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Cuba, ou comment faire la révolution en Amérique
À la suite de l’occupation militaire de Cuba par les États-Unis (1898-1902), le pays se trouve dominé par quelques grandes entreprises américaines et la mafia, de connivence avec un régime local corrompu. De 1952 à 1958, la dictature de Fulgencio Batista asphyxie la société, jusqu’à la révolution. À partir de 1959, le peuple cubain mène une véritable expérience socialiste, une première en Amérique malgré l’hostilité des États-Unis. Que retenir de ce pied de nez à l’impérialisme et de cette tentative révolutionnaire confrontée à l’adversité ?
Par Alexis Lafleur-Paiement[1]
Dans les années 1950, l’économie cubaine est totalement dominée par les États-Unis qui importent la grande majorité de la production sucrière de l’île et qui contrôlent la vente des produits manufacturés. Le sucre, l’agriculture, le pétrole, les mines, les usines, l’électricité et la téléphonie sont accaparés par des compagnies américaines (les profits vont donc à leurs actionnaires), alors que les salaires restent très bas et qu’il n’existe pas de services sociaux dignes de ce nom. Le chômage, qui frappe le tiers de la population active, accentue la détresse et amenuise le rapport de force que pourraient imposer les travailleur·euses. La dictature de Batista[2] étouffe la vie politique et bloque les possibilités de changement social, se réservant le peu de richesse qui demeure sur l’île. La jeunesse militante évolue de la légalité à la clandestinité, puisque les partis progressistes et le droit de grève sont interdits.
Fidel Castro dirige un premier mouvement d’insurrection marqué par l’attaque de la caserne Moncada, avant d’être emprisonné par le régime. Néanmoins, le mouvement ouvrier et social grandit à Cuba, et force la libération des prisonniers politiques en 1955. L’année suivante, le mouvement socialiste, réorganisé et armé, lance une offensive de grande ampleur contre le gouvernement. Ses positions en faveur des paysan·nes et des ouvrier·ères, ainsi que sa capacité à tenir en échec l’armée régulière au service de la dictature, le rendent de plus en plus populaire auprès des classes laborieuses. La majorité de la population sympathise bientôt avec les guérilleros, voire leur apporte une aide active. En décembre 1958, les insurgés lancent une dernière campagne, appuyée par une grève générale nationale. Batista est défait et, le 1er janvier 1959, La Havane est prise.


¡ Hasta la victoria siempre !
Au départ, Fidel Castro souhaite construire un socialisme proprement cubain, ni soumis à Washington ni aligné sur Moscou. Ce rêve est de courte durée, puisque les États-Unis refusent tout compromis avec le nouveau pouvoir. La nationalisation de plusieurs entreprises américaines[3], souhaitée par la population cubaine, met le feu aux poudres. Les États-Unis votent des sanctions économiques ciblant Cuba, puis commanditent l’envoi de troupes contre-révolutionnaires sur l’île en 1961, lors du débarquement de la baie des Cochons. La victoire totale des socialistes lors de cette bataille consomme la rupture entre les deux pays. Les États-Unis imposent un embargo en 1962 et le gouvernement castriste s’allie avec l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Les tensions atteignent un sommet lors de la crise des missiles, lorsque des armes soviétiques doivent être livrées à Cuba, qui recule face à la pression américaine. Un conflit de moindre intensité fait suite à ces épisodes extrêmes.
Malgré les aléas géopolitiques qu’affronte Cuba, les efforts pour bâtir une société nouvelle donnent des résultats. Comme la population a longtemps souffert de l’impérialisme et de la dictature, elle appuie le gouvernement de Castro et participe à la construction du socialisme. Les grandes propriétés terriennes sont nationalisées puis gérées par l’entremise de coopératives agricoles. L’éducation est nationalisée, rendue obligatoire, universelle et gratuite. Un système de santé public est mis en place à la grandeur du pays, lui aussi universel et gratuit. Ces mesures sont particulièrement bénéfiques pour les campagnes, délaissées avant la révolution. Ainsi, il n’existait qu’un hôpital public en région rurale avant 1959. Une dernière mesure est la nationalisation des biens du clergé au profit des systèmes d’éducation et de santé. Grâce à la vision sociale du gouvernement, à la motivation de la population et à l’appui de l’URSS, la société cubaine se développe rapidement et supprime les problèmes les plus graves hérités de l’ère néocoloniale.
