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Lettre ouverte - Assurance médicaments | Cessons de bloquer le progrès social

5 mars 2024, par Collectif — , ,
Plus de quatre ans après le dépôt du rapport Hoskins, le gouvernement fédéral a enfin déposé un projet de loi sur l'assurance médicaments. Les problèmes du système actuel sont (…)

Plus de quatre ans après le dépôt du rapport Hoskins, le gouvernement fédéral a enfin déposé un projet de loi sur l'assurance médicaments. Les problèmes du système actuel sont connus depuis des décennies. Le régime public-privé du Québec se caractérise par des coûts très élevés, un financement inéquitable et un accès restreint. Selon nous, les politiques publiques actuelles briment le droit à la santé des Québécois et des Québécoises. En effet, comment peut-on tolérer qu'une personne sur dix se prive de médicaments d'ordonnance, en raison d'enjeux financiers ? Le régime hybride québécois est donc loin d'être un exemple à suivre pour le Canada.

Bien que ce projet de loi soit perfectible, il s'agit d'un pas dans la bonne direction ainsi qu'une occasion de jeter les bases d'un véritable régime public et universel d'assurance médicaments. D'ici à ce que cela devienne réalité, nos organisations entrevoient plusieurs difficultés. D'abord, on peut s'attendre à ce que les lobbyistes de l'industrie pharmaceutique et des assureurs soient très actifs derrière les portes closes et dans l'espace public afin de torpiller toute initiative qui vise à réduire les coûts des médicaments et donc leurs profits. Collectivement, des efforts devront être déployés pour faire primer les intérêts collectifs sur ceux d'une minorité.

L'enjeu des coûts risque d'occuper une grande place dans les débats. Pour plusieurs, un régime public et universel est trop coûteux pour les finances publiques, et ce, surtout dans un contexte où l'état de l'économie se détériore. Selon nous, cet argument n'est pas recevable. Environ 10 milliards de dollars sont dépensés en médicaments d'ordonnance au Québec par année. Que l'on paie une prime à un régime privé d'assurances collectives ou au régime public n'y change rien. Il s'agit d'un bien essentiel dont on ne peut se passer et qu'il faudra payer d'une manière ou d'une autre. La question n'est donc pas de savoir si un régime public et universel d'assurance médicaments est trop coûteux, mais plutôt combien d'argent sommes-nous prêts à gaspiller collectivement pour maintenir en vie un système dysfonctionnel incapable de contrôler les coûts ?

Il existe également des craintes légitimes parmi la population, malgré un fort appui pour la mise sur pied d'un régime public et universel d'assurance médicaments. Plusieurs redoutent la perte de certaines protections avec un tel programme. Pourtant, tous les Québécois et Québécoises en sortiraient gagnants. Des efforts devront donc être déployés pour bien informer la population des bienfaits d'un régime public et universel.

Mais c'est le refus du gouvernement québécois qui demeure le principal obstacle au progrès social. Depuis plusieurs années, celui-ci a préféré dénoncer l'ingérence du fédéral plutôt que de régler lui-même les problèmes du système actuel. Le Québec aurait intérêt à négocier avec Ottawa pour financer un régime public et universel québécois, plutôt que de réclamer un droit de retrait avec pleine compensation dans l'unique but de maintenir un statu quo problématique. Le Québec doit profiter des convergences possibles et ainsi améliorer son pouvoir de négociation face à l'industrie pharmaceutique. D'ailleurs, il collabore déjà avec le fédéral et les autres provinces pour réduire les coûts de certains médicaments. Dans ce débat, le gouvernement du Québec devra s'expliquer. Veut-il collaborer de manière constructive avec le palier fédéral et prendre le parti des Québécois et des Québécoises qui doivent choisir entre se nourrir et se soigner ? Ou, au contraire, préfère-t-il continuer de se cacher derrière le paravent des champs de compétence pour favoriser une poignée d'intérêts privés au détriment du bien-être collectif ?

Signataires

Luc Beauregard, secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Émilie Charbonneau, 2e vice-présidente de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)

Maxime Dorais, codirecteur général d'Union des consommateurs

Geneviève Lamarche, coordonnatrice de la Coalition solidarité santé

Magali Picard, présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)

Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Stéphanie Vallée, présidente de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB)

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Déclaration de Bea Bruske : Interdire les briseurs de grève, c’est protéger les droits des travailleurs

5 mars 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
Le mouvement syndical peut célébrer une autre victoire aujourd'hui avec le vote sur le projet de loi C-58, qui vise à interdire le recours aux travailleurs et travailleuses de (…)

Le mouvement syndical peut célébrer une autre victoire aujourd'hui avec le vote sur le projet de loi C-58, qui vise à interdire le recours aux travailleurs et travailleuses de remplacement.

Les syndicats du Canada se réjouissent des progrès significatifs qui ont été accomplis pour interdire le recours aux travailleurs de remplacement, une pièce manquante cruciale de la législation du travail au Canada, depuis des décennies. Cette avancée a été rendue possible grâce à des milliers de militants syndicaux à travers le pays qui se sont levés et ont exigé du gouvernement qu'il fasse mieux.

Il s'agit d'une étape importante vers une véritable protection des travailleurs et de leur droit de grève. Cette législation doit s'appliquer à tout travail régulièrement effectué par des travailleurs appartenant à une unité de négociation et ne doit pas priver les travailleurs de leur droit de grève légal, en créant davantage d'obstacles à l'exercice de ce droit.

Depuis des années, les entreprises enregistrent des profits records, alors que les salaires des travailleurs continuent d'accumuler du retard. Les travailleurs exigent à juste titre des salaires plus équitables, de meilleures normes de sécurité et le respect de leurs employeurs.

En interdisant une fois pour toutes le recours aux briseurs de grève, nous ferons un grand pas en avant pour réduire les interruptions de travail et bâtir une économie plus équilibrée, tout en augmentant les avantages et le respect que les travailleurs méritent.

Il faut maintenant que tous les parlementaires travaillent ensemble et modifient le projet de loi pour assurer une entrée en vigueur dès qu'il recevra la sanction royale. Il s'agit d'un élément essentiel pour assurer une protection immédiate des droits des travailleurs et rétablir l'équité dans le processus de négociation collective. Nous avons attendu assez longtemps.

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Le Prisonnier du désert – sur Dune, deuxième partie de Denis Villeneuve

5 mars 2024, par Serge Kaganski — ,
Luttes de pouvoir, trahisons, amours, grandes familles dysfonctionnelles, conflits de territoire, guerres inexpugnables, foi, croyances… Dune, deuxième partie concasse et fond (…)

Luttes de pouvoir, trahisons, amours, grandes familles dysfonctionnelles, conflits de territoire, guerres inexpugnables, foi, croyances… Dune, deuxième partie concasse et fond ensemble tous les thèmes qui ont peuplé les grands mythes de l'humanité. Seulement esquissés dans le premier volet, ces enjeux dramaturgiques mijotent et cuisent à point dans ce nouvel opus de Denis Villeneuve nettement plus limpide scénaristiquement et visuellement.

28 février 2024 | tiré d'AOC media

Je n'avais pas vraiment aimé Dune, première partie : scénario filandreux, impression visuelle d'un perpétuel brouillard grisâtre, sentiment d'une très longue séquence d'exposition des personnages et des enjeux, le tout scandé par une bande-son (musique et bruitages) tonitruante qui faisait un peu mal à la tête.

Beaucoup de muscles, pas beaucoup de grâce. Je précise cela pour dire à quel point j'ai préféré ce deuxième volet, plus limpide scénaristiquement et visuellement, avec une colorimétrie globalement plus chaude et lumineuse. Après la géniale génération des Lucas, Spielberg ou Scorsese qui vieillit ou se retire (mais on guettera avec attention le Megalopolis de Francis Ford Coppola), Denis Villeneuve représente (avec Christopher Nolan) la classe actuelle et trop rare des auteurs de blockbusters, un genre qui s'est formaté et « marvelisé » ces dernières années, déversant à la chaine des produits bien fabriqués mais sans âme ni personnalité. Comme son remake de Bladerunner, ce Dune 2 est une belle réussite et donne presqu'envie de revoir le premier volet qui en serait peut-être bonifié à la lumière rétrospective du second.

Souvenez-vous : l'empereur Shaddam avait attribué aux Atréides la gouvernance de la planète Arrakis, aride, désertique, dangereuse, mais riche en « épice », le pétrole-charbon-lithium-métal rare-potion magique du monde de Dune. Ce cadeau spacio-politique était une ruse machiavélique de l'empereur, qui complotait avec les sombres Harkonnen pour récupérer Arrakis et éliminer les Atréides. À la fin du premier volet, on avait quitté Paul Atréides (Timothée Chalamet), le jeune héritier, accompagné de sa mère, Dame Jessica, errant dans le désert avec le peuple local, les Fremen, bien décidé à combattre les Harkonnen et à se venger de ceux qui ont trahi sa famille. Outre la lutte opposant les Fremen aux Harkonnen et à l'empire, ce deuxième volet suit deux pistes, celle du pouvoir et celle de l'amour. Paul est considéré par les Fremen comme le Mahdi, leur Messie, mais il renâcle : non seulement il sait qu'il n'est pas ce Mahdi, mais il n'a pas de goût particulier pour le pouvoir. D'autant qu'il tombe amoureux de Chani, une Fremen, et affronte le classique dilemme des héros mythologiques (et des grands hommes de l'Histoire ?) entre l'amour et… l'appel de la Destinée.

On le voit, Dune 2 compile, concasse et fond ensemble tous les thèmes qui ont peuplé les grands mythes de l'humanité (la Bible, la tragédie grecque, le Nouveau testament, le drame shakespearien ou racinien, le Coran…) : luttes de pouvoir, trahisons, amours, grandes familles dysfonctionnelles, conflits de territoire, guerres inexpugnables, foi, croyances… Seulement esquissés dans le premier volet, ces enjeux dramaturgiques mijotent et cuisent à point dans ce second épisode. La beauté de ces thématiques éternelles, c'est que l'on peut y projeter toutes les périodes historiques qui ont vu s'affronter des forces impérialistes et des peuples autochtones (guerre de Troie, conquêtes romaines, colonisation, nazisme…) en remontant bien sûr jusqu'au présent le plus brûlant : invasion de l'Ukraine par la Russie ou conflit israélo-palestinien. Prenons les Fremen : on pourrait les identifier aussi bien comme les Juifs pourchassés par Rome ou par le nazisme que comme les Palestiniens opprimés par Israël. Par contre, leur Mahdi est emprunté au chiisme. C'est toute l'intelligence universaliste (et commerciale) de Dune que de combiner ainsi divers éléments historiques et culturels, puis de les fondre ensemble en une sorte d'objet syncrétique afin de donner du grain identificatoire à tout le monde. Quant aux affreux Harkonnen, avec leurs crânes rasés, leurs mines patibulaires, leur uniformes noirs dignes d'un groupe de death metal, leur brutalité et leur cynisme, ils évoquent autant les nazis que le régime de Vladimir Poutine.

Dune 2 offre une vraie proposition esthétique pour un space opéra.

Dune 2, c'est aussi, et peut-être avant tout, une débauche de créativité à tous les postes : costumes, décors, objets, accessoires, photo, tout attrape l'œil. Ce n'est pas sans risque. S'il n'y avait la puissance des batailles et la tension des enjeux, le film pourrait parfois prendre les allures d'un exotisme chic, d'un défilé de mode et de design, voire si on était vraiment sévère, d'une pub luxueuse pour parfum. Malgré cette imagerie subliminale, Dune 2 offre quand même une vraie proposition esthétique pour un space opéra, toute une gamme chromatique d'ocres, de beiges et de grèges, les espaces somptueux du désert, un vol d'hélicoptères dans le soleil qui rappelle la chevauchée des Walkyries de Coppola, ou encore ces séquences où Villeneuve passe subitement des couleurs chaudes des Fremen au noir et blanc métallique des affreux Harkonnen. Le tout sans cesse rehaussé par la musique grandiose (frisant le grandiloquent) de Hans Zimmer. Si le scénario brasse tous les mythes, la fresque esthétique de Villeneuve amalgame toute l'histoire des films à grand spectacle du péplum au space opéra en passant par le western et le film de guerre, distillant ses réminiscences de Ben Hur, Lawrence d'Arabie, Gladiator, La Guerre des étoiles, Apocalypse now…

Puisque l'on évoque les grands films spectaculaires digérés par Villeneuve, on a envie de terminer en jouant Dune 2 face à un autre film du genre space opéra encore à l'affiche : L'Empire de Bruno Dumont, qui se passe aussi dans les dunes – celles plus modestes du Pas-de-Calais. On pourrait facilement pointer quelques ressemblances entre les deux films : un affrontement physique et métaphysique entre bien et mal, avec d'un côté Paul Atréides/Timothée Chalamet et Anna-Maria Vartolomei représentant les lumières, de l'autre les Harkonnen et Fabrice Luchini/Belzébuth champions des ténèbres. Il y a aussi des différences pas minces, qui sont celles entre le cinéma français et le cinéma hollywoodien : L'Empire a coûté 7 millions d'euros, Dune 2 190 millions de dollars. Cette différence de force de frappe est un symbole cruel au moment où les Etats-Unis sont en train de lâcher l'Ukraine et l'Europe. Le geste de Dumont est certainement plus original, plus audacieux, plus libre, plus foutraque, plus transgressif, celui de Villeneuve étant du côté de la puissance et du perfectionnisme à gros moyens. C'est un peu comme si l'on comparait d'un côté une bizarre voiture hybride assemblant une Mercédès et une 2CV avec de l'autre côté une Rolls luxueuse dans tous les détails. La Mercédès-2CV a plus de charme et de singularité mais le voyage en Rolls est un plaisir de cinéma premium qui ne se refuse pas.

Serge Kaganski

JOURNALISTE, CRITIQUE DE CINÉMA

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Shabjdeed et Al-Nather, les sultans du rap palestinien

Figures influentes de la scène palestinienne, le rappeur Shabjdeed et le producteur Al-Nather ont sorti leur second album, “Sultan”, le 29 février. Leur œuvre au son unique (…)

Figures influentes de la scène palestinienne, le rappeur Shabjdeed et le producteur Al-Nather ont sorti leur second album, “Sultan”, le 29 février. Leur œuvre au son unique reflète la réalité d'une jeunesse cisjordanienne étouffée, mais résiliente, sous l'occupation israélienne. Le site panarabe “The New Arab” retrace aussi l'histoire de BLTNM, le collectif auquel ils appartiennent.

Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Le rappeur palestinien Shabjdeed (au centre) et son producteur Al-Nather (à droite) dans un extrait du clip de leur chanson "NKD GLG", sortie en 2019. Capture d'écran YouTube / @BLTNM

Shabjdeed et Al-Nather, figures majeures de la scène alternative palestinienne, sont de retour avec Sultan. Ce second disque du tandem, sorti le 29 février, reflète les réalités de la jeunesse de Cisjordanie, alors que l'occupation israélienne se durcit. Dithyrambique, la critique palestinienne Salma Moussa salue, dans le site panarabe The New Arab, “le courage de Shabjdeed pour cette exploration sensible, honnête, lucide, responsable et élégante en territoire dangereux”. Elle retrace aussi retrace la genèse du duo et leur implication dans le collectif BLTNM.

Ce nouvel album était très attendu depuis la sortie du premier morceau, Nasheed (“Hymne”, en arabe), en décembre 2023. “Sortie en toute discrétion et sans référence directe à cette période si tendue et particulière”, avec les massacres commis à Gaza, la chanson mêle mélancolie, résilience et espoir.

“Rien d'extraordinaire, là encore, le quotidien des Palestiniens est ainsi, les mots comme ‘guerre' en font simplement partie, de la même manière qu'on les retrouve dans le répertoire du musicien depuis le début de sa carrière”, car la “guerre est une constante de la vie des Palestiniens”.

“Un jeune homme ordinaire”

Shabjdeed a émergé sur le devant de la scène musicale à Ramallah, en 2018, tandis qu'Al-Nather se faisait connaître comme le producteur le plus en vue de la scène alternative en Cisjordanie. Ils se sont retrouvés alliés au sein du collectif BLTNM, alors à l'affiche du premier Boiler Room palestinien − nouvelle déclinaison de ces soirées clubbing organisées à travers le monde et devenues une véritable institution.

L'une des raisons du succès du rappeur, c'est qu'il “parle d'une expérience plus largement partagée, du quotidien des habitants de Cisjordanie, de leur vie, de leurs clivages, et plus précisément du point de vue d'un jeune homme ordinaire”, analyse Salma Moussa.

Comme beaucoup de jeunes Palestiniens, la musique de Shabjdeed a accompagné les virées nocturnes, en voiture, de la journaliste à travers Ramallah, terrifiée par la peur d'être interpellée. “C'est ce qu'on appelle la paranoïa naturelle de Ramallah, c'est quelque chose qui vous vient naturellement quand vous vivez – ou essayez de vivre – dans ce qui est de facto votre pays. Aussi traumatique soit-elle, pour une Cisjordanienne comme moi, cette paranoïa est un sentiment tangible et familier, presque réconfortant, c'est quelque chose que tout le monde comprend” avec cette musique.

Des marginaux

En 2021, une chanson en particulier a trouvé un large écho auprès de la jeunesse palestinienne et arabe, rappelle la journaliste : Inn Ann, un duo entre Shabjdeed et le rappeur Daboor, accompagnés d'Al-Nather. Ils louaient le courage des jeunes de Jérusalem et faisaient référence à Cheikh Jarrah, quartier de Jérusalem-Est occupé et annexé par Israël, où des colons israéliens attaquaient les maisons de Palestiniens et où des expulsions et démolitions des demeures palestiniennes étaient ordonnées.

Des collaborations de Shabjdeed et Al-Nather se dégagent beaucoup de solidarité, de courage et de mélancolie. “Tissée par les liens forts qui unissent ses artistes, la scène hip-hop a résisté à l'épreuve du temps et reste bien vivante dans les Territoires occupés”, selon Salma Moussa. À l'image du parcours de BLTNM, miroir d'une certaine résilience d'une jeunesse marginalisée.

“On qualifie [cette musique] d'‘underground', pour désigner ce sentiment d'invisibilité qui vous vient quand vous êtes un étranger parmi les étrangers, le marginal des marginaux, et pour parler de ce rejet absolu du monde et de ce qui vient avec.” D'où cette envie de protéger jalousement cette “vraie bonne musique”.

Courrier international

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« Taxons les riches » : Attac déploie une banderole géante sur l’hôtel de luxe de Bernard Arnault

5 mars 2024, par ATTAC France — , , ,
Samedi 24 février, nous avons déployé une immense banderole sur la façade du futur hôtel Vuitton, récemment acquis par Bernard Arnault sur les Champs-Élysées à Paris. Avec un (…)

Samedi 24 février, nous avons déployé une immense banderole sur la façade du futur hôtel Vuitton, récemment acquis par Bernard Arnault sur les Champs-Élysées à Paris. Avec un message : « Tax the Rich », en référence à l'enrichissement indécent des milliardaires avec la complicité du gouvernement.

Mobilisation 27 février 2024

Cette action lance une grande mobilisation pour la justice fiscale : « Superprofits, ultra-riches, méga-injustices ». Dans ce cadre, nous organiserons de nombreuses actions dans tout le territoire. Rejoignez-nous dans cette mobilisation !

Ce 24 février à 18h30, plus d'une centaine d'activistes d'Attac ont pris part au déploiement d'une immense banderole sur la façade du futur hôtel LVMH sur laquelle on pouvait lire « Tax the Rich ».

Un groupe s'est infiltré dans un échafaudage pour accéder au toit afin de déployer le message et déverser des faux-billets de 60 milliards, une somme qu'Attac propose de récupérer en imposant mieux les ultra-riches et les multinationales.

Un autre groupe a pris le temps d'expliquer les raisons de cette action et les revendications d'Attac aux passant·es et aux touristes par le biais de prises de paroles de partenaires associatifs et syndicaux et distribution de tracts.

Revoir l'action en images

Cette action, sans dégradation et sans violence, a fait l'objet d'une répression disproportionnée : le rassemblement devant l'hôtel Vuitton a été nassé par la police et trois activistes ont été interpelés. Leur garde à vue a été prolongée dimanche, portant ainsi à 48h la durée de leur détention pour une action pourtant symbolique.

Un des activistes a même été déféré le lundi 26 février au soir pour une comparution immédiate, et devrait être poursuivi pour « dégradation d'une chaîne appartenant à Louis Vuitton ». Outre l'inanité du motif, ces intimidations constituent une atteinte grave à la liberté d'expression et à la liberté de manifestation. Cette répression ne nous empêchera pas de continuer à dénoncer l'impunité des ultra-riches !

Pourquoi cette action ?

Le lieu ciblé par cette action, racheté par Bernard Arnault pour en faire un hôtel Vuitton de très haut standing, matérialise l'opulence et l'enrichissement indécent des ultra-riches. En déployant le message géant « Tax the Rich » sur la façade de ce futur hôtel, nous appelons à ce que les plus riches paient enfin leur juste part d'impôt ( voir notre article : « Pourquoi s'en prendre à Bernard Arnault ? » )

À l'opposé de la politique d'austérité injuste et injustifiée annoncée par le gouvernement, Attac a formulé des solutions pour financer les urgences écologiques et sociales en imposant mieux les ultra-riches. Ces 6 propositions permettraient de récupérer à minima 60 milliards d'euros. En réinstaurant un ISF rénové et en améliorant la taxation sur les héritages, ce sont 15 à 20 milliards qui pourraient être collectés chaque année.

Ces recettes supplémentaires permettraient de financer la rénovation énergétique des bâtiments, une vraie politique de logement social, des alternatives alimentaires face à l'inflation, la remise sur pied de l'hôpital public...

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Le G20 se penche sur les ultras-riches

5 mars 2024, par Michel Gourd — , ,
Les ministres des finances des vingt pays du G20, réunis à São Paulo, ont discuté de la taxation des ultras-riches ce qui pourrait aider les économies les plus défavorisées de (…)

Les ministres des finances des vingt pays du G20, réunis à São Paulo, ont discuté de la taxation des ultras-riches ce qui pourrait aider les économies les plus défavorisées de la planète.

Le G20, une version du G7 élargie aux grandes économies émergentes, représente plus de 80 % du PIB mondial et les deux tiers de la population de la planète. L'organisme tenait les 28 et 29 février la première réunion de l'année de ses ministres des Finances. Le Brésil avait choisi la taxation minimale des ultras-riches à l'échelle internationale comme un des sujets de discussion. L'impôt personnel effectif des milliardaires est souvent bien inférieur à celui que paient les autres contribuables. Selon les chiffres de l'Observatoire européen de la fiscalité, il ne dépasse pas, en moyenne, 0,5 % de leur fortune. L'organisme souligne leur niveau élevé d'optimisation qui serait souvent à la limite de la légalité. « C'est très facile quand on dispose de beaucoup de patrimoine de le structurer pour qu'il ne génère pas de revenu taxable », commente à ce sujet le porte-parole de l'Observatoire, Quentin Parrinello. Cela se ferait dans de nombreux pays, les techniques variant d'un à l'autre.

Dans les pas d'Oxfam

À ce sujet, le 15 janvier dernier, l'organisme onusien Oxfam affirmait que les fortunes des cinq hommes les plus riches du monde auraient augmenté de 114 % depuis 2020, passant de 405 à 869 milliards de dollars, soit 14 millions de dollars d'augmentation par heure. En comparaison, selon la progression actuelle, il faudra environ 230 ans pour mettre fin à la pauvreté dans le monde.

Au total, la fortune des milliardaires aurait augmenté de 3 300 milliards de dollars depuis 2020, soit trois fois plus rapidement que l'inflation mondiale. Il y aurait un grand écart de distribution de ces milliardaires entre les pays. Ceux de l'hémisphère nord possèderaient près de 70 % des richesses mondiales. Environ 1 % de la population mondiale aurait 43 % de tous les actifs financiers de la planète.

Selon le directeur général par intérim d'Oxfam International, Amitabh Behar, des milliards de personnes subiraient les chocs économiques dus à la pandémie, à l'inflation et à la guerre, tandis que les milliardaires prospèreraient. Ces inégalités seraient dues, selon lui, au fait que les mieux nantis veilleraient à ce que les entreprises contribuent avant tout à leur propre enrichissement, au détriment du reste de la population. Dans une note récemment publiée par cette ONG, sur chaque dollar de recette fiscale généré dans les pays du G20, moins de 8 cents proviennent de l'impôt sur la fortune.

Le Brésil et la France montrent le chemin

La réunion s'est terminée sans communiqué conjoint, mais le ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, a déclaré après qu'il voudrait que les ultras-riches paient leur juste part d'impôt avec un système de taxation minimale des milliardaires à l'échelle internationale. Il espère un accord sur une déclaration commune à ce sujet d'ici la prochaine réunion ministérielle du G20 en juillet.

Ce sujet a eu une résonnance particulière en France où 10 % des ménages possèdent 54 % des richesses, un pourcentage stable depuis 2019. Ceux-ci auraient un patrimoine d'au moins 716 000 euros d'actifs, tandis que les 10 % les plus pauvres auraient 163 fois moins, soit un maximum de 4 400 euros. En 2018, année de la précédente étude, l'écart était de 158 fois entre les deux catégories. Cette inégalité serait encore plus élevée dans plusieurs autres pays de la zone euro. Le ministre français de l'économie, Bruno Le Maire, a affirmé se battre pour une taxation mondiale plus simple, plus efficace et plus juste.

L'économiste français, qui s'intéresse beaucoup à l'évasion fiscale, Gabriel Zucman, avait été invité le 29 février à s'exprimer sur le sujet. Selon lui, il y a de plus en plus de preuves que les systèmes fiscaux actuels, au lieu d'être progressifs, tendent à être nettement régressifs au sommet de la distribution. L'explosion de l'extrême richesse serait l'une des principales caractéristiques de l'économie mondiale actuelle.

De l'argent pour aider les pays en difficultés

Selon Oxfam, un impôt annuel sur la fortune allant jusqu'à 5 % rapporterait près de 1 500 milliards de dollars par an. L'Observatoire européen de la fiscalité a indiqué dans une étude publiée au mois d'octobre que l'instauration d'un impôt minimum mondial sur les milliardaires pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an. Cette somme, bien qu'imposante, ne représenterait que 2 % des 13 000 milliards de dollars de richesses qu'ont les milliardaires du monde entier.

Pour leur part, les pays en développement auraient besoin annuellement de 500 millions de dollars pour faire face aux défis du changement climatique. Ces pays sont confrontés à d'importantes pressions pour atteindre les objectifs de développement et de transition climatique.

Chose encourageante à ce sujet, un groupe appelé les « Millionnaires patriotes », regroupant des personnes fortunées à travers la planète, a plusieurs fois demandé une augmentation de leur niveau d'imposition. Ces grandes fortunes, telle l'héritière du géant allemand BASF, Marlene Engelhorn, ont affirmé lors de la rencontre à Davos cette année qu'ils seraient fiers de payer plus de taxe. Le président américain, Joe Biden, répète aussi régulièrement son souhait d'augmenter l'imposition des plus nantis.

