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La pente glissante de la laïcité autoritaire

Le ministre de l'Éducation de la CAQ, Bernard Drainville, autrefois ministre péquiste responsable du projet de “Charte des valeurs”, sévit à nouveau avec sa vision autoritaire, arbitraire et nationaliste de la laïcité. (Projet de loi no 94, Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives). Cette fois, il utilise le prétexte des problèmes vécus récemment dans certaines écoles publiques avec l'application de lois et de règlements n'ayant rien à voir avec les “signes religieux” pour rallonger la liste des occupations pour lesquelles ces signes seront interdits.
Cette fois, l'interdiction devrait affecter “tout le personnel scolaire en contact avec des élèves. Ceux œuvrant par contrat dans le périmètre des écoles sont aussi concernés, notamment les bénévoles qui s'y rendent pour offrir des ateliers, les employés de la cafétéria et les éducatrices des services de garde des écoles.” [1] Seuls les chauffeurs d'autobus scolaires sont épargnés. Mais comme toujours, ces règles ne s'appliquent qu'aux écoles publiques, créant une inégalité socio-économique en plus de la discrimination religieuse et sexiste.
On voit bien à l'œuvre ici le phénomène de pente glissante qu'on observe en France depuis vingt ans. Dans l'hexagone, on a commencé par s'attaquer aux droits des élèves (ici aussi dans les écoles publiques seulement), puis on s'est mis à réglementer les vêtements des parents qui accompagnaient les élèves lors de sorties scolaires. Éventuellement, on s'est mis à mesurer la longueur des jupes, parce que les plus longues étaient considérées comme des signes religieux…
À partir du moment où on accepte l'idée que le port de signes d'appartenance religieuse est un problème de société, il n'y a pas de limite objective ou naturelle à la logique d'interdiction. Pour l'extrême-droite française, on est rendu à vouloir interdire les vêtements en question dans l'espace public en général (au centre commercial, dans les parcs…).
La réponse du mouvement syndical, de Québec solidaire et de toutes les personnes qui ont à cœur la défense de l'égalité des droits ne peut être qu'un rejet sans ambiguïté du nouveau projet de loi. On doit revendiquer le respect intégral de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, de même que le retrait des clauses dérogatoires de la Loi sur la laïcité de l'État et de ses articles interdisant le port de signes d'appartenance religieuse.
Le gouvernement de la CAQ, en mauvaise posture dans les sondages depuis plus d'un an, semble bien avoir adopté une stratégie de surenchère et de compétition avec le Parti québécois pour déterminer lequel des deux est le plus hostile à l'immigration et à la diversité culturelle. Ce faisant, il suit l'exemple du régime d'extrême droite maintenant installé à Washington. Toute la gauche, sociale et politique, doit se mobiliser dans le sens contraire et affirmer sans ambiguïté que tout le monde est bienvenu dans nos écoles. Comme le disait récemment une enseignante de l'Idaho aux prises avec la répression anti-anti-raciste [2], c'est un principe de base en éducation sur lequel on ne devrait faire aucune concession.
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Pourquoi Netanyahou a choisi de rompre le cessez-le-feu et de relancer la guerre

A la veille de sa reprise de la guerre, Israël était acculé, le Hamas obligeant Netanyahou à honorer l'accord de cessez-le-feu qu'il avait signé. Confronté à ses problèmes politiques internes, le seul choix qu'avait Netanyahou était de faire exploser cet accord.
Tiré d'Agence médias Palestine. Photo : Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou évalue la situation sur le mont Hermon avec le Ministre de la défense Israel Katz et l'ancien chef d'état-major de l'armée, Herzl Halevi, le 18 décembre 2024. (Photo : Bureau du Premier Ministre israélien/Images de l'APA)
Mardi matin, Israël a annoncé la reprise de son assaut militaire contre la Bande de Gaza. La première vague de frappes aériennes a tué plus de 400 Palestinien.nes, dont 130 enfants, et blessé plus de 500 personnes, selon le Ministère de la santé de Gaza. La Société du Croissant-Rouge palestinien a déclaré que plusieurs familles avaient été entièrement anéanties par l'assaut.
La nouvelle offensive visait également des personnalités clés des autorités administratives civiles de Gaza. Cela s'inscrit dans une nouvelle stratégie visant à saper la capacité du Hamas à gouverner Gaza en ciblant « non seulement les dirigeants militaires du Hamas, mais aussi son leadership civil », selon une source israélienne en interne qui s'est entretenue mardi avec Haaretz.
Dans une déclaration, le Bureau des médias du gouvernement de Gaza a déploré les meurtres du coordonnateur de l'action gouvernementale à Gaza, Isam Da'alis, du ministre adjoint à la justice, Mahmoud Hatteh, du ministre adjoint à l'intérieur, Ahmad Abu Watfeh, et du chef de la sécurité, Bahjat Abu Sultan.
Mais qu'est-ce qui explique que l'assaut israélien ait eu lieu à ce moment précis ? Et comment comprendre la décision de Netanyahou de reprendre la guerre alors qu'il subit des pressions internes pour poursuivre le cessez-le-feu afin d'obtenir la libération de plus de prisonnier.es israélien.nes ? Les circonstances entourant les négociations de cessez-le-feu en cours la semaine dernière donnent quelques réponses.
Se sortir du pétrin
La reprise des attaques israéliennes contre Gaza intervient près de deux mois après la signature d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas négocié par l'Égypte, le Qatar et les États-Unis. L'offensive fait également suite à plus d'un mois de tentatives infructueuses de passer à la deuxième phase de l'accord de cessez-le-feu, qui est destinée à inclure des pourparlers sur la fin de la guerre et le début de la reconstruction de Gaza en échange de la libération de tous les prisonnier.es israélien.nes restant.es. Depuis des semaines, le Premier Ministre israélien Benyamin Nétanyahou évite d'entamer la deuxième phase de l'accord et continue de faire pression pour une extension de la première phase. Ceci dans le but de libérer le plus grand nombre de prisonnier.es israélien.nes sans s'engager à mettre fin à la guerre contre Gaza.
Début mars, il a fait fermer le point de passage de Rafah et bloqué l'entrée de toute l'aide humanitaire à Gaza. L'impact de la fermeture a été immédiat, les prix des marchandises ont triplé dans toute la Bande de Gaza, les boulangeries se sont retrouvées sans électricité, et les organisations internationales, telles que l'UNRWA, ont dû réduire l'aide fournie aux civils. Les sept hôpitaux partiellement opérationnels à Gaza ont averti qu'ils cesseraient bientôt de fonctionner en raison du manque de carburant pour alimenter leurs groupes électrogènes. L'ONU a prévenu qu'une nouvelle famine se profile pour la population dévastée de Gaza.
Ces mesures israéliennes, qui violent les termes du cessez-le-feu, sont considérées comme une tentative israélienne de faire pression sur le Hamas pour qu'il fasse des concessions concernant la fin de la guerre – à savoir renoncer au contrôle de la Bande de Gaza et reculer sur la condition d'un retrait israélien total de Gaza, en particulier du couloir de Philadelphie, le long de la frontière égyptienne. Netanyahou a répété tout au long de la première phase du cessez-le-feu qu'il n'accepterait pas que le Hamas ou l'Autorité palestinienne jouent un rôle dans la gouvernance de Gaza après la guerre. Ce qui rend toute discussion d'après-guerre avec le Hamas dénuée de sens.
L'envoyé de Trump dans la région, Steve Witkoff, a également affirmé le 26 février que la poursuite de la gouvernance par le Hamas était « une ligne rouge » pour Israël et les États-Unis. Même lorsqu'un autre envoyé spécial de l'administration américaine, Adam Boehler, a rapporté que le Hamas était prêt à discuter non seulement de quitter le pouvoir, mais aussi de se désarmer – une affirmation que le Hamas n'a jamais confirmée – Israël a considéré les pourparlers directs de Boehler avec les représentants du Hamas comme irrecevables.
En bref, Israël a tiré toutes les ficelles imaginables pour tenter de reporter la mise en œuvre de toutes les phases du cessez-le-feu. Mais le Hamas a mis un frein à ces plans lorsqu'il a annoncé la semaine dernière qu'il était prêt à libérer le captif israélo-américain Edan Alexander et les corps de quatre autres prisonniers israéliens décédés, cela en échange d'une « feuille de route claire pour les pourparlers sur la deuxième phase ».
Netanyahou était scandalisé, parce que le Hamas tenait Israël avec l'accord de cessez-le-feu qu'il avait signé de son plein gré. Acculé, Netanyahou a accusé le Hamas de « manipulation » et de « guerre psychologique », insistant sur le fait que le Hamas « reste ferme dans son refus et n'a pas bougé d'un pouce ». La seule façon pour lui de se sortir de ce pétrin était de faire sauter l'ensemble de l'accord.
Cependant, il existe également des raisons politiques internes sous-tendant la reprise des assauts israéliens.
Nétanyahou et ses alliés
Un autre aspect de la décision de Nétanyahou de reprendre la guerre concerne sa bataille interne avec le système juridique et politique israélien, ainsi que sa constellation d'alliances d'extrême-droite et leurs demandes de reprise des hostilités.
Les alliés d'extrême droite de Nétanyahou qui, jusqu'au cessez-le-feu, composaient son cabinet, considèrent le cessez-le-feu en lui-même comme une capitulation inacceptable devant le Hamas, qui devrait être renversée. Le principal allié de Nétanyahou, le ministre, intransigeant, des Finances, Bezalel Smotrich, est resté dans la coalition gouvernementale malgré son opposition au cessez-le-feu. Cela afin d'assurer la stabilité du gouvernement. Son lot de consolation a été le nouvel assaut sur la Cisjordanie, baptisée « Opération mur de fer ».
Mais Smotrich a également déclaré à maintes reprises que Nétanyahou lui avait promis de reprendre la guerre, en s'attendant à une attaque encore plus dure et plus cruelle contre la population de Gaza qui conduirait à son déplacement massif. Nétanyahou n'a jamais nié avoir fait de telles promesses, mais même les familles des prisonnier.es israélien.nes ont accusé à plusieurs reprises Nétanyahou d'être plus fidèle à ses promesses à Smotrich qu'à la vie de leurs parents captifs à Gaza.
L'autre figure clé de la droite religieuse israélienne, Itamar Ben-Gvir, avait quitté le gouvernement à la suite de la signature de l'accord de cessez-le-feu. Mardi, après qu'Israël ait officiellement annoncé la reprise de la guerre, Ben-Gvir a accepté de revenir au cabinet de Nétanyahou.
Tous ces événements ont eu lieu alors que Nétanyahou continue de renforcer son contrôle sur les organes décisionnels israéliens. Après la démission de l'ancien chef d'état-major de l'armée, Herzl Halevi, Nétanyahou a nommé Eyal Zamir, décrit par les rapports israéliens comme étant suffisant proche de Nétanyahou pour devenir le prochain chef des armées. Nétanyahou a également renvoyé le chef du service de renseignement interne, Ronen Barr, la veille de la reprise de la guerre. Barr a refusé son licenciement, ce qui s'ajoute à la crise politique en cours en Israël.
Cette crise politique est protéiforme.
Premièrement, les dirigeants israéliens ne s'entendent pas sur la formation d'une commission d'enquête sur l'échec en matière de sécurité que représentent les attaques du 7 octobre. Les opposants à Nétanyahou l'accusent de tenter de manipuler sa formation pour se sortir de l'enquête, tandis que Nétanyahou accuse ses opposants de vouloir utiliser la commission pour l'attaquer politiquement.
Deuxièmement, Nétanyahou est lui-même confronté à de multiples accusations de corruption et un procès en attente qui continue d'être reporté en raison de la guerre.
Mardi, était prévue une nouvelle audition de Nétanyahou devant le tribunal israélien pour ses affaires de corruption, mais elle a été suspendue en raison du retour à la guerre.
Intérêts convergents
L'agenda politique des États-Unis pour le Moyen-Orient, et en particulier pour l'administration Trump, semblent toujours plus grand que la seule guerre israélienne contre Gaza et les jeux politiques de Nétanyahou. Trump s'est engagé à mettre fin à la guerre et à passer des accords de normalisation avec les pays arabes, en particulier avec l'Arabie saoudite. Ca n'était plus tenable lorsque Trump insistait pour « posséder Gaza » et en faire une « Riviera » une fois sa population expulsée. Steve Witkoff a alors rencontré les ministres arabes des Affaires étrangères à Doha la semaine dernière, acceptant de prendre le plan arabe de reconstruction de Gaza sans le déplacement de la population comme « base » pour les plans de reconstruction.
Cependant, cette vision plus large du Moyen-Orient pourrait elle-même être une raison de la reprise de la guerre par les États-Unis. La veille de la reprise des bombardements israéliens, les États-Unis ont lancé une série de frappes contre le Yémen, où le mouvement Ansar Allah (communément connu sous le nom de « Houthis ») avait également repris ses attaques contre des navires israéliens et américains dans la mer Rouge, en réponse au blocage de l'aide humanitaire israélienne à Gaza. Lundi, Trump a directement accusé l'Iran d'être responsable des actions d'Ansar Allah, promettant que Téhéran « en subira les conséquences ».
Au milieu des tentatives en cours de redessiner la carte géopolitique du Moyen-Orient, Israël insiste pour maintenir ses récentes prises de nouveaux territoires syriens et ses positions militaires dans le sud du Liban, les États-Unis font maintenant une démonstration de force contre l'Iran. L'approbation par Washington de la nouvelle campagne israélienne de bombardements doit être comprise dans ce même contexte.
Après plus d'un an et demi d'attaque massive contre leurs vies, les Palestinien.nes de Gaza se retrouvent pris entre ces agendas politiques croisés. Cela se produit à nouveau dans un silence assourdissant de la communauté internationale, pour qui les vies palestiniennes continuent d'être sans importance.
Traduction : LG pour l'Agence Média Palestine
Source : Mondoweiss

Chris Hedges : La guerre de Trump contre l’éducation

Les régimes totalitaires cherchent à exercer un contrôle absolu sur les institutions qui produisent et diffusent les idées, en particulier les médias et l'éducation.
13 mars 2025 | tiré de Canadian dimension |Illustration : I Stink Therefore I Am.” par Mr. Fish.
Les attaques contre les collèges et les universités—l'administration de Donald Trump a averti une soixantaine d'établissements qu'ils pourraient perdre leurs financements fédéraux s'ils ne garantissent pas un environnement sûr pour les étudiants juifs et a déjà retiré 400 millions de dollars à l'Université Columbia—n'ont rien à voir avec la lutte contre l'antisémitisme. L'antisémitisme sert de prétexte, de couverture à un agenda bien plus large et insidieux. L'objectif, qui inclut des projets visant à abolir le département de l'Éducation et à supprimer tous les programmes de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI), est de transformer le système éducatif, de la maternelle aux études supérieures, en un outil d'endoctrinement.
Les régimes totalitaires cherchent à exercer un contrôle absolu sur les institutions qui produisent et diffusent les idées, en particulier les médias et l'éducation. Les récits qui remettent en question les mythes servant à légitimer le pouvoir absolu—dans notre cas, les faits historiques qui ternissent la suprématie du masculin blanc, du capitalisme et du fondamentalisme chrétien—sont effacés. Il ne doit y avoir aucune réalité partagée. Il ne doit y avoir aucune autre perspective légitime. L'histoire doit être figée. Elle ne doit pas être réinterprétée ni étudiée. Elle doit être cristallisée sous forme de mythe, afin de soutenir une idéologie dominante ainsi que la hiérarchie politique et sociale en place. Toute autre conception du pouvoir et des interactions sociales est assimilée à une trahison.
« L'une des menaces les plus significatives pour une hiérarchie de classes est un système scolaire public universellement accessible et de grande qualité, » écrit Jason Stanley dans Erasing History : How Fascists Rewrite the Past to Control the Future :
La philosophie politique qui perçoit cette menace de manière aiguë—et qui associe hostilité envers l'éducation publique et soutien à la hiérarchie de classes—est une certaine forme de libertarianisme de droite, une idéologie qui considère les marchés libres comme la source fondamentale de la liberté humaine. Ces libertariens s'opposent à la régulation gouvernementale et à quasiment toutes les formes de biens publics, y compris l'éducation publique. Leur objectif politique est de démanteler les biens publics. La destruction du système éducatif est soutenue à la fois par les oligarques et les élites économiques, qui voient dans la démocratie une menace pour leur pouvoir et dans les impôts finançant les biens publics une menace pour leur richesse. Les écoles publiques sont le socle fondamental de la démocratie. Il est donc parfaitement logique que ceux qui s'opposent à la démocratie, y compris les mouvements fascistes ou à tendance fasciste, s'allient aux libertariens de droite pour affaiblir l'institution de l'éducation publique.
J'ai enseigné Une histoire populaire des États-Unis de Howard Zinn dans une prison du New Jersey. Le livre de Zinn est l'une des principales cibles de l'extrême droite. Trump l'a dénoncé en 2020 lors de la Conférence de la Maison-Blanche sur l'Histoire américaine, déclarant :
« Nos enfants sont instruits à partir de tracts de propagande, comme ceux de Howard Zinn, qui tentent de leur faire honte de leur propre histoire. »
Zinn déconstruit les mensonges utilisés pour glorifier la conquête des Amériques. Il permet aux lecteurs de voir les États-Unis à travers les yeux des Amérindiens, des immigrants, des esclaves, des femmes, des leaders syndicaux, des socialistes, anarchistes et communistes persécutés, des abolitionnistes, des militants pacifistes, des leaders des droits civiques et des pauvres. Il met en lumière les témoignages de Sojourner Truth, du chief Joseph, de Henry David Thoreau, de Frederick Douglass, de W.E.B. Du Bois, de Randolph Bourne, de Malcolm X et de Martin Luther King Jr. Pendant mes cours, j'entendais parfois des étudiants murmurer : « Bordel » ou « On nous a menti ».
Zinn montre clairement que des forces militantes organisées ont ouvert des espaces démocratiques dans la société américaine. Aucun de ces droits démocratiques – l'abolition de l'esclavage, le droit de grève, l'égalité des sexes, la Sécurité sociale, la journée de travail de huit heures, les droits civiques – ne nous a été accordé par une classe dirigeante bienveillante. Ils ont été obtenus par la lutte et le sacrifice. En résumé, Zinn explique comment fonctionne la démocratie.
Le livre de Zinn était vénéré dans ma petite salle de classe en prison. Mes étudiants comprenaient intimement comment le privilège blanc, le racisme, le capitalisme, la pauvreté, la police, les tribunaux et les mensonges véhiculés par les puissants avaient déformé leurs communautés et leurs vies. Zinn leur a permis, pour la première fois, d'entendre les voix de leurs ancêtres. Il écrivait l'histoire, pas des mythes. Il n'éduquait pas seulement mes étudiants, il leur redonnait du pouvoir. J'ai toujours admiré Zinn. Après cette classe, je l'ai vénéré moi aussi.
Lorsque Zinn enseignait au Spelman College, une université historiquement noire pour femmes à Atlanta, il s'est engagé dans le mouvement des droits civiques. Il a fait partie du Comité de coordination des étudiants non violents (SNCC). Il a défilé avec ses étudiantes pour réclamer les droits civiques. Le président de Spelman n'a pas apprécié.
« J'ai été licencié pour insubordination », se souvenait Zinn. « Ce qui était effectivement vrai. »
L'éducation se doit d'être subversive. Elle donne aux étudiants la capacité et le langage nécessaires pour interroger les idées et les suppositions dominantes. Elle remet en question les dogmes et les idéologies. Elle peut, comme l'écrit Zinn, « contrecarrer la tromperie qui légitime la force de l'État ». Elle met en avant les voix des marginalisés et des opprimés pour honorer une pluralité de perspectives et d'expériences. Lorsqu'elle fonctionne, l'éducation mène à l'empathie et à la compréhension, à un désir de réparer les injustices historiques et d'améliorer la société. Elle favorise le bien commun.
L'éducation ne concerne pas seulement le savoir, elle touche aussi à l'inspiration. Il s'agit de passion, de la conviction que ce que nous faisons dans la vie a de l'importance. Comme l'écrit James Baldwin dans son essai « Le processus créatif », il s'agit de la capacité à creuser « jusqu'au cœur de chaque réponse pour exposer la question que cette réponse dissimule ».
Les attaques de la droite contre des programmes comme la théorie critique de la race ou la diversité, l'équité et l'inclusion (DEI) visent, comme le souligne Stanley dans son livre, à « déformer intentionnellement ces programmes pour donner l'impression que ceux dont les perspectives sont enfin incluses – comme les Afro-Américains, par exemple – bénéficient d'un avantage illicite ou injuste. Ainsi, ils ciblent les Afro-Américains qui ont accédé à des postes de pouvoir et d'influence et cherchent à les délégitimer en les présentant comme indignes. L'objectif ultime est de justifier une prise de contrôle des institutions afin de les transformer en armes dans la guerre contre l'idée même d'une démocratie multiraciale. »
L'intégrité et la qualité de l'enseignement supérieur public aux États-Unis sont attaquées depuis des décennies, comme le documente Ellen Schrecker dans son livre The Lost Promise : American Universities in the 1960s.
Les protestations sur les campus universitaires dans les années 1960, note Schrecker, ont vu « les ennemis de l'académie libérale » s'en prendre à ses « bases idéologiques et financières ».
Les frais de scolarité, autrefois faibles, voire inexistants, ont explosé, entraînant une dette étudiante colossale. Les législateurs des États et le gouvernement fédéral ont drastiquement réduit le financement des universités publiques, les obligeant à chercher des soutiens auprès des entreprises et à précariser la plupart des enseignants en les reléguant au statut de vacataires sous-payés, souvent sans avantages sociaux ni sécurité d'emploi.
Selonla Fédération américaine des enseignants, près de 75 % des cours dans les universités sont assurés par des vacataires, des chargés de cours à temps partiel et des enseignants non titulaires, sans espoir d'obtenir la titularisation.
Les institutions publiques, qui accueillent 80 % des étudiants du pays,manquent chroniquement de fonds et de ressources de base. L'enseignement supérieur est devenu, même dans les grandes universités de recherche, une simple formation professionnelle, servant davantage la mobilité économique que l'apprentissage intellectuel. Dans ce contexte, les universités d'élite, dont les frais de scolarité dépassent parfois les 80 000 dollars par an, privilégient les riches et les privilégiés, excluant les pauvres et la classe ouvrière.
« L'académie actuelle sert principalement à reproduire un statu quo de plus en plus inégalitaire. Il est difficile d'imaginer comment elle pourrait être restructurée pour servir un objectif plus démocratique sans une pression extérieure en faveur d'un enseignement supérieur gratuit et universel », écrit Schrecker.
Les sociétés totalitaires n'enseignent pas aux étudiants comment penser, mais quoi penser. Elles produisent des étudiants historiquement et politiquement illettrés, aveuglés par une amnésie historique imposée. Elles cherchent à fabriquer des serviteurs dociles et des apologistes conformistes, et non des critiques et des rebelles. C'est pourquoi les collèges d'arts libéraux n'existent pas dans les États totalitaires.
PEN America a recensé près de 16 000 interdictions de livres dans les écoles publiques du pays depuis 2021, un chiffre, écrit PEN, « jamais atteint depuis la chasse aux sorcières du maccarthysme dans les années 1950 ». Parmi les titres censurés figurent The Bluest Eye de Toni Morrison, La Couleur pourpre d'Alice Walker et Maus, le roman graphique d'Art Spiegelman sur l'Holocauste.
L'activité humaine la plus importante, comme nous le rappellent Socrate et Platon, n'est pas l'action, mais la contemplation, un principe qui résonne également dans la philosophie orientale. Nous ne pouvons pas changer le monde si nous ne pouvons pas le comprendre. En absorbant et en critiquant les philosophes et les réalités du passé, nous devenons des penseurs indépendants au présent. Nous pouvons articuler nos propres valeurs et croyances, souvent en opposition à celles prônées par ces anciens penseurs. La capacité de penser, de poser les bonnes questions, représente toutefois une menace pour les régimes totalitaires cherchant à inculquer une obéissance aveugle à l'autorité.
Les civilisations inconscientes sont des déserts totalitaires. Elles perpétuent des idées mortes, comme l'illustre la fresque “The Epic of American Civilization” de José Clemente Orozco, où des squelettes en toge académique donnent naissance à des bébés squelettes.
« Avant de prendre le pouvoir et d'imposer leur vision du monde, les mouvements totalitaires invoquent un monde imaginaire cohérent, plus satisfaisant pour l'esprit humain que la réalité elle-même », écrit Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme.
Aussi mauvaise soit la situation, elle va encore empirer. Le système éducatif américain est sur le point d'être saigné à blanc, privatisé et démembré…Les entreprises qui tirent profit du système des écoles à charte et des universités en ligne—dont la principale préoccupation n'est certainement pas l'éducation—remplacent les véritables enseignants par des instructeurs non syndiqués et mal formés. Les élèves, au lieu d'être éduqués, recevront un enseignement par cœur et seront nourris des tropes familiers des manuels autoritaires : des hymnes à la suprématie blanche, à la pureté nationale, au patriarcat et au devoir de la nation d'imposer ses « vertus » aux autres par la force. Cette endoctrinement de masse garantira non seulement l'ignorance, mais aussi l'obéissance. Et c'est bien là l'objectif.
Chris Hedges est un journaliste lauréat du prix Pulitzer, un auteur à succès du New York Times, un professeur du programme universitaire destiné aux prisonniers de l'État du New Jersey offert par l'université Rutgers, ainsi qu'un ministre presbytérien ordonné. Il a écrit douze livres, dont le best-seller du New York Times Days of Destruction, Days of Revolt (2012), coécrit avec le dessinateur Joe Sacco. Parmi ses autres ouvrages figurent Wages of Rebellion : The Moral Imperative of Revolt (2015), Death of the Liberal Class (2010), Empire of Illusion : The End of Literacy and the Triumph of Spectacle (2009), I Don't Believe in Atheists (2008) et le best-seller American Fascists : The Christian Right and the War on America (2008). Son dernier livre est America : The Farewell Tour (2018). Son ouvrage War Is a Force That Gives Us Meaning (2003) a été finaliste du National Book Critics Circle Award dans la catégorie Essais et s'est vendu à plus de 400 000 exemplaires. Il écrit une chronique hebdomadaire pour le site ScheerPost.
Cet article a été publié à l'origine sur ScheerPost.com.
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Ne pas consentir au fascisme qui vient

