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Le procureur de la CPI demande des mandats d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou et Yahya Sinwar

Lundi 20 mai, Kharim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale, a demandé que soient émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, son ministre de la Défense, le chef du Hamas à Gaza et deux autres responsables du mouvement palestinien. Un coup dur pour les dirigeants de l'État hébreu qui redoutaient cette décision et qui avaient tenté de s'y opposer, commente la presse internationale.
Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le ministre de la Défense Yoav Gallant sur la base militaire de Kirya à Tel Aviv, le 28 octobre 2023. Photo Abir Sultan Pool via Reuters.
Une décision historique. Lundi 20 mai, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan a annoncé qu'il allait demander des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et contre le leader du Hamas, Yahya Sinwar, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, annonce le Washington Post.
Sont également concernés par ces poursuites le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, et deux autres hauts dirigeants du Hamas : Mohammed Deif, le chef des Brigades Al-Qassam, le bras armé du Hamas, et Ismaïl Haniyeh, le leader politique du mouvement palestinien, qui vit en exil à Doha, au Qatar.
“Sur la base des éléments de preuve recueillis et examinés par mon bureau, j'ai des motifs raisonnables de croire que Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre d'Israël, et Yoav Gallant, le ministre de la Défense d'Israël, portent la responsabilité pénale de crimes de guerre et crimes contre humanité commis sur le territoire de l'État de Palestine (dans la bande de Gaza) à partir du 8 octobre 2023 au moins”, est-il écrit dans un communiqué de la CPI, qui siège à La Haye, précise le quotidien suisse le Temps dans le live qu'il consacre à la couverture de l'actualité à Gaza.
Même si cette demande doit encore être approuvée par les juges de la CPI, explique The New York Times, “elle constitue un coup dur pour le gouvernement de Benyamin Nétanyahou et alimentera probablement les critiques internationales à l'égard de la stratégie d'Israël dans sa campagne de sept mois contre le Hamas et des conséquences de la guerre sur Gaza”.
Pressions israéliennes contre la CPI
Israël ne reconnaît pas la Cour pénale internationale – chargée de poursuivre les individus quand la Cour internationale de justice, elle, s'intéresse aux États – mais si ces mandats d'arrêt sont émis, chacun des 123 États membres de la CPI sera tenu d'arrêter les personnes visées qui pénétreraient sur son territoire et de les remettre à la Cour pour qu'elles soient jugées.
On comprend mieux l'inquiétude manifestée récemment par les dirigeants israéliens qui ont multiplié les pressions contre la CPI. Selon le site Axios, le Premier ministre israélien aurait ainsi exhorté le président Joe Biden à “intervenir” pour empêcher la Cour de La Haye d'émettre ces mandats, tout en menaçant de représailles contre l'Autorité palestinienne si la Cour pénale internationale allait de l'avant. “Cela fait plusieurs semaines que le ministère de la Justice [israélien] et les juristes de Tsahal se démènent pour empêcher que cela ne se produise” , expliquait récemment le quotidien Ha'Aretz dans un article traduit sur notre site.
Des manœuvres qui avaient provoqué une réaction rare du procureur Kharim Khan. Le 3 mai, dans un geste inédit, rappelait récemment Al-Jazeera, son bureau avait appelé à mettre fin à ce qu'il considérait comme une “intimidation” visant la CPI. Il sera allé finalement au bout de sa logique.
Lundi 20 mai, les familles des otages israéliens ont été parmi les premières à réagir, pour condamner fermement la décision du procureur de la CPI. “Nous rejetons l'assimilation des dirigeants israéliens aux terroristes du Hamas”, écrit le Forum des otages et familles de disparus, cité sur le live du quotidien Ha'Aretz. Même indignation du côté du chef de l'opposition Yair Lapid, qui qualifie de “désastre” cette annonce.
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LA CRÉATION DU FRONT DE LIBÉRATION DU QUÉBEC – Pour l’indépendance et le socialisme (1963)
Cet article se veut le premier d’une série portant sur l’expérience du Front de libération du Québec (FLQ, 1963-1972). Notre enquête vise à éclairer les sources, discours et pratiques de ce mouvement multiforme qui a marqué durablement l’imaginaire québécois. Bien qu’elle soit souvent réduite à la seule Crise d’Octobre, l’histoire du FLQ s’étend sur près de dix ans. Elle reste incontournable pour comprendre l’activisme des années 1960 et l’importance qu’a revêtue la question nationale dans l’histoire révolutionnaire de la province[1].



À droite : Secteur du Red Light, un des quartiers les plus pauvres de Montréal, 1957 (Archives de la Ville de Montréal). Au centre : Scènes de la vie montréalaise dans les années 1960. À gauche : manifestation à l’occasion de « L’Affaire Gordon » (BAnQ Vieux-Montréal, Fonds Antoine Desilets).
Au début des années 1960, le Québec est en ébullition. La Révolution tranquille est en marche, alors qu’avec ses nationalisations, le Parti libéral de Jean Lesage proclame « l’ère du colonialisme économique[2] » révolue au Québec. Mais, pour plusieurs, ces réformes restent insuffisantes. Dans ce contexte, de jeunes radicaux fondent en 1963 le Front de libération du Québec (FLQ), « pour l’indépendance et le socialisme ». Ce moment séminal, moins connu que les coups d’éclat de la fin de la décennie, permet de comprendre les motivations de l’indépendantisme révolutionnaire au Québec et sa pérennité. Soixante ans plus tard, que reste-t-il du premier FLQ ?
En septembre 1960, le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) est créé. Il fait la promotion de l’indépendance du Québec, tout en adoptant un discours résolument à gauche, incarné par son charismatique leader Pierre Bourgault[3]. En marge du RIN, de petits groupes radicaux se forment, dont le Comité de libération nationale (CLN) et le Réseau de résistance (RR), qui envisagent une action clandestine en appui à l’action légale afin de parvenir à la souveraineté dans une perspective socialiste. De novembre 1962 à février 1963, le RR mène quelques attaques contre des symboles de la domination culturelle et économique anglo-saxonne, avant que trois de ses membres participent à la fondation d’une nouvelle organisation : le Front de libération du Québec (FLQ), dont le nom s’inspire directement du Front de libération nationale (FLN) algérien.

Manifestation indépendantiste (BAnQ Vieux-Montréal, Fonds Antoine Desilets)
Un Québec à révolutionner
Le nouveau groupe considère que les Canadien·ne·s français·e·s sont colonisé·e·s « politiquement, socialement, économiquement », puisque le Québec est inféodé aux intérêts anglo-saxons (britanniques, américains et canadiens). La domination régalienne de Londres et d’Ottawa est bien réelle, ainsi que la dévalorisation du français dans de nombreux milieux de travail. Les conditions sociales des classes populaires francophones sont misérables, comme le démontrent les commissions Parent (1961-1966) ou Castonguay-Nepveu (1966-1971). En 1960, 36 % des anglophones au Québec effectuent une 11e année de scolarité, contre 13 % des francophones. Dans le même sens, 13 % des anglophones de 20 à 24 ans fréquentent l’université, contre 3 % des francophones du même âge. Enfin, l’économie est dominée par la bourgeoisie anglophone qui possède massivement les capitaux et les industries : elle détient 80 % des actifs à Montréal, alors que les francophones, comme les travailleur·euse·s immigrant·e·s, sont largement confiné·e·s à des emplois peu ou pas qualifiés, généralement mal payés et souvent dangereux. Le FLQ se veut une réponse à ces injustices.
Le FLQ n’est pas le premier groupe à envisager la situation québécoise sous le prisme de l’oppression coloniale. Depuis 1959, la Revue socialiste, animée par Raoul Roy, affirme que les Canadiens français forment un peuple « occupé économiquement par une grande bourgeoisie colonialiste de langue et de culture étrangères[4] ». Au milieu du XXe siècle, tout au bas de l’échelle des salaires et dévalorisés culturellement, les Canadiens français constituent, selon Raoul Roy, une « classe ethnique » au sein du Canada, une « nation prolétaire ». Il reproche à l’élite traditionnelle nationaliste de s’être solidarisée avec la bourgeoisie anglo-saxonne et d’avoir mobilisé le peuple « au service d’un conservatisme immobiliste et de ‘l’entreprise privée’ des étrangers[5] ». Son groupe, l’Action socialiste pour l’indépendance du Québec (ASIQ), lutte contre la domination économique anglo-américaine et le capitalisme canadien-français, promouvant « un socialisme québécois adapté aux conditions particulières de l’Amérique du Nord ». Sa conception politique influence les premiers felquistes et plusieurs jeunes activistes francophones, dont les rédacteurs de la revue Parti pris, fondée elle aussi en 1963.
Plus largement, l’époque est marquée par l’éveil politique de ce que l’on appelait le « Tiers-monde » depuis la conférence de Bandung en 1952. L’indépendance algérienne et la révolution cubaine marquent les esprits. Les travaux d’Aimé Césaire, Jacques Berque, Frantz Fanon et Albert Memmi circulent abondamment au Québec[6], sous l’impulsion d’indépendantistes de la trempe d’André d’Allemagne, auteur du Colonialisme au Québec (1966). La Revue socialiste, elle, fait abondamment usage de la pensée de Fanon et son réseau diffuse l’ouvrage Les damnés de la Terre, « le livre de la libération par excellence[7] ».
Le paradigme anticolonial adopté par les indépendantistes révolutionnaires marque un changement radical par rapport au nationalisme traditionnel, soutenu par l’élite cléricale et conservatrice canadienne-française depuis le XIXe siècle. Ce nationalisme conservateur voulait améliorer la condition des francophones en soulignant l’appartenance des Canadiens français à la « civilisation occidentale, judéo-chrétienne et d’origine européenne[8] », avec l’objectif d’obtenir une place équitable au sein de la Confédération canadienne. L’indépendantisme révolutionnaire renverse cette perspective en soulignant les similitudes entre l’oppression vécue par les Québécois·e·s, le colonialisme en Afrique et en Asie, et la situation des Afro-Américain·e·s, tout en envisageant la lutte des francophones comme une lutte de libération nationale.
Bien qu’il existe des « différences considérables […] entre le Québec et la colonie classique[9] » et malgré les angles morts de cette analyse qui oblitère les populations autochtones, le recours à l’analogie coloniale permet aux activistes d’exprimer en termes politiques la domination sociale, culturelle et économique que vivent les Canadien·ne·s français·e·s, puis de proposer un renversement concret des structures qui maintiennent ces oppressions. Le recours à l’imaginaire de la décolonisation explique les choix théoriques et stratégiques du premier FLQ, soit la lutte pour l’indépendance et le socialisme. Le FLQ désire attirer l’attention sur la condition des Québécois·e·s, au niveau national comme international. Il cherche à montrer qu’une action combative est possible ici même en Amérique du Nord, au cœur de « l’empire américain ». L’organisation souhaite aussi galvaniser les groupes indépendantistes et accompagner le développement d’un mouvement indépendantiste large. En somme, sa stratégie repose sur la propagande armée et l’agitation, communes aux groupes clandestins du même genre qui émergent en Occident à l’époque.


À gauche : les habitations Jeanne-Mance, 1961 (Photo par Yvon Bellemare, Archives de la ville de Montréal). À droite : désamorçage d’une bombe du FLQ, Westmount, 17 mai 1963.
Des paroles aux actes
À la fin du mois de février 1963, une demi-douzaine de personnes, notamment issues du Réseau de résistance, fonde officiellement le FLQ. Gabriel Hudon, Pierre Schneider, Georges Schoeters et Raymond Villeneuve sont au cœur de l’organisation. Ils passent une première fois à l’action dans la nuit du 7 au 8 mars 1963, ciblant trois casernes militaires de la région de Montréal avec des bombes incendiaires. Cette première action est accompagnée par la publication d’un court manifeste, Avis à la population de l’État du Québec, qui est diffusé par les médias. Le communiqué déclare que le FLQ est « un mouvement révolutionnaire composé de volontaires prêts à mourir pour la cause de l’indépendance politique et économique du Québec ». Il annonce que le groupe compte s’attaquer « aux symboles et aux institutions coloniales », y compris celles représentant les intérêts américains « allié naturel du colonialisme canadien-anglais ». Les usines qui imposent un régime discriminatoire pour les ouvriers francophones ne seront pas épargnées. L’indépendance, pour le FLQ, « n’est possible que par la révolution sociale[10] ».
Début avril, trois nouvelles bombes explosent, visant différents établissements fédéraux. La pression policière commence à se faire sentir, alors que plusieurs indépendantistes radicaux sont arrêtés et interrogés en lien avec ces attaques. Le 21 avril, un malheureux attentat du FLQ dans un centre de recrutement militaire de Montréal coûte la vie au veilleur de nuit de l’établissement. Le 3 mai, une bombe (non amorcée) est déposée au siège social de la Solbec Copper, en solidarité avec les travailleurs en grève de cette entreprise. Cette attaque, dirigée pour la première fois contre une entreprise détenue par la bourgeoisie canadienne-française, est menée à l’instigation de François Mario Bachand, un jeune peintre-décorateur et ancien militant des Jeunesses communistes ayant récemment adhéré au FLQ[11]. Au printemps, différentes attaques sont menées, à nouveau contre des établissements de l’armée, mais aussi de sociétés canadiennes, dont Golden Eagle (Ultramar), et des boîtes aux lettres de la ville bourgeoise de Westmount. Le 20 mai, une explosion spectaculaire touche une caserne militaire de la rue Saint-Grégoire à Montréal : il s’agit de « l’Opération Chénier », lancée par le FLQ à l’occasion de la fête de la Reine (le 20 mai), en l’honneur du patriote Jean-Olivier Chénier. En mai, le réseau felquiste comporte une trentaine de membres à travers la province et semble avoir le vent dans les voiles.
La progression est pourtant de courte durée. Au début du mois de juin 1963, une vingtaine de membres de ce premier réseau du FLQ sont arrêtés. Malgré une certaine sympathie populaire et l’appui qu’ils reçoivent du « Comité Chénier » (un groupe de défense des prisonniers politiques du FLQ), onze felquistes sont condamnés en octobre. Hudon et Villeneuve écopent de 12 ans de prison, et Schoeters de 10 ans. C’est ainsi que se termine l’aventure du premier réseau du FLQ. L’initiative, que le chef de la police de Montréal qualifiait de « petit groupe d’anarchistes[12] » sans importance, allait pourtant faire des petits : pas moins de cinq autres réseaux du FLQ se formeront entre 1963 et 1972, poursuivant la lutte armée clandestine pour l’indépendance et le socialisme. De sa première mouture, on peut retenir plusieurs éléments du FLQ, notamment sa théorie du Québec comme « nation colonisée », le lien organique qu’il établit entre l’indépendance et le socialisme, et la nécessité, dans le contexte des années 1960, de dynamiser le mouvement social par une action de propagande armée.



