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Allemagne : un débat nécessaire sur l’interdiction de l’AFD et sur le type de mobilisation contre l’extrême droite

27 février 2024, par Gerhard Klas — , ,
La résistance contre l'extrême droite peut prendre de nombreuses formes : manifestations, obstructions, actions directes. Mais il faut aussi agir au quotidien, dans les (…)

La résistance contre l'extrême droite peut prendre de nombreuses formes : manifestations, obstructions, actions directes. Mais il faut aussi agir au quotidien, dans les syndicats, les paroisses, les associations culturelles et sportives par exemple. Nombre d'entre elles ont historiquement des principes directeurs qui proscrivent par exemple le racisme.

16 février 2024 | tiré de La gauche anticapitaliste
https://www.gaucheanticapitaliste.org/allemagne-un-debat-necessaire-sur-linterdiction-de-lafd-et-sur-le-type-de-mobilisation-contre-lextreme-droite/

ALLEMAGNE : UN DÉBAT NÉCESSAIRE SUR L'INTERDICTION DE L'AFD ET SUR LE TYPE DE MOBILISATION CONTRE L'EXTRÊME DROITE
Par Gerhard Klas | 16/02/2024 | Antifascisme, International

Allemagne : Un débat nécessaire sur l'interdiction de l'AfD et sur le type de mobilisation contre l'extrême droite
« Interdire l'AfD » (Alternative für Deutschland), c'est ce que demandent de nombreux participant·e·s aux manifestations qui ont lieu depuis la publication de l'enquête d'investigation du média Correctiv sur une réunion secrète entre des politiciens de l'AfD et de la CDU (Christlich Demokratische Union Deutschlands) au nom de la dite « Union des valeurs », en compagnie de néonazis et de quelques entrepreneurs aux moyens financiers importants. Lors de la réunion de novembre 2023, il a été question d'un « programme » pour un plan de « remigration » hors d'Allemagne, concrètement de la déportation en masse de millions de personnes.

Mais ce débat sur l'interdiction n'est pas si simple. Il y a des raisons qui s'opposent à une interdiction – car la pensée fasciste ne serait pas pour autant sortie des esprits. Il est possible que certaines fractions du parti prennent le chemin de la clandestinité et soient prêtes à des actions terroristes armées. D'ailleurs, beaucoup craignent qu'une interdiction ne pousse de nouveaux membres dans les bras de l'extrême droite. Sans compter les obstacles juridiques. Mais une chose est sûre : un parti d'extrême droite au pouvoir et qui dispose d'un pouvoir exécutif, c'est-à-dire de la police, de l'armée et de l'administration en tout genre, est le plus à même de mettre ses idées en pratique. C'est pourquoi, malgré toutes les critiques, un débat sur l'interdiction est nécessaire.

LES CONCURRENTS S'OPPOSENT À UNE INTERDICTION

Il est intéressant de constater qu'en général ce sont surtout les partis qui sont directement en concurrence électorale avec l'AfD, c'est-à-dire la CDU/CSU (Christlich-Soziale Union in Bayern), le FDP (Freie Demokratische Partei) et le BSW (Alliance Sahra Wagenknecht pour la justice et la raison, qui a tenu son premier congrès le 27 janvier), qui sont contre une interdiction. Chez les Verts, le SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands) et plus encore Die Linke et les forces de gauche, les partisans de l'interdiction sont nombreux.

Cela peut s'expliquer par le fait qu'un soutien à l'interdiction de la part des électeurs potentiels de l'AfD serait encore plus interprété comme une concurrence déloyale par ces concurrents que par les partis, en perte de vitesse, dits « verts-gauche ».

Et il y a bien sûr le programme de politique « migratoire » : les concurrents directs de l'AfD ne demandent certes pas l'expulsion de millions de personnes, y compris les citoyens issus de l'immigration. Mais dans les faits, ils partagent l'analyse de l'AfD. Ils affirment eux aussi que les réfugié·e·s et les immigré·e·s sont au moins partiellement responsables de la misère du marché du logement et du système de santé. Ils s'engagent ouvertement dans une concurrence raciste lorsque leur réponse aux succès de l'AfD consiste à se montrer sans cesse plus durs envers les réfugié·e·s et les immigré·e·s.

Ce narratif est aujourd'hui si puissant que même les Verts et le SPD mettent l'immigration dans le même sac que la crise climatique et la guerre. Et en conséquence, ils ont promulgué avec le FPD, en tant que coalition gouvernementale, des lois qui ne s'appellent pas « loi sur la remigration », mais qui portent le qualificatif euphémisant de « loi sur l'amélioration des retours ». Les autorités d'expulsion pourront à l'avenir, sans tenir compte de la situation particulière des personnes, arrêter sans préavis les personnes formellement tenues de quitter le territoire, les détenir encore plus longtemps et les expulser encore plus efficacement qu'auparavant vers des pays qu'elles connaissent à peine et dans lesquels elles risquent de perdre la vie.

Cela ne résout aucun problème dans notre pays. Le marché du logement et le système de santé ne sont pas en crise à cause des réfugié·e·s, mais à cause d'une marchandisation impitoyable [liquidation du secteur du logement social, entre autres] et du fait que les communes et les Länder ont été saignés à blanc depuis le début des années 1990 par une politique budgétaire et de privatisation. Les réfugié·e·s et demandeurs d'asile sont tout simplement transformés en boucs émissaires.

LUTTER CONTRE LES CAUSES D'UN « SUCCÈS »

Il est difficile d'estimer le temps qui s'écoule entre une demande d'interdiction et sa mise en vigueur. Et il y a déjà eu deux demandes d'interdiction contre le NPD (Nationaldemokratische Partei Deutschlands – rebaptisé en 2023 « Die Heimat »-La Patrie) qui ont échoué. Mais ce n'était pas à cause du fond. En 2003, il s'agissait de vices de forme. En 2017, la Cour constitutionnelle fédérale a certifié que le NPD avait des objectifs anticonstitutionnels – mais que le parti était trop insignifiant pour imposer une interdiction. Ce dernier point ne s'applique définitivement pas à l'AfD.

L'interdiction d'un parti est inefficace à moyen terme sans une mobilisation sociale contre l'extrême droite et son comportement comme son mode de pensée. Il s'agit avant tout de lutter contre les causes de leur succès.

La résistance contre l'extrême droite peut prendre de nombreuses formes : manifestations, obstructions, actions directes. Mais il faut aussi agir au quotidien, dans les syndicats, les paroisses, les associations culturelles et sportives par exemple. Nombre d'entre elles ont historiquement des principes directeurs qui proscrivent par exemple le racisme. Sur cette base, chaque association peut au moins décider librement de refuser des demandes d'adhésion lorsqu'il s'agit de membres du parti AfD ou de racistes avérés. L'Eintracht Francfort (club de football) et le Hamburger Sport-Verein (club de football et omnisports) l'ont déjà fait il y a cinq ans, pour ne citer que deux exemples. Et un boulanger n'est pas non plus obligé de vendre à tout le monde un petit pain.

Mais il ne s'agit bien sûr pas seulement de l'AfD, mais aussi de ses précurseurs. Et cela inclut tous les politiciens qui empruntent en partie leur orientation politique à l'extrême droite, qui n'ont pas de véritables réponses aux crises de notre époque et qui présentent, pour faire diversion, de tels boucs émissaires : les réfugié·e·s, les migrant·e·s, les bénéficiaires de l'allocation de citoyenneté (Bürgergeldbezieher). Ils réagissent surtout par des programmes d'expulsion et d'austérité ainsi que par le renforcement de l'armée et de la police. Ils ont provoqué une grande désorientation au sein de la population et ont créé l'espace que l'AfD a occupé au moyen d'une politique haineuse et obtuse. Il est temps qu'une gauche socialiste et écologique se forme à nouveau pour faire face à l'AfD et à ses précurseurs. Les mobilisations actuelles contre la droite pourraient lui donner un « coup de pouce ».

Article publié dans Sozialistische Zeitung, février 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre. Version en français initialement publiée le 2 février sur le site d'A l'Encontre.

Image : Manifestations contre l'AfD en Allemagne en janvier 2023. La pancarte dit : « Plus jamais ça, c'est maintenant ». Crédit photo : Alex Fremer, https://www.flickr.com/photos/alex_fremer/53481341661/.

Deux ans de guerre en Ukraine : deux ans de trop !

27 février 2024, par Collectif Échec à la guerre — , ,
La guerre en Ukraine dure maintenant depuis deux ans, avec son cortège de morts (très majoritairement militaires), de réfugié·e·s, de destructions et de souffrances. C'est une (…)

La guerre en Ukraine dure maintenant depuis deux ans, avec son cortège de morts (très majoritairement militaires), de réfugié·e·s, de destructions et de souffrances. C'est une guerre qui aurait pu et dû être évitée. Et c'est une guerre qu'il faudrait arrêter au plus vite, à la fois pour l'Ukraine et pour l'humanité.

Des jeux de puissances aux conséquences funestes

L'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, est clairement une agression illégale. Son occupation, puis son annexion en septembre 2022 de quatre régions de l'est et du sud de l'Ukraine sont aussi illégales. Par ces actions, la Russie porte la responsabilité d'avoir accru considérablement l'échelle d'un conflit qui existait déjà : alors que la guerre civile en Ukraine avait fait environ 14 000 mortsde 2014 à 2022, il y en aurait eu plus de 200 000 dans les deux dernières années.

Cependant, l'invasion de la Russie n'a pas été une agression « non provoquée », comme le Canada et ses alliés le répètent sans cesse. La Russie avait des motifs – de grande puissance et non de légitime défense – de considérer ses intérêts menacés.D'une part, depuis plus de 20 ans, l'OTAN s'était étendue jusqu'à ses frontières, en dépit des nombreuses promesses de ne pas le faire. D'autre part, les États-Unis (É.-U.) et d'autres membres de l'OTAN, dont le Canada, se sont de plus en plus ingérés dans les affaires intérieures de l'Ukraine, immense pays voisin de la Russie où celle-ci continuait d'exercer une influence importante depuis son indépendance de l'URSS. En 2008, l'annonce de l'ouverture de l'OTAN à l'adhésion de l'Ukraine a été une « ligne rouge » à ne pas franchir pour la Russie. Puis, dans le contexte des protestations de Maïdan en 2014, les É.-U., le Royaume-Uni et le Canada y ont favorisé un coup d'État portant au pouvoir des forces hostiles à la Russie. Des régions de l'Est ukrainien (Donetsk et Lougansk) ont fait sécession, une guerre civile a éclaté, menant aux Accords de Minsk en 2015 qui devaient mettre fin à la guerre civile en accordant une large autonomie à ces régions. Mais l'Ukraine et ses alliés de l'OTAN n'ont jamais eu l'intention d'appliquer ces accords, y voyant seulement une façon de gagner du temps pour préparer la reprise des territoires sécessionnistes par la force.

