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Au Sénégal, Macky Sall fossoyeur de la démocratie

20 février 2024, par Paul Martial — , ,
Incapable de gagner les prochaines élections, le président sortant tente une énième manœuvre pour s'assurer que l'opposition radicale ne remporte pas le scrutin présidentiel. (…)

Incapable de gagner les prochaines élections, le président sortant tente une énième manœuvre pour s'assurer que l'opposition radicale ne remporte pas le scrutin présidentiel.

Tiré d'Europe solidaire sans frontière.

Fidèle à la devise des potentats africains : « On n'organise pas une élection pour la perdre », le président de la République Macky Sall a entrepris un véritable coup constitutionnel en repoussant le scrutin à décembre 2024 à quelques heures de ­l'ouverture électorale officielle.

Le plan A échoue

Après la révision de la Constitution en 2016, le président Sall avait bien tenté de briguer un troisième mandat mais en vain, au vu des oppositions tant à l'intérieur du pays qu'à l'international. Il a donc désigné son dauphin, l'actuel Premier ministre Amadou Ba. Cette décision solitaire a suscité mécontentements et oppositions. Ainsi le camp présidentiel s'est divisé et affaibli avec l'apparition de candidatures dissidentes.

Bien que le président sortant ait préparé le terrain en écartant du jeu électoral son principal concurrent Ousmane Sonko, en dissolvant son parti le PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), en emprisonnant des dizaines d'opposantEs et en muselant la presse libre, la candidature de son protégé ne fait pas recette. Et le candidat Bassirou Diomaye Faye lui-même emprisonné, qui remplace Sonko, a des grandes chances d'emporter le scrutin.

Un véritable cauchemar pour les élites sénégalaises, car le programme du PASTEF vise à rompre les amarres avec l'ancienne puissance coloniale, se traduisant notamment par la sortie du franc CFA, la fermeture de la base militaire française et l'adoption d'une politique indépendante de l'hexagone.

Le plan B s'écroule

Devant une telle situation, bon gré mal gré, Macky Sall se doit d'intégrer dans son plan la candidature de Karim Wade, le fils de l'ancien président. Il a dû s'exiler pendant de longues années à la suite des affaires de corruption. Mais si un temps Sall et Wade s'opposaient, nécessité faisant loi, leur union contre les partisans de Sonko se scelle. Mais coup de théâtre, la presse révèle la double nationalité française et sénégalaise de Wade, entraînant l'annulation de sa candidature par le Conseil constitutionnel. Les députés de son parti contre-attaquent et exigent une commission d'enquête sur des allégations de corruption de deux juges de cette juridiction. Second coup théâtre, les députés du camp présidentiel votent pour. Ainsi, Macky Sall profite de cette situation, que ses partisans ont créée, pour parler de crise institutionnelle et repousser les élections.

Après avoir fait virer les députés de l'opposition par la gendarmerie, la majorité de l'Assemblée nationale valide la nouvelle date du scrutin au 15 décembre et le prolongement présidentiel d'autant. Soit dix mois, un délai suffisamment long pour permettre à Macky Sall de rebattre les cartes afin que les résultats électoraux soient conformes à ses desiderata. Tel un joueur annulant la partie au motif qu'il n'a plus d'atout dans son jeu ! Désormais, tout est possible y compris que la rue renverse la table.

Paul Martial

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Les pays africains les plus endettés face à la Chine

20 février 2024, par Nicolas Beau — , , ,
L'Afrique toute entière a vu sa dette multipliée par cinq au cours des vingt dernières années, soit 700 milliards de dollars et les prêteurs chinois représentent 12% de ce (…)

L'Afrique toute entière a vu sa dette multipliée par cinq au cours des vingt dernières années, soit 700 milliards de dollars et les prêteurs chinois représentent 12% de ce total, selon Chatham House, le London Policy Institute.

Tiré de MondAfrique.

Les États-Unis et d'autres pays occidentaux, ont fait pression sur la Chine pour lui demander de jouer le jeu de la restructuration de dettes, c'est-à-dire d'accepter de perdre de l'argent. Mais depuis deux ans, Pékin bloque le système en exigeant que les institutions financières multilatérales (Banque mondiale, FMI) soient intégrées dans les négociations sur la restructuration de la dette.

Cette demande a été rejetée par les autres pays créanciers dans la mesure ou elle bouleverse une règle vieille de plusieurs décennies : les institutions multilatérales sont exemptées de participation aux processus d'allègement de la dette, en raison de leur statut de bailleurs de fonds de dernier recours et des taux d'intérêt très bas qu'elles pratiquent.

Sauf changement d'attitude de Pékin, des millions de personnes qui résident dans des pays vulnérables quitteront la pauvreté pour plonger dans l'extrême pauvreté. Concernant la Zambie, le Sri Lanka et le Ghana, des cotes mal taillées ont été trouvées qui ne permettent pas à ces pays de souffler.

La Zambie a fait défaut en 2020 et tente de restructurer une dette de 8,4 milliards de dollars dont 6 milliards de dollars dus aux prêteurs chinois. La dette totale de la Zambie approche les 20 milliards de dollars. Faute d'accord de restructuration, la Zambie devient un paria sur les marchés financiers internationaux.

Idem pour le Ghana qui a besoin d'un prêt de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international, mais qui ne peut obtenir cet argent tant que Pékin bloque la restructuration d'une dette de 30 milliards de dollars, dont 2 milliards de dollars dus à la Chine. Le ministre ghanéen des Finances, Ken Ofori-Atta, a affirmé que 33 pays africains payaient en intérêts des sommes supérieures aux budgets santé et éducation de chacun de ces pays.

Un assouplissement de l'attitude chinoise sur le cas du Sri Lanka amène les observateurs à généraliser : la Chine va changer d'attitude. Mais en réalité, nul ne sait le niveau de pertes que la Chine a les moyens ou l'envie d'encaisser.

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La Centrafrique va accueillir la première base militaire russe en Afrique

20 février 2024, par Jocksy Andrew Ondo-Louemba — , ,
Bien que jusqu'à présent la Russie se soit distinguée en tant que grande puissance militaire sans présence officielle sur le continent africain, cette situation est sur le (…)

Bien que jusqu'à présent la Russie se soit distinguée en tant que grande puissance militaire sans présence officielle sur le continent africain, cette situation est sur le point d'évoluer radicalement. En effet, Moscou s'apprête à rompre avec cette tradition en rejoignant le cortège des nations extra-africaines qui ont déjà implanté leurs bases sur le sol africain, souvent sans définir clairement leurs objectifs ultimes.

Tiré de Mondafrique
8 février 2024

Par Jocksy Andrew Ondo-Louemba

Un article de notre partenaire The North Africa Journal

Depuis que la Russie a commencé sa guerre contre l'Ukraine, on nous a dit que Moscou se dirigeait vers le désastre. En écho aux points de vue des gouvernements occidentaux, des groupes de réflexion et de leurs analystes, de nombreux médias nous ont dit que la Russie n'aurait pas l'endurance nécessaire pour soutenir une campagne prolongée alors que l'Occident finançait et armait l'Ukraine. Mais si les actions de la Russie en Afrique sont des indicateurs de son niveau actuel d'endurance, Moscou semble plus revigorée que jamais. Ses actions se font sentir partout sur le continent, laissant entendre que sa campagne en Ukraine ne perd pas de son élan, comme certains voudraient nous le faire croire.

La Russie rejoint le club des pays ayant des bases en Afrique

Fait intéressant, la Russie est peut-être la seule grande puissance militaire à ne pas avoir de base militaire en Afrique. Mais cela est sur le point de changer. La Russie va rejoindre une longue liste de pays non africains qui ont déjà établi des bases sur le continent, la plupart sans objectif final clair.

Rien qu'à Djibouti, nous constatons la présence de bases militaires accueillant des troupes des États-Unis, de la France, de la Chine, de l'Allemagne, de l'Espagne, de l'Italie, de la Grande-Bretagne et de la Turquie. Même le Japon a une présence à Djibouti, la seule empreinte étrangère japonaise en dehors du Japon. Ironiquement, ces troupes étrangères à Djibouti, situées exactement là où les Houthis créent toutes sortes de problèmes et perturbent le commerce maritime mondial, semblent être totalement impuissantes à empêcher les attaques des Houthis contre les navires dans le détroit de Bab el-Mandeb. Toute cette puissance de feu et pour quoi ?

Base Saoudienne à Djibouti

Voici une autre découverte amusante : l'Arabie saoudite, qui est située presque en face de Djibouti, a également une base militaire là-bas. Pourtant, la distance entre la région saoudienne d'Abha et Djibouti n'est que d'environ 450 miles. Et pourtant, les Saoudiens ont jugé important de dépenser des sommes énormes pour avoir une base de l'autre côté du détroit. Pour quoi exactement ? Plus stratégique, cependant, les Émirats arabes unis ont également une base opérationnelle avancée à l'aéroport d'Al-Khadim près de Marj en Libye. De là, nous savons que les Émirats arabes unis fournissent un soutien réel au seigneur de guerre libyen de l'est, Khalifa Haftar, dans sa guerre contre son propre peuple.