De gauche à droite, Raymond Villeneuve, Jeanne Pépin-Shoeters et Gabriel Hudon au cours de leur procès de 1963.
Soixante ans plus tard
Pourquoi, aujourd’hui, s’intéresser à la première vague du FLQ ? Il nous permet d’abord d’examiner la trajectoire de l’indépendantisme au Québec, qui en vient à s’arrimer à un projet révolutionnaire dans un contexte où les privilèges de classe s’arriment aux privilèges linguistiques. L’émergence de groupes comme le FLQ s’inscrit dans le passage du nationalisme traditionnel, fondé sur le catholicisme et l’idée de la « résistance culturelle », au néonationalisme québécois, laïque et progressiste, qui cherche à modifier en profondeur les structures sociales et politiques de la province. Ce changement est perceptible, entre autres, par le retour de la référence aux Patriotes (républicains et révolutionnaires) chez les felquistes, alors que ceux-ci étaient conspués par les élites cléricales et conservatrices.
S’intéresser à la première mouture du FLQ permet aussi de dissiper le mythe qui fait de ces militants de « simples » indépendantistes. Le Message du FLQ à la nation (16 avril 1963) affirmait déjà : « L’indépendance seule ne résoudrait rien, elle doit à tout prix être complétée par la révolution sociale ». Le caractère rudimentaire de l’organisation, formée de réseaux clandestins qui se font et se défont au gré des arrestations, explique le manque d’uniformité dans l’action et le discours du FLQ au cours de la décennie 1960. Le groupe oscille entre la centralisation et la fragmentation, l’action militaire et l’action de masse, la primauté de la question nationale ou celle de la question sociale. Même si les différentes vagues du FLQ infléchissent chacune à leur manière le discours et la pratique « felquistes », la présence des thèmes relatifs à l’exploitation, au colonialisme et au socialisme, ainsi qu’une valorisation de l’action violente comme outil de transformation sociale, restent une constante dans l’histoire de l’organisation.
/ / /
Pour en savoir plus sur le premier réseau du FLQ, on consultera les témoignages de deux de ses membres : La véritable histoire du FLQ (Claude Savoie, 1963) et Ce n’était qu’un début (Gabriel Hudon, 1977). Les manifestes et les écrits felquistes sont consignés dans l’ouvrage de Robert Comeau et al. FLQ : un projet révolutionnaire. Lettres et écrits felquistes 1963-1982 (VLB, 1990). Pour une vue d’ensemble sur cette période mouvementée au Québec, on consultera l’ouvrage de Sean Mills, The Empire Within : Postcolonial Thought and Political Activism in Sixties Montreal (McGill-Queens, 2010).



Notes
[1] Le présent article se base sur le texte La création du Front de libération du Québec : pour l’indépendance et le socialisme, paru dans le no 96 (été 2023) de la revue À Bâbord !
[2] Manifeste du Parti libéral du Québec (Québec, 1962).
[3] Il déclare le 3 mars 1963 : « L’indépendance en soi, ça ne veut rien dire. Il faut que l’indépendance s’accompagne de la révolution sociale. »
[4] « Propositions programmatiques de la Revue socialiste », La Revue socialiste, no 1 (printemps 1959), 13.
[5] « Le Québec est une colonie ! Sus au colonialisme ! », La Revue socialiste, no 6 (automne 1962), 8. Voir aussi Stéphanie Jodoin, « Socialisme et décolonisation dans le Québec de la Révolution tranquille à travers La Revue socialiste et Parti pris » dans Patrick Dramé, Pascal Scallon-Chouinard et Françoise Nozati(dir.) Décolonisation et construction nationale : Afrique, Asie et Québec (Sherbrooke : Les Éditions de l’université de Sherbrooke, 2016), 101-114.
[6] Sean Mills, The Empire Within. Postcolonial Thought and Political Activism in Sixties Montreal (Montréal, Kingston, London, Chicago : McGill-Queen’s University Press, 2010), 42.
[7] La Revue Socialiste, no 6 (automne 1962).
[8] Michel Bock. « De l’anti-impérialisme à la décolonisation : la transformation paradigmatique du nationalisme québécois et la valeur symbolique de la Confédération canadienne (1917-1967) », Histoire, économie & société, vol. 36, no 4, 2017, 28-53, 30.
[9] Ibid., 7.
[10] Manifeste du FLQ de 1963, cité dans Louis Fournier, FLQ. Histoire d’un mouvement clandestin (Montréal : Québec / Amérique, 1982), 14.
[11] Ibid., 45.
[12] Ibid., 49.
Pour en finir avec la complicité du Canada avec Israël

Québec Solidaire doit être le rassembleur des mouvements de lutte !

Combiné au départ d'Émilise Lessard-Therrien, le recentrage du parti exprimé par les documents soumis pour le prochain Conseil National a provoqué une crise politique d'importance à QS, comme on n'en avait jamais vu auparavant, mais qui couvait depuis un moment et qui était à prévoir.
Le défi de Québec solidaire a toujours été de résister à la pression du conformisme et à la voie électoraliste. Il n'y a pas de formule miracle, il faut mobiliser les forces qui se battent pour la justice sociale, les réunir derrière un projet politique qui ne peut que changer les fondements de cette société. C'est l'essence de notre programme et de notre projet d'assemblée constituante pour y arriver, ce qui n'est pas rien.
La déclaration de Saguenay combiné avec la proposition de réviser le programme a constitué un changement de cap inégalé dans l'histoire de Québec solidaire. La tournée des régions qui a eu lieu l'automne dernier ne peut suffire à justifier le contenu de la déclaration soumise au Conseil national. Il s'agissait d'une consultation et non d'un processus d'assemblées décisionnelles. Même si la direction de QS avait un mandat pour effectuer cette tournée, il est légitime de se demander s'il y avait une intention au départ qui a guidé ce processus et mené à cette finalité de changer le programme dans son esprit et dans sa lettre. Ce que fait la déclaration de Saguenay. Notons que les modifications au programme doivent être faits en congrès et non en conseil national. Le fait de modifier des principes qui sont dans le programme par la déclaration de Saguenay, comme le révèle entre autres les propositions concernant l'industrie forestière et la reconnaissance du monopole syndical en agriculture sont inquiétants et questionnables.
Pourquoi ce changement de cap maintenant ?
Le narratif conduisant à ces propositions est totalement absent, hormis la justification de la tournée des régions. Est-ce l'inquiétude provoquée par la montée du PQ et la nécessité de gagner un nouveau terrain pour contrer cette situation, ou est-ce l'urgence de combattre la crise économique accompagnée de la crise environnementale, qui motive ce processus ? Ces deux questions conduisent à des réponses bien différentes. Raison pour laquelle il est fondamental de situer dans quel contexte et quelle analyse fait-on de la situation politique, avant d'avancer des propositions sur la stratégie. Dans le premier cas on vise à édulcorer notre programme pour le rendre plus « conformiste » et dans l'autre on serait incitéEs à resserrer nos liens avec les forces militantes.
QS était dans une relative montée lors de l'élection de 2022, le plan de transport collectif permettait de mettre sur la table une proposition emballante pour tout le Québec qui permettait d'offrir une alternative à l'auto solo pour les déplacements interurbains et dans une certaine mesure pour les transports régionaux. La question du financement a cependant frappé un écueil. Au lieu de cibler les multinationales et leurs évasions fiscales, qui n'étaient pas mentionnées dans le plan de communication, la population a senti que ce serait elle et particulièrement les personnes qui ont une propriété et un fonds de retraite qui étaient ciblées. La montée de QS s'est arrêtée à ce moment.
La CAQ en est à son deuxième mandat, commence à battre de l'aile et le PQ est en montée. Rien d'étonnant, ce sont quelque part des vases communicants, on n'a qu'à regarder le personnel politique qui a navigué de l'un à l'autre. Paul St-Pierre Plamondon a réussi à redonner vie à son Parti qui est en montée.
Si on compare les résultats de la dernière élection en 2022 avec le dernier sondage QC 125 du 26 avril dernier, on constate que QS n'a pas substantiellement perdu de terrain, il est passé de 15,43% à 14%. Les libéraux font certains gains passant de 14,37% à 17%. Le changement majeur se situe entre le PQ et la CAQ, le PQ passant de 14,61% à 34% et la CAQ de 40,98% à 23%. À priori il ne devrait pas y avoir de vent de panique à QS, ce qui se produit était quelque part prévisible.
Québec solidaire doit être le rassembleur des mouvements de lutte
Notre but est de changer cette société d'injustice où la domination des corporations et du profit nous entraine dans une crise économique et sociale dont les conséquences environnementales s'accroissent à vitesse grand V.
Il est essentiel de mobiliser tous les secteurs de la population, d'entreprendre des grands chantiers qui vont amener à nous coaliser à nous politiser et à construire un rapport de force.
C'est ainsi que Québec solidaire s'est construit. Le programme a été développé sur plusieurs années avec des thèmes différents, justement pour permettre à tous les courants politiques progressistes d'y être représentés et de se sentir chez soi :
- 2009 l'enjeu 1 Pays démocratique et pluriel
- 2010 l'enjeu 2 Solidaire et écologique
- 2011 l'enjeu 3 Justice sociale – Éducation – Santé – Culture
- 2014 l'enjeu 4 Pour une société solidaire et féministe Femmes – Familles – Diversité sexuelle et de genre
- 2017 l'enjeu 5 Bâtir ensemble un Québec solidaire Justice – Territoire – Agriculture – Altermondialisme
Le préambule au programme de QS indique ce qui suit :
« Au Congrès de fondation, en février 2006, les membres de Québec solidaire ont adopté la Déclaration de principes qui décrit les valeurs du parti. À partir de ces valeurs, des centaines de citoyennes et citoyens, membres et non membres, ont participé à une démarche de démocratie participative entre 2008 et 2017. Ce programme est le résultat de leurs réflexions et de leurs échanges. Il s'agit d'un projet à long terme. Une plateforme électorale annonce ce que prévoit le parti pour les quatre années d'un mandat de gouvernement. Ce programme voit beaucoup plus loin. C'est un projet de société, la proposition de Québec solidaire pour transformer démocratiquement la société québécoise. Ce programme est vivant. Il est appelé à évoluer et à se renouveler selon la volonté des membres. »
Notre défi consiste beaucoup plus à regarder quels sont nos angles morts, quels sont les éléments qui pourraient couvrir les problématiques ou des situations nouvelles que nous n'avons pas adressées. Nos positions sont-elles suffisamment élaborées concernant les populations immigrantes qui fuient le sud global pour échapper à la catastrophe climatique et économique ? Si on ne veut laisser personne derrière on doit s'assurer que toute la population laborieuse se reconnaisse dans nos politiques.
C'est de cette façon qu'on construira un rapport de force, qu'on rassemblera une population désireuse de prendre en main sa destinée. Nous aurons ainsi la force et la possibilité de lutter vraiment pour une société égalitaire et de prendre le pouvoir pour y arriver.

-La vie coûte trop cher !

Aujourd'hui se tenait à Montréal, dans le quartier Villeray, un rassemblement citoyen pour clore l'enquête menée dans ce quartier concernant l'impact de l'augmentation du coût de la vie sur plusieurs types de ménages.
Les 14 organismes du quartier qui ont recueilli 190 témoignages brossent un portrait accablant qui a des impacts démesurés sur tant sur le logement que l'alimentation, la santé mentale et physique, le transport, la mobilité, l'habillement, le manque de revenus ou le chauffage.
L'aggravation du coût de la vie bouleverse plusieurs vies et accroit la pauvreté de ce quartier. Voici quelques témoignages recueillis :
Alimentation (99 témoignages) : Témoignage no 5
« C'est vraiment dur, surtout la dernière semaine du mois. Je ne sors pas beaucoup pour ne pas dépenser. Aussi, je fais des sacrifices pour mes repas. Je mange durant une semaine des toasts avec du beurre de peanuts et des soupes poulet et nouilles. »
Logement (61 témoignages) : Témoignage no 35
« Je suis une diplômée d'une technique au cégep. Je gagnais correctement ma vie même lorsque je me suis retrouvée monoparentale. Maintenant, je peine à joindre les deux bouts. J'ai un logement trop petit pour mon enfant et moi. Nous dormons dans la même chambre séparée par des meubles. Il n'y a donc pas de fenêtre dans un de ces espaces. Cette situation joue beaucoup sur nos relations et nous affecte psychologiquement. »
Revenu (44 témoignages) : Témoignage no 154
« Mon budget familial ne répond pas à mes besoins essentiels et j'arrive pas à tenir le mois-je suis obligée de découvrir les banques alimentaires et de suivre les circulaires chaque semaine. »
Santé mentale : Témoignage no 9
« Le fait de tout devoir calculer ses dépenses dans un mois devient un poids stressant qui cause l'anxiété. »



Les témoignages recueillis ne sont que la pointe de l'iceberg, indique le rapport. En effet, ce sont toutes les sphères de la vie quotidienne qui sont touchées lorsque nous subissons une insécurité financière due à cette augmentation sans fin du coût de la vie. Les 14 organismes regroupés au sein de la CDC Villeray (Association des locataires de Villeray, ACEF du Nord, Centre des femmes d'ici et d'ailleurs, Comité 0-5 ans, Espace famille Villeray, HAPOPEX, LUDIC, La Jarnigoine, La Maison de quartier Villeray, La Maison des grands-parents de Villeray, PACT de rue, Vers Vous, Villeray dans l'Est et Zoothérapir Québec), résument leurs revendications en ces termes :
. Vivre dans la dignité ;
. L'inclusion ;
. Un logement décent ;
. Des loisirs accessibles ;
. Une épicerie abordable ;
. Une redistribution des richesses ;
. Un accès aux transports
Il est temps d'agir !
Propos recueillis par Ghislaine Raymond
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Voilà pourquoi nous lançons cette campagne de sociofinancement. La place d'À bâbord ! est unique au Québec, seule revue autogérée donnant la parole aux personnes issues des mouvements sociaux dans leur diversité. Il s'agit aujourd'hui d'assurer la pérennité de la revue À bâbord !
À quoi servira le montant demandé ?
Le montant recueilli permettra de constituer une réserve financière de 15000$ nous permettant d'assurer la production et la livraison d'un numéro. Nous comptons sur votre générosité et sur votre attachement pour lui permettre de vivre bien au-delà de son vingtième anniversaire et de son centième numéro que nous fêtons maintenant.
Il est possible de contribuer par chèque. Les chèques doivent être faits à l'ordre de Revue À bâbord ! et envoyés par la poste à l'adresse suivante :
Revue À bâbord !
CP 47572 MTL CP Plateau Mont-Royal
Montréal, QC H2H 2S8 Canada
Contre toutes les guerres… sauf les guerres « justes » ? | Une brochure anti-militariste anarchiste

Campements en solidarité avec la Palestine : des rectorats répondent aux étudiant·es. Que font les centrales syndicales ?