À partir du milieu des années 1960, les forces progressistes de Cuba cherchent à s’unir et à pérenniser les acquis de la révolution. Les différents groupes forment le Parti communiste de Cuba (PCC) en 1965, dirigé par Fidel Castro, avant d’adopter une nouvelle constitution en 1976. Leur esprit collégial permet de maintenir la vie démocratique et le débat, tout en impliquant de larges franges de la population dans les processus en cours. L’essoufflement se produit subséquemment, en raison de l’embargo américain qui appauvrit l’île, du ressac de la gauche mondiale dans les années 1980 et du contrôle grandissant des cadres du Parti. Ce dernier élément est notamment explicable par la pression américaine qui renforce la paranoïa des dirigeants cubains. L’effondrement de l’URSS au début des années 1990 isole Cuba qui se retrouve à la croisée des chemins.

La « période spéciale », défis et avenir
En raison de l’anticommunisme forcené des États-Unis, Cuba a profondément intégré son économie à celle du régime soviétique. La disparition de celui-ci entraîne un effondrement des exportations cubaines, d’autant que l’embargo américain se poursuit. Une politique de rationnement, dite « période spéciale en temps de paix », est proclamée en 1990 afin de préserver l’état social, tout en évitant un appauvrissement prolongé. Les initiatives politiques et personnelles sont encouragées afin de mobiliser la population et de trouver des solutions novatrices. L’objectif est de canaliser la créativité et la débrouillardise au service du bien commun. Finalement, le déblocage économique se produit grâce aux nouveaux régimes socialistes d’Amérique latine, dont celui du Venezuela qui devient le principal partenaire de Cuba. Politiquement, les évolutions sont plus lentes, car la direction historique du PCC craint que des changements trop brusques n’entraînent la déstructuration des institutions héritées de la révolution.
Depuis le début des années 2000, Cuba évolue dans un environnement complexe où le maintien de l’état social demeure une priorité, alors que les jeunes générations désirent des transformations politiques et économiques. Le problème, c’est que rien ne garantit que l’île puisse préserver ses acquis si elle libéralise son marché. En effet, les régimes socialistes, comme les social-démocraties, résistent mal au néolibéralisme, sans compter qu’ils continuent d’être la cible des États-Unis, comme à Cuba, au Venezuela ou en Bolivie. En quête d’équilibre, la constitution cubaine de 2019 reconnaît les droits et libertés individuels, y compris la propriété privée, tout en maintenant un horizon socialiste et le dirigisme économique afin de développer « la pleine dignité de l’être humain »[4].
L’histoire de la révolution cubaine nous enseigne qu’il est possible, en dépit de circonstances difficiles, de renverser un état corrompu et d’instaurer un gouvernement populaire. Pourtant, dans un monde dominé par l’impérialisme et les cartels, la construction d’une société nouvelle reste délicate. Les pressions économiques et militaires contre les régimes de gauche ne doivent pas être sous-estimées, ainsi que les difficultés sociales et les crispations qu’elles entraînent. Pour y résister, les meilleures pratiques de la révolution cubaine répondaient directement aux aspirations du peuple et le mobilisaient dans leur mise en œuvre. Ce travail commun en vue d’objectifs clairs et légitimes s’est révélé à la fois galvanisant et efficace. De plus, l’internationalisme a permis à Cuba de maintenir sa souveraineté et une économie dynamique, malgré la dépendance envers l’URSS. Le renouvellement du système cubain, et plus largement de la gauche, doit passer par de telles pratiques collectives en vue d’objectifs globaux, dont la construction de l’état social et d’une économie pour le peuple, ancrés dans un réseau mondial de solidarité. « Le communisme d’abondance ne peut être édifié dans un seul pays. »[5]

En couverture : 1959-1969 Décimo Aniversario del Triunfo de la Rebelión Cubana, Rene Mederos (1969)
Notes
[1] Article initialement paru dans À Bâbord !, Numéro 99, printemps 2024 (p. 10–11)
[2] Fulgencio Baptista a procédé à un coup d’État en mars 1952, avec l’aide de la Central Intelligence Agency (CIA), avant d’instaurer une dictature militaire, pro-américaine et mafieuse.
[3] Notamment les installations pétrolières, l’International Telephone and Telegraph Company (ITT) et la United Fruit Company.
[4] Constitución de la República de Cuba, préambule, 2019, en ligne : https://biblioteca.clacso.edu.ar/clacso/se/20191016105022/Constitucion-Cuba-2019.pdf
[5] CASTRO, Fidel. Révolution cubaine (tome II), Paris, Maspero, 1969, page 122.