Le continent avec le plus grand nombre de troupes étrangères

De toute évidence, l'Afrique est le continent avec le plus grand nombre de troupes étrangères, et pourtant il abrite les nations les plus instables du monde. Pourquoi autant de bases ? De toute évidence, leurs missions ne semblent pas se concentrer sur la protection des routes commerciales, comme on nous l'a dit, étant donné ce que nous voyons dans le détroit de Bab el-Mandeb. Est-ce de la fierté nationale ? Une façon de montrer que les nations riches peuvent « projeter » leur influence ? Les mots clés ici sont « projeter l'influence » car comme on dit en marketing, l'image est souvent ce qui importe le plus pour construire une perception. La France avait de nombreuses bases dans le Sahel et nous avons vu comment les choses se sont terminées.

Devrions-nous donc être surpris qu'une autre puissance aussi importante que la Russie, qui travaille sans relâche pour influencer les nations non occidentales alors qu'elle mène des guerres militaires, économiques et diplomatiques avec l'Occident, veuille se joindre à la fête ? Au cours des derniers mois, il y a eu des rumeurs folles selon lesquelles la Russie s'intéressait à la construction d'une base militaire en Afrique, la première du genre. Mais alors que nous entrons dans l'année 2024, ce qui n'était que spéculation devient rapidement une réalité.

La Centrafrique, un pays instable

Une base militaire russe en République centrafricaine (RCA) est désormais plus susceptible de se concrétiser que jamais. Les autorités de Bangui ont même désigné des terrains à Berengo, à environ 80 kilomètres de la capitale Bangui, pour que les Russes y stationnent jusqu'à 10 000 soldats. La nouvelle est très importante, car comme on insiste souvent dans l'immobilier, tout dépend de « l'emplacement, l'emplacement et l'emplacement », et l'emplacement de l'Afrique centrale ne peut pas être plus central. Les troupes russes auront la capacité de surveiller ce qui se passe en Afrique de l'Ouest, à l'est, au nord et au sud à peu près à égale distance entre le nord et le sud et plus rapidement d'est en ouest.

Mais pour la Russie, la République centrafricaine (RCA) ne sera pas une promenade de santé. Le pays est parmi les nations les plus instables du monde. C'est mortel, avec des groupes politiques, régionaux et ethniques utilisant la force et la violence pour régler des comptes et des différends. Alors que la Russie voudrait utiliser la base de Bangui pour soutenir ses opérations à travers l'Afrique et même au-delà, elle devra d'abord faire face à la situation explosive et à l'instabilité totale en RCA.

Bangui le meilleur choix pour Moscou

Premièrement, pourquoi la RCA ? Le président de la RCA, Faustin-Archange Touadera, est un fervent partisan de la Russie. Sa sécurité personnelle est assurée par des officiers du groupe Wagner. Les Russes ont été critiqués dans la protection de Touadera. Il a même déclaré en juillet 2023 que « la Russie avait aidé à sauver la démocratie de la RCA et à éviter une guerre civile ». Outre le fait que la Russie ait pu facilement convaincre Touadera de stationner ses troupes là-bas, la situation géographique de la RCA en fait un emplacement idéal pour une base avec une ambition continentale. La distance entre Bangui et Johannesburg est de moins de 2 200 miles. La distance géographique (route aérienne) entre Bangui et Tripoli en Libye est d'environ 2 000 miles. La distance entre Bangui et Djibouti à l'est est de 1 757 miles. Partout, c'est encore plus proche. Ainsi, l'armée russe aura un accès rapide aux points chauds de l'Afrique et de la péninsule arabique, étant donné que les avions de chasse supersoniques peuvent voler à plus de 1 000 miles par heure. Faites le calcul !

Une base chez Bokassa

Cela fait des mois que la création d'une base militaire russe en RCA a été annoncée par diverses sources médiatiques. Le média russe Sputnik a récemment révélé que les autorités centrafricaines ont réservé un site dédié à la Russie près de Bangui. Barengo, le futur site de la base russe, est là où se trouve un aéroport international, mais le site dispose déjà d'un ensemble de casernes qui pourraient être transformées en partie de la base. C'est aussi à Berengo que se trouvait la cour de l'éphémère Empire Centrafricain crée par Jean Bedel Bokassa dit Bokassa 1er. En plus du groupe Wagner, la Russie compte environ 1 900 instructeurs en RCA, aidant l'armée et d'autres services de sécurité et protégeant le président.

Plaidant en faveur de l'accord, les autorités centrafricaines affirment que cette base bénéficiera à l'armée centrafricaine, qui devrait recevoir une formation supplémentaire de la part des instructeurs russes. En plus de la formation militaire, les autorités de Bangui comptent sur les soldats russes pour des tâches de sécurité étendues telles que « renforcer la sécurité territoriale », une expression qui signifie probablement que les soldats russes sont impliqués dans les conflits internes. Pour un pays confronté à des rébellions armées partout, les Russes devraient aider le gouvernement centrafricain à survivre et à reprendre une partie du territoire perdu aux divers groupes insurgés.

Accords militaro-sécuritaires avec l'Afrique

Outre la RCA, la forte présence de forces étrangères d'Amérique du Nord et d'Europe et de plus en plus d'Asie et même de nations du Golfe en Afrique, a incité la Russie à conclure des accords militaires et des accords de coopération sécuritaire avec de nombreux pays africains, tout en soulignant la nécessité d'établir des bases militaires sur le continent. Selon un rapport du ministère allemand des Affaires étrangères, Moscou souhaite avoir six bases militaires sur le continent, ciblant l'Égypte, l'Érythrée, Madagascar, la République centrafricaine, le Soudan et la Libye. Jusqu'à présent, la présence russe sur le continent s'est faite par le biais du groupe de mercenaires Wagner opérant en République centrafricaine, au Mali, au Soudan et en Libye.

Difficultés en perspectives

Mais à quoi la Russie est-elle confrontée en RCA ? Le nombre croissant de groupes rebelles armés en RCA a intensifié leurs attaques sur le territoire centrafricain et continue de menacer le rétablissement d'une vie politique normale dans ce pays. Des affrontements avec les forces gouvernementales ou des milices affiliées sont susceptibles d'augmenter dans les mois à venir.

Un aperçu de ces groupes rebelles nous permet de mieux évaluer les forces actives dans l'insurrection.

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En Égypte, la militarisation croissante de la justice et du maintien de l’ordre

20 février 2024, par Courrier international — , ,
Une nouvelle loi, promulguée début février, étend les compétences des tribunaux militaires aux “atteintes aux besoins fondamentaux” en matière alimentaire, et confère à l'armée (…)

Une nouvelle loi, promulguée début février, étend les compétences des tribunaux militaires aux “atteintes aux besoins fondamentaux” en matière alimentaire, et confère à l'armée une partie des tâches jusqu'alors réservées à la police. Le régime veut ainsi prendre les devants pour parer au risque d'une explosion sociale, estiment les médias indépendants ou étrangers.

Tiré de Courrier international.

La promulgation d'une “nouvelle loi pour la protection des infrastructures publiques” a été annoncée le 8 février par tous les journaux égyptiens, à l'instar du quotidien Al-Shorouk, qui en précise les contours.

Elle va renforcer le rôle de l'armée dans le maintien de l'ordre, et étendre la compétence des tribunaux militaires à de nouveaux domaines, purement civils.

“Mafias du marché noir”

Au nom de la sécurité nationale, c'est donc l'armée qui assurera “la sécurisation et la protection” des “infrastructures vitales” du pays, avec une liste non exhaustive allant des champs de pétrole aux “grands réseaux routiers”. Autre volet de cette loi : ce sont les tribunaux miliaires qui traiteront “les atteintes aux besoins fondamentaux de la société en matière de biens et de produits alimentaires”.

Désormais, “l'épée de la loi plane sur les mafias du marché noir”, titre le quotidien égyptien Al-Yom Al-Sabee, qui vante “les mesures sages” du gouvernement pour lutter contre les “manipulations des prix” par des malfaiteurs. Selon le journal, la nouvelle législation permettra d'alléger les difficultés économiques de la population.

C'est bien la crise économique qui explique l'adoption de cette loi, estime de son côté le journal panarabe financé par les États-Unis Al-Hurra. Pourtant, ce n'est pas pour venir en aide à la population, mais pour se prémunir contre d'éventuelles révoltes populaires que le régime en a pris l'initiative.

Un outil pour réprimer toute contestation

“L'Égypte fait face à l'une des pires crises économiques de son histoire, avec une inflation annuelle qui a atteint un niveau record de 35,2 % ”, explique le journal. Ce qui fait craindre que “les gens ne descendent dans la rue pour protester contre les hausses de prix. Le gouvernement veut pouvoir recourir aux forces armées pour y faire face.”

“Selon des milieux politiques, le recours croissant à l'armée montre que le régime a le sentiment que la colère économique pourrait être exploitée par des forces ennemies”, écrit le quotidien panarabe Al-Arab.

