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Trois ans de guerre : les leçons du Février noir que nous n’avons pas apprises – par le collectif éditorial russe de « Posle »

Les « pourparlers de paix » qui ont lieu actuellement entre Poutine et Trump n'apporteront que de nouvelles guerres au monde. 17 mars 2025 | tiré du site Entre les lignes (…)

Les « pourparlers de paix » qui ont lieu actuellement entre Poutine et Trump n'apporteront que de nouvelles guerres au monde.

17 mars 2025 | tiré du site Entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/03/17/trois-ans-de-guerre-les-lecons-du-fevrier-noir-que-nous-navons-pas-apprises-par-le-collectif-editorial-russe-de-posle/#more-91780

Cela fait maintenant trois ans que l'agression criminelle de Poutine contre l'Ukraine s'est transformée en une invasion à grande échelle. Des centaines de milliers de personnes ont été tuées, des millions de réfugié sont fui leur patrie et des dizaines de villes ont été réduites en ruines. Depuis mars 2022, date à laquelle le plan initial de « changement de régime »rapide à Kiev a définitivement échoué, « l'opération militaire spéciale » de Poutine s'est transformée en une guerre d'usure. Sans tenir compte des pertes, le Kremlin a continué à augmenter le coût de la guerre pour l'Ukraine et ses alliés avec une persistance monstrueuse. Pour la Russie de Poutine elle-même, cette guerre ne consiste plus seulement à étendre ses frontières ou à accroître son influence dans l'espace post-soviétique. Il s'agit désormais d'un problème existentiel. La question est la suivante : le régime russe peut-il non seulement survivre, mais aussi faire de sa vision un nouveau principe de la politique mondiale ? Il semble que la destruction d'un État ukrainien indépendant, qui est l'objectif ultime de « l'opération militaire spéciale », serait reconnue par tous comme un signe de la supériorité d'une véritable puissance militaire sur un droit international impuissant. Ce n'est que lorsque le monde entrera dans une nouvelle ère de redistribution impérialiste, une lutte pour les territoires entre les puissances militaires les plus fortes, que la « victoire » de la Russie sera véritablement consolidée.

Aujourd'hui, après le début des négociations russo-américaines, il semble que cette « victoire » soit proche. Cependant, il ne s'agit pas d'une victoire militaire : l'armée ukrainienne continue de résister et la Russie n'a pas réussi à prendre une seule grande ville ukrainienne en trois ans. Il s'agit plutôt d'une victoire idéologique, d'une victoire de la vision du monde de Poutine. Le format même de la rencontre entre Sergueï Lavrov et Marco Rubio, représentants de puissances militaires discutant calmement de la division du territoire d'un autre pays et de ses richesses naturelles, rappelle les événements les plus honteux et injustes du passé, tels que les partages de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle ou le pacte de Munich de 1938.

L'administration américaine n'offre aucun plan définitif pour mettre fin à la guerre, et la Russie n'a pas encore manifesté la volonté de faire des compromis et de renoncer à au moins certaines de ses revendications territoriales.

‍La différence, cependant, est que, contrairement à ce qui s'est passé à Munich, il n'y a pas cette fois de cartes sur la table des négociations sur lesquelles les diplomates pourraient tracer les nouvelles frontières des empires. L'administration américaine n'offre aucun plan définitif pour mettre fin à la guerre, et la Russie n'a pas encore manifesté la volonté de faire des compromis et de renoncer à au moins certaines de ses revendications territoriales. Pour les deux parties, ces négociations ont surtout une importance symbolique : il est important pour elles de montrer qu'un tel scénario ne doit plus paraître impensable et que les règles du jeu ont été radicalement modifiées. Bien qu'elle ait été plutôt infructueuse, cette rencontre restera dans l'histoire comme le début d'une nouvelle ère, celle de l'impérialisme du XXIe siècle. Cependant, si le monde entier est réellement divisé entre prédateurs et victimes, la Russie d'aujourd'hui, économiquement faible et ayant déjà perdu la vie de plus de 200 000 soldats, a-t-elle la garantie d'une place parmi les élites dirigeantes ?

Comme chacun le sait, l'Empire russe a fait la sourde oreille à une question similaire à la veille de son entrée dans la Première Guerre mondiale. Surestimant sa propre puissance et aveuglée par de faux mythes impériaux et le mépris de sa propre population, la Russie tsariste n'a pas conquis Constantinople, mais a plutôt été confrontée à l'effondrement militaire et à la révolution. À l'instar des travailleurs de l'Empire russe, des millions de citoyens d'autres pays engagés dans la guerre ont tourné leur colère contre leurs propres gouvernements. Il a fallu un siècle de plus pour que cette leçon soit complètement effacée de l'esprit des élites dirigeantes, qui sont à nouveau obsédées par l'idée d'expansion impériale.

Le sort des Ukrainiens aujourd'hui tourmentés pourrait bientôt devenir l'image de l'avenir de l'humanité, mais l'humanité a toujours la possibilité de dire « Assez ! » à cette folie impérialiste.

‍Les « pourparlers de paix » qui ont lieu actuellement entre Poutine et Trump n'apporteront que de nouvelles guerres au monde.L'impérialisme ne s'arrête jamais à mi-chemin – l'acquisition des territoires convoités ne fait qu'inviter à de nouvelles agressions. Le sort des Ukrainiens aujourd'hui tourmentés pourrait bientôt devenir l'image de l'avenir de l'humanité, mais l'humanité a toujours la possibilité de dire « Assez ! » à cette folie impérialiste.

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Quelle sont les bases politiques du média d'opposition « Posle » ?

‍Après l'invasion de la Russie en Ukraine, la vie dans les deux pays ne sera plus jamais la même. Mais pour continuer à vivre et à agir, nous devons en grande partie faire le tri. Comment cette guerre est-elle devenue possible ? Pourquoi ne parvient-on pas à l'arrêter ? Quel sera l'avenir après le début de la guerre ?

« Après » [1] – est une tentative de trouver des réponses à ces questions. En tant que collectif de camarades, nous condamnons la guerre qui a conduit à une catastrophe humanitaire, à des destructions colossales et à des massacres de civils en Ukraine, et qui a provoqué une vague de répressions et un durcissement de la censure en Russie. En tant que collectif de la gauche, nous ne pouvons pas considérer cette guerre sans tenir compte de l'énorme inégalité sociale et de l'absence de droits de la majorité des travailleurs. Et, bien sûr, l'idéologie impérialiste, qui cherche à maintenir le statu quo et puise ses forces dans les dictionnaires du militarisme, de la xénophobie et de l'intolérance.

Notre plateforme a été créée pour comprendre la structure de ces problèmes et imaginer des moyens de les résoudre. « После » (Posle) accueille et invite à collaborer les chercheurs, les journalistes, les activistes, les témoins – tous ceux qui s'efforcent de comprendre le présent et de penser l'avenir.

[1] « Posle » signifie « après » en russe.

Posle : article original en russe
Traduit par le RESU (Belgique)
https://www.solidarity-ukraine-belgium.com/post/trois-ans-de-guerre-les-lecons-du-fevrier-noir-que-nous-navons-pas-apprises-par-le-collectif-editorial-russe-de-posle

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8 mars : le discours de Mélanie Pelletier

25 mars, par Mélanie Pelletier — , ,
Voici le discours de Mélanie Pelletier, responsable du comité des femmes au Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CSN), présenté lors de la manifestation du 8 mars à (…)

Voici le discours de Mélanie Pelletier, responsable du comité des femmes au Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CSN), présenté lors de la manifestation du 8 mars à Québec

Bonjour,

On est ici devant le CLSC Basse-ville-Limoilou. Les plus jeunes d'entre-nous ont probablement aucune espèce d'idée d'à quel point cette institution a pu être importante pour la basse-ville de Québec.

Quand j'étais petite, le CLSC c'était la porte d'entrée du système de santé. À moins d'être en danger de mort ou d'avoir un problème très spécifique, tu allais pas à l'hopital quand tu avais un problème, tu venais ici. Il y avait des médecins, des infirmières, et pleins d'autres professionnels de la santé.

Non seulement ça, mais il s'occupait de prévention aussi. Le CLSC avait des organisatrices communautaires et des travailleuses sociales qui s'occupaient d'agir sur les déterminants sociaux de la santé comme la pauvreté, la violence, l'environnement et même… le patriarcat. Le CLSC était ancré dans sa communauté, il y avait des représentants des groupes communautaires du quartier, comme le comité des citoyens du quartier Saint-Sauveur sur le c.a.. Plusieurs marches et activités du 8 mars ont eu lieu ici ou sont partie d'ici il y a 40 ans. Au début des années 1980, il y avait une militante de la CSN, Pauline Gingras, qui était travailleuse sociale ici et qui avait une approche féministe. Elle disait « la maladie des femmes, c'est l'oppression ». Ça a même été le titre de l'article du Soleil pour parler du 8 mars 1983.

Aujourd'hui, on va se le dire, c'est pas mal rendu une coquille vide. Il n'y a plus personne qui fait de la prévention et qui dit que la maladie des femmes c'est l'oppression. C'est triste mais la privatisation a vidé les CLSC et les a complètement mis de côté au profit des GMF. Notez la différence : Centre local de services communautaires vs Groupe de médecine familiale. C'est pas pantoute la même affaire. Ça fait que des pans entiers du territoire, comme la basse-ville, sont rendu des déserts de services médicaux.

Qu'est-ce que tu fais si tu es une jeune mère en basse-ville pis que ton enfant fait de la fièvre ? S'il est malade et qu'il a besoin d'une consultation ? Il n'y a plus de cliniques sans rendez-vous. Si tu es chanceuse et que tu as accouché à Québec, tu peux peut-être appeler à la clinique de médecine familiale de l'hôpital où il a son dossier. Tu peux aussi aller sur internet à la recherche d'un rendez-vous. Avec un peu de chance tu va peut être avoir un rendez-vous à l'autre bout de la gare du palais, dans 72h. Ou pas. Faut être vite sur le piton pour avoir un rendez-vous sur internet. Si non, ben c'est l'hôpital. Va falloir s'armer de patience et aller passer une journée (et peut être une nuit) à l'urgence.

C'est ça la privatisation. Moins de service. Moins de proximité. Plus de charge mentale pour les femmes, plus de suivis à faire si tu as pas de médecin de famille (pis même si tu en as un), plus de dérangement dans le quotidien, plus de travail manqué pour aller à des rendez-vous (ou juste avoir un maudit rendez-vous), plus de frais et de sous aussi. Pour voir une infirmière, pour avoir une prise de sang, pour se faire prescrire des antibiotiques. Envoye, tchik-a-tchik. Ou bien prends ton mal en patience pis attends.

À la CSN, ça fait longtemps qu'on le dit. Ça a pas de maudite allure. Et c'est pour ça qu'on est en campagne depuis une couple de mois pour un réseau Vraiment public. On est dans une escalade de moyens de pression qui va nous mener jusqu'au premier mai et après ça aux élections québécoises. On a un plan d'urgence pour freiner la privatisation du reseau de la santé et des services sociaux. On veut démocratiser, décentraliser et déprivatiser le réseau. On veut le redonner aux travailleuses, qui sont l'immense majorité, et aux usagères. Ça fait trop longtemps qu'on laisse ça entre les mains de monsieurs qui veulent juste faire la piastre avec ça. Ça suffit, il ne devrait pas y avoir de profits sur la maladie.

Si vous voulez en savoir plus, il y a un code QR sur les pancartes mauves que mes camarades brandissent. Ça va vous mener à nos trois revendications prioritaires et à une pétition si vous voulez nous appuyer.

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Accès à l’emploi : des milliers de femmes risquent d’être abandonnées

25 mars, par Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT) — , ,
Montréal, 21 mars 2025 — Alors que le Québec pourrait faire face à une crise majeure de l'emploi avant longtemps, exacerbé par les tensions commerciales avec les États-Unis, le (…)

Montréal, 21 mars 2025 — Alors que le Québec pourrait faire face à une crise majeure de l'emploi avant longtemps, exacerbé par les tensions commerciales avec les États-Unis, le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT) tire la sonnette d'alarme.

Le premier ministre Legault disait en début d'année que plus de 100 000 emplois pourraient être en péril, notamment dans le secteur manufacturier, mettant en danger des dizaines de milliers de travailleuses.

Pourtant, dans ce contexte difficile, le gouvernement a choisi de retirer les femmes des listes de clientèles prioritaires d'Emploi-Québec, compromettant leur accès aux services d'accompagnement essentiels à leur recherche d'emploi.

« Nous assistons à une situation inquiétante où les femmes, déjà confrontées à d'importants obstacles sur le marché du travail, voient leur accès aux organismes d'employabilité restreint, dénonce Colette Cummings, directrice générale du CIAFT. Cette décision menace directement la survie des organismes spécialisés en développement de la main-d'œuvre féminine (OSDMOF), dont l'expertise est cruciale pour soutenir celles qui cherchent à intégrer un emploi stable et bien rémunéré. »

Un réseau en danger

Ces organismes spécialisés en développement de la main-d'œuvre féminine, présents dans plusieurs régions du Québec, accompagnent chaque année des milliers de femmes en leur offrant des services adaptés à leurs réalités : formation, orientation professionnelle, mentorat et accompagnement individualisé, et plus encore. Pourtant, au moment où le besoin devient de plus en plus criant, un de ces organismes a déjà annoncé sa fermeture, et au moins deux autres sont en péril à cause des décisions du gouvernement Legault.

Cette absence de soutien aux femmes à la recherche d'emploi a des conséquences lourdes sur leur autonomie économique. Moins bien rémunérées et trop souvent cantonnées à des emplois précaires, elles accumulent moins de cotisations aux régimes de retraite, augmentant leur risque de vivre dans la pauvreté à long terme. Cette précarité entraîne une plus grande dépendance aux aides publiques, un fardeau supplémentaire pour l'État. Sans compter les répercussions de cette vulnérabilité économique sur leur famille.

Un appel au gouvernement

Face à cette situation alarmante, le CIAFT exige la réintégration des femmes dans les clientèles prioritaires du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale ainsi qu'un financement stable et prévisible pour les OSDMOF.

« Le gouvernement doit comprendre qu'en restreignant l'accès des femmes aux services d'employabilité, il hypothèque non seulement leur avenir, mais aussi celui de l'économie québécoise. Nous demandons donc des mesures immédiates, décisives, pour corriger cette situation, conclut Colette Cummings. »

À propos du CIAFT

Le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT) est une organisation à but non lucratif réunissant des groupes et des individus engagés dans l'accès et le maintien des femmes sur le marché du travail.

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Mouvement planétaire féministe : la Marche mondiale des femmes décolle en 2025 !

25 mars, par Julie Dionne — , ,
À tous les cinq ans, une action internationale de la Marche mondiale des femmes (MMF) appelle à la mobilisation féministe, reliant nos processus d'organisation et nos luttes (…)

À tous les cinq ans, une action internationale de la Marche mondiale des femmes (MMF) appelle à la mobilisation féministe, reliant nos processus d'organisation et nos luttes tant au niveau local, régional, national qu'international. Le 8 mars dernier, le lancement de la 6e action internationale (25 ans) de la MMF s'est célébré partout sur la planète, dont ici, en Estrie.

tiré de Journal Entrée Libre

La MMF est un mouvement transnational féministe qui lutte contre les systèmes d'oppressions, dont le capitalisme, afin d'agir sur les causes de la pauvreté et des violences faites aux femmes. La MMF se définit comme un mouvement populaire, au sens où les luttes prennent racines par les femmes sur le terrain qui vivent directement les conséquences des inégalités sociales. Ses valeurs et actions ont comme objectifs un changement politique, économique et social pour une transformation radicale du monde. Elles sont axées sur la mondialisation de la solidarité, l'égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples, le respect et la reconnaissance de la diversité entre les femmes et la force des alliances entre les femmes et avec d'autres mouvements sociaux progressistes.

Il y a 30 ans, du pain et des roses

Organisée à l'initiative de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), 850 femmes entreprennent le 26 mai 1995 la longue marche Du pain et des roses qui les mène de Montréal à Québec pour réclamer « du gouvernement québécois des changements visant l'amélioration de leurs conditions économiques par le biais de neuf revendications essentielles ». Pendant dix jours, les marcheuses reçoivent un fort appui de la population.

Après 200 km parcourus, le 4 juin 1995, elles sont accueillies devant l'Assemblée nationale par plus de 15 000 personnes. C'est la prémisse de la Marche mondiale des femmes !

En effet, c'est cinq ans plus tard, en 2000, que s'est organisée la première Marche mondiale des femmes, en raison notamment des féministes mobilisées de la FFQ. Une attention particulière sera portée le 4 juin 2025 pour célébrer les 30 ans de la marche Du pain et des roses, qui changea le paysage féministe et la manière de se mobiliser et de rêver.

Ce qu'il faut retenir en résumé

La 6e action internationale de la Marche mondiale des femmes a lieu sur une période de temps : du 8 mars au 17 octobre 2025 (au Québec : 18 octobre). Pendant cette période, différentes dates sont ciblées pour être soulignées (voir image calendrier).

D'autres dates sont ciblées selon les coordinations nationales et les pays (une soixantaine). Le samedi 18 octobre, une grande action nationale aura lieu à Québec. Du transport sera organisé gratuitement à partir de chaque région pour y aller ; surveillez l'actualité et les réseaux sociaux !

De notre côté, nous nous engageons à écrire à propos de la Marche mondiale des femmes à chaque parution de Entrée Libre jusqu'en octobre.

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Le masculinisme, ou l’illusion d’une cause

25 mars, par Lina Al khatib — , ,
En perspective de la Journée internationale pour les droits des femmes, un retour sur la dernière conférence de l'Université populaire (UPop) de Montréal est nécessaire. Animée (…)

En perspective de la Journée internationale pour les droits des femmes, un retour sur la dernière conférence de l'Université populaire (UPop) de Montréal est nécessaire. Animée par la sociologue Mélissa Blais et le politologue Francis Dupuis-Déri, cette rencontre visait à sensibiliser les habitués et les nouveaux d'UPOP aux dynamiques du masculinisme et à ses implications sur la société.

Tiré de Journal des Alternatives

« Bonne journée internationale », dit-on chaque 8 mars. Cette année, Francis Dupuis-Déri et Mélissa Blais suggèrent d'aller au-delà des fleurs et des mots doux pour interroger la condition féminine actuelle. Dans la continuité des cours sur l'antiféminismedonnés à l'automne, leur conférence du 26 février dernier s'est penchée sur le masculinisme, comme mouvement social à déconstruire. Alors, vivons-nous réellement une crise de la masculinité ? Rassurez-vous, répondent les deux spécialistes : la masculinité a toujours été en crise.

Le masculinisme est intemporel

Francis Dupuis-Déri lance la conférence sur un ton mêlant ironie et dérision. Il tient d'abord à revenir sur les déclarations masculinistes récentes de plusieurs hommes influents. Au menu, Mark Zuckerberg qui pense qu'il faut « insuffler une nouvelle énergie masculine », Elon Musk qui affirme que « la masculinité est de retour » et Andrew Tate qui appelle au « retrait du vote des femmes ». Un tour d'horizon qui suscite à la fois la moquerie et l'inquiétude.

Dans la famille des mouvements antiféministes, on retrouve le masculinisme ! C'est ainsi que M. Dupuis-Déri le définit comme une sous-branche de l'antiféminisme. Sa principale thèse est que « la masculinité va mal, principalement à cause des femmes ». Les masculinistes considèrent que nous vivons dans une société matriarcale et exhortent à un retour d'une forme « conventionnelle et traditionnelle » du masculinisme.

Dupuis-Déri s'intéresse particulièrement au phénomène de la « crise de la masculinité », un sujet sur lequel il travaille depuis les années 1990. Son premier constat est que la masculinité et la féminité sont des identités politiques, et non psychologiques. Contrairement à ce que défendent les masculinistes, les caractères qui seraient physiologiquement et psychologiquement « propres » aux deux genres sont en réalité liés à l'environnement sociopolitique dans lequel ils évoluent. Lorsqu'une femme est qualifiée de « douce », cela traduit une attente sociale visant à renforcer son inclinaison à la soumission. De même, en décrivant un homme de « stoïque », on crée un cadre propice pour qu'il s'approprie les rapports de forces sociétaux.

Aux prémices de ses recherches sur cette crise, Francis Dupuis-Déri constate immédiatement que les sources disponibles relèvent principalement des archives historiques. La crise de la masculinité a été étudiée sous divers angles à travers les époques : dans l'Antiquité romaine, pendant la Révolution française, à l'apogée du fascisme, aux débuts de la démocratie américaine… Ainsi, la crise de la masculinité ne se rattache à aucun régime politique, système économique, préférence religieuse ou temporalité spécifique. Elle est omniprésente, imagée et infondée. Pourtant, le discours qui l'entoure demeure pernicieux et porteur de dangers.

Pour conclure son intervention, M. Dupuis-Déri nous met en garde contre la dialectique de la crise. « Ce n'est pas parce qu'un discours est faux qu'il n'a pas d'impact », dit-il. Il appelle à déceler le registre lexical de la crise, employé par les masculinistes. À l'instar d'une véritable crise, les masculinistes en définissent les éléments clés : une cause (les féministes), des victimes (les hommes) et des solutions prétendument salvatrices (programmes de remise en forme, retraites spécialisées pour hommes, etc.).

Le masculinisme est stratégique

Dans la seconde partie de la conférence, Mélissa Blais rebondit sur les propos sarcastiques de son collègue avant de s'atteler à des sujets plus lourds. Ayant travaillé tout autant sur la crise de la masculinité, elle nous propose de revenir sur certaines tactiques et stratégies de camouflage du masculinisme. Son approche permet de reconnaître et de classifier les comportements antiféministes intrinsèquement liés au masculinisme.

Les stratégies qu'elle décèle sont celles de la neutralisation, de la persuasion, du recrutement et des dommages. Les masculinistes sont en quête permanente de nouveaux adeptes et s'emploient à convaincre progressivement, ou comme le souligne Mélissa Blais, « tranquillement, pas vite ». Ils tentent de minimiser l'influence des féministes en s'opposant activement à leur combat et n'hésitent pas, au besoin, à recourir aux menaces et à la violence. Leurs tactiques, toujours au service de ces stratégies, couvrent un large spectre : de la rhétorique à la surveillance, du lobbying à la mise à l'écart, de l'infiltration à la parodie, de l'action juridique au soutien organisé. Selon le public visé, ils jonglent entre ces dernières avec précision.

Mme Blais s'attarde particulièrement sur l'aspect violent du masculinisme. En effet, en clamant que l'égalité doit désormais être conquise par les hommes, les masculinistes entretiennent l'idée d'une symétrie des violences entre les genres, notamment en contexte conjugal. Plus encore, ils considèrent même que les femmes sont plus dangereuses, car elles détiennent le monopole de la violence psychologique. Pour illustrer ceci, elle cite l'approche de psychologie évolutionniste d'Yvon Dallaire ainsi que la théorie de l'aliénation parentale de Richard Gardner. Autant d'exemples prétendument académiques qui justifient, légitiment et normalisent les violences faites aux femmes.

Pour conclure, Mélissa Blais rapporte les trois rhétoriques principales du masculinisme. Le masculiniste rationaliste s'appuie sur des discours pseudoscientifiques qu'il brandit fièrement dans l'espace public. Cependant, il se trouve rapidement en difficulté lorsque la question des « preuves tangibles » est soulevée. Le masculiniste caméléon se fond dans les discours dominants et adapte son langage pour diffuser, de manière insidieuse, des idées problématiques sans éveiller immédiatement les soupçons. Le masculiniste, adepte du « diviser pour mieux régner », cherche à discréditer le féminisme en opposant les courants entre eux. Il pointe du doigt les féministes radicales afin de les isoler du mouvement dans son ensemble, tout en laissant planer l'idée d'une « bonne féministe »… dont on attend toujours l'exemple.

Le masculinisme semble alors être partout et nulle part à la fois. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il s'inscrit avant tout dans une logique de déconstruction. Si vous voulez célébrer dignement la journée internationale des droits de la femme, prêtez-vous au jeu et interrogez les discours de vos proches, de vos hommes politiques et les vôtres.

