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Histoire : le fascisme à l’israélienne

Ce qui est le plus étonnant dans la guerre contre Gaza, c'est… l'étonnement de nombreux observateurs – journalistes, mais aussi chercheurs – devant l'escalade génocidaire d'Israël. Cette apparente surprise, lorsqu'elle est sincère, découle notamment d'une sous-estimation du changement qualitatif représenté par la coalition mise en place dans les derniers jours de l'année 2022.
Tiré de Yaani.
La prolongation du conflit obéit bien sûr aux mêmes motifs que la formation du gouvernement : pour Benyamin Netanyahou, il s'agit inséparablement à la fois de préserver son poste de Premier ministre et de bloquer la procédure judiciaire entamée contre lui.
Mais cet objectif personnel ne saurait dissimuler la toile de fond politique commune au chef du Likoud et à ses alliés, anciens comme nouveaux. Qualifiée par l'ex-Premier ministre Ehoud Barak, qui n'a rien d'un gauchiste, de « gouvernement aux valeurs fascistes » la coalition investie fin décembre 2022 par la Knesset est formée autour d'un Likoud radicalisé (trente-deux députés), allié à deux partis ultra-orthodoxes (dix-huit députés). Et elle comprend aussi, pour la première fois, deux partis suprémacistes, racistes et homophobes (quatorze députés). Benyamin Netanyahou a offert aux dirigeants de ces derniers des ministères essentiels : à Itamar Ben Gvir la Sécurité nationale, à Bezalel Smotrich les Finances mais aussi la tutelle de la Cisjordanie.
Héritiers de Kahane et du Gush Emunim
L'un de ces deux irresponsables qui ne dissimulent même pas leur racisme, Itamar Ben Gvir, s'affiche comme l'héritier du rabbin fasciste Meïr Kahane. Fondateur de la Ligue de défense juive, condamné à cinq ans de prison pour « terrorisme » aux États-Unis, Kahane a fait son aliya en 1971, multipliant les violences anti-Arabes au service de son objectif : un Grand Israël vidé de tous ses Palestiniens.
En 1984, il fut élu à la Knesset, créant un choc tel que pas un autre député n'assistait à ses discours. Ses collègues décidèrent même d'interdire l'incitation au racisme dans le Code pénal et la Loi fondamentale régissant la Knesset. Si bien que Kahane fut exclu du scrutin de 1988. Le 5 novembre 1990, il mourait assassiné à New York.
Toutefois les deux mouvements qui s'en réclamaient – Kach et Kahane Hai – poursuivirent leurs actions violentes. Le 25 février 1994, 29 musulmans en prière dans la mosquée d'Abraham à Hébron seront massacrés par un colon kahaniste, l'Américain Baruch Goldstein – dont le portrait trônera longtemps dans le salon de Ben Gvir. Un mois plus tard, les deux mouvements sont interdits comme « organisations terroristes ». Ils n'en inspireront pas moins Yigal Amir, l'assassin d'Itzhak Rabin, le 4 novembre 1995. Peu avant, Ben Gvir apparut à la télévision en brandissant la plaque minéralogique de la voiture du Premier ministre, et annonça : « Nous avons eu sa voiture, et nous l'aurons lui aussi ».
Bref, la référence au fascisme n'a rien d'excessif s'agissant de Ben Gvir. Condamné à maintes reprises par la justice israélienne, il affichait un extrémisme tel que même l'armée ne l'a pas laissé effectuer son service militaire tant elle le jugeait « dangereux ». Au printemps 2021, évoquant son rôle dans les violences à Jérusalem et au sein des villes dites mixtes, le chef de la police de Jérusalem Kobi Shabtaï déclara à Netanyahou : « La personne qui est responsable de cette Intifada est Itamar Ben Gvir ». Jusqu'aux dernières semaines, avant les élections du 1er novembre 2022, il prônait l'annexion de toute la Palestine et le « transfert » de tous ses habitants arabes. Il se prononçait même pour la déportation des Israéliens « déloyaux » qui « travaillent contre l'État » – parmi lesquels il cite le député arabe Ayman Odeh, mais aussi le député juif Ofer Cassif…
Dans les dernières semaines de la dernière campagne électorale, Ben Gvir a certes tenté d'arrondir son image, mais en ne trompant que les naïfs. Même le général Dan Haloutz, ancien chef d'état-major de Tsahal, estime qu'« il n'a pas changé et ne changera pas » et que ses idées pourraient entraîner une « guerre civile ». Quant au président de l'État d'Israël, Isaac Herzog, il assure : « Cet individu inquiète le monde entier ». « Modération » ? Tout en brandissant son révolver en plein Sheikh Jarrah, il a conseillé à ses partisans criant « Mort aux Arabes » de se contenter de « Mort aux terroristes ». Un de ses colistiers, Almog Cohen, avait d'ailleurs vendu la mèche : il s'agit de créer un « cheval de Troie » pour permette au parti kahaniste Otzma Yehudit (Force juive) d'entrer à la Knesset sans être disqualifié par la Cour suprême… Son bilan depuis dix-sept mois ? Une surenchère permanente dans la guerre contre Gaza, une série de visites provocatrices sur l'Esplanade des mosquées, en compagnie de nombreux colons et, depuis le 7 octobre, la distribution de 100 000 ports d'armes dans un pays où les réservistes et presque tous les colons sont déjà armés…
Quant à Besalel Smotrich, héritier du mouvement de colons Gush Emunim, il exige, lui, l'interdiction des partis arabes, « le plus grand danger aujourd'hui pour [notre] sécurité ». Si son programme principal est l'annexion de la Cisjordanie, sa perspective est essentiellement messianiste : selon lui, l'État d'Israël doit être étendu à l'intégralité de la terre promise par Dieu à Abraham et « dirigé conformément à la Torah et à la Loi juive » – à l'exclusion du judaïsme réformé, qu'il considère comme une « fausse religion ». Son racisme décomplexé va jusqu'à la séparation entre femmes juives et arabes dans les maternités : « Il est naturel, a-t-il expliqué, que ma femme ne veuille pas être allongée à côté de quelqu'un qui a donné naissance à un bébé qui pourrait vouloir assassiner son bébé dans vingt ans ». Cette hystérie anti-arabe se double d'une homophobie obsessionnelle : après l'assassinat en juillet 2015 d'un participant à la Gay Pride de Jérusalem, il n'hésita pas à qualifier celle-ci d'« abomination » et de « parade bestiale »…
C'est pourquoi, j'ai souligné, dès les premiers pas du nouveau gouvernement, les graves dangers qu''il représentait :
1) Pour les Palestiniens, car il entend accélérer la colonisation en vue de l'annexion de la Cisjordanie, voire de Gaza, deux territoires dont les ministres ultra-nationalistes rêvent d'expulser les Palestiniens. Certains se sont même prononcés pour le démantèlement immédiat de l'Autorité palestinienne. Quant à Jérusalem, les provocations de Ben Gvir sur l'Esplanade témoignent de sa volonté de renier le statu quo de 1967. S'il fallait, avant le 7 octobre, un symbole de cette agressivité, l'interdiction du drapeau palestinien le fournirait.
2) Pour les Israéliens, car la coalition veut en finir avec le dernier garde-fou de la démocratie israélienne – la Cour suprême – en donnant « légalement » le dernier mot à la Knesset. C'est ce que des centaines de milliers de citoyens juifs ont dénoncé dans les rues de Tel-Aviv et de Jérusalem tout au long de l'année comme un « coup d'État ». Les suprémacistes planifient d'autres atteintes aux libertés : ils prônent notamment l'interdiction des partis arabes et même le retrait de la citoyenneté aux Israéliens « déloyaux » – et de citer deux députés communistes, l'Arabe Ayman Odeh et le Juif Ofer Cassif. Ce dernier a même failli être expulsé de la Knesset pour avoir appuyé la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye exigeant qu'Israël s'oppose à toute décision génocidaire.
3) Pour les uns et les autres, car suprémacistes et haredim entendent renforcer le caractère théocratique du régime. Ils tournent ainsi le dos à l'aspiration de la majorité des Israéliens à une forme de laïcité : renforcement du monopole orthodoxe contre réformés et conservateurs, application stricte du shabbat, refus du mariage et du divorce civils, rejet de l'imposition d'un cursus commun aux écoles publiques et religieuses, maintien de l'exemption du service militaire pour les étudiants des yeshivot, etc. Les suprémacistes entendent même rendre la loi du retour plus restrictive, quitte à réduire l'aliya…
4) Enfin, pour la région et le monde, car, au risque d'une troisième Intifada s'ajoute la menace d'une opération militaire contre l'Iran, pour l'empêcher de fabriquer sa bombe. Netanyahou harcèle l'Iran, « oubliant » que, si les mollahs ont pu enrichir leur uranium, c'est parce que Donald Trump avait, sous sa pression, déchiré l'accord sur le nucléaire iranien…
Les Netanyahou, tel père tel fils
L'histoire ne pardonnera sans doute jamais à Benyamin Netanyahou d'avoir rouvert en 2021 les portes de la Knesset aux kahanistes. Rien là, toutefois, d'une alliance contre nature : le chef du Likoud a lui-même grandi dans le sérail sioniste révisionniste. Comment oublier que, dans années 1930, David Ben Gourion appelait Jabotinsky, père du mouvement… « Vladimir Hitler » ? En fait, c'est surtout Mussolini qui soutenait le Betar : il avait mis à sa disposition à Bari un émetteur radio couvrant tout le Moyen-Orient ainsi qu'à Civitavecchia des locaux pour son école de cadres. Le Duce expliqua en 1935 à David Prato, futur grand rabbin de Rome : « Pour que le sionisme réussisse, il vous faut un État juif, avec un drapeau juif et une langue juive. La personne qui comprend vraiment cela, c'est votre fasciste, Jabotinsky ». Benzion Netanyahou, le père de Benyamin, fut non seulement un militant révisionniste, mais un birion (voyou), surnom choisi par les membres de la fraction d'extrême droite du mouvement. Quant à Yaïr, le fils de Benyamin, une provocation suffit à le situer politiquement : il a accepté que sa photographie figure sur une affiche de l'Alternative für Deutschland (AFD) vantant « une Europe libre, démocratique et chrétienne » – son alliance avec les néofascistes compte donc plus pour lui que sa judéité !
