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Face aux violences d’extrême droite, un nouveau guide de riposte à l’attention des associations et des syndicats

L'année se termine, et c'est déjà l'heure des bilans : 2023 a été marquée par les violences d'extrême droite en France, et dans le monde, contre les associations et syndicats, ainsi que les personnes racisées ou LGBTQIA+.
Tiré de Entre les lignes et les mots
VoxPublic présente aujourd'hui un nouveau guide pratique à l'attention des militant·es et des personnes exposé·es à cette menace. Il s'organise selon le triptyque « identifier, anticiper, riposter aux menaces » :
* Identifier les différents groupuscules et partis d'extrême droite et leurs méthodes ;
* Anticiper et prévenir les attaques ;
* Organiser la riposte juridique, médiatique et militante.
A partir de nombreux témoignages recueillis par VoxPublic, le guide propose une mise en commun de recommandations et de « bonnes pratiques » afin d'être en capacité de riposter collectivement pour défendre les droits de toutes et tous, l'égalité et la démocratie.
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VoxPublic publie un nouveau guide pratique à l'attention des militant·es associatifs et syndicalistes exposé·es à des menaces et violences d'extrême droite. Il s'organise selon le triptyque « identifier, anticiper, riposter aux menaces » : identifier les différents groupuscules et partis d'extrême droite et leurs méthodes ; anticiper et prévenir les attaques ; organiser la riposte juridique, médiatique et militante.
En janvier2023, le projet Horizon visant à accueillir des personnes réfugiées dans le village de Callac (Côtes-d'Armor) est abandonné par des élus locaux effrayés après des mois d'intimidations et de violences perpétrées par l'extrême droite. Premier coup de tonnerre dans cette année 2023 marquée par les violences d'extrême droite à l'encontre des associations et des syndicats, mais aussi d'élu·es.
À Bordeaux, les locaux de plusieurs associations, dont le Planning Familial, ainsi que des lieux de culte (mosquées), ont été vandalisés, des tags néonazis et des messages d'intimidation y sont laissés. À Tours, le centre LGBTQIA+ a été attaqué six fois en six mois. En mai, à Nîmes, un incendie s'est déclaré dans l'immeuble accueillant le siège local du syndicat Solidaires alors qu'une réunion s'y tenait, et en juillet le local CGT de Brest est également vandalisé. Lors des manifestations de révolte contre la mort du jeune Nahel Merzouk en juin 2023, dans plusieurs villes, des « milices » d'extrême droite attaquent les manifestant·es. Ce sont ces mêmes groupuscules identitaires et nationaliste-révolutionnaires que l'on retrouve en train de mener une ratonnade à Romans-sur-Isère (Drôme) samedi 25 novembre…
Qui sont ces groupes divers et dispersés sur tout le territoire français ? Quelles sont leurs méthodes et leurs liens avec les partis politiques ? Ce guide tente d'apporter un éclairage à ces questions pour les militant·es associatifs et syndicaux confronté·es aux menaces et violences d'extrême droite.
A partir de nombreux témoignages recueillis par VoxPublic, ce guide propose une mise en commun des recommandations et des « bonnes pratiques » afin de mieux anticiper ces menaces et d'être en capacité de riposter collectivement. Nous y abordons les stratégies juridiques, celles de communication et de riposte médiatique, ainsi que des mesures de sécurité essentielles pour prévenir les risques encourus par les militant·es et toutes les personnes ciblées par l'extrême droite.
Guide au format PdF :
les_associations_et_syndicats_face_aux_menaces_et_violences_extreme_droite_voxpublic-2
https://entreleslignesentrelesmots.files.wordpress.com/2023/12/les_associations_et_syndicats_face_aux_menaces_et_violences_extreme_droite_voxpublic-2.pdf
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Appel pour une initiative parlementaire sur la prévention et la réparation de la souffrance psychique au travail

La sortie du film de Jean-Pierre Bloc « Par la fenêtre ou par la porte » sur « l'affaire » des suicides chez France Télécom et le succès d'audience qu'il rencontre, sont l'occasion de réfléchir et de débattre sur un phénomène marquant de l'évolution des rapports sociaux au travail, celui de la souffrance psychique professionnelle. Et aussi celui de la Justice. Souvenons-nous.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/08/appel-pour-une-initiative-parlementaire-sur-la-prevention-et-la-reparation-de-la-souffrance-psychique-au-travail/
En 2004, la privatisation de l'opérateur public de téléphone doit s'accompagner d'une réduction à marche forcée des effectifs et de la transformation en profondeur de ses métiers. Sous la férule de son PDG, Didier Lombard, l'entreprise va passer d'une logique de service public à celle d'un leader du CAC 40 et 22 000 agents doivent partir… de gré ou de force. Ce sera le plan Next, un management brutal et agressif qui doit déstabiliser les fonctionnaires de l'opérateur et dégrader leurs conditions de travail pour les pousser vers la porte ou la fenêtre selon les mots même du PDG devant ses cadres dirigeants. 35 agents se suicideront entre 2008 et 2009 et, suite à la plainte de Sud, rejointe par les autres syndicats, et à une enquête de l'Inspection du travail, un procès se tiendra en correctionnel à Paris, en 2019, puis en appel en 2022 et débouchera sur des condamnations historiques des principaux dirigeants à un an de prison de prison assorti du sursis et 15 000 euros d'amende pour harcèlement moral institutionnel. Une première dans le monde feutré et très sélectif des grandes entreprises mondialisées.
Certes, cette condamnation et ce qualificatif de harcèlement moral institutionnel, parfois appelé harcèlement managérial, ont eu un fort retentissement médiatique et politique, notamment dans les cercles de dirigeants et du management. Mais sans doute pas suffisamment puissant pour inverser des tendances de fond sur les organisations du travail et les pratiques managériales délétères.
Au-delà de la question du suicide, c'est bien celle de la souffrance psychique au travail qui caractérise l'évolution des modes de management et d'organisation du travail ces 30 dernières années. Avec des conséquences délétères massives. Qu'il s'agisse des données statistiques du Réseau national de vigilance et de prévention des maladies professionnelles (RNV3P) ou de celles de la surveillance des maladies à caractère professionnel de Santé publique France, les pathologies psychiques arrivent en seconde position – juste après les troubles musculo-squelettiques (TMS) – des maladies liées au travail depuis plusieurs années. « Le « management », la « relation au travail et violence » et les « exigences inhérentes à l'activité » représentaient plus de neuf FORE (facteurs organisationnels, relationnels et éthiques ) sur dix en lien avec des TMS ou de la souffrance psychique. », peut-on lire dans l'étude de Santé publique France publiée en avril 2023.
Même constat du côté des inaptitudes médicales déclenchées par le médecin du travail et qui entrainent souvent des licenciements (plus de 100 000 par an selon les données administratives) et des sorties précoces de l'emploi. Du coté des chiffres officiels, on notera que 1600 maladies professionnelles de la sphère psychique sont reconnues et indemnisées chaque année par le régime général de la Sécurité sociale et plus de 28 000 accidents du travail d'origine psychique. Mais ces chiffres ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Selon la commission (1) chargée d'évaluer la sous-déclaration des maladies professionnelles pour déterminer dans le cadre du PLFSS le montant que la branche AT-MP doit reverser à l'Assurance maladie, 108 000 cas de pathologies professionnelles d'origine psychique devraient être reconnues. Cela montre tout à la fois l'ampleur du phénomène et le décalage existant entre la réalité et la reconnaissance de celle-ci. Cet écart ne facilite ni la prise de conscience ni la prévention. Et dans ce domaine de la prévention, les marges de progrès sont importantes comme le soulignait la Cour des comptes dans un rapport daté de décembre 2022 (2). Malgré les plans santé travail (PST) successifs, malgré les dernières réformes des services de santé au travail, malgré les priorités affichées des pouvoirs publics sur ces questions, et notamment celles relatives aux risques psychosociaux et à la prévention des facteurs de risques organisationnels, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Et pour en revenir au début de notre propos, à l'affaire France Télécom, toutes les leçons n'ont pas été tirées.
Tout d'abord, parmi les origines probables de cette difficulté à faire entrer la prévention dans les entreprises, il y en a une qui apparait culturellement persistante. Dans le monde du travail, les règles qui organisent la vie en société et qui régulent les rapports entre les individus, ne sont jamais la simple transposition des règles communes de la « vie civile ». Elles sont systématiquement « adoucies », adaptées, ceci afin de ne pas entraver l'efficacité économique. Les procès France Télécom, devant le tribunal correctionnel puis devant la Cour d'appel, en donnent une illustration saisissante. Au regard de la gravité des faits et des conséquences, les condamnations apparaissent relativement clémentes. Elles sont pourtant le strict reflet du Code pénal. En effet, l'article L222-33-2 du Code pénal prévoit une peine de 2 ans d'emprisonnement 3 et de 30 000 euros d'amende en cas de harcèlement moral au travail.
