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Pas de rois ! Liberté ! Des millions de personnes manifestent contre Trump à travers les États-Unis

Au moins cinq millions de personnes ont participé à 2 000 manifestations « No Kings Day » dans les grandes villes et les petites localités des 50 États, la plus grande journée nationale de manifestations de ces derniers temps.
Tiré de Inprecor
16 juin 2025
Par Dan La Botz
Dans une ambiance festive mais combative, accompagnés de fanfares et de tambours, les manifestant·es ont scandé des slogans, chanté des chansons et brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Pas de rois depuis 1776 » ou des messages dénonçant les attaques du président Donald Trump contre le système de santé, les programmes alimentaires pour les enfants et les personnes âgées, ou encore ses attaques contre l'éducation et la science. Certaines banderoles affichaient le slogan « Combattons l'oligarchie ».
Plus de pancartes que lors des manifestations précédentes affichaient le slogan « Combattons le fascisme ! ». Dans toutes les manifestations, on voyait davantage de drapeaux américains et on entendait davantage de chants exprimant le désir d'une réunification nationale. À New York, où j'ai manifesté, les gens scandaient « À qui appartient ce pays ? À nous ! ». À Philadelphie, haut lieu des manifestations, l'historien Timothy Snyder a répété à plusieurs reprises « Pas de rois », ce à quoi la foule répondait « Liberté ! ».
Ces manifestations ont été presque toutes pacifiques et n'ont donné lieu à pratiquement aucun incident. À Riverside, en Californie, un contre-manifestant poursuivi par la police a été trouvé en possession d'une arme à feu dans sa voiture. Et en Virginie, un homme a foncé sur les manifestants avec une grosse voiture, blessant une personne. Ce n'est qu'à Los Angeles, où les affrontements duraient depuis plusieurs jours, que quelques manifestants ont jeté des projectiles sur la police, qui a réagi en frappant et en arrêtant certains d'entre eux, mais il ne s'agissait là que d'un incident mineur dans le cadre d'une manifestation massive.
No Kings Day a coïncidé avec le défilé militaire organisé par Trump pour célébrer le 250e anniversaire de l'armée américaine, mais aussi avec son 79e anniversaire. Trump a dépensé 45 millions de dollars pour cette démonstration de force militaire qui a mobilisé 6 700 soldats, des chars de plusieurs guerres et d'autres véhicules militaires, tandis que des hélicoptères de combat survolaient la parade et que les Golden Knights Parachute Team descendaient du ciel pour remettre un drapeau au président. Des barrières avaient été érigées pour protéger le défilé et Trump avait averti que toute manifestation serait réprimée « avec une force très importante ». Pour éviter tout conflit, les organisateurs de No Kings n'ont prévu aucune manifestation à Washington.
Les marches de la journée No Kings ont été le point culminant d'une semaine de manifestations à Los Angeles et dans 40 autres villes de 23 États contre les raids, les arrestations et les expulsions menés par l'ICE (Immigration and Customs Enforcement), ainsi que contre le déploiement par Trump de la Garde nationale et des Marines à Los Angeles. L'ICE tente d'arrêter et d'expulser 3 000 personnes par jour, en interpellant des immigrant·es sans papiers sur leur lieu de travail dans les quartiers et en arrêtant même des enfants dans les écoles. Lors des précédentes manifestations, les autorités de certaines villes ont tiré des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc et arrêté des centaines de manifestant·es. Les raids et les manifestations locales contre l'immigration se poursuivent.
Les organisateurs ont annulé les manifestations « No Kings » à Saint Paul, dans le Minnesota, en raison de l'assassinat politique de deux députés démocrates dans la région et de la blessure de deux autres personnes. La peur régnait car un tireur actif, déguisé en policier, était toujours en fuite. La police recherche Vance Boelter, un homme blanc de 57 ans, farouche opposant à l'avortement et critique des personnes LGBT. Il a voté pour Trump lors des dernières élections, possédait plusieurs armes à feu, était à la tête d'une société de sécurité privée et dirigeait également une organisation chrétienne à but non lucratif. Au moment où j'écris ces lignes, il est toujours en fuite. Le président Trump, qui a lui-même été la cible de deux tentatives d'assassinat, a condamné les meurtres du Minnesota et a offert des ressources fédérales à l'État.
Les manifestations contre l'ICE et la journée « No Kings Day » ont marqué une nouvelle étape dans la résistance contre Trump. Une fois de plus, les manifestations dans certaines villes, comme à New York, ont souffert d'une participation proportionnellement faible des Noirs et des Latinos. Or, un mouvement comme celui-ci a besoin de plus de puissance, de grèves et d'actes de désobéissance civile massive. La prochaine marche nationale contre Trump est prévue pour le 19 juin, jour de la célébration nationale de la fin de l'esclavage des Noirs.
Le 15 juin 2025
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Quand l’âme d’Haïti rencontre l’avant-garde européenne : le duo Désir & Fiorini envoûte le Citadelic Festival
Par Smith PRINVIL
Au crépuscule de cette dernière journée de mai, le Citadelpark de Gand, en Belgique, s'est lentement métamorphosé. Les oiseaux se taisent. Le vent suspend son souffle. Sur une scène modeste, deux silhouettes s'avancent : Renette Désir, en robe noire, et Fabian Fiorini, en chemise froissée, les mains prêtes à déranger l'ordre des notes. Ce n'est pas un concert qui commence. C'est un rituel. Un dialogue entre continents, entre corps et mémoire, entre le visible et l'invisible.
Pendant cinq jours, le Citadelic Festival, organisé par le label indépendant el Negocito, a déployé une programmation pointue, ouverte à toutes les formes de musique improvisée et de jazz contemporain. Mais ce 1er juin, pour la soirée de clôture, le public a eu droit à une proposition singulière, à la croisée des traditions haïtiennes et de l'avant-garde européenne.
Dès les premières secondes, le public comprend qu'il ne s'agit pas d'un simple récital. La voix de Renette Désir surgit, puissante, enveloppante, chantant en créole des textes nourris de poésie haïtienne contemporaine. Elle ne chante pas pour divertir, mais pour dire, pour invoquer. Dans le ventre du piano, Fiorini frappe le bois, griffe les cordes, fait résonner des tambours imaginaires. Sa technique, mi-orthodoxe mi-expérimentale, brouille les repères et appelle d'autres formes de perception.
Ensemble, ils tissent un espace de tension et d'extase, où le rythme du vodou haïtien entre en collision avec des structures tonales européennes déconstruites. On ne sait plus si l'on est à Port-au-Prince ou à Bruxelles, dans une cérémonie sacrée ou dans une salle de concert contemporaine. Et c'est précisément là que réside la force de leur proposition : dans cette frontière floue où l'émotion prend le pas sur l'esthétique.
La performance du duo s'est appuyée sur leur premier album, "Yo Anpil", sorti en 2019 sous le label el Negocito Records. Mais sur scène, les morceaux prennent une dimension nouvelle. Rien n'est figé. Chaque chant devient un point de départ vers l'inconnu, chaque silence une respiration chargée de sens. "Nous ne jouons pas pour exister dans un marché", confiera plus tard Fiorini dans un échange impromptu avec le public. "Nous jouons pour convoquer ce qui nous dépasse."
Cette démarche a été saluée par la critique. Le magazine Jazz Magazine, présent sur place, a décrit la voix de Désir comme « ronde, claire, souveraine », portée par un piano « abrupt, anti-lyrique, presque sauvage ». Un contraste qui fait naître une tension féconde, une sorte de transe maîtrisée, où chaque note semble chercher son propre territoire.
Au-delà de la performance musicale, ce qui s'est joué ce soir-là au Citadelpark tenait de l'expérience. On a vu des spectateurs fermer les yeux, d'autres pleurer sans bruit, comme traversés par une histoire qui n'était pas forcément la leur. Car ce que propose le duo Désir & Fiorini, c'est une musique de l'origine et de la rupture. Une musique qui parle de l'exil, de l'identité, de l'invisible. Une musique qui refuse de se laisser enfermer dans un genre.
Le Citadelic Festival, en donnant une place à ce type de création, confirme sa vocation de laboratoire artistique : un lieu où l'expérimentation est reine, et où la rencontre entre les cultures devient une urgence poétique.
À l'heure où les festivals se multiplient sans toujours se distinguer, le Citadelic Festival reste un espace rare. Et en accueillant des artistes comme Renette Désir et Fabian Fiorini, il rappelle que la musique est plus qu'un divertissement : c'est un territoire de lutte, de mémoire et de métamorphose.

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« L’esprit du totalitarisme. George Orwell et 1984 face au XXIe siècle »

« L'esprit du totalitarisme. George Orwell et 1984 face au XXIe siècle » par Jean-Jacques Rosat, éditions Hors d'atteinte, collection "Faits & idées", Marseille, 2025. EAN : 9782382572221. 416 pages. Prix : 23 euros. Date de publication : 11 avril 2025. https://horsdatteinte.org/livre/lesprit-du-totalitarisme/
Information publiée le 11 juin 2025 par Marc Escola < escola[a]fabula.org > sur le site internet « Fabula – La Recherche en littérature » < www.fabula.org/actualites/128155/jean-jacques-rosat-l-esprit-du-totalitarisme-george-orwell-et-1984-face-au-xxie-siecle.html >.
Au-delà de son œuvre d'écrivain, Orwell a laissé une pensée politico-philosophique forte, cohérente et novatrice sur l'esprit du totalitarisme. Jean-Jacques Rosat la relie aux régimes totalitaires de la seconde génération, de Xi Jinping à Poutine en passant par des entreprises de domination des esprits à l'œuvre dans les démocraties libérales.
Orwell était hanté par la crainte que les totalitarismes de son époque en engendrent d'autres. Ses idées offrent sur les régimes totalitaires d'aujourd'hui un éclairage qu'on ne trouve chez aucun autre auteur. C'est un penseur pour le XXIe siècle.
« La morale à tirer de ce dangereux cauchemar est simple, déclarait-il en juin 1949 à propos de son roman : Ne permettez pas qu'il arrive. Cela dépend de vous. »
Lire un extrait...
https://horsdatteinte.org/livre/lesprit-du-totalitarisme/#flipbook-df_2546/1/
Agrégé de philosophie et ancien élève de l'ENS-Ulm, Jean-Jacques Rosat a enseigné la philosophie au lycée pendant vingt ans. Il a traduit « La Connaissance objective de Karl Popper » ( Éd. Flammarion, 2009 [1991] ) et publié un livre d'entretiens avec Jacques Bouveresse, « Le Philosophe et le Réel »( Éd. Hachette, 1998).
De 1999 à 2016, il est maître de conférences au Collège de France (1999–2016) dans la chaire de « Philosophie du langage et la connaissance » (Pr. Jacques Bouveresse), puis dans celle de « Métaphysique et philosophie de la connaissance » (Pr. Claudine Tiercelin). En 2000, il crée aux éditions Agone la collection « Banc d'essais », qu'il dirige jusqu'en 2016, où il publie notamment douze livres de Jacques Bouveresse.
Parallèlement, il se consacre à l'œuvre et à la pensée de George Orwell, dont il fait traduire chez Agone trois ouvrages ( « À ma guise » en 2008, « Écrits politiques » en 2009 et « Une vie en lettres » en 2014 – ainsi qu'une biographie ( « John Newsinger, La Politique selon Orwell », 2006). Il traduit et publie par ailleurs « Orwell ou le pouvoir de la vérité » de James Conant ( Éd. Agone, 2012 ) et codirige un dossier intitulé « Orwell, entre littérature et politique » ( revue Agone, n°45, 2011 ). En 2013, il rassemble onze préfaces, articles et conférences qu'il a écrits sur Orwell sous le titre « Chroniques orwelliennes » ( éditions du Collège de France, en ligne ), suivies, en 2022, de « Nouvelles Chroniques orwelliennes » ( disponibles sur le site www.opuscules.fr ).
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En savoir plus : Si « 1984 »est mondialement connu – les mots, les formules et les images de ce livre sont utilisés partout –, Orwell n'est pas reconnu comme un penseur à part entière. Or dans ses écrits de non-fiction depuis 1936 et dans ses deux romans politiques ( La Ferme des animaux et 1984 ), on trouve un ensemble d'idées originales et pertinentes sur le totalitarisme qui, si on les réunit, constituent une pensée politico-philosophique forte, cohérente et novatrice.
Orwell n'était pas en quête d'une théorie, d'un modèle ou d'une essence. Par-delà le « comment » ( la structure de pouvoir et le fonctionnement des régimes totalitaires ), il cherchait le « pourquoi ». Quand Big Brother nous regarde, qu'y-a-t-il au fond de ses yeux ? Qu'ont voulu les fondateurs de ces régimes ? Sur quels principes reposent les choix et les actes de leurs dirigeants ? Ce qu'Orwell a cherché et décrit dans 1984 , c'est l'esprit du totalitarisme.
Arpentant son œuvre depuis plus de vingt-cinq ans, Jean-Jacques Rosat synthétise ici sa démarche et ses idées, en ouvrant grand les yeux sur le monde présent.
Contrairement à un préjugé largement répandu, l'esprit du totalitarisme n'est pas mort avec la chute du Mur de Berlin : nous sommes confrontés aujourd'hui aux régimes totalitaires de la seconde génération. Héritiers de ceux du XXe siècle, la Chine de Xi Jinping et la Russie de Poutine ont leurs inventions propres, et l'avenir leur est ouvert. Simultanément, au sein des démocraties libérales, de nouvelles entreprises de domination des esprits sont à l'œuvre, et des modes de pensée typiques de ce qu'Orwell appelait la mentalité totalitaire se répandent.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"La matrice totalitaire de 1984", par Pascal Engel ( le 10 juin 2025 ).
On croyait que tout avait été dit sur "1984", et l'adjectif « orwellien » est passé dans le langage courant au même titre que « kafkaïen ». Mais Jean-Jacques Rosat vient, par un livre magistral, d'en renouveler l'interprétation, en exposant les principes du système décrit par Orwell, et en approfondissant le concept qu'on croyait dépassé de totalitarisme, qui reprend ainsi toute sa pertinence et son actualité.
URL de référence : https://horsdatteinte.org/livre/lesprit-du-totalitarisme/
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La job est faite, le mercenaire s’en va ailleurs !

Oh là là, à lire les médias il faudrait pleurer le départ de Michael Sabia de la présidence d'Hydro-Québec. À vrai dire, avec une telle réaction, les médias ne font que nous dire à quelle adresse ils logent : celle de grands défenseurs des privatisations au bénéfice du grand capital. Plus que jamais, ils méritent lequalificatif qu'Arruda leur avait donné au début de la pandémie : pigeons voyageurs. Pourtant l'historique de Michael Sabia est plus qu'étoffé. Un bref rappel des faits saillants de sa carrière permet d'en dégager clairement le sens.
Sabia commence sa carrière là où il pourrait la terminer : au gouvernement fédéral. À l'époque, il est un des architectes principaux de la mise en place de la TPS, ce prélèvement régressif qui a pour vocation de remplacer les impôts qui ont le défaut pour le grand capital d'être trop progressifs. Vont suivre dans les années et les décennies suivantes de multiples baisses d'impôt en même temps que la diminution de paliers d'imposition.
Par la suite, c'est la privatisation du CN que Sabia met en œuvre. Regardez le CN aujourd'hui : un champ de ruine alors que le train pourrait prendre une place importante dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Au début des années 2000, on le retrouve à la tête de Bell ou il a présidé à son passage de société publique à machine à profits jouissant de la rente phénoménale que représente son infrastructure historique.
Après Bell, c'est au tour de la Caisse de dépôt de subir le traitement-choc Sabia. Pendant son séjour, il a l'insigne honneur d'orchestrer l'enterrement de la vocation de la Caisse à privilégier le développement économique du Québec. L'exemple parfait : alors qu'il aurait pu bloquer la vente de Rona à Lowes, il ferme les yeux et laisse le libre marché suivre son cours. Aujourd'hui, Rona racheté pour une bouchée de pain par un fond spécialisé dans les démantèlements est en voie de disparition. Sous la gouverne de Sabia, la Caisse est devenu un grand fond d'investissement avec comme objectif le rendement maximum. De 2009 à 2019 la part des investissements étrangers de la Caisse est passée de 36 à 68%.
Pendant son séjour à la Caisse, il a orchestré à la construction du REM, ce gigantesque monument à l'incompétence qui invente toujours un moyen de faire faux bond à ses usagers tout en ne manquant pas de remplir les poches de son actionnaire qui bénéficie d'un rendement annuel garanti de 8% sur un contrat de 100 ans qui coûtera au contribuable trois fois le prix de la construction de cette infrastructure.
Ayant fait ses preuves, on retrouve ensuite Sabia dans ce qu'on pourrait appeler son alma mater : le ministère des finances à Ottawa où il aide à mettre en place de généreux crédits d'impôt de 25 à 35% pour les producteurs d'énergie renouvelable. Déjà, on sent venir la présidence d'Hydro-Québec mais il manque une pièce au puzzle : le financement. C'est ce à quoi il remédie en contribuant à la mise sur pied de Banque de l'Infrastructure du Canada (BIC) où il applique le modèle du REM. Essentiellement, la BIC sert d'intermédiaire entre des projets d'infrastructure et des grands fonds d'investissement comme Black Rock avec à la clé un rendement annuel garanti de 8%. C'est comme l'œuf de Christophe Colomb, il fallait y penser et Michael Sabia y a pensé : des infrastructures publiques avec clientèle captive source de profits généreux et garantis pour nos grands capitalistes.
Tout était en place pour s'attaquer à ce géant des services publics qu'est Hydro-Québec et c'est ce qu'il a fait en prenant la direction de ce joyau aimé des Québécois et symbole d'un nationalisme à détruire avec l'aide de François Legault et surtout l'ancien super ministre Fricgibbon qui partage avec Sabia l'habitude de faire ses mauvais coups et de partir en courant avant que tout le monde s'en aperçoive. Est arrivé ce qui devait arriver, Sabia à quitté la direction d'Hydro-Québec quelques jours après l'adoption par bâillon de la loi 69 qui accélère la privatisation de la production, de la distribution et de la vente d'électricité au Québec. Deux jours aussi après que le Journal de Montréal nous ait appris que, suite à l'effondrement du château de cartes créé par Fricgibbon, le Québec se dirige lentement mais sûrement vers un surplus d'électricité. Tout ça au détriment des citoyens québécois mais au grand bénéfice des p'tits copains de Sabia.
La suite de l'histoire s'écrira à Ottawa où notre marin au long cours est allé rejoindre le bleu peinturé en rouge Carney pour continuer son sale travail. Alerte de tempête à l'horizon !
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La population en otage ! L’indignation se manifeste !

Laurentides, 10 juin 2025 – Des membres du Regroupement citoyen pour la santé des Laurentides (RCSL) et des travailleurs-euses en santé et services sociaux de la FIQ-SPSL, la CSN et l'APTS ont manifesté le 4 juin dernier devant les bureaux des ministres Sonia Bélanger, Éric Girard et Benoit Charrette.
Le premier ministre Legault s'est engagé à de nombreuses reprises depuis 2018 à corriger les carences d'un système régional de santé au bord de l'étouffement, particulièrement à l'Hôpital régional de Saint-Jérôme. Malheureusement, son gouvernement n'a toujours pas donné suite à ses promesses a déclaré Lise Boivin, porte-parole du RCSL, présente devant le bureau de comté de la ministre Bélanger. Nous voulons avoir l'heure juste sur l'échéancier de réalisation (construction) des trois hôpitaux en planification depuis 2018 et sur le sous financement chronique en santé et services sociaux. Le regroupement veut instamment rencontrer la ministre responsable de la région des Laurentides, Mme Bélanger ; le ministre des Finances, M. Girard, le ministre de l'Environnement, M. Charrette et la PDG du CISSS Laurentides, Mme Delaney.
La population des Laurentides a doublé en 25 ans et totalise 7,5% de la population du Québec. Le CISSS des Laurentides reçoit un financement équivalent à 4,5%. Cet écart de 3% représente un déficit annuel de centaines de millions de dollars pour soutenir les services de santé et services sociaux. Cette année, Santé Québec fait des compressions supplémentaires de 34,8 millions $ (1,7%) dans le budget du CISSS Laurentides. Chantal Maillé, présidente du Conseil central CSN Laurentides a manifesté devant le bureau du ministre Charrette, celui-là même qui en 2015 et 2016, alors président du caucus des députés de la CAQ des Laurentides « déplorait le peu de sensibilité
du gouvernement libéral face au très préoccupant sous-financement dont souffre la région des Laurentides en matière de santé ». Maintenant au pouvoir, a affirmé Mme Maillé, le ministre Charrette est silencieux, alors que plus de 30% des patients des Laurentides se font déjà soigner à l'extérieur de la région faute d'infrastructures, d'équipements et de ressources.
L'inquiétude de la population et des salariés du réseau de la santé est montée d'un cran, a souligné Marie-Claude Bérubé de l'APTS Laurentides, présente devant le bureau du ministre Girard, lorsque le ministre Dubé (Santé) a déclaré vouloir trouver de l'argent dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) destiné initialement à d'autres projets. Il avait évoqué en 2024 que Maisonneuve-Rosemont pourrait desservir la population des Laurentides. Ses déclarations ont
remis en question la construction en 2025 pour une mise en service en 2029 du « plateau technique chirurgical de l'Hôpital régional de Saint-Jérôme (HRSJ), attendu depuis 2001.
Rappelant qu'une motion unanime de tous les partis à l'Assemblée nationale avait été adoptée en mai 2021 reconnaissant le bien-fondé du rattrapage financier en santé et services sociaux et l'accélération des projets hospitaliers pour la région des Laurentides, Julie Daigneault, de la FIQ SPSL a souligné que malgré cela, les projets hospitaliers ont fait face à plusieurs reports de leurs échéanciers alors que se développait rapidement les cliniques et blocs opératoires privés notamment à l'intérieur du périmètre du Pôle santé de Saint-Jérôme.
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Ensemble pour une société de tous âges !

