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CISO a 50 ans – Quel avenir pour la solidarité internationale ?
Dans un contexte mondial marqué par le repli sur soi, il est légitime de s'interroger sur la place et l'avenir de la solidarité ouvrière internationale. Comment préserver, mais surtout renforcer ces liens à une époque où les dynamiques de fragmentation se multiplient ? C'est dans cette perspective qu'a été organisée une journée de réflexion par le CISO — retour sur un événement riche en idées et en échanges.
9 décembre 2025 | https://alter.quebec/quel-avenir-pour-la-solidarite-internationale/
Depuis près d'un demi-siècle, le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) œuvre à sensibiliser et à éduquer les travailleuses et travailleurs sur les réalités internationales qui façonnent leurs luttes.
Cette journée a rassemblé une centaine de personnes issues de divers milieux. Parmi celles-ci figuraient notamment Louise Harel, une figure politique marquante du Québec, et Haroun Bouazzi, député à l'Assemblée nationale. Plusieurs invité.es et panélistes étaient également présents, dont Geneviève Dorais, professeure au Département d'histoire de l'UQAM ; Benedicto Martínez Orozco, représentant du Frente Auténtico del Trabajo (FAT) au Mexique ; Chris Dols du Federal Unionists Network (FUN) aux États-Unis ; ainsi que Yvel Admettre, secrétaire général de la Confédération des travailleuses et travailleurs des secteurs publics et privés (CTSP) en Haïti.
Un laboratoire de solidarités ouvrières
Fort de ses cinq décennies d'expérience, le CISO est devenu un véritable « laboratoire » de solidarités ouvrières. Ses pratiques et ses démarches permettent aujourd'hui de mieux comprendre les mécanismes favorisant l'émergence et la consolidation de solidarités internationales.
Selon Geneviève Dorais, les pratiques du CISO éclairent une vision fondée sur des responsabilités partagées et sur l'interdépendance entre solidarité internationale et avancement des droits. De son analyse émergent trois axes fondamentaux pour soutenir une solidarité ouvrière internationale durable :
L'éducation à la citoyenneté mondiale ;
La création de coopérations par le dialogue
Le développement durable d'actions concrètes par et pour les travailleurs/travailleuses.
Axe 1 – Éduquer pour comprendre, la base d'une solidarité
L'éducation constitue la première étape incontournable. Pour qu'une personne s'intéresse à l'internationalisme ou s'y investisse, elle doit d'abord comprendre les raisons qui rendent cet engagement nécessaire.
Faire connaître les enjeux internationaux liés à chaque secteur d'activité permet aux travailleuses et travailleurs de saisir les liens qui les unissent à leurs homologues ailleurs dans le monde. Dans un contexte de mondialisation des entreprises, cette compréhension globale devient essentielle : elle permet d'échanger des connaissances, de reconnaître des problèmes communs et de comprendre pourquoi la création de liens internationaux renforce les luttes, mais aussi permettent le maintien ou l'avancement des conditions et des droits, ici comme ailleurs.
Axe 2 – Le dialogue l'ingrédient créateur de coopération
Comment créer ces liens et faire naître cette solidarité ? Par le dialogue. La coopération ne peut exister sans échanges, sans écoute, sans compréhension mutuelle.
Les occasions sont multiples : conférences, ateliers, observatoires, webinaires, assemblées générales, rencontres militantes, etc. Ces espaces ne sont pas que syndicaux ou communautaires : ce sont de véritables lieux d'éveil politique où l'on vit des émotions fortes. Ils sont essentiels pour tisser des liens, susciter l'ouverture et éveiller la conscience sociale.
En nourrissant ce dialogue, on fait naître l'engouement pour la solidarité internationale. Chaque échange devient une pierre ajoutée à la construction d'une coopération durable.
Axe 3 – Développer du concrets, le présage d'un engagement durable
Vient ensuite le troisième axe : la mise en œuvre d'actions concrètes par et pour les personnes qui font vivre cette solidarité. Ces initiatives permettent non seulement de cultiver l'ouverture, mais aussi de renforcer le rapport de force des travailleuses et travailleurs à l'échelle internationale.
Ce succès repose sur deux éléments :
- La multiplication du sens de la solidarité par l'éducation et la politisation, un milieu de travail à la fois ;
- La possibilité d'effectuer des stages internationaux, où l'expérience vécue — l'émotion — devient un puissant moteur d'engagement.
La convergence des luttes : l'illustration de cette journée
Au cours de la journée, les panélistes ont présenté des luttes internationales au seindesquelles des solidarités se sont créées, transformées ou renforcées. Ces témoignages ont illustré concrètement la portée de la solidarité ouvrière : ses défis, ses victoires, ses apprentissages, et surtout les avenues de possibles qu'elle ouvre dans les milieux de travail et dans les communautés.
Les incontournables
Peu importe le panel, l'atelier ou la discussion, un constat s'est imposé : l'éducation demeure le premier axe permettant la création d'une solidarité durable. Mais ce n'est pas le seul enseignement de la journée. Les échanges ont permis d'approfondir la réflexion et d'alimenter un engagement renouvelé envers le développement de la solidarité locale et internationale.
Réfléchir ensemble, confronter les idées, laisser émerger de nouvelles observations : c'est toute la richesse de ces espaces de dialogue. Les émotions y jouent un rôle central. On ne peut s'engager si l'on ne comprend pas pourquoi — et l'émotion, l'indignation, la compassion ou l'espoir sont souvent les moteurs de cet engagement.
La solidarité trop souvent définie selon une vision judéo-chrétienne — celle d'une aide unilatérale — doit être repensée comme une solidarité de classe, fondée non pas sur la vulnérabilité, mais sur la recherche du bien-être collectif. La convergence des luttes renforce les mouvements sociaux, syndicaux, environnementaux, politiques et humains, car nos enjeux et nos intérêts sont profondément liés.
La solidarité comme vecteur de changement
Dans un contexte de polarisation croissante, l'isolement favorise la division, au bénéfice des classes dominantes. L'appel à la solidarité, au contraire, nous invite à nous concentrer sur ce qui nous unit. De faire collectivement un choix lucide vers un monde plus juste et plus consciencieux des autres. Et il s'agit là d'un véritable vecteur de changement.
Se doter d'une culture internationale forte, c'est se donner les moyens d'atteindre des objectifs communs, de travailler en coopération et d'innover dans une perspective de bien commun.
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Stratégie de QS pour 2026
Une stratégie politique de construction de la gauche, c'est établir une orientation générale cohérente tenant compte du rapport de force actuel qui permet de construire la gauche politique et les mouvements sociaux afin de transformer les rapports sociaux en faveur du peuple. Nous proposons ici une stratégie à court terme pour QS, d'ici aux élections de l'automne 2026
Analyse de la période
– Crise écologique existentielle qui s'accélère, notamment par l'effondrement de la vie sauvage et la biodiversité, l'épuisement des ressources et les dérèglements climatiques.
– Hausse du coût de la vie des classes populaires, dans un contexte de polarisation de la richesse, expliqué notamment par un ralentissement structurel de la croissance économique qui favorise ceux qui ont déjà du capital au détriment de ceux qui travaillent (Voir Piketty, Capital du XXIe s.).
– Polarisation politique avec montée de la droite radicale, déclin du centre et de la gauche malgré quelques exceptions.
Analyse de la conjoncture
– La droite radicale est en croissance partout et au pouvoir dans plusieurs des principaux pays dominant la planète (États-Unis, Inde, Russie, Argentine, dictatures du Golfe, Italie) et en croissance dans de nombreux pays.
– Trump organise des attaques historiques contre les droits à l'interne et, à l'externe, se lance dans une guerre commerciale mondiale avec des tarifs qui touchent notamment le Canada et le Québec et augmente le cout de la vie.
– La gauche modérée est au pouvoir dans certains pays importants (Mexique, Brésil, Colombie, Chili, Espagne). La gauche assumée est minoritaire dans certains pays tout en représentant une force notable, notamment aux États-Unis (DSA, Mairie de New York et Seattle) et en France.
– Les tarifs de Trump, la bulle techno et la crise écologique nous poussent vers une crise économique à court ou moyen terme.
– Le gouvernement Carney applique le programme conservateur : abolition des taxes sur le capital, sur le carbone, priorité au pétrolières, au militaire, aplaventrisme devant Trump…
– Les gouvernements canadiens et québécois ont un déficit notable qui s'accentuera avec la prochaine crise économique. On doit s'attendre à l'augmentation des luttes sociales contre les coupures dans les prochaines années.
– Les mobilisations sont modérées du syndical (rattrapage salarial), étudiant (stages rémunérés), des groupes populaires (financement autonome), féministe (avortement), écologiste (mines, rivières, démantèlement du ministère de l'environnement) et indépendantiste (notamment chez les jeunes)
– Les attaques de la CAQ sur les droits en général et contre les syndicats en particulier ont provoqué une grande manifestation unitaire le 29 novembre, mais sans lendemain conséquent. Il y a ici un potentiel d'unification et de radicalisation des luttes qui demandera une remise en question des orientations de l'attentisme.
– Les appuis de QS ont 5 caractéristiques sociales : jeunes, urbains, pauvres, éduqués et femmes.
– QS est en période de crise et de déclin. Le débat porte notamment sur le virage à droite, la centralisation et le rôle des femmes. Les fondements politique et organisationnel du parti restent en place, mais sont fragilisés.
Stratégies possibles dans ce contexte
Mettre en place des politiques progressistes de transformation sociale et d'indépendance du Québec est possible seulement avec une mobilisation populaire massive et organisée. La stratégie de Québec solidaire doit contribuer à cette mobilisation. Dans ce sens, nous proposons une stratégie en deux axes : construire la mobilisation contre la CAQ et établir la priorité de QS d'ici les élections.
Axe 1) Construire la mobilisation contre la CAQ
Depuis un an, la CAQ mène une offensive brutale et radicale contre les droits, en particulier ceux des travailleuses et des travailleurs. Comme l'a souligné le Barreau du Québec, ces attaques fragilisent l'État de droit, les contre-pouvoirs, l'indépendance judiciaire et les droits fondamentaux, notamment par des tentatives visant à empêcher certains organismes de contester des lois devant les tribunaux. Le mouvement syndical est lui aussi ciblé : ses capacités d'intervention sur les enjeux sociopolitiques sont restreintes, ce qui freine ses alliances avec les autres mouvements sociaux [1]
Ce virage autoritaire cherche également à neutraliser toute contestation des lois racistes qui excluent les femmes voilées des emplois en éducation, dans un contexte où l'abolition du PEQ plonge de nombreuses personnes immigrantes dans une grande précarité. De son côté, le PQ, actuellement en tête des sondages, surenchérit sur ces politiques racistes tout en se limitant à une défense de la « liberté d'expression », allant jusqu'à condamner les propos de la présidente de la FTQ sur les projets de loi. Aucun de ces deux partis n'ose par ailleurs s'opposer frontalement ni à Trump ni à Carney, et tous deux appuient un virage économique militariste, extractiviste et profondément anti-environnemental.
Dans ce contexte, la grande manifestation unitaire du 29 novembre 2025 a marqué une étape importante, mais la question de la suite demeure entière. Faut-il aller vers des actions de perturbation économique — blocages de ports, de ponts ou de routes — ou vers une grève sociale intersectorielle ? L'exemple récent des médecins démontre qu'un véritable rapport de force est le seul moyen de faire reculer ce gouvernement. Quelle que soit la forme qu'elles prendront, seule une escalade des moyens de pression permettra d'obtenir le retrait des projets de loi. Le Printemps érable (transcroissance d'une grève étudiante illimitée en une désobéissance civile citoyenne contre la loi spéciale) constitue à cet égard un modèle inspirant. Ce débat doit être ouvert sans tarder, et Québec solidaire doit appuyer toute initiative allant dans ce sens.
Axe 2) Établir la priorité de QS d'ici les élections
Voici 4 stratégies possibles pour QS d'ici les prochaines élections. Toutes comportent une articulation entre les 3 fondements de QS : justice sociale, écologie et indépendance.
Centre notre discours, nos alliances et notre travail terrain sur :
1- Cout de la vie
2- Réinvestissement dans les services publics
3- Indépendance du Québec
4- Transition écologiste
Nous ne proposerons pas une stratégie centrée sur l'indépendance ou sur l'écologie, mais plutôt sur la justice sociale. Nous détaillerons donc 2 propositions : une première centrée sur le cout de la vie et une 2e sur le réinvestissement.
Notre orientation sur la justice sociale sera présentée comme la meilleure pour mobiliser le peuple et les mouvements sociaux vers l'indépendance (les politiques antisociales empêchant l'indépendance).
Les grandes propositions de transition écologiste, notamment en transport (principal émetteur de GES au Québec), seront couplées au cout de la vie (gratuité) ou au réinvestissement.
Plan A : Une stratégie centrée sur le cout de la vie
Dans un contexte de croissance des inégalités sociales, si l'on veut améliorer la qualité de vie, il faut s'attaquer au cout de la vie par la baisse des couts des loyers et des médicaments, la gratuité de l'éducation et du transport collectif et la hausse des bas salaires, le tout financé par la taxation de la richesse et Pharma-Québec.
Secteurs de la société ciblés :
● Personnes à plus faible revenu : Sans-emploi, étudiantE, retraitéEs, travailleurs pauvres, femmes, jeunes, immigrantEs, et leurs associations et syndicats
● Locataires et les groupes en logements
● Notons que ces secteurs sont ceux qui vont le moins voter
● Vise en partie la classe moyenne
● Les locataires et le transport collectif sont des enjeux plus urbains
Revendications phares
● Gel des loyers et construction de logements sociaux (et abordables ?)
● Instauration de la gratuité : de l'éducation supérieure, du transport collectif, les cantine dans le réseau scolaire, financé par une taxation du capital
● Baisse des couts des médicaments (et des assurances) avec Pharma-Québec
● Augmentation du salaire minimum et soutien aux luttes syndicales pour l'augmentation des salaires
● Indépendance pour reprendre le contrôle de notre budget, notre État, nos priorités. Sortir du pétro-État canadien militariste, conservateur et à genou devant Trump.
Voici ce qui le site web de QS propose pour l'instant :
Pour aider les familles à arrondir les fins de mois, Québec solidaire va :
● Instaurer un Programme universel d'alimentation scolaire ;
● Abolir la TVQ sur les produits usagés et sur les services de réparation ;
● Augmenter le salaire minimum à 20$ de l'heure.
Pour aider les locataires et les premiers acheteurs, Québec solidaire va :
● Instaurer un registre des loyers et interdire les hausses abusives ;
● Mettre fin aux enchères à l'aveugle pour les offres d'achat ;
● Lancer une nouvelle Corvée d'habitation : un grand chantier pour que l'État construise rapidement des logements abordables, collectifs et sociaux ;
● Rembourser la TVQ sur les constructions neuves pour favoriser la construction de nouvelles maisons abordables.
Pour réussir la transition écologique, Québec solidaire va :
● Investir massivement en transport en commun en priorisant les régions les moins bien desservies ;
● Financer un fonds d'adaptation climatique pour mieux se préparer aux évènements météorologiques extrêmes en rapatriant les subventions fédérales aux pétrolières ;
● Mettre en place un fonds d'urgence pour aider nos producteurs et productrices agricoles partout au Québec.
Pour la majorité de la société, la question du cout de la vie est un enjeu important
● Notamment la hausse des couts du logement et de l'alimentation
-
- o Mais aussi les soins et l'éducation privée ou tarifée
● Les tarifs de Trump n'aident pas
● Mais les mesures en mettre en place ne sont pas évidentes
● Pour la droite, c'est par les baisses d'impôt et la libéralisation qu'on fera baisser les prix. Elle favorisera aussi l'accès à la propriété.
- o Mais aussi les soins et l'éducation privée ou tarifée
QS est le seul parti à soutenir que :
– Les écarts entre riches et pauvre augmentent depuis 50 ans
– La hausse des salaires et une solution à la hausse du cout de la vie
– La taxation des riches, des grandes entreprises et de la pollution est nécessaire pour instaurer la gratuité
– Pharma-Québec permet de réduire les couts des médicaments (et de se protéger de Trump)
– La crise écologique augmentera le cout de la vie et menace nos emplois
– La crise économique à venir va réduire les emplois et faire baisser les salaires
– Pour faire l'indépendance (35 à 55% dans les appuis), il faut améliorer de leurs conditions de vie. Le PQ, comme d'habitude, va se lancer dans une campagne de déficit 0 et entrer en confrontation avec les mouvements sociaux et plusieurs secteurs de la population. QS au contraire souhaite réinvestir et travailler avec les mouvements sociaux, qui sont nécessaires à la mobilisation pour l'indépendance.
Plan B : Une stratégie centrée sur le réinvestissement dans les services publics
Dans un contexte de déficit qui sera aggravé par une crise économique, si l'on veut améliorer les conditions de vie de la majorité et faire l'indépendance, on doit participer à la mobilisation des mouvements sociaux afin de taxer les riches pour réinvestir dans les services publics.
Secteurs de la société ciblés :
● Travailleur-se-s du secteur public, majoritairement des femmes, et leur syndicat
● Usagé-ère-s des services publics : étudiants, malades, parents, vieux, pauvres, femmes et leurs associations
● Bénéficiaires du financement public : villes, écolo, milieu culturel,
● toutes les régions (pas de priorisation)
Revendications phares
● Réinvestissement de 10 milliards dans les services publics et la transition écologique (avec multiple déclinaison dans tous les secteurs)
● La taxation des riches, des grandes entreprises et de la pollution (et mise en place de Pharma-Québec qui réduira les couts des médicaments)
● Indépendance pour reprendre le contrôle de notre budget, notre État, nos priorités. Sortir du pétro-État canadien militariste, conservateur et à genou devant Trump.
Voici ce que dit le site web de QS propose pour l'instant :
Pour donner aux Québécois⋅es des services qui marchent, Québec solidaire va :
● Assurer l'égalité des chances des enfants dans nos écoles en rendant les projets particuliers accessibles à toutes et tous ;
● Garantir un accès équitable aux services publics au Québec : que vous habitiez en ville, en région ou en banlieue, vous devriez avoir droit à des services publics qui marchent ;
● Mettre fin à l'expansion du privé en santé et renforcer la qualité des soins offerts gratuitement dans le réseau de santé publique.
Pour la majorité de la société, la question des services publics est prioritaire
● La santé est l'enjeu le plus important pour les élections, l'éducation n'est pas loin derrière
● Une partie de la population adhère à la vision de la droite :
-
- o Le déficit, de la dette, des cotes de crédits d'un côté, la baisse des impôts de l'autre est une priorité
- o Réduire dans l'État, la bureaucratie est la solution
- o Privatiser est une autre solution
QS est le seul parti à soutenir que :
● Les écarts entre riches et pauvre augmentent depuis 50 ans
● Le déficit sera aggravé par une crise économique (et écologique) et les dépenses militaires
● Il est possible de réinvestir si on taxe la richesse
● Il est possible de taxer la richesse sans faire fuir les capitaux
● La crise écologique augmentera les déficits et menace nos services publics
● Pour faire l'indépendance (35 à 55% dans les appuis), il faut améliorer les conditions de vie. Le PQ, comme d'habitude, va se lancer dans une campagne de déficit 0 et entrer en confrontation avec les mouvements sociaux et plusieurs secteurs de la population. QS au contraire souhaite réinvestir et travailler avec les mouvements sociaux, qui sont nécessaires à la mobilisation pour l'indépendance.
● La nation québécoise veut survivre, nous avons le choix entre un nationalisme conservateur basé sur la peur des immigrantEs ou l'indépendantisme de gauche inclusif. Ne pas construire un c'est laisser l'autre prendre la place.
Autres éléments à prendre en considération dans les tactiques à développer
● Importance de garder le cap sur nos valeurs, qu'il soit clair pour la population qu'on ne pliera pas sur nos principes : justice sociale, écologie, indépendance et la dénonciation des riches qui contrôle l'économie, de la droite qui s'attaque aux droits sociaux et aux droits des minorités.
● Construire un « nous » solidaire basé sur le peuple québécois dans sa diversité, fier de son modèle social et des luttes qui l'ont permis, qui oppose le 1% vs 99% nommer les réalités vécues à partir du point de vue des gens qui le subissent : hausse du cout de la vie, logement inaccessible, services publics fragilisés. Démontrer le rôle parasitaire et destructeur des milliardaires qui nous dirigent. Mettre en relief l'apport des femmes et des personnes issues de l'immigration dans la construction du Québec et des luttes qui nous unissent et soutenir activement leurs luttes spécifiques.
● Associer les propositions de notre plateforme aux pays qui les appliquent et où il y a les meilleures conditions de vie. Rappeler que ces pays reposent sur 3 choses : l'état social très développé, forte taxation de la richesse, taux de syndicalisation très élevé et qu'il n'y a que QS qui va dans ce sens.
● Positionner QS comme le meilleur rempart et le projet le plus cohérent contre Trump et ses valeurs. Critiquer l'aplaventrisme de la CAQ, du PQ, et du gouvernement fédéral face à Washington et positionner QS comme le seul projet politique souverain, écologique et solidaire qui réduit notre dépendance aux États-Unis. Établir des liens visibles avec la gauche américaine, notamment les DSA.
● Positionner QS comme l'opposition la plus cohérente au programme conservateur, pétrolier et fédéraliste mis en place par Carney
● Positionner QS comme le parti qui s'engage, auprès des mouvements sociaux, à mettre fin aux politiques de la CAQ, notamment ses derniers projets de loi (voir axe 1).
● Clarifier que le PQ n'est pas un parti de gauche, mais une coalition droite-gauche qui a mis en place une grande partie des politiques de droite Québec, notamment avec Bouchard, Landry, Legault et autres.
● Il faut ouvrir des espaces de politisation, de rassemblement pour accueillir les nouveaux-elles militantEs
● La nation québécoise veut survivre, nous avons le choix entre un nationalisme conservateur basé sur la peur des immigrantEs ou l'indépendantisme de gauche inclusif. Ne pas construire un c'est laisser l'autre prendre la place.
ANNEXE 1
Résumé des 5 priorités stratégiques de la gauche selon Piketty & Cagé dans leur livre "Une histoire du conflit politique, Élections et inégalités sociales en France, 1789-2022"
1. Reconquérir les classes populaires en mettant la réduction des inégalités au cœur du projet.
2. Proposer une vision économique forte : fiscalité progressive, services publics, redistribution du capital.
3. Réconcilier diplômés urbains et non-diplômés ruraux avec un programme commun.
4. Investir massivement dans les territoires périphériques pour contrer le vote extrême droite.
5. Combattre l'abstention populaire, qui est devenue l'expression politique dominante des précaires.
Pour poursuivre vos réflexions, quelques textes sur la politique au Québec
Manifester contre le virage à droite de la CAQ : Ok, mais les autres ?
Yves Bergeron - 2 décembre 2025
Propositions de points saillants pour la plateforme électorale 2026 de Québec solidaire-
Marc Bonhomme - 2 décembre 2025
Déclaration de solidarité et appel à la mobilisation - L'hiver sera chaud : la CAQ a déclaré la guerre à la société civile
Collectif d'organisations et de militant·es - 25 novembre 2025
La partie n'est pas jouée
Benoit Renaud - 18 novembre 2025
La conjoncture qui se dessine et les conditions d'un rebond pour Québec solidaire
Bernard Rioux - 18 novembre 2025
Construire la majorité pour un Québec indépendant, égalitaire, féministe et décolonial
Bernard Rioux et André Frappier - 4 novembre 2025
L'instrumentalisation politique de l'immigration par le gouvernement Legault
Bernard Rioux - 22 octobre 2025
Leur laïcité et la nôtre
Benoît Renaud - 9 septembre 2025
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Le débat sur la stratégie pour l’indépendance ne saurait attendre
Dans sa chronique du Devoir « Les saboteurs », Michel David rend compte que tant Québec solidaire, aujourd'hui, et hier sauf sa direction, que le PQ dont son chef d'aujourd'hui, hier, admet-admettait noir sur blanc que le PQ est un parti « noninclusif » c'est-à-dire « identitaire ». Ce sont là des mots codés signifiant antiimmigrant autrement dit des mots référant à la xénophobie pour ne pas dire au racisme étant donné la composition majoritairement non-blanche de l'actuelle immigration et même islamophobe étant donné son importante composante dite musulmane.
Côté PQ, le chroniqueur pro-PQ admet carrément la crue vérité de son identitarisme électoraliste : « Si le PQ et la CAQ persistent à miser sur l'insécurité des Québécois en présentant les immigrants comme une menace pour le français et comme un poids insupportable sur les services publics, c'est que cela trouve un écho dans l'électorat. »
Un clash sociétal irréconciliable qui ouvre la porte à un clash socio-économique
La base militante Solidaire est depuis toujours allergique à l'identitarisme tout comme aujourd'hui l'est devenue sa direction, avec une porte-parole principale d'origine palestinienne dont une grand-mère victime de la Naqba de 1948 et un porte-parole aux racines italiennes. C'est un tournant clarificateur et bienvenu depuis la pénible affaire des chinois qui se seraient accaparés des terres agricoles au Téminscamingue, de l'appui au rapport Bouchard-Taylor à propos du voile et du refus de soutenir les Anishinabeg de la Réserve faunique La Vérendrye à propos de la chasse à l'orignal à l'encontre du « consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause » de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples autochtones.
Ce clash entre le PQ et Québec solidaire est crucial et irréconciliable. Il est au cœur de la contradiction majeure du monde contemporain. Aucune alliance formelle ou tacite ne saurait en naître. D'un côté les forces fascisantes et fascistes en progression rapide « nous montent […] les un·es contre les autres. Elles pointent du doigt les personnes immigrantes. Les personnes qui ne sont pas blanches. Les socialistes. Les personnes à faible revenu. Les femmes. Les personnes LGBTQ+. Tout groupe fait l'affaire, tant que cela nous empêche de regarder vers le haut, là où la richesse continue de s'accumuler » (Greenpeace-Canada, lettre du 12/12/25). De l'autre, la majorité des forces de gauche s'adapte à cette dérive sous prétexte qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde alors que l'imposition des riches et ultra-riches n'a jamais été aussi basse depuis la Deuxième guerre mondiale sans compter que l'épargne nationale et les quelques deux cent transnationales majeures sont devenues, depuis lors, totalement sous le contrôle de la grande bourgeoisie oligarchique.
Les exceptions à la règle, sans être des modèles stratégiques, montre la voie
Mais il y a des exceptions à la règle telles Die Linke allemand et le chapitre de la cité de New-York du Democratic Socialist of America (DSA), aile gauche du parti Démocrate, qui avec succès ont lutté à contre-courant d'un torrent fascisant qui s'est par ailleurs imposé à leurs nations respectives. On a noté avec raison que Die Linke et Mamdani ont assis leur campagne électorale sur d'incisives, concrètes, irrécupérables revendications-clefs vérifiables en fin de mandat. Celles-ci, reflétant les majeures préoccupations de l'heure du peuple-travailleur, notamment liés au coût de la vie, ont eu la capacité de mobiliser en masse particulièrement la jeunesse angoissée par ce capitalisme « austoritaire » gros d'anti-woke guerres sociales et internationales afin de nier par la diversion cette fin du monde qui pend au bout du nez de l'humanité.
On a moins noté, cependant, leur parti-pris woke les démarquant clairement tant des forces fascisantes que de celles de centre-gauche glissant vers un point de vue anti-immigrant tels les partis social-démocrate et vert allemands, et encore plus de la scission rouge-brune — les programmes sociaux et les services publics pour les natifs seulement — issue de Die Linke, que les Démocrates centristes. C'est cette caractéristique qui les a rendu attrayants aux progressistes, en particulier la jeunesse. Ensuite, a fait le reste leur plateforme répondant concrètement aux besoins impérieux sociaux-économiques du peuple-travailleur.
Certes ces succès électoraux ne sont nullement gages d'une modification durable des rapports de forces, notamment aux ÉU. Le vainqueur, au lieu de remobiliser ses 100 000 militantes électorales pour le combat acharné afin de réaliser son programme, cherche plutôt, en vain, à se reconnecter aux Démocrates centristes et même à Trump, l'incarnation de la fascisation du monde. Mais cette indépendance de classe qui manque à Mamdani ne devrait pas normalement être un problème pour les Solidaires. Au Québec, l'équivalent de la tentation de se lier au parti Démocrate est celle de l'alliance avec le PQ, à laquelle la base Solidaire a toujours résisté, afin de réaliser l'indépendance nationale dont se réclament Solidaires et PQ.