Après des mois d'une importante mobilisation étudiante et du corps enseignant, après de nombreuses demandes formelles et de résolutions adoptées par des dizaines de composantes de l'Université, le jour même où des étudiant·es installent un campement au sein de l'Université du Québec à Montréal, la direction de l'UQAM a finalement communiqué de précieuses informations sur ses investissements et ses échanges avec l'État d'Israël :
« Communiqué du 12 mai 2024 :
(…)
Il importe d'indiquer que la Fondation de notre université n'a aucun investissement dans l'armement, ayant adopté une politique d'investissement responsable il y a de nombreuses années, et que l'Université n'a pas actuellement d'entente de mobilité ni d'entente-cadre avec des universités israéliennes ».
On dénoncera le délai pris par l'administration pour communiquer ces données. On condamnera l'absence de toute marque de solidarité ou d'empathie du communiqué, notamment avec les enseignant·es et les étudiant·es palestinien·es mort·es, blessé·es ou affamé·es. On aurait apprécié un engagement de l'Université à soutenir les universitaires et les étudiant·es palestinien·es qui en feraient la demande ou en faveur des enseignant·es et des étudiant·es israëlien·nes persécuté·es pour leur prise de position en faveur d'un cessez-le-feu. On regrettera enfin l'absence de prise de position collective des directions universitaires, comme vient de le faire le Conseil d'administration de la Conférences Recteurs et Rectrices des Universités Espagnoles (CRUE) en faveur du cessez-le-feu et contre l'antisémitisme et l'islamophobie notamment :
« * Revoir et, le cas échéant, suspendre les accords de coopération avec les universités et centres de recherche israéliens qui n'ont pas exprimé un engagement ferme à la paix et au respect du droit international humanitaire ;
* Intensifier la coopération avec le système scientifique et d'enseignement supérieur palestinien et amplifier nos programmes de coopération, le volontariat et l'attention à la population réfugiée.
* Veiller à ce que, dans l'exercice de la liberté d'expression, ne se produisent des conduites également répréhensibles d'antisémitisme ou d'islamophobie, ainsi que tout autre comportement de haine au sein des communautés universitaires.
Mais tout bien pesé, le communiqué de l'administration de l'UQAM, aussi bureaucratique et sans humanité soit-il, mis en rapport avec le refus de répondre de nombreuses universités ou avec le silence assourdissant des centrales syndicales sur les investissements de leurs fonds de pension (Fonds de solidarité-FTQ ou Fondaction-CSN en particulier), constitue une petite victoire du mouvement de solidarité québécois avec la Palestine et pour un cessez-le-feu.
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À propos des propositions et amendements du Cahier synthèse de Québec solidaire sur la déclaration de Saguenay et le programme

L'article sur la Critique de la déclaration de Saguenay montrait que cette déclaration constituait, de fait une remise en question de plusieurs éléments importants de notre programme (contrôle public de nos ressources naturelles, défense de l'agroécologie, défense du pluralisme syndical en milieu agricole, nationalisation de l'énergie éolienne, centralité de la lutte contre la privatisation… ). Or, présenter une déclaration remettant en cause des éléments du programme de Québec solidaire dans un Conseil national n'est pas une démarche acceptable. Il est vrai qu'on peut amender cette déclaration, il reste que la discussion proposée n'est pas un cadre adéquat pour mener les débats essentiels qui sont devant nous tant pour faire face à la crise climatique qu'à l'offensive néolibérale que mène le gouvernement Legault.
Proposition 1 – La transition juste
Le Cahier synthèse accepte des ajouts suivants à la proposition initiale : les valeurs écoféministes ; le caractère public et abordable des alternatives de mobilité durable ; la dimension urbaine au développement du transport collectif, interrégional et interurbain ; et tout cela en cohérence avec les initiatives locales et régionales déjà existantes et une perspective intersectionnelle à l'évaluation des impacts de la transition.
Il remplace
• responsabiliser par rendre imputables et encadrer légalement les grands pollueurs
La formulation est floue à souhait, elle ne précise aucunement le sens des mots imputables et la nature de l'encadrement légal proposé. En fait les objectifs de cet encadrement auraient dû être précisés, soit l'adoption de mesures contraignantes vers la fin des émissions polluantes, la suspension de la possibilité d'achat de droits de polluer, de vendre de moins en moins des voitures thermiques et de mousser la surconsommation par une publicité omniprésente.
Il soumet au vote
• le soutien à la décroissance matérielle
• les caractérisations des alternatives de mobilité durable comme devant être publiques et gratuites.
Ces deux amendements sont particulièrement importants à adopter, car le premier écarte la construction d'un parc automobile électrique comme étant une solution réelle permettant la diminution des GES (Hochelaga-Maisonneuve) et le deuxième priorise clairement le transport public et sa gratuité (RMÉ) comme étant des revendications qui devraient être mises de l'avant par Québec solidaire. Ce sont là deux propositions qui nous semblent incontournables et importantes à soutenir.
La proposition visant à rayer la priorité donnée aux régions les moins bien desservies ne semble pas relever d'un souci d'une volonté d'un développement égal et, mais celle sur la transformation du BAPE mériterait d'être discutée.
Proposition 2 - Transition juste
Le comité synthèse propose d'accepter tel quel, les trois éléments de la proposition 2, soit :
• le zéro perte d'emploi,
• la priorité donnée à la diversification des économies locales, aux investissements dans des secteurs peu polluants, et la requalification de la main-d'œuvre
• et l'implantation de comités paritaires
Il soumet au vote les amendements suivants
• remplaçant les comités paritaires dans les milieux de travail par comités de transition de travailleurs et travailleuses (Viau et RMÉ)
• des propositions soit éliminent les comités prioritaires sur la transition (Deux Montagnes, Rimouski), soit définissent différemment les lieux d'implantations des comités d'entreprises : grandes entreprises ( CP) ou moyennes ou grandes entreprises (Mauricie)
La nouvelle proposition (Viau et du Réseau Militant Écologiste) qui propose d'appliquer le principe de la participation démocratique des populations concernées dans la planification, l'exécution, le contrôle et l'évaluation de l'atteinte des objectifs de cette transition est la seule qui pose des objectifs démocratiques concrets à la démarche de transition… Et c'est là le centre de la question.
Proposition 3 - sur l'équité territoriale
Le cahier synthèse ajoute à la proposition initiale sur la défense de l'équité territoriale en termes de construction d'infrastructures, le développement de services publics. Et ajoute à régions rurales, celles de régions éloignées ou périurbaines. (Marie-Victorin) souligne l'importance de s'assurer que le transport collectif permette à l'ensemble de la population d‘accéder aux services publics. Une proposition importante.
Proposition 4 – Décentralisation de la santé et des services sociaux
À la décentralisation des pouvoirs décisionnels vers les régions, le Cahier synthèse ajoute et les ressources pour le faire.
Le Cahier synthèse n'intègre pas la proposition du RMI, de la CNF et de NDG soit un gouvernement de Québec solidaire mettra fin à la privatisation, ouverte ou cachée, du système des centres de services sociaux et en approfondissant leur caractère public. Ni l'idée d'une vaste consultation (NDG) afin d'envisager une alternative à Santé Québec, afin de combattre la centralisation des services de santé
Le Cahier synthèse écarte donc le rapport qu'il faut établir entre centralisation et la privatisation et cela constitue un angle mort. En fait, la dépossession du bien commun passe essentiellement par la privatisation qui touche la santé, l'éducation et même la fonction publique.
Ne pas faire de la lutte contre la privatisation, l'enjeu majeur de la lutte politique dans les années qui viennent, c'est passer à côté d'un combat essentiel très important de soutenir les amendements à la proposition 4
• mettre fin à la privatisation ouvert ou cachée et des services sociaux en maintenant et en approfondissant leur caractère public (RMI, CNF, Notre-Dame-de-Grâce)
• mettre fin au système scolaire actuel à trois vitesses en le rendant totalement public, universel, égalitaire, accessible et gratuit depuis la garderie jusqu'à la fin de l'université.
Limiter cette dépossession au seul enjeu de décentralisation, c'est passer à côté les fondements de cette dépossession, soit une privatisation rampante qui remet de pans entiers du bien commun de la majorité populaire dans toutes les régions du Québec dans les mains des intérêts privés.
Proposition 5 – Décentralisation du développement du logement
Le Cahier de synthèse ajoute a la proposition de décentralisation du développement du logement vers les régions, la fourniture l'expertise et des ressources économiques, et spécifie en ce qui concerne les projets de logements, notamment des logements sociaux et fournira des moyens financiers aux expertises déjà en place.
Il ne retient pas et soumet donc au vote le développement national de logements sociaux dans un objectif de planification et de contrôle démocratique de ces projets par les collectivités concernées (RMÉ et Bonaventure). Les autres amendements parlent de logements abordables et sociaux (Deux-Montagnes) ou publics et collectifs (Bonaventure) et (Viau) mettent de l'avant une réforme fondamentale des institutions concernées.
L'idée d'un programme national de logements sociaux dans un objectif de planifications et de contrôle démocratique est au centre des amendements soumis au vote et ils doivent être soutenus. Mais ces amendements ne questionnent pas l'ascendant des spéculateurs et promoteurs immobiliers sur les choix des investissements en matière de construction de logements.
Proposition 6 – conseils régionaux de développement et de transition
Cahier synthèse ajoute au fait de donner aux régions les moyens d'organiser leur développement et social, le soutien aux initiatives régionales existantes dans chacune des régions et le financement nécessaire pour remplir leur mission.
Le fait de confier aux CRDT, la planification de la transition énergétique, laisse complètement de côté la réalité des acteurs qui ont le plus de pouvoir économique sur les décisions structurantes de la vie économique des régions, soit les grandes et moyennes entreprises.
Proposition 7 – Ressources naturelles
Le Cahier de synthèse remplace exploitation par utilisation durable et responsable dans le respect des limites de la planète et des écosystèmes et de la santé des collectivités et dans le respect des droits inaliénables des peuples autochtones et qualifie la répartition des redevances comme devant être suffisante et équitable.
Le Cahier de synthèse soumet au vote la proposition qui avance qu'il faut équilibrer le rapport de force entre les municipalités et les grandes entreprises exploitant les ressources naturelles (Mercier). L'amendement fait un pas seulement dans la bonne direction.
Se contenter d'une meilleure répartition directe des redevances aux régions, et proposer le développement des coopératives sans poser la fin du pouvoir des multinationales sur nos richesses naturelles, c'est tout simplement se placer en position de faiblesse et empêcher que ces nouveaux modèles économiques publics, coopératifs et d'économie sociale puissent véritablement s'imposer. Parler d'équilibrer le rapport de force, c'est se payer de mots, sans déterminer les moyens de la reprise en main réelle de notre pouvoir sur les ressources naturelles.
QS ne pourra assurer l'exploitation ou l'utilisation durable et responsable de l'énergie, quelles qu'en soient les formes, sans indiquer sa volonté de maintenir (ou de rétablir) le monopole d'Hydro-Québec sur la production et la distribution de l'hydro-électricité, de l'énergie éolienne ou de l'énergie solaire. C'est là le seul moyen d'assurer le contrôle public et démocratique sur les sources d'énergie renouvelable. Ici, la non-reprise du programme qu'on veut d'ailleurs changer est problématique.
Proposition 8 – Industrie forestière
Le Cahier de synthèse remplace la reconnaissance du rôle central de l'industrie forestière par la forêt et de la foresterie dans l'épanouissement économique de plusieurs régions du Québec. Pour ce qui est de la stratégie d'adaptation des forêts aux changements climatiques, on propose que QS adopte une stratégie de gestion durable de la ressource et d'adaptation de la foresterie aux changements climatiques et la proposition précise que lorsqu'on parle de communautés touchées, on ajoute particulièrement les Premières Nations et les Inuit, l'industrie et ses travailleurs et travailleuses et qui reconnaît l'importance de la valeur intrinsèque de la forêt et des services écosystémiques qu'elle produit.
La proposition reste en deçà de ce qui serait nécessaire pour la protection des forêts. C'est faire croire que la défense des populations des régions puisse faire fi de la remise en question de la domination des grandes multinationales forestières, minières et énergétiques sur nos ressources naturelles. Aucun amendement ne permet de préciser cette problématique.
Proposition 9 – Souveraineté alimentaire
Le Cahier de synthèse reprend l'essentiel de la proposition d'initiale sur la responsabilité confiée à la première ou au premier ministre, à la création d'un front d'urgence, à la réforme en profondeur de l'ensemble des programmes de soutien au secteur agricole, il se contente de préciser ses particularités régionales. Cette proposition souligne également la nécessité de renégocier les accords commerciaux afin de tendre vers la réciprocité des normes pour les produits importés.
Les amendements soumis essaient de réintroduire certaines dimensions d'une agriculture agrobiologique : soit en favorisant les productions végétales (Viau et RMÉ), soit la mise en place entres autres par une taxe sur la malbouffe (Hochelaga-Maisonneuve). Ils sont donc importants. 17 associations de QS et le RMÉ proposent de biffer conférer la responsabilité de l'agriculture à la première ministre ou au premier ministre. La centralisation des pouvoirs dans les mains du PM a bien peu à voir avec un mouvement avec la décentralisation des pouvoirs vers les régions.
Les propositions et les amendements du moins explicitement, ne questionnent pas l'exploitation de la main-d'œuvre immigrante en agriculture, la domination d'une agriculture agro-exportatrice où domine la production carnée, le poids du capital financier sur l'endettement des agriculteurs et des agricultrices, la distance qui reste à parcourir pour une réelle souveraineté alimentaire… Refuser de poser ces questions c'est s'empêcher d'identifier les défis auxquels font face les agriculteurs et agricultrices du Québec.
Proposition 10 – Syndicalisme agricole
Le Cahier synthèse reprend la proposition comme quoi Québec solidaire reconnaît le rôle de l'Union des producteurs agricoles (UPA) et renonce à réformer le syndicalisme agricole.
Les amendements proposent soit le dépôt (Berthier), soit la référence à la Commission politique
(CP) soit des reformulations qui reprennent l'essentiel de la proposition (Labelle et Verchères)
Cette proposition ne doit pas être adoptée. Un proposition qui rompt avec notre programme doit pour le moins être déposée. Défendre la pluralité dans le syndicalisme agricole comme moyen de promotion de la démocratie c'est la simple reconnaissance de la diversité des agricultures au Québec et le refus de voir dans l'agro-industrie exportatrice comme la seule sorte d'agriculture possible au Québec.
Proposition 11 – Filière batterie
Le Cahier synthèse fait trois ajouts à la proposition 11 – à la relance de la filière batteries sur des bases démocratiques, durables et justes et la tenue d'un BAPE générique, il ajoute notamment pour confirmer un recyclage assuré des batteries et pour assurer que la santé des citoyen-ne- que soit pris en considération dans tout le processus afin de planifier des projets pour lesquels le BAPE émettra un avis favorable. Et ajoute à l'objectif de réduction de gaz à effet de serre l'adjectif contraignant.
Le Cahier synthèse soumet au vote la proposition de nationaliser les différents secteurs économiques concernés (Viau), en priorisant le développement du transport collectif (Hochelaga-Maisonneuve), ne soutiendra pas et ne financera pas des projets portés par des multinationales tel celui de Northvolt.(RMI).
La proposition d'Hochelaga-Maisonneuve va à l'essentiel. La proposition présentée par le Comité synthèse n'éclaire pas les liens avec le développement de l'extractivisme ; elle ne précise pas que dans le contexte actuel le projet de la filière batterie présenté par le gouvernement Legault vise d'abord et avant tout à l'électrification de la voiture individuelle. Elle ne dénonce pas le fait que cette filière est dans les mains tant au niveau minier qu'industriel, d'entreprises multinationales ayant leur propre agenda qui ne va nullement dans le sens d'une lutte aux changements climatiques.
La proposition sur la filière de l'hydrogène vert (Berthier) se fait sans véritable analyse et évaluation de cette filière.
Proposition 12 – Habitation
Le Cahier synthèse reprend les 4 éléments de la proposition de la déclaration initiale
• dont convoquer un sommet national afin de lancer une nouvelle Corvée habitation ;
• la construction de maison d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale ;
• en dialogue continu avec les communautés autochtones, appuyer les efforts pour répondre aux défis particuliers en matière de logement, particulièrement dans le nord du Québec
• accélérer la construction de logements adoptés pour les personnes les plus vulnérables
Les amendements veulent que les maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale permettent les animaux de compagnie (Rosemont) ; aider les RPA existantes, afin de les aider à s'adapter aux nouvelles normes et d'éviter leur fermeture (Mauricie) ; permettre aux propriétaires de résidences unifamiliales d'ajouter une unité d'habitation additionnelle détachée sur leur terrain pour location à long terme.(Mercier).
Aucun de ces amendements ne tient véritablement compte des fondements de la crise du logement. Seule la proposition sur la nationalisation de l'industrie du logement (Montréal) aborde cette question, mais sans préciser ce que cela signifie réellement.
Ni la proposition initiale, ni les amendements ne s'attaquent aux fondements de la crise du logement, ce que ferait la construction de logements sociaux hors du marché privé afin d'augmenter le nombre d'habitations à bas prix misant sur le logement social et communautaire qui regroupe les habitations à loyer modique, les coopératives d'habitation et les organismes sans but lucratif.
Proposition 13 – La nécessité d'avancer ensemble
Le Cahier synthèse précise
• que le modèle interculturaliste des bâtisseurs du Québec moderne qui sera un jour souverain
• Que QS solidaire s'engage à défendre les droits et libertés des Québécois-es et à combattre toutes les formes de discrimination, notamment le racisme systémique
• QS affirme la primauté de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et ajoute notamment s'engage à promouvoir l'idée de l'inclusion de cette Charte dans la constitution d'un futur Québec indépendant durant les débats et les consultations de l'assemblée constituante
Les amendements soulignent l'importance de la culture (Marie-Victorin) et de l'éducation (Marie-Victorin). Seul (Montréal) ouvre un débat en demandant à Québec solidaire de s'engager à ne pas employer la clause dérogatoire afin de ne pas limiter les droits et libertés des Québécoises et des Québécois.
La défense de l'interculturalisme n'est qu'une partie de la solution. Au-delà de ce nécessaire interculturalisme, les combats contre la surexploitation de la population immigrée et contre les restrictions à leurs droits sociaux et politiques, et les luttes contre l'inégalité de genre, contre les discriminations à l'emploi et dans le logement, ainsi que les luttes antiracistes seront essentiels pour créer de nouveaux liens sociaux et jeter les bases d'une véritable inclusion et d'un métissage de la société québécoise qui seront à la base de la construction d'une véritable majorité indépendantiste.
Proposition 14 -Programme et plate-forme électorale
Le comité synthèse reprend la proposition qu'en prévision de la campagne électorale de 2026, le parti s'engage dans un processus de modernisation du programme, qui sera suivi par l'adoption de la plate-forme électorale… Le comité synthèse présente une série de balises dont la transformation sociale, et notre projet à renverser le statu quo politique au Québec. Ces balises précisent également qu'un éventuel programme ne se limite pas à définir les orientations d'un éventuel gouvernement solidaire, mais aussi les axes des transformations sociales et politiques.
Cette proposition semble corriger les déclarations sur un programme plus pragmatique qui ont circulé. Mais les amendements visant à remplacer moderniser par actualiser(RMI) etde biffer la balise c : Que le programme soit exempt d'engagements politiques spécifiques restent importants à soutenir.
Si une actualisation du programme doit être faite, elle ne doit pas viser un quelconque recentrage, mais elle doit préciser la vision transformatrice de Québec solidaire afin de lui permettre de répondre aux défis de notre époque.
Cette actualisation du programme devrait viser à définir a) les modalités de la rupture avec la croissance capitaliste afin d'éviter la destruction écologique et sociale où nous mène se ce système ; b) l'articulation de notre lutte pour l'indépendance et la nature de notre projet de société dans une véritable démarche de souveraineté populaire ; c) la centralité de la lutte contre la privatisation des services publics et l'extension des services énergétiques publics, d) les mesures permettant une véritable redistribution des richesses et enfin e) l'élargissement du pouvoir démocratique des citoyens et des citoyennes y compris sur le terrain économique.
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Ça brasse à McGill !

