à rassembler les différentes générations et à regrouper les luttes multiples afin de sortir les femmes et les familles de la pauvreté et leur donner la possibilité de vivre et travailler dans un milieu exempt de violence. Assurons-nous que nos choix de vie respectent l'environnement, notre « bien vivre » ; Sortons de nos chemins et revendications spécifiques pour faire en sorte de créer un mouvement de résistance uni pour le maintien de nos acquis si chèrement gagnés, et progresser dans nos trois grandes orientations.
Avec cette force collective qui se déploie dans toutes les régions du Québec, chacune de nos actions est une pierre pour ériger notre édifice de la résistance en 2025. Rassemblons-nous le 18 octobre prochain et démontrons la force de notre mouvement et de notre unité pour construire et défendre nos choix de société pour la durabilité de la vie.
Notre colère est notre moteur pour résister, pour dénoncer la privatisation de notre société et pour exiger le respect de nos droits collectifs. Ce slogan résume fort bien notre engagement et notre volonté d'agir :
Encore en marche pour transformer le monde !
Notes
2.OXFAM International. « Chapitre 1 : La loi du plus riche ou l'explosion des inégalités » dans La loi du plus riche :
pourquoi et comment taxer les plus riches pour lutter contre les inégalités, Royaume-Uni, OXFAM International,
janvier 2023, p.17. https://oxfamilibrary.openrepository.com/bitstream/handle/10546/621477/bp-survival-of
the-richest-160123-fr.pdf
3.HARVEY, Pierre-Antoine. Le rôle potentiel des profits dans l'inflation élevée se confirme, Institut de recherche
et d'informations socioéconomiques, 1er septembre 2022. https://iris-recherche.qc.ca/blogue/economie-et
capitalisme/le-role-potentiel-des-profits-dans-linflation-elevee-se-confirme/
4.United Nations High Commissioner for Refugees. Global Trends Forced Displacement, Édition 2020,
Denmark, United Nations High Commissioner for Refugees, 72p. https://www.unhcr.org/statistics/
unhcrstats/60b638e37/global-trends-forced-displacement-2020.html
5.DIAZ MAHEUX, Alexandre. « Pourquoi nos démocraties sont-elles à risque ? », Le Devoir, 12 novembre 2024.
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/823485/idees-pourquoi-democraties-sont-elles-risque
6.Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec. Pour en finir avec les inégalités,
sortons du capitalisme, Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec, mai
2024. https://mepacq.qc.ca/wp-content/uploads/2024/05/Pour-en-finir-avec-les-inegalites-sortons-du
capitalisme.pdf
7. Impérialisme : caractérise toute politique de conquête qui vise à construire un empire.
8.Amnesty international. Les crimes commis contre les femmes lors des conflits armés, Londres, 8 décembre
2004, 83 p. https://www.amnesty.org/fr/wp-content/uploads/sites/8/2021/06/act770752004fr.pdf
9.Voir Annexe II-b du présent document.
10.Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Réchauffement planétaire de 1,5 °C : rapport
spécial du GIEC sur les conséquences d'un réchauffement planétaire de 1,5 °C par rapport aux niveaux
préindustriels et les trajectoires associées d'émissions mondiales de gaz à effet de serre, dans le contexte
du renforcement de la parade mondiale au changement climatique, du développement durable et de la lutte
contre la pauvreté, 2019, 94 p. https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/SR15_Summary_
Volume_french.pdf
11.COUTURIER, Eve-Lyne et Julia POSCA. L'impact des crises sur les femmes : Inégales dans la tourmente,
Montréal, Institut de recherche et d'informations socioéconomiques, mars 2021, 68 p. https://iris-recherche.
qc.ca/wp-content/uploads/2021/03/Femmes_et_crises_WEB1.pdf
12.Voir Annexe II-b du présent document.
13.Programme des Nations Unies pour le développement. Rapport sur le développement humain 2020 : La
prochaine frontière : Le développement humain et l'Anthropocène, New York, Programme des Nations Unies
pour le développement, 2020, 445 p. https://hdr.undp.org/system/files/documents/hdr2020fr.pdf
14.DORAN, Marie-Christine. « Criminalisation », Antropen, 19 décembre 2020, 7 p. https://revues.ulaval.ca/ojs/
index.php/anthropen/article/view/40949/218

17 mai, journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie

En cette journée du 17 mai, journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie, nous vous écrivons toutes les deux pour élever notre voix au nom de nos communautés LGBTQIA2S+.
Chères solidaires, chers solidaires,
Les gens de nos communautés font encore beaucoup trop souvent face à la haine, à l'intimidation et à la violence. Partout à travers la planète, la droite conservatrice remet en question l'égalité des genres et la diversité sexuelle. Au sud comme à l'est et l'ouest du Québec, les personnes non-binaires et fluides dans le genre sont effacées de l'histoire et des institutions, alors que ces personnes existent depuis des millénaires dans plusieurs sociétés à travers le monde.
Le terme « gay » est de plus en plus utilisé dans nos écoles québécoises de façon péjorative, nuisant à la santé mentale et physique des plus jeunes d'entre nous.
L'augmentation des crimes haineux ciblant une orientation sexuelle a augmenté de 69% au Canada entre 2022 et 2023 selon Statistique Canada. Ceux contre les personnes trans ont doublé depuis 2020.
Nos communautés sont inquiètes.
La Coalition Avenir Québec n'a pas de position claire et assumée. Le Parti Québécois utilise les petites avancées de nos communautés, comme les toilettes mixtes, pour diviser les Québécoises et les Québécois.
Sous peu, le Comité des « sages », créé pour conseiller le gouvernement dans sa prise de position sur les enjeux d'identité de genre, déposera son rapport qui pourrait ébranler profondément les droits des membres de nos communautés.
Soyons vigilantes et vigilants. Nous aurons besoin de vous.
Aujourd'hui comme toujours, nous faisons un appel à l'empathie. Un appel à l'introspection, sur l'ensemble de nos paroles et nos gestes. Un appel vibrant à toutes les personnes alliées.
Nous aurons besoin de chacune et de chacun d'entre vous, pour éviter la dégradation de nos droits, pour éviter la stigmatisation, pour éviter de perdre nos acquis si durement gagnés.
Résistons à la haine, qu'elle se trouve dans nos écoles, dans nos institutions, dans nos rues.
Soyons libres, soyons fier⋅es, soyons solidaires. ✊
Manon Massé
Députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques
Roxane Milot
Présidente de Québec solidaire
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Belgique - Fier·es mais pas dupes : l’Arizona doit tomber

Nous publions ci-dessous la version longue du tract que nous distribuerons lors de la Pride bruxelloise et européenne, qui aura lieu le samedi 17 mai, au départ du Mont des Arts. Le tract est également téléchargeable en version courte au format PDF en cliquant ici.
Tiré de Gauche anticapitaliste
7 mai 2025
Par Gauche anticapitaliste
Communiqués, LGBTQI+
Bain de sang social contre les LGBTI+
Le gouvernement Arizona et ses homologues régionaux organisent une véritable boucherie sociale et les personnes LGBTI+ seront parmi les premières impactées par les mesures austéritaires ! Au niveau fédéral, c'est presque 22 milliards d'euros qui vont nous être arrachés.
Après un bilan de la Vivaldi essentiellement symbolique et non accompagné de budgets suffisants malgré quelques mesures concrètes (la fin des thérapies de conversion, la fin des mutilations des enfants intersexes), la précarité reste forte et aucune des racines matérielles des difficultés rencontrées par les personnes LGBTI+ n'a été éliminée.
Les attaques contre le droit au chômage et les CPAS n'ont rien d'anodin pour notre communauté quand nous savons à quel point les personnes transgenres sont surreprésentées dans les statistiques du chômage. De la même manière, s'attaquer aux CPAS, c'est mettre en danger les jeunes LGBTI+ ne pouvant pas compter sur leur famille pour avoir la moindre aide matérielle, précarité accentuée par la limitation des allocations d'insertion à un an ! L'offensive contre le monde médical (avec le flicage des médecins qui mettraient “trop” de certificats) met aussi en danger les personnes LGBTI+ qui sont en moins bonne santé, notamment avec plus de problèmes d'addiction et de santé mentale.
L'associatif n'est pas épargné non plus dans ce dépeçage en règle : suppression de subventions, gel voire suppression pure et simple de l'indexation des subventions de plusieurs dispositifs réglementaires, baisses de financement atteignant jusqu'à 25 % dans certains secteurs, réduction de la déductibilité fiscale des dons aux ASBL, etc. Les personnes LGBTI+ dépendent fortement de la vie associative pour socialiser et avoir accès à certains mécanismes de solidarité littéralement vitaux, on comprend bien les effets extrêmement négatifs sur notre communauté de ces attaques.
L'Arizona déteste aussi la lutte contre les discriminations, puisqu'elle coupe un quart des subsides d'UNIA, organe de lutte contre les discriminations : c'est la même logique d'austérité qui est à l'œuvre et qui touche forcément les plus précaires.
Des transphobes au gouvernement
À un mois de la Pride, le ministre de l'intérieur MR Bernard Quintin débarque avec une proposition d'optionnalité de l'enregistrement du genre sur la carte d'identité. Une mesure qui risque de créer deux régimes d'enregistrement qui mettrait les LGBTI+ en danger au sein de pays LGBTI+phobes, et qui est complètement en décalage avec les consultations faites avec le secteur associatif. De son côté, Vooruit surfe également sur le mois des Fiertés en proposant la constitutionnalisation du mariage homosexuel, ce que personne n'avait demandé. Les homos exclu·es du chômage par l'Arizona lui seront probablement reconnaissant·es pour ce bel exercice de pinkwashing ! L'Arizona n'a aucune volonté de se concerter avec qui que ce soit, le monde du travail comme la communauté LGBTI+.
Certains de ces partis contribuent même avec enthousiasme à la dégradation de la santé mentale des personnes LGBTI+, comme la N-VA et le MR qui mettent des personnes clairement LGBTI+phobes à des postes de ministres et défendent leurs sorties haineuses. On n'oubliera pas la promotion du pamphlet transphobe “Transmania” par David Clarinval, vice-premier ministre, qui sera défendu à l'époque par un Georges-Louis Bouchez qui assimilait alors les critiques de son protégé à du nazisme, purement et simplement. Sans parler du Premier Ministre De Wever et de son sbire Francken (qui écrivait en 2007 : « Le mouvement arc-en-ciel a tout gagné (…) Que veulent-ils de plus ? »), dont la campagne électorale de 2024 basée sur « l'antiwokisme » contribue clairement à l'aggravation d'un climat déjà dangereux pour les LGBTI+.
Nous l'avons défendu des années durant : la N-VA n'a pas sa place à la Pride et aujourd'hui, le MR a lui aussi clairement franchi certaines lignes rouges de la discrimination LGBTI+phobe, récemment en collaborant sur la question de l'EVRAS avec l'institut Thomas More (financé par le milliardaire français Pierre-Edouard Stérin, architecte du plan PERICLES dont l'objectif est de faire advenir une alliance gouvernementale de la droite et de l'extrême-droite).
Nous ne célébrerons rien avec nos bourreaux ! La Pride DOIT expulser ces partis du cortège.
Solidarité contre l'internationale réactionnaire
L'actualité internationale est plus qu'inquiétante, tant la recrudescence des attaques LGBTI+phobes est forte tout autour du globe : Russie, USA, Hongrie, Géorgie, Afghanistan, Iran, Royaume-Uni, Brésil, … Récemment, la décision de la Cour Suprême britannique, qui fait reposer la définition d'une femme sur la seule biologie (excluant également les femmes intersexes), crée un dangereux précédent dont les transphobes s'empareront pour justifier les exclusions des femmes trans, par exemple des dispositifs de soutien aux femmes, notamment les violences sexistes et sexuelles.
Nous sommes solidaires de nos adelphes partout et seule l'ouverture des frontières permettra de les accueillir dans la dignité sans avoir à violer l'intimité de qui que ce soit pour savoir s'iel est “vraiment” queer. Pour rappel, une personne qui reste au placard dans son pays d'origine est une personne qui ne peut prouver qu'elle est en danger selon le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA).
L'Arizona, avec ses politiques anti-migrant·es, va dans la direction inverse en sortant encore plus explicitement le statut de réfugié·e de l'état de droit : la Vivaldi s'était déjà illustrée par son refus à appliquer les décisions de justice concernant ce statut, l'Arizona vient maintenant réduire fortement les recours judiciaires possibles. Limiter le droit d'asile à une époque de montée des guerres, des génocides et du fascisme, c'est être complice de la brutalité qui touchera les personnes LGBTI+ qui seront dans les premières lignes.
En même temps, la Belgique jouit d'une réputation de paradis pour les LGBTI+ : ce n'est vrai qu'en théorie (les “classements” se basent sur la législation, non sur les faits) et en comparant à la situation catastrophique des personnes queers à travers le globe. Derrière les premières places dans les classements internationaux se cachent l'augmentation des discriminations LGBTI+phobes, les hauts taux de suicide et la précarité. Nous ne sommes pas dupes des états qui jouent aux bons élèves avec une stratégie de pinkwashing tout en étant indifférents à notre sort ou au respect des droits humains les plus élémentaires, que ce soit en Belgique, aux Pays-Bas ou en Israël.
Face à une situation aussi catastrophique au plan national et international, une seule solution : s'organiser !
Résistance unie contre l'Arizona
Le mouvement LGBTI+ en Belgique s'illusionne encore trop sur des relais politiques au gouvernement : face à l'Arizona, aucune concertation n'est envisageable et le mouvement LGBTI+ doit former un front de résistance et mobiliser ses militant·es au-delà de la seule entraide matérielle. Nous défendons la nécessité de construire un mouvement LGBTI+ massif, autonome et international, qui s'allie aux autres mouvements sociaux pour imposer un véritable rapport de force, seul à même d'aboutir à la libération de toutes les personnes LGBTI+ ! Notre nombre n'est pas à notre avantage, il est donc nécessaire d'unir les différentes communautés queers derrière une grande bannière sans pour autant chercher à dissimuler les différences entre nous.
Face à l'Arizona, un important mouvement de contestation prend forme depuis plusieurs mois. Si le plan d'action syndical échoue encore à trouver le chemin de la victoire, il est crucial de continuer à l'amplifier, pour dégager le gouvernement De Wever/Bouchez. En s'en prenant à tout le monde, la coalition fédérale ouvre une brèche pour une riposte collective des opprimé·es et des exploité·es. Alors que la droite et l'extrême-droite accélèrent leurs attaques contre les LGBTI+, notre place est au cœur de cette lutte, pour faire valoir nos revendications, et contribuer à la construction d'un front uni des résistances contre la guerre sociale organisée par les capitalistes.
Le retour en force de l'extrême-droite sur le globe doit nous mettre en alerte maximale : face à la N-VA, au MR et au Vlaams Belang, le pire est possible et il faut nous tenir prêt·es face aux attaques présentes et futures. L'Arizona ne cédera rien, sa légitimité démocratique ne repose que sur le mensonge et il faudra lutter jusqu'à sa chute.
Face à ces attaques sociales qui touchent les LGBTI+ de plein fouet, nous défendons :
. Un logement pour tous·tes ! Réquisition des logements vides, plus de logements sociaux et de refuges ;
. La fin du statut de cohabitant·e qui précarise les personnes LGBTI+, et l'individualisation des droits sociaux ;
. L'égalité pour le don de sang pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) : pour l'instant, les HSH doivent être abstinents pendant 4 mois là où les autres n'ont pas cette restriction ;
. Des investissements massifs dans le secteur de la santé et la sécurité sociale, notamment pour rembourser les soins spécifiques des personnes LGBTI+ ;
. La reconnaissance immédiate du droit d'asile aux personnes LGBTI+ et la régularisation de toutes les personnes sans-papiers ;
. La fin de la répression policière et de l'instrumentalisation de nos luttes à des fins racistes par la droite et l'extrême-droite ;
. Le développement de politiques publiques d'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), non cishétéro-centré, obligatoire à l'école, avec les moyens nécessaires, par divers centres et associations pluriels de promotion des droits sexuels et reproductifs et anti-violences ;
. Un véritable plan d'action syndical, crescendo, discuté de la base au sommet, vers une vraie grève générale au finish, avec pour objectif la chute du gouvernement !
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30 ans de luttes contre la pauvreté, pour l’égalité et la dignité – Marchons pour Du pain et des roses, encore et plus que jamais !

