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Bataille des retraites

Le mouvement social qui a secoué la France cet hiver contre le projet de réforme du système public de retraite a soulevé intérêts et interrogations au Québec. Afin de mieux le comprendre, penchons-nous sur les raisons de cette colère sociale et politique ainsi que sur ses implications pour le mouvement syndical.
Ce n'est pas la première fois que la question des retraites soulève les passions en France. Vue d'ici, où le sujet est rarement débattu, cette situation peut sembler incongrue. Il y aurait pourtant un intérêt à ce que, partout, la dimension profondément politique des régimes de retraite soit remise de l'avant, plutôt que de les traiter comme des sujets techniques ou encore sous l'angle de la « responsabilité individuelle » à se constituer un pécule personnel pour ses « vieux jours ».
Plus que des retraites, un acquis social
Mais revenons à la France. La première chose à garder en tête est que, contrairement au Québec, la vaste majorité des revenus des personnes retraitées provient des pensions du régime public. Quand des régimes complémentaires existent, ils ne sont pas proposés entreprise par entreprise, mais concernent l'ensemble d'un secteur économique ou d'un corps de métiers. On est donc dans un système plus uniforme, où la part des régimes publics est très importante.
Autre caractéristique majeure : le système de retraite français est par répartition, plutôt que par capitalisation. Cela signifie que les cotisations payées au régime une année donnée vont directement servir à verser les retraites cette même année. Les personnes actives paient donc les pensions des personnes retraitées, tout en accumulant par là même des droits à en recevoir une quand leur tour sera venu. Ceci a l'avantage de ne pas faire passer les sommes dédiées aux retraites par le système financier et boursier, et donc de ne pas les exposer à ses soubresauts. Le régime français repose sur un principe de solidarité intergénérationnelle qui est toutefois régulièrement testé par les évolutions démographiques. Si la proportion de personnes retraitées augmente trop par rapport au nombre de personnes actives, court-on le risque d'un déséquilibre ?
Cette question revient régulièrement dans le débat public français, au point où l'on a mis en place, en 2000, un Conseil d'orientation des retraites (COR) censé fournir des données objectives sur la question. Seulement, voilà, même sur les chiffres du COR et leur interprétation, il y a débat. À droite, on envisage un scénario catastrophe où le système s'effondrerait sans un allongement de la durée de cotisation (d'où la fameuse proposition de faire passer l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans). À gauche, on souligne que les prévisions ne sont pas si alarmantes et on insiste sur le fait que si un effort doit être fait pour assurer la pérennité du régime, c'est au capital qu'il faut le demander, plutôt qu'au travail. On fait également remarquer que, malgré ses imperfections, le système français fait en sorte que le taux de pauvreté chez les personnes retraitées y est l'un des plus bas en Europe, et que plutôt que de faire du nivellement par le bas, on devrait encourager les autres à s'en inspirer [1].
Au-delà de l'impact matériel que ces enjeux ont sur la vaste majorité des personnes salariées en France, le régime de retraite par répartition revêt une forte dimension symbolique. Il est l'une des pierres d'assise du « modèle social » mis en place après la Deuxième Guerre mondiale et auquel la plupart des Français·es sont très attaché·es. Avec l'assurance maladie et les allocations familiales, les retraites sont l'incarnation de ces « acquis sociaux » conquis de haute lutte. L'âge de départ à la retraite, et en particulier sa baisse, est devenu un indicateur du progrès social et des volontés d'émancipation des travailleuses et travailleurs. C'est dans ce contexte économique et politique qu'il faut comprendre les manifestations de cet hiver.
Et le syndicalisme, dans tout ça ?
Si la France est connue pour quelque chose, c'est bien sa capacité à voir ses rues s'emplir de manifestant·es lorsque la situation sociale ou politique l'exige. Le présent mouvement ne fait pas exception. Avec plus d'une dizaine de journées nationales d'action et des millions de personnes venues manifester, il s'agit d'une des plus fortes mobilisations que la France ait connues dans les dernières décennies. Fait notoire, ce ne sont pas seulement les grandes villes qui ont participé, mais aussi les régions moins densément peuplées, signe de la grande popularité du mouvement. Au cœur de ces dynamiques : les organisations syndicales qui, situation relativement inusitée, ont réussi à maintenir une unité presque sans failles depuis les débuts de cette lutte.
Le contraste est toujours frappant entre cette forte capacité de mobilisation et le taux de syndicalisation famélique (autour de 10 %) que connait la France. Cet apparent paradoxe s'explique avant tout par le cadre juridique des relations du travail. Si les syndicats sont bien les agents négociateurs des conditions de travail, celles-ci s'appliquent à l'ensemble des salarié·es, quel que soit leur statut syndical. Il n'y a donc pas d'avantage individuel immédiat à la syndicalisation, qui prend plutôt la forme d'un geste militant. Le taux de syndicalisation ne résume pas non plus à lui seul la situation. Le fait de se syndiquer étant un choix individuel, ces 10 % peuvent être répartis dans plusieurs milieux de travail, assurant une présence syndicale plus importante que les chiffres ne peuvent le laisser penser.
Difficile de ne pas mentionner également que la mobilisation a pris une nouvelle ampleur chaque fois que le gouvernement y répondait de façon autoritaire, une dynamique qui n'est pas sans rappeler celle du Printemps érable de 2012. Le recours à l'article 49.3 de la Constitution pour faire cesser les débats à l'Assemblée nationale (peu ou prou l'équivalent du « bâillon » au Québec), la répression policière et les limitations au droit de manifester n'ont fait qu'attiser la colère des Français·es qui finirent par… sortir les casseroles !
C'est bien sur ces bases que les syndicats ont réussi à faire lever le mouvement exceptionnel dont nous avons été témoins cet hiver. L'intersyndicale a réussi à conserver son unité notamment du fait que la Confédération française démocratique du travail (CFDT), habituellement plutôt frileuse à contester les réformes néolibérales, a décidé cette fois-ci de se joindre au mouvement. De son côté, la Confédération générale du travail (CGT), considérée comme plus combative, s'est engagée de plain-pied dans la mobilisation tout en tenant son 53e congrès au cours duquel les courants internes se sont affrontés de façon parfois houleuse [2]. Au final, c'est une candidate inattendue, Sophie Binet, qui est devenue nouvelle secrétaire générale de la CGT, la première femme à occuper ce poste. Elle semble porteuse à la fois d'espoir d'un renouveau démocratique de sa centrale, et d'une approche ouverte et innovante du syndicalisme (à l'image de l'organisation dont elle est issue, qui a notamment été en pointe des propositions sur le droit à la déconnexion, et ce bien avant la pandémie).
Ce mouvement aura incontestablement permis de réaffirmer non seulement la résilience, mais aussi la pertinence politique des syndicats français. Au dire de trois sociologues rompus à l'analyse du mouvement syndical, celui-ci s'est fait « “parti” des classes populaires, porte-parole d'un monde du travail de moins en moins représenté dans et par les partis politiques » [3]. S'il est une leçon à retenir de ce mouvement, c'est bien celle-ci : les retraites, c'est politique. Et les syndicats peuvent et doivent jouer un rôle dans l'arène politique, au sens le plus noble du terme.
[1] Laurent Jeanneau, « Dix bonnes raisons de ne pas faire cette réforme des retraites, chiffres à l'appui », Alternatives économiques, 10 janvier 2023, www.alternatives-economiques.fr/dix-bonnes-raisons-de-ne-faire-cette-reforme-retraites-chiffres-a-l/00105748
[2] Sophie Béroud, « Le 53e congrès de la CGT, nouvel épisode d'une profonde crise de direction », Contretemps, 12 avril 2023, www.contretemps.eu/congres-cgt-crise-syndicalisme-binet-martinez
[3] Baptiste Giraud, Maxime Quijoux et Karel Yon, « Le front syndical défend les classes populaires de moins en moins représentées », Le Monde, 3 mars 2023, p. 23.
Photo : Manifestation à Argentan, Normandie (Guy Sanson).

Prolétaires de tous les jeux, unissez-vous !

Games Workers Unite Montréal est une organisation locale s'inscrivant dans le mouvement mondial Games Workers Unite (GWU). À bâbord ! s'est entretenu avec eux pour discuter de la situation au Québec. Propos recueillis par Yannick Delbecque.
À bâbord ! : Quels sont les objectifs de votre mouvement ?
Games Workers Unite Montréal : GWU est un mouvement composé de travailleuse·eurs de l'industrie du jeu vidéo apparu en 2018 et qui s'est rapidement répandu à l'international. Son objectif est la syndicalisation de l'industrie du jeu vidéo. C'est une industrie importante qui existe maintenant depuis des décennies et dont les conditions de travail causent de nombreux problèmes.
Dans les dernières années, plusieurs aspects de la culture de l'industrie du jeu vidéo ont été remis en question. Par exemple la normalisation du « crunch », terme de l'industrie pour les longues périodes où les heures supplémentaires non payées sont attendues de la main-d'œuvre. Le crunch est illégal au Québec, mais est néanmoins une pratique courante dans l'industrie. Les patrons répètent souvent que la « passion » pour le médium du jeu vidéo justifie les conditions de travail invivables ou encore que le studio représente une « famille » pour celleux qui y travaillent. Ce discours est maintenant reçu de manière critique par les travailleuse·eurs de l'industrie. Malgré cette situation, et jusqu'à tout récemment, il n'y a pas eu de formation de syndicats dans l'industrie.
Le mouvement mondial Game Workers Unite est formé d'un grand nombre d'organisations locales et de syndicats à travers le monde qui se sont formés dans le contexte du mouvement GWU. Ces organisations collaborent et communiquent les unes avec les autres, mais fonctionnent chacune de manière autonome.
Les membres de GWU Montréal sont employé·es dans différents lieux de travail. L'organisation vise à soutenir toute campagne de syndicalisation dans l'industrie locale, peu importe le lieu de travail ou la fédération syndicale existante avec laquelle les travailleuse·eurs concerné·es peuvent avoir décidé de collaborer. GWU Montréal répond au besoin d'avoir une organisation capable de soutenir les efforts de syndicalisation dans tous les lieux de travail de l'industrie, et ce, dès les premières étapes du processus jusqu'à la reconnaissance officielle.
ÀB ! : Est-ce que GWU Montréal a des objectifs spécifiques à la situation montréalaise ?
GWUM : Aux États-Unis, depuis 2020, la fédération syndicale Communication Workers of America (CWA) offre un grand soutien aux campagnes de syndicalisation de l'industrie du jeu vidéo avec leur projet « CODE-CWA » (Campaign to Organize Digital Employees). La majorité des nouveaux syndicats dans l'industrie états-unienne ont rejoint cette fédération. En Ontario, GWU Toronto collabore étroitement avec la branche canadienne de CWA. Depuis 2018, plusieurs syndicats ont obtenu la reconnaissance officielle dans l'industrie canadienne du jeu vidéo. C'est le cas du syndicat KWS Edmonton United, qui a rejoint les Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce. Les travailleuse·eurs du studio Anemone Hug ont rejoint l'International Alliance of Theatrical Stage Employees (IATSE). Les travailleuse·eurs du studio Vodeo Games, réparti·es entre le Canada et les États-Unis, se sont syndiqué·es en 2021. Leur syndicat, Vodeo Workers United, est le premier syndicat reconnu en jeu vidéo en Amérique du Nord et compte dans ses rangs plusieurs membres de GWU Montréal.
Par contraste, la syndicalisation de l'industrie québécoise n'est pas aussi avancée. Le paysage syndical québécois est unique et particulier, avec sa propre histoire et ses propres considérations. À travers GWU Montréal, les membres de différentes campagnes syndicales dans l'industrie peuvent partager leur expérience et leurs apprentissages, se tenir au courant des nouveaux développements et s'entraider dans leurs efforts. Nous organisons également des ateliers publics tels que notre atelier « Quels sont mes droits ? » sur le droit du travail au Québec, des formations à l'organisation syndicale, et nous diffusons du matériel d'éducation sur ces sujets. Nos membres s'impliquent aussi dans les luttes des industries sœurs de l'industrie du jeu vidéo, comme le cinéma d'animation et la tech, et participent aux manifestations en solidarité avec les communautés noires et autochtones de Montréal.
ÀB ! : GWU est un mouvement parasyndical qui encourage et soutient les efforts de syndicalisation sans être lui-même un syndicat ou une fédération syndicale. Quels liens GWUM a-t-il avec les organisations syndicales ou militantes en place au Québec ?
GWUM : Au Québec, GWU Montréal maintient le contact avec le plus d'organisations syndicales possible, incluant les centrales syndicales québécoises (FTQ, CSN, CSQ, etc.), les branches canadiennes de CWA et de IATSE, et le Syndicat industriel des travailleurs et des travailleuses, avec qui nous avons collaboré sur plusieurs projets. Comme il n'y a pas vraiment de précédent ou de mémoire institutionnelle pour la syndicalisation dans notre industrie, nous avons dû tout apprendre à partir de zéro. L'expérience et le soutien des organisations syndicales présentes dans d'autres industries ont été d'une aide immense et très appréciée. Nous avons également grandement profité du support matériel d'organisations étudiantes comme le groupe de recherche d'intérêt public GRIP-Concordia et l'Association facultaire étudiante des sciences humaines de l'UQAM.
ÀB ! : Est-ce que l'industrie québécoise du jeu vidéo est hostile à la syndicalisation ?
GWUM : Pour leur part, les travailleuse·eurs de l'industrie québécoise sont en grande majorité sympathiques à la syndicalisation ! Un premier obstacle est le manque d'éducation au sujet des syndicats et de leur fonctionnement, surtout en ce qui concerne la création d'un syndicat. Un autre obstacle est l'hésitation, la peur et l'insécurité par rapport aux risques de riposte patronale.
Ce sont les dirigeants et les propriétaires de l'industrie qui sont hostiles aux syndicats, comme dans toutes les industries à profit. Sans syndicats pour donner une voix aux travailleuse·eurs, les chefs d'entreprise ont l'habitude de parler seuls au nom de l'industrie. La propagande antisyndicale et les tactiques visant à briser les mouvements de syndicalisation sont faciles à reconnaître, car elles sont les mêmes que dans toutes les autres industries. Elles peuvent freiner l'enthousiasme soutenant un effort de syndicalisation quand on n'est pas prêt à y faire face, mais elles ont peu d'effet ou même l'effet contraire si on les voit venir !
ÀB ! : Quelles sont les difficultés auxquelles font face les groupes souhaitant créer un syndicat ?
GWUM : C'est l'opposition des chefs d'entreprise et le pouvoir unilatéral détenu par le patronat qui représentent les obstacles principaux. Par exemple, les studios de jeux américains Activision-Blizzard-King ont récemment fait les manchettes à cause des pratiques antisyndicales de leurs dirigeants, notamment le recours aux services d'une firme spécialisée en action antisyndicale. Cette même firme est aussi sous contrat avec plusieurs studios présents à Montréal, comme Ubisoft et Eidos.
On retrouve dans l'industrie du jeu vidéo une variété de conditions de travail, comme le télétravail ou les contrats de travail pigiste, qui peuvent présenter un défi pour les travailleuse·eurs voulant se syndiquer. Mais c'est également une opportunité d'adapter les stratégies syndicales classiques à de nouvelles qui pourraient bientôt survenir dans un grand nombre d'autres industries. Par exemple, le syndicat états-unien des travailleuse·eurs du studio Voltage a obtenu une augmentation de paie suite à une grève, et ce, malgré le statut de pigistes des travailleuse·eurs et l'absence de cadre juridique pour leur syndicalisation. Pour leur part, les travailleuse·eurs de
Vodeo Workers United ont obtenu la reconnaissance officielle de leur syndicat, bien qu'iels soient réparti·es des deux côtés de la frontière canado-américaine, que le studio fonctionne exclusivement en télétravail, et que leur syndicat représente pigistes et employé·es dans la même unité de négociation ! Tout le mouvement syndical peut apprendre de cet exemple historique.
ÀB ! : Est-ce que le mouvement de syndicalisation dans l'industrie du jeu vidéo pourrait encourager la syndicalisation dans d'autres secteurs technologiques, historiquement peu syndiqués ?
GWUM : Non seulement la syndicalisation dans l'industrie du jeu vidéo pourra avoir un tel effet, mais cela a déjà été le cas ! En effet, aux États-Unis, la campagne CODE-CWA a son origine dans le mouvement GWU, mais couvre l'entièreté du secteur technologique. Aujourd'hui, des unités syndicales se sont formées dans quatre des cinq grandes entreprises GAFAM : Alphabet (Google), Microsoft, Apple, et Amazon. Plusieurs syndicalistes maintenant actif·ves dans ce secteur ont auparavant travaillé dans l'industrie du jeu vidéo et ont fait leurs débuts au sein de GWU.
Illustration : Ramon Vitesse

Le combat (inachevé) de Chantale Daigle

Cela fait 34 ans que le nom de Chantale Daigle est associé aux luttes pour le droit à l'avortement. Son combat, bien qu'important, demeure inachevé.
Par son combat, Daigle est devenue une sorte d'héroïne, et ce, un peu malgré elle. Un héritage important avec lequel elle aura toutefois toujours eu du mal à composer.
En 1989, Chantale Daigle tombe enceinte de Jean-Guy Tremblay, un homme avec qui elle entretenait une relation de couple. Comme beaucoup d'hommes violents, Tremblay changera alors aussitôt de visage. La relation prend fin. Chantale Daigle décide assez rapidement qu'elle ne veut pas poursuivre sa grossesse. Tremblay décide alors de saisir les tribunaux en allant chercher une injonction [1] pour empêcher l'avortement. Daigle affirmera dans son affidavit [2] : « À mon avis, Jean-Guy Tremblay n'a aucun motif ou intérêt dans le présent dossier, sauf celui d'essayer de maintenir son emprise sur ma personne [3]. » Pour elle, il ne fait aucun doute que son ex-conjoint veut se servir de cet enfant à naître pour maintenir un contrôle sur elle, sur son corps et ultimement sur sa vie.
Pendant plusieurs mois, Chantale Daigle essayera de faire casser ladite injonction. Au fur et à mesure que les semaines avancent, la grogne des femmes se fait sentir et des manifestations qui galvanisèrent les médias du pays auront lieu. L'affaire se rendra jusqu'en Cour suprême, où un jugement lui donnera finalement raison. Un précédent qui continue de faire parler jusqu'à aujourd'hui.
Or, entretemps, dans ce qui était une véritable course contre la montre, Daigle, avec le soutien de plusieurs militantes féministes, avait fui vers Boston pour se faire avorter. C'est une victoire pour la jeune femme âgée de 21 ans. La grossesse prend alors fin à environ 22 semaines. Depuis ces évènements, Daigle vit à l'abri des regards et refuse régulièrement des demandes d'entrevue, puisqu'elle souhaite préserver sa vie privée coûte que coûte.
L'accès à l'avortement aujourd'hui
Au Canada, l'avortement est décriminalisé depuis 1988, notamment grâce aux efforts du Dr Henry Morgentaler [4] qui a tenu tête aux tribunaux et qui a défié le droit en pratiquant des milliers d'avortements clandestins, mais sécuritaires pendant de nombreuses années. Or, le combat de Chantale Daigle, bien qu'il fût hautement et tout aussi important, est une lutte inachevée en Amérique du Nord.
Aux États-Unis, la situation actuelle avec l'invalidation de Roe c. Wade en 2022, cet arrêt qui existait depuis 1973 et qui protégeait le droit à l'avortement pour l'ensemble de la population américaine, a de quoi donner la chair de poule. Dorénavant, il appartient à chaque État américain de déterminer la manière dont ils encadreront la pratique, et certains l'interdiront ou en limiteront grandement l'accès. Les conséquences négatives sur la vie des Américain·es se font d'ailleurs déjà sentir. De plus, dans plusieurs États américains, des médecins risquent la prison et des amendes salées s'ils décident d'offrir des avortements à des patientes [5].
Bien qu'on ne connaisse pas d'attaques aussi importantes au droit à l'avortement au Québec, de nombreuses luttes doivent encore être menées, notamment en ce qui concerne l'accessibilité des services d'interruption de grossesse. De plus, l'an dernier, dans la foulée de la chute de Roe c. Wade, le parti conservateur du Canada a demandé à ses députés de taire le fond de leur pensée sur cet enjeu [6]. On comprend donc à demi-mot que plusieurs d'entre eux sont « pro-vie » ou plutôt antiavortement, comme on devrait le nommer explicitement. La même année, un reportage d'Urbania avait révélé que de l'argent de l'actuel gouvernement du Québec était versé à des groupes antiavortement dans la province, et ce, probablement, sans véritablement le savoir. C'est le signe que le mouvement antiavortement s'organise, se concerte et use de stratégies de plus en plus sophistiquées pour étendre ses tentacules.
Selon la Fédération pour le planning des naissances du Québec (FPNQ), une femme sur trois aura recours à un avortement au cours de sa vie en Amérique du Nord. Nous connaissons tous quelqu'un·e, que nous en soyons conscient·es ou pas, qui a eu un avortement. Les personnes trans et non binaires ont elles aussi recours à ce type de soin de santé. Alors que plus de projets de loi anti-LGBTQ+ que de jours de l'année ont été déposés depuis le début de cette année aux États-Unis (soit près de 500 au mois de mai 2023 !), il y a de quoi s'alarmer, s'indigner et s'inquiéter.
Au Canada, plusieurs barrières d'accès subsistent telles que le manque de points de service de proximité, obligeant les requérants à parcourir de longues distances pour avoir accès à ce service médical essentiel. Parmi les autres barrières, la FPNQ nomme « la langue dans laquelle sont fournis les services, l'accessibilité physique pour les personnes en situation de handicap, la méconnaissance des enjeux trans » ou encore le statut migratoire précaire faisant en sorte que certains services médicaux ne sont pas couverts par la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ).
Récemment, la ministre responsable de la Condition féminine du Québec, Martine Biron, a dit vouloir protéger le droit à l'avortement qu'elle considère comme « sacré ». Malgré une intention dite « louable », pour plusieurs juristes et militantes féministes, la question est en réalité beaucoup plus complexe. Pour l'avocate et professeure de droit à l'Université Laval Louise Langevin [7], ouvrir un tel chantier n'est pas nécessaire d'un point de vue juridique et pourrait même produire l'effet inverse de celui recherché par la ministre Biron : soit de servir de « porte-voix aux groupes antiavortement ». Plutôt, à l'instar de plusieurs féministes [8], elle plaide pour une meilleure accessibilité aux soins de santé, une façon de protéger le droit à l'avortement de manière plus concrète et tangible.
On comprend donc qu'agir sur les barrières et obstacles précédemment nommés serait une manière plus efficace de s'assurer que le combat de Chantale Daigle (et du Dr Henry Morgentaler) se concrétise complètement, et ce, sans entrave. Un droit qui devrait appartenir d'emblée à toutes les femmes.
[1] Selon le site web Éducaloi, une injonction est une obligation que le tribunal qui impose à une personne de faire ou de ne pas faire quelque chose.
[2] Un affidavit est d'une déclaration sous serment obtenue par la Cour.
[3] Cour suprême du Canada, « Jugements de la Cour suprême : Tremblay c. Daigle ». En ligne : https://scc-csc.lexum.com/scc-csc/scc-csc/fr/item/515/index.do
[4] Cour suprême du Canada, « Jugements de la Cour suprême : R. c. Morgentaler ». En ligne : https://scc-csc.lexum.com/scc-csc/scc-csc/fr/item/288/index.do
[5] The New York Times, « A New Goal for Abortion Pills : Punish or Protect Doctors ». En ligne : www.nytimes.com/2023/02/16/us/abortion-bills-doctors.html
[6] Radio-Canada, « Le Parti conservateur demande à ses députés de se taire sur l'avortement ». En ligne : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1880657/pcc-avortement-silence-etats-unis-roe-wade
[7] Louise Langevin dans La Presse, « Accès à l'avortement : A-t-on vraiment besoin d'une loi ? ». En ligne : www.lapresse.ca/debats/opinions/2023-04-26/acces-a-l-avortement/a-t-on-vraiment-besoin-d-une-loi.php
[8] Julie S. Lalonde dans Broadview, « Here's why Canada doesn't need a new abortion law - Canadians need to fight for increased access instead ». En ligne : https://broadview.org/canada-abortion-law
Photo : Ittmust (CC-BY-SA 2.0)
L’Afghanistan : nouveau terrain du jeu chinois