Le défi de l'indépendance de classe se pose non pas un de ces jours en vue des Calendes grecques mais aujourd'hui en vue des élections de 2026 étant donné que les deux partis se sont engagés pour un référendum dans le premier mandat, post processus constitutionnel pour le premier mais non pour le second. Les sondages du jour laissent voir, en plus d'un Québec solidaire au soutien électoral effondré, un gouvernement péquiste minoritaire mais peut-être majoritaire étant donné les bizarres déformations du scrutin nominal à un tour en présence des cinq partis en lice. Les dilemmes ne manquent pas au parti de gauche afin de se situer envers le PQ par rapport tant à l'élection qu'au référendum et ceci sans plus tarder.
Puissant est le dilemme PQ fort / Solidaires faibles alors qu'il y a une porte de sortie
Que PQ et Solidaires appartiennent, comme on l'a vu, aux deux camps s'opposant mondialement et ne pouvant s'allier stratégiquement. Le premier représente une indépendance nationale de droite masquée en « ni droite ni gauche mais en avant » et le deuxième une indépendance woke de gauche. Ils ne sauraient s'allier électoralement mais pour le référendum ils pourraient tactiquement « marcher séparément mais frapper ensemble ». C'est ce qu'avait fait le petit Parti de la démocratie socialiste (PDS), ancêtre de Québec solidaire, en 1995. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres.
Qu'en serait-il si un PQ vainqueur majoritaire continuait son tournant de droite vers l'extrême droite ? Le rapport de forces Solidaire — rallier sa base non indépendantiste pour combler l'écart au 50% — en serait drôlement amoindri pour faire valoir son point de vue dans la campagne référendaire, s'il y a campagne. Il le serait d'autant plus pour imposer un préalable démocratique processus constitutionnel qui presque automatiquement tendrait à gauche comme l'a démontré durant l'hiver 1995 la consultation populaire des « Commissions régionales sur l'avenir du Québec. »
Évidemment, un PQ au gouvernement mais minoritaire et une députation Solidaire plus nombreuse ouvrirait une plus grande possibilité d'imposer au PQ des compromis et surtout une consultation populaire de type constitutionnel en dehors de son contrôle. En filigrane de ce rapport de forces politique se profile un rapport de forces social qu'annonçait peut-être le Grand rassemblement intersyndical des 50 000 contre le gouvernement de la CAQ en autant qu'il n'est pas été qu'un coup d'épée dans l'eau à la mode bureaucratique des grandes centrales syndicales.
On ne voit pas comment le ‘oui' référendaire puisse vaincre sans une remobilisation sociale qu'invite le mitraillage des lois réactionnaires de la CAQ tant antisyndicales qu'antiécologiques si ce n'est antidémocratiques dont une fédéraliste Constitution affaiblissant jusqu'aux droits individuels fondamentaux au nom de la nation, ce qui n'est pas sans obscurcir son droit fondamental à l'autodétermination. (Quant aux Libéraux, ils sont en train encore une fois de prouver qu'ils ne sont que le parti de l'Argent corrupteur mais sans pouvoir s'en remettre au prestige d'un dirigeant banquier pillant les platebandes plus modérées des Conservateurs fédéraux.)
La porte de sortie exige de liquider le recentrage par une plateforme à la Mamdani
C'est cette remobilisation qui permet d'envisager un retour en force de Québec solidaire y compris aux dépens du PQ comme c'était le cas encore électoralement en 2022. C'est dire l'ampleur des dégâts du recentrage à la GND — la démissiondénigrement de Marissal en est le dernier soubresaut — préparé par la direction précédente dont la tactique préférée parlementaire était de tendre la main à la CAQ. La nouvelle direction du parti en plus de son net souverainisme a opté pour un discours affirmé pour les travailleurs et travailleuses dans un manifeste accouchant de cependant piteuses revendications. Le nouveau programme Solidaire plus lissé et court conserve le « dépassement du capitalisme » du discours du dimanche mais il est sans stratégie pour stopper la débandade vers la terre-étuve. Reste l'étape cruciale de la plateforme électorale capable d'inspirer la possible remobilisation sociale et de recruter dans sa foulée cette militance électorale de 100 000 personnes afin de gagner.
Le Comité d'action politique (CAP) écologie du parti, pendant que le collectif « Parti de la rue » lambine, propose à ses membre les options style mini-programme de sa coordination, dans le sillage de la plate thématique proposée par la Commission politique du parti, et ma perfectible proposition à la Mamdanien mesure de soulever la militance et d'être comprise par le peuple-travailleur. À suivre.
Marc Bonhomme, 14 décembre 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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« Je viens de la base » : Rob Ashton veut reconstruire le NPD à partir de la classe ouvrière
Depuis des années, des critiques tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Nouveau Parti démocratique avertissent que le parti s'éloigne de sa base historique. Élection après élection, le NPD a du mal à établir le contact avec les électeurs et électrices qu'il a été créé pour représenter : les personnes qui travaillent dans les entrepôts, les écoles, les docks, les bureaux, les hôpitaux et les usines du Canada, et qui se sentent de plus en plus abandonnées par une classe politique qui ne tient pas compte de leur opinion.
Tiré de Canadian dimension
10 décembre 2025
C'est dans ce contexte que Rob Ashton, docker et dirigeant syndical, a lancé sa candidature à la direction du NPD. Nouveau venu en politique au sens traditionnel du terme, M. Ashton n'a jamais occupé de fonction élective. Mais il a passé plus de trois décennies sur les quais et dans les salles syndicales, gravissant les échelons jusqu'à devenir président national de l'International Longshore and Warehouse Union (ILWU). À une époque où le Parlement canadien est dominé par des avocat·es, des consultant·es et des gestionnaires professionnel·es, Ashton représente quelque chose de de plus en plus rare dans la politique fédérale : un leader issu directement de la base.
La candidature d'Ashton est un pari sur le fait que le parti ne pourra renouer avec les électeurs et électrices de la classe ouvrière que s'il est dirigé par quelqu'un qui parle leur langage, non pas comme une tactique rhétorique, mais comme une expérience vécue. Il soutient que le NPD doit à nouveau nommer le conflit de classe pour ce qu'il est et se battre sans complexe pour les personnes écrasées par le pouvoir des entreprises et la complaisance politique.
Lorsque nous nous sommes assis pour discuter, Ashton a été catégorique : le NPD a perdu la confiance des électeurs et des électrices, non pas parce que ses valeurs ont changé, mais parce qu'il n'a pas su les communiquer clairement et de manière cohérente. Il estime pouvoir regagner ces électeurices (celleux qui se sont tourné·es vers les libéraux par peur ou vers les conservateurs par frustration) en proposant une politique ancrée dans les luttes quotidiennes plutôt que dans les calculs d'initiés.
Voici notre conversation sur l'avenir du NPD, les échecs de la classe politique canadienne et la tentative d'Ashton de reconstruire le parti à partir de la base.
Christo Aivalis : Une question que se posent de nombreux partisan·es du NPD est de savoir comment chacun des candidats à la direction va convaincre les électeurices de voter pour le NPD. Pourquoi pensez-vous être le mieux placé pour regagner l'électorat ?
Rob Ashton : Je viens de la base, Christo. J'ai vécu cette vie pendant 32 ans en tant que docker, et j'ai représenté les dockers pendant les dix dernières années en tant que président national. Je sais ce dont ils ont besoin et ce qu'ils veulent. Cette fois-ci, certain·es électeurices du NPD ont voté pour les conservateurs, d'autres pour les libéraux, inquièt·es de voir ce roi autoproclamé au sud et Pierre Poilievre prendre le pouvoir. Sous la direction du NPD, je peux ramener ces électeurices qui ont voté bleu, car je parle leur langue. Je connais les difficultés auxquelles ils et elles sont confronté·es. Dans le même temps, les partisan·es du NPD qui ont voté libéral, ainsi que d'autres libéraux, verront que Carney n'est pas celui qu'il prétendait être pendant la campagne électorale. Il est en fait plus conservateur, oserais-je dire, que Brian Mulroney. Ces électeurs et électices verront que le NPD est le parti auquel ils et elles appartiennent, celui qui représente véritablement la classe ouvrière. Je suis le candidat qui peut ramener tout le monde au NPD.
Les Canadien·nes sont de plus en plus préoccupé·es par le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) et, bien que certain·es politicien·nes l'aient critiqué, peu ont appelé à son abolition comme vous l'avez fait. Pourquoi est-il temps de mettre fin au programme des TET ?
Le programme des TET est conçu pour la classe dirigeante. Il permet de faire venir des gens dans le pays uniquement pour les forcer à accepter des emplois moins bien rémunérés et plus précaires. Vous n'avez pas la possibilité de vous syndiquer, ni de refuser un travail dangereux. Car si un travailleur ou une travailleuses ose s'exprimer, les employeurs ont le droit de le ou larenvoyer dans son pays d'origine. Nous devons nous débarrasser de ce programme. Nous devons créer un système qui fonctionne pour tous les travailleurs et toutes les travailleuses, qu'ils et elles soient citoyen·nes canadien·nes ou résident·es temporaires, car c'est ainsi que ce pays devrait fonctionner. Et c'est ce que défend le NPD : améliorer la situation de toutes les travailleuses et tous les travailleurs et leur offrir un lieu de travail sûr.
Il y a eu récemment de nombreux exemples d'entreprises qui ont quitté le Canada et délocalisé des emplois à l'étranger, même après avoir reçu des subventions du gouvernement spécifiquement destinées à préserver ces emplois. En tant que chef, comment comptez-vous mettre fin à cette situation ?
Prenez l'exemple de l'industrie automobile et d'Aloma Steel, qui vient de recevoir 400 millions de dollars du gouvernement fédéral et 100 millions de dollars du gouvernement provincial, et qui prévoit de se séparer de plus de la moitié de ses employé·es. Ou encore, dans le cas du secteur automobile, ils partent tout simplement au sud de la frontière. Le problème sous-jacent est que l'on distribue l'argent public pour rien. Sous un gouvernement néo-démocrate dirigé par moi-même, il y aurait des conditions à respecter. Si nous vous donnons de l'argent, la première chose à faire est de vous assurer que les Canadien·nes continuent à travailler. Pas d'externalisation, pas de suppression d'emplois, pas de fermeture et pas de départ. Si vous prenez l'argent et que vous partez, vous devrez le rembourser avec des intérêts. C'est la promesse que nous faisons aux Canadien·nes : nous protégerons vos emplois et l'argent public que nous donnons pour soutenir ces entreprises.
Êtes-vous favorable à la propriété publique et des travailleuses et des travailleurs comme moyen de prévenir ce type de pratiques d'externalisation ?
Bien sûr. L'une de nos politiques consiste à faire siéger des travailleurs et travailleuses au conseil d'administration des entreprises de ce pays afin que nous ayons véritablement notre mot à dire sur leur gestion. Lorsque les travailleurs et travailleuses contribuent à orienter une entreprise, celle-ci se développe d'une manière qui profite réellement à ceux et celles qui la font fonctionner. Nous l'avons déjà constaté en Colombie-Britannique, où une usine qui était sur le point de fermer a été sauvée grâce à l'intervention conjointe des travailleurs et des travailleuses, de leur syndicat et du gouvernement. Cette usine est toujours en activité aujourd'hui. Donc oui, la propriété publique et des travailleuses et des travailleurs est une option tout à fait viable.
Une chose que j'ai remarquée dans votre campagne, c'est que vous n'hésitez pas à parler en termes de conflit de classes. Les politicien·nes libéraux et conservateurs sont clairement d'un côté de cette guerre des classes contre les travailleurs et travailleuses canadien·nes, mais même le NPD a parfois hésité à nommer cette réalité directement. Pourquoi est-il important pour vous de rompre avec cela et de le dire clairement ?
Le message de la guerre des classes correspond à la façon dont j'ai vécu toute ma vie, non seulement en tant que leader, mais aussi en tant que docker. C'est une guerre des classes, pure et simple. Tout ce qui s'est passé dans ce pays depuis la colonisation relève de la guerre des classes. Même les questions environnementales en font partie, car la classe dirigeante les utilise pour diviser les travailleurs et les travailleuses en opposant les militant·es écologistes à ceux et celles qui font le travail. Une fois que nous aurons commencé à communiquer clairement ce message et que les travailleurs et travailleuses auront compris qu'ils et elles font partie de cette guerre des classes, nous sommes convaincu·es qu'ils et elles reviendront vers le parti. Car le gouvernement Trump au sud, le gouvernement Carney ici et l'opposition Poilievre feront tout leur possible pour enrichir leurs ami·es tout en maintenant la classe ouvrière sous l'eau. Ce sont des messages que nous continuerons à diffuser, jusqu'à ce que nous en ayons assez de les répéter, et ensuite nous les diffuserons encore plus fort.
Dans le même ordre d'idées, vous avez mentionné dans des interviews précédentes que les Canadien·nes sont en colère contre le statu quo, et à juste titre. Mais nous avons également vu cette colère se manifester de manière déplaisante, souvent à l'encontre des éléments vulnérables de la société. Considérez-vous qu'une campagne axée sur les conflits de classe est un moyen utile de canaliser cette colère ?
Tout à fait. La colère que nous observons dans la société canadienne est en grande partie liée à la lutte des classes qui fait rage actuellement. Écoutez, lorsque les gouvernements ou les partis politiques sont dirigés par des gens comme Donald Trump – et d'autres comme lui, oserais-je dire, presque fascistes –, ils mènent leur campagne avec haine et vous disent de blâmer votre voisin·e pour vos problèmes. Mais ce n'est pas votre voisin·e qui vous empêche de payer votre loyer ou d'acheter vos provisions ; il ou elle n'a aucun contrôle là-dessus. Il faut plutôt se tourner vers les gouvernements et les entreprises qui ont mis en place ce système, un système créé par la classe dirigeante pour la classe dirigeante, afin que les riches s'enrichissent et que les travailleurs et travailleuses restent dans leur condition. Et quand je parle de travailleurs et travailleuses, je parle de toutes les personnes qui sont exploitées : les personnes handicapées, les bénéficiaires de la sécurité de la vieillesse et toutes celles qui essaient de joindre les deux bouts.
Comme la plupart des candidats à cette élection, vous ne siégez pas actuellement au Parlement. Si vous devenez chef du NPD, quel est votre plan pour entrer à la Chambre, où envisageriez-vous de vous présenter et envisageriez-vous une élection partielle pour y parvenir ?
Je n'ai pas de siège au Parlement, et ce n'est pas une mauvaise chose. À l'heure actuelle, nous avons sept député·es solides qui défendent les travailleurs et les travailleuses et s'opposent à la législation dépassée de la classe dirigeante, comme Leah Gazan qui œuvre à l'abrogation de l'article 107 et Alexandre Boulerice qui se bat pour un meilleur programme d'assurance-emploi. Le fait de ne pas avoir de siège me donne la liberté de voyager à travers le pays, de parler aux gens et de me rendre dans des endroits où le NPD n'a pas été vu depuis des années, qu'il s'agisse de communautés rurales ou de nations autochtones, afin d'écouter leurs préoccupations et d'expliquer comment notre parti compte y remédier. En ce qui concerne un siège à la Chambre, je vis dans la vallée du Bas-Fraser, en Colombie-Britannique, et je compte donc me présenter quelque part dans cette région. Mais si une élection partielle est organisée, je ne vais pas simplement me présenter et accepter le siège. Nous discuterons avec l'association locale de la circonscription pour voir si elle a déjà un·e candidat·e, si elle est d'accord pour que je me présente et si je peux vraiment représenter la communauté. Tout cela doit être pris en considération.
Enfin, de nombreux observateurs et observatrices ont soulevé la question du bilinguisme dans cette course à la direction, et votre nom a été mentionné aux côtés d'autres candidat·es. Quelles mesures concrètes prenez-vous pour vous assurer de pouvoir communiquer efficacement votre vision en français ?
Oh oui, j'ai fini par participer à l'émission This Hour Has 22 Minutes à cause de mon français épouvantable [rires]. Blague à part, le français est vraiment important pour moi. Je ne me suis engagé pleinement dans cette course qu'il y a environ deux mois et demi, et je n'aurais jamais imaginé me présenter à la direction du parti. Je vis en Colombie-Britannique et je n'ai pas beaucoup d'ami·es francophones ici, mais j'ai commencé à prendre des cours et à parler avec les francophones de mon équipe de campagne, qui m'aident à apprendre. Si je suis élu le 29 mars, j'ai l'intention de m'immerger dans la langue et la culture françaises au Québec.
Hier soir, j'étais à un événement à Saguenay, où j'ai discuté avec des gens qui m'ont expliqué l'importance de la langue française. Dans les années 1950, la classe dirigeante du Québec parlait anglais tandis que la classe ouvrière parlait français, puis vint la Révolution tranquille dans les années 1960, lorsque les Québécois·es commencèrent à revendiquer leur identité et leur pouvoir. C'est dire à quel point la langue française est importante, non seulement pour les Québécois·es, mais aussi pour les francophones de tout le Canada. Il ne s'agit donc pas seulement d'apprendre la langue, mais aussi de comprendre les identités des différentes communautés, qu'elles soient francophones ou autochtones. En tant que dirigeant du Canada, vous devriez toujours chercher à en savoir plus sur la société que vous servez.
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Au-delà de la propriété publique : l’heure de l’écosocialisme
En 2021, James Meadowcroft, professeur à l'université Carleton, déclarait : « Il n'est pas vrai que les gouvernements ne peuvent pas choisir les gagnants : ils le font tout le temps, partout dans le monde. »
Tiré de Rabble. 1er décembre 2025
Meadowcroft a ajouté que les gouvernements canadiens devraient voir plus loin que les pipelines à cet égard. Il s'agissait là d'une observation prémonitoire, étant donné que le premier ministre Mark Carney et la première ministre de l'Alberta Danielle Smith ont convenu d'accorder « des exemptions spéciales aux lois environnementales fédérales et d'offrir un soutien politique à un nouvel oléoduc ».
Réfléchissons attentivement à la question suivante : « Qui choisit les gagnant·es ? »
Les politicien·nes ? Un article du Globe and Mail indique que le personnel politique du ministre du Travail de l'Ontario, David Piccini, « a rejeté les évaluations de fonctionnaires non partisan·es et a distribué des centaines de millions de dollars à des organisations ayant obtenu des notes inférieures » dans le cadre des demandes adressées au Fonds de développement des compétences. L'article ajoute que « les candidat·es retenu·es pour bénéficier des fonds du programme avaient engagé des consultants pour faire pression sur M. Piccini ».
Il semble que les gouvernements canadiens ne choisissent pas les gagnant·es. Ils laissent les lobbyistes le faire à leur place. Pas étonnant que « la productivité du Canada soit à la traîne par rapport à celle de ses pairs depuis de nombreuses années ».
Les gouvernements peuvent et doivent « investir ». Mais la manière dont ils investissent est très importante.
Les trois candidats à la direction du NPD qui ont assisté au gala Mouseland de la Fondation Douglas Coldwell Layton le 28 octobre ont tous abordé ce sujet.
Rob Ashton a critiqué les employeurs qui reçoivent des aides gouvernementales puis ferment leurs portes.
« Chaque budget prévoit des aides financières pour les employeurs, ce qui est acceptable, à condition qu'elles soient assorties de sanctions. S'ils partent et laissent les Canadien·nes dans l'embarras, ils devront rembourser la totalité des fonds », a-t-il déclaré.
Heather McPherson a déclaré : « En tant que Canadien·nes, nous étions autrefois propriétaires de certaines choses. Vous savez, pendant la pandémie de COVID-19, je me suis constamment rappelé que nous avions autrefois les laboratoires Connaught. Notre pays avait autrefois la capacité de créer des vaccins. Nous possédions autrefois ce dont nous avions besoin pour fabriquer dans ce pays, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. »
Avi Lewis a poursuivi en déclarant : « Il est passionnant d'entendre un consensus émerger autour de la propriété publique. Je pense que c'est une idée populaire en période de défaillance du marché. Et je pense que les libéraux et les conservateurs n'ont qu'une seule idée pour stimuler l'économie : donner l'argent public à des intérêts privés. »
Lewis a ensuite évoqué la campagne du NPD contre les « parasites de l'aide sociale aux entreprises », menée par son grand-père David Lewis dans les années 1970.
Angella MacEwan, économiste principale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), décrit « Le pouvoir de la propriété publique » dans une vidéo de neuf minutes. Elle souligne l'importance de fabriquer et d'acheter des produits au Canada. Acheter canadien et privilégier la propriété publique est tout à fait logique. Mais la gauche a besoin d'une vision plus large de l'écosocialisme, combinant la propriété publique avec une planification démocratique et des normes environnementales progressistes.
Yves Engler, qui s'est porté candidat à la direction du NPD le 10 novembre, est très critique à l'égard du statu quo.
« Il est remarquable de constater à quel point notre système économique, qui concentre les richesses et détruit l'environnement, a été peu discuté dans les cercles du NPD », ajoutant que « remettre en question le capitalisme est plus important que jamais », a-t-il déclaré dans un éditorial publié sur rabble.ca.
Les économistes, qui s'intéressent à des questions telles que l'innovation et la productivité, analysent rarement la propriété publique sous l'angle environnemental. Une étude universitaire récente a révélé que les entreprises publiques peuvent être « plus innovantes que le secteur privé » et « n'ont pas d'effet négatif significatif en termes d'efficacité opérationnelle et de performance ». Un exemple : la société de télécommunications publique de la Saskatchewan (SaskTel) rivalise avec succès avec les opérateurs privés en louant ses antennes-relais et ses réseaux de fibre optique.
Dans l'ensemble, cependant, le Canada est loin derrière la plupart des pays en matière d'utilisation créative des investissements publics, par exemple en permettant à nos fonctionnaires de diriger des entreprises qui sont en concurrence sur le marché. Une adhésion obstinée au dogme néolibéral (déréglementation, privatisation, libre-échange) contribue à la baisse de notre productivité.
De nombreuses sociétés d'État fédérales prospères ont disparu lors de la vague de privatisations des années 1980 : Air Canada, Petro-Canada, Canadair, de Havilland Canada, Teleglobe, Connaught Labs, etc. Les gouvernements provinciaux ont également vendu des sociétés publiques rentables. La Saskatchewan a privatisé SaskOil and Gas et PotashCorp dans les années 1980. L'Alberta a privatisé les magasins d'alcool en 1993, la Saskatchewan en 2023. L'Ontario procède de manière fragmentaire.
Pour inverser cette tendance, il faut une vision à long terme du contrôle public majoritaire de secteurs clés tels que le logement, l'alimentation, l'exploitation minière, l'énergie, la sylviculture, la pêche et les transports.
Outre le contrôle public majoritaire, une société écosocialiste confierait le pouvoir décisionnel sur les activités économiques aux communautés locales et autochtones. Les projets devraient être écologiquement durables pour bénéficier d'un soutien.
Avec la durabilité écologique comme moteur de la prise de décision, des changements majeurs auraient lieu, en particulier dans les secteurs de l'agriculture et de l'énergie. Par exemple, l'agriculture industrielle serait remplacée par l'agriculture régénérative, les combustibles fossiles et nucléaires seraient progressivement éliminés, les énergies renouvelables seraient développées et des normes strictes en matière d'efficacité énergétique et de conservation seraient mises en place.
Enfin, on ne saurait trop insister sur l'importance des terres publiques. La fin du programme fédéral des pâturages communautaires en 2012 a été une grande perte. Malheureusement, les parcs nationaux urbains semblent progresser lentement. Une société saine doit protéger et préserver des espaces naturels sains, des lieux où toutes les espèces, et pas seulement les humains, peuvent s'épanouir.
La nature est un élément clé de notre identité en tant que Canadien·nes. Nous devrions tous être fièr·es d'être les gardien·nes de nos terres et de nos eaux, en partenariat avec les peuples autochtones qui en prennent soin depuis des temps immémoriaux. La gestion responsable de la nature peut aller de pair avec de solides principes socialistes.
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Bloc québécois, Gaza, demi solidaire ?
Dans le fracas d'une guerre qui ravage Gaza depuis plus de deux ans, alors que les bilans humains atteignent des sommets effroyables, la présence du Bloc au sein du groupe interparlementaire Canada Israël laisse une empreinte lourde, bien plus lourde que ce que ses dirigeants semblent vouloir admettre. À force de ménager la chèvre et le chou, le Bloc québécois s'installe dans une zone trouble où le malaise devient plus que palpable.
Il s'agit pourtant d'une évidence. Les chiffres s'accumulent, les ruines s'étendent, les vies palestiniennes disparaissent dans un silence qui glace la conscience. Les organisations internationales parlent de crimes de guerre, plusieurs chercheurs et juristes évoquent un génocide, et les témoignages venus du terrain décrivent un peuple écrasé sous les bombes et la faim. Dans un tel contexte, on peine à comprendre ce qui pousse un parti qui se veut humaniste à demeurer présent dans un groupe interparlementaire dont l'objet même est lié à un gouvernement responsable de cette situation.
La difficulté devient choquante quand on observe l'ampleur de cette participation. Entre 19 et 21 députés bloquistes sur 22 figurent parmi les membres de ce groupe. Presque tout le Bloc. Une telle proportion entretient inévitablement l'impression d'un appui tacite, même si le parti se défend de toute adhésion aux actions de l'État israélien. En politique, les impressions sont parfois plus fortes que les faits, et il est impossible de balayer cette réalité d'un simple revers de main.
Il serait injuste de prétendre que le Bloque soutient les bombardements ou ferme les yeux sur la tragédie palestinienne. Ses déclarations publiques réclament un cessez le feu, dénoncent les violations du droit international et appellent à la création d'un État palestinien. Ces prises de position sont claires et importantes. Pourtant, elles se heurtent à cette contradiction silencieuse mais tenace. Comment concilier une condamnation des crimes commis à Gaza avec une participation active à un groupe parlementaire dédié à des liens d'amitié avec le pays qui en porte la responsabilité. Parmi les députés israéliens qui font partie du groupe, combien font-ils partie de l'actuel gouvernement d'Israël que l'histoire jugera comme génocidaire ?
Cette contradiction nourrit un trouble profond. L'opinion publique la perçoit. Les militants pro palestiniens la dénoncent. Les citoyens qui attendent du Bloc une voix ferme et cohérente en matière de droits humains ne comprennent pas ce double mouvement qui ouvre la porte à toutes les interprétations.
La question se pose alors avec une gravité nouvelle. Que cherche le Bloc québécois en maintenant sa présence dans ce groupe ? Veut-il préserver une image auprès de certaines communautés juives du Canada ? Tente t-il d'éviter les foudres du lobby sioniste bien implanté dans les cercles politiques d'Ottawa ? Ou alors présume t-il que sa position ambigüe reflète celle de l'opinion publique québécois ? Mais surtout, pourquoi autant de députés du Bloc sentent-ils le besoin de faire partie de ce groupe ?
Lorsque j'ai posé la question directement au chef du Bloc, il n'a pas répondu directement. J'ai senti plutôt un malaise, « Je suis hostile tant aux terroristes qu'aux criminels de guerre », une phrase qui rappelle tristement les discours prudents et interchangeables des dirigeants occidentaux qui, depuis deux ans, refusent de prendre la pleine mesure de la catastrophe humanitaire à Gaza. Certains états comme le Canada, continuaient à autoriser les livraisons d'armes à Israël en plein génocide. Cette réponse ne ressemble pas à Yves François Blanchet. Elle manque de souffle, de conviction, de cette netteté morale qui devrait guider tout chef politique face à l'injustice.
C'est dommage. Je fais partie de ces Québécois qui ont vu en lui un dirigeant mûri par l'expérience, capable de finesse politique et surtout de courage. Je crois encore qu'il peut assumer une position forte, claire, sans équivoque. Une position qui ne craint ni les pressions ni les tensions, ni les diatribes que provoque la dénonciation d'un pays allié du Canada. En tant que souverainiste, je m'attends de lui et de son parti plus de courage, de cohérence et un sens de l'histoire.
Le courage politique ne consiste pas à répéter les formules convenues, mais à dire ce que tant redoutent de dire. Les victimes palestiniennes n'attendent pas des nuances diplomatiques. Elles attendent une parole nette. Une solidarité sans détours. Elles attendent de nous un geste de dignité humaine. Elles attendent de nous d'être des souverains déclarés de nos positions en solidarité entière avec les peuples qui aspirent aussi à leur souveraineté. Laissons les demi solidarités aux demis politiciens.
Courage Yves François. Le moment exige plus que des équilibres. Il exige une voix sans aucune ambiguïté. Une voix qui reconnaît la souffrance où elle se trouve et qui refuse de la voir à moitié.