Plaidoyer pour une reconnaissance de l'intergénérationnel comme un levier de transformation sociale
Montréal, le 12 juin 2025
*À l'occasion du 30e anniversaire de fondation d'Intergénérations Québec, l'organisme souhaite promouvoir le réel potentiel du rapprochement intergénérationnel comme solution aux multiples enjeux auxquels la société québécoise est aujourd'hui confrontée. Les liens entre les générations constituent un moyen incontournable de lutte contre l'isolement et l'âgisme et un puissant levier de transformation sociale.*
Saviez-vous que l'isolement social est un enjeu de santé publique aussi important que l'alcoolisme, le tabagisme ou l'obésité ? Des experts affirment que l'isolement social est « une épidémie silencieuse » aussi néfaste que le fait de fumer 15 cigarettes par jour (1). Selon des recherches récentes, l'isolement social augmenterait même à 50% le risque de démence, à 29% le risque de maladies cardiaques et à 32% le risque de subir un accident vasculaire cérébral. (2)
Partant de ces données et de ces constats saillants, il importe de s'interroger quant aux politiques publiques à prioriser pour réduire l'isolement social, et ce, aussi bien chez les aînés que les jeunes au Québec.
Les initiatives de rapprochement entre les générations apparaissent comme une solution prometteuse pour combattre ce fléau. Cela allait de soi dans les familles traditionnelles d'antan parce qu'elles vivaient sous le même toit. Aujourd'hui, de plus en plus de Canadiens vivent seuls dans leur logement, ce qui rend d'autant plus nécessaire la création d'occasions propices aux rencontres entre générations (3). En plus de permettre de réduire l'isolement social, de nombreuses études soutiennent que les initiatives intergénérationnelles contribuent à réduire l'âgisme, notamment envers les aînés, un phénomène très répandu dans tous les pays (4) et qui constitue un risque important pour la santé et le bien-être (5).
[*Intergénérations Québec*](https://9gbie.r.sp1-brevo.net/mk/cl/f/sh/SMK1E8tHeFuBm0WzjiKCHLzm08CD/OsnXwfn6Xv17), anciennement connue sous le nom de *l'Association l'amitié n'a pas d'âge*, œuvre chaque année, depuis 30 ans, dans la promotion de projets intergénérationnels et à leur valorisation dans le cadre de la [Semaine québécoise intergénérationnelle](https://9gbie.r.sp1-brevo.net/mk/cl/f/sh/SMK1E8tHeG13E9LwusTgNBIVyQmT/dok9tJ7GEv1c) (SQI). La tenue annuelle de la SQI a pour but de sensibiliser la population aux quatre coins du Québec aux bienfaits du rapprochement des générations.
**Changement de paradigme **
En collaboration avec tous ses organismes membres et partenaires, Intergénérations Québec, de par sa mission de sensibilisation et d'accompagnement, œuvre à changer les mentalités et à transformer la perception de l'intergénérationnel. L'expérience sur le terrain et la recherche-action ont mis en évidence le caractère transversal de l'intergénérationnel et ont prouvé sa contribution à une multitude d'enjeux sociaux relevant de plusieurs secteurs, dont ceux de la santé, la famille, l'emploi et l'éducation. La sphère de l'éducation connaît tout particulièrement de sérieux obstacles, notamment en matière d'intimidation, dans un contexte de pénurie criante d'enseignants et de personnel spécialisé. Selon une étude québécoise sur les rapports sociaux (EQRS), publiée sur le site de l'Institut national de santé publique du Québec, pour y faire face, l'intervention et/ou le soutien d'un témoin, tel qu'un aîné bénévole, qui agit en faveur de la victime au moment de l'agression, s'avère être une solution non négligeable. « Le facteur social serait à même d'atténuer ou diminuer les conséquences de l'intimidation », assure la même étude.
L'ouverture progressive de milieux de vie et d'hébergement pour personnes aînées, tels que les résidences pour aîné.e.s (RPA) et les Centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD) à la communauté et l'intérêt grandissant envers différentes formes de cohabitation intergénérationnelle laissent présager un changement de paradigme. En outre, plusieurs municipalités régionales de comtés (MRC) et villes de diverses régions revoient, quant à elles, de plus en plus leurs politiques familiales et MADA (Municipalités Amies des Aînés.e.s) pour y intégrer la dimension intergénérationnelle. De son côté, le Secrétariat aux aînés préconise, dans son 3e [*Plan d'action gouvernemental 2024-2029 - La fierté de vieillir*](https://9gbie.r.sp1-brevo.net/mk/cl/f/sh/SMK1E8tHeG7ugIAu62dAT0bFwjMj/NxyHSWF4-baV)*, *plus d'une centaine d'actions visant à soutenir le vieillissement actif et l'amélioration des conditions de vie des personnes aînées. L'intergénérationnel fait partie de ces recommandations, mais comme on le dit si bien, il faut que « les bottines suivent les babines ». Dans un contexte où le secteur communautaire souffre d'un manque considérable de reconnaissance, il est nécessaire de valoriser son apport essentiel au développement de l'intergénérationnel et sa contribution à la solidarité sociale au Québec. Pour que l'intergénérationnel soit un véritable levier de changement et de transformation sociale, il est indispensable que les organismes communautaires, les milieux de recherche, les diverses institutions et le gouvernement travaillent de concert pour le mieux-être individuel et collectif et pour bâtir une société réellement ouverte, inclusive et solidaire.
**(1)** Holt-Lunstad, J., et al. (2015). Loneliness and social isolation as risk factors for mortality : a meta-analytic review. Perspectives on Psychological Science, 10(2), 227-237.
**(2)** Gilmour, H. & Ramage-Morin, P.L. (2020). Social isolation and mortality among canadian seniors. Health Reports, 31(3), 27–38.
**(3)**Statistique Canada, « Vivre en solo », [https://9gbie.r.sp1-brevo.net/mk/cl/f/sh/SMK1E8tHeGEm8QzrHCmeYptzv1wz/2E3rbEz1jc0F](https://www.statcan.gc.ca/o1/fr/plus/1908-vivre-en-solo)
**(4)** Burnes, D. et al. (2019). Interventions to reduce ageism against older adults : A systematic review and meta-analysis. American Journal of Public Health, 109(8), e1-e9.
**(5)** Kang, H. & Kim, H. (2022). Ageism and psychological well-being among older adults : A systematic review. Gerontology and Geriatric Medicine, 8, 1-22.
**À propos d'Intergénérations Québec**
Depuis 30 ans, Intergénérations Québec rassemble des individus, organismes et institutions qui œuvrent pour le rapprochement entre les générations. Grâce à des formations, des événements et des ressources adaptées, l'organisme soutient la mise en place d'initiatives intergénérationnelles et favorise le partage de savoirs et d'expériences entre les âge
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Et si on changeait de paradigme ?

Le logement social est sous-financé et victime de préjugés tenaces. Pourtant, loin des clichés, ce modèle a fait ses preuves ici comme ailleurs et améliore la vie de milliers de locataires. Plus qu'une alternative au marché privé, c'est la formule la plus complète et pérenne permettant d'assurer le droit au logement, de favoriser la mixité sociale et de lutter contre la précarité.
Tiré du Journal Entrée libre
Réussir sa vie, c'est accéder à la propriété ?
Qui n'a pas déjà rêvé de cette grande maison, au bout du chemin, derrière la petite barrière blanche ? Si nous sommes nombreuses et nombreux à avoir porté cet idéal, c'est que l'accès à la propriété nous est imposé comme une finalité, un aboutissement. Or, derrière cette vision se cache une idéologie bien rodée qui sert avant tout les intérêts des banques, des promoteurs et des spéculateurs immobiliers, politiques à l'appui. La crise actuelle le démontre : loin de profiter ou d'être accessible à toutes et tous, le modèle de propriété immobilière accentue les inégalités économiques et sociales, en alimentant les écarts de richesse. Une minorité détentrice des biens est favorisée, au détriment des autres.
Au Québec, les logements locatifs manquent. La loi de l'offre et de la demande à l'œuvre, les promoteurs immobiliers et les propriétaires voient leurs profits exploser. À coups de rénovictions et d'augmentations abusives, ils exploitent la demande grandissante tout en profitant d'une règlementation insuffisante. Après avoir sous-financé le logement social, les gouvernements privilégient les investissements dans le logement dit « abordable », souvent inaccessible pour les locataires à faible et modeste revenus. C'est donc sans surprise que le loyer moyen a bondi de près de 50 % depuis le début de la pénurie, passant de 761 $ en 2018 à 1 119 $ en 2024.
La situation est d'autant plus dramatique que les locataires n'ont pas d'alternatives au marché privé, en cas de perte de logement. En ne représentant que 11 % du parc locatif québécois, il n'y a pas assez de logements sociaux pour répondre à l'ensemble des besoins. De fait, la précarité locative se répand. Pour beaucoup, cela signifie choisir entre payer le loyer ou se nourrir. Pour d'autres, c'est l'angoisse d'une éviction, ou encore vivre dans un logement ne correspondant pas à ses besoins, nuisant à sa santé, sa sécurité ou celle de ses enfants. Pour les plus précaires, c'est carrément la rue qui les menace.
La littérature scientifique a largement documenté l'incidence du mal-logement sur la pauvreté, les problèmes de santé physique ou mentale et le développement des enfants. L'État doit alors compenser avec des dépenses accrues : en services sociaux et de santé ; en aides très onéreuses au logement temporaire, qui vont surtout dans les poches du privé ; et en solutions d'urgence pour les personnes en situation d'itinérance.
Rêver d'un autre modèle est-il possible ?
Et si l'on changeait de perspective ? Plutôt que de nous pousser vers l'endettement et l'individualisme, pourquoi ne pas promouvoir un modèle où chacun·e puisse vivre dignement, sans être à la merci des fluctuations du marché ? Si être locataire, en particulier en logement social, était un choix à revendiquer avec fierté ?
Le logement est un droit, non un luxe, un privilège ou une occasion de profit. Or, il s'avère que le logement social est le meilleur moyen de mettre en œuvre ce droit.
Le logement social : un mal nécessaire ou une solution durable ?
Délabrement, ghettos urbains, assistanat, misère, insécurité : le logement social souffre de nombreux préjugés. Pourtant, il ne s'agit pas d'une solution transitoire, de dernier recours ou d'un « privilège » offert à quelques-un·es, mais bien d'une alternative viable, durable, solidaire et équitable à un marché privé qui ne cesse de fragiliser les locataires, les communautés et la société dans son ensemble. En ce sens, il constitue une réponse incontournable à la crise du logement.
Le rôle du logement social va donc bien au-delà de la simple offre de logements abordables. Il permet de freiner la spéculation immobilière, de stabiliser les loyers et d'offrir une sécurité d'occupation aux locataires. Logements publics, coopératives et OSBL d'habitation : ses différentes formes permettent de répondre à une diversité de besoins. Chaque dollar investi dans ce secteur se traduit par des économies en santé publique, en services sociaux et en prévention de l'itinérance. Le logement social doit donc être vu comme un investissement, non comme une dépense.
Doubler la mise : un choix politique inéluctable
Face à la crise, les gouvernements cherchent de faux coupables, tels que l'immigration, et proposent de fausses bonnes solutions. Ces stratégies détournent l'attention des véritables responsables : des politiques néolibérales favorisant le marché privé au détriment des locataires. C'est donc sans surprise s'il est boudé par les gouvernements, malgré les avantages documentés du logement social. Face à la crise du logement qui ne cesse de prendre de l'ampleur, il est temps que les gouvernements revoient leurs positions.
Afin de répondre aux besoins les plus criants, il faudrait que la part du logement social double d'ici les 15 prochaines années au sein du parc locatif, jusqu'à atteindre au moins 20 %. Si l'objectif parait ambitieux, il est réaliste. Pour ce faire, les gouvernements doivent cesser de favoriser la financiarisation du logement au détriment du droit au logement.
Les droits sociaux sont non négociables. Il revient aux gouvernements de mobiliser les ressources nécessaires pour les assurer pour toutes et tous. Les politiques publiques qui creusent les écarts économiques et sociaux en privilégiant les entreprises et les plus riches doivent cesser. Les inégalités ne se résorbent pas seules : elles exigent des choix fiscaux à l'avenant qui permettront notamment de financer le logement social. Il est plus que temps de mettre les bouchées doubles et d'investir dans un avenir où le droit au logement pour toutes et tous sera enfin une réalité.
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Attentes pour une chirurgie : « Le privé fait partie du problème »

« Plus on fait appel au privé et plus les listes d'attente s'allonge. C'est le serpent qui se mord la queue rien de moins ! ». C'est ainsi que réagit la présidente de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), Isabelle Dumaine, à la publication des données en santé de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), selon lesquelles le Québec est bon dernier quant aux délais d'attente de certaines chirurgies.
Tiré de Ma CSQ.
« Avec les chiffres dévoilés ce matin, la démonstration n'est plus à faire. Si on veut améliorer la situation en santé au Québec, il faut renforcer nos services publics. C'est le choix logique sur le plan de l'efficacité, mais aussi sur le plan financier. Le secteur privé ne se gêne pas pour gonfler généreusement la facture et ce sont évidemment les Québécoises et Québécois qui perdent au change » a résumé Isabelle Dumaine.
En 2023, l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) avait d'ailleurs constaté un écart important entre le coût des chirurgies et autres interventions réalisées dans le secteur privé et dans le secteur public. C'est par le biais de la Loi d'accès à l'information que l'IRIS a pu consulter des documents relatifs au projet-pilote sur les chirurgies privées lancé en 2016 par l'ex-ministre de la Santé Gaétan Barrette. Dans certains cas, le recours au privé se traduisait même par une facture bien salée, soit 50 % de plus.
Québec privatise les soins malgré les ententes
Il y a quelques mois à peine, le ministre de la Santé a révélé travailler sur un projet de règlement qui permettrait à Santé-Québec de financer certains examens et chirurgies au privé afin de faire baisser les délais d'attente. Un tel projet fait bondir de son siège la présidente de la Fédération : « La FSQ-CSQ, on est parvenu à arracher au gouvernement 2,6 M$ qui devaient servir précisément à réduire les délais. C'est de l'argent disponible immédiatement pour soigner la population dans nos établissements publics. Le gouvernement et son opérateur du réseau, Santé-Québec, ne manque pas d'argent pour privatiser les soins de santé des Québécois et refuse jusqu'à maintenant de respecter la lettre d'entente qu'il a signée avec les professionnels de la santé du secteur public. Les voir dérouler le tapis rouge, c'est sidérant ! »
Rappelons que depuis l'adoption du projet de loi no 83 le 25 avril dernier, un médecin qui désire aller travailler dans le réseau privé doit obtenir l'autorisation de Santé Québec. Des critères précis guident les autorisations accordées, notamment l'incapacité du réseau public de mettre à contribution ce médecin dans les établissements de sa région. Or, en privant directement le réseau public de ses ressources financières, ne crée-t-on indirectement les conditions pour mieux le privatiser ?
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La coûteuse aventure nucléaire de l’Ontario

