Presse-toi à gauche !
Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...

Le nouvel âge des fléaux du capitalisme. La chaleur mortelle (VIII)

Les articles précédents de cette série se sont concentrés sur deux tendances mondiales qui alimentent l'émergence de nouvelles maladies virales à notre époque. La déforestation et la croissance urbaine ont réduit ou éliminé les barrières naturelles qui empêchaient la plupart des virus de se propager de la faune sauvage aux animaux d'élevage et aux humains. La concentration du bétail dans les fermes industrielles a créé des environnements idéaux pour que ces virus évoluent vers des formes plus contagieuses et plus mortelles.
Tiré de A l'encontre
3 août 2024
Par Ian Angus
Une analyse complète des nouveaux fléaux du capitalisme doit également tenir compte de l'impact de la crise climatique mondiale. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, habituellement prudent, conclut, avec un degré de confiance très élevé, que « les risques climatiques contribuent de plus en plus à un nombre croissant d'effets néfastes sur la santé ».
« La variabilité et les changements climatiques (y compris la température, l'humidité relative et les précipitations) ainsi que la mobilité des populations sont associés de manière significative et positive aux augmentations observées de la dengue au niveau mondial, du virus du chikungunya en Asie, en Amérique latine, en Amérique du Nord et en Europe (degré de confiance élevé [c'est-à-dire fondé sur des informations de haute qualité]), du vecteur de la maladie de Lyme Ixodes scapularis en Amérique du Nord (degré de confiance élevé) et du vecteur de la maladie de Lyme et de l'encéphalite à tiques Ixodes ricinus en Europe (degré de confiance moyen). La hausse des températures (confiance très élevée), les fortes précipitations (confiance élevée) et les inondations (confiance moyenne) sont associées à une augmentation des maladies diarrhéiques dans les régions touchées, notamment le choléra (confiance très élevée), d'autres infections gastro-intestinales (confiance élevée) et des maladies d'origine alimentaire dues à Salmonella et Campylobacter (confiance moyenne). » [1]
En effet, comme le souligne Colin Carlson, du Center for Global Health Science and Security de l'université de Georgetown, « le changement climatique d'origine humaine a déjà provoqué des décès massifs de l'échelle d'une pandémie ».
« Si l'on exclut le COVID-19 […], le changement climatique a dépassé le nombre de morts combiné de toutes les urgences de santé publique reconnues par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et qui suscitent des inquiétudes au niveau international. Chaque année, le changement climatique tue 14 fois plus de personnes que l'épidémie d'Ebola de 2014 en Afrique de l'Ouest. » [2]
Les inondations, les incendies de forêt et les sécheresses font partie des conséquences mortelles du changement climatique, mais nous nous concentrons dans cette série sur les maladies qui touchent le corps humain. A cet égard, les principales menaces que le réchauffement planétaire fait peser sur la santé humaine sont les vagues de chaleur potentiellement mortelles, l'élargissement de l'aire de répartition des vecteurs et la perturbation du virome mondial [le virome est l'ensemble des génomes des virus].
Vagues de chaleur
Si aucune mesure décisive n'est prise pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le changement climatique finira par rendre inhabitables de vastes régions de la Terre, caractérisées pendant la majeure partie ou la totalité de l'année par des températures auxquelles le métabolisme humain ne peut pas survivre. Mais le chemin vers la Terre-Serre n'est pas linéaire. Sauf sous l'effet d'une catastrophe généralisée, nous assistons déjà à une multiplication des vagues de chaleur – des intervalles de températures extrêmes qui peuvent provoquer un épuisement par la chaleur, des crampes de chaleur et des coups de chaleur, conduisant souvent à une mort prématurée. Entre 1990 et 2019, les vagues de chaleur qui ont duré deux jours ou plus ont causé plus de 153 000 décès supplémentaires par an. Près de la moitié des décès sont survenus en Asie, et environ un tiers en Europe [3]. Une seule vague de chaleur européenne, en 2022, a tué 62 000 personnes.
Les vagues de chaleur étant de plus en plus fréquentes, longues et intenses, elles touchent chaque année un plus grand nombre de personnes. The Lancet Countdown on Health and Climate Change, l'évaluation la plus complète sur le sujet, nous l'apprend :
« Les adultes de plus de 65 ans et les nourrissons de moins d'un an, pour qui la chaleur extrême peut être particulièrement dangereuse, sont aujourd'hui exposés à deux fois plus de jours de canicule qu'ils ne l'auraient été en 1986-2005… Plus de 60% des jours qui atteindront des températures élevées dangereuses pour la santé en 2020 sont deux fois plus susceptibles de se produire en raison du changement climatique anthropique et les décès liés à la chaleur chez les personnes âgées de plus de 65 ans ont augmenté de 85% par rapport à la période 1990-2000. » [4]
Le rapport du Lancet prévoit que même si l'augmentation de la température mondiale est maintenue juste en dessous de 2ºC, il y aura toujours une augmentation de 1120% de l'exposition aux vagues de chaleur pour les personnes âgées de plus de 65 ans d'ici 2041-2060, et une augmentation de 2510% d'ici 2080-2100. « Dans un scénario où aucune autre mesure d'atténuation n'est prise, les augmentations prévues sont encore plus importantes, passant à 1670% au milieu du siècle (2050) et à 6311% d'ici 2080-2100. » [5]
Dès lors, en l'absence d'efforts d'atténuation majeurs, une augmentation de la température mondiale d'un peu moins de 2°C devrait entraîner une hausse de 370% du nombre annuel de décès liés à la chaleur d'ici 2050 [6].
Gamme de vecteurs
Environ 17% de toutes les maladies infectieuses, et plus de 30% des nouvelles maladies infectieuses émergentes, sont propagées par des vecteurs – insectes, tiques et autres organismes qui transportent des parasites, des bactéries ou des virus de l'homme ou de l'animal infecté à l'homme non infecté. L'exemple le plus connu et le plus mortel est le paludisme : transmis par les moustiques, il tue chaque année plus de 400 000 personnes, principalement des enfants de moins de cinq ans. Parmi les autres maladies transmises par les moustiques figurent la dengue, le virus du Nil occidental, le chikungunya, la fièvre jaune, l'encéphalite, le Zika et la fièvre de la vallée du Rift.
Avec l'augmentation des températures mondiales, les zones géographiques dans lesquelles les moustiques et les tiques porteurs de maladies peuvent survivre et se reproduire s'étendent, exposant un nombre toujours plus grand de personnes à l'infection. Le virus du Nil occidental, autrefois limité à certaines régions d'Afrique centrale, est désormais présent en Amérique du Nord et en Europe. Les cas de dengue ont doublé chaque décennie depuis 1990 – The Lancet estime que « près de la moitié de la population mondiale est désormais exposée au risque de cette maladie potentiellement mortelle » [7].
D'ici le milieu du siècle, une augmentation de la température mondiale de seulement 2°C entraînera une expansion de 23% des zones du monde dans lesquelles les moustiques du paludisme peuvent prospérer[8], et au moins 500 millions de personnes auparavant hors zone seront exposées aux moustiques porteurs de la dengue, du chikunguyna, du Zika et d'autres agents pathogènes [9].
Perturbation du virome
Comme nous l'avons vu, la majorité des nouvelles maladies émergentes sont zoonotiques, c'est-à-dire qu'elles proviennent d'animaux sauvages et se transmettent à l'homme, souvent par l'intermédiaire d'espèces intermédiaires.
On sait qu'environ 263 virus infectent l'homme [10] et, bien qu'ils aient causé des dommages considérables, ils ne représentent qu'une petite fraction de la menace virale. « Au moins 10 000 espèces de virus ont la capacité d'infecter l'homme, mais à l'heure actuelle, la grande majorité circule silencieusement chez les mammifères sauvages. » [11] Pendant des millénaires, chaque groupe de virus n'a circulé que parmi quelques espèces de mammifères, simplement parce que les aires de répartition de la plupart des espèces ne se chevauchaient guère.
Aujourd'hui, cependant, le changement climatique oblige les animaux à se déplacer ou à quitter leurs territoires traditionnels, emportant leurs virus avec eux.
« Même dans le meilleur des cas, les aires de répartition géographique de nombreuses espèces devraient se déplacer d'une centaine de kilomètres ou plus au cours du siècle prochain. Dans ce processus, de nombreux animaux apporteront leurs parasites et leurs agents pathogènes dans de nouveaux environnements. Cela représente une menace tangible pour la santé mondiale. » [12]
Dans une importante étude publiée dans Nature en 2021, Colin Carlson, Greg Alpery et leurs collègues ont cartographié les déplacements probables de l'aire de répartition géographique de 3129 espèces de mammifères jusqu'en 2070.
Ils ont constaté que même en cas de réchauffement modéré, des centaines de milliers d'animaux n'ayant jamais interagi auparavant se rencontreront, ce qui entraînera au moins « 15 000 événements de transmission inter-espèces d'au moins un nouveau virus (mais potentiellement beaucoup plus) entre deux espèces hôtes non infectées » [13]. Le recul à long terme des forêts et des zones sauvages signifie que les nouvelles zones de propagation et d'évolution virale chez les mammifères se trouveront probablement à proximité des centres de population et des exploitations agricoles. Cela augmentera la probabilité que de nouvelles zoonoses infectent l'homme.
« Les effets du changement climatique sur les modèles de partage viral chez les mammifères sont susceptibles de se répercuter en cascade sur l'émergence future de virus zoonotiques. Parmi les milliers d'événements de partage viral attendus, certaines des zoonoses ou zoonoses potentielles les plus dangereuses sont susceptibles de trouver de nouveaux hôtes. Cela pourrait éventuellement constituer une menace pour la santé humaine : les mêmes règles générales de transmission entre espèces expliquent les schémas de débordement des zoonoses émergentes, et les espèces virales qui réussissent à passer d'une espèce sauvage à l'autre ont la plus forte propension à l'émergence de zoonoses…
Le changement climatique pourrait facilement devenir la force anthropique dominante dans la transmission virale inter-espèces, ce qui aura sans aucun doute un effet en aval sur la santé humaine et le risque de pandémie. » [14]
Fait particulièrement préoccupant, l'étude a révélé que même si des migrations importantes se poursuivront au cours du siècle à venir, « la majorité des premières rencontres auront lieu entre 2011 et 2040 » [15].