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Les droits culturels, pour donner du sens à la vie

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Les droits culturels, pour donner du sens à la vie
Entrevue avec Vincent Greason, militant des droits humains Propos recueillis par Elisabeth Dupuis, responsable des communications à la LDL « Un joyeux mystère pour certains », nous dit Vincent; un parent pauvre pour d’autres, pourrait-on ajouter. Le champ des droits culturels est pourtant vaste et on gagnerait à s’en saisir davantage. Les droits culturels font référence à l’ensemble des croyances, des connaissances, des qualifications, des valeurs, des références culturelles, des savoir-faire, des modes de vie, des coutumes, en plus de la culture comme les œuvres d’art, le théâtre, la musique ou le cinéma. La Charte des droits et libertés de la personne du Québec est peu bavarde au sujet des droits culturels. En effet, l’article 43 est le seul qui y fait référence et encore, de façon assez limitée : « Les personnes appartenant à des minorités ethniques ont le droit de maintenir et de faire progresser leur propre vie culturelle avec les autres membres de leur groupe. » Dans un numéro de Droits et libertés, Droits culturels et droit à la culture, Christian Nadeau écrivait : « Pensée comme un privilège, la culture représente une forme de domination. Pensée dans la perspective des droits, dans la logique de l’interdépendance de ceux-ci, elle est un contre-pouvoir, dans un rapport de solidarité et de complémentarité, face aux volontés hégémoniques pour surmonter les impuissances, les angoisses et les fables qui invitent à la résignation. En ce sens, la force libératrice de la culture demeure toujours nécessaire, hier comme aujourd’hui1».L’éducation : un droit culturel
« D’ailleurs, les droits culturels sont très liés au droit à l’éducation, une proximité qui démontre l’interdépendance des droits », explique Vincent. On conçoit la possibilité d’acquérir et de partager des connaissances et de développer la pensée critique par l’éducation, tant chez les enfants que chez les adultes, tout au long et au large de la vie. Dans la Charte québécoise, on énonce une vision très limitée du droit à l’éducation : « Toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi, à l’instruction publique gratuite. » (art. 40), ce qui signifie la formation de base, primaire et secondaire. À aucun endroit, la Charte ne prévoit le droit d’apprendre tout au long de la vie ou le droit à l’éducation des adultes. Vincent rappelle que l’éducation, selon le Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), vise au plein épanouissement de la personne humaine et à sa dignité, et qu’il faut considérer l’éducation des adultes bien au-delà de la formation à l’emploi. Les organisations d’action communautaire, d’éducation populaire et les syndicats abordent des sujets multiples : la francisation, le système politique, l’environnement, l’histoire, les inégalités économiques, les droits humains, etc. Comme l’énonce l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’éducation est « un droit émancipateur en soi et c’est l’un des outils les plus puissants pour permettre aux enfants et aux adultes marginalisés sur le plan économique et social de s’extraire de la pauvreté et de participer pleinement à la société 2». « L’éducation populaire est un vecteur incontournable pour développer la littératie politique et agir dans la société. » Pourquoi cette façon d’acquérir des connaissances et des savoir-faire est-elle si importante ? Vincent nous le précise : « Pour comprendre le monde qui nous entoure, pour contrer la désinformation et pour bâtir une société fondée sur la justice sociale. » On peut même ajouter : pour éviter de se faire enfirouaper. [caption id="attachment_21706" align="alignright" width="363"]
Crédit : MEPACQ[/caption]
« Comment participer à la vie culturelle si tu ne connais pas le système ? Ça prend des outils pour être en mesure d’aller donner son opinion au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), par exemple! Il faut outiller la population et ça passe bien souvent par l’éducation populaire », explique Vincent.
Apprendre toute la vie
« Pour le gouvernement du Québec, l’éducation des adultes se limite présentement à l’intégration au marché du travail et à la formation en emploi. Il faut élargir cette définition, afin d’inclure les enjeux culturels, politiques et sociaux à travers l’éducation populaire, qui joue un rôle incontournable au Québec. » Pour Vincent, « il est évident que les droits des adultes en matière d’éducation sont bafoués ». Vincent nous propose de consulter l’avis au gouvernement du Québec rédigé par le Conseil supérieur de l’éducation sur l’éducation aux adultes : « L’État a un rôle structurant à jouer pour soutenir l’action éducative de cette grande communauté éducative décentralisée. À cet égard, le Conseil recommande : d’engager le Québec dans une perspective d’éducation élargie à laquelle l’éducation populaire contribue pour le mieux-être des adultes ; de consolider et d’accroître la place de l’éducation populaire comme moyen de soutenir le développement du pouvoir d’agir des adultes et de leur capacité à jouer différents rôles ; de pérenniser et d’enrichir les moyens d’une éducation populaire de qualité3 ».Il faut outiller la population et ça passe bien souvent par l’éducation populaire.Quant à la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée en 1948, elle affirme que : « Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent» (art. 27,1). Pour comprendre le droit à la culture comme étant le droit de tout adulte de participer activement à la vie en société, et pour pouvoir y participer pleinement, elle ou il doit s’en sentir partie prenante. D’où l’importance pour les adultes, particulièrement les personnes nouvellement arrivées ou les personnes peu instruites, d’être outillés pour pouvoir y participer. Outre la nécessité d’inscrire les droits culturels dans la Charte québécoise, il est grand temps que le Québec se dote d’une vraie politique en éducation des adultes qui reconnaît le droit de celles-ci et ceux-ci d’apprendre tout au long et tout au large de la vie.