Michel Gourd

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“Avec conviction, nous construisons la souveraineté alimentaire et luttons contre les crises et la violence”

5 mars 2024, par Vía Campesina — ,
Bagnolet, 22 février 2024 | Ce 8 mars, Journée Internationale de luttes pour les droits des femmes, en tant que La Via Campesina, nous sommes ressorties plus fortes après notre (…)

Bagnolet, 22 février 2024 | Ce 8 mars, Journée Internationale de luttes pour les droits des femmes, en tant que La Via Campesina, nous sommes ressorties plus fortes après notre notre8ème Conférence Internationalequi s'est tenue en Colombie en décembre 2023 avec des propositions claires basées sur la défense de la Souveraineté Alimentaire et la reconnaissance du rôle fondamental des femmes dans cette construction.

Photo et article tiré de NPA 29

Elles sont également engagées dans le renforcement du Féminisme Paysan et Populaire, dans la lutte contre le patriarcat et pour l'égalité, comprenant que la diversité est au cœur de la Souveraineté Alimentaire dans tous les territoires.Pendant ces 31 années, nous avons renforcé un mouvement d'unité en faveur de la transformation. Nous nous sommes organisées en approfondissant et en explorant des voies de lutte qui reflètent notre réalité, nos revendications, ainsi que les multiples situations qui impactent les femmes dans nos territoires paysans.

Aujourd'hui, le féminisme paysan et populaire représente notre stratégie en tant que femmes évoluant dans les champs, les eaux, les forêts, les déserts, les savanes, les landes, les marécages et les montagnes. C'est à travers cette approche que nous pouvons efficacement mener notre combat contre la violence et le patriarcat au sein de nos territoires, communautés, organisations et pays. Notre lutte s'articule autour de la compréhension de nos réalités en tant que femmes rurales, la valorisation de nos forces, et l'identification de nos ennemis communs

Dans le cadre de cette journée d'action, nous dénonçons vigoureusement tous les types de violence engendrés par le système capitaliste et patriarcal, qui exploite et opprime les femmes. Notre mobilisation vise à exprimer notre opposition aux féminicides, considérés comme la manifestation la plus brutale de la violence infligée aux femmes, aux enfants et aux diversités de genre. Chaque année, des dizaines de milliers de filles et de femmes, y compris des femmes trans, sont assassinées à travers le monde en raison de leur sexe. De plus, de nombreuses autres sont exposées au risque de perdre la vie en raison de violences de genre, résultant du manquement des États à leur devoir de protéger efficacement la vie des survivantes et d'assurer leur sécurité.

Face à la montée alarmante des discours de droite et conservateurs, aux reculs des droits, au fascisme, aux menaces néo-fascistes, aux guerres, aux occupations, aux déplacements, au pillage des campagnes par le capitalisme en Palestine, Haïti, Niger, Pérou, Équateur, et bien d'autres régions du monde, ainsi qu'à l'action criminelle des multinationales et de la justice qui s'approprient nos systèmes alimentaires à l'échelle mondiale, nous continuons à affirmer que la souveraineté alimentaire n'est possible qu'avec les paysan·nes. C'est nous qui refroidissons la planète, qui nourrissons les peuples, et qui construisons des sociétés de paix et de justice sociale !

Depuis que La Via Campesina a élaboré notre proposition politique et éthique de souveraineté alimentaire, qui affirme le droit des peuples à définir leurs propres politiques agricoles et alimentaires, nous, les femmes rurales, avons joué un rôle essentiel dans la concrétisation de ce principe au sein de nos communautés et de nos territoires. Nous l'avons présenté comme une alternative tangible de la paysannerie, favorisant le commerce équitable et la solidarité face à la crise alimentaire, environnementale et sociale.

Cependant, nous persistons à faire entendre notre voix pour dénoncer et résister face à plusieurs problématiques :

-Les États qui utilisent l'alimentation comme une arme de guerre, accentuant la misère et la faim. On ne vise pas la sécurité alimentaire, on veut plutôt la souveraineté alimentaire !
Le modèle capitaliste agro-hydro-minier qui marchandise les aliments et la terre, exploitant le sous-sol par le biais de l'extraction minière. Cette pratique creuse des puits dans nos terres, entraînant la destruction de l'environnement et du tissu social.
Les vagues migratoires alarmantes à la recherche de travail et de dignité dans un monde exploitant la main-d'œuvre.
Les pratiques religieuses qui, au nom de la culture, menacent la vie et la liberté des femmes ainsi que la diversité de genre à l'échelle mondiale.
Le système judiciaire complice qui favorise l'impunité et revictimise les survivants de la violence.
Le racisme enraciné aujourd'hui, justifiant la supériorité raciale et rendant les femmes paysannes, noires et autochtones particulièrement vulnérables.
Le génocide de nos peuples et communautés ancestrales, de leurs valeurs, de leurs droits et de leurs formes d'organisation.
-Le viol, les mariages précoces et la violence envers les enfants – les petites filles ne sont pas destinées à être mères ! Nous revendiquons des droits sexuels et reproductifs ainsi qu'une éducation axée sur le genre.

En tant que mouvement paysan, nous persistons dans le renforcement de la nécessité d'égalité et d'alliances entre le milieu rural et urbain. Ces alliances, qui nous mettent au défi de construire de nouvelles relations de genre entre les êtres humains, nous encouragent également à prendre soin de la terre mère. Notre féminisme paysan et populaire accorde une valeur particulière à l'agriculture paysanne en tant que garante de la souveraineté alimentaire. Il remet en question les processus d'exploitation des personnes, l'accaparement des terres et de l'eau, ainsi que l'extractivisme colonisateur.

Pour nous, la terre et les territoires sont des espaces de vie où nous aspirons à construire des relations saines, exemptes d'agrotoxiques et de violence. Notre engagement demeure ferme, nous demeurons organisés et uni·es en tant que premier front de résistance contre l'extractivisme, le capitalisme et le patriarcat dans nos territoires. Cette lutte vise à préserver la biodiversité, les semences, nos biens communs et nos savoirs ancestraux.

Nous poursuivons la construction d'un mouvement, œuvrant à la révolution des cœurs et des consciences, tout en luttant pour la souveraineté populaire, la souveraineté alimentaire, la souveraineté de nos peuples et de nos communautés, ainsi que pour notre souveraineté en tant que femmes.

Nous affirmons notre Déclaration de la 6ème Assemblée des Femmes de La Via Campesinacomme un instrument politique rassemblant nos défis, nos revendications et guidant nos actions pour la période à venir.

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22 février 2024

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8 mars : notre colère est sans limite et sans frontières !

Chaque année, nous avons encore plus de raisons d'être dans la rue pour hurler notre colère devant ce monde injuste et violent, en particulier pour les femmes. Photo et (…)

Chaque année, nous avons encore plus de raisons d'être dans la rue pour hurler notre colère devant ce monde injuste et violent, en particulier pour les femmes.

Photo et article tirés de NPA 29

Solidaires avec toutes les femmes en situation de guerre

Depuis des mois nous parviennent des images et des témoignages insupportables de la situation de Palestine. Les femmes en particulier tentent de survivre avec leurs enfants, accouchent dans des conditions horribles… En ce 8 mars 2024, la solidarité avec le peuple palestinien, et en particulier avec les femmes de Palestine, est au premier rang de nos revendications.

Au Soudan ou en République démocratique du Congo, ce sont des millions de femmes qui sont exposées aux violences sexistes et sexuelles dans des contextes de conflits armés, de déplacements massifs de population, de relégation dans des camps de refugié.es.

En Ukraine aussi des viols et des violences sexistes sont perpétrées par l'armée russe.

Et lorsqu'elles fuient les situations de guerre, les migrantes, en plus de toutes les autres violences, sont soumises aux viols, aux agressions sexuelles, à l'escalavage.

Nous nous battons pour les femmes du monde entier

Nous voulons une paix juste et durable partout dans le monde parce que c'est une condition indispensable pour l'émancipation des toutes les femmes et des personnes LGBTI. Pour cela, ici en France, nous devons combattre les puissances impérialistes. En tout premier lieu, nous combattons la politique du gouvernement Français qui soutient Israël, qui défend ses intérêts en soutenant des dictatures en Afrique depuis des dizaines d'années, qui asphyxie les pays pauvres par le mécanisme de la dette, qui laisse mourir les migrant.es aux frontières de l'Europe… Ce sont les intérêts des grands groupes capitalistes à travers le monde, les profits générés par les ventes d'armes, les politiques impérialistes des Etats à leur service qui sont à l'origine de ces bains de sang, de toutes ces violences contre l'humanité, contre les femmes en particulier.

Se battre ici comme ailleurs

Pour enrayer ces logiques mortifères, nous devons trouver les forces pour peser sur nos gouvernements, construire nos luttes pour qu'elles pèsent politiquement. Pour cela nous devons être extrêmement nombreuses à manifester, à dénoncer le capitalisme, le patriarcat et leurs conséquences. Pour manifester massivement le 8 mars, nous devons être en lutte et nous sortir de la contrainte du travail salarié et du travail domestique. Pour cela, il n'y a pas d'autre solution que d'être en grève.

Le 8 mars, nous devons être dans la rue, en grève, nombreuses, solidaires et déterminées, pour détruire ce système capitaliste et patriarcal qui détruit nos vies.

Nous sommes en grève…

Nous sommes en grève pour les femmes du monde entier, contre les guerres impérialistes, pour le droit des peuples à vivre en paix sur leur territoire.

Nous sommes en grève contre toutes les violences subies par les femmes et les minorisé.es de genre ici comme ailleurs. La nouvelle vague de libération de la parole des femmes contre les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma français résonne avec celles de toutes les femmes, dans tous les milieux.

Nous sommes en grève pour l'accueil inconditionnel de tou.tes les migrant.es victimes de violences sexistes et sexuelles, de violences de genre, des guerres…

Nous sommes en grève contre la domination et la surexploitation que subissent les femmes et les minorisé.es de genre.

Par nos mobilisations, par la grève, nous nous attaquons à l'ordre capitaliste et patriarcal, et parce que nous sommes unies, fortes et solidaires, nous changerons la société !

Mardi 27 février 2024

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*8 mars : la grève féministe s’organise*

5 mars 2024, par Kareen Janselme — , ,
Une cinquantaine d'associations féministes et de syndicats, soutenus par des partis politiques, appellent à cesser le travail et les tâches domestiques afin d'être nombreux et (…)

Une cinquantaine d'associations féministes et de syndicats, soutenus par des partis politiques, appellent à cesser le travail et les tâches domestiques afin d'être nombreux et nombreuses à manifester pour les droits des femmes, le 8 mars.

Tiré de L'Humanité, France. Mise à jour le 28 février 2024 à 18h55
Par Kareen Janselme <https://www.humanite.fr/auteurs/kar...> ,

www.humanite.fr/feminisme/feminisme/8-mars-la-greve-feministe-sorganise <http://www.humanite.fr/feminisme/fe...>

Les Françaises seront-elles aussi nombreuses que leurs voisines suisses l'été dernier, où 300 000 personnes ont défilé dans les rues helvétiques à l'occasion de la grève féministe du 14 juin 2023 ? C'est l'enjeu de l'appel du Collectif du 8 mars pour la <https:/www.humanite.fr/social-et-e...>'>grève féministe .

« Face aux attaques du gouvernement, des droites et extrêmes droites, partout les femmes résistent ! » proclament une cinquantaine de signataires ( Collectif national pour les droits des femmes, Fédération nationale solidarité femmes, Osez le féminisme, Planning familial, NousToutes, Organisation de solidarité trans, Unef, CGT, Solidaires, FSU… ), soutenus par une vingtaine de partis politiques ( PCF, FI, les Écologistes… ).

*« L'extrême droite est toujours l'ennemie des femmes »*

« Le 8 mars est l'occasion de prendre la rue pour les premières de corvée, les femmes victimes de violence, les associations de terrain qui les soutiennent, les précaires, les mères isolées, les femmes migrantes attaquées par les dernières lois racistes de Gérald Darmanin », précise Anne Leclerc au nom du collectif.

Ce, dans un contexte particulier :vote au Sénat pour la https://www.humanite.fr/politique/a...>
,">constitutionnalisation de l'IVG<https:/www.humanite.fr/feminisme/m...>'>déclarations pro-Depardieu du président de la République malgré des accusations d'agressions sexuelles et de viols, banalisation des idées de l'extrême droite… Maryse rappelle d'ailleurs au nom deVisa ( Vigilance et initiatives syndicales antifascistes ) que « misogyne, réactionnaire, menteuse, l'extrême droite est toujours l'ennemie des femmes ». Et de décrire comment ce parti instrumentalise la cause au niveau européen pour mettre en avant des arguments racistes et xénophobes, ou essentialisant les femmes pour les renvoyer dans leur foyer.

Cette mobilisation sera aussi l'occasion, pour Ana Azaria, de Femmes Égalité, de dénoncer la loi immigration dont les nouvelles exigences de maîtrise du français pour obtenir une carte pluriannuelle sont particulièrement difficiles pour les femmes « qui travaillent sur des postes isolés ne leur permettant pas de parler le français régulièrement, avec des horaires hachés et des enfants à charge qui ne leur donnent pas du temps libre pour apprendre la langue ».

*Grève du travail domestique*

Myriam Lebkiri, de la CGT, rappelle les 80 % de temps partiels subis par des femmes, leur précarisation et le sexisme vécu au travail pour 80 % d'entre elles. « Pour la première fois, met en avant Murielle Guilbert de Solidaires, la CFDT et l'Unsa s'associent à la FSU, Solidaires et la CGT pour appeler à cette grève féministe. » Et celle-ci ne concernera pas exclusivement les travailleuses.

« Nous appelons aussi à la grève du travail domestique », insiste Soad Baba Aissa de Femmes solidaires, condamnant un inégal et sexué partage des tâches à la maison, entretenant la société patriarcale et capitaliste. « Ce n'est pas une question purement privée, mais un enjeu de politique publique alors qu'on comptabilise 16,4 milliards d'heures de travail domestique, soit 9 % du PIB mondial, aux trois quarts portés par des femmes. »

Concluant sur les tergiversations des sénateurs pour inscrire l'IVG dans la Constitution, Suzy Rojtman ( Avortement en Europe, les femmes décident a réclamé « 3 milliards pour lutter contre les violences et une loi-cadre », sous les applaudissements de toutes les associations.

Des femmes marchent derrière une banderole intitulée « Grève féministe » lors d'une manifestation
contre le projet de réforme des retraites, à l'occasion de la Journée internationale de la femme,

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La « marée verte » ou l’espoir féministe de démocratie en Amérique latine

La « marée verte » [1] qui traverse l'Amérique latine, dans la foulée des mobilisations pour la légalisation de l'avortement en Argentine, met au grand jour la lutte des (…)

La « marée verte » [1] qui traverse l'Amérique latine, dans la foulée des mobilisations pour la légalisation de l'avortement en Argentine, met au grand jour la lutte des femmes contre les inégalités. Et démontre qu'un féminisme actif est la condition sine qua non de l'avènement, de la revalorisation ou de l'intensification de la démocratie sur le continent. La participation des femmes est un frein social aux différentes formes d'autoritarisme et de violence.

Tiré de Entre les ligne et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/03/la-maree-verte-ou-lespoir-feministe-de-democratie-en-amerique-latine/
Avec l'aimable autorisation des Editions Syllepse

La télévision va de catastrophe en catastrophe : guerres, incendies, sécheresses, vagues de chaleur, tempêtes, tremblements de terre, tsunamis, pandémies, naufrages, etc. Le monde ne présente plus seulement une scène désolante, mais désespérée. Bien souvent, il semble qu'il est désormais impossible de changer cette situation. Au-delà de la clé poétique, épique ou pittoresque, l'idée d'espoir est, en ces temps, un outil central qui contribue à nous épargner l'angoisse d'un monde en crise et à surmonter la déception causée par la croyance en l'impossibilité de toute transformation. Il concourt en outre à renforcer la rébellion contre la frivolité et l'entertainment informatif comme unique façon de tolérer la réalité. La « marée verte » qui parcourt l'Amérique latine participe de ce nouvel espoir.

Même s'il ne constitue pas la solution à tous les problèmes, le féminisme a généré un mode d'organisation et de résistance mettant en évidence le fait que la participation sociale et politique vaut la peine. Son slogan « la lucha sirve (la lutte sert) » rend compte d'un espoir qui traverse différentes latitudes et qui peut se transformer en une consigne pour le changement.

Le chemin actuel, initié avec le mouvement « Ni Una Menos » (né en 2015 en Argentine et qui s'est ensuite étendu à toute l'Amérique latine), a provoqué une vague de manifestations et de revendications qui s'est concrétisée, en 2017, avec la campagne #MeToo et la revendication argentine pour un avortement légal, sûr et gratuit en 2018. Même s'il ne s'agit pas d'une course pour savoir qui a commencé, il s'avère important de souligner qu'il existe différents narratifs au sujet de l'actualité du mouvement féministe. Bien que certain·es préfèrent d'abord regarder vers les États-Unis et d'autres pays dénommés « centraux », le rôle joué par l'Amérique latine dans le renouvellement et renforcement du féminisme est évident.

De temps à autre, les caméras ne rappellent que le chemin foulé du tapis rouge. Elles s'arrêtent sur Hollywood, démontrant que certains yeux ne voient que ce que l'on veut bien leur montre r ; l'espace prétendument unique où les choses se passent. Cependant, s'il s'agit d'éclairer le chemin menant à une construction politique singulière, la lumière verte doit se poser sur les multiples héroïnes qui unirent la résistance aux dictatures, en exigeant une démocratie participative de citoyennes responsables. Et ce regard se focalise principalement sur l'Amérique latine.

Marée verte

La lutte pour la légalisation de l'avortement en Argentine en 2018 a provoqué un tsunami dans la région. Le foulard vert – né en Argentine, en écho au foulard blanc des « Mères et Grands-mères de la place de Mai » qui luttaient et continuent à lutter pour leurs fils, filles et petits-enfants disparu·es – s'est converti en un symbole d'identité et d'autonomie, de revendication pour les droits sexuels et reproductifs, ainsi qu'en une complicité entre femmes et diversités sexuelles des différents coins de toute l'Amérique latine. Mais la « marée verte » ou l'espoir féministe de démocratie aujourd'hui, c'est encore beaucoup plus que cela. C'est une bannière – peut-être la dernière multinationale et la seule qui soit née et se soit répandue au 21e siècle – qui exprime la conception plurinationale des féminismes latino-américains.

Le foulard comme la couleur furent adoptés en 2003 dans le cadre de la campagne pour l'avortement légal, sécurisé et gratuit, lancée cette même année lors de la Rencontre internationale des femmes qui s'est tenue dans la ville de Rosario. « Le foulard, comme l'écrivit la chercheuse chilienne Sofia Calvo (2019), s'est converti en un élément qui marquait non seulement sa présence, exprimait un récit clair et direct, mais qui faisait aussi communauté et appelait à la sororité ». La différence entre la possibilité d'accéder à l'avortement légal ou être condamnée à la clandestinité est une question de vie ou de mort. C'est la différence entre le plaisir et la souffrance, entre l'enfermement et la liberté.

La principale caractéristique de la marée verte fut, cependant, de promouvoir une façon singulière de faire de la politique. Il ne s'agissait pas seulement d'obtenir un droit, d'imposer un agenda, d'obtenir un jugement ou la sanction d'une loi, mais d'imprimer un cachet distinct. Il s'agissait et il s'agit d'une forme de combat pour les droits politiques qui portent en leur sein un espoir actif. Une manière de faire du monde un espace plus habitable, un endroit pour lequel l'effort et le plaisir de la lutte valent la peine.

Telle est en définitive la différence essentielle : celle qui confirme le fait qu'une démocratie est davantage aboutie avec un féminisme actif. La participation populaire, la création de consensus sociaux et les luttes législatives (avec des dynamiques d'assemblées, des discussions horizontales et la volonté d'occuper les espaces) ouvrent une fenêtre dans un monde qui conduit à la dépression, au découragement, à l'autoritarisme et à la répression.

Ce n'est pas seulement que le plat servi à table est délicieux, c'est surtout que la façon de le préparer crée la possibilité de mieux cuisiner d'autres plats pour beaucoup d'autres personnes, qui, autrement, souffriraient de la faim, mangeraient compulsivement ou tomberaient de la table. Ce n'est pas seulement que des lois ou des jugements soient édictés (même si certain·es se sentent déçu·es ; de toute façon, ils et elles luttent), mais bien que se mettent en place des modes alternatifs pour faire émerger de nouveaux consensus. La lutte féministe génère des modalités alternatives, davantage par-icipatives, de discussion et de prise de décision, développant la démocratie et la citoyenneté active au-delà du vote (mais intégrant celui-ci).

Ayelén Mazzina est secrétaire d'État de la femme, de la diversité et de l'égalité à la province de San Luis en Argentine. Âgée de trente et un ans seulement, elle est lesbienne et a les cheveux rasés sur les côtés. Détonnant dans les réunions formelles du cabinet, elle affirme : « Nous sommes le changement d'époque et nous devons réussir, quand nous occupons les endroits où se prennent les décisions importantes, à démocratiser et à humaniser la politique. Il faut écouter la base, appuyer sa participation et voir quels sont ses besoins réels, et non ceux qui se dessinent quand les pouvoirs publics les planifient depuis un bureau ».

La participation des femmes est un frein social aux différentes formes d'autoritarisme et de violence (violence de genre, mais pas uniquement), dans la mesure où elle met en avant le slogan « sí te metas » (si tu t'en mêles) qui prend le contrepied de la consigne répétée durant la dictature militaire argentine – « no te metas » (ne t'en mêle pas) – par laquelle, par crainte de disparaître, la citoyenneté était intimidée et amenée à ne pas s'occuper de ce qui « ne la regardait pas ».

La société de celles qui s'occupent de ce qui ne les regarde pas – celle où les voisin·es sauvent une jeune femme qui se fait violer dans une voiture, celle où un·e enseignant·e alerte lorsqu'une fille est battue chez elle, celle où une inconnue aide une adolescente harcelée dans le train, celle où une femme ramène une jeune chez elle plutôt que de la laisser s'effondrer dans un bar sous les effets de l'alcool – ne se réduit pas à un ensemble de « gestes individuels ». Elle met en évidence les manières de faire réseau que le féminisme promeut et qui génère une citoyenneté plus engagée et davantage de liens sociaux.

Défis à venir

Face à un monde dont les principales préoccupations semblent n'avoir pu être prévues quelques années plus tôt que par une série apocalyptique comme Years and Years, les questions soulevées par le féminisme ne doivent pas être considérées comme mineures ou collatérales par rapport aux conflits armés, aux guerres, aux désastres environnementaux et aux pandémies. À la différence de ce qui s'est souvent passé au cours de l'histoire, les inégalités auxquelles sont confrontées les femmes ne doivent pas être déplacées la « marée verte » ou l'espoir féministe de démocratie à un rang inférieur sur l'échelle des priorités, être considérées comme « moins importantes » ni oubliées en fonction d'urgences d'un autre ordre.

Les principaux conflits qui dévastent l'humanité ne se résoudront pas sans la participation des femmes. Au contraire, on aura besoin de femmes fortes, protégées et participatives. Et même si nous affirmons qu'on ne peut plus faire marche arrière, c'est exactement ce qui est en train de se passer : selon les rapports de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), depuis la pandémie de covid-19, l'insertion des femmes au sein du travail a reculé de dix ans dans notre région.

Les reculs des droits des femmes sont intolérables. Non seulement parce que négliger le travail féminin et sous-estimer l'importance d'éradiquer les féminicides, la violence de genre, le harcèlement et les abus sexuels s'avère insupportables, mais parce que les femmes vives, épanouies et autonomes sont indispensables face à la crise climatique, aux conflits armés et aux urgences sanitaires.

Cela n'est pas seulement imputable au fait qu'historiquement ce sont les femmes qui ont consacré leur temps à prendre soin des un·es et des autres et que ce monde a besoin qu'on en prenne soin, mais bien parce que les rôles traditionnellement féminisés s'avèrent indispensables et ne peuvent être écartés. Il ne s'agit pas de demander aux femmes qu'elles continuent de prendre soin des autres sans être reconnues, mais de reconnaître l'importance de ses soins (del cuidado).

On a besoin, de plus, d'une attention politique et de la création de stratégies novatrices. Et cela non seulement pour l'agenda du genre, mais comme moteur de confluences. La marée verte en Argentine constitue un exemple. Elle n'a pas seulement obtenu la dépénalisation de l'avortement ; elle a dynamisé la « prise de soin du vert ». Les liens créés au cours de la campagne pour demander la légalisation de l'avortement forment aujourd'hui de nouveaux réseaux pour réclamer une loi sur les marécages et zones humides et nourrissent la participation active au Congrès et sur les réseaux sociaux pour obtenir une loi d'étiquetage des aliments.

La combinaison entre cause et effet, marketing des réseaux et approfondissement des enjeux, unité et mobilisation, campagnes et plaidoyer législatif est le résultat d'une tradition née en Argentine dans la lutte contre la dictature et pour les droits humains, qui a abreuvé le féminisme et s'est transplantée dans le combat environnemental. C'est une tresse qui, loin de se terminer dans un petit foulard, tresse d'autres foulards pour sortir du puits d'une société en phase terminale qui ne voit pas d'issue. Celle-ci existe cependant, à condition d'arriver à collaborer pour voir à nouveau la lumière à travers la participation sociale.

Le slogan des foulards verts qui a circulé en Argentine était : « éducation sexuelle pour décider, contraceptifs pour ne pas avorter, avortement légal pour ne pas mourir ». Aujourd'hui, les foulards sont un gage pour une paix active. Ni blanche ni neutre ni soumise, mais active. Ne pas mourir, c'est savoir encore se battre pour un monde où vit le vert de l'espoir. « La lutte sert ».

[1] Depuis le début du siècle en Argentine, puis en Amérique latine, le vert est devenu la couleur symbolique du militantisme féministe pour la légalisation du droit à l'avortement (NDLR).

Luciana Peker
Journaliste, écrivaine et militante pour les droits des femmes en Argentine, membre du collectif « Ni Una Menos » contre les féminicides, chroniqueuse à Infobae et Pagina/12, autrice de plusieurs essais dont La Révolution des filles (traduit et publié en français en 2022).
Article paru dans Nueva Sociedad (www.nuso.org), 2022, sous le titre : « La esperanza de la democracia es verde ».
Traduction de l'espagnol : Pierre Loyen et Frédéric Thomas

Bibliographie
Calvo S. Bonilla A. (2019), La revolución de los cuerpos : moda, feminismo y diversidad, Santiago de Chile, RIL.

