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Négociation dans les secteurs public et parapublic : Premiers éléments en vue d’un bilan (sous la forme d’une entrevue avec L’Étoile du Nord)

13 février 2024, par Yvan Perrier — ,
Tant et aussi longtemps que la rémunération des salarié.es syndiqué.es des secteurs public et parapublic ne sera pas déterminée à partir de critères fondés sur l'équité et la (…)

Tant et aussi longtemps que la rémunération des salarié.es syndiqué.es des secteurs public et parapublic ne sera pas déterminée à partir de critères fondés sur l'équité et la justice, tant et aussi longtemps que les salarié.es syndiqué.es n'auront pas droit à une rémunération qui leur permet de vivre dignement, tant et aussi longtemps que ces salarié.es devront s'éreinter au travail, la lutte de ces personnes salariées qui se dévouent pour la collectivité va nécessairement devoir être appuyée par la population et aucun moyen de pression - y compris la grève partielle ou générale et illimitée – n'est à écarter.

É du N : 1- Quels sont les principaux gains obtenus par le Front commun dans cette entente de principe ?

YP Minimalement, une première année qui accorde une hausse de salaire de 6% plus une protection partielle face à l'inflation de 1% par année pour chacune des trois dernières années de la convention collective. Il s'agit certes d'une clause de protection partielle face à l'inflation, mais il s'agit quand même d'une première, toujours en lien avec l'inflation, depuis l'entente de la ronde de négociation de 2010 et une première généreuse hausse salariale paramétrique depuis 1979. Je précise ici que je n'ai pas eu la chance de lire l'entente de principe paraphée par les parties négociantes. Pour répondre à votre question, je m'en remets par conséquent au communiqué émis par le Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS le 7 janvier 2024. Au chapitre des gains, il y en a un qui porte sur les vacances (une cinquième semaine après 15 ans de service ou 19 ans d'ancienneté, selon les conventions collectives). Les salarié.es syndiqué.es des secteurs public et parapublic ont obtenu une amélioration au régime de retraite (RREGOP) concernant la retraite progressive qui peut s'échelonner jusqu'à sept ans, au lieu de cinq ans et une possibilité de participer - lire cotiser - au régime jusqu'à 71 ans au lieu de 69 ans comme c'est le cas actuellement. Il y aurait également dans l'entente de principe des améliorations au régime des droits parentaux ; une bonification des cotisations de l'employeur pour l'assurance maladie ; une bonification de la prime de rétention et d'attraction pour les ouvriers spécialisés et l'intégration de deux titres d'emplois supplémentaires dans cette catégorie (les ébénistes-menuisiers et les mécaniciens de machine frigorifique) et finalement une majoration salariale de 10% pour les psychologues et d'autres bonifications salariales (avancement accéléré dans les échelons ou encore diverses primes pour certain.es syndiqué.es) dans les ententes sectorielles en santé et en éducation. Ce sont là les grands gains qui ont été diffusés par le Front commun.

Je me permets de déborder de votre question pour porter à votre connaissance qu'il y a un fait qui mérite d'être signalé et qui correspond selon moi à une « perte ». J'ai en tête ici la durée de la convention collective qui a été conclue entre les parties. Il s'agit d'un contrat de travail qui s'échelonne sur cinq ans (du mois d'avril 2023 au mois de mars 2028). C'était une demande du gouvernement du Québec qui aime bien les conventions collectives de cinq ans depuis l'époque où Jean Charest était premier ministre. Je précise que le régime de négociation toujours en vigueur dans les secteurs public et parapublic prévoit un contrat de travail d'une durée de trois ans, c'est ce que demandait le Front commun. Selon moi, la nouvelle convention collective de cinq ans équivaut à un recul par rapport au dernier contrat de travail qui était effectif d'avril 2020 à mars 2023. C'est en vertu d'une disposition du Code du travail (art 111.1) qu'il est permis de conclure un contrat de travail de cinq ans dans les secteurs public et parapublic. Un tel contrat de longue durée est très avantageux pour l'État, cela lui donne de la prévisibilité sur le plan budgétaire. Les organisations syndicales y trouvent également leur compte, mais n'insistons pas ici.

É du N : 2- Comment ont-ils réussi à arracher ces gains au gouvernement ?

YP Probablement en raison de la pénurie de main-d'œuvre tellement présente sur le marché du travail en ce moment. De fait, le gouvernement se retrouve dans une situation où il doit attirer du personnel et où il doit également maintenir en poste son personnel expérimenté. Pour assurer une continuité et une certaine qualité de services, le gouvernement Legault devait trouver une façon de donner plus d'argent et offrir de meilleures conditions de travail à certains groupes d'employé.es. C'est ce qu'il fallait comprendre par la célèbre déclaration du premier ministre François Legault, à savoir : « Elle est finie l'époque de la Labatt bleue pour tout le monde » (cité de mémoire ici) ; il faut alors y lire : elle est révolue l'époque de la même augmentation salariale pour tout le monde. De plus, le gouvernement ne pouvait plus continuer à aligner sa politique de rémunération dans les limites des prévisions de l'inflation établies par la Banque du Canada pour les cinq prochaines années. À ce sujet, le ministère des Finances du Québec a, en pleine négociation, réajusté à la hausse ses propres prévisions de l'inflation. Du côté du gouvernement du Québec cette prévision du taux d'inflation s'élevait, aux dernières nouvelles, à 18%, alors que du côté de la prévision de la Banque du Canada elle est inférieure à ce pourcentage. La pénurie de main-d'œuvre et l'impérieuse nécessité d'attirer au travail ou de préserver en poste des personnes compétentes, qualifiées ou expérimentées, voilà un peu pourquoi les augmentations négociées et consenties ont été supérieures au plafond arbitraire fixé par l' État patron à 2% par année depuis au moins le début des années quatre-vingt-dix du siècle dernier. L'entente conclue entre les parties comporte une augmentation salariale paramétrique totale de 17,4% sur cinq ans (6% en 2023, 2,8% en 2024, 2,6% en 2025, 2,5% en 2026 et 3,5% en 2027) à laquelle il y a la possibilité d'y ajouter jusqu'à 3% pour les trois dernières années (en raison de 1% par année selon le taux annuel de l'inflation). Ce ne sera pas avant la fin du mois de mars 2028 que nous serons en mesure de dire si le pourcentage négocié s'est avéré réellement avantageux ou non pour les salarié.es syndiqué.es des secteurs public et parapublic.

É du N : 3- L'entente de principe du Front commun risque-t-elle d'avoir un impact sur les autres négociations à venir (cols bleus, construction, secteur privé) ?

YP Je ne veux pas vous décevoir, mais jusqu'à maintenant - et ce probablement depuis la ronde des décrets de 1982-1983 - les augmentations de salaire négociées ou imposées unilatéralement (c'est-à-dire décrétées) dans les secteurs public et parapublic au Québec ont plutôt été inférieures à ce qui a été négocié dans les autres secteurs économiques syndiqués (sauf erreur de ma part, ce constat est vrai pour les entreprises syndiquées de 200 employé.es et plus). L'augmentation négociée pour l'année 2023-2024, 6%, est à la hauteur de l'inflation. Elle peut servir de référence là où la négociation n'a pas encore été conclue ou là où on est en présence d'une clause « remorque » avec les secteurs public et parapublic. Quoi qu'il en soit, il faut mentionner ici que c'est depuis 1979 que le Front commun n'est plus considéré comme une « locomotive » qui a un effet d'entraînement positif pour les salarié.es des autres secteurs de la vie économique.

É du N : 4- Comment cette entente de principe se mesure-t-elle face à celles des derniers Front communs ?

YP Comme mentionné à une question précédente, cette entente de principe permet, pour les cinq années d'application de la convention collective, des augmentations salariales supérieures au dogme de 2% d'augmentation par année qui a été appliqué rigoureusement par l'État patron du Québec depuis au moins 1993 (à une exception près en 1999). Il s'agit donc indéniablement d'une entente de principe qui figure parmi les plus avantageuses, sur le plan de la rémunération, pour les salarié.es syndiqué.es, depuis 1979. En 1979, le gouvernement du Québec a décidé de réduire la portée de la clause d'indexation de ses salairé.es syndiqué.es. En 1982-1983, il a poursuivi son œuvre de réduction des salaires en imposant une compression salariale drastique à la hauteur de 19,5% pour une période de trois mois le tout accompagné d'un gel de salaire pour la première année d'application du décret ( décret tenant lieu de convention collective selon l'État patron). Lors de cette ronde de négociation, le gouvernement du Québec, a également bouleversé, en modifiant unilatéralement à son avantage, le financement du régime de retraite. De 1993 à aujourd'hui il faut rappeler que les salarié.es syndiqué.es des secteurs public et parapublic du Québec ont connu des années de compression salariale de moins 1% (1993-1994 et 1994-1995), de gel salarial (soit 0% d'augmentation en 2004, 2005 et 2015), de réduction de 6% sur les coûts de main-d'œuvre (pour la période allant de 1996 à 1999). Il faut par contre mentionner que durant ces longues et interminables années d'augmentations salaires rachitiques pour certain.es salarié.es syndiqué.es il y a quand même eu le règlement de l'équité salariale qui a été favorable à certaines catégories d'emploi principalement à prédominance féminine, le règlement sur la relativité salariale et le réajustement des échelles de salaires en 2019. Mais ces divers règlements, intéressants pour une partie (ou la totalité) des effectifs, ne correspondent pas à des augmentations salariales au sens classique du terme. L'entente de principe conclue le 28 décembre dernier évite pour les membres du Front commun et les autres salarié.es syndiqué.es à qui elle s'appliquera une compression salariale, un gel de salaire ou, pour certaines années, une augmentation inférieure à l'inflation. Mais elle ne permet pas la pleine indexation, comme c'était le cas dans les années soixante-dix (de 1971 à 1979) ni non plus le fameux rattrapage réclamé par le Front commun. À première vue, l'entente de décembre 2023 se mesure avantageusement aux ententes négociées ou unilatéralement imposées de 1979 à mars 2023.

