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Project 2025 : Le programme pour le pouvoir, passé et futur

20 août 2024, par Kim Phillips-Fein — ,
En 1980, la Fondation Heritage a publié un manuel afin de diminuer le rôle de l'État et de lancer le marché libre. Sa vision de 2025 est encore plus extrême et plus dangereuse. (…)

En 1980, la Fondation Heritage a publié un manuel afin de diminuer le rôle de l'État et de lancer le marché libre. Sa vision de 2025 est encore plus extrême et plus dangereuse. Cet article fait partie de « Project 2025 : The Plot Against America », une production spéciale de The Nation destinée à dévoiler le vaste programme saisissant pour un deuxième mandat de D. Trump. Il apparaît dans le numéro de juin 2024 intitulé : « The Conservative Promise ».

Kim Phillips-Fein, The Nation, 4 juin 2024
Traduction, Alexandra Cyr

Après l'élection de Ronald Reagan en novembre 1980, l'Heritage Fondation qui était alors une star des groupes de réflexion, a lancé un document manuscrit : Mandate for Leadership : Policy Management in a Conservative Administration, qu'elle a fait parvenir à l'équipe de transition présidentielle et à la presse. Rédigé tout au long des années 1980, le manuscrit de 3,000 pages (1,093 après publication en volume) reflétait les aspiration d'un mouvement politique sur le point d'accéder au pouvoir.

Lorsque Richard Nixon a été élu en 1968, quand Barry Goldwater a fait campagne pour la présidence, il n'y a eu aucune infrastructure intellectuelle qui ait produit quoi que ce soit de comparable. Une poignée de sociétés d'intellectuels.les défendaient le marché libre et quelques organisations diffusaient la propagande communiste. Mais il s'agissait en général de vues générales sur la politique et l'économie plutôt que des programmes détaillés.

Mais, en 1980, le conservatisme était arrivé à Washington et le monde organisationnel avait complètement changé. Il n'y avait pas que l'Heritage Fondation créée en 1973 avec le soutien du magnat de la bière, Joseph Coors, mais aussi l'American Enterprise Institute, l'American Conservative Union et plus encore. Edwin Feulner, alors président de l'Heritage Fondation, se souvient que l'inspiration pour le « Mandate » était venue d'une réunion avec l'ex secrétaire au trésor, William Simon. Il se plaignait que lorsqu'il était arrivé à Washington pour servir dans l'administration Nixon, il n'y avait aucune direction ou « plans pratiques » pour mettre en action un programme conservateur. L'Heritage Fondation s'est attelée au travail pour que ça ne soit plus le cas.

Il fallait offrir à la nouvelle administration Reagan, un manuel sur la manière de limiter l'action du gouvernement fédéral pensant que ce faisant, l'activité entrepreneuriale se développerait en force et qu'ainsi le pouvoir dominant des États-Unis dans le monde serait restauré. Durant la première réunion de son cabinet, R. Reagan a distribué des copies du « Mandate » et plusieurs de l'équipe de sa rédaction ont bénéficié de nominations dont la plus notable, celle de James Watt, comme secrétaire à l'intérieur. Le livre a eu un franc succès.

Cette année, la Fondation, avec une constellation d'organisations conservatrices, a lancé un nouveau « Mandate for Leadership » avec l'intentions de guider la Présidence de D. Trump si jamais, il était réélu. Même si elle fait cela chaque fois que la Présidence change de mains, dont pour deux administrations républicaines, l'actuelle version qui fait plus de 880 pages est beaucoup plus audacieuse que les précédentes. Comme en 1980, le document devrait « revigorer la droite » et pour y arriver il présente plus de 350 penseurs conservateurs.trices et 45 organisations semblables qui offrent des avis sur les politiques (qui seront décidées) par la nouvelle administration. E. Feulner écrit la post face qu'il rebaptise « the Onward » dans laquelle il souligne que l'actuel courant « économique, militaire, culturel et de politique étrangère bouleversée » rappelle l'époque de Jimmy Carter « mais en pire ».

Mais, au-delà des invocations des années 1980, le nouveau « Mandate » est le reflet d'une toute autre phase du conservatisme américain. Même si la droite peut espérer reprendre l'élan des débuts de l'administration Reagan, le ton et le contenu du document laissent voir un mouvement divisé de l'intérieur. Contrairement à ce qu'il suggère, il n'arrive pas à une réelle transformation idéologique de la droite alors qu'elle se bat pour intégrer les succès électoraux de Donald Trump dans sa vision politique plus large.

Dans sa préface au texte de 1980, E. Feulner écrit : « L'imagination politique et la philosophie conservatrice ne sont pas un couple aussi uni qu'on le dit » mais plutôt « des partenaires égales et nécessaires dans la gestion gouvernementale ». Plusieurs des auteurs avaient une histoire personnelle avec le gouvernement soit comme élus au Congrès ou membre du cabinet. Sur les 32, il n'y avait qu'une seule femme.

Afin de présenter le type de gouvernement conservateur à venir, en 1980, les rédacteurs du programme commencent par décrire les divers départements et leurs cabinets et présentent un plan de travail pour chacun. Ce plan s'avère être une description de la manière par laquelle le gouvernement fédéral fonctionnerait si un grand nombre des agences mises en place durant le New Deal et sous la politique de la Grande Société était largement réduits ou carrément éliminés. Par exemple, le Département de l'éducation devrait être « complètement restructuré ». Il envisage que l'Agence de protection de l'environnement (EPA), soit conservatrice. Au passage on note les origines de cette agence au temps de l'administration Nixon et on avance qu'un « fédéralisme coopératif » induirait plus de soumission (aux décisions) parce que le pouvoir de décision serait rendu aux États et aux autorités locales. (…) La règlementation économique « menace de détruire l'économie de marché libre alors qu'à l'origine elle devait le protéger ». Dans la section du travail du Département du travail, on en appelle à l'introduction de lois dites « du droit de travailler » pour des groupes particuliers comme, par exemple, les étudiants.es ou les journalistes. On s'attaque lourdement aux fonctionnaires et autres travailleurs.euses du secteur public. C'est un avant-goût de ce R. Reagan a fait contre les aiguilleurs du ciel en grève en 1981.

Les rédacteurs du programme, influencés par la théorie économique de l'offre, recommandent de mettre fin aux impôts sur les gains en capital et à ceux des entreprises pour donner plus d'intérêt pour « travailler, épargner, investir et produire des résultats concrets ».

En 1980, réfléchissant sur la défaite américaine au Vietnam et à l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique, le programme plaide pour que la campagne contre le communisme soit revivifiée. Le chapitre sur le Département de la défense avance que les États-Unis sont « en train d'arriver à un stade d'infériorité militaire » face à L'URSS et que le budget militaire doit être considérablement augmenté. Les rédacteurs sont particulièrement durs envers le Département d'État et la politique de J. Carter envers l'Amérique centrale. Ils pressent les États-Unis de : « décourager les Soviétiques d'installer un autre pays communiste dans cet hémisphère ».

Ce portrait du texte de 1980 doit être nuancé, même s'il endosse le capitalisme sur la base de l'offre et qu'il est contre le communisme. Par exemple, il est très ouvert à l'immigration. Il signale que certains.es conservateurs.trices voient d'un bon œil « l'entrée d'immigrants.es illégaux.ales ». Ce serait un bon moyen de faire faire des travaux que les Américains.es ne veulent pas faire « au niveau des salaires pratiqués ». D'autres soutiennent que l'introduction « d'un grand nombre de personne à la culture inassimilable » créerait un « fardeau insupportable ». Même si dans la section sur l'Agence de la protection de l'environnement (EPA), on présente ses régulations comme « paralysantes » on concède que le contrôle de la pollution a été « un succès remarquable ». Il y a de courtes mentions sur l'avortement, les valeurs familiales, le crime, la religion et la sexualité. Le programme embrasse large mais pour la majorité du texte, le ton est décontracté.