La province a fait passer le développement du nucléaire à la vitesse supérieure tout en reléguant à l'arrière-plan les énergies renouvelables propres, économiques et sûres.
Tiré de Canadian Dimension
https://canadiandimension.com/articles/view/ontarios-costly-nuclear-folly
Lundi 2 juin 2025 / DAVID ROBERTSON
traduction John Wallengren
La dernière fois que l'industrie nucléaire a eu les coudées franches en Ontario, la compagnie publique d'électricité de la province, Ontario Hydro, a passé plus de deux décennies à construire des réacteurs nucléaires, au nombre de vingt. Ce fut un festival de délais non respectés et de dépassements de coûts de toutes sortes, sur fond de baisse préoccupante des performances nucléaires.
Plus inquiétant encore, la dernière génération de réacteurs nucléaires a poussé Ontario Hydro au bord de la faillite et fait accumuler à la province une montagne de dettes nucléaires que nous sommes encore en train de rembourser.
Le gouvernement Ford répète à présent ces coûteuses erreurs en présidant à ce qui représente la plus grande expansion de l'industrie nucléaire dans l'histoire du Canada, risquant ainsi de commettre une bévue aux proportions historiques.
Dette insurmontable
En 1999, Ontario Hydro s'est effondrée sous le poids de son abyssale dette nucléaire. À l'ouverture des livres de comptes de la société d'État, le gouffre financier est apparu dans toute son ampleur. À l'époque, les actifs d'Ontario Hydro étaient évalués à 17,2 milliards de dollars, tandis que sa dette s'élevait à 38,1 milliards de dollars. Le gouvernement provincial s'est retrouvé aux prises avec une dette insurmontable de 20,9 milliards de dollars. Il a réagi en divisant Ontario Hydro en cinq entités distinctes. Ontario Power Generation (OPG) a repris les installations de production (hydroélectricité, charbon, gaz, nucléaire) et Hydro One, qui a été privatisée par la suite, a hérité du réseau de transport d'énergie. Le gouvernement était conscient que tout espoir de privatisation des successeurs d'Ontario Hydro serait réduit à néant si les investisseurs devaient se charger d'absorber la dette. Celle-ci a donc été transférée aux familles ontariennes en ajoutant des frais spéciaux sur les factures d'électricité (jusqu'en 2018) et par le biais du système fiscal. Ce fut le plus grand renflouement de l'industrie nucléaire jamais vu dans le monde - un sauvetage que nous n'avons pas fini de payer.
La Société financière de l'industrie de l'électricité de l'Ontario (SFIEO) est l'une des cinq entités qui ont succédé à Ontario Hydro. Elle a été créée pour gérer et assurer le service de la dette à long terme provenant d'Ontario Hydro. Selon le rapport annuel de 2024 de celle-ci, la dette totale s'élève encore, 25 ans plus tard, à 12,1 milliards de dollars. En 2024, la SFIEO a déboursé 626 millions de dollars rien qu'en frais d'intérêt, une somme qui est récupérée en taxant les contribuables et les usagers. Dans ses états financiers, la SFIEO indique que le règlement de la dernière portion de sa dette à long terme est prévu pour le 2 décembre 2050. La dette du programme nucléaire des années 1970 et 1980 n'aura donc pas pu être entièrement épongée avant cette date.
Répéter les erreurs du passé
OPG assure environ la moitié de la production d'électricité de la province et appartient au gouvernement de l'Ontario.
OPG agit comme fer de lance de la résurrection nucléaire de l'Ontario, avec l'aide et le soutien de la Société indépendante d'exploitation du réseau d'électricité (SIERE), un autre rejeton ayant survécu à l'effondrement d'Ontario Hydro. OPG est tenue de procéder selon une série de décisions politiques annoncées et d'initiatives législatives émanant du gouvernement provincial - des directives qui placent le nucléaire sur la voie rapide tout en laissant les énergies renouvelables propres, rentables et sûres sur le bas-côté.
Il s'agit d'un coup de force étonnant. Sans investir de fonds propres et sans supporter de risques financiers, l'industrie nucléaire s'est emparée de la politique énergétique de l'Ontario et a transformé les organismes de la Couronne en champions du nucléaire.
Il y a quelques années seulement, cela aurait semblé impossible. Les accidents nucléaires catastrophiques de Three Mile Island aux États-Unis, de Tchernobyl en Ukraine et de Fukushima au Japon avaient gravement terni l'image de la sûreté nucléaire. Partout dans le monde, les dépassements de coûts et les longs délais de construction de centrales nucléaires ont refroidi l'intérêt des compagnies d'électricité et des gouvernements pour les nouveaux projets. En Europe, une seule centrale nucléaire a été construite et mise en service depuis la fin des années 1990, en Finlande.
Des problèmes de sécurité et d'exploitation ont par ailleurs plombé l'industrie. Les quatre unités de Pickering ont connu des arrêts pour des raisons de sécurité, et ont dû être fermées encore par la suite. En 1993, les performances de la centrale nucléaire de Bruce, située sur les rives du lac Huron, ont dégringolé. En 1997, Ontario Hydro a annoncé la fermeture temporaire de ses sept réacteurs les plus anciens. À ce moment-là, l'escalade des coûts des réacteurs les plus récents sur le site de Darlington avait déjà de quoi alarmer. À l'origine, en 1978, on évaluait la facture à 3,9 milliards de dollars, mais le coût final en 1993 a plus que triplé par rapport à ce chiffre pour atteindre 14,4 milliards de dollars (en dollars de 1993).
La première génération de centrales nucléaires a clairement démontré l'incapacité de l'industrie nucléaire à fournir de l'électricité dans les délais et les budgets impartis. Elle a également démontré que l'électicité provenant de réacteurs nucléaires ne pouvait pas être fournie à un prix abordable. En fait, la dernière comparaison publique de coûts effectuée par Ontario Hydro (en 1999) a révélé que le coût de l'énergie nucléaire était plus de six fois supérieur à celui de l'hydroélectricité (à 7,72 c/kWh contre 1,09 c/kWh).
Il semble que toutes les « dures leçons » apprises aient été volontairement oubliées. Plus récemment, le gouvernement Ford a lancé une offensive nucléaire sur plusieurs fronts. Il a adopté une loi visant à faire du nucléaire la priorité énergétique de l'Ontario. Il s'est engagé à construire de petits réacteurs modulaires (PRM), coûteux et non testés. Il a décidé de remettre en état des centrales nucléaires vétustes alors qu'aucune étude de viabilité ne justifiait de le faire. Il a annoncé comme pièce maîtresse de sa politique énergétique l'objectif irrationnel de devenir une superpuissance de l'énergie nucléaire. Et il a ouvert le portefeuille public à l'appétit de l'industrie nucléaire. C'est ce qui s'appelle faire le « forcing », avec un certain nombre de tactiques manifestement peu « fair play ».
Une poussée de propagande
En 2023, OPG a fait appel à l'agence de publicité internationale Forsman & Bodenfors pour lancer une campagne d'éducation du public visant à « s'attaquer aux nombreuses perceptions erronées concernant l'énergie nucléaire ». Les messages publicitaires diffusés, apparaissant dans les abribus, les transports en commun, la presse écrite et la télévision, ont été conçus pour vaincre le scepticisme ambiant et convaincre les Ontariens que la nouvelle génération d'énergie nucléaire est sûre, fiable et propre. Selon Kathy Nosich, vice-présidente des relations avec les parties prenantes d'OPG, « pendant des années, la culture populaire a déformé les perceptions sur l'énergie nucléaire avec des narratifs erronés qui ont servi à alimenter la peur... La campagne a pour but de redorer le blason de l'énergie nucléaire en tant que "véritable héros" de l'offre d'énergies propres de la province ».
Certains des messages visant manifestement les jeunes ont été diffusés sur TikTok avec une mise en scène axée sur un personnage de dessin animé, « Pelly, la pastille d'uranium ». D'autres ont carrément été conçus dans le but de colporter des énormités. Par exemple, dans une annonce pour les PRM, on prétend que « ceux-ci sont propres et fiables » - affirmation gratuite, sachant qu'aucun réacteur de ce type n'a encore été construit au Canada.
Cette campagne publicitaire a servi avec efficacité de porte-voix pour les mots d'ordre et slogans de l'industrie dont le gouvernement Ford a fait un mantra. Le ministre de l'Énergie de l'Ontario décrit désormais l'énergie nucléaire comme « propre », « non polluante », « fiable » et « fondamentale pour notre avenir ».
Le gouvernement essaime dans l'industrie
En juin 2024, le ministre de l'Énergie Todd Smith a quitté le gouvernement. Après avoir dépensé des milliards dans l'industrie nucléaire et promis des milliards supplémentaires, ce même Monsieur Smith a décroché un poste de vice-président auprès de CANDU Energy Inc. Cette société a été créée lorsque SNC-Lavalin a racheté au gouvernement fédéral la division des réacteurs commerciaux d'Énergie atomique du Canada limitée en 2011. Afin de se distancer de son passé marqué par les scandales, SNC-Lavalin a depuis changé son nom pour AtkinsRéalis. Cette entreprise joue un rôle très important dans la remise en état des centrales nucléaires de l'Ontario et dans les projets de nouvelles constructions.
Les réacteurs CANDU (CANada Deuterium Uranium) ont été le cheval de bataille de l'industrie nucléaire canadienne. Ils ont été développés dans les années 1950 et 1960 dans le cadre d'un partenariat entre le gouvernement et l'industrie. Contrairement à d'autres réacteurs nucléaires, le CANDU utilise de l'uranium naturel plutôt que de l'uranium enrichi. L'uranium naturel est moins coûteux et permet d'éviter certains des problèmes de prolifération nucléaire associés à l'uranium enrichi. L'establishment nucléaire canadien espérait que ces avantages créeraient d'importants débouchés à l'exportation. Le gouvernement fédéral s'efforce à présent à relancer la filière CANDU. En mars 2025, Ottawa a annoncé un prêt pouvant atteindre 304 millions de dollars pour AtkinsRéalis, en vue de soutenir le développement des réacteurs nucléaires CANDU.
Pleins feux sur la technologie des PRM
Les PRM ne sont pas petits et ils ne sont pas si modulaires. Ils ne sont pas non plus très récents. Existant en 54 exemplaires, cela fait longtemps qu'ils sont dans le paysage. Là où le bât blesse, c'est que personne ne voulait en construire et que les investisseurs répugnaient à investir leur propre argent dedans. Le sort des PRM s'est amélioré lorsque l'industrie nucléaire a convaincu les gouvernements du Canada d'élaborer une feuille de route des PRM, avec beaucoup de battage médiatique et peu de substance, ce qui a toutefois suffi à convaincre le gouvernement Ford d'entrer dans la danse.
La feuille de route des PRM, une liste de souhaits de l'industrie répertoriant les soutiens dont elle a besoin, a été suivie par le plan d'action pour les PRM du gouvernement fédéral. Ce plan d'action a pour but de soutenir « le développement, la démonstration et le déploiement des PRM pour de multiples applications sur le territoire national et à l'étranger » et comprend un large éventail de mesures de soutien allant de l'assouplissement des exigences réglementaires à l'absorption des risques financiers d'une technologie non éprouvée, en passant par des efforts de relations publiques.
Les PRM sont des réacteurs d'une capacité de 300 mégawatts ou moins. Bien qu'un réacteur de 300 mégawatts soit assez grand, la puissance développée est considérablement moindre que celle des réacteurs existants. Par ailleurs, ce sont des réacteurs conçus pour inclure des « modules » qui peuvent être construits en usine. Ces caractéristiques et le passage à des systèmes de sécurité « passifs » visent à réduire les coûts de l'énergie nucléaire.
Les petits réacteurs existent depuis la fin des années 1950, mais la plupart de ces projets ont été abandonnés. Ces dernières années, on a assisté à un foisonnement de nouveaux modèles, certains refroidis à l'eau, d'autres faisant usage de réfrigérants différents tels que le sodium liquide, l'hélium gazeux ou les sels fondus. Pour obtenir les réductions de coûts visées, il est nécessaire de construire une série de modules du même conçus pour être produits en usine, ce qui demeure un objectif difficile à atteindre.
Le World Nuclear Industry Status Review est une évaluation annuelle indépendante de l'industrie nucléaire mondiale. Le rapport de 2022 se conclut ainsi :
Les PRM continuent de faire la une dans de nombreux pays, même si toutes les données disponibles à ce jour montrent qu'ils seront probablement confrontés à des problèmes économiques majeurs et qu'ils ne seront pas compétitifs sur le marché de l'électricité. Malgré cela, les partisans du nucléaire soutiennent que ces réacteurs non testés sont la solution aux problèmes de l'industrie nucléaire.
Dans l'édition 2024 du rapport, les analystes notent : « L'écart entre le battage médiatique autour des [PRM] et la réalité concrète continue de se creuser. L'industrie nucléaire et plusieurs gouvernements s'adonnent à une surenchère d'investissements dans les PRM, à la fois en termes monétaires et politiques ».
Démesure et miroir aux alouettes
Stephen Lecce est devenu ministre de l'Énergie en juin 2024. Peu de temps après, il s'est rendu aux États-Unis où il s'est adressé à des dirigeants occidentaux et à des acteurs majeurs de l'industrie. Il leur a dit que l'Ontario était en train d'élaborer un plan d'avenir pour l'énergie nucléaire.
Un communiqué diffusé par la Presse canadienne a décrit cette perspective comme suit : « L'Ontario se présente comme l'étoile polaire nucléaire qui guidera l'orientation de la puissance américaine ». S'adressant à un public majoritairement américain, M. Lecce a déclaré qu'il était temps de « débarrasser nos économies de toute dépendance envers ces États étrangers qui... ne partagent pas notre engagement envers la démocratie ». (Oups !)
Sur le plan intérieur, ce qui commencé comme une offensive de charme de la part du ministre a par la suite dévié vers un ton plus agressif lorsqu'il a critiqué les partisans des énergies renouvelables en les qualifiant d'« idéologues » qui veulent « faire mousser certaines ressources ». Comme il l'a déclaré au National Post, « nous voyons des forces de gauche, la gauche illibérale, qui ne peuvent pas accepter le fait que pour décarboniser, nous allons avoir besoin du nucléaire ».
L'engagement en faveur du nucléaire s'est davantage inscrit dans l'avenir de l'Ontario lorsque le gouvernement Ford a dévoilé sa vision en matière d'énergie en octobre 2024 énoncée dans un document ironiquement intitulé L'avenir énergétique abordable de l'Ontario conçu pour préparer le terrain à un développement massif de l'énergie nucléaire.
Cela montre aussi clairement que l'Ontario a l'intention de devenir une superpuissance de l'énergie nucléaire dans l'espoir de vendre de l'électricité nucléaire coûteuse aux États-Unis, ainsi qu'une technologie nucléaire dispendieuse au reste du monde.
Signe des aspirations grandioses à un statut de superpuissance énergétique, le ministre a déclaré que « le moment était venu pour l'Ontario de briller ».
L'engagement de prendre en charge les coûts du nucléaire
Le gouvernement finance l'expansion nucléaire avec des fonds publics parce que les investisseurs ne veulent pas risquer leur propre argent. Les coûts de l'énergie nucléaire ont fait fuir les investisseurs privés. Même avec des subventions massives de la part des gouvernements, les investisseurs sont réticents à y mettre du leur.
Une porte-parole de la société d'État OPG a été très claire à ce sujet lorsqu'on lui a demandé de se prononcer sur les PRM.
Kim Lauritsen, vice-présidente d'OPG, a déclaré lors d'une conférence du Global Business Forum à Banff que la société d'État était prête à prendre les devants.
Comme elle l'a déclaré, « étant donné qu'ils [les PRM] prennent trop de temps à voir le jour et que l'industrie a besoin de voir que ces choses peuvent être construites avec succès, il s'agit d'aller de l'avant afin de donner confiance aux investisseurs et de vraiment lancer la machine pour permettre à d'autres provinces et territoires de suivre ».
Les investisseurs sont nerveux et, parce que la province veut montrer la voie à suivre aux autres provinces et territoires, le gouvernement Ford est prêt à faire supporter aux familles ontariennes et aux générations futures les coûts exorbitants de l'énergie nucléaire.
Les trois axes de développement du nucléaire : remises en état, PRM et nouveaux réacteurs d'envergure
Remises en état
Le gouvernement de l'Ontario s'est mis à dépenser des milliards pour remettre en état de vieilles centrales nucléaires. Quatorze réacteurs doivent être rajeunis - six à Bruce, quatre à Darlington et quatre à Pickering. Le calendrier de réparation des centrales nucléaires existantes s'étend sur plusieurs décennies. Pendant que ces réacteurs sont hors service, le gouvernement prévoit de combler le manque d'électricité en construisant de nouvelles centrales au gaz fossile détraquant le climat.
Le coût des remises en état s'élèvera à plus de 40 milliards de dollars. Ce coût, ainsi que les millions de dollars de frais d'intérêt, seront répercutés sur nos factures d'électricité.
Lorsque les factures augmentent, la pression politique s'accentue et, lorsque cette pression atteint un point critique, le gouvernement intervient en accordant des subventions pour aider à réduire les factures d'électricité. C'est un schéma répétitif en Ontario.
Un rapport récent du Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario (BRF) du gouvernement prévoit que le coût des subventions actuelles à l'électricité s'élèvera à 118 milliards de dollars sur la période des 20 prochaines années. Toutes ces subventions n'iront donc pas à l'électricité nucléaire. Toutefois, à mesure que les dépenses liées à l'énergie nucléaire augmentent et font grimper les coûts de l'électricité, les gouvernements, qui sont sous pression pour ce qui est de maintenir l'électricité à un prix abordable, sont susceptibles d'offrir encore plus de subventions, transférant ainsi le fardeau de nos factures d'électricité sur nos impôts.
Petits réacteurs modulaires (PRM)
Outre le programme de remise en état à grande échelle, le gouvernement Ford a annoncé une série de nouvelles constructions de centrales nucléaires.
Quatre nouveaux réacteurs PRM seront construits sur le site nucléaire de Darlington. Les travaux de préparation du site sont déjà en cours pour le premier de ceux-ci. OPG a convaincu la Commission canadienne de sûreté nucléaire de renoncer à une étude d'impact sur l'environnement en faisant valoir qu'une étude a été réalisée il y a plusieurs années sur le même site, mais pour un autre projet.
Le gouvernement a choisi le BWRX-300 de GE-Hitachi, qui repose sur une conception élaborée depuis près de 20 ans et qui a fait l'objet d'une dizaine de refontes. Ce réacteur attend toujours d'être construit. Les plans d'ingénierie de Darlington ont à nouveau été modifiés, rendant le PRM moins petit et encore moins modulaire.
OPG n'a pas publié d'estimation du coût des réacteurs, mais il y a quelques indications sur l'ampleur probable du projet. Aux États-Unis, le seul projet de PRM approuvé par le gouvernement fédéral a été celui de NuScale, dans le Midwest. Ce projet a été annulé en raison de l'escalade des coûts. Estimé à l'origine à 3 milliards de dollars, il a été abandonné en 2024 lorsque les coûts projetés ont atteint 9,3 milliards de dollars.
La Tennessee Valley Authority (TVA), grande compagnie d'électricité américaine, s'est associée à OPG pour promouvoir le réacteur PRM GE-Hitachi. La TVA a récemment fourni certaines estimations de coûts de construction d'un PRM aux États-Unis, indiquant que le coût du premier réacteur pourrait s'élever à environ 5,4 milliards de dollars. Celle-ci espère que les coûts pourront être réduits à environ 3,7 milliards de dollars par unité si d'autres réacteurs de ce type sont construits. Ces estimations de coûts ne comprennent pas les frais d'intérêt, dépassements de coûts ou délais non respectés.
Si nous partons de l'estimation basse et convertissons le coût en dollars canadiens, le prix des quatre PRM de Darlington s'élèverait à environ 20 milliards de dollars avant que les choses ne tournent mal. Or, en 2019, la compagnie a donné une indication de coûts de l'ordre d'à peine 1 milliard de dollars.
Nouveaux réacteurs nucléaires d'envergure
En juillet 2023, le gouvernement de l'Ontario a annoncé son soutien à l'augmentation de la capacité de la centrale nucléaire de Bruce, située à proximité de Kincardine. La centrale appartient à OPG mais est exploitée par Bruce Power, un consortium privé. Bruce Power prévoit d'augmenter considérablement la capacité de production sur site. Actuellement, six des huit réacteurs sont en cours de remise en état. Ce nouveau développement, s'il se concrétise, ajoutera 4 800 mégawatts supplémentaires, ce qui nécessiterait la construction de quatre ou cinq nouveaux réacteurs. Il est certes encore tôt et aucune indication de coûts n'a été fournie.
Puis, au début de l'année 2025, le gouvernement de l'Ontario a annoncé qu'il en était aux étapes préliminaires de conception d'une nouvelle centrale nucléaire de très grande envergure qui pourrait être construite sur le site d'OPG à Wesleyville, près de Port Hope. Selon une estimation préliminaire des autorités, la centrale pourrait avoir une capacité de 8 000 à 10 000 mégawatts et entrer en service dans les années 2040. Pour atteindre cette capacité de production, il faudrait construire huit réacteurs nucléaires minimum.
Calcul des coûts
Le gouvernement évite toute discussion sur les coûts liés à son expansion nucléaire. Lorsqu'on lui pose la question, il l'élude. Là encore, nous devons donc nous appuyer sur des estimations raisonnables.
Les coûts réels engendrés par la construction de réacteurs nucléaires récemment implantés dans d'autres pays constituent un point de départ utile pour estimer le prix à payer en Ontario.
Centrale de Vogtle, États-Unis
Les unités 3 (2023) et 4 (2024) de la centrale Vogtle, en Géorgie, sont les seules à avoir été construites aux États-Unis sur les trois dernières décennies. Leur construction a pris des années de retard et les coûts ont augmenté de façon spectaculaire. Les travaux ont commencé en 2009 et devaient se terminer en 2017. Au lieu de cela, la construction a duré 15 ans, prenant sept ans de retard. Les coûts définitifs sont maintenant estimés à environ 38 milliards de dollars.
Flamanville, France
En décembre 2024, la centrale nucléaire de Flamanville, d'une puissance de 600 mégawatts, a commencé à fournir de l'électricité au réseau français et européen. Il s'agit de la première nouvelle unité en France depuis 1996.
La construction a commencé en 2007. La mise en service était prévue pour 2012 et un coût de 3,4 milliards d'euros était prévu. La Cour des comptes française a estimé que le coût de la centrale nucléaire s'élèverait à plus de 20 milliards d'euros, une fois pris en compte les coûts de financement et les retards.
Hinkley C, Angleterre
Le projet nucléaire phare du Royaume-Uni, la centrale Hinkley C, située dans le sud de l'Angleterre, a vu ses coûts subir une hausse vertigineuse. La centrale possède deux réacteurs d'une capacité de 3 200 mégawatts.
La facture était initialement estimée à environ 9 milliards de livres sterling et l'achèvement des travaux était prévu pour 2017. Son coût est désormais estimé à 46 milliards de livres sterling et il faudra attendre 2030 pour que la centrale soit mise en service.
La même histoire se répète et se répète. Des dépassements de coûts massifs, des retards importants et l'électricité la plus chère au monde. Si nous devons nous fonder sur ce qui précède pour évaluer les coûts du programme nucléaire de l'Ontario, nous sommes dans de beaux draps.
Il y aurait une autre façon d'estimer les coûts de l'expansion nucléaire de l'Ontario consistant à utiliser des chiffres de référence pour les coûts d'investissement relatifs à la construction de nouvelles centrales nucléaires.
Lazard est une société de conseil financier et de gestion d'actifs qui est considérée comme une source faisant autorité en matière de comparaison des coûts de l'énergie. Parmi les statistiques fournies par cette société figurent des comparaisons des coûts d'investissement pour diverses technologies de production d'énergie. Lazard exprime les coûts dans une fourchette allant du minium au maximum pour chaque technologie de production. En 2024, Lazard a indiqué que le coût en capital des centrales nucléaires se situait dans une fourchette de 8 475 à 13 925 dollars (américains) par kilowatt. Le point médian de la fourchette, exprimé en dollars canadiens cette fois, est de 15 680 dollars par kilowatt. Ce chiffre nous permet d'estimer le coût des nouvelles centrales nucléaires de Ford. Le point médian de l'estimation de coût pour Bruce C, en considérant une production de 4 800 mégawatts, est de 75 milliards de dollars. Pour Port Hope, avec sa capacité de production projetée de 10 000 mégawatts, le coût se chiffre à 156 milliards de dollars.
Même si ces coûts paraissent astronomiques, ces estimations se situent probablement dans le bas de la fourchette. Si les coûts en Ontario devaient être rapportés aux coûts réels à Vogtle aux États-Unis, à Hinkley C en Angleterre et à Flamanville en France, la facture pour Bruce C et Port Hope serait encore plus élevée.
Une facture qui hypothèque notre avenir
Le gouvernement Ford s'est engagé à engloutir des sommes colossales dans son aventure nucléaire : 40 milliards de dollars pour la remise en état de 14 réacteurs nucléaires, 20 milliards de dollars pour quatre PRM à Darlington, 75 milliards de dollars pour Bruce C et 156 milliards de dollars pour Port Hope.
Un total de 290 milliards de dollars doit donc être engagé dans ce pari nucléaire. Si nous ajoutons les 26 milliards de dollars qui constituent l'estimation préliminaire officielle pour le dépôt géologique profond des déchets nucléaires, on dépasse largement les 300 milliards de dollars.
Trois cents milliards, c'est un montant presque impensable. Pour la plupart d'entre nous, il est difficile de se faire une idée de ce que ces fonds pourraient permettre de réaliser. Or, voici des exemples :
• Fournir à chaque habitation de l'Ontario une pompe à chaleur gratuite d'une valeur de 20 000 dollars, pour un total d'environ 110 milliards de dollars. Le gouvernement pourrait également fournir aux propriétaires de maisons un système d'énergie solaire gratuit à installer sur le toit d'une valeur de 20 000 $, pour un autre montant de 110 milliards de dollars. Ces initiatives combinées représentent moins que le coût de l'expansion du nucléaire.
• Remplacer la moitié des véhicules de tourisme en Ontario par un véhicule électrique gratuit pour un total d'environ 225 milliards de dollars. C'est moins que ce que coûterait le nucléaire.
• Suppléer aux tarifs des transports en commun à Toronto pour les 300 prochaines années.
• Fournir gratuitement à chaque ferme de l'Ontario une éolienne de 10 kilowatts d'une valeur d'environ 5 milliards de dollars.
• Remplacer tous les autobus scolaires de l'Ontario par de nouveaux bus électriques, ce qui représenterait une dépense d'environ 10 milliards de dollars.
Les centrales nucléaires produisent de l'électricité coûteuse et les coûts à assumer se retrouvent sur nos déclarations d'impôts et nos factures d'électricité. Il est déjà établi que le nucléaire est l'une des options énergétiques les plus coûteuses. L'Ontario Clean Air Alliance, s'appuyant sur des données de la SIERE et de Lazard, a établi que le coût moyen d'une nouvelle centrale nucléaire sera de 24,4 cents par kilowattheure, à comparer avec 10 cents par kilowattheure pour l'énergie solaire avec stockage.
Le gouvernement de l'Ontario prévoit de dépenser une somme démesurée pour soutenir une industrie nucléaire dont les réacteurs seront, selon toute vraisemblance, des actifs abandonnés bien avant la fin de leur durée de vie utile. Dès maintenant et dans les années à venir, nous paierons des factures d'électricité inutilement élevées. Et puis nos enfants et leurs enfants seront obligés de payer la prochaine génération de dettes nucléaires insurmontables.
Une transition énergétique mondiale est en cours. Dans son récent rapport World Energy Outlook 2024, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) passe en revue certaines des dimensions de cette évolution et la dynamique qui la sous-tend, ainsi que les caractéristiques des technologies énergétiques propres. Elle note que les énergies propres se développent à un rythme sans précédent, avec notamment plus de 560 gigawatts de nouvelles capacités renouvelables ajoutées en 2023. Les flux d'investissement dans les projets d'énergie propre approchent désormais les 2 000 milliards de dollars par an, soit près du double de ce qui est consacré globalement aux nouvelles sources d'approvisionnement en pétrole, en gaz et en charbon. De plus, la capacité de production d'énergie renouvelable devrait passer de 4 250 gigawatts actuellement à près de 10 000 gigawatts en 2030, ce qui est inférieur à l'objectif de triplement fixé lors de la COP28, mais plus que suffisant, dans l'ensemble, pour couvrir la croissance de la demande mondiale d'électricité.
Le gouvernement Ford s'est clairement engagé sur la mauvaise voie en matière d'énergie.
David Robertson est un activiste climatique qui travaille pour SCAN !, Seniors for Climate Action Now (les aînés qui soutiennent l'action climatique) et TERRE. Avant de prendre sa retraite, David était directeur de l'organisation du travail et de la formation au sein des Travailleurs canadiens de l'automobile (désormais Unifor).
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Un Éditorial « pro-guerre » du Devoir (1) ou Quand « Ma-tante » Marie s’inquiète de l’image du Canada à l’International !