Dans le même Code pénal, les mêmes faits relevés dans la sphère privée du couple, prévoit des peines s'échelonnant de 3 ans d'emprisonnement à 10 ans et de 45 000 euros d'amende à 150 000. En milieu scolaire, les peines prévues sont les mêmes que celles prévues pour un couple.
Dans tous les cas prévus par le législateur, la répression est la moins punitive dans le domaine du travail. Rien ne justifie cette clémence, d'autant que, lorsqu'elle est systémique comme dans le cas de France Télécom, les dégâts humains peuvent être considérables quant au nombre de personnes affectées. Nous demandons donc un alignement des peines encourues et une adaptation en ce sens du Code pénal, en son article L2226-33-2.
En matière civile, il devient absolument nécessaire de simplifier la réparation des maladies professionnelle d'origine psychique. Cela faciliterait la prise en charge des victimes mais aussi cela inciterait davantage les entreprises à engager des politiques de prévention plus efficaces, visant en priorité la transformation de l'organisation du travail, l'adaptation du travail à l'homme et l'adoption de méthodes de management moins délétères.
La priorité nous semble être de créer des tableaux de maladie professionnelle qui éviteraient ainsi le recours aux comités régionaux de reconnaissance des pathologies professionnelles (C2RMP) qui sont surchargés et dont les conditions d'accès sont relativement complexes dans le cas des pathologies psychiques et donnent lieu à de grandes inégalités de traitement des dossiers. Nous proposons qu'une mission d'information parlementaire se penche sur les conditions de reconnaissance des maladies professionnelles d'origine psychique.
Un autre aspect fondamental nous semble résider dans la prévention insuffisante des RPS. De nombreux leviers ont déjà été actionnés par les 3 un an de prison et 15 000 euros à la période de l'affaire France-Télécom pouvoirs publics, sans que cela ne permette véritablement des progrès significatifs de ce fléau.
Deux voies nous semblent devoir être explorées pour redonner du sens au travail et redynamiser le dialogue social dans l'entreprise sur ces questions de santé au travail et de prévention des RPS.
La première est celle recommandée par les Assises du travail qui se sont déroulées au début de l'année 2023 dans le cadre du Conseil national de la Refondation souhaité par le président de la République. Le rapport remis le 18 avril par Sophie Thierry, présidente de la commission travail et emploi du Conseil économique social et environnemental (Cese) et Jean-Dominique Senard, président du groupe Renault, tous les deux garant des assises, comporte 17 recommandations dont celle (N°14) d'« Ajouter un 10ème principe général de prévention à l'article L.4121-2 du code du travail : écouter les travailleurs sur la technique, l'organisation du travail, les conditions de travail et les relations sociales. » Cette proposition s'inscrit dans l'axe n°4 des Assises : Préserver la santé physique et mentale des travailleurs, un enjeu de performance et de responsabilité pour les organisations. Ajoutons qu'ainsi, des traces seraient laissées des problèmes débattus et de la façon dont ils ont été réglés ou non par le dialogue social.
La seconde voie consiste à remettre la prévention des risques professionnels au cœur du dialogue social dans les entreprises. Aujourd'hui, un constat s'impose : la suppression des CHSCT par les ordonnances Travail de 2017 a cassé la dynamique de prise en charge de la santé au travail et de la prévention des risques professionnels dans les entreprises. Cette analyse est partagée par de nombreux observateurs, qu'ils soient professionnels de la prévention, chercheurs, voire experts des relations sociales comme le sont Jean-François Pillard, ex-négociateur du Medef ou Marcel Grignard, ancien numéro 2 de la CFDT, qui ont piloté avec France Stratégie le Comité d'évaluation des ordonnances. Leur note conclusive parle d'elle-même, qui montre que le bouleversement opéré par la fusion des trois instances représentatives du personnel a chamboulé le dialogue social dans les entreprises, créé de la difficulté des nouveaux CSE à s'emparer des questions du travail, et rend compte de la « lassitude des élus devant une mission de plus en plus difficile », avec les risques pour la « démocratie de représentation ». Dans leur rapport de 2021, les experts concluent qu'il « convient de se reposer la question » sur la manière d'appréhender la santé au travail dans les entreprises. Il nous semble donc qu'il revient au parlement, à travers là encore une mission d'information, de lancer une réflexion approfondie sur la nécessité de corriger les défauts des ordonnances de 2017 et sur la meilleure façon de relancer une dynamique de prévention dans les entreprises à partir d'un rôle régénéré des instances représentatives du personnel.
Patrick Ackermann, syndicaliste
Jean-Pierre Bloc, réalisateur
Thomas Coutrot, statisticien et économiste
François Desriaux, rédacteur en chef Santé et Travail
Emmanuel Dockès, professeur de droit, université Lyon 2
Daniela Garcia, syndicaliste
Jean-Paul Teissonnière, avocat
Sophie Taillé-Polian, députée Ecologiste
(1) Rapport_commission%20sous-d%C3%A9claration%20AT-MP%202021.pdf
(2) Les politiques publiques de prévention en santé au travail dans les entreprises | Cour des comptes (ccomptes.fr)
Je me permets de vous faire suivre l'appel que nous lançons en faveur d'une initiative parlementaire sur la prévention et la réparation de la souffrance psychique au travail, à l'occasion de la projection du film « Par la fenêtre ou par la porte » sur l'affaire des suicides à France Telecom, le 14 déc à 20heures à l'AN.
N'hésitez pas à vous inscrire.
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfRY0480JyV80K8fsqGwWVlPKzbR9AskXuqJVbaMQZHkAEIZQ/viewform
François Desriaux
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Dilemmes de l’humanité : avancer vers la construction d’un socialisme féministe

Tiré de capiremov
https://capiremov.org/en/experience/dilemmas-of-humanity-advancing-towards-building-a-feminist-socialism/
27/11/2023 |
Écrit par Bianca Pessoa et Ana Priscila Alves
Les débats de la conférenceDilemmes de l'humanitéportent sur le féminisme et la lutte antipatriarcale pour construire le socialisme dans le monde
La 3e Conférence internationale sur les dilemmes de l'humanité s'est tenue à Johannesburg, en Afrique du Sud, en octobre 2023. C'est une démonstration que l'organisation autour de la lutte socialiste internationaliste est un mouvement fort, des membres d'organisations politiques, de mouvements sociaux, de partis et de syndicats du monde entier se sont réunis pour débattre et construire un programme de luttes communes pour construire le socialisme, organiser la classe ouvrière, défendre la vie et la nature, construire la démocratie populaire et mener la lutte anti-impérialiste pour la souveraineté des peuples et des territoires.
Dans une vidéo produite par Capire pendant la conférence, des femmes de différentes parties du monde parlent de ce qui est nécessaire pour construire un socialisme féministe.
La lutte socialiste et internationaliste est construite par de nombreuses mains et ne peut avancer que si les femmes sont présentes et actives. Afin d'articuler cette lutte comme un axe central et transversal dans la construction de la société que nous voulons, le séminaire « Féminismes et lutte contre le patriarcat », qui s'est tenu le 16 octobre, faisait partie du programme de la conférence. Ce fut un moment de débat et de réflexion sur l'importance cruciale des organisations de femmes et des organisations de personnes dissidentes dans l'élaboration d'un projet socialiste, internationaliste et solidaire. La conférence internationale a été le résultat de l'accumulation d'éditions de conférences régionales, où les luttes féministes et la lutte contre le patriarcatsont apparues comme un thème central de la lutte des classes dans les continents.
Les participants suivants ont participé au séminaire : la professeure, chercheuse et militante Akua Opokua Britwum, du Ghana ; la militante thaïlandaise pour la démocratie Kunlanat Jirawong-Aram ; Olfa Baazaoui, membre du Parti des travailleurs tunisiens ; María Inés Davalos, militante de la Coordination nationale des organisations de femmes travailleuses, rurales et indigènes (Coordinadora Nacional de Organización de Mujeres Trabajadoras, Rurales e Indígenas – Conamuri) du Paraguay ; Maite Mola, originaire du Pays basque et membre du Parti de la gauche européenne ; et Maisa Bascuas, chercheuse à l'Institut tricontinental de recherche sociale en Argentine, en charge de la médiation. Le débat a commencé par la projection du documentaire indien Kudumbashree : When Millions of Women Organize, produit par Peoples Dispatch et NewsClick. Le documentaire raconte l'histoire de plus de quatre millions de femmes organisées dans la lutte pour l'autonomie dans l'État du Kerala, dans le sud de l'Inde.
Construire un socialisme féministe
Selon Akua Opokua, le patriarcat précède le capitalisme. Mais depuis que le capitalisme a pris forme, la structure patriarcale a été repensée pour permettre une exploitation encore plus grande du travail des femmes. Au Ghana, explique-t-elle, les femmes ont joué un rôle important dans la lutte contre le colonialisme et vers l'indépendance du pays. Après l'indépendance, la lutte a été organisée sur la base de l'anti-impérialisme, dans la lignée des luttes menées sur tout le continent africain contre l'apartheid et l'exploitation du travail et de la nature par les pays européens. Les groupes organisés de femmes se sont développés au fil des ans, confrontant et dénonçant l'appropriation du féminisme par l'agenda néolibéral. « Dans le mouvement socialiste au Ghana, nous recherchons des jeunes qui veulent une société différente pour apporter des changements, car il existe un lien entre le patriarcat et le système capitaliste », déclare-t-elle.
