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Négociation dans les secteurs public et parapublic : 3e offre et nouvelles journées de grève en vue

Nous saurons au cours des prochains jours si nous nous dirigeons vers un règlement négocié ou si le face-à-face actuel débordera le temps des fêtes, moment à partir duquel chacune des parties négociantes sera en mesure de déployer ses moyens ultimes de résistance ou de coercition en vue d'imposer sa volonté à l'autre via le recours à la grève générale illimitée ou par l'adoption d'une loi spéciale décrétant les conditions de travail et de rémunération. D'ici là, jetons sur papier, d'une manière un peu pêle-mêle, ce qui mérite minimalement d'être mentionné ou commenté.
1.0 La FAE
Sans fonds de défense professionnel, les 66 000 membres de la FAE poursuivent - avec une courageuse détermination qui mérite toute notre admiration - leur grève générale illimitée, et ce depuis le 23 novembre dernier. Des avancées auraient été enregistrées à la table de négociation. Pas en assez grand nombre et surtout pas suffisamment « marquantes », selon la partie syndicale, pour permettre la finalisation d'une entente de principe ([1]). Le gouvernement du Québec, lire l'État employeur caquiste, réclame de manière persistante des gains en matière d'organisation du travail afin supposément « d'améliorer les services à la population ». (Le Devoir, 4 décembre page A2). Nous reviendrons sur cette formule qui ne cesse d'être présente dans la bouche des ténors gouvernementaux.
Nous laissons aux spécialistes du droit le soin de commenter la décision de la juge de la Cour supérieure, madame Dominique Poulin, qui ordonne aux grévistes membres de l'Alliance des professeur.e.s de Montréal de cesser de faire du piquetage sur les terrains des établissements du Centre de services scolaires de Montréal (CSSDM). Devant un tel jugement se pose au moins deux questions : jusqu'à quel point le droit de grève jouit-il d'une authentique protection constitutionnelle ? Et surtout, que veut dire « faire cesser les activités d'une entreprise » lors d'un conflit de travail ? Ne pas empêcher l'accès des cadres et de certain.e.s salarié.e.s syndiqué.e.s dont la présence est jugée « essentielle » à l'entretien de l'entreprise est une chose, mais permettre la poursuite de certains travaux de construction dans un édifice où les salarié.e.s syndiqué.e.s sont en grève légale en est une autre, selon nous. Il s'agit là de questions pour lesquelles l'auteur des présentes lignes reconnaît ne disposer d'aucune compétence minimalement requise en sciences juridiques pour y répondre.
2.0 La FIQ
Du côté de la FIQ, d'autres journées de grève sont prévues cette semaine. Il n'y a pas vraiment d'avancées à la table de négociation. Avant de déclencher un nouveau débrayage, dans le respect des services essentiels, la FIQ a décidé de déposer, vendredi le 8 décembre, une contre-offre qui comporte minimalement des demandes salariales de 20% étalées sur une période de quatre ans (d'abord un rattrapage de 6% pour 2022 ; ensuite les augmentations procentuelles suivantes : 4% pour 2023 ; 4% pour 2024 ; 3% pour 2025 et 3% pour 2026). Le rythme aux tables de négociation de la FIQ semble à la fois ouvert à la négociation sans être accompagné de véritables avancées significatives ([2]).
3.0 La nouvelle offre « bonifiée » du gouvernement
Plus d'un mois après son offre du 29 octobre dernier, le gouvernement Legault est revenu à la charge, mercredi le 6 décembre, en proposant à ses salarié.e.s syndiqué.e.s une offre salariale de 12,7% sur cinq ans. On se rappellera que le gouvernement Legault a d'abord proposé à ses 600 000 salarié.e.s syndiqué.e.s, en décembre 2022, une augmentation salariale de 9% sur 5 ans. Cette première offre est passée ensuite, en octobre 2023, à 10,3% sur 5 ans. Cette deuxième offre avait été jugée « insultante » par les porte-parole du Front commun intersyndical CSN-CSQ-FTQ-APTS.
Très brièvement et très succinctement, mentionnons ici que le gouvernement du Québec prétend ajouter un milliard en vue d'arriver à une entente avec les organisations syndicales. Son offre dite globale passerait à « 16,7% ». Au total, le gouvernement parle même d'une offre globale de 9 milliards récurrents. Comment s'y retrouver ici ? Pour connaître le détail de cette nouvelle offre, nous avons écrit aux personnes qui accompagnent madame Sonia Lebel dans le cadre de la présente ronde de négociation. Voici le courriel que nous avons acheminé, le 6 décembre dernier, au Secrétariat du Conseil du trésor :
« Bonsoir ou Bonjour,
Dans le communiqué publié par le cabinet de la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor il est écrit ceci :
« Le gouvernement du Québec annonce le dépôt d'une nouvelle offre aux tables centrales qui hausse les paramètres salariaux à 12,7 %, sur cinq ans. L'offre globale, quant à elle, passe à 16,7%.
C'est donc plus d'un milliard supplémentaire de l'argent des contribuables que le gouvernement ajoute sur la table, l'offre globale actuelle représentant ainsi plus de 9 milliards récurrents, à terme. »
J'aimerais connaître les données qui ont été utilisées pour arriver aux deux résultats mentionnés dans le dernier paragraphe cité (1 milliard et 9 milliards).
Au plaisir de vous lire,
Cordialement,
Yvan Perrier
Presse-toi à gauche ! »
Voici la réponse obtenue de la Direction des communications du Conseil du trésor :
« Considérant les négociations en cours et par respect pour les parties impliquées, le gouvernement du Québec ne commentera pas, ni ne détaillera, le cadre financier de l'offre actuelle. »
7 décembre 2023, 13h50.
Nous nous proposons de décortiquer cette nouvelle proposition dans un autre article.
4.0 Négocier ou gagner du temps ?
Étonnamment, immédiatement après la présentation de la 3e offre du gouvernement aux syndicats – qui l'ont sur le champ rejetée – François Legault a annoncé qu'il disposait encore d'une certaine marge en vue de la bonifier. En retour de cette bonification, il demande toujours, avec une obsession fatigante à la longue, « des concessions sur l'organisation du travail ».
La nouvelle offre déposée par le gouvernement Legault et surtout le changement de ton du premier ministre à l'endroit de ses vis-à-vis syndicaux peuvent donner l'impression que le premier ministre caquiste souhaite arriver à un règlement négocié dans les délais préalablement annoncés par lui et par la présidente du Conseil du trésor, madame Sonia Lebel, c'est-à-dire d'ici le temps des fêtes. La présente semaine nous donnera la preuve si tel est vraiment le cas. Le gouvernement du Québec négocie-t-il réellement avec les huit organisations syndicales ou cherche-t-il uniquement à gagner du temps en vue de coincer les porte-parole syndicaux dans une situation qui ne leur donnera comme choix que d'accepter ou de refuser ce qui leur sera ultimement présenté comme « une offre globale et finale » ?
5.0 Le nouveau mouvement de grève dans les secteurs public et parapublic
Quoi qu'il en soit, les membres du Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS sont et seront en grève du 8 au 14 décembre (420 000 membres). Pour ce qui est des membres de la FIQ (80 000 membres), elles le seront du 11 au 14 décembre. Ce sera ensuite au tour du personnel professionnel des cégeps qui adhèrent au SPGQ d'exercer leur droit de grève (760 membres). Les membres de la FAE seront toujours, à moins d'une entente avec le gouvernement, en grève générale illimitée (66 000 membres). Ce qui donne au total plus d'un demi-million de salarié.e.s en grève. Il s'agit là d'un très beau record pour François Legault, l'homme qui n'a jamais réellement démontré une véritable attitude d'ouverture à l'endroit des syndicats des secteurs public et parapublic.
6.0 Nouvelle offre du gouvernement, protection du pouvoir d'achat, rattrapage et durée du contrat de travail
La nouvelle récente offre gouvernementale est très loin des demandes syndicales. Le Front commun demande une hausse salariale d'environ 23% sur trois ans pour couvrir l'inflation et permettre aussi un rattrapage avec d'autres secteurs comparables. Le gouvernement propose une offre de 12,7% qui est très en deçà des prévisions de l'inflation qui, pour la même période, s'élèverait à 18,1%. Est-il nécessaire de rappeler que cette troisième offre du gouvernement à ses salarié.e.s syndiqué.e.s est largement inférieure à ce qui a été accordé aux député.e.s de l'Assemblée nationale (30% plus les paramètres des secteurs public et parapublic) et au 21 % sur 5 ans proposé (et rejeté) par le gouvernement du Québec aux policières et aux policiers de la Sûreté du Québec. Que dire maintenant du 49,7% accordé aux juges de paix et magistrats ? Nous sommes réellement en présence ici d'une logique qui se résume dans la formule de deux poids deux mesures. Pourquoi ? Assurément parce que les 600 000 salarié.e.s syndiqué.e.s sont à 75% des femmes.
Depuis le début de la présente ronde de négociation avec le gouvernement, les dirigeant.e.s du Front commun ne cessent de rappeler que sans une clause garantissant la protection du pouvoir d'achat et des dispositions permettant un rattrapage salarial « il ne sera pas possible d'en arriver à une entente ». À quoi ressemblera la nouvelle offre que François Legault annonce comme imminente à venir ? Nous le saurons sous peu. D'ici là les dirigeant.e.s du Front commun se montrent ouvert.e.s à un contrat de travail d'une durée plus longue que 3 ans. Pour celles et ceux qui suivent la présente ronde de négociation depuis le début, il ne s'agit pas là d'une étonnante surprise.