C'est donc pas drôle d'arriver à une réunion des membres de l'OTAN avec seulement 1,37% de notre PIB consacré aux dépenses militaires ! Qu'est-ce que les autres vont dire ? Lucien Bouchard usait de la même rhétorique démagogique pour nous faire avaler l'« impérieuse nécessité » d'atteindre le déficit zéro à la fin des années 1990. Étant donné que les politiques de coupures et d'austérité budgétaires étaient dans l'esprit du temps, de quoi aurions-nous l'air si, au Québec, on ne suivait pas la tendance ?
C'est, à peu de chose près, la même attitude de « servage » que l'on peut observer avec des éditoriaux du même acabit que celui rédigé par Marie-André Chouinard dans Le Devoir du 12 juin dernier, éditorial qui fait office de position « officielle » du journal eu égard à la question des dépenses militaires canadiennes à propos desquelles Trump exerce son chantage habituel : « Le Canada ne pouvait plus contourner cet objectif en planant dans un espace d'utopie pacifique alors que le contexte géopolitique international, lui, bouillonne. » C'est moi qui souligne.
Le mot est lancé : « Utopie » ! Œuvrer à des relations internationales apaisées (autant que faire se peut), s'orienter vers des discussions diplomatiques afin de s'entendre, globalement, sur un désarmement à l'échelle de la planète, ne serait-ce que de façon progressive et asymétrique, tenir compte des intérêts contraires aux nôtres chez nos « ennemis », les mettre dans leur contexte géo-politique plutôt que les diaboliser en stigmatisant leurs leaders politiques, ce qui implique, en retour, de considérer nos propres intérêts comme non-absolus mais négociables, objet de pourparlers, c'est « utopique », c'est du rêve, c'est « planant ». Par contre, se lancer à corps perdu dans les dépenses militaires, ramper devant un néo-fasciste qui ne jure que par l'intimidation, les menaces de représailles en cas de refus d'obéir, qui s'affaire à installer, à l'échelle internationale, un climat de terreur, cela est rationnel, réaliste, raisonnable :
« Dans un contexte où il poursuit des négociations avec son homologue américain [ ], M. Carney pourra peut-être faire meilleure figure avec ce budget rehaussé. » Tous les journaux du monde occidental (Le Devoir y compris) vitupèrent contre l'administration Trump et ces méthodes illégales, anti-constitutionnelles, anti-démocratiques, déstabilisantes et menaçantes pour la paix et la pérennité de l'économie mondiales mais, au moment où il est possible de s'affirmer devant ce mégalomane qui ne respecte rien, Ma-tante Marie est d'accord qu'il faille faire profil pas, filer doux, le « flatter dans le sens du poil » parce que sinon, il va se fâcher et on va se sentir impuissant face à la colère du nouveau Roi Soleil.
La seule attitude juste, morale, rationnelle, la seule qui recèle une réelle probabilité d'avoir une certaine efficacité à plus ou moins long terme devant les provocations répétées de Donald Trump, c'est de lui faire face, de s'y opposer de toutes nos forces et de toutes nos capacités, le pousser dans ses derniers retranchements, le confronter à son délire et lui renvoyer son image en pleine figure afin qu'il contemple sa propre monstruosité. Quand Trump essuie un refus, quand il rencontre une opposition, qu'il est contrarié dans ses caprices d'enfant gâté et l'expression de ses pulsions infantiles, il devient « fou », il perd le contrôle, il fait n'importe quoi et cela finit par se retourner contre lui. Dans les circonstances actuelles, il faut axer nos réflexions, nos actions, nos décisions dans un cadre politico-psychanalytique (ou politico-psychiatrique si on préfère). Ce n'est pas des farces. Lorsqu'une situation socio-politique dérape, comme ce fut le cas dans les années 1930 en Europe, il faut penser au-delà du politique en tant que tel, il faut mettre à contribution d'autres expertises, d'autres expériences, il faut pouvoir considérer le problème sous plusieurs aspects, multiplier les angles d'approche afin d'adopter la meilleure stratégie, non pas pour tirer de façon « opportuniste » son épingle du jeu du chaos qui s'installe, comme nous le conseille Ma-tante Marie, mais pour éviter le pire et contribuer à ramener les rapports entre Nations, Peuples, sociétés dans un cadre rationnel et « relationnel ».
Autrement dit, il ne faut surtout pas entrer sur le terrain de Trump car là, on perd à coup sûr. Évidemment, cette solution implique une certaine « abnégation » de notre part sur le plan politique, social et économique au sens où il faut s'élever un tant soit peu au-dessus de la mêlée et adopter une vue d'ensemble qui exige que l'on mette nos intérêts à court terme entre parenthèses. Peut-être est-ce trop demander à nos politiciens et éditocrates (tous sexes confondus), incapables d'une telle grandeur d'âme et hauteur d'esprit parce que tout à fait incompétent-e-s en matière de géo-politique. En voici la preuve, si tant est qu'il faille encore dévoiler l'imposture de ceux et celles qui se prétendent « journalistes » :
« Mais le véritable meneur du jeu géopolitique est bien Vladimir Poutine, et une Russie qui gronde sur l'échiquier international. » C'est moi qui souligne. Affirmation conséquente étant donné la teneur d'une précédente, toute aussi désarçonnante « Pour plaire à Trump dans un monde où il tire quelques-unes des ficelles de la géopolitique actuelle, que ne ferait-on pas ? » C'est moi qui souligne.
C'est le monde à l'envers dans lequel une puissance moyenne comme la Russie, qui ne ferait pas le poids advenant une attaque de l'OTAN sur son territoire, a plus d'influence géopolitique que les États-Unis qui, à eux seuls, pourraient anéantir le monde entier tellement sa puissance de frappe se situe au-dessus de tous ses concurrents (la Chine y compris), même réunis, et que ses centaines de bases militaires, réparties partout sur la planète, sont prêtes à obéir aux ordres du Général en chef des armées américaines, à savoir le Président en personne. Quand on sait qui occupe ce poste à l'heure actuelle, les estimations de Ma- tante Marie sur l'état des forces en présence pourraient prêter à rire si la situation n'était pas aussi dramatique.
Pour couronner le tout de cette bouillabaisse faite d'erreurs de jugement, de désinformations, d'ignorance « crasse » concernant les véritables motifs des mouvements de troupes, des provocations de part et d'autre, des stratégies militaires qui s'élaborent en parallèle des négociations en haut-lieu, et qui nous coupe littéralement l'appétit tellement elle contient d'aliments incompatibles entre eux, un cafouillage d'ordre « logique » dans le va-et-vient discursif entre l'OTAN, les États-Unis, les dépenses militaires redirigées vers le Canada, la sécurité nationale, la Russie « impérialiste » et que sais-je encore. Essayons d'y voir clair : « Le Canada ne peut plus dépendre des États-Unis pour assurer sa défense […] » ; fort bien, jusque là ça va, rien à redire. Mais : « […] comme membre de l'OTAN, il doit contribuer au bouclier collectif que les membres de cette organisation devraient former pour faire face aux menaces. » Donc, si on comprend bien le raisonnement de Ma-tante Marie, il faut se déprendre de notre dépendance envers les États-Unis (qui dirigent l'OTAN) pour notre sécurité et, en même temps, se conformer aux exigences de l'OTAN (dirigée par les États-Unis) en tant qu'affirmation de notre libération des griffes du géant américain. Pour le dire encore autrement (afin d'être bien sûr de bien comprendre) : il faut, d'une part, se libérer de notre dépendance aux États-Unis afin, d'autre part, d'intensifier notre dépendance aux États-Unis ! Un peu comme Carney qui invite le Roi Charles à lire le discours du Trône en signe d'« indépendance et de souveraineté réaffirmées » du Canada face au géant américain.
En fait, peu importe à qui on cherche à plaire, à ne pas déplaire, à montrer patte blanche devant les velléités néo-impériales des États-Unis qui se sont volontairement soumis (du moins, pour une bonne partie de l'électorat) aux desiderata chaotiques de Donald Trump, on est dans une impasse parce qu'il s'agit toujours de plier l'échine devant les va-t-en-guerre et leur logique d'incessante confrontation, de guerre permanente, de provocation de l'« ennemi », quitte à en créer un de toutes pièces lorsqu'il n'y a plus de menace réelle ou plus personne à stigmatiser dans le but de justifier de nouvelles dépenses militaires, de nouvelles conquêtes, de nouveaux Appels à la Nation devant le danger imminent que représente l'« Autre », tout simplement parce qu'il est « Autre ».
Pourtant, le Canada a une tradition de « modérateur » dans les conflits internationaux depuis la deuxième guerre mondiale, il a déjà pris des initiatives en ce sens (casques bleus de l'ONU, reconnaissance « officielle » de la République Populaire de Chine, politique de cohabitation Est-Ouest) et, tout compte fait, c'est dans cette ligne de désescalade et d'apaisement des tensions entre puissances (nucléaires) internationales qu'il serait le plus utile, sans parler du gaspillage de fonds publics qu'il pourrait éviter d'imposer à sa population en essayant de s'aligner sur l'OTAN ou le Pentagone, ce qui, dans un cas comme dans l'autre, revient au même
Encore faut-il qu'il puisse être représenté politiquement par autre chose que des technocrates sans vision à la Carney (promoteurs, en sus, de paradis fiscaux) ou des saltimbanques à la Justin Trudeau qui confond allègrement scène de théâtre et responsabilité parlementaire (sans parler des têtes brûlées à la Pierre Poilievre...)
Mario Charland
Shawinigan
Note
1. Marie-André Chouinard, « Un mal très nécessaire », Le Devoir, 12 juin, 2025.
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Les sanctions imposées par le Canada aux ministres israéliens constituent un pas dans la bonne direction – mais il faut aller beaucoup plus loin

Ottawa, ON – 10 juin 2025 : Voix juives indépendantes Canada (VJI) et Mouvement pour une paix juste (MPPJ) se félicitent de l'annonce faite aujourd'hui par le Canada d'imposer des sanctions à deux ministres de haut rang du gouvernement israélien – le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir – en coordination avec le Royaume-Uni, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la Norvège. Les sanctions comprennent le gel des avoirs et l'interdiction d'entrer au Canada.
10 juin 2025 IJV Canada
https://www.ijvcanada.org/fr/les-sanctions-imposees-par-le-canada-aux-ministres-israeliens-constituent-un-pas-dans-la-bonne-direction-mais-il-faut-aller-beaucoup-plus-loin/
« Il s'agit d'une mesure attendue depuis longtemps. Nous sommes encouragés de voir que le Canada répond enfin aux demandes du mouvement de cibler non seulement les colons de bas niveau, mais aussi les puissants responsables israéliens qui alimentent l'expansion violente des colons et renforcent l'apartheid », a déclaré Rebecca Steckle de MPPJ.
Les sanctions, imposées en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales (LMES), constituent la quatrième série de sanctions du Canada visant la violence des colons israéliens, et la première visant des représentants du gouvernement israélien.
Smotrich et Ben-Gvir – deux des personnalités les plus ultranationalistes et d'extrême droite du gouvernement israélien – ont ouvertement défendu la violence génocidaire, le nettoyage ethnique et la colonisation croissante des terres palestiniennes. Leur désignation est le résultat d'une pression soutenue de la part d'un mouvement grandissant exigeant des sanctions significatives à l'encontre de ceux qui sont à l'origine de l'oppression brutale des Palestiniens par Israël.
Cette décision fait suite aux recommandations formulées par VJI, la MPPJ et l'universitaire Miles Howe dans un rapport publié en octobre 2024, qui identifie huit cibles clés pour les sanctions canadiennes liées à la violence des colons israéliens et à la colonisation en cours de la Cisjordanie occupée. Smotrich et Ben-Gvir figurent en tête de cette liste.
Ces sanctions sont un pas dans la bonne direction, mais l'impunité d'Israël reste intacte », a déclaré Steckle. « Israël viole effrontément le droit international par son occupation illégale, son apartheid et son attaque génocidaire contre la Palestine. Le Canada doit aller beaucoup plus loin – et vite. »
Conformément à l'avis consultatif de 2024 de la Cour internationale de justice, le Canada est tenu de mettre fin à tous les liens financiers, commerciaux et économiques qui soutiennent l'occupation illégale d'Israël. Les Nations unies ont clairement indiqué que les États qui aident Israël risquent de se rendre complices de ses violations du droit international.
« À l'heure actuelle, il existe de nombreuses preuves de complicité de crimes de guerre dans les entreprises et les organisations philanthropiques canadiennes. En tant qu'État membre des Nations unies, le Canada doit agir de manière décisive pour s'assurer qu'il ne contribue pas à ces crimes » , a déclaré Miles Howe.
VJI et JPA demandent au gouvernement canadien de prendre d'autres mesures urgentes et décisives, comme l'exige l'avis consultatif de la CIJ :
– Sanctionner tous les dirigeants et le personnel militaire israéliens responsables de crimes de guerre, en particulier, mais sans s'y limiter, le génocide en cours dans la bande de Gaza
– Imposer un embargo complet et bilatéral sur les armes à Israël dans le cadre du SEMA
– Annuler l'Accord de libre-échange Canada-Israël et cesser toutes les relations commerciales avec Israël qui maintiennent ou contribuent au maintien de l'occupation illégale.
– Interdire aux organisations caritatives canadiennes de financer des activités associées à l'occupation illégale d'Israël
– Enquêter sur tous les Canadiens qui participent à l'armée israélienne et les poursuivre en justice.
« Bien que le fait de sanctionner les ministres du gouvernement israélien soit un signal diplomatique important, il reste largement symbolique et n'impose que peu de coûts réels à Israël », a déclaré Corey Balsam de VJI. « Si le Canada veut vraiment tenir Israël pour responsable de ses crimes, il doit imposer des sanctions qui ont du mordant – le genre de sanctions qui forceront le gouvernement israélien à repenser ses actions à l'égard des Palestiniens pour le bon. »
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C’est par milliers que les femmes yéménites sont descendues dans les rues ces dernières semaines.

Elles ont exigé de l'eau, de l'électricité, un meilleur niveau de vie, le paiement des arriérés de salaires, l'amélioration des conditions d'enseignement, ou encore l'arrêt de la généralisation de l'armement et des poursuites contre les auteurs de corruption.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/06/11/yemen-le-soulevement-des-femmes/
Ce mouvement n'est pas né de rien. Il y a des années que des groupes de femmes descendent dans la rue de façon sporadique pour exiger eau ou électricité, dans le cadre plus large de mouvements de protestation essentiellement masculins. Pour ne citer que ces dernières : les femmes d'Arrawa (gouvernorat de Abyan) pour l'eau en 2017, d'Aden pour l'eau et électricité et de Mukalla (gouvernorat de Hadramaout) pour l'électricité et des emplois en 2020, de Maareb pour de l'eau et des médicaments en 2021, de Qaataba (gouvernorat de Dali) pour l'eau en 2022, et de Seiyoun (gouvenorat de Hadramaout) pour l'électricité et des écoles en 2024. Mais l'exacerbation des problèmes économiques, les incessantes manifestations de leurs pairs pour les mêmes revendications qui n'ont abouti à rien, sinon à des affrontements et de la répression, qui a pu entrainer arrestations, parfois assorties de torture, morts ou blessés par balles, ont poussé les femmes à s'affirmer comme une force pouvant diriger ce que d'aucunes ont déjà appelé la « révolution des femmes ».
Le vague de protestation a commencé à El Hawf (gouvernorat de Al Mahra) le 5 mai quand des femmes ont bloqué le poste frontière de Sarfit avec le Sultanat d'Oman, pour exiger de l'électricité. Puis le mouvement s'est étendu à El Houta et Zinjibar (gouvernorat de Lahij), Chakra (gouvernorat de Abyan), Taiz ou Aden. Les femmes parfois accompagnées de leurs enfants, où munies de bouteilles d'eau vides, de vieilles lanternes ou encore de bois de chauffage, ont manifesté, et ce, à plusieurs reprises à Taezz et Aden. Les femmes ont tenu à se démarquer de toute politisation (partisane) afin d'unifier les femmes autour de leurs revendications, quelle que soit l'autorité en place, mais ont tenu à souligner le caractère politique de leur démarche. Les pancartes ou les slogans le révélaient : « il n'y a pas une crise de l'eau à Taiz, mais une crise de la conscience » ou ceux appelant à « poursuivre les corrompus » et le slogan historique « le peuple veut une vie digne » (El Houta).
En face, il y a eu un double mouvement. A Aden et à El Houta les autorités ont alimenté davantage les centrales électriques en carburant, afin qu'elles fournissent des heures supplémentaires de courant. Mais lors de la manifestation du 24 mai à Aden, des miliciens ont bloqué les routes menant à la place du rassemblement et des milices féminines ont été déployées pour dissuader les manifestantes et les ont agressées violemment . Et au lendemain de la manifestation du 31 à Aden encore, des barrages filtrants étaient en place dans les rues et les chauffeurs de bus ne pouvaient plus embarquer de passagères. A l'exception de la région contrôlée par les Houthis où les Zaynabia, une milice féminine, ont été déployées à titre dissuasif, les femmes continuent malgré la répression. Ainsi, le 6 juin, elles s'étaient données rendez-vous à l'issue de la prière de l'Aïd El Adha au stade Hubaishi à Aden pour une nouvelle manifestation pour exiger du courant électrique.
Luiza Toscane, 6 juin 2025
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article75278
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Justice climatique et environnementale

Entre novembre 2023 et novembre 2024, la CQMMF a organisé une série de cinq (5) webinaires qui avait pour but de faire le tour du monde des résistances féministes. Chaque webinaire a été consacré à un thème spécifique et à une région du monde nous permettant de partager nos expériences et surtout de mieux comprendre comment s'organisent les résistances féminises.
Tiré de la page web de la CQMMF
https://cqmmf.org/tour-du-monde-de-resistances-feministes.html?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=Infolettre-large--fevrier-2025#MENA
Asie et océanie
Le troisième webinaire a eu lieu le 15 mai 2024 avec des représentantes de l'Asie (Philippines et Indonésie), webinaire ayant comme thème la justice climatique en lien avec la transformation sociale et l'économie féministe (avec l'interprétation français-anglais et de la langue des signes).
Jean Enriquez- Philippines
Susan Herawati - Indonésie
La justice climatique
Pour introduire la thématique, l'animatrice a présenté brièvement les importants défis à relever au Québec car nous vivons aussi les effets des changements climatiques avec des conséquences dramatiques sur la population, les femmes et les familles les plus défavorisées.
Pensons aux inondations, à d'immenses feux de forêts dans plusieurs régions du pays ayant provoqué le déplacement des populations ou encore à des sécheresses provoquant des dommages importants aux cultures agricoles (effets sur la hausse des prix des aliments, sur la relève agricole, etc.). De plus, l'industrialisation excessive de nombreux secteurs (agricole, minier, manufacturier) dans plusieurs régions du Québec provoque la pollution de l'eau. Des défis sont importants à relever afin de contrer la volonté du gouvernement de privatiser l'électricité, un bien collectif, et de détourner le sens de la décarbonation de la société.
Puis, après avoir présenté brièvement la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF), nous avons dans un premier temps présenter une vidéo de Jean Enriquez qui nous explique quels sont les grands défis et luttent des femmes aux Philippines.
De façon résumée, Jean nous a expliqué que le peuple philippin a subi de nombreux désastres : inondations gigantesques, feux de forêt, typhon (dont celui de 2023 causant 56 morts), glissements de terrains, etc..
Les effets sont dramatiques : le riz n'est plus accessible, une très grande perte de la vie marine est détruite avec, entre autres, l'achat de zones de récifs.
Des camps d'évacuation ont été érigés mais les violences et abus sexuels sont très nombreux. De plus, les familles monoparentales dirigées par les femmes dans le secteur de l'agriculture vivent des discriminations importantes.
Somme toute, la vie et le quotidien des femmes et des familles s'est grandement dégradée et le gouvernement actuel ne propose pas de solutions concrètes pour améliorer leur quotidien.
Par la suite, Susan Herawati d'entrée de jeu indique que la situation en Indonésie est très semblable à ce qui se vit aux Philippines.
Le secteur des pêches est très fortement touché par les changements climatiques. Plusieurs travailleurs ont d'ailleurs perdu la vie.
Elle dénonce fermement l'exploitation et l'extractivisme du nickel qui posent d'importants problèmes aux communautés locales, de même que les développements touristiques.
L'ouverture à des investisseurs étrangers est très importante, pensons au développement du port ou encore à l'exportations des produits de la mer (dont l'exportation de bébé homard vers le Vietnam). Cette fausse solution est appelée une « économie bleue » !
Les alternatives à développer
Pour répondre à ces grands défis Jean nous rappelle la solidarité et la participation des femmes à de nombreuses initiatives. Elles évaluent les besoins des femmes réfugiées climatiques, des victimes de violence ou de la prostitution.
Elles organisent des activités d'éducation populaire pour mieux outiller les femmes contre les violences. Elles organisent des banques alimentaires communautaires pour soutenir les femmes et les familles. Elles sensibilisent la population au respect de la nature, à la défense des droits des autochtones, etc..
Les femmes veulent contrôler collectivement les ressources dont elles ont besoin (dont l'agriculture des produits locaux). Elles militent aussi pour forcer l'application de la convention de Paris limitant, entre autres, l'exploitation pétrolière et le renforcement du contrôle des GES.
De plus, les liens et les alliances avec les membres de la MMF sont privilégiés et permettent l'échange d'expériences et d'actions (la marche des agricultrices, les dénonciations des problèmes causés par l'exploitation minière, etc.).
Susan insiste sur l'importance de soutenir les travailleuses et travailleurs du secteur des pêcheries. Depuis plusieurs années diverses initiatives ont été développées afin de d'exploiter la pratique du surf, ce qui nuit grandement au secteur des pêcheries.
Plusieurs îles sont aussi à protéger afin de maintenir les échanges traditionnels, et ce, particulièrement où les gens sont isolés.
Un appui concret est organisé afin de soutenir les femmes agricultrices en donnant des semences, en se réappropriant les régions côtières.
La résistance des femmes du secteur de la pêche est importante, d'ailleurs lors d'actions concrètes 11 femmes ont été arrêtées !
L'éducation, la sensibilisation et la présentation d'alternatives sont des clés importantes à développer.
Le rôle et la place des femmes est au cœur des préoccupations. La formation politique nous permet de briser l'isolement, de construire des solidarités, de lutter contre la criminalisation des luttes.
Elle partage les analyses de la MMF. La formation est importante pour rejoindre les femmes, non seulement les femmes des villes, mais aussi celles des régions rurales.
Pour conclure ce webinaire, nous avons insisté sur les éléments clés à développer :
– l'importance de la formation et de la sensibilisation pour rejoindre les femmes, aussi celles du secteur agricole et de les outiller dans la défense de leurs droits ;
– l'importance de développer des projets solidaires et collectifs (dont la défense des cultures traditionnelles) ;
– l'importance de développer des alliances pour renforcer le rapport de force face aux décideurs politiques et aux investisseurs étrangers.
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Kimberlé Crenshaw en conférence : L’intersectionnalité pour éclairer nos sociétés