En Thaïlande, le journal de gauche Dindengcouvre la lutte pour la démocratie dans le pays et le féminisme socialiste façonné par les femmes thaïlandaises. Le journal se concentre sur la production de textes, de podcasts et de traductions en thaï sur les débats de la gauche mondiale. Ils visent à rendre l'information accessible à la population. Kunlanat Jirawong-Aram explique que les femmes thaïlandaises sont confrontées à l'un des taux d'incarcération les plus élevés au monde. « Une de nos camarades qui était en prison nous a dit que presque toutes les femmes qu'elle a rencontrées en prison étaient là à cause des hommes dans leur vie », explique-t-elle. De plus, ils sont victimes du militarisme et de l'impérialisme américains, qui continuent d'opérer dans le pays. Malgré les défis auxquels elles sont confrontées, à Dindeng, les femmes s'organisent pour partager leur programme féministe dans des articles publiés sur le site web et aussi dans des mobilisations de rue.
En Tunisie, les femmes ont joué un rôle central dans le mouvement de libération nationale. Olfa Baazaoui explique que même si les lois les plus progressistes récemment promulguées ont été attribuées au président, ces lois sont le résultat du travail du mouvement des femmes. En 2021, il y a eu un coup d'État en Tunisie, lorsque le président Kaïs Saïed a dissous le parlement. À ce jour, il gouverne en tant que seul souverain avec les pleins pouvoirs. « Nous nous battons pour essayer de préserver les acquis démocratiques que nous avons obtenus, car c'est la seule façon d'aider les femmes à s'organiser et à lutter pour la démocratie et plus de droits », explique Olfa.
Au Paraguay, les camarades de Conamuri, membres du CLOC-Via Campesina, ont façonné le féminisme paysan et populaire comme un engagement politique pour la défense de la vie. Ils sont fondés sur les expériences vécues dans les territoires. Le féminisme implique la défense de la terre, des semences et de la lutte contre la violence. « Les luttes sont vivantes et nous savons que la lutte pour l'émancipation des femmes doit aller de pair avec la fin de la propriété privée », déclare María Inés Davalos. En Amérique latine, l'occupation massive des terres par les entreprises transnationales et l'agrobusiness est l'un des principaux défis. Cependant, sur le même territoire, il y a des femmes qui vivent de leurs terres et de leurs produits, et qui se battent pour la souveraineté alimentaire : « c'est notre façon de communiquer avec les autres, de lutter contre les multinationales et de nous protéger des semences génétiquement modifiées ».
En Europe, les femmes luttent contre la montée de l'extrême droite et du conservatisme et contre l'augmentation de la violence, en particuliercontre les femmes migrantes des pays du Sud. Pour Maite Mola, bien que le problème de l'immigration ne soit pas spécifique aux femmes, ce sont elles qui souffrent le plus aux frontières et des vulnérabilités qu'elles rencontrent en arrivant dans les pays où elles se sont installées. Dans cette partie du monde, il y a également des progrès en ce qui concerne les plaintes des femmes contre la pornographie et les formes de cyberviolence de plus en plus récentes, telles que la création de deep fakes pornographiques, en utilisant des images de toute femme ayant déjà publié des photos en ligne. « De plus, la question de l'avortement est centrale. Nous devons nous battre pour ce droit. C'est aussi une lutte des classes, pas une question de caprices. Même si c'est illégal, les femmes qui ont de l'argent peuvent avorter, et celles qui n'en ont pas meurent », a déclaré Maite.
Pour Kunlanat, la construction féministe passe aussi par le décloisonnement entre la rationalité, perçue comme masculine et appréciée, et la sensibilité, perçue comme féminine et inutile dans la lutte : « les espaces politiques sont normalisés pour être dominés par les hommes, et les femmes ne sont pas perçues comme politiques. Même aujourd'hui, les femmes sont considérées comme des personnes qui n'ont pas de pensées et d'idées propres dans un monde qui essaie de faire passer la logique avant les émotions. Mais les émotions ne doivent pas être inférieures. Nous devons considérer les émotions comme des émotions politiques. À propos du féminisme et de la lutte socialiste, María Inés partage que « pour nous, le féminisme est basé sur la classe parce qu'il cherche à construire le socialisme. Nous avions l'habitude de dire « pas de féminisme, pas de socialisme », mais nous devons aller de l'avant avec une vision positive. Aujourd'hui, nous disons 'avec le féminisme, nous construisons le socialisme' ».
Traduit de l'anglais par Rane Souza
Sous la direction de Helena Zelic
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France - Communiqué commun : Stop aux attaques contre le mouvement féministe ! Nous refusons l’instrumentalisation de nos luttes

Les manifestations du 25 Novembre contre les violences faites aux femmes et minorités de genre ont été un franc succès populaire avec près de 100 000 participantes partout en France. Cela montre une fois de plus la force de la mobilisation pour en finir avec les violences.
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
28 novembre 2023
Par GrèveFéministe , NousToutes
Cependant, nous, associations et collectifs féministes, membres des collectifs de l'organisation de la manifestation parisienne du 25 novembre, sommes aujourd'hui accusées sur les réseaux sociaux et par certains médias de nier les violences sexuelles et féminicides perpétrés contre des femmes juives en Israël par le Hamas le 7 octobre, et d'avoir empêché de manifester à Paris ce samedi un collectif venu dénoncer ces violences.
Nous tenons en premier lieu à re-affirmer que nous combattons collectivement toutes les violences, les exactions, les féminicides commis contre toutes les femmes et minorités de genre quels qu'en soient les auteurs et ce, partout dans le monde. En tant que féministes, nous combattons fermement toutes formes d'antisémitisme, de racisme, d'islamophobie et de discrimination. C'est pourquoi nous condamnons sans ambiguïté les crimes sexuels et sexistes, viols et féminicides commis par le Hamas, qui ont particulièrement visé les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les enfants. Nous apportons tout notre soutien aux victimes et à leurs proches. Les violences sexuelles en temps de conflit, bien souvent systématiques et massives, sont des armes de guerre qui visent à détruire les personnes victimes et plus largement tout un peuple. Selon l'ONU, elles constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
Dans la manifestation parisienne du 25 novembre, des organisations et des personnes juives féministes étaient présentes aux côtés des autres organisations et collectifs féministes. Il avait été annoncé que la manifestation porterait aussi cette lutte.
Malgré cela, une campagne de dénigrement poussée par certains médias et des réseaux d'extrême droite, des tribunes mensongères et des campagnes de fake news sur les réseaux sociaux ont réussi à convaincre de nombreuses personnes du contraire, y compris des femmes et des féministes juives. Nous le déplorons.
Ces fake news se sont accompagnées d'alertes et de menaces d'actions violentes de groupuscules d'extrême droite pendant la manifestation. C'est pourquoi celle-ci était sous haute surveillance et haute tension.
Le 25 novembre, un collectif dénonçant les viols et féminicides du 7 octobre et accusant les féministes d'être silencieuses sur le sujet était présent place de la Nation. Ses membres, hommes et femmes, ont défilé autour de la place avec des pancartes attaquant une partie des associations organisatrices de la manifestation comme « Féminicide de masse, féministes à la Hamas » ou « #Metoo unless you are jew ». Beaucoup d'hommes portaient des gants coqués ce qui a inquiété les organisations présentes et la police qui y ont reconnu des personnes d'extrême-droite. Les CRS ont décidé de les encadrer sur la place de la Nation.
Depuis samedi, sur les réseaux sociaux, des individus ont mis en cause des féministes et organisé un dénigrement collectif de la manifestation et de ses organisatrices. Ces attaques ne sont pas seulement diffamatoires, elles sont dangereuses. Plusieurs appels au cyberharcèlement à l'encontre du collectif #NousToutes ont été émis. Les militantes bénévoles se retrouvent exposées à des centaines de messages et mails d'insultes, de menaces de viol et de mort y compris sur leur téléphone ou mail personnel. Nous rappelons que le cyber harcèlement est une forme de violence grave parmi celles que nous dénoncions en manifestant samedi et est punie par la loi.
Nous sommes aux côtés de toutes les victimes et de leurs proches. La lutte contre les violences sexistes et sexuelles est une longue marche qui ne devrait jamais être instrumentalisée. Elle appelle au contraire l'union et le rassemblement de toutes et tous. Nos organisations féministes sont diverses, elles sont unies dans la dénonciation des violences faites aux femmes et aux minorités de genre, d'où qu'elles viennent et quels qu'en soient les auteurs.
GrèveFéministe et NousToutes
Membres des collectifs de l'organisation de la manifestation parisienne du 25 novembre
P.-S.