Jusqu'où ira cette fascisation d'Israël ? Ben Gvir et Smotrich ne sont pas des extrémistes isolés, ni même marginaux. Sauf crise majeure débouchant sur une nouvelle forme d'union nationale, Netanyahou n'aura pas de majorité sans eux. La gauche juive comme arabe est au plus bas, incapable de proposer une alternative à un électorat populaire hystérisé par la rhétorique raciste. Le risque est grand que l'opposition vote avec ses pieds : des centaines de milliers de citoyens juifs israéliens vivent désormais ailleurs qu'en Israël, et nombre d'autres se sont procuré le passeport d'un État européen. Pour eux comme pour feu Zeev Sternhell, « en Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts ».
Une fois encore, la logique du « bonnet blanc et blanc bonnet » rend l'évolution politique israélienne inintelligible. Que tous les partis sionistes, de « gauche » comme de « droite » aient en commun le même projet colonial, est évident. Qu'en particulier en 1947-1949, le Mapam et le Palmakh aient joué un rôle capital dans la conquête des villes et villages arabes et l'expulsion de leurs habitants est un fait historique établi. Et depuis, aucun gouvernement israélien, sauf celui de Rabin, de 1993 à son assassinat, n'a commencé à rompre avec cet engrenage. Mais tout cela ne justifie pas d'attribuer la même dangerosité à un Ben Gvir ou à un Smotrich et aux dirigeants de la « gauche » sioniste. C'est ce que les dirigeants et les militants de la gauche radicale arabo-juive ont compris, appelant depuis près d'une décennie à la constitution d'un front uni contre l'extrême droite et critiquant les abstentionnistes.
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La résistance palestinienne n’est pas un monolithe

Alors que les Palestinien·nes s'interrogent sur le génocide qui leur est infligé et sur leurs perspectives de libération nationale, c'est leur rendre un mauvais service que d'aplatir leur diversité politique et les débats complexes en cours.
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
28 avril 2024
Par Bashir Abu-Manneh
Depuis le 7 octobre, toute évaluation critique de l'opération militaire du Hamas - sa méthode, sa rationalité, ses cibles ou son rôle dans la fin de l'occupation israélienne - a été difficile à exprimer au sein de la gauche. Il en est ainsi non seulement parce qu'une puissance occupante est en fin de compte responsable du statu quo destructeur, mais aussi parce que critiquer les tactiques d'un groupe agissant au nom des opprimés est perçu comme une atteinte à leur cause légitime.
Cette situation est aggravée par le fait que de nombreuses et nombreux intellectuel.les de gauche ont exprimé un soutien inconditionnel à l'attaque du Hamas, voire l'ont célébré. Unrecent post sur le blog Verso Books place un mouvement religieux socialement régressif comme le Hamas dans la tradition émancipatrice universelle de la gauche, déclarant que « les parapentistes qui ont volé vers Israël le 7 octobre continuent l'association révolutionnaire de la libération et de l'envol. »
Andreas Malm a suggéré que l'opération du déluge d'Al-Aqsa avait obtenu de meilleurs résultats que la première Intifada parce que les Palestinien.nes avaient réussi à remplacer les pierres par des armes militaires - ignorant que l'Intifada était le plus grand mouvement de masse anticolonial auto-organisé de l'histoire palestinienne et qu'elle avait contraint Israël à faire des concessions politiques sans précédent. En effet, affirmer que le Hamas a réussi à obtenir davantage revient à ignorer totalement que son attaque militaire a déclenché un énorme génocide contre le peuple palestinien.
Comme Rashid Khalidi l'a argué, « En regardant les six derniers mois - le massacre cruel de civils à une échelle sans précédent, les millions de personnes sans abri, la famine de masse et les maladies induites par Israël - il est clair que cela marque un nouvel abîme dans lequel la lutte pour la Palestine s'est enfoncée. » Tom Segev concours : « Pour les Palestinien.nes, la guerre de Gaza est le pire événement qu'ils aient connu en 75 ans. Jamais autant de personnes n'ont été tuées et déracinées depuis la nakba, la catastrophe qui les a frappés pendant la guerre d'indépendance d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestinien.nes ont été contraints d'abandonner leurs maisons et de devenir des réfugiés. »
En plus des voix individuelles, la guerre de Gaza est aussi une occasion pour les Palestiniens de s'exprimer.
En plus de voix individuelles, des célébrations non critiques du Hamas ont également été observées dans certaines parties des mobilisations de solidarité, par ailleurs inspirantes, de ces derniers jours. « Nous disons justice, vous dites comment ? Brûlez Tel Aviv jusqu'au sol », entend-oncanterdans une vidéo.
De tels slogans, aussi rares soient-ils, sapent la cause palestinienne. Soutenir la Palestine, c'est mettre fin à une occupation illégale et demander des comptes à Israël pour ses violations du droit international. Il ne s'agit pas de soutenir le meurtre de civils israéliens ou la destruction de villes israéliennes. Faire respecter le droit international, c'est le faire respecter pour tout le monde.
Ce type de rhétorique réduit toute une série de positions politiques en Palestine à ce que dit et fait un groupe militant. Elle suppose également que le Hamas parle et agit en permanence au nom de l'ensemble du peuple palestinien, simplement parce qu'il a remporté une élection (avec 45 % des voix) dans les territoires palestiniens occupés en 2006 (principalement dans le cadre d'un vote de protestation contre la corruption de l'Autorité palestinienne et sa réduction à Oslo).
La victoire électorale du Hamas n'est donc pas un chèque en blanc pour l'éternité. C'est d'autant plus vrai qu'en gouvernant Gaza, le Hamas a oublié la démocratie, a eu recours à l'autoritarisme et à la corruption, et a réprimé l'organisation politique et la dissidence. Pour de nombreux Palestinien.nes de Gaza, il est coûteux de dire ouvertement ce que l'on pense ou d'exprimer ses opinions politiques. Mais leur silence n'est pas un soutien au Hamas.
Deux articles parus récemment dans la presse grand public montrent à quel point il est important d'écouter les voix des Palestinien.nes de Gaza qui subissent les conditions extrêmes de génocide, de famine et d'inanition instaurées par l'armée d'occupation israélienne.
Le Financial Timesrécemment a publié un rapport sur l'opinion publique à Gaza, qui donne à réfléchir. Si les Palestinien.nes de Gaza reprochent clairement à Israël d'avoir provoqué une catastrophe humaine à Gaza, la colère et le ressentiment sont de plus en plus vifs à l'égard du Hamas, qui n'a pas su anticiper l'ampleur des représailles israéliennes aux attaques du 7 octobre et protéger les Palestinien.nes pendant la guerre.
L'une des personnes interrogées, Nassim, déclare ouvertement que le Hamas « aurait dû prévoir la réponse d'Israël et penser à ce qui arriverait aux 2,3 millions de Gazaouis qui n'ont nulle part où aller en toute sécurité » et « aurait dû se limiter aux cibles militaires ».
Une autre personne interrogée, Samia, est encore plus accablante. « Le rôle de la résistance est de nous protéger, nous les civils, et non de nous sacrifier », dit-elle. "Je ne veux pas mourir et je ne voulais pas que mes enfants soient témoins de ce qu'ils ont vu et qu'ils vivent dans une tente, souffrant de la faim, du froid et de la pauvreté.
Ces critiques correspondent à ce que de nombreux Palestinien.nes de Gaza ont publié sur les médias sociaux au cours des derniers mois. Elle a également été représentée dans les reportages critiques de la journaliste vétéran anti-occupation Amira Hass.
Dans un article paru récemment dans Haaretz, Amira Hass fait état du mécontentement et des critiques de la population à l'égard des opérations du Hamas et de ce qui est considéré comme le mode de résistance armée extrêmement coûteux du Hamas face à une armée israélienne largement supérieure. Les Palestinien.nes de Gaza se plaignent ouvertement de leur manque de sécurité et de protection contre les représailles attendues d'Israël, ainsi que de l'absence de « planification politique stratégique claire » de la part du Hamas.
Ce qui dérange le plus l'une des personnes interrogées, Basel, c'est que sa critique du Hamas et de son approche de la résistance est assimilée à de la trahison. Comme l'explique Hass, « il est furieux que les Palestinien.nes hors de Gaza et leurs partisans attendent des habitants de Gaza qu'ils se taisent et ne critiquent pas le Hamas, parce que la critique aide ostensiblement l'ennemi. Il rejette l'hypothèse selon laquelle douter des décisions et des actions de ce groupe armé - et le faire publiquement - est un acte de trahison ».
Ces voix critiques sont cohérentes avec les sondages d'opinion les plus récents menés dans les territoires occupés. Bien que les sondages en temps de guerre soient soumis à des défis et à des fluctuations extrêmes, en particulier à Gaza où la peur politique et le silence sont des facteurs importants à prendre en compte pour évaluer l'exactitude des réponses, certaines tendances constantes peuvent être identifiées.
Les sondages montrent que la cote d'approbation du Hamas à Gaza a effectivement baissé de 11 points au cours des derniers mois, pour atteindre un tiers de la population. Le soutien à la lutte armée a également baissé de manière générale. À la question « Selon vous, quel est le meilleur moyen d'atteindre les objectifs palestiniens en mettant fin à l'occupation et en construisant un État indépendant ? », le soutien à la lutte armée a diminué tant en Cisjordanie qu'à Gaza, passant de 63 % en décembre à 46 % en mars. Dans la seule bande de Gaza, il est passé de 56 % à 39 %. Le Hamas lui-même vient de réaffirmer sa volonté de déposer les armeset d'accepter un cessez-le-feu à long terme avec Israël en échange d'un État le long des frontières de 1967.
