Presse-toi à gauche !

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Poly

12 décembre 2023, par Noisette, une sorcière comme les autres — , ,
Elles sont quatorze Nous sommes chacune. Elles ont reçu une balle Sans avoir le temps de réaliser, d'avoir mal. Nous, nous avons reçu insultes, gifles, Avec trop de temps (…)

Elles sont quatorze
Nous sommes chacune.
Elles ont reçu une balle
Sans avoir le temps de réaliser, d'avoir mal.

Nous, nous avons reçu insultes, gifles,
Avec trop de temps pour sentir le vide.
Paralysées par la peur ou mortes
C'est la main, c'est la balle.
C'est le mépris de la même sorte
Du père, du mari ou de l'amant jaloux qu'importe.
Mais surtout pas simple acte de malade.

Non la semence a été longtemps cultivée
La haine en est le fruit rouge sang.
La violence : cette sève goutant amèrement
Et le pouvoir : ces racines si entremêlées.
Et vous voulez par vos mains, par vos balles
Lentement ou rapidement
Sournoisement, subitement, ou violemment
Nous faire goûter ce mal ;
Implanté dans nos cœurs cette obéissance ?

Mais notre silence et notre consentement
À toutes fins et pour longtemps
Vous ne l'aurez
Et de la société et de nos vies
Déraciner, couper, brûler
À jamais cet arbre maudit.

Et avec nos bras, nos cœurs solidarité
Nos sifflets, notre ardeur solidarité
Nos clés, nos pieds
Riposter comme collectivité solidarité

Elles ont été quatorze
Nous serons toutes

11-12-89

Noisette, une sorcière comme les autres

*****

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ᑕᐅᑐᒃᑕᕗᒃ Tautuktavuk (Sous nos yeux) sur la liste des 10 meilleurs longs métrages canadiens de 2023

12 décembre 2023, par Jonathan Frantz — , ,
MONTRÉAL le 6 décembre 2023 – Après avoir remporté la semaine dernière *le prix Rödspoven* au *Festival du film d'Umeå (UEFF)* en Suède, ainsi que *le prix Amplify Voices BIPOC (…)

MONTRÉAL le 6 décembre 2023 – Après avoir remporté la semaine dernière *le prix Rödspoven* au *Festival du film d'Umeå (UEFF)* en Suède, ainsi que *le prix Amplify Voices BIPOC & Canadian First Feature Award* présenté par Canada Goose au *Festival international du film de Toronto (TIFF)* en septembre 2023 et le *Sun Jury Award* au festival *ImagineNATIVE* en octobre 2023, le producteur *Jonathan Frantz* de *Kingulliit Productions* et d'*Isuma Productions*, en collaboration avec *Uvagut TV* et *Isuma
Distribution International*, a le plaisir d'annoncer que *TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)*, coréalisé par *Lucy Tulugarjuk* (*Tia and Piujuq*, *One Day in the Life of Noah Piugattuk*, *Atanarjuat : la légende de l'homme rapide*) et *Carol Kunnuk* (*Welcome to my Qammaq*, *Being Prepared*, *Attagatuluk*), a été sélectionné dans la liste *Canada's Top Ten 2023*

<https://tiff.net/press/news/tiff-un...>

des 10 meilleurs films canadiens de l'année du *TIFF*.

« Avec tant de gratitude, d'appréciation, d'amour et de respect, merci
beaucoup du soutien continu - Uyarak !
», a déclaré *Lucy Tulugarjuk* en
recevant la nouvelle à Montréal.

*PREMIÈRE QUÉBÉCOISE + EN SALLE À MONTRÉAL*

*Isuma Productions*, *Isuma Distribution International* et *Kingulliit
Productions*, en collaboration avec *Cinema Politica, *présentent en *première
québécoise *le long métrage primé *TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)*, coréalisé
par *Lucy Tulugarjuk* et *Carol Kunnuk*, comme film de clôture de la saison
d'automne de Cinema Politica Concordia* le lundi 11 décembre 2023 à 19h à
l'Université Concordia (salle H-110)*.

La première québécoise sera suivie d'une *séance de questions et réponses et d'une conversation avec Lucy Tulugarjuk* et la documentariste *Alanis Obomsawin* (*Incident at Restigouche, Kanehsatake : 270 Years of Resistance*, *Our People Will Be Healed*). La table ronde sera animée par l'artiste multidisciplinaire, cinéaste et conservateur d'art *Asinnajaq* ( *Upinnaqusittik*, *Three Thousand*). Tous les détails sont disponibles ici
<https://www.cinemapolitica.org/fr/s...>
.

Après sa première québécoise au Cinema Politica, *TAUTUKTAVUK (SOUS NOS
YEUX) **sortira en salle à Montréal le 12 janvier 2024*, avec des projections du film sous-titré en français et en anglais au *Cinéma Moderne*
.

Ce film inuit contemplatif, à la fois provocateur et subtilement intersectionnel, explore les points de convergence entre les mesures pandémiques, la violence domestique, la famille et les traumatismes intergénérationnels. Brouillant la frontière entre fiction et non-fiction,
après un événement traumatisant, Uyarak et sa sœur aînée Saqpinak entreprennent un difficile voyage de guérison qui leur rappelle l'importance de la communauté, de la culture et de la famille. *TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)* explore les questions de violence domestique et de toxicomanie du point de vue de deux femmes inuites.

« *C'était l'occasion pour nous de créer quelque chose qui montrait la vie des femmes inuites comme on ne l'avait jamais fait auparavant. Nos mères n'avaient pas la possibilité de s'exprimer comme nous l'avons aujourd'hui.

Nous prenons toutes deux très au sérieux le fait que nous sommes des messagères de nos familles et de nos communautés, que c'est nous qui avons les outils pour réaliser des films de femmes parlant de leurs expériences - des outils pour faire évoluer certaines des terribles injustices dont nous sommes victimes.* » *— Lucy Tulugarjuk*

« *Je vois ce film comme un événement qui se déroule au présent, dans la vie des Inuits de deux communautés - moi à Igloolik et Lucy à Montréal. La Covid-19 a été très dure et a eu un impact sur beaucoup d'Inuits. Je suis très enthousiaste à propos de ce nouveau film et de l'opportunité de raconter une histoire sur notre réalité contemporaine avec des personnages
féminins forts dans le rôle principal. C'est ce qui m'inspire, de mettre en avant le point de vue des femmes, y compris la violence de genre et les femmes indigènes disparues et assassinées.*
» *— Carol Kunnuk*

*TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)* met en scène *Lucy Tulugarjuk*, *Carol Kunnuk*,
*Benjamin Kunuk* (*Un jour dans la vie de Noah Piugattuk*,
*Searchers*) et *Madeline Ivalu* (*Angakusajaujuq - The Shaman's Apprentice*, *The Grizzlies*, *Atanarjuat : The Fast Runner*). Le scénario était écrit par *Lucy Tulugarjuk*, *Carol Kunnuk*, *Samuel Cohn-Cousineau* (*Tia and Piujuq*), *Gillian Robinson* (*The
Journals of Knud Rasmussen*) et *Norman Cohn* (*One Day in the Life of Noah
Piugattuk*, *Atanarjuat : The Fast Runner*).

Le film est produit par *Lucy Tulugarjuk* et *Jonathan Frantz* (*Angakusajaujuq
The Shaman's Apprentice*, *Edge of the Knife*, *One Day in the Life of
Noah Piugattuk*) et est produite par *Zacharias Kunuk* (*Angakusajaujuq -
The Shaman's Apprentice*, *One Day in the Life of Noah Piugattuk*, *Atanarjuat
: The Fast Runner*), *Mandeline Ivalu*, *Susan Avingaq* (*SOL*, *Tia et
Piujuq*) et *Norman Cohn*.

*TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)* a été tourné pendant le COVID à Montréal, au
Québec, et à Igloolik, au Nunavut. Le film sortira en salle à l'hiver / au printemps 2024 et fera l'objet d'une tournée communautaire au printemps 2024. *TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)* est distribué au Canada par *Isuma Distribution International* et *Uvagut TV* est le diffuseur canadien (non exclusif). Tous les droits disponibles à l'extérieur du Canada sont gérés par *Isuma Distribution International*.

*SYNOPSIS*

Après avoir vécu un évènement traumatisant à Igloolik (un hameau inuit du bassin Foxe, dans la région de Qikiqtaaluk au Nunavut), Uyarak quitte sa communauté et sa famille au Nunavut pour s'installer à Montréal. Lorsque la pandémie Covid-19 ferme l'Arctique canadien au reste du monde, Uyarak est encore plus séparée de son amie la plus proche, sa sœur aînée, Saqpinak.

Cette situation extrême brouille les frontières entre la vie fictive des sœurs et la vie non fictive des réalisatrices du film, *Lucy Tulugarjuk* et *Carol Kunnuk*, qui interprètent les sœurs.

Le film devient une série de vignettes sur le chagrin et la guérison - à la fois dans le récit dramatique basé sur des évènements réels et dans la réalité vécue par ces personnages et créateurs.

Uyarak ne se souvient pas d'une terrible nuit de violence domestique, mais Saqpinak, elle, s'en souvient. Par le biais d'appels Zoom, Uyarak lui parle de sa guérison après des années de traumatisme et d'abus, et de la façon dont les séances de conseil qu'elle suit, ainsi que d'autres reconnexions culturelles, l'aident à guérir.

Parallèlement, Saqpinak élève une famille et anime des émissions en direct sur sa communauté. Les choses sont difficiles à la maison - Saqpinak elle-même subit des violences domestiques, mais elle attend de pouvoir en parler à Uyarak lorsqu'elle pourra rentrer chez elle.

Lorsque les restrictions imposées par Covid-19 s'assouplissent, Uyarak peut enfin rentrer chez elle à Igloolik. De retour chez elle, elle entreprend un voyage de guérison plus approfondi en rendant visite à sa famille et aux aînés, en ville et sur le terrain. Uyarak et Saqpinak partagent d'autres histoires et se soutiennent mutuellement pendant le peu de temps qu'ils passent ensemble avant qu'Uyarak retourne à Montréal.

*Prononciation : Tao-tuk-ta-vuk Tautuktavuk (Sous nos yeux) : le "K” à la
fin signifie le point de vue de deux personnes*
*CRÉDITS*
AVEC
*Carol KUNNUK* - Saqpinak
*Lucy TULUGARJUK* - Uyarak
*Benjamin KUNUK* - Ben
*Mark TAQQAUGAQ* - Mark

RÉALISATRICES *Lucy TULUGARJUK / Carol KUNNUK*
PRODUCTEURS *Jonathan FRANTZ / Lucy TULUGARJUK*
DIRECTION ARTISTIQUE *Susan AVINGAQ*
DIRECTION PHOTO *Jonathan FRANTZ*
SCÉNARIO *Lucy TULUGARJUK / Carol KUNNUK / Gillian ROBINSON / Samuel
COHN-COUSINEAU*
MUSIQUE ORIGINALE *Beatrice DEER / LUCY TULUGARJUK / Mark WHEATON*
MONTAGE *Jeremiah HAYES*

82 Minutes
DCP – Dolby 5.1

Produit avec la participation du *Fonds des médias du Canada *et *Téléfilm
Canada*, avec l'assistance du *Gouvernement du Nunavut* et le *Nunavut Film
Development Corporation*, en collaboration avec *NITV/UvagutTV* et *Isuma
Distribution International*
<
*À PROPOS DES RÉALISATRICES*

*LUCY TULUGARJUK*

Lucy Tulugarjuk est une actrice reconnue, performeuse de la scène, et
directrice générale du réseau de télévision indépendant Nunavut Independent
Television Network (NITV), qui a fondé Uvagut TV, la première chaîne de
télévision entièrement dans la langue inuktitute. Elle est reconnue pour
ses performances dans de tels films que *Atanarjuat : la légende de l'homme
rapide* (2001), qui a remporté la Caméra d'Or à Cannes et le Meilleur film
aux prix Génie, et *Maïna* (2013). Elle était assistante réalisatrice sur
plusieurs films de Zacharias Kunuk. Elle est co-scénariste et réalisatrice
du long métrage pour enfants *Tia et Piujuq* (2018) qui a fait sa première
au Festival Carrousel des enfants à Rimouski, et qui a remporté le prix
Jean Malaurie au Festival du film canadien de Dieppe. Outre son travail
dans le domaine du cinéma et de la télévision, Lucy est une traductrice
d'inuktitut compétente. Originaire d'Igloolik, elle vit à Montréal.