Mohamed Lotfi
12 Décembre 2025
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Nature Québec demande le retrait du projet de loi 5
Nature Québec demande le retrait du projet de loi no 5, Loi visant à accélérer l'octroi des autorisations requises pour la réalisation des projets prioritaires et d'envergure nationale. Selon l'organisation environnementale, la « loi Q-5 » est une atteinte directe aux principes démocratiques du Québec et prive la population québécoise de son droit de participer aux décisions cruciales pour son avenir collectif.
« Ce projet de loi est l'aboutissement d'une année marquée par un recul démocratique inédit au Québec. Il s'ajoute à une liste alarmante de mesures législatives qui fragilisent l'État de droit et qui écartent nos garde-fous de protection de l'environnement et de la population. Il donne des pouvoirs démesurés au ministre des Finances au détriment de nos institutions démocratiques essentielles », affirme Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.
Nature Québec déplore particulièrement que les promoteurs pourront réaliser des travaux préparatoires qui risquent de détruire des milieux naturels avant même de recevoir les autorisations nécessaires. L'organisme s'inquiète aussi de voir le BAPE muselé, alors qu'il ne pourra pas recommander la non-réalisation du projet même si les impacts sociaux et environnementaux sont majeurs pour le milieu d'accueil.
« Ce n'est pas dans la paperasse qu'on coupe, mais dans la protection légale de la population et du territoire québécois. Cette tentative d'accélérer le développement industriel et d'infrastructures risque d'aboutir à des projets mal ficelés, sans acceptabilité sociale, et dont les impacts sur la santé de la population et des écosystèmes ne seront connus que trop tard. Personne n'en sortira gagnant », conclut Mme Simard.
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Le choix des consommateurs
Quelle ne fut pas ma surprise de lire dans la rubrique « Forum » du Courrier de Saint-Hyacinthe qu'un analyste du Consumer Choice Center nous réprimande parce que nous nous questionnons au sujet du taux anormalement élevé de pesticides dans l'eau potable de Saint-Hyacinthe.[1]
Après 2 lettres ouvertes de ma part traitant de ce sujet [2] et une de M. Renard, voilà que M. Wirtz, du Luxembourg, minuscule pays aux confins de l'Allemagne et de la France, prend la peine d'envoyer un message de l'autre côté de l'Atlantique pour répondre à une « opinion du lecteur » dans l'hebdo d'une petite ville de 60 000 habitants. Bizarre !
Selon M. Wirtz, l'Europe « est le seul bloc réglementaire au monde qui applique systématiquement le « principe de précaution » à sa réglementation alimentaire ». Un lien YouTube va dans le même sens.[3] Ici comme ailleurs, s'opposer au principe de précaution me semble téméraire ; mon père disait souvent « mieux vaut prévenir que guérir ». En tapant « Consumer Choice Center » dans un moteur de recherche, j'apprends que cette organisation reçoit des fonds des transnationales du tabac et qu'elle s'oppose aux réglementations qui limitent l'utilisation du tabac aux États Unis et dans l'Union européenne.[4] Y aurait-il un lien entre une organisation qui s'oppose à une réglementation sévère contre le tabac et l'utilisation de pesticides sans égard pour le principe de précaution ?
Selon le « Climate Disinformation Database » de DeSmog Blog, le Consumer Choice Center (CCC) proclame qu'il veut donner plus de pouvoir (to empower) aux consommateurs de la planète. Mais pour une organisation qui prétend vouloir aider les consommateurs, il est difficile de comprendre pourquoi elle ne recueille pas des fonds du public, alors qu'elle accueille à bras ouverts les dons des grandes corporations et des magnats du pétrole.[5] Mais ce n'est pas le seul secteur où le CCC s'implique. Dans la Chronique Agora du 8 septembre 2022, M. Bill Wirtz signe un texte où il est écrit : « L'Europe et les États-Unis devraient mettre en veilleuse toutes leurs ambitions en matière de climat, raffiner davantage de pétrole et coopérer pour l'acheminer rapidement et efficacement. »[6]
Quel est le lien commun entre les cigarettiers, les manufacturiers de pesticides et l'industrie pétrolière ? Ce dénominateur commun semble être la réglementation qui met des balises aux utilisateurs de produits néfastes pour la santé des êtres vivants et de la planète. Et le Consumer Choice Center s'oppose farouchement à toute réglementation qui serait basée sur le principe de précaution.
Certes, le principe de précaution est un geste politique qui impose des balises aux manufacturiers et aux utilisateurs de produits dangereux pour la santé. Oui, j'avoue, ces balises peuvent avoir des effets négatifs sur la marge de profit. Mais quel est le coût d'un cancer ? Ce n'est pas une statistique dans une colonne de chiffres ; c'est lorsque que ton médecin s'assoit derrière son bureau, te regarde droit dans les yeux et t'annonce un diagnostic qui met ton existence en jeu !
Pendant des décennies, les cigarettiers ont farouchement nié le lien entre le tabac et le cancer du poumon ; en fin de compte, ce lien a été prouvé sans équivoque dans les cours de justice sur la base de données scientifiques indiscutables. Le 27 octobre dernier, le Washington Post publiait un article de fond faisant ressortir une statistique troublante. Les six États du « corn belt » ont un taux anormalement élevé de cancers chez les moins de 50 ans. Les citoyens de ces six États producteurs de céréales utilisent plus de glyphosate et autres pesticides que le reste des USA.[7] De plus, le puissant lobby des pesticides entretient souvent une relation très discutable avec les agences gouvernementales.[8] Malgré l'opposition acharnée des Monsanto de ce monde, est-ce que le lien entre pesticides et maladies graves est en train de devenir aussi solide que dans le cas des cigarettes ?
Le Consumer Choice Center affirme qu'il milite pour que les consommateurs aient le choix. N'en déplaise à M. Wirtz, pour faire un choix éclairé, le citoyen doit connaître tous les avantages et inconvénients, sinon il joue à la roulette russe. Une réglementation fondée sur le principe de précaution, mais qui devrait être encore plus sévère, limite inadéquatement la quantité de pesticides qui se retrouvent dans notre eau potable. M. Wirtz peut-il nous dire si les 60 000 citoyens de Saint-Hyacinthe ont le choix de boire, ou non, l'eau qui sort du robinet et qui contient des produits possiblement cancérigènes ?
Si M. Wirtz veut nous faire l'honneur de traverser l'Atlantique pour nous visiter en terre maskoutaine, je lui offrirai un verre de « Yamaska frappée » avec une cigarette. Il aura le choix, d'accepter ou de refuser mes cadeaux. Après tout, il faut bien mourir de quelque chose !
Gérard Montpetit
La Présentation, Québec.
Le 8 décembre 2025
1] https://lecourrier.qc.ca/pesticides-le-probleme-des-normes-europeennes/
2] https://rveq.ca/replique-opinions/la-question-de-la-semaine-en-priode-lectorale
3]https://youtu.be/WQLVoZxZ29Q?si=Ec3kRlwE1xGOBaTH
4]https://www.tobaccotactics.org/article/consumer-choice-center/
5] https://www.desmog.com/consumer-choice-center/
7] https://www.washingtonpost.com/health/2025/10/27/young-cancer-iowa/
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Voici pourquoi les féministes s’opposent au PL1
Tout comme la FFQ et de nombreux organismes, nous demandons le retrait complet du PL1et l'ouverture d'un véritable processus constituant Jusqu'au 17 février, les organismes sont invités à appuyer la déclaration de la société civile contre le PL1 et à signer la pétition pour le retrait de l'article 29 portant sur l'avortement. Pour plus d"infos, on recommande vivement de visionner cette capsule. (source : CQMMF)
Tiré de l'infolettre de L'R des Centres de Femmes
Le Nouvel R 10 décembre 2025
La CQMMF déplore que ce projet de loi pose de sérieux enjeux quant à sa légitimité tout en menaçant nos droits :
– En affaiblissant les mécanismes de protection des droits, le PL1 ouvre la porte à des reculs en justice reproductive, incluant l'accès à l'avortement, qui pourrait devenir plus vulnérable aux décisions politiques.
– Le PL1 menace aussi les droits des peuples autochtones, en permettant au gouvernement d'imposer un cadre juridique unilatéral qui ignore leur souveraineté, leurs traités et leur autodétermination.
– Il permettrait aussi au gouvernement d'accroître le pouvoir du parlement tout en neutralisant les mécanismes de contre-pouvoir existants : tribunaux, organismes de défense des droits, société civile.
– Concrètement, certaines lois pourraient être protégées afin de préserver « la nation québécoise », ce qui empêcherait des organismes publics financés par des fonds publics de les contester ; leurs administrateurices pourraient même être poursuivi·es.
Tout comme la FFQ et de nombreux organismes, nous demandons le retrait complet du PL1et l'ouverture d'un véritable processus constituant Jusqu'au 17 février, les organismes sont invités à appuyer la déclaration de la société civile contre le PL1 et à signer la pétition pour le retrait de l'article 29 portant sur l'avortement. Pour plus d"infos, on recommande vivement de visionner cette capsule. (source : CQMMF)
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Un Noël festif et féministe mais dans un contexte de montée de la droite
Le comité des femmes de Québec Solidaire de la région de Québec a organisé le 14 décembre un Noël festif et féministe à la Brasserie La Korrigane. Cette activité du comité des femmes se veut un événement festif tout en tenant compte des débats qui se tiennent dans le mouvement féministe.
L'année dernière, les élections de Trump aux États-Unis et sa pluie de décrets, en particulier contre les femmes et les personnes appartenant à la diversité de genre, avait décidé le comité des femmes à supprimer de son annonce le mot « festif ».
Cette année, le mot festif faisait partie de la thématique même si le contexte de la montée de l'extrême droite demeure d'actualité.
Un cabaret féministe, c'est quoi ?
Le comité des femmes organise trois cabarets par année. Un pour l'Halloween (le cabaret des sorcières), un pour Noël (le Noël festif) et un pour le 8 mars.
C'est ainsi que le comité des femmes tient à agir dans la mouvance féministe car les cabarets sont d'abord un <lieu de confiance> qui ne tolère aucune parole ou geste de violence ou de mépris.
Ces cabarets sont des lieux d'expression permettant aux femmes présentes de témoigner, de se confier, de parler au micro ouvert prévu lors des événements.
Enfin, ils offrent une belle visibilité à Québec Solidaire sur les questions féministes. Cela ouvre une vitrine pour une participation des militantes et militants de Qs et des mouvements sociaux mais aussi pour la population en général intéressée à connaître Qs sous un angle plus social.
Le Noël festif de 2025
L'après-midi a débuté par un mot de bienvenue d'Amélie Dubé Lambert expliquant la nature de la rencontre et posant le contexte politique général.
Cette entrée en matière fut suivie par une présentation sur la tuerie de Polytechnique en 89 avec la lecture d'un texte de Alix Parent au coeur duquel il y avait le poème suivant :
Poly
Elles sont quatorze
Nous sommes chacune.
Elles ont reçu une balle
Sans avoir le temps de réaliser, d'avoir mal.
Nous, nous avons reçu insultes, gifles,
Avec trop de temps pour sentir le vide.
Paralysées par la peur ou mortes
C'est la main, c'est la balle.
C'est le mépris de la même sorte
Du père, du mari ou de l'amant jaloux qu'importe.
Mais surtout pas simple acte de malade.
Non la semence a été longtemps cultivée
La haine en est le fruit rouge sang.
La violence : cette sève goutant amèrement
Et le pouvoir : ces racines si entremêlées.
Et vous voulez par vos mains, par vos balles
Lentement ou rapidement
Sournoisement, subitement, ou violemment
Nous faire goûter ce mal ;
Implanter dans nos cœurs cette obéissance ?
Mais notre silence et notre consentement
À toutes fins et pour longtemps
Vous ne l'aurez
Et de la société et de nos vies
Déraciner, couper, brûler
À jamais cet arbre maudit.
Et avec nos bras, nos cœurs, solidarité
Nos sifflets, notre ardeur, solidarité
Nos clés, nos pieds
Riposter comme collectivité, solidarité
Elles ont été quatorze
Nous serons toutes
11-12-89
Deux prestations artistiques ont eu lieu durant l'événement : une lecture de Flavie Dufour portant sur l'avortement et deux slams de Véronica Rioux parlant de violence et de neuro-diversité.
Des personnes députées ont aussi tenu à faire leurs voeux pour 2026 : Manon, Ruba, Sol, Étienne, Guillaume, Harroun et Alejandra ont toutes et tous mentionné la montée de la droite et les temps difficiles qui s'annoncent pour 2026. Mais elles et ils ont aussi parler d'espoir, de lumière....et des élections en 2026.
L'activité boules de Noël a permis aux personnes présentes d'exprimer sur des boules de papier leurs voeux pour 2026 et de les accrocher à un sapin de papier....un sapin qui a connu les changements climatiques...
L'activité micro ouvert, quant à elle, a permis d'entendre des témoignages exposent des faits de vie mais qui ont tous exprimé dans le concret de grandes thématiques du mouvement des femmes : maternité, violences contre les femmes sous toutes les formes, viols, suicide, politiques néolibérales des gouvernements actuels, lien mère-fille. Un moment riche de vécu, d'émotions et d'expression libre.
Les chansons des Amères Noëlles (groupe créé durant le Sommet des Amériques en 2001 et qui prend des chansons connues en modifiant les paroles pour leur donner un contenu politique) ont mis de l'enthousiasme dans l'air. Les gens présents ont chanté, tapé des mains et tambouriné sur les tables.
Pour terminer, le cercle de lecture du comité a fait connaître ses activités et a procédé au tirage de prix de présence : toute une variété de livres féministes nouvellement parus.
Et nouveauté, cette année, l'artiste visuelle VYK a peint durant tout le cabaret une oeuvre, sous l'inspiration des témoignages. Le tableau a été tiré à la fin du cabaret. L'oeuvre était magnifique et Jacinthe, la gagnante de l'oeuvre, a fait bien des jalouses.
Une belle activité qui, cabaret après cabaret, rallie les gens, porte un discours politique et féministe, permet une visibiité de Qs sur les questions femmes et, surtout, fait du bien au coeur.
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6 décembre : voici pourquoi le Canada doit reconnaître le crime de féminicide
Cela fait 36 ans que le massacre de 14 jeunes femmes a eu lieu à l'École Polytechnique de Montréal. Un homme les a abattues parce qu'elles étaient des femmes. Qualifié d'acte « violent de misogynie » par le gouvernement fédéral, ce massacre n'a pourtant jamais été officiellement qualifié de féminicide au Canada, malgré sa reconnaissance mondiale. Des femmes et des filles continuent d'être tuées tous les deux jours au pays, très majoritairement par des hommes. Et les chiffres continuent d'augmenter.
Tiré de The conversation.
La majorité de ces meurtres sont des féminicides, selon le cadre statistique des Nations unies pour mesurer les meurtres de femmes et de filles liés au genre. Le féminicide est défini de manière générale comme le meurtre d'une femme ou d'une fille en raison de son sexe ou de son genre.
Un balado qui pour dénoncer
Pour ces raisons, l'Observatoire canadien sur les féminicides pour la justice et la responsabilité (CFOJA) a lancé son balado « Too True Crime » le 25 novembre 2025, soit la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Le balado met en lumière les histoires de 580 femmes et filles tuées par des hommes dans des cas de féminicide depuis 2020.
Il ne tient compte que des cas où les informations disponibles indiquaient qu'il s'agissait d'un féminicide. Certains cas ont pu échapper à l'attention des autorités et rester sous le radar. Mais depuis le lancement de l'Observatoire en 2018, on a recencé plus de 1 100 femmes et filles tuées par des hommes.
Une partie des appels à l'action du balado comprends une pétition demandant au Canada de reconnaître officiellement le crime de féminicide et de l'inclure dans le Code criminel.
Les lois contribuent à apporter des changements
L'Italie est le dernier pays sur une trentaine dans le monde à avoir créé une infraction distincte de féminicide dans sa législation nationale.
Cette approche a ses détracteurs. Ils affirment :
– Elle ne met pas l'accent sur la prévention ;
– Elle ne s'attaque pas à la culture qui favorise le féminicide ;
– Elle peut avoir des conséquences imprévues ;
– Il est difficile de parvenir à un consensus sur la définition du féminicide ;
– Elle n'a pas réduit le nombre de féminicides.
Mais la criminalisation par opposition à la prévention n'est pas une question de choix entre l'un ou l'autre.
Les lois constituent un élément clé d'une approche de santé publique en matière de prévention de la violence. Les lois nationales sur les féminicides s'accompagnent généralement de programmes de prévention, de formations destinées aux forces de l'ordre et de campagnes de sensibilisation du public. La loi italienne, par exemple, prévoit des mesures plus sévères contre les crimes sexistes tels que le harcèlement obsessionnel et la pornographie vengeresse.
Les lois ne constituent pas des réponses isolées. Elles ne sont qu'une partie des réponses multisectorielles à un problème social qui doit inclure le suivi des processus de mise en œuvre et des résultats.
Changer les lois peut changer les cultures
En Italie, certaines militantes féministes se sont plaintes que la loi n'allait pas assez loin, notamment en matière de changement culturel. Au Canada, une avocate féministe suggère qu'il faudrait peut-être « repenser radicalement » toute la question plutôt que de créer une nouvelle infraction dans le Code criminel.
Mais qualifier ce crime de « féminicide » — un terme spécifique au sexe ou au genre — constitue en fait une remise en question radicale dans un climat de neutralité qui masque trop souvent le fardeau disproportionné que supportent les femmes et les filles dans certaines formes de violence masculine.
Les réponses apportées par les États à travers leurs lois reflètent les valeurs culturelles. À l'heure actuelle, ces valeurs considèrent le féminicide comme un problème individuel plutôt que comme le résultat de structures et de processus sociaux fondés sur des inégalités profondément enracinées.
Une loi sur le féminicide reconnaîtrait que la violence masculine envers les femmes et les filles est systémique et nécessite un changement d'attitude dans les valeurs culturelles du Canada.
Aider les femmes et les populations marginalisées
Les lois visant à protéger les femmes peuvent avoir des conséquences imprévues, comme le montre le cas de l'obligation de poursuites judiciaires en cas de violence conjugale. Elle impose à la police de porter plainte si elle a des motifs raisonnables de croire qu'une agression a eu lieu. Et les lois non sexistes peuvent nuire aux femmes, en particulier lorsqu'elles sont appliquées dans un environnement sexiste et raciste.
C'est pourquoi le Canada doit inclure le féminicide dans son Code criminel. Le féminicide n'est pas neutre du point de vue du genre, et le reconnaître officiellement permettra de définir comment et pourquoi les femmes sont tuées par des hommes, ce qui est essentiel pour une prévention efficace.
Une loi sur le féminicide ne vise pas à alourdir les peines, mais à garantir que les accusations, les condamnations et les peines soient appropriées et que les auteurs soient tenus responsables dans les meurtres de femmes et de filles de tous horizons.
Il est possible de parvenir à un consensus
Le Canada doit parvenir à un consensus sur la définition du féminicide et en identifier clairement les éléments constitutifs.
Tous les pays dotés de lois sur le féminicide sont parvenus à un consensus, même si tous ne l'ont pas défini de la même manière. Cependant, les protocoles types et des lois types sont disponibles pour les pays qui envisagent d'inclure le féminicide dans leur législation nationale et leur code pénal.
Certaines recherches suggèrent que les lois sur le féminicide sont inefficaces. Elles n'ont pas permis de réduire le nombre de cas. Mais d'autres soulignent que les lois sur le féminicide ont renforcé la responsabilité et amélioré le signalement, la protection des survivantes et la sensibilisation à toutes les formes de violence sexiste.
Les effets variables d'une loi dépendent du contexte, notamment de qui la connaît, de sa clarté et de sa concision, et de la réactivité des personnes responsables de l'appliquer.
Les lois sur le féminicide ne suffiront pas à elles seules à réduire immédiatement le nombre de femmes tuées par des hommes ou victimes d'autres formes de violence sexiste. Peu de lois ont ce pouvoir. Le principal défi consiste à déterminer si et comment une loi sur le féminicide sera mise en œuvre.
Une réponse de l'ensemble de la société
Les lois sur le féminicide visent la prévention et peuvent changer notre culture. Elles pourraient venir en aide aux femmes et aux filles, en particulier celles dont la vie et la mort sont aujourd'hui marginalisées et ignorées.
Comme beaucoup d'autres pays, le Canada peut parvenir à un consensus sur la définition du féminicide et élaborer une loi qui conduira à des changements significatifs. Mais cela nécessite des consultations proactives, une volonté politique et des dirigeants à l'écoute.
Les 580 récits présentés dans Too True Crime démontrent clairement et sans ambiguïté que la vie des femmes et des filles en dépend.
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La loi 14 ne passera pas la rampe des tribunaux – on vous explique pourquoi
Au lendemain de son entrée en vigueur, la CSN a déposé une demande de pourvoi en contrôle judiciaire qui vise à faire déclarer inapplicable, invalide et inopérante la Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out. Complètement en porte-à-faux du droit québécois, canadien et international, cette loi doit être déclarée inconstitutionnelle par la Cour supérieure, estime la CSN.
Tiré de l'Infolettre de la CSN En Mouvement
11 décembre 2025
Le ministre Boulet l'admet d'emblée : sa nouvelle loi vise à élargir la notion de « services essentiels » afin que le Tribunal administratif du travail (TAT) s'éloigne d'une interprétation trop restrictive des limitations pouvant être apportées au droit de grève. « Il faut penser à de nouveaux critères de détermination de ce qui constitue un service à maintenir [lors d'un conflit de travail] », exprimait-il quelques semaines avant de déposer son projet de loi 89, sanctionné depuis comme loi 14.
Ces nouveaux critères, la loi 14 les définit ainsi : des services devront être « minimalement requis pour éviter que ne soit affectée de manière disproportionnée la sécurité sociale, économique ou environnementale, notamment celle des personnes en situation de vulnérabilité. »
Il s'agit d'un virage à 180 degrés, y compris pour Jean Boulet lui-même : en 2019, lors du dépôt de son projet de loi 33, rendu nécessaire pour corriger les balises au droit de grève du secteur public à la suite de l'arrêt Saskatchewan de la Cour suprême, le ministre du Travail avait à l'époque déclaré que seule « la protection de la santé ou de la sécurité publique » devait être retenue comme critère général acceptable pouvant entraver le droit de grève, dorénavant hissé au statut de droit fondamental.
Le ministre avait raison… en 2019
Car c'est bien de cela dont il s'agit, souligne à grands traits la contestation juridique de la CSN : non seulement l'arrêt Saskatchewan identifiait clairement les seules limites acceptables au droit de grève (la santé et la sécurité de la population ; une urgence nationale extrême ; ou encore à l'endroit de salariés de la fonction publique qui exercent un pouvoir au nom de l'État), celles-ci sont également reconnues par le droit international comme étant les seules restrictions admissibles.
Sur ce plan, le droit de grève constitue un droit fondamental au sens de la convention no 87 de l'Organisation internationale du travail, un traité ratifié par le Canada, stipule le pourvoi en contrôle judiciaire, qui rappelle que la Cour suprême a reconnu, à plusieurs reprises, l'importance de respecter le consensus international en matière de liberté syndicale.
En fonction du principe de présomption de conformité au droit international, le gouvernement du Québec ne peut se placer en contravention avec ses obligations à l'égard des autres États et des organisations internationales, rappelle la CSN dans son recours.
D'autant plus que la Cour suprême et le droit international reconnaissent que, lorsque des restrictions au droit de grève sont possibles en regard des trois critères mentionnés plus haut, les balises se doivent d'être serrées. Non seulement l'objectif (la santé ou la sécurité de la population, par exemple) doit être suffisamment important pour justifier l'atteinte à un droit fondamental, mais les moyens adoptés doivent être soigneusement conçus pour atteindre l'objectif en question. En ce sens, les mesures ne doivent être ni arbitraires, ni inéquitables, ni fondées sur des considérations irrationnelles. Et, si un tel lien rationnel entre l'objectif et les moyens existe, ces derniers doivent être choisis de façon à porter « le moins possible » atteinte au droit de grève.
À la lecture de cette loi qui vise à éviter que ne soit affectée « de manière disproportionnée la sécurité sociale, économique ou environnementale, notamment celle des personnes en situation de vulnérabilité », force est de constater que la loi s'appuie sur « une définition très large référant à des concepts encore plus larges et peu juridiques », pourfend le recours juridique de la CSN.
Mais d'ici à ce que cette loi soit invalidée, le TAT devra l'appliquer… et rendre des décisions qui sont contraires à la jurisprudence établie par l'arrêt Saskatchewan, s'inquiète la CSN.
Sur l'arbitrage de différends obligatoire
En plus des services minimalement requis pour assurer le bien-être de la population, un deuxième mécanisme de la loi 14 pourrait difficilement passer le test de la Cour suprême : le pouvoir que s'accorde le ministre de mettre fin à une grève, par simple décret, s'il estime que celle-ci « cause ou menace de causer un préjudice grave ou irréparable à la population ». Dans de telles situations, aux contours des plus flous, le ministre pourrait alors imposer un arbitrage pour se substituer à la négociation.
Qu'elle soit québécoise, canadienne ou internationale, la jurisprudence est claire : lorsqu'un droit fondamental est entravé, le mécanisme de rechange se doit d'être juste, adéquat, indépendant et impartial, précise le recours de la CSN. Ici, l'arbitrage n'est pas imposé par un tiers neutre et impartial, mais bien par un ministre dans l'exercice d'un « pouvoir discrétionnaire fort peu encadré » qui court-circuite les processus habituels et démocratiques d'adoption d'une loi.
Aux yeux de la jurisprudence, l'arbitrage obligatoire ne peut s'avérer un substitut valide puisqu'il « sera toujours à l'avantage de la partie patronale, il aura pour effet de briser tout le rapport de force d'un syndicat, l'empêchant d'obtenir des gains », précise le recours de la CSN en Cour supérieure.
Un effet paralysant sur toutes les négociations
L'impact de cette possibilité d'être visé par un décret créera un effet paralysant sur toutes les négociations : nombre de syndicats seront confrontés à la possibilité toujours latente de voir sa grève être complètement arrêtée. Une véritable épée de Damoclès pour les syndicats qui voudraient envisager la grève dans la construction de leur rapport de force.
Pour la CSN, la loi 14 constitue une politisation sans fin de l'exercice d'un droit fondamental, où les grèves les plus impopulaires seront jetées à la vindicte populaire.
Cette possibilité d'adopter un décret à tout moment introduit une grande part d'arbitraire dans le droit à la négociation collective, souligne le pourvoi en contrôle judiciaire.
Et l'indépendance des tribunaux, dans tout ça ? Qu'arrivera-t-il lorsque le ministre, insatisfait d'une décision du TAT sur les services essentiels, décidera d'assujettir le même syndicat aux services minimalement requis pour assurer le bien-être de la population ?
Pour la CSN, il s'agit clairement d'un « droit d'appel détourné dans les mains du ministre », qui risque de mettre à mal la stabilité des décisions du TAT.
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Les contre-pouvoirs dans la ligne de mire
À l'occasion du bureau fédéral de la FNCC–CSN, tenu le 29 novembre 2025 à Montréal, Louis-Philippe Lampron, professeur titulaire à la Faculté de droit de l'Université Laval, s'est entretenu avec les délégué-es sur les attaques du gouvernement envers les contre-pouvoirs et le régime qui protègent les libertés fondamentales.
Tiré de l'Infolettre de la CSN En mouvement
10 décembre 2025
« Il y a un fil rouge qui lie les projets de loi 1, 2, 3, 7 et 9. La CAQ complexifie la possibilité de s'opposer à la légalité de l'action gouvernementale, et ce, dans tous les secteurs », affirme l'expert d'entrée de jeu.
Selon M. Lampron, le gouvernement fait deux choses. Par sa constitution, il tâche de limiter la capacité des tribunaux à interpréter les droits et libertés de la personne. En faisant en sorte que lorsque c'est l'Assemblée nationale « qui parle », les tribunaux ne peuvent intervenir pour remettre en cause les choix établis par l'institution. Ensuite, à travers ses projets de loi, le gouvernement caquiste s'attaque concrètement à la capacité des groupes de la société civile et des organisations publiques indépendantes de contester des lois.
Dans un État de droit comme le nôtre, nul n'est au-dessus de la loi, pas même le gouvernement. Ainsi, il existe des contre-pouvoirs pour ramener à l'ordre un gouvernement qui part en roue libre : les tribunaux, la société civile – dont les syndicats –, les organismes indépendants, les citoyennes et citoyens – par des manifestations et des pétitions par exemple –, les médias et les partis de l'opposition.
