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Turquie : Après sa victoire aux élections locales, l’opposition turque retrouve des couleurs face au président Erdogan

Dans une position précaire moins d'un an après sa défaite à l'élection présidentielle, l'opposition turque a conservé toutes les grandes villes du pays, tout en conquérant de nouvelles municipalités, dimanche 31 mars. “La chaîne du désespoir est rompue”, se félicite la presse de gauche.
Tiré de Courrier international.
“Une victoire historique” clame la une du quotidien nationaliste et laïc Cumhuriyet. Le journal, crée par Mustafa Kemal Atatürk est un soutien historique du CHP, le Parti républicain du peuple, également fondé par le fondateur de la République turque. Totalisant 37,74 % des voix à l'échelle nationale contre 35,49 % pour l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan, le parti kémaliste est, pour la première fois depuis 1977, le parti qui récolte le plus de suffrages a l'échelle nationale souligne le quotidien.

Après la surprise et le désespoir occasionnés par la victoire du président turc lors de l'élection présidentielle de mai 2023, cette victoire arrive à point nommé pour l'opposition qui se trouvait tiraillée en interne et au bord de l'explosion.
“L'on craignait comme dans un cauchemar que le pouvoir, sur la lancée de sa victoire, n'emporte les grandes villes, Istanbul, Ankara et même Izmir, que l'opposition soit définitivement réduite au silence, mais cette chaîne du désespoir est rompue”, se félicite un éditorialiste du quotidien de gauche Birgün. En définitive, l'opposition kémaliste a non seulement gardé les plus grandes villes du pays, conquises en 2019, mais elle a aussi emporté des arrondissements et des villes traditionnellement acquis à l'AKP, qui recule même dans ses bastions historiques.
Les limites de la polarisation pour faire oublier la crise économique
“Séisme dans les urnes”, titre de son côté en une le quotidien de l'opposition conservatrice Karar, alors que le parti du président turc et de ses alliés d'extrême-droite du MHP ont vu les suffrages en leur faveur fortement diminuer dans les zones du pays touchées par le tremblement de terre de février 2023.

Dans ces régions, l'aide et la reconstruction promises par le pouvoir tardent à se manifester. Dans le sud du pays, la très conservatrice ville d'Adiyaman, durement affectée par le séisme, est ainsi tombée dans l'escarcelle de l'opposition.
La stratégie du président turc, visant à jouer sur les cordes du nationalisme et du conservatisme en polarisant le débat face à une opposition décrite comme suppôt du “terrorisme” ou du “LGBTisme” n'a pas fait recette cette fois.
Pour autant, pour le quotidien pro-gouvernemental Sabah, il ne s'agit pas d'un camouflet adressé au président de la République. “Lors des élections de l'année dernière, les Turcs ont bien montré leur soutien à Erdogan, il s'agissait pour eux, cette fois, d'adresser un message de mécontentement face aux faibles pensions de retraite, à l'inflation et à certains candidats locaux au profil discutable”, estime une éditorialiste proche du leader turc qu'elle interviewe régulièrement.
Victoires du parti pro kurde dans le sud-est du pays
Dans l'est du pays, le parti prokurde, qui avait vu ses municipalités confisquées par l'État et ses élus démis de leurs fonctions, emprisonnés pour certains et remplacés par des tuteurs nommés par les préfets, a triomphé dans toutes ces villes confisquées et en a même remporté de nouvelles, souligne le média en ligne proche de la cause kurde Arti Gerçek.
Le parti prokurde a néanmoins dénoncé de nombreuses manipulations électorales dans les régions kurdes du pays, des cas de votes hors de l'isoloir ou de bulletins prétamponnés ont été remarqués. Surtout, des milliers de militaires et membres des forces de sécurité en garnison dans la région ont investi certains bureaux de vote stratégiques, risquant de faire basculer certains scrutins en faveur du pouvoir.
De nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux montrent des cohortes de jeunes gens, la tête baissée et tentant de dissimuler leur identité, patienter pour voter sous une pluie de questions et parfois de quolibets des élus et électeurs locaux, dont certains ont été arrêtés. Dans un village proche de la ville de Diyarbakir, une bagarre entre électeurs a dégénéré en affrontement violent, occasionnant de nombreux blessés et la mort d'un assesseur du parti prokurde, touché par balles, rapporte le quotidien Habertürk.
Cette défaite majeure va-t-elle entraîner un durcissement du pouvoir, déjà en proie depuis plusieurs années à une grave dérive autoritaire, ou le pousser vers une “normalisation” démocratique, s'interroge le média en ligne Diken ? “Face à la crise économique, impuissant à reprendre Istanbul et Ankara et à en finir avec leurs maires, populaires figures de l'opposition, le pouvoir peut faire le choix d'un retour à la normale pour tenter de se concilier une partie des Kurdes et des électeurs fatigués par la crise”, espère une éditorialiste du média, tout en gardant à l'esprit que l'inverse est aussi possible.
Courrier international
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L’attaque contre TikTok ou la compétition des Tartuffe

Les conflits armés sont aussi des guerres de récits. Les réseaux sociaux y prennent une part active, tous contrôlés par des groupes américains à l'exception d'un : le chinois TikTok. Depuis des années, élus démocrates et républicains veulent le ramener dans le giron états-unien ou l'interdire. Dernier prétexte avancé : il est « pro palestinien », voire antisémite.
Tiré d'Orient XXI.
Alors qu'Israël interdit tout accès à la bande Gaza aux reporters étrangers et tire sur les journalistes palestiniens comme sur des lapins — avec une centaine de morts dans la profession depuis le 7 octobre 2023 — que deviendraient les (déjà trop rares) informations sur Gaza si un réseau social comme TikTok venait à disparaître ? Si un seul propriétaire, à savoir Meta, obtenait le monopole de la diffusion des plateformes en ligne ? Ces questions ne relèvent pas totalement du fantasme.
Le 13 mars 2024, élus républicains et démocrates de la Chambre des représentants américaine ont arrêté un projet de loi exigeant la vente de la célèbre application à une entreprise « sûre » — c'est-à-dire états-unienne. Faute de quoi, elle serait interdite. Ce projet doit encore être voté par le Sénat. Il n'est donc pas pour demain. Cependant, républicains et démocrates savent en général dépasser leurs divergences quand il s'agit de la Chine. Et TikTok appartient au groupe chinois ByteDance.
Reconnaissons aux faucons américains une certaine constance. Ils se battent depuis 2020 pour s'accaparer la plateforme qui a séduit adolescents et jeunes adultes — la « génération Z » née avec Internet et le numérique. Celle-ci est friande de TikTok qui totalise 170 millions d'utilisateurs aux États-Unis, soit davantage qu'Instagram (157 millions) et presqu'autant que Facebook (175 millions) qui recrute dans les couches un peu plus âgées. Jusqu'alors, les dirigeants américains avançaient avec une très grande prudence : priver la jeunesse de son mode de communication favori n'est pas une chose aisée, et on ne sait jamais ce qu'il peut arriver si l'on y touche.
Parti pris idéologique et tiroir-caisse
Visiblement, le concepteur du projet de loi, Mike Gallagher, l'un des plus farouches sinophobes des États-Unis, a trouvé l'argument massue pour accélérer le processus en panne depuis quatre ans : TikTok est pro palestinien voire antisémite… Comme Pékin réclame un cessez-le-feu d'urgence à Gaza, l'ouverture des négociations, la fin de la colonisation israélienne, et que l'application est chinoise, ses utilisateurs sont forcément « manipulés par le gouvernement chinois ». Se combinent ainsi parti pris idéologique et opération économique, espoir d'imposer un récit plus favorable à la guerre israélienne et volonté de stopper l'avance chinoise dans le numérique, en faisant tomber dans l'escarcelle nationale l'un des réseaux sociaux les plus inventifs du moment.
Du point de vue des massacres commis par Israël, le spécialiste Anthony Goldbloom, qui a étudié les données TikTok pour les acheteurs de publicité, a effectivement trouvé beaucoup plus de vues de vidéos avec des hashtags pro palestiniens que pro israéliens. Selon lui, le ratio peut aller jusqu'à 69 contre un (1). Faut-il voir ici la preuve que Pékin est entré dans la tête des Américains ? Ou la preuve qu'une majorité de jeunes est contre la guerre ? Pour avoir la réponse, il suffit de lire les reportages dans les journaux américains, ou simplement les sondages attestant que les moins de 35 ans (environ la moitié des utilisateurs de l'application chinoise) sont majoritairement antiguerre. C'est d'ailleurs l'une des raisons des faibles performances du président-candidat Joe Biden.
Car l'application a choisi de ne pas censurer les contenus, en Occident du moins. En Chine, TikTok est introuvable. Seul Douyin, sa version exclusivement réservée au pays, très étroitement surveillée, a droit de cité. Au royaume de l'hypocrisie, Pékin qui crie au scandale peut prétendre au poste suprême. Néanmoins, Joe Biden rivalise dans la tartufferie : en février dernier, le président américain ouvre un compte TikTok le dimanche du très populaire Super Bowl pour poster une vidéo sur sa passion du football et en mars, il fait savoir qu'il signera avec enthousiasme la loi Gallagher interdisant l'application.
Des images inédites en provenance de Gaza
En attendant, TikTok n'inflige pas de censure. C'est bien là que réside son succès. Y sont postées des vidéos commentant la guerre de Benyamin Nétanyahou, apportant des images en provenance de Gaza (quand les Palestiniens ont de l'électricité et Internet), mais aussi d'Israël, comme le raconte ce professeur d'une université dans un reportage du Washington Post : « Quand la guerre a éclaté, mes étudiants ont navigué en divers endroits sur TikTok pour voir quel genre de vidéos étaient populaires en Israël par rapport à Gaza, en Cisjordanie ou en d'autres endroits. Je n'avais jamais pensé à faire ça » (2).
Cette liberté met en fureur Nétanyahou et ses acolytes. Elle dérange tout autant les républicains américains ouvertement pro israéliens et anti palestiniens, que les démocrates de Joe Biden qui déplorent la situation humanitaire des Gazaouis, et finissent par réclamer un cessez-le-feu lors de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 25 mars 2024, mais continuent de livrer des armes qui tuent les civils palestiniens. Le conflit se mène aussi sur le plan de l'information et de l'image (3).
Censure sur X, Facebook et Instagram
Sur les autres réseaux populaires, la censure plus ou moins directe sévit massivement depuis le 7 octobre. Quelques post d'Orient XXI en ont fait l'expérience, ne pouvant être partagés sur X ou sur Facebook, comme c'est le cas de certains récits de Rami Abou Jamous, notre correspondant à Gaza qui tient régulièrement son journal de bord.
D'une façon plus globale, Human Rights Watch (HRW) pointe « la censure systémique des contenus pro palestiniens sur Instagram et Facebook » (4). Ces contenus issus de comptes palestiniens ou de personnes défendant leurs droits ne sont tout simplement pas diffusés : ce que l'on appelle le « bannissement furtif » (shadow banning). Ils ne sont pas retirés, toutefois les algorithmes sont conçus pour qu'ils restent invisibles ou presque. Pour contourner l'obstacle, les utilisateurs mettent une pastèque pour désigner la Palestine (dont le drapeau possède les mêmes couleurs rouge, vert, noir et blanc), changent une lettre en astérisque ou en point pour parler de Gaza, ce qui empêche d'être repéré par les algorithmes. Il ne s'agit là que d'une faible parade.
