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L’antifascisme et la chute du libéralisme atlantiste - Le tournant de la guerre génocidaire de Gaza

Le masque libéral est enfin tombé à tout jamais de l'idéologie atlantiste en conséquence de la solidarité et de la collusion manifestées par ses dirigeants avec un État (…)

Le masque libéral est enfin tombé à tout jamais de l'idéologie atlantiste en conséquence de la solidarité et de la collusion manifestées par ses dirigeants avec un État israélien dirigé par des factions néofascistes et néonazies du sionisme – un État qui commet dans la bande de Gaza la guerre génocidaire délibérée la plus odieuse menée par un État industrialisé depuis le génocide nazi.

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
14 août 2024

Par Gilbert Achcar

L'historien français François Furet, communiste dans sa jeunesse devenu anticommuniste par la suite, est l'auteur d'une explication célèbre de la popularité du communisme après la Seconde Guerre mondiale, en particulier parmi les intellectuels, l'attribuant à l'antifascisme mis en valeur par le rôle majeur joué par l'Union soviétique dans la défaite du nazisme pendant la guerre. Le stalinisme est ainsi passé d'un jumeau du nazisme dans leur affiliation commune au totalitarisme, stade suprême de la dictature, à son ennemi juré – un changement d'image qui a permis au stalinisme d'atteindre le sommet de son influence idéologique dans la décennie qui suivit la défaite complète de l'Axe fasciste. L'antifascisme a continué à jouer un rôle central dans l'idéologie soviétique, mais avec une influence décroissante en raison de la marginalisation relative du fascisme dans les décennies qui ont immédiatement suivi la guerre mondiale, jusqu'au moment où le système soviétique est entré en agonie.

Cette interprétation du sort de l'idéologie soviétique est sans aucun doute correcte, car le rôle de l'Union soviétique dans la défaite du nazisme était en effet l'argument idéologique le plus fort du mouvement communiste après la Seconde Guerre mondiale, dépassant de loin la référence à l'héritage bolchevique de la Révolution russe. Cependant, ce que Furet et d'autres anticommunistes ont négligé, c'est que le libéralisme auquel ils prétendaient appartenir, tout comme les staliniens prétendaient appartenir au marxisme, était également basé sur l'antifascisme, la différence étant qu'il combinait le fascisme avec le stalinisme dans la catégorie du totalitarisme. C'était et cela reste la prétention centrale du libéralisme de type atlantiste, inauguré par la Charte de l'Atlantique que les États-Unis et la Grande-Bretagne ont conclue en 1941 pour cimenter leur alliance durant la Seconde Guerre mondiale, et qui est devenue la base de l'Alliance atlantique (OTAN) établie contre l'Union soviétique durant la Guerre froide.

Cette idéologie atlantiste a cependant fermé les yeux sur les racines coloniales impérialistes du fascisme telles qu'analysées par la grande penseuse juive germano-américaine Hannah Arendt, pour la raison évidente que l'OTAN a été créée alors que ses États membres régnaient encore sur des empires coloniaux dans l'ensemble du Sud mondial. À tel point que le régime colonial fasciste d'après-guerre du Portugal a lui-même été l'un des fondateurs de l'OTAN. Alors que le monde entrait dans l'ère de la décolonisation, l'idéologie atlantiste s'est concentrée sur l'opposition au communisme soviétique sans abandonner son opposition au fascisme, mais en limitant quasiment ce dernier au nazisme et au génocide des Juifs européens qu'il a perpétré. Ainsi, l'idéologie atlantiste a pu revendiquer le monopole de la représentation des valeurs de liberté politique et de démocratie défendues par le libéralisme historique, alors qu'elle piétinait et continue de piétiner ces mêmes valeurs dans les pays du Sud mondial.

Nous sommes arrivés aujourd'hui à un tournant historique où la prétention libérale que l'OTAN a portée comme un masque est tombée, au moment même où elle venait d'atteindre un nouveau sommet avec l'opposition de l'Alliance à l'invasion russe de l'Ukraine et sa prétention à représenter les valeurs libérales contre le régime néofasciste de Vladimir Poutine. Cette dernière prétention a persisté malgré la montée du néofascisme dans les rangs de l'OTAN elle-même et son arrivée au pouvoir dans certains de ses États membres, dont les États-Unis sous la présidence de Donald Trump. Les libéraux atlantistes ont continué à utiliser l'antitotalitarisme, y compris l'opposition au fascisme et au néofascisme, comme base de leur propre idéologie, dépeignant leur lutte comme une version moderne de la lutte du libéralisme (impérialiste) contre le fascisme dans les années 1930, qui s'est elle aussi déroulée dans divers pays du Nord mondial.

Aujourd'hui, le masque libéral est enfin tombé à tout jamais de l'idéologie atlantiste en conséquence de la solidarité et de la collusion manifestées par ses dirigeants avec un État israélien dirigé par des factions néofascistes et néonazies du mouvement colonial sioniste – un État qui commet dans la bande de Gaza la guerre génocidaire délibérée la plus odieuse menée par un État industrialisé depuis le génocide nazi, ainsi que des exactions criminelles continues contre le peuple palestinien en Cisjordanie ainsi que dans les prisons israéliennes, qui révèlent une violente hostilité raciste aux Palestiniens relégués au rang d'êtres sous-humains (Untermenschen) comme les Juifs l'ont été par les Nazis.

À la lumière de cette position des atlantistes, leur prétention libérale dans l'opposition à l'invasion russe de l'Ukraine a perdu toute crédibilité, tout comme leur prétention libérale de s'opposer au fascisme et au génocide, et d'adhérer à d'autres piliers de l'idéologie formulée par leurs prédécesseurs après la Seconde Guerre mondiale et inscrite dans la Charte des Nations Unies de 1945, est devenue sans valeur. Le grand paradoxe de ce basculement historique est que les atlantistes utilisent le souci pour les victimes juives du nazisme comme prétexte pour justifier leur position. Ils tirent de l'histoire de la lutte contre le nazisme une leçon imprégnée de logique coloniale raciste, préférant la solidarité avec ceux qui prétendent représenter tous les Juifs, et que les atlantistes sont venus à considérer comme faisant partie de leur monde « blanc », même lorsqu'ils sont eux-mêmes devenus des criminels génocidaires, à la solidarité avec leurs victimes non « blanches ».

La théorie d'Hannah Arendt sur les origines du totalitarisme s'est ainsi trouvée confirmée, car un antitotalitarisme qui ne voit que l'hostilité antisémite aux Juifs comme la racine du mal, tout en ignorant l'héritage colonial qui n'est pas moins horrible que les crimes commis par le nazisme, un antitotalitarisme aussi incomplet est voué à s'effondrer, vicié par une incapacité à surmonter le complexe suprémaciste blanc qui a présidé aux plus grands crimes de l'ère moderne – y compris l'extermination nazie des Juifs européens, que les Nazis considéraient comme des intrus non blancs dans leur « espace vital » (Lebensraum) de l'Europe nordique blanche.

Gilbert Achcar

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La guerre Israël-Gaza : un point tournant ?

20 août 2024, par Jean-François Delisle — , , ,
Toutes les contradictions de l'Occident se trouvent résumées dans l'interminable conflit israélo-palestinien. Le dernier épisode en date (et peut-être le plus sanglant) est (…)

Toutes les contradictions de l'Occident se trouvent résumées dans l'interminable conflit israélo-palestinien.

Le dernier épisode en date (et peut-être le plus sanglant) est l'affrontement entre l'extrême-droite israélienne et son équivalente gazaouie. Le fanatisme en effet ne loge pas dans un seul camp. Israël compte aussi ses extrémistes, dont certains occupent de hauts postes dans le gouvernement, à commencer par le premier ministre Benyamin Netanyahou. Cela n'empêche pas la plupart des classes politiques occidentales de soutenir l'État hébreu sans condition, en dépit de réserves formulées épisodiquement sur la brutalité dont font preuve les autorités israéliennes à l'endroit des Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est et surtout de leur poursuite éhontée de la colonisation dans 60% des "territoires occupés".

Toutefois, l'actuel affrontement à Gaza représente peut-être un tournant dans ce conflit, peut-être le plus brutal en raison du grand nombre de victimes gazaouies entassées dans un si petit territoire (de la taille des trois quarts de l'île de Montréal) et de la solidité imprévue du Hamas dans sa défense de Gaza.