Lina Al Khatib, correspondante
https://alter.quebec/le-masculinisme-ou-lillusion-dune-cause/

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Réaction de Greenpeace Canada à la promesse de Poilievre d’éliminer la tarification du carbone industriel

En réaction à l'annonce de Pierre Poilievre promettant d'éliminer la tarification du carbone industriel, Keith Stewart, Stratège senior en énergie pour Greenpeace Canada, a (…)

En réaction à l'annonce de Pierre Poilievre promettant d'éliminer la tarification du carbone industriel, Keith Stewart, Stratège senior en énergie pour Greenpeace Canada, a déclaré :

« Cela n'a rien à voir avec les tarifs ou le coût de la vie, mais relève plutôt de protéger les grands pollueurs. Les alliés de Poilievre dans l'industrie pétrolière sont ainsi dispensés de faire leur juste part dans la lutte contre les changements climatiques, alors que les personnes ordinaires paient le prix fort à travers des feux de forêt, des inondations et des tempêtes de plus en plus violentes. »

Greenpeace Canada a dénoncé le fait que Poilievre protège les pollueurs et trahit les gens durant une action non violente à Stornoway en novembre 2024. Greenpeace appelle tous les partis à rejeter les politiques trumpistes, à construire un avenir meilleur et à soutenir des moyens de subsistance durables en :

respectant les droits et la souveraineté des peuples autochtones ;

faisant payer leur juste part aux milliardaires et aux entreprises polluantes ou qui pratiquent des prix abusifs ;

construisant des logements pour les gens, non pas pour le profit ;

fournissant une énergie moins chère et plus propre.

Notes aux éditeur·rices

Selon l'Institut climatique du Canada « D'ici à 2030, la tarification du carbone industriel fera plus que toute autre politique pour réduire les émissions du Canada. »

Dans le cadre du système fédéral, les grands émetteurs reçoivent déjà entre 80 et 95 % de leurs crédits d'émission gratuitement afin de préserver leur compétitivité.

Les personnes au Canada ont déclaré vouloir que les grands pollueurs comme les compagnies pétrolières et gazières soient tenues responsables en exigeant qu'elles réduisent leur pollution par le carbone et protègent notre environnement.

Cela a toujours été le plan. Bien que M. Poilievre avait jusque-là refusé de dire s'il maintiendrait le programme fédéral de tarification du carbone industriel, l'une de ses principales conseillères (Jenni Byrne) avait laissé entendre en septembre 2024 que le programme « Supprimer la taxe » inclurait la tarification du carbone industriel.

Selon les expert·es de Greenpeace Canada, si le Canada veut rompre sa dépendance à l'égard des États-Unis et accéder à des marchés tels que l'Union européenne, nous devons vendre les produits à faible teneur en carbone qu'ils souhaitent acheter.

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Consultations sur le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques : les groupes insatisfaits du processus actuel

25 mars, par Collectif — , ,
Montréal, le 19 mars 2025 - À la suite du lancement hier de la tournée Vision énergie, qui fait office de consultation sur le futur plan de gestion intégrée des ressources (…)

Montréal, le 19 mars 2025 - À la suite du lancement hier de la tournée Vision énergie, qui fait office de consultation sur le futur plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE), les groupes signataires se déclarent insatisfaits quant au processus actuel.

Plutôt que de procéder d'abord à un débat démocratique, le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie (MEIE) a choisi de lancer un processus de façon précipitée et sans cadre clair. Si l'objectif déclaré est l'élaboration du PGIRE, les questions abordées et le peu de temps alloué pour en débattre ne permettent ni de bien établir les contours d'un projet de société décarbonée et juste comme l'aurait permis un vrai débat démocratique, ni de fournir les informations précises nécessaires à la modélisation de l'avenir énergétique.

Les groupes rappellent que ce PGIRE jettera les bases de notre avenir énergétique. C'est pourquoi il doit impérativement reposer sur des modélisations d'hypothèses quant à la consommation future d'énergie dans les différents secteurs de l'économie et à la production future par différentes filières énergétiques. Les groupes ajoutent que l'ensemble de la population étant concernée, il est indispensable que la question soit abordée dans un cadre démocratique inclusif, respectueux des droits des Premiers Peuples et prenant en compte notamment les travailleurs et travailleuses, les populations les plus vulnérables ainsi que les générations futures, ce que le processus actuel ne permet pas.

La forme de la consultation est particulièrement problématique selon les groupes signataires. Plus exactement, bien que la tournée ait le mérite de se déplacer dans 13 villes du Québec, ils dénoncent qu'une consultation lancée à quelques jours d'avis, en plus de faire parvenir la documentation préparatoire à la dernière minute pour des rencontres d'une demi-journée portant sur un enjeu aussi complexe, n'a pour conséquence que d'instrumentaliser la pratique consultative et les groupes présents.

« Au Québec, il existe des forums établis pour mener des consultations démocratiques, pourquoi ne les avons-nous pas mobilisés ? » affirment les groupes. Par exemple, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) permet aux citoyens et citoyennes de s'informer et de s'exprimer tandis que le pouvoir d'enquête des commissaires garantit d'obtenir des réponses crédibles et complètes aux questions de fond. Les processus de la Régie de l'énergie devraient également être mis à contribution pour permettre aux experts de débattre de questions plus pointues dans une enceinte transparente et selon des règles claires et connues à l'avance.

Dans les deux cas, la société civile, les expert·es et les scientifiques peuvent connaître à l'avance les étapes, les échéanciers, les objectifs et le cadrage des démarches de consultation, participer aux consultations de manière publique, connaître l'identité des personnes qui interviennent, accéder au contenu présenté et mobiliser ce contenu pour se saisir des enjeux ou contribuer au débat.

En conclusion, les groupes demandent à la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Christine Fréchette, d'élargir considérablement l'exercice pour permettre la tenue d'un véritable débat de société sur l'avenir énergétique du Québec et de mener ensuite une démarche claire et transparente d'élaboration du PGIRE.

Organisations signataires :

Charles-Édouard Têtu, Équiterre
Anne-Céline Guyon, Nature Québec
Patricia Clermont, Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)
Émilie Laurin-Dansereau, ACEF du Nord de Montréal
Normand Beaudet, Fondation Rivières
Jacques Benoit, GMob (GroupMobilisation)
Gilles Cazade, Syndicat des spécialistes et professionnels d'Hydro-Québec (SSPHQ)
Jean-Pierre Finet, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)
Carole Dupuis, Mouvement écocitoyen UNEplanète
Janie Vachon-Robillard, Pour un choix éclairé dans Nicolet-Yamaska
Shawn Bourdages, Comité vigilance énergie et industrie Côte-Nord
Michel Kuntz, Comité provisoire de démocratie citoyenne de la MRC des Sources
Dany Janvier, Contre la Privatisation du Vent et du Soleil dans Mékinac Des Chenaux
Philippe Duhamel, Regroupement Vigilance Énergie Québec
Lucie Sauvé, Collectif des scientifiques sur les enjeux énergétiques
Karl Janelle, Coalition climat Montréal
Marie-Claire Binet, L'Assomption en transition
Rachel Fahlman, Vent d'élus
France Levert, Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE)
Geneviève Paul, Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE)

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La mobilisation à une étape supérieure

25 mars, par Germain Dallaire — , ,
Samedi le 22 mars dernier, 2 à 3 000 syndiqué(e)s et citoyen(ne)s sont descendus dans la rue pour exprimer leur opposition au projet de loi 69 qui ouvre toute grande la porte à (…)

Samedi le 22 mars dernier, 2 à 3 000 syndiqué(e)s et citoyen(ne)s sont descendus dans la rue pour exprimer leur opposition au projet de loi 69 qui ouvre toute grande la porte à une privatisation accélérée de la production et de la distribution d'électricité au Québec. Les manifestations se sont tenues simultanément dans 8 villes au Québec. À Montréal (plus de 1000 manifestant(e)s), à Québec (environ 500), à Chicoutimi (plus de 200), mais aussi à Baie-Comeau, Chipaugameau, Trois-Rivières, Rimouski, Rouyn-Noranda et Sept Îles.

Organisateur des manifestations, le SCFP (Syndicat canadien de la fonction publique) avait mis le paquet avec des écrans géants. C'est ainsi que tous les manifestants, indépendamment de l'endroit où ils étaient, ont pu assister aux discours des différents orateurs présents à Montréal.

Une lutte qui concerne tout le monde.

À Québec, le président du SCFP-Québec Patrick Gloutnay a mis la table : « Ce n'est pas un mouvement de négociation ou de débat pour le conditions de travail. C'est un débat social, on est là pour faire un rempart au Gouvernement qui veut détruire les prochaines générations, qui vont payer le prix au bout du compte ».

Même chose du côté de David Lemay à Trois-Rivières : « Aujourd'hui, on n'est pas nécessairement des travailleurs d'Hydro-Québec, on est des citoyens québécois et on s'inquiète de la privatisation d'Hydro-Québec. » Les bottines ont suivi les babines puisque Carole Neill de « Toujours Maîtres chez nous » et Janie Vachon-Robillard du collectif « Pour un choix éclairé dans Nicolet Yamaska » ont pris la parole.

À Chicoutimi, Marc Côté du SCFP 1500 a passé le même message. Pour Lynda Youde de Mères au front, présente à Chicoutimi « c'est notre bien commun qui est ici en jeu ». De son son côté, Pierre Dostie, du Mouvement Onésime Tremblay présent avec sa pancarte, disait la même chose : « Le Mouvement Onésime Tremblay est un mouvement citoyen qui vise la reprise en main de nos ressources électriques. C'est un bien public qui doit être exploité dans l'intérêt général et non dans l'intérêt privé ».

3 à 400 personnes lors des manifestations du 8 décembre dernier, 2 à 3000 le 22 mars. Indéniablement, la mobilisation s'intensifie. Le printemps risque d'être chaud.

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En toute collégialité ! Chroniques d’une aventure syndicale universitaire de Louis-Philippe Lampron et Simon Viviers.

25 mars, par Simon Viviers, Louis-Philippe Lampron — , ,
En 2021, sans expérience au sein d'un exécutif syndical et avec un petit groupe de collègues déterminés, nous avons choisi d'investir notre syndicat dans le but de défendre une (…)

En 2021, sans expérience au sein d'un exécutif syndical et avec un petit groupe de collègues déterminés, nous avons choisi d'investir notre syndicat dans le but de défendre une vision collégiale – et donc démocratique - de l'Université.

En toute collégialité ! Chroniques d'une aventure syndicale universitaire
_de _
Louis-Philippe Lampron et Simon Viviers
Essai_En librairie le 1er avril_

Largement accueillie et soutenue par nos collègues, cette vision de l'université a été au cœur d'une petite révolution, tant au sein de nos instances syndicales que de la dernière négociation collective. Cette petite révolution a culminé avec une mobilisation historique de nos collègues lors d'une grève de près de 5 semaines à l'hiver 2023 qui a mené à d'importants gains ayant le potentiel de renforcer leur capacité à réaliser la mission d'intérêt public de l'Université.

Toujours portés par l'enthousiasme de l'expérience que nous avons vécue en 2021-2023, nous nous sommes demandé si le blueprint de notre aventure collective ne pourrait pas se transposer dans d'autres institutions publiques ou parapubliques, à travers un syndicat ou via d'autres médiums associatifs. C'est dans cette optique que nous nous sommes lancés dans l'écriture de cet essai : partager les grandes étapes du cheminement qui nous a poussés à investir, en 2021, le comité exécutif de notre syndicat pour initier, morceau par morceau, le mouvement de réappropriation collective de notre institution, l'Université.

Parce que les missions des grandes institutions publiques qui structurent nos sociétés ne seront jamais mieux défendues que par celles et ceux qui en assurent le fonctionnement, en première ligne, nous espérons que le partage de nos expériences – et stratégies – en inspirera d'autres
à s'organiser pour que ces groupes névralgiques aient, concrètement, voix au chapitre.

Respectivement professeurs en droit et libertés de la personne et en sciences de l'éducation, Louis-Philippe Lampron et Simon Viviers travaillent à l'Université Laval depuis 2007 et 2014. Très actifs dans leurs domaines de recherche, les travaux de ces deux enfants des années 80
se recoupent notamment par un clair intérêt relatif à la défense des conditions assurant la pérennité des institutions de services publics essentielles au fonctionnement de la société québécoise, incluant les universités.

Extrait :

« Au sortir d'une grève historique des employé-es du secteur public québécois, motivée en grande partie par le désir de ces mêmes salarié-es d'obtenir des conditions leur permettant de faire leur
travail de manière sensée et soutenable, nous sommes toujours confrontés à un gouvernement qui, non seulement tolère de nombreuses dérives autoritaires dans la gestion des institutions publiques, mais tend à les encourager. Dans ce contexte, il nous semble fondamental que toutes celles et ceux qui font fonctionner nos institutions publiques au quotidien puissent investir des véhicules collectifs effectifs permettant d'imposer, à l'intérieur de ces mêmes institutions, des mécanismes assurant que les dirigeant-es agissent comme les leaders qu'ils et elles doivent être et non pas comme des caricatures du personnage de Cartman-policier dans la série américaine South Park. »

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Ne revenons pas en arrière

25 mars, par Fédération des Travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — , , ,
La FTQ a toujours fait la promotion de la justice sociale, de la dignité humaine et de la liberté démocratique. Cette lutte pour une société meilleure, plus juste et plus (…)

La FTQ a toujours fait la promotion de la justice sociale, de la dignité humaine et de la liberté démocratique. Cette lutte pour une société meilleure, plus juste et plus égalitaire, la FTQ la mène au quotidien dans les milieux de travail, car c'est d'abord là qu'elle fait reconnaître les droits de ses membres.

La FTQ s'invite dans la campagne

Mais elle mène aussi cette lutte dans l'arène politique : depuis sa création en 1957, la FTQ représente l'intérêt des travailleurs et travailleuses, ainsi que de toute la population auprès des gouvernements et porte haut et fort son projet de société sur toutes les tribunes, y compris sur les scènes électorales québécoises et canadiennes.

La campagne L'Âge de Pierre, lancée par la FTQ pour bloquer l'élection du Parti conservateur de Pierre Poilievre lors des élections fédérales de 2025, s'inscrit dans cette longue tradition d'action politique.

Cette campagne prend racine dans la mission sociale de la FTQ en défendant les droits fondamentaux des Québécois et des Québécoises, et en mettant de l'avant une société plus juste et plus démocratique, alors que le Québec est confronté à de nombreux défis – comme la crise de la vie chère et les menaces de guerre tarifaire et d'annexion venant de la Maison-Blanche, pour ne nommer que ceux-là.

Bloquons Poilievre

Dans ce climat socioéconomique plus qu'incertain, nous ne pouvons pas faire confiance à Pierre Poilievre pour défendre les intérêts de l'ensemble de la population québécoise, pour protéger nos services sociaux, notre modèle de société, nos emplois et notre territoire.

Le chef du Parti conservateur du Canada l'a démontré à maintes reprises, il est issu de la même famille politique que Donald Trump et ses amis oligarques comme Elon Musk :

Il a le même manque de respect envers les médias, les journalistes, et les élus ;

Il a la même volonté de couper dans les programmes sociaux pour offrir des baisses d'impôts aux plus riches ;

Il a le même rêve de donner toujours plus de contrôle aux compagnies privées ;

Il souhaite lui aussi détruire nos normes environnementales au profit des grandes entreprises ;

Et il s'attaque de la même façon aux droits des femmes et des communautés marginalisées.

Avec autant de points en commun, ce n'est plus une simple coïncidence !

Pour la FTQ, il ne fait aucun doute que Pierre Poilievre représente le pire choix pour ceux et celles qui veulent bâtir une société plus juste, plus égalitaire et plus verte.

Agissons avant qu'il ne soit trop tard, et bloquons Pierre Poilievre ! Ne revenons pas en arrière !

Matériel

Pour commander du matériel de la campagne l'Âge de Pierre, veuillez remplir le formulaire ci-dessous. Tout le matériel sera envoyé à votre conseil régional ; il suffit de sélectionner votre région. Votre conseil régional communiquera avec vous pour que vous puissiez récupérer votre matériel lorsqu'il sera prêt.

Commande

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Résistons aux menaces de Donald Trump

25 mars, par Caroline Senneville — , , ,
Il n'est pas question pour nous de reculer sur l'égalité hommes-femmes, leurs droits comme le droit à l'avortement, à l'équité salariale, les droits à la diversité sexuelle des (…)

Il n'est pas question pour nous de reculer sur l'égalité hommes-femmes, leurs droits comme le droit à l'avortement, à l'équité salariale, les droits à la diversité sexuelle des LGBTQ+ et les mesures pour contrer la discrimination raciale et pour favoriser la diversité.

Nous, soussignés, citoyens et citoyennes du Québec de toutes allégeances, tenons à exprimer notre indignation contre la volonté affichée par le président américain, Donald Trump, de nous étrangler avec ses tarifs douaniers et son chantage, dans le but d'inciter à notre annexion aux États-Unis. Il n'est absolument pas question pour nous du Québec de devenir américains. Qu'on se le tienne pour dit ! Nous sommes trop attachés aux valeurs démocratiques, culturelles et sociales développées au cours des ans par notre société.

Il n'est pas question pour nous de reculer sur l'égalité hommes-femmes, leurs droits comme le droit à l'avortement, à l'équité salariale, les droits à la diversité sexuelle des LGBTQ+ et les mesures pour contrer la discrimination raciale et pour favoriser la diversité.

Nous ne voulons pas importer ici une société qui consacre l'inégalité entre les plus démunis et les plus riches de la société. Ainsi, il n'est pas dans nos plans d'établir des soins de santé payants et privés, ou encore de renoncer à se faire soigner, faute de moyens. De la même façon, nous ne voulons pas que les jeunes soient tenus de rembourser leurs dettes d'études jusqu'à la retraite. Nous tenons également à notre réseau de services de garde éducatifs et à nos congés parentaux.

Nous résisterons collectivement afin de préserver notre liberté de penser, de débattre, de produire et de diffuser des connaissances et des savoirs diversifiés, nécessaires pour édifier une société plus juste, tolérante et équitable.

D'autre part, nous ne ferons pas un retour en arrière en rétablissant la peine de mort, abolie depuis plusieurs décennies au pays, ou en encourageant le port d'armes chez nous. De plus, nous ne voulons pas mettre de côté nos engagements et nos préoccupations en faveur de la protection de l'environnement afin de faire face au défi que constituent les changements climatiques. L'avenir de la planète n'attendra pas.

Enfin, nous tenons à protéger nos droits linguistiques, notre culture ainsi que les cultures autochtones. En ce sens, nous ne supporterons pas que la culture américaine prenne le dessus sur nos ondes radio et télé, de même que sur les plateformes numériques, propriété des multimilliardaires américains. À plus ou moins long terme, nous devons même viser à nous affranchir des géants américains du web et de leurs plateformes.

Ainsi, nous lançons aujourd'hui un immense appel à résister et à être solidaire face à la menace qui nous vient du bureau Ovale. Ces menaces pèsent un poids particulier pour la nation québécoise qui doit de tout temps imposer ses choix, notamment en matière d'exception culturelle, ou encore de gestion de l'offre sur le plan économique. Nous en appelons à la population, à la société civile, aux représentants patronaux, syndicaux, aux groupes communautaires, aux groupes de femmes, environnementaux et de toutes les communautés de la diversité et des communautés culturelles, à faire front commun.

Cette solidarité est devenue nécessaire. Tous et toutes, nous avons actuellement un ennemi commun : l'administration du président américain. La même intention de se défendre contre les pressions exercées par Donald Trump existe partout dans le reste du Canada. Nous les encourageons, là aussi, à tenir bon et à développer la même unité. Nous souhaitons également établir des ponts avec nos amis américains qui découvrent, jour après jour, les dégâts causés par les premiers mois au pouvoir du président Donald Trump et son administration.

Ce sont les raisons pour lesquelles nous invitons la population et les forces vives du Québec de toutes allégeances à se mobiliser et à résister face aux menaces de Donald Trump, car le temps nous presse.

À nous de jouer !

Les autres signataires de ce texte :

*Alain Saulnier, Christine Beaulieu, Christine St-Pierre, Liza Frulla, Louise Beaudoin, Yvon Deschamps, Éric Gingras (président de la Centrale des syndicats du Québec/CSQ), Tania Kontoyanni (présidente de l'Union des artistes), Alain Saladzius, Alain Vadeboncœur, Alex Norris, Anaïs Barbeau-Lavalette, Anaïs Larocque, Anne-Marie Cadieux, Ariane Charbonneau, Boucar Diouf, Catherine Durand, Clément Duhaime, Alain Deneault, Destiny Tchehouali, Dominique Legault, Françoise David, Fred Pellerin, Guylaine Tremblay, Jacques Godbout, Jean-Robert Bisaillon, Jean-Robert Choquet, Joanne Liu, Jonathan Durand Folco, Laure Waridel, Lorraine Pintal, Louise Caouette Laberge, Louise Sicuro, Maka Koto, Mariana Gianelli, Michel Rivard, Michelle Chanonat, Monique Simard, Normand Baillargeon, Pierre Trudel, Ségolène Roederer, Simon Brault, Agnès Gruda, André Bélisle, André Noël, Annick Charette, Ariane Roy, Benoit McGinnis, Camil Bouchard, Céline Bonnier, Christian Bégin, Christian Vanasse, Claude Desrosiers, Claude Legault, Claude Meunier, Dominic Champagne, Edith Butler, Édith Cochrane, Emmanuel Bilodeau, Ève Déziel, François Avard, François Delorme, François Girard, Geneviève Rochette, Geoffrey Gaquère (directeur artistique et codirecteur général du TNM), Isabelle Vincent, Jacqueline Lemay, Janine Krieber, Jean-François Lépine, Jean-François Nadeau, Jean-Sébastien Fournier, Julie Le Breton, Lana Carbonneau, Léa Clermont-Dion, Lise Aubut, Lizann Demers, Lou Vincent Desrosiers, Louise Harel, Louise Richer, Mani Soleymanlou, Manon Barbeau, Marie Malavoy, Marie-Josée Lacroix, Michel Désautels, Michel Lacombe, Mireille Elchacar (Mères au front), Monique Savoie, Myriam Perraton Lambert, Patrice Michaud, Paule Baillargeon, Philippe Poullaouec-Gonidec, Pier Paquette, Pierre Curzi, Pierre Martin, Pierre-Michel Tremblay, Rachida Azdouz, Rémi Bourget, René Richard Cyr, Robin Aubert, Salam Yazbeck, Vincent Graton, Marie-Pier Boisvert (Coalition des familles LGBT+), Marc Bolduc, Marion Dove, Michel Dumais, Mona Greenbaum (fondatrice de la Coalition des familles LGBT+), Gabrielle Boulianne-Tremblay, Pascale Cormier, Conrad Bouchard, Mélissa Dion, Sylvie Dupont, Luc Ferrandez, Martin Gougeon, François Gendron, Pierre Huet, Claire Trudel, James Gabriel Galantino, Pierre Huet, Sophie Paradis, Alexandra Soumain, Pascal Vaillancourt (Interligne), Sao Vincent, Paule Robitaille, Lyne Robert.

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Un projet de loi qui va inutilement trop loin

25 mars, par Fédération autonome de l'enseignement (FAE) — , ,
D'abord, nous réitérons que nous sommes fondamentalement en accord avec la laïcité de nos institutions publiques. Ainsi, l'enseignement des programmes tels qu'ils sont (…)

D'abord, nous réitérons que nous sommes fondamentalement en accord avec la laïcité de nos institutions publiques. Ainsi, l'enseignement des programmes tels qu'ils sont prescrits sans adaptation pour des croyances religieuses, l'interdiction des locaux de prière, et les services offerts et reçus à visage découvert sont tous des éléments avec lesquels nous sommes d'accord.

Mais sous prétexte de renforcer la laïcité dans nos écoles, ce projet de loi ratisse beaucoup trop large.

Prenons, par exemple, le dépôt des planifications annuelles en début d'année scolaire et l'évaluation du personnel à chaque année. Par cette nouvelle exigence, le ministre sous-entend qu'il doute des compétences et du professionnalisme des 105 000 personnes enseignantes à la formation générale des jeunes du réseau public du Québec. Comme si ces personnes devraient être plus encadrées pour garantir la qualité des services offerts aux élèves.

Pour nous, une telle vision est totalement inacceptable. Dans les faits, dans le rapport de vérification publié en janvier 2025, les vérificateurs affirment que « le Programme de formation de l'école québécoise est bien suivi dans les établissements vérifiés » et qu'il n'a pas été nécessaire de recourir à leur mandat de vérification pour l'application de la Loi sur l'instruction publique (ce qui visait notamment l'enseignement des programmes) dans le cadre de leurs travaux.

Bien que ce les événements s'étant déroulés à l'école Bedford soient inacceptables, le problème que le ministre Drainville souhaite régler nous apparaît somme toute isolé. Les encadrements actuels permettent à la direction de s'assurer de la qualité des services dispensés dans son établissement et d'encadrer le personnel qui semble éprouver des difficultés. Les processus de supervision pédagogique et éventuellement disciplinaires sont possibles, et parfois même enchâssés dans les ententes locales.