Pour ce qui est du concept de « Front commun », je suis d'avis qu'il s'agit là d'un concept qui a été un peu trop galvaudé et que certaines personnes l'ont appliqué à des rondes de négociation où nous étions en présence d'un Front commun de façade ou d'un Front commun sans véritable consistance ou ancrage à la base (une sorte d'alliance au sommet plus ou moins formelle, plus ou moins coordonnée). Deux ex-présidents de grandes centrales syndicales m'ont précisé dans le cadre de certains de mes travaux qu'il n'y avait eu qu'un seul Front commun, soit celui de 1971-1972. L'appellation a continué à être utilisée. Quoi qu'il en soit, Front commun ou non, les rondes de négociation dans les secteurs public et parapublic des années 1990 à 2022 ont donné des résultats peu emballants [1] . Pour ce qui est de la présente ronde de négociation, elle comporte des aspects intéressants, mais pour ce qui est de l'item des salaires, ce ne sera qu'en mars 2028 qu'il sera possible de conclure définitivement à ce sujet.

É du N : 5- Le résultat des ententes risque-t-il d'avoir un effet positif ou négatif sur les mobilisations à venir dans le secteur public (réforme Dubé, réforme Drainville) ?

YP Je ne dispose d'aucune boule de cristal. Il m'est donc impossible de répondre avec précision ou exactitude à votre question. Je ne peux ici qu'exprimer un souhait personnel : tout doit être mis en œuvre, au niveau des grandes organisations syndicales, pour contrer ces deux réformes centralisatrices. En revanche, le gouvernement a dans ses mains des outils pour diviser les personnes syndiquées et en plus, il dispose d'atouts, que je ne préciserai pas, pour atteindre ses objectifs en totalité ou en partie. Dans le but que la négociation du Front commun ait un effet de fléchissement de certaines orientations gouvernementales, il est nécessaire à mes yeux que les salarié.es syndiqués.es doivent cesser de se comporter en « passager clandestin » [2] dans la vie sociale et politique . Il y a belle lurette que les organisations syndicales ne sont pas parvenues à mobiliser massivement – ​​comme cela a été le cas lors de certaines décennies précédentes - leurs troupes sur des enjeux extérieurs à la convention collective. Tristement, nous devons constater que nous vivons dans une société au sein de laquelle prime l'individualisme, c'est-à-dire l'atomisation des personnes. Nous assistons à une véritable démobilisation des syndiqué.e.s sur certains enjeux de société majeurs. L'atomisation s'accompagne de la fin de l'absorption de l'individualité par le collectif. Pas facile pour le mouvement syndical d'intéresser leurs membres aux réformes (ou plus précisément aux « contre-réformes ») Dubé et Drainville.

Le syndicalisme, comme projet mobilisateur permanent, est un objectif difficile à atteindre sur des enjeux qui vont au-delà des conditions de travail et qui portent sur des enjeux sociétaux. Une ou un syndiqué.e ne voit pas toujours en quoi certaines réformes ou contre-réformes sont susceptibles de s'avérer éventuellement nuisibles à ses intérêts. Le « citoyen syndiqué » ayant une capacité d'agir à titre d'agent de changement et qui se mobilise en fonction des intérêts du plus grand nombre est hélas quelque chose qui existe à l'état de projet, beaucoup trop abstrait, qui se déploie en plus, sur un chemin parsemé d'embûches et de retours constants à la case départ. Les organisations syndicales ne sont pas des organisations d'opposition et de mobilisation qui peuvent toujours compter sur une participation active et permanente de leurs membres. La force du nombre des organisations syndicales est parfois une simple donnée quantitative ou statistique et non pas une donnée militante capable d'être mise à contribution en vue d'orienter le changement social ou politique.

É du N : 6- Serait-il envisageable de reproduire une telle mobilisation lors de la prochaine ronde de négociation dans la fonction publique ?

YP Là aussi je n'ai aucune boule de cristal et j'ajoute qu'en matière d'avenir la futurologie est une science tellement imprécise. Tout ce que je peux m'autoriser à dire, en réponse à votre question, consiste en ceci : je ne souscris pas au point de vue défaitiste ou négatif d'un ex-leader syndical qui a affirmé récemment à la radio publique de Radio-Canada (sur les ondes d'ICI Première) que la grève est un moyen de pression « brûlé » pour les 30 prochaines années en éducation. La mobilisation a été remarquable en santé et en éducation lors de la présente ronde de négociation. Elle a certes été différente des grèves qui ont eu cours dans les secteurs public et parapublic en 1972 et en 1983. La grève s'est déroulée du côté du Front commun de manière graduelle et dans le respect des services essentiels. Alors, la grève de 10 jours des 420 000 membres du Front commun, la grève générale illimitée - qui a durée 22 jours - des 66 500 membres de la FAE, les arrêts de travail des infirmières et des infirmiers et j'en passe… la totalité de ces arrêts de travail a permis minimalement de mettre sur la place publique les conditions de travail et de rémunération des 650 000 salarié.es syndiqué.es des secteurs public et parapublic qui sont à 75% de femmes. Ces personnes oeuvrent dans des services qui sont déterminants et fondamentaux pour notre qualité de vie en société. Puisqu'il en est ainsi, ces salarié.es syndiqué.es méritent des conditions de travail qui assurent la qualité des services offerts à la population le tout accompagné d'une rémunération à la hauteur de leur prestation de travail ainsi que des conditions de travail qui respectent leur rythme de travail. Il n'y a pas que les 125 députés de l'Assemblée nationale qui devraient avoir droit au Québec à une hausse de leur rémunération de 30%, à savoir des augmentations supérieures à celles négociées pour les salarié.es syndiqué.es des secteurs public et parapublic. Les salarié.es syndiqué.es de ces deux secteurs doivent être assurés.es d'obtenir un jour la pleine indexation de leur salaire ainsi qu'un rattrapage face aux autres salarié.es syndiqué.es des services publics (fédéral, municipal et universitaire ). La présente ronde de négociation nous a démontré, à plusieurs reprises, que l'opinion publique appuyait les revendications des salariés.es syndiqués. Plusieurs députés.es de l'opposition sont même allé.es appuyer les grévistes sur les lignes de piquetage. Le gouvernement Legault était certes conforté dans ses positions par certains éditorialistes, mais en bout de piste, il s'est retrouvé isolé. La position qu'il défendait était insoutenable. Voilà pourquoi il a dû une nouvelle fois réviser son offre salariale à la hausse. Ce n'est qu'à la présentation du prochain budget du Québec que nous saurons combien coûte au Trésor public l'entente avec le Front commun. Qu'en sera-t-il la prochaine fois en regard de la mobilisation des syndiqué.es et de l'opinion publique ? Pour être franc, je l'ignore et nous l'ignorons tous. Quoi qu'il en soit, l'époque des conditions de travail déplorables et de la rémunération médiocre dans les secteurs public et parapublic devrait être derrière nous comme l'a si bien précisé la juge Abella (dissidente) dans une célèbre décision, rendue en 2015 par la Cour suprême du Canada. Voici ce qu'elle a écrit à ce sujet :

[65]

[…] [l]es employés du secteur public ne devraient pas être tenus de subventionner la collectivité ou le secteur d'activité dans lequel ils travaillent en acceptant des salaires et des conditions de travail médiocres. [. . .] [t]out compte fait, si la collectivité a besoin d'un service public et l'exige, ses membres doivent assumer ce qu'il en coûte nécessairement pour offrir des salaires justes et équitables et ne pas s'attendre à ce que les employés subventionnent le service en acceptant des salaires médiocres. S'il est nécessaire d'économiser pour atténuer le fardeau fiscal, il faudrait le faire en réduisant certains éléments du service offert, plutôt qu'en réduisant les salaires et les conditions de travail.

[…]

La juge Abella

Robert Meredith et Brian Roach v. Procureur général du Canada. [2015] 1 RCS, p. 65.

Tant et aussi longtemps que la rémunération des salarié.es syndiqué.es des secteurs public et parapublic ne sera pas déterminée à partir de critères fondés sur l'équité et la justice, tant et aussi longtemps que les salarié.es syndiqué.es n'auront pas droit à une rémunération qui leur permet de vivre dignement, tant et aussi longtemps que ces salarié.es devront s'éreinter au travail, la lutte de ces personnes salariées qui se dévouent pour la collectivité va nécessairement devoir être appuyée par la population et aucun moyen de pression - y compris la grève partielle ou générale et illimitée – n'est à écarter. Le mouvement syndical sera-t-il en mesure de rééditer une mobilisation d'envergure comme celle que nous avons vue depuis le mois de septembre dernier ? Tout dépend s'il parvient à éviter le repli sur des positions « isolationnistes » et s'il a en sa possession des ressources financières (« L'argent est le nerf de la guerre » dixit Lénine [3]) pour livrer un combat à la hauteur de l'adversaire qu'il affronte lors de ces négociations, et j'ai nommé l'État patron qui est parfois un État législateur qui n'aime pas perdre. Avec ce genre d'employeur, qui correspond selon Thomas Hobbes à un Léviathan, c'est-à-dire à un monstre froid, rien n'est véritablement acquis, rien n'est jamais donné une bonne fois pour toutes. Mais qui l'a véritablement compris ? Face à ce grand mauvais perdant, plusieurs personnes ou trop de personnes aiment bien se bercer et se berner dans leurs illusions en regard de son potentiel revanchard.

Yvan Perrier

7 février 2024

23h30

[1] Voir à ce sujet les deux articles suivants : https://www.pressegauche.org/Des-conditions-salariales-sous-pressions-depuis-35-ans ; et https://www.pressegauche.org/D-une-illusion-al-autre . Consulté le 7 février 2024.

[2] Par « passager clandestin » il faut comprendre une personne ou un groupe de personnes qui bénéficient ou qui vont bénéficier d'un avantage résultant d'un effort collectif sans y participer ou en y participant peu.

[3] Cette célèbre citation est présente dans de nombreux ouvrages. On la retrouve apparemment au départ dans le livre de Thucydide Histoire de la guerre du Péloponnèse, (1966, Tome II, Éditions GF-Flammarion, p. 106) : " [...] l'argent ; c'est le nerf de la guerre, comme de toute entreprise."

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Après quatre mois de guerre génocidaire israélienne

13 février 2024, par Gilbert Achcar — , , ,
Quatre mois se sont écoulés depuis l'opération « Déluge d'Al-Aqsa » et le début de la guerre génocidaire sioniste qui l'a suivie. La Nakba de 1948 est désormais dépassée sous (…)

Quatre mois se sont écoulés depuis l'opération « Déluge d'Al-Aqsa » et le début de la guerre génocidaire sioniste qui l'a suivie. La Nakba de 1948 est désormais dépassée sous le rapport de l'intensité du désastre et de l'horreur. Considérons les faits présentés par le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à un logement convenable, dans un article remarquable publié par le New York Times le 29 janvier : Israël a largué sur la bande de Gaza l'équivalent en explosifs de deux bombes atomiques du type de celle qui a été larguée par les États-Unis sur Hiroshima en 1945.