En bref, le changement climatique impose déjà une redistribution mondiale de la faune et de la flore sauvages et, ce faisant, rapproche des milliers de virus potentiellement pathogènes de l'homme. Dans les années à venir, le virome mondial massivement perturbé sera plus dangereux que jamais.
Comme l'a déclaré Greg Alpery au Guardian, « ce travail apporte des preuves incontestables que les décennies à venir ne seront pas seulement plus chaudes, mais aussi plus pathogènes » [16]. (A suivre – Article publié sur le blog de Ian Angus Climate&Capitalism le 27 juillet 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre. Voir les six premières contributions publiées sur ce site les 12, 16, 27 mars, le 24 avril, le 15 mai et les 1er juillet et 14 juillet)
Notes
[1] Intergovernmental Panel On Climate Change (IPCC), Climate Change 2022 – Impacts, Adaptation and Vulnerability : Working Group II Contribution to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change, (Cambridge University Press, 2023), 1045.
[2] Colin J. Carlson, “After Millions of Preventable Deaths, Climate Change Must Be Treated like a Health Emergency,” Nature Medicine 30, no. 3 (March 2024) : 622–623, .
[3] Qi Zhao et al., “Global, Regional, and National Burden of Mortality Associated with Non-Optimal Ambient Temperatures from 2000 to 2019 : A Three-Stage Modelling Study,” The Lancet Planetary Health 5, no. 7 (July 2021) : e415–25.
[4] “The 2023 Report of the Lancet Countdown on Health and Climate Change : The Imperative for a Health-Centred Response in a World Facing Irreversible Harms,” The Lancet 402, no. 10419 (December 2023) : 1.
[5] Ibid., 13.
[6] Ibid., 2.
[7] Ibid., 17.
[8] Ibid., 17.
[9] Sadie J. Ryan et al., “Global Expansion and Redistribution of Aedes-Borne Virus Transmission Risk with Climate Change,” PLOS Neglected Tropical Diseases 13, no. 3 (March 28, 2019) : e0007213.
[10] Dennis Carroll et al., “The Global Virome Project,” Science 359, no. 6378 (February 23, 2018) : 872–74.
[11] Colin J. Carlson et al., “Climate Change Increases Cross-Species Viral Transmission Risk,” Nature 607, no. 7919 (July 21, 2022) : 555–62.
[12] Ibid., 555.
[13] Ibid., 558.
[14] Ibid., 559, 561.
[15] Ibid., 560.
[16] Oliver Milman, “‘Potentially Devastating' : Climate Crisis May Fuel Future Pandemics,” The Guardian, April 28, 2022.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Une syndicaliste condamné à mort en Iran

Condamnation à mort de Sharifeh Mohammadi (militante ouvrière) : Une nouvelle étape dangereuse dans la répression des militants civils et politiques en Iran
**Iran** - Sharifeh Mohammadi, militante ouvrière et sociale, a été condamnée à mort le 5 juillet 2024 par le tribunal révolutionnaire islamique de la ville de Rasht (capitale de la province de Gilan, dans le nord de l'Iran) pour l'accusation de "baghy" (rébellion armée contre le régime). Elle avait été arrêtée en décembre 2023 en raison de son appartenance au "Comité de coordination pour l'aide à la création de syndicats ouvriers".
Mme Mohammadi avait initialement été arrêtée le 5 décembre 2023 à son domicile à Rasht pour "activité de propagande contre le régime". Immédiatement après son arrestation, elle a été transférée dans un centre de détention sécuritaire à Sanandaj, où l'accusation de "baghy" a été ajoutée à son dossier. Selon des rapports, elle a été soumise à des tortures et des pressions sévères pendant sa détention pour la contraindre à avouer, et elle a été privée de ses droits fondamentaux tels que le contact avec sa famille et la nomination d'un avocat.
Finalement, la première chambre du tribunal révolutionnaire de Rasht, présidée par Ahmad Darvish-Goftar, l'a reconnue coupable de "baghy" et l'a condamnée à mort. Le tribunal a affirmé que le "Comité de coordination pour l'aide à la création de syndicats ouvriers" était lié à l'organisation armée "Komala" (qui lutte contre le régime de la République islamique),
mais le comité a rejeté cette accusation, la qualifiant de prétexte pour réprimer les militants sociaux et ouvriers.
Cette condamnation est choquante et inacceptable, même selon les normes de la République islamique d'Iran, car c'est la première fois qu'une personne est condamnée à mort pour ses activités en faveur des droits des travailleurs et son appartenance à un syndicat ouvrier. Après la condamnation à mort d'un chanteur (Toomaj Salehi), le régime se prépare maintenant à exécuter une militante ouvrière. Sans une réaction appropriée
de la communauté internationale, ces condamnations pourraient marquer une nouvelle étape très dangereuse dans la répression des contestataires et des militants en Iran.
Bien que la condamnation à mort de Sharifeh Mohammadi ait déjà suscité de larges réactions de la part des organisations de défense des droits de l'homme nationales et internationales, ainsi que des militants politiques et civils, des actions plus sérieuses et efficaces sont nécessaires pour obtenir sa libération complète. La République islamique doit savoir que le monde ne restera pas silencieux face à ses actions inhumaines. Sinon, le
régime iranien n'imposera aucune limite à la répression de son peuple, mettant en danger la vie de milliers de prisonniers incarcérés dans les prisons iraniennes.
### Réactions à la condamnation à mort de Sharifeh Mohammadi
– **Amnesty International** a exhorté les autorités iraniennes à annuler immédiatement sa condamnation et sa peine de mort, et à ne pas utiliser la peine de mort comme outil de répression politique.
– **Utilisateurs des réseaux sociaux**, militants et organisations de défense des droits de l'homme nationales et internationales ont lancé une tempête de tweets et un appel à la "Campagne de défense de Sharifeh Mohammadi" le mardi 9 juillet pour protester contre cette condamnation.
– **Front Line Defenders**, une organisation de défense des droits humains, a lancé un appel urgent pour la libération immédiate de cette militante sociale en Iran.
– **Le syndicat des travailleurs du bâtiment en Australie** a adressé une lettre à l'ambassade d'Iran dans ce pays pour protester contre la condamnation à mort de cette militante ouvrière et demander sa libération.
– **Gohar Eshghi** (mère de Sattar Beheshti, un ouvrier tué en détention par la République islamique), a déclaré que Sharifeh Mohammadi est innocente et a écrit sur Instagram : "Qu'a-t-elle fait d'autre que réclamer les droits bafoués des ouvriers épuisés comme Sattar et mon fils Mohammad ?"
– **16 femmes détenues**, dont Narges Mohammadi (lauréate du prix Nobel de la paix), ont écrit dans une déclaration : "Ce n'est pas seulement la condamnation à mort de Sharifeh, mais celle de nous toutes, militantes ouvrières, politiques, civiles, des droits de l'homme et des droits des femmes."
– **85 prisonniers politiques à la prison d'Evin** ont entamé une grève de la faim le jeudi 11 juillet 2024 pour protester contre cette condamnation.
En conclusion, il est essentiel de souligner que la condamnation à mort de Sharifeh Mohammadi illustre l'intensification de la répression des militants ouvriers et sociaux en Iran. La réaction nationale et internationale à cette condamnation montre l'inquiétude profonde de la communauté mondiale face à la situation des droits de l'homme en Iran. Il
est attendu que les pressions internationales sur les autorités iraniennes augmentent pour empêcher l'exécution de cette peine et libérer les autres militants sociaux et ouvriers en danger en Iran.
Pour plus amples informations ou une entrevue sur le sujet n'hésitez pas à
nous contacter.
Centre socio-culturel des Iraniens de Québec "Simorgh"
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Journée internationale des peuples autochtones : les syndicats réclament le droit à l’autodétermination

À l'occasion de la Journée internationale des peuples autochtones, le 9 août, la CSI réclame le droit à l'autodétermination des peuples autochtones dans le monde entier.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Le secrétaire général de la CSI, Luc Triangle, a déclaré : « Cette journée rappelle l'importance de la riche diversité culturelle, de la contribution historique et des luttes permanentes auxquelles sont confrontées les communautés autochtones. Les peuples autochtones sont victimes d'une discrimination systémique, d'une marginalisation et de la violation de leurs droits. Diverses questions, telles que l'exploitation des ressources naturelles sur les terres autochtones sans consentement et l'invasion de leurs territoires, nécessitent une attention immédiate ».
D'après les conclusion d'un rapport de l'Organisation internationale du Travail (OIT) :
* plus de 86% de la population autochtone mondiale travaille dans l'économie informelle, contre 66 % de la population non autochtone ;
* les populations autochtones présentent près de trois fois plus de risques de vivre dans l'extrême pauvreté que les non-autochtones ;
* la proportion de travailleurs salariés est beaucoup plus faible chez les autochtones (27,9%) que chez les non-autochtones (49,1%) ;
* au niveau mondial, les autochtones gagnent 18,5% pour cent de moins que les non-autochtones.
Luc Triangle a poursuivi : « Le droit à l'autodétermination est au coeur des luttes des peuples autochtones ; c'est sur lui que repose leur capacité à déterminer librement leur statut politique et à assurer leur développement économique, social et culturel. Ce principe est non seulement un droit, mais également une nécessité pour préserver l'identité, la culture et le mode de vie des peuples autochtones.
« Nous sommes solidaires des peuples autochtones dans leur quête de justice, d'égalité et d'autodétermination. Nous appelons les gouvernements, les entreprises et les organismes internationaux à ratifier et à mettre en oeuvre la convention n°169 de l'OIT afin de protéger les droits des peuples autochtones dans le monde entier. »
La convention n°169 porte sur les droits des peuples autochtones et tribaux. Elle offre un cadre complet pour protéger leurs droits sociaux, économiques et culturels, et souligne l'importance de leur participation aux décisions ayant une incidence sur leur vie et leurs terres. Ceci est essentiel à la durabilité des politiques et des programmes visant à relever des défis, tels que la pauvreté, l'inégalité, les conflits sociaux et le changement climatique.
Outre la ratification et la mise en oeuvre de la convention n°169, la CSI réclame :
* le respect des droits fonciers : avant d'entreprendre des projets sur les territoires des autochtones, les gouvernements et les entreprises ont l'obligation d'obtenir leur consentement libre, préalable et donné en connaissance de cause ;
* la protection et la célébration du patrimoine culturel : les traditions et les langues des peuples autochtones doivent être préservées pour les générations futures ;
* un développement inclusif : les politiques doivent respecter les droits et les besoins des communautés autochtones et inclure ces dernières dans la prise de décisions.