- En ligne : https://liguedesdroits.ca/pour-les-droits-culturels-et-le-droit-a-la-culture/
- En ligne : https://www.unesco.org/fr/right-education/need-know
- Conseil supérieur de l’éducation, L’éducation populaire : mise en lumière d’une approche éducative incontournable tout au long et au large de la vie, Québec, octobre En ligne : https://www.cse.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/2016/11/50-0492-AV-leducation-populaire.pdf
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Les fictions du racisme

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Un monde de lecture
Les fictions du racisme
Catherine Guindon, enseignante, Cégep de Saint-Laurent
Voici un ouvrage percutant sur le racisme, de l’auteur Deni Ellis Béchard, à qui nous devons notamment Kuei, je te salue : conversation sur le racisme (coécrit avec Natasha Kanapé Fontaine, 2021) et Des bonobos et des Hommes (2014). Dans La blanchité aveuglante1, Béchard ne mâche pas ses mots : la culture nord-américaine est dans le déni et de multiples fictions aveuglent les Blanc-he-s2 face aux dynamiques raciales dans la société. Il soutient qu’il est illusoire de penser que le racisme n’existe que chez une minorité de gens qui commettent des actes violents et nous propose de mettre en lumière ces croyances mythologiques que les Blanc-he-s peuvent entretenir à propos des inégalités raciales.
C’est à partir de sa propre vie que Béchard entreprend d’analyser les mirages liés au racisme. En effet, dans une démarche croisant l’essai et l’autobiographie, il analyse comment son propre système de croyances a été façonné par le racisme depuis son enfance. Né d’un père québécois et d’une mère américaine, Béchard est une personne Blanche qui a grandi à Vancouver, puis dès ses 10 ans, en Virginie. C’est dans cet État américain qu’on lui a inculqué une fiction fondamentale : celle qu’il existe une différence de nature entre Blanc-he-s et Noir-e-s, ce qui justifierait une ségrégation entre eux et elles.
Le racisme ne s’imbrique pas nécessairement dans les croyances et les comportements de façon très explicite. Par exemple, l’auteur analyse des insinuations et des blagues déshumanisantes dont il a été témoin dans son enfance et son adolescence. Il nous montre que ce genre de propos contribue en fait à instiller dans les esprits une illusion de hiérarchie naturelle entre les Blanc-he-s et les Noir-e-s, l’une des fictions les plus fondamentales qui crée les conditions pour que d’autres fictions émergent.
Béchard propose ainsi une analyse de nombreux autres leurres au sujet de la discrimination raciale. L’un d’eux est une fiction à propos des émotions attribuées aux Blanc-he-s et aux Noir-e-s. Dès son enfance, l’auteur remarque qu’il faut particulièrement se méfier des Noir- e-s lorsqu’ils sont en colère. On lui transmet l’idée que la tristesse et la souffrance sont l’apanage des Blanc-he-s, niant par le fait même la complexité de la vie émotionnelle des Noir-e-s.
L’idée que l’on vit aujourd’hui dans une société juste où chacun mérite son dû est un autre mythe qui permet de maintenir les Blanc-he-s dans un état d’aveuglement face au racisme.L’idée que l’on vit aujourd’hui dans une société juste où chacun mérite son dû est un autre mythe qui permet de maintenir les Blanc-he-s dans un état d’aveuglement face au racisme. La croyance en la méritocratie les amène à penser que les Noir-e-s pourraient améliorer leur sort s’ils et elles avaient assez de volonté, faisant fi de l’histoire individuelle des personnes racisées, de leurs luttes, de leurs difficultés et des déterminismes dont ils et elles sont victimes. Voilà une autre fiction qui permet de comprendre les propos de C.W. Mills lorsqu’il parle d’une « épistémologie de l’ignorance », c’est-à-dire la difficulté pour les Blanc-he-s à comprendre le monde inégalitaire qu’ils et elles ont eux-mêmes et elles-mêmes créé. La force de cet essai est de parler du racisme et ses mirages à partir de faits vécus par l’auteur. L’auteur se met lui-même dans l’humble position de celui qui apprend à mieux comprendre les mécanismes d’une société dans laquelle il est lui-même plongé. À travers une démarche introspective, il invite le lecteur et la lectrice à scruter, eux aussi, leurs croyances et convictions. Et, s’il s’appuie souvent sur sa jeunesse vécue en Virginie, les propos de Béchard peuvent très bien se transposer aux dynamiques raciales du Québec et du Canada, comme l’auteur le dit lui-même notamment à propos de la situation des Autochtones. C’est une tâche impérieuse que celle de lutter contre les inégalités raciales alors que le gouvernement Trump entreprend de déporter massivement des migrant-e-s. Mais elle est aussi pertinente afin de débusquer des formes de racisme plus subtiles, mais tenaces et répandues, auxquelles nous sommes tous et toutes confrontés au quotidien. Car le racisme n’est pas exclusif à une petite minorité malveillante. Aussi est-il essentiel de lutter contre cette forme de « banalité du mal », pour reprendre, comme le fait l’auteur, les mots d’Hannah Arendt, afin que des actions encore plus violentes ne soient évitées, pensons au profilage racial, à la discrimination à l’emploi ou à la brutalité policière. Le livre de Béchard est donc un ouvrage choc à lire pour faire un nouveau pas vers le démantèlement du racisme.