À Gaza aussi, le soutien à la solution des deux États a augmenté de façon spectaculaire : il est passé de 35 % en décembre à 62 % en mars. Cela reste vrai même si la majorité des Palestinien.nes de Cisjordanie et de Gaza reconnaissent également les obstacles pratiques à une telle solution, à savoir l'expansion du projet de colonisation israélien. Cela indique néanmoins que les Palestinien.nes de Gaza espèrent que l'attention internationale et la pression politique extérieure exercée sur Israël pourraient donner des résultats.
Le soutien à la solution d'un seul État parmi les Palestinien.nes occupés est tombé à 24 % pendant la guerre contre Gaza. La plupart des Palestinien.nes occupés veulent se séparer d'Israël et vivre dans leur propre État, et ils veulent se débarrasser des colonies illégales en Cisjordanie. Le projet colonial contrevient aux droits des Palestinien.nes en vertu du droit international, en particulier le droit à l'autodétermination.
En outre, les Israéliens ont déshumanisé la société palestinienne à l'extrême au cours de cette guerre. Suivant les conseils de leur élite agressive et de leurs médias bellicistes (saturés d'anciens militaires et d'experts en sécurité), les Israélien.nes ont massivement soutenu la décimation de Gaza. Ce qui préoccupe le plus les Israélien.nes, ce sont les otages, pas la guerre. La vie des otages israélien.nes est importante, alors que les Palestinien.nes sont, selon les termes du ministre israélien de la défense, des « animaux humains ».
Motivé par la vengeance et le châtiment, Israël est une société narcissique qui se complaît dans sa propre blessure et qui utilise cette blessure comme excuse pour ses crimes monumentaux contre le peuple palestinien. Les Palestinien.nes trouvent Israël cruel, insensible et horrible, et leur première pensée est « protégez-moi d'Israël ». Est-ce là la société israélienne avec laquelle les Palestinien.nes devraient être censés vivre dans la dignité et avec des droits égaux ?
Quel que soit l'avenir, les Palestinien.nes doivent être en mesure de surmonter leur situation catastrophique collectivement, démocratiquement et sans crainte. Insister sur ce point, c'est renforcer leur droit à l'autodétermination.
Bashir Abu-Manneh
P.-S.
• Traduit pour ESSF par Pierre Rousset avec l'aide de DeepLpro.
Source : Jacobin
[https://jacobin.com/2024/04/gaza-left-hamas-occupation-war-solidarity->https://jacobin.com/2024/04/gaza-left-hamas-occupation-war-solidarity]
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)0611]
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Palestine : vers une seconde déflagration

De nombreux éléments montrent qu'un élargissement des attaques israéliennes devrait avoir lieu dans les prochaines semaines. Pendant ce temps, en Allemagne, aux États-Unis et en France, la répression de la solidarité tente de l'empêcher de construire une alternative.
Tiré de Inprecor 720 - mai 2024
1er mai 2024
Par Antoine Larrache
En Allemagne, l'interdiction d'un congrès et l'annulation de la participation de Nancy Fraser à une université sont la partie émergée d'une immense pression politique contre la solidarité avec la Palestine, accusée d'antisémitisme. En France, le cortège de militant·es convoqués par la police pour des accusations d'apologie du terrorisme se prolonge, et la répression dans les universités se développe, à l'image de ce qui se passe aux États-Unis. Là-bas, à Los Angeles, New York, Austin, Boston, Chicago ou Atlanta, les mobilisations prennent de l'ampleur : des tentes sont installées, des manifestations et des prises de parole ont lieu. La répression est très forte, avec notamment une centaine d'arrestations mercredi 24 avril à Boston et la tentative continue de créer un amalgame entre
antisionisme et antisémitisme.
Réprimer pour mieux saigner
Une telle répression, contre des mouvements relativement restreints, ne peut signifier qu'une chose : la volonté de faire taire toute solidarité visible avec le peuple palestinien. Alors que, coïncidence ou pas, de nombreux indices semblent prouver l'imminence d'une attaque israélienne à Rafah. En effet, il semble que Netanyahou ait négocié un compromis avec les États-Unis qui consisterait à ne pas lancer de grande attaque contre le Liban ou l'Iran dans l'immédiat, en échange d'un feu vert pour attaquer Rafah. Rafah, une petite ville de 150 000 habitant·es dans laquelle se sont réfugiées 1,5 million de personnes fuyant la guerre et la destruction de leurs habitations, et luttant quotidiennement contre les engins de mort d'Israël, contre les maladies et la famine. Car Israël, non content de massacrer et de détruire, empêche toujours l'aide humanitaire de parvenir dans la bande de Gaza, poursuivant ainsi son œuvre génocidaire.
Massacrer à Gaza et à Rafah est un point d'orgue du projet sioniste mené par l'extrême droite au pouvoir en Israël : il s'agit de supprimer toute présence palestinienne dans cette région, en attendant de s'attaquer plus directement à la Cisjordanie, voire plus. Les attaques de colons et de l'armée d'occupation d'Israël contre les Palestinien·nes n'ont cessé d'augmenter depuis le 7 octobre. De plus, depuis le début de l'année, près de 1 100 hectares ont été déclaré terres domaniales, un statut qui donne leur contrôle au gouvernement israélien, soit déjà deux fois plus qu'en 1999, jusque-là année record. Les logiques guerrières et génocidaires ont leurs propres dynamiques : négocier de nouveaux financements militaires auprès des États-Unis, acheter des armes à ces derniers ou à la France, réprimer les populations, attaquer une région, tout cela pousse à en faire toujours plus et il n'est pas exclu qu'après avoir attaqué Rafah, Israël attaque aussi le Hezbollah au Liban, l'Iran, dans une fuite en avant qui correspond également à l'état du monde. En effet, de l'Ukraine aux Philippines, de la Palestine à Taïwan, le monde est de plus en plus militarisé (les budgets militaires ont augmenté de 6,8 % en 2023 atteignant 2 400 milliards de dollars), les zones d'influence sont de plus en plus disputées dans ce monde en crise profonde, le nationalisme et les extrêmes droites se renforcent.
Agir, vite et fort
Il y a donc urgence à ce que les solidarités internationales s'expriment de façon militante. Dans les universités du monde entier, dans les entreprises, aux élections européennes, tous les lieux d'intervention seront utilisés pour faire face au massacre en cours.
Il y a urgence à ce que notre mobilisation trouve un second souffle pour reconstruire des mobilisations de masse, capables de faire peur à nos dirigeants. Boycotter les produits et les entreprises qui collaborent, manifester, construire des collectifs de base, organiser des réunions de formation et de mobilisation sont nos tâches élémentaires. À cela s'ajoutent des discussions stratégiques sur la construction du mouvement : nous avons besoin de combiner, d'une part, une compréhension fine des enjeux de la situation, du rôle de l'impérialisme, de la nature du sionisme, de la nécessité d'une révolution régionale pour rejeter Israël, mais aussi les gouvernements arabes qui sont complices de la colonisation et des massacres et n'hésitent pas à réprimer leurs propres populations, avec, d'autre part, un mouvement large, très unitaire, pour arrêter les massacres et la répression, capable donc de compromis avec des forces avec lesquelles nous pouvons avoir de grands désaccords.
Construire une grande contre-offensive internationale, mobiliser les quartiers populaires, reconstruire une conscience de classe, internationaliste, faire face au racisme et au fascisme, contre les impérialistes, endiguer le développement du militarisme, tels sont les enjeux de la situation.
Le 27 avril 2024
Antoine Larrache est rédacteur d'Inprecor et membre de la direction de la IVe Internationale et du NPA.
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Le gouvernement Nétanyahou ordonne la fermeture d’Al Jazeera en Israël

Affirmant qu'elle menace sa sécurité, l'exécutif israélien a décidé de fermer la chaîne qatarie “Al Jazeera” dans le pays. Décrit comme un “organe de propagande du Hamas” par Nétanyahou, le diffuseur était l'un des derniers médias internationaux encore présents à Gaza. Sa fermeture fait couler beaucoup d'encre, et intervient alors que le Qatar tient un rôle clé dans les négociations pour une trêve à Gaza.
Tiré de Courrier international. Photo : Les bureaux de la chaine de télévision qatarie Al Jazeera à Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 5 mai 2024. Photo Zain Jaafar / AFP
Ce dimanche 5 mai, “le gouvernement israélien a voté à l'unanimité la fermeture de la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera en Israël, en raison de sa couverture de la guerre à Gaza”, relaie le quotidien israélien Ha'aretz. L'exécutif a donné le feu vert à Shlomo Karhi, ministre de la Communication, pour interrompre la diffusion du média en Israël – en anglais comme en arabe –, pour “fermer ses locaux” dans le pays, mais aussi pour “confisquer le matériel utilisé par son personnel, à l'exception des téléphones et des ordinateurs”, et “limiter l'accès à son site internet sur le territoire israélien”. Selon le Shin Bet, service de sécurité intérieure israélien, la couverture par la chaîne de la guerre à Gaza “nuit à la sécurité de l'État”, rapporte Ha'aretz.
Début avril, le Parlement israélien avait voté une loi permettant d'interdire la diffusion en Israël de médias étrangers portant atteinte à la sécurité de l'État – un texte qui visait la chaîne qatarie. Ce dimanche, Shlomo Karhi s'est félicité de cette décision sur X, affirmant : “après une trop longue attente et de trop nombreux obstacles juridiques, nous avons enfin pu mettre un terme à la machine d'incitation [à la haine] bien huilée de la chaîne, qui nuit à la sécurité du pays.”