Le site égyptien indépendant Mada Masr dénonce pour sa part la tendance récurrente à la “militarisation de l'État”, rappelant notamment une réforme constitutionnelle de 2019 qui donne à l'armée le rôle de garant de l'ordre constitutionnel.

Il s'agit d'une “extension sans précédent de la possibilité de traduire des civils devant la justice militaire”, avec un champ d'application défini dans des termes délibérément vagues, estime encore Mada Masr.

Cette réforme est “la plus dangereuse” de toutes les réformes constitutionnelles et légales ayant conféré à l'armée des pouvoirs civils, estime un “vice-président de la Cour d'appel”, cité anonymement par Mada Masr. “Elle donne au président ou à celui qu'il mandatera la possibilité de dire ce qu'il veut pour définir un crime” et d'en dicter la peine, au détriment de la justice ordinaire.

Courrier international

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Au Chili, la terrible répression des indigènes en lutte contre l’industrie forestière

20 février 2024, par Cristobal Olivares, Lucas Lazo — , ,
Au Chili, la terrible répression des indigènes en lutte contre l'industrie forestière Dans une prison du sud du Chili, 4 militants politiques mapuches en lutte contre (…)

Au Chili, la terrible répression des indigènes en lutte contre l'industrie forestière
Dans une prison du sud du Chili, 4 militants politiques mapuches en lutte contre l'industrie forestière mènent depuis 3 mois une grève de la faim. Voilà longtemps que l'État criminalise les revendications de ce peuple indigène.

9 février 2024 | tiré de reporoterre.net
https://reporterre.net/Au-Chili-la-terrible-repression-des-indigenes-en-lutte-contre-l-industrie-forestiere

Concepción (Chili), reportage

Autour d'une petite table ronde, un maté circule de main en main. Les traits sont tirés et les regards graves, mais l'atmosphère, chaleureuse, aide à oublier un instant le vacarme des poids lourds. Ils vont et viennent le long de la route qui borde le centre pénitentiaire de Concepción, dans le sud du Chili. Face à la prison, sous la passerelle de béton qui enjambe l'autoroute, les familles de quatre prisonniers mapuches ont installé un modeste campement.

Pamela Pezoas, les yeux rougis par l'épuisement et l'angoisse, a attendu toute la journée du 2 février des nouvelles de son fils. Ernesto, 28 ans, a été hospitalisé en urgence le matin même, à la suite d'une décompensation cardiaque. Lui et trois de ses camarades ont été condamnés le 16 novembre 2023 à quinze ans de réclusion pour le sabotage de camions de l'industrie forestière.

Cette industrie est omniprésente sur les terres revendiquées de haute lutte par les Mapuches, première population indigène du Chili qui compte 1,7 million de personnes. Pour protester contre ce qu'ils considèrent être un jugement politique, les quatre détenus ont engagé une grève de la faim, qui dure depuis 12 semaines, déterminés à résister « jusqu'aux ultimes conséquences ».

Le centre pénitentiaire de Concepción, dans le sud du Chili. © Cristóbal Olivares / Reporterre

« Populisme pénal »

Josefa Ainardi, l'avocate des militants, l'affirme : les quatre Mapuches ont été condamnés pour leur appartenance à la Coordinación Arauco-Malleco (CAM). Ce groupe politique nationaliste mapuche organise depuis la fin des années 1990 des opérations de sabotage contre les intérêts des multinationales du bois. Selon les termes mêmes de la sentence, en l'absence de preuve formelle, la justice les a condamnés pour avoir incendié ces camions en se fondant sur un « faisceau d'indices », dont le fait d'appartenir à la CAM.

L'avocate considère que pour alourdir la peine, le délit « d'homicide frustré » (une tentative d'homicide non aboutie) a été ajouté à la condamnation. Elle dénonce cette pratique récurrente de la justice chilienne consistant « à condamner sans preuve et souvent sans crime ». Contacté, le ministère de la Justice n'a pas répondu à nos sollicitations.

En 2014, le Chili a été condamné par la Cour interaméricaine des droits de l'Homme pour avoir violé un certain nombre de droits fondamentaux lors des procédures judiciaires à l'encontre de prévenus mapuches, notamment via la mobilisation d'un arsenal juridique antiterroriste.

Pour Pablo Barnier, docteur associé au Ceri (Sciences Po), spécialiste du droit à l'autodétermination au Chili, les gouvernements de gauche comme de droite prennent « des mesures exceptionnelles pour répondre à des actes avant tout politiques ». Il est bien question, selon lui, « d'une criminalisation et d'une judiciarisation dangereuse » de la lutte pour l'autonomie des Mapuches.

Josefa Ainardi, l'avocate des militants, dénonce de son côté un « populisme pénal », qui témoigne de la criminalisation des revendications indigènes par l'État. Pour elle, « c'est une vision du monde divergente que l'on condamne avant tout ». La défense a déposé un recours devant la Cour suprême pour faire annuler le verdict au motif de l'absence de preuves. Le résultat du recours sera rendu le 9 février.

Terres ancestrales

Sur les murs de béton qui bordent le campement, des doigts errants ont peint les visages des jeunes hommes emprisonnés, les cheveux noués du bandeau traditionnel des combattants mapuches. Pamela balaie la fresque du regard : « En tant que mère, c'est douloureux. Je souhaiterais qu'il existe d'autres voies que la grève de la faim pour résoudre le problème des droits de notre peuple. » Pour s'opposer à ce qu'elle considère comme une « nouvelle colonisation » par l'industrie forestière, Pamela invoque un droit collectif à se défendre, prôné par la CAM, à travers la méthode dite du « contrôle territorial ».

Cette stratégie consiste à récupérer les terres ancestrales des Mapuches dont les titres de propriété ont été spoliés par les puissants acteurs du bois — notamment pendant la dictature de Pinochet. La population autochtone était alors exsangue depuis la conquête au XIXᵉ siècle du sud du pays par la toute nouvelle République chilienne. Ce sont plus de 3 millions d'hectares qui auraient été usurpés dans la région de l'Araucanie, dont plus 2,3 millions appartiennent aujourd'hui à l'industrie du bois. En 2019, ce sont 45,3 millions de m3 qui ont été coupés au Chili pour un secteur qui représente selon les années entre 2 et 3 % du PIB du pays.

La mère d'Esteban montre son fils, faible et attaché à son lit d'hopîtal. © Cristóbal Olivares / Reporterre

Une fois récupérées, par le sabotage, notamment, des moyens de production de l'industrie forestière, par les militants de la CAM aux latifundistes — les grands propriétaires —, les terres sont redistribuées à la communauté, ensemencées et travaillées pour vivre en autonomie. Pour Pamela, la recomposition du tissu politique et social mapuche passe par le travail de cette terre ancestrale.

Pour Pamela, les communautés Mapuche reconstituent une organisation traditionnelle de la société grâce à ce retour à leur terre ancestrale dont ils avaient été expropriés. Celle-ci a été éreintée et asséchée par les monocultures d'eucalyptus et de pin, extrêmement gourmandes en eau et polluantes. Au Chili, l'industrie forestière consomme en moyenne 59 % des ressources en eau du pays.

Dans les territoires où vivent les Mapuches, les populations sont très souvent contraintes de se faire livrer l'eau potable par camion-citerne. Par ailleurs, en remplaçant les espèces sylvestres endémiques et indigènes par la monoculture, la production de bois participe à la destruction de la biodiversité, réduisant à peau de chagrin la possibilité pour les Mapuches de récolter les plantes essentielles à leurs cérémonies.

Aspirations autonomes

Cette aspiration à l'autonomie des Mapuches, écologiste et radicalement anticapitaliste, entre en contradiction avec les intérêts de l'agro-industrie et « trouve sur son chemin la puissance de l'État », regrette Pamela.

Le 1ᵉʳ février, le président de la République, Gabriel Boric, a annoncé l'envoi de troupes supplémentaires dans les régions du sud pour soutenir des effectifs militaires toujours plus nombreux. Le territoire est soumis à l'état d'urgence depuis mai 2022, après la multiplication de coupures de routes attribuées à la CAM. Ces mesures sécuritaires viennent renforcer la nouvelle loi relative à l'usurpation des terres de novembre 2023, qui allonge les peines de prison pour l'occupation illégale et vise les communautés mapuches, de l'avis même des députés qui l'ont rédigée.

Fresia Narin, guérisseuse, travaille à tisser un lien entre médecine occidentale et ancestrale. © Cristóbal Olivares / Reporterre

Pamela Pezoas, lasse, décrit les humiliations quotidiennes de la militarisation du Wallmapu, le nom du territoire ancestral mapuche : « Le survol à basse altitude des hélicoptères de combat, les blindés qui patrouillent dans nos champs pour protéger les industriels du bois et les soldats qui se permettent des fouilles intempestives de nos maisons. »

Herbes médicinales

À 3 km de la prison se dressent les bâtiments délavés de l'hôpital de Concepción. Fresia Narin, guérisseuse, reçoit vêtue de sa blouse traditionnelle aux motifs bleu nuit. Depuis 2011, elle travaille à tisser un lien entre médecine occidentale et ancestrale. Elle est ce jour-là toute dévouée à veiller au chevet d'Ernesto, qui a rejoint son codétenu Esteban, hospitalisé quelques jours plus tôt à la suite de l'aggravation de son état de santé.