Amnesty International constate également ce phénomène. « Les politiques et systèmes de modération de contenus de Meta réduisent de plus en plus au silence les voix en faveur de la Palestine sur Instagram et Facebook », note la directrice d'Amnesty Tech qui s'inquiète, car cette « censure contribue à l'effacement des souffrances des Palestiniens » (5).
Ce qui vaut, de façon si dramatique, pour la guerre israélienne contre les Palestiniens, vaut dans tous les domaines. On oublie trop souvent que le monopole des trois géants américains — Méta, Google et Elon Musk (X) — sur la communication numérique planétaire constitue une menace pour les démocraties. Cela ne blanchit pas pour autant TikTok. Mais le forcer à se vendre à l'un des trois ne ferait que renforcer leur mainmise. Il en est de même pour son interdiction. C'est d'une régulation publique dont les internautes ont besoin.
Logiciels espions chinois ?
Certes, comme les autres, TikTok véhicule de fausses informations et des propos plus ou moins haineux. Cependant, cela n'a rien à voir avec la nature autoritaire du régime chinois. Les dirigeants américains craignent que le président Xi Jinping aspire les données des utilisateurs occidentaux pour nourrir de sombres projets, pas uniquement commerciaux. Son patron, le Singapourien Shou Zi Chew, sous le feu des questions des élus du Congrès pendant plus de cinq heures l'an dernier, a essayé de rassurer : son groupe est détenu à 60 % par des investisseurs institutionnels tels les richissimes fonds de gestion d'actifs BlackRock et Susquehanna International Group, spécialisé dans la Tech, à 20 % par les fondateurs chinois et le reste par le personnel. Trois des cinq membres du conseil d'administration de l'application sont des Américains. Enfin, les serveurs stockant les données sont installés aux États-Unis, sur le cloud Oracle, et non plus sur le sol chinois ou singapourien.
Pourtant, selon les partisans de l'interdiction de TikTok, cela ne suffit pas. Le pouvoir chinois est soupçonné d'avoir déployé des logiciels espions pour s'accaparer les cerveaux, mais aussi influencer les choix américains, et fausser le jeu des élections. L'a-t-il fait ? Nul ne le sait. Rien dans ce que produisent les autorités et services de renseignement américain ne dit que son « algorithme a fait la promotion de la République populaire de Chine – et je suppose que si le directeur du bureau du renseignement national en avait la preuve, il l'aurait fournie », écrit Julia Angwin dans le New York Times (14 mars 2024). Ce que confirme la représentante démocrate de Californie, Sara Jacobs, après la rencontre entre les élus du Congrès et les services de sécurité nationale : « Pas un seul élément de ce que nous avons entendu dans ce briefing classifié n'est propre à TikTok. Ce sont des choses qui se produisent sur toutes les plateformes des médias sociaux » (6).
Comme l'ont fait remarquer quelques élus de bon sens à la Chambre, il n'est pas besoin de détenir le capital d'une application en ligne pour créer des faux comptes, envahir les réseaux de fausses révélations voire tenter de manipuler les votes. Les démocrates ont d'ailleurs accusé Vladimir Poutine de tels desseins et, à ma connaissance, le président russe ne possède aucune application.
Faux comptes américains en Chine communiste
Au moment où les médias et les dirigeants politiques occidentaux se déchaînaient unanimement ou presque contre TikTok, on a appris de la CIA que l'agence américaine avait « créé des faux comptes sur les réseaux sociaux chinois pour propager des rumeurs et diffuser des récits négatifs contre les dirigeants » dans l'espoir de « retourner l'opinion publique » et d'influencer l'extérieur. Le tout sous l'autorité du président de la République d'alors, Donald Trump (7). Autre exemple de la tartufferie ambiante à propos de TikTok.
En fait, républicains et démocrates sont moins inquiets pour les cerveaux américains que pour les coffres forts des multinationales qu'ils défendent. Pour l'heure, une partie des données des utilisateurs occidentaux leur échappe alors que TikTok est sur le point de dépasser le chiffre d'affaires de Meta. Le dépouiller de ses précieuses data offrirait de juteuses perspectives. Mais cela permettrait surtout de s'approprier le logiciel et l'algorithme qui ont forgé le succès de l'application et qui témoignent d'une certaine avance de la Chine dans ce domaine. Le pouvoir chinois a déjà dit qu'il s'opposerait à une vente au nom du libre-échange et de la liberté d'expression défendue par le premier amendement de la Constitution américaine. Une autre tartufferie.
Notes
1- « How TikTok Was Blindsided by U.S. Bill That Could Ban It », Stu Woo, Georgia Wells, Raffaelle Huang, Wall Street Journal, 12 mars 2024.
2- « Young Americans are more pro-Palestinian than their elders. Why ? », Frances Vinall, Washington Post, 21 décembre 2023.
3- « Gen Z and Palestine : how social media activists are changing journalism forever », Laura Cugusi, UntoldMag, 12 janvier 2024.
4- « Meta : censure systémique de contenus pro palestiniens », Human Rights Watch, 21 décembre 2023.
5- « Israël/Gaza : les réseaux sociaux entre censure des voix palestiniennes et démultiplicateur de haine », Amnesty International, 2 novembre 2023.
6- « Why Are Lawmakers Trying to Ban TikTok Instead of Doing What Voters Actually Want ? », Julia Angwin, New York Times, 14 mars 2024.
7- « Exclusive : Trump launched CIA convert influence operation against China », Joel Schectman et Christopher Bing, Reuters, 14 mars 2024.
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La tyrannie du productivisme d’État – À propos Congrès national du peuple de Chine de 2024

Le Congrès national du peuple est actuellement en session à Pékin, au beau milieu d'une forte récession économique qui affecte les conditions de vie de millions de personnes : resserrement du crédit sur le marché immobilier qui s'étend maintenant à d'autres secteurs financiers (voir mon article ici), déflation, ralentissement de l'industrie manufacturière, fuite massive des investissements étrangers, augmentation du chômage, etc.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/21/la-tyrannie-du-productivisme-detat-a-propos-congres-national-du-peuple-de-chine-de-2024/
En réponse à ces problèmes, le Premier ministre Li Qiang [1] a présenté un rapport qui n'est rien d'autre qu'une longue liste de mesures définit par ses 26 ministères et qui fait penser à l'inventaire d'une épicerie. Il y a en fait quelque chose de plus : des slogans creux. Le mystère plane toujours sur ce que Li Qiang a dans la tête quant à la stratégie globale à appliquer pour résoudre la crise qui se dessine. Il a reconnu qu'il y avait eu des « difficultés et problèmes entremêlés », mais il a rassuré son auditoire sur le brillant avenir de la Chine : « sous la ferme direction du Comité central du PCC, avec le camarade Xi Jinping à sa tête, le peuple chinois a le courage, l'ambition et la force de relever n'importe quel défi et de surmonter n'importe quel obstacle ». De fait, il a mentionné Xi à 19 reprises, le couvrant d'éloges en tous genres. S'il y a un thème principal qui revient dans l'inventaire de l'épicerie dressé par le Premier ministre, c'est bien le culte du dirigeant suprême.
Le Premier ministre et son inventaire d'épicier
Mais c'est précisément la raison pour laquelle ce rapport doit nous inquiéter. Non pas que le ralentissement économique actuel soit entièrement imputable à Xi. Bien avant son arrivée au pouvoir, les déséquilibres économiques entre l'investissement, la production et la consommation avaient déjà atteint des proportions gigantesques et le jour du bilan approche. Mais le problème de Xi, c'est que ses orientations ont encore aggravé les déséquilibres et que, dans certains domaines, il s'est tout simplement tiré une balle dans le pied, comme l'a montré sa politique du « zéro covid ». Sa politique de répression disproportionnée à Hong Kong a non seulement anéanti l'opposition et les organisations syndicales, mais a aussi largement contribué à tuer la poule aux œufs d'or de l'État-parti – le marché financier de la ville a toujours été la planche à billets de Pékin, mais aujourd'hui Hong Kong c'est « fini », comme l'a annoncé Stephen Roach, ancien président de Morgan Stanley Asia, qui avait commencé à travailler dans cette ville à la fin des années 1980. Certains grands médias occidentaux ont expliqué à Pékin qu'il devrait faire ce que Wen Jiabao, son prédécesseur, avait fait en 2008 et 2009, en lançant un plan de sauvetage de 634 millions de dollars US pour stimuler l'économie stagnante ou, du moins, faire quelque chose pour renforcer la confiance des consommateurs. Même si leurs conseils sont très discutables, le cœur du problème à l'heure actuelle est que Pékin n'a aucune stratégie crédible pour faire face à l'affaissement de l'économie.
Pour mieux comprendre le problème structurel de l'économie chinoise, il nous faut sans doute revenir à l'époque de Mao et, au terme de ce voyage, nos lecteurs comprendront que, malgré toutes les ruptures entre la Chine de Mao et celle de Deng, il y a aussi une grande continuité – l'empressement à « dépasser la Grande-Bretagne et à rattraper les États-Unis » a traversé les deux époques, d'où cette stratégie de croissance fondée sur un taux d'investissement anormalement élevé qui est resté remarquablement le même. C'est tellement évident pour Li Qiang qu'il n'a pas pris la peine de développer ce point. Il lui suffisait de perpétuer la tradition du PCC. Nos lecteurs se doivent cependant de réexaminer cette question dont on ne parle pas assez, mais qui est d'une importance capitale, car cela permettra non seulement de mettre en lumière l'absurdité de la stratégie, mais aussi de mieux cerner le degré de réussite de la politique économique de Pékin.
« La production doit avoir la priorité sur le niveau de vie »
À l'époque de Mao, le programme d'industrialisation rapide du parti a été mis en œuvre par le biais de l'« économie planifiée ». Mais la tension entre le gouvernement central et les bureaucraties provinciales a toujours été l'un des principaux obstacles à une croissance moins déséquilibrée de l'économie. L'« économie à planification centralisée » était tristement connue pour son manque d'efficacité, et les gouvernements provinciaux manquaient toujours de matériel, de main-d'œuvre qualifiée ou simplement de mesures incitatives, ce qui ne tardait pas à contraindre le gouvernement central à recourir périodiquement à l'allocation de ressources et de moyens – non pas aux populations locales, mais à la bureaucratie des provinces. Ces dernières, poussées par leurs propres intérêts, ont toujours été prêtes à saisir toute occasion d'obtenir plus de pouvoir (et donc plus d'intérêts matériels), avant de réaliser que l'heure des comptes n'allait pas tarder à arriver, car la décentralisation provoquait un surinvestissement et un chaos suffisant pour convaincre le gouvernement central de reprendre le pouvoir aux provinces. Ce « cycle » de shou, si, fang et luan [2], ou répétition de la centralisation, de la décentralisation et de la recentralisation, a affecté l'économie dès le départ.