Tiré de Inprecor 717 - février 2024
6 février 2024

Par Gilbert Achcar

Tanks israéliens dans la bande de Gaza le 31 octobre. © IDF Spokesperson's Unit, CC BY-SA 3.0

Ce bombardement massif a entraîné à ce jour la destruction d'environ 70 % des bâtiments de l'ensemble de l'enclave et 85 % de ceux de sa moitié nord. En conséquence, 70 000 habitations ont été complètement détruites et 290 000 habitations l'ont été partiellement. Si l'on ajoute à cela la destruction des infrastructures de services tels que l'eau et l'électricité, du système de santé, y compris les hôpitaux, ainsi que du réseau éducatif (écoles et universités), des sites culturels et religieux et des bâtiments historiques, le résultat est l'éradication presque totale de la Gaza palestinienne. Cela est semblable à la suppression de la plupart des traces de vie palestinienne par la destruction d'environ 400 villes et villages sur les 78 % de la terre de Palestine entre le fleuve et la mer saisis par l'État sioniste en 1948.

Le rapporteur de l'ONU a proposé d'ajouter un nouveau crime à la liste des crimes contre l'humanité, un crime qu'il a proposé d'appeler « domicide ». Il a cité des situations du siècle présent auxquelles peut s'appliquer ce concept : Grozny en Tchétchénie, complètement détruite par l'armée russe de Vladimir Poutine au tournant du siècle ; Alep en Syrie, détruite par l'armée russe alliée aux forces iraniennes et à celles du régime Assad en 2016 ; et Marioupol en Ukraine, détruite par l'armée russe au cours premiers mois de l'invasion russe de l'Ukraine en 2022. Il faut ajouter à cette liste la ville irakienne de Falloujah, dont la majeure partie a été détruite par l'armée américaine en 2004 lors de la deuxième année de son occupation de l'Irak, ainsi que Mossoul en Irak et Raqqa en Syrie, toutes deux détruites par les forces américaines et leurs alliés lors de la guerre contre l'État islamique en 2017.

Le « domicide » de Gaza diffère cependant de tous ces cas en ce qu'il n'a pas touché une seule ville, mais toute l'enclave avec toutes ses villes – une zone bien plus vaste que celle de chacune des villes susmentionnées. Le « domicide » de Gaza s'est accompagné d'un génocide contre sa population. Pas seulement par le meurtre d'une proportion élevée de celle-ci : environ 27 000 à l'heure où ces lignes sont écrites, soit plus de 1 % de la population totale, selon les chiffres fournis par le ministère de la Santé de Gaza – chiffres qui ne tiennent pas compte du nombre de personnes qui meurent en raison des conditions sanitaires catastrophiques créées par l'agression, aggravées par les restrictions imposées par Israël à l'accès de l'aide humanitaire à la bande de Gaza. Ces conditions exposent une grande partie des blessés palestiniens, qui sont environ 70 000, à la mort ou à des séquelles permanentes qui auraient pu être évitées si les traitements nécessaires avaient été disponibles. Il en va de même pour le nombre de personnes souffrant de maladies naturelles qui ne reçoivent plus les médicaments nécessaires à leur survie et dont le nombre n'est pas disponible.

Ajoutez à tout cela qu'environ deux millions de personnes, soit 85 % de la population de la bande de Gaza, ont été déplacées de leur domicile vers la ville de Rafah et autres zones adjacentes à la frontière égyptienne. Même si l'agression cessait soudainement aujourd'hui et que les personnes déplacées étaient autorisées à aller où elles le souhaitent dans la bande de Gaza, la grande majorité d'entre elles seraient contraintes de rester dans leur abri actuel en raison de la destruction de leurs demeures. De plus, l'armée sioniste s'apprête maintenant à compléter son occupation de la bande de Gaza en envahissant Rafah, aggravant ainsi inévitablement la situation des déplacés, même si elle les oblige à se déplacer encore une fois, vers une autre zone du sud de la bande de Gaza, afin de les placer sous son contrôle et de les détacher de ce qui reste des institutions que le Hamas a dominées depuis qu'il a pris le contrôle de l'enclave en 2007.

Il s'agit bien d'une immense catastrophe qui dépasse en intensité et en horreur la Nakba de 1948, une nouvelle Nakba dont l'impact politique sur l'histoire de la région, voire du monde, ne sera pas moindre que celui de la première Nakba, comme l'avenir ne manquera pas de le prouver. Face à cette scène d'horreur, le bavardage de l'administration américaine et des autres gouvernements préoccupés par les conséquences de cette nouvelle Nakba, ou plutôt leur radotage sur une « solution » à la question palestinienne, évoque une extension du statut de la zone A de la Cisjordanie à la bande de Gaza, en remettant celle-ci sous la tutelle de l'Autorité palestinienne qui est elle-même sous le contrôle direct d'Israël, outre le déploiement continu des forces d'occupation dans la majeure partie de la Cisjordanie (zones B et C) et leur intervention militaire à volonté dans la zone A. Appeler « État » une telle entité croupion qui jouirait en réalité de moins de souveraineté que les bantoustans d'Afrique du Sud à l'époque de l'apartheid, n'est rien d'autre qu'une misérable tentative de dissimuler la responsabilité de Washington, avec la plupart des États européens, dans l'encouragement prodigué à la guerre génocidaire sioniste et dans son soutien militaire – car Israël n'aurait certainement pas été en mesure de faire tout ce qui est décrit ci-dessus sans le soutien militaire des États-Unis.

Traduit à partir de la version anglaise de l'original arabe publié dans Al-Quds al-Arabi le 6 février 2024, postée à l'origine sur le blog de l'auteur.

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La démarche d’accession à l’indépendance

13 février 2024, par Mouvement Québec Indépendant — , ,
J'ai le plaisir de vous inviter au prochain débat du MQI. Nos invités, militants de trois partis indépendantistes interviendront à titre personnel. André est militant de QS et (…)

J'ai le plaisir de vous inviter au prochain débat du MQI. Nos invités, militants de trois partis indépendantistes interviendront à titre personnel. André est militant de QS et ancien co-porte-parole de ce parti. Daniel est militant du PQ et candidat de ce parti en 2018 et 2022. Martine est cheffe de Climat Québec et candidate de ce parti en 2022.

Un débat qui promet !

Gilbert Paquette

CONVERGENCES POUR LE PAYS

Avec ce second rendez-vous du MQI, le 24 février en 2024, nous entreprenons une série de rencontres pour rapprocher tous les indépendantistes quelle que soit leur allégeance partisane ou leurs opinions sur des questions politiques particulières. On ne pourra réunir une majorité de citoyens favorables à l'indépendance sans une convergence entre tous les indépendantistes centrée sur l'objectif de faire du Québec un pays.

LA DÉMARCHE VERS L'INDÉPENDANCE

Le mouvement indépendantiste est actuellement dans une période euphorique. Donné pour mort il n'y a pas si longtemps, le PQ se situe au premier rang dans les intentions de vote. Il doit sa résurrection à la remise à l'avant scène de l'indépendance mais aussi à la déconfiture de la CAQ. Par ailleurs QS est bien implanté à Montréal et se situe au premier rang des intentions de vote de la jeune génération, pendant que Climat Québec cherche à s'implanter en ralliant les écologistes à la cause indépendantiste. Il y a des indépendantistes dans tous les partis et aucun parti ne rejoint actuellement tous les électeurs prêt à voter OUI. Le mouvement indépendantiste actuel est très différent de celui de 1995, mais l'indépendance recueille le même niveau d'appui qu'en 1994.

Dans la période actuelle, tout est possible d'ici 2026, le pire comme le meilleur. Le pire serait un retour au passé d'un parti indépendantiste qui prend le pouvoir et s'enfonce dans la gouvernance provincialiste en trouvant toutes les raisons possibles pour retarder la démarche vers le pays. Le meilleur que nous voulons : l'élection d'une majorité de députés indépendantistes faisant coalition pour réaliser l'indépendance.

Un PQ conséquent avec son option devra imposer l'indépendance comme LA question de l'urne de la prochaine élection, de concert avec les autres partis et les mouvements indépendantistes de la société civile. Ainsi, la diversité actuelle que certains qualifient de faiblesse deviendra une force, celle d'un mouvement indépendantiste polyvalent pouvant rejoindre toutes les couches de la population pour faire du Québec un pays.

NOS PANÉLISTES

Nos panélistes militent dans trois partis indépendantistes différents. Ils participeront à un débat ouvert sur les options des partis quand à la démarche nécessaire pour réaliser l'indépendance du Québec. Le 24 février, ils interviendront à titre personnel, sans mandat des instances de leurs partis respectifs.

ANDRÉ FRAPPIER

D'abord militant syndical au Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ainsi qu'à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), il s'est impliqué en politique avec Québec solidaire, lors de la fondation du parti, en 2006. Il a été candidat de ce parti aux élections de 2007, de 2008, 2012 et 2014. En 2012, il a succédé à Amir Khadir comme président co-porte-parole de QS et il a participé au États généraux de la souveraineté. Co-auteur du Printemps des carrés rouges publié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et de Canadian Dimension.

DANIEL MICHELIN

Formé en criminologie et en administration publique, il a été attaché politique au cabinet de Véronique Hivon puis au bureau de comté de la député de Joliette de 2012 à 2017. Il a aussi occupé la même fonction auprès de l'ex-députée de Marguerite-D'Youville, Monique Richard. En 2018 et 2022, il a été candidat du Parti québécois dans la circonscription de Montarville. Actuellement, il coordonne les instances du Parti québécois dans six circonscriptions de la Montérégie.

MARTINE OUELLET

Ingénieure de formation, Martine Ouellet a fait carrière à HydroQuébec. Avant son entrée en polique, elle milite dans le mouvement écologique Eau Secours. De 2010 à 2019, elle est députée de Vachon pour le Parti québécois et ministre des Ressources naturelles dans le Gouvernment Marois. Elle est par la suite candidate à la direction du PQ à deux reprises. En 2017-2018 elle est cheffe du Bloc québécois. En mai 2021, elle crée son propre parti écologiste et indépendantiste, Climat Québec.

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Construire un pays qui nous ressemble

13 février 2024, par Québec solidaire — , ,
Nous sommes nombreux et nombreuses à ne pas nous reconnaître dans le Québec de François Legault. Depuis trop longtemps, aucun grand projet rassembleur ne semble se réaliser. Il (…)

Nous sommes nombreux et nombreuses à ne pas nous reconnaître dans le Québec de François Legault. Depuis trop longtemps, aucun grand projet rassembleur ne semble se réaliser. Il est de plus en plus tentant de se laisser tomber dans le cynisme.