Avec la réélection de Trump, le fascisme occupe la scène politique et médiatique. Face aux concessions qui lui ont été faites, notamment par le macronisme, il faut réaffirmer une ligne claire : le fascisme doit être reconnu, nommé, combattu. Et que soient posées les conditions de l'émancipation. L'universalisme véritable, celui qui permet de penser en termes de volonté et non pas d'origine, en est un moyen. En partenariat avec le festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet.
21 mars 2025 | tiré d'AOC.media
https://aoc.media/opinion/2025/03/20/ne-pas-consentir-au-fascisme-qui-vient/
Ndlr – Alain Policar est, en partenariat avec AOC, l'invité du festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet (20-22 mars 2025) : « Pourquoi faudrait-il sauver l'universel ? », dialogue avec Sylvain Bourmeau .
Avec la réélection de Trump, le fascisme occupe la scène politique et médiatique. Face aux concessions qui lui ont été faites, notamment par le macronisme, il faut réaffirmer une ligne claire : le fascisme doit être reconnu, nommé, combattu. Et que soient posées les conditions de l'émancipation. L'universalisme véritable, celui qui permet de penser en termes de volonté et non pas d'origine, en est un moyen. En partenariat avec le festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet.
Qui peut raisonnablement douter du racisme, du sexisme et de l'homophobie de Donald Trump ? En France, les propos du nouveau président américain tomberaient sous le coup de la loi. Cette évidence n'a pas empêché les journalistes de l'émission de LCI « 24 heures Pujadas », le 23 janvier dernier, de condamner unanimement la décision de la Radio-télévision belge de la Communauté française (RTBF), laquelle a choisi, afin de limiter le risque de diffusion de propos injurieux, une retransmission en léger différé du discours d'investiture du 20 janvier. Pour les commentateurs, parmi lesquels Bernard Guetta et Jean Quatremer (Libération !), aucun doute : la RTBF, en établissant un « cordon sanitaire médiatique », a commis une impardonnable faute professionnelle, en « censurant » la parole présidentielle. La veille, sur la même chaîne, et dans la même émission, Robert Ménard, maire de Béziers (et ancien président de Reporters sans frontières), avait vanté les mérites d'un Donald Trump « qui sait comment parler au peuple » : Vincent Hugeux fut le seul à fermement protester contre cet éloge du style populiste et de l'anti-intellectualisme par l'édile biterrois.
Le macronisme comme pensée de l'acquiescement
Ne sont-ce pas là de claires manifestations du consentement au fascisme qui vient ? Dans l'explication de ce consentement, le macronisme porte une très lourde responsabilité. Celle-ci ne tient pas principalement à la faute politique que fut la dissolution. Certes, cette dernière a donné consistance au rêve de l'extrême droite de s'emparer du pouvoir. Mais, plus fondamentalement, c'est la conception macroniste du politique qui a servi de marchepied au Rassemblement national en restreignant l'espace de la délibération démocratique. Pour le macronisme, en cela héritier du libertarianisme, il existe un ordre naturel des choses, et ceux qui n'en reconnaissent pas la réalité sont irrationnels. Rien ne doit être fait qui puisse entraver les décisions des acteurs du marché.
Le macronisme est une pensée de l'acquiescement : comment mieux défendre l'ordre qu'en légitimant l'inégalité ? Une inégalité inscrite dans la nature des choses. Loin de naître libres et égaux en droit, les hommes doivent admettre l'inégalité comme la conséquence inévitable de la liberté. Mieux encore, elle seule autorise le progrès, comme Maurras aimait à le rappeler. À l'inverse de l'égalité « stérile et mortelle », l'inégalité célèbre la vie. Il convient dès lors de reconnaître les limites de l'action politique.
D'où l'indifférence à la chose publique, plus globalement à la démocratie : ce qui importe est la recherche de l'accord sur la manière de résoudre des problèmes, tels que la compétitivité des entreprises, le coût du travail, le financement des retraites, le poids de la dette, etc. Résolution difficile en période de ralentissement de la croissance, ce qui conduit, afin de soutenir le taux de profit privé, à prendre des mesures autoritaires. Les exemples sont nombreux : durcissement du droit d'asile, volonté de maîtriser l'immigration, préférence nationale, suspicion de fraude sociale à l'égard des immigrés et des étrangers… Toutes ces mesures concourent à légitimer les idées d'extrême droite et, corrélativement, à diaboliser la gauche. Pour employer le vocabulaire d'Adorno, ce retour du « lexique de l'effroi », contre des menaces fantasmées, est un trait caractéristique des processus de fascisation.
Ce qui doit retenir notre attention, comme symptômes de ce nationalisme fascisant, est, entre autres, le refus du clivage gauche-droite, le mépris des contre-pouvoirs, la stigmatisation de la figure de l'étranger, le contrôle et la répression vis-à-vis de celles et ceux qui bénéficient des mécanismes de solidarité, le rejet des libertés syndicales : le macronisme, dès lors, loin de se plaindre du désintérêt grandissant des électeurs pour la chose publique, comprend la politique comme « l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde » (Paul Valéry).
Reconnaître le fascisme
Dans ce contexte, l'un des moyens privilégiés au service du brouillage conceptuel, est certainement la production de paniques morales autour d'objets aux contours incertains, comme l'« islamogauchisme » ou le « wokisme », accusés de menacer l'identité nationale. Ces paniques sont aussi l'indice de la difficulté pour le pouvoir de préserver son hégémonie, tant les fondements moraux de celle-ci paraissent friables.
Umberto Eco a énoncé, lors d'une conférence donnée à Columbia le 25 avril 1995, les caractéristiques du fascisme[1]. Il en distinguait quatorze, qui ne font pas système : il suffit, écrit-il, « qu'une seule d'entre elles soit présente pour faire coaguler une nébuleuse fasciste ». Il évoquait un « populisme sélectif » au sein duquel le peuple est une entité monolithique exprimant la volonté commune. Mais, ajoutait-il, celle-ci ne pouvant être portée par les êtres humains en grand nombre, le chef en devient l'interprète. Dès lors, les citoyens renoncent à leurs pouvoirs délégataires et n'agissent pas. Ils se satisfont du fait que chacun d'entre eux appartient au meilleur peuple du monde. Ainsi, ceux qui sont privés d'une identité sociale claire ont le privilège d'être nés dans un même pays. L'identité nationale se confond alors avec le nationalisme, lequel a besoin pour se perpétuer de désigner des ennemis de la nation : il entretient un esprit complotiste, et le complot, on le sait, peut venir de l'intérieur. Toute distance critique devient trahison, et la peur de la différence est exacerbée. Difficile de ne pas reconnaître ici la description du trumpisme.
Or l'arsenal législatif récent (et celui qui s'annonce, si l'on en croit les gesticulations de Bruno Retailleau) entretient un permanent soupçon sur une partie de la population qui, précisément, en raison de différences réelles ou imaginaires, ne peut correspondre à l'image mythifiée de l'identité nationale. Dès lors, les classes moyennes, qui ne veulent à aucun prix subir la relégation que le capitalisme financier réserve à des populations abandonnées, souvent issues de l'immigration arabo-musulmane, expriment une réelle crainte. Et cette dernière s'alimente du repli de ces populations dans un espace susceptible de leur apporter protection, celui des communautés de provenance.
Dans un tel contexte de croissance, on aurait grandement tort de ne pas entendre l'avertissement d'Umberto Eco. Si reconnaître le fascisme ne suffit certainement pas à s'en prémunir, savoir nommer son ennemi reste l'indispensable préalable à l'échec de son projet. Dès lors, la question de l'action politique se pose avec une vive acuité.
Les conditions de l'émancipation
Dans un article récent, Marion Ink rappelait qu'avant d'être un élan réfléchi, le Front populaire fut « un sursaut unitaire contre le 6 février 1934 ; c'est ensuite qu'il devint un projet concerté pour la République sociale ». Ce sursaut, ajoutait-elle, venu des travailleurs avant les politiques, fut une coalition agrégeant des forces plurielles, construite progressivement, d'abord dans les luttes sociales antifascistes, ensuite dans le travail des forces politiques. Il s'agit, pour Marion Ink, d'allier « radicalité des propositions et modération des discours ».
Au-delà de cette sage préconisation doivent être posées les conditions de l'émancipation. L'émancipation, comprise comme la volonté politique de se défaire de la situation de minorité à laquelle on est soumis, doit s'assigner la tâche prioritaire d'éviter le basculement des classes moyennes dans le fascisme. Si l'on songe au mirage populiste, le moyen le plus sûr de le combattre demeure l'insistance sur le ressort universaliste des luttes d'émancipation. Plus précisément, il importe que leur principe soit le refus de les hiérarchiser et, plus encore, de négliger celles fondées sur la reconnaissance, au nom d'un primat, sur celles ayant la redistribution pour horizon ou, bien sûr, de choisir la priorité inverse.
Nous devons, au contraire, articuler les unes et les autres. Rechercher les conditions de cette articulation, c'est faire l'éloge de la complication, ce qui suppose à minima un regard critique sur les modalités de nos combats.
Plus précisément, il s'agit de résister à la tentation de l'« essentialisme inversé », celui-ci étant défini comme la reproduction par les dominés du processus d'essentialisation dont ils sont victimes, mais en inversant la hiérarchie qu'il instaure. Frantz Fanon avait fortement insisté sur ce danger dans Les Damnés de la terre (chapitre sur « Les mésaventures de la conscience nationale »). Car il ne saurait être question de sacrifier le projet universaliste au bénéfice de l'essentialisation des appartenances raciales. Danièle Lochak écrit à cet égard que « les victimes sont toujours particulières – classes exploitées, peuples colonisés, femmes opprimées, Noirs, juifs, Arabes ou Roms stigmatisés –, prétendre pour cette raison qu'aucune lutte ne peut se faire au nom de l'universel, c'est encourager la concurrence des victimes. Plus fondamentalement, c'est oublier que chacun de ces groupes lutte en vue d'un objectif universel : l'abolition de toute forme de domination et de discrimination ». Et, ajoute-t-elle, citant Francis Wolff, c'est oublier « qu'une injustice ne concerne pas seulement ceux qui en sont victimes, ou coupables, mais la communauté éthique tout entière [2] ».
Le processus d'essentialisation, quelle que soit sa provenance, est négation de toute approche intersectionnelle, laquelle, par nature, implique la considération de nos appartenances multiples. L'identitarisme, lorsqu'il se fonde sur l'identité raciale, est le miroir du racisme qu'il est supposé combattre : l'un et l'autre ignorent l'importance des structures de classe et de genre. Énoncer ce danger, ce n'est nullement, faut-il le préciser, occulter le droit de la victime à décrire l'oppression de son propre point de vue, à être écoutée, et à l'être avant quiconque. L'antiracisme ne peut ignorer les revendications fondées sur les situations particulières de racisation. Le recours incantatoire aux valeurs universelles s'est trop longtemps accommodé de la persistance des discriminations, à la prise en compte desquelles on a systématiquement opposé l'intangibilité du modèle républicain.
Si la parité a fini par être inscrite dans la Constitution, ce n'est pas le cas d'autres formes d'appartenance, notamment celles fondées sur les identités raciales. Le catéchisme d'indifférence à la différence, qui a pu apparaître comme la meilleure façon de lutter contre le racisme, a fini par le dévoiement de la valeur d'égalité jusqu'à l'infériorisation de l'Autre. Car il est inconséquent de faire comme si les différences n'existent pas, alors qu'elles existent, non seulement dans la tête des racistes, mais aussi dans le vécu de ceux qui subissent le racisme. On ne peut donc les évacuer sous prétexte de respecter le postulat universaliste, prétendument universaliste en réalité, celui qui confond traitement uniforme et traitement égal. Car, il faut le rappeler, appliquer le même traitement à tous, c'est conforter les inégalités préexistantes.
Penser en termes de volonté et non d'origine
S'il est vrai qu'un universalisme dévoyé a pu servir de paravent à la volonté d'imposer à l'Autre une domination politique, économique et culturelle, c'est bien l'horizon d'une égalité universelle en droit qui a nourri la révolte des pionniers des luttes anti-impérialistes. Et s'il est également vrai que des pratiques néocoloniales perdurent aujourd'hui, en rendre coupable l'universalisme, c'est se priver des moyens de lutter contre les despotes corrompus qui dirigent actuellement la plupart des anciennes colonies après avoir éliminé les pionniers des luttes libératrices.
L'universalisme véritable, celui qui voit dans la pluralité l'essence même de l'universalité, ne peut s'accommoder de la célébration de l'authenticité identitaire, d'où qu'elle vienne. La capacité à s'arracher au donné et à choisir d'autres appartenances que celles qui nous ont été transmises est une spécificité humaine. Elle conduit à poser le lien entre individu et communauté de telle façon que l'on puisse dire, non qu'un individu appartient à une communauté, par essence ou originairement, mais que la communauté appartient à l'individu, ce qui signifie la poser comme une réalité qui ne peut avoir de sens et même d'existence que par l'acte de la choisir et de la faire sienne. Donc penser en termes de volonté et non d'origine.
Comme l'a souligné Pierre Guenancia, on a vraiment dit peu de choses sur un homme « lorsqu'on l'a identifié comme originaire d'un pays, d'une région du monde : tout reste à connaître de lui, comme être singulier, différent de tous les autres, y compris de ceux auxquels il ressemble [3] ». Le fait d'être de couleur noire comme d'autres sont de couleur blanche doit être considéré comme un détail qui ne nous qualifie pas essentiellement en tant que personne : « Une personne n'existe en tant que telle que si elle peut se concevoir elle-même comme distincte de toutes les marques d'identité passive ou reçue, même si, au cas où ces marques seraient celles d'hommes opprimés ou persécutés, elle les déclare siennes par esprit de solidarité […] Pour peu qu'il n'ait pas complètement renoncé à sa liberté, un homme ne peut pas coïncider totalement et adéquatement avec lui-même, et moins encore avec les personnages que le hasard, peut-être aussi le sens de son devoir l'amènent à assumer [6] ».
On comprend dès lors l'inanité de la volonté d'enfermer les individus dans leur couleur, volonté qui conduit à promouvoir l'entre-soi et, au bout du compte, à défendre l'apartheid. Ainsi que le souligne Paul Audi dans Troublante identité, l'identité en elle-même est réductrice : « C'est l'essence même de l'identité que de réduire tout être à un aspect de lui-même, à une partie de son être. Cette partie, c'est précisément sa particularité. Ce que l'identité identifie dans l'être, c'est une particularité. Or toute particularité est générale. Mes yeux bleus sont une particularité de mon être, mais je ne suis pas le seul à avoir les yeux bleus. Idem pour ce qui est de mes origines libanaises ou de ma culture française : elles n'appartiennent pas à moi seul. Sous ce rapport, je suis comparable. Mais un être n'est pas qu'une collection de traits particuliers ; il est, ou plutôt il peut être singulier. Cette singularité ne saurait être concernée par le concept d'identité. Pourquoi ? Parce que, contrairement à l'identité, la singularité n'est ni donnée, ni reçue. On ne naît pas singulier, on le devient [4]. » Dès lors, mettre en avant une identité exclusive de tout autre, c'est le contraire de la liberté, car cette dernière exige d'articuler toutes nos déterminations : il n'y a pas de hiérarchie entre les luttes, tout simplement parce que nous ne pouvons mettre entre parenthèses les divers éléments qui font de nous ce que nous sommes.
Accéder à la majorité, autrement dit parvenir à l'émancipation, c'est être devenu capable de distinguer les attributs que je reçois de mes origines de ceux dont je suis la cause : « Un être capable d'un autre destin que le sien est un être fécond [5] ». Pour parvenir à cet état d'esprit, nous devons opérer une réduction, c'est-à-dire une suspension du sentiment d'appartenance que, sans y penser, nous éprouvons envers notre nation d'origine. Il s'agit de pratiquer un détachement de tout ce qui va de soi afin d'être en mesure de repenser les relations à soi, à autrui et à la cité, par l'intermédiaire de la relation universelle au monde.
Il nous faut donc être capable d'imaginer, dans le temps et dans l'espace, d'autres appartenances. C'est le moyen d'échapper aux passions haineuses et destructrices, afin d'isoler dans son être un invariant absolu, le simple fait d'être homme. En d'autres termes, pour trouver l'universel en soi, il est nécessaire de se désencombrer de soi, et la capacité de décentrement radical participe de la définition de l'humain.
Ndlr – Alain Policar est, en partenariat avec AOC, l'invité du festival Printemps des Humanités du Campus Condorcet (20-22 mars 2025) : « Pourquoi faudrait-il sauver l'universel ? », dialogue avec Sylvain Bourmeau .
Alain Policar
Politiste, Chercheur associé au Cevipof
Notes
[1] Umberto Eco, Reconnaître le fascisme, Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 2024.
[2] Danièle Lochak, « Racismes, antiracismes : reconstruire l'universalisme », Pouvoirs, n°181, 2022/2, p. 141. La citation de F. Wolff est dans Plaidoyer pour l'universel, 2019, p. 28.
[3] Pierre Guenancia, « Identité et cosmopolitisme », Raison présente, no 201, 1er trimestre 2017, p. 77.
[4] Paul Audi, « Entretien avec Jean-Marie Durand », Philomag, 28 septembre 2022.
[5] Emmanuel Levinas, Totalité et infini. Essai sur l'extériorité, La Haye, Martinus Nijhoff, 1961, p. 258.
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Déclaration du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC)

Déclaration de Selma Lavoie et Milan Bernard, co-porte-paroles du Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC)
« Enfin ! Alors que l'administration Trump impose une guerre commerciale et continue de multiplier ses menaces de tarifs, le gouvernement fédéral s'est décidé vendredi soir dernier à agir pour aider les travailleurs et les travailleuses dans un contexte de forte incertitude économique et politique. Par voie réglementaire, il met en place des assouplissements au régime d'assurance-emploi qui visent à élargir l'admissibilité et accélérer le versement des prestations. Il abolit temporairement le délai de carence et suspend pour six mois les règles entourant le traitement des indemnités de cessation d'emploi. De plus, il ajuste le taux de chômage utilisé dans le calcul de l'admissibilité pour permettre à plus de travailleurs et de travailleuses de se qualifier, et ce dans toutes les régions du Canada.
Ces améliorations à l'assurance-emploi sont évidemment les bienvenues. Elles rappellent en grande partie les revendications que le CNC, le MASSE, la FTQ, la CSN, la CSQ et la CSD ont réclamé de manière commune en février dernier.
Nous croyons toutefois que des modifications additionnelles permettraient de compléter cet effort. Nous sommes toujours d'avis que l'exclusion pour fin d'emploi invalide ne devrait s'imposer que sur le dernier emploi occupé, afin que le régime soit plus flexible face aux aléas de la situation actuelle. Une telle mesure permettrait d'assurer que la très grande majorité des travailleurs et travailleuses mis à pied puissent se qualifier à l'assurance-emploi.
La situation des travailleurs et travailleuses saisonniers devraient aussi être prise en considération : mettre fin à la mesure sur l'admissibilité en juillet ne permettra pas de les couvrir convenablement dans un contexte économique incertain où ils et elles sont encore plus vulnérables.
Finalement, ces solutions sont temporaires et partielles, ne se substituant pas à la nécessité d'améliorer considérablement le régime d'assurance-emploi. Le prochain gouvernement devra considérer la pérennisation de ces mesures afin de fournir aux travailleurs et aux travailleuses une réelle protection en cas de chômage, peu importe les tempêtes économiques éventuelles. »
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Au bout de vingt ans, Québec solidaire vit une crise existentielle