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Déclaration bilan de clôture du FSM 2024 par le comité d’organisation népalais

5 mars 2024, par Collectif québécois En route pour le FSM, Comité d'organisation du Népal — , ,
Marche d'ouverture du FSM 2024 à Katmandou - crédit photo - droits réservés : Luna Choquette Loranger Alors que la foule se déplaçait dans le centre de Katmandou jeudi, la (…)

Marche d'ouverture du FSM 2024 à Katmandou - crédit photo - droits réservés : Luna Choquette Loranger
Alors que la foule se déplaçait dans le centre de Katmandou jeudi, la taille du rassemblement était massive, mais c'est la diversité des participant.es qui s'est distinguée lors de la marche de solidarité de la 16e édition du Forum social mondial (FSM) 2024.

Tiré de Journal des Alternatives
https://alter.quebec/declaration-bilan-de-cloture-du-fsm-2024-par-le-comite-dorganisation-nepalais/?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=JdA-PA-2024-02-29
Par Collectif québécois En route pour le FSM 2024 au Népal -21 février 2024

Des vagues et des vagues de personnes venues du monde entier, la plupart en tenue traditionnelle, d'autres en vêtements indigènes, d'autres encore en vêtements de travail, d'autres en tenues décontractées ou en costumes, ont marché main dans la main au son du cri « Un autre monde est possible ». Il y avait des travailleuses et des travailleurs, la main-d'œuvre agricole et paysanne, des syndicats, des organisations de femmes, des organisations LGBTQI, des groupes indigènes, des organisations ethniques, des organisations de la société civile et des mouvements sociaux du monde entier. Cette marche et la grande cérémonie d'ouverture qui a suivi ont marqué le début du FSM 2024 à Katmandou.

Le Forum social mondial trouve son origine dans les mouvements de la société civile qui ont émergé contre la mondialisation à la fin des années 1990, ce qui a donné lieu au premier FSM à Porto Alegre, au Brésil, en 2001. Le processus d'organisation du FSM 2024 a débuté en novembre 2022, lorsque le Népal a été sélectionné comme pays d'accueil potentiel pour la 16e édition du FSM. Le processus de sélection a été mené par le Conseil international (CI) et le Forum social Asie-Pacifique (FSAP).

En mars 2023, le CI a décidé que le Népal serait le pays hôte et que Katmandou serait la ville. Cette décision a été immédiatement suivie par la mobilisation d'un conseil général, d'un comité d'organisation et de divers sous-comités au Népal, dont les membres travaillent bénévolement, tous et toutes déterminé.es à faire du FSM 2024 un succès.

Le comité d'organisation népalais (NOC) a ensuite entamé une planification minutieuse et a procédé à une mobilisation de masse dans le monde entier, ainsi qu'au lancement du site web du FSM. Les inscriptions organisationnelles et individuelles ont été mises en place, le Bhrikuti Mandap a été choisi comme lieu d'accueil et le comité d'organisation a tenu des réunions hebdomadaires pour suivre les progrès et faciliter les processus. Un programme de bénévolat a été lancé, ainsi qu'un programme d'applications. Tous les préparatifs visaient à assurer le bon déroulement du FSM 2024 à Katmandou.

Le calendrier du FSM a été finalisé après la date limite d'inscription, fin janvier. Les participant.es ont commencé à arriver en grand nombre pour le FSM et la cérémonie d'ouverture a commencé le 15 février avec le Bhrikuti Mandap rempli de personnes de tous les coins du monde, à la recherche d'espoir, d'inspiration et de solidarité.

Le FSM 2024 a vu plus de 50 000 participant.es, avec plus de 1400 organisations de six continents et 98 nations. Le Forum intercontinental de la jeunesse s'est déroulé simultanément avec 410 participant.es de plus de 30 nations. Plus de 400 activités ont été enregistrées, sous treize thèmes variés, y compris (mais sans s'y limiter) l'économie, la migration, la discrimination, le genre, la culture, la guerre et la paix, le changement climatique, les groupes indigènes, les droits humains, les mouvements sociaux, etc. La place des déclarations d'aujourd'hui a vu plus de 60 déclarations d'organisations du monde entier, s'engageant à continuer à travailler à la réalisation d'un autre monde, plus équitable et plus juste.

e FSM doit son succès à divers mouvements sociaux, institutions, organisations et individus. Nous souhaitons exprimer notre gratitude à Antonio Guterres, le Secrétaire général de l'ONU, pour son soutien et son message de solidarité. Nous remercions du fond du cœur les distinguées personnes intervenantes de notre cérémonie d'ouverture.

Nous remercions toutes les facultés, le personnel et les étudiant.es des campus Ratna Rajya, Nepal Law Campus et Balmiki Campus de l'université de Tribhuvan, ainsi que tout le personnel de Bhrikuti Mandap pour avoir mis à disposition les lieux pour le FSM 2024. Nous remercions la ville métropolitaine de Katmandou, la ville métropolitaine de Lalitpur, le bureau de l'administration du district de Katmandou, l'Office du tourisme du Népal, la police népalaise et le gouvernement du Népal pour leur soutien.
Nous remercions les forces de sécurité sur le site, les bénévoles du FSM qui nous ont donné de leur temps et de leurs efforts, la fédération des ONG du Népal qui a mis gratuitement ses bureaux à la disposition du secrétariat, la Fédération nationale des personnes handicapées du Népal qui a mis gratuitement ses bureaux à la disposition du secrétariat pendant le FSM, M. Pushpa Lal Shrestha, une personne habitant la municipalité de Budhanilkantha, qui a fourni gratuitement l'eau potable, et le Comité de gestion du Bhrikuti Mandap. Nous sommes reconnaissant.es à Phect Nepal et à l'hôpital Kathmandu Model de nous avoir fourni gratuitement un soutien médical et des ambulances pendant les cinq jours du FSM.

En outre, nous sommes reconnaissant.es aux membres de notre conseil international pour leur soutien continu, leurs suggestions et leurs efforts de collaboration, ainsi qu'au comité de facilitation Asie-Pacifique pour son soutien, ses conseils et pour avoir comblé les lacunes en matière de communication. Nous remercions les membres de la sous-commission du CNO pour leurs efforts inlassables afin de faire de cet événement un succès. Nous remercions toute la presse et le personnel des médias pour leur couverture et leur participation.

Enfin, nous remercions l'équipe du secrétariat pour ses efforts dévoués à la réussite du FSM 2024.
Enfin, nous vous remercions d'avoir participé à ce magnifique voyage et de faire partie de l'histoire et de l'héritage du FSM.

Comité d'organisation du Népal
19 février 2024

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Défendons tous les peuples contre les impérialismes, d’où qu’ils viennent !

5 mars 2024, par Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) — , , , , ,
Il y a près de deux ans, la Russie lançait une guerre d'invasion brutale contre l'Ukraine. Enchaînant les crimes de guerre, l'armée russe a massacré des civilEs et bombardé (…)

Il y a près de deux ans, la Russie lançait une guerre d'invasion brutale contre l'Ukraine. Enchaînant les crimes de guerre, l'armée russe a massacré des civilEs et bombardé massivement des villes ukrainiennes, pour tenter d'intégrer l'Ukraine dans « l'espace » dominé par la Russie…

20 février 2024 | tiré de l'Hebdo anticapitaliste
https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/defendons-tous-les-peuples-contre-les-imperialismes-dou-quils-viennent

Soutenir la résistance populaire ukrainienne

Au-delà des millions de réfugié·es et de déplacé·es, des dizaines de milliers de victimes civiles et de soldat·es ukrainien·nes ont déjà payé le prix de cette guerre. Les annexions illégales et les crimes de guerre se multiplient : russification forcée d'enfants et des territoires occupés, pluies de missiles sur les infrastructures… La Russie de Poutine utilise quant à elle ses prisonnier·es et populations pauvres comme chair à canon.

Nous sommes totalement solidaires du peuple ukrainien. Les troupes russes doivent quitter l'ensemble du territoire ukrainien, et chaque région ukrainienne doit pouvoir faire valoir son droit démocratique à l'auto-détermination. Les sanctions économiques doivent être renforcées contre l'oligarchie au pouvoir en Russie, la dette ukrainienne doit être annulée, et le peuple ukrainien doit recevoir des aides financières et les armes pour protéger ses vies, ses infrastructures vitales et ses droits.

Nous soutenons particulièrement la gauche ukrainienne qui continue à lutter pour les droits sociaux remis en cause par le gouvernement Zelensky, sous la pression des grandes puissances occidentales. Ces politiques néolibérales, mais aussi la répression politique contre la gauche, affaiblissent la résistance populaire ukrainienne.

Combattre le régime ultra-autoritaire de Poutine

En Russie, Poutine emprisonne les opposant·es… quand il ne les assassine pas comme c'est le cas d'Alexeï Nalvany (même si nous ne partagions pas ses positions nationalistes et racistes, son soutien à l'annexion de la Crimée). Des centaines de ses partisan·nes ont été arrêté·es pour avoir osé manifester leur colère face à cet assassinat.

Notre solidarité va à celles et ceux qui, au sein de la fédération de Russie, combattent la guerre, la corruption de l'oligarchie russe qui tient les rênes du pouvoir politique et économique, et résistent au régime de plus en plus fascisant de Poutine. C'est le cas de la gauche russe, ainsi que de personnalités comme le politologue et sociologue marxiste Boris Kagarlitsky, condamné à une peine de cinq ans de prison, notamment pour avoir pris position contre la guerre en Ukraine.

De l'Ukraine à la Palestine, l'occupation est un crime

Les grandes puissances membres de l'OTAN veulent tirer de la guerre en Ukraine le plus grand profit possible et globalement préserver leur « sphères d'influence » sur le dos des peuples. Dans un contexte où la Russie et la Chine contestent l'hégémonie occidentale mais n'y opposent aucune alternative progressiste, la course aux armements et la surenchère militariste, en Ukraine comme ailleurs, sont lourdes de danger pour l'ensemble de l'humanité.

Il faut dénoncer les discours hypocrites des États-Unis ou de l'Union européenne qui prétendent défendre « la démocratie » en Ukraine contre l'occupation russe… et soutiennent l'État d'Israël dans sa politique génocidaire à Gaza. Ainsi la Cour internationale de Justice a souligné le risque de génocide à Gaza, où plus de 30 000 GazaouiEs ont été assassiné·es (dont 70% de femmes et d'enfants). Et Netanyahu annonce qu'il veut finir le travail à Rafah où 1,8 million de Palestinien·nes sont réfugié·es dans des conditions épouvantables !

Cela rend d'autant plus urgent et nécessaire de développer concrètement la solidarité : peser sur nos gouvernements pour les forcer à infléchir leur politique (notamment en manifestant le plus massivement possible), participer aux campagnes comme BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) contre l'État d'Israël ou aux réseaux solidaires de la résistance ukrainienne, aider les populations victimes des guerres, et soutenir les forces de résistance armées et non armées.

Mardi 20 février 2024

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Panama : Stop attaques contre Suntracs

5 mars 2024, par IBB (Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois) — , ,
Action conjointe avec l'IBB (Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois), il concerne une fédération syndicale internationale regroupant 361 syndicats libres et (…)

Action conjointe avec l'IBB (Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois), il concerne une fédération syndicale internationale regroupant 361 syndicats libres et démocratiques, représentant un total de 12 millions de travailleurs dans les secteurs de la construction, des matériaux de construction, du bois, de la sylviculture et des secteurs connexes dans 115 pays. La mission principale de l'IBB est de sauvegarder et de promouvoir les droits des travailleurs afin d'améliorer leurs conditions de travail et de vie, en affirmant que les droits syndicaux sont intrinsèquement des droits de l'homme, enracinés dans les principes d'égalité, de solidarité et de démocratie.

Tiré de Entre les lignes et les mots

L'Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois (IBB) et LabourStart vous demandent instamment de vous joindre à nous pour exiger du gouvernement panaméen qu'il respecte la liberté d'association et cesse de persécuter les syndicats. SUNTRACS, le Sindicato Único Nacional de Trabajadores de la Indústria de la Construcción y Similares de Panamá, et ses dirigeants, sont objet de persécutions, de répressions et d'intimidations de la part des autorités panaméennes en raison de leur rôle de premier plan dans les manifestations qui ont fait échouer l'octroi d'une concession minière de 40 ans à la société transnationale First Quantum Minerals. La politique d'extraction aurait provoqué de graves dommages sociaux et environnementaux. En raison de ces manifestations, les syndicalistes sont accusés à tort de terrorisme.

Les dirigeants de SUNTRACS, Saúl Méndez, Secrétaire Général, Jaime Caballero, Secrétaire aux Relations Extérieures, ainsi que le dirigeant de la comarca Toribio García et l'enseignant Diógenes Sánchez sont poursuivis par le Ministère Public, accusés d'avoir commis des crimes contre la liberté et l'ordre économique au détriment de la société panaméenne. En outre, le 13 novembre, l'entreprise publique Caja de Ahorros a fermé les comptes bancaires de SUNTRACS, dans le cadre d'une action délibérée visant à entraver le droit de manifester et l'exercice de la liberté d'association, ce qui a entraîné une ingérence illégale de l'État dans la vie syndicale sur la base de fausses accusations de terrorisme.

Le syndicalisme n'est pas un crime ! Les syndicats ne devraient pas être criminalisés pour leur mobilisation en faveur de la défense des droits sociaux et environnementaux !

Nous demandons au gouvernement panaméen de mettre fin immédiatement à la persécution de SUNTRACS et de respecter la liberté d'association !

Vous pouvez nous aider ! Saisissez votre nom et votre adresse électronique et cliquez sur « Envoyer le message » au bas de cette page.

https://www.labourstartcampaigns.net/show_campaign.cgi?c=5385

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Burkina Faso : une école des mamans pour lutter contre la mortalité maternelle

5 mars 2024, par Amélie David — , ,
La sage-femme spécialisée en soins obstétricaux et gynécologiques, Agnès Hien, a fondé une « école des mamans » dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou. Malgré les (…)

La sage-femme spécialisée en soins obstétricaux et gynécologiques, Agnès Hien, a fondé une « école des mamans » dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou. Malgré les réticences des premières années, de plus en plus de femmes, et leurs maris, viennent s'y préparer à l'accouchement.

Tiré de Journal des Alternatives
https://alter.quebec/burkina-faso-une-ecole-des-mamans-pour-lutter-contre-la-mortalite-maternelle/?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=JdA-PA-2024-02-29
Par Amélie David -27 février 2024

crédit photo : Amélie David

« Allez ! On lève les jambes… » Sur une musique rythmée, un groupe de six femmes enceintes suivent avec attention les instructions d'Agnès Hien, sage-femme burkinabè. Après les cours théoriques sur la gestion des douleurs ou l'allaitement,

place à la séance de sport. « Tu es fatiguée, tu veux que bébé sorte…lance Agnès Hien à sa classe. On lève les bras et un, deux, trois… » L'école des mamans a ouvert ses portes en 2020 à Ouagadougou.

Agnès Hien a créé cette structure après être revenue d'une mission au Maroc, où elle a découvert les bienfaits de l'accompagnement des futures mamans. « Je suis sage-femme depuis 20ans et j'ai vu comment, ici au Burkina Faso, elles souffrent pendant l'accouchement ici au Burkina Faso. Depuis de nombreuses années, cela me trottait dans la tête d'améliorer leur préparation à l'accouchement », expose la sage-femme, qui a créé cette école particulière avec ses fonds personnels et l'aide de ses proches.

Une réduction de la mortalité toujours insuffisante

D'après un rapport de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS)de 2017, le niveau de mortalité maternelle au Burkina Faso est de 330décès pour 100000 naissances dans le pays. Dans une étude intitulée La lutte contre la mortalité maternelle au Burkina Faso est-elle adaptée pour réduire les trois retards ?parue dans la revue Santé publique, Issiaka Sombié explique qu'au Burkina Faso : « Le ratio de mortalité maternelle a connu une réduction passant de 727 à 371 pour 100000 naissances vivantes entre 1990 et 2015. Cette amélioration a cependant été jugée insuffisante, car n'ayant pas permis d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. »

Agnès Hien a elle-même été confrontée à cette triste réalité. « Une femme est décédée en couche alors que ce décès était évitable, si seulement elle était arrivée plus tôt… », soupire-t-elle toujours la professionnelle. Dans ces cours, la professionnelle de santé sensibilise aussi ses patientes-élèves à la connaissance de leur propre corps, de leurs besoins et de leurs attentes. « Donner la vie, c'est important. Quand une personne arrive à accoucher sans problème, je suis heureuse », continue la sage-femme qui accompagne parfois ses patientes jusque dans la chambre d'hôpital.

C'est le cas de Laurette Nikiema, une élève à l'école des Mamans, qui a été assistée d'Agnès Hien pour mettre au monde son premier enfant. Pour sa deuxième grossesse, elle est revenue suivre des cours de préparation à l'accouchement. « Je viens ici pour apprendre à mieux gérer la douleur et prendre soin du bébé après…Et puis les séances de sport sont très bénéfiques…ça te fatigue dans le bon sens et, ensuite, tu es prête pour la compétition ! », déclare la jeune maman dans un rire.

Comme elle, les autres élèves aimeraient que l'approche d'Agnès Hien se démocratise et que de plus en plus de Burkinabè rejoignent les bancs de son école. « Il faut vraiment oser venir. Bien souvent, les femmes ne voient que la douleur, mais un accouchement peut se passer autrement si on est bien préparé », ajoute Elsa Kaboré, enceinte de huit mois.

Avoir les partenaires présents et aller dans les campagnes

Les débuts de l'aventure de l'école des mamans ont été difficiles. Agnès Hien attribue ça à des idées arrêtées sur la maternité et l'accouchement. « Il ne faut pas que les gens pensent que c'est juste une histoire de Blancs… » Aujourd'hui environ 200 futures mamans suivent les cours de l'école. Parfois, elles sont accompagnées par leurs partenaires. « En général, les maris financent, explique Agnès. Mais n'accompagnent pas assez, il faut changer cela. »

Autre défi à relever pour la sage-femme : celui des moyens matériels financiers pour aller dans les zones les plus reculées du Burkina Faso. Cette année, elle s'est rendue auprès des populations rurales pour donner quelques séances où des Personnes déplacées internes (PDI) ont pu participer. « Mais il faut y aller plus souvent, car c'est là qu'il y a le plus de mortalité maternelle. »

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Sénégal : Les calculs électoraux de Macky Sall

5 mars 2024, par Paul Martial — , ,
La Cour constitutionnelle vient d'infliger un cinglant démenti à Macky Sall en refusant d'avaliser la prolongation de son mandat présidentiel. Cela ne l'empêche nullement de (…)

La Cour constitutionnelle vient d'infliger un cinglant démenti à Macky Sall en refusant d'avaliser la prolongation de son mandat présidentiel. Cela ne l'empêche nullement de continuer ses manœuvres.

Tiré d'Afrique en lutte.

La famille libérale a fait taire ses divergences pour préparer un coup tordu. Le parti du président, l'Alliance pour la République (APR), et le Parti démocratique sénégalais (PDS) ont voté la mise en place d'une commission d'enquête visant deux juges du Conseil constitutionnel accusés de corruption.

Préserver le régime
En cause, l'interdiction pour Karim Wade, leader du PDS, de se présenter du fait de sa double nationalité franco-sénégalaise.

Saisissant ce prétexte, Sall avait différé les élections. Aussitôt la coalition libérale votait une loi repoussant les élections à la mi-décembre 2024 et prolongeant le mandat présidentiel. Chacun y trouvait son compte : le PDS pour tenter de remettre en selle son candidat, et le camp présidentiel pour affiner son plan électoral au vu de prévisibles résultats médiocres du Premier ministre Amadou Ba.

Leur but est de construire une coalition libérale visant au second tour à faire barrage à Bassirou Diomaye Faye, le candidat de substitution d'Ousmane Sonko. Si les deux dirigeants nationalistes sont en prison, Faye conserve son éligibilité, contrairement à Sonko, et semble être un des favoris de ce scrutin.

Manœuvres en tous genres
Au vu de leur position sur les coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les puissances occidentales ne pouvaient pas faire moins que de prendre leurs distances avec les manigances de Macky Sall. Certainement sensible à cette situation, la Cour constitutionnelle, dans son rendu du 15 février, déclare que le président ne peut aller au-delà de la fin de son mandat, soit le 2 avril, et enjoint les autorités à organiser les élections dans les plus brefs délais. Macky Sall a déclaré qu'il respecterait cette décision. Depuis, plus rien… ou plutôt si, l'ouverture d'un dialogue national qui s'accompagne de la libération de quelques centaines de prisonniers politiques sur plus d'un millier. Cette concertation nationale risque d'être une gageure entre celles et ceux qui souhaitent le maintien de la liste des candidats et celles et ceux qui ambitionnent la présence de Wade aux élections. Elle peut être aussi l'objet d'un marchandage, avec en ligne de mire la libération de Bassirou Faye voire d'Ousmane Sonko.

La plupart des candidats refusent ce dialogue et exigent une date pour le scrutin présidentiel. Même position pour la coalition « Aar Sunu Élection » (Protégeons notre élection) organisatrice d'une manifestation samedi dernier rassemblant des milliers de personnes. Il est clair que Macky Sall est prêt à aller jusqu'au bout pour maintenir en place ce régime. Il n'a pas hésité à réprimer dans le sang les manifestations, emprisonner les opposantEs, fermer des médias, couper internet et dissoudre le PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), le parti de Sonko. Il a plongé le pays dans une grave crise politique et tente de continuer dans la même voie pour protéger une élite soucieuse de son seul avenir.

Paul Martial

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Conséquences de la guerre au Soudan et de l’instabilité au Niger : El Koufra, nouveau carrefour migratoire sahélo-maghrébin

5 mars 2024, par Mourad Sellami — , , ,
Le porte-parole du Conseil municipal d'El Koufra, Abdallah Souleymane, joint au téléphone par El Watan, a déclaré que « la situation des réfugiés soudanais est confuse (…)

Le porte-parole du Conseil municipal d'El Koufra, Abdallah Souleymane, joint au téléphone par El Watan, a déclaré que « la situation des réfugiés soudanais est confuse puisqu'ils entrent en ville de manière désordonnée, ce qui empêche le Conseil municipal d'évaluer les besoins de manière rationnelle, même après avoir introduit la carte de réfugié ».

Tiré d'El Watan.

Abdallah Souleymane a déploré « l'absence de statistiques fiables concernant le nombre de réfugiés, faute d'organisme de prise en charge et en raison de l'effritement des arrivants dans les champs et les demeures délaissées entourant l'oasis d'El Koufra, en plus des nombreux départs vers Sebha, Benghazi et Tripoli ».

Le responsable municipal a toutefois avancé le chiffre de « milliers », très loin des 400 000 réfugiés annoncés par le président du programme de lutte contre la migration irrégulière, Malek Dijaoui, dont l'organisation assure que « le chiffre réel de Soudanais ayant fui leur pays vers la Libye avoisinerait le million ».

Les Soudanais ne sont plus uniquement à Sebha, El Gatroun ou El Koufra au Sud libyen où leurs nouvelles ne sont pas très médiatisées, hormis quelques vidéos à travers les réseaux sociaux. Beaucoup de Soudanais sont déjà montés au Nord et encerclent depuis plusieurs jours le siège du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) à Tripoli, pour obtenir des cartes de réfugiés leur permettant d'être pris en charge par les Nations unis.

Pour faire les 1800 kilomètres séparant El Koufra de Tripoli, ces colonnes de Soudanais ont bénéficié de complicités diverses parmi les forces sécuritaires contrôlant les axes routiers qu'ils soient à l'Est, sous le contrôle de Khalifa Haftar, ou à l'Ouest, sous le contrôle des forces du gouvernement d'Union nationale.

« Il suffit de payer pour passer. Cela est valable aussi bien pour la traversée des frontières que pour aller vers le Nord », assure-t-on sous couvert de l'anonymat. « Il y aurait même des traversées sécurisées vers l'Italie moyennant 2000 euros », ajoute la même source.

Soucis

Abdallah Souleymane déplore la situation difficile vécue par les Soudanais pour arriver à El Koufra et y survivre. « La ville soudanaise la plus proche se trouve à près de 700 kilomètres, c'est le troisième choix possible après le Tchad et l'Egypte. Certains préfèrent la Libye et les Libyens parce que les conditions matérielles sont meilleures », ajoute le porte-parole du Conseil municipal d'El Koufra. Souleymane regrette, néanmoins, les moyens limités de la commune isolée dans le désert et très éloignée des autres villes libyennes, ce qui rend davantage difficile son approvisionnement en besoins élémentaires de vie.

Le porte-parole de la commune ne cache pas non plus ses soucis sécuritaires puisque « des criminels et des terroristes peuvent filtrer parmi ces colonnes désordonnées de réfugiés et en l'absence d'un véritable contrôle à la frontière ou d'un quelconque recensement fiable à l'accueil ici ».

Il est utile de rappeler que l'oasis libyen d'El Koufra, au Sud-Est libyen, est considéré comme l'entrée africaine de la Libye et la plaque tournante nord de la migration clandestine, en opposition avec la ville nigériane d'Agadez, carrefour sud des migrants irréguliers subsahariens.

El Koufra se trouve, certes, à 1500 kilomètres au nord-est d'Agadez mais à quelques centaines de kilomètres des frontières soudanaises et tchadiennes. El Koufra se trouve donc à proximité immédiate des turbulences, puisque c'est la province soudanaise de Darfour qui la côtoie au Soudan.

Et bien que distante respectivement de 1000 et 1800 kilomètres des principales villes libyennes de Benghazi et Tripoli, l'oasis d'El Koufra est un passage obligé pour les migrants, plus que Sebha, capitale de la province Fezzan du Sud libyen et distante de plus de 900 kilomètres vers l'Ouest.

Les colonnes de rescapés de la guerre du Soudan et de migration irrégulière d'Ethiopie et d'Erythrée chutent à El Koufra, la petite localité confrontée à un défi humanitaire croissant.

Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami

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Human Rights Watch accuse le Burkina Faso d’enlèvements d’opposants

5 mars 2024, par MondAfrique — , ,
La junte au pouvoir au Burkina Faso organise l'enlèvement d'activistes de la société civile et d'opposants politiques « dans le cadre de sa répression de la dissidence (…)

La junte au pouvoir au Burkina Faso organise l'enlèvement d'activistes de la société civile et d'opposants politiques « dans le cadre de sa répression de la dissidence pacifique » accuse Human Rights Watch dans un communiqué diffusé le 28 février.

Tiré de MondAfrique.

Depuis fin novembre 2023, précise Human Rights Watch, « des hommes non identifiés ont enlevé au moins six activistes et membres de partis d'opposition dans la capitale, Ouagadougou, dans ce qui semble constituer des disparitions forcées. »

« Les autorités burkinabè ont recours à des méthodes de plus en plus brutales pour punir et réduire au silence les personnes perçues comme des détracteurs et des opposants », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel au sein de l'ONG de défense des droits humains. « Les autorités devraient enquêter de toute urgence et de manière impartiale sur tous les enlèvements, les disparitions forcées et les conscriptions abusives, et remettre en liberté les personnes injustement détenues ».

Un mode opératoire identique
Le 20 février 2024, des hommes armés en tenues civiles ont enlevé Rasmané Zinaba, un membre du Balai Citoyen, à son domicile à Ouagadougou. « Au moins quatre hommes en armes sont venus le chercher entre 6h15 et 6h30 du matin », a affirmé un membre du Balai citoyen à Human Rights Watch. « Ils l'ont emmené à bord d'un véhicule civil ».

