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Budget du Québec 2024 ; les réactions syndicales et populaires

12 mars 2024, par Presse-toi à gauche — , ,
Voici la revue de presse des réactions au dépôt du budget Girard. Vous trouverez les communiqués émis par les organisations syndicales et populaires ainsi que par Québec (…)

Voici la revue de presse des réactions au dépôt du budget Girard. Vous trouverez les communiqués émis par les organisations syndicales et populaires ainsi que par Québec solidaire. Ils seront mis en ligne au fur et à mesure de leur parution.

#Le Groupe des treize - #Québec solidaire - #FRAPPRU - #Auberges du cœur du Québec - #Réseau des conseils régionaux de... - #SFPQ - #FSSS-CSN - #FADOQ - #RQ-ACA - # CSQ - #FIQ - #FECQ - #APTS - #Banques alimentaires du Québec - #FTQ - #SPGQ - #CSD - #IRIS - #CSN - #Haroun Bouazzi - #Collectif pour un Québec sans pau... -


Quelques faits saillants du budget 2024-2025 - Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Ouébec-Charlevoix)
15 mars 2024 | tiré de Facebook du RGF

Hier, le ministre des finances déposait un budget « exigeant et responsable », un budget décevant qui ne permet pas d'améliorer la qualité de vie de la population, d'améliorer nos services publics et nos programmes sociaux et de surmonter la crise écologique.

Rappelons le refus du gouvernement d'annuler sa baisse d'impôts du dernier budget provincial qui prive l'État de 1,7 milliard$ par année et de réinvestir cet argent dans le filet social. Les allègements fiscaux consentis par la CAQ depuis son arrivée au pouvoir privent le gouvernement de 2,7 milliards de dollars annuellement. Ces choix politiques ont des conséquences ! Nous sommes précipitées vers une nouvelle période d'austérité alors que les solutions, elles existent et elles sont multiples : instauration d'un impôt sur le patrimoine du 1% des plus riches, réinstauration de la taxe sur le capital pour les banques, augmentation du nombre de paliers d'imposition, imposition plus grande des dividendes et des gains en capital, augmentation des impôts des grandes entreprises, fin de l'évitement et de l'évasion fiscale.

Quelques points saillants du budget :

Absence d'analyse différenciée selon les sexes dans une perspective intersectionnelle (ADS+) du budget 2024-2025.
Pour la lutte à la pauvreté : annonce d'un insuffisant 784 M$ pour les cinq prochaines années afin de « réduire la pauvreté et favoriser l'inclusion sociale » (investissement pour le transport pour les personnes à mobilité réduite, financement d'actions dans les communautés, soutien à l'aide alimentaire, conservation d'un maigre 10 % des gains de travail nets pour les personnes assistées sociales).
Pour la régie des rentes : Fin de la disparité de traitement pour les personnes invalides de plus de 65 ans qui voyaient leurs revenus diminuer considérablement lorsque leurs prestations d'invalidité s'arrêtaient.
Pour le logement : pas de financement pour de nouveaux logements sociaux. Nouvel investissement pour soutenir l'exploitation et la rénovation de HLM, poursuite de la bonification du programme Allocation-logement.
Pour le transport en commun : Bonification d'un maigre 0,29% des infrastructures de transport en commun, alors que les sommes allouées au réseau routier augmentent de 10%.
Violence conjugale : Investissement de 140 millions de dollars sur 5 ans pour déployer le Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle. Aucun budget dédié à la construction de maisons d'hébergement.
Pour les organismes en santé et services sociaux : Ajout d'un maigre 39M$ pour les organismes communautaires en santé et services sociaux sans garantie que ce montant aille à la mission globale.
Pour l'éducation : Les dépenses dans le système d'éducation augmenteront de 7,6% (à titre comparatif, les dépenses doivent augmenter d'au moins 7 % pour suivre la croissance des coûts en éducation, donc très peu de nouvel argent).
Pour la santé : 4,2 % de croissance en 2024-2025 (une baisse comparativement à l'année dernière où la croissance du budget 2023-2024 de la santé était de 7,7 %). Poursuite de la privatisation des services de santé (chirurgies, mini-hôpitaux privés), augmentation des sommes pour les soins à domicile.
Pour l'environnement : Les annonces se limitent à un maigre 20,8 M$ et sont toutes affectées à l'adaptation aux changements climatiques.
Pour la transition écologique : 1,86 G$ par année sont prévus dans le Plan pour une économie verte, ce qui représente à peine 1% des dépenses totales de l'État québécois.
Pour les services de garde : aucune somme supplémentaire.


Budget du Québec : la CAQ brise sa promesse de compléter le réseau des CPE - Québec solidaire

QUÉBEC, le 14 mars 2024 - Suite au dévoilement du budget 2024-2025, Québec solidaire et Ma place au travail dénoncent la promesse brisée de la CAQ de compléter le réseau de CPE et le manque de mesures pour les familles québécoises.

« Le Grand chantier des familles se retrouve désormais lui aussi au cimetière des promesses brisées du gouvernement caquiste alors que les sommes nécessaires à la complétion du réseau des CPE avant mars 2025 ne sont pas au rendez-vous dans le budget. Alors que des milliers de parents, principalement des femmes, comptaient sur la ministre de la Famille pour regagner leurs emplois, ces derniers se butent à un autre engagement rompu. La CAQ a décidé que la petite-enfance ne faisait plus partie de ses priorités et c'est inacceptable ! » souligne Guillaume Cliche-Rivard, responsable solidaire pour le dossier Famille.

« Le gouvernement nous a toujours assuré que le Grand chantier pour les familles réglerait la pénurie et que, d'ici 2025, le réseau des garderies serait complété. Mais suite aux annonces du plus récent budget, force est de constater que cela n'arrivera tout simplement pas. Disons-le carrément : le Grand chantier pour les familles est un échec. » a ajouté Marilou Fuller, directrice générale de Ma place au travail.


Budget 2024-2025 : la CAQ maintient le cap droit dans le mur (Le Groupe des treize)

Montréal, le 13 mars 2024 — Le Groupe des Treize (G13), coalisant vingt-trois organisations féministes nationales engagées dans la défense des droits des femmes au Québec, accueille avec perplexité le budget 2024-2025 du gouvernement caquiste. Le G13 s'inquiète de l'absence de solutions structurantes aux crises auxquelles la société québécoise fait face et de la tactique employée pour justifier la mise en place, dès l'année prochaine, de mesures d'austérité.

Le gouvernement caquiste a annoncé, hier, son budget centré sur la santé et l'éducation. Tandis que les médias répétaient avec insistance le déficit historique de 11 milliards, notre perplexité à l'égard du budget et du discours médiatique grandissait : « Tout se passe comme si le gouvernement ne prenait pas acte des nombreuses crises qui sévissent au Québec, actuellement : la crise environnementale, la crise du logement, la crise de nos services publics, l'aggravation de la pauvreté et l'accroissement des inégalités ! », s'exclame Sara Arsenault, de la Fédération des femmes du Québec.

Les membres du G13 regroupent des organismes communautaires qui travaillent au quotidien avec, par et pour les personnes les plus affectées par ces crises. « Qu'y a-t-il dans ce budget, M. Legault, pour les femmes et les personnes les plus marginalisées ? », demande Marie-Eve Blanchard du Regroupement Naissances Respectées (RNR). Rien de nouveau pour faire face à la crise du logement, rien pour permettre aux personnes assistées sociales de vivre dignement, et ce, dans un contexte où une réforme en santé, pourtant vertement critiquée et passée sous bâillon, donne une large part au privé ; où une stratégie en égalité se poursuit sans ministère pour la coordonner ; où un silence assourdissant en matière d'environnement pèse lourd.

Pour nous, expertes en matière d'égalité, l'absence chronique d'analyse différenciée selon les sexes dans une perspective intersectionnelle (ADS+) du budget gouvernemental est le problème numéro 1. Si le gouvernement respectait ses engagements en matière d'égalité, il utiliserait l'ADS+ afin de questionner les impacts des décisions budgétaires sur les femmes et les personnes à la croisée des oppressions. En conséquence, nous aurions des décisions éclairées en matière de politiques publiques et des résultats efficaces pour réduire les inégalités, respecter les droits humains et construire la société égalitaire que méritent les Québécoises et les Québécois.

À la place, la CAQ nous sert un budget qui maintient le cap droit vers le mur. Nous entrevoyons qu'elle va brandir sous peu l'épouvantail de la dette pour apeurer la population dans le but de faire passer des mesures d'austérité et de sabrer dans ce qu'il nous reste de filet social. « La dette ne nous empêche pas de dormir la nuit… mais les personnes qui se retrouvent à la rue, celles qui ont faim, celles dont l'électricité est coupée, celles qui n'ont pas accès aux soins de santé et celles dont l'avenir est fragilisé à cause de l'inaction climatique, ça, ça nous empêche de dormir la nuit », laisse tomber Annie-Pierre Bélanger, de Relais-femmes.

Ce gouvernement est capable d'investir pour le hockey, pour les « top guns _du privé », ou pour défendre en cour ses lois discriminatoires. Pourquoi manque-t-il tant de courage pour soigner ses institutions et ses services, et exercer sa fonction publique ?

Le Groupe des Treize


Budget Girard : aucun nouvel investissement pour le logement social malgré la sévère crise du logement (FRAPPRU)

QUÉBEC, le 13 mars 2024 - Le Front d'action populaire en réaménagement urbain ? (FRAPRU) est extrêmement déçu du budget présenté aujourd'hui par le ministre des Finances Éric Girard. Alors que la crise du logement sévit durement à travers le Québec, le budget ne prévoit pas de financement pour de nouveaux logements sociaux. « Monsieur Girard table sur les 8000 logements sociaux et abordables annoncés lors de la mise à jour économique suite à une entente avec Ottawa et dont la moitié a déjà fait l'objet d'annonces gouvernementales : ça laisse trop peu d'unités pour de nouveaux projets au moment où il faudrait accélérer la cadence », déplore Véronique Laflamme. Celle-ci se désole aussi que le ministre des Finances refuse toujours d'offrir davantage de prévisibilité aux villes et aux organismes développant des logements sociaux, en fixant un objectif de développement sur plusieurs années. « Les besoins criants sont pourtant connus et les sommes actuellement prévues sont clairement insuffisantes pour y répondre », insiste-t-elle.

Le plan budgétaire souligne que les investissements prévus dans le cadre des précédents budgets et mises à jour économiques, incluant ceux dont le financement avait été annoncé avant 2018, permettront de contribuer à la réalisation de plus de 23 000 nouveaux logements d'ici 2028-2029 et semble s'en satisfaire. Pour le FRAPRU, qui note au passage que la part de logements sociaux hors marché privé n'est pas connue, le gouvernement caquiste se cantonne strictement à sa promesse électorale, faite avant que le gouvernement ne reconnaisse la crise du logement, sans tenir compte de la situation qui se détériore partout au Québec.

« Après 5 budgets où l'on a annoncé au compte-goutte le financement de nouveaux logements sociaux, c'était le moment de donner un grand coup », commente Véronique Laflamme. Le FRAPRU espérait le lancement d'un chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans pour répondre à l'urgence de la situation et à la diversité des besoins des locataires du Québec, que ce soit les locataires aînés, les familles à modestes revenus, les personnes seules ne réussissant plus à joindre les deux bouts avec les prix exorbitants des logements disponibles, les femmes victimes de violence conjugale, etc. Un tel chantier permettrait non seulement d'accélérer la construction neuve, mais également l'acquisition de bâtiments résidentiels locatifs encore abordables pour les sortir du marché spéculatif, tout en protégeant les locataires en place.

Le plan d'action en habitation promis relégué aux oubliettes

Selon le FRAPRU, il semble clair que le gouvernement caquiste abandonne en douce le plan d'action gouvernemental en habitation promis depuis plusieurs mois par les ministres qui se sont succédé à l'Habitation ou que celui-ci sera vide de toute substance. L'adoption d'un objectif ambitieux de développement de logements sociaux et son financement pluriannuel devait être selon plusieurs, dont le FRAPRU, la colonne vertébrale de ce plan.

Selon le regroupement de défense du droit au logement, pour sortir de la crise, il faut à moyen terme se doter de la perspective d'augmenter substantiellement la part de logements hors marché privé en doublant le parc de logements sociaux. « On espérait une vision claire d'où le gouvernement s'en va, mais elle n'est pas là » se désole Véronique Laflamme. Le FRAPRU, comme plus de 500 organisations sociales à travers le Québec, demande depuis plusieurs mois une politique globale en habitation. Celle-ci semble dorénavant incontournable selon Véronique Laflamme.

Le budget confirme par ailleurs que le gouvernement semble avoir décidé d'abandonner les quelques milliers de logements sociaux budgétés avant son arrivée dont il avait promis la construction dans son premier mandat et qui ne sont toujours pas livrés, dont 800 à Montréal. Aucun investissement n'est prévu pour permettre à ces projets de boucler leurs budgets. Selon le regroupement, ce sont des projets qui risquent d'être abandonnés ou forcés de changer de programme et autant d'unités promises plusieurs fois qui sont menacées d'être perdues.

Quelques mesures accueillies positivement

Au rang des bonnes nouvelles, le FRAPRU se réjouit des investissements de 66 millions $ pour soutenir l'exploitation des HLM dont l'entente d'exploitation avec Ottawa est échue. Il souligne aussi les 153 millions $ prévus cette année pour la rénovation des HLM qu'Ottawa doublera en vertu de l'Entente Québec-Canada sur le logement de 2020 qui prévoyait 2,2 milliards pour ces rénovations. En outre selon le FRAPRU et la Fédération des locataires de HLM du Québec, il serait judicieux de profiter de ces travaux pour densifier certains immeubles d'habitations à loyer modique en prévoyant des sommes supplémentaires pour un nouveau programme de logements publics, ce que le budget ne prévoit pas.

Le FRAPRU apprécie également les investissements nécessaires à la poursuite de l'allocation-logement, bonifiée en 2022 à la suite d'une autre entente avec Ottawa. Or, selon lui, miser sur les aides financières individuelles ne réglera pas la crise du logement vécue durement par les ménages à faibles et modestes revenus. Malgré le récent rehaussement des prestations, dans le contexte actuel, de telles aides financières individuelles absorbent à peine, voire pas du tout, le choc de la hausse des loyers. Dans les faits, au regard de la cherté actuelle des loyers, de leur croissance rapide et du taux d'effort des ménages locataires concernés, l'allocation-logement gonfle surtout les poches des propriétaires, selon le regroupement. Pour que cette aide, même imparfaite, puisse aider davantage de locataires, il faudrait enfin mettre fin à la discrimination exercée contre les personnes seules ou en couple et âgées de moins de 50 ans. Il faudrait également instaurer un contrôle obligatoire et universel des loyers, afin d'éviter des hausses injustifiées qui dissipent la faible prestation obtenue, souligne le FRAPRU.

Vu l'augmentation des besoins à cet égard dans toutes les régions du Québec étant donnée la pénurie extrême de logements, le FRAPRU est soulagé que le gouvernement ait augmenté les fonds prévus pour l'aide d'urgence aux ménages locataires se trouvant sans-logis autour du 1er juillet. Il espère que tous les ménages en ayant besoin recevront une aide concrète en 2024, incluant de l'hébergement temporaire et que l'aide sera suffisante pour offrir des services à l'année là où les besoins se font sentir. « Des centaines de ménages se trouvent dorénavant mal pris souvent pendant plusieurs semaines, c'est une autre illustration de l'urgence de prévoir les mesures structurantes pour éviter ces situations en amont, ce que le gouvernement ne fait toujours pas », conclue Véronique Laflamme.

Un vrai programme de logement social : ça ne peut plus attendre

Alors que de nombreux écueils persistent dans le Programme d'habitation abordable Québec (PHAQ) et que ce dernier est mal adapté aux impératifs du logement social, le FRAPRU espère maintenant que le gouvernement mettra en place promptement un programme complet, durable et spécifiquement dédié au logement social afin de s'assurer que les projets qui seront financés dans les prochains mois lèvent de terre plus rapidement et de freiner la place grandissante accordée à des acteurs privés et aux choix politiques discrétionnaires dans la sélection des projets financés.


Réactions au budget provincial de 2024- Douche froide pour les Auberges du cœur du Québec

MONTRÉAL, le 13 mars 2024 - Le Regroupement des Auberges du cœur du Québec (RACQ) considère le dernier budget crève-cœur pour les maisons d'hébergement jeunesse communautaires et, plus largement, pour l'ensemble du milieu communautaire autonome du Québec. Cet exercice annuel est l'occasion pour le gouvernement d'indiquer à la population ses priorités. Manifestement, malgré les crises du logement, de l'itinérance, des enjeux de santé mentale et d'accessibilité à des soins de santé physique et psychologique, les populations marginalisées et les jeunes vulnérables ne représentent pas l'électorat caquiste.

Le RACQ revendique pour ses membres un rehaussement significatif de leur financement à la mission depuis de nombreuses années. Pourtant, après plusieurs rencontres avec le personnel des ministres des Services Sociaux et de l'Action communautaire, plusieurs participations à des comités et des consultations, force est de constater que la stratégie politique est de faire semblant d'écouter les enjeux urgents et pressants des milieux d'hébergement jeunesse. Nos doléances se trouveront balayées du revers de la main une fois le temps de poser un véritable geste pour améliorer le sort des jeunes vulnérables du Québec.

En termes de financement à la mission, les Auberges du cœur restent à la traîne des ressources d'hébergements dont la mission est similaire, soit celle d'offrir des services 24/7, 365 jours par année. Ensemble, elles cumulent un retard de 27M$ de plus annuellement pour répondre à leurs besoins.

« Certaines des maisons membres du Regroupement peinent à boucler leur budget annuel. Non seulement les Auberges ne reçoivent pas plus, mais tout ce qui touche la transition à la vie adulte des jeunes non plus. Pas plus de logement abordable pour les jeunes. Pas de mesure en prévention de l'itinérance des jeunes. Pas plus d'accès à des soins de santé mentale pour les jeunes. Ces mêmes jeunes-là sont dans nos ressources et on doit en refuser plein par manque de financement. C'est vraiment choquant. », affirme Paule Dalphond, directrice générale du Regroupement des Auberges du cœur du Québec.

Le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) vecteur d'appauvrissement des Auberges du coeur

L'ajout de 39M$ dans le PSOC, un des programmes phares dont s'est doté notre société pour soutenir l'action communautaire et le filet social québécois, contribue à maintenir les organismes dans la précarité en ne donnant pas accès aux ressources financières nécessaires pour mener à bien leur mission. Ce faisant, les maisons d'hébergement jeunesse peinent à maintenir des services et en développer de nouveaux pour répondre aux besoins de plus en plus importants des jeunes vulnérabilisées.

Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre ainsi que du récent renouvellement des conventions collectives du secteur public, le fossé s'est dramatiquement élargi en ce qui a trait aux conditions salariales, freinant notre capacité d'agir. Aux prises avec de hauts taux de roulement, dans des processus d'embauches et de formations à recommencer constamment, ce sont les jeunes fréquentant ces organisations qui en paient la note. Ainsi, ils ne peuvent recevoir pleinement le soutien dont ils ont besoin pour se sortir de la pauvreté, de l'isolement, développer davantage leur autonomie et espérer améliorer leurs conditions de vie.

Une prophétie autoréalisée

En consentant des baisses d'impôts, que personne ne réclamait vraiment, tout en sachant que l'État devrait renégocier les conventions collectives de centaines de milliers de travailleuses et travailleurs, le gouvernement a réalisé sa prophétie : les finances ne sont pas assez bonnes pour soutenir les demandes du milieu de l'hébergement jeunesse communautaire. Il concrétise aussi une gestion néolibérale de l'État québécois avec les effets déshumanisants de son idéologie marchande qu'il impose à notre secteur dont les relations humaines, l'éthique et l'équité sociale sont les pierres d'assises. Les décisions prises au fil des derniers mois (subventions aux Kings de Los Angeles et Northvolt, pour ne nommer que celles-ci) illustrent bien une collectivisation des coûts par la population du Québec pour une privatisation des profits.

Tandis que nous mettons en garde le gouvernement de points de rupture dans les services offerts depuis des années, ce dernier s'entête à regarder le filet de sécurité et les services aux jeunes vulnérables s'effriter. En conséquence, ces mêmes jeunes qui peinent déjà à se nourrir et se loger convenablement ne verront aucune amélioration de leur situation. Pire, ils seront de plus en plus nombreux à se tourner vers nos ressources qui peinent déjà à répondre à la demande.


Budget du Québec 2024-2025 - Des investissements culturels loin des attentes

TROIS-RIVIÈRES, QC, le 13 mars 2024 - Le Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec (RCRCQ) était présent, mardi 12 mars, au huis clos du Budget du Québec 2024-2025 pour analyser les mesures qui concernent le milieu culturel. Dans un contexte de rigueur budgétaire annoncé par la Coalition Avenir Québec (CAQ) et de pression inflationniste, le RCRCQ constate que les nouvelles mesures annoncées dans le nouveau budget ne parviennent pas à maintenir les investissements du gouvernement du Québec en culture faits en 2023-2024.

Faits saillants du budget en culture

Le gouvernement du Québec a annoncé pour 44,6 M$ de nouvelles mesures en culture pour 2024-2025 dont 21,1 M$ pour mettre en valeur la culture et le patrimoine québécois, ce qui permettra d'appuyer les organismes culturels (4,8 M $), de bonifier le Fonds du patrimoine culturel québécois (13,3 M$) et de poursuivre la mise en place du passeport culturel pour les jeunes (3 M$).

Le gouvernement compte aussi investir 19,2 M$ en appui aux médias et à la diffusion de la culture québécoise, ce qui permettra de poursuivre la Stratégie d'aide aux médias, de bonifier la programmation de Télé-Québec et d'adapter le financement du secteur audiovisuel. Enfin, le gouvernement ajoute 8,2 M$ pour soutenir la promotion et la valorisation de la langue française.

Des investissements culturels en baisse

On constate toutefois que les crédits de transfert du ministère de la Culture et des Communications passent de 837,2 M$ à 814,5 M$ (une diminution de 22,7 M$) et que le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) passe de 193,5 M$ à 171,8 M$ (une diminution de 21,7 M$) malgré l'annonce d'une nouvelle mesure de 4,8 M $. Pour la SODEC, on constate que le budget de dépenses 2024-2025 diminue également, passant de 194,2 M$ à 170,7 M$ (une diminution de 23 M$) malgré l'annonce d'une nouvelle mesure de 21 M$ d'ici 2028-2029.

Ces investissements sont inférieurs aux besoins exprimés par le milieu culturel qui évolue dans un contexte difficile. Le Réseau avait d'ailleurs fait des recommandations pour maintenir le niveau des investissements en culture notamment en soutenant le milieu de manière importante par le biais du CALQ et de la SODEC.

Des investissements pour la production audiovisuelle et les expositions des musées

Dans le cadre des consultations prébudgétaires 2024-2025, le RCRCQ a présenté 10 recommandations pour assurer la vitalité des territoires du Québec. Le RCRCQ est ravi de constater que le gouvernement a accueilli favorablement sa recommandation en lien avec le secteur de l'audiovisuel en bonifiant le Crédit d'impôt pour la production cinématographique et télévisuelle québécoise, en haussant le plafond de dépenses de main-d'œuvre admissibles de 50 % à 65 % des frais de production et en majorant le taux de base du de 20 % à 25 %, pour favoriser l'attraction de tournages étrangers au Québec.

Le RCRCQ se réjouit également de la bonification du fonds du patrimoine culturel qui permettra notamment de soutenir les expositions permanentes des musées.

Julie Martineau, présidente du Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec précise : « Fondamental pour la société et l'identité québécoise, le milieu culturel vit présentement une série de grandes perturbations. L'inflation, la pénurie de main-d'œuvre, l'explosion des coûts relatifs à la production, à l'immobilisation et à la diffusion, la domination des géants du web, l'effritement des médias locaux et régionaux ainsi que la diminution du « portefeuille culture » des citoyens ont de lourdes conséquences. Des investissements importants auraient été nécessaires pour consolider un secteur toujours fragile. »

Soutenir la vitalité culturelle de toutes les régions du Québec

En tant qu'organismes de conseils et d'expertises bien ancrés dans chaque région, les Conseils régionaux de la culture disposent d'une offre de services adaptés aux réalités du milieu et jouent un rôle essentiel et stratégique pour l'ensemble des secteurs culturels et artistiques. Le RCRCQ a présenté au ministère de la Culture et des Communications une demande pour bonifier et actualiser leur capacité d'action et celle de leur réseau, articulée dans une vision globale pour assurer la vitalité culturelle partout sur le territoire.

Éric Lord, directeur général du RCRCQ mentionne : « À l'analyse, nous remarquons que cette demande est absente du budget, mais nous souhaitons que l'étude des crédits nous permettra de constater que notre vision sera appuyée par le gouvernement du Québec pour soutenir la culture dans toutes les régions et pour concrétiser la politique culturelle Partout la culture ».


Budget 2024-2025 - L'austérité pour le personnel des ministères et organismes, les services à la population souffriront, constate le SFPQ

QUÉBEC, le 12 mars 2024 - L'absence d'investissements suffisants dans les ministères et organismes, combinée au manque de personnel découlant des conditions de travail non compétitives, affectera grandement les services à la population, déplore le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ). Dans son budget déposé aujourd'hui, le gouvernement de la CAQ limitera la croissance des dépenses à seulement 4,4 % cette année et à 2,9 % en moyenne dans les prochaines années, laissant entrevoir un retour aux années d'austérité malgré ce qu'en disait le premier ministre, il y a quelque temps. Le SFPQ constate que la fonction publique et les services offerts par ses membres ne font toujours pas partie des priorités gouvernementales, contrairement aux réseaux de la santé et de l'éducation.

« La CAQ ne se soucie guère des inspections, des contrôles, de la vérification, de la justice, de la sécurité de la population, de l'octroi d'aide financière sous toutes formes et de l'entretien du réseau routier, tous des services offerts par le personnel de la fonction publique. Le gouvernement Legault a plutôt choisi, depuis son arrivée au pouvoir, de baisser les impôts, se privant ainsi de milliards de dollars chaque année. Si aujourd'hui les coffres sont vides, c'est en raison de cette stratégie électoraliste et non pas en raison des négociations du secteur public qui ne sont d'ailleurs toujours pas terminées avec nous », rappelle Christian Daigle, président général du SFPQ.

Visiblement, le gouvernement de la CAQ n'a pas l'intention de mettre de l'argent neuf sur la table pour obtenir un règlement des conventions collectives pour des milliers de travailleuses et travailleurs de la fonction publique, constate le SFPQ. « Ce gouvernement refuse obstinément de faire une nouvelle offre à la hauteur des ententes conclues avec le reste du secteur public. Il doit reconnaître que son personnel des ministères et organismes mérite d'être mieux valorisé et respecté pour le travail accompli. Le gouvernement devra en tenir compte s'il veut éviter un conflit de travail de plus en plus imminent avec les 4000 ouvrières et ouvriers dans les prochaines semaines, ainsi qu'une grogne qui s'amplifie du côté des fonctionnaires », avertit monsieur Daigle.

Au chapitre des effectifs, le gouvernement de la CAQ n'augmente que de 900 personnes à temps complet les effectifs de la fonction publique. Dans un contexte où la CAQ déclare avoir supprimé 5000 postes administratifs, et où les services aux citoyennes et aux citoyens sont au point de rupture dans la plupart des ministères, il est irresponsable de limiter à ce point la croissance des effectifs. La CAQ se tire donc elle-même dans le pied, car elle devra recourir à la sous-traitance pour offrir les services, ce qui coûtera plus cher à l'ensemble des citoyennes et citoyens du Québec. Avec les gels de personnel imposés par les gouvernements précédents, la CAQ continue le travail de sape de sa propre fonction publique que le SFPQ a toujours dénoncé. Sans ressources suffisantes, le gouvernement continuera de gérer le risque et demeurera en mode réaction plutôt qu'en mode prévention.


Budget du Québec - Par manque de vision de la CAQ, les graves crises en santé et services sociaux vont se poursuivre, déplore la FSSS-CSN

MONTRÉAL, le 12 mars 2024 - Le ministre des Finances de la Coalition avenir Québec (CAQ), Eric Girard, a déposé un budget austère dans lequel, par manque de vision, il refuse d'imposer le traitement choc nécessaire pour mettre fin aux crises qui secouent durement le réseau public de la santé et des services sociaux. Le filet social continuera de s'effriter, déplore la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), la plus grande organisation syndicale en santé et services sociaux.

« Austère, la CAQ limite la hausse du financement du réseau public de la santé et des services sociaux en deçà de ce qui est nécessaire pour maintenir les services à la population québécoise », fait remarquer Réjean Leclerc, président de la FSSS-CSN. « En plus, il passe à côté des solutions connues et efficaces afin de requinquer le réseau public bien amoché. »

« Réseau de la santé mal en point, logement, aide aux femmes et enfants victimes de violence conjugale, itinérance, insécurité alimentaire, soutien aux jeunes en difficulté, santé mentale, manque de places dans les CPE, hébergement des aînés, soins à domicile, secteur ambulancier… La liste des crises qui font régulièrement la manchette est longue », observe Réjean Leclerc.