Le soirée électorale de l'élection partielle de Terrebonne gagnée haut la main par le PQ a été difficile pour Québec solidaire tout comme pour les Libéraux et les Conservateurs. Ce fut toute une plongée pour Québec solidaire qui recule relativement des deux tiers confirmant les pires sondages. En plus, le bas taux de participation est en soi révélateur d'un désenchantement même pour une partielle, Tous les candidats à la chefferie des Libéraux et le chef Conservateur étaient présents pour soutenir leurs candidat-e-s défait-e-s à plate couture. De même, le Premier ministre l'était à la soirée de la CAQ.
Pour retourner le fer dans la plaie Solidaire aucun-e des porte-parole ni député-e-s Solidaire n'y étaient pour consoler leur candidate défaite. Allô solidarité. Cette faute morale, cette erreur politique sont révélatrice du désarroi de la direction et députation Solidaire devant la descente aux enfers persistante de sa popularité. Pour les député-e-s, ça devient le chacun-e pour soi. La venue de la nouvelle porteparole et la priorité donnée au « Nouveau Québec » indépendant n'y ont rien changé. Ni non plus le mitraillage de propositions de réformettes même si elles sont plus pertinentes les unes que les autres.
La « gouvernance » a amené GND à ne pas dénoncer le racisme du Parlement
La démission de Gabriel Nadeau-Dubois (GND) quelques jours plus tard vient mettre les points sur les ‘i' et les barres sur les ‘t' à ce qui ressemble de plus en plus à une débandade. Par calcul électoral de bas étage épicé de préjugé envers le peuple-travailleur québécois, GND avait laissé humilier par la députation « Solidaire » un collègue député d'origine arabo-musulmane. Celui-ci avait eu l'audace de montrer du doigt l'éléphant raciste, particulièrement islamophobe, trônant au sein de l'Assemblée nationale sous le déguisement de la laïcité.
Tambour battant, GND a mené la charge contre le programme du parti, impropre à la gouvernance affirme-t-il. Certes, celui-ci a ses défauts de longueur, de lourdeur et de déséquilibre. Toutefois, des passages essentiels affirment l'anticapitalisme et l'antiracisme des Solidaires. Toustes comprennent que ce sont ceux-là qui sont visés. Bernie Sanders avait saisi il y a près de 10 ans qu'aux ÉU le vocable « socialisme » est électoralement rentable et unifie la gauche et même bien des progressistes. GND ne l'a pas compris. Nos députée-e-s non plus semble-t-il.
Centrisme et centralisation du parti capitulent face à la néo-fascisation
La centralisation et la bureaucratisation du parti pour en faire une machine électorale bien huilée entraîne par défaut un programme de type « signifiant vide » à la mode du théoricien populiste Laclau et dans la lignée de l'insipide Déclaration de Saguenay. Faut-il se surprendre que dans une telle organisation suffocante régie par les « com », la spontanéité des exploité-e-s et des opprimé-e-s n'y trouve pas son compte ? Ce fond de l'air étouffant a suscité l'abandon, puis la critique livresque d'une députée, et la démission d'une porte-parole. Par la suite l'élection par acclamation de sa successeure a démontré une perte de démocratie interne.
Dans ce centrisme centralisateur réside l'erreur stratégique. Dans un monde existentiellement menacé par la crise climatique et socialement polarisé avec une « classe moyenne » en voie de disparition, cette organisationnelle centralisation politiquement centriste ramène à des temps révolus et dépassés. À rebours, l'extrême-droite l'a très bien compris. Elle fonce droit devant vers le néofascisme sans s'embarrasser de précédents et de constitution. Elle attire à elle ces paniquées « classes moyennes » traditionnelles et la partie de celles populaires en perdition et désemparée.
Libérer la parole sans contrôle conduirait la jeunesse du parti vers la gauche
Dans ces circonstances, libérer la parole de la base Solidaire sans l'étouffer par des textes à l'orientation cuite d'avance, sans la cadenasser dans des webinaires au dialogue impossible, sans l'isoler par des contributions individuelle aboutirait fort probablement à un virage à gauche-toute du programme. Comme lors de la récente élection allemande, ce virage se présenterait comme contrepartie de la néofascisation anti-immigrante de la droite. Cette extrême-droitisation entraîne derrière elle les partis centristes dont la base est constituée de la section traditionnelle des « classes moyennes » laissée pour compte et qui rêve d'un retour à l'Étatprovidence d'antan… que l'immigration menacerait.
L'autre section de ces « classes moyennes » sont des professionnels en voie de prolétarisation et des jeunes bardés de diplômes mais souvent sous-employés et même en chômage. Cette sous-classe est fort présente à la direction Solidaire et au sein de sa militante où elle s'est en partie substituée à la classe populaire. Le virage vers le socialisme en serait-il compromis ? En autant que cette jeunesse instruite, à cheval entre le prolétariat et la petite-bourgeoisie, souvent mise à l'écart de la société, minoritaire dans nos pays vieillissants du vieil impérialisme, reste acquise aux Solidaires, elle est en mesure de revivifier le parti. Tant l'ardeur due à son âge que la conscience qu'elle a de la course folle vers la terre-étuve que nie et encourage la néo-fascisation du monde la mènent vers l'anticapitalisme en autant que cette perspective soit socialement présente et vivante.
En ces temps de turbulence tant mondiale que Solidaire, il faut garder la tête froide et penser stratégiquement. Le parti de Gauche allemand (Die Linke) après des années de crise qui ont abouti à une scission majeure sur sa droite, s'est ressaisi. Il a changé sa direction et a consolidé son programme à gauche axé sur les questions sociales vitales (inflation, logement, austérité) sans discrimination anti-immigrant, Cette discrimination était prônée à différents niveaux par tous les autres partis, même le SPD et les Verts du gouvernement sortant, et pas seulement par le néofasciste L'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Malgré le succès électorale de l'AfD et de la droite traditionnelle, Die Linke est passé de 3 % des intentions de vote en début de campagne à près d'un score de 9 % le jour des élections. Chemin faisant, il a doublé le nombre de ses membres grâce à l'adhésion massive de la jeunesse, surtout chez les femmes. Grâce à leur apport, Die Linke a pu organiser des centaines de milliers de porte-à-porte.
Plongée électorale, abandon et démission révèlent une critique féministe
Québec solidaire est-il capable d'un tel rebondissement à l'allemande ? Le test n'est pas banal puisque le parti vit sa première grande crise depuis près de vingt ans d'existence. Cette crise n'a rien à voir avec une stimulante crise de croissance comme le parti en a déjà connu. La crise d'un parti électoraliste se vit d'abord comme une chute du score électoral ou du moins de celle soutenue d'intentions de vote. Cette crise du parti couvait depuis l'élection partielle de Jean-Talon, dans la ville de Québec, de l'automne 2019. La direction-députation avait alors tenté sans succès d'imposer un candidat apparemment populaire issu d'un parti municipal de droite. À la suite de cette crise locale, le score électoral du parti avait baissé de deux points de pourcentage. Rien de dramatique mais un signe avant-coureur invitant une rectification à gauche.
Ce mauvais résultat annonçait la stagnation de l'élection générale de 2022 un moment occultée par la victoire de la partielle de Ste-Marie-Ste-Anne à Montréal, gracieuseté de l'effondrement des Libéraux chez les francophones. Mais le recul de sept points de pourcentage, ou relativement du tiers, lors de la nouvelle élection partielle de Jean-Talon en octobre 2023 allait précipiter les événements. Peu après cette élection, la parution du livre de l'ex-députée Catherine Dorion, dont le refus de se représenter en 2022 avait créé un malaise, critiquait directement GND. Elle s'en prenait non pas au contenu de son discours mais à son style de direction. Elle signalait le rapport problématique de GND au style frondeur — peut-on le qualifier de féministe ? — qui devrait avoir sa place dans un parti de gauche. Il fallait normaliser style et habillement pour plaire au mythique électorat centriste et pragmatique. Il fallait une députation avant tout dotée d'expertise. Leurs liens au milieu populaire devenaient secondaires.
La démission surprise de la nouvelle porte-parole Émilise, en avril 2024, allait définitivement ouvrir la grande crise du parti. La porte-parole démissionnaire était manifestement malvenue dans le sérail de la députation. On lui en voulait d'être la seule députée défaite du parti sans égard au fait qu'elle avait été punie par l'élite patronale-syndicale de Rouyn-Noranda, en Abitibi. Elle avait joué un rôle crucial pour médiatiser l'empoisonnement à petit feu de la population de la ville, surtout celle voisine de la fonderie de cuivre de Glencore. À noter que c'est un enjeu finalement pris à bras-le-corps dans la rue par l'organisation féministe Mères au front et médiatisé à tout le Québec. Est-ce là un hasard ou plutôt une manifestation lutte-de-classe que reflète le malaise féministe au sein de Québec solidaire dont la députation est deux fois plus masculine que féminine ?
L'écosocialisme, un projet de société solidaire, concret, simple et bon marché…
N'est-ce pas un secret de Polichinelle qu'est écologique, c'est-à-dire écosocialiste, le socialisme du XXIe siècle ? Cet écosocialisme n'a rien à voir avec des projets étatiques pharaoniques genre cathédrales hydroélectriques au Nord, champ d'éoliennes géantes au Nord du Sud ou trains aériens et métros au Sud. La construction de logements sociaux éco-énergiques, c'est-à-dire hors marché et à consommation énergique (quasi)-zéro, pour tout le monde et non seulement pour les pauvres répond à la fois aux trois crises de l'inflation, du logement et du climat.
Le remplacement sur nos rues et routes de l'auto (SUV) solo, à essence et électrique, par le transport public collectif mur-à-mur, avec un complément d'autopartage, contribue aussi à résoudre la crise du climat. Ce transport public puise son électricité dans les « négawatts » hydroélectriques des bâtiments restaurés par une grande corvée. Finalement, il résout la crise de l'étalement urbain dévorant les meilleurs terres agricoles de la plaine de Montréal et par la même occasion l'aliénante congestion urbaine et l'inflation des prix de l'énergie. Sans ces deux sources majeures d'endettement que sont le logement privé et l'auto solo, les ménages reprennent leur souffle tout en pouvant davantage contribuer fiscalement.
L'essentiel du financement viendra cependant d'ailleurs. Comme le disait un fameux voleur de banque des années 1930 à qui l'on demandait pourquoi il se limitait à ces vols très risqués, « l'argent est dans les banques ». J'ajouterais non seulement au Québec et au Canada mais aussi dans celles des paradis fiscaux. En plus, sans grands projets inutiles y compris ceux de la géo-ingénierie et de la croissance exponentielle des fermes de serveurs, l'écosocialisme est bon marché. Pour faire le tour de la question de la lutte conjointe justice climatique et justice sociale, l'alimentation végétarienne, indispensable climatiquement mais impopulaire, peut être encouragée par une politique de prix administré, c'est-à-dire dégagée de l'emprise du marché. Cette politique subventionnerait les aliments végétariens de base aux dépens du prix des viandes et des aliments ultratransformés bourrés de sucre, gras et sel, ces derniers devant à terme devenir interdits. Ajoutons-y une politique agricole soutenant la bio-agriculture aux dépens de l'agro-industrie actuellement grassement subventionnée.
Toutes ces politiques simples à comprendre et simples à expliquer établissent une société solidaire du soin et du lien en forte décroissance matérielle qui bat en brèche l'austérité des services publics. En répartissant un travail obligatoire devenu moins contraignant parce que libéré de la consommation de masse générée par l'accumulation capitaliste, ces politiques libèrent le temps de la science, de l'art et de la démocratie participative reqise par la planification démocratique. Et elles lèvent toute restriction socio-économique et idéologique à l'accueil et au soutien internationalistes.
Ce sont ces politiques qui devraient être au cœur du programme Solidaire, son noyau dur. Les objectifs de réduction des GES découlant de l'analyse scientifique du GIEC et des principes d'équité du Sommet de Rio, soit pour le Québec une réduction des deux tiers pour 2030 sinon 2035, en deviendraient réalistes. Non seulement ces politiques apparaîtraient-elles comme une alternative politiquement sérieuse vis-à-vis la voie sans issu du capitalisme vert à la québécoise fait de filière batterie et d'autos solo électriques mais aussi elles laisseraient voir une stratégie de solidaire croissance du bien-être pour toustes.
…qui en contrepartie exige le courage politique d'affronter le capitalisme fascisant
En contrepartie, ces politiques vont rencontrer sur le chemin de la lutte pour leur mise en œuvre le barrage de la propriété privée des moyens de production qui ne peuvent conserver leur valeur qu'en accumulant du profit. Comme le disait Marx (Le Capital, Volume 3, Chapitre 47) : « La grande industrie et la grande agriculture exploitées industriellement agissent en commun. Si elles se différencient au début en ce que l'une gaspille et ruine davantage la force naturelle de l'homme et l'autre la force naturelle de la terre, elles se tendent la main plus tard, le système industriel appliqué à la terre venant à son tour exténuer la force de travail, et l'industrie et le commerce intervenant pour procurer à l'agriculture les moyens d'épuiser la terre. »
Dorénavant ne pouvant plus compter sur le voile de la démocratie parlementaire, ce capitalisme apparaît dans sa nudité fascisante. S'impose donc la nécessité du renversement de la domination capitaliste qui viendra par la pression du cumul des luttes pour des réformes combiné à la hausse de la conscience écosocialiste. Cette lutte gigantesque aboutira dans l'un ou l'autre pays qui entraînera les autres. Pourquoi pas au pays du « Nouveau Québec » qui de petit peuple pourrait ainsi devenir « quelque chose comme un grand peuple » ?
Marc Bonhomme, 23 mars 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Et si le gouvernement commençait par assurer le respect des droits des élèves ?

Québec, le 20 mars 2025. — Le Comité pour le droit à la scolarisation invite le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, à profiter du budget qu'il présentera le 25 mars pour faire la preuve que l'éducation est la première priorité de son gouvernement.
Comme le dit le premier ministre, « on a le devoir de donner aux élèves tous les outils pour réussir »*, mais c'est loin d'être le cas présentement, et encore plus pour les élèves en situation de handicap ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (HDAA).
« Le gouvernement du Québec a beau se targuer d'avoir augmenté de 50% le budget du système d'éducation, il doit reconnaître que les résultats ne sont pas au rendez-vous pour les élèves qui en auraient le plus besoin, les élèves HDAA », lance la porte-parole du Comité, Laurence-Simard Gagnon. « Un des symptômes les plus visibles de ce mal qui ronge notre système scolaire est assurément la déscolarisation que subissent de plus en plus d'élèves HDAA. »
« Rappelons que le ministère de l'Éducation nous parle de 2411 cas d'élèves "en situation complexe" qui auraient vécu un bris de service en 2023, contrairement à 1481 en 2021, poursuit Laurence Simard-Gagnon. Ce n'est déjà pas négligeable, mais ces données sous-estiment largement le problème, notamment parce qu'elles tiennent uniquement compte des élèves qui sont retiré.es de l'école pour deux semaines ou plus. La recherche nous démontre que la réalité est beaucoup plus complexe, que les cas de figure sont plus nombreux, et que les données du Ministère invisibilisent plusieurs milliers de cas d'élèves qui vivent des épisodes de déscolarisation ou de scolarisation partielle ou précaire. »
Toujours selon Laurence Simard-Gagnon, « ce n'est pas pour rien que les bris de scolarisation figuraient parmi les principaux motifs des plaintes reçues par le Protecteur national de l'élève en 2023-2024. Dans sonrapport d'activités annuel, déposé en février, celui-ci nous rappelait à juste titre que "chaque situation de bris de services ou de scolarisation prive l'élève de son droit aux services d'enseignement prévus à la Loi sur l'instruction publique", que "les impacts de ces événements sont souvent majeurs pour les élèves et leurs parents" et que "tous les moyens nécessaires doivent être entrepris pour assurer la scolarisation des élèves". »
« Et ce n'est pas pour rien que nous avons soumis un rapportau Comité des droits des personnes handicapées des Nations Unies, avec l'appui de la Clinique internationale de défense des droits humains de l'UQÀM, pour l'informer des atteintes au droit à l'éducation et au droit à l'égalité que représentent les bris de scolarisation que subissent de plus en plus d'élèves au Québec. Il y a des droits qui sont brimés et le gouvernement du Québec est en train de renier ses engagements internationaux »
Pour toutes ces raisons, le Comité pour le droit à la scolarisation a soumis ces trois recommandations générales au ministre Eric Girard dans son mémoire prébudgétaire :
1) Que le ministre reconnaisse, au nom de son gouvernement, que les droits de nombreux et nombreuses élèves HDAA sont actuellement bafoués au Québec ;
2) Qu'il réaffirme l'engagement de son gouvernement à faire respecter les droits des élèves HDAA et à « leur donner les moyens pour développer leur plein potentiel » ;
3) Qu'il s'assure que tous les fonds nécessaires sont disponibles pour répondre aux besoins des élèves HDAA, peu importe le degré d'accompagnement nécessaire, et assurer la pleine réalisation du droit à l'éducation pour l'ensemble des enfants.
« Devant l'aggravation du phénomène de la déscolarisation, tout nouveau recul est à évidemment à exclure. L'argument financier ne saurait être invoqué pour priver des enfants d'un de leurs droits les plus fondamentaux. Il est plus que temps que le gouvernement du Québec respecte ses engagements », de conclure Laurence SimardGagnon.
* Citation de François Legault dans le chapeau : 2 juin 2024, en ligne.
À propos du Comité pour le droit à la scolarisation
Le Comité pour le droit à la scolarisation cherche à faire respecter le droit à l'éducation et à la scolarisation des élèves en situation de handicap ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (HDAA) dans la région de Québec, dans une perspective d'inclusion et de réduction des inégalités.
Formé de parents touchés par la déscolarisation, de chercheuses et chercheurs, de représentantes d'organismes communautaires et d'allié.es, le Comité est associé à la Ligue des droits et libertés – Section de Québec. Il mène son action sur différents fronts : recherche, sensibilisation, plaidoyer, défense de droits, mobilisation.
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Sortons la CDPQ des crimes en Palestine !

La Coalition du Québec URGENCE Palestine a lancé cette semaine la campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine et dévoilé un nouveau site web : cdpq-palestine.info. Les 17 et 18 mars, 150 personnes ont participé à deux webinaires de lancement de cette campagne panquébécoise qui exige que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) cesse tout investissement dans des entreprises liées au génocide, à l'occupation, à la colonisation et aux violations des droits humains et du droit international en Palestine.
Deux revendications
La campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine porte deux revendications : 1) Le désinvestissement des 14,2 milliards $ dans 87 entreprises complices de crimes contre le peuple palestinien (selon les données disponibles au 31 décembre 2023 ; une mise à jour sera effectuée en avril lors de la publication du rapport annuel 2024 de la CDPQ) ; 2) La mise en place d'un processus de contrôle transparent pour garantir qu'aucune entreprise dans laquelle la CDPQ investit ne soit associée à des violations des droits humains et du droit international.
Objectifs
La campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine vise à élargir la mobilisation afin que la question des investissements de la CDPQ devienne un enjeu de débat public. L'argent confié à la CDPQ par 48 déposants (Retraite Québec, RREGOP, SAAQ, CNESST, etc.) appartient aux Québécois·es : nous refusons que par ses investissements, la CDPQ nous rendent tous et toutes complices des crimes contre le peuple palestinien !
Site web et identité visuelle
Le site web de la campagne est en ligne depuis le 17 mars : cdpq-palestine.info Il présente de façon vivante et dynamique les objectifs de la campagne et les raisons qui la motivent et suggère plusieurs pistes d'action, en offrant des outils pour ce faire.
Des actions ont déjà débuté qui ont pour but de visibiliser largement les investissements complices de la CDPQ, de mobiliser des organisations de la société civile et de faire des pressions ciblées sur des acteurs influents, au premier plan les déposants (clients) de la CDPQ.
Le logo de la campagne est un « bas de laine des Québécois·es », expression désignant la CDPQ, qui est entouré de fils de barbelés et du slogan « Israël criminel, CDPQ complice ».
La bannière de la campagne représente la complicité de la CDPQ dans les crimes commis par Israël dans les territoires palestiniens occupés dans lesquels la population est enfermée derrière des murs honteux.
Prochaines actions
La Coalition reste à l'affût de la publication du rapport annuel 2024 de la CDPQ en avril 2025. Elle procédera rapidement à son analyse et mettra à jour le nombre d'entreprises et le montant des investissements complices de crimes contre le peuple palestinien.
En avril ou mai 2025, le président et chef de la direction de la CDPQ, Charles Émond, devra répondre aux questions des partis d'opposition lors d'une séance de la Commission des finances publiques à l'occasion de l'étude des crédits budgétaires.
La population est invitée à envoyer des lettres aux dirigeant·es de la CDPQ, en demandant que la Caisse exerce immédiatement son influence afin que toutes les entreprises concernées abandonnent leurs activités économiques associées aux violations des droits du peuple palestinien et, à défaut d'action conséquente de leur part, que la Caisse retire sans délai ses investissements dans ces entreprises.
Les citoyen·nes sont également invité·es à écrire à leurs député·es pour demander que leur parti politique prenne position sur cet enjeu et interroge M. Émond lors de l'étude des crédits budgétaires.
Citations
« Si la population savait, elle refuserait que son argent soit ainsi investi dans des entreprises qui mènent des activités complices de l'occupation, de la colonisation et du génocide israéliens en Palestine. La CDPQ doit inclure le respect du droit international et des droits humains en Palestine dans ses « plus hauts standards éthiques ». C'est ce qu'a fait KLP, le principal fonds de pension en Norvège ; et c'est ce que devrait faire la CDPQ pour le bas de laine des Québécois·es »
– Raymond Legault, porte-parole de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.
« Derrière chaque colonie israélienne illégale en Palestine occupée, chaque maison détruite, chaque détention arbitraire, chaque prisonnier torturé, chaque bombardement et chaque massacre, il y a des entreprises complices. WSP, Alstom, Caterpillar, Lockheed Martin et General Dynamics profitent directement des crimes commis par Israël. À travers ses investissements dans ces entreprises, la Caisse de dépôt rend l'ensemble des Québécois·es complices du génocide et de l'occupation en Palestine. Notre message aujourd'hui est clair : nous refusons que notre argent soit taché de sang palestinien. Ensemble, il est temps de sortir la Caisse des crimes en Palestine ! » –
– Benoît Allard, porte-parole du collectif Désinvestir pour la Palestine, un groupe membre de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.
« Dans un contexte où la colonisation et la dépossession continuent partout en Palestine et où, depuis l'automne 2023, Israël détruit toute l'infrastructure civile de la bande de Gaza, bombarde intensivement la population gazaouie, force le déplacement de presque tout le monde et tue et blesse des dizaines ou peut-être des centaines de milliers de personnes – coupant également l'acheminement de la nourriture et d'autres vivres nécessaire pour soutenir la vie – la population québécoise est en droit de se demander : qu'est-ce que la CDPQ attend pour désinvestir nos fonds de tous ces crimes ? »
– Zev Rose Saltiel, porte-parole de Voix juives indépendantes–Montréal, un groupe membre de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.
Pour visionner la présentation de Benoit Allard durant la conférence de presse concernant la CDPQ et les grands axes de la campagne.
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Livre blanc sur l’éducation : Pour une nouvelle « révolution tranquille » en éducation