- Le titre renvoie à une expression du philosophe Charles Mills dans le Contrat racial. Selon le lexique de la Ligue des droits et libertés, la blanchité désigne « le fait d’appartenir, de manière réelle ou supposée, à la catégorie sociale « Blanc ». (…) Nommer la blanchité, c’est interroger le sous-texte qui suggère que les « Blancs » sont la référence, un universel qui englobe toute l’humanité alors que les « non-Blancs » ont des particularités. » Source : https:// liguedesdroits.ca/lexique/blanchite-ou-blanchitude/
- Dans cet article, nous avons choisi de respecter le choix de l’auteur de l’ouvrage en conservant le B et le N majuscules pour parler des Blanc-he-s et des Noir-e-s (même lorsque ce sont des adjectifs qualificatifs) et ce, afin de mettre en évidence que ce sont des réalités construites socialement.
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Mères colombiennes : un courage indomptable contre le recrutement forcé de jeunes mineur.es à la guerre !
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Des pipelines, des pipelines, toujours des pipelines
May Day, The Haymarket Martyrs, and Indigenous Resistance | Jeff Shantz (Canada, 2025)
La Caisse et la Palestine : tenter de rassurer tout en évitant de répondre
La promesse d’acier de Carney : des milliards pour les entreprises, des miettes pour les travailleurs

Le retour du fascisme allemand ?

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Chronique Ailleurs dans le monde
Le retour du fascisme allemand ?
Édouard de Guise, étudiant à Sciences Po Paris et militant à la Ligue des droits et libertés [caption id="attachment_21649" align="alignright" width="448"]
Crédit : Leonhard Lenz[/caption]
En septembre 2019, l’administration d’Eisenach, ville de taille moyenne du land de Thuringe en Allemagne, tentait d’interdire des manifestations « contre le fasciste Höcke ». Dans un jugement rendu d’urgence, un tribunal administratif local donnait raison aux manifestant-e-s dans une décision conjuguant liberté d’expression aux « faits vérifiables » à propos du principal concerné. Selon la décision du tribunal, Björn Höcke, leader de l’aile la plus extrême du parti d’extrême droite Alternativ für Deutschland (AfD, Alternative pour l’Allemagne), aurait démontré une « adhésion ouverte aux déclarations fascistes, racistes, antisémites et révisionnistes historiques du national-socialisme allemand ». Depuis, son parti s’est considérablement rapproché de sa rhétorique d’exclusion violente et de relativisation des horreurs nazies. Malgré cet extrémisme et cette rupture marquée avec la culture du devoir de mémoire en Allemagne, le parti est en pleine ascension depuis quelques années. Les élections fédérales de février 2025 ont vu l’AfD rafler le quart des sièges au Bundestag, devenant le second groupe politique en importance au parlement allemand. Une personne électrice sur cinq a voté pour cette formation aux positions qui appellent aux violations massives de droits. Le fascisme allemand est-il de retour? À quoi devons-nous nous attendre des récents résultats électoraux? Où en est la réponse antifasciste?
