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Négociation nationale des CPE : Les 13 000 travailleuses en grève alors que la négociation s’intensifie

La négociation s'est poursuivie toute la fin de semaine et les échanges continuent de façon intensive. L'objectif est de parvenir à une entente bonifiant les conditions de travail des travailleuses en CPE dans les meilleurs délais.
Les 13 000 travailleuses et travailleurs en CPE syndiqués à la CSN sont en grève du 14 au 16 avril, alors que la négociation s'intensifie avec le gouvernement. La grève est maintenue afin de parvenir à une entente le plus rapidement possible.
La négociation s'est poursuivie toute la fin de semaine et les échanges continuent de façon intensive. L'objectif est de parvenir à une entente bonifiant les conditions de travail des travailleuses en CPE dans les meilleurs délais. Pour la CSN, qui représente 80 % des travailleuses syndiquées en CPE, il est important que le gouvernement accepte de bonifier ses offres pour répondre aux préoccupations des travailleuses quant à l'avenir des CPE.
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PL-69 : Non à la privatisation de l’électricité !

Des organisations des milieux communautaire, environnemental, citoyen et syndical se sont donné rendez-vous aujourd'hui à Saint-Jean-sur-Richelieu pour dénoncer les dérives du projet de loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques au Québec (PL-69). Les groupes ont profité d'un arrêt de la tournée Vision énergie sur la planification énergétique pour exiger une fois de plus un vrai débat public sur l'énergie, revendication portée depuis plus de deux ans déjà, sans écho réel de la part du gouvernement qui visiblement préfère imposer sa propre vision.
Avec le PL-69, la CAQ attaque un service indispensable. « Le retrait du droit exclusif d'Hydro-Québec à produire, transporter et distribuer l'électricité ouvre la porte à la privatisation. L'électricité coûtera plus cher à produire et l'impact sur les factures sera majeur », signale Patrick Gloutney, Président du SCFP-Québec
Rappelons qu'au Québec, 1 ménage sur 7 n'arrive pas à payer sa facture d'électricité ou y parvient au détriment d'autres besoins de base. « Le PL69 fait passer les besoins des industries avant la santé de la population. Il fait des tarifs d'électricité le principal mode de financement de la transition énergétique. C'est injuste et régressif ! », dénonce Émilie Laurin-Dansereau, conseillère budgétaire à l'ACEF du Nord de Montréal
« Le gouvernement ne doit pas faire l'économie d'un véritable débat de société sur l'avenir énergétique du Québec. Le premier ministre François Legault en avait pourtant fait la promesse lors de son élection en 2022. Une large consultation publique sur l'avenir énergétique est essentielle pour s'assurer que le projet de loi mène réellement à la décarbonation tout en protégeant la nature et la santé humaine, en renforçant l'équité sociale et en favorisant la mobilisation de l'ensemble de la société face aux défis de la transition », souligne Louise Morand du RVÉQ.
« Si la population n'a pas été invitée à participer activement à l'élaboration de cette Loi 69, l'entreprise privée, par la voix de ses lobbyistes, a été très proche des décideurs, selon le registre accessible en ligne « Carrefour Lobby » » déclare Sophie Thiébaut, coordonnatrice d'Attac Québec.
Considérant l'importance des conséquences que ce projet de loi pourrait avoir, les groupes rappellent qu'une réelle consultation tenue dans un cadre démocratique inclusif est essentiel. Les décisions concernant l'avenir de l'énergie au Québec ne doivent pas être prises derrière des portes closes par quelques experts triés sur le volet par le gouvernement.
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La question de l’urne : Plus celle des réfugié-e-s que celle des tarifs ?

Il est impérieux de contrer l'incroyable charge islamophobe et antinoire de la CAQ, cautionnée par un Carney, probable prochain Premier ministre du Canada, qui fait paraître l'ancien Premier ministre Trudeau comme un gauchiste. Les prétextes — il en faut toujours — sont une poussée fondamentaliste dans quelques écoles et un prétendu assaut des frontières par des Haïtien-ne-s éperdu-e-s fuyant la fureur trumpienne. L'écrivain d'origine haïtienne et académicien Dany Laferrière a mille fois raisons de souligner que « [l]es demandeurs d'asile peuvent aussi représenter ‘'toute la richesse du monde'' » et non pas « toute la misère du monde » comme les a qualifié le ministre de l'Immigration Roberge. Comme le dit l'écrivain, « Les gens se disent [que] s'il n'y avait pas les Haïtiens au Québec, bien sûr, le Québec aurait survécu. Mais il manquerait quelque chose. »
On ne le dira jamais assez, quand iels sont accueilli-e-s les bras ouverts, c'est-à-dire avec de généreux programmes de francisation, de soutien au revenu si nécessaire, d'accès au logement à portée de leurs bourses, de reconnaissance de leurs diplômes sans entrave corporatiste et surtout d'accès au monde du travail sans aucune discrimination, les immigrant-e-s et les réfugié-e-s cessent rapidement d'être à charge. Pour avoir eu la force de subir les dures épreuves de la fuite d'enfers de misère ou de persécution souvent en traversant un grand nombre de pays, iels sont parmi les plus capables, débrouillard-e-s et résilient-e-s de leurs compatriotes.
Iels seront les premiers-ères à contribuer à la construction de logements et à devenir ces travailleur-euse-s essentiel-le-s, plus que proportionnellement des personnes racisées, qui ont sauvé la mise au peuple québécois durant la pandémie. Iels pourraient être la force de travail répondant à l'appel des 120 édiles municipaux, dont la mairesse de Montréal, représentant 10 millions de Canadienne-s. Ces édiles requièrent des chefs de parti en campagne électorale de laisser tomber pipelines de gaz et pétrole pour plutôt « construire au moins deux millions de logements écoénergétiques hors marché privé, rénover nos maisons et bâtiments pour mieux conserver la chaleur en hiver et la fraîcheur en été, et finalement financer une véritable stratégie nationale de résilience, d'intervention et de reconstruction, pour que nos communautés soient prêtes à faire face aux catastrophes climatiques à venir ».
Nous, Québécois-e-s dit de souche, ne nous mettons pas la tête dans le sable. Le massacre de la mosquée de Québec et la mort de l'autochtone Joyce Echaquan ne sont pas des incidents isolés mais des signes d'un racisme bien enraciné et systémique. Les récentes enquêtes du Devoir en Abitibi et en Gaspésie à propos des stagiaires infirmier-ère-s africain-e-s l'ont plus que révélé. « Intolérance, stupeur et consternation » de clamer l'éditorialiste. « C'est une histoire à faire hurler, sise aux frontières de nos espoirs d'intégration des immigrants et de la plate réalité du terrain, encore raviné par des poches d'intolérance et de discrimination. » Est-ce si certain que ça ne soit que des poches ? C'est ce racisme bien implanté qui, au cours de la présente campagne électorale. fait les beaux jours du bloc nationaliste, CAQ, PQ et Bloc québécois, trop heureux de l'entretenir pour des fins bassement électoralistes.
Pourtant « Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) parle même plutôt d'une ‘'diminution importante'' de ce nombre total [de demandeurs d'asile] depuis 2023. […] Entre le 1er janvier et le 1er avril 2023, alors qu'il y avait encore des passages par le chemin Roxham, plus de 19 600 personnes ont demandé l'asile au Canada. Pour la même période en 2024, elles étaient plus de 17 000, principalement arrivées par avion. Et cette année, elles ont été 9460 au total. » Cependant, si les flux aux aéroports diminuent, ceux à la frontière, aux entrés routières comme à travers bois, iront en augmentant stimulés par la féroce répression trumpienne.
Quelle sera la réaction du Canada comme du Québec ? That is the question qui démarque l'internationalisme ouvrant une brèche vers une société pro-climat du soin et du lien et le nationalisme identitaire enfermant la nation dans un processus de néo-fascisation.
Marc Bonhomme, 13 avril 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Vote stratégique : Vote utile ou vote futile ?

À chaque élection on se pose la question de la nécessité ou non du vote stratégique. Cette fois-ci plus fortement encore. Il y Trump dans le décor. Et Poilièvre fait aussi peur à bcp de gens, surtout aux électeurs progressistes qu'ils ou elles votent Bloc Québécois, NPD ou les Verts.
Le vote stratégique est certes utile dans plusieurs circonstances pour éviter le pire. Mais pas dans tous les comtés ou en toute circonstances. Pour y voir clair, voyons d'abord le résumé des derniers sondages extrait du site QC125.com (voir image).
C'est à peu près pareil depuis plus d'une semaine. Le Parti Conservateur obtient une très grande concentration de ses votes dans l'Ouest, surtout en Alberta. Pour cette raison, le PC a besoin historiquement d'au moins 2% d'avance sur le PLC pour avoir une chance de former un gouvernement, même minoritaire. Avec 6 points d'avance, les Libéraux peuvent former un gouvernement majoritaire avec environ 190 sièges, loin des 170 nécessaires pour la majorité au parlement.
Beaucoup de gens sont actuellement aux prises avec les nombreuses difficultés d'une situation économique précaire. Ils et elles ne suivent pas en détail l'évolution de ces sondages et la tendance actuelle d'appui fort aux libéraux au Québec et en Ontario ne risque pas vraiment de bouger.
Donc, compte tenu de la très faible possibilité pour Poilièvre de remonter la pente, LE VOTE STRATÉGIQUE DEVIENT FUTILE DANS BEAUCOUP DE COMTÉS où les conservateurs n'ont aucune chance de le remporter. Les sympathisants du NPD, des Verts et les progressistes du BQ peuvent donc voter pour leurs convictions sans se soucier de calcul et de stratégie.
C'est particulièrement le cas dans Rosemont, dans Laurier-Saint-Marie ou dans Hochelaga-Rosemont-Est pour les sympathisants du NPD.
Dans le cas du LSM où se présente Nima Machouf pour le NPD pour la troisième fois, les sondages pancanadiens ressemblaient bcp à ceux d'aujourd'hui juste avant le jour d'élection en 2021 : le Parti libéral était légèrement en avance sur les conservateurs et le NPD était loin troisième au Canada- et encore plus bas au Québec.
Pourtant, Nimâ Machouf avait créé la surprise en 2021avec 33% des votes, terminant deuxième, à seulement 5 points de Steven Guilbeault, qui était déjà ministre libéral.
Aujourd'hui, le Parti libéral dirigé par Mark Carney a beaucoup de marge pour remporter une majorité sans avoir besoin de tous ses sièges actuels au Québec. Le vote stratégique n'a donc vraiement aucune utilité dans le comté de Nima Machouf.
Pourquoi voter pour Nimâ Machouf ?
● La course à LSM est très serrée entre Nimâ et Steven Guilbeault.
● Plusieurs analyses donnent Nimâ favorite, car Guilbeault est affaibli et que Nimâ est encore plus implantée, renforcée et connue qu'en 2021.
● Sur les questions d'économie et d'environnement, Mark Carney s'est aligné sur les conservateurs et Steven Guilbeault s'est aligné sur son nouveau chef. Il n'exerce plus aucune influence en faveur de l'environnement ou de la justice fiscale et sociale.
● Il nous faut donc une personnalité forte, compétente et progressiste comme Nimâ pour consolider une opposition véritable à ces politiques réactionnaires et défendre la justice sociale et l'environnement.
Je me permet un message à mes amis souverainistes et aux électeurs du Bloc Québécois dans LSM : nombreux sont les électeurs du Bloc partagent plusieurs des valeurs de Nimâ Machouf, notamment en matière de justice sociale et d'écologie. Or, malgré le respect que j'ai pour le candidat du BQ dans LSM, je dois dire que le Bloc n'est pas actuellement en position de gagner ici. En 2021, le BQ était loin troisième, avec 13 points de retard sur Nimâ. Aujourd'hui, la course se joue entre Nimâ et le ministre libéral sortant. Si on souhaite le déloger pour avoir une véritable opposition progressiste, la meilleure option est d'appuyer Nimâ.
Conclusion : le vote utile, dans Laurier-Sainte-Marie, c'est un vote pour Nimâ Machouf.
Texte repris de Facebook : Amir Khadir
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Organiser une riposte unitaire à la montée de l’extrême droite, de l’autoritarisme et de l’austérité

Le panel était composé de Amir Khadir, ex-député et ancien porte-parole de Québec solidaire ; Chantal Ide, vice-présidente du Conseil central du Montréal-Métropolitain CSN ; Karine Cliche, initiatrice de QS-Parti de la rue ; Roger Rashi, Réseau intersyndical de Québec Solidaire et membre de Révolution écosocialiste. L'animation a été assurée par Josée Chevalier, militante syndicale FNEEQ-CSN.
Le Panel avait pour tâche de répondre aux questions suivantes : Comment unir ces résistances multiples en un front uni ? Quel rapport entre la déferlante trumpiste au sud et les attaques anti-syndicales ici ? Comment renforcer la gauche sociale et politique dans ce nouveau cycle politique ? Quelle place peut occuper Québec solidaire dans cette riposte ?
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L’armée israélienne est confrontée à sa plus grande crise de refus depuis des décennies

Plus de 100 000 Israéliens auraient cessé de se présenter au service de réserve. Si les raisons diffèrent, l'ampleur de la crise témoigne de l'affaiblissement de la légitimité de la guerre.
Tiré d'Agence médias Palestine.
Personne n'est en mesure de donner des chiffres précis. Aucun parti ou dirigeant politique ne le demande explicitement. Mais quiconque a passé du temps dans les manifestations antigouvernementales ou sur les réseaux sociaux en hébreu ces dernières semaines sait que c'est vrai : il est de plus en plus légitime de refuser de se présenter au service militaire en Israël – et pas seulement au sein de la gauche radicale.
Dans la période qui a précédé la guerre, le refus – ou plus précisément le fait de « cesser de se porter volontaire » pour les réserves – est devenu une caractéristique importante des manifestations de masse contre la réforme judiciaire du gouvernement israélien. Au plus fort de ces manifestations, en juillet 2023, plus de 1 000 pilotes et membres de l'armée de l'air ont déclaré qu'ils cesseraient de se présenter au travail si la législation n'était pas abandonnée, ce qui a conduit à des avertissements de la part de hauts responsables militaires et du chef du Shin Bet, selon lesquels la réforme judiciaire mettait en péril la sécurité nationale.
La droite israélienne continue jusqu'à aujourd'hui d'affirmer que ces menaces de refus ont non seulement encouragé le Hamas à attaquer Israël, mais qu'elles ont également affaibli l'armée. En réalité, toutes ces menaces ont disparu dans l'éther le 7 octobre, les manifestants se portant massivement et avec enthousiasme volontaires pour s'enrôler.
Pendant 18 mois, la grande majorité de la population juive d'Israël s'est ralliée au drapeau pour soutenir l'assaut contre Gaza. Toutefois, des fissures ont commencé à apparaître, en particulier depuis que le gouvernement a décidé de rompre le cessez-le-feu le mois dernier.
Ces dernières semaines, les médias ont fait état d'une baisse significative du nombre de soldats se présentant au service de réserve. Bien que les chiffres exacts soient un secret bien gardé, l'armée a informé le ministre de la défense Israël Katz à la mi-mars que le taux de participation s'élevait à 80 %, contre environ 120 % immédiatement après le 7 octobre. Selon Kan, le radiodiffuseur national israélien, ce chiffre a été falsifié : le taux réel est plus proche de 60 %. D'autres rapports font état d'un taux de participation de 50 % voire moins, certaines unités de réserve essayant de recruter des soldats par le biais des réseaux sociaux.
Une foule d'amis, de familles et de militants organisent une manifestation de solidarité en faveur d'Ella Keidar Greenberg devant le centre de recrutement de Tel Hashomer, avant qu'elle ne déclare son refus de s'enrôler dans l'armée israélienne, le 19 mars 2025. (Oren Ziv)
« Le refus se fait par vagues, et celle-ci est la plus importante depuis la première guerre du Liban en 1982 », a déclaré à +972 Ishai Menuchin, l'un des dirigeants du mouvement de refus Yesh Gvul ( »Il y a une limite »), qui a été fondé pendant cette guerre.
Tout comme la conscription dans les forces régulières à l'âge de 18 ans, il est obligatoire pour les Israéliens de servir dans les réserves lorsqu'ils sont convoqués jusqu'à l'âge de 40 ans (bien que cette période puisse varier en fonction du grade et de l'unité). En temps de guerre, l'armée dépend fortement de ces forces.
Au début de la guerre, l'armée a déclaré avoir recruté environ 295 000 réservistes en plus des quelque 100 000 soldats en service régulier. Si les rapports faisant état d'un taux de participation de 50 à 60 % dans les réserves sont exacts, cela signifie que plus de 100 000 personnes ont cessé de se présenter au service de réserve. « C'est un chiffre énorme », a fait remarquer M. Menuchin. « Cela signifie que le gouvernement aura des difficultés à poursuivre la guerre.
Le 7 octobre a d'abord créé un sentiment de « Ensemble, nous vaincrons », mais ce sentiment s'est maintenant érodé », a déclaré Tom Mehager, un activiste qui a refusé de servir pendant la deuxième Intifada et qui gère aujourd'hui une page sur les réseaux sociaux où sont diffusées des vidéos d'anciens refusant d'accomplir leur devoir, expliquant leur décision. « Pour attaquer Gaza, trois avions suffisent, mais le refus continue de tracer des lignes rouges. Il oblige le système à comprendre les limites de son pouvoir ».
« Jour après jour, je relève des déclarations de refus »
La majorité de celles et ceux qui défient les ordres d'enrôlement semblent être ce que l'on appelle des « réfractaires gris », c'est-à-dire des personnes qui n'ont pas d'objection idéologique réelle à la guerre, mais qui sont plutôt démoralisées, fatiguées ou lassées qu'elle dure depuis si longtemps. À côté d'elles, une petite minorité de réservistes, qui ne cesse de croître, refuse de s'engager pour des raisons éthiques.
Selon Menuchin, Yesh Gvul a été en contact avec plus de 150 réfractaires idéologiques depuis octobre 2023, tandis que New Profile, une autre organisation soutenant les « refuzniks », a traité plusieurs centaines de cas de ce type. Mais alors que les adolescents qui refusent l'enrôlement obligatoire pour des raisons idéologiques sont passibles de peines de prison de plusieurs mois, Menuchin n'a connaissance que d'un seul réserviste qui a été puni pour son récent refus – recevant une peine de deux semaines de mise à l'épreuve.
« Ils ont peur de mettre les réfractaires en prison, car cela pourrait enterrer le modèle de l'armée populaire », explique-t-il. « Le gouvernement le comprend et n'insiste donc pas trop ; il se contente de renvoyer quelques réservistes de l'armée, comme si cela allait résoudre le problème.

Par conséquent, Menuchin estime qu'il est difficile d'estimer l'ampleur réelle de ce phénomène. « Pendant la guerre du Liban, nous avons estimé que pour chaque réfractaire qui allait en prison, il y avait huit à dix autres réfractaires idéologiques », explique-t-il. « Ainsi, si 150 ou 160 personnes ont déclaré qu'elles n'iraient pas à l'armée pour des raisons idéologiques, il est raisonnable d'estimer qu'il y a au moins 1 500 réfractaires idéologiques. Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg [étant donné le nombre bien plus important de réfractaires non idéologiques] ».
Cependant, selon Yuval Green – qui a refusé de poursuivre son service à Gaza après avoir désobéi à l'ordre de mettre le feu à une maison palestinienne, et qui dirige aujourd'hui un mouvement anti-guerre appelé « Soldats pour les otages », dont 220 réservistes ont signé la déclaration de refus – cette catégorisation binaire ne dit pas tout.
« Il y a de plus en plus de gens qui ne se soucient pas nécessairement des Palestiniens, mais qui ne se sentent plus en paix avec les objectifs de la guerre », explique-t-il. C'est ce que j'appelle le « refus idéologique gris ». Je n'ai aucun moyen de savoir combien ils sont, mais je suis sûr qu'ils sont nombreux.
« Dans le passé, les gens que je connaissais étaient vraiment en colère contre moi [pour avoir appelé au refus] », a poursuivi M. Green. « Aujourd'hui, je sens beaucoup plus de compréhension. Nous sommes devenus plus pertinents pour eux. Les médias nous couvrent ; nous avons été invités sur Channel 13 et Channel 11. Jour après jour, je vois des déclarations de refus ».
Les exemples récents abondent. La semaine dernière, Haaretz a publié une tribune de la mère d'un soldat qui déclarait : « Nos enfants ne se battront pas dans une guerre messianique de choix ». Un autre article d'opinion publié dans le même journal par un soldat anonyme déclarait : « La guerre actuelle à Gaza vise à acheter la stabilité politique avec du sang. Je n'y participerai pas ».
D'autres sont moins explicites, mais l'effet est similaire. Dans une interview récente, l'ancien juge de la Cour suprême, Ayala Procaccia, n'a pas approuvé le refus de s'enrôler, mais a appelé à la « désobéissance civile ». Le 10 avril, près de 1 000 réservistes de l'armée de l'air ont publié une lettre ouverte exigeant un accord sur les otages qui mettrait fin à la guerre ; ils ont rapidement été rejoints par des centaines de réservistes de la marine et de l'unité 8200, l'unité d'élite des services de renseignement. Le Premier ministre Netanyahou a répondu : « Le refus est un refus, même s'il est dit implicitement et dans un langage euphémisé ».