Entrevue avec Alexandre Boulerice, chef adjoint du NPD et député de Rosemont-La Petite-Patrie

Alexandre est chef adjoint du NPD et député de Rosemont—La Petite-Patrie. Il nous explique sa vision de la situation politique dans le contexte de la montée de Trump et à la veille du déclenchement des élections fédérales.
18 février 2025
1. Généralement, comment le NPD envisage-t-il de s'opposer à la mainmise annoncée par le gouvernement de Trump envers le Canada ? Quelles propositions met-il de l'avant ?
Face à des attaques commerciales injustes et injustifiées qui risque de faire perdre leurs emplois à des dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses, notre riposte doit être ferme. Avec l'appui du CTC, Jagmeet a déjà proposé un plan pour Produite et acheter canadien. En effet, nos gouvernements doivent accorder l'approvisionnement et les contrats publics à des entreprises de chez nous. Les revenus des contre-tarifs doivent servir à maintenir les emplois et soutenir directement les travailleurs et travailleuses. L'assurance-emploi doit être élargie et bonifiée. On doit réduire notre dépendance au marché américain et lancer un grand chantier pour nos infrastructures et du logement social et coopératif. Enfin, on doit boycotter les produits américains et favoriser l'achat local.
2. Quelles sont les alliances possibles pour nous pour assurer la résistance à Trump ? Quelle est la place du mouvement syndical canadien et Québécois dans cette alliance ?
Comme je l'ai indiqué dans la réponse précédente, le NPD est en discussion constante avec le CTC et la FTQ afin de s'assurer que les décisions politiques sont prises en faveur des travailleurs et travailleuses.
3. Nos richesses naturelles minières (matériaux critiques et stratégiques), pétrolières font saliver le gouvernement de Trump. Comment bloquer leur accaparement par les États-Unis ? La proposition la plus courante est la diversification des marchés ? Leur nationalisation pourrait-elle une manière de les protéger ?
Il s'agit d'une option à envisager. La nationalisation d'Hydro-Québec a été grandement profitable pour la société québécoise. Pétro-Canada a déjà été publique, cependant nous ne devons pas faire l'erreur, comme les libéraux avec TransMoutain, d'investir des fonds publics dans des énergies de combustibles fossiles. Ce n'est pas la voie de l'avenir. Je dirais aussi qu'on doit être très très vigilant avec la protection de notre eau potable. Avec la crise climatique, les USA vont regarder cet « or bleu » avec de plus en plus d'intérêt.
4. Comment le NPD se situe-t-il face au projet de construction de pipelines et de gazoduc et d'entreprises de liquéfaction, comme moyen de diversifier des débouchés ? Quelle place pour le NPD l'industrie pétrolière doit-elle occuper dans l'économie canadienne dans la perspective de la décarbonation de l'économie ?
Dans une économie qui va se décarboniser, avec les exigences de la science et nos engagements de l'Accord de Paris, ce n'est pas l'économie de demain. Le monde entier va réduire sa consommation de combustibles fossiles, l'Europe a déjà diminué sa consommation de gaz naturel de près de 20% depuis 2017, donc la demande ne sera pas là. Il est impératif d'investir dans les énergies renouvelables qui vont être nécessaires pour les générations à venir.
5. Mark Carney a affirmé qu'il répondrait positivement à la hausse des dépenses militaires à 2% du PIB pour répondre aux pressions de Trump qui, lui, même parle de 5% du PIB. Quel la position du NPD à ce propos ?
Il ne faut pas faire les choses parce que Donald Trump ou n'importe quel autre pays le demande, on doit faire les choses parce que c'est dans notre intérêt. Avec les folies de Donald Trump, il est certain que le Canada ne peut plus considérer les États-Unis comme un allié fiable et que ceci demandera des changements. Comparativement à Mark Carney et Pierre Poilievre, l'objectif du NPD ne sera pas de donner davantage d'argent aux grandes compagnies de lobbying militaire qui nous volent de l'argent depuis des décennies. Nos investissements se concentreront à améliorer les conditions de travail des personnes qui servent dans les forces armées, comme nous assurer qu'ils ont un salaire décent, du logement, des soins de santé et l'équipement adéquat pour qu'ils puissent faire leur travail. Il faudra également travailler avec les peuples autochtones pour investir dans la sécurité de l'arctique.
6. Dans le contexte actuel, le NPD continue-t-il à soutenir la déclaration de Sherbrooke et le droit à l'autodétermination du Québec ?
Bien sûr ! Jagmeet et le NPD veulent poursuivre le rêve de Jack Layton de rallier les progressistes d'un océan à l'autre afin de bâtir une meilleure société pour tous. Le NPD reconnait la singularité de la nation québécoise et nous mettrons en place un fédéralisme asymétrique tel que décrit dans la déclaration de Sherbrooke. Nous coopérerons avec le gouvernement du Québec pour nous attaquer aux différents défis auxquels les Québécois·es font face : avoir un Québec fièrement assis à la table. Jagmeet et le NPD seront au service des Québécois et Québécoises, nous ne serons pas au service de M. Legault. Nous serons un partenaire fiable qui est prêt à faire sa part, mais qui n'hésitera pas à être honnête et constructif lorsque nous ne sommes pas d'accord avec le premier ministre Legault.
7. Est-ce que les orientations, objectifs pour les prochaines élections sont clairement déjà définis ?
La plate-forme électorale s'en vient ! Alors je ne donnerai pas de scoop ! Mais une chose est sûre, l'intérêt des travailleurs et des travailleuses sera au cœur de notre discours. Il y a déjà assez de partis pour les banquiers, les millionnaires et les PDG. Nous, on est du côté de la classe ouvrière et des services publics. Nos grands axes vont tourner autour du logement alternatif que les gens peuvent se payer, du coût de la vie, des bons emplois syndiqués et de la transition énergétique face à la crise climatique.
Entrevue réalisée par André Frappier et Bernard Rioux
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Une deuxième assemblée populaire pour protéger les milieux naturels de Rimouski

Amazon nous rappelle la pertinence de l’action collective syndicale

Samedi prochain (le 15 février NDLR) aura lieu une mobilisation contre la fermeture de sept entrepôts d'Amazon au Québec. La syndicalisation du personnel, une première mondiale, apparaît comme la principale raison de cette décision injustifiable de la multinationale américaine. Alors que certains en profiteront sans doute pour montrer du doigt les organisations syndicales, nous souhaitons plutôt rappeler leur grande pertinence dans le contexte actuel.
Avec l'aimable permission de l'auteur Rédigé par Pierre Avignon, conseiller syndical FEC-CSQ
13 février 2025
Tout d'abord, comment ne pas parler des menaces qui planent sur des milliers de travailleurs et de travailleuses depuis l'élection de Donald Trump à la maison blanche. Tant sur le plan strictement syndical que social, les organisations syndicales présentes sur tout le territoire et dans tous les grands secteurs sur lesquels des tarifs pourraient s'appliquer seront parmi les premiers acteurs sociaux au front pour défendre les personnes touchées, soit pour protéger leur travail, soit pour défendre ou bonifier leurs droits sociaux ou encore pour favoriser leur accès à de la formation pour se requalifier. Plusieurs cas de figure similaires, démontrant l'importance de la présence syndicale, pourraient malheureusement s'appliquer aux bouleversements que le développement fulgurant de l'Intelligence artificielle a déjà et aura de plus en plus sur le monde du travail.
Ce sont également ces mêmes centrales syndicales qui, en 2014, se sont mobilisées contre l'austérité imposée dans les services publics par le gouvernement libéral. Aujourd'hui, ce sont encore elles qui permettent de révéler les coupures caquistes, notamment dans le secteur de la santé et de l'éducation malgré des besoins criants.
Mais au-delà des nécessaires luttes défensives, les militantes et militants syndicaux mènent au quotidien un travail tout aussi nécessaire, celui de donner plus de sens au travail des milliers de Québécoises et Québécois qui se lèvent jour après jour pour payer leurs factures … alors que, dès le 2 janvier 2025 à 10h11, les présidents-directeurs généraux (PDG) des plus grandes entreprises québécoises avaient déjà gagné l'équivalent du salaire annuel moyen au Québec. Alors qu'un récent rapport de l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) révélait que les coûts annuels des lésions psychologiques liées au travail avaient augmenté de 195 % entre 2014 et 2019 (coutant un peu plus d'un milliard de dollars à la société), sur le terrain les syndicats s'acharnent à tenter d'améliorer les conditions de travail. Cette amélioration passe bien sûr par un renforcement des conditions objectives des emplois que sont notamment le salaire et les horaires de travail, mais également par les conditions subjectives que l'on peut davantage relier au climat de travail. Car, pour donner du sens au travail, le salaire ne suffit pas. Favoriser la participation des employées et des employés aux prises de décision, renforcer l'autonomie professionnelle et assurer une reconnaissance des tâches réalisées sont autant de facteurs qui favorisent un bon climat de travail et réduisent les risques psychosociaux liés au travail. Bien que l'on en entende moins parler dans l'espace public, les revendications syndicales touchent autant le côté objectif que subjectif du travail. Les organisations de travailleuses et de travailleurs sont également créatrices de liens sociaux et de solidarité plus que jamais nécessaires.
Pendant que certaines nouvelles tendances managériales tentent de faire passer un transfert de responsabilités pour de l'autonomie dans la réalisation de son métier, ne nous y trompons pas, l'assujettissement est encore bien présent. Et pour celles et ceux qui considèrent comme dépassés les modes de résistance collective basés sur l'opposition, sachez que le modèle opposé de résistance individuelle mène quant à lui à un désengagement qui ne peut être profitable à personne. Plutôt que de voir dans la fermeture d'Amazon un frein imposé au mouvement syndical québécois, nous en appelons plutôt à le considérer comme un rappel de sa pertinence face aux défis de notre temps.
La manifestation, organisée par la CSN, se déroulera le 15 février 2025 à 13 h près de la station de métro Mont-Royal, à Montréal.
Pour la CSQ, la mise à pied du personnel des sept entrepôts d'Amazon est une attaque frontale aux droits des travailleuses et des travailleurs ainsi qu'à l'endroit du mouvement syndical, et cela ne peut rester sans réponse !
Celles et ceux qui le souhaitent peuvent se joindre au contingent de la CSQ qui se rassemblera devant la Caisse Desjardins du Plateau-Mont-Royal (435, avenue du Mont-Royal Est, à Montréal).
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Le mémoire de MQRP dans le cadre des consultations particulières du PL 83 sur l’éxercice de la médecine au sein du réseau public de la santé et des services sociaux

Le consel d'administration de Médecins québécois pour le régime public vous invite à consulter le mémoire qu'il a rédigé dans le cadre des consultations particulières du projet de loi 83 : Loi favorisant l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la santé et des services sociaux.
« MQRP partage l'intention officielle du PL83, soit de favoriser notre système de santé public, mais insiste sur la nécessité d'adopter une approche plus complète qui freinera véritablement le développement délétère du privé et de la recherche de profit en santé. Comme présenté précédemment, une approche multiforme dévouée au renforcement du système public est nécessaire, plutôt que d'imposer des restrictions cosmétiques d'une main, tout en favorisant de l'autre un exode vers le privé. Une véritable lutte contre la privatisation exige une action concertée sur tous les fronts. »
(MQRP, Conclusion du mémoire soumis au PL.83, 2025)
Pour lire le mémoire de Médecins québécois pour le régime public cliquez sur l'icône ci-dessous :
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Impétueuse

Impétueuse, l'œuvre d'une Québécoise de 86 ans qui est atteinte d'Alzheimer depuis dix ans. Éliette Anderson Rioux se considère une femme tout à fait ordinaire. Cependant, l'immense courage dont elle fait preuve tout au long de sa vie à combattre oppression et injustice, surtout celles subies par les femmes, démontre qu'elle est, en fait, une personne tout à fait extraordinaire.
Impétueuse rassemble son récit de vie, ses articles et ses poèmes. Des textes qui, par l'intensité de sa verve et de son écriture, nous interpellent.
L'histoire d'Éliette illustre ce qu'était, dans les années 1950, la vie au fin fond de la vallée de la Matapédia d'une famille québécoise tellement pauvre qu'ostracisée par curé et villageois. Et, aussi et surtout, elle illustre le parcours fort difficile mais tellement impressionnant d'une militante du féminisme au Québec, dénonçant l'injustice subie par toutes les femmes depuis des millénaires, et, en particulier, les lesbiennes.
De son enfance et adolescence dans un rang de la vallée de la Matapédia comme aînée de 13 enfants, et des mois après son arrivée à Montréal à 18 ans, Éliette nous parle de misères et humiliations, mais aussi de sa détermination à vivre et de sa curiosité pour le vivant. Après avoir vécu une dépression sévère à Montréal, la vie d'Éliette reprend sens, à travers sa démarche en thérapie et lorsqu'elle décide de recommencer ses études, interrompues à 12 ans, et qu'elle s'inscrit plus tard au Cégep. Elle se lance alors dans un militantisme féministe radical, en s'exprimant par poésie et rédigeant de nombreux articles percutants dans Les Têtes de pioche, le journal des femmes qu'elle cofondait avec d'autres militantes en 1976.
Sans titre
Je pioche ma vie
À grands coups de bêche
Obstinée
Patiemment je pioche
Avec l'espoir
De te retrouver
Dans la profondeur
De mes recoins d'ombres
Je pioche avec l'entêtement
Têtu du paysan
Sans notion de temps
Jusqu'au moment
Où mon corps
Se rompt de fatigue
Et mon cœur se serre
D'inquiétude
Mais demain à nouveau
Entêtée
Je recommencerai
En sachant
Qu'un jour ma bêche
Amènera
À la surface
Ce pourquoi j'ai mis tant d'années
À lutter, à piocher
Pour te voir
En pleine lumière
Toi
Ma liberté !
*****
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Trump 2.0 : Radicalisation de la droite ici et ailleurs dans le monde. Quelle réponse de la gauche québécoise ?

Révolution écosocialiste organise une discussion sur la montée de la droite vendredi, le 21 février à 19h. Face aux menaces de Trump sur la hausse des tarifs, face à la montée de l'intolérance et du racisme, face aux mesures d'austérité caquiste, qu'elle doit être la réponse solidaire ?
Il y aura un panel composé de :
Amir Khadir, ex-député et ancien porte-parole de Québec solidaire
Andrès Fontecilla, député de QS dans Laurier-Dorion
Karine Cliche, ex-candidate de QS dans Ste-Rose et initiatrice de QS-Parti de la rue
Josée Chevalier, ex-candidate de QS dans Laval-des-Rapides et militante CSN
André Frappier, animation et intervention, militant à QS Maurice-Richard et membre de Révolution écosocialiste
Où aura lieu cette discussion ? En personne au Centre St-Pierre, salle 304, 1212 Panet, Montréal (Métro Beaudry) ainsi qu'en diffusion virtuelle : Diffusion virtuelle : inscrivez-vous à https://bit.ly/4hG12go
Diffuser largement et confirmer votre présence sur facebook : https://www.facebook.com/events/904234935230421/?active_tab=discussion
Bien sûr, si vous n'avez pas FB, vous pouvez répondre à ce courriel et nous dire si vous venez en personne, ou si vous avez besoin du lien pour la rencontre virtuelle.