Par l'exploitation impitoyable des surplus de main-d'œuvre, le régime a permis à l'État de financer un taux d'investissement absurdement élevé entre 1958 et 1980, qui a toujours été de près de 30% (sauf au lendemain de la famine du début des années 1960). Cela s'est traduit non seulement par de nombreux gaspillages, mais aussi et surtout par une baisse du niveau de vie des gens ordinaires. Les salaires ont été gelés pendant toute la période, malgré une croissance économique annuelle moyenne de plus de 4%. En réponse aux travailleurs mécontents, la propagande du parti a mis en avant le slogan « la production doit avoir la priorité sur les conditions de vie du peuple » [3].
Les quatre décennies de « réforme et d'ouverture » ont été une période où le capitalisme d'État (en partenariat avec le secteur privé) allait remplacer « l'économie planifiée », mais le taux d'investissement absurdement élevé promu par l'État s'est perpétué jusqu'à aujourd'hui. Aujourd'hui, il est même beaucoup plus élevé, dépassant les 30% et se maintenant à plus de 40% au cours des 20 dernières années, au prix d'une chute brutale de la part relative de la consommation des ménages dans le PIB, qui est passée de plus de 50% au début des années 1980 à moins de 35% en 2010. Même si elle a commencé à augmenter depuis lors, elle n'a jamais atteint 40% au cours des dernières années. La raison principale de cette baisse de la consommation des ménages est la diminution de la part des revenus du travail dans le revenu national.
Deux universitaires chinois ont mis en garde contre cette situation il y a déjà quelques années dans un article dont voici un extrait :
« Le taux d'investissement de la Chine est supérieur de 30% à la moyenne mondiale, tandis que son taux de consommation est inférieur de 30% à la moyenne mondiale … et il en a résulté des capacités de production en excédent qui deviennent de plus en plus sérieuses. »
Exporter les excédents de capacité
Pékin n'avait pas l'intention d'abandonner son obsession productiviste tant qu'elle pouvait continuer à exporter ses capacités excédentaires. L'annonce récente selon laquelle, les ventes de voitures électriques BYD ayant dépassé celles de Telsla, les États-Unis et l'Europe envisagent désormais des mesures de rétorsion, n'est qu'un exemple parmi d'autres de la manière dont l'atelier du monde, qui exporte ses problèmes dans le monde entier, suscite de plus en plus de ressentiment et de mesures de rétorsion de la part des autres pays.
En ce qui concerne le marché intérieur, le PCC n'a pas tenu compte de la contrainte que représente le niveau relativement faible du revenu disponible des ménages parmi la population active, et a continué à encourager les gens à acheter leurs propres maisons, puis leurs résidences secondaires, tout en permettant aux gouvernements locaux d'accumuler des dettes dans le seul but de promouvoir le marché immobilier et leurs projets d'urbanisation. Maintenant, le jour du bilan est arrivé, et le cycle d'expansion a tourné à la débâcle. Xi est bien intervenu pour faire face à la méga-bulle à la fin de 2020 (la politique des trois lignes rouges), mais il était trop tard.
Il a assisté à la croissance rapide de la bulle depuis son arrivée au pouvoir en 2012, mais pendant dix ans, il n'a rien fait de substantiel pour refroidir la spéculation folle, sans même parler de rectifier le tir par rapport aux problèmes structurels que pose le productivisme. « Accumuler, accumuler ! C'est Moïse et les prophètes ! ». Mais le capitalisme victorien de libre marché tel que Marx le décrivait faisait pâle figure face au capitalisme d'État chinois d'aujourd'hui. La vérité dérangeante est cependant qu'il y a toujours une limite à tout, notamment pour ce qui est de la pulsion d'accumulation et de la pulsion d'abus de pouvoir. Dans le cas de la Chine, nous sommes aujourd'hui en grande difficulté parce que ces deux pulsions sont enchevêtrées, comme nous l'a révélé le Congrès national du peuple en cours.
Que faire si le pilote n'a jamais piloté d'avion ?
Cette session du Congrès était très différente des précédentes, car il a été mis fin à la tradition qui voulait que le Premier ministre tienne une conférence de presse à la fin de la session, comme cela avait été le cas chaque année depuis 1993. Cela avait toujours été un moment très important pour permettre aux observateurs extérieurs d'avoir un aperçu de l'équilibre des pouvoirs entre les différentes factions au sommet de l'État. Donner la vedette au Premier ministre est un héritage politique de Deng Xiaoping : « Nous ne permettrons jamais que l'emprise du parti sur le gouvernement se relâche, pas même d'un seul millimètre, mais nous ne permettrons pas non plus le retour à l'autocratie de l'époque de Mao ». Cependant, c'est précisément ce que Xi fait en ce moment, à savoir non seulement en revenir à l'autocratie, mais aussi faire de son abus de pouvoir la nouvelle normalité. Il ne se contente pas de concentrer toutes les instances de pouvoir entre ses mains, il continue également à se placer à la tête d'une douzaine de groupes de travail de haut niveau pour acquérir encore plus de pouvoir. En pleine crise du crédit, Xi a créé en octobre dernier une nouvelle organisation, la Commission financière centrale, en apparence sous les auspices du Comité central du PPC. Bien que le chef de la CFC soit Li Qiang, la présente session du Congrès du peuple a déjà montré clairement qui est le véritable patron de cette CFC. L'intention de Xi semble être d'affaiblir davantage les institutions financières de l'État, telles que les différentes instances de régulation.
Le problème, cependant, est de savoir si Xi sait quoi que ce soit du fonctionnement du capitalisme ou de son marché financier. En janvier dernier, nous avons vu les régulateurs du marché, dans la hâte de prévenir une chute brutale, ordonner aux investisseurs institutionnels de ne pas procéder à des ventes nettes d'actions certains jours. Cela revient à fermer le couvercle d'une marmite en ébullition pour l'empêcher de déborder. Cette mesure ne fait qu'éroder davantage la confiance du marché. Pour être honnête, Li Qiang a annoncé qu'il allait émettre des obligations d'État d'une valeur de mille milliards de RMB (ou 139 milliards de dollars US) afin de lever des fonds pour soutenir une économie en manque de liquidités. Ce montant est minuscule par rapport au risque de défaillance des gouvernements locaux, qui ont une dette de 94 000 milliards de RMB, dont 3 200 milliards arriveront à échéance à la fin de l'année (source). Sans oublier que les promoteurs immobiliers ont également besoin de 2 000 milliards de dollars américains rien que pour liquider leurs stocks(source).
Le professeur Li a quelque chose à vous dire
Ou Xi a-t-il un plan plus radical en tête ? La seule chose dont nous pouvons être sûrs, c'est que Xi dispose de nombreux leviers pour résoudre la crise émergente. En cas de nouvelles désagréables sur les marchés, il peut tout simplement les faire disparaître en fumée. Après la publication en mai dernier de statistiques montrant que le taux de chômage des jeunes dépassait les 20%, le gouvernement a tout simplement cessé de publier ces chiffres. Très vite, d'autres statistiques sont venues s'ajouter à la liste des informations censurées : baisse du taux de natalité, chute de la confiance des consommateurs et des marchés financiers, etc. Notre dirigeant avait résolu tous ces problèmes en les balayant simplement sous le tapis.
Le Congrès du peuple a donc fait un excellent travail, une fois de plus, en rappelant à la population qu'avec Xi Jinping à sa tête, personne ne devrait s'inquiéter de quoi que ce soit – il est tellement doué pour éliminer les problèmes en éliminant ceux qui les ont signalés, comme le dit le proverbe chinois. Les lecteurs étrangers se rendent rarement compte du fait que, tout au long des sessions du congrès, des pétitionnaires tentent d'adresser au gouvernement toutes sortes de doléances, parce que leur apparition en public n'est pas autorisée. Les « délégués du peuple » présents dans la grande salle se moquent éperdument de ces pétitionnaires. Il en va de même pour les médias officiels. Parfois, la détresse de ces pétitionnaires est rapportée par un compte privé sur les médias sociaux. Le commentaire suivant sur ce message à propos des pétitionnaires mérite d'être cité :
« Qu'ils ont de la chance d'avoir pu quitter leur province et se rendre à Pékin ! ». (Note de l'auteur : il est courant que les autorités locales empêchent, par la force, les pétitionnaires de se rendre à Pékin pour adresser une pétition au gouvernement central).
« La conséquence désastreuse du lavage de cerveau est que les pétitionnaires ne savent pas que l'Administration nationale des plaintes et des propositions publiques (vers laquelle les pétitionnaires se tournent) n'est pas autre chose que la collaboratrice de ceux qui leur ont causé des torts ».
« Il n'y a pas d'autre solution que de renverser le Parti communiste ».
Les gens sont privés du droit d'être entendus, tout au plus peuvent-ils exprimer leur mécontentement en privé par l'intermédiaire des médias sociaux, mais même cette possibilité est régulièrement supprimée.
Aujourd'hui, c'est le très connu « Professeur Li » qui « est devenu un organe d'information à lui tout seul et une source essentielle d'informations sur les manifestations en Chine tant pour les personnes qui se trouvent à l'intérieur que pour celles qui se trouvent à l'extérieur du grand pare-feu informatique », comme l'a rapportéThe Nation. Le professeur Li est un immigré chinois de 32 ans qui vit en Italie, mais il a suffisamment de contacts chinois pour publier toutes sortes d'informations sur son compte Twitter. Il est devenu célèbre lors du mouvement du Livre blanc à la fin de l'année 2022. Selon des informations récentes, les autorités ont décidé de s'en prendre à lui en harcelant ses abonnés en ligne, dont le nombre s'élève à un million. Les lecteurs étrangers qui souhaitent écouter les voix d'en bas sont invités à suivre « Teacher Li » – mais si vous le faites, surveillez vos arrières.
Au Loong-yu
Traduction de Pierre Vandevorde pour ESSF avec l'aide de DeepL pro.
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article70188
[1] Ne pas confondre Li Qiang avec le précédent Premier ministre Li Keqiang, qui a été mis de côté sans cérémonie en mars 2023.
[2] “一收(權)就死,一死就放(權),一放就亂,一亂就收(權)“
[3] “先生產,後生活“
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Des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Jérusalem pour dénoncer l’“échec de Nétanyahou”

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche 31 mars contre le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, rapporte la presse internationale. Un mouvement inédit depuis les attaques du 7 octobre, qui fragilise un peu plus la coalition ultra-conservatrice du Premier ministre israélien.
Tiré de Courrier international. Légende de la photo : À Jérusalem, le 31 mars 2024. Les manifestants qui protestent contre le gouvernement de Benyamin Netanyahou, ont prévu de rester quatre jours dans la ville sainte. Ils réclament des élections anticipées. Photo Ronen Zvulun/Reuters.
La guerre entre Israël et le Hamas continue, mais l'unité nationale israélienne semble se craqueler. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont marché dans la soirée du 31 mars à Jérusalem contre la coalition menée par Benyamin Nétanyahou.
“Il s'agit de la plus grosse manifestation depuis le 7 octobre, lorsque la guerre [contre le Hamas] a mis fin à plusieurs mois de protestations contre le gouvernement israélien et contre ses efforts pour réformer le système judiciaire”, précise The Times of Israel. Les protestataires entendent occuper la ville sainte pendant quatre jours.