« La légitimité du régime est en danger »
Yael Berda, sociologue à l'Université hébraïque et militante de gauche, explique que le déclin dans le choix de se présenter pour le service de réserve découle avant tout de préoccupations économiques. Elle se réfère à une enquête récente de l'Office israélien de l'emploi, selon laquelle 48 % des réservistes ont déclaré avoir subi une perte importante de revenus depuis le 7 octobre, et 41 % ont déclaré avoir été licenciés ou contraints de quitter leur emploi en raison de périodes prolongées passées dans la réserve.
Menuchin considère aussi que les facteurs économiques jouent un rôle important, mais propose une explication supplémentaire : « Les Israéliens ne veulent pas avoir l'impression d'être des pigeons, et ils en sont maintenant à un point où ils ont l'impression d'être exploités. Ils voient d'autres personnes bénéficier d'exemptions, et ils parient que si quelque chose leur arrive, personne ne les soutiendra, eux ou leur famille. Il y a un sentiment d'abandon : ils voient les familles des otages faire du crowdfunding pour survivre. En fin de compte, l'État n'est pas vraiment là, et de plus en plus d'Israéliens s'en rendent compte. »
« Il y a beaucoup de désespoir », poursuit Menuchin. « Les gens ne savent pas où ils vont. On voit la ruée vers les passeports étrangers – même avant le 7 octobre – et la recherche de ‘meilleurs' endroits où émigrer. Les gens se replient de plus en plus sur leurs propres intérêts. Et surtout, on ne ramène pas les otages ».
En ce qui concerne le refus idéologique, Mme Berda identifie plusieurs catégories. Un type de refus découle de « ce que j'ai vu à Gaza », mais il s'agit d'une minorité », explique-t-elle. « Un autre type de refus est la perte de confiance dans les dirigeants, en particulier lorsque le gouvernement n'a pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour ramener les otages. Il y a un écart intolérable entre ce que le gouvernement a dit qu'il faisait et ce qu'il a réellement fait. Ce décalage entraîne une perte de confiance de la part des citoyens ».
Une autre catégorie, poursuit Berda, est le « dégoût pour le discours du sacrifice » promu par l'extrême droite religieuse, dirigée par des personnalités comme Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich. « Il s'agit d'une sorte de réaction contre le discours des colons qui dit qu'il est bon de sacrifier sa vie pour quelque chose de plus grand », explique Berda. Les gens réagissent à l'idée que la collectivité est plus importante que l'individu en disant : « Les objectifs de l'État sont importants, mais j'ai ma propre vie ».
Tout en notant que les menaces de refus représentaient une part importante des protestations antigouvernementales de 2023, Berda affirme que « maintenant, après l'effondrement du cessez-le-feu, on peut dire que l'ensemble du mouvement de protestation s'oppose à la poursuite de la guerre au motif qu'il s'agit de la guerre de M. Netanyahou. C'est vraiment nouveau ; il n'y a jamais eu une telle rupture, où la légitimité du régime est en danger. »
« En 1973, ils disaient que Golda [Meir] était incompétente, qu'elle faisait des erreurs, mais personne ne doutait de sa loyauté », poursuit Berda. « Pendant la première guerre du Liban, des doutes ont été émis quant à la loyauté d'Ariel Sharon et de Menachem Begin, mais c'était marginal. Aujourd'hui, surtout à la lumière de l'affaire du « Qatargate », les gens sont convaincus que Netanyahou est prêt à détruire l'État pour son profit personnel.
Néanmoins, la vague de refus et de non-participation n'a pas encore mis l'armée à genoux. Les gens disent : « Il y a le gouvernement et il y a l'État », explique Berda. « Ces gens continuent d'aller servir parce qu'ils s'accrochent à l'État et à ses institutions de sécurité, car s'ils n'y croient plus, ils n'auront plus rien ».
« Le public comprend que dès que la confiance dans l'armée est rompue, l'histoire est terminée – et c'est effrayant », poursuit-elle. « Ils ont peur d'être impliqués dans la chute de l'armée, car cela les rendrait complices. Bibi oblige les Israéliens à faire |ce qu'ils considèrent comme] un choix terrible. Quoi que vous fassiez, vous serez complices d'un crime : soit le crime de génocide, soit le crime de démantèlement de l'État ».
Une version de cet article a d'abord été publiée en hébreu sur Local Call. Lisez-le ici.
Traduction : SD pour l'Agence Média Palestine
Source : +972 Magazine
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La guerre commerciale de Trump et les travailleur·ses canadien·nes

Les tarifs douaniers de 25 % imposés aux exportations du Canada et du Mexique par l'administration américaine de Donald Trump à compter du 4 mars (à l'exception des tarifs de 10 % pour le pétrole et le gaz et la potasse canadiens) constituent une attaque agressive contre les moyens de subsistance des travailleur·ses canadien·nes et une menace pour la survie d'industries clés au Canada.
Tiré de Inprecor
9 avril 2025
Par Socialist Project
Frontière entre la Canada et les États-Unis. © P. Hughes – CC BY-SA 4.0, détail
Trump a reporté une partie des droits de douane sur l'automobile et d'autres tarifs dans les secteurs couverts par le traité commercial États-Unis-Mexique-Canada (USMCA) conclu entre les trois pays (environ 40 % des exportations canadiennes vers les États-Unis), les droits de douane sur l'automobile étant prévus pour le 2 avril, mais il a menacé de poursuivre avec d'autres. D'autres droits de douane sur l'aluminium et l'acier (au-delà du niveau de 25 %) ont été menacés d'atteindre 50 %, et Trump a également menacé de « fermer » l'industrie automobile canadienne.
Trump a fait des allers-retours pour augmenter les niveaux des droits de douane et élargir leur champ d'application, tenant les travailleurs canadiens au dépourvu et poussant les gouvernements canadiens à faire des allers-retours pour tenter de suivre le mouvement.
Le gouvernement fédéral canadien a répondu par des contre-tarifs de 30 milliards de dollars sur les importations en provenance des États-Unis le même jour et a rapidement mis en œuvre un plan frontalier pour surveiller davantage la frontière américano-canadienne, notamment pour limiter le commerce quasi inexistant de fentanyl en provenance du Canada (surtout si on le compare à la contrebande de drogues et d'armes à feu au Canada en provenance des États-Unis), et le volume tout aussi faible de l'immigration transfrontalière « illégale » vers les États-Unis. L'administration Trump utilise froidement les droits de douane pour obtenir d'autres concessions de l'État canadien - accès aux terres rares au Canada, militarisation de l'Arctique et des eaux côtières dans le cadre d'une nouvelle barricade de la Forteresse Amérique du Nord, augmentation des dépenses militaires canadiennes et réouverture de projets de détournement d'eau transfrontaliers de longue date.
Une attaque brutale contre des dizaines de milliers de travailleur·ses
Les droits de douane constituent une attaque inattendue et brutale contre des dizaines de milliers de travailleurs dans des secteurs tels que l'automobile, l'acier, l'aluminium et les ressources naturelles au Canada. Les droits de douane touchent particulièrement les travailleurs qualifiés dans certains des secteurs les plus avancés de l'économie, mais ils frapperont aussi rapidement les sections de la classe ouvrière les plus précaires et les plus vulnérables aux ralentissements économiques. Plusieurs estimations suggèrent que les politiques tarifaires de Trump pourraient affecter des millions de travailleurs et leurs communautés, alors que des secteurs manufacturiers clés sont menacés de perdre des marchés d'exportation dans les secteurs de l'automobile et de l'acier en Ontario, les travailleurs de l'aluminium au Québec, et les exportations de produits agricoles et de ressources dans l'Ouest et les provinces atlantiques du Canada.
La menace et l'impact de la guerre tarifaire menée par les États-Unis sont immédiats. Elle peut facilement dégénérer en cycles de représailles punitives (avec l'avantage politique écrasant du côté de la puissance dominante), les travailleurs des deux côtés de la frontière subissant les conséquences des bouleversements économiques. Le défi est plus profond et plus important pour le Canada et les travailleurs canadiens. Il est ancré dans la manière dont le capitalisme et l'État canadiens ont évolué, avec l'adoption stratégique (ou « acte de foi », comme on l'appelait autrefois) d'une intégration profonde avec les États-Unis par le biais d'une série d'accords de libre-échange (ALE) à partir de 1989, qui promettaient un « accès sûr » au marché américain, ainsi qu'une croissance économique et une prospérité libérées des craintes du protectionnisme américain. Les accords de libre-échange nord-américains (ALE, étendus au Mexique en 1994) n'ont rien apporté de tout cela.
Les ALE ont été associés aux autres attaques néolibérales contre les droits des travailleurs, à la privatisation et à la déréglementation des services et institutions publics, notamment l'éducation, les soins de santé et le logement, aux changements apportés à l'État pour faciliter le profit et la compétitivité des entreprises et à l'intensification de la dépendance de la classe ouvrière à l'égard de ses employeurs.
Les capitalistes canadiens (unifiés à l'exception de quelques dissidents) ont conduit et vendu le libre-échange, face au tollé général provoqué par une large coalition menée par les syndicats et les militants du mouvement social. Bien qu'une majorité d'électeurs ait voté contre l'idée du libre-échange avec les États-Unis lors des élections fédérales de 1988, la structure du système électoral uninominal canadien a donné une majorité aux conservateurs dirigés par Brian Mulroney, qui ont négocié le premier accord de libre-échange entre les États-Unis et le Canada.
Le libre-échange fait partie intégrante du régime politique avec lequel nous vivons depuis quatre décennies : dépendance à l'égard des exportations, austérité, coupes dans les principaux programmes sociaux, attaques contre les syndicats et les travailleurs, droits des investisseurs et des capitaux à se déplacer où bon leur semble, réglementation environnementale via les marchés, et autres mesures libéralisant les marchés capitalistes afin d'approfondir l'intégration du Canada dans le marché mondial sous la houlette de l'empire des États-Unis. Alors que d'autres centres capitalistes sont également intégrés dans la matrice de l'empire étatsunien, le Canada est un pays capitaliste qui entreprend ses propres programmes impérialistes, notamment dans les secteurs extractifs où le capital canadien s'appuie sur l'histoire de l'exploitation des peuples autochtones, ainsi que dans les activités internationales des banques canadiennes. Ce qui est unique dans l'intégration de l'État et du capital canadiens, c'est le niveau d'intégration et de dépendance à l'égard des États-Unis. Le Canada est plus profondément intégré aux marchés capitalistes américains, aux chaînes d'approvisionnement, à la politique économique et aux cadres réglementaires, et il est l'allié le plus fidèle de l'empire des États-Unis en matière de politique militaire et étrangère.
Les droits des travailleurs requièrent une souveraineté démocratique
Les luttes des travailleurs canadiens - au Canada anglais, au Québec et chez les Peuples autochtones - pour contester l'austérité et lutter pour une société socialement juste et écologiquement responsable nécessitent le pouvoir de prendre des décisions politiques et économiques, qui est aujourd'hui limité par l'intégration et la dépendance du capital canadien à l'égard de l'empire des États-Unis. La vulnérabilité des travailleurs canadiens face aux caprices de Trump le démontre très clairement. Mais il ne s'agit pas de « stades » de développement menant à la création d'une classe capitaliste nationale indépendante. Nous devons lutter pour nous « déconnecter » des États-Unis, dans le sens de la construction de l'autonomie internationale et politique nécessaire pour prendre des décisions alternatives en matière de développement et de démocratie, tout en construisant l'identité, la compréhension et le pouvoir d'organisation et de lutte de la classe ouvrière.
Les différentes composantes de la classe capitaliste canadienne n'ont aucun désir de rompre avec cette dépendance et cette intégration, et moins d'intérêt à remettre en cause le néolibéralisme. Au contraire, la majeure partie de la classe d'affaires de ce pays aspire à une forme de « statu quo ante », pour faire tomber les barrières à l'intégration avec les États-Unis que Trump a érigées. Ce n'est guère plus qu'un redoublement de l'« acte de foi » visant à garantir l'accès aux marchés des États-Unis sans protectionnisme américain et sans exigences politiques et militaires à l'égard du Canada. D'autres sections de l'élite politique et économique ont proposé de passer à une dépendance commerciale et d'exportation vis-à-vis d'un groupe plus large de pays, ce qui permet en partie d'adopter des attaques plus profondes contre les revenus de la classe ouvrière et les protections sociales au nom de la compétitivité canadienne.
Certains militants progressistes au Canada partent d'un souci de nationalisme, craignant que la remise en cause de l'intégration à l'empire des États-Unis ne conduise inévitablement ou n'implique une alliance avec les intérêts commerciaux et une soumission à ces derniers. Mais on peut difficilement qualifier d'alliance avec le capital le fait de travailler à la construction d'un mouvement visant à contester démocratiquement et à supprimer les principaux obstacles à la prise de décisions concernant l'économie et le système politique canadiens. En effet, tout mouvement visant à remettre directement en question l'intégration du Canada aux États-Unis est un anathème pour toutes les sections du capital, qu'il s'agisse d'une propriété légale canadienne formelle ou d'un contrôle étranger.
Il est également problématique de considérer que les luttes pour réformer et (et finalement transformer) l'État, pour limiter notre intégration et notre dépendance, empêchent d'une manière ou d'une autre de lutter pour les principales revendications de la classe ouvrière qui nécessitent également des réformes de l'État. Plutôt que de s'opposer, ces luttes doivent être menées sur les deux fronts. Revendiquer les droits des travailleurs canadiens et des mouvements populaires à façonner les décisions sur l'orientation politique du Canada n'est pas une approbation de notre dépendance à l'égard des entreprises, c'est une revendication anticapitaliste initiale pour la démocratie économique et le contrôle du capital sur les lieux de travail et dans les communautés, tout comme l'obtention de réformes pour l'expansion et la démarchandisation de l'aide sociale afin de réduire la dépendance à l'égard du marché.
Une vision différente, de nouvelles possibilités
Nous avons une vision du développement, de la démocratie et du rôle des classes laborieuses différente de celle des capitalistes et des élites politiques des États-Unis et du Canada. Pour poursuivre un tel programme au Canada, la relation actuelle avec les États-Unis constitue un obstacle qui va au-delà de l'intimidation autoritaire de l'administration Trump. Pour surmonter cet obstacle, il faudra restructurer le plus largement possible les priorités en matière de commerce, de développement et d'environnement, en répondant aux besoins de la classe ouvrière et en intégrant les points de vue et les ambitions du Québec et des Peuples autochtones.
Pour ce faire, il faudra développer des capacités de planification et de coordination démocratiques, procéder aux changements structurels qui le permettront et mener des luttes sociales contre les élites économiques et politiques canadiennes sur les valeurs et les objectifs pour lesquels nous nous battons. La lutte pour transformer la société et le rôle de la classe ouvrière consiste également à lutter pour développer notre capacité collective à prendre des décisions collectives. Nous réclamons les mesures suivantes :
• Le Canada doit riposter de manière équivalente à toutes les extorsions tarifaires de Trump et rompre la guerre commerciale de type « appauvrir son voisin » que les États-Unis ont déclenchée, en reconnaissant qu'une telle guerre génère des coûts énormes pour les travailleurs canadiens, américains et mexicains, ainsi que pour leurs communautés.
• L'investissement est essentiel pour protéger les travailleurs et les communautés menacés et affectés par la guerre tarifaire, tout comme le soutien aux travailleurs qui résistent aux tarifs douaniers et aux menaces qui pèsent sur leurs moyens de subsistance et leurs secteurs. L'assurance chômage et les autres programmes de soutien aux revenus doivent être étendus immédiatement pour protéger les travailleurs vulnérables.
• Les travailleurs des secteurs menacés possèdent des compétences essentielles et les communautés ne peuvent pas se permettre de les perdre. Les lieux de travail et les usines sont des ressources essentielles qui doivent rester ouvertes, produire pour des utilisations respectueuses de l'environnement, être façonnées par les travailleurs et les communautés, et appartenir au secteur public.
• Il est essentiel de se désengager des efforts militaires déployés par les États-Unis pour s'étendre dans l'Arctique, tout comme il est essentiel de se retirer de tout engagement d'augmentation des dépenses militaires au sein de l'OTAN.
• Le Canada doit cesser de dépendre des exportations, en particulier des exportations de ressources naturelles, et s'orienter vers une économie davantage tournée vers l'intérieur, compatible avec les exigences d'une production respectueuse de l'environnement. Le développement des ressources naturelles doit tenir compte de la nécessité de prévenir le changement climatique et de respecter et promouvoir les droits et les besoins des peuples indigènes du Canada.
• Les efforts de reconstruction de l'économie canadienne doivent être ancrés dans une stratégie fondée sur la propriété publique et donner la priorité à la satisfaction des besoins humains, au développement social, à l'emploi de qualité et à la réduction des gaz à effet de serre.
• Le Canada doit défendre, combattre et organiser une économie dirigée par la classe ouvrière qui réclame les droits des travailleurs et des syndicats, le logement, l'éducation, les soins de santé et le pouvoir démocratique de façonner une démocratie et une économie différentes de celles que nous connaissons aujourd'hui.
• Le Canada doit rejeter les relations inégales et néocoloniales avec le Mexique et les autres pays d'Amérique latine et des Caraïbes et développer des relations commerciales et économiques mutuellement bénéfiques avec les pays du Sud, en reconnaissant la responsabilité du Canada de les aider à faire face au changement climatique et au développement.
En tant que socialistes, nous cherchons à construire une alternative à la société capitaliste qui a le pouvoir de prendre des décisions politiques et économiques, dans une société démocratique, organisée et dirigée par la classe ouvrière. La crise actuelle nous donne l'occasion de soulever ces questions. Les Canadiens progressistes, les travailleurs préoccupés par leur emploi, l'avenir de l'économie, de l'environnement, de leurs enfants et de leurs familles, et les autres personnes préoccupées par leur emploi, ainsi que les communautés en général, doivent s'engager dans des discussions sur la façon d'aller de l'avant en cette période dangereuse et de retrouver nos ambitions sociales pour une politique pacifique, égalitaire et écologiquement responsable, faite de potentiels et de possibilités.
Source The Bullet, 14 mars 2025
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Les contrats fermés en immigration temporaire, un tabou politique

« Cachez ce sein que je ne saurais voir », c'est cette réplique tirée d'une pièce de Molière qui vient à l'esprit tant l'hypocrisie est grande et généralisée concernant les contrats fermés en immigration temporaire au Québec.
Ce type d'importation de main d'œuvre étrangère est une honte. Par deux fois, un rapporteur de l'ONU les a assimilé à de l'esclavage moderne. En début d'année, c'était au tour d'Amnistie Internationale à tirer la sonnette d'alarme. Les contrats fermés ont beau représenter la catégorie d'immigration temporaire la plus importante au cours de deux dernières années, on fait comme s'ils n'existaient pas. Pire, François Legault s'est même permis récemment d'alléger considérablement la pénalité pour les employeurs trouvés coupables d'abus. Pourtant, le thème de l'immigration est sur beaucoup de lèvres et risque de prendre une grande place lors de la prochaine campagne électorale.
Les contrats fermés existent depuis longtemps. Au début, ils concernaient surtout les travailleurs agricoles saisonniers. Aujourd'hui, il y a un volet pour les postes à haut salaire et un pour les bas salaires. Après la pandémie, les gouvernements en ont facilité l'utilisation, surtout pour les postes à bas salaire. Par exemple, pour plus de 200 occupations, les employeurs n'étaient plus tenus de démontrer leur incapacité à dénicher de la main d'œuvre locale et le plafond de la proportion des travailleurs étrangers qu'un employeur pouvait embaucher a été augmenté. Résultat, les employeurs se sont littéralement rués vers ce type de main d'œuvre qui est passée de marginale à championne toute catégorie en terme d'augmentation. Comme le disait François Legault à l'Assemblée Nationale avant les Fêtes, « En 2 ans, le nombre d'immigrés temporaires a doublé au Québec passant de 300 à 600 000". Les contrats fermés sont issus de deux programmes : celui des travailleurs étrangers temporaires (PTET, juridiction provinciale) et celui des PMI (programme mobilité internationale, juridiction fédérale). Il n'y a pas de chiffres concernant le nombre de contrats fermés mais 100% des PTET en sont et au niveau des PMI, ils constituent 30% du total. À partir de là, on peut calculer qu'en 2023 et 2024, c'est respectivement 82 081 et 79 867 contrats fermés qui ont été accordés. Des chiffres supérieurs aux autres catégories d'immigrés temporaires (étudiants étrangers et demandeurs d'asile).
Évidemment, on parle ad nauseam de pénurie de main d'œuvre pour justifier ce recours massif au cheap labor. On fait ainsi la part belle aux employeurs qui, bien sûr, ont l'intérêt de leurs employé(e)s bien à cœur. C'est oublier bien vite que la disponibilité d'une main d'œuvre docile est bien tentante et que dans ce registre, rien de mieux que des employé(e)s qui ont le choix entre accepter leur sort sans se plaindre ou retourner dans leur pays. Ces contrats fermés ne sont rien de moins qu'une invitation aux abus de toutes sortes. Le Devoir du 9 avril nous apprenait l'existence d'une agence qui envoyait une cinquantaine de travailleurs étrangers dans d'autres entreprises un peu partout au Québec. Le propriétaire de l'agence s'exprimait ainsi : « Les employés sont à nous… ». Le pire dans ce type de contrat est qu'un grand nombre d'abusé(e)s acceptent leur sort sans même rechigner, le percevant comme un mauvais moment à passer avant d'atteindre l'objectif ultime : la naturalisation.
Mais parlons de pénurie de main d'œuvre. Lors d'une présentation au début du mois de décembre organisée par le Mouvement Démocratie et Souveraineté, l'économiste Pierre Fortin remettait en question quelques idées reçues concernant le lien entre immigration et disponibilité de main d'œuvre. Depuis longtemps, on nous répète ad nauseam qu'il y a pénurie de main d'œuvre justifiant ainsi l'importation de main d'œuvre étrangère. Pour Pierre Fortin, ce lien est en bonne partie faux. S'il est vrai que la main d'œuvre étrangère comble des postes, elle a aussi pour effet de créer des manques dans des secteurs reliés principalement à l'accroissement de l'économie consécutive à l'augmentation de la population. Concernant l'immigration temporaire à bas salaire, M. Fortin souligne un effet pervers soit que ça devient une solution de facilité pour les employeurs. Ainsi, plutôt que d'améliorer les conditions de travail ou encore innover technologiquement, l'importation d'une main d'œuvre corvéable à souhait devient le remède miracle. La pénurie de main d'œuvre a le dos large ! Dans les faits, il s'agit d'une pression générale à la baisse sur les conditions de travail.
Pour les employeurs, cette main d'œuvre docile devient comme une drogue. On peut déjà le constater puisque devant le questionnement généralisé concernant le nombre élevé d'immigrant(e)s (réserves exprimées par les banques et même par QS au niveau politique), les gouvernements ont commencé à resserrer les critères. Depuis ce temps, il ne se passe pas une semaine sans que les journaux ne fassent état d'un employeur menacé de quasi-fermeture si les gouvernements ne reviennent pas sur leurs décisions. Lors de sa présentation, Pierre Fortin n'y est pas allé par quatre chemins : « Il faut remettre les milieux d'affaire à leur place ». Venant d'un économiste réputé proche de ces milieux, cette remarque a valeur de symbole. Avec les contrats fermés, on a affaire au noyau dur de l'immigration temporaire. Il s'agit d'une bombe à retardement d'autant plus qu'il s'agit d'un sujet tabou parce qu'il met en jeu les intérêts des chouchous de nos gouvernements et médias : le patronat.
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J’accuse les médias québécois