Du 26 mai au 4 juin, des dizaines de marches locales, organisées par des organisations féministes, syndicales et du mouvement communautaire, mixtes et non-mixtes, auront lieu dans la plupart des régions. Des citoyen·nes en réaliseront aussi dans leurs milieux respectifs. Le point culminant de cette mobilisation consistera en une marche à Québec le 7 juin.
« En ces temps troublés et inquiétants, les femmes ressentent plus que jamais le désir de se mobiliser avec tous ceux qui les appuient dans le combat pour leurs droits. Les actions de mai et juin 2025 seront des moments de retrouvailles mais aussi de réaffirmation de la nécessité de revendiquer ensemble un Québec juste et égalitaire. Un prélude au grand rassemblement du 18 octobre prochain, organisé par la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes ! » souligne Françoise David, présidente de la FFQ au moment de la marche de 1995 et co-porte-parole des actions de « Marchons pour Du pain et des roses, encore et plus que jamais ».
Des marraines de 1995 seront également présentes à différents moments, parfois accompagnées de comarraines illustrant ensemble la force, la diversité et la persistance du mouvement féministe. Les informations sur les événements seront progressivement annoncées sur le site web de la FFQ et sur Facebook. En hommage au trajet de 1995, le total des kilomètres parcourus y sera répertorié. La population est invitée à se vêtir de mauve durant les événements.
« Marchons pour Du pain et des roses, encore et plus que jamais » est organisé par la FFQ, en collaboration avec la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes. Les marches locales du 26 mai au 4 juin sont réalisées par des organisations autonomes et celle du 7 juin à Québec est organisée grâce à la contribution du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale.
Source : FFQ, 13.05.2025
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Le retour du ministère des Femmes et de l’Égalité des genres : une victoire de la mobilisation féministe

Nous saluons le retour du poste de ministre des Femmes et de l'Égalité des genres, aboli sans explication en mars dernier lors du remaniement ministériel de Mark Carney, alors nouvellement nommé premier ministre du Canada. Grâce à la mobilisation rapide et soutenue de groupes féministes pancanadiens, ce ministère crucial est de nouveau en place, tel qu'annoncé le 13 mai dernier. L'honorable Rechie Valdez a été nommée ministre des Femmes et de l'Égalité des genres, ainsi que secrétaire d'État aux petites entreprises et au tourisme.
Nous sommes heureuses de cette nomination et prêtes à collaborer avec la ministre Valdez pour faire avancer la justice de genre et les politiques publiques féministes. En l'absence d'un engagement politique clair, sa présence est l'un des seuls remparts pour éviter que les enjeux de genre soient écartés des décisions gouvernementales.
Cependant, nous demeurons consternées par l'absence d'une nomination à la Diversité, à l'Inclusion et aux Personnes en situation de handicap. Ce silence envoie un message inquiétant. Plus d'un quart de la population vivant au Canada vit avec un handicap – et ce chiffre grimpe à un tiers lorsqu'on parle des femmes. Pourtant, aucune personne ministre ne porte désormais cette réalité dans le Conseil des ministres.
Nous rappelons que, sans voix officielle au sein du gouvernement, ce sont les groupes de la société civile, les femmes, les personnes en situation de handicap et les communautés marginalisées elles-mêmes qui continueront à porter ces enjeux et à revendiquer des changements concrets. Nous continuerons notre plaidoyer politique pour que personne ne soit laissé derrière !
Merci à toutes celles et ceux qui se sont mobilisé·es. La vigilance reste de mise.
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La Nakba à 77 ans

Le 15 mai, nous commémorons la Nakba, la catastrophe infligée au peuple palestinien par les milices sionistes et l'armée israélienne naissante. Plus de 750 000 personnes ont été violemment expulsées et forcées de fuir leurs terres, plus de 530 villages ont été détruits et des communautés entières ont été massacrées et détruites par les sionistes.
Tiré de Voix juives indépendantes
Cette année, nous célébrons l'anniversaire de cette catastrophe, qui s'est traduite par 77 ans de nettoyage ethnique, de dépossession et de déshumanisation, et maintenant par 19 mois de génocide.
Depuis sa création, le sionisme est un projet de colonisation fondé sur l'effacement des Palestinien.ne.s.
En 1937, David Ben-Gourion, qui deviendra plus tard le premier Premier ministre d'Israël, écrivait : « Nous devons expulser les Arabes et prendre leur place ». Trois ans plus tard, Yosef Weitz, du Fonds national juif, déclarait : « Il n'y a pas de place pour les deux peuples dans ce pays… il ne faut laisser aucun village, aucune tribu. »
Ces déclarations reflètent une croyance fondamentale de l'idéologie sioniste : les Palestiniens doivent être expulsés de leurs terres ancestrales pour faire place à l'occupation coloniale.
La violence qui a commencé en 1948 n'a jamais cessé. Elle se poursuit par la famine de masse et le bombardement de Gaza. Dans la violence armée des colons et les incursions militaires en Cisjordanie.
Depuis octobre 2023, au moins 62 600 Palestinien.ne.s ont été tués, dont plus de 17 800 enfants. Un demi-million de personnes sont aujourd'hui confrontées à ce que l'Organisation mondiale de la santé appelle « la faim catastrophique, la malnutrition aiguë, la famine, la maladie et la mort ». Depuis qu'Israël a commencé à bloquer l'aide à Gaza en mars, au moins 57 enfants sont morts de faim, un chiffre qui devrait continuer à augmenter.
Dans ce contexte, le Canada refuse de prendre des mesures significatives et maintient son soutien commercial, militaire et diplomatique à Israël.
Alors qu'Israël commet un génocide au vu et au su du monde entier, la complicité du Canada est indéniable et impardonnable.
Pourtant, la résistance perdure. Depuis 77 ans, les Palestinien.ne.s refusent d'être effacés par le sionisme.
Face à la violence des colons et aux déplacements forcés, la Palestine survit. Elle vit avec ceux qui survivent au génocide à Gaza, qui résistent à l'empiétement des colons en Cisjordanie, dans le défi des étudiant.es.s qui réclament justice, dans l'organisation sans relâche des communautés diasporiques, dans le déchirement et l'espoir de chaque réfugié qui se souvient du nom de son village.
En ce jour de la Nakba, alors qu'Israël célèbre son « indépendance », nous nous souvenons de la vérité : l'existence d'Israël est née d'une dépossession violente et est maintenue aujourd'hui par une violence militaire écrasante. Qu'un mensonge sur « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » a été utilisé pour justifier une catastrophe qui n'a jamais pris fin.
En ce jour de la Nakba, nous nous souvenons. Nous pleurons et nous résistons. Nous exigeons la fin du génocide, de l'apartheid et des catastrophes continues du sionisme.
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À voix égales félicite le Premier ministre Carney et appelle à poursuivre les progrès en matière d’équité entre les genres

À voix égales félicite le Premier ministre Mark Carney pour sa victoire électorale et la formation du prochain gouvernement du Canada. En tant qu'organisation multipartite dédiée à l'avancement de l'équité des genres en politique canadienne, À voix égales souligne l'importance de maintenir des actions concrètes afin que le Canada continue de progresser vers une représentation politique équitable des genres.
À la suite des élections fédérales de 2025, la représentation des femmes et des personnes de la diversité des genres parmi les députés, selon leur affiliation politique, est la suivante :
• Parti libéral : 67 sur 169 députés (39,6 %)
• Parti conservateur : 26 sur 144 députés (18,1 %)
• Bloc québécois : 5 sur 22 députés (22,7 %)
• Nouveau Parti démocratique : 4 sur 7 députés (57,1 %)
• Parti vert : 1 sur 1 député (100 %)
Ces résultats portent la proportion totale de femmes et de personnes de la diversité des genres à la Chambre des communes à 30,03%, ce qui représente une légère baisse par rapport à 30,5% en 2021.
Lors de l'élection fédérale précédente (2021) :
• Parti libéral : 57 sur 160 députés (35,6 %)
• Parti conservateur : 22 sur 119 députés (18,5 %)
• Bloc québécois : 12 sur 32 députés (37,5 %)
• Nouveau Parti démocratique : 11 sur 25 députés (44,0 %)
• Parti vert : 1 sur 2 députés (50 %)
« Cette élection démontre clairement que les progrès sont fragiles », a déclaré Lindsay Brumwell, directrice générale par intérim d'À voix égales. « Nous ne pouvons pas considérer la représentation comme acquise — l'équité des genres en politique exige un engagement soutenu et des actions de la part de tous les partis. Les Canadiens méritent un Parlement qui reflète pleinement la diversité de notre pays. »
Le changement systémique et sociétal commence par un leadership fort. Un siège réservé aux femmes à la table du Cabinet démontre que les politiques inclusives comptent. Nous encourageons tous les chefs de partis à reconnaître les compétences et l'expertise des femmes comme étant essentielles pour élaborer les solutions dont le Canada a besoin, aujourd'hui et pour l'avenir. À voix égales exhorte le Premier ministre et l'ensemble du Parlement à faire en sorte que les contributions des femmes soient valorisées au plus haut niveau des décisions, dans toutes les priorités et occasions gouvernementales.
À voix égales s'engage à faire en sorte que les femmes et les personnes de la diversité des genres soient non seulement élues, mais aussi placées en position de diriger et de s'épanouir. Par l'éducation, le mentorat, la recherche et le développement de réseaux, l'organisation soutient un changement durable du paysage politique canadien.
À propos d'À voix égales :
À Voix Égales est un organisme de bienfaisance enregistré dédié à l'amélioration de la représentation des genres en politique canadienne par la recherche et l'éducation. Depuis 2001, À Voix Égales est à l'avant-garde de la promotion d'une représentation équitable des femmes et des personnes de diversité de genre au Parlement du Canada, dans les législatures provinciales et territoriales ainsi que dans les conseils municipaux et autochtones. Par l'éducation, la formation et le développement du leadership, À Voix Égales travaille à créer un système politique équitable et inclusif à tous les niveaux de gouvernement.
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Nomination du Conseil des ministres : « Est-ce que le tandem Carney Hajdu sera celui qui réformera l’assurance-emploi ? »