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Affiche de la campagne

Le tract de la campagne

ON MÉRITE Mieux

À Québec solidaire, nous portons une vision ambitieuse, celle d'un nouveau Québec : un pays basé sur la solidarité et la justice sociale qui va rapprocher le pouvoir du monde. En prenant en charge notre destinée, nous pouvons construire un Québec où tout le monde vit dans la dignité, et où la protection de notre territoire et de notre environnement est au cœur de toutes les politiques.

L'indépendance pour nous, c'est plus qu'un changement de passeport : c'est un projet de société. On veut transformer le Québec, pour bâtir ensemble un pays plus juste, plus vert, un pays libre.

ON A BESOIN D'ESPOIR

L'indépendance du Québec, c'est l'occasion de fonder un nouveau Québec avec comme valeurs la protection de la nature et la construction d'une société plus résiliente.

Alors que le Canada fait le choix d'encourager chaque année le développement du secteur pétrolier et gazier, nous au Québec, sommes libres de faire d'autres choix. Ce que nous proposons à Québec solidaire, c'est de bâtir ensemble un pays qui tourne le dos à l'industrie pétrolière et gazière du Canada pour se tourner vers l'avenir : la transition écologique. Pourquoi l'indépendance ? Parce qu'elle nous donne les leviers nécessaires pour protéger notre environnement.

En tant que nation souveraine, nous pouvons mettre en place des politiques environnementales ambitieuses, investir dans les énergies renouvelables et prendre des mesures significatives pour lutter contre les changements climatiques. Tout ça, sans demander la permission à un gouvernement pro-pétrole à Ottawa. Face à la crise climatique, le plus grand défi de notre époque, nous voulons un Québec qui protège son environnement et rejoigne le club des pays les plus verts au monde.

Tout indique qu'un Québec pays aura une influence écologiste plus grande sur le Canada qu'un Québec province. Il ne faut pas sous-estimer l'effet persuasif puissant d'un pays voisin modèle qui, par exemple, produit la quasi-totalité de son électricité à partir de ressources renouvelables. Aux tables de négociation internationales, par ailleurs, le Québec discutera d'égal à égal avec le Canada, et pourra utiliser l'ensemble des leviers dont dispose un pays pour faire pression sur Ottawa.

Enfin, d'un point de vue géopolitique, notre souveraineté nous garantirait un total contrôle sur les droits de passage commerciaux autant sur notre sol que sur le fleuve Saint-Laurent, ce qui nous permettra de nuire grandement à certaines exportations polluantes au Canada, incluant en premier lieu le pétrole sale des sables bitumineux albertains.

LE QUÉBEC T'APPARTIENT

Québec solidaire veut bâtir un pays qui fait une place à tout le monde. Peu importe où vous habitez sur le territoire du Québec, peu importe vos origines ou celles de vos parents, vous êtes ici chez vous.

Nous voulons réaliser l'indépendance pour améliorer la qualité de vie du peuple québécois. C'est ce peuple, dans toute sa diversité, qui forme la nation québécoise. Le Nouveau Québec, c'est celui qui incarne un nationalisme ouvert, moderne et rassembleur.

Nous pouvons nous inspirer de nombreux et nombreuses indépendantistes, comme Pierre Bourgault, Gérald Godin ou Pauline Julien, qui ont, à travers l'histoire du Québec, incarné un discours progressiste et inclusif. D'hier à aujourd'hui, des gens se sonts rassemblés pour assurer un avenir à notre culture et aux gens qui la font, à notre notre langue et aux gens qui la parlent.

C'est pour cela que Québec solidaire prône une démarche participative et démocratique pour réaliser l'indépendance, qui implique toute la population québécoise : l'Assemblée constituante. C'est comme ça qu'on construit une nation forte et fière, capable d'ouvrir les bras.

ÉCRIVONS ENSEMBLE LA CONSTITUTION D'UN NOUVEAU QUÉBEC

L'indépendance ne se fera pas par la seule volonté d'un parti ou d'un chef. Nous croyons que l'indépendance se fera par la mobilisation et l'engagement de la population québécoise.

Pour réaliser l'indépendance, Québec solidaire propose de convoquer une assemblée constituante. Il s'agit d'une grande instance démocratique, composée de citoyennes et de citoyens élus au suffrage universel, issus de partout sur le territoire du Québec, qui aura pour mandat de sillonner le Québec pour rédiger la constitution de notre nouveau pays.

Dans un second temps, cette constitution de pays du Québec serait soumise au vote de tous les citoyens et citoyennes lors d'un référendum. Notre approche est différente de celle des autres formations politiques : nous croyons que les Québécois et Québécoises doivent non seulement se prononcer sur l'indépendance, mais sur les grandes valeurs et les lois fondamentales qui guideront ce nouveau pays du Québec. Au lieu de repousser le projet de société après un référendum, nous voulons le mettre au cœur de la décision démocratique de fonder un pays.

À Québec solidaire, nous souhaitons que les peuples autochtones soient représentés et consultés dans cette assemblée constituante. Les peuples autochtones sont les premiers occupants du territoire québécois et ils ont des droits ancestraux qui doivent être respectés. Il faut remettre en question le colonialisme qui existe ici, comme partout au Canada. Pour faire du Québec un pays, nous devons nous engager ensemble à travailler de nation à nations avec les peuples autochtones, dans un esprit de dialogue, de coopération et de solidarité.

Certains pays illustrent efficacement ce qu'une nouvelle constitution nous permettrait d'accomplir en ce sens. En 2009, la Bolivie a notablement réécrit sa constitution pour intégrer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, permettre à différents territoires autochtones de s'auto-gouverner, définir l'État bolivien comme “plurinational” et reconnaître un grand nombre de langues autochtones comme langues officielles du pays.

En savoir plus sur la constituante

L'Assemblée constituante est un processus flexible qui ajoute une dimension démocratique à tout projet de future Constitution. À travers l'histoire, cette démarche a été utilisée de différentes manières, que ce soit pour réviser la Constitution d'un pays existant ou pour créer la première Constitution d'un nouveau pays, avant ou après sa déclaration d'indépendance. L'Inde est un exemple de pays qui a créé une telle Assemblée (décembre 1946) avant d'obtenir formellement son indépendance du Royaume-Uni (juin 1947). La fin des travaux de l'Assemblée (novembre 1949) précède également la proclamation de la République de l'Inde en janvier 1950.

Plus récemment, l'Équateur, qui s'est doté d'une nouvelle Constitution en 2008, représente une très belle réussite du processus d'Assemblée constituante. Non seulement la création de l'Assemblée a-t-elle été entérinée par référendum à 81,7%, mais l'adoption référendaire subséquente a aussi été un succès, le Oui l'ayant facilement emporté avec 63,93% du vote. La Constitution nouvellement instaurée fut la première au monde à accorder des droits aux écosystèmes eux-mêmes.

1 Élire un gouvernement solidaire
Québec solidaire doit remporter les élections et former le gouvernement.

2 Écrire un projet de constitution du Québec
Nous convoquerons dans le premier mandat d'un gouvernement solidaire une assemblée représentative de la société qui ira à la rencontre de la population pour rédiger la constitution d'un nouveau pays du Québec.

3 Un référendum pour fonder un nouveau pays

La constitution rédigée par l'assemblée constituante sera soumise à un référendum populaire pour être adoptée, dans ce premier mandat. Si le référendum est approuvé, le Québec deviendra un pays indépendant.

4 Le Québec déclare son indépendance

Les visions de Ruba, Émilise et Gabriel

Vision de Ruba

En tant que Québécoise d'origine palestinienne, je comprends et ressens ce que c'est d'être déraciné, de voir sa langue et sa culture menacées. Comme des milliers d'enfants de la loi 101, les Québécois m'ont appris à aimer le français et la culture d'ici. Je veux que ça continue et c'est de plus en plus difficile dans un Québec qui n'est pas un pays.
Faire l'indépendance c'est aussi refuser le statu quo et vouloir transformer notre société. Depuis la fondation de Québec solidaire, l'indépendance est indissociable de notre projet politique. C'est simple, il est impossible de réaliser notre programme sans réaliser l'indépendance du Québec.
J'ai deux nations, mais pas de pays. Je veux mon pays du Québec. Vive l'indépendance !

Ruba Ghazal


Vision d'Émilise

L'indépendance du Québec, c'est la clé de voûte pour agir sur tous les fronts qui nous sont chers : justice sociale, environnement, autodétermination. Nous avons besoin de retrouver du pouvoir sur nos vies. Retrouver du pouvoir à l'échelle de nos communautés et de nos régions. Pour retrouver du sens dans chacune de nos actions, de nos décisions et de notre développement. Pour y arriver, il faudra déconcentrer et décentraliser le pouvoir et le rapprocher du monde.
On ne fera pas un pays pour les patrons des multinationales, mais pour qu'il appartienne au peuple. Il faut se réapproprier tous nos leviers pour faire mûrir une agriculture qui va nous nourrir ; pour protéger nos richesses naturelles des intérêts étrangers ; pour développer notre résilience collective dans un système qui est de plus en plus difficile à vivre ; pour semer du peuple à la grandeur du territoire et mieux prendre soin des communautés qui l'habitent fièrement ; pour célébrer notre langue et faire fleurir notre culture riche et vivante.

Émilise Lessard-Terrien


Vision de Gabriel

Pour changer les choses pour vrai au Québec, il faut changer notre système politique. On a besoin d'une nouvelle constitution qui va redonner le pouvoir au peuple, affirmer les droits de tout le monde et protéger notre environnement. Construire un nouveau pays, ça sert à construire un nouvel avenir et à améliorer la vie des gens. C'est ça pour moi l'indépendance : le plus beau et le plus grand des projets de changement.

Qu'on soit né ici ou né ailleurs et peu importe la langue qu'on parle à la maison, c'est un projet qui nous unit parce qu'il nous propulse vers un avenir meilleur, ensemble. Le Québec est plein de potentiel et l'indépendance, c'est se donner les moyens de le réaliser. Il n'y a rien de plus beau qu'un peuple qui se tient debout, ensemble, malgré ses différences. Je pense qu'on mérite ça au Québec.