Depuis deux ans, il est clair, par l'énormité de leur soutien économique et militaire à l'Ukraine et par la propagande manichéenne qu'ils orchestrent mondialement, que les É.-U. et leurs alliés de l'OTAN mènent une véritable guerre par procuration en Ukraine pour tenter d'affaiblir significativement la Russie, un de leurs grands rivaux stratégiques.

Une guerre différente de ce qu'anticipait l'Occident

La guerre en Ukraine ne s'est pas déroulée selon les plans de l'Occident. L'effondrement économique de la Russie, en raison des sanctions occidentales à son encontre, ne s'est pas produit. Après leur impact initial, bien réel, la Russie a pu trouver d'autres débouchés pour ses ressources et accroître sa production militaire. À tel point qu'en 2023, elle a augmenté ses dépenses militaires à 6 % de son PIB et a connu une croissance économique de 2,2 %. Un changement de régime en Russie, décrété comme nécessaire par l'Occident, ne s'est pas produit non plus. La rébellion de Prigojine et de son groupe Wagner, en juin 2023, n'aura été qu'un feu de paille.

Finalement, la perspective d'une armée ukrainienne, équipée et entraînée par l'Occident, qui réussirait à reprendre les territoires occupés par la Russie à la faveur d'une grande contre-offensive, ne s'est pas matérialisée non plus. Les lignes de front sont restées relativement fixes pendant des mois. Mais plusieurs analystes considèrent maintenant que la situation évolue à l'avantage de la Russie, qui dispose de beaucoup plus de troupes et de munitions. Aux dires même de l'Ukraine, son armée est actuellement dans une situation « extrêmement difficile ».

Ces échecs, combinés à des facteurs internes dont la montée de l'extrême-droite tant aux É.-U. qu'en Europe, commencent à fissurer l'édifice de l'appui total de l'Occident à la défense de l'Ukraine.

L'urgence de négocier maintenant !

Cette guerre aurait pu être évitée si les É.-U. et leurs alliés de l'OTAN n'avaient pas rejeté les négociations que réclamait la Russie avant son invasion de l'Ukraine. Et, une fois déclenchée, elle aurait pu prendre fin rapidement si les É.-U. et le Royaume-Uni n'avaient pas fait avorter les négociations de mars 2022 entre la Russie et l'Ukraine, qui semblaient prometteuses.

Quel sort connaîtra l'Ukraine si la guerre se poursuit dans des conditions qui lui sont de plus en plus défavorables sur le terrain ? Des millions de personnes qui demeureront en exil, encore plus de victimes, des infrastructures économiques et civiles de plus en plus détruites ? Et la perspective d'avoir à négocier avec la Russie dans un rapport de force encore plus déséquilibré ?

Renverser la situation en faveur de l'Ukraine exigerait des transferts de munitions beaucoup plus importants, d'armes beaucoup plus puissantes et sophistiquées, mais aussi de lui fournir des dizaines de milliers de soldats ! Un tel élargissement de la guerre pourrait nous conduire vers une collision frontale entre l'OTAN et la Russie, comportant l'énorme risque d'un affrontement qui devienne nucléaire et emporte l'humanité entière.

À poursuivre dans ce sens, c'est peu dire que l'Ukraine et le reste du monde ont beaucoup plus à perdre qu'à gagner !
Nous appelons donc à un cessez-le-feu et à des négociations immédiates recherchant à la fois une réponse mutuellement acceptable aux enjeux sécuritaires de l'Ukraine et de la Russie, ainsi que le respect de la souveraineté de l'Ukraine et des droits de ses minorités ethnoculturelles. Nous appelons aussi les États-Unis, l'OTAN et la Russie à négocier, de toute urgence, de nouveaux traités de désarmement nucléaire.

Pour le Collectif Échec à la guerre
Jean Baillargeon
Martine Eloy
Mouloud Idir-Djerroud
Raymond Legault
Suzanne Loiselle

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Deux ans de guerre : déclaration sur l’Ukraine

27 février 2024, par Quatrième Internationale — , ,
a) Dans le contexte de l'anniversaire de l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022, nous exprimons notre soutien internationaliste global et systématique au droit à (…)

a) Dans le contexte de l'anniversaire de l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022, nous exprimons notre soutien internationaliste global et systématique au droit à l'autodétermination de l'Ukraine et au droit de résister à l'occupation et à l'oppression, comme nous l'exprimons pour tous les peuples, quel que soit l'oppresseur colonial.

Quatrième internationale
25 février 2024

Par Quatrième internationale

Copyright
National Police of Ukraine - CC BY 4.0

b) Nous affirmons notre indépendance politique vis-à-vis du gouvernement néolibéral de Zelensky. C'est pourquoi nous affirmons notre volonté de développer des liens internationalistes directs par en bas avec les luttes et les courants de gauche, féministes, LGBTQ+, sociaux et environnementaux au sein de la résistance populaire pour construire une nation libre, démocratique, pluraliste et indépendante.

c) Nous continuons donc à apporter notre soutien aux revendications exprimées par les courants politiques et syndicaux ukrainiens de gauche :

l'arrêt immédiat des bombardements, le retrait des troupes russes d'Ukraine ;
l'augmentation des ressources pour consolider les services publics et les protections sociales si nécessaires dans le contexte de la guerre et pour la future Ukraine indépendante et de résister aux tentatives actuelles du gouvernement néolibéral de l'Ukraine d'utiliser l'excuse de la guerre pour démanteler les services publics et détruire les protections sociales". ;
la nécessité de supprimer toute forme d'"aide" conditionnée par des privatisations ;
le soutien aux aides matérielles et financières qui n'augmentent pas la dette extérieure ukrainienne associé à notre soutien à la demande d'annulation de la dette existante ;
l'orientation générale d'utiliser les fonds consacrés à la résistance et à la reconstruction de l'Ukraine pour contribuer à un projet européen social et démocratique : ce qui signifie la réduction des inégalités et donc l'opposition aux logiques de dumping fiscal et social et de " concurrence ".
L'augmentation des salaires ukrainiens, des revenus individuels et sociaux - comme débouché de la production industrielle et agricole ukrainienne - doit être radicalement opposée à la politique dominante actuelle (qui est d'essayer d'augmenter la " compétitivité " ukrainienne pour l'exportation par la réduction des impôts et des salaires).

d) Notre soutien à la résistance armée et non armée ukrainienne contre l'invasion russe signifie également notre solidarité avec tous les citoyens de la Fédération de Russie qui refusent cette guerre et sont réprimés en raison de leur combat démocratique.

e) Nous nous opposons à la logique de la "Grande puissance russe" et à sa domination sur les pays voisins. La victoire du peuple ukrainien libre et démocratique est organiquement favorable à l'émergence d'une Fédération de Russie pluraliste, pacifique et démocratique et à l'union des peuples d'Europe. L'agression et les menaces de la Russie contre ses voisins renforcent le soutien à l'OTAN dans ces pays, la défaite de l'agression russe faciliterait la lutte contre l'OTAN. Nous nous opposons à l'utilisation de l'invasion russe de l'Ukraine comme excuse pour augmenter les budgets militaires. Nous avons toujours été et restons opposés à toute logique de blocs militaires opposés ou de zones d'influence. Nous luttons pour la dissolution des blocs militaires qui sont au service des impérialistes, tels que l'OTAN et l'alliance CSTO dirigée par la Russie. Dans notre lutte contre l'impérialisme et pour l'autodétermination de tous les peuples, nous luttons pour la défaite du projet de Poutine.

Nous réaffirmons un tel programme pour le deuxième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine, aidant à combiner notre plein soutien à la résistance ukrainienne à la fois à la guerre et aux politiques néolibérales avec le soutien de nouveaux projets progressistes européens et internationaux intégrant des dimensions écosocialistes et anticapitalistes.

Déclaration du Comité international de la IVe Internationale

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« Arrêter la guerre » doit signifier « en finir avec la dictature de Poutine »

27 février 2024, par Mouvement socialiste russe - Sotsialnyi Rukh — , ,
Déclaration du Mouvement socialiste russe sur les moyens de parvenir à la paix en Ukraine. Il y a deux ans aujourd'hui que Vladimir Poutine a lancé une invasion massive de (…)

Déclaration du Mouvement socialiste russe sur les moyens de parvenir à la paix en Ukraine. Il y a deux ans aujourd'hui que Vladimir Poutine a lancé une invasion massive de l'Ukraine. Cette décision des dirigeants russes n'était pas une réponse à une menace militaire posée par l'Ukraine ou l'OTAN – il s'agissait d'une tentative d'annexion pure et simple d'un pays voisin qui, selon Poutine, ne devrait tout simplement pas exister.

Tiré de Inprecor 717 - février 2024
24 février 204

Par Mouvement socialiste russe - Sotsialnyi Rukh

Le plan initial de Poutine en Ukraine semble effectivement avoir été une « opération spéciale » de changement de régime : les troupes occuperaient rapidement les principales villes du pays, la Garde nationale russe réprimerait les manifestations « nationalistes » pendant que la majorité de la population accueillerait avec des fleurs ses « frères » russes attendus en libérateurs.

Mais au lieu de fleurs et de fanfares, l'armée russe s'est heurtée à la résistance obstinée des Ukrainiens et, au lieu de « gangs », elle a trouvé une armée entraînée et déterminée. L'« opération spéciale » s'est transformée en une véritable guerre.

La première victime de l'agression russe est l'Ukraine et son peuple. Plus de 10 000 civils ont été tué·es et plus de 18 500 blessé·es. 6,3 millions de personnes ont cherché refuge à l'étranger et 3,7 millions ont été déplacées à l'intérieur du pays. Au cours de la guerre, des centaines de milliers d'infrastructures médicales, résidentielles, éducatives et sportives ont été détruites, en même temps les écosystèmes ont été victimes d'un véritable écocide.

Les dommages causés à l'économie ukrainienne, estimés à plus de 300 milliards de dollars, affecteront le bien-être de ses citoyens pendant des années, et rendront la vie extrêmement pénible pour les plus pauvres d'entre eux.

De l'opération spéciale à la guerre d'usure

La société russe subit elle aussi une transformation douloureuse. Léon Trotski a écrit un jour que « ce n'est pas la conscience qui gouverne la guerre, mais la guerre qui gouverne la conscience ». La guerre a sa propre logique et modifie les plans humains. Au lieu de l'« opération spéciale », promise par Poutine, la Russie s'est engagée dans une guerre longue, sanglante et épuisante ; une guerre d'usure pour épuiser les ressources de l'Ukraine et forcer l'Occident à suspendre son aide. Ce scénario exige de la Russie d'énormes sacrifices auxquels ni sa population ni son économie n'étaient préparées.
Entraîné dans cette guerre d'usure, l'État de Poutine a changé de l'intérieur : il est condamné à forcer la société à accepter de tels sacrifices, notamment un nombre vertigineux de pertes en vies humaines. Cela passe par la répression politique et l'instauration d'un climat de peur.