*CAROL KUNNUK*

Carol Kunnuk travaille dans le domaine de la télévision et du cinéma
indépendants depuis plus de 25 ans, en tant que scénariste, cadreuse,
superviseure de production, assistante réalisatrice, actrice et monteuse. Elle
était impliquée dans plusieurs projets avec Arnait Video Productions, le
collectif vidéo des femmes d'Igloolik, incluant *Le jour avant le lendemain*
(2008) et *Uvanga* (2013), en plus de travailler sur plusieurs
longs-métrages d'Isuma en tant que directrice de production. Son travail
personnel inclut le documentaire expérimental *Attagutaluk*, et le court
métrage *Being Prepared*, produit par l'ONF. Carol réalise et produit
actuellement *Welcome to my Qammaq*, une émission de télévision
hebdomadaire diffusée en direct d'Igloolik sur Uvagut TV.

*À PROPOS D'ISUMA

*
Isuma, qui signifie "penser", est un collectif d'entreprises inuites basé
depuis 1990 à Igloolik, au Nunavut, avec un bureau à Montréal. Quatre
partenaires : Zacharias Kunuk, Paul Apak, Pauloosie Qulitalik et Norman
Cohn, se sont associés pour produire et distribuer des films indépendants
en langue inuit et des œuvres d'art médiatique d'un point de vue inuit,
mettant en scène des acteurs locaux qui recréent la vie inuite dans la
région d'Igloolik dans les années 1930 et 1940. En 2001, le *Festival de
Cannes* a reconnu l'action d'Isuma en décernant *le prix de la Caméra d'Or*
au premier film en langue inuit : *Atanarjuat - the Fast Runner*. Ce film a
été suivi par *The Journals of Knud Rasmussen* et *Before Tomorrow*. Ce fut
un moment décisif pour les cinéastes du Nord, qui ont désormais la
possibilité de raconter des histoires d'une manière différente. Isuma a une
façon de raconter des histoires dans un certain niveau de réalité - une
méthode authentique de raconter des histoires.
[image : Facebook] <https://www.facebook.com/isumaTV>
[image : Instagram] <https://www.instagram.com/isumatv>
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Les héritiers (re)

12 décembre 2023, par Omar Haddadou — ,
Pauvres ils étaient. A la même tablée ils bectaient. Gorges déployées. De leurs rires à longueur d'année. La nuit, dans les bras de Morphée. A l'abri de toute pensée. (…)

Pauvres ils étaient.

A la même tablée ils bectaient.

Gorges déployées.

De leurs rires à longueur d'année.

La nuit, dans les bras de Morphée.

A l'abri de toute pensée.

Bonheur et Félicité.

Puisés dans la frugalité.
Cossus advenus (es).

Ils ne se parlent plus.

Se disputent l'héritage.
Echafaudent des Empires sur des nuages.

S'abreuvent de vengeance pourrie.

Contre les mains qui les ont nourris (es).

Les Héritiers ont la rancœur qui porte.

Quand la richesse frappe à leur porte.

Une mémoire traitresse.

Oublieuse de sa misère et sa détresse.

Les Héritiers cultivent la Hogra*.

Quand la fortune leur tombe sur les bras.

Se délectent du coup porté.

A la mouise et la vulnérabilité.
Les Héritiers jurent par la succession.

Ejectant la Dévotion.

Se forgent une postérité.

De Puissance et d'Inclémence affutées.

Les Héritiers font le deuil de la réalité.
Que le temps, ici-bas, nous est compté !

Texte et dessin : Omar HADDADOU Décembre 2023.

* Terme d'actualité très employé en Afrique du nord, en particulier en Algérie, et aujourd'hui en France, signifie : Oppression, humiliation, injustice.

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16,7% ou 12,7% sur cinq ans ? (Texte 5)

12 décembre 2023, par Yvan Perrier — , ,
Quand le premier ministre le premier ministre François Legault affirme que le gouvernement a déposé des offres qui représentent des augmentations moyennes de 16,7% sur cinq (…)

Quand le premier ministre le premier ministre François Legault affirme que le gouvernement a déposé des offres qui représentent des augmentations moyennes de 16,7% sur cinq ans, le chef de la CAQ mélange volontairement les données.

Il est vrai que l'offre globale, à la table centrale et aux tables sectorielles représente potentiellement des coûts allant jusqu'à 16,7 % de la masse salariale. Cependant, une bonne part de ce montant ne représente pas des augmentations de salaire. Le chiffre avancé mélange les augmentations de salaire générales (12,7 %), les quelques offres différenciées et les priorités du gouvernement en organisation du travail (2,5 %) ainsi que le forfaitaire unique versé à la signature (1,5 % non récurrent).

Le cadre financier publié en décembre 2022 n'est que très légèrement modifié par ce troisième dépôt.

023 2024 2025 2026 2027 TOTAL Paramètres salariaux
(augmentations générales)

4,3 % 2,3 % 2,1 % 2 % 2 % 12,7 %

Montant
forfaitaire
de 1000 $ 1000 $

1,5 % non récurrent

Priorités
gouvernementales
et mesures sectorielles 0,5 % 1 % 0,5 % 0,5 % 0,5 % 2,5 %

Augmentation de la masse
salariale selon le
gouvernement 16,7 %

Le gouvernement reconnaît qu'il offre des augmentations paramétriques, qui touchent l'ensemble des 600 000 travailleuses et travailleurs, de 12,7 %. Il affirme, cependant, que le 4 % de plus représente des augmentations différenciées qui font grimper la moyenne à 16,7 %. Dans les faits, de ce 4%, il n'y a qu'une très faible proportion de ce montant qui représente des augmentations de salaire pour les salari.é.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic. Le montant forfaitaire de 1000,00$ ne dure qu'un an et n'a aucunement pour effet d'augmenter les échelles salariales. Les priorités gouvernementales représentent souvent de l'ajout de personnel ou des ajouts d'heures de travail (ex. : l'ajout de 4 000 aides à la classe).

Les offres différenciées sur la table ne représentent que 160 M$ soit moins que l'équivalent de la moitié d'un point de pourcentage de la masse salariale (470 M$).

Conclusion

En scrutant les chiffres de plus près, nous en venons à comprendre qu'au moins 95 % des quelque 600 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et parapublic ne toucheront aucune augmentation différenciée et devraient donc se contenter de 12,7 % d'augmentation face à une inflation prévue de 18,1 % pour la durée de la convention collective.

4,3% (pour 2023-2024) + 2,3% (pour 2024-2025) + 2,1% (pour 2025-2026) + 2% (pour 2026-2027) + 2,)% (pour 2027-2028) = 12,7% pas plus !

Il y a des limites aux exagérations autour des chiffres.

Yvan Perrier

11 décembre 2023

17h15

yvan_perrier@hotmail.com

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Noël ! Noël ! Joyeux Noël à tous, Vraiment ?

12 décembre 2023, par Sergio de Rosemont — ,
Je suis assis devant mon thé, dans ce café sur la rue Masson. Et à cette approche de ce "Temps des Fêtes", je réfléchis. Et je réfléchis ! Et je réfléchis sur 2 réalités (…)

Je suis assis devant mon thé, dans ce café sur la rue Masson.
Et à cette approche de ce "Temps des Fêtes", je réfléchis.
Et je réfléchis !
Et je réfléchis sur 2 réalités totalement différentes.
La réalité d'ici au Québec versus celle de la Palestine où pour les palestiniens la vie de chaque jour équivaut à "Survivre en Enfer" où les démons ont remplacé leur fourche par le "Uzi Pistol Model B" (pistolet automatique israélien) assassin et le souffre par le phosphore blanc.

Pendant qu'ici on se demande comment on décora notre maison pour Noël, en Palestine, à Gaza une famille palestinienne se demande où réussiront-ils à se trouver un toit à se mettre sur leur tête.

Pendant qu'ici on se demande qu'est-ce qu'on servira au invités pour le réveillon, à Gaza une famille palestinienne se demande s'ils pourront manger au moins un repas cette semaine ?
Pendant qu'ici on se questionne sur quoi leur acheter comme cadeaux, à Gaza plusieurs gazaouis se demande, s'interrogent si leur famille sera encore en vie demain matin ou si elle aura été assassinée.

Pendant qu'ici au Québec on se demande quels jouets acheter pour Noël pour les enfants, à Gaza des parents craignent pour la vie de leurs enfants.

Pendant qu'ici qu'on se demande avec qui nous passerons Noël, à Gaza autour de 2 Millions de palestiniens se demandent s'ils seront encore vivant à la fin de la semaine ou auront été assassinées.

Pendant qu'à Tel Aviv ce gouvernement d'extrême-droite israélien se félicite pour sa barbarie, partout sur notre planète, des millions de juifs ne reconnaissent pas l'État d'Israël comme représentant de leur peuple.

Israël, un envahisseur colonisateur, voleur de territoire, agresseur qui prétend se défendre.
Trop souvent on perçoit sur les médias la question :
Est-ce qu'Israël a le droit de se défendre ?

Non, la question devrait être
Est-ce que le peuple palestinien a le droit de se défendre contre un envahisseur ?

Oui hélas, il y a bien des questions à se poser sur l'honnêteté d'Israël !

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Le conflit israélo-palestinien : un débat aussi redondant que faussé et usé à la corde

12 décembre 2023, par Jean-François Delisle — , , ,
On ne peut discuter du conflit israélo-palestinien sans que les passions ne s'enflamment de part et d'autre. Nous sommes en présence d'un sujet hypersensible qui fige les (…)

On ne peut discuter du conflit israélo-palestinien sans que les passions ne s'enflamment de part et d'autre. Nous sommes en présence d'un sujet hypersensible qui fige les positions des deux camps en présence, le pro-israélien d'une part et le propalestinien de l'autre. Le soutien inconditionnel de la direction américaine à l'État hébreu y contribue pour beaucoup. C'est aussi le cas de la plupart des classes politiques occidentales à divers degrés.

Même si des divisions apparaissent (enfin !) dans le camp du Parti démocrate aux États-Unis à ce sujet, la présidence américaine ne dévie pas de l'appui sans failles qu'elle a toujours apporté à Israël, comme en témoigne son récent véto au Conseil de sécurité à une résolution réclamant un cessez-le-feu à Gaza, et ce en dépit de nombre élevé de victimes civiles gazaouies provoqué par les bombardements aériens israéliens. De là à en conclure qu'une vie palestinienne vaut moins que son équivalent israélien...

Pour l'essentiel, la direction américaine suit la position du gouvernement de Tel-Aviv : la priorité va à l'élimination du Hamas même au détriment de la vie et de la sécurité des Gazaouis, et ce malgré des plaidoyers assez faiblards en faveur de "pauses humanitaires" et de "respect aussi poussé que possible de la population civile". C'est assez pareil du côté des autres gouvernements occidentaux en dépit d'une évidente émotion de plusieurs de leurs politiciens et politiciennes devant l'ampleur de la boucherie infligée par l'armée israélienne aux Gazaouis.

Tous et toutes invoquent pour justifier leur position pro-israélienne le "droit à l'autodéfense" du gouvernement israélien mais sans jamais faire référence à celui à la résistance des Palestiniens et Palestiniennes. Quand ces derniers l'exercent, il est immédiatement stigmatisé et qualifié de "terrorisme" (un terme passe-partout, à géométrie variable).
L'antijudaïsme qui a longtemps sévi dans plusieurs pays d'Occident et le fait que l'État d'Israël a été fondé par des Juifs européens pour la plupart, expliquent en bonne partie le soutien à Israël par les classes politiques occidentales. Il s'y ajoute aux États-Unis le grand nombre de Juifs et de Juives (dont tous ne sont pas sionistes, il importe de le préciser) et un puissant et très influent lobby sioniste dont fait partie un courant évangélique protestant qui vénère Israël pour des motifs religieux.