Les syndicats renforcent la représentation des peuples autochtones dans leur organisation et établissent des alliances avec les organisations de peuples autochtones afin d'aborder des questions d'intérêt mutuel, notamment le respect de la convention n°169 de l'OIT :
§ Nouvelle-Zélande : les syndicats promeuvent une législationvisant à rendre obligatoire le signalement des écarts de rémunération selon le genre et l'appartenance ethnique. Cette transparence est essentielle pour réduire l'écart de rémunération considérable entre hommes et femmes auquel sont confrontées les femmes autochtones. Alors que, dans l'ensemble, l'écart de rémunération entre hommes et femmes en Nouvelle-Zélande est de 8,6%, les femmes du Pacifique en Nouvelle-Zélande gagnent environ 26,5% de moins que les hommes non autochtones.
§ Australie : les syndicats s'efforcent degarantir une forte représentation des travailleurs aborigènes et insulaires du détroit de Torres, en leur donnant les moyens d'obtenir des salaires justes, une protection sociale et un emploi autodéterminé et épanouissant.
§ Norvège : la Confédération des syndicats de Norvège (LO, Norvège) promeut la culture et l'identité des peuples autochtones moyennant lesfonctions de direction, la diffusion culturelle et le soutien au processus de vérité et de réconciliation.
§ Amérique latine : pour demander des comptes aux gouvernements, les syndicats utilisent les mécanismes de contrôle de l'OIT, en mettant notamment l'accent sur des questions telles que la sécurité au travail et le travail forcé.
*Les observations de la Central Autónoma de Trabajadores del Perú (CATP) mettent en évidence les lacunes des procédures judiciaires concernant l'assassinat de dirigeants syndicaux autochtones, le harcèlement permanent auquel sont confrontées les familles des victimes et le trafic illicite de bois, favorisé par la pratique de l'« habilitación », qui consiste à soumettre des membres des communautés autochtones au travail forcé (15 septembre 2023).
*Les observations de la Confederación General del Trabajo de la República Argentina (CGT-RA) et de la Central de Trabajadores y Trabajadoras de la Argentina (CTA) font référence aux conditions préoccupantes de sécurité au travail pour les travailleurs issus des communautés autochtones et signalent des actes de violence et un recours excessif à la force de la part de la police durant des manifestations. La CTA fait également état de l'absence de consultation durant le processus de réforme de la Constitution de la province de Jujuy en 2023. Les déclarationsdes délégués des travailleurs à la Commission de l'application des normes de la 109e Conférence internationale du Travail (2021) sur l'application de la convention n° 169 par le gouvernement du Honduras font état d'actes de violence commis à l'encontre des peuples autochtones.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

La loi sur le hijab en Iran et le contrôle électoral

Au milieu du simulacre ou de l'orchestration de l'élection présidentielle en Iran, une sombre réalité s'impose. Des femmes sont violemment arrêtées par la police des moeurs pour avoir refusé de se conformer aux règles du hijab obligatoire ou pour avoir porté un hijab « inapproprié », surnommé « mauvais hijab ».
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/06/29/la-loi-sur-le-hijab-en-iran-et-le-controle-electoral/
Cette réaction misogyne fait suite au soulèvement historique de 2022 « Woman Life Freedom », mené par des femmes iraniennes. Malgré des sanctions sévères, des femmes courageuses ont persisté dans leur résistance, marquant un tournant dans la lutte contre le hijab obligatoire.
Alors que l'élection présidentielle se poursuit, après le décès d'Ebrahim Raisi, l'examen des opinions des candidats révèle qu'aucun d'entre eux n'est susceptible d'apporter un changement significatif aux droits des femmes et à la liberté de choix vestimentaire. Un seul candidat s'abstient de soutenir ouvertement la répression actuelle. La guerre de l'État contre les femmes ne se limite pas à la répression autour du port obligatoire du hijab. Elle englobe les condamnations judiciaires injustes et les violations des droits des femmes dans les prisons.
L'emprisonnement de Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix, et la lourde peine de 21 ans infligée à Zhina Modares Gorgi, militante kurde des droits des femmes, témoignent de la position inflexible du régime. L'application du hijab obligatoire a atteint un point de non-retour et le gouvernement iranien a déjà perdu la bataille dans la guerre contre les femmes et les filles.
La répression actuelle en Iran, qui fait suite à l'inspirant mouvement Woman Life Freedom, a déclenché une vague de violence et de répression aussi dure qu'on puisse l'imaginer. En réalité, les dirigeants iraniens ont non seulement ignoré les demandes des femmes et des jeunes, mais ils ont aussi réagi avec une brutalité encore plus grande, conformément aux schémas historiques : Lorsque les gouvernements sont confrontés à l'instabilité ou à la faiblesse, ils ont souvent recours à des mesures plus répressives pour garder le contrôle. Les dirigeants iraniens ne font pas exception. La combinaison de la corruption, de la polycrise et du mécontentement populaire a conduit à une répression plus sévère visant à préserver leur emprise sur le pouvoir.
Il y a plus de deux mois, au petit matin du dimanche 14 avril, la République islamique d'Iran a lancé une attaque sans précédent contre Israël, déployant plus de 300 missiles de croisière, missiles balistiques et drones. Il s'agissait du premier engagement militaire direct entre le gouvernement iranien et Israël. Parallèlement à cette escalade militaire, la République islamique a annoncé la mise en œuvre du plan ou de la campagne « Light » ou « Noor », qui vise à intensifier les mesures contre les opposants au hijab obligatoire. Le gouvernement iranien a justifié ce plan comme une réponse aux plaintes des citoyens concernant le nombre croissant de femmes ne portant pas le hijab obligatoire dans les espaces publics. Toutefois, les activistes civil·es et politiques iranien·nes suggèrent que le véritable objectif du plan Noor est d'anticiper les protestations et l'opposition potentielles dans le contexte de la vulnérabilité actuelle du gouvernement. Ce plan vise à faire appliquer les lois de la charia islamique et le hijab obligatoire en Iran, qui obligent les femmes à se couvrir les cheveux et à porter des vêtements modestes, le non-respect de ces règles étant passible d'une réprimande publique, d'une amende ou d'une arrestation. Cette évolution met en évidence l'interaction complexe entre les tensions géopolitiques et les politiques intérieures de l'Iran, ce qui justifie un examen et une analyse plus approfondis de la part des universitaires, des journalistes et des militant·es.
La récente vague de répression à l'encontre des femmes ne respectant pas le hijab obligatoire a ravivé 45 ans d'histoire de répression, de harcèlement et de déni des droits des femmes en raison de leur présence dans les espaces publics, en particulier dans les rues. La campagne Noor, mise en œuvre pour imposer le hijab obligatoire et ignorer la part des femmes dans l'espace public et la sécurité des rues, répète les tentatives précédentes infructueuses depuis l'établissement de la République islamique d'Iran. Le souhait de la majorité de la société iranienne est la liberté de choisir ses vêtements, et le hijab par choix !
Depuis 45 ans, l'histoire de l'imposition du hijab obligatoire et de la résistance contre celui-ci se poursuit. Les sons inquiétants du slogan « soit un foulard, soit un coup sur la tête » sont encore présents dans la mémoire de celles qui ont manifesté lors de la première manifestation contre la République islamique, le 8 mars 1979. Si, avant la révolution de 1979, les femmes étaient victimes de harcèlement et de harcèlement sexuel dans les lieux publics, elles n'étaient pas systématiquement arrêtées, battues et détenues.
Depuis 45 ans, le hijab obligatoire est imposé par le biais de divers plans, notamment le « plan hijab et chasteté » et le « plan de sécurité morale », qui utilisent des outils tels que les camionnettes vertes et les patrouilles Irshad (illumination) pour contrôler les espaces publics et créer un environnement sexué, tendu et peu sûr pour les femmes. Ces plans ont gaspillé des fonds considérables pour créer une atmosphère préjudiciable à la sûreté et à la sécurité, au lieu d'autonomiser et d'améliorer la vie des gens.
Le bien-être mental et physique de la moitié de la société – les femmes et les filles – ne devrait pas être lié au hijab obligatoire. L'histoire nous rappelle que partout où il y a oppression, la lutte est inévitable. Comme l'a poétiquement demandé Langston Hughes, « Qu'advient-il des rêves différés ? Sèchent-ils comme un raisin sec au soleil ? Ou explosent-ils ? »
Le mouvement des femmes iraniennes incarne cette lutte. Elles ont continuellement contesté l'imposition du hijab obligatoire et l'effacement de leur présence dans les espaces publics depuis la création de la République islamique.
La première vague de protestations a éclaté le 8 mars 1979, lorsque les femmes sont descendues dans les rues de plusieurs villes, défiant les tentatives du régime autoritaire de les réduire au silence. Le soulèvement révolutionnaire de 2022, baptisé « Femme, vie, liberté », a été l'aboutissement de décennies de colère et d'aspirations réprimées, les femmes et les jeunes filles réclamant la place qui leur revient dans les espaces publics et dans les rues.
Les jeunes femmes, en particulier, ont joué un rôle central dans cette lutte, en occupant courageusement les espaces publics et en affirmant leur pouvoir face à la répression systémique. Le plan Noor est la dernière itération de cette oppression, visant à imposer le hijab obligatoire et à restreindre l'autonomie des femmes sur leur corps et le choix de leurs vêtements. Toutefois, ce plan a été largement condamné au niveau national et international, des universitaires comme Tahira Taleghani (fille du défunt ayatollah Taleghani) soulignant que le hijab obligatoire porte atteinte à la liberté et à la dignité des femmes. Même certains membres du parlement se sont opposés au projet, reconnaissant son illégalité et sa futilité.
Malgré les efforts du régime pour réprimer la dissidence au moyen de policiers en civil, de caméras de reconnaissance faciale et de charges de sécurité, la volonté de la majorité des Iranien·nes reste inébranlable. Le plan Noor n'a fait qu'exacerber les tensions sociales et les crises, creusant le fossé entre le peuple et le gouvernement.