Montréal, le 13 mai 2025 – Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) souhaite réagir à la nomination de Patty Hajdu comme ministre de l'Emploi et des Familles, responsable du programme d'assurance-emploi.
« Nous allons travailler avec la nouvelle ministre, qui chapeaute maintenant le plus important programme social canadien », ont déclaré Selma Lavoie et Milan Bernard, co-porte-paroles du CNC.
« Au cours des derniers jours, on a vu les conséquences réelles de l'affaiblissement de l'économie canadienne par les politiques de Donald Trump, avec l'augmentation du chômage et l'incertitude économique. Il faut des signaux clairs et des actions concrètes pour améliorer de manière durable le programme d'assurance-emploi pour soutenir les travailleurs et les travailleuses dans le contexte actuel et face aux prochaines crises. Il faut absolument agir, rien n'est réglé dans la guerre commerciale ! En campagne électorale, Mark Carney et les Libéraux se sont engagé à « renforcer le filet social » et à
« travailler pour que l'assurance-emploi soit mieux adapté aux réalités modernes du travail en offrant un soutien flexible et fiable ». Ils conservent donc leur orientation des dernières années : ils devront rapidement clarifier cet engagement et surtout le mettre en œuvre », a déclaré Selma Lavoie, co-porteparole du CNC
« Parce qu'au cours du dernier mandat libéral, ce fut un processus pour le moins agonisant : malgré deux lettres de mandat bien claires, le seul résultat de tout cela fut l'organisation d'une longue série de consultations. La réforme a été constamment retardée, remise à demain, et au surlendemain. Elle devait finalement être annoncée à l'été 2022, il y a trois ans, pour être mise de côté jusqu'à maintenant. Cela explique notre scepticisme. Enfin, les exclusions du cabinet de Jean-Yves Duclos, qui connaissait bien le programme et était connu pour son penchant progressiste, et de Karina Gould, qui a proposé l'amélioration du programme d'assurance-emploi lors de la course à la chefferie, font également sourciller. Avec le certain virage conservateur de Carney, ce sont des sources d'inquiétude », a pour sa part affirmé Milan Bernard, co-porte-parole du CNC.
À propos du CNC :
Fondé en 2005, le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) est la force organisée de défense et de promotion des droits des chômeurs et chômeuses, et plus largement des travailleurs et travailleuses. Il rassemble une dizaine d'organismes locaux et régionaux se voulant des acteurs proactifs pour une réforme globale du programme de l'assurance-emploi.
Þ Pour en savoir plus : www.lecnc.com
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Pourquoi une délégation canadienne à la Global March to Gaza ?

Parce que le Canada a joué un rôle central dans le génocide du peuple de Gaza, par son soutien actif à Israël et sa couverture politique et diplomatique constante à l'État sioniste. Depuis qu'Israël a imposé le blocus de la bande de Gaza en 2007, le Canada — aux côtés des États-Unis et de l'Union européenne — a facilité, par son inaction, la situation catastrophique que nous vivons aujourd'hui.
Depuis toutes ces années, Israël contrôle la vie des habitants de Gaza, décidant ce qui peut y entrer, quand et comment — en imposant un blocus terrestre, maritime et aérien qui a asphyxié plus de deux millions de personnes. Bien que ce blocus ait été déclaré illégal par les Nations Unies, les alliés d'Israël non seulement l'ont toléré, mais n'ont rien fait pour l'atténuer. Le résultat : une famine sans précédent, des dizaines de milliers de morts civils, et une campagne de nettoyage ethnique ouvertement assumée au XXIe siècle.
Le Canada est complice de cette situation. Mais le gouvernement canadien ne représente pas la volonté de nombreux citoyens.
Une grande partie de la société canadienne est profondément sensibilisée à la souffrance du peuple palestinien et rejette avec force le génocide en cours à Gaza. D'un bout à l'autre du pays, des initiatives de solidarité se multiplient : mobilisations, lettres ouvertes, actes de désobéissance civile, campagnes de soutien. De ce rejet du génocide, et de l'indignation face à l'inaction gouvernementale, est née la délégation canadienne à la Global March to Gaza.
Il est des moments dans l'histoire où les citoyens doivent devenir les garants de l'humanité lorsque leurs gouvernements les trahissent. Nous croyons que nous vivons l'un de ces moments.
Le Canada a le pouvoir d'imposer un embargo sur les armes à destination d'Israël. Il peut rappeler l'ambassadeur israélien et adopter une position claire et ferme contre le génocide. Il dispose de tous les moyens nécessaires pour montrer son respect du droit international et, face à une intention génocidaire déclarée, il peut — et doit — agir.
Mais il ne l'a pas fait. Depuis des mois, le gouvernement canadien — d'abord sous Justin Trudeau, aujourd'hui sous Mark Carney — a choisi la lâcheté et la complicité. Loin d'assumer ses responsabilités, il s'est déclaré sioniste, a soutenu sans réserve le gouvernement de Netanyahu et s'est opposé à toute initiative internationale visant à exiger des comptes à Israël.
Il a même renoncé à enquêter sur les citoyens canado-israéliens impliqués dans des crimes de guerre, abandonnant délibérément ses engagements en matière de droits humains.
La délégation canadienne à la Global March to Gaza envoie un message clair : la population canadienne, en ce qui concerne la défense des droits du peuple palestinien, se trouve du bon côté de l'histoire. Et nous continuerons à participer à des initiatives courageuses pour attirer l'attention du monde sur des crimes qui ne doivent, en aucune circonstance, être tolérés par un gouvernement prétendant nous représenter.
Comité Canadien de Coordination pour la Marche Mondiale vers Gaza
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TES Canada – Où est la vérité ?*

Nul besoin d'être un grand visionnaire pour comprendre ce qui se trame autour du projet TES Canada. Depuis le début, le promoteur multiplie les déclarations floues, les zones grises, et les intentions changeantes. Il est temps que la population se pose les vraies questions et que nos dirigeants exigent des réponses claires.
*Possibilité 1 : Un projet vidé de sa substance, sans preuve d'efficacité*
La première possibilité, bien réelle, serait que TES Canada abandonne l'idée de produire de l'hydrogène pour le transport lourd, ne conservant que le volet de méthanisation de l'hydrogène pour injection dans le réseau d'Énergir. Problème : aucune étude ne confirme les bénéfices de cette approche pour la décarbonation. On parle ici de 80 000 tonnes de gaz naturel renouvelable (GNR) de 3e génération, accompagnées de 220 000 tonnes de CO₂ biogénique injectés dans le réseau — mais sans qu'aucun contrat formel ne lie Énergir à l'achat de ce gaz de synthèse. Pire encore, aucune entente ne semble conclue pour l'approvisionnement de ce CO₂, pourtant essentiel au procédé.
Et même si l'on continue à croire que TES Canada souhaite réellement produire de l'hydrogène vert, on peut se demander comment la ministre de l'Énergie, Christine Fréchette, peut fermer les yeux sur les inefficacités flagrantes du procédé. Des experts et scientifiques de partout dans le monde dénoncent déjà l'aberration énergétique du projet : d'énormes pertes
d'énergie pour un rendement minimal.
La ministre envisagerait même de *subventionner* ce gaz pour compenser l'écart de prix avec le gaz naturel fossile. Est-ce là le rôle de l'État ? De tous les experts, aucun ne croit que ce type de projet puisse devenir viable sans injection massive de fonds publics. Les coûts de conversion sont bien trop élevés. Et tout ça pour quoi ? Injecter une goutte d'hydrogène dans un océan de gaz naturel polluant. Une illusion de progrès à fort coût collectif.
*Possibilité 2 : Un projet qui lorgne l'exportation*
Deuxième scénario : TES Canada viserait en réalité l'exportation de son hydrogène. On nous a toujours dit que le projet était destiné au marché québécois. C'est d'ailleurs ce qui est écrit noir sur blanc dans l'Avis de projet. Pourtant, aucun contrat d'achat ne lie le promoteur à des clients québécois. Alors, on produit pour qui ? Pourquoi ?
La seule conséquence, selon la ministre, en cas de non-respect des engagements ? Retirer le bloc d'énergie octroyé. Une simple tape sur les doigts. Aucune véritable pénalité. Aucune obligation de résultats. Si TES ne réussit pas à trouver d'acheteurs, il pourrait simplement tout abandonner — sans conséquence majeure.
*Possibilité 3 : Une privatisation déguisée de nos ressources*
Et si le véritable objectif était ailleurs ? Sans contrat local, sans projet exportateur viable, TES pourrait très bien se contenter… de produire de l'électricité. Une production assurée, sans appel d'offres, et surtout, extrêmement rentable — grâce à l'énergie publique fournie par Hydro-Québec. Ce serait alors une *privatisation déguisée* de notre accès à l'énergie. Un
précédent grave.
On permettrait ainsi à un promoteur étranger de s'implanter en territoire québécois, avec toute la latitude pour exploiter nos ressources, occuper nos terres et imposer ses conditions. Le tout, avec une *opacité jamais vue* et un discours marketing bien huilé, promettant espoir et développement durable à l'échelle planétaire… alors que les fondements mêmes du projet
sont loin d'être clairs.
Pendant ce temps, nos élus — municipaux, provinciaux et fédéraux — préfèrent jouer à l'autruche. Ils ferment les yeux sur les contradictions, refusent de poser les vraies questions et laissent le promoteur avancer, sans jamais devoir rendre de comptes à la population.
Il est temps de *demander des réponses*. Il est temps de *voir clair* dans ce projet qui prétend sauver la planète, mais qui pourrait bien, au contraire, devenir un cheval de Troie de la privatisation et du greenwashing énergétique.
La vérité, elle, attend toujours.
Pierre Pouliot
Citoyen préoccupé
Notre-Dame-du-Mont-Carmel
Merci à monsieur Haroun Bouazzi d'avoir posé les bonnes questions à la ministre de l'Énergie, madame Christine Fréchette, lors de l'une des dernières séances en commission parlementaire de l'assemblé nationale.
https://www.youtube.com/watch?v=dEx1_YzO9rs
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Aucune surprise : Le rapport de la Commission, commandé par le gouvernement, recommande la vaste majorité des positions de Postes Canada