Depuis son apparition sur la scène politique, Donald Trump monopolise l'attention des médias à travers le monde. Au Québec, cette obsession atteint un niveau tel que les nouvelles locales, pourtant cruciales, sont reléguées au second plan. Ses moindres faits et gestes, ses paroles les plus insignifiantes, sont rapportés en boucle, à toute heure du jour. Depuis son retour sous les projecteurs, pas une journée ne passe sans que les médias nous bombardent de « Donald Trump ceci, Donald Trump cela ».
Rémi Christin-Dansereau, étudiant au collège Ahuntsic
Un impact sur l'engagement citoyen ?
Ce phénomène n'est pas anodin. La surcharge d'informations liée au président américain détourne l'attention des Québécois et Québécoises des enjeux qui les touchent pourtant directement.
Qu'on nous informe sur les décisions du président d'une puissance mondiale, soit. Mais faut-il pour autant le faire au détriment des enjeux qui concernent directement les Québécois et Québécoises ? Ces dernières semaines, une série de projets de loi et de décisions polarisantes du gouvernement de la CAQ est passée presque inaperçue dans l'espace médiatique. Notamment :
• Les projets de loi 81 et Stablex (93) qui sont des catastrophes environnementales.
• Le projet de loi 89 qui constitue une attaque directe contre le droit fondamental de grève.
• Le projet de loi 69 qui pourrait faire exploser la facture d'électricité des Québécois et Québécoises et ouvrir la porte à la privatisation de l'électricité.
• L'appauvrissement des étudiants et étudiantes par la suppression des bourses Perspectives.
Ces projets de loi auront des conséquences graves sur le plan social, environnemental et économique. Pire encore, l'utilisation répétée dans les dernières années de l'adoption de lois sous bâillon est une atteinte claire aux principes démocratiques. Ces décisions mériteraient d'être débattues, dénoncées, mises en lumière. Pourtant, l'espace médiatique québécois semble préférer s'attarder sur chaque frasque de Trump plutôt que de nous informer adéquatement sur ces enjeux essentiels. Comment la population peut-elle se positionner par rapport à des projets de lois sur lesquels elle n'est pas informée ?
Pourquoi cette fixation sur Trump ? Serait-ce parce qu'il génère des côtes d'écoute ? La menace des tarifs douaniers expliquent sans doute en partie qu'on parle autant du président américain. Bien que ce soit important, cette sureprésentation de Trump dans les médias existait bien avant l'enjeu des tarifs douaniers. Et ça ne justifie en rien que ce soit pratiquement la seule nouvelle. Quoi qu'il en soit, en détournant notre attention des débats fondamentaux, les médias québécois se rendent complices d'un gouvernement qui gouverne en douce, sans réelle opposition populaire. Faillir à informer, c'est faillir à leur mission première.
Où est le quatrième pouvoir ?
Le gouvernement Legault à la fâcheuse habitude de manquer de transparence et de ne pas consulter la population. Par exemple, depuis des mois, plus de 100 groupes de la société civile réclament un débat public sur l'avenir de l'énergie au Québec, sans succès. De plus, les projets de loi cités ci-dessus reposent sur des orientations qui n'ont jamais été débattues. Jamais la CAQ n'en a parlé pendant la dernière campagne électorale. Devant cette situation, il est d'autant plus crucial que les médias jouent leur rôle de garde-fou de la démocratie.
Pour y parvenir, ils doivent cesser d'agir en chroniqueurs de télé-réalité américaine et redevenir des journalistes engagés dans les enjeux qui touchent leur propre peuple. Il est temps qu'ils reprennent leur place, avant que l'on ne perde la nôtre.
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Enquêtes aux cégeps Dawson et Vanier : Une déformation du concept d’antisémitisme

Les signataires prennent la plume pour demander la démission de la ministre Pascale Déry et la fin des enquêtes à propos des cégeps Vanier et Dawson (1).
Nous nous exprimons en tant que professeures et professeurs juives et juifs enseignant dans les universités et les cégeps du Québec.
En décembre 2024, Pascale Déry, la ministre de l'Enseignement supérieur, a annoncé la tenue d'une enquête sur le climat politique qui règne dans les cégeps Dawson et Vanier, prenant par surprise les administrations des deux cégeps. Les seuls motifs invoqués par Mme Déry pour justifier cette enquête sans précédent sont des plaintes confidentielles d'étudiantes et étudiants dont nul, en dehors du ministère, n'a eu connaissance parce qu'elles n'ont pas été transmises par les canaux habituels.
Le Centre pour les affaires juives et israéliennes (CIJA), un groupe de pression pro-israélien dont Mme Déry a été membre du conseil d'administration de 2016 à 2022, s'est ouvertement attribué le mérite d'avoir mobilisé ces plaintes et d'avoir fait pression sur Mme Déry pour qu'elle y donne suite.
Des journalistes ont également découvert récemment que Mme Déry avait convoqué les directeurs généraux des cégeps Dawson et Vanier afin d'exiger qu'ils justifient le contenu de deux cours de littérature en particulier, au motif qu'ils présentaient des auteurs palestiniens.
Cela constitue un écart choquant au regard des procédures en vigueur et une violation flagrante des principes du gouvernement en matière de liberté d'enseignement. Ces interventions inappropriées, tout comme l'enquête lancée par Mme Déry en décembre, semblent destinées à faire taire les voix palestiniennes, à étouffer les discussions sur la Palestine dans les salles de classe et, en général, à intimider les enseignants et les étudiants – dont plusieurs sont juives et juifs – qui soutiennent les droits de la personne des Palestiniens.
Une expression de solidarité
En tant que professeurs juives et juifs, nous sommes persuadés que les étudiants juives et juifs ne sont pas menacés par la lecture d'auteurs palestiniens. Leur sécurité n'est pas non plus mise en danger par une quelconque expression de solidarité avec la Palestine, alors même que les principales organisations de défense des droits de la personne, telles qu'Amnistie internationale et Human Rights Watch, qualifient les actions d'Israël à Gaza de génocide.
Soutenir les droits de la personne des Palestiniens ne peut et ne doit pas être considéré comme un acte antisémite, et nous sommes plus qu'inquiets de voir le concept d'antisémitisme déformé dans le but d'attaquer la liberté d'enseignement et de décourager les protestations politiques. Nous considérons que ces mesures représentent une menace pour la lutte contre un antisémitisme avéré dans la province.
Les actions de la ministre Déry démontrent qu'elle n'est pas apte à occuper le poste de ministre de l'Enseignement supérieur. Par conséquent, nous demandons sa démission immédiate. De plus, nous demandons au gouvernement du Québec de mettre fin immédiatement aux enquêtes diligentées aux cégeps Vanier et Dawson et de s'engager à respecter la liberté d'enseignement des enseignants ainsi que la liberté d'expression des étudiants dans les cégeps et les universités de la province. Enfin, en tant que professeurs juives et juifs, nous exigeons que le ministère cesse d'instrumentaliser l'antisémitisme afin de justifier les attaques contre les Palestiniens et leurs alliés au Québec.
*Cosignataires : Michael Blum, UQAM ; Noah Brender, cégep Dawson ; Yakov Rabkin, Université de Montréal ; Itay Sapir, UQAM ; Katherine Zien, Université McGill ; Meir Amor, Université Concordia (retraité) ; Jessica Andrews, cégep Vanier ; Shira Avni, Université Concordia ; Stephen Block, cégep Vanier ; Danielle Bobker, Université Concordia ; Lara Braitstein, Université McGill ; Rachel Deutsch, cégep Dawson ; Robyn Diner, cégep Vanier ; Maryann Farkas, cégep Dawson (retraitée) ; Aurora Flewwelling-Skup, cégep Vanier ; Katherine Frohlich, Université de Montréal ; Jeffrey Gandell, cégep Dawson ; Avi Goldberg, cégep Vanier ; Kevin A. Gould, Université Concordia ; Greta Hofmann Nemiroff, cégep Dawson (retraitée) ; Sara Louise Kendall, cégep Dawson ; Natalie Kouri-Towe, Université Concordia ; Alyssa Kuzmarov, cégep Dawson ; Alissa Levine, Université McGill ; Eric Lewis, Université McGill ; Simone Lucas, Université Concordia ; David Mandel, UQAM (retraité) ; Alexander Manshel, Université McGill ; Nadia Moss, cégep Dawson ; Magdalena Olszanowski, cégep Dawson ; Ara Osterweil, Université McGill ; Joseph Rosen, cégep Dawson ; Aron Lee Rosenberg, Université McGill ; Steven Schnoor, Université Concordia ; Daniel Schwartz, Université McGill ; Eric Shragge, Université Concordia (retraité) ; Daniel Skup, Université de Montréal (retraité) ; Marc Steinberg, Université Concordia ; Jeremy Stolow, Université Concordia ; Mark Sussman, Université Concordia ; Yves Winter, Université McGill ; Anya Zilberstein, Université Concordia
Notes
1. Lisez « Enquête visant des cégeps montréalais – Des enseignants dénoncent “un abus de pouvoir” de Québec »
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9e Semaine de l’alphabétisation populaire : 12 804 signatures pour la déclaration Traversons l’écran : pour que l’humain demeure au cœur des services publics

Québec, le 9 avril 2025 — « Ding ! » Après plusieurs mois à récolter sur le terrain des milliers de signatures, et à l'occasion de la 9e Semaine de l'alphabétisation populaire (SAP), le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) et ses alliés déposent aujourd'hui au gouvernement du Québec la déclaration Traversons l'écran : pour que l'humain demeure au cœur des services publics.
« Jusqu'à présent le gouvernement entamait sa transformation numérique de manière opaque. Mais, l'effet domino suscité par la sortie du rapport de la vérificatrice générale sur SAAQclic a levé le voile sur les ratés de cette transformation. » constate Martine Fillion, présidente du RGPAQ.
« Notre regroupement, ses membres et ses alliés n'ont pas attendu ce fiasco pour s'inquiéter. »
Depuis plusieurs années, l'alerte a été lancée sur les conséquences de la transformation numérique sur la population québécoise, et ce n'est pas une fatalité, il y a des solutions à mettre en place. Le RGPAQ, 328 organisations et 12 476 personnes signataires revendiquent le maintien des services en personne ; la conservation d'alternatives au numérique, accessibles et de qualité ; l'amélioration de l'accès aux technologies ; et la mise en place de mesures pour favoriser les apprentissages tout au long de la vie.
Sans cela, le quotidien de nombreuses personnes restera constamment semé d'embûches, parfois lourdes de conséquences : rendez-vous médicaux non pris, démarches administratives inaccessibles, services non réclamés, etc. Réjean Falardeau, membre du comité des participants et participantes du RGPAQ, en témoigne : « Pour le loyer, mon propriétaire voulait me l'augmenter. J'ai voulu contester, mais c'était sur Internet. J'ai demandé à mon groupe d'alphabétisation de m'aider. Sans eux, je ne sais pas comment j'aurai fait… »
«
Au Québec, 22 % des adultes sont peu alphabétisés et plus d'une personne sur quatre trouve les interactions en ligne complexes. Pour elles, le virage numérique, c'est un mur qui exclut. » explique Cécile Retg, responsable à la défense collective des droits au RGPAQ. « On ne peut pas faire comme si de rien n'était. Le gouvernement doit entendre raison ! C'est une question de respect des droits humains !
»
Il est temps que le gouvernement prenne ses messages ! #plus12000messages
Nos alliés
L'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées
Le Collectif pour un Québec sans pauvreté
Le Front commun des personnes assistées sociales
La Fédération des mouvements personne d'abord du Québec
À propos du RGPAQ
Le RGPAQ représente fièrement 78 organismes d'alphabétisation populaire répartis à travers le Québec. Il a pour mission la promotion et le développement de l'alphabétisation populaire et de ses groupes membres, ainsi que la défense collective des droits des adultes peu alphabétisés. rgpaq.qc.ca
Suivez-nous #SAP2025 #alphapop #Traversons
À propos de la campagne Traversons l'écran
https://rgpaq.qc.ca/traversons
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Lettre ouverte : Pour une démocratie pleine et entière, même pour les petits partis, surtout en temps de crise

Nous avons tous deux relevé le défi de rassembler 100 signatures de citoyen·ne·s de Laurier–Sainte-Marie afin de faire entendre nos voix dans cette campagne électorale. Ce n'est pas une mince tâche pour de petits partis.
Par Chantal Poulin, candidate du Parti Rhinocéros, et Michel Labelle, candidat du Parti Marxiste-Léniniste du Canada dans Laurier–Sainte-Marie
Et pourtant, nous avons été exclus du seul débat communautaire de la circonscription. La raison évoquée ? Il aurait été « impossible » de réorganiser le temps de parole pour nous inclure.
Soyons clairs : un débat sans l'ensemble des candidat·e·s n'est pas un véritable débat. C'est une mise en scène où seules certaines idées, certains partis, certains intérêts sont jugés « légitimes ». Dans une démocratie digne de ce nom, la pluralité des idées ne devrait jamais être perçue comme un fardeau logistique, mais comme un fondement non négociable.
Exclure des candidat·e·s pour simplifier l'horaire, c'est appauvrir le débat démocratique. Ce sont souvent les petits partis qui osent poser les vraies questions : Pourquoi les riches ont-ils encore plus d'influence que les électeurs ? Pourquoi les gouvernements tergiversent-ils sur l'urgence climatique ? Pourquoi le racisme systémique persiste-t-il dans nos institutions ? Pourquoi si peu de candidat·e·s osent dénoncer clairement le génocide en cours en Palestine ?
Pendant que l'extrême droite s'organise, gagne du terrain et banalise des discours racistes, islamophobes et transphobes, les voix antiracistes, internationalistes et anticoloniales sont systématiquement marginalisées. Dans le contexte actuel, où même le mot « cessez-le-feu » semble trop radical pour certains élu·e·s, il est impératif que des voix s'élèvent pour défendre le droit des peuples à vivre, à résister, à exister.
En écartant les petits partis des débats publics, on retire aussi de la scène politique les voix qui refusent de se plier au consensus mou, qui défendent la justice sociale, qui parlent d'écologie sans compromis, de solidarité internationale, de désarmement, de redistribution des richesses.
Un récent article de La Presse révélait que plusieurs jeunes choisissent de ne pas voter. Ils ne se reconnaissent pas dans les discours, les priorités ou les partis dominants. C'est précisément en élargissant la palette des idées qu'on peut reconnecter avec ces personnes. Il n'est pas surprenant que tant de gens se tournent vers l'abstention, quand les seuls débats auxquels ils ont accès sont ceux qui évitent soigneusement les sujets qui fâchent.
Nous ne sommes pas candidat·e·s pour faire joli. Nous sommes là parce que nous croyons, malgré tout, en la démocratie. Parce que nous croyons que les votes annulés, comme ceux pour le Parti Rhinocéros, devraient être comptés comme des voix de contestation légitime. Parce que nous croyons que confronter Steven Guilbeault à son bilan environnemental, ou dénoncer les inégalités criantes du système capitaliste, ou défendre le peuple palestinien, est non seulement légitime, mais urgent.
Nous ne demandons pas un traitement de faveur. Nous demandons simplement d'être traités comme des candidat·e·s à part entière. C'est une question de respect pour les électeurs et électrices qui nous ont appuyé·e·s, une question de principe démocratique, et une question de justice.
Nous appelons les organisateurs de débats, les institutions citoyennes, les médias locaux, et surtout, la population de Laurier–Sainte-Marie, à exiger mieux. À réclamer des débats ouverts, courageux, où les voix marginalisées ont toute leur place.
Parce que la démocratie, ce n'est pas seulement le droit de voter. C'est aussi le droit d'être entendu. Et parfois, de déranger.
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Retroussons nous les manches : Un programme fédéral d’infrastructures pour la prospérité à long terme et la résilience climatique de nos collectivités