L'Université McGill est en proie à une vague de syndicalisme et de militantisme jamais vue depuis plus de 50 ans. Grèves et actions des syndicats et groupes étudiants s'enchaînent à un rythme effréné sur le campus depuis quelques mois. Le campement pro-Palestine qui s'y est érigé le 27 avril 2024 en est la plus récente démonstration.
1 mai 2024 | tiré d'Alternative socialiste | Photo : Barricade autour du campement pro-Palestine sur le campus de l'Université McGill
Cela s'inscrit dans un contexte de lutte ouvrière renouvelée. La récente demande d'accréditation d'un syndicat chez Amazon à Laval, la grève à la SAQ et les actions syndicales reliées aux négociations du secteur public (au Front Commun et à la FAE, mais aussi à la FIQ et au SPGQ toujours en négociation) en sont quelques exemples. Au niveau international, les dernières années ont vu un regain d'actions des travailleurs et travailleuses, en particulier aux États-Unis.
La situation à McGill est intéressante, car cette université est la plus riche au Québec, la moins syndicalisée (du moins pour les professeur⋅es) et avec un bassin étudiant traditionnellement peu militant. Cependant, ces deux derniers aspects semblent appelés à changer.
Grèves d'employé⋅es à McGill
Jusqu'à récemment, l'université était en négociation de renouvellement de convention collective avec l'Association des étudiantes et étudiants diplômé-e-s employé-e-s de McGill (AÉÉDEM), représentant surtout les auxiliaires en enseignement, ainsi qu'avec le Syndicat des chargé-es de cours et instructeurs et instructrices de McGill (SCCIM). Leurs conventions collectives étaient échues depuis juillet 2023 et août 2022 respectivement. Ces deux négociations sont arrivées à terme en avril 2024, après une âpre lutte de l'AÉÉDEM.
L'université n'a pas hésité à utiliser des tactiques antisyndicales et la désinformation envers sa propre communauté à propos d'une décision de la cour. McGill a également fait pression sur les instructeurs pour être briseurs de grève (en faisant le travail des grévistes tel la correction). L'université a aussi fait pression pour changer le format des évaluations afin de réduire le besoin du travail des grévistes (une façon détournée de briser la grève).
McGill a évidemment elle-même obtenu une injonction pour limiter le nombre de grévistes sur le campus, après avoir voulu faire croire que le syndicat n'avait pas le droit de faire un piquet de grève sur place. La demande d'une présence policière constante sur le campus sans raison valable a aussi mis à mal les efforts de l'AÉÉDEM.
Au même moment, l'université fait face à l'accréditation de nouveaux syndicats qu'elle conteste bec et ongles. McGill a d'abord perdu sa contestation de l'accréditation de l'Association mcgillienne de professeur.e.s de droit (AMPD), puis fait traîner les négociations de leur première convention collective depuis plus d'un an et demi.
Ce printemps, l'AMPD a voté trois journées de grève, du jamais vu à McGill. Elle en a utilisé une pour accentuer la pression, connaissant les tactiques de l'université utilisées avec le SCCIM et l'AÉÉDEM. En effet, l'administration n'hésite pas à :
• annuler ou raccourcir les rencontres de négociations ;
• refuser un calendrier de rencontres accéléré ;
• mal préparer leur équipe de négo qui procède ensuite à pas de tortue.
Finalement, devant le refus continuel de McGill de négocier de bonne foi, l'AMPD a décidé d'utiliser son rapport de force en déclarant une grève illimitée le 24 avril 2024.
Nouveaux efforts de syndicalisation
Pendant ce temps, les professeur⋅es de la faculté d'éducation entendent négocier leur première convention collective avec McGill grâce à leur tout nouveau syndicat. Ceux et celles de la faculté des arts ont d'ailleurs déposé leur demande d'accréditation syndicale en avril 2024. Avant ces initiatives relativement récentes, aucune personne dans un poste de professeur ou de maître d'enseignement (faculty lecturer) à McGill n'a jamais été syndiquée.
Il existe bien une association qui prétend représenter ces personnes devant l'employeur, l'Association des Professeur(e)s et Bibliothécaires de McGill (APBM). Cependant, il faut noter qu'un ancien président de cette association est aujourd'hui doyen de la faculté des sciences, et donc membre de l'administration de McGill. Un organisateur du syndicat des professeur⋅es en arts rappelle que l'administration semble faire l'effort d'écouter ses employé⋅es, mais finit toujours par faire à sa tête.
De son côté, l'AÉÉDEM s'efforce de syndiquer les nouvelles catégories d'emploi créées par l'université afin d'éviter que ces employé⋅es soient reconnu⋅es comme faisant partie d'un syndicat déjà existant. Ainsi, l'université peut moins les payer. Par exemple, les correctrices et correcteurs sont moins payé⋅es que les auxiliaires d'enseignement pour un travail similaire. Voici, en anglais, une liste non-exhaustive de titres d'emploi possiblement conçus pour une telle raison : marker, teaching assistant, graduate course assistant, undergraduate course assistant, tutor, mentor, invigilator, course lecturer, faculty lecturer, senior faculty lecturer.
Coupures à McGill
Tout cela se déroule dans le contexte de la hausse des frais de scolarité des étudiants et étudiantes anglophones hors Québec. Plusieurs associations étudiantes mcgilloises se sont battues contre cette hausse par l'entremise de manifestations et de votes de grèves (incluant quelques jours de grèves de la part de petites associations étudiantes). La réponse des administrations des universités anglophones a plutôt été de traîner le gouvernement en justice, après que leurs efforts pour discuter avec la CAQ n'aient pas porté fruit.
Bien que ces changements risquent d'affecter les finances de l'université, cette hausse sert d'excuse à l'administration McGill pour geler les embauches et les remplacements. Elle diminue aussi l'offre d'enseignement par des coupures dans les budgets d'embauche de chargé⋅es de cours déjà précarisé⋅es, forçant les professeur⋅es à enseigner les cours de base plutôt que des cours avancés. Finalement, l'offre de services aux étudiants et étudiantes est dépréciée par l'élimination des postes de responsables d'étages dans les résidences étudiantes.
Les attaques contre McGill pleuvent de toute part
L'université est aussi en brouille avec les Mères Mohawk à propos de la construction d'un nouveau bâtiment sur les lieux de l'ancien Hôpital Royal Victoria, site d'un ancien cimetière Mohawk et aussi d'expérimentations psychiatriques dans le cadre du programme MKUltra de la CIA américaine. Ce site a d'ailleurs été cédé à McGill par le gouvernement provincial avec une bourse pour le démarrage du projet, sans égard aux autres universités montréalaises.
Il faut aussi noter que les tensions sur le campus ont monté d'un cran suite aux attaques du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023, et à la violente répression d'Israël contre Gaza depuis. Il semblerait que l'université ne veuille pas s'aliéner ses quelques grands donateurs sionistes tel Sylvan Adams. L'administration de McGill se met ainsi à dos un bon nombre de sa communauté estudiantine et de ses employé-es.
McGill contre le soutien à la Palestine
L'automne passé, l'Association Étudiante de l'Université McGill (AÉUM) a soumis au vote référendaire une nouvelle Politique contre le génocide en Palestine. Cette politique a été entérinée à 78% avec une participation record de 35% du corps étudiant, malgré la menace de l'administration de couper ses liens (entre autres financiers) avec l'association étudiante.
L'administration a aussi mis de la pression pour que le corps professoral ne laisse pas les étudiants et étudiantes s'exprimer sur le sujet en classe. La politique de l'AÉUM est présentement bloquée par une ordonnance de sauvegarde de la Cour Supérieure du Québec, suite à une demande d'injonction de la part d'un étudiant anonyme de l'université. Celui-ci serait soutenu par l'organisation B'nai Brith Canada, qui vise à défendre l'État d'Israël, mais promouvoie l'islamophobie.
Depuis l'automne, le groupe étudiant Solidarité pour les droits humains palestiniens (Solidarity for Palestinian Human Rights) organise régulièrement des manifestations et walk-out auxquels la police a assisté au moins une fois à cheval et une autre fois en équipement anti-émeute.
Un organisateur du groupe aurait d'ailleurs été arrêté pour avoir utilisé de la peinture à craie sur le portail de l'université. Alors que la police était prête à le relâcher s'il enlevait toute trace de craie d'ici la fin de la journée, la sécurité de McGill a insisté pour que la police procède à son arrestation. McGill a ensuite porté le blâme sur l'AÉÉDEM, dont le piquet de grève avait lieu au même endroit.
Des étudiants et étudiantes de McGill ont également entamé ce printemps une grève de la faim pour forcer, sans succès, l'administration à désinvestir des compagnies qui participent à la violence génocidaire de l'État d'Israël envers la Palestine. Des professeur⋅es ont aussi organisé une « visite guidée » du campus, mettant en lumière comment McGill est complice de la violence de l'État d'Israël, par exemple à travers ses liens avec des compagnies de surveillance et d'armement militaire.
Un campement pro-Palestine sur le campus
Mais l'action sur le campus de McGill qui restera la plus gravée dans la mémoire sera sans doute l'érection d'un campement, à l'image de ceux dans plusieurs universités américaines, en support à la cause palestinienne. En quelques heures seulement, le campement s'est constitué d'une vingtaine de tentes, incluant un service de nourriture ainsi qu'une toilette. Il rassemble quelques centaines de personnes présentes pour participer, chanter les slogans et écouter les discours. Qui eut cru voir une occupation du terrain gazonné à l'entrée même du campus de l'Université McGill ?
Une chose est sûre : l'Université McGill ne peut plus se permettre le business as usual. Elle doit maintenant prendre garde aux divers syndicats et associations qui luttent contre l'exploitation et les oppressions. Alternative socialiste salue et soutient ces initiatives militantes des groupes d'employé⋅es, d'étudiants et d'étudiantes de McGill.
par Alternative socialiste
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Une crise féministe à QS