Le rapport de la Commission d'enquête sur les relations de travail, dirigée par le commissaire William Kaplan, penche fortement en faveur des positions et des recommandations de Postes Canada. Nous sommes fondamentalement en désaccord avec la majeure partie de ses recommandations et contestons certains des renseignements sur lesquels elles sont fondées. Nous nous sommes également opposés au processus de la Commission dans son ensemble, mais nous étions d'avis que nous nous devions d'y participer afin de donner une voix aux travailleurs et travailleuses des postes. Le rapport présente également trois situations possibles après le 22 mai. Il est important de noter que les recommandations du commissaire Kaplan ne seront pas nécessairement mises en œuvre ; il revient à la ministre Patty Hadju de décider si elle donnera suite au rapport ou non.
L'un des points positifs du rapport est que le commissaire convient que « Postes Canada doit continuer d'exister en tant que service public, y compris pour la distribution des lettres et des colis. » Cependant, certaines de ses recommandations vont à l'encontre de cette déclaration, notamment son soutien à l'égard des comptoirs franchisés.
Les recommandations
Le rapport présente sept recommandations qui, selon le commissaire Kaplan, sont nécessaires pour préserver le mandat institutionnel, national et indispensable de Postes Canada. Ces recommandations sont de nature réglementaire et visent également les conventions collectives.
1- Réviser les normes de livraison aux termes du Protocole du service postal canadien, mettre fin à la livraison à domicile, mais maintenir le service de livraison à la porte pour les entreprises.
2- Mettre fin au moratoire sur la fermeture des bureaux de poste et au moratoire sur la conversion aux boîtes postales communautaires (BPCOM).
3- Inclure dans les deux conventions collectives toutes les dispositions ayant fait l'objet d'un accord avant le déclenchement de la grève, ainsi que tout ce qui a été convenu dans les accords de principe quasi définitifs. Les parties doivent aussi s'efforcer de réduire les divergences sur tous les points qui ont fait l'objet d'un accord partiel.
4- En ce qui concerne la livraison la fin de semaine et les volumes de courrier additionnels durant la semaine, établir des postes à temps partiel donnant droit aux mêmes conditions de travail et taux de salaires que les postes réguliers, ainsi qu'à des avantages sociaux établis au prorata et au régime de retraite. Il ne doit pas s'agir d'emplois précaires.
5- Modifier la convention collective de l'unité urbaine pour permettre à l'employeur de confier du travail aux employées et employés pour toutes les heures rémunérées.
6- Créer et mettre en œuvre un projet pilote d'acheminement dynamique afin d'adapter les itinéraires en fonction de la fluctuation quotidienne des volumes.
7- Établir un mécanisme simplifié pour l'augmentation des tarifs postaux.
La mise en œuvre de ces recommandations se traduirait par une réduction de services, le recours à la sous-traitance et des reculs importants sur d'importantes dispositions de nos conventions collectives existantes. De plus, il n'y a aucune garantie que ces changements permettraient à Postes Canada d'intensifier ses activités de livraison des colis. Les coûts des propositions de Postes Canada n'ont pas été ventilés, et nous n'avons pas reçu de plans de mise en œuvre concrets en ce qui les concerne. Les recommandations vont également à l'encontre des revendications que vous nous avez transmises et des solutions que nous défendons depuis des années pour préserver et bonifier le service postal public. Toute modification visant la réglementation ou les services devrait faire l'objet d'un examen public complet du mandat de Postes Canada. Le rapport de la commission Kaplan rejette catégoriquement nos propositions de diversification des services comme solution immédiate à la crise financière de Postes Canada, malgré le succès qu'ont connu de nombreuses administrations postales ailleurs dans le monde en diversifiant leur offre de services pour générer de nouveaux revenus.
Il importe de noter qu'en ce qui concerne la troisième recommandation, c'est-à-dire les questions considérées comme étant statu quo, celles sur lesquelles nous avions des désaccords mineurs et celles sur lesquelles les parties s'étaient entendues, nous étions en plein chantier lorsque Postes Canada a décidé de quitter la table de négociation cette semaine.
Enfin, le STTP préconise depuis des années l'indexation du prix des timbres en fonction de l'indice des prix à la consommation et d'autres coûts d'exploitation. La situation difficile de Postes Canada est en partie attribuable au fait qu'elle a négligé de donner suite à cette recommandation.
Les voies possibles à partir du 22 mai
Le rapport n'envisage que trois possibilités après l'expiration des conventions collectives prolongées.
Postes Canada soumet une offre finale au vote des membres.
Un arbitrage de différends est imposé ou convenu.
Une grève ou un lock-out est déclenché, le gouvernement s'engageant à ne pas intervenir.
Le soutien de la population a été crucial
Nous tenons à remercier sincèrement tous les travailleurs et travailleuses des postes, actifs ou à la retraite, qui ont pris le temps de présenter un mémoire à la Commission. La fierté que vous tirez de votre travail s'est manifestée haut et fort. Nous sommes également reconnaissants aux communautés autochtones, aux municipalités et aux entreprises qui ont fait de même.
Bien que le rapport rejette nombre des solutions que vous avez proposées, il reconnaît votre soutien sincère au maintien du caractère public du service postal, vos préoccupations, vos souhaits en matière de diversification des services et l'importance que le service postal public revêt dans votre vie et votre collectivité.
Notre rencontre avec la ministre Hajdu
Ce matin, nous avons rencontré le ministre Hajdu et le secrétaire d'État au Travail, John Zerucelli. La ministre Hajdu a cherché à nous rassurer en mentionnant que Postes Canada croit au processus de négociation et qu'elle nous présentera bientôt de nouvelles offres. Il se pourrait bien que Postes Canada tente de suivre la première voie suggérée dans le rapport et qu'elle soumette ses nouvelles propositions directement à un vote auprès des membres. Nous préférons retourner à la table de négociation avec Postes Canada et conclure directement des conventions collectives que nos membres seront en mesure de ratifier. Comme le reconnaît le rapport, tout le monde s'entend pour dire que les meilleures conventions collectives sont celles qui sont négociées à la table de négociation.
Le rapport admet également que l'ingérence du gouvernement a en partie contribué à la situation actuelle. Nous espérons que la ministre tiendra parole, puisqu'elle dit ne pas avoir l'intention d'intervenir.
Le rapport est maintenant disponible en ligne.
Nous continuerons de vous tenir au courant de la situation. Je vous encourage à vous inscrire au Somm@ire pour recevoir les dernières nouvelles directement dans votre boîte de courriels.
Solidarité,
Jan Simpson, Présidente nationale
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Projet de loi no 89 : rétablissons les faits

Protéger le public ou régler des comptes ? Après la puissante mobilisation du Front commun en 2023, le ministre du Travail, Jean Boulet, n'a visiblement pas apprécié de voir son gouvernement reculer devant les syndicats. Résultat ? Le dépôt précipité du projet de loi no 89 (PL89), qui sabote directement le droit de grève des travailleuses et des travailleurs. Pour la CSQ, une chose est claire : ce projet de loi est une attaque directe à l'équilibre déjà fragile des relations de travail.
L'IEDM exagère, le gouvernement obéit
L'Institut économique de Montréal (IEDM) agitait récemment l'épouvantail d'une « épidémie de grèves », accusant le Québec d'être l'épicentre de 91 % des conflits de travail au Canada depuis 2023. L'IEDM réclame d'ailleurs une intervention encore plus sévère du gouvernement, en élargissant la portée du PL89 aux travailleuses et travailleurs de la santé et de la fonction publique. Mais derrière ces chiffres choc, la réalité est bien différente.
Des chiffres trompeurs qui déforment la réalité
Contrairement au portrait alarmiste dressé par l'IEDM, les conflits de travail sont en chute libre au Québec depuis les années 1970. L'année 2024, présentée par l'IEDM comme une année record avec 700 conflits recensés, inclut surtout la mobilisation exceptionnelle du Front commun, regroupant à elle seule plus de 400 accréditations syndicales et autant de conflits de travail au sens de la loi. Les autres conflits ? Rien d'étonnant : ils étaient principalement liés aux pénuries et à l'inflation galopante, poussant les travailleuses et les travailleurs à exiger un traitement équitable.
Il est bon de rappeler que la grande majorité (95 %) des négociations se règlent sans conflit de travail. Alors, pourquoi changer les règles d'un jeu qui fonctionne ?
De mauvais perdants au pouvoir
Soyons clairs : le gouvernement n'a tout simplement pas digéré l'issue de la dernière négociation du secteur public. Depuis des décennies, les règles du jeu étaient à son avantage, mais, maintenant qu'il est mécontent du résultat, il les modifie en sa faveur. Pourtant, dans le contexte actuel où collaboration et dialogue sont nécessaires, s'en prendre au droit de grève n'est pas seulement injustifié, c'est contre-productif.
Le droit de grève n'est pas un caprice syndical : c'est un droit constitutionnel fondamental, durement acquis et défendu devant les tribunaux pendant des décennies. La CSQ refuse catégoriquement ce recul et le martèle : ce projet de loi est un véritable sabotage du rapport de force des travailleuses et des travailleurs.
Négocier à armes égales, c'est vital
Depuis 1964, date où le Code du travail a officiellement reconnu le droit de grève dans les services publics, la définition des services essentiels a toujours été strictement liée à la santé et à la sécurité publique. Aujourd'hui, le gouvernement introduit une notion vague et dangereuse : le « bien-être » de la population.
Ce flou juridique soulève des inquiétudes majeures : sans critères clairs, comment le Tribunal administratif du travail (TAT) pourra-t-il juger équitablement des services à maintenir ? Cette notion imprécise risque simplement d'annuler tout effet réel des grèves, transformant un droit fondamental en geste symbolique sans impact réel.
La grève, un outil de dernier recours
La grève, rappelons-le, n'est jamais prise à la légère par les travailleuses et les travailleurs. Elle implique une perte de salaire, une pression énorme et une incertitude sur le retour au travail. Mais elle reste indispensable quand les négociations bloquent, garantissant un rapport de force équitable entre employeurs et employés.
Le projet de loi no 89 est donc une attaque frontale et injustifiée contre ce droit précieux. Une grève qui ne dérange personne ne fait avancer aucune négociation. Et sans avancées dans les négociations, c'est toute la société québécoise qui en paie le prix.
Bref, le PL89 est une erreur stratégique, politique et sociale que la CSQ entend bien combattre avec vigueur, n'en déplaise aux majorettes du patronat.
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Québec coupe dans l’intégration de la relève infirmière : une décision irresponsable, juge la FIQ

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ dénonce fermement les compressions qui touchent de plein fouet les programmes d'externat pour les étudiantes en soins infirmiers. Ces stages, offerts à celles ayant complété une partie de leur formation, leur permettent de réaliser certaines activités professionnelles dans les établissements de santé et de contribuer au soutien du réseau.
Cette décision, appliquée par plusieurs centres intégrés de santé et de services sociaux et centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux, est incohérente et nuit directement à la formation, l'intégration et la rétention de la relève infirmière, dans un réseau déjà en crise. Pour la FIQ, c'est une preuve de plus que le gouvernement et les gestionnaires du réseau sous-estiment la gravité de la situation et l'importance d'investir dans les futures professionnelles.
« C'est incompréhensible. On manque d'infirmières partout, et pourtant, on sabre dans un programme qui contribue directement à former et fidéliser la relève. Quel signal envoie-t-on à ces futures professionnelles, pendant que celles qui tiennent encore le réseau peinent à envisager un avenir stable et respecté ? Empêcher une étudiante de faire son externat, c'est nuire à sa formation, miner sa motivation et risquer de la décourager de rester dans le réseau. Et après, on s'étonne de ne pas réussir à recruter ni à retenir ! », dénonce Julie Bouchard, présidente de la FIQ.
L'externat est une passerelle essentielle entre la formation académique et la pratique sur le terrain. Il permet aux étudiantes d'acquérir des compétences concrètes, de développer un sentiment d'appartenance au réseau public et de forger leur jugement clinique — trois leviers indispensables à une entrée réussie dans la profession. Dans un contexte où le temps consacré à l'orientation et à l'accompagnement a été considérablement réduit, et où le soutien clinique a été largement coupé cette année, l'externat devient plus que jamais un outil vital pour arriver prêtes et confiantes sur le terrain.
Dès mars, le Syndicat interprofessionnel en soins de santé de l'Abitibi-Témiscamingue a alerté le ministère de la Santé sur les effets de ces compressions sur la sécurité des soins et la stabilité des équipes. Le ministère a aussitôt rejeté la responsabilité sur Santé Québec. En région, le manque de main-d'œuvre est criant. Le programme d'externat permet aux candidates de découvrir le milieu et de s'ancrer dans leur réalité. Il joue un rôle essentiel dans la rétention des professionnelles en soins.
« Ce n'est pas vrai que, sous prétexte “d'équilibre budgétaire”, on va sabrer dans ce qui fonctionne. Si le gouvernement veut économiser, qu'il cesse de gaspiller des millions dans le privé, les agences ou des projets bancals comme Northvolt ou SAAQclic. Certainement pas dans la formation des infirmières de demain », conclut Julie Bouchard.
La FIQ salue les interventions de la Fédération des cégeps et de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, et se joint à leur appel pour qu'une directive claire rétablisse rapidement l'accès aux externats partout au Québec. La FIQ exige aussi un réinvestissement immédiat dans les externats et une reconnaissance de leur rôle stratégique dans la lutte contre la pénurie.
À propos de la FIQ
La FIQ compte plus de 80 000 membres, infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques œuvrant dans les établissements de santé aux quatre coins du Québec. Elle est une organisation féministe, composée à près de 90 % de femmes, vouée à la défense de ses membres, mais également à celle des patient-e-s et du réseau public de santé.
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Compressions de 151 millions $ dans les cégeps La ministre fait de la pensée magique