En tant que leaders municipaux aux quatre coins du pays, nous sommes témoins, jour après jour, des impacts bien réels des changements climatiques dans nos collectivités. Chaleurs extrêmes, feux de forêt, inondations, tempêtes destructrices : les effets de la crise climatique se multiplient et leurs coûts deviennent impossibles à ignorer.
Depuis des décennies, nous sommes en première ligne des efforts visant à protéger les
personnes, les familles et les infrastructures des aléas climatiques. Nous avons investi pour
renforcer la résilience de nos communautés et pour réduire les émissions à la source.
Ces actions demeurent cruciales mais il est clair que, pour assurer la sécurité et la prospérité à
long terme de nos collectivités, tous les paliers de gouvernement doivent en faire plus pour
enrayer la crise climatique et accélérer la transition vers l'économie de demain. Un engagement
fédéral plus ferme est indispensable pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de
serre et bâtir une économie libérée des combustibles fossiles — des priorités maintes fois
affirmées, mais trop peu concrétisées au cours des vingt dernières années.
Cette ambition est d'autant plus nécessaire à l'heure où des menaces sans précédent pèsent
sur notre économie et sur la souveraineté de notre territoire. En réduisant notre dépendance
aux énergies fossiles, nous protégeons notre économie contre la volatilité des marchés
mondiaux et contre les pressions de partenaires commerciaux hostiles, tout en nous
positionnant pour réussir dans une économie mondiale en voie de décarbonation.
En tant qu'élus municipaux, nous appelons le gouvernement fédéral à adopter une vision plus
ambitieuse et des mesures plus audacieuses pour protéger l'économie tout en répondant à
l'urgence climatique. Une stratégie cohérente qui articule les défis climatiques et économiques
permettra de réduire les coûts liés aux impacts climatiques pour les municipalités, d'améliorer
l'abordabilité au sein de nos communautés et de favoriser une prospérité durable pour
l'ensemble de la population. Ce projet structurant, à l'échelle fédérale, générera des retombées
concrètes tant pour le Québec que pour l'ensemble du pays.
Voici cinq grandes idées pour orienter nos actions dans la bonne direction. Elles ne constituent
ni une liste exhaustive des mesures que doit prendre le gouvernement fédéral, ni un substitut
aux efforts déjà engagés par l'ensemble des paliers gouvernementaux pour atténuer les
impacts des changements climatiques et s'y adapter. Il s'agit plutôt de projets concrets et
ambitieux, capables de générer des retombées majeures sur le plan climatique et de renforcer
la résilience économique du Québec et du Canada — dès aujourd'hui et pour les générations à
venir. Ces projets exigeront une forte coordination entre nos différents paliers de gouvernement.
Cinq politiques pour des communautés plus fortes et plus résilientes
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Bâtir un réseau électrique propre d'est en ouest et du sud au nord
L'électrification constitue l'avenir de l'économie canadienne. Pour répondre à la demande
croissante des véhicules, bâtiments et industries, il faudra au minimum doubler — voire tripler
— la capacité actuelle de production d'électricité à travers le Canada. Ce chantier d'envergure
permettra à lui seul de créer quelque 60 000 emplois dans le secteur de l'électricité.
Parallèlement, il est essentiel de renforcer les interconnexions entre les réseaux régionaux afin
d'assurer la fiabilité du système et de faire baisser les coûts pour les consommateurs. Le
gouvernement fédéral peut assumer un rôle déterminant dans la promotion et la nature des
interconnexions. Accélérer le déploiement d'un réseau électrique propre, d'est en ouest et
jusqu'au nord, renforcerait considérablement la résilience du Canada face aux incertitudes des
marchés internationaux.
Contrairement aux pipelines, qui traversent les territoires sans offrir de retombées locales
significatives, les réseaux électriques génèrent des occasions économiques concrètes pour les
collectivités et les entreprises qui s'y raccordent.
Un déploiement public des infrastructures de transmission à l'échelle canadienne nécessiterait
un investissement estimé à 30 milliards de dollars au cours des prochaines décennies. Il
s'agirait toutefois d'un investissement rentable, puisque la transmission d'électricité constitue
une infrastructure génératrice de revenus. Ce projet permettrait également de libérer des
investissements publics et privés majeurs dans les capacités de production d'énergies
renouvelables (solaire, éolien, géothermique, marémotrice et hydroélectrique) — un potentiel
déjàmis à profit par de nombreuses communautés autochtones.
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Construire des millions de logements hors-marchés, efficaces énergétiquement, à grande échelle
Nos collectivités sont confrontées à une crise du logement d'une ampleur sans précédent. Pour
répondre aux besoins d'ici 2030, on devra construire près desix millions de nouveaux
logements, dont une part importante devra être hors marché afin de garantir l'abordabilité pour
tous les types de ménages.
Le gouvernement fédéral a déjàassumé un rôle de chef de file en matière de logement, mais
très peu d'unités hors marché ont été construites au cours des trente dernières années.
Aujourd'hui, miser sur desconstructions modulaires et à haute efficacité énergétique représente
une occasion unique de conjuguer accessibilité au logement et la réduction des émissions de
GES. Les investissements publics dans ce domaine peuvent également favoriser un
aménagement du territoire durable, en privilégiant des quartiers piétonniers bien desservis par
le transport collectif, et à l'abri des risques d'inondation ou d'incendie.
Fixer un objectif d'un million de logements abordables et éco-efficients au cours des prochaines
années permettrait de faire une différence concrète sur le marché. Viser deux ou trois millions
d'unités constituerait une véritable transformation à l'échelle du pays.
Bien que la construction de logements publics exige des investissements initiaux importants,
elle permet la création d'actifs collectifs stables, tout en générant des retombées économiques
significatives pour les travailleuses et travailleurs ainsi que pour l'ensemble de la chaîne
d'approvisionnement du secteur de la construction.
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Rénover l'ensemble des logements pour les personnes à faible revenu et des immeubles à logements multiples
Les avantages de l'efficacité énergétique ne doivent pas se limiter aux nouvelles constructions.
Rénover le parc immobilier existant représenteune occasion unique de réduireles coûts
énergétiques, de diminuer les émissions de GES et de stimuler l'emploi local.
Or, les programmes fédéraux de rénovation ont historiquement souffertd'un sous-financement
chronique ou d'une durée trop limitée. Ces programmes ont surtout bénéficié aux ménages
aisés habitant des maisons unifamiliales, laissant souvent de côté les ménages à faible revenu
et les immeubles à logements multiples.
Le gouvernement fédéral a l'occasion de lancer une vaste vague de rénovations en finançant
l'efficacité énergétique des immeubles à logements multiples et en offrant des travaux
entièrement gratuits aux ménages en situation de précarité. Un investissement annuel de 2
milliards de dollars suffirait à concrétiser cette vision.
Ce chantier d'envergure permettrait de créer des centaines de milliers d'emplois à travers nos
collectivités. De plus, la croissance de la demande pour des technologies comme les
thermopompes offrirait d'importantes occasions de développement pour la fabrication locale.
Les politiques d'achat du gouvernement fédéral pourraient être mises à profit pour créer une
demande continue pour des produits et des matériaux fabriqués au Canada.
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Construire un système interprovincial de trains à grande vitesse et d'autobus interurbains
Au 19ᵉ siècle, le chemin de fer a été le pilier de notre économie. Au 21ᵉ, le train à grande
vitesse peut jouer ce rôle de nouveau. Pourtant, nos territoires accusent un sérieux retard dans
ce domaine à l'échelle internationale.
Un réseau de TGV permettrait de remplacer bon nombre de vols court-courriers et de trajets en
voiture, tout en réduisant considérablement les émissions. Ce réseau doit être complété par un
maillage d'autobus régionaux, essentiel pour relier les petites collectivités et assurer une
couverture équitable du territoire. L'échec des sociétés d'autobus privées à livrer des services
de transport collectif en régions exige l'intervention du secteur public.
Le projet Alto, qui vise le corridor Toronto–Québec, constitue une première étape importante.
Mais il reste limité à une partie du pays et n'inclut aucun nouveaux services de desserte
régionale par autobus. De plus, son modèle fondé sur un partenariat public-privé a montré ses
faiblesses ailleurs.
Ce qu'il faut, c'est un véritable service public de TGV desservant le pays d'est en ouest au nord,
soutenu par des réseaux d'autobus régionaux. Un tel projet entraînerait des bénéfices pour
toutes les communautés qui y seraient reliées. Si l'ensemble des véhicules est électrique, les
retombées climatiques seraient majeures. Par ailleurs, l'augmentation de la demande pour ces
véhicules, couplée à des investissements publics dans le secteur manufacturier et des
nouvelles normes de contenu canadien pourrait devenir un puissant moteur de développement
industriel.
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Mettre en œuvre une stratégie canadienne de résilience, d'intervention et de reconstruction
Les catastrophes survenues à Lytton, Jasper, Fort McMurray et Slave Lake illustrent les
conséquences humaines dramatiques des changements climatiques. Ces communautés ne
sont malheureusement pas des cas isolés. Sans action rapide à l'échelle mondiale, les
dommages pour le Canada pourraient atteindre 100 milliards de dollarspar an d'ici 2050.
Le gouvernement fédéral dispose des leviers nécessaires pour agir, mais les investissements
actuels en adaptation demeurent largement insuffisants. Pourtant, chaque dollar investi en
prévention permet d'éviter entre 13 et 15 dollars en pertes futures.
En cas de catastrophe, le gouvernement fédéral doit aussi jouer un rôle plus actif pour soutenir
la reconstruction des communautés. Un soutien inadéquat ralentit leur relance et alourdit les
impacts économiques. Désigner un ministre responsable de l'intervention et de la reconstruction
serait une première étape essentielle pour bâtir une réponse plus rapide, plus cohérente et plus
efficace. Le gouvernement fédéral doit également disposer des ressources nécessaires afin
d'appuyer les efforts d'intervention et de reconstruction qui impliquent plusieurs paliers de
gouvernement et de nombreux acteurs privés.
Comment financer ces mesures
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Renforcer le principe du pollueur-payeur
La loi fédérale oblige les pollueurs à assumer les coûts que leurs activitésimposent à la société
— généralement par des programmes de responsabilité élargie des producteurs ou des
paiements directs aux gouvernements. Par exemple, en cas de déversement pétrolier, c'est à
l'exploitant de l'oléoduc de financer le nettoyage. Pourtant, ce principe demeure largement
inappliqué dans le contexte climatique.
L'industrie des combustibles fossiles est la principale source de pollution carbone au Canada,
responsable deprès du tiers des émissionsde gaz à effet de serre à l'échelle fédérale.
Pourtant, elle n'est pas tenueresponsable des dommages climatiques qu'elle engendre.
Pour appliquer concrètement le principe du pollueur-payeur à cette industrie, on pourrait
instaurerune taxe sur les dommages climatiques — sous forme de surtaxe ou de redevance
supplémentaire sur la production de pétrole, de gaz et de charbon. Les revenus générés
seraient versés directement à un fonds national de résilience, d'intervention et de
reconstruction. Selon le niveau de taxation retenu, des milliards de dollars seraient redirigés des
activités polluantes vers la sécurité et la protection de nos collectivités.
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Réaffecter les subventions à la production de combustibles fossiles
Entre 2021 et 2023 — dernières années pour lesquelles des données sont disponibles —
l'industrie pétrolière et gazière a généré 138 milliards de dollars de profits au Canada, tout en
contribuant très peu aux efforts collectifs de lutte contre les changements climatiques. Malgré
cela, elle continue de bénéficier d'un soutien financier massif de la part du gouvernement
fédéral.
Ce soutien prend la forme de subventions directes à l'infrastructure, comme pour l'expansion de
l'oléoduc Trans Mountain, ou encore de garanties de prêt et d'un financement public offerts par
des sociétés d'État telles qu'Exportation et développement Canada. Ces subventions
reviennent à imposer un prix négatif sur le carbone, ce qui a pour effet d'encourager davantage
la pollution.
Bien que les montants varient d'une année à l'autre, les subventions fédérales à l'industrie
fossile ont comptabilisé au moins 75 milliards de dollars au cours des cinq dernières années —
un chiffre qui ne tient pas compte des échappatoires dans le système de tarification du carbone
industriel, qui représentent à elles seules environ3 milliards de dollars par an.
Mettre un terme à ces subventions libérerait chaque année plusieurs milliards de dollars en
fonds publics, qui pourraient être investis dans la transition vers une économie plus propre, plus
juste et plus durable.
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Créer une banque publique de développement
Au-delà des dépenses directes, le gouvernement fédéral peut jouer un rôle clé pour stimuler les
investissements sobres en carbone et générateurs d'emplois, en mobilisant une finance
publique au service d'objectifs collectifs. Contrairement à l'Allemagne, à la Chine, au Brésil et à
bien d'autres pays, le Canada ne dispose pas d'unevéritable banque nationale de
développement.Les sociétés d'État fédérales existantes soutiennent principalement les
investissements privés à but lucratif.
La création d'une banque publique de développement, axée sur des projets climatiques d'intérêt
public, permettrait de faciliter l'accès au capital pour les municipalités et les groupes
communautaires.
Cette banque exigerait une capitalisation publique initiale de plusieurs milliards, voire de
dizaines de milliards de dollars. Toutefois, en tant que prêteuse et détentrice d'actifs, elle
générerait des revenus pour le gouvernement fédéral tout en accélérant les efforts de
décarbonation portés par les collectivités et le secteur public à travers le pays.
Signataires :
Conseiller Francis Allaire, Blainville
Conseiller Pierre-Luc Arsenault, Chandler
Conseiller Adam Baden-Clay, Antigonish County
Conseillère Lori Baldwin-Sands, St. Thomas
Conseillère Anne Barabé, Boucherville
Mairesse Évelyne Beaudin, Sherbrooke
Maire Merlin Blackwell, Clearwater
Conseillère Loïc Blancquaert, Saint-Lambert
Conseiller Jacques Bouchard, Saint-Jérôme
Conseiller Phil Brennan, Severn
Conseillère Gabrielle Brisebois, Montmagny
Maire Vickey Brown, Cumberland
Conseillère Sue Cairns, Kimberley
Maire adjoint Godwin Chan, Richmond Hill
Conseiller Debbie Chapman, Kitchener
Maire Scott Christian, Region of Queens
Conseiller Karen Cilevitz, Richmond Hill
Conseiller Jean Cloutier, Deschambault-Grondines
Conseiller Will Cole-Hamilton, Courtenay
Maire Spencer Coyne, Princeton
Conseillère Catherine Craig-St-Louis, Gatineau
Conseiller David Croal, Gibson
Maire Martin Damphousse, Varennes
Conseiller Etienne Decelles, Sainte-Angèle-de-Monnoir
Conseillère Kacy DeLong, District of Lunenburg
Conseillère Anik Des Marais, Gatineau
Conseiller Alicia Despins, Québec
Maire Corrie DiManno, Banff
Conseiller Deborah Doherty, Collingwood
Conseiller Étienne Dupuis, Crabtree
Conseillère Hilary Eastmure, Nanaimo
Conseiller Jon Farmer, Owen Sound
Conseillère Jane Fogal, Halton Hills
Maire Adrian Foster, Clarington
Mairesse adjointe Sarah Fowler, Tahsis
Conseiller Skylar Franke, London
Conseillère Danielle Fraser, Westville
Conseiller David Froh, Regina
Conseiller Pete Fry, Vancouver
Directeur de secteur Justine Gabias, Halfmoon Bay
Conseillère Mélodie Georget, Mont-Saint-Hilaire
Maire Pierre Germain, Prévost
Conseiller Derek Giberson, Oshawa
Conseillère Christine Gingras, Plessisville
Conseillère Alison Gu, Burnaby
Conseiller Pierre Guénard, Chelsea
Maire Marc-André Guertin, Mont-Saint-Hilaire
Maire adjoint Benjamin Hendriksen, Yellowknife
Conseiller Linda Heshka, Melville
Conseiller Doug Hillian, Courtenay
Conseiller David Huggins-Daines, Sainte-Adèle
Maire Richard Ireland, Jasper
Conseiller Michael Janz, Edmonton
Conseiller Evan Jolicoeur, Courtenay
Conseillère Susan Kim, Victoria
Maire Sean Krausert, Canmore
Maire Dan Kutcher, Summerside
Conseillère Joy Lachica, Peterborough
Conseiller Jérémy Laplante, Paspébiac
Conseiller Joey Leckman, Prévost
Conseillère Line Légaré, Saint-Adolphe-d'Howard
Conseiller Martin Leprohon, Saint-Basile-le-Grand
Conseillère Laure Letarte-Lavoie, Sherbrooke
Maire Adam Lordon, Miramichi
Conseillère Cecilia Macedo, Laval
Conseillère Leah Main, Silverton
Conseiller John Manuel, Golden
Mairesse Maude Marquis-Bissonnette, Gatineau
Directrice de secteur Robyn Mawhinney, Strathcona Regional District
Conseiller Reid McAlpine, Markham
Maire Dorothy McCabe, Waterloo
Conseillère Melanie McCollum, Courtenay
Conseiller Ian McGrath, Truro
Conseillère Jessica McIlroy, North Vancouver
Conseiller Tom McLennan, Yellowknife
Conseillère Jennifer Meilleur, Comox
Conseiller Shawn Menard, Ottawa
Conseillère Kim Méthot, Saint-Basile-le-Grand
Conseillère Wendy Morin, Courtenay
Conseiller David Morin, Mont-Saint-Hilaire
Conseillère Lenore Morris, Whitehorse
Conseillère Joy-Anne Murphy, Camrose
Directrice de secteur Alison Nicholson, Cowichan Valley Regional District
Conseiller Troy Nixon, Fernie
Mairesse adjointe Sheilagh O'Leary, St. John's
Conseiller Aaron Paquette, Edmonton
Conseillère Valérie Patreau, Outremont, Montréal
Conseiller Laura Patrick, Salt Spring Island / Islands Trust
Conseillère Leslie Payne, Nelson
Conseiller Chris Pettingill, Squamish
Conseillère Teale Phelps Bondaroff, Saanich
Mairesse Valérie Plante, Montréal
Maire Jacques Poulin, Fossambault-sur-Le-Lac
Conseillère Sherri Rollins, Winnipeg
Conseillère Bridget Ryan, Erin
Conseillère Dianne Saxe, Toronto
Conseillère Margo Sheppard, Fredericton
Conseiller Evan Spencer, Calgary
Maire Michelle Staples, Duncan
Conseillère Wendy Stephen, Kingston
Conseillère Jenny Tan, Maple Ridge
Conseillère Keren Tang, Edmonton
Conseiller Alvin Tedjo, Mississauga
Conseiller Jonathan Théorêt, Chertsey
Conseiller Troy Therrien, Cumberland
Conseillère Natacha Thibault, Otterburn Park
Conseiller Sam Trosow, London
Conseiller Alexandre Turcotte, Otterburn Park
Conseiller Benjamin Turcotte, Val-d'Or
Conseiller Tony Valente, North Vancouver
Mairesse Mélanie Villeneuve, Otterburn Park
Conseillère Mary Wagner, Langford
Conseiller Courtney Walcott, Calgary
Conseiller Nick Ward, Cumberland
Conseiller Pat Warren, Kawartha Lakes
Conseiller Alexandre Warnet, Laval
Maire Bob Wells, Courtenay
Conseiller Howard Williams, Wolfville
Conseillère Michael Wolfe, Richmond
Conseiller Jesse Wright, District of Mackenzie
Conseillère Shanon Zachidniak, Regina
Conseiller Margaret Zwart, Clarington
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La Coalition Halte-Air Saint-Hubert interpelle les candidat.e.s aux élections fédérales

Longueuil, 11 avril 2025. - La Coalition Halte-Air Saint-Hubert vient d'adresser un sondage d'une quinzaine de questions aux candidat.e.s des différentes formations politiques pour connaître leur position sur le développement de l'aéroport Saint-Hubert de Longueuil. Ce sondage est accompagné d'un dossier d'information qui est public.
La Coalition rappelle que les aéroports sont de juridiction fédérale, et conséquemment, les députés fédéraux des circonscriptions proches de l'aéroport Saint-Hubert non seulement se doivent d'avoir un positionnement politique, mais aussi un pouvoir d'intervention sur tout projet d'expansion qui aura des impacts sur la vie, la santé, les finances de leurs électrices et électeurs, et de leurs familles.
De plus, la question des conséquences climatiques de l'expansion de l'aéroport est d'autant plus pertinente qu'Environnement Canada a annoncé début janvier que « 2025 sera l'une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées depuis l'ère préindustrielle ». La Coalition rappelle qu'en 2019 le Bloc Québécois, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti Vert ont endossé la Déclaration citoyenne universelle d'urgence climatique, puis qu'avec le Parti Libéral (PLC), ces partis se sont aussi engagésfin 2024 à respecter le Consensus québécois en environnement. Parmi ces engagements, figurent :
- -
"Nous croyons que les changements climatiques sont un enjeu prioritaire et nous sommes engagés à agir pour réduire les émissions de GES de notre province." " Nous voulons nous déplacer de manière plus durable et avoir accès à des options de transport moins polluantes, efficaces et abordables."
Dans ce contexte, la Coalition invite les candidat.e.s à prendre leurs responsabilités et à remplir le sondage rapidement. La Coalition en publiera les résultats sur les réseaux sociaux et en informera les 6000 personnes qui ont signé sa pétition.
Les quelques candidat.e.s dont les coordonnées ne sont pas encore connues ou rendues publiques sont invité.e.s à contacter la Coalition pour recevoir toute l'information nécessaire.
Pour information : coalition.halteair@gmail.com
https://www.facebook.com/coalitionhalteairSH
instagram.com/coalitionhalteairsh/
https://twitter.com/Coalition_YH
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Le CNC demande à Carney et Poilievre de mettre cartes sur table à propos de l’assurance-emploi

Montréal, le 14 avril 2025 – À l'approche des débats des chefs, le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) demande aux chefs des libéraux et des conservateurs d'expliciter leurs positions respectives sur l'assurance-emploi.
« Si le NPD et le Bloc Québécois ont fait preuve de clarté, il faut que les électeurs et électrices sachent quels sont les plans à propos de l'assurance-emploi de ceux qui aspirent à les gouverner. Dans le contexte actuel de guerre commerciale et d'incertitude économique généralisée, il est fondamental pour les chefs de faire preuve de clarté », a déclaré Selma Lavoie, co-porte-parole du CNC.
Ainsi, le CNC formule deux questions précises pour les chefs du Parti libéral et du Parti onservateur :
• Après l'annonce de mesures temporaires par son gouvernement, est-ce Mark Carney conserve
l'engagement de son parti quant à l'implémentation d'une réforme permanente de l'assurance emploi, permettant une couverture plus élargie et des protections pour les travailleurs et travailleuses saisonniers et autonomes, notamment ?
• Dans le contexte de la guerre commerciale, est-ce que Pierre Poilievre considère toujours qu'améliorer l'admissibilité de l'assurance-emploi conduirait à « une augmentation permanente du
chômage » (comme il le disait en 2009, en pleine crise économique, et en 2016) et que les programmes d'aide sont une façon pour le gouvernement de « payer les gens pour ne pas travailler » (comme il le disait en 2021, en pleine pandémie) ?
« Les deux principaux partis n'ont a pas encore publié de plateformes véritables : nous attendons leurs réponses avec impatience », a conclu Milan Bernard, co-porte-parole du CNC.
Le CNC en campagne !
Avec le slogan, « QUAND LA MENACE PLANE, ÇA PREND UNE VRAIE ASSURANCE-EMPLOI ! », le CNC compte faire de l'assurance-emploi un enjeu important de l'élection. Dans cet objectif, il s'est inscrit comme « tiers » auprès d'Élections Canada, et déploie en ce moment sur l'ensemble du territoire québécois des milliers de pancartes de type électoral et une large panoplie d'outils de communication en ligne.
Pour en savoir plus : www.lecnc.com/pensezy
Source : Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC)
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Le Pee Wee Jagmeet Singh