Selon OVD Info, 1 980 personnes ont été arrêtées pour s'être opposées à la guerre depuis le début de celle-ci, et 825 d'entre elles font l'objet de poursuites pénales ; au moins un demi-million de personnes ont quitté le pays pour des raisons morales et politiques ou pour échapper à l'appel sous les drapeaux. Par ailleurs, la guerre n'est pas devenue le point de ralliement espéré, une « Seconde Guerre mondiale 2.0 » pour la plupart des Russes : les partisans idéologiques de l'agression de Poutine restent minoritaires, même s'ils sont les seuls à pouvoir exprimer leur point de vue. (1)

Les causes et la nature de la guerre

L'objectif de la guerre actuelle n'est manifestement pas de protéger la population russophone de l'Ukraine, qui est celle qui a le plus souffert aux mains des occupants, ni de contrer l'expansion occidentale, puisque le Kremlin partage une longue histoire d'enrichissement mutuel avec l'Occident.
Le véritable motif de l'invasion du Kremlin est son désir d'asseoir davantage sa domination politique, économique et militaire sur la société russe et les sociétés des autres pays post-soviétiques, à laquelle Moscou prétend avoir « historiquement droit ».

Mouvements populaires démocratiques de la dernière décennie

Dans le cadre de leur vision conspirationniste du monde, Poutine et son entourage considèrent que le Maïdan (2014) en Ukraine, les soulèvements au Belarus (2020) et au Kazakhstan (2021), et les vagues de protestations de masse en Russie même depuis 2012 font partie d'une « guerre hybride » menée contre la Russie par l'Occident.

La « lutte contre l'hégémonie occidentale » telle que la conçoit Poutine n'a rien à voir avec la résistance aux politiques d'exploitation des élites américaines et européennes sur la scène mondiale. Au contraire, le Kremlin accepte et salue les politiques occidentales qui ne sont assorties d'aucune condition éthique.

Les seules « valeurs occidentales étrangères » contre lesquelles la Russie se bat sont les droits humains, la liberté d'expression, l'égalité des sexes, le développement durable, etc. En ce sens, le poutinisme est l'avant-garde d'une internationale d'extrême droite qui menace la démocratie et les mouvements progressistes dans le monde entier. Cette internationale d'extrême droite s'articule notamment autour de Trump et ses partisans aux États-Unis, l'AfD en Allemagne, le régime d'Erdogan en Turquie, Orbán en Hongrie, et d'autres partis qui s'apprêtent à monter au pouvoir lors des prochaines élections.
L'objectif principal de cette guerre est de protéger le régime de Poutine et ses États vassaux autocratiques, comme la dictature de Loukachenko en Biélorussie, de la menace d'une révolution.

Cet objectif coïncide parfaitement avec les rêves de l'élite de reconstruire l'Empire russe, ce qui passe par l'asservissement de l'Ukraine, mais l'expansion russe ne s'arrêtera pas là.
Il s'inscrit également dans l'espoir d'un « monde multipolaire », dans lequel les dictateurs et les oligarques jouissent d'une liberté totale pour piller leurs sujets, réprimer les dissidents et diviser le monde au mépris du droit international.

C'est pourquoi, aujourd'hui, « arrêter la guerre » doit signifier « en finir avec la dictature de Poutine ». Exiger la paix, c'est exiger l'abolition des hiérarchies sociales qui sont au cœur du régime russe actuel : l'autoritarisme politique, les vastes inégalités de richesse, les normes conservatrices et patriarcales, et un modèle colonial et impérial de relations interethniques.

Lutter pour la paix ou forcer les négociations ?

2023 a été une année de guerre de tranchées pour l'Ukraine. Malgré de lourdes pertes, ni l'armée ukrainienne ni l'armée russe n'ont réussi à faire des progrès significatifs sur le champ de bataille. Cette situation a accru la lassitude face à la guerre, y compris chez les alliés de l'Ukraine.

Dans ce contexte, les idées de pourparlers de paix et d'opposition aux transferts d'armes vers la zone de conflit – exprimées à la fois par l'extrême droite et certaines forces de gauche – sont devenues de plus en plus populaires.

Bien entendu, toutes les guerres favorisent le militarisme et le nationalisme, la réduction de la protection sociale, la violation des libertés civiles et bien d'autres choses encore dans tous les pays parties au conflit. C'est vrai pour la Russie, l'Ukraine et l'Occident.

Il est également évident que toutes les guerres se terminent par des négociations, et il serait inutile de s'opposer à cette demande en principe. Mais espérer des négociations à ce stade de la guerre est naïf, tout comme la conviction que le désarmement unilatéral de la victime de l'agression apportera la paix.

Les promoteurs de ces propositions ne tiennent pas compte de l'évolution du régime de Poutine au cours des dernières années. La légitimité de Poutine est aujourd'hui celle d'un chef de guerre ; il ne peut donc pas se maintenir au pouvoir sans faire la guerre.

Il compte désormais sur le fait que l'Occident mettra fin à son soutien à l'Ukraine après les élections américaines et conclura un accord – aux conditions du Kremlin, bien entendu. Mais un tel accord (partition de l'Ukraine ? changement de régime à Kiev ? reconnaissance des « nouveaux territoires » russes ?) ne changera rien à l'attitude essentielle du poutinisme vis-à-vis de la guerre, qui est désormais son seul mode d'existence.

Le régime de Poutine ne peut plus sortir de l'état de guerre, car le seul moyen de maintenir son système est d'aggraver la situation internationale et d'intensifier la répression politique à l'intérieur de la Russie.

C'est pourquoi toute négociation avec Poutine aujourd'hui n'apporterait, au mieux, qu'un bref répit, et non une véritable paix. Une victoire de la Russie serait la preuve de la faiblesse occidentale et de sa volonté de redessiner ses sphères d'influence, surtout dans l'espace post-soviétique. La Moldavie et les États baltes pourraient être les prochaines victimes de l'agression. Une défaite du régime, en revanche, équivaudrait à son effondrement.

Seul le peuple ukrainien a le droit de décider quand et dans quelles conditions faire la paix. Tant que les Ukrainiens feront preuve d'une volonté de résistance et que le régime de Poutine ne changera rien à ses objectifs expansionnistes, toute contrainte exercée sur l'Ukraine pour l'amener à négocier reviendrait à faire un pas vers un « accord » entre impérialistes par-dessus la tête de l'Ukraine et aux dépens de son indépendance.

Cet « accord de paix » impérialiste signifierait un retour à la pratique de partition du reste du monde par les « grandes puissances », c'est-à-dire aux conditions qui ont donné naissance à la Première et à la Seconde Guerre mondiale.

Le principal obstacle à la paix n'est certainement pas le « manque de volonté de compromis » de Zelensky, ni le « fauconisme » de Biden ou de Scholz : c'est le manque de volonté de Poutine de même discuter de la désoccupation des territoires ukrainiens saisis après le 24 février 2022. Et c'est l'agresseur, et non la victime, qui doit être contraint de négocier.

Nous, Mouvement socialiste russe, pensons que dans de telles circonstances, la gauche internationale devrait exiger :
Une paix juste pour le peuple ukrainien, y compris le retrait des troupes russes du territoire internationalement reconnu de l'Ukraine ;
l'annulation de la dette publique de l'Ukraine ;
une pression accrue des sanctions sur l'élite et la classe dirigeante de Poutine ;
une pression accrue sur les différentes entreprises qui continuent à faire des affaires avec la Russie ;
une aide humanitaire accrue aux réfugiés ukrainiens et aux exilés politiques russes, y compris ceux qui fuient la conscription ;
une reconstruction équitable de l'Ukraine après la guerre, menée par les Ukrainiens eux-mêmes selon les principes de la justice sociale, et non par des sociétés d'investissement et des fonds spéculatifs appliquant les principes de l'austérité ;
un soutien direct aux organisations bénévoles et syndicales de gauche en Ukraine ;
des plates-formes permettant aux Ukrainiens et aux Russes opposés à la guerre de s'exprimer ;
la libération des prisonniers politiques russes et la fin de la répression de l'opposition politique en Russie.

Le monde d'aujourd'hui bascule vers la droite et les politiciens choisissent de plus en plus de recourir à la discrimination et aux guerres d'agression pour résoudre leurs problèmes, qu'il s'agisse de la campagne militaire génocidaire de Netanyahou à Gaza, soutenue par l'Occident, des attaques de l'Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh (dont la communauté internationale est complice) ou de la rhétorique et des politiques anti-immigrés adoptées par les partis dominants en Allemagne, en Finlande, aux Pays-Bas, en France et aux États-Unis. Dans ce contexte mondial, la gauche doit combattre la montée des tendances impérialistes, militaristes et nationalistes, non pas par des efforts utopiques de construction de la paix, mais en empêchant de nouvelles flambées d'agression et en empêchant les forces fascistes sympathisantes de Poutine (Trump, l'AfD, etc.) d'accéder au pouvoir.

Stop à la guerre !
Pour la fin au poutinisme !
Liberté pour l'Ukraine !
Liberté pour les opprimés en Russie !

1. http://www.bbc.com/english/news-64764949
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Etats-Unis-Sénat. Seuls trois démocrates, dont Bernie Sanders, s’opposent à une aide militaire nouvelle de 10 milliards de dollars pour Netanyahou

27 février 2024, par Jake Johnson — , ,
Le Sénat des Etats-Unis a adopté, dans la matinée du mardi 13 février, une loi prévoyant une aide militaire supplémentaire de plus de 10 milliards de dollars pour le (…)

Le Sénat des Etats-Unis a adopté, dans la matinée du mardi 13 février, une loi prévoyant une aide militaire supplémentaire de plus de 10 milliards de dollars pour le gouvernement israélien, qui s'apprête à lancer une invasion terrestre catastrophique contre Rafah, une ville de Gaza peuplée de plus de 1,4 million d'habitants.

Tiré de A l'Encontre
13 février 2024

Par Jake Johnson

Bernie Sanders entre au Sénat.

Les sénateurs ont approuvé le projet de loi, qui comprend également une aide militaire à l'Ukraine et à Taïwan, par un vote bipartisan écrasant de 70 à 29, seuls trois membres du groupe démocrate de la chambre haute – les sénateurs Bernie Sanders (Indépendant, Vermont), Jeff Merkley (Démocrate, Oregon) et Peter Welch (Démocrate, Vermont) – s'étant opposés à cette décision.

La proposition prévoit un financement global de 95 milliards de dollars pour les trois pays, dont 14 milliards de dollars pour Israël.

« Ce projet de loi accorde au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou 10 milliards de dollars supplémentaires d'aide militaire sans restriction pour sa guerre effrayante contre le peuple palestinien. C'est inadmissible », a écrit Bernie Sanders sur les réseaux sociaux avant le vote de mardi. « Je voterai NON lors de l'adoption finale. »

Peter Welch et Jeff Merkley se sont également opposés au projet concernant l'aide militaire inconditionnelle à Israël, qui a reçu plus de 10 000 tonnes d'armes des Etats-Unis depuis le 7 octobre et reçoit déjà près de 4 milliards de dollars par an d'aide militaire états-unienne.