Le média dénonce une décision “dangereuse”
Le directeur du bureau d'Al Jazeera en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, Walid Al-Omari, a dénoncé une décision “dangereuse et politique” qui “intervient après une campagne […] des ministres d'extrême droite” du gouvernement israélien. Il a précisé que le service juridique de la chaîne “préparait une réponse à cette fermeture”.
L'animosité d'Israël à l'égard de la chaîne qatarie ne date pas d'hier : le gouvernement israélien avait déjà tenté à plusieurs reprises de faire interdire le diffuseur ces dernières années.
Début avril, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a décrit le média comme “un organe de propagande du Hamas” qui aurait “participé activement” à l'attaque terroriste menée le 7 octobre par l'organisation dans le sud d'Israël. Des accusations niées par la chaîne, qui accuse quant à elle le gouvernement israélien de cibler systématiquement ses employés dans la bande de Gaza. Au moins deux journalistes d'Al Jazeera y ont été tués depuis le début de la guerre le 7 octobre, et son chef de bureau à Gaza a été blessé.
Al Jazeera était “l'un des rares médias internationaux à rester à Gaza depuis le début de la guerre, diffusant des scènes sanglantes d'attaques aériennes et d'hôpitaux surchargés, et accusant Israël de massacres”, rappelle la principale intéressée sur son site internet. Cette décision, commente la chaîne, vient “aggraver la querelle de longue date” avec le gouvernement israélien et “menace d'envenimer les tensions avec le Qatar, qui finance le diffuseur, au moment où Doha joue un rôle clé dans les efforts de médiation en faveur d'une trêve à Gaza”.
Un moment choisi à dessein
Ce timing, justement, interroge jusque dans les rangs du gouvernement israélien : “les ministres issus du Parti de l'unité nationale [centriste], dirigé par Benn Gantz, étaient absents lors du vote”, indique Ha'aretz, et bien qu'ils aient affirmé soutenir la fermeture de la chaîne, ils jugent le timing “malheureux” et estiment que la décision “pourrait saboter les négociations sur la libération des otages avec le Hamas”.
Une source diplomatique a confié à Ha'Aretz que “la décision d'accélérer sur ce sujet au moment où des négociations sur une trêve ont lieu à Doha n'est pas une coïncidence” :
- “Il est clair que cela vise à mettre le Qatar sous pression. La loi et l'interruption des activités d'Al Jazeera en Israël sont un autre outil qu'Israël peut utiliser pour accroître la pression sur le Qatar, afin que celui-ci utilise son influence sur le Hamas pour obtenir de l'organisation qu'elle modère ses positions.”
Depuis Ramallah, en Cisjordanie, le reporter d'Al Jazeera Zein Basravi, a réagi à cette annonce en affirmant que la guerre entre Israël et la Palestine était “l'une des principales raisons pour lesquelles notre chaîne existe”. Et le journaliste d'ajouter :
- “Le fait que nous journalistes, nos activités, soient menacées de cette manière… Cela nous fait craindre, assurément, d'être les prochains à subir le même sort en Cisjordanie occupée”.
Mélanie Chenouard
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Le Programme alimentaire mondial (PAM) alerte la communauté internationale : Six semaines avant la famine à Ghaza

L'armée israélienne a mené, hier, de nouvelles frappes meurtrières sur la bande de Ghaza, alors qu'une attaque s'annonce imminente contre Rafah après l'approbation par le Sénat américain d'une aide militaire de 13 milliards de dollars au profit de l'entité sioniste.
Tiré de Algeria-Watch
25 avril 2024 (mise à jour le 26 avril)
Par M. Abdelkrim, El Watan
Des sources hospitalières palestiniennes ont fait état de raids israéliens, tôt hier, dans les secteurs de Nousseirat (centre) et de Rafah ainsi que de tirs d'artillerie nourris dans le nord du territoire assiégé. Au total, 79 Palestiniens ont été tués en 24 heures, selon le mouvement de résistance du Hamas. Au même moment, Israël remerciait les Etats-Unis pour l'aide militaire qu'ils lui ont octroyée.
Cette aide de 13 milliards de dollars doit notamment permettre de renforcer son bouclier antimissile « Dôme de fer », déployé à ses frontières et mis à l'épreuve lors des dernières frappes iraniennes ayant ciblé plusieurs sites israéliens. Cette aide à Israël « est un gage clair de la force de notre alliance et elle envoie un message fort à tous nos ennemis », a réagi sur X (anciennement Twitter) le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz.
Cette aide pourrait également constituer le feu vert à une opération d'envergure dans la ville de Rafah où se concentre la résistance palestinienne. Le déplacement effectué, hier, au Caire par de hauts responsables sécuritaires israéliens pourrait être le signe d'une telle éventualité. Le chef d'état-major israélien, Herzi Halevy, et le directeur du Shin Bet, Ronen Bar, se sont rendus en Egypte « en préparation d'une éventuelle opération militaire à Rafah », a rapporté Yediot Aharonot. Le quotidien israélien a indiqué que Halevy et Bar ont rencontré le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel, et « ont discuté de l'action future à Rafah ». Et ce au moment où les craintes d'une tragédie provoquée par la famine s'accentuent dans les territoires occupés.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a d'ailleurs appelé hier la communauté internationale à faciliter l'acheminement des aides humanitaires à Ghaza « en toute urgence ». Dans une déclaration à la chaîne Al Jazeera, les responsables du PAM ont indiqué que la situation dans la bande de Ghaza « est complexe, avec des cas de faim menant à la mort ». « L'aide doit être autorisée de toute urgence. Si l'aide n'est pas acheminée en quantité suffisante dans la bande de Ghaza, une famine est à craindre, s'alarme l'organisation onusienne. Nous avons enregistré un nombre croissant d'enfants souffrant de malnutrition à Ghaza. »
La bande de Ghaza pourrait en effet dépasser le seuil de famine dans les six prochaines semaines, a évalué la même source, ajoutant que la famine dans l'ensemble de l'enclave palestinienne se rapprochait de jour en jour, après avoir confirmé mardi que la moitié de la population de Ghaza souffrait de la faim.
Des sources palestiniennes ont révélé que 30 enfants sont morts de faim depuis le début de l'agression israélienne contre le territoire assiégé. « Nous nous rapprochons de jour en jour d'une situation de famine », a déclaré Gian Caro Cirri, directeur du PAM, bureau de Genève. Selon ce dernier, « il existe des preuves raisonnables que les trois seuils de famine, à savoir l'insécurité alimentaire, la malnutrition et la mortalité, seront dépassés dans les six prochaines semaines ».
Cirri s'exprimait lors du lancement d'un rapport du Réseau mondial contre les crises alimentaires, une alliance d'acteurs humanitaires et de développement comprenant notamment des agences des Nations unies, la Banque mondiale (BM) et l'Union européenne (UE). Il a noté que la seule façon d'éviter la famine à Ghaza était d' « assurer des livraisons immédiates et quotidiennes de vivres. Ils (les Palestiniens) vendent leurs biens pour acheter de la nourriture. Ils sont la plupart du temps démunis », a-t-il souligné. Les Nations unies se plaignent depuis longtemps des obstacles à l'acheminement de l'aide et à sa distribution dans toute la bande de Ghaza au cours des six derniers mois.
Un risque de famine « très élevé »
Un rapport soutenu par l'ONU et publié en mars indiquait que la famine était imminente et susceptible de survenir d'ici le mois de mai dans le nord de Ghaza et pourrait se propager à toute l'enclave d'ici juillet. Mardi soir, l'envoyé spécial américain pour les affaires humanitaires au Moyen-Orient, David Satterfield, a prévenu que le risque de famine à Ghaza « est très élevé ». Satterfield a, selon la chaîne américaine El Horra, déclaré que « le risque de famine concerne toute la bande de Ghaza », dévastée par les bombardements sionistes depuis le 7 octobre 2023, soulignant que ce risque « est très élevé » dans le nord de l'enclave assiégée depuis 17 ans. L'émissaire américain a appelé, dans ce contexte, à « accroître le volume de l'aide » destinée à ceux qui en ont besoin.
L'agence onusienne a déclaré, mardi, que 200 jours après l'agression israélienne, « la moitié de la population souffre de la faim ». Le PAM a souligné que son aide n'est « qu'une goutte d'eau dans l'océan des besoins, et qu'un cessez-le-feu est nécessaire » dans l'enclave. Israël restreint l'entrée de l'aide en Territoires occupés, ce qui a conduit à des pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant et provoqué une famine qui a coûté la vie à des enfants et à des personnes âgées dans l'enclave habitée par environ 2,3 millions de Palestiniens, dont environ deux millions de personnes déplacées à cause de l'agression. L'occupation mène une agression meurtrière contre Ghaza, qui a fait plus de 111 000 victimes entre martyrs et blessés, dont la plupart sont des femmes et des enfants, selon les données palestiniennes et onusiennes.
Le 20 avril, le PAM a annoncé l'arrivée de seulement 392 camions chargés de nourriture depuis le début du mois, indiquant que ce nombre est « presque le même qu'en mars, mais la moitié de celui de janvier ». Le bilan de l'agression israélienne contre Ghaza s'est encore alourdi hier, s'élevant à 34 262 morts et 77 229 blessés depuis le 7 octobre dernier, selon l'agence palestinienne Wafa. D'après la même source, l'armée d'occupation a commis 6 massacres au cours des dernières 24 heures. Depuis le 7 octobre 2023, l'armée sioniste mène une agression sauvage contre l'enclave palestinienne qui a entraîné des destructions massives d'infrastructures en plus d'une catastrophe humanitaire sans précédent.