En réalité, la rue appartient aux citoyen·nes. Les femmes et les jeunes filles, qui constituent la moitié de la société iranienne, exigent leur part d'espace public et de sécurité. Elles recherchent un environnement sûr où leurs droits humains, y compris le port volontaire du hijab, l'égalité des sexes et la justice sociale, sont respectés et protégés par la volonté politique du gouvernement. Aujourd'hui, la rue est devenue une plateforme pour l'action des femmes, qui affirment leur présence de manière créative et innovante, multipliant le courage et plantant des graines d'espoir dans les cœurs.
Comme nous le rappelle Arundhati Roy, « un autre monde n'est pas seulement possible, il est en route. Par temps calme, je peux l'entendre respirer ».
Elahe Amani
Elahe Amani est présidente du réseau interculturel des femmes, membre du conseil d'administration de l'Association nationale pour la médiation communautaire, émérite de l'université d'État de Californie et rédactrice en chef de la section féminine du journal mensuel Peace Mark, une publication des militant·es des droits humains en Iran (HRA).
https://newpol.org/irans-hijab-law-and-electoral-scrutiny/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Hausse de la demande d’actes sexuels tarifés dans le cadre des JOP : confirmée par les données sur Internet

Il est donc possible d'affirmer que la tenue de grands évènements sportifs favorise l'augmentation de la demande des « clients », par l'afflux de supporters et la diversité des législations de leurs pays d'origine, alors même que l'achat d'acte sexuel est interdit en France depuis la loi de 2016, comme le rappelle la campagne « c'est combien ? » lancée par l'Etat à l'occasion des JOP.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/02/hausse-de-la-demande-dactes-sexuels-tarifes-dans-le-cadre-des-jop-confirmee-par-les-donnees-sur-internet/
Sans fournir d'étude définitive, mais en prenant en compte les données observées par l'Amicale du Nid sur l'un des principaux sites d'annonces en ligne d'actes sexuels tarifés au cours des cinq derniers mois, nous affirmons qu'une hausse de la demande dans le cadre des JOP a bien lieu (pour rappel, selon l'Office Central pour la Répression de la Traite des Êtres Humains à des fins d'exploitation sexuelle – OCRTEH – la part de l'« offre » sur Internet est passée de 35% en 2011 à 90% en 2022 dans la mise en contact avec les acheteurs).
Au regard des diverses données collectées au niveau national et départemental, une augmentation générale et conséquente de l'« offre prostitutionnelle » en ligne a été constatée entre le 14/02/2024 et le 10/07/2024 par l'Amicale du Nid :
* 42 970 offres en février contre 50 526 en juillet pour l'ensemble du territoire français, soit une hausse de 17,6%.
* Les deux départements accueillant le plus d'épreuves olympiques ainsi que le village olympique, voient apparaître une hausse de 34,2% à Paris et de 27% en Seine-Saint-Denis.
* En Seine-Saint-Denis, la ville de Saint-Denis, lieu d'accueil du village olympique connait la plus forte augmentation (+ 58,5%), suivie par La Courneuve (+51,2%) et Aubervilliers (+36,6%).
https://www.pressegauche.org/ecrire/?exec=article_edit&new=oui&id_rubrique=160#
En outre, un « rajeunissement » des « offres » est observé (entre 55 et 62% de 18-25 ans sur ces trois villes de Seine-Saint-Denis) pour répondre à la demande des acheteurs, pédocriminels pour certains, qui cherchent précisément des personnes mineures, qui ne peuvent être déclarées comme telles dans le cadre des annonces en ligne.
Il est donc possible d'affirmer que la tenue de grands évènements sportifs favorise l'augmentation de la demande des « clients », par l'afflux de supporters et la diversité des législations de leurs pays d'origine, alors même que l'achat d'acte sexuel est interdit en France depuis la loi de 2016, comme le rappelle la campagne « c'est combien ? » lancée par l'Etat à l'occasion des JOP.
Cet interdit a été confirmé hier, 25 juillet, comme ne violant pas l'article 8 de la Convention Européenne des Droits Humains relatif au respect de la vie privée et familiale, par arrêt de la Cour Européenne des Droits Humains (CEDH) pris à l'unanimité et sans ambiguïté.
Les réseaux de proxénétisme et de traite des êtres humains s'organisent notamment « par plan », suivant des modes opératoires dématérialisés, sauf l'acte tarifé :
* Un contexte spécifique : un festival, un évènement sportif pendant une durée limitée,
* Une exploitation des victimes en appartement ou hôtel (de préférence sans personnel d'accueil), avec hébergement de courte durée pour échapper aux forces de l'ordre,
* Une organisation ficelée et contrôlée par le réseau : transport, logement, nourriture, boissons, alcool et stupéfiants.
L'Amicale du Nid rappelle son engagement dans la lutte contre le système prostitutionnel qui se situe à l'intersection des oppressions de genre, économique et raciste, et dans l'accompagnement des victimes depuis 1946.
A l'occasion de cet évènement sportif international, l'Association a engagé une chargée de mission Prévention et Sensibilisation au sein de son équipe de Seine-Saint-Denis.
Plusieurs enjeux entourent cette mission : L'observation des annonces en lignes, la sensibilisation des acteurs (justice, police, communes, gardiens d'immeuble… déjà 420 professionnel.les sensibilisé.es entre mars et juillet 2024) et des campagnes de prévention auprès des victimes ou en risque de l'être.
L'Amicale du Nid publiera l'ensemble de ses évaluations chiffrées et analysées dans le cadre des JOP fin novembre 2024.
Pour en savoir plus :
*L'arrêt de la CEDH du 25 juillet 2024 : La CEDH conforte la loi française. Un signal fort pour l'Europe, une victoire pour toutes les victimes du système prostitutionnel, dans leur grande majorité des femmes ! Amicale du Ni
* La campagne nationale rappelant la pénalisation des acheteurs d'actes sexuels
https://amicaledunid.org/actualites/lamicale-du-nid-soutient-la-campagne-nationale-pour-linterdiction-de-lachat-dactes-sexuels-en-france-dans-le-cadre-des-jop/
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

France : Cette élection est l’échec du virilisme. L’heure est à la démocratie féministe

La campagne législative a montré la ringardisation du virilisme. Pour se renouveler, la politique gagnera à s'appuyer sur un récit, un programme et une méthode féministes
Tiré de Entre les lignes et les mots
Il y a trois ans, je publiais dans Le Monde une tribune intitulée « Le féminisme permet de renforcer les deux piliers, libéral et démocratique, de nos sociétés ». Ce lendemain d'élections législatives anticipées confirme ce constat. Il le renforce, même. J'écrivais que « le pouvoir, dans les sphères politique, économique et médiatique, en demeurant profondément excluant, se prive de compétences, de regards sur le monde et prend l'énorme risque de l'inefficacité et de la défiance ». Il me semble que la preuve est faite.
Ainsi que l'a abondamment documenté la presse, la dissolution de l'Assemblée nationale a été préparée par un boys' club archétypal d'un entre-soi sûr de lui et convaincu, à tort, que la France est majoritairement craintive, aigrie et nostalgique. En outre, pendant la campagne express, de nombreux plateaux de télévision ont, une fois de plus, donné la part belle aux hommes, qu'il s'agisse de politiciens dépassés et n'exerçant souvent aucun mandat, ou d'éditorialistes entretenant la confusion avec le journalisme, incapables de lâcher les rênes de la notoriété, s'accrochant à une illusion d'influence et refusant de partager le verbe et l'espace. Certains excluant même de débattre avec des femmes.
Nous avons vu les invectives, la violence verbale, la haine du débat démocratique, et même la dénégation des résultats des urnes. Autant de poisons dont l'extrême droite est la championne mais non la seule dépositaire. Nous avons vu l'arrogance, la mauvaise foi, les amalgames. Nous avons vu la désinformation répétée de médias déjà, ou désormais, acquis à l'extrême droite et qui n'ont de médias que le nom puisqu'ils mentent en toute conscience à des fins électoralistes.
Pour un récit émancipateur
Mais ce que nous avons vu aussi, c'est l'expression et l'expertise d'hommes et surtout de femmes politiques, de responsables d'associations et de syndicats, de chercheuses et de chercheurs prônant le dialogue, revendiquant une parole et une visibilité, appelant à réhabiliter les corps intermédiaires si malmenés, une société civile dotée d'une immense force mobilisatrice et d'une grande capacité de propositions pour l'avenir de notre pays. C'est cette vitalité-là, aussi, qu'il faut retenir de cette campagne. Il est temps que le champ politique se rende compte qu'il ne détient pas le monopole de l'expertise.
La séquence qui s'achève dit donc trois choses.
Premièrement, nous sommes, sur le fond, à l'aube d'un nouveau moment émancipateur pour bâtir un agenda programmatique tout autant soucieux des injustices territoriales, sociales, d'origine et de genre (les quatre s'entrecroisant de manière complexe) que des richesses (économiques, intellectuelles, scientifiques, associatives, culturelles ou encore citoyennes) inexploitées de notre société.
Deuxièmement, la démocratie est vivante : elle se réinvente sans cesse, elle se bat pour sa survie jusqu'à déjouer les pronostics. La démocratie ne cesse de nous surprendre. Elle est un processus toujours à construire et à reconstruire. L'immense mouvement collectif engagé pour faire battre le RN est une leçon de démocratie citoyenne qu'il est impératif de traduire en démocratie participative large. Nous avons pour cela besoin d'espaces de discussion, de parole et donc d'écoute. Il y a, dans ce pays, une immense soif de comprendre et d'échanger : multiplions ces lieux de médiation. Nous, chercheuses et chercheurs, le constatons dans les conférences auxquelles nous participons dans tout le pays : l'affluence est immense, les gens lisent, discutent, se parlent. Il faut dès lors réhabiliter les conditions, les lieux, les cadres et le temps d'un débat démocratique très largement confisqué par la polémique perpétuelle, le clash, le buzz, le bruit.
Troisièmement, on ne peut plus gouverner à coups de menton et de « grenades dégoupillées ». C'est une évidence. La masculinité hégémonique est ringardisée, elle doit en prendre acte.