Les contre-pouvoirs viennent protéger les droits de la population. Dans la pyramide des lois, il y a tout en haut la Charte des droits et libertés de la personne. Les droits et libertés inscrits dans la charte priment donc sur toutes les autres lois. Avec ses nouveaux projets de loi, le gouvernement vient démanteler cette pyramide.
Inonder la zone
La stratégie de la CAQ est littéralement d'inonder la zone avec trop d'initiatives qui attaquent plusieurs groupes en même temps. Ce qui fait en sorte de forcer une division à la fois des journalistes – qui ne sont pas capables de tout couvrir – et des groupes qui sont attaqués. « Le grand problème, quand on inonde la zone, c'est qu'on prend chacune des initiatives isolément sans voir le portrait global de la situation », croit le professeur.
De plus, le gouvernement ajoute du bruit et du brouillard en accolant des titres racoleurs. Par exemple, le projet de loi 3 : Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail. « Qui n'est pas en faveur de la démocratie syndicale ? Je veux dire, c'est comme de la tarte aux pommes. Mais évidemment, entre cette étiquette “ d'appât ”, pour que le projet de loi passe bien dans les médias, et la capacité des syndicats à justement jouer leur rôle dans la société… il y a une marge épouvantable ! », prévient M. Lampron.
Des projets de loi liberticides
Lors de sa présentation, le professeur en droit a expliqué un par un les projets de loi liberticides afin de bien exposer les enjeux démocratiques en cause.
Avec le projet de loi 1, la « constitution caquiste » comme l'expert aime l'appeler, le gouvernement vient ici museler les contre-pouvoirs et affaiblir les libertés fondamentales.
Selon le Barreau du Québec, le projet de loi vient affaiblir le régime québécois de protection des droits fondamentaux, mettre à mal la séparation des pouvoirs et l'indépendance des tribunaux, soulever des enjeux constitutionnels importants et vient rouvrir le débat sur l'avortement. Rien de moins.
Mais ce qui choque le plus M. Lampron, c'est que le gouvernement normalise le recours à la disposition dérogatoire. Cette disposition permet aux législateurs de suspendre l'application des droits et libertés. En ce moment, au Canada, il y a une multiplication des recours à ces dispositions de dérogation. Par exemple, en Alberta, Daniel Smith a récemment cassé une grève et imposé un contrat de travail de quatre ans au personnel enseignant en utilisant une clause dérogatoire.
Avec le projet de loi 2, le gouvernement enlève le droit de négocier aux médecins en imposant un contrat de travail par une loi spéciale. Il met en place des mécanismes de surveillance « qui n'en finissent plus ».
« Au-delà de ça, il y a également des mesures qui interdisent de remettre en cause et de critiquer cette loi spéciale et tous ces mécanismes de surveillance. Ces mesures ne s'étendent pas seulement aux médecins, mais aussi à la grand-mère, aux voisins, à l'ami ou au prof d'université. Dans ces conditions, on ne pourra contester ce régime sans possiblement subir des sanctions pécuniaires », affirme M. Lampron.
Dans le projet de loi 3, le gouvernement érige des « haies », des obstacles, pour empêcher les syndicats d'agir dans l'espace public. Par exemple, pour contester une loi qui viendrait brimer le droit des travailleuses et des travailleurs, le syndicat devra consulter ses membres. Il faudra convoquer une assemblée générale et atteindre le quorum. Combien de temps ça prendra, organiser tout ça ? Combien ça coûtera ? Pour Louis-Philippe Lampron, ce sont des haies qui ralentiront et qui empêcheront les syndicats d'agir dans l'espace public. Mais selon lui, la principale source de difficultés concernant ce projet de loi, c'est l'idée selon laquelle le syndicalisme doit être enfermé dans une stricte case de relations de travail.
Le projet de loi 7 : Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître l'efficacité de l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires, vient fusionner et couper des institutions et des organismes importants à notre démocratie. « Ainsi, on limitera la protection contre la censure institutionnelle et on mettra fin à des obligations de reddition de comptes, préservées notamment par la Loi sur la liberté académique qui s'applique au milieu universitaire », souligne M. Lampron. Il ajoute : « C'est une perte sèche pour la nature démocratique des décisions gouvernementales. On a besoin de plus d'organismes avec de l'expertise, dans les différentes sphères où le gouvernement doit trancher, si l'on aspire aux meilleurs choix possibles et pas seulement à “ quelque chose ” qui se décide dans le bureau du premier ministre. »
Finalement, le projet de loi 9 vient, entre autres, étendre l'interdiction des signes religieux aux employé-es des centres de la petite enfance et interdire des pratiques religieuses dans l'espace public. Selon M. Lampron, c'est un cas classique de discrimination : « Parce que ceux qui vont subir les désavantages, ce sont les membres de groupes religieux minoritaires. »
De plus, le gouvernement « veut interdire les prières de rue au nom de la laïcité de l'État. On veut ainsi faire de la laïcité une valeur, ce qui la détourne de son sens », soulève Louis-Philippe Lampron. L'objectif de la laïcité, c'est d'assurer l'égalité et la liberté de tous les citoyens, croyants ou pas, et de toutes religions ou convictions, en garantissant la neutralité religieuse des institutions publiques et une séparation claire de l'État et de la religion.
Une mobilisation fondamentale
En plus de faire pression sur le gouvernement, M. Lampron croit qu'il faut « accentuer la pression politique exercée sur les partis de l'opposition, pour qu'ils s'engagent dès maintenant à abroger des initiatives de cette nature. Ils ne se mouillent pas assez. La manif du 29 novembre, ce n'était pas un soulèvement contre le projet de loi 3, c'était une manif contre les projets de loi 1, 2, 3, 7 et 9. Parce que c'est lié ensemble. Cette attaque-là, elle est tous azimuts. »
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Lettre ouverte | Vieillir dignement : une promesse que le Québec doit tenir
Vieillir dignement au Québec devrait être un droit, pas un luxe ou une promesse creuse. Pourtant, des milliers de personnes âgées vivent chaque jour dans l'attente, dans l'angoisse ou dans la solitude. Elles attendent qu'une place se libère, qu'une aide arrive, qu'un service reprenne. Elles attendent qu'on se souvienne d'elles.
Faute de places dans un centre d'hébergement public, combien de personnes aînées doivent s'éloigner dans la précipitation de l'endroit où elles ont tout bâti ? Combien de proches, souvent des femmes, s'épuisent à offrir des soins jour et nuit, sans soutien ni répit ? Combien de familles se saignent pour payer des résidences privées dont les coûts dépassent les 4 000 $ par mois, simplement pour assurer à leurs parents un repas chaud, un bain, une main tendue ?
La situation n'est guère plus rose pour celles et ceux qui souhaitent rester à domicile. Les soins et services se fragmentent, confiés à une multitude de sous-traitants privés dont la formation et la supervision n'est pas toujours adéquates. Les intervenant·e·s du réseau, quant à eux et elles, courent d'un domicile à l'autre, pris·es entre les formulaires, les contraintes et leur conscience professionnelle. Ces professionnel·le·s ont à cœur de bien faire, mais le système ne leur en laisse ni le temps ni l'autonomie - au détriment du lien de confiance qu'ils et elles tentent coûte que coûte de maintenir avec les personnes aînées et leur famille.
Vieillir, ce n'est pas disparaître. Ce n'est pas devenir un chiffre dans une liste d'attente ni une dépense à réduire. C'est continuer à faire partie du tissu vivant de notre société — à transmettre, à aimer, à exister pleinement. Heureusement, nous pouvons nous engager dans cette voie, ensemble. Nous pouvons construire un réseau public fort, universel, humain — où chaque personne aînée est respectée et entourée, et où chaque proche peut respirer, sachant que ses efforts sont soutenus, reconnus, partagés. Un Québec où vieillir serait synonyme de sécurité, pas de peur ; de sérénité, pas d'abandon.
Nous en appelons aujourd'hui à toutes les personnes qui se présenteront aux prochaines élections québécoises pour servir la population : vous avez le pouvoir — et la responsabilité — de transformer ce drame silencieux en véritable priorité nationale. Aurez-vous le courage de défendre un réseau public solide et accessible pour soutenir nos aîné·e·s ? Ferez-vous du vieillissement digne un objectif collectif plutôt qu'un fardeau individuel ? Serez-vous de celles et ceux qui choisiront la solidarité plutôt que l'indifférence, pour nos parents, nos grands-parents, et pour nous-mêmes demain ? C'est maintenant qu'il faut affirmer, ensemble, que la dignité des aîné·e·s doit être au cœur de notre projet de société.
Signataires
Robert Comeau, président de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Dre Julia Chabot, présidente de l'Association des médecins gériatres du Québec (AMGQ)
Pierre Lynch, président de l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR)
Paul-René Roy, président de l'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP)
Micheline Germain, présidente de l'AREQ - Le mouvement des personnes retraitées CSQ
Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ)
Nathalie Déziel, directrice du Regroupement des aidantes et aidants naturels de Montréal (RAANM)
Sylvie Tremblay, directrice générale du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU)
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Résolutions du congrès de la FTQ - extraits
La FTQ tenait son 34e congrès du 24 au 27 novembre derniers à Québec. À cette occasion, de multiples résolutions ont été adoptées. Nous publions ici certains extraits du cahier de résolutions de ce congrès pour en résumer certains des principaux enjeux soulignés par la centrale et ses militant.e.s.
Pour lire l'intégral du cahier des résolutions.
Table des matières
CHAPITRE 1 -STATUTS
Art 40 1
Art 49 2
Art 85 3
Comité racisme systémique
Comité droits de la personne
Neutralité de genre
CHAPITRE 2-VIE SYNDICALE
Favoriser l'indépendance financière des postes de VP représentant les femmes au
bureau de direction de la FTQ
Pour développer le mandat des postes de VP femmes au bureau de direction de la
FTQ
Comité permanent sur le racisme systémique
Comité permanent sur la diversité sexuelle, corporelle et de genre
Combattre la désinformation
Concrétisation des pistes d'actions émanant des États généraux sur le syndicalisme
Création d'un poste d'ombudsman indépendant à la FTQ
Soutien à l'implication syndicale
Heure de libération syndicale rémunérées
Soutien à l'implication syndicale des femmes
Parce que la place des femmes est là où se prennent les décisions
CHAPITRE 3- RIPOSTE AUX ATTAQUES ANTISYNDICALES
Réponse aux attaques du gouvernement Legault
Équipe de choc en communications syndicales
Cotisations syndicales
Pour la défense du mouvement syndical et du bien commun face aux attaques
du gouvernement Legault
Loi 14 visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève
ou de lock-out
CHAPITRE 4 - ENJEUX POLITIQUES ET SOCIAUX
Crise du logement
Journée nationale d'action sur la crise du logement
Pour le droit de se loger : encadrer les loyers, protéger les locataires
Accès pour les ainés à un logement convenable
Travailleurs et travailleuses migrants
Abolition des permis fermés et l'accès à la résidence permanente pour travailleurs
et travailleuses migrant(e)s
Intégrer, protéger, informer pour une stratégie syndicale auprès des TMT
Reconnaissance et intégration des personnes immigrantes au Québec
Protection des emplois en sol québécois
Francisation
Francisation et intégration des membres issus de l'immigration
Francisation en milieu de travail
Pour le droit de travailler en français
Intelligence artificielle
Démystifier l'intelligence artificielle
Mode de scrutin
Évasion fiscale
Lutte aux dépendances
Clauses de convention collectives et dépendances
Paiement des thérapies pour dépendances aux jeux
Affichage sur les produits alcoolisés
CHAPITRE 5 - DÉFENSE DES SERVICES PUBLICS
Transport collectif
Lutte contre la privatisation du secteur de l'énergie
Système de santé
Protéger le réseau de la santé et des service sociaux
Accès à un médecin de famille
Pour une assurance médicament publique, universelle et équitable
Éducation
Journée nationale de lobbying FTQ sur l'éducation
Éducation a trois vitesses : Pour l'égalité des chances et la tenue d'états généraux
CHAPITRE 6 - EMPLOI ET ENJEUX SECTORIELS
Réagir face aux mesures tarifaires
Pour la défense des travailleurs et travailleuses face aux conflits commerciaux
Soutien aux emplois manufacturiers
Industrie de la construction
Interdiction de l'usage des agences de location d'emploi
Droit de grief dans l'industrie de la construction
Disposition anti-briseurs de grève dans le secteur de la construction
Formation pour les « occupations » dans l'industrie de la construction
Formation professionnelle
Planification des besoins de main-d'œuvre en construction 68
Machinerie lourde
Le maître d'œuvre et son impact sur le lien d'emploi des travailleurs et des
travailleuses de la construction
Transport public
Pour une action concertée contre le maraudage syndical dans le transport terrestre ... 73
Secteur public
Mesure d'attraction et de rétention équitable pour tous les emplois en pénurie
dans le secteur public
CPE et milieu scolaire
A la défense des CPE
Investissement budgétaire massif en soutien scolaire et pour les élèves en
difficultés
Violence en milieux scolaires
Secteur universitaire
Financement de la recherche universitaire
Investissement dans les universités
Politique salariale gouvernementale (PSG)
Décrets de convention collective
Maintenir, améliorer et développer de nouveaux décrets
Développement de nouveaux décrets
Protéger et revaloriser les décrets existants
CHAPITRE 7 - ACTIONS FÉMINISTES, LAÏCITÉ ET DROITS DE LA PERSONNE
Actions féministes
Pour une justice reproductive
Défense du droit à l'avortement et lutte contre le mouvement anti-choix
Congé de santé hormonale féminine
Protection des femmes s'exprimant dans les médias sociaux, contre le
cyberharcèlement antiféministe
Compensation des pertes de revenus à la retraite pour les congés de
maternité
Faire progresser les droits de toutes les femmes
Laïcité
Projet de loi 94 : Laïcité à l'école
Abandon du PL 94
Signes religieux
Droits de la personne
Rendre la journée nationale de la vérité et de réconciliation un jour férié provincial
Remplacement du terme « en quête d'équité » par « requérant l'équité »
Faire pression en faveur d'une législation sur la transparence salariale
Pour être de meilleur.e.s allié.e.s
CHAPITRE 8 - SANTÉ SÉCURITÉ DU TRAVAIL
Projet de loi 101- Pour l'égalité des protections de santé et sécurité au travail. 111-112
Maternité sans danger
Compressions à la CNESST et protection de la vie des travailleurs et
travailleuses
Que la direction de la CNESST cesse ses interventions politiques auprès du service
de l'inspection
Reconnaissance des RSS secteur de la construction
LATMP article 234 - Secteur construction
LATMP article 67- Indemnité de remplacement
LATMP- Règlement sur le barème des dommages corporels
Reconnaissance des cancers chez les pompiers et les pompières
Surdité professionnelle
CHAPITRE 9 - ENVIRONNEMENT ET TRANSITION JUSTE
Pour une écofiscalité juste et solidaire
Pour que l'environnement soit présent dans les thèmes des journées de rencontres
avec les député.e.s et ministres
Assurer un avenir sobre en carbone et socialement juste
Urgence climatique : réduction de l'empreinte carbone
Réduire les coûts sociaux de la transition
Leadership syndical en gestion écoresponsable des déchets
Adjudication des contrats publics, achat local et lutte contre les changements
climatiques
CHAPITRE 10-AFFAIRES INTERNATIONALES
Solidarité avec l'Ukraine
Conflit à Gaza : Cessez-le-feu, dénonciation et reconnaissance d'un génocide
Désinvestissement de la Caisse de dépôt et placement du Québec en solidarité avec
le peuple palestinien
Implication des investissements du Fonds FTQ et de la CDPQ (conflit israélo-
palestinien)
Solidarité concrète avec le peuple palestinien
Diligence raisonnable obligatoire en matière des droits humains
Renforcement du mandat de l'ombudsman canadien pour la responsabilité des
entreprises
CHAPITRE 11 - DIVERS
Pour un gel des dépenses militaires
Renforcer la représentation syndicale au sein du Fonds de Solidarité de la FTQ
Contre la limitation basée sur le seuil de revenu au Fonds de solidarité FTQ
Pour les dossiers
Extraits des résolutions
RÉSOLUTION N° 13
CONCRÉTISATION DES PISTES D'ACTIONS ÉMANANT DES ÉTATS GÉNÉRAUX DU SYNDICALISME ET CONSTRUCTION D'UN INTERSYNDICAL SOLIDAIRE
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ s'engage à poursuivre la démarche des États généraux du syndicalisme au-delà de leur cadre formel, en créant un processus permanent d'action, de réflexion et de solidarité intersyndicale, enraciné dans les milieux de travail et les communautés ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ prenne le leadership du mouvement intersyndical, en favorisant la coordination horizontale entre syndicats, associations et collectifs de travailleur.es, sans distinction d'affiliation ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ affirme publiquement que la lutte syndicale dépasse la simple négociation des conventions collectives et qu'elle s'inscrit dans une lutte globale contre les politiques néolibérales, le patriarcat, le racisme, la précarité et l'exploitation sous toutes ses formes ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ renforce la participation syndicale aux manifestations, aux occupations symboliques, conférences de presse ainsi qu'aux actions directes et journées de résistance contre la dégradation des conditions de vie et de travail.
PARCE QUE les États généraux du syndicalisme représentent un moment historique de réflexion collective sur la place, les pratiques et les orientations du mouvement au Québec ;
PARCE QUE cette démarche ne peut se limiter à un exercice de consultation ou de bilan, mais doit déboucher sur une action collective soutenue ;
PARCE QUE la crise sociale, écologique et économique que nous vivons est aggravée par les politiques néolibérales et autoritaires des gouvernements, cherchant à affaiblir les droits collectifs, les services publics ;
PARCE QUE face à ces offensives, la seule réponse viable est l'union du nombre et la force de la base, au-delà des structures hiérarchiques et des divisions institutionnelles ;
PARCE QUE les attaques répétées des gouvernements néolibéraux, la montée de la droite économique et politique, ainsi que la dégradation des conditions de vie et de travail exigent une riposte collective, forte et coordonnée.
Soumise par la section locale 1294 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
CHAPITRE 3 Riposte aux attaques antisyndicales
RÉSOLUTION N°21
RÉPONSE DES ATTAQUES DU GOUVERNEMENT LEGAULT
ATTENDU QUE le gouvernement conservateur de François Legault a affirmé vouloir « faire la guerre aux syndicats » et annoncé en faire une priorité ;
ATTENDU QUE le gouvernement Legault a changé les règles du jeu en limitant notre droit de grève, démontrant son parti pris envers les patrons sans prendre en compte les conséquences pour les travailleuses et travailleurs du Québec ;
ATTENDU QUE le gouvernement Legault a changé la loi électorale pour museler les organisations syndicales et les groupes de la société civile durant les élections ;
ATTENDU QUE ce gouvernement vise à nous empêcher de prendre la parole sur tout enjeu de société qui ne touche pas directement les relations de travail ;
ATTENDU QUE si le Québec a été à l'avant-garde des droits des travailleurs et travailleuses en Amérique du Nord, c'est grâce à la contribution des syndicats qui se sont aussi battus pour notamment obtenir une plus grande équité salariale, des services de garderies pour tous, et des congés parentaux améliorant ainsi la qualité de vie de tous ;
ATTENDU QUE François Legault s'inspire des pires initiatives législatives, tel que le projet de loi no 32 de !'Alberta déposé par Jason Kenney en 2020, qui lui aussi assumait sans gêne ses attaques contre le mouvement syndical ;
ATTENDU QUE François Legault est incapable de gérer le Québec sans le ruiner en donnant des pans de l'économie aux intérêts privés, comme en santé et dans le secteur de l'énergie notamment ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ en collaboration avec ses alliés, réponde aux attaques du gouvernement conservateur de François Legault en soutenant toutes les campagnes de communication, recours légaux et autres outils, afin de freiner les initiatives législatives qui s'attaquent aux instances démocratiques syndicales.
Soumise par le Conseil général de la FTQ.
RÉSOLUTION N° 22
ÉQUIPE DE CHOC EN COMMUNICATIONS SYNDICALES
ATTENDU QUE le mouvement syndical est attaqué par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec, qui cherche à l'affaiblir en limitant son rôle social et en imposant un fardeau financier démesuré ;
ATTENDU QUE le gouvernement cherche à s'immiscer dans la démocratie syndicale ;
ATTENDU QUE les syndiqués et syndiquées sont les meilleurs ambassadeurs et ambassadrices pour contrer la désinformation ambiante quant aux syndicats et à leur rôle ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ, de concert avec les autres organisations syndicales, mette sur pied une équipe de choc en communications pour formuler des messages communs pour les médias sociaux et traditionnels sous la bannière « L'Union fait la force » afin de faire connaître le rôle des syndicats et de mener la réplique aux attaques anti-travailleurs.euses et antisyndicales du gouvernement du Québec.
Soumise par le Conseil général de la FTQ.
RÉSOLUTION N° 23
COTISATION SYNDICALE
ATTENDU QUE le gouvernement du Québec veut réformer le régime syndical ;
ATTENDU QUE ce gouvernement tente de museler et affaiblir les pouvoirs d'actions des syndicats ;
ATTENDU QUE la FTQ, ses syndicats affiliés et les conseils régionaux jouent un rôle fondamental dans la défense des droits des travailleurs et travailleuses ;
ATTENDU QUE la formule Rand en vigueur depuis 1946, garantit une solidarité financière entre tous les membres d'une unité syndiquée ;
ATTENDU QUE les interventions politiques faites par la FTQ et les conseils régionaux découlent des mandats et des résolutions votés par les membres affiliés lors des différentes instances démocratiques, et ce, peu importe le parti politique au pouvoir ;
ATTENDU QUE les cotisations syndicales permettent non seulement de financer les activités de représentation, mais aussi les actions de mobilisation, les recours juridiques, les campagnes d'information et les engagements sociaux ;
ATTENDU QUE toutes tentatives de rendre facultative une partie des cotisations syndicales constitue une atteinte à l'autonomie syndicale et risque d'affaiblir la capacité de la Fédération et ses conseils régionaux à défendre efficacement les intérêts des travailleurs et travailleuses.
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ continue d'utiliser en toute légitimité les cotisations syndicales à des fins d'activités politiques, juridiques et sociales, mais sans s'y limiter ;
QU'IL SOIT DE PLUS RÉSOLU QUE la FTQ s'oppose à toute réforme visant à fragmenter ou à rendre facultative la cotisation syndicale, et demande au gouvernement de respecter l'indépendance des organisations syndicales ;
QU'IL SOIT RÉSOLU de sensibiliser par les médias, la population et nos membres aux enjeux liés à la solidarité syndicale ;
QU'IL SOIT ENFIN RÉSOLU QUE la FTQ réitère le rôle essentiel des conseils régionaux dans l'action politique au Québec afin de représenter ses affiliés.
Soumise par la section locale 578 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau - Québec (SEPB-Québec), la section locale 380 du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) et les Conseils régionaux FTQ Abitibi-Témiscamingue et Norddu-Québec, Estrie, Chaudière-Appalaches, Haute-Côte-Nord, haut du Lac-St-JeanChibougamau-Chapais, Laurentides-Lanaudière, Mauricie et Centre du Québec, Montérégie, Montréal métropolitain, Outaouais, Saguenay-Lac-Saint-Jean et Sept-Îles et Côte-Nord.
RÉSOLUTION N° 24
POUR LA DÉFENSE DU MOUVEMENT SYNDICAL ET DU BIEN COMMUN FACE AUX ATTAQUES DU GOUVERNEMENT LEGAULT
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ, de concert avec ses affiliés, mobilise ses ressources, lance et soutienne de vastes offensives de mobilisation, de communication et de recours juridiques pour faire échec aux manœuvres du gouvernement Legault qui visent à affaiblir le droit d'association, à museler la voix des travailleuses et travailleurs et à miner notre capacité d'action collective.
PARCE QUE le gouvernement Legault a déclaré ouvertement son intention de « faire la guerre aux syndicats » et que le 30 septembre il a annoncé qu'il en ferait une priorité de son agenda politique ;
PARCE QUE par ses interventions législatives qui briment le droit de grève, le gouvernement Legault rompt l'équilibre des rapports de force dans les négociations, ce qui favorise le patronat au détriment des droits fondamentaux des travailleuses et des travailleurs ;
PARCE QUE ce gouvernement cherche à nous interdire de débattre des enjeux de société qui dépassent le strict cadre des relations de travail et s'attaque ainsi au principe même d'une société civile forte et d'un débat démocratique éclairé ;
PARCE QUE le mouvement syndical est un pilier historique du progrès social au Québec ayant lutté pour des avancées majeures comme l'équité salariale, les services de garde universels et les congés parentaux, qui ont amélioré la qualité de vie de tous les québécois et québécoises ;
PARCE QUE l'inspiration de ce gouvernement provienne des pires législations antisyndicales telles que le projet de loi 32 de l'Alberta déposé en 2020, démontrant son adhésion à une idéologie qui voit le syndicalisme comme un ennemi à abattre ;
PARCE QUE les attaques du gouvernement contre le syndicalisme ne sont pas une fin en soi, mais un moyen stratégique pour museler le principal rempart contre la privatisation de nos services publics comme la santé et l'énergie, au profit d'intérêts privés.
Soumise par la section locale 6658 du Syndicat Métallos.
RÉSOLUTION N°25
LOI 14 VISANT À CONSIDÉRER DAVANTAGE LES BESOINS DE LA POPULATION EN CAS DE GRÈVE OU DE LOCK-OUT (LOI 14)
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ utilise tous les moyens à sa disposition afin de contrer la mise en vigueur de la Loi 14.
PARCE QU'en 2015, la Cour suprême du Canada a fondamentalement modifié l'état du droit en reconnaissant que la liberté d'association garantie par l'alinéa 2d) de la Charte canadienne des droits et libertés comprend la protection constitutionnelle du droit de grève ;
PARCE QUE la Loi 14 est une attaque directe au droit fondamental d'association ;
PARCE QUE les chartes canadienne et québécoise exigent que les restrictions au droit de grève ne soient jamais plus importantes que ce qui est nécessaire pour protéger la santé et la sécurité de la population ;
PARCE QUE la Loi 14 inclut des termes flous et inconnus en droit du travail (sécurité sociale, sécurité économique, sécurité environnementale, bien-être de la population...) qui sont susceptibles d'entraîner l'inconstitutionnalité de la loi parce qu'ayant une portée trop large portant atteinte aux droits fondamentaux ;
PARCE QUE la Loi 14 fait basculer de façon outrageuse le rapport de force en faveur des employeurs ;
PARCE QUE la Loi 14 accorde au ministre du Travail des pouvoirs qui ne devraient être exercés que par un tribunal indépendant ;
PARCE QUE la Loi 14 est susceptible d'entraîner une politisation accrue des relations de travail dans le secteur privé ;
PARCE QUE le Code du travail remplit déjà le rôle de protection du public en limitant la grève à des moments très précis et en restreignant le droit de grève dans les milieux assujettis aux services essentiels et qu'aucun dysfonctionnement n'est manifeste ;
PARCE QUE la Loi 14 se superpose ainsi à un ensemble normatif qui restreint déjà considérablement l'exercice du droit de grève.
Soumise par la section locale 298 du Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES).
CHAPITRE 4 Enjeux politiques et sociaux
RÉSOLUTION N°26
JOURNÉE NATIONALE D'ACTION SUR LA CRISE DU LOGEMENT
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ mette de l'avant une mobilisation syndicale et sociale forte pour contrer la crise du logement et revendiquer des solutions structurantes et durables ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ organise, en collaboration avec ses affiliés, une Journée nationale d'action afin d'alerter la population et les gouvernements sur l'ampleur et l'urgence de la crise du logement ;
IL EST PROPOSÉ QUE cette journée comprenne des actions coordonnées à travers le Québec (manifestations, assemblées publiques, conférences de presse, actions symboliques) pour exiger des mesures structurantes et durables ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ mobilise ses réseaux pour inviter la population, les organismes communautaires, les groupes de défense des droits, les coopératives d'habitation, les OBNL en logement et les alliés syndicaux à participer ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ revendique auprès des gouvernements un plan massif d'investissement en logement social, communautaire et coopératif, un encadrement plus strict des loyers et une protection accrue des locataires contre les évictions abusives ;
IL EST PROPOSÉ QUE les résultats et retombées de cette journée soient présentés lors du prochain congrès de la FTQ et servent de levier pour maintenir la pression sur les autorités.
