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Des réparations vont être versées aux survivantes de violences sexuelles commises pendant la guerre en Ukraine

7 mai 2024, par Weronika Strzyżyńska — , , ,
Les premiers paiements effectués dans le cadre d'un conflit en cours constituent « un pas important vers le rétablissement de la justice », a déclaré la première dame, Olena (…)

Les premiers paiements effectués dans le cadre d'un conflit en cours constituent « un pas important vers le rétablissement de la justice », a déclaré la première dame, Olena Zelenska.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/01/des-reparations-vont-etre-versees-aux-survivantes-de-violences-sexuelles-commises-pendant-la-guerre-en-ukraine/

Les premières réparations seront versées dans les prochaines semaines aux survivantes de viols commis par des soldats russes pendant l'invasion de l'Ukraine, une initiative que la première dame d'Ukraine, Olena Zelenska, a qualifiée d'« étape importante vers le rétablissement de la justice ».

Jusqu'à 500 Ukrainiennes ayant survécu à des violences sexuelles liées au conflit ont été identifiées et ont reçu des réparations provisoires cette année, notamment un soutien financier, médical et psychologique.

Mme Zelenska a déclaré : « Les réparations accordées aux victimes de violations flagrantes des droits des êtres humains, notamment aux victimes de violences sexuelles liées au conflit, ne se limitent pas à un soutien économique. Il s'agit d'une étape importante vers le rétablissement de la justice.

« Et cette justice n'est pas seulement nécessaire en Ukraine », a-t-elle ajouté. « La justice pour les victimes ukrainiennes de la violence est désormais un miroir pour le monde entier ».

Selon le Fonds mondial pour les survivant·es, qui gère le projet avec l'Ukraine grâce à des fonds provenant de gouvernements donateurs, ce sera la première fois que des survivant·es se verront accorder des réparations au cours d'un conflit actif.

« La réhabilitation et l'indemnisation sont un élément des réparations, mais ce que les survivantes trouvent très important, c'est la reconnaissance », a déclaré Esther Dingemans, directrice du fonds, qui a été lancé en 2019 par les lauréats du prix Nobel de la paix, le Dr Denis Mukwege et Nadia Murad, pour aider les survivantes de violences sexuelles liées à un conflit à accéder à des réparations.

« Le système de réparation offre une confirmation que ce qui leur est arrivé est officiellement reconnu. Cela envoie également un message à l'ensemble de la communauté », a ajouté Mme Dingemans.

Le nombre total d'Ukrainiennes ayant subi des violences sexuelles infligées par les forces russes est inconnu, car la plupart des survivantes ne signalent pas ces crimes. Le Global Survivors Fund l'estime à plusieurs milliers.

Pramila Patten, représentante spéciale des Nations unies pour les violences sexuelles dans les conflits, a accusé la Russie d'utiliser le viol comme « stratégie militaire », citant des cas de soldats « équipés de Viagra ».

Lyudmila Huseynova était l'une des huit civiles ukrainiennes libérées dans le cadre du premier échange de prisonnières exclusivement féminin avec la Russie, aux côtés de 100 soldats ukrainiens, en octobre 2022. Elle a été emprisonnée pendant trois ans par les forces séparatistes dans la province orientale de Donetsk.

« Je suis libre depuis plus d'un an et je n'arrive toujours pas à dormir la nuit », a-t-elle déclaré. « Je me réveille en ressentant la façon dégoûtante dont ils m'ont touchée ».

« Malheureusement, il y a encore beaucoup d'accusations portées à l'encontre des victimes, surtout dans les petites communautés rurales. Lorsque j'ai été libérée, nous ne savions même pas ce qu'était la violence sexuelle liée au conflit. »

Lorsque les forces séparatistes ont occupé sa ville natale de Novoazovsk, dans la province de Donetsk, en 2014, Huseynova s'est impliquée dans l'aide aux enfants orphelins sur la ligne de front en collectant des dons dans toute l'Ukraine. Mais les livres en ukrainien qu'elle fournissait aux enfants l'ont conduite en détention.

« Pendant trois ans et treize jours, j'ai été enfermée dans une prison surpeuplée », a-t-elle déclaré. « Je ne voyais pas le ciel et l'air était chargé de fumée de cigarette ».

« Lorsque j'ai été libérée, j'ai dû réapprendre à utiliser mes jambes et à respirer avec toute ma poitrine ».

Après sa libération, elle a été emmenée dans un hôpital militaire de Dnipro, mais le personnel n'était pas en mesure de s'occuper correctement d'une survivante de la torture sexuelle.

« L'hôpital était surpeuplé et manquait de personnel », a déclaré Huseynova. « Je ne blâme pas du tout les médecin·es, mais elles et ils n'étaient pas préparé·es à s'occuper d'une personne comme moi ».

« Elles et ils ne savaient pas comment m'approcher ou me parler, ce qui a causé plus de dommages psychologiques à long terme ».

C'est son expérience qui a poussé Huseynova à travailler avec le Fonds mondial pour les survivant·es et à défendre les survivant·es et les autres femmes encore emprisonnées. Elle espère que les victimes de violences sexuelles seront désormais entourées du soutien et de la compréhension dont elle n'a pas pu bénéficier.

« Les survivant·es quittent la détention sans rien », a-t-elle déclaré. « Elles n'ont pas de vêtements, pas de maison, pas de communauté. Souvent, tous leurs biens sont restés dans les territoires occupés et elles ne peuvent pas trouver de travail car tous leurs documents sont restés dans leur pays d'origine ».

« Les réparations peuvent aider, mais elles doivent inclure un soutien holistique en matière de santé physique et mentale. Les femmes doivent avoir accès à un psychologue – pas seulement pour quelques séances, mais aussi longtemps qu'elles en ont besoin. Le traumatisme de la violence sexuelle ne disparaît pas ».

Mme Huseynova a déclaré qu'elle restait en contact avec d'autres femmes de Donetsk qui avaient été détenues pendant des années. « Je fais de mon mieux pour leur envoyer des colis. Aucune mission humanitaire ne travaille là-bas. Aucune aide humanitaire n'y est envoyée. Lorsqu'elles ont leurs règles, ces femmes utilisent le rembourrage d'un vieux matelas ».

Dingemans a déclaré que la société civile ukrainienne et le gouvernement avaient réussi à lutter contre la stigmatisation des survivantes, soulignant le plaidoyer vocal de Mme Zelenska sur la question ainsi que les nouvelles lois en cours d'adoption par le parlement. Si elles sont adoptées, ces lois définiront les violences sexuelles liées aux conflits comme un crime distinct et mettront en place un registre national pour enregistrer les cas.

Des hommes et des garçons figurent également parmi les victimes présumées de viols commis par des soldats russes en Ukraine, des dizaines de cas de violence sexuelle ayant fait l'objet d'une enquête dans les mois qui ont suivi l'invasion.

Fedir Dunebabin, représentant du Fonds mondial pour les survivant·es en Ukraine, a déclaré : « Nous savons, grâce à d'autres contextes, que les hommes ayant survécu à des violences sexuelles liées à un conflit cherchent rarement de l'aide, mais il est surprenant de constater que ce n'est pas le cas en Ukraine. De nombreux survivants masculins se battent pour leurs droits et la justice ».

Mme Dingemans a déclaré qu'elle espérait que d'autres pays examineraient ce que faisait le gouvernement ukrainien et que la communauté internationale « pourrait soutenir les survivant·es d'autres conflits de la même manière qu'elle soutient les survivant·es en Ukraine, ce qui n'est pas le cas pour l'instant ».

Les organisations suivantes peuvent fournir des informations et un soutien à toute personne touchée par des problèmes de viol ou d'abus sexuels.
Au Royaume-Uni, Rape Crisis offre un soutien au 0808 500 2222 en Angleterre et au Pays de Galles, au 0808 801 0302 en Écosse ou au 0800 0246 991 en Irlande du Nord.
Aux États-Unis, Rainn offre une assistance au 800-656-4673.
En Australie, l'assistance est disponible au 1800Respect (1800 737 732). D'autres lignes d'assistance internationales sont disponibles sur https://ibiblio.org/rcip/internl.html

Weronika Strzyżyńska
https://www.theguardian.com/global-development/2024/apr/26/reparations-survivors-wartime-sexual-violence-by-russian-soldiers-ukraine-war-olena-zelenska
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

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Pour une loi générale sur les violences sexuelles

La victime de viol attend-elle de la justice une reconnaissance de son traumatisme ou que la justice lui fasse revivre et amplifie ce traumatisme ? La réponse à cette question (…)

La victime de viol attend-elle de la justice une reconnaissance de son traumatisme ou que la justice lui fasse revivre et amplifie ce traumatisme ? La réponse à cette question est évidente et, pourtant, la pratique judiciaire va à l'encontre de l'évidence. Il est temps d'améliorer le traitement judiciaire de ce crime trop ordinaire dans une loi générale sur les violences sexuelles.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/02/pour-une-loi-generale-sur-les-violences-sexuelles/

C'est le mythe de Sisyphe : les victimes de viol engagent des démarches dans l'espoir d'une reconnaissance des faits et de leurs souffrances mais la justice les ramène sans arrêt à leur traumatisme en le faisant revivre à travers la répétition du récit des faits, les confrontations, les expertises, les questions intrusives et suspicieuses…

Il est temps d'améliorer le traitement judiciaire de ce crime dans une loi générale sur les violences sexuelles, comprenant, d'une part, la redéfinition du viol et de l'agression sexuelle, et, d'autre part, l'effectivité de la procédure en prenant en compte le traumatisme des victimes.