Québec, le 12 mai 2025 — La ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, fait de la pensée magique en s'imaginant que les cégeps peuvent couper 151 millions $ sans que les services soient affectés, juge le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec.
« La ministre trompe le public en disant que les cégeps ont la marge de manœuvre nécessaire pour effectuer des compressions de cette ampleur. Les services aux étudiantes et étudiants vont nécessairement écoper. On va se retrouver avec des jeunes qui vivent des difficultés et qui n'auront plus accès à un psychologue, un conseiller en orientation ou un aide pédagogique individuel, par exemple », illustre Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.
La ministre doit comprendre qu'il ne s'agit pas seulement d'apporter des changements à des chiffres dans son fichier Excel, des êtres humains vont subir les conséquences de ces décisions. « Au Collège Montmorency, à Laval, par exemple, l'employeur nous a fait part du fait qu'on lui a demandé de couper près de 54 000 heures de travail pour l'ensemble de l'établissement, toutes catégories de postes confondues. Faire plus avec moins, ça a des limites. On ne peut pas décemment imaginer que les services aux étudiants ne vont pas souffrir de telles compressions », signale M. Bouvrette.
Le SPGQ rappelle au gouvernement que plusieurs autres moyens existent pour améliorer ses finances comme de mettre fin à la sous-traitance abusive qui a notamment mené au scandale SAAQclic, arrêter les mauvais investissements comme dans le projet de NorthVolt et mettre en priorité la lutte à l'évasion fiscale.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.
Source
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
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ATSA, où l’art devient acte de résistance contre l’emprise des algorithmes

Entrevue avec Annie Roy – co-fondatrice, directrice générale et artistique d'ATSA, accompagnée d'Anne-Marie St-Louis – la chargée du projet Cuisine ta ville et de la médiation culturelle. Réalisée par Maria Kiteme, correspondante au Journal des Alternatives et participante au Parcours d'éducation à la citoyenneté de Katalizo.
Tiré du Journal des alternatives.
Fondé en 1997 par les artistes Annie Roy et Pierre Allard, ATSA – connu aujourd'hui sous « QuAnd l'ArT paSse à l'Action » – incarne une vision engagée de la création artistique. Bien plus qu'un organisme à but non lucratif, ATSA s'impose depuis plus de vingt-cinq ans comme un catalyseur de conscience collective, en plaçant l'art au cœur du paysage urbain québécois et à l'international. En cohérence avec cette vision, ATSA sera présent au Forum social mondial des intersections (FSMI) à Montréal, proposant ainsi une programmation alliant art, réflexion critique et appel à l'action face aux grands enjeux contemporains.
ATSA comme moteur de transformation sociale
À travers des œuvres événementielles, transdisciplinaires et relationnelles, ATSA s'empare de l'espace public avec une énergie ludique et percutante, où l'art est utilisé sous toutes ses formes afin de « […] pointer du doigt les grands enjeux de notre société actuelle et permettre aux citoyen·nes d'entamer une réflexion […] », explique Annie.
Fidèle à ses racines féministes, pacifistes et écoresponsables, l'engagement d'ATSA se manifeste dans la défense des droits humains ainsi que la protection de l'environnement. Leur dimension participative situe constamment le public dans un rôle actif, en prise directe avec les œuvres et les messages qu'elles portent. Ainsi, en transformant la rue en lieu de mobilisation citoyenne, chacun·e devient un·e agent·e de changement positif, nous confie Annie.
Depuis 2017, Cuisine ta ville prolonge de manière inspirante la mission initiée par ATSA. Sous la direction d'Anne-Marie Saint-Louis, ce projet offre des parcours-balados créatifs à travers quelques parcs de Montréal et dans différentes villes canadiennes. Ce projet audio nous invite à écouter les témoignages touchants de personnes réfugiées et immigrantes sur les enjeux migratoires.
Les dérives d'un monde désormais trop intelligent
Aujourd'hui, l'apathie pousse les sociétés à se réfugier dans l'indifférence, convaincues à tort de leur impuissance face aux systèmes dominants. Depuis ses débuts, ATSA s'inscrit dans une tradition où l'art devient un acte militant. Il est courant dans les milieux activistes de recourir à divers médiums artistiques comme outils de résistance et de dénonciation.
Dans un monde de plus en plus polarisé et gangréné par la désinformation, Annie dit vouloir briser les murs de silos qui cloisonnent les individus. Avec l'essor de l'intelligence artificielle, le numérique a su s'immiscer dans toutes les sphères de nos vies – tant publiques que privées – et ce, de manière subversive. En quelques années, on a pu créer une machine ultra énergivore et envahissante, jusqu'à complètement chambouler nos quotidiens. Le projet d'ATSA cherche à provoquer cette indignation face aux injustices d'un capitalisme qui réduit l'humain à une simple donnée au service d'algorithmes toujours plus puissants.
Il y a cette dangereuse banalisation de l'impact que laisse cet écosystème digital sur l'individu, détaché de son humanité. Nos données personnelles sont captées à notre insu, nos comportements surveillés, notre intimité dissoute dans les rouages d'un système qui sert même à alimenter des machines de guerre, dénonce Annie. Au-delà de son impact écologique néfaste, l'industrie du numérique accentue un fossé d'inégalités, déjà profond entre les pays du Nord et ceux du Sud.
Mais tout n'est pas perdu. « C'est un système malade et écrasant, mais une révolution est possible », affirme Annie.
En l'occurrence, il suffirait de résister à l'illusion d'un monde contrôlé par ces élites numériques.
Réhumaniser le monde, une œuvre à la fois
La participation d'ATSA à un événement comme le FSMI est essentielle, car elle réunit une diversité d'organismes et de membres de la société civile internationale dans un lieu commun de dialogue. Cette année, l'organisme propose une programmation d'activités gratuites réparties sur plusieurs jours, ouvrant la conversation autour des enjeux liés à l'intelligence artificielle.
La Ferme
Tout d'abord, dans une atmosphère à la fois conviviale et humoristique, Annie Roy et la comédienne Geneviève Rochette partageront la scène afin d'interpréter La Ferme ou comment nourrir un futur intelligent. Cette expérience participative engage le public à une démarche critique sur l'IA, complétée par des discussions ouvertes et vivantes. Annie a su mêler différents médiums pour remettre l'humain au centre de ses interrogations, abordant comment sociétés doivent affronter un monde ne cessant d'être envahi par la technologie. Pleine d'esprit et sans prétention, La Ferme nous invite à « se réemerveiller devant le réel », comme le dit si bien Annie.
Il y aura trois représentations gratuites de cette pièce de théâtre : le vendredi 23 mai à 19h, le samedi 24 mai à 19h et le dimanche 25 mai à 16h, sur l'esplanade Tranquille du Quartier des spectacles à Montréal.
Une œuvre audiovisuelle
En dehors des moments de performance, l'installation vidéo UN TEMPS sera diffusée en continu. Cette œuvre audiovisuelle invite chaque spectateurs·rices à ralentir, à rêver et à réfléchir dans un état contemplatif, malgré l'agitation d'une ville aussi animée comme Montréal.
Trois ateliers-conférences
ATSA propose aussi trois ateliers-conférences au Réfectoire de l'esplanade Tranquille, visant à outiller les citoyen·ne·s face aux enjeux de l'intelligence artificielle. Du samedi 24 mai au dimanche 25 mai, quelques expertes du sujets aborderont les thèmes de la sobriété numérique, souveraineté numérique, et de la responsabilité humaine face à l'IA.
D'autres activités connexes seront au rendez-vous, dont la diffusion du film Les sacrifiés de l'IA de Henri Poulain le samedi 24 mai à 21h. D'ailleurs, la BANQ aura un espace réservé sur l'Esplanade Tranquille et au Salon de l'Esplanade Tranquille pour inviter chacun·e dans la lecture de quelques livres.
Cuisine ta ville au FSMI
Parallèlement, pendant le FSMI, l'artiste médiatrice Anne-Marie St-Louis de Cuisine ta ville animera une activité de collage solidaire le jeudi 29 mai 19h à 20h30. Cette activité de médiation culturelle gratuite invite le public à réfléchir sur l'inclusion, la solidarité et les identités multiples à travers l'écoute d'un témoignage issu de l'immigration. Par la suite, les participant·es seront invité·es à créer un collage ou une lettre en réponse aux thèmes abordés, dans une démarche artistique et introspective.
Avec un tel forum, c'est la parfaite occasion pour ATSA de faire rayonner sa démarche artistique à l'échelle internationale, tout en démontrant la puissance de l'art comme outil de progrès social. Annie ajoute ainsi que l'accessibilité de l'art demeure au centre de leur démarche. C'est grâce à ses actions artistiques que le groupe peut s'engager auprès de publics variés et mobiliser les forces de la réflexion collective. Enfin, si le numérique peut enrichir nos vies, il est plus que jamais nécessaire d'en redéfinir les règles et de reprendre le contrôle sur notre avenir démocratique.
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Grande mobilisation pour les arts au Québec

La GMAQ célébrait en mars dernier une victoire historique et saluait la décision du gouvernement d'augmenter le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec.
La GMAQ rappelait que cette majoration des budgets permanents du CALQ constitue une mesure d'urgence essentielle qui apporte un bref répit pour un milieu des arts en péril.
LA GMAQ rappelait une chose trop souvent oubliée : la lutte paie !
La lutte paie et elle continue !
La GMAQ porte depuis un an plusieurs revendications centrales :
1. la majoration des fonds destinés au CALQ, à laquelle répond en bonne partie le budget du ministre Girard ;
2. que cette augmentation se répercute majoritairement sur les programmes dédiés aux artistes (indépendants.e.s) pour des activités de création ;
3. la création d'un programme de soutien continu aux artistes (filet social).
Ces revendications sont toujours sur la table et restent indispensables pour sortir les artistes de l'état de précarité endémique et permanent qui est le leur depuis trop longtemps. Il revient à l'ensemble de la société de s'assurer que les personnes qui créent la culture puissent le faire dans des conditions décentes et soutenables à long terme.
La GMAQ appelle à une sixième grande manifestation, dans la capitale nationale, à Québec, le jeudi 22 mai à 15h.
La manifestation débutera devant l'Assemblée nationale (au 1150 Av. Honoré-Mercier), il y aura ensuite une marche jusqu'au bureau du Ministère de la culture et des communications (au 225 Grande Allée E).
Rassemblons-nous pour montrer que la culture d'ici nous tient à coeur.
Visuel par Clément de Gaulejac
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« Jeunes mères » de Luc et Jean-Pierre Dardenne : les frères belges s’essaient au film choral