Ils sont surveillés jour et nuit par des policiers, pieds et poing liés, leur fenêtre barrée d'une grille au cas où l'envie leur prendrait de s'échapper. Fresia a convaincu les gardes de la laisser adresser aux quatre prisonniers des prières pour les accompagner dans leur lutte contre la mort.

Graffiti en soutien aux prisonniers politiques. Quatre Mapuches ont été condamnés en novembre 2023 à quinze ans de réclusion pour le sabotage de camions. © Cristóbal Olivares / Reporterre

L'administration pénitentiaire a jusque-là refusé que soit mis en place entre ses murs un espace réservé aux Mapuches, au sein duquel peuvent être organisées des cérémonies religieuses. Les familles sont interdites de visite lorsqu'elles sont vêtues des tenues d'apparat ou lorsqu'elles apportent le « lawen », une boisson à base d'herbes médicinales dont les propriétés allègent les contraintes du jeûne.

Ces vexations discriminantes entrent en porte-à-faux avec la convention 169 de l'Organisation internationale du travail (OIT) ratifiée en 2008 par le Chili et qui reconnaît des droits propres aux détenus membres des communautés indigènes.

Pour l'avocate Josefa Ainardi, la grève de la faim est l'ultime recours pour contraindre l'administration à respecter les engagements internationaux du Chili : « La situation est ubuesque, ils sont condamnés pour être Mapuches, avant qu'on leur retire cette qualité une fois en prison. »

Une veillée s'organise dans le campement sous le pont. C'est ici, parmi les mères et les compagnes des prisonniers, que se décide la suite de la mobilisation, à la lumière crue des lampadaires et des gyrophares qui zèbrent la nuit et illuminent le béton. Une nouvelle nuit de peu de sommeil se dessine.

Pamela, convaincue que les autorités peuvent mettre un terme à tout moment au supplice de son fils, laisse échapper un vœu : « Puisse cette nuit être la dernière ici. »

Nicaragua : La révolution confisquée

20 février 2024, par NPA (Commission Amérique latine) — , ,
Révolution nicaraguayenne Sandinistes / FSLN (Nicaragua) ORTEGA Daniel Contre-révolution La « révolution sandiniste » est le nom de la décennie révolutionnaire qui s'est (…)

Révolution nicaraguayenne Sandinistes / FSLN (Nicaragua) ORTEGA Daniel Contre-révolution
La « révolution sandiniste » est le nom de la décennie révolutionnaire qui s'est déroulée au Nicaragua, à la suite du renversement de la dictature de Somoza par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) en juillet 1979.

8 février 2024 | tiré d'Europe solidaire sans frontièresNPA (Commission Amérique latine)
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article69765

Cette révolution a permis des campagnes massives d'alphabétisation, des avancées dans les domaines de la culture et de la santé, les réformes agraires (malgré leurs contradictions) et le formidable élan démocratique qui a traversé le pays (dans la pluralité politique).

Mais la guerre « civile », ouvertement financée par les États-Unis, la dégradation de la situation économique (elle aussi largement orchestrée par les USA) ainsi que des contradictions internes à la révolution (centralisme du FSLN, pas de débat de congrès en dix ans, le nombre de morts d'appelés au service militaire) ont eu raison du souffle révolutionnaire. Et les sandinistes ont été défaits aux élections de 1990.

Retour au pouvoir de Daniel Ortega

Quatorze années plus tard, l'ancien dirigeant sandiniste Daniel Ortega a remporté les élections. Mais il ne se réclame plus de la révolution qu'à des fins de propagande. C'est dans un climat de concentration extrême du pouvoir que le Nicaragua a connu une véritable insurrection civique en 2018. Le déclencheur en a été une contre-réforme des retraites imposée par le FMI : la répression qui s'est abattue sur les retraitéEs qui manifestaient a entraîné une réponse immédiate des étudiantEs. Eux-mêmes répriméEs. C'est alors toute la société qui s'est mobilisée.

Bien au-delà de la question des retraites, la contestation s'est attaquée à la corruption et au pouvoir absolu du couple présidentiel. La population exigeait le départ d'Ortega et la restauration de l'État de droit.

Répression et combat contre la dérive dictatoriale

Au prix de plusieurs centaines de morts, de milliers d'arrestations et de centaines de milliers d'exiléEs, le pouvoir a obtenu une apparence de retour à l'ordre. Et il s'est employé, depuis l'automne 2018, à renforcer son pouvoir coercitif et à annihiler toute forme d'opposition.

Actuellement, il n'existe plus de journaux ni de médias indépendants. La prison ou l'exil sont les seuls choix proposés par la dictature d'Ortega. La prison « el Chipote », tristement célèbre sous Somoza, n'a jamais cessé d'emprisonner et de torturer. La population est surveillée par des paramilitaires. Les fonctionnaires sont obligéEs de participer aux manifestations de soutien au régime sous peine de perdre leur emploi. Ortega n'est en rien l'héritier de la révolution sandiniste : il en est le fossoyeur. Pour faire chuter la dictature, l'opposition en exil essaie de se reconstruire (y compris avec les dirigeantEs sandinistes ayant refusé la dérive dictatoriale) et en renouant les liens entre les opposantEs restés dans le pays.

Commission Amérique latine du NPA

Haïti : La nécessité de la lutte organisée

20 février 2024, par Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l'occupation d'Haïti (REHMONCO) — , ,
Depuis plus trois semaines, les classes populaires se mobilisent contre l'ordre de la terreur instauré dans le pays depuis 16 novembre 2018. Au cours de la journée du 7 février (…)

Depuis plus trois semaines, les classes populaires se mobilisent contre l'ordre de la terreur instauré dans le pays depuis 16 novembre 2018. Au cours de la journée du 7 février de cette année, des centaines de milliers de personnes ont investi les rues de plusieurs villes du pays pour demander le départ du Premier ministre de facto Ariel Henry. Cette date est emblématique parce qu'elle marque le trente-huitième anniversaire de la chute de la dictature des Duvalier.

Rappelons que la lutte pour renverser la dictature visait également à changer l'État haïtien qui, pendant plus de 200 ans, reproduit la misère, l'exclusion et l'oppression. Un État qui, depuis 1915, est totalement assujetti aux seuls intérêts de l'impérialisme étatsunien. C'est cet État, aujourd'hui en pleine décomposition, qui s'est transformé en un État-voyou, dirigé par un régime dont l'appui aux gangs criminalisés n'est plus à démontrer. Cet État, malgré sa déliquescence, est maintenu en vie grâce au soutien inconditionnel de l'impérialisme étatsunien et de l'oligarchie.

Cet État-voyou est donc nécessaire à la continuation de la domination et au pillage des ressources du pays. C'est pourquoi la répression est essentielle pour que l'impérialisme étatsunien et l'oligarchie puissent continuer à préserver leurs intérêts. Et c'est dans ce sens que l'on doit comprendre le rôle joué par les gangs aujourd'hui.

Les classes populaires sont conscientes que la montée en puissance de ces gangs criminels fédérés est objectivement liée aux intérêts de l'oligarchie et de l'impérialisme. En facilitant et finançant le développement des gangs dans les principaux centres urbains du pays, les oligarques et le gouvernement de facto souhaitent neutraliser toutes mobilisations contre la misère, l'absence de services publics, de santé, d'éducation, etc.

De jour en jour, la répression par le truchement des gangs atteint de nouveaux sommets. Pour l'année 2023, plus de 8000 personnes sont assassinées ou kidnappés. À l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, suite aux attaques des gangs, au moins 100 000 personnes sont contraintes de fuir leur maison. Au mois de janvier 2024 uniquement, plus de 1800 personnes sont assassinées dont la moitié sont des enfants (Selon l'UNICEF).

Aujourd'hui, une évidence s'impose à nous : le gouvernement de facto restera au pouvoir aussi longtemps que ses tuteurs étrangers et de l'oligarchie lui intimeront l'ordre d'y rester. Une autre réalité nous semble également évidente : les propositions soumises par des groupes de la société civile de trouver « une solution haïtienne pacifique » à la crise ont atteint les limites objectives qui étaient inscrites dans la démarche de ces groupes dès le début. L'impérialisme n'entend négocier avec personne et n'entend faire aucun compromis touchant sa domination et ses intérêts. Et, il est important de le répéter : la forme de la domination impériale aujourd'hui exclut toutes formes de démocratie représentative formelle, d'institutions d'un État souverain et démocratique. Pour l'impérialisme, la domination doit être totale.

Mais pour qu'elle soit totale, cette domination doit s'appuyer sur une violence totale. Voilà pourquoi il est impératif que les classes populaires s'organisent pour construire une résistance totale face à cette violence. Le temps des manifestations spontanées de masse uniquement nous semble révolu.

Aujourd'hui, le temps est à la construction de la lutte organisée à court, à moyen et à long termes !