Aujourd'hui, la loi ne prévoit pas que le viol ou l'agression sexuelle soit un acte « non consenti ». La loi laisse entendre : « dans le doute, si elle ne bouge pas, si elle ne dit pas non, je peux y aller ».

Pourtant, dans notre société le « non » ne peut pas toujours être librement exprimé : on peut être dominé économiquement, subir un contexte conjugal avec prégnance d'identités et/ou de comportements de genre, ainsi que d'autres types d'emprise. Quant à l'état de sidération, il caractérise l'incapacité à réagir de la victime ; on le retrouve dans 70% des cas, selon une étude suédoise.

Dès lors, exiger de « passer outre un refus » est inadapté pour caractériser un viol. Prouver la « violence, contrainte, menace ou surprise » exigée par le Code pénal est impossible dans certaines situations, notamment quand l'agresseur n'a pas eu besoin d'exercer une coercition active.

Le droit canadien, qui a introduit la notion de consentement dans sa définition du viol depuis plus de trente ans, nous ouvre la voie.

Concrètement, il ne s'agit pas de passer un contrat ; le consentement peut s'exprimer de multiples manières, y compris tacite. Mais dans la procédure canadienne, la personne mise en cause est questionnée sur les mesures raisonnables qu'elle a prises pour s'assurer du consentement de son partenaire. Si le mis en cause se contente de répondre qu'il l'a lu dans son regard par exemple, on peut en déduire qu'il ne s'est pas suffisamment assuré que la victime était consentante.

Cette interrogation supplémentaire sur le consentement laisse les magistrats se focaliser plus précisément sur la stratégie et le passage à l'acte de l'agresseur, sans pour autant écarter l'examen des circonstances entourant l'acte sexuel à savoir « violence, contrainte, menace ou surprise ».

Précisons que la France est signataire de la Convention d'Istanbul du 11 avril 2011 [11], de portée obligatoire, qui prévoit que : « Le consentement doit être donné volontairement comme résultat de la volonté libre de la personne considérée dans le contexte des circonstances environnantes. » mais n'a pas pour autant adapté son droit interne.

C'est pourquoi une redéfinition du viol et de l'agression sexuelle, ajoutant la notion de consentement ou d'accord volontaire, est nécessaire.

Mais cette redéfinition, bien que nécessaire, ne suffit pas ; elle doit s'intégrer dans une loi générale sur le traitement des violences sexuelles. Evidemment, les moyens mis en œuvre dans les enquêtes préliminaires pour les violences sexuelles devraient être augmentés. Actuellement certaines procédures peuvent durer 7 à 8 ans jusqu'à la mise en accusation, ce qui affaiblit le poids des preuves et des témoignages qui deviennent fragiles avec le temps. La recherche des éléments probants est aussi, souvent insuffisante.

Il ne s'agit bien évidemment pas de mettre à mal la présomption d'innocence ni les droits de la défense, mais d'interroger l'équilibre de notre procédure pénale au regard de l'obligation de mener une enquête effective (telle que rappelée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme – arrêt CEDH De Giorgi c. Italie, 16 juin 2022) avec un autre principe : la protection des victimes, souvent malmenées par la procédure (arrêt CEDH c Russie 7 févr. 2023).

Une loi générale sur les violences sexuelles s'impose pour une véritable amélioration du traitement judiciaire dans le respect de la personne victime fragilisée par les violences subies, avec pour objet avec pour objectif :
* une redéfinition des viols et agressions sexuelles prenant en compte le consentement,
* des moyens d'enquête renforcés,
* la création de centres d'accueil d'urgence pluridisciplinaires,
* la réduction de la répétition du récit, et les confrontations,
* l'audition de la victime à l'audience hors la présence du mis en cause si besoin,
* les expertises par des victimologues pour renforcer la parole de la victime,
* la prescription glissante pour les majeurs et l'imprescriptibilité pour les mineurs,
* l'interdiction de poser des questions et d'émettre des propos reprenant des stéréotypes de genre (vie intime ou mauvaise réputation de la victime),
* des formations sur les stéréotypes de genre pour compléter la formation des professionnels.

Notre pratique judiciaire peut et doit être améliorée. Encore faut-il qu'avocats, magistrats, politiques en prennent l'initiative, en ressentent l'impérieuse nécessité ou éprouvent « l'espoir d'un monde différent et qui pourrait être meilleur » (Benoîte GROULT).

[1] Entrée en vigueur en France le 1er novembre 2014

Carine Diebolt, avocate de victimes de violences sexuelles
https://blogs.mediapart.fr/sur-les-violences-sexuelles-par-carine-diebolt-avocate/blog/270424/pour-une-loi-generale-sur-les-violences-sexuelles

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Tunisie : Million de Femmes Rurales soutient les luttes pour la terre à Siliana

7 mai 2024, par Association Million de Femmes Rurales et les Sans-Terre — , ,
Le mouvement d'occupation des terres domaniales a débuté à Chouaïgui et Dakhla, dans le gouvernorat de Manouba. C'est là que l'Association Million de Femmes Rurales et les (…)

Le mouvement d'occupation des terres domaniales a débuté à Chouaïgui et Dakhla, dans le gouvernorat de Manouba. C'est là que l'Association Million de Femmes Rurales et les Sans-Terre a vu le jour, en dirigeant les mouvements et les protestations des paysan·nes sans terre pour récupérer les terres de leurs ancêtres et les soustraire aux mains des investisseurs capitalistes qui exploitent illégalement des centaines de milliers d'hectares.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/05/tunisie-million-de-femmes-rurales-soutient-les-luttes-pour-la-terre-a-siliana/

Cette mobilisation a entraîné une campagne de répression et d'emprisonnement, par crainte du pouvoir de voir se reproduire l'expérience réussie de Jemna, où les paysan·nes ont revendiqué et transformé ces terres en un paradis au service de la communauté.

L'expérience de Dakhla-Chouaïgui a suscité le soutien et l'engagement des avocats et des militant·es, avec à leur tête le martyr Chokri Belaïd.

En 2021, un groupe de femmes et d'hommes paysan·nes a lancé un mouvement pour récupérer des terres des investisseurs spéculateurs à Siliana, notamment à Henshir Laqasba. Des dizaines de travailleur·euses et agriculteur·rices y ont organisé un sit-in qui a duré des mois, entraînant une série d'arrestations et de procès impliquant neuf paysan·nes, dont leur camarade Turkia Chaibi, présidente de l'Association Million de Femmes Rurales et les Sans-Terre, qui les a soutenus et encadrés. Ce procès se poursuit depuis 2021.

La réponse a été l'organisation, avec la création d'une antenne régionale de l'Association Million de Femmes Rurales et les Sans-Terre à Siliana et cinq branches locales dans les profondeurs de Fériana. La solution réside dans l'organisation, la formation et l'éducation, avec l'organisation par l'association de sessions de formation en agriculture écologique et en promotion des droits des paysan·nes basés sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP).

Le 17 avril 2024, le procès en appel a coïncidé avec la Journée internationale des luttes paysannes. En conséquence, environ 100 paysan·nes membres de l'association et leurs partisans de plusieurs régions de Siliana se sont rassemblé·es devant le tribunal pour demander l'arrêt des poursuites judiciaires et la justice pour les paysan·nes. Ensuite, iels se sont dirigé·es vers le lieu de départ du sit-in, Henshir Laqasba, où ils ont été accueilli.es par les habitant.es et ont organisé une réunion publique où des discours ont été prononcés, notamment celui de Turkia Chaibi, qui a rappelé le 17 avril comme jour commémoratif des paysan·nes martyr·es ce jour-là, et a mis en lumière le mouvement de Million de Femmes Rurales et les Sans-Terre.

Des slogans ont été scandés devant le tribunal et au lieu du sit-in.

Les principaux slogans étaient :

Terre, Liberté, Dignité Nationale
Arrêtez les poursuites, mettez fin aux poursuites
Droit d'accès à la terre
Vive le 17 avril, journée internationale des luttes paysannes
l'Association Million de Femmes Rurales

https://viacampesina.org/fr/tunisie-million-de-femmes-rurales-soutient-les-luttes-pour-la-terre-a-siliana/

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Les féministes en défense de Bochra Bel haj Hmida pour préserver les droits, les libertés et nos acquis

7 mai 2024, par Association tunisienne des femmes démocrates,, Neyla Zoghlami — , ,
Nous, militantes de l'association tunisienne des femmes démocrates, réunies d'urgence en commission élargie, après que le comité de défense de l'association nous ait informées (…)

Nous, militantes de l'association tunisienne des femmes démocrates, réunies d'urgence en commission élargie, après que le comité de défense de l'association nous ait informées du contenu de l'ordonnance de clôture de l'instruction dans l'affaire dite du complot contre la sûreté de l'Etat, faisons état de notre profonde consternation quant au degré d'atteinte aux libertés et à l'absence totale de respect des standards du procès juste et équitable ainsi que de l'indépendance de la justice.