Les préparatifs de l'opération militaire sur Rafah s'accélèrent
Le gouvernement israélien dit « avancer » dans les préparatifs de son opération militaire prévue sur Rafah où, selon lui, quatre bataillons du mouvement de résistance palestinien Hamas sont regroupés. « Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah », a déclaré hier en fin de journée un porte-parole du gouvernement, David Mencer, lors d'un point presse. Il a ajouté que « deux brigades de réservistes » avaient été mobilisées pour des « missions défensives et tactiques dans Ghaza ». Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a déclaré à plusieurs reprises qu'Israël entendait mener un assaut contre Rafah, ville où sont réfugiés des centaines de milliers de Ghazaouis, déplacés par la guerre génocidaire menée depuis plus de 200 jours par l'occupant.
M. Abdelkrim
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489 morts et plus de 8400 arrestations en Cisjordanie depuis le 7 octobre : Entre brutalités militaires et violences des colons

Alors que la machine de guerre israélienne continue à ravager la bande de Ghaza, où elle aura fauché plus de 34 356 innocents et blessé 77 300 autres jusqu'à vendredi, la Cisjordanie a eu elle aussi son lot de brutalités de la part des forces d'occupation sionistes, et qui n'ont fait que s'accentuer depuis le 7 octobre. Selon le Bureau central palestinien des statistiques, 489 morts ont été enregistrés en Cisjordanie dont 123 enfants, et 4800 blessés dont 660 enfants, depuis octobre 2023.
Tiré de Algeria Watch.
Un autre chiffre est révélateur de l'ampleur de la répression dans cette partie des territoires occupés : c'est le nombre d'arrestations qui y ont été opérées. 8455 Palestiniens ont été arrêtés par l'armée sioniste en Cisjordanie depuis le 7 octobre révèlent la Commission pour les Affaires des détenus palestiniens et le Club des prisonniers palestiniens dans un communiqué commun diffusé jeudi.
Selon Al Jazeera, la Cisjordanie a connu également un nombre assez élevé de déplacés avec 3985 habitants délogés de force. 648 actes de destruction ciblant des lieux d'habitations et autres bâtiments ont été en outre recensés dans ces territoires.
Dès le début de la guerre contre Ghaza, la population palestinienne de Cisjordanie est entrée en ébullition. Et cette effervescence s'est traduite par des affrontements presque quotidiens entre les insurgés palestiniens et les forces d'occupation sionistes, surtout que l'occupant n'a eu de cesse de multiplier les incursions brutales dans les localités palestiniennes de Cisjordanie après le 7 octobre. On ne compte pas, en effet, les sièges répétés, les assauts et les mises à sac à Jénine, à Naplouse, à Beit Lahm, à Tulkarem ou encore à Nour Shams. Il y a une semaine, un véritable carnage a été commis dans le camp de Nour Shams justement. « Jeudi 18 avril, l'armée israélienne a coupé l'eau, l'électricité et envahi, en fin de journée, les étroites allées de Nour Shams, à la lisière de la ville de Tulkarem. Le raid a duré plus de 50 heures », rapporte Le Monde. D'après le Croissant-Rouge palestinien, pas moins de 14 personnes ont été tuées au cours de cette opération dans ce camp de réfugiés où vivent quelque 7000 personnes selon l'AFP.
L'enfer au quotidien des Palestiniens d'« Al Dhifa »
Et même quand l'armée israélienne ne commet pas des boucheries aussi spectaculaires, elle fait vivre l'enfer aux Palestiniens de Cisjordanie, entre arrestations, perquisitions, expropriations, répression, tirs aveugle sur des civils sans défense, assauts contre des hôpitaux… Quotidiennement, des violences sont signalées dans ses comptes rendus journaliers par l'agence Wafa, dans pratiquement toutes les villes, les villages, les camps de réfugiés et les petites localités de la Cisjordanie occupée.
Ce vendredi, à Naplouse, « plus de 40 véhicules militaires israéliens sont venus du point de contrôle d'Awarta et ont pris d'assaut la zone orientale de la ville », rapporte l'agence d'information palestinienne qui ajoute : « Les forces d'occupation ont déployé des troupes de fantassins dans plusieurs quartiers de la ville, notamment dans la banlieue et à proximité de la rue Al Quds, et ont également pris d'assaut le quartier de la rue Amman ».
Les forces militaires israéliennes étaient « accompagnées de bandes de colons et ont pris d'assaut le Tombeau de Youssef et attaqué plusieurs bâtiments ». En outre, « des snipers ont pris position sur les toits des immeubles à l'est de la ville ». En Galilée, l'armée israélienne a fait des incursions dans plusieurs localités où elle a procédé à des perquisitions et des arrestations.
A Jénine, dans le village de Djalboun, les troupes israéliennes ont envahi le village, ce qui a entraîné des affrontements avec la population. Les soldats sionistes ont ouvert le feu sur les habitants. Le village de Djalboun fait l'objet d'assauts répétés depuis six jours informe Wafa en précisant que l'armée sioniste s'y est emparée de nombre d'habitations pour les transformer en cantonnements militaires.
Ce même vendredi, toujours en Cisjordanie, l'armée d'occupation a mené également des opérations dans les localités de Qobatiya, près de Jénine, à Djalzoun, près de Ramallah, et à Azoune et Jayouss, près de Qalqilya. A Qobatiya, l'occupant a arrêté de jeunes palestiniens.
Une unité spéciale a investi la localité suivie par des engins militaires. Des snipers se sont déployés sur les toits des bâtiments au milieu de tirs nourris. Au camp de Djalzoun (Ramallah), trois personnes dont une institutrices de 33 ans ont été arrêtées à l'aube. A Beit Lahm, de violents affrontements ont éclaté jeudi. Cela s'est produit exactement au village de Houssan, à l'est de Beit Lahm. D'après Wafa, les affrontements se sont déclenchés dans les zones d'Al Muteena et Chorfa. « Les forces d'occupation ont pris d'assaut Al Muteena et l'ont complètement fermée. Elles ont forcé les commerçants à baisser rideau et empêché les citoyens de circuler ».
Le bataillon Netzah Yehuda dans le viseur des Américains
A ces violences militaires s'ajoute celle des colons qui multiplient les exactions dans toutes les villes de Cisjordanie ainsi que l'expansionnisme colonial de l'Etat hébreux aux dépens des territoires protégés par les Accords d'Oslo. Jeudi, Emmanuel Macron s'est entretenu par téléphone avec le roi Abdallah II de Jordanie et les deux dirigeants « ont fermement condamné les récentes annonces israéliennes en matière de colonisation, qui étaient contraires au droit international », a indiqué la présidence française dans un communiqué.
D'après l'AFP, 1100 hectares ont été déclarés « terres domaniales » par Israël, « soit deux fois plus que sur l'ensemble de 1999, jusque-là année-record ». « Ce statut confère au gouvernement le contrôle de leur utilisation, aboutissant inévitablement à en priver d'accès les Palestiniens de Cisjordanie », souligne l'agence française.
S'agissant des exactions commises par les colons israéliens, le président français « a rappelé que des premières mesures avaient été prises contres des colons coupables de violences sur des civils palestiniens, et que la France envisageait d'autres mesures, en concertation avec ses partenaires », assure le communiqué de l'Elysée. Cependant, « les attaques de colons contre les Palestiniens ont commencé avant le 7 octobre et ont augmenté après le 7 octobre », insiste l'intellectuel et homme politique palestinien Moustafa Barghouti dans une déclaration à France Info.
Et de faire remarquer : « 486 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre en Cisjordanie, dont plus de 22 par des colons israéliens. Les autres ont été tués par l'armée israélienne qui protège et soutient les colons dans ses attaques contre les Palestiniens ».
Les Etats-Unis ont envisagé d'imposer des sanctions à une unité extrémiste de l'armée israélienne, le bataillon ultra-orthodoxe Netzah Yehuda qui multiplie les violations des droits humains à l'encontre des Palestiniens de Cisjordanie. Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a déclaré récemment qu'il révélerait la décision américaine « dans les jours à venir ». Hier, le verdict est tombé : l'administration américaine a revu sa position après consultation des autorités israéliennes. Netzah Yehuda ne sera donc pas sanctionné pour l'instant mais il reste dans le viseur de la communauté internationale.
Une enquête accablante de Human Rights Watch
Un récent rapport de Human Rights Watch accuse ouvertement l'armée israélienne d'avoir protégé et encouragé les attaques de colons contre les Palestiniens en Cisjordanie. « L'armée israélienne a participé à des violentes attaques menées par des colons en Cisjordanie ou n›a pas protégé les Palestiniens contre ces attaques », a déclaré l'ONG dans un communiqué diffusé le 17 avril. « Ces attaques, poursuit Human Rights Watch, ont déplacé des habitants de 20 communautés et ont entièrement déraciné au moins sept communautés depuis le 7 octobre 2023 ».
L'ONG de défense des droits humains dresse un inventaire accablant des crimes commis par les colons israéliens : « Sous couvert des hostilités en cours à Ghaza, des colons israéliens ont agressé et torturé des Palestiniens, commis des violences sexuelles, volé leurs biens et leur bétail, menacé de les tuer s'ils ne partaient pas définitivement et détruit des domiciles et des écoles.
De nombreux Palestiniens – dans certains cas des communautés entières – ont fui leurs foyers et leurs terres ». Ces violations ont été commises « avec le soutien apparent des plus hautes autorités israéliennes », déplore Bill Van Esveld, directeur adjoint de la division Droits des enfants à Human Rights Watch. « Alors que l'attention du monde est tournée vers Ghaza, les abus en Cisjordanie se multiplient, alimentés par des décennies d'impunité et l'indulgence des alliés d'Israël », a-t-il dénoncé.
Plus de 700 attaques menées par les colons israéliens
Human Rights Watch dit avoir « enquêté sur des attaques qui ont forcé le déplacement de tous les habitants de cinq communautés palestiniennes en Cisjordanie en octobre et novembre 2023 : Khirbet Zanuta et Khirbet al-Ratheem au sud d›Hébron, Al-Qanub à l›est d›Hébron, ainsi qu›Ein al-Rashash et Wadi al-Seeq, à l›est de Ramallah ».