Austérité ?

La FSSS-CSN en appelle à une large réflexion nationale sur les revenus de l'État, la fiscalité des grandes entreprises, les subventions aux riches corporations, l'évitement fiscal, une taxe sur le patrimoine des 1% les plus fortunés. Voilà certaines mesures parmi les nombreuses qui permettraient d'accroître les revenus de l'État et d'offrir les services auxquels les citoyennes et les citoyens sont en droit de s'attendre. Tout en favorisant le filet social, qui fait la fierté de la population québécoise.

« Le ministre des Finances annonce plutôt une révision des dépenses, ce qui pourrait ouvrir la porte à une nouvelle ère d'austérité libérale à la sauce caquiste », critique Réjean Leclerc.

Privatisation

Le gouvernement aurait pu dégager des sommes importantes en déprivatisant le réseau de la santé et des services sociaux. La première ligne est contrôlée par les médecins entrepreneurs, la marchandisation des soins aux personnes en perte d'autonomie est dispendieuse, les cliniques privées lucratives reçoivent de l'argent public pour dégager des profits, etc. Il y a place aux économies.

De grands besoins

Les besoins sont nombreux en santé et services sociaux. Parmi ceux identifiés par la FSSS-CSN :

Accroissement du budget des établissements publics au-delà des « coûts de système » ;

Réinvestir dans les soins à domicile publics et les soins de santé communautaires, une priorité pour la population ;

Augmenter les investissements dans la prévention de la maladie ;

Hausse du financement des organismes communautaires autonomes qui bouchent tant bien que mal les trous dans le filet social ;

Accroître les budgets dédiés au secteur préhospitalier afin d'augmenter le nombre de paramédics sur la route, en phase avec l'idée de désengorger les urgences et la première ligne. Également, accroître leur autonomie afin de rendre la profession attractive ;

Financer adéquatement le réseau public pour l'hébergement digne des personnes âgées qui ne peuvent demeurer à la maison ;

Accélérer le développement du réseau des CPE ;

Soutenir les familles d'accueil qui reçoivent des jeunes de la DPJ ou des adultes vivant avec une déficience intellectuelle et physique.

Conditions de travail dans le réseau

Judith Huot, première vice-présidente de la FSSS-CSN, désapprouve particulièrement que la CAQ fasse porter son déficit record de 11 milliards $ en bonne partie sur les épaules des travailleuses et travailleurs, sur la hausse de leur rémunération. « Le ministre Girard a-t-il déjà oublié que les conditions d'emploi peu attractives dans le réseau public, composé à très grande majorité de femmes, ont engendré une difficile pénurie de main-d'œuvre au cours des dernières années ? »

Hébergement pour femmes et enfants victimes de violence

Lucie Longchamp, aussi vice-présidente FSSS-CSN, est déçue du peu d'investissement dans les secteurs qu'elle représente : préhospitalier, services de garde éducatifs, RPA, hébergement pour jeunes et adultes... Particulièrement par le sous-financement des organismes pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, dont les difficultés ont fait la manchette récemment.

« C'est un non-sens, avec la hausse des féminicides, qu'on ne finance pas correctement et de manière pérenne ces ressources essentielles », lance Lucie Longchamp. « Qu'est-ce qu'on attend ? Pour la FSSS-CSN, il ne peut y en avoir une de plus. »



FADOQ : Un budget satisfaisant malgré quelques angles morts

MONTRÉAL, le 12 mars 2024 - Malgré un contexte budgétaire difficile, le Réseau FADOQ a été entendu.

Le budget du gouvernement du Québec a apporté une bonne nouvelle aux bénéficiaires de la rente d'invalidité. À compter du 1er janvier 2025, la réduction de la rente de retraite pour les personnes aînées de 65 ans et plus en situation d'invalidité sera abolie. Il s'agissait d'une de nos demandes de longue date puisque ces pénalités, imposées actuellement à 77 000 personnes, s'apparentaient pour nous à de la discrimination de la part de l'État.

« Le gouvernement du Québec pose le bon geste en mettant fin à ces pénalités, autant pour les personnes qui les subissent actuellement que pour les futurs bénéficiaires », a déclaré Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ.

La plus grande organisation de personnes de 50 ans et plus au Québec demandait également des investissements en santé pour accroître la main-d'œuvre et pour le virage vers les soins à domicile. Ce budget répond aux attentes en ce sens puisqu'il contient 3,7 milliards $ sur cinq ans pour le réseau de la santé.

Les investissements seront destinés à la main-d'œuvre, à l'ajout de lits et au rehaussement de l'efficacité de la prestation des soins, notamment avec la réduction de la paperasse. De plus, cet argent permettra l'augmentation de l'offre de soins et de services à domicile.

« Les personnes aînées souhaitent vivre à domicile le plus longtemps possible. Le Réseau FADOQ insistait sur le rehaussement des investissements en la matière puisque trop de gens sont en attente d'un premier service », a commenté Mme Tassé-Goodman.

Angles morts

Bien que le budget soit satisfaisant, le Réseau FADOQ tient à avoir des précisions sur deux points.

En premier lieu, le gouvernement a réitéré sa volonté de se retirer du Régime canadien de soins dentaires et d'obtenir une pleine compensation financière sans condition de la part du gouvernement fédéral. L'enthousiasme des personnes aînées envers ce régime de soins dentaires est évident. Il est donc nécessaire que le gouvernement du Québec envoie le signal qu'il réinvestira les sommes associées à son retrait dans des soins dentaires.

En deuxième lieu, le ministre des Finances, Éric Girard, a annoncé un examen des dépenses gouvernementales.

Le Réseau FADOQ est tout à fait conscient que le Québec fait face à une situation économique difficile et que certains postes de dépenses pourraient être révisés. Cependant, il est primordial que les personnes aînées ne fassent pas les frais de cet exercice, particulièrement celles qui sont parmi les plus vulnérables de notre société.

Autres mesures positives

Ce budget contient aussi 15 millions $ afin de renforcer les actions du Curateur public pour prévenir et détecter les abus sur les personnes faisant l'objet d'une tutelle privée d'ici 2029. Des abus ont été constatés au cours des dernières années. Le gouvernement en prend acte et déploie plus de ressources pour que le Curateur public mène à bien ses mandats.

Ce budget a permis une consolidation des investissements, notamment de l'allocation-logement et du transport adapté, des mesures essentielles pour les plus vulnérables.


Budget du Québec 2024-2025 : le mouvement d'action communautaire autonome négligé (RQ-ACA)

TIOHTIÁ:KE/MONTRÉAL, le 12 mars 2024 - Le Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA) déplore la quasi-absence de mesures de bonification significative pour le financement des organismes d'action communautaire autonome (ACA) au budget 2024-2025.

L'espoir suscité à la sortie du Plan d'action gouvernemental en matière d'action communautaire 2022-2027 n'a pas fait long feu. Alors que le RQ-ACA estime que les investissements supplémentaires nécessaires pour l'ensemble des 4500 organismes se calculent dorénavant en milliards$, les quelques 82 millions$ identifiés pour 2024-2025 dans des mesures bien précises sont loin du compte : banques alimentaires 30 M$ ; intégration des personnes immigrantes 10 M$ ; haltes-garderies 1,3 M ; organismes en difficulté dans le domaine de la santé et des services sociaux (santé mentale, déficience, dépendance, etc.) 39 M$ dont seulement 10 M$ qui seront déployés dans le programme général.

"L'écart entre les besoins des organismes d'ACA et le financement gouvernemental accordé pour soutenir leurs missions ne cesse de croître", constate Hugo Valiquette, président du RQ-ACA. Encore pire, faute d'indexation du financement à la mission, un grand pan du mouvement voit son financement décroitre chaque année.

Dans le contexte social et économique actuel où la population a plus que jamais recours aux services et activités des organismes communautaires, le financement insuffisant se traduit par une surcharge de travail sans espoir de nouvelles embauches et d'amélioration des conditions de travail pour les travailleuses et travailleurs. Il en résulte un exode vers d'autres secteurs d'emploi, augmentant ainsi la charge de travail des équipes en place qui se voient happées dans une spirale sans fin d'épuisement professionnel. Les constats de l'Observatoire de l'ACA sont sans équivoque : 74% des organismes d'ACA font face à des difficultés de rétention du personnel et 80% à des problèmes de recrutement. Que faire alors pour éviter l'hécatombe, si ce n'est d'offrir un meilleur soutien financier à la mission des organismes ?

Avec son budget 2024-2025, le gouvernement a malheureusement raté une occasion de corriger la situation, mais nous ne baissons pas les bras. L'augmentation substantielle et l'indexation du financement à la mission, ainsi que les enjeux d'autonomie demeureront au cœur de nos revendications tout comme la consolidation de l'action communautaire autonome par une loi ou un autre levier.

Rappelons que le gouvernement Legault a amputé les finances publiques d'environ 1,8 milliard$ par année en raison de la diminution de 1% des taux des 2 premiers paliers d'imposition et qu'il prévoit les réduire d'un autre 1,5% d'ici 2032. Indigné par l'accentuation des inégalités sociales et par la détérioration du filet social, le RQ-ACA invite le gouvernement du Québec à plutôt s'appuyer sur une meilleure redistribution de la richesse pour réinvestir dans les services publics et les programmes sociaux ainsi que dans la mission des groupes d'action communautaire autonome.


Réaction de la CSQ au budget 2024-2025
« Un budget qui évite le pire… pour l'instant »

QUÉBEC, le 12 mars 2024 - La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et son président, Éric Gingras, réagissent à chaud au budget du Québec 2024-2025 : « Le gouvernement accepte de repousser à plus tard son objectif de retour à l'équilibre budgétaire. Il évite ainsi, pour l'instant, de replonger le Québec dans le cercle vicieux de l'austérité. Avec un déficit réel de 7,2 G$ (11 G$ après la provision pour éventualité et le versement au Fonds des générations), le gouvernement subit les impacts du ralentissement économique, des baisses d'impôt tout en assurant le maintien des missions de la santé et de l'éducation », déclare Éric Gingras.

« Bien qu'il n'y ait pas d'investissements qui auraient permis de poursuivre l'impulsion donnée à nos réseaux publics par les négociations, on ne peut pas parler d'austérité cette année pour ces deux missions essentielles. Dans un contexte où la réduction de la dette est sous contrôle et que l'atteinte de l'équilibre budgétaire réel est prévue pour 2027-2028, c'était le bon choix à faire », souligne le président de la CSQ.

Ne pas rejouer dans le film de l'austérité

« Si le pire est évité à court terme, il faudra être vigilant au prochain budget lors de la publication du plan de retour à l'équilibre budgétaire. Il faut craindre un retour à l'austérité alors que le gouvernement voudra alors freiner la croissance de ses dépenses. Rappelons que le gouvernement vit maintenant les conséquences des importantes et récurrentes baisses d'impôt consenties l'année dernière », ajoute M. Gingras.

En éducation et en enseignement supérieur

« Avec l'augmentation de 6,7 % du budget de l'éducation et de 3,5 % en enseignement supérieur, le gouvernement ne se permet de financer que le maintien des services tout en recyclant quelques annonces précédentes », affirme Éric Gingras. De fait, la part du lion des 293 M$ supplémentaires annoncés pour cette année sert à financer le plan de retour en classe qui avait déjà été annoncé à la suite de la grève et à prolonger de 2 ans des mesures d'attraction et de rétention déjà en place dans le réseau scolaire.

Rien pour la formation professionnelle et l'éducation aux adultes

Malheureusement, alors que la pénurie de main-d'œuvre continue de sévir, rien n'est prévu pour donner enfin accès à la formation professionnelle à temps partiel. De même, à la formation générale des adultes, le financement par enveloppe fermée continuera de restreindre les effectifs. « Or, l'accès à l'éducation et à la formation représente la première clé dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités », avance M. Gingras.

Un déficit d'entretien toujours important

Le budget prévoit 15,5 millions de plus par année pour accélérer l'entretien des écoles et majore de 450 M$ sur 10 ans son plan d'investissement dans le réseau scolaire. « Ces annonces sont les bienvenues, mais apparaissent nettement insuffisantes face au 8,5 G$ de déficit d'entretien des infrastructures d'éducation reconnu par le gouvernement », souligne le président de la CSQ.

Pour une vaste réflexion en éducation

« Si l'éducation est véritablement une priorité pour le gouvernement Legault, il faut éviter les mesures à la pièce et jeter rapidement les bases d'une réflexion collective sur l'avenir de notre système d'éducation », plaide M. Gingras.

Enseignement supérieur

Le gouvernement Legault poursuit le surplace en enseignement supérieur. « Encore une fois, le secteur de l'enseignement supérieur ne fait l'objet d'aucun investissement additionnel. Les seules sommes prévues dans le budget sont en prévision de la révision de la politique québécoise de financement des universités dont nous connaîtrons les impacts plus tard », déplore Éric Gingras.

En santé et services sociaux

Avec une croissance moyenne de 4,4 % du budget du système de santé et services sociaux sur 3 ans, le gouvernement s'appuie trop fortement sur les changements de structure pour bonifier les services de santé. Des sommes considérables sont consacrées au virage numérique (180 M$), aux soins à domicile (91 M$), au Guichet d'accès (23 M$) et à l'élargissement du financement axé sur le patient. « On peut douter que ces réformes de structure viennent compenser pour les besoins importants de notre système. Du bon côté, dans le contexte démographique actuel, les investissements supplémentaires (243,5 M$) pour soutenir le maintien à domicile et l'hébergement des personnes aînées sont les bienvenus », souligne M. Gingras.

Déception en petite enfance

Le budget prévoit, pour 2024-2025, un financement pour la conversion de 1000 places non subventionnées en places subventionnées. C'est 1000 places de plus que les 8603 places déjà prévues, mais contrairement à nos demandes, le gouvernement n'offre toujours pas d'incitatifs pour qu'elles soient intégrées au réseau des centres de la petite enfance (CPE). On peut se demander si, à terme, le réseau québécois de CPE sera remplacé par un réseau de garderies privées subventionnées », affirme M. Gingras.

Logement, environnement et culture

Malgré la crise du logement qui perdure, les sommes prévues pour favoriser l'accès au logement sont nettement insuffisantes et non adaptées aux besoins criants. Il aurait fallu un plan costaud et pluriannuel de création de logements sociaux afin de combler le retard accumulé au Québec depuis plusieurs années.

De même, ce n'est pas avec ce budget que la CAQ va améliorer son bilan environnemental. Le Plan québécois des infrastructures (PQI) consacre encore la majorité des sommes au développement du réseau routier (57 %). « Le développement d'un réseau efficace et accessible de transport collectif si essentiel à la transition juste et pour réduire les dépenses des ménages devra attendre », affirme Éric Gingras.

Finalement, la CSQ salue les nouveaux investissements pour promouvoir la culture, la langue française et les médias, notamment le soutien accru à Télé-Québec.

Condition des aînés

Enfin, la CSQ tient à saluer l'élimination de la réduction de la rente pour les aînés en situation d'invalidité qui atteignent l'âge de 65 ans. Cela représente une bonification pouvant atteindre 3930 $ par année, soit une hausse d'environ 32 % de la rente de retraite.

La CSQ est cependant préoccupée par le silence du gouvernement quant à sa volonté de contribuer à parts égales à la surindexation du RREGOP que permettent les plus récents résultats financiers. Les retraités actuels ont eu droit à une majoration de 0,8 % de la part autofinancée de leur rente. « Le gouvernement a jusqu'au 1er juillet pour annoncer qu'il ajustera la sienne. Nous sommes déçus que le budget ne le confirme pas encore », déplore le président de la CSQ.

Prendre les devants - Le balado de la CSQ

Pour aller plus loin dans l'analyse détaillée du budget, le président Éric Gingras animera en direct, ce soir, dès 19 h, le quatrième épisode du balado de la CSQ, « Prendre les devants », au cours duquel est notamment prévue une discussion avec deux économistes de la Centrale sur les enjeux qui touchent directement les membres de la CSQ.


Budget 2024-2025 en santé et services sociaux - Un pied dans l'austérité : une croissance des dépenses incohérente avec les défis qui attendent le réseau public de santé (FIQ)

MONTRÉAL, le 12 mars 2024 - La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ s'inquiète des impacts de la baisse drastique de la croissance des dépenses en santé et services sociaux prévue au budget provincial présenté aujourd'hui. Alors que dans les dernières années, le réseau a pu compter sur une augmentation annuelle moyenne de 7,3 %, le budget 2024-2025 limite la croissance des dépenses à 4,2 %, variation qui diminuera encore davantage l'année prochaine. Toutes les prémisses sont mises en place pour dérouler le tapis rouge à l'austérité dès l'année prochaine, au détriment des services de santé et de services sociaux.

« C'est insensé de diminuer les dépenses alors qu'une réforme gigantesque du réseau est sur un point de voir le jour » affirme la présidente de la FIQ, Julie Bouchard. Dans son mémoire prébudgétaire, la FIQ avait, au contraire, exhorté le gouvernement à prévoir un poste budgétaire supplémentaire distinct pour soutenir financièrement la gestion du changement devant mener à la création de Santé Québec. « Les dernières réformes en santé n'ont jamais été soutenues par des moyens financiers conséquents, avec les contrecoups dévastateurs que l'on connaît aujourd'hui : désertion des professionnelles en soins, attentes en chirurgie, difficile accès aux soins de première ligne et j'en passe. On ne peut plus rejouer dans ce film-là ».

La Fédération s'indigne également du fait qu'aucune distinction ne soit réalisée entre les investissements faits dans les établissements publics de santé et les dépenses octroyées aux prestataires privés de soins de santé. De plus, aucune balise ou limite de dépenses n'est imposée en ce qui concerne le détournement de l'argent public vers les investisseurs privés. « Nous savons très bien que les chiffres sont astronomiques, nous l'avons constaté avec le coût des chirurgies au privé. Le ministère des Finances a une part de responsabilité dans le contrôle des dépenses attribuables à cette dérive », souligne la présidente de la FIQ.

La FIQ tient toutefois à saluer :

• L'annulation de la réduction de la rente de retraite pour les aîné-e-s de 65 ans et plus en situation d'invalidité ;

• L'augmentation de la proportion des soins dédiée aux soins à domicile (581 millions / 5 ans) ;

• L'investissement de 140 millions de dollars sur 5 ans pour déployer le Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle ;

• Le financement des 16 CHSLD privés restants à conventionner à hauteur de 182 M$.

Dans le contexte actuel, il est responsable de la part du gouvernement de reporter l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Toutefois, notons que la CAQ est le maître d'œuvre de cette décision budgétaire difficile par ses décisions passées. Pour terminer, nous partageons des objectifs communs avec le Plan santé, notamment l'attribution d'un groupe de médecine familiale à plus de 900 000 Québécoises et Québécois ; la bonification des soins et services d'aide à domicile ; et la mise en place du Guichet d'accès à la première ligne (GAP), dans l'ensemble du Québec, pour les personnes qui n'ont pas accès à un médecin de famille. Mais les sommes demeurent insuffisantes pour réaliser ces objectifs.


Budget du Québec 2024-2025 : Quand un ministre des Finances « féministe » abandonne ses étudiantes stagiaires (FECQ)

QUÉBEC, le 12 mars 2024 - Bien que le budget du Québec 2024-2025 se targue de prioriser la santé et l'éducation, les associations étudiantes québécoises réunies au sein du Front pour la rémunération s'indignent de l'absence totale d'investissement visant la rémunération des stages. Alors que la société québécoise constate un déclin drastique de ses services publics et que la population étudiante québécoise est tout particulièrement frappée par la hausse du coût de la vie, on ne daigne toujours pas accorder une juste rémunération aux stagiaires du Québec. Ces stagiaires, principalement des étudiantes, effectuent un travail essentiel au sein des réseaux de la santé et de l'éducation. Ces femmes seront pour, une énième année, forcées de choisir entre la poursuite de leurs études et leur sécurité financière.

Au cours de la dernière année, l'Institut de recherche et d'information socioéconomique (IRIS) a sorti les chiffres suivants : 84% des stages sont non rémunérés, 74% sont effectués par des femmes et 64% sont effectués au sein du réseau public. Afin de résoudre cette injustice historique qui favorise clairement l'étudiant en génie à l'étudiante en soins infirmiers, la Fédération étudiante collégiale du Québec et l'Union étudiante du Québec ont été claires : dans le budget 2024-2025, il devait absolument y avoir des investissements permettant de rémunérer toutes les personnes effectuant des stages de mise en pratique au Québec, investissements se chiffrant à 545,6 M$ par année.

Au fil des derniers mois, deux motions soulignant l'importance de la rémunération des stages présentées à l'Assemblée nationale ont été adoptées à l'unanimité tandis que la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a affirmé que l'enjeu faisait partie de ses priorités. Dans un tel contexte, l'absence complète de crédits budgétaires pour la rémunération des stages est une véritable insulte pour l'entièreté du mouvement étudiant. Les associations étudiantes collégiales et universitaires tiennent à rappeler que le réseau de l'enseignement supérieur est indispensable afin de combattre la pénurie de main-d'œuvre qui sévit au sein des réseaux de l'éducation, de la santé et des services sociaux.

Alors que le ministre Girard a affirmé à de nombreuses reprises en conférence de presse être un ministre des Finances féministe, il abandonne une fois de plus les milliers d'étudiantes stagiaires indispensables à nos réseaux. Ces étudiantes abandonnées sont des mères de famille, des immigrantes ou des étudiantes en situation de handicap qui veulent toutes avoir les moyens de réussir leurs stages de manière à obtenir leur diplôme pour éduquer ou soigner tout en payant leur loyer. Aujourd'hui, le gouvernement clame haut et fort que ce seront elles qui devront payer, pour une année de plus, le prix de son inaction.

Citations :

« En matière de revendications étudiantes, la non-rémunération des stages est l'éléphant dans la pièce d'un budget qui laisse les stagiaires sur leur faim. Après un automne de mobilisation et une volonté affichée d'agir de la part de la ministre, la FECQ se voit amèrement déçue de l'absence totale d'investissements à cet égard. »
Laurence Mallette-Léonard, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec

« L'UEQ craint que les efforts que le Québec a faits cette année pour améliorer les conditions de travail, notamment celles des personnes enseignantes et infirmières, soient peine perdue si nous ne réglons pas le problème criant des stages non rémunérés. Si nous voulons régler les problèmes de pénurie d'emplois, il nous apparaît incontournable que nous nous devons de rémunérer nos stagiaires pour leur travail ! »
Catherine Bibeau-Lorrain, présidente de l'Union étudiante du Québec


Budget du Québec 2024-2025 - Le gouvernement Legault met la table pour un retour à l'austérité, prévient l'APTS

QUÉBEC, le 12 mars 2024 - « À peine un an après avoir consenti des milliards en baisses d'impôts mal avisées, le gouvernement annonce être dans une situation financière difficile et devoir amorcer une révision des dépenses. La table est mise pour un retour aux compressions et aux mesures d'austérité, à faire toujours plus avec toujours moins. Une chose est sûre, on est loin de pouvoir qualifier ce budget de responsable ». C'est en ces mots qu'a réagi le président de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Robert Comeau, à la présentation du budget du Québec 2024-2025.

Pour l'APTS, deux ingrédients se révéleront essentiels pour assurer la pérennité des services à la population ainsi que le contrôle de leurs coûts : un engagement ferme envers la déprivatisation du réseau de la santé et des services sociaux et un plan sérieux pour le sevrer de sa dépendance à la main-d'œuvre indépendante. Autrement, l'exercice à venir de révision des dépenses ne peut que se traduire par des mesures d'austérité, des compressions dans des services cruciaux pour les Québécois•es et une place encore plus grande pour les entreprises privées dans l'offre de services.

« Il faut faire passer la santé avant les profits. On doit cesser d'entretenir la place du privé dans la santé et les services sociaux. Le choix des services publics sera toujours le choix le plus responsable. Nous exigeons un engagement clair du gouvernement en ce sens », poursuit Robert Comeau.

Les plateaux techniques, incontournables pour assurer la fluidité dans le réseau hospitalier

Parmi les priorités de ce budget figure un engagement du gouvernement « d'améliorer l'accès aux soins et aux services et accroître la fluidité hospitalière ». Or, le secteur névralgique des plateaux techniques — laboratoires, imagerie médicale, médecine nucléaire, électrophysiologie médicale et radio-oncologie — est essentiel pour y parvenir mais reste encore une fois dans l'angle mort du gouvernement.

« Sans investissements importants pour valoriser les professions et moderniser les équipements dans les laboratoires ainsi que dans le grand secteur de l'imagerie médicale, il va continuer d'être très difficile d'effectuer les analyses et examens nécessaires aux diagnostics et traitements requis pour la population. Le gouvernement doit envoyer un signal fort, démontrant qu'il en fera une priorité afin d'assurer la fluidité dans le réseau hospitalier », ajoute Robert Comeau.

Des solutions responsables, qui demandent du courage

Des alternatives étaient cependant à la portée du gouvernement pour mieux financer les services publics, à condition d'avoir le courage politique de faire des choix véritablement responsables, notamment une marche arrière sur les milliards dont s'est privé le gouvernement avec les baisses d'impôts du budget 2023-2024, et la suspension immédiate des versements au Fonds des générations. À elles seules, ces deux mesures permettraient d'injecter entre 3 et 4 milliards de dollars supplémentaires dans les services publics.

Il faut arrêter de mettre à mal les services publics et éviter tout nouveau cycle d'austérité. Pour ce faire, l'APTS enjoint le gouvernement à se mettre à l'écoute des propositions innovantes promues par la Coalition main rouge - dont est membre l'APTS - regroupant des organisations syndicales, du milieu communautaire et des groupes de la société civile.


Budget 2024-2025 : réaction des Banques alimentaires du Québec - Les Banques alimentaires du Québec se réjouissent de l'aide annoncée pour assurer un approvisionnement en denrées permettant de répondre à la demande historique

LONGUEUIL, QC, le 12 mars 2024 - Le réseau des Banques alimentaires du Québec (BAQ) app

La démarche d’accès à l’indépendance

12 mars 2024, par André Frappier — , ,
J'ai participé à un panel concernant à l'invitation du Mouvement Québec Indépendant (MQI). J'y ai défendu la position de QS concernant l'assemblée constituante et exposé mes (…)

J'ai participé à un panel concernant à l'invitation du Mouvement Québec Indépendant (MQI). J'y ai défendu la position de QS concernant l'assemblée constituante et exposé mes positions concernant l'indépendance qui se doit nécessairement d'être inclusive, citoyenne et comme le dit si bien Émilise Lessard-Therrien : On ne fera pas un pays pour les patrons des multinationales, mais pour qu'il appartienne au peuple.

Description des panélistes

ANDRÉ FRAPPIER
D'abord militant syndical au Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ainsi qu'à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), il s'est impliqué en politique avec Québec solidaire, lors de la fondation du parti, en 2006. Il a été candidat de ce parti aux élections de 2007, de 2008, 2012 et 2014. En 2012, il a succédé à Amir Khadir comme président co-porte-parole de QS et il a participé au États généraux de la souveraineté. Co-auteur du Printemps des carrés rouges publié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et de Canadian Dimension.

DANIEL MICHELIN
Formé en criminologie et en administration publique, il a été attaché politique au cabinet de Véronique Hivon puis au bureau de comté de la député de Joliette de 2012 à 2017. Il a aussi occupé la même fonction auprès de l'ex-députée de Marguerite-D'Youville, Monique Richard. En 2018 et 2022, il a été candidat du Parti québécois dans la circonscription de Montarville. Actuellement, il coordonne les instances du Parti québécois dans six circonscriptions de la Montérégie.

MARTINE OUELLET
Ingénieure de formation, Martine Ouellet a fait carrière à HydroQuébec. Avant son entrée en polique, elle milite dans le mouvement écologique Eau Secours. De 2010 à 2019, elle est députée de Vachon pour le Parti québécois et ministre des Ressources naturelles dans le Gouvernment Marois. Elle est par la suite candidate à la direction du PQ à deux reprises. En 2017-2018 elle est cheffe du Bloc québécois. En mai 2021, elle crée son propre parti écologiste et indépendantiste, Climat Québec.

André Frappier

J'ai passé une bonne partie de ma vie au sein d'un syndicat canadien, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. Cela m'a permis de tisser des liens avec les progressistes du ROC et de lier la question de l'indépendance à la solidarité avec les travailleurs et travailleuses du Reste du Canada et vice versa. L'establishment canadien ne laissera pas une population prendre sa destinée en main en faisant l'indépendance sans réagir. Les liens de solidarité seront importants.

Le constat, où va-t-on quelles sont les embuches ?

En ce moment environ 35% de la population serait en faveur de l'indépendance. Mais là encore on ne sait pas exactement quel projet cela signifie dans la tête des gens. Même au sein des partis souverainistes il y a un taux significatif de personnes qui ne sont pas favorable à l'indépendance. Le taux le plus élevé favorable (43%) se situe dans les 65ans et plus, on manque visiblement de relève. Même au sein du PQ et de QS une certaine proportion n'est pas indépendantiste. Elle est plus forte à QS pour des raisons spécifiques. Plusieurs adhèrent au projet de changement social et à l'aspect progressiste avant tout.