Tout d'abord, on observe un retournement ouvert d'une bonne partie des opinions publiques occidentales en faveur de la résistance palestinienne, en particulier aux États-Unis ; même le Parti démocrate est divisé sur cette question brûlante et certains y remettent en cause l'appui militaire sans failles que la Maison-Blanche a toujours apporté à l'État hébreu. Les déclarations de membres de la gauche démocrate comme Bernie Sanders (lui-même Juif) et Alexandria -Octavia Cortez l'illustrent bien, ce qui modère les ardeurs sionistes de Joe Biden et de sa garde rapprochée. Lors de la visite de Netanyahou au Congrès, plusieurs députés démocrates s'étaient ostensiblement absentés quand il s'est adressé aux congressistes.

On peut faire mention aussi des vastes mouvements de soutien à la cause palestinienne dans le milieu étudiant, aux États-Unis et ici même, une première dans ce dossier. Ces mouvements d'appui dureront-ils ou s'éteindront-ils peu à peu ? Difficile de le prévoir, mais chose certaine il n'y aura pas de retour en arrière. La cause palestinienne a quitté la marginalité et les classes politiques devront tenir compte de cette expansion.
La candidate démocrate à la présidence Kamala Harris ne s'est pas encore prononcée ouvertement sur le sujet, ce qui se comprend vu les divisions qui affectent son parti, mais chose sûre, si elle accède à la présidence, elle ne pourra que mieux faire pour résoudre ce problème délicat que Donald Trump.

Au Canada, les libéraux de Justin Trudeau sont divisés aussi entre une aile pro-israélienne et une autre pro-palestinienne, ce qui rend compte des louvoiements du gouvernement à l'égard de la guerre Israël-Gaza.

En Israël même, le conflit pèse lourdement sur l'économie, notamment le tourisme qui a chuté de manière spectaculaire. Mais le cabinet Netanyahou dans on obsession de "détruire le Hamas", a adopté une politique jusqu'au boutiste, ce qui illustre bien son aveuglement et sa témérité. Il va même jusqu'à faire assassiner de hauts gradés du Hamas et du Hezbollah respectivement en Iran et au Liban. Des considérations de politique interne entrent en ligne de compte pour expliquer cet acharnement de Netanyahou et consorts à poursuivre le conflit. C'est bien connu, rien de mieux qu'une guerre pour souder l'opinion publique de son côté et faire passer à l'arrière-plan ses turpitudes. La politique intraitable de Netanyahou est de plus en plus contestée en Israël, en particulier par les familles et les proches des otages détenus par le Hamas. De plus, des responsables militaires et politiques israéliens pourraient faire l'objet de poursuites pour crimes de guerre devant le tribunal pénal international. Netanyahou lui-même est poursuivi par la Justice de son propre pays pour diverses malversations. La continuation du conflit permet de repousser en avant ces poursuites au nom du "patriotisme".
Enfin, la guerre a montré les limites opérationnelles de l'armée israélienne jusqu'ici réputée invincible. Les maquisards gazaouis au contraire, bien que relativement mal armés en comparaison, lui tiennent résolument tête, malgré les coups de boutoir que l'armée ennemie lui inflige, mais surtout à la population civile.

Pour sa part, le gouvernement gazaoui a prouvé une remarquable capacité de planification et d'organisation par l'ingénieux réseau de tunnels qu'il a fait creuser afin d'assurer le succès de l'offensive du 7 octobre 2023.

Enfin, les autorités militaires israéliennes arrivent mal à maîtriser la résistance croissante de la population cisjordanienne et encore moins à l'écraser.

On pourrait donc affirmer avec prudence que la durée du conflit joue finalement en faveur du Hamas. Il est devenu impossible pour les alliés d'Israël de minimiser la gravité des affrontements entre les deux antagonistes. Surtout, vu les abus, voire les crimes de guerre commis par le gouvernement israélien à Gaza, la "méchanceté" change de camp. Des responsables israéliens risquent de faire face à des accusations devant la justice internationale. C'est déjà le cas pour les responsables du Hamas en raison de l'attaque du 7 octobre contre des civils israéliens, mais on peut faire ressortir qu'elle ne justifie nullement la démesure des représailles du gouvernement de Tel-Aviv contre les gens de Gaza. Ce serait la première fois qu'on reconnaîtrait le mauvais rôle à Israël et que certains de ses dirigeants feraient face à des poursuites judiciaires internationales. Si le gouvernement américain s'y opposait, sa crédibilité s'en trouverait grandement diminuée.
En définitive, la cause palestinienne en voit sa légitimité renforcée. Il est très dommage qu'une guerre ait été nécessaire pour en arriver là.

Washington, en tant qu'allié principal d'Israël aura un rôle important à jouer dans le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Si la Maison-Blanche maintient la ligne dure envers la partie palestinienne et sa complaisance envers son équivalente israélienne, l'instabilité politique et militaire continuera à faire des ravages encore longtemps au Proche-Orient et qui se feront sentir ici même en Occident. Dans cet affrontement, les États-Unis sont à la fois juge et partie. Une politique déséquilibrée en faveur d'Israël ne peut que miner les efforts de paix que réclament un nombre grandissant de voix.
Pour finir, il faut insister sur un dernier point trop souvent négligé : laisser les Palestiniens choisir librement leurs représentants lors de futures négociations de paix. Il faut éviter d'essayer de leur imposer une délégation plus ou moins à plat-ventriste afin d'aboutir de leur part à une capitulation déguisée.

Un pareil "accord de paix" bancal ne tiendrait pas longtemps la route et s'effondrerait à cause du mécontentement populaire en Palestine. On en reviendrait donc au point de départ : le jeu de massacre. Est-ce vraiment ce que veulent les alliés d'Israël ?

Jean-François Delisle

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1760 corps décomposés et 2210 disparus : Une guerre génocidaire qui ne connaît pas de fin

Alors que les négociations pour un accord de cessez-le-feu à Ghaza, en contrepartie de la libération des otages israéliens et des détenus palestiniens, butent sur le point lié (…)

Alors que les négociations pour un accord de cessez-le-feu à Ghaza, en contrepartie de la libération des otages israéliens et des détenus palestiniens, butent sur le point lié au contrôle, par Israël, de l'axe Netzarim, et le retour des déplacés vers le Nord, que refuse le Hamas, l'armée sioniste a intensifié ses raids contre de nombreuses zones à Rafah, Khan Younès, Deir Al Balah, tuant plus d'une vingtaine de Palestiniens et blessant des dizaines d'autres.

Tiré d'El Watan.

La guerre génocidaire menée, depuis plus de 10 mois, par l'armée d'occupation israélienne contre les Palestiniens de Ghaza ne connaît pas de répit.

Les espoirs suscités par les négociations autour d'un accord qui permettrait l'arrêt de cette machine infernale de destruction et d'assassinats massifs restent suspendus aux tergiversations du Premier ministre, Benyamin Netanyahu, et de ses ministres extrémistes.

Pendant ce temps, le chef de l'état-major de son armée, Herzi Halevi, « a ordonné à ses unités l'intensification des opérations, notamment à Rafah et à Khan Younès, afin de peser sur les tractations de Doha ».

C'est ce qu'a révélé, hier, la presse israélienne, dont le site bien informé, Wala, citant de hauts responsables sécuritaires, sans les nommer. Pour les médias hébreux, l'un des points de discorde et surtout « l'une des plus grandes monnaies d'échange israéliennes », c'est l'axe Netzarim, qu'Israël veut avoir sous son contrôle, pour empêcher le retour des déplacés vers le Nord à travers la présence de ses unités des systèmes techniques de surveillance, alors que le mouvement de la résistance palestinienne Hamas exige un retrait complet des forces israéliennes, de Ghaza, y compris de Netzarim.

Dans les grandes lignes de l'accord présenté par le président américain, Joe Biden, au mois de mai dernier, Netanyahu avait accepté de retirer cette demande qu'il avait ajoutée à l'accord, après avoir été rassuré par ses responsables de sécurité de l'existence de « solutions opérationnelles, technologiques et de renseignement ».

Mais le 27 juillet dernier, dans son « document de clarification », Netanyahu a, encore une fois, réitéré la même demande, alors que le Hamas a clairement déclaré et publiquement qu'il n'accepterait « aucun mécanisme qui empêcherait les Palestiniens de rentrer au nord de Ghaza ou de les contrôler ».

Même les Américains lui ont indiqué, selon la presse new-yorkaise, qu'il ne devrait y avoir « aucune restriction ni aucun mécanisme organisé et permanent pour contrôler les déplacés qui veulent rentrer chez eux au nord de Ghaza ».