7.0 Eux / nous
En politique, il n'y a pas toujours de la place pour les nuances. Le monde se divise rapidement en deux. Il y a « Eux » et « Nous ». De plus, il doit y avoir un coupable des difficultés du moment. Cela arrive souvent que le gouvernement en place accuse ses prédécesseurs pour les difficultés auxquelles il est confronté. Quand il est impossible de blâmer le précédent gouvernement il lui faut impérativement trouver un nouveau bouc émissaire, bref identifier un groupe ciblé sur qui faire porter la faute et l'odieux des difficultés passagères. Dans la bouche de François Legault, les syndicats servent justement de bouc émissaire. Mais cela fait maintenant plus de cinq ans que François Legault est au pouvoir et qu'il démontre que les solutions prônées par son parti n'ont pas pour effet de redresser quoi que ce soit. Déterminer un bouc émissaire ne suffit pas. Le gouvernement de François Legault commence à être perçu par la population comme n'ayant pas les solutions adéquates aux problèmes et aux difficultés actuelles et aussi de l'avenir.
8.0 Les déclarations de François Legault
La politique occupe un espace important dans les médias. Les médias parviennent à être achetés, lus ou écoutés dans la mesure où ils peuvent tirer de gros titres ou de grosses manchettes avec l'actualité politique. Il ne fait aucun doute que la politique est un jeu parfois sérieux ou (et) parfois distrayant pour les mass media et les réseaux sociaux. François Legault y est allé, au cours de la semaine dernière, d'un certain nombre de sorties dont certaines personnes se sont demandé s'il s'agissait de déclarations improvisées ou planifiées ? N'étant pas dans l'entourage immédiat du premier ministre et n'ayant aucune ressource pour accéder à la pensée intérieure de celui qui occupe provisoirement le poste de premier ministre nous ne nous demanderons pas quand il dit vrai ou quand il dit faux. Observons qu'il est passé d'un ton frondeur et provocateur à un ton plus conciliateur. Il s'est même dit ouvert à bonifier la 3e offre salariale de son gouvernement rejetée unanimement sur le champ en raison du fait qu'elle ne permet pas une pleine protection du pouvoir d'achat ni non plus un rattrapage salarial certain et qu'elle implique un appauvrissement des salarié.e.s syndiqué.e.s. Ces récentes déclarations du premier ministre sont-elles sincères ou s'inscrivent-elles dans une dynamique qui relève de l'hypocrisie et du mensonge ? Nous le saurons sous peu. En attendant, c'est sa popularité auprès de l'opinion publique qui est en chute libre.
9.0 L'appui de la population
Selon les sondages effectués auprès de l'opinion publique, les revendications des salarié.e.s syndiqué.e.s présentement en négociation avec le gouvernement Legault semble largement appuyées par la population. Les promesses électorales de la CAQ lors des deux dernières élections générales n'ont pas été porteuses d'une amélioration palpable et significative de la qualité et de la quantité des services en santé et en éducation. Voilà un peu pourquoi cet appui dans les sondages en faveur des revendications syndicales des enseignant.e.s et du personnel de la santé, persistent toujours. Les exagérations de François Legault en vertu desquelles les réseaux de la santé et de l'éducation seraient sous la coupe d'une dictature syndicale abusive ne parviennent plus à convaincre qui que ce soit, sauf peut-être certain.e.s de ses inconditionnel.le.s électeurs ou électrices. Pendant que l'appui à la cause syndicale gagne des supporteurs et des supportrices, c'est la cote de popularité de François Legault qui en prend pour son rhume. Le premier ministre caquiste ne caracole plus au sommet dans les sondages. La chute de son parti est également spectaculaire. Modeste, François Legault encaisse le coup et prend toute la responsabilité de cette dégringolade et du désenchantement de la population envers son gouvernement. Pense-t-il à sa retraite de la vie politique ?
10. Inflation et projection de la Banque du Canada
Depuis quelques rondes de négociation le gouvernement du Québec appuie et justifie ses offres à ses salarié.e.s syndiqué.e.s à l'aide des projections à long terme de l'Indice des prix à la consommation selon la Banque du Canada. Pire, si ces projections sont en dessous de l'inflation réelle, le gouvernement du Québec ne prévoit aucun mécanisme d'ajustement salarial et c'est ainsi que nous assistons, depuis des décennies, à une dévalorisation de la prestation du travail effectué par les salarié.e.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic. Prédire l'avenir avec exactitude est une tâche au départ risquée, surtout lorsqu'il est question d'un phénomène économique complexe comme la détermination de la valeur des biens en circulation sur le marché de la consommation. Sans clause de protection de la rémunération en lien avec l'indice des prix à la consommation il ne peut y avoir qu'un perdant : la ou le salarié.e. et un gagnant : en l'occurrence ici le gouvernement. Fixé les hausses salariales paramétriques uniquement en fonction des prévisions de l'inflation, sans aucune garantie face à un taux d'inflation supérieur à l'augmentation négociée ou accordée constitue un marché de dupes pour les salarié.e.s syndiqué.e.s et il commence à y avoir de plus en plus de personnes dans les rangs des syndiqué.e.s qui le comprennent.
11. La sacro-sainte flexibilité dogmatique qui découle du néolibéralisme
Que ce soit en santé ou en éducation le gouvernement Legault est en croisade en vue d'obtenir plus de « flexibilité » et de « souplesse » de la part de ses salarié.e.s syndiqué.e.s. En clair, il souhaite réduire les droits des salarié.e.s en cherchant à amenuiser les droits syndicaux face aux administrateurs locaux pour qui le gouvernement veut accroître leur droit de gérance. Le gouvernement désire une main-d'œuvre salariée plus malléable dans les secteurs public et parapublic. Bref, le gouvernement caquiste dirigé par François Legault entend donner aux gestionnaires des services publics et parapublics les mêmes pouvoirs de gestion que ce qui existe dans les entreprises privées. Et François Legault ne cache même pas qu'il s'agit là de l'objectif qu'il entend atteindre dans le cadre de la présente négociation.
12. Conclusion
Les paroles sont parfois vérités ou parfois mensonges. Elles servent souvent chez certaines personnes à camoufler les intentions véritables et les buts poursuivis. La fin de l'année approche. Le gouvernement Legault a toujours avancé qu'il souhaitait des ententes avant la fin de la présente année. Il ne reste que quelques jours pour conclure sur de nombreux enjeux qui n'ont toujours pas fait l'objet de négociation au cours des douze derniers mois. La preuve : certaines organisations syndicales ont demandé à ce moment-ci la présence de conciliateurs en vue de faire progresser les choses. Si la volonté du gouvernement d'aboutir à un règlement négocié avec les organisations syndicales est réelle, la présente semaine devrait être celle des dénouements aux tables sectorielles et centrale. Sinon, elle sera celle où les masques tomberont et où le gouvernement arrivera avec la version finale de ce qu'il entend offrir (depuis le début du présent processus) à et obtenir de ses salarié.e.s syndiqué.e.s. Ce sera son offre finale et globale. Mais arrêtons ici nos extrapolations et vivons les événements au fur et à mesure qu'ils se produiront. Terminons en mentionnant que nous aurons à examiner éventuellement la portée et les conséquences sur le plan de l'organisation du travail des projets de lois 15 et 23 en santé et en éducation. Il s'agit peut-être là d'un véritable cheval de Troie pour mieux contourner les obligations qui découlent d'une convention collective…
Yvan Perrier
10 décembre 2023
18h
yvan_perrier@hotmail.com
[1] Les revendications syndicales de la FAE portent sur sept sujets : une meilleure reconnaissance sur le plan de la rémunération ; une meilleure conciliation famille-travail-vie personnelle ; une meilleure composition de la classe ; un allègement de la charge de travail ; de nouvelles dispositions concernant les griefs et l'arbitrage ; une amélioration du traitement des enseignantes à statut précaire ; et finalement, un milieu de travail sain.
[2] La FIQ revendique aussi une loi sur les ratios sécuritaires en soins de santé et diverses mesures pour améliorer la conciliation travail-vie personnelle.
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À Gaza, un génocide est en cours et le Canada en est complice

Le 10 décembre 1948, l'Assemblée générale des Nations Unies proclamait la Déclaration universelle des droits de l'Homme en tant qu'« idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations ». La même année, des milices juives avaient chassé environ 750 000 Palestinien.ne.s de leurs foyers, soit plus de 80 % de ceux qui vivaient alors dans les territoires qui allaient devenir l'État d'Israël.
Depuis, ni ces réfugié.e.s ni leur descendance n'ont pu exercer leur droit au retour, tel que stipulé par la résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations Unies (11 décembre 1948). C'est ce que les Palestinien.ne.s appellent la Nakba (la catastrophe). Soixante-quinze ans plus tard, « l'idéal commun à atteindre » est toujours aussi illusoire pour le peuple palestinien alors qu'une seconde Nakba s'abat maintenant sur eux.
Une deuxième Nakba
Cette fois-ci, ce sont plus de 1,8 millions de personnes, soit près de 80 % de la population de Gaza, qui ont dû fuir leurs foyers en raison des bombardements et des ordres d'évacuation de l'armée israélienne et qui survivent dans desconditions indescriptibles de surpeuplementet d'insalubrité, manquant de tout par suite du blocus total imposé par Israël.