Québec solidaire (QS) est à la croisée des chemins. Parmi les multiples sujets en discussion, c'est la place qu'occupe le féminisme dans le parti qui me paraît le plus négligé. Or, Québec solidaire ne saura résoudre cette crise sans une introspection féministe.
Tiré de Facebook
https://www.facebook.com/search/top?q=alexa%20conradi
Rappelons que QS a été fondé, partiellement, par des féministes voulant transformer la politique. En l'an 2000, dans le cadre de la Marche mondiale des femmes, des féministes étaient mobilisées pour contrer les inégalités créées par le néolibéralisme patriarcal et la violence à l'égard des femmes. Le gouvernement provincial de l'époque n'a pas pris au sérieux cette mobilisation sans précédent, une attitude qui a été reçue comme une gifle. Au point où, lors du rassemblement final de la Marche, Françoise David, alors porte-parole, s'est demandé si nous, les féministes, devions entreprendre des actions de désobéissance civile ou bien fonder un parti politique féministe de gauche pour enfin être entendues.
J'étais parmi les centaines qui ont opté pour la création d'un parti politique féministe. Non pas pour remplacer un mouvement féministe contestataire et autonome, mais pour transformer le paysage politique de manière à ce que les ambitions féministes soient mieux accueillies. Si le pouvoir nous marginalise, changeons le pouvoir !
En créant un parti né de la fusion entre deux organisations aux cultures différentes, soient Option citoyenne, associée davantage aux féministes, et l'Union des forces progressistes, associée davantage à la gauche politique, nous avions deux défis féministes à relever : implanter une culture et des pratiques féministes au sein du nouveau parti et éradiquer le sexisme de la politique. L'objectif de tout cela était de donner leur juste place aux analyses féministes dans les politiques économiques, écologiques, en éducation, en développement régional, en santé et dans les rapports avec les Premiers Peuples, etc. C'était l'heure de décloisonner le féminisme, pour le voir réellement comme un projet de société.
Force est de constater que ces défis demeurent d'actualité. Malgré certains progrès, QS semble traverser une crise quant à son engagement féministe et la politique demeure conservatrice et inégalitaire.
On aurait pu penser qu'un parti féministe ferait mieux. Or, les théories féministes portant sur le fonctionnement des institutions nous rappellent qu'il n'y a rien de naturel à vouloir fonctionner de manière féministe dans un milieu marqué historiquement par des rapports sociaux patriarcaux. Chercher à faire autrement implique un travail et une vigilance soutenus, car l'indifférence et la résistance se manifestent à tous les niveaux. Sans un effort important et continuel, le « naturel », c'est-à-dire l'appris, revient au galop. Les hommes reprennent vite la place qu'ils pensent leur être due par leur socialisation.
Même si Québec solidaire se veut féministe, la gauche manque historiquement de pratique en ce domaine. Sa culture institutionnelle (ses analyses, ses pratiques, ses priorités) a longtemps été définie en l'absence d'une pensée féministe. Ce n'est pas en se déclarant féministe que l'on élimine les tendances antiféministes ou l'indifférence au féminisme dans ses rangs. Vouloir être féministe en tant qu'organisation implique de se donner des moyens constants pour que le savoir, l'analyse et les pratiques féministes rayonnent partout. Les hommes comme les femmes doivent porter cette responsabilité.
Analyser en féministes
Trop souvent, on laisse aux expertes du féminisme le soin de faire les analyses ou de signaler les enjeux. Cela peut conduire à une situation où les autres ne développent tout simplement pas ce savoir. Combien de fois voit-on paraître la simple énonciation « et c'est bien pire pour les femmes et les personnes racisées » dans un texte ? Ou encore : on réduit les enjeux féministes à des thématiques de la condition féminine. Pourtant, le féminisme est bien plus que ça. C'est une réflexion critique sur toutes les sphères de la société.
Décider en féministes
L'exercice du pouvoir, vu par le féminisme, est collectif. Par définition, il faut refuser les boys clubs, la concentration du pouvoir et des équipes homogènes. Le processus est souvent vu comme aussi important que le résultat. Vouloir aller trop vite ou miser surtout sur l'efficacité finit par créer de l'exclusion. Qui a le temps de commenter rapidement ? Qui a l'énergie de travailler toujours plus d'heures ? Qui a la confiance pour s'exprimer, avant d'écouter ?
Écouter en féministes
Agir en tant que féministe implique de développer sa capacité d'écoute féministe, c'est-à-dire d'entendre les voix des personnes les plus affectées par le patriarcat, soient les femmes et les minorités de genre. Cela implique également que les hommes ne se pressent pas pour prendre la parole en premier et qu'ils acceptent de ne pas toujours définir les termes de discussion. Écouter en féministe, c'est être attentif.ve à la manifestation des rapports sociaux inégaux et les contrer.
C'est cette qualité qui manque dans le débat actuel. J'ai l'impression que l'on passe à côté des critiques à caractère féministe nommées par Émilise Lessard-Therrien, la Commission nationale des femmes du parti et par Catherine Dorion. En effet, dans le débat actuel, autant Gabriel Nadeau-Dubois que les signataires de plusieurs textes collectifs circulant dans les médias tendent à marginaliser cet enjeu en s'y référant seulement au passage. Continuer dans ce sens serait une erreur de taille, car les crises se répéteront.
Transformer en féministe
Le féminisme noir nous enseigne beaucoup sur les enjeux de la respectabilité. Souvent, au nom du pragmatisme et de la raisonnabilité, on va sacrifier les revendications et les besoins des personnes (dont les femmes noires) pour ne pas déranger. Un parti féministe intersectionnel va assumer le fait de déranger. On ne peut agir en tant que féministe sans se confronter au fait que ni la société, ni la politique sont toujours prêtes à recevoir la critique ou de nouvelles idées.
En tant qu'acteur de changement social, Québec solidaire se doit d'incarner ce à quoi il aspire. Cela se traduit par un engagement féministe clair sur le plan des pratiques, de la culture et des positions. Cela doit se voir et se sentir, même si la norme de la politique au Québec n'est pas à la même place. C'est en incarnant et en pratiquant la différence, notamment féministe, que QS va élargir le champ des possibles. C'est en acceptant d'être hors norme que QS pourra donner de l'espoir dans une époque plutôt inquiétante vu les tendances guerrières, écocidaires, intolérantes et inégalitaires qui se manifestent en ce moment."
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Rio Tinto demande encore plus de privilèges : trouvez l’erreur !

Dès le lendemain, l'éditorialiste du Quotidien Marc Saint-Hilaire parlait de « répercussions majeures ». Un article du Devoir déterrait un dossier qu'on pensait clos en soulignant à gros traits que le nouveau dépotoir de boues rouges est prévu sur une colline. Un article de Radio-Canada titre Les députés provinciaux convoquent RTA à une rencontre au sommet. Les mots ont un sens. Convoquer, ce n'est pas demander encore moins inviter. C'est assez rare, venant des élus jouant généralement le rôle de collaborateur de RTA. Il faut en mesurer la signification symbolique.
Par Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec
En réaction de « contrôle des dommages », la multinationale a repoussé à 2030 l'aménagement de son nouveau dépotoir de boues rouges, a tenté de minimiser la construction de son parc éolien en indiquant en être qu'à l'étape d'évaluation des vents et a fait miroiter, encore une fois, le mirage Elysis.
Privilèges disproportionnés de Rio Tinto
Dans les faits, Rio Tinto continue de demander des privilèges et non les moindres. Le dernier en date et il est de taille : un parc d'éoliennes d'une capacité de 700 à 1000 MW dans le secteur de Chutes des Passes. On comprend maintenant le départ précipité d'Yvan Vella et son remplacement par Jérôme Pecresse qui vient d'Energie Alstom et General Electric Énergies renouvelables. Si on se fie à l'estimation d'Hydro-Québec, on parle d'un territoire de près de une fois et demie celui de l'île de Montréal. Rio Tinto contrôle déjà tout le territoire du bassin versant du lac Saint-Jean avec tous les inconvénients qu'on connait pour les riverains, est-il avisé d'en rajouter ?
Le pacte social de la nationalisation de l'électricité a permis à Alcan de conserver la propriété de ses barrages de 3 000 MW au début des années 60 auxquels s'est ajouté 200 MW ce qui équivaut à des subventions déguisées de plus de 700 millions de $ par année. Faut-il le rappeler, ce privilège était accordé à l'Alcan en retour du maintien d'un très grand nombre d'emplois et d'un engagement pour la transformation de l'aluminium. Or les emplois sont passés de 12 000 à 3 500 en 60 ans et les lingots sont toujours exportés sans transformation. Il est tout à fait normal de (re)questionner les énormes privilèges consentis en regard des échecs retentissants.
Alors que le gouvernement devrait se développer un rapport de force face à Rio Tinto, il se complait dans une attitude collaborationniste nuisible au bien commun. Avec l'offensive tous azimut de la CAQ sur la production d'électricité éolienne privée et la volonté avouée de Fitzgibbon de changer la loi pour permettre aux producteurs privés de vendre à leurs voisins, les nouvelles demandes de Rio Tinto viennent élargir dangereusement la brèche du modèle de monopole d'électricité. Hydro-Québec a pourtant fait le succès énergétique, économique, environnemental et social du Québec. Rio Tinto fait partie de l'équipe d'affairistes qui veut accélérer la privatisation d'Hydro-Québec par la porte d'en arrière afin de s'accaparer la richesse liée à cette ressource indispensable.
Aluminium pas si « vert »
Rio Tinto, avec la complicité du gouvernement, joue à fond la carte de l'écoblanchiment avec « l'aluminium vert ». Cette étiquette sort fortement amochée de l'émission Enquêtes qui s'est beaucoup concentrée sur la question de la bauxite. Reste la carte Elysis. RTA tout comme la CAQ en use et en abuse. Il faut aussi comprendre que cette technologie risque d'être encore plus énergivore d'où les demandes de MW supplémentaires. Tous les nouveaux MW qui seraient engloutis dans Elysis, ne pourraient pas servir à remplacer le gaz et le pétrole. Quelle serait la meilleure utilisation de nos MW pour la décarbonation ? Elysis et produire encore plus de lingots d'aluminium exporté sans transformation avec des coupures d'emploi ou mettre fin au gaz et au pétrole ?
De plus, les retards d'Elysis ne font que s'additionner ce qui laisse croire qu'il y a très loin de la coupe aux lèvres. Dans un article du journal Le Monde du 10 mars dernier portant sur la nécessaire conversion de Dunkerque, la plus grande aluminerie d'Europe, son porte-parole y aborde la question de la technologie des anodes inertes et souligne qu'il est question de R&D sur un horizon d'une dizaine d'années. Cela démontre l'ampleur de l'incertitude. Ici, pour Elysis, après 160 millions de dollars en subvention, on en parle maintenant pour 2035 et encore. La technologie Elysis ressemble de plus en plus à une fuite en avant qui pour détourner notre regard de la réalité. La réalité c'est qu'une multinationale étrangère milliardaire jouissant de privilèges déjà immenses, veut maintenant profiter de la conjoncture politique pour en rajouter.
Face à l'instrumentalisation de la crise climatique de la part de la CAQ pour justifier une opération sans précédent de privatisation de l'électricité qui agira comme un cancer pour attaquer Hydro-Québec, nous pensons que seule la société civile peut freiner les ambitions affairistes de détournements de fonds publics, d'accaparement de notre territoire et de dilapidation de notre héritage collectif.
— Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, ancienne ministre des Ressources naturelles et ancienne gestionnaire chez Hydro-Québec
SOURCE :
climat.quebec
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L’instrumentalisation de l’antisémitisme contre le peuple palestinien et ses défenseurs

