Presse-toi à gauche !
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Pour contrer le gaspillage d’objets seconde main
Bien qu'il existe toutes sortes de façons de se procurer des articles seconde main, l'achat de ceux-ci fait souvent l'objet d'un mépris. Ce phénomène, additionné au bas prix des produits importés, provoque un immense gaspillage.
Quantités de produits seconde main en bonne état, sont systématiquement éliminées dans nos sociétés hyper consommatrices. Plusieurs phénomènes dont « le jeu de la publicité », lancent les gens dans une consommation à outrance et provoquent des sentiments de rejet, voire de mépris, pour tout ce qui n'est pas de derniers cris. Le respect de l'objet a disparu pour faire place au culte de la nouveauté.
Non seulement les objets deviennent désuets à cause des changements apportés par les designers et les améliorations technologiques, mais aussi parce que les réparations sont devenues « non rentables » à cause du phénomène du double coût, soit le coût élevé de notre main-d'œuvre et les bas coûts des produits importés, spécialement d'Asie. La rareté de la main-d'œuvre qualifiée et aussi des pièces de rechanges compliquent les réparations. Ceci entraîne la mise au rebut d'objets aussi récents que des lecteurs DVD. Alors imaginez où se retrouve votre VHS. Vous croyiez qu'en le donnant à une œuvre de charité, on aurait trouvé quelqu'un pour le réparer ? Ou encore plus difficile, pour le racheter ?
Personnellement, j'ai vu chez des organismes caritatifs, des montagnes de sacs contenant des vêtements usagés lesquels étaient vendus à quelques sous la livre pour l'exportation. Bien qu'il n'y ait pas d'autres solutions pour les organismes ceci constitue une sorte de « dumping » néfaste pour les économies locales du sud. Vous aurez sans doute observé à l'occasion d'une collecte des encombrants dans votre quartier, combien il se gaspille d'objets encore utilisables. C'en est triste …
Pour contrer ce gaspillage, personnellement j'ai d'abord adopté l'habitude de rechercher, systématiquement, une version seconde main des objets dont j'ai besoin. J'ai constaté, après plusieurs années de ce comportement, que j'ai adopté une méthode de recherche efficace, (ex : Kijiji, groupes Facebook tels Marketplace, Buy Nothing, À Donner Québec, ATCT/VTCT) que je me suis bâti un répertoire de lieux d'approvisionnement et que je peux presque toujours me procurer une version seconde main de l'objet recherché, et ce à environ 25% du prix du neuf ou simplement gratuitement. Il en résulte que l'environnement et mon portefeuille se portent beaucoup mieux. Pour chaque objet à trouver c'est maintenant un vrai défi et un réel plaisir d'entreprendre les démarches.
Concernant les réparations des appareils électriques et électroniques, je fais appel aux techniciens bénévoles du « Café Réparations » de l'organisme La Patente de Limoilou qui font les réparations pour un montant forfaitaire de 5$.
Ces façons de procéder, si elles se généralisaient constitueraient des éléments importants d'un rempart contre certains effets pervers de la mondialisation néolibérale. En plus d'être des mesures majeures pour réduire le gaspillage et protéger l'environnement, elles permettraient de créer ici beaucoup d'emplois dans les domaines de la vente et de la réparation de produits seconde main, tout en améliorant indirectement le niveau de vie de ceux qui achèteraient des objets ayant déjà servi.
Pascal Grenier sec.-très
Nos choses ont une deuxième vie
Québec
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Liquider sa chair rien que pour la survie de la chair de sa chair
« Elles sont des victimes d'un système qui prône l'exclusion juvénile, des femmes cocues, des Mamans précoces, qui, pour préserver la vie de leurs enfants se voient obligées de donner la leur en échange. Existe-il un acte plus héroïque que celui-là ? Que peut-on faire de plus humain ? »
Alors que plus d'un l'ignore, le centre-ville de Port-au-Prince est sur le point de s'ériger en bastion de la prostitution. Au vu et au su de tous, presqu'à chaque rue est exposé un bordel truffé de jeunes femmes bien portantes. Ainsi, le côté économique de l'affaire apportant gros surtout aux proxénètes fait poindre ces petites boites exponentiellement.
Rien qu'au cœur de Portail Léogane on compte environs onze (11) bordels, néanmoins cela semble ne pas suffire puisque l'effectif des prostituées se révèle indénombrable. De ce fait, du matin au soir, elles occupent les moindres recoins de la zone, leur nudité cachée derrière une mini-jupe et une culotte tanga. Portail Léogane qui n'était qu'une station de transport en commun brodé de braves âmes qui, à toute heure, liquident de produits divers, aujourd'hui est enjolivé de jolies créatures s'apprêtant à offrir leur corps en échange de quelques gourdes. Désormais, on y va plus que pour le transport en commun, mais aussi pour s'acheter du Sexe. Oui du sexe dans le vrai sens du thème, en compagnie de jeunes femmes qui s'y connaissent en matière de séduction. Des gonzesses bien armées pour apaiser la soif sexuelle des clients même les plus coriaces.
Parmi cette trâlée de vendeuses de sexe se trouve Kethia (un nom emprunté), âgée de vingt-neuf (29) ans, de teint noir fin, apparemment l'une des premières bénéficiaires de la beauté divine, avec une architecture corporelle indescriptible en charme, déjà mère d'une petite fille de 13 ans. Dans son secteur, on la surnomme Neymar pour sa manière de se coiffer, aussi parce qu'elle a battu un record majeur. Rien qu'à sa première journée de travail, elle a desservi, avec expertise 60 clients.
Pratiquant ce métier depuis l'âge de 16 ans, quelques mois après avoir mis au monde sa fille. Elle raconte ne pas se voir comme une pute car, de son point de vue, la prostitution comme tout autre métier devrait se faire avec non seulement le corps, mais aussi l'âme et le cœur. Ce qui n'est pas le cas ici ! L'unique motif c'est l'argent ! D'enchaîner, elle avoue ne jamais penser à se livrer à une telle pratique, cependant une fois que son père l'ait abandonnée, l'obligation lui était faite de se bouger les coudes pour pouvoir subvenir à ses plus faibles besoins. Et, ce fut la prostitution que la vie lui a offerte comme première option. Elle a tout de même tenté d'autres coups avant de s'y lancer. Elle faisait la lessive pour des gens, mais cela lui rapportait très peu. « Dans un pays comme Haïti où tout va pour le pire, et se sentir complètement seule avec un bébé à prendre en charge, qu'est-ce qu'on peut faire ? Comment diable préserver son amour propre ? Des heures de ménage ou la lessive, certes, mais combien cela nous apporterait-il ? Il n'y a avait pas vraiment 36 solutions pour une personne comme moi », nous a-t-elle avoué larme à la gorge.
Faute de grive on mange des merles
Sans vouloir culpabiliser les prostituées. Il y a une chose sur laquelle Kethia ne doute pas une seconde. C'est que la majeure partie des femmes qui se prostituent, le fait avec leur âme détachée de leur corps. Quand ce n'est pas pour se nourrir elles-mêmes et leurs enfants, c'est parce qu'elles se trouvent en position de minable proie face à la dure réalité de vivre. « Je doute qu'une femme normale accepterait de vendre volontairement sa chair. Déjà, rien n'est plus désobligeant que de se voir chosifier, bestialiser ou esclavager, rien que pour quelques sous. C'est répugnant d'entendre quelqu'un nous dit rudement ‘' konbyen w fonksyone ? (C'est à combien la passe ?)'' ? Et, ces drôles de manière nous obligent parfois à nous noyer dans l'alcool ou de fumer de produits stupéfiants. Etait-ce évident ? C'est toujours une aventure infernale de se voir faire des choses à des mecs que l'on trouverait repoussant hors de la prostitution », Argue-t-elle.
Tous les bordels n'ont pas le même décor, mais elles s'y arrangent comme elles peuvent
Dans certains bordels, Elles subissent toute sorte de violence, et sont sans défense. Quelques unes, pour se remédier, s'arment d'un poignard ou d'un rasoir. Cependant, aussi surprenant que cela puisse avoir l'air, dans le secteur de Kethia, les prostituées vivent comme de vraie famille. Elles ont un patron philanthropique. Elles s'entraident mutuellement, organisent des activités leur permettant d'économiser de l'argent. Il arrive même qu'elles partagent de clients pour s'assurer que tout le monde sortira avec quelques sous, et ceci quel qu'en soit l'allure du jour. Ainsi, elles paient sans gueule de bois l'écolage de leurs enfants, se prennent en charge, et même épauler certains proches. « En Haïti, la prostitution est vue comme un métier discriminatoire, pourtant beaucoup de gens, plus particulièrement des enfants en dépendent. Sans qu'on le sache, il y a cette pratique un peu partout. Dans quelques institutions d'état ou privé. Elle se présente juste sous une autre forme », nous confie-t-elle avec un air certain.
L'abandon serait le bienvenu, mais il doit être suivi d'un mieux-être.
Ne se sentant pas dans sa peau, elle ne se voit pas pour autant quitter subitement son métier. D'ailleurs, sa plus grande peur, c'est que sa fille ne l'apprenne. Pour quelqu'un de son niveau scolaire (elle a abandonné ses études en classe de 3eme secondaire), elle doute fort de pouvoir trouver mieux à faire. Déjà, elle déclare assister à des milliers de jeunes diplômés se vautrant au chômage. Son cas serait donc pire ! « Je finirai quand même par quitter cette pratique un jour. La prostitution ne rime pas avec la vieillesse, et on ne peut s'empêcher de vieillir. De plus, certains clients raffolent les nouvelles chattes et les plus jeunes. Néanmoins, je compte tenir le coup autant que la vie me le permettra. » A-t-elle martelé.
Ce n'est plus un constat, c'est un fait ! Vue son ampleur, le secteur de la prostitution mérite bien d'être mis sous le feu des projecteurs. Ainsi, on saurait comment les adeptes y vivent ; pourquoi elles le font ? Si oui ou non elles sont protégées ? Etc. Il s'avère donc raisonnable de comprendre que la prostitution n'est pas si dédaigneuse comme le croit plus d'un. Elle est une mode de vie ! Un brave moyen de tenir debout face aux intempéries !
Marvens JEANTY
Linguiste et journaliste
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Nada Alliance appelle à l’action contre le génocide ciblant les femmes

L'Alliance Nada a condamné le génocide systématique contre les femmes, en particulier les femmes kurdes/yézidies, afghanes, soudanaises et palestiniennes. Elle a appelé les autorités compétentes à reconnaître le génocide contre les femmes, à traduire les auteurs en justice et à faire pression pour que les condamnations à mort prononcées contre les militantes en Iran cessent.