Le Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation est le fruit d'une volonté citoyenne d'exhorter les pouvoirs publics à résoudre les problèmes du milieu de l'éducation québécoise. Produit à partir des propos recueillis lors des forums citoyens et des ateliers Jeunesse de Parlons éducation au printemps 2023 ainsi que de la consultation qui a suivi, il s'appuie aussi sur de nombreuses sources documentées.
Le document a été rédigé par l'organisme Debout pour l'école, en collaboration avec plusieurs personnes de divers horizons. Il contient quatre revendications et huit orientations concernant le préscolaire, le primaire et le secondaire. Les revendications ont été identifiées comme étant incontournables et urgentes ; les orientations ont été retenues comme pouvant faire l'objet de chantiers prioritaires pour les années à venir. Ce document en est à sa première version.
Cliquez ici pour télécharger la version web du Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation !
Médiagraphie du Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation.
Consultation citoyenne
Avec la consultation citoyenne Pour améliorer l'école québécoise, qui sera en ligne du 17 mars au 25 avril 2025, nous voulons maintenant l'avis de toutes les québécoises et de tous les québécois afin de bonifier le texte du Projet de livre blanc. Debout pour l'école souhaite entendre les points de vue de la part de tous : citoyennes et citoyens, parents, personnel enseignant, éducatrices et éducateurs, personnel de direction, organismes du milieu, etc. Au terme de l'exercice, Debout pour l'école produira la version finale du projet de livre blanc qui deviendra le Livre blanc citoyen sur l'éducation.
C'est le temps de faire une différence pour l'école publique !
Pourquoi un livre blanc sur l'éducation ?
Debout pour l'école entend produire un Livre blanc citoyen sur l'éducation regroupant les revendications prioritaires de milliers de québécoises et québécois qui veulent des changements majeurs à court et à moyen termes dans leur système d'éducation. Pour cela, il faut être suffisamment nombreux à endosser ce Livre blanc afin que nos revendications soient présentes dans la campagne électorale de 2026 et obligent le prochain gouvernement à les mettre en œuvre. Non seulement Debout pour l'école, mais aussi plusieurs autres organisations de la société civile, dont École ensemble, le Mouvement pour une école moderne et ouverte (MÉMO) et Je protège mon école publique (JPMEP), exigent des changements majeurs en éducation, parce que tous les aspects de notre système scolaire se dégradent depuis 30 ans.
Qu'est-ce qu'un livre blanc ?
Un livre blanc est un document de quelques pages qui traite d'un sujet précis et qui répond à un ensemble de questions interreliées, c'est-à-dire à une problématique. Un tel document propose des orientations nouvelles et identifie des objectifs à atteindre.
Retour sur notre démarche
Étapes préliminaires
– 2019
Debout pour l'école a recueilli près de 12 000 signatures à une pétition contenant sept revendications adressées au ministre de l'Éducation d'alors, JeanFrançois Roberge, sans que celui-ci daigne envoyer un accusé de réception.
– Mars 2022
Parution de l'ouvrage collectif Une autre école est possible et nécessaire, publié chez Del Busso (Montréal).
– Printemps 2023
Les forums citoyens et les forums Jeunesse Parlons éducation dans 19 villes du Québec réunissent plus de 2000 participantes et participants.
– Printemps 2024
Des rencontres citoyennes sur le thème de L'école que nous voulons sont tenues afin de recueillir des revendications prioritaires pour un Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation.
– Été 2024
Rédaction du Projet de livre blanc citoyen sur l'éducation.
– Automne 2024
Ajustements et révision du texte à la suite des échanges avec le comité directeur et différents collaborateurs, collaboratrices et spécialistes.
Étapes en cours
– 17 mars au 25 avril 2025
Lancement de la vaste consultation citoyenne sur le Projet de livre blanc et présentation du Projet de livre blanc aux organisations et groupes en éducation.
– Mai 2025
Analyse des données et publication des rapport.
Prochaines étapes
– Été 2025
Ajustements sur le texte et rédaction de sa version finale.
– Automne 2025
Lancement et diffusion du Livre blanc citoyen sur l'éducation.
– Octobre 2025 à mars 2026
Représentations politiques et recherche d'appuis formels.
Vaste mobilisation citoyenne et organisationnelle en vue d'un grand rendez-vous national sur l'éducation.
– Printemps 2026
Tenue du Rendez-vous national sur l'éducation.
On a besoin de vous pour discuter et diffuser ce projet au cours de la prochaine année !
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Services de garde : encore 30 000 familles en attente, les parents manifesteront à Montréal pour exiger des places en garderie

L'organisation Ma place au travail convie les familles du Québec et ses partenaires à une grande manifestation à Montréal, le 12 avril prochain, afin de rappeler au gouvernement ses engagements et de dénoncer les impacts de la pénurie de places en garderie sur les parents, en particulier les femmes. Alors que le gouvernement promettait il y a quatre ans de régler la crise des services de garde éducatifs à l'enfance une bonne fois pour toutes, près de 30 000 familles attendent toujours une place. Pour l'occasion, Ma place au travail pourra cette année compter sur le précieux appui de Jessica Barker, comédienne, animatrice, chroniqueuse et maman engagée, en tant qu'ambassadrice de la marche.
Des promesses encore loin d'être tenues
En 2021, le gouvernement s'engageait à ce que chaque enfant ait une place en service de garde et à ce que tous les parents qui le souhaitent puissent retourner sur le marché du travail d'ici 2024-2025. Il promettait également de rétablir une plus grande équité financière entre les familles en convertissant le réseau, d'embaucher massivement d'ici 2025-2026 et d'assurer la présence d'une main-d'œuvre qualifiée en nombre suffisant pour garantir la qualité des services. Pourtant, selon les dernières données du ministère, près de 30 000 enfants attendent encore une place, seulement 9 000 places non subventionnées ont été converties, et chaque jour, en moyenne, 10 éducatrices quittent le réseau, faute de reconnaissance et d'un salaire décent, pour aller travailler ailleurs, notamment au Costco.
Pendant ce temps, la qualité des services continue de se détériorer, les iniquités entre les familles se creusent, et les éducatrices – majoritairement des femmes – s'appauvrissent. Quant à la promesse de compléter le réseau, elle est encore loin d'être tenue.
« *Les familles du Québec ont fait preuve de patience, mais elles méritent maintenant des actions concrètes et immédiates. Il est inacceptable, en 2025, plus de 25 ans après la création du réseau, que des dizaines de milliers d'enfants soient toujours privés d'un accès à un service de garde éducatif de qualité, et que des parents, majoritairement des femmes, soient forcés de mettre leur carrière sur pause. Le 12 avril, nous ferons entendre la voix des parents : il est temps que le gouvernement tienne ses promesses ! * » – déclare Marylin Dion, directrice générale de Ma place au
travail.
Un contexte préoccupant pour les droits des femmes
Partout dans le monde, la montée des discours masculinistes et des politiques conservatrices menace les avancées en matière d'égalité des genres. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons nous mobiliser pour empêcher le recul des droits des femmes. Permettre aux femmes de retourner sur le marché du travail, et assurer des conditions de travail adéquates pour celles œuvrant dans le réseau, c'est refuser de revenir en arrière et défendre activement leur autonomie économique et sociale.
« *Le problème ne date pas d'hier ! Ça fait des années qu'on en parle, j'ai vécu la situation il y a plus de 12 ans, et pourtant, rien ne bouge vraiment ! Visiblement, la petite enfance et les femmes ne sont pas des priorités pour le gouvernement. Il y a 4 ans, le premier ministre nous a fait une promesse, mais les parents attendent encore. Et qui en paie le prix ? Encore et toujours les femmes. Les femmes qui doivent, après un revenu déjà diminué pendant leur congé parental, prendre des congés sans solde, puiser dans leurs économies, ou pire, quitter leur emploi faute de solution. Ce n'est pas un caprice, c'est une question de justice et d'équité ! Ne pas investir dans un réseau de services de garde complet et de qualité, c'est refuser aux femmes le droit de choisir leur avenir. Le 12 avril, nous serons dans la rue pour dire : ça suffit ! On veut mieux, on mérite mieux ! * » – Jessica Barker, ambassadrice de la manifestation pour Ma place au travail.
Une grande manifestation familiale
L'événement se veut un moment de rencontre et de solidarité pour toutes les familles. Il débutera à 10h au parc Lahaie, à Montréal, suivi d'une marche dans une ambiance à la fois revendicatrice, festive et familiale, et se conclura par des prises de parole au monument de sir George-Étienne
Cartier.
Toutes les familles, grands-parents, ami(e)s, collègues, employeurs, allié(e)s ainsi que les organisations concernées sont invitées à se joindre à cette manifestation d'envergure, car c'est toute notre société qui est touchée par cette crise.
À propos de Ma place au travail
Ma place au travail est un organisme à but non lucratif assurant une veille de l'offre proposée aux familles québécoises en matière de services de garde et intervient auprès des instances gouvernementales afin que chaque parent qui le désire puisse avoir accès à une place de qualité et subventionnée pour son enfant. L'organisme vise à faire connaître les difficultés bien réelles que les familles rencontrent dans leurs recherches d'un milieu de garde, et ce, tous types de milieux confondus. Ma place au travail expose régulièrement les répercussions de la pénurie sur la vie personnelle, professionnelle et financière des parents.
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Tirage d’une toile : En marche pour transformer le monde 2025

Nous avons l'honneur de vous présenter une œuvre unique de l'artiste Chantal Locat. Cette magnifique toile, réalisée en acrylique sur toile et papier de soie, est une pièce maîtresse de notre campagne de financement 2025.
En effet, pour solliciter les dons, nous organisons un tirage qui vise à soutenir la 6e action de la Marche mondiale des femmes. En participant, vous contribuez directement à la poursuite de nos luttes pour l'égalité, la justice et la solidarité à travers le monde. Votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer à défendre les valeurs de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité.
Participation au tirage
Pour participer à ce tirage et avoir une chance de remporter cette œuvre d'une valeur de 500$, il vous suffit d'acheter un billet au prix de 10$. Le tirage au sort aura lieu le 18 octobre 2025, à 15h00, lors de notre rassemblement national à Québec. Les billets sont disponibles en ligne sur la plateforme Zefy du 10 mars au 18 octobre 2025, 14h59.
Règles de Participation
Ce tirage est organisé par la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF).
Le numéro de licence associé, attribué par la Régie des alcools, des courses et des jeux, est L-01503.
Il s'agit d'un tirage au sort, dont le nombre de billet est indéterminé.
Informations utiles :
Le prix de vente de chaque billet est de 10$.
Les billets seront disponibles en ligne, sur la plateforme Zefy (bouton plus bas), du 12 mars au 18 octobre 2025, 14h59.
Le tirage aura lieu le 18 octobre 2025, à 15h00, lors du rassemblement national à Québec. La sélection de la personne gagnante sera faite par tirage au sort. Elle sera publique et faite devant au moins trois (3) témoins.
Le prix est une toile de l'artiste Chantal Locat, d'une valeur de 500$.
Le prix pourra être réclamé sur place, le 18 octobre. En cas d'absence au moment du tirage, la CQMMF s'engage à trouver la manière façon de vous acheminer votre prix, à ses frais !
Le délai pour réclamer le prix à compter du tirage est le 31 mars 2026
Pour recevoir son prix, la personne participante devra démontrer à la CQMMF qu'elle est âgée d'au moins 18 ans et devra lui prouver son identité.
Présentation de la toile
En marche pour changer le monde - 2025
Chantal Locat
Acrylique sur toile et papier de soie, technique mixte
60,44 cm / 91,44 cm (24 po / 36 po)
Réalisée dans le cadre de la 6e action de la Marche mondiale des femmes (MM), cette œuvre de Chantal Locat est utilisée pour la campagne de financement 2025 de la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF).
© Chantal Locat
Il est interdit d'utiliser, de reproduire, en partie ou en totalité, le visuel de l'oeuvre En marche pour transformer le monde 2025 - sans l'autorisation de l'artiste.
Seule la CQMMF et ses membres, peuvent utiliser ces visuels pour faire la promotion de sa campagne de financement et ce, jusqu'au 18 octobre 2025.
Note de l'artiste
« Pour cette œuvre, je m'inspire de la Marche mondiale des femmes, de sa naissance à aujourd'hui, de ses luttes, de sa composition, de ses rêves et des valeurs de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité. Ces grands personnages de femmes, venant et représentant les cinq continents, sont peintes volontairement comme étant légendaires. Elles portent en elles les racines de la MMF. Depuis des millénaires, elles sont en route, elles construisent le présent et tissent l'avenir.
En 1995, plus de 800 marcheuses traversent les 17 régions du Québec, de ville en village ; elles exigent des mesures concrètes pour éliminer la pauvreté ; c'est la Marche du Pain et des Roses. Une grande mobilisation qui ne s'arrêtera pas. Le Québec devient alors un terreau fertile, d'où émerge en 2000, la Marche mondiale des femmes. Des solidarités se construisent entre les militantes des cinq continents.
Des éléments mis en lumière :
La planète, notre terre, représente ici comme localisation, les 17 régions du Québec ;
Les roses, un rappel de l'apport de la Marche du pain et des roses à la création d'un mouvement, on y voit se construire des liens de solidarité, par les lignes (cordes de jute peintes) qui unissent tous les personnages de la MMF ;
5 grands personnages, pour les 5 continents dont une femme autochtone. Il y a des femmes autochtones partout sur la planète. J'ai choisi de souligner l'apport et les réalités de celles vivant au Québec : 11 plumes pour 11 nations et un rappel des femmes autochtones disparues et assassinées, avec les robes de jute rouges ;
Ces grands édifices au bas de la première dame, pour « un logement pour toutes et tous », un clin d'œil au contexte actuel de la crise du logement ;
La deuxième dame, porteuse de la paix ; les colombes donnent naissance à des rubans blancs, pour signifier que la paix sur la terre, c'est aussi un monde sans violence faite aux femmes ;
La troisième dame, porteuse de la Solidarité, représentée par des grappes de raisins. Solidarité nourrissante, transformatrice, régénératrice et durable ;
La quatrième dame, porte fièrement les personnages du logo de la MMF, on voit bien la provenance de ce mouvement par les liens au mouvement des femmes du Québec (lignes avec les cordes de jute peintes) ;
Et la lune, tel un phare qui guide à chaque pas, chaque jour de marche ;
L'ensemble exprimant toute la richesse et la vivacité de ce mouvement qu'est la Marche mondiale des femmes (MMF).
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Trois ans de guerre : les leçons du Février noir que nous n’avons pas apprises – par le collectif éditorial russe de « Posle »

Les « pourparlers de paix » qui ont lieu actuellement entre Poutine et Trump n'apporteront que de nouvelles guerres au monde.
17 mars 2025 | tiré du site Entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/03/17/trois-ans-de-guerre-les-lecons-du-fevrier-noir-que-nous-navons-pas-apprises-par-le-collectif-editorial-russe-de-posle/#more-91780
Cela fait maintenant trois ans que l'agression criminelle de Poutine contre l'Ukraine s'est transformée en une invasion à grande échelle. Des centaines de milliers de personnes ont été tuées, des millions de réfugié sont fui leur patrie et des dizaines de villes ont été réduites en ruines. Depuis mars 2022, date à laquelle le plan initial de « changement de régime »rapide à Kiev a définitivement échoué, « l'opération militaire spéciale » de Poutine s'est transformée en une guerre d'usure. Sans tenir compte des pertes, le Kremlin a continué à augmenter le coût de la guerre pour l'Ukraine et ses alliés avec une persistance monstrueuse. Pour la Russie de Poutine elle-même, cette guerre ne consiste plus seulement à étendre ses frontières ou à accroître son influence dans l'espace post-soviétique. Il s'agit désormais d'un problème existentiel. La question est la suivante : le régime russe peut-il non seulement survivre, mais aussi faire de sa vision un nouveau principe de la politique mondiale ? Il semble que la destruction d'un État ukrainien indépendant, qui est l'objectif ultime de « l'opération militaire spéciale », serait reconnue par tous comme un signe de la supériorité d'une véritable puissance militaire sur un droit international impuissant. Ce n'est que lorsque le monde entrera dans une nouvelle ère de redistribution impérialiste, une lutte pour les territoires entre les puissances militaires les plus fortes, que la « victoire » de la Russie sera véritablement consolidée.
Aujourd'hui, après le début des négociations russo-américaines, il semble que cette « victoire » soit proche. Cependant, il ne s'agit pas d'une victoire militaire : l'armée ukrainienne continue de résister et la Russie n'a pas réussi à prendre une seule grande ville ukrainienne en trois ans. Il s'agit plutôt d'une victoire idéologique, d'une victoire de la vision du monde de Poutine. Le format même de la rencontre entre Sergueï Lavrov et Marco Rubio, représentants de puissances militaires discutant calmement de la division du territoire d'un autre pays et de ses richesses naturelles, rappelle les événements les plus honteux et injustes du passé, tels que les partages de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle ou le pacte de Munich de 1938.
L'administration américaine n'offre aucun plan définitif pour mettre fin à la guerre, et la Russie n'a pas encore manifesté la volonté de faire des compromis et de renoncer à au moins certaines de ses revendications territoriales.
La différence, cependant, est que, contrairement à ce qui s'est passé à Munich, il n'y a pas cette fois de cartes sur la table des négociations sur lesquelles les diplomates pourraient tracer les nouvelles frontières des empires. L'administration américaine n'offre aucun plan définitif pour mettre fin à la guerre, et la Russie n'a pas encore manifesté la volonté de faire des compromis et de renoncer à au moins certaines de ses revendications territoriales. Pour les deux parties, ces négociations ont surtout une importance symbolique : il est important pour elles de montrer qu'un tel scénario ne doit plus paraître impensable et que les règles du jeu ont été radicalement modifiées. Bien qu'elle ait été plutôt infructueuse, cette rencontre restera dans l'histoire comme le début d'une nouvelle ère, celle de l'impérialisme du XXIe siècle. Cependant, si le monde entier est réellement divisé entre prédateurs et victimes, la Russie d'aujourd'hui, économiquement faible et ayant déjà perdu la vie de plus de 200 000 soldats, a-t-elle la garantie d'une place parmi les élites dirigeantes ?
Comme chacun le sait, l'Empire russe a fait la sourde oreille à une question similaire à la veille de son entrée dans la Première Guerre mondiale. Surestimant sa propre puissance et aveuglée par de faux mythes impériaux et le mépris de sa propre population, la Russie tsariste n'a pas conquis Constantinople, mais a plutôt été confrontée à l'effondrement militaire et à la révolution. À l'instar des travailleurs de l'Empire russe, des millions de citoyens d'autres pays engagés dans la guerre ont tourné leur colère contre leurs propres gouvernements. Il a fallu un siècle de plus pour que cette leçon soit complètement effacée de l'esprit des élites dirigeantes, qui sont à nouveau obsédées par l'idée d'expansion impériale.
Le sort des Ukrainiens aujourd'hui tourmentés pourrait bientôt devenir l'image de l'avenir de l'humanité, mais l'humanité a toujours la possibilité de dire « Assez ! » à cette folie impérialiste.
Les « pourparlers de paix » qui ont lieu actuellement entre Poutine et Trump n'apporteront que de nouvelles guerres au monde.L'impérialisme ne s'arrête jamais à mi-chemin – l'acquisition des territoires convoités ne fait qu'inviter à de nouvelles agressions. Le sort des Ukrainiens aujourd'hui tourmentés pourrait bientôt devenir l'image de l'avenir de l'humanité, mais l'humanité a toujours la possibilité de dire « Assez ! » à cette folie impérialiste.
*-*
Quelle sont les bases politiques du média d'opposition « Posle » ?
Après l'invasion de la Russie en Ukraine, la vie dans les deux pays ne sera plus jamais la même. Mais pour continuer à vivre et à agir, nous devons en grande partie faire le tri. Comment cette guerre est-elle devenue possible ? Pourquoi ne parvient-on pas à l'arrêter ? Quel sera l'avenir après le début de la guerre ?
« Après » [1] – est une tentative de trouver des réponses à ces questions. En tant que collectif de camarades, nous condamnons la guerre qui a conduit à une catastrophe humanitaire, à des destructions colossales et à des massacres de civils en Ukraine, et qui a provoqué une vague de répressions et un durcissement de la censure en Russie. En tant que collectif de la gauche, nous ne pouvons pas considérer cette guerre sans tenir compte de l'énorme inégalité sociale et de l'absence de droits de la majorité des travailleurs. Et, bien sûr, l'idéologie impérialiste, qui cherche à maintenir le statu quo et puise ses forces dans les dictionnaires du militarisme, de la xénophobie et de l'intolérance.
Notre plateforme a été créée pour comprendre la structure de ces problèmes et imaginer des moyens de les résoudre. « После » (Posle) accueille et invite à collaborer les chercheurs, les journalistes, les activistes, les témoins – tous ceux qui s'efforcent de comprendre le présent et de penser l'avenir.
[1] « Posle » signifie « après » en russe.
Posle : article original en russe
Traduit par le RESU (Belgique)
https://www.solidarity-ukraine-belgium.com/post/trois-ans-de-guerre-les-lecons-du-fevrier-noir-que-nous-navons-pas-apprises-par-le-collectif-editorial-russe-de-posle
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8 mars : le discours de Mélanie Pelletier