Le lendemain, ce fut le tour de son collègue Bassirou Badjo, enlevé au ministère des Affaires humanitaires. Ce jour-là, le Balai citoyen a publié une déclaration condamnant les enlèvements et exigeant la libération immédiate de ses membres. Les familles de ces hommes et le Balai citoyen ont porté plainte auprès de la police mais cette démarche n'a connu aucune suite.

Un peu plus tôt, dans la nuit du 24 au 25 janvier, des hommes non identifiés ont enlevé, à l'aéroport international de la capitale, Guy Hervé Kam, avocat de premier plan et coordinateur du mouvement politique Servir et non se servir (SENS). Dans les heures suivantes, le mouvement a publié un communiqué affirmant que « des hommes en civil se présentant comme des membres des services nationaux de renseignement du pays » avaient appréhendé Guy Hervé Kam et l'avaient emmené en voiture vers une destination inconnue.

Un mois plus tôt, le 24 décembre 2023 vers 18h30, Ablassé Ouédraogo, 70 ans, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso et président du parti d'opposition Le Faso Autrement, avait également été pris à son domicile à Ouagadagou par « des individus qui se sont présentés comme étant des éléments de la police nationale ».

Avant lui, le 1er décembre, c'est Daouda Diallo, éminent défenseur des droits humains et secrétaire général du Collectif contre l'Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC), qui avait été emmené de force en sortant du service des passeports du gouvernement, après y avoir rencontré des agents pour renouveler son passeport. On ignore toujours où il se trouve.

Le même sort avait été réservé le 29 novembre à Lamine Ouattara, un membre du Mouvement burkinabè des Droits de l'Homme et des Peuples (MBDHP).

La conscription forcée

Début novembre, les forces de sécurité burkinabè, s'appuyant sur une loi d'urgence de vaste portée, avaient notifié à au moins une douzaine de journalistes, d'activistes de la société civile et de membres de partis d'opposition, dont Daouda Diallo, Ablassé Ouédraogo, Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo, qu'ils seraient enrôlés pour participer aux opérations de sécurité du gouvernement.

Le 18 février, Ablassé Ouédraogo et Daouda Diallo sont apparus dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, en tenue de camouflage militaire, munis de fusils d'assaut kalachnikov et participant à des exercices militaires, probablement dans une zone de conflit. Human Rights Watch n'a pas été en mesure de vérifier l'authenticité de cette vidéo. Les autorités n'ont jamais fourni la moindre information à propos du lieu où se trouvent Ablassé Ouédraogo et Daouda Diallo ou à propos des autres personnes récemment enlevées.

Les autorités militaires de transition ont affirmé que les ordres de conscription émis en novembre étaient autorisés dans le cadre de la mobilisation générale décrétée le 13 avril 2023, qui s'inscrit dans un plan de reconquête des zones tombées aux mains des groupes armés islamistes, soit environ la moitié du territoire national. Ce plan vise à créer un « cadre juridique, légal à l'ensemble des actions à mettre en œuvre pour faire face » aux insurgés et il donne au Président des pouvoirs étendus pour combattre l'insurrection, notamment celui de réquisitionner des personnes et des biens et de restreindre les libertés publiques. Cependant, des organisations de la société civile nationale, des organisations de protection des médias, des syndicats et des organisations internationales de défense des droits humains ont fermement condamné le décret de mobilisation générale, arguant qu'il a été utilisé pour réduire au silence la dissidence pacifique.

« Si les gouvernements sont effectivement habilités à conscrire des membres de la population civile âgés de plus 18 ans à des fins de défense nationale, la conscription ne devrait avoir lieu que si elle a été dûment autorisée et est conforme à la loi nationale. La loi de conscription doit respecter des normes d'équité dans la répartition de la charge du service militaire. Elle doit être appliquée de manière à ce que le conscrit potentiel soit informé de la durée du service militaire et qu'il ait la possibilité de contester l'obligation de servir à ce moment-là. La conscription doit aussi être effectuée selon des normes conformes aux principes de non-discrimination et d'égalité devant la loi », martèle Human Rights Watch.

Des conscriptions illégales, selon un tribunal

Le 6 décembre, un tribunal de Ouagadougou saisi par une plainte du journaliste Issiaka Lingani et des activistes du Balai citoyen Bassirou Badjo et Rasmané Zinaba, qui avaient reçu des notifications de conscription en novembre, avait déclaré que ces conscriptions étaient illégales, violaient leurs droits à la liberté d'expression et de déplacement et constituaient un risque pour leur intégrité physique, avant d'ordonner leur suspension. Guy Hervé Kam, l'avocat enlevé en janvier, était l'un de leurs défenseurs.

Des activistes des droits humains et des journalistes ont déclaré à Human Rights Watch qu'ils évitaient de s'exprimer publiquement sur la junte de peur d'être conscrits. « Nous sommes paralysés par la peur », a déclaré un membre du SENS le 26 janvier. « Même organiser une conférence de presse, l'un de nos droits les plus fondamentaux, devient un acte héroïque ». Un défenseur des droits humains basé dans la région du Sahel a déclaré : « Un journaliste m'a appelé pour que je commente une récente attaque par des combattants islamistes armés présumés dans la ville d'Essakane. Je lui ai dit : ‘Voulez-vous que je sois conscrit ?' Exprimer votre opinion sur la situation du pays en matière de sécurité peut vous envoyer directement au front, c'est la réalité ».

« Depuis le coup d'État d'octobre 2022, la junte militaire du Burkina Faso réprime de plus en plus la dissidence pacifique et les médias, réduisant l'espace civique dans le pays. Les journalistes nationaux et internationaux, ainsi que les membres de la société civile, subissent de plus en plus d'actes de harcèlement, de menaces et d'arrestations arbitraires », écrit Human Rights Watch.

L'organisation rappelle à cette occasion que « le Burkina Faso est un État partie à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées », en vertu de laquelle « un État commet une disparition forcée lorsque les autorités gouvernementales ou leurs agents détiennent une personne tout en refusant de reconnaître la privation de liberté ou en dissimulant le sort de la personne ou le lieu où elle se trouve, ce qui la soustrait à la protection de la loi. »

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Algérie – République arabe sahraouie démocratique

5 mars 2024, par Yazid Ben Hounet — , ,
Près d'un demi-siècle d'exil, une pandémie, la reprise du conflit armé (novembre 2020)4, l'inflation des prix en Europe et en Afrique du Nord, la réduction des moyens alloués (…)

Près d'un demi-siècle d'exil, une pandémie, la reprise du conflit armé (novembre 2020)4, l'inflation des prix en Europe et en Afrique du Nord, la réduction des moyens alloués par les ONG internationales, impactent négativement les conditions de vie des Sahraouis. La vie ici est devenue encore plus pénible. Pourtant les Sahrouis conservent leur dignité et, par-dessus tout, l'espoir de libérer leur patrie.

Smara, campement de réfugiés sahraouis.

Mohamed S., assis, fixe la pièce. L‘âge, ses problèmes de tension et la lumière l'accablent. Il me parle d'une voix gracile. Il est né en 1950 à Laayoune, en territoire actuellement occupé par le Maroc. Son épouse, Maglaha, est native d'Oum Drayga, située plus au sud, à l'intérieur des terres. Tous deux ont fui leur foyer, et l'occupation, en 1975. Mohamed a rejoint le front Polisario et la famille s'est installée à Smara, le plus grand des camps réfugiés, à proximité de Tindouf (Sud-Ouest algérien). Ils habitent une petite maison en parpaings, construite juste à coté de leur tente. Près de cinquante années d'exil et de volonté de retour se retrouvent matérialisés par ces deux abris : la tente qui représente leur identité originellement nomade, leur provenance, le Sahara occidental, et la possibilité du retour. La maison, rustique, qui matérialise la fixation, et ce presque demi-siècle passé dans les camps.

« Allah yarham shuhadâ ! »1

Mohamed S. avait trois frêres. Il n'en a plus qu'un, blessé, habitant le camp de réfugiés de Laayoune. Son grand frère, Mukhtar, est mort au combat en 1977. Un autre frère, Hama, est décédé au front l'année suivante. Un oncle du côté paternel et deux du coté maternel figurent également parmi les martyrs de la famille proche. Son épouse a, elle, perdu deux frères en 1976, et un autre tout récemment en décembre 2020, lors de la reprise du conflit armé. Trois frères morts en martyrs : « Allah yarham shuhadâ ! ».

Cela fait tout juste quatre jours que je réside dans le camp de Smara. Outre les salutations d'usage – « Salam ‘alaikum » – je me rends compte que la formule que j'utilise le plus est bien celle-ci : « Allah yarham shuhadâ ! » Non pas par envie, mais c'est bien la seule qui s'impose quand j'écoute les Sahraouis me narrer leurs propres histoires. Presque toutes les personnes que je rencontre ont un ou plusieurs shahid (sg.)/shuhadâ (pl.) parmi leurs proches. Je saisi, ici, l'ampleur des sacrifices consentis par ce peuple. En raisonnance, je ne peux m'empécher de penser à ceux des Algériens.

Je les écoute. Un autre constat s'impose. Les Sahraouis savent très bien pourquoi ils luttent. Encore faut-il daigner les écouter, leur donner la parole. Pour leurs droits inaliénables, pour leurs terres, pour leur patrie, pour leur liberté et l'indépendance. Certes. Mais plus encore. Il ne s'agit pas, pour eux, de vains mots, de belles idées ou de quelconques utopies. Chaque martyr les rappelle personnellement, familialement et communautairement à leur « juste cause ».
Ici, je saisi encore davantage leurs liens profonds avec l'Algérie. On me témoigne, en tant qu'Algérien, un fort sentiment de fraternité. Non pas simplement une reconnaissance en raison du soutien que le pays leur apporte. Cela va plus loin encore. Ils connaissent très bien et s'identifient pleinement à l'histoire et aux positions du pays « au million et demi de martyrs », comme je l'ai souvent entendu ces derniers jours.

La presse francaise – qui invisibilise très souvent les Sahraouis – a ses formules. Le lecteur y apprend que le « Polisario est un mouvement indépendantiste, soutenu par l'Algérie », formule lapidaire qui rend opaque l'occupation illégale du Maroc sur le Sahara occidental2 et qui joue sur le ressenti à l'égard de l'ancienne colonie, l'Algérie. Le lecteur y apprend par contre rarement, si ce n'est jamais, que les Sahraouis ont un Etat – la République arabe sahraouie démocratique – qui plus est membre de l'Union Africaine depuis 1982.

« La République arabe sahraouie démocratique (RASD) » : mots employés sans ambage et de manière évidente par le représentant oficielle de l'Afrique du Sud, Dr. Sello Patrick Rankhumise, le 27 février 2024 en s'adressant aux autorités et aux membres de la population sahraouie, dans le camp refugié de Smara. Son discours de soutien a eu lieu à l'occasion du 48e anniversaire de la proclamation de la RASD3, en présence de Brahim Ghali, son président. L'Afrique du Sud : un autre grand pays africain, parmi les nombreux soutiens de la cause sahraouie, comme on oublie bien souvent de le préciser dans les ex-puissances coloniales.

Près d'un demi-siècle d'exil, une pandémie, la reprise du conflit armé (novembre 2020)4, l'inflation des prix en Europe et en Afrique du Nord, la réduction des moyens alloués par les ONG internationales, impactent négativement les conditions de vie des Sahraouis. La vie ici est devenue encore plus pénible5. Pourtant les Sahrouis conservent leur dignité et, par-dessus tout, l'espoir de libérer leur patrie.

En vérité, ici à Smara, je me rends compte également à quel point le peuple sahraoui soutient l'Algérie de la plus sincère des manières. Celle qui ne se monnaye pas. Moralement, spirituellement, en la rappelant à sa propre histoire, à ce quelque chose de sacré qui est le fondement de l'Algérie et de ces pays qui, comme l'Afrique du Sud et la Palestine6, savent quel est le prix de la liberté : « Allah yarham shuhadâ ! »
.
Ici, je repense encore plus régulièrement et plus intensément à ce dernier témoignage de Frantz Fanon (1961) :

« Nous ne sommes rien sur cette terre, si nous ne sommes d'abord les esclaves d'une cause : la cause des peuples, la cause de la justice et de la liberté. Et je veux que vous sachiez que même au moment où les médecins avaient désespéré, je pensais encore, oh dans le brouillard, je pensais au peuple algérien, aux peuples du Tiers-Monde et, si j'ai tenu, c'est à cause d'eux »*.

Plus que des impressions, j'ai acquis, à Smara, une certitude : l'Algérie est une nation indépendante soutenue par un peuple en lutte.

Qu'elle le demeure en n'oubliant surtout pas les Sahraouis !

Mercredi 28 février

Yazid Ben Hounet

* Lettre de Fanon envoyée peu de temps avant sa mort à son ami Roger Taïeb.

Notes
1. Littéralement : « Dieu accorde la miséricorde aux martyrs ! ».
2.Des mouvements indépendantistes pouvant en effet exister au sein de pays aux frontières légalement reconnues, dans des territoires non occupés
3. https://saharainfos.blogspot.com/2024/02/en-images-la-fete-nationale-sahraouie.html
4.https://www.thenewhumanitarian.org/news-feature/2023/02/01/Western-Sahara-Morocco-Polisario-Sahrawi-UN
5. https://saharainfos.blogspot.com/2024/02/ezza-bobih-des-milliers-de-refugies.html
6.https://lundi.am/Genocide-en-Palestine

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8M au Chili : La coordinatrice féministe classiste appelle à une journée de protestation dans tous les territoires

5 mars 2024, par La coordinatrice féministe classiste — , ,
Notre appel est de lutter l'indépendance de classe, de nous organiser dans tous les territoires, d'avancer dans la combativité, de construire des organisations féministes et (…)

Notre appel est de lutter l'indépendance de classe, de nous organiser dans tous les territoires, d'avancer dans la combativité, de construire des organisations féministes et populaires qui répondent aux besoins réels et immédiats de notre classe.

29 février 2024 | tiré de Rébellion

Ce 8 mars, nous appelons à la tenue de journées de protestation dans tous les territoires contre ce système politique et économique qui continue de rendre nos vies précaires, contre cette démocratie qui continue de sentir la dictature et la guerre ; et contre le régime patriarcal qui continue de perpétuer la violence contre nos corps, nos vies et nos communautés.

Camarades, nous sommes dans un moment politique de grande incertitude. Alors que les hommes d'affaires et les partis tentent de parvenir à un accord pour gérer la crise actuelle que nous traversons, en ne protégeant que leurs intérêts ; tandis que les féministes libérales tentent de continuer à institutionnaliser nos luttes ou de les réduire à quelques droits ; Nous avons au fond l'énorme tâche de nous retrouver et de nous retisser pour affronter ensemble ce régime de mort. C'est pourquoi, ce 8 mars, nous appelons à la désobéissance et à la rébellion, à descendre dans la rue et à déployer de manière créative différentes méthodes de lutte qui améliorent la vie des peuples et de leurs communautés, des femmes, des dissidents, des enfants et de toute la classe ouvrière.

La Journée internationale de la femme travailleuse nous oblige à regarder les conditions actuelles que nous vivons, où nous sommes toujours maintenues en esclavage dans un travail salarié avec des conditions de travail de plus en plus précaires, des salaires misérables et sans parler des garanties sociales minimales qui nous permettent de protéger notre sécurité, notre santé et notre éducation. Alors que dans le secteur privé, dans des millions de foyers, nous continuons d'être victimes d'exploitation dans le cadre du travail domestique et des soins, souvent dans des conditions de violence physique, sexuelle et économique. En tant que femmes et dissidentes, nous continuons à prendre soin du peuple, nous continuons à développer des tâches fondamentales pour que tout l'appareil productif soit possible, et il est temps d'élaborer des stratégies qui peuvent mettre fin à ces abus, confronter les patrons et proposer des alternatives pour politiser les soins et socialiser le travail domestique.

Nous dénonçons l'inefficacité de l'État en matière de protection des femmes et des dissidents, pour nous ils continuent d'être un élément perpétuel et complice de la violence qui nous harcèle, nous viole, nous tue et nous emprisonne chaque jour, ainsi que les médias, l'éducation sexiste et coloniale et les appareils répressifs. En tant que féministes autonomes et classistes, nous ne croyons qu'au pouvoir de notre organisation pour faire face à cette vague de violence, de féminicides et de crimes haineux contre la population LGTBQ+. L'État ne s'occupe pas de nous, nos camarades prennent soin de nous, et c'est pourquoi il est urgent d'élever la légitime défense. Que l'amour profond pour notre classe, pour nos filles/fils, nos mères et nos grands-mères nous pousse à descendre dans la rue et à lutter pour une vie digne, qui nous permette de nous épanouir pleinement.

L'histoire nous a montré que la seule façon d'avancer vers la conquête de notre émancipation est la lutte organisée et autonome. Nous ne sommes pas dupes des fausses histoires des puissants qui, alliés aux féministes libérales, cherchent à apaiser notre lutte, à nous rendre léthargiques avec des promesses de lois qui n'arrivent pas et si elles arrivent, ce ne sont que des patchs très éloignés des changements structurels dont nous avons besoin. Nous ne faisons pas confiance à l'État ni aux gouvernements en place, et encore moins à leur démocratie, qui, lors des honneurs qu'ils ont rendus à l'assassin de Piñera, nous a montré très clairement que la torture, les mutilations, la violence politique et sexuelle sont une partie fondamentale de ce régime. Boric et ses marionnettes serviles au pouvoir, avec leurs discours froids, maintiennent et aiguisent les lois répressives, criminalisant les protestations légitimes, emprisonnant et assassinant ceux d'entre nous qui décident de se soulever et de se rebeller contre ce système. À bas la loi anti-OPA, à bas la loi sur la gâchette !

Nous sommes solidaires des peuples d'Amérique latine et du monde qui se rebellent aujourd'hui contre la domination capitaliste, le colonialisme et l'impérialisme. Nous soulignons la lutte des peuples frères de Palestine, d'Argentine, d'Équateur, du Pérou, du Salvador, de Bolivie, qui vivent aujourd'hui les conséquences désastreuses de la cupidité et de la cruauté de ce système capitaliste, patriarcal et colonial.

Notre appel est de lutter pour notre indépendance de classe, de nous organiser dans tous les territoires, d'avancer dans la combativité, de construire des organisations féministes et populaires qui répondent aux besoins réels et immédiats de notre classe. Avançons dans l'articulation et l'union de nos luttes, dans la construction de l'autonomie populaire, pour continuer à construire des assemblées, des cordons d'économie solidaire, des réseaux d'approvisionnement, de communication et d'éducation populaire et féministe, pour continuer à lutter pour l'habitat et un logement décent, pour continuer à dénoncer le vol des AFP et à lutter pour la sécurité sociale ; continuer à défendre la terre contre l'exploitation forestière et l'extractivisme ; de continuer à construire et à lutter pour la production et la reproduction d'une vie digne pour nos peuples.

  • Que ce 8 mars soit celui de la lutte, pour soulever la protestation populaire dans tous les territoires !
  • Face à sa démocratie corrompue, meurtrière et libérale ; Ce 8 mars, organisation, unité et lutte populaire !
  • Face à la crise capitaliste, patriarcale et coloniale ; résistance féministe, ouvrière et populaire !
  • Si vous n'avez pas les moyens d'acheter du pain, vous qui travaillez, vous vous battrez !
  • S'ils s'obstinent à nous tuer, le moyen est de se rebeller !
  • Contre la double exploitation, comme la rébellion !
  • Liberté aux prisonniers politiques mapuches, à la révolte et aux subversifs ! Démilitarisation des Wallmapu maintenant !
  • Liberté immédiate pour les enfants de Katty Hurtado et Nabila Rifo !
  • Nous nous défendrions aussi !

Coordonnatrice féministe classiste

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La démonstration de force de l’extrême droite brésilienne

5 mars 2024, par Valério Arcary — , ,
La mobilisation de dimanche montre que le rapport de force social ne s'est pas inversé. Le pays reste fragmenté et l'extrême droite pèse toujours plus lourd dans la partie (…)

La mobilisation de dimanche montre que le rapport de force social ne s'est pas inversé. Le pays reste fragmenté et l'extrême droite pèse toujours plus lourd dans la partie politiquement active de la société.

Tiré de Inprecor 718 - mars 2024
28 février 2024

Par Valerio Arcary

"Se mettre en route tout de suite, c'est la moitié de l'action. Pense lentement. Agis vite". (sagesse populaire grecque).

La mobilisation du dimanche 25 février a été énorme. Soyons rigoureux, elle a été Immense. Elle a été étonnante, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Le Bolsonarisme a fait descendre plus de 100 000 personnes très exaltées dans les rues pendant plus de trois heures, sous une chaleur étouffante. La composition sociale n'était pas surprenante : il s'agissait de la classe moyenne blanche, d'âge moyen, furieusement anticommuniste, entraînant des secteurs évangéliques populaires. Mais l'ampleur et l'ardeur l'étaient.

L'uniforme des maillots jaunes de la CBF(Confédération Brésilienne de Foot), les innombrables drapeaux israéliens, la haine de Lula, le ressentiment de la défaite électorale, l'adhésion explicite au projet de coup d'État, l'excitation suscitée par le discours émouvant de Michelle (la femme de Bolsonaro), l'adulation du chef, l'excitation suscitée par l'extrémisme de Silas Malafaia (un écrivain évangéliste brésilien, dirigeant des Assemblées de Dieu Victoire en Christ) , l'ensemble mi accablant et apocalyptique. Le moral des néo-fascistes était au beau fixe. Ils sont descendus dans la rue pour se battre. L' Avenue Paulista (av. centrale de Sao Paulo) n'était peut-être que le début d'une campagne. L'élan de ce dimanche devrait alimenter de nouvelles manifestations.

En force

Ils n'ont pas réagi lorsque Jair Bolsonaro est devenu inéligible, alors qu'il était très acculé, mais aujourd'hui ils reviennent en force. Ils ont occupé l'avenue Paulista dans la plus grande manifestation depuis le 7 septembre 2021, lorsqu'il était président. Mais dans un contexte incomparablement plus difficile : une avalanche de preuves a été recueillie par la police fédérale depuis la confession récompensée de Mauro Cid (lieutenant colonel qui était l' aide de camp de Jair Bolsonaro), confirmant son engagement dans la préparation d'un coup d'État.

La présence de quatre gouverneurs – Minas Gerais, Santa Catarina, Goiás et pas moins que Tarcísio de Freitas (gouverneur de Sao Paulo, ex ministre du gouvernement Bolsonaro) –, de plus d'une centaine de députés fédéraux, de centaines de maires, dont celui de São Paulo, ainsi que d'innombrables conseillers municipaux, montre qu'ils disposent d'un énorme soutien institutionnel. Ils se sont sentis victorieux.

Solidaires entre eux

Cette volonté de solidarité publique inconditionnelle semble étonnante, un dangereux calcul des risques, alors qu'il est probant que l'enquête sur les crimes de Jair Bolsonaro, et de son cercle de généraux quatre étoiles, a déjà recueilli des preuves irréfutables de culpabilité. Mais ils étaient tous là. Pourquoi étaient-ils là ? Parce que leur destin est indissociable de celui de Jair Bolsonaro. Tous ceux qui se sont rendus à l'Avenue Paulista, sur le terrain et sur la scène, étaient complices du coup d'État. Le cri qui les a unis est le suivant : n'arrêtez pas Jair Bolsonaro. Ne nous y trompons pas, nous l'avons bien entendu. Ils en sont sortis renforcés.

L'étau policier-légal autour de Jair Bolsonaro s'est resserré depuis l'opération de la maison d'Angra dos Reis (résidence de Bolsonaro) à la mi-janvier et, un mois plus tard, lorsqu'elle a touché les généraux, et l'extrême droite a décidé de passer à la contre-attaque. Pourquoi maintenant ? Parce qu'ils étaient convaincus qu'ils allaient réussir. Ce n'était pas seulement un appel à leur base sociale pour "prendre une photo". C'était une démonstration de force dans une situation défensive. Quels sont leurs objectifs ? Il ne veut pas être arrêté, alors il a déguisé son chantage avec la formule d'Amnistie.

Une menace de grande ampleur

Jair Bolsonaro a montré ses dents pour prouver que, si nécessaire, il sait mordre. Il a menacé la Cour suprême et le gouvernement, soutenu par la force des réseaux sociaux, de la rue et du Congrès. Il veut avoir la garantie que la légalité de son mouvement sera préservée. La pièce maîtresse de la tactique, pour ceux qui hésiteraient ou douteraient encore, c'est : la prison pour Jair Bolsonaro et les généraux putschistes (souligné par nous).

Diminuer l'impact du rassemblement de l'ultra-droite, dans la veine « négationniste » d'une partie de la gauche – qui dit que la manifestation ne « change rien » et qu'Alexandre de Moraes « ne va pas reculer » (A. de Moraes est le Président du Tribunal Supérieur Electoral du Brésil) – n'est pas qu'une superficialité. Ce n'est pas seulement une analyse biaisée des objectifs de Jair Bolsonaro. C'est un résumé de la myopie stratégique. Ce n'est jamais « tout ou rien » et « maintenant c'est tout de suite » dans la lutte sociale et politique. La lutte contre le bolsonarisme sera un processus complexe et peut-être un long processus de lutte politico-idéologique qui a une dimension internationale et dont l'issue reste incertaine.

Accumulation de forces

Sous-estimer la force sociale de choc des néo-fascistes est une erreur d'analyse et une faute tactique, car cela nous désarme pour la nécessité de construire des mobilisations de masse les 8 (Journée internationale des femmes) et 24 mars (Journée de mobilisation nationale en défense de la démocratie). Elle ne fait qu'entretenir l'hibernation actuelle du peuple de gauche et des directions majoritaires. Ne servent pas non plus les conclusions « psychologisantes » qui prétendent expliquer l'initiative de mobilisation parce que Jair Bolsonaro a « peur » d'être arrêté. Se moquer de l'ennemi est légitime, et même amusant, mais ce n'est pas sérieux. Jair Bolsonaro est un monstre avec l'« instinct » de pouvoir, mais il a encore de la force. Il est blessé, acculé, sur la défensive, mais pas moins dangereux.

Son arrestation serait une défaite, mais pas irréversible, s'il parvient à préserver l'influence de masse qu'il a conquis. La ligne du discours était une manœuvre pariant sur la possibilité d'élargir les alliances avec la droite libérale. Nous savons déjà qu'il existe une position consolidée dans des fractions de la bourgeoisie libérale, qui a défendu la troisième voie aux élections, qui dénonce Alexandre de Moraes pour les « excès » des longues peines de prison contre les « fauteurs de troubles » du 8 janvier (08/01/23, le soulèvement des manifestants à Brasilia, Place des trois pouvoirs, contre l' élection de Lula).