Deux fois lauréats de la Palme d'or ( "Rosetta" en 1999 et « l'Enfant, en 2005 ), Luc et Jean-Pierre Dardenne signent leur premier film choral avec le portrait intimiste de cinq jeunes femmes confrontées à des problématiques d'adultes.
*Bande-annonce : *https://diaphana.fr/film/jeunes-meres/
Par Michaël Mélinard, L'Humanité, France, le vendredi 16 mai 2025
Article dans son intégralité sur L'Humanité
N'en déplaise aux esprits chagrins,Luc et Jean-Pierre Dardenne <> font recette. Avant cette 10e sélection en compétition cannoise, sept de leurs neuf films ont été récompensés sur la Croisette. Et s'il est prématuré de leur promettre à nouveau un prix – leur long métrage est présenté le 23 mai, veille des délibérations du festival –, la fratrie belge est revenue au meilleur de sa forme avec « Jeunes mères », le portrait choral d'adolescentes dans une maison maternelle. Si cette manière de tisser des histoires est une première pour les cinéastes, ils en dénouent les fils avec talent, justesse et une mise en scène tout en maîtrise.
Julie, ancienne/junkie/, veut éviter la récidive. Perla tente de convaincre son compagnon immature de vivre en couple. Jessica, enceinte, part en quête de sa mère biologique, alors qu'Ariane s'affranchit peu à peu d'une génitrice toxique. Comme une étoile filante, Naïma ne fait que passer pour évoquer sa fierté d'être une mère célibataire. Avec leur manière de ne pas y toucher, les Dardenne continuent d'évoquer les sans-grade, les madame Tout-le-Monde, les enfants confrontés à des problématiques d'adultes dans cette œuvre forte et puissante où le déterminisme social semble voué à être dépassé.
*« Jeunes mères » dresse le portait d'adolescentes dans une maison maternelle. Comment voyez-vous votre film à l'aune du féminisme ?*
*Jean-Pierre Dardenne* - Quand on fait un film, il s'inscrit dans une époque. Le titre, c'est « Jeunes mères ». Il n'y a pas si longtemps, ces jeunes mères étaient appelées des « filles mères ». Cette stigmatisation a disparu de nos sociétés. Raconter la maternité à l'âge de ces jeunes filles, qui n'est pas la règle dans nos sociétés, impliquait de réussir à changer de point de vue : affirmer qu'on ne peut garder un enfant et qu'on préfère le confier à une famille aimante n'est pas un acte honteux. C'est aussi ça le féminisme.
Il a une place dans la vraie vie de la maison maternelle. Dans notre film, il devait aussi être là, même si le cinéma ne se résume pas à un acte militant. Être une jeune mère, c'est apprendre à avoir une relation avec son bébé, et c'est également dire : je ne peux pas. À part un qui est là, les hommes sont absents. Mais les filles ne sont pas traitées dans notre film comme des personnes auxquelles il manque quelque chose.
*Luc Dardenne -* Le féminisme critique la maternité lorsque le patriarcat donne à la femme le rôle de pondeuse. C'est lié à l'histoire des hommes qui, ici, brillent par leur absence. Dire aujourd'hui, comme l'un de nos personnages, je n'ai pas honte d'être une mère célibataire, c'est être féministe.
*Dans quelle mesure votre cinéma constitue-t-il une forme d'éloge du service public ?*
*Luc Dardenne -* C'est effectivement en creux. Et là, on ne peut pas dire que, dans ces structures, il y a une carence, même si les subventions pouvaient être supérieures. Ce système de maison maternelle existe chez nous. C'est très différent de l'Angleterre, et de ce que décrit « Ladybird », le film de Ken Loach (une jeune femme se voit retirer la garde de ses enfants nés de pères différents par l'aide sociale parce qu'elle est pauvre – NDLR). Chez nous, il y a un vrai travail de responsabilisation de ces jeunes filles pour les rendre autonomes. Elles sont aussi aidées financièrement et pour le logement. Ces endroits sont maternants dans le bon sens du terme. Sans ces institutions, il y aurait beaucoup de dégâts.
*En quoi est-ce un film sur le soin ?*
*Jean-Pierre Dardenne* - Tout au long du film, il y a cette bienveillance de la part de toutes ces femmes qui entourent les jeunes mères, qui prennent soin d'elles, qui leur apprennent à être autonomes. Chacune de ces filles a aussi une histoire individuelle, existe aussi en dehors de cette maison. Elles ont leur solitude, leur drame, leur histoire avec laquelle elles doivent se débrouiller. Elles s'aident aussi, se soutiennent.
C'est une des raisons qui nous a amenés à faire ce film, après avoir passé du temps dans cette maison maternelle où nous nous documentions sur un autre projet que nous n'avons finalement pas réalisé. Cette entraide et la présence des bébés ont joué un grand rôle. Les bébés amènent une vitalité, un rythme à nos personnages, à la mise en scène. Tous ces petits êtres vivants amènent leur poids. Chacune des jeunes mères doit en tenir compte. Nous aussi. Donc, on l'a répercuté dans notre mise en scène.
*Pourquoi avez-vous réalisé un film choral ?*
*Luc Dardenne* - Il y a eu une alchimie. Nous avions envie de nous aventurer ailleurs tout en nous disant qu'il fallait faire ce que nous savions faire. Mais s'enferrer dans une manière de filmer, c'est devenir de plus en plus radical, dans le mauvais sens du terme. Dans cette maison où nous étions présents, comme l'a dit Jean-Pierre, pour un autre scénario et le personnage principal d'un autre film, nous nous sommes dit : pourquoi ne pas filmer un groupe ? Nous n'avions jamais réussi à raconter plusieurs histoires et c'est devenu un challenge implicite, qui a trouvé sa forme dans les rencontres de cette maison maternelle.
Comment l'évolution de votre vision du monde se traduit-elle dans votre mise en scène ?*
*Luc Dardenne -* Quand nous filmions Olivier Gourmet en plan serré dans « le Fils », nous essayions d'être dans sa tête sans y parvenir. C'est l'impossibilité du cinéma. Nous filmions souvent dans son dos pour éviter son regard et conserver un suspense sur ses actes. Dans Jeunes mères, nous sommes plus paisibles. Nous essayons d'être dans la douceur que demande le soin du bébé. Il faut être délicat avec un bébé et la caméra l'accompagne.
Nous sommes moins à l'arraché. Ce qui est filmé doit être en osmose avec la manière dont on filme. Avec Rosetta, on ne savait pas ce que serait demain, si elle avait un travail ou pas. Elle allait à gauche, à droite. Elle était toujours sur le qui-vive. Elle nous surprenait tout le temps comme elle était surprise par sa vie.
*C'est votre 10e sélection en compétition à Cannes. Vous avez eu la palme d'or pour « Rosetta », avec déjà une adolescente, Émilie Dequenne. Quel regard portez-vous vingt-six ans après sur ce film et sur Émilie Dequenne qui vient, hélas, de nous quitter ?*
*Luc Dardenne* - Mourir à l'âge d'Émilie, c'est évidemment inadmissible. C'est vraiment un sale coup, nous pensons à ses proches. On se souvient d'elle, on ne l'oublie pas et le fait que le Festival de Cannes ait décidé de passer notre film le dernier jour (le 23 mai – NDLR), comme Rosetta il y a vingt-six ans, est une décision que nous apprécions. Émilie sera là avec nous. Elle aimait la vie et aurait été la première à dire : « Place à ces cinq jeunes filles, ces cinq jeunes actrices qui comme moi sont là aujourd'hui dans le film des frères avec lesquels j'ai travaillé il y a vingt-six ans. »
Jeunes mères, de Luc et Jean-Pierre Dardenne, 1 h 45, Belgique. En salles le 23 mai en France.
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RD Congo. Quand pleurent les arbres de sang