Nous allons faire la comparaison de ce programme avec « Project 2025 » sous-titré « La promesse conservatrice » plutôt que « Politique de gestion dans une administration conservatrice » de 1980. À ce moment-là, l'attention était portée sur la structure du gouvernement fédéral et la nécessité de recentrer l'État sur la sécurité nationale. L'actuel programme commence par lister les problèmes auxquels le pays fait face aujourd'hui : les « ravages » de l'inflation, les budgets familiaux, les « overdoses », la « normalisation délétère » du transgénisme, « l'invasion de la pornographie » dans les bibliothèques scolaires et surtout le « Grand réveil » (Great Awokening) qui est lié au culte du totalitarisme. Le Président de la Fondation Heritage met en garde contre les « élites mondiales, les stratégies culturelles et économiques venues de la guerre froide » qui sont engagées par la « dictature totalitaire communiste » à Beijing avec Tik Tok comme outil principal.

Comme en 1980, (le texte actuel) soutient qu'un « Président conservateur moderne doit limiter, contrôler et diriger » l'exécutif. Il plaide aussi pour l'élimination du Département de l'éducation et envisage une « EPA conservative » qui n'a rien à voir avec les fondements de cette agence mise en place sous le Président Nixon. Il propose l'abolition du programme Head Start, (qui vise les enfants d'âge préscolaire. N.d.t.) parce qu'li serait « baigné de scandales et d'abus ». Il soutient aussi que le Département de la justice, y compris le F.B.I., a été pris en main par « une classe bureaucratique de gestionnaires radicaux de gauche ». Il faut revoir les politiques fiscales pour « améliorer le soutient au travail, a l'épargne et aux investissements ». La formule est quasi l'exacte réplique de celle de 1980.

Mais ce projet conservateur qui fut un temps appelé à la confidentialité est maintenant crié sur les toits. Redéfinir l'État et relâcher de nouvelles énergies est devenu « essentiel » puisqu'un Président affaibli est au pouvoir dépassé par l'appareil d'État qui est devenu hors de contrôle. Project 2025 suggère, que pour tenir les rênes du pouvoir, il faut diminuer les salaires et les bénéfices marginaux des employés.es de l'État, de le faire en adoptant un « niveau de salaire basé sur le marché ». Le projet recomande aussi « démanteler le Departement of Homeland Security » et de créer une agence autonome des frontières et de l'immigration comptant au moins 100,000 employés.es. Le document prend en compte la division à propos de l'Ukraine et de la Russie mais il cherche à rallier autour « d'une opportunité générationnelle » pour résoudre ces tensions et plaide pour que la « Chine communiste » soit reconnue comme « une menace déterminante ».
On y trouve aucune prétention à partager les valeurs en matière de politiques commerciales. Le chapitre sur « le commerce équitable » se concentre sur la protection de la fabrication américaine étant donné la « menace déterminante » de la Chine. En ce qui concerne le commerce équitable dans le secteur de la défense, la suggestion est de devenir membre du Partenariat Trans-Pacifique.

L'idée que redéfinir l'État et relâcher le libre marcher mènera à un retour en force du pouvoir national y est remplacée par la vision d'une « restauration de la famille ». Avec une adaptation simpliste de Edmund Burke, le gouvernement fédéral y est accusé de « corrompre les amours et les loyautés personnelles » en en favorisant « d'anormales ». L'idée veut que les personnes existent dans leurs familles et leurs communautés ; si elles ne sont pas protégées, les individus livrés à eux et elles-mêmes, seront sans défense devant l'État tout-puissant. Les politiques qui touchent les transsexuels.les, le droit à l'avortement, les téléphones intelligents et la pornographie sont à l'œuvre pour que les gens ne respectent plus leurs loyautés « naturelles ». En sous-texte on peut comprendre que le but ultime de ces politiques serait de rendre les gens vulnérables devant le contrôle de l'État. Alors que dans des conceptions antérieures du conservatisme l'accent était mis sur la libération des individus, le projet pour 2025 semble voir les familles et les communautés comme le rempart absolu de protection des individus sans défense qui seraient à la merci du pouvoir exorbitant de l'État.

Sans surprise le programme se situe en opposition avec les « élites politiques et d'affaire : presque tout le tiers supérieur des présidents.es d'Université ou des gestionnaires de fonds de risque sur Wall Street ont plus en commun avec un chef d'État socialiste européen qu'avec les parents des jeunes de l'équipe de football d'une école secondaire de Waco au Texas ». La distance avec les versions précédentes du conservatisme est néanmoins remarquable. On souligne que les lois du travail devraient être révisées pour que l'accent y soit mis sur « le bien des familles » avec des garderies pour enfants sur les lieux de travail et plus de congés payés. On enjoint le Congrès « d'encourager les temps libres dans les communautés » en amendant la loi Fair Labor Standards pour que les personnes qui travaillent le jour du Sabbath soient payées en temps supplémentaire. L'autorité familiale est le modèle pour la nation : « Comme la famille met les intérêts de ses membres en priorité, les États-Unis doivent aussi donner la priorité à ceux des travailleurs.euses du pays ». On se donne l'objectif d'unir « le mouvement conservateur et la population américaine » par une campagne contre les « les règles des élites ». Dans sa préface, K. Roberts fait très attention de présenter le Mandate comme le travail pour un large mouvement ; rien qui ait à voir avec un programme « par et pour les conservateurs » qui voudraient être prêts.es à « sauver notre pays au bord du désastre » dès le premier jour.

Partie prenante de ce Projet, la Fondation Heritage a construit une base de données de personnes qui pourraient servir dans une nouvelle administration Trump. C'est très important parce que comme le suggère ce projet, « les personnes nommées par le Président et qui lui sont attachées » ont la tâche fondamentale d'installer cette vision. Mais, comme le souligne Sam Adler-Bell dans ses reportages, D. Trump a consciencieusement pris soin de se distancer de ce programme alors qu'il menace de tarir les énergies du but ultime, soit de faire élire D. Trump.

Même si D. Trump réélu ignorait les suggestions de ce programme, le document demeure instructif. Les transformations introduites par R. Reagan à partir de son élection de 1980 ont restructurées la société américaine telle que les auteurs du groupe Heritage l'avaient prévu. La vision du marché et des reculs étatiques qu'ils avaient promu ont érodé les standards de vie, les salaires et provoqué une montée spectaculaire des inégalités économiques et un cloisonnement de la hiérarchie sociale. La richesse privée qui s'est insérée dans les fentes et la mobilisation de l'extrême droite actuelle avec ses idées complotistes d'une subversion interne de prise du pouvoir, sont l'héritage direct de la société atomisée et hiérarchisée produite par la révolution Reagan. Nous n'en sommes plus, malgré toutes les élucubrations de Project 2025, à un retour en arrière. Comme le dit E. Feulner, « En Avant » !

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Gaza. Le désinvestissement, l’arme des étudiants de Montréal pour sanctionner Israël

Si le campement des étudiants du campus universitaire de McGill contre la guerre génocidaire sur Gaza a été démantelé début juillet, il a permis de mettre en lumière les liens (…)

Si le campement des étudiants du campus universitaire de McGill contre la guerre génocidaire sur Gaza a été démantelé début juillet, il a permis de mettre en lumière les liens financiers et universitaires de cette université avec Israël. Des relations dont les étudiants et autres personnels académiques des universités montréalaises anglophones et francophones demandent toujours la rupture.