L’AfD et le fascisme
L’idéologie du parti est un amalgame de diverses positions politiques d’extrême-droite. Sur le plan économique, il s’agit d’une formation néolibérale cherchant la déréglementation et la diminution de la taille de l’État. L’AfD nie notamment la gravité des conséquences de l’action humaine sur les changements climatiques. Le parti soutient que la réglementation en la matière nuit à l’industrie automobile, un pilier de l’économie allemande, et ralentit plus généralement l’économie. Liés à cette défense acharnée de l’automobile allemande se trouvent des arguments qui dépassent les considérations environnementales. L’AfD se présente ainsi comme la défenseure d’un élément central de la culture allemande, tentant de convaincre de sa détermination à préserver un mode de vie. Cette posture de « sauveur de la culture traditionnelle allemande » porte également le parti à adopter des positions réputées patriarcales, misogynes, LGBTQ+phobes, eurosceptiques et prorusses. De plus, l’AfD réunit sous un même toit des partisan-e-s antisémites, nostalgiques du Troisième Reich, et des appuis solides à Benjamin Netanyahou dans ses opérations militaires à Gaza. Ces positions populistes et anti-pluralistes accompagnent une inquiétante tendance à banaliser ou même adopter des discours et des idées fascistes. Dans le jugement mentionné en introduction du présent article, le tribunal a autorisé l’utilisation du mot « fasciste » pour décrire Björn Höcke. Ce dernier a été condamné à plusieurs reprises pour avoir utilisé le slogan nazi « tout pour l’Allemagne ». Il a aussi appelé à faire un « 180o » sur la culture du devoir de mémoire au pays tout en qualifiant la défaite allemande de 1945 de « catastrophique » et le mémorial de l’Holocauste à Berlin de « monument de la honte ». Cette promotion d’une culture allemande hyper-conservatrice, traditionnaliste et révisionniste marque l’idéologie de l’AfD, ainsi qu’un discours de plus en plus populaire d’attachement à l’Allemagne du passé. Au-delà du populisme évident dans les propositions anti-élitistes et anti-pluralistes se trouve un réel attrait pour la chose fasciste. Le parti tient des propos qui amalgament migrant-e-s et violence dans une démonstration flagrante de discours haineux. Accusant les politiques migratoires ouvertes de l’ère Merkel d’avoir causé la hausse des niveaux d’insécurité et de violence, il entretient un discours qui associe l’immigration au crime et au meurtre. Pour résoudre ce qu’il perçoit comme une «mort nationale », l’AfD prône la remigration : une politique de déportation de masse. Des membres du parti croient même qu’il faut repousser les migrant-e-s qui tentent d’entrer en Allemagne par tous les moyens, « y compris les armes ». Leurs positions violent de nombreuses normes internationales de droits de la personne inscrites notamment dans la Convention de 1951 relative au statut des réfugié-e-s et son Protocole de 1967. Leurs prises de positions ont fait l’objet de plusieurs évaluations au tribunal, menant entre autres à ce que plusieurs succursales régionales du parti ainsi que l’aile jeunesse fédérale de l’AfD soient désignées comme des organisations « extrémistes » par l’Office fédéral de protection de la constitution.Une ascension fulgurante
L’émergence du parti sur la scène nationale a été catalysée par deux crises européennes majeures. L’AfD a été créée en 2013 par réflexe eurosceptique à l’aide apportée par l’Allemagne aux pays d’Europe du Sud, alors marqués par de graves problèmes de dette. Le parti a ensuite gagné en vigueur lors de l’aflux massif en Europe de réfugié-e-s issus de Syrie en 2015. La formation politique a bénéficié du mécontentement à droite en rapport à la politique d’accueil des migrant-e-s menée par la chancelière Angela Merkel. Capitalisant sur ce mécontentement, l’AfD a réussi à faire élire des membres du Bundestag pour la première fois à la suite des élections de 2017. Aux élections de 2025, le parti néofasciste a reçu 21 % des suffrages, le portant dans une position de force au Bundestag. Plusieurs facteurs expliquent cette ascension aux portes du pouvoir. D’abord, l’AfD a promu un message relativement simple au cours des dernières années : c’est la faute de l’immigration. Chaque acte violent commis par une personne issue de l’immigration a été diffusé et utilisé pour justifier des politiques d’exclusion et d’expulsion. Capitalisant sur une industrie faiblissante et stagnante, le parti a aussi utilisé les maux économiques allemands pour mettre de l’avant sa rhétorique d’exclusion des migrant-e-s. L’AfD a diffusé en masse ses messages haineux sur diverses plateformes. Faisant une utilisation judicieuse des réseaux sociaux et des algorithmes, le parti a réussi à rejoindre un électorat beaucoup plus jeune et large que sa base traditionnellement masculine de travailleurs blancs relativement âgés. L’appui de figures majeures des réseaux sociaux comme Elon Musk, propriétaire du réseau X, et d’une armée de jeunes influenceurs et influenceuses a propulsé l’AfD à l’avant-scène du discours public. Par leurs discours simples, clivants et controversés, ces contenus ont profité d’algorithmes leur étant favorables pour obtenir une bien meilleure couverture que les contenus à gauche. Une étude de l’ONG Global Witness menée en amont des élections de 2025 a montré que respectivement 64 % et 78 % des contenus recommandés par X et TikTok étaient favorable à l’AfD. Le caractère controversé des discours tenus par l’AfD, qui génère davantage d’interactions que les publications moins controversées, ainsi que la proximité de figures comme Elon Musk avec le parti comptent parmi les raisons de la portée de ces messages haineux et fascistes. Lorsqu’interrogée à ce sujet, Martina Renner, membre du Bundestag et vice-présidente du parti Die Linke, affirme que :« Les bouleversements sociaux, le rejet de la démocratie, la peur de la guerre et un changement culturel vers la droite qui propage de vieux modèles jouent un rôle important dans les bons résultats de l’AfD parmi les jeunes. Les (jeunes) hommes sont sensibles aux réponses autoritaires et violentes aux crises sociales actuelles».