Contre Amazon et Trump, nous étions 2 000

Nous portions la colère de millions. Reste à trouver la voie de la mobilisation pour gagner. Nous étions environ 2 000 à manifester ce samedi le 15 février à Montréal contre la fermeture sauvage des sept entrepôts et centres de distribution d'Amazon au Québec, causant environ 4 700 pertes d'emplois directes et indirectes. La grande majorité était des personnes syndiquées à la CSN.
16 février 2025 | Photo : André Frappier
Les contingents des autres syndicats étaient entre le mince et le symbolique. Signalons les quelques dizaines du contingent Québec solidaire. Le but non avoué parce qu'illégal de cette manifestation était de punir le peuple-travailleur québécois d'avoir oser former le seul syndicat Amazon au Canada dans un de ses sept lieux de travail au moment où la législation québécoise, contrairement aux ÉU, allait imposer une convention collective à une compagnie qui refusait de négocier.
L'entreprise du ploutocrate Jeff Bezos employant 1.5 million de personnes sur les cinq continents mais surtout aux ÉU-Canada et en Europe est au cœur du GAFAM. Elle fait partie du noyau oligarchique trumpien et avec les mêmes rapports économiquement et politiquement brutaux tant vis-à-vis le prolétariat que les peuples dominés. Cette entreprise est aussi une matrice de la consommation de masse qu'elle envenime par ses pratiques, de la congestion du système de transport par l'encombrement du système routier et du gaspillage de l'énergie par ses fermes de serveurs qui servent de plus en plus à l'intelligence artificielle.
Comme le dit le président du syndicat concerné : « Les multinationales américaines se sentent toutes permises et je pense que l'élection de Trump avec l'histoire des tarifs renforce les ambitions impérialistes américaines et le pouvoir qu'ont ces multinationales » (Journal de Montréal). Plusieurs revendications sont sur la table. Les syndiqués demandent un an de compensation et non 14 semaines. La CSN, la centrale syndicale dont le syndicat d'Amazon est membre, appelle au boycott tant par les gouvernements — la Ville de Montréal a promis de le faire — que par le grand public. La colère populaire est grande, du moins au Québec, et elle s'imbrique avec celle contre les ÉU de Trump qui, en plus de sa guerre tarifaire, veut faire du Canada son 51e état.
Ce coup de Jarnac d'Amazon, se combinant avec ceux de Trump, invite le peupletravailleur à se mobiliser pour faire de la lutte contre Amazon le fer de lance d'une lutte contre le trumpisme y compris son parti-pris pour les hydrocarbures et contre les solutions pro-climat même modérées. Le peuple-travailleur de tout le Canada est aussi concerné tant contre Amazon — En Colombie britannique, des travailleurs luttent pour former un syndicat Amazon — que contre le trumpisme. Ne pourrait-on pas exiger que ce soit Poste-Canada, en quasi-faillite mais doté d'un syndicat parmi les plus politisés et combatifs au Canada, privé de son droit de négociation par un ordre gouvernemental tenant lieu de loi spéciale, qui ait le monopole, comme jadis, du tri et de la livraison des colis ?
Et pourquoi le prolétariat des ÉU ne se joindrait-il pas à cette lutte sur ses propres bases puisqu'il à sa manière exploité et opprimé par ce même couple diabolique Trump-Amazon ? Ce coup fourré d'Amazon, en plus d'aussi s'en prendre au trumpisme est une occasion en or de faire la difficile combinaison entre lutte ouvrière et lutte climatique. Bien sûr, étant donné l'état de faiblesse chronique tant syndicale que de la gauche dans tout l'Amérique au nord du Rio Bravo/Grande, il y a loin de la coupe aux lèvres. Est-ce que cette manifestation n'est qu'un baroud d'honneur, un coup d'épée dans l'eau pour sauver la face avant de s'enliser dans de longues procédures judiciaires ? Ce samedi, il aurait fallu être 10 000, que dis-je des centaines de milliers comme lors de la grande manifestation avec Greta Thunberg en 2019. Mais c'est un début, continuons le combat.
Marc Bonhomme, 16 février 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Chronique du vivant : le capitalisme tue...

Le technofascisme dans lequel nous sommes plongés est une intensité mortifère du capitalisme qui ne repose que sur l'appropriation privée et la dépossession des collectifs et communs. Déshumanisant nos rapports sociaux, il marchandise et exploite toute innovation, le travail humain, les valorisations du vivant et celle des matières terrestres. Il fait éclater les droits humains sur la glaciale réalité du capital et de ses exigences.
Crédit image : Guillaume Manningham
Tiré du Journal Entrée libre février 2025
Les exigences pour militariser la vie et approvisionner le génocide et les crimes de guerre en Palestine, à Gaza en particulier ; c'était déjà aussi dans la machine avant le régime arrivé le 20 janvier dernier. Exiger 2% du PIB canadien en armes et dans le militaire maintenant de 5%. Cette « contribution » pour que le Canada « assume son rôle » avec en particulier l'OTAN et pour protéger les intérêts des bourgeoisies dans l'Arctique. En congédiant comme acte de terreur récemment, Amazon continue de posséder 32% de l'infonuagique en support numérique mondial. Ces GAFAM etc. sont les nouvelles puissances de ce système mortifère et exploiteur. Sans oublier leur attachement au biberon fossile. La production de pétrole intérieur a ainsi connu un record dans l'histoire de ces États-Unis d'Amérique, rien de moins qu'appelés comme les continents au complet dans l'esprit de la doctrine Monroe de 1823. Ainsi, en 2023, une production record avec 13,2 millions de barils de pétrole produit par jour et l'on vise 13,6 millions de barils par jour en 2026.
2024 aura été déjà celle avec le plus de déportations sous la présidence Biden avec plus de 270 000 personnes. Les frontières tuent et rendent encore plus périlleux et cher le droit et le vécu du trajet pour améliorer sa vie, pour fuir. La majorité des personnes sont arrivées par la frontière coloniale traversant le Rio Grande, le fleuve avec le Mexique. Au milieu du 19e siècle, par la force, le Texas et la Haute-Californie (mexicaine jusqu'en 1850) sont devenus les bases de ces états É.-U. actuels. Ce sont ces personnes qui cultivent et récoltent, construisent et soignent.
Le capitalisme tue par sa totalité à ne pas encourager la santé de tous et de milieux, de nos habitats. Les portes tournantes entre l'industrie pharmaceutique, agricole (industrie des semences, engrais et pesticides) et la santé publique comme Santé Canada est ainsi le summum de la contradiction entre droit au profit privé et droit à la santé. C'est une contamination qui fait partie de ce système et l'on peut suivre les actions et les études de Vigilance OGM sur ces conflits d'intérêts. Il y a ainsi plusieurs industries du tabac, comme les antidouleurs opioïdes, la pollution minière et industrielle et la spéculation immobilière qui nous mine la santé et la vie.
Dernier point, le réchauffement climatique et les protections environnementales. Les politiques canadiennes et québécoises s'annoncent en retrait. Déjà minimes et inefficaces pour effectuer un changement rapide et complet du rapport à l'énergie et nos modes de production, de vie, ces mesures et lois existantes devraient être « ajustées » dans les circonstances. Comme les impôts pour les corporations et le 1%. On parle de nouveau de gaz de schiste, de pétrole en mer dans les Maritimes, de nouvelles mines ici et Énergie Est, GNL, pourquoi pas Goldboro ! Idem dans les territoires gouvernés par des provinces néodémocrates que sont le Manitoba et la Colombie-Britannique où la croissance extractiviste est favorisée. D'ailleurs, en Colombie-Britannique, sont relancés et financés des nouveaux gazoducs pour exporter du gaz liquéfié vers l'Asie, entre autres. Des communautés des Premiers Peuples et des écologistes et gens des coins concernés s'y opposent et mettent déjà en place des mesures de protection et de défense de ces territoires.
En ce mois de février, on souligne paradoxalement les cinq ans du mouvement « Shut Down Canada ! » en solidarité avec les membres de la nation Wet'suwet'en et leurs allié·es contre un gazoduc de CGL qui traverse leur territoire jamais cédé de 22 000 km2, le Yintah. Sous ce nom, vous pouvez trouver ce récit documentaire vidéo en film et encore mieux, aller voir et soutenir au www.yintahaccess.com, un site d'information et de dons pour la défense juridique. La police a mené des raids sur le territoire des Wet'suwet'en avec des armes semi-automatiques arrêtant depuis 2019 plus de 75 défenseur·es des terres. Le 18 février prochain sera la condamnation de Sleydo', Shaylynn Sampson et Corey Jayochee Jocko, reconnu·es coupables d'« outrage criminel » pour avoir désobéi à l'ordonnance de mesure injonctive, malgré le fait de défendre pacifiquement le territoire des Wet'suwet'en.
Pour suivre actualités politiques, socioéconomiques et activités, la page du collectif Solidarité sans frontières de cette ville appelée par le nom d'un gouverneur, administrateur colonial britannique n'ayant pas de lien avec ce territoire : Sherbrooke, en abénaki Nikitotegwak. Il est possible de souligner nos existences, nos récits populaires, nos solidarités, nos communautés ancrées dans nos villes, nos quartiers et villages et champs, bois, montagnes et lacs.
Affirmer que le vivant a ses racines, comme nos luttes. Semées au fil des ans.
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Un budget axé sur le bien-être collectif, mémoire d’Attac Québec

Presse Toi à Gauche vous invite à lire des extraits du mémoire d'Attac Québec dans le cadre des consultations pré-budgétaires du gouvernement du Québec.
Mémoire présenté à M. Éric Girard, Ministre des Finances du gouvernement provincial, dans le cadre des consultations pré-budgétaires 2024-2025
En réponse à l'appel de la Coalition Main rouge, dont Attac Québec est membre, l'association citoyenne vient d'envoyer son mémoire au ministre provincial des Finances, Éric Girard, dans le cadre des consultations prébudgétaires.
Ce document de 14 pages, intitulé « un budget axé sur le bien-être collectif », se divise en deux parties.
Dans la première, alors que le discours du gouvernement tend vers les coupures budgétaires et le retour à l'austérité, Attac Québec dépeint l'état de la situation et propose plusieurs recommandations afin de renforcer le filet social québécois.
Dans un second temps, l'action citoyenne pour la justice fiscale, sociale et écologique explique différentes mesures propres à augmenter les revenus de l'État, comme l'augmentation du nombre de paliers d'imposition et de l'effort des grandes entreprises, la taxation sur la richesse et certaines activités financières, la réduction de crédits d'impôts et la lutte à l'évitement fiscal.
En résumé : « pour faire face aux inégalités grandissantes au Québec : la redistribution de la richesse, un filet social fort et une plus grande justice fiscale doivent être une priorité de ce nouveau budget ».
Les plans budgétaires du gouvernement provincial sont annoncés pour le 12 mars prochain.
Voici ci-dessous le mémoire d'Attac Québec “Un budget axé sur le bien-être collectif” :
Pour lire lemémoire cliquez ici
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Prendre la mesure de ce que signifie le discours conflictuel du vice-president US JD Vance lors de l’ouverture de la conférence de Munich sur la sécurité

Dans un discours très conflictuel prononcé lors de la conférence de Munich sur la sécurité, ouverte le 14 février, le vice-président américain JD Vance a déclaré que la « menace intérieure » pesant sur l'Europe était plus grave que celle posée par la Russie et la Chine. Il a critiqué l'annulation d'une récente élection en Roumanie, les poursuites engagées contre un manifestant anti-avortement au Royaume-Uni et l'exclusion de politiciens allemands d'extrême droite et d'extrême gauche de l'événement lui-même...
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
14 février 2025
Par Daniel Tanuro
Le discours du vice-president US JD Vance à Munich, Allemagne, est d'une clarté et d'une brutalité extrêmes. Pour Vance, « la plus grande menace qui plane sur l'Europe ne vient pas de la Chine ou de la Russie ». Elle vient du fait que l'Europe a annulé les élections truquées par l'extrême droite pro-Poutine en Roumanie, que la Grande-Bretagne poursuit un activiste d'extrême droite anti-avortement et que l'UE refuse (jusqu'à présent...) d'autoriser la « libre expression » totale des discours de haine racistes, fascistes, machistes sur les réseaux sociaux, ainsi que les manipulations électorales (comme en Roumanie précisement !). Poutine se frotte les mains, et l'Alternative fur Deutschland (AfD) applaudit ouvertement JD Vance...
Aucun doute n'est permis : il y a entre Trump et Poutine un accord stratégique visant à partager les zones d'influence en Europe et à y établir des régimes autoritaires d'extrême droite dans leurs zones respectives. Cet accord implique à l'Est de briser la résistance du peuple ukrainien et, à l'Ouest, d'appuyer l'extrême droite qui domine déjà en Hongrie et en Italie, ou participe au pouvoir dans plusieurs autres pays, et risque d'y accéder en Allemagne et en France. Trump et Poutine collaborent clairement dans ce but, comme le montrent les déclarations récentes de Trump en faveur du dépeçage de l'Ukraine et d'un changement de régime à Kyiv.
C'est un tournant majeur. Il apparaît brutalement en pleine lumière aujourd'hui, mais ne tombe pas du ciel. Il exprime la nécessité pour le capital, dans un contexte de concurrence exacerbée, de mettre en place des régimes autoritaires, afin de continuer a détruire la société et la nature pour le profit. En liquidant les droits démocratiques et sociaux, et en niant les avertissements scientifiques sur la gravité de la crise écologique-climatique.
Ainsi, on voit se dessiner nettement le projet d'un monde multipolaire domine par la triade Trump-Poutine-Xi Jiping. Au sein de cette triade, la lutte pour l'hégémonie entre les USA et la Chine donnera un rôle de pivot à la Russie. Les cadeaux de Trump à Poutine ont précisément pour but d'éloigner celui-ci de Xi. (Dans ce cadre, NB, les élucubrations de Trump sur la défense de la foi chrétienne ont aussi un certain sens...). En même temps, tout cela est motivé non seulement par la crainte mais aussi par l'admiration de Trump et du Grand Capital US pour la remarquable « efficacité » du despotisme high-tech chinois qui, en quelques décennies à peine, a construit une économie capitaliste capable de menacer la pole position mondiale de l'empire US... tout en maintenant les masses sous contrôle. D'ou le ralliement des Zuckerberg, Bezos, etc., à la croisade de Musk, le lumpen-capitaliste qui fait le salut fasciste.
Face à ce projet, certains croiront devoir se mobiliser pour la défense de l'UE comme incarnation des « valeurs démocratiques ». C'est oublier que l'UE est une structure profondement despotique qui ne se définit pas par ces « valeurs » mais comme « une économie de marché ouverte où la concurrence est libre ». En tant que telle, elle participe activement à l'extrême droitisation du monde, à la fois par ses politiques anti-sociales (austérité, chasse aux migrants, etc.) et par le détricotage de ses très insuffisantes (et très injustes !) politiques soi-disant « écologiques ».
La seule issue, pour une gauche digne de ce nom, est de lutter pour les droits démocratiques et sociaux, et contre la destruction écologique, tout en s'attelant à reconstruire un internationalisme par en-bas. Cela implique de rompre avec le poison campiste de ceux qui se sont réjouis de la perspective d'un monde multipolaire, en s'imaginant que ce monde favoriserait « la paix » et l'émancipation des peuples. Il favorise au contraire la guerre et l'oppression.
Daniel Tanuro
P.-S.
• Facebook, le14 février 2025.
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Contre le trumpisme et ses avatars, passer à l’offensive