Par contraste, les Arabes en général et les Palestiniens en particulier sont implicitement considérés comme des peuples inférieurs en raison de leur culture politique. Aussi présente-t-on souvent le conflit israélo-palestinien comme une lutte ente la démocratie et le libéralisme présumés d'Israël d'un côté, et l'autoritarisme arabe de l'autre. On refuse de tenir compte du fait que les Juifs ont édifié leur État en 1947-1948 sur les ruines de l'ancienne Palestine arabe et qu'ils occupent la Cisjordanie et Jérusalem-Est depuis 1967 ni non plus qu'ils y poursuivent leur colonisation au mépris du droit à l'autodétermination du peuple palestinien et du droit international.

Sionistes et pro-israéliens font de l'urticaire quand les propalestiniens critiquent cette politique et que certains d'entre eux refusent d'adhérer au principe du "droit à l'existence" d'Israël. Il s'ensuit donc une pluie d'accusations à leur endroit, s'étendant de "l'antisémitisme" à la collusion intellectuelle avec le "terrorisme" palestinien. Il en résulte des polémiques hargneuses et brouillées.

Poser la question dans les termes adéquats s'impose donc. Fondamentalement, il s'agit d'un conflit territorial et politique, non d'une lutte entre le droit israélien et la violence palestinienne. Ce qu'on qualifie "d'antisémitisme" n'a rien à y voir. Évidemment, les anti-judaïques détestent Juifs et Israéliens confondus, mais les partisans et partisanes de la cause palestinienne ne sont pas tous anti-judaïques, loin de là.

On remarque aussi beaucoup de mauvaise foi (consciente ou non) chez plusieurs pro-israéliens. Ils dissimulent leur haine à l'égard des Palestiniens et Palestiniennes derrière les habituels alibis de "défense de la démocratie israélienne et de lutte contre l'antisémitisme". Ils sont trop hypocrites pour admettre qu'ils défendent avant tout le nationalisme israélien plutôt que le régime politique de ce pays.

Par bonheur, devant l'urgence de la situation, les "plaques tectoniques" partisanes face à ce conflit commencent à bouger. Plusieurs politiciens occidentaux veulent remettre à l'ordre du jour le projet d'une solution à deux États. La Maison-Blanche s'y ralliera-t-elle cette fois pour de vrai ? Les actions suivront-elles les belles paroles ? On le saura plus tard. Les opinions publiques occidentales deviennent aussi beaucoup plus critiques à l'endroit d'Israël, même aux États-Unis où un mouvement grandit en faveur de la cause palestinienne.
En politique comme en géologie, rien n'est fixé pour toujours.

Jean-François Delisle

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Un débat pour aller vers une grève générale dans le mouvement ouvrier américain.

Nous donnons ici la traduction d'un article de la journaliste indépendante américaine Kim Kelly, largement diffusé sur les réseaux sociaux par le syndicat UAW, United (…)

Nous donnons ici la traduction d'un article de la journaliste indépendante américaine Kim Kelly, largement diffusé sur les réseaux sociaux par le syndicat UAW, United Automobile Workers.

26 novembre 2023 | aplutsoc2

Ce printemps, un « caucus » réformateur, l'UAWD, Unite All Workers for Democracy, a imposé l'élection directe de plusieurs dirigeants de ce syndicat clef du mouvement ouvrier américain, totalement bureaucratisé et ankylosé depuis des années, aboutissant à promouvoir un nouveau dirigeant, Shawn Fain, qui a proposé l'organisation d'une grève ciblée touchant les points clefs de production des trois majors de l'automobile. Cette grève retentissante a été un vrai succès revendicatif (hausses de salaires de 25 % voire plus en 4 ans, fort recul des statuts les plus précaires) et une victoire morale de tout premier ordre.

L'article de Tim Kelly défend et illustre, en la présentant comme potentiellement révolutionnaire, tout en étant pragmatique, la nouvelle tactique syndicale mise en œuvre. Il reconnaît lui-même que la principale faiblesse du lancement d'un mouvement allant vers la « grève générale » pour le renouvellement d'un maximum de contrats de travail en 2028, c'est que c'est en 2028 !

Il serait erroné de hausser les épaules : il faut au contraire saisir tout ce que signifie le fait que la Working class, comme le dit S. Fain (à la différence de Jo Biden qui parle de Middle class !), annonce et impose son propre calendrier, comme acte en fait politique, visant à étendre la lutte des classes à l'échelle de tous les États-Unis.

Rappelons qu'en France, un moment essentiel de la constitution de la classe ouvrière comme classe organisée s'affirmant comme telle, fut le lancement par la CGT en 1902 du mot-d'ordre « A partir du 1° mai 1906 nous ne travaillerons plus que 8 heures par jour » (en fait la loi des 8 heures date de 1919).

La vraie faiblesse n'est pas le délai, mais elle se combine à la force de cette affirmation d'indépendance : c'est la question du pouvoir politique national puisque les présidentielles ont lieu l'année prochaine, ce que nos syndicalistes se gardent bien d'évoquer directement.

Or, comme l'écrit d'ailleurs Tim Kelly, les stand up strikes de la nouvelle UAW et leur issue se situant dans la perspective « 2028 » sont en fait la seconde étape d'un débat naissant sur l'action de classe généralisée, et donc sur la grève générale, aux États-Unis. La première étape en effet, avait été suscitée par le danger de coup d'État de Trump lors des dernières présidentielles : le syndicat des Hôtesses de l'air et l'union locale AFL-CIO du Vermont, notamment, avaient envisagé la grève générale dans ce cas là, ce qui avait été dénoncé par la direction de l'AFL-CIO. L'UAWD et les courants similaires dans l'AFL-CIO, comme celui des Hôtesses de l'air et comme les plus anciens Teamsters for Democratic Action, sont donc en train de passer à la seconde phase, concrète et pragmatique, de ce débat.

C'est un passage obligé. Mais concret et pragmatique ne veut pas dire moins politique, bien au contraire. Il est nécessaire que les militants nord-américains mobilisés sur les questions internationalistes (Ukraine, Palestine) et sur la question du pouvoir aux États-Unis et le danger Trump, fassent le lien avec ce qui a commencé à se produire là !

La traduction, les photos illustrant le texte et les notes sont de la rédaction.

La grève de l'UAW pourrait enfin nous faire préparer une grève générale.

Shawn Fain n'a pas vraiment la mine d'un fauteur de troubles. Né et élevé à Kokomo, dans l'Indiana, ce père de famille à lunettes aurait pu passer toute sa vie à travailler comme électricien, à jouer avec ses petits-fils les week-ends et à aspirer paisiblement à sa retraite. Mais au cours des derniers mois, il est devenu l'un des dirigeants syndicaux les plus apprécié – et les plus redoutés – du pays. Après des décennies de service à différents niveaux au sein de son syndicat, le célèbre United Auto Workers, Fain a triomphé lors de la toute première élection directe du syndicat et a pris ses fonctions dirigeantes le 26 mars dernier.

Dès lors, il a commencé à causer beaucoup de problèmes aux PDG de l'industrie automobile, lançant ses membres dans une grève innovante de six semaines, « Stand up strike » qui rendait hommage au passé du syndicat tout en s'efforçant de promouvoir son avenir. (1)

Fain, avec son franc-parler, s'est révélé être un leader extrêmement loquace, qu'il cite les Écritures ou qu'il s'en prenne à la classe capitaliste. Pour lui, la cupidité des entreprises est l'ennemi contre lequel toute la classe ouvrière est confrontée, et l'appel à « manger les riches » est bien plus qu'un slogan sur un T-shirt : c'est un appel à l'action. « On nous accuse de mener une guerre de classes », a-t-il déclaré lors d'un livestream le 13 septembre. « Il y a une guerre de classes dans ce pays depuis 40 ans. La classe des milliardaires a tout pris et a laissé tous les autres se battre pour les restes. »

En identifiant ces vampires corporatifs avides d'argent comme les coupables de l'immense inégalité qui définit désormais la vie aux États-Unis, Fain a souligné que c'est vraiment nous contre eux. Si nous voulons survivre, nous devons nous organiser et travailler ensemble pour gagner notre juste part de ce qui reste du rêve américain.

Ce désir d'amélioration est ce qui a poussé des milliers de membres de l'UAW à arrêter le travail dans cette grève désormais historique de six semaines. Leurs actions ont forcé les PDG du secteur automobile à revenir à la table des négociations pour aboutir à des victoires importantes – et inattendues – pour le syndicat. Des accords provisoires ont été conclus par les Trois Grands le 28 octobre, et deux semaines plus tard, les membres de Ford, GM (General Motors) et Stellantis (2) ont voté à 64 % pour ratifier les nouveaux contrats.

Après la fin de la grève, Fain s'est montré exubérant quant à ce qui avait été réalisé, les qualifiant de « contrats records » et de « victoire majeure pour notre mouvement ». Et surtout il dit n'avoir pas fini. « Lorsque nous reviendrons à la table des négociations en 2028, ce ne sera pas seulement les Big Three, mais avec les Big Five ou Big Six », a-t-il déclaré.

L'UAW a connu une croissance à pas de géant au cours des dernières années, grâce à une solide organisation parmi les étudiants diplômés et d'autres travailleurs universitaires ; seul un quart environ de ses membres actuels travaillent désormais à la fabrication de voitures (3). Le syndicat a annoncé son intention d'intensifier ses efforts de syndicalisation dans l'industrie automobile et d'intégrer les travailleurs d'entreprises non syndiquées, comme Tesla et Toyota. Cette décision sert à la fois d'invitation aux travailleurs non syndiqués de l'automobile qui ont besoin d'être représentés et d'avertissement aux PDG qui profitent de leur travail (4) : nous arrivons !

L'UAW ne mènera pas non plus seule sa prochaine bataille. L'un des aspects les plus intéressants des nouveaux accords de principe de l'UAW chez Ford, GM et Stellantis est qu'ils expireront tous le 30 avril 2028. Si ces contrats expirent sans parvenir à un nouvel accord satisfaisant, l'UAW sera prête à grève le 1er mai, autrement connu sous le nom de Journée internationale des travailleurs.

Shawn Fain et Sara Nelson.

C'est une date très importante pour le Labor (5). Cette fête est célébrée dans le monde entier par des millions de travailleurs, de syndicats et de mouvements sociaux, et a débuté ici lorsque la militante anarchiste noire Lucy Parsons a dirigé le premier défilé de la Fête du Travail à Chicago le 1er mai 1886 (ce contre quoi, aux États-Unis, le 1er janvier a depuis été déclaré « Jour de la Fidélité », et la Fête du Travail reste une arnaque gouvernementale.)

De plus, l'UAW espère qu'il ne sera pas seul sur les piquets de grève. Fain a appelé les autres syndicats à programmer l'expiration de leurs contrats dans les mêmes délais et à « faire preuve de force collective ». Non, vous ne rêvez pas : le chef d'un important syndicat américain appelle le reste du mouvement à se rassembler et à commencer à planifier une grève générale !

Comme je l'ai écrit en 2019, la présidente de l'Association of Flight Attendants-CWA, Sara Nelson (6), a électrisé le mouvement syndical en évoquant simplement l'idée d'une grève générale, et alors qu'un arrêt maladie massif des travailleurs de la TSA (7) immobilisait les principaux hubs aériens : la menace combinée a contribué à éviter une fermeture du gouvernement.

Depuis lors, de nombreux appels à la grève générale ont été lancés, principalement par des individus et des groupes sur les réseaux sociaux, ce qui a souvent semé la confusion quant à la forme réelle d'une grève générale. Pour être clair, une grève générale n'est pas une protestation, ni un rassemblement, ni un simple piquet de grève, ni un boycott. Il s'agit, comme je l'ai déjà défini, « d'une action syndicale dans laquelle un nombre important de travailleurs d'un certain nombre d'industries différentes, qui constituent la majorité de la main-d'œuvre totale d'une ville, d'une région ou d'un pays donné, se réunissent pour prendre des mesures collectives d'action. » Tout au long de l'histoire, les travailleurs ont utilisé cette tactique comme arme nucléaire pour fermer des villes entières en cas de besoin, notamment Philadelphie en 1835, Seattle en 1919 et au-delà.