Après une semaine de trêve ayant permis l'échange de prisonniers, l'armée israélienne intensifie maintenant ses bombardements sur le centre et le sud de la bande de Gaza. Mardi, le 5 décembre, alors que le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, s'en félicitait (« Aujourd'hui, nous avons agi avec une puissance immense »), le Dr. Richard Peeperkorn, responsable de l'Organisation mondiale de la santé dans les Territoires occupés, disait que « Beaucoup de gens sont désespérés et presque en état de choc permanent ». « Nous sommes proches de l'heure la plus sombre de l'humanité ». Depuis plusieurs jours, Israël enjoint maintenant les Gazaouis de se déplacer à nouveau, cette fois-ci vers Rafah, tout au sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne. Avant leur expulsion finale vers l'Égypte ?
Depuis des décennies, l'extrême-droite israélienne aspire à l'expulsion de toute la population palestinienne non seulement des Territoires occupés (bande de Gaza et Cisjordanie), mais aussi d'Israël comme tel. Ce courant idéologique est maintenant au pouvoir en Israël et les attaques du Hamas, le 7 octobre dernier, lui ont fourni le prétexte idéal pour « finir le travail » de 1948. De nombreux dirigeants politiques et militaires israéliens ont multiplié les déclarations assimilant la population palestinienne à des « animaux humains » ou des « nazis » et annonçant une destruction massive (« il n'y aura que de la destruction. Vous vouliez l'enfer, vous l'aurez »). Le 30 octobre 2023, le magazine israélien +972 a rendu public un documentdu Ministère du renseignement qui recommandait d'utiliser la guerre pour expulser toute la population de Gaza vers le Sinaï égyptien de façon permanente.
De nombreux experts parlent de génocide
Dès le 13 octobre 2023, les organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme ont lancé un appel aux États tiersà intervenir d'urgence pour protéger le peuple palestinien contre un génocide. Le même jour, Raz Segal, historien israélien et professeur associé en études de l'Holocauste et des génocides a publiéun article dans le revue Jewish Currents intitulé « Le parfait exemple d'un génocide. Puis les mises en garde dans le même sens se sont accumulées. Près de 800 experts et praticiens en droit international, en études des conflits et en études des génocides ont signé un appel intitulé « Des universitaires mettent en garde contre un éventuel génocide à Gaza » (15 octobre). Craig Mokhiber, directeur du bureau new-yorkais du Haut-Commissariat des droits de l'homme à l'ONU, a démissionné de son poste enécrivant « Une fois de plus, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux et nous sommes impuissants à l‘arrêter » (28 octobre). Une quarantaine d'experts universitaires ont publié une « Déclaration d'experts internationaux sur les crimes d'État israéliens » qualifiant la violence infligée actuellement à Gaza de « phase d'anéantissement du génocide » (10 novembre). Plus d'une vingtaine de rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont affirmé : « Les graves violations commises par Israël à l'encontre des Palestiniens au lendemain du 7 octobre, en particulier à Gaza, indiquent qu'un génocide est en cours » (16 novembre).
Pendant que le Canada regarde ailleurs
Si prompt à dénoncer toute violation du droit international par la Russie dans sa guerre en Ukraine, le Canada refuse de condamner Israël pour la mort de plus de16 000 civils(40 % sont des enfants), dont 56 journalistes et employé.e.s palestiniens des médias, 250 travailleurs et travailleuses de la santé, 130 employées des Nations Unies, etc.Aucune condamnation non plus, pour les nombreux bombardements d'écoles, d'hôpitaux, de mosquées, d'églises, de quartiers résidentiels entiers, d'abris de l'ONU, ni pour le blocus israélien touchant la nourriture, l'eau potable, les médicaments vitaux, le carburant et les communications.
Alors que de nombreux experts ont lancé l'alerte concernant ce qui se déroule présentement à Gaza, le Canada, en tant qu'État partie à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, a la responsabilité de prévenir le génocide et de sanctionner les personnes qui en sont coupables.
Aux antipodes de ce devoir, le Canada pousse plutôt son « amitié » avec Israël jusqu'à la complicité dans le crime ultime. D'abord en invoquant, dans les circonstances, le « droit d'Israël de se défendre » et en continuant à lui vendre des armes ! Ensuite, en favorisant la poursuite du crime par son opposition à tout cessez-le-feu. Tout au plus demande-t-il une « pause humanitaire significative ». Après quoi le génocide se poursuivra ?
Les multiples crimes contre l'humanité et l'entreprise génocidaire actuelle de l'État d'Israël doivent cesser. La honteuse complicité de l'État canadien aussi !
Pour le Collectif Échec à la guerre
Jean Baillargeon
Judith Berlyn
Martine Eloy
Mouloud Idir-Djerroud
Raymond Legault
Suzanne Loiselle
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OPA fossile sur les COP

La présidence de la COP28 par le patron de la compagnie émiratie des pétroles (ADNOC, Abu Dhabi National Oil Company) n'est pas un accident de parcours, imputable uniquement à la rotation des pays accueillant les conférences sur le climat. Elle traduit un repositionnement tactique des principaux producteurs de combustibles fossiles, le pétrole et le gaz en particulier.
Tiré de Gauche anticapitaliste
6 décembre 2023
Par Daniel Tanuro
Qu'ils soient privés ou publics, ces grands groupes fossiles campent depuis des décennies sur une position défensive, imprégnée plus ou moins explicitement de déni climatique. Au fil des années, ils ont contesté successivement le réchauffement lui-même, son origine « anthropique », le rôle du CO2, puis la part des émissions de CO2 imputable au charbon, au pétrole et au gaz.
Un long tabou
Du fait de leur énorme emprise politique, les capitalistes du secteur de l'énergie ont marqué des points significatifs : la responsabilité majeure des combustibles fossiles n'est pas mentionnée dans la Convention cadre des Nations unies sur le Changement climatique (CCNUCC, Rio 1992) ; elle ne l'est pas davantage dans l'Accord de Paris adopté à la COP21 (2015). Ces documents plaident pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, pas pour extraire et brûler moins de fossiles.
Il a fallu attendre la COP26 (Glasgow, 2021) pour que l'expression « combustibles fossiles » fasse son apparition dans les textes. Lors de cette COP, une tentative de décider la sortie du charbon a été écartée in extremis, et la résolution adoptée s'est prononcée seulement pour la réduction des fossiles (« phasing down »), pas pour leur abandon (« phasing out »). Entre-temps, l'inventaire par les Nations unies des politiques suivies en application de Paris a livré son verdict : le monde va droit dans le mur, vers une hausse de température de 2,9°C. Le « phasing out » s'imposera-t-il enfin ? Pour tous les fossiles ou pour le seul charbon ? En tout cas, les exploiteurs de la ressource sont soumis à une pression croissante.
La pression monte
Les scientifiques ont démasqué les mensonges des « marchands de doute » et désamorcé les coups montés pour tenter de discréditer leurs conclusions. (1) La pression de la société n'a cessé de croître au fil de catastrophes de plus en plus fréquentes et violentes. Elle a cru aussi au sein de la classe dominante, en particulier auprès des assureurs. Tout cela s'est traduit sur le plan des principaux gouvernements en une volonté d'entamer quelque chose comme une « transition énergétique ». Dans ce contexte, la tactique fossile de l'obstruction à reculons devient difficilement tenable.
Les groupes énergétiques aiment se présenter comme les bienfaiteurs qui offrent à l'humanité la chaleur, la lumière, la mobilité et le développement. S'obstiner à ignorer les enjeux climatiques pourrait dégrader très fortement leur image de marque. Des populations convaincues du fait que ces capitalistes, en pleine connaissance de cause, ont sacrifié délibérément leurs conditions d'existence sur l'autel du profit pourraient exiger réparation des dégâts, crier vengeance, voire revendiquer la socialisation du secteur énergétique avec expropriation des capitalistes.
Profits obscènes
Le risque politique est d'autant plus sérieux que les rendements des fossiles ont explosé, à la faveur principalement de l'agression russe contre l'Ukraine : selon l'Agence Internationale de l'Énergie, les multinationales (dont Shell, ExxonMobil, Chevron, BP, TotalEnergies) ont engrangé 4.000 milliards de dollars de profit en 2022 – plus du double du bénéfice moyen des dernières années. Les compagnies nationales ne sont pas en reste, en particulier Saudi Aramco (161 milliards de dollars, en hausse de 46% par rapport à 2021), sa petite sœur émiratie ADNOC (24,7 milliards de dollars, en hausse de 27%), la norvégienne Equinor (151 milliards de dollars, + 67%) et leurs semblables dans d'autres pays (Qatar, Koweït, etc).
Ces bénéfices astronomiques deviennent carrément obscènes quand on sait que le nombre de personnes dans le monde vivant sans accès à l'électricité a augmenté en 2022 pour la première fois depuis vingt ans. Et ce n'est pas près de changer : à politique constante, selon l'AIE, 660 millions d'êtres humains seront toujours sans courant en 2030, dont 550 millions en Afrique subsaharienne. Tout cela alors que l'engagement pris en 2009 par les pays riches de verser dès 2020 cent milliards de dollars par an au Fonds vert climatique n'est toujours pas respecté. L'injustice climatique est le scandale majeur de notre temps. Elle pourrait nourrir des soulèvements, voire des révolutions.
L'injustice climatique est le scandale majeur de notre temps. Elle pourrait nourrir des soulèvements, voire des révolutions.
Pour les compagnies, mieux vaut anticiper, s'adapter à la pression montante et l'utiliser pour orienter les objectifs, les moyens et les rythmes de la politique climatique en fonction de leurs intérêts. L'objectif stratégique ne change pas – débourser le moins possible et empêcher tout calendrier contraignant de sortie des fossiles, à court, moyen, voire long terme si possible. Mais la tactique s'adapte : il s'agit dorénavant de se positionner au centre du jeu en présentant le secteur comme la partie principale de la solution plutôt que comme la source principale du problème. Lancer une OPA sur les COP, telle est la mission que le président de l'ADNOC prétend incarner.