Le féminisme : un projet global et une méthode
Le moment est historique, nous devons le saisir. En vérité, nous n'avons pas le choix. Il nous faut bâtir un récit rassembleur, fondateur, programmatique. À propos d'insécurité : va-t-on agir efficacement, aussi, contre les féminicides et les violences faites aux enfants ? Lutter véritablement contre toutes les formes de racisme et d'antisémitisme ? À propos de reconnaissance, va-t-on, enfin, faire en sorte de passer des lois aux pratiques, donner leur place aux femmes dans les postes à responsabilité, agir pour la mixité des métiers ? À propos de redistribution, va-t-on réhabiliter l'École publique, si malmenée, payer correctement les enseignantes et les enseignants, financer l'université et la santé à la hauteur de leurs besoins ? Déployer une offre de services publics adaptée ? À propos de durabilité, va-t-on se décider à mettre en place une transition environnementale équitable ?
La responsabilité est collective dans le moment démocratique qui s'affirme aujourd'hui, afin de (re)créer un « nous », large et inclusif, qui permette l'expression pacifique des désaccords – lesquels sont l'essence même de la démocratie –, tout en conduisant à une société réconciliée avec elle-même. En d'autres termes, un « nous » qui ne s'oppose pas à un « eux », celui des boucs émissaires que l'extrême droite construit dans le but de prospérer et de danser sur le volcan des divisions mortifères.
Pour y parvenir, les outils sont nombreux et mobilisables. Le féminisme en fait partie, comme projet global et comme méthode. Il sait bousculer les conformismes et contester les injustices de naissance et de condition. Il sait également créer et animer des lieux de conversation, faciliter la circulation des savoirs entre les sphères académique, militante et politique, permettre le conflit d'idées argumentées et prendre le risque stimulant de la confrontation d'opinions. Il sait penser la complexité pour agir plus efficacement, passer de la contestation à la proposition. Il y a aujourd'hui de l'impatience. Il y a par-dessus tout un désir de changement, de reconnaissance, de participation, mais aussi de consensus. Si l'on décide de « transformer la colère en plaisir », on peut « expérimenter le plaisir de s'en sortir », ainsi que l'écrit la philosophe Elsa Dorlin.
Nous avons besoin d'une société qui « dé-fige » les individus et les groupes, qui rouvre le champ des possibles, des libertés et du progrès, pour toutes et tous. Une société qui rassemble. L'heure n'est plus à la violence. Le virilisme en politique a vécu. Le féminisme est l'avenir de la démocratie.
Marie-Cécile Naves
Politiste, Directrice de recherches à l'IRIS
https://blogs.mediapart.fr/marie-cecile-naves/blog/090724/cette-election-est-l-echec-du-virilisme-l-heure-est-la-democratie-feministe
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Ces Tunisiennes qui font trembler Kais Saied

Elles sont issues de tous bord : militantes associatives, journalistes, femmes politiques. Elles subissent les foudres d'un régime qui tend à brider les voix discordantes. Comme les hommes, elles font les frais de leur activisme.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/07/ces-tunisiennes-qui-font-trembler-kais-saied/
Elles s'appellent Cherifa Riahi, Saadia Mosbah, Sonia Dahmani, Chaima Issa, Chadha Hadj Mbarek, Leila Kallel, Mariem Sassi, Abir Moussi. Ce sont des femmes politiques, des journalistes, des militantes associatives. Et elles croupissent en prison.
Elles font partie de la longue liste des femmes victimes d'intimidations judiciaires ou exilées, à l'instar de Bochra Bel Haj Hmida, Ghofrane Binous, Fatma Ezzahra Ltifi, Feryel Charfeddine, Arroi Baraket, Amel Aloui, Wifek Miri et bien d'autres.
« C'est une situation inédite pour les femmes », lance Nabila Hamza, membre du bureau exécutif de l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) lors d'une conférence de presse de la dynamique féministe, le 24 juillet.
Cette dynamique féministe regroupe plusieurs organisations de la société civile militant pour la cause féminine. Il s'agit de l'Atfd, Aswat Nissa, Beity, l'Association de la femme et de la citoyenneté du Kef, Amal pour la Famille et l'Enfant, Calam, l'association Tawhida Ben Cheikh et Intersection pour les droits et les libertés.
Toutes appellent à la libération immédiate de ces femmes emprisonnées et à l'arrêt des poursuites judiciaires visant toutes les activistes.
A l'occasion de ladite conférence de presse, ces organisations ont annoncé le lancement de la campagne de libération des prisonnières détenues en raison de leur activisme au sein de l'espace public. Elles s'engagent à défendre toutes les victimes du système sans exception.
La campagne aura lieu du 25 juillet au 13 août 2024. Ces associations exhortent toutes les forces politiques, civiles, syndicales, culturelles, académiques, progressistes et démocrates à se mobiliser à leurs côtés dans le cadre de leurs diverses actions. Cette campagne s'achèvera le 13 août, la Journée nationale des femmes tunisiennes, avec une manifestation devant le théâtre municipal de Tunis.
Un climat politique hostile aux femmes
Les poursuites judiciaires ont clairement pour objectif de « réduire au silence les voix des femmes », dénonce Sarah Ben Saied, directrice exécutive d'Aswat Nissa. Car les enquêtes visant ces figures féminines sont « vides », souligne Ghofane Friji, chercheuse à l'association Intersection. Cette organisation recense les violations des droits et des libertés en Tunisie. « Il s'agit d'accusations arbitraires et infondées », dénonce-t-elle.
En effet, le régime de Kais Saied mène une chasse aux voix dissidentes ou à ses supposés détracteurs. Les chefs d'accusation retenues contre les femmes activistes varient entre « diffamation », « atteinte à la sûreté de l'Etat » ou encore « blanchiment d'argent ».
Il s'agit d'une politique « méthodique » visant à clouer le bec de l'opposition qu'elle soit politique, civile ou syndicale, dénonce Sarah Ben Said. « Elle intervient dans un contexte marqué d'ores et déjà par la violence cybernétique envers les femmes actives dans la sphère publique. Celles-ci sont constamment menacées et insultées sur les réseaux sociaux. Le but est de les empêcher de prendre part aux débats publics », renchérit-elle.
La dynamique féministe a illustré l'ampleur de l'injustice dont sont victimes les femmes engagées à travers les témoignages de Ramla Dahmani, la sœur de Sonia Dahmani, l'avocate et chroniqueuse emprisonnée, et de l'ancienne maire de Tabarka, Amel Aloui. Dahmani et Aloui ont été condamnées sur la base du décret-loi 54.
Paradoxalement, des femmes mettent en application la politique liberticide de Saied, à l'image de l'ancienne cheffe du gouvernement Najla Bouden ou encore l'actuelle ministre de la Justice Leila Jaffel. Rien « d'étonnant » qu'elles jouent un tel rôle, affirme la figure féministe Sana Ben Achour, à Nawaat.
Les femmes ne naissent pas féministes. Car le féminisme est une conscience politique dont ces femmes sont dépourvues. Sana Ben Achour
Et de regretter : « Elles reproduisent et consolident le système d'oppression patriarcale qui les réprime. Ce sont ses instruments. Ces femmes sont les ennemies de leurs consœurs ».
En revanche, pour le régime actuel, le féminisme est un mouvement élitiste. Et les femmes activistes n'ont aucune légitimité, tient également à rappeler Nabila Hamza.
Un déclin à différentes échelles
Au-delà des rhétoriques s'opposant à l'égalité entre les hommes et les femmes, Saied a concrétisé son idéologie en sapant les acquis durement arrachés des femmes.
En faisant référence à la religion dans la Constitution de2022, en renonçant à la parité, le chef de l'Etat a acté ses menaces visant les droits des femmes, a déploré Fathia Saïdi, militante féministe. Et cela se manifeste dans la régression de la représentativité politique des femmes.
En 2017, un amendement à la loi électorale a obligé les partis politiques à faire en sorte que la moitié de leurs listes candidates soient dirigées par des femmes lors des élections locales. Ce texte de loi a permis l'établissement de conseils municipaux composés à hauteur de 47% de femmes lors des élections de 2018.
La nouvelle loi électorale a remplacé l'ancien système de représentation proportionnelle par un scrutin uninominal, sans exiger l'égalité de représentation des sexes aux élections.
Résultat : Le parlement actuel est dominé par les hommes. 25 femmes uniquement y siègent contre 129 d'hommes. Quant au Conseil National des Régions et des Districts, il est composé de 67 hommes et de seulement 10 femmes.
« Saied a enterré tous les débats sur l'égalité entre les hommes et les femmes dans les commissions parlementaires ou locales », ajoute Nabila Hamza. D'après elle, le pouvoir en place empêche l'émergence de modèles de femmes politiques pouvant inspirer les futures générations. « Il veut cantonner les femmes dans la sphère privée », lance-t-elle.
L'emprisonnement des femmes activistes, les poursuites et intimidations les ciblant interviennent dans un climat marqué par la précarité féminine.
« Des travailleuses agricoles meurent encore sur la route, le nombre des féminicides est alarmant, l'Etat rechigne à appliquer la loi 58 sur l'élimination des violences envers les femmes », martèle Hamza. Dans ce contexte, les féministes sont plus que jamais amenées à lutter sur tous les fronts.
En muselant la liberté d'expression des femmes, le régime entrave les possibilités de porter et de défendre d'autres causes féminines, à l'instar des droits socio-économiques ou encore des droits sexuels et reproductifs.
Rihab Boukhayatia
Spécialisée en droits et libertés, je suis journaliste à Nawaat depuis 2019, où je traite aussi des sujets de société. Juriste de formation, je poursuis, en parallèle à mon activité professionnelle, des recherches en sciences politiques.
https://nawaat.org/2024/07/29/ces-tunisiennes-qui-font-trembler-kais-saied/
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Lancement du processus d’organisation du Forum social mondial 2026 au Bénin !

Tiré de Le Journal des Alternatives
https://alter.quebec/lancement-du-processus-dorganisation-du-forum-social-mondial-2026-au-benin/
31 juillet 2024
Communiqué de la Convergence globale des luttes pour la Terre et l'Eau (CGLTE OA)
Sous le regard attentif des chefs traditionnels et coutumiers, des autorités et des acteurs de la société civile, la Convergence globale des luttes pour la Terre et l'Eau d'Afrique de l'Ouest (CGLTE OA) a lancé officiellement ce 31 juillet 2024, le processus d'organisation du Forum social mondial (FSM) prévu pour 2026 à Cotonou.
Les objectifs de cette rencontre étaient de partager des informations sur le FSM, de renforcer la collaboration entre les membres de la société civile, les chefs traditionnels et coutumiers, ainsi que les autorités locales. Cette journée a été marquée par plusieurs discours marquants, notamment celui du porte-parole de la CGLTE, Massa Kone, et du président de l'Alliance des chefs coutumiers et traditionnels de l'Afrique de l'Ouest.