Tiré de Entre les lignes et les mots
L'Alliance Nada a publié aujourd'hui une déclaration écrite concernant les attaques génocidaires visant les femmes à Shengal, au Soudan et en Afghanistan. La déclaration stipule :
« Dix ans se sont écoulés depuis que l'EI, un produit des puissances hégémoniques mondiales, a attaqué le mont Şengal (Sinjar) dans la région du Kurdistan irakien, ciblant le peuple yézidi pacifique et culturellement riche, profondément enraciné dans cette ancienne montagne. Cette attaque flagrante de l'EI contre Şengal visait à détruire les valeurs humaines et l'une des civilisations anciennes de la région, avec l'intention d'annihiler le peuple yézidi en brisant la volonté des femmes yézidies et en les exterminant. Cela a été fait physiquement par leur meurtre et leurs mauvais traitements, ainsi que psychologiquement et culturellement par leur déplacement, leur enlèvement, leur réduction en esclavage et leur vente sur les marchés aux esclaves, leur islamisation forcée et celle de leurs enfants, et le recrutement de leurs enfants comme « petits du califat » après leur lavage de cerveau. La souffrance de ce peuple reste une blessure mondiale et une tache sur l'humanité, en raison du manque de reconnaissance par de nombreux États et institutions concernées que ce qui s'est passé à Şengal est un génocide, et du fait qu'il s'agit également d'un génocide. Un génocide systématique contre les femmes yézidies.
Les Yézidis ont tiré des leçons importantes de toutes les persécutions qu'ils ont endurées tout au long de l'histoire, en particulier des attaques de l'EI et de ceux qui les ont soutenues ou facilitées. Nous mettons particulièrement en lumière les femmes yézidies qui, en retroussant leurs manches, ont créé des forces d'autodéfense pour se protéger, protéger leur patrie, leur culture et leur civilisation. Elles ont créé leurs propres organisations et systèmes de femmes sous l'administration autonome de Şengal, contribuant aux côtés des hommes yézidis à empêcher toute possibilité de nouveau génocide. C'est ainsi que les femmes yézidies ont cherché à se venger de toutes ces persécutions et de l'EI, et leur lutte organisée et consciente se poursuit jusqu'à ce que chaque fille et femme yézidie kidnappée soit libérée et que le sort des disparues soit connu. Elles reconnaissent que c'est la seule façon de garantir leurs réalisations et de garantir la paix et la sécurité à Şengal et dans tout l'Irak.
Nous approchons également du troisième anniversaire de la prise de contrôle de Kaboul par les talibans, qui a marqué le début de leur règne après l'accord de Doha, inaugurant une nouvelle ère tragique pour le peuple afghan en général et pour les femmes afghanes en particulier. En raison des politiques religieuses extrémistes imposées par les talibans, les femmes afghanes ont dû faire face à des souffrances accrues, ont été privées de leurs droits et libertés fondamentaux et soumises à des fatwas restrictives les confinant chez elles. À cela s'ajoutent des cas d'assassinat, de meurtre, d'enlèvement et de mutilation, entre autres violations flagrantes. En réponse, les femmes afghanes ont tiré de grandes leçons de la révolution des femmes au Rojava et dans le nord-est de la Syrie, ainsi que de la résistance des femmes yézidies sur le mont Şengal, et ont commencé à se défendre et à défendre leur patrie contre l'oppression et la répression. Leur lutte résiliente continue.
En général, on peut dire que toutes les femmes du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord souffrent énormément de la Troisième Guerre mondiale et de ses répercussions catastrophiques sous diverses formes et dans divers domaines, de la Palestine, du Yémen, de la Syrie, de l'Irak, du Kurdistan et de l'Iran à la Libye, la Tunisie, le Maroc, l'Égypte et le Sahara occidental. L'exploitation sexuelle et la violence sont devenues des outils de guerre contre les femmes dans les zones de conflit, en plus du chômage, des déplacements, des migrations ou des expulsions forcées, et de la privation des droits à l'éducation et aux soins de santé. L'extrême pauvreté, la faim, la soif, les mariages forcés et les mariages d'enfants sont également répandus.
Nous soulignons en particulier la tragédie du peuple soudanais et des femmes soudanaises, qui souffrent énormément en raison des conflits internes et des interventions extérieures. La violence sexuelle, les agressions, les viols collectifs et l'esclavage font désormais partie intégrante de la politique d'oppression et de vengeance contre les femmes soudanaises, qui ont déclenché la révolution kanakdienne. Cela s'ajoute aux autres impacts susmentionnés des guerres et des conflits internes sur elles.
Nous devons également condamner les attaques flagrantes contre le peuple palestinien et les femmes palestiniennes, ainsi que les condamnations à mort prononcées contre des militants kurdes en Iran, en particulier contre les militants Sharifa Mohammadi et Bakhshan Azizi. Nous soulignons que tout cela se produit en présence de pays, d'organisations et d'institutions internationales qui restent inactifs malgré leur engagement proclamé en faveur des droits de l'homme et des femmes. C'est la preuve la plus claire de l'hypocrisie et du deux poids, deux mesures dans le respect des normes humanitaires définies dans divers accords et traités internationaux, et dans la mise en œuvre ou la responsabilisation de ceux qui les violent.
Par conséquent, au nom de « Nada Alliance », nous condamnons le génocide systématique contre toutes les femmes de la région, comme en témoigne le génocide infligé aux femmes yézidies, afghanes, soudanaises et palestiniennes. Nous réitérons notre solidarité, notre soutien et notre appui à la lutte et à la résistance des femmes yézidies, afghanes, soudanaises, palestiniennes et de toutes les femmes libres de la région et du monde entier. Nous appelons les organismes et institutions internationaux concernés à rompre leur silence et à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à ces graves violations contre les femmes. Nous les exhortons à demander des comptes aux gouvernements et aux entités responsables de ces violations des droits humains, qui constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, et atteignent le niveau d'un génocide systématique à leur encontre. Nous appelons également à la reconnaissance du génocide systématique contre les femmes en général, et les femmes yézidies en particulier, et à faire pression sur les autorités compétentes pour qu'elles mettent fin aux condamnations à mort prononcées contre des militantes en Iran. »
Kurdistan, nada alliance chiede di agire contro il genocidio delle donne
https://andream94.wordpress.com/2024/08/09/kurdistan-nada-alliance-chiede-di-agire-contro-il-genocidio-delle-donne/
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Le rôle crucial des syndicats dans la lutte pour la démocratie et la paix

Le résultat du second tour des élections législatives du 7 juillet en France a surtout montré une chose : la montée de l'extrême droite peut être stoppée, les libertés démocratiques et les droits sociaux peuvent être défendus. L'important est de réagir, de ne pas tomber dans le fatalisme et de construire l'unité la plus large possible, sans sectarisme.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Il reste beaucoup à faire pour renverser les politiques antisociales des gouvernements français passés et récents, qui sont à l'origine du désespoir croissant d'une grande partie de la classe ouvrière. En exploitant l'impact négatif de ces politiques, l'extrême droite s'est employée à semer la division parmi les travailleurs.
Néanmoins, la réponse combinée des syndicats français a constitué, dès le début, le ciment qui a permis à différentes forces politiques de s'unir dans un front commun visant à défendre les acquis sociaux et les droits démocratiques des travailleurs français, menacés à la fois par le Rassemblement national de Marine Le Pen et par le « centre » néolibéral du président Macron.
Les luttes unitaires de l'Intersyndicale française, d'abord contre le recul de l'âge de la retraite, puis pour la défense de l'Ukraine, ont constitué des étapes importantes sur la voie de la mobilisation derrière le nouveau Front populaire qui a relégué l'extrême droite à la troisième place le 7 juillet.
¡No pasarán ! La lutte contre le danger du fascisme en Europe se déroule sur plusieurs fronts.
Le plus cruel et le plus vicieux se trouve sur la ligne de front en Ukraine, mais le danger concerne tous les pays. La réorganisation de l'extrême droite en Europe, avec le leader hongrois Orbán, la française Le Pen, l'espagnol VOX et d'autres qui se rassemblent au sein du groupe parlementaire européen pro-Poutine « Patriotes pour l'Europe », montre deux choses : que les luttes nationales contre l'extrême droite sont de plus en plus liées et que le lien avec le régime autoritaire de la Russie est commun à tous les partis et gouvernements qui présentent des traits de fascisme.
Le Kremlin les alimente en propagande, les soutient économiquement et favorise leurs alliances internationales. Comme au XIXe siècle, la Russie est à nouveau la grande puissance la plus réactionnaire et la plus agressive de notre époque. Espérer que cette menace disparaisse – ou même qu'elle soit apaisée – serait aussi suicidaire que lorsque les démocraties européennes ont fermé les yeux, dans les années 1930, sur l'expansionnisme d'Hitler
Exemples, positifs et négatifs
Le succès français, dû à l'application d'une approche de résistance unie et de mobilisation, montre à quel point le rôle des syndicats est essentiel pour renforcer la confiance et le moral de la classe ouvrière organisée et pour créer un pôle d'attraction pour des millions de travailleurs moins organisés, voire totalement inorganisés.
En revanche, une vision étroite et pessimiste au sein des directions syndicales peut signifier que l'on évite les batailles de peur de les perdre. C'est ce qui s'est passé lors de la 113e session de la Conférence internationale du travail de l'Organisation internationale du travail (OIT), dont il est question dans le numéro 10 de cette lettre d'information. Les dirigeants de la Confédération syndicale internationale (CSI) ont hésité à s'opposer au poutinisme, pensant que de nombreux syndicats et pays du soi-disant Sud mondial voteraient en faveur du maintien du « syndicat » complaisant du Kremlin, la Fédération des syndicats indépendants de Russie (FNPR), au sein du Conseil d'administration de l'OIT. Ils ont fait pression sur les syndicats ukrainiens pour qu'ils ne contestent pas ce qui était considéré comme la « place de la FNPR ».
Mais il s'est avéré que cet appareil et son homologue chinois (la Fédération des syndicats de Chine), qui soutiennent tous deux ouvertement des régimes antidémocratiques, dictatoriaux et hostiles aux travailleurs, ont obtenu les pires votes de leur histoire, le représentant de la FNPR n'étant élu qu'à une voix près. Le représentant de la Fédération des syndicats d'Ukraine (FPU) aurait pu être élu au conseil d'administration du BIT en tant que délégué à part entière si on ne lui avait pas conseillé de ne pas se présenter.
Faire le bilan des victoires et des défaites
Notre mouvement doit faire le point sur le prix que nous payons pour cette neutralité et cette tiédeur, pour avoir laissé passer d'importantes opportunités, pour avoir évité la lutte frontale contre ceux qui font partie intégrante des régimes autoritaires.
Le rôle joué aujourd'hui par les syndicats français et les résultats positifs obtenus montrent qu'il faut une sorte de « tournant français » adapté, bien sûr, aux particularités de chaque pays. Nos institutions syndicales internationales doivent prendre ce virage.
Les besoins des travailleurs sont plus pressants que jamais. Les salaires perdent chaque jour de leur valeur face à l'inflation. Les prix des denrées alimentaires augmentent et le coût du logement monte en flèche. L'éducation, la santé et les services sont de plus en plus dégradés, en sous-effectif ou sous-payés. Derrière tout cela, le grand capital, en particulier le secteur financier, s'en met plein les poches comme jamais auparavant, tandis que l'environnement continue de se dégrader parce que la transition écologique juste dont toute l'humanité a besoin est bloquée. La perspective globale est celle de la peur, du chaos et de l'instabilité.