Cette question n'a, à ce jour, pas été tranchée. Pour lui, et il l'a réitéré, hier, publiquement, « la pression militaire et politique forte est le moyen de libérer les otages ». Selon lui, « les pressions doivent être exercées sur le Hamas et Yahya Sinwar et non pas sur Israël qui mène des négociations très complexes ». Pendant ce temps, les bombardements n'ont pas cessé.

Selon le ministère de la Santé palestinien, 25 Palestiniens ont été tués par ces raids et 72 autres ont été blessés dans des frappes entre samedi et hier dernier, ce qui porte le bilan de cette guerre génocidaire à 40 099 morts et 92 609 blessés, en dix mois.

Les raids ont ciblé des quartiers résidentiels, de la rue Al Mazra'a à Deir Al Balah, entraînant la mort de sept civils, à savoir une mère et ses six enfants. Dans l'intervalle, et selon l'agence palestinienne Wafa, des frappes aériennes ont visé une maison dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de Ghaza, tuant quatre personnes et blessant des dizaines d'autres.

En Cisjordanie occupée, la situation est devenue explosive, suscitant la condamnation du président de l'Assemblée palestinienne, Rouhi Fattouh. « Le gouvernement d'occupation exterminait délibérément les familles palestiniennes en représailles contre les enfants et les femmes, des actes qui n'avaient pas été observés dans l'histoire de la guerre », a-t-il déclaré dans communiqué rendu public hier.

Plus de 40 communautés bédouines forcées à l'exode
Selon lui, « plus de 40 communautés bédouines avaient été déportées de force et les auteurs de crimes et d'attaques par les milices des colons, à la suite de la déportation des dernières familles bédouines palestiniennes d'Umm Al Jamal dans le nord de la vallée du Jourdain ».

Et de souligner en outre, que ce « crime, s'élevant au niveau du crime de nettoyage ethnique, se situe dans le cadre de l'annexion progressive continue de la Cisjordanie occupée et son vidage de ses habitants et propriétaires autochtones, et la consacre comme une profondeur stratégique de règlement et de contrôle des richesses plus naturelles de l'Etat de Palestine, sur un chemin d'annihilation et en sapant toute opportunité d'incarner l'Etat palestinien sur le terrain avec Jérusalem-Est comme capitale ».

Une déclaration qui intervient quelques heures seulement après la mise en place, par un groupe de colons, de clôtures sur de nombreuses terres agricoles dans la vallée du Jourdain, avant d'y mettre le feu.

Le responsable de la Défense civile à Ghaza a, quant à lui, tiré la sonnette d'alarme hier, sur une situation humanitaire qu'il décrit comme étant chaotique. « Les forces d'occupation israéliennes nous empêchent de répondre aux appels d'urgence.

Nous avons perdu 82 cadres, tués par balles, nos bâtiments font l'objet de bombardements quand ils ne sont pas assiégés », a-t-il déclaré à la presse locale, avant d'être repris par la chaîne qatarie, Al Jazeera. Selon lui, « 10 000 Palestiniens sont encore sous les décombres, tandis que les forces d'occupation refusent à nos équipes l'accès aux zones bombardées ou de coordonner avec elles les interventions ».

L'autre cri de détresse a été lancé hier par le directeur de l'hôpital Mustapha Adwan : « Demain (aujourd'hui, ndlr), l'hôpital s'arrêtera de fonctionner en raison du manque de carburant, de médicaments et d'équipements médicaux qui nous permettent d'assurer les soins aux blessés et malades qui nous parviennent. »

Dans un communiqué, l'avocat de la Commission des affaires des prisonniers et ex-prisonniers a dénoncé les « sanctions » imposées aux détenus palestiniens, à la prison de Rimonim, « par des représailles », a-t-il dit.

Les témoignages du détenu, Mazen Qadi, 44 ans, d'Al Bireh, en Cisjordanie occupée, condamné à perpétuité et en détention depuis 2002, où il est en isolement, à la prison de Rimonim, donnent froid dans le dos. « Le prisonnier a reçu de mauvais traitements après son transfert de l'isolement d'Al Ramla à l'isolement de Rimonim, où il a été menotté et forcé de s'asseoir sur ses genoux.

Il s'est plaint de la mauvaise alimentation et du manque de vêtements, où chaque détenu est autorisé à se laver pendant 15 minutes, avec peu de shampoing (…) le processus de transfert comprend des attaques brutales, représentées par des assauts accidentels des sections, l'utilisation de bombes sonores et de gaz lacrymogène et de nombreuses autres formes de violations, telles que des coups et des menaces », a déclaré l'avocat, précisant que « la section 24 de la prison d'Ofer a été vidée et que plusieurs détenus administratifs ont été transférés dans d'autres prisons, où tous les prisonniers ont été soumis à la torture et battus à plusieurs reprises.

Certains ont déclaré avoir été sévèrement battus pendant leur trajet vers la salle de visite ». Il a également parlé d'autres conditions difficiles de détention comme « la fourniture d'eau pendant 45 minutes, l'électricité qui est coupée à partir de 22h et la nourriture de qualité médiocre ».

La guerre génocidaire contre Ghaza depuis plus de 10 mois ne semble pas connaître sa fin. Les dommages qu'elle a engendrés en termes de pertes de vies humaines, de drames, de destruction et de douleur n'ont pas d'égale. Chaque jour qui passe apporte son lot de morts et de dévastations.

Le silence de la communauté internationale, l'impuissance des institutions internationales comme l'Onu, le Conseil de sécurité et la Cour internationale de justice, ne font que renforcer l'impunité d'Israël, qui agit en Etat paria, qui viole le droit international, humanitaire, les règles, la morale et l'éthique de la guerre.

Hamas accuse Netanyahu de faire « obstruction » à un accord de trêve

Le Hamas a accusé hier le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, d'avoir fait « obstruction » à un accord en vue d'une trêve à Ghaza après le dernier cycle de négociations à Doha.

« Nous faisons porter à Benyamin Netanyahu l'entière responsabilité de l'échec des efforts des médiateurs, d'avoir fait obstruction à un accord, et de la vie des otages, qui courent le même danger que notre peuple » avec la poursuite des bombardements criminels dans la bande de Ghaza, a déclaré le mouvement de résistance palestinien dans un communiqué.

Les Etats-Unis ont soumis vendredi une nouvelle proposition de compromis après deux jours de discussions à Doha des médiateurs américain, qatari et égyptien, avec Israël. La proposition « répond aux conditions posées par Netanyahu, en particulier son refus d'un cessez-le-feu permanent et d'un retrait total de la bande de Ghaza », selon le Hamas.

Le Premier ministre israélien a également « posé de nouvelles conditions dans le dossier de l'échange de prisonniers et a reculé sur d'autres points, empêchant ainsi l'achèvement de l'accord », ajoute le communiqué.

Netanyahu avait dénoncé plus tôt le « refus obstiné » du Hamas de conclure un accord pour une trêve, en appelant à « diriger la pression sur le Hamas », et « non vers le gouvernement israélien » à la veille d'une rencontre avec le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, arrivé hier soir à Tel-Aviv pour pousser à un accord.

Le Hamas a réitéré dans le communiqué « son attachement à ce qui a été convenu le 2 juillet, sur la base de la déclaration de (Joe) Biden et de la résolution du Conseil de sécurité », appelant les médiateurs « à assumer leurs responsabilités et obliger l'occupation à mettre en œuvre ce qui a été convenu ».

Le plan du président américain prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Ghaza et de la libération d'otages enlevés le 7 octobre, et dans sa deuxième phase, notamment, un retrait total israélien de Ghaza."

Des soldats israéliens sont accusés d’avoir violé et torturé des prisonniers Palestiniens

Les accusations d'abus de Palestiniens par les Forces de défense israéliennes à Sde Teiman deviennent de plus en plus horribles. On a compté une douzaine de décès le mois (…)

Les accusations d'abus de Palestiniens par les Forces de défense israéliennes à Sde Teiman deviennent de plus en plus horribles. On a compté une douzaine de décès le mois dernier. Cette semaine, on rapporte des viols collectifs.

Seraj Assi, Jacobin, 30 juillet 2024
Traduction, Alexandra Cyr

L'extrême droite israélienne et les proches des soldats se sont massé devant le tribunal militaire en protestation contre l'arrestation de neuf soldats accusés d'abus sexuels sur des Palestiniens détenus à la prison de Sde Teiman dans le désert du Négev. (…)

Toute une série de rapports choquants sont sortis lundi révélant que des soldats israéliens auraient violé un détenu palestinien dans la prison de Sde Teiman. Ces allégations surviennent après que le quotidien israélien, Haaretz ait rapporté en juin qu'au moins 36 prisonniers palestiniens de Gaza auraient probablement été torturés à mort par des soldats israéliens dans cette même prison.