Le 30 mai 2025, dans le cadre du Forum social mondial des intersections (FSMI) à Tiohtià:ke / Montréal, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) a eu l'honneur d'assister à la conférence phare animée par Kimberlé Crenshaw, professeure de droit à l'Université de Californie à Los Angeles et à Columbia Law School, pionnière du concept d'intersectionnalité et figure emblématique des luttes féministes et antiracistes.
Cette rencontre a nourri des réflexions essentielles sur les outils, les luttes et les résistances collectives nécessaires pour construire un avenir féministe inclusif, ancré dans les réalités de toutes les femmes.
Aux origines du concept : des interventions inadaptées qui reproduisent les vulnérabilités
Lors de sa conférence intitulée « Entre intersectionnalité et intersections : théories vivantes, actions urgentes », la professeure Crenshaw a retracé l'origine de l'intersectionnalité, un concept né suite aux constats d'invisibilisation des femmes noires au sein même des mouvements féministes et antiracistes.
Elle a notamment évoqué le cas DeGraffenreid v. General Motors, dans lequel la justice a refusé de reconnaître une discrimination croisée fondée sur le sexe et la race. Ce refus a révélé une faille systémique dans les outils d'analyse juridique et sociale. D'où la nécessité, selon Crenshaw, de créer un cadre permettant de nommer les vulnérabilités structurelles vécues aux intersections des oppressions.
La professeure Crenshaw a également rappelé une réflexion qui l'a marquée dès les années 1980, au sujet des interventions en violence conjugale : « Qui a réellement besoin d'intervention ? ». À cette époque, elle rappelle que les politiques d'aide aux femmes victimes aux États-Unis avaient été conçues en fonction des besoins des femmes blanches, anglophones et relativement privilégiées. Les femmes non-anglophones, immigrantes ou racisées étaient, quant à elles, exclues par manque de traduction, d'accompagnement adapté ou en raison de barrières institutionnelles et culturelles. Crenshaw dénonçait une structure d'intervention qui reproduisait ainsi les inégalités structurelles qu'elle prétendait combattre, échouant à inclure celles qui en avaient le plus besoin.
Ces constats l'ont amenée à interroger les lois et les mouvements féministes : qui est placé·e au centre des politiques ? Qui est relégué·e en périphérie ? Et pourquoi ? L'intersectionnalité est née de cette urgence à rendre visibles ces angles morts dans les interventions sociales, juridiques et militantes, autant dans les mouvements féministes qu'antiracistes.
L'internationalisation de l'intersectionnalité : entre voyage des idées et perte de sens
Kimberlé Crenshaw a partagé une réflexion importante sur le cheminement international du concept d'intersectionnalité. Elle a rappelé que son intention première, dans les années 1980, n'était pas de créer un outil universel ni d'en faire un mot d'ordre mondial. L'internationalisation de l'intersectionnalité s'est faite hors de tout agenda promotionnel, et parfois sans attention au contexte militant ou historique qui l'a vu naître.
Comme elle l'explique, les idées peuvent voyager sans leurs intentions initiales. Lorsque l'intersectionnalité est reprise sans son ancrage antiraciste et féministe, elle risque d'être instrumentalisée dans des cadres dominants, notamment blancs, qui en neutralisent le potentiel transformateur. L'absence de référence aux luttes spécifiques des femmes racisées, ou à l'histoire du colonialisme, devient alors une forme de reproduction silencieuse des rapports de pouvoir.
Crenshaw insiste sur un point souvent ignoré : l'absence de littérature ou de données sur une réalité sociale ne signifie pas l'absence du problème, mais peut au contraire être un symptôme du problème lui-même — celui de ne pas reconnaître certaines existences, certaines douleurs, certaines urgences.
L'hypocrisie de l'« identité politique » : une critique nécessaire
Kimberlé Crenshaw a aussi vivement interpellé l'usage péjoratif du terme « politique identitaire », souvent brandi pour délégitimer les luttes féministes, antiracistes, queer ou décoloniales. Ce terme est généralement utilisé pour critiquer les mouvements qui mettent en avant les expériences spécifiques de groupes marginalisés. Pour ses détracteurs, revendiquer des droits à partir de son identité — qu'elle soit de genre, de race, de classe ou de sexualité — reviendrait à diviser la société. Crenshaw déconstruit cette idée en soulignant que toutes les identités, même celles considérées comme « neutres » ou dominantes (comme être un homme blanc, cisgenre et hétérosexuel), sont aussi politiques. L'enjeu, selon elle, n'est pas de nier les identités, mais de reconnaître les rapports de pouvoir qui les traversent. Elle a retourné la critique en posant une question plus que lucide :
« Quand un homme blanc, cisgenre, riche, accusé de dizaines de crimes, peut toujours se présenter à la présidence… Qu'est-ce qui est plus identitaire que ça ? »
Elle soulignait ainsi la complaisance sociale et médiatique à l'encontre des figures comme Donald Trump, qui incarne une forme d'identité politique dominante — blanche, masculine, nationaliste, chrétienne — tout en prétendant ne pas faire d'idéologie. Crenshaw a rappelé qu'une femme noire dans une situation comparable aurait été instantanément disqualifiée, médiatiquement et politiquement.
Cette invisibilisation des privilèges est au cœur de la critique intersectionnelle : ce ne sont pas seulement les identités minorisées qui sont politiques. Toute identité, même (et surtout) celle qui est dominante, produit du pouvoir et du récit collectif. Ce que les conservateurs qualifient de « politique identitaire » est en réalité un refus de laisser les « marges » entrer dans l'espace public. Pour Crenshaw, l'enjeu est clair : il faut dévoiler l'identité blanche, masculine et hétérosexuelle comme une construction politique, et non comme une norme universelle. Sans cela, toute revendication d'égalité par les groupes marginalisés sera perçue comme une menace, et non comme une légitime demande de justice.
Le blanchiment de l'intersectionnalité : une récupération préoccupante
La professeure Crenshaw a offert un exposé lucide sur les déformations, résistances et récupérations dont fait l'objet l'intersectionnalité, en particulier dans les sphères politiques et médiatiques aux États-Unis. Si l'intersectionnalité fait l'objet d'attaques, c'est parce qu'elle détient un pouvoir transformateur réel — à condition d'être mise en pratique pour amplifier les voix marginalisées et déstabiliser les structures de pouvoir. Elle a également souligné que l'intersectionnalité n'est pas un « concept abstrait » ou un slogan, mais bien un outil concret pour intervenir efficacement. Ainsi, les outils critiques comme l'intersectionnalité n'ont de force que dans les mains de celleux qui les utilisent pour visibiliser l'injustice. Leur puissance dépend des valeurs, des intentions et des histoires qui les accompagnent. Utilisés hors de tout ancrage, ils peuvent — paradoxalement — renforcer les logiques d'exclusion qu'ils étaient censés contester.
Crenshaw a alerté sur ce qu'elle appelle le blanchiment de l'intersectionnalité, soit l'utilisation du terme dans des contextes où les enjeux de race, de colonialisme ou de pouvoir sont ignorés ou édulcorés. Elle a évoqué des milieux qui adoptent le vocabulaire de l'intersectionnalité sans en respecter les fondements politiques ni les ancrages militants.
Ce phénomène crée un glissement préoccupant : on fait de l'intersectionnalité une étiquette à la mode plutôt qu'un levier critique. Cela permet à certaines institutions ou organisations de se donner une image inclusive, sans remettre en cause leurs structures ni leurs pratiques.
Résister aux nostalgies autoritaires
En réponse à une question du public sur les enjeux à venir pour les mouvements féministes et sociaux, Kimberlé Crenshaw a mis en garde contre un phénomène de plus en plus visible : la montée des mouvements autoritaires et réactionnaires, comme ceux liés au slogan Make America Great Again (MAGA) aux États-Unis. Selon elle, ces courants politiques s'appuient sur une nostalgie d'un passé mythifié, où les privilèges blancs, masculins, cisgenres et chrétiens étaient largement incontestés.
« Les choses vont mieux quand tu n'as pas à te questionner », a-t-elle résumé. Ce confort illusoire est précisément ce que plusieurs politiciens promettent de restaurer — au détriment des avancées en matière de justice sociale, d'égalité raciale ou de droits des femmes.
Crenshaw invite ainsi les mouvements féministes à déconstruire ces récits, et à poser une question centrale : qui perd, et qui gagne, dans cette vision du « retour en arrière » ? La promesse de « grandeur » passée s'accompagne presque toujours d'un effacement des luttes minorisées, d'une peur de l'égalité, et d'une résistance à la complexité des identités contemporaines.
Pour elle, le prochain grand enjeu féministe ne peut être dissocié de la défense active de la démocratie, du pluralisme et des droits humains face aux dérives autoritaires. Cela exige de maintenir des espaces de réflexion critique, de cultiver la mémoire des luttes, et de ne pas céder à la tentation d'un féminisme confortable ou dépolitisé.
Intelligence artificielle et algorithmes : les nouvelles frontières de l'inégalité
En réfléchissant à ce que pourraient être les « prochains grands enjeux » pour les mouvements féministes, Kimberlé Crenshaw a désigné un domaine en pleine expansion : l'intelligence artificielle et les algorithmes. Selon elle, ces technologies, de plus en plus omniprésentes dans nos vies — que ce soit dans la justice, la santé, l'éducation ou l'accès à l'emploi — deviennent des acteurs silencieux, mais puissants dans la reproduction des inégalités sociales, en automatisant des biais préexistants. Par exemple, des algorithmes de recrutement peuvent écarter des candidatures issues de quartiers marginalisés ou sous-estimer les compétences de femmes ou de personnes racisées sur la base de données biaisées.
Crenshaw a rappelé que les données ne sont jamais neutres. Elles sont produites dans un contexte social, culturel, politique. Ainsi, si les données reflètent des biais racistes, sexistes, classistes ou colonialistes, les algorithmes qui en découlent renforcent ces biais de manière systémique et souvent invisible. Les inégalités sous-jacentes dans nos sociétés sont alors exacerbées par des outils technologiques qui se présentent pourtant comme objectifs ou « intelligents ».
Ce que Crenshaw met en lumière, c'est que l'IA peut apparaître comme une avancée neutre ou progressiste, alors qu'en réalité, elle automatise des structures d'exclusion déjà existantes. Dans ce contexte, le féminisme intersectionnel a un rôle crucial à jouer : dénoncer les angles morts technologiques, interroger les sources de données, et exiger une gouvernance éthique de ces outils.
En somme, la lutte contre l'injustice ne peut se permettre de négliger le numérique. Les algorithmes sont devenus des champs de bataille politiques, et le féminisme du 21ᵉ siècle devra aussi se déployer là où se produisent les décisions automatisées qui affectent la vie des personnes les plus marginalisées.
La FFQ demeure réflexive sur ses propres pratiques
Depuis plusieurs années, la FFQ souhaite intégrer l'intersectionnalité comme outil central d'analyse des oppressions systémiques. La FFQ a progressivement affirmé son engagement à appliquer ce cadre dans ses actions, prises de position, formations et alliances, dans une volonté de refléter la diversité des expériences des femmes. Une série de décisions stratégiques et de projets spécifiques portent ces intentions.
Toutefois, pour véritablement incarner le potentiel transformateur de l'intersectionnalité, la FFQ doit poursuivre une démarche critique rigoureuse, qui interroge ses propres hiérarchies internes, la représentation réelle des voix marginalisées au sein de ses instances, et la manière dont ses pratiques reflètent ou reproduisent les rapports de pouvoir qu'elle cherche à déconstruire. Ce positionnement est essentiel pour garantir que l'intersectionnalité reste un levier de justice sociale, et non un outil neutre ou dépolitisé.
Pour approfondir cet enjeu, la FFQ propose une sélection de ressources critiques essentielles, afin de prolonger le travail amorcé :
🎙️ Podcast Intersectionality Matters ! – animé par Kimberlé Crenshaw
📚 Livre On Intersectionality : Essential Writings – Kimberlé Crenshaw
📘 Ouvrage collectif Penser l'intersectionnalité au Québec – dirigé par Nengeh Mensah et collaborateurs
📕 Essai Le blanchiment de l'intersectionnalité – Sirma Bilge
📗 Étude comparative Praxis de l'intersectionnalité : répertoires des pratiques féministes en France et au Canada
Une conversation à poursuivre… jusqu'en 2026
Le Forum social mondial des intersections a démontré l'importance des espaces partagés, où les luttes se rencontrent, les récits s'enrichissent, et les solidarités prennent racine dans le vécu. Ce forum n'est pas un point d'arrivée, mais un tremplin vers la suite.
Le prochain Forum social mondial se tiendra du 4 au 8 août 2026, et la FFQ y sera à nouveau présente.
La FFQ remercie chaleureusement Katalizo pour l'organisation de ce moment fort, ainsi que Carminda Muren pour l'animation et pour l'invitation d'Océane Leroux-Maurais.
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Le féminisme en 2025 : freiner la montée du masculinisme

Vous appréciez cet article ? Il a été écrit par un.e jeune stagiaire ou correspondant.e du Journal. Aidez-nous à les soutenir, contribuez au Fonds Jeunesse du Journal des Alternatives ! Toute contribution est appréciée ! Marie Couture et Thomas Fontaine, membre du collectif Jeunesse du FSMI.
10 juin 2025 | tiré d'Alternatives | Photo Ivan, FSMI
Au Québec, un homme sur cinq âgé de 18 à 35 ans considère que « le féminisme est une stratégie pour permettre aux femmes de contrôler la société » selon un sondage de la firme léger qui paraît en 2023. C'est dans ce contexte que l'Aide internationale pour l'enfance (AIE) propose une activité nommée « Le féminisme en 2025 : freiner la montée du masculinisme » pour la troisième journée du Forum social mondial des Intersections.
L'atelier de deux heures, animé par Caio Santiago, s'est déroulé sous un format de groupe de discussion appuyé par un diaporama interactif. Celui-ci comportait différents faits et statistiques sur les inégalités de genre à travers le monde.
Grâce à ce format qui s'inscrit dans leur programme d'éducation à la citoyenneté mondiale (https://www.aipe-cci.org/ecm/), l'AIPE sensibilise les jeunes dès l'âge du secondaire.
Le masculinisme, c'est quoi ?
Au début de l'atelier, Caio nous propose quelques définitions afin que toutes les personnes participantes partent sur les mêmes bases de connaissances. Le masculinisme comme un mouvement social, puisqu'il comporte différents acteurs, surtout, qui tiennent des actions et des discours autour d'une idéologie commune. Ce mouvement se qualifie comme « réactionnaire », puisqu'il tient à réactiver des idéaux, à retourner vers un état passé des rapports homme-femme. L'idéologie partagée chez les masculinistes est que, dans nos sociétés contemporaines, les hommes et la masculinité sont en crise à cause du féminisme.
L'animateur prend aussi le temps d'aborder le féminisme, qu'il définit comme mouvement idéologique, politique et social en faveur de l'égalité des genres.
Les hommes et le féminisme
Grâce au nombre restreint de personnes participantes, les échanges étaient à la fois fluides et approfondis, permettant de soulever de nombreux enjeux et questionnements.
Parmi les idées communes qui circulent par rapport au féminisme, on entend souvent que « le féminisme n'a plus trop d'intérêt aujourd'hui, puisque les grandes luttes ont déjà été menées ». Ici, les participants se sont mis d'accord sur la différence entre l'égalité formelle et l'égalité réelle. Alors que les femmes ont le droit de voter, elles sont moins nombreuses en position de pouvoir, elles passent plus de temps quotidiennement aux tâches ménagères, elles gagnent des salaires inférieurs à leurs collègues, etc. De plus, elles sont régulièrement victimes de micro-agressions, d'un sexisme quotidien, qui serait difficile à cibler et à combattre.
La question de la posture et de la responsabilité des hommes dans les luttes féministes a constitué un point central de nos discussions. Nous avons collectivement pris conscience que les hommes se revendiquant comme proféministes doivent, au-delà d'amincir leur propre contribution au système de domination patriarcale, adopter une posture de vigilance et agir en véritables sentinelles dans les interactions sociales, n'hésitant pas à intervenir pour prévenir toute forme d'agression.
En effet, si une féministe confronte un homme vis-à-vis d'un commentaire sexiste, celui-ci risque de ne pas se sentir interpellé, puisque cette confrontation est prévisible. Or, si un homme proféministe critique ce même commentaire et refuse de le valider, nous soupçonnons qu'il sera davantage porté à une réflexion, puisqu'il considère plus sérieusement le jugement d'un autre homme. Ainsi, dans les luttes féministes, les hommes ont une position privilégiée pour être des alliés actifs.
Ensuite, nous remarquons que plusieurs hommes ne se joignent pas à la cause féministe, puisqu'ils ne s'y sentent pas concernés. Alors, le féminisme se présente à eux seulement comme une perte de privilèges. Ceci crée alors une certaine peur, ou un sentiment de dépassement. Ainsi, il semble primordial de rappeler que l'idéologie féministe, qui remet en question le patriarcat, bénéficierait aux femmes, mais également aux hommes.
Effectivement, dans le système patriarcal actuel, le concept de masculinité encourage les hommes à correspondre le plus conformément à de nombreux critères. Être un « vrai » homme impliquerait d'être compétitif, musclé, dominant, riche, etc. Cependant, ce ne sont pas tous les hommes qui se retrouvent dans cette conception étroite de la masculinité. Ainsi, il nous semble important de déconstruire nos idées préconçues de ce qu'est un « vrai » homme, pour une société plus inclusive et égalitaire.
Les hommes et le masculinisme
En ce sens, nous remarquons que plusieurs jeunes adolescents qui adhèrent au masculinisme sont en quête identitaire et à la recherche de repères auxquels s'accrocher. Ainsi, lorsqu'ils voient Andrew Tate, ils le perçoivent comme un modèle inspirant, dans la mesure où il présente des caractéristiques valorisées en société, dont l'argent, la célébrité, la confiance en soi. Selon les personnes participantes, il faut mettre de l'avant d'autres modèles de masculinité plus sains, notamment pour ces jeunes adolescents.
Pour finir, la place des émotions a également été identifiée comme un enjeu majeur. Il a été observé que, dans le mouvement masculiniste, la tendance à négliger ses émotions est valorisée, la sensibilité étant perçue comme un attribut féminin. À l'inverse, nous avons conclu que la sensibilité ne devrait pas être genrée et qu'il est important de valoriser les hommes empathiques et sensibles, afin de déconstruire les normes de la masculinité hégémonique. L'intelligence émotionnelle doit être encouragée et travaillée chez les jeunes garçons, notamment, pour permettre de créer des conversations plutôt que d'opter pour la violence.
À la fin de l'atelier, une chose reste certaine pour tout le monde, le masculinisme monte en popularité chez les jeunes. Pour chaque personne participante, il semble une priorité d'étudier ce mouvement qui menace les acquis des luttes féministes, afin de limiter la violence portée par ses idées. Les ateliers comme celui de l'AIPE sont nécessaires afin de sensibiliser les jeunes et d'ouvrir des espaces de dialogues sécuritaires.
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Solidarité féministe 101