Il y a quelque chose d'irréel à voir évoluer le Nouveau Parti démocratique (NPD). Son leader Jagmeet Singh fait figure d'égaré dans l'immense joute électorale qui se déroule en ce moment. Il s'est replié sur les thèmes traditionnels du parti, qui tournent autour de la justice redistributive essentiellement. "Faisons payer les riches", clame-t-il à tout propos.
Il a raison bien sûr, mais dans le contexte du présent l'affrontement canado-américain, sa candidature au poste de Premier ministre ou même de chef de l'Opposition officielle ne peut être prise au sérieux. Il ne s'illusionne pas lui-même là-dessus en dépit du fait qu'il ne l'admettra jamais publiquement.
Le parti stagne à 8% d'intentions de votes, tout juste devant les Verts. Singh a beau répondre qu'il se soucie de faire campagne et de défendre les thèmes chers à sa formation, il ne peut pas ne pas s'apercevoir qu'elle se dirige vers une marginalisation peut-être irrémédiable. L'avenir le dira. Mais il descend de 17% du vote obtenu en 2021 à 8% selon les derniers sondages. La chute est donc considérable. Le parti se trouve plus isolé que jamais et son chef ne parvient pas à rassembler et galvaniser ses militants et électeurs. Le NPD est coincé entre deux géants de la politique fédérale, le Parti libéral dirigé par Mark Carney et le Parti conservateur de Pierre Poilievre. L'ensemble de l'électorat ne prête pas une oreille attentive aux dénonciations convenues de Jagmeet Singh contre les riches. L'électorat porte toute son attention sur Carney et Poilievre pour savoir lequel est le plus en mesure d'affronter le président américain Donald Trump afin de défendre les intérêts canadiens dans l'immense conflit commercial qui se déploie sous nos yeux en ce moment. Le Canada se trouve à un moment-charnière de son histoire.
Carney et Polievre dirigent deux partis importants, les seuls à vocation de pouvoir. Les petits joueurs (comme le NPD, le Bloc québécois et les Verts) ne sont guère écoutés par la masse de l'électorat, qui les perçoit comme ne faisant guère le poids dans ce duel de titans. En ce sens, Jagmeet Singh rame dans le vide, en dépit de la pertinence de plusieurs de ses propositions.
Il a perdu beaucoup de ses appuis traditionnels au profit des libéraux, ce qui n'a rien de surprenant quand on y regarde de plus près. Plusieurs partisans néo-démocrates sont en effet des libéraux de gauche qui veulent empêcher à tout prix l'arrivée au pouvoir des conservateurs de Pierre Poilievre et mettre en place un premier ministre capable de tenir tête à Donald Trump. Alors que monsieur Singh se contente de radoter les thèmes traditionnels du parti sur toutes les tribunes, c'est Mark Carney qui rafle la mise comme meilleur premier ministre capable de contrecarrer les plans de Trump. Que cette perception soit juste ou erronée, elle impose à monsieur Singh l'image d'un rêveur plus ou moins compétent en matière de relations avec les États-Unis "trumpiens".
Autre erreur de monsieur Singh : vu qu'il a détenu la balance du pouvoir après le scrutin de 2021, il s'est exagéré la force de son parti en forçant Justin Trudeau à adopter quelques mesures progressistes issues de son programme. Il faut dire que la conquête de la présidence par Trump a depuis radicalement a changé la donne, autant partisane que diplomatique.
Il faut mentionner le sempiternel problème du manque d'audience du NPD au Québec. Jagmeet Singh n'est venu que rarement dans "la Belle Province" où seul Alexandre Boulerice "tient le fort" dans le comté montréalais de Rosemont-La Petite-Patrie. Monsieur Singh n'a jamais adopté de plan cohérent pour affirmer une présence néo-démocrate ici. Aucune équipe substantielle ne fut constituée, aucun lieutenant éminent de monsieur Singh n'a jamais parcouru les comtés du Québec. On n'a observé aucun effort de sa part pour mettre sur pied une équipe de candidats inspirants aptes à drainer le vote populaire québécois. Considérerait-il donc le Québec comme obstinément réfractaire à son parti ?
Pourtant, l'électorat québécois avait donné 59 députés au NPD lors du scrutin fédéral de 2011 sous Jack Layton (un anglo-montréalais), ce qui prouve au contraire que le Québec n'est pas une terre stérile pour le parti quand il consent aux efforts requis pour y conquérir une audience. On est présentement loin du compte. Les successeurs de monsieur Layton, Thomas Mulcair d'abord puis ensuite Jagmeet Singh ont gaspillé cet héritage, laissant reculer le parti en termes de votes et de députés. Seul Alexandre Boulerice a réussi à se maintenir en place, mais survivra-t-il politiquement cette fois encore ? On ne peut guère le prévoir, mais il faut l'espérer.
Libéraux et néo-démocrates sont deux formations qui se voient comme multiculturalistes et, par conséquent, qui se méfient du nationalisme québécois, en particulier sous sa forme indépendantiste. Les mesures qu'ils mettent de l'avant s'inspirent d'une centralisation qui heurte l'autonomisme québécois. Le Parti libéral étant une formation à vocation de pouvoir et le NPD se complaisant généralement dans le rôle de "bonne conscience" sociale du Parlement, les libéraux peuvent se présenter comme des centristes de gauche, capables de mettre en oeuvre des politiques progressistes. On le sait, les libéraux sont très habiles à piller les propositions de leurs adversaires conservateurs et néo-démocrates pour accroître leur audience auprès de la population.
En négligeant le Québec et son importante frange nationaliste (que ce soit sous sa version autonomiste ou indépendantiste), les néo-démocrates se coupent de la province la plus importante en termes de population et de comtés, après l'Ontario.
Enfin, Jagmeet Singh n'est pas le chef approprié pour percer au Québec et sortir le parti du pétrin, en dépit de sa bonne volonté et de la sympathie qu'il peut inspirer. Après la probable victoire libérale du 28 avril prochain, et le score sans doute minable que son parti récoltera si on se fie aux sondages actuels, ce qui reste de militants et de militantes lui montreront sans doute la porte. Il faudra reconstruire le NPD.
Cela constituerait le moment idéal pour lui redonner un nouveau souffle et le doter d'une autre direction dont la conquête du Québec constituerait une des principales missions. Sinon, on peut craindre qu'il ne sombre dans une marginalité définitive, prélude à sa possible disparition. En résumé, il doit se doter d'une culture du pouvoir, à moins de vouloir demeurer indéfiniment dans l'opposition. La politique est l'art du possible, lequel repose largement sur celui du compromis. Le pragmatisme doit l'emporter si on veut changer les choses en profondeur.
Jean-François Delisle
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Résister à la droite conservatrice : un champ miné de doutes

L'élection fédérale de 2025 soulève des enjeux cruciaux quant à la lutte contre la montée généralisée de l'extrême droite populiste, démagogique et destructrice des acquis des droits sociaux, culturels et économiques depuis la Deuxième Guerre mondiale.
On ne peut ignorer l'expansion des dérives autoritaires de l'extrême droite dans plusieurs pays, au premier chef aux États-Unis, mais ce phénomène a ses avatars en Europe, en Argentine (Milei), au Brésil (Bolsonaro) et au Canada avec le parti conservateur sous la main de fer de Pierre Poilièvre déguisé en agneau avec son image surannée du bon père de famille. Ses discours trahissent sa source d'inspiration, soit la mouvance libertarienne radicale du développement capitaliste. Comme acteur politique, il incarne le combattant suprême contre l'État, institution centrale garante de la promotion et de la protection de principes démocratiques pour maintenir une forme de cohésion et des dérives abusives. Sa proposition phare consiste à annoncer des baisses d'impôts ; il n'a pas encore sorti la tronçonneuse comme Milei et Musk, mais ça s'en vient. Derrière les baisses de taxes se profilent les coupures et l'affaiblissement de l'État et de ses services. En d'autres termes, les politiques sociales en faveur du bien commun sont remises en question.
La conjoncture actuelle correspond à une étape plus poussée dans la transformation accélérée de l'impérialisme et des moyens de production et de communication contrôlée par une bourgeoisie de plus en plus riche et de plus en plus conquérante. Dans un contexte déroutant, Donald Trump clame devant le monde entier : « Libération ! » Son exclamation vise à célébrer tous ses espoirs dans les modes de production libertariens qui se veulent par essence sans foi ni loi. Les capitalistes se veulent complètement libres de faire croître leur capital sans aucunes restrictions sans se préoccuper des intérêts et des besoins des travailleurs, des travailleuses et de l'ensemble des citoyens et des citoyennes. Plus près de nous, le nouveau prêcheur canadien du capitalisme libertarien, Pierre Poilièvre, déclame sa prophétie fallacieuse : « si vous travaillez fort, vous pourrez vous bâtir une maison… » Il pourrait le dire autrement en explicitant sa pensée pour réduire le rêve individuel à sa dimension matérielle et à la propriété privée, sans autre horizon que de réduire la vie de chaque individu aux limites d'un bungalow. Comme prêcheur de la méritocratie individualiste, il n'est que le reflet de cette logique libertarienne. Et c'est ce qui le rend dangereux et toxique, car les citoyens et les citoyennes sont réduits à la passivité, trop occupés à payer leur hypothèque à la banque, obligation perçue comme une laisse sans fin.
Les sirènes d'un bonheur factice.
Le bonheur promu par Pierre Polièvre et ses fidèles correspond à leur credo libertarien ; le chef utilise tous les canons de la propagande pour promouvoir une société complètement dominée par les forces dynamiques du marché : fabrication d'ennemis imaginaires (ses opposants, les fonctionnaires, les journalistes, les intellectuels, etc.) ; promotion de l'individualisme et du paternalisme ; mépris des institutions (Poilièvre a souvent qualifié des maires et mairesses d'incompétents, par exemple) ; l'utilisation d'avanies multiples si nécessaires ; la promotion d'une sorte de paradis mythique fondé sur l'argent, etc. Comme le souligne Edgar Morin dans son dernier livre, Cheminer vers l'essentiel, « "En politique, on peut même dire que l'imaginaire est plus réel que le réel. Au nom d'une idée, d'une idéologie, on peut massacrer une population tout entière. Donc, l'imaginaire est plus fort que le réel. Nous sommes guidés par des obsessions, des fantasmes répétitifs, des images culturelles qui nous poursuivent. Nous cherchons un visage mythique à travers les visages réels, et le visage mythique est plus important que le visage réel sur lequel se plaque le mythe pour exister.1"
Pierre Poilièvre est le promoteur du perpétuel chantier des constructeurs d'une société productiviste en croissance perpétuelle pour nourrir la consommation… rentable pour l'élite économique et financière. Et ces césars ne chôment jamais. Ils arrivent à convaincre la masse que leur sort dépend de leurs capacités individuelles et qu'accéder à la capacité de consommer est le comble du bien-être. Cela dit, nous savons très bien comme l'a formulé clairement K. Marx et je paraphrase : les conditions d'existence des êtres humains dans la dynamique des rapports de production déterminent leur niveau de conscience. Dans une société de consommation, la plupart des gens peuvent très bien se satisfaire de protéger leur capacité à consommer sans percevoir la nécessité de s'inscrire dans la dynamique du développement pour le bien commun ; les valeurs sont réduites à la sphère personnelle. Dans un tel contexte, il est très difficile d'espérer que la masse puisse développer une conscience critique qui induit la capacité à agir et à dénoncer les mécanismes de domination et d'exploitation sur le plan politique. Par contre, souvent d'une manière surprenante, les gens simples perçoivent facilement où se trouvent leurs intérêts et cherchent quelles stratégies adopter pour les protéger et les promouvoir. Personne n'est indifférent au drame socioéconomique et politique qui se joue actuellement dans le grand théâtre international et sur la scène canadienne.
Une position circonstanciée.
Dans cette conjoncture, il me semble opportun de tenter une analyse circonstanciée, marquée par le doute. Reportons-nous à l'importante résistance organisée rapidement par une stratégie de résistance à l'envahisseur nazi. Louis Aragon, militant de la première heure a élaboré un discours national pour alimenter la réflexion de militant.e.s et de démocrates et les convaincre d'unir leurs forces pour combattre les envahisseurs, pas dans la perspective de gagner la guerre, mais de nuire à leurs avancées sur le terrain militaire, politique et idéologique. Les positions des résistant.e.s ne tenaient pas à un discours de circonstance, car ce sont bien les circonstances qui ont propulsé ce discours comme un outil de combat efficace contre la dictature fasciste. Comme le disait Aragon lui-même : « Je suis à la recherche d'un langage, un langage qui soit celui de notre temps, de notre peuple, et à la fois de la plus haute vague. Dans cette année, j'ai lu beaucoup de poèmes, les poèmes des autres […] je me dis qu'il faut étudier ce que les autres écrivent (Aragon 1935c : 1220).2 » Sa position indique qu'il cherchait le langage d'une position articulée et cohérente qui s'inscrirait dans les circonstances de son époque traversée par le doute sur l'avenir de l'Europe et de la France, en particulier, face à l'occupation allemande.
Comme le mentionne Fernando Pessoa dans son livre Livro do desassassossego3 (Le livre du doute) : « parfois on établit des théories en les pensant patiemment et honnêtement pour parfois agir contre elles ». Au moment d'écrire ces lignes, même en scrutant l'horizon le plus lointain, je ne vois aucun parti politique fédéral en mesure de présenter une remise en question fondamentale du système de domination capitaliste dans sa forme actuelle, bien au contraire. La mouvance du développement capitaliste libertarien progresse toutes voiles dehors. De plus en plus, l'élite bourgeoise économique mondiale cherche à éliminer toutes les entraves à la course à l'accumulation : affaiblissement de l'État, coupures dans les services, baisses de taxes et d'impôts, abandon de politiques sociales inspirées de la recherche d'une plus grande égalité socioéconomique, abandon de politiques fondées sur la promotion des droits socioéconomiques, abandons de la recherche de solutions à des problématiques cruciales comme le réchauffement climatique, etc. Certains économistes théoriciens derrière Trump proposent même d'abolir tous les impôts et de laisser la société être régulée selon les lois du marché. Adieu aux politiques sociales. En fait, on attaque les acquis historiques sur le plan des droits fondamentaux et socioéconomiques sur tous les plans. Devant les ignominies causées par l'élection de D. Trump, prototype du monstre déguisé en pierrot qui tente de nous faire danser devant l'autodafé des progrès sociaux, culturels, politiques et économiques, diverses formes de mobilisations créatrices s'imposent pour contrer les conséquences négatives de politiques destructrices. Tout n'est pas dit.
Signe encourageant, de plus en plus de gens protestent contre les politiques funestes de la droite, mais à ce jour, les révoltes populaires agissent sans une direction politique organisée et structurante. Aux États-Unis le parti démocrate semble en panne d'inspiration et les forces progressistes condamnées au doute et au silence cheminent à vau-l'eau. Est-ce que ce mouvement va se traduire en des positions susceptibles de faire bouger les partis politiques ? Difficile à dire, mais deux questions se posent à l'heure actuelle dans le cadre de la logique électoraliste canadienne :
Quel parti politique peut soutenir ou, à la limite, « récupérer » le mouvement social de protestation et d'affirmation contre les politiques libertariennes ?
Quel parti est le plus susceptible de protéger les principaux acquis sur le plan des droits individuels et des droits socioéconomiques ?
Dans le cadre de notre système électoral bipartite hérité de l'impérialisme britannique, les vieux partis bourgeois (conservateurs ou libéraux) alternent au pouvoir,4 mais la trame de fond reste toujours la même : maintenir les règles du jeu propre au développement capitaliste. Les tiers partis (NPD, Verts, Bloc Québécois et autres) jouent aussi dans le même film, trop souvent tout simplement comme figurants. Chaque capitaine des trois partis négligés s'accroche au cordage de son rafiot ballotté par des vents contraires en tentant de tendre la grande voile vers une victoire illusoire. Rien n'y fait. Bien sûr, ils représentent la partie congrue des électeurs et électrices porteurs de préoccupations fondées sur la recherche de la justice sociale, économique et culturelle et qui n'ont pas d'autres voix au gouvernement, mais leur voix est condamnée à l'opposition ; à l'occasion, ils arrivent à proposer des politiques alternatives, mais leur discours est emporté par le vent dominant. Cela dit, sans jamais pouvoir accéder aux commandes, les partis dits tiers restent condamnés à poser des questions et à tenter d'influer sur le cours des affaires politiques.
La conjoncture actuelle invite à la résistance.
Les événements historiques, incluant les actuels, sont en bonne partie déterminés par l'évolution des moyens de production et des superstructures que sont les institutions juridiques, politiques et la culture. Les conditions du développement sont imposées arbitrairement depuis fort longtemps ; nous héritons d'un passé vicié par un type de développement qui contribue à maintenir les inégalités sociales et économiques imposées par une caste dominante toujours avide d'une croissance continue afin de faciliter l'accumulation accélérée de dividendes. La lutte de classe se vit de mille manières selon les dimensions d'une conjoncture particulière. Aujourd'hui, La masse subit le sillage de la domination impérialiste des États-Unis. Tout le monde cherche une esquive, sans trop de succès.
Si je résume grossièrement, les gens de gauche, hier comme aujourd'hui, nous sommes toujours condamnés à voter pour un parti qui signifie voter pour le moindre mal. Dans la conjoncture actuelle, considérant les aspirations populaires en marche pour lutter contre les abus de pouvoir de la clique de plouques milliardaires à Washington, nous voilà forcés d'analyser sérieusement quel chef et quel parti est le plus en mesure de faire barrage à la montée de l'extrême droite au Canada et aux États-Unis ? En un sens, je pourrais dire simplement : poser la question, c'est y répondre, mais ce n'est pas tout à fait le cas. En réalité, les partis de l'opposition (NPD, BQ et verts), se retrouvent un peu K.O. devant la mouvance de la droite, même réduits à proposer des « réformettes » qui tombent à plat dans le contexte actuel. De leur côté, les deux protagonistes principaux sur la scène (PLC et PC) jouent la partition de la promotion des politiques conformes aux canons du néolibéralisme économique qui cherche à se redéfinir avec une fausse symphonie harmonieuse sur les rapports sociaux et des enjeux cruciaux (développement économique et commercial, lutte contre le changement climatique, maintien des programmes sociaux, immigration, développement militaire, etc.). Le PC, avec à sa tête Pierre Poilièvre, minus avatar de Trump, porteur d'un dogmatisme obtus, présente le capitalisme libertarien comme la « libération » absolue du bon peuple captif du méchant monstre que serait un gouvernement libéral à la tête de l'État. Pierre Poilièvre joue l'ange avec un nez de Pinocchio pour annoncer le paradis libertarien à venir qui serait marqué par un négativisme assumé :
1) Diminution de la taille de l'État en évoquant le trop grand nombre de fonctionnaires, trop de services inutiles, trop d'incompétents, etc.
2) Attaques frontales des droits sociaux et des politiques sociales.
3) Remise en question des institutions ;
4) Contrôle des communications (attaque des journalistes, attaque contre CBC, etc.) ;
5) Développement d'une dynamique de confrontation avec les ennemis de l'intérieur inventés de toutes pièces.
6) Renforcement des politiques militaristes ;
7) Ignorance des enjeux environnementaux et promotion de stratégies extractives surannées.
8) Remise en question des droits des minorités.
9) Et la liste des discours et des pratiques propagandistes mensongers et porteurs d'ignominies s'allonge au jour le jour.
Devant cet état de fait propre à la conjoncture actuelle, sommes-nous condamnés à l'abstention ou à voter pour le parti qui offre une chance de bloquer le renforcement d'une droite destructrice, intolérante et violente ? Peu importe les dimensions de notre analyse, nous nous butons à une aporie de fond qui ne peut être le dernier mot au sujet du vote dans cette élection. J'insiste, nous sommes face à une attaque frontale des acquis et des droits sociaux gagnés de haute lutte. Alors se pose la question la plus sagace : que faire ? Difficile de formuler une réponse claire et exhaustive… C'est frustrant. Encore là, Edgar Morin nous rappelle que « nous sommes dans un temps où nous devrions prendre conscience de l'aveuglement issu de notre mode de connaissance unilatéral et compartimenté, incapable de saisir les grands problèmes globaux qui nous assaillent. Nous avons besoin d'une prise de conscience vitale, de la complexité de nos problèmes et de notre monde.5 » Mais alors ? Nous agissons dans une dynamique de résistance ; comme le répétait Louis Aragon dans la résistance face à l'occupation allemande :
« Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix.6 »
Le doute est intrinsèque à toute forme de résistance.
Sans illusion, sans l'espoir d'un changement en profondeur des règles du jeu du système actuel, le moindre mal consiste-t-il à élire le PLC porté par un économiste en chef qui a au moins les compétences et les capacités intellectuelles et (je l'espère, morales) de comprendre l'importance de protéger l'essentiel des acquis quant aux droits sociaux et économiques. C'est fondamental. Mark Carney semble être le seul en mesure d'envoyer Pierre Poilièvre à l'ombre sur les banquettes de l'opposition, limitant ainsi les torts que les stratégies conservatrices pourraient causer au peuple canadien. Dr Mark Carney est-il le magicien susceptible de présenter une ligne de défense solide face au gouvernement de Donald Trump ? À cette étape-ci de la campagne électorale, il a réussi à garder D. Trump à distance. Dans une dynamique de résistance, toutes les stratégies démocratiques sont permises, même si elles peuvent paraître bancales et lacunaires.
Personnellement, par conviction, je ne votais pas habituellement pour le PLC au cours de ma longue vie. Alors, même si je suis loin d'être d'accord avec toutes les propositions du PLC, notamment sur le plan militaire et environnemental, au risque de passer pour un renégat, je crois pertinent de voter pour le PLC. Il me semble que dans la conjoncture actuelle, sur le plan de l'éthique politique, ce parti peut au moins réduire la capacité de nuire du PC pendant les années à venir et présenter une ligne de défense cohérente face au gouvernement de Donald Trump.
En bout de piste, voter demain me questionne sur le plan éthique : comment devrais-je voter ? Annuler mon vote ou voter pour un projet en m'inscrivant dans une perspective de résistance ? Annuler serait la pire option, car cela signifierait tolérer l'intolérable présence de l'insignifiant petit seigneur populiste et dogmatique du capital qu'est Pierre Poilièvre, lequel aspire à siéger comme chef d'un parti qui se prétend le parangon moral d'un développement paradisiaque pour une grande partie des citoyens et des citoyennes du Canada. Triste scénario. En réalité, chaque citoyen et chaque citoyenne doit voter, en son âme et conscience, pour le candidat ou la candidate de sa circonscription susceptible de faire progresser les droits fondamentaux, sociaux et économiques de l'ensemble de la population.
Somme toute, nous sommes confrontés aux mêmes questions que posait Platon, le fameux philosophe grec, auteur de La république, ouvrage élaboré en réaction aux avanies des pouvoirs autarciques. Il met de l'avant l'idée fondamentale que la Cité doit être construite selon le modèle de la recherche du Bien en soi et que l'action politique est le plus grand devoir des citoyens (dans l'Antiquité, les femmes étaient exclues de la politique).
Les questionnements légitimes peuvent paraître platoniques et ne pas rejoindre la masse des gens dans leur vie quotidienne ni dans l'immédiat de la campagne électorale, mais ils méritent considération afin d'aller au-delà des apparences. Le débat n'est pas clos.
André Jacob
Terrebonne, le 14 avril 2025
Notes
1.Morin, Edgar (2024). Cheminer vers l'essentiel. Paris, Albin Michel, p. 84.
2.Bismuth, Hervé (2014). Aragon résistant : la construction d'un discours national in Le temps guérit toutes les blessures : la résistance à l'autorité de l'Histoire dans les concepts de nation et de nationalisme.. Textes & contextes. Numéro 9.
https://preo.ube.fr/textesetcontextes/index.php?id=1136
3.“Establecer teorias, pensando - as paciente e honestamente, so para depois agirmos contrea elas – agirmos e justificar as nossas açoes com teorías que as condenam.”
Pessoa, Fernando (2017). Livro do desassassossego. Porto, Assirio & Alvim, p. 52.
4.Une réforme du mode de scrutin n'est pas pour demain, elle fait même l'objet d'une promesse de changement reniée par Justin Trudeau. Mais c'est un autre débat.
5. Morin, Edgar avec Marc de Smedt (2024). Cheminer vers l'essentiel. Paris, Albin Michel, p. 248.
6.ARAGON Louis (2007). « Il n'y a pas d'amour heureux », vv. 1-3, 13-18, 25-27, La Diane française dans les Œuvres Poétiques complètes, Barbarant Olivier (éd.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. I, p. 1004.
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Environnement L’effet boule de neige