Tiré de Entre les lignes et les mots

L'instruction s'est clôt par la mise en accusation d'une quarantaine de personnalités politiques et de défenseur.e.s tunisiens des droits humains pour des crimes de terrorisme, de complot, d'offense au chef de l'Etat et d'autres crimes dont les peines peuvent aller jusqu'à la peine de mort, confirmant ainsi les rumeurs qui sont parvenues à l'association quant à la mise en accusation pour de tels crimes de leur ancienne présidente et fondatrice. L'association n'avait alors pas manqué de mettre en garde contre toute éventuelle implication de son ancienne présidente, la militante Bochra Bel haj Hmida, dans cette affaire concoctée de toutes pièces pour discréditer toutes les familles politiques et vider la scène politique de toute opposition au président de la République. Affaire qui n'est que dans la continuité du 25 juillet 2021 et de l'exercice de représailles sur tous ceux et toutes celles qui se sont opposé.e.s par des modalités variées et non violentes à l'abrogation de la Constitution de 2014, à la remise en cause de tous les acquis démocratiques dont la liberté d'expression et des composantes de l'Etat de droit. Après avoir pris connaissance de l'ordonnance de clôture de l'instruction, nous n'avons plus de doutes sur cette politique répressive tant celle-ci contient d'irrégularités et d'incohérences dont la seule explication est que la justice ne répond plus à aucun critère d'indépendance. A L'absence de respect de la procédure, au non-respect des standards minimum du procès juste et équitable, les autorités qui ont mis la justice au pas n'ont même pas daigné étayer la mise en accusation par des faits ou des éléments de droit pouvant imputer l'un quelconque de ces crimes à Bochra Bel haj Hmida et aux autres prévenu.e.s. Parce que le seul élément sur lequel se base la mise en accusation est que Bochra Bel haj Hmida a reçu la légion d'honneur française, laquelle a été attribuée à des centaines de tunisiens et de tunisiennes, il s'agit de fausses accusations de crimes dont elle est innocente.

Bochra Bel haj hmida a consacré sa vie entière à défendre les libertés publiques et individuelles ainsi que l'égalité. Députée dans le premier parlement élu après la révolution, elle a contribué à la réalisation de plusieurs acquis dont l'un des plus importants est l'adoption de la loi 2017-58 relative à l'élimination des violences contre les femmes et les enfants. Son parcours militant et professionnel, sa présidence la commission libertés individuelles et égalité (COLIBE), son engagement pour la défense des droits humains et ce, depuis plus de quatre décennies, lui ont valu sa grande popularité et la reconnaissance des institutions que ce soit en Tunisie ou à l'étranger.

La militante Bochra Bel haj Hmida a cessé toute activité partisane à la fin de son mandat parlementaire en 2019 et n'est restée présente sur la place publique qu'en tant qu'activiste en défense de la démocratie, des droits des femmes et des droits humains comme elle l'a toujours fait et ce, depuis les années 80. Quant aux malversations financières qui lui sont faussement imputés, sans preuve aucune, elles ne relèvent que de la volonté de discréditer auprès de l'opinion publique toute personne qui porte le projet sociétal progressiste et démocratique.

L'intégration de notre amie et camarade dans la liste des prévenus en fuite alors qu'elle n'a reçu aucune convocation légale ajoute à notre consternation de la voir mise en accusation pour terrorisme et complot, elle qui est connue depuis les années 80 pour son engagement non violent et résolu en faveur des droits humains et contre la peine de mort, elle qui a été l'une des cibles des terroristes. Elle encourt aujourd'hui la peine capitale, peine contre laquelle nous avons toujours mis en garde parce que nous savions qu'elle serait utilisée à des fins politiques par toutes les dictatures pour liquider les opposants et terroriser la population.

L'ordonnance de clôture de l'instruction est d'autant plus incohérente et absurde qu'elle commence par prononcer un non-lieu au profit de Bochra Bel haj Hmida pour absence de preuve ou de présomptions permettant de lui imputer l'un quelconque de ces crimes. Par la suite et dans cette même décision, elle est mise en examen pour pas moins de 17 crimes. Décider d'une chose et de son contraire n'est que la preuve d'une justice sous les ordres d'un régime qui n'hésite pas à exercer des représailles sur les juges qui tentent de maintenir un tant soit peu leur indépendance.

Au vu de ce qui précède, l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates déclare :
Sa fierté du parcours de la militante Bochra Bel Haj Hmida et de sa contribution passée et future à la consécration de l'égalité et des libertés et pour toutes les distinctions qui lui ont été attribuées du public ou des institutions, nationales ou étrangères, lesquelles ne sont qu'une reconnaissance minime de son combat contre toutes les formes de domination, de répression, d'injustice et de discrimination.

Sa solidarité inconditionnelle avec son ancienne présidente Bochra Bel Haj Hmida conforme à son approche féministe basée sur la solidarité avec toutes les victimes de la tyrannie politique et de l'injustice sociale et annonce son engagement ferme à la défendre en droit et par l'activisme basé sur les droits humains et ce, afin de préserver sa liberté, son retour sauf et digne à son pays et à son militantisme habituel pour les droits, l'égalité et les libertés.

Qu'il faut mettre fin aux arrestations et aux fausses accusations de toutes les voix critiques ou d'opposition et de prononcer un non-lieu à leur profit, d'infirmer l'ordonnance de clôture de l'instruction dans la dite affaire de complot contre la sûreté de l'Etat dont les incohérences et l'inconsistance portent atteinte à la crédibilité et à l'intégrité de l'institution judiciaire.

Son refus catégorique des procès politiques qui visent les activistes politiques et les défenseur.e.s des droits humains et dont l'objectif est de les éloigner de la place publique et de leur lutte pour la démocratie et des droits humains ; Et pour que cessent le harcèlement des centaines de tunisiens et de tunisiennes incarcérés ou contraints à l'exil et les procès faits aux apposant.e.s sans garantie aucune d'un procès juste et équitable ainsi que l'utilisation de la justice à des fins politiques.

Sa ferme disposition à la défense en droit et à l'activisme basé sur les droits humains pour une justice indépendante, un Etat de droit et une vie politique plurielle garantissant le droit à l'existence réelle d'une opposition pacifique, libre, sans atteintes aux libertés d'opinion et de réunion.

Invite toutes les organisations féministes, de défense des droits humains, de la culture et des jeunes de prendre acte de la gravité de la situation que traverse notre pays et de se mobiliser, solidaires, contre l'autoritarisme qui menace la stabilité de la Tunisie et l'union des tunisiennes et des tunisiens.

Pour l'association tunisienne des femmes démocrates,
Sa présidente,
Neyla Zoghlami

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Communauté internationale dites-vous ?

7 mai 2024, par Bruno Marquis — ,
Les journaux d'ici et d'ailleurs utilisent encore souvent le terme « communauté internationale » pour représenter un groupe de pays exprimant une prise de position ou un (…)

Les journaux d'ici et d'ailleurs utilisent encore souvent le terme « communauté internationale » pour représenter un groupe de pays exprimant une prise de position ou un jugement à l'encontre d'un ou plusieurs autres pays. Seulement en avril, le terme s'est par exemple retrouvé quinze fois dans les pages du Devoir, neuf fois dans celles du Journal de Montréal et une fois dans celles d'Acadie Nouvelle.

Le terme « communauté internationale », faut-il le rappeler, n'a pas de fondement juridique. Il ne regroupe ni l'ensemble des habitants de la planète, ni l'ensemble des pays du globe. Il est d'ailleurs insensé que ce terme, qui se veut par définition regrouper tous les pays ou tous les habitants de la planète, puisse servir à condamner, comme c'est souvent le cas, un pays ou un groupe de pays ou d'habitants qui font eux-mêmes partie de son entièreté. Imaginerions-nous par exemple, dans un groupe plus restreint, la France, l'Allemagne, l'Italie, la Suisse et l'Autriche réprimander politiquement l'Italie et la Suisse ?

Sans compter que le mot « communauté », qui est un mot à connotation positive qui suggère l'intérêt commun de ses membres, est presque toujours utilisé ici de façon négative en mettant en opposition deux parties de son tout. La preuve, encore une fois, dans cet enchevêtrement de contradictions, que le ridicule ne tue pas !

Mais en fait, ce qui pose bien davantage problème, particulièrement en terme de communication et plus encore de désinformation, c'est qu'on ne sait jamais clairement quels pays sont ainsi compris dans cette supposée « communauté internationale » s'opposant à un pays ou à groupe de pays.

De notre point de vue occidental et à la lumière des textes dans lesquels on retrouve ce terme, il appert qu'il s'agit le plus souvent :

* soit des États-Unis et de ses États vassaux ou de ses alliés de circonstance,
* soit du G7 (dominé bien sûr par les États-Unis),
* soit des pays de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, (l'OTAN, cette détestable organisation militaire, sous la coupe des États-Unis, qui sème la pagaille en Europe),
* soit parfois du G20,
* ou soit encore – plus rarement - des pays membres de l'Organisation des Nations unies (ONU), ce qui relève encore une fois de l'absurdité, puisque cette organisation regroupe essentiellement tous les pays du monde.

C'est probablement le linguiste et philosophe américain Noam Chomsky qui définit le mieux ce terme tel qu'il est utilisé dans nos journaux et par nos politiciens : « Lorsque le terme communauté internationale est utilisé en Occident, écrit-il, la communauté internationale désigne les États-Unis et quiconque va dans son sens. » Il arrive donc ainsi que cette soi-disant communauté internationale ne regroupe en fait… que les États-Unis.