Nous avons vu ce qu'une ligne de piquets de grève peut faire à un lieu de travail, comme la fermeture de la SAG-AFTRA (8) et de la WGA (9) à Hollywood et la grève nationale de Starbucks lors du Red Cup Day(10),et nous savons, par les précédents historiques, que des milliers de travailleurs ont lancé une grève générale dans toute une ville. Cela peut paralyser tout une région. Imaginez alors ce qui pourrait arriver si des centaines de milliers, voire des millions de travailleurs de différentes entreprises débrayaient tous en même temps ? Travailleurs de l'automobile, infirmières, agents de bord, mineurs de charbon, Teamsters, étudiants diplômés, débardeurs, postiers, pilotes, ouvriers agricoles, électriciens, agents sanitaires, enseignants, cheminots … Les possibilités sont illimitées, tout comme le potentiel de perturbation.

Si seulement quatre ou cinq des syndicats représentant les travailleurs mentionnés ci-dessus s'unissaient dans une grève générale nationale, le pays tout entier s'arrêterait. Lorsque Shawn Fain demande à ses collègues syndicaux de fixer le délai à mai 2028, ce qu'il dit en réalité, c'est de se préparer à fermer les portes et à uniformiser les règles du jeu entre patrons et travailleurs à l'échelle nationale une bonne fois pour toutes.

La question est cependant de savoir s'il est réellement possible d'avoir une grève générale aux États-Unis en 2028 ?

Mai 2028 est dans environ quatre ans et demi. Cela peut sembler éternel vu d'aujourd'hui, mais cela arrivera beaucoup plus tôt que nous le pensons, et nécessitera une planification sérieuse. Il faudra renforcer les fonds de grève des syndicats afin que les grévistes ne souffrent pas de la faim ou ne perdent pas leurs soins de santé. Il faudra organiser les personnes qui ne font pas partie des syndicats en grève pour les impliquer et prendre en charge ceux qui n'ont pas accès aux ressources syndicales.

Il est également essentiel de se rappeler exactement pourquoi Fain appelle les syndicats à faire grève dans le cadre des négociations contractuelles : parce que les grèves de solidarité (dans lesquelles les travailleurs se joignent à une grève en solidarité avec les grévistes d'un autre lieu de travail) sont, dans la plupart des cas, illégales aux États-Unis. En raison de la loi Taft-Hartley de 1947, adoptée à la suite de la grève générale d'Oakland menée par les femmes en 1946, les grèves générales sont également illégales(11). Ce piétinement du droit des travailleurs à faire preuve de solidarité est une source de frustration depuis des décennies, mais a également incité les syndicalistes et les dirigeants syndicaux à faire preuve de créativité lorsque cela est nécessaire.

Ainsi, si, comme Fain l'a suggéré, un certain nombre de syndicats distincts fixent l'expiration de leurs contrats au même moment et se mettent en grève en conséquence, aucune loi n'est enfreinte. C'est juste le bon timing. Et puis, par exemple, si des milliers d'autres travailleurs, syndiqués ou non, sympathisants de la cause, tombaient tous malades en même temps et devaient cesser de travailler pendant la grève générale… eh bien, c'est tout simplement grave.

Les arrêts de travail sont une tactique séculaire avec un historique de succès récent (et il n'existe pas de lois antisyndicales contre le fait d'« attraper un vilain rhume »). En 2019, alors que la fermeture partielle des agences fédérales a privé les travailleurs de la TSA(12)de leurs chèques de paie, des centaines d'entre eux se sont déclarés malades (à un moment donné, le taux d'intervention a chuté à 10 %). Cela a effrayé les représentants du gouvernement et les PDG des compagnies aériennes, contribuant ainsi à mettre fin à la fermeture. En bref, cela a fonctionné – et cela peut fonctionner à nouveau, si nécessaire.

l est encourageant de voir autant de personnes exprimer leur enthousiasme à l'idée d'une grève générale. Pour être tout à fait honnête, cependant, nous n'aurons probablement qu'une seule chance d'y parvenir avant que le gouvernement n'invente un nouvel ensemble de lois pour rendre les choses encore plus difficiles à faire. Le fait d'avoir créé des syndicats dotés de ressources financières considérables et de services juridiques chevronnés menant la charge dans ce domaine n'est peut-être pas la démarche d'avant-garde révolutionnaire que certains espéraient ; avec suffisamment de temps, cependant, cela pourrait le devenir.

À l'heure actuelle, les syndicalistes de base ont quatre ans et demi pour rallier leurs dirigeants à la proposition de Fain. Ce n'est pas une tâche facile.

Ce n'est un secret pour personne qu'une grande partie de l'establishment syndical est allergique à la moindre bouffée de militantisme et bien trop à l'aise avec les Démocrates du monde des affaires. L'AFL-CIO a la décevante habitude de museler la dissidence dans ses rangs, depuis son refus d'expulser les policiers de la fédération au niveau national (13) jusqu'à son habitude de punir les conseils locaux et nationaux allant à l'encontre des positions officielles de la fédération. En 2020, l'AFL-CIO du Vermont a adopté une résolution plutôt prémonitoire envisageant une grève générale dans tout l'État au cas où Trump refuserait de quitter ses fonctions. En réponse, l'AFL-CIO nationale a ouvert une enquête contre le conseil AFL-CIO de l'Etat et l'a formellement réprimandé.

On ne sait pas si les trois dernières années ont eu un impact sur l'appétit de l'AFL-CIO pour une grève générale, mais étant donné le bilan de l'organisation, les chances ne sont peut-être pas en notre faveur. Heureusement, les responsables syndicaux ont une durée de vie et les élections sont un excellent moyen de bouleverser le positionnement politique de votre syndicat. Prenez le cas de Fain, qui occupe son poste actuel grâce, en partie, au travail du caucus réformateur Unite All Workers for Democracy.

Si les adhérents de votre syndicat sont impatients de partir en 2028 mais que vos dirigeants ne sont pas à la hauteur du défi, dirigez vos propres listes réformatrices et remplacez-les ! Si vous n'êtes pas encore membre d'un syndicat, adhérez ! Si votre lieu de travail n'est pas organisé, organisez-le ! Si vous ne pouvez pas faire l'un ou l'autre en raison du secteur dans lequel vous travaillez, de votre santé, de vos capacités ou de vos obligations familiales, prenez contacts avec des syndicalistes et trouvez la tache qui vous convient le mieux. Nous avons du temps – faites-en bon usage !

Comme l'a dit Fain : « Si nous voulons vraiment nous attaquer à la classe des milliardaires et reconstruire l'économie afin qu'elle commence à fonctionner dans l'intérêt du plus grand nombre et non de quelques-uns, alors il est important non seulement de faire grève, mais aussi de faire grève ensemble. »

Avec une planification minutieuse, nous pouvons vraiment faire passer cette grève générale de 2028 d'une chimère à une réalité réalisable, réalisable et bouleversante. Nous devons juste commencer maintenant.

KIM KELLY :

NOTES.

1. La formule « Stand up strike » désigne des piquets mobiles popularisant la grève et bloquant l'accès à certains site de production, pour assurer les arrêts ciblés sur les lieux clef, demandant un niveau élevé d'organisation. Elle fait référence au moment fondateur de l'UAW, à savoir les « Sit down strikes » (grèves avec occupations, ce que ne sont pas les « Stand up strikes ») de 1937.

2. Anciennement Chrysler.

3. D'après Dianne Feeley, ouvrière de l'automobile de Detroit à la retraite et rédactrice en chef de Against the Current, dans un article paru en français dans Inprecor de novembre 2023, le « coût du travail » (capital variable dans les termes de Marx) ne représente que 4 % à 5 % du prix des véhicules et était de 7 % à 8 % avant la crise de 2008. La productivité du travail est donc très forte, mais cela n'enlève rien au fait que la survaleur en quoi consiste le capital vient du travail : d'où l'efficacité de la grève. Les « réformateurs » de l'UAW nous montrent qu'une technicité plus élevée peut renforcer, et non pas diminuer, la force de frappe du travail humain dans la lutte des classes. Ce pari sur la hausse des qualifications ne doit cependant pas nous faire négliger l'autre fait flagrant dans la campagnes des piquets : la présence massive des femmes, des noirs et des latinos.

4. Tesla notamment, dont le patron est le prophète-escroc du capital Elon Musk, est à la tête du passage à la voiture électrique et ne veut pas de syndicat « chez lui ». Certains médias annoncent même un duel Fain-Musk. En fait, la stratégie de Fain consiste ici à faire du travail ultra-qualifié dans des industries ultra-automatisées une arme sociale de choc, et ce n'est pas en 2028 mais dès maintenant que la bataille de la syndicalisation chez Tesla vient de commencer, avec des adhésions « clandestines » dans les usines de Californie.

5. Nous ne traduisons pas le terme typiquement américain « Labor » (et non « Labour », à l'anglaise), qui figure depuis le début (1886) dans le sigle de l'AFL : la meilleure traduction serait « classe des travailleurs ». Il s'agit des producteurs du capital, potentiellement tous organisables en syndicats.

6. Syndicat des Hôtesses de l'Air. Sara Nelson, membre du Parti démocrate mais qui a refusé des fonctions gouvernementales proposées par Biden, a parlé de grève générale contre un éventuel coup d'État de Trump, et a commencé à former un caucus (alliance) avec le courant réformateur de l'UAW de Shawn Fain.

7. Transportation Security Administration.

8. Screen Actors Guild-American Federation of Television and Radio Artists, qui a, contre les producteurs groupés dans l'Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP), et en alliance avec le WGA (note suivante) lancé la grève d'Hollywood cet été.

9. Writers Guild of America, syndicat des scénaristes.

10. Le Red Cup Day, 16 novembre, est une journée de promotion des magasins Starbucks avec comme emblème un gobelet rouge. Le 16 novembre 2023 a été détourné en « rébellion de la coupe rouge » par des milliers d'employés qui ont fait grève pour exiger le droit syndical.

11. La grève générale d'Oakland en 1946 a entraîné toute la ville à l'initiative des femmes employées de commerce auxquelles le droit syndical était refusé. La loi anti-grève Taft-Hartley a été votée par le Congrès après l'élection de Truman en 1948, pour lequel AFL et CIO (qui fusionneront en 1955) avaient appelé à voter, et avec l'aval de Truman.

12. Transportation Security Administration : agents de sécurité des aéroports.

13. L'exigence de chasser les flics des syndicats s'est exprimée en 2020 lors de la vague de manifestations et d'émeutes faisant suite à l'assassinat raciste de George Floyd, vague qui a conduit à la défaite électorale de Trump à la fin de l'année.

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Débats du Comité international de la IVe Internationale

12 décembre 2023, par Antoine Larrache, Léon Crémieux — ,
La réunion du Comité international de la IVe Internationale s'est tenue du 21 au 25 octobre. Elle a rassemblé plus de 80 camarades de plus de 30 pays des différents continents. (…)

La réunion du Comité international de la IVe Internationale s'est tenue du 21 au 25 octobre. Elle a rassemblé plus de 80 camarades de plus de 30 pays des différents continents. C'était la première réunion en présence physique depuis l'épidémie de Covid. Les deux dernières années, les réunions avaient eu lieu en visioconférence, ce qui avait permis de rassembler un très grand nombre de camarades, puisqu'il n'y avait pas l'obstacle des visas et des coûts de transport, mais il faut reconnaître que les réunions physiques sont d'une qualité humaine et politique bien supérieure.

Tiré de Quatrième internationale
2 décembre 2023

Par Léon Crémieux et Antoine Larrache

Nous avons pu accueillir de nouvelles organisations observatrices, du Brésil, d'Irlande, des États-Unis. Une vingtaine d'organisations n'ont pas pu participer, notamment en raison des politiques de restriction de visas.