En Ukraine, cette sombre perspective est aggravée par la guerre et par des atrocités telles que le tir de missile du 8 juillet sur l'hôpital pour enfants de Kyiv. Les syndicats ukrainiens luttent pour résister aux attaques contre le niveau de vie et les conditions de travail, en partie à cause de la guerre, mais surtout à cause de la détermination du gouvernement à mettre en œuvre des « réformes » radicales axées sur le marché. Les dettes salariales s'accumulent, les heures travaillées augmentent et les conditions de travail abusives se multiplient.
Lors de la manifestation organisée le 10 juin par la Fondation Frederick Ebert en marge de la conférence sur le redressement de l'Ukraine qui s'est tenue les 11 et 12 juin à Berlin, Mykhailo Volynets, président de la Confédération des syndicats libres d'Ukraine, a dénoncé devant le ministre ukrainien de l'économie la violation par son gouvernement de 22 conventions internationales du travail dans 50 textes législatifs ukrainiens récents ( voir le moment 1:31:30 de cette vidéo de la manifestation).
Plus les droits démocratiques et le bien-être social de l'Ukraine sont menacés, plus la conviction et l'engagement nécessaires pour défendre le pays sont grands. C'est le message des syndicats ukrainiens dans tous les forums économiques et sociaux, et c'est un message que nous devons soutenir. Nous devons renforcer la vigilance, le pouvoir des syndicats. C'est la meilleure garantie de la résilience de la société face à l'envahisseur. Plus la classe ouvrière ukrainienne sera forte et organisée, moins les troupes d'occupation russes et leur « syndicat » pourront s'en tirer. Aider à renforcer le rôle et le pouvoir des syndicats en Ukraine est une tâche vitale pour le syndicalisme de classe partout dans le monde.
Le syndicalisme doit également être soutenu et renforcé dans les pays voisins de l'Ukraine, en particulier en Russie et au Belarus. Contribuer au démantèlement des régimes autoritaires de Poutine et de Loukachenko ne se fait pas seulement de l'extérieur – par exemple en maintenant la pression sur nos gouvernements pour qu'ils fournissent à l'Ukraine l'armement dont elle a besoin – mais aussi en soutenant et en encourageant ceux qui s'opposent à ces régimes del'intérieur. Elle se fait aussi en soutenant et en encourageant ceux qui s'opposent à ces régimes
de l'intérieur, en aidant et en faisant connaître leurs véritables syndicats, souvent clandestins,qui organisent la résistance dans les entreprises, les villes et les services.
Cette lettre d'information vise à donner un espace croissant aux expressions de la lutte syndicale dans ces pays, même si elles n'en sont qu'à leurs débuts. C'est à partir de ces petites graines que pourront émerger et se développer les futurs liens de solidarité entre les travailleurs de tous les pays.
NOTE : Le taux de change de la hryvnia ukrainienne (UAH) par rapport à l'euro utilisé dans ce numéro de la lettre d'information est celui en vigueur le 12 juillet 2024.
Télécharger le bulletin Bulletin d'information syndicale Juin-Juillet 2024 n°11 : ENSU-RESU Trade Union Newsletter Number 11 June-July 2024_FR
Éditorial
Le tir de missile russe sur l'hôpital national spécialisé pour enfants Okhmatdyt, à Kyiv
Lutte des travailleurs en Ukraine – mineurs de charbon, travailleurs de la santé et coursiers
Luttes communautaires en Ukraine
Lutte des femmes en Ukraine
Lutte des étudiants en Ukraine
Luttes des LGBTI+ en Ukraine
Autres nouvelles et analyses sur l'Ukraine
Solidarité avec les travailleurs et les syndicats ukrainiens
Lutte des travailleurs au Belarus
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Au Royaume-Uni, la riposte antiraciste mobilise davantage que les émeutes de la haine

Alors que les autorités britanniques s'attendaient à des centaines de rassemblements d'extrême droite, les manifestants antiracistes étaient bien plus nombreux et la majorité des rassemblements n'ont pas été perturbés.
8 août 2024 | tiré d'Europe solidaire sans frontières
Birmingham (Royaume-Uni).– « Ils n'ont pas osé venir à Birmingham ! », lance un des orateurs du rassemblement organisé par l'association Stand up to Racism dans cette ville du centre de l'Angleterre. « Je n'ai jamais été plus fier de Birmingham, s'exclame un autre. La seule ville où les fascistes n'ont pas osé venir. » Birmingham a été relativement épargnée par les affrontements ces derniers jours.
Ce mercredi soir a été plus calme que ce que beaucoup craignaient dans tout le Royaume-Uni. Si des affrontements sporadiques ont eu lieu, à Londres notamment, les centaines de rassemblements d'extrême droite auxquels la police s'attendait ne se sont pas matérialisés. Ou alors ils étaient moins nombreux et violents que les jours précédents.
À Birmingham, l'adresse d'un cabinet d'avocats spécialisé dans le droit à l'immigration circule sur les boucles Telegram d'extrême droite, comme point de rendez-vous à 20 heures. Plusieurs dizaines d'autres bureaux d'avocats sont listés : « Mercredi soir, les gars. Ils n'arrêteront pas de venir tant qu'on ne le leur dira pas. Plus d'immigration. 20 heures. Venez masqués. » Mais ni à cette adresse en plein quartier des joailliers de Birmingham, ni à quelques centaines de mètres sur Saint-Paul Square, autre lieu de rassemblement possible, ni même autour des militant·es de Stand up to Racism, les extrémistes ne se sont manifestés mercredi soir.
À Birmingham, comme dans plusieurs villes du Royaume-Uni, les militants antiracistes ont été bien plus nombreux que les fauteurs de troubles. © Photo Marie Billon / Mediapart
Ce n'est pas la première fois localement qu'une menace de rassemblements d'extrême droite ne se matérialise pas, ce qui n'étonne pas Jack. « C'est parce que Birmingham est une ville multiculturelle qu'elle a été épargnée par la violence, dit-il. Parce que nous sommes une ville solidaire. » Jack est commerçant, il travaille dans une boutique d'ameublement dans un quartier « ethniquement divers », dit-il. Il redoutait cette soirée, mais espérait que les premières condamnations d'émeutiers à de la prison ferme dissuaderaient les fauteurs de troubles : « Si on les arrête et qu'on les met derrière les barreaux, j'espère que cela mettra fin à tout ça, et que les gens pourront en tirer les leçons nécessaires. »
« Nous, nous rassemblons. Eux, ils divisent »
Mustapha, lui, va garder les planches pour protéger les vitres de son restaurant pendant encore quelques jours, « au cas où ». Il les a installées mercredi, craignant des violences autour du rassemblement de Stand up to Racism prévu juste en face. « Ça coûte quelques centaines de livres sterling d'installer ces protections, dit-il, mais si des émeutiers cassent les vitres, ce sera bien plus cher. » En tant que restaurateur turc, Mustapha craignait d'être particulièrement vulnérable, mais la chaîne de café britannique installée à côté et le magasin de proximité en face avaient pris les mêmes précautions que lui.
Les commerçants n'étaient pas les seuls à s'attendre au pire. En face du restaurant de Mustapha, deux jeunes hommes sont arrivés en fin d'après-midi et ont attendu que les manifestant·es antiracistes commencent à affluer pour se rapprocher du lieu de rendez-vous. Mark et Saah veulent chacun être « un corps à interposer » en cas d'attaque d'extrême droite, mais ne souhaitent pas « provoquer », assurent-ils.
Comme beaucoup d'autres jeunes gens – des hommes surtout –, ils cachent leur visage sous les cagoules noires. « C'est à cause des réseaux sociaux, dit Mark. Je vis dans un quartier où beaucoup de gens sont relativement racistes. On ne sait pas qui raconte quoi, si quelqu'un voudra me prendre pour cible… Et aussi je ne suis pas nécessairement toujours d'accord avec la police. » Saah dit que, comme Mark, il a été fouillé plusieurs fois sans autre raison que « la couleur de [s]a peau » et préfère aussi n'être pas identifiable.
Mustapha a décidé de barricader les vitres de son restaurant mercredi, de peur que des violences n'éclatent. © Photo Marie Billon / Mediapart
Quelques minutes plus tard, deux policiers les accostent. Tous quatre se saluent poliment. Et quand l'un des agents demande aux jeunes hommes pourquoi ils cachent leur visage, ils rétorquent : « Il n'y a pas d'EDL ici ! » L'EDL, c'est l'English Defence League, un parti d'extrême droite qui n'a aujourd'hui plus d'existence légale mais qui reste un point de ralliement pour les émeutiers. Les deux policiers repartent, apparemment satisfaits des réponses de Mark et Saah.
Si les membres des forces de l'ordre sont nombreux ici, mercredi, à Birmingham et que les agents gardent un œil sur les jeunes encagoulés, les seules fois où ils élèvent la voix ou lèvent un bras sont pour pousser la foule qui écoute les discours de Stand up to Racism sur le bitume, malgré la circulation des voitures. Plusieurs automobilistes signalent d'ailleurs leur soutien en klaxonnant, ou en lançant des insultes contre l'EDL depuis leur volant.
« Nous sommes ici ce soir parce que nous aimons nos voisins, dit un intervenant de Stand up to Racism. Ils pensaient que personne ne leur tiendrait tête et ne dénoncerait leur idéologie toxique. Mais nous, nous manifestons, eux, ils créent des émeutes. […] Nous, nous rassemblons. […] Eux, ils divisent. »
Si des musulmans provoquaient des émeutes, détruisaient des commerces, brisaient des vitres, blessaient des gens, ils nous traiteraient de terroristes. Mais parce que ce sont des Blancs qui le font, c'est de l'activisme.
Une jeune musulmane de Birmingham, sous couvert d'anonymat
Après une grosse heure de discours prononcés sur le point de rendez-vous, les manifestant·es marchent vers le centre-ville de Birmingham, en scandant : « Les réfugiés sont bienvenus » ou « Racistes, rentrez chez vous », mais aussi des slogans propalestiniens et hostiles à Israël. Quand certains entonnent « Allahou Akbar », les organisateurs noient les cris avec d'autres slogans dans les mégaphones. Mais ces mots ne dérangent pas Eilish : « Dire que Dieu est grand, c'est une opinion. Si c'est ce que vous pensez, je ne vois pas le souci, quelle que soit la langue dans laquelle c'est prononcé. »
Cette Anglaise de 31 ans avait hésité à venir ce soir au rassemblement de Stand up to Racism. « J'étais persuadée qu'il allait y avoir des contre-manifestants, et je craignais de la violence, raconte-t-elle. Mais je pense que ce qui s'est passé au cours des dernières vingt-quatre, quarante-huit heures, a montré que la police réagit vigoureusement face aux violences. » Eilish a suivi les fils d'actualité sur son téléphone et elle se réjouit de voir que dans tout le pays, les manifestant·es antiracistes sont nombreux. « L'extrême droite est dépassée en nombre », annonçaient plusieurs médias dès mercredi soir.
Les manifestant·es et les autorités espèrent qu'un tournant a eu lieu et que se profile la fin des violences racistes ayant prospéré sur l'instrumentalisation et la manipulation des faits liés à l'attaque au couteau de Southport, qui a coûté la vie à trois petites filles le 29 juillet. Contrairement aux rumeurs sur les réseaux sociaux, le suspect n'est ni musulman ni un demandeur d'asile arrivé illégalement dans le pays.