« La campagne menée par le gouvernement Netanyahou est en contradiction avec les valeurs et le droit des Etats-Unis, qui exigent des bénéficiaires de l'aide américaine qu'ils facilitent l'acheminement de l'aide humanitaire », a déclaré Jeff Merkley dans un communiqué publié lundi en fin de journée. « Bien que j'aie soutenu l'aide militaire à Israël dans le passé, et que je continue à soutenir l'aide aux systèmes défensifs comme Iron Dome (Dôme de fer) et David's Sling (Fronde de David, système antimissiles), je ne peux pas voter en faveur de l'envoi de plus de bombes et d'obus à Israël alors qu'ils les utilisent de manière indiscriminée contre les civils palestiniens. »

D'autres démocrates ont critiqué l'aide à Israël mais ont finalement voté en faveur du projet de loi.

Le sénateur Chris Van Hollen (Démocrate, Maryland) a prononcé un discours émouvant sur les conditions humanitaires désastreuses à Gaza, qu'il a qualifiées de « pur enfer ». « Les enfants de Gaza meurent aujourd'hui parce qu'on leur refuse délibérément de la nourriture. Outre l'horreur de cette nouvelle, une autre chose est vraie : il s'agit d'un crime de guerre. C'est un crime de guerre classique. Et cela fait de ceux qui l'orchestrent des criminels de guerre. »

Malgré cette déclaration, Chris Van Hollen a fait partie des membres du groupe démocrate qui ont voté en faveur du projet de loi sur l'aide.

Refus de tout amendement concernant l'UNRWA

Bernie Sanders avait proposé de retirer du projet de loi l'aide militaire offensive à Israël et de supprimer les dispositions interdisant le financement par les Etats-Unis de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), dont les opérations essentielles à Gaza sont sur le point de s'effondrer totalement après que l'administration Biden et d'autres gouvernements ont coupé les fonds à la suite d'allégations israéliennes non fondées visant une douzaine d'employés de l'agence.

En plus de fournir un soutien supplémentaire aux forces armées israéliennes, le projet de loi affaiblirait le contrôle du Congrès en permettant au département d'Etat de renoncer aux exigences de notification pour le financement militaire étranger d'Israël [en vertu de la loi sur le contrôle des exportations d'armes, le président doit officiellement informer le Congrès 30 jours civils avant que l'administration puisse prendre les mesures finales pour conclure une vente de matériel militaire à l'étranger de gouvernement à gouvernement].

« A maintes reprises, j'entends le président et les membres du Congrès exprimer leur profonde inquiétude au sujet de M. Netanyahou et de la catastrophe humanitaire qu'il a provoquée à Gaza », a déclaré Bernie Sanders lundi. « Alors pourquoi soutiennent-ils l'idée de donner à Netanyahou 10 milliards de dollars supplémentaires pour poursuivre sa guerre contre le peuple palestinien ? »

Le projet de loi est maintenant soumis à la Chambre des représentants des Etats-Unis, dont le président Mike Johnson (Républicain, Louisiane) a déclaré qu'il « devra continuer à travailler selon sa propre méthode sur ces questions importantes ».

Dans une déclaration faite lundi soir, Mike Johnson s'est plaint du fait que la mesure adoptée par le Sénat ne comporte « aucune modification de la politique frontalière » [mesure pour faire obstacle aux migrants à la frontière Mexique-Etats-Unis], alors même que c'est l'opposition des républicains qui a contraint les dirigeants du Sénat à retirer du programme d'aide à l'étranger les changements légaux proposés en matière d'immigration.

Les défenseurs des droits des immigré·e·s se sont largement opposés à ces modifications, qu'ils ont qualifiées d'attaque draconienne contre le droit d'asile. (Article publié sur Common Dreams, le 13 février 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)

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Un demi-milliard de dollars d’amende pour Trump... quel impact sur sa candidature ?

27 février 2024, par Dan La Botz — , ,
Les tribunaux ont infligé à l'ancien président Donald Trump deux décisions économiquement dévastatrices qui pourraient lui coûter un demi-milliard de dollars et qui portent un (…)

Les tribunaux ont infligé à l'ancien président Donald Trump deux décisions économiquement dévastatrices qui pourraient lui coûter un demi-milliard de dollars et qui portent un coup fatal à sa marque, à son image et à son ego. Comment ces décisions affecteront-elles ses ambitions présidentielles ?

Hebdo L'Anticapitaliste - 696 (22/02/2024)

Par Dan La Botz

Crédit Photo
Wikimedia Commons

Dans la décision la plus récente, un juge new-yorkais a sanctionné Trump à hauteur de 350 millions de dollars pour des déclarations commerciales frauduleuses, une somme qui, avec les intérêts, atteindra 450 millions de dollars. Il a également interdit à Trump de faire des affaires à New York pendant trois ans. Le juge a également condamné ses fils, Eric Trump et son frère Donald Trump Jr., à une amende de 4 millions de dollars chacun et leur a également interdit de faire des affaires à New York pendant deux ans. Trump doit payer l'amende dans les 30 jours ou déposer une caution pendant qu'il fait appel des décisions. Selon les estimations, Donald Trump « vaut » 2,3 milliards de dollars, dont la majeure partie est constituée de biens immobiliers, mais il dispose d'un demi-milliard de dollars de liquidités. Il ne fera donc pas faillite. Le juge a également prolongé de trois ans le mandat d'un contrôleur indépendant, un agent du tribunal au sein de l'organisation Trump, chargé de surveiller les fraudes.

Dans une décision rendue en février, les tribunaux ont accordé 83,3 millions de dollars à E. Jean Carroll, une femme qui affirme avoir été violée par Trump il y a plusieurs dizaines d'années et avait ensuite été diffamée. Trump a fait appel de cette décision.

91 chefs d'accusation contre Trump

Trump a attaqué la décision la plus récente (l'amende de 450 millions de dollars), la qualifiant d'« imposture complète et totale ». Il affirme depuis le début que le président Biden et le Parti démocrate sont à l'origine de ce qu'il appelle les attaques « politiquement motivées » dont il fait l'objet. Il a qualifié le juge d'être corrompu et a déclaré que la procureure générale de New York, Letitia James, une femme noire, qui a porté l'affaire devant les tribunaux, était une « raciste ».

Outre ces affaires civiles, Trump doit répondre de 91 autres chefs d'accusation dans le cadre de quatre procédures distinctes. Tout d'abord, à Manhattan, il est accusé d'avoir falsifié des documents commerciaux dans le cadre d'un stratagème visant à verser des pots-de-vin à des femmes qui disaient avoir eu des relations sexuelles avec lui. Ce procès s'ouvrira le 25 mars. Ensuite, en Floride, il est accusé de rétention délibérée d'informations relatives à la sécurité nationale, d'obstruction à la justice, de dissimulation de documents et de fausses déclarations. Troisièmement, en Géorgie, Trump et 18 autres personnes sont accusés de racket et de conspiration pour voler les élections de 2020. Dans cette affaire, deux des co-accusés de Trump ont accusé la procureure du comté de Fulton, Fani T. Willis, d'avoir bénéficié financièrement de l'embauche de Nathan Wage, un collègue avec lequel elle avait une liaison sexuelle, et ils demandent qu'elle soit dessaisie de l'affaire. Enfin, à Washington, DC, Trump fait également l'objet d'une procédure fédérale pour subversion électorale.

De plus, la Cour suprême fédérale examine actuellement deux affaires concernant Trump. L'une portant sur la décision de la Cour suprême du Colorado de lui retirer la possibilité d'être candidat dans cet État (dans le cadre de l'élection présidentielle) parce qu'il a incité à l'insurrection contre le gouvernement des États-Unis. Et l'autre, sur la question de savoir si, en tant qu'ancien président, il bénéficie ou non d'une immunité de poursuites.
Souscription de Trump pour les frais de justice

Comment les problèmes juridiques de Donald Trump affectent-ils sa campagne présidentielle ? Trump a profité de ses procès pour récolter des dizaines de millions de dollars afin de payer ses frais de justice, et il a immédiatement demandé à ses partisans de l'aider à financer son appel de la dernière décision rendue à son encontre.

La base de Trump, environ un tiers de tous les électeurs, lui reste fidèle. Ils sont d'accord avec lui pour dire qu'il est politiquement persécuté par une « chasse aux sorcières » du parti démocrate. Et Trump contrôle le Parti républicain, dont la quasi-­totalité des éluEs, à tous les niveaux, le soutiennent dans sa candidature à la présidence. La plupart des AméricainEs (deux sur trois) pensent cependant que Trump ne devrait pas bénéficier de l'immunité. La plupart d'entre eux souhaiteraient qu'il soit jugé avant les élections. Si Trump a la mainmise sur sa base, ses problèmes juridiques font qu'il est peu probable qu'il obtienne les voix de démocrates tandis qu'il risque de perdre celles de nombreux électeurEs indépendants (qui balancent entre Républicains et Démocrates).

Traduction Henri Wilno

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« Défaillance morale » : Le représentant démocrate R. Khanna et A. Aiyash démocrate au parlement du Michigan insistent pour que J. Biden change de politique envers Gaza

27 février 2024, par Abraham Aiyash, Amy Goodman, Ro Khanna — , , ,
Mardi, (le 20-02-2024) les États-Unis ont opposé leur véto à une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU demandant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. La proposition a été (…)

Mardi, (le 20-02-2024) les États-Unis ont opposé leur véto à une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU demandant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. La proposition a été soutenue par 13 votes.

photo Serge D'Ignazio
Tiré de Democracy Now
traduction Alexandra Cyr

Amy Goodman : (…) Il y a donc eu un vote contre et le Royaume Uni s'est abstenu. C'est la troisième fois que les États-Unis opposent leur véto au Conseil de sécurité sur des résolutions exigeant des cessez-le-feu à Gaza. Celui-ci faisait suite à une résolution adverse des États-Unis rendue publique la veille, demandant un cessez-le-feu temporaire qui pouvait permettre la libération des otages israéliens.nes.

Les attaques israéliennes sur Gaza ont fait presque 30,000 morts au cours de quatre mois et demi. Des centaines de personnes qui manquent à l'appel sont présumément ensevelies sous les décombres. Près de 70,000 personnes ont été blessées. 80% de la population de Gaza a été déplacée pendant que la crise humanitaire persiste en s'empirant. Un quart de la population fait face à la famine.

Le soutien de l'administration Biden à la guerre contre Gaza a été beaucoup critiqué à travers le monde et dans le pays. Le Michigan, un État clé (dans la campagne à la Présidence), regroupe la plus vaste population arabe des États-Unis. Une campagne en faveur d'un vote neutre, non engagé, dans les primaires démocrates prend de l'ampleur pour protester contre la politique de soutien à Israël de la part du Président Biden.

Pour développer sur cet enjeu, nous rejoignons deux invités : Abraham Aiyash député au parlement du Michigan, leader de la majorité en chambre et second dans la hiérarchie démocrate de cet État. Il est un des nombreux représentants d'origine arabe ou musulmans qui ont rencontré le Président Biden à Dearborn la semaine dernière après avoir refusé de rencontrer sa directrice de campagne, Mme Julie Chavez Rodriguez. Il s'est aussi joint à 40 autres élus.es du Michigan dans la campagne en faveur du vote neutre lors de la prochaine primaire démocrate du 27 février courant. Et depuis Washington D.C., en route pour le Michigan, nous rejoignons le représentant démocrate Ro Khanna au Congrès. Il est le whip du Caucus progressiste démocrate et il se rend au Michigan pour rencontrer demain les leaders musulmans et arabes de l'État.