Grâce à ces messages et à leur diffusion en masse, l’AfD est désormais la deuxième force politique au parlement allemand. Les appuis à l’AfD sont beaucoup plus importants dans les länder qui formaient autrefois la République démocratique allemande (RDA), ou l’Allemagne de l’Est. Malgré la réunification des deux Allemagnes, une division subsiste. Les Allemand-e-s de l’Est ont voté en premier lieu pour l’AfD, entre autres à cause d’une exposition moindre aux populations immigrantes et d’un sous-développement par rapport à l’Ouest. À titre de comparaison, l’AfD n’a pas fait élire directement un seul membre du Bundestag à l’Ouest, dominé par les partis traditionnels. Un bémol cependant : l’AfD a remporté le vote par liste dans deux circonscriptions à l’Ouest, illustrant cette ouverture croissante au parti dans le reste de l’Allemagne. Les maux sociaux et économiques à l’Est sont un facteur important de ce vote contestataire pour l’extrême-droite. Le sous-développement par rapport au reste de l’Allemagne entraîne donc un certain ressentiment à l’égard des partis alors qualifiés d’« establishment », qui porte à voter pour un parti qui promet de remettre l’Allemand moyen au centre de la politique à Berlin. Malgré cette habitude à associer le vote pour l’AfD uniquement à un vote contestataire, une étude du Tagesschau a montré que 54 % des appuis au parti soutiennent cette formation « par conviction » et que seulement 39 % de ces personnes se disaient déçues par les autres partis. Le profil des adhérent-e-s au parti change donc, et l’idéologie fasciste gagne en popularité. Il est important de se rappeler que ce phénomène n’est pas qu’allemand. Outre-Rhin, la France a vu le Rassemblement national rafler 37,7 % des votes au second tour des élections législatives de 2024, loin devant les blocs présidentiel et de gauche, s’étant vus remporter environ 26 % des voix chaque. Au Royaume-Uni, le populiste de droite Nigel Farage a obtenu presque 15 % des suffrages aux élections générales de 2024 et domine présentement dans les sondages. L’Italie est déjà gouvernée par une coalition de droite dirigée par Giorgia Meloni et sa Fratelli d’Italia, formation d’extrême-droite arborant des positions anti-immigration et réactionnaires. Des partis d’extrême-droite ou de droite populiste forment ou soutiennent le gouvernement dans plusieurs autres pays européens comme la Suède, la Hongrie, les Pays-Bas, la Croatie, et plusieurs autres.La lutte contre les tendances antidémocratiques et le fascisme doivent donc obligatoirement passer par un soutien général, résolu et exprimé aux normes et aux valeurs démocratiques et constitutionnelles.Ailleurs dans le monde, des populistes et des nationalistes de droite sont la cause d’une importante dégradation des valeurs et institutions démocratiques, notamment aux États-Unis et en Inde.
Une réponse antifasciste
Il ne faut pas faire une lecture entièrement négative du résultat des élections de février 2025. Malgré une incertitude au début de la campagne sur sa capacité à intégrer le Bundestag aux élections, le parti de gauche Die Linke s’est vu accorder 8 % des suffrages. Plusieurs analystes y voient la manifestation électorale d’une réponse antifasciste plus large. Les semaines avant les élections ont vu plusieurs centaines de milliers d’Allemand-e-s prendre la rue pour dénoncer cette résurgence du fascisme. On comptait environ 38 000 manifestants à Berlin, et plus de 200 000 à Munich dans les jours avant le vote. Pour Stefan Liebich, directeur général du bureau new-yorkais de la Fondation Rosa-Luxemburg :« Les grandes manifestations antifascistes jouent un rôle majeur en Allemagne. Sans elles, le discours serait bien pire. Et ils ont contribué au fait que, malgré le glissement général vers la droite, Die Linke, en tant que force clairement du côté des migrant-e-s et des réfugié-e-s, a été renforcé lors des dernières élections».