25 juillet 2024 | tiré du site de la revue Orient XXI | Photo : Montréal, 9 février 2024. Des manifestants dénoncent les liens financiers et universitaires de l'Université McGill avec Israël -Solidarity for Palestinian Human Rights (SPHR) McGill / Twitter
https://orientxxi.info/magazine/gaza-le-desinvestissement-l-arme-des-etudiants-de-montreal-pour-sanctionner,7515

Dans la nuit du 9 au 10 juillet, des étudiants et manifestants propalestiniens présents sur le campement situé à l'entrée du campus de l'université publique McGill se sont vu remettre un avis d'expulsion immédiat. Selon le communiqué de presse de l'administration de l'université, l'installation ferait peser une « menace de plus en plus importante pour la santé et la sécurité ». Quelques heures plus tard, grues, pelleteuses et autres engins de chantiers sont venus détruire les nombreuses infrastructures installées depuis plus de 75 jours.

Les 1er et 15 mai 2024, la Cour supérieure du Québec avait rejeté deux demandes d'injonction temporaire de démantèlement du campement. Les parties devaient de nouveau se retrouver devant le tribunal le 25 juillet, mais la direction universitaire a finalement engagé Sirco, une compagnie de sécurité privée québécoise, devançant ainsi la justice. Cette décision fait suite à l'échec des négociations entre les directions des universités McGill et Concordia — leurs étudiants ayant également établis leur campement à McGill, faute de place sur leur campus — deux universités anglophones de Montréal, et leurs étudiants représentés par les associations Solidarity for Palestinian Human Rights (SPHR).

« Ce campement restera historique et révolutionnaire », affirme Ward (pseudonyme), 20 ans, coordonnateur général de SPHR et étudiant libanais en sciences politiques. « Au Canada, McGill est l'équivalent de l'université Columbia aux États-Unis. Lorsque nous avons vu qu'ils avaient mis en place un campement, nous nous sommes dit qu'il fallait faire la même chose », explique-t-il.

DES INVESTISSEMENTS MEURTRIERS

Malgré le démantèlement, les revendications des étudiants des universités McGill et Concordia se maintiennent. Ces derniers demandent un « désinvestissement total des contrats » conclus entre leurs universités et des entreprises privées « complices du génocide à Gaza ». D'après les données publiées par McGill, celle-ci a investi près de 73 millions de dollars (67 millions d'euros) dans des entreprises impliquées dans les crimes commis par l'armée israélienne dans les territoires occupés.

Au 31 mars, McGill détenait notamment plus de 500 000 dollars (459 000 euros) d'actions auprès de l'entreprise américaine Lockheed Martin, vendeuse de missiles Hellfire 9X à l'armée israélienne. La société française Safran, dans laquelle McGill a investi près de 1,5 million de dollars (1,38 million d'euros), collabore également avec l'entreprise de technologies militaires israélienne Rafael, pour un projet de systèmes de capteurs avancés et d'intelligence artificielle — une technologie à laquelle l'armée israélienne a eu recours, notamment à Gaza, pour tuer à plus grande échelle. L'investissement de plus de 1,6 million de dollars auprès du groupe Thales, français également et spécialisé dans la défense et l'aérospatial, est aussi pointé du doigt par les étudiants, au vu de sa collaboration avec l'industrie d'équipement militaire israélienne Elbit Systems en juin 2023. Celle-ci a notamment été épinglée dans une déclaration publiée par l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies en 2022, qui a dénoncé l'usage de ses hélicoptères Apache dans le « bombardement des villages libanais et palestiniens » mais également dans « la surveillance massive des Palestiniens » et « le renforcement du contrôle militaire israélien en territoire palestinien occupé ». Ward s'insurge :

L'université utilise notre argent pour collaborer avec Israël, (…) mais nous qui venons du Proche-Orient, nous avons vécu tellement d'injustices [à cause d'Israël] au cours de notre vie, que combattre une de plus ne nous fait pas peur. Nous avons déjà vécu bien pire.

LA COMPLICITÉ DES BANQUES

Du côté de l'université Concordia, l'administration assure qu'elle « s'est éloignée de certains investissements, notamment dans l'industrie de l'armement », et que les investissements liés à Israël « représentent [seulement] 0,0001 % », sans pour autant publier la liste des actions investies, comme réclamée par les étudiants. « Nous avons été ignorés », déplore Sara Al-Khatib, ancienne membre de SPHR Concordia, tout juste diplômée en affaires publiques et études politiques. À 24 ans, cette jeune palestinienne est membre de Montreal4Palestine, un collectif de jeunes québéco-palestiniens qui organise des manifestations propalestiniennes à Montréal. Elle poursuit : « Je ne sais pas à quoi on s'attendait. Qu'est-ce qu'une université pourrait répondre lorsqu'une de ses étudiantes palestiniennes lui demande explicitement d'arrêter d'investir dans le meurtre de son peuple ? »

Les universités francophones montréalaises font l'objet du même type de revendication. Mais si le conseil d'administration de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) a cédé aux demandes de ses étudiants et a adopté une résolution afin de s'assurer « de n'avoir aucun investissement direct dans des fonds ou compagnies qui profitent de l'armement, et de divulguer chaque année » la liste de ses investissements, l'Université de Montréal (UdeM) rechigne à faire de même. Selon son rapport annuel de 2023, celle-ci possède plus de 9,2 millions de dollars (8,4 millions d'euros) d'actifs dans des banques canadiennes, telles que la Banque Toronto-Dominion, la Banque Royale du Canada, la Banque de Montréal et la Banque Scotia. Or, ces institutions financières ont été épinglées à de nombreuses reprises par la campagne Boycott, désinvestissement sanctions (BDS) Québec pour leurs investissements de plusieurs centaines de millions de dollars dans les entreprises militaires Elbit Systems et General Dynamics.

Cette dernière est la cinquième plus grande entreprise militaire au monde. Elle fournit non seulement une large variété de bombes à l'armée de l'air israélienne, telles que les MK-82 et 84, larguées sur Gaza en 2014 et 2021, mais également les systèmes d'armes et composants des avions de chasse israéliens F-35, F-15 et F-16, impliqués dans le bombardement d'immeubles résidentiels et des bureaux de presse d'Al-Jazira et d'Associated Press à Gaza-ville en 2014. Interrogée quant aux investissements effectués avec son argent, Geneviève O'Meara, la porte-parole de l'Université de Montréal, se défend de « sélectionner les actifs qu'elle détient un à un. […] Les investissements que nous détenons sont dans des portefeuilles de placement plutôt qu'en détention directe et ces portefeuilles sont administrés par des gestionnaires externes d'actifs ».

DES MENACES POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES

Dov Baum, directrice du Centre d'action pour la responsabilité des entreprises et de la recherche de l'American Friends Service Committee (AFSC), basée en Californie, aux États-Unis, dénonce ce type de sophisme.

Si les universités affirment qu'elles n'investissent pas directement dans ces entreprises, cela signifie qu'elles peuvent donc être capables de publier une déclaration dans laquelle elles s'engagent publiquement à ne pas y investir. Ce ne devrait pas être un effort, puisqu'elles n'investissent pas directement.

Depuis 2005, l'organisation dont elle est membre collecte, trie et publie des informations « publiques mais difficilement trouvables » sur les entreprises impliquées dans les violations des droits de la personne en Palestine, et les met à disposition des militants nord-américains. Selon elle, si les dirigeants universitaires s'opposent tant au désinvestissement, c'est parce qu'ils feraient face à des pressions conséquentes : « D'abord politiques, car ils ont peur de représailles et d'être taxés d'antisémites par des représentants étatiques et autres lobbys, mais aussi économiques, parce qu'ils perdraient beaucoup de donateurs, donc d'argent. » Or, le désinvestissement demeure un moyen de pression efficace :

Le gouvernement israélien est capable de continuer ce génocide et de profiter de cette impunité parce qu'il reçoit encore trop de soutien direct des Européens et des Américains, notamment à travers la complicité de ces entreprises.