Soyez les bienvenus tous les deux. A. Aiyash, nous allons commencer avec vous. Que demandez-vous ? À titre de leader de la majorité en chambre, que demandez-vous à l'administration Biden ? Ce n'est pas dans vos habitudes de prendre de telles positions et le Parti démocrate est sujet à de lourdes pressions en ce moment. Pouvez-vous nous dire ce que vous voudriez voir arriver ?

Abraham Aiyash : Nos demandes sont assez simples. Nous ne voulons pas que notre gouvernement, notre pays, soutienne, aide, encourage quelque opération que ce soit qui tue des innocents.es, des hommes, des femmes et des enfants. Il ne nous semble pas radical que de suggérer que le pays le plus riche et le plus puissant de l'histoire du monde ne finance pas ce qui nous apparaît être un génocide, avec presque 30,000 Palestiniens.nes décédés.es à cause de missiles et de bombes israéliens financés par les États-Unis. Nous refusons que notre leadership s'engage dans cette défaillance morale et dans ces actes dégradants qui sont une atteinte à la dignité et à l'humanité du peuple palestinien. Avant tout, nous ne nous opposons à personne mais simplement, nous réaffirmons notre engagement envers l'humanité et en faveur des droits humains les plus élémentaires qui stipulent qu'il ne s'agit pas d'un concept fou que de ne pas soutenir quelque effort que ce soit qui vise à tuer des innocents.es dans le monde, spécialement au niveau de que nous avons pu observer à Gaza où plus de gens sont morts dans ce conflit qu'au cours de n'importe quelle guerre depuis la seconde guerre mondiale. C'est proprement dévastateur.

Et nous espérons qu'il s'agit de l'exercice de nos droits. Nous allons utiliser les bulletins de vote du 27 février pour montrer que nous ne supporterons pas toutes les actions qui prévoient de commettre un génocide et que nous allons nous tenir debout fermement sur cette position. Espérons que cela permettra à l'administration de changer le cours des choses d'ici l'élection de novembre prochain.

Juan Gonzalez : Je veux demander au représentant Ro Khanna … vous avez dit, par exemple, que l'ancien Président Trump était trop dangereux pour que nous ne soutenions pas le Président Biden. Que répondez-vous à ces Démocrates qui ne peuvent voter pour le Président sans mauvaise conscience au moins à ces primaires ?

Ro Khanna : D'abord, je dois dire que j'ai un immense respect pour le représentant Aiyash et je m'organise pour le voir au Michigan. Je pense que l'administration doit changer de politique envers le Proche Orient pour gagner de la crédibilité auprès des gens que nous avons perdu. Vous ne pouvez pas rencontrer les musulmans américains et la communauté arabe américaine et ensuite opposer votre véto aux Nations Unies à une résolution qui demande un cessez-le-feu et en plus demander une libération inconditionnelle des otages. C'est notre troisième véto. Cela atteint notre position morale. Cela nous choque eut égard à nos engagements en faveur des droits humains. Et la population ne croit plus que nous l'entendons et que nous allons changer de trajectoire. Elle n'a plus confiance.

Donc, j'espère que cette rencontre avec le représentant Aiyash et les autres, nous permettra d'élaborer une stratégie qui aidera à changer le cours des choses au Proche Orient que nous pourrons avoir un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et que l'aide pourra revenir à Gaza, que nous aurons plus de paix et de justice dans cette région.

J.G. : Représentant Aiyash, je veux vous entendre à propos de la rencontre que vous eue avec les délégués.es officiels.les du gouvernement Biden plus tôt ce mois-ci à Dearborn. Que tirez-vous de ces discussions ?

A.A. : Nous avons fermement réitéré notre position. Nous voulons un cessez-le-feu permanent immédiatement. Nous voulons que l'aide soit distribuée à la population de Gaza par des entités comme l'UNRWA. Et nous voulons voir des restrictions et des conditions accrochées à l'aide envoyée à Israël. Nous envoyons un chèque en blanc, en totale obscurité, sans conditions à un pays qui a violé les droits humains, les lois internationales encore et encore.

Nous avons rappelé à l'administration qu'elle est impliquée depuis 124 jours dans ce conflit. Il se trouve que cette visite avait lieu dans un État dont l'électorat peut changer de camp (dans la prochaine élection), sans que ça ne provoque rien de plus. Nous ne les voyons pas au niveau de préoccupation qu'ont démontré nos communautés depuis des mois. Donc, nous avons réitéré notre message.

Malheureusement, quelques jours seulement après cette rencontre, nous avons vu le régime Nétanyahou exécuter une de ses pires attaques dans la région de Rafah sans que les États-Unis ne fasse les pressions nécessaires pour que ce régime cesse ses actions haineuses.

A.G. : Représentant Khanna, pensez-vous que l'administration Biden fait une erreur en opposant son véto à une résolution de plus ? Et je veux pousser un peu plus la question. Immédiatement après que l'ambassadrice américaine ait posé son véto, le Président Biden se trouvait à une activité de financement à Los Angeles. Il s'agissait de récolter de grosses sommes. Il était accompagné du milliardaire Haim Saban, qui investit dans les médias et bien connu comme un Démocrate pro israélien. Le coût du diner à ce meeting était de 3,300.00$ et pouvait aller jusqu'à 250,000$. Je tire ces informations du site Common Dreams. Que pensez-vous de cela et du Président Biden quand il répète qu'il fait d'énormes pressions sur B. Nétanyahou en privé ? Leurs actions privées ne cessent d'être contraire à un cessez-le-feu tel que présenté dans la résolution (portée au vote au Conseil de sécurité des Nations Unies) et à y opposer son véto.

R.K. : Ce fut une faute que d'opposer ce véto à la résolution des Nations Unies. Au pire ils auraient pu s'abstenir. Il y a 15 pays représentés au Conseil de sécurité. 13 ont voté en faveur de la résolution qui appelait à un cessez-le-feu permanent et la libération des otages. La résolution reflètait le sentiment non seulement dans le monde mais aussi dans la majorité de la population américaine. Nous sommes les seuls à avoir voté ainsi dans le monde entier. Cela heurte la position américaine dans le monde d'autant plus que cette administration s'est engagée à rebâtir les institutions internationales. Qu'est-ce que cela donne comme image de la crédibilité des Nations Unies si nous ne participons pas à ces institutions.

Par ailleurs j'apprécie qu'il y ait eu un peu de mouvement dans l'administration. Beaucoup d'entre nous au Congrès avons milité pour l'aide humanitaire à Gaza. La reconnaissance des vies palestiniennes et les préoccupations humanitaires sont devenues visibles. Mais maintenant, il faut passer à l'action. Il doit y avoir des conséquences claires pour B. Nétanyhou et les éléments d'extrême droite de son gouvernement. Ces gens dans ce gouvernement sont bien plus à droite que D. Trump. Il est important de la comprendre (quand il est question) de personnages comme Ben-Vir. Il faut rendre très clair à B. Nétanyahou : vous ne pouvez pas entrer dans Rafah. Notre secrétaire à la défense ne le veut pas. Notre Président ne le veut pas. Qui est-il pour défier les États-Unis d'Amérique et penser que nous allons continuer à lui fournir de l'aide militaire ? Donc, nous devons être très, très clairs sur les conséquences. Mais ce n'est pas ce qui se passe jusqu'à maintenant.

J.G. : Représentant Aiyash, en décembre vous avez commencé une grève de la faim et avez rejoint une manifestation devant la Maison blanche pour demander un cessez-le-feu. Pourquoi cet enjeu vous est-il si personnel ?

A.A. : Deux tantes de ma cheffe de cabinet ont été victimes de la Nakba. Elle me racontait l'histoire de son père et de ses deux sœurs marchant dans la vallée du Jourdain et ces deux dames sont mortes de déshydratation. Vous savez il y a de vraies souffrances et des histoires vraies derrière la déshumanisation du peuple palestinien.

Et des gens se sont soulevés partout dans notre pays pour dire qu'ils ne devraient pas se demander comment ces hommes, ces femmes et ces enfants innocents.es souffrent à cause de l'extrême-droite de ce régime que, comme l'a mentionné R. Khanna, nous finançons. Voyons les faits : la majorité des Américains.es, 80% des démocrates, sont en faveur d'un cessez-le-feu. Plus de 60% de la population est d'accord avec cela. Malgré tout, nous avons une majorité au Congrès et à la Maison blanche qui ne fait qu'ignorer la volonté populaire. C'est complètement non-américain quand vous avez des citoyens.nes qui protestent pendant des mois, qui se lèvent pour dire : « nous exigeons que notre pays mette de l'avant sa conviction morale et dise qu'aucun.e innocent.e, homme, femmes et enfant, ne soit tué.e avec des armes américaines » et que nos leaders les ignore.

Je suis reconnaissant envers les leaders comme le représentant Khanna qui bataillent fermement en faveur des droits humains et qui soutient que les Palestiniens.nes méritent autant de dignité que les Ukrainiens.nes, que les Israéliens.nes et que quiconque d'autre dans le monde. Mais nous voyons nos leaders continuer à ignorer la volonté américaine ; c'est un vrai crève-cœur. C'est un enjeu extrêmement important pour tant de gens dans notre pays parce que c'est un rappel que nous devons continuer à nous battre pour les valeurs démocratiques, les idéaux et que c'est par des gestes comme le « vote neutre » et en continuant à nous organiser et en protestant que nous travaillons en faveur de la paix dans le monde.

A.G. : Représentant R. Khanna, vous avez dit qu'il doit y avoir des conséquences pour toucher l'aide politique américaine. Pensez-vous que l'aide militaire américaine à Israël et au gouvernement Nétanyahou devrait cesser à cause de ce qu'ils font à Gaza en ce moment même ? Et, pouvez-vous nous parler de la rencontre que vous allez avoir avec Rashida Talib de la campagne « Take Back Our Power » ? Elle qui est la seule américaine d'origine palestinienne membre du Congrès.

R.K. : Alors, j'ai voté contre cette proposition d'envoi de 17 millions de dollars à Israël sans aucune restriction il y a une ou deux semaines. Et je ne pense sûrement pas que nous devrions leur fournir plus de missiles de précision qui peuvent servir à attaquer la population de Rafah. Et je ne vois pas comment on peut outre passer le Congrès, ce qui est déjà arrivé, pour fournir des armes offensives qui vont servir à conduire des attaques que notre gouvernement dit qu'elles ne devraient pas avoir lieu.