Haaretz rapportait aussi que 9 de ces soldats avaient été arrêtés, détenus pour viol collectif. Les détenus auraient été molestés si sévèrement que l'un d'entre eux a dû être hospitalisé. Il portait des blessures épouvantables dont une sérieuse au rectum. Selon l'article il ne pouvait plus parler.

Des images montrent la police militaire israélienne pénétrant dans la prison pour arrêter le groupe de violeurs qui ont riposté en se barricadant à l'intérieur et en utilisant du poivre de Cayenne pour se défendre avant d'être finalement arrêtés et emprisonnés. (Des ministres et des députés se sont rendu sur les lieux pour soutenir ces soldats).

Le parlement israélien, la Knesset qui est en congé estival, sera en discussion d'urgence demain pour prendre la défense des soldats selon Ynet. Le ministre des finances, M. Bezalel Smmotrich a salué ces soldats en les traitant de « défenseurs héroïques » et en demandant leur libération immédiate. Le ministre de la sécurité nationale, M. Itamar Ben-Gvir, a qualifié ces soldats de « nos meilleurs héros » et a dénoncé leur détention comme « rien de moins qu'une honte ». Des députés du Likud, le parti au pouvoir, déclarent ouvertement qu'il « est légitime » de violer des prisonniers palestiniens. Une foule israélienne s'est rendu à Sde Teiman en solidarité avec les violeurs. Des hauts fonctionnaires ont assailli ce camp de concentration pour protester contre les arrestations. Ces représentants.es étaient accompagnés.es du ministre Amichai Eliyahu.

Une foule violente d'une centaine de personnes a envahi le tribunal militaire à Beit Lid en soutient aux soldats sous enquête et en demandant leur libération immédiate.

La plupart des grands médias américains ont fait peu de cas de cette nouvelle même si elle a été largement diffusée en Israël. Par ailleurs ils s'entêtent à rapporter avec obsession les « atrocités sexuelles de masse du Hamas qui aurait fait de ces violences, une arme » le 7 octobre (2023). Pourtant, les preuves contre cette allégation sont connues et diffusées. Le New York Times a embauché un ancien soldat israélien, sans aucune formation ni expérience en journalisme, pour écrire un article sur les « violences sexuelles perpétrées par le Hamas » le 7 octobre. Selon The Intercept, de fausses accusations ont été ainsi répandues et ont provoqué des critiques dans les médias internationaux. Les politiciens américains, de Joe Biden à Antony Blinken sans compter Hilary Clinton qui est encore plus obsessive à ce sujet, ont répété ces allégations sans fondements. The Intercept, Mondoweiss et the Electronic Intifada parmi d'autres, les ont clairement réfutées.

Israël détient dans ses prisons presque 10,000 Palestiniens.nes dans des conditions inhumaines. La plupart ont été capturés.es à Gaza depuis octobre dernier. Beaucoup se trouvent dans le camp de concentration de Sde Teiman qui a été construit expressément pour ces détenus.es. Les prisons militaires israéliennes ont été les sites de cruautés sans comparaison et cela inclut la prison militaire Ofer en Cisjordanie où des prisonniers ont tenté de se suicider en réaction aux « brutalités des gardiens ». Ce sont des actes extrêmes étant donné que le suicide est strictement défendu par l'Islam. Des médecins membres de Human Rights Israel (PHRI) ont documenté les décès d'au moins 13 prisonniers palestiniens venant des territoires occupés et d'Israël depuis octobre (2023). Ceux qui ont été relâchés, rapportent avoir été battus sans raison, violés, avoir subi les assauts de chiens, été privés de sommeil et de nourriture. Certains disent avoir perdu jusqu'à 50 livres. Un d'entre eux qui était un amateur de musculation dit avoir perdu au moins 100 livres et avoir été violé avec un balais par les gardiens.

En avril, Adnan al-Bursh, un éminent chirurgien de Gaza a été torturé à mort dans la prison d'Ofer.

Sur des vidéos largement diffusées on peut voir des prisonniers palestiniens à Gaza n'ayant plus que la peau et les os ; ils ont été visiblement brutalisés et traumatisés. Une des situations les plus horribles concerne un jeune homme nommé Badr Dahla qui est retourné à Gaza à sa sortie d'un centre de détention israélien. Il était dans un état effroyable, les yeux exorbités et tremblant de peur. Il était tellement traumatisé qu'il ne pouvait même pas reconnaitre sa propre fille unique.

Des organisations palestiniennes de défense des droits humains comme Addameer qui soutient les prisonniers.ères palestiniennes dans les prisons israéliennes, ont rapporté un nombre incalculable de cruautés commises contre des détenus.es : les humiliations, des conditions dégradantes, des torture routinières à l'électricité, de pseudos exécutions et des viols avec des barres de métal et des extincteurs chimiques. Des témoins oculaires parlent de raids exécutés par les gardiens dans les cellules sur peuplées de manière routinière aussi, de prisonniers maintenus menottés et battus brutalement. Certains de ces torturés ont souffert de paralysie ou ont perdu la parole ou la mémoire. D'autres ont eu les jambes amputées pour avoir été attachées en permanence. Un des médecins de l'hôpital attaché au centre de détention Sde Teiman a déclaré à Haaretz en avril que les amputations étaient habituelles à cause des blessures provoquées par les attaches permanentes. Certaines de ces cruautés ont été rapportées par le New York Times en juin.

Récemment, le Washinton Post a publié un article sur les « abus mortels dans les prisons israéliennes ». Citant des témoins oculaires, d'anciens prisonniers, des avocats.es et des preuves médicales, l'article détaille la mort de plusieurs prisonniers palestiniens dont certains ont souffert de rupture de la rate et de côtes cassées après avoir été battus par les gardiens. Un d'entre eux auraient « crié pendant des heures avant de mourir ». L'article fait état d'une culture « de violences et de privations endémiques » dans le système carcéral israélien qu'on désigne comme le « Guantanamo israélien ». Le Post rapporte les observations de groupes de défense des droits humains israéliens ; ils décrivent une « culture de la vengeance, une violence perverse » prévalant dans les prisons militaires israéliennes où les soldats et les gardiens de prison agissent en tout impunité jouissant de « l'appui des législateurs.trices et de l'absence d'obligation de répondre de leurs actes ».

L'avocat palestinien Khaleb Mahajneh qui a eu accès au camp a déclaré au +972 Magazine, israélien, en juin : « C'est plus horrible qu'Abu Ghraïb. J'exerce cette profession depuis 15 ans je ne m'attendais pas du tout à entendre des prisonniers parler de viol ou d'humiliations de la sorte. Et sans que ce soit pour des fins d'enquête parce que la plupart ont été interrogés après plusieurs jours de détention, mais par vengeance. Vengeance pour qui ? Ce sont des civils, de jeunes gens, des adultes et même des enfants. Il n'y a aucun membre du Hamas à Sde Teiman parce qu'ils sont tous aux mains de Shabas (des services des prisons israéliennes).

Sur Al Jazeera, il a rapporté qu'un groupe de soldats israéliens a violé six prisonniers palestiniens devant les autres.

En Israël, des organisations de défense des droits humains affirment que les prisons militaires « sont hors la loi ». Elles parlent des détentions extra judiciaires et de tortures des Palestiniens.nes. The Against Torture in Israël, qui a condamné les viols en groupe de prisonniers palestiniens a déclaré : « Depuis le début de la guerre nous avons affirmé que (le Centre de détention) Sde Teiman fonctionnait hors territoire (reconnu) et que les soldats.es qui y sont stationnés.es agissent en dehors de la loi quant à leur traitement des détenus.es et en tant qu'agents.es appliquant la loi militaire. Au lieu de condamner absolument cette situation, certains dirigeants de l'extrême droite israélienne se sont regroupé pour soutenir les (soldats) suspectés d'abus ce qui est caractéristique des causes fondamentales qui font que de tels abus puissent avoir lieu ».

Selon les tribunaux israéliens, les barbaries rapportées sont illégales. En juillet, la Haute cour israélienne a émis un ordre conditionnel demandant la fermeture de Sde Teiman en s'appuyant sur des rapports faisant état d'abus et de torture répandus. Elle demandait : « Pourquoi ce centre de détention n'opère-t-il pas en respect des conditions établies par la loi concernant l'internement de combattants.es hors la loi » ?

Les dirigeants.es israéliens.nes n'ont jamais caché ces cruautés. Le ministre de la sécurité nationale M. Ben-Gvir, de qui dépend le système pénitentiaire, a renforcé ces mesures restrictives : « réduction phénoménale » du temps de douche et introduction « d'un menu minimal » pour les prisonniers palestiniens. Il a récemment confirmé que les conditions dans les prisons israéliennes s'étaient clairement détériorées et il a ajouté : « J'en suis fier ».