Ambitions géostratégiques
On verra plus loin les lapins qu'al-Jaber sort de son chapeau à la COP pour tenter de préserver l'empire des fossiles. Auparavant, il convient de se pencher sur le fait que la tentative d'OPA ne vient pas des grandes sociétés étasuniennes et de leurs représentants politiques (au contraire, ceux-ci se recrutent principalement dans les rangs climato-négationnistes ouverts) : elle vient des Emirats Arabes Unis et, derrière elle, de l'Arabie saoudite, à travers leurs compagnies nationales des pétroles et du gaz.
Ceci est sans doute à mettre en relation avec les nouvelles ambitions géostratégiques de ces deux États, qui profitent des rivalités croissantes entre les grands puissances impérialistes pour avancer leurs propres intérêts. L'actualité récente le montre : Saoudiens et Émiratis entendent s'autonomiser de la tutelle de Washington. Dans le dossier climatique, cela s'exprime dans le soin que ces deux pays – le royaume des Saoud en particulier – mettent à se positionner comme des porte-paroles du droit au développement du « Sud global »… dont ils font officiellement partie.
Imaginez Joe Biden prétendant que c'est pour aider au « développement soutenable » du Sud que les USA forent plus de nouveaux puits de pétrole aujourd'hui que sous Trump, personne en Amérique latine ne le croirait. Le même scepticisme règnerait en Afrique si Emmanuel Macron affirmait que les projets de TotalEnergies au Gabon et en Ouganda visent le bien-être des peuples dans le respect de l'environnement… D'une manière générale, l'impérialisme occidental est profondément discrédité dans les pays dominés. Poutine et Xi Jiping l'ont bien compris.
Les sheiks du pétrole aussi. Bien qu'ils nagent dans une fortune insolente, oppriment leurs peuples et pressurent sans pitié les travailleur·euses immigré·e·s (2) leur situation particulière fait d'eux, aux yeux des gouvernements du Sud, des acteurs plus crédibles d'une politique climatique « réaliste », « sérieuse » et « pragmatique », comme dit al-Jaber. En clair : une politique qui dénoue les cordons de la bourse et remet aux Calendes grecques la fin de l'extraction et de la combustion des combustibles fossiles, au nom du « droit au développement » des pays les plus pauvres de la planète.
Démagogie « anti-impérialiste »
Ce n'est pas par hasard que al-Jaber a fait des pieds et des mains pour ouvrir la COP avec une « bonne nouvelle » pour le Sud : contrairement à toute attente, les négociations sur le lancement effectif du fonds pour les « pertes et préjudices » décidé en principe à la COP26, en Égypte, ont abouti. Applaudissements debout des délégué·e·s au sommet. En réalité, cet enthousiasme est déplacé : la Banque Mondiale supervisera le fonds (comme exigé par les États-Unis), les contributions seront volontaires, sous forme de prêts pour la plupart. Quelques centaines de millions de dollars ont été rassemblés immédiatement. Or c'est de milliards, pas de millions, que les peuples du Sud ont besoin, comme l'a dit Rachel Cleetus, de l'Union of Concerned Scientists (UCS) (3)
La manœuvre des pétromonarchies est claire comme de l'eau de roche : utiliser les demandes légitimes des peuples du Sud pour protéger leur empire. Dans ce but, al-Jaber n'hésite pas à déployer une démagogie faussement « anti-impérialiste ». C'est ce qui est apparu dans son échange tendu avec l'ex-présidente de la République d'Irlande, ex-envoyée spéciale de l'ONU sur le climat. Le Président de la COP28 a accusé Mary Robinson de croire aux « mensonges » des médias occidentaux (« vos médias ») qui lancent de « fausses accusations » contre les plans d'investissement de l'ADNOC. Il a accusé son interlocutrice de vouloir « un retour aux cavernes » et l'a mise au défi de proposer un « plan de sortie des fossiles » qui soit compatible avec le développement. À la fin, excédé, al-Jaber a mis bas le masque : « aucune science ne fait de la sortie des fossiles une condition nécessaire pour rester sous 1,5°C de réchauffement », a-t-il déclaré. (4)
Frénésie d'investissements fossiles
En réalité, les plans d'investissements fossiles de l'ADNOC sont bien réels : selon l'Energy Information Administration US, les Émirats prévoient d'augmenter de 25% leur production de pétrole d'ici 2027.(5) Le Président de la COP28 y contribue avec ardeur : selon Climate Reporting, son agenda compterait pas moins de quinze contrats de vente de fossiles (à la Chine, l'Allemagne, le Brésil et l'Égypte, notamment).(6) Ce n'est que le sommet de l'iceberg – toutes les compagnies fossiles font de même. D'ici 2025, les projets d'expansion des dix plus gros pollueurs du secteur fossile ajouteront 20 Gt de CO2, plus de cinq fois les émissions annuelles des pays de l'Union européenne (7).
D'ici 2025, les projets d'expansion des dix plus gros pollueurs du secteur fossile ajouteront 20 Gt de CO2, plus de cinq fois les émissions annuelles des pays de l'Union européenne.
Cette frénésie d'investissements va complètement à l'encontre du consensus scientifique. Même l'Agence Internationale de l'Énergie le dit : le temps presse, la sortie des fossiles doit commencer maintenant. Selon le dernier rapport du Groupe de travail III du GIEC « la réduction des émissions de GES dans l'ensemble du secteur énergétique nécessite (…) une réduction substantielle de la consommation globale de combustibles fossiles ». Le rapport en précise l'ampleur : d'ici 2050, les usages du charbon, du pétrole et du gaz doivent baisser respectivement de 95%, 60% et 45% (comparé à 2019) pour avoir une chance sur deux de rester sous 1,5°C. (8)
Absurdités
Pour éviter le couperet, le CEO de l'ADNOC exploite à fond l'idée que c'est la baisse des émissions qui importe, pas celle de l'utilisation des fossiles – on peut polluer, il suffit de balayer le CO2 sous le tapis. Par exemple, en injectant le CO2 capturé dans les gisements de pétrole… pour augmenter l'extraction. Venu à Dubaï pour appuyer son collègue émirati, le big boss d'ExxonMobil, Darren Woods, l'a dit clairement : on discute trop de « la solution électron ». « La capture du carbone jouera un rôle. L'hydrogène jouera un rôle. Les biocarburants joueront un rôle. Nous sommes bons là-dedans. Nous savons comment faire ». (9)
C'est évidemment absurde. Prenons l'exemple de la capture-séquestration. À part dans le secteur cimentier, elle est particulièrement absurde. Même si toutes les intentions en la matière se concrétisaient et si tous les projets devenaient opérationnels, on ne capturerait en 2030 que 0,25 Gt de CO2, moins de 1% des émissions globales actuelles. (10). Le problème est que cette absurdité n'est pas tout à fait absente des travaux du GIEC.
Responsabilité du GIEC
Dans le 5e rapport, qui a servi de base à l'Accord de Paris, 95% des projections climatiques incluaient le déploiement massif de la bio-énergie avec capture et séquestration du carbone (BECCS). (11) Cette technologie d'apprenti sorcier consommerait tellement de superficie terrestre que l'humanité devrait choisir : manger ou porter le coup final à la biodiversité. Le 6e rapport est moins enthousiaste sur la BECCS, mais reste axé sur la capture-séquestration et autres technologies du même genre. Dans le rapport de synthèse – un document politiquement plus percutant que les milliers de pages noircies par les Groupes de travail I, II et III – on lit ceci :
« Le zéro émissions nettes (en 2050) implique de passer des combustibles fossiles sans captage et stockage du carbone (CSC) à des sources d'énergie sans carbone ou très peu carbonées, telles que les énergies renouvelables ou les combustibles fossiles avec CSC (…) et de retirer du dioxyde de carbone de l'atmosphère (CDR) » (12).
Dans ce texte, 1°) les objectifs chiffrés de réduction des fossiles cités par le GTIII ont disparu ; 2°) la réduction absolue de l'usage de ces combustibles est remplacée par une formule qui amalgame les renouvelables, les fossiles avec capture-séquestration du carbone (CSC) et les technologies pour retirer du carbone de l'atmosphère (CDR) ! Le texte va jusqu'à affirmer que les fossiles avec capture-séquestration (CSC) constituent une « source d'énergie sans carbone ou très peu carbonée », ce qui est une contre-vérité scientifique.
« Unabated emissions »
Une bonne partie des propositions du Président de la COP28 s'articulent sur cette contre-vérité. Al-Jaber a baissé la garde face à Mary Robinson (« aucune science ne fait de la sortie des fossiles, etc »…). Mais c'était un dérapage. D'habitude, il prend bien soin de répéter qu'il faut baisser la consommation des combustibles fossiles « sans abattement » (« unabated »). (13). Jim Skea, le nouveau président du GIEC, lui a même donné quitus : « Je peux dire que le Dr. Sultan a été attentif à la science »… (14)
De fait, « unabated fossil fuels » est la formule employée par le GIEC pour désigner des fossiles exploités sans technologies permettant de retirer du carbone de l'atmosphère. Une note de bas de page du rapport du GTIII en donne la définition suivante :
« Les combustibles fossiles sans abattement désignent les combustibles fossiles produits et utilisés sans des interventions (?) permettant de réduire substantiellement (?) la quantité de gaz à effet de serre émise sur le cycle de vie ; par exemple (sic) en capturant 90% ou plus (du CO2) des centrales électriques, ou 50 à 80% des émissions de méthane de la fourniture d'énergie ». (15)
C'est très imprécis – les « interventions » ne sont pas spécifiées. De plus, « l'exemple » de « 90% de capture ou plus » est incohérent : si l'abattement n'est pas de 100%, on n'est pas au « zéro net ». Même Fatih Birol, le très capitaliste patron de l'AIE, souligne qu'il faut « en priorité faire tout ce qui est possible pour cesser de mettre du carbone dans l'atmosphère ». (16) Sultan al-Jaber fait exactement le contraire.