Je veux simplement dire ceci : je regarde vraiment vers l'avant et je vais rencontrer des gens comme le représentant Aiyash et d'autres personnes des communautés arabes et musulmanes américaines. Il n'est pas qu'un représentant. Il est un leader dans la Chambre du Michigan. C'est un futur gouverneur, un futur sénateur et un futur membre du Congrès. Voilà le but. La coalition du Parti démocrate moderne n'est pas de 1972, c'est une coalition qui inclut de jeunes progressistes, des musulmans.es et des arabes américains.nes, des juifs.ves américains.es et de jeunes gens. L'African Methodist Episcopal Black Church a aussi demandé un cessez-le-feu. Et nous devons nous réveiller et voir les faits car dans l'avenir le Parti démocrate va devoir exiger la justice de deux États, un État palestinien vivant aux côtés de l'État d'Israël. Et il va devoir aussi exiger des actions concrètes pour un cessez-le-feu et la reconnaissance de l'humanité des deux peuples, le palestinien et l'israélien. La rencontre avec Rashida Tlaib devrait porter sur l'électricité, l'énergie et la justice mais je suis sûr que d'autres sujets vont surgir durant ce débat public.

A.G. : Merci à vous deux.

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Contre l’extradition de Julian Assange, pour le droit de savoir

27 février 2024, par Carine Fouteau — , ,
Pour empêcher son transfert aux États-Unis, où il risque la prison à vie, le fondateur de WikiLeaks abat sa dernière carte en droit britannique les 20 et 21 février. Au regard (…)

Pour empêcher son transfert aux États-Unis, où il risque la prison à vie, le fondateur de WikiLeaks abat sa dernière carte en droit britannique les 20 et 21 février. Au regard de l'intérêt public majeur des informations qu'il a contribué à révéler, nous devons, en tant que journalistes et citoyens, nous dresser pour obtenir sa libération.

20 février 2024 | tiré du Europe solidaire sans frontières | Photo : L'avocate Stella Assange, femme de Julian, devant la Haute Cour de justice de Londres, le 24 janvier 2022. © Photo Daniel Leal / AFP
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69844

« La démocratie meurt dans l'obscurité » : ce slogan aux accents d'appel à la vigilance adopté par le Washington Post en 2017 lors de la présidence de Donald Trump devrait résonner fortement aux oreilles de Joe Biden ces jours-ci. A fortiori depuis le décès, en Russie, d'Alexeï Navalny, le célèbre opposant politique à Vladimir Poutine dans une colonie pénitentiaire reculée de l'Arctique, où il purgeait une peine de 19 ans de prison.

Alors que l'ultime recours en droit britannique de Julian Assange doit être examiné, mardi 20 et mercredi 21 février, pour empêcher son extradition aux États-Unis, où il encourt une peine allant jusqu'à 175 ans de prison, il faut rappeler inlassablement que le supplice du fondateur de WikiLeaks, enfermé depuis douze années, est aussi celui d'un double principe, le droit d'informer et le droit d'être informé·e.

Ce supplice tient à la durée de la procédure judiciaire, à la lourdeur des charges retenues contre lui et à la dureté des conditions d'enfermement auxquelles il est soumis. Le piège se referme sur Julian Assange quatre ans après la création en 2006 de WikiLeaks, organisation non gouvernementale à but non lucratif dont la mission était de rendre publics, de manière anonyme et sécurisée pour leurs sources, des documents d'intérêt général n'ayant initialement pas vocation à être révélés.

La publication en 2010 d'une vidéo et de près de 400 000 rapports militaires documentant les exactions américaines en Irak et en Afghanistan fait l'effet d'un coup de tonnerre. S'y ajoute la diffusion de 251 000 dépêches diplomatiques envoyées au siège du Département d'État racontant cinquante ans de relations diplomatiques des États-Unis entretenues à travers le monde.

De quoi susciter la fureur de la Maison-Blanche : non seulement ces fuites massives révèlent les défaillances technologiques de la première puissance mondiale, incapable de protéger ses données sensibles, mais elle met aussi la lumière sur ses mensonges, ses petits arrangements et ses violations du droit international. Furieuses d'être ainsi mises à nu, les autorités américaines lancent aussitôt une enquête pour « espionnage » contre WikiLeaks et recherchent activement son fondateur, désigné comme ennemi public numéro un.

L'audience de la dernière chance

La chasse à l'homme commence. Après avoir été placé en liberté surveillée pendant deux ans au Royaume-Uni, Julian Assange se réfugie en juin 2012 à l'ambassade de l'Équateur à Londres, où il vit pendant sept ans dans un espace confiné, avant d'être incarcéré à partir d'avril 2019 en détention provisoire dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, près de la capitale britannique.

Il est depuis lors maintenu à l'isolement dans cet établissement carcéral conçu pour abriter des terroristes et des membres de groupes liés au crime organisé. En mai de la même année, alors que Donald Trump a été élu président, la justice américaine le rattrape : il est inculpé pour « espionnage » par les États-Unis, où il risque la prison à vie.

S'ensuit une série de recours engagés pour empêcher son extradition, balayés les uns après les autres. Cet ultime appel devant la Haute Cour britannique est, autrement dit, une audience de la dernière chance pour cet homme qui a su comme personne mettre en lumière les potentialités démocratiques de la révolution numérique.

À l'issue de ces deux jours, deux cas se présentent : soit les juges l'autorisent à présenter formellement cet appel, et la bataille judiciaire se poursuit, soit ils le lui refusent, et l'épée de Damoclès tombe.

Selon son épouse Stella Assange, rien ne s'opposerait alors à son extradition immédiate. Il aurait en effet la possibilité de présenter un recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), mais celui-ci n'étant pas suspensif, il pourrait ne pas empêcher son départ forcé vers les États-Unis. Toutefois, comme le précise Nicolas Hervieu, juriste spécialiste des libertés et enseignant à Sciences Po, la CEDH est susceptible de répondre rapidement, au moins pour demander à l'État concerné de fournir des explications et de surseoir à la mise en œuvre de l'éloignement.

Une attaque contre le droit de savoir

Mediapart, par ses engagements éditoriaux, est particulièrement sensible au combat de Julian Assange et a récemment pris l'initiative d'un appel, sous la forme d'une adresse à Joe Biden, également signé par nos confrères de Der Spiegel (Allemagne), d'Il Fatto Quotidiano (Italie) et d'InfoLibre (Espagne).

Alors que les États-Unis refusent de le reconnaître comme journaliste, nous rappelions au président américain que nous le considérions comme l'un des nôtres, dans la mesure où nous avions publié dans nos titres respectifs des enquêtes qu'il avait signées en son nom. « Au-delà du sort inique qui est fait au fondateur de WikiLeaks, cette procédure transforme le journalisme en crime et met en péril toutes celles et tous ceux qui en font profession, partout dans le monde », écrivions-nous.

Car, oui, Julian Assange a fait œuvre de journalisme en rendant publics des crimes de guerre, des affaires de corruption, des scandales diplomatiques et des opérations d'espionnage que les autorités américaines auraient préféré voir gardés secrets. Il nous revient précisément, en tant que journalistes, de révéler ce qui est nié ou caché, en premier lieu par les puissants de ce monde.

Notre mission démocratique est fondamentalement de placer les gouvernant·es face à leurs responsabilités et de rendre aux citoyen·nes ce qui leur appartient : des informations d'intérêt public leur permettant d'exercer leur droit de regard sur les décisions prises en leur nom et d'agir en fonction de ce qu'ils et elles apprennent.

Dans un texte publié dès 2006, intitulé Conspiracy as Governance, Julian Assange ne disait pas autre chose lorsqu'il affirmait que « l'injustice ne peut trouver de réponse que lorsqu'elle est révélée, car, pour que l'homme puisse agir intelligemment, il lui faut savoir ce qui se passe réellement ». Dans Menace sur nos libertés – Comment Internet nous espionne, comment résister, il déclarait aussi : « “Soyez le changement que vous souhaitez voir dans le monde” [selon la formule prêtée à Gandhi – ndlr], mais soyez aussi l'empêcheur de tourner en rond que vous souhaitez voir dans le monde. »

Parler de liberté n'a de sens qu'à condition que ce soit la liberté de dire aux autres ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre.
George Orwell, 1945

La vérité des faits dérange, c'est peut-être même à cela qu'on la reconnaît. Et nous faisons nôtre la citation de l'écrivain George Orwell, qui, dans sa préface de 1945 à La Ferme des animaux, écrivait : « Parler de liberté n'a de sens qu'à condition que ce soit la liberté de dire aux autres ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre. »

C'est d'ailleurs une citation de cet auteur qui ouvrait la vidéo diffusée par WikiLeaks en 2010, vue par quatre millions de personnes sur YouTube en trois jours, montrant des militaires américains, à Bagdad, tuer des journalistes après avoir confondu une caméra et une arme de guerre.

Cet extrait de La Politique et la langue anglaise disait : « Le langage politique est conçu pour rendre le mensonge crédible et le meurtre respectable, et pour donner à ce qui n'est que du vent une apparence de consistance. » À nous, journalistes, de lire entre les lignes, de démêler le vrai de la propagande et de divulguer le dessous des cartes, quel que soit son éclat.

À force de révélations, l'exercice journalistique peut ainsi se traduire par de fortes secousses. Car, oui, certaines de nos informations remettent en cause l'ordre établi et contribuent à défaire des positions infondées héritées du passé.

Cet état de fait a été consacré en 1976 dans le droit européen par l'arrêt Handyside : la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) affirme en effet que la liberté d'expression « vaut non seulement pour les informations ou les idées accueillies avec faveur, ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l'État ou une fraction quelconque de la population ». « Ainsi le veulent, conclut la CEDH, le pluralisme, la tolérance et l'esprit d'ouverture sans lesquels il n'y a pas de société démocratique. »

La situation de Julian Assange est, à cet égard, le miroir d'un enjeu démocratique central. Face à la tentation de pouvoirs issus du vote de réduire leur légitimité à la seule élection, il est urgent de rappeler que la vitalité d'un régime démocratique dépend de son respect des contre-pouvoirs et de sa capacité d'entendre les mobilisations et les contestations.

À l'inverse, les attaques contre la liberté de la presse sont toujours le symptôme d'un étouffement des principes fondamentaux, première étape d'un virage autoritaire.
Joe Biden face au premier amendement

Joe Biden est la personne qui aujourd'hui tient le destin de Julian Assange entre ses mains. En tant que garant du premier amendement à la Constitution de son pays, qui place la liberté d'expression au sommet de l'édifice principiel américain, il devrait en tirer les conclusions qui s'imposent et le protéger plutôt que de participer à le persécuter. Alors qu'il dénonce avec véhémence la « détention arbitraire » pour « espionnage » dont est victime le journaliste américain Evan Gershkovich en Russie, il se devrait d'être cohérent avec les valeurs qu'il se fait fort de défendre.

Il pourrait aussi se souvenir qu'en 2010, l'administration dont il avait la charge, comme vice-président, aux côtés de Barack Obama s'était gardée, malgré la détestation à l'égard de Julian Assange, de l'assigner en justice, au motif que le poursuivre aurait supposé de poursuivre également les journalistes des nombreux médias internationaux qui avaient relayé les informations.