Nous devons réfléchir à la façon d'aller chercher ceux et celles qui n'adhèrent pas à l'indépendance et se poser la question pourquoi. On ne peut pas réduire notre stratégie pour l'indépendance à une élection ou un éventuel référendum. Il faut travailler dès maintenant à gagner une majorité de personnes à la nécessité de rupture avec l'État canadien.

Comment y arriver

Ce n'est certainement pas en refusant aux enfants de personnes immigrantes sans statut le droit aux garderies comme le fait le gouvernement Legault qu'on envoie un message d'un Québec inclusif.

L'immigration. La crise environnementale planétaire causée par l'industrialisations et l'exploitation effrénée des ressources naturelles, par les multinationales, combinée à l'exploitation économique dont profite les sociétés nordiques, va obliger de plus en plus les populations du sud global à migrer vers le nord. On doit à la fois se préparer à les accueillir, on doit lutter contre le capitalisme global et développer notre solidarité internationale avec ceux et celles qui luttent dans le même sens. L'indépendance doit être un moyen de prendre le contrôle de nos ressources naturelles et de gérer notre environnement.

L'indépendance c'est un peu comme une révolution, c'est un changement de société. Les citoyens et citoyennes ne vont pas poser un geste aussi important si ça ne change pas leur vie. L'indépendance c'est reprendre en main notre économie, nos institutions. C'est enlever le contrôle de notre territoire aux multinationales, c'est développer l'exercice démocratique populaire.

À ce chapitre la filière batterie du gouvernement de la CAQ va complètement dans le sens opposé. Penser remplacer le parc automobile à essence par des batteries est lourd de conséquences en termes d'exploitations des minerais. Cela va décupler l'extraction minière déjà nocive et sous le contrôle des multinationales. Sans compter le nom respect des normes environnementales et les subventions gouvernementales éhontées. C'est un combat qu'on peut et doit mener maintenant.

Le plan de transport élaboré par QS lors de la dernière campagne électorale liait à la fois l'efficacité et la décroissance énergétique, mais bien sûr pour y arriver il faut aussi avoir le contrôle des voie ferrées.

Maintenant comment QS pense-t-il réaliser l'indépendance, par quel processus y arriver ? Un gouvernement solidaire mettra sur pied une assemblée constituante dès son élection. Cette assemblée procédera d'en processus électif qui permettra la parité homme femme.

L'assemblée constituante, c'est un projet d'exercice démocratique et rassembleur. La liberté d'un peuple dépend notamment de sa capacité de contrôler, d'exploiter et de transformer ses propres ressources. Sans maîtrise des outils économiques, la souveraineté politique n'est qu'une illusion. Québec solidaire s'engage à enclencher, dès son arrivée au pouvoir, une démarche d'Assemblée constituante :

Sera élue au suffrage universel et sera composée d'un nombre égal de femmes et d'hommes. Le mode de scrutin assurera la proportionnelle des tendances et des différents milieux socio-économiques présents au sein de la société québécoise.

Les membres de l'Assemblée nationale ne pourront pas se faire élire à l'Assemblée constituante, celle-ci aura la responsabilité et les moyens de mener un vaste processus de démocratie participative visant à consulter la population du Québec sur son avenir politique et constitutionnel.

En fonction des résultats de la démarche cette dernière élaborera un projet de constitution. Le projet de constitution sera soumis à la population par référendum, ce qui marquera la fin du processus

On peut avoir des désaccords sur la mécanique du processus constituant, mais le débat principal n'est pas là. Il faut regarder aujourd'hui, comment on fait pour arriver là ? Comment gagner une majorité à la lutte pour l'indépendance, on est très loin du compte en ce moment. Selon les sondages ce sont les 65 ans + qui sont majoritairement indépendantistes. Les plus jeunes le sont moins, ils sont plus souvent altermondialistes, ce qui dénote une importante conscience politique.

Il y a des questions fondamentales qui ont divisé les partis qui se réclament de la souveraineté, qu'on ne peut éviter de soulever. Les populations racisées et les populations immigrantes semblent exclues de ce débat. En fait comment convaincre ces populations que notre projet de changement les inclue ? Ce n'est certainement pas avec les positions prises concernant le port du voile qui exclue une partie de la population du droit de travailler à certains emplois sous prétexte que nous serions un État laïque. (Ce qui est faux en pratique, la liste est longue, les noms de ville, les jours fériés, les subventions aux écoles religieuses et aux congrégations religieuses catholiques…)

Tant qu'on n'agit pas de façon à démontrer que tout le monde jouit de droits égaux dans la société que nous voulons bâtir, tant que des gens vont se sentir exclus, tant qu'on fait des différences et qu'on porte des jugements, si on ne construit pas un Québec inclusif où tout le monde a sa place, on est très mal pris.

Le nombre de personnes immigrantes que nous pouvons accueillir n'est pas une question de chiffres ou de quotas mais relève d'un problème planétaire. Les populations du Sud Global exploitées par les multinationales, dont les compagnies minières ayant leur siège social à Toronto, subissent plus fortement les conséquences du réchauffement climatique, sont confrontées à la nécessité de migrer vers le nord pour des raisons de survie. Ces populations n'ont pas le choix, elles ne viennent pas ici en touristes.

Alors la vraie question est d'abord comment se préparer à les accueillir. Ensuite, comment agir pour qu'ils ne soient plus dans la déchéance économique, comment exprimer notre solidarité internationale avec ceux et celles qui se battent pour leur survie.

La question de la laïcité a beaucoup divisé les souverainistes. Les positions véhiculées par la loi 21 et 96 ont stigmatisé une partie de la population, qui ne peut se voir comme inclue dans le projet d'indépendance.

Défendre l'indépendance c'est proposer un projet où on reprend en main notre économie, où on nationalise les compagnies minières et forestières. Où on crée un engouement pour une nouvelle société égalitaire. C'est maintenant que nous devons mener ces luttes qui vont stimuler les gens à agir et à se mobiliser.

Daniel Michelin

Il faut chercher des voies de passage. On a fait le bilan de la campagne électorale de 2018, il faut effacer le tableau noir et recommencer. On a fait un bilan lucide et rigoureux avec nos sympathisants. Il faut que le projet national du PQ soit recentré sur l'indépendance. On doit s'adresser à l'intelligence et toujours dire ce qu'on va faire.

En 2022 c'est ce qu'on a fait, Paul St-Pierre Plamondon a promis qu'il refuserait de prêter serment à la couronne britannique et a tenu parole. Quand on se tient debout avec nos convictions, on brise le statu quo.

C'est un projet qui va demander effort, courage, confiance et détermination. Il faut élever ce débat, on est sur une trajectoire avec nos alliés et on ne va pas dévier. Comment y arriver ? À l'élection de 2026 on va mettre de l'avant le projet de pays avec le Livre Bleu qui va tracer les contours du Québec souverain. Les Québécois vont savoir qu'ils vont voter pour un parti qui enclenche le processus de l'indépendance, pour un Québec libre de ses choix avec le Budget de l'an 1.

Pour PSPP les conditions gagnantes pour gagner un référendum c'est fini, la gouvernance souverainiste c'est fini. Nous ne voulons pas gouverner une province, nous voulons gouverner une province qui est en train de devenir un pays. À partir des élections de 2026 avec une pluralité de sièges, on lance le processus.

Au PQ nous allons être des démocrates intraitables. Tous les outils démocratiques ont leur place. Si la tendance se maintient et qu'on est élus avec une pluralité de sièges, 32% des votes signifie que beaucoup n'ont pas voté pour nous. Le système uninominal à un tour entraine des distorsions importantes. Martine voudrait qu'on déclare l'indépendance avec un système avec autant de distorsions que celui-là, je suis ahuri.

Tous les outils démocratiques ont leur importance, c'est comme une symphonie. En démocratie on a l'élection, on a les référendums. Je ne savais pas que c'était une invention des anglais parce-que ça se parle à travers le monde. C'est la partie 4 de la symphonie. La partie 1 c'est la démocratie représentative, la 2 les commissions parlementaires la 3 l'assemblée constituante.
QS nous parle de l'exemple extraordinaire de la Bolivie qui durant le processus a été obligé loger les constituants dans une caserne militaire parce que ça se tirait dessus dans les rues. Ce n'est pas la panacée.

On ne mettra pas les Québécois dans un piège. On va lancer une grande délibérante nationale, c'est un défi énorme, inclusivement tous les Québécois vont être conviés à cette prise de décision.
Un référendum s'il est instrumentalisé c'est mauvais. Au Chili il a été paqueté à gauche et rejeté à 62%. Ensuite orienté à droite et encore rejeté. Pour nous il n'y aura pas de trappe à souris.

Je respecte le projet de QS qui veut lier le projet d'indépendance à un projet social bien défini. Mais nous ce n'est pas notre position, sinon on n'y arrivera jamais. Faisons l'indépendance et après on se chicanera où on met le rideau et les stores. L'indépendance ça ouvre tous les possibles, c'est une valeur en soi. Ce qui s'en vient dans les prochaines années c'est la bataille de notre vie, il faut s'élever pour rencontrer cet objectif, il faut s'élever au-dessus de nos contingences.

Martine Ouellet

La démarche d'accession à l'indépendance, depuis 1990 ça fait 30 ans au PQ qu'on n'a jamais eu l'occasion de discuter de la démarche. La réponse qu'on entend c'est le référendum. Ce n'est à peu près pas discutable, on a été brainwashé par ça.

QS a adopté cette approche qui n'était pas celle d'ON. Pré indépendance.

Il y a très peu de pays qui ont fait un référendum pour déclarer leur indépendance. La plupart ont fait un référendum après leur déclaration d'indépendance pour adopter leur constitution permanente. Le Canada ne s'est jamais formé par un référendum mais par un simple vote au parlement, basé sur la démocratie parlementaire.

Le livre de Gilbert Paquette mentionne qu'avant 1976 il n'était pas question de référendum. Cette idée est venue de Claude Morin, payé par la GRC. Cela a été suggéré en 1969 par trois personnes, le ministre des finances, Marc Lalonde et un sous-ministre. Pour contrer l'indépendance et gagner du temps, Claude Morin a reçu l'équivalent de $100,000 d'aujourd'hui. C'est une idée des fédéralistes, ils sont brillants. Il ne faut jamais sous-estimer ses adversaires.

On se fait élire pour gouverner une province et on se dit qu'on va faire un référendum plus tard. Tout le temps entre notre élection et le référendum, c'est le temps de tous les pièges. Ne pas penser que pendant tout ce temps-là nos adversaire vont nous faire du sabotage. On l'a vécu en 1980, en 1995 on a eu de bonnes claques dans la face, on devrait se réveiller.

Jamais le Canada ne va rester les bras croisés. Les forces au gouvernement sont occupées avec des crises comme Mégantic, les feux de forêt, donc il faut gérer la province sous contrôle canadien en même temps qu'on veut préparer l'indépendance. C'est beaucoup, donc division des forces. Les fédéralistes eux n'ont pas besoin de diviser leurs forces, ils s'enlignent pour contrer l'indépendance.

En jouant le jeu d'agir comme un gouvernement provincial, on joue contre nous-même. Parce que si on réussit à faire des avancées (comme le refus du serment au roi) cela démontre qu'on peut faire des choses à l'intérieur du Canada, qu'on peut être utiles. Si on ne réussit pas, on se fait de ennemis et on se fait reprocher de ne pas avoir réussi. C'est perdant-perdant.

On s'expose à accumuler des échecs ou des demi succès. On est incapables d'agir, on n'a pas tous les pouvoirs. Regardez Legault avec l'immigration, il ne va rien se passer, il n'a pas de rapport de force.

Climat Québec compte sortir de l'approche référendaire. (Inspiré de PQ RIN 70-73). On met au jeux la constitution initiale de transition avant l'élection. Un vote pour climat Québec c'est l'indépendance du Québec. Une fois au pouvoir avec une majorité de députés indépendantistes, peu importe les partis, on vote la constitution de transition (grand consensus). On enlève le multiculturalisme, le bilinguisme, on met la laïcité, la langue française, on prend la charte des droits et libertés du Québec et on enlève celle du Canada. Ensuite les lois canadiennes s'appliquent jusqu'à ce qu'on les remplace par des lois québécoises.

Il y aura des débats à faire mais on les fera comme pays indépendant et non comme province avec des fédéralistes qui vont venir saboter ces débats-là. On vote la constitution, on aura la constitution indépendantiste à discuter, nous on le fait après avoir fait l'indépendance. QS le fait avant, ce qui est un peu bizarre.

Est-ce qu'on veut un système proportionnel ? Je pense que oui, est-ce qu'on veut un système présidentiel ou un système britannique ? La grande question c'est le pouvoir, on va délimiter des régions administratives, quels seront les pouvoirs délimités dans les grandes régions, ce sera des grands débats. Avec un référendum à la fin pour adopter la constitution permanente.

Mais la grande différence c'est que nous on sera déjà indépendants. Alors si les gens disent que la constitution n'est pas exactement comme ils le voulaient alors ils vont voter contre. Alors on restera indépendants sous la constitution provisoire – initiale- contrairement à Québec solidaire. S'ils se font voter non à leur constitution, ça va être compliqué. Manon Massé s'était déjà fait poser la question et ne savait pas quoi répondre. Alors c'est comme si on restait dans le Canada en posant des gestes de rupture, mais ne pensez pas que le Canada ne va pas réagir, c'est comme un peu ambigu.

C'est pour ça que nous on préfère la clarté, et se détacher du Canada pour ne pas être pris avec le carcan de la constitution canadienne. Parce que les gestes qu'on voudra poser après une élection pour le Québec dans la constitution canadienne, on ne veut plus ça. Si on met les choses claires on sera de très bons voisins. On n'aura plus les problèmes de dire « les conditions gagnantes » parce que le PQ c'est encore dans votre programme, un référendum gagnant, les conditions gagnantes. On n'aura plus cette contrainte, on n'aura pas besoin de référendum.

On est tellement brainwashé par les fédéralistes qu'on les utilise contre nous-même d'avoir appuyé la clause nonobstant sur la laïcité. La mécanique nécessaire c'est de converger vers une démarche commune.

L'ensemble du programme du PQ est provincialiste, même Ruba Ghasal a dit qu'on ne peut se permettre de perdre le prochain référendum. La meilleure façon de ne pas le perdre c'est de ne pas le faire. Entrer dans cette logique c'est culpabiliser le peuple.

Extrait d'une vidéo réalisée par le Mouvement Québec Indépendant

Commentaires émis sur le site du MQI

Gilbert Paquette

Ce débat a démontré que la notion de convergence des forces indépendantistes rencontre la volonté très assumée de la grande majorité des participants de réunir les forces dès maintenant en vue de l'établissement d'une stratégie entre les partis en vue des élections de 2026.

André Frappier

Je remercie le Mouvement Québec Indépendant de m'avoir invité. Pour ma part j'ai mentionné que l'indépendance doit être liée à un projet de société égalitaire et plus démocratique ce qui implique un Québec inclusif. Et non pas une stratégie entre les partis en vue des élections de 2026. C'est maintenant qu'il faut s'attaquer à ces questions et se mobiliser contre l'injustice. Il y a des différences fondamentales entre le PQ et QS. Entre autres en ce qui concerne l'accueil des personnes immigrantes et la façon dont on considère les personnes racisées. Retirer des droits civiques au moyens de la loi 21 est à l'opposé d'un Québec rassembleur et égalitaire. Le projet d'indépendance doit commencer par des luttes communes pour le contrôle de notre économie et contre l'évasion fiscale, pour le contrôle de nos ressources naturelles et pour la démocratie. C'est de cette façon qu'on inspirera la population à l'idée de l'indépendance et non par des tractations électorales.

Gilbert Paquette

Je dois manifester mon désaccord amical et celui de notre mouvement avec André Frappier sur deux points précis. Je crois que le PQ, tout comme Climat Québec et Québec solidaire ont des projets de société égalitaires, plus démocratiques et inclusifs. Cela fait honneur aux indépendantistes. Prétendre le contraire nuit à l'accession à l'indépendance en alimentant des luttes qui ne mènent nulle part. La loi 21, malgré sa faiblesse ne retire aucun droit fondamental et préserve la liberté de conscience face au fondamentalisme religieux dans la dispensation de certains services de l'État, et ce, quelle que soit la religion. La séparation des églises et de l'État est au contraire rassembleuse et égalitaire, contrairement à la constitution canadienne qui repose sur le multiculturalisme qui sépare les Québécois de diverses origines.

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Ponds-moi une loi !

12 mars 2024, par Omar Haddadou — ,
– Ponds-moi une Loi ! - Au fil des mois. – Dans l'hémicycle somnolente ou en émoi. - Pardon ! Je te tutoie. – Toi qui sièges au Bourbon paré de dorure et de soie. – (…)

Ponds-moi une Loi !
- Au fil des mois.

Dans l'hémicycle somnolente ou en émoi.
- Pardon ! Je te tutoie.

Toi qui sièges au Bourbon paré de dorure et de soie.

Ponds-moi une Loi !
- En mon absence, c'est toi qui vois.
- Ponds-moi une Loi !
- Elu (e), à chaque fois.
- Donnant matière à tes séances meublées de vacuité sans joie.

- Ponds-moi une Loi.
– A débattre à l'Assemblée, ça va de soi.

- Alambiquant ma vie et ma foi.

Ponds-moi une Loi

Je compte jusqu'à trois.

A corseter ma Liberté aux abois. -

Ponds-moi une Loi !

Je ne vois pas ce que tu vois.

Mon âme se noie.

Ponds-moi une Loi !

A me taxer mort(e) ou vif (ve), t'en as le droit.

Ponds-moi une Loi !

Sur tout et n'importe quoi.

Ô Député (e) qui a pris du poids.

Ponds-moi une Loi !

Pour mes enfants en proie.

A tes intrications rétribuées avec joie.

Ponds-moi une Loi !

A accoucher d'une autre Loi !

Texte et illustration : Omar HADDADOU Paris 2024

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Hussardes noires : des enseignantes à l’avant-garde des luttes »

12 mars 2024, par Lilia Ben Hamouda, Mélanie Fabre — , ,
En cette journée internationale des droits des femmes, Mélanie Fabre revient sur l'histoire des Hussardes noires. Son livre, « Hussardes noires, des enseignantes à (…)

En cette journée internationale des droits des femmes, Mélanie Fabre revient sur l'histoire des Hussardes noires. Son livre, « Hussardes noires, des enseignantes à l'avant-garde des luttes » paru le 16 février participe à relever un défi, celui de « se pencher sur la manière dont une communauté enseignante au féminin a activement participé à la laïcisation de l'école, justement dans le domaine où ce processus était le plus contesté, celui de l'éducation des filles ». Elle répond aux questions du Café pédagogique.

Tiré de Café pédagogique
www.cafepedagogique.net/2024/03/08/hussardes-noires-des-enseignantes-a-lavant-garde-des-luttes/ <http://www.cafepedagogique.net/2024...>

Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda, Le Café pédagogique, Paris, 8 mars 2024

Vous venez de publier aux éditions Agone un ouvrage intitulé « Hussardes noires, des enseignantes à l'avant-garde des luttes. »

https://agone.org/livres/hussardes-noires-des-enseignantes-lavant-garde-des-luttes <https://agone.org/livres/hussardes-...>

D'où vient cette formule de « hussardes noires » ?*

C'est la féminisation de l'expression célèbre de Charles Péguy, utilisée dans son ouvrage L'Argent, publié en 1913. L'écrivain français s'y remémore son enfance, où il était scolarisé dans une école un peu particulière. En effet, il suivit sa scolarité dans l'école annexe d'une école normale où étaient alors formés les futurs instituteurs. Charles Péguy n'était donc pas instruit par un enseignant « titulaire », mais par les jeunes normaliens qui se relayaient pour venir faire classe dans l'école annexe, où étaient réunis des enfants comme lui, heureux cobayes de ces enseignants en devenir.

En parlant de hussards noirs, Péguy fait référence à leur costume, qui lui rappelle celui des soldats : « Cet uniforme civil était une sorte d'uniforme militaire encore plus sévère, encore plus militaire, étant un uniforme civique. […] Porté par ces gamins qui étaient vraiment les enfants de la République. Par ces jeunes hussards de la République. »

L'expression, qui désignait à l'origine exclusivement les élèves-maîtres des écoles normales, a progressivement revêtu un sens plus large pour désigner l'ensemble des instituteurs des écoles publiques de la Belle Époque, combattant avec leurs propres armes en faveur de la République et de la laïcité de l'instruction.

Pourquoi parler alors de « hussardes noires », au féminin ?

Beaucoup de travaux historiques consacrés à la construction de l'école laïque en France ont repris la formule de « hussards noirs », sous-entendant que la défense du régime républicain et de l'école laïque fut l'apanage d'une communauté professionnelle masculine, les femmes étant historiquement plus proches du pouvoir religieux. Cela n'est pas complètement faux : le dimorphisme sexuel dans la pratique religieuse à la fin du XIXe siècle est très net. Les femmes sont beaucoup plus pratiquantes que les hommes. À cela s'ajoute le fait que, lorsque les lois Ferry sont votées dans les années 1880, des écoles normales d'instituteurs, gérées par les pouvoirs publics, existent en nombre depuis la loi Guizot de 1833, alors que les écoles normales de filles sont très peu nombreuses. La proportion de religieuses dans les écoles primaires de filles est beaucoup plus importante que dans l'enseignement masculin, et ces dernières ne quittent véritablement les écoles publiques de filles qu'en 1904. De plus, jusque dans les années 1880, même les institutrices qui n'appartiennent pas à une congrégation ont, pour beaucoup d'entre elles, été formées par des religieuses. L'enseignement féminin est donc, à la fin du XIXe siècle, un bastion de l'Église catholique, beaucoup plus que les écoles de garçons. En toute logique, la sécularisation des écoles masculines est beaucoup plus facile et rapide que celle des écoles de filles, qui, de leur côté, cristallisent les luttes.

Dès lors, comme l'écrit l'historien François Jacquet-Francillon, célébrer « les hussards noirs de la République en oubliant que la laïcisation incomba plus encore aux institutrices, est une sorte de scandale historiographique ».

Mon livre participe à relever ce défi : se pencher sur la manière dont une communauté enseignante au féminin a activement participé à la laïcisation de l'école, justement dans le domaine où ce processus était le plus contesté, celui de l'éducation des filles.

Qui sont donc ces « hussardes noires » ?

Pour cet ouvrage, je n'ai pas mené d'étude sur une grande cohorte d'enseignantes de la Belle Époque. J'ai repéré celles qui avaient été les plus actives dans les débats autour de l'école, que ce soit par leurs textes publiés dans la presse, par leurs interventions dans divers congrès, ou parce qu'elles avaient été plébiscitées lors d'élections professionnelles.

Certaines d'entre elles sont de simples institutrices, comme Marguerite Bodin. Cette dernière est la fondatrice d'une association pacifiste qui cherche à réformer le système scolaire pour en faire un lieu où les enfants seraient socialisés dans un idéal de paix. Elle est aussi une militante féministe, qui, à la tête d'une école mixte (cas rare à la Belle Époque), fait voter filles et garçons lorsqu'il faut prendre des décisions collectives, éveillant les jeunes esprits au principe de l'égalité des sexes, comme elle l'explique dans son ouvrage Les Surprises de l'école mixte (1905).

Mais rares sont les institutrices à acquérir une visibilité publique équivalente à celle de Marguerite Bodin. La plupart des intellectuelles étudiées dans ce livre occupent des postes plus prestigieux dans la hiérarchie de l'Instruction publique : j'ai particulièrement porté mon attention sur une inspectrice générale (Pauline Kergomard), deux professeures d'écoles normales ( Marie Baertschi et Albertine Eidenschenk ), et sur une directrice de lycée de filles (Jeanne Desparmet-Ruello).

J'ai donc mobilisé la formule de « hussardes noires » dans un sens assez large pour caractériser une communauté d'enseignantes militant pour la laïcité de l'instruction. Toutes partagent les valeurs dont les « hussards noirs » de Péguy furent les porte-drapeaux : foi laïque, républicanisme, optimisme pédagogique, et surtout, sentiment d'être engagée dans une lutte capitale, à l'heure où l'affaire Dreyfus coalise les ennemis du régime et où se développent nationalisme, antiparlementaire et antisémitisme.

Vos « hussardes noires » ne sont donc pas uniquement engagées dans un combat pour la laïcité de l'instruction ?

Effectivement, si leur militantisme naît dans le monde scolaire et y reste étroitement attaché, elles s'engagent dans de nombreux combats. Pour beaucoup d'entre elles, c'est l'affaire Dreyfus qui apparaît comme l'occasion d'une remise en question de la manière dont fonctionne l'école. L'institution scolaire doit-elle être neutre entre ceux qui défendent les principes promus par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et ceux qui condamnent une partie de la population en raison de son appartenance religieuse ? L'école doit-elle ignorer les bruits de la rue et se murer dans un isolement salvateur et propice à l'étude ? L'Affaire sonne pour plusieurs « hussardes noires » l'heure de l'entrée en dissidence dans une institution frileuse, craignant de voir ses enseignantes sortir de leur devoir de réserve.

Le nouveau siècle apporte également son lot de luttes scolaires, politiques et sociales. Les intellectuelles dont la trajectoire est analysée dans ce livre montent par exemple à la tribune des nombreuses universités populaires qui naissent au tournant du XIXe et du XXe siècle. Elles questionnent aussi l'institution scolaire à l'aune de la vague féministe qui se manifeste en France à la Belle Époque. Elles participent en outre à un combat alors fédérateur chez les enseignantes : celui pour l'égalité des salaires entre instituteurs et institutrices, qui n'aboutit pourtant qu'en 1919.

Ces « hussardes noires » sont donc à l'avant-garde de luttes, qui, prises dans un sens large, découlent d'un engagement commun en faveur de l'école républicaine et laïque. À leurs yeux, l'école laïque doit incarner la devise républicaine : elle doit être un lieu d'apprentissage de la liberté par l'acquisition d'une pensée critique dans tous les domaines ; elle doit être le ferment de l'égalité par le traitement équitable de tous les enfants, quels que soient leur classe sociale, leur origine, leur sexe et leur religion, et ce, pour participer à la construction d'une société plus démocratique et plus fraternelle.

Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda, 2024-03-08 Mélanie Fabre

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Les atrocités actuelles à Gaza : simple reflet de celles commises par les sionistes en 1947-8

12 mars 2024, par Ovide Bastien — , , ,
Voir en direct les forces militaires israéliennes tirer sur des Gazaouis qui sont tellement affamés qu'ils se lancent désespérément sur un camion d'aide humanitaire... (…)

Voir en direct les forces militaires israéliennes tirer sur des Gazaouis qui sont tellement affamés qu'ils se lancent désespérément sur un camion d'aide humanitaire...

Ovide Bastien, professeur retraité du Collège Dawson

Voir ces 117 morts et 750 blessés qui s'ajoutent à tant d'autres...

Voir Israël sortir de son chapeau l'allégation peu crédible que ses soldats ne tiraient sur la foule que parce qu'ils se sentaient menacer par des gens qui s'approchaient un peu trop de leurs chars d'assaut...

Voir tout cela est profondément bouleversant et révoltant.

Cette guerre, la plus meurtrière de l'histoire moderne pour enfants, femmes, journalistes, professionnels de la santé et personnel des Nations unies, a déjà fait, dans l'espace de cinq mois, 31 000 morts et 72 000 blessés.

« On veut délibérément faire mourir de faim les Palestiniens », affirme Michael Fakhri, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation. « Sinon, pourquoi bloquer systématiquement le passage de l'aide humanitaire à Gaza ? Depuis les mesures provisoires adoptées le 26 janvier par la Cour internationale de justice sommant Israël de débloquer l'aide humanitaire qui entre à Gaza, celle-ci, au lieu d'augmenter, a plutôt été coupé de moitié », poursuit Fakhri. « Pourquoi détruire délibérément bateaux de pêche artisanale, serres et vergers à Gaza, sinon pour empêcher les gens d'avoir accès à la nourriture ? N'est-ce pas carrément un crime de guerre, et même un génocide ? »

Mardi 5 mars, le Programme alimentaire mondial affirme qu'un convoi de 14 camions transportant de la nourriture destinée au nord de la bande de Gaza, après trois heures d'attente à un poste de contrôle à Wadi Gaza, vient d'être refoulé par les forces de défense israéliennes...

Ce qui se passe sous nos yeux arrache le cœur... Et illustre, de façon on ne peut plus claire, que lorsque le ministre israélien de la défense Yoav Gallant déclarait en octobre dernier, « Nous allons imposer un siège complet à Gaza ... pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'eau, pas de carburant - tout sera fermé », il pensait bel et bien ce qu'il disait.
Dans un tel contexte, comment douter du bien-fondé de l'accusation de génocide portée par l'Afrique du Sud contre Israël auprès de la Cour internationale de justice ? Comment croire Israël et Washington lorsqu'ils allèguent que cette accusation « est sans aucun fondement factuel » ?