Dans son discours, le porte-parole a mis en exergue le choix du Bénin pour l'organisation du prochain forum, soulignant l'hospitalité exemplaire qui règne dans le pays. Il a également insisté sur l'importance de cette rencontre, déclarant que l'Afrique, riche de ses valeurs culturelles, doit valoriser ses aînés, symbolisés par les chefs traditionnels et coutumiers. L'engagement des aînés et des autres parties prenantes, notamment les Brésiliens, a renforcé la détermination à obtenir l'organisation du forum. Cet engagement ne serait pas possible sans l'accompagnement des autorités et des chefs coutumiers.
Le président de l'Alliance des chefs coutumiers et traditionnels de l'Afrique de l'Ouest a, quant à lui, lancé un appel aux chefs traditionnels et aux autorités pour leur accompagnement et leur soutien dans la mobilisation des populations.
L'ordre du jour incluait une présentation des enjeux du FSM et de sa charte, ainsi que des réflexions sur les retombées positives des éditions précédentes. Ces discussions visaient à identifier les meilleures approches pour garantir le succès de l'édition de 2026.
Les personnes participantes ont également pris part à des travaux de groupe, au cours desquels furent présentés la note conceptuelle, la feuille de route du forum et le plan d'action des chefs coutumiers et traditionnels de l'Afrique de l'Ouest.
Ce processus collaboratif marque le début d'un parcours ambitieux vers un FSM inclusif et porteur de changements positifs pour la région et au-delà, car le Bénin accueille, mais c'est l'Afrique qui organise.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Face à l’extrême droite : « Les seules batailles perdues sont celles qu’on renonce à mener »

Spécialiste des inégalités sociales et ethno-raciales, le sociologue Ugo Palheta, co-directeur de la revue marxiste Contretemps, est de ceux qui prennent depuis longtemps au sérieux « la possibilité du fascisme ». Il fait paraître à la rentrée aux éditions Amsterdam un ouvrage collectif, Extrême droite : la résistible ascension, qui décortique les ressorts de la dynamique néofasciste contemporaine. Socialter l'a interrogé pour mieux comprendre la tentation autoritaire et raciste qui traverse le pays et évoquer les moyens de déjouer la catastrophe que représenterait la tentation autoritaire et raciste qui traverse le pays et évoquer les moyens de déjouer la catastrophe que représenterait l'accession du RN au pouvoir.
Hugo Palheta Maître de conférences en sociologie à l'université de Lille, Ugo Palheta travaille sur les inégalités sociales, raciales et de genre. Co-directeur de la revue marxiste Contretemps, auteur de plusieurs livres, dontLa Possibilité du fascisme. France : trajectoire du désastre (La Découverte, 2018), il anime un podcast, Minuit dans le siècle, consacré aux extrêmes droites contemporaines. Il participe aux travaux de l'Institut La Boétie, laboratoire d'idées de La France Insoumise.
août — septembre 2024 | tiré de la revue Socialter | Photos : propos recueillis par Elsa Gautier photos Antoine Seiter
Vous observez depuis des années les dynamiques du « néofascisme » et vous alertez dans plusieurs livres parus depuis 2018 sur « la trajectoire du désastre » dans laquelle semble engagée la société française. Comment analysez-vous le moment d'accélération qu'a déclenché en juin la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Macron ?
La crise politique que connaît la France depuis 15 ans est entrée dans une phase aiguë, qui constitue une épreuve de vérité. La France se singularise depuis 2017 par une tripartition du champ politique, avec des pôles qui étaient de force à peu près égale, du moins en 2022 : un pôle néolibéral dirigé par Macron, un pôle de gauche – dominé par LFI depuis plusieurs années – et un pôle d'extrême droite, où le RN est de très loin la force dominante.
Cette situation ne pouvait pas durer éternellement, à la fois parce que Macron n'a plus depuis 2022 de majorité absolue à l'Assemblée nationale, mais aussi parce que le pôle néolibéral a connu un recul électoral aux élections européennes.
Macron disposait déjà d'une base sociale étroite, dès son arrivée au pouvoir en 2017, en raison de son projet de régression sociale, mais cette base s'est encore rétrécie depuis, n'étant compensée que par le ralliement de secteurs de l'électorat de droite qui votait antérieurement LR. Au point que les économistes Julia Cagé et Thomas Piketty ont pu affirmer, à partir d'une étude empirique des élections en France depuis la Révolution française, qu'en 2022 le vote Macron était « le plus bourgeois de l'histoire de France ». Si on ajoute à cela la défiance très profonde dans le pays à l'égard des élites politiques, en particulier macronistes, et les importantes luttes sociales qui ont déstabilisé depuis 2017 encore un peu plus le pouvoir – Gilets jaunes, mouvements contre la réforme des retraites, mobilisations dans la santé publique, etc. – il est clair que la Macronie n'était plus du tout en mesure d'entraîner des forces derrière elle et que la situation était devenue en grande partie ingouvernable.
Comment lisez-vous le résultat inattendu sorti des urnes le 7 juillet ? Faut-il y voir davantage qu'un sursis offert face à la menace d'une conquête du pouvoir par le RN ?
Ce n'est pas une large victoire pour la gauche, mais c'est clairement une défaite pour le RN par rapport à ce que ses membres espéraient, même s'ils voient leur nombre de députés progresser. Il y a d'abord eu un sursaut du peuple de gauche. Beaucoup de gens ont fait une première expérience de militantisme pour obtenir la victoire de tel ou tel candidat du Nouveau Front populaire. Sans cela, rien n'aurait été possible. Et puis évidemment on a pu mesurer que, malgré toute l'opération de « dédiabolisation » orchestrée par Marine Le Pen, dont de nombreux médias ont été complices ces dix dernières années, l'extrême droite reste perçue comme une menace pour la démocratie, les conquêtes sociales, les droits des minorités, les mouvements d'émancipation. Donc il y a eu aussi un vote barrage.
Ce sursaut peut être davantage qu'un sursis pour plusieurs raisons. Tout d'abord, cela met en doute le récit lepéniste selon lequel l'extrême droite parviendra inévitablement au pouvoir. Ensuite, cela fait de la coalition de gauche la principale opposition, donc la principale alternative, au moins pour un temps, au macronisme. Enfin, imposer une défaite – même partielle et provisoire – au camp ennemi est toujours un point important dans une bataille de longue haleine, parce que la défaite démoralise, désoriente et désorganise toujours ; plus ou moins il est vrai, selon l'habileté des dirigeants adverses.
« L'unité est un combat » écriviez-vous en juin dans un édito de la revue Contretemps. Le Nouveau Front populaire, né dans l'urgence et sorti en tête des législatives anticipées, apparaît extrêmement fragile. L'éclatement est-il évitable ?
Il faut prendre au sérieux le fait que le Nouveau Front populaire est un front, donc rien d'étonnant à ce qu'il soit sensible aux divergences, voire aux antagonismes politiques entre ses composantes, en particulier entre LFI et le PS. On doit se garder de dépolitiser les clivages en son sein en les ramenant –comme le font les médias dominants– à des querelles d'ego ou à des intérêts de boutique, même si bien sûr cela existe aussi
« Imposer une défaite au camp ennemi est toujours un point important dans une bataille de longue haleine, parce que la défaite démoralise, désoriente et désorganise toujours. » À partir de là, dire que l'unité est un combat doit s'entendre au moins en trois sens. Le plus évident, c'est qu'à ce stade on a besoin de cette unité pour vaincre le macronisme et le lepénisme, donc il faut se battre pour la maintenir. Mais faire l'unité ne veut pas dire qu'il faut cesser de débattre au sein de la coalition et de sa base sociale sur des questions politiques, programmatiques ou stratégiques : la Palestine, les réformes en matières économique et sociale, l'Europe… Enfin, il y a le combat pour faire entrer au sein de cet espace unitaire les préoccupations et les actions des mouvements sociaux : syndicats, collectifs antiracistes et féministes, associations environnementales…
Pour éviter l'éclatement, il ne faut pas simplement parier sur la droiture de tel dirigeant ou telle dirigeante. Le plus crucial, c'est d'élargir et d'approfondir politiquement la mobilisation unitaire, de manière à accroître le coût de la division pour les forces qui composent la coalition et qui, à un moment, pourraient être tentées de jouer une autre carte que le renforcement du NFP.
Quels sont les principaux ressorts à vos yeux de la montée en puissance continue de l'extrême droite, que l'on constate dans les urnes depuis 15 ans ?
Il faut d'abord préciser que la percée de l'extrême droite au niveau national date de l'élection européenne de 19841 . Le FN/ RN dispose donc d'une assise ancienne, qui n'a pas été érodée par des expériences de pouvoir à l'échelon national puisque ce parti a toujours refusé de gouverner en position subalterne dans le cadre d'une coalition de droite. Il peut jouer ainsi une carte « dégagiste » ou « anti-système », même si son programme économique est aujourd'hui en pleine continuité avec les partis qui se sont succédé au pouvoir depuis 40 ans : une politique libérale, en faveur des entreprises et qui n'apporterait rien de bon, au contraire, aux salariés. Au cœur des succès de l'extrême droite, il y a le fait qu'elle est parvenue à politiser les peurs qui traversent notre société – en particulier la peur du déclassement, pour soi ou ses enfants, la peur du chômage, de la précarité, de l'insécurité – sous l'angle de la menace de l'immigration, des étrangers, des musulmans. Elle a réussi à transformer ces peurs en l'espoir qu'on pourrait vivre mieux si on stoppait l'immigration, si on « mettait au pas » les minorités. Cela a pu fonctionner parce que, dans le même temps, les forces politiques dominantes ont elles-mêmes diffusé des discours xénophobes, islamophobes, sécuritaires. Une autre raison importante, c'est que les coalitions de gauche qui sont parvenues au pouvoir sous la domination du PS – dans les années 1980, entre 1997 et 2002, puis entre 2012 et 2017 – ont suscité une très forte déception et désorientation dans les classes populaires et plus largement parmi les salariés, en menant des politiques économiques très similaires à celles de la droite. Si le « ni droite ni gauche » a pu si bien fonctionner, c'est que la gauche, sous Hollande notamment, a gouverné à droite. En outre, tout un matraquage politique et médiatique a imposé l'idée dans une bonne partie de la population que, de toute façon, il n'est pas possible de parvenir à un partage des richesses plus égalitaire entre travailleurs et patrons, entre riches et pauvres, qu'on ne peut plus vraiment changer la société. La montée de ce fatalisme de classe à partir des années 1980 a en quelque sorte été compensée par la progression d'un volontarisme raciste. Tout ça a favorisé l'idée que la seule chose qu'il est possible d'espérer, c'est une politique consistant à prendre aux étrangers pour donner aux Français – ou aux « vrais Français » dans une vision raciste. C'est toute la politique de « préférence nationale » devenue « priorité nationale »
Quels sont les différents groupes sociaux qui composent aujourd'hui l'électorat RN ? Que nous disent les travaux récents des sciences sociales sur les motivations du vote d'extrême droite ?