Certes, Joe Biden l'avait alors publiquement qualifié de « terroriste high-tech », mais l'administration avait néanmoins suspendu les poursuites à son égard pour ne pas contrevenir au premier amendement et ne pas entraver la liberté de la presse.

C'est en effet Donald Trump qui, après avoir adulé Julian Assange pour la publication des courriels piratés du Parti démocrate ayant potentiellement favorisé son élection en 2016, s'est retourné contre lui. Et c'est sous sa mandature que le fondateur de WikiLeaks a été directement inculpé d'« espionnage », en mai 2019, le Département de la justice décidant alors de s'appuyer sur une loi vieille de plus d'un siècle, l'Espionage Act, conçue pendant la Première Guerre mondiale.

Jusqu'à cette date, jamais ce texte visant de potentiels espions n'avait été utilisé contre des journalistes, des médias ou des diffuseurs. « La décision d'inculper Julian Assange est une escalade sans précédent de la guerre de Trump contre le journalisme. [...] Pour l'instant, il ne peut pas poursuivre les journalistes du New York Times ou du Washington Post qui publient des documents classés. Cela pourra changer si Julian Assange est condamné », s'inquiétait, à l'annonce de ce changement de doctrine, Timm Trevor, président de la Freedom of the Press Foundation.

L'extradition de Julian Assange vers les États-Unis signifierait ainsi la mise en cause de nombre de nos principes les plus précieux.

En 2022, cinq médias internationaux, The New York Times, The Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El País, s'alarmaient à leur tour, tous ayant publié des informations de WikiLeaks de 2010. Ils rappelaient notamment que cette source documentaire exceptionnelle était encore exploitée par des journalistes et des historiens douze ans plus tard.

Ils soulignaient, dans cette tribune, avoir critiqué publiquement la publication en 2011 d'une version complète des câbles diplomatiques révélant l'identité et mettant potentiellement en péril la vie d'individus ayant fourni des informations à l'armée ou à la diplomatie américaine ; ils déclaraient aussi que certains d'entre eux restaient préoccupés par l'allégation figurant dans l'acte d'accusation américain selon laquelle Julian Assange aurait lui-même aidé à l'intrusion informatique dans une base de données classée secret-défense, ce qui est contraire à la déontologie journalistique.

Tous, toutefois, affirmaient leur solidarité « pour exprimer [leur] grande inquiétude face aux poursuites judiciaires sans fin que subit Julian Assange ». Ils demandaient au gouvernement américain d'abandonner les poursuites. « Publier n'est pas un crime », martelaient-ils.

Aujourd'hui, la défense de Julian Assange s'appuie principalement sur la dégradation de son état de santé pour refuser son extradition. La rapporteuse spéciale des Nations unies sur la torture, Alice Jill Edwards, vient encore récemment de lui apporter son soutien.

« Le risque qu'il soit placé en isolement cellulaire, en dépit de son état mental précaire, et de recevoir une peine potentiellement disproportionnée pose des questions sur la compatibilité de l'extradition de M. Assange avec les obligations du Royaume-Uni vis-à-vis du droit international », affirme-t-elle.

L'extradition de Julian Assange vers les États-Unis signifierait ainsi la mise en cause de nombre de nos principes les plus précieux, reconnus par toutes les déclarations universelles et conventions internationales, du droit de savoir à la proportionnalité des peines, en passant par le respect des droits des prisonniers et prisonnières.

Au-delà du sort du fondateur de WikiLeaks qui subit dans son corps les stigmates d'une justice d'exception, elle transformerait en potentiel·les criminel·les tou·tes les journalistes enquêtant au service de la vérité des faits.

À la suite des épreuves traversées par d'autres journalistes d'enquête et lanceurs et lanceuses d'alerte, comme Chelsea Manning, Edward Snowden, Glenn Greenwald et Rui Pinto, elle ouvrirait la voie à une offensive dévastatrice pour nos démocraties contre le droit d'informer et d'être informé·e.

Carine Fouteau

P.-S.
• MEDIAPART. 20 février 2024 à 07h39 :
https://www.mediapart.fr/journal/international/200224/contre-l-extradition-de-julian-assange-pour-le-droit-de-savoir

• Les articles de Carine Fouteau sur Mediapart :
https://www.mediapart.fr/biographie/carine-fouteau

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Les élections générales au Pakistan : résultats et contexte, l’armée et le FMI, les enjeux à venir

27 février 2024, par Pierre Rousset, Tariq Farooq — , ,
Les élections générales qui se sont déroulées au Pakistan le 8 février dernier se sont soldées par un vote partagé, aucun parti n'ayant obtenu de majorité claire au niveau (…)

Les élections générales qui se sont déroulées au Pakistan le 8 février dernier se sont soldées par un vote partagé, aucun parti n'ayant obtenu de majorité claire au niveau national. Le scrutin concernait les 266 sièges de l'Assemblée nationale, ainsi que les quatre assemblées provinciales du Pendjab, du Sind, du Baloutchistan et de Khyber Pakhtunkhwa. Le taux de participation global a été de près de 48 % sur un total de 128 585 760 électeurs inscrits. Le vote a été divisé entre plusieurs partis de droite, ce qui témoigne d'un changement important dans la dynamique politique du Pakistan. Les résultats indiquent que les électeurs ont sanctionné les politiques du FMI et la répression menée par l'État, sous la direction de l'armée.

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
21 février 2024

Par Pierre Rousset et Tariq Farooq

Les résultats officiels des élections législatives

Dans ce pays de 241 millions d'habitants (dont 128 millions sont inscrits sur les listes électorales), 5 121 candidats se sont présentés aux élections - dont 312 femmes - représentant pour la plupart 167 partis politiques (dont 44 « nationaux »).

Résultats pour l'Assemblée nationale

PML-N. La Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (Pakistan Muslim League - Nawaz, PML-N), parti de droite centriste, a bénéficié du soutien de l'establishment militaire, mais n'a pas réussi à séduire l'électorat. Elle n'a obtenu que 75 sièges, ce qui signifie néanmoins que son groupe parlementaire était le plus important par rapport à celui des autres partis reconnus, grâce au fait que le Pakistan Tehreek Insaaf d'Imran Khan n'a pas été autorisé à se présenter sous sa bannière et à participer à la campagne officielle.

Tehreek Insaaf. La Commission électorale du Pakistan a pris de nombreuses mesures pour rendre « invisible » le Pakistan Tehreek Insaaf (Mouvement pakistanais pour la justice, PTI) d'Imran Khan. Le parti n'a pas été autorisé à se présenter sous son nom et ses candidats « de facto » n'ont pas été autorisés à utiliser son symbole électoral : une batte de cricket (Imran Kahn est un ancien champion du monde de cricket !). Dans un pays où 75% de la population est analphabète, l'aspect visuel des symboles électoraux joue un rôle majeur dans l'identification des candidats. Le PTI n'a pas pu participer à la campagne officielle. Quant à Imran Kahn, il était confronté à de nombreux déboires judiciaires et à même fait l'objet de trois nouvelles condamnations pour des motifs politiques dans la semaine précédant les élections générales. Il était en détention, comme de nombreux autres dirigeants du PTI.

Malgré tous ces obstacles, le PTI a pu susciter et soutenir de nombreux candidats « indépendants » qui ont utilisé les réseaux sociaux pour se faire connaître. Ils ont connu un véritable succès. Ainsi, 102 « indépendants » ont été élus, dont la grande majorité (92) est identifiée au Tehreek Insaaf.

Le PPP. Le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Bilawal Bhutto Zardari a remporté 54 sièges.

Les partis politiques religieux ont subi des revers lors de ces élections, seul le Jamiat Ulema-e-Islam ayant réalisé des gains notables (4 élus). Le Tehreek Labeek a obtenu 5 à 7 % des voix dans chaque circonscription (aucun élu), tandis que la campagne indépendante du Jamaat-e-Islami n'a pas produit de résultats significatifs (aucun élu).

Un mot d'explication sur la répartition globale des sièges à l'Assemblée nationale. Seuls 266 des 336 sièges sont élus au suffrage direct. Les 70 sièges restants sont « réservés » aux femmes (60 sièges) ou aux minorités non musulmanes (10 sièges). Seuls les partis reconnus peuvent bénéficier de ces réserves, au prorata de leurs résultats. Les candidats indépendants n'y ont pas droit. Les « indépendants » du PTI ont donc rejoint le Sunni Itehad Council (un parti politique sunnite enregistré) pour bénéficier des sièges réservés.

Corruption et fraude. Les élections ont été entachées d'une corruption généralisée, tous les grands partis politiques ayant dépensé des sommes exorbitantes pour acheter des voix. La vente ouverte de votes pour des sommes allant jusqu'à 5 000 roupies (18 dollars) a encore affaibli le processus démocratique. Les campagnes électorales n'ont pas abordé les questions de fond, le PTI se concentrant sur la condamnation d'Imran Khan, le PML-N se ralliant autour du slogan « Donnez le Pakistan à Nawaz » et le PPP présentant Bilawal Bhutto comme un sauveur national.

Pendant les élections, le ministère de l'intérieur a temporairement bloqué l'accès à Internet au nom du maintien de l'ordre public (des attentats avaient eu lieu les jours précédents), ce qui a empêché de nombreux électeurs des centres urbains de réserver des taxis ou d'organiser leur famille pour aller voter. Les accusations de fraude électorale sont nombreuses. 28 personnes ont été tuées ce jour-là. Pendant le décompte des voix, lorsque l'avance des candidats « indépendants » pro-PTI est devenue évidente, ledit décompte des voix a été longtemps suspendu, ce qui a alimenté les soupçons de fraude massive orchestrée par les militaires.

Nous ne pouvons donc parler que des résultats officiels du scrutin.

Les assemblées provinciales

Le PML-N a conservé sa majorité à l'assemblée du Pendjab. Le PPP a remporté une large victoire dans l'assemblée du Sindh. L'assemblée du Baloutchistan a été divisée entre plusieurs partis nationalistes et fédéraux. Au Khyber Pakhtunkhwa, les candidats « indépendants » soutenus par le PTI ont dominé.

Un double rejet du FMI et de la répression étatique

Le résultat global des élections exprime un rejet des politiques du FMI, qui ont conduit à une hausse des prix sans précédent au Pakistan. Ils représentent également un rejet clair des responsables de leur mise en œuvre, des responsables de l'inflation et des politiques répressives qui l'accompagnent, en particulier le gouvernement conservateur du Mouvement démocratique pakistanais (PDM, une coalition), arrivé au pouvoir en avril 2022.

En août 2023, un cabinet intérimaire a été nommé pour préparer les élections, qui auraient dû se tenir trois mois plus tard, en novembre. Elles ont été inconstitutionnellement retardées jusqu'en février 2024, afin de redessiner les circonscriptions électorales. L'objectif était clairement de favoriser la Ligue musulmane-N.