La réunion s'est tenue dans le contexte d'une situation internationale particulièrement complexe, celle d'une crise multidimensionnelle dont les guerres en Ukraine et en Palestine, mais aussi au Myanmar et les situations aux Philippines, en Indonésie, en Inde, moins connues en Europe, montrent l'ampleur de la violence.

Mais la rencontre de militant·es de tant de pays qui mènent les batailles pour un autre monde, discutant des moyens de faire évoluer le rapport de forces, produit des dynamiques humaines et militantes qui permettent d'envisager une contre-offensive.

La discussion a été structurée par quatre grands débats, dans la perspective du congrès mondial qui doit avoir lieu en 2025. Le premier concernait le manifeste écosocialiste qui propose un programme révolutionnaire adapté à la période actuelle, le second l'analyse de la situation mondiale, le troisième la construction des mouvements de masse et le quatrième les tâches de construction de l'Internationale.

Vers un programme actualisé pour le renversement du capitalisme

La réunion a débuté par une discussion concernant la préparation d'un manifeste écosocialiste de la IVe Internationale que nous souhaitons adopter lors du prochain congrès. Il s'agit, à partir de l'analyse de la situation mondiale, de formuler des perspectives révolutionnaires adaptées à la période. Le texte est un outil pour discuter au sein de l'Internationale, entre ses sections mais aussi à l'intérieur de chaque section, puis de se tourner vers l'extérieur, de redonner de la force à un projet alternatif au capitalisme. En effet, malgré la crise profonde et multidimensionnelle du système, malgré les grandes mobilisations qui existent dans le monde, il n'y a pas aujourd'hui d'alternative positive, de projet qui rassemble le prolétariat. Nous voulons contribuer à reconstruire une telle perspective, en donnant des éléments sur la société que nous voulons.

Le manifeste rappelle la démarche transitoire qui a prévalu dans notre tradition, faisant le lien entre d'un côté les revendications immédiates, les préoccupations des masses, et de l'autre la remise en cause du capitalisme, de la propriété privée des moyens de production et de l'État, par le biais d'une série de mots d'ordre, de projets concrets qui tracent la voie vers une autre société. Pour chaque élément, il s'agit de réfléchir à une démarche permettant la mobilisation, l'auto-activité du prolétariat, son émancipation, une démarche de réappropriation sur le plan politique et culturel autant que matérielle.

C'est le cas pour ce qui concerne les mots d'ordre sociaux, des salaires à la protection sociale, et dans tous les domaines.

Le document en cours de rédaction a détaillé les mots d'ordre concernant la nécessité d'un programme mondial de décroissance juste, écosocialiste, la réorganisation du travail et de la production, l'égalité ; un programme de développement anti-impérialiste dans les pays dominés ; ainsi qu'une actualisation de la stratégie de prise du pouvoir, faisant le lien entre les résistances sociales, les expériences alternatives à Mindanao, au Rojava, au Chiapas, et la nécessité d'une stratégie de renversement de l'ordre établi, d'une prise du pouvoir par le prolétariat, basée sur l'auto-organisation, l'auto-émancipation comme but mais aussi comme stratégie pour permettre les changements sociaux.

Une situation de crise profonde du système

Après une journée de réunions continentales et l'habituelle réunion non mixte des femmes, la plénière a redémarré avec un échange liant les différents éléments de la situation : pandémie et crise écologique, crise économique et ses conséquences sur les luttes sociales, montée de l'extrême droite et des courants néofascistes ou ultra-autoritaires dans différents pays, et bien sûr les guerres. La montée de l'autoritarisme est analysée dans ce cadre : « les fractions de la bourgeoisie du monde entier ont émergé et se sont développées pour soutenir le néofascisme en tant que solution politico-idéologique capable de durcir les régimes, de contrôler les mouvements de masse d'une main de fer, d'imposer des ajustements brutaux et des dépossessions afin de récupérer le taux de profit. » Tandis que la crise économique constitue potentiellement les prémices de nouvelles crises de paiement de la dette au niveau régional, voire mondial, avec les conséquences que cela aurait sur les classes populaires.

Les guerres actuelles sont un signe de la « reconfiguration de l'ordre géopolitique mondial » en cours. Celle-ci tend à se structurer autour de l'affrontement entre le bloc dirigé par les États-Unis et celui en construction autour de la Chine. D'autres puissances impérialistes jouent un rôle important, en particulier l'Union européenne, et la Russie avec la guerre en Ukraine. Mais l'élément clé est la capacité de la Chine à contester la domination des impérialistes occidentaux dans leurs sphères d'influence historiques. Le CI écarte les orientations campistes qui peuvent exister dans certains courants, qui prétendent que la Russie ou la Chine joueraient un rôle objectivement progressiste face au bloc occidental. En réalité, les affrontements entre les impérialistes n'apportent que des malheurs aux peuples et, tout en nous opposant à l'OTAN et à tous les accords impérialistes, nous soutenons les luttes des peuples opprimés en Ukraine, au Soudan, en Palestine, etc.

Quelques semaines après l'offensive du 7 octobre, le CI a voté une motion faisant le lien entre Ukraine et Palestine, parce que nous dénonçons aussi bien les offensives militaires de la Russie que d'Israël, et nous défendons le droit des peuples à se libérer, les armes à la main, même si nous ne partageons pas l'orientation politique du gouvernement ukrainien et du Hamas.

Reconstruire les mouvements sociaux face à l'exploitation et aux oppressions

Le débat suivant concernait l'intervention dans les mouvements sociaux. Pour l'essentiel il s'agissait, dans la période actuelle de crise du mouvement ouvrier à l'échelle internationale, de discuter de la nécessité pour les révolutionnaires de contribuer à la reconstruction de la conscience de classe et de ses organisations. Ce qui signifie construire les organisations pour elles-mêmes, pour ce qu'elles apportent au rapport de forces et à la structuration du prolétariat, notamment en s'aidant mutuellement, en étant le creuset des revendications anticapitalistes transitoires et de l'auto-organisation.

L'introduction et la discussion ont également mis en garde contre les dangers d'institutionnalisation – c'est-à-dire d'intégration à l'appareil d'État ou aux compromis avec la bourgeoisie – et de bureaucratisation.

Il s'agissait aussi de définir des principes pour notre intervention dans ces mouvements sociaux. En plus de contribuer à les construire sincèrement, d'aider à ce qu'ils se coordonnent, nous intervenons pour défendre des principes démocratiques, pour combattre la fragmentation et le gauchisme et pour avancer, dans le respect des rythmes de débats, des mots d'ordre politiques remettant en cause le système. Les syndicats sont le principal outil d'organisation du prolétariat, mais nous avons également discuté de l'intervention dans les mouvements féministes – particulièrement dynamiques depuis quelques années –, les mouvements paysans, indigènes, écologistes, antiracistes, LGBTQI, des personnes handicapées, et devons poursuivre d'ici le congrès la discussion, notamment sur les mouvements de jeunes, pour les services publics, contre la dette et contre la guerre.

Renforcer l'Internationale et ses sections

La dernière discussion abordait les tâches de construction de l'Internationale. Il s'agit, partant du contexte politique mondial, de la nécessité comme de la possibilité de faire apparaître un projet alternatif à l'échelle internationale, de renforcer la visibilité de l'Internationale et de ses positions. Nous avons franchi quelques étapes avec la mise en place du site fourth.international, principalement en anglais, en français et en castillan, mais aussi une actualisation très régulière en arabe notamment. Nos sites d'actualité Punto de vista international, International Viewpoint, Inprecor, notre participation à différentes autres revues en ligne, ainsi que l'édition de livres, nous permettent de promouvoir des prises de position et des analyses sur différents sujets. Nous avons décidé de renforcer notre présence avec la mise en place d'équipes de travail plus régulières.

Enfin, le document et le débat ont fait état du travail de renforcement des instances comme le Bureau exécutif, le secrétariat – désormais largement international grâce à la visioconférence –, les coordinations régionales, les commissions thématiques. Il rappelle aussi les efforts nécessaires dans la formation, avec les écoles construites autour des instituts d'Amsterdam, de Manille et d'Islamabad, dans le travail jeune et dans la reconstruction de campagnes d'action internationales, en retrait depuis le recul du mouvement altermondialiste.

Enfin, nous avons repris les discussions sur la nécessité d'actions positives pour les femmes – et les autres personnes souffrant de l'oppression patriarcale – avec les réunions non mixtes, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la préoccupation de renforcer la présence des femmes dans les instances. Ces discussions ne sont pas simplement théoriques, elles lient les questions de principes avec des discussions concrètes sur les problèmes que nous rencontrons et comment les résoudre. Avec la volonté également d'étendre ces préoccupations à l'ensemble des sphères opprimées.

On peut dire ainsi que, après la pandémie qui a, de fait, freiné une série d'activités de l'Internationale, ce Comité international a été l'occasion de reprendre le chemin d'une adaptation de l'Internationale aux évolutions de la crise du capitalisme, aux acquis des luttes sociales et à l'actualisation de son projet politique et militant. Il est maintenant de notre responsabilité collective, en tant qu'instances de direction et comme militant·es de base, de faire fructifier ces débats, les alimenter, les percuter de nos expériences, pour renforcer le rôle de notre organisation dans le combat pour l'émancipation humaine.

Le 22 novembre 2023

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Génocide en Palestine : anatomie d’un débat français sabordé

12 décembre 2023, par Yazid Ben Hounet — , , ,
Le 18 octobre 2023, le quotidien Le Monde publiait une tribune de Didier Fassin dans laquelle il s'inquiétait du double standard des autorités françaises au regard des victimes (…)

Le 18 octobre 2023, le quotidien Le Monde publiait une tribune de Didier Fassin dans laquelle il s'inquiétait du double standard des autorités françaises au regard des victimes palestiniennes1 et des discours déshumanisants à propos des Palestiniens, « prélude aux pires violences ».

Yazid Ben Hounet, anthropologue

Le mot génocide y était utilisé en reprise du « plaidoyer juif » de la directrice exécutive de Jewish Voice for Peace appelant à « se dresser contre l'acte de génocide d'Israël ». Il est, quelques jours plus tard, mis en titre de son texte paru dans A.O.C (« Le spectre d'un génocide à Gaza », 1er novembre 2023). Au moment où Didier Fassin introduisit, dans le débat public français, la question du génocide à propos de la Palestine, et de Gaza en particulier, celle-ci circulait déjà largement en dehors de l'hexagone. Avant même le 18 octobre, le mot était en effet déjà employé par des chercheurs dans des publications sérieuses : notamment dans Foreign Policy (9 octobre), Jewish Currents (13 octobre), ainsi que dans la revue Third World Approaches to International Law (TWAIL), où 880 universitaires, dont de nombreux spécialistes éminents des droits humains, du droit international et des génocides, avertissaient quant à un potentiel génocide à Gaza (17 octobre 2023). On saura donc gré à Didier Fassin d'avoir amené le débat dans la sphère publique française.

Dans ce texte, nous expliquerons comment et pourquoi le concept de génocide a été utilisé par de si nombreux spécialistes pour alerter sur la situation à Gaza, et plus largement en Palestine, et pour appeler les États à leur devoir de protection. Nous discuterons ensuite de la manière dont ce sujet légitime a été sabordé dans la presse française. Nous présenterons enfin les mobilisations des experts du droit international et des droits humains, ainsi que les plaintes déposées au niveau de la Cour pénale internationale, lesquelles plaident en faveur des positions de Didier Fassin.

Du génocide en Palestine avant le 18 octobre 2023

Le terme génocide a été utilisé par différents universitaires depuis bien longtemps. Il n'est pas inutile ici de remonter à une figure majeure de la philosophie française, Gilles Deleuze qui, déjà en 1983, laissant tomber la forme interrogative, contrairement à Fassin, n'hésitait pas, lui, à utiliser l'affirmative :

« On dit que ce n'est pas un génocide. Et pourtant c'est une histoire qui comporte beaucoup d'Oradour, depuis le début..[…] C'est un génocide, mais où l'extermination physique reste subordonnée à l'évacuation géographique : n'étant que des Arabes en général, les Palestiniens survivants doivent aller se fondre avec les autres Arabes. L'extermination physique, qu'elle soit ou non confiée à des mercenaires, est parfaitement présente. Mais ce n'est pas un génocide, dit-on, puisqu'elle n'est pas le « but final » : en effet, c'est un moyen parmi d'autres »2.