Poudre aux yeux
Ensemble, l'Arabie saoudite et les Émirats ont profité de la COP28 pour rendre public le « pacte » conclu par 50 compagnies fossiles qui s'engagent a éliminer leurs émissions (« unabated », bien entendu) d'ici 2050. Il s'agit d'une pure opération de poudre aux yeux, montée avec l'aide de McKinsey. Non seulement un engagement à 2050 est une insulte à l'urgence, mais en plus le « pacte » ne porte que sur les émissions « opérationnelles » (directement liées à l'activité d'extraction). Celles-ci représentent à peine 15% des émissions dues à la combustion des combustibles fossiles ! La ficelle est si grosse que même la presse financière se montre critique. (17)
Pour détourner l'attention du « phasing out » des fossiles, al-Jaber profite de sa casquette de Président de la COP pour pousser des gouvernements à conclure des engagements partiels sur de nombreux sujets. Il s'agit de déclarations d'intention, non contraignantes… mais, soigneusement relayées vers les médias, elles donnent l'impression que le sommet accumule les succès.
Tout fait farine au moulin : engagements à produire sous les Tropiques de l'hydrogène vert, bleu ou gris à exporter massivement vers les pays développés (18) ; engagement de 22 pays pour tripler les capacités de l'énergie nucléaire d'ici 2050 ; engagement de 15 autres à sortir du charbon ; engagement de 134 autres encore pour inclure l'agriculture et l'alimentation dans leurs plans climat (une promesse tellement vague qu'elle n'évoque même pas la question de la viande !) ; sans oublier, bien sûr, ce qui coûte le moins cher aux capitalistes : protéger les forêts existantes et planter des arbres pour absorber le CO2.
Néocolonialisme climatique
À cet égard, les Sheiks font très fort puisque la société émiratie Blue Carbon LLC a acquis pour trente ans 10% des superficies totales du Libéria, de la Tanzanie, de la Zambie, et 20% de celle du Zimbabwe, soit 25 millions d'hectares. Blue Carbon a été créée il y a un an à peine en misant sur la concrétisation à la COP28 de l'article 6 de l'Accord de Paris, qui lui permettra de vendre des crédits de carbone en empochant 70% des gains – avec apparemment une clause préférentielle d'achat par les Émirats. Les gouvernements des pays africains n'ont pas consulté les populations. (19) C'est du néocolonialisme sur le dos des peuples, pour une efficacité climatique proche de zéro : selon une enquête récente, 94% des crédits carbone générés dans les forêts équatoriales ne correspondent à rien. (20) Les idéologues néolibéraux introduiront-ils le concept de « crédits carbone notionnels » ? Plus rien ne doit nous étonner dans ce monde de fous où le capital, comme disait Marx, présente tout la tête en bas…
Des contrats, des contrats…
Si Sultan al-Jaber ne suit pas Fatih Birol sur la capture-séquestration, il s'accorde avec lui sur les énergies renouvelables. L'AIE plaide pour tripler les capacités installées d'ici 2030. Le Président de la COP28 l'approuve bruyamment. Mais il y a intérêt, puisqu'il dirige non seulement l'ADNOC mais encore la compagnie émiratie MASDAR, spécialisée dans les énergies vertes. Quelques jours avant l'ouverture du sommet, MASDAR a inauguré aux EAU la plus grande centrale photovoltaïque du monde. (21) Bingo : à la COP, on signe des contrats à tour de bras. (22).
Pour la famille régnante émiratie, la COP28 est une gigantesque opération diplomatico-géostratégico-commerciale. Diplomate du climat, Alex Scott déclare : « Cette COP est encore plus une foire commerciale que celles de Glasgow et de Sharm-el-Sheik. Je ne pense pas que tous ces financiers sont ici pour assister à des heures de négociations climatiques ». (23). En fait, le sommet est complètement gangrené par l'industrie fossile, la finance et leurs lobbyistes, présents par milliers jusque dans les délégations des États. (24)
Passera ? Passera pas ?
L'OPA fossile réussira-t-elle ? Le secrétaire général des Nations Unies a jeté un pavé dans la mare. Vingt-quatre heures après la sortie des propositions d'al-Jaber, Antonio Guterres déclarait à la tribune de la COP que ces propositions « ne sont clairement pas à la hauteur de ce qui est nécessaire » car « elles ne disent rien de l'élimination des émissions résultant de la consommation des combustibles fossiles » (25). Mais les COP prennent leurs décisions au consensus entre gouvernements capitalistes, tous adeptes des politiques néolibérales, tous dévoués corps et âme à la compétitivité d'une économie qui, trente ans après le sommet de Rio, dépend toujours à 80% des énergies fossiles. Une seule chose est certaine : seule la lutte des peuples pour une alternative anticapitaliste peut arrêter la catastrophe.
Daniel Tanuro
6/12/2023
Photo : La présidence de la COP28 à Dubaï (UNclimatechange, UNFCCC_COP28, 5 Dec 23)
Notes
1. Notamment la tentative de discréditer le sérieux de leurs recherches, juste avant Copenhague.
2. On se souvient des milliers de morts sur les chantiers du Mondial de football, au Qatar. Aux Émirats, des travailleurs immigrés ont travaillé par plus de 42°C sur le site de la COP28, au mépris même de la législation locale
3. https://www.rtbf.be/article/cop28-un-premier-accord-pour-creer-un-fonds-pertes-et-dommages-pour-aider-les-pays-vulnerables
4 . Voir la vidéo sur le site du Guardian https://www.theguardian.com/environment/2023/dec/03/back-into-caves-cop28-president-dismisses-phase-out-of-fossil-fuels
5. Le Monde, 30/11/2023
6. https://climate-reporting.org/cop28-president-oil-climate/
7. cité par Corporate Europe Observatory in « COP28 push for Hydrogen »
8. IPCC, AR6, WGIII, SPM, C.3.2
9. Financial Times, 2/12/2023
10. Production Gap Report, https://productiongap.org, cité sur https://www.desmogblog.com
11. Selon le climatologue Kevin Anderson. Cf. son blog http://kevinanderson.info/blog
12. IPCC, AR6, Synthesis report, Summary for Policymakers, B.6.3
13. Il lui arrive même de dire qu'il faut « sortir des fossiles », mais toujours « unabated »
14. BBC, 4/2/2023
15. IPCC, AR6, WGIII, SPM, Footnote 55 – ma traduction
16. https://www.iea.org/news/the-path-to-limiting-global-warming-to-1-5-c-has-narrowed-but-clean-energy-growth-is-keeping-it-open
17. Financial Times, 2/12/2023
18. Voir l'excellente analyse de ces projets trompeurs par Corporate Europe Observatory, op. cit.
19. Le Monde, 29/11/2023
20. The Guardian, 18/1/2023
21. https://www.prnewswire.com/news-releases/deputy-ruler-of-abu-dhabi-inaugurates-worlds-largest-single-site-solar-power-plant-ahead-of-cop28-301992276.html
22. https://www.pv-tech.org/masdar-roundup-uae-sate-owned-developer-makes-flurry-of-deals-during-cop28/
23. Financial Times, 1/12/2023
24. Lire le bon article de la RTBF, qui donne largement la parole à Pascoe Sabido, du Corporate Europe Observatory
25. Financial Times, 3/12/2023
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« On s’affirme » - Lancement des actions et revendications pour 2024 de la campagne CA$$$H (Communautaire autonome en santé et services sociaux - Haussez le financement)

Montréal, le 4 décembre 2023. _La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles a le plaisir d'annoncer la mise à jour des revendications de sa campagne Communautaire autonome en santé et services sociaux - Haussez le financement CA$$$H, laquelle est accompagnée de nouveaux outils de mobilisation.
Après plusieurs mois de travail, une mise à jour des revendications de la campagne CA$$$H a été effectuée pour 2024. La hauteur du manque à gagner a été revue pour tenir compte de la mise à jour des seuils planchers communs pour les organismes communautaires du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS) et des travaux importants ont permis de proposer une nouvelle formule pour l'indexation des subventions.
Seule campagne qui s'adresse directement au ministère de la Santé et des Services sociaux, la campagne CA$$$H revendique depuis 2017 des améliorations au programme qui subventionne la mission globale de plus de 3000 OCASSS. Les revendications portées par la campagne CA$$$H à l'égard du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) sont les suivantes :
• L'ajout de 1,7 G $ à l'enveloppe annuelle du PSO [1]C (mission globale) ;
• L'indexation annuelle des subventions en fonction de l'Indice des coûts de fonctionnement du communautaire (ICFC) pour un taux de 3.6% en 2024 [2] ;
• L'atteinte de l'équité de financement et de traitement partout au Québec, notamment par l'application de seuils planchers communs [3], adaptés aux différents types d'OCASSS.
« Malgré les sommes ajoutés ces dernières années, la mission globale des OCASSS n'est pas suffisamment soutenue par le PSOC, la subvention moyenne n'étant que de 181 038$ . Or, l'ampleur des besoins non comblés par les subventions actuelles est aussi élevée que 1,7G$. [4] Il s'agit d'un gros défi, mais nous devons collectivement revendiquer un montant à la hauteur des vrais besoins des OCASSS » affirme Stéphanie Vallée, présidente de la Table.