Célébrée par les grands médias, l'administration Biden a permis à Israël d'agir avec une brutalité inégalée envers des centaines de prisonniers palestiniens. On les a privés de leurs droits et ont les a exclus de la plus élémentaire humanité et dignité. Cette inhumanité est l'exemple de la culture d'impunité qui ne cesse d'augmenter en Israël. La violence exacerbée et le désir de vengeance en sont des preuves.

Ces brutalités sont le miroir de la guerre génocidaire à Gaza et la brutale réalité de l'apartheid dans les territoires occupés. La déshumanisation des Palestinens.nes est devenue normale en Israël.

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Comment Israël entend blanchir ses crimes de guerre à Gaza

L'armée israélienne utilise le vernis de la responsabilité interne pour repousser les critiques extérieures. Mais son bilan révèle à quel point les auteurs de ces crimes sont (…)

L'armée israélienne utilise le vernis de la responsabilité interne pour repousser les critiques extérieures. Mais son bilan révèle à quel point les auteurs de ces crimes sont peu sanctionnés.

Tiré de France Palestine Solidarité. Article publié à l'origine par +972 Magazine. Photo : Des soldats israéliens posent à l'intérieur d'une mosquée à laquelle ils ont mis feu à Gaza ville © Younis Tirawi.

L'ampleur de l'horreur qu'Israël a infligée à Gaza au cours des neuf derniers mois est presque impossible à comprendre. La décision de l'armée israélienne, dès le début de la guerre, d'élargir considérablement son autorisation de bombarder des cibles non militaires et de causer des dommages aux civils a entraîné la mort de dizaines de milliers de Palestiniens et a rendu la bande de Gaza méconnaissable. La population survivante est confrontée à la faim et aux déplacements massifs en raison des politiques israéliennes intentionnelles, qui sont en violation des lois internationales de la guerre.

Chaque jour, des preuves de plus en plus horribles apparaissent, révélant ce que de nombreux Israéliens cherchent à réprimer. L'affaire sud-africaine accusant Israël de génocide se poursuit devant la Cour internationale de justice (CIJ). Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé des mandats d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et du ministre de la défense Yoav Gallant, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Une commission du Conseil des droits de l'homme des Nations unies a constaté que les forces de sécurité israéliennes avaient commis des crimes tels que la famine, le meurtre, les atteintes intentionnelles aux civils, les transferts forcés, les violences sexuelles et la torture. Même les États-Unis, le plus proche allié d'Israël, ont conclu que l'utilisation d'armes par Israël à Gaza était "incompatible" avec le droit relatif aux droits humains.

Alors que ces accusations s'accumulent, Israël commence à lancer une autre opération de grande envergure parallèlement à sa campagne militaire en cours : la plus grande dissimulation de crime de l'histoire du pays.

Les dirigeants et diplomates israéliens répètent ad nauseam le mantra bien rôdé selon lequel l'armée israélienne est la plus morale du monde. Cette affirmation se fonde, entre autres, sur les mécanismes juridiques prétendument solides de l'armée, qui approuvent ostensiblement chaque attaque et enquêtent sur les soupçons de violation du droit international. Dans ses arguments devant la CIJ contre l'accusation de génocide portée contre Israël, l'équipe de défense d'Israël n'a cessé de faire l'éloge de ces mécanismes juridiques : même si les soldats israéliens commettent des crimes de guerre, le système est capable d'enquêter sur ces crimes de son propre chef.

Cependant, un nouveau rapport que j'ai rédigé pour le groupe de défense des droits humains Yesh Din montre que le rôle principal du système militaire israélien d'application de la loi est de maintenir l'apparence d'une responsabilité interne afin de se protéger des critiques externes. En effet, +972 Magazine et le Guardian ont récemment révélé que les services de renseignement israéliens surveillaient les activités de la CPI, en partie pour déterminer quels incidents étaient renvoyés au bureau du procureur pour enquête ; ce faisant, Israël pouvait rétroactivement ouvrir des enquêtes sur ces mêmes cas et ensuite rejeter le mandat de la CPI en invoquant le "principe de complémentarité".

L'illusion de la responsabilité

À la fin du mois de mai, l'avocat général des armées israéliennes (MAG), Yifat Tomer-Yerushalmi, a annoncé qu'elle avait ordonné l'ouverture d'enquêtes criminelles sur au moins 70 cas de crimes de guerre présumés à Gaza. Cette annonce est intervenue après que l'armée a transmis des centaines d'incidents au mécanisme d'évaluation des faits de l'état-major général (FFAM), un organe militaire destiné à procéder à un examen initial et rapide des violations présumées du droit international, avant que le MAG ne décide d'ouvrir ou non une enquête criminelle.

Il s'agirait de signes de l'engagement d'Israël à respecter les lois de la guerre. Cependant, un examen de la dernière décennie d'assauts israéliens sur Gaza - y compris l'offensive de 2014 connue sous le nom de "Bordure protectrice", la répression de la Grande Marche du retour de 2018-19, et l'opération de 2021 connue sous le nom de "Gardien des murs" - montre qu'il est extrêmement improbable qu'Israël ait l'intention d'enquêter correctement sur les crimes de guerre, de les punir ou de les prévenir.

Depuis 2014, des centaines d'incidents qui ont fait naître des soupçons de crimes de guerre ont été portés à l'attention de l'armée. La grande majorité d'entre eux ont été transférés au FFAM, mais ont été classés sans enquête criminelle après avoir été "examinés" par le personnel du mécanisme pendant des périodes déraisonnablement longues. Par exemple, certains cas concernant des violations potentielles datant de 2014 étaient toujours en cours d'examen par le FFAM en 2022.

Le travail de la FFAM et la composition de ses membres restent confidentiels, de sorte que nous ne connaîtrons probablement jamais les détails de son processus d'examen ou les raisons pour lesquelles des affaires ont été classées sans enquête. Pourtant, qu'elles aient été recommandées par la FFAM ou non, la plupart des enquêtes criminelles ouvertes par le MAG et menées par la police militaire ont été closes sans qu'aucun soldat ou commandant n'ait été inculpé.

Sur près de 600 incidents survenus à Gaza au cours des dix dernières années, qui ont suscité des soupçons de violation de la loi et dont les résultats sont connus, seules trois enquêtes - une par offensive militaire - ont abouti à des inculpations. Même dans ces rares cas, le blanchiment reste au cœur de la tactique de l'armée, les auteurs échappant à des sanctions sévères.

L'échec constant de l'armée à traiter les soupçons de crimes de guerre s'ajoute au fait que, jusqu'à présent, le système israélien d'application de la loi n'a pas abordé les politiques d'Israël concernant l'utilisation de la force et s'est abstenu d'enquêter sur les décideurs du gouvernement et de l'armée. En d'autres termes, les responsables directs de la catastrophe qui se déroule dans la bande de Gaza - qui ont élargi le ciblage de civils innocents par l'armée, dicté les directives d'Israël en matière de bombardements et de tirs ouverts, restreint l'aide humanitaire et désigné des zones entières de la bande de Gaza comme zones de mort - resteront probablement impunis en Israël.

Cela découle en partie d'un conflit d'intérêts inhérent au système d'application de la loi. Le procureur général et l'avocat général des armées, chargés d'enquêter sur les violations présumées du droit international et d'en poursuivre les auteurs, servent également de conseillers juridiques pour l'approbation des politiques meurtrières d'Israël à Gaza. Il est difficile d'imaginer comment l'un ou l'autre de ces organes va maintenant lancer une enquête véritable et approfondie sur une politique qu'il a lui-même contribué à formuler.

On peut supposer que certaines enquêtes lancées récemment aboutiront à l'inculpation de soldats de rang subalterne pour avoir pillé des maisons palestiniennes ou infligé des sévices à des détenus palestiniens. Il est important de garder à l'esprit, cependant, que ces cas pourraient en fait améliorer l'image de l'armée, en présentant au monde extérieur l'apparence d'une responsabilité interne.

Mais il ne s'agira que des exceptions qui confirment la règle. Dans la grande majorité des cas, le système fonctionnera pour blanchir les crimes de guerre. Et lorsque ce sera le cas, les dirigeants israéliens ne devraient pas être surpris de se retrouver accusés devant des tribunaux internationaux.

Traduction : AFPS

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La Via Campesina soutient et exprime sa solidarité avec les peuples Kanak, en Nouvelle-Calédonie.