• CGT. PUBLIÉ LE 28 NOV. 2023 :
https://www.cgt.fr/comm-de-presse/stop-aux-attaques-contre-le-mouvement-feministe-nous-refusons-linstrumentalisation-de-nos-luttes
Copyright
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Jeunes femmes journalistes en formation, nous dénonçons le sexisme qui règne dans la profession

« Toi, tu vas l'avoir ton stage… » Cette phrase, on voudrait l'entendre après une présentation réussie. Pas lors d'une soirée, de la bouche d'un homme de l'âge de notre père qui nous la glisse à l'oreille d'un ton chargé de sous-entendus.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Chaque année, le congrès de la Presse Hebdomadaire Régionale (PHR) rassemble de nombreux éditeurs de presse locale. Les étudiants de la licence professionnelle « Presse de proximité » de l'École supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille) sont traditionnellement conviés. Mi-juin, à Laval, nous y avons donc présenté notre travail de l'année, un magazine thématique et deux quotidiens édités durant le congrès.
Si nous avons été félicitées pour notre travail, nous nous sommes également senties humiliées, parfois considérées comme des proies. « J'informais les personnes présentes qu'elles pouvaient participer à un quiz avec un panier garni à la clé, un homme m'a répondu avec un sourire : “C'est vous, le lot à gagner ?” »
Scénario similaire en distribuant les journaux à l'entrée. « Un homme s'est approché. Je lui ai tendu un journal. Il m'a dit qu'il aimerait me présenter à plein de collègues en me reluquant. Je lui avais juste dit bonjour. » Ce n'est pas nouveau, la promotion d'il y a vingt-trois ans faisait déjà état de « propositions douteuses et de blagues graveleuses ».
Une fois la journée de conférences terminée, mettez des éditeurs, employeurs potentiels, face à de jeunes femmes journalistes en pleine construction professionnelle, arrosez le tout d'alcool et vous obtiendrez une atmosphère malsaine. Regards insistants, remarques déplacées et gestes malvenus, le congrès a été un concentré de ces violences que nous pouvons subir dans l'exercice de notre profession. Ces actes, signalés dès le lendemain aux organisateurs de l'événement, répondent à la définition de l'outrage sexiste ou sexuel aggravé, un délit puni d'une amende de 3750 €.
Nous relayons l'actualité locale et nationale. C'est notre métier. Nous décrivons des réalités. Nous témoignons aujourd'hui de cette atmosphère étouffante, non sans difficulté face aux pressions dont nous avons pu faire l'objet.
Ce malaise, nous le vivons aussi dans nos rédactions locales, isolées, où nous n'avons parfois qu'une poignée de collègues et pas toujours de syndicats sur place à qui nous adresser. Nous sommes fatiguées de ne pas être écoutées. Quand la profession changera-t-elle ? Combien d'écoles devront faire attention à ne pas envoyer de jeunes femmes dans certains journaux, dans certaines rédactions ? Combien d'entre nous renonceront à leur rêve par peur de violences ? Les mentalités doivent profondément évoluer. Le journalisme est, aussi, un métier de femmes. Nous y avons toute notre place. Nous ne tolérerons pas ces violences.
Les femmes de la 28e promotion de la licence Presse de proximité de l'ESJ Lille
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Les femmes ukrainiennes luttent contre l’escalade de la violence sexiste dans le contexte de la guerre

Note de la rédaction : cet article a été parrainé par les organisations à but non lucratif HIAS et VOICE qui travaillent ensemble pour résoudre le problème de la violence contre les femmes et les filles en Ukraine, dans le cadre du projet « Partnering for Change : A Project Partnership Centering Women and Girls in the Ukraine Regional Response ». Les femmes présentées par leur nom complet dans le reportage ont accepté de révéler leur identité.
Tiré de Entre les lignes et les mots
AVERTISSEMENT : Cet article contient des descriptions qui peuvent heurter la sensibilité.
Elle avait un sac sur la tête et ses mains étaient menottées. Elle était horrifiée au plus haut point et n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait.
Plus tôt dans la journée, des militants russes s'étaient emparés de Mme Huseinova à son domicile de Novoazovsk, dans la partie occupée de l'oblast de Donetsk. Ses positions pro-ukrainiennes ont été à l'origine de la perquisition et de la détention.
Dans certains locaux froids, elle a été placée face au mur.
« Vous savez que vous êtes impuissante et que vous ne pouvez rien faire », a déclaré Mme Huseinova, aujourd'hui âgée de 61 ans, au Kyiv Independent. « Vous vous tenez là, un sac sur la tête, les mains menottées. On vous déshabille et on vous touche. Ils se moquent de vous, vous pincent et vous frappent ».
Pour Mme Huseinova, ce fut le début de trois années de captivité en Russie, au cours desquelles elle a été témoin de nombreuses violations des droits des êtres humains, notamment des agressions sexuelles et des coups portés à des femmes ukrainiennes.
Mme Huseinova fait partie des 108 femmes libérées le 17 octobre 2022. Des expériences comme la sienne sont courantes parmi les femmes en Ukraine, mais seules quelques-unes choisissent d'en parler.
En ce sens, l'Ukraine ressemble beaucoup au reste du monde, où la violence à l'égard des femmes et des filles est monnaie courante et où les guerres ne font qu'aggraver la situation, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits des êtres humains. Même pour les non-captives, le stress, l'anxiété, l'instabilité économique et sociale causés par la guerre créent des conditions propices à l'augmentation de la violence domestique et d'autres abus.
En octobre 2022, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que l'invasion à grande échelle avait déjà « augmenté la violence sexuelle et sexiste, y compris la violence sexuelle liée au conflit » en Ukraine – « pourtant, la plupart des cas ne sont jamais signalés ».
« Celles qui ont souffert de la violence restent souvent silencieuses parce qu'elles craignent les regards critiques, les ragots et la condamnation. Nous sommes une société d'individus libres qui se battent pour la justice ». a déclaré la première dame Olena Zelenska lors de la conférence « Uni·es pour la justice » en mars.
« Notre tâche principale est de rendre cette justice aux survivantes des crimes horribles de cette guerre épouvantable. Nous devons avant tout leur fournir un traitement équitable, un soutien, du respect et de l'aide. »
La violence sexuelle comme arme
À son retour en Ukraine, Huseinova a pris une longue douche chaude, essayant de se débarrasser de l'odeur insupportable de la prison russe.
Elle a dû passer 50 jours à Izoliatsia, un centre de torture situé dans la partie occupée de Donetsk, qui serait géré par les services de sécurité fédéraux russes, puis environ trois ans dans un centre de détention provisoire de Donetsk. À l'intérieur, Mme Huseinova savait que si elle sortait un jour, elle continuerait à se battre pour la liberté et la justice des autres femmes ukrainiennes.
Selon le ministère de la réintégration des territoires temporairement occupés, au moins 126 Ukrainiennes, dont 80 civiles, étaient en captivité en Russie en juin 2023.
« Elles sont toujours là. Je sais quels risques elles courent, dans quelles conditions elles se trouvent et à quel point c'est difficile pour elles, physiquement et psychologiquement », explique Mme Huseinova.
À cette fin, elle a rejoint Sema Ukraine, une organisation à but non lucratif qui réunit et soutient les femmes qui ont survécu à des violences sexuelles liées au conflit, ou CRSV. L'organisation a été fondée en 2019 et, après 2022, elle est passée de moins de 20 à plus de 50 femmes, toutes survivantes.
La responsable du groupe, Iryna Dovhan, a subi des tortures en public. Des photos d'elle attachée à un poteau et battue dans une rue de Donetsk ont horrifié le monde entier en 2014.
Depuis, les violences sexuelles sont monnaie courante dans les territoires occupés, mais elles ont véritablement pris de l'ampleur après l'invasion totale.
« En 2022, ils ont reçu un mandat pour se comporter sans retenue. Ils ont gagné encore plus de confiance dans l'impunité », a déclaré Dovhan au Kyiv Independent.
Le bureau du procureur général de l'Ukraine a enregistré 235 cas de violence sexuelle et sexiste, principalement à l'encontre de femmes, depuis le 24 février 2022.
« En fait, il y a beaucoup plus de crimes de ce type, ce qui est également confirmé par nos partenaires internationaux. Les survivantes ont le plus souvent honte et peur de signaler ces crimes », a déclaré en mars la vice-première ministre chargée de l'intégration européenne, Olha Stefanishyna.
Un rapport récent de la commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies sur l'Ukraine fait état d'un certain nombre de cas où « les soldats russes ont fait irruption dans les maisons des villages qu'ils occupaient, ont violé des femmes et une jeune fille, et ont commis d'autres crimes de guerre contre les victimes et les membres de leur famille ».