Le combat contre l'extrême droite en voie de trumpisation ne peut pas s'enfermer dans une simple logique défensive. Comme il y a 80 ans, la résistance au nouvel autoritarisme doit réfléchir aux causes du désastre pour proposer les conditions d'une société démocratique renouvelée.
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
13 février 2025
Le choc est évidemment terrible. Les États-Unis, jusqu'à peu présentés comme l'exemple absolu du lien indéfectible entre démocratie et capitalisme, basculent en ce début d'année 2025 dans un autre monde. Les premiers actes de l'administration Trump trahissent un coup d'État de facto visant à rendre caduque la Constitution des États-Unis.
L'irruption d'un régime à caractère néofasciste dans la principale puissance militaire et économique du monde cause une sidération naturelle et entraîne un réflexe bien compréhensible : celui de tenter de sauvegarder « le monde d'avant » qui, naturellement, paraît plus clément que celui promis par Donald Trump et Elon Musk. On s'efforce donc là-bas de sauvegarder les cadres de l'État de droit et ici, en Europe, de sauvegarder ce même État de droit des griffes des thuriféraires et des fondés de pouvoir du nouveau régime états-unien.
Tout cela est évidemment hautement nécessaire et urgent. Mais ce mouvement de résistance ne doit pas se contenter d'une simple posture défensive ou nostalgique. Il ne doit pas viser le retour à une forme de statu quo ante idéalisé. Pour vaincre le retour de l'hydre autoritaire de façon efficace et durable, il faut analyser les conditions de sa réémergence et proposer une alternative démocratique crédible, c'est-à-dire capable d'éviter la répétition du pire.
La référence ici doit ainsi être la Résistance qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en menant la lutte, partout, contre les fascismes allemand, italien et japonais, a mené la réflexion pour construire un monde libéré des conditions d'émergence du fascisme. Et une fois celui-ci vaincu, le combat s'est poursuivi pour construire une société nouvelle.
En France, le Conseil national de la résistance (CNR) a pris acte que la source du péril fasciste était l'abandon des populations face aux crises capitalistes. La lutte antifasciste a donc débouché sur la mise en place d'un État social qui a profondément modifié la société.
On peine aujourd'hui à en prendre conscience, mais la France d'après 1945 est en rupture totale avec celle de l'avant-guerre, qui avait un filet de sécurité sociale parmi les plus réduits d'Occident. Ce changement a été le produit d'une lutte contre les racines de la guerre et du fascisme autant que contre le fascisme lui-même. Et c'est cette démarche qui doit désormais hanter celles et ceux qui entendent s'élever contre la puissance du capitalisme autoritaire contemporain.
Les racines économiques du trumpisme
Pour y parvenir, il faut donc commencer par identifier les racines du coup d'État actuel. Elles se trouvent dans les besoins des secteurs rentiersde l'économie états-unienne et, au premier chef, de celui de la technologie.
C'est, rappelons-le, le produit d'une histoire plus longue, celle d'un ralentissement de l'économie mondiale après la crise de 2008, qu'aucune mesure n'a été capable de conjurer et qui a donné lieu à des méthodes prédatrices dont la conclusion naturelle est la prise de contrôle de l'État états-unien. Incapable de produire de la valeur par les moyens habituels, le capital s'est réfugié dans les secteurs rentiers, où l'on capte la valeur sans passer par les marchés. Mais ces secteurs, pour poursuivre leur accumulation, ont besoin de contrôler la société dans son ensemble, de la soumettre à la pseudo-réalité de leurs algorithmes.
C'est ici que la violence antidémocratique et impériale trumpiste prend sa source.
Les observateurs mainstream qui, jusqu'ici, se complaisaient dans l'apologie d'un capitalisme qu'ils croyaient source de liberté et de démocratie se retrouvent stupéfiés face à l'émergence, pour eux soudaine, d'une « oligarchie », comme l'écrit Serge July dans Libération. Mais il est important de noter combien cette stupeur même est le produit d'une erreur. La position apologétique du capitalisme, validée par le rejet de tout « économicisme », a conduit à un aveuglement sur les forces à l'œuvre depuis un demi-siècle.
Le premier écueil est de croire que le capitalisme néolibéral serait l'antidote à la bascule fascisante d'un Trump.
Ceux qui ont défendu la contre-révolution néolibérale qui, précisément, a cherché à mettre à bas les effets de la lutte antifasciste de l'après-guerre, s'étonnent aujourd'hui de la « contre-révolution » trumpiste, comme le titrait Le Monde du 11 février.
Mais cette rupture est la conséquence logique de la précédente. Puisque le rêve néolibéral d'un marché encadré parfait et efficace a débouché sur le désastre de 2008 et s'est révélé incapable de redresser la productivité et la croissance, les gagnants de ce marché ont pris les choses en main et tentent de construire un monde soumis à leurs intérêts.
Le premier écueil de l'époque est donc de croire que le capitalisme néolibéral serait l'antidote à la bascule fascisante d'un Trump. La tentation peut être réelle d'idéaliser le régime précédent, non seulement parce qu'il était démocratique et moins violent, mais aussi parce qu'on pourrait penser que pour lutter contre les oligarques de la tech, la concurrence et le marché seraient une réponse adaptée. On relancerait donc là le mythe du « capitalisme démocratique », où le fonctionnement d'une économie de marché encadrée serait le socle de la démocratie libérale.
L'ennui, c'est que c'est bel et bien ce « capitalisme démocratique » qui a enfanté de la monstruosité trumpo-muskienne. La sacro-sainte « économie de marché » qui, depuis quarante ans, est parée de toutes les vertus par les intellectuels à la mode est en réalité dans une crise permanente qui ne pouvait déboucher que sur une conclusion autoritaire et monopolistique.
Les marchés « disciplinés »
La concurrence, présentée comme une solution à tous les maux de la société par les néolibéraux, n'est jamais qu'une solution temporaire. Elle débouche inévitablement sur des concentrations, par le jeu même des marchés, et les grands groupes issus de ce phénomène n'ont alors qu'une obsession : préserver leurs positions. Lorsque la croissance est de plus en plus faible, comme aujourd'hui, ils le font par la prise du pouvoir politique et la mise au pas de la société. Lutter contre le trumpisme en réactivant les illusions néolibérales serait dès lors la plus funeste des erreurs.
Ce serait oublier que les populations se sont tournées vers l'extrême droite en grande partie parce que les néolibéraux ont échoué, parce qu'ils n'ont pas tenu leurs promesses d'amélioration des conditions de vie et n'ont pas hésité, lorsque le besoin s'en est fait sentir, à recourir à des méthodes musclées.
La dégradation de la démocratie libérale et sa réduction croissante à une formalité électorale ne sont pas une nouveauté trumpiste.
L'échec néolibéral est le berceau même de la xénophobie et du racisme de l'extrême droite.
Depuis les années 1980, les néolibéraux s'acharnent à réduire le rôle des syndicats, à réduire le rôle du collectif dans le travail, à marchandiser les rapports sociaux, à coloniser les imaginaires à coups d'héroïsation des « entrepreneurs ». Le but de ce mouvement est évidemment de contrôler les votes pour éviter toute remise en cause de l'ordre social.
Et si cela ne suffisait pas, les néolibéraux n'ont pas hésité à verrouiller la démocratie en inscrivant dans le droit constitutionnel ou dans les traités internationaux les fondements de leur doctrine. En cas de besoin, la « discipline de marché » venait frapper les sociétés, à l'image de ce qui s'est produit en Grèce depuis 2010. Et, pour finir, le régime néolibéral n'hésitait pas à avoir recours à la répression. Des mineurs britanniques aux « gilets jaunes », la matraque a souvent eu le dernier mot face à la contestation.
Cette politique, par ailleurs inefficace, a pavé la voie à l'horreur trumpiste comme précédemment à la dictature de Vladimir Poutine en Russie, et comme elle a affaibli les démocraties européennes face aux extrêmes droites. Elle a préparé les esprits à la violence, au déni de démocratie, aux situations d'exception, en un mot à la soumission de la société aux intérêts du capital. Logiquement, lorsque l'extrême droite propose une politique sur mesure pour les ploutocrates, une grande partie de la population ne s'en émeut guère.
Enfin, l'échec néolibéral est le berceau même de la xénophobie et du racisme de l'extrême droite. Pour deux raisons. D'abord, parce que, depuis 2008, en voulant se maintenir au pouvoir, les partis néolibéraux n'ont pas hésité à se saisir du thème de l'immigration et à l'instrumentaliser.
Le cas d'Emmanuel Macron qui, par ailleurs, aime à se présenter comme un « anti-Trump », est éloquent. Depuis 2017, le président français joue avec les thèmes de l'extrême droite, jusqu'à la fameuse loi immigration de fin 2023, avec pour seul résultat de faire de cette même extrême droite la première force du pays.
Ensuite, parce qu'en échouant à faire rebondir productivité et croissance, les néolibéraux ont construit une économie de « jeu à somme nulle » où les enjeux de redistribution sont désormais des enjeux de concurrence au sein même de la société. Pour obtenir plus, les groupes sociaux doivent prétendre « prendre » aux autres. Et comme les néolibéraux refusent toute redistribution du haut vers le bas et ont, pour ce faire, détruit tout sentiment de classe sociale, ce sont logiquement les appartenances ethniques ou raciales qui ont repris le dessus. Et ceux qui proposent une redistribution sur ces bases, ce sont les partis d'extrême droite.
On conçoit alors la folie que représenterait une résistance au trumpisme qui chercherait à préserver les conditions de l'émergence de cet autoritarisme ploutocratique. Sa seule ambition serait de gagner un peu de temps avant que l'inévitable bascule se produise à nouveau. C'est pourtant le cœur de la politique défensive qui est menée dans les pays occidentaux depuis des années : « faire barrage » à l'extrême droite sans chercher à s'attaquer aux sources de son succès, et attendre la prochaine échéance avec angoisse. Chacun semble se retrouver dans la peau de la du Barry réclamant, avant son exécution : « Encore un instant, monsieur le bourreau. » C'est de cette funeste logique qu'il faut sortir.
La démocratie comme antidote
Pour sortir de cette ornière, il faut prendre conscience que le cœur du problème est dans l'évolution récente du capitalisme. Progressivement, le capitalisme démocratique s'est vidé de son sens. La démocratie est devenue un obstacle à l'accumulation du capital. Et cela n'est pas seulement vrai pour les géants de la tech, mais aussi pour le reste du capitalisme, qui entend imposer des politiques qu'il juge nécessaires, quoi qu'il arrive.
Aucun secteur du capital ne viendra au secours de la démocratie. Ceux qui dépendent des aides publiques pour maintenir leur taux de profit entendent imposer une austérité sur les dépenses sociales et les salaires, sans se soucier d'aucune validation populaire. C'est ce que le débat budgétaire français a clairement montré récemment.
Dès lors, la tâche de la résistance est, comme voici quatre-vingts ans, de proposer les conditions nouvelles d'existence de la démocratie. En 1945, il était devenu évident que la démocratie ne pouvait pas subsister sans une forme d'État social agissant comme une protection pour les citoyens et citoyennes. L'enjeu aujourd'hui est de comprendre quelles sont les conditions sociales capables de soutenir une démocratie réelle.
Il est indispensable de redéfinir les besoins des individus au regard non plus des besoins de l'accumulation, mais des besoins sociaux et environnementaux.
Car ce que le trumpisme, comme le melonisme, nous apprend, c'est bien ceci : la forme démocratique réduite au vote n'est pas la démocratie réelle. Celle-ci doit pouvoir s'appuyer sur une société civile forte elle-même fondée sur la diversité, le respect des minorités, des débats de fond, une liberté individuelle consciente de ses limites sociales et environnementales. Autrement dit, les conditions sociales de production du vote sont plus importantes que le vote lui-même.
On peut continuer à croire que démocratie et capitalisme sont indissociables en s'appuyant sur un capitalisme régulé et encadré. Mais dans le capitalisme actuel, de telles régulations ressemblent à des leurres. La course à l'accumulation risque d'emporter ces barrières avec ce qu'il reste de démocratie.
Réduire la puissance des plus riches est une nécessité, mais est-elle suffisante pour freiner le désastre ? Rien n'est moins sûr, parce que les besoins du capital resteront centraux dans la société. Si le Conseil national de la Résistance (CNR) peut être un modèle de méthode, il faut toujours avoir à l'esprit que les conditions de réalisation de son projet régulateur ne sont pas celles d'aujourd'hui. Le moment historique actuel demande sans doute un pas plus ambitieux.
Si le capitalisme est la source du trumpisme et de ses avatars d'extrême droite, alors le combat de la résistance doit porter sur une redéfinition de la démocratie libérée de la logique d'accumulation.
Cela signifie que les conditions de création des opinions doivent être libérées des exigences du capital. Pour y parvenir, il est indispensable de redéfinir les besoins des individus au regard non plus des besoins de l'accumulation, mais des besoins sociaux et environnementaux. Et les conditions de cette redéfinition résident dans l'élargissement de la démocratie elle-même, notamment aux sphères de la production et de la consommation. Ce sont les conditions de l'émergence d'une conscience dont l'absence conduit le monde au désastre.
Face à la « liberté d'expression » brandie par l'extrême droite, qui n'est que la liberté de se soumettre aux ordres du capital et de leurs algorithmes, la résistance nouvelle doit proposer une liberté plus authentique, qui se réalise dans une solidarité renouvelée et une conscience des limites planétaires et sociales. C'est à cette condition que la démocratie pourra à nouveau avoir un sens.
Tout cela peut et doit faire l'objet de discussions. Le CNR est aussi le produit d'un débat intense dans la Résistance. Mais ce qu'il faut conserver à l'esprit, c'est que, s'il est normal et légitime, en cette période sombre, de chercher à sauver ce qui peut l'être, ce n'est qu'une partie de la tâche de la résistance nouvelle. Cette tâche défensive ne doit faire oublier l'autre, essentielle, celle de se projeter vers l'avenir. Pour passer, enfin, à l'offensive.
Romaric Godin
P.-S.
• Mediapart, 13 février 2025 à 12h14 :
https://www.mediapart.fr/journal/international/130225/contre-le-trumpisme-et-ses-avatars-passer-l-offensive
Les articles de Romaric Godin sur Mediapart :
https://www.mediapart.fr/biographie/romaric-godin-0
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Le Groupe de La Haye doit se transformer en initiative mondiale

La formation du groupe de La Haye est une étape cruciale dans la sauvegarde de l'ordre juridique international. D'autres États doivent suivre pour mettre fin à l'impunité systémique.
Tiré de France Palestine solidarité. Photo : Francesca Albanese, conférence de presse sur la situation des droits humains sur le TPO depuis 1967, 30 octobre 2024 © ONU
En Palestine, les abus et les violations du droit international se sont normalisés, c'est un fait.
Que l'impunité ait été la règle, plutôt que l'exception, au cours des 76 années qui se sont écoulées depuis la création d'Israël est un autre fait. Et pourtant, après 15 mois d'assaut brutal et vengeur d'Israël contre Gaza et ses plus de 2 millions d'habitants pris au piège, la Palestine est à son apogée.
La destruction catastrophique de l'ensemble du paysage, la création de conditions de vie calculées pour conduire à la destruction de la vie, la tentative d'écrasement de la dignité humaine, ont inauguré une nouvelle ère : celle du génocide, télévisé et retransmis en direct pour que le monde entier puisse le voir.
Pourtant, ce que nous avons vu à Gaza, et ce que nous voyons maintenant de plus en plus en Cisjordanie, n'est pas seulement une attaque criminelle contre les Palestiniens en tant que peuple – c'est l'érosion de la fonction même de protection du droit international et une régression dangereuse du système multilatéral, créé pour prévenir les conflits et protéger la vie des civils.
C'est la création d'un monde sans civils, où tout et chacun est soit une cible, soit un dommage collatéral, et que l'on peut donc tuer ou détruire à volonté.
Ainsi, après le génocide de Gaza, le droit international se trouve au bord du gouffre : si les lois qui ont été écrites comme étant universelles, devant être appliquées de manière égale aux forts et aux faibles, sont systématiquement violées pour défendre des intérêts géopolitiques particuliers, alors l'ensemble du système juridique international, fondé sur l'égalité de toutes les nations, est menacé – pour tous les peuples.
À la lumière de ces développements, l'initiative tricontinentale lancée à La Haye par neuf États déterminés à demander des comptes à Israël pour son agression contre l'existence collective des Palestiniens ne pourrait être plus opportune.
Les engagements pris par le groupe dans le cadre de cet effort collectif – maintien des mécanismes juridiques nationaux à la suite des mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale, refus portuaires et imposition d'un embargo sur les armes – font partie des obligations les plus fondamentales qui incombent à tous les États en vertu du droit international, compte tenu des crimes commis de longue date par Israël dans les territoires palestiniens occupés.
Ces mesures constituent un premier pas essentiel vers la résolution de la question de la Palestine, ou « conflit israélo-palestinien », dans le respect du droit international.
Pourtant, aucune solution ne sera possible tant que l'impunité persistante d'Israël n'aura pas pris fin. Malgré les efforts du peuple palestinien et de certains Israéliens engagés, la situation ne peut être changée de l'intérieur d'Israël. Une action internationale est nécessaire.
C'est la tâche à laquelle tous les États sont aujourd'hui confrontés. Les États ont des responsabilités juridiques contraignantes face à des violations prolongées du droit international, comme c'est le cas avec l'occupation illégale et l'annexion par Israël du territoire palestinien occupé, le régime d'apartheid qu'il a imposé aux Palestiniens et, plus récemment, le génocide à Gaza.
Compte tenu de la gravité des actions d'Israël, les États sont invités à mettre fin à toutes les relations économiques, à tous les accords commerciaux et à toutes les relations universitaires avec Israël. Ces relations constitueraient sinon une aide et une assistance à un acte internationalement illicite.
En vertu de la loi sur la responsabilité des États, les États sont tenus de coopérer pour mettre fin, par des moyens légaux, à la violation en question – en pratique, cela signifie que tous les États membres des Nations Unies doivent rompre toutes leurs relations avec Israël tant qu'il continue d'opprimer le peuple palestinien.
Cette obligation est d'autant plus urgente avec le sursis d'un cessez-le-feu fragilement négocié.
En ce moment crucial, le groupe de La Haye constitue un excellent exemple pour les autres États quant à la manière dont ils peuvent se conformer à leurs obligations en vertu du droit international.
Les États qui ont signé l'initiative – le Belize, la Bolivie, la Colombie, Cuba, le Honduras, la Malaisie, la Namibie, le Sénégal et l'Afrique du Sud – sont des États dont l'histoire témoigne d'un engagement constant et de principe en faveur de la question palestinienne.
Ce sont également des États qui portent les blessures d'un passé colonial douloureux et de la lutte pour les droits de l'homme qui s'en est suivie. Leur décision crée un puissant précédent, et j'applaudis personnellement ces pays pour leur courage.
Les États qui ont fondé le groupe de La Haye ouvrent la voie à ce qui doit devenir un mouvement mondial en faveur d'une action collective par le biais du droit international : pas d'armes pour le génocide, pas d'aide pour l'occupation et pas de tolérance pour l'apartheid.
J'espère que d'autres États rejoindront bientôt ce groupe. L'objectif du groupe de La Haye est de mettre fin à l'exceptionnalisme d'Israël et de veiller à ce que ce qu'Israël a fait au cours des 15 derniers mois ne devienne pas la nouvelle norme pour les États dans les années à venir.
De la même manière que les États du monde entier se sont unis pour mettre fin à l'apartheid en Afrique du Sud, la communauté internationale doit maintenant s'unir pour garantir la fin de l'un des régimes d'apartheid les plus brutaux dans l'Histoire.
Si nous voulons sauver l'ordre juridique international actuel et nous diriger vers un ordre dans lequel l'impérialisme et la colonisation ne continuent pas à dicter son fonctionnement, la communauté internationale, et surtout les Palestiniens, doivent voir cette initiative prendre de l'ampleur.
Traduction : Chronique de Palestine
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À quoi sert un programme pour QS ?

Le 6 février dernier, Qs a fait parvenir à ses membres un courriel présentant une consultation sur l'actualisation du programme et un échéancier qui mènera au Congrès de novembre, portant sur le programme.
Dans les partis politiques traditionnels et électoralistes, le programme politique sert à étaler certains principes, certaines valeurs. Mais il est, en général, peu utilisé. Il demeure davantage sur les tablettes que dans les mains des personnes militantes. Ce qui est publicisé, c'est la plateforme électorale : les promesses faites durant la campagne électorale et vite oubliées au lendemain des élections. En fait, notre système parlementaire a comme coutume de voter davantage pour la personne ( pour ne pas dire pour l'homme) et pour sa personnalité. Davantage pour ce que cette personne dégage que pour tout le charabia politique.
Et pourtant...
Un programme devrait nous donner une image de la période politique. Les grandes tendances, les grands enjeux devraient y être expliqués pour nous permettre de comprendre les rapports de force en présence. Ce n'est donc pas un outil pour garnir la tablette mais un outil pour mieux comprendre la réalité. Le programme doit à la fois être concret en proposant des revendications essentielles pour la situation actuelle et poser des liens transitoires pour un monde nouveau. La plateforme électorale, à ce moment, résume le programme en ne reprenant que quelques points essentiels pour la période électorale à venir.
Par exemple, face au départ d'Amazon et au licenciement du personnel, le programme défend la nécessité pour le gouvernement de refuser une telle fermeture. Ceci concrétise et souligne les besoins essentiels de ces travailleuses et travailleurs. Ensuite, pour poser la transition, il faut demander des comptes à la compagnie, vérifier sa comptabilité et voir ce qu'elle a fait des subventions gouvernementales (ce que d'ailleurs le syndicat d'Amazone demande en ce moment). Finalement, il faut poser la nécessité d'une nationalisation de la livraison des colis un peu comme la livraison du courrier.
Le programme, dans la période actuelle, doit développer une vision internationale. Ceci est essentiel avec la guerre qui sévit en Ukraine et l'envahissement impérialiste de la Russie, avec le génocide en Palestine et avec les visées impériales de Donald Trump sur le Panama, le Groenland et le Canada. Le monde a besoin de réponses pour arrêter cette barbarie destructrice de l'environnement. Le programme doit servir à tracer ces signes d'espoir.
Que fait Qs dans tout ce contexte québécois et international ? Des interventions à l'Assemblée nationale. Pourrait-on penser développer davantage des revendications posant la mobilisation du mouvement ouvrier en solidarité avec Amazon ? Est-il important de prôner l'unité syndicale pour organiser la lutte ? De remettre de l'avant l'urgence de sauver la planète face aux guerres, aux génocides et au climato-scepticisme en développant la solidarité internationaliste ?
La consultation de QS
Le programme permet de sensibiliser les gens à la situation politique en offrant de nouveaux horizons, en ouvrant sur un monde nouveau.
La consultation entreprise par Qs pose deux problèmes majeurs : la base pour construire le programme et le processus démocratique.
La base du programme
Pour servir d'outil et non de décoration de tablette, le programme doit partir d'une analyse de la conjoncture politique. Quelles sont les forces en présence ? Comment les multinationales s'organisent-elles ? Comment les partis politiques réagissent-ils à ces pressions ? Comment les mouvements sociaux se mobilisent-ils et autour de quels enjeux ? Le texte de Françoise David, publié récemment dans Le Devoir (L'orage gronde, il faut résister à ce tsunami de droite ! | Le Devoir ), peut nous donner une première idée du genre d'analyse à produire.
Qs répond à la pièce, quand il répond, aux éléments de conjoncture. Et souvent, ces éléments ne sont pas les plus importants de l'heure. Qs ne propose pas de vue d'ensemble et ne peut présenter son projet d'avenir parce qu'il ne projette rien.
Donc, le processus de consultation avec des priorités prédéfinies et ciblées (a-t-on oublié la situation internationale ? Et les actions de la Marche Mondiale des Femmes ?) ne peut combler une analyse faisant des liens réels entre les projets de la bourgeoisie et les mobilisations ouvrières et sociales. Ce sont ces liens-là qui sont essentiels : comment organiser les mouvements sociaux face aux menaces de Trump ? Mais rien de cela n'est apparu dans la récente consultation.
Le processus démocratique
Une consultation individualise la personne membre et ne lui permet pas de bénéficier, dans sa réflexion, des échanges qui pourraient avoir lieu avec les autres membres. Ce n'est que dans la discussion que les idées peuvent évoluer, se préciser, s'enrichir. Et il faut du temps pour débattre. Certes, le congrès va ouvrir une période de débat mais il faut plus de trois semaines entre les cahiers de résolution pour organiser les rencontres par assos, par région. Il faut aussi ouvrir un organe interne de discussion pour débattre à la grandeur de la province avant de le faire en congrès.
Plusieurs militantes femmes et plusieurs militants et militantes des régions ont parlé des blocages, des processus et des attitudes bureaucratiques qui ont cours dans Qs. Pour résoudre ces problématiques, la discussion respectueuse en vue d'élaborer des solutions pour enrayer ces fonctionnements patriarcaux et non collectifs est nécessaire. La consultation renforce le repli sur soi et l'isolement : le contraire de ce qui permettrait de trouver de réelles solutions.
Et pourquoi ne pas penser à un modèle de discussion qui ouvrirait le débat avec les groupes sociaux : syndical, femmes, communautaires ? En mettant en place des forums de discussions et de partage, par exemple. Nous pourrions ainsi être à l'écoute de leurs luttes, mieux comprendre les réalités vécues et être en mesure de proposer de réelles propositions de changement.
Un parti de la rue se doit de partager ses réflexions avec l'ensemble des personnes militantes. Un parti des urnes, comme les partis traditionnels, cherche à séduire par des promesses.
Conclusion
L'actualisation du programme de QS risque d'être une opération de maquillage risquant de laisser le texte en tablette. Cela équivaudrait à revenir aux pratiques électoralistes des vieux partis et à élaborer une plateforme électorale qui plaira peut-être à la classe soi-disant moyenne mais en ne proposant pas des revendications de changements et un projet de société. C'est pourtant ce dont la population a le plus de besoin face aux différentes crises économiques, environnementales et sociales qu'elle vit.
Il y a tellement à dire et Qs pourrait porter un si beau projet de société, comme celui que la Marche Mondiale des femmes présente en 2025 : pour une justice sociale, contre la pauvreté, pour une égalité contre les violences et les guerres et pour le respect de l'environnement.
Qs doit donc changer de paradigme et les militants et militantes de gauche se regrouper pour mieux faire entendre leurs voix.
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CJPMO répond à la désinformation de Concordia sur le BDS