« Les éléments de preuve, précise l'organisation internationale, indiquent que des colons armés, avec la participation active d'unités de l'armée, ont à plusieurs reprises bloqué les accès routiers et attaqué des communautés palestiniennes ; les colons ont détenu, agressé et torturé des habitants, les ont chassés de leurs maisons et de leurs terres sous la menace d'armes, ou les ont contraints à fuir en les menaçant de mort, parfois en les empêchant d'emporter leurs biens ».
Human Rights Watch dit par ailleurs avoir « mené des entretiens avec 27 témoins des attaques et a visionné des vidéos filmées par les résidants, montrant le harcèlement commis par des hommes en uniforme militaire israélien qui tenaient des fusils d'assaut M16 ». « Le nombre d'attaques par des colons contre des Palestiniens a augmenté en 2023, atteignant son plus haut niveau depuis que l'ONU a commencé à enregistrer ces données en 2006. Ceci était déjà le cas même avant les attaques menées par le Hamas le 7 octobre, qui ont tué environ 1100 personnes en Israël ».
Et l'ONG de préciser : « L'ONU a enregistré plus de 700 attaques menées par des colons en Cisjordanie entre le 7 octobre 2023 et le 3 avril 2024, dont près de la moitie en présence de soldats en uniforme. Depuis le 7 octobre, les attaques ont entraîné le déplacement de plus de 1200 personnes, dont 600 enfants, qui vivaient dans des communautés rurales d'éleveurs ».
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Palestine : « Le jour d’après » est-il en train de sombrer dans l’oubli ?

« Le jour d'après » a été le mantra du gouvernement et des médias américains depuis le début du carnage à Gaza au cours des six mois qui ont suivi le 7 octobre. Le postulat de départ en est que le « processus de paix » ectoplasmique et la « normalisation » des relations israélo-arabes se mettraient en place sous les auspices des Etats-Unis une fois Israël serait parvenu à la défaire et à « détruire » la domination du Hamas dans la bande de Gaza.
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
1er mai 2024
Par David Finkel
Manifestation à New York contre la complicité de Washington dans la guerre d'Israël contre la Palestine. Les syndicats sont souvent présents lors de ces actions. Photo de la manifestation : Dan La Botz
En fait, la question qui se pose aujourd'hui est de savoir s'il y a un « jour d'après » tout court. Une demi-année de massacres de civils n'a pas abouti à la défaite du Hamas ni à la libération des otages israéliens - de ceux qui sont encore en vie - mais à l'anéantissement pur et simple de Gaza, peut-être à un tel point qu'il sera impossible de reconstruire, ce qui est de toute évidence l'objectif du gouvernement israélien.
La volonté du Premier ministre Nétanyahou de faire perdurer la catastrophe à Gaza, et non d'y mettre fin, était évidente bien avant l'attaque israélienne contre la mission diplomatique de l'Iran en Syrie et avant que les attaques de drones et de missiles iraniens du 14 avril, largement annoncées, ne fassent, comme on pouvait s'y attendre, que des dégâts minimes.
Against the Current est publié immédiatement après ces événements, avant que nous sachions si et dans combien de temps Netanyahou choisira de pousser plus loin la confrontation avec l'Iran, de manière à maintenir son gouvernement méprisé à flot et avec l'espoir d'entraîner la lamentable administration américaine de « Joe le génocidaire » dans une guerre de grande envergure.
Même avant les événements du week-end, ainsi que le faisait remarquer l'éminent journaliste israélien Amos Harel :
« Plus de six mois après le massacre du 7 octobre, Israël éprouve des difficultés à remporter une victoire militaire qui contrebalancerait stratégiquement une partie des ravages occasionnés par ce désastre, et est par ailleurs bien loin d'être en mesure de soulager la terrible détresse des familles des 133 otages (dont beaucoup sont morts) ». (Haaretz, 12 avril 2024)
Et maintenant ?
Après l'attaque iranienne, Joe Biden supplie Nétanyahou de « ramasser la mise » sans réagir davantage, soulignant que la riposte des forces multinationales qui ont abattu les drones et les missiles met en évidence la faiblesse relative de l'Iran.
C'est bien évidemment vrai. Il est également vrai que l'Iran a pris soin de prévenir les gouvernements de la région, sans même parler des services de renseignement, 72 heures à l'avance pour ne pas les surprendre et leur laisser le temps de se préparer. La priorité du régime iranien - comme celle de Nétanyahou - est sa propre situation intérieure. Il est en guerre avec sa propre population et la dernière chose dont il a besoin, c'est qu'elle souffre davantage.
Par ailleurs, si l'Iran avait réellement l'intention de provoquer des dommages de nature stratégique, il devrait recourir à des mesures extrêmes, notamment des frappes massives de missiles depuis le Liban et la fermeture du détroit d'Ormuz, ce qui constituerait une menace réelle d'embrasement total. Il est clair que l'Iran et les États-Unis veulent éviter cela. Mais est-ce le cas de Nétanyahou ?
Gilbert Achcar, dans un commentaire de l'action iranienne, affirme qu'« en lançant des centaines d'engins directement sur le territoire israélien, ils sont tombés dans le piège, légitimant ainsi une attaque israélienne directe sur leur propre territoire ... renforçant ainsi l'argument israélien en faveur d'une destruction préventive de leur propre potentiel. »
Achcar conclut : « A mon avis, il s'agit d'une erreur qui pourrait s'avérer aussi monumentale que celle que le Hamas a commise en lançant l'opération du 7 octobre 2023 ».
Parallèlement, les actes de sauvagerie sadique perpétrés par les forces israéliennes à Gaza, bien que peu médiatisés, sont impossibles à cacher entièrement, avec des conséquences bien sûr pour la population de Gaza, mais aussi pour Israël. Amos Harel les évoque ainsi :
« Le contrôle de l'état-major sur ce qui se passe sur le terrain et dans les postes de commandement ne cesse de s'affaiblir, ce qui se traduit par des déviations par rapport aux procédures et aux instructions... À cela s'ajoute l'indifférence croissante des Israéliens pour les vies humaines du côté palestinien. Ce phénomène, dont l'origine réside principalement dans les sentiments de vengeance que le massacre a suscités, est désormais devenu banal dans certaines unités de l'armée ».
Avec le temps, il est pratiquement inévitable que le génocide à Gaza et le nettoyage ethnique brutal en Cisjordanie aient des répercussions directes sur la société israélienne, comme nous l'avons vu aux États-Unis pendant et après la guerre du Viêt Nam, tout comme sur la crise politique potentiellement explosive qui refait surface actuellement. Quant à Nétanyahou lui-même, Harel conclut :
« Tout nous indique qu'il a l'intention de s'accrocher au pouvoir de toutes ses forces. Rien ne permet de penser qu'il se trouvera bientôt cinq courageux membres de la coalition prêts à lever la main pour le renverser. » Cet homme restera en poste et continuera à entraver toute possibilité pour l'État et la société de sortir de la situation calamiteuse dans laquelle nous nous trouvons et qui lui est largement imputable ".
L'attentisme cynique de l'impérialisme qui veut faire croire que l'influence américaine peut remodeler la Palestine et le Moyen-Orient « le jour d'après » le massacre appelle la question de savoir quand « l'après » arrivera, s'il arrive un jour.
David Finkel
P.-S.
• Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l'aide de DeepLpro.
Source : Against the Current No. 230, May/June 2024 :
https://againstthecurrent.org/atc230/the-day-after-fading-to-oblivion/
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Le cœur de sa jeunesse bat à Gaza... et l’Amérique entre en crise !

Jour après jour, ou plutôt heure après heure, le mouvement étudiant de solidarité avec le peuple palestinien et d'opposition au soutien du gouvernement à Israël se propage comme une trainée de poudre dans les universités et les écoles des États-Unis d'Amérique. Et comme il se distingue pour sa radicalité, les médias américains multiplient les flash-back pour comparer le mouvement actuel à l'immense mouvement de la jeunesse contre la guerre du Vietnam dans les années 1960 et 1970 ! D'ailleurs, c'est un article du New York Times qui titre éloquemment... « Le fantôme du mouvement anti-guerre de 1968 est de retour ».
30 avril 2024 | Tiré du Comité pour l'abolition des dettes illégitimes (CADTM)
Photo : Alisdare Hickson, Flickr, CC, https://www.flickr.com/photos/alisdare/27771123037
En effet, aujourd'hui comme hier, ce mouvement est confronté à la même féroce répression et aux mêmes calomnies de la part des mêmes milieux politiques et économiques. Les arrestations de manifestants pacifiques se comptent par milliers et les menaces et ultimatums des autorités universitaires et autres de l'establishment politique américain pleuvent. Mais, comme à l'époque, le mouvement ne se laisse pas intimider et persiste : il défie les menaces et les ultimatums et continue de s'étendre une semaine après le début de sa phase actuelle, centrée sur l'université Columbia à New York. Comme le montre la carte empruntée à Al Jazeera, le mouvement d'occupations et autres manifestations pro-palestiniennes s'étendait le 25 avril à toutes les grandes universités « historiques » - Harvard, MIT, Princeton, Yale, Berkeley, Columbia, mais aussi aux universités et collèges de presque tout le pays, au nord comme au sud, à l'est comme à l'ouest !
Au-delà de son caractère massif et radical, une autre caractéristique clé du mouvement actuel est sa maturité politique. Il ne se limite pas à manifester sa solidarité avec les Palestiniens, son opposition à la politique américaine au Moyen-Orient et sa condamnation des politiques génocidaires d'Israël. Il va plus loin, en frappant l'adversaire tout-puissant là où cela lui fait le plus mal : dans son portefeuille et son arsenal. C'est pourquoi sa principale revendication est de mettre fin immédiatement et une fois pour toutes aux relations et transactions économiques de toute espèce des universités américaines avec Israël et avec les entreprises américaines qui soutiennent financièrement et militairement Israël, allant jusqu'à l'armer pour mener sa guerre génocidaire à Gaza !