Gabriel Nadeau-Dubois

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Immigration : « bouc émissaire » de la crise du logement

13 février 2024, par Oona Barrett — , ,
Certain·es estiment que l'augmentation de l'immigration au pays est responsable de la crise du logement, mais des expertes n'en sont pas si convaincues. 6 février 2024 | (…)

Certain·es estiment que l'augmentation de l'immigration au pays est responsable de la crise du logement, mais des expertes n'en sont pas si convaincues.

6 février 2024 | tiré de pivot.quebec
HTTPS ://PIVOT.QUEBEC/2024/02/06/IMMIGRATION-BOUC-EMISSAIRE-DE-LA-CRISE-DU-LOGEMENT/ ?VGO_EE=US1KPIILYUA1BADWGZ1D%2BW8VD7EZX675CUZQOFZ2BANK%3ATEWRLOJXEMPWHYK068W87PIXUFJFWHO4

Ces deux dernières semaines, bon nombre de politiciens se sont emballés sur un certain lien de causalité entre la hausse de l'immigration, surtout temporaire, et la crise du logement, allant même jusqu'à établir certaines directives visant à freiner l'immigration. Cependant, des expertes en matière d'habitation et d'immigration démentent cette relation de cause à effet et identifient plutôt certaines actions des gouvernements comme les principales causes.

« Blâmer les personnes qui se retrouvent les grandes victimes de cette crise du logement causée par un manque de politiques sociales, pour moi, c'est vraiment honteux », dénonce Geneviève Vande Wiele Nobert, chercheuse à l'Observatoire des inégalités raciales au Québec et autrice du billet « Logement et immigration : attention aux raccourcis » publié par l'institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS).

Une étude de la Banque Nationale, publiée le 15 janvier, a ouvert le bal de l'emballement public, affirmant la causalité entre immigration et crise du logement et qualifiant la situation de « piège démographique » pouvant se révéler néfaste pour le niveau de vie de la population.

Le 17 janvier, le premier ministre François Legault a demandé, dans une lettre adressée à son homologue fédéral Justin Trudeau, de freiner l'afflux de demandeur·euses d'asile et l'immigration temporaire (étudiant·es et travailleur·euses) au Québec. Il donnait comme principale raison l'impact de ces arrivées sur la crise du logement actuelle, mais aussi sur les services publics.

Du côté fédéral, le ministre de l'Immigration, Marc Miller, a annoncé le 22 janvier vouloir établir un plafond temporaire du nombre d'étudiant·es étranger·es : en conséquence, le nombre de personnes qui recevront un permis d'étude cette année sera de 35 % inférieur à 2023.

Cela est d'ailleurs dans la continuité de la volonté de Justin Trudeau, qui a affirmé quelques jours plus tôt qu'il voulait toujours porter à 500 000 le nombre annuel d'immigrant·es, tout en reprenant le « contrôle » sur l'immigration temporaire. Il a dénoncé à son tour l'impact supposé de ces personnes sur la crise du logement dans tout le pays.

Marc Miller avait aussi ouvert la porte, en décembre dernier, au retour de l'exigence de visa pour les Mexicain·es qui souhaitent entrer au pays, une obligation qui avait été abolie en 2016 par le gouvernement Trudeau.

Que représente vraiment l'immigration ?

Il est vrai que le Québec fait face à un accroissement démographique qui est principalement lié à la hausse de l'immigration internationale permanente et temporaire, mais il reste bien inférieur à d'autres provinces.

La province a gagné 149 900 personnes en 2022, un record depuis 50 ans. Là-dessus, l'immigration internationale représente la forte majorité du total, avec une croissance de 149 500 personnes (compensée par des migrations entre les provinces représentant une baisse de 3100 personnes), tandis que la différence entre les naissances et les décès n'a fait monter la population que de 2300 personnes, selon le Bilan démographique du Québec, publié par l'Institut de la statistique (ISQ).
Cela dit, le taux d'accroissement général de la population du Québec s'établit à 1,7 % en 2022, comparativement à 3,0 % dans le reste du Canada.

Et surtout, en 2022, les nouveaux et nouvelles immigrant·es permanent·es ne représentaient que 0,8 % de la population totale du Québec, et la croissance du nombre de résident·es temporaires, 1,1 %, souligne Geneviève Vande Wiele Nobert dans sa récente analyse.

Selon elle, il est difficile de présumer que cette faible proportion affecte significativement la crise du logement. « Les personnes immigrantes ne représentent qu'une petite partie de la nouvelle demande pour des logements », résume-t-elle dans son billet.

L'immigration temporaire, ciblée plus particulièrement par les politiciens, augmente effectivement d'année en année au Québec depuis 2016 (sans inclure les deux années de la pandémie). L'année 2023 a été historique pour la province : le nombre de résident·es non permanent·es a augmenté de 167 000, soit un bond de 46 % comparé à 2022, selon les données de Statistique Canada.

Cela dit, la hausse de ces immigrant·es temporaires en 2023 ne représentait encore que 1,9 % de la population du Québec, comparable à la moyenne canadienne (2 %).

L'immigration temporaire, un « choix politique »

Pour Geneviève Vande Wiele Nobert, le gouvernement Legault se victimise injustement lorsqu'il se dit inquiet d'un trop grand nombre d'immigrant·es temporaires.

Globalement, les résident·es temporaires ont en effet représenté la majorité de l'accroissement démographique lié à l'immigration : en 2022, leur nombre a crû de 86 700, alors qu'on a accueilli 68 700 immigrant·es permanent·es. Les demandeur·euses d'asile représentaient un tiers des résident·es non permanent·es, les étudiant·es, 20 %, tandis que la plus grande part était de loin celle des travailleurs étrangers temporaires (44 %), selon le Bilan démographique.

Mais cela, en particulier le grand nombre de travailleur·euses temporaires, est un choix que le gouvernement provincial a fait et doit assumer, selon Geneviève Vande Wiele Nobert. « Le Québec a choisi d'assumer une politique d'immigration plus temporaire que permanente, c'est un choix politique », dit la chercheuse.

Avant tout un problème d'abordabilité, pas de rareté

De plus, s'il y avait réellement un lien criant entre immigration et crise du logement, la pénurie de logements se montrerait plus sévère dans les villes où se concentrent les personnes immigrantes, explique la chercheuse Geneviève Vande Wiele Nobert. Or, ce n'est pas le cas.

Par exemple, alors que Montréal accueillait 80 % des personnes migrantes récentes du Québec en 2021, son taux de logements inoccupés (2 %) était pourtant supérieur à la moyenne provinciale (1,7 %) en 2022, selon des données de Statistique Canada.

En comparaison, Drummondville accueillait 0,5 % des immigrant·es, mais avait un taux d'inoccupation de 0,4 %. La situation est comparable à Saguenay, Trois-Rivières ou Sherbrooke, notamment.

Cette tendance était toujours d'actualité en 2023, selon le plus récent rapport de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

Pour la SCHL, cela serait attribuable en grande partie à la hausse de nouveaux et nouvelles arrivant·es, ce qui est démenti par les groupes de défense des locataires. Selon eux, les très faibles taux d'inoccupation s'expliquent plutôt par la forte présence de locations Airbnb, le manque de résidence pour personnes âgées, les nombreuses résidences secondaires en région ou le manque de logement social.

Par ailleurs, l'étude de la Banque Nationale qui a lancé les débats sur l'immigration et le logement notait aussi une hausse disproportionnée de la croissance démographique comparativement aux mises en chantier d'habitation. Le problème serait donc que face à l'accroissement de la population mené par l'immigration, on manquerait de nouveaux appartements.

« On nous dit que quand on aura inondé le marché de nouveaux logements, les prix vont descendre. Pour l'instant, ce qu'on constate, c'est bien le contraire. »
Véronique Laflamme, FRAPRU

Mais la construction de nouveaux logements est-elle vraiment la réponse aux difficultés des locataires ?

En tout cas, à Montréal, « le taux d'inoccupation des appartements construits au cours des trois dernières années était plus élevé (4,2 %) que pour l'ensemble du marché », soulignait le rapport de la SCHL en 2022. Le rapport explique qu'une des raisons principales est le prix trop élevé de ces nouvelles habitations.

« On nous présente la mise en chantier comme la solution, on nous dit que quand on aura inondé le marché de nouveaux logements, les prix vont descendre. Pour l'instant, ce qu'on constate, c'est bien le contraire », exprime Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

Dans son plus récent rapport sur 2023, la SCHL notait aussi qu'à Montréal, le taux d'inoccupation est particulièrement faible quand on regarde les logements aux loyers les plus bas. Par exemple, seulement environ 1 % des logements se louant moins de 1 075 $ étaient vacants à la fin de l'année dernière.

Ainsi, même si la rareté des logements a un impact sur la crise, le vrai problème serait l'abordabilité des loyers, selon Véronique Laflamme.

Elle rappelle qu'entre 2021 et 2022, le loyer moyen avait augmenté de 8,9 % au Québec, et de 25 % depuis 2018, selon un rapport du FRAPRU basé sur le dernier recensement de Statistique Canada.

Le dernier état de la situation par la SCHL a confirmé que les loyers avaient encore bondi de 7,4 % au Québec entre 2022 et 2023.

La responsabilité du gouvernement

Selon Véronique Laflamme, pour faire face à cette crise des loyers, il faudrait prioriser la part du logement social dans le parc locatif, pour la doubler.

Or, récemment, pour la première fois, la part du logement social dans le marché a diminué, passant de 11,2 % à 10,1 % entre 2016 et 2021, selon une analyse du FRAPRU basée sur les chiffres de Statistique Canada. En ce moment, 40 000 ménages locataires sont sur liste d'attente pour un loyer modique, selon la porte-parole.

C'est que depuis les années 1990, le gouvernement fédéral s'est désengagé du financement de nouveaux logements sociaux. Depuis, le provincial a pris le relais pour maintenir la part de logements sociaux, mais sans jamais investir à la même hauteur qu'avant.

« Les politiques gouvernementales sont la cause de cette crise. »
Véronique Laflamme

Le gouvernement Legault peine à livrer les 16 000 logements qu'il a promis en 2018 à partir d'annonces qui avaient été faites par les gouvernements antérieurs, déplore Véronique Laflamme.
Ainsi, selon Geneviève Vande Wiele Nobert et Véronique Laflamme, les décisions politiques de ces dernières décennies sont les principales causes de la crise du logement.

« Ça fait des années que cette crise du logement se prépare. Les politiques gouvernementales sont la cause de cette crise. Si le gouvernement fédéral avait continué à financer le logement social à la même hauteur qu'il le faisait dans les années 1980, on aurait plus de 80 000 logements sociaux supplémentaires », résume la porte-parole du FRAPRU.