  • Concrètement, ce que la situation révèle, c'est l'échec des gestionnaires à appliquer les mesures qui existent déjà.

En créant un tel projet de loi, le ministre va inutilement beaucoup trop loin, surtout dans un contexte de pénurie, où beaucoup de gens n'ont pas la formation initiale ni leur brevet, alors que plusieurs ne maîtrisent pas les programmes d'études ni les progressions des apprentissages… Il aurait mieux valu miser sur de l'accompagnement des personnes concernées plutôt que d'exiger des planifications et des évaluations comme si tout le monde représentait un danger potentiel pour les élèves. Pour ce qui est des milieux problématiques, des plans d'action ciblés auraient pu être mis en place afin de s'assurer que les gestionnaires fassent adéquatement le travail qui est attendu d'eux.

Si le ministre souhaite changer le narratif en éducation et veut valoriser la profession enseignante, qu'il commence par faire confiance à une vaste majorité d'enseignantes et d'enseignants qui, malgré des moyens souvent limités, accomplissent un travail colossal auprès des groupes d'élèves qui leur sont confiés.

Au cours des prochains jours, la FAE analysera plus finement le projet de loi et sera assurément de retour en commission parlementaire lorsqu'elle aura lieu pour faire entendre la voix des profs qu'elle représente.

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Les syndicats du Canada lancent une audacieuse plateforme par la suite du déclenchement de l’élection fédérale

25 mars, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , , ,
Puisque le déclenchement de l'élection survenu hier fait en sorte que les gens iront aux urnes le 28 avril, les syndicats du Canada mettent tous les partis au défi de faire (…)

Puisque le déclenchement de l'élection survenu hier fait en sorte que les gens iront aux urnes le 28 avril, les syndicats du Canada mettent tous les partis au défi de faire passer les familles travailleuses avant tout. La plateforme Travaillons ensemble : Bâtir un avenir meilleur pour les travailleuses et travailleurs a été lancée aujourd'hui à St. John's, Terre-Neuve, par Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada (CTC) en compagnie de Jessica McCormick, présidente de la Fédération du travail de Terre-Neuve et du Labrador.

La plateforme présente un plan clair au prochain gouvernement en des temps où les Canadiennes et Canadiens subissent des pressions grandissantes de toutes parts.

« Ce ne sera pas une élection comme les autres – ce sera un choix crucial sur les personnes qui aideront les travailleuses et travailleurs du Canada en ces temps turbulents », dit madame Bruske. « Les travailleuses et travailleurs et leurs familles sentent les effets des menaces commerciales agressives des É.-U., des prix excessifs imposés par les entreprises et des contraintes de plus en plus grandes imposées aux soins de santé et aux services publics. Le prochain gouvernement doit être prêt à prendre d'audacieuses mesures d'entrée de jeu. »

En tant que porte-parole de plus de 3 millions de travailleuses et travailleurs canadiens, les syndicats du Canada incitent tous les partis à s'engager à :

réduire la menace des tarifs douaniers en adoptant une réponse faisant passer les travailleuses et travailleurs avant tout pour protéger les emplois, soutenir les travailleuses et travailleurs et renforcer les collectivités

voir à ce que tous aient accès à un médecin de famille et assurer l'accès à une assurance-médicaments publique universelle pour que les soins de santé soient accessibles à tous

plafonner les prix d'aliments de base et de produits essentiels pour empêcher les entreprises de pratiquer des prix excessifs et protéger les budgets des familles

construire un million de logements vraiment abordables afin de réduire le coût du logement et de s'attaquer à la crise du logement

réparer notre système fiscal défectueux en réorganisant les impôts sur les sociétés de manière à financer le logement abordable, les hôpitaux et les services publics sur lesquels comptent les Canadiennes et Canadiens

La présidente du CTC a souligné que les promesses électorales ne suffisent pas – la population canadienne a besoin de dirigeants ayant une expérience reconnue de défense des travailleuses et travailleurs.

« Pierre Poilievre n'a jamais travaillé dans une usine, dirigé une entreprise ni obligé les entreprises à rendre des comptes. Comment peut-il négocier avec Trump s'il n'a jamais rien fait pour les Canadiennes et Canadiens ? », demande madame Bruske.

« Les travailleuses et travailleurs de Terre-Neuve-et-Labrador, comme ceux du reste du Canada, vivent une crise de l'abordabilité jumelée aux effets d'une guerre commerciale », dit madame McCormick. « Les travailleuses et travailleurs et leurs familles méritent des dirigeants élus qui donneront la priorité à leurs besoins – pas aux intérêts de l'élite patronale. »

Les syndicats du Canada sont disposés à travailler avec des dirigeants politiques qui livreront la marchandise aux travailleuses et travailleurs et à leurs familles. Les solutions indiquées dans la plateforme Travaillons ensemble tracent une ligne de conduite claire pour tout parti souhaitant honnêtement aider les familles travailleuses.

« Il y longtemps déjà que des mesures audacieuses auraient dû être prises. Il nous faut un gouvernement qui freinera la cupidité des entreprises, rebâtira les soins de santé publics et protégera les travailleuses et travailleurs contre les attaques de Trump. Quand les travailleuses et travailleurs prospèrent, l'ensemble de l'économie se renforce. C'est ce que la plateforme Travaillons ensemble assure », souligne madame Bruske.

Cliquez ici pour voir la version intégrale de la plateforme.

L'événement a été tenu avec des travailleuses et travailleurs des secteurs privé et public pour mettre en évidence la solidarité intersectorielle.

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Budget provincial et situation économique difficile Le Québec doit se donner les moyens de réagir

25 mars, par Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) — , ,
Québec, le 22 mars 2025 — À l'approche du dépôt du budget provincial, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) propose au gouvernement (…)

Québec, le 22 mars 2025 — À l'approche du dépôt du budget provincial, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) propose au gouvernement d'investir dans son expertise, de réduire la sous-traitance, d'arrêter d'ajouter des structures inutiles et d'augmenter ses recettes fiscales afin de s'attaquer à la situation économique difficile de la province.

Se donner les moyens de réagir

Même si cela est contre-intuitif, le gouvernement doit pourvoir les postes vacants dans la fonction publique. « Maintenir le gel d'embauche peut sembler un moyen facile pour diminuer les dépenses de l'État, mais c'est se tirer dans le pied. Pour appuyer nos entreprises et nos concitoyens victimes des sautes d'humeur de Donald Trump et pour réaliser des investissements structurants pour soutenir l'économie, le Québec a besoin de l'expertise et des solutions innovantes de ses professionnelles et professionnels. Ce n'est absolument pas le moment de couper dans l'aide gouvernementale et d'étirer les délais par manque de personnel », prévient Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.

En effet, le gouvernement ne peut envisager sérieusement d'investir dans les ponts et les routes, par exemple, en sabrant dans les effectifs du ministère des Transports et de la Mobilité durable. Ou encore espérer épauler correctement les entreprises pour augmenter leur productivité ou investir en recherche et développement sans donner les ressources nécessaires au ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie. « Miser sur l'austérité en ce moment, ce serait nuire aux finances du Québec », juge M. Bouvrette.

Des solutions

Pour réduire ses dépenses, le gouvernement devrait prioritairement mettre fin à la sous-traitance devenue endémique dans l'appareil public. « Les consultants connaissent moins bien les besoins de l'organisation et ils sont surtout beaucoup plus coûteux. En moyenne, ils facturent entre 800 $ et 900 $ par jour ! À titre d'exemple, le nombre d'appels d'offres de plus de 100 000 $ a totalisé près de 200 millions $ en 2024 seulement au ministère de la Cybersécurité et du Numérique, c'est énorme ! On peut faire mieux à meilleur prix en développant l'expertise interne », tranche M. Bouvrette.

Le gouvernement devrait aussi cesser d'ajouter des structures et des coûts en créant des agences. « On l'a vu avec Santé Québec. Sa création a fait grimper le nombre de postes de cadres de 12%. Ils étaient environ 200 au ministère de la Santé et des Services sociaux et ils sont maintenant 223 dans les deux structures combinées », déplore M. Bouvrette.

De plus, le gouvernement pourrait augmenter ses recettes fiscales. En 2022-2023, selon le budget, les actions concertées de lutte contre l'évasion fiscale et les fraudes envers l'État ont généré un rendement total de près de 680 millions $. Le rendement par dollar investi des projets financés s'est établi à 8,29$. « En haussant les cibles de récupération fiscale, le gouvernement engrangerait des sommes supplémentaires sans pénaliser les citoyens et les entreprises qui paient déjà leur juste part. Pour y parvenir, Revenu Québec a toutefois besoin de ressources et celles-ci ont besoin d'un bon contrat de travail. Nos membres, sans convention depuis le 1er avril 2024, sont en grève de soirs et de fins de semaine depuis le 18 janvier 2025. Régler ce conflit, c'est investir pour enrichir le Québec », insiste M. Bouvrette.

Finalement, le gouvernement doit se rappeler que ses professionnelles et professionnels sont aussi des contribuables qui paient des taxes et des impôts. Bref ils et elles participent à la santé de l'économie.

À propos du SPGQ

Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.

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Greenpeace USA assommée par une amende de 665 millions de dollars

25 mars, par Edward Maille — , ,
Un jury des États-Unis a condamné Greenpeace à payer plus de 665 millions de dollars pour son rôle dans les manifestations contre la construction du gigantesque pipeline Dakota (…)

Un jury des États-Unis a condamné Greenpeace à payer plus de 665 millions de dollars pour son rôle dans les manifestations contre la construction du gigantesque pipeline Dakota Access. L'ONG va faire appel.

20 mars 2025 | tiré de reporterre.net
https://reporterre.net/Greenpeace-condamnee-a-payer-665-millions-de-dollars-a-l-exploitant-d-un-oleoduc

Atlanta (États-Unis), correspondance

Greenpeace dénonçait une « procédure-bâillon » destinée à la faire taire et qui pouvait entraîner la faillite de sa branche étasunienne. L'ONG environnementale a été condamnée mercredi 19 mars, à Mandan, dans le Dakota du Nord, à payer plus de 665 millions de dollars (613 millions d'euros) de dommages et intérêts à la compagnie Energy Transfer.

« La réalité, c'est qu'on ne peut pas mettre en faillite un mouvement », affirme Sushma Raman, directrice de Greenpeace USA. L'ONG a annoncé qu'elle ferait appel.

Le constructeur de l'oléoduc, Energy Transfer, l'accusait de diffamation et d'avoir orchestré les manifestations contre la construction de son pipeline Dakota Access — mis en service en 2017, il court sur 1 800 km. Des dizaines de milliers de manifestants avaient déferlé dans le Dakota du Nord en 2016 et 2017 pour soutenir les peuples des Premières Nations sioux de Standing Rock. Ils s'opposaient à la construction de l'oléoduc, dont un tronçon se trouvait à moins de 2 km de la réserve, arguant que celui-ci traverse des sites sacrés et menace la qualité de l'eau.

« On ne peut pas mettre en faillite un mouvement »

Des actions de désobéissance civile avaient eu lieu, ainsi que des affrontements violents avec des forces de sécurité publiques et privées. Des centaines de personnes avaient été arrêtées. Greenpeace s'était joint aux manifestations, comme d'autres groupes écologistes, et avait organisé des formations à la non-violence. Energy Transfer, lui, l'accusait d'avoir propagé des propos calomnieux et d'avoir été la figure de proue des mobilisations, ce que nie l'ONG.

Trois entités de Greenpeace ont été jugées dans ce procès — Greenpeace International, Greenpeace USA, et Greenpeace Fund (une organisation qui offre de l'aide financière). Les trois ont été reconnues coupables de presque l'intégralité des chefs d'inculpation. Dans une déclaration à l'Associated Press, Energy Transfer a qualifié la décision de « victoire » pour les « Américains qui comprennent la différence entre le droit à la liberté d'expression et une enfreinte à la loi ».

Cette décision « devrait tous nous inquiéter »

L'ONG et d'autres organisations de défense des libertés individuelles s'inquiètent des implications de cette décision. « Cela va avoir des conséquences importantes pour l'avenir des manifestations pacifiques, que ce soit pour l'environnement et le climat ou d'autres questions liées à la démocratie, dit la directrice par intérim de Greenpeace USA, Sushma Raman. Cela devrait tous nous inquiéter. »

L'organisation environnementale dénonce une « procédure-bâillon », une stratégie juridique utilisée pour intimider individus, associations ou manifestants. « Cela va créer un précédent qui pourrait limiter la liberté d'expression pour les groupes climatiques et les autres ONG », s'inquiète la directrice du Center for Environment, Community & Equity, Dana R. Fisher, dans un post sur le réseau social Bluesky.

Le procès s'est déroulé dans un tribunal local, qui dépend des lois de l'État du Dakota du Nord. Trente-cinq États ont des lois contre les procédures-bâillons, mais pas le Dakota du Nord, précise l'organisme de défense de la liberté de la presse Reporters Committee for Freedom of the Press. Sushma Raman dénonce l'utilisation de telles procédures dites de strategic lawsuit against public participation (plaintes en justice stratégiques contre la participation du public) comme d'un « outil élaboré pour faire taire les critiques ».

Le procès avait mal démarré pour l'ONG. Greenpeace avait demandé à ce qu'il se tienne ailleurs, dans une localité qui n'a pas été touchée par les manifestations. La justice avait débouté cette demande. Des tracts, dénonçant les manifestations anti-oléoduc, avaient même été envoyés chez certains habitants.

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Trump veut détruire la plus ancienne vigie climatique du monde

25 mars, par Mickaël Correia — ,
L'administration américaine envisage de fermer à Hawaï l'observatoire de Mauna Loa, berceau de la surveillance du climat où sont mesurées depuis 1958 les concentrations de CO2 (…)

L'administration américaine envisage de fermer à Hawaï l'observatoire de Mauna Loa, berceau de la surveillance du climat où sont mesurées depuis 1958 les concentrations de CO2 dans l'atmosphère. Les scientifiques dénoncent le sabotage de l'indice historique du changement climatique.

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
18 mars 2025

Par Mickaël Correia

« C'est une mesure extrêmement symbolique, se désole Gilles Ramstein, paléoclimatologue et directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. En fermant Mauna Loa, Trump ne veut plus entendre parler de changement climatique. »

Comme l'a révélé le 14 mars un document obtenu par des démocrates du Congrès américain et communiqué au Washington Post, le département de l'efficacité gouvernementale (Doge), l'initiative de réduction « à la hache » des dépenses publiques conduite par le milliardaire Elon Musk, vient de proposer de résilier les baux de location de plusieurs bureaux de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (Noaa).

Parmi ces derniers figure le laboratoire de Hilo, basé à Hawaï. Avec la fin de son bail, il pourrait fermer ses portes dès août prochain pour une économie annuelle estimée de 150 692 dollars. Le bureau de Hilo est chargé du mythique observatoire climatique mondial de Mauna Loa.

Accrochée à près de 3 400 mètres d'altitude sur le flanc nord du volcan éponyme, cette station scientifique enregistre depuis 1958 la quantité de gaz à effet de serre qui réchauffe la planète. C'est dans cet observatoire des sciences du climat qu'est mesurée depuis le plus longtemps sur Terre la teneur en CO2 de l'atmosphère.

« Mauna Loa est un site clé qui a permis de découvrir que la concentration de CO2 atmosphérique augmentait au fil des années, et ce avec des mesures non perturbées par la végétation, les villes ou les émissions locales de gaz à effet de serre, précise à Mediapart Davide Faranda, directeur de recherche en climatologie au CNRS. Cette série de données sur un temps long et en continu, qui plus est avec un instrument situé depuis plus de soixante ans au même endroit, constitue une preuve très forte du dérèglement du climat. »

Le berceau mondial de la mesure du CO2

Le 29 mars 1958, le chercheur américain Charles Keeling, de l'institut d'océanographie Scripps (Californie), a commencé à mesurer quotidiennement depuis Mauna Loa le taux de CO2 dans l'atmosphère, établi lors de son premier relevé à 313 parties par million (ppm).

Dès 1961, opérant avec pugnacité ses relevés quotidiens, Keeling a observé une augmentation continue du CO2, une hausse qui ne cesse de se poursuivre aujourd'hui, au fur et à mesure que l'humanité brûle du pétrole, du gaz et du charbon. En mars 2025, la concentration de CO2 dans l'atmosphère mesurée à Mauna Loa a atteint 427 ppm.

Cette série de mesures sur un temps long a donné naissance à l'un des graphiques les plus célèbres de la planète : la courbe de Keeling, traduction géométrique limpide du changement climatique.

« Charles Keeling a depuis Mauna Loa établi une courbe claire et non discutable démontrant la modification de la concentration de CO2 dans l'atmosphère. En ce sens, Mauna Loa est un laboratoire pionnier », explique Gilles Ramstein. Directrice de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement, et principale coordonnatrice pour le sixième rapport du Giec (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), Sophie Szopa ajoute : « La courbe de Keeling fait partie des éléments qui ont permis de démontrer l'accroissement du CO2 atmosphérique sous l'effet des émissions liées aux activités humaines et donc constitue un élément clé dans l'attribution du réchauffement climatique à ces activités. »

La courbe de Keeling représente la concentration de CO2 atmosphérique mesurée à Mauna Loa (Hawaï) depuis mars 1958. © Scripps Institution of Oceanography / UC San Diego

En 2007, un article paru dans Nature soulignait que la courbe de Keeling ne représente rien de moins qu'une des plus grandes « réalisations de la science du XXe siècle ». La prestigieuse revue scientifique rappelait que « la courbe du Mauna Loa, simple et sans ambiguïté, s'est imposée aux yeux de l'humanité, changeant notre vision du monde. […] Sans cette longue expérience de recherche, la prise de conscience du dérèglement climatique aurait été plus lente. »

Aujourd'hui, un site internet et un compte Xsont même dédiés à la fameuse courbe. En référence aux relevés de Mauna Loa, l'activiste écologiste Greta Thunberg indique dans sa biographie sur les réseaux sociaux être « née à 375 ppm » (janvier 2003). D'autres figures médiatiques se font prendre en photoavec leur « année de naissance ppm », pour dénoncer la combustion des énergies fossiles aux origines de l'accélération de la concentration atmosphérique de CO2 depuis la révolution industrielle.

Un indice climatique primordial

« Avant que Keeling ne mesure le CO2, on ne savait pas bien à quel point ce gaz était libéré dans l'atmosphère et absorbé par les océans ou la végétation, avance à Mediapart Aglaé Jézéquel, chercheuse au Laboratoire de météorologie dynamique. Nous savons aujourd'hui grâce à ses travaux que plus de la moitié du CO2 émis va directement dans l'atmosphère. D'ailleurs, la courbe en zigzag montre les variabilités de capture du carbone par la végétation, en fonction des saisons. »

À partir des ces premiers jeux de données de Keeling, « tout un pan de la recherche scientifique s'est construit », abonde Gilles Ramstein, avec notamment la création des modélisations informatiques du système climatique.

Aujourd'hui, la Noaa gèreà travers une cinquantaine de pays un réseau international de 216 stations qui mesurent les concentrations des différents gaz à effets de serre, des particules d'aérosols ou encore d'ozone pour comprendre les causes et les conséquences du réchauffement planétaire.

Ralph Keeling, fils de Charles Keeling et professeur de géochimie à l'institut d'océanographie Scripps, coordonne les mesures pour douze de ses observatoires mondiaux. Il explique à Mediapart : « La Noaa est la colonne vertébrale des efforts de recherche mondiaux pour la mesure des gaz à effet de serre. Les relevés de CO2 effectués à Mauna Loa sont le fleuron de cette vaste entreprise et représentent un indice climatique primordial, un peu comme l'indice Dow Jones Industrial Average est un indice économique central. »

Actuellement, une équipe de huit personnes travaille à la station de Mauna Loa. Davide Faranda confie auprès de Mediapart qu'une fermeture, même provisoire, de l'observatoire entraînera une discontinuité dans cette série de relevés et une perte d'expertise pour l'équipe qui maintenait le site. « On risque de perdre une preuve scientifique solide et cela ouvre la porte à d'autres théories non scientifiques concernant le rôle des activités humaines dans le dérèglement climatique », alerte le chercheur.

Par ailleurs, comme le souligne Aglaé Jézéquel, ces données enregistrées sont essentielles pour vérifier si on observe à l'échelle mondiale des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or, en 2024, année la plus chaude jamais mesurée sur Terre, « Mauna Loa a enregistré le taux de croissance le plus rapide de concentration atmosphérique de CO2, et ce depuis plus de soixante-cinq ans de collecte de données », indique Ralph Keeling.

En somme, en fermant Mauna Loa, Trump s'assure ainsi de casser le thermomètre le plus fiable du réchauffement global en cours.

Mickaël Correia

P.-S.

• Mediapart. 18 mars 2025 à 19h10 :
https://www.mediapart.fr/journal/international/180325/trump-veut-detruire-la-plus-ancienne-vigie-climatique-du-monde

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Entre Trump et Poutine - la gauche européenne devant un défi historique

25 mars, par Stéfan Bekier — , ,
Introduction de Stefan Bekier à la 3e partie de la réunion-débat du 20 février 2025 sur les conséquences de la présidence Trump pour l'Europe 20 février 2025 | Quels (…)

Introduction de Stefan Bekier à la 3e partie de la réunion-débat du 20 février 2025 sur les conséquences de la présidence Trump pour l'Europe

20 février 2025 |

Quels défis pour l'Europe prise entre deux impérialismes néo-fascistes de Trump et de Poutine ?

Pourquoi l'avenir de l'Union européenne dépend en premier lieu de sa capacité à aider l'Ukraine à se libérer de l'envahisseur russe ?

Quelles sont les responsabilités de la gauche européenne dans cette nouvelle situation ?

Mon intervention ne prétend pas apporter des réponses achevées aux questions posées, difficiles et qui exigent des élaborations collectives. Ce sont donc juste quelques idées en vrac pour amorcer notre réflexion.

I.

▪ Trump, c'est encore pire que Neville Chamberlain après la capitulation devant Hitler à Munich en 1938, comme le note l'historien britannique Timothy Garton Ash dans The Guardian. Au moins Chamberlain essayait d'empêcher une guerre européenne majeure, alors que Trump procède en 24 heures à un renversement complet et brutal des alliances en pleine guerre. C'est un soutien direct à Poutine. La présidence Trump fait tout simplement passer l'Ukraine par pertes et profits. Et par là-même également les pays de l'Europe centrale et orientale (en premier lieu la Moldavie et la Roumanie), les pays baltes, les pays scandinaves (notamment la Finlande) - directement menacés par Poutine, qui proclame ouvertement son fantasme de reconstituer l'empire colonial du « monde russe » non seulement dans les frontières de l''ex-Union soviétique, mais aussi celles de l'ancien empire tsariste.

▪ Tout ceci avec l'abandon de l'Europe à l'impérialisme russe de la pire manière qui soit – soulignons-le encore une fois : en pleine guerre, et de manière typiquement colonialiste. Le trio néofasciste Trump-Vance-Musk veut mettre les pays européens à genoux, en situation de dépendance néocoloniale par rapport aux USA. Ils veulent les transformer en exécutants et gardiens de la « pax americana » en Ukraine. En effet, Trump voudrait que l'Europe y envoie ses troupes, mais pas l'Amérique... Odieux chantage.

▪ Le tout pour avoir les coudées franches au Moyen Orient et en Asie, face à la Chine, et aidé par son nouvel allié, Poutine. Trump vise à prendre possession des richesses minérales et fossiles de l'Ukraine, mais aussi de la Russie. En alliance avec Poutine, en promettant à ce criminel de guerre la levée immédiate des sanctions, un véritable balon d'oxygène de dernière minute pour une économie russe chancelante, dont les économistes prévoient l'effondrement dans quelques mois.

▪ Par un infâme mensonge et une pirouette propagandiste, Trump vient d'accuser l'Ukraine d'être elle la coupable de cette guerre, pas Poutine l'agresseur. C'est une reprise et une légitimation de toute l'intox typiquement stalinienne de la propagande du Kremlin.

II.

▪ L'Europe est à présent obligée d'approfondir, d'élargir son intégration. Sous peine de devenir dépendante de l'internationale néo-fasciste qui est en train de se constituer autour de l'axe Trump-Poutine.

▪ Et donc de revenir à ce qu'on appelle ses « valeurs », et de les défendre bec et ongles : à savoir en premier lieu la lutte pour la paix, la démocratie, les libertés, l'égalité hommes femmes, l'antiracisme, lutte contre toutes les discriminations, la défense de l'environnement, le droit des peuples petits et moyens à l'autodétermination, etc. L'axe Trump-Poutine et l'internationale fasciste sont en train de détruire tout l'héritage progressiste de l'après la Seconde guerre mondiale, bâti en réponse à la barbarie nazie.