Comme susmentionné, le fascisme et les rhétoriques d’exclusion sont des symptômes de notre époque qui ne se limitent pas qu’au cas allemand. Les discours attisant la haine de l’immigration et le ressentiment à l’endroit des institutions démocratiques planent sur les législatures à travers le monde. Or, l’Allemagne nous apprend qu’il est possible, et surtout souhaitable, de contre-attaquer pour préserver l’État de droit, la démocratie et le respect des droits humains. Les institutions allemandes sont solides et tiennent le coup pour l’instant, notamment grâce au « cordon sanitaire », cette pratique politique qui consiste à refuser la collaboration avec les partis d’extrême-droite. Le gouvernement conservateur du chancelier Friedrich Merz ne devrait pas déroger à cette règle. Pour ce qui est de la prévention du fascisme, Martina Renner suggère de porter attention à des signaux qui, lorsque détectés, permettent d’agir préemptivement :« Le néonazi classique n’est pas le seul à être une expression de l’idéologie fasciste. Les forces conservatrices et réactionnaires de droite ou les partisans des idéologies conspirationnistes, qui sont devenus de plus en plus fréquents pendant la pandémie de coronavirus, sont une expression de l’idéologie réactionnaire et fasciste, qui propage l’inégalité entre les personnes».
La lutte contre le fascisme passe d’abord par l’établissement et le maintien d’une culture politique sensible aux dérives antidémocratiques commune aux membres des institutions démocratiques et à la population. En d’autres mots, le système démocratique en entier doit devenir allergique à l’autoritarisme, à la démagogie et au populisme. Les institutions et la population doivent communément, dès les premiers signes d’idées qui présentent une menace à l’état de droit et aux droits démocratiques, exclure, dénoncer, et exprimer leur désaccord. Selon Martina Renner, la mobilisation contre l’extrême-droite en Allemagne incluait la gauche sociale, des églises, des syndicats, et des ONG. Une constitution démocratique ne peut survivre que dans de telles conditions parce que les institutions ne sont jamais capables de se défendre seules. Il n’existe pas de système politique qui résiste systématiquement aux éléments antidémocratiques.Tous doivent être sensibles au fait que le conservatisme réactionnaire et les théories conspirationnistes ouvrent la voie au fascisme par la voie de l’intolérance et de l’exclusion. [caption id="attachment_21649" align="aligncenter" width="448"]La lutte contre les tendances antidémocratiques et le fascisme doivent donc obligatoirement passer par un soutien général, résolu et exprimé aux normes et aux valeurs démocratiques et constitutionnelles. Les discours publics tels que perçus dans la presse écrite, les médias audiovisuels, les réseaux sociaux et les échanges de tous les jours, doivent refléter un attachement à une constitution démocratique. Il est difficile, mais nécessaire de cultiver un tel attachement à la démocratie, que ce soit à travers l’éducation formelle, populaire, ou les rapports quotidiens. Selon Martina Renner, cette sensibilité aux discours fascistes ne doit pas se limiter aux exemples classiques. Tous doivent être sensibles au fait que le conservatisme réactionnaire et les théories conspirationnistes ouvrent la voie au fascisme par la voie de l’intolérance et de l’exclusion. Des membres du Bundestag issus du CDU (conservateurs), du SPD (sociaux-démocrates), du parti vert, du parti de gauche et d’un parti de minorité danoise ont conjointement demandé à la Cour constitutionnelle de Karlsruhe d’interdire l’AfD. L’échec de cette démarche illustre l’importance de la continuité de la lutte contre le fascisme en dehors de l’enceinte politique. Néanmoins, le 2 mai 2025, l’Office fédéral de protection de la constitution a qualifié le parti d’« extrémiste de droite avéré ». Cette décision confère à l’agence du renseignement intérieur des moyens accrus pour surveiller l’AfD, présentée comme incompatible avec l’ordre démocratique, et illustre les moyens d’auto-défense des institutions allemandes pour préserver l’État de droit. À une époque où des pays aux traditions démocratiques bien établies comme les États-Unis et l’Allemagne sont à risque de basculer vers l’autoritarisme, la société canadienne doit comprendre le risque qui la guette et apprendre des leçons venues d’ailleurs pour préserver son État de droit et sa démocratie. L’exemple allemand nous apprend qu’au-delà de l’exclusion au niveau politique, la lutte contre les discours haineux et l’exclusion systématique des éléments fascistes est une affaire de tous les jours et une responsabilité collective.Crédit : Leonhard Lenz[/caption]
L’article Le retour du fascisme allemand? est apparu en premier sur Ligue des droits et libertés.
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