L'ALIBI DE LA LIBERTÉ UNIVERSITAIRE

Outre les investissements des universités québécoises, certains accords de collaboration conclus avec des institutions universitaires israéliennes sont également jugés problématiques, y compris par les professeurs. « Les universités israéliennes ne sont pas des oasis de valeurs libérales où l'on cultive l'esprit critique », dénonce Dyala Hamzah, professeure d'histoire du monde arabe contemporain à l'Université de Montréal et membre de BDS-Québec.

McGill et l'Université de Montréal entretiennent notamment des accords de collaboration incluant des programmes de recherche scientifique avec l'Université Ben-Gourion dans le Néguev, l'Université hébraïque de Jérusalem ainsi que celle de Tel-Aviv. Celui avec l'Université d'Ariel, située en territoire palestinien occupé, a toutefois été « suspendu à l'automne dernier » de manière « indéfinie », précise Geneviève O'Meara. Ces établissements accueillent non seulement les programmes militaires Talpiot et Havatzalot, mais également le développement de stratégies, telles que la « doctrine Dahiyeh ». Développée par l'armée israélienne dans le cadre de la guerre au Liban en 2006, celle-ci préconise une force de frappe disproportionnée et le ciblage des infrastructures civiles pour imposer des processus de reconstruction longs et couteux. « Il est inconcevable pour des institutions occidentales qui se réclament de valeurs libérales et s'inscrivent dans une tradition humaniste de cultiver des rapports avec ces universités qui commercent avec la mort », poursuit Dyala Hamzah.

En mars 2024, l'administration McGill avait déclaré prendre la décision de ne « pas couper les ponts avec les universités et les instituts de recherche israéliens », au nom du principe de liberté universitaire des chercheurs. Même son de cloche du côté de l'Université de Montréal. Dyala Hamzah qui tente, en vain, de faire voter une résolution de boycott à l'Assemblée universitaire visant à suspendre ces accords, est pourtant formelle : les universités israéliennes jouent un rôle direct dans le maintien du système colonial et de l'occupation de la Palestine. « Boycotter les universités israéliennes ne permettra pas aux Palestiniens de retrouver leur liberté et de vivre en harmonie avec leurs voisins juifs israéliens dans l'immédiat, explique-t-elle. Mais retirer à Israël la possibilité de mobiliser du soft-power et de blanchir ses crimes à travers ces accords, c'est procéder à son isolement politique, économique et social. » La professeure précise que ce mouvement de boycott ne vise pas les individus, mais cible les institutions :

Oui, nous risquons de perdre des collègues et d'interrompre des projets de collaboration. Il n'y a pas de boycott sans dommages collatéraux, mais un génocide est en cours. Le boycott n'est pas une coquetterie, c'est un acte de résistance.

À l'Université de Montréal, les activités privées du chancelier Frantz Saintellemy provoquent également un malaise au sein du corps professoral et étudiant. L'homme d'affaires de 48 ans s'avère être le président et chef d'exploitation de LeddarTech, une entreprise québécoise implantée en Israël, spécialisée dans la construction de logiciels automobiles pour des systèmes de conduite autonome. LeddarTech, dont sept employés ont été envoyés en tant que réservistes à Gaza après le 7 octobre, est également membre du consortium militaire Autonomous Vehicle Advanced Technologies for Situational Awareness (AVATAR). Les étudiant·es membres du Collectif UdeM Palestine ont lancé une pétition en ligne, exigeant notamment de Daniel Jutras, le recteur de l'université, une transparence sur le lien entretenu par l'entreprise du chancelier avec le secteur de défense et d'industrie militaire israélienne. La porte-parole de l'Université de Montréal assure que « le chancelier est nommé par le Conseil de l'Université et n'a pas, dans le cadre de ses fonctions à l'UdeM, de rôle dans le choix des partenaires académiques ou de recherche de l'Université, pas plus que dans le choix des investissements du fonds de dotation ». Mais pour Dyala Hamzah, le conflit d'intérêts est évident : « Le chancelier dirige une entreprise opérant aux côtés de compagnies qui se trouvent au cœur du complexe militaro-industriel israélien, à savoir, Rafael et Elbit Systems », et de conclure :

L'Université de Montréal ne peut pas se présenter comme un établissement humaniste, cultivant le savoir et l'esprit critique et célébrant les cultures, tout en étant dirigée ou associée à des marchands de mort au service d'un projet ethnonational

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Été 2024 : l’espoir apprend du désespoir

20 août 2024, par Michel Gourd — , ,
L'été qui vient de passer montre qu'il n'y a pas de plus grand professeur que son désespoir pour une personne qui cherche à changer les choses. Si vous avez passé l'été la (…)

L'été qui vient de passer montre qu'il n'y a pas de plus grand professeur que son désespoir pour une personne qui cherche à changer les choses.

Si vous avez passé l'été la tête dans le sable, loin de toutes les informations et autres tracas de la vie que vous venez de réintégrer en recommençant à travailler ou étudier, vous êtes béni des dieux. Voici en quelques mots le résumé de la situation qu'ont dû endurer ceux qui n'ont pas pu s'extraire des réalités de l'été 2024. La guerre en Ukraine s'enlise, les morts s'empilent à Gaza et au Soudan, le réchauffement climatique est un peu plus intense qu'en 2023. Des feux de forêts incontrôlables et des pluies qui déversent en quelques heures ce que les régions touchées reçoivent en des mois, quelquefois des années, détruisent des provinces entières. Tous les pourparlers pour changer ces situations s'enlisent et même la COP29 semble s'enligner pour être le plus grand festival de la peinture verte de tous les temps et n'avoir aucun effet bénéfique sur l'évolution du changement climatique. Bref, pour plusieurs personnes qui tentent de changer ces choses, le désespoir est devenu cet été leur chemin de vie et le fond du baril qu'ils espèrent atteindre pour rebondir se révèle toujours plus loin et inatteignable.

Suivez le guide

Devant toutes ces situations que l'on pourrait croire insolubles, certaines personnes ont cependant développé cet été une forme de résilience qui les pousse à l'action. Des gens qui n'avaient jamais manifesté prennent d'assaut les rues, pancartes à la main. D'autres occupent des endroits publics et font valoir pour la première fois leurs droits de faire connaître leur point de vue. Le désespoir qu'ils ont vécu, face à telle ou telle situation, est devenu un indicateur qui pointe tous les endroits où se cachent les choses qu'ils voulaient changer. Ce désespoir identifie tous les problèmes qui font que les gens baissent les bras, trouvent la tâche trop lourde et abandonnent.

Ces gens ont découvert qu'il suffit de trouver des solutions crédibles qui fonctionnent pour tous ces éléments qui suscitent le désespoir, pour renverser la perception de la situation et se mettre à agir. Une fois que tout ce qui crée le désespoir est identifié, l'importance même de ce désespoir motive à changer les choses. Plus il était profond, plus la motivation pour les changer est grande. Plus le danger est grand, plus le désir de le combattre est fort. Comme un vaccin, le désespoir peut servir à immuniser contre ses effets.

Passer à l'action

Tout un chacun d'entre nous peut faire la différence. Il n'y a pas de trop petite action pour changer les choses. La pierre la plus petite que jette une personne sur le tas de son choix a son importance et peut entraîner une situation à pencher en direction de ce qui suscite l'espoir. Si chacun agit pour aider la cause qu'il considère importante, toutes ces petites pierres peuvent remplir des camions qui les déverseront et pourront former une digue là où il y avait des courants destructeurs. Chaque larme qui entraîne une action peut devenir collectivement une pluie diluvienne qui éteindra un feu que l'on considérait incontrôlable.