▪ Mais pour ce faire, l'Europe se trouve devant un tournant historique : pour redevenir une véritable alternative à cette internationale fasciste trumpo-poutinienne qui se répand déjà en France, en Italie, en Allemagne, en Hongrie, l'Europe doit le plus rapidement possible abandonner sa doxa néolibérale du « marché libre et non faussé », de l'austérité, du chacun pour soi, de la loi du plus fort, et commencer à bâtir une politique de biens communs, de services publics de santé, d'éducation, de transport, de mobilité, de l'harmonisation vers le haut des standards salariaux, sociaux, environnementaux, démocratiques, d'élimination du chômage, etc.

▪ L'Europe doit aussi défendre bec et ongles le droit des peuples, tous les peuples, à l'autodétermination. L'ukrainien et le palestinien.

▪ Autrement dit, l'Europe doit être capable d'offrir à ses citoyens et au monde entier une perspective d'une autre société, désirable, humaine, sociale, démocratique, écologique. C'est ainsi seulement qu'elle pourra contrecarrer les démolisseurs Trump, Poutine, Musk, Milei, Meloni, Orban et bien d'autres.

▪ Et donc elle doit aller vers plus de fédéralisme, de mise en commun des moyens, d'investissements communs massifs, de rattrapage des régions les plus pauvres. Il n'est pas normal que le fédéralisme soit identifié seulement comme une idée de droite. La gauche a fait une erreur d'avoir abandonné cette thématique à la droite, et devrait reprendre l'initiative sur ce terrain également en tant qu'un élément important d'élaboration d'une politique de solidarité internationale, contraire à un repli national de chacun pour soi dans son propre pays.

▪ C'est la seule façon de dominer les forces centrifuges qui sont en train de la disloquer de l'intérieur, ce sur quoi misent les néofascistes, Poutine, et maintenant Trump. Ils vont tout faire pour opposer les pays européens les uns aux autres pour faire disloquer l'Union européenne.

▪ Et si par malheur, la France bascule lors des prochaines élections, alors avec toute cette amicale fasciste internationale qui se dessine, ce sera toute l'Europe qui basculera. C'est l'écologiste Marine Tondelier qui vient de le dire avant-hier, et elle a tout à fait raison.

▪ Et si l'AfD en Allemagne et/ou le RN en France arrivent au pouvoir, alors ce sera la fin de l'Union européenne, son éclatement ou sa soumission néocoloniale.

III.

▪ Et donc l'Europe doit aussi mutualiser les forces armées. Consacrer les budgets militaires non pas à vendre les armes à toutes les pires dictatures dans le monde – non ! Il faut arrêter les exportations d'armes à Israël, à l'Arabie Saoudite, et à d'autres régimes despotiques, et les réorienter pour les livrer au peuple ukrainien, lequel combat pour sa survie même en tant que nation, en tant que pays indépendant.

▪ Pas pour y faire intervenir nos armées - non ! Le peuple ukrainien sait parfaitement combattre et vaincre Poutine - à condition d'être dûment aidé, au lieu de se faire trahir et saboter par un délinquant milliardaire comme Trump. Mais pour intensifier, démultiplier l'aide militaire et financière à l'Ukraine - aide qui doit être désintéressée et non dans le but d'enrichir des oligarques de l'Ouest et de l'Est.

▪ Si des forces d'interposition devaient s'avérer indispensables contre Poutine, alors il faudrait que ce soit sous les auspices de l'ONU, les casques bleus. Donc l'Europe devrait promouvoir tout de suite, sans tarder, une véritable réforme de fond en comble, attendue depuis des années de l'ONU. Il faut commencer par éliminer enfin, une fois pour toutes, le système paralysant, colonial, de véto au Conseil de sécurité des cinq « grandes puissances » qui se disputent le partage de la planète et de ses ressources. Ces ressources doivent appartenir aux peuples qui vivent sur les terres concernées, et non à quelques milliardaires comme Trump ou Poutine. L'ONU doit rétablir le rôle central de son Assemblée générale des 193 Etats membres, avec le principe démocratique de base – un pays, une voix. Et là aussi l'Europe a un rôle essentiel à jouer, en s'alliant par exemple avec les pays du Sud pour imposer cette réforme cruciale de la gouvernance mondiale des peuples !

▪ Mais l'Europe doit aussi créer les Forces armées de l'Europe, comme l'a proposé et en a appelé le président Zelensky dans son discours historique à la conférence sur la sécurité de Munich il y a une semaine. Comme une armée commune de défense, de dissuasion face à Poutine (et Trump), pas comme une nouvelle armée d'agressions et de pillages des autres peuples.

IV.

▪ Tout cela pose des défis énormes pour toutes les forces de gauche en Europe. Des défis énormes mais enthousiasmants. Et possibles à relever, à condition de le vouloir et de s'en donner les moyens. On est à un de ces moments historiques où la gauche, en particulier occidentale, peut et doit se débarrasser des ses scories du passé, de ses tares sectaires paralysantes, de ses nationalismes et populismes dits « de gauche ». La gauche doit agir de façon unie pour s'opposer à la déferlante néofasciste, mais en même temps en avançant un projet d'une autre Europe, démocratique, sociale, écologique, avec la liberté et l'indépendance de l'Ukraine comme son étendard réellement internationaliste. Il faut créer quelque chose qu'on pourrait appeler, en suivant l'exemple de la gauche française, un Nouveau Front Populaire de la Gauche Européenne.

▪ Dont un des axes devrait être la place centrale qu'il faut désormais donner aux forces de gauche de l'Ukraine, des autres pays d'Europe centrale et orientale, des Balkans, des pays Baltes et Scandinaves, de même que des secteurs pro-Ukraine de l'opposition démocratique et de gauche russe. Il faut en finir avec une gauche occidentalo-centrée.

V.

▪ La demande d'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne, déjà particulièrement pressante depuis le grand mouvement démocratique du Maïdan en 2013-2014 et l'annexion de la Crimée et d'une partie du Donbass, est devenue à présent une question immédiate, stratégique, existentielle pour le peuple ukrainien. Ajoutons que de la capacité de l'Union européenne et des pays qui la composent, à répondre de façon unie et décidée à ce défi historique, dépendra l'avenir même de l'Union européenne.

▪ C'est également un très grand défi pour toute la gauche européenne. Depuis vingt ans, c'est-à-dire depuis l'arrêt au milieu des années 2000 du si prometteur processus altermondialiste des Forums sociaux européens (FSE), la gauche européenne manque cruellement d'une orientation et coordination internationales, pour une autre Europe – sociale, écologique, démocratique, antiraciste, accueillante aux réfugiés, défendant le droit à l'autodétermination et l'indépendance des peuples menacés et agressés. A tel point que c'est devenu une des causes – pas la seule mais la principale – du développement au sein de la gauche occidentale des secteurs prônant des positions ouvertement hostiles à l'Ukraine, à son adhésion à l'UE. Des orientations protectionnistes, nationalistes, très proches sur la question de l'Ukraine de celles de l'extrême-droite dont Poutine est le champion. On le voit clairement lorsqu'une partie, d'ailleurs croissante, des eurodéputé.es de la gauche votent, avec l'extrême droite de l'hémicycle, contre les résolutions sur l'aide à l'Ukraine au Parlement européen.

▪ Or, c'est sans tarder qu'il faudrait accepter l'Ukraine, un pays agressé précisément parce qu'il a voulu entrer dans l'UE et qui demande à être protégé. Mais tout en commençant en même temps à réglementer par l'UE et les États membres les standards sociaux, salariaux et environnementaux, de manière à commencer dès le début la mise en œuvre d'une politique d'harmonisation vers le haut de ces standards.

▪ C'est un problème très délicat et pas facile du tout. Mais il faut que la gauche occidentale en discute et travaille en commun avec la gauche ukrainienne et celle des autres pays d'Europe centrale et orientale, scandinave et balkanique pour rechercher ensemble les solutions adéquates dans cette situation dramatique et inédite.

▪ C'est pourquoi aussi les syndicats des pays de l'UE et les syndicats ukrainiens ont un énorme rôle à jouer pour combattre ensemble les politiques néolibérales appliquées par les capitalistes à l'Ouest et à l'Est, pour délocaliser les productions vers les pays où les salaires sont plus bas. Adhérer à l'UE permettrait aux travailleurs ukrainiens et occidentaux de se battre ensemble pour. Par exemple, autour des revendications comme A travail égal salaire et prestations sociales égales, pour l'annulation de la dette ukrainienne et bien d'autres objectifs communs.

VI.

▪ Il faut convoquer un nouvel Forum Social Européen ! Pour discuter de tous cela, mais aussi pour établir une coordination européenne de la gauche. A Ensemble, nous l'avons déjà proposé à plusieurs reprises au cours de ces derniers trois ans, sans grand écho hélas. La majorité des anciens dirigeants du mouvement altermondialiste – pas tous heureusement, mais la majorité – gardent le silence, sont sur des positions campistes voire ouvertement poutinistes (comme en Italie, en Grèce ou en Amérique Latine), et se désintéressent des peuples de la partie centrale et orientale de l'Europe.

▪ Les campistes vont probablement s'aligner sur l'axe Trump-Poutine, et les poutinistes bien sûr aussi. C'est aujourd'hui une importante ligne de démarcation au sein de la gauche européenne

▪ A notre premier appel fin février 2022, quelques jours après le début de l'invasion à grande échelle de la Russie en Ukraine, les secteurs internationalistes de la gauche européenne ont commencé à se réunir et ont abouti très rapidement à la création du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine, le RESU/ENSU. Maintenant il faut aller plus loin.

Trois événements européens pour la défense de l'Ukraine, en ce 3ème anniversaire de l'invasion russe à plein échelle, vont se tenir à Bruxelles les 26-27 mars prochains : la conférence organisée au Parlement européen à l'initiative des eurodéputé.es scandinaves et portugais, avec la participation des activistes du mouvement social ukrainien ; la conférence et des ateliers organisés par le Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine, également avec la participation des organisations de gauche ukrainiennes ; et une rencontre organisée par la fondation Rosa Luxembourg. Nous devons bien sûr participer aux débats qui ne manqueront pas de s'y tenir sur comment la gauche européenne peut augmenter de manière décisive son soutien et aide à l'Ukraine, et plus largement comment peut-elle d'ores et déjà mener des luttes sociales, démocratiques et environnementales, tous ensemble.
Il faudrait ensuite réunir toutes les forces de gauche syndicales, associatives et politiques en Europe qui soutiennent Ukraine, par exemple vers le mois de juin, pour discuter des possibilités de préparation d'un Forum social européen vers la fin 2025 ou début 2026.

VII.

▪ Ce ne seront que les premiers pas vers la renaissance d'un internationalisme et altermondialisme, que certains à gauche ont oublié ou défiguré, mais premiers pas indispensables pour avancer. Car c'est ainsi seulement que l'on pourra commencer à jeter les bases d'une politique réellement de gauche de construction d'une nouvelle Europe alternative au néolibéralisme et au retour en force du fascisme, ensemble à l'Est et à l'Ouest.

▪ On est dans une situation pas identique mais analogue à celle de l'Europe face au combat de la République espagnole contre le fascisme franquiste, soutenu par Hitler et Mussolini. Avec cette différence que la trahison de Munich de 1938 elle est déjà là, depuis deux mois. C'est la présidence Trump-Vance-Musk. Si l'Europe ne réussit pas à se ressaisir et se réorienter vers une politique progressiste, et si des forces progressistes en Russie et aux USA ne se réorganisent pas pour écarter du pouvoir les néo-fascistes dans ces deux pays, alors c'est très probable que l'Europe ira droit vers une nouvelle déflagration européenne et mondiale.

Merci de votre attention.

Le 20 février 2025

Stefan Bekier - ancien militant de l'opposition de gauche en Pologne, activiste du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine (RESU/ENSU), membre d'Ensemble !

oOo

Trois compléments du 11 mars 2025

▪ Je voudrais attirer l'attention sur ces très intéressantes réflexions de deux parlementaires de l'Alliance Rouge et Verte danoise , Jakob L. Ruggard, député au parlement danois, et Per Clausen, eurodéputé au Parlement européen de la même formation. Sous le titre « L'échec des États-Unis en Ukraine et en Europe exige de nouvelles solutions offensives de la part de la gauche », ils disent entre autres :

« L'Europe est entourée de superpuissances offensives et d'extrême droite avec la Russie d'un côté et les États-Unis de l'autre. Il n'y a pas d'autre solution que le rapprochement de l'Europe et de la région nordique. Mais c'est aussi une opportunité pour la gauche – car la sécurité de l'Europe doit aussi être assurée par des sociétés plus libres, plus vertes, plus égales et plus sûres. »

https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/02/27/lechec-des-etats-unis-en-ukraine-et-en-europe-exige-de-nouvelles-solutions-offensives-de-la-part-de-la-gauche/

▪ Il faut également signaler ici deux récentes contributions de Hanna Perekhoda, historienne ukrainienne originaire du Donbass, chercheuse à l'Université de Lausanne et militante du mouvement ukrainien de gauche Sotsialnyï Roukh (Mouvement social).

La première « Comment financer la défense européenne (et comment ne pas le faire) », publié en anglais sur son compte Facebook. Extrait :

"La gauche doit rejeter le faux choix entre justice sociale et sécurité nationale. La sécurité ne doit pas avoir pour prix la réduction des retraites ou des dépenses de santé, mais doit être assurée par une contribution équitable des milliardaires et des multinationales. La gauche doit se battre pour la justice fiscale, en supprimant les possibilités de fraude fiscale dont bénéficient les entreprises et en prenant des mesures contre les paradis fiscaux, y compris la Suisse.

Aucun pays européen ne peut se défendre seul. Au lieu que chaque nation augmente massivement son propre budget militaire, l'UE devrait renforcer ses mécanismes de sécurité collective. La sécurité énergétique doit être considérée comme faisant partie de la stratégie militaire : en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles russes, nous pouvons empêcher un futur chantage économique de la part de ce pays. Par-dessus tout, la gauche doit faire pression de toute urgence pour la confiscation des actifs de l'État russe. Retarder cette décision par crainte de la réaction des élites financières ne fait qu'encourager les agresseurs."

La deuxième, c'est un entretien accordé au site VoxEurope sous le titre “La lutte pour la liberté en Ukraine est intimement liée à la lutte globale contre la montée des forces fascistes”, où Hanna dit entre autres ceci :

"…Vu de l'intérieur, l'UE peut être perçue comme un projet où les logiques de marché prennent le pas sur la justice sociale ; où les décisions sont souvent prises à huis clos ; et où les intérêts des grandes puissances économiques comme l'Allemagne imposent leurs priorités. Dans ce contexte, il n'est pas surprenant que certain-s voient l'UE comme un obstacle dont il faut se débarrasser.

Mais pour les pays européens qui ne font pas partie de l'UE, et particulièrement pour l'Ukraine, elle incarne quelque chose de différent. “L'Europe” représente avant tout une aspiration, une idée d'un avenir où règnent l'Etat de droit, les libertés individuelles, et un certain niveau de prospérité. Ce qui est moins évident pour l'Europe occidentale, c'est qu'ici l'UE incarne une alternative à un modèle autoritaire et oppressif, un modèle que la Russie impose à ses voisins par la force.

Ainsi, pour les citoyens de l'UE, celle-ci est avant tout un projet économique. Mais pour ceux qui n'en font pas partie, l'UE est avant tout un projet culturel et civilisationnel. Qu'ils l'admirent ou la détestent, ses partisans comme ses adversaires en dehors de l'Union la traitent comme une force avant tout politique. La Russie, d'ailleurs, est explicite à cet égard : depuis au moins 2013, elle traite l'UE non pas comme un concurrent économique, mais comme un rival géopolitique et idéologique.

Cette dimension est devenue encore plus évidente en 2014, quand des Ukrainiens ont littéralement donné leur vie pour défendre l'avenir « européen » de leur pays. C'est un acte que beaucoup d'Européens regardaient avec incompréhension, voire avec condescendance ou pitié. Pourtant, pour ces manifestants, “l'Europe” n'était pas un espace économique, mais un symbole de dignité et de liberté."

▪ Finalement, il n'est pas inutile de rappeler ici le paragraphe concernant l'invasion russe de l'Ukraine dans le programme du Nouveau Front Populaire, qui garde toute son actualité, mais que certains à gauche, dans leurs déclarations récentes, semblent visiblement vouloir oublier… Ce « contrat de législature » a été adopté en France en juin 2024, à la veille des élections législatives anticipées, par quatre partis : les Ecologistes, la France Insoumise, le Parti Communiste Français et le Parti Socialiste, avec le soutien de Place Publique, Génération.s GES, GRS, MRC, LRDG, L'engagement, GDS, PEPS, Révolution écologique pour le vivant (REV), Allons enfants, ADES, Nouvelle Donne, La Jeune Garde, Union démocratque bretonne (UDB), ESNT et L'APRES. Nous citons ce paragraphe in extenso :

"Défendre l'Ukraine et la paix sur le continent européen

Pour faire échec à la guerre d'agression de Vladimir Poutine, et qu'il réponde de ses crimes devant la justice internationale : défendre indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l'intégrité de ses frontières, par la livraison d'armes nécessaires, l'annulation de sa dette extérieure, la saisie des avoirs des oligarques qui contribuent à l'effort de guerre russe dans le cadre permis par le droit international, l'envoi de casques bleus pour sécuriser les centrales nucléaires, dans un contexte international de tensions et de guerre sur le continent européen et œuvrer au retour de la paix."

oOo

Stefan Bekier

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Le peuple crie haro sur les fachos et le genocide a gaza !

25 mars, par Omar Haddadou — , ,
Une riposte d'envergure ce samedi 22 mars, Place de la République à Paris, pour contrer la montée en puissance du racisme. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté (…)

Une riposte d'envergure ce samedi 22 mars, Place de la République à Paris, pour contrer la montée en puissance du racisme. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans la capitale et les grandes villes de l'Hexagone. Ils (es) étaient plus de 90 000 à s'indigner, dans les 200 rassemblements.

De Paris, Omar HADDADOU

Convulsivement haineux (es) !

Enchâssée dans l'Euro populisme, désorbitée sur la scène internationale, hystérisée par la rivalité dispendieuse de réarmement, dictée par le Super- Président Macron, la France cultive parallèlement un racisme épidémique et prédateur décomplexé.

Un fléau nourri par les discours haineux des Républicains de la trempe de Retailleau et les non moins xénophobes RNistes, Marine le Pen – Bardella et Darmanin.
Les trois élus (es) de la République, forts de leur accointance avec les médias du Capital, ont agrippé leur attelage claudiquant au carrosse des Ultras radicalement xénophobes, entonnant leurs cors purulents pour annoncer l'ouverture de la chasse aux étrangers (es) et l'épandage de leur acrimonie néocolonialiste aux Etats souverains, comme l'Algérie.

C'est sur le terreau de déni de la différence et la vénération de la race Blanche que s'accomplit le point de bascule des Démocraties européenne vers le fanatisme négationniste et l'émergence du Populisme !
Un maillage sous la Vème République qui n'est pas sans rappeler la Société secrète américaine Ku Klux Klan. D'où les mobilisations massives dans les grandes villes comme Paris, Marseille, Toulouse, Rennes, ce samedi 22 mars, au lendemain de la Journée internationale de la Discrimination raciale décrétée par l'ONU. Associations, syndicats, Militants (es) de différents secteurs, Collectifs de la lutte estudiantine et universitaire, citoyens (nes), Retraités (es) lambda, Handicapés (es), ont répondu à l'appel. Dans le cortège aux allures d'une marée humaine où l'on dénombre plus de 90 000 manifestants (es) dont 21 500 à Paris, des Slogans antiracistes appelant à la Tolérance et en soutien à la cause palestinienne, ont été brandis tout au long du parcours entre Place de la République et Bastille. Point de chute quadrillé par une armada de CRS arborant une dégaine de Goldorak fumant prêt à en découdre pour donner de la matière au débriefing entre collègues, à l'issue de la journée, autour d'un bon café !
Fer de lance de la mobilisation, La France Insoumise sous la bannière du Nouveau Front Populaire LFI-NFP s'est résolue à canaliser le mouvement lui conférant la quintessence d'une opposition au Gouvernement Bayrou et à l'Extrême Droite : « L'heure de la riposte populaire a sonné ! lance la Présidente de LFI, Mathilde Panot. Si nous sommes si nombreux aujourd'hui partout dans le pays, plus de 200 manifestations dans le pays. C'est pour dire ça suffit de se voir dans un retournement de valeurs historiques. Cet air des temps qui veut exclure les femmes de la pratique sportive ou des sorties scolaires, parce qu'elles portent le voile ! Oui ! Il y a un continuum du racisme en France a/pplaudi de chaîne en chaîne et relayé de l'Extrême Droite à la Macronie ! Nous assistons à l'Internationale réactionnaire avec le salut nazi. Cette Droite et Extrême Droite qui mènent des politiques meurtrières avec le génocide en Palestine et des guerres avec l'Internationale qui essaye de substituer au Droit international le Droit du plus fort ! ».

Dénonçant l'acharnement du ministre de l'Intérieur sur les Immigrés (es) et ses poussées de fièvre contre l'Algérie (qui s'amuse à le sortir de ses gonds par le jeu des rétorsions), la Députée LFI-NFPde la Seine Maritime, Alma Dufour déclare : « M. Retailleau fait partie des personnes contre lesquelles tous les gens manifestent ! ».
En force, la Jeunesse, fredonnant des airs anti-racistes, ne manquait pas d'inspiration pour alimenter les pancartes, les banderoles. Aussi, pouvait-on s'abreuver de « Macron nous fait la guerre et les racistes aussi ! » « Les Fachos sous OQTF* ! » « Fini le temps des colonies ! »

O.H
*Obligation de Quitter le Territoire

Manifestaion massive contre le racisme à Paris, 22 mars 2025


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Journée d’action de l’IG-Metall, 80 000 personnes réclament des emplois sûrs

Des manifestations ont eu lieu samedi dans plusieurs villes sous le slogan « L'avenir plutôt que les coupes sombres ». Le syndicat salue l'accord conclu entre les partis noir (…)

Des manifestations ont eu lieu samedi dans plusieurs villes sous le slogan « L'avenir plutôt que les coupes sombres ». Le syndicat salue l'accord conclu entre les partis noir (CDU), rouge (SPD) et Grünen (vert) sur un fonds spécial pour les investissements.

15 mars 2025 | tiré d'Europe solidaire sans frontières, par Tageszeitung | Photo : Sur la Schlossplatz à Stuttgart aussi, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées pour manifester contre les suppressions d'emplois. Photo dpa

Selon l'IG Metall, environ 81 000 personnes ont participé samedi à une journée d'action syndicale pour des emplois industriels sûrs dans plusieurs villes. Dans le cadre de l'action « L'avenir plutôt que le démantèlement », des manifestations ont eu lieu à Hanovre, Cologne, Francfort-sur-le-Main, Stuttgart et Leipzig. Ces manifestations ont débuté symboliquement à chaque fois cinq minutes avant midi.

« Avec notre journée d'action, nous envoyons un signal clair en faveur d'une action rapide, d'investissements courageux de la part des politiques et des entreprises et surtout en faveur de notre avenir », a déclaré la présidente d'IG Metall, Christiane Benner. « Sans industrie, l'Allemagne est un pays pauvre, nous ne le permettrons pas », a souligné Mme Benner. Elle a reproché aux employeurs de ne vouloir que « compresser et délocaliser », mais de « ne faire aucun effort pour innover ou construire l'avenir ».

Mme Benner a expressément soutenu les projets de la CDU/CSU et du SPD visant à créer un fonds spécial financé par l'emprunt pour accroître les investissements, qui, après certains amendements, ont également reçu le soutien des Verts. « C'est une bonne chose que les responsables politiques aient montré qu'ils ont compris », a-t-elle déclaré. Cependant, le fonds spécial n'a pas encore été voté. C'est pourquoi « toutes les forces politiques doivent maintenant prendre leurs responsabilités pour que ce projet central ne capote pas », a demandé la présidente d'IG Metall.

Avec sa journée d'action, IG Metall appelle les employeurs à s'engager en faveur de« l'Allemagne, site d'implantation des entreprises ». Il faut mettre fin aux suppressions d'emplois, aux fermetures et aux délocalisations, peut-on lire dans l'appel à la journée d'action. Le nouveau gouvernement fédéral doit « rapidement » améliorer la situation de l'industrie et garantir la « pérennité des acquis sociaux dans un monde en pleine mutation ». Le syndicat souligne qu'une industrie forte et prête à affronter l'avenir est « indispensable pour garantir des emplois de qualité, correctement rémunérés, et la prospérité de l'Allemagne dans son ensemble ».