Le 6 février 2025, CJPMO a envoyé une lettre au président de Concordia, M. Carr, en réponse à une déclaration qui avait répandu des informations erronées sur le boycott d'Israël. La lettre de CJPMO défend les étudiants de Concordia qui ont voté massivement pour l'adoption de deux résolutions en faveur du mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS).
Monsieur le Président Carr,
Tiré de la page web https://fr-cjpme.nationbuilder.com/pr_2025_02_07_concordia_bds
Je vous écris au nom de Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) pour vous faire part de mes vives inquiétudes concernant votre déclaration[1] du 30 janvier 2025 au sujet de l'adoption par l'Association étudiante de Concordia (AÉC) de deux motions en appui au mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). La caractérisation par votre administration de ce processus démocratique mené par les étudiants comme une menace à la liberté académique est trompeuse, diffamatoire, et contribue à un double standard croissant dans la façon dont Concordia répond à l'expression politique concernant les droits des palestiniens.
La légitimité des boycotts académiques
Inspiré par les boycotts universitaires contre l'Afrique du Sud dans les années 1970-1980, le BDS est une invitation de la société civile palestinienne à exercer des pressions non violentes sur Israël pour le contraindre à respecter le droit international[2].Il s'agit d'un mouvement mondial qui exhorte les gouvernements, les entreprises et les institutions universitaires à se désinvestir des entreprises et des institutions complices des politiques d'apartheid d'Israël et de l'occupation illégale des territoires palestiniens, comme le montrent des organisations telles que Human Rights Watch, Amnesty International et le groupe israélien de défense des droits de B'Tselem. Le BDS n'est pas une attaque contre le peuple juif, mais une méthode pacifique et non violente pour obliger Israël à rendre compte du traitement injuste qu'il inflige aux Palestiniens.
Votre affirmation selon laquelle le BDS est « contraire à la valeur de la liberté académique » n'est pas partagée par des associations académiques notables telles que la Middle East Studies Association (MESA)[3], l'American Studies Association[4], le British Committee for the Universities of Palestine (BRICUP)[5], ou le Academic Advisory Council of Jewish Voice for Peace[6]. Au Canada, l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université (ACPPU) a récemment déclaré qu'elle « soutient pleinement les 18 associations de professeurs qui ont adopté des motions appelant au boycott et/ou au désinvestissement et/ou aux sanctions contre l'État d'Israël »[7]
En outre, il est nécessaire d'examiner la question de la liberté académique dans un contexte d'apartheid et d'occupation illégale. Les universités israéliennes sont activement impliquées dans la recherche militaire et les systèmes d'armes utilisés par l'armée israélienne et sont complices de politiques discriminatoires qui restreignent sévèrement les libertés des universitaires et des étudiants palestiniens[8]. En outre, les universitaires, les experts de l'ONU et la communauté internationale des droits de la personne sont de plus en plus préoccupés par le fait qu'Israël lui-même commet un « scolasticide » - défini comme « l'anéantissement systémique de l'éducation par l'arrestation, la détention ou le meurtre d'enseignants, d'étudiants et de personnel, et la destruction de l'infrastructure éducative » - à Gaza [9].
Lorsque les universités, les étudiants et les organes académiques demandent à Israël de rendre compte de son rôle dans l'apartheid, il s'agit d'une affirmation des valeurs mêmes qui sous-tendent la liberté académique, et non d'une attaque contre celle-ci. Paradoxalement, la déclaration glaçante du bureau du président de Concordia est elle-même contraire à la valeur de la liberté académique, car elle crée une atmosphère de peur et d'intimidation à l'égard de la critique de l'État d'Israël.
La légitimité de la démocratie étudiante
Votre déclaration ne reconnaît pas l'Assemblée générale spéciale (AGS) de la CSU, organisée démocratiquement, ni la légitimité de son processus, qui était basé sur une pétition signée par plus de 250 étudiants de premier cycle. Les motions ont été adoptées à une écrasante majorité avec 885 voix pour et seulement 58 voix contre[10], un taux de participation extraordinaire qui représente plus du double du quorum requis pour valider la motion. Malgré le soutien massif du corps étudiant au BDS, votre déclaration fait vaguement référence au processus démocratique en parlant de « comportement lors d'une récente réunion d'étudiants », délégitimant injustement et jetant la suspicion sur les procédures.
Le racisme anti-palestinien sur le campus
De plus, étant donné le climat croissant de racisme anti-palestinien au Canada[11], je suis préoccupé par le fait que votre déclaration dépeigne les étudiants comme des « individus lourdement masqués “ utilisant des ” tactiques d'intimidation » comme un signal d'alarme. Une telle rhétorique expose les étudiants palestiniens et leurs alliés à des risques accrus. Concordia devrait adopter la définition de l'APR proposée par l'Arab Canadian Lawyers Association (ACLA)[12] et créer des plans stratégiques pour protéger les étudiants palestiniens et leurs alliés. Des organisations comme Canary Mission, qui ciblent les étudiants et les universitaires pour tout soutien perçu aux droits des Palestiniens, représentent de sérieuses menaces pour la liberté académique et le bien-être des étudiants que Concordia choisit d'ignorer[13]
En fait, les étudiants pro-palestiniens de Concordia ont été confrontés à une répression importante, y compris battus et arrêtés par la police et les forces de sécurité[14] - non pas en réponse à la violence ou à des activités illégales, mais simplement pour s'être engagés dans des protestations pacifiques et des activités de plaidoyer. Concordia a permis à une firme de sécurité privée ayant des liens connus avec les Forces de défense israéliennes d'opérer sur son campus. L'agression d'un étudiant palestinien sur le campus en décembre 2024[15] a été confirmée comme une attaque à caractère raciste par le SPVM en raison de son keffieh[16]. Le fait que votre administration soit restée silencieuse sur ces actes flagrants de violence anti-palestinienne, alors qu'elle s'est empressée de condamner une motion BDS menée par des étudiants, révèle un profond parti pris institutionnel qui privilégie la protection des intérêts pro-israéliens au détriment de la sécurité, de la dignité et des droits des étudiants palestiniens et de leurs alliés.
Vous trouverez ci-dessous quelques exemples alarmants de répression des discours pro-palestiniens et de la vie étudiante que mon organisation a compilés :
En octobre 2023, un doyen des étudiants de Concordia a été accusé d'avoir fait un doigt d'honneur à des étudiants palestiniens lors d'une manifestation. Au lieu d'aborder cet incident, l'université a rejeté les préoccupations des étudiants.[17]
En novembre 2023, un étudiant est menacé de mort et diffamé en ligne après avoir été faussement accusé d'avoir utilisé une insulte antisémite dans une vidéo virale. Cependant, la séquence non éditée réfute cette allégation et montre un chahuteur pro-Israël déshumanisant l'étudiant en raison de son identité sexuelle. Concordia est restée silencieuse pendant que l'étudiante subissait un doxxing et une détresse psychologique évidente.[18]
En avril 2024, Savannah Craig, une journaliste de CUTV pour le groupe de médias indépendants du campus, a été arrêtée pour avoir fait un reportage sur une manifestation pro-palestinienne, un geste dénoncé par l'Association canadienne des journalistes et la Coalition pour les femmes en journalisme. L'université n'a fait aucune déclaration publique pour défendre la liberté de la presse de son étudiante.[19].
Le 9 janvier 2025, la démission du conseil consultatif de la Leonard & Bina Ellen Art Gallery en signe de protestation contre la censure et la répression de la programmation artistique pro-palestinienne par l'administration contredit directement votre affirmation selon laquelle Concordia défend la liberté académique. La lettre de démission du conseil indique explicitement que l'université a permis aux donateurs et aux pressions politiques de dicter l'expression artistique et académique.[20]
L'administration de Concordia n'a pas abordé ces nombreux cas documentés de discrimination anti-palestinienne. Cela met encore plus à mal votre fausse affirmation selon laquelle le BDS est la véritable menace pour la liberté d'expression, alors qu'en réalité, Concordia a activement étouffé les voix palestiniennes.
Recommandations
CJPMO croit que l'Université Concordia devrait réviser sa déclaration du 30 janvier et s'excuser pour sa caractérisation trompeuse et diffamatoire de la motion BDS de la CSU et de ses partisans étudiants. De plus, CJPMO croit que Concordia devrait se conformer aux demandes légitimes des étudiants en divulguant ses investissements et en reconsidérant ses partenariats institutionnels avec des universités israéliennes complices des politiques d'apartheid.
La réputation de Concordia en tant qu'institution progressiste et inclusive est sérieusement menacée si elle continue à ignorer la sécurité des étudiants palestiniens, la liberté académique et le droit à l'expression politique. Nous attendons de votre administration qu'elle prenne cette question au sérieux et qu'elle y réponde avec l'urgence et la responsabilité qu'elle mérite.
Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations distinguées,
Michael Bueckert, PhD
Président par intérim
Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient
[2] Graham Carr, Statement from Concordia's President on recent events, January 30, 2025, https://www.concordia.ca/cunews/main/stories/2025/01/30/statement-from-the-president-on-recent-events.html
[2] “Palestinian Civil Society Call for BDS,” July 9, 2005, https://bdsmovement.net/call
[3] Middle East Studies Association, “Regarding BDS (2022),” https://mesana.org/about/resolutions.
[4] American Students Association, “Boycott of Israeli Academic Institutions,” December 4, 2013, https://www.theasa.net/about/advocacy/resolutions-actions/resolutions/boycott-israeli-academic-institutions.
[5] British Committee for the Universities of Palestine (BRICUP), “Why Boycott Israeli Universities ?” April 2007, https://d33hbjhijwmfsk.cloudfront.net/uploads/2022/12/BRICUP-booklet.pdf.
[6] Jewish Voice for Peace, “Stifling Dissent,” Fall 2015,%20https://www.jewishvoiceforpeace.org/wp-content/uploads/2015/09/JVP_Stifling_Dissent_Full_Report_Key_90745869.pdf.
[7] Agenda item 12-E, CAUT Council Meeting, November 29-30, 2024 https://x.com/CJPME/status/1864786868396605507/photo/2
[8] Right2Edu, “The academic boycott of Israel explained,” 2014, https://right2edu.birzeit.edu/israeli-academic-institutions-are-complicit-thats-why-we-should-boycott-them-2/.
[9] United Nations, “UN experts deeply concerned over ‘scholasticide' in Gaza,” April 18, 2024, https://www.ohchr.org/en/press-releases/2024/04/un-experts-deeply-concerned-over-scholasticide-gaza
[10] The Link, “Over 800 Concordia University students vote for BDS,” January 31, 2025, https://thelinknewspaper.ca/article/over-800-concordia-university-students-vote-for-bds ; The Concordian, “Students look back on historic vote and to the future of divestment at Concordia,” February 5, 2025, https://theconcordian.com/2025/02/students-look-back-on-historic-vote-and-to-the-future-of-divestment-at-concordia/
[11] CJPME Foundation, “Anti-Palestinian Racism in Canada : 2023 Annual Report,” December 2024, https://www.cjpmefoundation.org/apr_report_2023
[12] Arab Canadian Lawyers Association, “Anti-Palestinian Racism : Naming, Framing and Manifestations,” 2022, https://static1.squarespace.com/static/61db30d12e169a5c45950345/t/627dcf83fa17ad41ff217964/1652412292220/Anti-Palestinian+Racism-+Naming%2C+Framing+and+Manifestations.pdf
[13] The Link, “Canary Mission is an Online Blacklist for BDS Activists,” February 5, 2019, https://thelinknewspaper.ca/article/canary-mission-is-an-online-blacklist-for-bds-activists
[14] “Pro-Palestine activists detained by SPVM,” YouTube, September 26, 2024, https://www.youtube.com/watch?v=UGaV6UgUKT8&ab_channel=MatthewDaldalian
[15] Middle East Monitor, “US, Canadian universities hire Israeli firms to curb pro-Palestinian protests,” December 7, 2024, https://www.middleeastmonitor.com/20241207-us-canadian-universities-hire-israeli-firms-to-curb-pro-palestinian-protests/
[16] The Concordian, “Palestinian student assaulted in the Hall building,” January 14, 2025, https://theconcordian.com/2025/01/palestinian-student-assaulted-in-the-hall-building/
[17] https://www.instagram.com/reel/CygcuqHLMDk/?igsh=enU2cXlzdmt5MDJ4
[18] The Rover, “Death Threats, Boycotts and Backlash,” January 28, 2024, https://therover.ca/death-threats-boycotts-and-backlash/
[19] Savanna Craig, “In Canada, a pattern of police intimidation of journalists is emerging,” Al Jazeera, June 15, 2024, https://www.aljazeera.com/opinions/2024/6/15/in-canada-a-pattern-of-police-intimidation-of-journalists-is-emerging ; Christopher Curtis, “Montreal police pursue criminal charges against journalist for covering Gaza protest,” April 24, 2024, https://ricochet.media/labour/media-labour/montreal-police-pursue-criminal-charges-against-journalist-for-covering-gaza-protest/
[20] Instagram, January 23, 2025, https://www.instagram.com/p/DFLSlijxHC_/?utm_source=ig_web_copy_link&igsh=MzRlODBiNWFlZA%3D%3D&img_index=7
BDS Concordia
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Littoral Est - Beauport Limoilou : Transformer une zone sacrifiée en secteur hautement valorisé !

Québec, 12 février 2025 - Des membres de la Table citoyenne Littoral Est et d'Accès Saint-Laurent Beauport ont pris part à la consultation publique de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) ce 11 février en soirée. À cette occasion, nos organismes ont revendiqué que le plan d'aménagement et de développement de la CMQ permette de transformer la ZONE SACRIFIÉE du littoral Est, en un territoire plus propre, plus sain et plus durable. Celui-ci est actuellement caractérisée par trop d'activités industrielles, de la contamination, de la pollution de l'air et du camionnage à proximité d'une population vulnérable.
Le fait que la CMQ perpétue dans ses orientations d'aménagement du Plan métropolitain d'aménagementet de développement (PMAD) révisé (pages 87 et 98) la poursuite du développement économique dans les espaces industriels d'intérêt métropolitain inquiètent plusieurs résident.es vivant près de la péninsule portuaire de Beauport et du parc industriel de la Canardière.
Comme plusieurs experts universitaires l'ont constaté, ce genre de zone sacrifiée qui permettent des activités industrielles lourdes souffrant d'une pollution excessive à proximité de populations vulnérables et marginalisées, crée de grandes injustices sociales et environnementales. Un mémoire détaillé a été déposé, lequel demande notamment aux autorités régionales et municipales de respecter notre droit à un environnement propre, sain et durable pour tous.
« Nous constatons tristement que nos quartiers constituent une véritable zone sacrifiée et que son développement industriel polluant doit cesser, » affirme Daniel Guay de la Table citoyenne. Le récent rapport de l'Organisation des Nations-Unies- ONU, produit par le chercheur canadien David Boyd en 2022 et intitulé : The right to a clean, healthy and sustainable environment - non-toxic environment, confirme nos constats.
« Nous dénonçons fortement cette funeste discrimination et cette injustice flagrante, » insiste monsieur Guay. En effet, aucun autre secteur de la ville de Québec ne compte autant d'entreprises industrielles à fort volume d'émissions atmosphériques et polluantes.
Dans son rapport, le professeur Boyd décrit les « zones sacrifiées » comme un phénomène qui entraîne l'empoisonnement chronique des personnes y résidant et qui provoque de graves injustices environnementales. Ces zones sont caractérisées par des niveaux extrêmes de contamination. Les populations présentes, souvent les plus vulnérables et marginalisées, subissent beaucoup plus que les autres les conséquences de l'exposition à la pollution sur leur santé, ce qui constitue une grave
violation de leurs droits.
« De plus, dans le cadre de l'évaluation environnementale du projet d'agrandissement portuaire Laurentia à Beauport en 2021, l'Agence d'évaluation d'impact du Canada a constaté que ce projet de terminal de conteneurs aurait eu des effets négatifs importants, directs et cumulatifs sur la qualité de l'air et la santé humaine, en raison des émissions supplémentaires de particules et de contaminants issus de la combustion de produits fossiles, » rappelle Patrick Albert, d'Accès Saint-Laurent Beauport.
L'Agence a ainsi conclu qu'on ne pouvait ajouter plus de contaminants atmosphériques dans ce milieu préalablement saturé, là où des problèmes de santé liés à la qualité de l'air sont déjà connus et documentés. Le Directeur de la santé publique et le Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques ont aussi constaté ce triste bilan et les risques pour la santé humaine.
« En conséquence, nous demandons à la CMQ et à la Ville de Québec de renoncer à tout développement de nouvelles activités industrialo-portuaires dans la zone sacrifiée de Beauport-Limoilou, » réclame monsieur Albert.
À contrario du développement industriel, nous proposons plutôt des aménagements conçus par et pour les citoyen.nes en vue d'améliorer leur qualité de vie et celle de leur environnement, aménagements qui auront des impacts positifs importants sur les plans social, environnemental et économique. La CMQ propose d'ailleurs, dans son Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD) révisé, de « Cultiver ensemble des milieux de vie renouvelés et durables ».
Il est grand temps de passer de la parole aux actes dans Beauport-Limoilou. Car, on y trouve déjà le terminal de vrac solide de QSL, le terminal de vrac liquide de IMTT, le dépôt de nickel de Glencore, deux cours de triage du CN, l'incinérateur, l'usine de pâtes et papier, le ferrailleur AIM, le dépôt à neige, le garage municipal, etc. Assez, c'est assez ! Les résident.e.s de nos quartiers respirent déjà beaucoup plus que leur dose tolérable de pollution de l'air
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Un rapport d’Amnistie Internationale dénonce les abus systématiques contre les travailleuses et travailleurs migrant.es au Canada

Un rapport récent d'Amnistie Internationale intitulé « Le Canada m'a détruit » expose la dure réalité vécue par des milliers de personnes migrantes arrivant avec l'espoir d'un avenir meilleur, mais se retrouvant confrontées à des conditions abusives et à la privation de droits fondamentaux. En écho, Aministie Internationale – Canada francophone a lancé une campagne dont une pétition pour demander que le Canada cesse les abus envers les travailleuses et travailleurs migrant.es !
Tiré du Journal des alternatives.
Le document révèle que de salarié.es migrant.es sont soumis.es à des journées de travail épuisantes, dans des environnements dangereux et avec des salaires insuffisants. De plus, la surveillance stricte de la part de leurs employeurs les limite à signaler tout abus. L'un des principaux facteurs facilitant ces conditions est l'utilisation de visas liés, qui empêchent les personnes migrantes salariées de changer d'emploi sans perdre leur statut migratoire dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (TFET).
Un autre aspect préoccupant du rapport est la discrimination raciale au sein du TFET. La majorité des personnes migrantes dans cette condition proviennent de pays comme le Mexique, le Guatemala, les Philippines et l'Inde. Elles se retrouvent confronté.es à une structure de travail où les personnes racialement discriminées sont reléguées à des emplois précaires avec moins de droits.
Les témoignages recueillis dans le rapport reflètent la peur et le désespoir de ces travailleuses et travailleurs. Beaucoup ont raconté que les soins médicaux sont inadéquats après avoir subi des blessures au travail. D'autres dénoncent des déductions salariales injustifiées qui les plongent dans une situation économique encore plus précaire. « On nous oblige à travailler plus de 12 heures par jour sans paiement supplémentaire. Si nous nous plaignons, on nous menace de nous expulser », raconte un travailleur migrant cité dans le rapport.
Les femmes migrantes sont confrontées à des défis supplémentaires, y compris des risques d'abus sexuels et de violence basée sur le genre. De plus, les logements fournis par leurs employeurs sont insalubres et dans des conditions qui violent leur dignité et leur vie privée. Bien que les lois canadiennes garantissent les mêmes droits que les citoyen.nes, cela n'est pas toujours respecté dans la pratique. Les mécanismes de dénonciation sont peu efficaces, car la peur des représailles, des licenciements ou de l'annulation des permis de travail empêche de nombreuses victimes de signaler les abus.
Amnistie Internationale alerte également sur le manque d'inspections adéquates dans des secteurs tels que l'agriculture et la fabrication d'aliments. Dans de nombreux cas, ces inspections sont annoncées à l'avance, permettant ainsi aux employeurs de camoufler la réalité des conditions de travail.
Appel à l'action
Face à cette situation, le rapport comprend une série de recommandations destinées au Gouvernement canadien. Parmi celles-ci, il est demandé de supprimer les visas liés et de les remplacer par des permis de travail ouverts, permettant aux personnes migrantes de changer d'emploi sans craindre de perdre leur statut légal. De son côté, Amnistie internationale – Canada francophone a lancé une campagne pour demander que le Canada cesse les abus envers les travailleuses et travailleurs migrant.es !
Il est également exigé une régulation accrue et une supervision du TFET, ainsi qu'un accès effectif à la justice pour celles et ceux qui ont été affecté.es par ces conditions abusives. Ces dénonciations remettent en question l'image du Canada en tant que défenseur des droits humains et mettent en évidence la nécessité urgente de réformer son système migratoire.
En attendant, des milliers de travailleuses et de travailleurs migrant.es continuent de souffrir en silence, pris au piège d'un système qui les exploite et les prive de protection.
Pour accder au rapport complet et aux témoignages en cliquant ici
Pour accéder à la page de lacampagne d'Amnistie Internationale – Canada francophone
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L’USAID en restructuration : des milliers de personnes impactées, les partenaires internationaux fragilisés

Montréal, le 14 février 2025 — À la suite de la restructuration de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), l'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) a convié ses membres à une rencontre d'urgence aujourd'hui afin d'évaluer les impacts immédiats et potentiels pour leurs partenaires internationaux et les populations locales, et pour explorer les possibilités de les accompagner durant cette phase critique. Une quarantaine de délégué∙es de 26 organismes de coopération internationale (OCI) et de 6 partenaires ont présenté un portrait dramatique de la situation.
Les États-Unis contribuent pour près de 30 % de toute l'aide internationale. Le gel du financement de l'USAID a donc des conséquences immédiates et considérables à travers le monde, mettant en péril des millions de vies et compromettant leur santé et leur économie. Des milliers d'emplois ont déjà été perdus et d'autres mises à pied suivront, si le financement n'est pas rétabli.
Les impacts sont dévasteurs, en particulier pour les populations les plus vulnérables, notamment en Afrique, l'aide alimentaire pour des milliers de personnes en situation d'urgence humanitaire a été interrompue, des personnes déplacées par les conflits voient leur accès à l'eau menacé et d'autres atteintes du VIH ne reçoivent plus de traitement et de médicaments. En Amérique latine, des refuges pour les personnes migrantes, ainsi que pour les victimes de violence sexuelle et de trafic humain ont dû fermer leurs portes. Les défenseur-euses des droits, notamment des personnes LGBTQ et des femmes, sont menacés, tandis que les services essentiels des personnes en situation de handicap sont interrompus.
La liste des impacts est longue. Ces quelques exemples ne reflètent que partiellement l'ampleur de la crise en cours, nous assistons à un impact profond et durable affectant des milliers de personnes dépendant de ces programmes.
« L'AQOCI et ses membres sont mobilisés pour soutenir davantage les populations directement affectées. Ils comptent sur le soutien de la population québécoise ainsi que sur un apport accru des gouvernements canadien et québécois. », affirme Linda Gagnon, coprésidente de l'Association. Dans les prochaines semaines, des questions seront adressées aux partis politiques et candidat∙es en lice lors de la campagne électorale. Nous les interrogerons sur leurs perspectives en matière d'aide internationale. Dans le contexte des coupures de l'USAID, l'engagement du Canada est crucial. Également, avec d'autres groupes canadiens, nous interpellerons le gouvernement du Canada qui, à titre de président du G7, peut jouer un rôle essentiel en exhortant les États à mener une action concertée en faveur de l'action humanitaire et de la coopération internationale pour soutenir des millions de personnes dans le monde qui vivent des situations d'une grande précarité. Ce point devrait compter parmi les priorités de l'agenda de la prochaine rencontre du G7 à la mi-mai.
Dans un monde de plus en plus fragilisé, les enjeux reliés à l'aide publique au développement sont au cœur des préoccupations de l'AQOCI et de nos membres. En juin prochain, nous avons convié des groupes de la société civile québécoise à se joindre à nous lors d'États généraux de la solidarité internationale où nous aurons l'occasion de faire le point sur ces enjeux.
Michèle Asselin, directrice générale
Association québécoise des organismes
de coopération internationale (AQOCI)
L'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI<http://www.aqoci.qc.ca/membres/05_m...> ) regroupe 74 organismes actifs dans 112 pays en collaboration avec 1300 partenaires du Sud globalisé. En s'appuyant sur la force de son réseau, l'AQOCI œuvre à l'éradication de la pauvreté et à la construire d'un monde de justice, d'inclusion et d'égalité. L'AQOCI priorise la promotion des droits des femmes et de l'égalité des genres, des droits humains, de la paix et de la protection de l'environnement.
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Le Canada complice des attaques contre le droit d’asile aux États-Unis ?