Pour réaliser comment une petite action d'un citoyen ordinaire peut changer les choses, il n'y a qu'à penser comment une photo d'une jeune Vietnamienne fuyant les bras en croix, pour que rien ne touche ses brûlures, son village bombardé au napalm a pu changer la perception de la guerre du Vietnam et aider à l'arrêter. Nous avons tous le potentiel d'être à un moment donné le jeune enfant au milieu de la foule qui crie en toute innocence : le roi est nu ! Chacun de nous peut engendrer une prise de conscience d'une situation qui, avant notre commentaire, n'était pas bien comprise.

Identifier les désespérants

Le propre des personnes qui ne veulent pas qu'une situation change est de dire qu'elle ne peut en aucun cas être modifiée et surtout pas par vous. Mais quand tous ces camions de pierraille se déversent au milieu de leurs chemins de destruction, ou que de grands orages de larmes éteignent les feux qu'ils allument, ils peuvent réaliser qu'il vaudrait mieux aller voir ailleurs s'ils y sont, ce qui est toujours le cas, puisque les dommages qu'ils entraînaient étaient toujours chez vous. Ce chez vous peut être aussi bien votre personne, votre résidence, votre quartier ou votre planète. Tout ce qui suscite votre désespoir est toujours chez vous et nécessite votre attention et le désir de le changer si vous avez appris le courage d'agir en vivant un désespoir tel celui que l'été 2024 distillait dans tous les médias. Bon retour au travail, la pause est finie, retournez au boulot ou à vos études. Votre futur ne se fera pas tout seul.

Michel Gourd

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Les conseils pour une mairesse-mère-anthropologue

20 août 2024, par Kaveh Boveiri — , , ,
Madame la mairesse, le 5 juillet 2024 vous écrivez dans votre compte de X : « Comprenez-moi bien, on ne peut pas occuper de façon permanente et statique un lieu public, et ce (…)

Madame la mairesse, le 5 juillet 2024 vous écrivez dans votre compte de X : « Comprenez-moi bien, on ne peut pas occuper de façon permanente et statique un lieu public, et ce peu importe la cause. L'espace public doit rester public. » Les mots qui tombent des lèvres d'une mairesse sont porteurs de sens et implications.

Le résultat ?

Le vendredi 5 juillet 2024, 11 h 00. Les clôtures sont enlevées. Les tentes aussi. Les gens aussi. Leurs bruits ne sont plus là. Le campement d'Alsumut, qui a duré 13 jours, a été finalement démantelé. Le Square est dorénavant propre ou presque. À cette heure-là, il reste encore ici-là l'excrément des chevreaux des policiers. Ça, l'on peut l'effacer, avec un peu de liquide, un balai et de l'eau.

Plus que d'autres personnes, votre clin d'œil, madame de la mairesse, est très bien accueilli par Deep Saini, recteur et vice-chancelier de l'Université McGill.

Le résultat ?

Le démantèlement du campement de McGill, le mercredi 10 juillet. Le Free Store, le café gratuit, l'Université populaire, la musique, tous sont dorénavant une partie de notre mémoire collective.

Vous voyez, vos mots comptent. Cependant, dans votre conférence justifiant la fermeture du campement d'Alsumut, la même journée (le 5 juillet), vous dites que vous vous trouvez entre des millions qui se sentent powerless [impussiante].

Ce dernier constat de la part d'une personne honnête implique le besoin des conseils. Ci-dessous, vous en trouvez quelques-uns :

– Vous pouvez très facilement vous distinguer de la ministre des Relations internationales, Martine Biron, comme elle dit :« La décision d'ouvrir un bureau à Tel-Aviv ne doit en aucun cas être interprétée comme une prise de position dans ce conflit ».

– Vous pouvez facilement prendre une position forte concernant la demande des membres du collectif « Désinvestir pour la Palestine » (dont plusieurs sont les avocats) qui demande que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) à rompre ses liens financiers avec les entreprises israéliennes.

– Nous savons que vous avez déjà critiqué Deep Saini et d'autres membres d'administration à McGill. Vous pouvez cependant demander la fin de toutes les relations financières entre l'Université McGill et l'État d'Israël.

– Comme vous le savez Canada est parmi 145 membres de Nations Unies qui reconnait l'État de Palestine. Mais cet appui est bloqué par quelques pays. Une étape concrète visant à une telle reconnaissance de votre part est de reconnaitre Al-Quds (Jérusalem en arabe) et Montréal comme les jumelles. Ce dernier est immédiatement possible pour vous. Il prend cependant un peu de courage.

Madame la mairesse, comme une mère, mais aussi une anthropologue, vous savez mieux que nous que la pâte des enfants de Gaza n'est pas différente des enfants de notre ville.

Madame la mairesse, ce n'est pas une spéculation erronée de dire que la majorité des participants aux activités propalestiniennes qui votent dans l'élection municipale ont voté pour vous lors de la dernière élection. Pour les rassurer de leurs choix, ils ont besoin d'une prise de position plus forte de la part des personnes élues, particulièrement à ces moments difficiles.
Bon courage !

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Justice. Incarcération “inhumaine” : des milliers d’immigré-es poursuivent l’État canadien

20 août 2024, par Martin Gauthier — , ,
Un tribunal a donné le feu vert à un recours collectif de 8 360 immigré-es pour poursuivre le gouvernement canadien en justice. Ils dénoncent leur incarcération pendant de (…)

Un tribunal a donné le feu vert à un recours collectif de 8 360 immigré-es pour poursuivre le gouvernement canadien en justice. Ils dénoncent leur incarcération pendant de longues périodes, sans avoir été accusé-es d'aucun crime, et les conditions de cette détention, avec notamment des fouilles à nu et l'utilisation de chaînes et de menottes.

le 10 juillet 2024 | tiré de Courrier international | PHOTO NASUNA STUART-ULIN/NYT

Tyron Richard, originaire de la Grenade, a passé, en 2015 et 2016, dix-huit mois dans trois prisons à sécurité maximale de la province canadienne de l'Ontario. Et ce, relate Radio-Canada, “même s'il n'était pas considéré comme un danger”. Mais seulement parce qu'il avait immigré clandestinement au Canada, et “pour risque de fuite”. Dans une déclaration sous serment publiée par le diffuseur, il raconte notamment avoir subi des douzaines de fouilles à nu.

“Je devais me déshabiller, me retourner, me pencher, écarter mes fesses, subir une inspection de mon anus par un gardien muni d'une lampe de poche, et ensuite subir une inspection visuelle en dessous et autour de mes organes génitaux.”

L'utilisation des toilettes se faisait à la vue de tous dans sa cellule, et les visites se déroulaient sans contact physique mais à travers une vitre, et par l'intermédiaire d'un téléphone, ajoute-t-il. À présent résident permanent au Canada, Tyron Richard s'est dit “fier de pouvoir désormais [se] battre contre cette pratique inhumaine”.

Enchaînés et menottés

Un haut tribunal du pays vient de lui donner raison, ainsi qu'à beaucoup d'autres. La Cour supérieure de l'Ontario vient en effet d'autoriser contre le pouvoir fédéral d'Ottawa un recours collectif qui, précise le diffuseur, “représente 8 360 personnes qui ont été détenues dans 87 prisons provinciales ou territoriales par l'Agence des services frontaliers du Canada [ASFC] entre 2016 et 2023”.