« J'ai vécu ici toute ma vie, disait mercredi après-midi une jeune fille portant un hidjab, mais je ne me suis jamais sentie aussi peu en sécurité qu'en ce moment même. J'ai l'impression que lorsque je sors de chez moi, je dois regarder de tous les côtés. J'ai peur que quelqu'un me crie dessus, m'insulte ou m'attaque. » La jeune femme de 21 ans a tenu à rester anonyme, tout comme l'amie qui marche à côté d'elle. Elles ne veulent pas se promener seules en ville en ce moment, disent-elles, et elles ne vont que là où il y a du monde pour se sentir moins vulnérables.
Même quand elles passent devant un camion de policiers, elles ne sont pas rassurées. « Si des musulmans provoquaient des émeutes, détruisaient des commerces, brisaient des vitres, blessaient des gens, ils nous traiteraient de terroristes, remarque-t-elle. Mais parce que ce sont des Blancs qui le font, c'est de l'activisme. » Toutes deux voudraient que les émeutiers soient accusés d'actes terroristes. Une possibilité envisagée pour certains cas par les autorités judiciaires, mais d'autres estiment que cela donnerait un vernis idéologique à des agissements opportunistes. Le premier ministre insiste depuis le surgissement des événements sur le fait que les fauteurs de troubles seraient avant tout des « voyous ».
Keir Starmer a aussi martelé qu'ils « n'échapper[aient] pas à la justice ». Mercredi, trois émeutiers ont été condamnés à des peines de prison ferme allant de vingt mois à trois ans. Plus de 500 places dans au moins trois maisons d'arrêt sont préparées pour recevoir les fauteurs de troubles qui seront reconnus coupables dans les prochains jours. Le gouvernement travailliste accélère son programme de libération de certaines détenues à 40 % de leurs peines, pour faire de la place dans les centres d'incarcération.
Ancien procureur général, Keir Starmer estime qu'une justice rapide et intraitable peut dissuader les fauteurs de troubles. Mais quand l'atmosphère sera plus sereine, le Royaume-Uni ne pourra pas faire l'économie d'un examen de conscience.
« Pour beaucoup, ce qui se passe en ce moment est la répétition des tensions raciales que nous avons connues dans les années 1960, 70 et 80, a déclaré un des orateurs de Stand up to Racism. Cette fois-ci, nous devons mettre fin pour de bon à cette menace fasciste. » La foule a applaudi copieusement, mais ces troubles et émeutes pour demander la « fin de l'immigration » s'appuient sur une structuration difficile à contrer, comme l'a montré le haut score (4 millions de votes) du parti populiste Reform UK lors des élections du 4 juillet.
Marie Billon
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Quand l’accusation d’antisémitisme devient une arme entre les mains du néofascisme

Netanyahu est devenu le chouchou de l'extrême droite mondiale, non seulement en tant que modèle, mais aussi en raison de ses efforts assidus pour laver ses camarades du monde entier de l'accusation d'antisémitisme et l'attacher à ceux qu'ils haïssent... (traduit de l'arabe).
3 JUILLET 2024
Gilbert Achcar
Professeur, SOAS, Université de Londres
Les Arabes sont habitués à être accusés d'antisémitisme chaque fois que les sionistes et leurs partisans sont incapables de réfuter leur critique de la réalité de l'État d'Israël et de son comportement colonial oppresseur. Les critiques d'origine juive du sionisme sont d'ailleurs eux-mêmes habitués à être soumis à la même calomnie, avec une sévérité accrue puisque les sionistes les considèrent comme des « traîtres » ou les accusent de « haine de soi » selon la logique raciste qui veut que tout Juif devrait être sioniste (la même logique qui prévaut chez ceux dont l'hostilité au sionisme sert de mince voile à une position raciste hostile aux Juifs dans leur ensemble).
Ce qui est nouveau ces dernières années, c'est l'élargissement du champ des personnes accusées d'antisémitisme pour y inclure un large éventail de critiques de gauche de l'État d'Israël, dont la position critique s'inscrit dans une longue histoire politique et qui, durant des décennies de critique des gouvernements israéliens pour leurs pratiques racistes coloniales envers les Palestiniens, étaient convaincus de partager cette position avec les Juifs israéliens de gauche. Ce changement a accompagné une dérive croissante de la scène politique mondiale vers la droite et l'extrême droite, dérive propulsée et stimulée par cette dernière.
Benjamin Netanyahu en a été un pionnier. Le premier ministre sioniste est, à plus d'un titre, un pionnier de l'extrême droite mondiale. Il a notamment joué ce rôle après son retour au pouvoir en 2009 et sa longévité au gouvernement, établissant le record de durée du mandat de premier ministre de l'État d'Israël, ayant occupé ce poste pendant plus de douze ans jusqu'en 2021, avant de revenir et le réoccuper à partir de la fin de 2022. Au cours de ces années, Netanyahu a été un modèle pour l'extrême droite mondiale par son opportunisme éhonté, sa capacité à mentir sans vergogne, son recours sans scrupules aux méthodes politiques les plus viles contre ses adversaires israéliens et son aptitude sans précédent à surenchérir sur tout le monde dans l'excommunication sioniste des adversaires, qu'il a transformée en arme idéologique de prédilection.
Netanyahu est devenu le chouchou de l'extrême droite mondiale, non seulement en tant que modèle, mais aussi en raison de ses efforts assidus pour laver ses camarades du monde entier de l'accusation d'antisémitisme et l'attacher à ceux qu'ils haïssent. Cela a bien cadré avec la coïncidence entre la montée de l'extrême droite à l'échelle mondiale et la montée de l'islamophobie, en conséquence de la combinaison entre l'hostilité raciste envers les immigrants provenant de pays à majorité musulmane et l'idéologie de la « guerre contre le terrorisme » stimulée par les attentats criminels menés par Al-Qaïda et Daech dans le Nord mondial.
Dans son effort pour exonérer de l'accusation d'antisémitisme les sources de l'antisémitisme traditionnel à l'extrême droite afin de rejeter cette même accusation sur tous les critiques du sionisme, Netanyahou est allé jusqu'à tenter d'absoudre partiellement Adolf Hitler lui-même de la responsabilité de la perpétration du génocide des Juifs européens, en attribuant cette responsabilité à Amin al-Husseini d'une façon qui a suscité la protestation et la dénonciation de tous les historiens de la Shoah. L'intention de Netanyahu n'était pas seulement d'amplifier l'hostilité raciste envers les Arabes et les musulmans à travers le personnage d'Al-Husseini, argument favori de la propagande sioniste pendant plus de quatre-vingts ans en raison du mal qu'il a fait à la cause palestinienne en collaborant avec l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste pendant la Seconde Guerre mondiale. L'intention du premier ministre israélien était également d'exonérer l'extrême droite européenne antisémite à travers le personnage de Hitler.
C'est ainsi que Netanyahou est devenu le prétexte favori des dirigeants de l'extrême droite mondiale pour dissimuler leur antisémitisme, même lorsqu'il est flagrant. De Viktor Orban, le premier ministre hongrois dont la haine pour les Juifs n'est un secret pour personne, à Donald Trump, qui estime qu'il est du devoir des Juifs américains d'être inconditionnellement loyaux envers l'État d'Israël et son gouvernement, à Vladimir Poutine, autre modèle de l'extrême droite mondiale, et à Marine Le Pen qui s'efforce de dissimuler l'antisémitisme historiquement inhérent au mouvement qu'elle dirige, une longue lignée de figures de l'extrême droite mondiale sont devenus les meilleurs amis de Netanyahu et de son gouvernement sioniste d'extrême droite, leur semblable. Ils ont surenchéri sur tout le monde dans le soutien qu'ils leur ont manifesté, y trouvant un moyen bon marché de camoufler leur antisémitisme passé et présent, d'autant plus que le nombre des Juifs européens est devenu très limité depuis le génocide nazi, tandis que les immigrants en provenance du Sud mondial sont devenus le nouveau bouc émissaire préféré de l'extrême droite au Nord.
Un cas très révélateur par rapport à tout cela est l'annonce par Amichai Chikli, ministre de Netanyahu et membre de son parti, le Likoud, que l'ensemble du gouvernement israélien s'est réjoui de la victoire remportée par le parti de Le Pen au premier tour des élections législatives françaises dimanche dernier. Chikli détient un portefeuille ministériel spécialisé dans les « affaires de la diaspora et la lutte contre l'antisémitisme » ! Le pire, c'est que les partis politiques du « centre » ont choisi de profiter de l'instrumentalisation de l'accusation d'antisémitisme à des fins droitières dans leur lutte contre leurs adversaires de gauche, comme dans la campagne odieuse menée en Grande-Bretagne par la droite conservatrice et la droite du Parti travailliste (« centriste ») afin d'éliminer politiquement Jeremy Corbyn, et la campagne similaire menée contre Jean-Luc Mélenchon en France par le « centre-droit » représenté par l'actuel président Macron, et la droite de la gauche, dite « centre-gauche ».
En participant à ces campagnes de calomnie sans même diriger leurs tirs en même temps contre l'extrême droite et dénoncer son hypocrisie au sujet de l'antisémitisme, les forces « centristes » ont contribué à couvrir l'extrême droite et à crédibiliser sa prétention d'être innocente d'antisémitisme, tout en donnant la priorité à cette considération sur la condamnation du racisme antinoirs et antimusulmans et de la xénophobie en général que l'extrême droite ne prétend nullement avoir surmontées, mais dont elle est plutôt fière, les utilisant comme argument idéologique central dans son activité. C'est ainsi que l'éventail politique « centriste », de droite à gauche, a fini par participer à des manifestations contre l'antisémitisme en commun avec l'extrême droite antisémite, comme cela s'est produit en France à la suite de l'opération menée par le Hamas dans la bande de Gaza.
En conclusion, faire de l'accusation d'antisémitisme un mal absolu au point de déprécier tous les autres aspects du racisme et d'accepter que « les Juifs » soient représentés par un gouvernement sioniste dirigé par un parti d'origine fasciste et auquel participent des ministres « néonazis » et des intégristes religieux juifs, un gouvernement qui a rapproché « l'État juif » de la « gestion de la barbarie » selon le modèle incarné par « l'État islamique », ce comportement des forces « centristes » a contribué et continue de contribuer grandement à renforcer l'extrême droite mondiale, de même que leur émulation de cette extrême droite dans d'autres domaines, en particulier l'hostilité raciste envers les immigrés.
Traduction de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est paru le 2 juillet en ligne et dans le numéro imprimé du 3 juillet. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.
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Après les lois sur le soutien immédiat à Israël et contre des sanctions visant ses forces : Washington valide 5 contrats de vente d’armes à Tel-Aviv

Cinq contrats de ventes d'armes sur les neuf que Washington a validés, durant les deux premières semaines du mois en cours, sont destinés à Israël pour « renforcer ses capacités de protection ».
Tiré d'El Watan.