PARCE QUE la crise du logement atteint un niveau historique au Québec, avec des loyers en hausse, des taux d'inoccupation extrêmement bas et une multiplication des évictions ;
PARCE QUE cette situation fragilise les communautés, accentue les inégalités et menace la santé, la réussite éducative et la mobilité de la main-d'œuvre ;
PARCE QUE l'accès à un logement adéquat, abordable et sécuritaire est un droit fondamental reconnu.
Soumise par la section locale 1294 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), les sections locales 573, 578 et 579 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau - Québec (SEPS-Québec) et le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain.
RÉSOLUTION N°27
POUR LE DROIT DE SE LOGER : ENCADRER LES LOYERS, PROTEGER LES LOCATAIRES
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ revendique du gouvernement du Québec la mise en place de mesures structurantes pour contenir la hausse des loyers, notamment :
la création d'un registre public des loyers ;
un meilleur encadrement légal des hausses de loyer ;
le renforcement des mécanismes de contrôle et des ressources du Tribunal administratif du logement ;
l'interdiction des évictions de mauvaise foi et la lutte contre la spéculation
immobilière ;
IL EST AUSSI PROPOSÉ QUE la FTQ réclame un réinvestissement massif dans le logement social, communautaire et coopératif afin d'offrir des solutions durables et de garantir un accès au logement pour les ménages à faible et moyen revenu ;
IL EST ENFIN PROPOSÉ QUE la FTQ sensibilise ses membres à la crise du logement, appuie les campagnes sociales pour le droit au logement, et se mobilise activement pour faire du logement un enjeu syndical et politique prioritaire.
PARCE QUE le logement est un besoin fondamental, et toutes les travailleuses et tous les travailleurs ont droit à un logement décent, accessible et sécuritaire, peu importe leur revenu ;
PARCE QUE les loyers ont augmenté de façon fulgurante au Québec dans les dernières années, avec des hausses dépassant 30 o/o dans plusieurs régions, alors que les salaires n'ont pas suivi ;
PARCE QUE cette flambée du coût du logement gruge une part toujours plus grande du revenu des ménages, limite leur pouvoir d'achat, nuit à leur santé mentale, et les rend plus vulnérables à l'endettement ou à l'itinérance ;
PARCE QUE les travailleuses et travailleurs à faible revenu sont les plus durement touchés et que l'absence de contrôle rigoureux sur les loyers aggrave les inégalités sociales ;
PARCE QUE le gouvernement du Québec est responsable de la réglementation du logement locatif et a le pouvoir d'agir pour mieux protéger les locataires contre les hausses abusives et les évictions injustifiées.
Soumise par la section locale 800 de l'Union des employés et employées de service (UES).
RÉSOLUTION N°29
ABOLITION DES PERMIS FERMÉS ET L'ACCÈS À LA RÉSIDENCE PERMANENTE POUR LES TRAVAILLEURS ET LES TRAVAILLEUSES MIGRANT(E)S
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ et ses syndicats affiliés exigent du gouvernement du Québec qu'il abolisse le recours aux permis de travail fermés, afin de garantir la liberté de changer d'emploi et de prévenir toute forme d'exploitation ou de dépendance abusive ;
IL EST PROPOSÉ QUE les travailleurs migrants présents au Québec obtiennent un accès facilité, rapide et équitable à la résidence permanente, sans discrimination basée sur le secteur d'emploi, le niveau de revenu, le pays d'origine ou le statut migratoire temporaire ;
IL EST PROPOSÉ QUE des mécanismes de protection, d'accompagnement et de syndicalisation soient garantis afin de défendre pleinement les droits du travail, la dignité et l'égalité des conditions pour tous les travailleurs, peu importe leur origine. Notamment, dans la production agricole, où un plein accès à la syndicalisation et à la négociation collective n'est pas permis par le Code du travail du Québec.
PARCE QUE les permis de travail fermés limitent la liberté des travailleurs migrants en les liant à un seul employeur, les rendant vulnérables à l'exploitation, aux abus et aux violations de leurs droits fondamentaux ;
PARCE QUE de nombreux secteurs de l'économie québécoise, tels que l'agriculture, la transformation alimentaire, la restauration, la santé et le soin aux personnes, dépendent largement de la contribution essentielle des travailleurs migrants ;
PARCE QUE la précarité imposée par le statut temporaire accentue les inégalités, empêche une intégration réelle et contrevient aux valeurs d'équité, de justice sociale et de solidarité ;
PARCE QUE l'accès à la résidence permanente est une condition essentielle pour assurer la pleine reconnaissance des droits des travailleurs migrants et leur permettre de s'établir dignement au Québec.
Soumise par la section locale 500, 501 et 1991-P du Syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce (TUAC).
RÉSOLUTION N°30
INTÉGRER, PROTÉGER, INFORMER POUR UNE STRATÉGIE SYNDICALE AUPRÈS DES TRAVAILLEUSES ET TRAVAILLEURS MIGRANTS TEMPORAIRES (TMT)
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ exige du gouvernement du Québec un encadrement plus rigoureux des employeurs qui embauchent des TMT, incluant le respect des normes du travail, la durée des permis, la qualité des logements offerts et l'accès à des services d'accompagnement indépendants ;
IL EST AUSSI PROPOSÉ QUE la FTQ réclame l'élargissement des voies d'accès à la résidence permanente pour les TMT, en assouplissant les critères de sélection et en reconnaissant leur apport essentiel à l'économie québécoise ;
IL EST ENFIN PROPOSÉ QUE la FTQ développe une stratégie syndicale d'inclusion et de solidarité à l'égard des TMT, notamment par la formation des représentants syndicaux aux réalités spécifiques de ces travailleuses et travailleurs, afin de mieux les accueillir, les défendre et les mobiliser.
PARCE QUE le recours aux TMT est en forte croissance au Québec, surtout dans les secteurs en pénurie de main-d'œuvre comme l'agroalimentaire, la santé, le textile et la transformation ;
PARCE QUE plusieurs d'entre eux vivent des conditions précaires, sont vulnérables aux abus et dépendent directement de leur employeur, ce qui limite leur capacité à défendre leurs droits ;
PARCE QUE l'accès à l'information sur leurs droits au travail, les services publics et les recours syndicaux demeure limité, à cause de leur statut temporaire et des barrières linguistiques, administratives ou culturelles ;
PARCE QUE le gouvernement du Québec mise sur l'expansion du Programme des travailleurs étrangers temporaires, mais sans exiger des employeurs des engagements clairs par rapport à leurs responsabilités en matière de logement, de santé, d'accueil et de respect des droits fondamentaux ;
PARCE QUE les syndicats ont un rôle essentiel à jouer pour assurer une pleine intégration des TMT dans le mouvement syndical et pour garantir qu'ils soient traités avec justice, dignité et équité.
Soumise par la section locale 800 de l'Union des employés et employées de service (UES).
RÉSOLUTION N°31
RECONNAISSANCE ET INTÉGRATION DES PERSONNES IMMIGRANTES AU QUÉBEC
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ entreprenne les démarches nécessaires auprès des gouvernements provincial et fédéral pour :
renforcer les politiques et les programmes visant à valoriser les compétences des personnes immigrantes et à faciliter leur accès à des emplois correspondant à leur formation et expérience ;
soutenir et reconnaître officiellement le rôle positif des communautés culturelles dans l'intégration des personnes immigrantes en respect de leur sécurisation culturelle et linguistique ;
promouvoir une culture d'accueil inclusive et bienveillante qui reconnaît, valorise et célèbre la diversité culturelle des personnes immigrantes, tout en renforçant leur sentiment d'appartenance à la société d'accueil. Cela inclut un soutien concret à l'apprentissage et à l'accès à la langue commune, condition essentielle à une pleine participation sociale, professionnelle et citoyenne ;
intensifier ses efforts pour faciliter l'intégration socioéconomique des personnes immigrantes, notamment par des mesures adaptées aux réalités du marché du travail et aux besoins des secteurs en pénurie de maind'œuvre ;
sensibiliser la population à la contribution essentielle des personnes immigrantes au développement et l'enrichissement du Québec.
PARCE QUE les personnes immigrantes contribuent significativement à combler les pénuries de main-d'œuvre dans divers secteurs essentiels au développement de la province ;
PARCE QU'elles jouent un rôle crucial et que la sous-utilisation de leurs compétences demeure un défi important, notamment en ce qui concerne l'accès à des emplois correspondant à leur niveau de formation ;
PARCE QUE le sentiment d'appartenance des personnes immigrantes envers leur nouveau lieu de résidence est fort et qu'elles développent une double identité culturelle ;
PARCE QUE les obstacles systémiques à l'emploi, à la reconnaissance des diplômes limitent le plein potentiel des personnes immigrantes ;
PARCE QUE la diversité culturelle constitue une richesse pour la société et qu'elle favorise l'innovation, la créativité et l'ouverture au monde.
Soumise par la section locale 579 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau - Québec (SEPB-Québec).
CHAPITRE 5 Défense des services publics
RÉSOLUTION N°43
POUR LE FINANCEMENT DU TRANSPORT COLLECTIF
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ maintienne, diversifie et intensifie ses actions politiques auprès des gouvernements et des municipalités afin de défendre le transport collectif comme service public essentiel. La FTQ doit dénoncer le sousfinancement chronique du secteur et promouvoir des investissements structurants pour assurer sa pérennité.
PARCE QUE le transport collectif est un levier incontournable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre les changements climatiques ;
PARCE QU'un système de transport collectif accessible et efficace améliore la qualité de vie, réduit la congestion routière et favorise la santé publique ;
PARCE QUE le sous-financement compromet la qualité des services et nuit aux conditions de travail des salarié·e.s du secteur ;
PARCE QUE la FTQ, par son poids politique et syndical, peut influencer les décisions publiques et défendre les intérêts des travailleuses et travailleurs du transport collectif.
Soumise par les sections locales 2850 et 5564 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
RÉSOLUTION N°47
LUTTE CONTRE LA PRIVATISATION DE SECTEUR DE L'ÉNERGIE
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ, en collaboration avec le SCFP-Québec, fasse pression et poursuive une campagne contre la libéralisation et la privatisation de l'énergie au Québec avec des recherches, des événements publics, des ressources pour influencer les décideurs publics, incluant le gouvernement actuel ou son successeur.
PARCE QUE le gouvernement du Québec et sa personne ministre de I'Economie ont fait sanctionner sous procédure de bâillon le projet de loi no 69 Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives, en juin dernier ;
PARCE QUE le Premier ministre du Canada Marc Carney est l'ex-président directeur général de la firme Brookfield, spécialisée dans la privatisation des infrastructures et l'évasion fiscale et que la Banque d'infrastructures sera certainement mise à contribution dans les efforts de déréglementation de la production et de la distribution d'électricité au Québec ;
PARCE QUE la FTQ, avec ses alliés syndicaux internationaux et plusieurs associations de la société civile, des communautés autochtones, des groupes communautaires et environnementalistes, observe que la privatisation aura comme conséquence et une hausse de la tarification résidentielle ;
PARCE QUE la transition énergétique juste est nécessaire et que l'électrification des transports doit être accompagnée de mesures d'efficacité énergétique publique.
Soumise par les sections locales 957, 2000, 5514 et 5735 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et le Local 791 de l'Union des opérateurs de machinerie lourde (UOML).
CHAPITRE 7 Actions féministes, laïcité et droits de la personne
RÉSOLUTION N°86
POUR UNE JUSTICE REPRODUCTIVE
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ réaffirme son soutien indéfectible au droit des femmes, dont le droit à l'avortement libre, gratuit, accessible et sécuritaire pour toutes les femmes, sans discrimination ni entrave ;
QU'IL SOIT ÉGALEMENT RÉSOLU QUE la FTQ organise avant le prochain congrès, en collaboration avec son Comité d'actions féministes une journée de réflexion syndicale, d'y inviter des experts et des militantes du domaine, de partager des informations sur les droits inhérents des femmes à disposer de leur corps et de discuter des enjeux actuels liés à ce droit.
PARCE QUE le droit à l'avortement est un droit fondamental des femmes, reconnu au Canada depuis 1988, mais qu'il demeure vulnérable en l'absence d'encadrement législatif spécifique ;
PARCE QUE des reculs sont observés sur les droits reproductifs des femmes dans plusieurs pays, notamment sur l'accès à l'avortement aux États-Unis ;
PARCE QUE le dernier congrès de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) a réaffirmé son engagement envers les droits des femmes et a adopté des résolutions visant à renforcer les actions féministes au sein de la Centrale ;
PARCE QUE la FTQ est engagée dans la défense des droits des travailleuses et des travailleurs, et reconnaît l'importance de promouvoir l'égalité des genres et l'autonomie corporelle.
Soumise par les sections locales 573, 578 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau - Québec (SEPB-Québec), la section locale 1981 de l'Association nationale des mécaniciens industriels (ANMI), le Local 9 de la Fraternité Nationale des Charpentiers-Menuisiers (FNCM), la Fraternité Inter-Provinciale des Ouvriers en Électricité (FIPOE), le Local 791 de l'Union des opérateurs de machinerie lourde (UOML) et le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain.
RÉSOLUTION N°91
DÉFENSE DU DROIT À L'AVORTEMENT ET LUTTE CONTRE LE MOUVEMENT ANTI-CHOIX
ATTENDU QUE le droit à l'avortement est garanti au Canada depuis la décision Morgentaler (1988) et constitue un droit fondamental lié à l'autonomie corporelle et à la santé des femmes et personnes enceintes ;
ATTENDU QUE le Plan d'action gouvernemental 2024-2027 sur l'accès à l'avortement marque un progrès mais présente encore des lacunes, notamment en matière d'accessibilité régionale, de gratuité universelle et de lutte contre les obstacles systémiques vécus par les femmes autochtones, migrantes, racisées, handicapées et en situation précaire ;
ATTENDU QUE le mouvement anti-choix pratique de l'intimidation devant les cliniques, de la désinformation et de la diffusion de discours haineux, menaçant la sécurité des patientes, du personnel de santé et la qualité des services ;
ATTENDU QUE la FTQ a réaffirmé à plusieurs reprises son appui inconditionnel au droit à l'avortement et à la justice reproductive.
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ réaffirme son soutien au droit à l'avortement libre, gratuit et accessible partout au Québec, sans égard au statut migratoire ou à la couverture d'assurance maladie ;
QU'IL SOIT DE PLUS RÉSOLU QUE la FTQ demande au gouvernement du Québec de garantir l'accès à un service d'intervention volontaire de grossesse et d'assumer tous les frais reliés à cette intervention ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ mobilise ses syndicats affiliés pour sensibiliser leurs membres, soutenir les campagnes pro-choix et participer aux mobilisations visant à défendre et améliorer l'accès à l'avortement.
Soumise par le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
RÉSOLUTION N° 104
PRENDRE POSITION SUR L'ABANDON DU PL94
ATTENDU QUE le SEPB-QC représente des membres du personnel de soutien scolaire dont une proportion de femmes non négligeable porte des signes religieux et que ce projet de loi LES vise particulièrement ;
ATTENDU QUE les syndicats et les conseils régionaux affiliés à la FTQ ont le devoir de défendre les droits fondamentaux des membres qu'ils représentent ;
ATTENDU QU'en tant que garant des droits des travailleurs et des travailleuses ce projet de loi menace directement le fonctionnement de nos écoles en privant du droit au travail, de liberté de conscience et de liberté de religion une partie du personnel de soutien ;
ATTENDU QUE les enfants seront les premiers à subir l'impact négatif en termes d'organisation, de service et d'accompagnement déjà déficitaire depuis plusieurs années dans nos écoles.
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ prenne position afin de demander l'abolition de ce projet de loi ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ soutienne le personnel de soutien et les sections locales touchés par les conséquences d'un tel projet de loi en dénonçant les incohérences discriminatoires ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ affirme publiquement leur opposition au PL94 qui ne renforce pas la laïcité existante mais qui stigmatise et retire des droits fondamentaux à une catégorie de travailleuses.
Soumise par les sections locales 573, 578, 610 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB) et le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain.
CHAPITRE 9 Environnement et transition juste
RÉSOLUTION N° 126
POUR UNE ÉCOFISCALITÉ JUSTE ET SOLIDAIRE
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ fasse la promotion de l'écofiscalité et informe ses membres sur les bienfaits de la bourse du carbone, tout en exigeant que les fonds générés servent d'abord et avant tout à soutenir les travailleuses et travailleurs les plus précaires, plutôt qu'à enrichir les grandes entreprises pollueuses.
PARCE QUE la crise climatique est causée par les multinationales, mais ce sont les travailleuses et travailleurs, surtout les plus pauvres, qui en paient le prix ;
PARCE QUE trop souvent, les mesures vertes sont détournées pour servir les profits des pollueurs plutôt que la justice sociale ;
PARCE QUE les cotisations carbone doivent être un levier de solidarité et non un prétexte pour transférer encore plus de richesse vers le haut ;
PARCE QUE la FTQ doit être un acteur fort de la transition juste, où les plus vulnérables passent en premier et où les grands pollueurs paient leur juste part.
Soumise par les sections locales 573 et 578 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau - Québec (SEPB-Québec).et le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain.
RÉSOLUTION N° 129
URGENCE CLIMATIQUE : RÉDUCTION DE L'EMPREINTE CARBONE
ATTENDU QUE l'urgence climatique exige des actions concrètes et mesurables ;
ATTENDU QUE la FTQ et ses affiliés doivent être des leaders dans la transition écologique, tant dans leurs pratiques internes que dans leurs revendications publiques ;
ATTENDU QUE l'exemplarité syndicale en matière d'environnement renforce la crédibilité de nos revendications sociales et politiques.
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ mette de l'avant des engagements clairs et mesurables pour réduire rapidement son empreinte carbone et exercer un leadership syndical exemplaire dans la lutte contre la crise climatique ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ encourage fortement ses affiliés à faire de même ; QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ fixe, d'ici un an, des cibles progressives de réduction sur 3, 5 et 7 ans, avec un suivi annuel des progrès réalisés par ses structures et affiliés ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ appuie et valorise publiquement les initiatives exemplaires de ses affiliés en matière de réduction des émissions, afin d'incarner un syndicalisme responsable et moteur de la transition écologique.
Soumise par les sections locales 573, 578 579 et 610 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB) et le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain.
CHAPITRE 10 Affaires internationales
RÉSOLUTION N° 133
SOLIDARITÉ INTERNATIONALE AVEC L'UKRAINE
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ réaffirme sa condamnation de l'invasion russe, son appel à la diplomatie, son appui à la souveraineté de l'Ukraine et son soutien actif aux travailleuses, travailleurs et réfugiés ukrainiens ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ organise des activités d'information, de mobilisation et de collecte (plaidoyer) au sein de ses structures, pour soutenir les efforts humanitaires en Ukraine et auprès des réfugiés.
PARCE QUE la FTQ, avec la CSN, la CSQ et la CSD, a déjà dénoncé cette agression et réclamé un cessez-le-feu ;
PARCE QUE cette guerre constitue une atteinte grave aux droits humains et au droit international ;
PARCE QUE la solidarité syndicale internationale est essentielle pour défendre la paix et la dignité des peuples ;
PARCE QUE la FTQ doit aussi agir concrètement auprès des victimes.
Soumise par les sections locales 573, 578 et 579 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPS) et le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain.
RÉSOLUTION N° 134
CONFLIT À GAZA : CESSEZ-LE-FEU, DÉNONCIATION ET RECONNAISSANCE D'UN GÉNOCIDE
ATTENDU QUE la FTQ et le CTC ont déjà pris position pour la levée du blocus et la protection des civils ;
ATTENDU QUE la crise humanitaire atteint un niveau tel qu'elle s'apparente à un génocide, avec destructions massives, déplacements forcés et privation d'accès aux besoins essentiels ;
ATTENDU QUE l'occupation illégale des territoires palestiniens et la négation du droit à l'autodétermination du peuple palestinien ;
ATTENDU QUE la solidarité internationale impose de dénoncer ces violations graves du droit international et de défendre la dignité humaine.
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ réaffirme sa demande d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la protection des civils et l'accès humanitaire sans entrave, et presse le gouvernement du Canada de soutenir une solution politique durable incluant la reconnaissance de l'État de Palestine ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ exige un cessez-le-feu immédiat, la protection des civils et l'accès sans entrave de l'aide humanitaire ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ dénonce publiquement le« plan Trump » comme illégitime et contraire au droit international ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ qualifie la situation actuelle à Gaza de génocide et interpelle les instances internationales pour une enquête indépendante ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ presse le gouvernement du Canada de reconnaître l'État de Palestine et de soutenir une solution politique fondée sur le droit international et la coexistence des peuples ;
QU'IL SOIT RÉSOLU QUE la FTQ mobilise ses affiliés et ses réseaux pour informer, sensibiliser et appuyer les initiatives humanitaires reconnues sur le terrain.
Soumise par les sections locales 573, 578 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB) et le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain.
RÉSOLUTION N° 135
POUR LE DÉSINVESTISSEMENT DE LA CAISSE DE DÉPÔT ET PLACEMENT DU QUÉBEC (CDPQ) EN SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ se positionne pour le désinvestissement de la CDPQ de toutes les entreprises associées à des violations des droits humains et du droit international en Palestine ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ demande à la CDPQ de se désengager immédiatement des entreprises identifiées comme complices du génocide et d'affirmer son appui à la campagne sortons la caisse des crimes en Palestine.
PARCE QUE les positions historiques de la FTQ en soutiennent aux droits du peuple palestinien notamment la position adoptée en conseil général en 2023 en appui à la campagne BOS ;
PARCE QUE l'occupation israélienne des Territoires palestiniens viole le droit international, la IVe Convention de Genève et la Résolution 2334 du Conseil de sécurité de l'ONU (2016) ;
PARCE QU'israëi mène des offensives militaires en violation du droit international dans plusieurs pays voisins ;
PARCE QUE plus de 30 syndicats palestiniens appellent à cesser d'armer Israël et à mettre fin à toute complicité avec ses crimes ;
PARCE QU'au 31 décembre 2024, la CDPQ, a investi 27,4 milliards dans 76 entreprises liées à l'occupation, à la colonisation israélienne et au génocide du peuple palestinien.
Soumise par les sections locales 573 et 578 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB) et le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain.
RÉSOLUTION N° 137
SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ, exige que la CDPQ revoie et modifie sa politique d'investissement afin de cesser tout financement ou soutien aux entreprises complices de l'occupation conformément aux principes de diligence raisonnable de l'ONU ;
IL EST ÉGALEMENT PROPOSÉ QUE la FTQ réclame un embargo total sur les armes entre le Canada et Israël ;
IL EST FINALEMENT PROPOSÉ QUE la FTQ exige la fermeture du bureau du Québec à Tel-Aviv, en solidarité avec le peuple palestinien et le respect du droit international.
PARCE QUE la solidarité internationale est au cœur des luttes syndicales pour la justice, la dignité et l'égalité des peuples ;
PARCE QUE l'occupation militaire, la colonisation des territoires palestiniens et le régime d'apartheid israélien sont dénoncés Amnistie internationale, Human Rights Watch, B'Tselem et AI-Haq, ainsi que par des juristes, experts rapporteurs de l'ONU qui qualifient les attaques sur Gaza de crimes contre l'humanité, voire de génocide ;
PARCE QUE la reconnaissance de la Palestine par près de 160 États membres de l'ONU est constamment sapée par l'expansion continue des colonies israéliennes ;
PARCE QUE ce régime d'oppression est rendu possible par la complicité d'entreprises multinationales fournissant armes, technologies et capitaux à l'armée israélienne ;
PARCE QUE la CDPQ investit plusieurs milliards de dollars dans 76 entreprises identifiées comme complices de l'occupation, de la colonisation et des crimes graves ;
PARCE QUE le Canada, en contradiction avec ses engagements au Traité sur le commerce des armes, continue d'exporter du matériel militaire vers Israël, contrairement à plusieurs autres pays alliés ;
PARCE QUE le bureau du Québec à Tel-Aviv, contribue à la normalisation des relations avec un État accusé de violations systématiques des droits humains ;
PARCE QUE la campagne « Sortons la Caisse des crimes en Palestine » vise les institutions dans des entreprises complices, jamais les travailleurs et les travailleuses.
Soumise par la section locale 6658 du Syndicat des Métallos.
CHAPITRE 11 Divers
RÉSOLUTION N° 141
POUR UN GEL DES DÉPENSES MILITAIRES ET L'INVESTISSEMENT DANS LES SERVICES ET INFRASTRUCTURES PUBLICS
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ s'oppose fermement au plan d'augmenter les dépenses militaires, y compris la trajectoire vers 5 % du PIB ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ demande un gel immédiat de toute nouvelle hausse militaire, y compris la hausse à 2 % annoncée pour 2025-2026, et que les sommes ainsi gelées soient réaffectées aux services publics essentiels et aux mesures de justice sociale et environnementale ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ lance avant la fin de 2026 une campagne d'information et de pression politique pour dénoncer cette militarisation du Canada ;
IL EST PROPOSÉ QUE la FTQ mandate son comité de solidarité internationale pour soutenir les initiatives politiques et citoyennes s'opposant à la hausse des dépenses militaires et la militarisation du Canada ;
IL EST PROPOSÉ QU'un rapport annuel soit présenté au Conseil général de la FTQ sur l'état des mobilisations, les réponses gouvernementales et les moyens de poursuivre ces revendications.
PARCE QUE le gouvernement fédéral prévoit d'atteindre dès cette année une dépense militaire équivalente à 2 % du PIB, soit une hausse de 9,3 G$, et d'augmenter cette dépense jusqu'à 5 % du Pl B d'ici 2035, ce qui représenterait environ 150 G$ annuels ;
PARCE QUE l'augmentation des dépenses militaires est largement influencée par des pressions des États-Unis, en particulier l'administration Trump, et que cette escalade pourrait entraîner un conflit global.
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Regroupement pour l’art humain : Pour un Noël sans intelligence artificielle
Le Regroupement pour l'Art Humain (RAH) a pour mission de défendre, promouvoir et pérenniser la création artistique HUMAINE face à l'arrivée des intelligences artificielles génératives (IAG) au sein des sphères culturelles québécoises, mais tout particulièrement dans le domaine de l'illustration.
Nous représentons le Regroupement des Illustrateurs et Illustratrices du Québec qui militent pour les règlementation des utilisation de l'intelligence artificielle générative (IAG) dans les diverses sphères culturelles québécoises.
Le Regroupement agit afin de faire reconnaître la valeur irremplaçable du
travail créatif HUMAIN fondé sur :
– l'expérience personnelle vécue ;
– la sensibilité individuelle ;
– la vision et la démarche artistique ;
– l'éthique professionnelle ;
– et le respect des droits d'auteur.
Le RAH soutient que l'illustration, comme l'ensemble des pratiques artistiques, ne peut être réduite à un simple produit généré par un processus automatisé sans porter atteinte à notre culture, aux droits des créateur·trice·s et à l'équilibre même de notre industrie culturelle.
Le RAH ne s'oppose pas aux avancées technologiques, mais plaide pour une réglementation claire et équitable de l'utilisation des IAG en culture en accord avec les lois sur le droit d'auteur.
Le RAH milite pour que notre culture cesse d'être pillée comme une matière première afin d'entrainer des IAG qui nous la revendent sous forme de contrefaçon.
Le RAH prend fait et cause pour que les artistes ne soient pas effacés du processus créatif au profit d'une automatisation technologique qui entraine la précarisation de leur métier.
Le RAH œuvre à :
– défendre les droits économiques, moraux et intellectuels des illustrateurs et illustratrices ;
– sensibiliser le public, les acteurs du milieu, les institutions culturelles et les décideurs politiques aux impacts sociaux, culturels, environnementaux et éthiques des IAG ;
– promouvoir des normes de transparence quant à l'origine des œuvres et aux processus de création utilisés ;
– encourager des pratiques professionnelles qui valorisent la création humaine, la diversité et la transmission des savoir-faire.
L'IAG
L'IA générative est un type d'intelligence artificielle qui permet de générer du contenu sous plusieurs formes (par exemple : texte, image, fichier audio ou vidéo, etc.) à partir de mots-clés ou autres requêtes (appelés prompts).
L'IA ne crée pas d'images, elle les génère. Pour ce faire, elle utilise des milliards d'illustrations et de photos qui servent à nourrir un algorithme. Elle synthétise des styles, des compositions, des éléments graphiques et des palettes de couleurs. La majorité des logiciels d'IA générative actuels s'alimente de milliards d'images appartenant à des autrices, auteurs, artistes ou ayants droit. Dans la très grande majorité des cas, ces images sont prélevées sans avoir obtenu d'autorisation, sans crédit et sans compensation financière pour l'utilisation de l'œuvre. Chaque nouvelle recherche, chaque nouvelle utilisation de l'IA générative contribue à développer et à améliorer l'efficacité des résultats que proposent les logiciels d'IA.