L'action a également été soutenue par la fédération syndicale IGBCE. « Dans le secteurs des matières premières, la baraque brûle. Presque chaque jour, nous recevons des informations sur de nouveaux plans d'économie, des suppressions d'emplois, des fermetures d'usines, voire de sites », a averti son président Michael Vassiliadis. Il s'élève contre un "retrait échelonné » de l'industrie en Allemagne.

Selon IG Metall, environ 9 000 personnes ont participé à la manifestation à Hanovre. À Cologne, il y aurait eu environ 23 000 participants. Pour Stuttgart, le nombre de participants a été estimé à 25 000, pour Francfort-sur-le-Main et Leipzig à 12 000.

L'union professionnelle allemande des constructeurs de machines (VDMA) a émis des critiques. Elle a déclaré que la préférence accordée aux entreprises respectant les conventions collectives, comme le demande IG Metall, « n'était pas la bonne solution ». Le directeur général de la VDMA, Thilo Brodtmann, a également demandé que des corrections soient apportées aux règles relatives au temps de travail.

L'Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti social-démocrate (SPD) prévoient de remplacer la durée maximale quotidienne de travail de huit heures par une durée maximale hebdomadaire. Mme Benner a clairement rejeté cette proposition. « Je n'y crois pas », a-t-elle déclaré aux journaux du groupe Funke-Mediengruppe. Elle a rappelé que la charge de travail était déjà élevée pour de très nombreux et nombreuses salarié.e.s.

Rédaction du Tageszeitung
P.-S.

• Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde

Source : Tageszeitung, 15.3.2025 :

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CORPS ACCORD. Fertilité, grossesse et parentalité

25 mars, par Charli Lessard, Nesrine Bessaïh — , ,
« Les institutions de santé et de services sociaux ont tendance à favoriser les opinions des expert·es, et à faire obstruction à l'autonomie des parents et surtout à (…)

« Les institutions de santé et de services sociaux ont tendance à favoriser les opinions des expert·es, et à faire obstruction à l'autonomie des parents et surtout à l'agentivité* des mères, qu'il soit question de la grossesse et de l'accouchement, de l'éducation des enfants ou de subvenir à leurs besoins de base. »

Parution le 25 mars 2025 au Québec

Automne 2025 en Europe

Est-ce que je souhaite avoir un enfant ? La grossesse est-elle envisageable dans ma situation de vie, de relation intime, de handicap, de transition de genre ? Ai-je envie d'être maman solo ? Comment nous protéger, mon enfant à venir et moi, des oppressions sexistes, racistes et capacitistes du système de santé ? Et la PMA, est-ce que ça me convient ?

Plusieurs questions émergent quand on réfléchit à la parentalité. La CORPS féministe offre dans cet ouvrage des réflexions approfondies et des informations concrètes afin d'éclairer les décisions de toutes les personnes traversées par ces interrogations, qu'elles soient cisgenres, trans ou non binaires.

Ce deuxième tome de l'adaptation québécoise du classique Our Bodies, Ourselves (OBOS) est toujours aussi accessible, décomplexé et inclusif. D'abord publié en 1971, maintes fois réédité, traduit en 34 langues et vendu à plus de quatre millions d'exemplaires, OBOS a révolutionné le domaine de la santé des femmes en alliant des témoignages sur leur sexualité, des points de vue féministes diversifiés et des données scientifiques. Cette véritable encyclopédie a contribué à une réappropriation du pouvoir et du savoir des femmes sur leur corps et demeure à ce jour une ressource incontournable.

Chloé Charbonnier

NESRINE BESSAÏH est anthropologue et professeure en approches anti-oppressives (Département de sexologie – UQAM). Spécialiste de la mise en pratique de l'intersectionnalité, son action et ses recherches s'intéressent à la justice reproductive. Elle a signé l'entrée « Justice reproductive » dans Feu ! Abécédaire des féminismes présents (éditions Libertalia, 2021) un dictionnaire des luttes féministes coordonné par Elsa Dorlin. Elle a orchestré les ouvrages collectifs Corps Accord : Guide de sexualité positive (éditions remue-ménage, 2019) et Corps Accord : Fertilité, grossesse et parentalité (éditions remue-ménage, 2025). Dans sa pratique de traductrice, elle a traduit la série illustrée d'Éloisa Aquino sur les artistes et intellectuelles queer du 20e et 21e siècle parue sous le titre Portraits d'illustres butchs (éditions sans fin, 2017).

CHARLI LESSARD est passionné-e de santé sexuelle et reproductive depuis toujours. Après un premier diplôme en philosophie, iel a travaillé et milité pendant près de 10 ans dans la défense de droits sexuels et reproductifs des personnes les plus marginalisées. Iel a été accompagnant-e à la naissance avec Montreal birth companions auprès de familles migrantes à statut précaire. Iel est fondateurice du site Gyneco Positive et ancien-ne administrateurice de la Coalition des familles LGBT. Fièrement sage-femme depuis 2023, iel pratique au Nunavik et au Bas-St-Laurent.

La Collective pour un ouvrage de référence participatif sur la santé féministe (la CORPS féministe) a été créée en 2014 dans le but de diffuser auprès d'un public francophone des connaissances provenant de trois sources : la recherche biomédicale indépendante d'intérêts financiers, les savoirs et expériences partagées par des femmes, des personnes non-binaires et des hommes trans et des analyses critiques et progressistes sur la santé, le corps et les sexualités.

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Jean Ferrat, un chanteur témoin de son temps

25 mars, par Ivan Perey — , ,
« Jean Ferrat, un chanteur témoin de son temps », par Ivan Perey, collection "Le miroir aux chansons", éditions Le Bord de l'eau, Lormont (France), 2025. EAN : 9782385191252. (…)

« Jean Ferrat, un chanteur témoin de son temps », par Ivan Perey, collection "Le miroir aux chansons", éditions Le Bord de l'eau, Lormont (France), 2025. EAN : 9782385191252. 182 pages. Prix : 14 euros. À paraître le 4 avril 2025 < www.editionsbdl.com/produit/jean-ferrat-un-chanteur-temoin-de-son-temps/ >

Information publiée le 22 mars 2025 par Marc Escola < escola[a]fabula.org > sur le site internet « Fabula – La Recherche en littérature » < www.fabula.org/actualites/126563/ivan-perrey-jean-ferrat-un-chanteur-temoin-de-son-temps.html >

Ivan Perey raconte l'histoire de vingt chansons de celui qu'on surnommait « le plus tendre terroriste de la chanson française » : Jean Ferrat. Homme de conviction, décédé en 2010, Ferrat était la fois un grand chanteur populaire et un artiste engagé.

La plupart de ses chansons datent de la période 1960-1980. Elles témoignent de leur temps et constituent la bande-son de nos existences. Ce sont des chansons d'amour, d'espoir, de colère et de révolte qui ont été marquantes et qui le demeurent : Ma môme, La Montagne, Nuit et Brouillard, Ma France, La femme est l'avenir de l'homme... Sans oublier les poèmes d'Aragon qu'il a mis en musique : Les Yeux d'Elsa, J'entends j'entends, Un jour un jour, Épilogue.

Ivan Perey s'attache à replacer chacun de ces titres dans son contexte historique. Grâce à cette approche singulière, on prend conscience de la place importante que tiennent les chansons dans la vie d'un grand nombre d'entre-nous.

Et on réalise tout ce que la chanson de langue française doit à Jean Ferrat. Merci, l'artiste !

Sur l 'auteur : Enseignant de lettres et conférencier, Ivan Perey a produit et animé différentes émissions consacrées à la chanson française sur Radio France ( France Bleu, France Musique ). Il est notamment l'auteur de l'ouvrage « Le Paris de Georges Brassens » ( Éditions Alexandrines, 2021 ).

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Comptes rendus de lecture du mardi 25 mars 2025

25 mars, par Bruno Marquis — ,
Jim Crow Loïc Wacquant J'ai pris connaissance de cet ouvrage dans un article du même auteur publié dans les pages du Monde diplomatique. D'environ 1890 à 1960, soit de (…)

Jim Crow
Loïc Wacquant

J'ai pris connaissance de cet ouvrage dans un article du même auteur publié dans les pages du Monde diplomatique. D'environ 1890 à 1960, soit de l'abolition de l'esclavage à l'avènement du mouvement des droits civiques, un régime ségrégationniste des plus violents et des plus déshumanisants – que l'histoire a retenu sous le nom de Jim Crow - s'est mis en place dans le sud des États-Unis. Ce régime tiendra sous son joug cruel entre sept et dix millions de Noirs : asservissements, empêchement du droit de vote, lynchages, massacres cérémoniels, tortures, chasses à l'homme, un véritable enfer comme il s'en est peu vu… et au sein de ce pays qui n'hésitait pas à se proclamer paradis des libertés. On mesure assurément mieux, à la lecture de ce livre, l'ampleur que peut atteindre le racisme…

Extrait :

Dépossession forcée, intimidation constante, bannissement soudain, agressions et assassinats commis au hasard par des individus et des milices agissant en toute impunité, application illégale de la force légale, torture publique, lynchage et pogroms : les Blancs étaient déterminés à maintenir leurs « darkies » à terre par tous les moyens nécessaires et à extorquer leur assentiment, voire leur consentement, à la suprématie blanche. Il n'est guère étonnant que tant d'Afro-Américains aient jugé la vie libre dans le nouveau Sud « pire encore » (worser) qu'à l'époque de l'esclavage.

Aux origines de la décroissance
Cédric Biagini, David Murray, Pierre Thiesset et plusieurs autres

Ce bouquin, qui nous expose le cheminement et la pensée de cinquante penseurs de la décroissance des deux derniers siècles, ressemble à une bouffée d'air frais dans le contexte actuel de croissance capitaliste infinie où l'on feint de s'intéresser aux graves problèmes environnementaux qui nous assaillent. J'ai bien sûr adoré cette lecture, qui m'a beaucoup appris, même au sujet d'auteurs que je connaissais déjà. Voici la liste de ces penseurs de la décroissance, ce qui vous donnera aussi, je l'espère, le goût de lire ce livre : Edward Abbey, Günther Anders, Hannah Arendt, Georges Bernanos, Murray Bookchin, Albert Camus, Edward Carpenter, Cornelius Castoriadis, Bernard Charbonneau, Jean Chesneaux, Gilbert Keith Chesterton, Barry Commoner, Ananda K. Coomaraswamy, Guy Debord, Lanza del Vasto, Jacques Ellul, Pierre Fournier, Michel Freitag, Gandhi, Patrick Geddes, Nicholas Georgescu-Roegen, Jean Giono, Paul Goodman, André Gorz, Alexandre Grothendieck, Michel Henry, Aldous Huxley, Ivan Illich, Robert Jaulin, William Stanley Jevons, Leopold Kohr, Gustav Landauer, Christopher Lasch, Ned Ludd, Dwight Macdonald, Herbert Marcuse, William Morris, Lewis Mumford, George Orwell, François Partant, Pier Paolo Pasolini, John Cowper Powys, Majid Rahnema, John Ruskin, Ernst F. Schumacher, Jaime Semprun, Rabindranath Tagore, Henry David Thoreau, Léon Tolstoï et Simone Weil.

Extrait :

Qu'ils soient célèbres ou plus confidentiels, les maîtres regroupés ici nous donnent des clés théoriques et pratiques pour mieux penser notre époque et comprendre le monde dans lequel nous vivons. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les ouvrages de certains d'entre eux, réédités, traduits, commentés, font l'objet d'un regain d'intérêt depuis quelques années. À nous de nous saisir de leurs analyses radicales, intemporelles et clairvoyantes, afin d'approfondir nos raisonnements, d'aiguiser nos critiques de la société de croissance, et de construire des pistes de résistance face au rouleau compresseur du Progrès.

Hiroshima mon amour
Marguerite Duras

Marguerite Duras a écrit ce scénario pour le film franco-japonais du même nom d'Alain Resnais. C'est un texte d'une grande poésie, fait de souvenirs, qui présente la rencontre d'une Française et d'un Japonais. Il met surtout l'accent, en filigrane, sur la souffrance des Japonais plutôt que sur la réconciliation des peuples et la paix. Un article de l'Agence France-Presse, paru dans les pages du Devoir, nous rappelle toutefois que le très beau film tiré de ce scénario « fut présenté au Festival de Cannes en 1959, mais écarté de la compétition en raison de pressions américaines. »

Extrait :

J'ai regardé les gens. J'ai regardé moi-même pensivement, le fer. Le fer brûlé. Le fer brisé, le fer devenu vulnérable comme la chair. J'ai vu des capsules en bouquet : qui y aurait pensé ? Des peaux humaines flottantes, survivantes, encore dans la fraîcheur de leurs souffrances. Des pierres. Des pierres brûlées. Des pierres éclatées. Des chevelures anonymes que les femmes de Hiroshima retrouvaient tout entières tombées le matin, au réveil.

Nation et autodétermination au XXIe siècle
Michel Seymour

J'apprécie surtout Michel Seymour pour son analyse de la politique internationale et ses positions progressistes et inclusives. Dans la même perspective que son précédent essai, « Raison, déraison et religion », cet ouvrage publié l'an dernier réitère, dans le contexte de la nation et de l'autodétermination, l'importance d'accorder aux droits collectifs la même légitimité qu'aux droits individuels. C'est une œuvre exigeante qui nous expose les différents points de vue exprimés sur ces questions au cours des années. J'en ai particulièrement aimé la conclusion et la profondeur et l'acuité des analyses géopolitiques qui y sont résumées et qui nous permettent de mieux comprendre certains cas particuliers.

Extrait :

À la fin de la deuxième guerre mondiale, les États-Unis étaient responsables de 45 % du PIB mondial. Le dollar US est devenu la devise de réserve internationale. En 1991, le pays était plus que jamais la première puissance économique mondiale. La dissolution de l'URSS annonçait la fin du communisme et la victoire du capitalisme. Sur le plan militaire, les Américains étaient aussi les plus forts. Les dépenses états-uniennes ont toujours été supérieures à celles des autres pays. Elles dépassent maintenant les 900 milliards de dollars par année. C'est plus que les neuf puissances suivantes réunies. La Russie dépense pour sa part 60 milliards de dollars par an. Les Américains ont en outre été en guerre pendant la plus longue partie de leur histoire. Le pays a même, pendant un certain temps, mené sept guerres de front. Il est intervenu militairement plus de 215 fois depuis 1991. Le pays a aussi 800 bases militaires partout à travers le monde (dont 400 encerclant la Chine), alors que l'on peut compter sur les doigts de la main celles de la Russie et de la Chine.

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Liquider la cause palestinienne, c’est le but...

25 mars, par Jean-François Delisle — , ,
Liquider la cause palestinienne, c'est le but presque avoué de Donald Trump et de son entourage. Dans cette veine, Trump ne fait que poursuivre, de manière plus ouverte et (…)

Liquider la cause palestinienne, c'est le but presque avoué de Donald Trump et de son entourage. Dans cette veine, Trump ne fait que poursuivre, de manière plus ouverte et brutale la vieille politique américaine de soutien sans failles envers l'État hébreu et d'hostilité à l'endroit des Palestiniens, vus comme un peuple "de trop". Le haine que voue l'ensemble de la classe politique américaine vis-à-vis de la nation palestinienne ressemble à celle que ses ancêtres vouaient aux Amérindiens.

On a beaucoup dénoncé et avec raison l'antijudaïsme qui a mené aux résultats que l'on ne connaît que trop bien, les pogroms et l'Holocauste ; il s'agit là d'un phénomène idéologique et social qui a été très étudié et documenté, surtout depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Mais les sionistes (Juifs et "Gentils") instrumentalisent ces événements pour légitimer l'État hébreu, pourtant fondé sur la dépossession des Palestiniens et Palestiniennes et "excuser" les multiples abus de pouvoir de sa classe politique à leur endroit. Ils prétendent soutenir "la seule démocratie du Proche-Orient", tout en reconnaissant en paroles le droit des Palestiniens à un État. Mais les décideurs américains et européens dans leur ensemble soumettent ce droit à des négociations hasardeuses entre la partie la plus forte (Israël) et la plus faible (la Palestine) en feignant d'ignorer que la liberté ne se demande pas, elle se prend. Quand le peuple palestinien, dominé et dépossédé ose se défendre, ils l'accusent alors de "terrorisme". C'est une notion très partisane et à géométrie variable. Pour les sionistes et leurs alliés, criminaliser la résistance palestinienne constitue une stratégie afin d'atténuer la responsabilité des dirigeants israéliens pour la politique intraitable qu'ils infligent aux Palestiniens et Palestiniennes ; ils invoquent pour ce faire le "droit à l'autodéfense" d'Israël et aussi son "droit à l'erreur". Ils font preuve à son égard d'une indulgence coupable dont ne bénéficient évidemment pas les Palestiniens et Palestiniennes.

Cette attitude révèle un phénomène de racisme larvé, l'antipalestinianisme, jamais dénoncé pour ce qu'il est. Il vise d'ailleurs les Arabes en général autant que les Palestiniens en particulier.
Donald Trump et ses sbires, à l'image de Netanyahou, veulent "éradiquer" le Hamas et déplacer la population de Gaza. Ils appuient évidemment la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Mais la cause palestinienne n'est pas éliminable. Il n'y aura pas de seconde Naqba, les Palestiniens étant bien décidés à demeurer chez eux. D'ailleurs, les pays arabes environnants refuseraient de les recevoir, ce qui se comprend très bien.

Liquider la cause palestinienne ? La meilleure façon de la régler réside au contraire dans une politique juste et équitable à leur endroit. L'actuelle politique américaine dans ce dossier (comme dans tant d'autres) n'aboutit au contraire qu'à envenimer la situation. Changer de cap dans ce dossier explosif, éliminer politiquement Trump et consorts constituent des condition préalables à l'apaisement entre Palestiniens et Israéliens. La politique américaine sur cette question doit évoluer significativement. Il paraît que les démocrates en discutent. Le sénateur indépendant de gauche du Vermont, Bernie Sanders (Juif lui-même) et proche des démocrates, un des rares politiciens qui ose tenir tête à Trump en ce moment, a dénoncé le soutien de Joe Biden à Israël lors de la guerre de Gaza. L'espoir est permis.

Jean-François Delisle

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Extrême droitisation, fascisation, néo-libertarianisme ... Où va la bourgeoisie ?

25 mars, par Sandra Cormier — , ,
La crise multiforme du capitalisme exacerbe les contradictions au sein de la classe dominante confrontée à une crise d'hégémonie. Dans ce contexte la bourgeoisie tend à choisir (…)

La crise multiforme du capitalisme exacerbe les contradictions au sein de la classe dominante confrontée à une crise d'hégémonie. Dans ce contexte la bourgeoisie tend à choisir des options à la fois ultralibérales et autoritaires qui confinent à une tentation croissante pour le fascisme.

Février 2025 | tiré de la Revue L'Anticapitaliste n°164 |Crédit Photo:Manifestation feministe contre l'extrême droite, Paris, 26 janvier 2025. © Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas
Revue L'Anticapitaliste n°164
https://lanticapitaliste.org/actualite/politique/extreme-droitisation-fascisation-neo-libertarianisme-ou-va-la-bourgeoisie

L'extrême droite et avec elle le spectre du fascisme hantent de nouveau l'Europe. Dans un nombre croissant d'États européens l'extrême droite redevient une « solution politique » pour la bourgeoisie. En Hongrie, en Italie, en Slovaquie, aux Pays-bas, en Finlande, en Espagne, en Allemagne... Soit l'extrême droite dirige, soit elle participe à des gouvernements ou exerce son influence dans l'opposition. Les dernières élections en Allemagne sont une confirmation de cette percée historique. Mais cette extrême droitisation des sociétés va bien au delà de l'Europe et même de l'Amérique. L'extrême droite a le vent en poupe aux quatre coins de la planète. En Inde, par exemple, le RSS, vieille organisation ultranationaliste hindoue, revendique près de 6 millions de membres. Le BJP de Modi, l'actuel premier ministre indien, est lui-même lié à cette formation paramilitaire d'extrême droite. Cette extrême droite protéiforme n'en est pas moins de plus en plus unifiée à l'échelle internationale. Les extrêmes droites s'organisent et leurs idées et leurs stratégies circulent d'un pays à un autre. Les nombreux partis et mouvements d'extrême droite du continent européen présentent des différences, mais partagent tous des traits communs, comme le rejet de l'immigration, le nationalisme, le patriarcat, conjugués à une critique radicale de la démocratie. Ainsi, le groupe des « Patriotes pour l'Europe », troisième groupe au parlement européen, a tenu son premier sommet le 9 février dernier à Madrid, en arborant le slogan « Make Europe great again » tout droit inspiré du Trumpisme. Ce groupe exerce une influence grandissante au sein de l'UE et ses propositions notamment en matière de politiques migratoires sont reprises de Kheir Starmer à Olaf Scholz par la social-démocratie européenne elle-même. En France, le RN est aujourd'hui le parti qui pèse le plus sur les orientations politiques de la Macronie. Cette ascension de l'extrême droite s'appuie sur une offensive ultra-réactionnaire plus globale de la classe dominante, dans un contexte d'approfondissement de la crise politique. Mais est aussi particulièrement due à la faiblesse du mouvement ouvrier et son incapacité à incarner une alternative crédible.

Crise de l'hégémonie et radicalisation de la bourgeoisie

La crise du capitalisme intensifie la violence de la contre-révolution néolibérale et dégrade de façon continue, les conditions matérielles de la population, sapant toujours plus la légitimité des possédants. Dans ce contexte les gouvernants perdent de plus en plus le consentement des populations. Ce désaveu du projet néolibéral s'est largement exprimé, en France, à travers le résultat des dernières élections législatives qui a vu la déroute du camp macroniste. Plus le consentement des populations est faible, plus la classe dominante opte pour des options coercitives, et une fraction toujours plus importante de la bourgeoisie fait le choix d'abandonner la démocratie au profit de l'autoritarisme, voire du fascisme. Cela ne constitue pas une simple fuite en avant car l'autoritarisme est aujourd'hui l'expression d'une crise d'hégémonie des classes dominantes à l'échelle internationale, qui se déploie sous des formes diverses dans la plupart des « démocraties bourgeoises » et qui conduit à une hybridation croissante entre la droite conservatrice traditionnelle et l'extrême droite comme on l'a vu en Italie. Elon Musk et Javier Milei en soutenant respectivement l'AFD en Allemagne et Vox en Espagne constituent aussi une illustration de cette synthèse en cours dont le racisme constitue un des ciments majeurs. Le rejet grandissant que suscite le néo- libéralisme ouvre donc la voie à cette contre-offensive de l'extrême droite voire à la possibilité du fascisme. Cette situation est alors possible quand la crise politique est telle que la bourgeoisie ne peut plus assurer la stabilité par le biais de la démocratie libérale. Il lui faut donc s'accommoder d'une force politique qui à la fois maintient cette stabilité et qui lui permet aussi de continuer l'exploitation des travailleuses et travailleurs. L'extrême droite doit ainsi conquérir le patronat et se rendre crédible dans la perspective de la prise du pouvoir. Quand le RN décide de ne plus abandonner l'Euro par exemple et assumer un programme libéral il devient une formation crédible pour le patronat et la bourgeoise. Aux États-Unis le patronat californien sous la houlette d'Elon Musk bascule lui-même vers ce qu'on appelle le techno-fascisme. Le néofascisme conserve la même matrice politique que son aîné des années 1920 mais évolue dans un contexte différent. Les organisations de la classe ouvrière ont tellement reflué avec la crise du mouvement ouvrier qu'il n'est pas nécessaire aujourd'hui de construire des organisations militantes de masse, à dynamique paramilitaires. Les néofascistes, en France et aux États-Unis, privilégient plutôt la voie institutionnelle et électorales et investissent les corps étatiques à savoir la police, l'armée et la justice.

Le libertarianisme : nouvelle option d'un néolibéralisme en crise ?