En autorisant cette poursuite judiciaire, le juge Benjamin Glustein a rejeté tous les arguments présentés par les avocats du gouvernement canadien et déclaré que les personnes incarcérées à des fins d'immigration “faisaient face aux mêmes conditions que les détenus criminels, [comme] l'utilisation de chaînes et de menottes”.

À LIRE AUSSI : Opinion. “Vous venez au Canada ? Voici ce qui vous attend vraiment”

Comme l'a précisé l'organisme Centre justice et foi, qui promeut la justice sociale, l'ASFC a le pouvoir de détenir des migrant-es sur la crainte qu'ils ne se présentent pas à une future procédure d'immigration, si leur identité n'est pas établie, ou encore s'ils représentent un danger pour la sécurité publique. Mais, ajoute Radio-Canada, “les ressortissants étrangers et les résidents permanents qui sont détenus par l'ASFC en vertu de la loi sur l'immigration et la protection des réfugiés ne sont pas accusés d'un crime”.

Ottawa n'a pas encore annoncé s'il ferait appel de la décision du juge.

À LIRE AUSSI : Québec. La ville de New York finance le transport de migrants en route vers le Canada

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement canadien est critiqué de la sorte.La chaîne de télévision de Toronto CP24 et la chaîne panarabe Al-Jazeera avaient rapporté, plus tôt cette année, qu'un autre recours en justice avait été entrepris contre les autorités par des travailleurs saisonniers agricoles étrangers. Ils accusent Ottawa de maintenir en place depuis les années 1960 des programmes d'emploi discriminatoires les concernant, qui les privent de bénéfices et qui les rendent sujets à être exploités par leurs employeurs.

Martin Gauthier

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L’énergie nucléaire : une fuite en avant

20 août 2024, par Bruno Marquis — , ,
L'énergie nucléaire ne se développe jamais au grand jour. Elle s'est implantée progressivement dans de nombreux pays dans le monde, sans débats publics, à l'abri des (…)

L'énergie nucléaire ne se développe jamais au grand jour. Elle s'est implantée progressivement dans de nombreux pays dans le monde, sans débats publics, à l'abri des discussions sur sa dangerosité, sur ses risques et sur la gestion à long terme des déchets radioactifs qu'elle génère.

(Ce texte a d'abord été publié dans l'édition de juillet du journal Ski-se-Dit.)

Le cas du Canada et du Québec ne diffère en cela en rien de ce qui s'est fait et se fait encore ailleurs dans le monde.

Ses promoteurs avancent principalement deux arguments en sa faveur en ce qui nous concerne : le fait que cette forme d'énergie, qui génère moins d'émissions de carbone dans l'atmosphère, produit peu de ces gaz à effet de serre responsables des changements climatiques ; puis la demande croissante d'énergie et particulièrement d'énergie électrique avec entre autres l'avènement des voitures électriques et, disons-le, d'une foule d'autres moyens de transport électriques individuels et d'appareils à piles rechargeables.

Pour répondre au premier de ces arguments, mentionnons que malgré ce que prétendent les défenseurs de l'industrie, l'énergie nucléaire est tout sauf propre. Elle est aussi tout sauf sûre. Les quantités et niveaux d'uranium, de tritium, de césium, de carbone 14 et de plutonium, ainsi que d'arsenic, d'amiante, de mercure, de plomb et d'autres métaux lourds présents dans les déchets nucléaires sont polluants et très dangereux pour la vie humaine et animale. On ne sait d'ailleurs pas encore comment bien disposer de ces dangereux déchets, malgré les nombreux projets et toutes les promesses en ce sens.

En ce qui concerne l'augmentation de la demande d'énergie, établissons d'abord que le développement de l'énergie nucléaire fait suite, dans l'ordre des choses, au développement de l'arme nucléaire à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle se déploie dans le contexte d'un monde en croissance continue, productiviste, conflictuel, et comme pour l'arme, aux vues à court terme. S'il existe des formes d'énergie plus propres et plus sûres que d'autres – et le nucléaire n'en fait pas partie – il est important de considérer que c'est au niveau de la demande d'énergie globale que le bât blesse : nous devons globalement stabiliser, puis réduire notre consommation d'énergie, de quelque source qu'elle soit. La croissance sans fin est insoutenable !

Et la sécurité ?

Dans cette course à la production d'énergie nucléaire, les infrastructures et mesures de sécurité se sont bien sûr améliorées à la suite d'accidents comme ceux de Three MIle Island aux États-Unis en 1971, de Tchernobyl en Union soviétique en 1986 et de Fukushima au Japon en 2011, pour ne nommer que les principaux. Selon la chercheuse Marie-Hélène Labbé, on assiste cependant depuis une vingtaine d‘années à la privatisation et au relâchement des contrôles en matière de sécurité, et cela bien sûr dans le contexte d'une augmentation du nombre de centrales nucléaires dans le monde.

Cette fuite en avant que traduit l'augmentation du nombre de centrales et ce relâchement des mesures de sécurité dans le monde, se manifeste avec d'autant plus d'évidence en ce qui concerne la gestion des déchets radioactifs. Seule jusqu'à maintenant la Finlande, un pays tout de même modeste, est depuis toutes ces années passé de façon semble-t-il sûre et efficace de la parole aux actes avec son site Onkalo de stockage en profondeur à très long terme de déchets de haute activité. Ce site devrait être opérationnel à compter de l'an prochain.

Les déchets radioactifs, définis comme étant de faible, de moyenne ou de haute activité en fonction des éléments impliqués et de la durée pendant laquelle ils restent radioactifs, peuvent rester dangereux pendant des milliers, voire des centaines de milliers d'années.

Chez nous, le fait est qu'après près de 80 ans de production de déchets nucléaires, le Canada n'a toujours pas de stratégie globale en matière de déchets nucléaires, ni bien sûr d'installations permanentes et sûres comme la Finlande pour leur stockage à long terme. Pis encore, l'ancien premier ministre canadien Jean Chrétien a été honteusement surpris par des journalistes de l'émission Enquête de Radio-Canada, il y a quelques années, à négocier en catimini l'éventuel stockage de déchets nucléaires étrangers en sol canadien, au Labrador. Autant d'inconséquence laisse pantois !

Le cas de Chalk River

En 2015, le gouvernement Harper a transféré le contrôle des Laboratoires de Chalk River de la société d'État Énergie atomique Canada à un consortium d'entreprises comprenant SNC Lavalin (devenu depuis Atkins-Réalis) et deux sociétés américaines, plaçant ainsi son contrôle entre les mains d'intérêts privés. Le gouvernement Trudeau, sans tambour ni trompette, a conservé le plan Harper et promeut malheureusement lui aussi l'énergie nucléaire comme solution aux changements climatiques.

C'est de cette suite de décisions politiques prises dans l'ombre, sans véritables consultations, où filtre peu d'information utile et priment les intérêts privés, que découle la décision d'établir un site de stockage de déchets nucléaires à Chalk River, en Ontario, à environ un kilomètre de la rivière des Outaouais qui se déverse dans le Saint-Laurent. Contrairement au site Onkalo en Finlande, il s'agit d'un risque important de contamination à court et à long termes, il va sans dire, pour les populations vivant le long de ces deux importants cours d'eau, pour une grande partie de la population du Québec en fait.
Ce projet de stockage qui aurait dû soulever une levée de boucliers décisive de la part de l'ensemble des populations concernées n'a en fait soulever que des oppositions isolées, parfois timides, de la part du gouvernement du Québec, d'administrations municipales, des Algonquins et d'organismes concernés par la question – même si certaines personnes se sont tout de même démenées pour que l'on revoit ce projet. Il n'est toutefois jamais trop tard pour bien faire et pour s'unir en très grand nombre et empêcher que l'on donne suite à ce projet. Comme il n'est jamais trop tard, ici comme ailleurs, pour s'opposer massivement à l'énergie nucléaire en général.