D'un côté, elle appelle les parties à conclure un accord de cessez-le-feu à Ghaza, où 40 000 Palestiniens ont été tués en dix mois, et d'un autre, elle dote Israël des armes les plus sophistiquées et les plus dévastatrices pour soutenir son effort dans la guerre génocidaire.
L'administration Biden vient de valider la vente d'une importante cargaison d'armes pour un montant de 20 milliards de dollars, notamment de nouveaux avions de combat F-15 et des dizaines de milliers d'obus de char et de mortiers, sous prétexte de l'aider à se protéger « des menaces iranienne ».
Les nombreux appels des experts de l'ONU « à l'embargo sur les armes à destination de Tel-Aviv et l'ordonnance de la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction ONUsienne, qui a déclaré Israël comme force occupante sur les Territoires palestiniens, ne devant pas être soutenue militairement par les Etats membres de l'ONU, ainsi que les poursuites pour crimes de guerre, engagées par la Cour pénale internationale (CPI) », contre les dirigeants israéliens, n'ont malheureusement pas freiné le transfert d'armes vers l'Etat hébreu.
Durant les deux semaines seulement de ce mois d'août, Washington a accordé cinq marchés sur les neuf qu'elle a signés. Le dernier accord d'aide militaire, un des plus importants, concerne, selon le communiqué de l'Agence américaine de sécurité et de défense, « la vente militaire étrangère au gouvernement israélien d'avions F-15IA et F-15I+ et d'équipements connexes pour un coût estimé à 18,82 milliards de dollars », précisant que le gouvernement israélien « avait demandé l'achat d'un maximum 50 nouveaux avions de combat multirôles F-15IA, ainsi que des kits de modification de mise à jour à mi-vie pour 25 avions de combat multirôles F-15I existants, 120 moteurs F110-GE-129 ; 90 processeurs d'affichage de base II avancés, 75 radars à balayage électronique actif APG-82(V)1 ; 50 nacelles de navigation AN/AAQ-13 Lantirn avec conteneurs ; 320 lanceurs de missiles air-air de moyenne portée avancés LAU-128 ; 25 canons M61A Vulcan ; 180 dispositifs de système de positionnement global/système de navigation inertielle intégrés avec code M.
Le coût total affirme la même source, est de 18,82 milliards de dollars. L'agence a ajouté en outre que les Etats-Unis « sont attachés à la sécurité d'Israël et il est essentiel pour les intérêts nationaux américains d'aider Israël à développer et à maintenir une capacité d'autodéfense forte et opérationnelle » en soulignant par ailleurs : « L'intégration des F-15IA dans la flotte d'avions de combat de l'armée de l'air israélienne améliorera l'interopérabilité d'Israël avec les systèmes américains et renforcera ses capacités aériennes pour faire face aux menaces ennemies actuelles et futures, renforcer sa défense nationale et servir de moyen de dissuasion face aux menaces régionales. »
Le maître d'œuvre de ces acquisitions est la société Boeing Corporation, qui fait partie d'une kyrielle d'entreprises américaines et européennes, épinglées par le Conseil ONUsien des droits de l'homme et des Ong internationales de défense des droits de l'homme et contre lesquelles ils ont demandé un embargo et des sanctions.
Travail en coulisse
Le maître de l'ouvrage pour ce contrat est General Dynamics Ordnance and Tactical Systems Inc., situé au Québec, Canada. Une société également dans le viseur des Ong internationales de défense des droits de l'homme.
L'autre accord porte sur la vente « de camions cargo de 8 tonnes supplémentaires de la famille de véhicules tactiques moyens (FMTV) M1148A1P2 modifiés, qui seront ajoutés à un dossier de ventes militaires à l'étranger (FMS) précédemment mis en œuvre dont la valeur était inférieure au seuil de notification du Congrès », selon l'agence américaine.
Pour la presse américaine et israélienne, l'obtention de tels contrats est « le résultat » « travail en coulisses » de Yoav Gallant, ministre de la Défense de l'Etat hébreu, concerné par une demande de mandat d'arrêt international, du procureur en chef de la CPI, au même titre que le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, et dont les réponses devraient intervenir, selon la presse américaine, durant la deuxième quinzaine de septembre prochain.
Yoav Gallant et grâce à ses relations privilégiées avec certains hauts responsables américains, notamment le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, a lors de ses visites à Washington, il y a quelques semaines, abordé avec ses interlocuteurs la question du renforcement des capacités militaires de son pays.
Dans son communiqué, la Maison-Blanche a expliqué que ces ventes d'armes « soutiendront la sécurité à long terme d'Israël en réapprovisionnant les stocks de munitions essentielles et en investissant dans des améliorations à long terme des capacités ».
Pour le journal de gauche Hareetz, ces importantes ventes font partie d'un « accord discuté entre de hauts responsables israéliens et américains, ainsi qu'avec des constructeurs aéronautiques ».
Au mois d'avril dernier, le président Biden avait approuvé un plan de soutien financier à Israël, d'une valeur de 26 milliards de dollars, dont environ 14 milliards de dollars pour le soutien militaire. Un mois plus tard, la « loi de soutien immédiat à Israël » est adoptée, par le Congrès sous la pression du camp républicain, rejoint par plusieurs démocrates.
Cette loi rend obligatoire les transferts de certaines armes vers Israël, dans les 30 jours qui suivent leur acquisition et s'applique principalement à l'arsenal approuvé dans le cadre du plan d'aide étrangère de 95 milliards de dollars adopté au mois d'avril dernier, soit un mois auparavant. Le gel des opérations de transfert d'armes, notamment des bombes à destruction massive de plus de 900 kg, en raison des dérives de l'armée israélienne à Ghaza, n'a pas tardé à être levé.
La visite du Premier ministre israélien à Washington, à l'invitation du Congrès, et son discours devant les deux Chambres réunies, pendant que la guerre génocidaire se poursuivait à Ghaza, a suscité colère et réprobation, notamment contre l'administration américaine, apparue comme complice des crimes commis contre la population de Ghaza.
Même les sanctions qu'elle avait annoncées contre les membres de l'Unité de l'armée israélienne, « Netzah Yehuda », pour graves violations des droits de l'homme en Cisjordanie occupée (commises avant le 7 octobre dernier), viennent d'être abandonnées.
Elle a annoncé avoir mis fin à l'enquête ouverte et aux sanctions qu'elle avait pourtant annoncées, dans le but évident de démontrer que l'armée israélienne a pris des mesures contre les violations des droits de l'homme commises par ses forces comme l'a exigé l'ordonnance de la CIJ. Bien plus.
Une sanction contre des militaires israéliens serait en contradiction avec la législation américaine qui interdit toute aide financière ou de formation du programme du ministère de la Défense, aux forces de sécurité, militaires et de police étrangères soupçonnées d'avoir commis des violations des droits de l'homme.
Lors des débats de la réunion du Conseil de sécurité mardi dernier, consacrée à la situation à Ghaza, particulièrement aux frappes contre l'école Tabeen, qui abritait des déplacés, de nombreux délégués ont accusé les Etats-Unis de complicité dans la guerre génocidaire contre les Ghazaouis, en raison de l'aide financière, militaire et politique apportée à Israël, au moment où ses dirigeants sont accusés de crimes de guerre, contre l'humanité et de génocide.
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Pierre Salama, l’infatigable défenseur de l’altermondialisme, est mort

Économiste marxiste réputé, Pierre Salama est mort le 9 août à 82 ans. Réactualisant toute pensée de l'économie politique, il laisse une somme de travaux sur l'évolution des pays émergents, les inégalités et la mondialisation, à partir de son champ de recherche privilégié : le continent sud-américain.
Tiré d'Europe solidaire sans frontière.
Il était un des économistes altermondialistes les plus réputés, mais peu cité en dehors des cercles universitaires et de recherche : il était un économiste marxiste. Professeur émérite à Paris Sorbonne Nord, membre du conseil scientifique d'Attac depuis sa création , ce pédagogue, décrit comme « brillant », « chaleureux », « drôle » a consacré l'essentiel de ses travaux aux devenirs de l'Amérique du Sud, entraînant à sa suite une génération de jeunes chercheurs dans ces chemins peu empruntés des pays émergents. Pierre Salama est mort à Paris le 9 août à 82 ans.
S'il fallait résumer en quelques mots ses travaux – exercice par nature périlleux – ce serait peut-être par cette phrase de Marx qu'il reprend à son compte : « Les hommes font librement leur histoire mais dans des conditions qui ne sont pas librement décidées par eux. » En d'autres termes, les concepts ne fixent rien en soi mais se déclinent en fonction d'une situation donnée. Entre l'idéalisme et le déterminisme, il y a des chemins possibles, des choix économiques et politiques qui peuvent faire bifurquer l'histoire.
Car pour Pierre Salama, l'économie est politique. Cette conviction a d'ailleurs été la matrice de sa carrière et de sa vie. Élève brillant, il se destine au départ à devenir ingénieur. Ses rencontres universitaires de l'époque en décideront autrement.
Militant contre la guerre en Algérie, il adhère vite à l'Unef, le puissant syndicat étudiant où tous les mouvements de gauche contestataires en ce début des années 1960 se retrouvent, discutent , s'écharpent. La guerre du Vietnam, les mouvements d'émancipation du tiers-monde , la remise en cause du capitalisme sont alors au cœur de toutes les discussions. Pierre Salama participe à tout et décide alors d'abandonner ses études d'ingénieur pour étudier l'économie. « Le choix de faire de l'économie, et de l'économie marxiste qui plus est, répond à une volonté militante », expliquera-t-il plus tard.
Devenu membre de la Ligue communiste révolutionnaire, Pierre Salama entame alors un chemin de défrichage ardu. Les études économiques en France sont alors un domaine poussiéreux, dominé par la pensée des économistes autrichiens. Le PCF de son côté a plongé la pensée marxiste dans le formol.
Dès ses débuts, Pierre Salama entreprend de réveiller tout cela. Afin de ne laisser aucune prise à ses détracteurs, il développe des modèles économétriques, pratique une rigueur scientifique dont il ne se départira jamais.
Dans sa thèse, Essai sur les limites de l'accumulation nationale du capital dans les économies semi-industrialisées, il donne déjà la direction de ses travaux futurs. Tout y est : les concepts revisités de production et de formation du capital dans les économies des pays émergents et surtout le rôle de l'État dans leur transformation économique. Un rôle sur lequel Karl Marx s'est peu penché, se concentrant surtout les forces antagonistes du capital et du travail. Sa thèse remporte un succès si vif qu'elle est traduite au Brésil. Un long dialogue avec les universitaires et les responsables des gauches sud-américaines s'engage. Il ne s'arrêtera plus.
Une réhabilitation de l'économie politique
Soucieux d'élargir la recherche sur les dynamiques du capitalisme, Pierre Salama crée avec Jean-Luc Dallemagne et Jacques Valier la revue Critiques de l'économie politique, sous l'égide de l'éditeur François Maspero. Point de rencontre des débats qui animent toutes les gauches de l'époque, la revue, parue pour la première fois en septembre 1970, durera sept ans. Il deviendra par la suite un des fondateurs et animateur de la revue Tiers-Monde.