Voici le discours de Mélanie Pelletier, responsable du comité des femmes au Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CSN), présenté lors de la manifestation du 8 mars à Québec
Bonjour,
On est ici devant le CLSC Basse-ville-Limoilou. Les plus jeunes d'entre-nous ont probablement aucune espèce d'idée d'à quel point cette institution a pu être importante pour la basse-ville de Québec.
Quand j'étais petite, le CLSC c'était la porte d'entrée du système de santé. À moins d'être en danger de mort ou d'avoir un problème très spécifique, tu allais pas à l'hopital quand tu avais un problème, tu venais ici. Il y avait des médecins, des infirmières, et pleins d'autres professionnels de la santé.
Non seulement ça, mais il s'occupait de prévention aussi. Le CLSC avait des organisatrices communautaires et des travailleuses sociales qui s'occupaient d'agir sur les déterminants sociaux de la santé comme la pauvreté, la violence, l'environnement et même… le patriarcat. Le CLSC était ancré dans sa communauté, il y avait des représentants des groupes communautaires du quartier, comme le comité des citoyens du quartier Saint-Sauveur sur le c.a.. Plusieurs marches et activités du 8 mars ont eu lieu ici ou sont partie d'ici il y a 40 ans. Au début des années 1980, il y avait une militante de la CSN, Pauline Gingras, qui était travailleuse sociale ici et qui avait une approche féministe. Elle disait « la maladie des femmes, c'est l'oppression ». Ça a même été le titre de l'article du Soleil pour parler du 8 mars 1983.
Aujourd'hui, on va se le dire, c'est pas mal rendu une coquille vide. Il n'y a plus personne qui fait de la prévention et qui dit que la maladie des femmes c'est l'oppression. C'est triste mais la privatisation a vidé les CLSC et les a complètement mis de côté au profit des GMF. Notez la différence : Centre local de services communautaires vs Groupe de médecine familiale. C'est pas pantoute la même affaire. Ça fait que des pans entiers du territoire, comme la basse-ville, sont rendu des déserts de services médicaux.
Qu'est-ce que tu fais si tu es une jeune mère en basse-ville pis que ton enfant fait de la fièvre ? S'il est malade et qu'il a besoin d'une consultation ? Il n'y a plus de cliniques sans rendez-vous. Si tu es chanceuse et que tu as accouché à Québec, tu peux peut-être appeler à la clinique de médecine familiale de l'hôpital où il a son dossier. Tu peux aussi aller sur internet à la recherche d'un rendez-vous. Avec un peu de chance tu va peut être avoir un rendez-vous à l'autre bout de la gare du palais, dans 72h. Ou pas. Faut être vite sur le piton pour avoir un rendez-vous sur internet. Si non, ben c'est l'hôpital. Va falloir s'armer de patience et aller passer une journée (et peut être une nuit) à l'urgence.
C'est ça la privatisation. Moins de service. Moins de proximité. Plus de charge mentale pour les femmes, plus de suivis à faire si tu as pas de médecin de famille (pis même si tu en as un), plus de dérangement dans le quotidien, plus de travail manqué pour aller à des rendez-vous (ou juste avoir un maudit rendez-vous), plus de frais et de sous aussi. Pour voir une infirmière, pour avoir une prise de sang, pour se faire prescrire des antibiotiques. Envoye, tchik-a-tchik. Ou bien prends ton mal en patience pis attends.
À la CSN, ça fait longtemps qu'on le dit. Ça a pas de maudite allure. Et c'est pour ça qu'on est en campagne depuis une couple de mois pour un réseau Vraiment public. On est dans une escalade de moyens de pression qui va nous mener jusqu'au premier mai et après ça aux élections québécoises. On a un plan d'urgence pour freiner la privatisation du reseau de la santé et des services sociaux. On veut démocratiser, décentraliser et déprivatiser le réseau. On veut le redonner aux travailleuses, qui sont l'immense majorité, et aux usagères. Ça fait trop longtemps qu'on laisse ça entre les mains de monsieurs qui veulent juste faire la piastre avec ça. Ça suffit, il ne devrait pas y avoir de profits sur la maladie.
Si vous voulez en savoir plus, il y a un code QR sur les pancartes mauves que mes camarades brandissent. Ça va vous mener à nos trois revendications prioritaires et à une pétition si vous voulez nous appuyer.
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Accès à l’emploi : des milliers de femmes risquent d’être abandonnées

Montréal, 21 mars 2025 — Alors que le Québec pourrait faire face à une crise majeure de l'emploi avant longtemps, exacerbé par les tensions commerciales avec les États-Unis, le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT) tire la sonnette d'alarme.
Le premier ministre Legault disait en début d'année que plus de 100 000 emplois pourraient être en péril, notamment dans le secteur manufacturier, mettant en danger des dizaines de milliers de travailleuses.
Pourtant, dans ce contexte difficile, le gouvernement a choisi de retirer les femmes des listes de clientèles prioritaires d'Emploi-Québec, compromettant leur accès aux services d'accompagnement essentiels à leur recherche d'emploi.
« Nous assistons à une situation inquiétante où les femmes, déjà confrontées à d'importants obstacles sur le marché du travail, voient leur accès aux organismes d'employabilité restreint, dénonce Colette Cummings, directrice générale du CIAFT. Cette décision menace directement la survie des organismes spécialisés en développement de la main-d'œuvre féminine (OSDMOF), dont l'expertise est cruciale pour soutenir celles qui cherchent à intégrer un emploi stable et bien rémunéré. »
Un réseau en danger
Ces organismes spécialisés en développement de la main-d'œuvre féminine, présents dans plusieurs régions du Québec, accompagnent chaque année des milliers de femmes en leur offrant des services adaptés à leurs réalités : formation, orientation professionnelle, mentorat et accompagnement individualisé, et plus encore. Pourtant, au moment où le besoin devient de plus en plus criant, un de ces organismes a déjà annoncé sa fermeture, et au moins deux autres sont en péril à cause des décisions du gouvernement Legault.
Cette absence de soutien aux femmes à la recherche d'emploi a des conséquences lourdes sur leur autonomie économique. Moins bien rémunérées et trop souvent cantonnées à des emplois précaires, elles accumulent moins de cotisations aux régimes de retraite, augmentant leur risque de vivre dans la pauvreté à long terme. Cette précarité entraîne une plus grande dépendance aux aides publiques, un fardeau supplémentaire pour l'État. Sans compter les répercussions de cette vulnérabilité économique sur leur famille.
Un appel au gouvernement
Face à cette situation alarmante, le CIAFT exige la réintégration des femmes dans les clientèles prioritaires du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale ainsi qu'un financement stable et prévisible pour les OSDMOF.
« Le gouvernement doit comprendre qu'en restreignant l'accès des femmes aux services d'employabilité, il hypothèque non seulement leur avenir, mais aussi celui de l'économie québécoise. Nous demandons donc des mesures immédiates, décisives, pour corriger cette situation, conclut Colette Cummings. »
À propos du CIAFT
Le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT) est une organisation à but non lucratif réunissant des groupes et des individus engagés dans l'accès et le maintien des femmes sur le marché du travail.
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Mouvement planétaire féministe : la Marche mondiale des femmes décolle en 2025 !

À tous les cinq ans, une action internationale de la Marche mondiale des femmes (MMF) appelle à la mobilisation féministe, reliant nos processus d'organisation et nos luttes tant au niveau local, régional, national qu'international. Le 8 mars dernier, le lancement de la 6e action internationale (25 ans) de la MMF s'est célébré partout sur la planète, dont ici, en Estrie.
tiré de Journal Entrée Libre
La MMF est un mouvement transnational féministe qui lutte contre les systèmes d'oppressions, dont le capitalisme, afin d'agir sur les causes de la pauvreté et des violences faites aux femmes. La MMF se définit comme un mouvement populaire, au sens où les luttes prennent racines par les femmes sur le terrain qui vivent directement les conséquences des inégalités sociales. Ses valeurs et actions ont comme objectifs un changement politique, économique et social pour une transformation radicale du monde. Elles sont axées sur la mondialisation de la solidarité, l'égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples, le respect et la reconnaissance de la diversité entre les femmes et la force des alliances entre les femmes et avec d'autres mouvements sociaux progressistes.
Il y a 30 ans, du pain et des roses
Organisée à l'initiative de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), 850 femmes entreprennent le 26 mai 1995 la longue marche Du pain et des roses qui les mène de Montréal à Québec pour réclamer « du gouvernement québécois des changements visant l'amélioration de leurs conditions économiques par le biais de neuf revendications essentielles ». Pendant dix jours, les marcheuses reçoivent un fort appui de la population.
Après 200 km parcourus, le 4 juin 1995, elles sont accueillies devant l'Assemblée nationale par plus de 15 000 personnes. C'est la prémisse de la Marche mondiale des femmes !
En effet, c'est cinq ans plus tard, en 2000, que s'est organisée la première Marche mondiale des femmes, en raison notamment des féministes mobilisées de la FFQ. Une attention particulière sera portée le 4 juin 2025 pour célébrer les 30 ans de la marche Du pain et des roses, qui changea le paysage féministe et la manière de se mobiliser et de rêver.
Ce qu'il faut retenir en résumé
La 6e action internationale de la Marche mondiale des femmes a lieu sur une période de temps : du 8 mars au 17 octobre 2025 (au Québec : 18 octobre). Pendant cette période, différentes dates sont ciblées pour être soulignées (voir image calendrier).
D'autres dates sont ciblées selon les coordinations nationales et les pays (une soixantaine). Le samedi 18 octobre, une grande action nationale aura lieu à Québec. Du transport sera organisé gratuitement à partir de chaque région pour y aller ; surveillez l'actualité et les réseaux sociaux !
De notre côté, nous nous engageons à écrire à propos de la Marche mondiale des femmes à chaque parution de Entrée Libre jusqu'en octobre.
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Le masculinisme, ou l’illusion d’une cause

En perspective de la Journée internationale pour les droits des femmes, un retour sur la dernière conférence de l'Université populaire (UPop) de Montréal est nécessaire. Animée par la sociologue Mélissa Blais et le politologue Francis Dupuis-Déri, cette rencontre visait à sensibiliser les habitués et les nouveaux d'UPOP aux dynamiques du masculinisme et à ses implications sur la société.
Tiré de Journal des Alternatives
« Bonne journée internationale », dit-on chaque 8 mars. Cette année, Francis Dupuis-Déri et Mélissa Blais suggèrent d'aller au-delà des fleurs et des mots doux pour interroger la condition féminine actuelle. Dans la continuité des cours sur l'antiféminismedonnés à l'automne, leur conférence du 26 février dernier s'est penchée sur le masculinisme, comme mouvement social à déconstruire. Alors, vivons-nous réellement une crise de la masculinité ? Rassurez-vous, répondent les deux spécialistes : la masculinité a toujours été en crise.
Le masculinisme est intemporel
Francis Dupuis-Déri lance la conférence sur un ton mêlant ironie et dérision. Il tient d'abord à revenir sur les déclarations masculinistes récentes de plusieurs hommes influents. Au menu, Mark Zuckerberg qui pense qu'il faut « insuffler une nouvelle énergie masculine », Elon Musk qui affirme que « la masculinité est de retour » et Andrew Tate qui appelle au « retrait du vote des femmes ». Un tour d'horizon qui suscite à la fois la moquerie et l'inquiétude.
Dans la famille des mouvements antiféministes, on retrouve le masculinisme ! C'est ainsi que M. Dupuis-Déri le définit comme une sous-branche de l'antiféminisme. Sa principale thèse est que « la masculinité va mal, principalement à cause des femmes ». Les masculinistes considèrent que nous vivons dans une société matriarcale et exhortent à un retour d'une forme « conventionnelle et traditionnelle » du masculinisme.
Dupuis-Déri s'intéresse particulièrement au phénomène de la « crise de la masculinité », un sujet sur lequel il travaille depuis les années 1990. Son premier constat est que la masculinité et la féminité sont des identités politiques, et non psychologiques. Contrairement à ce que défendent les masculinistes, les caractères qui seraient physiologiquement et psychologiquement « propres » aux deux genres sont en réalité liés à l'environnement sociopolitique dans lequel ils évoluent. Lorsqu'une femme est qualifiée de « douce », cela traduit une attente sociale visant à renforcer son inclinaison à la soumission. De même, en décrivant un homme de « stoïque », on crée un cadre propice pour qu'il s'approprie les rapports de forces sociétaux.
Aux prémices de ses recherches sur cette crise, Francis Dupuis-Déri constate immédiatement que les sources disponibles relèvent principalement des archives historiques. La crise de la masculinité a été étudiée sous divers angles à travers les époques : dans l'Antiquité romaine, pendant la Révolution française, à l'apogée du fascisme, aux débuts de la démocratie américaine… Ainsi, la crise de la masculinité ne se rattache à aucun régime politique, système économique, préférence religieuse ou temporalité spécifique. Elle est omniprésente, imagée et infondée. Pourtant, le discours qui l'entoure demeure pernicieux et porteur de dangers.
Pour conclure son intervention, M. Dupuis-Déri nous met en garde contre la dialectique de la crise. « Ce n'est pas parce qu'un discours est faux qu'il n'a pas d'impact », dit-il. Il appelle à déceler le registre lexical de la crise, employé par les masculinistes. À l'instar d'une véritable crise, les masculinistes en définissent les éléments clés : une cause (les féministes), des victimes (les hommes) et des solutions prétendument salvatrices (programmes de remise en forme, retraites spécialisées pour hommes, etc.).
Le masculinisme est stratégique
Dans la seconde partie de la conférence, Mélissa Blais rebondit sur les propos sarcastiques de son collègue avant de s'atteler à des sujets plus lourds. Ayant travaillé tout autant sur la crise de la masculinité, elle nous propose de revenir sur certaines tactiques et stratégies de camouflage du masculinisme. Son approche permet de reconnaître et de classifier les comportements antiféministes intrinsèquement liés au masculinisme.
Les stratégies qu'elle décèle sont celles de la neutralisation, de la persuasion, du recrutement et des dommages. Les masculinistes sont en quête permanente de nouveaux adeptes et s'emploient à convaincre progressivement, ou comme le souligne Mélissa Blais, « tranquillement, pas vite ». Ils tentent de minimiser l'influence des féministes en s'opposant activement à leur combat et n'hésitent pas, au besoin, à recourir aux menaces et à la violence. Leurs tactiques, toujours au service de ces stratégies, couvrent un large spectre : de la rhétorique à la surveillance, du lobbying à la mise à l'écart, de l'infiltration à la parodie, de l'action juridique au soutien organisé. Selon le public visé, ils jonglent entre ces dernières avec précision.
Mme Blais s'attarde particulièrement sur l'aspect violent du masculinisme. En effet, en clamant que l'égalité doit désormais être conquise par les hommes, les masculinistes entretiennent l'idée d'une symétrie des violences entre les genres, notamment en contexte conjugal. Plus encore, ils considèrent même que les femmes sont plus dangereuses, car elles détiennent le monopole de la violence psychologique. Pour illustrer ceci, elle cite l'approche de psychologie évolutionniste d'Yvon Dallaire ainsi que la théorie de l'aliénation parentale de Richard Gardner. Autant d'exemples prétendument académiques qui justifient, légitiment et normalisent les violences faites aux femmes.
Pour conclure, Mélissa Blais rapporte les trois rhétoriques principales du masculinisme. Le masculiniste rationaliste s'appuie sur des discours pseudoscientifiques qu'il brandit fièrement dans l'espace public. Cependant, il se trouve rapidement en difficulté lorsque la question des « preuves tangibles » est soulevée. Le masculiniste caméléon se fond dans les discours dominants et adapte son langage pour diffuser, de manière insidieuse, des idées problématiques sans éveiller immédiatement les soupçons. Le masculiniste, adepte du « diviser pour mieux régner », cherche à discréditer le féminisme en opposant les courants entre eux. Il pointe du doigt les féministes radicales afin de les isoler du mouvement dans son ensemble, tout en laissant planer l'idée d'une « bonne féministe »… dont on attend toujours l'exemple.
Le masculinisme semble alors être partout et nulle part à la fois. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il s'inscrit avant tout dans une logique de déconstruction. Si vous voulez célébrer dignement la journée internationale des droits de la femme, prêtez-vous au jeu et interrogez les discours de vos proches, de vos hommes politiques et les vôtres.
Lina Al Khatib, correspondante
https://alter.quebec/le-masculinisme-ou-lillusion-dune-cause/
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Réaction de Greenpeace Canada à la promesse de Poilievre d’éliminer la tarification du carbone industriel

En réaction à l'annonce de Pierre Poilievre promettant d'éliminer la tarification du carbone industriel, Keith Stewart, Stratège senior en énergie pour Greenpeace Canada, a déclaré :
« Cela n'a rien à voir avec les tarifs ou le coût de la vie, mais relève plutôt de protéger les grands pollueurs. Les alliés de Poilievre dans l'industrie pétrolière sont ainsi dispensés de faire leur juste part dans la lutte contre les changements climatiques, alors que les personnes ordinaires paient le prix fort à travers des feux de forêt, des inondations et des tempêtes de plus en plus violentes. »
Greenpeace Canada a dénoncé le fait que Poilievre protège les pollueurs et trahit les gens durant une action non violente à Stornoway en novembre 2024. Greenpeace appelle tous les partis à rejeter les politiques trumpistes, à construire un avenir meilleur et à soutenir des moyens de subsistance durables en :
– respectant les droits et la souveraineté des peuples autochtones ;
– faisant payer leur juste part aux milliardaires et aux entreprises polluantes ou qui pratiquent des prix abusifs ;
– construisant des logements pour les gens, non pas pour le profit ;
– fournissant une énergie moins chère et plus propre.
Notes aux éditeur·rices
Selon l'Institut climatique du Canada « D'ici à 2030, la tarification du carbone industriel fera plus que toute autre politique pour réduire les émissions du Canada. »
Dans le cadre du système fédéral, les grands émetteurs reçoivent déjà entre 80 et 95 % de leurs crédits d'émission gratuitement afin de préserver leur compétitivité.
Les personnes au Canada ont déclaré vouloir que les grands pollueurs comme les compagnies pétrolières et gazières soient tenues responsables en exigeant qu'elles réduisent leur pollution par le carbone et protègent notre environnement.
Cela a toujours été le plan. Bien que M. Poilievre avait jusque-là refusé de dire s'il maintiendrait le programme fédéral de tarification du carbone industriel, l'une de ses principales conseillères (Jenni Byrne) avait laissé entendre en septembre 2024 que le programme « Supprimer la taxe » inclurait la tarification du carbone industriel.
Selon les expert·es de Greenpeace Canada, si le Canada veut rompre sa dépendance à l'égard des États-Unis et accéder à des marchés tels que l'Union européenne, nous devons vendre les produits à faible teneur en carbone qu'ils souhaitent acheter.
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Consultations sur le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques : les groupes insatisfaits du processus actuel

Montréal, le 19 mars 2025 - À la suite du lancement hier de la tournée Vision énergie, qui fait office de consultation sur le futur plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE), les groupes signataires se déclarent insatisfaits quant au processus actuel.
Plutôt que de procéder d'abord à un débat démocratique, le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie (MEIE) a choisi de lancer un processus de façon précipitée et sans cadre clair. Si l'objectif déclaré est l'élaboration du PGIRE, les questions abordées et le peu de temps alloué pour en débattre ne permettent ni de bien établir les contours d'un projet de société décarbonée et juste comme l'aurait permis un vrai débat démocratique, ni de fournir les informations précises nécessaires à la modélisation de l'avenir énergétique.
Les groupes rappellent que ce PGIRE jettera les bases de notre avenir énergétique. C'est pourquoi il doit impérativement reposer sur des modélisations d'hypothèses quant à la consommation future d'énergie dans les différents secteurs de l'économie et à la production future par différentes filières énergétiques. Les groupes ajoutent que l'ensemble de la population étant concernée, il est indispensable que la question soit abordée dans un cadre démocratique inclusif, respectueux des droits des Premiers Peuples et prenant en compte notamment les travailleurs et travailleuses, les populations les plus vulnérables ainsi que les générations futures, ce que le processus actuel ne permet pas.
La forme de la consultation est particulièrement problématique selon les groupes signataires. Plus exactement, bien que la tournée ait le mérite de se déplacer dans 13 villes du Québec, ils dénoncent qu'une consultation lancée à quelques jours d'avis, en plus de faire parvenir la documentation préparatoire à la dernière minute pour des rencontres d'une demi-journée portant sur un enjeu aussi complexe, n'a pour conséquence que d'instrumentaliser la pratique consultative et les groupes présents.
« Au Québec, il existe des forums établis pour mener des consultations démocratiques, pourquoi ne les avons-nous pas mobilisés ? » affirment les groupes. Par exemple, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) permet aux citoyens et citoyennes de s'informer et de s'exprimer tandis que le pouvoir d'enquête des commissaires garantit d'obtenir des réponses crédibles et complètes aux questions de fond. Les processus de la Régie de l'énergie devraient également être mis à contribution pour permettre aux experts de débattre de questions plus pointues dans une enceinte transparente et selon des règles claires et connues à l'avance.
Dans les deux cas, la société civile, les expert·es et les scientifiques peuvent connaître à l'avance les étapes, les échéanciers, les objectifs et le cadrage des démarches de consultation, participer aux consultations de manière publique, connaître l'identité des personnes qui interviennent, accéder au contenu présenté et mobiliser ce contenu pour se saisir des enjeux ou contribuer au débat.
En conclusion, les groupes demandent à la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Christine Fréchette, d'élargir considérablement l'exercice pour permettre la tenue d'un véritable débat de société sur l'avenir énergétique du Québec et de mener ensuite une démarche claire et transparente d'élaboration du PGIRE.
Organisations signataires :
– Charles-Édouard Têtu, Équiterre
– Anne-Céline Guyon, Nature Québec
– Patricia Clermont, Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)
– Émilie Laurin-Dansereau, ACEF du Nord de Montréal
– Normand Beaudet, Fondation Rivières
– Jacques Benoit, GMob (GroupMobilisation)
– Gilles Cazade, Syndicat des spécialistes et professionnels d'Hydro-Québec (SSPHQ)
– Jean-Pierre Finet, Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)
– Carole Dupuis, Mouvement écocitoyen UNEplanète
– Janie Vachon-Robillard, Pour un choix éclairé dans Nicolet-Yamaska
– Shawn Bourdages, Comité vigilance énergie et industrie Côte-Nord
– Michel Kuntz, Comité provisoire de démocratie citoyenne de la MRC des Sources
– Dany Janvier, Contre la Privatisation du Vent et du Soleil dans Mékinac Des Chenaux
– Philippe Duhamel, Regroupement Vigilance Énergie Québec
– Lucie Sauvé, Collectif des scientifiques sur les enjeux énergétiques
– Karl Janelle, Coalition climat Montréal
– Marie-Claire Binet, L'Assomption en transition
– Rachel Fahlman, Vent d'élus
– France Levert, Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE)
– Geneviève Paul, Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE)
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La mobilisation à une étape supérieure