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« Pour vaincre l’extrême droite, nous avons besoin d’une gauche plus radicale ! » Alvaro Garcia Linera

20 février 2024, par Tamara Ospina, Álvaro García Linera — , ,
Entrevue avec Alvaro Garcia Linera, ex-vice-président de la Bolivie, par Tamara Ospina Posse pour Jacobin Amérique latine. 12 février 2024 | tiré d'Alter-Québec | Photo : (…)

Entrevue avec Alvaro Garcia Linera, ex-vice-président de la Bolivie, par Tamara Ospina Posse pour Jacobin Amérique latine.

12 février 2024 | tiré d'Alter-Québec | Photo : Álvaro García Linera, ex-vice-président bolivien, Buenos Aires, 2020. crédit photo Ariel Feldman.
https://alter.quebec/pour-vaincre-lextreme-droite-nous-avons-besoin-dune-gauche-plus-radicale/

A la suite de son voyage en Colombie pour inaugurer le cycle de réflexion « Imaginer l'avenir depuis le Sud », organisé par le ministère de la Culture de Colombie et dirigé par la philosophe Luciana Cadahia, l'ancien vice-président bolivien Álvaro García Linera a commenté le paysage politique et social que traverse l'Amérique latine en ce « temps liminal » ou interrègne que nous devrons traverser au cours des 10 ou 15 prochaines années, jusqu'à la consolidation d'un nouvel ordre mondial. 1.

Il est clair que cette obscurité instable est le moment propice à l'entrée en scène des droites ultra-droitières les plus monstrueuses qui, dans une certaine mesure, sont la conséquence des limites du progressisme. Dans cette nouvelle étape, Linera soutient que le progressisme doit miser sur une plus grande audace pour, d'une part, répondre avec responsabilité historique aux demandes profondes qui se trouvent à la base de l'adhésion populaire, et d'autre part, neutraliser les chants de sirène des nouvelles droites. Cela implique de progresser dans des réformes profondes concernant la propriété, les impôts, la justice sociale, la distribution de la richesse et la récupération des ressources communes au profit de la société. Ce n'est qu'ainsi, en commençant par résoudre les demandes économiques les plus fondamentales de la société et en avançant vers une démocratisation réelle, que l'on pourra confiner à nouveau les ultradroites dans leurs niches, soutient Linera.

Tamara Ospina Posse – TOP : Dans la région, le XXIe siècle a commencé avec une vague de gouvernements progressistes qui ont réorienté le cours de l'Amérique latine, mais cette dynamique a commencé à s'enliser après la victoire de Mauricio Macri en Argentine en 2015, ce qui a conduit beaucoup à prédire la fin du progressisme régional. Ainsi, une vague de gouvernements conservateurs a commencé, mais, à contre-courant, dans des pays comme le Brésil, le Honduras ou la Bolivie, le progressisme est revenu. Et dans d'autres pays, comme le Mexique et la Colombie, il a réussi à accéder au pouvoir pour la première fois. Comment lisez-vous cette tension actuelle entre les gouvernements populaires ou progressistes et d'autres conservateurs ou oligarchiques ?

Alvaro Garcia Linera – AGL : Ce qui caractérise l'époque historique qui va de 10 ou 15 ans en arrière jusqu'aux 10 ou 15 prochaines années est le déclin lent, angoissant et contradictoire d'un modèle d'organisation de l'économie et de légitimation du capitalisme contemporain, ainsi que l'absence d'un nouveau modèle solide et stable qui reprenne la croissance économique, la stabilité économique et la légitimation politique. C'est une longue période, nous parlons de 20 ou 30 ans, à l'intérieur de laquelle réside ce que nous avons appelé « temps liminal » — ce que Gramsci appelait « interrègne » — où se succèdent des vagues et des contre-vagues de multiples tentatives pour résoudre cette impasse. L'Amérique latine — et maintenant le monde, car l'Amérique latine a devancé ce qui s'est ensuite produit partout — a vécu une vague progressiste intense et profonde, qui n'a pas réussi à se consolider, suivie d'une contre-vague régressive conservatrice et ensuite d'une nouvelle vague progressiste. Nous verrons probablement encore au cours des 5 ou 10 prochaines années ces vagues et contre-vagues de victoires courtes et de défaites courtes, de courtes hégémonies, jusqu'à ce que le monde redéfinisse le nouveau modèle d'accumulation et de légitimation qui lui redonnera au monde et à l'Amérique latine un cycle de stabilité pour les 30 années suivantes. Tant que cela n'arrivera pas, nous assisterons à cette tourmente propre au temps liminal. Et, comme je le disais, on assiste à des vagues progressistes, à leur épuisement, à des contre-réformes conservatrices qui échouent également, à une nouvelle vague progressiste… Et chaque contre-réforme et chaque vague progressiste est différente de l'autre. Milei est différent de Macri, bien qu'il en reprenne une partie. Alberto Fernández, Gustavo Petro et Andrés Manuel López Obrador sont différents des référents de la première vague, bien qu'ils en reprennent une partie de l'héritage. Et je pense que nous continuerons à assister à une troisième vague et à une troisième contre-vague jusqu'à ce que, à un moment donné, l'ordre du monde se définisse, car cette instabilité et cette angoisse ne peuvent être perpétuelles. Au fond, comme cela s'est passé dans les années 30 et 80 du XXe siècle, ce que nous voyons est le déclin cyclique d'un régime d'accumulation économique (libéral entre 1870 et 1920, capitalisme d'État entre 1940 et 1980, néolibéral entre 1980 et 2010), le chaos que génère ce déclin historique, et la lutte pour instaurer un nouveau et durable modèle d'accumulation-domination qui reprenne la croissance économique et l'adhésion sociale.

TOP : Nous pouvons observer que la droite recommence à mettre en œuvre des pratiques que nous pensions dépassées, y compris les coups d'État, la persécution politique et les tentatives d'assassinat… Vous-même avez même été victime d'un coup d'État. Comment pensez-vous que ces pratiques continueront à évoluer ? Et comment pouvons-nous y résister à partir des projets populaires ?

AGL : Une caractéristique du temps liminal, de l'interrègne, est la divergence des élites politiques. Lorsque les choses vont bien — comme jusqu'aux années 2000 —, les élites convergent autour d'un seul modèle d'accumulation et de légitimation et tout le monde devient centriste. Les gauches elles-mêmes s'atténuent et se néolibéralisent, bien qu'il y ait toujours une gauche radicale, mais marginale, sans audience. Les droites se disputent aussi entre elles, mais seulement pour des remplacements et des ajustements circonstanciels. Lorsque tout cela entre dans son déclin historique inévitable, les divergences commencent et les droites se scindent en droites extrêmes. L'extrême droite commence à dévorer la droite modérée. Et les gauches les plus radicalisées sortent de leur marginalité et de leur insignifiance politique, commencent à acquérir de la résonance et de l'audience, à croître. Dans l'interrègne, la divergence des projets politiques est la norme, car il y a des recherches, des dissidences les unes des autres, pour résoudre la crise de l'ancien ordre, au milieu d'une société mécontente, qui ne fait plus confiance, qui ne croit plus aux anciens « dieux », aux anciennes recettes, aux anciennes propositions qui ont garanti la tolérance morale envers les gouvernants. Et donc, les extrêmes commencent à se renforcer.

C'est ce que nous verrons avec les droites. La droite centriste, qui a gouverné le continent et le monde pendant 30 ou 40 ans, n'a plus de réponses aux échecs économiques évidents du libéralisme mondial et, face aux doutes et aux angoisses des gens, une extrême droite émerge qui continue de défendre le capital, mais qui pense que les bonnes manières de l'ancien temps ne suffisent plus et qu'il faut maintenant imposer les règles du marché par la force. Cela implique de domestiquer les gens, si nécessaire à coups de bâton, pour revenir à un libre marché pur et magique, sans concessions ni ambiguïtés, car — selon eux — c'est cela qui a causé l'échec. Alors, cette extrême droite tend à se consolider et à gagner plus d'adeptes en parlant d'« autorité », de « choc de libre marché » et de « réduction de l'État ». Et s'il y a des soulèvements sociaux, il convient d'utiliser la force et la coercition, et si nécessaire le coup d'État ou le massacre, pour discipliner les dissidents qui s'opposent à ce retour moral aux « bonnes mœurs » de l'entreprise libre et de la vie civilisée : avec les femmes qui cuisinent, les hommes qui commandent, les patrons qui décident et les ouvriers qui travaillent en silence. Un autre symptôme du déclin libéral se manifeste lorsque l'on ne peut plus convaincre ni séduire et que l'on doit imposer ; ce qui signifie qu'ils sont déjà dans leur crépuscule. Mais cela ne les rend pas moins dangereux, en raison de la radicalité autoritaire de leurs impositions.