Soulignons que le montant de la revendication résulte de l'application de seuils planchers [5] établis selon les balises adoptées par le Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA), après soustraction du montant global accordé par le MSSS et les CISSS-CIUSSS. La campagne CA$$$H est ainsi en cohérence avec les revendications de l'ensemble du mouvement de l'action communautaire autonome. « Revendiquer que les OCASSS reçoivent au moins les seuils planchers communs fait voir l'ampleur du sous-financement actuel. C'est le seul constat que l'on peut faire en voyant que 91% des OCASSS ne reçoivent même pas le plus bas des seuils planchers, lequel est fixé à 531 930 $ [6]. Utiliser le seuil plancher pour fixer ses besoins financiers est une revendication légitime, qu'il faut affirmer haut et fort » souligne Loc Cory, du comité de coordination de la campagne CA$$$H.
Depuis plusieurs années, la campagne CA$$$H invite justement les OCASSS à utiliser les seuils planchers communs lors de la transmission du formulaire annuel lié à la subvention à la mission globale. En janvier et février prochain, l'action « On s'affirme » [7] permettra de plus aux OCASSS de mettre leurs besoins financiers en valeur en les affirmant publiquement à l'aide d'une toute nouvelle plateforme.
L'autre grand changement de l'année 2024 sera de demander au MSSS d'indexer les subventions en appliquant l'Indice des coûts de fonctionnement du communautaire (ICFC) [8]. Développée suite à une vaste enquête menée avec la collaboration du Service aux collectivités de l'UQAM et la campagne CA$$$H, cette méthode tient compte de la nature et de la répartition des coûts des OCASSS et s'appuie sur des statistiques solides et facilement accessibles plutôt que sur l'Indice des prix à la consommation (IPC) projeté. En effet, le MSSS indexe actuellement les subventions à la mission globale des OCASSS à partir d'une projection établie par le ministère des Finances, combinant IPC de l'année suivante à celui de l'année écoulée. Alors que le taux du ministère des Finances pourrait équivaloir à 2.7% pour 2024, le taux d'ICFC établi par la campagne CA$$$H est plutôt de 3.6% [9].
« Basée sur des prédictions politiques d'économistes du gouvernement, cette façon de faire est problématique. Bien que l'IPC soit une mesure utile pour indexer des salaires, il réfère au panier de consommation des ménages, alors que les OCASSS n'en sont pas. Indexer des subventions uniquement en fonction de l'IPC cause l'appauvrissement des groupes, ce qui compromet leur capacité d'action auprès de leurs communautés » de dire Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table.
Les OCASSS sont invités à découvrir le plan d'action 2023-2027 de la campagne CA$$$H, ainsi que tous les détails des revendications, lors de deux rassemblements virtuels prévus le 14 décembre 2023 et le 22 janvier 2024 [10]. Les journalistes sont également conviés à ces événements.
Les revendications qui seront portées en 2024 sont ambitieuses, mais elles sont surtout légitimes et incontournables pour le maintien du filet social québécois. Les OCASSS jouent un rôle capital pour la société et la campagne CA$$$H ne manque pas d'idées ni de motivation pour les soutenir.
SOURCE :
Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et
bénévoles (TRPOCB),
● Stéphanie Vallée est présidente de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles. Elle est également co-coordonnatrice de L'R des centres de femmes du Québec [12].
● Loc Croy, est membre du comité de coordination de la campagne CA$$$H et directeur général du Regroupement québécois du parrainage civique [13].
● Mercédez Roberge est coordonnatrice de la Table des regroupements
provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles [14].
À propos
Fondée en 1995, la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB) est formée de 44 regroupements nationaux, rejoignant plus de 3 000 groupes communautaires autonomes à travers le Québec. Ce sont, par exemple, des maisons de jeunes, des
centres de femmes, des cuisines collectives, des maisons d'hébergement, des groupes d'entraide, des centres communautaires, des groupes qui luttent contre des injustices ayant des répercussions sur la santé.
Ceux-ci représentent les ¾ des organismes communautaires autonomes du Québec. Ceux-ci abordent la santé et les services sociaux sous différentes perspectives (femmes, jeunes, hébergement, famille, personnes handicapées, communautés ethnoculturelles, sécurité alimentaire, santé mentale, violence, périnatalité, toxicomanie, etc.).
La Table coordonne la campagne CA$$$H (Communautaire autonome en santé et services sociaux – Haussez le financement). Lancée le 17 octobre 2017, cette campagne vise l'amélioration substantielle du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) du ministère de la Santé et des
Services sociaux (MSSS), au bénéfice de plus de 3 000 organismes communautaires autonomes subventionnés par le MSSS. À compter de 2024, les revendications de la campagne CA$$$H sont : L'ajout de 1,7 G$ à l'enveloppe annuelle du PSOC (mission globale) [15], l'indexation
annuelle des subventions en fonction de l'Indice des coûts de fonctionnement du communautaire (ICFC) [16] et l'atteinte de l'équité de financement et de traitement partout au Québec [17].
Liens utiles :
● https://trpocb.org/campagnecasssh/ [18]
● https://trpocb.org/revendication-financiere-casssh/ [19]
● https://trpocb.org/icfc/ [20]
● https://trpocb.org/seuils-planchers-campagne-casssh/ [21]
● https://trpocb.org/campagnecasssh-onsaffirme/ [22]
● Pour télécharger ce communiqué en word [23]
Éléments visuels de la campagne CA$$$H (Communautaire autonome en santé et services sociaux - Haussez le financement)
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Du jamais vu depuis les États généraux sur l’éducation de 1995-1996 !

Montréal, le 1er décembre 2023. Le collectif Debout pour l'école publie aujourd'hui Des citoyennes et citoyens ont parlé d'éducation. Il faut les écouter !
Synthèse des propos tenus dans les forums citoyens et les ateliers jeunesse de Parlons éducation. Rédigé dans un langage clair et soucieux de communiquer fidèlement les propos entendus lors des forums citoyens de Parlons éducation, le document synthèse présente le plus vaste regard critique jamais posé sur le système d'éducation québécois depuis les États généraux sur l'éducation de 1995-1996. On peut se le procurer gratuitement sur notre site.
Les forums de Parlons éducation ont libéré la parole et permis de très riches échanges sur la mission de l'école, l'iniquité grandissante du système scolaire, les difficiles conditions de travail des personnels et sur le déficit démocratique du système.
Concrètement, il y a consensus sur les aspects suivants. Il faut revoir la mission de l'école et les priorités des programmes d'études. Pour favoriser le développement intégral des élèves, le développement des compétences langagières en français, langue première, devrait être une priorité dans toutes les activités scolaires et la responsabilité de tous les personnels. La mission émancipatrice de l'éducation ne peut être appréhendée par une vision comptable de l'éducation qui place au premier rang les taux de réussite, selon des évaluations réductrices des apprentissages réalisés et qui fait de la réussite individuelle définie par les notes obtenues le but ultime de l'éducation.
Il faut mettre fin à la ségrégation scolaire. Une vision aussi réductrice de l'éducation alimente une ségrégation scolaire réelle, conséquence de l'école privée subventionnée et des projets particuliers sélectifs à l'école publique et de la frénésie de la compétition qui domine entre les élèves et les écoles. Dans une société qui se veut inclusive, le système d'éducation produit des laissés pour compte, pensons aux élèves des Premières Nations et inuits qui fréquentent les écoles québécoises, les nouveaux arrivants, les élèves présentant des difficultés de tous ordres.
La pénurie des personnels scolaires ne cessera pas si on n'améliore pas leurs conditions de travail, aussi est-il urgent de valoriser concrètement les personnels scolaires et de leur offrir des conditions d'exercice qui leur permettent de travailler pour et avec les élèves. Car il a été dit et répété que ce sont les élèves qui doivent être au cœur des préoccupations du système d'éducation.
Les participants sont convaincus que l'on ne peut plus compter sur les pouvoirs publics pour obtenir les changements nécessaires et urgents, il faut donc s'unir et se mobiliser !
Rappelons qu'au printemps 2023, dans le cadre des forums citoyens de Parlons éducation, près d'un millier de citoyennes et de citoyens de 19 villes du Québec, dont Chicoutimi, Gatineau, Laval, Montréal, Québec, Rouyn-Noranda, Sherbrooke et Trois-Rivières, ont pris un vendredi soir et un samedi pour discuter d'éducation parce que c'est un des fondements d'une société qui se veut démocratique et que l'école québécoise leur tient vraiment à cœur.
Parallèlement à ces forums, environ 650 jeunes ont participé à l'un des cinquante ateliers jeunesse de Parlons éducation pour témoigner de leur vécu d'élève et partager leurs espoirs d'un parcours scolaire formateur, épanouissant et en phase avec les défis du monde actuel.
On notera que les participants ont manifesté leur vif désir de se mobiliser pour obtenir des changements substantiels au système scolaire québécois, à court et à moyen terme. Aussi, le collectif Debout pour l'école travaille-il à coaliser le plus grand nombre d'organisations citoyennes et de personnalités québécoises autour de revendications communes qui feront l'objet d'un Rendez-vous national sur l'Éducation, au début de 2025
Ensemble, nous sommes Debout pour l'école !
Pour visionner la conférence de presse
https://fb.watch/oLnN5X7uv3/
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À propos de la place d’Option nationale à Québec solidaire

Nous avons lu avec intérêt la lettre d'une quinzaine d'anciens membres du parti Option nationale (ON) invitant leurs « anciens camarades » à délaisser Québec solidaire (QS) au profit du Parti québécois (PQ). Nous jugeons pertinent de répondre aux arguments qu'on nous a soumis, dans un esprit de discussion constructive entre indépendantistes.