Depuis quelques années on assiste à une renaissance de la critique libertarienne du néolibéralisme incarnée notamment par Milei, Musk ou encore Trump. Le courant libertarien n'est cependant pas né de ce côté de l'Atlantique et n'a en réalité rien de nouveau. Il a émergé au milieu du 19e siècle en Europe, en réaction à la poussée socialiste et étatiste incarné notamment par l'économiste belge Gustave de Molinari présenté comme le théoricien de « l'anarcho-capitalisme » et qui a radicalisé les principes du libéralisme classique, défendus par Adam Smith ou John Locke. Friedrich Hayek et Milton Friedman, deux des principaux théoriciens de la pensée néolibérale, incarnent cette évolution anti-étatique et anti interventionniste. Dans les années 70 les Chicago boys, dont Friedman, ont su s'imposer face aux keynésiens en expérimentant leur théorie néolibérale dans le Chili de Pinochet qu'ils soutenaient publiquement et qui leur a servi de laboratoire. Mais c'est Murray Rothbard autre chantre du libertarianisme qui a théorisé, à la fin des années 1980, l'alliance de la « Old right », la droite traditionaliste américaine, et l'anarcho-capitalisme. Un courant alors marginal mais qui est désormais est à la tête de l'Argentine. Aujourd'hui les courants libertariens tentent également de s'imposer dans le cadre d'un néolibéralisme en crise et de convaincre au sein même des capitalistes. De ce fait la crise du néolibéralisme ne signifie pas l'arrêt de la contre-révolution néolibérale mais plutôt sa radicalisation par l'ascension en son sein de courants encore plus radicaux. Car si la frontière est poreuse les libertariens vont plus loin que les néolibéraux en matière de réduction de l'État voire promeuvent un régime de la propriété intégrale. Dans ce contexte, le virage à droite des milliardaires et dirigeants des GAFAM de la Silicon Vallley dont une partie se revendique de ce courant à l'instar de Musk, — Thiels ou encore David Sacks, tous liés à l'Afrique du sud et à son régime d'apartheid — marque une nouvelle étape. Le techno-autoritarisme, voire le techno-fascisme, s'inscrit comme l'alliance des nouvelles technologies et de l'autoritarisme défendant des utopies technicistes, visant au contrôle de la démocratie voire à la suppression de toutes les médiations, et de la démocratie elle-même. Le contrôle des médias, la gestion monopolistique des plateformes numériques capitalistiques sont utilisées pour la construction de l'hégémonie. Elle participe grandement au contrôle des populations via des systèmes d'extraction et traitement des données mais aussi à la diffusion de propos réactionnaires, climato-sceptique et complotistes.

Suprémacisme blanc, masculinisme et écologie civilisationnelle : au cœur de la bataille pour l'hégémonie.

À la recherche d'une nouvelle hégémonie, d'une nouvelle légitimité, une fraction de plus en plus importante de la bourgeoisie mène une croisade contre les mouvements d'émancipation Le mythe de la tyrannie des minorités est aujourd'hui devenu une aubaine électorale qui permet de détourner les populations des vrais défis sociaux et de renforcer la dérégulation du capitalisme. L'anti-wokisme qui conjugue racisme, masculinisme et climato-scepticisme voire climato-dénialisme est en passe de gagner sa guerre culturelle à l'échelle mondiale. Il a joué un rôle important dans l'élection de Trump car aux États-Unis il a aujourd'hui dépassé le stade idéologique par sa pénétration dans des mouvement populaires. Il séduit les branches très conservatrices de la société mais également la petite bourgeoisie déclassée ou le prolétariat paupérisé. Le racisme est un impératif existentiel pour la bourgeoisie, qu'elle exploite et nourrit pour diviser les classes populaires. La régénérescence de la communauté via l'ethno-racialisme constitue l'un des piliers majeurs du corpus fasciste. Partout où l'extrême droite exerce une influence, elle mène une offensive majeure à la fois liberticide, raciste et islamophobe. On le voit aux États-Unis, en Europe où les gouvernements exploitent les peurs de l'altérité raciale, par la stigmatisation des migrant·es, des étrangèr·es mais également en Inde où le racisme anti-musulman se développe au non du traditionalisme Hindou rendant partout permises les exactions racistes.

États-Unis, Hongrie, Italie... partout la progression de l'extrême droite s'accompagne d'atteintes aux droits fondamentaux des femmes et des personnes LGBTIA+ via la réaffirmation du patriarcat. Les féminismes sont désignés comme ennemi politique et constituent une part centrale de la guerre culturelle. Il ne s'agit cependant pas seulement de guerre idéologique mais aussi de remise en question des éléments matériels que ces luttes féministes mettent en discussion. Ce n'est pas par hasard si les premiers décrets de Trump ont visé les personnes transgenres et que celui-ci a réaffirmé lors de son investiture la binarité des sexes ainsi que sa volonté de restaurer la « vérité biologique au sein du gouvernement fédéral ». On assiste dans ce contexte de montée des conservatismes à une recrudescence des violences envers les minorités sexuelles et de genre qui se manifeste sous la forme d'un backlash et qui entre en résonance avec le déploiement de la sphère masculiniste.

Mais aussi la droite et l'extrême droite ont entrepris une offensive anti-écologique de grande ampleur. Faible programmatiquement dans ce champ elle ne le délaisse pas pour autant. Ces courants réactionnaires font notamment leur miel de l'écologie mainstream et lui oppose une pseudo écologie populaire. Mais le logiciel de « l'écologie réactionnaire » n'est en rien en lien avec la question sociale, ni écologique par ailleurs mais avec la question identitaire et la notion « d'enracinement » et d'ethno-différentialisme alliant protection de la nature et processus civilisationnel. Derrière ce combat pseudo écologique il y a la défense d'un ordre naturel qui implique la hiérarchisation d'où le rejet du féminisme, des mouvement LGBTIA+... L'immigration de masse et le fantasme du « grand remplacement » sont directement liés à la destruction de l'environnement. Même si ces thèses ne sont pas nouvelles à l'extrême droites car elles existaient déjà dans les années 30, elles infusent de plus en plus. Les climato-sceptiques, les pollueurs, les extractivistes ne sont dans ce cadre nullement inquiétés.

Une accentuation de la violence de classe

Cette radicalisation de la bourgeoisie, quelles que soient ses options, constitue une menace grandissante pour les acquis sociaux et politiques conquis par la classe ouvrière. Le personnel politique bourgeois traditionnel n'a plus rien d'autre à proposer qu'une régression sociale sans fin car impuissant à résoudre la crise du système capitaliste. Là où les néofascistes parviennent à remplacer les néolibéraux, ils reprennent et amplifient l'offensive contre l'ensemble du monde du travail via la surexploitation du prolétariat, sa fragmentation, la réorganisation de l'organisation du travail. Le tout conjugué à la perspective de la constitution d'États réduits à leur fonction coercitive. L'aggravation de la crise socio-économique risque encore d'exacerber les rivalités économiques et politiques entre les différents pôles d'accumulation capitaliste mondiale. Le retour de la guerre, la déstabilisation d'États voire de régions entières, l'approfondissement de la crise écologique, produisant des migrations de masse et exacerbant la lutte concurrentielle pour l'appropriation des ressources vont encore accentuer la montée des périls et participer de l'accentuation de l'autoritarisme. Mais au-delà c'est bien dans le reflux de la conscience de classe, l'absence d'un projet politique alternatif au capitalisme qu'il faut aussi analyser la progression continue de l'extrême droite et la dynamique fasciste en cours. La reconstruction du mouvement ouvrier, la construction de l'unité de notre classe et la nécessité d'un front unique antifasciste restent des enjeux majeurs de la période.

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Révolution(s) et contre révolution(s) - Penser le neuf sans oublier l’ancien

25 mars, par Nicolas Béniès — ,
« La victoire de Trump aux États-Unis confirme la fin d'une époque et l'avènement d'une nouvelle donne politique. Pas seulement économique, mais aussi dans l'architecture du (…)

« La victoire de Trump aux États-Unis confirme la fin d'une époque et l'avènement d'une nouvelle donne politique. Pas seulement économique, mais aussi dans l'architecture du monde. C'est la fin de la période ouverte par la chute du mur de Berlin (novembre 1989) qui avait vu les États-Unis accéder au rang d'hyperpuissance, sans rival. (...) Faute de projet, disons 'socialiste', d'une classe ouvrière qui prend conscience de ses intérêts communs, la contre révolution s'étendra liée à une nouvelle forme du fascisme. La guerre fait partie intégrante de cette panoplie. »

5 mars 2025 | tiré du site Europe solidaire sans frontières
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article74067

Les sociétés capitalistes développées bouillonnent. L'inédit devient habituel. Ce qui signifie que le monde est en train de changer, de se révolutionner. Un monde devrait disparaître, son modèle d'accumulation est obsolète. Les crises capitalistes indiquent la nécessité d'une révolution interne au système pour faire naître un nouveau régime d'accumulation, de nouvelles modalités de création des richesses, ce qui suppose de rompre avec celui né dans les années 1980 appelé régime d'accumulation à dominante financière. Des forces sociales réactionnaires, les privilégiés – les ultra riches – de cette société qui a vu les inégalités s'approfondir, s'opposent à tout changement fondamental, prenant le risque, par cette mentalité de colons, d'explosions sociales et sociétales. Dans leur recherche de légitimation des pouvoirs en place, ils ne craignent pas de faire appel aux dogmes religieux les plus éculés.

Affrontements États-Unis/Chine

La crise économique provient d'un curieux mélange. Les États-Unis et la Chine, à coups de subventions, connaissent les conséquences du surinvestissement, d'une production pléthorique qui ne trouve pas de débouchés, tandis que les pays européens n'ont pas réalisé les investissements nécessaires pour transformer leur outil de production et voient la crise industrielle battre son plein. Sur le marché mondial, la surproduction provoque l'exacerbation de la concurrence, la guerre des prix pour gagner des parts de marché. États-Unis comme Chine pour protéger leurs capitalistes pratiquent une politique agressive d'augmentation des droits de douane. Trump, pour assurer les approvisionnements des États-Unis en terres rares et autres métaux, nécessaires à la tech, veut coloniser le Groenland, pays sous domination danoise, qui est protégé par les accords internationaux pour ne pas exploiter ses ressources minières. La Chine, face aux menaces trumpiennes, se tourne de plus en plus vers l'Asie du Sud-Est, forte, malgré son hétérogénéité, de 650 millions d'habitants. Dans ce monde, la confrontation États-Unis/Chine met hors jeu l'Europe, devenue le champ privilégié des exportations américaines et surtout chinoises.

L'économie allemande synthétise tous les enjeux. Elle a été le seul pays développé à ne pas connaître le processus de désindustrialisation qui s'est manifesté à partir du milieu des années 1980, années marquées dans tous les autres pays développés par la financiarisation de l'économie et la mondialisation. [1] Son principal client, jusqu'à la pandémie, la Chine, s'est industrialisée en se tournant vers les technologies de pointe. L'industrie allemande s'est retrouvée profondément en crise. La Chine s'est même lancée dans la conception de produits nouveaux en créant des filières qui n'existaient pas auparavant [2]. Plus encore, Xi Jinping « veut mettre la finance au pas » en demandant aux banques de renoncer à leur profit [3] ; pour favoriser le financement des investissements productifs. Une idée force. Les critères des marchés financiers de court terme et de distribution de dividendes obèrent les capacités d'investissement. La transformation de l'économie chinoise, la volonté du Parti Communiste Chinois – le grand oxymore de notre temps : un parti Communiste vecteur du capitalisme – de faire de ce grand pays une économie à la pointe de la tech, des panneaux voltaïques ou de la voiture électrique. La surproduction qui en résulte jette un doute sur la croissance future – les Bourses chinoises stagnent – faute d'augmentation du marché final, et du nombre de consommateurs. La construction du marché intérieur, objectif pourtant du nouveau modèle de développement, marque le pas. La crise immobilière a joué un rôle important dans la dépression de la demande. Ce secteur représente 30% environ du marché intérieur. Dans le même temps, la planification a engagé le pays dans la lutte contre les effets de la crise climatique, qui dans un premier temps n'a que peu d'action sur la croissance.

L'industrie allemande subit les conséquences de cette montée en puissance de son ancien client. Elle n'a pas anticipé cette évolution. Pas plus que les changements initiés par Poutine déclarant la guerre à l'Ukraine, qui pose la question de l'approvisionnement en gaz de son industrie. L'industrie automobile, Volkswagen comme symbole, subit de plein fouet la concurrence chinoise qui baisse les prix. Toute l'industrie européenne de l'automobile se trouve, faute de poursuite de l'aide des États, dans l'obligation de suivre le mouvement pour ne pas disparaître, tout en se restructurant pour baisser plus encore le coût du travail. La voiture électrique est un marché éminemment concurrentiel. Ce ne sont pas seulement des délocalisations, mais bien des destructions d'unités de production – appelées « désinvestissement » dans le langage habituel de l'INSEE – et d'emplois. Situation qui alimente la crise politique et la crédibilité des gouvernants.

L'industrie européenne obsolète

L'économie allemande connaît, fin 2024, sa deuxième année de récession, signe qui ne trompe pas quant à la profondeur de sa crise industrielle. Elle entraîne dans son sillage tous les autres pays européens, « L'industrie européenne en pleine crise » titre ainsi Les Échos du 3 janvier 2025 en reprenant les indices des directeurs d'achat du mois de décembre pour les trois principales économies de la zone euro, l'Allemagne, la France et l'Italie. L'économie française avait fait semblant de résister avec 1,1% de progression de son PIB (estimation de l'INSEE pour 2024), bien loin du 1,4% prévu pour 2024 par Bruno Le Maire alors ministre de l'économie et des finances. Une erreur qui s'est répercutée sur le montant des déficits publics, aggravés par la montée des taux d'intérêt décidée par la BCE, qui a aussi provoqué un approfondissement de la crise de l'immobilier et grevé le pouvoir d'achat des ménages. S'ajoutent les exonérations d'impôts pour les entreprises sans financement et sans contreparties [4] ; pour expliquer la baisse des recettes qui génère le le déficit des finances publiques, 6,1% pour 2024. L'investissement stagne, les ventes diminuent, notamment dans l'industrie automobile qui en Europe a mal préparé le passage à l'électricité, et qui subit de plein fouet la concurrence des entreprises chinoises, ainsi que de la baisse du pouvoir d'achat des ménages dans tous les pays industriels. Les fermetures d'entreprises se multiplient, l'Allemagne s'attend à une forte hausse des suppressions d'emplois – ce qui devrait favoriser l'extrême droite (l'AFD) – en conséquence de la récession.

L'après pandémie s'est aussi traduit par une révolution dans les habitudes de consommation, cela dans tous les pays développés, et particulièrement en Europe et son modèle des hypermarchés. Une forme de la consommation de masse en train de disparaître. Les achats sont plus sélectifs, plus contraints, et expliquent en partie la crise profonde qui touche la structure de la distribution. Les sociologues parlent d'un nouveau consommateur qui oblige la grande distribution, elle aussi, à se restructurer.

L'industrie allemande est obsolète, et les autres pays européens – pour ne parler que de l'Union Européenne – ont raté leur réindustrialisation. Un thème qui a fait florès après la pandémie. Elle a révélé l'état de faiblesse des économies développées et la perte de souveraineté des États qui en résultait. La « mondialisation heureuse » – pour citer Alain Minc chantre de cette orientation – avait vécu. L'hypermondialisation est à présent perçue comme un danger, sans que pour autant cela remette en cause la mondialisation elle même. Plutôt que « réindustrialiser », formule qui suppose de copier un modèle du passé, il est nécessaire de penser la révolution nécessaire dans les modes d'industrialisation, pour y compris répondre dans le même temps à la crise climatique. Les économies européennes sont restées bloquées sur le modèle du 20e siècle.

La fin du néolibéralisme

Le débat politique en Allemagne pour les prochaines élections législatives, si on le radicalise, porte sur l'intervention de l'État. La loi constitutionnelle de limitation de la dette publique devrait logiquement être revue, amendée, ou abolie. Les déficits publics devraient logiquement augmenter et signer la fin d'une époque, celle du néolibéralisme dont le maître mot est la privatisation de tous les pans de l'économie et de la société, la transformation de tous les biens en marchandises. Or, seul l'État peut financer les énormes investissements nécessaires à la construction d'une nouvelle industrialisation pour répondre aux crises économiques et climatiques.

La politique monétaire de la BCE, plutôt orientée vers la baisse des taux d'intérêt en fonction de la baisse du taux d'inflation (son critère quasi unique), pourrait favoriser l'endettement des États en diminuant le poids du service de la dette. Mais – le point est d'importance – la BCE a changé fondamentalement de politique. Depuis janvier 2025, elle a abandonné le Quantitative Easing (Q/E). Désormais, elle n'achète plus, sur le marché secondaire, les obligations des États de la zone euro et a arrêté la création monétaire. En conséquence, pour tous les États de la zone, le spread (la différence des taux d'un pays en fonction de la confiance des marchés financiers) augmentera par rapport à l'Allemagne. Depuis 2015, début de cette politique engagée par Mario Draghi pour lutter contre la déflation, la BCE est devenue le premier créancier des États.

La baisse des taux de la BCE se heurte à deux obstacles. Le premier tient à la parité monétaire. Début 2025, le dollar hausse face à l'euro, un effet de la victoire de Trump. La FED, la banque de réserve fédérale américaine avait amorcé, moins rapidement que la BCE, la baisse de ses taux directeurs. Une politique prudente qui explique la montée du dollar. La BCE sera obligée de suivre la politique monétaire de la FED. Les marchés financiers craignent à la fois l'incertitude et l'aventure. Le président américain leur propose les deux. L'incertitude fait partie d'une tendance lourde mais elle est aggravée par l'absence de réponses du politique, Trump est autant dans le brouillard qu les autres dirigeants des pays développés. Il multiplie les aventures : ambition de colonisation du Groenland, d'annexion du Canada, de prise en main du Canal de Panama… Autant d'ouvertures de conflits qui auront pour effet de déstabiliser les timides constructions géopolitiques et géoéconomiques. Résultat : les taux d'intérêt sur les marchés financiers augmentent, mesurés par le taux des obligations d'État à 10 ans qui atteint presque 5%, alors que le taux directeur de la BCE est aux alentours 3,5%. Sur les marchés financiers, le changement est brutal. Tous les grands pays sont concernés, les Etats-Unis, la zone euro et la Grande Bretagne. Il exprime la crainte des opérateurs de la crise économique mais d'une crise de l'immobilier devenu internationale comme de l'instabilité politique permanente. Le service de la dette publique augmentera sans être à l'origine de la crise financière. Le service de la dette privée, son remboursement sera lui plus problématique et peut devenir une bombe à retardement.

Dans ce monde financier de plus en plus déréglementé, les facteurs de crise sont multiples. Les crypto monnaies, le bitcoin est la plus connue, prennent de plus en plus de place. Elon Musk vient de créer la sienne, DOGE, pour participer à ce marché prometteur. Plus de 500 monnaies y sont présentes. La connaissance des utilisateurs est limitées aux plate formes qui les commercialisent, le reste est obscur et peut permettre toutes les manipulations. Le Shadow banking (la finance non réglementée ) « se développe deux fois plus vite que la finance traditionnelle » (Les Échos du 8 janvier 2025), indiquant des changements dans le financement de l'économie, de la structure de la dette privée et de la spéculation. Ces secteurs sont instables et peuvent connaître des retournements brutaux qui affecteront toute la finance et toutes les économies.

A ces facteurs de crise, la réponse de Trump est étrange. Il veut davantage de déréglementation sur les marchés financiers en s'attaquant aux Accords de Bâle qui définissaient des règles prudentielles. Après la crise de 2007/2008, il était question d'augmenter la part des fonds propres par rapport aux engagements des banques pour faire face au risque de panique financière. Les banques ont toujours voulu les abroger. Une manière de rajouter de l'instabilité à l'instabilité.

La rationalité économique, même dans le capitalisme, devrait obliger à réglementer davantage pour éviter ces explosions. L'intervention de l'État dans tous ces domaines, pour limiter les crises, serait nécessaire. Une révolution idéologique est vitale pour appréhender le monde tel qu'il est, qui ne répond en rien aux dogmes du néolibéralisme. Révolution théorique pour changer le regard sur le monde.

L'incapacité de rompre avec l'idéologie néolibérale ouvre grand la porte aux tentations libertariennes suscitées par la victoire de Trump. Les libertariens forment la pointe avancée d'un iceberg de l'ignorance face aux enjeux de toutes les crises que connaît le capitalisme. Ils donnent l'impression de ne pas voir. Pour défendre les intérêts d'une fraction de la classe dominante qui a intérêt à la survie de la forme actuelle du capitalisme.

Elon Musk se veut le propagateur des modalité libertariennes, le stade suprême du néolibéralisme. Il se donne ce rôle en Europe. Il finance l'extrême droite allemande, mène une campagne sauvage contre le gouvernement travailliste britannique qui veut relancer les services publics. Musk veut casser toutes les velléités d'intervention de l'État. Georgia Meloni, la Première ministre d'extrême droite italienne, n'a pas attendu Musk pour faire allégeance à Trump avant même sa nomination officielle. Une alliance des extrêmes droites est probable sur le terrain de Musk. Pour alimenter une contre révolution interne au capitalisme, pour conserver le régime d'accumulation antérieur – financier et mondialisé – nécessaire à la hausse de sa fortune et à la réalisation de son ambition : devenir le maître des technologies spatiales.

Une partie de la classe dominante, souvent les plus riches, a les mêmes objectifs. Leur fortune est financière et ils sont dépendants de la forme de la mondialisation mise en place dans les années 1980.

Selon toute vraisemblance, l'extrême droite en Europe emboîtera le pas à Musk, adoptant un corpus idéologique économique qui lui manquait. La référence à la doctrine libertarienne évoluera en fonction des spécificités des formations sociales et des réaction des groupes sociaux, par exemple de la part des agriculteurs opposés au traité de libre échange UE/Mercosur. La politique réactionnaire sur le terrain des libertés et des droits – les immigrés, l'homophobie dont fait preuve Trump, le sexisme… – pour construire une forme illibérale de l'État en désignant des ennemis de l'intérieur.

Les grands patrons français sont visiblement tentés par la dérégulation généralisée, soi-disant pour lutter contre la bureaucratie, « certains veulent s'inspirer de Musk » [5], sans comprendre son projet. Ils militent ainsi pour l'absence de changements fondamentaux.

Les technologies liées à l'Intelligence Artificielle peut être aussi mise au service de ce projet réactionnaire en développant le capitalisme de surveillance. La tech aux États-Unis s'est retrouvée derrière Musk. Ces patrons ne veulent aucun frein à leur appétit de profit et, à leur tour, favorise l'extrême droite, les théories complotistes faisant fi de la démocratie.

Derrière la référence au marché, chère aux libertariens, se cachent mal les déstructurations de la protection sociale, du droit du travail, pour livrer la main d'œuvre pieds et poings liés aux patrons, pour surexploiter la force de travail et augmenter ainsi le profit. Pour permettre cette politique anti sociale un pouvoir autoritaire reposant sur l'armée et la police est nécessaire.

Dans ce monde en train d'exploser et d'imploser, pas une lueur d'avenir. Le futur n'existe pas pour ces libertariens déclarés. Ils sont englués dans le passé, figés dans un monde en train de disparaître. Pas un seul projet de sortie de la multitude de crises que connaît le capitalisme. Une politique à courte vue, avec son cortège de pauvres, d'approfondissement des inégalités dans une société individualisée, ne connaissant que la lutte de tous contre tous, et qui ne peut trouver un semblant d'unité qu'en désignant un ennemi, extérieur ou intérieur, ou les deux comme le fait Poutine ou…Trump.

La fin d'une époque géopolitique

La victoire de Trump aux États-Unis confirme la fin d'une époque et l'avènement d'une nouvelle donne politique. Pas seulement économique, mais aussi dans l'architecture du monde. C'est la fin de la période ouverte par la chute du mur de Berlin (novembre 1989) qui avait vu les États-Unis accéder au rang d'hyperpuissance, sans rival. Ce rôle de gendarme du monde avait connu une première faille avec les attentats du 11 septembre 2001, une inflexion dans le ressenti des Étatsuniens. L'impossibilité d'une réponse à une attaque venant d'un groupe et non plus d'un État, avait conduit l'administration de George W. Bush à désigner un ennemi, sans rapport direct avec l'attentat. La guerre en Irak a été le premier pas vers l'échec pour ordonner un monde qui échappait à tout contrôle. Cette guerre perdue a sapé la crédibilité des gouvernants comme les mensonges sur l'arsenal de Saddam Hussein. Le Moyen Orient commençait alors à se désintégrer et à laisser place aux intégrismes. Une partie du monde implosait..