Des organismes relancent leur appel contre l'Entente sur les tiers pays sûrs, qui empêche de demander refuge au Canada en arrivant des États-Unis.
13 février 2025 | tiré du site de Pivot | Photo : Donald Trump, président des États-Unis. Photo : Gage Skidmore (CC BY-SA 2.0). Montage : Pivot.
Des organismes s'inquiètent des mesures anti-migration du nouveau président américain Donald Trump, qu'ils jugent en violation des droits fondamentaux des migrant·es et du droit international sur la protection des réfugié·es. Ils appellent de nouveau le Canada à se retirer de l'Entente sur les tiers pays sûrs conclue avec les États-Unis, qui empêche la plupart des migrant·es arrivant au pays via les États-Unis de demander l'asile.
Depuis l'entrée en fonction du président américain Donald Trump le 20 janvier dernier, plusieurs organismes de défense des droits, notamment le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) et Amnistie internationale Canada, ont exprimé leurs préoccupations quant aux nouvelles mesures migratoires des États-Unis, qui menaceraient la sécurité et les droits fondamentaux des personnes en quête de refuge.
Ces mesures incluent la suspension totale du droit d'asile et celui de réinstallation pour les réfugié·es reconnu·es, ainsi que la détention et la déportation massives des personnes migrantes à statut irrégulier.
Donald Trump « est en train de construire une machine de déportation, de violence et de guerre ouverte contre les migrants, qui est sans précédent dans l'histoire récente », s'indigne Jon Milton, du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), qui a très rapidement sonné l'alarme sur le danger des nouvelles mesures migratoires américaines.
Il souligne que le Canada a des responsabilités morales et légales d'ouvrir ses portes aux personnes fuyant non seulement la persécution dans leur pays d'origine, mais aussi la violence anti-migration sous l'administration Trump.
Le CCR et Amnistie internationale soutiennent dans un communiqué conjoint que « le seul moyen efficace de garantir la protection des réfugiés est de se retirer de l'Entente sur les tiers pays sûrs », laquelle empêche sauf exception les migrant·es se présentant à la frontière canado-américaine de demander l'asile au Canada.
Ketty Nivyabandi, secrétaire générale d'Amnistie internationale Canada, ajoute en entrevue que c'est le temps de remettre en question cette entente dans le contexte actuel où « le Canada réévalue ses relations avec les États-Unis sur divers sujets ».
« Les Canadiens ont réalisé que les États-Unis sous Trump ne sont pas un partenaire fiable. C'est vrai pour le commerce, et c'est aussi vrai pour les droits humains. »
L'ENTENTE SUR LES TIERS PAYS SÛRS, C'EST QUOI ?
L'Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis est un accord entré en vigueur en 2004, selon lequel les deux pays se reconnaissent mutuellement comme un « pays sûr » pour les demandeur·euses d'asile. Ainsi, les personnes en quête de refuge sont tenues de demander l'asile dans le premier pays sûr où elles mettent les pieds, sauf quelques exceptions, notamment pour les mineur·es non accompagné·es et les proches de résident·es permanents et de citoyen·nes canadien·nes. Il demeure aussi possible de déposer une demande en arrivant par avion, mais cela exige d'abord d'obtenir le visa nécessaire à l'embarquement.
Attaques au droit d'asile
Dans les tout premiers jours de son second mandat, Donald Trump a signé une série de décrets qui attaquent l'immigration irrégulière comme régulière aux États-Unis.
Dans la foulée des décrets, le nouveau président américain a suspendu jusqu'à nouvel ordre toute entrée de migrant·es sans statut par la frontière avec le Mexique. Il invoque l'urgence de protéger les États-Unis contre les « invasions », tout en confondant les personnes impliquées dans des activités criminelles transfrontalières avec celles qui fuient la persécution dans leur pays d'origine et cherchent protection aux États-Unis.
En déclarant l'état d'urgence à la frontière sud, le chef d'État recourt à son pouvoir présidentiel prévu pour les temps de guerre afin d'y déployer les forces armées et de demander aux départements de la Défense et de la Sécurité intérieure de prendre « toutes les mesures appropriées » pour construire une barrière physique le long de la frontière.
En même temps, le républicain a mis fin à l'application mobile CBP One, qui permettait aux demandeur·euses d'asile se présentant à la frontière sud de prendre rendez-vous avec les autorités américaines de l'immigration, laissant ainsi 270 000 personnes vulnérables dans une situation ambiguë.
Donald Trump a également suspendu pour au moins 90 jours le Programme américain d'admission des réfugié·es, la seule voie par laquelle ils et elles peuvent s'installer aux États-Unis, afin d'en mener une révision. Cela bloque de fait l'arrivée de milliers de réfugié·es de partout à travers le monde.
Or, le 7 février, il a souligné dans un autre décret l'importance de prioriser l'admission, par le biais du même programme, des Sud-Africain·es blanc·hes « victimes de discrimination raciale ».
En bloquant complètement le droit d'asile pour une période indéfinie, « l'administration Trump a très clairement tourné le dos à son devoir » de protéger les personnes à risque de persécution, dénonce Ketty Nivyabandi, invoquant la Convention de Genève dont les États-Unis sont signataires.
Détentions et déportations massives
Toujours dans les tout premiers jours de son second mandat, Donald Trump a ordonné des détentions et déportations accélérées et massives de migrant·es à statut irrégulier dans l'ensemble du pays, y compris ceux et celles qui auraient besoin de protection, en élargissant les pouvoirs de la police de l'immigration (ICE).
Le républicain s'en prend également aux migrant·es qui ont été légalement autorisé·es à entrer dans le pays.
Dans un décret intitulé « Sécuriser nos frontières », il a révoqué tous les programmes humanitaires qui offrent un refuge temporaire à des ressortissant·es étranger·es en raison d'urgences humanitaires, notamment celui pour les Cubain·es, les Haïtien·nes, les Nicaraguayen·nes et les Vénézuélien·nes initié par le gouvernement Biden en 2023, qui touchait jusqu'à 30 000 personnes par mois.
L'avenir est sombre pour les bénéficiaires de ces programmes, qui se trouveront dans l'impossibilité de renouveler leur permis de séjour et qui risquent éventuellement d'être déporté·es.
D'ailleurs, l'administration Trump a annoncé le rétablissement du Protocole de protection des migrant·es, connu sous le nom de « Rester au Mexique », qui exigeait lors de son premier mandat que les demandeur·euses d'asile en provenance du Mexique y soient renvoyé·es le temps que leur demande soit traitée.
Cette mesure supposée « protéger les migrants » les ont au contraire exposé·es à des risques élevés d'enlèvement et de violence dans des villes frontalières mexicaines, comme l'a par exemple montré Médecins sans frontière.
« L'idée que, dans ce contexte-là, le Canada continue à traiter les États-Unis comme un pays sécuritaire pour les réfugiés est absurde. »
Jon Milton, CCPA
Alors que les détentions et les déportations ont aussi été une préoccupation sous l'administration Biden, « ce qui est différent avec Trump, c'est sa volonté ouverte et claire de les élargir pour restructurer le pays d'une manière raciste », dénonce Jon Milton.
« Cela devient la pierre angulaire de son agenda et de sa légitimité et laisse présager ce qui est encore à venir », déplore Ketty Nivyabandi.
La position du Canada
Qu'en est-il de l'Entente sur les tiers pays sûrs dans ce contexte ?
D'après Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), « seuls les pays qui respectent les droits de la personne et offrent une solide protection aux demandeurs d'asile peuvent être désignés tiers pays sûrs ». À ce jour, les États-Unis sont le seul tiers pays sûr désigné par IRCC.
« L'idée que, dans ce contexte-là, le Canada continue à traiter les États-Unis comme un pays sécuritaire pour les réfugiés est absurde », affirme Jon Milton.
Face aux préoccupations soulevées par les groupes, IRCC semble déterminé à défendre l'Entente et s'aligne avec le discours de la Maison-Blanche, qui considère tous les passages irréguliers de la frontière comme une menace à la sécurité.
« Nous continuons à travailler avec nos homologues américains pour lutter contre les passages illégaux vers le nord et vers le sud le long de la frontière [canado-américaine], dans le cadre de nos efforts de collaboration de longue date et de notre intérêt mutuel à assurer la sécurité de nos communautés », écrit IRCC dans un courriel à Pivot.
« Chaque gouvernement, et le Canada en particulier, a l'obligation de protéger les personnes à risque de persécution. C'est illégal de ne pas le faire », soutient Ketty Nivyabandi.
« Le seul moyen efficace de garantir la protection des réfugiés est de se retirer de l'Entente sur les tiers pays sûrs. »
CCR et Amnistie internationale Canada
L'Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis est depuis longtemps contestée par des groupes et des organismes de défense des droits au pays. En 2017, Amnistie internationale Canada, le CCR et le Conseil canadien des Églises ont intenté un recours juridique remettant en question sa constitutionnalité.
En juin 2023, dans une décision partielle, la Cour suprême du Canada a conclu que la constitutionnalité de l'Entente dépendait de l'utilisation par les agent·es frontalier·es de « soupapes de sécurité », c'est-à-dire des mesures discrétionnaires pour protéger les migrant·es dont la sécurité serait menacée s'iels étaient renvoyé·es aux États-Unis.
Par exemple, un·e agent·e frontalier·e aurait le pouvoir d'accorder un visa de résident temporaire à une personne victime de violence conjugale, un motif de protection reconnu au Canada mais non aux États-Unis.
Cependant, en réalité, Amnistie internationale et le CCR ont constaté que ces « soupapes de sécurité » sont plutôt hypothétiques, et qu'elles ne sont même pas mentionnées dans le manuel d'opération des agent·es frontalier·es, en plus de reposer sur le jugement subjectif d'individus.
D'ailleurs, en mars 2023, les gouvernements du Canada et des États-Unis ont élargi l'Entente afin qu'elle s'applique à l'ensemble de la frontière entre les deux pays et non seulement aux points d'entrée officiels. Cela a poussé les personnes en quête de refuge à tenter de traverser depuis des endroits plus éloignés et plus dangereux pour ne pas être interceptées.
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Auteur·e
BIFAN SUN
Bifan Sun est journaliste spécialisée dans les enjeux de racisme et d'anti-racisme pour Pivot. Dans le cadre du projet « Différends : sur le terrain des luttes anti-racistes », soutenu par la Fondation canadienne des relations raciales, elle s'engage à faire entendre une pluralité de voix issues des communautés racisées sous-représentées dans la sphère médiatique francophone. Elle est titulaire d'une maîtrise en communication, pour laquelle elle a étudié la construction des récits de migration par un groupe de femmes migrantes marginalisées.
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Le manifeste Waffle : pour un Canada indépendant et socialiste

Le Waffle a eu un impact considérable dans la politique canadienne au cours des premières années 1970. En 1969, un caucus de membres du NPD, connus sous le nom de The Waffle, se sont organisé pour faire la promotion d'un programme socialiste et nationaliste qui, entre autre, devait nationaliser les industries de propriétés privées américaines. Plusieurs des idées les plus importantes de The Waffle ont d'abord été développées et débattues dans les pages de Canadian Dimension par ceux qui ont fini par être reconnus comme les leaders de The Waffle dont, Mel Watkins et James Laxer.
1er février 2025 | tiré de Canadian Dimension | Photo : Mel Watkins, un des fondateurs du Waffle
Traduction, Alexandra Cyr
Cette entreprise des années 1960 n'a pas duré. Mais cette gauche progressiste était ce dont le Canada avait besoin. C'est encore le cas aujourd'hui. Le chantage économique de D. Trump met en évidence les dangers de notre trop grande intégration avec les États-Unis. Les analyses du manifeste The Waffle sont plus pertinentes que jamais. Les voici.
1- Nous les socialistes démocratiques, avons pour but de construire un Canada indépendant et socialiste. À titre de supporters du NPD notre objectif est de le rendre pleinement socialiste.
2- L'avènement du socialisme doit attendre la formation d'une masse de socialistes à la base, dans les usines, les bureaux, les fermes et les campus. Le développement de la conscience socialiste doit devenir la principale priorité du NPD.
3- Le NPD doit être vu comme l'aile parlementaire d'un mouvement travaillant à un changement social fondamental. Il doit être radicalisé de l'intérieur comme de l'extérieur.
4- L'enjeu le plus urgent pour les Canadiens est la survie du pays. L'anxiété est perverse et l'objectif d'une plus grande indépendance économique reçoit un large appui. Mais l'indépendance économique sans le socialisme est un leurre tout comme pour une démocratie participative véritablement significative.
5- C'est le contrôle américain de notre économie qui représente la menace principale à notre survie nationale. L'enjeu majeur de notre temps n'est pas l'unité nationale mais notre survie nationale. La menace la plus importante vient de l'extérieur pas de l'intérieur.
6- Le capitalisme d'affaire américain est l'instrument le plus important qui forme les contours de la société canadienne. Il intervient grâce au formidable réseau des multinationales. L'élite d'affaire canadienne a choisi la position de partenaire de second rang avec ces entreprises. Le Canada devient un fournisseur de ressources et un marché de consommation dans l'empire américain.
7- L'empire américain est une réalité centrale pour la population canadienne. Il se caractérise par son militarisme à l'extérieur et son racisme à l'intérieur. Les ressources et la diplomatie canadiennes ont été intégrées dans le soutient à l'empire. Lors de la barbare guerre du Vietnam, le Canada a soutenu les États-Unis avec sa participation à la Commission internationale de contrôle et ses ventes d'armes et de ressources stratégiques au complexe industriel militaire américain.
8- L'empire américain tient grâce à ses alliances militaires dans le monde et à ses monopoles corporatifs gigantesques. L'adhésion du Canada au système américain d'alliances et la propriété de l'économie canadienne par les entreprises américaines, empêchent le Canada de jouer un rôle autonome dans le monde. Ces liens doivent tomber pour que les priorités socialistes puissent mettre à mal le capitalisme corporatif.
9- Le développement du Canada est entravé par l'économie capitaliste. Les investissements corporatifs créent et soutiennent la consommation individuelle inutile aux dépends des besoins sociaux. Les entreprises concentrent leurs investissements dans quelques milieux urbains principaux ce qui les rend de plus en plus inhabitables alors que le reste du pays vit dans le sous développement.
10- Les critères qui mènent la poursuite du profit sont la cause la plus importante de la mise de côté d'activités dont ils ne peuvent mesurer la valeur. Ce n'est pas par hasard si le logement, l'éducation, les soins médicaux et le transport public ne sont pas à la hauteur des besoins dans notre système social actuel.
11- Le problème des disparités régionales est la conséquence des orientations capitalistes guidées par le profit. Le coût social des secteurs dormants n'intéresse pas du tout les entreprises. Au Canada, cette situation est renforcée par son statut de colonie économique des États-Unis. Le capitalisme étranger est encore moins préoccupé par l'équilibre dans le développement du pays que les capitalistes locaux ne le sont ; ils n'ont pas de racines dans des régions particulières.
12- Un mouvement indépendant qui (verrait) à substituer les capitalistes américains par leurs confrères canadiens ou qui utiliserait les politiques publiques pour obliger les entreprises américaines à se comporter comme les canadiennes, ne peut être notre objectif final. L'indépendance du capitalisme canadien n'existe pas et toute prétention du monde des affaires canadien en ce sens, manque de crédibilité. Sans le soutien d'une forte classe capitaliste nationale, les gouvernements canadiens, libéraux ou conservateurs, ont agi dans le sens des intérêts internationaux particulièrement ceux du capitalisme américain et ont même manqué de volonté pour développer la plus modeste stratégie d'économie indépendante.
13- Le socialisme doit remplacer le capitalisme en planifiant nationalement les investissements et les propriétés publiques des moyens de production dans l'intérêt de toute la population. Le nationalisme canadien est une force pertinente à partir duquel il est valide de travailler à condition qu'il soit anti impérialiste. Au cours de la marche vers le socialisme, de telles aspirations vers l'indépendance doivent être prises en compte. Car rechercher sérieusement l'indépendance rend visible la nécessité du socialisme au Canada.
14- Ceux qui désirent le socialisme et l'indépendance du Canada ont souvent été déconcertés et mystifiés par le problème des divisions internes au pays. L'élément fondamental de l'histoire canadienne au cours du dernier siècle est la réduction du pays au statut de colonie des États-Unis qui entraine une augmentation des inégalités régionales. Mais on ne peut nier l'existence de deux nations dans le pays chacune avec sa propre langue, sa culture et ses aspirations. Cette réalité doit être incorporée dans la stratégie du NPD.
15- Le Canada anglais et le Québec peuvent partager des institutions communes à condition de partager des objectifs communs. Aussi longtemps que nos gouvernants sont convaincus que la politique nationale doit se limiter aux fonctions passives du maintien d'un climat paisible et sécuritaire pour les investissements étrangers, il ne peut y avoir d'unité qui ait du sens entre les Anglophones et les Francophones du pays. Aussi longtemps que le gouvernement fédéral refuse de protéger le pays de la domination économique et culturelle, le Canada anglais apparaitra comme une simple partie des États-Unis aux yeux des Canadiens français. Un Canada anglais préoccupé par sa survie nationale devrait créer des aspirations communes en vue de resserrer les liens entre les deux nations.
16- Le traitement de l'enjeu constitutionnel actuel ne peut être fait sans lien avec les forces économiques et sociales qui dominent les deux nations qui n'apporte rien de pertinent en plus. Les politiciens engagés dans les valeurs et les structures d'une société capitaliste ont rédigé notre constitution il y a un siècle. Les changements constitutionnels liés au socialisme devront être basés sur les besoin de la population plutôt que sur ceux des entreprises. Ils devront refléter les pouvoirs des classes et des groupes qui sont exclus des lieux de décision par le présent système.
17- L'importance de l'unité canadienne est cruciale dans la poursuite de la stratégie contre l'impérialisme américain. L'histoire et les aspirations du Québec doivent pouvoir s'exprimer totalement. Elles doivent s'implanter dans la conviction que de nouveaux liens émergeront de cette perception commune : « deux nations, une seule lutte ». Les socialistes du Canada anglais doivent s'allier aux socialistes québécois dans cette cause commune.
18- La tradition et la force de la classe ouvrière canadienne et son mouvement syndical sont déterminantes pour la création d'un Canada indépendant et socialiste. La revitalisation et l'extension du mouvement ouvrier apporterait une démocratisation fondamentale à notre société.
19- Le capitalisme corporatif est caractérisé par le pouvoir dominant de son élite soutenue et intégrée par l'élite politique. Les socialistes doivent adopter comme objectif central la démocratisation du processus industriel. Tout au long de son histoire le mouvement syndical canadien a mené la lutte démocratique contre les soit disant droits et prérogatives des propriétaires et de la gérance. Il a obtenu des victoires légales et morales en donnant aux hommes travailleurs un droit de parole affectif à propos de leurs futurs salaires. En ce moment, le « droit » des gestionnaires à contrôler les changements technologiques est confronté. Le NPD doit fournir le leadership à la lutte pour étendre l'influence des hommes travailleurs dans tous les secteurs industriels de prise de décision. Ceux qui travaillent doivent avoir le contrôle effectif de la fixation de leurs conditions de travail et un pouvoir effectif pour déterminer la nature du produit, son prix etc. La démocratie et le socialisme n'exigent rien de moins.
20- Les syndicalistes et les Néodémocrates ont été les fers de lance de l'extension de l'État providence canadien. Mais beaucoup reste à faire : plus de meilleurs logements, une structure d'imposition vraiment progressiste et un revenu annuel garanti. Mais ça n'est plus assez. Dans une société socialiste le contrôle démocratique de toutes les institutions est une réalité. Cela a un effet majeur sur la vie des personnes et où il y a des opportunités égales pour le développement personnel créatif sans exploitation attachée. Il est temps de dépasser l'État providence.
21- Les Néodémocrates doivent débuter les pressions en vue de la redistribution du pouvoir dans une direction socialiste. Il ne faut plus se contenter du simple bien-être social. De même, la lutte pour la participation des travailleurs dans le processus de décision industriel, contre les droits des gestionnaires est un pas vers une démocratie économique et sociale.
22- En renforçant le mouvement ouvrier canadien, les Néodémocrates » poursuivront la marche du Canada vers son indépendance. Tant que l'élite industrielle et d'affaire dominera l'activité économique canadienne, tant que les droits des travailleurs resteront confinés aux limites actuelles, les exigences de cette élite en vue du profit continueront à avoir préséance sur les besoins humains.
23- En plaçant d'abord les individus en position d'acheteurs et de vendeurs des uns et des autres, en enchâssant le profit et les gains matériels au-dessus de l'humanité et de la croissance spirituelle, le capitalisme a toujours été aliénant. Aujourd'hui, l'ampleur du désastre combiné aux technologies modernes exagèrent encore plus la perception d'insignifiance et d'impuissance des personnes. La transformation socialiste de la société rendra aux individus leur sens d'humanité les sortira de celui de n'être qu'une marchandise. Mais la démocratie socialiste implique que les personnes contrôlent aussi leur environnement immédiat. Dans n'importe quelle stratégie de construction du socialisme, la démocratie dans les communautés est vitale pour les succès électoraux. Avec cet objectif, les socialistes doivent lutter pour la démocratie dans ces milieux qui également nous affectent tous le plus directement, dans nos quartiers, nos écoles et nos lieux de travail. Les regroupements de locataires, de consommateurs et de coopératives de production sont des exemples de secteurs où les socialistes doivent diriger leurs efforts pour que la population s'implique directement dans la lutte pour le contrôle de sa destinée.
24- Le socialisme est un processus et un programme. Le processus vise à élever la conscience socialiste, la construction d'une base de masse socialiste et au développement d'une stratégie qui rende visible les limites du capitalisme libéral.
25- Alors que le programme évolue dans le processus, les éléments déterminants semblent clairs. Les instruments pour amener la propriété canadienne de l'économie du pays et son contrôle dans des mains canadiennes et pour modifier les priorités établies par le capitalisme corporatif sont à portée de mains. Cela intègre un large contrôle public sur les investissements, les nationalisations et le commandement des plus hauts niveaux économiques dont les industries des ressources essentielles, la finance, le crédit, les industries stratégiques pour la planification de notre économie. Dans ce programme, la participation des travailleurs dans toutes les institutions permettra de libérer des énergies créatives, de promouvoir la décentralisation et de restaurer les priorités humaines et sociales.
26- La lutte pour la construction d'un Canada socialiste et démocratique doit se faire à tous les niveaux de la société. Le Nouveau parti démocratique est l'organisation la mieux placée pour coordonner toutes ces activités en une vision commune. Ce Parti s'est développé à partir d'un mouvement pour le socialisme démocratique qui a des racines profondes dans l'histoire canadienne. C'est l'élément central autour duquel le nécessaire mouvement social et politique pour la construction d'un Canada indépendant et socialiste devrait se mobiliser. Il doit s'élever au niveau de ce défi ou devenir hors de propos. Joindre la lutte amènera la victoire.
N.B. Vos aurez pu constater que dans cette traduction je n'ai pas féminisé le texte ; au contraire j'ai gardé certaines expressions comme « working men » (no 19), « men's lives » (no.20) et « Bringing men together » Les mots femmes ou féminin n'apparaissent jamais dans ce texte. A.C.
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L’accord de libre-échange entre le Canada et l’Équateur menace d’aggraver les violations des droits de la personne dont sont victimes les nations et les communautés autochtones