Les auteurs, Nadia Poirier et Jimmy Thibodeau, sont représentants du conseil exécutif d'Option nationale.
5 décembre 2023
Pour les personnes peu familières avec l'histoire récente d'Option nationale, permettez-nous une mise en contexte. Après sa fusion avec Québec solidaire en 2017, ON est devenue un regroupement interne reconnu officiellement par le parti unifié (un « collectif »). Depuis, nous continuons de croître et d'accueillir des membres solidaires désireux de travailler avec nous pour la promotion et la réalisation de l'indépendance. Bien que plusieurs membres du collectif aient effectivement été membres d'Option nationale avant la fusion, ce n'est pas le cas de tous. De plus, contrairement à ce que pourrait laisser entendre le titre « La fin du mirage solidaire », aucun signataire du texte n'était affilié à Québec solidaire au moment de la publication : personne n'a « quitté » le parti.
Revenons au contenu de la lettre. L'argument central des signataires repose sur une statistique longuement discutée, mais souvent mal interprétée. Le sondage cité est loin d'être unique : de nombreux coups de sonde ont déjà montré qu'un peu moins de la moitié des sympathisants de QS se disent souverainistes. Cette situation ne doit pas être minimisée : elle signale un grand défi communicationnel que notre collectif s'évertue de rappeler sans relâche.
Nous rejoignons néanmoins ce que d'autres intervenants du parti ont dit : ces sondages ne visent pas nos membres ou nos militants, mais simplement notre électorat potentiel. Par ailleurs, nous faisons le pari de voir le verre à moitié plein : si plusieurs sympathisants choisissent notre parti malgré son engagement indépendantiste, nous voyons là une occasion d'aller chercher des alliés supplémentaires au mouvement.
Pureté idéologique
À ce sujet, nous déplorons la tendance de nombreux indépendantistes à se lancer dans des concours de pureté idéologique qui nuisent à la cause. Nous saluons l'ardeur souverainiste renouvelée du PQ depuis 2020, mais il n'empêche que QS a fait oeuvre utile en maintenant, depuis sa fondation, sa promesse d'une assemblée constituante dans un premier mandat (et depuis la fusion avec ON en 2017, est garanti un mandat fermé menant à un référendum sur l'indépendance).
On nous assure que le PQ de Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) a réussi « à faire avancer concrètement l'indépendance du Québec », et pourtant, lors de sa campagne dans Jean-Talon, « ni son candidat, Pascal Paradis, ni son chef n'ont fait campagne sur la souveraineté. La publication du budget de l'an 1 a même été retardée pour éviter qu'il ne compromette ses chances », comme l'a soulevé le chroniqueur du Devoir Michel David. C'est en 2026 que se situe le vrai test de PSPP : depuis l'échec référendaire de 1995, le PQ n'a promis un référendum dans un premier mandat que lors de deux campagnes électorales (sur huit) celles de 2007 et de 2022.
Nous invitons donc chaleureusement nos anciens camarades à continuer leur travail au PQ. En ce qui nous concerne, notre collectif est fier d'avoir contribué à placer l'indépendance au centre de la dernière course au porte-parolat de QS, notamment par l'organisation d'un débat sur cet enjeu, puis à travers notre appui à la candidature de Ruba Ghazal, dont le message passionnément indépendantiste l'a portée tout près de la victoire, face à une Émilise Lessard-Therrien tout aussi indépendantiste et dont le discours renouvelé nous inspire espoir et optimisme.
Nous nous sommes reconnus dans le projet porté par QS et ON tout en respectant le choix de nos anciens camarades d'aller dans un autre parti indépendantiste. La diversité idéologique de notre mouvement est après tout une richesse, et non un obstacle. Nous avons hâte de travailler avec nos camarades péquistes à la table des OUI-Québec, et un jour dans le camp du Oui.
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Manifestation de solidarité avec la Palestine à Québec

Plus de 200 personnes ont manifesté le 9 décembre dernier à Québec en solidarité avec la Palestine. Cette manifestation a été organisée par le Collectif de Québec pour la paix et le Groupe Québec-Palestine. Cette manifestation exigeait la fin de l'occupation des territoires palestiniens et un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza.
Des élus et des représentants de mouvements sociaux ont pris la parole. PTAG présente ci-dessous la vidéo de deux interventions qui ont été faites à l'ouverture de la manifestation.
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Histoire des 3 petits cochons...à la sauce gentrification

Vous me demanderez certainement, qu'est-il arrivé aux 3 petits cochons ? Vous avez le choix entre, les coopérants firent un gros méchoui et les bouffèrent ; ou bien, vous l'aurez compris, ce n'était pas vraiment des petits cochons, mais des esties de grosses têtes de cochon qui luttent contre les rénovictions, la gentrification et le profit.
• 3 petits cochons durent partir de chez leur mère, ne pouvant plus les nourrir
• Elle leur dit d'aller en ville et de se construire une maison solide, parce que les loups peuvent détruire des maisons fragiles
• Le premier loua un appartement avec des amis
• Le deuxième acheta un condo avec les économies de son travail et envoya de l'argent à sa mère
• Le troisième réunit des amis et achetèrent un immeuble en coopérative
• Si vous pensez qu'il n'y a pas de loups en ville, détrompez-vous !
• Un loup alla cogner à l'appartement du premier et leur expliqua qu'il devait rénover tout l'immeuble après l'avoir acheté. Tous ses amis durent quitter leur appartement, ainsi que les autres locataires de l'immeuble. Le premier cochon, donc invita tous les locataires à aller dans l'immeuble coopératif.
• Le loup, prenant confiance en lui, alla cogner au condo du deuxième cochon. Puis-je acheter votre condo monsieur le cochon, lui demanda-t-il ? Bien sûr que non, répondit le cochon. Le loup, ne perdant pas contenance, expliqua qu'il avait vu plusieurs défauts de construction du condo, défauts qui pourraient mettre en péril la sécurité des gens. Alors, le cochon lui dit qu'il va vérifier si c'est le cas. Effectivement, défauts importants, il y avait. Le cochon vendit son condo à perte, la garantie de construction ayant expirée depuis longtemps. Et le cochon alla, lui aussi se réfugier dans la coopérative d'habitation du 3è cochon.
• Fier de son pouvoir, le loup imagina un plan pour mettre la main sur l'immeuble coopératif. Il se déguisa en inspecteur de la ville et cogna à la porte du responsable du comité bon voisinage, Dédé le clown. Eh oui, le troisième petit cochon s'était entouré de copains et copines des plus étranges ! Il y avait un cabotin, 2 artistes, un préposé aux bénéficiaires, 2 gars de la construction, un électricien, un inspecteur, une ouvrière déterminée, un komrade, une retraitée bizarre qui rit tout le temps, une spécialiste de l'entraide, un vieux snock, un africain qui lui aussi rit tout le temps, une factrice invisible, un communiste, un ancien étudiant qui parle tout le temps, une jeune avocate en herbe et un journaliste en quête de gloire.
• Le loup, sous son costume d'inspecteur de la ville, expliqua au clown qu'il fallait démolir l'immeuble, devenu dangereux pour ses occupants. Diplomate, le clown, soupçonnant une arnaque, lui demanda d'attendre un petit moment. Rentré chez lui, le clown appela l'ouvrière déterminée, le journaliste en quête de gloire, un des gars de la construction et la factrice invisible. Il leur dit de venir chez lui d'urgence, en passant par la porte arrière ; sauf pour la factrice invisible qui lui demanda de rester cacher près de l'arbre en avant de l'immeuble. Dédé le clown avait un plan !
• Tout le monde étant en place, le clown alla ouvrir la porte avant et salua le supposé inspecteur. L'ouvrière déterminée commença à l'engueuler et le gars de la construction demanda des preuves, pendant que le clown faisait d'amples espargestes autour de tout ce beau monde, faisant un signe convenu à la factrice invisible. Celle-ci se précipita sur l'inspecteur de la ville et lui arracha ses vêtements.
• Ayant entendu tout ce vacarme, la retraitée bizarre qui rit tout le temps et l'africain rieur se joignirent au groupe et lança leur rire à la face du loup démasqué, qui prit la poudre d'escampette.
• Le journaliste en quête de gloire en profita pour prendre plein de photos et vidéos et s'en alla bâtir son article sur les loups de l'immobilier.

• Vous me demanderez certainement, qu'est-il arrivé aux 3 petits cochons ? Vous avez le choix entre, les coopérants firent un gros méchoui et les bouffèrent ; ou bien, vous l'aurez compris, ce n'était pas vraiment des petits cochons, mais des esties de grosses têtes de cochon qui luttent contre les rénovictions, la gentrification et le profit.
Daniel Leduc,
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Lutte à la pauvreté : Pour se nourrir et se loger à l’année

Aujourd'hui, organisée par l'Association de défense des droits sociaux Québec Métropolitain et de la Rive-Sud et ROSE du Nord, s'est tenue une chorale militante composée de personnes assistées sociales de nos groupes ainsi qu'une distribution de tracts pour dénoncer l'inaction du gouvernement quant à l'implantation de mesures structurantes pour lutter contre la pauvreté.