Autre temps, autre mœurs : le texte de Gilles Deleuze avait l'avantage de pointer déjà du doigt l'archéologie et la logique de la violence annihilatrice israélienne et ses justifications religieuses et mystiques.

Plus proche de nous, et avant même le 7 octobre 2023, c'est Michael Barnett, professeur à l'Université de Washington, qui, s'inquiétant à la fois de l'ampleur des violences perpétrées par les colons israéliens dans le village palestinien d'Hawara, du parcours et des discours du ministre des finance israéliens, Bezalel Smotrich, et de l'opinion publique israélienne3, se demandait, le 6 mars 2023, si Israël n'était pas au bord du génocide4. Rappelant les conditions pré-génocidaires (lequel demeure toutefois impossible à prédire), il estimait déjà à cette date qu'Israël remplissait toutes les cases.

Le 9 octobre, Yousef Munayyer, politiste et chef du programme Palestine/Israël au Arab Center Washington DC. s'alarmait, dans Foreign Policy, du fait que le gouvernement des Etats Unis ne se contentait pas d'abdiquer sa responsabilité officielle et morale, mais permettait des atrocités de masse à un moment où tous les signaux d'alarme d'un génocide étaient allumés5.

Quatre jours plus tard, Raz Segal, professeur associé à Stockton University, spécialiste des études sur l'holocauste et les génocides, publiait un texte dans Jewish Currents au titre et au sous-titre plus qu'explicite, où l'interrogation n'est pas placée sur le terme de génocide mais sur la surdité de la communauté internationale : « Un cas d'école de génocide. Israël a été explicite sur ce qu'il fait à Gaza. Pourquoi le monde n'écoute-t-il pas ? »6
Il n'est pas inutile de citer ici un passage du texte de Raz Segal qui argumente les raisons pour lesquelles l'usage du terme de génocide lui parait évident :

« Mais l'assaut sur Gaza peut également être compris en d'autres termes : comme un cas d'école de génocide se déroulant sous nos yeux. Je dis cela en tant que spécialiste des génocides, qui a passé de nombreuses années à écrire sur la violence de masse israélienne contre les Palestiniens. J'ai écrit sur le colonialisme de peuplement et la suprématie juive en Israël, sur la déformation de l'Holocauste pour stimuler l'industrie israélienne de l'armement, sur la militarisation des accusations d'antisémitisme pour justifier la violence israélienne contre les Palestiniens, et sur le régime raciste de l'apartheid israélien. Aujourd'hui, après l'attaque du Hamas samedi et le meurtre de masse de plus de 1 000 civils israéliens, le pire du pire est en train de se produire.

Raz Segal faisait également lui-même la comparaison avec le massacre des Herero et Nama (Namibie), qualifié de premier génocide du 20ème siècle, par la similitude d'un fait plutôt rare à déceler : la clarté de l'expression publique de l'intention génocidaire de la part des responsables militaires. Il mettait ainsi en parallèle les ordres explicites du général allemand, Lothar von Trotha (1904), et ceux du ministre israélien de la défense, Yoav Gallant (9 octobre 2023) : « Nous imposons un siège complet à Gaza. Pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'eau, pas de carburant. Tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agirons en conséquence ». Cette rhétorique déshumanisante serait par ailleurs renforcée par les propos des dirigeants occidentaux – Joe Biden parlant d'‘un acte purement diabolique', à propos des massacres du 7 octobre, et Ursula von der Leyen de ‘mal ancien' – permettant ainsi « la destruction à grande échelle de vies palestiniennes », selon Raz Segal. Il ajoutait notamment que : « l'affirmation du ‘mal', dans son absolutisme, élude les distinctions entre les militants du Hamas et les civils de Gaza, et occulte le contexte plus large de la colonisation et de l'occupation ».

Quatre jours plus tard, le 17 octobre 2023, la revue Third World Approaches to International Law (TWAIL) publiait une Déclaration d'universitaires mettant en garde contre un potentiel génocide à Gaza7. Elle est signée par 880 universitaires, dont Didier Fassin et Raz Segal. Parmi les signataires, on trouve principalement des spécialistes du droit international, des droits humains et des études sur les génocides, de surcroit exerçant un peu partout, au Nord comme dans le Sud Global.

Dans cette déclaration, les signataires lançaient un appel urgent aux États pour qu'ils prennent des mesures concrètes et significatives afin de prévenir individuellement et collectivement les actes génocidaires, conformément à leur obligation légale de prévenir le crime de génocide.

Le lendemain, le réseau décolonial d'Afrique du Nord publiait une lettre ouverte intitulée « Pas de paix sans décolonisation ! » et signée par plus de 400 universitaires8. On pouvait notamment y lire ceci :
« Au moment où nous rédigeons ce texte, Israël a sommé 1.1 millions d'habitants d'évacuer sous 24h la bande de Gaza Nord et de se réfugier vers le Sud. Tout habitant non évacué sera présumé membre du Hamas et menacé d'être éliminé par les forces armées israéliennes. Ce vendredi 13 octobre 2023, l'humanité a assisté, pour la première fois dans son histoire récente, à l'annonce en direct d'un génocide programmé. En soutenant le massacre, que ce soit de manière tacite ou manifeste, les puissances occidentales ont perdu toute légitimité à intervenir dans un processus de paix durable. Exposant au monde son système de valeurs à géométrie variable, l'Occident a montré une nouvelle fois son mépris pour les « valeurs universelles » qu'il claironne.[…] Le silence assourdissant de la communauté internationale sur les crimes de guerre commis aujourd'hui en Palestine sont une preuve de plus que l'inégalité raciale a toujours été au cœur des projets coloniaux, puis impériaux de l'Occident. En réalité, c'est sur fond de cette inégalité raciale que se sont toujours justifié les plus grands massacres et génocides perpétrés à l'encontre des populations racisés. »


Un triste débat français

L'attaque et le massacre du 7 octobre avaient déjà braqué les projecteurs sur la région. Les « préconditions génocidaires » apparaissant toutes remplies, « l'expression publique de l'intention génocidaire » de la part des responsables militaires étant actée, et ayant assisté à « l'annonce en direct d'un génocide programmé », il demeurait impossible pour de nombreux universitaires de rester silencieux. Ajoutons à cela le fait qu'Israël avait déjà commencé à tapisser de bombes Gaza, un territoire surpeuplé, une prison à ciel ouvert, d'une manière rarement inégalée dans tout autre conflit de l'histoire récente – en date du 2 novembre, Israël avait déjà frappé la bande de Gaza avec l'équivalent de deux bombes nucléaires9 – ; rappelons également qu'une telle punition collective à l'égard d'une population occupée – illégale au regard du droit international (cf. infra) – reçue l'aval des alliés d'Israël (USA et pays européens en tête) au nom d'un effarant « droit de se défendre » ; on comprendra ainsi mieux l'émoi et le niveau d'alerte de la part de nombreux chercheurs.

Le texte de Didier Fassin, paru dans AOC, a donné lieu à plusieurs critiques, dans la presse française, pour l'essentiel négatives. Par-delà les différences, on décèle d'emblée un point commun aux différentes réponses : toutes (celles de Karsenti et al., Illouz, Kotek, etc.) ne font nullement mention des textes précédemment cités, qui pourtant expliquent en partie le positionnement de Didier Fassin. Ce simple fait interroge sur la capacité de leurs auteurs à s'extraire des polémiques franco-francaises du moment, à prendre du recul, et à voir un peu plus loin, que ce soit dans le temps (cf. Deleuze) ou dans l'espace (textes publiés en dehors du microcosme français).

La première réponse au texte de Fassin a été rédigée par Karsenti, Ehrenfreund, Christ, Heurtin, Boltanski et Trom et publiée également dans A.O.C (13 novembre 2023). L'analyse des deux premiers paragraphes suffit pour discréditer cette réponse et leurs auteurs. Il y a d'abord une belle mystification suggérant la conformité d'Israël au droit international, lorsque ceux-ci mentionnent la « communauté internationale » et le « partage de la Palestine mandataire décidé à l'ONU le 29 novembre 1947 »10. Une telle formulation n'est pas anodine. Il convient d'abord de préciser ici que la « communauté internationale » – c'est-à-dire les Etats membres de l'ONU – ne comprenait que 57 pays (soit près du quart des Etats membres actuels - 193), pour l'essentiel des pays occidentaux, dont des puissances coloniales. Le processus de décolonisation permettra l'élargissement des Etats membres et donc la reconnaissance progressive d'une véritable « communauté internationale ». Par ailleurs, seule une petite trentaine de ces pays – dont des pays satellites des grandes puissances, sous pressions de ces dernières (comme Haïti et les Philippines) – votèrent positivement le plan de partage. On rappellera également que ce dernier n'a pas été accepté par de nombreux promoteurs de l'Etat d'Israël qui déclarèrent unilatéralement l'établissement de cet État le 14 mai 1948. C'est notamment dans cet intervalle, entre novembre 1947 et mai 1948 que survint le massacre de Deir Yassin (9 avril 1948) ; ignoble massacre, dénoncé dans le New York Times (4 décembre 1948)11 par des intellectuels juifs de renom, dont Hannah Arendt et Albert Einstein, et perpétré par ceux – Menahem Begin en tête – qui allaient devenir des hauts responsables de l'Etat d'Israël et qui fondèrent le Likoud – parti de Netanyahou, actuellement au pouvoir. Une telle mystification permet ainsi d'éluder « une histoire qui comporte beaucoup d'Oradour, depuis le début », la Nakba de 1948, les multiples violences et enfreintes au droit international commises par l'Etat d'Israël.
Ces auteurs plaident par la suite la légitimité du soutien à la guerre d'Israël12. Explicite apologie de la guerre qui, bien sûr, ne fera l'objet d'aucune poursuite ou sanction disciplinaire en France (au contraire de la simple suspicion d'« apologie du terrorisme » pour celles et ceux qui se sont efforcés de resituer les massacres du 7 octobre dans leur contexte historique), mais qui pose néanmoins de graves problèmes. Ethiquement d'abord : peut-on légitimer le soutien à la guerre, de surcroit quand on est chercheur en sciences sociales, ou doit-on au contraire appeler à la paix ? Ensuite, ces propos sont illégaux. Depuis le code de Hammurabi (1750 av J. C.) et l'invention des premiers droits écrits (cf. H.S. Maine, Ancient Law, 1861) le mouvement de l'Humanité a été de restreindre la vengeance indiscriminée au profit de sanctions ciblées. Rien ne justifie, en droit (national et international), le bombardement de populations civiles et a fortiori le siège total privant les civils d'eau, de nourriture, d'électricité et de soins, à Gaza ou ailleurs, en représailles à une action armée. Une puissance occupante – comme cela est le cas d'Israël – a par ailleurs le devoir de protection des populations civiles en vertu des conventions de Genève. Enfin, les populations occupées ont le droit de se soustraire de l'emprise étrangère par tous les moyens en leur pouvoir, y compris la lutte armée (résolution 37/43 des nations unies, point 2).
De ces arrangements avec l'histoire, l'éthique professionnelle et le droit (fondamental et international) – par des auteurs apparemment incapables de se corriger entre eux – découlent fatalement un texte malsain et malhonnête visant uniquement à ternir l'image de Didier Fassin, lequel réactiverait « un geste antisémite classique qui procède toujours par inversion ».

Le texte d'Eva Illouz, dans Philosophie Magazine (13 novembre 2023) pose également quelques problèmes. Dès le départ, une formule vise à susciter l'émotion et à stigmatiser sur la base d'une allégation qui suscite le malaise : « Mais nous ne savions pas qu'un massacre barbare de bébés, femmes enceintes, vieillards, civils pour la plupart dévoués à la cause de la paix, serait accueilli avec exultation ou indifférence par des musulmans au travers du monde et par des universitaires, artistes et intellectuels des démocraties occidentales ». Des universitaires, des hommes et des femmes dans le monde musulman et au-delà, qui exultent en raison d'un massacre de bébés, de femmes enceintes… ? Vraiment ? Choisir les mots justes est un devoir moral et intellectuel, nous explique-t-elle, pourtant. On voit ensuite dans ce texte deux problèmes majeurs.