Le terrorisme ne vient plus d'ailleurs mais de nationaux qui n'ont plus d'espoir de voir une quelconque lumière et se réfugient dans des dogmes religieux surannés. Les politiques néo libérales ont brisé l'espoir, miné toute solidarité, défait les réglementations qui touchaient au cœur de la légitimité des gouvernants et même de l'État. Thatcher et Reagan, dans les années 1980, ont été les artisans de la révolution néolibérale qui a vu la naissance de ce nouveau régime d'accumulation à dominante financière remplaçant celui, « fordiste », des « 30 glorieuses ». La crise de 1974, la première récession au sens habituel du terme en 30 ans, marquait pour le capitalisme la fin d'un régime d'accumulation

La décomposition géopolitique du monde, pour laquelle la politique étatsunienne a joué un rôle central, lui a fait perdre son rôle de leader. La démonstration en est faite avec le conflit israélo-palestinien.

Le monde d'hier tend à mourir, et son râle pourrit toutes les relations sociales.

La politique américaine s'est recentrée sur l'intérieur. Biden, suivant Trump, a aussi appliqué le « America First » pour développer l'industrialisation sur le sol américain, contre la Chine considérée comme l'adversaire géoéconomique principal. La géopolitique semble avoir vécu. Les considérations principales des dirigeants portent sur la puissance économique au détriment de la politique qui suppose des concessions des États pour continuer à vivre ensemble. Aujourd'hui les traités sont bafoués, l'ONU n'a plus de légitimité et aucune organisation internationale ne vient la remplacer.

Il est visible que Trump n'accorde que peu d'intérêt aux conflits qui minent le monde. Il a affirmé pendant sa campagne pouvoir régler la guerre en Ukraine avec Poutine en quelques jours, qui sont devenus des semaines, sans dire les moyens qu'il pourrait utiliser pour faire céder les deux protagonistes qui ne sont pas à égalité. L'Ukraine a besoin de la victoire, Poutine de la poursuite de la guerre. Une guerre sans solution de négociation. Elle sert à Poutine à légitimer son pouvoir autoritaire et n'a pas comme but premier des conquêtes territoriales. La solution trumpienne pourrait être, dans la logique libertarienne, ne rien faire.

Trump joue le nationalisme, le ressort anti émigré de base [6] ; Pour unir les populations autour de sa personne, légitimer son pouvoir personnel, autoritaire, ce qui passe par la déstructuration de toutes les mesures sociales. Ces dernières ont joué le rôle de légitimation des gouvernements pendant toute la période dite des « 30 glorieuses » (1944-1974).

L'Argentine de Milei, un exemple à suivre ?

Il est révélateur, dans ce contexte, que la presse économique se penche avec sollicitude et un peu de mauvaise foi sur l'Argentine de Milei. En un an de pouvoir, le bilan semble rose : si l'on en croit Les Échos, Milei a vaincu l'inflation, sorti le pays de la récession – 5% annoncés – par une politique de déréglementation et de privatisation de tous les services publics qui existaient encore, notamment la Santé et l'Éducation nationale. Lui qui, avant d'être élu, faisait l'objet de plaisanteries est soudain promu au rang de prophète, de gourou. Une politique « à la tronçonneuse » (dixit Milei) pour réduire l'État à sa plus simple expression, un détachement d'hommes armés, et « laisser faire le marché » pour réaliser les grands équilibres. Les résultats pour 2024 montrent, contre toutes ces allégations, que l'Argentine est toujours en récession -3,5% tout en prévoyant 5% (+ 5% ?) pour 2025 –, les commentateurs prennent pour argent comptant la prévision ! -, le taux d'inflation a baissé de 25% par mois (en novembre 2023) à 2,5% par mois (pour novembre 2024) soit, en taux annuels, le passage de 211%, en 2023, à 45% en 2025 – là encore une prévision [7]. Tous les budgets, à commencer par l'éducation et la santé, et aussi la recherche, ont fortement diminué. Le nombre de fonctionnaires a baissé de 10%, soit 35 000 suppressions de postes, et le bâtiment, déréglementé pour favoriser sans contrainte la construction de logements, a perdu des emplois… Le nombre de pauvres a énormément augmenté, un Argentin sur deux est sous le seuil de pauvreté absolue, soit deux dollars par jour pour vivre. Pour le dire autrement, l'économie informelle – celle qui est sans règles – est devenue dominante en absorbant l'économie formelle. Plus encore, Milei a décidé la dollarisation de l'économie, désormais le dollar tend à devenir la monnaie intérieure du pays [8]. Les salaires ont tous été revus à la baisse, de même la protection sociale qui a quasiment disparu, diminuant drastiquement le coût du travail. Cela allant de pair avec un appel aux capitaux étrangers pour qu'ils bénéficient de la surexploitation des travailleurs. Des chercheurs ont vu leurs salaires amputés de 30% et cherchent à fuir le pays. Comme si Milei voulait couper les ailes de l'avenir. La référence aux seuls mécanismes du marché a montré son inconséquence sur le terrain de l'accumulation du Capital. Le marché fige les rapports de forces, et les formes de la croissance économique. Avant Milei, l'Argentine avait connu un processus de « reprimarisation » de son économie, soit une désindustrialisation qui affaiblissait le pays et le conduisait à privilégier le tout à l'exportation de sa production agricole. Le traité de libre échange de l'UE et du Mercosur risque d'accélérer cette reprimarisation.

Cet exemple monté en épingle pose des questions concernant notre avenir. Les politiques néolibérales mises en œuvre à partir des années 1980 ont conduit à des sociétés profondément inégalitaires. Avec des services publics soumis aux normes de la finance, c'est-à-dire la rentabilité à court terme, la diminution des dépenses, la baisse du coût du travail, une marchandisation accrue de leurs prestations dont découle la crise politique, la délégitimation des élites incapables de satisfaire les besoins vitaux des populations. Leur accentuation libertarienne ne peut pas être une solution, ni économique ni sociale. Les affrontements qui découleront de cette politique justifieront plus encore un pouvoir autoritaire.

Elon Musk se veut démiurge, il n'est qu'apprenti sorcier

Elon Musk, dans le sillage de Trump – ou l'inverse – , prend la politique de Milei en exemple. Fort de sa fonction qui en fait un véritable président bis – pour combien de temps ? -, il propose d'approfondir la déréglementations par l'abrogation de lois qui passent par la disparitions des agences de l'État, par la réduction drastique du nombre de fonctionnaires. Officiellement, pour lutter contre le déficit budgétaire. Déficit qui en effet n'a cessé d'augmenter ces dernières années, finançant, dans la dernière période, la politique d'industrialisation de Biden, le fameux Inflation Reaction Act, un ensemble de subventions à l'investissement.

Politique qui portait un coup qui pouvait être fatal au néolibéralisme. De manière pragmatique et limitée, Biden redonnait du lustre à l'intervention de l'État. Malheureusement la théorisation de cette nouvelle politique économique ne s'est pas réalisée.

Les annonces de déréglementation de Trump ont été saluées par une forte progression des cours de la Bourse à Wall Street tout de suite après l'annonce de la victoire, tempête qui s'est très vite calmée devant toutes les incertitudes liées à la crise économique qui devrait aussi toucher les États-Unis en 2025.

À la différence de Milei, la déréglementation est mise au service d'un patron mégalomane qui veut imposer son monopole sur la conquête spatiale, et ambitionne de coloniser… la planète Mars. Sur ce terrain, Deep Blue (le Space X chinois) veut casser les prix dans le spatial pour faire concurrence à Elon Musk. La guerre est déclarée

Ces guerres économiques ne peuvent qu'aggraver la détérioration de notre environnement au moment où il faudrait décider des voies et le moyens de combattre la crise climatique. Or, ces libertariens sont forcément climato-sceptiques. Ils le sont aussi par intérêt bien compris : une partie de leur fortune est dans les hydrocarbures, pour Total, dans le luxe, pour Arnault… Ils jouent la hausse sur les marchés financiers, la spéculation alimentant l'augmentation de leurs fortunes. Pour préserver la cotation de leurs actions, ils ont besoin de conserver leurs actionnaires en leur versant des dividendes élevés. Ce sont souvent des fonds – de pension, d'investissement – des hedges funds qui n'ont aucune visée industrielle, mais uniquement financière. Ils renforcent ainsi la domination sur l'ensemble de l'économie de la sphère financière et de ses critères de court terme.

En remettant en cause l'intervention de l'État, la réglementation du marché, les libertariens poussent la logique des économistes néo-classiques jusqu'à ses frontières ultimes qui passent par le darwinisme social. D'autres sources de légitimation des pouvoirs en place sont recherchées. Le retour des dogmes religieux fait partie de cette nouvelle panoplie. Avec les évangélistes en Amérique latine – où ils comptent des députés en Argentine – et aux États-Unis, où ils ont fait de Trump un saint après son attentat manqué. En France, certains grands patrons, tels Bolloré ou Sternin, veulent imposer, via leurs médias, leur vision étroite du catholicisme. Ils s'adressent aux exclus de cette société inhumaine qui voient la possibilité d'un paradis pour accepter leur condition. Ces dogmes religieux quel que soit leur contenu visent à justifier la remise en cause des droits d'une manière générale et prôner une vision autoritaire, illibérale de l'État. A l'exemple de Trump.

Le monde est inédit mais les débats sont anciens

L'intervention sociale de l'État a souvent suscité des débats. Sans remonter à la loi sur les pauvres – « poor laws » en Grande Bretagne contestée par Malthus -, celui des années 1930 nous est plus proche. Il oppose Keynes à Pigou. Keynes argumentait sur le nécessité de lâcher sur des revendications économiques et sociales du mouvement ouvrier pour conserver l'essentiel du pouvoir, et sauver le système lui-même. Pigou défendait les thèses néolibérales classiques : ne rien céder, poursuivre dans la même voie… Celle qui avait provoqué la crise de 1929. Karl Polanyi, dans La grande transformation dressa le réquisitoire économique, politique, social, culturel de ces politiques. Ces pages n'ont rien perdu de leur vigueur et de leur pertinence.

Pour Pigou, et les siens à travers les âges, l'idée générale est de conserver la structure de la société, en luttant contre toutes les transformations auxquelles les crises diverses du capitalisme obligent, et donner l'impression, par des technologies nouvelles par exemple, d'une révolution pour cacher leur contre révolution. Ils considèrent que si les pauvres sont pauvres c'est de leur faute. Les aider c'est les conserver dans l'oisiveté, donner une prime à la paresse.

Certains de ces grands patrons sont visiblement tentés par une solution d'extrême droite, un gouvernement autoritaire pour préserver leurs privilèges. Une forme illibérale de l'État, à l'image de celui de Victor Orban en Hongrie, pourrait être, pour eux, un gage de stabilité. Une réponse possible à la multiplication des crises gouvernementales, qui secouent la plupart des pays d'Europe, à commencer par la France et l'Allemagne. Elles sont révélatrices d'une crise de domination. Les formes de la démocratie parlementaire ne sont plus considérées comme des formes légitimes. Lorsque la gauche fait la même politique économique que la droite comment croire en la démocratie ?

Le mouvement ouvrier n'échappe pas à la crise de légitimité. Il se montre incapable de proposer un avenir différent de celui du capitalisme, et même de proposer une voie vers des victoires partielles. Les partis politiques de gauche sont emportés par ce raz de marée qui atteint toutes les « élites », qu'elles soient politiques ou autres.

Le rétablissement de la confiance nécessite une politique efficace pour lutter contre les crises. Ivan Krastev, un politologue bulgare, explique, en prenant l'exemple de l'incapacité des dirigeants de l'URSS d'appréhender la fin de leur monde au moment de la chute du Mur en novembre 1989, l'incapacité des dirigeants du monde occidental à comprendre la fin d'un monde capitaliste [9]. Ils sont dans le brouillard faute d'une théorie qui pourrait leur permettre de dessiner les enjeux et enfermés dans le néolibéralisme. La sortie libertarienne proposée aggrave l'absence de vision générale. Les gouvernants n'arrivent à penser l'État comme le stratège de toute la classe capitaliste, ils ne raisonnent que par rapport à une fraction de classe, celle qui possède aujourd'hui les leviers du pouvoir.

Où sont passées les classes sociales ?

Le contexte actuel est marquée par l'effacement (?) de la lutte des classes. Les classes fondamentales – ouvrière et capitalistes – ne prennent conscience d'elles-mêmes que dans la lutte. Leur réalité sociologique ne permet pas de faire surgir l'intérêt commun de chacune des classes. Sans lutte, elles n'existent pas. Du coup, les intérêts de groupes, de castes même, prennent le pas sur la défense des intérêts de classe. Les classes sociales sont morcelées, agitées d'intérêts divers. Une partie de la classe capitaliste peut choisir une solution contre révolutionnaire pour bloquer toute révolution interne au capitalisme. L'absence de la classe ouvrière sur la scène politique n'oblige pas à la recherche d'une nouvelle théorisation pour analyser la grande transformation en cours .

La crise des années 1930 a suscité des réactions importantes de la classe ouvrière, des luttes qui avaient pour but affiché le socialisme, y compris aux États-Unis. Le mouvement ouvrier, avec la place des partis communistes, du syndicalisme, représentait un contre pouvoir global aux capitalismes. La classe capitaliste avait manifesté un anticommunisme militant tout en répondant à certaines exigences portées par les luttes sociales. Le « New Deal » de Roosevelt aux États-Unis, et La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie de Keynes comme nouvelle théorie du nouveau régime d'accumulation en formation, qui allait s'imposer après la Deuxième Guerre mondiale. Le nazisme en Allemagne provenait d'une réaction de peur de la classe dominante devant la possibilité de perdre le pouvoir.

Durant « les trente glorieuses », François Perroux, économiste au Collège de France, allait théoriser la période. Dans La guerre froide, titre de son ouvrage qui fera un temps autorité, il argumentait, de manière convaincante, que le capitalisme ne fonctionne jamais mieux que lorsqu'il existe des contre pouvoirs internes – le Parti communiste pour la France et l'Italie, et les syndicats – et externes – l'URSS. Le capitalisme était contraint de suivre sa pente en la remontant, pour citer André Gide dans Les faux monnayeurs. L'État capitaliste a su intégrer des mesures socialistes comme les services publics ou la Sécurité sociale, qui lui ont permis d'apparaître légitime aux yeux des populations et de connaître une période de longue croissance sans crise.

Révélatrices, a contrario, les politiques mises en place dans les années 1980 qui, via la dérégulation, avaient pour but avoué de détruire ces constructions qui sortaient de la logique de l'accumulation du Capital. Ce faisant les gouvernements ont sapé les bases de leur légitimité, sans en trouver de nouvelles, sauf à imposer une vision du monde qui reposait sur le libre échange et « la mondialisation heureuse », idéologie, aujourd'hui presque oubliée, qui fut à la base de la création en 1995 de l'Organisation Mondiale du Commerce.

Aucun État ne propose de nouvelles voies, sinon celles de la forme illibérale de l'État, passant désormais par les libertariens à la mode Millei (et Musk), et par la montée des intégrismes religieux, dont les évangélistes. Ces pouvoirs autoritaires pervertissent l'idée même de la démocratie. Ils ne peuvent trouver leur légitimité que dans le nationalisme et la guerre. Poutine est la tête de pont de cette tendance. Comme l'argumente Marie Mendras, « Poutine n'a ni plan de paix ni but de guerre » [10]. Cette analyse s'applique tout autant à Netanyahou, dont le but avoué est de devenir « l'homme providentiel » menant une politique d'extrême droite. La grande question devient comment terminer une guerre ?

Les crises du capitalisme sont nombreuses. La plus importante, la crise climatique, résume toutes les contradictions du développement du capitalisme depuis la première révolution industrielle au 18e siècle en Grande-Bretagne. L'accumulation du Capital n'a pas tenu compte de l'environnement, des capacités de la terre, considérée comme un bien gratuit, à résister aux chocs successifs, et ne s'est pas soucié de la biodiversité. Le capitalisme se heurte à sa limite « historique », résultat d'un processus de développement anarchique, sans plan d'ensemble. La crise climatique est la matrice de toutes les résolutions pour construire, à minima, une autre forme de capitalisme. La révolution est synthétisée par les réponses à cette crise, toutes les autres sont ancrées à celle-la.

Il faut souligner aussi l'extrême plasticité du mode de production capitaliste qui a su, pour citer la devise du duc de Sicile à Tancrède dans « Le Guépard », tout changer pour ne rien changer. Keynes l'avait bien compris et théorisé. La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936) propose, en réponse à la profondeur crise de 1929, une révolution interne au capitalisme qui passe par l'intervention de l'État. L'euthanasie des rentiers qu'il réclamait avait pour but de relancer l'accumulation du Capital en détruisant les conditions qui donnaient un pouvoir disproportionné aux rentiers, lequel obérait la circulation du Capital. Pour conserver l'essentiel : l'accumulation du Capital, la loi des capitalistes.

Les réponses à la crise climatique, matrice de la révolution

Le capitalisme se heurte à ses propres limites, ce qui provoque cette multitude de crises qui témoigne de la nécessité de révolutionner la manière de produire, de consommer, de vivre… La crise climatique oblige à la transformation profonde des villes, de l'architecture, pour retrouver des conditions permettant une nouvelle création de richesse, et, pour le capitalisme, un régime d'accumulation révolutionné pour se perpétuer.

La contre révolution qui s'organise, via les libertariens climato-sceptiques, est interne au capitalisme, elle est menée par des fractions des classes dominantes qui veulent à toute force conserver leur richesse, leur patrimoine, sans refuser l'intelligence artificielle (bizarre oxymore) ou d'autres innovations si elles ne remettent pas en cause la structure du régime d'accumulation créé dans les années 1980. Ces fractions du Capital, qui ne raisonnent que sur le court terme, exigent de l'État des baisses d'impôts pour accroître leur fortune, sans se risquer à augmenter les investissements productifs.

Ce régime d'accumulation a trouvé sa crise systémique – celle qui marque sa fin – en 2007/2008. Depuis, aucune réponse à cette crise n'a été proposée, les « élites » politiques préférant « continuer comme avant ». C'est une voie impossible qui donne naissance à de l'inédit, du jamais vu en termes de profondeur des crises. Un monde capitaliste est en train de sombrer, et les élites font tout pour le minimiser voire l'ignorer. Une contre révolution qui ouvre toutes les portes aux guerres, aux pouvoirs autoritaires, en fonction même de l'aveuglement des gouvernants qui, flottant dans le brouillard des idéologies surannées, sont incapables d'appréhender les changements fondamentaux vitaux pour notre survie.

La grande transformation actuelle pose des questions d'une envergure sans commune mesure avec le passé. Les capitalistes n'ont pas de stratégie unique. Trump lorgne vers les libertariens, Xi Jinping vers la remise en cause des marchés financiers pour planifier les transformations et tenter de faire face aux crises. Tandis que les pays européens pour le moment ne développent aucune stratégie. Chaque pays renoue désormais avec le nationalisme comme seul ciment idéologique possible.

Les sociétés capitalistes ont atteint leurs limites, climatiques, économiques, sociales, politiques. La finance dominante privilégie la distribution de dividendes pour que les riches deviennent encore plus riches. Une caste qui pratique l'entre soi et n'est ouverte à aucun des grands problèmes qui agitent les sociétés, ces révolutions qui devraient faire mourir ce monde d'hier agonisant et faire naître un autre monde.

Le champ des possibles est vaste. Plusieurs combinaisons pourraient se construire. Il n'existe aucun déterminisme. Pour mobiliser les populations, il est vital de se projeter dans l'avenir sans oublier le passé. L'imagination permet de voir l'avenir. Le « principe de réalité », dont les gouvernants font un usage exagéré, tue toute capacité de création. Au contraire de ce faux principe, tout est possible.

Faute de projet, disons « socialiste », d'une classe ouvrière qui prend conscience de ses intérêts communs, la contre révolution s'étendra liée à une nouvelle forme du fascisme. La guerre fait partie intégrante de cette panoplie.

Nicolas Béniès
P.-S.

• « Révolution(s) et contre révolution(s) ». Souffle bleu. 5 mars 2025 :
https://soufflebleu.fr/2025/03/05/trump-image-de-la-contre-revolution-mondiale/

• Publié aussi dans ContreTemps n°64.

• A propos Nicolas Beniès
Nicolas Beniès est économiste de formation. Il est tombé dans la grande marmite du jazz dans son adolescence, une énorme potion magique qui rend la vie différente. Il est devenu naturellement critique de jazz. Il a collaboré un peu à Jazz Hot, à Jazz Magazine. Il a également écrit dans Rouge, Contretemps), la Revue de l'École Émancipée, Le Monde Diplomatique et l'US Magazine. Il a longtemps - 20 ans - proposée, préparée et animée des émissions de jazz sur une radio associative. Il reprendra bientôt cette activité. Conférencier sur le jazz et l'économie, il est l'auteur du Souffle bleu - C&F éditions -, un essai sur le basculement du jazz en 1959 qui a donné son titre au blog/site, et de plusieurs ouvrages sur l'économie dont « Petit manuel de la crise financière et des autres » (Syllepse éditions). Il prépare deux nouveaux ouvrages. Un sur le jazz, « Tout autour du jazz », l'autre sur l'économie « Le basculement d'un monde ».

Notes

[1] Il faut rappeler, pour la France, les déclarations de Serge Tchuruck – que signale également Norbert Hocblat dans son article de ce même numéro -, alors PDG d'Alcatel, qui pensait déplacer le processus de production dans les pays à faible coût du travail pour conserver dans les pays développés le centre intellectuel. La pandémie a révélé l'échec patent de cette stratégie qui a sapé les bases mêmes de la souveraineté des Etats, ainsi que les possibles créations de richesses.

[2] Les Echos du 13 décembre 2024 titre : « Taxis volants, drônes, avions électriques : ces filières que la Chine crée de toutes pièces »

[3] Le Monde daté du 13 décembre 2024

[4] Voir l'article de Norbert Hocblat dans ce même numéro

[5] Le Monde daté du 13 décembre 2024

[6] Musk prônant lui plutôt l'émigration choisie pour bénéficier de tous les « cerveaux ». Deux orientations compatibles.

[7] Chiffres publiés par The Economist et le Financial Times – qui font l'apologie l'un et l'autre de la politqiue de Molei – repris dans l'éditorial de Ouest France du 23 décembre 2024. Courrier international du 19 décembre 2025 cite plusieurs journaux latino américains qui, tous, insistent sur la brutalité de la politique mise en œuvre : baisse des pensions de retraite, suppressions de postes dans les fonctions publiques, dans les petites et moyennes entreprises, suppréssions d'emplois dans l'industrie…

[8] Milei n'a sans doute pas lu – bien qu'il ait des diplomes d'économie – le petit ouvrage de Pierre Salama, La dollarisation (La Découverte, 1989). Les conditios ont changé, mais l'absence de monnaie nationale a des conséquences importantes sur la souveraineté du pays, sur sa capacité à jouer sur la politique monétaire. La dollarisation met en œuvre une sujetion au pouvoir régalien d'une puissance étrangère at à ses intérêts propres.

[9] Entretien dans Le Figaro du 6 décembre 2024

[10] Marie Mendras, interview dans Ouest France du 14 décembre 2024, voir son livre La guerre permanente, l'ultime stratégie du Kremlin, Calmann-Levy, 2024.

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Appel à un contrat social sexotransformateur à Beijing+30

25 mars, par industriall-union.org — ,
7 mars, 2025 . À l'approche de la 69ème session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies (CSW69/Beijing+30) qui se tiendra la semaine prochaine, les (…)

7 mars, 2025 . À l'approche de la 69ème session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies (CSW69/Beijing+30) qui se tiendra la semaine prochaine, les syndicats mondiaux appellent à un nouveau contrat social porteur de transformations en matière de genre en soulignant la nécessité d'agir d'urgence pour protéger l'égalité de genre et les droits des travailleurs partout dans le monde.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Cinq exigences des syndicats mondiaux pour la Déclaration de Beijing+30 :

Égalité de genre pour la justice sociale, la démocratie et la paix

La démocratie est de plus en plus menacée par des régimes autoritaires tandis que la discrimination, fondée sur le sexe, la violence et la xénophobie progressent sans cesse. La déclaration doit constituer un engagement à protéger les droits fondamentaux, dont la liberté syndicale et la négociation collective, l'égalité de rémunération et l'accès des femmes aux postes de direction. En outre, elle doit s'attaquer aux défis particuliers que rencontrent les femmes dans les zones de conflits et préconiser qu'elles soient associées aux négociations de paix.

Les droits au travail des femmes sont des droits humains

Tous les gouvernements doivent défendre les principes fondamentaux de l'OIT, notamment en éliminant le travail forcé, en assurant des conditions de travail sûres et en éradiquant la discrimination fondée sur le genre dans l'emploi. Il est essentiel d'instaurer des systèmes de protection sociale universels, un congé parental rémunéré et des politiques qui reconnaissent les activités de soins non rémunérées si l'on veut instaurer la justice économique pour les femmes.