Face à l'horrible spectacle de la destruction de Gaza, le mouvement mondial dénonçant cette guerre génocidaire constitue l'une des rares lueurs d'espoir. Mais sous prétexte d'accusation d'« antisémitisme », l'élimination du peuple palestinien s'accompagne désormais d'une tentative d'anéantissement par la criminalisation de la défense des droits des Palestiniens.
Tiré de Yaani
Par Gilbert Achcar, professeur en études du développement et relations internationales à la School of Oriental and African Studies (SOAS) de l'université de Londres.
Mobilisation étudiante à l'université de Genève.
La mobilisation de la jeunesse dans les universités américaines, s'étendant à d'autres pays, a provoqué de telles réactions des milieux pro-israéliens qu'elles ne font que confirmer son importance, qu'il ne serait pas exagéré de qualifier d'historique. En effet, l'émergence d'un mouvement de masse favorable à la cause palestinienne dans les pays occidentaux, en particulier au sein même de la superpuissance sans laquelle Israël ne serait pas en mesure de mener la guerre génocidaire actuelle, constitue une évolution très inquiétante aux yeux du lobby pro-israélien. Cela menace d'instaurer parmi la nouvelle génération un rejet de la barbarie sioniste qui égale le rejet de la barbarie impériale américaine il y a plus d'un demi-siècle, qui fut l'un des principaux facteurs ayant poussé Washington à mettre fin à son agression contre le peuple vietnamien et retirer ses forces de son pays en 1973.
Une prétendue haine des juifs comme seule grille d'analyse
Ce précédent historique est fortement présent dans l'esprit des partisans d'Israël dans les pays occidentaux, car tous ces pays ont connu le mouvement contre la guerre du Vietnam qui a même joué un rôle de premier plan dans la vague mondiale de radicalisation politique de gauche du mouvement étudiant à la fin des années soixante. La sonnette d'alarme a donc sonné dans les milieux sionistes et chez leurs partisans, les incitant à lancer une campagne violente contre le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien, cherchant à le faire taire par divers moyens répressifs, de la violence idéologique à la violence policière, accompagnée de violence juridique.
Ces efforts d'oppression ne sont, bien sûr, pas nouveaux. Ils font partie d'une guerre idéologique qui a commencé dès le début du projet sioniste et s'est intensifiée au fur et à mesure de sa mise en œuvre en Palestine sous les auspices du colonialisme britannique. La bataille atteignit son apogée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Nations Unies, nouvellement créées à l'époque sous l'hégémonie des pays du Nord, ont examiné la question de la partition de la Palestine et de l'octroi au mouvement sioniste du droit d'y établir son État. À ce stade, l'effort sioniste dans la « guerre des récits » se concentra sur la représentation du refus des Palestiniens de l'établissement d'un État sioniste sur la majeure partie de leur territoire national comme s'il était inspiré par un « antisémitisme » semblable à la haine des Nazis envers les Juifs et en représentant la continuation. Ils présentèrent ainsi la mainmise sioniste sur la majeure partie de la terre de Palestine en 1948, accompagnée du déracinement de la plupart de ses habitants autochtones, comme la dernière bataille contre le nazisme, déformant et déguisant ainsi la réalité de cette usurpation, qui était en fait le dernier épisode du colonialisme de peuplement.
Au fil du temps, la propagande sioniste est devenue plus fervente en accusant toute personne hostile au projet sioniste de haine contre les Juifs et de continuation du nazisme. Deux exemples, parmi d'autres, sont Gamal Abdel Nasser, puis Yasser Arafat, tous deux présentés par cette propagande comme des homologues d'Adolf Hitler. Cette équation atteignit le comble de l'absurdité et du grotesque dans la réponse que fit Menahem Begin, leader du parti Likoud dont les origines fascistes sont bien connues, et Premier ministre israélien lors de l'invasion du Liban par l'armée sioniste en 1982, à Ronald Reagan, alors président des États-Unis, qui, dans une lettre à Begin, avait exprimé son inquiétude quant au sort de la population civile de Beyrouth assiégée. Dans sa réponse, Begin écrivit : « En tant que Premier ministre, je me sens le pouvoir de donner des instructions à une vaillante armée faisant face à “Berlin” où, parmi des civils innocents, Hitler et ses hommes de main se cachent dans un bunker profondément enfoui. »
Redéfinir l'antisémitisme pour défendre l'image d'Israël
Le zèle de la propagande sioniste s'est accru dans le recours aux accusations d'antisémitisme et aux comparaisons avec le nazisme, à mesure que l'image de l'État d'Israël s'est dégradée dans l'opinion publique internationale, et en particulier dans l'opinion publique occidentale. Le fait est que cette image s'est progressivement détériorée à mesure que l'État d'Israël est passé du mythe d'un État rédempteur de l'extermination des Juifs par les Nazis et gouverné par les pionniers d'un rêve socialiste dirigés par un « parti ouvrier », à la réalité d'un État militariste expansionniste, gouverné par l'extrême droite. Cette transformation d'image s'est accélérée avec l'occupation israélienne du territoire libanais (1982-2000) et la répression de la première Intifada dans les territoires occupés de 1967, qui atteignit son apogée en 1988, puis plus tard avec les attaques sanglantes et destructrices répétées contre la bande de Gaza, à commencer par le « massacre de Gaza » en 2009.
Alors que l'image de l'État d'Israël déclinait, la propagande de ses partisans s'est concentrée sur le rejet de toute critique radicale à son encontre en l'accusant d'antisémitisme. En 2005, certains cercles pro-israéliens formulèrent une définition de l'antisémitisme qui incluait des « exemples » tels que les « comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des Nazis ». En d'autres termes, cela signifie que la comparaison par les sionistes de plusieurs de leurs ennemis arabes avec le nazisme est acceptable, tout comme la comparaison entre n'importe quel État et le nazisme, à l'exception de l'État d'Israël, dont la comparaison avec le nazisme constitue une forme d'antisémitisme simplement parce qu'il est « juif ». La définition donne aussi comme exemple « que l'existence de l'État d'Israël est le fruit d'une entreprise raciste ». Autrement dit, qualifier de raciste tout projet qui vise à créer un État sur la base d'une discrimination raciale ou religieuse est acceptable, à l'exception du projet de « l'État juif », pour lequel cette étiquette est taboue.
En 2016, l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA) faisait sienne cette définition, avant de lancer une campagne dans divers pays occidentaux, les appelant à l'adopter officiellement afin d'étouffer les critiques du sionisme. La campagne réussit à convaincre les parlements de pays comme l'Allemagne et la France d'adopter la définition. Elle aboutit même à une tentative visant à amener l'Assemblée générale des Nations Unies à adopter la même définition. Cette tentative a cependant échoué, surtout après que la Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme eût déconseillé en octobre 2022 l'adoption de la définition de l'IHRA. Bien sûr, la ferveur parmi les partisans de l'État d'Israël est revenue et a atteint des formes frénétiques devant l'escalade actuelle de la condamnation mondiale de la guerre génocidaire que l'État sioniste mène à Gaza depuis sept mois.
Antisémites et pro-israéliens
Les États-Unis étant eux-mêmes un théâtre majeur de cette condamnation, notamment de la part de la jeunesse étudiante comme souligné au début de cet article, la Chambre des représentants du Congrès américain a adopté le 1er mai un projet de loi, présenté par un représentant républicain en octobre de l'année dernière, appelant à l'adoption de la définition de l'IHRA comme base pour « l'application des lois fédérales anti-discrimination concernant les programmes ou activités éducatives et à d'autres fins ». 320 représentants ont voté en faveur de ce projet de loi, et 91 contre. 133 représentants du Parti démocrate se sont joints aux républicains pour voter en faveur du projet de loi, tandis que 70 représentants démocrates et 21 représentants républicains ont voté contre (avec 18 abstentions). S'il était normal que des représentants de la gauche démocrate votent contre le projet de loi pro-israélien, il fut très étrange de voir des représentants de l'extrême droite républicaine le rejeter également, y compris la réactionnaire furibonde Marjory Taylor Greene, la plus extrémiste des partisan.e.s de Donald Trump – au point que celui-ci semble presque modéré comparé à elle.
N'allez pas penser que les fanatiques de la droite républicaine se sont opposés à l'effort visant à réprimer le mouvement dénonçant la barbarie israélienne en raison de leur attachement à la liberté d'expression. Ce sont les partisans les plus enthousiastes de l'État sioniste, encore plus depuis que le gouvernement de ce dernier inclut des personnes qui, comme eux, appartiennent à la droite extrême. Ils sont également favorables à la suppression de la liberté d'expression chaque fois qu'elle concerne des opinions qu'ils abhorrent, et ils appellent frénétiquement à une escalade de la répression contre les étudiants qui s'opposent à la guerre génocidaire d'Israël. La raison de leur opposition au projet de loi réside simplement dans leur fidélité à l'antisémitisme traditionnel, qui a longtemps inspiré une partie importante des partisans du sionisme. Ces antisémites partagent le point de vue du sionisme selon lequel l'État d'Israël est la seule patrie des Juifs, tout en détestant la présence des Juifs dans leur pays (comme ils détestent la présence des musulmans).
L'un des arguments antisémites traditionnels pour justifier l'hostilité à l'égard des Juifs étant de les rendre collectivement responsables du « meurtre du Christ », sous prétexte que les Évangiles accusent une foule juive d'avoir condamné à mort le Christ, et alors que les exemples d'antisémitisme donnés par la définition de l'IHRA incluent « l'affirmation selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus », les Républicains qui ont voté contre le projet de loi ont justifié leur position non pas par le fait qu'il empêcherait la critique du sionisme et de son État, ce qu'ils saluent bien sûr, mais par leur crainte qu'il prohibe les positions antisémites traditionnelles s'il venait à être transformé en loi. C'est pourquoi les partisans les plus enthousiastes de l'État « juif » se sont opposés à la restriction de la liberté des véritables haïsseurs des Juifs. Faut-il pleurer, faut-il en rire ?
Article en arabe : https://daraj.media/120421/
Article en anglais : https://daraj.media/en/120444/
Gilbert Achcar est notamment l'auteur de Les Arabes et la Shoah. La guerre israélo-arabe des récits (2009), où il réfute les tentatives qui visent à décrire la position arabe comme inspirée par le nazisme. Nous vous invitons également à lire son autre article dans Yaani où il réfute les mêmes accusations concernant l'opération « déluge d'Al-Aqsa » : « Gaza : le 7 octobre en perspective historique ».
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Vont-ils écraser le plus grand mouvement étudiant depuis le Vietnam ?

En l'espace de quelques jours, des dizaines de campements de solidarité avec Gaza ont vu le jour sur plus d'une centaine de campus universitaires à travers les États-Unis. Il s'agit du plus grand mouvement étudiant depuis les manifestations anti-guerre qui ont envahi les universités américaines dans les années 1960.
6 mai 2024 Source : Jewish Voices for Peace
Au fur et à mesure que les campements s'érigent dans tout le pays, les étudiant·es appellent pacifiquement à se désinvestir de l'oppression exercée par Israël sur les Palestinien·nes. En réponse, de nombreuses administrations scolaires invitent la police sur les campus pour réprimer violemment les étudiant·es.
Depuis plus de six mois, des dizaines de milliers de Juifs et de Juives et d'innombrables autres personnes de conscience se sont battu·es pour mettre fin au génocide qu'Israël commet contre les Palestinien·nes de Gaza. Nous continuons à exiger que l'administration Biden mette fin à son soutien à l'armée israélienne.
Le plus grand mouvement étudiant anti-guerre depuis le Vietnam
Alors que le mouvement en faveur d'un cessez-le-feu prend de l'ampleur, des milliers d'étudiant·es à travers le pays se sont organisés pour demander à leurs universités de couper les liens avec le régime d'apartheid israélien. Plus d'une centaine de campements de solidarité avec Gaza ont été établis sur les campus à travers le pays, se réappropriant l'espace en tant que « zones libérées » et universités populaires pour Gaza ». Les sections étudiantes de Jewish Voice for Peace ont participé à l'organisation d'au moins 47 de ces campements.
À l'université de Chicago, les étudiant·es ont créé l'« université populaire pour Gaza » sur la cour principale du campus de l'université de Chicago. Des panneaux peints portant les messages « Disclose, divest, and repair » et « In solidarity with Gaza forever » ont été érigés autour du campement. À l'université du Minnesota, des centaines d'étudiant·es protestataires ont planté des dizaines de tentes lundi, se donnant la main pour protéger le campement après avoir été menacés d'arrestation.
Et ainsi de suite, dans plus d'une centaine de campus à travers le pays.
En réponse à ces manifestations pacifiques d'étudiant·es contre la guerre et le génocide, de nombreuses administrations scolaires ont invité la police à pénétrer sur le campus pour y mener des actions de répression violentes.
Répression violente à l'Université de Columbia et au City College
À l'université de Columbia, les négociations ont échoué et l'université a commencé à prononcer de nouvelles suspensions lundi. En réaction, des centaines d'étudiant·es et de professeur·es de Columbia ont occupé le Hamilton Hall, l'un des bâtiments occupés par les étudiant·es manifestant contre la guerre en 1968. Les professeur·es ont joint leurs armes à celles des étudiant·es pour protéger les manifestants à l'intérieur.
Les étudiant·es ont rebaptisé le bâtiment occupé « Hind's Hall », en hommage à Hind Rajab, 6 ans, assassinée avec sa famille par l'armée israélienne à Gaza. Pendant des heures, Hind s'est vidée de son sang alors que les forces israéliennes tiraient sur les ambulances qui tentaient de l'atteindre.
Mardi soir, l'administration de Columbia a de nouveau fait appel à la police contre ses propres étudiant·es. Alors que les étudiant·es journalistes étaient confiné·es dans le Pulitzer Hall et qu'on leur disait qu'elles et ils seraient arrêté·es si elles et s'ils le quittaient, des centaines de policiers de la police de New York en tenue anti-émeute ont envahi le campus de Columbia pour disperser par la force le campement et déloger les étudiant·es qui occupaient le Hind's Hall. Les policiers ont déployé un véhicule blindé pour entrer dans Hind's Hall et ont brutalisé les dizaines d'étudiant·es protestataires qui ne faisaient rien d'autre qu'occuper pacifiquement un bâtiment sur leur propre campus.
Une vidéo montre un manifestant jeté dans les escaliers ; une autre montre des policiers entrant dans le Hind's Hall, armes au poing, pour affronter les étudiant·es manifestant·es non armé·es qui se trouvaient à l'intérieur. À quelques kilomètres de là, des dizaines de policiers ont été déployés dans le cadre d'un raid simultané visant à réprimer les manifestant·es à CCNY, où la police a également fait un usage excessif de la force à l'encontre d'étudiants pacifiques, procédant à des dizaines d'arrestations. Dans toute la ville, des centaines de manifestant·es ont été arrêté·es.
À l'antenne, un journaliste étudiant de la station de radio de Columbia a retenu ses larmes en apprenant que le président de Columbia, Minouche Shafik, avait demandé à la police de New York de rester sur le campus jusqu'à la fin de l'année scolaire.
Violente répression à l'UCLA
À l'UCLA, l'organisation pro-apartheid Stand With Us a financé des dizaines de milliers de dollars pour faire venir des agitateurs sionistes sur le campus, où ils ont encerclé des étudiant·es manifestant·es pacifiques et les ont empêchés de partir. Dans une vidéo, on voit une femme brandissant un drapeau israélien crier aux étudiant·es : « Allez en Palestine. J'espère qu'ils vous violeront ».
Mardi soir, des vigiles sionistes masqués venus de l'extérieur du campus ont tenté de démolir le campement des étudiant·es. Ils ont frappé les étudiant·es avec des battes, jeté des briques, aspergé de gaz lacrymogène et tiré des feux d'artifice sur les manifestants, le tout sous les yeux de la police de Los Angeles. Plus tard dans la nuit, des journalistes étudiant·es de l'UCLA qui marchaient sur le campus ont été suivi·es et agressé·es par des contre-manifestant·es sionistes.
Violente répression dans tout le pays
Alors que des dizaines de campements sont érigés à travers le pays, les étudiants·e qui appellent pacifiquement au désinvestissement de l'oppression des Palestinien·nes par Israël sont confrontés·e à une répression de plus en plus violente de la part de l'État.
Des policiers en tenue anti-émeute ont été appelés pour nettoyer les campements par la force, et plus de 1 000 étudiant·es ont été arrêté·es au total. Des vidéos prises lors de descentes de police ont montré des étudiant·es et des professeur·es jeté·es au sol, menotté·es, bousculé·es, battu·es et traîné·es par des policiers militarisés.
Dans tout le pays, les policiers utilisent des sprays au poivre, des balles en caoutchouc, des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes contre des étudiant·es, dont beaucoup sont encore adolescent·es, à la demande des administrateurs universitaires qui prétendent se soucier de leur sécurité. À l'université d'État de l'Arizona, des vidéos ont montré des policiers en train d'enlever les hijabs de manifestantes musulmanes. À Tulane, la police montée a traversé le campement des étudiant·es.
Les agitateurs pro-israéliens font également tout ce qui est en leur pouvoir pour salir les manifestant·es et faire fermer les campements par la force. Lorsqu'un homme brandissant un drapeau israélien s'est présenté au campement de solidarité avec Gaza de l'université de Northeastern et a crié « tuez les juifs », l'université a fait arrêter 100 étudiant·es protestataires pro-palestinien·nes en réponse. L'administration de Northeastern a justifié la répression dans une déclaration citant cette menace antisémite – en négligeant de préciser que c'était un provocateur pro-israélien qui avait proféré cette menace.
Il est clair que la seule violence qui se produit sur les campus américains est perpétrée par l'État et les agitateurs sionistes. Pourtant, les médias américains et les politiciens pro-génocide se sont donné beaucoup de mal pour dépeindre les manifestations pacifiques d'étudiant·es contre la guerre comme des foules violentes et antisémites, afin de justifier la répression de plus en plus brutale du droit de manifester.
Nous pouvons gagner – lorsque nous nous organisons.
Les tentatives de dénigrement du plus grand mouvement étudiant anti-guerre depuis le Vietnam ne nous détourneront pas du travail urgent à accomplir : mettre fin au génocide à Gaza. Les Palestinien·nes creusent avec leurs mains pour déterrer les corps de leurs proches enveloppé·es dans du plastique et jeté·es dans des fosses communes à l'extérieur des hôpitaux Nasser et Al-Shifa, certain·es d'entre elleux ayant les mains liées, d'autres étant toujours reliés à des canules. Concentrez-vous.
Nos mouvements continuent d'être inspirés par la fermeté de ces étudiant·e courageuses/ourageux face à la violence de l'État et aux attaques incessantes contre leur personne.
Parce que lorsque nous nous organisons, nous voyons des résultats. Lundi, après cinq jours consécutifs de manifestations, les étudiant·es de Northwestern ont obtenu une série de concessions de la part de leur université, notamment une plus grande transparence sur les investissements de l'école. À New York, plus de 90% des étudiant·es de Barnard ont voté en faveur du désinvestissement de l'apartheid israélien, et à Rhode Island, les étudiant·es ont réussi à faire pression sur les administrateurs de l'université Brown pour qu'ils organisent un vote sur le désinvestissement.
Notre solidarité est plus forte que celles et ceux qui cherchent à nous diviser et à nous dresser les un·es contre les autres. Mais notre travail ne fait que commencer. Près de sept mois après le début du génocide perpétré par le gouvernement israélien, nous continuons à nous battre pour obtenir un cessez-le-feu permanent. Alors que les étudiant·es de tout le pays tiennent bon et intensifient leurs tactiques face à la violence croissante de l'État, il est essentiel que nos mouvements maintiennent l'élan que nous avons créé.
Soutenez les étudiant·es qui protestent contre le génocide.
Les étudiant·es font l'objet d'une répression de plus en plus violente pour avoir manifesté pacifiquement. Voici trois façons de les soutenir :
Suivez les principales organisations étudiantes sur les médias sociaux et diffusez largement leurs alertes et leurs demandes.
Soyez prêt·es à vous rendre sur place lorsque les étudiant·es ont besoin de renforts communautaires et à apporter le matériel demandé.
Soyez attentifs aux demandes de soutien financier émanant de manifestant·es confronté·es à la répression étatique et institutionnelle.
Jewish Voice for Peace, 2 mai 2024
Traduit avec
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Transition énergétique : quand les multinationales rançonnent les États grâce aux traités internationaux