“Nous avons besoin d'élections anticipées, explique l'un d'entre eux dans les pages du journal israélien. Le gouvernement n'a plus le soutien du peuple.” Un autre participant ajoute :
- “Ce pays, autrefois si prospère, est maintenant dirigé par ce politicien et ses hommes de main, ce n'est pas croyable… ”
Les manifestants demandent aussi la conclusion d'un accord avec le Hamas pour obtenir la libération des otages israéliens toujours détenus à Gaza. “La lenteur des négociations, les nombreux retards engendrés par les décisions de Nétanyahou et, surtout, son manque constant d'empathie à l'égard des souffrances des otages ont fini par avoir raison des espoirs de nombreuses familles d'otages”, analyse Ha'Aretz. Einav Zangauker, la mère de l'un de l'un d'entre eux, a notamment accusé le dirigeant israélien d'être un “obstacle” à la libération de son fils.
Convergence des luttes
Des critiques auxquelles Benyamin Nétanyahou a répondu dimanche soir. D'après The Times of Israel, il a assuré “comprendre le désespoir des familles et leur besoin de tout faire pour faire revenir leurs proches”, mais estimé que des élections anticipées iraient à l'encontre d'un tel objectif et donnerait l'avantage au Hamas. “En tant que Premier ministre israélien, je fais et ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour ramener nos compatriotes au bercail”, a-t-il déclaré. Ses partisans ont quant à eux dénoncé des manifestations qui fragilisent Israël à un moment critique.
Pour le correspondant à Jérusalem du Financial Times, les négociations avec le Hamas ne sont pourtant pas les seules épines au pied du gouvernement. Dimanche, un autre groupe de manifestants s'est rendu dans le quartier ultraorthodoxe de Mea She'arim pour demander la fin de la très controversée exemption militaire des hommes ultraorthodoxes, en vigueur depuis la création de l'État hébreu, en 1948. “Des agents de police sont intervenus pour séparer les manifestants de résidents ultraorthodoxes, mais les organisateurs de la manifestation ont accusé ces derniers de leur avoir jeté des œufs.”
Les divisions politiques occultées par la guerre contre le Hamas refont surface dans l'État hébreu. The Jerusalem Post note que c'est la première fois que des familles d'otages appellent clairement à des élections anticipées. “Jusqu'à présent, il y avait deux mouvements différents : ceux qui demandaient la libération des otages et s'attiraient ainsi la sympathie de presque tout le pays, et ceux qui demandaient de nouvelles élections, des militants politiques avec un objectif clair et un soutien populaire moins large, bien que conséquent, explique le titre conservateur. Ils se sont rassemblés en un seul mouvement.”
Isolé sur la scène internationale
Dans un article d'opinion, Ha'Aretz rappelle quant à lui que ces protestations interviennent alors que l'État hébreu est de plus en plus isolé sur la scène internationale. Même les États-Unis, “le pays qui a été à nos côtés depuis le début de la guerre”, n'ont pas mis leur véto lors du vote d'une résolution de l'ONU appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Une preuve, s'il en faut, que “Nétanyahou a échoué” et qu'il faut “retourner dans la rue” pour protester contre sa politique.
Un nouveau cycle de négociations doit reprendre à Doha, au Qatar, entre Israël et le Hamas. Mais en ce début de semaine, le gouvernement israélien a aussi approuvé une nouvelle offensive sur la ville de Rafah, au sud de l'enclave de Gaza, affirme la correspondante en Israël du Times. Nétanyahou “a assuré que rien n'empêcherait l'armée israélienne d'entrer dans la ville, où se trouvent 1,5 million de déplacés, ajoutant qu'il ne céderait ‘ni aux pressions américaines, ni à aucune pression'.”
De son côté, le Hamas s'est pour la première fois excusé dimanche auprès des Gazaouis pour les difficultés causées par la guerre sur sa chaîne Telegram, sans pour autant abandonner son ambition de poursuivre la guerre.
Marie Daoudal
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Ces privilèges indus des ultraorthodoxes qui sapent Israël

L'État hébreu accorde de nombreux avantages à la communauté haredi, comme l'exemption du service militaire, de plus en plus contestée et qui pourrait partiellement prendre fin lundi 1er avril. Paradoxalement, cette rupture d'égalité institutionnalisée a jusqu'ici perduré par crainte de mettre à mal la sacro-sainte unité du pays, écrivent deux chercheuses dans le quotidien israélien “Ha'Aretz”.
Tiré de Courrier international.
La notion de contrat social est au cœur de la démocratie moderne. Elle exprime les quelques idées fondamentales suivantes : l'être humain seul est faible et sans défense ; c'est en se regroupant qu'il peut acquérir plus de force pour lutter contre les menaces.
Avec le temps, les hommes ont fini par inventer l'État, qui est devenu le représentant de l'ensemble des intérêts des individus nécessaire à leur survie. L'État ne leur apporte pas seulement la sécurité, il est aussi le garant de leur liberté contre l'oppression extérieure et assure le respect de l'intérêt commun.
En contrepartie de la sécurité, de la liberté et de la jouissance de biens publics, les citoyens acceptent d'assumer des obligations qui serviront ce même intérêt commun. C'est ainsi qu'ils concluent un “contrat” avec les autres citoyens et avec l'État.
On considérerait comme féodal un État dans lequel seul un pan de la population paierait des impôts et remplirait ses devoirs (l'obligation de faire un service militaire), tandis que l'autre jouirait du privilège de pouvoir se détendre et vivre en toute sécurité. Et pourtant, c'est exactement le type de régime ubuesque sous lequel vivent actuellement les citoyens de l'État d'Israël.
Une communauté privilégiée
Selon les données fournies par le Bureau central des statistiques, un ménage juif non ultraorthodoxe paie neuf fois plus d'impôts sur le revenu par membre du foyer fiscal qu'un ménage ultraorthodoxe, lequel perçoit par ailleurs une aide financière de l'État 52 % plus élevée que celle attribuée à un ménage non ultraorthodoxe.
En outre, les écoles ultraorthodoxes privées (“reconnues, mais non officielles”) bénéficient de meilleures subventions que les autres établissements d'enseignement de statut équivalent : elles reçoivent plus de 15 000 shekels (environ 3 780 euros) par élève et par an, contre 11 000 shekels pour les écoles laïques et 8 000 pour le secteur arabe.
Il convient naturellement de mentionner aussi l'ahurissante exemption de service militaire. Selon les chiffres publiés par les forces de défense israéliennes pour l'année 2022, environ 69 % des hommes juifs de la tranche d'âge concernée étaient sous les drapeaux.
Sur les 31 % exemptés de service militaire, plus de la moitié étaient des étudiants ultraorthodoxes de yeshiva [centres d'étude de la Torah et du Talmud]. Toujours selon ces données, environ seulement 10 % des hommes ultraorthodoxes effectuent leur service militaire ; le plus souvent, il s'agit de personnes éloignées de la religion.
Une telle situation a des conséquences évidentes : les ultraorthodoxes ne connaissent pas les difficultés et les risques du service militaire et de la guerre. [Le sujet fait depuis plusieurs semaines l'objet de tiraillements au sein du gouvernement israélien, qui n'a pas réussi à trouver un accord. La Cour suprême s'est donc saisie de la question en imposant une fin de facto de l'exemption militaire pour une partie des haredim, qui doit être effective lundi 1er avril].
Ils n'ont jamais eu à vivre des deuils douloureux et ne savent pas ce que c'est que de vivre dans l'angoisse permanente de voir un proche mourir ou être mutilé à la guerre.
Sans parler du fait que les citoyens israéliens ordinaires doivent mettre entre parenthèses leur carrière et leur vie de famille pendant les trois années de service obligatoire ; après quoi, ils doivent se débrouiller pendant quarante-cinq à cinquante ans en moyenne pour gagner leur vie, en composant tant bien que mal avec les perturbations dans leur vie personnelle et les pertes financières qui vont avec le statut de réserviste. Tous ces éléments sont des caractéristiques ordinaires de la vie des non-orthodoxes.
Injustice structurelle
On observe donc trois formes d'injustice, qui se superposent et sont toutes plus scandaleuses les unes que les autres. La première, la plus évidente, c'est que les ultraorthodoxes se la coulent douce, sans avoir à se préoccuper de leur sécurité, aux dépens des citoyens qui travaillent dur tout en se battant pour assurer la défense du pays. La deuxième, c'est que les ultraorthodoxes ont droit à une plus grande part du gâteau qu'ont préparé péniblement les autres. La troisième injustice, enfin, c'est qu'ils jouissent tranquillement, grâce à ce gâteau qu'ils n'ont pas fait eux-mêmes, d'un grand bien-être émotionnel dans des conditions de sécurité parfaite.
Or, cette situation d'asymétrie et d'injustice est sur le point de s'aggraver. En effet, si le projet de loi actuellement devant la Knesset est adopté, les futures recrues auront à faire un service militaire plus long, et leur période de réserviste sera également prolongée de plusieurs années. D'autre part, l'accroissement des effectifs militaires devrait se traduire par une augmentation des impôts, et l'on sait bien qui va devoir supporter cette nouvelle charge…
Certes, il existe des inégalités dans toutes les sociétés, car elles découlent, qu'on le veuille ou non, des structures économiques. Mais en Israël, elles proviennent de décisions délibérées issues d'accords de coalitions politiques. Elles sont inscrites dans le système social lui-même. Israël est le seul pays au monde où les privilèges d'un groupe et les inégalités sont déclarés et inscrits dans la loi comme partie intégrante d'un contrat social indécent.
Par ailleurs, il est à noter qu'en Israël, ces inégalités sont fondées sur la naissance. Dernier point : alors que dans la plupart des sociétés en butte à de graves inégalités, l'État tente de les combattre et de rectifier le tir, en Israël, l'injustice est non seulement imposée par l'État à ses citoyens, mais elle s'accroît au fil du temps, en raison de la croissance démographique de la population ultraorthodoxe.
Quel est le rôle de l'État ?
L'accroissement des inégalités s'explique également par l'augmentation du poids politique des partis ultraorthodoxes. De ce fait, ceux-ci peuvent mieux négocier des avantages pour leur propre camp et s'exonérer des charges croissantes qui pèsent sur les autres citoyens israéliens (ils ne sont notamment pas concernés par les réductions budgétaires imposées par les amendements proposés au budget 2024).
Le cas des ultraorthodoxes en Israël n'a pas d'équivalent dans le monde. L'exemple sans doute le plus choquant de la partialité de ce contrat social est le projet de loi visant à inscrire l'étude de la Torah dans une loi fondamentale. Proposé par les membres ultraorthodoxes de la Knesset en juillet 2023, le projet de loi met l'étude du Talmud sur le même plan que le service militaire, en décidant que “ceux qui auront consacré une longue période de leur vie à l'apprentissage de la Torah” pourraient être considérés comme ayant rendu un “service conséquent” à l'État d'Israël “dans le cadre de leurs droits et devoirs”.