Atrocités décrites dans le livre The Ethnic Cleansing of Palestine

Dans un article précédent, Gaza : comprendre aujourd'hui en regardant hier, (Presse-toi à gauche, le 5 décembre 2023), je rappelais quelques conclusions de l'enquête que menait les Nations unies à la suite de l'invasion de Gaza par Israël du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, 1 Des conclusions qui, à mon avis, détruisent, et de façon magistrale, l'allégation d'Israël selon laquelle, dans son invasion actuelle de Gaza, elle ne fait que se défendre tout en respectant scrupuleusement les lois humanitaires, et que le grand nombre de victimes palestiniennes ne provient que du Hamas qui n'hésite pas à utiliser femmes et enfants, et même écoles et hôpitaux, comme boucliers humains. Allégation que le président étatsunien Joe Biden semble avoir fait sienne jeudi soir, 7 mars, dans son discours à la nation, en affirmant que l'opération militaire israélienne est difficile « étant donné que les membres du Hamas se cachent, comme des lâches, parmi la population civile ».

Dans cet article, je vais décrire, à l'aide de nombreux extraits du livre The Ethnic Cleansing of Palestine (2006) de l'historien juif Ilan Pappé, les atrocités énormes commises en 1947-8 par les sionistes lors de la fondation de l'État juif en Palestine.

J'invite lectrices et lecteurs à évaluer si les atrocités commises aujourd'hui à Gaza ne font pas tout simplement refléter celles subies par Palestiniennes et Palestiniens en 1947-8.

Dans une lettre qu'il adressait à son bras droit Moshe Sharett le 13 décembre 1947, le grand leader sioniste David Ben-Gurion affirmait que les Juifs, pour atteindre leur rêve du grand Israël, pouvaient faire « tout ce qu'ils voulaient aux Palestiniens ».

Incluant, écrivait-il, « les faire mourir de faim » !2

Et le 10 mars 1948, il se réunissait avec dix autres leaders sionistes chevronnés et quelques jeunes officiers militaires juifs afin de peaufiner un plan de nettoyage ethnique de la Palestine.

Le soir même, on faisait parvenir des ordres aux unités de combat sur le terrain, précisant les villages précis que chaque unité devait attaquer, accompagnés d'une description détaillée des méthodes à employer :
• Intimidation à grande échelle.
• Siège et bombardement des villages et des villes.
• Expulsion des Palestiniens et incendie et démolition de leurs maisons, propriétés et biens.
• Pose de mines parmi les décombres afin d'empêcher tout retour des habitants expulsés.

Le plan fut exécuté de façon tellement efficace que, dans l'espace de quelques mois, les forces juives avaient déjà détruit la moitié des villages et villes palestiniennes, transformant en réfugiés 750 000 des 900 000 Palestiniens qui vivaient en Palestine.

Ce nettoyage ethnique, rappelle Pappé, prenait généralement la forme suivante : « entrer vers minuit dans un village sans défense, passer quelques heures à tirer sur tous ceux et celles qui osent sortir de leur maison, puis repartir. »
Et les troupes juives, précise-t-il, avaient déjà initié ce nettoyage bien avant la mise au point du grand plan final du 10 mars 1948.

Un premier exemple, Ayyub

En décembre 1947, le village Ayyub, qui a environ 500 habitants, se réunit le soir pour fêter l'ouverture d'une nouvelle école construite grâce aux dons des familles. Vers dix heures, explique Pappé, la joie des habitants est instantanément anéantie lorsqu'une « compagnie de vingt soldats juifs attaque le village - qui, comme tant d'autres villages en décembre 1947, ne dispose d'aucun mécanisme de défense - et commence à tirer au hasard sur plusieurs maisons ». Ayyub sera « par la suite attaqué à trois autres reprises avant d'être complètement évacué par la force et rasé en avril 1948 », poursuit Pappé.

Un deuxième exemple Khisas

Le 18 décembre 1947, des troupes juives attaquent le village Khisas, reconnu pour sa beauté extraordinaire et où vivaient paisiblement ensemble depuis fort longtemps plusieurs centaines de Musulmans et une centaine de Chrétiens. « En pleine nuit, elles font exploser des maisons au hasard alors que les occupants y dorment encore profondément. Quinze villageois, dont cinq enfants, sont tués lors de cette attaque », note Pappé.

Un troisième exemple Shaykh Izz al-Din al-Qassam

Le 31 décembre 1947, des troupes juives attaquent Shaykh Izz al-Din al-Qassam, le village où fut enterré l'un des leaders palestiniens les plus vénérés et les plus charismatiques des années 1930, tué par les Britanniques en 1935. Le commandant des troupes Haim Avinoam, qui a reçu de ses supérieurs l'ordre « d'encercler le village, tuer le plus grand nombre possible d'hommes, endommager les biens, mais sans attaquer femmes et enfants », réussit à tuer, dans une attaque de trois heures, plus de soixante Palestiniens. Cependant, précise Pappé, parmi les victimes « il n'y a pas seulement des hommes ». Plutôt de sévir contre le commandant qui n'a pas respecté au pied de la lettre la consigne, les membres du Conseil que dirige Ben Gurion décident, lors de leur réunion subséquente, que « la distinction hommes-femmes complique inutilement les choses ». Ils « laissent donc tomber cette distinction pour les opérations futures ».

Un quatrième exemple Sa'sa

La nuit du 14 février 1948, les troupes juives attaquent le village palestinien Sa'sa, qui est magnifiquement situé dans la seule partie toujours verte du pays, et qui est un de ces villages palestiniens qui apparaissent assez souvent dans les guides touristiques officiels israéliens. La résistance des habitants se manifeste lorsque les troupes entrent dans le village et commencent à fixer du TNT sur les maisons. « Nous sommes tombés sur un garde arabe, » racontera plus tard Kalman. « Le garde était tellement surpris qu'il n'a pas demandé "min hada ?", "qui est-ce ?", mais "eish hada ?", "qu'est-ce que c'est ?". L'un de nos soldats, qui connaissait l'arabe, a répondu avec humour [sic] "hada esh !" ("c'est [en arabe] du feu [en hébreu]") et l'a criblé de balles ». Les troupes de Kalman ont pris la rue principale du village et ont fait systématiquement sauter les maisons les unes après les autres, alors que les familles dormaient encore à l'intérieur. « À la fin, le ciel s'est ouvert », se souvient poétiquement Kalman, alors qu'un tiers du village se trouvait pulvérisé dans les airs. « Nous avons laissé derrière nous 35 maisons démolies et 60 à 80 cadavres (dont un grand nombre d'enfants). »

Un cinquième exemple Deir Yassin

« Le 9 avril 1948, les forces juives ont occupé le village de Deir Yassin. (...) En faisant irruption dans le village, les soldats juifs, relate Ilan Pappé, ont arrosé les maisons de tirs de mitrailleuses, tuant de nombreux villageois. Les autres villageois ont ensuite été rassemblés en un seul endroit et assassinés de sang-froid, (...) et un certain nombre de femmes ont été violées puis tuées. FahZaydan, qui avait douze ans à l'époque, se souvient de la façon dont il a vu sa famille être assassinée sous ses yeux : Ils nous ont fait sortir les uns après les autres ; ils ont tiré sur un vieil homme et lorsque l'une de ses filles a pleuré, elle a été abattue à son tour. Ils ont ensuite appelé mon frère Muhammad et l'ont abattu devant nous, et lorsque ma mère a crié, se penchant sur lui - portant ma petite sœur Hudra dans ses bras, l'allaitant encore - ils l'ont abattue aussi. »

Les forces juives considéraient tout village palestinien comme une base militaire ennemie, rappelle Ilan Pappé. « Était donc minime pour elles la distinction entre massacrer des gens et les tuer ‘en cours de combat'. Il suffit de savoir que trente bébés figuraient parmi les personnes massacrées à Deir Yassin... », poursuit-il.

Après le village Deir Yassin, les quatre villages palestiniens suivants à subir une attaque des troupes juives furent Qalunya, Saris, Beit Surik et Biddu, relate Pappé. « Passant environ une heure dans chaque village, les unités de la Hagana font sauter les maisons et expulsent les habitants. »

« Le 27 mai 1948, les Égyptiens ont surpris deux Juifs, David Horin et David Mizrachi, en train d'essayer d'injecter les virus de la typhoïde et de la dysenterie dans les puits de Gaza, affirme Ilan Pappé. Le général Yadin a rapporté l'incident à Ben-Gurion, alors Premier ministre d'Israël, qui l'a dûment consigné dans son journal, sans autre commentaire. »
« Entre le 30 mars et le 15 mai, 200 villages ont été occupés et leurs habitants expulsés, poursuit Ilan Pappé. C'est un fait qui doit être répété, car il met à mal le mythe israélien selon lequel les "Arabes" se sont enfuis une fois que l'invasion arabe a commencé. Près de la moitié des villages palestiniens avaient déjà été attaqués lorsque les gouvernements arabes ont finalement décidé, à contrecœur comme nous le savons, d'envoyer leurs troupes. Quatre-vingt-dix autres villages seront anéantis entre le 15 mai et le 11 juin 1948, date à laquelle la première des deux trêves entrera finalement en vigueur. »

« Ben-Gurion a suivi personnellement l'achat d'une arme particulièrement meurtrière - un lance-flammes - qui serait bientôt utilisée pour incendier les champs et les maisons des Palestiniens, » rappelle Ilan Pappé. « Un professeur de chimie anglo-juif, Sasha Goldberg, a dirigé le projet d'achat puis de fabrication de cette arme, d'abord dans un laboratoire à Londres, puis à Rehovot, au sud de Tel-Aviv, dans ce qui allait devenir l'Institut Weizmann dans les années 1950. »

« L'histoire orale de la Nakba regorge de témoignages sur les terribles effets de cette arme sur les personnes et les biens, » note Pappé.

Les Israéliens valorisent énormément l'histoire orale lorsque celle-ci sert à contrecarrer ceux et celles qui prétendent que l'Holocauste n'a jamais eu lieu, note Pappé. Cependant, lorsqu'on utilise cette même histoire orale pour documenter la Nakbah, c'est-à-dire la catastrophe que constitue le nettoyage ethnique de la Palestine, les Israéliens s'y opposent carrément. Cette réalité est tellement occultée en Israël que le ministère de l'Éducation, sous le gouvernement d'Ariel Sharon, supprimait systématiquement tout manuel ou programme scolaire où il était question, même de façon passagère, de la Nakbah. Le gouvernement Sharon a aussi fait parvenir des instructions aux autorités de la radiodiffusion publique, leur demandant d'occulter cette réalité.

« Le projet de lance-flammes, poursuit Pappé, faisait partie d'une unité plus large engagée dans le développement de la guerre biologique sous la direction d'un physico-chimiste appelé Ephraim Katzir (plus tard le président d'Israël qui, dans les années 1980, par un lapsus, a révélé au monde que l'État juif possédait des armes nucléaires). L'unité biologique qu'il dirigeait avec son frère Aharon a commencé à travailler sérieusement en février 1948. Son principal objectif était de créer une arme capable de rendre les gens aveugles. Katzir rapporte à Ben-Gurion : ‘Nous faisons des expériences sur des animaux. Nos chercheurs portaient des masques à gaz et des tenues adéquates. Les résultats sont bons. Les animaux ne sont pas morts (ils ont seulement été aveuglés). Nous pouvons produire 20 kilos par jour de ce produit'. En juin, Katzir a suggéré de l'utiliser sur des êtres humains. »

Pappé n'affirme pas, cependant, que le gaz mentionné plus haut a bel et bien été utilisé par les troupes juives.
« L'historiographie israélienne officielle décrit le mois suivant, avril 1948, comme un tournant, » poursuit Pappé. « Selon cette version, une communauté juive isolée et menacée en Palestine passait de la défense à l'offensive, après avoir frôlé la défaite. Cependant, la réalité ne pouvait guère être plus différente. Le rapport de force militaire, politique et économique entre les deux communautés était tel que non seulement la majorité des Juifs n'était pas du tout en danger, mais en plus, entre début décembre 1947 et fin mars 1948, leur armée avait pu achever la première étape du nettoyage ethnique de la Palestine, avant même que le plan d'ensemble ne soit mis en œuvre. S'il y a eu un tournant en avril, c'est tout simplement le passage des attaques et contre-attaques sporadiques contre la population civile palestinienne à la méga-opération systématique de nettoyage ethnique qui s'ensuivit, » poursuit Pappé.

« Pleurer à haute voix tout en assassinant et en expulsant des innocents est une tactique pour faire face aux implications morales du plan de nettoyage ethnique de la Palestine, » affirme Pappé. « L'autre tactique consiste à déshumaniser les Palestiniens. L'Agence juive avait promis à l'ONU que les Palestiniens allaient devenir des citoyens à part entière de l'État d'Israël. Au lieu de cela, on les a expulsés, emprisonnés ou assassinés. »

« Notre armée, » se vante Yossef Weitz, « avance et conquiert les villages palestiniens et leurs habitants s'enfuient comme des souris. »

Nouveaux nazis

Le 17 octobre 2023, Benjamin Nétanyahou, lors d'une conférence de presse tenue aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, qualifiait le Hamas de "nouveaux nazis".

Son prédécesseur Ben-Gurion, dès janvier 1948, appelait déjà « victimes d'un second Holocauste » les pertes que ses troupes subissaient, affirme Pappé. Les Palestiniens qui résistaient aux tentatives de celles-ci de les déloger des terres et maisons où ils habitaient depuis des centaines d'années, étaient déjà considérés, aussi étrange que cela puisse paraître, de "nouveaux nazis".

« La tentative de présenter les Palestiniens, et les Arabes en général, comme des nazis était un stratagème délibéré de relations publiques pour s'assurer que, trois ans après l'Holocauste, les soldats juifs ne perdraient pas courage lorsqu'ils recevraient l'ordre de nettoyer, de tuer et de détruire d'autres êtres humains », commente Pappé.

Cette continuité entre hier et aujourd'hui est étonnante ! Dans son discours à la nation du 7 mars, le président Joe Biden se réfère à l'attaque du Hamas du 7 octobre comme « le pire massacre de Juifs depuis l'Holocauste ». Encore ici l'association entre le Hamas et les nazis est claire. Et si Biden, dans ce discours, s'attarde avec force détails sur les atrocités commise par le Hamas, ce n'est qu'avec une évidente désinvolture qu'il reconnaît que 31 000 Palestiniens, la plupart femmes et enfants, ont été assassinés au cours des derniers cinq mois.

Afin qu'un cessez-le-feu puisse se réaliser, Biden invite le Hamas à déposer les armes et se rendre, et de libérer les 130 otages israéliens qu'il détient toujours. Et même si le gouvernement Nétanyahou refuse carrément la création d'un État palestinien, vient d'adopter au Knesset le 4 mars une résolution autorisant les colons juifs à construire 3,500 autres maisons en Cisjordanie - où, depuis le 7 octobre, il a détenu sans possibilité de procès plus de 8 000 Palestiniens, dont plusieurs adolescents -, Biden ne demande pas à ce gouvernement de déposer les armes.

Non. Il continue plutôt, comme si de rien n'était, de lui en fournir, comme le rapportait le 6 mars le Guardian !3
Quelle importance doit-on dès lors accorder aux propos de Biden lorsqu'il met de l'avant, dans son discours, la « solution à deux États » ? N'est-ce pas faire preuve d'une hypocrisie consommée que de recourir au transport aérien pour apporter quelques gouttes d'aide humanitaire à une population assiégée qui crève littéralement de faim ? N'est-ce pas faire preuve d'une hypocrisie consommée que d'annoncer, comme le fait Biden dans son discours à la nation, la création d'un port temporaire pour acheminer de l'aide à Gaza ? Un port qui va nécessiter des semaines à construire... Alors que de centaines de camions, chargés d'une immense quantité d'aide humanitaire, attendent, et ce depuis des semaines, à la frontière de Gaza et qu'Israël limite intentionnellement leur entrée ?

En 1947-8, les pertes du côté juif étaient carrément inférieures (400) à celles du côté palestinien (1 500), affirme Pappé dans son livre. Idem aujourd'hui. Les pertes totales du côté des Palestiniens sont de 31 000 à Gaza et 400 en Cisjordanie, et, du côté d'Israël, 1 332.

Ilan Pappé est détesté en Israël

Quoique la qualité académique d'Ilan Pappé est appréciée et reconnue sur le plan international, lectrices et lecteurs ne doivent pas trop s'étonner d'apprendre qu'en Israël, il est très détesté.

Le juif Benny Morris, un historien qui s'est temporairement éloigné de l'idéologie sioniste pour y revenir par la suite, produit une critique cinglante de l'œuvre d'Ilan Pappé. Son très long article s'intitule d'ailleurs « The Liar as Hero ».4 Pour Morris, son ancien collègue de l'Université de Haïfa, Ilan Pappé, ne serait qu'un « menteur devenu héros ».
Dans un prochain article, je vais décrire, m'inspirant du livre d'Ilan Pappé Out of the Frame : The Struggle for Academic Freedom in Israel (2010), l'évolution intellectuelle qui a conduit Pappé à remettre carrément en question le sionisme dans lequel il a grandi.

Notes
1. HUMAN RIGHTS IN PALESTINE AND OTHER OCCUPIED ARAB TERRITORIES : Report of the United Nations Fact Finding Mission on the Gaza Conflict, le 15 septembre 2009. Consulté le 2 décembre 2023. Vous pouvez télécharger le rapport au complet.
2.Voici le texte original anglais : ‘What do you mean by violent action ?' Ben-Gurion asked Moshe Sharatt. ‘Destroying the traffic (buses, lorries that carry agricultural products and private cars) … sinking their fishing boats in Jaffa, closing their shops and preventing raw materials from reaching their factories.' ‘How will they react ?' asked Ben-Gurion. ‘The initial reaction may be riots, but eventually they will understand the message.' The main goal was thus to assure that the population would be at the Zionists' mercy, so their fate could be sealed. Ben-Gurion seemed to like this suggestion, and wrote to Sharett three days later to explain the general idea : the Palestinian community in the Jewish area would be ‘at our mercy' and anything the Jews wanted could be done to them, including ‘starving them to death'. Israeli State Archives Publications, Political and Diplomatic Documents of the Zionist Central Archives and Israeli State Archives, December 1947-May1948, Jerusalem 1979 (Hebrew), Doc. 45, 14 December 47, p. 60. Cité dans Ilan Pappé, The Ethnic Cleansing of Palestine (p. 36). Oneworld Publications. Édition Kindle.
3.Julian Borger, US uses loophole to keep 100 arms sales to Israel under the radar amid Gaza war – report, The Guardiian, le 6 mars 2024. Consulté le même jour.
4.Benny Morris, The Liar as Hero, The New Republic, le 17 mars, 2011. Consulté le 4 mars 2024.

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Le Nouveau Parti Démocratique ou les infortunes de la vertu

12 mars 2024, par Jean-François Delisle — , ,
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) piétine comme toujours dans les intentions de vote au plan pancanadien. Qu'on en juge par les résultats Projet Qc 125 publiés le 3 mars (…)

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) piétine comme toujours dans les intentions de vote au plan pancanadien. Qu'on en juge par les résultats Projet Qc 125 publiés le 3 mars dernier :
Parti libéral : 25% Parti conservateur 41% NPD : 19% Bloc québécois : 7%

De plus, un sondage Léger indiquait le 3 février que décidément le Nouveau parti démocratique ne perce pas au Québec. En voici les données :
Parti libéral : 28% Bloc québécois : 29% Conservateurs : 24% NPD : 14%

Non seulement Jagmeet Singh, le chef du NPD depuis octobre 2017 manque de sens politique, mais il ne tire pas les leçons du passé, une faiblesse entraînant l'autre. Il a laissé son parti glisser au rang d'aile parlementaire du gouvernement libéral minoritaire de Justin Trudeau, qui se maintient au pouvoir grâce à l'appui de son allié néodémocrate. Singh paraît avoir abandonné toute ambition de conquérir le Québec puisqu'il partage la même idéologie centralisatrice que son allié libéral. Seul le député de Rosemont La-Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, "garde le fort" néodémocrate dans la "Belle Province". L'exception qui confirme la règle... :

Le NPD est-il donc condamné à demeurer relativement marginal ici ? Pas nécessairement.

Jack Layton en son temps a rompu avec une longue tradition d'absentéisme néodémocrate au Québec (c'était un anglo-montréalais parlant très bien le français). Il a démontré qu'il n'existait pas de fatalité pesant sur sa formation politique au Québec. En 2011, après des années d'efforts, il a réussi à y faire élire 59 députés (du jamais vu !) pour former l'Opposition officielle à Ottawa. Les portes du pouvoir semblaient enfin entrouvertes pour le parti social-démocrate.
Mais Layton est décédé "opportunément" d'un cancer la même année, au grand soulagement des conservateurs de Stephen Harper (alors au pouvoir) et des libéraux dont il avait mis en danger l'hégémonie au Québec et même du Bloc.
Ses successeurs Thomas Mulcair (de service entre 2012 et 2017) et surtout Jagmeet Singh n'ont pas su maintenir la position du parti au Québec, qui s'est érodée, puis effondrée sous le règnede Singh. Ce dernier est peu sensible au nationalisme québécois. On le voit rarement au Québec et il appuie en général les mesures centralisatrices de Justin Trudeau. Il a l'habitude d'opposer le bien-être de la population au conservatisme du gouvernement québécois, surtout celui de la CAQ.

Il reprend ainsi la vieille rengaine d'une certaine gauche "canadian" à l'endroit du nationalisme québécois. Récemment, il s'est même permis de mettre sur le même plan le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé et le porte-parole de Québec solidaire sur le même sujet, Vincent Marissal, car tous les deux s'opposaient à l'établissement pancanadien, au mépris des compétences provinciales en la matière, d'un régime d'assurance-dentaire gratuit.

Au fond, cette attitude n'a rien de bien surprenant : les socialistes (au sens général du terme, incluant beaucoup de sociaux-démocrates et la plupart des marxistes ou marxisants) se sont toujours méfié du nationalisme. Ils y voient une manoeuvre de manipulation bourgeoise visant à diviser les travailleurs et les populations au profit de la classe dominante. C'est sans doute ce qui rend compte des insuccès répétés du parti au Québec, à l'exception (qui confirme la règle) de l'épisode Layton. Les brèves tentatives sans suite de certains néodémocrates au Québec durant les années 1970 n'ont rien donné, et pour cause. Les Québécois trouvent le NPD bien sympathique, mais de leur point de vue, il est avant tout le parti des autres (les 'Canadians").

Sans le dire explicitement, Singh a fait sienne la position suivante : ¨Chez nous c'est du patriotisme, chez les autres c'est du nationalisme". Pour le NPD, le Québec est une sorte de planète Mars, en dépit de son appartenance à la fédération canadienne.

Jagmeet Singh et sa garde rapprochée sont très attachés au canada, mais sans son nationalisme bien entendu...

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Jean-François Delisle

Ici comme ailleurs les femmes se lèvent face aux crises

12 mars 2024, par Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Ouébec-Charlevoix) — ,
Québec, le 8 mars 2024, des centaines de militantes et familles ont répondu à l'appel du Regroupement des groupes de femmes (RGF-CN) et marché dans St Roch, pour souligner la (…)

Québec, le 8 mars 2024, des centaines de militantes et familles ont répondu à l'appel du Regroupement des groupes de femmes (RGF-CN) et marché dans St Roch, pour souligner la journée internationale des droits des femmes.

Les slogans scandés durant les activités du 7 mars 2024 à Québec

Cette marche colorée de rouge et orange a mis de l'avant les arts pour dénoncer les crises économique, sociale, climatique et humanitaire. Alliant théâtre de rue, chant, slam, percussions et langue des signes la marche se voulait une représentation de la thématique du 8 mars : « Ça gronde, ça bouillonne et ça fulmine. Ça explosera. »

Les crises actuelles sont exacerbées par la mise à mal de notre filet social. « Les grèves dans le secteur public dont le milieu de l'éducation et de la santé, des secteurs tenus à bout de bras par des femmes, ainsi que la loi 15 adoptée sous bâillon, qui mise sur la privatisation du système de santé, sont autant d'exemples d'un gouvernement de droite qui règle des crises profondes en distribuant des chèques et en misant sur des solutions à court terme, il y a de quoi être en colère ! » mentionne Nancy Beauseigle du RGF-CN.

La crise économique actuelle, avec notamment l'inflation et la crise du logement, touche particulièrement les femmes qui sont plus nombreuses à vivre en situation de pauvreté et d'autant plus celles qui vivent de multiples oppressions. Jessica Massé, de ROSE du Nord, dénonce quant à elle la notion de vie maritale à l'aide sociale. « Actuellement, le gouvernement nous « marie de force » en nous déclarant conjoints de fait dès qu'on se rend des services (épicerie, voiture, etc.). Ça fait qu'on se retrouve avec 1 chèque pour 2 personnes, et en plus, c'est un chèque coupé ! Les femmes perdent toute autonomie économique ! »

Des violences cachées, il y en a toutes sortes, dont celles liées à l'impact de la crise climatique, compte tenu que les femmes sont celles qui sont les plus pauvres et qui s'occupent encore majoritairement des soins et du bien-être de la famille en cas de crise. Les feux de forêt, les fortes chaleurs et les inondations au Québec en 2023 coïncident avec une augmentation des violences envers les femmes. À l'échelle mondiale, les femmes ont 14 fois plus de risque de mourir lors de catastrophes naturelles. « Dans certaines régions, elles doivent marcher de longues heures pour aller chercher de l'eau. Les fillettes sont souvent forcées de quitter l'école et de se marier pour subvenir aux besoins de leur famille qui n'arrivent plus à se procurer la nourriture de plus en plus rare. Elles paient le prix du manque d'audace des pays pollueurs qui préfèrent se fermer les yeux et se donner bonne conscience avec des projets de capitalisme vert » explique Marilou Dubois, militante féministe.

Le manque de solidarité et de vision des gouvernements sont vrais face à la crise économique, climatique, mais aussi face aux multiples guerres et crises humanitaires à l'international qui visent principalement des civils, donc des femmes et des enfants. En Palestine, plus de 7000 enfants sont morts et l'unique camp de réfugiés de Rafah est menacé d'être attaqué ; en Ukraine, une réfugiée sur quatre subit des violences sexuelles ou physiques après avoir fui le pays ; en Iran, des femmes se font torturer pour leur liberté. Les pays occidentaux doivent tendre la main à ces civils au lieu de restreindre l'accueil des réfugiés.

Il est évident que ça gronde, ici et partout sur la planète, et que fortes de nos solidarités et de notre indignation, le mouvement des femmes porte ce feu qui peut tout changer pour une société féministe, verte, juste, pacifiste et inclusive.

Le RGF-CN regroupe des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale et travaille la défense des droits et des intérêts de toutes les femmes, l'égalité des femmes entre elles, l'amélioration des conditions de vie.

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Le Québec doit annuler l’ouverture d’un bureau à Tel-Aviv et suspendre ses liens de coopération avec Israël

12 mars 2024, par Ligue des droits et libertés — ,
Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre, nous vous demandons d'entendre la voix de la société civile québécoise qui se mobilise depuis de nombreuses années pour la (…)

Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre, nous vous demandons d'entendre la voix de la société civile québécoise qui se mobilise depuis de nombreuses années pour la défense du droit international et des droits humains du peuple palestinien, incluant son droit à l'autodétermination. Nous vous exhortons à donner une suite favorable à notre demande et à celle des 12 000 Québécois-e-s qui ont signé une pétition demandant au gouvernement du Québec d'annuler l'ouverture d'un bureau à Tel-Aviv, laquelle a été déposée à l'Assemblée nationale le 15 février dernier.

Montréal, le 5 mars 2024

Monsieur François Legault
Premier ministre
Conseil exécutif
Édifice Honoré-Mercier
835, boulevard René-Lévesque Est, 3e étage
Québec (Québec) G1A 1B4
premierministre@quebec.ca

Madame Martine Biron
Ministre des Relations internationales et de la Francophonie
Édifice Hector-Fabre
525, boulevard René-Lévesque Est, 4e étage
Québec (Québec) G1R 5R9
ministre@mri.gouv.qc.ca

Monsieur le Premier ministre,
Madame la ministre,

La présente vous est transmise par 23 organisations de la société civile québécoise. Nous demandons au gouvernement du Québec d'annuler l'ouverture d'un bureau du Québec à Tel-Aviv et de suspendre ses liens de coopération avec Israël. De plus, nous sollicitons une rencontre avec vous pour discuter des liens que le Québec entretient avec l'État d'Israël.

Depuis octobre 2023, Israël mène une offensive militaire d'envergure dans la bande de Gaza et viole les droits humains de la population palestinienne. Au cours des dernières semaines, Israël a intensifié ses interventions militaires dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de Palestinien-ne-s ont été déplacées sous la contrainte, et a annoncé son intention d'y mener une offensive terrestre de grande ampleur et de forcer leur évacuation vers l'Égypte. Ces actions contreviennent aux obligations des États signataires des Conventions de Genève relatives à la protection des populations civiles. Elles vont également à l'encontre des principes énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme.