PAS UNE de PLUS est une collective citoyenne de Sherbrooke qui rassemble des féministes en action contre les féminicides et les violences genrées. Nous nous organisons de façon autogérée, et travaillons avec une analyse féministe, intersectionnelle et transinclusive des luttes.
Tiré du Journal Entrée libre
Date : 1 juin 2025
Crédit image : Collective Pas une de plus
Nos actions sont politiquement orientées vers la déconstruction des systèmes de domination, comme le patriarcat et le capitalisme.
Nous ne sommes pas un organisme communautaire, une organisation financée, un groupe légalement constitué. On est une gang de féministes.
Nous rêvons d'un mouvement d'apprentissages collectifs, de partages d'Histoires de vie, de savoirs féministes et d'éducation populaire. Nous voulons un espace public militant et organisationnel porteur de justice sociale et surtout, d'espoir. Nous, citoyennes féministes en colère, vivant de l'impuissance et de la désolation, écoeurées du statuquo autour du continuum de violence genrée.
« Les conditions d'inégalité peuvent être reproduites au sein des mouvements et des organisations de défense des droits des femmes lorsque sont amplifiées les voix, les idées et les expériences des femmes blanches, riches, cisgenres, hétérosexuelles et les femmes non en situation de handicap, au détriment des voix, des idées et des expériences des femmes marginalisées. » (Un guide pour construire la solidarité féministe intersectionnelle, Institut canadien de recherches sur les femmes, 2021)
Reconnaitre le savoir expérientiel et l'engagement militant
On peut nous qualifier de militantes, d'activistes, de « féministes radicales qui prônent la désobéissance civile » et qui avancent le fait que le système est gangrené et que rien n'y changera si nous ne le changeons pas nous-mêmes. Ce qui est crucial dans le féminisme que nous portons, c'est de reconnaitre que notre engagement est fondé sur nos valeurs de justice sociale, d'équité et de respect de nos droits.
Traumavertissement : Ce qui suit est une liste d'enjeux multiples que peuvent vivre plusieurs femmes et qui laissent des marques permanentes. La force des féminismes portés par la Collective est bâtie à partir de nos réalités de ce qu'on vit ou ce qu'on a vécu : plusieurs types de violences (conjugale, familiale, sexuelle, économique, psychologique, judiciaire, systémique, médicale, policière, classiste, capacitiste), plusieurs types de discrimination (basée sur le genre, l'orientation sexuelle, l'identité ou l'expression de genre, l'âge, la classe sociale, les convictions politiques et/ou sur le handicap visible et invisible), décrédibilisation de nos savoirs, pauvreté, contrôle coercitif, limitation à l'accès aux transports, risque d'itinérance et itinérance cachée, certains troubles alimentaires, certaines dépendances, certains troubles de santé mentale, errance médicale, inaccessibilité de ressources en santé mentale et santé physique gratuites, inaccessibilité de produits menstruels ou de contraception gratuits, grossophobie ordinaire et médicale, absence de représentativité dans les études en santé, non-reconnaissance de la douleur, surmédicalisation et décrédibilisation de l'overdose d'effets secondaires sexisme ordinaire, harcèlement de rue, décrochage et raccrochage scolaire, arrestation et détention illégale, suicide d'une personne proche, proche-aidance, accompagnement et décès d'un parent d'un cancer du sein ou cancer des ovaires, sa propre tentative de suicide ou moments très noirs.
Pour nous, ces savoirs appelés « expérientiels », sont tous aussi – sinon plus – importants que ce qu'on peut apprendre à l'école. Nos pensées féministes se sont développées au contact des autres, avec des livres, des films, des BD, des cercles de parole, des collectifs autonomes, des participations à des recherches par et pour, des actions directes, des assemblées, des comités en non-mixité choisie. Juste en se parlant. Mais ça, on s'en torche la plupart du temps. On nous invisibilise. On nous gaslight. On nous invalide. Pourquoi faut-il toujours être une personne « experte » avec des diplômes ou représenter une organisation pour que notre parole ait de la valeur ? Pour qu'on nous écoute ? Pour vrai.
En ces moments troubles où la transmisogynie, la haine des femmes et la peur de l'Autre sont des discours réguliers, l'action citoyenne féministe devrait être encouragée. La désolidarisation d'une frange d'un mouvement vis-à-vis d'une partie jugée radicale se condamne lui-même à sa perte. Parce que si on ne travaille pas ensemble, on ne gagnera jamais la lutte.
Et si vous pensez que la désobéissance civile est le mal absolu, on vous invite respectueusement à quitter votre poste de directrice d'une table de concertation en défense de droits des femmes et à refaire vos devoirs.
Nos droits n'ont pas été gagnés avec le statuquo. C'est la multiplication des actions, dont la désobéissance civile, qui fait qu'on a les libertés et les droits d'aujourd'hui. Et c'est grâce à la multiplication des actions, dont la désobéissance civile, que nous les avons protégés, que nous les protégeons, que nous les protégerons.
Alors, où est la place des citoyennes dans la lutte féministe en Estrie ?
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Comptes rendus de lecture du mardi 17 juin 2025


Devenir fasciste
Mark Fortier
J'ai beaucoup aimé ce bouquin, très d'actualité, dont je ne saurais trop vous recommander la lecture. Devant la montée de l'extrême droite, qui a pris le pouvoir dans de nombreux pays et qui menace de triompher dans d'autres, le sociologue Mark Fortier envisage - non sans une certaine ironie - de se convertir au fascisme, histoire de se mettre à l'abri des conséquences du totalitarisme en marche. Il nous explique, à ce propos, la responsabilité de ceux qui ont laissé faire, de ceux qui ont laissé se dégrader nos institutions, nos droits et même notre pensée à travers les mots, au profit de la droite et de l'extrême droite, en nous rappelant, dans la solidarité propre à la gauche, le devoir de résistance et de changement.
Extrait :
Il était là, le souci des libertariens : comment allaient-ils pouvoir, une fois la planète détruite, éviter que leurs gardes ne tournent leurs armes contre eux pour les tuer ? Ils savaient bien que vivre en autarcie exigerait une force armée privée pour repousser les voleurs, la plèbe, la foule écumant des envieux. Un des participants à la rencontre avait déjà à son service une douzaine d'anciens soldats. Pour éviter cette violence, suggéra l'universitaire, vous pourriez traiter ces gardes en amis, ne pas simplement investir dans les armes et les munitions, mais vous investir personnellement dans votre relation à ces personnes. Rushkoff précisa tout de même que le mieux, vraiment, serait d'agir au présent et de s'engager dans la lutte contre la catastrophe écologique. Il se permit de suggérer qu'il serait judicieux de leur part de se soucier du monde. De prendre leurs responsabilités. Les libertariens ont levé les yeux, surpris d'avoir payé si cher pour se faire servir un discours de hippie. « Ne serait-il pas plus réaliste de miser sur la production de robots de combats ? » lança alors l'un d'entre eux, « Oui, mais seront-ils opérationnels à temps ? » de s'inquiéter un autre.

Quand les élèves se révoltaient
Emanuelle Dufour et Francis Dupuis-Déri
Ce très beau livre, qui ressemble à une bande dessinée, se veut un manuel scolaire de l'année 2047-2048. Il nous situe ainsi après l'effondrement de la civilisation industrielle provoqué par la crise climatique une douzaine d'années plus tôt. Il revient sur les nombreuses luttes et révoltes étudiantes pour plus de démocratie et de justice sociale au cours de l'histoire et plus récemment contre les changements climatiques. C'est un bouquin éclairant, facile d'accès, et fort bien illustré, qui nous parle de vraie démocratie, de justice sociale et des actuelles luttes des jeunes générations pour la défense de l'environnement. Je vous en recommande certainement la lecture !
Extrait :
Nous sommes en l'An 12 après l'Effondrement (ap. E.) des systèmes politiques, économiques et sociaux de la civilisation industrielle. Cet effondrement a été provoqué par une crise climatique globale qui avait été prédite de longue date par des milliers de scientifiques et, au tournant des années 2020, par des millions d'élèves du Mouvement des jeunes pour le climat. C'est une jeune Suédoise de 15 ans, Greta Thunberg, qui avait lancé ce mouvement en entamant une grève scolaire pour le climat dès 2018. Heureusement, en 2035 l'Effondrement a donné lieu à l'émergence d'une nouvelle génération plus démocratique, plus égalitaire et plus solidaire.
Pour en finir avec Octobre
Francis Simard
Francis Simard nous a quitté il y a une dizaine d'années. Si vous ne l'avez fait, je vous invite à lire son fameux bouquin « Pour en finir avec Octobre » sur l'enlèvement du ministre Pierre Laporte par la cellule Chénier du Front de libération du Québec. C'est un récit humain et honnête des événements d'octobre 1970.
Extrait :
Je ne crois pas aux choses immuables. Je ne crois pas que la vie ce soit un acte solitaire qu'on devrait assumer tout seul. J'ai comme l'impression de n'avoir jamais cru que j'étais né dans un monde où tout était décidé, que rien ne pouvait changer, qu'il fallait donc l'accepter en cherchant tout seul à s'en sortir. Il me semble que c'est comme la vie. On vient au monde, on grandit, on vieillit, on meurt. On change tout le temps. Si c'est vrai pour une vie humaine, ça doit être vrai pour une société. Toutes les sociétés.
Des bonobos et des hommes
Deni Béchard
Traduit de l'anglais
« Des bonobos et des hommes » relate le travail de l'ONG Bonobo Conservation Initiative (BCI), qui travaille étroitement avec des Congolais pauvres et démunis à la protection et à la conservation de ces importants grands singes, si près de nous génétiquement, que sont les bonobos. Ce récit d'une lecture fort agréable nous en apprend tant sur les bonobos que sur les hommes, tant sur la guerre et l'impact du capitalisme étranger que sur l'avenir de certaines espèces animales et de l'humanité elle-même. Vous prendrez assurément beaucoup de plaisir à le lire, vous aussi.
Extrait :
Bien que lents à se dévoiler, les bonobos ont commencé à faire des apparitions, jetant ici et là des regard à travers le feuillage, les yeux curieux, les lèvres d'un rouge vif sur leurs visages noirs. Ils avaient les bras tendus et musclés des athlètes, et leurs corps possédaient une grâce particulière. En nous étudiant, ils enroulaient leurs longs doigts autour des branches et des troncs d'arbres. Nous nous frayions un chemin dans la végétation en tentant de les apercevoir de plus près.
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Changement de garde à la FTQ – Le secrétaire général Denis Bolduc annonce qu’il ne sollicitera pas de renouvellement de mandat

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) annonce que son secrétaire général, Denis Bolduc, profitant de la rencontre mensuelle du Bureau de direction qui s'est tenue ce lundi, a fait part aux vice-présidents et vice-présidentes de la FTQ qu'il ne solliciterait pas de nouveau mandat au Congrès de novembre prochain à Québec. Dans un même temps, l'actuelle présidente, Magali Picard, a confirmé qu'elle sollicitera un deuxième mandat à la tête de la Fédération.
Denis Bolduc a été élu secrétaire général de la FTQ lors du 32e Congrès en novembre 2019, puis réélu au 33e Congrès en janvier 2023. Auparavant, il a été président du Syndicat canadien de la fonction publique pour le Québec (SCFP-Québec) de 2016 à 2019, secrétaire général du SCFP-Québec de 2011 à 2016 et membre du conseil exécutif du SCFP national de 2011 à 2020. Denis est aussi membre du conseil d'administration du Fonds de solidarité FTQ.
« C'est avec une grande fierté et humilité que j'ai servi tout au long de ma carrière les travailleurs et travailleuses du Québec, que ce soit à la FTQ ou auprès de mon syndicat d'origine, le SCFP-Québec, ou en tant que président du syndicat de la rédaction lors du malheureux lock-out de 16 mois au Journal de Québec imposé par Quebecor. Défendre les valeurs syndicales, de justice sociale, de solidarité et de respect fait partie de mon ADN. Est-il besoin de rappeler que les sociétés les plus justes, démocratiques et équitables sont les pays les plus syndicalisés ?
« C'est donc avec le sentiment du devoir accompli que je quitterai le poste de secrétaire général de la FTQ en novembre prochain. À tous les travailleurs et travailleuses, mes amis et collègues qui m'ont permis d'exercer mes fonctions en tant que leader syndical et secrétaire général de la plus grande et belle centrale syndicale qu'est la FTQ, MERCI », déclare le secrétaire général, Denis Bolduc.
« Denis est non seulement un proche collaborateur, mais aussi et surtout, un ami et fidèle allié dans tous les dossiers, pas toujours faciles, sur lesquels la FTQ a dû intervenir pendant toutes ces années. Denis a toujours su prendre la défense des travailleurs et travailleuses avec conviction et détermination sans jamais sacrifier les valeurs qui font de lui un homme de principe. Denis a fait grandir la FTQ et nous ne pouvons que le remercier. Je suis fière d'avoir eu comme coéquipier mon ami Denis », conclut la présidente de la FTQ, Magali Picard.
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13e congrès de la FIQ | Un moment important

Nous avons vécu un moment important, la semaine dernière, à Québec. Ce 13e congrès de la FIQ a été le terreau de nos luttes et de notre solidarité pour les années à venir. J'ai vu des professionnelles en soins audacieuses, brillantes et déterminées réfléchir, discuter et débattre sur les défis de demain. Vos déléguées syndicales sont animées par une volonté sincère de défendre vos droits, d'améliorer vos conditions de travail et de rendre le réseau de la santé plus humain.
C'est donc avec une immense fierté et beaucoup d'émotion que j'ai accepté le deuxième mandat de présidente qu'elles m'ont accordé à l'issue des élections.
Depuis 2021, j'ai le privilège de vous représenter, de porter nos luttes et nos espoirs. Ce rôle est exigeant, souvent confrontant, mais toujours profondément porteur de sens. Alors que s'amorce mon deuxième mandat, mes convictions et ma détermination sont plus vives que jamais. Je continuerai de porter votre voix haut et fort, sans compromis.
Mais mon travail ne serait pas possible sans l'apport inestimable de mes collègues. Je tiens à souligner tout le travail qu'ont accompli Isabelle Giroux, Patrick Guay et Laurier Ouellet au sein du comité exécutif dans les quatre dernières années. Leur dévouement a laissé une marque importante à la FIQ.
Une nouvelle équipe se met en place et je suis ravie d'accueillir Julie Daignault, Pascal Beaulieu et Sébastien Bouchard parmi nous. J'ai hâte de poursuivre le travail à leurs côtés, ainsi qu'à ceux des membres réélues du Comité exécutif, soit Nathalie Levesque, Françoise Ramel, Isabelle Trépanier, Roberto Bomba et Jérôme Rousseau !
Pour en savoir plus sur les décisions prises, les visages du nouveau Comité exécutif et des comités statutaires et les dossiers prioritaires qui guideront nos actions dans les prochaines années, je vous invite à lire cette édition du FIQ en action jusqu'au bout.
Merci de faire vivre notre fédération avec autant de force et de solidarité. Nous sommes et resterons inébranlables face aux défis de demain.
Julie Bouchard
Présidente de la FIQ
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Lettre ouverte : Grève à la STM : à la défense des transports publics pour tous et toutes

Depuis le 9 juin, les 2400 employé·es de l'entretien de la STM sont en grève. Les grévistes ont raison de refuser le bouleversement de leurs horaires de travail, qui menace de détériorer leur qualité de vie et la conciliation travail-famille. Ils contestent également le recours à la sous-traitance, qui risque de dégrader la qualité du service en nous privant du savoir-faire des travailleur·euses à l'interne et en soumettant un service public aux exigences de rentabilité du secteur privé. Cette privatisation tranquille risque par ailleurs d'augmenter les coûts plutôt que de les réduire.
La lutte des employé·es de la STM pour des conditions de travail décentes est intimement liée à la qualité d'une offre de métros et d'autobus propres et sécuritaires pour tous et toutes. En ce sens, leurs conditions de travail sont nos conditions de transport en tant qu'usagers et usagères.
Au Québec, les transports sont les principaux contributeurs aux bouleversements climatiques (43 % des émissions de GES). Or, il est impossible d'offrir une alternative écologique et attrayante à l'auto solo sans garantir l'accès à des transports publics fiables, fréquents, efficaces et abordables. Valoriser les conditions d'emploi des travailleur·euses de la STM, c'est donc faire un choix de société pour des transports collectifs accessibles et de qualité comme moyen d'affronter la crise écologique.
Nous refusons les analyses à courte vue et les analogies douteuses. La grève, ce n'est jamais une « prise d'otage » – c'est un droit constitutionnel qui permet la défense de nos conditions de travail et de nos services publics.
La grève actuelle révèle que le transport en commun est central pour notre société. En réalité, l'atteinte la plus grave aux usagères et usagers n'est pas causée par la grève mais par le sous-financement chronique et la sous-traitance. L'inconfort de nos déplacements découle de pannes de métro toujours plus fréquentes et de passages d'autobus souvent moins fréquents. Il est causé par des stations vétustes que l'on doit fermer pendant des jours et par des tarifs en hausse constante. Il l'est aussi par le tout à l'auto individuelle (même électrique) et les autoroutes qui s'allongent sans fin, en l'absence de plan d'infrastructures de transport public pour relier nos quartiers, nos villes et nos villages. Si l'impact temporaire de la grève sur notre quotidien est réel, l'impact chronique du sous-financement du transport collectif sur nos vies l'est bien davantage.
Cette grève nous rappelle aussi que nos transports publics dépendent de personnes dont le travail est trop souvent invisibilisé : préposé·es à l'entretien, briqueteur·ses, soudeur·ses, électricien·nes, plombier·ères, rembourreur·ses, cantonnier·ères, mécanicien·nes, parmi d'autres. Sans leur travail et leur expertise, nous ne pourrions pas prendre le métro ou l'autobus sans inquiétude pour notre santé et notre sécurité.
Les figures héroïques de notre époque ne portent pas de cape : elles font, entre autres, que nous pouvons nous déplacer collectivement tout en respectant les limites écologiques de notre habitat fragile. Les grévistes ne défendent pas autre chose. Ils méritent toute notre solidarité. D'autant plus que l'usagère d'aujourd'hui est la gréviste de demain, et que c'est de leur solidarité mutuelle que dépend notre avenir collectif.
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Compressions de 151 M$ Plus de 40 postes professionnels abolis dans dix cégeps

Québec, le 10 juin 2025 — Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) dénonce l'abolition de plus de 40 postes professionnels dans les dix cégeps qu'il représente à la suite des compressions de 151 M$ imposées par la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry.
Parmi les postes abolis, on retrouve notamment des personnes conseillères pédagogiques, analystes en informatique, psychologues, sexologues, aides pédagogiques individuelles, chercheuses et conseillères aux ressources matérielles. « Il est inévitable que les services aux étudiants et aux entreprises soient réduits en raison de ces abolitions de postes. Avec cette décision, la ministre va nuire aux objectifs du gouvernement, tant en termes de diplomation que d'aide aux entreprises dans une période économique particulièrement incertaine », critique Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.
Dans plusieurs milieux, l'épuisement guette aussi un nombre grandissant de professionnelles et professionnels. « Non, nos membres ne peuvent pas faire plus avec moins, ils sont au bout du rouleau. Ils sont déjà en surcharge et le gouvernement supprime des postes en plus d'interdire de faire des heures supplémentaires. Les attentes sont irréalistes, même les directions d'établissement dénoncent ces compressions », juge M. Bouvrette.
Il va sans dire que la nouvelle est accueillie difficilement dans les cégeps. « Ce sont des moments difficiles pour les personnes visées par ces annonces et pour leur équipe. Évidemment, nous allons continuer d'accompagner nos membres dans cette période pénible. Nous voulons aussi exprimer notre solidarité envers les autres personnes concernées, notamment le personnel de soutien qui est lui aussi durement touché par cette situation », indique M. Bouvrette.
Selon le SPGQ, d'autres moyens existent pour améliorer les finances du gouvernement comme de mettre fin à la sous-traitance abusive qui a notamment mené au scandale SAAQclic, arrêter les mauvais investissements comme dans le projet de NorthVolt et mettre en priorité la lutte à l'évasion fiscale.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.
Source
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
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Un succès de librairie révélateur d’un ras le bol ?

Dans la semaine suivant son lancement, le livre réquisitoire « L'exploitation de notre eau par Rio Tinto » écrit par deux anciens cadres d'Alcan et Rio Tinto se situait au sixième rang du palmarès de vente de livres en librairie au Québec. La maison d'édition Somme Toute qui le publie envisage déjà une réédition. Le Mouvement Onésime-Tremblay considère la popularité de ce livre comme un indicateur évident de la soif d'information de la population sur une multinationale qui, par-delà son image, recouvre d'opacité ses activités qualifiées par plusieurs de comportement anti-social alors qu'elle utilise les richesses naturelles du Québec comme une pompe à profit et ce, au détriment des besoins régionaux.
Déjà en octobre dernier, l'insatisfaction était manifeste lors du colloque « 1926-2026 : cent ans d'occupation par Alcan et Rio Tinto, un bilan s'impose » suivi dans la foulée par la création du Mouvement Onésime-Tremblay.
Le succès du livre de Jacques Dubuc et Myriam Potvin est un jalon important dans l'expression de ce ras le bol. Nous croyons que le fait saillant de ce livre est d'esquisser pour la population une voie de sortie au cul de sac dans lequel nous amène collectivement Rio Tinto. Les auteurs nous rappellent qu'il existe autre chose que la résignation. « Le levier du bail de location des forces hydrauliques de la rivière Péribonka et des conditions qui s'y rattachent se trouve toujours entre les mains du Gouvernement du Québec » (p. 62). L'utilisation du bassin hydrographique de la rivière Péribonka a été accordé à Alcan puis Rio Tinto en retour d'engagements concernant la construction d'usines générant des centaines d'emplois. Jacques Dubuc et Myriam Potvin le démontrent amplement : ces engagements ne sont pas respectés et ce, malgré les multiples délais accompagnés de généreux cadeaux. Ce de non-respect de contrat ouvre la porte à ce que le gouvernement, de plein droit, prenne possession des barrages et installations sur la rivière Péribonka. Cette entente prend fin le 31 décembre 2025. Il faut agir maintenant.
Les élections municipales se tiendront à l'automne et celles du Québec dans un peu plus d'un an. Le Mouvement Onésime-Tremblay souhaite que les partis politiques et les élus locaux se positionnent clairement sur cet enjeu que nous qualifions d'existentiel pour la population du Saguenay—Lac-Saint-Jean et de l'ensemble du Québec.
Le Mouvement Onésime Tremblay a pour objectifs de favoriser l'expression et la diffusion d'un point de vue citoyen axé sur le bien commun face à l'impact des actions passées, présentes et futures d'Alcan et Rio Tinto ainsi que de contribuer à la reprise en main de nos ressources dans l'intérêt de la collectivité.
L'exploitation de notre eau par Rio Tinto, Quel avenir pour le Québec ? Jacques Dubuc et Myriam Potvin, maison d'édition Somme Toute. Version PDF disponible à 16,99$ à https://www.leslibraires.ca/livres/l-exploitation-de-notre-eau-par-jacques-dubuc-9782897945541.html
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Attac Québec dévoile la puissante machine de lobbyisme de Glencore, qui reçoit son Prix du lobby de l’année 2025