La distorsion des relations entre les ultraorthodoxes, les autres citoyens d'Israël et l'État a des effets encore plus profonds : elle porte atteinte au contrat social israélien dans son ensemble. En effet, dès lors qu'un groupe établit une relation unilatérale avec l'État qui lui sert à promouvoir ses petits intérêts sectoriels, d'autres groupes, comme celui des colons, peuvent se sentir en droit de demander à bénéficier d'un régime préférentiel. L'État est réduit au rang de simple réservoir de ressources que différents groupes tentent de s'approprier.
C'est parce que l'État sert de plus en plus les intérêts des ultraorthodoxes et de leurs alliés, les colons, qu'il a lamentablement laissé tomber les plus de 100 000 personnes qui ont été évacuées du nord du pays dans des conditions traumatisantes, en réaction directe aux massacres et aux attaques.
Comme nous l'avons vu le 7 octobre, l'État n'a pas été en mesure de garantir une sécurité minimale ; il n'a pas pu offrir un soutien immédiat et correct, à la fois sur le plan moral et matériel, aux agriculteurs ou aux entreprises, et il a fallu faire appel au bénévolat pour combler ses lacunes. Plus étonnant encore, ceux qui travaillent, servent dans l'armée et meurent au combat sont précisément ceux qui ont envoyé des vêtements, cueilli des fruits et des légumes dans des champs déserts, informé les familles désemparées du sort de leurs proches et apporté du réconfort aux personnes en deuil.
Si l'État a brillé par son absence, c'est tout simplement parce qu'il n'est plus à leur service. Le contrat n'existe que dans un sens : les citoyens non orthodoxes sont au service de l'État, lequel est au service des ultraorthodoxes. N'importe quel autre peuple aurait depuis longtemps fomenté une insurrection contre un tel ordre social qui défie toute rationalité et menace l'avenir de l'État. Pourquoi cela n'a-t-il pas été le cas ?
Le piège de l'unité nationale
Dans la célèbre parabole du jugement de Salomon, la véritable mère de l'enfant dont une autre lui dispute la maternité préfère renoncer à sa revendication plutôt que de voir souffrir son enfant. Le fait qu'elle soit prête à se séparer de ce qui fait sa plus grande joie pour le bien du bébé met en évidence ses liens de filiation avec lui. À l'image de cette mère, le camp démocratique est prêt à tout perdre pour garder entier le bébé qu'il nomme “l'unité de la population”.
Selon la Guemara [un commentaire de la Mishna, le premier recueil de la loi juive], le Second Temple a été détruit à cause de la sinat hinam (la “haine gratuite”). On voit donc que l'idée qu'une division au sein du peuple juif peut avoir des répercussions graves, voire catastrophiques, est profondément ancrée dans la pensée juive et, depuis le 7 octobre, la notion de sinat hinam ne cesse d'être évoquée.
Pour cette raison, ceux qui se sentent responsables de l'État hésitent à provoquer des divisions au sein de la population. Mais il s'agit là d'une position à la fois erronée et dangereuse, car le pays est dirigé par des personnes qui ont prouvé, à maintes reprises, qu'elles ne se soucient pas du bien commun ni d'un avenir durable pour Israël.
De plus, la population est déjà profondément divisée entre ceux qui veulent détruire la démocratie et ceux qui veulent la préserver, entre ceux qui veulent construire une théocratie et ceux qui veulent asseoir la légitimité internationale d'Israël. Le bébé a déjà été coupé en deux, et le sage dirigeant a été remplacé depuis longtemps par de détestables hommes politiques uniquement soucieux de leurs propres intérêts.
En temps normal, nous devrions tous tendre vers l'unité et la fraternité. Mais dans le contexte israélien, ce serait une grave erreur, car ces appels à l'unité sont exploités sans vergogne par ceux qui ont semé la discorde et la haine au sein de la population, à commencer par le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou.
Le 7 octobre a révélé et mis à nu tout le délabrement des infrastructures de l'État, qui menace la nation même. C'est pourquoi, le véritable peuple d'Israël – celui sans lequel l'État ne pourrait exister – doit reprendre possession de son pays. Il doit retrouver sa souveraineté en tant que peuple israélien et réécrire un contrat social juste. Il n'y a pas, tout simplement, d'autre moyen de sauver Israël !
Les autrices
Eva Illouz est une sociologue et universitaire franco-israélienne, autrice d'une vingtaine d'ouvrages à succès explorant les liens entre les émotions intimes et les systèmes politiques. Mais depuis le 7 octobre, cette opposante au Premier ministre Benyamin Nétanyahou est très régulièrement interrogée sur la guerre qui fait rage entre Israël et le Hamas.
Tamar Hostovsky Brandes est une juriste israélienne, notamment spécialiste en droit constitutionnel, et maître de conférences à l'Ono Academic College et chercheuse associée au centre de recherches de l'Institute for Israeli Thought, tous deux situés à Tel-Aviv.
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L’autorité palestinienne dénonce le plan israélien d’une zone tampon : Gaza risque de perdre 16% de son territoire

L'occupant sioniste est en train de mettre en place un plan machiavélique d'une annexion partielle qui ne dit pas son nom. « Israël perpétue son occupation militaire de la bande de Ghaza en délimitant la soi-disant zone tampon qui dévore une grande partie de la bande et la démembre », a dénoncé hier le département des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne.
Tiré d'El Watan.
Au nom de la préservation de sa sécurité, l'Etat hébreu a mis en œuvre un plan consistant à créer une zone tampon dans la bande de Ghaza assortie de l'annexion de larges pans d'un territoire déjà étriqué et d'un morcellement poussé de l'enclave assiégée.
Selon plusieurs médias dont le journal israélien Haaretz, l'opération que mène l'armée israélienne pour établir cette zone tampon va conduire à l'amputation de 16% du territoire de la bande de Ghaza.
Un plan qu'a dénoncé vigoureusement le département des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne hier à travers un communiqué relayé par l'agence Wafa. « Israël perpétue son occupation militaire de la bande de Ghaza en délimitant la soi-disant zone tampon qui dévore une grande partie de la bande et la démembre en érigeant des constructions transversales et des routes longitudinales », a fustigé hier le ministère palestinien des Affaires étrangères.
En exécutant ce plan, Israël a « transformé le territoire en zones isolées », comme le montre « la séparation du nord de la bande de Ghaza de son centre et de son sud », et « l'encerclement et l'isolement de Rafah », constate la même autorité.
On assiste en outre à une « fermeture complète de toutes les frontières de la bande de Ghaza » et à la « poursuite de sa destruction zone après zone, la transformant en un lieu impropre à la vie humaine » relève le département palestinien des Affaires étrangères avec effroi.
Contrôle militaire de Ghaza
Alors que l'armée israélienne s'est formellement retirée de la bande de Ghaza en 2005, le ministère palestinien des Affaires étrangères et des Expatriés considère qu'Israël vise en réalité à « consolider son contrôle militaire et sécuritaire sur la bande de Ghaza en la séparant complètement de la Cisjordanie occupée, sapant ainsi les efforts internationaux déployés pour unifier la géographie de l'Etat de Palestine sous une légitimité palestinienne reconnue ».
Le communiqué prévient que « tout arrangement qui ne s'appuie pas sur une pleine coordination avec les dirigeants palestiniens, et qui n'est pas pensé dans le cadre d'une solution politique claire garantissant l'incarnation de l'Etat palestinien sur les frontières du 4 juin 1967 soutenue par une résolution contraignante du Conseil de sécurité de l'ONU, est une perte de temps et prolonge le conflit et le cycle des guerres et des violences ».
Le département palestinien des AE préconise de « traduire rapidement le consensus international sur la solution à deux Etats en mesures pratiques pour résoudre le conflit conformément aux dispositions de la légitimité internationale ».
Jeudi dernier, le journal israélien Haaretz rapportait : « Israël poursuit actuellement un projet massif dans la bande de Ghaza : l'établissement d'une zone tampon adjacente à la barrière frontalière. La zone prévue aura une largeur d'environ un kilomètre et, une fois achevée, englobera environ 16% de la superficie de la bande de Ghaza ».
Le journal ajoute que le plan en question prévoit également un « couloir de contrôle est-ouest pour surveiller les Palestiniens se déplaçant vers le Nord ». Dans son édition en ligne du 4 février 2024, le magazine Géo titrait : « Israël a-t-il déjà commencé, à coups de bulldozers, l'annexion d'une partie de Ghaza ? » Le magazine évoquait dans cet article une « zone tampon mordant sur de nombreuses terres palestiniennes ».
Citant une enquête du journal britannique The Telegraph, le magazine note : « Cette zone de sécurité encerclerait la bande et serait d'un kilomètre de largeur. 1072 bâtiments dans son périmètre ont été détruits, selon le Telegraph, sur les 2824 en place (…). Selon Israël, ces constructions ont été démolies pour des raisons de sécurité, entraînant la disparition de maisons, champs, écoles ou encore mosquées ».
Des vergers entiers détruits par les bulldozers
Dans son édition du 2 février 2024, The Telegraph publiait, en effet, une enquête fouillée sous le titre : « La nouvelle frontière israélienne avec Ghaza ». Une équipe du quotidien britannique a mené des investigations sur une base cartographique, à partir d'images satellite, sur la transformation du territoire de Ghaza depuis l'invasion israélienne le 27 octobre 2023. « Les images satellite analysées par The Telegraph montrent plus de 1000 bâtiments détruits autour du périmètre terrestre de Ghaza », révèle le journal.
Et de préciser : « Le Telegraph a été témoin direct des destructions généralisées lors d'un récent voyage à travers la prétendue zone tampon. Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont déclaré qu'elles faisaient exploser des bâtiments en montrant des preuves d'infiltration du Hamas.
Une analyse plus approfondie utilisant des images satellite prises le long de la frontière a révélé des centaines de maisons rasées, des champs et des vergers détruits, des services publics explosés et des écoles et des mosquées rasées. »
Le journal poursuit : « La zone autour de la ville de Beit Hanoun était autrefois célèbre pour ses vergers et son agriculture, avec ses plantations d'agrumes, ses arbres fruitiers et ses cultures de figues de Barbarie. Mais une grande partie de ces vergers a été détruite par les bulldozers de Tsahal envoyés pour tracer de nouvelles routes et ouvrir la voie aux véhicules militaires utilisés lors de l'invasion terrestre.
Les arbres fruitiers, les champs et les serres semblent avoir été enfouis dans le sol (…). Presque toute trace de verdure a disparu. La limite nord-est de Beit Hanoun montre environ 150 bâtiments proches de la ‘‘zone tampon'' complètement détruits, tandis que les maisons autour de la zone sont parsemées de dégâts causés par l'invasion. »
Le journal en ligne The Times of Israël a publié de son côté, le 25 mars dernier, un long papier sur le même sujet. « D'une zone tampon à des drones d'attaque en passant par des troupes supplémentaires, l'armée prévoit d'assurer la sécurité d'Israël en adoptant une approche de tolérance zéro », résume l'article en exergue.
« Le processus consistera pour Tsahal à passer de mesures défensives plus passives à l'adoption d'une doctrine de sécurité qui verra les habitants de Ghaza repoussés loin de la frontière et une force renforcée le long de la clôture activement engagée dans le maintien de la sécurité des villes israéliennes en renforçant la capacité de dissuasion », explique le site israélien.