L'artiste congolais Sammy Baloji vient de présenter son film L'Arbre de l'authenticité, qui revient – notamment – sur l'exploitation forestière du Congo et sur la trajectoire du biologiste Paul Panda Farnana. Un essai cinématographique puissant qui multiplie les allers-retours entre les années d'accaparement colonial et le présent d'un pays surexploité.
Tiré d'Afrique XXI.
Il suffit parfois d'une image pour faire brutalement rejaillir le passé. Dans L'Arbre de l'authenticité, film réalisé par l'artiste congolais Sammy Baloji, c'est un plan fixe de quelques secondes qui rappelle toute l'horreur d'une histoire que l'on aimerait cantonnée à jamais au XXe siècle. Le cadre est serré sur le tronc rugueux et blessé d'un arbre ; une main armée d'un couteau biseauté ôte habilement un long lambeau d'écorce ; aussitôt, la sève se met à couler, formant une rigole d'un blanc laiteux ; c'est du latex, que les hommes utilisent pour fabriquer le caoutchouc. Et cet « arbre qui pleure », c'est l'hévéa, dont on ne peut évoquer la culture sans penser aux atrocités de la colonisation belge au Congo et au sang, bien rouge celui-là, qu'elle fit couler. L'artiste, né en 1978 à Lubumbashi, confirme :
- L'image du caoutchouc offre différentes résonances. Dans l'histoire du Congo, cela fait bien entendu penser à la culture de l'hévéa et aux punitions corporelles qui y étaient associées au temps de Léopold II. Des punitions qui pouvaient aller jusqu'à l'amputation des bras et des mains pour ceux qui ne produisaient pas assez. Mais le caoutchouc renvoie aussi à son utilisation dans l'industrie militaire au cours des deux guerres mondiales. L'extraction ne concerne pas que les minerais, elle concerne toutes les ressources naturelles et humaines, elle concerne l'ensemble de l'environnement.
Comme le montre très bien la romancière Jennifer Richard dans ses livres Il est à toi ce beau pays et Notre royaume n'est pas de ce monde (Albin Michel, 2018 et 2022), l'exploitation sanguinaire du Congo a commencé avec l'ivoire à la fin du XIXe siècle, pour se poursuivre avec le caoutchouc, puis l'huile de palme et enfin les minerais tels le cuivre, l'or, le coltan, l'uranium, etc. Selon certaines estimations, quelque 10 millions de personnes auraient succombé à l'insatiable appétit occidental durant la période où l'« État indépendant du Congo » était la propriété privée du roi Léopold II, entre 1885 et 1908.
La guerre d'un côté, l'exploitation de l'autre
Depuis longtemps, Sammy Baloji travaille sur les industries extractives. Rien de tout à fait surprenant quand on est né dans le chef-lieu du Haut-Katanga, parfois surnommé la « capitale du cuivre ». S'il a d'abord photographié le patrimoine industriel et architectural de son pays, en lien avec la longue histoire coloniale, l'artiste privilégie désormais une approche multidisciplinaire mêlant images, sculptures, performances, films, éclairant les angles morts du passé à la lueur d'un regard contemporain.
Avec « Essay on Urban Planning », présenté dans le pavillon belge (construit sous Léopold II) lors de la Biennale de Venise de 2015, il opposait des images aériennes de Lubumbashi et des collections de mouches et de moustiques sous cadre. Une manière de montrer le cordon sanitaire mis en place par le colonisateur pour séparer les quartiers blancs des quartiers noirs, un couloir large de 700 mètres censé correspondre à la distance maximale qu'un moustique porteur du paludisme pouvait parcourir. Une manière de raconter aussi l'obligation faite aux ouvriers de rapporter à leur employeur cinquante mouches afin de pouvoir toucher leur ration de nourriture… Avec l'installation « 802. That is where, as you heard, the elephant danced the Malinga. The place where they now grow flowers », présentée à la galerie Imane Farès en 2016, Sammy Baloji exposait des douilles d'obus (en cuivre) servant de pot à des Ficus elastica, dits « figuiers à caoutchouc ». Encore une fois : la guerre d'un côté, l'exploitation de l'autre…
Avec L'Arbre de l'authenticité, présenté en France au mois d'avril, l'artiste continue de creuser son sillon dans le sous-sol et le passé congolais, concentrant cette fois son analyse sur les liens entre l'exploitation de la forêt, la manipulation des espèces et le changement climatique. L'idée du film est née de la lecture d'un article du Britannique Daniel Grossman paru dans The Guardian en septembre 2017. Dans son texte, Grossman raconte la découverte, par le biologiste belge de l'université de Gand Koen Hufkens, d'innombrables archives abandonnées dans un vieux bâtiment de la station biologique de Yangambi, qui fut autrefois l'une des plus prestigieuses institutions de recherche sur l'agriculture et la forêt en Afrique.
À la rencontre de Paul Panda Farnana
Parmi les trouvailles de Hufkens, de nombreux relevés compilés par des scientifiques pendant plus de vingt ans. « La collection contenait les observations hebdomadaires de 2 000 arbres entre 1937 et 1958, écrit Grossman. Les techniciens avaient méticuleusement noté quand les arbres fleurissaient, fructifiaient, lâchaient leurs fruits et perdaient leurs feuilles. » Combinées avec d'autres statistiques, comme celles concernant la pluviométrie ou les variations de température, ces données représentent un véritable trésor pour des chercheurs comme Hufkens qui s'intéressent aux réactions de la forêt face au changement climatique – et à la diminution des pluies tropicales. Grossman poursuit :
- Les jungles comme la forêt congolaise jouent un rôle critique dans le contrôle du niveau de réchauffement global ; la végétation absorbe environ 25 % du dioxyde de carbone que crachent nos pots d'échappement et nos cheminées. Les scientifiques estiment qu'une grande partie de ce CO2 fini stocké dans les troncs des arbres tropicaux, ceux du Congo, en retenant à eux seuls quelque 250 milliards de tonnes.
C'est d'ailleurs cet élément précis qui était à l'origine du voyage de Hufkens, puisqu'il avait alors dans l'idée d'installer à Yangambi une tour de mesure du flux de carbone.
Frappé par ce récit, Sammy Baloji a, comme à son habitude, remonté le fil de l'histoire dans la région de Yangambi, localité située sur la rive droite du Congo, dans la province de la Tshopo. Outre accueillir depuis la fin des années 1970 une réserve de biosphère de plus de 230 000 hectares, Yangambi est connu pour avoir abrité l'Inéac (Institut national pour l'étude agronomique du Congo belge), créé dans les années 1930. Mais l'artiste congolais est remonté plus loin encore dans le passé, ce qui lui a permis de rencontrer un personnage hors du commun et peu connu du grand public : l'agronome congolais Paul Panda Farnana, à qui toute la première partie du film est consacrée.
La probité des gens de ma race est mise en doute
L'Arbre de l'authenticité commence ainsi avec le monologue d'un homme né en 1888 à Nzemba, qui se raconte par la voix de l'acteur Edson Anibal (13 en colère, La nuit se traîne...) tandis que défilent des images contemporaines de la région tournées par Franck Moka (1). L'itinéraire de Paul Panda Farnana est exceptionnel : premier Congolais à avoir accompli des études supérieures en Belgique et en France, spécialiste des cultures tropicales diplômé en 1907, il a été nommé au Jardin botanique d'Eala, près de Coquilhatville (actuelle Mbandaka, dans le Nord-Ouest), en 1909, avant d'être nommé directeur de la station de Kalamu (commune de Kinshasa), en 1911. Un parcours de biologiste qui s'est heurté de plein fouet à la dure réalité coloniale :
- Même là, isolé dans la brousse, je rencontre l'hostilité. Monsieur Michiels, chef de culture de deuxième classe, vient me contrôler régulièrement. Il donne des ordres tous azimuts et il a même porté plainte contre moi auprès de la direction sans que cela ait une concordance avec les faits qui ont réellement eu lieu. Il me semble que les paroles de mes collègues blancs pèsent plus que les miennes. Je reçois réprimandes et blâmes pour tout et pour rien. Il m'est impossible d'émettre des idées. Je remarque que même pour ce qui concerne les plantes, la probité des gens de ma race semble toujours mise en doute. Je ressens une rage… Plutôt une fureur… Je pense sincèrement à quitter l'administration coloniale.
Les nombreux textes écrits par Paul Panda Farnana ont été repris, pour les besoins du film, par la scénariste Ellen Meiresonne, avec Sammy Baloji. Ils permettent de découvrir toute l'histoire de cet homme, racontée à la première personne : son emploi de biologiste, bien sûr, mais aussi son engagement dans la Première Guerre mondiale dans le Corps des volontaires congolais, son emprisonnement en Allemagne dans le camp de Soltau, puis son implication dans le mouvement panafricain qui le conduit à participer aux assises en 1919 au premier Congrès panafricain en compagnie de Blaise Diagne, alors député du Sénégal, et de W.E.B. Du Bois, le sociologue africain-américain à la tête de la National Association for the Advancement of Coloured People (NAACP). L'Arbre de l'authenticité permet de suivre l'ensemble de cet itinéraire engagé jusqu'au retour de Panda au Congo, dans son village natal, et sa mort inexpliquée en 1930, à l'âge de 41 ans. Une vie qui a déjà inspiré une bande dessinée (Paul Panda Farnana, une vie oubliée, par quatre auteurs congolais, chez Africalia), et un film (Panda Farnana, un Congolais qui dérange, de Françoise Levie, 2011).
Produire en quantité ce dont l'Occident a besoin
Si cette première partie du film couvre la période allant de 1909 à 1930, la deuxième commence durant la Seconde Guerre mondiale, en 1941. Les images tournées au Congo demeurent contemporaines mais, cette fois, c'est un administrateur belge qui s'exprime, un certain Abiron Beirnaert, interprété par Diederik Peeters (artiste et performeur), sur un texte écrit par David Van Reybrouck – l'auteur acclamé de Congo. Une histoire et de Revolusi. L'Indonésie et la naissance du monde moderne (tous deux traduits en français par Isabelle Rosselin, Actes Sud, 2012 et 2022).
Cette fois, le ton se fait plus lyrique, et le texte, aux accents proprement conradiens – on ne peut s'empêcher de penser à Au cœur des ténèbres du romancier d'origine polonaise –, plonge le spectateur dans l'ambiance délétère d'un poste de recherche coupé de tout tandis que le monde est à feu et à sang. Mais Sammy Baloji ne perd pas la ligne de son récit, puisqu'ici il est encore question d'environnement et de manipulation de la nature à des fins productivistes. Abiron Beirnaert prend la parole :
- J'ai presque 40 ans. Je suis le directeur de la section agriculture de la Station centrale d'essais de l'Institut national pour l'étude agronomique du Congo belge de Yangambi. Mes recherches expérimentales sur la culture du palmier à huile sont considérées comme pionnières dans toutes les colonies. En 1936, j'ai fait un voyage d'étude en Afrique de l'Ouest pour visiter les principaux instituts et les principales plantations. L'année dernière, j'ai été envoyé en Extrême-Orient pendant des mois ; en Malaisie britannique, en Indochine française, aux Indes néerlandaises pour étudier leurs méthodes de culture afin de voir comment augmenter notre production au Congo.
Quelques phrases qui suffisent pour comprendre toute la machinerie mise en place pour produire en quantité ce dont l'Occident a besoin – en l'occurrence de l'huile de palme – en imposant à un territoire qui n'en a pas l'usage une monoculture destructrice. Les recherches d'Abiron Beirnaert ont en effet conduit à la création d'une variété hybride de palmier, le Tenera, aux rendements plus élevés. L'homme, lui, a trouvé la mort dans un mystérieux accident de voiture, en mai 1941, quand sa voiture a quitté la route, entre Aketi et Bumba, pour s'écraser plus bas dans la rivière…
Je vois l'humanité combattre pour la suprématie
La nature, transformée, manipulée, exploitée jusqu'à l'épuisement n'a d'autre langage, pour faire valoir ses droits, que celui de son dérèglement. Inondations, sécheresses, réchauffement disent chaque jour, en silence, l'ampleur des déséquilibres créés de main d'homme. Dans la troisième et dernière partie de L'Arbre de l'authenticité, Sammy Baloji lui donne directement la parole. Et c'est à travers la voix d'un arbre qu'elle s'exprime :
- J'ai plus de 300 ans. Les scientifiques m'appellent Pachyelasma tessmannii. Mais ici, dans la forêt, les gens me nomment « lileko ». Je suis un témoin. Je vois l'humanité combattre pour la suprématie. J'écoute les hommes se battre avec des fusils et des lances. Je les regarde construire des hiérarchies de couleurs. J'expérimente en première ligne leur soif d'argent. J'observe les scientifiques aller et venir. Des hommes comme Paul Panda Farnana et Abiron Beirnaert.
S'adressant aux humains qui « n'ont pas le temps d'écouter les arbres », Pachyelasma tessmannii rappelle son histoire : il fut surnommé « l'arbre du roi » après que Léopold II s'était reposé sous son ombre, puis il fut qualifié d'« arbre de l'authenticité », « pilier de la nouvelle nation » par le maréchal Mobutu… « En réalité, tout le film est raconté par l'arbre, explique Baloji. Panda et Beirnaert sont des voix qu'il a captées au moment de leur passage, et ce dispositif me permet d'entrer directement dans le présent de Yangambi. » Ce présent, c'est un paysage modelé par l'action de l'homme, un environnement blessé et un pays toujours en guerre.
Mais l'artiste ne propose pas que le désespoir d'un présent où l'exploitation se poursuit sans vergogne : il sait que de la nature peut venir le salut. Si cet arbre bien particulier avoue que « [son] écorce tue les poissons » et que « [ses] feuilles mettent fin aux grossesses », il sait aussi que « [son] tronc stocke le carbone de l'air » et que certains agronomes essaient aujourd'hui de cultiver ses graines afin que ses jeunes pousses « sauvent le monde ». En un saisissant raccourci, Sammy Baloji filme successivement la haute stature d'un immense lileko et la structure métallique de la tour à flux de carbone de Yangambi, haute de 55 mètres et opérationnelle depuis 2020, qui a pour objectif de comprendre la contribution des forêts tropicales à l'atténuation du changement climatique. Lucide sur notre faible capacité à écouter les arbres pleurer, Sammy Baloji nous indique pourtant la voie à suivre : tendre l'oreille à ce que la nature nous hurle.
Notes
1- Franck Moka (1989, Kisangani) est un rappeur, compositeur, artiste sonore et cinéaste. Il vit et travaille à Kisangani.
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Soudan. Se souvenir de la révolution

Le film de Hind Meddeb retrace la révolution soudanaise qui a renversé la dictature d'Omar Al-Bachir en 2019. Projeté à Calais, il met également en lumière la tragédie actuelle : alors que des millions de Soudanais fuient la violence, ceux qui ont défié la tyrannie se heurtent à un nouveau combat en exil, marqué par le racisme et la stigmatisation en Europe. Le récit de leur révolution devient ainsi un appel à la mémoire et à la solidarité face à l'indifférence.
Tiré d'Orient XXI.
Voir la bande-annonce.
C'est un Khartoum méconnu : vivant, peuplé de jeunes gens qui peignent sur les murs, dansent, chantent et déclament des poèmes dans la rue, sourire aux lèvres. Face à ces scènes de joie, un frisson parcourt la salle de cinéma parisienne, ce lundi 5 mai. Sur l'écran, ils et elles parlent de démocratie, d'égalité, et surtout de liberté. Ils et elles viennent de faire tomber l'un des pires dictateurs au monde, Omar Al-Bachir, en avril 2019, qui a dirigé le Soudan d'une main de fer pendant trente ans. Ce Khartoum enchanté apparaît dans les premières minutes du documentaire de Hind Meddeb Soudan, souviens toi, sorti dans les salles françaises le 7 mai.
Pendant plusieurs mois, un mouvement de désobéissance a maintenu la pression sur les militaires pour exiger un gouvernement civil. Mais les Forces de soutien rapide dirigées par le général Mohamed Hamdan Dogolo, dit Hemetti, l'ancien tombeur d'Al-Bachir après en avoir été le bras armé, accusé de génocide au Darfour par les États-Unis (au moins 300 000 morts), répriment et tuent cette jeunesse pleine d'espoir. Le 3 juin 2019, les milices se filment en train de saccager les sit-in et de tuer (au moins 100 morts) plusieurs mois d'ivresse démocratique. « On a bien fait le travail », lance l'un d'eux, goguenard.
Le peuple se soulève de nouveau et ne se résigne pas. Après avoir fait tomber un dictateur, pourquoi ne parviendrait-il pas à tordre le bras de ceux qui veulent lui confisquer la révolution ? Mais les poèmes récités dans la rue pour galvaniser les foules ne peuvent rien face aux chars et aux armes automatiques. Las, Hemetti et le général Abdel Fatah Al-Burhan, après avoir un temps codirigé le pays, finissent par s'affronter, soutenus de part et d'autre par des puissances étrangères — dont les Émirats arabes unis — qui veulent accaparer les terres fertiles du Nil. Quelque 13 millions de Soudanais·es ont aujourd'hui fui leur domicile, ce qui fait d'eux la première nationalité de personnes déplacées au monde.
Ils avaient presque oublié qu'ils avaient renversé un dictateur
Le film a été projeté à Calais, en France. Cette ville est bien connue pour « accueillir » des milliers d'exilés qui, à partir de là, tentent de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre. Au moins 76 d'entre eux ont péri en mer en 2024. Une centaine de Soudanais sont venus voir le documentaire. « Ils m'ont expliqué qu'ils étaient très émus de revoir les images de la révolution, relate Hind Meddeb, certains d'entre eux m'ont dit qu'ils avaient presque oublié ce qu'ils avaient fait : renverser un dictateur. »
Ces jeunes hommes et ces jeunes femmes – ces dernières, privées de tout sous Al-Bachir, sont particulièrement mises en avant dans le film car elles ont joué un rôle déterminant dans les évènements – ont bravé la mort pour atteindre un idéal : la démocratie. Ils et elles savent qu'une révolution n'est pas un aboutissement, mais bien souvent une étape dans un long processus ponctué de répressions et de coups d'État. « Le Soudan est un exemple dans le monde arabe », affirme Hind Meddeb, qui rappelle que le pays a connu trois révolutions depuis l'indépendance – et quelques parenthèses démocratiques.
Coupables d'être musulmans
Mais plutôt que d'applaudir les héros soudanais parce qu'ils ont lutté contre l'abjection et montré la voie de la liberté, parfois au prix de leur vie — « Vous pouvez me tuer, mais pas mes idées », était l'un des slogans de la révolution —, plutôt que de louer leur courage et de les accueillir dignement en Europe et en France, les services policiers les soumettent à un harcèlement quotidien. Le pouvoir français les désigne avant tout comme des « migrants » qui n'auraient pas vocation à rester, comme des « envahisseurs », et agite la rhétorique raciste du « grand remplacement » et de la « submersion migratoire ». Ils s'en prennent à une communauté dont la culture ne serait pas « compatible » avec les valeurs françaises.
Ils sont aussi et surtout coupables d'être musulmans dans un pays où l'islam est constamment dénigré. Il faut pourtant entendre ces jeunes, en 2019, demander en criant un Soudan multireligieux et débarrassé du tribalisme. « Ils ne rejettent pas la religion mais refusent qu'elle soit instrumentalisée », rappelle encore la réalisatrice. « Toutes et tous n'aspirent qu'à une seule chose : vivre chez eux, dans un pays démocratique. » En France, l'ignorance et la propagande rejettent, trient, accusent, soupçonnent, matraquent. La répression coule les embarcations de fortune pour entraver la liberté de circuler de celles et ceux qui rêvent d'un avenir loin des tueries de Khartoum… Une sale besogne rétribuée plus d'un demi-milliard d'euros par l'Angleterre.
Pas un responsable politique, des deux côtés de la Manche, n'a une once du courage de ces exilé·es. Après avoir affronté la dictature, l'avoir renversée, avoir bravé la répression, finalement pris le chemin de l'exil alors que la situation était inextricable, échappé à la mort dans les camps libyens, survécu miraculeusement à la traversée de la Méditerranée, les tombeurs d'Al-Bachir se retrouvent à nouveau sous les coups, dans un pays qui, pourtant, a nourri leur vision révolutionnaire : 1789 et la Révolution française sont, selon Hind Meddeb, au cœur de leurs références. Lorsque ces jeunes gens reviendront libérer le Soudan — ce qu'ils veulent tous —, pas sûr que « le modèle français » les inspire encore.
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Comptes rendus de lecture du mardi 20 mai 2025