Victimes pointées du doigt

Bien que la hausse de l'immigration puisse faire légèrement pression sur la rareté des logements, pour les expertes, les nouveaux et nouvelles arrivant·es sont avant tout les victimes de cette crise.
« Les nouveaux immigrants sont ceux qui souffrent le plus de la crise du logement. Ce sont ceux qui se retrouvent le plus dans des logements délabrés et qui sont les plus sensibles à se faire abuser par les propriétaires », explique Véronique Laflamme.

Les demandeurs d'asile et les réfugié·es se retrouvent beaucoup plus en situation d'itinérance que d'autres groupes, selon la spécialiste en habitation.

En réponse à la lettre du premier ministre Legault envoyée à Justin Trudeau, le gouvernement fédéral a annoncé mercredi dernier que Québec recevra 100 millions $ de plus pour héberger temporairement les demandeur·euses d'asile afin d'éviter une situation d'itinérance.

Pour la porte-parole du FRAPRU, le gouvernement fait jouer un rôle de bouc émissaire aux immigrant·es, afin de trouver des coupables pour ses propres échecs. « On a l'impression qu'on a fait sortir l'immigration du chapeau en début d'année pour faire oublier les mauvaises décisions des derniers mois, surtout pour faire oublier la grogne face au projet de loi 31 », déplore Véronique Laflamme.

« Les immigrants deviennent les boucs émissaires sur le dos de qui on peut mettre tous nos problèmes sociaux. »
Geneviève Vande Wiele Nobert, chercheuse

De plus, pour Geneviève Vande Wiele Nobert, le gouvernement a un discours racialement chargé, même s'il ne veut pas se l'avouer. « On sait de qui on parle quand on parle de “trop d'immigration”. On ne parle pas du Français du Plateau Mont-Royal », dénonce-t-elle.

En 2022, les Français·es étaient classé·es au premier rang des nouveaux et nouvelles arrivant·es au Québec représentant 16 % de la population immigrante. Vient ensuite la Chine avec 9,9 % puis l'Algérie, l'Haïti et la Tunisie (entre 5 et 5,5 %). Ces statistiques mettent en évidence la valorisation des nouveaux arrivants francophones dans la sélection de l'immigration québécoise.

« Les immigrants deviennent les boucs émissaires sur le dos de qui on peut mettre tous nos problèmes sociaux. On l'a vu à l'époque avec l'emploi, maintenant c'est avec l'immigration », conclut la chercheuse.

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Des groupes de citoyens demandent à la Cour fédérale de réviser la décision d’autoriser un dépôt de déchets radioactifs en surface près de la rivière des Outaouais.

13 février 2024, par Concerned Citizens of Renfrew County and Area , Ralliement contre la pollution radioactive (RCPR), Regroupement pour la surveillance du nucléaire — , ,
(Ottawa, le 8 février 2024) – Concerned Citizens of Renfrew County and Area, le Ralliement contre la pollution radioactive et le Regroupement pour la surveillance du nucléaire (…)

(Ottawa, le 8 février 2024) – Concerned Citizens of Renfrew County and Area, le Ralliement contre la pollution radioactive et le Regroupement pour la surveillance du nucléaire ont demandé hier la révision judiciaire d'une décision de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN). Celle-ci a récemment autorisé la construction d'une installation géante de gestion des déchets radioactifs près de la surface (IGDPS), tout près de la rivière des Outaouais à 180 km d'Ottawa.

Les trois groupes reprochent à la Commission de sûreté nucléaire d'avoir autorisé cette décharge radioactive sans considérer plusieurs éléments essentiels :

• Les doses de rayonnement annoncées par le promoteur de cette installation dépasseront certaines limites prescrites par la réglementation canadienne et les normes internationales ;

• Le promoteur, les Laboratoires Nucléaires Canadiens (LNC), n'a pas fourni suffisamment de renseignements sur les déchets qui seront placés dans cette installation, si bien que son dossier de sûreté n'est pas fiable ;

• Un document-clé soumis par les LNC, intitulé Les critères d'acceptation des déchets, inclut une section de dérogation qui permettra de placer dans cette IGDPS des déchets plus dangereux que ne le permettent les critères d'acceptation officiels. Cette possibilité de dérogation rend illusoire toute garantie de sécurité ;

• Les processus prévus ne permettront pas de garantir que les déchets placés dans l'IGDPS sont conformes aux critères d'acceptation ;

• Les LNC ont omis de fournir des informations sur plusieurs autres projets voisins dont les impacts environnementaux s'ajoutent à ceux des déchets placés dans l'IGDPS ;

• Les LNC ont proposé comme mesure d'atténuation* d'installer un pipeline de déversement vers le lac Perch voisin, ce qui augmentera les rejets de tritium radioactif dans la rivière des Outaouais plutôt que de les diminuer ;

• L'habitat et les abris de plusieurs espèces protégées seront détruits par la préparation du site et la construction de l'IGDPS.

Selon cette demande de contestation judiciaire présentée à la Cour fédérale le 7 février, la décision de la CCSN est aussi déraisonnable parce que la Commission n'a pas émis de permis pour préparer l'emplacement et n'a pas procédé à l'évaluation nécessaire avant cette préparation de l'emplacement.

« À notre avis, la Commission commet une grave erreur en autorisant cette installation géante de gestion des déchets radioactifs à un kilomètre de la rivière des Outaouais », a déclaré Lynn Jones, de Concerned Citizens of Renfrew County and Area. « L'IGDPS durera à peine 550 ans alors qu'une grande partie des déchets qui y seront placés resteront dangereux et radioactifs pendant des milliers d'années. »

Les demandeurs sont représentés par Nicholas Pope de Hameed Law. Ils demandent une ordonnance qui obligera la CCSN à réévaluer sa décision de modifier le permis pour permettre la construction de l'IGDPS.

*Les mesures d'atténuation ont pour but d'éliminer, réduire ou contrôler un effet négatif du projet.

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Pour QS... Dans les tempêtes qui s’annoncent, garder à l’oeil la boussole de l’indépendance

13 février 2024, par Pierre Mouterde — , ,
Québec solidaire est-il à la croisée des chemins, au point de devoir revoir impérativement ses rapports avec ses frères ennemis péquistes, comme s'interroge Balint Demers (voir (…)

Québec solidaire est-il à la croisée des chemins, au point de devoir revoir impérativement ses rapports avec ses frères ennemis péquistes, comme s'interroge Balint Demers (voir Les solidaires à la croisée des chemins) ? Ou au contraire doit-il persévérer et éviter à tout prix un tel scénario, synonyme au bout du compte de cul de sac politique, ainsi que le défend André Frappier (voir Le scénario proposé par le texte Solidaires à la croisée des chemins mènerait QS à l'impasse) ? Telle est, à travers ces deux points de vue opposés, l'alternative qui nous est présentée dans les pages de Presse-toi à gauche. Mais n'y aurait-il pas une autre voie à emprunter qui montrerait comment, dans les tempêtes sociales et politiques qui s'annoncent, la lutte pour l'indépendance pourrait nous servir d'indispensable boussole.

Le texte de Balint Demers a en effet le mérite de nous obliger à prendre du recul, en cernant quelques- unes des raisons qui, dans le cycle politique actuel, expliqueraient la remontée dans les sondages du Parti québécois et rendraient compte du regain de prestige que Paul Saint Pierre Plamondon a connu vis-à-vis de Québec solidaire et de son porte-parole masculin, Gabriel Nadeau Dubois. En ce sens Balint Demers a raison de rappeler que pendant que QS occultait « son indépendantisme », adoptait — comme il le dit « les idées de la gauche libérale états-unienne » et se focalisait sur un « électorat jeune et urbain », le PQ de son côté paraissait revenir « avec éclat à ses fondamentaux (...) l'indépendantisme et la social-démocratie », (...) tout en alliant « propositions tranchantes et rhétorique modérée sur des questions comme l'environnement, la démondialisation, l'immigration massive, la laïcité et les inquiétudes suscitée par le numérique » J'insiste ici : le mot « paraissait » n'est pas dans le texte de Balint Demers, je l'ai expressément rajouté, car on rencontre là une première difficulté : l'histoire nous a trop appris qu'il y a eu, bien souvent pour le PQ, un abîme entre ce qu'il prétendait faire (le dire de ses babines) et ce qu'il faisait effectivement (le pas de ses bottines). D'autant plus si on se souvient que, mise à part une courte période (1968-1976), « ses fondamentaux » (ainsi que les dénomme Balint Demers) ont plutôt été ceux de la souveraineté- association et du social-libéralisme (dès 1983), loin en tout état de cause des exigences de l'indépendance et d'une authentique social-démocratie.

Mais faire ces nuances ne veut pas dire pour autant que Balint Demers ne touche pas à quelque chose de fondamentalement juste : l'importance récurrente pour le peuple du Québec —et par conséquent pour tout parti de gauche du Québec— de la question nationale, et avec elle des luttes et aspirations pour la souveraineté et l'indépendance. Et cela, y compris dans une période socio-politique difficile comme la nôtre où il reste si ardu de rassembler activement de larges secteurs de la population autour d'une cause sociale commune. L'indépendance ne continue-t-elle pas, selon divers sondages, à rallier autour de 30 à 35% de la population ; ce qui à une époque de fragmentation manifeste des forces progressistes est loin d'être négligeable ?

Le contexte socio-politique empoisonné d'aujourd'hui
Car c'est d'abord à ce constat qu'il faut s'arrêter : depuis 20 ans (2003), et si on excepte dans le sillage du printemps Érable de 2012 le court passage au gouvernement de Pauline Marois du PQ (2012-2014) —passage teinté de néolibéralisme et de nationalisme identitaire— le Québec a été gouverné par des partis ouvertement de droite ou clairement néo-libéraux et peu ou prou fédéralistes : ceux du Parti libéral de Jean Charest (2003-2012), puis celui de Philippe Couillard (2014-2018), ceux enfin de la CAQ de François Legault (2018/2022, puis 2023/2026). Avec, en l'absence d'une gauche forte, toutes les conséquences funestes que ces politiques ont fini par produire sur la société québécoise ! Qu'il suffise de penser, comme exemple par excellence, à l'état de délabrement actuel du système de santé publique, ou encore en termes culturels aux difficultés grandissantes que connaît le français pour s'imposer comme langue officielle !