Ne serait-t-il pas beaucoup plus honnête, de la part de nos journaux et des agences de presse, de toujours définir clairement à quels pays on fait précisément référence dans tel ou tel article ? À titre d'exemple, une nouvelle comme « La communauté internationale a accusé l'Iran… » pourrait devenir en réalité : « Les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et Israël ont accusé l'Iran… ».

Il serait d'ailleurs intéressant, dans le cas qui suit, de connaître à qui l'on fait expressément référence quand on écrit « La communauté internationale demande à la Chine, à l'Inde et à d'autres pays de réduire... », cette « communauté internationale » n'incluant nécessairement pas ici ces deux pays, la Chine et l'Inde, qui sont les plus populeux de la planète, ni un certain nombre d'autres pays...

L'utilisation fréquente de ce terme imprécis - la communauté internationale – nous offre en fait une fausse image du monde. Elle est malhonnête et trompeuse et s'inscrit bien davantage dans une tentative de brouiller les pistes, de désinformation en somme, et de propagande, que de nous bien informer. Les journaux, qui ont mission de nous informer et de bien nous informer, devraient en prendre note !

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L’originalité et l’importance de la 1re conférence mondiale anti fasciste qui se réunit à Porto Alegre du 17 au 19 mai 2024

7 mai 2024, par Éric Toussaint — ,
Nous ne sommes qu'au début d'un processus et l'issue positive n'est pas garantie. Ce qui est garanti, c'est que si on n'essaye pas de construire un puissant mouvement (…)

Nous ne sommes qu'au début d'un processus et l'issue positive n'est pas garantie. Ce qui est garanti, c'est que si on n'essaye pas de construire un puissant mouvement international contre l'extrême-droite, celle-ci a de fortes chances de poursuivre sa progression et de s'enhardir. Les divisions au sein de la gauche dans les différents continents constituent un élément important de la faiblesse de la riposte face à la montée de l'extrême-droite.

3 mai 2024 | tiré du site du CADTM

Quelle est l'originalité de la conférence qui se déroule à Porto Alegre du 17 au 19 mai 2024 ?

Au cours des dernières années, face à la (re)montée de l'extrême-droite au niveau mondial plusieurs conférences internationales ont eu lieu. Généralement, elles étaient organisées par un parti politique ou par une même famille politique, ou encore par une fondation particulière, par exemple la Fondation Rosa Luxembourg.

L'originalité de la présente initiative : elle est organisée par plusieurs partis et a le soutien d'autres partis politiques de gauche qui ont mis de côté pour cette occasion les désaccords qui les séparent. En l'occurrence, deux partis de gauche qui ont une histoire différente, le PT et le PSOL de Porto Alegre, capitale de l'État de Rio Grande do Sul, se sont mis d'accord pour convoquer ensemble cette conférence et constituer un comité organisateur local unitaire. Ils ont obtenu le soutien de leur organisation nationale. C'est la première originalité. Ce n'est pas banal quand on sait combien la gauche est divisée aux quatre coins de la planète.

La deuxième originalité : d'autres partis de gauche leur ont emboîté le pas et soutiennent cette conférence, il s'agit notamment du Parti Communiste du Brésil (PCdoB d'origine maoiste) et de l'Unité populaire.

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La troisième originalité : d'importants mouvements sociaux apportent leur soutien actif, il s'agit du Mouvement des Sans Terre (MST, membre de La Via Campesina) et des syndicats, comme ceux des personnels de l'enseignement (CEPRS), des personnels technico-administratifs des universités (Assufrgs) et la Centrale unique des Travailleurs (CUT) de l'État de Rio Grande do Sul. D'autres mouvements sociaux soutiennent également.

La quatrième originalité : tous les continents et presque toutes les grandes régions du monde seront représenté-es même si c'est de manière inégale. Il y aura des délégué·es d'Amérique du Nord, de toute (ou presque) l'Amérique latine et de la Caraïbe, d'Afrique du Nord et de la région « arabe », d'Afrique subsaharienne, d'Europe, d'Australie,…

La cinquième originalité : des réseaux internationaux comme le CADTM ou les ATTAC, des fondations comme CLACSO (le Conseil latino-américain de Sciences Sociales), le Transnational Institute basé à Amsterdam ou la Fondation Copernic basée en France seront également présents. Des organisations ou des forums politiques internationaux seront là : le Forum de Sao Paulo, la Quatrième internationale, la Ligue Internationale Socialiste (LIS), la Tendance socialiste internationale (IST en anglais) et, comme on l'espère, l'Internationale progressiste et probablement d'autres. De France, La France Insoumise et le NPA seront présents ; de l'État espagnol, Anticapitalistas, la CUP (Catalogne) et ATTAC ; du Portugal le Bloc de gauche (Bloco de Esquerda),… Des Etats-Unis : DSA (Democrat Socialist of America). D'Australie : Green Left (Gauche Verte). D'Argentine : Mouvement socialiste des Travailleurs/euses, Libres del Sur, Unidad Popular, Marabunta, MULCS, FOL, CPI, et aussi l'Autoconvocatoria pour la suspension du paiement de la dette, la Revue Crisis, ATTAC-CADTM Argentine, les économistes de gauche, des syndicats comme la CTA. Pour voir la liste des « personnalités » dont la participation est confirmée, visiter https://antifas.org/appel/ (la liste déroulante se trouve en bas du programme).

La sixième originalité : alors que dans le cadre des Forums sociaux mondiaux et de leurs homologues au niveau des continents les partis politiques ne sont pas admis en tant que tels, dans le cas présent partis politiques, mouvements sociaux, associations citoyennes seront présent·es ensemble.

Septième originalité : il ne s'agit pas seulement d'interpréter le monde de l'extrême-droite, il s'agit d'essayer de lancer une initiative pour tenter de changer la situation. Certes, ce sera de manière modeste car nous ne sommes qu'au début du processus, mais si l'étape de Porto Alegre est encourageante, on pourra progresser pas à pas. Cela impliquera de surmonter les divisions qui affaiblissent dramatiquement la gauche pour faire face à l'extrême-droite.

Comment se passent les préparatifs à Porto Alegre ?

C'est très encourageant de constater qu'à la date du 2 mai 2024, deux semaines avant le début de la conférence, il y a 1376 personnes qui se sont inscrites via le site https://antifas.org/ pour participer en présentiel. Plusieurs organisations syndicales de Porto Alegre mettent des logements collectifs et des salles de réunion à la disposition de la conférence. Ils mettent également des bus pour transporter des personnes des quartiers populaires vers le lieu de départ de la marche d'ouverture qui aura lieu le vendredi 17 mai à partir de 18H00. Des milliers de participant-es sont attendus à cette marche. Cela aussi, ce n'est pas banal, car ces derniers temps, la gauche n'a pas réuni de grandes concentrations au Brésil. Et dans le monde, on n'a pas connu récemment de grandes manifestations de rue contre l'extrême droite, sauf en Allemagne en début d'année 2024. Bien sûr et c'est encourageant, il y a, sur toute la planète, les massives mobilisations en solidarité avec le peuple palestinien face au gouvernement d'extrême-droite de Netanyahu. D'ailleurs, lors de la conférence de Porto Alegre, on fera le lien avec les mobilisations qui touchent massivement les campus universitaires des Etats-Unis.
Il faut souligner également que dans d'autres États que celui de Rio Grande do Sul, des initiatives unitaires sont prises en préparation de la conférence de Porto Alegre, c'est le cas notamment dans l'État de Ceara.

Quelles sont les activités au programme de la conférence outre la manifestation du 17 mai ?

Il y a aura 8 assemblées plénières successives organisées sous la responsabilité du comité organisateur local entre le samedi 18 au matin et le dimanche 19 mai après-midi. Et en plus il y aura des dizaines d'activités auto organisées. Voir le programme des plénières : https://antifas.org/appel/ Il y aura probablement des visites de terrain pour les participant·es qui arriveront avant que commence la conférence ou qui resteront après le dimanche 19 mai. Il y aura également des activités culturelles. Il faut préciser que le PT et le PSOL sont dans l'opposition au niveau de la capitale Porto Alegre et dans l'Etat de Rio Grande do Sul dominés par la droite. Toute la logistique est organisée sans aucun soutien institutionnel. Tout passe par des efforts militant·es et par le soutien financier apporté par les organisations politiques et sociales qui soutiennent cette initiative.

Pourquoi la ville Porto Alegre constitue-t-elle un bon endroit pour cette conférence et pour lancer un processus qui devrait gagner en force par la suite ?

Porto Alegre a été le berceau en 2001 du Forum Social Mondial qui s'y est réuni à plusieurs reprises avec une participation très nombreuse : jusqu'à 100 000 participant-es. C'était bien sûr une autre époque : on était à l'apogée de grandes mobilisations internationales contre l'offensive capitaliste néolibérale et y est né ce qu'on a appelé le mouvement altermondialiste ou alter globaliste avec comme thèmes : « Un autre monde est possible. » « Le monde n'est pas une marchandise. » Ensuite le FSM et ces grandes mobilisations ont décliné. Dans un contexte franchement défavorable avec une montée massive de l'extrême-droite et un recul de la gauche à beaucoup d'endroits de la planète, il s'agit d'essayer de contribuer à relancer une dynamique d'accumulation de forces. Cela ne sera pas facile. Prendre un nouveau départ à partir de Porto Alegre berceau du forum social mondial est donc un bon choix.