19 août 2024, par Vía Campesina — , ,
Face à la situation explosive en Nouvelle Calédonie, nous, paysannes et paysans de La Via Campesina, nous joignons à nos membres en France de la Confédération paysanne pour (…)

Face à la situation explosive en Nouvelle Calédonie, nous, paysannes et paysans de La Via Campesina, nous joignons à nos membres en France de la Confédération paysanne pour apporter notre soutien au peuple Kanak et demandons aux instances internationales de peser pour faire reconnaître les droits du peuple Kanak à l'indépendance. Nous dénonçons la politique impérialiste et d'ingérence de l'état colonial français.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Rappelons que depuis 1986, la Nouvelle Calédonie fait partie de la liste des Nations Unis des territoires non autonomes à décoloniser. Deux provinces sur trois sont gérées par les indépendantistes et le territoire est autosuffisant sur le plan économique mais la population autochtone reste largement défavorisée contrairement aux descendants des colons, les Caldoches et aux métropolitains.

Étant le troisième producteur mondial de nickel, ce pays attire la convoitise du monde libéral capitaliste et la France a très peur de perdre la main sur le territoire qui représente aussi pour l'hexagone un grand intérêt stratégique et militaire dans le pacifique.

Face aux enjeux des ressources minières et touristiques, le développement agricole n'est pas la préoccupation des gouverneurs et la majorité des denrées agricoles est importée d'Australie. L'agriculture « marchande » aux mains des caldoches est surtout dédiée à l'élevage bovin et ne constitue que 2% du PIB. Néanmoins, l'agriculture vivrière, consommée et échangée par les communautés, représente un quart des ressources des familles autochtones. Les productions vivrières, avec leur dimension non marchande, ont une place forte dans l'identité kanak.

Cette agriculture vivrière joue un rôle important pour la souveraineté alimentaire du peuple kanak, mais elle n'est ni reconnue, ni soutenue par les pouvoirs publics. Il est important que le processus de réforme agraire, démarrée en 1979, soit repris afin de restituer les terres privées qui ont été substituées aux kanaks et les rendre à la gestion collective du droit coutumier.

Au-delà des terres spoliées, le peuple kanak est aussi victime de discrimination et d'injustices sociales fortes à tous les niveaux, les richesses étant concentrées dans les seules mains de quelques caldoches et métropolitains. La suprématie blanche ne peut continuer à confisquer les biens, les droits, les savoirs, les coutumes d'un peuple de plus de 3 000 ans. Depuis mai, la brutalité du gouvernement français à vouloir imposer un nouveau corps électoral, pour empêcher le processus des accords de Nouméa de 1998 et l'indépendance du peuple Kanak, a déjà causé la mort de 9 personnes.

Avec le passage en force de cette loi, la colère du peuple kanak s'est transformée en révolte. La seule réponse du gouvernement français a été une répression policière violente et le soutien aux milices blanches loyalistes par les forces de l'ordre. Le Haut-commissaire a même évoqué un droit à la « légitime défense », autorisant les colons les plus radicaux à s'armer.

Alors que les tensions étaient en train de s'apaiser, le 19 juin, les forces de l'ordre ont interpellé et placé en garde à vue 11 responsables politiques et syndicaux de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain). Sept d'entre eux, dont le leader indépendantiste Christian Tein, ont été déportés dans des prisons françaises, à 17 000 km de chez eux, avec des chefs d'inculpation graves, relevant de la criminalité organisée.

L'État français persiste dans sa politique d'intimidation, de criminalisation du mouvement kanak et de justice à vitesses, puisque les milices racistes et armées à l'origine d'exactions sur la jeunesse kanak, bénéficient, elles, d'une impunité totale. Rappelons que des élus dits loyalistes sont à l'origine de ces milices coloniales.

Nous exigeons la libération immédiate et le retour au pays des responsables kanaks et la levée de toutes les poursuites à leur encontre ainsi que de toutes les personnes victimes de répression.

Nous demandons que des enquêtes indépendantes établissent les circonstances des crimes commis. Sans reconnaissance des droits fondamentaux du peuple kanak, sans justice pour les victimes et sans équité dans le partage des richesses du territoire, la paix ne peut revenir.

Les représentant·es kanaks, eux, se disent prêts à accepter que les caldoches et autres habitant·es de l'île de longue date soient des citoyen·nes de plein droits.

Nous demandons au gouvernement français de retirer le projet de loi, de respecter les conventions internationales des droits des peuples à l'autodétermination et de réouvrir un espace de négociation avec les indépendantistes.

Bagnolet, 22 juillet 2024
https://viacampesina.org/fr/la-via-campesina-soutient-et-exprime-sa-solidarite-avec-les-peuples-kanak-en-nouvelle-caledonie/

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Projet de loi 69 : Victoire des lobbys pour la privatisation d’Hydro-Québec

19 août 2024, par GMob — , ,
Point de Bascule | 19 juillet 2024 Le controversé projet de loi 69 du tout autant controversé ministre Fitzgibbon a été déposé à l'Assemblée Nationale le 6 juin 2024. (…)

Point de Bascule | 19 juillet 2024

Le controversé projet de loi 69 du tout autant controversé ministre Fitzgibbon a été déposé à l'Assemblée Nationale le 6 juin 2024.

Est-ce que ce projet de loi va accélérer la privatisation d'Hydro-Québec ?

Est-ce que le ministre Fitzgibbon est un mercenaire économique qui a plus à coeur des intérêts privés qui souhaitent cette privatisation de ce bien commun qui appartient, pour l'instant, au peuple québécois ?

Est-ce que la sortie de Michael Sabia, PDG d'Hydro-Québec, une semaine avant le dépôt du PL 69 était une stratégie élaborée pour faire baisser la contestation sociale qui s'organisait pour la journée du dépôt du PL 69 afin de s'opposer aux processus de dépossession qu'est la privatisation partielle ou complète d'Hydro-Québec.

Est-ce que la CAQ a menti aux québécois.se.s

Ancienne ministre péquiste des Ressources naturelles, Martine Ouellet expose son analyse de l'un des projets de loi les plus contestés de l'ère caquiste et met en lumière les processus de privatisation d'Hydro-Québec qui sont insérés dans ce PL 69.

Présentateur : Michel Jetté
Production : CRNV et GMob
Monteurs : Louise Sabourin et Michel Jetté

Lettre collective à la CDPQ

4 juillet 2024, par Coalition Québec Urgence Palestine, Diane Lamoureux, Raymond Legault — , ,
À : Monsieur Jean St-Gelais, président du conseil d'administration, CDPQ Monsieur Charles Émond, président et chef de la direction, CDPQ Messieurs et mesdames, Jean-François (…)

À : Monsieur Jean St-Gelais, président du conseil d'administration, CDPQ
Monsieur Charles Émond, président et chef de la direction, CDPQ
Messieurs et mesdames, Jean-François Blais, Ivana Bonnet-Zivcevic, Florence Brun-Jolicoeur, Alain Côté, René Dufresne, Olga Farman, Nelson Gentiletti, Lynn Jeanniot, Wendy Murdock, Audrey Murray, Ghislain Parent et Marc Tremblay, membres du Conseil d'administration, CDPQ

Cc : Monsieur Éric Girard, ministre des Finances
Monsieur Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie
Madame Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie
Monsieur François Legault, premier ministre du Québec

Bonjour,

Nous vous écrivons au nom de la Coalition du Québec URGENCE Palestine, qui regroupe 46 organisations de la société civile québécoise, pour vous signifier notre profond désaccord concernant certains investissements de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui la place objectivement dans une position de complicité avec les violations du droit international et des droits humains du peuple palestinien par Israël, voire dans une position de complicité avec le génocide que commet présentement Israël contre la population palestinienne de Gaza.

Le caractère très préoccupant de ces investissements a déjà été soulevé publiquement à plusieurs reprises. Récemment, le campement populaire Al Soumoud, qui a été érigé au Square Victoria, a ramené cette question dans l'actualité.

Vous trouverez, ci-joint, une lettre produite par notre coalition, en appui aux revendications du campement, qui demande que la CDPQ retire immédiatement ses 14 milliards $ d'investissement dans les 87 entreprises identifiées comme complices du génocide, de l'occupation et de la colonisation israéliennes et des violations des droits du peuple palestinien. En quelques jours seulement, dans une période de longs weekends et de début de vacances, cette lettre a été signée par près d'une soixantaine de groupes d'un peu partout au Québec, une indication claire d'une réelle préoccupation de la société civile québécoise concernant ces investissements de la CDPQ.