Amnistie, pacification politique et défense de la légitimité de l'extrême droite comme courant électoral ont été les étendards de Jair Bolsonaro dans l'Avenue Paulista. Il explore une brèche délicate. Il ne peut être condamné sans que les généraux aux quatre étoiles qui l'ont soutenu jusqu'au bout ne soient eux aussi emprisonnés. Au Brésil, les généraux putschistes n'ont jamais été jugés et condamnés.

Faire face, dans l'unité

L'ultra-droite opère un virage tactique ou un repositionnement politique depuis sa défaite électorale et, surtout, depuis l'échec du soulèvement du 8 janvier dernier. Son projet est de garantir une présence légale au "mouvement" pour assurer son droit à participer aux élections de cette année, et d'accumuler des forces pour se présenter avec Jair Bolsonaro à la présidence en 2026, comme Donald Trump est en train de le faire cette année aux États-Unis. Même s'il est arrêté, et donc qualitativement affaibli, Jair Bolsonaro veut être candidat. La manifestation obéit au calcul qu'il a la force sociale et politique d'essayer d'échapper à la prison. Jair Bolsonaro veut négocier, mais en position de force.

La situation a placé entre les mains de la gauche le défi de la lutte pour l'arrestation de Bolsonaro et des généraux putschistes. Le plus grand danger serait maintenant la division de la gauche. La gauche ne peut pas reculer sur la position « No Amnesty » sans qu'une démoralisation irréparable ne nous atteigne… Ceux qui affirment que la lutte pour l'arrestation de Jair Bolsonaro est un piège, parce son entrée en prison le rendrait « martyr », se trompent.

Un combat déterminant

La base sociale de Bolsonaro comporte plusieurs couches. Il y a un « noyau dur », environ 10 % de néofascistes dans le pays, soit quelque 15 millions de personnes, qui est inexpugnable. Mais une sympathie moins idéologique pour l'extrême droite atteint davantage : 15 %, voire 20 %. L'impact des procès érodera les sympathies de dizaines de millions de personnes, en particulier parmi les classes populaires. L'arrestation de Jair Bolsonaro ne sera pas seulement une bataille juridique. Elle ne peut reposer uniquement sur l'autorité de la Cour suprême. Il s'agira d'une campagne pour la conscience populaire. Nous ne devons jamais abandonner la partie de la classe ouvrière qui a été attirée par le bolsonarisme. La condamnation de Jair Bolsonaro et des généraux serait la plus grande victoire démocratique depuis la victoire électorale de Lula, voire depuis la fin de la dictature.

Les responsabilités de la gauche

À gauche, il faut avoir la lucidité de comprendre que le rapport de force social n'a pas changé. Le pays est toujours fragmenté, l'extrême droite a toujours plus de poids dans la partie politiquement active de la société, plus activiste sur les réseaux sociaux et aussi dans la rue. Mais le rapport de force politique a évolué favorablement du fait de la victoire de Lula aux élections. Il a évolué positivement avec la fermeté d'Alexandre de Moraes contre les putschistes. Mais rien n'est figé, et qui n'avance pas recule.

À quand remonte la dernière fois où la gauche a rassemblé autant de monde sur l'Avenue Paulista ? Le jour de la victoire de Lula en 2022 ? Le tsunami de l'éducation en 2019 ? Cela sera-t-il difficile ? La seule réponse honnête est oui. Mais le bolsonarisme ne pourra pas maintenir indéfiniment son hégémonie dans la rue et sur les réseaux. La pire des défaites, nous le savons, est la défaite sans combat. Tous les partis de gauche, les mouvements sociaux populaires des campagnes et des villes, les mouvements de femmes et de Noirs, les mouvements étudiants et culturels, les mouvements LGBT et environnementaux sont appelés à se manifester et à organiser la riposte les 8 et 24 mars.

*Valério Arcary est un professeur d'histoire de l'IFSP à la retraite. Auteur, entre autres, de Nobody said it would be easy (Boitempo). [https://amzn.to/3OWSRAc]

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Argentine. Grèves enseignantes, aéroports bloqués : une rentrée sous le signe de la mobilisation

5 mars 2024, par Julien Anchaing — , ,
Enseignants, cheminots, travailleurs des aéroports, des premiers secteurs sont entrés en bataille contre les conséquences sociales et les privatisations liées au plan (…)

Enseignants, cheminots, travailleurs des aéroports, des premiers secteurs sont entrés en bataille contre les conséquences sociales et les privatisations liées au plan d'ajustement structurel de Milei. L'extrême-gauche appelle à construire un véritable plan de bataille.

29 février 2024 | tiré de Révolution permanente | Crédit photo : Izquierda Diario
https://www.revolutionpermanente.fr/Argentine-Greves-enseignantes-aeroports-bloques-la-rentree-marquee-par-des-greves-sectorielles

Ce début de semaine de rentrée scolaire en Argentine a été marqué par plusieurs grèves importantes contre les conséquences sociales du plan d'ajustement structurel de Javier Milei. Chez les enseignants du service public, la Confédération des Travailleurs de l'Education (CTERA) a appelé ce lundi à une journée de grève dans de nombreuses provinces du pays. Les enseignants font partie d'un des secteurs les plus durement touchés par la politique austéritaire du gouvernement. Ce lundi 4 mars, une grève est aussi appelée par les différentes organisations d'enseignant qui sont réunies dans la CGT qui avait préféré ne pas suivre la journée de lundi.

Alors que plusieurs secteurs se préparent à entrer dans la bataille contre les conséquences économiques et sociales de l'austérité, les travailleurs de l'aéronautique qui s'étaient démarqués comme l'un des secteurs les plus combatifs de la grève nationale du 24 janvier dernier sont parvenus, ce mercredi, à faire annuler près de 340 vols dans tout le pays, démontrant la force des travailleurs contre les plans austéritaires et de l'union entre les plus précaires et les travailleurs titularisés. Leur bataille s'est non seulement constituée autour de la défense des salariés du secteur, mais aussi dans la lutte contre la privatisation de Aerolineas Argentinas, l'entreprise nationale de transport aérien nationalisée en 2009.

Des luttes divisées, l'extrême-gauche rappelle l'urgence d'un plan de bataille contre Milei

Les premières grèves qui touchent l'Argentine cette semaine marquent les potentialités de l'émergence d'une première avant-garde combative qui se forge dans la lutte contre le gouvernement de Javier Milei et ses plans austéritaires et de privatisation. Chez Aerolineas Argentinas, l'extrême-gauche et ses collectifs syndicaux ont particulièrement bataillé pour que la grève nationale de l'aéronautique ne soit pas seulement centrée sur la hausse des salaires face à l'inflation, mais aussi sur le rejet total de la privatisation que Milei souhaite imposer comme l'un de ses projets phares et qui bénéficierait à des entreprises comme Blackrock, intéressée par le rachat de l'entreprise.

Dans l'éducation nationale et supérieure, la discussion sur l'absence d'un plan de bataille est au cœur des enjeux alors que les différents syndicats enseignants ont appelé à des journées de mobilisation à des dates différentes. L'absence d'un plan de bataille s'explique notamment par le fait qu'une partie des directions syndicales réponde directement à sa direction kirchnériste, alors que l'ex-présidente argentine de centre-gauche s'est prononcée récemment pour une réforme du travail et de la fonction publique. Dans la Province de Buenos Aires par exemple, les salaires des enseignants viennent encore d'être négociés à la baisse avec le gouverneur de la province, Axel Kicillof, vu comme le potentiel futur candidat du péronisme pour 2027.

Du côté de l'extrême-gauche du Parti des Travailleurs Socialistes, le collectif syndical enseignant « 9 de Abril » a rappelé l'importance d'organiser au sein de chaque école, avec les familles et les élèves, des assemblées générales pour la préparation d'un plan de bataille face aux politiques austéritaires de Milei et des différents gouverneurs de province qui appliquent aujourd'hui un saut austéritaire historique.

Dans les jours et semaines à venir, Javier Milei compte relancer son plan austéritaire et préparer la négociation pour le vote, article par article, de chacune des dispositions qu'il avait prévu d'imposer lors de la présentation de la Loi Omnibus en janvier dernier. Ce vendredi 1 mars, le président argentin devrait ouvrir la rentrée parlementaire par un discours d'inauguration qui reviendra sur ses plans de guerre contre la classe ouvrière et les plus pauvres du pays. Plusieurs organisations et assemblées de quartier qui ont soutenu les grèves des enseignants et des travailleurs de l'aéronautique seront présentes ce vendredi face au Parlement pour lutter contre les plans de Milei. L'urgence est à la construction et à la consolidation des assemblées de quartier dans tout le pays afin d'unifier les secteurs qui commencent à constituer une avant-garde des luttes contre les plans austéritaires de Milei afin d'imposer un véritable plan de bataille aux directions syndicales contre le gouvernement. La bataille menée au sein des syndicats, notamment depuis les secteurs les plus précaires de la classe ouvrière comme dans la sous-traitance aéroportuaire qui ont mis au centre la lutte contre la privatisation de leur entreprise est déjà un exemple de la marche à suivre contre Milei.

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Élections aux États-Unis : un duel réactionnaire sur fond de crise du régime

5 mars 2024, par Sybil Davis — , ,
Le duel Trump-Biden est façonné par une crise du régime politique états-unien, nécessitant à la fois l'intervention du judiciaire et de la bureaucratie syndicale. La course (…)

Le duel Trump-Biden est façonné par une crise du régime politique états-unien, nécessitant à la fois l'intervention du judiciaire et de la bureaucratie syndicale. La course pour la présidence apparaît comme une lutte pour convaincre la classe ouvrière et sur quelle approche impérialiste est la meilleure pour rivaliser avec la Chine et rétablir l'hégémonie américaine. Comme à leur habitude, les Démocrates brandissent le bâton des droits démocratiques afin de rallier les électeurs mécontents.

Tiré de Révolution Permanente
26 février 2024

Par Sybil Davis

L'élection de 2024 s'annonce comme une répétition de celle de 2020, avec deux candidats incroyablement impopulaires se disputant la présidence. D'un côté, Donald Trump élimine facilement ses adversaires Républicains, avec seulement Nikki Haley encore en lice ; la base de Trump, le mouvement dit « MAGA », a pris le contrôle du Parti républicain et semble indéboulonnable, malgré les défis légaux qui planent au-dessus du candidat. D'un autre côté, le président Joe Biden est ébranlé et affaibli, faisant face non seulement à des inquiétudes généralisées concernant ses facultés mentales, mais aussi à un mouvement social pour la Palestine qui l'a surnommé « Genocide Joe ». Contrairement à 2020, la voie pour Biden de mener le mouvement aux urnes est bien plus étroite, et son statut de président en exercice plutôt que de challenger le place dans une position bien plus précaire.

Derrière cette élection se cache une crise dans le régime politique américain – un exemple de ce que le marxiste italien Antonio Gramsci a appelé la « crise organique », une crise dans laquelle les populations ne se sentent plus représentées par leurs gouvernants. Les crises organiques affaiblissent les régimes et amènent les partis politiques traditionnels à faire face à de nouveaux phénomènes politiques, tandis que les masses perdent confiance dans les partis politiques traditionnels et dans les institutions du régime. La crise organique actuelle aux États-Unis a atteint son apogée le 6 janvier 2021, après une année de crise accrue exacerbée par le COVID et le soulèvement du mouvement Black Lives Matter, puis elle s'est atténuée lorsque Biden a contenu la crise durant les premières années de son mandat. Biden, cependant, a été incapable de résoudre la crise, et, comme nous l'avions prédit au début de 2023, la crise est réapparue et joue un rôle de plus en plus important dans la politique nationale. La réémergence de Trump en est un signe.

Dans cette crise entre « représentés et représentants », où des institutions importantes du régime sont de plus en plus suspectées et perdent en légitimité, le pouvoir judiciaire et la bureaucratie syndicale jouent un rôle démesuré. Il est clair depuis un certain temps que le pouvoir judiciaire se mobilise pour arrêter – ou du moins entraver – la candidature de Trump, ce qui déstabiliserait grandement le régime si Trump revenait au pouvoir, surtout après le 6 janvier. Les diverses affaires judiciaires et inculpations contre Trump reflètent non seulement sa criminalité – quelque chose que personne qui a suivi la carrière de Trump ne peut nier – mais représentent également une tentative de retourner les masses contre Trump. Des tentatives plus osées d'interdire à Trump de se présenter aux élections – comme celles menées dans le Colorado et dans le Maine – semblent avoir outrepassé ce que permet la situation politique, et il semble de plus en plus probable que la Cour suprême ne validera pas ces exclusions du scrutin.

Dans ce sens, la crise organique et la perte de légitimité institutionnelle – y compris celle de la Cour suprême, qui a subi un sérieux revers après la décision invalidant le droit à l'avortement – à la fois alimentent et modèrent l'assaut du pouvoir judiciaire. Pour le dire autrement, la crise organique explique pourquoi nous assistons à un pouvoir judiciaire de plus en plus « bonapartiste » – agissant de manière plus explicitement politique, de sa propre initiative, sans le soutien du Congrès ou des masses – mais la crise limite également dans quelle mesure le pouvoir judiciaire peut avancer sur le terrain politique. Imaginons, par exemple, que la Cour suprême valide l'interdiction de Trump dans le Colorado. Cela déclencherait certainement une réaction intense de la part de la base de Trump et nuirait encore plus à la réputation de la justice, puisque la cour aurait simplement exclu le principal candidat du scrutin sans aucune contribution démocratique des masses.

Le pouvoir judiciaire a ses limites, mais il joue néanmoins un rôle démesuré dans la situation nationale. Cela ne se limite pas à l'offensive contre Trump. On peut également le constater dans les décisions de plus en plus politiques de la Cour suprême. L'invalidation du droit à l'avortement a été une attaque significative contre les droits démocratiques, inversant le rôle que la Cour a joué pendant une grande partie de la période néolibérale, au cours de laquelle elle avait concédé des droits démocratiques aux mouvements sociaux afin de montrer que, parce que l'État peut soutenir les opprimés, les soulèvements contre l'État sont inutiles. Mais la décision Dobbs a changé cela, révélant le rôle plus politisé du pouvoir judiciaire et sa nécessité d'agir de manière « bonapartiste », c'est-à-dire de sa propre initiative, sans le soutien des électeurs. À mesure que la crise organique s'approfondit, ce rôle politisé et bonapartiste ne fera probablement que se poursuivre.

Les bureaucraties syndicales, alliés-clé de Biden

Un autre acteur majeur de ces élections sera la bureaucratie syndicale. Comme nous l'avons écrit par ailleurs, les dernières années ont été marquées par une résurgence d'un mouvement ouvrier de plus en plus politisé. Le secteur syndical entre désormais, quoique de manière inégale, dans davantage de débats politiques, allant au-delà de la lutte pour des revendications basiques telles que des salaires plus élevés. S'appuyant sur les grèves des enseignants du début de l'ère Trump et sur l'expérience vécue par les masses avec le mouvement Black Lives Matter, les travailleurs à la base se voient de plus en plus comme étant organiquement liés à une variété de questions politiques, telles que la défense des droits démocratiques et la lutte contre les oppressions, dont les directions syndicales traditionnelles ont tenté de les dissocier. Cette nouvelle énergie dans le mouvement syndical a replacé la classe ouvrière au centre de la politique – comme on l'a notamment observé lors de la grève de l'UAW, pendant laquelle Biden et Trump ont tous deux explicitement fait du pied aux grévistes. Cela a également affecté les directions syndicales traditionnelles, les poussant à céder aux courants plus radicaux dans le cas des Teamsters et de l'UAW, et les contraignant à prendre en considération l'organisation des membres de base autour de questions politiques.

Le mouvement pour la Palestine en est un bon exemple. L'opposition massive à l'assaut d'Israël sur Gaza a contraint même les directions syndicales les plus profondément sionistes, comme celles de l'AFT et de l'AFL-CIO, à se prononcer en faveur d'un cessez-le-feu. Cela démontre que les bureaucraties syndicales ne peuvent plus agir en tant que « police de la classe ouvrière », en ignorant les demandes de leurs membres et en faisant tout leur possible pour les maintenir en ligne sans faire de concessions. Désormais, pour maintenir leur légitimité, les directions syndicales doivent politiser leurs syndicats autour de la question de la Palestine. La politisation et l'esprit de lutte croissant du mouvement ouvrier – une victoire majeure pour le phénomène de la « Génération U », observé de manière particulièrement aiguë dans des syndicats jeunes comme Starbucks Workers United – ont placé la classe ouvrière dans une position plus prépondérante. Même les médias bourgeois, qui ont l'habitude de parler simplement des classes moyennes, doivent à présent parler de la classe ouvrière. C'est le résultat direct de l'injection de militantisme par une nouvelle génération façonnée par le mouvement Black Lives Matter, une génération qui a revitalisé le mouvement ouvrier, a contribué à diriger un mouvement social pour la Palestine, et a contraint les bureaucrates syndicaux à soutenir le mouvement, même à contrecœur. Cette recrudescence de la lutte des classes a remodelé la situation politique et créé une crise pour le Parti démocrate, qu'il doit désormais contenir grâce à ses tactiques habituelles de cooptation.

Ce phénomène complète ce que les analystes politiques ont appelé le « désalignement » : la classe ouvrière ne s'identifie plus fortement au Parti démocrate. Comme nous l'avons écrit précédemment, cela crée une lutte pour le cœur et l'âme de la classe ouvrière, et les élections en sont le champ de bataille. Trump et Biden se battent explicitement pour se présenter comme les champions de la classe ouvrière et cherchent, à des degrés différents, à obtenir le soutien des syndicats.

Dans ce contexte, il est probable que les bureaucraties syndicales joueront un rôle démesuré dans la captation des travailleurs par le Parti démocrate. Puisqu'elles parviennent de moins en moins à diriger la classe ouvrière par la coercition, elles cherchent d'avantage à la diriger via des concessions idéologiques à la marge. L'UAW est un bon exemple de cela. Les dirigeants de l'UAW – notamment leur chef de file, Shawn Fain – agrémentent leurs discours de rhétorique inspirante et progressiste, publient sur les réseaux sociaux sur la continuité entre la lutte pour les droits des Noirs et l'UAW aujourd'hui, et lancent des initiatives d'organisation agressives visant à organiser les non-syndiqués. Tout cela se combine pour légitimer le leadership de l'UAW auprès des travailleurs de base, qui sont ensuite ramenés vers Biden, comme en témoigne le récent soutien de l'UAW à sa candidature.

La déclaration sur un cessez-le-feu de l'AFL-CIO est un autre exemple de ce phénomène. Malgré l'appel à un cessez-le-feu, la déclaration ressemblait en tous points aux éléments de langage de l'administration Biden. Elle a souligné la nécessité d'une solution à deux États, a dénoncé la violence « des deux côtés » et a appelé à un arrêt négocié des combats. La déclaration est donc une tentative claire d'arrêter l'hémorragie de soutiens causée par la complicité de Génocide Joe Biden à la guerre d'Israël contre Gaza. Elle prépare le terrain pour la poussée préélectorale habituelle des bureaucraties syndicales visant à mobiliser leurs membres pour soutenir le Parti démocrate. La situation, cependant, est loin d'être habituelle, et donc les directions syndicales doivent adopter une nouvelle approche, en essayant de convaincre leurs membres plutôt que de simplement les diriger.

Politique étrangère et immigration : les deux questions centrales de l'élection

Cette élection sera non seulement une bataille pour conquérir la classe ouvrière, mais aussi pour façonner la politique étrangère. Biden est devenu le porte-étendard à la fois de la guerre d'Israël contre Gaza et de la guerre en Ukraine – deux conflits assez impopulaires. À cela s'ajoute le débat, parmi les capitalistes étasuniens, sur la meilleure façon de rivaliser avec la Chine et ainsi de renverser le déclin de l'hégémonie américaine. Trump a toujours présenté une approche différente à la politique étrangère de l'establishment – favorisant une politique unilatérale avec des mesures protectionnistes et s'opposant même à l'OTAN – et il essaie d'utiliser cela pour exploiter la frustration des masses face aux constantes interventions des États-Unis dans les conflits à travers la planète. Trump et une partie des Républicains de droite avancent l'idée que la « vraie » guerre se déroule chez eux à la frontière sud et que les États-Unis ne devraient pas intervenir dans les conflits à l'étranger. Mais ce masque « anti-interventionniste » ne peut pas cacher le bilan politique de Trump en tant que président, qui rappelle qu'il était tout à fait disposé à intervenir militairement à l'étranger.

La véritable distinction entre Trump et Biden en matière de politique étrangère réside dans leur degré d'unilatéralisme. Biden préconise de s'appuyer sur des alliances internationales pour renforcer l'hégémonie des États-Unis à l'étranger et mieux rivaliser avec la Chine, tandis que Trump favorise des actions plus unilatérales qui pourraient inclure l'abandon des alliances traditionnelles – comme l'indiquent ses récentes déclarations sur l'OTAN. Les partisans de Trump sont attirés par sa politique étrangère car elle donne l'illusion d'être anti-interventionniste, et le discours America First gagne du terrain parmi ceux qui ont vu leurs conditions de vie se détériorer pendant la période néolibérale et se demandent pourquoi il y a toujours de l'argent pour les conflits à l'étranger.

L'immigration et la « sécurité des frontières » deviennent des enjeux majeurs à l'approche des élections. Trump et les Républicains s'efforcent de présenter la situation à la frontière comme une « invasion » que Biden et les démocrates n'ont pas réussi à contenir. En réalité, l'administration Biden a, de manière générale, poursuivi dans une totale continuité les politiques anti-immigration de Trump, ce qui a jeté les bases pour que les Républicains aillent encore plus loin à droite sur l'immigration. En réponse à ces attaques politiques, les Démocrates tentent de se droitiser encore d'avantage – à partir d'une position déjà très à droite – sur la question migratoire, comme l'indique le récent accord proposé au Congrès. Biden a lui-même déclaré qu'il était prêt à « fermer la frontière dès maintenant », signe supplémentaire du virage à droite du Parti démocrate sur cette question.

Un exemple frappant de la crise organique est la confrontation au Texas, où chaque gouverneur républicain, à l'exception d'un seul, s'est rangé du côté du gouverneur Greg Abbott pour résister aux tentatives du gouvernement fédéral de retirer les barbelés placés à la frontière. Trump et l'extrême droite utilisent ce conflit pour faire avancer leur position politique. À mesure que les élections se rapprochent, il semble probable que l'immigration – avec la politique étrangère et la classe ouvrière – sera l'un des axes de l'élection, alors que la campagne de Biden vire à droite dans une tentative de rivaliser avec le nationalisme explicitement anti-immigrés de Trump. La récente victoire du démocrate Tom Suozzi dans la course pour remplacer George Santos à la Chambre représente un possible modèle de la manière dont les démocrates pourraient mener une campagne de droite sur l'immigration et battre les républicains à leur propre jeu. Ce que cela signifie pour la situation politique globale, c'est que la politique en matière d'immigration évolue de plus en plus rapidement vers la droite alors que les deux partis cherchent à être « durs » sur l'immigration.

Jouer la défense des droits démocratiques et s'appuyer sur les progressistes : l'espoir des Démocrates pour novembre 2024

Si l'immigration et la politique étrangère sont les sujets vers lesquels Trump espère orienter le débat, Biden et les Démocrates espèrent recentrer la discussion sur un terrain plus solide pour eux : la protection des droits démocratiques, plus spécifiquement le droit à l'avortement. La défense des droits à l'avortement a aidé les démocrates à contenir la « vague rouge » de 2022 et à remporter certaines élections difficiles en 2023. Ils espèrent utiliser le même stratagème, comme l'indique la « tournée pour le droit à l'avortement » qui a récémment été dévoilée. Dans leurs discours, les Démocrates défendront avec véhémence les droits démocratiques – tant dans le cas spécifique de l'avortement que plus largement dans la « défense de la démocratie », dont le camp Biden parle si souvent. Ils espèrent que cela aidera à mobiliser les électeurs qui pourraient sinon rester chez eux lors des élections parce qu'ils n'aiment aucun des candidats ou s'opposent à la politique de Biden sur Israël, entre autres choses.

De 2016 à 2021, Left Voice a analysé la « guerre civile » au sein du Parti démocrate entre l'establishment et une aile progressiste de plus en plus proéminente. Dans notre analyse, nous avons cherché à souligner que l'opposition posée par les « Socialistes démocrates » du Squad était inexorablement condamnée à l'échec, étant donné leur position au sein du Parti démocrate, qui disposait de beaucoup plus de ressources et de réserves stratégiques pour les coopter dans son courant dominant. Cela est confirmé même par un simple coup d'œil à la situation politique actuelle. Après la défaite de Bernie Sanders lors des primaires démocrates de 2020, les progressistes se sont ralliés derrière Biden, et ils ont maintenu cette ligne tout au long de son mandat à la Maison Blanche. Même maintenant, alors qu'un nouveau mouvement l'accuse de génocide, des politiciens comme Alexandria Ocasio-Cortez vont sur les médias pour défendre la candidature de Biden – AOC l'a récemment qualifié de « l'un des présidents les plus efficaces de l'histoire moderne ». Dans un récent article pour le New York Times, Ezra Klein écrit que « la réalité, ces dernières années, a été que les Démocrates s'unissent et que les Républicains se désagrègent. L'establishment du Parti démocrate a tenu bon, pendant que l'establishment du Parti républicain s'est effondré ». L'establishment du Parti démocrate – qui semblait si faible après la défaite de Clinton et l'ascension du Squad – a incorporé ses contestataires dans le courant dominant, utilisant ces soi-disant socialistes comme des pions pour se connecter à l'avant-garde du mouvement et la ramener dans le giron du Parti démocrate.

Nous pouvons voir l'utilité des progressistes pour l'establishment du Parti démocrate au Michigan, un État clé pour Biden. Les électeurs de l'État, dont beaucoup sont d'origine arabe, s'opposent au soutien de Biden au génocide à Gaza. En réponse, une campagne, Vote Uncommitted, a été lancée par Our Revolution et DSA (Democratic Socialists of America), avec le soutien vocal de Rashida Tlaib, une figure clé du Squad et l'une des seules Démocrates de premier plan à avoir fortement soutenu un cessez-le-feu. La campagne exploite la colère des électeurs, et la dirige vers le Parti démocrate, encourageant les électeurs à voter lors des primaires démocratiques de l'État, mais à ne pas soutenir Biden. Cela vise à faire pression sur Biden pour qu'il change de position sur Gaza. Mais sa véritable conséquence, c'est d'encadrer le mouvement pour la Palestine afin d'en faire un simple moyen de pression sur Biden au sein du parti démocrate. Cela ramène les électeurs désillusionnés dans les primaires démocrates et ouvre la voie à Biden pour apporter de légères modifications à sa position sur Gaza tout en prétendant qu'il écoute les électeurs. Cela s'inscrit dans la ligne politique de la gauche du Parti démocrate, qui tente d'utiliser les mouvements de masse comme des campagnes de pression pour contraindre les politiciens à adopter des positions différentes sans remettre en question leur relation privilégiée avec le Parti démocrate. Bien que la campagne Vote Uncommitted soit un signe de l'opposition populaire à Biden, elle est utilisée pour coopter le mouvement pour la Palestine.