Lire aussi :Ire Conférence Internationale Antifasciste

Il y a une deuxième raison pour considérer que Porto Alegre est le bon endroit pour tenir cette première conférence : la relative proximité avec l'Argentine (par la route il y a environ 1 300 km, moins de 1 000 si on passe par l'Uruguay). Il est possible de se déplacer par la route en transport collectif pour se rendre de Buenos aires ou d'autres parties de l'Argentine vers Porto Alegre. Une douzaine d'organisations argentines de gauche se coordonnent pour envoyer deux autobus à Porto Alegre soit une centaine de militant·es. La présence active des camarades d'Argentine est particulièrement fondamentale vu qu'y sévit le gouvernement de Javier Milei qui tente de mettre en œuvre un programme de choc contre les conquêtes sociales et qui se réclame clairement des idées d'extrême droite.

La troisième raison : dans cette ville le PT et le PSOL sont alliés et ont surmonté leurs divergences par exemple pour se présenter ensemble aux élections municipales qui auront lieu en novembre 2024. Ils ne sont pas seuls il y aussi avec eux le PCdoB, le parti REDE,… Il y a également le soutien des mouvements sociaux comme le MST et les syndicats.

Pourquoi réunir une telle conférence en 2024 et pourquoi au Brésil ?

Cela fait un moment qu'on aurait dû réunir une telle conférence. En effet, il faut se rappeler que Bolsonaro et ses partisans ont tenté en envahissant les centres des trois pouvoirs judicaire, législatif et exécutif à Brasilia le 8 janvier 2023 de faire un remake du 6 janvier 2021 organisé par Trump et ses soutiens lorsqu'a été envahi le congrès à Washington. On a pu avoir la confirmation dès ce moment que Bolsonaro était en train de préparer son retour en déstabilisant le gouvernement de Lula à peine élu. D'ailleurs Bolsonaro et ses partisan·es viennent de refaire en février 2024 avec une manifestation de près de 200 000 personnes à Sao Paulo, la démonstration qu'ils peuvent mobiliser massivement leurs partisans dans les rues. La gauche a montré en s'unissant électoralement qu'elle pouvait battre Bolsonaro dans les urnes mais la victoire a été très courte et les Brésilien·nes ne se sont pas débarrassés définitivement de Bolsonaro et de l'extrême-droite, loin de là. Plus récemment, à la fin 2023, il y a eu la victoire électorale de Javier Milei en Argentine, c'est un autre signal d'alerte de très grande gravité sur le plan continental.

Au cours de cette année 2024, l'extrême droite qui vient de marquer des points dans plusieurs pays d'Europe entre fin 2023 et avril 2024, notamment aux Pays Bas, au Portugal, en Allemagne… va encore se renforcer lors des élections européennes de juin 2024 et dans d'autres élections nationales. De même, le gouvernement d'extrême droite de Modi risque bien de sortir renforcer des élections de mai en Inde. Bukele au Salvador a été réélu début 2024, Poutine a été réélu et bien sûr il y a le risque d'une victoire électorale de Trump aux élections présidentielles d'octobre 2024. Sans oublier le génocide en cours perpétré contre le peuple palestinien par le gouvernement fascisant de Netanyahu.
Pour tout cela en 2024, il était plus que temps de lancer une initiative de portée internationale et le Brésil est un bon endroit pour le faire.

L'extrême droite est-elle à l'initiative au niveau international ?

Manifestement, l'extrême-droite profite de la crise capitaliste dans ses différentes formes pour progresser et exprimer qu'elle a le vent en poupe au niveau international. Des réunions de l'extrême-droite se multiplient au niveau international et le fait qu'elle soit à la tête de gouvernements lui donne des ailes. L'investiture de Milei fin 2023 a été une occasion de plus de montrer la convergence, malgré leur diversité, entre Victor Orban premier ministre hongrois, Donald Trump, Bolsonaro, Netanyahou, l'extrême droite espagnole,… En juillet 2024, des représentant·es de l'extrême-droite se réuniront à Sao Paulo.

Et dans le futur ?

Si jamais l'alliance PT-PSOL gagnait la mairie de Sao Paulo aux élections d'octobre 2024, la capitale économique du Brésil pourrait peut-être accueillir en 2025 une deuxième conférence anti fasciste. Pourquoi pas ? Et si ce n'est pas le cas, il faudra trouver un lieu approprié pour poursuivre l'effort entamé.

Ce qui serait aussi très utile, ce serait d'avoir des initiatives continentales ou par grandes régions. Après le choc que va provoquer le renforcement de l'extrême-droite dans le parlement européen, y aura-t-il une réaction salutaire de la part d'un nombre significatif de forces de gauche afin de convoquer une grande conférence européenne unitaire ? Et en Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada, Mexique,…), la gauche pourrait-elle organiser elle aussi une initiative ? D'autres régions de la planète pourraient voir naître des initiatives…

Quelles sont les difficultés à surmonter pour lancer un processus puissant ?

Nous ne sommes qu'au début d'un processus et l'issue positive n'est pas garantie. Ce qui est garanti, c'est que si on n'essaye pas de construire un puissant mouvement international contre l'extrême-droite, celle-ci a de fortes chances de poursuivre sa progression et de s'enhardir. Les divisions au sein de la gauche dans les différents continents constituent un élément important de la faiblesse de la riposte face à la montée de l'extrême-droite. Parmi les nombreux problèmes qui surgissent dans la tentative de construction d'une grande initiative unitaire, on peut mentionner les problèmes suivants : la volonté de privilégier sa propre construction en tant que force politique ; le refus d'aider au succès d'une initiative à vocation unitaire par la crainte que cela renforce un concurrent politique ; la résistance à faire l'unité avec des partis dont la politique au gouvernement favorise des désillusions qui amènent une partie de l'électorat de gauche ou les primo votant à porter leurs suffrages vers la droite ; l'absence de collaboration antérieure, la difficulté de mettre ensemble partis, mouvements sociaux et associations citoyennes ; à mettre ensemble organisations et individus… Tout cela correspond à des problèmes bien réels et il n'est pas facile de les surmonter. D'ailleurs dans la construction d'un vaste mouvement international contre l'extrême droite, il faut être capable de débattre de ces problèmes, de les comprendre, pour tenter de les résoudre ou de les mettre provisoirement de côté afin de renforcer les convergences sur une plate-forme unitaire opératoire.

L'adoption d'une telle démarche de front unique n'implique pas du tout que chaque organisation renonce à son autonomie, son programme et son action. Pour les anticapitalistes, le fait de construire une alliance anti-extrême droite, antifasciste, qui peut inclure des partis de gauche qui participent à des gouvernements, qui pratiquent la collaboration de classe, devrait aller de pair avec le fait de redoubler d'efforts pour rendre crédibles une perspective et une pratique révolutionnaire. De toute manière, réussir à faire face à la montée de l'extrême droite dépendra de la capacité à développer de grandes mobilisations populaires et à aider à ce qu'elles aboutissent à des changements politiques en rupture avec le système capitaliste favorisant une issue écologiste socialiste (« écosocialiste »), féministe, antiraciste, internationaliste…


Auteur

Eric Toussaint Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d'ATTAC France.
Il est l'auteur des livres, Banque mondiale - Une histoire critique, Syllepse, 2022, Capitulation entre adultes : Grèce 2015, une alternative était possible, Syllepse, 2020, Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Les liens qui libèrent, 2017 ; Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 ; Procès d'un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d'œil dans le rétroviseur. L'idéologie néolibérale des origines jusqu'à aujourd'hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège.

Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015.

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Décision historique : les communautés indigènes et les assemblées socio-environnementales arrêtent les compagnies minières de lithium

Dans un coup dur pour les multinationales du lithium et le gouvernement de Catamarca, la plus haute cour provinciale a interdit la délivrance de nouveaux permis et exigé la (…)

Dans un coup dur pour les multinationales du lithium et le gouvernement de Catamarca, la plus haute cour provinciale a interdit la délivrance de nouveaux permis et exigé la réalisation d'études d'impact pour tous les projets miniers de la région. La plainte a été déposée par les communautés de Diaguita et les assemblées socio-environnementales. Chronique d'un triomphe.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/19/decision-historique-les-communautes-indigenes-et-les-assemblees-socio-environnementales-arretent-les-compagnies-minieres-de-lithium/

Le jeudi 7 mars au matin, la nouvelle a fait la une des principaux journaux locaux et, quelques heures plus tard, celle des sites Internet nationaux. Le titre, jaunâtre, comme le font habituellement les médias hégémoniques, a eu un impact énorme : « La Cour de justice suspend l'exploitation du lithium ». Pour un gouvernement comme celui de Catamarca, qui promeut et se projette autour du boom minier du lithium (plus précisément appelé « méga-mine de l'eau »), le choc a été total. Rapidement, les stations de radio, les médias télévisés, les comptes Instagram et X se sont remplis d'avocats, de spécialistes et de politiciens tentant d'expliquer quelque chose d'inexplicable à première vue. La surprise, la perplexité, les doutes et la désinformation étaient légion : l'activité minière dans la province est-elle en train de s'arrêter ? L'entreprise de lithium, qui brasse des millions de dollars, est-elle en train de s'effondrer ? Le tribunal porte-t-il un coup terrible au gouverneur Raúl Jalil en raison d'une lutte de pouvoir interne ? Comment tout cela a-t-il pu se produire du jour au lendemain ?