Samedi le 22 mars dernier, 2 à 3 000 syndiqué(e)s et citoyen(ne)s sont descendus dans la rue pour exprimer leur opposition au projet de loi 69 qui ouvre toute grande la porte à une privatisation accélérée de la production et de la distribution d'électricité au Québec. Les manifestations se sont tenues simultanément dans 8 villes au Québec. À Montréal (plus de 1000 manifestant(e)s), à Québec (environ 500), à Chicoutimi (plus de 200), mais aussi à Baie-Comeau, Chipaugameau, Trois-Rivières, Rimouski, Rouyn-Noranda et Sept Îles.
Organisateur des manifestations, le SCFP (Syndicat canadien de la fonction publique) avait mis le paquet avec des écrans géants. C'est ainsi que tous les manifestants, indépendamment de l'endroit où ils étaient, ont pu assister aux discours des différents orateurs présents à Montréal.
Une lutte qui concerne tout le monde.
À Québec, le président du SCFP-Québec Patrick Gloutnay a mis la table : « Ce n'est pas un mouvement de négociation ou de débat pour le conditions de travail. C'est un débat social, on est là pour faire un rempart au Gouvernement qui veut détruire les prochaines générations, qui vont payer le prix au bout du compte ».
Même chose du côté de David Lemay à Trois-Rivières : « Aujourd'hui, on n'est pas nécessairement des travailleurs d'Hydro-Québec, on est des citoyens québécois et on s'inquiète de la privatisation d'Hydro-Québec. » Les bottines ont suivi les babines puisque Carole Neill de « Toujours Maîtres chez nous » et Janie Vachon-Robillard du collectif « Pour un choix éclairé dans Nicolet Yamaska » ont pris la parole.
À Chicoutimi, Marc Côté du SCFP 1500 a passé le même message. Pour Lynda Youde de Mères au front, présente à Chicoutimi « c'est notre bien commun qui est ici en jeu ». De son son côté, Pierre Dostie, du Mouvement Onésime Tremblay présent avec sa pancarte, disait la même chose : « Le Mouvement Onésime Tremblay est un mouvement citoyen qui vise la reprise en main de nos ressources électriques. C'est un bien public qui doit être exploité dans l'intérêt général et non dans l'intérêt privé ».
3 à 400 personnes lors des manifestations du 8 décembre dernier, 2 à 3000 le 22 mars. Indéniablement, la mobilisation s'intensifie. Le printemps risque d'être chaud.
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En toute collégialité ! Chroniques d’une aventure syndicale universitaire de Louis-Philippe Lampron et Simon Viviers.

En 2021, sans expérience au sein d'un exécutif syndical et avec un petit groupe de collègues déterminés, nous avons choisi d'investir notre syndicat dans le but de défendre une vision collégiale – et donc démocratique - de l'Université.
En toute collégialité ! Chroniques d'une aventure syndicale universitaire
_de _
Louis-Philippe Lampron et Simon Viviers
Essai_En librairie le 1er avril_
Largement accueillie et soutenue par nos collègues, cette vision de l'université a été au cœur d'une petite révolution, tant au sein de nos instances syndicales que de la dernière négociation collective. Cette petite révolution a culminé avec une mobilisation historique de nos collègues lors d'une grève de près de 5 semaines à l'hiver 2023 qui a mené à d'importants gains ayant le potentiel de renforcer leur capacité à réaliser la mission d'intérêt public de l'Université.
Toujours portés par l'enthousiasme de l'expérience que nous avons vécue en 2021-2023, nous nous sommes demandé si le blueprint de notre aventure collective ne pourrait pas se transposer dans d'autres institutions publiques ou parapubliques, à travers un syndicat ou via d'autres médiums associatifs. C'est dans cette optique que nous nous sommes lancés dans l'écriture de cet essai : partager les grandes étapes du cheminement qui nous a poussés à investir, en 2021, le comité exécutif de notre syndicat pour initier, morceau par morceau, le mouvement de réappropriation collective de notre institution, l'Université.
Parce que les missions des grandes institutions publiques qui structurent nos sociétés ne seront jamais mieux défendues que par celles et ceux qui en assurent le fonctionnement, en première ligne, nous espérons que le partage de nos expériences – et stratégies – en inspirera d'autres
à s'organiser pour que ces groupes névralgiques aient, concrètement, voix au chapitre.
Respectivement professeurs en droit et libertés de la personne et en sciences de l'éducation, Louis-Philippe Lampron et Simon Viviers travaillent à l'Université Laval depuis 2007 et 2014. Très actifs dans leurs domaines de recherche, les travaux de ces deux enfants des années 80
se recoupent notamment par un clair intérêt relatif à la défense des conditions assurant la pérennité des institutions de services publics essentielles au fonctionnement de la société québécoise, incluant les universités.
Extrait :
« Au sortir d'une grève historique des employé-es du secteur public québécois, motivée en grande partie par le désir de ces mêmes salarié-es d'obtenir des conditions leur permettant de faire leur
travail de manière sensée et soutenable, nous sommes toujours confrontés à un gouvernement qui, non seulement tolère de nombreuses dérives autoritaires dans la gestion des institutions publiques, mais tend à les encourager. Dans ce contexte, il nous semble fondamental que toutes celles et ceux qui font fonctionner nos institutions publiques au quotidien puissent investir des véhicules collectifs effectifs permettant d'imposer, à l'intérieur de ces mêmes institutions, des mécanismes assurant que les dirigeant-es agissent comme les leaders qu'ils et elles doivent être et non pas comme des caricatures du personnage de Cartman-policier dans la série américaine South Park. »
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Ne revenons pas en arrière

La FTQ a toujours fait la promotion de la justice sociale, de la dignité humaine et de la liberté démocratique. Cette lutte pour une société meilleure, plus juste et plus égalitaire, la FTQ la mène au quotidien dans les milieux de travail, car c'est d'abord là qu'elle fait reconnaître les droits de ses membres.
La FTQ s'invite dans la campagne
Mais elle mène aussi cette lutte dans l'arène politique : depuis sa création en 1957, la FTQ représente l'intérêt des travailleurs et travailleuses, ainsi que de toute la population auprès des gouvernements et porte haut et fort son projet de société sur toutes les tribunes, y compris sur les scènes électorales québécoises et canadiennes.
La campagne L'Âge de Pierre, lancée par la FTQ pour bloquer l'élection du Parti conservateur de Pierre Poilievre lors des élections fédérales de 2025, s'inscrit dans cette longue tradition d'action politique.
Cette campagne prend racine dans la mission sociale de la FTQ en défendant les droits fondamentaux des Québécois et des Québécoises, et en mettant de l'avant une société plus juste et plus démocratique, alors que le Québec est confronté à de nombreux défis – comme la crise de la vie chère et les menaces de guerre tarifaire et d'annexion venant de la Maison-Blanche, pour ne nommer que ceux-là.
Bloquons Poilievre
Dans ce climat socioéconomique plus qu'incertain, nous ne pouvons pas faire confiance à Pierre Poilievre pour défendre les intérêts de l'ensemble de la population québécoise, pour protéger nos services sociaux, notre modèle de société, nos emplois et notre territoire.
– Le chef du Parti conservateur du Canada l'a démontré à maintes reprises, il est issu de la même famille politique que Donald Trump et ses amis oligarques comme Elon Musk :
– Il a le même manque de respect envers les médias, les journalistes, et les élus ;
– Il a la même volonté de couper dans les programmes sociaux pour offrir des baisses d'impôts aux plus riches ;
– Il a le même rêve de donner toujours plus de contrôle aux compagnies privées ;
– Il souhaite lui aussi détruire nos normes environnementales au profit des grandes entreprises ;
– Et il s'attaque de la même façon aux droits des femmes et des communautés marginalisées.
Avec autant de points en commun, ce n'est plus une simple coïncidence !
Pour la FTQ, il ne fait aucun doute que Pierre Poilievre représente le pire choix pour ceux et celles qui veulent bâtir une société plus juste, plus égalitaire et plus verte.
Agissons avant qu'il ne soit trop tard, et bloquons Pierre Poilievre ! Ne revenons pas en arrière !
Matériel
Pour commander du matériel de la campagne l'Âge de Pierre, veuillez remplir le formulaire ci-dessous. Tout le matériel sera envoyé à votre conseil régional ; il suffit de sélectionner votre région. Votre conseil régional communiquera avec vous pour que vous puissiez récupérer votre matériel lorsqu'il sera prêt.
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Résistons aux menaces de Donald Trump

Il n'est pas question pour nous de reculer sur l'égalité hommes-femmes, leurs droits comme le droit à l'avortement, à l'équité salariale, les droits à la diversité sexuelle des LGBTQ+ et les mesures pour contrer la discrimination raciale et pour favoriser la diversité.
Nous, soussignés, citoyens et citoyennes du Québec de toutes allégeances, tenons à exprimer notre indignation contre la volonté affichée par le président américain, Donald Trump, de nous étrangler avec ses tarifs douaniers et son chantage, dans le but d'inciter à notre annexion aux États-Unis. Il n'est absolument pas question pour nous du Québec de devenir américains. Qu'on se le tienne pour dit ! Nous sommes trop attachés aux valeurs démocratiques, culturelles et sociales développées au cours des ans par notre société.
Il n'est pas question pour nous de reculer sur l'égalité hommes-femmes, leurs droits comme le droit à l'avortement, à l'équité salariale, les droits à la diversité sexuelle des LGBTQ+ et les mesures pour contrer la discrimination raciale et pour favoriser la diversité.
Nous ne voulons pas importer ici une société qui consacre l'inégalité entre les plus démunis et les plus riches de la société. Ainsi, il n'est pas dans nos plans d'établir des soins de santé payants et privés, ou encore de renoncer à se faire soigner, faute de moyens. De la même façon, nous ne voulons pas que les jeunes soient tenus de rembourser leurs dettes d'études jusqu'à la retraite. Nous tenons également à notre réseau de services de garde éducatifs et à nos congés parentaux.
Nous résisterons collectivement afin de préserver notre liberté de penser, de débattre, de produire et de diffuser des connaissances et des savoirs diversifiés, nécessaires pour édifier une société plus juste, tolérante et équitable.
D'autre part, nous ne ferons pas un retour en arrière en rétablissant la peine de mort, abolie depuis plusieurs décennies au pays, ou en encourageant le port d'armes chez nous. De plus, nous ne voulons pas mettre de côté nos engagements et nos préoccupations en faveur de la protection de l'environnement afin de faire face au défi que constituent les changements climatiques. L'avenir de la planète n'attendra pas.
Enfin, nous tenons à protéger nos droits linguistiques, notre culture ainsi que les cultures autochtones. En ce sens, nous ne supporterons pas que la culture américaine prenne le dessus sur nos ondes radio et télé, de même que sur les plateformes numériques, propriété des multimilliardaires américains. À plus ou moins long terme, nous devons même viser à nous affranchir des géants américains du web et de leurs plateformes.
Ainsi, nous lançons aujourd'hui un immense appel à résister et à être solidaire face à la menace qui nous vient du bureau Ovale. Ces menaces pèsent un poids particulier pour la nation québécoise qui doit de tout temps imposer ses choix, notamment en matière d'exception culturelle, ou encore de gestion de l'offre sur le plan économique. Nous en appelons à la population, à la société civile, aux représentants patronaux, syndicaux, aux groupes communautaires, aux groupes de femmes, environnementaux et de toutes les communautés de la diversité et des communautés culturelles, à faire front commun.
Cette solidarité est devenue nécessaire. Tous et toutes, nous avons actuellement un ennemi commun : l'administration du président américain. La même intention de se défendre contre les pressions exercées par Donald Trump existe partout dans le reste du Canada. Nous les encourageons, là aussi, à tenir bon et à développer la même unité. Nous souhaitons également établir des ponts avec nos amis américains qui découvrent, jour après jour, les dégâts causés par les premiers mois au pouvoir du président Donald Trump et son administration.
Ce sont les raisons pour lesquelles nous invitons la population et les forces vives du Québec de toutes allégeances à se mobiliser et à résister face aux menaces de Donald Trump, car le temps nous presse.
À nous de jouer !
Les autres signataires de ce texte :
*Alain Saulnier, Christine Beaulieu, Christine St-Pierre, Liza Frulla, Louise Beaudoin, Yvon Deschamps, Éric Gingras (président de la Centrale des syndicats du Québec/CSQ), Tania Kontoyanni (présidente de l'Union des artistes), Alain Saladzius, Alain Vadeboncœur, Alex Norris, Anaïs Barbeau-Lavalette, Anaïs Larocque, Anne-Marie Cadieux, Ariane Charbonneau, Boucar Diouf, Catherine Durand, Clément Duhaime, Alain Deneault, Destiny Tchehouali, Dominique Legault, Françoise David, Fred Pellerin, Guylaine Tremblay, Jacques Godbout, Jean-Robert Bisaillon, Jean-Robert Choquet, Joanne Liu, Jonathan Durand Folco, Laure Waridel, Lorraine Pintal, Louise Caouette Laberge, Louise Sicuro, Maka Koto, Mariana Gianelli, Michel Rivard, Michelle Chanonat, Monique Simard, Normand Baillargeon, Pierre Trudel, Ségolène Roederer, Simon Brault, Agnès Gruda, André Bélisle, André Noël, Annick Charette, Ariane Roy, Benoit McGinnis, Camil Bouchard, Céline Bonnier, Christian Bégin, Christian Vanasse, Claude Desrosiers, Claude Legault, Claude Meunier, Dominic Champagne, Edith Butler, Édith Cochrane, Emmanuel Bilodeau, Ève Déziel, François Avard, François Delorme, François Girard, Geneviève Rochette, Geoffrey Gaquère (directeur artistique et codirecteur général du TNM), Isabelle Vincent, Jacqueline Lemay, Janine Krieber, Jean-François Lépine, Jean-François Nadeau, Jean-Sébastien Fournier, Julie Le Breton, Lana Carbonneau, Léa Clermont-Dion, Lise Aubut, Lizann Demers, Lou Vincent Desrosiers, Louise Harel, Louise Richer, Mani Soleymanlou, Manon Barbeau, Marie Malavoy, Marie-Josée Lacroix, Michel Désautels, Michel Lacombe, Mireille Elchacar (Mères au front), Monique Savoie, Myriam Perraton Lambert, Patrice Michaud, Paule Baillargeon, Philippe Poullaouec-Gonidec, Pier Paquette, Pierre Curzi, Pierre Martin, Pierre-Michel Tremblay, Rachida Azdouz, Rémi Bourget, René Richard Cyr, Robin Aubert, Salam Yazbeck, Vincent Graton, Marie-Pier Boisvert (Coalition des familles LGBT+), Marc Bolduc, Marion Dove, Michel Dumais, Mona Greenbaum (fondatrice de la Coalition des familles LGBT+), Gabrielle Boulianne-Tremblay, Pascale Cormier, Conrad Bouchard, Mélissa Dion, Sylvie Dupont, Luc Ferrandez, Martin Gougeon, François Gendron, Pierre Huet, Claire Trudel, James Gabriel Galantino, Pierre Huet, Sophie Paradis, Alexandra Soumain, Pascal Vaillancourt (Interligne), Sao Vincent, Paule Robitaille, Lyne Robert.
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Un projet de loi qui va inutilement trop loin

D'abord, nous réitérons que nous sommes fondamentalement en accord avec la laïcité de nos institutions publiques. Ainsi, l'enseignement des programmes tels qu'ils sont prescrits sans adaptation pour des croyances religieuses, l'interdiction des locaux de prière, et les services offerts et reçus à visage découvert sont tous des éléments avec lesquels nous sommes d'accord.
Mais sous prétexte de renforcer la laïcité dans nos écoles, ce projet de loi ratisse beaucoup trop large.
Prenons, par exemple, le dépôt des planifications annuelles en début d'année scolaire et l'évaluation du personnel à chaque année. Par cette nouvelle exigence, le ministre sous-entend qu'il doute des compétences et du professionnalisme des 105 000 personnes enseignantes à la formation générale des jeunes du réseau public du Québec. Comme si ces personnes devraient être plus encadrées pour garantir la qualité des services offerts aux élèves.
Pour nous, une telle vision est totalement inacceptable. Dans les faits, dans le rapport de vérification publié en janvier 2025, les vérificateurs affirment que « le Programme de formation de l'école québécoise est bien suivi dans les établissements vérifiés » et qu'il n'a pas été nécessaire de recourir à leur mandat de vérification pour l'application de la Loi sur l'instruction publique (ce qui visait notamment l'enseignement des programmes) dans le cadre de leurs travaux.
Bien que ce les événements s'étant déroulés à l'école Bedford soient inacceptables, le problème que le ministre Drainville souhaite régler nous apparaît somme toute isolé. Les encadrements actuels permettent à la direction de s'assurer de la qualité des services dispensés dans son établissement et d'encadrer le personnel qui semble éprouver des difficultés. Les processus de supervision pédagogique et éventuellement disciplinaires sont possibles, et parfois même enchâssés dans les ententes locales.
- Concrètement, ce que la situation révèle, c'est l'échec des gestionnaires à appliquer les mesures qui existent déjà.
En créant un tel projet de loi, le ministre va inutilement beaucoup trop loin, surtout dans un contexte de pénurie, où beaucoup de gens n'ont pas la formation initiale ni leur brevet, alors que plusieurs ne maîtrisent pas les programmes d'études ni les progressions des apprentissages… Il aurait mieux valu miser sur de l'accompagnement des personnes concernées plutôt que d'exiger des planifications et des évaluations comme si tout le monde représentait un danger potentiel pour les élèves. Pour ce qui est des milieux problématiques, des plans d'action ciblés auraient pu être mis en place afin de s'assurer que les gestionnaires fassent adéquatement le travail qui est attendu d'eux.
Si le ministre souhaite changer le narratif en éducation et veut valoriser la profession enseignante, qu'il commence par faire confiance à une vaste majorité d'enseignantes et d'enseignants qui, malgré des moyens souvent limités, accomplissent un travail colossal auprès des groupes d'élèves qui leur sont confiés.
Au cours des prochains jours, la FAE analysera plus finement le projet de loi et sera assurément de retour en commission parlementaire lorsqu'elle aura lieu pour faire entendre la voix des profs qu'elle représente.
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Les syndicats du Canada lancent une audacieuse plateforme par la suite du déclenchement de l’élection fédérale

Puisque le déclenchement de l'élection survenu hier fait en sorte que les gens iront aux urnes le 28 avril, les syndicats du Canada mettent tous les partis au défi de faire passer les familles travailleuses avant tout. La plateforme Travaillons ensemble : Bâtir un avenir meilleur pour les travailleuses et travailleurs a été lancée aujourd'hui à St. John's, Terre-Neuve, par Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada (CTC) en compagnie de Jessica McCormick, présidente de la Fédération du travail de Terre-Neuve et du Labrador.
La plateforme présente un plan clair au prochain gouvernement en des temps où les Canadiennes et Canadiens subissent des pressions grandissantes de toutes parts.
« Ce ne sera pas une élection comme les autres – ce sera un choix crucial sur les personnes qui aideront les travailleuses et travailleurs du Canada en ces temps turbulents », dit madame Bruske. « Les travailleuses et travailleurs et leurs familles sentent les effets des menaces commerciales agressives des É.-U., des prix excessifs imposés par les entreprises et des contraintes de plus en plus grandes imposées aux soins de santé et aux services publics. Le prochain gouvernement doit être prêt à prendre d'audacieuses mesures d'entrée de jeu. »
En tant que porte-parole de plus de 3 millions de travailleuses et travailleurs canadiens, les syndicats du Canada incitent tous les partis à s'engager à :
– réduire la menace des tarifs douaniers en adoptant une réponse faisant passer les travailleuses et travailleurs avant tout pour protéger les emplois, soutenir les travailleuses et travailleurs et renforcer les collectivités
– voir à ce que tous aient accès à un médecin de famille et assurer l'accès à une assurance-médicaments publique universelle pour que les soins de santé soient accessibles à tous
– plafonner les prix d'aliments de base et de produits essentiels pour empêcher les entreprises de pratiquer des prix excessifs et protéger les budgets des familles
– construire un million de logements vraiment abordables afin de réduire le coût du logement et de s'attaquer à la crise du logement
– réparer notre système fiscal défectueux en réorganisant les impôts sur les sociétés de manière à financer le logement abordable, les hôpitaux et les services publics sur lesquels comptent les Canadiennes et Canadiens
La présidente du CTC a souligné que les promesses électorales ne suffisent pas – la population canadienne a besoin de dirigeants ayant une expérience reconnue de défense des travailleuses et travailleurs.
« Pierre Poilievre n'a jamais travaillé dans une usine, dirigé une entreprise ni obligé les entreprises à rendre des comptes. Comment peut-il négocier avec Trump s'il n'a jamais rien fait pour les Canadiennes et Canadiens ? », demande madame Bruske.
« Les travailleuses et travailleurs de Terre-Neuve-et-Labrador, comme ceux du reste du Canada, vivent une crise de l'abordabilité jumelée aux effets d'une guerre commerciale », dit madame McCormick. « Les travailleuses et travailleurs et leurs familles méritent des dirigeants élus qui donneront la priorité à leurs besoins – pas aux intérêts de l'élite patronale. »
Les syndicats du Canada sont disposés à travailler avec des dirigeants politiques qui livreront la marchandise aux travailleuses et travailleurs et à leurs familles. Les solutions indiquées dans la plateforme Travaillons ensemble tracent une ligne de conduite claire pour tout parti souhaitant honnêtement aider les familles travailleuses.
« Il y longtemps déjà que des mesures audacieuses auraient dû être prises. Il nous faut un gouvernement qui freinera la cupidité des entreprises, rebâtira les soins de santé publics et protégera les travailleuses et travailleurs contre les attaques de Trump. Quand les travailleuses et travailleurs prospèrent, l'ensemble de l'économie se renforce. C'est ce que la plateforme Travaillons ensemble assure », souligne madame Bruske.
Cliquez ici pour voir la version intégrale de la plateforme.
L'événement a été tenu avec des travailleuses et travailleurs des secteurs privé et public pour mettre en évidence la solidarité intersectorielle.
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Budget provincial et situation économique difficile Le Québec doit se donner les moyens de réagir