L'environnement doit devenir notre principale préoccupation et nous devons donc lui accorder une place prépondérante dans la couverture et l'analyse de l'information. La tâche peut sembler difficile, eu égard aux chamboulements politiques et économiques en cours, mais elle n'est pas hors de portée. Les moyens d'y parvenir, sous nos yeux, doivent être considérés avec ouverture.
(Ce texte a d'abord été publié dans l'édition d'avril du journal Ski-se-Dit.)
À court terme, nous devons, le 28 avril, élire un gouvernement canadien qui ne s'oppose pas à la lutte aux changements climatiques et – je tiens à mettre l'accent sur ce deuxième point – qui ne s'emploiera pas à démanteler notre précieux service public d'information et de nouvelles qu'est Radio-Canada/CBC. Parce que c'est sur le socle d'un gouvernement canadien qui ne sera pas dirigé par le Parti conservateur du Canada que nous devons remettre la protection de l'environnement au centre de nos préoccupations.
Une fois cela fait, nous devrons concentrer nos efforts sur nos réseaux d'information, et en premier lieu sur notre diffuseur public Radio-Canada/CBC. Ce service public doit continuer de se développer. Il doit être le mieux possible en mesure de diffuser de l'information, des nouvelles et des analyses honnêtes, axées sur des démarches et recherches rigoureuses, en toute indépendance. Nous devrons lui fournir ces moyens d'action en lui assurant entre autres un financement adéquat qui lui permette d'assurer cette pleine indépendance et donc, tant sur le plan journalistique que culturel, en interdisant toute forme de publicité privée et même partiellement privée sur son réseau de stations de radio et de télévision. Une information de grande qualité et indépendante des contraintes imposées par le secteur privé est fondamentale pour redonner aux questions sociales et environnementales l'importance qu'elles méritent. D'autres pays le font. Nous pouvons le faire aussi.
Cet important jalon pourrait assurément nous amener à réaliser l'importance d'une presse libre et d'une presse communautaire indépendante, près des gens, tant pour les questions environnementales que sociales, et d'en assurer la diffusion et le financement. Je pense en particulier à de précieux journaux indépendants comme Ski-se-Dit et les journaux de l'Association des médias écrits communautaires du Québec (AMECQ), qui sont près de nos préoccupations et qui survivent à grande peine. Un effet boule de neige, nous le souhaitons, qui ferait progressivement de la lutte aux changements climatiques et de la défense de l'environnement des questions hautement prioritaires.
Pour reprendre le titre du plus récent essai d'Alain Saulnier, il faudra également, dans ce même élan, « tenir tête aux géants du web » (Apple, Meta [Facebook, Instagram, WhatsApp et Oculus VR], Amazon, Microsoft et d'autres encore). Nous avons les outils pour agir en ce sens et il est essentiel de procéder vigoureusement, efficacement et avec diligence pour contrer la désinformation et la mésinformation qu'ils favorisent, l'impact des algorithmes de leurs médias sociaux sur le discours ambiant et leur attrait, plus particulièrement auprès des plus jeunes générations, aux détriment de nos médias écrits et électroniques qui nous offrent assurément une information plus honnête et de meilleure qualité.
C'est là en grande partie le travail du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Avec l'adoption des projets de loi C-11 et C-18, des contrôles ont été érigés par l'organisme quant à la circulation des entreprises numériques sur notre territoire, mais nous devons aller plus loin. Ces géants du web doivent contribuer financièrement à une presse libre et de qualité, ici comme ailleurs, à partir de redevances ou de taxes sur l'ensemble de leurs produits. Une population mieux informée par des réseaux d'information réellement indépendants et de qualité saurait assurément mieux épauler les gouvernements fédéral et provinciaux pour agir dans cette perspective. Elle pourrait du même coup les amener à exiger que tous les téléviseurs intelligents vendus ici soient par défaut dotés des applications pour accéder prioritairement aux services québécois et canadiens.
Nous devons gagner la lutte pour une information de qualité, soustraite au contrôle direct ou indirect des intérêts financiers. À défaut de quoi les questions d'environnement, comme les questions sociales, n'occuperont jamais qu'une place secondaire dans le perpétuel fouillis des communications et intérêts financiers de toutes sortes. Le maintien et l'indépendance réelle d'un réseau d'information public de qualité, puis d'autres médias d'information, pourraient être le fer de lance d'un vaste mouvement de conscientisation aux nombreux et graves défis environnementaux auxquels nous nous devons de faire face. L'effet boule de neige de tels gains, l'un après l'autre, est envisageable…
Pour aller plus loin
Une telle presse libre et indépendante pourrait revigorer le journalisme d'enquête et nous permettre de mieux faire la lumière sur une foule de questions liées à l'environnement. Nous pourrions ainsi envisager des enquêtes plus exhaustives et des données précises sur le transport terrestre, maritime et aérien, sur les nouvelles technologies de plus en plus énergivores, avec l'émergence de l'intelligence artificielle, sur l'utilisation des cryptomonnaies, la prolifération des superordinateurs et centres de données partout dans le monde, cachés au regard et à la connaissance des populations, sur l'impact de la multiplication des câbles sous-marins, des rejets dans l'atmosphère, sur la gestion des déchets de toutes sortes, sur le recyclage et ses ratés, sur les conséquences des guerres sur l'environnement, sur l'énergie nucléaire et ses dangers, etc.
Elle pourrait aussi mieux faire connaître les différents organismes locaux et nationaux voués à la protection de l'environnement, de la faune et de la flore, de la qualité de l'air, de l'eau, des sols, et faire connaître les solutions envisagées et les efforts déployés pour y parvenir.
Elle pourrait aussi et surtout permettre l'émergence d'un discours résolument environnemental, qui remette en question les fondements mêmes de nos sociétés consuméristes, inégalitaires et polluantes, propulsée vers l'abîme que nous assure l'actuelle croissance sans fin du capitalisme. Un discours qui nous permette en somme d'envisager, dans l'état actuel des choses, ce qu'il y a de mieux pour nous.
Sources : Le Devoir, Le Monde diplomatique, Les barbares numériques (Alain Saulnier), Ski-se-Dit, Tenir tête aux géants du Web (Alain Saulnier).
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Canada : Une crise de légitimité en gestation

158 ans après sa fondation, le Canada traverse une profonde crise de légitimité. Malgré les efforts des pouvoirs exécutif, judiciaire et provinciaux pour maintenir une image de stabilité, ce qui était autrefois dissimulé s'infiltre désormais dans des couches sociales de plus en plus larges. La fracture devient de plus en plus visible.
La répression de la communauté Wet'suwet'en, menée en collusion avec les entreprises extractivistes, le gouvernement fédéral et plus tard les tribunaux, a marqué un tournant. Face à toute remise en question de sa structure, l'État canadien ne répond ni par le dialogue ni par la transformation, mais par des lois répressives. Et lorsque ces lois ne suffisent pas, il n'hésite pas à recourir à la force. Il agit comme si sa survie dépendait de la neutralisation de toute forme de résistance. À l'image d'Israël.
À bien des égards, le Canada est un pays profondément dépendant. Plutôt que de forger une identité culturelle propre — qui pourrait intégrer la diversité migrante et les cultures ancestrales des Premières Nations —, il a choisi d'imiter le modèle anglo-américain, en adoptant ses travers les plus notoires : individualisme extrême, obsession de l'image, et superficialité déguisée en progrès.
Gouvernée par une élite blanche qui légifère et administre avec une vision étroite, la société canadienne multiethnique est systématiquement exclue de la représentation. Dans les médias, en politique, dans les récits nationaux, il est difficile de se voir reflété quand on est une femme, un·e migrant·e, une personne autochtone, arabe, latine ou racisée. Le Canada a été construit à l'image d'une minorité qui détient encore les rênes du pouvoir.
L'absence d'une vision nationale partagée et inclusive — un projet à moyen et long terme auquel les habitant·es pourraient réellement participer — aggrave ce sentiment d'aliénation. Le système politique est structuré de telle manière que la participation réelle est quasiment réservée aux étudiant·es et aux retraité·es. Pour les autres — pris·es au piège entre longues journées de travail, dettes et manque de temps — la politique devient inaccessible, et les élites exploitent ce vide pour consolider leur pouvoir. Le capitalisme.
Les défis du Canada futur se dessinent déjà. La crise climatique frappera particulièrement durement les régions nordiques du pays, transformant radicalement les territoires et les modes de vie des communautés autochtones qui y vivent encore. Parallèlement, la migration climatique — provenant d'un États-Unis de plus en plus inhabitable et de pays asiatiques gravement touchés — entraînera de nouvelles tensions autour de l'usage du territoire et de l'appartenance.
La polarisation politique, axée sur la compétition plutôt que sur la coopération de bon sens, éloignera encore davantage les citoyen·nes du cadre politique officiel, laissant place à l'émergence de réseaux alternatifs de soin et de solidarité, notamment à la base. Se soutenir mutuellement, ou périr.
Pendant ce temps, la classe politique adopte de plus en plus les discours du conservatisme américain : diabolisation des idées adverses, rejet de la diversité, et justification de l'injustifiable — comme on le voit dans la position officielle du Canada sur la Palestine —, transformant peu à peu le pays en un espace hostile à l'exercice des libertés civiles. Les idées de Trump et de Poilievre se répandent sans résistance.
Le Canada est à la croisée des chemins. Il peut continuer à approfondir un modèle qui exclut, réprime et fait semblant d'être stable — ou il peut enfin écouter les voix qui, depuis des décennies, réclament une terre réellement juste, plurielle et vivable.
Manuel Tapial
Coordinateur de projets de Palestine Vivra
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Les tentes sur le chemin de la militante sahraouie Aiza Azna Zreibih

Témoignage disponible dans le livre El Amal raconte le voyage au camp de réfugiés en 1972
Tiré de la page web de Capire
21/03/2025
photo Ignacio Azael Pérez Nuño
Ceci est un extrait du témoignage « Cette histoire est longue », d'Aiza Azna Zreibih, disponible dans le livre El Amal, historia de mujeres saharauis [El Amal, histoire des femmes sahraouies], une publication de Editorial Universidad de Guadalajara (2022). Le livre contient des témoignages de femmes sahraouies qui ont trouvé refuge dans des jaimas (tentes) de personnes rencontrées sur la route ou qui ont construit elles-mêmes des jaimas, qui fournissaient un abri à d'autres personnes et constituaient un espace pour la construction de la lutte. Dans le témoignage d'Aiza, elle raconte comment son voyage de lutte s'est déroulé depuis la ville de Tan-Tan, dans l'actuel territoire sahraoui occupé, comment s'est déroulée la traversée à pied vers les camps de réfugiés et son action politique en faveur des femmes.
La 6e Action de la Marche Mondiale des Femmes a pour devise « Nous marchons contre les guerres et le capitalisme ! Nous défendons la souveraineté des peuples et le bien vivre ! » et le symbole de cette action sont les tentes féministes et solidaires. Comme l'explique le texte de lancement, « La tente représente non seulement le capitalisme des catastrophes, des guerres, des déplacements et les personnes migrantes, mais aussi un refuge pour les personnes, la sagesse et les connaissances ancestrales dans de nombreuses cultures, et la résistance. À partir de ces réflexions, nous avons proposé la construction globale de notre Tente de Solidarité Féministe, un espace où se matérialise ce que nous voulons pour l'avenir de notre planète en tant que mouvement populaire féministe ».
Cette histoire est longue
(…) En 1972, à Tan-Tan, des citoyens et citoyennes sahraouis manifestaient en territoire marocain pour réclamer l'indépendance du Sahara, lorsque huit de ces jeunes ont été arrêtés. Pour cette raison, nous, les femmes, avons été appelées à l'action, et j'ai donc participé. Nous avons été témoins de la façon dont la police marocaine nous a battus et a essayé de nous faire taire. Je ne comprenais pas encore beaucoup de choses, mais c'est à partir de ce moment que j'ai commencé à me poser de nombreuses questions. Dans le cadre du mouvement, les jeunes révolutionnaires intellectuelles ont commencé à composer des chansons, qui nous étaient dictées pour qu'on les écrive, ce qui a commencé à mobiliser la conscience des filles. Une des chansons ressemblait à ceci :
Notre ennemi vit dans ce peuple
agissant par principe et prêt à tout dans ce combat.
Hassan craint pour ce peuple
Parce que nous commençons à articuler,
Nous préparons cette tente ;
Qui est la tente de tout le monde.
Une autre chanson, pour mobiliser les femmes, ressemblait à ceci :
Plus de pression sur les femmes
Des femmes libres, c'est ce que nous voulons.
En écoutant ces chansons, les femmes ont commencé à se mobiliser, ce qui a également aidé à soulager la pression que nous subissions et nous avons commencé à nous sentir plus libres. J'étais moi-même sous la pression de ma famille, mais avec ce mouvement, nous avons commencé à avoir plus de liberté. J'ai rejoint l'organisation politique, je suis allée à des réunions pour écouter et étudier. Il fut un temps où j'étais si active que la police marocaine a commencé à me suivre. J'avais un jeune fils, Husein, qui était encore allaité, et parce qu'ils continuaient à me suivre, je n'avais d'autre choix que de fuir. J'ai dû m'enfuir aussi, entre autres raisons, parce que mon mari ne voulait pas que je participe à la révolution, et je lui ai dit : « Je participerai, que tu le veuilles ou non », puis nous nous sommes séparés. (…)
Quand le soleil s'est couché, nous avons pris le chemin. Avant de partir, ils nous ont montré quelles étoiles nous devrions suivre. Nous devrions toujours être guidées par une étoile qui ne disparaît pas, la mettre sous nos yeux et la suivre. Nous étions plus ou moins familiarisées avec le voyage, car certaines des femmes étaient des bédouines. Parmi nous se trouvaient deux femmes enceintes et trois enfants qui savaient déjà marcher. Au cours de notre marche, nous avons fait diverses choses pour effacer nos traces ; lorsque nous avons trouvé des chèvres, nous les avons mises à marcher autour de nous et à effacer nos pas.
(…)
Après avoir marché longtemps, nous avons trouvé une tente et y sommes entrées. Nous étions déjà très fatiguées. Voyant que nous étions entrées, les parents de cette famille sont sortis terrifiés et nous ont laissés seules, mais peu de temps après, une des filles de cette famille est arrivée, qui apparemment ramassait du bois de chauffage, et c'est elle qui nous a aidées. Nos jambes étaient ensanglantées et craquelées. La fille a commencé à appliquer du henné avec un peu d'huile sur nos jambes et a bandé nos pieds avec des chiffons. Elle nous a donné de la nourriture et de l'eau, nous a offert deux chameaux, a mis la selle sur les deux. La femme qui venait d'accoucher est montée dans l'un, la femme enceinte dans l'autre, et nous sommes parties.
Lorsque nous avons traversé la frontière, nous avons été capturées par la police espagnole. Au début, ils nous ont encerclées parce que, quelques jours auparavant, ils avaient capturé un groupe de Marocains armés, alors ils pensaient que nous faisions partie de ce groupe. La police voulait que nous montions dans les véhicules, disant que cela nous mènerait à Al Mahbes, en territoire espagnol, mais nous avons refusé d'entrer. Ils sont partis, mais un hélicoptère survolait toujours nos têtes. Parmi les policiers, j'ai reconnu un homme sahraoui, qui ne m'a pas parlé, ni moi à lui.
Quand nous étions près d'Al Mahbes, un groupe de sahraouis est apparu, en voiture, et nous a emmenées dans une maison où d'autres femmes sont apparues, qui nous ont offert des melphas [vêtements traditionnels des femmes sahraouies], nous ont nettoyées, nous ont donné des couettes, de la nourriture, des pansements pour les pieds etc. Apparemment, cet homme sahraoui qui était avec les policiers a répandu la nouvelle qu'il y avait un groupe de femmes qui arrivaient et qui n'acceptaient pas d'entrer dans les véhicules, alors tout le monde nous a accueillies avec beaucoup de plaisir et de joie.
À peine arrivées dans la maison où nous avons été accueillies, l'enfant de la femme enceinte est né. Nous sommes restées à Al Mahbes jusqu'à l'arrivée du fondateur du Front Polisario, qui donnait des instructions à quiconque voulait se rendre dans les camps de réfugiés de Rabuni. Dès que je suis arrivée dans les camps, je suis allée à l'entraînement militaire et là j'ai appris à manier les mines terrestres, même si nous faisions un peu de tout. Parfois j'étais dans la cuisine, d'autres fois j'étudiais, je donnais des conférences etc.
Quand je suis arrivée à Rabuni, vers 1976, j'habitais dans la seule maison qui avait été construite, appelée la Maison des femmes. Petit à petit, de plus en plus de gens ont commencé à arriver de tous les coins, des Sahraouies qui, comme moi, ont été expulsées de là où elles vivaient. À cette époque, j'étais en charge du secrétariat des femmes, dans lequel je les aidais à résoudre tout problème qu'elles avaient, si elles devaient partir, si elles devaient aller à l'hôpital, bref, tout problème lié aux femmes.
Dès lors, j'ai continué à travailler devant des femmes. L'une des choses que nous avons faites ensemble a été d'écrire des lettres pour que le monde entier sache ce qui arrivait aux femmes sahraouies au milieu du désert. Je pense qu'au milieu de tous ces problèmes, nous, les femmes sahraouies, ne pensions pas comme des femmes normales, nous pensions juste à faire ce que nous pouvions pour survivre et faire savoir au monde ce qui se passait ici.
Dans un groupe de plusieurs femmes, nous sommes allées en Algérie et en Libye pour sensibiliser les autres. Après trois ans, je me suis remariée avec un combattant et j'ai eu une fille. Je suis restée un peu à l'écart pour pouvoir me consacrer à ma fille, mais j'ai continué à m'occuper de la daïra [centres dans les camps sahraouis], et ce n'est pas un travail facile, car il s'agit de résoudre tous les problèmes que les gens ont avec l'eau, la nourriture etc. J'ai également participé à la création de l'école pour femmes, car j'ai toujours aimé continuer à progresser et élargir mes connaissances.
De 2003 à 2009, je me suis consacrée à travailler dans des congrès pour la participation des femmes, mais fin 2009, j'ai dû faire une pause en raison d'un problème cardiaque. Cependant, bien que je ne puisse pas faire grand-chose en ce moment à cause de mon état de santé, je reste fidèle à la cause et aux femmes sahraouies jusqu'au bout, surtout à elles, car j'ai vu tout ce qu'elles ont vécu, à quel point elles sont courageuses, braves, participent à l'armée, sont médecins, infirmières, enseignantes, économistes, éducatrices, politiciennes, diplomates etc. Et c'est nous, les femmes, qui élevons ce peuple de la meilleure façon possible.
(…)
Je pense qu'à ce stade de ma vie, la seule chose qui me reste à faire est de dire aux nouvelles générations de continuer à prendre soin et à se battre pour notre culture, notre tradition et notre éthique sahraouie et, surtout, de maintenir l'unité de notre peuple, car c'est grâce à cette unité que nous sommes arrivées là où nous sommes arrivées et nous ne pouvons pas nous disperser. Il est très important que nos nouvelles générations fassent de leur mieux pour continuer à étudier et à se préparer à utiliser cette sagesse à l'avenir.
Je vois une grande différence entre ma génération de femmes et les générations actuelles, c'est-à-dire la génération de ma fille et la génération de mes petites-filles. À mon époque, beaucoup de femmes sahraouies – pas seulement moi – ont dû fuir, se battre et tout affronter, improviser pendant que nous portions nos enfants. Maintenant, les nouvelles générations ont déjà de l'espace, elles ont déjà pu vivre d'autres choses, elles sont dans un endroit stable, elles peuvent se préparer, elles peuvent étudier. Ce que je souhaite donc, c'est que ces femmes, les filles des filles et les filles de ces autres filles, puissent faire encore plus, agir avec plus de vigueur, car toutes les mères de ces générations précédentes ont beaucoup souffert et il n'y a pas une seule famille qui n'a pas perdu un membre de sa famille au combat, à cause de l'épidémie ou à cause des circonstances dans lesquelles nous vivons. Je pense donc que les femmes d'aujourd'hui ont plus de responsabilités parce qu'elles ont une culture, une éducation, qu'elles connaissent d'autres langues et qu'elles peuvent aller où elles veulent.
Enfin, je dois dire que lorsque j'ai quitté Tan-Tan, je n'ai plus jamais revu mes parents. J'ai seulement appris que mon père était mort prisonnier dans une prison marocaine et que ma mère était décédée peu de temps après à El Aiune. Deux de mes frères sont morts au combat, mais j'ai encore deux frères qui continuent de vivre à El Aiune, une ville occupée. En 2005, avec la visite organisée par l'ONU, j'ai pu retourner voir ce qu'il restait de ma famille et de ma ville. Quand j'étais là-bas, j'ai beaucoup pleuré, car certaines militantes comme moi n'ont pas eu la même chance, elles ont été capturées et ont passé plus de 20 ans en prison. Marcher dans les rues et se souvenir de ce qu'était la ville quand j'y vivais m'a rendu très triste. Je voulais reconnaître certains détails d'El Aiune dont je me souvenais.
Nous sommes un peuple humain qui ne cherche ni la guerre, ni la mort, nous ne demandons que ce qui nous revient de droit, nous ne demandons que notre liberté, la liberté de ma patrie. Où est le monde, où est l'humanité qui, voyant comment les gens sont torturés, comment les droits sont piétinés, comment les prisons ont des femmes qui y passent des décennies juste pour défendre une cause, n'y fait rien ? Je me demande : où est l'humanité ? Où sont la justice et le droit ?
Quand je vois certaines photos, cela me donne beaucoup de nostalgie et de tristesse, car beaucoup de personnes que j'ai rencontrées et qui sont sur ces photos ne sont plus en vie, elles sont mortes sans voir la liberté de notre peuple. La photo que j'ai entre les mains date de l'époque où j'étais en formation militaire à Rabuni et, malgré toutes ces circonstances que nous vivions, j'ai pu sourire.
Écrit par Bianca Pessoa
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
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USA : La résistance grandit