L'électorat de l'extrême droite est loin d'être composé uniquement d'ouvriers ou de membres des classes populaires comme on le dit parfois, et apparaît davantage comme un conglomérat. Lors de la dernière présidentielle, Zemmour a fait d'excellents scores dans des communes ou des quartiers riches, mais le FN/RN est parvenu aussi à divers moments de son histoire à attirer des électeurs des classes favorisées. C'est le cas aujourd'hui, de manière croissante, à mesure que s'effondre le macronisme et que l'extrême droite apparaît à une partie des riches et des patrons comme une alternative à la gauche unifiée. Cela étant dit, il y a des zones de force pour le FN/RN et des facteurs qui prédisposent au vote d'extrême droite. D'un point de vue de classe, l'extrême droite est particulièrement forte parmi les petits indépendants – commerçants, artisans, chefs de petites entreprises – mais aussi dans les fractions stables des classes populaires, notamment parmi les travailleurs blancs. Cet ancrage social est d'autant plus fort que ces personnes habitent dans les petites villes ou dans ce que le sociologue Benoît Coquard a nommé les « campagnes en déclin » (ce qui ne signifie pas toutes les campagnes), particulièrement dans les régions historiquement hostiles à la gauche.
Il faut par ailleurs tordre le cou à deux idées communes, faisant du FN/RN le parti des pauvres et des jeunes. Lors du premier tour de la présidentielle en 2022, Jean-Luc Mélenchon faisait jeu égal avec Marine Le Pen parmi les personnes gagnant moins de 1 250 euros et se situait devant elle parmi celles et ceux gagnant entre 1 250 et 2 000 euros, alors que le RN le distançait chez les revenus situés entre 2 000 et 3 000 euros. Et si l'extrême droite a progressé parmi les jeunes par rapport aux années 1990, Marine Le Pen a été battue nettement en 2022 par Jean-Luc Mélenchon, aussi bien chez les 25-34 ans que chez les 18-25 ans.
Concernant les motivations de l'électorat d'extrême droite, il faut insister sur le fait que fonctionnent ensemble la volonté d'avoir davantage de pouvoir d'achat et la volonté de s'en prendre aux « immigrés », aux « étrangers », aux « minorités » – ces catégories étant utilisées de manière volontairement f loue par l'extrême droite. En effet, le tour de force du FN/RN a consisté à nouer un lien étroit entre le « social », l'idée d'améliorer les conditions matérielles d'existence, et le « racial », le projet de défendre les « nationaux ». Avec une conception implicitement raciste des « nationaux », puisqu'à l'extrême droite on oppose les « Français de souche », autrement dit les « vrais Français », et les « Français de papier ».
Quel est l'impact selon vous des transformations récentes du champ médiatique, sous l'influence d'actionnaires puissants acquis, à l'instar de Vincent Bolloré, aux idées réactionnaires ?
Les médias dominants ont eu un rôle important dans tout le processus politique qui a permis la progression de l'extrême droite. Si l'on schématise, on peut dire qu'il y a d'abord une première période, des années 1980 aux années 2000, dans laquelle l'extrême droite était peu présente dans les médias. Seul Jean-Marie Le Pen était invité et c'était encore assez rare. Mais les obs2sions du FN – autour de l'insécurité et de l'immigration notamment – ont pris une place de plus en plus importante dans la presse, les journaux télévisés, les émissions de débat. À cette atmosphère de plus en plus anxiogène, s'est ajoutée la fabrication d'un sentiment généralisé d'impuissance sur les questions économiques et sociales, en matraquant qu'il n'y avait pas d'alternative à l'austérité néolibérale, aux privatisations, aux régressions en matière de droit du travail, de retraites, etc.
Boite : la résistible ascension Collectif, dirigé par Ugo Palheta (préface de Johann Chapoutot) Éditions Amsterdam 6 septembre 2024 280 pages - 18 € Au fatalisme de certains discours politiques et médiatiques, qui installent l'idée d'une arrivée inéluctable du RN au pouvoir, cet ouvrage collectif, nourri des travaux les plus récents en sciences sociales et coordonné par Ugo Palheta, oppose une analyse minutieuse des forces mais aussi des failles de l'extrême droite. Ses contributeurs décortiquent les dynamiques sociales qui alimentent la poussée du RN, mais aussi les réseaux d'influence et les formes médiatiques par lesquelles les discours racistes, antiféministes et homophobes s'installent dans l'espace du débat public.
Dans une deuxième période, qui commence dans les années 2010, l'extrême droite commence à coloniser l'espace médiatique. D'abord, on voit bien davantage de responsables politiques du FN invités sur l'ensemble des plateaux, y compris les radios publiques. Mais c'est surtout la constitution de l'empire Bolloré qui va changer la donne en décuplant l'audience de pseudo-journalistes, véritables idéologues racistes et réactionnaires, issus des médias Valeurs actuelles, Causeur, Boulevard Voltaire, et en décomplexant certains vieux briscards de la presse de droite tels que Éric Zemmour, Yves Thréard… Le cocktail est assez terrible puisqu'à la « fachosphère » – qui était déjà puissante sur le web et les réseaux sociaux – s'est ajouté un certain nombre de médias traditionnels (CNews, Europe 1, le JDD) diffusant en continu le sens commun de l'extrême droite.
Pourquoi la gauche, malgré ses propositions sociales, rencontre-t-elle l'indifférence, voire l'hostilité de certains groupes populaires acquis au RN ?
D'abord il faut préciser qu'il y a toujours eu une partie des classes populaires qui votaient à droite, avec des variations territoriales importantes : une partie de l'électorat populaire du FN/RN procède ainsi d'un électorat anciennement de droite et qui s'est radicalisé à partir des années 1980. Mais il y a bien eu ce que les politistes nomment un « désalignement » entre la gauche et les classes populaires, qui s'est réalisé en plusieurs étapes.
Pourquoi la gauche ne parvient-elle pas davantage à parler aux classes populaires ?
La première raison, à mon sens, c'est l'échec de toutes les expériences de pouvoir de gauche dominées par le Parti socialiste – de Mitterrand à Hollande en passant par Jospin – dans la mesure où ces gouvernements ont pour l'essentiel trahi les espérances qui avaient été placées en eux. Mitterrand devait « changer la vie », il a opéré le tournant de la rigueur. Jospin prétendait rompre avec les gouvernements Balladur et Juppé, il a privatisé plus que tous les gouvernements de droite réunis. Hollande affirmait « mon ennemi c'est la finance », il a fait une politique de l'offre hyper favorable aux riches et au capital. Il y a d'autres aspects évidemment, par exemple la légitimation d'idées racistes et sécuritaires du fait notamment du matraquage médiatique et de leur reprise par des dirigeants politiques de premier plan.
Mais c'est d'abord le bilan de la gauche au pouvoir, en particulier du Parti socialiste, que l'on doit affronter. Le paradoxe, c'est qu'une partie des classes populaires pense que la gauche et les élites les ont abandonnées au profit des immigrés, alors que ces derniers (et bien souvent leurs enfants) sont les premiers à avoir pâti, et à pâtir, en tant que travailleurs et travailleuses notamment, des politiques de régression sociale, du chômage, de la précarité.
Vous écrivez que le désastre est possible mais « résistible ». Y a-t-il des exemples de territoires, en France ou à l'étranger, où on observe un recul de l'extrême droite ? Autrement dit, y a-t-il des stratégies efficaces contre l'extrême droite ?
Il y a des territoires où l'extrême droite n'a pas réussi à percer électoralement, comme la Belgique wallonne, sans doute parce qu'on y a maintenu un « cordon sanitaire » : on n'invite pas dans les médias des représentants d'extrême droite. Mais aussi parce que le mouvement ouvrier traditionnel, notamment syndical, avec ses solidarités concrètes, a gardé là-bas un poids important. Il faut cependant comprendre qu'il n'y a aucune recette miracle pour faire régresser l'extrême droite. Quand elle s'installe dans le jeu politique, elle ne disparaît pas, y compris après un passage au pouvoir, comme on l'a vu dès les années 1990 en Italie ou en Autriche, dans le cadre de coalitions avec la droite.
Il y a donc un travail de long terme à mener, au moins à trois niveaux. Il y a d'abord le militantisme de terrain, particulièrement là où la gauche, les syndicats et les mouvements sociaux sont peu présents : territoires ruraux, petites villes, petites et moyennes entreprises. Il ne s'agit pas simplement de réfuter les mensonges de l'extrême droite, sur l'immigration notamment, mais de faire exister un discours d'égalité et de justice social, construire des solidarités, défendre l'idée qu'il est possible collectivement de bâtir un avenir meilleur en s'en prenant non pas aux immigrés ou aux minorités, mais en imposant un rapport de force avec les classes possédantes.
Il y a ensuite la bataille politico-culturelle, qui passe par ce travail de terrain où on diffuse des idées mais aussi par la construction de médias indépendants, la production et la diffusion de savoirs critiques sur les inégalités, les discriminations, les violences… Et il y a enfin la question de l'alternative politique : on ne fera pas régresser durablement l'extrême droite si un gouvernement de gauche ne parvient pas à montrer concrètement qu'améliorer les conditions de vie de la majorité – par des hausses de salaire, la baisse de l'âge de la retraite, la diminution du temps de travail – n'est pas contradictoire avec le fait d'accueillir dignement les exilés, qu'ils ou elles soient d'ailleurs reconnus ou non comme réfugiés.
Au vu de l'exercice du pouvoir des extrêmes droites contemporaines (Italie, Hongrie, Argentine), à quoi pourraient selon vous ressembler les premiers mois d'un gouvernement Bardella ?