Face à cela, le progressisme et les gauches ne peuvent pas adopter une attitude condescendante, en essayant de contenter toutes les factions et tous les secteurs sociaux. Les gauches sortent de leur marginalité dans le temps liminal parce qu'elles se présentent comme une alternative populaire au désastre économique causé par le néolibéralisme entrepreneurial ; et leur fonction ne peut pas être de mettre en œuvre un néolibéralisme avec un « visage humain », « vert » ou « progressiste ». Les gens ne descendent pas dans la rue et ne votent pas pour la gauche pour décorer le néolibéralisme. Ils se mobilisent et changent radicalement leurs anciennes adhésions politiques parce qu'ils en ont marre de ce néolibéralisme, parce qu'ils veulent s'en débarrasser, car il n'a enrichi que quelques familles et quelques entreprises. Et si la gauche ne répond pas à cela, et coexiste avec un régime qui appauvrit le peuple, il est inévitable que les gens tournent radicalement leurs préférences politiques vers des issues d'extrême droite qui offrent une sortie (illusoire) au grand malaise collectif. Les gauches, si elles veulent se consolider, doivent répondre aux demandes pour lesquelles elles sont apparues et, si elles veulent vraiment vaincre les extrêmes droites, elles doivent résoudre de manière structurelle la pauvreté de la société, l'inégalité, la précarité des services, l'éducation, la santé et le logement. Et pour pouvoir réaliser cela matériellement, elles doivent être radicales dans leurs réformes sur la propriété, les impôts, la justice sociale, la distribution de la richesse, la récupération des ressources communes au profit de la société. S'arrêter à cette œuvre va alimenter la loi des crises sociales : toute attitude modérée face à la gravité de la crise encourage et alimente les extrêmes. Si les droites font cela, elles alimentent les gauches, si les gauches le font, elles alimentent les extrêmes droites.

Ainsi, la manière de vaincre les extrêmes droites, en les réduisant à un ghetto — qui continuera d'exister, mais sans irradiation sociale — réside dans l'expansion des réformes économiques et politiques qui se traduisent par des améliorations matérielles visibles et soutenues dans les conditions de vie des grandes majorités populaires de la société ; dans une plus grande démocratisation des décisions, dans une plus grande démocratisation de la richesse et de la propriété, de sorte que la contention des extrêmes droites ne soit pas simplement un discours, mais qu'elle soit appuyée par toute une série d'actions pratiques de distribution de la richesse qui résolvent les principales angoisses et demandes populaires (pauvreté, inflation, précarité, insécurité, injustice, etc.). Car, il ne faut pas oublier, que les extrêmes droites sont une réponse, pervertie, à ces angoisses. Plus vous distribuez la richesse, certes plus vous affectez les privilèges des puissants, mais eux vont devenir une minorité autour de la défense acharnée de leurs privilèges, tandis que les gauches se consolideront comme celles qui se préoccupent et résolvent les besoins de base du peuple. Mais, plus ces gauches ou progressismes se comportent de manière peureuse, timorée et ambiguë dans la résolution des principaux problèmes de la société, plus les droites extrêmes vont croître et le progressisme restera isolé dans l'impuissance de la déception. Ainsi, en ces temps, les extrêmes droites sont vaincues par plus de démocratie et par une plus grande distribution de la richesse ; pas par la modération ni par la conciliation.

TOP : Y a-t-il des éléments nouveaux dans les nouvelles droites ? Est-il correct de les appeler fascistes ou devrions-nous les nommer autrement ? Les droites mettent-elles en place un laboratoire post-démocratique pour le continent (y compris les États-Unis)

AGL : Sans aucun doute, la démocratie libérale, en tant que simple remplacement des élites qui décident pour le peuple, tend inévitablement vers des formes autoritaires. Si, à certains moments, elle a pu produire des fruits de démocratisation sociale, c'était grâce à l'impulsion d'autres formes démocratiques populaires qui se sont déployées simultanément — la forme syndicale, la forme communautaire agraire, la forme populaire de la foule urbaine. Ce sont ces actions collectives multiples et multiformes de démocratie qui ont donné à la démocratie libérale une irradiation universaliste. Cela a pu se produire, car elle était toujours dépassée et poussée de l'avant. Mais si on laisse la démocratie libérale telle quelle, en tant que simple sélection des gouvernants, elle tend inévitablement vers la concentration des décisions, vers sa conversion en ce que Schumpeter appelait la démocratie comme simple élection compétitive de ceux qui vont décider de la société, ce qui est une forme autoritaire de concentration des décisions. Et, ce monopole décisionnel par des moyens autoritaires et, le cas échéant, au-dessus même du propre processus de sélection des élites, c'est ce qui caractérise les extrêmes droites. C'est pourquoi il n'y a pas d'antagonisme entre les extrêmes droites et la démocratie libérale. Il y a collusion de fond. Les extrêmes droites peuvent coexister avec ce type de démocratisation simplement élitiste qui alimente la démocratie libérale. C'est pourquoi il n'est pas rare qu'elles arrivent au pouvoir par le biais d'élections. Mais ce que la démocratie libérale tolère marginalement et à contrecœur, et que les extrêmes droites rejettent ouvertement, ce sont d'autres formes de démocratisation, qui ont à voir avec les présences de démocraties de bas en haut (syndicats, communautés agraires, assemblées de quartier, actions collectives…). Ils s'y opposent, les rejettent et les considèrent comme un obstacle. En ce sens, les extrêmes droites actuelles sont antidémocratiques. Ils acceptent seulement d'être élus pour gouverner, mais ils rejettent d'autres formes de participation et de démocratisation de la richesse, ce qui leur semble une insulte, un affront ou un absurde qui doit être combattu avec la force de l'ordre et de la discipline coercitive.

Maintenant, est-ce du fascisme ? Difficile à décider. Il y a tout un débat académique et politique sur quel nom cela prendra et s'il vaut la peine d'évoquer les terribles actions du fascisme des années 30 et 40. Sur le plan académique, ces digressions valent peut-être la peine, mais elles ont très peu d'effet politique. En Amérique latine, les personnes de plus de 60 ans peuvent avoir des souvenirs des dictatures militaires fascistes et la définition peut avoir un effet sur elles, mais pour les nouvelles générations, parler de fascisme ne signifie pas grand-chose. Je ne m'oppose pas à ce débat, mais je ne vois pas qu'il est si utile. En fin de compte, l'adhésion ou le rejet social des positions des extrêmes droites ne viendra pas du côté des anciens symboles et images qu'ils évoquent, mais de l'efficacité à répondre aux angoisses sociales actuelles que les gauches sont impuissantes à résoudre. Peut-être que la meilleure façon de qualifier ces extrêmes droites, au-delà de l'étiquette, est de comprendre à quel type de demande elles répondent, ce qui bien sûr, sont des demandes différentes de celles des années 30 et 40, bien qu'avec certaines similitudes en raison de la crise économique dans les deux périodes. Personnellement, je préfère parler d'extrêmes droites ou de droites autoritaires ; mais si quelqu'un utilise le concept de fascisme, je ne m'y oppose pas, bien que cela ne m'enthousiasme pas non plus beaucoup.

Le problème peut survenir si, dès le départ, elles sont qualifiées de fascistes et si on met de côté la question de savoir à quel type de demande collective elles répondent ou face à quel type d'échec elles émergent. C'est pourquoi, avant d'étiqueter et d'avoir des réponses sans questions, il vaut mieux se demander quelles sont les conditions sociales de leur émergence, quel type de solutions elles proposent et, sur ces réponses, on peut alors choisir le qualificatif approprié : fasciste, néo-fasciste, autoritaire… Par exemple, est-il juste de dire que Milei est fasciste ? Peut-être, mais il faut d'abord se demander pourquoi il a gagné, avec le vote de qui, en répondant à quelles sortes d'angoisses. C'est ce qui est important. Et aussi se demander ce que vous avez fait pour que cela arrive.

Aujourd'hui, il est plus utile de se poser cette question que de lui coller une étiquette facile qui résout le problème du rejet moral, mais qui n'aide pas à comprendre la réalité ni à la transformer. Parce que si vous répondez que Milei a convoqué l'angoisse d'une société appauvrie, alors il est clair que le problème est la pauvreté. Si Milei s'est adressé à une jeunesse qui n'a pas de droits, alors il y a une génération de personnes qui n'ont pas accédé aux droits des années 50, ni des années 60, ni des années 2000. C'est là que se situe le problème que le progressisme et la gauche doivent aborder pour arrêter les extrêmes droites et le fascisme. Il faut identifier les problèmes auxquels les extrêmes droites interpellent la société, car leur croissance est aussi un symptôme de l'échec des gauches et du progressisme. Elles ne surgissent pas de nulle part, mais après que le progressisme n'a pas osé, n'a pas pu, n'a pas voulu, n'a pas vu, n'a pas compris la classe et la jeunesse précaires, n'a pas saisi la signification de la pauvreté et de l'économie au-dessus des droits d'identité. Voilà le noyau du présent. Cela ne signifie pas que l'on ne parle pas d'identité, mais que l'on hiérarchise, en comprenant que le problème fondamental est l'économie, l'inflation, l'argent qui vous échappe des poches. Et il ne faut pas oublier que l'identité elle-même a une dimension de pouvoir économique et politique, qui est-ce qui ancre la subalternité. Dans le cas de la Bolivie, par exemple, l'identité indigène a conquis sa reconnaissance en assumant le pouvoir politique, d'abord, et progressivement, le pouvoir économique au sein de la société. La relation sociale fondamentale du monde moderne est l'argent, aliénée, mais encore relation sociale fondamentale, qui vous échappe, qui dilue toutes vos croyances et loyautés. C'est là le problème à résoudre par les gauches et le progressisme. Je pense que la gauche doit apprendre de ses échecs et qu'elle doit avoir une pédagogie sur elle-même pour ensuite trouver les qualificatifs pour dénoncer ou étiqueter un phénomène politique, comme c'est le cas ici avec l'extrême droite.