Nous avons trouvé inadéquate la brève réponse publique qu'a faite la Caisse aux demandes publicisées par le campement.

Nous sollicitons donc une rencontre avec la direction de la CDPQ, pour pouvoir discuter plus à fond des investissements spécifiques que nous mettons en cause et qui engagent la responsabilité légale de la Caisse.

Au vu de l'assaut génocidaire d'Israël contre Gaza, qui se poursuit quotidiennement, nous espérons une réponse dans les plus brefs délais.

Sincèrement,

Diane Lamoureux et Raymond Legault, porte-parole de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.

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La CDPQ doit cesser d'être complice des crimes d'Israël contre le peuple palestinien

Samedi, le 22 juin dernier, dans la foulée des nombreux campements étudiants qui ont vu le jour sur des campus universitaires au Québec et ailleurs, des militant.e.s regroupés dans le collectif Désinvestir pour la Palestine, ont érigé un nouveau campement au Square Victoria à Montréal. Situé à proximité des bureaux de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), le campement Al-Soumoud dénonce plus particulièrement des investissements de la Caisse totalisant 14,2 milliards dans 87 entreprises dont certaines activités économiques les rendent légalement complices de violations de droits et de crimes commis par Israël contre le peuple palestinien.

Les investissements en cause

Une étude duMouvement pour une Paix Juste (MPJ), basée sur le rapport de fin d'année de la CDPQ au 31 décembre 2023, identifie les investissements en cause.

D'une part, la CDPQ a investi 1,5 milliard de dollars dans sept entreprises figurant dans la base de données des Nations Unies sur les entreprises impliquées dans certaines activités en lien avec les colonies israéliennes dans le territoire palestinien occupé (TPO).

D'autre part, la CDPQ a investi plus de 12 milliards de dollars dans 72 autres entreprises identifiées par leprojet Investigate de l'American Friends Service Committee comme étant impliquées dans des violations spécifiques des droits humains dans le cadre de l'occupation israélienne.

Finalement, la CDPQ gère aussi des investissements totalisant 731 millions de dollars dans huit autres entreprises participant à l'armement de l'armée israélienne selon l'organisme World Beyond War.

La complicité de la CDPQ dans les crimes d'Israël

Les colonies israéliennes dans le TPO ont été déclarées contraires au droit internationalpar la Cour internationale de justice (CIJ) en 2004. La résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité des Nations unies a réaffirmé que la création par Israël de ces colonies constitue une violation flagrante du droit international. En 2024, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a estimé qu'il s'agit d'un crime de guerre susceptible d'engager la responsabilité pénale individuelle des personnes impliquées.

Au cours de la dernière année, Charles Emond, PDG de la Caisse, a été interpellé à plusieurs reprises au sujet de ces investissements, notamment par M. Haroun Bouazzi, député de Québec Solidaire, en Commission des finances publiques de l'Assemblée nationale du Québec le 2 mai 2023 et le 24 avril 2024.

Le 22 novembre 2023 et, à nouveau, le21 mai 2024, Me Paul Fauteux, avocat montréalais spécialisé en droit international, publiait dans Le Devoir deux lettres, co-signées par six experts de classe mondiale de ce domaine. Ces experts ont clairement affirmé « qu'investir dans des compagnies qui opèrent dans les colonies israéliennes rend la Caisse complice de violation du droit international et de crimes de guerre ».

D'autre part, les investissements de la CDPQ dans des entreprises impliquées dans l'armement de l'armée israélienne pourraient aussi la rendre complice des innombrables crimes commis par Israël, dans son assaut généralisé contre Gaza, qui dure depuis bientôt neuf mois.

Dans la présentation de son rapport au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, les 18 et 19 juin dernier, laCommission internationale indépendantechargée d'enquêter là-dessus concluait « que les autorités israéliennes sont responsables de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme, notamment d'extermination, de meurtre ou d'homicide volontaire, d'utilisation de la famine comme méthode de guerre, de transfert forcé, de persécution sexiste visant les hommes et les garçons palestiniens, de violences sexuelles et sexistes assimilables à de la torture et de traitements cruels ou inhumains ».

D'autre part, alors que la CIJ n'a pas encore statué sur le fond de la plainte de l'Afrique du Sud contre Israël, rappelons que Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme dans le TPO, a conclu dans son dernier rapport, intitulé Anatomie d'un génocide, « qu'il existe des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant qu'Israël a commis un génocide est atteint. »

Nous exigeons la fin de cette complicité

La CDPQ est un mandataire de l'État et a pour mission de gérer l'épargne collective des Québécois.es. Il est inadmissible que la Caisse dévoie cette responsabilité en investissant dans des entreprises complices de crimes de guerre et de génocide israéliens et qu'elle continue de prétendre, dans les horribles circonstances actuelles, qu'elle adhère aux plus hauts standards éthiques en matière d'investissement. Cette honteuse complicité doit cesser.
C'est pourquoi nous, organisations soussignées, faisons aujourd'hui nôtres les revendications du campement Al-Soumoud en exigeant que la CDPQ :
• Retire immédiatement ses 14 milliards $ d'investissement dans les 87 entreprises identifiées comme complices du génocide, de l'occupation et de la colonisation israéliennes et des violations des droits du peuple palestinien ;
• Mette en place un processus transparent de contrôle pour garantir qu'aucune entreprise dans laquelle elle investira à l'avenir n'est associée à des violations des droits humains et du droit international.

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Le sionisme honteux de Joe Biden : « { Le Hamas est le seul à vouloir que la guerre se poursuive »}

3 juillet 2024, par Ovide Bastien — , , ,
Ovide Bastien, auteur de Chili : le coup divin Alors qu'il y a presque 38 000 victimes et 89 000 blessés... que les Gazaouis souffrent d'une famine utilisée comme arme de (…)

Ovide Bastien, auteur de Chili : le coup divin

Alors qu'il y a presque 38 000 victimes et 89 000 blessés... que les Gazaouis souffrent d'une famine utilisée comme arme de guerre... que Gaza est tellement détruite qu'elle est inhabitable... qu'Israël est de plus en plus dénoncé à travers le monde - Assemblée générale de l'ONU, ONGs de droits de la personnes, Cour de justice internationale, Cour pénale internationale ; campements universitaires étudiants... que l'ONU vient d'ajouter Israël, le 7 juin, à sa liste d'États et groupes armés commettant des violations à l'encontre d'enfants... que Save the Children vient d'alléguer, le 24 juin, que 21 000 enfants seraient portés disparus dans le chaos de la guerre à Gaza... que ce même 24 juin on voit un Palestinien blessé attaché au capot d'une jeep militaire israélienne qui passe entre deux ambulances lors d'un raid d'arrestation dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée...
Alors que cette tragédie incommensurable s'accentue de jour en jour, le président Joe Biden affirmait hier soir, dans son débat avec Donald Trump, que « Le Hamas est le seul à vouloir que la guerre se poursuive ».

Quelle absence de connaissances historiques et quel sionisme honteux ! Quelle absence de cohérence logique de la part d'un leader qui, le jour même où il attribuait une proposition de cessez-le-feu permanent à Israël, se voyait carrément contredit par le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou lui-même !

Les Britanniques appuyaient les Juifs qui s'installaient massivement en Palestine dans les années 1930s, nous rappelle Rashid Khalidi dans The Hundred Years' War on Palestine (2020). Ils leur fournissaient armes et entrainement militaire intensif, et leur enseignaient les techniques de répression qu'ils avaient perfectionnées au cours de plusieurs décennies de guerres coloniales.

Lorsque les Palestiniens se révoltaient, en1936, contre les colonisateurs britanniques et leur appui au projet sioniste, ces derniers, affirme Khalidi, les écrasaient impitoyablement, faisant intervenir une centaine de milliers de leurs soldats et des escadrons de bombardiers. Non seulement exécutaient-ils sommairement un très grand nombre de Palestiniens, souvent à l'issue de procès sommaires devant des tribunaux militaires, mais ils détenaient aussi, sans possibilité de procès, de milliers de Palestiniens, et démolissaient les maisons des exécutés et détenus, ou de rebelles présumés.

Et lorsque les Palestiniens résistaient en tendant des embuscades aux véhicules blindés britanniques et faisant exploser leurs trains, les Britanniques avaient recours à une stratégie qu'ils avaient inaugurée lorsqu'ils tentaient d'écraser la résistance des Irlandais pendant leur guerre d'indépendance de 1919 à 1921. Comme vient de faire l'armée israélienne à Jénine, ils attachaient des prisonniers devant leurs véhicules blindés et trains, les utilisant comme boucliers humains.