En parallèle , Pierre Salama multiplie les publications sur la valeur, l'économie politique et surtout de ses travaux pionniers au sujet du tiers-monde avec des ouvrages comme la dollarisation de l'économie.
La montée en puissance du néolibéralisme à partir de la fin des années 1970 puis de la mondialisation l'oblige à élargir ses champs de recherche. C'est au travers du continent sud-américain dont il connaît remarquablement l'histoire, la structuration politique , économique et sociale de chaque pays, qu'il décrypte encore ces déferlantes.
L'évolution du continent sud-américain au cours des dernières décennies met en lumière les principes d'intrication entre les forces économiques et l'État, les bourgeoisies de chaque pays et les mouvement sociaux, qui sont au fondement de ses recherches.
Alors que l'Asie – la Chine en premier lieu – tire parti de la mondialisation grâce notamment à des politiques étatiques volontaristes, les pays d'Amérique du Sud, à partir de la crise de la dette des années 1980, renoncent à toute politique d'indépendance et de souveraineté. Ouvrant leur économie aux quatre vents, ils acceptent une désindustrialisation massive, pour ne plus miser que sur les richesses extractives ou agricoles, comme au Brésil, choisissant d'ignorer la dangerosité écologique et sociale de ces choix. La bourgeoisie argentine poussant le renoncement plus loin, en acceptant une dollarisation complète de son économie, de ses finances publiques et même de ses échanges intérieurs.
Le défi des inégalités
Parce que le phénomène est bien plus enraciné qu'ailleurs , qu'il crée une violence sociale qui s'impose quotidiennement dans pratiquement tous les pays du continent, Pierre Salama étudie avec minutie les inégalités et ses conséquences. Dans son livre Le Défi des inégalités (éditions La découverte) qui fait suite à un précédent ouvrage écrit avec Jacques Valier, Pauvretés et inégalités dans le tiers-monde (éditions La découverte) , il insiste sur le caractère profondément dangereux du creusement des inégalités, créant des sociétés instables et excluantes. Un danger – volontairement ou non – ignoré par la majorité des économistes.
Reprenant la comparaison avec l'Asie, il souligne une nouvelle fois le rôle déterminant d'autres acteurs comme celui de l'intervention ou non de l'État, des politiques publiques, du degré d'ouverture des marchés dans le creusement ou non des inégalités. L'échec des gouvernements de gauche au Brésil, en Bolivie ou ailleurs dans les années 2010 est, selon lui, à lire à partir de cette grille. Certes, les politiques keynésiennes de relance, d'aides sociales et de redistribution sont nécessaires mais elles ne peuvent suffire en soi car elles ne modifient pas les défaillances structurelles qui nourrissent ces inégalités. La pandémie du Covid et les réponses apportées par les différents gouvernements sud-américains viendront consolider ses convictions.
Continuant à être un observateur assidu de l'Amérique du Sud, Pierre Salama s'inquiétait encore dernièrement de la puissance des mouvements évangélistes au Brésil , force motrice de l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro. Tout comme il prédisait à l'été 2023 la faillite économique inéluctable du gouvernement péroniste argentin d'Alberto Fernandez et l'arrivée de l'extrême droite avec Javier Milei et son traitement de choc. Pierre Salama voyait dans ces mouvements le désespoir des classes populaires qui se raccrochent à des pensées magiques, faute d'avoir su trouver une écoute et une traduction politique de leurs problèmes auprès de la gauche. L'analyse n'est peut-être pas réservée qu'aux gauches sud-américaines.
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Le nouvel âge des fléaux du capitalisme. La révolution de l’élevage en Chine (VI)

Quinze mois avant le Covid-19, une pandémie a éclaté en Chine.
Tiré de A l'encontre
1er juillet 2024
Par Ian Angus
La peste porcine africaine (PPA) [1] est endémique chez les sangliers et les porcs d'Afrique subsaharienne depuis des siècles. Au début des années 1900, elle est passée des sangliers aux porcs domestiques importés d'Europe au Kenya par les colons. Depuis lors, des épidémies se sont déclarées dans diverses parties du monde, causées dans certains cas par des porcs sauvages et des sangliers, dans d'autres par des humains transportant des porcs infectés ou des aliments contaminés. Il n'existe ni traitement ni vaccin, et près de 100% des animaux infectés meurent.
Lorsque la peste porcine africaine a été diagnostiquée dans des élevages de porcs du nord-est de la Chine en août 2018, le gouvernement chinois a immédiatement ordonné l'abattage de tous les porcs de la région – 38 000 au total. Malheureusement, comme l'a prouvé une analyse génétique ultérieure, la maladie circulait déjà sans être détectée depuis plusieurs mois, de sorte que l'abattage fut trop tardif. Le virus était déjà en mouvement. En peu de temps, des foyers sont apparus dans toutes les provinces et la peste s'est propagée à 14 autres pays de la région Asie-Pacifique. Officiellement, entre 2018 et 2019, le nombre de porcs d'élevage en Chine a chuté de 28%, passant de 428 millions à 310 millions. La production de porc a plongé et le prix de vente au détail du porc – la viande la plus populaire en Chine – a plus que doublé [2].
La propagation rapide de la peste porcine africaine a été le résultat direct de changements radicaux dans l'industrie de l'élevage en Chine. L'adoption quasi universelle de la production de masse dans des installations confinées a rendu inévitable une pandémie de peste porcine africaine. Les mêmes changements ont contribué à la propagation rapide du Covid-19.
***
La question de savoir si la société chinoise dans son ensemble est socialiste, capitaliste ou quelque chose de nouveau et d'unique fait l'objet d'un débat permanent au sein de la gauche. Je ne tenterai pas de résoudre ou même d'aborder cette question ici, mais je pense qu'il ne fait aucun doute qu'au cours des dernières décennies, le secteur agricole chinois est devenu nettement capitaliste. C'est particulièrement vrai pour le bétail, où le modèle de production développé par Tyson Foods [le siège social se trouve à Springdale en Arkansas, cette firme a fait l'objet de nombreuses critiques d'Oxfam sur « sa gestion de la force de travail », entre autres] et d'autres firmes agroalimentaires états-uniennes a été presque universellement adopté.
La transformation a commencé en 1978, lorsque les communes agricoles de l'ère Mao ont été démantelées, remplacées d'abord par des exploitations familiales individuelles, puis par un système de marché largement non réglementé dans lequel des millions de petites exploitations ont été évincées par des sociétés agro-industrielles. Dans le secteur de l'élevage, ce changement a d'abord touché la volaille.
« Jusqu'au milieu des années 1980, la production de volailles était une activité secondaire mineure pour les ménages ruraux, en complément d'autres activités agricoles. Des millions de petits agriculteurs produisaient quelques poulets ou, au plus, quelques dizaines de poulets. A l'exception de quelques fermes d'Etat situées à l'extérieur des grandes villes, il n'y avait pas d'élevages commerciaux de volailles à grande échelle. Entre 1985 et 2005, 70 millions de petits éleveurs de volailles ont quitté le secteur. En l'espace de quinze ans (1996-2011), le nombre total d'élevages de poulets de chair en Chine a diminué de 75%. » [3]
La plupart des élevages de volailles en Chine sont encore de petite taille, mais la majorité des poulets de chair sont désormais élevés en intérieur, avec des milliers de volailles confinées dans de petits espaces. La production d'œufs est également concentrée : à la fin de 2022, Beijing Deqingyuan, qui comptait alors 20,6 millions de poules pondeuses, a annoncé son intention de tripler ce chiffre, ce qui en ferait le plus grand producteur d'œufs au monde [4].
***
La production de porc a connu une transformation similaire.
« Jusqu'en 1985, jusqu'à 95% de toute la viande de porc en Chine était produite par de petits exploitants agricoles qui élevaient moins de cinq porcs par an sur des parcelles familiales… En 2015, le secteur porcin était principalement composé d'exploitations familiales de taille moyenne (jusqu'à 500 porcs par an), d'exploitations commerciales de grande taille (500 000 à 10 000 porcs par an) et de méga-exploitations (plus de 10 000 porcs par an). » [5]
Contrairement aux producteurs de viande aux Etats-Unis, les entreprises chinoises n'ont pas eu à expérimenter diverses approches de l'industrialisation : elles ont rapidement adopté les méthodes les plus performantes mises au point par l'agro-industrie occidentale. En Chine, les exploitations d'alimentation intensive d'animaux confinés sont « construites à partir des mêmes matériaux, des mêmes plans et de la même notion de production moderne que les fermes industrielles du monde entier ; une exploitation d'alimentation intensive d'animaux confinés en Chine ressemble à une exploitation d'alimentation intensive d'animaux confinés dans l'Iowa, même si c'est parfois à une plus grande échelle et avec davantage de bâtiments reliés entre eux » [6].
L'agro-industrie chinoise a utilisé des méthodes développées aux Etats-Unis pour dépasser en termes de production ses initiateurs. Aujourd'hui, la Chine produit plus de la moitié de la viande de porc et des œufs dans le monde, et l'agro-industrie chinoise se développe à l'échelle mondiale. En 2013, la société chinoise ShuangHui International a racheté le géant américain de l'agroalimentaire Smithfield Foods pour 4,7 milliards de dollars : la firme issue de ce rachat, WH Foods [siège à Hongkong], est le plus grand producteur de porc au monde.
La production de viande en Chine n'est pas (encore) aussi concentrée qu'en Amérique du Nord, mais le modèle d'entreprise le plus courant a été directement copié sur le système de contrats mis au point par les géants occidentaux de l'agroalimentaire. Les entreprises verticalement intégrées – connues officiellement en Chine sous le nom d'entreprises à tête de dragon, évoquant la position de direction dans les danses cérémonielles du dragon – fournissent des poussins, des porcelets, des aliments, des antibiotiques et d'autres intrants aux agriculteurs sous contrat, qui hébergent et élèvent les animaux selon les instructions de l'entreprise. Comme l'affirme Richard Lewontin, dans le cadre de ces arrangements, l'agriculteur sous contrat semble indépendant, mais n'a en réalité « aucun contrôle sur le processus de travail ou sur le produit aliéné ». Le système Dragonhead transforme l'agriculteur « d'un producteur indépendant […] en un prolétaire sans alternative » [7].
La consolidation de la production de viande dans de grandes installations centralisées s'est accompagnée d'une expansion rapide des infrastructures de transport. « En 2000, par exemple, la Chine comptait 1,4 million de kilomètres de routes asphaltées, et en 2019, ce nombre avait plus que triplé, atteignant 4,8 millions de kilomètres. Le développement des chemins de fer a progressé encore plus rapidement, passant de 10 000 à 139 000 kilomètres entre 2000 et 2019 [8]. Ces réseaux de transport permettent aux animaux et aux produits d'origine animale de se déplacer rapidement des fermes aux marchés urbains. Ils permettent également, comme l'ont montré les pandémies de peste porcine africaine et de Covid-19, aux maladies infectieuses de se propager rapidement, bien au-delà de leur point d'origine, échappant ainsi aux mesures de santé publique.