(Ottawa-Toronto-Quito-Cuenca). Le projet d'accord de libre-échange entre le Canada et l'Équateur représente une grave menace pour les droits des autochtones en Équateur et doit être rejeté par les instances législatives canadiennes, a déclaré aujourd'hui une coalition d'organisations de la société civile canadienne, amplifiant ainsi les préoccupations des défenseurs des droits des autochtones et des femmes en Équateur.
Comuniqué : MiningWatch – Amnistie internationale — Common Frontiers — CCPA — Americas Policy Group – CONAIE – Amazonian Women Defenders of the Forest – Asociación Flor de Caña — Alliance for Human Rights in Ecuador – Water Administrators of Victoria del Portete
10 février 2025 | tiré du site d'Alter Québec | Photo : Marche de la Confédéraiton des peuples authochtone d'Équateur contre la Zone de libre-échange des Amériques en 2002 @ Donovan & Scott - CC BY-SA 4.0, via wikicommons
Cette semaine, les chefs de gouvernement du Canada et de l'Équateur ont annoncé la finalisation d'un accord commercial controversé qui, s'il est ratifié, portera atteinte aux droits et aux modes de vie des nations autochtones qui sont en première ligne face au changement climatique. Vanté par le président équatorien Daniel Noboa à la veille des élections nationales dans son pays, l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Équateur progresse malgré l'opposition de la plus grande organisation autochtone de l'Équateur et de plusieurs nations autochtones déjà confrontées à des violations des droits de la personne dans le cadre de projets miniers canadiens sur leurs territoires.
Ce qui est particulièrement préoccupant, c'est que l'accord proposé comporte un mécanisme de règlement des différends entre groupes investisseurs et États (ISDS), alors que la population équatorienne a voté lors d'un référendum constitutionnel en 2024 en faveur de l'interdiction de l'inclusion de l'ISDS dans les futurs accords commerciaux. De nombreux organes et spécialistes de l'ONU ont recommandé de ne pas inclure l'ISDS dans les nouveaux accords commerciaux et de le retirer des accords existants, avertissant que l'ISDS entrave les efforts des États dans la lutte contre le changement climatique et le respect de leurs obligations internationales en matière de droits de la personne.
L'accord de libre-échange entre l'Équateur et le Canada favorise uniquement les sociétés minières transnationales et les intérêts privés de la famille du président Daniel Noboa », a déclaré Zenaida Yasacama, présidente par intérim de la Confédération des nationalités autochtones de l'Équateur (CONAIE), la plus grande organisation autochtone de l'Équateur, « L'industrie minière canadienne opère sans respecter les droits des communautés, encourageant la dépossession, la pollution de l'eau et la criminalisation de celles et ceux qui défendent la vie et le territoire ». Les peuples et nations indigènes ne permettront pas que le pays soit livré à des intérêts étrangers qui détruisent nos terres et criminalisent notre résistance.
L'automne dernier, Yasacama faisait partie des trois personnes en défense des droits des femmes et des peuples autochtones qui se sont rendues au Canada pour tirer la sonnette d'alarme sur les négociations commerciales en cours — en particulier sur le spectre de l'expansion de l'exploitation minière canadienne dans les régions écologiquement sensibles de l'Équateur et sur les dommages que l'exploitation minière supplémentaire causerait à leurs vies et à leurs territoires. Les délégations ont rencontré des responsables de la législation, des journalistes, des directions autochtones et des groupes de la société civile à Toronto, Ottawa et Montréal.
Au moins 15 sociétés minières canadiennes sont actives en Équateur. Dundee Precious Metals (DPM) fait partie des entreprises canadiennes qui ont récemment fait l'objet d'allégations d'abus alors qu'elles tentent de faire avancer une consultation liée à leur projet d'exploitation d'or-cuivre Loma Larga dans le páramo (zone humide de haute altitude) de Kimsakocha. Les communautés de cette région ont déjà voté en faveur de la protection de l'eau et contre l'exploitation minière lors de trois consultations populaires précédentes. Pourtant, des groupes locaux d'autochtones et de campesinos (travailleuses et travailleurs agricoles ruraux) de ces communautés affirment que la société minière et les autorités équatoriennes font pression pour obtenir une nouvelle consultation qui n'impliquerait que les personnes favorables au projet.
« Il est déjà difficile de se défendre contre les tentatives des compagnies minières canadiennes de faire avancer des projets dans le páramo de Kimsakocha sans notre consentement », a déclaré Hortencia Zhagüi, membre du conseil d'administration de l'administration de l'eau potable de Victoria del Portete et de Tarqui, dans la province d'Azuay.
« Et ce sera encore plus difficile si le pouvoir des sociétés minières telles que Dundee est renforcé par cet accord de libre-échange. Cet accord mettra en péril nos sources d'eau, notre souveraineté alimentaire et nos droits.
Plutôt que de demander des comptes aux sociétés minières canadiennes et de garantir un partage d'informations et une communication efficaces avec les communautés touchées, le Canada soutient ces sociétés en incluant des mécanismes tels que l'ISDS, qui ont été utilisés pour saper l'opposition locale à des projets de grande envergure. L'ISDS est couramment utilisé par les sociétés minières canadiennes pour poursuivre des pays devant des tribunaux supranationaux privés, par exemple, si on leur refuse un permis d'exploitation minière. Cela limite la capacité des gouvernements à refuser des permis afin de protéger leurs territoires et leurs eaux ou les droits de la personne de leurs citoyens et citoyennes.
L'année dernière, le Comité permanent du commerce international de la Chambre des communes a étudié les négociations de libre-échange entre le Canada et l'Équateur et a publié un rapport recommandant qu'« aucun accord ne soit mis en œuvre sans le consentement libre, préalable et éclairé de l'Équateur ».
Au milieu des menaces tarifaires du président Trump, le Canada présente ce nouvel accord comme une occasion de diversifier les partenaires commerciaux dans la région. « En réalité, c'est faire preuve de myopie que d'aller de l'avant avec un accord commercial dont le processus de négociation a été dénoncé à maintes reprises par les communautés autochtones équatoriennes et les organisations de la société civile, citant un manque de transparence et un défaut de consultation, a déclaré Viviana Herrera, coordonnatrice du programme Amérique latine de Mines Alerte Canada. Ces préoccupations, dont les responsables du Canada ont été directement informé.es l'automne dernier, ont été totalement ignorées. “Aujourd'hui, plus que jamais, les respoinsables de la législation au Canada devraient soutenir les droits de la personne et rejeter cet accord négocié dans le dos des communautés”, a-t-elle ajouté.
D'autres citations de responsables communautaires en Équateur :
“Le peu d'informations publiques qui existent indiquent que l'accord prévoit de contenir des mécanismes d'arbitrage international, malgré le fait que ces mécanismes sont incompatibles avec les droits de la personne, et aussi malgré le fait que lors d'un référendum en 2024, le peuple équatorien a voté contre l'autorisation de l'arbitrage international. Nous exhortons les responsables de la législation en Équateur et au Canada à voter contre cet accord, car le processus de négociation menace déjà l'environnement et les droits de la personne et va à l'encontre de la volonté du peuple”.
Femmes amazoniennes défenseurs de la forêt
“Nous avons été harcelées et intimidées pour nous être opposées à un processus illégitime de consultation environnementale pour le projet La Plata, qui appartient à la société minière canadienne Atico Mining. Nous voulons nous assurer que ces projets n'avancent pas dans les zones peuplées, les zones agricoles ou les zones où les gens se sont organisés et où les familles ont historiquement construit leur vie sur l'agriculture. Nous voulons que la vie soit valorisée et respectée. Nous ne voulons pas que nos territoires soient militarisés pour faire avancer les projets miniers canadiens. Cet accord de libre-échange entre le Canada et l'Équateur, dont nous n'avons pas été informé.es, ne fera qu'aggraver le conflit socio-environnemental dans notre pays”.
Rosa Masapanta, présidente de l'Asociación Flor de Caña, une coopérative locale de canne à sucre dans le nord de l'Équateur.
“Nous, les organisations qui défendent les droits humains collectifs et les droits de la nature, dénonçons le fait que les négociations commerciales ont été menées dans le dos de ceux d'entre nous qui défendent les droits de la personne. Il n'y a jamais eu d'évaluation participative de l'impact de cet accord sur les droits de la personne, conformément aux normes internationales. Nous n'avons jamais reçu les informations que nous avons demandées à plusieurs reprises afin de les analyser et de les évaluer. Toutes les négociations se sont déroulées dans le plus grand secret. Et maintenant, ils prétendent être arrivés au bout de l'accord commercial. Dans ces conditions, un accord commercial comme celui qui a été conclu répondra aux intérêts des groupes qui ont participé à ce processus de négociation — le monde des affaires et l'État équatorien. Les réseaux défenseurs de la vie dans les territoires, les personnes affectées par les projets miniers et les membres de la société civile n'ont pas été invité.es à participer à ce processus”.
Vivian Idrovo, coordinatrice de l'Alliance pour les droits de la personne en Équateur
Citations d'organisations de la société civile au Canada :
« La conclusion de cet accord de libre-échange et l'inclusion de privilèges exorbitants pour les groupes investisseurs par le biais de l'ISDS révèlent les véritables priorités du Canada en Équateur : défendre les intérêts des sociétés minières plutôt que la protection des droits de la personne et de l'environnement. De nombreuses personnes craignent que cet accord commercial n'entraîne une augmentation de la violence et de l'impunité liées aux activités minières canadiennes dans le pays. Comment cela s'inscrit-il dans la politique étrangère du Canada en matière de droits de la personne et de féminisme ? »
Viviana Herrera, coordinatrice du programme Amérique latine, Mines Alerte Canada
« Des femmes équatoriennes défenseurs des terres ont courageusement risqué leur vie pour se rendre à Ottawa en octobre dernier. Elles ont partagé des témoignages effrayants sur la brutalité policière, la dégradation de l'environnement et la violence sexuelle auxquelles leurs communautés sont confrontées dans le cadre des activités minières canadiennes. Cet accord, négocié à la vitesse de l'éclair, ne les protège pas et exposera les femmes et les nations autochtones en première ligne de la protection de l'environnement en Équateur à des risques accrus. Il reflète un décalage troublant et durable entre l'approche du Canada en matière de commerce et ses engagements internationaux en matière de droits de la personne ».
Ketty Nivyabandi, secrétaire générale de la section anglophone d'Amnesty International Canada
« L'inclusion d'un processus de règlement des différends entre les groupes investisseurs et les États dans cet accord va à l'encontre des droits internationalement protégés des peuples autochtones. Elle va à l'encontre des souhaits du peuple équatorien, qui a massivement voté contre les tribunaux d'entreprise lors d'un référendum l'année dernière. Et il contredit toute notion de commerce inclusif telle que promue par le gouvernement canadien ».
Stuart Trew, chercheur principal au Centre canadien de politiques alternatives et directeur du projet de recherche sur le commerce et l'investissement du Centre.
Il est profondément troublant de constater que, derrière des portes closes et tout en prétendant être « inclusif », le gouvernement canadien continue de prendre des décisions sans tenir compte des impacts négatifs sur la vie et les moyens de subsistance des gens. Il est choquant que le Canada inclue un processus de règlement des différends entre les groupes investisseurs et États dans cet accord commercial alors qu'il a lui-même affirmé que l'ISDS donne la priorité aux droits des entreprises sur les gouvernements souverains et qu'il a coûté des centaines de millions de dollars aux contribuables canadiens ».
Caren Weisbart, coordinatrice de la coalition, Common Frontiers
« Les industries extractives du Canada ont eu un impact profond et durable sur la vie et le bien-être des communautés autochtones et rurales de l'Équateur, en particulier les femmes et les filles. Nous demandons au Canada de respecter leurs droits et de ne pas ratifier cet accord néfaste.
Silvia Vasquez Olguin, Americas Policy Group
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Des affiches seront exposées à Tindouf, à l’ouverture de la 6ème Action Internationale de la Marche Mondiale des Femmes

C'est un appel à la solidarité pour l'indépendance de la dernière colonie d'Afrique. C'est un appel à la solidarité avec le peuple sahraoui qui résiste à l'occupation de son territoire par le Maroc et lutte résolument pour sa souveraineté.
Tiré de Entre les liges et les mots
La République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), mieux connue sous le nom de Sahara occidental, est une région du nord-ouest de l'Afrique, limitrophe de l'Algérie (à l'Est), de la Mauritanie (au Sud), du Maroc (au Nord) et de l'océan Atlantique (à l'Ouest). Cette région était sous domination coloniale espagnole entre 1884 et 1976, puis a été occupée par le Maroc et la Mauritanie. Et c'est ainsi qu'elle est témoin de la lutte pour l'indépendance du peuple sahraoui, d'abord contre les puissances coloniales puis contre les pays occupants pendant plus de 50 ans.
« Bien qu'elles doivent vivre dans des conditions extrêmement difficiles, les femmes sahraouies se battent pour l'indépendance et le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, d'une part, et d'autre part, elles forment déjà la société démocratique du futur », indique le document de la MMF. Nous dénonçons l'occupation historique du territoire sahraoui, la violence subie par son peuple et l'effacement de son histoire et de sa culture. Nous défendons que l'organisation populaire et la solidarité internationale sont fondamentales dans la lutte contre les guerres et l'impérialisme.
La solidarité féministe est un pilier de la Marche Mondiale des Femmes qui, en 2025, mènera sa 6ème Action Internationale. La fin des occupations, au Sahara occidental et en Palestine, est au cœur de cette action, dont le mot d'ordre est « Nous marchons contre les guerres et le capitalisme, nous défendons la souveraineté des peuples et le bien vivre. »
L'ouverture de l'Action internationale aura lieu le 8 mars, dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, en Algérie. Nous invitons les femmes et les dissidents de genre, les artistes, les activistes et les collectifs de soutien à rejoindre cette mobilisation mondiale de solidarité féministe avec les femmes qui soutiennent la vie et la lutte au Sahara occidental.
Certains matériaux peuvent inspirer la production d'affiches, comme le mini-documentaire « Un drapeau planté dans le sable : les femmes sahraouies construisent la souveraineté », produit par Capire et par la MMF,le document de formation sur le Sahara occidental et les luttes des femmes sahraouies produites par la MMF (disponible en espagnol, anglais et français) et divers contenus textuels publiés ici. Les affiches soumises seront exposées dans une « khayma », une tente sahraouie, à Tindouf, lors de l'ouverture de la 6ème Action Internationale de la Marche Mondiale des Femmes. Elles seront également disponibles pour être imprimées et portées aux mobilisations féministes du 8 mars à travers le monde.
Nous appelons chacun.e à partager ses expressions artistiques pour renforcer le soutien public à la lutte des camarades sahraouies et à l'occasion de la 6ème Action Internationale de la MMF. Les affiches doivent avoir le format standard A3 et une résolution minimale de 300 dpi et doivent être envoyées au format JPG ou PNG en utilisant ceformulaire. La date limite de soumission est le 25 février 2025.
Accédez au formulaire ici !
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La Saint-Valentin ne rime pas toujours avec amour