La simplicité volontaire, plus que jamais...
Serge Mongeau
Serge Mongeau, le père de la simplicité volontaire, nous a quittés à l'âge de 88 ans, il y a une dizaine de jours. Militant écologiste, éditeur et auteur, médecin, il aura grandement influencé de nombreux lecteurs de ma génération et permis la création de mouvements comme le Réseau québécois de la simplicité volontaire, le Mouvement québécois pour une décroissance conviviale et le réseau Transition Québec. Je garde un bon souvenir de notre rencontre, il y a plusieurs années, lors d'un salon du livre. Publié à plusieurs reprises depuis 1985, son ouvrage le plus connu, « La simplicité volontaire », nous fait réfléchir sur notre rapport à la consommation et notre pouvoir d'organiser notre vie d'une façon différente. L'auteur y questionne la société de consommation, mais aussi notre état d'aliénation devant ces nombreuses sollicitations pour toujours posséder davantage. Un très bon bouquin de référence à lire et à relire.
Extrait :
Jamais l'humanité n'a disposé d'autant de richesses, jamais elle n'a possédé de techniques aussi efficaces et puissantes, jamais elle n'a maîtrisé un tel savoir, et pourtant jamais au cours de l'Histoire autant d'êtres humains n'ont été privés de l'essentiel, jamais non plus n'a-t-on prévu dans un avenir si proche autant de changements catastrophiques de l'équilibre naturel, changements dus à l'activité humaine. Les appels à l'action fusent de toutes parts, pour la justice sociale, pour la solidarité, pour le respect de la nature, mais rien n'y fait : ce sont les entreprises multinationales qui contrôlent le monde et, avec la complicité des gouvernements qui se soumettent à leurs desiderata, établissent les priorités nationales et internationales, lesquelles se résument à « profits », « compétitivité » et « libre-échange ».

Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Jean-Jacques Rousseau
J'ai été heureux de réaliser récemment que l'on enseignait encore au cégep le « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes » de Jean-Jacques Rousseau. C'est, avec le « Contrat social », l'un des principaux ouvrages du grand écrivain et philosophe du XVIIIe siècle. Rousseau y développe sa conception de l'état de nature, qui précède l'État, et de la perfectibilité humaine. Précurseur de la pensée progressiste, il y décrit la propriété privée, dans son sens exact, comme la source de toutes les inégalités. Une œuvre fondamentale !
Extrait :
Voilà donc toutes nos facultés développées, la mémoire et l'imagination en jeu, l'amour-propre intéressé, la raison rendue active et l'esprit arrivé presque au terme de la perfection, dont il est susceptible. Voilà toutes les qualités naturelles mises en action, le rang et le sort de chaque homme établi, non seulement sur la quantité des biens et le pouvoir de servir ou de nuire, mais sur l'esprit, la beauté, la force ou l'adresse, sur le mérite ou les talents, et ces qualités étant les seules qui pouvaient attirer de la considération, il fallut bientôt les avoir ou les affecter, il fallut pour son avantage se montrer autre que ce qu'on était en effet. Être et paraître devinrent deux choses tout à fait différentes, et de cette distinction sortirent le faste imposant, la ruse trompeuse, et tous les vices qui en sont le cortège. D'un autre côté, de libre et indépendant qu'était auparavant l'homme, le voilà par une multitude de nouveaux besoins assujetti, pour ainsi dire, à toute la nature, et surtout à ses semblables dont il devient l'esclave en un sens, même en devenant leur maître ; riche, il a besoin de leurs services ; pauvre, il a besoin de leur secours, et la médiocrité ne le met point en état de se passer d'eux. Il faut donc qu'il cherche sans cesse à les intéresser à son sort, et à leur faire trouver, en effet ou en apparence, leur profit à travailler pour le sien : ce qui le rend fourbe et artificieux avec les uns, impérieux et dur avec les autres, et le met dans la nécessité d'abuser tous ceux dont il a besoin, quand il ne peut s'en faire craindre, et qu'il ne trouve pas son intérêt à les servir utilement. Enfin l'ambition dévorante, l'ardeur d'élever sa fortune relative, moins par un véritable besoin que pour se mettre au-dessus des autres, inspire à tous les hommes un noir penchant à se nuire mutuellement, une jalousie secrète d'autant plus dangereuse que, pour faire son coup plus en sûreté, elle prend souvent le masque de la bienveillance ; en un mot, concurrence et rivalité d'une part, de l'autre opposition d'intérêt, et toujours le désir caché de faire son profit aux dépens d'autrui, tous ces maux sont le premier effet de la propriété et le cortège inséparable de l'inégalité naissante.

La Petite Fadette
George Sand
George Sand, de son vrai nom Amantine Aurore Lucile Dupin, compte parmi les écrivains les plus prolifiques. On lui doit plus de 70 romans, des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des écrits politiques. Elle fut une femme libre, prenant la part des femmes, prônant la passion, fustigeant le mariage et luttant contre les préjugés de la société conservatrice de son temps. « La Petite Fadette » est l'un de ses romans champêtres qui s'intéresse aux monde paysan. La Petite Fadette, Fanchon Fadet, fille laide que l'on surnomme aussi le Grelet, est la petite-fille d'une sorcière de village. On lui donne mauvaise réputation en raison des pouvoirs de sourcière qu'on lui attribue elle aussi. Mais lentement, sûrement, dans une longue et belle ascension, elle deviendra la jeune femme dont les jumeaux Landry et Sylvinet s'éprendront. Vraiment, un très beau roman, comme probablement tous les romans de George Sand.
Extrait :
Eh bien, Fanchon Fadet, puisque tu parles si raisonnablement, et que, pour la première fois de ta vie, je te vois douce et traitable, je vas te dire pourquoi on ne te respecte pas comme une fille de seize ans devrait pouvoir l'exiger. C'est que tu n'as rien d'une fille et tout d'un garçon, dans ton air et dans tes manières ; c'est que tu ne prend pas soin de ta personne. Pour commencer, tu n'as point l'air propre et soigneux, et tu te fais paraître laide par ton habillement et ton langage. Tu sais bien que les enfants t'appellent d'un nom encore plus déplaisant que celui de grelet. Ils t'appellent souvent le màlot. Eh bien, crois-tu que ce soit à propos, à seize ans, de ne point ressembler encore à une fille ? Tu montes sur les arbres comme un vrai chat-écurieux, et quand tu sautes sur une jument, sans bride ni selle, tu la fais galoper comme si le diable était dessus. C'est bon d'être forte et leste ; c'est aussi bon de n'avoir peur de rien, et c'est un avantage de nature pour un homme. Mais pour une femme trop est trop, et tu as l'air de vouloir te faire remarquer. Aussi on te remarque, on te taquine, on crie après toi comme après un loup. Tu as de l'esprit et tu réponds des malices qui font rire ceux à qui elles ne s'adressent point. C'est encore bon d'avoir plus d'esprit que les autres ; mais à force de le montrer, on se fait des ennemis. Tu es curieuse, et quand tu as surpris les secrets des autres, tu les leurs jettes à la figure bien durement, aussitôt que tu as à te plaindre d'eux. Cela te fais craindre, et on déteste ceux qu'on craint. On leur rend plus de mal qu'ils n'en font. Enfin, que tu sois sorcière ou non, je veux croire que tu as des connaissances, mais j'espère que tu ne t'es pas donnée aux mauvais esprits ; tu cherches à le paraître pour effrayer ceux qui te fâchent, et c'est toujours un assez vilain renom que tu te donnes là. Voilà tous tes torts, Fanchon Fadet, et c'est à cause de ces torts-là que les gens en ont avec toi. Rumine un peu la chose, et tu verras que si tu voulais être un peu plus comme les autres, on te saurait plus de gré de ce que tu as de plus qu'eux dans ton entendement.
Robespierre - La fabrication d'un monstre
Jean-Clément Martin
C'est bien évidemment la première biographie que je lisais de Maximilien de Robespierre, qui devait plus tard lui-même se renommer Maximilien Robespierre, l'un des principaux et des plus controversés acteurs de la Révolution française. Le livre est décidément très instructif et réussit bien, comme le veut l'auteur, à remettre les choses en perspective quant au rôle de Robespierre au cours des années 1789-1994, mais le texte est tellement dense, détaillé et chronologique plutôt qu'explicatif, qu'on à parfois de la peine à suivre l'auteur. Mais « Robespierre – La fabrication d'un monstre » est tous compte fait une biographie honnête et éclairante qui contribue à nous prémunir contre les jugements faciles.
Extrait :
Comment un jeune notable est-il devenu l'élu des savetiers ? Reconnaissons que rien ne prédisposait Robespierre à cette évolution. Alors qu'il jouissait d'une position sociale reconnue dans sa ville, il rompt avec son milieu, ou tout au moins ses grandes figures. C'est ce passage complexe qu'il faut expliquer, sans rester en tête à tête avec Maximilien, puisqu'il partage un itinéraire avec beaucoup d'autres de ses semblables, jeunes avocats talentueux, ambitieux et mécontents de leur sort.
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Gaza, génocide annoncé – Un tournant dans l’histoire mondiale

Gilbert Achcar
La nouvelle catastrophe subie par le peuple palestinien à Gaza est pire que la Nakba de 1948. C'est le premier génocide perpétré par un État industriel avancé depuis 1945, avec la participation des États-Unis et le soutien de l'Occident, France incluse.
Gilbert Achcar montre que ce génocide n'est ni un accident de l'histoire ni essentiellement une réaction aux tueries perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023, mais qu'il était inscrit dans la trajectoire de l'État sioniste depuis sa fondation. L'auteur analyse le processus historique qui a conduit à la catastrophe actuelle et mène une investigation rigoureuse et documentée de ses conséquences pour la population palestinienne, les peuples de la région et pour les relations internationales dans leur ensemble.
Gilbert Achcar est chercheur franco-libanais, professeur émérite à l'École des études orientales et africaines (SOAS) de l'université de Londres et collaborateur régulier du Monde
diplomatique.
Commentaires de l'édition anglaise
« Adoptant à la fois grand angle et vision rapprochée, le recueil d'essais bouleversants et perspicaces de Gilbert Achcar met en lumière les facteurs historiques et politiques qui ont permis le génocide israélien des Palestiniens de Gaza. Montrant le lien entre le soutien occidental à l'atroce guerre menée par Israël et la banalisation de l'extrême droite mondiale, Achcar ne se contente pas d'analyser la tragédie et de l'interpréter. Il propose également des pistes possibles pour un changement positif qui atténuent quelque peu l'avenir sombre qu'il entrevoit. »
Amira Hass, correspondante de Haaretz pour les territoires occupés de 1967 et autrice de Boire la mer à Gaza.
« Rendant compte et analysant de façon originale et opportune le génocide de Gaza sous de multiples angles, cet ouvrage offre une exploration minutieuse du sens, de la connotation, du contexte et des liens coloniaux qui ont convergé dans cette étroite bande de terre. Gaza, génocide annoncé est l'examen la plus approfondi et le plus complet de ce génocide en rapport avec la Shoah. Considérant le génocide de Gaza comme une conséquence prévisible de l'histoire récente, Achcar tient compte du contexte historique tout au long de son analyse, jusqu'à la toute dernière page. »
Khaled Hroub, chroniqueur et auteur de Hamas : A Beginner's Guide
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