Le chemin précédant l'amparo

Comme c'est souvent le cas lors des emballements médiatiques, une fois la frénésie et le délire passés, un peu d'histoire est nécessaire pour comprendre ce qui s'est passé. La protection de l'environnement de cet arrêt de la Cour de justice de Catamarca (dossier Nº 054/2022, intitulé (Guitian, Román c/ Poder Ejecutivo Nacional y Otros), commence en 2019 et a deux protagonistes principaux : la communauté indigène Atacameños del Altiplano et la majestueuse et vitale rivière Los Patos.

C'est en août 2019 que les voisins d'Antofagasta de la Sierra ont été mis en alerte lors d'une réunion de quartier confuse convoquée par l'Intendencia, où ils ont été informés de l'intention de la société minière Livent (en 2023, elle a fusionné avec la multinationale Allkem, créant ainsi la troisième plus grande société minière du monde, qui opère aujourd'hui à Catamarca sous le nom d'Arcadium) de lancer un projet de canalisation consistant en la construction d'un aqueduc de plus de 30 kilomètres pour extraire l'eau du plus grand cours d'eau de la région (la rivière Los Patos). Pourquoi l'entreprise avait-elle besoin de ce nouvel aqueduc ? Parce qu'au cours des dernières années, elle avait complètement asséché la rivière et la plaine de Trapiche, causant des dommages environnementaux immenses et irréparables.

Ces données, qui datent de 2019, sont essentielles pour comprendre la récente décision du tribunal de Catamarca, étant donné que l'un des éléments de preuve les plus convaincants dans l'amparo est le dommage causé à la rivière et à la plaine de Trapiche (une destruction qui aurait pu être évitée).

En décembre de la même année, un groupe de membres de l'assemblée environnementale Pucara (Pueblos Catamarqueños en Resistencia y Autodeterminación), composé de deux avocats, d'un communicateur et d'un responsable environnemental, s'est rendu à Antofagasta pour prendre contact avec la communauté indigène et les résidents locaux. À la suite de ce voyage, la photo de la Vega del Trapiche, une rivière complètement noire, asséchée et morte, a été publiée pour la première fois sur un support graphique, une photo qui a fait le tour des portails d'information de tout le pays.

Au cours des années suivantes, l'inquiétude s'est accrue. Parallèlement, des enquêtes indépendantes ont été menées sur les agissements des autorités locales et des entreprises (Livent, Galaxy, Posco) dans l'utilisation inconsidérée de l'eau douce.

En février 2020, l'assemblée de Pucará a accompagné la communauté de Román Guitian dans la présentation de la première demande de suspension. Une présentation simultanée a été faite au Tribunal des mines, alors sous la responsabilité du juge Raúl Cerda, et une autre au Ministère des mines. Les deux actions comprenaient une analyse technique des rapports d'impact sur l'environnement (RIE) de Livent et Galaxy, et étaient accompagnées de 200 signatures de voisins d'Antofagasta.

La principale demande concernait la suspension des permis d'extraction d'eau de la rivière Los Patos, ainsi que des plaintes pour violation des droits des communautés indigènes, fausses audiences publiques et persécution sociale, tant du chef et de sa famille que des voisins qui s'étaient exprimés contre l'exploitation minière (c'est le cas d'un enseignant qui a été condamné à deux ans d'emprisonnement dans un acte manifeste de persécution politique).

Face à cette première présentation, la réponse du gouvernement de Raúl Jalil a été percutante par son impunité et son manque de démocratie. Le ministère des mines a répondu (croyez-le ou non) qu'il avait « perdu la présentation ».

Malgré les relances via des notes, des demandes d'information et de nouvelles soumissions, aucune réponse n'a jamais été reçue. Le cas du Tribunal des mines est encore plus incroyable. En 2021, en obtenant une modification du nombre de membres de la Cour provinciale (la même qui critique aujourd'hui le gouvernement), Jalil a réussi à modifier le Code de procédure minière de la province ; cela a mis de côté toute contestation devant le tribunal des mines. Ainsi est mort le premier essai judiciaire.

De l'amparo à la décision de justice

En août 2021, après de nombreuses plaintes dans les médias locaux et internationaux, après la première d'un film documentaire mettant en scène la communauté des Atacameños del Altiplano, et au milieu d'un conflit social croissant à Antofagasta, Román Guitian a introduit un recours en amparo devant le Tribunal fédéral. Il l'a fait par l'intermédiaire du Bureau fédéral de défense de Catamarca, avec l'avocate Verónica Gostissa. Une fois de plus, l'accent a été mis sur l'eau et la protection de la rivière Los Patos. À cette occasion, les informations se sont multipliées et un rapport clé préparé par la Fondation Yuchán a été ajouté. Après un long parcours de deux ans, qui comprenait une déclaration d'incompétence du tribunal fédéral de Catamarca (en novembre 2021), la Chambre fédérale de Tucumán a confirmé la déclaration d'incompétence des tribunaux fédéraux (décembre 2021), et ce n'est qu'en septembre 2022 que l'amparo a été déposé devant le tribunal de Catamarca.

Tout cela jusqu'à l'arrêt du jeudi 13 mars 2024, où la résolution de la Cour a été obtenue et les mesures conservatoires partiellement accordées. Comme l'explique l'avocat Santiago Kosicki, accompagné de l'équipe juridique de l'Assemblée de Pucara : « La Cour de justice de Catamarca a statué contre le gouvernement provincial et l'oblige à corriger les autorisations accordées aux entreprises minières pour l'extraction de lithium dans le Salar del Hombre Muerto à Antofagasta de la Sierra ».

La Cour a ordonné la réalisation d'un rapport d'impact environnemental présentant deux caractéristiques fondamentales (que les précédents n'avaient pas) : il doit être cumulatif et exhaustif pour l'ensemble du Salar et, en particulier, pour la rivière Los Patos. D'autre part, il doit prendre en compte l'impact total des entreprises qui ont demandé l'autorisation d'utiliser et d'extraire l'eau, et leur potentiel de transformation de l'environnement dans la même zone géographique.

Ce nouveau rapport doit mesurer l'impact de l'ensemble des projets de toutes les entreprises (et non de chaque projet individuellement). Il faut savoir dans quelle mesure tous les prélèvements d'eau de toutes les entreprises affecteront l'environnement en même temps. Cela fera une énorme différence dans les bilans et le résultat pourra donner aux habitants d'Antofagasta et à la communauté indigène, pour la première fois, une idée de l'ampleur et des conséquences socio-environnementales de l'activité minière sur leurs territoires.

L'autre point essentiel de l'arrêt est que la Cour « interdit au ministère des mines et au ministère de l'eau, de l'énergie et de l'environnement de la province d'accorder des autorisations ou des déclarations d'impact sur l'environnement pour de nouveaux travaux liés à la rivière Los Patos dans le Salar del Hombre Muerto ». Cela signifie qu'aucun autre permis ne peut être accordé. Dans un contexte d'expansion de tous les projets miniers dans la région, il s'agit d'un coup dur pour les actions menées par les entreprises en collaboration avec le gouvernement.

La plus haute juridiction provinciale reconnaît également « que le gouvernement de la province de Catamarca agit en violation systématique de la réglementation environnementale, en accordant des autorisations conditionnelles, sans connaître le véritable fonctionnement des bassins hydrographiques du Salar del Hombre Muerto, sans rapport d'impact environnemental cumulatif et complet et sans garantir la tenue d'une audience publique avec la communauté d'Antofagasta de la Sierra et une consultation préalable, libre et informée avec la communauté indigène des Atacameños del Altiplano ». Elle considère également que la communauté concernée ne dispose pas d'informations actualisées sur au moins huit projets d'extraction de lithium dans le même aquifère (aqueduc de la rivière Los Patos) ».

D'une part, elle peut faire appel de la décision, ce qui l'amènera à saisir la Cour suprême de justice de la nation. D'autre part, elle peut se conformer à l'arrêt et mettre les permis et les rapports d'impact environnemental en conformité avec les nouvelles exigences.

Ni Jalil ni la Cour, le peuple et l'eau

Dans les couloirs du gouvernement provincial, on dit la même chose que dans les couloirs de la Cour provinciale : que le jugement est un coup de plus dans la dispute soutenue et féroce entre les deux pouvoirs. Il est possible qu'il y ait une part de vérité dans les couloirs, mais ce qui est vrai – ce qui transcendera les couloirs, ce qui restera pour le développement de l'histoire – est une réalité dans laquelle « le soleil ne peut être couvert avec les mains ».

Ce « soleil » de l'adage est la véritable raison qui a rendu possible cet amparo et son arrêt respectif. Ce qui est certain, c'est que les entreprises ont présenté leurs rapports d'impact environnemental de manière incorrecte, et ce qui est certain, c'est que tant le ministère des mines que le ministère de l'eau et de l'environnement ont effectué les contrôles et les procédures de manière incorrecte. Tous les responsables, les PDG des entreprises, les ministres et les gouverneurs (Lucía Corpacci et Raúl Jalil), ont tous violé de multiples lois environnementales et sociales nationales et internationales. Entre autres, la Convention 169 de l'Organisation internationale du travail (OIT), qui traite des droits des indigènes et qui, en Argentine, a un statut supra-légal (au-dessus des normes locales).