Des millions de personnes dans les 50 États, ont rejoint 1 600 manifestations dans les grandes villes et les petites villes pour protester contre le président Donald Trump et son homme de main, le milliardaire Elon Musk, le 5 avril, avec un certain nombre de petites manifestations de solidarité dans les villes européennes.
Hebdo L'Anticapitaliste - 749 (10/04/2025)
Par Dan La Botz
traduction par la rédaction
Les manifestations « Hands off » (Bas les pattes), les plus grandes manifestations anti-Trump à ce jour, ont exigé que Trump ne touche pas à la démocratie, aux droits humains, aux droits reproductifs, à la sécurité sociale, à Medicaid, aux écoles publiques, aux immigréEs et aux personnes LGBT. À New York, où j'ai rejoint la manifestation sous la bruine, quelque 50 000 personnes ont participé à une marche animée, avec de nombreuses pancartes et banderoles créatives fabriquées. On pouvait lire : « Hands off Our Planet » (Ne touchez pas à notre planète) ; « Disparaître pour parler = fascisme » et « Ne touchez pas à nos corps, à notre démocratie, à notre liberté, à notre Constitution ». Quelques pancartes de soutien à l'Ukraine étaient également disséminées dans la manifestation, mais peu d'entre elles évoquaient le génocide palestinien.
Première mobilisation pour de nombreuses personnes
Dans l'État de l'Ohio, dominé par les Républicains, Common Cause, un groupe qui œuvre en faveur d'élections libres et équitables, a contribué à l'organisation de la manifestation. Mia Lewis, de Common Cause Ohio, a déclaré : « Pour de nombreuses personnes, il s'agit de la première manifestation à laquelle elles participent. Elles ne viennent pas pour démolir quoi que ce soit, mais pour défendre la Constitution, l'État de droit et notre démocratie. Trop c'est trop ! »
Au Colorado, un État contrôlé par les démocrates, 8 000 personnes se sont rendues au Capitole de Denver. « Nous nous attendions à une bonne participation, mais c'est mieux que ce que nous pensions », a déclaré Morgan Miransky, organisateur bénévole. « Nous espérons que d'autres personnes viendront nous rejoindre, et nous espérons que cela se transformera en un mouvement de résistance plus large à l'échelle nationale. »
Des manifestations majoritairement blanches
Les manifestations ont été convoquées par diverses organisations, notamment des groupes du parti démocrate comme Indivisible, des groupes de travailleurEs comme le Federal Unionists Network, et des groupes de défense de l'environnement, de la religion, des droits humains et des droits civiques. Toutefois, à New York, les plus grands syndicats, tels que le Service Employees International Union et l'American Federation of State, County, and Municipal Employees, qui comptent de nombreux membres noirs, n'ont pas réussi à mobiliser leurs rangs. Le syndicat des travailleurEs de la City University of New York a fait exception à la règle. La plupart des syndicats n'ont pas réussi à mobiliser leurs membres au niveau national, bien que des travailleurEs fédéraux, dont beaucoup venaient d'être licenciéEs, se soient joints aux manifestations.
La manifestation de New York était très majoritairement blanche, avec seulement un petit nombre de participantEs noirEs, dans une ville où les NoirEs représentent 20 %, les Latinos 28 % et les Asiatiques 15 % de la population. Certains Latinos sont peut-être restéEs chez eux par crainte d'être détenuEs et expulséEs, car Trump est actuellement engagé dans une campagne d'expulsion massive. Certains influenceurs noirs sur les médias sociaux ont dit à leurs adeptes de rester chez eux, que la marche ne les concernait pas. La faible participation des NoirEs a été un problème presque partout.
La légitimité des démocrates toujours en question
Dans certaines villes, en particulier à Washington, mais aussi dans d'autres, des politiciens du Parti démocrate ont pris la parole pour tenter de regagner le soutien des membres du parti qui ont été profondément déçus par l'incapacité des démocrates à lutter contre Trump. Jamie Raskin, membre influent du Congrès du Maryland, a déclaré à la foule : « Ils pensent que la démocratie est condamnée et qu'un changement de régime est à notre portée si seulement ils peuvent s'emparer de notre système de paiement. S'ils pensent qu'ils vont renverser les fondements de la démocratie, ils ne savent pas à qui ils ont affaire ». Dans tout le pays, en particulier dans les capitales des États, les démocrates ont tenté de séduire les électeurs, mais il sera difficile de convaincre les nombreux déçus de la campagne de la sénatrice Kamala Harris ou du soutien des démocrates à la guerre génocidaire d'Israël.
Ces manifestations ont constitué un grand pas en avant mais les grands syndicats ne sont toujours pas vraiment dans la bataille, et il n'y a pas de leadership commun ni de consensus sur la question de savoir si les démocrates ou les manifestations de masse représentent l'avenir. La gauche n'a qu'une faible présence et joue peu de rôle jusqu'à présent.
Dan La Botz, traduction par la rédaction
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Écoféminisme : la force des femmes pour attaquer le mal à la racine

L'écoféminisme refuse de choisir entre justice sociale et environnementale : il les lie, il les brandit. Porté par des femmes qui soignent, enseignent, militent et résistent, il s'attaque aux racines des crises en transformant colère et soin en actes de résistance. Parce qu'on ne sauvera pas le monde sans celles qui, chaque jour, le tiennent debout.
Tiré de Ma CSQ.
Je suis assis dans une salle où ça sent le café tiède et la volonté farouche de ne pas sombrer dans le désespoir. Sur la scène, Laurie Gagnon-Bouchard, politologue spécialisée sur les enjeux de socioécologie et d'écologie politique, rappelle qu'en temps de crise, ce sont les femmes qui sont sur les lignes de front.
Ce jour-là, au réseau conjoint de l'action féministe et du Mouvement ACTES, on ne fait pas que parler de féminisme et d'écologie : on déterre une vérité crue, enterrée sous des couches de rapports gouvernementaux et d'études. Une vérité qui pue l'arsenic, la poussière minière et la résignation, qui dit que ce sont les femmes – encore – qui ramassent les morceaux d'un monde en décomposition. Elles le font, sans tambour ni trompette, en militant, en enseignant, en prenant soin, en agissant, parce que personne d'autre ne le fera à leur place.
Fabriquer de l'espoir à la petite cuillère
Vous croyez que les établissements scolaires sont juste des usines à bulletins ? Détrompez-vous. Grâce au Mouvement ACTES de la CSQ, des femmes – beaucoup de femmes – transforment les écoles en petits laboratoires de transition. Jardins, ateliers zéro déchets, projets écolos : ça grouille d'idées. Ce n'est peut-être pas grand-chose, mais c'est précisément ce « pas grand-chose » qui empêche le monde de s'écrouler plus vite et qui crée les brèches par où les révolutions peuvent pousser.
Lors de sa conférence présentée à près de 200 militantes et militants, Laurie Gagnon-Bouchard rappelle avec brio que ces gestes du quotidien sont politiques. Ils ont une portée bien plus grande qu'un vote tous les quatre ans ou un « j'aime » sur une pétition Facebook. Ces gestes, ce sont des actes de résistance, d'amour lucide et de soin. Et ce soin, les écoféministes le brandissent comme arme massive de reconstruction en arrêtant de l'invisibiliser comme le voudrait le modèle capitaliste.
Le care, ou l'art de s'occuper du monde quand il brûle
C'est peut-être ça, l'arme secrète de la guerre qu'on mène à l'apathie face à la crise climatique : ce foutu care. Oui, comme dans « le prendre soin et l'accompagnement », mais aussi comme dans « se soucier ». Des femmes – mères, éducatrices, militantes, infirmières, enseignantes – socialisées à plier sans casser, à prendre soin sans (trop) se plaindre, à porter le monde sur leurs épaules sans jamais s'asseoir pour pleurer. Ce sont elles qui sentent le danger venir, qui changent les habitudes de consommation, qui s'organisent quand les enfants tombent malades à cause des métaux lourds dans l'air. Ce sont les femmes qui savent, sans qu'on leur dise, que les catastrophes sont rarement naturelles.
Vous vous souvenez de Rachel Carson, cette biologiste qui a osé dire en 1962 que les pesticides allaient tuer tout ce qui chante ? Celle qui, avec son livre Silent Spring, a éveillé les consciences et élevé le débat ? Les puissants l'ont traitée d'hystérique, de lesbienne, de naïve. Et puis on l'a écoutée… Trop tard, mais on l'a écoutée, comme toutes ces femmes avant et après elle qui tirent la sonnette d'alarme pendant que nos gouvernements déroulent le tapis rouge aux fossoyeurs de la nature.
Le vrai courage, c'est de crier quand on vous dit de vous taire
Rouyn-Noranda, arsenic dans l'air, enfants contaminés, Mères au front. Tout cela vous dit quelque chose ? Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est à quel point les femmes deviennent des guerrières du détail. Elles lisent des rapports techniques comme d'autres lisent des romans. Elles traquent les contradictions, posent les bonnes questions, mettent les élus dans le coin. Et tout ça, elles le font avec une colère contenue qui provient de leur tendresse infinie pour leurs enfants et leur communauté.
Dans le récit écoféministe, le héros, ce n'est pas un sauveur tombé du ciel, mais une femme debout, qui agit à sa mesure et avec ce qu'elle a sous la main. Parfois, c'est avec une affiche dans une manifestation, d'autres fois, avec un micro dans une réunion publique pour dire « Non, ça ne passe pas ! »
Et si le syndicalisme, c'était ça, l'avant-garde de l'écologie politique ?
Dans les récits de transition écologique, on parle peu des syndicats. Pourtant, au Québec, la CSQ (avec son Mouvement ACTES) trace une autre voie qui fait des liens entre les conditions de travail, le climat, le prendre soin et l'accompagnement, et les inégalités. Cette voie, c'est celle où la justice environnementale devient une extension naturelle du combat syndical, où on comprend que lutter pour un air respirable, c'est aussi lutter pour une éducation digne, des services publics solides et des communautés vivantes.
Les syndicats, ce sont des lieux de transformation qui offrent des espaces où il est possible de créer ensemble. Ce sont des incubateurs de résistances durables.
Le monde ne va pas s'effondrer tout seul, il a besoin d'un coup de main
Alors, qu'est-ce qu'on fait avec tout ça ? On pleure un bon coup, on recycle davantage ? La colère et le découragement sont valides, mais pour y faire face, il faut agir à sa mesure, là où on se trouve : dans sa classe, dans son syndicat, dans son quartier.
Il faut parler à ses collègues, créer des mouvements collectifs, soutenir Mères au front, militer pour des programmes d'approvisionnement en circuit court, acheter local ou seconde main, faire du covoiturage, etc. Bref, il ne faut pas que critiquer le capitalisme, il faut le contourner et préparer la suite. Écoutons les écoféministes, pas comme des prophètes, mais comme des guides pratiques de survie affective et politique.
Et surtout, rappelons-nous que ce monde, même fracturé, mérite encore que nous nous battions pour lui. Pas avec des armes, mais avec de la solidarité, du soin et de l'organisation.
La transition écologique ne doit pas se faire au prix de notre santé, de notre dignité ou de nos enfants, car il y a des choses trop précieuses pour être marchandisées. Ce monde ne tient pas grâce aux puissants, mais grâce à toutes celles – et tous ceux – qui, chaque jour, décident de ne pas baisser les bras.
Et vous, quel soin portez-vous au monde ?
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Congrès 2025 Se préparer aux luttes à venir

Québec, le 12 avril 2025 — Dans un contexte économique plus incertain que jamais et face à la montée de la droite un peu partout sur la planète, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) a profité de son congrès 2025, tenu du 9 au 12 avril à Québec, pour s'outiller en vue des inévitables luttes à venir.
Des enjeux importants comme le gel d'embauche, la sous-traitance abusive et coûteuse, la lutte aux discriminations de toutes sortes, l'intelligence artificielle et la protection du droit de grève vont notamment occuper le syndicat dans les prochaines années. « L'histoire nous a appris que les changements les plus significatifs sont souvent nés de la volonté collective d'agir. Chaque geste, chaque action, chaque voix compte. Individuellement, nos actions ont des impacts. Ensemble, nous pouvons transformer la société. J'y crois profondément », a lancé Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.
Internationale des services publics
L'événement, tenu sous le thème Écoutons, mobilisons, fonçons, a notamment permis d'accueillir une grande conférence de Daniel Bertossa, secrétaire général de l'Internationale des services publics. « Le syndicalisme – et en particulier les syndicats des services publics – est la dernière barrière contre le programme des forces de droite. Ces dernières vont maintenant s'en prendre à nous. Le temps de la modération est révolu. Le nouveau monde exige que nous présentions des alternatives et que nous nous battions pour elles. Notre objectif doit toujours être d'organiser les travailleuses et les travailleurs et de renforcer notre pouvoir et notre capacité d'action. », a-t-il souligné aux personnes participantes.
Orientations
Près d'une quarantaine d'orientations politiques inspirantes ont été adoptées pour guider les actions du syndicat dans les prochaines années. Parmi celles-ci, les déléguées et délégués souhaitent notamment se préparer à l'arrivée de l'intelligence artificielle dans l'optique de préserver les emplois, lutter contre la sous-traitance, promouvoir l'autonomie professionnelle de ses membres et valoriser les emplois du secteur public.
Statuts et règlements
Ce 12e congrès a aussi été l'occasion d'apporter des modifications aux statuts et règlements de l'organisation. « Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont fait des propositions et toutes les personnes présentes pour leur participation à cet exercice important pour l'organisation », souligne Josée Néron, secrétaire du SPGQ.
La Personnelle, fière partenaire de l'événement
Le SPGQ tient également à remercier ses partenaires d'avoir contribué à l'événement, notamment La Personnelle qui a une fois de plus montré son soutien à la cause syndicale en devenant le partenaire principal de l'événement. Le syndicat souhaite également remercier tout son personnel dévoué pour son travail pour faire de cet événement un véritable succès.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.
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Manif : Stoppons Stablex

Le 5 avril dernier, près de 2000 citoyennes et citoyens ont bravé la pluie à Blainville pour manifester contre TOUT agrandissement du site de déchets toxiques de Stablex. Leur message, clair et sans équivoque : ni sur le site actuel, ni ailleurs dans la Grande tourbière. Et surtout, pas plus près des maisons.
Pourtant, que retient-on des reportages des médias traditionnels ? Qu'il s'agissait d'une manifestation contre la loi 93. Faux. Notre mobilisation n'avait rien à voir avec la position de la mairesse Poulin. Alors, comment expliquer cette distorsion ?
La diversion bien orchestrée de la mairie
Juste avant la manifestation, la Ville de Blainville tenait une conférence de presse. Autour de la mairesse Liza Poulin : Virginie Dufour (PLQ), Catherine Gentilcore (PQ), Christine Labrie (QS) et un représentant de la CMM. Leur message : s'opposer à la loi 93 et à l'ingérence dans les pouvoirs municipaux, mais promouvoir un autre site d'agrandissement pour Stablex, encore plus proche des quartiers résidentiels.
En clair : ils ne s'opposent pas à Stablex avec son traitement défaillant et sa contamination, ils veulent simplement déplacer de quelques centaines de mètres le site pour que Stablex puisse faire son agrandissement d'enfouissement de déchets toxiques. C'est exactement ce que nous dénonçons.
Les journalistes ont-ils écouté la foule ?
Plutôt que de rapporter fidèlement le cœur de notre mobilisation, plusieurs médias ont choisi de relayer le message de la mairesse et ses acolytes, comme s'ils parlaient au nom de tous. Fausser le message d'une manifestation de 2000 personnes, est-ce là le rôle du journalisme ? Où est l'intégrité ? Où est l'écoute citoyenne ?
La fausse urgence… encore un écran de fumée
La Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule #6 de Stablex rappelle que l'urgence invoquée par Stablex et répétée par la CAQ, la mairesse Poulin et les 3 oppositions PLQ, PQ et QS est contredite noir sur blanc par le rapport du BAPE. La cellule actuelle pourrait durer encore au moins 4 ans, et jusqu'à 10 ans si l'on cesse les importations de déchets toxiques des États-Unis, qui représentent près de 50 % du volume.
Nous avons le temps de repenser totalement la gestion des déchets dangereux au Québec.
Blainville ne doit plus être la poubelle toxique des États-Unis, de l'Ontario et du Québec, tout comme Rouyn-Noranda n'a pas à empoisonner ses citoyens à l'arsenic.
Un message clair : STOP à Stablex. Ici, c'est notre santé, notre eau, notre territoire qui sont en jeu.
Marie Claude Archambault
Pour la Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule #6 de Stablex
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La guerre change l’élite russe. Ksenia Kirillova : En Russie, il y a des processus qui mènent au reformatage « naturel » des élites