Québec, le 22 mars 2025 — À l'approche du dépôt du budget provincial, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) propose au gouvernement d'investir dans son expertise, de réduire la sous-traitance, d'arrêter d'ajouter des structures inutiles et d'augmenter ses recettes fiscales afin de s'attaquer à la situation économique difficile de la province.
Se donner les moyens de réagir
Même si cela est contre-intuitif, le gouvernement doit pourvoir les postes vacants dans la fonction publique. « Maintenir le gel d'embauche peut sembler un moyen facile pour diminuer les dépenses de l'État, mais c'est se tirer dans le pied. Pour appuyer nos entreprises et nos concitoyens victimes des sautes d'humeur de Donald Trump et pour réaliser des investissements structurants pour soutenir l'économie, le Québec a besoin de l'expertise et des solutions innovantes de ses professionnelles et professionnels. Ce n'est absolument pas le moment de couper dans l'aide gouvernementale et d'étirer les délais par manque de personnel », prévient Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.
En effet, le gouvernement ne peut envisager sérieusement d'investir dans les ponts et les routes, par exemple, en sabrant dans les effectifs du ministère des Transports et de la Mobilité durable. Ou encore espérer épauler correctement les entreprises pour augmenter leur productivité ou investir en recherche et développement sans donner les ressources nécessaires au ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie. « Miser sur l'austérité en ce moment, ce serait nuire aux finances du Québec », juge M. Bouvrette.
Des solutions
Pour réduire ses dépenses, le gouvernement devrait prioritairement mettre fin à la sous-traitance devenue endémique dans l'appareil public. « Les consultants connaissent moins bien les besoins de l'organisation et ils sont surtout beaucoup plus coûteux. En moyenne, ils facturent entre 800 $ et 900 $ par jour ! À titre d'exemple, le nombre d'appels d'offres de plus de 100 000 $ a totalisé près de 200 millions $ en 2024 seulement au ministère de la Cybersécurité et du Numérique, c'est énorme ! On peut faire mieux à meilleur prix en développant l'expertise interne », tranche M. Bouvrette.
Le gouvernement devrait aussi cesser d'ajouter des structures et des coûts en créant des agences. « On l'a vu avec Santé Québec. Sa création a fait grimper le nombre de postes de cadres de 12%. Ils étaient environ 200 au ministère de la Santé et des Services sociaux et ils sont maintenant 223 dans les deux structures combinées », déplore M. Bouvrette.
De plus, le gouvernement pourrait augmenter ses recettes fiscales. En 2022-2023, selon le budget, les actions concertées de lutte contre l'évasion fiscale et les fraudes envers l'État ont généré un rendement total de près de 680 millions $. Le rendement par dollar investi des projets financés s'est établi à 8,29$. « En haussant les cibles de récupération fiscale, le gouvernement engrangerait des sommes supplémentaires sans pénaliser les citoyens et les entreprises qui paient déjà leur juste part. Pour y parvenir, Revenu Québec a toutefois besoin de ressources et celles-ci ont besoin d'un bon contrat de travail. Nos membres, sans convention depuis le 1er avril 2024, sont en grève de soirs et de fins de semaine depuis le 18 janvier 2025. Régler ce conflit, c'est investir pour enrichir le Québec », insiste M. Bouvrette.
Finalement, le gouvernement doit se rappeler que ses professionnelles et professionnels sont aussi des contribuables qui paient des taxes et des impôts. Bref ils et elles participent à la santé de l'économie.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.
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Greenpeace USA assommée par une amende de 665 millions de dollars

Un jury des États-Unis a condamné Greenpeace à payer plus de 665 millions de dollars pour son rôle dans les manifestations contre la construction du gigantesque pipeline Dakota Access. L'ONG va faire appel.
20 mars 2025 | tiré de reporterre.net
https://reporterre.net/Greenpeace-condamnee-a-payer-665-millions-de-dollars-a-l-exploitant-d-un-oleoduc
Atlanta (États-Unis), correspondance
Greenpeace dénonçait une « procédure-bâillon » destinée à la faire taire et qui pouvait entraîner la faillite de sa branche étasunienne. L'ONG environnementale a été condamnée mercredi 19 mars, à Mandan, dans le Dakota du Nord, à payer plus de 665 millions de dollars (613 millions d'euros) de dommages et intérêts à la compagnie Energy Transfer.
« La réalité, c'est qu'on ne peut pas mettre en faillite un mouvement », affirme Sushma Raman, directrice de Greenpeace USA. L'ONG a annoncé qu'elle ferait appel.
Le constructeur de l'oléoduc, Energy Transfer, l'accusait de diffamation et d'avoir orchestré les manifestations contre la construction de son pipeline Dakota Access — mis en service en 2017, il court sur 1 800 km. Des dizaines de milliers de manifestants avaient déferlé dans le Dakota du Nord en 2016 et 2017 pour soutenir les peuples des Premières Nations sioux de Standing Rock. Ils s'opposaient à la construction de l'oléoduc, dont un tronçon se trouvait à moins de 2 km de la réserve, arguant que celui-ci traverse des sites sacrés et menace la qualité de l'eau.
« On ne peut pas mettre en faillite un mouvement »
Des actions de désobéissance civile avaient eu lieu, ainsi que des affrontements violents avec des forces de sécurité publiques et privées. Des centaines de personnes avaient été arrêtées. Greenpeace s'était joint aux manifestations, comme d'autres groupes écologistes, et avait organisé des formations à la non-violence. Energy Transfer, lui, l'accusait d'avoir propagé des propos calomnieux et d'avoir été la figure de proue des mobilisations, ce que nie l'ONG.
Trois entités de Greenpeace ont été jugées dans ce procès — Greenpeace International, Greenpeace USA, et Greenpeace Fund (une organisation qui offre de l'aide financière). Les trois ont été reconnues coupables de presque l'intégralité des chefs d'inculpation. Dans une déclaration à l'Associated Press, Energy Transfer a qualifié la décision de « victoire » pour les « Américains qui comprennent la différence entre le droit à la liberté d'expression et une enfreinte à la loi ».
Cette décision « devrait tous nous inquiéter »
L'ONG et d'autres organisations de défense des libertés individuelles s'inquiètent des implications de cette décision. « Cela va avoir des conséquences importantes pour l'avenir des manifestations pacifiques, que ce soit pour l'environnement et le climat ou d'autres questions liées à la démocratie, dit la directrice par intérim de Greenpeace USA, Sushma Raman. Cela devrait tous nous inquiéter. »
L'organisation environnementale dénonce une « procédure-bâillon », une stratégie juridique utilisée pour intimider individus, associations ou manifestants. « Cela va créer un précédent qui pourrait limiter la liberté d'expression pour les groupes climatiques et les autres ONG », s'inquiète la directrice du Center for Environment, Community & Equity, Dana R. Fisher, dans un post sur le réseau social Bluesky.
Le procès s'est déroulé dans un tribunal local, qui dépend des lois de l'État du Dakota du Nord. Trente-cinq États ont des lois contre les procédures-bâillons, mais pas le Dakota du Nord, précise l'organisme de défense de la liberté de la presse Reporters Committee for Freedom of the Press. Sushma Raman dénonce l'utilisation de telles procédures dites de strategic lawsuit against public participation (plaintes en justice stratégiques contre la participation du public) comme d'un « outil élaboré pour faire taire les critiques ».
Le procès avait mal démarré pour l'ONG. Greenpeace avait demandé à ce qu'il se tienne ailleurs, dans une localité qui n'a pas été touchée par les manifestations. La justice avait débouté cette demande. Des tracts, dénonçant les manifestations anti-oléoduc, avaient même été envoyés chez certains habitants.
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Trump veut détruire la plus ancienne vigie climatique du monde

L'administration américaine envisage de fermer à Hawaï l'observatoire de Mauna Loa, berceau de la surveillance du climat où sont mesurées depuis 1958 les concentrations de CO2 dans l'atmosphère. Les scientifiques dénoncent le sabotage de l'indice historique du changement climatique.
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
18 mars 2025
Par Mickaël Correia
« C'est une mesure extrêmement symbolique, se désole Gilles Ramstein, paléoclimatologue et directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. En fermant Mauna Loa, Trump ne veut plus entendre parler de changement climatique. »
Comme l'a révélé le 14 mars un document obtenu par des démocrates du Congrès américain et communiqué au Washington Post, le département de l'efficacité gouvernementale (Doge), l'initiative de réduction « à la hache » des dépenses publiques conduite par le milliardaire Elon Musk, vient de proposer de résilier les baux de location de plusieurs bureaux de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (Noaa).
Parmi ces derniers figure le laboratoire de Hilo, basé à Hawaï. Avec la fin de son bail, il pourrait fermer ses portes dès août prochain pour une économie annuelle estimée de 150 692 dollars. Le bureau de Hilo est chargé du mythique observatoire climatique mondial de Mauna Loa.
Accrochée à près de 3 400 mètres d'altitude sur le flanc nord du volcan éponyme, cette station scientifique enregistre depuis 1958 la quantité de gaz à effet de serre qui réchauffe la planète. C'est dans cet observatoire des sciences du climat qu'est mesurée depuis le plus longtemps sur Terre la teneur en CO2 de l'atmosphère.
« Mauna Loa est un site clé qui a permis de découvrir que la concentration de CO2 atmosphérique augmentait au fil des années, et ce avec des mesures non perturbées par la végétation, les villes ou les émissions locales de gaz à effet de serre, précise à Mediapart Davide Faranda, directeur de recherche en climatologie au CNRS. Cette série de données sur un temps long et en continu, qui plus est avec un instrument situé depuis plus de soixante ans au même endroit, constitue une preuve très forte du dérèglement du climat. »
Le berceau mondial de la mesure du CO2
Le 29 mars 1958, le chercheur américain Charles Keeling, de l'institut d'océanographie Scripps (Californie), a commencé à mesurer quotidiennement depuis Mauna Loa le taux de CO2 dans l'atmosphère, établi lors de son premier relevé à 313 parties par million (ppm).
Dès 1961, opérant avec pugnacité ses relevés quotidiens, Keeling a observé une augmentation continue du CO2, une hausse qui ne cesse de se poursuivre aujourd'hui, au fur et à mesure que l'humanité brûle du pétrole, du gaz et du charbon. En mars 2025, la concentration de CO2 dans l'atmosphère mesurée à Mauna Loa a atteint 427 ppm.
Cette série de mesures sur un temps long a donné naissance à l'un des graphiques les plus célèbres de la planète : la courbe de Keeling, traduction géométrique limpide du changement climatique.
« Charles Keeling a depuis Mauna Loa établi une courbe claire et non discutable démontrant la modification de la concentration de CO2 dans l'atmosphère. En ce sens, Mauna Loa est un laboratoire pionnier », explique Gilles Ramstein. Directrice de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement, et principale coordonnatrice pour le sixième rapport du Giec (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), Sophie Szopa ajoute : « La courbe de Keeling fait partie des éléments qui ont permis de démontrer l'accroissement du CO2 atmosphérique sous l'effet des émissions liées aux activités humaines et donc constitue un élément clé dans l'attribution du réchauffement climatique à ces activités. »
La courbe de Keeling représente la concentration de CO2 atmosphérique mesurée à Mauna Loa (Hawaï) depuis mars 1958. © Scripps Institution of Oceanography / UC San Diego
En 2007, un article paru dans Nature soulignait que la courbe de Keeling ne représente rien de moins qu'une des plus grandes « réalisations de la science du XXe siècle ». La prestigieuse revue scientifique rappelait que « la courbe du Mauna Loa, simple et sans ambiguïté, s'est imposée aux yeux de l'humanité, changeant notre vision du monde. […] Sans cette longue expérience de recherche, la prise de conscience du dérèglement climatique aurait été plus lente. »
Aujourd'hui, un site internet et un compte Xsont même dédiés à la fameuse courbe. En référence aux relevés de Mauna Loa, l'activiste écologiste Greta Thunberg indique dans sa biographie sur les réseaux sociaux être « née à 375 ppm » (janvier 2003). D'autres figures médiatiques se font prendre en photoavec leur « année de naissance ppm », pour dénoncer la combustion des énergies fossiles aux origines de l'accélération de la concentration atmosphérique de CO2 depuis la révolution industrielle.
Un indice climatique primordial
« Avant que Keeling ne mesure le CO2, on ne savait pas bien à quel point ce gaz était libéré dans l'atmosphère et absorbé par les océans ou la végétation, avance à Mediapart Aglaé Jézéquel, chercheuse au Laboratoire de météorologie dynamique. Nous savons aujourd'hui grâce à ses travaux que plus de la moitié du CO2 émis va directement dans l'atmosphère. D'ailleurs, la courbe en zigzag montre les variabilités de capture du carbone par la végétation, en fonction des saisons. »
À partir des ces premiers jeux de données de Keeling, « tout un pan de la recherche scientifique s'est construit », abonde Gilles Ramstein, avec notamment la création des modélisations informatiques du système climatique.
Aujourd'hui, la Noaa gèreà travers une cinquantaine de pays un réseau international de 216 stations qui mesurent les concentrations des différents gaz à effets de serre, des particules d'aérosols ou encore d'ozone pour comprendre les causes et les conséquences du réchauffement planétaire.
Ralph Keeling, fils de Charles Keeling et professeur de géochimie à l'institut d'océanographie Scripps, coordonne les mesures pour douze de ses observatoires mondiaux. Il explique à Mediapart : « La Noaa est la colonne vertébrale des efforts de recherche mondiaux pour la mesure des gaz à effet de serre. Les relevés de CO2 effectués à Mauna Loa sont le fleuron de cette vaste entreprise et représentent un indice climatique primordial, un peu comme l'indice Dow Jones Industrial Average est un indice économique central. »
Actuellement, une équipe de huit personnes travaille à la station de Mauna Loa. Davide Faranda confie auprès de Mediapart qu'une fermeture, même provisoire, de l'observatoire entraînera une discontinuité dans cette série de relevés et une perte d'expertise pour l'équipe qui maintenait le site. « On risque de perdre une preuve scientifique solide et cela ouvre la porte à d'autres théories non scientifiques concernant le rôle des activités humaines dans le dérèglement climatique », alerte le chercheur.
Par ailleurs, comme le souligne Aglaé Jézéquel, ces données enregistrées sont essentielles pour vérifier si on observe à l'échelle mondiale des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or, en 2024, année la plus chaude jamais mesurée sur Terre, « Mauna Loa a enregistré le taux de croissance le plus rapide de concentration atmosphérique de CO2, et ce depuis plus de soixante-cinq ans de collecte de données », indique Ralph Keeling.
En somme, en fermant Mauna Loa, Trump s'assure ainsi de casser le thermomètre le plus fiable du réchauffement global en cours.
Mickaël Correia
P.-S.
• Mediapart. 18 mars 2025 à 19h10 :
https://www.mediapart.fr/journal/international/180325/trump-veut-detruire-la-plus-ancienne-vigie-climatique-du-monde
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Entre Trump et Poutine - la gauche européenne devant un défi historique