Un dernier point...

Il existe un dernier point fondamental qui devrait nous convaincre de rejeter l'énergie nucléaire comme solution à nos besoins énergétiques partout dans le monde, et c'est sa proximité avec l'arme nucléaire. Parce qu'à mesure que prolifèrent les centrales nucléaires dans le monde, à mesure augmente le nombre de pays se dotant de ce fait de l'arme nucléaire. Si nous n'avons plus cette crainte parfois oppressante d'une guerre nucléaire qu'avaient nos parents et grands-parents, le risque d'un conflit nucléaire n'en demeure pas moins présent... et même plus grand.

Neuf pays possède maintenant l'arme nucléaire : les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, la Chine, l'Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël. Cinq autres, sans la posséder, l'héberge tout de même sur leur territoire à la « demande » des États-Unis : la Belgique, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Italie et la Turquie...« »

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Mine de fer du Lac Bloom : le gouvernement fédéral autorise à son tour la destruction totale de 37 plans d’eau pour y déverser des déchets miniers alors que des solutions de rechange existent

20 août 2024, par Collectif — , ,
Montréal, le 11 juillet 2024 - Le 3 juillet 2024, le gouvernement fédéral a donné son aval au projet d'expansion des parcs à résidus miniers et des haldes à stériles de la mine (…)

Montréal, le 11 juillet 2024 - Le 3 juillet 2024, le gouvernement fédéral a donné son aval au projet d'expansion des parcs à résidus miniers et des haldes à stériles de la mine du Lac Bloom en ajoutant les lacs et rivières entourant le projet à sa liste d'exceptions à l'interdiction de détruire des habitats du poisson.

Ce sont donc 37 plans d'eau entourant le site minier, représentant 156 hectares d'habitat du poisson et bien davantage de milieux naturels en tous genres, qui seront détruits à perpétuité. Le gouvernement fédéral emboîte ainsi le pas au gouvernement provincial, à l'encontre de l'avis du BAPE, des scientifiques et de l'opinion publique, et crée un dangereux précédent.

Contre vents et marées populaires et scientifiques

Pour rappel, le projet d'augmentation de la capacité d'entreposage des résidus miniers et des stériles à la mine de fer du lac Bloom initié par le propriétaire actuel de la mine Minerai de fer Québec (MFQ) a été soumis à l'analyse d'un BAPE en 2021. Le projet proposait ainsi de sacrifier 156 hectares de lacs pour y déverser ses déchets miniers.Plusieurs groupes se sont opposés fermement à cette proposition de MFQ, une pratique ayant été graduellement abandonnée ou carrément interdite un peu partout à travers le monde, étant donné son caractère dévastateur, et compte tenu du fait qu'une alternative moins dommageable existe, soit le remblaiement des fosses minières à l'aide des déchets que ces fosses génèrent.

Le rapport du BAPEétait explicite : « la commission d'enquête est d'avis que l'initiateur n'a pas fait la démonstration que les solutions retenues pour la gestion des rejets miniers sont celles qui minimisent les impacts sur les milieux humides et hydriques […]. En conséquence, la commission recommande que le projet ne soit pas autorisé tel que présenté. »

De plus, un sondage Léger réalisé en juillet 2022 a démontré clairement qu'il n'y avait aucune d'acceptabilité sociale pour la destruction des lacs et milieux naturels pour entreposer des déchets miniers. Près de neuf personnes sur 10 au Québec (89%) se disaient en faveur d'« interdire le rejet de déchets miniers dans tout lac, rivière ou milieu écologique sensible ».

« Malheureusement pour les écosystèmes et pour les populations qui en dépendent et
revendiquent leur protection, c'est au nom de la préservation d'un « potentiel minéral » présumé – donc d'intérêts économiques hautement spéculatifs à ce stade-ci – que des alternatives comme le remblaiement des fosses ont été écartées et que la destruction de lacs et de cours d'eau de cette partie du territoire a été autorisée
», déplore Émile Cloutier-Brassard, responsable des dossiers miniers d'Eau Secours.

Les organismes environnementaux Eau Secours et Fondation Rivières ont par ailleurs produit, au printemps 2023, ladémonstration claire que ce projet s'est développé à coup de décrets en permettant des agrandissements à la pièce et s'appuyant systématiquement sur des promesses que ces expansions du site n'en provoqueraient pas d'autres. Cette démonstration a été soumise aux instances fédérales qui savaient donc pertinemment dans quel historique de faux engagements s'inscrit cette énième demande d'agrandissement obligeant cette fois au sacrifice de dizaines de plans d'eau.

Finalement, la législation fédérale est claire, statuant qu'il est interdit de rejeter de substances nocives dans les eaux où vivent des poissons sans y être autorisé par règlement (selon l'article 36 (3) de la Loi sur les pêches du Canada. En donnant son aval à la destruction de si grands lacs simplement pour y entreposer des déchets miniers, le gouvernement fédéral répète une fois de plus et accentue la portée d'un précédent dangereux qui facilite le contournement de sa propre loi.

On entretient ainsi une tendance au nivellement vers le bas, puisque cela envoie le message aux minières que la destruction d'habitats du poisson pour y déverser ses déchets miniers deviendrait une option plus fortement tolérée par les instances gouvernementales.
« L'acier vert » ne sera jamais bleu Le 19 avril dernier, le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie du Québec rencontrait le journal Les Affaires et y réaffirmait son désir de promouvoir « l'acier vert » que permet de produire le minerai de fer extrait notamment à la mine de fer du Lac Bloom. Les groupes signataires dénoncent que le ministre et le gouvernement affirment produire un acier « vert » et responsable alors que seront détruits 37 plans d'eau représentant plus de 157 hectares d'habitat de poissons.

« On le voit aujourd'hui, le prix à payer pour produire cet acier « vert », c'est le sacrifice de dizaines de lacs et de centaines d'hectares de milieux humides et hydriques. Des écosystèmes détruits et un environnement rendu invivable pour une réduction marginale des émissions de gaz à effet de serre de quelques gros industriels : on ne pourrait illustrer de façon plus claire les limites de cette vision orientée vers les seules technologies pour atténuer les effets de la crise climatique et de la crise de la biodiversité. Une réduction drastique de notre dépendance à l'extraction de minéraux vierges s'impose, et elle s'impose rapidement, car avec autant de lacs et de rivières inscrits sur sa liste noire, l'acier « vert » ne sera jamais bleu. » de conclure M. Cloutier-Brassard.

Citations

« Permettre de détruire un lac en y enfouissant des déchets miniers toxiques reste un crime contre l'environnement. Aucune mesure ne peut compenser ce crime. » Daniel Green - Société pour vaincre la pollution

« Autoriser la destruction de lacs, de rivières et de cours d'eau en s'appuyant sur la seule
demande de l'industrie est une honte nationale. Devant la multiplication de ces pratiques minières à l'échelle du Québec et du pays, les gouvernements doivent répondre de toute urgence avec un régime d'interdiction strict qui ne doit souffrir d'aucune exception
. », Me Rodrigue Turgeon, MiningWatch Canada et Coalition Québec meilleure mine

« Cette décision va totalement à l'encontre de l'intelligence collective qui s'est prononcée maintes fois par le biais des voix citoyennes, scientifiques, militantes et autochtones, elle ne dessert que l'industrie tout en détruisant la nature, c'est d'un déplorable aveuglement. » - Chantal Levert, RQGE