TOP : Revenant aux projets populaires, quels sont les principaux défis du progressisme pour surmonter ces crises, ces échecs dont vous parliez ? Est-ce simplement parce qu'ils n'ont pas pu comprendre ou interpréter suffisamment les besoins et les demandes des citoyens que les extrêmes droites les reprennent maintenant ?

AGL : L'argent est aujourd'hui le problème économique et politique élémentaire, fondamental, classique et traditionnel du présent. En temps de crise, c'est l'économie qui commande, point final. Résolvez d'abord ce premier problème et ensuite le reste. Nous sommes dans une période historique où émergent le progressisme et les extrêmes droites, et où le centre droit classique néolibéral, traditionnel et universaliste décline. Pourquoi ? Pour l'économie.

C'est l'économie, qui occupe le centre de commande de la réalité. Le progressisme, les gauches et les propositions qui viennent du côté populaire doivent d'abord résoudre ce problème. Mais la société à laquelle l'ancienne gauche des années 50 et 60, ou le progressisme dans la première vague dans certains pays, a résolu le problème économique est différente de l'actuelle. Les gauches ont toujours travaillé sur le secteur de la classe ouvrière salariée formelle, et aujourd'hui la classe ouvrière informelle est une énigme pour le progressisme.

Le monde de l'informalité regroupé sous le concept d'« économie populaire » est un trou noir pour les gauches qui ne le connaissent pas, ne le comprennent pas et n'ont pas de propositions productives pour lui, à part de simples palliatifs d'assistance. En Amérique latine, ce secteur représente 60 % de la population. Et il ne s'agit pas d'une présence transitoire qui disparaîtra ensuite dans la formalité. Non, l'avenir social sera avec l'informalité, avec ce petit travailleur et travailleuse, petit paysan (ne), petit entrepreneur, salarié informel, traversé par des relations familiales et des liens de loyauté locaux ou régionaux très curieux, subsumé dans des instances où les relations capital-travail ne sont pas aussi transparentes que dans une entreprise formelle. Ce monde existera pour les 50 prochaines années et implique la majorité de la population latino-américaine.

Que dites-vous à ces personnes ? Comment vous souciez-vous de leur vie, de leurs revenus, de leur salaire, de leurs conditions de vie, de leur consommation ? Ces deux sujets sont la clé du progressisme et de la gauche latino-américaine contemporains : résoudre la crise économique en tenant compte de ce secteur informel qui représente la majorité de la population active d'Amérique latine. Que signifie cela ? Avec quels outils le faites-vous ?

Bien sûr, avec des expropriations, des nationalisations, la redistribution de la richesse, l'élargissement des droits, etc. Ce sont des outils, mais l'objectif est d'améliorer les conditions de vie et le tissu productif de ces 80 % de la population, syndiquée et non syndiquée, formelle et informelle, qui constituent la population populaire latino-américaine. Et aussi avec une plus grande participation de la société à la prise de décision. Les gens veulent être entendus, ils veulent participer. Le quatrième sujet est l'environnemental, une justice environnementale avec justice sociale et économique, jamais séparée ni jamais en tête.

Cet Article a été traduit par Deepl et revisé par Mario Gil. Nous remercions à la revue Jacobin — Amérique latine pour la permission de traduire et reproduire cet article.

Politologue, féministe et activiste au sein de Colombia Humana et du Centro de Pensamiento Colombia Humana – CPCH

Des élu(e)s de gauche appellent à soutenir pleinement l’Ukraine à l’occasion du deuxième anniversaire de l’invasion russe

20 février 2024, par Élu-e-s en solidarité avec l'Ukraine — , ,
Appel aux élu-e-s, en soutien avec l'Ukraine) Nous vous écrivons pour vous demander d'envisager de signer l'appel "Les élu(e)s de gauche appellent à soutenir pleinement (…)

Appel aux élu-e-s, en soutien avec l'Ukraine)

Nous vous écrivons pour vous demander d'envisager de signer l'appel "Les élu(e)s de gauche appellent à soutenir pleinement l'Ukraine à l'occasion du deuxième anniversaire de l'invasion russe"
A l'heure où l'Etat russe prépare une contre-offensive massive contre l'Ukraine et où de puissants secteurs de la droite politique, tant en Europe qu'aux Etats-Unis, font campagne pour réduire le soutien militaire à ce pays en difficulté, nous pensons qu'il est impératif que les partisans de gauche et progressistes de l'Ukraine fassent entendre leur voix.
Veuillez indiquer votre soutien à la déclaration, soit en répondant à cet e-mail, soit en cliquant sur ce lien et en ajoutant votre nom et vos coordonnées à la liste des signataires.
En vous remerciant de votre solidarité avec l'Ukraine, je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées,

Signé :
Soren Sondergaard, au nom des députés danois d'Enhedslisten
Stéfanie Prezioso, au nom des élus suisses

Représentant.es élu.es, sympathisant.es de l'Ukraine, destinataires

Chers collègues, chères collègues,

14 février 2024

En tant qu'élu(e)s de gauche actuels et anciens - membres des parlements européen et nationaux, conseillers régionaux et locaux - nous souhaitons nous adresser à nos collègues de la gauche en Europe et dans le monde. Nous vous appelons à vous mobiliser avec nous pour soutenir la résistance militaire et civile du peuple ukrainien. À cet égard, nos fonctions électives nous donnent une opportunité et une responsabilité particulières. Soutenir l'Ukraine, c'est aussi contrer la propagande néfaste de l'extrême droite qui constitue le socle du soutien de Poutine à l'échelle internationale.

Nous approchons du deuxième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine. Cela signifie que l'Ukraine entre dans sa troisième année de guerre. Beaucoup d'entre nous espéraient que la guerre serait plus courte et que l'Ukraine serait rapidement victorieuse. Il est désormais clair que cette vision était trop optimiste. La Russie s'est retranchée et a construit de solides défenses. Ce qui était une guerre de mouvement en 2022 est devenu en grande partie une guerre de position en 2023.

La guerre ne concerne pas seulement les soldats qui défendent l'Ukraine. Elle concerne aussi les populations civiles qui sont victimes des bombardements russes et des attaques sur les infrastructures, notamment, pour le deuxième hiver, avec l'objectif de détruire les systèmes de chauffage.

La situation dans les zones occupées par la Russie est bien pire. Les Ukrainiens qui refusent de prendre des passeports russes sont victimes de discriminations diverses, comme le refus d'accès aux soins de santé. Ceux qui sont considérés comme les plus incorrigibles sont arrêtés et envoyés en Russie. On estime à environ 4 000 le nombre d'Ukrainiens prisonniers en Russie, sans compter les prisonniers de guerre, et détenus dans de très mauvaises conditions. Il existe également des exemples de déportation d'Ukrainiens en Russie et de leur remplacement par des colons russes - un processus inauguré en Crimée après 2014. Le plus grave est la déportation d'enfants ukrainiens vers la Russie où ils sont "adoptés" et "russifiés".

L'Ukraine a reçu beaucoup d'aide, humanitaire et financière. Une partie de cette aide provient des gouvernements et des ONG. Une partie provient des syndicats, en particulier en Europe. De nombreux syndicats ont pris des positions claires en faveur de l'Ukraine et ont établi des contacts étroits avec les syndicats ukrainiens. L'Ukraine a également reçu une aide militaire des pays de l'OTAN et d'ailleurs. Cette aide est nécessaire et continuera de l'être.

Près de deux ans après l'invasion, la position de la Russie n'a pas bougé d'un pouce. Elle réclame la totalité des territoires qu'elle a "annexés", y compris les parties qu'elle n'a pas réussi à occuper. Rien ne garantit qu'elle n'exigera pas également Kharkiv et Odessa. Et elle continue d'exiger un changement de gouvernement à Kiev. Il n'y a pas de place pour la discussion sur la base de ces exigences. La seule voie vers une paix durable est le retrait inconditionnel des troupes russes. Et l'Ukraine doit pouvoir recevoir les armes nécessaires pour imposer ce retrait.