Certaines des plus grandes entreprises leader construisent aujourd'hui des installations de production encore plus grandes. New Hope Group, par exemple, peut élever jusqu'à 120 000 porcs par an dans trois « hôtels à porcs » de cinq étages récemment achevés près de Pékin. Le complexe de plusieurs étages de Guangxi Yangxiang, près de Guigang, sera bientôt la plus grande exploitation d'élevage porcin au monde, abritant 30 000 truies et produisant plus de 800 000 porcelets par an.
Comme nous l'avons vu dans les articles précédents, le regroupement de milliers d'oiseaux ou d'animaux génétiquement identiques dans des installations confinées crée des conditions idéales pour la mutation, l'émergence et la propagation de nouvelles maladies infectieuses. La machine à pandémie, inventée aux Etats-Unis, a trouvé un nouveau foyer en Chine.
Les élevages industriels, les investissements importants, les contrôles environnementaux laxistes et le soutien de l'Etat ont tous contribué à la croissance spectaculaire de la production de viande. Entre 1980 et 2010, le nombre d'animaux et d'oiseaux d'élevage a triplé, et le nombre de fermes industrielles a été multiplié par 70. [9] La production de masse a fait baisser les prix de détail, rendant les protéines de haute qualité accessibles à des centaines de millions de personnes qui, auparavant, ne mangeaient de la viande que lors d'occasions spéciales, voire pas du tout. « La consommation moyenne de viande, de lait et d'œufs par habitant a été multipliée par 3,9, 10 et 6,9, respectivement, entre 1980 et 2010, ce qui représente de loin la plus forte augmentation au cours de cette période dans le monde. » [10]
Mais, comme l'a écrit Karl Marx, le système fondé sur le profit est comme une « hideuse idole païenne, qui ne boirait le nectar que du crâne des immolés » [11]. La croissance capitaliste a toujours un coût mortel. Outre les graves effets sur la santé de l'augmentation des graisses alimentaires, la marchandisation des porcs et des volailles a pollué l'eau, l'air et le sol, transformé une grande partie de l'utilisation des terres pour l'alimentation humaine en alimentation animale, augmenté les émissions de combustibles fossiles, forcé la migration de millions d'agriculteurs en faillite vers les bidonvilles urbains – et provoqué d'importantes épidémies de maladies infectieuses, notamment la grippe aviaire, le SRAS, la peste porcine et le virus du Covid-19.
En bref, l'adoption par la Chine de l'agriculture industrielle est à l'origine de catastrophes écologiques. La septième partie examinera son rôle dans l'une des pires pandémies des temps modernes. (A suivre – Article publié sur le blog de Ian Angus Climate&Capitalism le 25 juin 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre. Voir les cinq premières contributions publiées sur ce site les 12, 16, 27 mars, le 24 avril et le 15 mai)
[1] Il ne s'agit pas d'une grippe et n'a pas de lien avec la grippe porcine.
[2] Fred Gale, Jennifer Kee, and Joshua Huang, eds.,How China's African Swine Fever Outbreaks Affected Global Pork Markets, Economic Research Report Number 326, 2023, 12, 25.
[3] Chendog Pi, Zhang Rou, Sarah Horowitz, “Fair or Fowl ? Industrialization of Poultry Production in China,” Global Meat Complex : The China Series (Institute for Agriculture and Trade Policy, February 2014), 21.
[4] “Which Are Asia's Largest Egg Producers ?,” WATTPoultry.com, December 27, 2022.
[5] Brian Lander, Mindi Schneider, and Katherine Brunson, “A History of Pigs in China : From Curious Omnivores to Industrial Pork,” The Journal of Asian Studies 79, no. 4 (November 2020) : 11–12.
[6] Mindi Schneider and Shefali Sharma, “China's Pork Miracle ? Agribusiness and Development in China's Pork Industry,” Global Meat Complex : The China Series (Institute for Agriculture and Trade Policy, February 2014), 31.
[7] Richard C. Lewontin and Richard Levins, Biology under the Influence : Dialectical Essays on Ecology, Agriculture, and Health (New York : Monthly Review Press, 2007), 340.
[8] Li Zhang, The Origins of COVID-19 : China and Global Capitalism (Stanford, California : Stanford University Press, 2021), 34.
[9] Zhaohai Bai et al., “China's Livestock Transition : Driving Forces, Impacts, and Consequences,” Science Advances 4, no. 7 (July 6, 2018) : 7.
[10] Bai et al., “China's Livestock Transition.”
[11] Karl Marx, “The Future Results of British Rule in India,” New-York Daily Tribune, 8 août 1853.
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Le nouvel âge des fléaux du capitalisme. Elevages d’animaux sauvages et marchés clandestins (VII)

A la fin des années 1980, le gouvernement chinois a commencé à encourager les agriculteurs qui avaient été évincés des marchés du porc et de la volaille à se tourner vers l'élevage non traditionnel. L'Assemblée nationale populaire de 1988 a déclaré que la faune sauvage était une ressource à utiliser pour le développement économique et, en 2004, l'élevage commercial de 54 espèces sauvages a été officiellement approuvé. Les agences nationales et étatiques ont été chargées de « promouvoir activement l'élevage et l'approvisionnement du marché en animaux sauvages terrestres pour lesquels une technologie d'élevage mature a été développée » [1].
Tiré de A l'encontre
16 juillet 2024
Marché humide.
Par Ian Angus
Cette ouverture a attiré des investissements privés et une croissance rapide : en 2016, l'Académie chinoise d'ingénierie a estimé que l'industrie légale des espèces sauvages employait plus de 14 millions de personnes et que les ventes totalisaient près de 74 milliards de dollars par an. Aucune statistique détaillée n'est disponible, mais en 2020, il a été rapporté que près de 20 000 fermes élevaient des animaux sauvages pour les vendre comme nourriture [2], notamment des rats des bambous, des pangolins, des paons, des civettes palmistes, des chiens viverrins, des porcs-épics, des sangliers et bien d'autres espèces encore.
Le mythe de l'alimentation traditionnelle
Les articles de presse sur le commerce des animaux sauvages en Chine décrivent souvent la consommation d'animaux exotiques comme une caractéristique ancienne de la culture chinoise, perpétuée par des paysans ignorants qui ont migré vers les villes. Il s'agit souvent d'une caricature raciste, preuve que les pratiques alimentaires des Chinois sont impures, cruelles et barbares.
En fait, comme l'affirme le Dr Peter J. Li, autorité en matière de bien-être animal en Chine, « la majorité des Chinois ne mangent pas d'animaux sauvages » [3].
« L'affirmation selon laquelle la consommation d'animaux sauvages est traditionnelle, qu'elle remonte à la Chine ancienne et qu'il existe une demande de viande d'animaux sauvages est une information erronée diffusée et perpétuée par les éleveurs d'animaux sauvages du pays et les propriétaires de restaurants de produits exotiques. J'ai étudié l'élevage d'animaux sauvages et l'industrie de la restauration en Chine au cours des deux dernières décennies. Je n'ai jamais trouvé de preuves pour étayer l'affirmation selon laquelle la Chine avait une tradition de consommation généralisée d'animaux sauvages…
L'élevage massif d'animaux sauvages en Chine et les activités connexes telles que la production d'aliments pour animaux sauvages, le transport transprovincial d'animaux vivants élevés en captivité ou chassés, la production de médicaments vétérinaires et les centaines de milliers de restaurants de produits exotiques font partie d'un empire commercial qui a vu le jour au cours des 40 dernières années. Attribuer cet empire d'exploitation de la vie sauvage à la culture traditionnelle chinoise, et suggérer ainsi qu'il y a de quoi être fier, est une tactique conçue par les entreprises pour faire taire les critiques. » [4]

Une étude réalisée en 2020 a révélé que 97% des Chinois s'opposaient à la consommation d'animaux sauvages et 79% à l'utilisation de fourrure et d'autres produits issus d'animaux sauvages [5]. Une étude réalisée en 2014 a montré que la consommation d'animaux sauvages faisait partie « d'un style de vie à la mode et d'un symbole du statut de l'élite » et que « les consommateurs ayant des revenus et un niveau d'éducation plus élevés avaient des taux de consommation d'animaux sauvages plus élevés et constituaient le principal groupe de consommateurs d'animaux sauvages » [6].
La plupart des animaux sauvages élevés pour l'alimentation sont vendus à des restaurants qui s'adressent à l'élite urbaine – des cadres et des fonctionnaires qui peuvent s'offrir des repas dispendieux et pour qui manger et servir des animaux exotiques est une forme respectée de consommation ostentatoire.
(Il convient de noter que la consommation ostentatoire d'animaux sauvages par les riches n'est pas propre à la Chine. « Les chasseurs de trophées américains paient cher pour tuer des animaux à l'étranger et importent plus de 126 000 trophées d'animaux sauvages par an… juste pour se vanter. » [7])
L'élevage d'animaux sauvages n'est donc pas une continuation des pratiques traditionnelles, mais une extension de l'industrialisation et de la marchandisation de tout le bétail – dans ce cas, l'industrialisation et la marchandisation d'aliments de luxe pour les riches. Il ne s'agit pas d'une tradition, mais du capitalisme moderne en action.
Les marchés humides
Les marchés humides [marchés pour les produits frais, pouvant être des animaux vivants ou déjà abattus] sont des centres de vente au détail d'aliments périssables. Ils sont humides parce que l'eau et la glace conservent la fraîcheur et la propreté des produits. La plupart ne vendent que de la viande de boucherie, des fruits de mer, des légumes et des fruits. Pour des centaines de millions de personnes dans le monde, en particulier en Asie de l'Est et du Sud-Est, ces marchés sont des sources essentielles de nourriture et d'alimentation. Malgré les idées fausses répandues en Occident, les animaux vivants ne sont pas vendus et abattus dans tous les marchés humides, et seule une minorité de vendeurs d'animaux vivants – principalement des grossistes qui vendent à des restaurants et à des traiteurs – vendent des animaux sauvages d'élevage ou chassés.
Néanmoins, le commerce d'animaux sauvages peut présenter des dangers importants pour la santé humaine. Le président de l'Association médicale chinoise et directeur de l'Institut des maladies respiratoires de Guangzhou [Canton] a tiré cette conclusion de l'épidémie de SARS (acronyme anglais, en français : Syndrome respiratoire aigu sévère) de 2002-2003,
« Les marchés d'animaux sauvages représentent une source dangereuse d'éventuelles nouvelles infections qui pourraient compromettre la prévention du SARS… De nombreux marchés sont mal gérés et insalubres, de sorte que des infections croisées, des transmissions entre espèces, des amplifications, des convergences génétiques et des mélanges de coronavirus peuvent se produire. Les négociants en animaux qui se trouvent à proximité de ces animaux infectés peuvent être affectés, tout comme les entreprises de transformation des aliments qui abattent les animaux infectés dans les cuisines des restaurants, ce qui entraîne la propagation du SARS-CoV de la faune à l'homme, puis d'homme à homme. » [8]
Plus récemment, un rapport publié par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a mis en garde contre le fait que « toute augmentation significative de l'élevage d'animaux sauvages risque de “reproduire” l'augmentation des zoonoses qui a probablement accompagné la première domestication d'animaux à l'ère néolithique, il y a environ 12 000 ans » [9].