Montréal, le 12 juin 2025 — Connue pour son implication controversée à la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda et visée par une action collective toujours devant les tribunaux, la compagnie Glencore se distingue dans de nombreux dossiers pour ses pratiques soutenues d'influence politique. C'est pourquoi Attac Québec, l'Action citoyenne pour la justice fiscale, sociale et écologique, lui décerne son tout nouveau Prix du lobby de l'année 2025.
L'association altermondialiste a choisi d'accorder cette récompense satirique à une firme dont l'influence est excessive et dont la recherche de profit passe avant les intérêts d'une grande partie de la population. Son objectif est aussi de montrer, par l'exemple d'un cas particulier, comment s'exerce le lobbyisme des grandes entreprises au Québec.
« En ce sens, Glencore est tout à fait méritoire, affirme Claude Vaillancourt, président d'Attac Québec. Que ce soit à Limoilou, en Abitibi avec la Fonderie Horne, à Montréal-Est ou à Salaberry-de-Valleyfield avec CEZinc, la firme (ou ses filiales), par son action et son influence auprès des éluEs, porte atteinte aux droits à la santé et à un environnement sain des populations. »
Un lobbyisme tentaculaire
Derrière ses activités industrielles, Glencore déploie une stratégie de lobbying tentaculaire. Selon Attac Québec, l'entreprise exerce une pression soutenue sur les gouvernements du Canada et du Québec, ou des municipalités, en plus de chercher activement à façonner l'opinion publique à son avantage.
Attac Québec a constaté l'ampleur du réseau d'influence de Glencore. Parmi les lobbyistes recensés, on retrouve d'anciens élus, des chefs de cabinet, des journalistes reconvertis, ainsi qu'une centaine d'intervenants actifs représentant les intérêts de la firme. S'ajoutent à cela des organismes industriels financés par Glencore, qui agissent comme relais de ses revendications auprès des décideurs et décideuses politiques.
Au Québec, 17 lobbyistes enregistrés et cinq cabinets de conseil sont à son service. À Ottawa, elle emploie 1 employé et 19 cabinets-conseils. L'influence de la firme s'exerce aussi par les réseaux industriels telles les associations minières et les chambres de commerce. À elle seule, l'Association minière du Canada a tenu 1049 rencontres avec des responsables politiques ou des fonctionnaires fédéraux, allant du cabinet du premier ministre jusqu'à l'ambassadeur représentant le Canada auprès de l'ONU.
Glencore bénéficie, de plus, d'un soutien financier considérable de la part des gouvernements. Attac Québec attire l'attention sur plusieurs des formes d'appui public dont la firme bénéficie, incluant des subventions directes, des investissements via des fonds publics, ainsi que des avantages réglementaires.
Un cas d'exemple : CEZinc à Salaberry-de-Valleyfield
Grâce à des demandes d'accès à l'information, Attac Québec a pris connaissance d'un cas préoccupant à Salaberry-de-Valleyfield, où la Ville et le ministère de l'Environnement ont laissé passer un projet d'agrandissement d'un site d'enfouissement de déchets de zinc exploité par CEZinc, une filiale de Glencore. Le projet a été approuvé malgré ses impacts environnementaux sur les milieux humides, reconnus pour leur biodiversité et leur rôle écologique essentiel.
« J'ai été élue municipale pendant plus d'une décennie. Cette municipalité avait la possibilité — et la responsabilité — tout comme le ministère de l'environnement, d'imposer des limites à ce projet, mais visiblement elle ne l'a pas fait », déclare Sophie Thiébaut, coordonnatrice d'Attac Québec.
Un prix annuel
Le prix de cette année a été accordé à la suite d'une recherche rigoureuse résumée dans un document de vulgarisation de quatre pages disponible sur le site de l'association. Attac remercie de leur collaboration les groupes suivants, qui surveillent l'activité de Glencore depuis des années : Comité ARET, Regroupement vigilance mine Abitibi-Témiscamingue, Mining Watch Canada, RevolvAir, Mères au front.
Glencore se mérite ce prix après qu'Attac Québec se soit penchée sur d'autres compagnies qui ont des pratiques de lobbyisme intensives, telles Amazon, McKinsey, Devimco, Google et Pfizer. Notre Prix du lobby de l'année sera remis annuellement tant que l'influence des lobbys sera aussi démesurée. En parallèle, l'association élabore des recommandations afin que les lois québécoises encadrent mieux les lobbyistes des grandes entreprises.
Le prix à Glencore sera remis lors d'un Grand Gala du lobby de l'année, animé par l'humoriste Christian Vanasse, aura lieu le 19 juin au 3720, avenue du Parc.
Les détails de l'événement se trouvent ici : https://www.eventbrite.ca/e/gala-de-remise-du-prix-du-lobby-de-lannee-2025-tickets-1400217069949?aff=ebdssbdestsearch
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Pour un transport (vraiment) en commun

Cette année ne fera pas exception, les titres du transport en commun augmenteront à partir du 1er juillet. L'ARTM manque d'argent certes, mais ce n'est pas dans les poches des usagers qu'il faut aller le chercher. Tout comme Mme Plante, mairesse de Montréal, nous croyons fermement que le transport en commun DOIT être considéré comme un service public essentiel, au même titre que la santé et l'éducation.
Par :
TROVEP de Montréal
ACEF du Nord de Montréal
Centre communautaire Radisson
Ex Aequo
RUTA Montréal
Welfare Rights Committee
Les tarifs de transport en commun sont les mêmes pour tout le monde.
Qu'on gagne 150 000$ ou 15 000 $, une passe mensuelle coûtera désormais 104 $. Le Grand Montréal abrite la majorité (60%) des Québécois en situation de pauvreté. Est-ce qu'une personne à faible revenu a moins besoin de se déplacer, de faire son épicerie, d'aller chez le médecin, d'avoir accès au travail, de s'impliquer socialement, d'avoir des liens sociaux qu'une personne avec des revenus décents ? Bien sûr que non ! Alors pourquoi, encore aujourd'hui, des personnes doivent se priver ou limiter leur déplacement par manque d'argent ? Ce n'est pas normal, acceptable, viable dans une société comme la nôtre.
Pouvoir se déplacer est un droit et ne doit pas dépendre de la grosseur de son portefeuille !
Il est où le tarif social, il est où ?
Depuis 2013, on nous promet une tarification sociale basée sur le revenu (moins on gagne, moins on paie) qui pourrait coûter autour de 30M$. Valérie Plante et Denis Coderre s'étaient engagés à la mettre en place en 2017. Douze ans plus
tard, toujours pas de tarif social pour le transport en commun. Ultimement, c'est de gratuité dont on aurait besoin, principe avec lequel Mme Plante s'est dite en accord lors d'une audience d'un conseil de ville en février dernier.
Le coût de la vie étant tellement élevé, plusieurs personnes doivent couper dans des dépenses essentielles pour arriver à équilibrer leur budget. Le transport est souvent le poste budgétaire sacrifié, ce qui a plusieurs impacts négatifs dans la
vie des gens : isolement social, risque de maladies accru, cercle vicieux de la pauvreté.
La Ville a des moyens à sa disposition pour augmenter le financement du transport en commun. Prenons l'exemple du stationnement sur rue. Dans le livre blanc d'Alliance transit, on calcule qu'une case de stationnement sur rue coûte
1275 $ à la ville par année. Avec les 450 000 cases de stationnement qui sont actuellement gratuites, la ville pourrait aller chercher 500M$ par an.
Chacun doit faire sa part pour que le transport en commun puisse répondre adéquatement aux besoins de la population. La ville a des pouvoirs dont elle doit se saisir. On a besoin d'entendre et de voir des engagements clairs et concrets
du municipal.
Le gros joueur : le gouvernement provincial
L'État demeure bien évidemment le joueur clé dans l'équation. D'une part, il a le devoir de s'assurer que toute sa population puisse se déplacer. D'autre part, il a les moyens financiers et réglementaires nécessaires pour le faire.
Ce n'est pourtant pas la direction que l'État prend en se désengageant du financement du transport en commun et en mettant tous ses œufs dans le même… parc automobile. Qu'une auto soit électrique ou non, on fonce tout droit dans le fossé si on ne redonne pas sa juste place au transport en commun qui, soit dit en passant, est le meilleur moyen pour réduire les gaz à effet de serre (GES).
Des solutions pour trouver de l'argent, il y en a. On ne le répètera jamais assez, tout n'est qu'une question de choix ! Par exemple, l'IRIS calcule qu'en taxant le patrimoine des 10% des ménages québécois les plus fortunés, l'État pourrait
aller chercher 6 milliards de dollars en recette fiscale. Des solutions comme celle-là, il y en a des dizaines. Elles ne font peut-être pas le bonheur de certains, mais elles sont porteuses d'une vision qui englobe le bien-être commun et non
celui de quelques-uns.
Le gouvernement doit investir dans le transport en commun et donner les moyens aux villes de fournir ce service essentiel.
L'heure du rassemblement a sonné
Devant l'inaction de nos dirigeants, il est temps de se rassembler et de dire : “Non à la hausse des tarifs !”
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Un colloque révisant la stratégie éolienne du Québec

Trois-Rivières, mercredi le 11 juin juin 2025 – Alors que la pénurie d'électricité annoncée par Hydro-Québec s'effrite à vue d'œil, en grande partie à cause de l'abandon de projets industriels énormément énergivores, la direction d'Hydro-Québec s'obstine à foncer tête baissée dans la construction de parcs éoliens démesurés.
Des experts et citoyens réclament un développement démocratique et transparent
Rappelons que ces nouvelles éoliennes prévues en Mauricie comme dans plusieurs autres régions du Québec mesureront plus de 200 m de haut, soit deux fois la hauteur du pont Laviolette à Trois-Rivières, et pourraient atteindre jusqu'à 40 unités dans un seul village.
Un colloque d'envergure intitulé « Repenser l'éolien au Québec », réunira experts, élus et citoyens le 14 juin prochain au cégep de Trois-Rivières, visera justement à remettre en question la gouvernance énergétique actuelle et à proposer une vision lucide, ancrée dans l'intérêt public.
Les 10 000 MW prévus, soit environ 1 500 mégaéoliennes imposées aux communautés, n'ont plus aucune justification. La stratégie précipitée du gouvernement Legault et de Michael Sabia, fondée sur une pénurie désormais remise en question, est mise à nu. Puisque tout le développement éolien repose sur cette fausse prémisse, il est urgent d'instaurer un moratoire tant que la lumière n'aura pas été faite sur les besoins réels du Québec.
Ce moratoire, c'est ce que demandait déjà en conférence de presse, le 29 janvier 2025, une large coalition citoyenne : 25 comités citoyens éoliens, dans presque autant de MRC, en plus de groupes syndicaux, de chercheurs, et de deux partis politiques. Cette pause servirait à instaurer une démarche cohérente profitant au bien commun et non à des intérêts particuliers. Aux termes d'un débat public et d'un BAPE générique sur l'éolien, il serait alors possible d'orienter ce développement en fonction des recommandations d'experts, des populations visées et de différents groupes de la société civile, et non pas seulement pour servir un programme politique affairiste.
Il est urgent de rectifier le tir alors que l'approche actuelle laisse fuir des milliards de profits vers le secteur privé et les paradis fiscaux, qui va se traduire immanquablement en une augmentation importante du coût de l'électricité pour les consommateurs et les PME.
« Ce qu'on veut pour le Québec, c'est un développement éolien justifié, cohérent, démocratique, public, transparent et respectueux du territoire et de ses habitants », déclare Janie Vachon-Robillard, porte-parole du collectif Pour un choix éclairé dans Nicolet-Yamaska et co-organisatrice de l'événement.
« Nous assistons à l'accélération de la privatisation de l'énergie éolienne. Les citoyens ruraux subissent les impacts tandis que de précieuses forêts et terres agricoles sont sacrifiées. Les profits enrichissent seulement quelques actionnaires au lieu de bénéficier à toute la société québécoise à travers Hydro-Québec », souligne Louise Morand, coordonnatrice au Regroupement vigilance énergie Québec (RVEQ).
Trois tables rondes d'experts
L'événement réunira 12 panélistes répartis en trois tables rondes thématiques animées par des spécialistes reconnus :
Choix énergétiques – Justice et durabilité
Municipalités – Démocratie – Acceptabilité sociale
Agriculture – Forêt – Santé
Le colloque sera également marqué par le lancement d'un numéro spécial sur l'éolien de la prestigieuse revue L'Action Nationale.
« Les questions sont nombreuses et légitimes : combien d'hectares de terres agricoles seront sacrifiés ? Quels sont les impacts sur la santé animale et humaine ? Quelles sont les alternatives aux projets en cours ? », énumère Rachel Fahlman, conseillère municipale à Saint-Zéphirin-de-Courval et présidente de Vent d'élus.
« L'absence de consultation publique mine la cohésion sociale. Les Québécois méritent d'être consultés sur des décisions qui transformeront leur territoire pour les décennies à venir », affirme Carole Neill, porte-parole du collectif Toujours Maître chez nous.
Détails pratiques
Quoi : Colloque « Repenser l'éolien au Québec »
Quand : 14 juin 2025, 9h à 17h
Où : Cégep de Trois-Rivières, Pavillon des Humanités, local HC-1000
Inscription :https://rveq.ca/colloque
Organisé par le Regroupement vigilance énergie Québec
En collaboration avec : Vent d'élus, Toujours Maître chez Nous, Pour un choix éclairé dans Nicolet-Yamaska, Climat Québec, L'action Nationale et le Syndicat canadien de la fonction publique Québec
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Gaza : quand les mots occultent la réalité

Dans le conflit israélo-palestinien, il est des habitus rhétoriques médiatiques et politiques à déconstruire. Les mots qui occultent la réalité, comme le silence, sont un choix – et une arme qui tue aussi sûrement que les bombes.
Tiré du blogue de l'autrice.
Quand les mots occultent la réalité
Dans le conflit israélo-palestinien, il est des habitus rhétoriques médiatiques et politiques à déconstruire. Au-delà des sempiternels « Israéliens sauvagement assassinés par des terroristes » et des « Palestiniens morts dans des heurts avec l'armée », où la déshumanisation est flagrante, il y a une inversion lexicale tenace qui mérite d'être examinée.
En effet, à force de convoquer des termes aussi lourds de sens que « extermination », « combat existentiel », « isolement », ou encore « non-reconnaissance » au sujet d'Israël, il devient impératif de confronter ces mots à la réalité, non pas celle projetée dans les discours officiels ou les intentions supposées, mais celle qui s'impose dans les faits chaque jour sur le terrain, dans les chiffres, dans les corps.
L'extermination : du fantasme idéologique au fait concret
L'invocation d'une volonté d'extermination du peuple israélien, notamment attribuée au Hamas, appelle une mise au point. Le Hamas est une organisation autoritaire, radicale et classée terroriste par l'Union européenne, les États-Unis, le Canada et d'autres. L'attaque du 7 octobre 2023 en constitue une illustration tragique.
Il est nécessaire de rappeler que ces attaques ne ciblaient pas des Juifs parce que Juifs, mais des Israéliens à proximité de l'enclave sous blocus depuis 17 ans parce qu'Israéliens et donc considérés comme appartenant à la puissance occupante. D'ailleurs des victimes non juives ont été recensées. Il n'en reste pas moins que ces attaques relèvent d'un mode opératoire terroriste et qu'à ce titre elles doivent être condamnées. Pourtant, en dépit de sa violence, ce mouvement ne possède ni la puissance militaire, ni les capacités logistiques pour anéantir un État souverain doté de l'un des arsenaux les plus sophistiqués au monde.
À l'inverse, sous nos yeux, c'est bien le peuple palestinien qui subit aujourd'hui une dynamique d'effacement méthodique : physique, démographique, territorial. Selon les Nations Unies, plus de 52 000 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis octobre 2023. The Lancet, publication scientifique de référence, dont la méthodologie et la rigueur sont internationalement reconnues, estime que ce chiffre est sous-évalué de 40%.
À l'échelle d'un territoire aussi exigu que la bande de Gaza, ce bilan constitue un fait historique d'une gravité exceptionnelle. S'y ajoutent des dizaines de milliers de blessés et une multitude de morts indirectes, causées par l'absence de soins, de médicaments, de nourriture ou d'eau potable. Le PAM, l'UNICEF et l'OCHA alertent sur une famine généralisée et une malnutrition aiguë frappant massivement les enfants. Cette hécatombe n'est pas un dommage collatéral.
Elle résulte d'une stratégie militaire ciblant délibérément les infrastructures civiles, les hôpitaux, les écoles, les camps de réfugiés. Le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme parle ouvertement d'une punition collective, en violation flagrante des Conventions de Genève.
En Cisjordanie, les colons armés par des membres du gouvernement israélien et soutenus par l'armée israélienne sur le terrain orchestrent des expulsions violentes de camps et de villages. Ces forces d'occupation perpétuent une colonisation agressive, un harcèlement administratif, judiciaire et militaire incessant, au mépris du droit international et dans une impunité totale. Le quotidien des Palestiniens y devient invivable.
La bataille existentielle : qui disparaît vraiment ?
L'expression « combat existentiel » revient régulièrement dans les discours israéliens, mais à la lumière des faits, on peut se demander qui mène réellement une lutte pour sa survie ? Israël est une puissance régionale majeure, alliée stratégique des États-Unis, dotée de l'arme nucléaire et d'une armée des plus performantes au monde. Aucun acteur régional ne dispose aujourd'hui des moyens de remettre en cause son existence, pas même l'Iran dont les missiles balistiques n'ont causé aucun dommage en Israël.
À l'inverse, les Palestiniens, eux, sont littéralement menacés de disparition. Le peuple se disloque, le territoire est morcelé, l'économie est asphyxiée et l'avenir politique confisqué. À Gaza comme en Cisjordanie, c'est l'existence biologique collective des Palestiniens qui est en péril, et ce n'est pas une menace symbolique ni fantasmée.
L'isolement : un renversement trompeur
L'idée selon laquelle Israël serait isolé sur la scène internationale relève d'une inversion discursive majeure. En réalité, Israël bénéficie d'un appui stratégique, diplomatique et financier sans équivalent. Le pays reçoit chaque année plusieurs milliards de dollars d'aide militaire américaine, entretient des relations commerciales solides avec l'Union européenne, première zone économique mondiale, et multiplie les partenariats sécuritaires et énergétiques avec des puissances émergentes. Plusieurs Etats arabes se sont même déjà engagés dans une normalisation diplomatique.
Israël n'a d'ennemis que ses voisins menacés par ses velléités expansionnistes, pas ceux dont il ne menace pas l'intégrité territoriale. À l'inverse les Palestiniens vivent dans un isolement presqu'absolu : Gaza subit un blocus total depuis plus de dix-sept ans, sans accès libre à la mer, à l'espace aérien, à l'importation d'équipements essentiels.
La Cisjordanie est morcelée par le Mur, militairement occupée et économiquement dépendante. Dans les territoires palestiniens, l'Autorité palestinienne ne contrôle ni les frontières, ni l'état civil, ni la monnaie. La voix politique palestinienne, marginalisée, ne trouve d'écho que dans des rapports d'ONG ou les couloirs de l'ONU.
La reconnaissance d'Israël : une formule creuse
L'injonction à reconnaître Israël est devenue une formule politique sans substance, voire une arme rhétorique. L'existence d'un pays qui dispose d'un siège aux Nations Unies est-elle réellement questionnable ? Aucun pays d'envergure ne nie l'existence d'Israël. L'Initiative de paix arabe de 2002 proposait une reconnaissance diplomatique pleine et entière (donc de nouer des relations diplomatiques) en échange d'un retrait israélien dans les frontières de 1967, conformément aux résolutions de l'ONU.
Or Israël entretient sciemment un flou autour de ses frontières : Jérusalem-Est, la Cisjordanie, le Golan restent annexés ou colonisés, sans cadre légal reconnu. Dès lors, parler de « non-reconnaissance » est une diversion rhétorique masquant le refus israélien de se soumettre au droit international.
À l'inverse, l'OLP a reconnu Israël dès 1988 puis avec les Accords d'Oslo en 1993. Mais Israël n'a jamais reconnu d'Etat palestinien, tout en rendant sa viabilité impossible par la colonisation continue et le morcellement de son territoire. Conditionner aujourd'hui, comme le fait le Président français, la reconnaissance de l'Etat palestinien à des exigences irréalistes revient à ajouter à la punition collective militaire, une punition collective politique qui fait porter à la population palestinienne la responsabilité de se débarrasser d'une faction armée minoritaire qu'est le Hamas et conforte le gouvernement israélien extrémiste dans son objectif d'assimiler tous les Palestiniens à des terroristes pour ne jamais avoir à reconnaître la Palestine.
Terrorisme et extrémisme : un miroir déformant
Le Hamas est un mouvement dont l'idéologie islamiste radicale est avérée. Il est né en 1987 dans la bande de Gaza, en opposition au Fatah de Yasser Arafat, et avec le soutien d'Israël1 soucieux de diviser l'OLP puis d'affaiblir l'Autorité palestinienne. Ce parti a pris le pouvoir à Gaza en 2007 au lendemain des élections législatives de 2006, mais sa gestion brutale et sa corruption ouverte l'a rendu impopulaire et largement contesté (par ex. la Marche du retour en 2018-2019 et encore des manifestations jusqu'à très récemment).
Aucune élection n'a eu lieu dans les territoires palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie depuis 2006 donc la majorité de la population n'a jamais voté (en 2006, 60% de la population de Gaza avait moins de 18 ans ; en 2023, plus de 50% des 2,1 millions de Gazaouis avaient moins de 20 ans) et le Hamas n'a jamais dirigé la Cisjordanie où vivent plus de 3 millions de Palestiniens. Ce mouvement est donc minoritaire dans l'architecture institutionnelle palestinienne. La dénonciation du Hamas et de ses actes terroristes est fondée en droit, d'ailleurs, il figure toujours sur les listes noires.
À l'inverse, en Israël, l'extrémisme n'est pas un danger marginal, il est institutionnalisé. Les extrémistes ne sont pas dans l'opposition, ils sont au pouvoir. Les figures messianiques, xénophobes, homophobes, suprémacistes, issues de la mouvance kahaniste – autrefois interdite en Israël –, comme Itamar Ben Gvir ou Bezalel Smotrich, siègent aujourd'hui au gouvernement et dirigent des ministères clés.
Ils ont été élus démocratiquement. Et ce vote populaire est assumé puisqu'encore 82% de la population juive israélienne soutient la politique suprémaciste et le projet de nettoyage ethnique des territoires palestiniens2. Ces ministres extrémistes israéliens sont reçus à Bruxelles, à Washington, à Londres, à Paris. Ils signent des accords, posent pour des photos officielles. Ils sont armés, financés par les plus grandes puissances du monde et bénéficient de l'impunité diplomatique que confère la puissance.
Dès lors, une question fondamentale se pose : lequel des deux régimes exprime le mieux l'état réel de son opinion publique ? Un mouvement extrémiste palestinien qui a confisqué le pouvoir par les armes depuis 2006, ou un gouvernement israélien qui incarne fidèlement le choix de la majorité des électeurs ?
Et que signifie ce basculement de la majorité israélienne vers des partis prônant ouvertement l'annexion, le transfert de population, et la supériorité ethnico-religieuse ? Cette radicalisation démocratiquement validée, mériterait une attention au moins équivalente à celle accordée au Hamas. A défaut, le double standard constitue une faute politique, mais aussi une compromission morale historique.
Sortir de la fiction symétrique
Il ne s'agit pas ici de relativiser les crimes de l'un par ceux de l'autre. Il s'agit de voir que l'asymétrie est totale : militaire, diplomatique, narrative, humaine. Ceux qui meurent ne sont pas ceux que l'on dit. Ceux qui disparaissent ne sont pas ceux que l'on craint. Ceux qui résistent sont criminalisés. Ceux qui dominent sont légitimés.
Cette inversion du réel devient ici l'arme la plus efficace de l'impunité. Elle anesthésie les consciences et dévoie les mots. Pourtant la responsabilité intellectuelle demeure : regarder en face, c'est déjà refuser la complicité. L'Histoire jugera. Mais en attendant, les mots qui occultent la réalité, comme le silence, sont un choix – et une arme qui tue aussi sûrement que les bombes.
Notes
1- Tal Schneider, “For years Netanyahu propped up Hamas…”, Times of Israel, 08.10.2023 ; Nitzan Horowitz, “Netanyahou a explicitement
renforcé le Hamas”, Le Grand Continent, 11.10.2023.
2 Shay Hazkani, Tamir Sorek, “Yes to Transfer : 82% of Jewish Israelis Back Expelling Gazans”, Haaretz, 28.05.2025.
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Hydro-Québec attaqué !
La CAQ sombre de plus en plus dans une forme de duplessisme. Elle s'acoquine avec les classes dirigeantes économiques actuelles, nous tient des propos populistes et ce, au détriment
de la collectivité.
Chers citoyen(ne)s et représentant(e)s de notre belle démocratie.
Je vous interpelle du fond du cœur, face au récent bâillon du gouvernement, concernant Hydro-Québec et leur transition énergétique (PL69). Le geste posé est une attaque frontale à nos droits sociaux ; tant au niveau démocratique, économique, qu'écologique. À la suite du bâillon, j'ai ressenti une véritable claque identitaire et une désappropriation de notre joyau national qu'est Hydro-Québec. La CAQ sombre de plus en plus dans une forme de duplessisme. Elle s'acoquine avec les classes dirigeantes économiques actuelles, nous tient des propos populistes et ce, au détriment
de la collectivité. Je ne m'attends pas à des excuses de ce gouvernement, pas plus qu'il ne recule en fin de mandat… Mais *ce bâillon peut et doit être contesté considérant son **atteinte à la démocratie, à **l'absence de
justification et au risque de manipulation*.
Le « nationalisme économique » prôné par l'actuel gouvernement est plutôt une vieille recette régressive de capitalisme sauvage guidée par l'État. Je viens de Shawinigan et dans notre région, un énorme chantier d'éolienne privée est en cours. Je ne suis pas contre les éoliennes et je ne suis pas la famille Chrétien, l'obscure et puissante firme étatsunienne Halliburton et les stratégies d'insertion sociale, m'inquiètent au plus haut point. Le mégaprojet de TES Canada, au-delà des nombreux impacts socioécologiques, détourne notre attention sur les avantages de ces empires de devenir
d'importants distributeurs d'électricité privée. Avec ce projet de loi, ils ont le vent dans les voiles pour enfoncer le clou de la privatisation et contribuer au démantèlement de notre force collective qu'est Hydro-Québec.
La CAQ mène une attaque en règle contre le bien commun et nous musèle. J'ai le devoir de me battre avec amour et colère contre l'usurpation de Nos droits, le vol de nos ressources et la destruction de notre habitat. Je refuse d'être colonisé davantage. Je vous invite à joindre votre voix et vos actions pour faire reculer ce gouvernement. J'implore la majorité des acteurs de la société civile et les élu(e)s qui ne sont pas sous la domination caquiste ou impérialiste, à se défendre et à contester le bâillon.
*Sébastien Bois,*
*Citoyen de Shawinigan*
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Environnement : Les défis de la conscientisation