La défense des droits démocratiques par le Parti démocrate est une manœuvre politique, une mise en scène destinée à susciter un soutien. En réalité, les démocrates ont supervisé de nombreuses attaques contre les droits démocratiques fondamentaux. Ils ont dénoncé les manifestations pro-Palestine et ont contribué à ouvrir la voie à davantage d'attaques contre le mouvement. Le mandat de Biden à la Maison Blanche a vu non seulement la réduction des droits à l'avortement, mais aussi une virulente campagne anti-trans, et l'administration Biden et les Démocrates n'ont rien fait pour arrêter cela. Au contraire, ils espèrent que leurs paroles creuses inspireront les masses. Mais c'est le même cercle vicieux dans lequel le Parti démocrate nous maintient depuis des décennies. Les droits démocratiques menacés sont une aubaine pour les Démocrates, car cela rend leurs campagnes du moindre mal plus efficaces. Leur préoccupation pour la démocratie et pour nos droits sont des stratagèmes pour nous faire accepter de continuer de nous contenter d'un « moindre mal » dans l'espoir de vaincre la droite.

Nous ne pourrons pas vaincre la droite en votant lors d'une élection – il suffit de voir comment la victoire de Biden n'a pas vaincu le trumpisme. Au lieu de cela, nous devons vaincre la droite en nous organisant dans nos syndicats, sur nos lieux de travail et dans la rue pour construire un mouvement combatif. Seule cette approche peut arrêter la montée de la droite et défendre nos droits démocratiques. Plus largement, nous devons rompre le cycle du moindre mal. Nous devons construire un parti, un parti qui représente véritablement le mouvement syndical combatif, qui représente le mouvement pour la Palestine et qui représente les millions de personnes qui prennent conscience que le système capitaliste ne nous offre rien. Nous ne construirons pas ce parti en restant liés aux Démocrates, et nous ne pouvons pas le faire sans affronter les bureaucraties des syndicats et des mouvements sociaux, qui sont des alliés vitaux du Parti démocrate. Au contraire, nous construirons ce parti en nous appuyant sur nous-mêmes et en nous organisant pour affronter la droite, défendre nos droits démocratiques et construire une institution qui puisse unir toutes nos luttes.

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États-Unis - En Alabama, une nouvelle attaque réactionnaire contre les femmes

5 mars 2024, par Dan La Botz — , ,
La Cour suprême de l'État d'Alabama a statué la semaine dernière : les embryons congelés sont des personnes et il est illégal de les détruire ! Cela a créé un début de panique (…)

La Cour suprême de l'État d'Alabama a statué la semaine dernière : les embryons congelés sont des personnes et il est illégal de les détruire ! Cela a créé un début de panique et de confusion parmi les professionnels de la santé qui pratiquent la fécondation in vitro (FIV) et les femmes qui y ont recours.

Tiré de l'Anticapitaliste
26 février 2024

Par Dan La Botz

Crédit Photo
Wikimedia commons

La décision n'interdit pas la FIV mais exige que chaque embryon créé soit implanté, quelle que soit sa viabilité, et rend le processus plus coûteux, plus compliqué et plus dangereux pour les femmes. Il s'agit de la dernière attaque en date de la droite chrétienne évangélique contre les droits reproductifs des femmes, les communautés LBGT et la santé publique.

La FIV, processus par lequel les ovules d'une femme et le sperme d'un homme sont réunis dans une boîte de Petri puis implantés dans l'utérus d'une femme, est utilisée par les couples qui rencontrent des difficultés à concevoir, par les femmes qui doivent subir un traitement contre le cancer et par les couples homosexuels qui souhaitent avoir des enfants en s'adressant à une mère porteuse. Aux États-Unis, il y a environ 750 000 naissances par FIV chaque année et, depuis le début de la FIV aux États-Unis en 1978, il y a eu environ 12 millions de naissances de ce type. La décision de la Cour a conduit le système de santé de l'Université de l'Alabama à Birmingham, le plus grand hôpital de l'État, et les cliniques de fertilité à interrompre leurs travaux, tandis que des politiciens tant démocrates que républicains s'empressaient d'adopter une législation visant à protéger la FIV.

Les Républicains, Trump inclus, favorables à la FIV

Tom Parker, le juge de la Cour suprême de l'Alabama qui a approuvé la décision, est un chrétien évangélique qui cite la Bible de façon répétée. « La vie humaine ne peut être détruite à tort sans encourir la colère d'un Dieu saint », a-t-il écrit. Lui et son tribunal ont été à l'origine de nombreuses autres décisions réactionnaires et hostiles aux femmes.

Alors que Trump s'est rapidement prononcé en faveur de la FIV et a demandé à la législature de l'État d'Alabama de la protéger, son opposante Nikki Haley a déclaré : « Pour moi, les embryons sont des bébés ». La plupart des politiciens républicains, conscients que la décision de l'Alabama pourrait leur nuire lors des élections de novembre, se sont prononcés en faveur de la FIV.

L'Alabama, dont la devise est « Nous protégeons nos droits », a fait plus pour restreindre les droits reproductifs des femmes que n'importe quel autre État. Depuis que la Cour suprême, dans l'arrêt Dobbs du 22 juin 2022, a annulé l'arrêt Roe v. Wade, qui protégeait le droit des femmes à l'avortement, l'Alabama a pris des mesures pour restreindre les droits des femmes en matière de procréation. Le 24 juin 2022, l'Alabama a commencé à appliquer une interdiction totale de l'avortement, à tous les stades de la grossesse. La Constitution de l'État « reconnaît, déclare et affirme que c'est la politique publique de cet État de reconnaître et de soutenir le caractère sacré de la vie à naître et les droits des enfants à naître, y compris le droit à la vie ».

Des menaces sur la contraception

Nombreux sont ceux qui craignent que les chrétiens évangéliques ou les catholiques n'utilisent les tribunaux ou la législation pour tenter d'interdire la contraception.

L'American Society for Reproductive Medicine (Société américaine pour la médecine reproductive) a déclaré que « la Cour suprême de l'Alabama a pris une décision qui va à l'encontre de la réalité médicale et des besoins des citoyens de l'Alabama ». Planned Parenthood (le Planning familial), la plus grande et la plus importante organisation fournissant des soins de santé reproductive aux femmes, a écrit : « Nous devrions tous être en mesure de construire les familles et l'avenir que nous voulons, sans interférence de la part des tribunaux ou des politiciens. Cette décision de la Cour suprême de l'Alabama est le résultat d'années d'attaques contre la liberté de reproduction, et d'efforts pour restreindre l'accès aux soins de santé, y compris la FIV. »

L'élue à la Chambre des représentants démocrate progressiste Alexandria Ocasio-Cortez a posté sur les réseaux sociaux : « Jetez tout ce parti qui hait les femmes et leur réseau de propagande à la poubelle. Ils ont gagné une place dans la poubelle de l'histoire politique américaine. » Le sénateur Bernie Sanders a quant à lui posté : « Laissez-moi être aussi clair que possible : Les tribunaux, le gouvernement et l'Église n'ont pas à s'immiscer dans la décision très personnelle d'avoir ou non des enfants. »

Dan La Botz, traduction Henri Wilno

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Droit à l’information : Contre la raison d’État, solidarité avec Julian Assange

5 mars 2024, par Fernand Beckrich — , ,
Les 20 et 21 février la Haute Cour britannique a examiné l'ultime appel du journaliste australien, persécuté depuis 2010, et embastillé à Londres à la suite de la réponse (…)

Les 20 et 21 février la Haute Cour britannique a examiné l'ultime appel du journaliste australien, persécuté depuis 2010, et embastillé à Londres à la suite de la réponse favorable donnée à la demande d'extradition vers les États-Unis où une peine de 175 ans de prison lui est promise.

La décision n'interviendra au plus tôt qu'au mois de mars. En cas de confirmation de l'extradition, ne resterait alors qu'un dernier recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme.

22 février 2024 | tiré de Hebdo L'Anticapitaliste - 696 |Crédit Photo
Wikimedia commons / Alisdare Hickson
https://lanticapitaliste.org/actualite/politique/droit-linformation-contre-la-raison-detat-solidarite-avec-julian-assange

La solidarité monte

Sans doute bien tardive, bien sûr trop timide encore, mais bien réelle : des rassemblements se sont tenus dans 19 villes en France mardi 20 février, 500 personnes à Paris, 300 à Bordeaux. Des rassemblements mensuels se tiennent comme à Metz. Cette solidarité doit encore s'affirmer. Elle sera un élément déterminant. L'enjeu est d'importance : le droit à l'information comme une des pièces centrales de la démocratie. La solidarité a aussi un enjeu immédiat, c'est la vie de celui qui a créé la plateforme Wikileaks en 2006 et qui nous a ainsi permis d'accéder à des infos très reprises, pleinement confirmées et de première importance. Il faut empêcher son extradition. Il faut arracher Julian Assange de la prison et des griffes de la CIA.

Julian Assange n'est pas un espion

Né en 1971, il est un journaliste pleinement de son temps. Il a grandi avec l'informatique et avec ses compagnons altermondialistes, il a expérimenté les possibilités nouvelles offertes par la révolution numérique. La présentation de Julian Assange en espion russe est au moins aussi crédible que celle que certains médias nous ont servie à propos des Gilets jaunes qui seraient des agents de Poutine ! Le partage et la fuite massive de métadonnées rendue possible par Wikileaks est au centre des débats. Edwy Plenel, dans un « parti pris » de 2020 posait très justement la question centrale de toute l'affaire : « le secret des pouvoirs doit-il l'emporter sur le droit de savoir ? »

Le droit de savoir

L'activité de J. Assange a été déterminante pour la révélation mondiale de la réalité de la guerre en Irak, en Afghanistan, la mise sous les projecteurs de la torture à Guantanamo, la révélation documentée de disparitions et de crimes d'État. Grâce à Wikileaks, les médias du monde entier ont pu écrire de manière irréfutable sur des corruptions et des fraudes fiscales massives, sur des mensonges d'État, sur des atteintes aux libertés fondamentales. Toute son activité, non seulement n'a aucun caractère criminel mais elle est totalement légitime et indispensable dans une perspective d'émancipation.

Pour le journalisme, pour le pluralisme

La défense déterminée de J. Assange ne vaut pas approbation de la ligne éditoriale de Wikileaks : notre combat contre le néolibéralisme autoritaire, contre le néofascisme implique le pluralisme. À l'heure du néolibéralisme autoritaire, de la menace néofasciste, nous avons besoin de débats informés pour construire l'alternative écosocialiste. Parce que son extradition serait une terrible régression, nous disons : « Pleine solidarité à Julien Assange ! »

Fernand Beckrich

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Il fait sombre avant l’aube, mais le colonialisme israélien touche à sa fin

Dans ce texte, Ilan Pappé analyse la difficulté croissante de légitimation de la logique d'extermination et de déshumanisation inhérente au colonialisme de peuplement mis en (…)

Dans ce texte, Ilan Pappé analyse la difficulté croissante de légitimation de la logique d'extermination et de déshumanisation inhérente au colonialisme de peuplement mis en œuvre par le projet sioniste. Il la situe dans le cadre de la crise interne de la société israélienne et conclut à la fin de ce projet en tant qu'il s'incarne dans un État juif qui se veut à la fois démocratique et colonisateur. Mais la fin de ce projet est aussi un moment de danger maximal, qui voit se combiner une guerre génocidaire à Gaza et une escalade de violence en Cisjordanie. Face à cette catastrophe, l'auteur en appelle à l'élaboration de visions alternatives pour l'avenir de la Palestine, différentes du modèle occidental d'État-nation.

Tiré du site de la revue Contretemps.

Le sionisme comme colonialisme de peuplement

L'idée que le sionisme est un colonialisme de peuplement n'est pas nouvelle. Dans les années 1960, les universitaires palestiniens qui travaillaient à Beyrouth au centre de recherche de l'OLP avaient déjà compris que ce à quoi ils étaient confrontés en Palestine n'était pas un projet colonial classique. Ils ne considéraient pas Israël comme une simple colonie britannique ou américaine, mais comme un phénomène existant dans d'autres parties du monde, défini comme un colonialisme de peuplement.

Il est intéressant de noter que pendant 20 à 30 ans, la notion de sionisme en tant que colonialisme de peuplement a disparu du discours politique et universitaire. Elle est réapparue lorsque des universitaires d'autres régions du monde, notamment d'Afrique du Sud, d'Australie et d'Amérique du Nord, ont reconnu que le sionisme était un phénomène similaire au mouvement des Européens qui ont créé les États-Unis, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud. Cette idée nous aide à mieux comprendre la nature du projet sioniste en Palestine depuis la fin du 19e siècle jusqu'à aujourd'hui, et nous donne une idée de ce à quoi il faut s'attendre à l'avenir.

Je pense que cette idée particulière des années 1990, qui reliait si clairement les actions des colons européens, en particulier dans des endroits tels que l'Amérique du Nord et l'Australie, aux actions des colons venus en Palestine à la fin du 19e siècle, a permis d'élucider clairement les intentions des colons juifs qui ont colonisé la Palestine et la nature de la résistance palestinienne locale à cette colonisation. Les colons ont suivi la logique la plus importante adoptée par les mouvements coloniaux, à savoir que pour créer une communauté coloniale réussie en dehors de l'Europe, il faut éliminer les indigènes du pays où l'on s'est installé. Cela signifie que la résistance indigène à cette logique était une lutte contre l'élimination, et pas seulement une libération. Ce point est important si l'on pense à l'opération du Hamas et aux autres opérations de résistance palestinienne depuis 1948.

Les colons eux-mêmes, comme c'est le cas de nombreux Européens venus en Amérique du Nord, en Amérique centrale ou en Australie, étaient des réfugiés et des victimes de persécutions. Certains d'entre eux étaient moins malchanceux et cherchaient simplement une vie meilleure et de meilleures opportunités. Mais la plupart d'entre eux étaient des parias en Europe et cherchaient à créer une Europe dans un autre endroit, une nouvelle Europe, au lieu de l'Europe qui ne voulait pas d'eux. Dans la plupart des cas, ils ont choisi un endroit où quelqu'un d'autre vivait déjà, les peuples indigènes. Ainsi, le noyau le plus important parmi eux était constitué par leurs dirigeants et idéologues, qui ont fourni des justifications religieuses et culturelles à la colonisation de la terre d'autrui.

On peut ajouter à cela la nécessité de s'appuyer sur un empire pour commencer la colonisation et la maintenir, même si, à l'époque, les colons se sont rebellés contre l'empire qui les avait aidés et ont exigé et obtenu l'indépendance, qu'ils ont souvent obtenue et ont ensuite renouvelé leur alliance avec l'empire. La relation anglo-sioniste qui s'est transformée en alliance anglo-israélienne en est un exemple.

L'idée que l'on peut expulser par la force les habitants du pays que l'on veut est probablement plus compréhensible – et non justifiée – dans le contexte des 16e, 17e, et 18e siècles, parce qu'elle allait de pair avec une approbation totale de l'impérialisme et du colonialisme. Elle a été alimentée par la déshumanisation commune des autres peuples non occidentaux et non européens. Si vous déshumanisez les gens, vous pouvez plus facilement les éliminer.

La particularité du sionisme en tant que mouvement colonial de peuplement est qu'il est apparu sur la scène internationale à une époque où, partout dans le monde, on commençait à s'interroger sur le droit de supprimer les peuples indigènes, d'éliminer les indigènes et les peuples autochtones, et de ne pas se préoccuper de leurs droits. Nous pouvons donc comprendre les efforts et l'énergie déployés par les sionistes et, plus tard, par l'État d'Israël pour tenter de dissimuler le véritable objectif d'un mouvement de colonisation tel que le sionisme, à savoir l'élimination de la population autochtone.

Une extermination désormais sans fard. Pourquoi ?

Mais aujourd'hui, à Gaza, ils éliminent la population autochtone sous nos yeux, alors comment se fait-il qu'ils aient presque abandonné 75 ans de tentatives de dissimuler leurs politiques d'élimination ? Pour comprendre cela, nous devons apprécier la transformation de la nature du sionisme en Palestine au fil des ans.

Aux premiers stades du projet colonial sioniste, ses dirigeants menaient leurs politiques d'élimination avec une véritable tentative de résoudre la quadrature du cercle en prétendant qu'il était possible de construire une démocratie tout en éliminant la population autochtone. Le désir d'appartenir à la communauté des nations civilisées était très fort et les dirigeants ont supposé, en particulier après l'Holocauste, que les politiques d'élimination n'excluraient pas Israël de cette association.

Pour résoudre cette quadrature du cercle, les dirigeants ont insisté sur le fait que leurs actions d'élimination contre les Palestiniens constituaient des « représailles » ou une « réponse » aux actions palestiniennes. Mais très vite, lorsque ces dirigeants ont voulu passer à des actions d'élimination plus substantielles, ils ont abandonné le faux prétexte des « représailles » et ont simplement cessé de justifier ce qu'ils faisaient.

À cet égard, il existe une corrélation entre la manière dont le nettoyage ethnique s'est déroulé en 1948 et les opérations menées par Israël à Gaza aujourd'hui. En 1948, les dirigeants ont justifié chaque massacre commis, y compris le tristement célèbre massacre de Deir Yassine le 9 avril [de cette année 1948], comme une réaction à une action palestinienne : il pouvait s'agir de jeter des pierres sur un bus ou d'attaquer une colonie juive, mais cela devait être présenté à l'intérieur et à l'extérieur comme quelque chose qui ne sort pas de nulle part, comme de l'autodéfense. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'armée israélienne s'appelle « Forces de défense israéliennes ». Mais parce qu'il s'agit d'un projet colonial de colonisation, elle ne peut pas toujours compter sur des « représailles ».

Les forces sionistes ont commencé le nettoyage ethnique pendant la Nakba en février 1948. Pendant un mois, toutes ces opérations ont été présentées comme des représailles à l'opposition palestinienne au plan de partage de l'ONU de novembre 1947. Le 10 mars 1948, les dirigeants sionistes cessent de parler de représailles et adoptent un plan directeur pour le nettoyage ethnique de la Palestine.

De mars 1948 à la fin de 1948, le nettoyage ethnique de la Palestine qui a conduit à l'expulsion de la moitié de la population palestinienne, à la destruction de la moitié de ses villages et à la désarabisation de la plupart de ses villes, a été réalisé dans le cadre d'un plan directeur systématique et intentionnel de nettoyage ethnique. De même, après l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en juin 1967, chaque fois qu'Israël a voulu changer fondamentalement la réalité ou s'engager dans une opération de nettoyage ethnique à grande échelle, il s'est passé de justification.

Nous assistons aujourd'hui à un schéma similaire. Au début, les actions ont été présentées comme des représailles à l'opération Déluge al-Aqsa, mais maintenant c'est l'offensive appelée « épée de guerre » qui vise à ramener Gaza sous le contrôle direct d'Israël, mais en nettoyant ethniquement sa population par une campagne de génocide.

La grande question est de savoir pourquoi les hommes politiques, les journalistes et les universitaires occidentaux sont tombés dans le même piège qu'en 1948. Comment peuvent-ils encore aujourd'hui adhérer à l'idée qu'Israël se défend dans la bande de Gaza ? Qu'il réagit aux actions du 7 octobre ? Ou peut-être ne tombent-ils pas dans le piège. Ils savent peut-être que ce qu'Israël fait à Gaza utilise le 7 octobre comme prétexte.

Quoi qu'il en soit, jusqu'à présent, la revendication d'un prétexte par Israël chaque fois qu'il agresse les Palestinien.ne.s a aidé cet État à maintenir le bouclier d'immunité qui lui a permis de poursuivre ses politiques criminelles sans craindre de réaction significative de la part de la communauté internationale. Le prétexte a contribué à accentuer l'image d'Israël comme faisant partie du monde démocratique et occidental, et donc à l'abri de toute condamnation et de toute sanction. Tout ce discours sur la « défense » et les « représailles » est important pour le bouclier immunitaire dont Israël bénéficie de la part des gouvernements du Nord.

Mais comme en 1948, aujourd'hui encore, Israël poursuit son opération, se passe de prétexte, et c'est à ce moment-là que même ses plus grands soutiens éprouvent des difficultés à approuver ses politiques. L'ampleur des destructions, des massacres à Gaza, du génocide, est telle que les Israéliens ont de plus en plus de mal à se persuader eux-mêmes que ce qu'ils font est en fait de l'autodéfense ou de la réaction. Il est donc possible qu'à l'avenir, de plus en plus de gens aient du mal à accepter cette explication israélienne du génocide à Gaza.

Pour la plupart des gens, il est clair que ce qu'il faut, c'est un contexte et non un prétexte. Historiquement et idéologiquement, il est très clair que le 7 octobre est utilisé comme prétexte pour achever ce que le mouvement sioniste n'a pas pu achever en 1948.

En 1948, le mouvement de colonisation sioniste a utilisé un ensemble particulier de circonstances historiques que j'ai décrites en détail dans mon livre Le nettoyage ethnique de la Palestine, afin d'expulser la moitié de la population de la Palestine. Comme je l'ai dit, au cours de ce processus, ils ont détruit la moitié des villages palestiniens, démoli la plupart des villes palestiniennes, et pourtant la moitié des Palestinien.nes sont restés à l'intérieur de la Palestine. Les Palestinien.nes qui sont devenus des réfugiés en dehors des frontières de la Palestine ont poursuivi la résistance. De ce fait, l'idéal colonial des colons d'éliminer les autochtones n'a pas été atteint et, progressivement, Israël a utilisé tout son pouvoir – de 1948 à aujourd'hui – pour poursuivre l'élimination des autochtones.

De son début à son achèvement, l'élimination de l'autochtone ne se limite pas à une opération militaire consistant à occuper un lieu, à massacrer des gens ou à les expulser. L'élimination doit être justifiée ou devenir une inertie et le moyen d'y parvenir est la déshumanisation constante de ceux que vous avez l'intention d'éliminer. On ne peut pas tuer massivement des gens ou commettre un génocide contre un autre groupe humain sans le déshumaniser. Ainsi, la déshumanisation des Palestinien.nes est un message explicite et implicite transmis aux Juifs israéliens par le biais de leur système éducatif, de leur système de socialisation dans l'armée, des médias et du discours politique. Ce message doit être transmis et maintenu si l'on veut que l'élimination soit complète.

L'échec du projet sioniste

Nous assistons donc à une nouvelle tentative particulièrement cruelle d'achever l'élimination. Et pourtant, tout n'est pas désespéré. En fait, ironiquement, cette destruction inhumaine de Gaza met en évidence l'échec du projet colonial du sionisme. Cela peut sembler absurde, car je décris un conflit entre un petit mouvement de résistance, le mouvement de libération palestinien, et un État puissant doté d'une machine militaire et d'une infrastructure idéologique qui se concentre uniquement sur la destruction du peuple autochtone de Palestine.

Ce mouvement de libération n'a pas d'alliance forte derrière lui, alors que l'État auquel il est confronté bénéficie d'une alliance puissante – des États-Unis aux multinationales, en passant par les sociétés de sécurité de l'industrie militaire, les médias et les universités mainstream. Nous parlons de quelque chose qui semble presque désespéré et déprimant parce qu'en face il y a cette immunité internationale pour les politiques d'élimination qui commencent dès les premiers stades du sionisme et se poursuivent jusqu'à aujourd'hui. Ce sera probablement le pire chapitre de la tentative israélienne de pousser les politiques d'élimination à un niveau inédit, dans un effort beaucoup plus concentré de tuer des milliers de personnes en peu de temps, comme ils n'ont jamais osé le faire auparavant.

Alors comment cela peut-il être aussi un moment d'espoir ? Tout d'abord, ce type d'entité politique, d'État, qui doit maintenir la déshumanisation des Palestiniens afin de justifier leur élimination est une base très fragile si l'on se projette dans un avenir plus lointain. Cette faiblesse structurelle était déjà apparente avant le 7 octobre et une partie de cette faiblesse réside dans le fait que si l'on exclut le projet d'élimination, il y a très peu de choses qui unissent le groupe de personnes qui se définissent comme la « nation juive » en Israël.

Si l'on exclut la nécessité de combattre et d'éliminer les Palestinien.nes, on se retrouve avec deux camps juifs en guerre, que nous avons vus s'affronter dans les rues de Tel-Aviv et de Jérusalem jusqu'au 6 octobre 2023. D'immenses manifestations ont opposé des juifs laïques, celles et ceux qui se décrivent comme tels – pour la plupart d'origine européenne – qui croient qu'il est possible de créer un État démocratique pluraliste tout en maintenant l'occupation et l'apartheid à l'égard des Palestinien.nes à l'intérieur d'Israël -, à un nouveau type de sionisme messianique qui s'est développé dans les colonies juives de Cisjordanie, ce que j'ai appelé ailleurs l'État de Judée, qui est soudainement apparu parmi nous, croyant qu'ils ont maintenant un moyen de créer une sorte de théocratie sioniste sans aucune considération pour la démocratie, et croyant que c'est la seule vision d'un futur État juif.

Il n'y a rien de commun entre ces deux visions à part une chose : les deux camps se moquent des Palestinien.nes, les deux camps croient que la survie d'Israël dépend de la poursuite des politiques d'élimination à l'égard des Palestinien.nes. Cela ne tiendra pas la route. Il va se désintégrer et imploser de l'intérieur parce qu'il est impossible, au 21e siècle, de maintenir un État et une société sur la base d'un sentiment d'appartenance commun qui fait partie d'un projet génocidaire d'élimination. Cela peut certainement fonctionner pour certain.es, mais pas pour tou.tes.

Nous en avons déjà vu les signes avant le 7 octobre, lorsque des Israélien.nes qui ont des opportunités dans d'autres parties du monde en raison de leur double nationalité, de leurs professions et de leurs capacités financières, envisagent sérieusement de délocaliser leur argent et leur personne en dehors de l'État d'Israël. Ce qui restera, c'est une société économiquement faible, dirigée par ce type de fusion entre le sionisme messianique, le racisme et les politiques d'élimination des Palestinien.nes.

Oui, au début, l'équilibre des forces est du côté de l'élimination et non des victimes de l'élimination, mais l'équilibre des forces n'est pas seulement local, il est régional et international, et plus les politiques d'élimination sont oppressives (c'est terrible à dire mais c'est vrai), moins elles peuvent être couvertes comme une « réponse » ou des « représailles » et plus elles sont perçues comme une politique de génocide brutal. Il est donc moins probable que l'immunité dont jouit Israël aujourd'hui se poursuive à l'avenir.

Je pense donc qu'en ce moment très sombre, ce que nous vivons – et c'est un moment sombre parce que l'élimination des Palestinien.nes est passée à un niveau supérieur – est sans précédent. En termes de discours employé par Israël, d'intensité et d'objectif des politiques d'élimination, il n'y a pas eu une telle période auparavant dans l'histoire, c'est une nouvelle phase de la brutalité contre les Palestinien.nes. Même la Nakba, qui a été une catastrophe inimaginable, n'est pas comparable à ce que nous voyons aujourd'hui et à ce que nous allons voir dans les prochains mois. Je pense que nous sommes dans les trois premiers mois d'une période de deux ans qui verra les pires horreurs qu'Israël puisse infliger aux Palestiniens.