« En théorie, les fermes d'élevage d'animaux sauvages pourraient offrir des conditions sanitaires adéquates qui réduiraient le risque de transmission de maladies. Mais en réalité, le risque de transmission de maladies dans les élevages d'animaux sauvages est important…
Un mélange d'espèces animales est commercialisé sur les marchés – sauvages, élevées en captivité, d'élevage et domestiques – dans les véhicules de transport et dans les cages des marchés…
Le contact étroit entre l'homme et différentes espèces d'animaux sauvages dans le cadre du commerce mondial des espèces sauvages peut faciliter la propagation d'animaux à l'homme de nouveaux virus capables d'infecter diverses espèces hôtes. Cela peut déclencher des maladies émergentes à fort potentiel pandémique, car ces virus sont plus susceptibles de se multiplier par le biais de la transmission interhumaine, et donc de se propager à grande échelle. » [10]
Une évolution constante
Les virus ne cessent d'évoluer, et les coronavirus évoluent particulièrement vite. Dans la réalité, nous ne voyons que les succès de l'évolution, car les échecs ne survivent pas et ne se reproduisent pas. Nous n'avons donc aucun moyen de savoir combien de virus mutants sont passés sans succès des animaux sauvages aux animaux d'élevage.
Ce que nous savons, c'est qu'en 2002, un coronavirus inconnu jusqu'alors, probablement apparu récemment chez la chauve-souris fer à cheval [rhinolophe], a infecté des civettes palmistes d'élevage dans le sud de la Chine. Les civettes infectées ont été transportées vers des marchés humides de la province de Guangdong, où le virus s'est propagé à d'autres civettes, mutant encore avant de se transmettre à l'homme [11].
Le résultat a été le syndrome respiratoire aigu sévère (SARS), la première pandémie du XXIe siècle. Cette maladie, qui s'apparente à une pneumonie, s'est déclarée à Guangdong en novembre 2002, puis s'est propagée à 29 autres pays, infectant environ 8100 personnes et en tuant au moins 774.
Le lien étroit entre l'épidémie initiale et les marchés d'animaux vivants a été évident dès le début. « Environ 40% des premiers patients étaient des manutentionnaires d'aliments ayant eu des contacts probables avec des animaux ; la plupart de ces patients vivaient plus près des marchés d'animaux vivants que des élevages, ce qui suggère que les marchés, et non les élevages, ont été la source initiale de transmission. » [12] L'interdiction de la vente de petits mammifères pour l'alimentation, associée à un abattage massif des civettes d'élevage, a contribué à l'éradication rapide du SARS.
Malheureusement, ces interdictions ont été rapidement levées sous la pression des lobbyistes de l'industrie alimentaire. Au cours des 15 années suivantes, l'élevage industriel d'animaux sauvages s'est développé parallèlement à l'élevage industriel de volailles et de porcs, utilisant les mêmes méthodes de production, les mêmes systèmes de transport et souvent les mêmes marchés.
Finalement – on peut même dire inévitablement – l'évolution implacable a produit un autre nouveau coronavirus, moins mortel mais beaucoup plus contagieux que le SARS. Il s'est d'abord formé chez des chauves-souris sauvages, puis est passé à des animaux sauvages d'élevage mis en vente à Wuhan, la septième plus grande ville de Chine. La voie de transmission exacte n'est pas encore actuellement connue, mais fin 2019, le nouveau virus s'est transmis à l'homme sur le marché de gros des fruits de mer de Huanan, le plus grand marché d'animaux vivants du centre de la Chine.
L'hypothèse selon laquelle le virus proviendrait d'un laboratoire avait une certaine crédibilité au début de la pandémie, mais elle a été réfutée depuis longtemps. La synthèse la plus récente et la plus complète des recherches publiées n'a relevé aucune preuve que le virus provenait d'un laboratoire et a conclu que « les données disponibles indiquent clairement une émergence zoonotique naturelle au sein du Huanan Seafood Wholesale Market de Wuhan, ou étroitement liée à celui-ci » [13].
Un virus en mouvement
Au cours des deux dernières semaines de 2019, 41 personnes ont été hospitalisées à Wuhan pour une maladie inconnue jusqu'alors, semblable à une pneumonie, et les deux tiers d'entre elles avaient été directement exposées au marché Huanan. Le 1er janvier, les autorités ont fermé et désinfecté le marché, mais le virus s'était déjà échappé.
Wuhan est depuis longtemps un centre de transit important, mais le nombre de trains à grande vitesse, de voies rapides et de vols qui la relient au reste de la Chine et au monde a augmenté de façon considérable depuis 2000.
« Le temps de trajet entre Wuhan et Pékin ou Guangzhou est passé d'environ douze à quatre heures, et le nombre annuel de passagers ferroviaires est passé d'environ 1 milliard en 2000 à plus de 3,3 milliards en 2018… En 2000, l'aéroport principal de Wuhan a accueilli 1,7 million de passagers pour 34 000 vols intérieurs. En 2018, plus de 27,1 millions de passagers ont transité par l'aéroport de Wuhan sur 203 000 vols, dont soixante-trois liaisons internationales. » [14]
Ces liaisons, produits directs de la croissance économique spectaculaire de la Chine, ont diffusé le nouveau virus à une vitesse sans précédent. Il a été transporté par des personnes qui ne pouvaient pas savoir qu'elles étaient infectées, car le SARS-CoV-2 est contagieux pendant plusieurs jours avant l'apparition des symptômes. Des millions de personnes ont littéralement quitté Wuhan en janvier, la plupart rentrant chez elles pour la fête annuelle du printemps et, comme c'est toujours le cas lors des épidémies, beaucoup espérant échapper à la nouvelle maladie mystérieuse.
En quelques semaines, le virus a atteint la plupart des provinces chinoises et au moins une douzaine d'autres pays d'Asie, d'Europe et d'Amérique du Nord. Le 30 janvier 2020, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré une « urgence de santé publique de portée internationale », terme officiel pour désigner une pandémie. Le 11 février 2020, le Comité international de taxonomie des virus a confirmé que le nouveau virus était génétiquement apparenté à celui qui avait causé le SARS en 2002 et l'a baptisé SARS-CoV-2. Le même jour, l'OMS a baptisé la maladie COVID-19 [15].
La menace demeure
En réponse à la pandémie de COVID-19, Chiba a imposé une interdiction permanente de l'élevage d'animaux sauvages à des fins alimentaires. Si elle est effectivement appliquée, il s'agit d'une mesure de santé publique que d'autres pays devraient imiter, mais elle est loin de constituer une réponse adéquate à la menace des zoonoses. Deux problèmes cruciaux se posent.
Premièrement, l'interdiction ne s'applique qu'aux fermes qui élèvent des animaux sauvages pour l'alimentation, ce qui représente moins d'un quart des revenus de l'industrie de la faune sauvage. Les exploitations qui élèvent des animaux sauvages pour la fourrure, la médecine traditionnelle et d'autres usages sont exemptées, même si certains de ces animaux sont connus pour être porteurs de coronavirus et d'autres agents pathogènes potentiels, de sorte que plusieurs milliers d'élevages d'animaux sauvages (et de virus sauvages) restent en activité. Les animaux ne peuvent pas être consommés ou vendus sur les marchés humides, mais comme la plupart des maladies virales peuvent être contractées par respiration ou par contact physique, elles peuvent infecter les personnes qui travaillent avec eux et se propager par leur intermédiaire.
Deuxièmement, et plus important encore, l'interdiction ne concerne pas les volailles, les porcs et les autres animaux « domestiques » qui sont élevés dans des installations bien plus grandes et plus nombreuses que les élevages d'animaux sauvages. Comme nous l'avons vu dans la partie VI, 1er juillet 2024, il existe une tendance constante – fortement soutenue par les politiques de développement économique du gouvernement – à construire des installations d'alimentation animale concentrée de plus en plus grandes, ce qui accroît le risque d'apparition de nouveaux foyers de zoonoses de plus en plus graves.
Comme l'écrit Li Zhang, la seule méthode efficace pour inverser la tendance à l'augmentation des zoonoses consisterait à « démanteler ces agro-industries non durables […] et à déconcentrer les animaux et les humains des métropoles non urbaines » [16]. Si les méga-fermes continuent de croître et de s'étendre, en Chine, aux Etats-Unis et ailleurs, il est très probable que la production industrielle de bétail provoquera une nouvelle pandémie mondiale. (A suivre – Article publié sur le blog de Ian Angus Climate&Capitalism le 14 juillet 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre. Voir les six premières contributions publiées sur ce site les 12, 16, 27 mars, le 24 avril, le 15 mai et le 1er juillet)
[1] Amanda Whitfort, “COVID-19 and Wildlife Farming in China : Legislating to Protect Wild Animal Health and Welfare in the Wake of a Global Pandemic,” Journal of Environmental Law 33, no. 1 (April 23, 2021) : 57–84.
[2] Michael Standaert, “Coronavirus Closures Reveal Vast Scale of China's Secretive Wildlife Farm Industry,” The Guardian, February 25, 2020, sec. Environment.
[3] Peter J. Li, Vox interview, March 6, 2020.
[4] Peter J. Li, Animal Welfare in China : Culture, Politics and Crisis (University of Sydney, N.S.W : Sydney University Press, 2021), 213–14.
[5] Anna McConkie, “Illegal Wildlife Trade in China,” Ballard Brief, Fall 2021.
[6] Li Zhang and Feng Yin, “Wildlife Consumption and Conservation Awareness in China : A Long Way to Go,” Biodiversity and Conservation 23, no. 9 (August 2014) : 2279.
[7] Humane Society of the United States, “Banning Trophy Hunting,” 2024.
[8] Nanshan Zhong and Guangqiao Zeng, “What We Have Learnt from SARS Epidemics in China,” BMJ 333, no. 7564 (August 19, 2006) : 389–91.
[9] Delia Grace Randolph, “Preventing the Next Pandemic : Zoonotic Diseases and How to Break the Chain of Transmission” (Nairobi : United Nations Environment Program, 2020), 16.
[10] Delia Grace Randolph, 33.
[11] Jie Cui, Fang Li, and Zheng-Li Shi, “Origin and Evolution of Pathogenic Coronaviruses,” Nature Reviews Microbiology 17, no. 3 (March 2019) : 181–92.
[12] Bing Lin et al., “A Better Classification of Wet Markets Is Key to Safeguarding Human Health and Biodiversity,” The Lancet Planetary Health 5, no. 6 (June 2021) : e386–94.
[13] Edward C. Holmes, “The Emergence and Evolution of SARS-CoV-2,” Annual Review of Virology, April 17, 2024. See also Phillip Markolin's excellent technical report, “Treacherous Ancestry : An Extraordinary Hunt for the Ghosts of SARS-CoV-2,” Protagonist Science, April 11, 2024.
[14] Li Zhang, The Origins of COVID-19 : China and Global Capitalism (Stanford, California : Stanford University Press, 2021), 34–35.
[15] Dali L. Yang, Wuhan : How the COVID-19 Outbreak in Wuhan, China Spiraled out of Control (New York, NY : Oxford University Press, 2024), 2.
[16] Zhang, The Origins of COVID-19, 133.
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