Dès l'indépendance des anciennes colonies européennes, les grandes entreprises extractivistes ont mis en œuvre des mécanismes pour y préserver leurs intérêts économiques. Depuis quelques décennies, ce processus touche aussi les pays européens qui tentent de réaliser leur transition énergétique. Le cas du Traité sur la Charte de l'Énergie, dont l'Union Européenne vient de sortir, constitue ici un cas d'école. Par Nick Dearden, traduit par Pierra Simon-Chaix et édité par William Bouchardon [1].
3 mai 2024 | tiré de la lettre Le Vent se lève (LVSL) | Photo : Manifestation des Amis de la Terre à Londres pour la sortie du Traité sur la Charte de l'Energie en 2023. © Global Justice Now
utm_source=sendinblue&utm_campaign=Newsletter_Derniers_Articles&utm_medium=email 03 mai 2024
Alors que la lutte contre le changement climatique accuse un immense retard, un récent vote du Parlement Européen est venu apporter une petite lueur d'espoir. Le 24 avril dernier, celui-ci a en effet validé la sortie de l'Union européenne du traité sur la Charte de l'énergie (TCE), demandée par plusieurs pays-membres dont la France. Le Royaume-Uni pourrait bientôt suivre, le gouvernement conservateur ayant annoncé son futur retrait en février dernier.
Ce traité climaticide est un legs d'une autre époque. Sa rédaction remonte aux années 1990, à une période où il s'agissait de préserver les intérêts énergétiques occidentaux dans les pays de l'ex-Union soviétique. Le cœur de ce traité est un mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, via un tribunal d'arbitrage privé. Celui-ci permet aux sociétés et aux investisseurs transnationaux de poursuivre des gouvernements qui imposeraient des modifications réglementaires susceptibles d'attenter à leurs profits.
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Cela fait à présent plusieurs décennies que sont inscrites des clauses relatives au mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États dans les accords de commerce et d'investissement. Ces dispositions demandées par les magnats du pétrole et les financiers voient le jour dès les années 1950 : à mesure que les pays du Sud global se libéraient des jougs coloniaux et que des gouvernements issus des mouvements de libération nationale y prenaient le pouvoir, les dirigeants de grandes entreprises occidentales s'inquiétaient de la protection de leurs intérêts économiques.
La nationalisation du pétrole iranien en 1953 a marqué une rupture. Si les États-Unis et le Royaume-Uni ont alors organisé un coup d'État pour renverser le gouvernement iranien, il devenait évident que cette méthode n'était pas viable à long terme. Il valait mieux créer une série d'obligations juridiques. De fait, selon les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États, si un gouvernement s'approprie les actifs d'une entreprise étrangère, celle-ci a la possibilité de contourner le système judiciaire national et de se tourner directement vers l'arbitrage international.
Ainsi, avec ce système fonctionnant dans l'opacité la plus totale, sans véritable juge chargé de peser les différents intérêts, sans possibilité de faire appel et avec tout le poids du droit international pour faire appliquer les verdicts, les entreprises ont instauré leur propre système judiciaire unilatéral.
Avec ce système fonctionnant dans l'opacité la plus totale, sans véritable juge chargé de peser les différents intérêts, sans possibilité de faire appel et avec tout le poids du droit international pour faire appliquer les verdicts, les entreprises ont instauré leur propre système judiciaire unilatéral.
Dans les années 1990, alors que l'Union soviétique s'effondre, les opportunités offertes aux entreprises occidentales sont légion, mais les sociétés se refusent à courir le risque que de nouveaux gouvernements puissent remettre en cause leur business. Le traité sur la charte de l'énergie a alors été conçu pour supprimer ce risque et enclencher des réglementations durablement favorables aux entreprises. Ce que les pays occidentaux n'ont alors pas réalisé, c'est qu'ils allaient à leur tour devenir la proie de ces tribunaux d'arbitrage.
APRÈS LE SUD GLOBAL, L'OCCIDENT PRIS POUR CIBLE
À l'orée des années 2000, les entreprises se sont rendu compte que la menace la plus criante n'émanait pas de gouvernements souhaitant nationaliser leurs plateformes pétrolières, mais plutôt de mesures pour le climat, considérées à travers l'Europe comme une nécessité de plus en plus criante. Les juristes ont alors travaillé sans relâche pour multiplier les affaires susceptibles de relever du TCE.
Les procédures visant des pays souhaitant adopter des mesures environnementales ambitieuses et abandonner l'exploitation des énergies fossiles se sont rapidement multipliées. Des entreprises allemandes du secteur du charbon ont ainsi poursuivi les Pays-Bas, qui tentaient d'abandonner le charbon. La Slovénie a été poursuivie pour son interdiction de la fracturation hydraulique, une technique d'extraction du gaz de schiste désastreuse pour l'environnement et l'eau. Le Danemark fut quant à lui ciblé pour sa taxe sur les superprofits tirés du pétrole.
Et ce n'est pas tout : les entreprises n'engagent pas uniquement des poursuites pour récupérer l'argent déjà investi dans les projets. La plupart du temps, elles ont d'ailleurs déjà reçu des compensations pour les frais engagés. En réalité, les réclamations sont bien plus importantes et concernent des profits qu'elles auraient réalisés à l'avenir, et qui sont soi-disant perdus.
L'entreprise britannique Rockhopper a ainsi attaqué l'Italie lorsque des manifestations ont forcé le gouvernement à interdire l'exploitation pétrolière au niveau de la côte Adriatique, une zone que l'entreprise espérait exploiter. La compensation réclamée par Rockhopper s'est élevée à 350 millions de dollars, sept fois plus que l'investissement engagé pour la seule exploration, le gisement n'ayant jamais été mis en exploitation ! La société a par la suite annoncé qu'elle investissait dans un nouveau projet au large des îles Malouines, détenues par le Royaume-Uni. Ainsi, le traité sur la charte de l'énergie ne se contente pas de faire supporter le coût de l'action climatique du secteur privé au secteur public, il contribue activement à faire perdurer l'économie fossile.
Nombre de ces affaires s'apparentent à des tentatives de punition des gouvernements qui prennent des décisions en réaction à des manifestations et à des campagnes orchestrées contre des projets d'extraction impopulaires. Partout dans le monde, des affaires portées devant le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États visaient spécifiquement à reprocher aux gouvernements de ne pas avoir déployé suffisamment d'efforts pour réprimer les mouvements de protestation menaçant les intérêts de capitalistes étrangers.
Les militants du monde entier ont alors réalisé l'obstacle à la souveraineté populaire posé par le traité sur la charte de l'énergie. Des personnalités politiques de toutes obédiences ont appris avec étonnement l'existence du traité sur la charte de l'énergie et se sont horrifiées de la manière dont celui-ci empiète si fondamentalement sur la souveraineté. Des campagnes d'information et l'interpellation des élus sont parvenus à convaincre des gouvernements très divers, allant de la coalition de gauche en Espagne au parti très droitier Droit et Justice en Pologne, de sortir de ce pacte sur l'énergie.
Le traité sur la charte de l'énergie ne se contente pas de faire supporter le coût de l'action climatique du secteur privé au secteur public, il contribue activement à faire perdurer l'économie fossile.
En 2023, neuf pays, dont l'Italie, la France, l'Allemagne et les Pays-Bas, ont tous annoncé leur retrait du TCE. Pour eux, celui-ci constitue désormais un danger évident et imminent face à la nécessité impérative de réorienter leur économie en réalisant la transition énergétique, puisqu'il y ajoute des obstacles juridiques et contribue à siphonner l'argent nécessaire à un processus déjà ardu.
Un problème demeure néanmoins. Le traité sur la charte de l'énergie comporte une « clause de survie » indiquant que des recours judiciaires peuvent être lancés jusqu'à vingt ans après le départ d'un Etat. Une frénétique activité diplomatique a commencé dans l'Union européenne (UE) pour tenter d'abroger cette clause. Finalement, les gouvernements des États-membres se sont dit qu'ils avaient intérêt à quitter le traité ensemble, de façon coordonnée, afin de signer ensuite un accord empêchant les différents qui pourraient les opposer, ce qui permet à minima de limiter les risques.
LA PARTICULARITÉ DU CAS BRITANNIQUE
Une fois sorti de l'UE, le Royaume-Uni s'est mis à voir les choses sous un jour nouveau. Sa classe politique y reste convaincue des vertus du marché et souhaite faire du Brexit une opportunité pour signer de nouveaux traités de libre-échange avec le reste du monde, bien que peu aient vraiment abouti. Le gouvernement conservateur a même probablement voulu profiter de la sortie de l'UE du traité pour devenir le dernier bastion de protection des investisseurs en Europe et ainsi attirer davantage d'investissements. En annonçant son intention de « maximiser » l'exploitation des réserves d'énergie fossile de la mer du Nord en accordant de nouveaux permis, le Premier ministre britannique Rishi Sunak tente clairement de provoquer une guerre culturelle contre la gauche qui réclame la fin progressive des champs pétro-gaziers.
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Quelle que soit sa détermination, la réalité finira par le rattraper. Depuis que Joe Biden est devenu le président des États-Unis, il est de plus en plus évident que le changement climatique appelle un plus grand interventionnisme de l'Etat dans l'économie. Une course est lancée entre les grandes puissances, abondée par l'argent public, en vue de construire les industries « vertes » de demain.
Sur ces questions, le Royaume-Uni est loin derrière. Alors qu'une partie du monde des affaires, majoritairement les entreprises d'énergies fossiles et une partie du secteur financier, soutient le traité sur la charte de l'énergie, une autre partie est en train de réaliser que le laissez-faire du gouvernement britannique risque de saper durablement leur compétitivité. Tandis que l'Union européenne commençait à sortir du traité sur la charte de l'énergie, les syndicats de l'industrie, une partie du monde des affaires et même quelques parlementaires conservateurs ont commencé à s'inquiéter à l'idée que le Royaume-Uni puisse se trouver confronté à des obstacles plus importants que ses voisins européens pour effectuer sa transition écologique. Des tensions ont commencé à se faire sentir au sein du gouvernement et son approche est graduellement passée d'un soutien inconditionnel (en 2023) à la reconnaissance que les coûts encourus à demeurer signataire du traité étaient tout simplement trop élevés (en février dernier).
Alors qu'une partie du monde des affaires, majoritairement les entreprises d'énergies fossiles et une partie du secteur financier, soutient le traité sur la charte de l'énergie, une autre partie est en train de réaliser que le laissez-faire du gouvernement britannique risque de saper durablement leur compétitivité.
Si le revirement du gouvernement doit beaucoup aux pressions du monde des affaires, cela ne remet aucunement en cause le rôle central joué par les pressions militantes. Ainsi, c'est uniquement grâce aux actions menées durant des dizaines d'années par le mouvement climat que l'action climatique est à présent considérée comme une nécessité. Si l'indispensable transformation économique est encore loin, le peuple a, sur ce sujet, vaincu les partisans de la mainmise du marché. Sans l'action de nombreux militants durant quatre ans, allant des franges les plus modérées au mouvement Extinction Rebellion (XR), l'UE et le Royaume-Uni seraient toujours signataires du TCE.
UNE VICTOIRE QUI POURRAIT EN ENTRAÎNER D'AUTRES
Bien sûr, ces annonces récentes ne sont qu'une première étape, à savoir la suppression d'un obstacle structurel à la transition énergétique. Elle est cependant importante. Le retrait du Royaume-Uni pourrait bien sonner le glas du traité sur la charte de l'énergie dans son ensemble ; celui-ci est à présent considéré comme un mort-vivant et ne sera regretté que par ceux qui profitent de la destruction de la planète. Par contrecoup, cette annonce signifie aussi la suppression d'un élément certes mineur, mais prééminent, de notre économie néocoloniale abandonnée à la main invisible du marché.
Ceux qui ont le plus souffert du système de mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États vivent dans le Sud global. Dans de nombreux accords commerciaux, ce mécanisme est utilisé pour intimider et exploiter les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Le Honduras et la Colombie sont par exemple actuellement confrontés à des demandes d'indemnisations extravagantes, alors qu'ils se contentent d'essayer de protéger les intérêts de leurs citoyens face à un capital vorace.
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S’unir pour gouverner autrement