À ce jour, plus de 30 000 Palestinien-ne-s ont été tué-e-s et des dizaines de milliers ont été blessé-e-s dans la bande de Gaza. 1,5 million de personnes ont été déplacées sous la menace de bombardements incessants de l'armée israélienne. La population est confrontée à une famine, à des conditions sanitaires catastrophiques et à une absence de soins médicaux. La destruction massive des habitations, des hôpitaux, des écoles, des refuges et des lieux de culte dans la bande de Gaza rend ce territoire inhabitable et s'inscrit en continuité à la colonisation, l'occupation illégale et l'apartheid imposés au peuple palestinien depuis 1948.

Les actions militaires de l'État d'Israël dans la bande de Gaza ont amené la Cour internationale de Justice (CIJ) à déclarer, le 26 janvier 2024, qu'il existe « un risque réel et imminent d'un préjudice irréparable » pour le peuple palestinien. La CIJ a aussi édicté des mesures conservatoires en application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans le cadre de la plainte déposée par l'Afrique du Sud contre Israël.

Malgré la décision de la CIJ reconnaissant la plausibilité du crime de génocide dont est accusé Israël et les mesures conservatoires qu'elle a ordonnées, le gouvernement israélien poursuit ses bombardements sur la population palestinienne dans la bande de Gaza, en annonçant une offensive terrestre dans la ville de Rafah ainsi que l'évacuation forcée de la population civile ; en menant une campagne visant à ce que les États retirent leur financement à l'UNRWA sur la base d'allégations non démontrées ; et en empêchant le rétablissement des services de base et l'acheminement de l'aide humanitaire à la population palestinienne de Gaza, comme demandé par la CIJ.

En vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, il incombe aux États de prendre toutes les actions nécessaires pour prévenir un tel crime. Dans les circonstances, il est inconcevable que le Québec choisisse d'intensifier ses liens commerciaux avec Israël et en fasse une « porte d'entrée sur le Moyen-Orient ». La décision du Québec d'ouvrir un bureau à Tel-Aviv va à l'encontre de la responsabilité des États à prévenir le crime de génocide et à œuvrer pour la défense du droit international des droits humains. Rappelons que dans sa Politique internationale du Québec, le Québec s'est engagé à intensifier la promotion des droits et libertés de la personne.

Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre, nous vous demandons d'entendre la voix de la société civile québécoise qui se mobilise depuis de nombreuses années pour la défense du droit international et des droits humains du peuple palestinien, incluant son droit à l'autodétermination. Nous vous exhortons à donner une suite favorable à notre demande et à celle des 12 000 Québécois-e-s qui ont signé une pétition demandant au gouvernement du Québec d'annuler l'ouverture d'un bureau à Tel-Aviv, laquelle a été déposée à l'Assemblée nationale le 15 février dernier.

En ces moments tragiques, nous ne pouvons pas détourner le regard et dire que nous n'en savions rien : tous les jours des images atroces nous parviennent de Gaza, ceux et celles qui nous les envoient risquant leur vie pour que le monde ne puisse ignorer ce qui s'y passe.

Dans l'attente d'une réponse de votre part, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre, nos cordiales salutations,

Laurence Guénette coordonnatrice
Ligue des droits et libertés

Thanasis Papazoglou, secrétaire
Association des travailleurs grecs du Québec

Michèle Asselin, directrice générale
Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI)

Lise Chovino, coordonnatrice à la stratégie et au développement
Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF) – prochainement Co-Savoir

Mouloud Idir, coordonnateur du secteur Vivre ensemble
Centre justice et foi

Luc Allaire, président
Centre international de solidarité ouvrière (CISO)

Michaël Lessard, secrétaire
Collectif de Québec pour la paix

Patrick Morin, coordonnateur
Comité des travailleurs et travailleuses accidentés de l'Estrie (CTTAE)

Dominique Daigneault, présidente
Conseil central du Montréal-métropolitain (CCMM-CSN)

Marc-Édouard Joubert, président
Conseil régional FTQ Montréal-métropolitain

Marie-Hélène Fortier, coordonnatrice
Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF)

Carl Hétu, directeur général
Développement et Paix – Caritas Canada

Youri Blanchet, président
Fédération de l'enseignement collégial (FEC-CSQ)

Caroline Quesnel, présidente
Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)

Stéphanie Vallée, co-coordonnatrice
L'R des centres de femmes du Québec

Cym Gomery, coordonnateur
Montréal pour un monde sans guerre/Montreal for a World BEYOND War

Gabrielle Renaud, coordonnatrice à la vie associative et à l'éducation populaire autonome
Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MEPACQ)

Bruce Katz, co-président
Palestiniens et Juifs unis (PAJU)

Sylvain Lafrenière, coordonnateur
Regroupement des organismes en défense collective des droits (RODCD)

François Geoffroy, conseiller à l'information et à la mobilisation
Syndicat des Enseignantes et des Enseignants du Cégep Montmorency (SEECM)

Geneviève Tremblay-Racette, coordonnatrice
Table ronde des organismes volontaires en éducation populaire de l'Outaouais (TROVEPO)

Sarah Boivin
Voix Juives Indépendantes – Montréal

Jesse Greener
Voix Juives Indépendantes – Ville de Québec

C.C.

Marc Tanguay, chef de l'opposition officielle, député de LaFontaine

Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d'opposition, député de Gouin

Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d'opposition, député de Camille-Laurin

André Albert Morin, porte-parole de l'opposition officielle en matière de relations internationales et de francophonie, député de l'Acadie

Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de relations internationales et de francophonie, député de Saint-Henri–Sainte-Anne

Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d'opposition en matière de relations internationales et de francophonie, député de Jean-Talon

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Le lourd tribut payé par les Palestiniennes : 9000 femmes tuées à Ghaza

12 mars 2024, par Mustapha Benfodil — , , ,
Chaque jour, les forces d'occupation israéliennes « tuent en moyenne 63 femmes à Ghaza, dont 37 mères laissant derrière elles des familles dévastées et des enfants sans (…)

Chaque jour, les forces d'occupation israéliennes « tuent en moyenne 63 femmes à Ghaza, dont 37 mères laissant derrière elles des familles dévastées et des enfants sans protection », relève un rapport d'ONU-Femmes.

Tiré de El Watan-dz
9 mars 2024

Par Mustapha Benfodil

Photo : D. R.

C'est un chiffre qui donne froid dans le dos et qui résonne tristement alors que nous marquons la Journée internationale des droits des femmes : selon l'Unrwa, 9000 Palestiniennes ont été tuées depuis le début de la guerre contre Ghaza. « A l'occasion de la Journée internationale des femmes, les citoyennes de Ghaza continuent de subir les conséquences de cette guerre brutale.

Au moins 9000 femmes ont été tuées et bien d'autres encore sont sous les décombres », postait hier l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens sur le réseau X.

Un chiffre confirmé par un rapport d'ONU-Femmes publié à l'occasion du 8 Mars. « Chaque jour où la guerre se poursuit au rythme actuel à Ghaza, les forces d'occupation tuent en moyenne 63 femmes, dont 37 mères laissant derrière elles des familles dévastées et des enfants sans protection », peut-on lire dans ce rapport.

Selon les autorités sanitaires à Ghaza citées par l'agence Wafa, il y a environ 60 000 femmes enceintes qui sont confrontées à des conditions apocalyptiques dans l'enclave assiégée, sans nourriture et sans soins. 15% de ces femmes sont exposées à des complications de leur grossesse et à un accouchement difficile, d'après la même source.

La plupart d'entre elles souffrent de malnutrition et de déshydratation, ainsi que d'infections gynécologiques. Les naissances prématurées ont augmenté d'un tiers en raison des traumatismes et du syndrome du stress post-traumatique liés à la guerre. De nombreuses parturientes ont fait des fausses couches à cause de ce climat de terreur qui a marqué leur grossesse.

Les fausses couches ont même augmenté de 300%, soutiennent les autorités sanitaires de Ghaza. Et les femmes qui réussissent à accoucher n'ont pas de lait pour allaiter leur bébé. Les nouveau-nés sont souvent chétifs, pèsent en dessous de la moyenne et sont extrêmement fragiles.

Mort-nés

En parlant des bébés qui ne survivent pas à l'accouchement dans la bande de Ghaza, l'ONG ActionAid International a fait état, dans un communiqué daté du 6 mars, d'une hausse inquiétante de mort-nés et de la mortalité d'enfants en bas âge à Ghaza.

Le docteur Mohammed Salha, directeur de l'hôpital Al Awda, dans la ville de Jabaliya, au nord, cité par l'ONG, témoigne : « De nombreux cas d'enfants décédés à cause de la malnutrition ont été enregistrés dans les hôpitaux publics.

Nous sommes un hôpital spécialisé dans les services aux femmes et à l'accouchement. De nombreuses opérations ont été pratiquées, comme les césariennes pour retirer les fœtus, qui mouraient à cause de la malnutrition chez les femmes. Plus de 95% des femmes qui viennent à l'hôpital et subissent les examens médicaux nécessaires souffrent d'anémie. »

Concernant les derniers développements, le ministère palestinien de la Santé à Ghaza a déclaré hier que 78 personnes ont été tuées en 24 heures, soit entre jeudi soir et hier matin, suite à des raids dans différents secteurs du territoire martyrisé.

Le nombre total des victimes palestiniennes recensées au 154e jour des massacres sionistes s'élève à 30 878 morts et 72 402 blessés.
Parmi les attaques contre les civils enregistrées hier, un raid aérien a fait 5 morts et 22 blessés dans la ville de Rafah.

D'après l'agence Wafa, les victimes ont péri suite à une frappe qui a ciblé deux habitations appartenant à la famille Abu Salmiya. Dans cette même ville frontalière avec l'Egypte, l'artillerie de l'occupant a pilonné un camp de déplacés à Al Mawassi, blessant 9 personnes.

Dans la ville de Ghaza, des bombardements ont touché deux maisons du quartier de Haï Al Zaytoun où les combats continuent de faire rage. Il y a aussi des raids contre une habitation du quartier de Tal Al Hawa et une autre à Al Sabra.

Ces attaques ont fait 4 morts et 15 blessés. Au centre de la bande de Ghaza, précisément à Deir Al Balah, des chars israéliens ont tiré des obus à proximité de l'hôpital Des Martyrs d'Al Aqsa, faisant 7 blessés.

Pont aérien et port temporaire

A Jabalia, des frappes aériennes contre deux maisons ont fait un mort et trois blessés. Jeudi soir, neuf civils ont été fauchés par des bombardements contre une zone résidentielle à Deir Al Balah, ciblant les domiciles des familles Al Khattab et Al Attar, dans le quartier d'Al Hakar.

Un autre habitant de l'enclave a été tué et plusieurs autres blessés, dont certains se trouvent dans un état grave, après avoir été visés par des frappes « alors qu'ils attendaient de l'aide aux ronds-points de Nabulsi et de Koweït, à l'ouest de la ville de Ghaza », informe l'agence Wafa.

Alors que les raids de l'oppresseur continuent de semer la mort à Ghaza, le président américain, Joe Biden, s'est montré, lors de son discours sur l'état de l'Union jeudi, plus favorable à un cessez-le-feu, prenant un peu plus ses distances avec Netanyahu. « Je travaille d'arrache-pied pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat d'au moins six semaines », a-t-il martelé, insistant sur le fait que l'aide au profit des civils palestiniens « ne peut être une considération secondaire ni une monnaie d'échange ».

Dans le même discours, il a annoncé avoir ordonné à l'armée américaine la construction d'un port temporaire à Ghaza permettant « une augmentation massive » des denrées entrant sur le territoire palestinien. Ce terminal sera le point de chute d'un corridor maritime depuis le port de Larnaca, à Chypre.

Il sera en mesure d'accueillir des navires transportant « de la nourriture, de l'eau, des médicaments et des abris temporaires », ont indiqué de hauts responsables américains à des journalistes, sous le sceau de l'anonymat, rapporte l'AFP. « L'élément principal sera une jetée temporaire », explique l'un d'eux, en assurant que ce nouveau quai recevra « l'équivalent de centaines de camions d'aide supplémentaire chaque jour ».

« Nous n'attendons pas les Israéliens. C'est le moment pour l'Amérique de prendre les devants », a proclamé un des responsables, en prenant tout de même le soin de préciser qu'ils « ont été informés », arguant du fait que « les Etats-Unis doivent travailler avec eux sur les questions de sécurité ».

Le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric s'est félicité de cette annonce tout en mettant l'accent sur l'effort que doit encore fournir la communauté internationale pour acheminer plus d'aide « par voie terrestre ». Un effort d'autant plus indispensable que l'aménagement de ce port temporaire prendra « un certain nombre de semaines à planifier et exécuter », selon les responsables US.

De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a fait savoir hier depuis Chypre : « Nous sommes très proches de l'ouverture de ce corridor (maritime), avec un peu de chance, ce dimanche ».

Une première opération pilote devait même être lancée hier. « La situation humanitaire à Ghaza est désastreuse (...). C'est pourquoi la Commission européenne, l'Allemagne, la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, Chypre, les Emirats arabes unis, le Royaume-Uni et les Etats-Unis annoncent aujourd'hui (hier, ndlr) leur intention d'ouvrir un corridor maritime pour acheminer l'aide humanitaire supplémentaire qui fait cruellement défaut », ont affirmé dans une déclaration commune relayée par l'AFP les représentants des pays participant à cette opération.

En attendant la mise en marche de ce couloir maritime, les largages aériens de colis alimentaires s'intensifient, dessinant un véritable pont aérien alors que le blocus meurtrier sur Ghaza est toujours aussi asphyxiant. Jeudi, des avions-cargos américains ont de nouveau largué des colis alimentaires.

« Des avions C-130 américains ont largué plus de 38 000 repas au nord de la bande de Ghaza », a en effet annoncé avant-hier sur la plateforme X le U. S. Central Command, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom). Ce nouveau largage a été effectué comme les précédents, conjointement avec la Jordanie.

C'est la troisième opération du genre en une semaine. Outre les Etats-Unis et la Jordanie, la France, les Pays-Bas, la Belgique et l'Egypte ont également largué des produits alimentaires sur la bande de Ghaza. Mais cela ne suffit pas, tant les besoins sont incommensurables. « Nous avons besoin de quantités énormes d'aides (...).

Les largages aériens ne sont pas une option pour éviter la famine », a prévenu le directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), Carl Skau. Outre le fait qu'ils sont insuffisants, ces largages humanitaires, bien qu'armés des meilleures intentions, font des dégâts et même tuent, se transformant ainsi en de drôle d'« obus humanitaires ».

Pas de trêve avant le Ramadhan ?

C'est l'autre raison pour laquelle ces parachutes caritatifs sont d'une efficacité limitée et disent en creux l'urgence de desserrer l'étau sur Ghaza, de libérer les flux d'aide humanitaire et de renforcer la flotte terrestre qui doit irriguer l'enclave affamée.

Des images d'Al Jazeera diffusées hier montraient des colis en chute libre après une panne de parachute qui fonçaient tels des obus sur des zones résidentielles. Selon la chaîne qatarie, des morts et des blessés ont été enregistrés après que ces personnes aient été percutées par ces gros colis, qui s'abattaient sur des zones denses à Cheikh Radwan, au nord de la ville de Ghaza.

Al Jazeera rapporte en outre que 5 Palestiniens ont trouvé la mort près de Abradj Fayrouz, à l'ouest de Ghaza, après avoir été heurtés par ces énormes ballots. Sur le plan diplomatique, les espoirs d'une trêve arrachée avant le Ramadhan ont été une nouvelle fois douchés à l'issue du dernier round des pourparlers qui se tiennent au Caire.

Les discussions avec les émissaires du Hamas ont été suspendues jusqu'à la semaine prochaine, rapporte l'AFP qui cite la chaîne Al Qahera News. Cependant, l'ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Jack Lew, a affirmé que malgré leur âpreté, les négociations « ne sont pas rompues », ajoutant avec un brin d'optimisme que « les divergences s'estompent ».

Le Hamas continue de réclamer un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes de la bande de Ghaza. La délégation palestinienne s'est retirée afin de consulter la direction du mouvement à Doha. « Nous attendons toujours la réponse officielle finale de l'ennemi », a déclaré un haut cadre du Hamas, précisant que « les réponses initiales ne répondent pas aux exigences minimales » formulées par la résistance palestinienne.

Un autre haut responsable du parti d'Ismaïl Hanniyeh a assuré que le Hamas ne se retirait pas pour autant des négociations. « Les médiateurs ont informé le Hamas que les efforts allaient se poursuivre en vue de parvenir à un accord », a-t-il dit.

Mahmoud Mardaoui, un autre membre dirigeant du mouvement, a laissé entendre pour sa part que « la décision est entre les mains de Washington » et que l'administration américaine doit décider si elle « veut vraiment mettre la pression sur Netanyahu et son gouvernement pour parvenir à un accord ». « Si Israël est sérieux et ne tergiverse pas, a-t-il affirmé, il est possible de parvenir à un accord de cessez-le-feu avant le début du Ramadan. »

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Québec solidaire et la loi 21 (prise 2)

12 mars 2024, par Wilbray Thiffault — , ,
Le 8 février dernier, Jean-François Roberge, ministre responsable de la laïcité, présente le *Projet de loi 52, Loi permettant au Parlement du Québec de préserver le principe (…)

Le 8 février dernier, Jean-François Roberge, ministre responsable de la laïcité, présente le *Projet de loi 52, Loi permettant au Parlement du Québec de préserver le principe de la souveraineté parlementaire à l'égard de la Loi sur la laïcité de l'État*. Le but est de renouveler la clause dérogatoire laquelle met la loi 21 à l'abri des articles 2 à 7 et 15 de la Charte des droits incluse dans la loi constitutionnelle de 1982 (Article 34 de la Loi 21). Notion que l'article 33 décrétant que la Loi 21 s'applique "malgré les articles 1 à 38 de la Charte des droits et libertés de la personne (chapitre C-12." et n'a pas besoin d'être renouvelé.

Le 15 février les co-portes paroles de QS, Gabriel Nadeau-Dubois (GND) et Émilise Lessard-Therrien (ELT), annoncent que la députation de QS ne supportera pas le PL 52.Elle le fera seulement si le ministre accepte le compromis suivant : la clause dérogatoire continue de s'appliquer contre la charte fédérale (art. 34) et l'article 33 est aboli. "Si la CAQ croit vraiment que sa loi 21 est conforme aux valeurs québécoises, [elle] ne devrait avoir aucune gêne et aucune crainte à ce qu'on soumette cette loi à l'examen de la Charte québécoise [des droits et libertés de la personne] (Hugo Pilon-Larose, Québec solidaire demande à Québec de permettre les contestations de sa loi, *La Presse*, 15 février 2024)

On peut se poser sérieusement la question suivante, GND et ELT savent-ils comment fonctionne le système judiciaire ? *Qui va juger ?*

GND et ELT sont corrects dans leurs affirmations que la Loi constitutionnelles de 1982 avec sa charte des droits est illégitime au Québec car aucun gouvernement n'y a donné son adhésion. Ils sont aussi corrects dans leurs affirmations que la Charte du Québec a été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale et reflète les valeurs démocratiques du Québec. Voici le problème. Qui va juger la Loi 21 si on abolit l'article 33 de la Loi 21 ?

Allons à l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique (maintenant Loi constitutionnelle de 1867). L'article 96 stipule que c'est "le gouverneur-général", soit le gouvernement fédéral, qui nomme les juges des cours supérieurs et des cours d'appels des provinces. Or nous avons noté que les juges nommés par le gouvernement Trudeau sont contre la laïcité. Deux exemples : Azimuddin Hussein qui a comparé la Loi 21 aux lois de Nuremberg (1935), nommé à la Cour supérieurs du Québec et Mahmud Jamal qui a défendu un étudiant sikh qui voulait amener son couteau sacré à l"école à la Cour suprême du Canada. Il est très clair que pour le gouvernement fédéral, la laïcité est incompatible avec la diversité multiculturelle.

QS, GND et ELT ne peuvent ne pas savoir que 1) les juges fédéralistes et multiculturalistes interprètent la Charte québécoise à travers le prisme du multiculturalisme, et 2) ils se feront un plaisir de caviarder la Loi 21 comme ils l'ont fait avec la Loi 101. Notons que le juge Marc-André Blanchard de la Cour supérieure dans son jugement contre la Loi 21 n'a pas tenu compte de l'inclusion de la laïcité dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.

QS par l'abolition de l'article 33 de la Loi 21 espère-t-il que les juges fédéralistes et multiculturalistes nommés par Ottawa feront la sale job à sa place ?

*La Loi 21 discriminatoire ?*

QS affirme que la Loi 21 discrimine contre les minorités religieuses, surtout musulmane (hijab), sikh (turban) et juive (kippa). Que cette loi "constitue une rupture avec le principe de l'égalité des droits, sans précédent depuis l'adoption de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne en 1976." (Benoît Renaud, Solidaire contre la loi 21,* PTAG*, 13 février 2024

Si on prend la peine de lire la loi, on y verra qu'elle stipule que tous les signes religieux sont interdits pour les fonctionnaires en position d'autorité, le crucifix a été enlevé du Salon Bleu où siège l'assemblée nationale et le groupe qui a été rappelé à l'ordre en décembre 2022 a été les policiers catholiques du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Ils ont dû retirer un écusson à l'image de Saint-Michel, patron des policiers qu'ils portaient sur leur uniforme..

Concernant la soi-disant obligation de porter des signes religieux voici ce que le juge Robert M Mainville a écrit sur la question.

[114]La grande majorité des principales religions pratiqués au Québec dont le christianisme, le judaïsme et l'islam ne semblent pas, à première vue, du moins, faire du port de signes religieux au travail une exigence absolue de la foi. [...] La loi ne vise donc pas à interdire l'accès à ces postes pour les chrétiens, les juifs, les musulmans ou les membres de la plupart des autres religions. (Cour d'appel, Jugement de la Cour refusant de suspendre les articles 6 et 8 de la Loi 21, 12 décembre 2019)

Posons nous les questions suivantes.

1)Prenons l'exemple des femmes musulmanes portant le hijab et des hommes sikhs portant le turban. Est-ce la Loi 21 qui les empêchent de travailler ou plutôt l'interprétation rigide de leur religion ? 2)À l'école quel droit est le plus important, la liberté de conscience des enfants ou l'exhibitionnisme religieux ? Même question pour les fonctionnaires servant le public ?

Déjà l'État interdit aux enseignants et aux fonctionnaires d'afficher leurs opinions politiques. La Loi 21 inclut l'obligation de ne pas afficher ses opinions religieuses aux fonctionnaires (les enseignants inclus) en position d'autorité. Notons que lorsque les islamistes et les fondamentalistes religieux ont contesté des lois semblables en Europe, la Cour de justice de l'Union européenne a décrété que c'est le droit de tout employeur et de l"État de dicter à ses employés des règles de tenue vestimentaire pour établir la neutralité religieuse de l'entreprise ou de l'État en question.

En conclusion, le fonctionnaire et l'enseignant a un devoir de réserve et ne doit pas être un panneau publicitaire politique ou/et religieux.

PS : *PTAG *reproduit à l'entête de l'article de Benoît Renaud du 13 février, une capture d'écran du Facebook de QS dans laquelle on voit les députés de QS voter contre la Loi 21 en tenant des drapeaux du Québec. Ils auraient dû plutôt déployer des drapeaux du Canada car ils défendaient le multiculturalisme canadien, lequel défend la religion dans l'État.

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Lettre ouverte au ministre des Finances du Québec, Eric Girard

12 mars 2024, par Collectif pour un Québec sans pauvreté — , ,
Vous devez cesser de faire l'autruche : par son refus d'agir en amont, votre gouvernement est en bonne partie responsable de l'aggravation des différentes crises qui frappent (…)

Vous devez cesser de faire l'autruche : par son refus d'agir en amont, votre gouvernement est en bonne partie responsable de l'aggravation des différentes crises qui frappent le Québec. La dégradation marquée des conditions de vie d'un grand nombre de personnes en situation de pauvreté dans les dernières années devrait vous inciter à déposer un budget visant à assurer à toutes et à tous la couverture de leurs besoins de base.

Monsieur Girard,

Vous vous employez à réduire les attentes en vue du prochain budget parce qu'un déficit plus élevé qu'anticipé vous imposerait une plus grande parcimonie. Pourtant, avec les différentes crises qui frappent le Québec, des mesures structurantes de lutte contre la pauvreté sont plus nécessaires que jamais. Vous ne pouvez plus laisser la situation se dégrader : vous devez agir et, pour commencer, vous en donner les moyens.

Un meilleur soutien au revenu

Vous savez que plus de 10 000 personnes en situation d'itinérance ont été dénombrées en 2022. Vous savez aussi que près de 900 000 personnes ont dû avoir recours aux services d'une banque alimentaire en 2023, une augmentation de 79 % par rapport à 2019. Et c'est sans compter qu'avec une hausse de 28 % du loyer mensuel moyen entre 2019 et 2023, un nombre croissant de personnes voient le loyer engloutir la majeure partie de leurs revenus. Déjà, en 2021, 173 000 ménages locataires avaient des besoins impérieux de logement au Québec.

Pourtant, personne ne devrait être forcé de vivre dans la rue, d'avoir recours à une banque alimentaire, d'habiter dans un logement inabordable, etc. La Charte des droits et libertés de la personne stipule que « toute personne dans le besoin a droit, pour elle et sa famille, à des mesures d'assistance financière et à des mesures sociales […] susceptibles de lui assurer un niveau de vie décent » (art. 45).

Dans un premier temps, nous vous demandons donc, Monsieur Girard, d'assurer à tous les ménages un revenu leur permettant, au minimum, de couvrir leurs besoins de base tels que définis par la Mesure du panier de consommation (estimée à 24 200 $ pour une personne seule). Il s'agit d'un premier pas vers la sortie de la pauvreté, à franchir le plus rapidement possible.

Une meilleure redistribution de la richesse

Par ailleurs, vous savez que le gouvernement a la responsabilité d'assurer la redistribution de la richesse au sein de la société et de s'assurer que les plus riches paient leur juste part afin de financer, notamment, les services publics et les programmes sociaux. Malheureusement, depuis le début de votre mandat, vous avez pris certaines décisions qui ont eu pour effet de creuser les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres au lieu de les réduire.

La baisse d'impôt qui est entrée en vigueur en 2023 est particulièrement révélatrice à cet égard. En plus de favoriser les personnes les mieux nanties de la société, cette mesure prive le Québec de milliards de dollars alors même que vous laissez planer l'ombre de compressions budgétaires et que l'accès à des services publics de qualité se trouve de plus en plus compromis.

Dans un deuxième temps, nous vous demandons donc, Monsieur Girard, d'annuler votre baisse d'impôt et de réinvestir les sommes ainsi récupérées dans le filet social. Par ailleurs, vous devriez réformer la fiscalité pour la rendre véritablement progressive et ainsi accroître la contribution des personnes les mieux nanties.

Un simple respect des droits

Vous devez cesser de faire l'autruche : par son refus d'agir en amont, votre gouvernement est en bonne partie responsable de l'aggravation des différentes crises qui frappent le Québec. La dégradation marquée des conditions de vie d'un grand nombre de personnes en situation de pauvreté dans les dernières années devrait vous inciter à déposer un budget visant à assurer à toutes et à tous la couverture de leurs besoins de base.

Rappelons qu'il s'agit d'un minimum à atteindre rapidement ; d'une simple question de respect des droits de la personne.

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Prolongements du boulevard Assomption et de l’autoroute Souligny : Demande d’appui et invitation

12 mars 2024, par Estelle Grandbois-Bernard, Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM — , ,
Notre mobilisation souhaite solliciter votre appui dans le dossier des prolongements du boulevard Assomption et de l'autoroute Souligny, contre lesquels les citoyen.ne.s de (…)

Notre mobilisation souhaite solliciter votre appui dans le dossier des prolongements du boulevard Assomption et de l'autoroute Souligny, contre lesquels les citoyen.ne.s de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM) luttent depuis plusieurs années. Alors que le Service de l'urbanisme et de la mobilité de la Ville de Montréal élabore actuellement les plans permettant la mise en œuvre du projet,nous avons aujourd'hui besoin que d'autres voix, venant de divers groupes de la société civile, se fassent entendre sur la question.

Le 5 mars 2024

Bonjour !

Nous aimerions donc vous proposer d'envoyer un courriel à la conseillère responsabledu transport et de la mobilité à la Ville de Montréal, exprimant votrepréoccupation dans le dossier. En cliquant ici, vous trouverez un modèlede lettre (à modifier selon ce qui vous semble approprié) à envoyer à l'adressesophie.mauzerolle@montreal.ca. Nous vous suggérons d'ajouter en cc Mme Valérie Plante, mairesse de Montréal, mairesse@montreal.ca et M.Pierre Lessard-Blais, maire de MHM, pierre.lessard-blais@montreal.ca.

Merci denous indiquer si / lorsque vous l'enverrez ! mobilisation6600@resisteretfleurir.info

Aussi, le 23 mars prochain, notre mobilisation tiendra une manifestation contre ces prolongements routiers et nous aimerions vous inviter à vous joindre à nous ! Nous préparons une manif-action festive et familiale, dont le départ sera à13h, à la place Gennevillier-Laliberté (Place du Marché Maisonneuve). S'il est possible pour vous d'inviter vos membres à y participer, ce serait très apprécié.

Voicil'événement facebook à partager : https://fb.me/e/1iHblk6rl


**Rappel des enjeux**

Deux articles récemment parus dans le journal Le Devoir sous la plume d'Alexandre Shields, (Montréal pourrait empiéter sur un boisé pourune rue réservée au camionnage et Le prolongement du boulevard de l'Assomptiondétruira en partie le boisé Steinberg nous informent que le Service de l'urbanisme et de la mobilité de la Ville de Montréal ira de l'avant avec le projet de prolongement du boulevard Assomption et de l'avenue Souligny dans l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Ce projet vise à prolonger le boulevard Assomption entre les rues Hochelaga et Notre-Dame et à le connecter à l'autoroute Souligny par la construction d'un grand viaduc enhauteur. Les objectifs, nous dit-on, sont la fluidification du transport des marchandises dans le cadre de l'accroissement des activités du Port de Montréal, et le désengorgement de la rue Dickson. La construction de ces infrastructures entraînera la destruction d'une grande partie du Boisé Steinberg, dont nous revendiquons depuis plusieurs années la protection complète ; induira un trafic évalué à plusieurs dizaines de milliers de véhicules par jour à proximité de résidences ; en plus d'ajouter de nombreuses nuisances environnementales (pollution sonore, particules fines, îlot de chaleur,pollution lumineuse et visuelle) à un secteur déjà saturé, notamment par les activités portuaires et l'arrivée de Ray-Mont Logistiques. Rappelons que ladirection de la santé publique recommandait en 2019 la réduction des nuisancesdans le secteur de Viauville.

Tout ce projet est mené sans qu'aucune étude des impacts environnementaux, sociaux et sur la santé n'ait été menée. Nous ne sommes donc pas en mesure d'évaluer ni la pertinence du projet, ni ses impacts. La Ville entend présenter le projet le 26mars à 19H00 au Collège Maisonneuve, dans le cadre d'une présentation publique où le public doit s'inscrire et poser ses questions à l'avance.

Le Port de Montréal utilise depuis quelques mois une route temporaire pour le transitde ses camions. Notre mobilisation demande que cette route devienne permanenteet qu'aucune nouvelle route ni prolongement ne soit construit dans le secteurAssomption-sud.

Mobilisation6600 Parc-nature MHM et la population de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve se fait entendre depuis des années par une participation assidue aux instancesdémocratiques (conseils de ville et d'arrondissement, tables de concertation,comités citoyens), par la rédaction de lettre aux responsables politiques dedifférents paliers gouvernementaux, par des manifestations et des actionsoriginales sur le terrain (plantations, manifestations artistiques,rassemblements, etc.). Nous avons aujourd'hui besoin que d'autres groupesjoignent leur voix à la nôtre et expriment leur opposition ou leur réticence auprojet.

Pour vous aider à mieux comprendre le dossier, nousvous partageons un dossier de presse présentant différents documents sur la question des prolongements Assomption et Souligny, les nuisances dans le secteur ainsi que sur notre mobilisation.

Merci beaucoup pour votre appui et au plaisir de poursuivre la collaboration avec vous,

Estelle Grandbois-Bernard
Militante de Mobilisation 6600 Parc-nature MHM

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Plus de 3 000 personnes participent à la 46e marche et au rassemblement de la Journée internationale des droits des femmes 2024 à Toronto

12 mars 2024, par PK Mutch — , ,
On estime que 3 000+ personnes (comparativement à environ 2 000 en 2023) ont défilé à l'occasion de la Journée internationale de la femme à Toronto, le samedi 2 mars. 7 (…)

On estime que 3 000+ personnes (comparativement à environ 2 000 en 2023) ont défilé à l'occasion de la Journée internationale de la femme à Toronto, le samedi 2 mars.

7 mars 2024 | tiré de Rabble.ca | Photo:pk Mutch Crédit : pk Mutch
https://rabble.ca/politics/canadian-politics/over-3k-participate-in-torontos-46th-international-womens-day-2024-march-rally/

Lors d'un sombre samedi matin de mars à Toronto, Gloria Turney, préposée aux services de soutien à la personne et déléguée syndicale du Service Employees International Union, a illuminé la salle et a reçu un tonnerre d'applaudissements de la part des fêtards du rassemblement JIF de Toronto en réponse à son rappel bienvenu : « Lorsque nous nous battons, nous gagnons. » Mme. Turney a également donné plusieurs exemples, dont l'abrogation récente du projet de loi 124 sur la suppression des salaires des conservateurs de l'Ontario. Turney a averti que ces victoires ne se produisent pas facilement ou en agissant seul. Les femmes doivent continuer à travailler ensemble, à renforcer la volonté politique et à renforcer le pouvoir politique si c'est la justice pour tous et toutes que nous voulons..

Cependant, bien qu'il y ait de grandes victoires à célébrer (y compris la décision de la France d'inscrire le droit à l'avortement dans sa constitution), le déclin des droits des femmes et l'augmentation des violations des droits humains contre les femmes, les personnes trans et queer du monde entier se développent comme un cancer métastasé non traité.

Carolyn Ferns, coordonnatrice des politiques publiques et des relations gouvernementales pour la Coalition ontarienne pour de meilleurs services de garde à l'enfance et coorganisatrice de l'événement de cette année, est du même avis. C'est pour cette raison que « la coalition [de la JIF] ne cesse de croître... Il y a de plus en plus de personnes et d'organisations qui se joignent à nous, représentant des préoccupations et des intérêts divers. Nous constatons de plus en plus l'interdépendance de toutes les questions soulevées. En plus des luttes internationales, il y a des luttes locales comme les récentes attaques contre les femmes trans et les droits des trans au Canada. Aujourd'hui, nous entendons également des militants de la lutte contre la pauvreté et des militants du logement. Tout est interconnecté. »

L'une des féministes, militantes, éducatrices et écrivaines les plus connues du Canada, Judy Rebick, a déclaré que le rassemblement et la marche de cette année représentent « l'un des rassemblements les plus diversifiés de la ville », ajoutant que « la Journée internationale des femmes avait l'habitude de se concentrer sur la question des femmes, par exemple le racisme, les garderies ou la grève d'Eaton. Aujourd'hui, avec la participation d'une grande diversité de femmes, l'accent est mis sur les questions internationales et sur les femmes à l'échelle internationale et intersectionnelle. »

Au cœur du rassemblement de cette année se trouvait le génocide palestinien en cours et, en particulier, l'impact sous-estimé de la guerre sur les femmes et les enfants palestiniens. Plus de 70 % des personnes massacrées en Palestine jusqu'à présent étaient des femmes et des enfants. Julian Arscott, membre du conseil exécutif du Syndicat des employés de la fonction publique de l'Ontario (SEFPO), a assisté au rassemblement avec sa fille de deux ans. « [Les médias] sont totalement biaisés et je pense qu'il n'y a pas eu assez de couverture de l'impact sur les femmes et les enfants. C'est tellement grave qu'ils soient complices de ce qui se passe. »

Dans une déclaration récente, l'ONU a exprimé « ... alarmés par les informations faisant état de prises pour cible délibérées et d'exécutions extrajudiciaires de femmes et d'enfants palestiniens dans des endroits où ils ont trouvé refuge ou alors qu'ils fuyaient. Certains d'entre eux tenaient des morceaux de tissu blanc lorsqu'ils et elles ont été tués par l'armée israélienne ou des forces affiliées. »

Dans son discours au rassemblement, Tamara Abu-Abed, du Mouvement de la jeunesse palestinienne, a condamné la guerre à Gaza et a conclu : « Nous rejetons tout féminisme qui n'est pas anti-impérialiste. »

Anna Lippman, membre du comité directeur d'Independent Jewish Voices (IJV), a ajouté : « Mon féminisme est incomplet sans les femmes palestiniennes. »

Alors que certains événements de la JIF mettent en vedette des experts ou des dirigeants d'organisations, le rassemblement de la JIF à Toronto a amplifié la voix des organisations locales. D'autres groupes se sont manifestés ou ont pris la parole lors du rassemblement, notamment la Dre Catherine Brooks, l'aînée Anishnawbe Kwe, Susan Gapka, membre fondatrice et présidente du Toronto Trans Coalition Project, Sharlene Henry, coprésidente de la York South-Weston Tenant Union, et Sultana Jahangir, des Services aux femmes et aux migrants d'Asie du Sud.

Les Red Bear Singers, un cercle local de femmes autochtones jouant du tambour composé de survivantes des pensionnats indiens, ont joué une chanson d'unité, suivie d'une chanson matinale cherokee qui a été chantée par celles qui ont parcouru à pied le tronçon de 700 kilomètres de la route 16 en souvenir des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées.

Comment s'impliquer davantage dans les mouvements pour la justice, l'équité et le changement fondamental ? Ferns a affirmé qu'il y a de plus en plus d'occasions de s'engager. « Il y a beaucoup de groupes qui s'organisent... Parce qu'une attaque contre contre une femme est une attaque contre toutes les femmes. Quand on voit l'injustice s'imposer, je pense que c'est la chose la plus importante.

D'où le slogan de cette année, personne n'est libre tant que nous ne sommes pas tous libres.

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Sur la lettre récente du CISO à Trudeau

12 mars 2024, par Kaveh Boveiri — , ,
« La page qui fut d'abord blanche, est maintenant parcourue du haut en bas de signes noirs, les lettres, les mots, les virgules et les points d'exclamation, et c'est grâce à (…)

« La page qui fut d'abord blanche, est maintenant parcourue du haut en bas de signes noirs, les lettres, les mots, les virgules et les points d'exclamation, et c'est grâce à eux qu'on dit que cette page est lisible. Cependant à une sorte d'inquiétude dans l'esprit, à ce haut-le-cœur très proche de la nausée, au flottement qui me fait hésiter à écrire… la réalité est-elle cette totalité des signes noirs ? »

Kaveh Boveiri

C'est avec ces mots que Jean Genet, l'écrivain français, commence Un captif amoureux, son dernier livre publié posthume. Cette œuvre est en principe le résultat de rencontres de l'auteur à travers des années avec les Palestiniens ainsi que les activistes de Black Panthers. Le massacre de Shatilaest aussi décrit par l'auteur.
La réponse à cette question rhétorique est claire : Non ! La réalité va au-delà de ce qu'expriment les mots. Genet continue ce passage en disant que pour saisir la réalité il faut aller au-delà des mots et chercher ce qui se trouve entre les lignes.

Par les lignes ou entre les lignes, en général un texte ne porte nécessairement pas une relation immédiate avec la réalité. Ou peut-être ça dépend ! Un texte peut être le résultat d'une décision collective d'un ensemble des gens qui sont soucieux concernant la réalité. Un tel texte aura donc un impact sur la réalité envers laquelle les auteurs prennent une position. Lalettre collectivedu 21 février du Centre international de solidarité ouvrière (CISO) est un tel exemple. Ce document, intitulé Lettre au premier ministre Trudeau pour demander l'annulation de la suspension du financement à l'UNRWA, est signé par les représentants de plus de soixante-cinq syndicats et de plus de 1,6 millions de travailleuses et travailleurs au Québec. Cette lettre vient à la suite de la décision du gouvernement canadien de suspendre le financement à l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). L'UNRWA a été créé par l'Assemblée générale en 1949 afin d'offrir aide et protection à quelque 5 millions de réfugiés de Palestine enregistrés.

Avec cette décision, le gouvernement canadien se rejoint à 18 autres pays qui prennent une position semblable. Cette décision vient à la suite de l'allégation de l'autorité israélienne contre une dizaine d'employés de UNRWA d'être impliqués dans l'attaque du Hamas du sept octobre. Avec ce texte, CISO exprime explicitement son inquiétude et son désaccord avec une telle décision avant aucune enquête et l'exprime cruel et démesuré.

Mais qu'un texte soit le résultat d'une décision collective ne garantit pas son impact sur la réalité. Bien qu'elle soit la condition nécessaire, elle n'est pas également la condition suffisante. La présence significative dans le réel de la part des écrivains d'un tel texte est également incontournable. En voyant la participation des membres des organisations signant cette lettre dans la rue (voir la photo), nous témoignons qu'une telle condition est également remplie. De plus, la classe ouvrière québécoise en tant qu'une classe se mobilise, autour detravailleuses et travailleurs pour la Palestine pour se limiter à un seul exemple. Ainsi elle fortifie et aussi matérialise la position politique exprimée dans cette lettre par ses représentants.

Une telle confrontation envers du réel ne se limite ni aux lignes ni aux interlignes de texte.

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8 mars : Ça gronde à Québec

12 mars 2024, par Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Ouébec-Charlevoix) — , ,
Bienvenue à cette marche du 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Avant de marcher dans les rues de Saint-Roch il est important de reconnaître que nous sommes (…)

Bienvenue à cette marche du 8 mars, journée internationale des droits des femmes.
Avant de marcher dans les rues de Saint-Roch il est important de reconnaître que nous sommes à la croisée des territoires des nations Huron-Wendat, Wabanaki, Innu, Atikamekw et Malécite. Cette reconnaissance nous rappelle la colonisation du Québec qui a fait tant de victimes autochtones par le passé et qui en fait encore aujourd'hui. Nous voulons réitérer notre solidarité envers nos consœurs autochtones, qui se battent encore aujourd'hui pour faire valoir leurs droits, pour trouver des réponses et obtenir enfin justice et réparations pour toutes ces femmes autochtones disparues et assassinées.

INTRODUCTION

Aujourd'hui nous voulons exprimer notre gronde ! Comme le dit la thématique de cette année : « Ça gronde : solidaire pour nos droits – ici comme ailleurs les femmes se lèvent face aux crises ». Nous exprimons notre colère et notre indignation particulièrement face à la crise le système public qui met à mal notre filet social ; la crise économique qui augmente l'insécurité alimentaire, la pauvreté et l'itinérance ; la crise climatique qui touche de façon disproportionnée les plus vulnérables et enfin les crises internationales et particulièrement les guerres.

Pendant la marche nous allons faire 4 arrêts, dont celui -ci et à chaque arrêt, nous vous présenterons des œuvres artistiques qui ont été faites par une quarantaine de femmes et d'enfants hier après-midi.

Sentez-vous cette gronde qui vous habite ? On va essayer de la sentir toutes ensemble alors je vais demander aux percussions qui sont devant, les batucadas, de nous rythmer cette gronde. Allons-y…. Est-ce que vous êtes capable dans la marche de faire résonner cette gronde avec vos pieds ? Avec les batucadas j'aimerais vous entendre. C'est cette gronde qui va nous animer tout au long de la marche !

Hier, des enfants ont créer des phénix, je les invite à venir sur la scène pour que vous puissiez voir leurs œuvres remplis d'espoir pour l'avenir, car après la colère et le feu qui nous anime, le phénix renait toujours de ces cendres.

CRISE DU SYSTÈME PUBLIC

Pour commencer, nous sommes en diagonale du ministère des finances, parlons de la crise du système public !
Ça gronde ICI parce que nous avons un gouvernement d'entrepreneurs de droite qui pense que tout se règle grâce à la privatisation, qui vient de passer une loi sous bâillon pour reformer le système de santé en allant vers plus de centralisation et de privatisation et en ôtant le pouvoir d'agir de certaines travailleuses, particulièrement les sages femmes et les infirmières. Les infirmières d'ailleurs qui sont toujours en grève pour faire valoir leurs droits et nos droits car, comme elles le disent : leurs conditions de travail sont nos conditions de soins ! Ça gronde face à ce gouvernement qui a fait le choix de se priver de 1,7 milliards de dollars par année en baisse d'impôts dans le dernier budget, trouant encore plus notre filet social qui échappe les plus vulnérables. Comme les femmes sans RAMQ qui doivent payer jusqu'à 1000$ pour un avortement et 18 000$ pour un accouchement.

Ça gronde AILLEURS, face à la monté de l'extrême droite partout dans le monde qui coupe dans les services publics. Comme en Argentine, ou le président s'est engagé à couper à la tronçonneuse les dépenses publiques, ainsi que les aides sociales. Ou au Brésil, ou en Italie, ou en Hongrie, ou aux E.U, Les démocraties tombent les unes après les autres entre les mains de leaders de l'ultra droite, qui se soutiennent entre eux et sabrent dans le système public.

Ça gronde face à cette crise du système public, mais notre feu peut tout changer ! Grâce aux luttes que nous avons menés ensemble dans le passé, nous avons faits des gains importants dans notre système public : les mobilisations des groupes de femmes et des groupes communautaires ont mené à la création des CPE, les syndicats et les groupes de femmes se sont battus pour obtenir l'équité salariale ! Nous devons encore faire pression sur le gouvernement pour sauver notre système public, nos écoles publics, notre système de santé. Un réinvestissement massif dans nos services publics et programmes, c'est urgent !

CRISE ECONOMIQUE

Ça gronde ICI, face à l'inflation et à la montée de l'insécurité alimentaire. Ça gronde car les femmes sont encore plus pauvres que les hommes. Ça gronde parce qu'il n'y a plus assez de logements abordables, salubre et sécuritaire, que l'itinérance augmente de façon dramatique pendant qu'une poignée d'individus s'enrichissent à coup de rénoviction. Ça gronde lorsque des femmes sont contraintes de rester avec un conjoint violent faute de logement ou qu'elles doivent répondre à des avances sexuelles de leur proprio ou coloc pour avoir un toit ou qu'elles doivent couper dans leurs besoins essentiels pour nourrir leurs enfants ou choisir entre s'acheter des fruits ou une boite de tampons. Ça gronde car ce stress constant met en péril leur santé physique et mental.

Ça gronde AILLEURS car pour répondre à la crise économique, le système capitaliste nous pousse à consommer toujours plus et produire à moindre coûts. Au Bengladesh les femmes cousent des dizaines de jeans pour 6$ par jour dans des conditions exécrables, afin que les Joe Fresh, Lululemon, Amazone de ce monde s'en mettent plein les poches. Depuis 2020, les cinq personnes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune, tandis que les 60 % les plus pauvres ont perdu de l'argent. Alors que les 1 % les plus riches de la planète possèdent 43 % de la richesse mondiale, 1 pers sur 10 souffrent de faim dont les 2/3 sont des femmes et des filles.

Ça gronde face à cette crise du système public, mais notre feu peut tout changer ! En 1995, plus de 800 québécoises ont marché pendant 10 jours pour lutter contre la pauvreté, elles ont entre autres gagnées la perception automatique des pensions alimentaires, un pas vers l‘autonomie économique des femmes ! Récemment, les groupes de lutte à la pauvreté ont gagné le nouveau programme de revenu de base, qui permet à certaines personnes prestataires de l'aide sociale - malheureusement pas toutes- d'être en couple tout en recevant chacun leur chèque, autre pas vers l'indépendance financière des femmes. Nous devons continuer notre lutte pour que chaque être humain puisse vivre dans la dignité et nous demandons une meilleure répartition de la richesse- et pour ça, les plus riches et les grandes entreprises doivent payer leur juste part- pour sortir des crises qui se succèdent et se superposent.

CRISE CLIMATIQUE

Nous nous arrêtons ici, dans cet ilot de chaleur (remarquez qu'il n'y a aucun arbre sur la place) pour parler de la crise climatique.

Ça gronde ICI lorsque l'urgence d'agir face au changement climatique est porté en majorité par des jeunes et des femmes et non par le gouvernement. Que les solutions face aux GES sont d'élargir des routes plutôt que d'investir dans un réseau structurant, ou de subventionner des VUS électriques plutôt que de taxer les véhicules énergivores, ou encore de permettre à des méga-usine de batterie, sous couvert de transition énergétique, de se construire sans BAPE. Ça gronde quand le CALACS de Charlevoix nous dit qu'elles ont observé une augmentation des violences envers les femmes suite au stress dû aux inondations qui ont touché leur région.

Ça gronde AILLEURS partout dans le monde car nous venons de dépasser les 1.5 degrés de réchauffement climatique ! Ça gronde car les femmes vivent les conséquences de la crise climatique de façon disproportionnées. Elles ont 14 fois plus de risque de mourir en cas de catastrophes naturelles. Ce sont aussi elles en majorité qui portent la charge d'acheter bio, local, de passer au zéro déchet. Ça gronde car les émissions des 1 % les plus riches du monde sont deux fois plus élevées que les émissions de CO2 de la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Ça gronde car face aux entreprises pétrolières et gazières qui génèrent des dizaines de milliards en bénéfices nos gouvernements ont trop souvent courbé l'échine et fermé les yeux.

Ça gronde face à cette crise climatique, mais notre feu peut tout changer ! Le rapport de force, c'est à nous de le créer pour que nos décideurs mettent en place des mesures pour nous sortir de notre dépendance aux énergies fossiles et prendre soin des gens et de la planète. Les groupes sociaux ont réussi à stopper GNL Québec. Des femmes autochtones marchent pour la préservation de l'eau et luttent contre les projets d'oléoducs. Nous demandons une transition énergétique qui ne se fait pas au détriment de nos écosystèmes, nous voulons un BAPE pour le projet Northvolt. Nous réclamons une justice sociale et environnementale qui contraint les plus gros pollueurs !
Sortir la bannière : Pour la défense du climat, abolissons le patriarcat.

CRISES INTERNATIONALES – GUERRES

Dernier arrêt, et non le moindre, pour parler des crises à l'internationale, et particulièrement des guerres et des violences.

Ça gronde ICI, lorsque face aux guerres, aux déplacements de population et aux violences vécues par des femmes et des enfants, le gouvernement décide de restreindre l'accès aux réfugiés, et fait porter le poids de la crise du logement aux personnes immigrantes. Faut-il rappeler les responsabilités de notre pays- parmi les pays les plus pollueurs- face aux nombre croissant de réfugiées climatiques ? Ça gronde lorsque le gouvernement Canadien refuse de reconnaitre le génocide qui se passe en Palestine et qu'il continue à fournir des armes qui tuent des enfants.
Ça gronde AILLEURS , en Ukraine après 2 ans de guerre alors qu'une réfugiée sur quatre subit des violences sexuelles ou physiques après avoir fui le pays ; en Iran ou des femmes se font torturer et tuer pour avoir réclamer le droit d'être libre de dire et porter ce qu'elles veulent ; au Soudan, alors que 6 millions de personnes ont été forcée de quitter leur foyer, et que les femmes et les enfants vivent plus de violences physiques, d'abus et d'exploitation sexuels ; ça gronde en Palestine, où les deux tiers des 30 000 morts sont des femmes et des enfants, où 2 mères sont tuées par heure et où la famine sévit.

Ça gronde face aux guerres et aux violences vécues par les femmes, mais notre feu peut tout changer ! Des femmes ont toujours résisté aux guerres pour protéger leurs enfants, leur territoire mais aussi leur corps trop souvent utilisée comme arme de guerre. Nous ne devons pas fermer les yeux sur ce qu'il se passe dans le monde ni se cacher derrière nos frontières, au contraire, plus que jamais nous devons être solidaires envers toutes ces victimes.

Pour cela, j'appelle 2 organisatrices du mouvement Québec-Palestine à scander quelques slogans avec nous :

Voici la fin de la marche ! Nous avons crié notre colère, et fait sortir ce feu qui nous habite, ce feu qui peut tout changer. Gardons ce feu et laissons-le grandir en nous, restons solidaires et unis pour combattre les injustices ICI et AILLEURS ! On se revoit l'année prochaine, le 8 mars 2025, pour un grand évènement : Le Lancement de la Marche mondiale des femmes !!!

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Les Montréalaises descendent dans la rue le 8 mars 2024, Journée internationale des droits des femmes, cette année sous le thème " Paix juste, égalité et libération maintenant ! "

12 mars 2024, par Collectif Femmes de diverses origines — , ,
Comme elles le font depuis deux décennies, les membres du collectif Femmes de diverses origines/Women of Diverse Origins, invite toutes les femmes, ami.es et allié.es à se (…)

Comme elles le font depuis deux décennies, les membres du collectif Femmes de diverses origines/Women of Diverse Origins, invite toutes les femmes, ami.es et allié.es à se rassembler et à marcher ensemble ce vendredi soir, à partir de 17h30 au départ du square Dorchester.

Il s'agira d'une marche de protestation et de célébration. Nous souhaitons marquer ensemble les victoires remportées sur le long chemin vers l'égalité des sexes. Nous souhaitons aussi rappeler tout le travail qu'il reste à accomplir, collectivement, pour y parvenir. Nous marchons pour nous-mêmes, nos familles, nos communautés, nos enfants et nos petits-enfants.

Chaque année nous rappelons que nous sommes conscientes que nous sommes sur des terres autochtones, où les femmes et les filles autochtones ne sont pas en sécurité, à ce jour.

En 2024, nous marcherons dans un contexte de crise économique très dure. Au Québec, il y a à peine quelques mois, un demi-million de Québécoi.es, exerçant des professions dominées par les femmes, ont mené.es une grève importante parce que des droits fondamentaux comme l'alimentation, le logement, les soins de santé et
l'éducation sont menacés. De son côté, le gouvernement québécois était davantage préoccupé par la mise en oeuvre de la loi 21 interdisant les signes religieux. Cette loi 21 a incontestablement un impact négatif sur les femmes, les poussant à rester la maison et à la dépendance économique.

Nous sommes également préoccupées cette année par l'augmentation alarmante des féminicides et de la violence transphobe.

Au niveau international, la situation actuelle en Palestine a permis de mettre la lumière sur plus de 75 ans de colonialisme et d'occupation. Les rues montréalaises ont répondu aux appels de plus en plus nombreux lancés dans le monde entier, en faveur d'un cessez-le-feu immédiat et d'une paix juste.

Les personnes migrantes, qui contribuent au bienêtre de tous les Québécois et Québécoises, et qui ont été reconnu.es comme des "anges gardiens" pendant la pandémie du COVID, poursuivent leur lutte pour une régularisation de leur statut migratoire et pour la reconnaissance et l'égalité.

Autour du monde, des nuages de guerre s'amoncèlent, rappelant de manière inquiétante la veille de l'éclatement des deux guerres mondiales. Les grandes puissances ne consultent pas les personnes directement concernées,
qui constitueront la majorité des victimes et des dommages collatéraux. Les immenses dépenses financières utilisées pour l'armement pourraient permettre aux populations de se nourrir, de se loger, de se soigner et de s'éduquer. Le Canada doit se retirer de ces alliances militaires.

Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, nous invitons les Montréalaiseses, Montréalais, et les Québécoises et Québécois à se joindre à nous, en famille, pour une marche de solidarité féministe ce vendredi 8 mars.

Vendredi 8 mars

Rassemblement 17h30 - Square Dorchester (Peel et René Lévesque)

Manifestation 18h

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8 mars : Journée international des droits des femmes

12 mars 2024, par 𝐑𝐨𝐲𝐬𝐞 𝐇𝐞𝐧𝐝𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧, Commission nationale des femmes de Québec Solidaire — , ,
𝐍𝐨𝐮𝐬, 𝐥𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬, 𝐞𝐧 𝐚𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐚𝐬𝐬𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐭𝐭𝐚𝐪𝐮𝐞𝐬 à 𝐧𝐨𝐬 𝐝𝐫𝐨𝐢𝐭𝐬 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐚𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐮𝐱 𝐞𝐭 𝐡𝐮𝐦𝐚𝐢𝐧𝐬 𝐮𝐧 𝐩𝐞𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐩𝐥𝐚𝐧è𝐭𝐞. Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐯𝐢𝐨𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬. 𝐐𝐮𝐞 𝐜𝐞 (…)

𝐍𝐨𝐮𝐬, 𝐥𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬, 𝐞𝐧 𝐚𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐚𝐬𝐬𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐭𝐭𝐚𝐪𝐮𝐞𝐬 à 𝐧𝐨𝐬 𝐝𝐫𝐨𝐢𝐭𝐬 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐚𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐮𝐱 𝐞𝐭 𝐡𝐮𝐦𝐚𝐢𝐧𝐬 𝐮𝐧 𝐩𝐞𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐩𝐥𝐚𝐧è𝐭𝐞.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐯𝐢𝐨𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬. 𝐐𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐬𝐨𝐢𝐭 à 𝐆𝐚𝐳𝐚, 𝐞𝐧 𝐈𝐫𝐚𝐧, 𝐞𝐧 𝐀𝐟𝐠𝐡𝐚𝐧𝐢𝐬𝐭𝐚𝐧, 𝐚𝐮 𝐌𝐞𝐱𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐨𝐮 𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞. 𝐀𝐮 𝐐𝐮é𝐛𝐞𝐜, ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐟é𝐦𝐢𝐧𝐢𝐜𝐢𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐫𝐩é𝐭𝐫é𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐯𝐞𝐫𝐬𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐯𝐢𝐨𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐬𝐮𝐛𝐢𝐞𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐧𝐨𝐭𝐚𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐮 𝐦𝐮𝐧𝐢𝐜𝐢𝐩𝐚𝐥.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥'𝐚𝐜𝐜è𝐬 à 𝐥'𝐚𝐯𝐨𝐫𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐫𝐞𝐬𝐭𝐞 𝐞𝐧 𝐩é𝐫𝐢𝐥.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐞𝐳 𝐥𝐞𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥'é𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧, 𝐞𝐧 𝐫é𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 à 𝐥𝐚 𝐧𝐨𝐧-𝐫𝐞𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥 𝐬𝐢 𝐜𝐫𝐮𝐜𝐢𝐚𝐥 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥'𝐚𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐨𝐜𝐢é𝐭é.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐚𝐮𝐬𝐬𝐢 𝐜𝐡𝐞𝐳 𝐥𝐞𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐚𝐧𝐭é, 𝐥𝐞𝐮𝐫 « 𝐯𝐨𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 » 𝐛𝐫𝐢𝐬é𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥 𝐝𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐞𝐧 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐢𝐧𝐭𝐨𝐥é𝐫𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐥𝐨𝐫𝐬 𝐪𝐮'𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐜𝐮𝐫𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐟𝐫𝐚𝐠𝐢𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢é𝐭é.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐫𝐮𝐞. 𝐂𝐞 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐠𝐫𝐨𝐮𝐩𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐠𝐫𝐨𝐮𝐩𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐚𝐮𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐝é𝐛𝐨𝐫𝐝é𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐮𝐥𝐭𝐢𝐩𝐥𝐞𝐬 𝐭â𝐜𝐡𝐞𝐬 𝐝é𝐜𝐨𝐮𝐥𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐮 𝐝é𝐬𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥'É𝐭𝐚𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐞𝐧 é𝐭𝐚𝐧𝐭 𝐬𝐨𝐮𝐬-𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜é𝐬.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐟𝐚𝐜𝐞 à 𝐥𝐚 𝐦𝐨𝐧𝐭é𝐞 𝐝𝐞 𝐥'𝐞𝐱𝐭𝐫ê𝐦𝐞 𝐝𝐫𝐨𝐢𝐭𝐞 𝐮𝐧 𝐩𝐞𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐬𝐞 𝐫𝐚𝐩𝐩𝐫𝐨𝐜𝐡𝐞 à 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝 𝐩𝐚𝐬.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐞 𝐥𝐨𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐬𝐭 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐚𝐜𝐜𝐞𝐬𝐬𝐢𝐛𝐥𝐞 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐝é𝐦𝐮𝐧𝐢𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐦ê𝐦𝐞 à 𝐜𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐯𝐞𝐧𝐮𝐬.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 ! 𝐂'𝐞𝐬𝐭 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐥è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐞𝐧𝐭𝐞𝐧𝐝𝐞𝐳. 𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐨𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞𝐫 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 !