Introduction de Stefan Bekier à la 3e partie de la réunion-débat du 20 février 2025 sur les conséquences de la présidence Trump pour l'Europe
20 février 2025 |
Quels défis pour l'Europe prise entre deux impérialismes néo-fascistes de Trump et de Poutine ?
Pourquoi l'avenir de l'Union européenne dépend en premier lieu de sa capacité à aider l'Ukraine à se libérer de l'envahisseur russe ?
Quelles sont les responsabilités de la gauche européenne dans cette nouvelle situation ?
Mon intervention ne prétend pas apporter des réponses achevées aux questions posées, difficiles et qui exigent des élaborations collectives. Ce sont donc juste quelques idées en vrac pour amorcer notre réflexion.
I.
▪ Trump, c'est encore pire que Neville Chamberlain après la capitulation devant Hitler à Munich en 1938, comme le note l'historien britannique Timothy Garton Ash dans The Guardian. Au moins Chamberlain essayait d'empêcher une guerre européenne majeure, alors que Trump procède en 24 heures à un renversement complet et brutal des alliances en pleine guerre. C'est un soutien direct à Poutine. La présidence Trump fait tout simplement passer l'Ukraine par pertes et profits. Et par là-même également les pays de l'Europe centrale et orientale (en premier lieu la Moldavie et la Roumanie), les pays baltes, les pays scandinaves (notamment la Finlande) - directement menacés par Poutine, qui proclame ouvertement son fantasme de reconstituer l'empire colonial du « monde russe » non seulement dans les frontières de l''ex-Union soviétique, mais aussi celles de l'ancien empire tsariste.
▪ Tout ceci avec l'abandon de l'Europe à l'impérialisme russe de la pire manière qui soit – soulignons-le encore une fois : en pleine guerre, et de manière typiquement colonialiste. Le trio néofasciste Trump-Vance-Musk veut mettre les pays européens à genoux, en situation de dépendance néocoloniale par rapport aux USA. Ils veulent les transformer en exécutants et gardiens de la « pax americana » en Ukraine. En effet, Trump voudrait que l'Europe y envoie ses troupes, mais pas l'Amérique... Odieux chantage.
▪ Le tout pour avoir les coudées franches au Moyen Orient et en Asie, face à la Chine, et aidé par son nouvel allié, Poutine. Trump vise à prendre possession des richesses minérales et fossiles de l'Ukraine, mais aussi de la Russie. En alliance avec Poutine, en promettant à ce criminel de guerre la levée immédiate des sanctions, un véritable balon d'oxygène de dernière minute pour une économie russe chancelante, dont les économistes prévoient l'effondrement dans quelques mois.
▪ Par un infâme mensonge et une pirouette propagandiste, Trump vient d'accuser l'Ukraine d'être elle la coupable de cette guerre, pas Poutine l'agresseur. C'est une reprise et une légitimation de toute l'intox typiquement stalinienne de la propagande du Kremlin.
II.
▪ L'Europe est à présent obligée d'approfondir, d'élargir son intégration. Sous peine de devenir dépendante de l'internationale néo-fasciste qui est en train de se constituer autour de l'axe Trump-Poutine.
▪ Et donc de revenir à ce qu'on appelle ses « valeurs », et de les défendre bec et ongles : à savoir en premier lieu la lutte pour la paix, la démocratie, les libertés, l'égalité hommes femmes, l'antiracisme, lutte contre toutes les discriminations, la défense de l'environnement, le droit des peuples petits et moyens à l'autodétermination, etc. L'axe Trump-Poutine et l'internationale fasciste sont en train de détruire tout l'héritage progressiste de l'après la Seconde guerre mondiale, bâti en réponse à la barbarie nazie.
▪ Mais pour ce faire, l'Europe se trouve devant un tournant historique : pour redevenir une véritable alternative à cette internationale fasciste trumpo-poutinienne qui se répand déjà en France, en Italie, en Allemagne, en Hongrie, l'Europe doit le plus rapidement possible abandonner sa doxa néolibérale du « marché libre et non faussé », de l'austérité, du chacun pour soi, de la loi du plus fort, et commencer à bâtir une politique de biens communs, de services publics de santé, d'éducation, de transport, de mobilité, de l'harmonisation vers le haut des standards salariaux, sociaux, environnementaux, démocratiques, d'élimination du chômage, etc.
▪ L'Europe doit aussi défendre bec et ongles le droit des peuples, tous les peuples, à l'autodétermination. L'ukrainien et le palestinien.
▪ Autrement dit, l'Europe doit être capable d'offrir à ses citoyens et au monde entier une perspective d'une autre société, désirable, humaine, sociale, démocratique, écologique. C'est ainsi seulement qu'elle pourra contrecarrer les démolisseurs Trump, Poutine, Musk, Milei, Meloni, Orban et bien d'autres.
▪ Et donc elle doit aller vers plus de fédéralisme, de mise en commun des moyens, d'investissements communs massifs, de rattrapage des régions les plus pauvres. Il n'est pas normal que le fédéralisme soit identifié seulement comme une idée de droite. La gauche a fait une erreur d'avoir abandonné cette thématique à la droite, et devrait reprendre l'initiative sur ce terrain également en tant qu'un élément important d'élaboration d'une politique de solidarité internationale, contraire à un repli national de chacun pour soi dans son propre pays.
▪ C'est la seule façon de dominer les forces centrifuges qui sont en train de la disloquer de l'intérieur, ce sur quoi misent les néofascistes, Poutine, et maintenant Trump. Ils vont tout faire pour opposer les pays européens les uns aux autres pour faire disloquer l'Union européenne.
▪ Et si par malheur, la France bascule lors des prochaines élections, alors avec toute cette amicale fasciste internationale qui se dessine, ce sera toute l'Europe qui basculera. C'est l'écologiste Marine Tondelier qui vient de le dire avant-hier, et elle a tout à fait raison.
▪ Et si l'AfD en Allemagne et/ou le RN en France arrivent au pouvoir, alors ce sera la fin de l'Union européenne, son éclatement ou sa soumission néocoloniale.
III.
▪ Et donc l'Europe doit aussi mutualiser les forces armées. Consacrer les budgets militaires non pas à vendre les armes à toutes les pires dictatures dans le monde – non ! Il faut arrêter les exportations d'armes à Israël, à l'Arabie Saoudite, et à d'autres régimes despotiques, et les réorienter pour les livrer au peuple ukrainien, lequel combat pour sa survie même en tant que nation, en tant que pays indépendant.
▪ Pas pour y faire intervenir nos armées - non ! Le peuple ukrainien sait parfaitement combattre et vaincre Poutine - à condition d'être dûment aidé, au lieu de se faire trahir et saboter par un délinquant milliardaire comme Trump. Mais pour intensifier, démultiplier l'aide militaire et financière à l'Ukraine - aide qui doit être désintéressée et non dans le but d'enrichir des oligarques de l'Ouest et de l'Est.
▪ Si des forces d'interposition devaient s'avérer indispensables contre Poutine, alors il faudrait que ce soit sous les auspices de l'ONU, les casques bleus. Donc l'Europe devrait promouvoir tout de suite, sans tarder, une véritable réforme de fond en comble, attendue depuis des années de l'ONU. Il faut commencer par éliminer enfin, une fois pour toutes, le système paralysant, colonial, de véto au Conseil de sécurité des cinq « grandes puissances » qui se disputent le partage de la planète et de ses ressources. Ces ressources doivent appartenir aux peuples qui vivent sur les terres concernées, et non à quelques milliardaires comme Trump ou Poutine. L'ONU doit rétablir le rôle central de son Assemblée générale des 193 Etats membres, avec le principe démocratique de base – un pays, une voix. Et là aussi l'Europe a un rôle essentiel à jouer, en s'alliant par exemple avec les pays du Sud pour imposer cette réforme cruciale de la gouvernance mondiale des peuples !
▪ Mais l'Europe doit aussi créer les Forces armées de l'Europe, comme l'a proposé et en a appelé le président Zelensky dans son discours historique à la conférence sur la sécurité de Munich il y a une semaine. Comme une armée commune de défense, de dissuasion face à Poutine (et Trump), pas comme une nouvelle armée d'agressions et de pillages des autres peuples.
IV.
▪ Tout cela pose des défis énormes pour toutes les forces de gauche en Europe. Des défis énormes mais enthousiasmants. Et possibles à relever, à condition de le vouloir et de s'en donner les moyens. On est à un de ces moments historiques où la gauche, en particulier occidentale, peut et doit se débarrasser des ses scories du passé, de ses tares sectaires paralysantes, de ses nationalismes et populismes dits « de gauche ». La gauche doit agir de façon unie pour s'opposer à la déferlante néofasciste, mais en même temps en avançant un projet d'une autre Europe, démocratique, sociale, écologique, avec la liberté et l'indépendance de l'Ukraine comme son étendard réellement internationaliste. Il faut créer quelque chose qu'on pourrait appeler, en suivant l'exemple de la gauche française, un Nouveau Front Populaire de la Gauche Européenne.
▪ Dont un des axes devrait être la place centrale qu'il faut désormais donner aux forces de gauche de l'Ukraine, des autres pays d'Europe centrale et orientale, des Balkans, des pays Baltes et Scandinaves, de même que des secteurs pro-Ukraine de l'opposition démocratique et de gauche russe. Il faut en finir avec une gauche occidentalo-centrée.
V.
▪ La demande d'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne, déjà particulièrement pressante depuis le grand mouvement démocratique du Maïdan en 2013-2014 et l'annexion de la Crimée et d'une partie du Donbass, est devenue à présent une question immédiate, stratégique, existentielle pour le peuple ukrainien. Ajoutons que de la capacité de l'Union européenne et des pays qui la composent, à répondre de façon unie et décidée à ce défi historique, dépendra l'avenir même de l'Union européenne.
▪ C'est également un très grand défi pour toute la gauche européenne. Depuis vingt ans, c'est-à-dire depuis l'arrêt au milieu des années 2000 du si prometteur processus altermondialiste des Forums sociaux européens (FSE), la gauche européenne manque cruellement d'une orientation et coordination internationales, pour une autre Europe – sociale, écologique, démocratique, antiraciste, accueillante aux réfugiés, défendant le droit à l'autodétermination et l'indépendance des peuples menacés et agressés. A tel point que c'est devenu une des causes – pas la seule mais la principale – du développement au sein de la gauche occidentale des secteurs prônant des positions ouvertement hostiles à l'Ukraine, à son adhésion à l'UE. Des orientations protectionnistes, nationalistes, très proches sur la question de l'Ukraine de celles de l'extrême-droite dont Poutine est le champion. On le voit clairement lorsqu'une partie, d'ailleurs croissante, des eurodéputé.es de la gauche votent, avec l'extrême droite de l'hémicycle, contre les résolutions sur l'aide à l'Ukraine au Parlement européen.
▪ Or, c'est sans tarder qu'il faudrait accepter l'Ukraine, un pays agressé précisément parce qu'il a voulu entrer dans l'UE et qui demande à être protégé. Mais tout en commençant en même temps à réglementer par l'UE et les États membres les standards sociaux, salariaux et environnementaux, de manière à commencer dès le début la mise en œuvre d'une politique d'harmonisation vers le haut de ces standards.
▪ C'est un problème très délicat et pas facile du tout. Mais il faut que la gauche occidentale en discute et travaille en commun avec la gauche ukrainienne et celle des autres pays d'Europe centrale et orientale, scandinave et balkanique pour rechercher ensemble les solutions adéquates dans cette situation dramatique et inédite.
▪ C'est pourquoi aussi les syndicats des pays de l'UE et les syndicats ukrainiens ont un énorme rôle à jouer pour combattre ensemble les politiques néolibérales appliquées par les capitalistes à l'Ouest et à l'Est, pour délocaliser les productions vers les pays où les salaires sont plus bas. Adhérer à l'UE permettrait aux travailleurs ukrainiens et occidentaux de se battre ensemble pour. Par exemple, autour des revendications comme A travail égal salaire et prestations sociales égales, pour l'annulation de la dette ukrainienne et bien d'autres objectifs communs.
VI.
▪ Il faut convoquer un nouvel Forum Social Européen ! Pour discuter de tous cela, mais aussi pour établir une coordination européenne de la gauche. A Ensemble, nous l'avons déjà proposé à plusieurs reprises au cours de ces derniers trois ans, sans grand écho hélas. La majorité des anciens dirigeants du mouvement altermondialiste – pas tous heureusement, mais la majorité – gardent le silence, sont sur des positions campistes voire ouvertement poutinistes (comme en Italie, en Grèce ou en Amérique Latine), et se désintéressent des peuples de la partie centrale et orientale de l'Europe.
▪ Les campistes vont probablement s'aligner sur l'axe Trump-Poutine, et les poutinistes bien sûr aussi. C'est aujourd'hui une importante ligne de démarcation au sein de la gauche européenne
▪ A notre premier appel fin février 2022, quelques jours après le début de l'invasion à grande échelle de la Russie en Ukraine, les secteurs internationalistes de la gauche européenne ont commencé à se réunir et ont abouti très rapidement à la création du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine, le RESU/ENSU. Maintenant il faut aller plus loin.
Trois événements européens pour la défense de l'Ukraine, en ce 3ème anniversaire de l'invasion russe à plein échelle, vont se tenir à Bruxelles les 26-27 mars prochains : la conférence organisée au Parlement européen à l'initiative des eurodéputé.es scandinaves et portugais, avec la participation des activistes du mouvement social ukrainien ; la conférence et des ateliers organisés par le Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine, également avec la participation des organisations de gauche ukrainiennes ; et une rencontre organisée par la fondation Rosa Luxembourg. Nous devons bien sûr participer aux débats qui ne manqueront pas de s'y tenir sur comment la gauche européenne peut augmenter de manière décisive son soutien et aide à l'Ukraine, et plus largement comment peut-elle d'ores et déjà mener des luttes sociales, démocratiques et environnementales, tous ensemble.
Il faudrait ensuite réunir toutes les forces de gauche syndicales, associatives et politiques en Europe qui soutiennent Ukraine, par exemple vers le mois de juin, pour discuter des possibilités de préparation d'un Forum social européen vers la fin 2025 ou début 2026.
VII.
▪ Ce ne seront que les premiers pas vers la renaissance d'un internationalisme et altermondialisme, que certains à gauche ont oublié ou défiguré, mais premiers pas indispensables pour avancer. Car c'est ainsi seulement que l'on pourra commencer à jeter les bases d'une politique réellement de gauche de construction d'une nouvelle Europe alternative au néolibéralisme et au retour en force du fascisme, ensemble à l'Est et à l'Ouest.
▪ On est dans une situation pas identique mais analogue à celle de l'Europe face au combat de la République espagnole contre le fascisme franquiste, soutenu par Hitler et Mussolini. Avec cette différence que la trahison de Munich de 1938 elle est déjà là, depuis deux mois. C'est la présidence Trump-Vance-Musk. Si l'Europe ne réussit pas à se ressaisir et se réorienter vers une politique progressiste, et si des forces progressistes en Russie et aux USA ne se réorganisent pas pour écarter du pouvoir les néo-fascistes dans ces deux pays, alors c'est très probable que l'Europe ira droit vers une nouvelle déflagration européenne et mondiale.
Merci de votre attention.
Le 20 février 2025
Stefan Bekier - ancien militant de l'opposition de gauche en Pologne, activiste du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine (RESU/ENSU), membre d'Ensemble !
oOo
Trois compléments du 11 mars 2025
▪ Je voudrais attirer l'attention sur ces très intéressantes réflexions de deux parlementaires de l'Alliance Rouge et Verte danoise , Jakob L. Ruggard, député au parlement danois, et Per Clausen, eurodéputé au Parlement européen de la même formation. Sous le titre « L'échec des États-Unis en Ukraine et en Europe exige de nouvelles solutions offensives de la part de la gauche », ils disent entre autres :
« L'Europe est entourée de superpuissances offensives et d'extrême droite avec la Russie d'un côté et les États-Unis de l'autre. Il n'y a pas d'autre solution que le rapprochement de l'Europe et de la région nordique. Mais c'est aussi une opportunité pour la gauche – car la sécurité de l'Europe doit aussi être assurée par des sociétés plus libres, plus vertes, plus égales et plus sûres. »
▪ Il faut également signaler ici deux récentes contributions de Hanna Perekhoda, historienne ukrainienne originaire du Donbass, chercheuse à l'Université de Lausanne et militante du mouvement ukrainien de gauche Sotsialnyï Roukh (Mouvement social).
La première « Comment financer la défense européenne (et comment ne pas le faire) », publié en anglais sur son compte Facebook. Extrait :
"La gauche doit rejeter le faux choix entre justice sociale et sécurité nationale. La sécurité ne doit pas avoir pour prix la réduction des retraites ou des dépenses de santé, mais doit être assurée par une contribution équitable des milliardaires et des multinationales. La gauche doit se battre pour la justice fiscale, en supprimant les possibilités de fraude fiscale dont bénéficient les entreprises et en prenant des mesures contre les paradis fiscaux, y compris la Suisse.
Aucun pays européen ne peut se défendre seul. Au lieu que chaque nation augmente massivement son propre budget militaire, l'UE devrait renforcer ses mécanismes de sécurité collective. La sécurité énergétique doit être considérée comme faisant partie de la stratégie militaire : en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles russes, nous pouvons empêcher un futur chantage économique de la part de ce pays. Par-dessus tout, la gauche doit faire pression de toute urgence pour la confiscation des actifs de l'État russe. Retarder cette décision par crainte de la réaction des élites financières ne fait qu'encourager les agresseurs."
La deuxième, c'est un entretien accordé au site VoxEurope sous le titre “La lutte pour la liberté en Ukraine est intimement liée à la lutte globale contre la montée des forces fascistes”, où Hanna dit entre autres ceci :
"…Vu de l'intérieur, l'UE peut être perçue comme un projet où les logiques de marché prennent le pas sur la justice sociale ; où les décisions sont souvent prises à huis clos ; et où les intérêts des grandes puissances économiques comme l'Allemagne imposent leurs priorités. Dans ce contexte, il n'est pas surprenant que certain-s voient l'UE comme un obstacle dont il faut se débarrasser.
Mais pour les pays européens qui ne font pas partie de l'UE, et particulièrement pour l'Ukraine, elle incarne quelque chose de différent. “L'Europe” représente avant tout une aspiration, une idée d'un avenir où règnent l'Etat de droit, les libertés individuelles, et un certain niveau de prospérité. Ce qui est moins évident pour l'Europe occidentale, c'est qu'ici l'UE incarne une alternative à un modèle autoritaire et oppressif, un modèle que la Russie impose à ses voisins par la force.
Ainsi, pour les citoyens de l'UE, celle-ci est avant tout un projet économique. Mais pour ceux qui n'en font pas partie, l'UE est avant tout un projet culturel et civilisationnel. Qu'ils l'admirent ou la détestent, ses partisans comme ses adversaires en dehors de l'Union la traitent comme une force avant tout politique. La Russie, d'ailleurs, est explicite à cet égard : depuis au moins 2013, elle traite l'UE non pas comme un concurrent économique, mais comme un rival géopolitique et idéologique.
Cette dimension est devenue encore plus évidente en 2014, quand des Ukrainiens ont littéralement donné leur vie pour défendre l'avenir « européen » de leur pays. C'est un acte que beaucoup d'Européens regardaient avec incompréhension, voire avec condescendance ou pitié. Pourtant, pour ces manifestants, “l'Europe” n'était pas un espace économique, mais un symbole de dignité et de liberté."
▪ Finalement, il n'est pas inutile de rappeler ici le paragraphe concernant l'invasion russe de l'Ukraine dans le programme du Nouveau Front Populaire, qui garde toute son actualité, mais que certains à gauche, dans leurs déclarations récentes, semblent visiblement vouloir oublier… Ce « contrat de législature » a été adopté en France en juin 2024, à la veille des élections législatives anticipées, par quatre partis : les Ecologistes, la France Insoumise, le Parti Communiste Français et le Parti Socialiste, avec le soutien de Place Publique, Génération.s GES, GRS, MRC, LRDG, L'engagement, GDS, PEPS, Révolution écologique pour le vivant (REV), Allons enfants, ADES, Nouvelle Donne, La Jeune Garde, Union démocratque bretonne (UDB), ESNT et L'APRES. Nous citons ce paragraphe in extenso :
"Défendre l'Ukraine et la paix sur le continent européen
Pour faire échec à la guerre d'agression de Vladimir Poutine, et qu'il réponde de ses crimes devant la justice internationale : défendre indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l'intégrité de ses frontières, par la livraison d'armes nécessaires, l'annulation de sa dette extérieure, la saisie des avoirs des oligarques qui contribuent à l'effort de guerre russe dans le cadre permis par le droit international, l'envoi de casques bleus pour sécuriser les centrales nucléaires, dans un contexte international de tensions et de guerre sur le continent européen et œuvrer au retour de la paix."
oOo
Stefan Bekier
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Le peuple crie haro sur les fachos et le genocide a gaza !

Une riposte d'envergure ce samedi 22 mars, Place de la République à Paris, pour contrer la montée en puissance du racisme. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans la capitale et les grandes villes de l'Hexagone. Ils (es) étaient plus de 90 000 à s'indigner, dans les 200 rassemblements.
De Paris, Omar HADDADOU
Convulsivement haineux (es) !
Enchâssée dans l'Euro populisme, désorbitée sur la scène internationale, hystérisée par la rivalité dispendieuse de réarmement, dictée par le Super- Président Macron, la France cultive parallèlement un racisme épidémique et prédateur décomplexé.
Un fléau nourri par les discours haineux des Républicains de la trempe de Retailleau et les non moins xénophobes RNistes, Marine le Pen – Bardella et Darmanin.
Les trois élus (es) de la République, forts de leur accointance avec les médias du Capital, ont agrippé leur attelage claudiquant au carrosse des Ultras radicalement xénophobes, entonnant leurs cors purulents pour annoncer l'ouverture de la chasse aux étrangers (es) et l'épandage de leur acrimonie néocolonialiste aux Etats souverains, comme l'Algérie.
C'est sur le terreau de déni de la différence et la vénération de la race Blanche que s'accomplit le point de bascule des Démocraties européenne vers le fanatisme négationniste et l'émergence du Populisme !
Un maillage sous la Vème République qui n'est pas sans rappeler la Société secrète américaine Ku Klux Klan. D'où les mobilisations massives dans les grandes villes comme Paris, Marseille, Toulouse, Rennes, ce samedi 22 mars, au lendemain de la Journée internationale de la Discrimination raciale décrétée par l'ONU. Associations, syndicats, Militants (es) de différents secteurs, Collectifs de la lutte estudiantine et universitaire, citoyens (nes), Retraités (es) lambda, Handicapés (es), ont répondu à l'appel. Dans le cortège aux allures d'une marée humaine où l'on dénombre plus de 90 000 manifestants (es) dont 21 500 à Paris, des Slogans antiracistes appelant à la Tolérance et en soutien à la cause palestinienne, ont été brandis tout au long du parcours entre Place de la République et Bastille. Point de chute quadrillé par une armada de CRS arborant une dégaine de Goldorak fumant prêt à en découdre pour donner de la matière au débriefing entre collègues, à l'issue de la journée, autour d'un bon café !
Fer de lance de la mobilisation, La France Insoumise sous la bannière du Nouveau Front Populaire LFI-NFP s'est résolue à canaliser le mouvement lui conférant la quintessence d'une opposition au Gouvernement Bayrou et à l'Extrême Droite : « L'heure de la riposte populaire a sonné ! lance la Présidente de LFI, Mathilde Panot. Si nous sommes si nombreux aujourd'hui partout dans le pays, plus de 200 manifestations dans le pays. C'est pour dire ça suffit de se voir dans un retournement de valeurs historiques. Cet air des temps qui veut exclure les femmes de la pratique sportive ou des sorties scolaires, parce qu'elles portent le voile ! Oui ! Il y a un continuum du racisme en France a/pplaudi de chaîne en chaîne et relayé de l'Extrême Droite à la Macronie ! Nous assistons à l'Internationale réactionnaire avec le salut nazi. Cette Droite et Extrême Droite qui mènent des politiques meurtrières avec le génocide en Palestine et des guerres avec l'Internationale qui essaye de substituer au Droit international le Droit du plus fort ! ».
Dénonçant l'acharnement du ministre de l'Intérieur sur les Immigrés (es) et ses poussées de fièvre contre l'Algérie (qui s'amuse à le sortir de ses gonds par le jeu des rétorsions), la Députée LFI-NFPde la Seine Maritime, Alma Dufour déclare : « M. Retailleau fait partie des personnes contre lesquelles tous les gens manifestent ! ».
En force, la Jeunesse, fredonnant des airs anti-racistes, ne manquait pas d'inspiration pour alimenter les pancartes, les banderoles. Aussi, pouvait-on s'abreuver de « Macron nous fait la guerre et les racistes aussi ! » « Les Fachos sous OQTF* ! » « Fini le temps des colonies ! »
O.H
*Obligation de Quitter le Territoire
Manifestaion massive contre le racisme à Paris, 22 mars 2025







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Journée d’action de l’IG-Metall, 80 000 personnes réclament des emplois sûrs

Des manifestations ont eu lieu samedi dans plusieurs villes sous le slogan « L'avenir plutôt que les coupes sombres ». Le syndicat salue l'accord conclu entre les partis noir (CDU), rouge (SPD) et Grünen (vert) sur un fonds spécial pour les investissements.
15 mars 2025 | tiré d'Europe solidaire sans frontières, par Tageszeitung | Photo : Sur la Schlossplatz à Stuttgart aussi, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées pour manifester contre les suppressions d'emplois. Photo dpa
Selon l'IG Metall, environ 81 000 personnes ont participé samedi à une journée d'action syndicale pour des emplois industriels sûrs dans plusieurs villes. Dans le cadre de l'action « L'avenir plutôt que le démantèlement », des manifestations ont eu lieu à Hanovre, Cologne, Francfort-sur-le-Main, Stuttgart et Leipzig. Ces manifestations ont débuté symboliquement à chaque fois cinq minutes avant midi.
« Avec notre journée d'action, nous envoyons un signal clair en faveur d'une action rapide, d'investissements courageux de la part des politiques et des entreprises et surtout en faveur de notre avenir », a déclaré la présidente d'IG Metall, Christiane Benner. « Sans industrie, l'Allemagne est un pays pauvre, nous ne le permettrons pas », a souligné Mme Benner. Elle a reproché aux employeurs de ne vouloir que « compresser et délocaliser », mais de « ne faire aucun effort pour innover ou construire l'avenir ».
Mme Benner a expressément soutenu les projets de la CDU/CSU et du SPD visant à créer un fonds spécial financé par l'emprunt pour accroître les investissements, qui, après certains amendements, ont également reçu le soutien des Verts. « C'est une bonne chose que les responsables politiques aient montré qu'ils ont compris », a-t-elle déclaré. Cependant, le fonds spécial n'a pas encore été voté. C'est pourquoi « toutes les forces politiques doivent maintenant prendre leurs responsabilités pour que ce projet central ne capote pas », a demandé la présidente d'IG Metall.
Avec sa journée d'action, IG Metall appelle les employeurs à s'engager en faveur de« l'Allemagne, site d'implantation des entreprises ». Il faut mettre fin aux suppressions d'emplois, aux fermetures et aux délocalisations, peut-on lire dans l'appel à la journée d'action. Le nouveau gouvernement fédéral doit « rapidement » améliorer la situation de l'industrie et garantir la « pérennité des acquis sociaux dans un monde en pleine mutation ». Le syndicat souligne qu'une industrie forte et prête à affronter l'avenir est « indispensable pour garantir des emplois de qualité, correctement rémunérés, et la prospérité de l'Allemagne dans son ensemble ».
L'action a également été soutenue par la fédération syndicale IGBCE. « Dans le secteurs des matières premières, la baraque brûle. Presque chaque jour, nous recevons des informations sur de nouveaux plans d'économie, des suppressions d'emplois, des fermetures d'usines, voire de sites », a averti son président Michael Vassiliadis. Il s'élève contre un "retrait échelonné » de l'industrie en Allemagne.
Selon IG Metall, environ 9 000 personnes ont participé à la manifestation à Hanovre. À Cologne, il y aurait eu environ 23 000 participants. Pour Stuttgart, le nombre de participants a été estimé à 25 000, pour Francfort-sur-le-Main et Leipzig à 12 000.
L'union professionnelle allemande des constructeurs de machines (VDMA) a émis des critiques. Elle a déclaré que la préférence accordée aux entreprises respectant les conventions collectives, comme le demande IG Metall, « n'était pas la bonne solution ». Le directeur général de la VDMA, Thilo Brodtmann, a également demandé que des corrections soient apportées aux règles relatives au temps de travail.
L'Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti social-démocrate (SPD) prévoient de remplacer la durée maximale quotidienne de travail de huit heures par une durée maximale hebdomadaire. Mme Benner a clairement rejeté cette proposition. « Je n'y crois pas », a-t-elle déclaré aux journaux du groupe Funke-Mediengruppe. Elle a rappelé que la charge de travail était déjà élevée pour de très nombreux et nombreuses salarié.e.s.
Rédaction du Tageszeitung
P.-S.
• Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde
Source : Tageszeitung, 15.3.2025 :
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