Et de faire remarquer que « les responsables prennent soin d'utiliser le terme ‘‘zone tampon'' et non ‘‘zone de sécurité'', de peur qu'il ne rappelle la zone de sécurité du Sud-Liban maintenue par l'armée israélienne de 1985 à 2000 et considérée internationalement comme une ‘‘occupation militaire'' ».
Violences géographiques
The Times of Israël précise que « la décision de créer une zone tampon a été prise au début de la guerre, après que les massacres du 7 octobre ont amené Tsahal à conclure qu'un dispositif d'alerte précoce reposant sur le renseignement et la surveillance était insuffisant pour protéger les villes israéliennes proches de la frontière de Ghaza ».
Le site d'information indique par ailleurs : « Outre la destruction de dizaines de kilomètres de tunnels, la création de la zone tampon implique de déblayer toute végétation, y compris les champs agricoles, et de raser les maisons et autres bâtiments. » L'auteur de l'article s'est déplacé dans une localité frontalière, en l'occurrence le village palestinien de Khuzaa.
Il établit ce constat : « La destruction est évidente à Khuzaa, dont l'extrémité orientale longe pratiquement la frontière. Les maisons qui se trouvaient à quelques centaines de mètres de la clôture avant la guerre sont aujourd'hui réduites à l'état de ruines. »
Le média israélien précise que l'Etat hébreu s'est même préparé à mener une bataille juridique pour aménager cette zone tampon en violation du droit international. « L'armée travaille toujours sur le plan administratif de la zone tampon : son aspect, les capacités qu'elle comprendra, les règles d'ouverture du feu sur ceux qui y pénètrent et la possibilité d'une démarcation visible de l'endroit où elle commence.
Ce travail est effectué en collaboration avec la division juridique de Tsahal, qui pourrait un jour avoir à défendre la décision d'exproprier une parcelle de terre de la bande de Ghaza », affirme l'auteur du papier.
Plusieurs pays avaient mis en garde Israël contre toute velléité d'altération géographique de la bande de Ghaza. Même l'administration américaine s'est opposée à la création de cette zone tampon.
Le 24 janvier dernier, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison-Blanche, John Kirby, avait clairement fait savoir dans une conférence de presse : « Notre point de vue sur cette question n'a pas changé. Nous ne voulons pas voir le territoire de Ghaza réduit d'aucune façon, et nous ne soutenons pas cela. »
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Benyamin Nétanyahou, le pire ennemi d’Israël ?

Chaque semaine, “Courrier international” explique ses choix éditoriaux et les débats qu'ils suscitent au sein de la rédaction. Dans ce numéro, nous revenons sur les lourdes conséquences du jusqu'au-boutisme du Premier ministre israélien. Pour la presse étrangère, Nétanyahou est en train de faire de son pays un état paria, isolé du reste du monde et mis en cause par la justice internationale. Face à la catastrophe humanitaire à Gaza, les opinions se sont retournées et les alliés traditionnels d'Israël, dont les Américains, prennent leurs distances. Décryptages.
Tiré de Courrier international.
“Benyamin Nétanyahou est devenu un fardeau pour Israël. Il l'expose à des risques stratégiques qui pourraient lui coûter très cher” : voilà ce qu'écrit Ha'Aretz dans son éditorial daté du mardi 26 mars, jour de notre bouclage. Trop tard pour que l'article soit intégré à notre dossier, mais le ton est donné. Pour le grand quotidien de gauche israélien, le Premier ministre “mène Israël à sa perte” et nuit délibérément aux citoyens israéliens. Il doit donc démissionner.
La veille, et pour la première fois, le Conseil de sécurité des Nations unies avait adopté un texte appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, et ce grâce à la position des Américains, qui n'y ont pas mis leur veto. Une autre première, et non des moindres au vu du soutien jusque-là indéfectible à l'État hébreu affiché par l'administration Biden. Mais le vent tourne.
Mi-mars déjà, le chef de file de la majorité au Sénat américain, Chuck Schumer, avait sonné la charge et “accusé Nétanyahou de faire passer sa survie politique avant l'intérêt supérieur de son pays”, rappelle David Hearst dans Middle East Eye. Chuck Schumer est le plus haut responsable juif aux États-Unis, explique le journaliste, et sa voix compte particulièrement. “Israël ne peut pas survivre s'il devient un paria”, avait encore asséné le démocrate. Il n'est pas le seul à employer la formule.
Près de six mois après les attaques terroristes du Hamas, le 7 octobre, le jusqu'au-boutisme de Benyamin Nétanyahou, au prétexte de vouloir éradiquer à n'importe quel prix le Hamas, a fini par retourner l'opinion mondiale contre son pays. Un aveuglement qui pourrait menacer à terme la sécurité même d'Israël, constate la presse étrangère. Dans ces conditions, et alors que les négociations pour un cessez-le-feu piétinent, il nous paraissait plus qu'urgent de monter ce dossier.
Alors que la guerre aveugle menée par Israël a déjà fait plus de de 32 000 morts, dont 13 600 enfants, selon l'Unicef – “la bande de Gaza est aujourd'hui l'endroit le plus dangereux du monde pour un enfant”, dénonçait récemment l'organisation –, plus de 1 million de personnes sont menacées de famine à court terme dans la bande de Gaza. “Dans le nord de Gaza, il n'y a pratiquement aucune nourriture disponible. Les gens ont recours à la nourriture pour animaux, aux graines pour oiseaux pour rester en vie. Certains n'ont plus que de l'herbe à manger”, écrivait récemment le responsable d'une organisation caritative dans The Guardian.
Des bilans désormais insupportables aux yeux d'une très large partie du monde. Plus rien ne peut excuser ce qui se passe à Gaza ni l'acharnement de Nétanyahou. “La perte du soutien de l'opinion publique en Occident, les accusations de génocide portées devant la Cour internationale de justice, l'érosion du consensus au sein du peuple juif et la nervosité des partenaires financiers de l'État hébreu sont autant d'éléments qui laissent présager une défaite stratégique pour Israël”, avance Middle east eye.
Dans Ha'Aretz encore, le journaliste Alon Pinkas explique pourquoi cette guerre en fait est un aller simple vers l'“isolement d'Israël”. Dans The Jerusalem Post, Douglas Bloomfield se demande, lui, si Gaza n'est pas “le Vietnam d'Israël”. Le 12 mars, l'organisation Commanders for Israel's Security, qui rassemble plus de 500 anciens responsables sécuritaires israéliens, s'est fendu d'une lettre encore plus explicite, relayée par The Times of Israel, accusant Nétanyahou et ses alliés extrémistes de saper la sécurité de l'État hébreu.
Aujourd'hui, c'est une autre menace qui pèse sur Nétanyahou : le débat autour du statut particulier des ultraorthodoxes dans la société israélienne, explique quant à lui Yair Rosenberg dans The Atlantic. Les haredim sont en effet exemptés du service militaire depuis 1948. Une exception de plus en plus contestée en Israël, y compris au sein de l'extrême droite, qui pourrait faire imploser la coalition au pouvoir.
“À l'heure actuelle, je crains qu'Israël ne soit davantage synonyme de forteresse que de douceur du foyer. Ce pays n'offre ni sécurité ni bien-être, et mes voisins expriment souvent des doutes et des exigences à l'égard des pièces et des murs du foyer en question, voire de son existence même”, écrivait récemment l'écrivain David Grossman dans une tribune publiée par The New York Times et que nous avons traduite en français. Un texte à relire absolument.
Claire Carrard
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Alors que la CIJ et des juristes évoquent des génocides plausibles à Ghaza : Les alliés d’Israël poursuivent leurs envois d’armes

Pendant que la famine s'installe à Ghaza où la population continue d'être la cible des bombardements sionistes incessants, faisant près d'une centaine de morts chaque jour, Washington vient d'autoriser le transfert de près de 2,3 milliards de dollars d'armement militaire vers l'Etat hébreu. A Londres, un groupe d'avocats et de juristes a « averti » le gouvernement britannique sur le fait qu'Israël viole le droit international et conseillé de « cesser immédiatement » toute vente d'armes à Tel-Aviv.
Tiré d'El Watan.
Tout en se déclarant publiquement contre une offensive terrestre contre Rafah, Washington vient d'autoriser le transfert de près de 2,3 milliards USD d'armement vers l'entité sioniste. Dans le lot, figurent des avions de combat ainsi que plus de 1 800 bombes MK84, des engins de près de 900 kg chacun et 500 bombes MK82 de 500 livres.
Il est important de rappeler que les bombes de 900 kg sont extrêmement redoutables et peuvent raser des quartiers entiers. Raison pour laquelle beaucoup les qualifient de bombes à destruction massive et ne sont plus utilisées par de nombreuses armées dans les zones densément peuplées, en raison des pertes humaines extrêmement élevées qu'elles occasionnent.
L'armée israélienne en a fait usage dans plusieurs quartiers de réfugiés à Ghaza, tuant des centaines de Palestiniens. Ce qui a suscité des réactions de condamnation mais aussi de mise en garde de l'ONU, contre d'éventuels crimes de génocide.
Dans sa livraison de vendredi dernier, le Washington Post a expliqué que « la décision de Biden de poursuivre l'acheminement d'armes vers Israël a été fortement soutenue par de puissants groupes d'intérêt pro-israéliens à Washington, y compris AIPAC (American Israël Public Affairs Committee), qui dépense des dizaines de millions de dollars, au cours de ce cycle électoral pour renverser les démocrates qu'il considère comme insuffisamment pro-Israël ».
Ce transfert intervient au moment où Israël est pointé du doigt pour les crimes de génocide qu'elle commet à Ghaza et pour graves autres violations du droit international, malgré les injonctions qui lui ont été imposées par la CIJ (Cour internationale de justice), la plus haute juridiction de l'ONU et surtout une opinion de plus en plus hostile à la guerre.
En effet, mercredi dernier, un sondage (de Gallup) a montré que 55% des Américains désapprouvent les actions militaires israéliennes à Ghaza, soit une augmentation de 10% par rapport au même sondage effectué au mois de novembre 2023.
Il est constaté aussi que 36% des Américains sont d'accord avec l'offensive militaire israélienne à Ghaza, alors qu'ils constituaient la moitié de la population au mois de novembre 2023.
Hier, la presse britannique a fait état d'un document fuité, rédigé par un groupe d'avocats et de juristes, dont le conseiller juridique du gouvernement britannique dans lequel ils affirment qu'Israël « a enfreint le droit international ». Par conséquent, ils appellent le gouvernement à « cesser, sans délai, toutes les ventes d'armes à Israël, pour éviter d'être poursuivi pour complicité » dans le génocide en cours à Ghaza.
Alliés indéfectibles d'Israël, les USA constituent le premier fournisseur d'armement de l'Etat hébreu auquel ils octroient annuellement 3,8 milliards de dollars d'aide militaire, suivis de l'Allemagne, mais aussi de l'Italie et l'Espagne, les Pays-Bas et le Canada qui ont suspendu leurs livraisons, en raison de la guerre à Ghaza, ainsi que la France et le Royaume-Uni.