Au Canada, des constats similaires pourraient être faits, puisqu'on assiste à cette même et lente montée des forces de droite ou d'extrême droite, mâtinée cependant à l'encontre des années conservatrices de Harper (2006-2015), par les politiques plus libérales des gouvernements Trudeau (2015/2019- 2019/2023), fortement questionnées cependant aujourd'hui par la remontée en force dans les sondages du conservateur Pierre Poilièvre,

Il se profile donc –en synthonie avec ce qui se passe partout ailleurs (Europe, USA, Asie, Amérique latine, etc).— des dangers socio-politiques majeurs (incarnées par la victoire possible et surréaliste de Donald Trump aux prochaines élections présidentielles des USA !) qui exigeraient de la part de la gauche, des stratégies susceptibles d'être à la hauteur de tels défis. Quelle boussole dès lors pourrait- elle se donner au Québec ?

Les échecs de la gauche On le sait, au Québec comme ailleurs, les mouvements sociaux et les partis politiques de gauche n'ont pas manqué de rappeler comment ces politiques de droite récurrentes –distillant sexisme, racisme et idées conservatrices— était dangereuses en termes d'acquis sociaux, de démocratie ou de préservation de l'environnement, et les uns et les autres n'ont pas arrêté de les dénoncer haut et fort. Mais il faut le reconnaître, sans grand succès jusqu'à présent, plutôt même sur le mode de l'échec : comme si elle n'arrivait pas à mettre le doigt sur sur les sources profondes de cette remontée de la droite et de l'extrême droite, ni non plus sur ces caractéristiques principales, et encore moins sur les remèdes qu'on devrait y apporter.

Et à ce propos il y a peut-être un phénomène auquel on n'a pas assez prêté attention : fruit d'une multitudes de crises combinées (économiques, sociales, politique, culturelles, sanitaires, technologiques, géopolitiques, etc.), stimulées et exacerbées par les logiques du marché capitaliste néolibéral globalisé, cette montée de la droite et de droites extrêmes est portée par « un air du temps » où, comme l'écrit Roger Martelli [1] dominent l'incertitude, l'inquiétude et le ressentiment, la peur d'un monde instable, de rapports de force incertains, de sociétés disloquées et violentes où les hordes du « eux » menacent en permanence les équilibres vertueux du « nous ».

En fait c'est en jouant systématiquement sur des sentiments collectifs diffus, faits d'insécurité, de désorientation, d'exaspération et de cynisme et renvoyant à la dangerosité du monde actuel, que la droite a gagné ces dernières années du terrain sur la gauche. Et c'est en présentant un projet politique rassurant à ce sujet — par exemple en désignant à la vindicte publique des bouc-émissaires faciles comme les immigrants, en réaffirmant l'importance de l'identité nationale ou encore celle de pouvoir contrôler ses frontières en établissant des murs— que la droite et l'extrême droite ont pu se tailler la place qu'elles occupent d'ores et déjà aujourd'hui sur la scène politique du Canada comme du Québec.

Se porter à la hauteur des peurs et exaspérations d'aujourd'hui
Et si la gauche voulait reprendre le dessus sur la droite, redevenir une force de proposition déterminante pour l'avenir, elle devrait nécessairement prendre en compte les données de ce contexte ainsi que l'importance décisive de ces sentiments d'angoisse collective. Mais évidemment point pour céder à leur sirènes, ou les exacerber plus encore (comme tend à le faire trop souvent Paul Saint Pierre Plamondon ces derniers temps !).

Mais au contraire pour faire écho et répondre à ces exaspérations et désorientations qu'expriment de larges secteurs de la population du Québec, en les prenant à bras le corps et en leur offrant le débouché rassurant d'un projet politique global, positif et mobilisateur, centré dans le cas du Québec, sur la marche à l'indépendance et susceptible ainsi de canaliser positivement tant de forces vives en déshérences (ce que jusqu'à présent QS n'a pas osé le faire, notamment au moment de la pandémie !).

Il s'agit donc de la proposition d'un projet politique global qui, comme le rappelle l'historien français Patrick Boucheron [2] après la tuerie de Charlie Hebdo en France, viserait à « s'aérer ensemble », c'est-à- dire à transmuer cette peur collective diffuse poussant au repli sur soi et à la défense identitaire, en une énergie transformatrice et positive, une énergie citoyenne susceptible de s'attaquer aux sources véritables de nos malaises et mal-être contemporains : les inégalités socio-économiques et malaises culturels générés par le capitalisme historique.

On pourrait aussi présenter cette proposition comme un projet qui, comme le dit Roger Martelli, ferait entendre « le grand récit d'une société rassemblée et apaisée par l'égalité, le respect de chacune et de chacun, la citoyenneté, la solidarité et la sobriété ». En somme il s'agirait de se mettre plus en phase avec les mal-êtres et exaspérations souterraines qui taraudent la société québécoise et particulièrement ses classes subalternes et populaires, tout en mettant résolument de l'avant, un grand récit politique émancipateur, le projet d'une marche mobilisatrice et participative vers l'indépendance.

Telle pourrait être une des idées clef qui aujourd'hui pourrait stimuler les forces indépendantistes et les aider à s'orienter en ces temps difficiles ainsi qu'à reprendre le dessus sur la droite. Au-delà des rêves de souveraineté et « d'être maitre chez nous » que le projet d'indépendance a suscités dans les années 1960-1970-1980 ; au-delà de la volonté de reconquérir le droit à l'auto-détermination de tout un peuple à l'encontre d'un fédéralisme canadien structuré autour des intérêts économiques des lobbies miniers et pétroliers de l'axe Calgary/Toronto ; au-delà de la nécessité de disposer de ses propres leviers politiques pour accoucher en Amérique du Nord d'une société culturellement francophone, mais foncièrement plus égalitaire et plus respectueuse de ses premiers habitants autochtones, comme de ses nouveaux arrivants et des territoires qu'elle occupe, il faudrait aussi pouvoir ré-apprendre à faire concrètement communauté politique autour d'un projet de pays égalitaire que l'on co-construirait ensemble. Et cela, en nous aidant du même coup à faire barrage au Québec à la montée si inquiétante de la droite et de l'extrême-droite.

De nouveaux rapports avec le PQ ?
Mais dire cela nous impose, comme l'évoque Balint Demers, d'oser faire évoluer nos rapports avec le PQ de Paul Saint Pierre Plamondon. Plus qu'un frère ennemi, il devrait être dorénavant considéré, certes comme un adversaire politique coriace, mais en même temps comme un adversaire particulier avec lequel nous partageons le rêve d'un pays à construire, et d'un pays qui ne pourra advenir que si on devient capable de remobiliser avec l'aide de multiples forces, un vaste mouvement social et politique autour d'une nouvelle marche à l'indépendance.

Évidemment un tel projet appelle à des échanges, à des débats « confrontationnels », à ce qu'on pourrait appeler une bataille pour l'hégémonie, notamment sur la façon dont on peut concrètement concevoir cette indépendance (le projet de société qu'elle porte, etc.) et la mettre en marche (le rôle d'une constituante, de la démocratie participative, de la mobilisation citoyenne et extra-parlementaire, etc.), en faisant apparaître tout ce qui peut nous opposer, mais aussi tout ce à travers quoi -par le débat et des expériences de luttes communes— on peut éventuellement finir par se rejoindre (ce sur quoi QS a été particulièrement silencieux).

Un tel projet appelle aussi évidemment, et en tout premier lieu, à des campagnes de mobilisations sociales élargies de manière à remettre en mouvement l'ensemble de la société civile d'en bas du Québec (ce que le PQ a bien souvent eu tendance à oublier). Il appelle enfin à discuter —au moment opportun et en fonction de perspectives stratégiques favorables à un tel projet — d'un agenda politique et électoral, et bien sûr (-oh sacrilège !—) des alliances conjoncturelles possibles, mais toujours dans la perspective de ce qui peut concrètement relancer la mobilisation sociale, faire avancer ce projet de marche vers l'indépendance, le remettre définitivement en mouvement.

En ce sens plus qu'à la boussole d'un souverainisme de gauche -comme le conseille Balint Demers, par trop enfermé dans une analyse purement électoraliste des rapports de force entre QS et le PQ— c'est à celle d'un indépendantisme (liée à celle de l'avénement d'une république sociale) auquel QS devrait se référer à l'avenir, en s'y tenant coûte que coûte ! Ne serait-ce que pour faire échec à, et contrebalancer toutes les tentations auxquelles le PQ— de par le poids ses propres traditions historiques— pourraient si facilement succomber.

Et dans ce sens, c'est à une véritable bataille dans laquelle QS s'engagerait s'il décidait d'embrasser sans faux-fuyant le projet stratégique de l'indépendance et de sa république sociale. Une bataille de tous les instants qu'il aurait à mener, bien sûr contre la droite, l'extrême-droite aux velléités fascisantes et les fédéralistes de tous genres, mais aussi contre les penchants nationalistes identitaires, les tendances néolibérales ou social-libérales du PQ.

Il n'en demeure pas moins qu'adopter une telle orientation change tout, car il devient possible ainsi d'imaginer remettre en mouvement quelques-unes des plaques tectoniques de la politique québécoise, enserrées depuis plus de 20 ans dans des orientations clairement figées à droite, et auxquelles viennent se heurter en vain des oppositions fragmentées et toujours impuissantes.

Et ici plutôt que de craindre ou d'appréhender les risques d'une telle stratégie (comme le fait le texte d'André Frappier), des risques évidents, mais qui, si nous les affrontons avec la lucidité et tous les moyens dont nous disposons, nous ouvrent en même temps à la possibilité de redonner force et vie, non seulement à la cause indépendantiste, mais aussi à un mouvement social et politique susceptible enfin de mettre un holà à la montée de la droite et de l'extrême droite.

Le pari n'en vaut-il pas la chandelle ?

Pierre Mouterde
Sociologue, essayiste
Québec le 12 février 2024


[1] Voir Le Monde du 17 janvier 2024, Roger Martelli : « Contre le RN, seule compte la force d'un projet »

[2] Voir Patrick Boucheron, Conjurer la peur, Paris, le Seuil, 20132

Quand Amazon fait peur au monde…

13 février 2024, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — , ,
On avait entendu parler des pratiques déloyales d'Amazon à l'endroit des travailleuses et des travailleurs ailleurs dans le monde. On ne peut tolérer qu'Amazon se comporte de (…)

On avait entendu parler des pratiques déloyales d'Amazon à l'endroit des travailleuses et des travailleurs ailleurs dans le monde. On ne peut tolérer qu'Amazon se comporte de la même façon au Québec.