Le Kremlin fait tout pour ne pas laisser les vétérans de la guerre avec l'Ukraine entrer au pouvoir. Cependant, les élites économiques, militaires et culturelles de la Russie en guerre sont naturellement transformées, et leur influence sur le leadership du pays ne contribue pas non plus à la fin rapide des hostilités.
10 avril 2025 |
https://samizdat2.org/la-guerre-change-lelite-russe-ksenia-kirillova-en-russie-il-y-a-des-processus-qui-menent-au-reformatage-naturel-des-elites/
par Kirillova, Ksenia, le 10 avril 2025
Le mois dernier, nous avons déjà mentionné que la direction des partis pro-Kremlin sabotait délibérément l'appel de Vladimir Poutine à faire des vétérans de guerre « une nouvelle élite russe ». Les responsables font de leur mieux pour ne pas laisser de nouveaux « faucons » générés par la guerre prendre leur place. Cependant, des processus ont lieu en Russie qui conduisent au reformatage « naturel » des élites.
Tout d'abord, il s'agit de la redistribution de la propriété, qui révise largement les résultats de la privatisation des années 90. Des experts indépendants identifient plusieurs étapes et directions de cette redistribution depuis février 2022. Dans la première étape, il s'agissait de la nationalisation et de la redistribution des actifs des entreprises occidentales qui ont quitté le marché russe. Les actifs saisis ont été distribués en récompense à des hommes d'affaires fidèles et à des groupes d'entreprises proches du pouvoir : le clan Kadyrov, Rotenberg, Rosneft et les forces de sécurité.
La deuxième direction de la « déprivatisation » était la nationalisation des entreprises du complexe industriel de la défense et d'autres entreprises « stratégiques ». Contrairement au programme précédent, ces entreprises n'étaient pas des entreprises étrangères. Les chercheurs notent que même si leurs propriétaires ont fait preuve de loyauté envers les autorités et se sont débarrassés des actifs à l'étranger, une telle entreprise pourrait toujours être retirée si elle intéressait l'État. Pour ce faire, il n'était nécessaire que de le déclarer « stratégique » et, sur cette base, d'annuler rétroactivement la décision de le privatiser. C'est le système utilisé pour nationaliser le plus grand producteur principal de Russie « Dalpolimetal ».
Cependant, pour comprendre le processus de reformatage des élites, deux domaines ultérieurs de déprivatisation sont les plus intéressants. La troisième direction peut être décrite comme une vengeance pour la déloyauté. L'année dernière, le chef adjoint du ministère des Finances, Alexei Moiseev, a directement reconnu la saisie de biens auprès des propriétaires dans le cas où le propriétaire actuel « ne peut pas effectuer une gestion efficace de la propriété » ou « dirigerait les fonds gagnés en Russie pour soutenir les forces armées ukrainiennes ».
Le plus souvent, ces biens ne vont pas à l'État, mais sont transférés à des hommes d'affaires plus loyaux qui, selon l'oligarque Vladimir Potanin, « suivent le fairway de la politique de l'État », c'est-à-dire, en paroles et en actes, démontrent leur soutien à la guerre.
La chaîne de télégrammes « Nezygar », liée à l'administration présidentielle, a écrit à l'automne sur le retour sous le contrôle de l'État des actifs industriels privatisés en 1990-2010 pour un montant d'environ 1,2 billion de roubles. Selon lui, la propriété saisie « appartenait à « déplacement sur « SVO » (comme les autorités russes appellent la guerre contre l'Ukraine – KR), ce qui, en règle générale, parle négativement de la politique actuelle de l'État » et « sera utilisé au profit des résidents fidèles au gouvernement ».
Le quatrième domaine de privatisation est la saisie des entreprises non seulement des hommes d'affaires russes « déloyaux », mais aussi de ceux qui ont une nationalité étrangère ou un permis de séjour. En avril 2023, des amendements à la législation ont été adoptés, reconnaissant ces personnes comme des « investisseurs étrangers » et facilitant la transformation des entreprises « stratégiquement importantes » qu'ils gèrent en revenus pour l'État. Dans le même temps, on a assisté à une consolidation des méga-holdings sectorielles gérées par les personnes et les bénéficiaires les plus fiables du régime : Roskhim, la méga-agroholding supervisée par le vice-premier ministre
Ces processus changent considérablement l'environnement des affaires de Poutine. Ceux qui, au contraire, s'avèrent être les bénéficiaires de la guerre et sont intéressés par sa poursuite prennent leur place.
Des changements ont lieu non seulement dans l'élite des affaires, mais aussi dans les officiers de l'armée russe. Nous avons déjà mentionné comment ses officiers envoient des soldats dans des « assauts de viande » sans espoir de survivre à la moindre culpabilité, et forcent les blessés à retourner sur la ligne de front sans traitement approprié. Cependant, ce n'est qu'une petite partie de ce qui se passe dans les forces armées.
De plus en plus, l'armée enregistre des vidéos du front devenant un chef de crime organisé, où le trafic de drogue, le pillage et le vol d'équipement acheté sont florissants. Après cela, les auteurs de la vidéo sont de manière prévisible transférés dans des unités d'assaut et envoyés à la mort, et les blogueurs Z confirment que de tels cas se produisent partout.
En outre, des journalistes indépendants ont rapporté que le principal bureau du procureur militaire avait interdit l'examen des plaintes contre les commandants de première ligne. Dans le même temps, ils notent que les soldats et leurs proches se plaignent en masse de coups, de tirs, d'ordres criminels et d'extorsion. Les soldats reçoivent souvent une grenade sous leur gilet pare-balles et sont forcés de se faire exploser. Ils peuvent être battus, placés dans des fosses froides sans eau ni nourriture, ou même abattus à bout portant. Dans le même temps, le bureau du procureur a reçu l'ordre d'« enterrer » toute plainte de ce type et de ne pas lui donner suite.
En conséquence, les « vérités » sont simplement liquidées, tandis que les sadiques et les meurtriers en toute impunité restent en poste de commandement. Cette pratique conduit au remplacement du corps des officiers, qui n'avait pas été distingué par des normes morales élevées auparavant, par des criminels absolus. La poursuite du temps de guerre est bénéfique pour ces personnes, car elle leur donne une pleine indulgence à toute action illégale.
Un autre domaine où les élites sont reformatées est le domaine de la culture. Dès le tout début de la guerre à grande échelle, les autorités ont clairement indiqué qu'elles étaient prêtes à punir les célébrités même pour des apparences inappropriées « lors d'une opération spéciale » .
Les écrivains indésirables ont été déclarés « agents étrangers », et certains même , terroristes et extrémistes. Mais après que l'ancien ministre de la Culture Vladimir Medinsky soit devenu à la tête de l'Union des écrivains en février de cette année, l'Union s'est finalement transformée en un autre outil pour construire un « vertical du consensus ».
Les salutations au congrès extraordinaire de l'Union des écrivains à la fin du mois de février ont été envoyées personnellement par Vladimir Poutine, le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov et le premier adjoint de l'administration présidentielle Sergei Kirienko. À cet époque, Medinsky a annoncé la consolidation de toutes les forces créatives sur la base de vues pro-russes, et d'autres participants au congrès ont appelé à abandonner la dissidence et à « revenir au positif qui était en URSS ».
À en juger par le comportement de la Russie sur le front ukrainien, le Kremlin, n'ayant pas les ressources pour intensifier les hostilités, se sent néanmoins assez à l'aise avec l'intensité actuelle de la guerre. Maintenant, il y a de plus en plus de personnes dans l'entourage de Vladimir Poutine qui ont un intérêt personnel à poursuivre la guerre, et il est important d'en tenir compte lors de l'évaluation du degré de préparation du Kremlin pour la paix.
https://www.kasparov.ru/material.php?id=67F4D54339E4B
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Trump, les droits de douane et la transformation du capitalisme

Les réactions publiques à la décision de Trump d'augmenter les droits de douane mobilisent un argument principal, celui de la déstabilisation de l'économie mondiale qui en découle avec le démarrage d'une guerre commerciale qui serait le signe de l'abandon du libre-échange.
Billet de blog 8 avril 2025 | Gilles Rotillon est économiste, professeur émérite à Paris-Nanterre
https://blogs.mediapart.fr/gilles-rotillon/blog/080425/trump-les-droits-de-douane-et-la-transformation-du-capitalisme-0
Cette position oppose une politique protectionniste néfaste au libre-échange de la période précédente, sous-entendant que le « monde d'avant », que Trump semble vouloir quitter, était bien meilleur que celui qu'il tente d'installer.
Ce point de vue, qui reprend le refrain d'une mondialisation heureuse qui aurait amélioré le bien-être collectif est non seulement simpliste, mais complètement faux. Il oublie que la mondialisation a d'abord été une réponse à la recherche de rentabilité du capital à base de délocalisations pour baisser le coût du travail, d'éclatement des chaînes de valeur induisant une explosion des transports très émetteurs de gaz à effet de serre et d'inégalités abyssales.
Cette évolution du capitalisme, durant l'ère néolibérale, qui met la compétitivité au cœur du modèle économique est d'ailleurs une forme de guerre qui n'est pas à proprement parler commerciale (même si le but reste de vendre ses propres marchandises en concurrence avec les autres), mais une guerre entre systèmes sociaux différents qui converge vers la réduction des services publics, l'abandon de toute ambition environnementale et le moins-disant fiscal. Elle a aussi créé, de par l'éclatement des chaînes de valeur, une interdépendance des pays dont la production, qu'elle soit de biens ou de services, est toujours sous le risque d'être empêchée par manque d'un composant indispensable comme l'a montré la crise de la covid.
Ces transformations du capitalisme viennent d'une baisse des gains de productivité qui fait que la rentabilité des capitaux est de plus en plus difficile.
Comme l'explique parfaitement Romaric Godin, « les gains de productivité ont exclu de l'industrie une part importante de la main-d'œuvre qui devient rentable pour les activités à forte intensité de travail et très peu productives. Celles-ci se développent avec la marchandisation de la vie quotidienne et les besoins de rentabilité du capital. Ce sont les services à la personne et aux entreprises qui créent le plus d'emplois actuellement. Mais ce sont aussi des emplois peu productifs, où la valeur créée dépend de la compression salariale et de la dégradation des conditions de travail ».
Mais le fait que la mondialisation à base d'un libre-échange érigé en norme économique vertueuse nous ait conduit à la crise économique mondiale que connaît le capitalisme (qu'il soit occidental, chinois ou russe), n'implique pas que le retour à un protectionnisme tel celui que Trump met en place soit une meilleure solution. Au stade où il en est aujourd'hui, il n'y a pas de solution dans le cadre du capitalisme. Et sa régulation est une chimère.
Aussi, la « solution Trump » est en réalité aussi inefficace dans les coordonnées d'une gestion du capitalisme qui prétendrait résoudre ses contradictions qu'un retour à une mondialisation libre-échangiste. Les analyses qui cherchent à en montrer l'irrationalité en s'appuyant sur un temps passé idéalisé sont tout aussi peu convaincantes.
On peut toutefois comprendre la politique de Trump qui isole les États-Unis comme le signe de la justesse du diagnostic réalisé par Arnaud Orain dans Le monde confisqué[1].
Contrairement aux nostalgiques de la mondialisation, il montre que « l'utopie néolibérale d'une croissance globale et continue des richesses est désormais derrière nous ». Aujourd'hui, ce qui caractérise ce capitalisme c'est la « fermeture et privatisation des mers avec un « commerce » de convois militarisés, constitution de silos impériaux en rivalité armée les uns avec les autres pour s'approprier des espaces physiques et cybers, conflits de souveraineté multipliés entre États et compagnies-États ».
Avec son slogan MAGA[2], Donal Trump ne fait que suivre ce mouvement, qui était déjà commencé avant son arrivée au pouvoir, d'un repli sur son territoire où « il s'agit moins de réguler le monde à son profit que de se replier sur un système économique protecteur et même autarcique focalisé sur son silo impérial ».
Ce qui est en train de se mettre en place, c'est une nouvelle partition du monde en grands blocs (USA, Chine, Europe, Russie[3]) qui cherchent à être le moins dépendants possibles les uns des autres, en maîtrisant les flux essentiels dont ils dépendent (ressources, technologies, industries jugées motrices de croissance, transports sécurisés, …)[4].
A quoi il faut ajouter l'importance des grandes firmes monopolistiques, dont l'existence même (qui ne date pas d'hier), infirme l'air enchanté d'une mondialisation pacifique. Et ce n'est pas un hasard si Musk est étroitement associé à la politique américaine.
Un tel monde est évidemment beaucoup moins pacifique que celui où les pays étaient beaucoup plus interdépendants et là aussi les exemples ne manquent pas.
Mais ce qui est sûr dans cette situation, c'est que les problèmes globaux comme le changement climatique ou la perte de biodiversité et l'amélioration des conditions dans lesquelles l'humanité s'humanise n'ont pas la moindre chance d'être résolus.
Notes
[1] Arnaud Orain, Le monde confisqué, Flammarion, 2025.
[2] Make America Great Again.
[3] Les deux premiers à la pointe de cette évolution étant nettement plus avancés que les deux autres.
[4] Les « revendications » de Trump vis-à-vis du Canada et du Groënland en sont des illustrations, comme la guerre en Ukraine pour la Russie, l'influence grandissante de la Chine en Amérique du Sud ou les luttes entre USA, Europe et Chine pour la mainmise sur l'Afrique.
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Stoppons Stablex – Une démonstration de résistance citoyenne à Blainville

Blainville, le 11 avril 2025 – À la suite de la manifestation du 5 avril dernier qui a rassemblé près de 2000 personnes sous la pluie pour dénoncer l'agrandissement du site d'enfouissement toxique de Stablex, la Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule #6 de Stablex et Climat Québec annoncent la tenue d'une formation de résistance citoyenne, suivie d'une démonstration publique.
L'événement se déroulera le samedi 12 avril à 14 h devant le site de Stablex à Blainville. Une formation théorique sera offerte en matinée pour préparer les « réservistes Stoppons Stablex », et sera suivie d'un exercice pratique en après-midi, en plein air devant Stablex.
La vérité cachée d'un procédé défaillant qui menace la santé publique
« Il y a une vérité cachée dans tout le dossier de Stablex : le procédé est défaillant. Les prétentions de l'entreprise, selon lesquelles leurs déchets sont stabilisés, neutralisés et solidifiés, sont fausses. Les preuves sont là, accablantes, mais il règne une omerta, un bâillon troublant, qui empêche cette vérité de surgir au grand jour. » a déclaré Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec
Des conclusions accablantes émergent de plusieurs sources crédibles : le rapport de la Commission Charbonneau sur les déchets toxiques, celui de la Police verte, le témoignage d'un ancien sous-traitant devant le BAPE affirmant que les vapeurs provenant du site étaient si toxiques qu'elles ont fait décoller la peinture de son camion, et même les propres déclarations de Stablex, admettant que le lixiviant – l'eau contaminée au fond des cellules – est considéré comme déchet toxique et doit être pompé à perpétuité. Si le produit était réellement inerte, il ne contaminerait pas l'eau.
Le procédé défaillant de Stablex menace l'ensemble du bassin versant en aval de son site : le ruisseau Lockhead, la rivière aux Chiens, puis la rivière des Mille Îles, à partir de son point de déversement à Lorraine jusqu'au fleuve Saint-Laurent. La santé de nombreux citoyens est en jeu — pensons notamment aux résidents de Terrebonne, dont la prise d'eau potable se situe un peu en aval de Lorraine.
NON aux deux projets : Legault et Poulin
Les deux groupes citoyens s'opposent fermement à tout projet d'agrandissement, que ce soit celui imposé par le gouvernement Legault ou celui proposé par la mairesse de Blainville, Liza Poulin.
« En tentant de détourner l'attention avec un projet "alternatif", Liza Poulin cherche à s'acheter une virginité environnementale aux dépens de ses propres citoyens. Son projet est encore plus proche des résidences, tout aussi toxique, tout aussi irresponsable. Elle joue dans le même camp que Legault, celui de Stablex, au lieu de défendre sa population. » a pour sa part déclaré Marie-Claude Archambault, pour la Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule #6 de Stablex
Une formation pour passer à l'action
La formation du 12 avril, donnée par Philippe Duhamel, militant et formateur en action directe non-violente depuis plus de 40 ans, visera à préparer les participants à des actions citoyennes de résistance, dans un cadre sécuritaire, pacifique et solidaire.
Stablex est actuellement en train de détruire la dernière grande tourbière de la région métropolitaine de Montréal afin d'agrandir son site d'enfouissement. Non seulement Stablex persiste dans ses activités toxiques, mettant en danger la santé publique, mais elle détruit également une zone humide vitale pour la biodiversité et la régulation naturelle de l'eau.
Les citoyens sont invités à se mobiliser afin de protéger leur territoire, leur santé et leur avenir.
AIDE-MÉMOIRE
DÉMONSTRATION DE RÉSISTANCE CITOYENNE
STOPPONS STABLEX
DATE : SAMEDI LE 12 AVRIL
HEURE : 14 H
LIEU : DEVANT STABLEX
760 boulevard industriel, Blainville
SOURCE :
Relations médias communications@climat.quebec
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Mobilisation 6600 Parc-Nature dénonce l’octroi des dérogations à Ray-Mont logistiques

Montréal, 9 avril 2025** – Le principal mouvement d'opposition à l'installation du gigantesque terminal de conteneurs et transbordement intermodal de l'entreprise Ray-Mont Logistiques dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve dénonce la décision de la Ville de Montréal d'accorder les dérogations demandées par l'entreprise, laquelle projette d'accroître ses activités de près de 1500% dans un secteur habité.
Les conclusions du rapport de la consultation publique portant sur le projet de Ray-Mont Logistiques, paru en mars dernier, sont pourtant claires : le projet doit être revu. Les dérogations ne doivent pas être accordées tant que le projet n'a pas fait l'objet d'une évaluationglobale avec toutes les parties prenantes. Or, devant le refus de l'entreprise de surseoir à l'adoption de ces dérogations, le temps de réévaluer adéquatementle projet, la Ville de Montréal abdique le seul pouvoir qu'il lui reste, celui de refuser les dérogations.
« Accorder les dérogations,c'est une solide gifle pour les 1800 personnes qui ont participé à laconsultation publique. C'est un déni de démocratie. Les gens ont l'impression d'avoir été conviés à un dîner de cons. Le moment est très mal choisi pour nourrir la désillusion et la colère », prévient Cassandre Charbonneau-Jobin,co-porte-parole de Mobilisation 6600 Parc-Nature.
La consultation publique sur lesdérogations a eu lieu dans le contexte d'une entente hors-cour survenue entre la ville et Ray-Mont Logistiques. Cette dernière poursuivait la Ville pour 373millions de dollars, le plus gros montant de son histoire. La Ville a conclu une entente où elle s'engage à payer des dédommagements et divers aménagements (mesures anti-bruit, acquisition de la bande CN, accès routiers, etc) dont le montant total est inconnu mais représente au bas mot 150 millions de dollars.
« Si la ville ne peut pas modifier l'entente hors cour de la poursuite bâillon sans l'accord de Ray-Mont et qu'il n'est pas d'accord, alors que la ville la déchire cette entente, qui n'est bénéfique qu'à Ray-Mont ! », expose Anaïs Houde, co-porte-parole de la Mobilisation.« Dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Ray-Mont Logistiques, c'est endurer des trains de 100 wagons nuit et jour, des grues, un îlot de chaleur démesuré,15 000 conteneurs, des milliers de camions, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Etqu'est-ce que Ray-Mont propose ? Planter des arbres et faire un comité de bonvoisinage ! Et la Ville accepte ça ? On se moque de nous. », fulmine-t-elle.
« À quoi ça sert de nous faire écrire des mémoires, de prendre congé de nos jobs pour se rendre à l'OCPM, depayer des commissaires qui confirment que ce projet est une très mauvaise idéepour notre santé pour qu'au bout du compte, nos opinions et les conclusions des commissaires ne soient pas écoutées ?! », dénonce Émilie Pelletier, quiréside tout près du terrain de Ray-Mont Logistiques.
Depuis 9 ans, Mobilisation 6600 a participé à toutes les instances de concertation, à toutes les consultations et a fait preuve d'ouverture à l'égard de l'entreprise, jusqu'à engager le dialogue avec son représentant lors du tout récent Sommet de l'Est, afin de solliciter des mesures significatives et adéquates de la part de l'entrepreneur pour protéger la population. Les résultats se font attendre.
La colère des habitant.es du quartierse fera entendre lors d'une manifestation qui se tiendra devant l'hôtel deVille le 14 avril prochain, avant le Conseil municipal, où les dérogations devraient être adoptées.
Rappel des faits
**. **Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM** **est****une mobilisation populaire née du choc créé par l'arrivée de Ray-MontLogistiques dans un quartier habité et vivant, dansMercier-Hochelaga-Maisonneuve pour y mener des activités de nature portuaire.
**.** En 2016, Ray-Mont acquiert unterrain industriel dans MHM en vue d'accroître son volume de 1500% tout endiminuant sa distance et ses coûts de camionnage. La population craintl'augmentation de la pollution sonore, de la pollution de l'air et des îlots dechaleur dans un secteur fragilisé.
**.** Ray-Mont possède dansPointe-Saint-Charles, un terminal de transbordement sur un terrain 5 fois pluspetit qui le limite à un volume d'environ 1000 conteneurs.
**. **Depuis 2016 Mobilisation 66600Parc-Nature se bat pour la préservation de la santé de la population et lapréservation des espaces verts de la population de l'Est de Montréal.
**Source : **Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM https://resisteretfleurir.info https://resisteretfleurir.info/
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Adresses n°11 : Sur la Chine

"Nous avons précédemment abordé l'importance du droit international et de la Cour pénale internationale et Cour internationale de justice. Aujourd'hui, non seulement des gouvernements ultraréactionnaires ne reconnaissent pas ces instances au nom de leur « souveraineté » mais s'allient pour leurs destructions, d'autres – fidèles en cela aux traditions des fascismes historiques – remettent en cause le droit et la justice au niveau national. Nous poursuivons aussi, sans nostalgie aucune, les interrogations du passé. Ici, en convoquant la figure de Flora Tristan, Eleni Varikas nous invite, entre autres, à explorer l'articulation de l'universel et du particulier.
Après un premier « Parti pris » paru dans le numéro 4 d'Adresses en septembre 2024, nous publions ici un nouveau dossier « Partis pris ». À propos des questions de défense qui ont surgi sur le devant de la scène, il offre quelques pistes de réflexion qui, partant de la « réalité concrète », permettent de dépasser les répétitions stériles de formules toutes faites ou les mots d'ordre désuets et tentent de saisir les dangers et les contradictions àl'oeuvre. Une discussion s'ouvre alors que la militarisation d'un côté et le pacifisme des campistes de l'autre aboutissent à déposséder les peuples de leur droit à s'autodéterminer et donc à se défendre".
gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.