Parmi les cas étudiés dans les oblasts de Kherson et de Zaporizhzhia, les victimes de viol comprenaient une jeune fille de 16 ans et des femmes âgées de 19 à 83 ans. Parmi elles, une jeune fille enceinte de 16 ans et trois femmes plus âgées vivant seules, ou avec de jeunes enfants, ou avec des membres de leur famille souffrant d'un handicap.
Pramila Patten, représentante du secrétaire général des Nations unies pour les violences sexuelles en période de conflit, a déclaré en octobre dernier que le viol faisait partie de la « stratégie militaire » de la Russie et qu'il s'agissait d'une « tactique délibérée pour déshumaniser les victimes ».
« L'utilisation systématique de la violence sexuelle comme arme de guerre est l'une des caractéristiques des crimes de masse contre les civiles commis par les troupes russes en Ukraine », déclare le procureur général Andrii Kostin. « Nous considérons également les violences sexuelles liées aux conflits comme un élément de génocide ».
Dovhan est d'accord : « La violence sexuelle liée aux conflits est très traumatisante. Elle a des conséquences à long terme qui détruisent non seulement la vie de la personne qui l'a subie, mais aussi tout son cercle social, sa famille et sa descendance. »
Mais même lorsque les Russes ne peuvent pas atteindre les femmes, la violence sexiste, elle, peut les atteindre. Les cas de violence domestique sont de plus en plus nombreux.
« Nous ne pouvons pas dire que les femmes (ukrainiennes) sont protégées contre la violence sexiste et la violence domestique », déclare Halyna Iegorova, responsable du groupe de protection contre la violence sexiste au bureau de représentation ukrainien de l'organisation à but non lucratif HIAS, basée aux États-Unis.
« Mais la grande différence est que dans le territoire occupé, il n'y a pas d'accès aux services d'aide, contrairement aux zones contrôlées par l'Ukraine, où de telles opportunités existent ».
Aucun endroit n'est sûr
En Ukraine, deux femmes sur trois subissent des violences psychologiques, physiques ou sexuelles au cours de leur vie, et 18% des femmes et des filles âgées de 15 à 49ans ont subi des violences de la part de leur partenaire intime, selon l'OMS.
Valentyna, 56 ans, résidente de l'oblast de Vinnytsia, a été témoin de cette situation : sa famille a subi des années de violence de la part de son neveu, âgé de 36 ans. La situation a empiré après le début de l'invasion à grande échelle.
« En mai et juin seulement, j'ai dû appeler la police à quatre reprises », a déclaré Valentyna au Kyiv Independent.
Alors que l'invasion dure depuis près de deux ans, la violence domestique dans le pays s'aggrave. En août, le responsable de la police nationale, Serhii Aloshkin, a déclaré que le nombre de cas avait augmenté de 40% par rapport à l'année dernière.
En octobre 2023, la police a enregistré près de 244 000 appels pour violence domestique, soit autant que pendant toute l'année 2022, selon le ministre de l'intérieur Ihor Klymenko.
« Le stress psychologique, la pression émotionnelle, la séparation des familles, le chômage et d'autres facteurs aggravent la situation de la violence domestique dans le pays », a déclaré Klymenko.
La psychanalyste Iryna Kuratchenko partage cet avis, ajoutant que de nombreux soldats sont psychologiquement traumatisés lorsqu'ils rentrent du front.
« Il y a eu une augmentation du nombre de cas dans lesquels des militaires masculins commettent des violences domestiques », a déclaré au Kyiv Independent Mm Kuratchenko, qui dirige également l'association de psychologues et de psychanalystes Vzayemodiya, une ONG basée à Zaporizhzhia, qui soutient les survivantes de violences basées sur le genre (VBG).
Elle raconte par exemple l'histoire d'une femme qui s'est retrouvée piégée et incapable de fuir son mari violent lorsque l'invasion à grande échelle a commencé.
Certaines femmes se sont retrouvées coincées dans les zones occupées, à la fois avec leurs partenaires violents et avec les Russes rapaces.
Même lorsqu'elles fuient la guerre, les femmes ukrainiennes sont toujours en danger. Une étude réalisée en 2022 par l'université de Birmingham, comportant 32 entretiens avec des femmes ukrainiennes réfugiées ou déplacées à l'intérieur du pays, a révélé que toutes avaient été victimes de violences de guerre.
« Certaines avaient subi des violences sexuelles et sexistes avant la guerre, tandis que d'autres avaient été exposées à différentes formes d'abus qui s'étaient poursuivis pendant le conflit, en transit, puis une fois qu'elles avaient trouvé refuge. »
Les femmes qui fuient laissent derrière elles tout leur système de soutien, y compris leurs amis, leur famille et les professionnel·les de santé en qui elles ont confiance, explique Mme Iegorova. Il est beaucoup plus difficile de trouver de l'aide dans un endroit inconnu, ce qui décourage les femmes d'essayer.
Les survivantes choisissent souvent de ne pas signaler les violences sexistes, par manque de confiance dans le système judiciaire ou par crainte de l'agresseur.
Les organisations ukrainiennes et internationales se sont mobilisées pour faire évoluer cette perception.
S'exprimer, demander justice
Selon Mme Kuratchenko, l'Ukraine a réalisé des progrès significatifs en matière de traitement et de réaction à la violence liée au sexe ces dernières années.
Le parlement a finalement ratifié la Convention d'Istanbul, dont les signataires collaborent pour protéger les victimes et poursuivre les auteurs.
« Cela signifie également que chaque année, le pays doit rendre compte de la manière dont il respecte la convention d'Istanbul. C'est une grande responsabilité » explique M. Kuratchenko. « L'État, les organismes d'application de la loi et d'autres structures font beaucoup, mais la guerre… prévaut. »
La police nationale compte plus de 60 unités chargées d'intervenir en cas de violence domestique, de conseiller les victimes et d'essayer de prévenir ces crimes, selon son rapport du 23 novembre.
L'éducation est un élément essentiel de la prévention.
Mme Iegorova explique que de nombreuses personnes en Ukraine « vivent sans se rendre compte que la violence fait partie de leur vie », car elles ne peuvent pas l'identifier.
« C'est pourquoi notre organisation, ainsi que d'autres organisations travaillant dans le domaine de la santé et de la sécurité publiques, a pour tâche principale de sensibiliser la population à ces questions afin qu'elle puisse les reconnaître », explique-t-elle.
« Ce n'est que lorsqu'une personne reconnaît qu'elle vit dans une situation de violence et qu'elle comprend qu'elle est victime de violence qu'elle peut chercher de l'aide par elle-même. »
Selon Mme Iegorova, HIAS a récemment organisé un programme éducatif de huit semaines à l'intention des femmes, leur apprenant à identifier la violence liée au sexe et à savoir où chercher de l'aide.
« Nous nous efforçons également de faire en sorte que des informations sur les organisations travaillant dans le domaine de la violence liée au sexe soient disponibles dans chaque conseil rural ou urbain », dit-elle. « Nous nous efforçons de les distribuer même dans les hôpitaux ou les cliniques pour femmes, afin que les personnes qui viennent les consulter puissent voir les brochures.
Basée dans la région partiellement occupée de Zaporizhzhia, Vzayemodiya organise notamment des formations pour les forces de l'ordre locales et d'autres spécialistes, leur apprenant à identifier les CRSV, à communiquer avec les survivantes et à savoir où les orienter pour qu'elles obtiennent l'aide dont elles ont besoin, y compris un soutien psychologique.
En plus d'informer les Ukrainien·nes et le monde entier sur les actes de violence sexuelle commis par les troupes russes, Sema Ukraine contribue également à documenter ces cas, afin de traduire les auteurs en justice.
L'organisation aide également les survivantes à obtenir une assistance médicale, sociale et juridique et soutient leurs familles, en particulier les enfants.
« Ce qui rend notre organisation remarquable, c'est que nous avons plus d'une douzaine de femmes qui ont réussi à transformer leur traumatisme en capacité post-traumatique au sein de l'organisation », explique Dovhan.
« Elles sont actives, elles aident les autres et elles servent d'exemple aux nouvelles femmes qui rejoignent l'organisation. »
Plusieurs autres organisations dirigées par des femmes soutiennent les survivantes de violences basées sur le genre dans toute l'Ukraine.
L'organisation Green Landia, basée à Kharkiv, a par exemple récemment créé des « espaces de soutien pour les femmes et les filles » dans la capitale régionale et dans l'oblast, proposant des sessions éducatives et psychologiques, des ateliers d'art et d'autres activités.
À Kherson, l'organisation Uspishna Zhinka (Successful Woman en anglais) éduque les femmes sur les « relations saines et malsaines », les stéréotypes de genre et l'égalité. Elle travaille également à l'autonomisation économique des femmes pour les aider à échapper à la violence domestique.
Pour avoir un impact encore plus important, ces organisations ont également besoin de soutien.
En collaboration avec l'organisation féministe mondiale Voice, HIAS soutient de petites organisations ukrainiennes dirigées par des femmes, telles que Sema Ukraine, Uspishna Zhinka, Green Landia et Vzayemodiya. Les subventions leur permettent de fournir des conseils individuels et collectifs ainsi que des biens de première nécessité aux survivantes de la violence liée au sexe et de la violence sexuelle et sexiste.