Plus précisément, le résultat électoral montre une forte opposition à la répression exercée contre le PTI dirigé par Imran Khan. Cette perception de la victimisation d'Imran Khan, emprisonné, a mobilisé l'électorat contre la Ligue musulmane de Mian Nawaz Sharif. Sharif a été Premier ministre à trois reprises dans le passé. Il s'est exilé au Royaume-Uni pour échapper aux poursuites judiciaires. La fin de son auto-exil, accompagnée du classement rapide de toutes les affaires judiciaires le concernant, indique clairement son retour en grâce aux yeux de l'armée. Fort de cette nouvelle collusion, l'establishment militaire a stratégiquement orchestré la campagne électorale de la Ligue musulmane. Son échec constitue donc un sérieux revers.

Cependant, le résultat des élections met également en évidence la domination des idéologies de droite, bien que le vote ait manqué de ferveur et ait été principalement une réaction aux conflits internes de la droite plutôt qu'une division claire entre la gauche et la droite. Il ne s'agissait pas d'un vote anti-establishment « de principe », la position anti-establishment du PTI s'avérant circonstancielle, temporaire et sélective dans son opposition à l'oppression exercée par l'appareil d'État (ce parti est loin de défendre toutes les victimes de la répression de l'État !)

La gauche marginalisée

Bien que la gauche ait participé dans une certaine mesure à la bataille électorale, son influence a été limitée, avec moins de 40 candidats en lice.

La gauche a souffert de la popularité du Tehreek Insaaf, la plupart des votes contre l'establishment militaire et les politiques du FMI étant allés au PTI. Les candidats de gauche, y compris ceux du parti Haqooq Khalq, du parti Awami des travailleurs (Awami Wokers' Party) et du parti Brabri, n'ont pas réussi à obtenir un soutien significatif ou des sièges. En particulier, un siège à l'Assemblée nationale détenu par le marxiste Ali Wazir lors des élections générales de 2018 a été perdu cette fois-ci.

Les candidats du parti Haqooq Khalq, Ammar Jan, ont obtenu 3 % du total des suffrages exprimés (soit 1573) dans sa circonscription, Imtiaz Alam et Muzammil ont obtenu 1 %.

Ali Wazir a été élu au parlement national de la province de Khyber Pakhtunkhwa lors des élections générales de 2018, il était le seul parlementaire marxiste siégeant à l'Assemblée nationale. Il a perdu son siège en obtenant 16 000 voix, alors que le vainqueur en a obtenu 21 000.

Malgré ce revers, des partis comme Haqooq Khalq ont promis de continuer à intensifier leur mobilisation. Le principal domaine d'action de Haqooq Khalq est l'organisation des travailleurs et des paysans. Cependant, il a décidé de poursuivre ses activités électorales. Il prévoit de présenter plus d'une centaine de candidats aux prochaines élections législatives et de participer pleinement aux différentes élections locales.

Négociations parlementaires

L'élection du prochain Premier ministre montre qu'il est trop tôt pour se réjouir. L'issue des négociations parlementaires pourrait bien tourner à l'avantage des militaires.

La PML-N de Nawaz Sharif et le PPP de Bilawal Bhutto Zardari sont parvenus à un accord pour former un gouvernement, négociant un partage du pouvoir. Ils espèrent également coopter certains des candidats soutenus par le PTI d'Imran Khan, avec un certain succès.

Nawaz Sharif ne brigue pas le poste de Premier ministre : il préfère s'effacer derrière son frère Shahbaz Sharif. Nawaz traine beaucoup de casseroles derrière lui (dont certaines sont très récentes) et choisit de ne pas trop s'exposer. Son frère a également été chef de gouvernement à plusieurs reprises, mais dans un passé plus lointain. Nawaz peut gouverner dans l'ombre.

La majorité parlementaire est fragile, ce qui n'est pas forcément pour déplaire aux militaires, qui gardent la main. Aucun Premier ministre civil n'a jamais terminé une législature au Pakistan, ce qui est également fréquent dans les régimes présidentiels (voir France), mais moins dans les régimes parlementaires.

Néolibéralisme autoritaire

Si les élections du 8 février ont été l'expression forte d'un profond mécontentement populaire, elles n'annoncent pas de changement positif dans les mesures qui seront mises en œuvre. Les frères Nawaz, le PLM-N et le gouvernement s'apprêtent à approfondir les politiques néolibérales, à poursuivre la privatisation des institutions publiques et à exploiter davantage les classes populaires au nom du remboursement de la dette.

Le gouvernement accèdera aux demandes du FMI et de la Banque mondiale (sauf lorsqu'ils demandent que les riches soient également taxés pour contribuer à réduire le poids de la dette). Il privilégiera les intérêts des entreprises au détriment du bien-être de la population. L'essor de l'agro-industrie, facilité par le PML-N et les gouvernements intérimaires, risque d'exacerber encore davantage les inégalités économiques et ne répondra pas aux besoins des petits agriculteurs.

L'augmentation du coût de la vie affecte les biens les plus essentiels pour les classes populaires, tels que les légumes, le blé, le sucre et l'électricité, qui sont devenus inabordables. Le taux d'extrême pauvreté continue d'augmenter. Les jeunes cherchent le salut dans l'émigration (pour ceux qui ont les moyens de tenter l'aventure), même dans des pays d'accueil à haut risque. Les transferts de fonds des migrants vers leurs familles ne suffisent plus à compenser la crise du coût de la vie. En toile de fond, les crises climato-écologiques et sanitaires (notamment le Covid, mais pas seulement) survenues ces dernières années au Pakistan ont considérablement fragilisé le tissu social, plongeant davantage de familles et de villages dans l'extrême pauvreté.

Cette situation catastrophique a donné lieu à d'importantes manifestations, comme en septembre 2023, contre la hausse des prix de l'électricité. Malheureusement, les conditions ne sont pas réunies aujourd'hui pour qu'elles puissent se consolider, s'installer dans la durée, se renforcer et se relier entre elles.

Il appartient aux forces de gauche de s'impliquer dans les mouvements progressistes, sociaux et de genre, pour contribuer à enclencher une dynamique positive qui permettra de renforcer les organisations en faveur de la classe ouvrière, des femmes, des petits paysans et des gens ordinaires.

Farooq Tariq, Pierre Rousset


P.-S.

• Farooq Tariq est secrétaire général du Pakistan Kissan Rabita Committee et président du Haqooq Khalq Party. Il a précédemment joué un rôle de premier plan au sein du Parti Awami des travailleurs et, avant cela, au sein du Pakistan Labour Party (Parti travailliste pakistanais).
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Pourquoi les agriculteurs indiens ont-ils relancé leur mouvement de protestation ?

27 février 2024, par AFP, Science et avenir — , ,
Des milliers d'agriculteurs indiens convergent cette semaine vers New Delhi sur des tracteurs, tentant de relancer le mouvement de protestation de 2020-2021 qui avait bloqué (…)

Des milliers d'agriculteurs indiens convergent cette semaine vers New Delhi sur des tracteurs, tentant de relancer le mouvement de protestation de 2020-2021 qui avait bloqué les autoroutes vers la capitale pendant plus d'un an.

16 février 2024 | tiré de Sciences et Avenir | Photo : Des agriculteurs bloquent les voies ferrées lors d'une manifestation pour exiger des prix minimum pour les récoltes, dans une gare de Rajpura,le 15 février 2024 en Inde NARINDER NANU / AFP

Le Premier ministre Narendra Modi avait alors été contraint de reculer et d'abroger des lois de déréglementation des marchés agricoles. Les syndicats agricoles affirment que le gouvernement n'a depuis pas fait assez pour résoudre leurs problèmes, ce qui les a poussés à reprendre leur mouvement. Des colonnes de police anti-émeute ont jusqu'à présent freiné l'avancée des manifestants avec des tirs de gaz lacrymogènes et des barricades en béton, mais les agriculteurs ont promis de continuer leur mouvement.

Quelle est la situation du secteur agricole en Inde ?

Le secteur agricole indien est gigantesque et plongé dans de multiples difficultés. Il emploie plus de 45% de la main-d'œuvre du pays et représente 15% de son produit intérieur brut (PIB). La "Révolution verte" des années 1970 avait fait de l'Inde, alors régulièrement confrontée à des pénuries alimentaires, un important exportateur de produits alimentaires.

La taille moyenne des exploitations reste modeste : plus de 85% des agriculteurs possèdent moins de deux hectares de terre. Et moins d'un agriculteur sur cent possède plus de 10 hectares, selon une enquête du ministère de l'Agriculture de 2015-2016.

Les pénuries d'eau, les inondations et des conditions météorologiques irrégulières liées au changement climatique, ainsi que l'endettement pèsent fortement sur les agriculteurs.

Plus de 300.000 d'entre eux se sont suicidés depuis les années 1990, selon les chiffres officiels, et les agriculteurs sont nombreux à déplorer un état de détresse financière constante.

"Nous travaillons de longues heures dans les champs et nous avons encore du mal à joindre les deux bouts", a indiqué à l'AFP Sandeep Kumar, 40 ans, en première ligne de la manifestation mercredi.
Les agriculteurs indiens ont néanmoins un poids politique important en raison de leur nombre : des dizaines de milliers de personnes avaient campé dans la banlieue de Delhi lors du précédent mouvement pour exiger que le gouvernement de Narendra Modi abandonne son projet de déréglementation de l'agriculture.

Que demandent les agriculteurs ?

Les agriculteurs indiens disposent déjà de garanties de longue date obligeant le gouvernement à acheter certains produits, notamment le riz et le blé, lorsque leur prix tombe au-dessous d'un certain niveau sur le marché. La principale revendication des syndicats est d'élargir ces prix minimum de soutien à toutes les cultures pour les protéger des fluctuations du marché.

Le gouvernement Modi avait promis d'examiner cette demande après les manifestations de 2021, mais les syndicats affirment que rien n'a été fait depuis. Ils veulent également que les poursuites contre les dirigeants syndicaux datant de ces manifestations soient abandonnées et qu'une pension mensuelle de 120 dollars soit versée aux agriculteurs de plus de 60 ans.

Plusieurs autres revendications visent une plus grande protection des agriculteurs face aux fluctuations du marché : allègement des dettes, retrait de l'Inde de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et des accords de libre-échange, ainsi que l'assurance que les subventions existantes, notamment l'électricité gratuite, ne seront pas supprimées.

Quelle a été la réponse du gouvernement ?

L'Inde dépense déjà plus de 50 milliards de dollars par an en subventions aux agriculteurs, selon des documents budgétaires. Ces subventions ont parfois aggravé le manque de productivité en encourageant des cultures inadaptées aux conditions locales, comme le riz qui a épuisé les nappes phréatiques dans l'État du Pendjab.

Les subventions et les achats publics de produits agricoles ont fréquemment été des facteurs de corruption et de gaspillage. Le gouvernement a tenu cette semaine plusieurs séries de négociations avec les syndicats pour désamorcer la crise, sans succès.

Le parti de M. Modi, le BJP, affirme que l'extension du système de prix minimum est régressive et inabordable, avec un coût estimé à au moins 140 milliards de dollars supplémentaires. Le gouvernement a plutôt cherché à contenir les manifestations afin d'éviter un mouvement de grande ampleur comme celui de 2020-2021, qui avait suscité une grande sympathie dans l'opinion publique.

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