Ce que l'arrêt met sur la table, c'est la vérité que les communautés et les assemblées indigènes proclament depuis cinq ans. C'est la même vérité que des milliers de personnes affectées dans tout le pays par le modèle de la méga-mine signalent, communiquent, diffusent, enquêtent et dénoncent. Un modèle impuni, corrompu, illégal et illégitime qui viole toutes les normes, procédures et lois qui protègent les citoyens. Sans le courage de Román Guitian, qui a fait l'objet d'intimidations, de persécutions et de tentatives de corruption répétées. Sans sa persévérance, les médias ne montreraient pas aujourd'hui cette vérité crue, qui devient maintenant – avec les mots de la Cour – tranchante et retentissante.

L'arrêt devra maintenant faire face aux diatribes du pouvoir en place et à tous ses artifices. Mais la vérité est déjà nôtre, elle appartient déjà aux citoyens. Il n'existe pas d'exploitation minière durable, prudente, respectueuse de l'environnement, à faible impact ou propre. Il existe une exploitation minière corrompue, illégale, destructrice, polluante et appauvrissante. Telle est la base du débat, telle est la vérité indéniable à partir de laquelle toute discussion doit être entamée. Le pouvoir continuera à insister sur son mensonge, un mensonge qui ne marche même plus, qui rampe à peine et qui commence à s'estomper.

La lutte pour la défense de l'eau se poursuit, tout comme la recherche d'un mode de vie sans destruction de la nature. Il n'y a pas de fausses querelles ici, il n'y a pas de clivage, pas d'affrontement entre pro-miniers et anti-miniers. Ce qui existe, c'est ce qui a toujours existé : la recherche d'une vie et d'un travail dignes, d'un environnement sain, de montagnes, de rivières, de salines et de plaines qui font partie de la culture et de l'identité du peuple Puna.

L'eau est indispensable à une vie digne, à l'économie régionale des cultures et des animaux, à la croissance et à l'existence millénaire de chaque village de la Puna. C'est pourquoi la phrase est simple et claire : l'eau vaut plus que le lithium. C'est aussi le soleil, notre soleil, qui ne peut être recouvert de nos mains.

Publié par Manuel Fontenia, Tierra Viva, le 18 mars 2024
Source : https://agenciatierraviva.com.ar/fallo-historico-comunidades-indigenas-y-asambleas-socioambientales-frenan-a-mineras-de-litio/
https://www.cdhal.org/decision-historique-les-communautes-indigenes-et-les-assemblees-socio-environnementales-arretent-les-compagnies-minieres-de-lithium/

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Alain Deneault : repenser l’écologie dans un monde en « polycrise »

7 mai 2024, par Théa Lombard — ,
De passage à Montréal pour le lancement de son nouveau livre sur l'économie de la pensée, Alain Deneault était l'invité des Amis du Monde Diplomatique pour une conférence à (…)

De passage à Montréal pour le lancement de son nouveau livre sur l'économie de la pensée, Alain Deneault était l'invité des Amis du Monde Diplomatique pour une conférence à l'UQAM sur le thème de l'écologie. Pour l'occasion, il a ainsi abordé les enjeux écologiques et les possibilités d'agir dans un monde dit en polycrise. Il invite ainsi à réfléchir sur l'écoanxiété ou l'écoangoisse et à (re)penser un futur davantage respectueux du vivant par le biais de l'esthétique et de l'imagination, notamment via les biorégions.

Tiré du Journal des Alternatives

Par Théa Lombard -25 avril 2024

Dessin de la synthèse du Forum mondial sur l'entreprise et l'environnement , Oxford 2010, - @The Value Web Photo Gallery CC BY 2.0.
Théa Lombard, stagiaire à Alternatives et correspondante au journal

Pour Alain Deneault, l'écologie apparaît comme un enjeu politique et social actuel, nécessitant une réorganisation de nos moyens de consommation, de nos actions et de nos modes de pensées. Les dégradations et problèmes écologiques sont aujourd'hui multiples et investissent toutes les sphères de notre vie.

Déprime, écoanxiété et écoangoisse

La déprime, l'écoanxiété ou plutôt l'écoangoisse, comme le définit Alain Deneault, sont des réalités centrales en écologie contemporaine. Le vocabulaire dédié à cette thématique ne définit pas précisément les faits et les conséquences de cet enjeu. L'utilisation du terme anxiété semble davantage renvoyer à une médicalisation et pathologisation d'un phénomène commun, compte tenu du contexte actuel.

Préférant le terme écoangoisse, Alain Deneault définit cette dernière comme un signe de bonne santé mentale, par la conscience des phénomènes environnementaux et problèmes écologiques. L'écoangoisse n'est donc pas un problème individuel. Il s'agit d'un véritable enjeu public et commun, dans lequel les affects sont collectifs. L'écoangoisse s'accroît avec l'analyse des impacts environnementaux définis comme irrémédiables et irréparables. Il nous amène à une réflexion sur le vivant, sur notre place au sein de ce dernier et sur les futurs possibles.

Le dérèglement climatique apparaît comme un phénomène autonome et exponentiel, dans lequel nos possibilités d'agir semblent dérisoires. La réduction de la biodiversité accentue la vulnérabilité des êtres humains aux maladies circulant parmi les autres espèces animales, comme le Covid, et renvoie à ce qu'on partage en « commun » en santé avec les animaux. La conjoncture industrielle amène d'importants changements dans nos habitudes de consommation et de vie. La diversification des moyens utilisés pour exploiter les ressources de pétrole est source de contamination massive et de destruction, y compris de l'eau.

Le capitalisme participe à cette aggravation des crises sociales et environnementales, qui profitent à une minorité. Il renforce les disparités et accentue la richesse de puissances occidentales. Quant à la transition énergétique du capitalisme vert, elle utilise les infrastructures existantes pour les faire perdurer. L'informatisation des éoliennes, les panneaux voltaïques, les voitures électriques ne suffisent pas à renverser la balance et ne sont pas des solutions durables. Leur coût en minerais, notamment en lithium, amène d'autres conséquences écologiques et ne permet pas d'inscrire leur utilisation à long terme. Dans le système actuel, le développement durable n'est pas profitable à tous.tes et ne permet pas de se projeter à imaginer un futur davantage en accord avec les besoins écologiques et sociaux.

Comment penser la transformation écologique ?

La situation vécue actuellement est sans précédente et on ne dispose pas de points de comparaison dans le passé qui puissent nous faire penser au présent, mais aussi au futur. Il apparaît crucial de se fixer un objet, sur lequel rapporter la pensée et l'action écologique. Pour nous fixer un objet, nous devons utiliser aussi bien l'esthétique et l'imagination.

L'esthétique nous permet de représenter la situation, de créer des références concernant la crise actuelle écologique, par des fictions pouvant non seulement servir d'appui pour penser le présent, mais aussi penser le réel. La participation des artistes, écrivain.es, est donc nécessaire pour tenir compte de la complexité de la situation et permettre d'autres imaginaires. L'imagination nous permet de trouver des objets adaptés afin de sortir de l'écoangoisse, la canaliser et la mobiliser à bon escient pour l'utiliser en tant que moteur.

Les biorégions

Le concept de biorégion, apparu dans les 1970, en est un exemple. Objet politique à objectif régional, la biorégion donne à l'écologie les mêmes droits que le social, promouvant une politique à l'intérieur même du vivant, incluant les espèces et redéfinissant des rapports différents avec ces dernières et avec la nature.

La biorégion invite la créativité, la projection et l'inventivité. Elle amène à repenser les savoirs individuels. Plutôt qu'un projet, elle est un impératif historique, une nécessité plutôt qu'une option. En ville, la biorégion se pense par l'apparition d'écoquartiers, l'utilisation de cultures sur les toits. Les spécificités varient selon les villes, les climats, les ressources.

Pour Alain Deneault, elle n'est pas un nouveau modèle universel et permet une cohabitation avec d'autres structures politiques. La biorégion n'est ni parfaite ni utopique, des tensions, des manques et des combats restent présents.

L'écologie politique se veut radicalement démocratique, avec une prise en compte des savoirs scientifiques, mais également des savoirs et apprentissages davantage populaires et communautaires, pour penser l'écologie dans un monde en polycrise.


Alain Deneault est un philosophe québécois et docteur en philosophie de l'Université Paris-VIII. Actuellement enseignant au sein de l'Université de Moncton, il est également auteur de nombreux essais critiques, notamment sur les politiques canadiennes du secteur minier, les paradis fiscaux, les multinationales, l'idéologie ou l'écologie. https://alaindeneault.net/

Pour (re)voir la conférence :

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Réduire la production mondiale de plastique

7 mai 2024, par Michel Gourd — ,
Face aux évidences scientifiques qui s'accumulent, autant les pays du G7, que la majorité de ceux à la récente ronde du traité mondial de lutte contre la pollution plastique, (…)

Face aux évidences scientifiques qui s'accumulent, autant les pays du G7, que la majorité de ceux à la récente ronde du traité mondial de lutte contre la pollution plastique, ou s'est illustré l'Afrique, ont demandé une réduction de la production de plastique, source d'une pollution planétaire jugée maintenant catastrophique.