Si elle parvient au pouvoir, l'extrême droite cherchera à donner des gages à son électorat, mais aussi à rassurer le pouvoir économique et à s'attaquer aux secteurs militants capables de contester sa domination. Donner des gages à son électorat ne passera pas par des mesures sociales : toutes les annonces de Bardella pendant la campagne des législatives montrent qu'ils sont en train de renoncer à toutes les mesures « sociales » de leur programme. Cela signifiera une intensification des attaques racistes ciblant déjà depuis des années les groupes constitués comme « ennemis de l'intérieur » : les exilés, les musulmans, les Roms, les quartiers populaires et d'immigration. Avec des conséquences immédiates en matière de traque et d'expulsion des sans-papiers, de remise en cause du droit d'asile, du droit des étrangers et des droits des minorités notamment religieuses, mais aussi des atteintes aux ressources déjà maigres de nombreuses familles, donc y compris pour beaucoup d'enfants, du fait de la « priorité nationale » consistant à réserver les aides sociales, les emplois et les logements sociaux aux Français.
Rassurer le pouvoir économique impliquera de prolonger la politique de l'offre qui a été appliquée par tous les gouvernements avant eux : baisses d'impôts pour les entreprises et pour les riches, application des réformes des retraites et de l'assurance-chômage initiées par la Macronie, coupes budgétaires drastiques dans les budgets publics pour compenser l'affaiblissement des recettes liées aux baisses d'impôts évoquées, etc.
Et il ne faut pas oublier qu'en accédant au pouvoir, l'extrême droite contrôlera l'institution policière, dont les membres sont déjà largement acquis à ses idées et qui attendent avec impatience un grand « nettoyage ». Affrontant une société civile vigoureuse, où les luttes populaires ont été importantes ces dernières années, il n'y a aucun doute sur le fait que le FN/RN utilisera des motifs fallacieux et des lois déjà existantes pour saper les résistances en allant bien plus loin que Darmanin : dissolution de nombreux collectifs, criminalisation des idées et mouvements contestataires, arrestations ciblées, entraves à l'action syndicale, restriction du droit de grève, etc. « L'un des enjeux centraux dans les prochaines années, c'est de faire revivre une gauche militante partout où elle n'existe pas ou peu, de s'implanter et de se structurer à partir de combats concrets. »
La question de la (re)conquête de territoires ruraux et de la « France des bourgs », pour reprendre les termes de François Ruffin, nourrit les débats à gauche et dans les mouvements écologistes. La gauche peut-elle sortir de l'entre-soi urbain et diplômé ?
D'abord ces territoires sont plus hétérogènes politiquement que ce qu'on prétend généralement, et la gauche peut y trouver aussi certains points d'appui – par exemple dans la lutte pour le maintien des services publics, dans des réseaux syndicaux affaiblis mais qui persistent. Il est vrai que, dans une partie de ces territoires, c'est le FN/RN qui est aujourd'hui hégémonique, qui donne le ton. Cela n'a pas été vrai de toute éternité – l'ancrage électoral du FN il y a 30 ans était plutôt urbain – et ce qui a été fait pourrait être défait. Mais à condition que la gauche sorte effectivement de ses zones de confort militantes, pas simplement au moment des élections mais toute l'année. Certains le font déjà mais il faut que cela soit pris en charge à une échelle beaucoup plus large et de manière volontariste, en se disant que les seules batailles perdues sont celles qu'on renonce à mener.
L'un des enjeux centraux dans les prochaines années, c'est donc de faire revivre une gauche militante partout où elle n'existe pas ou peu, de s'implanter et de se structurer à partir de combats concrets. Ce n'est certainement pas de pratiquer une politique d'« apaisement » (en direction de qui ?) ou de s'ajuster au sens commun, qui comporte toutes sortes d'éléments contradictoires – certains progressistes, d'autres conservateurs ou carrément racistes. On peut s'appuyer sur des éléments progressistes, de contestation des inégalités par exemple – qui était au cœur du mouvement des Gilets jaunes – pour refaire exister une perspective de gauche là où elle s'est affaiblie, voire a disparu. Une première version de cet entretien est parue sur le site de Socialter pendant la campagne des législatives et a été traduite par le média américain Jacobin. Il a depuis été actualisé et complété à la lumière des résultats de l'élection de juillet dernier.
Une première version de cet entretien est parue sur le site de Socia/ter pendant la campagne des législatives et a ètè traduite par le mèdia amèricain Jacobin. Il a depuis ètè actualisè et complètè à la lumière des rèsultats de l'élection de juillet dernier.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Imane Khelif rafle l’or et saisit la justice contre les racistes !

Revanche historique ! La jeune boxeuse algérienne, victime d'une campagne immonde de cyber harcèlement xénophobe, misogyne et de collusion, se fait, le 9 août à Paris, justice par l'exploit homérique.
« La brindille que tu dédaignes, pourrait t'aveugler » (Adage populaire arabe)
De Paris,
Les larmes d'une jeune femme blessée, se sont mues en aura planétaire ! Le préjudice moral infligé à la Championne olympique de boxe, est d'une cruauté abyssale.
Contre la haine, Imane n'a pas déposé les armes. Elle flamboie !
Murés dans l'imprescriptibilité de leur supériorité et le rejet de l'autre, les Occidentaux répugnent qu'un l'Africain (e) déshérité inscrive sa prouesse sur leur trajectoire. Eux qui qui ont édifié une civilisation par le cimeterre et la spoliation de cet même être vulnérable, s'adjugent l'autre médaille, celle des Champions du dénigrement, de l'exclusion et de la jalousie !
Ces J.O 2024, dispendieux, se sont illustrés par des manœuvres absconses, de déchaînement haineux, de cabales dans les officines sibyllines et impénétrables citadelles des Instances du « noble Art » dont la Fédération Internationale de Boxe, pour dézinguer une jeune étoile porteuse de valeurs, réfractaire à l'humiliation, l'abus, l'atteinte à l'honneur et le racisme. C'est aux moyens d'ostracisation et d'oppression (Hogra) qu'on décapite le rayonnement de l'autre.
Dans le peloton de ces bourreaux de l'excellence arabo musulmane, appelés à rendre des comptes devant la Justice, (Attendons-nous à un classement sans suite) figurent plusieurs personnalités : Elon Musk, patron d'entreprises technologiques qui risquerait une peine de 5 ans de prison et 250 000 euros pour avoir participé à la diffusion de messages injurieux et d'attaques personnelles sur sa plateforme, ainsi que l'inconsolable et ulcéré Donald Trump, fier de son ineptie diffamatoire : « Qui veut voir les hommes pratiquer du sport à haut niveau aux côtés des femmes ? »
Parmi les lyncheurs (ses) portant atteinte à l'honneur d'Imane Khellif, présentement dans le viseur du parquet chargé de lutter contre la haine en ligne, la romancière américaine J.K Rowling. Soucieuse de l'étendue de son notoriété sur le Net, elle adresse un message avec photo à ses 14,2 millions d'abonnés dans lequel elle « accuse la sportive d'être un homme ».
L'impact sur les réseaux sociaux est dévastateur. Mais Imane, sans verser dans le pamphlet, sait déjà qu'elle est une Icone !
Les scénaristes et les écrivains vont se l'arracher
A Paris, la machine judiciaire se met déjà en branle. Sur le pied de guerre, le cabinet de l'avocat au barreau, Nabil Boudi, fait part de la résolution d'Imane Khelif de « déposer plainte pour faits de cyber harcèlement aggravé auprès du pôle de lutte contre la haine en ligne »
L'Avocate palestino-américaine Lina Hadid emboite le pas à son collègue pour plaider la cause d'Imane : « Je ferai partie de cette équipe juridique, bénévolement » promet-elle.
Sa dignité, son amour propre, éraflés, l'Athlète de 25 ans issue d'une bourgade rurale déshéritée, déclare aux médias algériens : « Je pense que mon Honneur est maintenant intact. Mais les injures dont j'ai été victime étaient accablantes. Ça fait basculer une vie. Je suis née femme, j'ai grandi en tant femme et concouru comme femme. Ceux qui ont douté de ma féminité, sont les ennemis de la réussite. Les attaques rendent la Médaille plus belle ! » répond avec sagesse la Lauréate.
Prenant cause et fait pour Imane, le Président du Comité International Olympique (C.I.O), l'allemand Thomas Adams, débusque la « cuisine » assassine de la Fédération Internationale de Boxe pour bannir l'Algérienne : « Le test, la méthode utilisée, l'idée même de ce test, rien de tout cela n'est légitime et ne mérite donc aucune réponse » s'insurge ce dernier.
Même pot aux roses pour la médaillée Kaylia Nemour.
La vidéo d'un Marocain outré par la connivence, fera le tour du monde : « Vous voyez ces larmes ? Vous allez le payer cher ! Comment ? Elle va rafler la médaille. Dieu ne tolère pas la Hogra ! ».
Le jour du triomphe. Dans un café parisien plein comme un œuf, Place de la République, la tension est à son paroxysme avant le début de la finale avec la chinoise Yang Liu. La médiatisation de l'injustice avait ameuté un bataillon de femmes de tout âge, mais aussi d'hommes que l'on voit affluer, drapeau algérien sur les épaules.
Il y a plus de monde à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'estaminet. Les téléphones portables vont faire du RTT jusqu'à l'aube : « Vite ! A'MMA » s'écrie une jeune femme à sa mère complètement essoufflée sous son hijab. La maman décline l'offre de s'asseoir sur une chaise. Toutes les deux s'approprient l'ambiance explosive nationaliste, l'adrénaline à fleur de peau. Toutes les deux sont marocaines venues soutenir Imane, l'emblème de l'Algérie flottant au-dessus de la tête.
Le combat tient en haleine la planète. Il se clôt par un jeu de jambes à la Mohamed Ali et une victoire de l'Algérienne qui reçoit - alors qu'elle n'a pas quitté le Ring - un coup de fil du Président Tebboune, irradié de bonheur.
Extatique, la communauté arabo- musulmane de par le monde, prend toutefois acte, que les zones d'ombre dans lesquelles on l'assigne, ne sont pas le fruit du hasard.
Maître de son savoir-faire et savoir- être, Imane Khelif est entrée dans l'Histoire par la grande porte !
O.H
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :