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Entrevue avec le col. Olivier Rafowicz, porte-parole de l’armée d’Israël : Les propos qu’il a tenus m’ont révolté
Bonjour Patrice Roy. Au téléjournal du 16 septembre dernier, vous avez mené une entrevue avec le col. Olivier Rafowicz, porte-parole de l'armée d'Israël. Les propos qu'il a tenus m'ont révolté. Il a débuté son entrevue en disant trouver "étrange que les reportages fassent abstraction du Hamas (ce qui est faux), de son attaque génocidaire (sic !) du 7 octobre 2023 qui a tué 1 200 personnes, des hommes, des femmes des enfants », a-t-il précisé.
Photo Serge D'Ignazio
19 septembre 2025.
Or, quand vous lui avez parlé de la réplique d'Israël, il a répondu : « La guerre, c'est terrible, il y a des morts et des blessés chez nous, il y a des morts et des blessés chez eux ». Pouf ! Disparus la notion d'hommes, de femmes et d'enfants (sans doute parce que ce ne sont que des Arabes), évitant ainsi de parler des plus de 65 000 morts palestiniens, dont plus de 18 500 enfants, sans compter les dizaines de milliers de blessés. Et du fait qu'il est là, le vrai GÉNOCIDE en cours, pas dans l'attaque du 7 octobre.
« Mais qui est le coupable ? », s'est-il empressé d'ajouter pour justifier le massacre perpétré par Israël. Parce qu'il est beaucoup plus facile de chercher le coupable en résumant ce qui se passe actuellement à la seule attaque du 7 octobre et ainsi faire table rase de l'histoire. Je vous réfère à un livre, « Le nettoyage ethnique de la Palestine » (2006), de Ilan Pappé, professeur d'université et historien israélien, qui fait partie des « nouveaux historiens » qui ont réexaminé de façon critique l'histoire de l'État d'Israël et du sionisme. Dans cet ouvrage fouillé et amplement référencé, Ilan Pappé raconte dans le détail la Nakba, ce que les sionistes ont fait subir aux Palestiniens dès 1948 pour les expulser de leurs terres, raser leurs villages et faire disparaître toute trace de leur passé et de leur histoire.
Voix juives indépendantes du Canada (VJI) confirme ces faits sur leur site Web, dans « La Nakba a 77 ans : du nettoyage ethnique au génocide ». On peut notamment y lire :
« Le 15 mai, nous commémorons la Nakba, la catastrophe infligée au peuple palestinien par les milices sionistes et l'armée israélienne naissante. Plus de 750 000 personnes ont été violemment expulsées et forcées de fuir leurs terres, plus de 530 villages ont été détruits et des communautés entières ont été massacrées et détruites par les sionistes. Cette année, nous célébrons l'anniversaire de cette catastrophe, qui s'est traduite par 77 ans de nettoyage ethnique, de dépossession et de déshumanisation, et maintenant par 19 mois de génocide. Depuis sa création, le sionisme est un projet de colonisation fondé sur l'effacement des Palestinien.ne.s. »
Ces infos doivent être connues et diffusées, et elles doivent baser toute entrevue, tout reportage journalistique ou tout débat sur ce qui se passe en Palestine.
Surtout si on veut tous et toutes réellement que ce génocide cesse, qu'une vraie paix finisse par arriver, et que justice soit faite pour le peuple palestinien, même après « 77 ans de nettoyage ethnique, de dépossession et de déshumanisation, et […] 19 mois de génocide. »
Bien à vous.
Jacques Benoit
Co-initiateur de la Déclaration d'urgence climatique -DUC
Co-rédacteur du Plan de la DUC.
"La première adaptation, c'est limiter la cause !"
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Projet Montréal censure la Coalition Defund la Police et le groupe recherche d’intérêt public du Québec (GRIP) à la veille de la tenue d’un événement public dans le Quartier Chinois le 21 septembre.
Montréal, le 18 septembre 2025 – La Coalition Defund la Police et GRIP dénonce la décision de Projet Montréal de bloquer l'obtention d'un permis pour un événement communautaire. Cet événement, tenu chaque automne depuis 2021, rassemble des citoyens et des organisations communautaires afin d'explorer des moyens d'améliorer la sécurité publique sans recours à la répression policière.
La décision de Projet Montréal de bloquer le permis a contraint les organisateurs à déplacer l'événement à l'intérieur. Il se tiendra désormais à l'École de danse et de culture chinoise (1012, rue Clark), toujours de
midi à 19 h, le dimanche 21 septembre.
À Montréal, les permis pour les événements publics sont obtenus au niveau de l'arrondissement. Comme les années précédentes, la Coalition et le GRIP ont travaillé avec le personnel de l'arrondissement concerné (dans ce
cas-ci, Ville-Marie) pour préparer le permis et s'assurer que les activités de l'événement étaient conformes à la réglementation. La demande de permis a ensuite été soumise, avec plus d'une centaine d'autres, pour approbation officielle par le conseil d'arrondissement le 9 septembre 2025.
Dans un cas exceptionnel d'ingérence politique, Robert Beaudry, élu de Projet Montréal, a demandé un amendement à la motion visant à approuver toutes les demandes de permis soumises. Il a proposé de retirer de la liste l'événement organisé par la Coalition et le GRIP. Le prétexte de M. Beaudry était que toutes les activités qui devaient s'y dérouler n'ont pas été décrites. Le calendrier complet des activités prévues dans le cadre de
l'événement figurait bien sûr dans la demande de permis soumise à l'arrondissement le 5 août, car il s'agit d'un élément obligatoire de la demande de permis et le personnel de l'arrondissement n'aurait pas autorisé la soumission d'une demande de permis au conseil d'arrondissement sans cet élément.
L'amendement de M. Beaudry a été approuvé, et un événement prévu pour le 21 septembre se retrouve désormais sans permis.
L'ingérence politique de M. Beaudry et les élu.e.s de Projet Montréal attaque frontalement la liberté d'expression et de rassemblement des montréalais·es et des organisations œuvrant à Montréal. À l'aube des élections, l'administration de Projet Montréal pose un geste anti-démocratique qui viole les droits constitutionnels des montréalais·es et des organisations œuvrant sur son territoire.
La décision arbitraire de l'administration de Projet Montréal est d'autant plus surprenante que cet événement en est à sa quatrième édition, les trois éditions précédentes ayant toutes obtenues un permis. Cela semble toutefois
compatible avec le tournant autoritaire adopté par l'administration de Projet Montréal durant son passage au pouvoir durant lequel on a pu par exemple voir la répression violente de manifestations.
“La ville invoque de fausses prétentions afin de révoquer ce permis puisque nous avons répondu à toutes ses demandes et que nous lui avons fourni un horaire complet de nos activités. Projet Montréal s'oppose clairement aux nombreux organismes communautaires et citoyens de Montréal qui souhaitent voir adopter des approches non répressives en matière de sécurité publique. Ça signifie qu'elle s'attaque à notre liberté d'expression et notre liberté de rassemblement” - Jay Sallos
“Il est ironique de voir comment l'administration de Projet Montréal censure des événements à la veille des élections. Clairement, il veulent empêcher leurs critiques de s'exprimer sur leur gestion du SPVM et de la
sécurité publique. Alors qu'une campagne électorale devrait être un moment phare de la démocratie, Projet Montréal préfère utiliser son pouvoir arbitrairement afin d'écarter des idées politiques du débat”. - Gabrielle
Prince-Guérard
“Pourquoi maintenant ? Ça nous semble évident que Projet Montréal veut nous censurer, car le parti pense que ça leur nuira durant les élections. Mais peu importe la raison qu'ils évoqueront, ça reste de la censure arbitraire
pure et simple.” - Wawa Li
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Élections municipales à Victoriaville : Appel de candidatures fortes, témoignant d’une réelle vision écologique et démocratique
Depuis plus d'un an, les citoyennes et citoyens engagés dans le mouvement Sauvons la sablière d'Arthabaska luttent pour intégrer dans un parc-nature cet espace tampon essentiel à la biodiversité et très fréquenté par la population victoriavilloise.
Un appel de candidatures fortes
Parce la sablière relie le Boisé-des-frères, la rivière Nicolet et les marais adjacents, elle doit être protégée des assauts des gens d'affaires qui veulent y construire des logements haut de gamme et faire du profit au détriment des quelques rares espaces naturels qui demeurent quasi-intacts à Victoriaville.
Pendant toute cette période, nous, membres de comités du collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska, avons observé de près la vie municipale : nous avons participé aux séances du conseil de ville et aux consultations tenues sur le sujet. Nous avons donné des entrevues, publié des lettres, rédigé un mémoire, rencontré la population, discuté avec nos élu.e.s, organisé un spectacle, manifesté notre désaccord et même chanté notre déception devant une décision municipale qui nous paraît toujours à courte vue. C'est pourquoi nous souhaitons aujourd'hui, à l'approche des élections municipales, encourager et susciter des candidatures fortes en vue du 2 novembre prochain.
D'abord, il nous faut de vraies élections, plutôt que des élections par acclamation. C'est ainsi qu'on pourra choisir les meilleures candidatures, des personnes ambitieuses non pas pour elles-mêmes mais pour leur ville, et ce, tant à la mairie que dans chacun des dix districts municipaux. Mais il faut aussi que les personnes candidates soient dotées d'une vision de l'avenir réaliste, certes, mais également inspirante et novatrice pour la Victoriaville du futur. Il est fini le temps du « business as usual ». Des changements seront nécessaires pour que notre conseil de ville soit davantage représentatif et à l'écoute de sa population. Nos élu.e.s devront agir avec encore plus de conviction face aux défis écologiques et sociaux auxquels nous sommes confrontés en 2025 et pour les années, voire les décennies à venir.
Plusieurs personnes ont déjà annoncé leur candidature à la mairie ou au poste de conseillère ou de conseiller. D'autres se manifesteront dans les prochains jours. Sans vouloir leur imposer un programme complet ni leur demander d'adhérer à un nouveau parti politique municipal, nous leur proposons des valeurs, des principes et des actions à promouvoir dans le cadre de l'imminente campagne électorale qui se conclura le 2 novembre prochain. Nos candidatures idéales, celles pour qui nous voterons, seront celles qui correspondront le mieux au profil que voici.
Le profil de candidatures recherché : valeurs, principes et actions
Des valeurs écocitoyennes :
L'écologie. L'écologie est un courant de pensée qui valorise un meilleur équilibre entre l'être humain et son environnement naturel et cherchant à assurer la protection de ce dernier.
La démocratie. La démocratie, dans une ville, est un système politique caractérisé par des élections régulières et qui valorise la participation citoyenne dans de nombreux volets de la vie municipale.
Des principes directeurs clairs :
Favoriser le bien commun au bénéfice d'une communauté inclusive.
Favoriser une transition écologique et énergétique équitable. Préserver les milieux naturels privés et publics situés sur le territoire de Victoriaville.
Favoriser l'expression des citoyen.ne.s ; les écouter, les représenter en considérant leurs doléances, propositions ou recommandations et en les faisant valoir auprès du conseil municipal.
Tenir des discussions et des débats transparents dans toutes les instances de la ville, notamment dans ses assemblées municipales.
Nous reconnaissons que pour appliquer ces principes, les élu.e.s au conseil de ville devront :
Respecter les devoirs et responsabilités qui leurs sont conférés par la loi.
Réviser au besoin les politiques et règlements municipaux.
Selon les moyens dont dispose la ville, prévoir dans les budgets municipaux les sommes raisonnables nécessaires pour initier, développer ou soutenir des actions concrètes allant dans le sens de ces valeurs et principes.
Des actions témoignant d'une vision ambitieuse pour Victoriaville
Actions favorisant l'ÉCOLOGIE. Pour améliorer la qualité de l'air et de l'eau, préserver la biodiversité, lutter contre les changements climatiques, favoriser la justice climatique, réduire la surconsommation et ainsi assurer à chacun.e une meilleure qualité de vie :
Préserver les milieux naturels encore intacts sur le territoire de Victoriaville.
Concernant la sablière d'Arthabaska :
Si le MELCCFP refuse d'autoriser le projet de développement résidentiel sur le site : protéger puis restaurer la sablière afin de l'intégrer, avec les milieux naturels adjacents, à un nouveau parc-nature (constitué du Boisé-des-Frères-du-Sacré-Coeur à l'est, des zones inondables en bordure de la rivière Nicolet au sud, des marais à l'ouest et de la sablière au centre).
Si le MELCCFP autorise le projet de développement résidentiel sur le site de la sablière : Reconsidérer le vote tenu au conseil de ville en février dernier, notamment en tenant compte du fait que la population n'a pas été consultée par référendum. Advenant la décision du nouveau conseil de ville d'autoriser la poursuite du développement résidentiel, s'assurer minimalement de protéger et de restaurer au besoin les milieux naturels adjacents (les zones inondables en bordure de la rivière Nicolet ainsi que les marais ; le Boisé-des-Frères étant déjà protégé).
Protéger le Boisé-Colonial, une plus grande part du Mont-Arthabaska, le parc des Abénakis ainsi que le pourtour du Réservoir Beaudet (terrains publics et privés) pour en faire des aires naturelles à léguer aux générations futures.
Doter progressivement la ville d'un fonds dédié exclusivement à l'achat de terrains susceptibles de devenir des aires naturelles protégées.
Proposer des corridors verts pour assurer une connectivité favorisant la biodiversité et offrir à la population l'accès à une nature de proximité.
Élaborer un projet d'aménagement écologique à Terre-des-jeunes permettant de donner à la population (incluant les personnes handicapées) un accès à la rivière pour la baignade.
Accroître la densification de la construction sur les terrains et stationnement vacants ou sous-utilisés situés dans des lieux déjà artificialisés ou urbanisés.
Prioriser la construction de logements sociaux et abordables.
Poursuivre le processus de démarchandisation progressive d'une portion du parc immobilier résidentiel de la municipalité.
Dans tout projet d'habitation ayant un impact sur l'environnement, et malgré l'article 93 de la Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation, entrée en vigueur le 21 février 2024, toujours consulter la population en appliquant les règles régulières permettant la tenue de référendums.
Dans tout futur projet d'implantation d'éoliennes sur le territoire de la municipalité, toujours consulter la population par référendum.
Développer l'économie collaborative en offrant des services municipaux ou en appuyant des initiatives citoyennes favorisant le troc et l'usage des biens plutôt que leur possession (échange de temps et de services, outilthèque, etc.).
Accroître le soutien au magasin d'occasions Le Support ainsi qu'aux autres organismes sans but lucratif ayant vocation de réduire la surconsommation ou la protection de l'environnement.
Favoriser les commerces et services de proximité.
Prioriser davantage l'achat local répondant à des critères sociaux et environnementaux et favoriser la distribution locale des produits agroalimentaires régionaux.
Développer et maintenir le transport collectif urbain, intermunicipal et interrégional.
Favoriser le transport actif.
Actions favorisant la DÉMOCRATIE.
Pour améliorer les pratiques municipales démocratiques et inclusives :
Créer plus d'espaces inclusifs de consultation et de participation citoyenne.
Réaménager la salle du conseil de façon plus accueillante pour le grand public.
Rendre les assemblées municipales plus pédagogiques En expliquant mieux les points à l'ordre du jour
En lisant les résolutions à adopter.
Favoriser des débats transparents qui permettent la libre expression de chacun.e aux assemblées municipales
En traitant des sujets à l'ordre du jour durant l'assemblée municipale (sauf lorsque le devoir de confidentialité impose un huis-clos) dans des échanges publics respectueux entre les membres du conseil.
En présentant un compte-rendu du contenu des séances de consultation municipale à la réunion du conseil de ville, avant qu'un vote sur le sujet soit pris.
En favorisant les demandes de vote en cas de désaccord entre les membres du conseil ainsi qu'en favorisant le vote à mains levées.
En encourageant chacun.e des membres du conseil de ville à répondre aux questions des citoyen.ne.s qui lui sont adressées lorsqu'elles concernent son district ou un comité qui lui a été attribué dans le cadre de ses fonctions.
En abolissant la pratique d'exiger des citoyen.ne.s présent.e.s à l'assemblée municipale d'identifier dès leur arrivée le sujet précis des questions qu'ils et elles souhaitent adresser au conseil de ville ;
En lisant les questions en ligne qui ont été acheminées à l'avance sans en travestir l'esprit.
Appel aux candidat.e.s
Nous invitons les personnes ayant déjà posé leur candidature au conseil de ville, que ce soit à la mairie ou comme conseiller ou conseillère, et celles qui s'apprêtent à le faire, à communiquer leur position à la population, par la voix des médias locaux traditionnels ou via leurs médias sociaux.
Allez-vous, dans le cadre de votre mandat, si vous êtes élu.e.s, promouvoir les valeurs et les principes que nous mettons de l'avant ? Souhaitez-vous initier, développer ou soutenir les actions qui vous sont ici suggérées pour améliorer la démocratie municipale et préserver la nature partout où il sera possible de le faire sur le territoire de la municipalité ?
Toute déclaration à ce sujet sera partagée auprès des 1300 membres de la page Facebook du collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska.
Candidat.e.s : écoutez-nous, exprimez-vous et débattons ensemble !
Citoyen.ne.s : informons-nous, débattons, réfléchissons…
puis votons en grand nombre le 2 novembre prochain !
Pour le Collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska (SLSA)
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Je m’appelle Avi Lewis, voici pourquoi je me présente à la direction du NPD fédéral
Nous publions ci-dessous la traduction de la vidéo d'Avi Lewis qui se présente à la direction du Nouveau Parti Démocratique. (PTAG)
La vie au Canada aujourd'hui semble suspendue à un fil.
Tout le monde cherche un peu de stabilité. Tout le monde entend la même chose : « Vous êtes seuls. »
Et cela n'aide en rien que nous soyons attaqués économiquement. Des chocs perturbateurs nous tombent dessus, franchissant la frontière sans prévenir. Comme si nous étions le 51ᵉ État.
Mais il y a une crise encore plus profonde, que Donald Trump ne fait qu'aggraver.
C'est l'urgence quotidienne de simplement essayer de s'en sortir dans une économie devenue intenable. Que vous preniez soin de vos proches, que vous cumuliez plusieurs petits boulots ou que vous travailliez de 9 à 5, le dur labeur ne suffit plus à gagner sa vie.
Cent dollars pour un forfait cellulaire, 300 dollars pour un panier d'épicerie, plusieurs milliers pour un loyer ou une hypothèque. Aujourd'hui, chaque politicien se dit scandalisé par ces prix. Mais ce dont ils ne parlent jamais, c'est la raison pour laquelle des milliards de profits s'envolent vers une poignée de grandes corporations qui contrôlent chaque secteur de notre économie : trois fournisseurs de téléphonie, trois géants de l'alimentation, cinq compagnies pétrolières et les cinq grandes banques qui les financent.
Et ces PDG du pétrole et du gaz, ils ne se contentent pas d'accumuler des richesses indécentes : ils hypothèquent notre avenir commun.
Chaque été, désormais, les feux de forêt empoisonnent l'air, réduisent en cendres des villes entières que nous aimons.
Et savez-vous pourquoi cela continue ? Parce que les libéraux et les conservateurs à Ottawa les laissent agir en toute impunité.
Dans les années 1970, mon grand-père David Lewis, l'un des fondateurs du NPD, l'a bien dit : le gouvernement et les grandes entreprises se tiennent par la main… dans votre poche.
Sa génération a refusé d'accepter un marché pourri. Ils ont conquis l'assurance-maladie publique, les pensions, tout le filet social qui protégeait les gens quand l'économie s'écroulait.
C'est cette tradition de lutte dans laquelle j'ai grandi.
J'ai fait mes armes politiques dans le combat contre les accords de libre-échange.
Vous vous souvenez de ceux qui ont détruit des centaines de milliers d'emplois et nous ont rendus si vulnérables aujourd'hui à l'intimidation des États-Unis.
En chemin, j'ai affronté les puissants :
« Tu vas proclamer l'ALÉNA ? »
« Pourquoi dis-tu ça ? »
« Alors prouve-moi le contraire et abroge-le. »
Je te le dis, écoute-moi, Louis, et soyons…
« Attends, Jason. Je veux que tu répondes à la question. Tu as dit au Calgary Herald que tu soutiens les soins de santé privés. Je veux simplement savoir si le Parti de l'Alliance aussi. »
Tu as supprimé 62 lignes d'autobus. Tu as tenté de fermer des bibliothèques. Tu as dit que tu le referais sans hésiter.
Depuis plus de quarante ans, je me tiens aux côtés des travailleurs, racontant les histoires de héros de la classe ouvrière qui s'organisent pour la dignité : dans les usines et les champs, dans les salles de classe et les foyers de soins, sur les planchers d'usine et dans les flottes de pêche.
Aujourd'hui, je veux me tenir avec vous, avec toutes celles et ceux qui croient que la mission d'un gouvernement, c'est de gouverner — vraiment.
- Avec un impôt sur la richesse.
- Avec un plafonnement national des hausses de loyers.
- Avec une option publique pour l'alimentation et l'épicerie.
- Avec des soins de santé qui couvrent tout, des médicaments à la santé mentale.
- Avec un New Deal vert qui crée des millions d'emplois bien rémunérés.
Les élites veulent nous faire croire que ce genre de changements est impossible. Elles nous divisent, nous montent les uns contre les autres : les campagnes contre les villes, les syndicats contre les écologistes, tout le monde contre les immigrants.
Elles nous poussent à frapper vers le bas pour éviter que nous levions les yeux vers le haut.
Mais notre tâche, en tant que néo-démocrates, c'est précisément l'inverse :
Rassembler tout le monde, recommencer à rêver grand.
Porter les revendications du peuple jusqu'aux puissants — et gagner.
Rappeler à tous les Canadiens qu'ils ont peut-être l'argent, mais que nous sommes les plus nombreux.
Je m'appelle Avi Lewis, et c'est pourquoi je me présente à la direction du NPD fédéral.
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À l’Assemblée des Premières Nations, un chef se sent « mis à l’écart » par l’approche du Manitoba en matière de développement
Lorsque le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, s'est adressé à l'Assemblée des Premières Nations la semaine dernière, il a présenté son gouvernement néo-démocrate comme adoptant une approche unique consistant à impliquer les communautés autochtones dans le développement de grands projets.
Mais un chef parmi l'assistance, qui affirme que sa Première Nation a été mise à l'écart dans le cadre d'un projet routier, estime que le comportement du gouvernement Kinew s'est avéré être plus ou moins le même, malgré la popularité personnelle du premier ministre auprès des Premières Nations.
Tiré de Ricochet
9 septembre 2025
M. Kinew a déclaré à l'assemblée que, alors que de nombreuses juridictions se précipitent vers des projets d'infrastructure et d'exploitation des ressources, son gouvernement se distingue en appliquant une approche constitutionnelle et respectueuse pour garantir les relations avec les Autochtones, et prévoit que celle-ci sera à la fois efficace et efficiente.
« Nous avons en quelque sorte un laboratoire d'idées, une expérience pilote en cours à l'échelle nationale, avec plusieurs régions différentes qui tentent de mener à bien des mégaprojets en même temps. Beaucoup d'entre elles mettent la charrue avant les bœufs et essaient de se lancer dans les travaux avant même de s'être assurées que les communautés autochtones et leurs dirigeants représentatifs sont d'accord », a déclaré M. Kinew à l'assemblée à Winnipeg le 3 septembre.
« Ici, dans la province du Manitoba, nous disons : « Nous allons prendre le temps d'avoir ces conversations d'abord. » Dites-moi si je me trompe, mais je pense que dans les prochaines années, nous verrons que l'approche qui privilégie le dialogue permet de construire plus rapidement – ou du moins aussi rapidement – que partout ailleurs dans le pays. »
Leon Mandamin a été déçu d'entendre cela. Le chef de la Première Nation indépendante Isatewizaagegan, dont le territoire sur le lac Shoal chevauche la frontière entre l'Ontario et le Manitoba le long de la Transcanadienne, accuse le gouvernement Kinew de « fabriquer le consentement » en offrant des emplois et des contrats à d'autres Premières Nations locales pour le doublement de l'autoroute, tout en laissant de côté sa communauté, qui est la plus touchée.
Le lendemain, M. Mandamin a adressé à M. Kinew une lettre de quatre pages dans laquelle il demandait une réunion urgente afin de « commencer à rétablir les relations rompues avec le gouvernement du Manitoba dans un esprit de réconciliation ». Il menace le Manitoba d'une injonction judiciaire pour mettre fin au projet de doublement de la route, au motif qu'il n'a pas consulté et pris en compte les communautés concernées.
Cette lettre, la troisième depuis la mi-juillet, affirme que les travaux de construction réalisés cet été ont entraîné l'expropriation d'un tronçon de 700 mètres du territoire de la nation Iskatewizaagegan par les deux niveaux de gouvernement à des fins de développement. Elle exprime des préoccupations quant au cadre éthique du projet alors que la prochaine étape entre dans sa phase de conception.
« MTI refuse de s'engager de manière significative et de consulter l'IIFN afin de déterminer comment ses droits pourraient être affectés et comment tenir compte des droits constitutionnellement protégés de l'IIFN », peut-on lire dans la lettre. « MTI s'engage dans un processus de « consultation » symbolique et axé sur les procédures, qui ne permet pas à l'IIFN de participer de manière adéquate aux engagements et aux consultations. »
Le Manitoba a informé la nation Iskatewizaagegan que les conceptions préliminaires étaient en cours en mai 2023. Alors que MTI a identifié « la chasse et le piégeage », Mandamin soutient que les zones culturelles et spirituelles, les itinéraires de déplacement et les zones médicinales ont tous été laissés de côté, notamment les revendications des anciens selon lesquelles le tracé proposé aurait un impact sur l'eau potable de la communauté.
La province a exigé qu'une étude traditionnelle sur l'utilisation des terres soit menée en seulement quatre mois sans financement, ce que la Première Nation a réalisé « sous la contrainte ». En mai 2025, la Première Nation affirme que la province a rejeté cette étude, « puis a présenté une liste de contrôle de « consultation » préétablie visant à passer outre nos préoccupations et à cocher leurs cases ».
Puis, le 12 août, M. Kinew a personnellement traversé le territoire de l'IIFN pour se rendre à la Première Nation Wauhushk Onigum, où il a annoncé que le Manitoba avait signé un protocole d'accord pour le jumelage d'autoroutes avec Niiwin Wendaanimok (Four Winds), une entreprise de construction appartenant à quatre autres Premières Nations de la région. M. Mandamin affirme avoir appris le voyage de M. Kinew par les médias.
M. Mandamin a déclaré qu'il n'était pas trop tard pour sauver la relation, si Kinew commençait à aborder la nation Iskatewizaagegan sur un pied d'égalité entre nations.
« J'espère qu'il réagira de manière positive », a-t-il déclaré lors d'une interview. « Lorsque nous entendons parler d'accords de principe avec les Four Winds, cela revient à fabriquer un consentement, ce qui ne nous convient pas. C'est comme s'ils utilisaient d'autres peuples autochtones pour obtenir ce que le gouvernement veut. Nous sommes la Première Nation la plus touchée et ce n'est pas parce que nous parlons de traités et de droits autochtones que vous devez nous ignorer. »
Dans une déclaration à Ricochet Media, la ministre des Transports, Lisa Naylor, a déclaré avoir rencontré les dirigeants de la nation Iskatewizaagegan en janvier, en compagnie du ministre des Ressources naturelles et de l'Avenir autochtone, Ian Bushie.
« J'ai rencontré les représentants de la Première Nation indépendante Iskatewizaagegan et mon ministère continue de collaborer avec eux sur le projet proposé de doublement de l'autoroute », indique M. Naylor dans son communiqué. « Notre gouvernement s'engage à poursuivre le dialogue dans le respect des droits issus des traités, tout en améliorant la sécurité des transports pour les Manitobains. »
Un représentant du bureau de M. Kinew a déclaré que le premier ministre était également disposé à rencontrer M. Mandamin en personne.
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Chicane dans la meute
La classe ouvrière doit être plus vigilante que jamais devant les machinations de la classe politique. Mark Carney s'est présenté comme la réponse canadienne à D. Trump ; mais ses prises de positions le montrent proche de monde des affaires et contre les travailleurs.euses.
rabble.ca, Tim Sandborn, 8 août 2025
Traduction, Alexandra Cyr
Par les temps qui courent, les travailleurs.euses doivent s'inquiéter. Le paysage est farci de politiciens.nes qui se disent leurs amis.es. Généralement c'est un mensonge que ce soit à Ottawa ou à Washington D.C. ou toute autre capitale où le populisme est brandi par les autocrates. Rappelez-vous Orban, Poutine et Modi !
Nous devons apprendre à lire à travers ce faux populisme, nous rendre jusqu'aux règles affligeantes de la classe dirigeante qui masquent ses propres intérêts. Nous devons développer un grand mouvement ouvrier international qui puisse résister à l'actuelle contre révolution qui s'attaque aux gains obtenus au cours du dernier siècle. Le faux populisme ne nous aidera pas.
Un vieil ami me disait : « On peut toujours dire quand la classe politique ment ; les lèvres bougent ».
Quand des politiciens.nes attachées.es aux affaires habituelles disent la vérité, c'est généralement par accident. Le battage publicitaire autour de l'opposition entre D. Trump et M. Carney à propos des droits de douane, les prétentions futiles de D. Trump à s'emparer du Canada, les réactions de vexation sur jouées ont mené à la campagne voulant que le Canada avait besoin de M. Carney à la tête du pays et effectivement de son élection. Est-ce qu'il n'était pas capable de négocier avec D. Trump plus effectivement que les Conservateurs.trices. P. Poilievre le candidat pseudo Trump ? Et (les libéraux) levaient les coudes en signe de résistance.
Au moment où j'écris ces lignes, au début août, le soi-disant gars des banques n'a pas encore affiché de grandes réussites face à D. Trump. Au 31 juillet, la Maison blanche a publié un communiqué annonçant des droits de douane sur tous les produits canadiens entrant aux États-Unis. Sauf ceux protégés par la ACEUM, la hausse est de 35%. Comme habituellement dans la rage autour des droits de douane les raisons pour les augmenter semblent changer un jour sur l'autre. Le communiqué de la Maison Blanche mentionne les niveaux très bas de fentanyl qui passent la frontière comme raison de la hausse des droits punitifs mais sur « Truth Social » (le Président) l'attribue au fait que M. Carney ait publiquement parlé de la reconnaissance de l'État palestinien. Inutile de se rappeler ces virages soudains (…) demain il aura trouvé d'autres raisons.
D. Trump prétend être du côté du peuple travailleur mais il est assez facile d'y voir clair : sa brillance dans le noir, ses discours monstrueusement irrationnels, ses revirements de politique via les médias sociaux, aident à le démasquer. Malgré cela, avec l'aide massive de ses donnateurs.trices multimillionnaires qu'ils considère comme ses pairs, Orange One aurait réussi à persuader une petite majorité d'Américains.nes qui ont voté aux dernières élections, qu'il était leur homme.
Mais après six mois de son deuxième mandat il est clair que ce n'est pas le cas. Un seul exemple : le fameux « Big Beautiful Bill » (loi du budget 2025) augmente les taxes et impôts de la plupart des Américains.nes pour subventionner les exemptions de taxes et impôts de la riche élite que ce soient les individus ou les entreprises. Mais, au passage, la famille Trump et son premier cercle se sont déjà enrichis de plus de 300 millions en transactions sur les droits de douane avec leur crypto monnaie $Trump.
Cette ouverture aux achats de sa crypto monnaie permet au Président d'offrir à quiconque en achète d'avoir du même coup une influence à la Maison blanche donc d'utiliser ces achats comme pot-de-vin secret, jamais comptabilisé comme tel. Les transactions seront passées, les règles vidées de leur sens, un service public plus ou moins indépendant détruit et des programmes sociaux essentiels vont disparaître. C'est vraiment le meilleur gouvernement que l'on puisse acheter !
Les élections de mi-mandat l'année prochaine vont permettre de voir si la désillusion publique qui augmente face à la liste de promesse non tenues, est suffisante pour que le peu de pouvoir électoral que détiennent D. Trump et ses complices MAGA pourra tenir. Les Républicains du Taxas d'ailleurs organisent une attaque via le redécoupage des circonscriptions vers une situation plus avantageuse pour leur camp, que leurs victoires soient plus faciles. En réponse, les rues du pays sont couvertes d'affiches : « No Kings ».
Pendant ce temps, on pousse la classe ouvrière canadienne à croire que M. Carney est le champion face à D. Trump son impérialisme grossier et son intimidation. Pourtant, M. Caney a suivi la tradition libérale de faire campagne à gauche et gouverner à droite.
Si notre nouveau NPD n'est pas aussi repoussant que D. Trump, il y a peu de raisons pour qu'on imagine qu'il se lèvera contre les politiques qui mettraient sérieusement en danger le monde de la haute finance, des banques prédatrices qui étaient pourtant ses positions ici.
Comme son prédécesseur, notre nouveau Premier ministre aime à présenter des positions pseudo progressistes et des gestes de même allure pour nous faire oublier toutes ces années où il a été au service des intérêts de la classe dirigeante. L'affrontement entre D. Trump et M. Carney n'en est pas une entre un voyou américain et un patriote canadien. Au mieux, il s'agit d'une chicane dans la meute ; qui sera le plus habile à attraper et manger les agneaux.
M. Carney a longtemps profité de la mort des agneaux. Voici deux exemples : il a passé des années dans l'entreprise vampirique Goldman Sachs ; juste avant de revenir au pays et d'être couronné chef des Libéraux, il était à Brookfield Asset Management, une entreprise décrite comme capable de garder les syndicats au loin et habile en évasion fiscale.
Dans un article récent dans The Walrus, on pouvait lire : « … entre 2021 et 2024, quand M. Carney y était présent, Brookfield a fait 23,300 milliards de dollars américains. Au Canada, le taux de taxation pour les entreprises est d'environ 26%. La compagnie aurait donc dû payer 6,100 milliards de dollars américains en taxes et impôts. Mais en utilisant des vides juridiques, dont des transferts dans des paradis fiscaux, elle n'a payé que 2 milliards de dollars américains. Le Canada a donc perdu presque 4,100 milliards de dollars américains. Sous la présidence de M. Carney, cette compagnie a fait mille millions de dollars américains en profits et n'a rien payé ». Évidemment, le slogan « hauts les coudes » ne compte pour rien face aux profits corporatifs.
En fin de compte ni D. Trump ni M. Carney ne peuvent être fidèles à leurs discours. Ils ne sont pas là pour nous. Ils sont là pour eux-mêmes dans le cercle de l'élite auquel ils appartiennent. Nous devons être très clairement dirigés.es par cette vérité fondamentale et élaborer nos tactiques en conséquence.
Ça ne veut pas dire que la classe ouvrière ne doit pas s'engager dans la lutte politique au contraire, mais sans s'imaginer accéder à la justice en cours de route. L'actuelle campagne à la chefferie du NPD va nous donner une plateforme pour que nous soutenions des candidats pros travailleurs.euses comme Yves Engler un partisan de gauche qui a déjà déclaré vouloir porter les programmes vers la population. Nous devrions être attentifs.ves à cette course au NPD et travailler à remettre en place les engagements démocratiques et sociaux du parti.
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Déclaration Marche mondiale des femmes, région des Amériques
Nous, féministes populaires de la Marche mondiale des femmes, venues de quinze territoires de Nuestramerica, Abya Yala, nous sommes réunies pendant trois jours, dans le cadre de la 6e Action internationale, à San Cristóbal de las Casas, afin de construire notre vision collective du continent et de consolider nos actions pour une Amérique libre, souveraine et féministe.
Chiapas, Mexique 20-22 août 2025
Dans un monde où les guerres et les courses aux armements sont imposées, où les territoires sont envahis, où les génocides sont passés sous silence et où l'objectif est d'étendre l'impérialisme, les femmes de la région assument la responsabilité de continuer à défendre la paix sur le continent et dans le monde. Nous nous joignons à l'exigence des peuples de ne pas baisser les bras face à l'injustice, à l'assassinat d'enfants et de femmes, et à l'utilisation de la violence sexuelle et de la faim comme armes de guerre. Nous dénonçons le génocide du peuple palestinien et les institutions internationales complices de leur silence et de leur inaction. Nous soutenons la lutte incessante des femmes sahraouies et dénonçons les blocus politiques et économiques du gouvernement des États-Unis d'Amérique qui empêchent le plein développement du Venezuela et de Cuba.
Nous dénonçons la montée de la droite, du fascisme et des fondamentalismes religieux dans nos territoires, qui attaquent les droits conquis et stigmatisent les luttes par des discours de haine.
A partir de là, nous appelons toutes les femmes de la région et du monde à s'unir en un seul front et à brandir les bannières de la solidarité internationaliste.
Nous vivons dans un monde où l'oppression des travailleuses s'accroît. Chaque jour, la surcharge de travail mal ou non rémunéré s'accroît, les responsabilités de prise en charge des familles, des communautés et des personnes vulnérables se multiplient dans un contexte marqué par la précarité des politiques publiques, les difficultés d'accès à l'alimentation, à l'éducation et à la santé.
Nous constatons que cette situation de précarité de la vie contraste fortement avec les profits des entreprises transnationales, la montée en puissance des entreprises transnationales, leur influence dans la politique internationale, dans les organisations multilatérales et dans la vie elle-même.
Nous appelons toutes les organisations de base, dans toute leur diversité, à intégrer l'économie féministe comme stratégie pour faire face à l'avancée de la droite et du fascisme.
L'économie féministe est une pensée, une pratique et un engagement politique. C'est une économie qui reconnaît le réseau de la vie, l'interdépendance entre les personnes et la nature, et qui l'assume comme une alternative éthique face à l'extractivisme et à la mainmise des entreprises sur les États.
Nous sommes solidaires des communautés qui résistent, en particulier des femmes des peuples de la région du Macro Nord Pérou qui rejettent l'avancée de l'extractivisme. Avec les sœurs haïtiennes qui affrontent les gangs criminels avec leurs corps. Avec les sœurs d'Argentine qui affrontent le néolibéralisme le plus féroce. Nous embrassons les sœurs du Honduras et les peuples indigènes du Guatemala, nous les accompagnons dans leurs défis.
Nous soutenons les femmes du Salvador qui, avec courage, s'opposent à des lois telles que la loi dite « loi sur les agents étrangers » qui criminalise leur travail
Nous sommes aux côtés des femmes migrantes aux États-Unis d'Amérique, qui sont criminalisées, persécutées et victimes de toutes sortes de violations des droits de l'homme.
Nous sommes solidaires des femmes mapuches victimes de persécutions et de disparitions. Nous accompagnons les luttes et les résistances de nos camarades au Chili, au Brésil, en Uruguay, au Paraguay et en Bolivie, nous sommes avec toutes les femmes qui s'opposent au fondamentalisme religieux, aux avancées de la droite et au fascisme.
Et depuis cette belle ville qui nous a accueillis, nous sommes surtout avec les luttes et les femmes du Chiapas dans leur défense de leur territoire et leur proposition d'un bon mode de vie.
Nous sommes d'accord :
Renforcer la mémoire organisationnelle et la cohérence politique par la reconstruction documentaire et le débat collectif.
Réaffirmer l'économie féministe comme un horizon politique qui va au-delà de sa réduction à la visibilité de l'économie de soins.
Affronter la violence structurelle à l'égard des femmes par des actions communes, en particulier dans des contextes tels que celui d'Haïti.
Dénoncer les multiples formes de guerre et de militarisation, et défendre les Amériques contre les interventions.
Avec la force de nos ancêtres, la clarté de nos convictions et notre horizon politique, nous réaffirmons, dans le cadre de la 6e Action internationale, l'engagement inconditionnel de continuer à renforcer les réseaux féministes populaires dans tout le continent.
Depuis San Cristóbal de las Casas, nous tissons avec espoir et rébellion des déléguées de : Québec, Mexique, Honduras, Guatemala, Salvador, Cuba, Venezuela, Haïti, Chili, Brésil, Pérou, Bolivie, Argentine, Uruguay, Paraguay.
Nous marchons contre les guerres et le capitalisme !
Nous défendons la souveraineté des peuples et le Bien Vivre !
APPEL a La 6è ACTION INTERNATIONALE
3 février 2025
Dans "6e Action Internationale"
La 6ème action internationale de la Marche Mondiale des Femmes débute au Sahara Occidental
15 mars 2025
Dans "6e Action Internationale"
Rencontre Régionale de la Marche Mondiale des Femmes Amériques Nalú Faria
19 novembre 2024
Dans "Amériques"
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Les conditions de stages : qu’en pensent les stagiaires dans des programmes majoritairement féminins ?
La FFQ conduit une analyse de besoin sur les conditions de stages dans le cadre du projet La valorisation genrée des stages étudiants par de meilleures conditions, financé par Femmes et Égalité des genres Canada. Celle-ci vise à cerner les difficultés auxquelles sont confrontés les stagiaires qui étudient dans des domaines à prédominance féminine, où les stages sont obligatoires pour l'obtention du diplôme. Voici les principaux constats ressortant d'entretiens individuels et de groupe réalisés dans les derniers mois auprès de stagiaires provenant principalement de programmes universitaires ou collégiaux en relation d'aide, en éducation et en santé.
Principaux défis rapportés lors d'entretiens individuels
Durant l'été 2025, dix entretiens individuels ont été réalisés dans le but de faire ressortir l'expérience individuelle des stagiaires et de comprendre les effets des conditions de stage sur leur parcours étudiant et leur vie personnelle et sociale. Trois défis se dégagent de ces entretiens. Ceux-ci concernent : la qualité de la supervision, les conséquences de la non-rémunération et l'insuffisance de cadre, de clarté et d'uniformité des conditions de stage.
La supervision : une grande influence sur la qualité du stage
À la lumière de ces entretiens, la supervision reçue par le milieu de stage ou l'école est nommée comme étant le principal défi pour nos participantes (7 sur 10). La majorité d'entre elles indiquent avoir « manqué de soutien », avoir « trop d'autonomie » ou n'avoir pas suffisamment de rétroaction pour pouvoir s'améliorer. À ce sujet, une étudiante précise se sentir « plus dans un contexte de travail que d'apprentissage », alors qu'une autre révèle que sa superviseure avait l'attente qu'elle soit déjà intervenante et oubliait qu'elle était étudiante.
Plusieurs stagiaires rapportent aussi trouver difficiles de nommer leurs besoins ou difficultés à la personne qui les supervise en raison de la « position d'autorité » et « d'évaluation » de cette dernière. Elles craignent que ça joue dans la perception de leurs compétences et que ceci nuise à la complétion de leur stage. En outre, plus de la moitié de nos enquêtées révèlent avoir vécu des difficultés, des malaises ou des abus dans la relation avec leurs superviseur·e·s. Certaines ajoutent ne pas s'être senties à l'aise ou légitime d'intervenir en raison de leur statut de stagiaire.
Être non-rémunérée : un sentiment d'insécurité, de démotivation et d'injustice
Si la plupart des stagiaires ont bénéficié du Programme de bourses Perspective Québec, presque l'entièreté d'entre elles n'ont pas été rémunérées pour la réalisation de leur stage. Seules deux personnes affirment avoir reçu une petite compensation, n'équivalant aucunement au salaire minimum. En raison de la non-rémunération de leur stage, 7 participantes sur 10 indiquent vivre de la précarité ou de l'insécurité financière. De plus, considérant leurs stages très intenses, de nombreuses participantes jugent difficile de le concilier avec un emploi, leurs études et leur vie personnelle et sociale.
Ayant l'impression d'effectuer « un travail gratuit » et ne sentant pas que leur travail effectué dans leur milieu de stage soit reconnu à sa juste valeur, plusieurs stagiaires nomment également avoir un sentiment de « démotivation » ou de « dévalorisation » à l'égard de leurs études ou de leur profession. Enfin, des participantes trouvent injuste de ne pas être payées pour leurs stages comme c' est le cas dans les programmes majoritairement masculins.
« J'ai l'impression qu'il y avait un manque de reconnaissance dans qu'est-ce qu'on doit faire dans notre stage et qu'on n'est pas juste là pour faire de l'observation […], on aide aussi au fonctionnement du milieu. »
Insuffisance de cadre : des conditions de stage variables, non-claires et précarisantes
Les entretiens réalisés mettent de l'avant le manque de cadre entourant les conditions de stage. Ces dernières seraient variables selon l'école et le type de milieu. Par exemple, les participantes rapportent que l'accompagnement qu'elles reçoivent et l'évaluation du stage varient souvent en fonction de la personne enseignante ou superviseure. De plus, la charge de travail est parfois différente selon le milieu de stage pour des étudiantes d'une même classe.
Par ailleurs, le manque de clarté sur les directives, les exigences et le fonctionnement des stages ressort des propos des participantes. Quelques-unes indiquent ne pas savoir où aller chercher l'information sur les politiques, les couvertures et les contrats concernant leur stage. D'autres nous informent que les attentes et les obligations entre le milieu de stage et leur intuition scolaire ne sont pas claires ou disent se sentir pris entre leurs exigences différentes.
Finalement, nous constatons le manque de protection en cas de conflits ou difficultés durant les stages. Plusieurs stagiaires ignorent à qui se référer lorsqu'un problème survient. Beaucoup de participantes nomment aussi avoir l'impression que leur bien-être n'est pas considéré durant leur stage.
« On se faisait dire ‘'fais attention tsé, il ne faut pas trop nommer ça [les difficultés vécues dans le milieu de stage], parce que ça pourrait mettre en péril ton stage''. »
Constats d'entretiens de groupe faisant ressortir des éléments intersectionnels
Afin de bonifier nos réflexions sur les conditions de stage et de faire ressortir des éléments intersectionnels, chose qui manquait dans la littérature, nous avons réalisé 3 entretiens de groupes composés de : 1. stagiaires en situations de handicap ; 2. stagiaires racisées et/ou issues de l'immigration ; 3. stagiaires parentes et/ou proches aidantes. Les analyses de ces entrevues sont en cours, mais nous vous proposons, dans les prochaines lignes, un bref survol de certains constats préliminaires.
Ne pas divulguer sa situation de handicap pour ne pas être vue comme un fardeau durant le stage
Il ressort du groupe composé par des stagiaires en situation de handicap que ces dernières n'osent pas toujours demander d'accommodement à leur institution pour ne pas être perçues comme un « fardeau » ou par peur de la « stigmatisation » associée à leur situation. De plus, s'il semble avoir une certaine « acceptance théorique » associée à leur diagnostic, il est plus difficile pour les participantes de sentir que leurs besoins réels et l'impact du diagnostic sur leurs comportements soient bien compris par leurs milieux de stage. Ce faisant, il est ardu pour leur équipe de travail de bien s'adapter à leurs situations.
« J'aurais pu m'essayer de faire un aménagement, mais il aurait fallu que j'explique une longue liste de troubles puis considérant quand ça m'a pris beaucoup de temps trouver un stage, puisque j'avais peur de le perdre et que je n'avais pas envie d'être un fardeau […]. »
Des domaines d'études peu accessibles pour des personnes racisées et/ou issues de l'immigration
Les participantes du groupe représenté par les personnes racisées et/ou issues de l'immigration indiquent également que leurs domaines d'études sont peu accessibles pour elles car leurs stages sont non rémunérés. En effet, ces stagiaires disent ne pas pouvoir bénéficier des mêmes outils que les autres étudiantes puisqu'elles reçoivent peu de soutien de la part de leurs parents ou parce que ces derniers sont peu scolarisés. Une participante dit, d'ailleurs, ressentir un sentiment d'imposture comme première personne faisant des études supérieures dans sa famille, tout en ayant la pression de bien performer, parce que l'avenir des enfants est souvent un projet migratoire des parents immigrants.
« Depuis le début de mon parcours scolaire, que ce soit au baccalauréat ou que ça soit au début de mon doctorat et pendant les stages, je trouve que c'est très inaccessible en fait comme milieu pour les personnes racisées étant donné la non-rémunération, le fait que tu es très occupé et que tu ne peux pas faire d'autres choses. »
Difficile conciliation travail-famille-étude pour les stagiaires parentes et/ou proches aidantes
Du côté du groupe formé par les stagiaires parentes et/ou proches aidantes, celles-ci nomment que les stages diminuent leur temps disponible pour s'occuper des personnes à leur charge. De plus, leurs contraintes d'horaire ne sont pas toujours prises en compte lors de l'arrimage à un milieu de stage. Plusieurs de ces participantes affirment se sentir très fatiguées, en raison de la surcharge de travail.
« J'ai des enfants avec un conjoint en arrêt de travail, je n'ai pas les mêmes conditions que les autres étudiants. Moi, j'arrive chez moi, il y a une deuxième job qui m'attend, mes études à faire, etc. »
Suite du projet : sondage, recommandations et stratégie déployée
Pour compléter les entretiens individuels et collectifs, un sondage auprès d'acteurs et d'actrices occupant des emplois reliés aux stages étudiants est en cours.
Par la suite, des recommandations seront émises en concordance avec les résultats de nos différentes méthodes de recherche. Ces recommandations serviront de base pour la création d'une stratégie qui sera mise en place au sein d'établissements d'enseignement, à l'aide d'une concertation d'actrices et d'acteurs clés.
Vous êtes intéressé·e·s à faire partie de cette concertation ? Contactez : concertationstage@ffq.qc.ca
Vous souhaitez en savoir plus sur l'analyse de besoin ? Communiquez avec : recherchestage@ffq.qc.ca
Plus de détails sur la recherche viendront dans les prochains mois, restez à l'affût via notre infolettre et nos réseaux sociaux !
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30 regroupements, organismes et chercheurs-euses interpellent la CDPDJ à propos du manque de représentativité des femmes en emploi
Trente regroupements, organismes et chercheurs-ses interpellent la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) afin qu'elle révise sa méthodologie d'évaluation des cibles d'embauche dans le cadre des Programmes d'accès en égalité à l'emploi (PAÉE) qu'elle supervise. Depuis le changement méthodologique qu'elle a adopté en 2020, les cibles d'embauche pour les femmes ont chuté – ce qui a des conséquences directes sur l'accès des femmes à des emplois de qualité.
15 septembre 2025
Tiré de Action travail des femmes
https://atfquebec.ca/2025/09/15/trente-regroupements-organismes-et-chercheurs-euses-interpellent-la-commission-des-droits-de-la-personne-et-des-droits-de-la-jeunesse-a-propos-du-manque-de-representativite-des-femmes-en-emploi/
Par : Nicole Nepton
Le rôle de la CDPDJ : lutter contre les inégalités
Au Québec, la Loi sur l'accès à l'égalité en emploi vise à corriger les inégalités vécues dans le domaine du travail par cinq groupes victimes de discriminations systémiques : les femmes, les Autochtones, les minorités visibles, les minorités ethniques et les personnes handicapées. Cette loi oblige les organismes publics qui emploient 100 personnes ou plus (comme des municipalités, des sociétés de transport en commun, des collèges, des universités, etc.) à adopter un Programmes d'accès en égalité à l'emploi (PAÉE) afin de corriger la situation de ces cinq groupes. La CDPDJ a le mandat de veiller à la conformité des PAÉE.
Un changement méthodologique problématique
Dans le cadre des PAÉE, la CDPDJ fixe des cibles d'embauche de femmes à atteindre (en fonction de leurs taux de disponibilité par regroupement d'emploi) pour corriger leur sous-représentation dans certains types d'emplois. Avant 2020, la CDPDJ se basait sur des catégories d'emplois détaillées pour fixer des indicateurs cibles. Depuis son changement méthodologique en 2020, elle regroupe les emplois dans 14 catégories professionnelles d'équité en matière d'emploi.
Le problème est que cette recatégorisation aboutit à des moyennes par grappes d'emplois, où se côtoient des emplois où les femmes sont sous-représentées (cols bleus, pompières, professeures, cadres supérieurs…) avec des emplois traditionnellement féminins ou des emplois où la mixité est bien établie. Par exemple, les pompières sont dans le même regroupement que les techniciens-nes juridiques et les techniciens-nes en bibliothèque à la Ville de Montréal ; et les professeurs-res sont regroupés avec les assistants-tes d'enseignement dans les universités.
Une réforme dévastatrice pour les Québécoises
Bien qu'involontaire, cette nouvelle méthodologie est lourde de conséquences pour les femmes à l'échelle du Québec. La sous-représentation des femmes dans certains emplois est devenue invisible et les cibles d'embauche quasiment nulles.
Résultat : les organismes publics soumis à la Loi n'ont plus d'objectifs suffisants d'embauches de femmes dans les types d'emplois où elles sont en nombre insuffisant. C'est le cas des femmes cols bleus et des pompières à la Ville de Montréal ; des professeures dans les universités ou encore des femmes cadres supérieurs dans les services de santé et services sociaux.
Ainsi, la Loi pour l'accès à l'égalité en emploi remplit moins son rôle de contrer la division sexuée du travail et les plafonds de verre dans les institutions publiques.
Les signataires de ce communiqué demandent à la CDPDJ de corriger sa méthodologie de calcul des cibles d'embauche afin de mettre en évidence les sous-représentations des femmes et de restaurer des cibles claires et ambitieuses pour les femmes.
Citations
« L'égalité en emploi ne peut pas dépendre du bon vouloir des employeurs. Elle doit être soutenue par des outils rigoureux et transparents, comme les PAÉE. C'est pour cette raison que nous lançons un appel urgent à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. La Commission est une instance unique et incontournable pour veiller à l'application de la Loi sur l'accès en égalité en emploi et combattre les inégalités. Nous sommes persuadées que les effets de son changement méthodologique étaient imprévus et qu'elle va donc le réviser », explique Katia Atif, directrice générale d'Action travail des femmes.
« En amalgamant des professions où les femmes sont historiquement absentes ou sous-représentées avec d'autres où elles sont majoritaires, la recatégorisation des groupes d'emploi brouille les statistiques et neutralise les mécanismes de correction. La sous-représentation féminine dans les postes stratégiques devient invisible, et les obligations en matière d'accès à l'égalité s'évaporent dans des moyennes qui ne reflètent plus la réalité », explique Diane Gagné, professeure titulaire en relations industrielles à l'Université du Québec à Trois-Rivières.
« Notre récente recherche Cols bleus, 10 ans plus tard : des progrès décevants, révèle que la proportion de femmes parmi les cols bleus de la Ville de Montréal est passée de 20% à 14,5% de 2006 à 2023. Malheureusement, les dernières cibles d'embauche pour les travailleuses cols bleus identifiées par la CDPDJ sont quasiment nulles. Les membres du Conseil des Montréalaises encouragent vivement la CDPDJ à réviser sa méthodologie afin de visibiliser la sous-représentation des femmes dans les emplois de cols bleus à la Ville de Montréal et de favoriser l'embauche de plus de femmes dans ces emplois de qualité », déclare Nelly Dennene, présidente du Conseil des Montréalaises.
Signataires
Action travail des femmes (ATF)
Action cancer du sein du Québec (ACSQ)
Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT)
Conseil des Montréalaises
Fédération des femmes du Québec (FFQ)
L'R des centres de femmes du Québec
Mouvement allaitement du Québec
Relais-Femmes
Réseau d'action pour l'égalité des femmes immigrées et racisées du Québec (RAFIQ)
Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec
Réseau québécois d'action pour la santé des femmes (RQASF)
Table des groupes de femmes de Montréal (TGFM)
Cécile Fonrouge, professeure à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
Cheolki Yoon, professeur adjoint à l'École de communications sociales de l'université Saint-Paul
Diane Gagné, professeure titulaire en relations industrielles à l'UQTR
Éliane Moreau, professeure associée au département de marketing et technologie de l'information à l'UQTR
Elsa Galerand, professeure au département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal (UQAM)
Étienne St-Jean, professeur titulaire au département de management de l'UQTR
Francine Descarries, professeure émérite à l'UQAM
Julie Levesque-Côté, professeure au département des ressources humaines de de l'école de gestion de l'UQTR
Isabelle Auclair, professeure titulaire, département de management, Université Laval et titulaire de la Chaire Bonenfant, Femmes-Savoirs et Sociétés
Marie-Eva Andriantsara, DBA et conseillère en recherche et projet à l'Institut National des Mines du Québec
Marise Bachand, professeure au département des sciences sociales à l'UQTR
Martin Gallié, professeur de droit à l'UQAM
Mélissa Theriault, professeure au département de philosophie de l'UQTR
Michel Coutu, professeur émérite École de relations industrielles, Université de Montréal
Naïma Hamrouni, professeure de philosophie à l'UQTR
Nancy Aumais, professeure au département de management de l'UQAM
Sophie Brière, professeure au département de management, Université Laval, Professeure titulaire, directrice de l'Institut EDI2 (équité, diversité, inclusion, intersectionnalité)
Yanick Noiseux, chercheur au Groupe interdisciplinaire et interuniversitaire de recherche sur l'emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS) et professeur au département de sociologie de l'Université de Montréal.
À propos d'Action travail des femmes et du Conseil des Montréalaises
Action travail des femmes du Québec (ATF) est un organisme autonome à but non lucratif féministe qui lutte contre la discrimination des femmes à l'embauche et au travail. Il intervient pour que des mesures actives soient mises en place et que la législation en matière de droits de la personne soit améliorée en tenant compte de la discrimination à l'égard des femmes.
Le Conseil des Montréalaises est une instance consultative de la Ville de Montréal créée en 2004. Il conseille l'administration municipale sur tous les enjeux féministes en lien avec les compétences municipales. Ses 15 membres bénévoles effectuent des recherches et publient des avis sur les conditions de vie et de travail des Montréalaises.
SOURCE : Conseil des Montréalaises
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Déclaration – Une démarche collective et unie face au Projet de loi 97
Le 16 septembre 2025, l'APNQL, son comité des Chefs sur les forêts, des syndicats représentant plus de 20 000 travailleurs du secteur forestier, des organisations environnementales ainsi que les fédérations des ZEC et des pourvoiries du Québec soutenants plus de 5000 emplois se sont réunis pour une rencontre inédite.
Tous partagent le même constat : le projet de loi 97 est l'un des plus rassembleurs jamais proposés, et cette déclaration commune, rédigée contre lui, en est la preuve.
Cette convergence de voix témoigne d'un profond malaise quant à la version actuelle du projet de loi et souligne que la forêt doit être considérée comme un enjeu sociétal majeur. À ce titre, et dans un esprit de collaboration, nous demandons que le PL 97 ne soit pas rappelé à la nouvelle session parlementaire.
Après avoir analysé la situation, nous arrivons tous aux mêmes constats : la mouture proposée est inacceptable. Malgré nos démarches pour faire entendre nos voix, le gouvernement a persisté à faire la sourde oreille, refusant de reconnaître la valeur des solutions que nous portons collectivement.
Le statu quo n'est pas non plus envisageable. Mais une nouvelle mouture devra pleinement répondre aux exigences exprimées par les Premières Nations et l'ensemble des acteurs du milieu concernés.
De la même façon, une réforme précipitée ne saurait être bénéfique à qui que ce soit, surtout si elle devait rester en vigueur pendant plusieurs années. Nous nous entendons tous pour dire qu'un nouveau régime forestier doit être envisagé comme un véritable projet de société.
Une rencontre entre le Premier ministre, les Premières Nations et toutes les parties concernées doit être organisée promptement afin de discuter et d'identifier ensemble une voie permettant de concilier, de manière durable et équitable, la reconnaissance des droits ancestraux, la pérennité de la forêt et des avantages multiples qu'elle procure, la biodiversité ainsi que la qualité et la stabilité d'emplois à long terme dans le secteur forestier.
Dans le respect, la bienveillance et l'unité,
Francis Verreault-Paul
Chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador
Lucien Wabanonik
Chef de la nation Anishnabe de Lac- Simon
Jonathan Germain
Chef de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh
Martin Dufour
Chef du Conseil des Innus de Essipit
Jérôme Bacon St-Onge
Vice-Chef du Conseil des Innus de Pessamit
Sipi Flamand
Chef du Conseil des Atikamekw de Manawan
Lance Haymond
Chef de Kebaowek First Nation
Constant Awashish
Grand Chef du Conseil de la Nation Atikamekw
Savanna McGregor
Grande Cheffe du Conseil tribal de la nation algonquine-anishnabeg
Kevin Gagnon
Fédération de l'industrie manufacturière-CSN
Luc Vachon
Président de la Centrale des syndicats démocratiques
Daniel Cloutier
Directeur québécois d'Unifor
Nicolas Lapierre
Directeur québécois du Syndicat des Métallos
Alice-Anne Simard
Directrice générale de Nature Québec
Alain Branchaud
Directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Canada-Section Québec
Martin Vaillancourt
Directeur général du Regroupement national des Conseils régionaux en environnement du Québec
Bruno Caron
Président du Conseil d'administration de la Fédération des pourvoiries du Québec
Guillaume Ouellet
Président Zecs Québec
Normand Fiset
Président de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique

Réaction à la décision du ministre de l’environnement d’autoriser la construction d’un quartier résidentiel sur La Sablière
Message aux membres du collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska et aux citoyen.ne.s de Victoriaville préoccupé.e.s par l'état de la démocratie et de l'environnement
Victoriaville, le 16 septembre 2025. - Nous avons appris, à notre plus grand regret, que BBG inc. (Binette et associés) a obtenu l'autorisation ministérielle pour son projet de développement de 292 logements sur le site de la sablière d'Arthabaska.
Même si cette nouvelle nous déçoit énormément, nous ne sommes pas surpris ; nous savions que le ministre donne son autorisation dans plus de 95% des cas semblables. Mais sur quoi s'appuie et que signifie précisément cette autorisation, accordée le 4 septembre 2025 par l'ex-ministre de l'Environnement Benoît Charette, avant qu'il soit muté ? C'est la question qui a été posée à la personne responsable de la région du Centre-du Québec.
D'abord, il faut savoir que les critères d'acceptabilité sociale, de protection du patrimoine et les arguments sociopolitiques (construction de logements haut de gamme et non de logements abordables) ne sont pas pris en compte par le ministère. Celui-ci ne se préoccupe que de l'impact potentiel d'un projet sur l'environnement et se contente de vérifier si le projet respecte les lois et règlements en vigueur. (!!) Or, il semble que c'est le
cas, ce qui nous laisse penser que ces lois et règlements sont pleins de trous et devraient être renforcés.
Par ailleurs, est-ce que le mémoire que nous avons envoyé a été considéré ? On ne peut nous l'assurer. (!!) Est-ce à dire que le ministère s'est contenté des études du promoteur, études que nous n'avons pas réussi à obtenir et sur lesquelles le conseil de ville s'est également basé pour prendre sa décision en février dernier ? Il semble que rien n'oblige le ministère à faire une contre-expertise. (!!) Enfin, y a-t-il une procédure d'appel ? Non, la décision est f inale. Point.
Une décision antidémocratique !
Cela dit, si la décision est légale, elle n'en demeure pas moins illégitime, car antidémocratique, à notre avis. Le conseil de ville n'a tenu aucun référendum sur le sujet qui fut pourtant LE DOSSIER CHAUD des quatre dernières années à Victoriaville. Pire, il a décidé d'utiliser une récente modification de la loi pour éviter que les citoyens puissent demander un référendum. Le conseil de ville n'a pas semblé tenir compte des objections que
le collectif et de nombreux citoyens ont exprimé à plusieurs reprises et par différents moyens démocratiques durant plus d'un an. C'est d'ailleurs pourquoi nous sommes plusieurs à envisager la création d'un regroupement populaire permanent dédié à la protection de l'environnement et de la démocratie dans notre région.
Des élections cruciales !
Certes, le ministre Charette avait le droit de prendre cette malheureuse décision au bénéfice des intérêts privés de quelques entrepreneurs. Mais son gouvernement en paiera le prix dans un an, aux prochaines élections. Quant au conseil de ville, c'est le 2 novembre prochain que la population pourra décider de le sanctionner, lors des élections municipales.
Conséquemment, le Comité de coordination de l'action-mobilisation du collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska vous invite à suivre la campagne électorale en vue des élections municipales. Plus que jamais, les valeurs d'écologie et de démocratie doivent être mises de l'avant par nos prochain.e.s élu.e.s. Consultezl'Appel à des candidatures fortes, écologiques et démocratiquesrédigé par notre Comité élections municipales, posez des
questions et interpellez vos candidat.e.s.
Le 2 novembre, votons et élisons des gens réellement soucieux de consulter leur monde. Et choisissons des gens prêts à changer le monde, au moins un peu : des personnes prêtes à créer un magnifique parc-nature dont tout le monde serait fier, à Victoriaville ! Car une décision politique, ça se change, surtout lorsqu'un nouveau conseil s'installe pour 4 ans…
Solidairement,
Pour le collectif Sauvons la sablière d'Arthabaska
Silvie Lemelin
Gilles Labrosse
Luce Michaud
Julie-Eve Proulx
Geneviève Doucet
Sophie Harvey
Kelly Avilà
Membres du Comité de coordination de l'action-mobilisation ou du comité élections
municipales.
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Grève du transport en commun pour le bien public et pour le climat
Les grandes puissances du monde « occidental », Canada compris, prétendument championnes des droits humains et du droit international, se sont muées en soutiens pro-actifs de la guerre génocidaire sioniste contre la Palestine tout en restant indifférentes à celle au Soudan et en refusant d'aider à fond l'Ukraine pour qu'elle refoule l'envahisseur russe déployant clairement en paroles et en actes sa volonté génocidaire. Leurs gouvernements, dont ceux Carney et Legault, se servent de cet alibi criminel pour justifier une politique économique militaro-productiviste de gros achats et grands travaux et une politique sociale ultra-austéritaire justifiée par les déficits financiers records dus à la nouvelle politique économique.
Le glissement s'accélérant de la terre-mère vers une invivable terre-étuve, qui frappe déjà de plein fouet les pays du Sud, n'est plus une préoccupation de ces deux gouvernements si jamais ce fut le cas. Ils ne font même plus semblant de s'en soucier en s'apprêtant à réviser à la baisse leurs cibles déjà inadéquates de réductions des gaz à effet de serre (GES). Le transport routier est directement et indirectement au Canada et au Québec la cause principale des émanations de GES.
Nos gouvernements, comme ailleurs dans le monde dit développé, ont opté pour la
« filière batterie » et, au niveau du transport, pour l'auto solo électriqueélectronique.
La macabre association du tout-électrique avec le tout-fossile
Peu importe qu'il faille, pour métamorphoser systèmes d'énergie et de transport dans le sens du capitalisme vert, fabriquer un Everest d'équipements provenant d'énergivores et polluantes mines à ciel ouvert et exigeant une transformation et une fabrication tout aussi énergivores et polluantes. Et comme l'énergie est encore mondialement à 80% fossile, cette drastique mue assure de beaux jours à l'énergie fossile. Ensuite énergies solaire, éolienne, nucléaire et fossiles s'associent comme larrons en foire pour perpétuer les énergivores étalement urbain et agro-industrie dans le contexte du capitalisme inhéremment croissanciste. Comme quoi, il est plus qu'urgent que le mouvement écologique se libère de l'illusion du toutélectrique comme substitut au tout-fossile et leurs compléments nucléaire et hydraulique ou tout au moins comme moindre mal ce qu'il n'est pas.
Cette pseudo voie alternative capitaliste verte rallie de facto les tenants des énergies fossiles pensant plus loin que le bout du nez de Trump. Cette fausse alternative est promue par ce 0.1% milliardaire ou presque engoncé dans le 1% millionnaire ou plus et soutenu à fond par le riche 10%, responsables ensemble par leur consommation luxueuse de 50% des GES mondiaux. Le goulot d'étranglement de la lutte climatique dépend cependant de l'hégémonie mondiale des milliardaires et consorts qui s'adosse au 40% de la population mondiale responsable de 40% des GES, majoritaire dans les pays du vieil impérialisme comme le CanadaQuébec.
Le peuple-travailleur piégé par le pseudo charme de l'auto solo et du bungalow
Cette dépendance s'explique par l'attachement de ces « classes moyennes », regroupant petite-bourgeoisie et couche supérieure fortement syndiquée du prolétariat, à la consommation de masse reposant sur la « villa unifamiliale » et l'auto solo financées par le capital bancaire. Cet endettement ne manque pas de piéger la riposte sociale du peuple-travailleur. C'est ce bloc hégémonique qui par l'impérialisme du capital financier soumet ce 50% de la population mondiale qui n'est responsable que de 10% des GES mondiaux. De ce diagnostic découle l'importance cruciale de libérer ces « classes moyennes » de l'emprise du capital en rompant le charme du bungalow et de l'auto solo.
Dans la relation bungalow versus auto solo, cette dernière détermine la première car l'étalement urbain reposant sur la villa ne serait pas viable sans l'auto solo bien que l'on puisse dire que l'auto solo induit maisons unifamiliales et en rangées. D'où l'importance du développement des moyens de transport alternatifs à l'auto solo que sont les transports actif et en commun. Ces derniers ne peuvent être alternatifs, c'est-à-dire remplacer l'auto solo, que s'ils sont généralisés jusqu'au moindre village, fréquents, confortables et qu'ils deviennent un service public comme le sont ou devraient l'être les secteurs de la santé et de l'éducation c'est-àdire gratuits.
Comme du temps du Front commun, c'est la lutte de classe qui fera la différence
Comme pour la santé et l'éducation c'est la lutte de classe, comme il y a un demisiècle du temps du Front commun, qui imposera la généralisation des transports actif et en commun. Voilà pourquoi la grève des employé-e-s du transport en commun, cette fois-ci ceux et celles de l'entretien de la Société du transport de Montréal (STM), est le début du commencement du virage à 180 degrés pour éviter la catastrophe et prendre la voie d'une société de justice climatique et de justice sociale. C'est dans cet esprit que les Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC) appuient proactivement cette grève en distribuant aux usagersères et aux travailleurs-ses le tract suivant :
Si vous voulez distribuer ce tract, car qui n'est pas potentiellement un membre de TJC, contactez info@justiceclimatique.org
Marc Bonhomme, 21 septembre 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Permis de travail fermés : invitation d’Amnistie internationale pour une action nationale le 22 septembre
La FTQ se prononce en faveur de l'abolition du permis de travail fermé qui a pour effet de provoquer une importante vulnérabilité pour les travailleurs et travailleuses migrantes. Tous les travailleurs et travailleuses doivent être égaux dans leurs droits ; il est inacceptable que les règles relatives au statut migratoire aient pour effet de créer deux classes de travailleurs.
Amnistie internationale a pris l'initiative de l'organisation, du 22 au 26 septembre prochain, d'une semaine d'action nationale portant sur l'élimination des permis fermés. La FTQ invite tous les travailleurs et travailleuses à se mobiliser et à participer aux actions prévues dans le cadre de cette semaine d'action.
Invitation d'Amnistie internationale
Chaque année, des milliers de personnes migrant-es viennent travailler au Canada, dans les champs, les foyers ou les services essentiels. Chaque année, trop de ces travailleuses et travailleurs sont abusé-es, précarisé-es et invisibilisé-es.
C'est inacceptable et c'est injuste.
C'est un système d'exploitation qui relève des permis de travail fermés qui les piègent dans des situations abusives.
Le 22 septembre : agissons à Ottawa
Nous serons à Ottawa pour une action nationale devant le Parlement – joignez-vous à nous pour exiger la fin des permis de travail fermés.
Lorsque des leaders politiques blâment ces travailleur-euses à tort pour des choses qui ne sont pas de leur ressort, nous devons agir pour les droits de ces personnes, essentielles dans nos collectivités
C'est le moment de faire pression sur le gouvernement, de rendre visible l'injustice et de montrer que nous ne resterons pas silencieux.
Vous ne pouvez pas être à Ottawa ? Vous pouvez quand même faire une différence :
Interpellez votre député dès aujourd'hui.
Partagez votre solidarité sur les réseaux sociaux.
Découvrez le documentaire Mon ami Omar, afin de mieux comprendre la réalité des travailleuses et travailleurs migrant·e·s au Canada.
Retrouvez toutes les idées et un guide pratique ici : Comment Agir.
Notre message est clair :
Les travailleuses et travailleurs migrant·e·s ont des droits. Le 22 septembre à Ottawa, et partout au Canada, mobilisons-nous pour la justice et la dignité !
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Déclenchement de la grève des 2400 employé-es d’entretien de la STM
Les 2400 employé-es d'entretien ont déclenché la grève pour que la STM abandonne sa position inflexible à la table de négociation. Après plus d'un an de négociation et plus de 100 séances de pourparlers, le Syndicat du transport de Montréal–CSN souhaite obtenir une entente le plus rapidement possible.
L'annonce de la grève le 5 septembre dernier et l'ouverture que le syndicat a montrée à la table de négociation n'ont pas suffi à convaincre la STM de faire le nécessaire pour éviter le conflit et convenir d'une entente. La STM se borne à attaquer les conditions de travail de ses salarié-es au moment où leurs efforts sont plus nécessaires que jamais pour entretenir les métros et les autobus. Alors que des ententes interviennent dans les sociétés de transport un peu partout au Québec, la STM ne fait aucun effort pour faire avancer la négociation. Elle continue de réclamer le recours à la sous-traitance pour tout et rien et revendique plus de contrôle sur le travail des salarié-es par les gestionnaires. Et pour couronner le tout, la STM continue d'offrir des augmentations salariales sous l'inflation, ce qui aurait pour effet d'abaisser le pouvoir d'achat des employé-es d'entretien.
La grève d'une durée de quatorze jours engendrera des arrêts de services en dehors des heures de pointe les lundis, mercredis et vendredis. À cela s'ajoute une grève des heures supplémentaires sur l'ensemble de la séquence, laquelle affectera de manière importante l'administration de la STM, sans toucher directement les services à la population. Rappelons que le syndicat a convenu d'une entente avec la STM sur les services essentiels à maintenir durant la grève et que cette entente a été validée par le Tribunal administratif du travail. Les travailleurs et les travailleuses manifesteront ce soir dès 19 h 30 devant l'hôtel de ville pour faire entendre leurs revendications en marge de la séance du conseil municipal.
« Si on déclenche la grève aujourd'hui, c'est parce que c'est le seul moyen de faire entendre raison à la STM. Après plus de 100 rencontres de négociation, la société de transport veut mettre la hache dans nos conditions sans rien offrir pour attirer et retenir le personnel. Doit-on rappeler à la STM que près de la moitié des stations de métro sont vétustes ? Pour avoir des métros et des autobus sécuritaires et bien entretenus, on doit miser sur les employé-es d'entretien, pas ouvrir la porte à une sous-traitance qui va nous coûter une fortune pour un travail de moindre qualité », lance le président du Syndicat du transport de Montréal–CSN, Bruno Jeannotte.
« Dans les derniers jours, la STM semblait pas mal plus occupée à communiquer les horaires de la grève qu'à tout faire pour l'éviter. Le syndicat a donné tout le temps nécessaire à la société de transport pour trouver une entente. Comment ça se fait qu'il y a des ententes dans les autres sociétés de transport et rien à Montréal ? Tôt ou tard, il va falloir que la STM se mette en mode règlement et qu'elle montre enfin de l'ouverture à la table de négociation », explique la première vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Stéphanie Gratton.
« Les 2400 employé-es d'entretien de la STM débutent aujourd'hui une deuxième séquence de grève. Ils seront visibles pendant les deux semaines de la grève pour défendre le transport collectif public. Si on veut améliorer les services à la population, on doit nécessairement offrir de bonnes conditions aux travailleurs et aux travailleuses », poursuit le président du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN), Bertrand Guibord.
« Plutôt que de dénoncer le gouvernement qui la sous-finance, la STM veut refiler la facture à ses salarié-es. Ce que les usagères et les usagers veulent, c'est un transport collectif public efficace et abordable. Ce n'est pas en attaquant les conditions de travail des employé-es d'entretien qu'on va y arriver. Et que fait le gouvernement pour aider les parties à trouver une entente satisfaisante ? On croirait qu'il laisse perdurer les choses. Le ministre Boulet et le ministre Julien peuvent dès maintenant s'impliquer pour que cette négociation mène à une bonne entente », de conclure la présidente de la CSN, Caroline Senneville.
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Vous avez dit humilité et écoute ?
Cette lettre signée par Julie Bouchard présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec est adressée au premier ministre François Legault. Le 11 août dernier, après la défaite de votre parti dans Arthabaska, vous avez déclaré : « Je pense que c'est le temps pour moi d'abord de faire preuve d'humilité et d'écouter les citoyens. »
À l'aube de la rentrée parlementaire, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ vous rappelle vos propres paroles. Il est temps de les mettre en pratique, dès maintenant, en écoutant celles qui empêchent le réseau public de la santé de s'effondrer.
Depuis des mois, nos membres subissent les contrecoups de décisions et d'inactions gouvernementales qui mettent leur patience à rude épreuve.
Neuf mois après la signature de la convention collective, elles attendent encore des sommes qui leur sont dues. Le fameux processus unique de reconnaissance de l'ancienneté (PURA), censé reconnaître leur parcours et leur fidélité au réseau, a été retardé pour cause de mauvaise préparation. Derrière ces délais administratifs, il y a des femmes privées de reconnaissance et de revenus légitimes.
À cela s'ajoute le fiasco du système informatique SIFARH qui a englouti des centaines de millions pour… ne même pas verser correctement les primes prévues au nouveau contrat de travail. Pendant que vos budgets explosent, nos membres, elles, attendent leur dû.
Soins et services déficients
Les exemples où les soins et les services à la population sont déficients s'accumulent également. Le plus éloquent en liste ? Celui de Rouyn-Noranda.
Depuis l'incendie, il n'y a plus de salle d'opération fonctionnelle. Des dizaines de femmes ont dû accoucher à plus de 100 km de chez elles, plongées dans l'angoisse et l'incertitude. Chaque mois de retard ajoute un risque inacceptable. Rouyn-Noranda ne peut plus attendre — et vous non plus.
Le réseau de la santé est à un point de rupture et ce sont les patient-e-s qui écopent.
Alors que les médecins spécialistes et omnipraticiens ont commencé leurs moyens de pression, le réseau de la santé fait du surplace.
Votre gouvernement a une obligation de résultat et ce n'est pas en maintenant la ligne dure avec les médecins que ces négociations vont se conclure.
Plus que jamais, le réseau de la santé a besoin de tout le monde, y compris des médecins ! Et eux aussi ont le droit d'être écoutés. Pour le reste, c'est à la table de négociation que cela doit se passer.
Par ailleurs, l'absence d'ententes avec les fédérations de médecins entraîne des conséquences sur le déploiement de la convention collective des professionnelles en soins. En guise de rappel, une enveloppe de 60 millions de dollars destinée au rattrapage des chirurgies dort actuellement faute de vous entendre avec les médecins.
Enfin, écoutez celles que vous avez exclues des consultations sur le projet de loi 101. Écarter la FIQ, qui représente près de 90 000 professionnelles en soins, c'est museler celles qui vivent chaque jour les conséquences de vos décisions. C'est un mépris pour les femmes et pour la démocratie syndicale.
Et maintenant, voilà que votre gouvernement veut ouvrir un nouveau front contre les syndicats. Ce n'est pas de transparence dont il est question, mais bien de réduire la capacité des organisations à défendre leurs membres. Vous parlez d'écoute, mais vous cherchez en réalité à faire taire les voix syndicales, celles qui portent la voix des travailleuses et des travailleurs.
La rentrée parlementaire est l'occasion de démontrer que vos paroles ne sont pas vides. Écouter, c'est respecter les conventions signées. Écouter, c'est investir dans la relève. Écouter, c'est protéger les travailleuses de la santé. Écouter, c'est prioriser le public, pas le privé.
Alors, monsieur le premier ministre, allez-vous continuer à détourner le regard, ou aurez-vous enfin le courage d'agir ?
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Réunion entre le STTP et le ministre responsable de Postes Canada
Aujourd'hui, 19 septembre 2025, l'équipe de négociation et des membres du Conseil exécutif national du STTP ont tenu une réunion d'une demi-heure avec Joël Lightbound, ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l'Approvisionnement. Le ministre a finalement convoqué une réunion hier afin d'entendre le point de vue du Syndicat sur l'actuelle ronde de négociation et l'avenir du service postal public.
Nous avons expliqué au ministre la nécessité de conclure des conventions collectives que les membres voudront ratifier avant la période de pointe de fin d'année. Nous lui avons fait remarquer que, depuis qu'elle a perdu le vote imposé, Postes Canada ne ressent plus aucune urgence d'agir, choisissant plutôt de laisser tomber les négociations, les travailleurs et travailleuses des postes et la population. Nous ignorons pourquoi il faut une semaine de plus à Postes Canada pour préparer ses nouvelles offres globales.
Nous avons souligné quelques-unes des revendications majeures qui doivent absolument figurer dans les prochaines conventions collectives : salaires adéquats, meilleures conditions de travail, emplois à plein temps, effectifs en nombre suffisant, équilibre entre travail et vie personnelle et égalité pour les FFRS.
Nous avons présenté au ministre quelques-unes de nos idées pour redessiner l'avenir du service postal public grâce à l'ajout de services lucratifs susceptibles de procurer de réels avantages aux collectivités du pays, petites et grandes. Le ministre s'est abstenu de formuler tout commentaire sur nos propositions.
Nous avons insisté sur le fait que nous sommes fiers du travail que nous accomplissons, mais que nous sommes préoccupés par l'avenue que la direction de Postes Canada veut faire emprunter à cette importante institution publique.
Nous avons quitté cette première réunion avec le ministre Lightbound sur une note d'incertitude quant à la direction qu'il donnera à Postes Canada, et ce, malgré le fait que les deux parties comprennent bien l'importance du service postal public. Nous avons aussi convenu qu'il importe de maintenir les canaux de communication ouverts entre nous.
Le Syndicat attend le retour de Postes Canada à la table de négociation dans les plus brefs délais.
Pour recevoir par courriel les dernières nouvelles du Syndicat, abonnez-vous à Somm@ire : www.sttp.ca/fr/sommaire-sttp.
Solidarité,
Jan Simpson
Présidente nationale
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Le silence comme faillite morale !
Le silence des artistes et des intellectuels québécois face au génocide à Gaza n'est pas un détail, ni un fait conjoncturel : il est le symptôme d'une faillite morale profonde.
Photo Serge D'Ignazio
Jadis, ces voix dénonçaient l'injustice, rompaient avec la complaisance des puissants et se tenaient aux côtés des opprimés. Des figures comme Pierre Falardeau ou Michel Chartrand manifestaient régulièrement, haut et fort, leurs indignations et leurs colères. "Vive la Palestine Libre" criaint-ils sans honte ni peur !
Pendant trente-cinq ans, j'ai reçu des artistes en prison, dans le cadre de mon programme radiophonique Souverains anonymes, pour soutenir les personnes incarcérées dans leurs efforts de réhabilitation. Mais depuis une vingtaine d'années, les vedettes se faisaient de plus en plus rares, ou hésitaient à adhérer à cette cause pourtant noble. Seuls quelques rares courageux (et une courageuse Michaëlle Jean) acceptaient de franchir les murs de la prison.
Aujourd'hui, le mutisme des artistes face à Gaza sidère. Non pas qu'ils ignorent ce qui s'y passe, mais parce qu'ils préfèrent ne pas le dire. « Ce n'est pas clair, ce qui se passe là-bas », m'a confié un artiste dont je tairai le nom. Ce refus d'assumer la parole publique, sous de faux prétextes, s'inscrit dans ce que la philosophe Cynthia Fleury a nommé La fin du courage : un monde où l'on se protège davantage qu'on ne protège les autres.
Le courage politique ne naît pas de calculs stratégiques ni de compromis prudents : il plonge ses racines dans le courage moral, celui qui pousse à dire « non » quand tout incite au silence. Or, lorsque les intellectuels renoncent à cette exigence éthique, ils abandonnent la possibilité d'une action politique véritable. Leurs prises de parole, quand elles existent, se réduisent à des gestes cosmétiques, calibrés pour ne froisser personne, et donc incapables de transformer le réel.
Certes, il faut reconnaître la force de la peur : peur d'être ostracisé, réduit au silence médiatique, de perdre financements, postes ou reconnaissance. Mais n'est-ce pas précisément dans la confrontation à ces risques que se mesure le courage ? Celui qui se tait pour protéger sa carrière choisit son confort au détriment de la dignité d'autrui. Son silence devient alors une complicité tacite avec la violence.
En se taisant, les intellectuels ne se contentent pas de faillir à leur mission critique : ils appauvrissent le débat public et fragilisent la démocratie elle-même. Car une démocratie sans voix dissidentes est une démocratie morte. Les minorités persécutées, les peuples massacrés, ne trouvent plus de relais dans l'espace symbolique. L'histoire nous apprend que les régimes autoritaires commencent toujours par réduire la parole libre, mais que parfois, c'est la société elle-même qui s'impose une autocensure, par confort ou par peur.
Il est relativement aisé pour un artiste de se faire le porte-parole d'une cause consensuelle : la prévention du suicide, la défense des sans-abris, les femmes victimes de violence, la protection des rivières menacées, etc. Ces engagements, tout à fait louables, rejaillissent positivement sur l'image publique de l'artiste et renforcent son prestige. En retour, la cause bénéficie d'une visibilité accrue auprès du grand public. Mais il ne faut pas se méprendre : dans bien des cas, il n'y a pas là de véritable courage, mais un simple échange, presque une transaction symbolique. C'est du donnant-donnant, une forme de « business » moral.
En revanche, lorsqu'un artiste choisit d'appuyer une cause controversée, comme celle du peuple palestinien, il sort du confort des consensus et s'expose à des représailles concrètes. Des figures comme Roger Waters, cofondateur de Pink Floyd, ont accepté de prendre ces risques, sacrifiant parfois leur réputation dans certains milieux, leur carrière, voire leurs sources de revenus, au nom d'une fidélité à la justice. Lorsque Julien Poulin brandit le drapeau du Hezbollah pour manifester son appui aux Libanais victimes des attaques d'Israël en 2006, il fut sermonné publiquement à l'émission Tout le monde en parle. L'impression retenue de son passage devant deux millions de téléspectateurs fut celle d'un artiste engagé contraint de faire son mea culpa pour avoir soutenu un peuple agressé ! Disons que ce n'est pas le genre d'événement qui incite au courage…
À cette lumière, la situation d'organismes comme Artistes pour la Paix, fondé au Québec il y a quarante-trois ans, est révélatrice. Apprendre que cette association est aujourd'hui menacée de disparaître, faute d'attention médiatique, en dit long sur le climat ambiant. Car si le courage moral se fait rare chez les artistes eux-mêmes, il se fait tout aussi rare dans les sphères médiatiques qui façonnent leur visibilité. Les médias, en privilégiant les causes neutres et « rentables » en termes d'audience, condamnent des voix réellement critiques à la marginalité, voire à l'invisibilité. Ainsi, ce n'est pas seulement le monde artistique qui faillit, mais tout un système de communication qui hiérarchise les luttes selon leur degré de commodité et qui décide silencieusement de ce qui mérite d'exister dans l'espace public. Quel artiste-vedette québécois oserait embarquer avec sa guitare sur l'un de ces 44 bateaux, aux côtés des 500 volontaires qui tentent d'apporter une aide à un peuple affamé, alors qu'aucun grand média n'en parle ?
Le silence n'est pas une simple absence de mots : il est une abdication, une désertion. Le courage moral, loin d'être un héroïsme surhumain, est au contraire la fidélité à une exigence minimale : témoigner de l'injustice, refuser de détourner les yeux. Sans ce socle, le courage politique devient impossible. En renonçant à parler, les artistes et intellectuels ne perdent pas seulement leur honneur : ils laissent s'installer l'idée qu'il est possible de tuer sans que personne ne dise « non ».
Quel mot pour qualifier cette abdication muette face à l'injustice ?
Je vous laisse deviner.
Mohamed Lotfi
15 septembre 2025
PS : "Je n'ai jamais voyagé vers d'autres pays que toi mon pays" le grand Gaston Miron n'avait pas peur d'afficher toute sa solidarité avec la cause palestinienne. Devant mon micro, j'ai capté sa voix et un de ses plus beaux poèmes sur les images de solidarité avec Gaza en 2014 : https://youtu.be/U1hJneoPTK8?si=lWOL5gUeusZ3VBLF
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L’Héritage du dodo
L'Héritage du dodo, c'est une bande dessinée en ligne. L'Héritage du dodo, c'est une bande dessinée en ligne sur la crise du climat et de la biodiversité. En 10 épisodes, on explore la santé des écosystèmes, on parle du réchauffement climatique, de déforestation, de pollution, de surexploitation…
Tiré de L'Info lettre de l'R des Centres de femmes
On découvre à quel point nous sommes dépendant·es de la biodiversité. On décortique les raisons qui nous empêchent d'agir en faveur de l'environnement. On décrypte les stratégies de désinformation et de manipulation mises au point par les industriels et les climatosceptiques. Le tout avec humour et légèreté, mais sans culpabilisation, ni naïveté.
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Le livre d’anniversaire offert à Epstein vous choque-t-il ? Cette culture était omniprésente avant le féminisme contemporain.
Le féminisme a mis en lumière l'omniprésence de la molestation sexuelle d'enfants, des viols, celle du harcèlement sexuel et de la violence conjugale, et a contribué à la lutte contre cette culture.
Rebecca Solnit, le 13 septembre, dans The Guardian
*-*
J'y étais. J'en ai conservé les preuves. Je me souviens d'à quel point l'exploitation sexuelle des adolescentes et même des préadolescentes par des hommes adultes était traitée comme la norme au cours des années 70, comment elle figurait dans les films, dans les récits sur les rock stars et les « baby groupies », dans la contre-culture et la culture dominante, bref à quel point le viol, l'exploitation, le grooming, l'objectivation et la marchandisation étaient normalisés.
Le dernier film de Woody Allen que j'ai vu était Manhattan, dans lequel il jouait plus ou moins son propre rôle, celui d'un quadragénaire ringard qui sortait avec une lycéenne incarnée par Mariel Hemingway. Elle avait mon âge, 17 ans, et je ne connaissais que trop bien ce genre de types répugnants. Le film m'a donné la chair de poule, même si ce n'est que bien plus tard que j'ai lu qu'elle avait déclaré qu'il avait fait pressionsur elle pour qu'elle ait des relations sexuelles avec lui dans la vie réelle.
Manhattan est sorti en 1979 ; deux ans plus tôt, Roman Polanski, sous prétexte de prendre des photos pour l'édition française du magazine Vogue, avait convaincu une jeune fille de 13 ans de venir seule dans une maison, où il l'avait droguée et violée vaginalement et analement. L'agent de probation qui lui a été assigné a écrit : « Certains éléments indiquaient que les circonstances étaient provocantes, que la mère faisait preuve d'une certaine permissivité » et « que la victime était non seulement physiquement mature, mais consentante ». Selon son propre compte-rendu, cette jeune fille avait dit non à plusieurs reprises et avait même feint une crise d'asthme pour essayer de dissuader Polanski, mais l'agent de probation était de son époque et trop disposé à blâmer une enfant droguée. C'était normal à l'époque.
Les films des années 1970 ont normalisé tout cela. Jodie Foster avait 12 ans lorsqu'elle a joué le rôle d'une prostituée dans Taxi Driver. Dans Pretty Baby, Brooke Shields, âgée de 11 ans, jouait une autre prostituée dans la pittoresque Nouvelle-Orléans, dont la virginité était vendue aux enchères et qui apparaissait nue dans certaines scènes, comme elle l'avait fait dans un numéro spécial « sugar and spice » du magazine Playboy à l'âge de 10 ans. Dans Taking Off, le film de Milos Forman sorti en 1971, la fille de 15 ans du protagoniste, qui s'était enfuie, réapparaît avec un petit ami rock star. La culture des groupies comprenait plus d'une poignée d'enfants couchant avec des rock stars ; le magazine Interview raconte qu'une groupie célèbre « a perdu sa virginité à l'âge de 12 ans avec le guitariste de Spirit, Randy California. Pendant un certain temps, elle a eu une relation avec Iggy Pop, qui a glorifié leur relation dans sa chanson Look Away de 1996, écrivant : « J'ai couché avec Sable quand elle avait 13 ans / Ses parents étaient trop riches pour faire quoi que ce soit. »
C'est dans les années 70 que les photographies en couleurs et floues de David Hamilton représentant des adolescentes nues ou à moitié nues ont été normalisées sous forme de livres de salon et d'affiches. Dans les années 90, les photographies en noir et blanc de Jock Sturges représentant des adolescentes blanches minces photographiées dans une colonie nudiste ont suscité la controverse. Alors qu'il les défendait avec des notions fades d'art haut de gamme et de vie édénique sans honte, une de ses anciennes élèves a réalisé un film semi-documentaire sur la relation sexuelle qu'elle avait eue avec lui lorsqu'elle avait 14 ans et qu'il était son professeur d'art, dans les années 70.
Plus tard, lorsque Brooke Shields a tenté d'empêcher la diffusion des photos d'elle nue à l'âge de 10 ans prises par Gary Gross,comme l'a rapporté le Guardian en 2009, « les avocats de Gross ont fait valoir que ses photographies ne pouvaient pas nuire davantage à la réputation de Shields car, depuis qu'elles avaient été prises, elle avait mené une carrière lucrative « en tant que jeune vamp et prostituée, vétérane sexuelle chevronnée, enfant-femme provocante, sex-symbol érotique et sensuel, la Lolita de sa génération ». Le juge a donné raison à Gross et, tout en louant le « charme sensuel et sulfureux » des photos, a jugé que Gross n'était pas un pornographe : « Elles n'ont aucun attrait érotique, sauf peut-être pour des esprits pervers. »
C'était aussi comme ça dans les années 1980. À l'âge adulte, Molly Ringwald a écrit à propos des films pour adolescents de John Hughes dans lesquels elle jouait à l'époque : « Je suis un peu gênée de dire qu'il m'a fallu encore plus de temps pour comprendre pleinement la scène à la fin de Sixteen Candles, lorsque Jake, le garçon de rêve, prête en quelque sorte sa petite amie ivre, Caroline, au Geek, afin de satisfaire les pulsions sexuelles de ce dernier, en échange des sous-vêtements de Samantha. Le Geek prend des photos Polaroid avec Caroline pour avoir une preuve de sa conquête ; quand elle se réveille le matin avec quelqu'un qu'elle ne connaît pas, il lui demande si elle « a apprécié ». Le fait qu'il s'agissait d'un viol n'était pas clair pour Ringwald, comme elle le dit, ni pour le public. En 1984, Bill Wyman, bassiste des Rolling Stones alors âgé de 47 ans, a commencé une relation avec une enfant qu'il avait rencontrée, affirmant qu'« elle était une femme à treize ans ». Bien plus tard dans sa vie, cette femme a milité pour que l'âge du consentement sexuel soit relevé de 16 à 18 ans en Grande-Bretagne, déclarant : « À 16 ans, on est encore un enfant. »
Avant ce qu'on a appelé la révolution sexuelle, la pudibonderie et les convenances considéraient les filles et les jeunes femmes comme la propriété de leurs pères et de leurs futurs maris, et ne pas souiller la pureté qui faisait partie de leur valeur était au moins une raison de dire non. La révolution sexuelle a supprimé cette barrière et, lorsque j'étais adolescente dans les années 1970, l'idée générale était que le sexe était une bonne chose et que tout le monde devait en profiter. J'ai donc commencé à être draguée par des garçons issus de la contre-culture lorsque j'avais 12 ou 13 ans, tout comme mes camarades féminines. Tout signifiait oui, rien ne signifiait non, presque personne n'aidait les filles qui voulaient éviter ces garçons ; nous étions livrées à nous-mêmes et devions devenir des artistes de l'évasion. Dans l'école alternative où je suis allée au milieu des années 1970, dans une banlieue agréable, des filles de 13 ans sortaient avec des dealers de drogue adultes, une fille de 14 ans exhibait la bague de son fiancé d'âge mûr, et une fille de 15 ans est tombée enceinte d'un marin d'une base voisine et a décidé de garder le bébé. Aucun adulte ne semblait s'en préoccuper.
C'était encore une culture misogyne ; le sexe était encore largement considéré en fonction des besoins des hommes. Un autre aspect frappant de la culture des années 1970 était l'éthique sexuelle des terroristes de la contre-culture qui ont kidnappé Patti Hearst en 1974 : c'était être une bonne « camarade » de répondre aux besoins des autres, et les femmes de la Symbionese Liberation Army devaient donc toujours dire oui aux hommes, pour répondre aux besoins de ces derniers, sans se soucier des leurs. Voilà pour la libération.
Fondée en 1978, la NAMBLA (North American Man-Boy Love Association) était une organisation d'hommes adultes qui militaient activement pour la légalisation des relations sexuelles avec des enfants de sexe masculin, et qui n'a été que très progressivement poussée dans la clandestinité. Les hommes hétérosexuels n'avaient pas besoin d'une organisation spéciale pour défendre leurs intérêts ; c'était toute la culture qui le faisait. C'était la philosophie Playboy, c'était Hollywood et le rock'n'roll, c'était l'art kitsch comme celui de David Hamilton, c'était les ricanements et les excuses.
J'écris tout cela parce que l'album anniversaire de Jeffrey Epstein, qui vient d'être révélé en 2003, est un vestige tardif de cette culture, tout comme l'attitude de Donald Trump envers les femmes. Trump était souvent vu aux événements organisés par Epstein, où se pressaient de très jeunes mannequins, à une époque où les mannequins étaient envoyées pour se mêler à des hommes fortunés.
Deux pages de cet album sont particulièrement frappantes. L'une d'elles montre une photo de trois personnes tenant un chèque géant à l'ordre d'Epstein, avec la signature de Trump (probablement fausse), décrivant la vente par Epstein d'une femme « entièrement dépréciée », dont le nom a été caviardé, à Trump pour 22 500 dollars. « Dépréciée » est un terme immobilier ; la blague semble être qu'une femme a en quelque sorte perdu une partie de sa valeur, mais qu'elle reste vendable comme un bien immobilier, du bétail, un bien mobilier ou tout autre terme utilisé pour désigner des êtres humains considérés comme des biens.
Dans l'autre, un dessin d'Epstein en 1983 approchant des fillettes avec des ballons et des bonbons le reconnaît clairement comme un pédophile ; l'autre moitié des photos le montre en 2003 dans un fauteuil inclinable, entouré de quatre jeunes femmes ou filles, dont deux en string, l'une avec les initiales d'Epstein tatouées sur la fesse. Il est clair que celui qui a ajouté ces pages suggestives à l'album d'Epstein connaissait son appétit sexuel pour les jeunes filles, tout comme beaucoup d'autres personnes.
Ce qui s'est passé entre les années 1970 que j'ai décrites et le présent, c'est le féminisme : un féminisme qui a insisté sur le fait que les femmes étaient des personnes dotées de droits, que le sexe, à la différence du viol, devait être quelque chose que les deux parties désiraient, que le consentement devait être actif et conscient, que toutes les interactions humaines impliquaient un rapport de force et que l'énorme différence de pouvoir entre les hommes adultes et les enfants rendait un tel consentement impossible.
C'est le féminisme qui a révélé l'omniprésence de la molestation sexuelle d'enfants, des viols, du harcèlement sexuel et de la violence conjugale, qui a dénormalisé ces agressions qui faisaient partie intégrante de la société patriarcale. Et qui le sont encore, bien trop, mais l'attitude dédaigneuse et permissive du passé appartient désormais au passé, du moins dans la culture dominante.
Rebecca Solnit dans The Guardian, le 13 septembre
Rebecca Solnit est chroniqueuse pour l'édition étasunienne du Guardian. Elle est l'autrice de Orwell's Roses et coéditrice, avec Thelma Young Lutunatabua, d'une anthologie sur le climat.
Plusieurs de ses livres onbt été traduits en français :
Unparadis en enfer, Éditions de l'Olivier, 2023.
Souvenirs de mon inexistence, Éditions de l'Olivier, 2022.
Cendrillon libératrice,Les Arènes, 2020.
La mère de toutes les questions, Éditions de l'Olivier, 2019.
Ces hommes qui m'expliquent la vie, Éditions de l'Olivier, 2018.
Garder l'espoir. Autres histoires, autres possibles, Actes Sud, 2006.
L'art de marcher, Actes Sud, 2002.
https://www.theguardian.com/commentisfree/2025/sep/13/epstein-birthday-book-feminism-culture
Traduction : TRADFEM
https://tradfem.wordpress.com/2025/09/15/le-livre-danniversaire-offert-a-epstein-vous-choque-t-il-cette-culture-etait-omnipresente-avant-le-feminisme-contemporain/
Note de lecture : La mère de toutes les questions, sous le titre : Un océan d'histoires brise le silence et conteste l'impunité
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2020/09/08/un-ocean-dhistoires-brise-le-silence-et-conteste-limpunite/
Note de lecture : Ces hommes qui m'expliquent la vie, sous le titre : Ce qu'on ne dit pas quand on ne parle pas de genre
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2019/11/20/ce-quon-ne-dit-pas-quand-on-ne-parle-pas-de-genre/
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Qu’est-ce que le féminisme marxiste ? D’un point de vue marxiste-féministe : essais sur la liberté, la rationalité et la nature humaine
Nancy Holmstrom est professeure émérite de philosophie à l'université Rutgers. Elle incarne un mélange unique de rigueur philosophique et d'activisme ancré dans une préoccupation sincère pour les femmes et les personnes LGBTQ qui souffrent des maux du capitalisme, du racisme, du patriarcat et de l'homophobie dans les pays du Nord et du Sud.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Nancy Holmstrom
Brill, 2024 ; Haymarket, 2025
Dans ce recueil d'essais, elle présente ses principales contributions à la théorie féministe au cours de sa vie. Alors que The Socialist Feminist Project (2002), un recueil d'essais qu'elle a édité, avait une portée plus large, cet ouvrage identifie ce qui, selon elle, distingue le féminisme marxiste du féminisme socialiste. Elle définit le féminisme marxiste, la perspective à laquelle elle s'identifie, comme la centralité du mode de production : « L'idée que le mode de production capitaliste fixe les conditions, si vous voulez, des degrés de liberté et de non-liberté, là encore d'une manière historiquement particulière qui diffère des autres modes de production. » Le mode de production capitaliste est considéré comme « fondamental mais non déterminant » (3).
Cette opinion peut être mieux comprise en explorant l'articulation par Holmstrom du concept marxiste de la nature humaine. Elle est également particulièrement pertinente dans le cadre des débats actuels sur la théorie et l'identité queer, qui remettent en question une conception essentialiste et immuable de la nature humaine.
Dans son essai « A Marxist Theory of Women's Nature » (Une théorie marxiste de la nature des femmes), Holmstrom soutient que, selon la philosophie de Karl Marx, les besoins et les capacités humains s'expriment, se façonnent et se créent à travers le travail (une activité visant à satisfaire des besoins). C'est donc le travail, et non le déterminisme biologique, qui est la clé pour expliquer la vie sociale et le changement social. Elle démontre que pour Marx, les différences biologiques entre les hommes et les femmes ne peuvent expliquer ou justifier aucune discussion sur des natures distinctes, car son effort vise à examiner la nature des personnes en tant que groupes sociaux et non en tant que groupes biologiques. Ainsi, « Marx nie l'existence d'une nature humaine au sens traditionnel et transhistorique. Selon lui, il existe cependant des formes historiquement spécifiques de nature humaine… propres au féodalisme, au capitalisme, au socialisme, etc. » (232).
De plus, Holmstrom ajoute que la nature humaine, et même la nature biologique, peuvent changer sous l'influence de facteurs socio-historiques et de l'évolution. Elle affirme ainsi que « selon Marx, l'opposition entre le social et le naturel et immuable est particulièrement inappropriée pour les êtres humains, car ceux-ci sont par nature des êtres sociaux dotés d'une histoire » (233). Si les différences biologiques ne peuvent être ignorées, ce sont les facteurs sociaux, et non les facteurs biologiques, qui sont les principaux déterminants. Par conséquent, d'un point de vue marxiste, les différences psychologiques entre les femmes et les hommes seraient liées au type de travail qu'ils effectuent et aux relations sociales qui en découlent. « Le point de vue marxiste n'est pas qu'il existe un lien de causalité direct entre le type de travail effectué par les individus et leur structure de personnalité. Au contraire, le type de travail effectué par les individus les place dans certaines relations sociales et ces relations sont institutionnalisées dans des ensembles de pratiques, d'institutions, d'agences culturelles, etc. » (237).
Ce n'est pas principalement la biologie, mais surtout les conditions sociales, économiques et historiques oppressives qui déterminent la division sexuelle/sociale du travail. Ainsi, même les femmes qui ont des emplois non traditionnels et qui n'ont pas de famille à charge sont toujours influencées par les institutions patriarcales, sociales et culturelles dominantes.
Holmstrom souligne que si Marx n'avait pas une vision essentialiste de la nature humaine, il croyait néanmoins que les êtres humains ont un potentiel unique d'activité libre et consciente qui ne peut être pleinement développé que dans une société socialiste exempte de travail aliénant. Sur cette base, elle soutient que même s'il y aura toujours certaines différences dans la façon dont les hommes et les femmes se perçoivent en tant qu'êtres physiques, la signification de ces expériences variera en fonction de l'évolution de la société. En outre, dans une société qui ne repose pas sur le travail aliéné, « les choix sexuels et reproductifs des femmes n'auraient pas les conséquences sociales profondes qu'ils ont actuellement pour les femmes par rapport aux hommes » (246).
La formulation par Holmstrom d'un concept non essentialiste de la nature humaine, expliqué plus en détail dans un essai intitulé « Humankind(s) », peut également éclairer ceux qui participent aux débats sur l'identité transgenre. Si elle n'est pas d'accord avec « les formulations de la distinction entre sexe et genre qui présentent le biologique comme un substrat sous-jacent intact par la société, et le genre comme une pure culture, superposée à une biologie inerte », elle n'est pas non plus d'accord avec le point de vue qui efface la distinction entre sexe et genre et affirme que le genre n'est qu'une performance (257). Elle nous aide à comprendre que, s'il existe certaines différences liées au sexe qui ne pourront jamais être éliminées, il n'existe pas de nature humaine essentielle ancrée dans la biologie. Les opinions actuelles bien ancrées sur la masculinité et la féminité sont plutôt profondément enracinées dans un ensemble de relations économiques, historiques et sociales propres à notre époque capitaliste.
Bien que les femmes et les personnes LGBTQ aient réalisé d'importants progrès dans diverses régions du monde, une grande partie de la population aux États-Unis et dans le monde continue de s'accrocher aux normes traditionnelles en matière de genre. Le fait que les dirigeants autoritaires et fascistes utilisent actuellement la transphobie comme l'un des éléments de leur stratégie pour obtenir le soutien des masses signifie que les opinions misogynes, patriarcales et homophobes sont encore très ancrées dans toutes les sociétés. Les travaux de Holmstrom montrent que le dépassement de ces opinions ne peut se faire par le simple biais d'un travail culturel et performatif, mais nécessite de profondes transformations économiques, sociales et politiques. À cet égard, elle partage certaines des opinions de Rosemary Hennessy (2000), une importante théoricienne queer.
Dans un essai intitulé « Sex, Work and Capitalism » (Sexe, travail et capitalisme), Holmstrom offre une perspective unique sur les débats féministes actuels concernant le travail du sexe. Parmi les féministes socialistes, il existe des divergences quant à la signification d'un mouvement queer et sex-positif qui s'oppose à toutes les formes d'exploitation sexuelle, à toutes les normes de genre oppressives et à toutes les formes d'instrumentalisation de nous-mêmes ou des autres (Goldberg, 2021 ; Srinivasan, 2021). Certaines prônent la légalisation et la normalisation totales du travail du sexe et affirment qu'il peut être « créatif » ou « satisfaisant » (Smith et Mac, 2020). D'autres, qui défendent également les droits des travailleuses du sexe et leurs efforts pour s'auto-organiser afin d'assurer leur sécurité, considèrent le travail du sexe comme une pratique de marchandisation et d'instrumentalisation du corps et des sentiments. Bien qu'eils soutiennent la dépénalisation des travailleurs du sexe, iels soulignent que le travail du sexe, en plus d'être exploiteur et abusif, cause de terribles dommages physiques et psychologiques à long terme à ceux qui l'exercent, qu'iles y soient contraint·es ou qu'iles le fassent « volontairement . Partisane de ce dernier point de vue, Holmstrom écrit : « La vente de services sexuels n'est donc pas comparable à la vente d'autres services. La vente d'expériences corporelles intimes est une forme d'aliénation ultime » (37).
Le défi pour les féministes socialistes consiste donc à trouver comment soutenir les femmes qui se prostituent sans renoncer à notre critique du travail et de l'institution de la prostitution. Mais le soutien aux femmes qui exercent cette activité doit toujours être associé à la lutte pour changer les conditions politico-économiques qui poussent tant de personnes à s'y adonner. Nous devons nous battre pour des emplois avec des salaires décents, des logements et des services de garde d'enfants abordables, des programmes de lutte contre la toxicomanie, une aide pour les problèmes d'immigration et tout ce dont les travailleuses du sexe disent avoir besoin (39).
Je partage ce point de vue et je dirais que plutôt que de concentrer nos efforts d'organisation sur la légalisation du travail du sexe, il serait préférable de contribuer à diffuser le message du mouvement #MeToo afin de remettre en question la normalisation des abus et des agressions sexuels dans tous les domaines de la vie (Boussedra, 2017 ; Mock, 2014). Les faits montrent que l'extension de la légalisation du travail du sexe aux proxénètes et aux clients facilite l'exploitation des femmes et des enfants et augmente le trafic sexuel (Harvard Law School, 2014). Ajouter le travail du sexe à la liste des emplois normaux du secteur des services signifie également que les femmes sans emploi qui reçoivent une aide de l'État ne pourraient pas refuser le travail du sexe comme emploi. La normalisation du travail du sexe signifie que de plus en plus de jeunes femmes, d'hommes et de personnes transgenres envisageraient le travail du sexe comme un emploi à temps plein ou à temps partiel pour gagner de l'argent.
Holmstrom a également contribué aux débats féministes sur la théorie de la reproduction sociale. Elle estime que si l'oppression des femmes n'a pas commencé avec le capitalisme, elle ne peut s'expliquer simplement par le travail domestique et reproductif. Elle soutient que le travail domestique peut être progressivement supprimé sous le capitalisme afin de faciliter davantage l'exploitation capitaliste du travail. Cependant, le travail aliéné capitaliste et sa séparation entre l'esprit et le corps affectent notre psychisme et réduisent notre liberté dans tous les domaines de la vie (281).
C'est son approche humaniste socialiste qui permet à Holmstrom d'apporter un éclairage profond sur les débats féministes socialistes actuels et d'exprimer une véritable solidarité avec les personnes opprimées. Contrairement aux penseurs post-structuralistes qui définissent la liberté comme la lutte pour le pouvoir et la domination, elle considère la liberté comme l'épanouissement humain ou la réalisation de soi, enracinés dans la solidarité et la rationalité. Son concept de rationalité ne concerne pas le calcul capitaliste et la maximisation de l'utilité. Il s'agit de coopération et de lutte collective enracinées dans le contrôle humain sur les moyens et le processus de notre travail. Ce travail est ce que Marx appelait le potentiel humain pour une activité libre et consciente, et non un travail mécanique et aveugle. Une activité libre et consciente concerne également la protection de la nature/de l'environnement et la création d'un avenir durable.
Frieda Afary
Publié à l'origine sur New Politics
https://socialistfeminism.org/book-review-what-is-marxist-feminism/
traduit par DE
Che cos'è il marxismo-femminismo ?
https://andream94.wordpress.com/2025/09/21/che-cose-il-marxismo-femminismo/
References
Butler, Judith. (2006 [1990]) Gender Trouble : Feminism and the Subversion of Identity. New York : Routledge.
— (2011 [1993]) Bodies That Matter : On the Discursive Limits of Sex. New York : Routledge.
Boussedra, Saliha. (2017) “Marx and Prostitution.” Resources Prostitution. Feb. 13.
Goldberg, Michelle. (2021) “Sex-Positive Feminism Is Falling out of Fashion.” New York Times. Sept. 25.
Harvard Law School. (2014) “Does Legalized Prostitution Increase Human Trafficking ?” Harvard Law and International Development Society. June 12.
Hennessy, Rosemary. (2000) Profit and Pleasure : Sexual Identities in Late Capitalism. New York : Routledge
Mock, Janet. (2014) Redefining Realness : My Path to Womanhood, Identity, Love and So Much More. New York : Atria.
Smith, Molly, and Juno Mac. (2020) Revolting Prostitutes : The Fight for Sex Workers' Rights. London : Verso.
Srinivasa, Amia. (2021) The Right to Sex : Feminism in the Twenty-First Century. New York : Farrar, Strauss and Giroux.
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Comptes rendus de lecture du mardi 23 septembre 2025
Le cas Trump
Alain Roy
J'avais déjà lu « Les déclinistes » du même auteur. Qui est Donald Trump ? Que nous révèle sa jeunesse, son passé ? Incarne-t-il la réussite, comme il veut le laisser croire ? La franchise ? L'honnêteté ? Est-il cultivé, renseigné, à l'écoute des autres, de ses conseillers ? Est-il même sain d'esprit ? Ou dangereux ? En proie au chantage d'intérêts étrangers ? C'est à toutes ces questions qu'Alain Roy répond dans cet essai fouillé, dont les chapitres alternent entre les réponses à ces questions et la participation de l'auteur et de son ami photographe à un invraisemblable rallye pour Trump à Manchester. Un bouquin plus éclairant que je ne l'aurais cru et qui m'a donné le goût de lire l'ouvrage « Trop et jamais assez » de Mary Trump, la nièce de Donald Trump, auquel l'auteur fait souvent référence.
Extrait :
Puis une vidéo a défilé sur l'écran géant au-dessus de la grande scène. On y voyait la Terre depuis l'espace, puis l'image de Trump petit garçon, puis Trump adulte vaquant à ses tâches présidentielles. Le narrateur parlait d'une voix grave et solennelle, mais ce ton tranchait curieusement - ou comiquement plutôt - avec ce qu'il disait car il s'agissait de choses extravagantes. Les rédacteurs de cette narration avaient dû s'amuser beaucoup en produisant ce tissu d'absurdités : « Le 14 juin 1946, Dieu a regardé le paradis qu'il avait créé et il a dit : J'ai besoin de quelqu'un qui se lèvera avant l'aube, réparera ce pays, travaillera toute la journée, combattra les marxistes, prendra son repas, puis retournera au Bureau ovale jusqu'à minuit pour discuter avec des chefs d'État. Dieu nous a ainsi donné Trump ».
Gaza
Mazen Kerbaj
Traduit de l'anglais
L'artiste Mazen Kerbaj nous offre, dans ce superbe album, un dessin par jour sur la situation en Palestine depuis le début des bombardements du gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu sur la bande de Gaza. Il y témoigne en images et en mots de l'horreur de l'épuration ethnique en cours et y dénonce haut et fort l'indifférence et la terrible complicité des pays occidentaux. Un album extraordinaire, facile d'accès, qui nous sort de notre éventuelle indifférence et nous pousse à agir. À mettre entre toutes les mains !
Extrait :
Une mère avance dans les ruines de son quartier qui vient d'être bombardé, elle hurle inlassablement le nom de ses quatre enfants dans l'espoir d'en entendre un lui répondre sous les décombres.
« L'Enfant » est un roman engagé, en partie autobiographique, dans le plus pur style du roman réaliste de la fin du XIXe siècle. L'auteur y dresse un tableau saisissant de la société et de la triste condition des enfants de l'époque. C'est un roman révélateur que j'ai adoré.
Extrait :
La maison que nous habitons est dans une rue sale, pénible à gravir, du haut de laquelle on embrasse tout le pays, mais où les voitures ne passent pas. Il n'y a que les charrettes de bois qui y arrivent, traînées par des bœufs qu'on pique avec un aiguillon. Ils vont, le cou tendu, le pied glissant ; leur langue pend et leur peau fume. Je m'arrête toujours à les voir, quand ils portent des fagots et de la farine chez le boulanger qui est à mi-côte ; je regarde en même temps les mitrons tout blancs et le grand four tout rouge, — on enfourne avec de grandes pelles, et ça sent la croûte et la braise !
L'odyssée des illusions
Jean Lemire
C'est à la suite d'une chronique de Josée Blanchette dans Le Devoir que j'ai entrepris la lecture de ce livre superbement illustré sur l'état de la planète et de la vie animale. Le biologiste, cinéaste et photographe Jean Lemire s'était lancé il y 25 ans le défi de sensibiliser les gens à la beauté et à la fragilité de la planète. À bord du voilier SEDNA IV, il aura sillonné les mers du monde et ainsi constaté les défis environnementaux presque insurmontables qu'entraînent d'une part le réchauffement climatique et d'autre part, de façon plus générale, le capitalisme de marché. Un très beau livre, triste parfois, mais plein de compassion pour les animaux et pour les humains les plus pauvres. Je ne saurais trop vous en recommander la lecture.
Extrait :
Non, si tout cela était à refaire, je ne serais pas le porteur d'espoir créé par des médias en recherche de modèles qui doivent impérativement être plus grands que nature. À force de départs et d'escales, devant le constat implacable d'un environnement sacrifié au nom de la croissance économique, j'ai réussi à transformer le rêve en illusion, triste bilan pour celui qui ambitionnait de sensibiliser le monde jusqu'à engendrer le changement. Au fil des jours, des mois, des années, l'indifférence de l'humanité s'est faufilée dans les entrailles intérieures pour rejoindre mon âme en peine, et le grand pèlerinage des espoirs s'est transformé en odyssée des illusions. Si la perte de racines fragilise l'être devant la tempête, la capitulation de ses propres rêves souffle la lueur qui enflammait pourtant toutes les passions.
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De la montée de l’extrême droite et sa menace
Les partisans de Charlie Kirk ne cessent d'en appeler à la liberté d'expression alors qu'ils tentent de faire taire les opposants à ses discours haineux du style que Trump a malheureusement rendu familiers. Ce double discours favorise la montée de l'extrême droite alors que l'on connait depuis le XX ième siècle les torts que celle-ci a causé à l'humanité par la manifestation de l'intolérance.
Je ne suis pas moi-même très tolérant face aux transnationales et à la facilité avec laquelle elles influent sur les gouvernements. C'est ma liberté d'expression qui est en jeu et j'ai, dans ce cas le droit inaliénable de m'exprimer, compte tenu de l'expérience historique du lien qu'ont entretenu les grands patrons allemands avec l'extrême droite lors de l'ascension de Hitler au pouvoir. On peut s'insurger justement contre le lobbyisme comme un dévoiement des institutions démocratiques.
C'est dans ce contexte que j'exhorte les partisans de Charlie Kirk a plus de modestie face à l'histoire de leur mouvement et à considérer l'opposition à ses discours comme une sinécure pour la société démocratique qui leur permet d'exprimer leurs paroles nauséabondes en toute impunité. Car les discours haineux comme ceux d'un Trump envers les immigrants sont censés être punis par les lois qui défendent les libertés démocratiques. Les symboles de leur haine raciale sont interdits dans le pays qui ont connu le nazisme et il est grandement dommage que l'on voit ressurgir de tels discours au plus haut sommet de l'État pour en faire des politiques discriminatoires aux États-Unis sans que cela ne soit dénoncé par les dirigeants actuels des démocraties comme une menace aux institutions de ces sociétés.
Ce serait en fait un minimum que soient stigmatisés pour ce qu'ils sont, i.e. de la propagation de la haine, ces discours odieux contre des boucs-émissaires de la détérioration des conditions de vie de la population dans nos pays et dans le monde Si l'on n'y prend garde ce sera toute forme d'opposition qui sera enterrée sous les injonctions de Trump contre la gauche radicale qui ne constitue en réalité une menace que contre ses abus de pourvoir comme on a vu au XX ième siècle et qui ont mené à la catastrophe de la Deuxième Guerre Mondiale.
Si le climat est toxique pour l'extrême droite, sa pertinence devrait être conçue comme un mécanisme de défense des société démocratiques qui n'ont que faire de ce pouvoir en gestation qui les a menacées et contre lequel elles n'ont réagi que trop trad alors que les droits ont été engloutis derrière des sociétés sclérosées qui n'avaient plus pour évoluer que la violence des institutions figés par le pouvoir dictatoriale.
Avant que l'extrême droite ne conquiert un pouvoir définitif qui est antagonique avec la démocratie, il faudrait un sursaut des peuples de ces systèmes de manière que soient préservé les droits fondamentaux élémentaires qui font des démocraties ce qu'elles sont : des endroits où la tolérance fait foi de valeur importante pour préserver la qualité des débats.
L'intolérance d'un meurtrier comme Tyler Robinson, aussi déplorable soit-elle, devrait être perçue comme le réflexe d'un individu qui sent menacée l'intégrité de sa société par des propos tendant à en dissoudre l'essence même. Dans ce sens les appels à la tolérance des propos d'un Charlie Kirk sont hypocrites et contribuent à la montée de l'extrême.
Guy Roy, syndicaliste à la retraite
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Québec Solidaire : l’écart marqué entre rêve et réalité
Comment le parti peut-il remontrer la pente ? Est-ce même encore envisageable pour la seule formation de gauche au Québec ? Le dernier sondage en date sur les intentions de vote s'avère dévastateur pour Québec solidaire : il ferme la marche à 7% d'appuis, derrière le Parti conservateur qui lui, en ramasse 12%. Il arrive un moment où l'espoir de regagner de la crédibilité pour une formation politique s'effondre. Québec solidaire en est-il rendu là ? Qu'est-ce qui cloche ?
Tout d'abord, la tête. Il faut pointer la ou plutôt les actuelles têtes dirigeantes du parti pour ce déclin, ainsi que plusieurs militants. Les deux premiers piliers du parti, Françoise David et Amir Khadir l'ont quitté depuis un bon bout de temps. Un autre joueur majeur, Gabriel Nadeau-Dubois vient de faire pareil parce qu'il ne s'y sentait pas à l'aise C'est malheureux, car il était particulièrement crédible, vu son sens politique, son réalisme et son pragmatisme. S'il avait joint le Parti québécois, il aurait pu y remplir un rôle important, et même devenir « ministrable ». Il représentait l'aile pragmatique de Québec solidaire, suspecte d'opportunisme aux yeux de l'aile gauche.
Tout ceci peut être dit sans dénigrer les autres têtes dirigeantes de la formation, comme Ruba Ghazal, co porte-parole et près de l'aile la plus à gauche. Par ailleurs, il faudra attendre le résultat de la course au porte-parolat pour savoir qui remplacera GND comme l'autre co porte-parole. Qui sera le nouveau collègue de Ruba Ghazal ?
En examinant la situation de Québec solidaire, on observe le conflit classique dans tous les partis de gauche : l'affrontement entre sociaux-démocrates d'une part et les marxistes et leurs sympathisants de l'autre. Ces derniers oublient, ou refusent de voir une vérité fondamentale en politique : éviter de prendre ses rêves pour la réalité. Ils ont tendance à s'enfermer dans une certaine pureté idéologique qui les aveugle. Quand un parti conquiert le pouvoir, même s'il est doté d'un audacieux programme social et économique de gauche, et qu'il est dirigé par des gens prestigieux en qui une bonne part de l'électorat se reconnaît, doit faire des choix parfois déchirants en ce qui concerne l'application dudit programme. Il y a et il y aura toujours une certaine distance entre les bonnes intentions et la réalisation de ce programme. Bref, l'éventuel gouvernement de gauche devra mettre de l'eau dans son vin pour gérer au mieux la société.
Sa direction n'aura d'autre choix que de garder un oeil sur l'état des finances publiques, surveiller les polémiques qui se produisent au sein même de la formation (ce qui est sain, dans la mesure où elles ne dégénèrent pas en schisme) et faire des choix équilibrés dans la constitution du conseil des ministres entre l'aile gauche, le centre et l'aile droite. Les têtes dirigeantes du nouveau gouvernement devront aussi (et surtout) surveiller les forces sociales et économiques dont le programme heurte les intérêts et qui sont susceptibles d'essayer de le déstabiliser. C'est une question de réalisme élémentaire. Ces nécessités, si elles sont respectées, déçoivent forcément les membres les plus à gauche du parti, qui en retirent souvent une impression de trahison des idéaux initiaux de leur formation politique.
Dans le cas du Parti québécois, ces querelles et dissensions portaient avant tout sur le processus d'accession du Québec à la souveraineté, sur le référendum et la question à poser aux électeurs et électrices à cette occasion. Mais le parti était dirigé par un chef prestigieux et ancien ministre dans le cabinet libéral de Jean Lesage, René Lévesque et des technocrates de haut vol comme Jacques Parizeau, Claude Morin et Jacques-Yvan Morin, entre autres. Cela lui conférait une crédibilité certaine, mais qui ne fut toutefois pas suffisante pour arracher en mai 1980 (pour Lévesque) et en avril 1995 (pour Parizeau) une majorité de OUI en faveur de la souveraineté.
Ce n'est pas du tout pareil pour Québec solidaire. en dépit de la sympathie que certains de ses leaders ont pu inspirer à la population, comme Françoise David, Amir Khadir et Manon Massé. Il n'a jamais exercé le pouvoir ni même formé l'Opposition officielle. La plus grande partie de l'électorat ne le prend pas (ou plus) au sérieux.
On peut donc en conclure que Québec solidaire ne peut se permettre de se couper de celui-ci en s'enfermant dans un cadre idéologique trop strict, ni se déchirer dans des querelles internes virulentes. Il a au contraire un urgent besoin d'une direction solide, crédible et peut-être aussi d'une certaine révision de son programme. Jusqu'à quel point ? Ça demeure à discuter. Mais tirer le parti toujours plus à gauche constituerait une erreur diminuant encore davantage le peu de crédibilité qui lui reste. Il faut éviter les fuites en avant, une erreur fatale en politique électorale.
C'est de ce hiatus entre rêves et projets qui en découlent d'un côté, et l'incontournable de réalité de l'autre qui produit la tragédie de l'action politique, et de manière plus générale, de l'existence humaine elle-même.
Jean-François Delisle
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Les BRICS sont les nouveaux défenseurs du libre-échange, de l’OMC, du FMI et de la Banque mondiale
Les BRICS+ sont une coalition hétéroclite rassemblant 10 pays (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud auxquels se sont ajoutés en 2024 l'Égypte, les Émirats Arabes Unis, l'Éthiopie, l'Indonésie et l'Iran) dont certains sont directement alliés aux États-Unis.
Tiré du site du CADTM.
Face à l'offensive de Donal Trump à propos des tarifs douaniers, les pays membres des BRICS+ négocient en ordre dispersé. Il n'y a aucune tentative de leur part de faire bloc. Face aux attaques de Trump, la Chine et l'Inde se rapprochent et entretiennent d'importantes relations commerciales avec la Russie mais ces pays ne fonctionnent pas en bloc ni avec les deux autres membres fondateurs des BRICS, à savoir le Brésil et l'Afrique du Sud, ni en tant que BRICS+.
Alors que les 10 pays membres des BRICS+ représentent la moitié de la population mondiale, 40% des ressources fossiles d'énergie, 30% du produit intérieur mondial et 50% de la croissance, ils ne proposent pas de mettre en œuvre un modèle de développement différent.
Les dirigeants des BRICS soutiennent le mode de production capitaliste qui nous a mené·es au désastre écologique actuel. Les BRICS sont favorables au maintien de l'architecture financière internationale (avec le FMI et la Banque mondiale en son centre) et commerciale internationale (OMC, traités de libre-échange…) telle qu'elle existe.
Que proposent les BRICS au niveau du système financier international ?
Les BRICS+ considèrent que le FMI doit rester au centre du système financier international.
Dans la déclaration finale du sommet que les BRICS+ ont tenu à Rio de Janeiro (Brésil) début juillet 2025, ils écrivent au point 11 :
- « Le FMI doit rester doté de ressources suffisantes et mobilisables rapidement, au cœur du Réseau de sécurité financière mondiale (RSFM), afin de soutenir efficacement ses membres, en particulier les pays les plus vulnérables. » [1]
Ils apportent aussi leur soutien à la Banque mondiale. Ils affirment au point 12 de leur déclaration qu'ils veulent augmenter la légitimité de cette institution. Or, depuis leur fondation, la Banque mondiale et le FMI mènent, depuis leur fondation, une politique contraire aux intérêts des peuples et des équilibres écologiques.
Les BRICS se contentent de demander une meilleure représentation des pays dits en développement au sein du FMI et de la Banque mondiale. C'est tout. Comme l'ont démontré de nombreux auteurs et le CADTM, la Banque mondiale, tout comme le FMI imposent une sous-représentation anti démocratique des pays dits en développement et un mode de gouvernement favorables aux intérêts des grandes puissances économiques et des grandes entreprises privées.
Dans la déclaration finale, les BRICS n'expriment aucune critique à l'égard des politiques néolibérales que les deux institutions de Brettons Woods s'activent à faire appliquer. A aucun moment ils ne remettent en cause les dettes que ces institutions réclament aux pays endettés.
Cette position des BRICS en faveur du FMI et de la BM va à l'encontre des intérêts des peuples et des positions des mouvements sociaux ou/et altermondialistes (voir plus loin dans la série Q/R sur les BRICS, la partie sur le soutien des BRICS au sauvetage par le FMI du gouvernement d'extrême droite de Milei en Argentine).
Quelle est la position des BRICS+ à l'égard de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ?
Les BRICS sont devenus les principaux avocats de l'OMC qui est paralysée suite à l'action du président Trump au cours de son premier mandat. Dès 2017, l'administration Trump a refusé de nommer de nouveaux juges pour faire partie de l'organe d'appel (Appellate Body) de l'OMC. Cette sorte de “cour suprême” du commerce international tranche les litiges entre États une fois qu'un premier panel a statué. Comme cet organe est bloqué depuis 2017, l'OMC est mise hors d'état de fonctionner.
Au point 13 de la déclaration de Rio de juillet 2025, les BRICS+ affirment leur soutien aux règles de l'OMC et déclare que l'OMC doit être en cœur du système commercial mondial. Les BRICS+ affirment :
- « Nous soulignons que l'OMC, qui célèbre son 30e anniversaire, reste la seule institution multilatérale dotée du mandat, de l'expertise, de la portée universelle et de la capacité nécessaires pour mener des discussions sur les multiples dimensions du commerce international, y compris la négociation de nouvelles règles commerciales. » [2]
Rappelons que les mouvements sociaux, la Via Campesina et le mouvement altermondialiste (le mouvement contre la globalisation capitaliste néolibérale) ont systématiquement critiqué et dénoncé l'OMC pour son rôle néfaste car son action va à l'encontre des intérêts des travailleur·euses, des paysan·nes, des économies locales et de la Nature (voir encadré sur l'OMC).
Encadré : Pourquoi l'action de l'OMC est-elle négative ? Pourquoi faut-il s'y opposer ?
L'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui compte 166 pays membres est entrée en activité en 1995 et cherche à mettre fin à toutes les barrières que les États pourraient mettre en place pour protéger leurs producteur·ices locaux·ales.
Or, contrairement à ce que veut l'OMC, les barrières douanières devraient servir par exemple à protéger les petites exploitations paysannes, les petites et moyennes entreprises ou/et les entreprises publiques, qui pour différentes raisons ne sont pas en mesure de répondre à la compétition que représente les produits exportés par les économies plus avancées technologiquement. Les protections douanières peuvent aussi servir à protéger les entreprises locales de la concurrence que constitue l'importation de produits exportés par les économies où les salaires sont plus bas à cause d'une surexploitation du Travail. Il peut s'agir aussi de protéger les économies dites en développement de l'invasion de marchandises provenant des pays qui subventionnent leurs productions nationales, notamment celles destinées à l'exportation. On sait que les grandes puissances économiques comme celle d'Amérique du Nord ou d'Europe occidentale n'hésitent pas à subventionner largement leurs grandes entreprises en contournant les régles de l'OMC alors qu'elles ont contribué à les établir.
A travers l'accord général sur le commerce des services, l'OMC favorise fortement la privatisation des services publics (eau, santé, éducation, transports, etc.), ce qui augmente la domination des multinationales et la marginalisation des petites structures locales. L'OMC joue aussi un rôle clé dans la défense des droits de propriété intellectuelle à travers l'Accord sur les ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce / TRIPS en anglais) y compris dans des domaines sensibles comme les médicaments, les semences, ou les technologies. On a vu dans le cas des vaccins anti-Covid, que l'OMC, sous la pression des grandes puissances et des multinationales pharmaceutiques, a refusé de suspendre ces règles, ce qui a freiné l'accès des pays pauvres aux vaccins. Concernant les variétés végétales, l'OMC a été l'instrument catalyseur qui a permis d'imposer un standard strict de droits de propriété intellectuelle et privatisation du vivant dans le domaine agricole à l'échelle mondiale, au détriment des droits des petits paysan-nes et de la souveraineté semencière des pays. L'OMC collabore avec le FMI et la BM et les trois institutions agissent comme un trio qui promeut des politiques favorables aux multinationales et impose une orientation des économies du Sud vers plus d'intégration dans le marché mondial et par conséquent l'accentuation de leur dépendance économique, financière et alimentaire.
Si on se place du point de vue de l'intérêt des peuples, il faut que les pays (ou les groupes de pays) mènent des politiques contre les règles de l'OMC afin de renforcer leur production locale pour satisfaire les besoins du marché intérieur. Il s'agit ainsi de répondre aux besoins de leur population, notamment en subventionnant les producteur·ices locaux·ales. Contre les règles de l'OMC, il faut que les pays puissent protéger leurs services publics, leurs entreprises publiques contre la concurrence étrangère. Dans le passé toutes les économies qui ont réussi une diversification industrielle et une souveraineté alimentaire l'ont fait en protégeant leur marché intérieur de la concurrence.
Rappelons que la Grande Bretagne n'est devenue libre échangiste que dans la seconde moitié du 19e siècle que lorsqu'elle a atteint un niveau suffisant d'avancée technologique pour résister à la concurrence. Avant cela, la Grande Bretagne a été très protectionniste et a protégé systématiquement son industrie locale (voir les travaux de Paul Bairoch et de nombreux autres auteurs). Il en a été de même pour les Etats-Unis qui ne sont devenus timidement libre échangiste que dans l'après seconde guerre mondiale lorsque leurs industries ont atteint une importante avancée technologique. De même pour la Corée du Sud dans les années 1960- 1970 (lire : Éric Toussaint, « La Corée du Sud et le miracle démasqué » [3], https://www.cadtm.org/La-Coree-du-Sud-et-le-miracle-demasque ). Même chose pour le Japon du 19e siècle à la seconde moitié du 20e siècle. De même que la Chine qui a fortement protégé son marché et soutenu ses industries jusqu'à conquérir un avantage de compétitivité qui l'amène aujourd'hui à devenir une grande avocate du libre-échange.
Si Trump est aussi protectionniste et aussi agressif en matière de droits de douane, c'est que l'économie des Etats-Unis a perdu énormément en compétitivité et que sur le marché mondial et sur le marché intérieur les industries locales ne sont plus en mesure de répondre à la concurrence des produits chinois et d'autres pays. Cette évolution provoque la paralysie de l'OMC notamment parce que Trump lors de son premier mandat (suivi par Biden) n'a pas désigné de juges des Etats-Unis pour compléter le tribunal de l'OMC, ce qui bloque son fonctionnement.
Croire à gauche qu'au nom du multilatéralisme, il serait bon de relancer l'OMC est une erreur. Il ne faut pas accepter l'orientation pro-OMC des BRICS+. Cette orientation des BRICS+, en particulier soutenue par la Chine, le Brésil, les Émirats Arabes Unis, coïncide également à la volonté de multiplier des traités de libre commerce qui vont à l'encontre des producteur·ices locaux·les et favorisent les intérêts des grandes entreprises transnationales (principalement du Nord mais aussi certaines du Sud). La Chine multiplie les signatures de Traités de libre commerce, le Brésil veut aboutir à la ratification du traité de libre commerce MERCOSUR-Union européenne alors que les mouvements sociaux en Europe et dans le MERCOSUR s'y opposent.
A l'opposé des traités de libre commerce, il faut promouvoir des accords entre groupes de pays qui cherchent ensemble comment mettre en pratique des politiques économiques, sociales et culturelles qui favorisent la satisfaction de de droits humains dans le respect de la Nature avec comme priorité la justice sociale et environnementale. Ces accords doivent inclure le commerce dans un ensemble plus large basé sur les principes de solidarité et de complémentarité. Augmenter le commerce n'est pas un but en soi, loin de là. Promouvoir des échanges non commerciaux doit devenir une priorité : échange de savoirs, transfert gratuit de technologie et de savoir-faire, réparations, restitution de bien mal acquis…
Il faut que les pays puissent protéger l'environnement, la biodiversité en imposant des règles strictes pour stopper la surexploitation des ressources naturelles le saccage du milieu naturel.
Soulignons que l'OMC a refusé en 2022 de soutenir la proposition soutenue par plus d'une centaine de pays du Sud de lever l'application des brevets sur les vaccins. Il s'agissait de permettre leur fabrication à grande échelle pour protéger les populations victimes de la pandémie.
Dans la déclaration finale de Rio des BRICS+ qui est longue d'une quarantaine de pages et contient 126 points, nulle part, il n'est demandé de suspendre l'application des brevets pour la production de vaccins. Or ces brevets favorisent les intérêts particuliers des grandes entreprises privées pharmaceutiques dont la principale motivation est la recherche des profits maximums.
Pour comprendre cette position des BRICS+, il faut avoir en tête que la Chine a pris l'avantage sur les États-Unis et sur l'Europe en termes de production et de commerce tant au niveau des coûts que de la productivité et des avantages technologiques dans un nombre importants de secteurs. La Chine est devenue une fervente avocate du libre-échange, des traités de libre commerce, des règles de l'OMC, de la libre concurrence tandis que les États-Unis, l'UE, la GB, le Canada, sont devenus de plus en plus protectionnistes [4]. Les autres BRICS suivent la Chine.
Au nom du respect des règles de l'OMC, les BRICS+ dénoncent les mesures protectionnistes, les sanctions commerciales prises par les Etats-Unis et par les puissances européennes. Bien sûr, la Russie et l'Iran qui sont directement visés par des sanctions sont très favorables au discours libre échangiste, anti protectionniste et anti-sanctions (voir notamment le point 14 de la déclaration finale).
En plus, les gouvernements d'Amérique du Nord et d'Europe occidentale, qui sont entrés en guerre commerciale avec la Chine, ont abandonné le discours et les actions en faveur de la globalisation qu'ils avaient présentée comme une voie royale vers la prospérité pendant la période qui va des années 1990 au milieu des années 2010. A cette période, de 1997 à 2013, la Russie avait été invitée par le G7 (Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie) à ses réunions. Du coup, le G7 a été rebaptisé G8 pendant toute cette période. La Chine, de son côté, était considérée par les Etats-Unis comme un partenaire économique et commercial intéressant (voir Benjamin Bürbaumer, Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation, La Découverte, Paris, 2024, 302 pages).
Maintenant, les BRICS sont devenus les principaux avocats de la globalisation/mondialisation capitaliste, elle-même en pleine crise. Au point 8 de la déclaration finale du sommet de Rio 2025, ils affirment :
- « Nous reconnaissons que la multipolarité peut élargir les possibilités pour les pays en développement et les marchés émergents (PDME) de développer leur potentiel constructif et de bénéficier d'une mondialisation et d'une coopération économiques universellement avantageuses, inclusives et équitables. » [5]
Au point 43 de la déclaration, on peut lire :
- « Nous réaffirmons l'importance de veiller à ce que les politiques commerciales et de développement durable soient mutuellement bénéfiques et conformes aux règles de l'OMC. » [6]
Conclusions
L'élargissement des BRICS en 2024 (BRICS+) a fait naître des attentes quant à leur capacité à proposer une alternative au système économique mondial dominé par les puissances impérialistes traditionnelles sous le leadership des Etats-Unis. Pourtant, malgré leur poids démographique et économique — près de la moitié de la population mondiale, 40 % des ressources fossiles, 30 % du PIB mondial et 50 % de la croissance —, les BRICS+ ne cherchent pas à rompre avec l'architecture néolibérale internationale.
Sur le plan financier, la déclaration finale du sommet de Rio (juillet 2025) réaffirme le rôle central du FMI et de la Banque mondiale, les BRICS+ se limitant à revendiquer une meilleure représentation des pays en développement sans remettre en cause les politiques d'ajustement structurel, les dettes imposées ou l'orientation néolibérale de ces institutions. Concernant le commerce, les BRICS+ défendent l'Organisation mondiale du commerce (OMC), paralysée depuis le blocage américain initié par Donald Trump en 2017. Ils en soulignent la légitimité et souhaitent la placer au cœur du système commercial mondial, sans critiquer ses effets néfastes sur les économies locales, les droits sociaux ou l'environnement.
Dans la pratique, la Chine, appuyée par d'autres membres, multiplie les traités de libre-échange et promeut une mondialisation capitaliste fondée sur le libre-échange, alors même que les anciennes puissances du Nord virent désormais vers le protectionnisme. Ainsi, loin de représenter un contre-modèle, les BRICS+ se présentent comme les nouveaux défenseurs d'un système capitaliste mondialisé en crise, au détriment des mouvements sociaux et des alternatives fondées sur la justice sociale, la souveraineté économique et la protection écologique.
En soutenant le FMI, la Banque mondiale et l'OMC, ils s'inscrivent dans la continuité du néolibéralisme globalisé plutôt que d'en proposer une alternative. Cette posture traduit une volonté d'accroître leur influence à l'intérieur des institutions dominantes, sans rompre avec leurs logiques destructrices pour les peuples et la planète.
Loin de représenter une chance d'émancipation pour les pays du Sud, les BRICS+ apparaissent comme des partenaires de la gestion d'un capitalisme en crise qui a entraîné la planète vers la catastrophe écologique, vers une accentuation des conflits armés et une aggravation massives des crimes contre l'Humanité. Face à cela, il revient aux mouvements sociaux et altermondialistes de continuer à porter des propositions alternatives : protection des biens communs, solidarité entre peuples, souveraineté économique, bifurcation écologique et justice sociale.
L'auteur remercie pour leur relecture et pour leurs conseils Omar Aziki, Sushovan Dhar, Jawad Moustakbal et Maxime Perriot. L'auteur est entièrement responsable des opinions qu'il exprime dans ce texte et des erreurs éventuelles qu'il contient.
Notes
[1] Engl. : 11. “the International Monetary Fund (IMF) must remain adequately resourced and agile, at the center of the global financial safety net (GFSN), to effectively support its members, particularly the most vulnerable countries.” https://dirco.gov.za/rio-de-janeiro-declaration-strengthening-global-south-cooperation-for-a-more-inclusive-and-sustainable-governance-rio-de-janeiro-brazil-6-july-2025/
Esp. : 11. “FMI debe permanecer con recursos adecuados y ágil, en el centro de la Red de Seguridad Financiera Global (RSFG), para apoyar efectivamente a sus miembros, particularmente los países más vulnerables » https://noticiaspia.com/declaracion-final-de-la-cumbre-del-brics-en-brasil/
Pt. : 11. « o FMI deve permanecer com recursos adequados e ágil, no centro da Rede de Segurança Financeira Global (RSFG), para apoiar efetivamente seus membros, particularmente os países mais vulneráveis. » https://www.gov.br/mre/pt-br/canais_atendimento/imprensa/notas-a-imprensa/declaracao-de-lideres-do-brics-2014-rio-de-janeiro-06-de-julho-de-2025
[2] Esp. « Enfatizamos que la OMC, en su 30º aniversario, continúa siendo la única institución multilateral con el mandato, la expertise, alcance universal y capacidad para liderar discusiones sobre las múltiples dimensiones del comercio internacional, incluyendo la negociación de nuevas reglas comerciales. »
English : « We emphasize that the WTO, at its 30th anniversary, remains the only multilateral institution with the
necessary mandate, expertise, universal reach and capacity to lead on the multiple
dimensions of international trade discussions, including the negotiation of new trade
rules »
Pt : « Enfatizamos que a OMC, em seu 30º aniversário, continua sendo a única instituição multilateral com o mandato, a expertise, alcance universal e capacidade para liderar discussões sobre as múltiplas dimensões do comércio internacional, incluindo a negociação de novas regras comerciais. »
[3] Éric Toussaint, « La Corée du Sud et le miracle démasqué », CADTM, publié le 10 avril 2024, https://www.cadtm.org/La-Coree-du-Sud-et-le-miracle-demasque
[4] Il y a bien sûr des exceptions notamment quand l'UE maintient son avantage dans ses rapports avec des partenaires commerciaux moins avancés par exemple avec des pays d'Afrique elle reste favorable aux accords de libre commerce.
[5] Esp. : « 8. Reconocemos que la multipolaridad puede ampliar las oportunidades para que los Países en Desarrollo y Mercados Emergentes (PDME) desarrollen su potencial constructivo y se beneficien de una globalización y cooperación económicas universalmente ventajosas, inclusivas y equitativas. »
Pt. : « 8. Reconhecemos que a multipolaridade pode ampliar as oportunidades para que os Países em Desenvolvimento e Mercados Emergentes (PDME) desenvolvam seu potencial construtivo e se beneficiem de uma globalização e cooperação econômicas universalmente vantajosas, inclusivas e equitativas. »
En. : “8. We acknowledge that multipolarity can expand opportunities for EMDCs to develop their constructive potential and enjoy universally beneficial, inclusive and equitable economic globalization and cooperation.”
[6] Esp. : “43. Reiteramos la importancia de asegurar que políticas de comercio y desarrollo sostenible sean mutuamente beneficiosas y alineadas con las reglas de la OMC.”
EN. “43. We reiterate the importance of ensuring that trade and sustainable development policies are mutually supportive, and aligned with WTO rules.”
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Gaza. La zone de pondération
Toute critique de la guerre menée par Israël contre Gaza est canalisée, édulcorée et rendue inoffensive, enfermée dans un cadre médiatique et politique, qui banalise la catastrophe en cours et empêche d'appeler les choses par leur nom.
Tiré de orientxxi
18 septembre 2025
Par Marie Arnaud
Visages aux expressions saisies dans des couleurs vives, évoquant une émotion forte.
Amal Abdenour, Maman ne pleure pas ! je suis bien ! (1974–1979)
© Courtesy Enseigne des Oudin
Depuis peu, une brèche est venue lézarder le « dôme de fer » (1) symbolique sur lequel venait ricocher toute prise de position ferme en faveur de Gaza et contre ses tortionnaires. Aucun des verrous qui font tenir l'édifice n'a sauté, mais force est de constater que, l'un après l'autre, ils se desserrent et que les lignes bougent. Reconnaissons au journal Le Monde un courage louable, bien que tardif. Il a fallu attendre ces tout derniers mois pour observer ce virage éditorial. La famine de masse a ceci d'effroyable qu'elle s'imprime partout sur les visages et les corps, produisant un effet de vérité qu'il n'est plus possible d'ignorer : on réalise soudain qu'une catastrophe humanitaire se déroule sous nos yeux…
Ne reste plus qu'à nommer clairement les coupables pour mieux les combattre. Ce qui, dans le paysage médiatique de 2025, n'est assurément pas une mince affaire. Comme le rappellent Serge Halimi et Pierre Rimbert dans un article du Monde Diplomatique, mener à bien un authentique travail de journaliste est devenu une gageure lorsqu'on se heurte continuellement au « lobby pro-israélien » (2). Celui-ci forme un bloc compact, belliqueux et très efficace dès qu'il s'agit de museler toute voix dissidente ou d'invisibiliser les inconscients qui auraient l'audace de ranger le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou bien en vue dans la liste des exterminateurs.
Certains ont pu se réjouir qu'Emmanuel Macron soit le seul président occidental à se rendre aux portes de Gaza, en avril 2025, pour dénoncer le blocage des points de passage humanitaires et appeler au cessez-le-feu immédiat. Ce sont les mêmes qui, quelques mois plus tard, l'applaudiront pour avoir annoncé en grande pompe la reconnaissance de l'État de Palestine. Après les pires compromissions avec le régime de Nétanyahou, Macron consent finalement à ce geste symbolique pour reprendre pied sur une scène internationale où depuis bien longtemps il a perdu toute influence et toute crédibilité. Certes, d'autres pays devraient emboîter le pas à la France, sous la pression d'opinions publiques ulcérées et devant l'évidence d'un désastre que plus rien ne peut dissimuler. Cet appel d'air ne doit pas être méprisé. De là à parler d'une victoire ? Y a-t-il encore un sens à reconnaître l'existence d'un État sur un territoire éventré où survit une population parquée et promise à l'hécatombe ? La décision tardive et hasardeuse du président français n'offre-t-elle pas un prétexte idéal aux autorités israéliennes, Bezalel Smotrich et Yariv Levin en tête, pour accélérer la destruction de Gaza et procéder au plus vite à l'annexion pure et simple de la Cisjordanie ?
Pendant ce temps, la députée Caroline Yadan et la ministre macroniste en sursis Aurore Bergé s'efforcent de promulguer une énième loi scélérate qui, sous couvert de lutter contre « les formes renouvelées de l'antisémitisme », vise à criminaliser toute critique sérieuse de la politique génocidaire du gouvernement israélien. Un levier supplémentaire parmi tant d'autres pour renforcer le régime de terreur méthodiquement mis en place pour lier les langues et obturer l'espace politique.
Un régime de terreur
Ce que j'appelle ici « terreur », c'est l'installation progressive, mais autoritaire et brutale, d'un régime d'exception qui exclut a priori toute possibilité de dénoncer le « Gazacide » dont parle le journaliste palestinien Rami Abou Jamous et de combattre pied à pied les thuriféraires de Nétanyahou. Il ne s'agit pas ici d'une terreur qui, comme c'est le cas à Gaza, détruit et soumet les corps à la famine et à la mort, mais d'une terreur qui empêche de formuler toute inquiétude distinctement, qui proscrit dans tout l'espace public l'existence d'un véritable débat contradictoire, avec ce que cela implique d'ouverture aux nuances de l'argumentation, à la nécessaire contextualisation des faits, sans parler de l'historicisation salutaire des événements en cours.
La terreur, c'est la disparition d'un socle commun dans le prolongement duquel il serait possible d'entrevoir un horizon de justice. Tous ceux qui n'ont pas vu ou voulu voir ce sol s'émietter et se dérober sous leurs pas en ont fait l'amère expérience : se croyant libres de débattre et de hausser le ton, ils ont vite découvert qu'un certain nombre de référents étaient par avance exclus des jeux de langage autorisés, qu'il n'y avait pas de « génocide », de « famine » planifiée par l'armée israélienne, encore moins de « camps de concentration » programmés. Si l'on voulait parler malgré tout, il fallait se résoudre à slalomer en terrain miné.
Les prescriptions autoritaires destinées à vous clouer le bec sont désormais bien connues et repérables par tout un chacun. Leur puissance, certes, s'émousse peu à peu, mais elles font toujours recette sur les plateaux télé comme dans la vie publique. Vous engagez votre parole sur une ligne critique de la politique d'Israël, vous devrez inévitablement traverser un certain nombre de sas de neutralisation. Préalable à toute tentative pour rendre justice à l'insondable souffrance des Gazaouis, il vous faudra d'abord reconnaître, en prenant le ton solennel de circonstance, que le tort subi par Israël le jour du 7 octobre 2023 est incommensurable. Il ne s'agit évidemment pas de partager un écœurement légitime devant les exactions du Hamas, ou d'exprimer une compassion sincère pour les victimes israéliennes et les otages. Il s'agit de s'assurer qu'avant toute chose, vous resterez pétrifiés devant la date sacralisée du 7 octobre, et que vous reconnaîtrez par-là, implicitement, le droit d'Israël à châtier les coupables, dans les proportions qu'elle estime justes et appropriées.
Puisqu'Israël a subi, le 7 octobre 2023, le coup le plus terrible de son histoire récente, vous voilà maintenant sommé de reconnaître qu'il est, et a toujours été, menacé dans son existence même. Ce qui lui donne évidemment le droit de protéger ses frontières, extensibles à volonté, pour tenir en respect les États hostiles et barbares qui l'entourent, États qui, par leur simple présence, mettent en péril son intégrité. Et tant pis, si cette politique ultra-agressive déstabilise toute la région qu'elle transforme en poudrière. Et tant pis si elle s'intègre explicitement dans le projet millénariste du « Grand Israël », terre promise qui inclurait la Jordanie, le Liban, et la Syrie, comme l'appelle de ses vœux Smotrich, l'une des figures les plus radicales de l'État génocidaire.
Raphaël Enthoven, le Meyer Habib de la philosophie
Au besoin, une troisième opération de filtrage vous attend : un tour de passe-passe plus pernicieux encore que les précédents qui vous contraindra à reconnaître que le Hamas occupe toujours la bande de Gaza. Et c'est un fait, le Hamas est toujours là… Mais dans le débat truqué que bien imprudemment vous avez accepté, ce simple fait justifie qu'un voile de suspicion recouvre immédiatement toute information et toute image en provenance de l'enclave. Par conséquent, vous serez obligé de l'admettre : la famine n'est absolument pas utilisée par Nétanyahou comme une arme de guerre. C'est un spectacle propagandiste mis en scène par les hommes du Hamas, reconvertis pour l'occasion en maîtres du montage hollywoodien et de la superproduction misérabiliste. Devenu avec le temps, le Meyer Habib de la philosophie, le propagandiste Raphaël Enthoven assène même le 15 août sur X qu'« Il n'y a AUCUN journaliste à Gaza. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d'otages avec une carte de presse ». Il lui faudra un mois pour s'excuser. Évidemment, Enthoven ne peut ignorer qu'Israël seul décide qui a le droit de raconter ce qu'il voit ou qui est condamné à disparaître. Mais ce tweet tout en nuances avait sans doute vocation à assassiner une seconde fois Anas Al-Sharif, journaliste d'Al-Jazira, ciblé et tué cinq jours plus tôt par un bombardement israélien.
Parvenu en ce point ultime, il n'y a tout simplement plus de débat. Ne vous faites plus prier, avouez-le : en frappant ses voisins et en nettoyant Gaza, Israël ne fait que combattre à notre place la barbarie islamiste ! C'est le chancelier allemand Friederich Merz qui l'assure, Israël fait « le sale boulot », le grand ménage qui alimente les fantasmes inavoués de l'Occident (3) Israël ne prend pas de gants, il n'a que faire des timides scrupules de la vieille Europe. Et sa brutalité, bien loin d'entrer en contradiction avec les valeurs de l'Occident, est devenue le moyen le plus légitime de les faire respecter. « La seule démocratie du Proche-Orient » porte la lumière au cœur de l'obscurantisme moyenâgeux.
Comme chacun sait, quiconque a pu refuser de franchir l'un ou l'autre de ces sas et, partant, de se soumettre intégralement à ce régime de terreur savamment déployé est devenu, sans autre forme de procès, un « antisémite ».
Une nouvelle « zone d'intérêt »
Cédez à la terreur et vous voilà adoubés, accueillis à bras ouverts dans un tout autre espace de discussion : la zone de pondération. Tout différend s'efface alors comme par magie. Plus d'injonction et d'aboiement au moindre signe suspect de gazaphilie. Vous avez désormais voix au chapitre avec en toile de fond un idéal de consensus qui guide tous les intervenants. On vous écoute, on vous comprend, on consent même à verser quelques larmes sur le sort des enfants gazaouis amaigris dont on diffuse les images entre deux étapes du tour de France. On accepte même, soyons fous, d'élever la voix contre l'incorrigible « Bibi » qui parfois, c'est vrai, pousse le bouchon un peu loin…
La zone de pondération, c'est un peu la Zone d'intérêt du film de Jonathan Glazer, ce petit univers coquet dans lequel se retranchent Rudolf Höss, le commandant d'Auschwitz et sa petite famille. Les enfants jouent, on cuisine, la vie domestique s'y installe avec une liberté et une placidité improbable, alors que l'extermination industrielle bat son plein à quelques encablures. Entouré de larges haies et de murs épais, notre adorable jardinet se porte bien et l'on peut deviser à tête reposée. En ce sens, ce que j'appelle « zone de pondération », est la survivance incongrue d'un espace feutré et apaisé, celui de l'égalité de parole, des critiques qui atteignent leurs cibles, des idées régulatrices qui réunissent malgré les désaccords énonciateurs et destinataires. Un espace donc où l'on simule le débat et la vie démocratiques aux portes d'un univers de brutalité intégrale que nous avons choisi de ne pas voir et de ne pas montrer.
Cet univers possède sa logique propre, celle de guerre bien sûr, mais surtout celle de l'extermination. Si la guerre a pu un temps apparaître comme la continuation de la politique par d'autres moyens, selon la formule bien connue du général prussien Carl von Clausewitz (1780-1831), l'extermination implique une rupture brutale avec tout état de raison. C'est un saut sans retour dans une logique folle d'agression pure et généralisée. Parvenu en ce point, on peut tout dire, tout se permettre. Comme « Bibi » le farceur qui promet de la glace Ben & Jerry's (4) aux futurs pensionnaires palestiniens du camp de concentration bientôt installé sur les ruines de Rafah (5). Ou comme le facétieux ministre israélien du patrimoine, Amichai Eliyahu, qui propose au moment du dessert de larguer une bombe atomique à Gaza pour en finir une bonne fois pour toutes avec la question palestinienne (6). Sans oublier Itamar Ben-Gvir, Israël Katz et les autres qui rêvent éveillés de déporter massivement les derniers Gazaouis pour faire de l'enclave une station balnéaire, une marina où le président étatsunien Donald Trump lui-même se voit déjà trôner, triomphant, cocktail à la main, sous une pluie de dollars.
Pendant ce temps-là, laissons donc aux Européens tout le loisir de papoter vainement en « zone de pondération ». Rien d'essentiel ne peut s'y formuler, on s'en est assuré. Des experts disserteront des heures durant sur les nuances juridiques du mot « génocide », jusqu'à se noyer dans l'abstraction et oublier le génocide bien réel qui se déroule sous nos yeux. On multipliera les analogies, Arménie, Rwanda. On veillera bien sûr à distribuer la parole de manière équitable. On vantera les vertus de la patience. Mais s'agit-il bien de prendre son temps pour mieux comprendre ce qui se passe ou de gagner du temps pour que rien ne change ? Même les intervenants les plus coriaces, comme le député Aymeric Caron face au grand inquisiteur Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio le 25 mai, finissent, de guerre lasse, par brandir les valeurs morales bafouées, le droit international piétiné. Or, ces valeurs et ce droit sont invoqués pour plaider en faveur d'un peuple qui par avance échappe à leur champ d'application. Notre universalisme s'arrête aux portes de Gaza. La disparition des Palestiniens n'est pas, comme le dirait Judith Butler, soumise au deuil (7). Le Palestinien qui meurt n'est pas digne d'être pleuré. Aux otages israéliens, les noms propres scandés solennellement, les portraits et les larmes des familles ; aux « animaux humains » de la bande de Gaza, les chiffres rapidement égrénés, la froide récapitulation des faits, comme pour soulager sa conscience et s'acquitter d'une vilaine besogne.
L'heure de la guérilla
Tant que nous accepterons de nous cantonner à la « zone de pondération », le Palestinien restera ce mort-vivant sans droit — l'homo sacer dont parle le philosophe Giorgio Agamben — celui qui n'a pas de nom et dont le meurtre ne sera jamais un crime
(8). Il restera l'irreprésentable au sein du champ de la représentation, l'autre radical, forclos même lorsqu'il est visible. Nous devrons nous résoudre à l'abandonner dans son face-à-face interminable avec l'ennemi israélien.
L'heure a déjà sonné de s'engager dans une guérilla contre toute loi scélérate qui viserait à prolonger le statu quo, octroyant à Israël le temps nécessaire pour achever ses basses œuvres. Peu à peu, les conditions se réunissent pour faire bouger les lignes et arracher l'UE à son goût immodéré pour la torpeur diplomatique et l'attentisme coupable. Un dispositif permanent de harcèlement juridique se met en place. De plus en plus d'ONG portent plainte et assignent au tribunal des soldats israéliens soupçonnés de crimes de guerre. Amnesty International s'attaque à l'entité Gaza Humanitarian Foundation (GHF), pilier du dispositif israélien déployé pour rassembler et affamer les réfugiés gazaouis, sous prétexte de sécuriser la distribution d'aide alimentaire. C'est également au tour de certaines entreprises (Carrefour) et même de banques (BNP Paribas) d'être attaquées pour complicité de génocide.
Face à un horizon figé et alors même qu'une profonde mélancolie nous étreint, il faut imaginer l'improbable, l'événement anodin ou fracassant qui portera l'accroc décisif dans le tissu des faits imposés, et restaurera le possible lors même qu'on le croit évaporé. Et nous ne cesserons pas, pour paraphraser le poète Mahmoud Darwich, d'écrire notre silence, de « faire exploser ce silence plein de toutes ces voix », celles de tous ceux qui, dans les décombres, trompent la mort et la tiennent obstinément en respect.
Notes
1. Référence au système de défense antiaérien israélien réputé très efficace.
2. Serge Halimi et Pierre Rimbert, « Le lobby pro-Israël en France », Le Monde Diplomatique, août 2025.
3. NDLR. Interrogé le 17 juin 2025 par la chaîne publique allemande ZDF, le chancelier a assuré que l'État israélien faisait « le sale boulot » de l'Occident en bombardant les sites nucléaires iraniens.
4. NDLR. Ben Cohen, 74 ans, cofondateur de la marque Ben & Jerry's et partisan de Bernie Sanders, a interrompu une audition au Congrès le 14 mai 2025 pour dénoncer le soutien des États-Unis à Israël.
5. Mera Aladam, « Netanyahu 'backs Gaza concentration camp' plan, reportedly says 'feed them Ben & Jerry's' », Middle East Eyes, 9 juillet 2025.
6. Michael Bachner, « Amichaï Eliyahu : “Atomiser Gaza est une option” ; Netanyahu le suspend des réunions », Times of Israel, 5 novembre 2023.
7. udith Butler, « The Compass of mourning », London review of books, volume 45, n° 20, 19 octobre 2023.
8. Le concept d'Homo sacer (Homme sacré/maudit) renvoie au droit romain et désigne une personne qui peut être tuée sans que ce meurtre ne soit considéré comme un homicide. Dans Le Pouvoir souverain et la vie nue (1997, Seuil), Agamben transpose l'idée à l'époque contemporaine. Pour le philosophe italien, l'Homo sacer moderne est l'interné en camp de concentration, objet de l'arbitraire et de l'état d'exception, sans droits.
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Métapolitiques : un site à fréquenter
Nous reprenons ici la descrition la description du site Métapolitiques lancé par Jonathan Durand Folco. (PTAG)
tiré du site Métapoliiques : https://metapolitiques.ghost.io/
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La solidarité ouvrière ne connaît pas de frontières !
Grève générale de 24 heures Jeudi 18 septembre 2025
Aux adhérents, sympathisants de l'USTKE,
Le Bureau confédéral appelle l'ensemble de ses adhérents du secteur privé et public à une grève générale de 24 heures ce jeudi 18 septembre 2025.
La mobilisation se déroulera devant le haussariat NC de 09H00 à 13H00.
A cet effet, l'appel des organisations syndicales dans l'hexagone a pour titre :
« Les sacrifices pour le monde du TRAVAIL, ça suffit ! »
Ce mouvement syndical ouvrier national ce 18 septembre 2025 se lève une fois de plus pour défendre les droits des travailleurs, le pouvoir d'achat et une meilleure justice sociale qui nous concernent aussi dans le Pacifique Sud et dans l'Outre-mer.
Ici, au PAYS nos réalités rejoignent celles des travailleurs de métropole et de par le Monde :
* Le pouvoir d'achat des travailleurs calédoniens et de leurs familles est aussi étranglé par un système qui écrase la création d'emplois stables et qui maintient les salaires au plus bas,
* Les protections sociales mises à mal, Les politiques successives des GOUVERNEMENTS, diminuant nos droits celles des travailleurs et menaçant même jusqu'a nous considérer, comme de simples participants.
* Les inégalités sociales toujours aussi criantes entre une minorité de privilégiés et une majorité de salariés qui peinent à vivre dignement.
Ces attaques contre le monde du travail se généralisent.
Notre riposte doit donc être unie et solidaire malgré le contexte de crise sociale et économique qui ont laissé près de 11 000 travailleurs au bord de la route, qui plombe notre moral et affecte nos nombreuses familles.
Malgré tout cela, nous devons nous lever et ne pas se laisser abattre.
Défendre notre dignité en tant que travailleur n'a pas de barrières !
L'USTKE rappelle que la défense de l'emploi durable, d'un système de protection sociale juste et d'une meilleure répartition des richesses demeure l'âme de nos luttes ouvrières.
Depuis toujours, l'USTKE dénonce et combat le système capitaliste, ce même système qui nous exploite, qui nous appauvrit et qui nous colonise.
Oui, l'USTKE revendique une véritable politique publique fondée sur des mesures concrètes pour mettre fin à la précarité et renforcer la solidarité.
Le 18 septembre prochain, nous saluerons la détermination des travailleuses et travailleurs en lutte en France et affirmerons que leur combat est aussi le nôtre.
« La solidarité ouvrière ne connaît pas de frontières ! »
MOBILISONS ensemble TOUS & TOUTES, et de façon massive !
Comptant sur nous tous, camarades !
Salutations fraternelles et solidaires !
Pour le Bureau confédéral
La Présidente
Mélanie ATAPO
Une assemblée générale est programée au mardi 16 septembre 2025 à 17 H 30 au Charley's, à la Vallée-du-Tir Nouméa afin d'informer les adhérents sur les modalités de la grève générale du jeudi 18 septembre 2025.
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États-Unis - Après l’assassinat de Kirk, la gauche en danger
L'assassinat de Charlie Kirk, dirigeant de 31 ans de l'organisation de jeunesse d'extrême droite Turning Point USA, a intensifié la polarisation politique aux États-Unis et entraîné des appels du mouvement « Make America Great Again » (MAGA) de Trump à éliminer la gauche de la vie politique américaine.
Hebdo L'Anticapitaliste - 767 (18/09/2025)
Par Dan La Botz
Kirk a été assassiné d'une balle de fusil alors qu'il s'exprimait à l'université de la vallée de l'Utah, à Orem. Deux jours plus tard, Tyler Robinson, étudiant de 22 ans, s'est rendu à la police et a été inculpé de meurtre. Ses motivations restent à ce jour incertaines.
Charlie Kirk, fer de lance de la jeunesse MAGA
Kirk était un fidèle partisan et ami de Donald Trump, qui voyait dans son organisation Turning Point USA le mouvement de jeunesse du camp MAGA. En 2024, le groupe avait mobilisé la jeunesse en faveur de Trump, contribuant à sa victoire à la présidentielle.
Kirk était un nationaliste chrétien blanc qui affirmait régulièrement que les NoirEs, en particulier les femmes noires, sont intellectuellement inférieurEs. Il soutenait que les Juifs sont responsables du « grand remplacement » des Américains blancs par des personnes racisées. Il affirmait que les femmes doivent rejeter le féminisme et se soumettre à leurs maris. Il considérait que les personnes LGBT violent la loi biblique de Dieu. Tout en prétendant défendre la liberté d'expression, son organisation Turning Point USA entretenait une « liste noire des professeurEs » destinée à expulser les enseignantEs progressistes des universités. Il déclarait que les musulmans tueraient chaque juif sur terre. Il disait que la Palestine n'existe pas et affirmait que les témoignages de famine d'enfants à Gaza sont des fakes news. Il niait le changement climatique, mentait sciemment en affirmant qu'il n'existe pas de consensus scientifique sur ses causes.
La gauche, les progressistes et les libéraux sont en danger
À la suite du meurtre de Kirk, le président Donald Trump a déclaré dans une allocution nationale : « Depuis des années, ceux qui appartiennent la gauche radicale comparent de merveilleux Américains comme Charlie aux nazis et aux pires criminels et meurtriers de masse du monde. Ce genre de rhétorique est directement responsable du terrorisme que nous observons aujourd'hui dans notre pays, et cela doit cesser immédiatement. » Laura Loomer, proche de Trump, a écrit : « Nous devons réduire ces gauchistes fous au silence. Une bonne fois pour toutes. La gauche est une menace pour la sécurité nationale. »
Agitateurs de droite, politicienNEs et gouvernement profitent du meurtre pour appeler à une purge de la gauche aux États-Unis. La gauche, les progressistes et les libéraux sont en danger. Avant même le meurtre de Kirk, Trump envoyait des troupes dans plusieurs villes américaines. Plusieurs figures de droite appellent désormais à une guerre civile. Les dirigeants de groupes armés violents comme les Oath Keepers et les Proud Boys ont appelé leurs membres à se mobiliser. Nous devrons rester vigilantEs et nous organiser pour défendre nos organisations et nos droits, tout en continuant à combattre Trump, les Républicains et l'extrême droite.
Dan La Botz
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Ebullitions, provocations … et mouvement d’en bas : notes sur les évènements mondiaux, 14/09/25, par VP.
Ébullitions, provocations : ainsi pourrait-on, non pas résumer, mais caractériser la tonalité générale, des derniers jours en matière internationale. Du sommet Xi-Poutine-Modi (et Kim) à Beijing, à l'assassinat de Charlie Kirk, le chaos apparent traduit des contradictions de fond.
Tiré de Arguments pour la lutte sociale
14 septembre 2025
Par aplutsoc2
Le sommet de Tianjin le 1° septembre, fantasmé par certains comme « acte de naissance du Sud global », et où l'on sait que Poutine et Xi se sont entretenus de leur désir d'immortalité dominatrice, a surtout été marqué par la venue de Modi, signifiant ainsi non un véritable rapprochement avec la Chine, mais un profond mécontentement envers les Etats-Unis, qui subissent là un nouveau revers. De plus, Xi et Modi cherchent maintenant tous deux à conforter la junte du Myanmar en grande difficulté. Mais les despotes ont tous les pieds d'argile …
En Chine, les grèves économiques et parfois les explosions de colère ont encore augmenté en nombre ces dernières semaines, dans les industries pharmaceutiques comme dans le textile, l'aérospatiale et les semi-conducteurs. En Indonésie, c'est une explosion de la jeunesse suite au meurtre policier d'Affan Kurniawan à Djakarta, énorme vague de manifestations – et de grèves – dont l'emblème, apparu auparavant chez les chauffeurs routiers, officiellement interdit, est le drapeau pirate du manga japonais One piece (photo illustrant cet article). Intégrant rapidement les images du mouvement indonésien, ainsi que celles, proches, des insurrections populaires au Sri Lanka et au Bangladesh, la jeunesse du Népal, suite à l'interdiction des réseaux sociaux (envers lesquels il ne s'agit pas seulement d'addictions mais d'intérêt vital pour communiquer avec la masse de travailleurs népalais à l'étranger qui envoient de l'argent), et au massacre de 19 manifestants, a en fait submergé, renversé et détruit la présidence, le gouvernement et le parlement, dans une sorte de fête populaire parfois sanglante qui évoquerait 1789 aux Français si leurs médias daignaient leur parler de ce qui se passe …
On notera les appellations généralement « marxistes-léninistes » ou « maoïstes », non pas des structures insurrectionnelles … mais du pouvoir renversé, des têtes coupées, en même temps totalement élitaire, capitaliste et oligarchique : le discrédit final d'une longue histoire politique s'accomplit ici, avec ces chefs maoïstes devenus des corrompus au pouvoir, qui préconisaient la « démocratie nouvelle », c'est-à-dire le capitalisme. D'une façon générale, ces insurrections témoignent à la fois de la résilience et de la puissance des jeunes prolétariats du monde, et de l'absence de perspectives politiques organisées leur permettant de pérenniser leurs victoires : au Népal aussi, un gouvernement provisoire a rapidement été constitué, promettant de nouvelles élections, mais derrière lequel Modi est (en urgence) à la manœuvre.
En Corée du Sud, une commotion nationale a été provoquée par le raid de l'ICE (Immigration and Customs Enforcement) au moyen de véhicules fournis par l'armée, kidnappant, agenouillant et enchainant 475 travailleurs hautement qualifiés envoyés à l'usine Hyundai Motor/LG Energy Solution, près de Savannah en Géorgie, Etats-Unis, produisant la plus grave crise diplomatique anti-américaine de l'histoire sud-coréenne. C'est précisément au même moment que l'étoile montante de l'extrême droite mondiale dans la foulée de Trump, Vance et Poutine, le jeune Charlie Kirk, est venu faire une tournée en Corée du Sud et au Japon, escorté de la fille de Steeve Banon et de chefs néofascistes locaux, pour appeler à l'organisation de la protestation mondiale des « jeunes hommes » qui en ont marre du féminisme.
A son retour aux Etats-Unis, Charlie Kirk a été assassiné lors d'un meeting dans l'Utah. Dans une grande confusion causée par la venue immédiate de J.D. Vance, les silences et les déclarations contradictoires et délirantes du nouveau chef comploto-trumpiste du FBI, Kash Patel, sur fond de tentative immédiate de dénoncer la « gauche radicale » et de faire de cet évènement un « incendie du Reichstag » – une idée qui ne circule pas, par crainte, à gauche, mais chez les MAGA offensifs -, il s'avère en fait que le principal suspect, Tyler Robinson, est issu d'un milieu ultra-MAGA, et probablement membre d'un groupe « catholique » tradi-nazi, les Groyspers, groupe qui voyait en Kirk, protestant évangélique et Christian nationalist, un ennemi, quoi que leurs idéologies soient à peu près les mêmes.
Cela n'empêche pas les trumpistes de vouloir développer une campagne de masse visant à l'appel à la violence contre la « gauche radicale » et les « wokistes », appels qui se sont d'ores et déjà internationalisés. De façon immédiate, l'affaire sert à tenter de faire le silence sur l'affaire Epstein/Trump – on notera d'ailleurs que Kirk s'était opposé en juin, avec d'autres « MAGA historiques » comme Bannon, à Trump à propos de l'intervention en Iran, et avait réclamé la publication des Epstein files avant de se raviser tout en attaquant la procureure de Trump, Pam Bondi : sa liquidation pourrait donc aussi avoir eu l'intérêt de supprimer une « étoile » montante mais pas forcément contrôlable …
L'internationalisation des appels à pleurer Charlie Kirk et à prévenir la prétendue violence des milices d'extrême gauche est en marche, et peut trouver un écho en France dans les provocations du ministre « démissionnaire » d'union des droites Bruno Retailleau. Douguine, à Moscou, et Netanyahou, en Israël, ont dit pleurer la perte d'un ami – un grand allié anti-ukrainien pour Douguine, un grand ami antisémite et « sioniste chrétien » pour Netanyahou. La présentation médiatique de ce fasciste comme un simple « influenceur conservateur » fait le lit de cette opération. Le site fasciste spécialisé dans la désignation de cibles « Riposte Laïque », bien mal nommé, a déjà expliqué que les « milices » gauchistes qui veulent interdire la « libre expression » en France vont tuer, préparant ainsi les attaques de l'extrême droite ; Kirk y a été comparé – ce qui n'est pas faux …- à Jordan Bardella, en tant que « vrai jeune homme » …
Les 110 000 manifestants à Londres dans le rassemblement raciste appelé par l'agent du Kremlin Tomy Robinson (son vrai nom : Stephen Yaxley-Lennon) sont bien sûr la pointe avancée des provocations politiques en marche.
Mais il y a, en même temps, les provocations militaires. L'envoi de 19 drones sur la Pologne par la Russie, dont nous avons parlé en relation avec la libération/expulsion des camarades bélarusses, ne s'est pas arrêté le 11 septembre : de nouvelles agressions se sont produites depuis, visant la Pologne et la Roumanie. Et c'est simultanément que le pouvoir israélien a bombardé le Qatar, non pour « punir » les chefs du Hamas, des assassins en effet, mais, sous ce prétexte, pour interdire toute négociation, laisser les otages crever et préparer l'achèvement génocidaire de la population de Gaza et l'expulsion de masse des Palestiniens de Cisjordanie, voire leur élimination génocidaire eux aussi.
Ce climat de menaces et de provocations ne doit pas conduire à la pusillanimité, car il indique qu'en haut, ils ont peur. La crise de régime en France participe de cette situation globale. Les impérialismes européens sont pris à la gorge. La France reconnait un Etat palestinien, envoie trois Rafales en Pologne, et, plus discrètement, a positionné un navire de guerre en rade de … Nuuk, capitale du Groenland. C'est tout : la loi de programmation militaire de Macron et Lecornu, quant à elle, ne vise pas à aider l'Ukraine mais à prolonger et renforcer le nucléaire militaire et civil, à assurer les profits des industriels du secteur et à conforter la place acquise de second marchand d'armes du monde par la France. Alors que campistes « de gauche » et souverainistes « de droite » prétendent que l'aide à l'Ukraine affaiblit les droits sociaux, ils se gardent bien de mettre en cause les ventes d'armes aux Emirats, à l'Egypte, à l'Inde, à Israël !
Toute la situation internationale appelle en Europe des gouvernements démocratiques représentant la majorité et répondant aux besoins sociaux, écologiques et de défense. Ceux-ci ne passent pas par les centaines de milliards des lois de programmation militaire et les armes nucléaires et de destruction massive, mais par une aide immédiate et massive à l'Ukraine, par le forçage immédiat du blocus de Gaza – et par la protection du Groenland !
Mais pour cela, comme pour les besoins sociaux et écologiques, il faut combattre et renverser les gouvernements en place !
VP, le 14/09/2025.
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De Valmy à l’Ukraine : la force d’une nation en armes
C'était il y a bien longtemps, un 20 septembre 1792, et pourtant, comme l'écrira Goethe 30 ans plus tard, « de ce jour et de ce lieu date une ère nouvelle ». Jaurès, à son tour, ne dira pas autre chose : « C'est un monde nouveau qui se lève. » Clausewitz, qui n'avait guère de sympathie pour les révolutions mais s'y connaissait en guerres, ne s'y trompa pas : « La guerre était soudain devenue l'affaire du peuple, d'un peuple de 30 millions d'habitants qui se considéraient comme des citoyens de l'État » et réussirent à stopper l'invasion.
Durant les 19e et 20e siècles, le cri de Valmy continuera de retentir dans l'Europe entière et même au-delà. Le général Giap, admirable stratège de la longue guerre d'indépendance du Vietnam et excellent connaisseur de l'histoire de France, dira combien l'inspira cette première guerre populaire couronnée par la victoire de Valmy. En 1962, l'Algérien Ferhat Abbas parlera, pour évoquer la victoire vietnamienne de Dien Bien Phu, de « Valmy des peuples colonisés ».
La bataille de Valmy [1], gagnée par un peuple en armes et dont procédera, dès le lendemain, la proclamation de la République, fut en effet l'acte fondateur d'une nouvelle forme de guerre.
Y revenir aujourd'hui, à l'approche d'un anniversaire qui, vraisemblablement, ne suscitera pas en France une immense attention, est une occasion de souligner combien, de nos jours, les héritiers légitimes de Valmy sont les combattants et les combattantes d'Ukraine qui résistent aux envahisseurs poutiniens. N'en déplaise à Jean-Luc Mélenchon qui prononça, en 2020, un assez beau discours célébrant la victoire de Valmy contre l'invasion et l'actualité de son message sans dire un mot d'une autre nation combattant aujourd'hui l'invasion de son territoire : l'Ukraine. Il est vrai que l'on comprend mieux cette occultation nullement fortuite quand on entend le leader de la France insoumise reprendre avec servilité les éléments de langage du Kremlin, assaisonnés d'un zeste de real politik, pour disqualifier la résistance ukrainienne, coupable, forcément coupable, de ne pas céder.
Bien sûr, le monde a changé. Bien sûr, entre le canon de Gribeauval, très moderne pour son époque, et le missile à longue portée Flamingo, utilisé pour la première fois par l'armée ukrainienne en août dernier, entre les baïonnettes des soldats de l'An I et les drones qui saturent aujourd'hui le ciel ukrainien, nombre de révolutions technologiques et industrielles ont radicalement changé la donne, sans même parler des armes nucléaires. Bien sûr, au regard de la canonnade d'une journée en Argonne et de la brièveté de l'invasion austro-prussienne (deux mois : du 19 août au 22 octobre), le pilonnage quotidien que subissent depuis trois ans et demi les civils et les militaires ukrainiens représente plus qu'un changement d'échelle : l'horreur d'une guerre génocidaire sans merci, telle qu'on n'en avait plus vu sur le sol européen depuis 1945.
Et pourtant, malgré les siècles qui séparent la France d'avant-hier de l'Ukraine d'aujourd'hui, certaines correspondances sont frappantes. Sans tomber dans le piège de l'anachronisme, on peut en relever plusieurs (au nombre desquelles il n'est pas besoin de comparer les trombes d'eau qui s'abattirent sur le champ de bataille de Valmy et la boue qui y noyait les boulets avec les pluies d'automne ou la fonte printanière des neiges et la raspoutista d'Ukraine qui rend si difficiles les mouvements de troupes).
Une même arrogance des envahisseurs et l'illusion d'une victoire facile
Poutine, on s'en souvient, pensait en février 2022 que ses troupes seraient à Kyiv en quelques jours. La Crimée, huit ans plus tôt, n'avait pu être suffisamment défendue et l'« opération militaire spéciale » s'annonçait comme une promenade de campagne.
En 1792, les chefs de l'invasion austro-prussienne et les émigrés revanchards enrôlés dans ses rangs, font preuve du même aveuglement et de la même suffisance. Les premiers affrontements ont tourné à la débandade des Français, la prise de Verdun et Longwy semble ouvrir la route de Paris. Le duc de Brunswick, qui conduit les troupes prussiennes, pense pouvoir se passer de ses alliés autrichiens tant la tâche s'annonce facile. Assuré de la supériorité militaire d'une armée orgueilleuse de ses succès passés et réputée la meilleure d'Europe, Brunswick avait publié deux mois plus tôt un Manifeste comminatoire sommant les révolutionnaires de rétablir Louis XVI dans ses pouvoirs et menaçant Paris d'une vengeance exemplaire.
Le résultat ne fut pas celui escompté : loin de céder à l'intimidation, le peuple s'était soulevé, avait envahi les Tuileries, renversé la monarchie le 10 août et mis le roi sous les verrous. Les injonctions et les menaces de représailles avaient attisé la colère des Parisiens et des Français qui, dès lors, se mobilisent en masse, répondant de plus en plus nombreux à l'appel lancé par l'Assemblée législative :
Citoyens, la patrie est en danger, que ceux qui vont obtenir l'honneur de marcher les premiers pour défendre ce qu'ils ont de plus cher se souviennent qu'ils sont Français et libres.
Français libres, déjà…
Dès le lendemain, une loi est votée pour une nouvelle levée en masse (la première avait eu lieu en 1791) : 50 000 hommes pour les troupes de ligne et 33 600 pour les bataillons de volontaires. Danton, comme souvent, avait su trouver les mots : dans la France entière, « tout s'émeut, tout s'ébranle, tout brûle de combattre ». Les fédérés de Marseille le chantent : « Tout est soldat pour vous combattre », faisant connaître au fil de leur périple ce Chant de guerre de l'Armée du Rhin (également appelé Chant de marche des volontaires de l'Armée du Rhin) que les Parisiens baptiseront promptement La Marseillaise.