Cesser immédiatement la vente d'armes à Israël
Selon le journal israélien Times of Israël, 250 avions-cargos et une vingtaine de navires avaient été livrés, fin janvier, ainsi qu'une dizaine de milliers de tonnes d'armement et d'équipements militaires, alors que le New York Times a avancé le chiffre de 5000 bombes MK-84 livrées au mois de décembre 2023. Deuxième fournisseur, les livraisons de l'Allemagne ont connu une hausse considérable, notamment après le 7 octobre 2023.
Officiellement, elles ont atteint 326 millions d'euros, mais le gouvernement a déclaré que ces cargaisons ne concernaient que les « biens militaires », tels que des véhicules blindés ou de transport de troupes et de matériel de protection. La semaine écoulée, c'était au tour de l'Australie d'être au centre des critiques et de manifestations populaires persistantes (depuis des mois) devant les entreprises de fabrication militaires, exigeant l'arrêt des exportations d'armes vers Israël.
Chaque semaine, des piquets de grève sont organisés dans des usines à Melbourne, perturbant les activités de l'industrie d'armement qui fabrique principalement les pièces de rechange des avions F-35 utilisés par l'entité sioniste dans ses raids aériens contre la population de Ghaza.
La France, qui fait également partie du club des exportateurs d'armes vers Israël, est elle aussi, depuis quelques jours, au centre de violentes critiques, poussant le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, à admettre « l'envoi de composants de munitions à Israël », tout en insistant sur leur destination de réexportation. Le gouvernement français avait affirmé n'exporter que des équipements défensifs.
La déclaration du ministre des Armées est intervenue à la suite d'une enquête, publiée le 28 mars dernier par l'ONG Disclose, qui prouve que « la société IMI Systems en Israël, réputée fournisseuse de l'armée, a acheté des maillons de munitions fabriqués en France (…). Ces maillons sont conçus pour assembler des cartouches de 5,56 mm en bande, ce qui pose la question de leur utilisation finale.
Malgré les assurances de Sébastien Lecornu et du PDG d'Eurolinks, fabricant des maillons, sur les restrictions d'usage, le manque de surveillance et de contrôle soulève des inquiétudes quant à l'usage réel de ces composants en situation de conflit », a écrit l'ONG.
Lors d'une conférence de presse, le ministre, Sébastien Lecornu, a affirmé que « la France n'exporte aucune arme, aucune munition vers Israël susceptible d'être utilisée dans l'offensive à Ghaza, pas plus que dans les autres territoires palestiniens (..).
On a un dispositif de contrôle des exportations en matière de matériel de guerre et de biens à double usage, parmi les plus approfondis et les plus stricts qui existent (...). L'essentiel du matériel exporté vers Israël consiste en des composants élémentaires, car Israël est une puissance industrielle qui intègre des composants destinés à la réexportation (…).
Notre vigilance sur cette question est toujours pleine ». Même si plusieurs pays ont déjà quitté le club des exportateurs d'armement vers Israël, beaucoup continuent à soutenir l'entité sioniste dans sa guerre contre la population civile.
De nombreux Etats mais aussi des ONG et des avocats se préparent à mener une grande bataille judiciaire devant la CPI (Cour pénale internationale) et la CIJ, pour complicité de génocide. Le Nicaragua a déjà fait le premier pas en attaquant l'Allemagne devant la CIJ, alors que des avocats ont engagé une plainte contre le gouvernement britannique pour les mêmes accusations.
Attaque contre des journalistes
L'armée d'occupation israélienne a délibérément bombardé les tentes abritant des journalistes dans la cour de l'hôpital Martyrs d'Al Aqsa à Deir Al Balah et tiré, encore une fois, sur des Palestiniens qui attendaient l'arrivée de l'aide humanitaire, faisant des martyrs et blessés, hier, au 177e jour de son agression génocidaire contre Ghaza.
Les attaques sionistes se poursuivent dans le territoire palestinien assiégé et dévasté, notamment autour de plusieurs hôpitaux. Au moins 75 personnes sont tombées en martyrs dans la nuit dans de nouveaux bombardements et attaques terrestres, pour la plupart des femmes et des enfants, selon le ministère palestinien de la Santé à Ghaza.
Dans un communiqué, le bureau des médias à Ghaza a déclaré que l'entité sioniste avait commis « un nouveau massacre en bombardant les tentes abritant des journalistes et des personnes déplacées à l'hôpital Martyrs d'Al Aqsa ». « Nous tenons l'occupation et la communauté internationale entièrement responsable de ce crime », ajoute le communiqué.
Le bureau des médias a également déclaré que plus de 400 personnes, dont du personnel médical, des patients et des personnes déplacées, étaient tombées en martyrs lors du siège de 13 jours du complexe médical Al Shifa dans la ville de Ghaza. Il a ajouté que les forces sionistes détenaient 107 personnes, dont 30 patients et 61 agents de santé, dans des conditions « inhumaines » à l'hôpital.
A Khan Younès, au sud de Ghaza, au moins 13 Palestiniens sont tombés en martyrs hier matin dans une série de frappes aériennes et d'artillerie de l'armée d'occupation israélienne, a rapporté l'agence de presse palestinienne (WAFA). Onze personnes sont tombées en martyrs et des dizaines ont été blessées lorsque les forces sionistes ont pris pour cible des civils à Bani Suheila, à l'est de Khan Younès.
Dans la région d'Al Masawi, à l'ouest de Khan Younès, une femme et sa fille sont tombées en martyrs dans un bombardement d'artillerie, selon WAFA. Les frappes aériennes sionistes ont également visé une tour résidentielle dans le quartier d'Al Asra, dans la ville de Ghaza.
Ces attaques incessantes et le siège sioniste ont aggravé la crise humanitaire et l'acheminement de l'aide à l'intérieur de Ghaza. Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré que cinq personnes sont tombées en martyrs et des dizaines d'autres blessées par des tirs, lors d'une rare distribution d'aide dans le nord de Ghaza.
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Le pont Francis Scott Key à Baltimore s’effondre, tuant six travailleurs immigrés qui n’ont pas eu accès aux avertissements d’urgence

Six personnes sont portées disparues et présumées mortes après qu'un cargo de 984 pieds a heurté le pont Francis Scott Key à Baltimore, provoquant l'effondrement du pont tôt mardi matin. Tous les six ont été identifiés comme des travailleurs de la construction immigrants originaires du Mexique, du Guatemala, du Salvador et du Honduras. Le gouverneur du Maryland, Wes Moore, a déclaré que l'équipage du navire avait pu lancer un appel de détresse d'urgence avant d'entrer en collision avec le pont, ce qui a permis aux autorités d'arrêter le trafic entrant et d'éviter d'autres victimes. Cependant, les rapports indiquent que les travailleurs déjà sur le pont n'ont pas reçu d'avertissements similaires. « La question que nous devrions nous poser est de savoir pourquoi les gens sur ce pont... n'avaient pas de ligne directe avec le service de répartition des urgences alors qu'ils travaillaient clairement dans un environnement potentiellement dangereux », explique le journaliste Maximillian Alvarez, rédacteur en chef de l'organisation The Real News Network, basée à Baltimore, qui a suivi de près l'histoire et la façon dont elle a affecté les communautés d'immigrants et de la classe ouvrière. « Qu'est-ce que cette histoire nous montre réellement ? Que les immigrants remplissent nos nids-de-poule la nuit pour que nous puissions nous rendre au travail en douceur le matin », explique M. Alvarez. « J'espère que les gens pourront voir cela et voir l'humanité en nous. »
27 mars 2024 | tiré de démocracy now !
https://www.democracynow.org/2024/3/27/francis_scott_key_bridge_collapse_baltimore
Invité : Maximillian Alvarez, rédacteur en chef de The Real News Network, basé à Baltimore, dans le Maryland.
(...)
AMY GOODMAN : Pour en savoir plus, nous sommes rejoints par Maximillian Alvarez, rédacteur en chef de The Real News, basé à Baltimore. Bienvenue à Democracy Now ! Condoléances à votre ville. Et si vous pouviez commencer par parler de ce que vous avez appris sur ces travailleurs ? Je veux dire, l'avertissement a été émis, bien qu'il n'y ait eu que quelques minutes, assez de temps pour empêcher tout le trafic de traverser le pont. Parlez-nous de ce que vous comprenez de plus sur ces hommes, huit – deux ont été sauvés, un dans un état critique et six sont présumés morts.
MAXIMILLIAN ALVAREZ : Eh bien, merci beaucoup de m'avoir invité. C'est un honneur d'être ici. Mais, comme vous l'avez dit à juste titre, vous savez, nos cœurs sont brisés aujourd'hui ici à Baltimore. Il y a un trou dans nos cœurs aussi grand que l'espace où se trouvait le pont. Et il y a un vide dans ces familles qui ne sera plus jamais comblé. Et c'est vraiment ce qui nous préoccupe le plus aujourd'hui.
Et il y a encore beaucoup de choses à apprendre et à étudier sur cette histoire, mais, comme vous l'avez mentionné, ce que nous savons et ce que Jesus Campos m'a dit hier et ce que j'ai vu dans d'autres rapports, c'est que ces travailleurs, qui travaillaient pour Brawner Builders, vous savez, un entrepreneur qui est en activité depuis des décennies et qui a des contrats avec l'État du Maryland sur de nombreux autres projets, que ces travailleurs travaillaient avec Brawner au milieu de la nuit pour réparer les nids-de-poule sur le pont Key. Les hommes que nous croyons maintenant morts, dont six, vous savez, étaient sur ce pont, étaient, selon Jésus, en pause déjeuner de 30 minutes, assis dans leurs voitures ou près de leurs voitures, lorsque le pont s'est effondré.
Quand j'ai demandé à Jésus s'il savait si l'équipage avait été averti de l'appel de détresse, il m'a dit très explicitement : « Non. Non, ils ne l'ont pas fait. Et je crois que c'est ce que nous entendons chez le répartiteur de la police, n'est-ce pas ? La police savait qu'il n'y avait pas de ligne directe avec le contremaître et les gens qui se trouvaient sur ce pont. Ainsi, la police s'est précipitée pour bloquer la circulation de chaque côté du pont et attendait des renforts pour que l'un des agents puisse se rendre sur le pont et avertir l'équipe. Mais chaque seconde qui passait était une seconde perdue, et ils n'ont pas eu le temps de rejoindre l'équipe sur la passerelle. Mais je pense que le problème le plus flagrant et la question que nous devrions nous poser est de savoir pourquoi les gens qui se trouvaient sur ce pont et qui effectuaient ce travail dangereux au milieu de la nuit n'avaient pas de ligne directe avec le service de répartition des urgences, alors qu'ils travaillent clairement dans un environnement potentiellement dangereux et alors que ces énormes méganavires passent sous leurs pieds. Et jusqu'à présent, c'est ce que nous savons.