Mais il ne faut pas croire que ce mouvement est confiné aux universités. Comme le montrent tous les sondages depuis 7-8 ans, c'est l'ensemble de la jeunesse américaine qui est majoritairement (environ 80% !) possédée par les mêmes sentiments de solidarité avec le peuple palestinien et de condamnation de l'apartheid de l'État israélien, qui caractérisent le mouvement étudiant. En d'autres termes, le mouvement étudiant actuel puise sa force dans l'immense réservoir qu'est la jeunesse américaine.
En réalité, cette jeunesse nord-américaine a commencé à se radicaliser en masse à l'occasion et pendant les première et deuxième campagne électorale du sénateur indépendant Bernie Sanders. Un Sanders qui semble aujourd'hui s'inspirer à son tour du mouvement de la jeunesse et qui semble retrouver sa combativité lorsque, ce juif, dénonce le « raciste réactionnaire » Netanyahou et les calomnies « antisémites » systématiquement répandues par ce génocidaire et bien d'autres, avec ses six thèses tranchantes dont voici un extrait : "Non, Monsieur Netanyahou. Ce n'est pas être antisémite ou pro-Hamas que de rappeler qu'en un peu plus de six mois, votre gouvernement extrémiste a tué 34 000 Palestiniens et en a blessé plus de 77 000 - dont 70 % de femmes et d'enfants. »
Cependant, ces calomnies « antisémites », qui sont monnaie courante dans la bouche des pro-sionistes et autres partisans de droite et d'extrême droite de l'apartheid israélien partout dans le monde, ont récemment commencé à faire un flop aux États-Unis pour la simple raison suivante : Parce qu'au point de départ et à la tête des mobilisations de solidarité avec les Palestiniens et contre leur génocide par l'État d'Israël se trouvaient et se trouvent les organisations de jeunes juifs antisionistes telles que If Not Now et Jewish Voice for Peace. Alors quand les différentes autorités universitaires, secondées par les médias, les politiques et la...police, justifient la répression des manifestations, allant même jusqu'à demander l'intervention de l'armée ( ! ), avec l'« argument » qu'ils veulent protéger les étudiants juifs pacifiques des manifestants « antisémites », les manifestants juifs antisionistes répondent qu'en fait, les premières et principales victimes de la répression brutale, qui veut soi-disant protéger les étudiants juifs, sont justement... les jeunes étudiants juifs, car ils sont toujours en première ligne et participent plus massivement que n'importe quelle autre communauté au mouvement étudiant actuel !... [1]
Mais, comme en 1968, ce mouvement anti-guerre des jeunes ne se limite pas aux États-Unis et tend à s'étendre à d'autres pays et à d'autres continents. Il se développe déjà rapidement en Australie, et commence à trouver des imitateurs dans les universités européennes (France, Catalogne, Grande-Bretagne, Italie...) où pourtant sévit la répression « préventive » qui met en pièces ce qui nous reste de droits démocratiques fondamentaux. Toutefois, ses répercussions les plus significatives sur le plan politique se manifestent déjà... en Palestine. C'est de là, dans la bande de Gaza martyrisée, que vient lemessage de remerciement chargé d'émotion que les jeunes Palestiniens adressent aux étudiants américains mobilisés qui manifestent leur solidarité avec eux…
Ceci étant dit, en même temps que nous assistons à un soulèvement historique et si prometteur de la jeunesse américaine, nous sommes également témoins de la reprise rapide du mouvement syndical états-unien. Et ce n'est pas un hasard si, parmi les pancartes des étudiants mobilisés, on trouve de plus en plus d'analogues des syndicats, et tout d'abord du syndicat des travailleurs de l'automobile, l'UAW.
En effet, après les victoires historiques de ce syndicat (700. 000 membres) sous sa nouvelle direction radicale et classiste en septembre dernier dans le Nord américain, nous avons eu ces jours-ci un nouveau succès au moins aussi historique : pour la première fois, il a rompu la tradition d'interdire - de fait et par la répression - toute syndicalisation des travailleurs dans le Sud américain, puisque 73% des travailleurs de l'usine Volkswagen de Chattanooga, Tennessee, ont défié les menaces et les chantages, et ont voté en faveur de la syndicalisation de leur usine par l'UAW. L'événement suivant, qui s'est produit les jours mêmes où le mouvement anti-guerre des jeunes atteignait son point culminant, est révélateur de cette reprise fulgurante : la réunion annuelle de Labour Notes, qui est le rassemblement classiste et plutôt d'extrême-gauche des responsables syndicaux et qui, traditionnellement, ne réunissait pas plus de quelques centaines de syndicalistes, a accueilli cette année dans une ambiance survoltée 4.700 responsables syndicaux, présidents de syndicats et autres « troublemakers” ( fauteurs de troubles ), comme ils aiment s'appeler eux-mêmes les militants de Labour Notes. Il est à noter qu'en clôturant les travaux, Shawn Fain, le nouveau président radical de l'UAW connu aussi pour sa solidarité active avec le peuple palestinien, a prononcé un discours très combatif, soulignant que « la classe ouvrière est l'arsenal de la démocratie et les travailleurs sont les libérateurs »…
S'il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, ce qui est certain en revanche, c'est que le crime contre l'humanité commis à Gaza contre le peuple palestinien par Israël et ses complices, commence - enfin - à se retourner contre eux au cœur même de la superpuissance mondiale. Et qu'en outre, la multiplication des secousses pré-sismiques à la base de la société de cette superpuissance américaine, préfigurent le grand tremblement de terre à venir, quel que soit le résultat des élections de novembre prochain. D'autant plus qu'il sera précédé par le grand rendez-vous du mouvement étudiant - et pas seulement - devant et peut-être à l'intérieur de la Convention Démocrate qui, comme en 1968, se tiendra à la même date et encore à Chicago. A l'époque, il y avait environ 10-12 000 manifestants [2] qui ont fait face à la férocité de 15 000 policiers lourdement armés et déchaînés, hurlant “kill the commies” (tuez les cocos). Aujourd'hui, les étudiants mobilisés prévoient qu'ils seront au moins 30 000 devant et autour de la convention démocrate qui se tiendra du 18 au 22 août. Sans doute, la suite des événements s'annonce passionnante... surtout aux États-Unis d'Amérique !…
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Notes
[1] Voir Jewish Voice for Peace, Statement on Columbia University's discriminatory and repressive treatment of Jewish students (Déclaration sur le traitement discriminatoire et répressif des étudiants juifs par l'université de Columbia) : https://www.jewishvoiceforpeace.org/2024/04/24/seder-campus/
[2] « Pour que les vieux se souviennent et les jeunes apprennent », voici un bref, mais génial, aperçu musical des événements historiques qui ont eu lieu lors de la Convention Démocrate de 1968 à Chicago :https://www.youtube.com/watch?v=Pswvi3QN_tI
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États-Unis - Soutien au mouvement étudiant propalestinien !

Le 17 avril, des étudiants de l'Université de Columbia à New York, soutenus par des enseignant·es sympathisant·es, ont installé un campement pour protester contre la guerre israélienne contre Gaza et contre les liens de Columbia avec les universités israéliennes et les entreprises qui font des affaires avec Israël, y compris des ventes d'armes. Dans les jours qui ont suivi, les manifestations et les campements se sont étendus à d'autres collèges et universités, de la Nouvelle-Angleterre au Michigan, en passant par le Texas et la Californie.
Tiré de Inprecor 720 - mai 2024
27 avril 2024
Par Solidarity
Plus de quatre douzaines de syndicats ont adopté des résolutions de soutien aux étudiants. La réponse de l'administration de Columbia aux manifestations pacifiques des étudiant·es a été d'appeler la police de la ville de New York pour qu'elle évacue le campus et arrête les manifestant·es. Des étudiant·es ont fait l'objet de mesures disciplinaires et ont reçu l'ordre de quitter les logements du campus.
Les manifestation·es ont lieu dans le contexte de l'assaut continu des forces de défense israéliennes sur Gaza – qui a tué au moins 34 000 personnes –, de l'augmentation de la violence des colons et de la complicité des forces de défense israéliennes contre les Palestinien·nes en Cisjordanie, et des préparatifs d'un assaut sur la zone densément peuplée de Rafah. Le gouvernement Biden continue de soutenir Israël, en refusant d'appeler à un cessez-le-feu inconditionnel et en opposant son veto à une résolution de l'ONU sur le cessez-le-feu.
Des responsables de campus, des milliardaires donateurs pro-israéliens et des politiciens réactionnaires, y compris le président républicain de la Chambre des représentants, dont le parti est devenu un refuge pour les racistes d'extrême droite et les antisémites de tous bords, ont cyniquement et hypocritement qualifié les manifestations d'antisémites. Netanyahou a qualifié les manifestant·es de « hordes antisémites ». Alors que la presse grand public se fait régulièrement l'écho du mensonge selon lequel les manifestations sont antisémites, il n'y a aucun élément prouvant que des étudiants juifs auraient été pris pour cible. Au contraire, les campements ont été des espaces accueillants où des étudiant·es palestinien·nes, musulman·es et juifs, y compris des membres de Jewish Voice for Peace, se sont joints à d'autres étudiant·es pour s'opposer au génocide à Gaza.
Le Comité national de Solidarity soutient les manifestant·es étudiant·es et leurs objectifs et demande une amnistie immédiate et la levée de toutes les sanctions à l'encontre des manifestant·es. Nous dénonçons l'accusation cynique des manifestant·es pro-palestinien·nes comme étant antisémites et appelons à la protection des étudiants palestinien·nes et musulman·es.
Soutien au mouvement étudiant propalestinien !
Ne touchez pas aux campements !
Amnistie pour tous les manifestant·es !