La présentation de la preuve s'étant conclue ce matin, les plaidoiries finales ont été lancées, cet après-midi à Montréal, dans le cadre d'une plainte déposée par la CSN contre la multinationale Amazon pour ingérence et entrave à la campagne de syndicalisation qui y est menée. Le juge Henrik Ellefsen prendra par la suite la cause en délibéré.

À compter de mai 2023, fait valoir la CSN dans sa plainte au Tribunal administratif du travail, il est devenu impossible pour le personnel du centre de distribution YUL2 d'Amazon de prendre une pause, de manger son repas ou d'aller aux toilettes sans être bombardé de messages de l'employeur : « Protégez votre signature : une carte syndicale est un document juridique », indiquent ceux-ci.

« Protégez votre signature : vous n'avez pas à fournir vos renseignements personnels », clament d'autres affiches. « Parlez à vos dirigeants pour en savoir plus », enjoignait la direction à ses travailleuses et ses travailleurs… alors qu'une campagne de syndicalisation était activement menée. « Vous avez le droit de ne pas signer une carte », précisaient de nombreuses affichettes.

« Bien sûr qu'Amazon tente de faire peur au monde ! », plaide la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Quel est l'intérêt d'ajouter des icônes d'empreintes digitales sur leurs affiches ? Quel est l'objectif en martelant sur chacune d'elles : “Protégez votre signature, protégez votre signature”, quand le Code du travail prévoit justement que c'est en faisant signer des cartes de membre qu'on met sur pied un syndicat au Québec ? »

Pour Caroline Senneville, il est clair qu'Amazon tente d'effrayer des employé-es, dont la très grande majorité est issue de l'immigration.

« Parmi les employé-es d'Amazon, on compte des réfugié-es politiques, des immigrantes et des immigrants à statut précaire, dont plusieurs parviennent à peine à comprendre le français, encore moins le cadre légal qui prévaut au Québec et qui prévoit justement la protection des travailleuses et des travailleurs qui désirent se syndiquer », souligne la présidente de la CSN.

« On avait entendu parler des pratiques déloyales d'Amazon à l'endroit des travailleuses et des travailleurs ailleurs dans le monde. On ne peut tolérer qu'Amazon se comporte de la même façon au Québec, alors que nos lois interdisent justement ces tentatives d'intimidation à l'endroit des salarié-es », conclut la dirigeante syndicale.

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Les syndicats québécois, les armes et l’application de la Convention sur le génocide dans la bande de Gaza

Le 6 février 2024, dix jours après l'adoption de l'ordonnance de la Cour internationale de justice rendue dans l'affaire opposant l'Afrique du Sud à Israël concernant (…)

Le 6 février 2024, dix jours après l'adoption de l'ordonnance de la Cour internationale de justice rendue dans l'affaire opposant l'Afrique du Sud à Israël concernant l'application de la Convention sur le génocide dans la bande de Gaza , une coalition de la société civile canadienne a signé une lettre ouverte exhortant le Gouvernement du Canada à mettre fin aux livraisons d'armes à Israël .

Parmi les organisations signataires on retrouve notamment, Amnesty international, Human Rights Watch, Independent Jewish Voices, Oxfam etc. Les organisations prennent notamment acte du fait que tous les États parties à la Convention ont l'obligation de faire ce qui est en leur pouvoir pour prévenir et punir les actes de génocide à l'heure où le Gouvernement du Canada admet exporter des équipements militaires « non létaux » vers Israël et que le Gouvernement Québécois refuse de condamner de telles exportations après s'être obstinément refusé à exiger un cessez-le-feu.

Les prises de positions des centrales syndicales

Curieusement, les organisations de la société civile québécoise sont très peu représentées dans la liste des signataires. Fait notable également, le mouvement ouvrier n'est pas représenté, il n'y a aucune centrale syndicale et aucun syndicat canadien ou québécois. En ce qui concerne les centrales syndicales québécoises à tout le moins, cette absence ne semble cependant pas être un accident.

Tout d'abord, on relèvera que les centrales syndicales québécoises n'ont pas adopté de déclaration intersyndicale, suite aux massacres de Hamas du 7 octobre 2023 ou suite à ce qui est désormais identifié par la Cour de justice comme un génocide « plausible » justifiant l'adoption de mesures conservatoires. Ceci est d'autant plus regrettable que par le passé, les centrales syndicales n'ont pas hésité à adopter des déclarations communes en matière de politique internationale ; ce fut notamment le cas sur le conflit Israélo-Palestinien, en 2014 et 2010 ou plus récemment pour dénoncer l'invasion Russe à grande échelle de l'Ukraine. De telles initiatives intersyndicales ont pourtant été réalisées dans d'autres pays, en France par exemple ou très récemment par de puissantes Fédérations syndicales internationales (FSI) .

Ensuite, une rapide recherche internet révèle que ce « plausible » génocide n'est clairement pas au cœur des préoccupations des organisations syndicales et le désintérêt structurel des organisations syndicales pour les questions de politiques internationales ne peut pas tout justifier. À titre d'exemple, le terme « Gaza » ne donne aucun résultat sur le site de la CSQ. La FTQ a adopté un communiqué en octobre 2023, qui dénonce les crimes commis de part et d'autre, qui demande au Hamas de « cesser ses agressions inqualifiables » mais qui n'appelle pas au cessez-le-feu de la part d'Israël . Sur le site de la CSN, on trouve une résolution adoptée par le Centre international de solidarité international (CISO) qui appelle au cessez-le-feu mais aucune déclaration propre à la CSN . La page Facebook du Comité de solidarité internationale du Conseil Central du Montréal-Métropolitain (CCMM-CSN) montre que ce dernier a adopté une « question de privilège » le 1er novembre en soutien au peuple palestinien qui dénonce « l'intimidation subie par certains groupes ayant manifesté leur appui au peuple palestinien » mais qui ne condamne pas les massacres du 7 octobre 2023. Le CCMM a également relayé deux appels à manifester, un communiqué pour soutenir la requête de l'Afrique du Sud à la CIJ ainsi qu'une résolution adoptée par le Syndicat des travailleuses(eurs) des centres de la petite enfance de Montréal ; c'est à peu près tout.

L'inertie des bureaucraties syndicales en cas de « plausible » génocide à Gaza

À notre connaissance, en date du 12 février 2024, aucune centrale syndicale québécoise n'a « pris acte » de l'ordonnance de la Cour internationale de justice, exigé le boycott des livraisons d'armes ou des échanges commerciaux avec Israël, appuyé ou relayé les actions de blocages des armes comme celle menée à Saint-Augustin-de-Desmaures devant General Dynamics en décembre 2023 au Québec ou en février 2024 au Port de Vancouver par exemple ; toujours à notre connaissance, aucune centrale n'a exigé de ses membres qu'ils veillent à ce que les employeurs ne contribuent pas d'une façon ou d'une autre au « plausible » génocide, aucune n'a dénoncé la suspension de l'aide humanitaire canadienne à l'UNRWA ou tout simplement appelé ses membres à faire des dons.

Concrètement, la solidarité internationale des centrales syndicales québécoises en cas de « plausible » génocide à Gaza semble donc se résumer aujourd'hui à de très rares déclarations de principes isolées et à d'exceptionnels appels à manifester. Force est alors de constater que cette passivité des dirigeant.es syndicaux contraste dramatiquement avec les mobilisations sans précédent des jeunes, des travailleurs, des travailleuses au Québec comme un peu partout dans le monde, en faveur d'un cessez-le-feu et pour mettre fin à un « plausible » génocide.

Camille Popinot

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Réforme Dubé Moins de 8 % du personnel professionnel sera volontaire pour travailler à Santé Québec

13 février 2024, par Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) — , ,
Québec, le 5 février 2024 — Moins de 8 % du personnel professionnel du ministère de la Santé et des Services sociaux a l'intention de se porter volontaire pour travailler à (…)

Québec, le 5 février 2024 — Moins de 8 % du personnel professionnel du ministère de la Santé et des Services sociaux a l'intention de se porter volontaire pour travailler à Santé Québec si les conditions de travail prévues par la loi demeurent inchangées, selon un sondage réalisé par le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

« Le ministre dit vouloir transférer 50 % du personnel professionnel vers Santé Québec. Les chiffres démontrent qu'il s'en va dans le mur. Moins de 5 % des répondants disent qu'ils vont rester à Santé Québec s'ils sont transférés. Une large majorité prévoit utiliser son droit de retour dans la fonction publique en cas de transfert forcé. S'il veut que sa réforme soit un succès, le ministre doit corriger le tir très rapidement. Il est minuit moins une, les premiers transferts sont prévus en avril selon son plan de match », indique Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.

La solution est pourtant simple. Quelque 63 % des membres du SPGQ se disent prêt à aller travailler à Santé Québec s'ils conservent leur convention collective et leurs conditions de travail actuelles. « Pour l'instant, la loi les intègre dans la convention collective du réseau de la santé, ce qui est désavantageux pour eux. Le personnel professionnel du ministère gagne de 7 % à 14 % de plus que celui du réseau de la santé. Nos membres vont se retrouver hors taux et hors échelle. Cela signifie qu'ils vont recevoir la moitié des augmentations salariales prévues dans la convention collective et l'autre moitié en montants forfaitaires jusqu'à ce que leur salaire à Santé Québec soit conforme à la nouvelle convention. Cette situation, qui peut perdurer pendant de nombreuses années, a de lourdes répercussions sur leur progression salariale et le calcul des rentes de retraite », déplore M. Bouvrette.

Le ministre doit aussi indiquer rapidement à ses employées et employés ce qui les attend. « La partie patronale nous dit que les tâches à transférer sont identifiées par le ministère, mais l'employeur tarde à nous transmettre l'information », dénonce M. Bouvrette.

Pour l'instant, moins de 15 % d'entre eux ont été informés de manière informelle qu'ils seront transférés ou non. Il n'y a eu aucune annonce officielle. « Cette incertitude a des conséquences. Près du tiers d'entre eux sont déjà à la recherche d'un nouvel emploi. En plus de nuire à la mise en place de la réforme, le ministre est en train de fragiliser son propre ministère », constate M. Bouvrette. Le ministre a-t-il négligé des détails dans son empressement à lancer Santé Québec ? Tout porte à croire que oui.

À propos du SPGQ

Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 33 700 spécialistes, dont environ 25 000 dans la fonction publique, 5 800 à Revenu Québec et 2 900 en santé, en enseignement supérieur et dans les sociétés d'État.

Source
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec

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