IA générative non-éthique et... éthique ?
La plupart des utilisations qui sont faites des logiciels comme Stable Diffusion, Midjourney, DALL-E, ou Firefly sont considérées non-éthiques. (Dans) la plupart des cas, les logiciels et leurs utilisateur·trice·s ne respectent pas la propriété intellectuelle et le droit d'auteur, manquent de transparence, peuvent renforcer des stéréotypes (par exemple en ce qui a trait au genre, à la race, etc.) et, entre autres, contribuer à la désinformation.
La pratique de génération d'images avec l'IA demeure contestée par plusieurs puisqu'elle risque de déshumaniser et de dévaloriser le travail de création artistique en automatisant la production d'images, en plus d'avoir des conséquences sociales et écologiques importantes.
Le RAH affirme haut et fort que la culture québécoise est constituée avant tout de l'imaginaire d'artistes en chair et en os. Elle est ce qui nous unit, ce qui nous rend uniques et pluriels à la fois. La culture, c'est l'ADN d'un peuple et nous n'accepterons pas que la nôtre se fasse cloner à notre insu pour alimenter une technologie qui vise à nous réduire à un produit de consommation.
Notre humanité est au cœur de notre art, de notre culture, de notre identité !
La liste de nos alliés.
Des outils pratiques.
Manifeste L'art est humain.
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Marie Ranjanoro, écrivaine : « Le passé colonial est un présent politique qui structure les relations entre Madagascar et la France »
L'écrivaine malgache Marie Ranjanoro revient, dans cet entretien accordé à « Echorouk Online », sur les principales dates marquantes de l'histoire de Madagascar, dont la plus récente est la révolte de la « génération Z », qui a renversé le président Andry Rajoelina, celui-ci ayant fui le pays à bord d'un avion français après plusieurs semaines de protestations ininterrompues.
Cet article a d'abord été publié sur Echoroukonline.com.
L'autrice de « Feux, fièvres, forêts », un roman qui raconte les crimes du colonialisme français et les dizaines de milliers de victimes laissées par la répression de l'insurrection malgache déclenchée en 1947, évoque également la nature des relations entre la France et son ancienne colonie.
Madjid Serrah : Dans votre texte « Madagascar 1972-2025 : comment ne pas se faire voler sa Révolution ? », publié sur le site Histoire coloniale et postcoloniale, vous qualifiez les revendications du mouvement Gen Z, qui a conduit à la chute du président Andry Rajoelina, d'« antisystème, anticoloniales, et ancrées dans l'urgence quotidienne ». Pourriez-vous nous expliquer l'émergence de ce mouvement ?
Marie Ranjanoro : Le soulèvement de la Gen Z n'est pas arrivé par surprise. Il est né à l'intersection de deux choses : l'urgence du quotidien et une colère beaucoup plus ancienne. Au départ, ce sont des jeunes qui protestaient contre les coupures d'eau et d'électricité. Mais très vite, derrière ces coupures, on a vu réapparaître la silhouette familière de tout ce que le pays endure depuis des décennies : la corruption, l'absence de services publics, la confiscation du pouvoir, la dépendance économique, l'exaspération face aux « élites » politiques. Dans mon article, j'explique que ces jeunes portent des revendications « antisystème, anticoloniales, et ancrées dans l'urgence quotidienne ». Ce ne sont pas seulement des demandes pratiques : c'est une mise à nu de tout un système. Et ce qui est frappant, c'est que ce mouvement n'a pas eu besoin de leaders, ni de structures traditionnelles. Il est né de façon très spontanée, comme en 1972 : un mouvement d'étudiants au départ, puis très vite un mouvement populaire, transversal, qui déborde son point de départ. Ce sont les mêmes journées, les mêmes rues, les mêmes lieux — Analakely, Ambohijatovo, Anosy — qui se sont réveillés. La Gen Z malgache n'est pas apolitique, elle n'a jamais été passive. Elle a juste refusé de demander la permission pour exister politiquement.
Le président Rajoelina a été évacué par un avion militaire français le 12 octobre. Deux jours plus tard, lors d'un sommet sur Gaza à Chypre, Emmanuel Macron a déclaré : « Nous admirons la jeunesse malgache, mais elle ne doit pas être instrumentalisée », tout en appelant au respect de l'ordre constitutionnel. Comment interprétez-vous cette position française ?
Cette scène — un président évacué par un avion militaire français — dit déjà beaucoup de la nature persistante des relations entre les deux pays. Et la déclaration de Macron, deux jours plus tard, est tout aussi révélatrice : dire que l'on « admire la jeunesse malgache » tout en la mettant en garde contre une instrumentalisation, c'est une manière très douce de rappeler à l'ordre. Pour moi, c'est une posture typiquement postcoloniale : on salue la vitalité démocratique, mais à condition qu'elle ne déborde pas du cadre acceptable. On reconnaît la légitimité de la contestation, mais en rappelant subtilement ce qui fixe la limite du “bon” soulèvement. Cela témoigne d'une volonté de garder la main, de s'assurer que la transition ne conduise pas à une rupture trop profonde — notamment avec les intérêts français. Dans mon article, je montre que 1972 avait déjà provoqué cette inquiétude française : c'était un mouvement qui échappait à tous les codes, qui n'était pas manipulé par un parti, qui refusait la récupération. Or c'est exactement ce qui se passe en 2025. La France se trouve donc dans une position inconfortable, prise entre la nécessité diplomatique de reconnaître un mouvement massif et la crainte qu'il produise une véritable réorientation souveraine.
La relation postcoloniale entre Madagascar et la France demeure marquée par des enjeux économiques et géopolitiques, mais aussi par des dossiers historiques non résolus, comme la présence de restes humains malgaches conservés à Paris ou la question des îles Éparses. Selon vous, en quoi le passé colonial continue-t-il d'influencer les relations entre les deux pays ?
Le passé colonial n'est jamais sorti du cadre. Il est dans les structures de gouvernance, dans les dépendances économiques, dans les réflexes diplomatiques, dans la mémoire blessée de 1947, dans l'histoire des élites formées dans la proximité du pouvoir français, et même dans les non-dits. Dans mon article, je rappelle que Madagascar a connu plusieurs “indépendances” : celle que l'on a essayé d'arracher en 1947, celle que l'on nous a donnée en 1960, et celle dont on ne sait pas encore comment parler, celle de 1972. Ces discontinuités racontent à quel point la rupture n'a jamais été complète. L'État postcolonial a souvent fonctionné comme une continuité de structures héritées, qu'il s'agisse de la centralisation autoritaire, du clientélisme ou des rapports économiques. Quand on ajoute les dossiers qui n'ont jamais été résolus — les restes humains spoliés durant la colonisation et conservés en France, les îles Éparses dont la souveraineté reste suspendue, l'absence de geste symbolique clair autour de 1947 — on voit que le passé colonial n'est pas un souvenir : c'est un présent politique, un invisible qui structure les relations entre les deux pays. Le mouvement Gen Z exprime aussi cela : un désir très profond de souveraineté réelle, pas seulement formelle.
Vous faites partie de la diaspora malgache en France. Comment cette diaspora a-t-elle perçu le mouvement Gen Z à Madagascar et comment vit-elle la relation complexe entre son pays d'origine et son pays d'accueil, la France ?
Depuis la France, beaucoup d'entre nous ont vécu ce soulèvement avec un mélange de fierté, de soulagement et de vertige. J'en fais partie. Fierté de voir une jeunesse malgache qui refuse la résignation, qui n'a pas peur de dire “assez”. Soulagement, parce que cela faisait longtemps qu'on attendait que quelque chose bouge autrement que par les réseaux traditionnels de pouvoir. Et vertige, car l'histoire malgache est pleine de révolutions confisquées. La diaspora porte aussi en elle cette relation complexe à la France : nous y vivons, nous y travaillons, mais nous voyons aussi les structures postcoloniales qui persistent.
Nous sommes à la fois dedans et dehors. Quand la France s'exprime sur la situation à Madagascar, cela nous concerne doublement : en tant que Malgaches, et en tant que personnes vivant dans l'ancien pays colonisateur. Cela crée un regard particulier, plus critique, parfois plus inquiet, mais aussi très attentif. La diaspora malgache est celle qui envoie le moins de fonds et de capitaux au pays. Cette donnée est révélatrice d'une rupture forte entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés. La diaspora malgache en France est très peu politisée, enkystée autour du mythe de la minorité modèle, acquise à la propagande assimilationniste républicaine. Le mouvement Gen Z au pays a pu réveiller la conscience politique de tous les Malgaches de l'étranger qui ont commencé à manifester en France et à alimenter les caisses de grève et de soins aux manifestants sur place. C'est un inédit pour une masse habituellement silencieuse.
Comment percevez-vous l'avenir politique de Madagascar dans ce nouveau contexte ?
Je crois à la possibilité d'une rupture, mais une rupture fragile. La force de ce mouvement, c'est son horizontalité, son absence de leader, son refus des vieilles structures. Mais c'est aussi ce qui peut devenir sa faiblesse : on ne gagne pas une révolution durable uniquement par la rue, il faut aussi inventer une manière nouvelle de faire politique. L'avenir dépendra de la capacité de la jeunesse à transformer l'élan de septembre-octobre en un projet clair : comment refonder la gouvernance, comment garantir la transparence, comment se protéger des tentatives de récupération. Et il dépendra aussi de la capacité des institutions à ne pas trahir ce moment populaire. Pour moi, ce qui se joue aujourd'hui est peut-être la version 2025 de 1972 : un moment de vérité où le pays peut réellement basculer sur une autre trajectoire, mais où rien n'est acquis. Le danger est le même qu'en 1972 : que le mouvement soit absorbé, confisqué, ou que l'on raconte son histoire à la place de ceux qui l'ont vécu. Je crois que les Malgaches — sur place et dans la diaspora — veulent enfin une souveraineté pleine. La révolution a eu lieu : reste maintenant à la protéger.
Propos recueillis par Madjid Serrah
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Le combat de l’internationalisme contre le campisme : le cas de l’Ukraine
La guerre impérialiste que subit l'Ukraine depuis 2014 et certaines réactions occidentales remettent en lumière un terme poussiéreux de la guerre froide : le campisme. Les tensions qu'il entretient avec l'internationalisme révèlent un changement de paradigme dans les relations internationales, rendant ce cadre d'analyse obsolète aujourd'hui.
Une invasion impérialiste face à une gauche désunie
Quand on en vient à évoquer la guerre en Ukraine dans les milieux de la gauche occidentale, on s'aperçoit vite que c'est un sujet qui divise et qui révèle un certain malaise dans ce spectre politique, pourtant promoteur de discours sur un « monde libre ».
Pourquoi une majorité de la gauche défend sans relâche le droit du peuple palestinien – et à juste titre – mais reste plus en retrait et parfois aphone lorsqu'il s'agit de l'Ukraine ? L'invasion russe relève pourtant du colonialisme de peuplement, comme le montrent l'annexion de territoires et la déportation de la population civile. L'agression baigne d'impérialisme, au détriment du peuple ukrainien qui lutte pour son droit à disposer de lui-même, droit figurant à l'article premier de la charte des Nations Unies.
On observe ces comportements détachés face à l'invasion dans une partie des milieux pacifistes et non alignés de la gauche occidentale. Ces positions font écho à certains votes, comme celui de cette Résolution appelant au renforcement du soutien à l'Ukraine le 12 mars 2025 votée à l'Assemblée nationale en France. Lorsque l'on se penche sur la synthèse du vote, on note que les 54 votes « contre » sur 474 votants sont issus du groupe « Gauche Démocrate et Républicaine » et du groupe de « La France insoumise ». Sous couvert du pacifisme et d'antimilitarisme, ils s'opposent au soutien financier et militaire à l'Ukraine, au point de voter contre des résolutions en faveur d'une paix durable. Ce positionnement est notamment influencé par ce qu'on appelle le campisme, un vestige de la guerre froide.
Le campisme : de la guerre froide à aujourd'hui
A l'époque de la guerre froide se dressait un monde bipolaire où s'affrontaient deux idéologies antagonistes : le capitalisme étatsunien et le communisme de l'Union soviétique. Le campisme désigne l'alignement systématique derrière Washington ou Moscou et incarne la vision dualiste du monde dans lequel il fallait impérativement choisir son camp entre un capitalisme impérialiste ou un communisme présenté comme anti-impérialiste.
Les deux superpuissances voulaient voir leur idéologie adoptée, quitte à soutenir des régimes autoritaires. Les Etats-Unis, en soutenant la dictature militaire d'Augusto Pinochet au Chili, après avoir appuyé le coup d'Etat à l'encontre du président socialiste Salvador Allende, en donnent un exemple frappant. Mais, si l'URSS s'est effondrée et la guerre froide terminée, le « campisme », lui, a survécu.
En revanche, le campisme post guerre froide a pris une nouvelle forme et se manifeste en soutenant, explicitement ou non, tout régime ou mouvement allant contre les Etats-Unis. Ce néocampisme est avant tout un positionnement instinctif contre Washington. Dès lors, on cerne mieux le tropisme anti-atlantiste ou contre OTAN que l'on peut retrouver dans certains milieux de gauche. C'est une logique de blocs prise dans le jeu des puissances étatiques qui conçoit les conflits politiques de manière binaire. La lutte obstinée contre l'impérialisme ne se joue plus dans les mêmes conditions qu'au temps la guerre froide. Quand on s'attarde sur les positions adoptées et décisions prises face l'invasion de l'Ukraine on observe clairement une manifestation de ce néocampisme.
Des échos néocampistes dans l'analyse de l'invasion
Le récit selon lequel l'OTAN serait responsable de l'invasion de l'Ukraine du fait de l'humiliation infligé à la Russie ou du sentiment d'insécurité de Poutine face à la potentielle entrée de l'Ukraine dans l'organisation – une demande émanant de l'Ukraine elle-même – est typiquement issu du campisme. En réalité, la guerre de Poutine contre l'Ukraine est une guerre impérialiste. Depuis l'annexion de la Crimée en 2014 qui marque le début de la guerre, il est indéniable que le dirigeant russe tente de reconstituer une grande Russie, animée par la nostalgie de l'URSS. La volonté expansionniste de Poutine se réalise au détriment de ses pays voisins : les droits des peuples à disposer d'eux même et le respect des droits de l'Homme en font les frais.
Ces échos néocampistes se manifestent dans certains milieux pacifistes de gauche. Aujourd'hui, le monde n'est plus bipolaire, mais multipolaire : les rapports de force et les dynamiques ont largement changé. Certains incluaient la Russie dans le camp « anti-impérialiste », mais le rapprochement clair entre Trump et Poutine les oblige à revoir leur analyse géopolitique. Tous deux soutiennent les extrêmes droites européennes, diffusent de fausses informations, sont climatosceptiques et accaparent des ressources… La complicité nouvelle entre les deux oligarques dérange la vision anti-atlantiste et campiste. On ne peut plus nier la convergence impérialiste entre la Russie et les Etats-Unis, et cela heurte la manière de voir le monde chez une partie de la gauche radicale. La Russie est impérialiste, et à ce titre, mérite la même condamnation que les Etats-Unis ou Israël. Les multiples menaces de Trump de quitter l'OTAN et ses différentes prises de parole à ce sujet attestent du désintérêt de ce dernier à l'égard de l'organisation et du renouvellement de l'ordre mondial.
Il faut déconstruire le récit selon lequel critiquer la Russie revient à défendre l'OTAN ou la politique étrangère des Etats-Unis. Critiquer à la fois l'impérialisme russe et les interventions occidentales ne relève pas de la contradiction ; c'est au contraire le campisme qui, en confondant critique d'un État et soutien automatique à son rival, produit cette fausse opposition.
C'est aussi la nature du gouvernement de Zelensky qui gêne : des scandales de corruption et l'orientation néolibérale du régime expliquent en partie la raison de ce retrait d'une partie de la gauche quand il s'agit de défendre le pays. Pourtant, la gauche d'aujourd'hui devrait défendre la population en tant que telle et ne pas la rattacher à la nature de son gouvernement.
Pour un internationalisme
L'internationalisme est une valeur au cœur de l'identité de la gauche qui se bat pour la diffusion de la paix, de la justice sociale et des droits humains au niveau transnational.
Cette vision néocampiste manichéenne de la société entrave le véritable internationalisme qui se place comme le défenseur des peuples et de leurs droits fondamentaux, au-delà des frontières. Il faut réussir à se détacher de cette vision étatique pour se soucier des êtres humains, parfois aliénés par les décisions gouvernementales et la nature de leur régime.
Concernant l'invasion de Ukraine, il est nécessaire d'arrêter de l'analyser sous le prisme de la guerre froide et d'un œil anti-impérialiste : c'est une vision anachronique des réalités géopolitiques mondiales. Le monde multipolaire dans lequel nous vivons aujourd'hui rend irrationnels et obsolètes les raisonnements campistes. Le soutien des gauches au peuple ukrainien, victime de l'impérialisme russe, devrait être une évidence.
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Sarkozy, pauvre innocent !
On a vu Nicolas Sarkozy entrer et sortir de prison si vite qu'on pourrait croire à un simple passage administratif. Il aura passé à peine vingt et un jours à la prison de la Santé, du 21 octobre 2025 au 10 novembre 2025, suite à sa condamnation le 25 septembre 2025 à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs dans l'affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. Une condamnation historique, puisque jamais sous la Ve République un ancien président n'avait été incarcéré.
Quelques semaines plus tard, il annonce soudainement la publication de son ouvrage Le journal d'un prisonnier, un livre de 216 pages qu'il présente comme une plongée dans son intériorité, sa souffrance, son isolement, sa nuit carcérale. Je l'ai reçu, un jour avant sa sortie officiel qui aura lieu demain le 10 décembre. J'en ai lu onze pages, je me suis arrêté à une phrase avant de poursuivre ma lecture en diagonale. Écoutez :
« J'ai donc été particulièrement imprévoyant. Je l'ai payé au prix le plus fort, celui de la prison. L'impensable était devenu réalité. ». C'était suffisant. Je reconnaissais là un ton, une posture, un mécanisme mental que j'ai vu chez d'autres hommes, derrière d'autres portes, dans un autre contexte. Dans ma vie professionnelle, j'ai eu accès à des milliers de détenus, de vrais détenus, brisés ou redressés par l'enfermement, la plus part lucides, d'autres présentaient les signes d'une très difficile réhabilitation. Ce sont ces derniers qui m'ont appris à reconnaître le déni.
Ils sont persuadés d'être innocents malgré l'évidence. Ils présentent un discours cohérent, structuré, presque séduisant. Ils manipulent le réel pour qu'il reflète leur version. Ils transforment souvent leur condamnation en martyr, en éternel victimes et leur incarcération en injustice.
Dans les premières pages du livre de Sarkozy, j'ai vu exactement cela. Un homme condamné qui ne parle pas de responsabilité. Sa responsabilité dans les crimes dont il est accusé. Un homme puni qui ne voit que la punition. Un homme qui se raconte victime, jamais acteur. Jamais responsable de son crime.
D'après les premières pages, son livre ne se présente pas comme un examen de conscience, mais plutôt comme une opération de nettoyage. Il ne cherche pas à sauver l'homme mais l'image. Pas l'individu mais le personnage. Il écrit pour reconquérir l'opinion, non pour reconnaître la faute (condition importante dans tout processus de réhabilitation).
Dans le cas de Sarkozy, s'il devait assumer, vraiment sa responsabilité, cela impliquerait de regarder en face un chapitre autrement plus lourd que trois semaines de cellule. La Libye.
Il y a un fait que l'Histoire ne pourra jamais contourner. Sarkozy est condamné pour financement occulte venu de la Libye de Mouammar Kadhafi. Financement qui aurait alimenté la campagne présidentielle de 2007. Et quatre ans plus tard, en 2011, c'est bien ce même Sarkozy qui pousse la France et une coalition de pays occidentaux à intervenir militairement dans ce pays durant le printemps arabe. On connaît le résultat.
La chute du régime Kadhafi n'a pas été une libération mais une implosion. La démocratie tant promise en alternative au l'ancien régime, tarde à mettre les pieds en Lybie. Ce pays est devenu un champ de ruines politiques, un carrefour de milices, de trafics, de morts. L'État a disparu, les frontières ont fondu, l'Afrique du Nord et l'Europe vivent encore les secousses de ce séisme.
Voilà le vrai dossier. Ce ne sont pas vingt et un jours à la Santé qui marquent l'Histoire. C'est l'effondrement d'un pays entier, conséquence directe d'une décision politique prise par Sarkozy en premier lieu à l'invitation d'un pseudo intellectuel. Tout cela s'est passé dans un contexte de deals, de financements occultes, de stratégies qui ont dépassé les peuples et les vies humaines.
Et aujourd'hui, Sarkozy écrit un livre pour raconter son malheur intime. Ni la cellule, ni ses nuits d'angoisse, ni le récit d'un lit trop dur ne pèsent face au chaos libyen. Ce livre est un écran, une diversion, un masque. Une tentative de nous faire regarder ailleurs.
Ce que je retiens de ces onze pages, ce n'est pas l'homme blessé, ce n'est pas l'ancien chef d'État fatigué. Ce que je vois, c'est un condamné qui se croit innocent. À défaut d'obtenir l'acquittement du tribunal, il espère ne pas trop perdre la sympathie de l'opinion publique. Un récit qui tente de laver plus blanc que blanc. Une plume qui cherche à réhabiliter l'image, pas la conscience. Pendant que l'auteur se regarde souffrir, un pays entier, la Lybie, souffre encore.
Cela dit, Nicolas Sarkozy aurait été le bienvenu devant le micro de mon émission, Souverains anonymes. Je ne lui aurais posé qu'une question. Une seule : « Quand tu repenses à ce coup de téléphone nocturne de BHL à l'Élysée en 2011, lorsqu'il t'a demandé d'engager la France en Libye, et que tu observes aujourd'hui ce qu'est devenue la Libye depuis la chute de Kadhafi, est-ce qu'au fond de ta cellule, tu te dis « J'ai été imprévoyant » ?
Mohamed Lotfi
9 Décembre 2025
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Avant d’en arriver là – Essai choral sur le péril fasciste
À la manière d'un film choral où plusieurs histoires s'entremêlent, cet essai polyphonique et stimulant croise les réflexions de 18 auteur·es pour faire face à la montée de l'extrême droite. Des voix, mises en dialogue, qui redonnent un souffle à la résistance, un an jour pour jour après l'inauguration de la seconde administration Trump.
Discussion animée par David Murray et Pierre Mouterde.
Avec Anaïs Barbeau-Lavalette, Marc-André Cyr, Martine Delvaux, Alain Deneault, Catherine Dorion, Pierre Dubuc, Jonathan Durand Folco, Maxim Fortin, Ruba Ghazal, Dalie Giroux, Guillaume Hébert, Amir Khadir, Eric Martin, Philippe Néméh-Nombré, Éric Pineault, Alain Saulnier, Maïka Sondarjee et Judith Trudeau.
Hors série / environ 272 p.
En librairie le 20 janvier.
Ainsi le fascisme serait de retour. Abus de langage ? Expression galvaudée masquant le caractère inédit des changements en cours ? Il reste qu'entre la dangereuse dérive autoritaire de la seconde administration Trump et l'affolante normalisation des discours d'extrême droite dans le paysage politique, nous sommes plusieurs à nous inquiéter de la conjoncture actuelle. Désinformation, discours haineux, menaces envers l'état de droit, démantèlement des services publics, reculs sur le front écologique… Le temps est venu de résister avant qu'il ne soit trop tard.
Mais comment surmonter la sidération qui fige plusieurs d'entre nous ? Quels moyens mettre en oeuvre, dans un contexte où bien des facteurs poussent à la fragmentation de nos forces ? Comment répondre à la montée des courants autoritaires au Québec ? La gauche peine depuis des années à être considérée comme une voie politique crédible aux yeux de la majorité. Pourtant, freiner le processus de fascisation en cours implique de reprendre l'initiative et de réussir à imposer les termes du débat politique.
À la manière d'un film choral où plusieurs histoires s'entremêlent, cet essai polyphonique croise les perspectives, analyses et propositions stratégiques de 18 auteur·es ayant des points de vue complémentaires. Mises en scène, ou plutôt mises en dialogue par Pierre Mouterde et David Murray, leurs voix nous convient à un exercice franc et inspirant, ouvrant un débat salutaire. Créer du lien, des communautés, renforcer les mouvements sociaux, cibler l'oligarchie et les géants de la technologie, penser notre souveraineté numérique et l'indépendance, développer de nouveaux narratifs, fédérer la résistance… Les pistes abondent pour bâtir une stratégie de lutte appropriée en ces temps graves et déstabilisants. Il est encore temps d'agir.
Historien de formation, David Murray est éditeur chez Écosociété. Collaborateur de plusieurs médias indépendants, il a animé pendant près de dix ans une émission d'affaires publiques sur CISM en plus de militer au sein du Mouvement québécois pour une décroissance conviviale. Il a collaboré et codirigé certains ouvrages, dont Creuser jusqu'où ? Extractivisme et limites à la croissance (Écosociété, 2015, avec Yves-Marie Abraham).
Sociologue, philosophe et essayiste, Pierre Mouterde est spécialiste des mouvements sociaux en Amérique latine et des enjeux relatifs à la démocratie et aux droits humains. Il est l'auteur de nombreux livres dont, aux Éditions Écosociété, Quand l'utopie ne désarme pas (2002), Repenser l'action politique de gauche (2005), Pour une philosophie de l'action et de l'émancipation (2009) et Une gauche en commun. Dialogue sur l'anarchisme et le socialisme (avec Marcos Ancelovici, 2019).

Aldous Huxley et le pire des mondes
Aldous Huxley n'était pas seulement un romancier prolifique mondialement connu pour son Meilleur des mondes (1932), il était aussi l'auteur de nombreux articles de critique politique et sociale dont quelques-uns ont été rassemblés sous le titre « Le prix du progrès ».
Tiré du blogue de l'auteur.
Aldous Huxley, Le prix du progrès, L'Echappée, 2025.
Aldous Huxley n'était pas seulement un romancier prolifique mondialement connu pour son Meilleur des mondes (1932), il était aussi l'auteur de nombreux articles de critique politique et sociale dont quelques-uns ont été rassemblés sous le titre « Le prix du progrès ».
Le Meilleur des mondes fait partie de ces œuvres dystopiques dans lesquelles l'aléa ne doit plus avoir de place, et Aldous Huxley voit dans le monde qui se dessine alors la préfiguration de ces sociétés parfaites, bureaucratiques et rationnelles, étouffantes de conformisme et de docilité.
Les écrits rassemblés dans ce volume ont été publiés entre 1923 et 1963. Le Progrès a alors les traits du socialisme soviétique, de l'eugénisme nazi, du capitalisme fordien, du consumérisme et de l'industrie du divertissement.
Dans les textes des années 1920, le jeune Huxley fait l'éloge du labeur créateur et de l'effort physique et intellectuel. L'individu libre ne se construit qu'en mettant à distance les plaisirs standardisés et la recherche du confort pour lui-même. Huxley méprise le cinéma, la presse grand-public, le spectacle sportif, ces « distractions toutes prêtes » et vulgaires. Le confort ? Il l'accepte à condition qu'il n'ait qu'une vocation : permettre aux individus de disposer de plus de temps pour penser et se cultiver. Il prévient : « la démocratie du futur succombera à un ennui chronique et mortel ».
Avec l'âge, sa pensée se fait moins aristocratique et condescendante. Sa critique des loisirs s'inscrit dans une contestation plus large, celle du capitalisme aliénant et avilissant. Il a en horreur cette organisation du travail qui ne recherche que l'efficience, qui, après avoir dépossédé l'individu de ses savoir-faire professionnels pour les transmettre à la machine, l'a transformé en simple rouage de la machine productive. « Le temps est notre tyran », écrit-il. Ce temps-là est un instrument de disciplinarisation des individus sur l'autel de la performance dans la production de marchandises. La machine, par « l'effrayante ponctualité des rouages » impose son rythme et l'individu cesse d'exister pour se fondre dans une communauté de travailleurs automates incapables d'échapper « à la tyrannie de la répétition » : « l'efficacité mécanique est en pratique synonyme d'imbécillité humaine » nous dit Huxley. Contre ce système immoral puisque déshumanisant, Huxley, qui se définit comme un anarchiste invétéré, plaide, sans le définir précisément, pour un socialisme pluraliste où coexisteraient coopératives et petites entreprises privées, où l'autogestion serait la règle.