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Mobilisations étudiantes contre la prolongation de la guerre d’Israël

Depuis le début de la guerre d'Israël contre le peuple palestinien, avec la destruction croissante des infrastructures et les massacres sans fin de la population de Gaza, des manifestations de révulsion ont eu lieu sur les campus universitaires. Les partisans de la guerre d'Israël ont accusé les manifestations pro-palestiniennes sur les campus d'être antisémites. Au fur et à mesure que les tueries et les destructions s'intensifiaient, de nombreux types de manifestations anti-guerre ont également proliféré dans la société américaine, y compris sur les campus, tout comme les demandes des secteurs pro-israéliens de mettre fin à de telles manifestations dans les institutions universitaires.
24 avril 2024 | tiré de Viento sur | Photo : Getty Images. Les manifestants et les soldats de l'État du Texas sont engagés dans un face-à-face tendu à l'Université du Texas (UT) à Austin, au Texas. Là, des policiers ont menotté et arrêté au moins 31 personnes qui participaient à une manifestation étudiante pro-palestinienne sur le campus.
https://vientosur.info/movilizaciones-estudiantiles-contra-la-prolongacion-de-la-guerra-de-israel/
Récemment, à l'Université de Californie du Sud (USC), une étudiante musulmane américaine d'origine sud-asiatique, Asia Tabassum, a été nommée par l'USC pour prononcer son discours de remise des diplômes pour avoir été la première de sa classe. Presque immédiatement, les forces pro-israéliennes à l'intérieur et à l'extérieur de l'université ont exigé que la nomination soit retirée parce qu'elle était musulmane et pro-palestinienne, et ont dédié toutes sortes de messages de haine à la femme concernée. L'USC a capitulé et a annoncé que l'étudiante ne prononcerait pas le discours lors de la cérémonie de son cours. La direction a évoqué des problèmes de sécurité, mais n'a jusqu'à présent pas précisé quels étaient ces problèmes.
Tabassum a publié une réponse sur le site Web du Conseil des relations américano-islamiques, déclarant, entre autres, que « je ne suis pas surpris par ceux qui essaient de répandre la haine. Je suis surpris que ma propre université – où j'ai vécu pendant quatre ans – m'ait abandonné. Il y a eu immédiatement des protestations de la part des étudiants et des enseignants. Finalement, il a dit à l'USC qu'il n'y aurait pas de discours de remise des diplômes et que toutes les personnes invitées à prendre la parole lors de la cérémonie, y compris celles qui devaient recevoir des diplômes honorifiques, n'y assisteraient pas, de peur évidemment de dire quelque chose en faveur de la Palestine.
Quelques jours plus tard, une action étudiante de soutien à la Palestine sous la forme d'un campement, qui se déroulait sur le campus new-yorkais de l'université de Columbia, a été attaquée par la police, qui a procédé à plus d'une centaine d'arrestations. En plus de s'opposer à la guerre d'Israël à Gaza, les étudiants ont exigé que l'université se désinvestisse de ses investissements dans le vaste programme d'armement américain destiné à Israël. Le nombre d'arrestations sur le campus de Columbia a été le plus élevé depuis la manifestation étudiante contre la guerre du Vietnam en 1968, où environ 700 personnes ont été arrêtées.
Avant la descente de police sur le campus, l'Université Columbia a suspendu trois étudiantes – Isra Hirsi, Maryam Iqbal et Soph Dinu – du Barnard College, un corps professoral historiquement exclusivement féminin, pour avoir participé au campement. Isra Hirsi est la fille du représentant du Congrès de Minneapolis, dans le Minnesota, Ilan Omar, l'une des deux femmes musulmanes du Congrès (l'autre est Rashida Tlaib) et la première femme de couleur élue au Minnesota. Le lendemain, il y a eu d'autres suspensions de manifestants. La suspension implique une interdiction d'assister aux cours, le refus d'une chambre dans les dortoirs et le refus de repas à la cafétéria.
Le président de l'Université Columbia, Minouche Shafik, a appelé la police à mettre fin à la manifestation. Elle l'a fait juste après avoir été interrogée par une commission bipartite du Congrès qui pratique la chasse aux sorcières et harcèle les responsables de l'université et de la faculté pour interdire les manifestations pro-palestiniennes. Même la police a déclaré que le campement était pacifique et qu'il n'y avait pas eu de violence ni de menaces. Les arrestations se sont déroulées sans résistance. Shafik n'a pas réussi à justifier sa décision par des arguments crédibles, et les militants détenus ont été accusés d'avoir « accédé illégalement » à leur propre campus !
Les étudiants de Columbia ont réagi à l'attaque en prenant des mesures tous les jours depuis. L'Université, cependant, empêche tous les « étrangers » d'accéder au campus, qui est normalement ouvert aux visiteurs. L'un de ces étrangers a sauté par-dessus une clôture pour participer à la manifestation de ce jour-là : Cornell West, un militant noir bien connu et professeur à l'Union Theological Seminary, affilié à l'Université Columbia. West est également un candidat indépendant à la présidence lors de l'élection de novembre. Il a déclaré à Democracy Now qu'il avait fait l'éloge du mouvement étudiant pour avoir « combattu la domination et l'occupation et l'avoir fait avec une formidable détermination ».
Amy Goodman a rapporté sur Democracy Now le 23 avril : « Alors que l'agression d'Israël contre Gaza marque son 200e jour, les rassemblements et les campements de solidarité avec la Palestine prolifèrent sur les campus universitaires à travers les États-Unis, inspirés par le campement de solidarité avec Gaza de l'Université Columbia. Ici à New York, la police a pris d'assaut un campement d'étudiants à l'Université de New York lundi soir. Plus de 150 personnes ont été arrêtées, dont des étudiants et des membres du corps professoral. Lundi, la police a arrêté 60 manifestants à l'université de Yale, dont 47 étudiants qui avaient organisé un sit-in pour exiger que l'université se désinvestisse des usines d'armement. Il y a d'autres camps sur d'autres campus de nombreuses universités, notamment Michigan-Ann Arbor, l'Université de Californie à Berkeley, l'Université du Maryland, le Massachusetts Institute of Technology et l'Emerson College de Boston.
L'un des thèmes qui a été utilisé pour appeler à l'interdiction des manifestations pro-palestiniennes est qu'elles ont pour but d'effrayer et de menacer les étudiants juifs sur les campus. La Maison-Blanche s'est jointe à ce chœur. Le New York Times rapporte : « Le président Biden a condamné l'antisémitisme sur les campus universitaires dans une déclaration publiée dimanche, trois jours après que plus de 100 personnes protestant contre la guerre de Gaza ont été arrêtées sur le campus de l'Université Columbia. La déclaration de Biden, qui fait partie d'un long message de salutation à la Pâque juive publié depuis la Maison Blanche, ne mentionne pas directement le nom de Columbia, mais indique qu'il y a eu « du harcèlement et des appels à la violence contre les Juifs » ces derniers jours. Cet antisémitisme flagrant est répréhensible et dangereux et n'a absolument pas sa place sur les campus universitaires ou ailleurs dans notre pays », peut-on lire dans le communiqué.
Ce même dimanche matin, la Maison Blanche a publié une déclaration distincte pour répondre directement aux manifestations anti-israéliennes à Columbia, qui se poursuivent cette semaine avec des sit-in étudiants sur le terrain de l'université. « Alors que tous les Américains ont le droit de manifester pacifiquement, les appels à la violence et à l'intimidation physique contre les étudiants juifs et la communauté juive sont manifestement antisémites, inadmissibles et dangereux », a déclaré Andrew Bates, secrétaire adjoint à la communication de la Maison Blanche. La manifestation à l'Université Columbia a eu lieu la même semaine qu'il y avait beaucoup d'autres manifestations à travers le pays pour dénoncer la guerre d'Israël à Gaza. Des manifestations ont bloqué les principales autoroutes de New York et de San Francisco et l'accès aux aéroports de Chicago et de Seattle.
Les Israélites pro-guerre peuvent se sentir de plus en plus minoritaires sur la plupart des campus, mais les accusations de violence antisémite par les manifestants anti-guerre sont infondées et aucun exemple concret n'a été publié. Ce qui est omis dans ce compte-rendu, c'est qu'il y a un secteur important d'étudiants juifs qui participent à des actions pro-palestiniennes et jouent souvent un rôle de premier plan, par exemple à Columbia, où Jewish Voice for Peace est impliqué dans la direction du mouvement depuis novembre et a été l'une des organisations alors officiellement interdites par l'université. bien que JVP ait continué à fonctionner.
Le lundi 22 avril a commencé la fête de la Pâque, qui célèbre la libération du peuple juif d'Égypte et qui en est venue à signifier la libération de tous les peuples opprimés. De nombreux campements ont été fréquentés par des célébrations de la Pâque. Le New York Times, un journal résolument pro-Israël, a dû l'admettre : « La première nuit de Pessah, le son des Quatre Questions a résonné dans les foyers et les rassemblements juifs du monde entier, même dans des endroits improbables et douteux : le centre des manifestations pro-palestiniennes à Columbia et dans d'autres universités où se déroulaient des manifestations. Alors que la nuit tombait sur le campement de Columbia lundi, une centaine d'étudiants et d'enseignants se sont rassemblés en cercle autour d'un auvent bleu où étaient empilées des boîtes de pain sans levain et de nourriture qu'ils avaient préparées dans une cuisine casher. Il y avait des étudiants qui portaient des keffiehs, le foulard traditionnel palestinien, et aussi des kippa juives. Des Haggadah faites à la main – des livres de prières juives de la Pâque – ont été distribuées et des prières ont été récitées en hébreu, maintenant l'ordre traditionnel.
Voilà pour l'antisémitisme des étudiants pro-palestiniens.
Une dernière remarque. Il y a eu des commentateurs qui ont vu des similitudes entre ces campements et ceux qui ont eu lieu dans les années 1960. Sommes-nous confrontés à une nouvelle vague de radicalisation étudiante ?
24/04/2024
Barry Sheppard
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