G7

Réunis à Turin en Italie, les pays du G7 ont affirmé le 30 avril, après deux jours de réunion, vouloir réduire la production mondiale de plastique pour enrayer la pollution planétaire qu'elle crée. Ils considèrent cette pollution « alarmante » et souhaitent y mettre fin avant 2040. C'était la première fois qu'ils s'engageaient à prendre des mesures si ambitieuses.
C'est que cette production mondiale a doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes par an et pourrait même tripler d'ici à 2060. Cette décision a été prise à la lumière des toutes dernières découvertes scientifiques, comme celles publiées le 25 avril dans la revue Science Advances, qui établit un lien direct entre la production des plastiques et la pollution qu'ils créent. À l'échelle de la planète, plus de la moitié des plastiques engendrant cette pollution serait créée par seulement 56 multinationales.

La délégation française conclut que « Le G7 reconnaît pour la première fois que le niveau de pollution plastique est insoutenable » et que son augmentation serait alarmante. À ce sujet, le ministre français de l'Environnement, Christophe Béchu, a dit que « La dissémination des plastiques dans tous les environnements est un phénomène relativement récent à l'échelle de l'histoire humaine, mais il semble déjà échapper à tout contrôle. » La principale solution mise de l'avant par l'industrie, soit le recyclage de ses produits, aurait été jugée insuffisante puisqu'il plafonne à 9 % à l'échelle planétaire. La très grande majorité de la production terminerait donc en déchets envahissant lentement toutes les régions de la Terre.

L'Afrique s'illustre

La volonté pour diminuer cette production plastique était beaucoup moins forte à la quatrième et avant-dernière phase de négociations pour arriver à un traité mondial de lutte contre la pollution plastique, qui se tenait du 23 au 29 avril à Ottawa. Deux blocs s'y sont affrontés. Face à une cinquantaine de pays faisant partie de la coalition dite de haute ambition qui voulait une limitation contraignante, se trouvait le lobby de l'industrie pétrochimique et des États dépendants des énergies fossiles tels la Russie, la Chine, l'Iran, l'Arabie saoudite et l'Inde. Ces pays du BRICS+ se sont opposés à la limitation de la production et à l'interdiction de certains produits chimiques désirés par des dizaines de pays du sud global.

Les pays africains étaient très nombreux dans cette coalition de haute ambition, coprésidée par le Rwanda et la Norvège. Le Malawi a milité pour l'adoption d'un texte demandant d'interdire les sacs en plastique. C'est que les 54 pays africains ne produisent que 5 % du plastique mondial, mais sont fortement affectés par toute sa pollution, y a fait remarquer la Kenyane responsable du Pan-African Plastics Project chez Greenpeace Africa, Hellen Kahaso Dena. Les déchets plastiques brûlés émettraient des polluants nocifs causant des problèmes respiratoires. Ceux jetés dans la nature augmenteraient la reproduction de moustiques porteurs de maladies. Le plastique s'accumulerait aussi dans les rivières et nuirait à l'écoulement de l'eau. Les rives de l'Île Maurice reçoivent continuellement des déchets plastiques portés par les courants marins. Bon nombre de ces pays ont déjà pris des mesures de protection. Au Madagascar, les sacs en plastique de moins de 0,05 millimètre d'épaisseur sont interdits depuis 2015. Le Rwanda a pour sa part interdit les plastiques à usage unique depuis 2019, et l'Afrique du Sud impose une taxe à l'achat.

Des conséquences néfastes

Le documentaire américain réalisé en 2023 : « We're All Plastic People Now », qui a reçu un Emmy, présente les récentes découvertes au sujet des conséquences de la pollution plastique. Une quinzaine de docteurs, spécialistes et environnementalistes y décrivent où elle en est rendue. Le poids des déchets plastiques sur la planète dépasserait actuellement celui de tous les animaux terrestres et marins combinés.

On y voit le Dr. Antonio Ragusa à la tête d'un groupe de chercheurs à Rome en Italie qui a découvert des micros plastiques dans le placenta humain. Les bouteilles en plastique d'eau et de soda seraient la principale source identifiée par laquelle ces micros plastiques entreraient dans l'organisme humain. Ce plastique inclurait des produits chimiques qui pourraient modifier le métabolisme de ceux qui les ingèrent.

À ce sujet, le professeur David A. Davis, du département de neurologie de l'université de Miami, à découvert que l'ingestion de plastique est corrélée avec la prise de poids. Les chercheurs auraient pu créer des souris obèses et d'autres minces à volonté en changeant la quantité de plastique qu'elles ingéraient.

Il y aurait actuellement des micros-plastiques dans l'eau des bouteilles de plastique, le sel de mer et même le système racinaire des plantes. Beaucoup de bébés ont déjà du plastique dans leur sang quand ils arrivent au monde. Nous vivons dans une expérience à laquelle nous n'avons pas consenti et dont nous souffrons des conséquences, conclut un chercheur.

L'ultime rencontre pour adopter un traité juridiquement contraignant avant la fin 2024, comme se sont engagés à le faire 175 pays en mars 2022, serait du 25 novembre au 1er décembre à Busan, en Corée du Sud. Plusieurs pays souhaitent profiter de la prochaine rencontre du G20 en octobre pour inciter les pays réfractaires à des mesures musclées de suivre la position du G7 pour réduire la production de plastique.

Michel Gourd

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La course aux métaux : écologiquement irresponsable

7 mai 2024, par Commission nationale écologie NPA — ,
Les besoins en métaux de tous les secteurs industriels sont immenses. Le contrôle de leur production est devenu un enjeu géopolitique. L'exploitation minière devient un (…)

Les besoins en métaux de tous les secteurs industriels sont immenses. Le contrôle de leur production est devenu un enjeu géopolitique. L'exploitation minière devient un impératif d'intérêt public majeur.

Hebdo L'Anticapitaliste - 706 (02/05/2024)

Par Commission nationale écologie

Crédit Photo
Une femme congolaise nous présente un sachet de cassitérite qu'elle vient d'extraire dans une carrière située aux alentours de la ville-Abel Kavanagh. Monusco

Le capitalisme avait su rendre l'activité minière invisible en délocalisant la plupart des mines. Aujourd'hui, la relance minière (dans les anciennes mines) et l'industrialisation de nouveaux territoires remettent sur le devant de la scène leurs effets destructeurs.

L'extraction et la transformation de ressources naturelles — combustibles fossiles, métaux, biomasse, sable —contribuent à la triple crise de la nature, de la pollution et des déchets. Les impacts (au Sud) et les usages (au Nord) sont profondément inégalitaires.

La fuite en avant au nom de la transition

Mais groupes miniers et gouvernements ont écrit un nouveau récit justifiant cette ruée extractiviste ample et brutale. Réussir la « transition énergétique » nécessiterait une électrification complète de la société (voitures, batteries, éoliennes, panneaux photovoltaïques, des milliers de kilomètres de câbles) et une numérisation généralisée, baptisée « dématérialisation » : 5G, bientôt 6G, objets connectés (14 milliards vendus en 2022), smartphones (7 milliards d'humains en possèdent et les renouvellent tous les deux ans), développement irraisonné de l'­« ­intelligence artificielle ».

Cette fuite en avant nécessite de gigantesques quantités de métaux (60 métaux rares dans un smartphone, 70 kg de matières nécessaires sur toute la vie de l'objet), la fabrication de « puces » (consommant et polluant plus de 200 litres d'eau par seconde), la circulation et le stockage des données dans des data centers (mobilisant eau et ­électricité pour les refroidir).

Les mines au secours du climat ?

« Des mines pour sauver la planète » est devenu le slogan d'une gigantesque opération de greenwashing ! Ce qui est en jeu, c'est la poursuite de la croissance de tous les secteurs industriels (aéronautique, armement, construction, transport, agrobusiness…). Leur prétendue « transition énergétique » devient le paravent qui masque la poursuite de la croissance capitaliste à tout prix !

Pour Célia Izoard qui vient de publier La ruée minière au XXIe siècle (1), « la mine est l'épicentre de l'accumulation par dépossession ». Les mines géantes dévorent à grande vitesse l'eau, l'air, la terre, la faune et la flore. « Pour les entreprises du secteur, les conflits environnementaux sont le principal facteur de risque de l'activité minière, bien loin devant la gestion de la main-d'œuvre ou les coûts de production ».

Pas de mines responsables

Symbole du capitalisme extractiviste et colonial, l'activité minière est aujourd'hui le lieu d'une opération de mystification. L'ouverture de mines en Europe ne ralentira pas le développement de mines ailleurs.

De « meilleures » normes environnementales n'empêcheront ni les lacs de résidus miniers, ni la pollution ou la contamination des eaux, ni les sécheresses ou les atteintes à la biodiversité. Il n'y aura pas de mines durables et responsables.

Électrifier le système énergétique mondial, numériser nos vies ne supprimera pas les émissions de carbone, au contraire. Réduire notre dépendance aux métaux est aussi indispensable ­qu'abandonner les énergies fossiles.

« On ne peut miser sur les énergies renouvelables qu'en réduisant drastiquement la production et la consommation. Et cela nécessite des bouleversements majeurs que les élites du capitalisme mondialisé refusent de faire. »

1. Célia Izoard, La ruée minière au XXIe siècle, Enquête sur les métaux à l'ère de la transition, Éditions du Seuil, 2024.

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