Pacifiste, non-violent, internationaliste, Huxley est un homme inquiet : « Nous devons traiter la planète comme si elle était un organisme vivant. » La démographie galopante des pays pauvres l'angoisse : comment nourrir autant de bouches dans un monde en convulsion ? Comment sauver la nature de l'hubris humaine et du capitalisme prédateur ? « Si nos politiciens étaient réalistes, ils se soucieraient moins de missiles [et de conquête spatiale], et se préoccuperaient bien plus de la faim dans le monde, de la misère morale », et de la façon de « mener une existence humaine digne de ce nom sans pour autant saccager et souiller leur environnement planétaire ». Six mois après avoir écrit ces mots, Aldous Huxley s'éteignait. Nous étions le 22 novembre 1963, jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy.

Comptes rendus de lecture du mardi 16 décembre 2025
Photos trouvées
Jacques Nadeau
Ce livre de photos du photographe Jacques Nadeau – décédé la semaine dernière – a été publié quelques mois après qu'il se soit fait voler chez lui en juillet 2015 ses disques durs et ses archives personnelles contenant plus de trois décennies de photojournalisme. C'est un très bel album avec des photos de la toute fin des années 1970 jusqu'à il y a une dizaine d'années qui nous font redécouvrir notre histoire récente et d'autres événements d'ailleurs dans le monde. Le livre s'arrête avec de nombreuses photos sur deux grandes figures politiques, celle de René Lévesque, avec un texte de son ancienne attachée de presse Gratia O'Leary, et celle de Jacques Parizeau, avec un texte que j'ai vraiment aimé de son épouse Lisette Lapointe. Un très beau livre, qu'on prend énormément de plaisir à regarder.
Extrait :
C'était au Sri Lanka, lors du tsunami en 2004. Lorsqu'il la voit, la jeune orpheline est seule, appuyée contre un arbre, près de la mer, le regard perdu. « Devrais-je aller lui parler ? Ne devrais-je pas plutôt respecter sa solitude dans la douleur qu'elle éprouve ? » se demande Jacques Nadeau avant de songer que rien n'est plus effroyable que de perdre ceux qu'on aime.
George Orwell de la guerre civile espagnole à 1984
Louis Gill
Malgré son titre qui nous laisse présager un ouvrage spécialisé, cet essai de moins de 160 pages est une œuvre des plus accessibles et des plus éclairantes sur ce que nous avons appelé la guerre civile espagnole et qui fut en fait l'un des plus beaux moments d'espoir d'établir une société libre et égalitaire. George Orwell, qui a participé à cette « guerre civile espagnole » comme combattant, y a écrit en 1942 quelques phrases qui annoncent presque mot pour mot le monde fictif de son célèbre roman 1984.
Extrait :
Le mouvement ouvrier espagnol du début du XXe siècle se distingue du mouvement ouvrier des autres pays d'Europe par l'importance de son mouvement anarchiste, ennemi de toute forme d'État et opposé, en principe, à toute participation gouvernementale. À partir du noyau catalan, ses militants fondent à Barcelone en 1911 la Confédération nationale du travail (CNT), organisation anarcho-syndicaliste qui, en raison de ses rapides progrès et de son engagement résolu dans les luttes sociales, a été l'objet d'une sévère répression et s'est gagné un grand prestige auprès des masses ouvrières et paysannes. Elle joue un rôle de premier plan dans la direction de la grève générale insurrectionnelle de 1917 déclenchée dans tout le pays par l'impact de la révolution russe, ainsi que d'une multitude de grèves en Andalousie et en Catalogne de 1918 à 1921.
C'était avant la guerre à l'Anse-à-Gilles
Marie Laberge
J'ai d'abord connu Marie Laberge par le théâtre. « C'était avant la guerre à l'Anse-à-Gilles », l'une de ses nombreuses pièces, se déroule en 1936 dans le hameau de l'Anse-à-Gilles, entre Cap-Saint-Ignace et l'Islet. Les quatre personnages – la veuve Marianna, le jardinier Honoré, l'orpheline Rosalie et la tante Mina – sont bien campés avec leur parlé, leurs réalités et leurs préoccupations de l'époque. Une belle petite lecture en somme.
Extrait :
Vous dites ça, mais vous pouvez pas savoir si çà s'peut pour moé d'aller vers une aut' femme. Vous pouvez pas décider pour mon sentiment. Y a des racines din fois, que si on les arrache, toute vient avec, pis l'terrain vaut pus rien après. T'as beau mettre d'l'engrais, y a pus rien qui pousse. J'ai peur d'être de c'te sorte-là moi : toute d'une venue… avec jusse vous dans l'coeur.
L'entraide
Pierre Kropotkine
Traduit de l'anglais
J'ai beaucoup aimé ce livre, écrit à une autre époque – il y a plus de cent ans – qui nous démontre que l'entraide est au cœur de l'évolution humaine. Le social-darwinisme, dont on a malheureusement encore gardé quelques préceptes, tentait alors d'appliquer le mécanisme darwinien de sélection naturelle dans le domaine social, la compétition pour l'existence de la survie des plus aptes étant tenue pour les principes de l'évolution. Kropotkine, dans « L'entraide – Un facteur de l'humanité », combat ce discours, entrant sur le terrain même du darwinisme pour montrer que l'entraide est un facteur de l'évolution beaucoup plus déterminant que la compétition.
Extrait :
Deux aspects de la vie animale m'ont surtout frappé durant les voyages que je fis, étant jeune, dans la Sibérie orientale et la Mandchourie septentrionale. D'une part je voyais l'extrême rigueur de la lutte pour l'existence, que la plupart des espèces d'animaux ont à soutenir dans ces régions contre une nature inclémente ; l'anéantissement périodique d'un nombre énorme d'existences, dû à des causes naturelles ; et conséquemment une pauvreté de la vie sur tout le vaste territoire que j'eus l'occasion d'observer. D'autre part, même dans les quelques endroits où la vie animale abondait, je ne pus trouver – malgré mon désir de la reconnaître – cette lutte acharnée pour les moyens d'existence, entre animaux de la même espèce, que la plupart des darwinistes (quoique pas toujours Darwin lui-même) considéraient comme la principale caractéristique de la lutte pour la vie et le principal facteur de l'évolution.
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Mario Andrésol, un vrai **Secrétaire d’État à la Sécurité Publique en plastique
*Port-au-Prince, Haïti , 10/ 12/ 2025*
Nul n'est pas sans savoir qu'actuellement, Haiti traverse des moments extrêmement difficiles à tous les niveaux. Mais sur le plan sécuritaire particulièrement, ce que le pays est en train de vivre quotidiennement, est sans nom. On pourrait même dire que le pays est livré aux diables par la mauvaise foi des dirigeants haïtiens.
À un pareil carrefour, des personnages connus, pourraient porter leurs expertises en vue de proposer des stratégies à travers un plan de sécurité, pouvant permettre la libre circulation des biens et des services.
C'est à ce moment-là que le nom de Mario Andrésol est venu sur la table des discussions. Un nom qui a fait peur. Un nom qui a un passé sur des questions relatives à la sécurité publique d'Haiti. C'était une lueur d'espoir.
En effet, Mario Andrésol, ancien officier d'infanterie des Forces Armées d'Haïti (FAd'H), où il a servi de 1982 à 1995. Il a aussi un passé à la tête de la police nationale, de 2005 à 2012, ce qui faisait de lui, un homme remarquable pour ses actes posés en vue de combattre l'insécurité.
Par contre, c'est cet homme là avec ce passé remarquable et fort, qui a été installé officiellement dans ses fonctions de Secrétaire d'État à la Sécurité Publique depuis janvier 2025. Et après douze (12) mois d'installation comme secrétaire d'État, des suspensions planent. c'est la honte totale. Ce nom passe inaperçu en se contentant de gagner son argent
sans pour autant rendre aucun service à la population.
Qu'est ce qu'il est devenu ?
Est-il toujours en poste ?
À rappeler, selon les déclarations de Monsieur Patrick Pélissier, ministre de la Justice, l'ancien chef de la PNH bénéficie le plein appui du ministère dans la lutte contre l'insécurité. Ceci étant dit, comme professionnel en la matière, comme un expérimenté dans la sécurité
publique, on pensait réellement que, la question de sécurité publique serait prise en grande considération.
Et pourtant, l'homme serait venu pour faire une santé économique, sans aucune gêne. Silencieusement, il gagne ses chèques et ignore la mission lui qui a été confiée. Le nom qui a créé l'espoir, le nom qui faisait peur est devenu le plus nul que personne n'oserait penser.
Le mannequin se défile dans le noir sans faire de bruit. il se contentait de servir ses pairs qu'au lieu d'agir pour améliorer considérablement les conditions de sécurité de la population Haïtienne en générale.
Présentement en poste de secrétaire d'État à la sécurité publique, l'insécurité est devenue plus qu'un défi. Les groupes armés gagnent beaucoup plus de territoire et imposent leur loi. Des postes de payage sont installés au cœur même de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, n'en parlons pas des autres régions du pays.
Qui l'aurait cru ?
Malheureusement, c'est une triste réalité que nous sommes en train de peindre. C'est la réalité de la majorité des professionnels Haïtiens. Ils n'ont surtout pas le courage de vaincre le mal ou dire la vérité.
Heureusement, le temps est maître de tout . Il nous permet toujours de découvrir les vrais visages de celles et ceux qui sont en complicité contre le bien être populaire. Et, comme secrétaire d'État à la sécurité publique, tout comme son ministère de tutelle, ils sont volontairement responsables de notre situation alarmante.
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Me Louimann MACÉUS, Av
President ECCREDHH.
Membre Amnesty International.
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Québec Solidaire : la souveraineté comme appendice
Québec solidaire a été fondé avant tout pour lutter contre le capitalisme néolibéral et en faveur d'une société plus égalitaire. Comme il fallait prendre position sur la question du statut national du Québec, les membres y ont ajouté l'obtention de l'indépendance dans une optique socialiste. On réagissait ainsi à la position « lévesquiste » de soutien à nos gens d'affaires, qui s'est imposée au début des années 1980. En effet, pendant longtemps, le rêve inavoué de René Lévesque et de sa garde rapprochée fut de convertir le plus d'entrepreneurs possible à l'indépendance du Québec.
On voulait, du moins la grande majorité des fondateurs et fondatrices de Québec solidaire, substituer l'axe gauche-droite au sempiternel débat fédéralisme-indépendance qui perdurait depuis plus de trente ans. Comme on sait, Québec solidaire résulte de la fusion de l'Union des forces populaires (UFP) et d'Option citoyenne. Il est révélateur que le parti ait vu le jour après la période marquée par les politiques d'austérité de Lucien Bouchard et de Bernard Landry de 1996 à 2003 et de leurs efforts pour atteindre le déficit zéro. En matière de justice redistributive, le Parti québécois affichait d'ailleurs un bien triste bilan depuis le début de la décennie 1980.
Pour résumer, la direction péquiste, comme la plupart de celles des partis sociaux-démocrates occidentaux à vocation de pouvoir, s'est ralliée de gré et de force durant le première moitié des années 1980 au néolibéralisme, la nouvelle idéologie dominante. Parallèlement, le marxisme déclinait même au sein de plusieurs milieux de gauche. Une bonne partie de ceux-ci se sont alors senti trahis par le gouvernement Lévesque, seconde et dernière manière (1981-1985) et ensuite par les gouvernements Bouchard et Landry. La réaction organisée, en termes politiques, a été longue à venir ; les gens de gauche tâtonnaient, sans trop savoir quelle direction adopter, notamment sur le plan nationaliste. La méfiance à l'endroit du souverainisme, la raison d'être du Parti québécois, a commencé à monter. On jugeait qu'il y avait des limites à la discipline indépendantiste, d'autant plus qu'on était bien conscient que la réalisation de l'indépendance nécessiterait des sacrifices considérables dont on avait bien des motifs de craindre leur très inégale répartition au sein de la population.
Certes, en bas de page, Québec solidaire s'est défini comme indépendantiste. Il n'est en effet pas possible de former un parti politique ambitionnant d'assumer un rôle majeur au Québec sans prendre position sur la « question nationale ». Il ne suffit cependant pas de vouloir un changement radical de statut pour celui-ci, il y faut surtout un projet de société progressiste. C'est là que le bat blessait et blesse encore du côté péquiste. Par exemple, on ignore toujours pour l'essentiel quel type de politiques sociales et économiques un futur cabinet Plamondon adopterait. On comprend mieux dès lors pourquoi la direction solidaire a peu parlé de souveraineté de 2006 à 2017. C'est quand Option nationale a fusionné avec le parti en 2017 que le discours indépendantiste a pris plus d'importance au sein des instances dirigeantes de Québec solidaire, ce qui n'a pas empêché une forte majorité de délégués de repousser une alliance avec le Parti québécois, malgré les recommandations en ce sens de leurs têtes d'affiche. Le souvenir des politiques économiques rétrogrades péquistes était encore trop vif. Il faut ajouter que le Parti québécois stagnait alors dans les sondages, derrière Québec solidaire et que les membres de ce dernier ne voyaient aucun intérêt à s'allier avec une formation qui paraissait en voie de disparaître.
Mais depuis 2023, le parti dirigé par Paul Saint-Pierre Plamondon a repris du poil de la bête au point d'atteindre des scores inattendus dans les intentions de vote, alors que son rival solidaire pique du nez. Il a perdu ces dernières années de précieux poids lourds comme Gabriel Nadeau-Dubois, Vincent Marissal et Jimmy Thibodeau. Le chef du Parti québécois, lui, n'éprouve aucune difficulté à regarnir ses rangs.
Par rapport à 2017, la situation entre les deux formations s'est donc inversée : Québec solidaire se retrouve derrière loin le Parti québécois, bien plus d'ailleurs que celui-ci ne l'était derrière Québec solidaire. Mais une question demeure, obsédante : quelle position adopter sur l'enjeu central du statut national québécois ? En principe, Québec solidaire est indépendantiste, mais sur le plan social et économique, il est à l'opposé du Parti québécois.
Indépendance et socialisme ne se recoupent pas nécessairement. Dans une optique de gauche, la souveraineté ne s'impose pas nécessairement. On peut lui préférer la statut quo constitutionnel ou encore une forme d'autonomie plus grande pour le Québec au sein de la fédération canadienne.
Si les péquistes devraient se pencher davantage sur la dimension projet de société de l'indépendance, les solidaires, eux, devraient discuter avec ouverture d'esprit de la question nationale et de leurs liens éventuels avec les péquistes.
Par nature, le nationalisme se veut rassembleur et a donc tendance à minimiser les inégalités sociales, alors que la socialisme, sous ses différentes formes insiste sur les disparités de revenu et se méfie du discours rassembleur interclasses des nationalistes. Dans un cas comme dans l'autre, il faut tenir compte de ces deux réalités fondamentales : l'appartenance nationale d'une part et l'existence des inégalités sociales d'autre part, une dimension qui renvoie au peu de pouvoir des classes populaires.
Il importe donc d'entamer de grandes et franches discussions là-dessus au sein des instances de Québec solidaire. La survie du parti est en jeu.
Jean-François Delisle
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Godin ! Mine de Rien
Le problème avec l'actuel chef du PQ ce n'est pas avec ce qu'il dit ou ce qu'il fait, mais avec ce qu'il ne dit pas et ce qu'il ne fait pas !
Le malaise qu'ont suscité certaines prises de position du chef du Parti québécois, notamment sur l'immigration, ne tient pas tant à leur contenu qu'à l'absence d'une certaine autorité et une certaine crédibilité qui auraient pu leur donner un autre sens. Les mêmes mots sur l'immigration et les immigrants, prononcés par d'autres, à une autre époque, n'auraient peut-être pas soulevé autant de remous. Ce qui fait défaut à l'actuel chef, ce sont les gestes. Les gestes symboliques. Ceux qui installent une confiance durable. L'ouverture n'est pas un slogan mais une pratique.
Gérald Godin incarnait cela avec une évidence désarmante. Je l'ai côtoyé quand il était ministre de l'immigration et député de Mercier. Je l'ai vu de mes yeux faire. Il ne théorisait pas l'accueil, il le vivait et l'écrivait. Son rapport aux communautés immigrantes, notamment grecque, était d'une chaleur simple. Il ne cherchait pas à convaincre par des formules bien tournées. Il attirait naturellement les gens vers le français en allant à leur rencontre, dans leur réalité, dans leurs lieux, dans leurs codes.
Godin a fait l'effort de parler un peu grec, un peu portugais et un peu créole. Mal, approximativement, mais joyeusement. Il s'installait à la Skala sur l'avenue du Parc, prenait une bière, racontait son rêve de voyage en Grèce, bricolait quelques phrases. Les habitués riaient, le patron venait le saluer et corrigeaient son grecque, en français. Ce dernier en profitait pour dire l'extrait d'un poème de Miron « Montréal est grand comme un désordre universel ». Le patron faisait semblant de ne pas connaître Miron et Godin faisait semblant de ne pas être ministre de l'immigration. Mine de rien, le français circulait, sans injonction, sans crispation. Il devenait un espace commun, un terrain de jeu, un lieu de rencontre.
Godin considérait que les nouveaux arrivants sont des poèmes, une richesse et une vitalité au Québec, enrichissant le tissu social et linguistique. Il aurait pu tenir les mêmes propos que le chef actuel du PQ sur la nécessité de gérer avec rigueur les seuils d'immigration. Personne ne lui en aurait tenu rigueur. Parce qu'il avait bâti, au fil du temps, un lien de confiance profond avec ces gens qu'il qualifiait affectueusement de poèmes. Parce que son ouverture aux autres cultures, aux autres langues, aux autres cuisines, aux autres musiques ne faisait aucun doute. On la lisait d'abord dans son regard.
Ce lien de confiance disait quelque chose de plus large que lui. Il disait l'esprit d'un parti. D'un mouvement politique capable de conjuguer affirmation nationale et hospitalité sincère. Aujourd'hui, ce qui trouble, ce n'est pas tant ce qui est dit que ce qui n'est pas incarné. Et en politique, l'incarnation reste souvent la forme la plus convaincante du discours.
Comment oublier ce moment d'une intensité rare. Deux semaines après le décès de Godin en octobre 1994, un jeune Québécois issu de l'immigration a tenu à lui rendre hommage en mettant en rap l'un de ses poèmes. Louise Harel était présente. Elle est restée marquée à jamais par ce chant, cette voix, cet hommage. https://www.souverains.qc.ca/louise-harel
Pour un ami, pour un pays
Tout ce que t'as, c'est ton cœur
Aller au bout des vies, aller au bout de l'histoire
Tout ce que t'as, c'est ton cœur
Comprendre un peu mieux ce qui se passe
Tout ce que t'as, c'est ton cœur
S'acharner, te battre encore
Tout ce que t'as, c'est ton cœur
Ramer, ramer, ne pas céder
Tout ce que t'as c'est ton cœur
Pour un ami, pour un amour
Tout ce que t'as, c'est ton cœur
Dans son poème Tango de Montréal, tiré de son recueil Sarzène, dont un extrait est gravé sur le mur du métro Mont Royal, Godin évoque les travailleurs issus de l'immigration, de retour à la maison après une journée de labeur.
et dans leurs cœurs une musique différente
une musique qui est la leur
une musique qui est la nôtre
la musique de Montréal…
Si j'étais PSPP, je glisserais un extrait d'un poème de Godin. Je le répéterais dans un discours, dans une conversation, dans un café, un bar, mine de rien, comme Godin, comme Miron, comme Lévesque, comme tant d'autres savaient le faire.
Mine de rien, ils étaient beaux.
Mohamed Lotfi
14 Décembre 2025
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Droit du travail : la Cour internationale de Justice se prononce sur le droit de grève
La Cour internationale de justice (CIJ) a ouvert lundi ses audiences pour déterminer si le droit de grève est protégé par le droit international. C'est la première fois que la plus haute juridiction du monde est appelée à se prononcer sur l'équilibre entre les droits des travailleurs et les intérêts des employeurs.
27 octobre 2025 | tiré du site Entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/10/27/droit-du-travail-la-cour-internationale-de-justice-se-prononce-sur-le-droit-de-greve/
L'affaire fait suite à une requête déposée en 2023 par le Conseil d'administration de l'Organisation internationale du Travail (OIT), qui a sollicité un avis consultatif de la Cour sur la question de savoir si la Convention (n°87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948, inclut le droit de grève.
Adoptée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Convention n°87 est une pierre angulaire du droit international du travail, garantissant aux travailleurs et aux employeurs le droit de constituer les organisations de leur choix et d'y adhérer. Elle ne mentionne pas explicitement la grève, mais les défenseurs de la liberté syndicale interprètent depuis longtemps ce droit comme l'incluant.
Le Président de la CIJ, Yūji Iwasawa, a ouvert les débats de lundi en lisant la question formelle aux juges, en faisant référence à la résolution de l'OIT et à l'autorité procédurale de la Cour. Il a souligné la « structure tripartite de l'OIT, composée de représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs ».
Une demande rare
Tomi Kohiyama, conseillère juridique de l'OIT, a rappelé que l'OIT n'avait pas comparu devant la CIJ à titre consultatif depuis 1932, soulignant la rareté de telles demandes.
Elle a déclaré que le secrétariat de l'OIT ne prendrait pas position sur le sujet, mais aiderait la Cour en clarifiant le contexte institutionnel et les approches interprétatives au titre de la Convention de Vienne sur le droit des traités.
Fondée en 1919, l'OIT est unique au sein du système des Nations Unies par sa structure tripartite, réunissant des représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs pour établir des normes internationales du travail.
Cet équilibre a cependant parfois conduit à des impasses, notamment en 2012, lorsque des groupes d'employeurs ont contesté la reconnaissance du droit de grève par les conventions n°87 et 98.
Arguments des syndicats et des entreprises
Paapa Danquah, s'exprimant au nom de la Confédération syndicale internationale (CSI), a décrit les grèves comme une expression intemporelle de l'action collective.
« La grève a été notre outil essentiel… pour améliorer les conditions de travail et défendre notre dignité humaine », a-t-il déclaré au tribunal.
Il a soutenu que le droit de grève fait partie intégrante de la liberté syndicale et devrait donc être reconnu comme protégé par la convention n°87.
En revanche, Roberto Suárez Santos, au nom de l'Organisation internationale des employeurs (OIE), a affirmé que si le droit de grève n'est pas contestable en principe, la convention n°87 ne le couvre ni explicitement ni implicitement.
Il a averti que l'intégrer maintenant à la convention reviendrait à imposer un régime prescriptif – définissant les modalités de la grève – susceptible de perturber les systèmes nationaux du travail.
Il a affirmé que la voie à suivre serait le consensus au sein des organes tripartites de l'OIT, et non une élévation unilatérale des normes par voie judiciaire.
Avis consultatifs de la CIJ
Pendant trois jours d'audience, 21 pays et organisations doivent témoigner, 31 déclarations écrites ayant déjà été déposées au greffe de la CIJ, témoignant de l'intérêt mondial pour l'issue de l'affaire.
L'avis consultatif de la Cour, attendu dans les prochains mois, ne sera pas juridiquement contraignant, mais pourrait profondément influencer le droit du travail international et national.
https://news.un.org/fr/story/2025/10/1157638
Lavoro, la Corte Internazionale di Giustizia si pronuncia sul diritto di sciopero
https://andream94.wordpress.com/2025/10/28/lavoro-la-corte-internazionale-di-giustizia-si-pronuncia-sul-diritto-di-sciopero/
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L’action de l’OIT en Birmanie angoisse les travailleurs et syndicats
Dans le secteur textile, les travailleurs et dirigeants syndicaux affirment que la décision de l'Organisation internationale du travail (OIT) d'invoquer l'article 33 – une mesure punitive rare à l'encontre des États membres qui violent de manière persistante les conventions fondamentales du travail – pourrait finir par nuire davantage aux travailleurs qu'à la junte militaire au pouvoir.
Billet de blog 2 décembre 2025 | Illustration 1 : A worker sleeps in a delivery truck in Yangon © Laure Siegel
https://blogs.mediapart.fr/laure-siegel/blog/021225/l-action-de-l-oit-en-birmanie-angoisse-les-travailleurs-et-syndicats
En juin 2025, l'OIT a déclenché des sanctions au titre de l'article 33 contre le Myanmar [nom officiel de la Birmanie depuis 1989 sur décision de la junte au pouvoir] pour violation de la convention n° 87 - liberté syndicale et protection du droit syndical - et de la convention n° 29 - travail forcé. C'était la deuxième fois que cette mesure était utilisée contre le Myanmar, après la première occurrence sous le régime militaire de Than Shwe.
En 2000, l'OIT a adopté une résolution en vertu de l'article 33 de sa constitution pour lutter contre le recours généralisé au travail forcé au Myanmar, marquant la première fois que cet article était invoqué contre un État membre. Khin Nyunt, alors chef des services de renseignement et figure clé du régime militaire du Myanmar, était l'un des principaux représentants du pays dans les discussions avec l'OIT avant d'être purgé quelques années plus tard.
L'article 33 habilite les États membres de l'OIT à revoir leurs relations avec les gouvernements fautifs et à envisager des mesures telles que la suspension de la coopération, des investissements ou des échanges commerciaux. Bien que l'article 33 n'impose pas automatiquement des interdictions commerciales, les dirigeants syndicaux locaux l'ont décrit comme une mesure extrêmement sévère au sein du système de l'OIT, qui, selon eux, risque de nuire davantage aux travailleurs qu'aux autorités. Les travailleurs disent comprendre pourquoi le Myanmar a été sanctionné, mais affirment que cette mesure risque d'aggraver leurs difficultés économiques plutôt que de faire pression sur la junte.
Des conditions de travail indignes après le coup d'État
Les travailleurs et travailleuses, la plupart des employés étant des femmes, des usines CMP (cut-make-pack) témoignent d'une forte détérioration des droits du travail et de la sécurité sur le lieu de travail depuis le coup d'État en 2021. Bas salaires, heures supplémentaires obligatoires et horaires excessifs. Beaucoup évoquent des conditions dangereuses, dans des endroits non ventilés et insalubres, des restrictions à la formation de syndicats et des abus verbaux ou physiques de la part de leurs supérieurs. Certains rapportent avoir été contraints de signer des documents vierges, s'être vu refuser des congés ou avoir été mutés à titre de sanction pour avoir exprimé leur opinion.
Le rapport Stitches of Struggle and Hope (“Coutures de lutte et d'espoir”) révèle que 55 % des travailleurs interrogés ont déclaré travailler en moyenne 12 heures par jour, mais jusqu'à 21 heures dans les cas extrêmes, 62 % ont subi des blessures physiques et 60 % ont déclaré souffrir de détresse psychologique liée au travail. Ces conclusions concordent avec ce que les organisateurs locaux décrivent comme la période la plus répressive pour la main-d'œuvre birmane depuis des décennies, en plus d'une pauvreté urbaine record dans le centre économique du pays.
Pourquoi l'article 33 a-t-il été invoqué ?
L'OIT a justifié sa décision en invoquant les violations persistantes des conventions 29 et 87 par le Myanmar. En coordination avec les syndicats en exil et les représentants des employeurs, le gouvernement d'union nationale (NUG), formé en réponse au coup d'Etat par des parlementaires déposés, a salué cette initiative comme « une victoire du peuple », appelant les États membres de l'OIT à revoir leur coopération avec la junte, à suspendre les transferts de carburant aviation, d'armes et de financements qui soutiennent les opérations militaires, et à tenir les acteurs publics et privés responsables du travail forcé.
Pourtant, les travailleurs sur le terrain affirment qu'ils n'ont pas été consultés. Ils soutiennent que cette décision a été prise loin de la réalité à laquelle ils sont confrontés, sans avoir appréhendé comment les sanctions pourraient aggraver leur vulnérabilité. Les médias pro-régime, tels que le Global New Light of Myanmar, font état d'environ 700 usines de confection dans tout le pays et de 700 000 travailleurs rien qu'à Yangon. La junte affirme également que les exportations de vêtements ont généré un profit d'environ cinq milliards de dollars américains par an entre 2021 et 2024.
Illustration 2
Grève des travailleurs de l'industrie pétrolifère après le coup d'Etat au Myanmar
Réaction des travailleurs et des syndicats
Les représentants syndicaux soulignent que ces chiffres, bien que probablement exagérés, illustrent à quel point la junte est devenue dépendante des exportations de vêtements – et pourquoi ce sont les travailleurs plutôt que les généraux qui subissent le plus lourdement les sanctions.