Il y a d'une part la reprise sans distance de la propagande israélienne : « opération à Gaza », « Le 13 octobre 2023, l'armée israélienne appelle les civils à évacuer pour aller au sud du Wadi Gaza. 900 000 Gazaouis sont évacués malgré les tentatives du Hamas de les empêcher de bouger afin qu'ils leur servent de bouclier humain. Israël crée des couloirs humanitaires » ; « Une riposte militaire, même féroce, contre un ennemi qui a enfreint les frontières et le droit international [cf. supra sur le droit international], et qui met en œuvre beaucoup de moyens pour éviter des pertes civiles, n'est pas un génocide ».

Il y a d'autre part le refus de considérer la dimension coloniale s'agissant d'Israël : « Il est impossible de trouver des parallèles et des similitudes entre le colonialisme impérial d'une nation puissante et le nationalisme de va-nu-pieds se battant pour leur survie et recevant l'approbation légale et morale de la communauté internationale ». C'est pourtant là une grille de lecture de nombreux analystes. En outre, elle oublie ici de mentionner que le colonialisme le plus dur pour les autochtones comporte une bonne part de colonisation de peuplement « de va-nu-pieds se battant pour leur survie » et recevant l'approbation politique des puissances impériales.

L'essentiel de sa démonstration consiste à reprocher « la méthode peu rigoureuse » de Didier Fassin, en s'appuyant sur une figure d'autorité, l'anthropologue Philippe Descola, et sur son approche du comparatisme structural. Or, Philippe Descola l'explique lui-même, il s'agit là d'une méthode parmi d'autres qui a sa faveur, après avoir comme de nombreux anthropologues pratiqué d'autres formes de comparatisme – « ethnographique » ; « ethnologique »13. Didier Fassin – usant de la formule « comparaison n'est pas raison » – avait déjà honnêtement signalé dans son article dans AOC que son objectif était de tenter d'établir des parallèles et de repérer des similitudes avec les génocide des Herero – et non pas de faire du comparatisme structural. Raz Segal avait déjà pointé le 13 octobre une similitude entre ces deux événements (cf. supra). Du reste la comparaison heuristique (en référence à Paule Veyne) que propose Didier Fassin se rapproche également du comparatisme promu par Marcel Detienne (autre figure importante des sciences sociales) qui, dans Comparer l'incomparable (2000), dénonçait les mensonges et les dangers mortels de l'incommensurable, de l'incomparable des nationaux de tout poil ; tout en plaidant pour un comparer à la fois expérimental et constructif.

L'historien Joel Kotek réfute, pour sa part, totalement la comparaison entre « l'offensive israélienne » et le génocide des Herero (L'express, 22 novembre 2023). Il met en exergue les notions d'intention et de décision et nous explique : « Contrairement à ce que pense Didier Fassin, l'extermination des Herero n'est pas due à un engrenage fatal mais à la décision mûrement réfléchie, mieux encore, proclamée du général en chef du corps expéditionnaire allemand, Lothar von Trotha, d'en terminer une fois pour toutes avec le peuple Herero ». Il semble bien ici que Joel Kotek n'ait nullement connaissance des textes de Michael Barnett et de Raz Segal, cités plus haut, qui justement alertent des préconditions et de la décision proclamée. S'il voit une « séquence génocidaire » dans les massacres du 7 octobre, il semble rester sourd et aveugle aux dimensions génocidaires des représailles israéliennes, telles que pointées par de nombreux auteurs.

Par ailleurs, comme dans le texte d'Eva Illouz, on retrouve chez Joel Kotek des reprises de la propagande israélienne, mettant par exemple en avant les efforts « du commandement militaire israélien d'épargner au maximum les femmes, les enfants et les malades palestiniens » sans même mentionner que factuellement ce sont bien ces catégories qui sont les plus massivement touchées par l'armée israélienne et les bombardement israéliens. Au 4 décembre, l'UNICEF dénombrait 15 523 personnes tuées dans la bande de Gaza. Femmes et enfants représentaient 70% des victimes14. Le 30 novembre 2023, le site indépendant +972, publiait un long article intitulé « ‘A mass assassination factory' : Inside Israel's calculated bombing of Gaza » documentant la dimension massive, intentionnelle – y compris à l'égard des civils – et froide des représailles de l'armée israélienne, et ce à l'aide du système d'intelligence artificielle Habsora. Il en expliquait également la généalogie15.
Comme Eva Illouz, Joel Kotek refuse enfin de voir la question coloniale en réfutant tout lien entre Israël et le colonialisme. On comprend ainsi pourquoi, pour lui, le génocide des Hereros n'est entendable que lorsqu'il est rapporté à la Shoah. C'est d'ailleurs sa thèse puisqu'il le présente avant tout comme un Sonderwelg allemand16. Dès lors qu'il est mis dans son contexte colonial et qu'il est comparé à un autre contexte colonial – celui de la Palestine (en dépit du déni sur ce sujet) – transparait chez Kotek (et d'autres personnes) une forme de dissonance cognitive. Du massacre de Deir Yassine à celui de Gaza, en passant entres autres par celui de Sabra et Chatila, et 75 années de violence à l'encontre des Palestiniens, peut-on parler également de Sonderweg israélien ?

La discussion la plus intéressante a été, jusqu'à présent, celle engagée par le politiste Pierre Natnaël Bussière, dans L'Obs (28 novembre 2023)17. S'attardant sur la formule de Fassin – « il y a en effet une responsabilité historique à prévenir ce qui pourrait devenir le premier génocide du XXIe siècle » - cet auteur s'interroge légitimement et avec beaucoup de sincérité sur ce que la formule « premier » peut contenir d'invisibilisation des autres massacres récents et/ou en cours dont ceux contre les Ouïgours en Chine ou les Tigréens en Ethiopie. Ce texte a par ailleurs l'intérêt d'éclairer le lecteur sur la guerre à huis clos en Ethiopie et sur les massacres perpétrés contre les Tigréens, faits plutôt méconnus du grand public français. Il est vrai que la question palestinienne, qui est posée depuis des décennies, la soudaine polarisation médiatique sur le Proche-Orient, suite à l'attaque et au massacre du 7 octobre, ainsi que « l'annonce en direct d'un génocide programmé » ont interpellé davantage l'opinion et, bien entendu, les universitaires.

Il reste ici que la comparaison avec le génocide des Herero et Nama a une vertu heuristique qui n'a pas été suffisamment soulignée et qu'il est possible (« ce qui pourrait » pour reprendre la formule de Fassin) que le massacre de Gaza devienne le premier génocide du XXIe siècle jugé en tant que tel par la juridiction la plus habilitée à le faire : la Cour Pénale Internationale (CPI).

Colonialisme, mobilisations et plaintes déposées auprès de la CPI

On a pas assez attiré l'attention sur le fait que le massacre des Herero et Nama est non seulement reconnu comme le premier génocide du XXe siècle, mais il est également le seul en contexte colonial. C'est là un fait à interroger. Ni la traite transatlantique des esclaves, ni les massacres des Indiens d'Amérique, que Deleuze comparait aux Palestiniens18, ni ceux de l'Etat indépendant du Congo, sous tutelle belge (1885-1908), ni les massacres à Madagascar (1947), ni ceux, en Algérie, à Setif, Guelma et Kherrata (1948) – pour ne citer quelques exemples – ne sont reconnus internationalement comme des génocides (bien que localement, dans les pays directement concernés, citoyens, chercheurs et responsables politiques n'hésitent pas à employer le terme).

Plusieurs des auteurs, ainsi que les tribunes, précédemment cités pointent du doigt la dimension coloniale et son lien avec le sort subi – massacres, nettoyage ethnique, génocide, etc. – par les Palestiniens. C'est également cette dimension que pointe Craig Mokhiber, directeur du Bureau de New York du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, dans sa lettre de démission adressée le 28 octobre 2023 au Haut-commissaire des droits de l'homme, Volker Turk. Il y expliquait notamment ceci :

« En tant qu'avocat spécialisé dans les droits de l'homme, avec plus de trente ans d'expérience dans ce domaine, je sais bien que le concept de génocide a souvent fait l'objet d'abus politiques. Mais le massacre actuel du peuple palestinien, ancré dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, dans la continuité de décennies de persécution et d'épuration systématiques, entièrement fondées sur leur statut d'Arabes, et associé à des déclarations d'intention explicites de la part des dirigeants du gouvernement et de l'armée israéliens, ne laisse aucune place au doute ou au débat. […]Il s'agit d'un cas d'école de génocide. Le projet colonial européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne indigène en Palestine. Qui plus est, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d'une grande partie de l'Europe sont totalement complices de cet horrible assaut. Non seulement ces gouvernements refusent de remplir leurs obligations conventionnelles ‘d'assurer le respect des conventions de Genève, mais ils arment activement l'offensive, fournissent un soutien économique, des renseignements, et couvrent politiquement et diplomatiquement les atrocités commises par Israël »19

On remarquera également que les plaintes déposées auprès de la CPI ont été portées surtout par des pays anciennement colonisés et par des avocats et collectifs attentifs à la situation palestinienne mais aussi à la question coloniale.

La première plainte pour « génocide » a, en effet, été déposée le 10 novembre 2023 à La Haye devant la Cour pénale internationale par le pénaliste français Gilles Devers, accompagné de trois autres avocats de Belgique, de Jordanie et du Maroc. Elle a été signée par quelque 280 avocats et une centaine d'ONG (le nombre a augmenté depuis) et couvre également les crimes perpétrés par le Hamas lors de l'assaut sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023. Gilles Devers est l'avocat représentant les Palestiniens devant la CPI, mais il est aussi celui Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, toujours en proie au dernier conflit de décolonisation d'Afrique (Sahara Occidental).

Le 13 novembre, le Center for Constitutional Rights déposait une plainte fédérale aux États Unis, au nom de Children International-Palestine, et d'autres organisations. Les plaignants poursuivent le président Biden, le secrétaire d'État Blinken et le secrétaire à la défense Austin pour leur incapacité à prévenir, et leur complicité dans, le génocide en cours du gouvernement israélien contre eux, leurs familles et les 2,2 millions de Palestiniens de Gaza. La plainte déposée contre les trois hauts fonctionnaires américains fait valoir qu'ils violent le droit international, notamment les dispositions codifiées dans la convention sur le génocide de 1948 et la loi correspondante sur la mise en œuvre de la convention sur le génocide (18 U.S.C. § 1091) adoptée par le Congrès des États-Unis en 198820.

Le 16 novembre 2023, le site du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme nous informait du fait que près de 40 experts de l'ONU, spécialistes du droit international et des droits humains, alertaient sur le risque de génocide. On pouvait lire que « les graves violations commises par Israël à l'encontre des Palestiniens à la suite du 7 octobre, en particulier à Gaza, indiquent qu'un génocide est en cours »21.

Le 17 novembre, des Etats du Sud ayant ratifiés le Statut de Rome – l'Afrique du Sud, le Bangladesh, la Bolivie, les Comores et Djibouti – déposaient conjointement plainte auprès de Karim Khan, procureur général de la CPI. Celle-ci inclue notamment la qualification de génocide.