Rien de tout cela n'entame l'arrogance des coalisés. « N'achetez pas trop de chevaux, recommande l'aide de camp du roi de Prusse, la farce ne durera pas longtemps. Les fumées de l'ivresse de la liberté se dissipent à Paris. » Quant au colonel von Massenbach, il compare l'invasion de la France en révolution à « une simple chasse à courre ». Gibier ? Le peuple français.
Une même surprise en découvrant l'hostilité populaire
Comme ces soldats russes, gavés de propagande, qui se prétendaient libérateurs, pensaient être accueillis avec des fleurs et ne comprennent pas que tant de russophones leur crient de rentrer chez eux, les troupes austro-prussiennes sont surprises de n'être pas reçues à bras ouverts et s'irritent de l'hostilité de la population française. Certains officiers s'étonnent que des gens de peu qui devraient rester à leur place et même des domestiques s'enhardissent jusqu'à leur faire la leçon et les invitent à repasser au plus vite la frontière en sens inverse. D'autres se scandalisent que, jusque dans les églises, des prêtres patriotes fassent des sermons appelant à résister (comme, dans l'Ukraine d'aujourd'hui, de nombreux popes ayant rompu avec le patriarcat de Moscou).
Les paysans se murent dans un silence hostile, cachent les denrées et refusent de nourrir les envahisseurs. Dans les bois et sur les chemins, des partisans et des francs-tireurs harcèlent les soldats ennemis. Le prince de Ligne, qui sera tué une semaine avant la bataille de Valmy, constate cette animosité omniprésente : « Nous commençons à être las de cette guerre où Messieurs les émigrés nous promettaient plus de beurre que de pain », ajoutant que les troupes françaises ne désertent pas et que « les paysans sont armés et nous assassinent » à la première occasion. Deux jours après Valmy, l'archiduc Charles, frère de l'empereur d'Autriche, fera le même constat : « Nous avons trouvé les paysans de plus en plus épris de la nouvelle Constitution et de plus en plus hostiles à nous autres » ; il en tire, après la défaite, cette conclusion navrée mais lucide : « Il faut regarder comme absurde et impossible le projet des émigrés français de tout rétablir sur le pied d'autrefois. »
Les hauts gradés russes et leur chef suprême, le dictateur du Kremlin, n'ont hélas pas été touchés par la grâce d'une semblable lucidité, fût-elle tardive. Face au rejet et à la résistance du peuple ukrainien, leur réponse est à l'inverse : intensification des destructions meurtrières avec pour seul objectif l'éradication de la nation ukrainienne.
En 1792, l'armée d'invasion venue rétablir la monarchie et les privilèges de la noblesse n'avait pas pris la mesure de la haine accumulée dans les campagnes contre les droits seigneuriaux : les paysans ne veulent plus être « esclaves d'un superbe seigneur, objets de mépris aux yeux d'un riche insolent ». Elle n'avait pas pris la mesure, non plus, de l'attachement du peuple à ses conquêtes de liberté et d'égalité politique (il vient d'être décidé que l'Assemblée serait désormais élue au suffrage universel… masculin).
En Ukraine, l'armée d'invasion venue vassaliser son voisin n'a pas non plus pris la mesure de la longue mémoire de l'oppression russe, constitutive de l'identité ukrainienne, ni de l'intensité du désir de liberté et d'indépendance d'une nation qui refuse de plier.
« Europe esclave ou Europe libre » : l'enjeu ainsi résumé par les révolutionnaires d'antan vaut plus que jamais pour aujourd'hui et c'est désormais le peuple ukrainien qui combat en première ligne.
Un même mépris pour le peuple qu'on vient remettre au pas
Edmund Burke, homme politique et philosophe d'outre-Manche dont les Réflexions sur la révolution de France sont un pilier de la pensée réactionnaire, décrivait les volontaires de Valmy comme « une troupe de comédiens ambulants, un pitre à leur tête ». Le régime du Kremlin et ses affidés traitent régulièrement le président Zelensky de comédien raté et de « clown pitoyable », voire « cocaïné ». La disqualification est sommaire et la veine similaire…
Taine, autre penseur réactionnaire hostile à la Révolution française, aura pour les volontaires nationaux ces mots de mépris : « On a puisé à la pelle et au rabais dans le fumier social. »
Un paternalisme sans fard prétend faire le bonheur du peuple sans qu'il ait voix au chapitre : « Nous vous rendrons un monarque bon père » (les émigrés vus par Chateaubriand).
Quinze jours après sa défaite à Valmy, Brunswick n'en démord pas : « Quand je suis venu en France, je n'avais d'autre but que de concourir à rétablir l'ordre. »
Poutine aussi veut « rétablir l'ordre » en installant à Kyiv un régime fantoche qui restaure une sujétion pluriséculaire ! Un représentant des armées de la République rétorque lors de ce piquant échange qui a tout du dialogue de sourds : « Permettez-moi de vous demander quelle est la puissance qui vous a placé intermédiaire entre le peuple français et son intérêt. » À quoi Brunswick, qui ne semble pas comprendre la question, répond : « J'insiste pour que la nation française, connaissant mieux ses intérêts, revienne à des principes modérés. » Comprendre : les Français ne savent pas ce qu'ils font en mettant à bas l'ordre ancien. De même que les Ukrainiens ne savaient pas ce qu'ils faisaient en mettant dehors Ianoukovitch… La répartie du Français est savoureuse :
Si c'est l'auteur du Manifeste qui parle, alors je ne puis lui répondre qu'à coups de canons. Si c'est au contraire l'ami de l'humanité, je lui dirai que la meilleure preuve qu'il puisse nous donner à notre égard est d'évacuer le territoire français.
Deux visions du monde, deux visions du peuple : acteur souverain pour le révolutionnaire, privé de tout pouvoir d'agir par lui-même pour le bras armé des cours d'Europe.
Lors des pourparlers entre ceux de l'armée vaincue et ceux de l'armée victorieuse, les Prussiens demandèrent à négocier avec un envoyé du roi, alors que la République vient d'être proclamée et que les seuls interlocuteurs légitimes sont ses représentants ! On pense, une fois encore, à Poutine affirmant que le président Zelensky, démocratiquement élu, n'est pas légitime et qu'il ne saurait être un interlocuteur crédible faute de nouvelles élections (inorganisables en pleine guerre et interdites, dans ce contexte par la Constitution ukrainienne). Hier comme aujourd'hui, le même déni impavide de la volonté populaire.
Une même mobilisation populaire pour défendre le droit de son peuple à disposer de lui-même
Sauver la patrie en danger devient, en 1792, l'affaire de tous les citoyens. Les volontaires affluent aux tables d'enrôlement dressées par les municipalités. Ils viennent de toutes les régions et parlent souvent des langues différentes. Le prussien Laukhard, ensuite rallié à la Révolution, décrira en ces termes les artisans de la première victoire militaire d'une guerre populaire :
Sans doute, ils n'étaient pas tirés au cordeau, aussi astiqués, aussi dressés, aussi habiles à manier le fusil et à marcher au pas que les Prussiens. Ils ne savaient pas non plus se sangler dans leurs tuniques mais ils étaient dévoués, corps et âme, à la cause qu'ils servaient […]. Presque tous ceux que j'ai rencontrés savaient pour qui et pour quoi ils se battaient et se déclaraient prêts à sacrifier leur vie pour le bien de leur patrie. Ils ne connaissaient d'autre alternative que la liberté ou la mort.
Ils viennent de la campagne et de la ville, représentent tous les métiers : compagnon d'atelier, carreleur, fouleur de drap, sabotier, forestier, laboureur, journalier, berger mais aussi étudiants, membres des professions juridiques et médicales, artisans du monde de l'échoppe et de la boutique. Des travailleurs du bâtiment et de l'habillement, des ingénieurs et des géomètres, des perruquiers, des nobles acquis aux idées nouvelles, des bourgeois et des prolétaires, des sans-culotte épris d'égalité.
Cette levée en masse de 1792 évoque celle de février 2022 en Ukraine, qui vit affluer dans les rangs de la Défense territoriale des volontaires de toutes origines et de tous milieux, eux aussi souvent sans expérience militaire préalable, dont l'engagement fut décisif notamment pour la protection de Kyiv.
En 1792, on consigne dans les mairies les dons en argent et en nature pour armer, habiller et nourrir les Volontaires qui s'enrôlent. Français et Ukrainiens durent, les uns comme les autres, généralement s'équiper eux-mêmes, pour pallier les carences de l'État et parer aux urgences, avec l'aide de leurs proches, de collègues de travail et de collectes solidaires qui, en Ukraine, continuent plus que jamais.
Aujourd'hui comme hier, « la force des faibles », titre de l'excellent livre d'Anna Colin Lebedev qui rend hommage aux capacités d'initiative et d'auto-organisation de la société civile ukrainienne ainsi qu'à ses mille manières de soutenir ses forces armées, pousse à co-construire la défense du pays. Si l'Ukraine a pu tenir, explique Olena Tregub, spécialiste de la réforme du secteur de la Défense et de la lutte contre la corruption, dans une tribune publiée dans Le Monde le 21 mai dernier, « c'est aussi grâce à la volonté et à l'ingéniosité de sa population ». « Tout le pays s'est mobilisé, nos agriculteurs, nos ingénieurs, nos enseignants, nos informaticiens, nos artistes, nos fonctionnaires », ajoutait-elle en soulignant l'efficacité, la réactivité et la capacité d'innovation des réseaux locaux décentralisés qui ont renforcé les liens entre le peuple et son armée.
En 1792, malgré le canon de Gribeauval qui donnait aux troupes françaises la supériorité d'une artillerie moderne et mobile, on manquait cruellement d'armes. Les directoires des districts invitaient les gardes nationaux à se munir d'armes et de munitions mais aussi de vieux fusils, de pioches, de haches, de bêches. Les maréchaux-ferrants et les serruriers se mirent à fabriquer au plus vite des piques en fer à fixer sur un manche pour en faire des lances.
En Ukraine, pour faire face à l'invasion, on s'est mis à fabriquer toutes sortes de drones, dans les cuisines et dans des ateliers parfois montés en urgence ; des milliers de petites mains se sont mises à tresser des filets de camouflage.
A l'une comme à l'autre époque, la mobilisation créative de la société civile s'est avérée décisive car, dans une guerre populaire où l'asymétrie est la règle, c'est ce qu'on appelait jadis la « fraternité civique » qui permet aussi de tenir et de remporter des victoires. Le général Giap a expliqué combien, à Dien Bien Phu, les milliers de Vietnamiens et de Vietnamiennes qui assurèrent le transport des vivres et des pièces d'artillerie à l'insu de l'ennemi, ont été des artisans déterminants de la victoire car, dans la guerre révolutionnaire, la logistique assurée par la population est aussi importante que la tactique militaire.
« Toute la France était en mouvement pour pourvoir aux besoins de son armée », dira un officier anglais qui avait rallié la Révolution. Derrière chaque arme, écrit Anna Colin Lebedev, il y a un Ukrainien prêt à combattre et de nombreux autres qui soutiennent son combat, des centaines de milliers de citoyens qui répondent aux besoins des unités engagées sur le front et constituent « le tissu social de la défense ».
Une même acculturation réciproque entre soldats de métier et volontaires en armes
Sur le plateau d'Argonne, convergèrent les troupes de ligne de la « ci-devant armée royale », soldats de métier plus expérimentés, les volontaires nationaux enthousiastes mais peu familiers de la guerre, des fédérés de la Garde nationale, des membres des corps francs et de légions étrangères. Nombre de « patriotes étrangers » s'étaient engagés dans les rangs révolutionnaires : belges, anglais, polonais, irlandais, allemands… et même latino-américains comme Francisco de Miranda, combattant de l'indépendance vénézuélienne qui se battit à Valmy avec le grade de maréchal de camp. Des déserteurs du camp d'en face les rejoignirent parfois car ils avaient « abandonné le service du despotisme » et choisi de « vivre au sein d'une nation libre » en lui apportant leur courage.
De cette armée hétérogène, il fallut faire un corps soudé. Il y eut, au début, des frictions, des rivalités, parfois des rixes entre les « faux-culs blancs » (l'armée de ligne) et « la porcelaine bleue qui ne sait pas aller au feu » (les volontaires), ceux dont les cadres étaient nommés et ceux qui élisaient les leurs, ceux rompus à la discipline militaire et ceux, plus rétifs, qui ne l'acceptaient que très librement consentie. Peu à peu, on fraternisa. « Bluets » et « habits blancs » étaient majoritairement des jeunes âgés de moins de 25 ans. Ces troupes disparates réussirent à s'hybrider en s'apportant mutuellement : l'ardeur révolutionnaire des uns se communiqua aux autres, qui découvraient qu'ils avaient des droits, cependant que ceux-ci apportèrent en retour, à ceux qui n'avaient pas reçu d'instruction militaire, leur expérience des combats et de la fermeté sous le feu, le tout dans une armée démocratisée.
Le général Kellermann sut galvaniser l'ardeur patriotique de ses troupes au cri de « Vive la Nation ! » dont la clameur ne cessa de s'élever dans les rangs français et surprit l'ennemi. A chaque boulet français qui fait mouche et à chaque boulet ennemi qui rate sa cible, on crie « Vive la Nation ! ». Chaque régiment avait jusqu'à ce jour son propre cri de ralliement, « Vive la Nation ! » devint celui de tous. La bonne tenue au feu et la combativité des Français désarçonnèrent les Prussiens qui pensaient facilement casser « de la faïence bleue ». Quand un soldat tombe, les rangs se reforment aussitôt. Aucune attaque prussienne n'ébranle la détermination des forces révolutionnaires. Toute la journée, 36 canons crachent 20 000 boulets jusqu'à ce que Brunswick donne le signal de la retraite. Une nouvelle armée est née à Valmy dont ce qu'on appellera l'« amalgame » sera achevé par Carnot.
L'Ukraine aussi procédera à une intégration plus poussée des volontaires de la Défense territoriale et de son armée de métier mais dans les conditions infiniment plus difficiles d'une guerre qui dure et d'une pénurie de militaires face à l'inépuisable chair à canon que Poutine utilise et sacrifie sans compter pour détruire l'Ukraine. À Valmy, la supériorité numérique était à l'avantage des Français, en Ukraine, elle est à l'avantage des envahisseurs. Mais on y observe aussi des processus d'acculturation mutuelle entre volontaires et militaires de carrière, entre armée et pratiques de la vie civile : « La société civile s'est militarisée et l'armée s'est civilianisée », note Anna Colin Lebedev qui observe combien les Ukrainiens et les Ukrainiennes assument désormais d'être une nation en armes, fière de tenir tête et de tenir bon. Ceux de Valmy disaient la même chose.
Un même idéal de soldat-citoyen qui conserve ses droits sous l'uniforme
Valmy mêla dans un même élan des soldats devenus citoyens, ceux des anciens régiments de ligne qui découvraient leurs droits nouveaux, et des citoyens devenus soldats pour un temps, volontaires qui avaient pris les armes et appris à se battre sur le tas. Conjuguer la liberté du citoyen et la discipline du soldat, tel était l'objectif dans une armée qui se voulait à l'image de la nation tout entière (quoiqu'excluant les femmes du droit de porter les armes comme du suffrage universel).
De nos jours, c'est l'armée ukrainienne, de loin la plus aguerrie d'Europe, qui incarne le mieux cet idéal. On n'y prend pas la discipline à la légère et nul n'en conteste la nécessité pour combattre efficacement, mais la liberté de parole, d'expression publique et au besoin de critique est sans commune mesure avec les pratiques des autres armées et cela malgré la guerre. L'armée ukrainienne est le contraire exact de ce que fut la « Grande Muette ». Sous l'uniforme, ses soldats restent pleinement des citoyens. Nulle autre armée au monde ne permet à ses militaires d'arborer sur leur uniforme un écusson LGBT et de participer en uniforme à la Gay Pride de Kyiv. Peu d'autres armées ont su se réformer à l'écoute du « bataillon invisible » (femmes soldates) en matière d'égalité des droits entre les hommes et les femmes sous les drapeaux.
Il ne s'agit pas ici de brosser un tableau idyllique : il reste dans ses rangs des machos invétérés et des homophobes (ce sont souvent les mêmes), des plafonds de verre et des décisions arbitraires, des discriminations à l'égard des couples de même sexe (le mariage pour tous n'existe pas en Ukraine). Mais pour les combattre, les militaires y sont moins démunis qu'ailleurs, peuvent en appeler à des syndicats de soldats LGBT, à des ONG de défense des droits, à l'opinion publique.
Jadis, un député du tiers état avait résumé l'enjeu : « Tout citoyen doit être soldat et tout soldat citoyen. » Il plaidait pour une conscription obligatoire : dans l'Europe contrainte de repenser sa défense face à la menace russe et au désengagement américain, la question de la conscription revient en force dans les pays qui l'ont abolie et, plus largement, celle du lien entre la nation et ses forces armées (sujet du livre de Jaurès L'armée nouvelle, qui avait en tête le modèle des armées révolutionnaires et l'idée d'une défense nationale reposant sur des citoyens en armes, à l'opposé à bien des égards des conceptions du général de Gaulle dans Vers l'armée de métier).
Olena Tregub, dans sa tribune déjà citée, insiste sur la nécessité pour l'Europe de « réorganiser sa défense comme une mission incombant à chaque citoyen », car « elle doit s'appuyer non seulement sur ses chars mais sur ses citoyens », civils et militaires.
Quoi qu'il en soit, une chose est sûre : pour que chaque citoyen se fasse soldat, il faut aussi que le soldat soit pleinement reconnu comme un citoyen doté de la plénitude de ses droits démocratiques. Là est, outre les armes évidemment nécessaires, la dialectique vertueuse la plus dissuasive contre toute agression. Des expériences fondatrices de Valmy à celles, actuelles, de l'Ukraine, il y a matière à poursuivre le débat.
Une même peur de la contagion des idées de liberté
L'Ukraine est pour l'autocrate du Kremlin l'exemple intolérable d'un affranchissement qui la soustrait à l'impériale domination de la Russie. Un ferment dangereux dans les ex-Républiques soviétiques que Moscou veut de nouveau arrimer à son char. Un risque qui pourrait fissurer la chape de plomb que le régime poutinien fait peser sur le peuple russe. C'est pourquoi il lui faut à tout prix administrer la preuve que la lutte de l'Ukraine pour son indépendance et sa souveraineté est sans espoir. La peur de la contagion est un puissant moteur de la guerre effrénée qu'il lui livre.
Au temps de Valmy aussi, la croisade des Austro-Prussiens pour rétablir la monarchie en France devait beaucoup à la crainte que le virus de la liberté, de l'égalité et de la fraternité se diffuse dans tout le continent. Des commissaires à la levée en masse l'expliquaient en ces termes aux volontaires d'une commune de l'Aube : l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse « ne se sont unis contre nous qu'à cause de l'inquiétude que leur donne la marche rapide de notre révolution ; le système de liberté que nous avons adopté les effraye ; ils craignent que les peuples ne partagent notre bonheur ; ils tremblent de voir troublé le sommeil de l'esclavage ; c'est à cause de la tyrannie qu'ils redoutent le voisinage et l'exemple de la liberté. C'est pour river de plus en plus les chaînes de leurs peuples qu'ils entreprennent de nous rendre nos fers ». Mais, ajoutaient-ils, nous continuerons d'avancer « sur les ruines des donjons des antiques oppresseurs ».
Tel est aussi le message que nous délivre l'opiniâtre et courageuse résistance ukrainienne. Dans un monde où s'affirment des autocraties belliqueuses et la loi du plus fort, dans un monde où, d'un bout à l'autre de l'échiquier politique, les collabos poutinophiles ou poutino-compatibles sont légion, vouloir la victoire de l'Ukraine et l'aider à vaincre, c'est défendre ce droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qui vaut de Kyiv à Gaza. N'en déplaise aux campistes hémiplégiques qui refusent de prendre la mesure de l'impérialisme russe. C'est aussi nous défendre car l'Ukraine est aujourd'hui le premier rempart de la sécurité et de la souveraineté française et européenne.
Alors oui, de même que tant de peuples en lutte pour leur émancipation se sont emparés de la Marseillaise, des révolutionnaires russes de 1917 aux jeunes de la place Tien An Men en passant par les républicains espagnols et bien d'autres encore qui se sont reconnus dans son message appelant à combattre les tyrans et les despotes, de même la résistance ukrainienne doit être une source d'inspiration pour tous ceux et toutes celles qui, en Russie et hors de Russie, luttent pour leur liberté.
Avec la Révolution française et la victoire inaugurale de Valmy se leva une espérance pour les peuples alentour, qui gagna ensuite les autres continents et fut retournée contre la « Grande France » et ses aventures coloniales quand la République se fit oublieuse de ses principes fondateurs. En ce temps-là, l'Américain Thomas Paine et l'Allemand Anacharsis Cloots furent tous deux élus à l'Assemblée nationale française car « patriotes étrangers » exemplaires.
En Ukraine aussi, des combattants internationalistes ont rejoint les rangs de l'armée ou de légions étrangères. Certains ont payé leur engagement de leur vie. Parmi la forêt de drapeaux et de photos qui donne, sur la place Maïdan, un aperçu partiel mais spectaculaire du nombre de soldats et soldates morts au combat, des combattants étrangers sont également honorés et un carré français mentionne ceux venus de France.
Les mêmes négationnismes et complotismes pour salir la lutte
La victoire de Valmy à l'issue d'une bataille d'une journée ne fut pas un événement militaire majeur mais l'acte de naissance d'une nouvelle forme de guerre, celle – populaire et révolutionnaire – d'une nation en armes ne s'autorisant que d'elle-même. Son impact fut immense, suscitant l'enthousiasme des épris de progrès et l'horreur des réactionnaires de tout acabit.
Quelques commentaires de l'époque montrent comment leur défaite fut vécue par ceux qui avaient tenté en vain de faire tourner la roue de l'histoire en arrière. Le général suédois Wolfradt confia au colonel prussien von Messenbach :
Vous allez voir comme la crête va pousser à ces jeunes coqs […]. L'opinion qu'ils avaient de notre esprit militaire avait baissé ; l'opinion qu'ils avaient d'eux-mêmes avait grandi. Nous avions perdu plus qu'une bataille, nous avions perdu notre renommée.
Pour contrer l'écho de Valmy, se mirent en place des contre-récits visant à en minimiser l'importance et surtout à minorer le rôle de la mobilisation populaire. On commença par dire que cette bataille n'en était pas vraiment une, seulement une très modeste canonnade. On assura qu'une armée de sans-culottes n'aurait jamais pu l'emporter sur la meilleure armée d'Europe s'il n'y avait pas eu complot et traîtrise.
On souligna que si Brunswick avait sonné la retraite c'est qu'il était pressé de participer au partage de la Pologne. On évoqua de sombres manigances de la franc-maçonnerie, présente dans les deux camps. On mit la défaite sur le compte de la dysenterie. On supposa que Danton avait organisé le vol des diamants de la couronne pour acheter l'armée prussienne. On fit et on diffusa toutes sortes de supputations dont le point commun était que jamais, au grand jamais, les peuples ne sont eux-mêmes auteurs et acteurs de leur histoire.
Contre l'Ukraine aussi, les mêmes ressorts furent activés par le régime poutinien, combinant déni de réalité et mensonges éhontés. Maïdan ne fut pas une insurrection populaire et démocratique mais un putsch ourdi par l'OTAN, les Américains, l'Europe, Georges Soros et tous les russophobes décidés à nuire à la Russie. Le peuple ukrainien, son auto-organisation des semaines durant lors de la révolution de la dignité, sa volonté massivement exprimée, sa solidarité et sa détermination collectives ? Un leurre pour masquer le complot des ennemis de la Russie.
Le vol de la Crimée ? Un juste retour de la péninsule dans son giron historique. La déstabilisation du Donbass avec l'aide des petits hommes verts ? Le sursaut spontané de russophones menacés de génocide. La guerre d'agression ? Un acte de légitime défense et une fraternelle main tendue de la Grande à la Petite Russie, nations sœurs que rien ne saurait séparer.
D'un siècle à l'autre, les ficelles de la disqualification se ressemblent…
Une même fierté de nation prenant son destin en main
La naissance d'une nation est à la fois une lente gestation, enracinée dans une histoire au long cours, et le fruit de soudaines accélérations où, souvent sous l'effet de la résistance à une guerre injuste, tout se cristallise rapidement. Ce fut vrai pour la France de Valmy. Ça l'est plus que jamais pour l'Ukraine d'aujourd'hui.
Deux nations en armes se sont retrouvées, à deux époques bien différentes, soudées contre une invasion et fières de n'avoir pas plié. Il en coûte mille fois plus cher à l'Ukraine meurtrie, endeuillée, ravagée, pillée et amputée de tant de ses forces vives. Et pourtant, malgré la fatigue, l'usure, le stress permanent, malgré une aide internationale qui n'a jamais été et n'est toujours pas à la hauteur de ses besoins, le pays refuse de capituler et ses habitants tiennent tête au tyran.
Il faudra dire un jour non pas ce que l'Europe doit à la résistance ukrainienne mais ce que l'humanité entière lui doit. Valmy fut un signal.
L'Ukraine est aujourd'hui un exemple. Nul besoin que tout y soit parfait pour qu'il nous inspire et nous donne du courage.
300 morts côté français à Valmy, des centaines de milliers de tués et de blessés en Ukraine. Les guerres modernes sont devenues infiniment meurtrières mais la seule chance de gagner une guerre juste en dépit d'un rapport de force défavorable, numériquement et matériellement, reste, comme la longue guerre remportée par les Vietnamiens nous l'a montré, qu'une nation en armes finit pas être plus forte que les B52 et les missiles balistiques, que la solidarité internationale, des gouvernements et des peuples, est vitale.
A Valmy, nos soldats furent plus forts de l'adhésion d'une nation dressée à leurs côtés.
En Ukraine, ceux qui combattent sur le front et ceux qui résistent dans les territoires actuellement occupés sont plus forts des mille canaux de solidarité que toute la société ukrainienne a construits et fait vivre pour eux.
[1] Nombre des informations relatives à Valmy dans cet article doivent beaucoup au livre de Jean-Paul Bertaud, Valmy : la démocratie en armes, Paris, Gallimard, Folio Histoire, 2013.
Sophie Bouchet-Petersen
Sophie Bouchet-Petersen est secrétaire générale de l'association Comb'Art et membre du Comité français du RESU.
Publié dans : Soutien à l'Ukraine résistante N°42 – 12 septembre 2025
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/09/15/bernard-dreano-comment-aborder-des-sujets-difficiles/
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