Planifier une sortie en amoureux. Recevoir des fleurs. Tout ce qu'il y a de plus banal, pour un 14 février. Mais derrière l'image d'un couple parfait, la St-Valentin n'a pas la même saveur pour toutes. En contexte de violence conjugale, la « belle attention » peut en fait sonner comme une menace : attention à ce qui va t'arriver si tu penses à me quitter… De l'extérieur, saurait-on voir la violence au-delà des apparences ?
Les femmes qui vivent de la violence conjugale (sans forcément toujours la nommer ainsi) nous le disent souvent ? : personne ne pourrait se douter que leur partenaire est violent ; personne ne croirait ce qu'elles vivent. Les auteurs de violence savent dissimuler leur vrai visage et prendre l'apparence d'un voisin serviable, d'un ami attentionné ou d'un collègue sympathique. Le contrôle et la violence s'exercent souvent derrière des portes closes, et prennent des formes subtiles.
Derrière cette façade, il y a presque toujours des signes qui devraient nous alerter. Même lorsqu'il n'y a pas de coups. Surtout lorsqu'il n'y a pas de coups. Et si on apprenait, chacun.e à son échelle, à les reconnaître ?
Changer de regard sur la violence conjugale
Les films, les romans ou même l'éducation que l'on a reçue nous ont transmis des idées sur l'amour qui peuvent nous aveugler. Être jaloux, n'est-ce pas une preuve d'amour ? Écrire ou appeler sans arrêt sa partenaire n'est-il pas le signe d'une relation passionnelle ? Géolocaliser sa partenaire, n'est-ce pas une façon de la protéger ? Ces comportements peuvent sembler banals si on les observe de façon isolée. Mais le cumul de tous ces gestes peut nous indiquer un schéma de comportements calculés pour isoler, contrôler, terroriser et priver la partenaire de sa liberté. C'est ce qu'on appelle le contrôle coercitif. Pour le repérer, il faut aller au-delà des apparences et prendre au sérieux les comportements qui ne nous paraissent « pas corrects ».
Se sentir prise au piège dans une cage invisible. Se faire dire que c'est elle, le problème, et finir par le croire. Ne plus pouvoir décider pour soi-même. Obéir, pour éviter les représailles. Avoir peur, tout le temps. C'est le quotidien décrit par les femmes qui en sont victimes, dès l'adolescence parfois. Un quotidien où elles sont privées de ressources et de leur liberté.
Apprendre à reconnaître les signes
De l'extérieur, plusieurs signes peuvent nous mettre la puce à l'oreille sur la présence de contrôle coercitif dans un couple : la femme (ou l'ado !) que vous connaissiez n'est plus tout à fait la même. Elle n'accepte plus aucune invitation ou seulement avec son chum, elle est pressée de rentrer chez elle après le travail ou après l'école, elle regarde son partenaire avant de prendre la parole, elle ne s'habille plus comme avant, elle ne pratique plus son sport favori, elle semble inquiète quand elle reçoit des appels.
En reconnaissant ces signes, l'entourage peut jouer un rôle déterminant pour soutenir une femme aux prises avec la violence conjugale : ouvrir le dialogue, nommer les inquiétudes, offrir du soutien, respecter ses choix, suggérer des ressources et surtout, surtout, garder le contact. Oser aborder le sujet, même si ce n'est pas facile, ça peut tout changer.
En tant que parent, ami.e, collègue, voisin.e, intervenant.e, soignant.e, vous pourriez être la personne qui fera toute la différence dans la vie de la victime. Et qui pourrait sonner l'alerte avant qu'il ne soit trop tard. Dans le doute, n'hésitez jamais à appeler une maison d'aide et d'hébergement qui pourra vous aider à la soutenir au mieux.
En apprenant à voir les signes de contrôle coercitif, on peut aider à sauver des vies. En ce jour de célébration, rappelons-nous que l'amour ne devrait jamais être une prison.
– Annick Brazeau, présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
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Une planification énergétique avant tout projet de loi

Le 6 juin dernier, Pierre Fitzgibbon, alors ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, déposait le très attendu projet de loi 69 (PL-69) sur l'énergie. Sa successeure, Christine Fréchette,a repoussé les prochaines étapes de cheminement du PL-69 pour revoir les balises encadrant la tarification d'électricité, suivant l'annonce de possibles tarifs douaniers par le nouveau président américain.
Au cœur du PL-69 se trouve l'élaboration d'un Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE). Nous soutenons que le PGIRE devrait être préparé en amont de l'adoption de tout projet de loi concernant le secteur énergétique, incluant le PL-69. Une telle planification est réclamée de toutes parts depuis longtemps. En effet, le PGIRE est un outil stratégique de planification à long terme visant à coordonner de façon optimale l'approvisionnement, la production et la consommation d'énergie. Il est nécessaire pour assurer une prévisibilité dans le secteur énergétique, par exemple pour mieux prévoir les investissements pour des installations de production de composantes d'éoliennes. Lorsqu'il est élaboré au cours d'un processus de consultation large, un PGIRE permet de dégager une vision collective claire de l'avenir et d'augmenter l'adhésion à celle-ci. S'il est bien mené, il pourrait également favoriser une transition énergétique cohérente et équitable, notamment grâce à la modélisation de scénarios de sobriété énergétique dans tous les secteurs.
L'absence de progrès entourant le PGIRE est lourde de conséquences. Pendant qu'il tarde à mettre en place une planification digne de ce nom, le gouvernement continue de mettre la charrue devant les bœufs et de dilapider des ressources de façon improvisée. Les annonces se multiplient. On octroie des mégawatts à des projets controversés de multinationales comme Northvolt ou Tree Energy Solutions (TES)alors que la décarbonation des entreprises existantes est négligée et que des emplois sont menacés. On attribue des blocs d'énergie - que nous ne produisons pas encore ! - à des prix en dessous du coût de leur éventuelle production. On annonce les plus gros parcs éoliens jamais construits au Québec dans les régions du Saguenay-Lac–Saint-Jean (à Saint-Honoré et dans la zone Chamouchouane), duBas-Saint-Laurent ou de laCôte-Nord, sous forme de partenariats entre des communautés et Hydro-Québec, sans encadrement clair de la place du privé. Si le PL-69 était adopté, il permettrait d'augmenter considérablement les parts du privé dans le système énergétique, sans pour autant que ce changement de paradigme n'ait été discuté publiquement.
Les transformations du système énergétique et les investissements devraient pourtant être guidés par l'ambition et la cohérence. Les questions à aborder ne se limitent pas à la quantité d'énergie à produire, puisque pour déterminer nos besoins réels, il est aussi question de choix de société qui auront des impacts à long terme sur notre quotidien et le Québec de demain.
C'est sur une vision partagée et bien comprise que repose notre capacité à réussir une transition énergétique juste et à assurer des tarifs d'électricité abordables pour l'ensemble de la population. Nous devons collectivement nous entendre sur les conséquences que nous pouvons accepter quant à nos choix énergétiques. Pour le moment, on avance à tâtons, avec des initiatives éparpillées et improvisées qui ne peuvent que peser de façon plus marquée sur l'augmentation des tarifs d'électricité, accentuer les impacts sur le territoire et favoriser les conflits sociaux.
Il s'ensuit que l'opposition s'enflamme autour du déficit démocratique que représentent de nouveaux projets, peu transparents, et qui ne s'appuient pas sur une compréhension commune des défis qui se présentent à nous, ni des balises et des solutions à considérer.
Avec un grand nombre d'organisations, nous réclamons depuis plus de deux ans que le gouvernement mette en place une nouvelle politique énergétique alignée sur la science et une planification permettant d'implanter un système énergétique socialement juste, décarboné et respectueux des limites des écosystèmes. Nous demandons que soient débattus largement et publiquement des scénarios diversifiés intégrant des approches qui réduisent la consommation collective d'énergie plutôt que de répondre aveuglément à une demande industrielle croissante. Nous demandons que le processus soit indépendant et transparent, et qu'il laisse la place à une diversité de voix et d'intérêts de la société.
Nous réitérons l'urgence de se doter d'un PGIRE, qui repose sur une vision publiquement débattue et largement partagée. Sans cette planification, il est imprudent et impertinent d'aller de l'avant avec des réformes législatives, incluant le PL-69, qui risquent de ne favoriser qu'une addition d'initiatives industrielles manquant cruellement de cohérence et de transparence.
Signataires (nom, rôle, organisation) :
Denis Bolduc, secrétaire-général, Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec (FTQ) ;
Philippe Duhamel, coordonnateur général du Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ)
Martin Vaillancourt, Directeur général, Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (RNCREQ)
Jean-Pierre Finet, analyste en régulation de l'économie de l'énergie, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)
Patrick Gloutney, Président du Syndicat de la fonction publique au Québec (SCFP-Québec)
Christian Savard, Directeur général, Vivre en ville
Maxime Dorais, Co-directeur général, Union des consommateurs
Alice-Anne Simard, Directrice générale, Nature Québec
Danielle Demers, présidente, Les Amis de la Chicot de Saint-Cuthbert
Francis Waddell, co-porte parole du regroupement citoyen.ne.s Demain Verdun
Maude Prud'homme, Réseau québécois des groupes écologistes
Dominique Daigneault, Présidente, Conseil central du Montréal métropolitain-CSN
André Bélanger, Fondation Rivières
Jean Paradis, Fondation coule pas chez-nous
Martin Poirier, NON à une marée noire dans le Saint-Laurent
Odette Sarrazin, Les Amis de l'environnement de Brandon
Réal Lalande, président, Action climat Outaouais (ACO)
Benoit St-Hilaire, Prospérité Sans Pétrole
Lucie Massé, Action Environnement Basses-Laurentides
Charles-Edouard Tetu, Analyste politique - Climat et énergie, Équiterre
Karl Janelle, président - Coalition climat Montréal
Ann-Sophie Croft-Lebel, chargée de projet, Collectivité ZéN de Rimouski-Neigette
Valérie Lépine, Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MÉPACQ)
Elsa Beaulieu Bastien, formatrice, Carrefour de participation, ressourcement et formation (CPRF)
Aimée Lévesque, comité noyau de Rimouski en transition
Marie-Claire Binet, Présidente, L'Assomption en transition
Johanne Dion, Collectif-Entropie
Émilie Laurin-Dansereau, ACEF du Nord de Montréal
Emmanuel Cosgrove, Directeur, Écohabitation
Pour voir la liste complète des signataires.
Front commun pour la transition énergétique
* Les affirmations de ce communiqué n'engagent aucunement l'ensemble des membreset allié·es du Front commun pour la transition énergétique (FCTÉ).
Le FCTÉ est une coalition créé en 2015 et qui regroupe environs 85 organisations environnementales, citoyennes, syndicales et communautaires qui souhaitent accélérer la mise en place d'une transition énergétique structurante et porteuse de justice sociale.
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Vers un nouveau mandat de grève dans les CPE

La CSN, qui représente 80 % des travailleuses syndiquées en CPE, dénonce la lenteur des négociations. Pendant que les appuis de parents, de directions de CPE et de la population s'accumulent, le gouvernement continue d'avancer à pas de tortue.
Si le gouvernement ne met pas d'offres intéressantes sur la table pour faire débloquer la négociation, la CSN annonce qu'elle ira consulter ses syndicats à la recherche d'un nouveau mandat de grève. Les quelque 13 000 travailleuses affiliées à la CSN exercent une troisième journée de grève partout au Québec. Elles se rassemblent devant leur CPE pour se faire entendre.
La CSN, qui représente 80 % des travailleuses syndiquées en CPE, dénonce la lenteur des négociations. Pendant que les appuis de parents, de directions de CPE et de la population s'accumulent, le gouvernement continue d'avancer à pas de tortue. Comme il reste deux jours dans la banque de cinq jours de grève, les syndicats de la CSN seront rassemblés dans les prochains jours pour discuter du prochain mandat de grève à adopter. Des séquences de grève de plus longue durée pourraient se tenir prochainement, à moins qu'une entente de principe n'intervienne.
Une nouvelle journée de grève qui démontre la détermination des travailleuses des CPE
Le gouvernement persiste à porter plusieurs demandes de recul à la table de négociation. À l'heure où la pénurie de personnel frappe de plein fouet le secteur, la CSN croit que ces reculs doivent être retirés pour, au contraire, bonifier les conditions de travail et les salaires. Dans cette négociation, les travailleuses demandent notamment :
– une charge de travail moins lourde ;
– une meilleure rémunération pour assurer l'attraction et la rétention ;
– des primes de disparité régionale pour les employé-es de certaines régions éloignées ;
– des mesures pour améliorer la qualité des services aux enfants, entre autres par des ratios bien balisés et respectés entre le nombre d'éducatrices et d'enfants, ainsi que par un meilleur soutien pour les enfants ayant des besoins particuliers.
« Nous avons trois journées de négociation à venir les 20, 21 et 25 février. Si le gouvernement ne comprend toujours pas le message, nous allons monter la pression d'un cran et aller chercher un nouveau mandat de grève. Les travailleuses sont déterminées à obtenir une meilleure valorisation de leurs emplois », lance Stéphanie Vachon, représentante des CPE de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN).
« Il y a une grande vague d'appui pour les travailleuses et les travailleurs des CPE. C'est un réseau auquel les Québécoises et les Québécois tiennent beaucoup. Pourquoi faut-il toujours faire la grève pour que les femmes se fassent entendre de ce gouvernement ? », explique Lucie Longchamp, vice-présidente responsable des secteurs privés de la FSSS–CSN.
« On commence à comprendre la façon de faire du gouvernement Legault : quand il doit négocier dans des milieux d'emploi féminins, il se traine les pieds. Ça fait près de deux ans que ces travailleuses sont sans convention collective. Qu'est-ce que le gouvernement attend pour mettre ce qu'il faut sur la table pour mieux valoriser les emplois en CPE ? », demande François Enault, premier vice-président de la CSN.
Une grève partout au Québec
La CSN représente plus de 80 % des travailleuses syndiquées dans les CPE. La grève touche l'ensemble des régions du Québec, alors que la CSN est présente dans plus de 400 CPE. Voici le nombre de centres affiliés à la CSN par région :
– 7 CPE en Abitibi-Témiscamingue
– 12 CPE au Bas-Saint-Laurent
– 10 CPE sur la Côte-Nord
– 22 CPE dans le Centre-du-Québec et la Mauricie
– 36 CPE en Estrie
– 12 CPE en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine
– 11 CPE dans Lanaudière
– 25 CPE dans les Laurentides
– 51 CPE en Montérégie
– 112 CPE à Montréal et à Laval
– 23 CPE en Outaouais
– 64 CPE à Québec et dans Chaudière-Appalaches
– 31 CPE au Saguenay–Lac-Saint-Jean
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Industrie forestière : le Québec doit profiter de la crise tarifaire pour revoir sa stratégie

La menace tarifaire du président Trump et la hausse des droits compensatoires sur le bois d'œuvre font dire au PDG du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) Jean-François Samray que le Québec est mûr pour une stratégie nationale de construction. Nous sommes d'accord avec lui, mais il faut aller plus loin.
* La lettre est signée par Daniel Cloutier, directeur québécois d'Unifor, Dominic Lemieux, directeur québécois des Métallos, Dominic Tourigny, vice-président de la Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN), et Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).
Il faut améliorer la résilience de notre industrie. Pour y parvenir, nous appuyons l'idée d'un rehaussement de l'usage du bois dans la construction tout comme celle d'une meilleure prise en compte de l'empreinte carbone des bâtiments lors de l'émission des permis. Nous soutenons également la proposition de modifier le Code de construction du Québec afin de faciliter le recours au bois massif et au bois d'ingénierie pour les édifices en hauteur.
Comme aurait dit Churchill ; il ne faut jamais gaspiller une bonne crise. Profitons de celle-ci pour aller plus loin. La crise actuelle nous offre l'occasion d'investir dès maintenant pour adapter notre stratégie manufacturière et assurer l'avenir de notre industrie.
Pour nous, la création d'un chantier national de construction est un exemple d'action qui peut servir d'incubateur pour le développement à grande échelle d'un nouveau créneau industriel qui permettrait d'asseoir la relance de la foresterie québécoise sur des bases plus durables au profit des régions forestières.
Les investissements dans la fabrication d'une nouvelle génération de composantes et de systèmes de construction modulaires nous permettraient de renforcer notre capacité d'innovation dans un secteur d'activité à haute valeur ajoutée. Ce modèle existe déjà, il faut maintenant lui donner plus d'ampleur. Les travailleurs des régions sont disponibles et capables de faire beaucoup plus que d'envoyer des matériaux de base sur les chantiers de construction des grandes villes.
Depuis longtemps, on reconnaît le potentiel structurant de la diversification des activités des entreprises forestières vers des créneaux de deuxième et troisième transformation, mais on ne s'est jamais donné les moyens de nos ambitions. Le temps est venu d'y voir.
Cette réflexion doit toutefois dépasser le seul exemple du chantier national de construction. Ne nous contentons pas de solutions à la pièce. Il faut maintenant envisager la mise en place d'une stratégie globale d'innovation industrielle. Développer de nouveaux créneaux en se tournant davantage vers la valeur ajoutée. Valoriser les millions de mètres cubes de bois que la structure industrielle actuelle laisse en forêt. Nous voulons une stratégie réfléchie et des gestes forts de la part des gouvernements et de l'industrie.
Cette transformation industrielle doit être accompagnée d'une réforme de l'aménagement forestier afin que la nouvelle industrie puisse compter sur des approvisionnements durables et prévisibles. Ceux-ci doivent notamment s'appuyer sur des stratégies sylvicoles diversifiées et rigoureuses qui pourront compter sur un cadre financier conséquent.
Finalement, pour être durable et prévisible, la filière bois doit respecter la capacité de support des écosystèmes et la biodiversité tout en cultivant la paix sociale en forêt. Il en va de la prévisibilité et de l'accès à tous les marchés que nous voudrons conquérir.
Voilà ce à quoi nous réfléchissons pour construire l'avenir des travailleuses et des travailleurs. Nos syndicats sont réunis dans l'organisation d'un sommet sur la forêt qui se tiendra au printemps et qui servira à rassembler tous les acteurs du milieu forestier qui voudront contribuer à l'avancement de ces idées.
Réagir à la crise tarifaire, oui ! Mais avec un plan bien réfléchi dans l'intérêt à long terme des communautés forestières. Souhaitons que la ministre entende notre message.
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Nouvel assaut sur les travailleuses et travailleurs canadiens : les tarifs de 25 % imposés par Trump sur l’acier et l’aluminium canadiens

Aujourd'hui, Donald Trump a lancé un assaut économique sur les travailleuses et travailleurs canadiens en imposant un tarif de 25 % sur les importations d'acier et d'aluminium. Ce tarif insouciant menace des dizaines de milliers d'emplois qui paient bien et il déstabilise des industries qui sont des piliers de l'économie canadienne.
L'acier et l'aluminium sont des éléments cruciaux de la base industrielle du Canada, fournissant des intrants essentiels aux secteurs de l'automobile, de l'énergie, de la construction, des transports et de la fabrication. Au total, plus de 43 000 emplois canadiens sont directement ou indirectement menacés. Quand Trump a imposé des tarifs semblables en 2018, les exportations d'acier du Canada aux É.-U. ont diminué de 38 %, causant des difficultés économiques aux travailleuses et travailleurs et aux collectivités de tout le pays. L'industrie de l'aluminium, qui souffre déjà des perturbations commerciales mondiales, voit mettre en péril 9 500 emplois directs canadiens.
« Les tarifs de Donald Trump sont un assaut direct sur la main-d'œuvre et l'économie du Canada. Ces tarifs ne protègent pas des emplois—ils en éliminent. Le Canada ne peut pas se croiser les bras pendant que ses travailleuses et travailleurs sont traités comme des monnaies d'échange dans le cadre de la guerre commerciale déclarée par Trump. Notre gouvernement doit répondre en prenant une forte action immédiate pour défendre les industries canadiennes et les travailleuses et travailleurs qui les tiennent aller », dit Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada.
Les syndicats du Canada ont riposté en 2018 et ils riposteront de nouveau. Nous incitons le gouvernement fédéral à prendre sur-le-champ des mesures pour défendre les travailleurs et travailleuses du Canada, comme par exemple de fortes mesures de rétorsion, des investissements dans les industries affectées et un soutien direct aux travailleuses et travailleurs impactés.
Les tactiques de guerre commerciale de Trump font passer les profits des entreprises avant le gagne-pain des travailleuses et travailleurs. Le Canada ne doit pas permettre que les politiques étasuniennes prennent son économie en otage. Nous épaulons les personnes qui travaillent dans les secteurs de l'acier et de l'aluminium et exigeons une réponse forte et rapide pour protéger emplois, industries et collectivités.
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gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.