« Les groupes de soutien pour les femmes qui ont subi des violences domestiques sont très efficaces, surtout lorsque celles-ci partagent leurs propres expériences. C'est le moyen le plus efficace pour elles d'entrer en contact et de guérir », explique Mme Kuratchenko.
Le financement de ces organisations est important car, comme le souligne Mme Iegorova, elles « apportent un soutien solide à la population locale ».
« Sans elles, il serait beaucoup plus difficile pour l'État de répondre aux besoins de la population. »
Toutefois, pour recevoir une aide cruciale et entamer une action en justice, les victimes de violences sexistes doivent commencer par signaler ce qui leur est arrivé.
Le médiateur ukrainien, Dmytro Lubinets, affirme que les récits des victimes de la violence sexuelle et sexiste sont « leurs armes dans la lutte contre l'agresseur et servent d'outils dans les mains des forces de l'ordre sur le champ de bataille juridique ».
« N'ayez pas peur de vous exprimer. N'ayez pas peur d'exiger que les auteurs soient punis », ajoute Mme Huseinova.
Bonjour, ici Daria Shulzhenko. J'ai écrit cet article pour vous. Depuis le premier jour de la guerre totale menée par la Russie, je travaille presque sans relâche pour raconter les histoires des personnes touchées par l'agression brutale de la Russie. En racontant toutes ces histoires douloureuses, nous contribuons à tenir le monde informé de la réalité de la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine. En devenant membre du Kyiv Independent, vous pouvez nous aider à continuer à dire au monde la vérité sur cette guerre.
Daria Shulzhenko, Journaliste
Daria Shulzhenko est journaliste au Kyiv Independent. Elle a été journaliste au Kyiv Post jusqu'en novembre 2021. Elle est titulaire d'une licence en linguistique de l'Université internationale de Kiev, avec une spécialisation en traduction de l'anglais et de l'allemand. Elle a auparavant travaillé comme rédactrice et chercheuse indépendante.
https://kyivindependent.com/ukrainian-women-fight-escalated-gender-based-violence-amid-war-2/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
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Sehjo Singh : « Le système des castes a besoin du patriarcat pour rester fort »

En Inde, la déforestation et le patriarcat vont de pair ; par conséquent, le féminisme et l'écologie doivent également se construire ensemble. Sehjo Singh fait partie de la Confluence des alternatives (en hindou, Vikalp de Sangam), une articulation d'organisations et de mouvements de défense de la nature, des communautés et de la souveraineté alimentaire en Inde. Sehjo a accordé cette interview lors de la 13e Rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes, à Ankara, Turquie. Lors de la rencontre, la présence de délégations de pays asiatiques parmi les militantes du mouvement et les organisations alliées était significative.
À l'occasion, Capire a parlé avec Sehjo de l'histoire de la construction du féminisme en Inde et des résistances et alternatives actuelles proposées par les femmes de la région. Selon Sehjo, les confrontations anti-patriarcales impliquent une critique du système des castes et de la lutte pour la terre, basée sur la réalité et les besoins des femmes populaires. Pour elle, la première bataille à mener est de reconnaître la centralité des agricultrices dans la production alimentaire et dans la garantie de la biodiversité : « Cela ne veut pas dire que les femmes contribuent – je dirais que ce sont les femmes qui la soutiennent ».
*
Tout d'abord, pourriez-vous vous présenter et parler de votre trajectoire politique ?
J'ai eu la chance d'avoir une éducation avec des parents qui faisaient partie d'une chose appelée le mouvement soufi en Inde, alors j'ai aussi eu une éducation progressiste. J'ai grandi après l'émergence et la montée de forts mouvements de gauche dans le pays ; il était donc naturel pour moi d'avoir une vision qui va au-delà et un désir de vie guidé par la Justice. Ce sont les principales circonstances responsables de la personne que je suis.
Quand j'étais encore à l'université, il y a eu une percée majeure du mouvement des droits humains et du mouvement des droits des femmes. Des droits humains, en raison de l'expérience de suppression des droits que notre pays a eue. Et les droits des femmes, probablement à cause de l'époque où cela s'est produit : dans les années 1970, lorsque de nombreuses nouvelles et études sur les droits des femmes ont été publiées dans le monde entier. C'était quelque chose qui a uni de nombreuses femmes en Inde. Bien sûr, c'était au départ les femmes privilégiées, mais leur propre perspective est née pour se connecter avec les mouvements populaires.
Il est intéressant de noter que l'une des premières mobilisations des femmes dans le pays portait sur l'écologie. Cela s'appelait le « Mouvement Chipko ». « Chipko » signifie embrasser, enfoncer, et le mouvement a embrassé des arbres dans une vallée de la chaîne de montagnes himalayenne pour arrêter la déforestation. Plus tard, il y a eu des mouvements et des lois liés au droit des femmes à la propriété, pour changer la façon dont la justice traitait le viol… De nombreuses lois ont changé, mais il y a aussi eu beaucoup de mobilisation dans les territoires.
C'était une époque où les femmes étaient encore battues et même tuées pour une chose appelée « dot ». C'est un concept très étrange au sein des sociétés de castes hindoues. Cela signifie que si vous donnez votre fille à quelqu'un, vous devez également payer une compensation, ce qui est très contre-intuitif et illogique. C'est comme si la femme était un fardeau qui est transféré, avec une attente qui ne peut être satisfaite. À l'époque, cela a commencé à être rendu public et les médias ont commencé à en parler. Je me souviens, quand j'étais jeune fille, j'allais avec d'autres filles chez des gens qui avaient exigé une dot et je peignais la clôture ou la maison en noir.
Il existe un lien profond entre le féminisme et l'écologie. L'inégalité et l'injustice commencent à la maison. C'est en elle que nous posons les bases de la façon dont les êtres humains peuvent se traiter les uns les autres de manière inégale, comment les êtres humains peuvent s'opprimer les uns les autres. Le patriarcat est un système auquel tout le monde participe. En Inde, sur le patriarcat repose la chose la plus ingénieuse et perverse que l'on puisse concevoir : le système des castes, qui refuse de disparaître.
« Le système des castes a besoin du patriarcat pour rester fort »
– Sehjo Singh
Si les femmes avaient leurs propres choix et droits, la caste serait rapidement démolie, car les femmes se marieraient, s'aimeraient et se reproduiraient comme elles le souhaitent – ce que le système des castes ne peut admettre. Le traitement entre humains a des liens profonds avec la façon dont les gens traitent la nature.
Comment se passe la participation des femmes aux mouvements agroécologiques et pour la protection des forêts ? Quelles sont les contributions des femmes dans ces processus ?
Je le dirais autrement : ce n'est pas que « les femmes contribuent » – je dirais que ce sont « les femmes qui soutiennent ». Les femmes sont de petites agricultrices, ce sont elles qui restent à la maison lorsque les hommes migrent. Ce sont les femmes qui soignent et cultivent. Et ce ne sont pas seulement les femmes, ce sont les femmes les plus pauvres.
« Ce sont les femmes les plus pauvres, avec moins de privilèges, qui soutiennent et défendent l'agroécologie. » – Sehjo Singh
Ce sont des agricultrices avec toutes sortes de talents. L'existence à la fois d'Adivasis (peuple originaire d'Inde) et de Dalits (terme pour « intouchables ») est ce qui garantit en fait la défense des forêts, le sauvetage des semences et la coopération dont toute agriculture naturelle a besoin.
De plus en plus, tout finit par entrer dans le secteur commercial. Lorsque l'agriculture biologique devient une proposition d'élite, quelqu'un d'autre est crédité pour le travail des femmes. Le standard de ces femmes est déjà l'agriculture biologique. La chose la plus importante pour les femmes est et devrait être leur reconnaissance en tant qu'agricultrices. C'est la première bataille : la lutte pour l'idée que les femmes sont des agricultrices. Le concept patriarcal est que la femme appartient à la famille d'agriculteurs et que leur travail fait partie de la famille. Elle est la chef de famille et elle n'est même pas payée pour cela.
C'est une bataille non seulement avec le gouvernement, avec le milieu universitaire, avec les chercheurs, les personnes qui comptent les statistiques, et même pas seulement avec les femmes elles-mêmes. Le terme « femme agricultrice » est devenu connu. Je me souviens avoir eu des difficultés avec ce terme au début des années 1990 et personne ne le connaissait. À l'époque, Internet était une nouveauté. Je voulais créer un site Web pour les agricultrices, et personne ne comprenait de quoi je parlais.
Parlons de la lutte féministe en Inde aujourd'hui. Quel est le rôle des femmes dans les immenses mobilisations politiques d'aujourd'hui ?