Notre principal espoir de changer la donne en matière d'environnement, chez nous et ailleurs dans le monde, passe par la conscientisation des populations. Et cette conscientisation passe à son tour par une presse libre, entièrement affranchie des intérêts privés, comme je l'ai déjà souligné, pour redonner aux questions environnementales et aux défis que posent les changements climatiques la priorité absolue dans le traitement et l'analyse de l'information.
(Ce texte a d'abord été publié dans l'édition de juin du journal Ski-se-Dit.)
Plusieurs intellectuels et militants relèvent ces temps-ci l'intérêt que l'on porte dans les médias à une foule de sujets secondaires au détriment du génocide en cours à Gaza. C'est bien sûr tout à fait déplorable ! Et il en est de même depuis des décennies pour ce qui est du réchauffement de la planète et de l'environnement en général auquel on accorde, somme toute, très peu de place dans les médias. Comme le soulignent pourtant depuis plus de vingt ans les plus éminents climatologues et scientifiques, « l'avenir de l'humanité est en jeu ».
Le principal obstacle
Nous vivons dans des sociétés où la presse écrite et électronique et les médias sociaux sont dominés par le monde des affaires et de vastes conglomérats qui en sont bien souvent d'ailleurs les propriétaires. Quand ces moyens de communication ne sont pas directement la propriété des forces de l'argent, ce qui n'est manifestement pas souvent le cas, ils sont alors soumis indirectement aux contraintes imposées par la publicité, les grands annonceurs ne permettant pas que l'on fasse la promotion de valeurs et de mesures qui puissent nuire au développement de leurs produits et services.
On peut bien sûr aborder les questions d'environnement et les questions sociales dans nos médias, mais alors de façon secondaire, dans les marges en quelque sorte, comme une quelconque soupape de sécurité, perdues dans le fouillis des communications de toutes sortes, à travers des petits et grands scandales, des questions d'argent, des accidents de la route, des faits divers, des potins et des sports. Quant aux médias sociaux, ils sont entre les mains d'intérêts financiers et de propriétaires très à droite sur le plan politique et ont en grande partie sombré dans le mensonge et la désinformation.
Nous avons évité le pire, lors des dernières élections fédérales, en ne portant pas au pouvoir le Parti conservateur du Canada, parti qui s'était engagé à démanteler progressivement notre diffuseur public Radio-Canada/CBC. Il n'est pas difficile de mesurer l'ampleur de ce qu'aurait été cette perte en matière d'indépendance journalistique et de qualité des informations et des analyses. Parce qu'il est essentiel que notre réseau public d'information radio et télévision qu'est Radio Canada/CBC continue d'exister et, plus encore, qu'il devienne véritablement – en changeant de cap – un réseau d'information totalement indépendant des intérêts privés et financiers.
Comme je l'ai mentionné dans ma précédente chronique sur l'environnement, nous devrons lui fournir ces moyens d'action en lui assurant un financement adéquat qui lui permette d'assurer cette pleine indépendance et donc, tant sur le plan journalistique que culturel, en interdisant toute forme de publicité privée et même partiellement privée sur son réseau de stations de radio et de télévision. Une information de grande qualité et indépendante des contraintes imposées par le secteur privé est fondamentale pour redonner aux questions sociales et environnementales l'importance qu'elles méritent. Nous pouvons le faire ! D'autres pays le font aussi !
Seule une presse indépendante devrait d'ailleurs pouvoir profiter directement et indirectement de l'aide gouvernementale si nous voulons bâtir une presse écrite et électronique libre et en mesure d'accorder aux questions environnementales et sociales la place primordiale qui leur revient. Je songe ici aux journaux communautaires et à tous les journaux d'idée sans buts lucratifs qui ne bénéficient pas du soutien financier - même sporadique - d'entreprises ou de mécénats. L'argent est disponible. Il suffirait entre autres, dans un premier temps, de taxer les géants du Web et de les bien réglementer. De faire de même, dans un deuxième temps, avec les grandes institutions financières et grandes entreprises qui engrangent chaque année d'indécents profits. Et dans le même ordre d'idée, de permettre et de soutenir la mise en place de médias sociaux entièrement publics, peut-être comme composante de Radio-Canada/CBC, réseaux qui appartiendraient à l'ensemble de la population, plutôt qu'à de riches entreprises américaines qui nous manipulent et nous désinforment plus qu'autre chose avec leurs détestables algorithmes.
Le politique suivra
« C'est énoncer une vérité désormais banale que de dire que ce sont les idées qui mènent le monde » écrivait Ernest Renan dans « L'avenir de la science » en 1848. Si banale qu'elle soit, cette vérité est cependant trop oubliée de nos jours, avec la mainmise graduelle des entreprises privées et conglomérats sur le monde des médias et de la culture au cours du dernier siècle. Parce que le capitalisme, appelons-le par son nom, ne détruit pas seulement notre environnement, la vie de foules et de foules d'individus sur terre, d'animaux et de plantes ; il pervertit et détruit aussi le monde des idées, des communications, des médias, qui nous permettraient de mener le monde… vers la justice sociale, l'égalité et un environnement sain pour l'avenir de l'humanité, et de la faune et de la flore.
Parce que ce dont tous les médias devraient parler, en priorité, à la une, en début de bulletins de nouvelles, quotidiennement, régulièrement, de façon encourageante dans la mesure du possible, c'est d'environnement, de décroissance, de justice sociale, d'égalités réelles. Le politique, dans une société représentative comme la nôtre et même dans d'autres formes d'organisation finirait par suivre la poussée populaire en faveur de réels changements.
L'information essentielle, celle qui porte sur la protection de notre environnement, la nécessaire décroissance, la justice sociale et l'égalité entre les êtres doit commencer à occuper toute la place, sinon presque toute la place, dans nos nouvelles, nos analyses et même nos loisirs et nos activités culturelles.
En matière de défense et de protection de l'environnement en particulier, il n'y a pas de demi-mesures. Un changement de cap s'impose ! Nous ne pouvons continuer à tergiverser avec des engagements de réduction des gaz à effet de serre jamais tenus de la part d'oligarchies uniquement soucieuses de la croissance sans fin du capital. Ni de mesures de substitutions, toujours ancrées dans un monde en perpétuelle croissance, elles aussi, comme le passage de formes d'énergie plus polluantes à des formes d'énergies moins polluantes ou supposées telles.
Pour finir
J'aimerais terminer cette chronique d'abord en soulignant l'importance de la présence de journaux communautaires ou indépendants comme le journal Ski-se-Dit pour contribuer à de tels changements, journaux dont la survie financière n'est jamais assurée, qui survivent contre vents et marées, en nous assurant chaque mois une présence médiatique proche de nos réalités quotidiennes. Je suis d'ailleurs très reconnaissant à la direction de ce journal de me permettre de m'y exprimer avec cette liberté de parole qui n'est pas toujours admise, quoi qu'on en pense, sans jamais tenter, à aucun moment, d'en réduire la portée.
J'aimerais aussi profiter de cette précieuse tribune pour vous suggérer quelques ouvrages sur l'environnement et des sujets qui y sont liés de près dans notre lutte pour un monde meilleur :
(Je tiens à commencer par l'essai le plus connu de Serge Mongeau, le père de la simplicité volontaire, qui nous a quittés au cours du dernier mois.)
– La simplicité volontaire – Serge Mongeau – Écosociété.
– Aux origines de la décroissance – Cédric Biagini, David Murray, Pierre Thiesset et plusieurs autres – Écosociété.
– Le plastique est mort, vive le bioplastique ! – Paul Lavallée – Écosociété.
– L'Entraide, l'autre loi de la jungle – Pablo Servigne et Gauthier Chapelle – Éditions Les liens qui libèrent.
– Tenir tête aux géants du web – Alain Sauliner – Écosociété.
– Sens dessus dessous - Eduardo Galeano (traduit de l'espagnol) – Lux Éditeur
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Monde arabe. Quelle culture dans un espace politique contraint ?

Comment mener une réflexion sur la production culturelle dans le monde arabe tout en tenant compte du contexte politique ? Car la culture n'est pas seulement le miroir du réel : elle agit dessus, tout en étant elle-même impactée par ses bouleversements. Au cours de la dernière décennie, le durcissement de la vie politique et le rétrécissement continu de l'espace public observés dans plusieurs pays du Maghreb et du Proche-Orient ont eu une incidence directe et indirecte sur le secteur culturel : restrictions budgétaires, fermeture des lieux dédiés, censure ouverte ou déguisée, coupure progressive avec le public…
Tiré d'Orient XXI.
Entre mémoire, témoignage et résistance
Pour autant, la situation diffère selon les pays. Ainsi, en Jordanie, l'affaiblissement de la scène théâtrale s'explique autant par la marginalisation de la culture dans les politiques publiques que par la répression politique. En Tunisie, certaines formes d'expression tentent d'investir un espace alternatif à la suite de la fermeture des espaces officiels. Tandis qu'en Égypte, la répression institutionnelle qui s'abat sur la culture indépendante n'a pas réussi à empêcher l'émergence de la littérature carcérale comme acte de mémoire et de résistance individuelle. Pour survivre à la guerre et à l'effondrement de leur pays, les écrivains yéménites se réfugient pour leur part dans la littérature, alors qu'en Algérie la culture prospecte de nouveaux espaces – numériques, mais aussi physiques, comme les cafés littéraires – pour permettre la circulation des idées, loin de la censure. Au Liban, le centralisme culturel vole en éclats, grâce à des initiatives qui s'attachent – notamment depuis l'agression israélienne de 2024 – à élargir l'identité collective en restaurant le lien entre le fait culturel et l'appartenance locale.
Et comment ne pas s'arrêter sur le cas de la Palestine, où le génocide en cours à Gaza nous place devant une question fondamentale : quelle signification peut encore avoir l'acte d'écrire, de peindre ou d'exposer alors que des villes sont dévastées et des familles entières, anéanties ? Dans une telle situation, l'œuvre artistique constitue à la fois un témoignage et un acte salvateur : ainsi des installations présentées lors de la dernière biennale de Charjah, aux Émirats arabes unis, qui ont donné à voir des fragments de corps, des décombres et une mémoire disloquée. Le moment n'est pas seulement celui d'une production culturelle, mais aussi celui de l'interrogation sur l'utilité de l'art et sa capacité à exprimer une résistance face à l'anéantissement.
Dans ce nouveau dossier du Réseau des médias indépendants sur le monde arabe, nous verrons comment la culture s'adapte au rétrécissement du champ politique et à son verrouillage en ouvrant un espace alternatif. Mais aussi comment les restrictions laissent de profondes empreintes, et comment la fiction peut devenir un moyen d'appréhender l'impasse. Seront également posées des questions fondamentales : comment maintenir vivante la culture là où la vie publique est vidée de son sens ? L'écriture, la chanson ou la peinture sont-elles des expressions à même de restituer aux populations ce dont elles ont été dépouillées ?
Diversité des expériences
Nous constaterons dans ce dossier la diversité des expériences. Ainsi, en Tunisie, les stades de football apparaissent comme le dernier espace public où la contestation collective est tolérée. Selon le blog Nawaat, constitué de dissidents tunisiens proposant un espace de débat, les groupes d'ultras y sont une force politique et culturelle qui relaie la colère sociale et livre une bataille quotidienne contre la censure et la répression par le biais des chants, des slogans et des tifos. Depuis les gradins des stades jusque sur les murs des villes, l'art du tag a explosé dans la foulée de la révolution tunisienne en 2011, avant de reculer avec le retour de la répression policière et du contrôle de l'espace public. Cette forme de contestation perdurera-t-elle face aux menaces de bâillonnement ?
En Jordanie, la situation est différente : si le théâtre n'y est pas directement en butte à la répression, il se retrouve de fait exclu des politiques culturelles qui ne l'inscrivent pas parmi leurs priorités, déplore le webmédia indépendant jordanien 7iber. On assiste ainsi à l'érosion continue d'un secteur qui perd à la fois ses subventions et son public, tandis que des grand-messes officielles viennent cacher la misère culturelle. Ici, la parole n'est pas étouffée, on la laisse simplement s'éteindre en silence.
Au Liban, Mashallah News nous emmène dans une Tripoli longtemps négligée, où le centre culturel Rumman tente de briser le centralisme beyrouthin. Ouvert dans la foulée du soulèvement d'octobre 2019, cet espace d'expression et de rassemblement a pris une nouvelle dimension après l'explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020. Durant l'agression israélienne contre Gaza et le Sud-Liban en 2024, le lieu a entrepris de faire le lien entre expression culturelle et colère politique. Rumman ne se présente plus uniquement comme une tribune artistique, mais comme un espace où est repensé le rapport de la culture à la société.
En Algérie, où sévit toujours une censure féroce, certains tentent d'instaurer des espaces indépendants de débat et de création. Le portail d'information algérien Maghreb émergent, ouvert en 2010, plusieurs fois censuré, nous explique comment le numérique permet de redéfinir la relation entre les artistes et le public et de promouvoir une culture critique libérée du discours officiel.
Malgré la répression institutionnelle qui frappe la culture égyptienne depuis 2013, l'écriture continue de sourdre des murs : littérature carcérale, tribunes numériques alternatives et projets cinématographiques, selon le média panarabe Assafir Al-Arabi, né en 2012 comme supplément au quotidien libanais de gauche As-Safir avant de continuer en version numérique à la disparition de celui-ci en 2016. Le site documente une réalité qui, à défaut d'être changée, sera du moins sauvée de l'oubli. De l'écriture comme acte de résistance à l'écriture comme tentative d'appréhender la perte : dans un Yémen ravagé par la guerre et son cortège de tragédies, les écrivains privilégient le roman à la poésie, comme si la fiction restait le seul langage possible, constate Orient XXI. En plein essor depuis quelques années, ce genre littéraire apparaît aujourd'hui comme un moyen de conjurer le chaos au sein d'une réalité devenue inintelligible.
Mais c'est en Palestine que la question se pose avec le plus d'acuité. Au moment où des villes sont rayées de la carte et des familles entières, massacrées, l'art se fait à la fois témoignage et cri de détresse, relève le site web d'information égyptien Mada Masr. À la biennale de Charjah, où les participants gazaouis exposent des œuvres porteuses de mémoire, d'affliction et de résistance, l'art se présente comme ultime acte de salut.
Depuis l'Italie, enfin, le site culturel Babelmed.net relaie la voix des artistes de hip-hop d'origine arabe, qui expriment leurs revendications identitaires à travers la musique. Refusant d'être réduits à un statut de migrants, c'est dans leur dialecte qu'ils chantent leurs épreuves afin de s'affirmer dans une société qui ne les reconnaît pas totalement. La culture est ici un instrument d'affirmation par-delà les frontières géographiques.
Ce dossier a été réalisé dans le cadre des activités du réseau Médias indépendants sur le monde arabe. Cette coopération régionale rassemble Assafir Al-Arabi, BabelMed, Mada Masr, Maghreb Émergent, Mashallah News, Nawaat, 7iber et Orient XXI.
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Résister par la musique : Les Suds à Arles célèbrent la culture palestinienne

En 2025, alors que les images d'une Palestine meurtrie continuent de traverser les écrans du monde, le festival des Suds, à Arles fait le choix de célébrer, dans toute sa beauté et sa complexité, la culture palestinienne.
Tiré du blogue de l'auteur.
« Dans le tumulte d'un monde conquis par des démons dont nous nous espérions délivrés, célébrer la 30eédition d'un festival conçu comme une ode à la diversité offre l'occasion d'affirmer qu'un autre récit est possible. Celui qui oppose à la verticalité d'une vision exclusive et excluante, l'horizontalité des droits culturels, la fécondité de l'hybridation et du dialogue entre les cultures, la force des émotions partagées. »
– Stéphane Krasniewski
En 2025, alors que les images d'une Palestine meurtrie continuent de traverser les écrans du monde, le festival des Suds, à Arles fait le choix de célébrer, dans toute sa beauté et sa complexité, la culture palestinienne.
Ainsi, lundi 14 juillet, Elias Sanbar conversera avec Farouk Mardam-Bey et Edwy Plenel à l'occasion de la Rencontre Mediapart, et le festival projettera, vendredi 18 juillet, le film Mémoires de Palestine, avec Leïla Shahid comme figure centrale… avant d'applaudir le Trio Joubran venu fêter ses 20 ans sur la scène du Théâtre Antique. Ils rêvaient de n'être que des musiciens, les souffrances de leur peuple leur imposent d'en être plus que jamais les porte-drapeaux. Viscérale, leur musique témoigne, résiste, et alors que de nombreux artistes palestinien·nes sont empêché·es de se produire sur leur propre territoire, leur concert à Arles – accompagnés d'un quintet de cordes et percussions – a une résonance particulière. Leurs cordes entrelacées avaient déjà fait vibrer le cœur du public venu les écouter sur cette même scène en 2018… Et comment ne pas se souvenir du dernier récital du poète palestinien Mahmoud Darwich, le 14 juillet 2008, au Théâtre Antique, entouré de Samir et Wissam Joubran ?
Quelques heures plus tard, dans la Cour de l'Archevêché, un autre regard sur la culture palestinienne prendra vie à travers le live set d'Isam Elias, mêlant sonorités afro-orientales, beats électro et influences trap. Installé en France pour pouvoir faire entendre sa voix par la musique – « Là-bas [en Palestine], on accorde moins d'importance à l'art et à la culture. Je ne peux pas vivre de ça, ni me faire entendre si je reste » [interview Le Courrier de l'Atlas] –, il affirme l'urgence d'une expression artistique libre et politique. Sa musique reflète une jeunesse palestinienne multiple, urbaine et connectée au monde. Là où l'on parle de guerre, il insuffle la fête comme réponse. Là où l'on veut faire taire, il fait danser.
À travers ces propositions, SUDS choisit à nouveau de faire de la scène un lieu d'écoute, de mémoire, et de solidarité. Dans un paysage culturel qui a parfois tendance à l'apolitisme confortable, offrir une scène, un public, une écoute devient une responsabilité éthique pour les institutions culturelles.
Du 14 au 20 juillet 2025 à Arles, on ne viendra pas seulement écouter de la musique. On viendra honorer la force d'un peuple, la beauté d'une culture, et la puissance de l'art comme dernier bastion de liberté.
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