Fétichisme olympique et folie des grandeurs

20 février 2024, par Mustapha Saha — , ,
Paris. Vendredi, 9 février 2024. Pérégrination rituelle sur les quais de Seine. Discussion avec Jean-Pierre Mathias, ancien professeur de philosophie, bouquiniste depuis trente (…)

Paris. Vendredi, 9 février 2024. Pérégrination rituelle sur les quais de Seine. Discussion avec Jean-Pierre Mathias, ancien professeur de philosophie, bouquiniste depuis trente cinq ans sur le quai Conti. Bouquiniste n'est pas uniquement un métier, un gardien de la tradition médiévale de la boutique permanente dans la rue, c'est une vocation. Pour être un honnête bouquiniste, il faut avoir une culture éclectique, une insatiable curiosité intellectuelle, une prédilection pour la communication et surtout une santé à toute épreuve.

Au bord du fleuve, les éléments s'apaisent ou se déchaînent. L'hiver est toujours rude. Le vent fouette les arbres et les présentoirs. Les bourrasques malmènent les livres. Le printemps apporte les brises consolatrices. L'été attire les flâneurs et les fureteurs.

Le programme sécuritaire des Jeux Olympiques, prévoyant le déplacement des bouquinistes, draine les rumeurs et les contre-rumeurs. Mercredi 31 janvier 2024, réunion à l'Elysée pour examiner des alternatives si la cérémonie d'ouverture devait être empêchée. La Maire de Paris rêvait d'une fiesta nautique avec un million de personnes. La façade de l'Hôtel de Ville exhibe des panneaux promotionnels tapageurs, aberrants, risibles. Les Jeux camelotés comme une foire du trône. Le design et le marketing sans signification imposent leur post-vérité, leur cancel culturel. Sur les boîtes des bouquinistes de nouveaux slogans en langue anglaise, War on culture, Culture kills.

Les bouquinistes des quais de Seine, en attendant, sont ballotés entre fausses promesses et vrais menaces. Les réunions avec les autorités municipales et préfectorales, auxquelles ils se prêtent à contrecœur, exaspèrent la mésentente. Le pouvoir ne démord pas de sa volonté de déloger les bouquinistes coûte que coûte. La rencontre du lundi 15 janvier 2024 s'est soldée par un désaccord total. Vendredi 19 janvier 2024, les bouquinistes décident de saisir le tribunal administratif. Ils demandent le maintien de leurs boîtes ou, en ultime recours, une indemnisation qui compense leur manque à gagner et sauvegarde leur dignité.

Mardi, 6 février 2024. Conseil de Paris. L'intervention du représentant écologiste relève de l'accrobatie rhétorique. « Les écologistes estiment que la Ville devrait accompagner les bouquinistes dans leurs contentieux avec les instances étatiques. Nous pensons qu'il ne faut pas déplacer les boîtes. Nous sommes dans l'incertitude. Y aura-t-il finalement une cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques sur la Seine ? On se retrouverait dans une situation paradoxale si on annule l'événement à la dernière minute après avoir évacué les caisses. Nous trouvons que les questions de sécurité sont un prétexte pour se débarrasser des bouquinistes. La Ville de Paris met trop d'argent dans les Jeux Olympiques. Le financement devrait être intégralement pris en charge par le Comité d'Organisation. Par rapport aux bouquinistes et leur déplacement éventuel, comment on va financer cette opération ? » Comprenne qui pourra le soutien sans soutien. Pour Aristote, la sophistique est une sagesse superficielle, trompeuse. La sophistique élude les questions essentielles. Elle ne s'attache qu'aux effets oratoires. Elle escompte les rentabilités matérielles. Sous apparence de vérité, le mensonge sème ses nocivités.

Les Jeux olympiques bouleversent de fond en combe la vie sociale, économique, culturelle. Les compétitions sont prévues au cœur de la ville, aux abords des monuments historiques, Louvre, Pont de la Concorde, Tour Eiffel, Grand Palais… Circulations bloquées. Accès interdits. Contrôles drastiques. La navigation sur la Seine sera prohibée une semaine avant la cérémonie d'ouverture du 26 juillet 2024 et interrompue pendant les épreuves de nage. Seule la sécurité prime. Les pollutions passent sous silence. La filière céréalière redoute un été catastrophique. Le fret fluvial assure 20% des transports de marchandises. Pendant les moissons, 25 péniches sont chargées de 1 500 tonnes de grains, l'équivalent de 1 250 camions. 4 400 exploitations agricoles d'Île-de-France seront impactées. 800 000 tonnes de céréales risquent la destruction faute d'être acheminées.

Dimanche, 11 février 2024. Inauguration de la salle polyvalente, modulaire, multisports L'Arena de 8 000 places à la Porte de la Chapelle. Gadgets écologiques : récupération des eaux de pluie, toiture végétalisée, sièges en plastique recyclé. En sous-sol, une usine de production de froid permet le rafraîchissement de la salle. La machinerie sert également à chauffer les habitations du quartier. La Maire supplie les parisiens de ne pas fuir la ville. Elle déclare dans un emportement lyrique : « Cette inauguration, c'est un peu le début du commencement de la magie olympique. Paris va être magnifique. Ne partez pas pendant les Jeux. Ce serait une connerie. On va vibrer ensemble ». Tel est le niveau discursif du langage politique en vigueur. Juste avant l'arrivée de l'édile, une manifestation des sans-papiers, Pas de papiers, pas de Jeux Olympiques sur banderole. Un contrat avec la Mairie autorise l'équipementier allemand Adidas d'accoler son nom sur l'édifice pendant cinq ans. Le sport business contamine toute la société. Tout se vend. Tout se marchandise. Tout se privatise. Le patrimoine culturel, les bibliothèques, les musées, les écoles, les squares… Jamais les affaires publiques et capitalistes n'avaient fait aussi bon ménage. La Porte de la Chapelle demeure un lieu de détresse. Sous le pont traversant le boulevard Ney vivotent sans logis et toxicomanes. Un slogan tagué sur le mur rappelle : La Chapelle, porte de l'enfer. Des réfugiés ignorés par les institutions meurent de faim, de froid. Des crackers se livrent à des trafics misérables. Violences du dénuement. Les migrants affamés, épuisés, malades sont érythréens, irakiens, afghans, maliens pour la plupart. Certains sont marocains.

La folie des grandeurs bute sur la faisabilité. La jauge de spectateurs est d'ores et déjà rabaissée de 600 000 à 300 000 par le ministère de l'Intérieur. 100 000 personnes ont payé leur place sur les quais bas pour assister au spectacle fluvial, jusqu'à 2 700 pour les mieux placées. L'interrogation lancinante, la vulnérabilité des athlètes embarqués sur une centaine de bateaux face à une éventuelle attaque terroriste, revient obsessionnellement dans chaque tour de table. La gouvernance technocratique ne comprend toujours pas l'incompatibilité de la fête et de la sécurité. Les principaux dirigeants du Comité olympique sont dans le collimateur de la justice. Le Président de Paris 2024 et trois collaborateurs sont visés par des enquêtes judiciaires pour favoritisme, infractions financières, prises illégales d'intérêts, irrégularités relatives aux marchés publics, recels. Les procédures pénales s'accumulent.

Je ressors une vieille note. La folie des grandeurs est la maladie commune de tous les tyrans, à quelqu'échelle qu'ils sévissent, du despotisme municipal au césarisme mondial. L'autocrate se place d'emblée au-dessus des lois pour imposer sa seule et unique volonté. Le monde n'existe que parce qu'il s'en proclame le maître. Il accapare tous les pouvoirs. il persécute les détenteurs du savoir. Il traite ses alliés comme des corsaires, ses amis comme des adversaires. Et quand il est gavé d'omnipotence, il dégorge ses déboires sur ses derniers serviteurs, creuse sa propre tombe et, par avance, édifie un mausolée à sa gloire

Mustapha Saha
Sociologue

LUTTE DES BOUQUINISTES PARISIENS. ÉPILOGUE.

Mardi, 13 février 2024. Coup de théâtre. J'apprends l'annulation du déplacement des bouquinistes par la présidence. Une dépêche de l'AFP annonce la décision élyséenne : « Constatant qu'aucune solution consensuelle et rassurante n'a pu être identifiée avec ces acteurs, le président de la République a demandé au ministre de l'Intérieur et au préfet de police de Paris que l'ensemble des bouquinistes soient préservés, et qu'aucun d'entre eux ne soit contraint d'être déplacé ».

La presse étrangère se réjouit du rétropédalage du pouvoir. Des médias européens, américains, asiatiques ont réalisé des reportages sur place tout au long des sept mois de lutte. Le soir du simulacre du test de démontage, des télévisions japonaise et sud-coréenne étaient présentes. Le journal bavarois Süddeutsche Zeitung écrit « Bonne nouvelle. A la surprise générale, le président français décide le maintien des boîtes de bouquinistes, authentiques monuments culturels, sur leurs parapets. L'art et la manière de gagner des points de popularité à bon compte. L'opinion publique est largement acquise aux bouquinistes. Une pétition de soutien a réuni 184 000 signatures. Des voix nombreuses se sont indignées contre la liquidation de l'âme de la Seine ».

La résistance a payé. Dès juillet 2023, nous nous sommes mobilisés, avec Elisabeth, pour les bouquinistes des quais de Seine. J'ai publié une douzaine de chroniques. Je prépare un livre sur cette question sous le titre Les Bouquinistes parisiens, Ad vitam aeternam.

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