Il est très intéressant de voir que la mobilisation des femmes aujourd'hui ne se fait pas avec des personnes qui « connaissent les termes ». Elles ne sont pas la « classe cool ». Je vais vous donner un exemple : la mobilisation récente la plus impressionnante a été faite par des sportives d'Inde qui avaient subi des abus sexuels et du harcèlement de la part du président de la Fédération de lutte libre. Il avait des liens politiques profonds et, dans le système judiciaire, personne ne pouvait rien faire à son sujet. Alors ces femmes sont descendues dans la rue pour parler de harcèlement sexuel. Ce ne sont pas des femmes avec une éducation qui leur permettrait de parler de ces choses, mais elles ont réussi à résoudre le problème. Cela se reflète également dans les médias aujourd'hui, car il n'est plus possible d'ignorer les problèmes des femmes de cette manière.
Cependant, le climat général n'est propice aux droits de personne. Il y a une profonde préoccupation avec les récits de « femmes déesses », « femmes sur un piédestal », « femmes qui devraient être vénérées », par opposition aux « femmes égales ». La droite déclare : « Bien sûr, nous vénérons les femmes, mais bien sûr, nous ne leur permettrons pas d'être égales – et dans le cas des femmes Dalits, nous nous en fichons vraiment ». Il y a eu des cas troublants de viols et de meurtres de femmes Dalits qui ont été réduits au silence.
« Ce n'est pas le meilleur moment, mais il est peu probable que ce type de mobilisation soit freiné. C'est un long processus qui est là pour durer. »
– Sehjo Singh
Vous participez maintenant à la 13ème Rencontre internationale de la Marche Mondiale des Femmes, dans le cadre de la délégation de la région asiatique. Quels défis régionaux voyez-vous ?
La Marche Mondiale des Femmes me plaît beaucoup car c'est un mouvement politique. La chose la plus importante pour connecter les femmes asiatiques est de se connecter à ce dont elles discutent et à ce qui les intéresse. Il y a sans aucun doute une préoccupation pour les forêts, les semences, l'éducation des filles, la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour toute la famille. Ils s'inquiètent de l'eau et de la durée pendant laquelle ils disposeront encore d'eaux souterraines et d'autres ressources.
Le meilleur moyen est de se connecter, de voir comment gagner dans leurs luttes et d'offrir des exemples de mobilisations bonnes et réussies d'autres régions du monde, faites par des femmes comme elles. Le moment est difficile, et je crois que nous ne trouverons de la force que dans les territoires, dans les gens qui sont unis, et non dans un leader charismatique ou une sorte de Messie que certaines personnes recherchent peut-être. Il faut regarder le territoire, ceux et celles qui marchent sur le sol, et non pas vers le haut.
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : anglais
Édition par Helena Zelic
https://capiremov.org/fr/entrevue/sehjo-singh-le-systeme-des-castes-a-besoin-du-patriarcat-pour-rester-fort/
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2023, année la plus chaude de l’histoire

C'est officiel : 2023 est « l'année la plus chaude de l'histoire », rapporte Copernicus. Cette annonce du service européen d'observation de la Terre a été faite le 6 décembre alors même que l'année n'est pas terminée et elle confirme les prévisions publiées en octobre dernier.
6 décembre 2023 | tiré de reporterre.net
https://reporterre.net/2023-annee-plus-chaude-histoire
La température moyenne mondiale est de 1,46 °C au-dessus de la moyenne de l'ère pré-industrielle, correspondant à la période 1850-1900. Elle est « 0,13 °C plus élevée que la moyenne sur onze mois pour 2016, actuellement l'année civile la plus chaude jamais enregistrée », précise Copernicus. À l'instar de cinq autres mois de l'année, novembre 2023 n'échappe pas aux records : il a été le mois le plus chaud jamais enregistré dans le monde, avec une température moyenne de l'air de surface de 14,22 °C, soit 0,85 °C au-dessus de la moyenne 1991-2020. Novembre 2023 a également été hors norme pour la température à la surface des océans qui a été en moyenne la plus élevée de tous les mois de novembre.
« Tant que les concentrations de gaz à effet de serre continueront d'augmenter, nous ne pouvons pas nous attendre à des résultats différents de ceux observés cette année, a résumé Carlo Buontempo, directeur de Copernicus. La température continuera d'augmenter, de même que les effets des vagues de chaleur et des sécheresses. »
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« Nous sommes au cœur du sixième effondrement du système terrestre »

« Cinq seuils naturels importants risquent déjà d'être franchis, selon le rapport Global Tipping Points, et trois autres pourraient l'être au cours de la prochaine décennie si la planète se réchauffe de 1,5 °C (2,7 °F) par rapport aux températures préindustrielles » nous apprend The Guardian du 6 décembre au moment où le Québec commémore le drame féminicide de Polytechnique qui fut peut-être à sa façon un point de bascule social. Quels sont ces points de bascule climatiques ? « L'effondrement des grandes nappes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique occidental, le dégel généralisé du pergélisol, la mort des récifs coralliens dans les eaux chaudes et l'effondrement d'un courant océanique dans l'Atlantique Nord. […] Les chercheurs ont déclaré que les systèmes étaient si étroitement liés qu'ils ne pouvaient pas exclure des "cascades de basculement". La désintégration de la calotte glaciaire du Groenland, par exemple, pourrait entraîner un changement brutal de la circulation méridienne de retournement de l'Atlantique, un courant important qui fournit la majeure partie de la chaleur au Gulf Stream. Cela pourrait à son tour intensifier l'oscillation australe El Niño, l'un des phénomènes météorologiques les plus puissants de la planète. […] [L]e rapport indique que trois autres pourraient bientôt rejoindre la liste. Il s'agit des mangroves et des prairies marines, qui devraient disparaître dans certaines régions si les températures augmentent de 1,5 à 2 °C, et des forêts boréales, qui pourraient basculer dès 1,4 °C de réchauffement ou jusqu'à 5 °C. » (Ajit Naranjan, Earth on verge of five catastrophic climate tipping points, scientists warn, The Guardian, 6/12/23).
tiré du Guardian
Ce nouvel avertissement met la table à un puissant message du commentateur renommé George Monbiot, aussi publié aujourd'hui, destiné aux personnes abonnées au Guardian affirmant que « [n]ous sommes au cœur du sixième effondrement du système terrestre ». Ce n'est pas le moment de céder à la « fatigue climatique » mais d'organiser la contre-offensive dont la grèves dans les services publics est partie prenante comme puissant message collectif pour une société de prendre soin des gens et de la terre-mère. Voici ce message :
L'un des problèmes auxquels nous sommes confrontés pour persuader les gens d'aimer et de protéger le monde vivant est le langage dans lequel cet amour est exprimé. Peu de termes que nous utilisons décrivent de manière vivante la planète que nous essayons de défendre ou les menaces qui pèsent sur elle. Prenons l'exemple de "l'environnement" : un terme froid, abstrait et distancié qui ne fait naître aucune image dans l'esprit. Avez-vous déjà vu un "environnement" ? Ou encore "changement climatique", un terme si doux et si neutre pour décrire une catastrophe existentielle. C'est comme appeler une armée d'invasion des "visiteurs inattendus".
Cela fait longtemps que je réclame un langage plus efficace, et j'ai été ravie quand, en 2019, le Guardian a commencé à changer sa façon de parler de notre crise, en utilisant des termes tels que "planète vivante" ou "monde naturel" au lieu d'"environnement", et en remplaçant "changement climatique" par "effondrement du climat". Je suis d'autant plus heureux de constater que le changement opéré par le Guardian a déclenché un changement plus large.
Mais il y a un terme en particulier qui me gêne encore. Il peut sembler étrange de le contester, car il est assez explicite : extinction de masse.
Il est utilisé pour décrire les événements catastrophiques (il y en a eu cinq depuis l'apparition des animaux à corps dur) qui ont anéanti de nombreuses formes de vie sur la planète. Nous sommes actuellement au milieu du sixième de ces événements. Quel est donc mon problème ?
Je pense que ce terme reflète ce que les paléontologues appellent le "biais taphonomique" : une vision erronée du passé causée par ce qui se trouve, ou ne se trouve pas, à être préservé. Nous appelons ces événements "extinctions massives" parce qu'il est facile de voir la disparition d'un grand nombre d'espèces dans les archives fossiles. Les roches révèlent également un problème plus profond, mais qui est moins immédiatement visible. Les extinctions massives, aussi horribles soient-elles, ne sont que l'une des conséquences d'un phénomène encore plus important : L'effondrement des systèmes terrestres. Je pense que c'est ainsi que nous devrions appeler la situation à laquelle nous sommes confrontés. Nous sommes au milieu du sixième effondrement des systèmes terrestres.
En d'autres termes, les activités humaines ne provoquent pas une crise de la biodiversité, ni une crise du climat, ni une crise de l'eau douce, ni une crise des forêts, ni une crise des sols, ni une crise des océans. Nous sommes en train de créer une crise globale. Si la compartimentation de cette crise globale nous aide à l'étudier et à en rendre compte, la nature, elle, ne connaît pas de telles cases. Tous ces systèmes sont intimement liés et mutuellement dépendants. Il n'y a pas de limites strictes entre eux. Si l'un d'entre eux tombe en panne, il menace d'entraîner les autres dans sa chute. C'est ce qui s'est produit lors des cinq derniers effondrements des systèmes terrestres.