𝐑𝐨𝐲𝐬𝐞 𝐇𝐞𝐧𝐝𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧 𝐑𝐞𝐬𝐩𝐨𝐧𝐬𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐂𝐨𝐦𝐦𝐢𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬 (𝐂𝐍𝐅)

𝐄𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐂𝐍𝐅 𝐝𝐞 𝐐𝐮é𝐛𝐞𝐜 𝐬𝐨𝐥𝐢𝐝𝐚𝐢𝐫𝐞

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Présentation sur la réalité du 8 mars

12 mars 2024, par Emilia Castro — , ,

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Camille Bruneau - Une lecture féministe de la dette

À la veille de la journée internationale des luttes pour les droits des femmes, nous publions cette interview de Camille Bruneau, autrice de Nos vies valent plus que leurs (…)

À la veille de la journée internationale des luttes pour les droits des femmes, nous publions cette interview de Camille Bruneau, autrice de Nos vies valent plus que leurs crédits. Face aux dettes, des réponses féministes par Afrotopiques.

7 mars 2024 | Afrotopiques
https://www.cadtm.org/Camille-Bruneau-Une-lecture-feministe-de-la-dette

Cet épisode a été enregistré a distance, car Camille Bruneau vit en Belgique.

Dans cet entretien, on parle de dette, mais surtout de la réalité matérielle qui découle de ce système politique et économique, et de ses conséquences spécifiques dans la vie des personnes qui expérimentent la condition femme.

On commence l'analyse à partir de l'émergence du capitalisme, on s'arrête sur les dettes coloniales, pour arriver jusqu'aujourd'hui, au cœur des villes mondialisées qui fonctionnent grâce à la chaine globale du care.

Camille Bruneau nous explique comment l'Etat social y est notamment remplacé par la Mère Sociale.

Et elle nous montre aussi comment le féminisme permet de renverser la recevabilité, et propose un autre définition de l'économie et du politique : celle qui met la vie et le prendre soin au centre.

Merci aux sponsors de cette série : l'Ambassade de France au Sénégal et le CCFD Terre Solidaire.

Recherche documentaire, prise de son, réalisation et montage : Marie-Yemta Moussanang

Musique : Amal's game, de Hiba Elgizouli

Graphisme : Akakir Studio 🙏🏽💜

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Agence Santé Québec : Le SPGQ envisage de faire appel aux tribunaux

12 mars 2024, par Syndicat des professionnelLEs du gouvernement du Québec (SPGQ) — , ,
Québec, le 7 mars 2024 — Devant l'indifférence du ministre de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Christian Dubé, et l'imminence des premiers transferts de personnel vers (…)

Québec, le 7 mars 2024 — Devant l'indifférence du ministre de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Christian Dubé, et l'imminence des premiers transferts de personnel vers Santé Québec, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) envisage maintenant tous les recours possibles, y compris de faire appel aux tribunaux, pour faire valoir les droits de ses membres.

7 mars 2024 | SPGQ
https://spgq.qc.ca/2024/03/agence-sante-quebec-le-spgq-envisage-de-faire-appel-aux-tribunaux/

La demande de rencontre urgente faite au ministre le 15 février 2024 est restée lettre morte. « Nous avons reçu un accusé de réception standard, rien de plus. Visiblement, le ministre se moque du fait que son personnel professionnel ne veut pas être transféré sans le maintien de ses conditions de travail actuelles. Nous avons des discussions avec nos avocats actuellement afin de trouver la meilleure façon de défendre les droits de nos membres », indique Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.

Rencontré par l'employeur la semaine dernière, le personnel n'a pas été rassuré par l'information offerte et il subsiste un flou important quant au sort de chacun. « Ce qui est clair, c'est que plusieurs de nos membres vont se retrouver hors taux et hors échelle. En effet, les salaires des professionnels et professionnelles sont plus élevés dans la fonction publique que dans le réseau de la santé. Cela signifie qu'ils vont recevoir la moitié des augmentations salariales prévues dans la convention collective du réseau de la santé et l'autre moitié en montants forfaitaires jusqu'à ce que leur salaire soit conforme à leur nouvelle convention. Cette situation a de répercussions négatives importantes sur leur progression salariale et le calcul des rentes de retraite », insiste M. Bouvrette.

Pourtant, une solution simple existe et elle fait consensus, tant auprès des membres que des partenaires syndicaux du SPGQ : permettre aux professionnelles et professionnels de conserver leur convention collective. « Selon un sondage auprès de nos membres, 63 % d'entre eux se disent prêt à aller travailler à Santé Québec s'ils conservent leur convention collective et leurs conditions de travail actuelles. Avec la convention collective du réseau de la santé, à peine 8 % d'entre eux ont l'intention de se porter volontaires. Nos membres veulent contribuer à la réforme, mais pas au détriment de leur progression salariale et de leur retraite », fait valoir M. Bouvrette.

Le SPGQ estime que 400 à 500 professionnelles et professionnelles du ministère de la Santé et des Services sociaux devraient être transférés à Santé Québec. Les premiers transferts devraient avoir lieu en juin, selon l'employeur. Seul le personnel ayant obtenu sa permanence après deux ans de service continu aura un droit de refus et de retour dans la fonction publique. En cas de refus, une personne professionnelle peut néanmoins être transférée malgré elle le temps qu'il y ait un autre poste pour elle dans la fonction publique.

À propos du SPGQ

Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.

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Des projets de maisons d’hébergement stoppés – « Arrêtons de mélanger les pommes, les oranges et les bananes. Nous avons besoin d’un financement adapté »

12 mars 2024, par Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, Fédération des maisons d'hébergement pour femme (FMHF), Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale — , ,
C'est d'une seule voix que l'Alliance des maisons d'hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2), le Regroupement des maisons pour femmes (…)

C'est d'une seule voix que l'Alliance des maisons d'hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2), le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale ainsi que la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes demandent au premier ministre François Legault de mettre fin à l'incohérence dans le financement des maisons d'hébergement.

« Notre premier ministre nous dit qu'on ne doit pas mélanger les pommes, les oranges et les bananes. On le prend au mot : nos maisons d'hébergement ont besoin d'un programme de financement adapté à leur réalité », affirme Maud Pontel, coordonnatrice générale de l'Alliance MH2.

Actuellement, la Société d'Habitation du Québec (SHQ) évalue les projets de maisons d'hébergement pour femmes avec les mêmes grilles que pour les projets de logements sociaux. « C'est inadéquat, illogique et incompréhensible », poursuit madame Pontel, « nos projets requièrent des éléments non négociables : sécurité accrue, lieux de vie communs et agiles (espaces d'hébergement et espaces d'intervention, accueil de femmes avec ou sans enfant, durabilité des aménagements, etc.). C'est indéniable que ça a un impact sur le coût des projets ».

Pour un programme adapté à la réalité des femmes

Nous souhaitons que le premier ministre — qui a démontré son engagement envers la lutte contre la violence faite aux femmes et les féminicides en 2021 — s'investisse dans le dossier et crée un programme de financement spécifique pour le développement immobilier des maisons d'hébergement. Le programme actuel, pas adapté, vient de forcer l'arrêt de projets en Abitibi-Témiscamingue (2), à Montréal (2), à Québec et à Thetford Mines. Plusieurs autres projets sont menacés dans les Laurentides notamment. Des subventions fédérales totalisant plusieurs millions de dollars seront perdues si elles ne sont pas utilisées. En décembre dernier, l'Assemblée nationale adoptait d'ailleurs une motion rappelant l'engagement du gouvernement, il y a trois ans, à réaliser des unités additionnelles dans le réseau des maisons d'hébergement.

Des impacts majeurs sur toutes

L'abandon des projets a au premier chef des conséquences inquiétantes pour les femmes et les enfants victimes de violence conjugale, notamment dans le continuum de services qu'elles reçoivent.

« Quand une femme fuit son conjoint violent, c'est tout un parcours de la combattante qui commence pour réorganiser sa vie et faire valoir ses droits. », dit Louise Riendeau, du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. « Les impacts de la violence conjugale sur elle et ses enfants sont nombreux, cela requiert du soutien et de l'accompagnement, dans un lieu adapté et sécuritaire. Si elle croit ne pas pouvoir trouver les ressources dans sa communauté pour traverser ces épreuves, elle risque d'hésiter à dénoncer ».

Ensuite, la situation actuelle fragilise l'existence des maisons d'aide et d'hébergement qui portent ces projets. Elles s'en sont fait garantir le financement par les gouvernements. Or, plusieurs assument les intérêts de prêts hypothécaires leur permettant d'amorcer les différents travaux, les frais d'architectes, les frais de décontamination des terrains, etc. Avec des projets stoppés, ils paient… pour rien.

Enfin, l'incohérence actuelle a à la fois un effet négatif sur la mobilisation des équipes qui s'investissent personnellement dans ces projets avortés et un effet sur la crédibilité des maisons d'aide et d'hébergement face à leurs donateurs.

« Plus que jamais, le gouvernement doit poser un geste fort et rapidement afin d'atteindre ses objectifs de développement de nouvelles maisons d'hébergement », martèle Mylène Bigaouette, de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes. « Le développement de nouvelles maisons est essentiel pour répondre aux besoins et assurer la sécurité des femmes victimes de violence et leurs enfants. Les projets qui sont rejetés ou stoppés, ça envoie un très mauvais signal ».

Il est encore temps d'agir, monsieur Legault !

À quelques jours de la Journée internationale du droit des femmes et du dépôt du budget du Québec, nous avons espoir que notre appel sera entendu par le premier ministre Legault. Nous devons aux femmes et à leurs enfants victimes d'hommes violents les bonnes ressources, au bon endroit et au bon moment. Elles ont non seulement droit à un nouveau départ dans la vie. Elles ont aussi le droit de se sentir en sécurité, au Québec.

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La Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie publie un manifeste à l’occasion du 8 mars

12 mars 2024, par Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) — , ,
Nous revendiquons une société égalitaire, où la discrimination n'existe plus, non pas qu'en théorie, mais aussi, et surtout, en pratique ! En cette journée si importante pour (…)

Nous revendiquons une société égalitaire, où la discrimination n'existe plus, non pas qu'en théorie, mais aussi, et surtout, en pratique ! En cette journée si importante pour les droits des femmes, la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) est particulièrement heureuse de présenter, publiquement, son manifeste pour les droits des femmes : 𝑵𝒐𝒖𝒔 𝒂𝒓𝒓𝒊𝒗𝒐𝒏𝒔.

Co-produit avec Liliane Pellerin, artiste, et Bleu forêt, coop de communication responsable, ce manifeste se veut un outil pour porter les voix et défendre les droits des femmes en Mauricie.

Le manifeste

Nous arrivons

Nous arrivons de la survivance
avec le poids des luttes sur nos épaules
mais nos pas moins lourds sur la balance
nous arrivons avec nos espérances millénaires
et
nos fatigues ancestrales
nos abris nécessaires
nos silences
achevés

nous arrivons de la résistance
avec nos peines torrents
nos colères souterraines
car
dans nos archives et dans nos veines
dans nos mémoires et dans nos jours
trainent encore
la peur au ventre les plafonds de verre le vent de face

la trace

du déséquilibre

nous arrivons chargées d'urgence
avec, en bandoulière, notre sororité et nos miracles
nos miracles
d'être encore là chargées de rêves possibles

parce que nous avons le droit d'exister
entières et pleines
vivantes et souveraines
reconnues
soutenues
légitimes et puissantes
et parce que le Monde en a besoin
nous réclamons sa réparation

au cœur de l'intime jusqu'au bout du commun
le réparer toutes et tous Ensemble
des inégalités
de la brutalité
des injustices et des pillages

de la fatalité

des systèmes qui nous oppressent mais dans lesquelles nous avons marché toutes et tous Ensemble
par habitude et par défaut

parce que le passé parle au futur et qu'il lui dit que ça suffit
nous appelons la guérison
reconstruire toutes et tous Ensemble
autrement, autres mœurs

un Monde respect
un Monde nourricier
un Monde digne
des êtres qu'il enfante
à travers nous

Signature : Le mouvement des femmes de la Mauricie

Autrice : Liliane Pellerin

Le communiqué : Nous avançons ! Manifeste pour les droits des femmes !

Trois-Rivières, le 11 mars 2024 – Dans le cadre des actions pour la Journée internationale des droits des femmes, la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) est fière de lancer une campagne de promotion des ressources d'aide en matière de violences faites aux femmes en Mauricie : Violences faites aux femmes, c'est assez !

Réalisée avec la collaboration des agences Éclaté et Éklore, cette campagne promotionnelle a été créée de manière à répondre à certains obstacles identifiés dans le rapport de recherche Les femmes à la croisée des oppressions en contexte de violence conjugale : Obstacles et pistes d'amélioration dans l'accès et l'utilisation des services en Mauricie et dans les communautés Atikamekw, réalisé par la TCMFM et le Centre de recherche sociale appliquée (CRSA). En plus de mieux faire connaître les ressources d'aide en matière de violences faites aux femmes, cette action vise à mieux informer et sensibiliser les femmes aux différents visages que peut prendre la violence conjugale, et à lutter contre les violences faites aux femmes.

La TCMFM invite donc la population mauricienne à porter une attention particulière aux affichages dans certains commerces de la région, sur les abribus et autobus et dans les médias sociaux, ainsi qu'aux messages radio dans certains médias de la région. Pour plus de détails, rendez-vous au https://www.cest-assez.org/

Menaces, jugement, exploitation, contrôle, agressions, silences

Agissons toutes.tous pour éliminer les violences faites aux femmes !

Cette campagne est rendue possible grâce à l'appui financier de Femmes et Égalité des genres Canada (FEGC). La Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie est un regroupement régional féministe de défense collective des droits qui a pour mission de favoriser la concertation et d'agir sur les questions mettant en jeu les intérêts et les conditions de vie des femmes.

Pour appuyer le Manifeste, rendez-vous ici.

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Northvolt assemblera des produits chimiques avec un impact inconnu sur l’eau du Richelieu

12 mars 2024, par André Noël — , ,
Le gouvernement a donné son feu vert à la construction de la méga-usine de Northvolt, qui assemblera une gamme de produits toxiques pour fabriquer des batteries sur les rives (…)

Le gouvernement a donné son feu vert à la construction de la méga-usine de Northvolt, qui assemblera une gamme de produits toxiques pour fabriquer des batteries sur les rives du Richelieu. Faute d'un examen public, on ignore quel sera l'impact sur la qualité de l'eau de la rivière.

5 mars 2024 tiré de Pivot.quebec | Photo : L'accès au site de la future usine de batteries de Northvolt est interdit. -Francis Hébert-Bernier
https://pivot.quebec/2024/03/05/northvolt-assemblera-des-produits-chimiques-avec-un-impact-inconnu-sur-leau-du-richelieu/

« À cette étape du dossier, je vous dirai qu'il faut surtout faire preuve de vigilance », estime Benoit Barbeau, professeur de génie civil à l'École polytechnique de Montréal, spécialisé dans le traitement des eaux.

« Je serais très surpris que les considérations environnementales aient été en haut des priorités », a-t-il dit au cours d'un entretien avec Pivot.

« Si j'habitais à côté [de la future usine], en raison de mon expertise, je serais curieux de savoir quel type de molécules ils vont rejeter par jour, et en quelle quantité. »

« Notre plus grande préoccupation porte sur l'eau qui va être renvoyée à la rivière [après avoir été utilisée à l'usine] », dit Sylvain Lapointe, directeur général du Comité de conservation et de valorisation du bassin versant de la rivière Richelieu.

« La rivière Richelieu est la source d'eau potable pour environ 80 000 personnes en aval [de la future usine]. Elle est aussi un lieu d'attraction touristique et constitue l'habitat principal du chevalier cuivré. » Ce poisson unique au Québec fait partie des espèces désignées en voie de disparition.

Traitement spécial pour un méga complexe de produits chimiques

Dans la première usine, Northvolt fabriquera des cathodes composées de produits chimiques, soit des oxydes de nickel, de cobalt et de manganèse sous forme de poudre.

Les batteries seront fabriquées dans une deuxième usine. Les cathodes (positives) seront assemblées dans des cellules électrochimiques lithium-ion légèrement pâteuses avec des anodes (négatives) à base de graphite et une solution liquide, appelée électrolyte. Ces centaines de cellules seront contenues dans des boîtes de métal, les batteries comme telles.

À plus long terme, une troisième usine est prévue pour le recyclage.

Le gouvernement Legault a beau parler de batteries « vertes », ces batteries sont des produits chimiques et toxiques. L'énorme complexe qui sera construit par Northvolt sur les rives du Richelieu – le plus gros complexe industriel de l'histoire du Québec – fait en effet partie de l'industrie chimique. Ce n'est pas nous qui l'affirmons, mais bien le ministère de l'Environnement… jusqu'à l'année dernière.

Au départ, le projet de Northvolt était en effet classé par le ministère dans une catégorie intitulée « fabrication de produits chimiques ». Cette catégorie est décrite à l'article 20 d'une annexe du règlement sur l'évaluation des impacts sur l'environnement de divers projets.

L'énorme complexe qui sera construit par Northvolt sur les rives du Richelieu fait partie de l'industrie chimique.

En vertu de cet article, la construction d'une usine de fabrication de produits chimiques produisant plus de 50 000 tonnes par année est soumise à un examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Au départ, cela devait s'appliquer au projet d'usine de Northvolt, celle-ci devant produire 56 000 tonnes de produits chimiques par année.

Après que les représentants du ministère de l'Économie aient rencontré en toute discrétion les représentants de Northvolt, le gouvernement Legault a modifié le règlement sans tambour ni trompette. Il a ajouté un article fait sur mesure pour l'entreprise : il s'agit de l'article 39, qui ajoute la catégorie « équipements de stockage d'énergie ». En vertu de ce nouvel article, les usines de batteries ne sont plus classées dans la catégorie des « produits chimiques » et sont soumises au BAPE seulement si elles produisent plus de 60 000 tonnes par année.

Autrement dit, le gouvernement a retiré expressément la construction d'une usine de batteries de la catégorie « produits chimiques » pour créer une nouvelle catégorie spéciale, et faisant en sorte que l'usine de Northvolt ne soit pas soumise à l'examen du BAPE.

La modification du règlement établit en lettres rouges que l'article sur la « fabrication de produits chimiques » ne s'appliquera plus aux projets d'« équipement de stockage d'énergie », pour lesquels est rehaussé le seuil minimal de production pour une évaluation environnementale. Source : « Règlement modifiant le Règlement relatif à l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement de certains projets », MELCCFP, en vigueur depuis le 20 juillet 2023.

Des produits toxiques

Le nickel, le cobalt et le manganèse, qui entrent dans la fabrication des cathodes, ne font l'objet d'aucune norme dans le règlement sur la qualité de l'eau potable au Québec, contrairement à d'autres substances inorganiques comme l'arsenic, le cuivre ou le plomb. Cela signifie que leur présence éventuelle n'est ni détectée, ni mesurée, ni analysée dans les usines de filtration d'eau potable. Dissouts dans l'eau, ils ne sont pas éliminés.

Selon le professeur Benoit Barbeau, le manganèse, toxique en grande quantité, fera bientôt l'objet d'une norme pour l'eau potable. Mais rien n'est prévu pour le nickel et le cobalt, des métaux également toxiques.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une branche de l'Organisation mondiale de la santé, classe les composés de nickel dans le « groupe 1 », regroupant les « cancérigènes sûrs », et le cobalt dans le « groupe 2 », regroupant les cancérigènes probables.
Oxyde noire de nickel. Photo : TheMrBunGee (CC BY-SA 4.0)

Contrairement au Québec, d'autres juridictions ont des normes pour la concentration de nickel dans l'eau potable. C'est le cas de l'Union européenne, et aussi de Taïwan, où les autorités s'inquiètent de la présence de nickel dans l'eau potable distribuée dans des écoles primaires.

Alors que le gouvernement a donné le feu vert pour couper les arbres et aménager le vaste terrain où sera érigé le complexe de Northvolt, les experts du ministère de l'Environnement ignorent encore ce que ses usines rejetteront dans l'eau (et dans l'air). C'est que Northvolt a choisi de déposer ses demandes d'évaluation et d'autorisation une étape à la fois, ce qui ne permet donc pas d'avoir une vue d'ensemble du projet et de ses conséquences à ce stade-ci, même s'il est entamé.

Comment seront traitées les eaux industrielles dites « de procédé » servant à la fabrication des batteries ? Où aboutiront-elles ? Directement dans le Richelieu, après un premier traitement sur place ? Quelles seront les quantités des rejets et leur concentration en contaminants ?

Autant de questions qui sont sans réponse.

Soupçons de délits en Suède

En Suède, la police a été saisie d'une plainte pour « suspicion de délit environnemental » contre Northvolt à la suite d'une inspection de routine effectuée en octobre à ses installations de Västerås, à l'ouest de Stockholm. « Les soupçons reposent sur le fait que Northvolt a stocké des déchets et des produits chimiques de manière dangereuse », relate la presse suédoise. « En outre, l'entreprise est accusée d'avoir dépassé à plusieurs reprises la limite de teneur en métaux dans ses eaux usées. »

Questionnée par Pivot, la responsable des communications de l'entreprise au Québec, Emmanuelle Rouillard-Moreau, s'est faite rassurante. « Depuis l'inspection, nous avons identifié l'ensemble des améliorations nécessaires afin de corriger la situation et nous sommes à les mettre en place », nous a-t-elle écrit. « Nous tenons à être clairs : il n'y a eu aucun déversement de matières. »

Quoiqu'il en soit, plusieurs citoyen·nes se sont montré·es inquiet·es lors des assemblées d'information qui se sont tenues les 28 et 29 février à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, souligne Ariane Labonté, co-porte-parole du Comité d'action citoyenne Northvolt.

Tout comme une coalition d'organisations environnementales, le comité de citoyens réclame que le projet de Northvolt soit examiné par le BAPE. Une revendication qu'appuient 68 % des Québécois·es, selon un récent sondage.

« Les manœuvres modifiant le cadre législatif pour éviter un examen du BAPE et pour empêcher les citoyens d'être bien informés sont une insulte à la population », dit Mme Labonté.

« À ce jour, les fonctionnaires du gouvernement affirment ne pas savoir combien d'eau de la rivière Richelieu sera pompée par l'usine, ni si d'autres milieux naturels seront détruits pour les autres phases du projet, ni combien de trains et de camions circuleront, ni combien de décibels seront émis », s'inquiète-t-elle.

« La tenue d'un BAPE aurait permis de répondre à ces questions concernant la construction d'une des plus grosses usines de produits chimiques au Québec, tant au bénéfice des citoyens que des élus. »

Auteur·e
André Noël

André Noël a été journaliste à La Presse pendant près de 30 ans. Ses nombreuses enquêtes lui ont permis de remporter de nombreux prix de journalisme, dont le prix Judith-Jasmin, le Concours canadien de journalisme, le prix Michener du Gouverneur général et le prix du Centre canadien pour le journalisme d'enquête. Il a aussi été enquêteur et rédacteur à la Commission Charbonneau

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Dotons nos municipalités d’un règlement pour une transition énergétique juste et durable au Québec

12 mars 2024, par Collectif — , ,
Le 7 mars 2024, Saint-Hyacinthe - C'est devant le barrage TD. Bouchard, portant le nom du père-fondateur d'Hydro-Québec, que des citoyens et des citoyennes représentant de (…)

Le 7 mars 2024, Saint-Hyacinthe - C'est devant le barrage TD. Bouchard, portant le nom du père-fondateur d'Hydro-Québec, que des citoyens et des citoyennes représentant de regroupements de plus de douze MRC différentes demandent que les municipalités québécoises adoptent en masse un Règlement concernant la production d'énergie renouvelable pour assurer une transition énergétique juste et durable.

Devant la menace de la dénationalisation de notre électricité et le contournement des mécanismes de consultation publique par le gouvernement provincial, nos municipalités doivent s'assurer que la production d'énergie soit développée dans l'intérêt collectif de leurs citoyennes et citoyens, et non celui des promoteurs privés.

Le juriste et sociologue, Dr. Richard E. Langelier a élaboré un projet de règlement municipal jettent des balises pour encadrer les projets de développement d'énergie renouvelable visant à réaffirmer la compétence des municipalités en matière d'environnement sur leur territoire et son devoir d'assurer la santé, la sécurité, le bien-être, la tranquillité et l'équité de ses citoyennes et citoyens.

Lorsqu'il est adopté, ce règlement protège les élus en mettant la transparence et la représentation fidèle des personnes les ayant élus à l'avant-plan de toute décision. Les communautés locales sont consultées en amont de la création d'un projet de production d'énergie plutôt que devant les faits accomplis comme c'est le cas en ce moment dans plusieurs MRC.

La consultation publique permet de sensibiliser la population aux avantages et inconvénients d'un projet, de réfléchir à minimiser ses impacts et permet aussi d'ouvrir la discussion sur les différentes options disponibles pour la communauté, notamment le type d'énergie (le solaire, l'efficacité énergétique, la masse thermique, etc.) et le modèle d'affaires (par exemple, le Parc éolien Pierre-De Saurel, un projet communautaire de la MRC de Sorel-Tracy).

« Les choix orienteront l'avenir des Québécois et Québécoises tout au long du 21e siècle ; on ne peut se permettre de faire des erreurs. Nous avons besoin d'un débat sur la transition énergétique », Gérard Montpetit, Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement.

Devant l'accélération des projets d'éolien : des regroupements régionaux s'organisent

Une rencontre des regroupements de citoyens et de citoyennes concerné·e dans la problématique des éoliennes est prévu le 24 mars pour s'organiser à l'échelon provincial.

La façon de faire actuel où des compagnies privées répondent à l'appel d'offres d'Hydro-Québec pour faire signer des contrats de projet éoliens directement avec les propriétaires pose notamment des enjeux de sécurité alimentaire (réduction de l'espace cultivable et perturbation des écosystèmes agricoles), d'impact écosystémique et de division sociale.

« Depuis toujours, la filière éolienne au Québec a été et est encore développée de façon scandaleuse, non seulement de par son grave déficit démocratique où les citoyens sont écartés des décisions mais aussi parce qu'elle satisfait surtout les besoins de l'industrie », Claude Charron, riverains de projet éolien de l'érable.

Des regroupements de douze MRC différentes son derrière la conférence : Mékinac, Arthabaska, de L'Érable, des Chenaux, des Appalaches, des Sources, Drummond, Nicolet-Yamaska, Bécancour, des Maskoutains et des Jardins-de-Napierville. Ils étaient appuyés par des représentants de Vents d'élus et du Regroupement vigilance hydrocarbure Québec (RVHQ).

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LA CAQ doit cesser d’instrumentaliser la transition énergétique pour favoriser les lobbys

12 mars 2024, par Climat Québec — , ,
Québec, le mercredi 6 mars 2024 – Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, présentera, aujourd'hui à 13 :30 au BAPE à Ste-Anne de Beaupré, le mémoire de Climat Québec :Le (…)

Québec, le mercredi 6 mars 2024 – Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, présentera, aujourd'hui à 13 :30 au BAPE à Ste-Anne de Beaupré, le mémoire de Climat Québec :Le Projet Éolien Des Neiges doit être abandonné. Le mémoire met en lumière toute l'instrumentalisation de la transition énergétique par la CAQ qui semble agir pour favoriser les intérêts particuliers de certains lobbys, au détriment du bien des Québécois.