Du travail décent pour les femmes

Pour concrétiser l'égalité de genre, il faut que les gouvernements investissent dans la création de 575 millions de nouveaux emplois décents d'ici 2030, en particulier dans le secteur des soins. Une approche propre à transformer la dynamique hommes-femmes dans l'emploi doit porter sur des salaires équitables, une formalisation du travail informel et fournir des protections au travail pour toutes les femmes. Il faut aussi réglementer la transition numérique pour empêcher que l'automation défavorise les femmes de manière disproportionnée.

Égalité de rémunération pour un travail de valeur égale

La persistance de l'écart salarial entre hommes et femmes est un facteur majeur de la féminisation de la pauvreté. Il faut des approches systémiques pour combler cet écart, notamment en mettant en application des lois sur l'équité de rémunération, en appliquant des politiques de transparence salariale et en appuyant la participation des femmes dans des domaines dominés par les hommes, comme la science, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques (STIM).

Un lieu de travail exempt de violence et de harcèlement fondés sur le genre

La ratification et la mise en application de la convention 190 de l'OIT sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail est une priorité. Il faut des politiques du lieu de travail robustes qui viennent en aide aux victimes de la violence domestique et rendent les auteurs comptables de leurs actes. Investir dans les programmes de prévention, dans les protections légales et dans des services publics qui luttent contre la violence est tout aussi nécessaire.

«

Face à la montée des défis pour l'égalité de genre, nous insistons pour que la Déclaration de Beijing+30 comporte des engagements tangibles qui s'attaquent aux barrières structurelles et réaffirment les droits au travail des femmes. L'adoption d'un agenda porteur de transformations en matière de genre est pour les gouvernements l'occasion d'instaurer un monde du travail plus juste, inclusif et durable. La prochaine session de la CSW69 sera le moment crucial pour prendre des mesures décisives en vue d'un changement social et économique durable » a déclaré la secrétaire général adjointe d'IndustriALL Christine Olivier.

IndustriALL organisera parallèlement à la CSW une activité sur le thème des voies de recours qu'offrent aux travailleuses du textile et de l'habillement les accords contraignants. Pendant des décennies, les chaînes d'approvisionnement mondiales ont été la scène de violations systémiques des droits humains. Les régulations volontaires ont été incapables d'apporter un changement sérieux, laissant les travailleuses et les travailleurs sans recours. Une alternative robuste existe : des accords négociés entre entreprises et syndicats à l'échelon mondial. Ces accords, en particulier lorsqu'ils sont contraignants, garantissent la redevabilité, protègent les droits des travailleurs et promeuvent des solutions de nature à transformer la dynamique hommes-femmes.

https://www.industriall-union.org/fr/appel-a-un-contrat-social-sexotransformateur-a-beijing30

A call for a gender-transformative social contract at Beijing+30

https://www.industriall-union.org/a-call-for-a-gender-transformative-social-contract-at-beijing30

Por un contrato social transformador desde el punto de vista del género en Beijing +30

https://www.industriall-union.org/es/por-un-contrato-social-transformador-desde-el-punto-de-vista-del-genero-en-beijing-30

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Déclaration politique CSW 69 « Beijing +30 »

Dimanche 16 mars 2025

La 69ème session de la Commission sur le statut des femmes, en mars 2025 à l'ONU marque les 30 ans de la Conférence internationale de 1995 (« Beijing +30 »). Elle a adopté une Déclaration politique.

Ci-dessous le texte de la Déclaration en lecture en ligne et en pdf à la fin de l'article. (Les intertitres « exposé des motifs » et « recommandations » et caractères gras et liens sont un ajout d'Adéquations pour faciliter la lecture en ligne)

http://www.adequations.org/spip.php?article2724

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Contre les féminicides : un combat mondial

À travers la planète, des hommes tuent des femmes et des filles parce qu'elles sont femmes et filles. Le féminicide est un phénomène mondial. De la Colombie à la Grande (…)

À travers la planète, des hommes tuent des femmes et des filles parce qu'elles sont femmes et filles. Le féminicide est un phénomène mondial. De la Colombie à la Grande Bretagne, des médias disent « ça suffit » et appellent les autorités à agir.

Photo et article tirés de NPA 29

L'édito international de Rachek Knaebel.

Le 8 mars, c'est la journée internationale des droits des femmes. Mais c'est tous les jours que des femmes et des filles sont victimes de féminicides. En France, en 2023, il y a eu 93 féminicides et 319 tentatives recensées. Et 135 féminicides en 2024. Mais le phénomène est, évidemment, mondial, et alerte les médias.

« Entre janvier et décembre 2024, 886 femmes ont été victimes de féminicides en Colombie, selon l'Observatoire colombien des féminicides. C'est l'année avec le plus grand nombre de cas depuis 2018 », lorsqu'un registre réalisé par la société civile a commencé, signale larevue féministe latino-américaine Volcánicas. « Les autorités colombiennes ont signalé que 44 de ces féminicides concernaient des filles », ajoute la média. Ce qui « nécessite des mesures institutionnelles urgentes pour garantir leur vie », pointe la revue.

Filles et adolescentes en danger en Colombie

« La nuit du 18 janvier, la Plaza de la Libertad de Chiquinquirá, Boyacá (un département de Colombie), était remplie de ballons et de bougies blanches. Des chants demandent que justice soit faite après la disparition d'une jeune fille », rapporte le site dans un reportage. Il s'agit en de Laura Valentina Páez Velandia, 9 ans.
Elle a disparu le 16 janvier, « au milieu d'une promenade de routine ». Son corps a été découverte cinq jours plus tard. Un homme a été mis en cause et arrêté.

Autonomie mise à mal

Certaines régions du pays sont plus touchées que d'autres par ces meurtres, qui ont des effets sur toute la société. « Ces cas de féminicides représentent également une violence symbolique à l'égard d'autres filles et adolescentes, qui voient leur autonomie mise à mal lorsque leurs amies, leurs voisines ou des filles et adolescentes du même âge qu'elles se font assassiner », dit Natalia Escobar, de l'Observatoire colombien pour l'égalité des femmes.

« La violence contre les filles, les adolescentes et les femmes continue d'augmenter et les mesures institutionnelles pour la prévenir font toujours défaut », accuse aussi Volcánicas. Le cas de l'Argentine donne raison à la revue. Là, le gouvernement du président Milei a annoncé « qu'il abrogerait le crime de féminicide du code pénal, ce qui constitue un revers majeur dans la lutte contre la violence fondée sur le genre », notait unechercheuse dans la revue The Conversation fin janvier.

Des autorités qui prennent ces morts au sérieux devraient déjà enquêter précisément sur le phénomène. Et pendant des années, les données ont manqué. Le quotidien britannique The Guardianrévèle ainsi cette semainequ'au Royaume Uni, près d'une femme sur dix décédée aux mains d'un homme au cours des 15 dernières années « était une mère tuée par son fils ».

Des mères tuées par leurs fils

C'est ce que montre un rapport publié début mars par une organisation de la société civile : « Les données analysant la mort de 2000 femmes tuées par des hommes depuis 2009 ont donné un aperçu sans précédent du fléau caché qu'est le matricide, avec plus de 170 mères tuées par leurs fils. »

Le rapport conclut que la mauvaise santé mentale a joué un rôle dans 58% des cas de matricide. Selon Karen Ingala Smith, cofondatrice du groupe Femicide Census, les femmes sont souvent amenées à « payer le prix » des échecs de l'État, les fils en souffrance psychique n'ayant pas été pris en charge par le système de santé et social.

« La violence masculine à l'encontre des mères est une réalité largement méconnue mais brutale, dit elle. Ce que nous voyons dans ces chiffres n'est que la partie émergée de l'iceberg. Il s'agit des femmes qui ont été tuées, mais il y a bien d'autres victimes cachées qui vivent leur vie dans la détresse la plus totale. »

Les gouvernements doivent agir

Les chiffres analysés par l'organisation britannique montrent par ailleurs que sur l'ensemble des 2000 cas de féminicides étudiés, « 90 % des meurtriers sont des membres de la famille, des partenaires ou des connaissances de la victime, tandis que 61 % des femmes ont été tuées par un partenaire actuel ou ancien. Environ 80 % des meurtres ont été commis au domicile de la victime ou de l'auteur. 61% des femmes ont été tuées par un partenaire actuel ou ancien, 9% des femmes ont été tuées par leur fils, 6% par d'autres membres de la famille, 15% par d'autres hommes qu'elles connaissaient et 10% par quelqu'un qu'elles ne connaissaient pas. »

Les nouvelles statistiques sur les cas de mères tués par leurs fils « ont conduit à des appels au gouvernement pour qu'il prenne des mesures spécifiques afin de lutter contre le matricide, et d'apporter un soutien aux victimes », écrit The Guardian. Le gouvernement du Royaume-Uni, et les autres à travers le monde, entendront-ils enfin ces appels ?

7 mars 2025 Rachel Knaebel

https://basta.media/

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Être femme en Afghanistan, ou quand chanter en public devient un crime

Alors que l'ONU a célébré en fanfare, la semaine dernière, la Journée internationale des femmes, l'envoyée de l'organisation en Afghanistan a mis l'accent, lundi, sur un jalon (…)

Alors que l'ONU a célébré en fanfare, la semaine dernière, la Journée internationale des femmes, l'envoyée de l'organisation en Afghanistan a mis l'accent, lundi, sur un jalon bien plus sombre, l'approche du quatrième anniversaire d'une loi interdisant l'accès des femmes afghanes à l'éducation.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation en Afghanistan, Roza Otunbayeva a souligné l'ampleur des restrictions imposées aux femmes du pays, après trois ans et demi de régime taliban.

La Représentante spéciale du Secrétaire général a notamment cité l'interdiction d'accès à l'éducation qui frappe les filles afghanes depuis bientôt quatre ans, une interdiction selon elle « sans aucun fondement » dans la religion islamique.

Elle a également signalé que, le décembre dernier, les autorités sanitaires talibanes avaient ordonné la fermeture des instituts médicaux pour filles, jusqu'ici l'une des dernières voies permettant à ces dernières d'accéder à une formation professionnelle.

Selon l'envoyée spéciale, cette nouvelle interdiction entrave la capacité du pays à protéger non seulement la santé des femmes, mais également celle de tous les Afghans. Elle a ajouté que cette décision ne ferait qu'aggraver la mortalité maternelle et infantile dans le pays, d'ores et déjà l'une des plus élevées au monde.

La prévention du vice

Mme Otunbayeva, qui est également la cheffe de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a indiqué que la mission suivait de très près l'application par les talibans de leur loi pour « la prévention du vice et la promotion de la vertu ».
Promulguée en août 2024, cette dernière renforce les restrictions dont font l'objet les femmes du pays, leur interdisant notamment de chanter, de réciter de la poésie et même de lire à voix haute en public.

Constatant ses effets négatifs en matière économique et de respect des droits humains, l'envoyée de l'ONU a estimé que cette loi était un obstacle majeur à la réintégration de l'Afghanistan au sein de la communauté internationale.

Le « mensonge » taliban

Venue témoigner devant le Conseil, Azadah Raz Mohammad, une avocate afghane, a rappelé qu'au moment de leur prise de pouvoir, en 2021, les talibans s'étaient faits passer pour un groupe réformé, désormais respectueux des droits des femmes – « un mensonge », selon elle, « que la communauté internationale s'est empressée de croire ».

À l'époque, Mme Mohammad et ses compatriotes savaient que les nouvelles autorités s'acharneraient à détruire tous les acquis pour lesquels elles s'étaient battues depuis le premier règne taliban, entre 1996 et 2001.

« Au cours des trois dernières années et demie, nos craintes sont devenues réalité », a-t-elle constaté.

Un « apartheid de genre »

En pas moins de 126 décrets, « appliqués avec violence », les talibans ont selon elle privé les femmes afghanes de leurs droits les plus élémentaires à l'éducation, à l'emploi, à la libre circulation, à la liberté de réunion, à la libre parole et à vivre sans violence.

« Les talibans ont tellement effacé les femmes afghanes que même entendre leur voix ou voir leur visage en public est désormais un crime », a-t-elle ajouté. « Elles étouffent chez elles, sans même avoir le droit de regarder par la fenêtre ».

Un tel degré d'oppression « systématique et institutionnalisée » équivaut à ce que Mme Mohammad a qualifié, à l'instar de nombreux experts internationaux, « d'apartheid de genre ».

À ce titre, elle a salué les mandats d'arrêt requis, en janvier, par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)contre deux hauts dirigeants du régime taliban, accusés de crime contre l'humanité pour violation systématique des droits fondamentaux des filles et femmes du pays.

« C'est une lueur d'espoir pour le peuple afghan », a déclaré l'avocate, également cofondatrice de la campagne Ham Diley, qui milite pour que les responsables de crimes commis en Afghanistan soient traduits en justice.

Baisse des fonds humanitaires

Par ailleurs, l'envoyée de l'ONU en Afghanistan, Mme Otunbayeva, a indiqué que plus de la moitié de la population afghane, soit environ 23 millions de personnes, avait besoin d'une aide humanitaire en 2025.

« Mais cette aide diminue rapidement », a-t-elle constaté.

Au cours du mois dernier, elle a signalé que plus de 200 établissements de santé avaient fermé en Afghanistan, privant de soins 1,8 million de personnes. Les services essentiels de malnutrition pour les enfants ont également été réduits à la baisse, a-t-elle ajouté.

« Si cette aide cesse, les progrès fragiles des trois dernières années s'effondreront et de nombreux Afghans auront à nouveau recours à des mécanismes d'adaptation tels que l'émigration », a mis en garde Mme Otunbayeva.

https://news.un.org/fr/story/2025/03/1153816

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Argentine : « Sans terre ni eau entre nos mains, la faim progresse »

Le travail des femmes rurales, leur rôle dans la construction de la souveraineté alimentaire et leur engagement quotidien sur le territoire sont quelques-uns des aspects (…)

Le travail des femmes rurales, leur rôle dans la construction de la souveraineté alimentaire et leur engagement quotidien sur le territoire sont quelques-uns des aspects abordés par Carolina Llorens, du Mouvement National Paysan Indigène (MNCI-ST). À l'approche d'une nouvelle journée du 8 mars, elle met en lumière les spécificités des luttes rurales et lance un appel : « Les féminismes doivent devenir paysans. »

« Semeuses de vie et de résistance » est un livret recueillant les témoignages de femmes ayant participé à la première édition de l'École féministe organisée par l'Alliance pour la souveraineté alimentaire des peuples d'Amérique latine et des Caraïbes. Il explore l'économie féministe, l'agroécologie et la lutte contre les violences de genre et le racisme, à travers les expériences de celles et ceux qui produisent une alimentation saine.

L'École féministe s'est déroulée en plusieurs rencontres virtuelles, complétées par une session en présentiel en Colombie en 2023. Elle visait à encourager la participation des jeunes femmes. « Bien que les jeunes femmes construisent la souveraineté alimentaire au quotidien, leurs voix restent marginales dans les espaces de discussion internationaux. Nous voulions renforcer cette participation », explique Carolina Llorens, membre du MNCI-ST et l'une des coordinatrices de l'école.

De jeunes femmes rurales, agricultrices familiales, autochtones et pêcheuses artisanales d'Argentine, du Brésil et du Mexique, entre autres pays, ont pris part à cette expérience. « Chacune a pu partager les savoirs qu'elle construit sur son territoire. Pour nous, chaque lutte menée est une source d'espoir », souligne-t-elle.

Le livret « Semeuses de vie et de résistance » appelle à dépatriarcaliser les systèmes alimentaires en proposant des alternatives comme l'agroécologie, pour avancer vers la souveraineté alimentaire.

Que signifie dépatriarcaliser les systèmes alimentaires ?

— Il s'agit de reconnaître les oppressions présentes dans ces systèmes, de la production à la consommation, et de rendre visible les multiples tâches assumées par les femmes, comme le soin de la terre et des semences. Leur travail reste souvent non reconnu et elles sont exclues des secteurs les plus lucratifs, comme la commercialisation et la production industrielle. Or, c'est justement dans ces espaces que l'on fabrique des produits comestibles plutôt que de véritables aliments.

L'industrie agroalimentaire capitaliste produit des denrées pauvres en nutriments qui bénéficient aux monopoles plutôt qu'à la souveraineté alimentaire des populations.

Dépatriarcaliser ces systèmes implique de transformer ces oppressions et de construire des alternatives respectueuses des personnes et des écosystèmes. L'agroécologie et le commerce équitable sont des pas dans cette direction.

Comment ces relations de pouvoir affectent-elles les productrices ?

— Un exemple très parlant est celui de Córdoba, où je vis. L'élevage des chèvres est une activité majoritairement assumée par les femmes, les enfants et les jeunes, mais elle n'est pas reconnue comme productive. Elle est perçue comme une simple tâche domestique.

En conséquence, les femmes n'ont pas d'autonomie sur la vente de leur production, un rôle qui revient aux hommes. Le Mouvement Paysan de Córdoba (intégré au MNCI-ST) a mené un processus pour valoriser ce travail et renforcer l'autonomie économique des productrices, notamment en transformant le lait en fromage et en dulce de leche. Cette autonomie leur permet de prendre des décisions sur leur travail, leur corps et leur territoire.

En quoi l'agroécologie contribue-t-elle à dépatriarcaliser la production ?

— L'agroécologie repose sur la reconnaissance de l'interdépendance et de l'écodépendance. Elle préserve les écosystèmes et place le soin de la vie au centre de ses préoccupations.

Contrairement à la simple agriculture biologique, elle ne se limite pas à la production d'aliments sains, mais promeut aussi des relations sociales équilibrées et non dominées entre celles et ceux qui produisent.

Comment le féminisme paysan contribue-t-il à la lutte contre le fascisme et le racisme ?

— Depuis plus de 500 ans, les femmes paysannes, autochtones et afro-descendantes luttent pour le bien-être de leurs peuples et une vie digne. Le féminisme paysan, indigène et populaire révèle et valorise ces combats, ancrés dans la réalité quotidienne des territoires. Les féminismes urbains sont souvent déconnectés des enjeux ruraux et reproduisent parfois des oppressions en invisibilisant ces voix. Par exemple, les femmes rurales consacrent quatre à cinq heures de plus aux tâches de soin, mais cela n'est pas intégré aux politiques publiques. Les féminismes doivent se ruraliser, reconnaître les oppressions subies par les femmes rurales et autochtones et inclure la lutte pour la souveraineté alimentaire dans leurs revendications.

Quelles sont aujourd'hui les priorités politiques des féminismes paysans en Amérique latine ?

— Face à la montée du fascisme, qui exacerbe la violence contre les femmes, les communautés LGBTQ+ et nos territoires, nous devons renforcer nos alliances.

La priorité aujourd'hui est d'unir nos luttes – défendre nos droits et la souveraineté alimentaire aux côtés des féminismes populaires urbains et des mouvements pour la justice climatique. Il est essentiel de mettre en lumière le rôle central des femmes paysannes et autochtones dans le maintien de la vie.

Sans nos corps pour défendre les territoires et les biens communs, l'extractivisme et la crise climatique continueront de progresser. Sans la terre et l'eau entre nos mains pour produire une alimentation saine, la faim s'étendra.

La lutte pour la souveraineté alimentaire, l'agroécologie et une vie libre de violences est essentielle pour résister aux entreprises capitalistes, racistes et patriarcales qui nous menacent tou·tes.

Cette publication est également disponible enEnglish : liste des langues séparées par une virgule, Español : dernière langue.

https://viacampesina.org/fr/argentine-sans-terre-ni-eau-entre-nos-mains-la-faim-progresse/

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Haïti : Appel à la mobilisation pour la reconnaissance et la défense des droits des femmes haïtiennes.

25 mars, par Mouvman Peyizan Papay (MPP), Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen — , ,
Le 8 mars 2025, à l'occasion de la Journée internationale de lutte des femmes travailleuses, les organisations paysannes haïtiennes Mouvman Peyizan Papay (MPP) et Tèt Kole Ti (…)

Le 8 mars 2025, à l'occasion de la Journée internationale de lutte des femmes travailleuses, les organisations paysannes haïtiennes Mouvman Peyizan Papay (MPP) et Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen, toutes deux membres de CLOC-LVC, ont élevé la voix pour dénoncer la violence, la discrimination et les inégalités auxquelles sont confrontées les femmes. Dans un contexte de crise politique et sociale aiguë, elles appellent à la mobilisation pour la reconnaissance et la défense des droits des femmes haïtiennes.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/03/20/haiti-appel-a-la-mobilisation-pour-la-reconnaissance-et-la-defense-des-droits-des-femmes-haitiennes/

La lutte des femmes du Mouvman Peyizan Papay (MPP)

Les femmes du MPP ont lancé un appel à la mobilisation pour mettre fin à toutes les formes de domination, de violence et de discrimination, tant à l'égard des femmes et des filles migrantes à l'étranger que dans la société haïtienne.

La domination masculine, la discrimination et l'exclusion sociale sont une prolongation du système colonial. Elles exigent une plus grande présence des femmes dans les espaces de décision pour lutter contre l'impunité, la complaisance des autorités face à la violence de genre incontrôlée, ainsi que contre les inégalités économiques et politiques qui affectent les femmes. En Haïti, les femmes continuent de mourir sous les coups de la violence sexiste.

Elles sont encore criminalisées pour avoir revendiqué le droit de contrôler leur propre corps et doivent faire face à des inégalités structurelles qui les condamnent à la précarité et à la marginalisation.

« Face à ces fléaux, nous devons continuer à lutter, à persévérer et à résister pour transformer le monde et garantir le respect des droits des femmes », ont-elles déclaré.

L'engagement de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen

Les femmes de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen se sont mobilisées pour revendiquer leurs droits et poursuivre la lutte initiée par celles qui ont œuvré pour la libération des masses populaires.

Le 8 mars 2025, l'organisation paysanne a organisé des activités dans plusieurs départements du pays pour commémorer la Journée internationale de lutte des femmes. Dans le contexte de la profonde crise politique traversant Haïti, les femmes paysannes, qui sont la force motrice du pays, subissent également les conséquences de cette instabilité croissante. Cela se reflète, entre autres, dans l'inaccessibilité des produits locaux, bloqués dans les zones rurales et empêchés d'atteindre les grandes villes. Historiquement, ce rôle de distribution a été joué par les femmes connues sous le nom de « Madan Sara », qui assurent la survie de leurs familles. Aujourd'hui, elles sont étouffées par le blocus économique orchestré par l'impérialisme nord-américain, un processus amorcé durant l'occupation américaine et qui est toujours en vigueur.

Malgré ces difficultés, elles refusent de rester inactives et continuent la lutte pour l'autonomie des femmes tout en faisant face à d'autres urgences liées à la situation actuelle, telles que la sécurité, la justice équitable et la violence planifiée par les gangs armés dans la capitale haïtienne, où les viols collectifs se multiplient.

Face à l'incapacité du gouvernement à répondre à leurs demandes, les femmes de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen ont organisé des conférences et des débats suivis de marches revendicatives dans différentes régions du pays : dans le département de Grand'Anse, notamment à Roseaux ; dans le Nord-Est (Saint-Raphaël, Ranquitte, Dondon, Bahon et Pignon) ; et dans le Bas-Nord, en particulier à Plaisance.

Leurs messages s'inscrivent dans la lignée de leur organisation, qui est combative, vigilante et revendicatrice. Elles ont exigé le maintien de la Constitution de 1987, que certains acteurs tentent de modifier sans le consentement populaire. Elles ont également appelé à une véritable concertation nationale avant toute décision d'envergure.

Les femmes paysannes de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen s'opposent fermement à toute tentative illégale et arbitraire qui plongerait davantage le pays dans le chaos.

Une lutte commune pour la dignité des femmes haïtiennes

Les luttes du MPP et de Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen convergent vers un objectif commun : la reconnaissance et la protection des droits des femmes haïtiennes. Que ce soit dans les zones rurales ou urbaines, qu'elles luttent contre la domination patriarcale ou l'exclusion économique, ensemble, elles exigent la fin de l'oppression et l'accès à une vie digne. Face aux multiples crises que traverse Haïti, leur résistance collective est plus que jamais nécessaire pour construire un avenir où les femmes jouent pleinement leur rôle dans la transformation sociale du pays.

Vive la lutte des femmes haïtiennes !
Vive la lutte paysanne !
Vive l'autonomie des femmes !

Cette publication est également disponible en Español.

https://viacampesina.org/fr/haiti-appel-a-la-mobilisation-pour-la-reconnaissance-et-la-defense-des-droits-des-femmes-haitiennes/

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