Je veux dire, il y a, encore une fois, comme, des détails qui doivent être confirmés, mais, vous savez, il y a beaucoup de choses dans cette histoire qui sembleront différentes si vous ne connaissez pas les travailleurs de la construction, si vous ne connaissez pas beaucoup d'immigrants, si vous ne connaissez pas beaucoup d'immigrants sans papiers. Juste un exemple, et je ne dis pas que c'est exactement ce qui s'est passé, mais je dis que j'ai regardé beaucoup de nouvelles locales au cours des dernières 24 heures, et il y aurait eu deux travailleurs qui ont été sortis vivants de l'eau hier, dont l'un est allé à l'hôpital, l'autre aurait refusé les soins d'urgence. Il a refusé d'être transporté à l'hôpital. Et donc, les présentateurs ont dit : « Eh bien, je suppose que cette personne allait bien, et elle est simplement rentrée chez elle. » C'est peut-être le cas. Mais encore une fois, si vous connaissez des travailleurs de la construction et que vous connaissez des immigrants et des sans-papiers, votre esprit pense immédiatement : « C'était un travailleur qui avait une peur mortelle d'aller à l'hôpital, parce qu'il était peut-être sans papiers. » Et c'est une situation dans laquelle se trouvent tant de travailleurs dans ce pays en ce moment. Et je ne peux qu'imaginer, après avoir vécu cela, si c'était le cas, ce qui doit se passer dans la tête d'une personne pour refuser les services d'urgence à ce moment-là.
Il y a donc encore beaucoup à découvrir. Mais en ce moment, les familles sont en deuil. Les collègues de travail sont en deuil. Jésus était en grande partie sous le choc quand je lui ai parlé. Et, vous savez, j'étais très ému par la suite, après lui avoir parlé aussi. Vous savez, ma fille adoptive vient du Honduras. Elle n'a pas de papiers. Elle partage avec moi des messages toute la journée depuis le Honduras de personnes essayant de savoir s'il s'agissait de membres de leur famille. C'est dévastateur, Amy.
JUAN GONZÁLEZ : Maximillian, je voulais vous poser une question : cette question des travailleurs latinos et des travailleurs immigrés tués ou blessés au travail est un problème national, presque épidémique, depuis des années, et on lui accordé peu d'attention. Dix-huit pour cent de tous les travailleurs aux États-Unis sont latinos, mais 23 % des décès sur les lieux de travail concernent les Latinos et de manière disproportionnée les travailleurs immigrés. Que répondez-vous à ces faits par rapport à ce que nous entendons constamment dans les médias à propos des migrants qui sont des criminels et un danger pour la société ?
MAXIMILLIAN ALVAREZ : Je vous remercie de votre question, Juan. Et je pense que c'est vraiment important. C'est quelque chose que je veux vraiment souligner pour les gens. Je veux dire, d'abord et avant tout, comme vous l'avez dit, vous savez, la raison pour laquelle tant de gens tendent la main, c'est parce qu'ils se sentent connectés à cette histoire. Même s'il s'agissait d'un accident unique et horrible, il y a tellement d'éléments dans cette histoire auxquels les gens, les travailleurs, à travers le pays se sentent connectés. J'étais justement à East Palestine, dans l'Ohio, ce week-end. Des résidents qui m'ont envoyé des textos toute la journée parce qu'ils se sentent liés à cela d'une certaine manière.
Des travailleurs de la construction et des gens de métier qui ont fait la même chose. Pourquoi ? Parce que la construction est toujours l'un des emplois les plus meurtriers de ce pays, bien plus meurtrier que la police, n'est-ce pas ? Je veux dire, pas plus tard que l'année dernière, six membres d'une équipe de construction ont été tués lorsqu'une voiture – dans le comté de Baltimore, lorsqu'une voiture les a percutés. C'est tout autant de personnes qui sont mortes hier. Et chacune de ces vies est précieuse, et nous devrions nous soucier tout autant de ces vies qui sont perdues. Chaque année, plus de 10 fois plus de travailleurs se tuent sur les chantiers de construction que dans des accidents de la route dans tout le pays. Ces vies comptent aussi.
Mais comme vous l'avez mentionné, Juan, je veux dire, il ne s'agit pas seulement, vous savez, des travailleurs de la construction. Il ne s'agit pas seulement d'entrepreneurs et de tout le reste. Je veux dire, le problème est tellement plus grand ici, et il va vraiment au cœur du discours que nous avons dans ce pays, où Donald Trump et les gens qui ont été empoisonnés par sa rhétorique injuste et maléfique et ses positions anti-immigrés, vous savez, vilipende des gens qui me ressemblent, des gens qui ressemblent à Jésus. Des gens comme les hommes sur ce pont, des gens comme ma fille adoptive, ses amis et son petit ami qui travaille dans la construction. C'est ça ? Cela aurait pu être nous. Cela aurait pu être n'importe lequel d'entre nous. Et Jésus et moi le savions quand nous nous parlions.
Et, vous savez, je pense que ce qu'il est vraiment important de souligner aux gens, c'est que nous ne venons pas dans ce pays pour le ruiner. Nous ne sommes pas les méchants. Nous ne sommes pas les ennemis. Nous sommes des travailleurs comme vous. Nous sommes vos voisins. Right ? Alors qu'on parle de nous comme d'une horde d'envahisseurs qui vient détruire le pays, qu'est-ce que cette histoire nous montre réellement ? Que les immigrants comblent nos nids-de-poule la nuit pour que nous puissions nous rendre au travail en douceur le matin. Les travailleurs immigrés et les entrepreneurs qui les emploient et exploitent la relation contractuelle, qui se produit partout au pays, c'est pourquoi vous trouvez des enfants qui travaillent dans des usines de conditionnement de la viande en nettoyant des scies à os au milieu de la nuit. C'est pourquoi vous trouvez des enfants, principalement des enfants migrants bruns, qui devraient être à l'école, travaillant dans des distributeurs de pièces Hyundai en Alabama. Et pourtant, Hyundai peut dire qu'il n'est pas responsable de cela parce que c'est un entrepreneur, un sous-traitant, et puis, et puis et puis... . Cela va beaucoup plus loin. Il y a des travailleurs comme celui-ci qui travaillent dans des conditions proches de l'esclavage dans notre pays en ce moment, cueillant les tomates qui vont sur votre hamburger Wendy's. Et pourtant, nous contribuons à ce pays. Nous voulons améliorer notre vie et celle de nos familles, tout comme les familles qui sont en deuil en ce moment parce que ces six hommes ne rentreront jamais à la maison. Par exemple, nous ne sommes pas vos ennemis. Nous sommes vos compagnons de travail. Nous sommes vos voisins. Nos enfants sont les amis de vos enfants à l'école. Et j'espère, plus que tout, que les gens pourront voir cela et voir l'humanité en nous et voir que cette idée que les immigrants détruisent d'une manière ou d'une autre notre pays, alors que, vous savez, comme, la cupidité des entreprises et toute la corruption causent des catastrophes de la Palestine orientale à Boeing et que sais-je encore. Par exemple, nous ne sommes pas des ennemis.
Nous sommes juste ici pour essayer de faire vivre une vie pour nos familles, de travailler et de vivre une vie confortable et digne. Et je ne sais pas pourquoi que c'est une chose si difficile à comprendre pour une si grande partie de ce pays.

USA : offensive réactionnaire contre le contrôle des naissances

Après avoir réussi il y a deux ans à renverser l'arrêt Roe vs. Wade qui assurait la protection fédérale du droit à l'avortement, par la décision de la Cour suprême et après avoir adopté des restrictions à l'avortement dans plusieurs États qui ont pratiquement éliminé l'avortement, la droite préconise aujourd'hui l'élimination des pilules contraceptives.
Hebdo L'Anticapitaliste - 701 (28/03/2024)
Dan La Botz
Crédit Photo
Wikimedia Commons / Fibonacci Blue from Minnesota, USA - CC BY 2.0 Deed
Prétendant défendre les femmes qui pourraient être lésées par la contraception hormonale, et arguant qu'ils protègent également la dignité des femmes et la famille, les médias sociaux de droite ont lancé une campagne visant à mette fin à la « sexualité récréative ». Selon eux, l'élimination de la pilule contraceptive est une question féministe, bonne pour le corps et l'âme des femmes.
Offensive contre la « sexualité récréative »
Les arguments idéologiques de la droite contre la pilule, comme ceux contre l'avortement, sont formulés en termes de défense de la famille et des femmes elles-mêmes. La fondation conservatrice Heritage Foundation déclare que « ...les conservateurs doivent montrer la voie en redonnant à la sexualité sa véritable raison d'être et en mettant fin à la sexualité récréative et à l'utilisation insensée de la pilule contraceptive ».
Charles Rufo, militant de droite, affirme que « la pilule cause des problèmes de santé à de nombreuses femmes. Le “sexe récréatif” explique en grande partie pourquoi nous avons tant de familles monoparentales, ce qui favorise la pauvreté, la criminalité et les dysfonctionnements. Le but du sexe est de créer des enfants — c'est naturel, normal et bon ».
Une commentatrice de droite, s'exprimant sur X, suggère que la pilule contraceptive a souvent causé aux femmes de graves problèmes psychologiques et conduit à des relations sexuelles récréatives souvent « sans amour et dégradantes ». Elle affirme qu'il devrait y avoir « un mouvement féministe pour réapprivoiser le sexe et lui rendre son danger, son intimité et ses conséquences ». De cette façon, dit-elle, les femmes peuvent « renouer avec la plénitude de notre nature incarnée ». Les politiciens républicains ont repris ces arguments et certains proposent de restreindre ou d'interdire la pilule.
80 % des électeurEs jugent « très importante » la protection de la contraception
Il est peu probable que la plupart des femmes adhèrent à cet argument. La pilule contraceptive a été largement utilisée depuis 1960 par des dizaines de millions de femmes au cours des 60 dernières années, et bien qu'elle ne soit pas la meilleure forme de contraception pour toutes les femmes, et qu'un pourcentage relativement faible de femmes souffrent d'effets indésirables, la pilule a permis aux femmes de prendre le contrôle de leur propre vie. On parle souvent de la pilule en termes de « révolution sexuelle », mais elle a fait partie intégrante du mouvement de libération des femmes.
La pilule, largement utilisée par les femmes célibataires ou mariées, a permis aux femmes de planifier leur carrière et leur famille et, oui, d'avoir des relations sexuelles pour le plaisir quand elles le souhaitaient. Les femmes de la classe ouvrière et les femmes pauvres n'ont plus eu à avoir des enfants qu'elles ne pouvaient pas se permettre de prendre en charge, ou des enfants si nombreux qu'elles étaient submergées par le travail domestique et émotionnellement épuisées. La plupart des adolescentes ont leur premier rapport sexuel à l'âge de 16 ou 17 ans, mais certaines plus tôt, et c'est pourquoi les parents essaient souvent de les protéger contre les grossesses non désirées en prenant des dispositions avec un médecin pour qu'elles prennent la pilule contraceptive.
Un récent sondage national réalisé par Americans for Contraception, dont le New York Times s'est fait l'écho, a révélé que 80 % des électeurEs ont déclaré que la protection de l'accès à la contraception était « très importante » pour eux, et que même parmi les Républicains, 72 % considéraient le contrôle des naissances d'un œil favorable. Pourtant, les politiciens républicains tenteront probablement de restreindre l'accès aux pilules contraceptives. Ce mois-ci, dans l'État de l'Arizona, les Démocrates ont présenté un projet de loi visant à protéger l'accès à toutes les formes de contrôle des naissances, mais les Républicains l'ont rejeté. Les femmes et leurs alliés devront rester sur leurs gardes face à une nouvelle atteinte à leur liberté.
Traduction Henri Wilno
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