Ma Zin Mar, dirigeante syndicale dans le quartier industriel de Hlaing Thar Yar, a exprimé sa frustration face à cette politique : « Si nous soutenons l'article 33, dites-nous clairement combien de temps il faudra pour renverser la junte. Qui peut le promettre ? Vous ne pouvez pas demander à 700 000 travailleurs qui dépendent de ce secteur d'absorber ce choc. » U Tun Wai Nyunt, militant syndicaliste chevronné qui milite depuis plus de vingt ans, a déclaré : « Fermer les usines ne nuit en rien aux généraux, mais détruit les moyens de subsistance des travailleurs. Ciblez leurs revenus, pas les nôtres. » Il a ajouté que les mesures punitives radicales « ne favorisent ni la démocratie, ni la paix, ni le fédéralisme » et a averti que les mesures qui nuisent à la classe ouvrière risquent de compromettre la révolution dans son ensemble.
Une enquête du CCTU (Comité de coopération des syndicats) aurait révélé que 98 % des personnes interrogées s'opposaient à la fermeture des usines, invoquant des besoins de survie.
Des problèmes de représentation et de consultation
L'OIT fonctionne selon un système tripartite qui comprend des représentants des travailleurs, des employeurs et des gouvernements. Le NUG et la junte prétendent tous deux être les institutions légitimes contrôlant ces structures. Lors de la 113e Conférence internationale du travail (2025), l'OIT a reconnu la délégation du NUG plutôt que celle de la junte, bien que les deux aient désigné la Confédération des syndicats du Myanmar (CTUM) comme représentant des travailleurs.
U Tun Wai Nyunt a critiqué ce processus : « Les représentants devraient être choisis démocratiquement par les travailleurs eux-mêmes. Comment des décisions concernant les droits du travail au Myanmar peuvent-elles être prises à Genève sans consulter les travailleurs ici ? »
Ko Kane, un dirigeant syndical d'usine âgé de 25 ans, a fait écho à cette préoccupation : « L'OIT nous semble très éloignée. Même nous, les dirigeants syndicaux, ne savons pas si elle a encore un bureau ici. Beaucoup de travailleurs n'ont jamais entendu parler de l'OIT. » Il a ajouté que les travailleurs n'avaient pas eu la possibilité d'exprimer leur opinion avant que la décision relative à l'article 33 ne soit prise.
Complicité des employeurs et répression syndicale
Ko Kane a décrit comment les efforts visant à créer un syndicat légal dans son usine ont été sabotés. La liste des travailleurs soutenant cette initiative a été divulguée à la direction, ce qui a donné lieu à des intimidations, des heures supplémentaires forcées et des licenciements. Lui-même a été muté à un poste sans rapport avec la construction, puis contraint de coopérer avec la direction ou de démissionner : « Passer directement à l'article 33, c'est comme brûler la maison parce qu'il y a une souris. »
U Tun Wai Nyunt a souligné que les employeurs partagent la responsabilité des abus : « Ce n'est pas seulement le gouvernement qui bloque les syndicats, de nombreux employeurs y participent eux-mêmes. L'OIT devrait impliquer non seulement les autorités, mais aussi les propriétaires d'usines et les représentants des marques, et leur demander des comptes. »
Leurs témoignages mettent en évidence une tendance à la répression conjointe par les acteurs étatiques et privés.
Les leçons du précédent de 2000
La première expérience du Myanmar avec l'article 33 en 2000 offre un parallèle édifiant. Malgré cette mesure, le régime dictatorial du Conseil d'État pour la paix et le développement (SPDC) dirigé par Than Shwe et Khin Nyunt est resté au pouvoir. Des usines ont fermé, des travailleurs ont perdu leur emploi et la junte a ensuite consolidé son contrôle grâce à la Constitution de 2008, qui réserve 25 % des sièges parlementaires aux militaires, et aux élections de 2010.
« Nous n'avons jamais dit de ne pas agir contre la junte », a déclaré U Tun Wai Nyunt. « Nous avons seulement dit : ne prenez pas de mesures qui nuisent à la population. Attaquez-vous aux véritables sources de revenus de la junte. » Il a cité les industries extractives comme exemple : « Personne ne s'est opposé au départ de Total ou d'autres géants pétroliers, mais ces entreprises n'ont jamais employé notre population. Elles se sont contentées de piller nos ressources. »
Pour lui et beaucoup d'autres, des sanctions efficaces devraient cibler les sources de revenus réelles de la junte, et non les industries qui font vivre les familles ordinaires.
Illustration 3
Grève de travailleurs en 1988 à Yangon / Rangoun
Réactions internationales et contexte commercial
En juillet 2025, l'administration Donald Trump a annoncé un taux de droits de douane de 40 % sur les importations en provenance du Myanmar, une mesure que la junte a saluée comme un signe de semi-normalisation après des années de sanctions quasi totales. Ce taux n'a pas rétabli les avantages du système de préférences généralisées (SPG), mais a permis aux exportateurs du Myanmar, en particulier dans le secteur de l'habillement, d'opérer dans le cadre d'un tarif légalement défini plutôt que d'être soumis à des restrictions d'embargo totales.
Ce changement a permis au régime de remporter une victoire en matière de relations publiques et d'ouvrir une nouvelle voie pour les recettes d'exportation, même si les sanctions contre les conglomérats liés à l'armée ont été maintenues. Elle a également offert aux importateurs occidentauxun moyen légal de continuer à s'approvisionner au Myanmar sans enfreindre les sanctions, assouplissant ainsi l'étranglement économique qui limitait auparavant les échanges commerciaux.
Les analystes régionaux notent que les États-Unis restent la quatrième destination d'exportation de vêtements du Myanmar. La junte a utilisé l'ajustement tarifaire pour projeter une image de reprise économique et de légitimité, bien que les travailleurs affirment que cela n'a pas rétabli la sécurité de l'emploi ni amélioré les salaires. Les dirigeants syndicaux ont également fait référence aux discussions en cours avec l'Union européenne, le plus grand marché d'exportation de vêtements du Myanmar.
Ils pensent que l'UE évitera un désengagement total comme celui de 2000, optant plutôt pour des mesures de diligence raisonnable ciblées exigeant des marques qu'elles rendent compte des conditions de travail dans leurs chaînes d'approvisionnement. Des marques comme Primark and Decathlon poursuivent leurs commandes de matériaux sources au Myanmar, mais l'industrie textile du Myanmar continue de dépendre en grande partie des investisseurs de Taïwan, de Chine, de Corée du Sud et de Macao, dont les réactions à la décision relative à l'article 33 restent incertaines.
L'invocation de l'article 33 par l'OIT visait à tenir la junte birmane responsable des violations systématiques des droits du travail. Pourtant, parmi les travailleurs du pays, cette mesure est accueillie avec ambivalence, entre espoir de justice et crainte d'un effondrement économique. Les travailleurs comme Ma Zin Mar insistent sans cesse sur une exigence : un engagement direct. « Vous ne pouvez pas voir d'en haut. Descendez, et vous comprendrez ce qui se passe entre les travailleurs et les employeurs. »
Le dilemme reste entier : comment punir un régime sans punir son peuple ?
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Quand on s’attaque à un·e syndicaliste, c’est tout le mouvement syndical qui se lève
Défenseur des avocat·es attaquées et mis·es en danger pour avoir exercé leur mission et vigie des libertés fondamentales, le SAF est aux premières loges des intimidations de l'extrême droite et de la droite. La plainte déposée contre la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet s'inscrit dans ce mouvement.
8 décembre 2025 | tir é du blog de mediapart du Syndicat des Avocat-es de France (SAF)
https://blogs.mediapart.fr/syndicat-des-avocat-es-de-france-saf/blog/081225/quand-sattaque-un-e-syndicaliste-cest-tout-le-mouvement-syndical-qui-se-le
Défenseur des avocat·es attaquées et mis·es en danger pour avoir exercé leur mission et vigie des libertés fondamentales, le SAF est aux premières loges des intimidations de l'extrême-droite et de la droite.
La plainte déposée contre la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, ayant conduit mardi dernier à sa mise en examen par l'effet quasi-automatique de la procédure prévue par la loi du 29 juillet 1881, s'inscrit dans ce mouvement.
A cet égard, il convient de rappeler que le groupe patronal minoritaire Ethic est présidé par Sophie de Menthon, laquelle s'avoue « charmée » par Marine Le Pen. Cette organisation a en outre affiché son soutien au groupe Bolloré lors de la disparition de C8 (cf. Laurent Mauduit, Collaborations, p. 207 et s.).
L'action visant Sophie Binet est donc dans le fruit d'une stratégie purement politique, exactement à l'inverse du dialogue social.
Par ailleurs, la CNCDH a récemment rappelé que les entreprises doivent participer activement à « protéger l'espace civique » et « éviter de nuire à tout groupe ou individu » qui souhaite faire part de ses préoccupations concernant les impacts négatifs liés à leurs activités, produits ou services (Avis sur la lutte contre les procédure-bâillons (A-2025-2) du 13 février 2025, citant les Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales sur la conduite responsable des entreprises).
L'association Ethic, qui prétend parler pour des entreprises, ne semble donc pas avoir connaissance des travaux de l'OCDE sur ces sujets, ce qui doit préoccuper le mouvement syndical et inviter les décideurs publics, les juridictions qui seront saisies, mais également les journalistes qui relaient leurs actions à la plus grande prudence.
Enfin, le SAF s'inquiète de l'instrumentalisation de la mise en examen, prévue par la procédure de presse comme une garantie des droits de la défense, mais souvent utilisée pour marquer négativement, ou tenter d'intimider, des ennemis politiques.
Dans son avis, la CNCDH recommande que « le législateur modifie les dispositions relatives au non-lieu ab initio prévues par l'article 86, alinéa 4 du code de procédure pénale, pour permettre au procureur de la République de prendre des réquisitions de non-lieu dans le cas où la plainte est manifestement infondée et vise à faire obstacle au débat public, en s'assurant que la partie plaignante soit entendue et qu'un recours soit possible devant la chambre de l'instruction » (Recommandation n° 11).
Une telle proposition mérite la plus grande attention pour promouvoir un débat public de qualité, objectif de la transposition en droit français de la Directive 2024/1069 du 11 avril 2024 sur la protection des personnes qui participent au débat public contre les demandes en justice manifestement infondées ou les procédures judiciaires abusives (dites « poursuites stratégiques altérant le débat public »).
Après les poursuites engagées contre des responsables syndicaux et politiques ayant exprimé un soutien aux peuple palestinien, la citation d'une expression classique de la langue française sert à nouveau de prétexte pour tenter d'intimider et museler toute parole d'opposition.
C'est peine perdue : ces méthodes ne nous intimident pas. Elles nous rendent encore plus déterminé·es à défendre la liberté d'expression.
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Mobilisation massive de la gauche dans la capitale contre la droite
Ce samedi 6 décembre, les partisans de la « Quatrième Transformation » [1]. sont descendus dans les rues de la place principale de Mexico pour commémorer sept années de la gauche au pouvoir.
12 décembre 2025 | tiré de Rébelion
https://rebelion.org/la-izquierda-desborda-la-capital-y-responde-a-la-derecha/
La gauche déborde la capitale et répond à la droite
Dans un indéniable tour de force politique, environ 600 000 personnes — selon l'estimation du gouvernement de la ville — se sont massées dans le Zócalo et les rues avoisinantes. Le message de la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, ne laissait aucun doute quant à sa détermination à résister aux attaques internes comme externes.
Ces derniers temps, les campagnes de toute nature dirigées contre elle se sont intensifiées, en grande partie sous l'impulsion du magnat Salinas Pliego, fraudeur fiscal notoire, soudainement reconverti par une sorte de grâce divine en chef « moral » de la droite mexicaine et nouveau parrain du propagandiste Javier Negre. À cela s'ajoute la menace d'ingérence du Géant du Nord, apparemment convalescent, qu'il serait imprudent d'ignorer.
L'atmosphère autour de la Torre Caballito, sur le Paseo de la Reforma, était festive. Des groupes se rassemblaient autour de la Fontaine de la République ; des fanions de toutes tailles et de toutes couleurs flottaient en abondance, tout comme les slogans écrits en lettres capitales. Un contingent transportait une figure monumentale en papier mâché du président, comme lors d'une fête populaire. L'accès au Zócalo se faisait au milieu d'une foule dense, entre esquives et bousculades occasionnelles. Les commerces étaient ouverts, proposant boissons et vêtements aux passants — dont beaucoup venaient d'autres États.
Le flot humain se déversait dans un Zócalo débordant, où il était néanmoins encore possible de se frayer un chemin pour obtenir une meilleure place. La place était remplie de personnes de tous horizons ; dans certains secteurs, on distinguait les contingents d'organisations constituées, comme celui du SNTE. Une présence qui laisse un arrière-goût de corporatisme hérité du PRI du siècle dernier : l'intégration d'organisations satisfaites, prêtes à composer avec leurs dirigeants.
Sheinbaum est arrivée peu avant 11 heures. Elle a parcouru la rue Madero jusqu'à l'estrade installée devant le Palais national. À chaque pas, la foule l'arrêtait ; certains se contentaient d'une poignée de main, d'autres demandaient des photos ou des signatures sur des affiches ou des livres.
Le discours a commencé peu après l'heure prévue. Le rappel des réalisations de la gauche sous le gouvernement d'AMLO — comme la relance des trains de passagers ou l'expansion des programmes sociaux — était ponctué d'applaudissements et de slogans tels que « Présidente ! » et « Tu n'es pas seule ! ». Les acclamations furent particulièrement fortes lorsque le haut-parleur retrouva sa voix après une panne de micro.
L'un des points centraux du discours portait sur ce qui apparaît comme le terrain le plus âpre de la lutte politique contemporaine : la bataille du récit. La présidente a dénoncé les torrents d'argent dépensés par ses adversaires pour imposer l'idée d'un pays en crise, livré au chaos et dépourvu de gouvernance. Au-delà de l'élaboration d'une stratégie de communication, elle a affronté directement la droite en déclarant : « Peu importe tout ce qu'ils feront, ils ne vaincront ni le peuple mexicain ni sa présidente ! » Reste à voir si les fabrications et les campagnes de l'opposition — qui semble glisser vers une droite radicalisée — parviendront à entamer le soutien populaire.
Un autre moment fort fut l'allusion voilée de Sheinbaum à la perspective inquiétante, soutenue par certains Mexicains de l'étranger, d'une intervention américaine. Il ne s'agit pas de menaces en l'air : la veille, l'administration Trump avait publié un document redéfinissant la région et évoquant la nécessité de rétablir la « domination » en Amérique latine. Derrière cet euphémisme se trouvent les cadavres d'Allende, de Sandino, de Jara et de milliers d'autres. La présidente a tenté d'exorciser ce spectre en proclamant à haute voix : « Le Mexique est un pays libre, indépendant et souverain ! Nous ne sommes la colonie ni le protectorat de personne ! » Pour que cette affirmation soit effective, il faudra toutefois un exercice d'équilibrisme diplomatique particulièrement délicat face à un gouvernement américain qui flirte à nouveau avec le fascisme.
Après un peu plus d'une heure de discours, l'événement s'est conclu comme il avait commencé : par l'hymne national. La foule a peu à peu quitté le Zócalo, comme une lagune se vidant dans les rivières qui la composent. Beaucoup sont allés manger dans les environs. D'autres se sont dirigés vers le secteur surchargé des Beaux-Arts, les stations les plus proches étant saturées, ou vers les autobus les ramenant dans leurs villes d'origine.
Ainsi s'achevait une démonstration de force politique qui confirme que les prophètes de malheur, au pays comme à l'étranger, continuent de ne pas comprendre la réalité : une part non négligeable de la population soutient toujours son gouvernement et sa présidente.
Rebelión* a publié cet article avec l'autorisation de l'auteur, sous licence Creative Commons, dans le respect de sa liberté de le diffuser dans d'autres médias.
[1] La Quatrième Transformation (Cuarta Transformación, 4T) est le projet politique lancé par Andrés Manuel López Obrador et poursuivi par Claudia Sheinbaum, présenté comme une refondation pacifique du Mexique, comparable à l'Indépendance (1), à la Réforme libérale(2) et à la Révolution mexicaine(3)

L’inégalité extrême et ce qu’il faut faire à ce sujet
Le dernier Rapport mondial sur les inégalités 2026 révèle l'ampleur vertigineuse du fossé entre riches et pauvres dans le monde, une division qui ne cesse de s'élargir jusqu'à des niveaux inimaginables. S'appuyant sur des données collectées par 200 chercheur·e·s réunis au sein du World Inequality Lab, le rapport conclut que moins de 60 000 personnes — soit 0,001 % de la population mondiale — contrôlent trois fois plus de richesses que la moitié la plus pauvre de l'humanité.
13 décembre 2025 | tiré de viento sur
https://vientosur.info/la-desigualdad-extrema-y-que-hacer-al-respecto/
En 2025, les 10 % les plus riches de la population mondiale gagneront plus que les 90 % restants, tandis que la moitié la plus pauvre de la population mondiale ne percevra moins de 10 % des revenus mondiaux totaux. La richesse — c'est-à-dire la valeur des actifs détenus par les individus — est encore plus concentrée que les revenus (salaires et revenus du capital), selon le rapport : les 10 % les plus riches possèdent 75 % de la richesse mondiale, tandis que la moitié la plus pauvre n'en détient que 2 %.
Selon le rapport, dans presque toutes les régions, le 1 % le plus riche est plus riche que les 90 % les plus pauvres, et les inégalités de patrimoine ont augmenté rapidement à l'échelle mondiale. « Le résultat est un monde dans lequel une petite minorité exerce un pouvoir financier sans précédent, tandis que des milliards de personnes restent exclues même de la stabilité économique de base », affirment les auteurs du rapport.
Cette concentration n'est pas seulement persistante : elle s'accélère. Depuis les années 1990, la richesse des milliardaires et des centimillionnaires a augmenté d'environ 8 % par an, soit presque le double du taux de croissance de la moitié la plus pauvre de la population. Les plus pauvres ont certes enregistré des gains modestes, mais ceux-ci sont éclipsés par l'accumulation extraordinaire au sommet. La part de la richesse mondiale détenue par le 0,001 % le plus riche est passée de près de 4 % en 1995 à plus de 6 %, tandis que la richesse des milliardaires a augmenté d'environ 8 % par an depuis les années 1990, presque deux fois plus vite que celle des 50 % les plus pauvres.
Au-delà de la stricte inégalité économique, le rapport montre que cette inégalité alimente les inégalités de résultats : les dépenses d'éducation par enfant en Europe et en Amérique du Nord, par exemple, sont plus de 40 fois supérieures à celles de l'Afrique subsaharienne, un écart environ trois fois plus élevé que celui du PIB par habitant.
L'inégalité est également responsable d'une part croissante des émissions de gaz à effet de serre. Le rapport montre que la moitié la plus pauvre de la population mondiale ne représente que 3 % des émissions de carbone associées à la propriété du capital privé, tandis que les 10 % les plus riches en représentent environ 77 %.
Les revenus sont inégalement répartis partout dans le monde : les 10 % les plus riches gagnent systématiquement beaucoup plus que les 50 % les plus pauvres. Mais en matière de richesse, la concentration est encore plus extrême. Dans toutes les régions, les 10 % les plus riches contrôlent plus de la moitié de la richesse totale, laissant souvent à la moitié la plus pauvre une part infime.
Ces moyennes mondiales masquent d'énormes disparités régionales. Le monde est divisé en niveaux de revenus clairement distincts : des régions à hauts revenus, comme l'Amérique du Nord, l'Océanie et l'Europe ; des groupes à revenus intermédiaires, comme la Russie, l'Asie centrale, l'Asie de l'Est, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ; et des régions très peuplées où les revenus moyens restent faibles, comme l'Amérique latine, l'Asie du Sud et du Sud-Est, et l'Afrique subsaharienne.
Une personne moyenne en Amérique du Nord et en Océanie gagne environ 13 fois plus qu'une personne vivant en Afrique subsaharienne, et trois fois plus que la moyenne mondiale. Autrement dit, le revenu moyen quotidien y est d'environ 125 euros, contre 10 euros seulement en Afrique subsaharienne. Et il s'agit de moyennes : au sein de chaque région, de nombreuses personnes vivent avec beaucoup moins.
Selon le rapport, environ 1 % du PIB mondial est transféré chaque année des pays les plus pauvres vers les pays les plus riches par le biais de flux nets de revenus liés à des rendements élevés et à de faibles paiements d'intérêts sur les dettes des pays riches — soit près de trois fois le montant de l'aide publique mondiale au développement. L'inégalité est également profondément enracinée dans le système financier mondial. L'architecture financière internationale actuelle est structurée de manière à produire systématiquement de l'inégalité. Les pays qui émettent des monnaies de réserve peuvent emprunter durablement à faible coût, prêter à des taux plus élevés et attirer l'épargne mondiale. À l'inverse, les pays en développement font face à la situation opposée : dettes coûteuses, actifs à faible rendement et sorties continues de revenus.
Le pouvoir du capital s'exerce à l'échelle internationale, entre les nations. En excluant les pays de moins de 10 millions d'habitants, les dix pays les plus riches perçoivent des revenus nets positifs provenant de leurs investissements étrangers. À l'inverse, les dix pays les plus pauvres du monde sont d'anciennes colonies, pour la plupart situées en Afrique subsaharienne. Ils présentent des tendances opposées : la majorité d'entre eux versent d'importants revenus nets au reste du monde. En d'autres termes, ces pays envoient plus d'argent qu'ils n'en reçoivent des investissements étrangers. Cette fuite limite leur capacité à investir dans des domaines essentiels comme les infrastructures, la santé et l'éducation — conditions indispensables pour sortir de la pauvreté. Il n'est donc pas surprenant qu'ils ne puissent jamais rattraper les pays riches et combler l'écart avec le Nord global.
Peut-on faire quelque chose pour réduire les inégalités ?
Dans la préface du rapport, l'économiste et prix Nobel Joseph Stiglitz réitère son appel à la création d'un panel international sur les inégalités, comparable au GIEC de l'ONU pour le climat, afin de « suivre l'évolution des inégalités dans le monde et de formuler des recommandations objectives fondées sur des preuves ». Les auteurs du rapport soutiennent que les inégalités peuvent être réduites par des investissements publics dans l'éducation et la santé, ainsi que par des politiques efficaces de fiscalité et de redistribution. Ils soulignent que, dans de nombreux pays, les ultra-riches échappent à l'impôt, et que les paradis fiscaux abondent. Un impôt mondial de 3 % sur moins de 100 000 centimillionnaires et milliardaires permettrait de lever 750 milliards de dollars par an, soit l'équivalent du budget de l'éducation des pays à revenu faible et intermédiaire.
Le rapport propose d'autres leviers politiques. L'un des plus importants est l'investissement public dans l'éducation et la santé. Un autre passe par des programmes redistributifs : « les transferts monétaires, les pensions, les allocations chômage et le soutien ciblé aux ménages vulnérables peuvent transférer directement des ressources du sommet vers la base de la distribution ». La politique fiscale est un autre levier puissant : instaurer des systèmes fiscaux plus équitables, dans lesquels les plus riches contribuent davantage par le biais d'impôts progressifs. Les inégalités peuvent aussi être réduites par une réforme du système financier mondial : « les accords actuels permettent aux économies avancées d'emprunter à bas coût et de garantir des entrées constantes, tandis que les économies en développement font face à des obligations coûteuses et à des sorties persistantes ». Les réformes proposées incluent l'adoption d'une monnaie mondiale, avec des systèmes centralisés de crédit et de débit.
Le rapport montre que les transferts redistributifs réduisent effectivement les inégalités, surtout lorsqu'ils sont bien conçus et appliqués de manière cohérente. En Europe, en Amérique du Nord et en Océanie, les systèmes fiscaux et de transferts réduisent systématiquement les écarts de revenus de plus de 30 %. Même en Amérique latine, les politiques redistributives introduites après les années 1990 ont permis de réduire les inégalités. Autrement dit, sans ces mesures, les inégalités seraient encore plus importantes.
Mais le rapport reconnaît un problème central : les taux effectifs d'imposition sur le revenu ont augmenté pour la majorité de la population, mais ont chuté drastiquement pour les milliardaires et les centimillionnaires. Les élites paient proportionnellement moins que de nombreux ménages à revenus bien plus faibles. Ce caractère régressif prive les États de ressources essentielles pour l'éducation, la santé et l'action climatique, et mine la cohésion sociale en sapant la confiance dans le système fiscal. La réponse des auteurs est claire : recourir à la fiscalité progressive, qui « permet non seulement de mobiliser des recettes pour financer les biens publics et réduire les inégalités, mais renforce aussi la légitimité des systèmes fiscaux en garantissant que ceux qui disposent de plus grandes ressources contribuent équitablement ».
En résumé, les réponses politiques proposées par le rapport sont :
- surveiller les inégalités ;
- redistribuer les revenus par la fiscalité progressive et les transferts sociaux ;
- accroître l'investissement public dans l'éducation et la santé ;
- créer un système monétaire mondial.
Que manque-t-il ici ?
Il n'existe aucune politique visant à transformer radicalement la structure socio-économique de l'économie mondiale ; autrement dit, le capitalisme doit continuer d'exister. Il ne faut pas toucher aux propriétaires du capital — banques, entreprises énergétiques, géants technologiques, grandes firmes pharmaceutiques et leurs actionnaires milliardaires. Il suffirait simplement de les taxer davantage et d'utiliser les recettes fiscales pour financer les besoins sociaux. La politique proposée relève donc de la redistribution des revenus et des richesses existantes, et non de la prédistribution, c'est-à-dire de la transformation de la structure sociale qui produit ces inégalités extrêmes : la propriété privée des moyens de production.
Dans des travaux antérieurs, j'ai montré que le niveau élevé des inégalités de patrimoine est étroitement lié aux inégalités de revenus. J'ai mis en évidence une corrélation positive d'environ 0,38 : plus l'inégalité de richesse est élevée dans une économie, plus l'inégalité des revenus tend à l'être. La richesse engendre la richesse ; plus de richesse produit plus de revenus. Une élite extrêmement réduite possède les moyens de production et la finance, et s'approprie ainsi la majeure partie de la richesse et des revenus. La concentration de la richesse est fondamentalement liée à la propriété du capital productif, des moyens de production et des institutions financières. Le grand capital — la finance et les grandes entreprises — contrôle les investissements, l'emploi et les décisions financières à l'échelle mondiale. Selon l'Institut fédéral suisse de technologie, un noyau dominant de 147 entreprises, à travers des participations croisées, contrôle 40 % de la richesse du réseau économique mondial, et 737 entreprises en contrôlent 80 %.
C'est cette inégalité-là qui est décisive pour le fonctionnement du capitalisme : le pouvoir concentré du capital. Et puisque l'inégalité de richesse découle de la concentration des moyens de production et de la finance entre les mains de quelques-uns, et que cette structure de propriété reste intacte, toute politique redistributive fondée sur une augmentation des impôts sur la richesse et les revenus restera toujours insuffisante pour transformer durablement la répartition de la richesse et des revenus dans les sociétés modernes.
On affirme souvent à ce stade que la propriété publique de la finance et des secteurs clés des grandes économies mondiales est impossible et utopique, et qu'elle ne pourrait advenir qu'à la suite d'une révolution populaire — laquelle n'adviendrait jamais. Ma réponse est que l'adoption de politiques prétendument moins radicales, comme la fiscalité progressive, un changement profond de l'investissement public, ou une coopération mondiale visant à rompre le transfert de valeur et de revenus du Sud global vers l'élite riche du Nord global,est tout aussi utopique.
Quel gouvernement du G7 est prêt à adopter de telles politiques ? Aucun. À quel point s'en sont-ils approchés au cours des dix ou vingt dernières années ? Pas du tout : au contraire, les gouvernements ont réduit les impôts sur les riches et les entreprises, les ont augmentés pour le reste de la population, et ont diminué l'investissement public dans les besoins sociaux.Existe-t-il une coopération mondiale pour mettre fin à l'exploitation du Sud global par les multinationales et les banques, ou pour arrêter la production de combustibles fossiles et l'usage des jets privés ?
Les auteurs du rapport affirment : « L'inégalité est un choix politique. Elle résulte de nos politiques, institutions et structures de gouvernance. » Mais l'inégalité n'est pas le produit de « nos » politiques, institutions et structures de gouvernance : elle est le résultat de la propriété privée du capital et de gouvernements voués à sa préservation. Tant qu'on n'y mettra pas fin, l'inégalité des revenus et des richesses, aux niveaux national et mondial, persistera et continuera de s'aggraver.
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