Mais même dans ce moment sombre, nous devrions comprendre que les projets coloniaux qui se désintègrent utilisent toujours les pires moyens pour tenter de sauver leur projet. C'est ce qui s'est passé en Afrique du Sud et au Sud-Vietnam. Je ne dis pas cela comme un vœu pieux, ni comme un activiste politique : je le dis en tant que spécialiste d'Israël et de la Palestine, avec toute la confiance que m'inspirent mes qualifications scientifiques. Sur la base d'un examen professionnel sérieux, j'affirme que nous assistons à la fin du projet sioniste, cela ne fait aucun doute.

Ce projet historique est arrivé à son terme et c'est un terme violent – de tels projets s'effondrent généralement de manière violente. C'est donc un moment très dangereux pour les victimes de ce projet, et les victimes sont toujours les Palestinien.nes ainsi que les Juif.ve.s, parce que les Juif.ve.s sont également victimes du sionisme. Ainsi, le processus d'effondrement n'est pas seulement un moment d'espoir, c'est aussi l'aube qui se lève après l'obscurité, c'est la lumière au bout du tunnel.

Un tel effondrement produit cependant un vide. Le vide apparaît soudainement ; c'est comme un mur qui s'érode lentement en se fissurant, mais qui s'effondre en un court instant. Et il faut être prêt pour de tels effondrements, pour la disparition d'un État ou la désintégration d'un projet de colonisation. Nous avons vu ce qui s'est passé dans le monde arabe, lorsque le chaos du vide n'a pas été comblé par un projet constructif et alternatif ; dans ce cas, le chaos continue.

Une chose est claire : quiconque réfléchit à l'alternative à l'État sioniste ne doit pas chercher en Europe ou en Occident des modèles susceptibles de remplacer l'État qui s'effondre. Il existe de bien meilleurs modèles locaux, hérités du passé récent et plus lointain du Machrek (la Méditerranée orientale) et du monde arabe dans son ensemble. La longue période ottomane possède de tels modèles et héritages qui peuvent nous aider à tirer des idées du passé pour envisager l'avenir.

Ces modèles peuvent nous aider à construire un type de société très différent qui respecte les identités collectives ainsi que les droits individuels, et qui est construit à partir de zéro comme un nouveau type de modèle qui bénéficie de l'apprentissage des erreurs de la décolonisation dans de nombreuses parties du monde, y compris dans le monde arabe et en Afrique. Il faut espérer que cela créera un nouveau type d'entité politique qui aura un impact énorme et positif sur le monde arabe dans son ensemble.

*

Ilan Pappé est un historien israélien antisioniste, professeur à l'Université d'Exeter, directeur du Centre européen pour les études palestiniennes, et un soutien de la lutte de libération du peuple palestinien. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Les dix légendes structurantes d'Israël (Paris, Nuits Rouges, 2022) et Le nettoyage ethnique de la Palestine (nouvelle édition à paraître en mai aux éditions La fabrique).

Ce texte a initialement été publié ici le 1er février 2024 et repris en français sur le site Znet. Traduction révisée et intertitres de Contretemps.

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Au Sri Lanka, les femmes premières victimes du FMI et de la microfinance

5 mars 2024, par Nalini Ratnarajah, Amali Wedagedara, Balasingham Skanthakumar, Maxime Perriot — , ,
Réunion annuelle du CADTM Asie du Sud Pendant la réunion annuelle du CADTM Asie du Sud, qui s'est tenue à Katmandou (Népal), les mardi 13 et mercredi 14 février 2024, Amali (…)

Réunion annuelle du CADTM Asie du Sud

Pendant la réunion annuelle du CADTM Asie du Sud, qui s'est tenue à Katmandou (Népal), les mardi 13 et mercredi 14 février 2024, Amali Wedagedara, Nalini Ratnarajah et Balasingham Skanthakumar ont analysé la situation politique, économique, sociale du Sri Lanka. Bientôt deux ans après le soulèvement populaire (Aragalaya) qui avait abouti à la fuite de l'ancien président Gotabaya Rajapaksa, le FMI et les instituts de microfinance font peser le poids de leurs choix sur les Sri-Lankaises et les minorités.

Tiré du CADTM infolettre , le 2024-03-01
https://www.cadtm.org/Au-Sri-Lanka-les-femmes-premieres-victimes-du-FMI-et-de-la-microfinance

26 février par Balasingham Skanthakumar , Amali Wedagedara , Nalini Ratnarajah , Maxime Perriot

Amali Wedagedara

Printemps 2022 : notamment à cause de chocs extérieurs comme la pandémie de Covid-19 ou l'agression de l'Ukraine par la Russie, le Sri Lanka se retrouve en manque criant de devises extérieures pour importer les produits de base. Il doit faire face à des pénuries, de pétrole notamment et fait défaut sur sa dette extérieure. Les prix des produits de premières nécessités explosent. S'ensuit une insurrection populaire exceptionnelle qui aboutit, comme précisé au-dessus, à la fuite du Président Rajapaksa, représentant d'une famille omniprésente dans les sphères de pouvoir. Il est remplacé par son ancien premier ministre, Ranil Wickremesinghe, qui, dès septembre 2022, commence à négocier avec le Fonds monétaire international le 17e accord de l'Histoire du pays. Il met également en place une répression extrême sur tout type de manifestation – il est aujourd'hui interdit de manifester de manière non statique au Sri Lanka – et sur toutes les formes d'expressions critiques sur les réseaux sociaux.

Pour obtenir les prêts d'urgence du FMI – débloqués petit à petit par tranche de 330 millions de dollars pour atteindre 3 milliards au total – il a appliqué sans broncher les conditionnalités de l'institution de Bretton Woods. Au programme, baisse des budgets de l'éducation, de la santé, attaque sur le droit du travail, baisse des subventions sur les produits de première nécessité, hausse de la TVA… La crise économique et l'inflation, qui frappaient déjà de plein fouet les classes les plus populaires du pays, ont été considérablement accentuées par le FMI. Les dépenses quotidiennes n'ont fait qu'augmenter depuis deux ans et la population est exsangue. Exemple : la population sri-lankaise est confrontée au prix de l'électricité le plus élevé de toute l'Asie du Sud. Et celui-ci continue à augmenter.

La crise de la dette publique et les conditionnalités du FMI font tache d'huile sur la dette privée, sur la dette des ménages : 54% des ménages sri-lankais sont endettés. C'est aussi eux qui supportent la restructuration de la dette intérieure. En effet, les fonds de pension sri lankais qui ont daigné restructurer une partie de la dette du Sri Lanka qu'ils possédaient se remboursent en réduisant les pensions de la population, particulièrement des plus pauvres. Comme d'habitude, le capital s'en tire à bon compte et c'est la majorité de la population, et particulièrement les classes les plus populaires, les minorités et les femmes, qui paient au prix fort et sur leurs besoins essentiels les crises de la dette publique.

Les femmes et les minorités sont les premières victimes des politiques du FMI

Nalini Ratnarajah
Les mesures du FMI ont un impact considérable sur la nutrition des femmes et sur les conditions des accouchements

Nalini Ratnarajah a montré en quoi les femmes et les minorités sont les premières à subir les politiques d'austérité dictées par le FMI.

Les baisses des budgets imposés notamment dans la santé par l'institution financière internationale affectent le système de sécurité sociale, et donc l'accès des femmes et des personnes marginalisées – qui ne peuvent pas se rendre dans les hôpitaux privés – à l'hôpital public et aux médicaments. Ces mesures touchent notamment les conditions d'accouchements des femmes, ainsi que la qualité de leur nutrition, qui est considérablement affectée.

De plus, les violences sexistes et sexuelles augmentent quand la situation économique se dégrade et que l'État se retire. La situation du foyer devient beaucoup plus compliquée et les violences patriarcales ont tendance à se faire plus nombreuses.

Précisons également que les femmes sont les premières à rembourser la dette via leur travail dans les plantations de thé, les taxes qu'elles paient, ou encore leurs envois d'argent depuis les pays du Golfe. Ces trois éléments fournissent des devises ou des revenus au gouvernement pour rembourser la dette extérieure.

Nalini Ratnarajah a également rappelé la croissance de la haine anti-musulman·es, projetée contre les Tamouls. Celle-ci est accentuée par l'influence du pouvoir indien raciste de Modi sur le Sri Lanka.

Microfinance au Sri Lanka : le capital gagne du terrain

Une nouvelle loi a tout simplement interdit les pratiques de prêts traditionnelles, permettant aux institutions de microfinance de gagner toujours plus de terrain

À l'instar des politiques promues par le Fonds monétaire international, les institutions de microfinance poussent des millions de femmes dans le surendettement. En 2018, les taux d'intérêt pratiqués par le secteur de la microfinance ont atteint jusqu'à 220%, provoquant des manifestations importantes des femmes victimes de la microfinance abusive. Celles-ci réclamaient l'annulation de leurs dettes, clamant qu'elles avaient déjà remboursé plusieurs fois compte tenu des taux d'intérêt complètement fous qu'elles ont dû payer.

Sur les 2,4 millions de personnes (dont 2,3 millions de femmes) pris dans le piège de la microfinance, plusieurs milliers ont fait défaut sur leur dette. Dans un contexte préélectoral, le gouvernement a presque encouragé ces femmes à arrêter les paiements et a compensé les pertes des institutions de microfinance avec de l'argent public. Le gouvernement a donc socialisé les pertes de ces institutions financières, comme les États européens l'ont fait avec les banques pendant la crise financière de 2008-2010.

Au moment de l'arrivée de la pandémie de Covid-19, les mobilisations des femmes victimes de microfinance abusive ont logiquement décliné. Celles-ci ont essayé de se rabattre sur des pratiques traditionnelles de prêts entre femmes – les « tontines » en français. Cette pratique réunit un groupe de femmes qui se prêtent à tour de rôle pour des projets conséquents. C'était sans compter sur l'État sri-lankais, qui, via une nouvelle loi, a tout simplement interdit ces formes de prêts !

Cette loi a rendu illégales les pratiques traditionnelles car elle a interdit à quiconque de prêter sans être enregistré·e sur un registre officiel. C'est un cadeau énorme fait au capital et aux institutions de microfinances qui gagnent encore du terrain au détriment de femmes qu'elles poussent dans le surendettement, parfois jusqu'au suicide.

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Iran : des législatives “vides de sens” snobées par les réformateurs et boudées par les électeurs

5 mars 2024, par Courrier international — , ,
Les élections prévues le vendredi 1er mars se joueront uniquement entre conservateurs, le camp réformateur ayant décidé de ne pas présenter de candidats. Un boycott à peine (…)

Les élections prévues le vendredi 1er mars se joueront uniquement entre conservateurs, le camp réformateur ayant décidé de ne pas présenter de candidats. Un boycott à peine voilé, doublé du risque d'une très faible participation, alors que le pouvoir fait déjà face à une crise de légitimité, expliquent les médias iraniens.

Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Une urne symbolique pour les élections parlementaires iraniennes dans une rue de Téhéran, le 26 février 2024. Photo Wana News Agency/Reuters

Depuis des semaines, les dirigeants du régime iranien exhortent les 61 millions d'électeurs à se rendre, le vendredi 1er mars, dans les bureaux de vote afin d'élire leurs 290 représentants au Parlement pour un nouveau mandat de quatre ans. Plongée dans une crise économique aiguë et ayant déjà connu un soulèvement populaire inédit l'an dernier à la suite de la mort de la jeune Kurde Mahsa Amini, la République islamique fait face à un enjeu crucial, d'autant que le précédent scrutin, en 2020, a été marqué par un fort recul du taux de participation. Seuls 42,6 % des électeurs avaient voté, soit le plus faible pourcentage depuis la révolution islamique, en 1979.

Selon le dernier sondage mené par le gouvernement et relayé par le quotidien Etemad, la participation définitive dans l'ensemble du pays risque de ne pas dépasser les 36 %, tandis qu'à Téhéran, la capitale, elle devrait atteindre seulement 18 %. Lancée le jeudi 22 février, la campagne électorale reste, pour le moment, très discrète.

“Il semble que même certains groupes conservateurs n'aient aucun espoir de voir un taux de participation élevé aux prochaines élections”, confie le journal.

Un désintérêt croissant

Le “manque de confiance dans les autorités”, la “corruption dans les sphères supérieures du système” politique du pays, l'“indifférence des parlementaires aux protestations”, ainsi que la “passivité des députés sur la question de l'amélioration des conditions de vie” de la population sont les principales raisons du désintérêt des Iraniens pour cette nouvelle échéance électorale, rapporte de son côté le journal Hammihan.

De nombreuses figures de l'opposition, au sein de la diaspora mais aussi en Iran, ont d'ailleurs appelé ouvertement au boycott des élections. Fait inédit, le Front des réformes, principale coalition des partis réformateurs (qui font partie de la vie politique de la République islamique ; à distinguer des partis ou formations d'opposition en exil) a déclaré qu'elle ne présentera aucun candidat à ces élections “vides de sens” et “non compétitives”.

Cité par le journal Hamdeli, le vice-président de cette coalition, Mohsen Armin, a justifié cette décision par l'absence de liberté, un espace politique de plus en plus “verrouillé” et une société “très en colère”. La “participation aux élections n'aboutira à aucun changement”, a-t-il regretté.

La défiance envers le pouvoir s'est fortement exprimée lors des manifestations sans précédent qui ont éclaté après la mort, en septembre 2022, de Mahsa Amini, une jeune femme morte après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour port du voile inapproprié. La contestation, qui s'est répandue dans tout le pays, a été violemment réprimée par le régime iranien avant de s'éteindre. Mais le feu couve toujours sous les cendres.

“Peur de l'échec” ?

Arrivé au pouvoir en 2021, le président conservateur Ebrahim Raïssi et le camp auquel il appartient tentent de verrouiller davantage un pouvoir politique de plus en plus contesté, y compris de l'intérieur. Pour les législatives de 2024, il n'y aura “plus de compétition entre conservateurs et réformistes”, s'est réjoui, pour sa part, le journal Iran Newspaper, proche du pouvoir. Les réformateurs “ont refusé de se présenter sous prétexte que leurs candidats seraient disqualifiés”, mais “en réalité ils avaient peur de l'échec”, d'après le quotidien.

“Désormais, la principale concurrence se jouera entre les conservateurs eux-mêmes, qui participent [aux élections] avec trois listes”, indique Iran Newspaper.

L'absence de concurrence a d'ailleurs exacerbé les divisions dans le camp des conservateurs. Selon le média d'opposition Radio Farda, le noyau dur du pouvoir, composé notamment du président, Ebrahim Raïssi, et du président de l'Assemblée iranienne, Mohammad Bagher Ghalibaf, constitue le groupe le plus important, majoritaire au sein du Parlement. Les groupes proches des “mollahs traditionnels” forment deux autres listes avec la “jeunesse radicale conservatrice”, précise Radio Farda.

Vers un front d'opposition élargi ?

Le quotidien Kayhan, l'un des principaux journaux ultraconservateurs, a critiqué récemment ces jeunes, les accusant d'être au service de “projets ennemis”. Ils ont “une apparence religieuse et révolutionnaire”, mais ils “ne manquent aucune occasion de critiquer les dirigeants au pouvoir”, a écrit le journal.

Dans le camp adverse, composé essentiellement de mouvements d'opposition en exil, le boycott des élections a conduit à la “formation du plus grand alignement” entre diverses forces politiques, “des réformateurs aux opposants du régime à l'étranger”, constate Radio Farda. Un rapprochement inédit entre des groupes intégrés à la République islamique et ses contempteurs mais qui ne se traduit pas, pour l'instant, par la formation de listes communes ou mixtes.

“Ce niveau de consensus parmi un grand nombre de forces politiques” est “sans précédent” dans l'histoire de la République islamique. Désormais le régime iranien est “confronté à sa plus grande crise de légitimité”, conclut le média d'opposition.

Courrier international

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Inde : la future troisième économie mondiale bientôt aux urnes

5 mars 2024, par Olivier Guillard — , ,
À l'approche des élections générales, le Premier ministre Narendra s'avance en favori pour obtenir un troisième mandat consécutif. Il peut se prévaloir des chiffres insolents (…)

À l'approche des élections générales, le Premier ministre Narendra s'avance en favori pour obtenir un troisième mandat consécutif. Il peut se prévaloir des chiffres insolents de l'économie indienne, souligne Olivier Guillard dans cette tribune.

Tiré de The asialyst. Légende de la photo : Le Premier ministre indien Narendra Modi à la tribune du Bharat Mobility Global Expo 2024, à New Delhi, le 2 février 2024. (PTI Photo) (Source : Asian Age)

Voilà deux mois que le troisième millénaire est entré dans sa 25ème année. Un millésime 2024 particulier à maints égards à cause de ses graves crises, conflits et zones de tension, mais aussi en ce qu'il marquera du sceau de la démocratie et des scrutins délicats rien de moins que sept des 10 pays les plus peuplés du globe. 2024 – « l'année électorale ultime » selon Time Magazine, « la mère de toutes les années électorales » selon l'expression du Council on Foreign Relations. Au total, quatre milliards d'individus ventilés sur une soixantaine d'États convieront leurs électeurs à déposer leur bulletin dans l'urne. L'Asie-Pacifique a entamé tambour battant cette longue procession électorale en organisant depuis janvier quatre scrutins au Bangladesh, à Taïwan, au Pakistan et en Indonésie. D'ici deux mois, un autre acteur asiatique et non des moindres mobilisera à son tour logistique, esprit civique et appétences démocratique pour renouveler son parlement national : l'Inde.

En avril–mai, la « plus grande démocratie du monde » attirera la lumière sur un scrutin aux ordres de grandeur comptables par définition sans pareil avec 980 millions d'individus inscrits sur les listes électorales. Peu importent leur sensibilité politique ou partisane, la plupart des observateurs de ce grand rendez-vous électoral quinquennal – les 18e élections à l'Assemblée nationale ou Lok Sabha – anticipent un très probable nouveau succès de la coalition chevillée autour du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti de l'actuel Premier ministre Narendra Modi au pouvoir depuis 2014. Cette victoire historique plus que plausible confierait à l'énergique ancien ministre-en-chef du Gujarat un troisième mandat consécutif. Une performance politique dont seul avant lui Jawaharlal Nehru (Après des victoires électorales obtenues en 1951, 1957 et 1962) pourrait se prévaloir.

En avril–mai, la « plus grande démocratie du monde » attirera la lumière sur un scrutin aux ordres de grandeur comptables par définition sans pareil avec 980 millions d'individus inscrits sur les listes électorales. Peu importent leur sensibilité politique ou partisane, la plupart des observateurs de ce grand rendez-vous électoral quinquennal – les 18e élections à l'Assemblée nationale ou Lok Sabha – anticipent un très probable nouveau succès de la coalition chevillée autour du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti de l'actuel Premier ministre Narendra Modi au pouvoir depuis 2014. Cette victoire historique plus que plausible confierait à l'énergique ancien ministre-en-chef du Gujarat un troisième mandat consécutif. Une performance politique dont seul avant lui Jawaharlal Nehru* pourrait se prévaloir.

Fort d'une légitimité politique et d'une autorité que bien peu de monde lui dispute dans son pays, le dernier invité d'honneur des cérémonies du 14 juillet à Paris se présente devant l'électorat indien en s'appuyant sur un argument de poids : en 2024, la cinquième économie mondiale – et troisième économie d'Asie – se porte bien. Elle traverse au mieux une conjoncture internationale agitée par des ondes de choc géopolitiques allant des marges orientales de l'Europe au détroit de Taïwan, en passant par un Moyen-Orient en ébullition.

Les médias asiatiques se sont penché sur ce contexte économique opportun, jalousé par nombre d'acteurs étatiques (En 2022, seulement 3 % de croissance du PIB chinois, +2,6 % En Corée du Sud et en Thaïlande et +2,4 % à Taïwan, selon la Banque asiatique de Développement) infiniment moins bien lotis en matière de croissance économique. Les chiffres et les prévisions de croissance pour 2023 et 2024 sont parfois insolents, au regard par exemple de l'atonie générale inquiétante de la zone euro (+0,2 % de croissance du PIB en Allemagne). « Les perspectives de l'économie indienne semblent prometteuses, avec une croissance du PIB de 7 % pour l'exercice 2025, annonce fièrement The Indian Express, en s'appuyant sur les données détaillées du dernier rapport du ministère indien des Finances. Pour l'exercice en cours, l'économie indienne devrait connaître une croissance de + 7,3 %. Ce serait la troisième année consécutive que la croissance du PIB dépasserait les +7 %. » Et pour expliquer ce dynamisme économique indien, l'auteur de l'article met en avant les bénéfices d'une « bonne récolte agricole, la rentabilité soutenue de l'industrie manufacturière, la bonne résistance des services ainsi que l'amélioration attendue de la consommation des ménages et du cycle d'investissement privé ».

Cette incontestable montée en régime du géant d'Asie méridionale n'a pas uniquement profité aux comptes publics ou aux grands trusts industriels du pays. Les 1,4 milliard d'Indiens en ont également perçu des dividendes concrets dans leur vie quotidienne : l'extrême pauvreté a significativement reculé en l'espace de quelques années (Laquelle concernait environ un Indien sur six en 2015 contre désormais moins d'un sur huit), consécutivement aux transferts sociaux vers la population la plus exposée. La santé publique et l'hygiène sont davantage pris en compte par les autorités (projet « Clean India » ou mission « Swachh Bharat Abhiyan » : campagne nationale pour la construction de toilettes publics lancée en 2014), faisant notamment reculer la mortalité infantile.

La construction annuelle depuis 2018 de plus de 10 000 km de routes supplémentaires offre certes à l'économie des gains de productivité importants mais également à la population des possibilités de déplacement nouvelles (trajets plus nombreux, moins heurtés et plus courts). La part du budget dévolue au financement des grands projets d'infrastructures est passée de 0,4 % du PIB en 2014 à 1,7 % aujourd'hui.

La croissance la plus rapide parmi les grandes économie du monde

Cet enthousiasme « comptable » ne se limite pas uniquement aux frontières du pays. Quelque 6 000 km vers l'Est et quatre fuseaux horaires plus loin, dans la capitale de la désormais quatrième économie mondiale, le Japon, l'analyse panoramique des récentes performances économiques et financières indiennes est pareillement allègre. « Cette fois, la croissance économique rapide de l'Inde « a des jambes ». Les facteurs qui avaient précédemment freiné l'élan ont enfin été pris en compte », décrit le Nikkei Asia. Un constat flatteur sans appel : « La qualité des performances récentes de l'économie indienne est incontestable. Le pays a été l'économie majeure à la croissance la plus rapide en 2022 et 2023 et devrait l'être à nouveau en 2024. »

Notons que les titans industriels et autres tout puissants conglomérats indiens se portent pour certains d'entre eux à merveille. C'est notamment le cas de l'incontournable Tata Group (Compagnies aériennes, aérospatiale, conseil, production d'électricité, énergie électrique, finance, hôtellerie, technologies de l'information, commerce de détail, commerce électronique, immobilier, télécommunications, etc. Plus d'un million de salariés) dont le magazine India Today nous apprend que la capitalisation boursière atteint désormais les 365 milliards de dollars – soit 24 milliards de dollars de plus que la totalité du PIB pakistanais (341 milliards de dollars selon le FMI) (En comparaison, pour l'exercice fiscal 2022-2023, l'économie pakistanaise affiche une croissance négative (PIB -0,17 %), handicapée notamment par les inondations majeures et une dette publique plus que préoccupante).

Du reste, le regard européen sur l'insolente bonne santé de l'économie (Pourtant, on reproche à ce dynamisme économique indiscutable de ne pas créer suffisamment d'emplois pour accueillir chaque année les millions de jeunes gens arrivant sur le marché du travail) du pays de Nehru et Gandhi lors de la décennie écoulée, sous le management énergique et pro-business de Narendra Modi, est à l'aune des lectures indienne et nipponne esquissées plus haut. Depuis Davos et son incontournable World Economic Forum (WEF) (L'édition 2024 (54ème du nom) de cette grand-messe mondiale s'est tenue du 15 au 19 janvier 2024), les éloges et satisfécits pleuvent également sur les artisans de la réussite indienne. Pour son président Borge Brende, le PIB indien atteindra d'ici 5 ans le seuil symbolique des 10 000 milliards de dollars, garantissant ainsi à l'Inde le troisième rang mondial derrière les États-Unis et la Chine. « L'économie indienne est celle qui connaît la croissance la plus rapide parmi toutes les grandes économies du monde. Nous avons vu à Davos cette année que l'Inde suscitait un grand intérêt et je pense que cela va continuer […]. Quand on vient en Inde, on ressent un certain optimisme, ce qui n'est pas le cas partout dans le monde », s'enthousiasme l'ancien ministre norvégien des Affaires étrangères (Borge Brende préside le WEF depuis 2017), confiant au passage : « Le Premier ministre indien Narendra Modi est toujours le bienvenu à Davos ». Un témoignage nécessairement apprécié du côté du Panchavati, la résidence officielle du chef de gouvernement indien.

Que de chemin parcouru depuis 2014. Qui se souvient aujourd'hui qu'une douzaine d'années plus tôt – en 2013 précisément, un an avant l'arrivée aux affaires de Narendra Modi -, la très respectée banque américaine Morgan Stanley intégrait l'Inde dans le cercle peu flatteur des économies de marché émergentes vulnérables, surnommées les « cinq fragiles » du fait notamment de leur dépendance aux capitaux étrangers pour alimenter leur économie ou de l'importance du déficit de leur balance courante. Un club comprenant à cette époque le Brésil, la Turquie, l'Afrique du Sud, l'Indonésie, et donc l'Inde.

En août dernier, depuis l'emblématique Fort Rouge de New Delhi où l'on célébrait le Jour de l'Indépendance, le Premier ministre Narendra Modi promettait à ses concitoyens que leur économie intégrerait le club huppé des économies développées d'ici 2047, année qui honorerait le centenaire de l'indépendance nationale, obtenue à l'été 1947. 23 ans avant cette échéance historique autant que symbolique, les augures semblent favorables à pareille prophétie.

Propos recueillis par Olivier Guillard

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À Soueïda, les Druzes enclenchent leur propre révolution

5 mars 2024, par Mazen Ezzi — , ,
Depuis août 2023, la province de Soueïda connaît des manifestations régulières appelant au changement du régime de Bachar Al-Assad. Le mercredi 28 février, un manifestant a été (…)

Depuis août 2023, la province de Soueïda connaît des manifestations régulières appelant au changement du régime de Bachar Al-Assad. Le mercredi 28 février, un manifestant a été tué par les tirs des forces de sécurité, provoquant un déferlement de colère de la part de la population locale.