Depuis 2006, les occasions de trébucher ont été quotidiennes, entre les pièges du jeu médiatique et la nature des institutions dans lesquelles nous avons choisi d'entrer. Malgré de nombreux obstacles, l'ascension promise par les solidaires s'est tranquillement concrétisée et Québec solidaire est devenu une organisation irremplaçable pour la gauche québécoise.
Le départ d'Émilise est un choc pour l'ensemble de notre parti et une perte immense. Son départ, suivi de celui de membres de la direction, soulève des questionnements profonds pour notre organisation.
Cette crise met au jour la nécessité pour notre parti de mener les débats pour nous entendre sur notre vision d'une gauche prête à gouverner sans renoncer à elle-même, sur nos objectifs et sur les moyens à déployer pour réussir. Ce besoin ne s'est jamais fait aussi pressant. Pour affronter cette tempête, il est important de se rappeler pourquoi notre projet politique est essentiel et décider comment adresser ces questionnements fondamentaux.
Une histoire qui dépasse notre seul parti
Québec solidaire s'inscrit dans une longue tradition au Québec de luttes, de défaites, mais aussi de victoires face au saccage de nos services publics, à la destruction de nos tissus sociaux et de nos milieux de vie. Ce Québec rêve d'une société plus juste, égalitaire et solidaire.
QS a permis de faire cheminer des idées dans la société et de faire la démonstration que les partis traditionnels sont incapables de proposer des solutions aux crises que nous traversons. QS a imposé des débats jusque-là ignorés par la classe politique. Pensons aux questions d'inégalité de classe, de féminisme, d'antiracisme et d'écologie.
QS n'a pas accompli ce travail seul, mais accompagné et porté par des mouvements sociaux. Notre lien avec la rue est historique et ce lien devra être encore plus important si nous voulons prendre le pouvoir. Sans l'appui et la participation active de mouvements sociaux forts, la gauche solidaire ne peut aspirer à gouverner.
En plus des questions de fond, notre parti se distingue par la forme de son organisation. Contrairement aux autres partis, QS s'est construit sur une culture démocratique ancrée dans notre volonté de donner la voix au peuple. Pour incarner cette culture démocratique, nous nous sommes doté·e·s d'une structure à l'image de nos convictions. C'est pourquoi encore aujourd'hui nous avons un co-porte-parolat qui implique une direction collective et un partage de responsabilités égal entre une femme et un homme.
C'est grâce à notre message et à cette façon de faire que nous avons su convaincre des dizaines de milliers de Québécois·e·s de nous rejoindre. Rompre avec notre héritage non-conformiste ne saurait profiter ni à notre parti, ni au Québec.
La force de notre ADN hybride
L'aventure de QS est celle de gens très différents qui s'assoient à la même table et qui aspirent ensemble au renversement du dogme de la résignation. À notre fondation, lorsqu'Option Citoyenne portée par Françoise a fusionné avec l'UFP d'où venait Amir, nous avons choisi d'additionner nos forces. Cette volonté profonde de changer les choses nous a amené·e·s à travailler ensemble et à réconcilier des discours jusque-là parallèles. Ceux et celles qui pensent aujourd'hui que certains d'entre nous n'ont pas leur place au sein de la grande famille solidaire se trompent. L'histoire de notre parti nous montre que QS a puisé sa pertinence dans sa capacité à rallier les gens, pas à les diviser. Notre mouvement doit s'élargir, notre organisation doit continuer d'accueillir ceux et celles qui ont envie de changement.
Le départ de notre première porte-parole issue de la ruralité est un signal d'alarme. Sa démission nous rappelle l'importance d'apporter des changements à certaines de nos pratiques organisationnelles pour leur plein réancrage féministe et démocratique. Nous avons besoin de revoir nos façons de concevoir et d'exercer le pouvoir à l'intérieur même de notre parti, pour qu'il soit mieux partagé, plus inclusif, afin de se faire plus créateur.
Un projet possible et nécessaire
Cela a le mérite d'être clair, nous avons besoin de changements pour passer à la prochaine étape. Ces changements passent notamment par le renouvellement de notre ancrage dans les mouvements sociaux et par notre détermination à mener et remporter des batailles d'idées dans le débat public. Si nous voulons engranger de nouvelles victoires électorales, il nous faudra également une bonne dose de réalisme pour saisir les rapports de force et travailler à les changer à notre avantage, faute de quoi nos efforts seront anéantis. Ce travail peut et doit se faire sans jamais perdre de vue nos objectifs de transformation de la société.
Pour faire rêver le Québec, nous devons lui proposer un projet rassembleur. Nous devons créer les conditions de convergence entre les différentes tendances qui composent notre parti, pas en évacuer l'une au profit de l'autre. À Québec solidaire, on est à la fois rêveur et lucide, réaliste et audacieux.
La gauche n'a pas le luxe de se diviser. Nous sommes plus forts lorsque nous luttons ensemble malgré nos différences. Oui, nous devons aspirer à plus qu'être un parti de gouvernement, mais nous devons aspirer à gouverner autrement.
Premiers et premières signataires :
Victor Beaudet-Latendresse, membre du comité de coordination nationale
Maïka Sondarjee, membre du comité de coordination de Hull
Haroun Bouazzi, député de Maurice-Richard
Royse Henderson, membre du comité de coordination nationale pour la Commission nationale des femmes
Amir Khadir, ancien porte-parole et député de la circonscription de Mercier de 2008 à 2018
François Saillant, membre fondateur et ex-membre du comité de coordination nationale
Émilie Poirier, ex-membre du comité de coordination nationale
Benjamin Gingras, candidat solidaire dans Abitibi-Est en 2022 et membre du comité de coordination nationale pour la Commission nationale autochtone
Kenza Sassi, ex-membre du comité de coordination nationale et candidate dans Orford en 2022
André Frappier, ancien président et co-porte-parole de Québec solidaire
Élisabeth Germain, candidate dans Charlesbourg en 2018
Alexandre Legault, candidat solidaire dans Brome-Missisquoi en 2018 et 2022
Pour voir les autres signataires :
Signez la lettre en remplissant le formulaire ci-dessous.
https://docs.google.com/document/d/168oC_vDoH-Km-Z4KTlkwqza_HtpLuZOygsGeFv6bBvA/edit?usp=sharing

Feux de forêts : la qualité de l’air, une priorité

Le Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a publié cette semaine un rapport intitulé « Influence des feux de forêt de l'été 2023 sur la qualité de l'air au Québec ». Il indique notamment que pour la première fois, les feux de forêts qui sévissaient au Québec ont fait dépasser le seuil de 1000 microgrammes « même dans des conditions de suivi industriel, très près d'usines ».
De plus, c'est l'ensemble du Québec qui a été touché par la dégradation de la qualité de l'air, aucune région n'a été épargnée, sur une période beaucoup plus longue que les autres années.
Dans cet article, la Dre Johanne Elsener, membre de l'AQME, souligne les problèmes de santé qui ont prévalu en 2023, et qui risquent de continuer à le faire, désormais. Elle préconise aussi la gratuité du transport collectif et de faire diminuer la vitesse des véhicules motorisés sur les autoroutes urbaines lorsque des incendies de forêt font rage.
Dans un contexte de changements climatiques et alors que la saison des feux débute justement déjà en Colombie-Britannique et en Alberta, nous continuons, à l'AQME, avec notre Cadre de référence sur l'air, nos plaidoyers pour que le Gouvernement du Québec révise les normes québécoises de la qualité de l'air afin d'atteindre les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et adopte une Stratégie nationale de l'air sain qui prenne en compte les nouvelles réalités climatiques.
Afin que nos outils collectifs pour nous informer de la qualité de l'air ne nous donnent pas un faux sentiment de sécurité et nous permettent plutôt de nous adapter le mieux possible aux saisons des feux de forêts et aux changements climatiques dans lesquels ils s'inscrivent, c'est urgent !
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La suite des choses pour notre parti

Le départ d'Émilise Lessard-Therrien a suscité de nombreuses émotions et réactions et a soulevé des questionnements importants au sujet du fonctionnement et de l'avenir de Québec solidaire. Notre parti vit des moments difficiles. Aujourd'hui, nous - Christine, Roxane et Gabriel - nous exprimons d'une seule voix pour détailler la réponse du parti à cette crise.
6 mai 2024 | Lettre
Émilise a été claire dans son texte : son départ est lié à des problèmes dans notre organisation. Il faut tirer des leçons de cet échec collectif, dans lequel nous prenons notre part de responsabilité.
Ce processus de bilan est essentiel. Nous sommes ouvert·es aux remises en question et serons mobilisé·es pour changer les choses. Il ne faut pas qu'un tel échec se reproduise.
Dès le lendemain de la démission d'Émilise, Roxane Milot, présidente du parti, et Myriam Fortin, directrice générale, ont donc débuté un processus de bilan afin de comprendre les raisons profondes de la situation actuelle. Un plan d'action sera par la suite élaboré pour faire mieux à l'avenir.
Des constats seront tirés, les actions entreprises par le Comité de coordination national suite à la parution du livre de Catherine Dorion seront réétudiées, les réflexions d'Émilise seront examinées et des consultations seront entreprises pour trouver des solutions collectivement.
L'égalité entre les femmes et les hommes n'est jamais acquise. Les partis, comme toutes les organisations, doivent constamment rester vigilants pour que la place et la voix des femmes soit reconnue et mise en valeur de manière égalitaire. Il est normal que le départ de notre porte-parole féminine fasse ressurgir ces préoccupations. Nous souhaitons entendre les membres du parti sur cette question. Des rencontres avec les élues solidaires de nos instances auront lieu prochainement et le comité d'éthique sera mis à contribution. Les associations locales et autres instances du parti seront également conviées à une rencontre cette semaine, afin d'échanger sur la situation et, surtout, de partager des pistes de solutions.
Un plan d'action sera par la suite présenté au Conseil national de Saguenay. Nous allons en discuter ensemble et nous aurons une réflexion collective pour préparer l'avenir de notre organisation. Nous souhaitons que les militant·es et les élu·es nous alimentent dans ces réflexions, en proposant des pistes de solutions concrètes pour améliorer le fonctionnement de notre parti et faire en sorte que chacun·e puisse y trouver un espace sain d'engagement politique. Nous devons sortir grandi·es de cette situation douloureuse.
En parallèle de ces changements dans l'organisation, certains débats politiques sont devenus incontournables. Il faut le reconnaître : plusieurs des débats qui ont secoué Québec solidaire depuis 2022 sont le fruit de désaccords politiques qui doivent être tranchés démocratiquement. Que devons-nous faire pour que Québec solidaire passe à la prochaine étape ?
Il faut clarifier nos attentes envers nos porte-paroles et préciser nos objectifs stratégiques d'ici 2026 et au-delà. Les crises du logement, du coût de la vie et des changements climatiques nous imposent une responsabilité urgente : construire un mouvement politique qui pourra former rapidement un gouvernement et changer les choses en profondeur au Québec.
Comme Gabriel Nadeau-Dubois l'a rappelé en point de presse mercredi, trois grands chantiers étaient déjà en cours pour finaliser les bilans de la dernière élection et préparer notre plan de match pour 2026 : l'adoption de la Déclaration de Saguenay (issue de notre tournée des régions), la possible modernisation du programme et la révision de nos statuts nationaux. Ces trois rendez-vous démocratiques sont essentiels pour continuer à faire grandir Québec solidaire et ils étaient prévus de longue date. Le départ d'Émilise, et les questionnements qui ont ensuite émergé, ne font que les rendre plus pertinents.
Dans les derniers jours, la notion de « parti de gouvernement » a beaucoup fait réagir. Mais qu'est-ce qu'un parti de gouvernement ? Il est important pour nous de vous partager les grandes lignes de la vision que nous portons. Visionnez l'entrevue de Gabriel Nadeau-Dubois avec Paul Larocque au sujet de notre vision pour en savoir plus.
Visionner l'entrevue
D'abord, entendons-nous sur l'objectif. Nous sommes un parti indépendantiste de gauche et nous voulons changer les choses au Québec – les changer en profondeur. Le travail que nous faisons face au gouvernement est remarquable, mais la vision ambitieuse de Québec solidaire ne pourra pas se réaliser à partir des banquettes de l'opposition. C'est notre raison d'être et pour y arriver, il faut être au pouvoir.
Un parti de gouvernement, c'est un parti qui fait des choix, des choix difficiles, mais faits collectivement. Nous devons arriver aux élections de 2026 avec un plan pour un gouvernement qui aura 4 ans pour changer les choses au Québec. Le pragmatisme n'est ni un renoncement ni une trahison de nos idéaux, bien au contraire. C'est un exercice de clarification et de priorisation. Une gauche pragmatique dresse la liste des urgences, dresse la liste de ses politiques, et fait un vrai travail de priorisation. Prioriser maintenant est une condition pour pouvoir tenir parole une fois élu. C'est un engagement envers les Québécois·es. C'est aussi une façon de se donner collectivement une feuille de route et de ne pas décevoir nos membres lorsque nous prendrons le pouvoir et débuterons nos réformes.
Cette volonté de former rapidement un gouvernement n'implique pas de tourner le dos aux mouvements sociaux et aux luttes citoyennes. Nous pouvons devenir une alternative crédible tout en enracinant notre action politique et parlementaire dans les mobilisations sociales, que ce soit celles des locataires précaires, des femmes de nos services publics ou des producteurs et productrices agricoles.
C'est la motivation derrière plusieurs des propositions qui seront débattues lors de notre Conseil national des 24, 25 et 26 mai à Saguenay. Lors de ce Conseil national, c'est vous qui trancherez ces questions importantes. D'ici là, c'est aussi à vous d'en débattre dans vos Assemblées générales. Nous avons hâte de vous entendre.
Consulter le cahier de propositions du Conseil national
Aux solidaires qui craignent que nous devenions un parti comme un autre, nous vous entendons et nous vous invitons à faire un pari : celui que notre parti forme un gouvernement différent, un gouvernement comme aucun autre dans les 50 dernières années de l'histoire du Québec. En se mettant au travail maintenant, on se donne les moyens d'y arriver.
Le Québec a besoin d'un gouvernement solidaire, pas dans 30 ans ni dans 20 ans, mais maintenant. La crise du logement n'attendra pas, la crise climatique n'attendra pas, la crise dans nos services publics n'attendra pas. Nous avons besoin d'un parti qui rend les gens fiers de se dire solidaires et qui fait de nous une option crédible pour remplacer François Legault en 2026.
Nous basons nos actions sur la confiance en notre parti et l'espoir d'en sortir encore plus fort·es. Nous devons sortir grandi·es de ce moment difficile.
Nous vous remercions pour votre appui,
Christine Labrie
Porte-parole par intérim
Roxane Milot
Présidente
Gabriel Nadeau-Dubois
Porte-parole
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