Le 17 novembre également, la Commission Internationale des Juristes22 appelait les États qui ont une position d'influence auprès du gouvernement d'Israël - en particulier les États-Unis - à prendre toutes les mesures raisonnables en leur pouvoir pour prévenir le génocide à Gaza, notamment en appelant à un cessez-le-feu, en prenant des mesures pour assurer la levée du siège et en empêchant le déplacement des Palestiniens en dehors de la bande de Gaza, et à cesser toute assistance militaire, y compris les ventes d'armes, qui permettrait ou faciliterait le génocide, et d'autres crimes en vertu du droit international. Elle exhortait les autres États à agir immédiatement en vertu de l'article VIII de la Convention sur le génocide, en demandant aux organes compétents des Nations unies, y compris le Conseil de sécurité des Nations unies, et en particulier l'Assemblée générale des Nations unies, de prendre des mesures urgentes en vertu de la Charte des Nations unies pour prévenir et réprimer tout acte de génocide à Gaza, notamment en appelant à un cessez-le-feu immédiat. Elle demandait également à la Commission internationale indépendante d'enquête sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et Israël, ainsi qu'au Bureau du Procureur de la CPI, d'étendre rapidement leurs enquêtes sur la situation en Palestine afin d'y inclure le génocide.

Le 30 novembre et le 1er décembre 2023 se tenait à Alger, autrefois Mecque des révolutionnaires, un grand rassemblement de juristes en soutien à la Palestine, juristes émanant de plusieurs pays du Monde Arabe, de l'Afrique, mais aussi d'Europe23. L'un des objectifs de cette rencontre était de constituer un Comité permanent pour la poursuite de l'Etat d'Israël devant la Cour pénale internationale (CPI) et d'autres cours compétentes.

***
Au moment où nous achevons ce texte – 6 décembre 2023 – les attaques sur Gaza ont déjà repris depuis cinq jours, après une trêve d'une semaine. Les morts – enfants et femmes en premier lieux – s'amoncellent. La partie sud de Gaza, où se concentre maintenant l'essentiel de la population, sur ordre d'Israël et en raison de ses bombardements dans le Nord de Gaza, est maintenant celle qui est bombardée. Les Palestiniens sont aujourd'hui, plus qu'avant, pris au piège.

Beaucoup de chercheurs en France et en Europe se refusent à parler de génocide et évoquent, au mieux, le terme de nettoyage ethnique. Faut-il leur rappeler que de nombreux génocides ont été perpétrés dans la continuation du nettoyage ethnique et lorsque celui-ci a été rendu impossible ? Combien de cases faudra-il cocher avant que les puissances occidentales se décident à réagir fermement et que les intellectuels se saisissent vraiment de ce sujet ?

Notes

1. « Certaines victimes méritent-elles plus que d'autres la compassion ? Faut-il considérer comme une nouvelle norme le ratio des tués côté palestinien et côté israélien de la guerre de 2014 à Gaza : 32 fois plus de morts, 228 fois plus parmi les civils et 548 fois plus parmi les enfants ? » (Fassin, 18 octobre)
2. Gilles Deleuze, 2003 (1983), « Grandeur de Yasser Arafat », dans Deux régimes de fous, éditions de minuit, Paris, pp. 221-223. Texte initialement paru en 1984, daté de 1983, dans la revue d'études palestiniennes.
3.Près de 50% des juifs israéliens appuient l'idée d'expulsion des Palestiniens, selon M. Barnett (référence à la suite).
4.M. Barnett, “Is Israel on the Precipice of Genocide ?”, Political Violence @ A Glance, 6 mars 2023 : https://politicalviolenceataglance.org/2023/03/06/is-israel-on-the-precipice-of-genocide/
5.Yousef Munayyer, “Laying Siege to Gaza Is No Solution. U.S. support for Israel's incursion could enable mass atrocities”, Foreign Policy, 9 octobre 2023 : https://foreignpolicy.com/2023/10/09/israel-palestine-gaza-hamas-invasion-genocide-united-states/
6.Raz Segal, “A Textbook Case of Genocide. Israel has been explicit about what it's carrying out in Gaza. Why isn't the world listening ? », Jewish Currents, 13 octobre 2023 : https://jewishcurrents.org/a-textbook-case-of-genocide
7.Public Statement : Scholars Warn of Potential Genocide in Gaza, 17 octobre 2023 : https://twailr.com/public-statement-scholars-warn-of-potential-genocide-in-gaza/
8.https://www.tsa-algerie.com/pas-de-paix-sans-decolonisation/ ; https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/guerre-israel-palestine-pas-paix-sans-decolonisation-reseau-decolonial-afrique-nord
9.https://euromedmonitor.org/en/article/5908/Israel-hit-Gaza-Strip-with-the-equivalent-of-two-nuclear-bombs
10. « Le 7 octobre 2023, l'État d'Israël a été attaqué sur son territoire souverain, celui qu'à la suite de ce que Raul Hilberg a appelé « la destruction des Juifs d'Europe » par l'Allemagne et ses complices, la communauté internationale lui avait reconnu lors du partage de la Palestine mandataire décidé à l'ONU le 29 novembre 1947 » (Karsenti et al.).
11.« New Palestine Party : Visit of Menachem Begin and Aims of Political Movement Discussed » : https://www.marxists.org/reference/archive/einstein/1948/12/02.htm
12.« Le soutien à la guerre qu'Israël mène actuellement contre le Hamas à Gaza est légitime, dans les limites posées par le droit international humanitaire » (Karsenti et al.).
13.https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/qu-est-ce-que-comparer
14.https://www.unicef.fr/article/israel-palestine-les-enfants-paient-le-prix-de-la-guerre/
15. https://www.972mag.com/mass-assassination-factory-israel-calculated-bombing-gaza/
16. Kotek, J. (2008). Le génocide des Herero, symptôme d'un Sonderweg allemand ?. Revue d'Histoire de la Shoah, 189, 177-197. https://doi.org/10.3917/rhsho.189.0177
17.https://www.nouvelobs.com/opinions/20231128.OBS81439/les-ethiopiens-et-les-ouigours-existent-ils-m-didier-fassin.html
18. « La complicité des Etats-Unis avec Israël ne vient pas seulement de la puissance d'un lobby sioniste. Elias Sanbar a bien montré comment les Etats-Unis retrouvaient dans Israël un aspect de leur histoire : l'extermination des Indiens, qui, là aussi, ne fut qu'en partie directement physique. Il s'agissait de faire le vide, et comme s'il n'y avait jamais eu d'Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d'immigrés du dedans. A beaucoup d'égards, les Palestiniens sont les nouveaux Indiens, les Indiens d'Israël », Gilles Deleuze, 2003 (1983), « Grandeur de Yasser Arafat », p. 223.
19.https://www.democracynow.org/2023/11/1/craig_mokhiber_un_resignation_israel_gaza
20.https://ccrjustice.org/stop-the-genocide
21. https://www.ohchr.org/en/press-releases/2023/11/gaza-un-experts-call-international-community-prevent-genocide-against
22.ONG internationale de défense des droits de l'homme créée en 1952. Elle est composée d'un groupe permanent de 60 éminents juristes. https://www.icj.org/gaza-occupied-palestinian-territory-states-have-a-duty-to-prevent-genocide/
23.« Fin de la Conférence internationale "Justice pour le peuple palestinien" par l'adoption de la "La Déclaration d'Alger" », Radio algérienne, 1er décembre 2023 : https://news.radioalgerie.dz/fr/node/36441 Entretien de Gilles Devers : https://www.youtube.com/watch?v=cZGj3HisZ6U  ;

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Appel aux travailleurs du monde : Bloquez les navires du génocide israélien !

12 décembre 2023, par Masar Badil, le Mouvement palestinien pour une voie révolutionnaire alternative — , , ,
Le Masar Badil, le Mouvement palestinien pour une voie révolutionnaire alternative, appelle tous les militants syndicaux, syndicalistes et organisations de travailleurs à (…)

Le Masar Badil, le Mouvement palestinien pour une voie révolutionnaire alternative, appelle tous les militants syndicaux, syndicalistes et organisations de travailleurs à prendre des mesures pour bloquer les navires israéliens, refuser de les charger ou les décharger, et refuser de transporter des armes de guerre vers l'occupation israélienne actuelle. perpétrer un génocide contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza assiégée.

Nous avons déjà assisté à plusieurs actions importantes à travers le monde, en premier lieu les actions de l'armée et du peuple yéménites visant à bloquer l'utilisation des mers yéménites pour le transport et le passage des navires et des marchandises sionistes.

Les travailleurs des transports en Belgique, à Barcelone et au Japon ont déclaré qu'ils refuseraient de charger des armes destinées à l'occupation israélienne, tandis que les dockers en Italie ont mené une grève d'une journée contre le génocide en cours. De l'Inde aux Philippines en passant par l'Afrique du Sud, le mouvement syndical a clairement exprimé sa position, exigeant l'expulsion des ambassadeurs sionistes et rejetant le recours à la main-d'œuvre migrante pour soutenir le régime d'occupation israélien en remplacement des travailleurs palestiniens.

Nous constatons également une volonté croissante des mouvements populaires de prendre des mesures sérieuses et significatives pour arrêter la machine de guerre sioniste, illustrée par les actions directes de Palestine Action visant à fermer Elbit Systems, le plus grand fabricant d'armes israélien, et à extraire un coût financier et matériel important de Elbit en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Les travailleurs palestiniens, les organisations syndicales et les syndicats ont déjà lancé un appel aux travailleurs du monde entier pour qu'ils refusent de fabriquer et de transporter des armes pour le régime d'occupation, et de nombreuses organisations et militants participent au blocus des usines d'armement, des chemins de fer et des ports transportant des armes et des fournitures. à l'occupation, représentée par la campagne Block the Boat.

Il est extrêmement important qu'il ne s'agisse pas d'actions symboliques, de déclarations de solidarité ou de messages de soutien. Refuser les navires israéliens des ports du monde est, en s'appuyant sur l'exemple yéménite, un moyen matériel d'assiéger l'occupation et de soutenir le peuple colonisé et occupé de Palestine. Il s'agit d'une contribution matérielle pour faire face et mettre fin à l'escalade du génocide perpétré par le régime israélien depuis plus de 75 ans, avec une escalade intense et sanglante au cours des 57 derniers jours qui a déjà coûté la vie à près de 20 000 Palestiniens.

Israël ne commet pas seul son génocide. Il est soutenu, armé et financé par les puissances impérialistes – en premier lieu les États-Unis, ainsi que leurs partenaires au Canada, en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Chaque port et chaque entreprise qui autorise des navires israéliens de toute sorte à accoster dans son port est un partenaire à part entière des crimes de guerre et du génocide avec le sang du peuple palestinien sur les mains et doit être tenu pour responsable.

Nous savons que nous ne pouvons pas attendre que ces mêmes États criminels ou agences internationales tiennent ces parties responsables de leurs crimes en cours ou mettent fin au génocide. Le peuple palestinien et sa Résistance luttent quotidiennement pour y parvenir. Nous vous appelons, travailleurs du monde, à exercer votre immense pouvoir, le pouvoir des travailleurs, sans lequel rien ne fonctionne.

Nous, à Masar Badil, avons été invités par les travailleurs de Gaza à vous adresser cet appel, à vous, notre classe ouvrière internationale, à exploiter votre pouvoir et à contribuer matériellement à mettre fin au génocide. Nous vous invitons à :

1. Bloquer et rejeter l'apparition ou l'accostage de tout navire israélien dans n'importe quel port mondial ; de refuser de charger ou décharger un navire israélien. Tous les États devraient suivre l'exemple yéménite et interdire l'utilisation de leurs ports et de leurs mers pour armer ce régime génocidaire !

2. Refuser de charger, décharger ou permettre de naviguer sur tout navire de quelque pays que ce soit apportant des armes, du matériel et des fournitures au régime sioniste génocidaire. Les mains des travailleurs ne doivent pas être souillées par le fardeau du génocide !

Nous, travailleurs palestiniens en exil et dans la diaspora, faisons partie intégrante des travailleurs du monde. Il est grand temps d'intensifier notre participation à cette lutte jusqu'à un niveau matériel capable de fermer les routes commerciales du génocide, de l'occupation et du colonialisme, en coupant le flux d'armes, de bombes et d'artillerie qui permet au régime israélien de massacrer des hommes palestiniens. les femmes et les enfants. Nous appelons vous tous aujourd'hui, nos collègues travailleurs, à nous rejoindre dans l'action pour mettre fin au génocide, pour la justice, la victoire et la libération des travailleurs et du peuple de Palestine !

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