Nous devons, dans la mesure du possible, comprendre l'ensemble.
Notre omni-crise est également une crise politique et économique. Elle est avant tout le fait d'un petit nombre d'oligarques et d'entreprises immensément puissants : les polluocrates. Il s'agit d'une crise de pouvoir : le pouvoir qu'ils exercent sur nous et sur les systèmes terrestres, leur capacité à bloquer le changement progressif dont nous avons besoin, à faire en sorte que le statu quo, qui leur a conféré leur pouvoir, perdure.
Pour eux aussi, il s'agit d'une crise existentielle. Alors que les signes de l'effondrement des écosystèmes sont de moins en moins niables, leurs industries — combustibles fossiles, production de viande, voitures, routes, avions, mines, exploitation forestière, pêche — sont plus que jamais soumises à l'examen du public. Ils doivent donc se battre plus que jamais.
Ils injectent de l'argent dans la politique, en finançant et en dirigeant des partis politiques, en exigeant des lois toujours plus draconiennes contre les manifestations, en payant des groupes de pression (appelés thinktanks) pour qu'ils publient des déclarations trompeuses, et en finançant des fermes à trolls pour inonder les médias sociaux. Les médias milliardaires, qui représentent les mêmes intérêts, diffusent des informations erronées de plus en plus farfelues sur les politiques les plus légères (net zéro, zones à faibles émissions, villes de 15 minutes) qui pourraient contribuer à freiner le glissement vers la destruction. Leurs stratégies sont omnicides.
Notre survie dépend désormais de la défense et de l'expansion d'îlots de résistance : des lieux à partir desquels nous pouvons expliquer et débattre de la crise des systèmes terrestres à laquelle nous sommes confrontés. Le Guardian est l'un de ces îlots. En refusant de succomber à l'assaut généralisé des polluocrates contre les populations et la planète, en enquêtant sur les stratégies qu'ils utilisent et le pouvoir qu'ils exercent, en demandant des comptes aux gouvernements qu'ils ont capturés et en cherchant obstinément à dire la vérité sur les crises auxquelles nous sommes confrontés, il développe certains des outils nécessaires à la riposte.
Rien n'est facile ici. Le temps est compté, les puissances qui s'opposent à nous sont immenses. Mais nous savons que, tout comme les écosystèmes, les systèmes sociaux ont des points de basculement, et l'histoire montre que ceux-ci se révèlent souvent beaucoup plus proches que nous ne l'imaginons. Il s'agit maintenant d'atteindre les points de basculement sociaux avant les points de basculement écologiques.
George Monbiot
Chroniqueur au Guardian
The Guardian
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2023 : les émissions mondiales de carbone provenant des combustibles fossiles atteindront un niveau record

Les émissions mondiales de carbone provenant des combustibles fossiles ont de nouveau atteint des niveaux record en 2023, alors que les spécialistes avertissent que le rythme de réchauffement prévu ne s'est pas atténué au cours des deux dernières années.
Tiré de A l'Encontre
5 décembre 2023
Par Ajit Niranjan
Selon un rapport du Global Carbon Project, le monde est en passe d'avoir brûlé plus de charbon, de pétrole et de gaz en 2023 qu'en 2022, rejetant dans l'atmosphère 1,1% de dioxyde de carbone supplémentaire qui contribue à réchauffer la planète. Et ce à un moment où les émissions doivent chuter si l'on veut éviter que les événements climatiques extrêmes ne deviennent plus violents.
Cette conclusion intervient alors que les dirigeants mondiaux se réunissent à Dubaï à l'occasion du difficile sommet (COP28) sur le climat. Dans un rapport distinct publié mardi, Climate Action Tracker (CAT ) a légèrement revu à la hausse ses projections concernant le réchauffement futur par rapport aux estimations qu'il avait faites lors d'une conférence à Glasgow il y a deux ans.
Pour maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 °C, il faudrait parvenir à « zéro émission nette » de CO2 » avant 2040
« Deux ans après Glasgow, notre rapport est pratiquement pareil », a déclaré Claire Stockwell, analyste chez Climate Analytics et auteure principale du rapport du CAT. « On pourrait penser que les événements extrêmes qui se produisent dans le monde entier incitent à l'action, mais les gouvernements semblent inconscients et pensent que le fait de faire du sur-place permettra de gérer le flot de répercussions. »
A mesure que le carbone encrasse l'atmosphère, piégeant la lumière du soleil et brûlant la planète, le climat devient de plus en plus hostile à la vie humaine. Le Global Carbon Project a constaté que le taux de croissance des émissions de CO2 avait sensiblement ralenti au cours de la dernière décennie, mais que la quantité émise chaque année avait continué d'augmenter. Le CAT prévoit que les émissions totales de CO2 en 2023 atteindront le niveau record de 40,9 gigatonnes.
Selon cette équipe internationale composée de plus de 120 scientifiques, si le monde continuait à émettre du CO2 à ce rythme, il épuiserait le budget carbone [1] restant pour avoir une chance infime de maintenir, au cours des sept ans à venir, le réchauffement de la planète à 1,5 °C au-dessus des températures de l'ère préindustrielle. Dans 15 ans, les scientifiques ont estimé que le budget pour 1,7 °C serait également épuisé.
Les chercheurs ont constaté d'importantes différences régionales en matière d'émissions. Ils s'attendaient à ce que les émissions de combustibles fossiles augmentent cette année en Inde et en Chine, les deux plus grands pollueurs, et qu'elles diminuent aux Etats-Unis et dans l'Union européenne, les deux plus grands pollueurs en termes historiques. De plus, la moyenne des émissions du reste du monde aurait dû également légèrement diminuer.
Les émissions provenant de l'utilisation de combustibles fossiles devraient croître en 2023 et atteindre le chiffre record de 36,8 milliards de tonnes de CO2 (GtCO2)
Les chercheurs ont constaté que les émissions dues à la déforestation et à d'autres changements d'affectation des sols étaient également censées avoir légèrement diminué, mais pas suffisamment pour que les volumes actuels de plantation d'arbres puissent compenser cette baisse.
Pour la première fois, les scientifiques ont également mis en évidence la croissance des émissions provenant des transports aériens et maritimes internationaux. Ensemble, ces deux types d'émissions devraient avoir augmenté de 11,9%, sous l'effet de la montée en flèche des émissions dues à la navigation aérienne.
Pierre Friedlingstein, climatologue au Global Systems Institute de l'université d'Exeter et auteur principal de l'étude, a déclaré : « Les effets du changement climatique sont évidents tout autour de nous, mais les mesures prises pour réduire les émissions de carbone provenant des combustibles fossiles restent terriblement lentes. Il semble désormais inévitable que nous dépassions l'objectif de 1,5 °C de l'accord de Paris. Les dirigeants réunis à la COP28 devraient convenir de réductions rapides des émissions de combustibles fossiles même pour conserver l'objectif de 2°C. »
Samedi 2 décembre, plus de 117 gouvernements présents au sommet de Dubaï ont décidé de tripler la capacité mondiale en matière d'énergies renouvelables et de doubler le taux d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici à 2030.
Certains dirigeants ont également approuvé des efforts visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles, bien que seule une poignée d'entre eux ait exprimé un soutien au traité de non-prolifération [des énergies fossiles].
Selon Glen Peters, directeur de recherche à l'institut de recherche sur le climat Cicero [Norvège], qui a coécrit le rapport, les gouvernements sont disposés à promouvoir les énergies propres, mais n'ont pas fait grand-chose pour contrecarrer les combustibles fossiles. « Il ne suffit pas de soutenir les énergies propres. Des politiques sont également nécessaires pour éliminer les combustibles fossiles du système énergétique », a-t-il ajouté.
Le rapport indique également que la technologie permettant d'extraire le dioxyde de carbone de l'atmosphère n'aurait, cette année, pratiquement rien fait pour arrêter le réchauffement de la planète. Les chercheurs ont constaté que les niveaux actuels d'élimination basés sur cette technologie – qui n'incluent pas le carbone absorbé par les arbres – sont plus d'un million de fois inférieurs aux émissions actuelles de CO2 d'origine fossile.
Corinne Le Quéré, professeure à l'Ecole des sciences de l'environnement de l'université d'East Anglia, a déclaré : « Tous les pays doivent décarboniser leurs économies plus rapidement qu'ils ne le font actuellement afin d'éviter les pires impacts du changement climatique. » (Article publié par The Guardian, le 5 décembre 2023 ; traduction rédaction A l'Encontre)
[1] Un budget carbone ou quota d'émissions représente la limite supérieure des émissions de CO2 permettant de rester en dessous d'une moyenne mondiale donnée, en l'occurrence 1,5°C comme défini lors de l'Accord de Paris – COP21 en 2015. (Réd.)
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