Telle fut la répression, affirme Khalidi, qu'à la fin de la révolte en 1939, environ 17 % de la population palestinienne adulte masculine se trouvait tuée, blessée, emprisonnée ou exilée.

Un retour historique, et ce qui se passe à Gaza ces derniers mois, nous démontrent que les fondateurs d'Israël ont fort bien appris les leçons que leur donnaient les Britanniques.
Le 10 mars 1948, le futur Premier ministre d'Israël David Ben-Gourion se réunissait avec dix autres leaders sionistes chevronnés et quelques jeunes officiers militaires juifs afin de peaufiner un plan. Le soir même, il faisait parvenir des ordres, dont le caractère « nettoyage ethnique » est on ne peut plus clair, aux unités sur le terrain, précisant les endroits que chacune devait attaquer ainsi que les méthodes à employer : intimidation à grande échelle ; siège et bombardement de villages et villes ; expulsion de Palestiniens et incendie et démolition de leurs maisons, propriétés et biens ; pose de mines parmi les décombres afin d'empêcher tout retour des habitants expulsés.

Quelques mois plus tard, après que 750 000 Palestiniens et Palestiniennes furent brutalement expulsés de leurs terres et villes, plusieurs milliers ayant été tués lors de véritables massacres, on déclarait la fondation d'Israël.

Ce n'est pas étonnant que l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier, où 1 200 Israéliens furent atrocement exécutés et 250 pris en otage, provienne de cette grande prison qu'est Gaza, où une bonne partie des descendants de ces exécutés et expulsés se trouvent aujourd'hui. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dénonçait ces atrocités, mais rappelait, contrairement à Biden, la profonde injustice historique dont souffre depuis des décennies le peuple palestinien, et qui a donné naissance à cette attaque.

Le 13 janvier 1947, Ben-Gurion écrivait à son bras droit sioniste, Moshe Sharett, qu'il était d'accord avec l'idée que ce dernier lui proposait, c'est-à-dire « de faire subir aux Palestiniens tout ce que nous voulons, incluant les faire mourir de faim. » Et il poursuivait : « Ils seront ainsi à notre merci. »

Benjamin Nétanyahou, de toute évidence, semble partager cette idée de son prédécesseur. Car, comme le monde entier le constate depuis neuf mois, il la met présentement en pratique à Gaza.

En janvier 1948, Ben-Gurion qualifiait les pertes de ses troupes « les victimes d'un second Holocauste ». Et les Palestiniens qui résistaient au projet sioniste, il les appelait « les nouveaux Nazis ». Il faisait cela, affirme Khalidi, pour s'assurer que, trois ans après l'Holocauste, ses soldats ne perdent pas courage lorsqu'ils recevaient l'ordre de nettoyer villes et villages palestiniens, de détruire, et de tuer des êtres humains.

Cette façon de faire se poursuit aujourd'hui. Le 17 octobre dernier, Benjamin Nétanyahou, lors d'une conférence de presse tenue aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, qualifiait le Hamas de "nouveaux nazis". Et il répète constamment ce message, insistant que le Hamas veut l'extermination de tous les Juifs !

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J.O Paris 2024 Quand compétition rime avec business et domination

2 juillet 2024, par Omar Haddadou — , ,
Galvaudée ! La compétition des Jeux olympiques, apanage de la bourgeoisie dans les années 30, susciterait aujourd'hui moins d'engouement. L'évènement planétaire est hélas ! (…)

Galvaudée ! La compétition des Jeux olympiques, apanage de la bourgeoisie dans les années 30, susciterait aujourd'hui moins d'engouement. L'évènement planétaire est hélas ! gangréné par les enjeux financiers et hégémoniques entre les Puissances.

De Paris, Omar HADDADOU

Un cache-misère malvenu pour les gagne-petits, une aubaine pour le Capital ! Le divertissement sportif planétaire du 26 juillet au 8 août 2024 valant la chandelle pour l'exécutif, 9 milliards d'euros dont 3 de l'argent public sont débloqués à cet effet. Dans la Galaxie des initiés (es) du profit et de la suprématie, on se pique de connaitre les retombées financières et politiques.
Qu'importe si les inégalités se creusent !

Depuis l'Exposition universelle de 1900, Paris ne s'offusque jamais de dépenser sans compter quand des ventres creux implorent quelque main tendue. Il y va de son prestige, de son rayonnement qui l'éperonne depuis la mise en branle de sa conquête coloniale. A ce paradigme, Macron en proie à son impopularité à force de se focaliser sur la politique extérieure, son aura et sa propension à fonder un nouvel Empire, faisant fi du profond mal être social, tire les conséquences du naufrage de la Démocratie en France et la percée suffocante de l'Extrême Droite avec ses 34% de voix.
La dissolution de l'Assemblée nationale, pari risqué du Président, a exacerbé davantage les dissensions et l'ire de la Gauche. L'heure est grave !
Quelle saveur auront donc ces Jeux Olympiques et paralympique de 2024 ? Celle du profit et la délectation d'une minorité !
Tiré par les cheveux à cause des retards accusés dans le cahier des charges et le manque criant de coordination entre sociétés et sous-traitants dont les ouvriers font face à une pression indicible, l'évènement sportif est devenu un business et une vitrine sur le plan géopolitique.

Tous les acteurs ne s'en cachent pas : Booster le chiffre d'affaires ! Tel est leur leitmotiv. La voracité capitaliste prend, sans aménité aucune, le pas sur l'idéal fédérateur et les recrues pour la circonstance sont mises à rude épreuve, filmées SVP, avec insolence lors du débriefing :

« Les gars ! demain, comme hier, réveil 3 heures du matin. On va continuer à installer les bassins artificiels pour les Athlètes et toute la panoplie destinée aux tests. On a prévu des toboggans, un agencement pour des activités au public, etc. Je compte sur vous pour être à la hauteur ? » martèle un responsable au groupe de jeunes filles et garçons en manque de sommeil, mobilisés pour un menu pécule.
En Seine Saint-Denis, comme à Paris, à l'approche de l'échéance, les ouvriers vivent une situation anxiogène. Le chantier du prolongement du tramway et du métro s'active jour et nuit, dans la douleur. Certaines Collectivités ne savent plus où donner de la tête. Itinéraires et habitudes sont bousculés.
Les coulisses des J.O, ce sont surtout les milliards d'euros à brasser sur fond les rivalités opposant les partenaires potentiels de grandes enseignes commerciales et des Assurances pour s'offrir la première loge, et partant s'assurer une Visibilité en vue de « réchauffer la marque », comme on dit dans le jargon de la concurrence.
Conscients de l'impact de l'évènementiel, le Comité Olympique propose des formules à tarifs variés aux partenaires, dont celle baptisée « Premium » à hauteur de 100 et 150 millions d'euros. Les entreprises et lesdites marques ont chacune leur part de gâteau dans le marketing sportif.

Pour gagner en notoriété, elles recourent à leur force de frappe sur un terrain où s'affrontent les mastodontes, tels que LVMH, Coca-Cola, Total Energies, Alliance... Suivront évidemment les moins influents.
Vitrine par excellence pour le monde entier, le rendez-vous olympique promeut de façon imparable la vente de produits et de services à travers la publicité mise en relief par les célébrités sportives payées grassement - comme le rugbyman Antoine Dupont - artistiques, voire politiques (L'argent n'a pas d'odeur). Dans cette course « systémique » vers l'oseille, les médias audiovisuels sont sur le pied de guerre et ne cachent pas leur jubilation quand la compétition sportive épouse les contours d'une place boursière. Ils en tirent insolemment leur épingle du jeu par la réclame facturée avec un taux de « salinité » très élevé. C'est dire l'hystérie financière qui affecte la compétition et l'engouement déclinant auprès d'un nombre considérable de citoyens (es).

La folle vente débridée des produits dérivés, témoigne du caractère cupide que revêt la manifestation internationale pluridisciplinaire.
Les multinationales comme les start-up mettent à contribution les réseaux sociaux et autres plateformes dans le souci dévorant de cibler une clientèle épandue pendant les compétitions.
Les J.O, convenons-en, restent une opportunité de gain véloce et potentiel ! Les Nations s'y affrontent loin de l'esprit effectif de fraternité fédératrice. Lever le voile sur les inimitiés, les incohérences et les impacts négatifs qui en découlent, faute de maturité, de tolérance au sein de certaines communautés, est une autre histoire.
Décidemment, notre monde ne saurait recouvrer son équilibre que dans la culture de ses paradoxes.

Les J.O ne seraient-ils pas un gage de Puissance et d'Hégémonie sur la scène internationale ?
O.H

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