BAPE Éolien Des Neiges

La justification des besoins est trompeuse

Ce mémoire expose les failles béantes de toute la logique qui sous-tend les besoins d'électricité additionnels supposément pour réaliser la transition énergétique.

« Dès l'analyse de la raison d'être du projet, on peut constater qu'il y a anguille sous roche, ou ne devrions-nous pas dire « boa constrictor sous roche ». Le gouvernement de la CAQ crée de toutes pièces une pénurie d'électricité avec sa vente de feu pour ensuite justifier fallacieusement la construction de nouvelles productions », a déclaré Martine Ouellet.

Dans son mémoire, Climat Québec explique en détail comment la CAQ par ses 2 contrats d'exportation d'électricité aux États-Unis et par le rabais de 20 % accordé aux industriels a réussi à dilapider les surplus d'électricité qui auraient dû être précieusement gardés pour notre transition énergétique, c'est-à-dire : sortir le gaz et le pétrole de notre équation énergétique. Cette vente de feu d'un 20 TWh pour l'exportation et estimée à 70 TWh pour le 20 % de rabais représente une perte colossale de 200 millions de dollars par année et de 2.77 milliards de dollars par année, respectivement pour l'ensemble des contribuables québécois.

Il n'est pas trop tard pour rectifier le tir en résiliant les deux contrats d'exportation et en annulant le rabais de 20% consenti aux industriels tout en faisant le grand ménage des projets industriels acceptés.

De plus, Climat Québec propose qu'aucune nouvelle production d'électricité sur le territoire ne soit autorisée tant que les clients industriels commerciaux et institutionnels n'auront pas fait leurs efforts en efficacité énergétique.

Le privé n'a pas sa place.

La privatisation en douce de la production d'électricité lors des premiers projets éoliens par le Parti québécois a ouvert une faille dans le modèle québécois qui a fait le succès économique, environnemental et social du Québec avec le monopole d'Hydro-Québec. De plus, le privé n'a fait que gonfler les coûts des projets éoliens qui ont contribué indument aux hausses de tarifs des 20 dernières années. Il est un intermédiaire coûteux et sans valeur ajoutée. Sa présence ne s'explique que par la faiblesse des élus face aux lobbys.

Si les besoins étaient justifiés, Climat Québec propose de confier à Hydro-Québec la propriété et la gestion des parcs d'éoliennes en collaboration avec les communautés locales. Hydro-Québec est l'entreprise qui possède le plus d'expertise en dynamique des fluides et pour les interconnexions.

Le site est mal choisi

Tout projet de production d'électricité a des impacts sur l'environnement. Même si l'énergie éolienne est une des plus faibles émettrices de GES, il n'en reste pas moins qu'elle génère des impacts pour la qualité de vie : bruit, basses fréquences, impact visuel, ainsi que des impacts sur les écosystèmes, eau souterraine, chemin d'accès qui cicatrise le territoire, énorme dalle de béton, impacts sur les oiseaux, etc. Dans le cas du Projet Éolien Des Neiges, il se construirait dans un secteur particulièrement tranquille où les résidents ont choisi le calme. L'impact du bruit et des basses fréquences s'en trouverait multiplié.

Si les besoins étaient justifiés, Climat Québec propose qu'Hydro-Québec installe les futurs parcs d'éoliennes loin des zones habitées, près des postes de départ de ses barrages par exemple, près des barrages de la Baie James ou de la Manic.

Pour Climat Québec le Projet Éolien des Neiges se doit d'être abandonné. « Il ne passe pas du tout le test du prisme climatique. Il serait totalement aberrant de multiplier les projets éoliens qui détruisent des parties de territoire pour s'appauvrir collectivement afin d'alimenter la surconsommation étatsunienne et les grosses industries. Notre électricité verte et propre doit être utilisée prioritairement chez nous pour maximiser la réduction des GES en mettant fin à la consommation de gaz et de pétrole », conclut la cheffe de Climat Québec.

Pour accéder au mémoire, suivre ce lien :

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Grève chez Tesla : un mouvement de solidarité qui s’étend

12 mars 2024, par Luc Allaire — , ,
Si les grèves sont rares en Suède, celle des employés de Tesla, qui s'étire depuis octobre 2023, marquera certainement l'histoire de ce pays de la Scandinavie. Tiré de Ma (…)

Si les grèves sont rares en Suède, celle des employés de Tesla, qui s'étire depuis octobre 2023, marquera certainement l'histoire de ce pays de la Scandinavie.

Tiré de Ma CSQ cette semaine.

Les employées et employés de Tesla en Suède sont en grève depuis le 27 octobre 2023, ce qui en fait la plus longue grève à avoir eu lieu dans ce pays scandinave depuis 1945. La raison de ce conflit ? L'entreprise refuse de signer des conventions collectives.

Le propriétaire de Tesla, Elon Musk, l'un des hommes les plus riches au monde, refuse de se conformer au modèle suédois où ce sont les négociations collectives, et non la loi, qui régissent les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs. Par exemple, il n'y a pas de salaire minimum légal en Suède.

Les grèves sont pourtant rares dans ce pays, car une fois qu'un accord de travail entre en vigueur, le syndicat ne peut pas déclencher de grève. Cette garantie de paix industrielle a contribué à maintenir le nombre de jours de grève à l'un des niveaux les plus bas en Europe. Entre 2010 et 2019, la Suède n'a enregistré qu'environ 2 jours de travail perdus par an en raison de grève ou de lock-out pour 1 000 personnes salariées. À titre de comparaison, la Norvège en a compté 55 et la France, 128.

Une grève qui pourrait se poursuivre longtemps

La grève des salariées et salariés de Tesla en Suède touche environ 130 membres du syndicat IF Metall. Ce dernier dispose d'un fonds de grève bien garni de 15 milliards de couronnes suédoises, soit près de 2 milliards de dollars canadiens, ce qui lui permet d'offrir aux grévistes 130 % de leur salaire.

Tesla se vante d'offrir à ses salariées et salariés « des conditions équitables et un bon environnement de travail ». La réalité est cependant tout autre : le salaire moyen d'un mécanicien ainsi que les contributions patronales aux caisses de retraite y sont inférieurs à la moyenne nationale dans cette branche de l'industrie.

Les travailleuses et travailleurs de Tesla se sentent exploités alors que leur productivité individuelle est soumise à un système de notation de 1 à 5 qui permet de menacer de congédiement celles et ceux qui obtiennent la note de 1.

Une solidarité sans précédent

Les sondages démontrent qu'une majorité de Suédoises et de Suédois soutiennent la grève, considérée comme un moyen de défendre le mode de fonctionnement du pays.

Ce mouvement de solidarité s'est également étendu aux pays voisins, où les syndicats du Danemark, de la Norvège, de la Finlande, tout comme ceux de la Suède, se sont ralliés à IF Metall. Les débardeuses et débardeurs ont cessé de décharger les Tesla arrivées par bateau. Les travailleuses et travailleurs dans les ateliers ont suspendu les réparations de Tesla. Celles et ceux qui travaillent pour la poste ont interrompu la distribution de courrier concernant l'entreprise, y compris les plaques d'immatriculation. Les électriciennes et électriciens, de leur côté, se sont engagés à ne plus réparer les stations de recharge pour ces voitures.

Elon Musk se retrouve donc confronté à une solidarité entre les pays scandinaves qu'il n'avait probablement jamais imaginée. Il reste à voir comment tout cela se terminera.

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Le Canada peut assurer la justice de genre aux femmes en améliorant les soins

12 mars 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
Les syndicats du Canada marquent la Journée internationale des femmes en incitant le gouvernement fédéral à mieux aider les femmes à survivre à la crise de l'abordabilité et à (…)

Les syndicats du Canada marquent la Journée internationale des femmes en incitant le gouvernement fédéral à mieux aider les femmes à survivre à la crise de l'abordabilité et à réduire ses effets genrés et intersectionnels.

Le nombre démesurément élevé de femmes qui vivent dans la pauvreté et leur manque d'accès à des services de soins sont profondément interreliés. L'établissement d'une stratégie nationale globale sur l'économie des soins contribuerait grandement à alléger le fardeau que les soins – tant rémunérés que non rémunérés – imposent aux femmes.

À mesure que se poursuit la crise du coût de la vie au Canada, de nombreux travailleurs et travailleuses et leurs familles ont de la difficulté à gérer la montée en flèche des coûts de la nourriture, du logement et d'autres nécessités. Les femmes et d'autres personnes qui sont disproportionnellement pauvres ou à faible revenu sont frappées le plus durement. Ces défis sont aggravés par la surreprésentation des femmes dans les emplois à bas salaire, à temps partiel et précaires, et par les soins qu'elles fournissent sans rémunération aux enfants, à leurs parents vieillissants et à leurs proches en situation de handicap.

« L'enjeu est la justice de genre. Tout le monde sait que les femmes accomplissent le gros du travail de soins non rémunéré et rémunéré, ce qui les oblige à occuper des emplois à temps partiel, précaires, temporaires ou au salaire minimum. La majorité des personnes travaillant au salaire minimum au Canada sont des femmes », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada. « Les répercussions du partage inégal du travail de soins sur la sécurité économique des femmes sont graves, et les actuelles crises de l'abordabilité et du logement rendent la vie encore plus difficile – particulièrement pour les femmes les plus marginalisées. »

Les femmes ont des taux d'insécurité du logement et d'insécurité alimentaire plus élevés que les hommes et sont moins susceptibles d'avoir droit à des prestations d'assurance-emploi. Les statistiques sont encore plus frappantes dans le cas des femmes vivant à l'intersection d'identités marginalisées multiples parce qu'elles sont autochtones, noires, de couleur, 2SLGBTQI, non binaires ou en situation de handicap.

« Il n'est pas étonnant qu'il y ait des crises de la main-d'œuvre dans les soins de santé, les services de garde à l'enfance et d'autres secteurs de soins. Les emplois consistant à fournir des soins aux enfants, aux adultes âgés et aux personnes en situation de handicap ont tendance à être sous-payés et précaires, et les salaires sont mangés par l'inflation dans l'économie des soins. Les emplois en question sont principalement occupés par des femmes, dont bon nombre sont des immigrantes et des femmes de couleur », dit Siobhán Vipond, vice-présidente exécutive du CTC. « Le règlement de la crise des soins aura un impact massif sur les emplois des femmes, leurs revenus et leur participation à la population active, ce qui sera favorable à l'économie canadienne. »

Les syndicats du Canada ont une vision de notre pays où tout le monde a droit aux soins dont il a besoin et les personnes qui fournissent les soins sont visibles, appréciées et appuyées. Le gouvernement fédéral doit établir une stratégie globale et intégrée sur les soins qui consacrerait le droit de toute personne aux soins dont elle a besoin pour vivre une vie pleine et digne, réduirait et redistribuerait la responsabilité disproportionnée qu'assument les femmes en matière de soins, appuierait les personnes fournissant des soins rémunérés et non rémunérés et renforcerait l'économie des soins du Canada dans tous les secteurs.

Le Canada doit créer une commission de l'économie des soins qui serait chargée d'étudier, de mettre au point et de recommander une stratégie nationale sur les soins visant à :

établir une stratégie globale et inclusive sur le marché du travail pour créer des emplois de qualité et équitables dans tous les secteurs des soins ;

examiner le travail de soins rémunéré et non rémunéré et dresser un plan permettant de répondre à la demande croissante de soins ;

réduire et redistribuer le travail de soins non rémunéré qu'accomplissent les femmes en améliorant l'accès à des services publics de soins pour les enfants, les personnes âgées et les personnes ayant un handicap.

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Budget en éducation : la FAE s’attend à un minimum de 7% d’augmentation

12 mars 2024, par Fédération autonome de l'enseignement (FAE) — , , ,
La FAE s'attend à une hausse minimale de 7 % en éducation dans le budget provincial qui sera dévoilé demain à Québec, plus précisément dans les secteurs préscolaire, primaire (…)

La FAE s'attend à une hausse minimale de 7 % en éducation dans le budget provincial qui sera dévoilé demain à Québec, plus précisément dans les secteurs préscolaire, primaire et secondaire, ainsi que dans les secteurs de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes.

Un niveau de dépenses en deçà des coûts estimés sera considéré comme des compressions budgétaires, puisque la croissance des dépenses doit minimalement suivre l'augmentation des coûts.

Le 18 février dernier, en conférence de presse, le premier ministre François Legault avertissait la population que « ce choix qu'on a fait d'investir massivement dans les services publics va avoir des conséquences financières ».

Or, pour la FAE, ce choix ne doit pas se faire au détriment des services aux élèves, jeunes et adultes, et le gouvernement caquiste doit investir en éducation pour sortir le réseau scolaire québécois du marasme dans lequel il est plongé depuis des années.

"Les Québécoises et les Québecois ont décidé, il y a longtemps, de se doter de services publics, notamment de système de santé et d'éducation publics. La bonne chose à faire pour le premier ministre Legault est de les financer convenablement afin d'en assurer la qualité, l'accessibilité et la gratuité pour l'ensemble de la population."

« L'on subit encore aujourd'hui les conséquences du sous-financement chronique de nos réseaux publics, alors il serait impensable qu'il n'y ait pas un minimum d'investissements demain dans la part du budget consacrée à l'éducation. D'autant plus que le premier ministre martèle, depuis qu'il est au pouvoir, que l'éducation est sa priorité », déclare Mélanie Hubert, présidente de la FAE.

La FAE s'appuie sur une note de l'IRIS, qui a évalué les coûts de système pour l'année 2024-2025. Cinq facteurs expliquent la hausse de ces coûts, qui oscilleront entre 21 386 millions de dollars et 21 690 millions de dollars. Chacune de ces variables a une contribution différenciée à la croissance des dépenses en 2024-2025 :

Hausse salariale (37 %) ;

Hausse du nombre d'élèves (16 %) ;

Programme Offensive formation en construction (14 %) ;
Inflation (10 %) ;

Mesures récurrentes de soutien à l'enseignement (22 %).

« Assurer un financement pérenne de l'éducation, grâce à un mécanisme garantissant que le gouvernement québécois investit minimalement des sommes équivalentes à la hausse des coûts de système, peu importe qui est au pouvoir, constituerait un geste politique courageux de la part de François Legault, et enverrait surtout le signal que l'éducation serait désormais à l'abri de toute compression budgétaire. Toute somme investie au-delà des coûts témoignerait, à grande ou à petite échelle, de l'importance qu'accorde le gouvernement à l'éducation », déclare Mélanie Hubert, présidente de la FAE.

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Situation économique des femmes : entre améliorations et inégalités

12 mars 2024, par Minh Nguyen — ,
Malgré d'importants progrès, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer le sort économique des femmes au Québec. Que reste-t-il à accomplir pour atteindre une économie juste (…)

Malgré d'importants progrès, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer le sort économique des femmes au Québec. Que reste-t-il à accomplir pour atteindre une économie juste et équitable ?

Tiré de Ma CSQ cette semaine.

Pendant longtemps, les femmes ont été prises dans un cercle vicieux où les perspectives d'emploi limitées de leurs mères ne les encourageaient pas à poursuivre des études ni à aspirer à des carrières ambitieuses. Les luttes syndicales et celles du mouvement des femmes ont joué un rôle crucial dans l'amélioration de leur sort économique. Elles leur ont permis, entre autres, d'obtenir de meilleures conditions salariales et de travail ainsi que des politiques de congé parental, ce qui a contribué à réduire les inégalités de genre en milieu de travail.

Une disparité salariale encore présente

Au Québec, la Loi sur l'équité salariale (LES), adoptée en 1996 grâce aux revendications de groupes de femmes et d'organisations syndicales (dont la CSQ), a eu des effets positifs sur la rémunération. Au milieu des années 1990, les femmes qui occupaient un emploi à temps complet recevaient, en moyenne, 83 % du salaire des hommes. En 2021, ce ratio était plutôt de 91 %, avec une rémunération horaire moyenne de 27,39 $ pour les femmes, comparativement à 30,16 $ pour les hommes.

Bien que nous constations un progrès notable depuis l'adoption de la LES, le salaire des femmes demeure encore aujourd'hui généralement moins élevé que celui des hommes. L'un des facteurs expliquant cet écart persistant est la présence plus forte des femmes dans des secteurs moins reconnus et moins bien rémunérés.

Le travail invisible et la fiscalité

En début de carrière, les femmes ont tendance à travailler davantage à temps partiel que les hommes et ont un plus faible taux d'emploi permanent que ceux-ci. Ajoutons à cela le temps qu'elles consacrent au travail invisible et nous constatons que l'écart dans la rémunération s'agrandit encore davantage.

Qu'est-ce que le travail invisible ? Ce sont les tâches et les responsabilités non rétribuées, et souvent non reconnues, effectuées dans la sphère domestique. Il comprend les activités, comme les tâches ménagères, les soins aux enfants et aux personnes âgées, la gestion du foyer et les autres travaux qui contribuent au bien-être de la famille et de la communauté, mais qui ne sont pas formellement rémunérés. Selon Statistique Canada, la valeur économique du travail invisible se situait entre 516,9 et 860,2 milliards de dollars en 2019 au Canada, soit entre 25,2 % et 37,2 % du produit intérieur brut (PIB).

Le travail invisible comme activité économique principalement occupée par les femmes est un phénomène bien présent au Québec. En 2015, celles-ci consacraient plus de temps aux activités quotidiennes, soit 3,5 heures par jour comparativement à 2,5 heures par jour pour les hommes.

Cette présence du travail invisible dans la vie des femmes a des conséquences sur leur revenu annuel : en 2021, elles gagnaient en moyenne 37 500 $, soit seulement 82 % du salaire annuel des hommes (45 600 $). En 1996, ce taux était à 61 %. Cette amélioration s'explique en grande partie par l'adoption de la LES, mais aussi par la mise en place des services éducatifs à la petite enfance régis et subventionnés, en 1997, qui a facilité l'arrivée des femmes sur le marché du travail.

Malgré un écart de revenu qui s'amenuise, le patrimoine des femmes demeure moins important que celui de leur conjoint. Les hommes détiennent, en moyenne, 30 % plus de richesse nette. Cet écart est encore plus grand chez les couples non mariés. Du côté des conjoints de fait, par exemple, la richesse des hommes est 80 % supérieure à celle de leur conjointe, s'élevant en moyenne à 271 955 $ contre seulement 151 895 $ pour les femmes.

Le problème d'inégalité dans le patrimoine met en lumière une fiscalité par ménage qui tend à désavantager les femmes, selon plusieurs mouvements féministes. Ces derniers affirment que celle-ci ne prend souvent pas en compte les disparités économiques et les contributions spécifiques des membres du ménage, perpétuant ainsi les inégalités de genre sur le plan financier.

La fiscalité familiale tend à invisibiliser les femmes ainsi que leur contribution au ménage et à la société. En dissimulant la valeur du travail invisible, principalement effectué par les femmes, elle nuit également à la redistribution de la richesse.

Crises économiques et pauvreté

En 2022, les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de se retrouver dans une situation de faible revenu (10,6 % d'entre elles contre 9,2 % d'entre eux). C'est mieux qu'en 2005, où le taux de faible revenu des femmes était de 12,4 % comparativement à 9,6 % pour les hommes. La situation tend donc à s'améliorer, mais elle le fait lentement.

Entre 2005 et 2022, les femmes étaient plus nombreuses à travailler au salaire minimum. Jusqu'en 2018, elles occupaient d'ailleurs 60 % de ces emplois. Depuis 2019, cette proportion tend à s'équilibrer. En 2022, les femmes ne représentaient plus que 53 % des effectifs.

La hausse de 0,50 $, qui fera passer le salaire minimum à 15,75 $ de l'heure à partir du 1er mai prochain, n'est cependant pas une bonne nouvelle pour les travailleuses et les travailleurs les plus pauvres. En effet, cette augmentation de 3,28 % demeure en deçà de l'inflation annuelle prévue, qui était de 4,5 % l'an dernier. Autrement dit, celles et ceux qui travaillent au salaire minimum verront leur pouvoir d'achat diminuer de 1,22 %. Leur portefeuille s'en verra d'autant plus affecté que les 2 postes de dépenses les plus importants seront fortement touchés : le logement locatif, avec une hausse de 5,8 %, et l'épicerie, avec augmentation prévue de 8,3 %. Si elle touche l'ensemble de la population, la baisse du pouvoir d'achat nuit particulièrement aux femmes.

Tout ceci se déroule également dans un contexte où l'économie risque de ralentir, le Québec étant techniquement en récession. Il est encore tôt pour savoir si le tout se dégradera en crise économique, mais, si tel est le cas, les femmes encaisseront les conséquences plus durement que les hommes.

Les femmes ont été plus fortement touchées par les crises économiques passées. L'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques a d'ailleurs démontré que, historiquement, les réponses aux crises ont souvent favorisé les hommes. Entre 2008 et 2016, seulement 32 % des investissements ont été dirigés vers les femmes. La politique d'austérité budgétaire, instaurée par le gouvernement libéral de Jean Charest après la crise de 2008-2009, avec des compressions totalisant plus de 23 milliards de dollars, a particulièrement touché les secteurs de la santé, de l'éducation et de la fonction publique, où les femmes sont surreprésentées.

L'écart entre les investissements destinés à la relance et les compressions budgétaires imposées s'est élevé à 7 milliards de dollars. Tout cela, sans compter les répercussions économiques négatives de la pandémie, qui ont eu davantage de conséquences pour les femmes que pour les hommes.

En conclusion

En conclusion, la LES, la mise en place des services éducatifs à la petite enfance publics et les gains en matière des droits des femmes ont eu des répercussions positives sur le sort économique des femmes au Québec. Les différentes luttes menées par les syndicats et par le mouvement des femmes ont été payantes, mais il sera important de consolider ces gains.

Simone de Beauvoir disait qu'« il suffira d'une crise politique, économique et religieuse, pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante ». La vigilance implique le fait de continuer la lutte pour l'amélioration des conditions économiques des femmes et la consolidation des gains.

Avec la montée d'une droite misogyne, les enjeux économiques qui touchent les femmes nous paraissent d'une actualité brûlante. Le 50e anniversaire du comité d'action féministe nous offre une occasion de réfléchir à ces enjeux et aux façons dont le mouvement syndical peut poursuivre sa contribution à la lutte et à la promotion des changements significatifs pour un avenir juste et équitable pour les travailleuses au Québec.

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Nicolas Latteur : « Critique populaire de l’exploitation. Ce que devient le travail »

12 mars 2024, par Thomas Coutrot — ,
Nicolas Latteur s'est donné pour ambition de porter la voix de « ceux qui ne sont rien », mais qui tiennent notre société à bout de bras. Sa « critique populaire de (…)

Nicolas Latteur s'est donné pour ambition de porter la voix de « ceux qui ne sont rien », mais qui tiennent notre société à bout de bras. Sa « critique populaire de l'exploitation » donne la parole à des dizaines de travailleuses et travailleurs du rang, qui décrivent par le menu leur difficile condition au travail. Mais qui montrent aussi des chemins de résistances et d'alternatives.

Tiré de A l'Encontre
1 mars 2024

Nicolas Latteur : « Critique populaire de l'exploitation. Ce que devient le travail », Ed. Le Bord de l'Eau, 2023.

Par Thomas Coutrot (note de lecture)

Sociologue au Cepag (Centre d'Education Populaire André Genot), un mouvement d'éducation populaire proche de la FGTB (Fédération générale du travail de Belgique) – avec une forte présence syndicale progressiste en Wallonie –, Latteur nous propose ici un kaléidoscope de récits de travail, 27 chapitres fourmillant d'histoires vécues, ordonnées autour de plusieurs thèmes. La première partie décrit les modes de management dans le secteur privé (« dirigés à distance, contrôlés en permanence »). A travers les témoignages d'ouvriers, d'employés, mais aussi de managers, on touche du doigt l'insécurité permanente que font planer les restructurations, les externalisations, les délocalisations. On voit aussi comment les outils numériques servent l'intensification du travail et le travail dans l'urgence permanente. Ainsi Bénédicte, scripte dans le cinéma depuis de nombreuses années, explique qu'avec les caméras numériques, « tout va beaucoup plus vite. Il y a plus de sensibilité – et donc moins d'éclairage. (…) On peut commencer à tourner alors que rien n'est prêt. Cela permet d'engranger de la matière filmée. Il y a une sorte de pression constante. L'éclairage, la mise en place, la répétition, etc…, ont sauté depuis bien longtemps » (p. 35).

Le deuxième partie du livre (« Essentielles et méprisées ») s'intéresse aux services publics et professions essentielles. De façon très concrète, sont démontées les stratégies néolibérales de reconfiguration des services publics, de précarisation et déprofessionnalisation des agent·e·s, de mise à distance et disciplinarisation des usagers et usagères. Mais aussi les tensions internes aux collectifs, entre celles et ceux qui prennent encore à cœur leur tâche, et d'autres qui s'adaptent aux normes du management : « Je mets vingt minutes à faire une toilette au lieu de quinze. De ce fait j'ai des convocations au bureau parce que mes collègues se plaignent (…) Mes collègues que j'adore par ailleurs ne se rendent plus compte qu'elles sont dans la maltraitance et l'infantilisation » (p. 115).

La troisième partie (« Résister en milieu hostile ») rend compte des tentatives de résistance et de la répression féroce ou larvée à laquelle elles se heurtent le plus souvent. Particulièrement saisissant est le témoignage de Carmela (pp. 216-225), ouvrière et déléguée syndicale dans une entreprise de fabrication de sandwichs où les conditions de travail sont épouvantables – des horaires à rallonge, des températures frigorifiques, de lourds sacs à déplacer, l'obligation d'utiliser des produits parfois avariés (« Je suis parfois dégoûtée. Je ne vais pas aller manger ce que je produis »). Elle se heurte aux manipulations de son patron, qui dresse les salarié·e·s les uns contre les autres, réussissant même à susciter une pétition portée par un délégué syndical pour en faire licencier un autre. Parlant de la pression constante de l'employeur, « il souhaite me dégoûter afin que je parte de moi-même », sa santé en est fragilisée, elle ne va pas pouvoir tenir.

Mais Nicolas Latteur met aussi en visibilité des expériences plus encourageantes, où l'action militante permet de reconstruire du rapport de forces. Parfois en contournant des organisations syndicales enfermées dans des structures obsolètes. Ainsi l'association « Cordistes en colère » [spécialistes des travaux en hauteur ou difficiles d'accès équipés de cordes] s'est construite pour défendre spécifiquement les conditions de travail d'une profession risquée mais peu organisée et éclatée entre plusieurs fédérations professionnelles des syndicats « classiques » (CFDT puis CGT) avec lesquels les fondateurs de l'association avaient commencé à s'organiser. Souvent aussi, à partir d'équipes syndicales qui innovent dans la construction des liens avec les salarié·e·s en s'intéressant à leur expérience de travail réel. Ainsi la mise en œuvre d'« enquêtes ouvrières » permet de mobiliser l'intelligence individuelle et collective, comme dans le cas des aides-ménagères de Charleroi où Caroline, déléguée FGTB (pp. 273-274), estime avoir ainsi reconstruit un collectif conscient de sa force, y compris pour demander des améliorations salariales. Ou bien comme le relate Alice, élue CGT dans une grande entreprise de microélectronique proche de Grenoble : son syndicat met en œuvre une enquête sur les violences et discriminations sexistes et sexuelles, qui « construit un cadre où la sensibilité est plus grande. Cela permet de limiter les blagues sexistes et les autres phénomènes de violence, la tolérance devient plus faible » (p. 284).

Nicolas Latteur met en évidence « la légitimité de la délégation syndicale à définir elle-même son périmètre d'intervention », plutôt que de se laisser enfermer dans le « dialogue social » institutionnel : « par sa pratique de l'enquête, elle s'appuie sur les connaissances qu'ont les salarié·e·s de leur propre travail et déploie une dynamique participative. Les collectifs de travail peuvent ainsi être reconstitués – ne fût-ce que partiellement – par un syndicalisme qui se construit sur la base de l'expérience et de la connaissance qu'ont les salariés » (p. 284).

En définitive le travail de Nicolas Latteur est précieux en ce qu'il contribue à « constituer des caisses de résonance d'expériences de mobilisation dans lesquelles loin de se laisser abattre, ces salariés disputent à l'arbitraire sa toute-puissance » (p. 300). Multiplier ces expériences et les mettre en visibilité et en réseau, voici aujourd'hui une tâche centrale pour le mouvement social. Tant il est vrai que « le travail, son organisation et sa finalité apparaissent comme trois éléments centraux d'une perspective de réappropriation démocratique » (p. 306). (Cette note est publiée sur le site des Assises de la santé et de la sécurité des travailleurs–euses qui auront lieu à la Bourse du Travail à Paris les 13 et 14 mars 2024)

Thomas Coutrot est chercheur associé à l'IRES. Il a dirigé, de 2003 à 2022, le département Conditions de Travail et Santé à la Dares (Ministère du travail). Son dernier ouvrage : Redonner du sens au travail, une aspiration révolutionnaire (avec Coralie Perez), Seuil, 2022.

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