L'objectif de l'action est de mettre en lumière que la société fait face à une crise sociale majeure et que ses conséquences se répercutent tout au long de l'année et non seulement pendant la période de Noël. Pour les groupes de défense des droits des personnes assistées sociales de la région de Québec et de Chaudière-Appalaches bien que la Guignolée des médias ait comme objectif de vouloir aider son prochain, le volontariat et la charité ne suffisent pas. Pour Sarah Pelletier, militante active et femme assistée sociale, il faut voir plus large : « Comprenons-nous bien. Dans notre société actuelle, les banques alimentaires sont absolument essentielles à la survie de plusieurs ménages. Par contre, dans une société digne et équitable, il n'y aurait pas de banques alimentaires, parce que nous serions en mesure de répondre collectivement aux causes de l'insécurité alimentaire. L'aide alimentaire, telle que conçue actuellement, n'est qu'un pansement mis sur une hémorragie. »
Au fil des années, le recours aux banques alimentaires ne cesse d'augmenter. Selon le bilan Faim 2023, une augmentation de 30% des demandes a été observée en 2023, totalisant 872 000 personnes qui ont besoin mensuellement du soutien du réseau des banques alimentaires du Québec. Cette hausse peut s'expliquer par l'augmentation considérable du coût de la vie et des loyers. De ce fait, les personnes doivent consacrer une plus grande part de leur budget au paiement du loyer.
De plus, le fait de recourir à une banque alimentaire peut faire vivre un sentiment de honte et même affecter l'état de santé des utilisateurs et utilisatrices. Comme le mentionne un militant de nos groupes : « j'ai décidé de ne plus avoir recours aux denrées de banques. Étant donné que la date de péremption est parfois outrepassée, cela peut affecter notre santé. C'est bien pouvoir s'alimenter, mais c'est encore mieux de pouvoir le faire en étant certain que la nourriture est encore de bonne qualité. ».
Nous revendiquons la mise en place de mesures structurantes pour lutter efficacement contre la pauvreté, dont l'élargissement du programme de revenu de base à toutes les personnes assistées sociales. Nous demandons au gouvernement de s'engager à garantir et à protéger le droit au logement. Il est primordial que les personnes à faible revenu puissent subvenir à leurs besoins tels que se nourrir convenablement et avoir accès à des logements décents.
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Un projet encore inacceptable pour la rue Saint-Vallier Ouest

Au lendemain de la présentation officielle par la Ville de Québec du projet de réaménagement de la rue Saint-Vallier Ouest en rue verte et à sens unique, Accès transports viables, le Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ), le Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), le Conseil régional de l'environnement de la Capitale-Nationale et Vivre en Ville s'unissent pour demander à la Ville de Québec de corriger les aspects problématiques de son projet.
Un projet lourd de conséquences pour l'efficacité et l'accessibilité du transport en commun
Le projet de la Ville de Québec propose de convertir la rue Saint-Vallier Ouest en sens unique en direction ouest, ce qui entraînerait le déplacement de plusieurs parcours de transport en commun dans les rues résidentielles environnantes. Saint-Vallier Ouest constitue pourtant la meilleure rue pour accueillir des autobus, en raison de sa position centrale dans le secteur et de la présence de nombreux organismes communautaires et commerces qui y ont pignon sur rue.
La Ville de Québec a pris cette décision à l'interne, sans jamais la soumettre à la discussion publique. La modification de la desserte en transport en commun a pourtant des impacts considérables pour les citoyens et citoyennes qui dépendent de ce service public pour se déplacer au quotidien.
« Alors que c'est notamment par une bonne accessibilité au transport en commun et adapté que les personnes en situation de vulnérabilité peuvent remplir leurs besoins de base et avoir accès à des services, la population et le milieu communautaire n'ont jamais été consultés sur cette question. Au printemps, la décision de convertir la rue en sens unique était déjà prise. On se retrouve donc aujourd'hui avec un projet dont on doit multiplier les mesures d'atténuation pour répondre aux nombreuses préoccupations en matière d'accessibilité. » – Émilie Frémont-Cloutier, animatrice sociale, Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec
« Verdir nos milieux de vie est une mesure responsable et nécessaire, mais cela ne devrait jamais se faire au détriment du service fondamental que constitue le transport en commun. Le quartier Saint-Sauveur mérite un verdissement adapté au milieu, et c'est tout à fait compatible avec une amélioration, plutôt qu'une détérioration, de la desserte de transport en commun. En révisant les exigences exagérées pour la largeur des voies de circulation et en retirant plus d'espaces entre ces voies et les trottoirs élargis, la Ville réussirait à atteindre davantage les objectifs poursuivis au nom de la santé durable. » – Alexandre Turgeon, directeur général du CRE Capitale-Nationale
« La conversion de Saint-Vallier Ouest en sens unique fragiliserait de manière définitive l'offre de mobilité déjà limitée dans un des quartiers les plus défavorisés de la ville, et où l'offre en matière de transport en commun est déjà insuffisante. Ce n'est pas de ça dont Québec a besoin en ces temps difficiles pour le transport en commun. » – Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville
Nos organisations reconnaissent et saluent les efforts de la Ville pour augmenter le verdissement dans le quartier, une priorité citoyenne bien entendue. Nous appelons la Ville à avoir aujourd'hui la même considération pour les préoccupations exprimées quant à la dégradation annoncée du transport en commun. Nous avons confiance qu'en revoyant le projet à la lumière de ces attentes et en collaboration avec le milieu, il est possible d'en arriver à une solution optimale. qui permettra le maintien d'une desserte adéquate en transport en commun, voire qui pourra la bonifier.
Du travail encore à faire pour la sécurité des déplacements actifs
Lors de la présentation du projet, la Ville de Québec a démontré son intention de répondre aux nombreuses préoccupations citoyennes concernant les impacts du projet sur la sécurité des déplacements actifs. Plusieurs mesures d'apaisement de la circulation pour décourager la circulation de transit dans les rues résidentielles ont été promises aux personnes présentes dans la salle. Cependant, il lui faut présenter rapidement et précisément les différentes rues et intersections visées par ces mesures, les interventions souhaitées dans chaque cas, et surtout l'échéancier avec lequel elle compte mettre tout cela en place.
« La transparence et une communication suffisante sur les mesures d'apaisement envisagées est vraiment nécessaire pour atteindre l'acceptabilité sociale. Les gens doivent avoir l'assurance et la confiance que la Ville a une vision d'ensemble de la sécurité des déplacements actifs dans le quartier et qu'elle ne procédera pas à une gestion des problèmes à la pièce. » – Catherine Rainville, animatrice-coordonnatrice au CCCQSS
Par ailleurs, une préoccupation importante demeure quant à la sécurité des cyclistes qui continueront vraisemblablement de circuler dans les deux directions sur la voie structurante qu'est Saint-Vallier pour le quartier, malgré les nouveaux aménagements prévus sur les rues voisines.
« La rue Saint-Vallier Ouest est très fréquentée pour une multitude d'usages, notamment celui du vélo. Le projet tel qu'il est présenté ne permet pas aux cyclistes de circuler de manière sécuritaire dans les deux sens, ce qui vient en inadéquation avec les efforts affichés de l'administration en matière de sécurisation des déplacements cyclables. » – Marie-Soleil Gagné, directrice générale d'Accès transports viables
Nos organisations demeurent convaincues que le réaménagement de la rue Saint-Vallier Ouest peut devenir un projet inspirant et rassembleur sur tous les plans. Pour cela, il doit répondre adéquatement aux préoccupations toujours présentes au sein de la population et aux enjeux de mobilité durable, de résilience environnementale, de santé, d'accessibilité universelle et de sécurité des déplacements des personnes les plus vulnérables.
Organisations signataires
· Accès transports viables
· Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ)
· Comité des citoyens et citoyennes du Quartier Saint-Sauveur
· Conseil régional de l'environnement - Capitale-Nationale
· Vivre en Ville
À propos des organisations signataires
Accès transports viables
Accès transports viables est un organisme à but non lucratif ayant pour mission de défendre les droits des utilisatrices et utilisateurs des transports collectifs (transport en commun, covoiturage, autopartage) et actifs (marche, vélo), ainsi que de promouvoir la mobilité durable dans les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches.
Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ)
La mission du TRAAQ est de défendre le droit à la mobilité des personnes à faible revenu vivant sur le territoire desservi par le Réseau de transport de la Capitale (RTC) et par le Service de transport adapté de la Capitale (STAC).
Comité des citoyens et citoyennes du Quartier Saint-Sauveur (CCCQSS)
Le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur est un organisme visant l'amélioration de la qualité et des conditions de vie des résidents et résidentes du quartier Saint-Sauveur, surtout les plus vulnérables. Il défend leurs droits et intérêts en matière de logement, d'aménagement urbain et de vie de quartier. Par divers moyens, il regroupe les personnes autour d'enjeux les concernant, conscientise, informe, mobilise, anime et cherche à susciter réflexions et débats.
Conseil régional de l'environnement – Capitale-Nationale (CRE)
La mission première du CRE Capitale-Nationale consiste à promouvoir l'insertion des valeurs environnementales dans le développement régional en préconisant l'application de la gestion intégrée des ressources et du développement durable, laquelle se traduit par le maintien de l'intégrité de l'environnement, le soutien à l'équité sociale et la recherche d'une efficience économique.
Vivre en Ville
Organisation d'intérêt public, Vivre en Ville contribue, partout au Québec, au développement de collectivités viables, œuvrant tant à l'échelle du bâtiment qu'à celles de la rue, du quartier et de l'agglomération. Par ses actions, Vivre en Ville stimule l'innovation et accompagne les décideurs, les professionnels et les citoyens dans le développement de milieux de vie de qualité, prospères et favorables au bien-être de chacun, dans la recherche de l'intérêt collectif et le respect de la capacité des écosystèmes.
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