Tiré de NPA 29
Photo :Manifestation pacifique contre le régime syrien à Soueïda, le 29 septembre 2023 Sam Hariri/AFP

Ce mouvement de contestation, démarré douze ans après le soulèvement populaire qui s'est transformé en une guerre civile, étonne, surtout de la part de la communauté druze, soucieuse jusque-là de conserver sa neutralité. Le chercheur et journaliste Mazen Ezzi nous livre son point de vue sur la mobilisation en cours dans la région.

Quand Orient XXI m'a demandé d'écrire un article sur les événements qu'a connus la province de Soueïda, afin de rendre cela plus accessible à un lecteur non-arabe et non-spécialiste, j'étais vraiment heureux. J'ai toujours écrit en arabe ou en anglais, et je ne me suis jamais adressé à un lecteur francophone, alors que je vis comme réfugié à Paris depuis cinq ans.

Très vite cependant, la difficulté de la tâche m'est apparue. Comment en effet écrire un article explicatif portant sur une question proche-orientale extrêmement complexe, qui a ses propres dynamiques, sa propre histoire et son propre contexte, sans se perdre dans les détails ? Ce texte est censé répondre à une question simple : pourquoi une région syrienne limitrophe et périphérique, où vit une petite minorité ethnique, a connu en 2023 des manifestations pacifiques réclamant un changement politique ?

Pour y répondre, il faut d'abord souligner que, ce qui est surprenant dans cette contestation pacifique et populaire à Soueïda, c'est qu'elle advient douze ans après la révolution syrienne de 2011 contre un régime dictatorial en place depuis soixante ans.

La dernière décennie a connu une guerre civile qui a causé la mort de près d'un demi-million de personnes et le déplacement de six millions de réfugiés, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, ainsi que l'arrestation de centaines de milliers de personnes, la destruction de villes et de villages entiers, mais aussi la division du pays entre cinq armées étrangères, qui ont chacune leur base et leur zone d'influence.

Une guerre durant laquelle des crimes contre l'humanité ont été commis, des politiques de changement démographique ont été menées et, dans certains cas, des mesures de nettoyage ethnique ont été appliquées. Tout cela dans un pays marqué également par des crises globales – et non des moindres –, comme le réchauffement climatique.

Une contestation festive

Commençons par les manifestations pacifiques : celles-ci se poursuivent depuis le mois d'août dernier dans la province à majorité druze de Soueïda, dans le sud du pays. Les revendications, l'organisation, les formes et les moyens de cette contestation sont très ancrés dans l'environnement local.

Les habitants ont ainsi décidé que le moment était venu de mettre fin au règne du parti Baas, au pouvoir depuis 1963. Ses locaux qui n'ont pas été fermés à travers la province ont été récupérés par la population — puisqu'ils tombaient légalement sous le régime de la propriété publique — pour en faire des crèches, des écoles, des dispensaires ou même des centres de développement communautaire.

Les manifestants tentent de recourir à divers moyens de lutte pacifique, à travers des célébrations quotidiennes sur les grandes places des 130 villes et villages de la province. Un important mouvement féministe, enraciné localement et porté par des revendications spécifiques (égalité, nationalité, etc.), participe également à cette mobilisation. Concerts, chants, festivals, spectacles équestres et folkloriques, chants populaires ou improvisés au gré des événements… tout cela donne une dimension politique supplémentaire aux demandes des protestataires, que le régime est incapable de satisfaire.

Ces manifestations bénéficient d'un large soutien, notamment parmi de nombreux fonctionnaires et employés de l'État, historiquement loyaux au pouvoir en place, dont ils tirent profit en retour. Mais ces employés, comme les classes moyennes en général, sont désormais touchés par l'incapacité des autorités à assurer les moyens de subsistance quotidiens, comme le taux de change de la livre, le pouvoir d'achat, les salaires, le prix du carburant, la fourniture d'électricité, l'accès à l'eau potable, les infrastructures, la santé, l'éducation et le système judiciaire.

L'État est en faillite et son financement dépend principalement de l'emploi de personnes qui ne reçoivent pas de réelle compensation. Outre la poursuite du train de vie luxueux des membres du petit groupe à la tête du pays, la priorité du pouvoir est de maintenir les services de sécurité et l'armée, ainsi que sa gigantesque machine bureaucratique.

Une victoire au goût de défaite

La contestation actuelle est une réponse directe à la récente libéralisation des prix instaurée par le gouvernement. Cette décision a entraîné une nouvelle dévaluation de la livre — et du pouvoir d'achat —, accentuant la détresse de la populations face à la menace de famine, d'autant que plus de la moitié des Syriens souffrent gravement d'insécurité alimentaire.

La détérioration économique s'est accélérée depuis que le conflit armé a relativement diminué à partir de 2018, c'est-à-dire depuis la victoire militaire — aux airs de défaite politique — remportée par les forces du régime sur les rebelles autour de Damas, à Deraa et à Homs, entraînant le déplacement forcé des opposants vers le nord-ouest de la Syrie.

Cette victoire a été obtenue au prix de la destruction de villes et de régions entières, de réseaux routiers et d'électricité ainsi que des infrastructures. Un changement démographique a ciblé la population des campagnes sunnites et de certains des plus grands bidonvilles entourant Alep et Damas. Le succès militaire du régime est une victoire au goût amer, celle de la violence de l'État sur la société. Elle ne peut avoir de bénéfice sur le plan politique tant que le seul langage utilisé par le régime est celui de la force et des armes.

Les récentes manifestations — ou le soulèvement populaire comme les gens préfèrent l'appeler — constituent le point culminant d'un long mouvement de protestation qui a commencé à Soueïda en 2011. La première vague de manifestation pacifique s'est déroulée de 2011 à 2014. Elle se caractérisait par son élitisme et par le faible nombre de participants. En 2020, le mouvement s'est élargi et renforcé grâce notamment à la forte implication des jeunes, avec des campagne de protestation menées sous les slogans « Khna'touna » (« Vous nous étouffez ») et « Bedna n'ich » (« Nous voulons vivre »). Le soulèvement de 2022 était quant à lui dirigé contre les gangs de sécurité affiliés au régime et mené par des factions armées locales.

« L'union des minorités »

Soueïda fait partie des zones placées sous le contrôle fragile du régime, étant donné qu'il s'agit d'une région périphérique de la Syrie, qu'aucune route internationale ne traverse et où il n'y a pas de passage douanier bien qu'elle partage une longue frontière avec la Jordanie. Elle ne compte pas non plus de richesses ou de ressources naturelles dont le régime pourrait avoir besoin. La province est habitée par la minorité druze, qui constitue environ 3 % de la population syrienne, et sa population n'y dépasse pas le demi-million.

Depuis début 2011, le régime syrien a préféré ne pas intervenir directement à Soueïda, pour éviter les frictions avec les Druzes et s'assurer leur loyauté dans le conflit armé avec les sunnites, qui constituent 70 % de la population — le cercle décisionnel, la direction des services de sécurité et militaires, ainsi que les institutions gouvernementales les plus importantes sont quant à eux majoritairement contrôlés par les Alaouites, qui représentent seulement 12 % de la population du pays.

Face au narratif de la révolution syrienne prônant le renversement populaire du régime, celui-ci a opposé son propre récit selon lequel il existerait une alliance des minorités face à la menace extrémiste sunnite. C'est ainsi que le pouvoir a autorisé une petite marge de manœuvre aux habitants de Soueïda, comme il l'a fait — mais de manière plus large et plus systématique — dans les régions kurdes du nord-est de la Syrie.

La présence de l'armée a alors diminué au fil du temps, tout comme les interférences directes en matière de sécurité dans la vie quotidienne de la population. Ainsi, depuis la mi-2014, des groupes civils armés sont apparus à Soueïda pour protéger leurs territoires, notamment le mouvement Rijal Al-Karama (Les Hommes de la dignité), le plus important groupe d'autodéfense de la région, en plus d'un large éventail de milices loyales au pouvoir et de factions de sécurité proches du régime.

Cette faible marge de manœuvre et la présence des forces armées locales ont permis à la province d'adopter une position neutre à l'égard de la guerre depuis 2014. En ayant recours à une fatwa stipulant que toute personne tuée au combat n'aurait pas droit à la prière funéraire, les Druzes ont empêché leurs enfants de rejoindre les rangs de l'armée pour se battre ou de faire le service militaire, qui est pourtant obligatoire. D'autre part, le voisinage avec des factions armées de l'opposition actives à la frontière de la province, du côté de la campagne de Damas et de Deraa, est devenu de plus en plus difficile en raison de l'islamisation et de la radicalisation de ces factions. À plusieurs reprises, de violents affrontements ont éclaté entre elles et les groupes armés locaux.

Cette position de neutralité a eu pour effet la détérioration des relations entre le régime et Soueïda, et au fil du temps, la région s'est transformée en une espèce de grande prison que beaucoup de jeunes hommes ne pouvaient plus quitter, sous peine d'être arrêtés aux points de contrôle militaires ou aux barrages de sécurité entourant la province et d'être obligés d'effectuer leur service militaire.

De tels incidents au cours des dernières années ont provoqué des conflits et des heurts récurrents entre le régime et la communauté locale. À chaque fois qu'un jeune homme originaire de la province était arrêté dans une autre région du pays, les familles répondaient en enlevant des officiers ou des employés de l'État pour servir de monnaie d'échange. Car souvent, le seul moyen d'obtenir l'attention du régime est d'exercer une pression sur lui.

Trafic de captagon

Cette neutralité a permis à Soueïda de ne pas subir directement et militairement la guerre. En même temps, elle a amené Damas à marginaliser toujours plus cette région, en réduisant notamment les subventions publiques. Le traitement par le régime de la « question de Soueïda » s'est réduit essentiellement à la sécurité, comme cela s'est produit en septembre 2015 avec l'attentat à la bombe contre le convoi transportant cheikh Wahid Al-Bal'ous, fondateur des Hommes de la dignité. L'assassinat d'Al-Bal'ous a représenté un coup dur, quoique non fatal, porté à la première tentative locale d'organisation et d'autoprotection, destinée à garantir une neutralité totale entre les différentes parties en guerre.

L'indifférence du régime à l'égard de la province a atteint son paroxysme fin 2018, lorsque l'Organisation de l'État islamique (OEI) a attaqué les villages situés dans la partie est du pays, causant la mort de centaines de civils. Seules les factions armées locales ont pu repousser cette offensive, sans que l'armée syrienne n'intervienne. Or, la plupart des membres de l'OEI qui ont perpétré le massacre dans le désert oriental de Soueïda venaient du camp de Yarmouk, à Damas, conformément à un accord que l'organisation djihadiste avait conclu avec le régime sous parrainage russe quelques mois auparavant, pour mettre fin à la guerre ravageant le camp.

Au fil du temps, ce chaos « géré » par les forces de sécurité a mis en lumière le rôle pivot de Soueïda dans le trafic de drogue, la région étant devenue une plaque tournante pour l'acheminement du captagon vers la Jordanie et, de là, vers le Golfe Arabo-Persique. Le flou entretenu par le régime au prétexte de cette instabilité régionale a permis d'atteindre deux objectifs : ne pas fournir de services de base à la population, et justifier auprès d'Amman l'impossibilité de contrôler entièrement la frontière entre les deux pays.

En plus du trafic de captagon vers la Jordanie, la région a été inondée par la drogue, et des gangs criminels présents dans tous les domaines de l'économie de guerre ont pullulé, pratiquant les enlèvements contre rançon, les vols et le trafic de drogue et d'armes, et se livrant à de nombreux assassinats. La situation a poussé les jeunes hommes et femmes de Soueïda vers les routes de l'exil.

Dans ce contexte, il n'est guère surprenant de voir qu'au cours des récentes manifestations, la colère civile soit dirigée directement contre le régime syrien et qu'elle exige son changement à travers la mise en œuvre de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée en décembre 2015. Celle-ci prévoit le lancement d'un processus politique en Syrie, qui passerait par un transfert pacifique du pouvoir, avec la participation du régime, à une autorité civile de transition, en vue d'établir un système démocratique pluraliste. Cependant ce processus politique est gelé et le régime refuse d'y prendre part car il implique un réel partage du pouvoir avec l'opposition.

Tentatives de division

Mais Soueïda ne figure pas sur la liste des intérêts prioritaires de Damas. Depuis le début des manifestations, aucun responsable gouvernemental, législatif, militaire, judiciaire ou sécuritaire n'en a parlé ou ne s'est rendu dans la province. Il semble plutôt qu'après deux mois de protestations le régime ait choisi d'ignorer ce qui s'y passe. Car utiliser la répression à l'encontre des Druzes saperait son narratif sur la guerre contre le terrorisme islamique radical.

Ceux-ci forment une alliance tribale qui adhère à une secte mystique et hermétique. Ils ne sont pas partisans du « djihad », ils ne versent pas dans le prosélytisme et n'ont pas de visées expansionnistes. Ce sont des paysans qui vivent dans une zone frappée par la sécheresse et le manque d'eau, et par le dérèglement climatique qui commence à affecter leur production agricole de pommes, de raisins, de cerises, d'olives et de céréales.

L'État représente un fardeau pour ces paysans, entièrement dépendants des sociétés de vente au détail liées au régime qui achètent leurs récoltes à des prix qui couvrent à peine les coûts de production. L'aide fournie par les organisations internationales est redirigée vers les partenaires du Trust syrien pour le développement (STD), une ONG dirigée par Asma Al-Assad, l'épouse du chef de l'État. Le STD travaille avec toutes les organisations étrangères autorisées à exercer dans les zones contrôlées par le pouvoir.

Le régime ne cherche pas nécessairement à mater par la force le mouvement de protestation, mais il s'efforce constamment de diviser les rangs des manifestants, de les monter les uns contre les autres, de les accuser de vouloir faire sécession et d'intelligence avec l'étranger, y compris Israël. Les autorités mobilisent également les réseaux de ceux qui ont historiquement bénéficié de ses largesses, notamment les chefs religieux et traditionnels druzes, à Soueïda, dans la campagne de Damas et à Quneitra, sur le plateau du Golan, ainsi qu'au Liban, pour affaiblir le soulèvement.

Ces accusations ne trouvent aucun écho dans la province, où il semble que les gens, malgré la faim, la fatigue et l'oppression, restent convaincus que la seule solution pour eux et pour le reste de la population est un changement politique réel et pacifique qui garantisse une transition pacifique la démocratie.

Malgré ce chemin long et difficile, les manifestants tentent de maintenir la dialogue, de réfléchir et de trouver des solutions aux difficultés quotidiennes qui les accablent. Ils aspirent à une gouvernance locale et solidaire, de bas en haut, qui fait défaut aux Syriens depuis des décennies. La communauté locale s'efforce ainsi, à travers un mouvement de protestation pacifique et sans s'appuyer sur aucun allié interne ou externe, de faire face à un régime dictatorial dirigé par une junte militaro-sécuritaire, sortie victorieuse d'une guerre civile dévastatrice.

Puis-je dire à présent que la difficulté pour moi n'a pas été tant d'écrire pour un lecteur étranger et non-spécialiste que d'expliquer les causes de ce miracle de Soueïda ?

Mazen Ezzi Traduit de l'arabe par Sarra Grira.

Journaliste et chercheur syrien, originaire de Soueïda, installé à Paris.

https://orientxxi.info/

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« Nous ne serons pas complices de la violation du droit international par Israël »

5 mars 2024, par Internationale Progressiste — , , , ,
Nous, les parlementaires signataires de cette lettre, déclarons notre engagement à mettre fin aux ventes d'armes de nos nations à l'État d'Israël. Nos bombes et nos balles ne (…)

Nous, les parlementaires signataires de cette lettre, déclarons notre engagement à mettre fin aux ventes d'armes de nos nations à l'État d'Israël. Nos bombes et nos balles ne doivent pas être utilisées pour tuer, mutiler et déposséder les Palestiniens. Mais c'est le cas : nous savons que des armes mortelles et leurs pièces détachées, fabriquées ou expédiées par nos pays, contribuent actuellement à l'assaut israélien contre la Palestine, qui a fait plus de 30 000 morts à Gaza et en Cisjordanie.

Tiré du blogue de l'auteur.

Nous ne pouvons pas attendre. À la suite de l'arrêt provisoire rendu par la Cour internationale de justice (CIJ) dans l'affaire de la Convention sur le génocide contre l'État d'Israël, l'embargo sur les armes n'est plus une nécessité morale, mais une obligation légale.

Nous ne nous rendrons pas complices des graves violations du droit international commises par Israël. La CIJ a ordonné à Israël de ne pas tuer, blesser ou « [infliger] délibérément aux [Palestiniens] des conditions d'existence visant... leur destruction physique ». Israël a refusé. Au lieu de cela, ils poursuivent l'assaut prévu sur Rafah qui, selon le secrétaire général des Nations unies, « augmentera de façon exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire ».

Aujourd'hui, nous prenons position. Nous allons prendre des mesures immédiates et coordonnées dans nos assemblées législatives respectives pour empêcher nos pays d'armer Israël.

Signataires

Janet Rice, Parlement australien

Larissa Waters, Parlement australien

David Shoebridge, Parlement australien

Jordon Steele-John, Parlement australien

Lidia Thorpe, Parlement australien

Adam Bandt, Parlement australien

Max Chandler-Mather , Parlement australien

Elizabeth Watson-Brown, Parlement australien

Stephen Bates, Parlement australien

Sarah Hanson-Young, Parlement australien

Peter Whish-Wilson, Parlement australien

Nick McKim, Parlement australien

Mehreen Faruqi, Parlement australien

Dorinda Cox, Parlement australien

Barbara Pocock, Parlement australien

Penny Allman-Payne, Parlement australien

Peter Mertens, Parlement fédéral belge

Ludwig Vandenhove, Parlement fédéral belge

Melissa Depraetere, Parlement fédéral belge

Jos D'Haese, Belgique, Parlement flamand

Germain Mugemangango, Belgique, Parlement wallon

Nilto Tatto, Congrès national brésilien

Célia Xakriabá, Congrès national brésilien

Chico Alencar, Congrès national brésilien

Erika Hilton, Congrès national brésilien

Fernanda Melchionna, Congrès national brésilien

Guilherme Boulos, Congrès national brésilien

Glauber Braga, Congrès national brésilien

Henrique Vieira, Congrès national brésilien

Ivan Valente, Congrès national brésilien

Luciene Cavalcante, Congrès national brésilien

Luiza Erundina, Congrès national brésilien

Sâmia Bomfim, Congrès national brésilien

Talíria Petrone, Congrès national brésilien

Tarcísio Motta, Congrès national brésilien

Niki Ashton, Parlement canadien

Matthew Green, Parlement canadien

Alma Dufour, Assemblée nationale française

Nadège Abomangoli, Assemblée nationale française

Laurent Alexandre, Assemblée nationale française

Gabriel Amard, Assemblée nationale française

Ségolène Amiot, Assemblée nationale française

Farida Amrani, Assemblée nationale française

Rodrigo Arenas, Assemblée nationale française

Clémentine Autain, Assemblée nationale française

Ugo Bernalicis, Assemblée nationale française

Christophe Bex, Assemblée nationale française

Carlos Martens Bilongo, Assemblée nationale française

Manuel Bompard, Assemblée nationale française

Idir Boumertit, Assemblée nationale française

Louis Boyard, Assemblée nationale française

Aymeric Caron, Assemblée nationale française

Sylvain Carrière, Assemblée nationale française

Florian Chauche, Assemblée nationale française

Sophia Chikirou, Assemblée nationale française

Hadrien Clouet, Assemblée nationale française

Éric Coquerel, Assemblée nationale française

Alexis Corbière, Assemblée nationale française

Jean-François Coulomme, Assemblée nationale française

Catherine Couturier, Assemblée nationale française

Hendrik Davi, Assemblée nationale française

Sébastien Delogu, Assemblée nationale française

Karen Erodi, Assemblée nationale française

Martine Etienne, Assemblée nationale française

Emmanuel Fernandes, Assemblée nationale française

Sylvie Ferrer, Assemblée nationale française

Caroline Fiat, Assemblée nationale française

Perceval Gaillard, Assemblée nationale française

Raquel Garrido, Assemblée nationale française

Clémence Guetté, Assemblée nationale française

David Guiraud, Assemblée nationale française

Mathilde Hignet, Assemblée nationale française

Rachel Keke, Assemblée nationale française

Andy Kerbrat, Assemblée nationale française

Bastien LachaudFrançais, Assemblée nationale

Maxime Laisney, Assemblée nationale française

Arnaud Le Gall, Assemblée nationale française

Antoine Léaument, Assemblée nationale française

Élise Leboucher, Assemblée nationale française

Charlotte Leduc, Assemblée nationale française

Jérôme Legavre, Assemblée nationale française

Sarah Legrain, Assemblée nationale française

Murielle Lepvraud, Assemblée nationale française

Élisa Martin, Assemblée nationale française

Pascale Martin, Assemblée nationale française

William Martinet, Assemblée nationale française

Frédéric Mathieu, Assemblée nationale française

Damien Maudet, Assemblée nationale française

Marianne Maximi, Assemblée nationale française

Manon Meunier, Assemblée nationale française

Jean-Philippe Nilor, Assemblée nationale française

Danièle Obono, Assemblée nationale française

Nathalie Ozio, Assemblée nationale française

Mathilde Panot, Assemblée nationale française

René Pilato, Assemblée nationale française

François Piquemal, Assemblée nationale française

Thomas Portes, Assemblée nationale française

Loïc Prud'homme, Assemblée nationale française

Adrien Quatennens, Assemblée nationale française

Jean-Hugues Ratenon, Assemblée nationale française

Sébastien Rome, Assemblée nationale française

François Ruffin, Assemblée nationale française

Aurélien Saintoul, Assemblée nationale française

Michel Sala, Assemblée nationale française

Danielle Simonnet, Assemblée nationale française

Ersilia Soudais, Assemblée nationale française

Anne Stambach-Terrenoir, Assemblée nationale française

Andrée Taurinya, Assemblée nationale française

Matthias Tavel, Assemblée nationale française

Aurélie Trouvé, Assemblée nationale française

Paul Vannier, Assemblée nationale française

Léo Walter, Assemblée nationale française

Andrej Hunko, Bundestag allemand

Nicole Gohlke, Bundestag allemand

Bernd Riexinger, Bundestag allemand

Kathrin Vogler, Bundestag allemand

Sevim Dagdelen, Bundestag allemand

Ates Gürpinar, Bundestag allemand

Thomas Pringle, Oireachtas irlandais

Jimmy Dijk, Parlement des Pays-Bas

Sarah Dobbe, Parlement des Pays-Bas

Mariana Mortágua, Parlement portugais

Pedro Filipe Soares, Parlement portugais

José Soeiro, Parlement portugais

Joana Mortágua, Parlement portugais

Isabel Pires, Parlement portugais

Laura Castel, Cortes Generales espagnoles

Gerardo Pisarello, Cortes Generales espagnoles

Ione Belarra, Cortès générales espagnoles

Javier Sánchez, Cortès générales espagnoles

Joan Queralt Jiménez, Cortès générales espagnoles

Hèctor Sánchez Mira, Cortès générales espagnoles

Enrique Santiago, Cortès générales espagnoles

Engracia Rivera Arias, Cortès générales espagnoles

Mertxe Aizpurua, Cortès générales espagnoles

Oskar Matute, Cortès Générales espagnoles

Gorka Elejabarrieta, Cortès Générales espagnoles

Josu Estarrona, Cortès générales d'Espagne

Félix Alonso, Cortès générales espagnoles

Tesh Andala, Cortès générales espagnoles

Eloi Badia, Cortès Générales espagnoles

Rafael Cofiño, Cortès générales espagnoles

Íñigo Errejón, Cortès générales espagnoles

Esther Gil de Reboleño, Cortès générales espagnoles

Nahuel González, Cortès générales espagnoles

Txema Guijarro, Cortès générales espagnoles

Alberto Ibañez, Cortès générales d'Espagne

Manuel Lago, Cortès générales espagnoles

Alberto Ibañez , Cortès Générales espagnoles

Carlos Martín, Cortès générales espagnoles

Verónica Martínez, Cortès Générales espagnoles

Lander Martínez, Cortès Générales espagnoles

Águeda Micó, Cortès Générales espagnoles

Gala Pin, Cortes Generales espagnoles

Jorge Pueyo, Cortes Generales espagnoles

Engracia Rivera, Cortès générales espagnoles

Agustín Santos, Cortès générales espagnoles

Francisco Sierra, Cortès générales espagnoles

Juan Antonio Valero, Cortès générales espagnoles

Vicenç Vidal, Cortès générales d'Espagne

Aina Vidal, Cortès générales d'Espagne

Sevilay Çelenk , Grande Assemblée nationale de Turquie

Cengiz Çandar, Grande Assemblée nationale de Turquie

Sezgin Tanrıkulu, Grande Assemblée nationale turque

Burcugul Cubuk, Grande Assemblée nationale turque

Ozgul Saki, Grande Assemblée nationale turque

Gulistan Kılıc Kocyigit, Grande Assemblée nationale turque

Kamuran Tanhan, Grande Assemblée nationale turque

Halide Turkoglu, Grande Assemblée nationale turque

Gulcan Kacmaz Sayyigit, Grande Assemblée nationale turque

Omer Faruk Gergerlioglu, Grande Assemblée nationale turque

George Aslan, Grande Assemblée nationale turque

Adalet Kaya, Grande Assemblée nationale turque

İbrahim Akin, Grande Assemblée nationale turque

Sezai Temelli, Grande Assemblée nationale turque

Semra Gokalp Caglar, Grande Assemblée nationale turque

Jeremy Corbyn, Parlement britannique

Claudia Webbe, Parlement britannique

Jon Trickett, Parlement britannique

Zarah Sultana, Parlement britannique

Nadia Whittome, Parlement britannique

Katy Clarke, Parlement britannique

Mick Whitley, Parlement britannique

Bell Ribeiro-Addy, Parlement britannique

Sam Tarry, Parlement britannique

Colum Eastwood, Parlement britannique

Chris Stephens, Parlement britannique

John Hendy, Parlement britannique

Martyn Day, Parlement britannique

Allan Dorans, Parlement britannique

Richard Thomson, Parlement britannique

Alan Brown, Parlement britannique

Philippa Whitford, Parlement britannique

Stuart McDonald, Parlement britannique

Tommy Sheppard, Parlement britannique

John McDonnell, Parlement britannique

Kim Johnson, Parlement britannique

Beth Winter, Parlement britannique

Richard Burgon, Parlement britannique

Ian Lavery, Parlement britannique

Rachael Maskell, Parlement britannique

Christine Blower, Parlement britannique

Amy Callaghan, Parlement britannique

Apsana Begum, Parlement britannique

David Linden, Parlement britannique

Gavin Newlands, Parlement britannique

Ian Mearns, Parlement britannique

Ian Byrne, Parlement britannique

Grahame Morris, Parlement britannique

Imran Hussain, Parlement britannique

Kate Hollern, Parlement britannique

Clive Lewis, Parlement britannique

Patricia Gibson, Parlement britannique

Anne McLaughlin, Parlement britannique

Joanna Cherry , Parlement britannique

Deidre Brock, Parlement britannique

Rashida Tlaib, Congrès américain

Cori Bush, Congrès américain

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