« Comme nous l'avions détaillé dans notre mémoire lors des audiences du BAPE sur ce projet (en 2020) : « la destruction de milieux humides et hydriques, les risques de contamination aquatique et atmosphérique, et les impacts sur la santé et le bien-être de la population locale engendrés par ce projet se doivent d'être soulignés, et ne peuvent se faire éclipser par les arguments économiques à court et moyen terme. » Nous sommes consterné.e.s que le gouvernement fédéral se range aux côtés du gouvernement québécois dans ce dossier, condamnant cette nature au profit d'une compagnie minière et de visions gouvernementales qui instrumentalisent des milieux naturels en les transformant en poubelles à résidus miniers. La création et le maintien d'emplois et l'économie locale sont certes importants, mais ne peuvent aller à l'encontre de la santé environnementale et
humaine, et de l'équité sociale et environnementale
. » - Patricia Clermont, organisatrice Ph.D, Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME, membre de
l'Association canadienne des médecins pour l'environnement (ACME-CAPE))

Signataires (ordre alphabétique) :
● André Bélanger, Fondation Rivières
● Raymond Carrier, Coalition québécoise les lacs incompatibles avec l'activité minière (Coalition QLAIM)
● Émile Cloutier-Brassard, Eau Secours
● Patricia Clermont, organisatrice Ph.D, Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)
● Danielle Descent, Mani-utenam
● Laura Fontaine, Innue de Mani-utenam
● Daniel Green, Société pour vaincre la pollution (SVP)
● Chantal Levert, Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE)
● Isabel Orellana, Centre de recherche en éducation et formation relatives à l'environnement et à l'écocitoyenneté, Université du Québec à Montréal
● Me Rodrigue Turgeon, MiningWatch Canada et Coalition Québec meilleure mine

En annexe :

1.Rapport rédigé par Eau Secours et Fondation Rivièreslors de consultations tenues par le
gouvernement fédéral sur la destruction planifiée de ces plans d'eau. (PDF)

2. Cartes des plans d'eau qui seront sacrifiés :
Figure 1 : Zone géographique qui sera inscrite à l'annexe 2 du Règlement sur les effluents
des mines de métaux et des mines de diamants (REMMMD) pour le parc à résidus (tiré de
la Gazette du Canada).
Figure 2 : Zone géographique qui sera inscrite à l'annexe 2 du REMMMD pour la halde de
stériles (tiré de la Gazette du Canada)

3.Image satellite de Google Maps du site afin d'en montrer l'étendue du site. Au centre se trouvent les fosses minières, tandis qu'au sud-ouest du site, la tache orange est le parc à résidus de la mine du Mont-Wright opérée par ArcelorMittal, soit un triste avant-goût du sort réservé aux 37 plans d'eau entourant le site de la mine du Lac Bloom.

4.Image du lac F, à la frontière avec le Labrador, d'une superficie de 88 ha (29 fois le Lac aux Castors du parc du Mont Royal à Montréal) qui sera rempli par des déchets miniers de la mine Lac Bloom de la compagnie Minerai de fer Québec. L'utilisation de lacs comme dépotoir minier doit cesser au Québec. Source : Société pour vaincre la Pollution.

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Nagasaki-Gaza

20 août 2024, par Artistes pour la paix — , , ,
Les Artistes pour la Paix ont notifié hier matin la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly qu'ils se joignent à la condamnation du 7 août par les Canadiens pour la (…)

Les Artistes pour la Paix ont notifié hier matin la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly qu'ils se joignent à la condamnation du 7 août par les Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient du grotesque et sinistre coup politique du Canada envers la commémoration de Nagasaki.

Ils sont consternés par les informations selon lesquelles l'ambassadeur du Canada au Japon boycottera la cérémonie de commémoration du bombardement atomique de Nagasaki, parce qu'Israël n'a pas été invité (1).

La ville de Nagasaki refuse d'inviter l'ambassadeur d'Israël, dont le gouvernement est impliqué dans le massacre de civils à Gaza. CJPMO et les APLP soutiennent que la présence d'Israël, dont des ministres actuels ont appelé au largage d'une bombe nucléaire sur Gaza, serait totalement inappropriée, et condamne le Canada pour cette déclaration diplomatique profondément offensante.

« Boycotter la cérémonie commémorative de Nagasaki pour protester contre l'exclusion d'Israël, un État qui commet activement un génocide, est incroyablement irrespectueux à l'égard des victimes civiles de la guerre au Japon et à Gaza », a déclaré Michael Bueckert, vice-président de CJPMO. Il est absurde que le Canada défende le droit d'Israël à participer à une cérémonie commémorative pour les victimes de la bombe nucléaire à Nagasaki, alors que des ministres du gouvernement Nétanyahou, par exemple le ministre israélien du patrimoine, Amichai Eliyahu, appellent avec désinvolture à larguer les mêmes armes sur les civils de Gaza.

Le Canada démontre que sa priorité n'est pas un cessez-le-feu, mais la défense des sensibilités et de la réputation d'un régime génocidaire qui a tué 40 000 personnes depuis le 7 octobre, dont plus de 15 000 enfants, et des milliers d'autres sont portées disparues et présumées mortes sous les décombres, selon les informations fiables de l'UNRWA – ONU. Un article paru dans The Lancet estime le nombre total de Palestiniens tués par la guerre de manière directe et indirecte à 186 000 personnes.

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La fin du néolibéralisme progressiste au Canada

20 août 2024, par Ricardo Tranjan — , ,
Pourquoi une alternative économique valable n'est-elle plus offerte au Canada. Les élections mettent en lumière des différences. En ce moment, Justin Trudeau et Pierre (…)

Pourquoi une alternative économique valable n'est-elle plus offerte au Canada. Les élections mettent en lumière des différences. En ce moment, Justin Trudeau et Pierre Poilievre semblent à l'opposé l'un de l'autre et ça ne fera qu'augmenter quand la période des élections sera à son apogée.

Ricardo Tranjan, Canadian Dimension, 3 août 2024
Traduction, Alexandra Cyr

Mais après les élections, les différences s'affadiront. Un gouvernement Poilievre changera certainement des choses, mais ce sera la continuité dans les zones les plus critiques.

C'est parce que les Conservateurs et les Libéraux partagent un engagement égal envers les marchés. Pour s'attaquer aux enjeux sociaux économiques, les deux Partis offrent des incitatifs aux entreprises en leur accordant des subventions, en s'abstenant de leur imposer de nouvelles régulations même là où c'est le moyen le plus direct et le moins couteux (pour résoudre une situation).

La philosophe politique Nancy Fraser a créé les termes « néolibéralisme progressiste » pour décrire les gouvernements qui publiquement, adoptent les idéaux d'équité et de diversité du mouvement social tout en défendant les intérêts des entreprises de production et financières. Bill Clinton a ouvert la voie à Barack Obama (pour administrer ainsi). Tony Blair en a été l'emblème au Royaume Uni. Et nous l'avons vu ici aussi.

Constamment, les Libéraux de J. Trudeau ont allié un discours progressiste tout en inspirant des plans sur la base des fondamentaux des marchés. C'est en matière de changement climatiques et dans les politiques de logement que cette approche est le plus visible. Il est probable qu'un gouvernement Poilievre annulerait une petite partie de ces changements positifs tout en continuant à défendre la primauté des marchés. Pour ce qui est du climat son plan central est « supprimer la taxe (sur le carbone) ».

La taxe fédérale sur le carbone est un mécanisme de marché basée sur des incitatifs et des restrictions. L'impact de ce système sur les émissions de GES au pays est très minime. Son prix est encore trop bas pour que les comportements changent sérieusement. L'application est aussi liée à des failles qui permettent à l'industrie de ne pas vraiment se soumettre au système.

Depuis 2015, le gouvernement fédéral a retiré une série de cadres réglementaires ce qui esquisse l'introduction de diverses régulations et des plans d'investissement en vue d'établir une économie plus économe en carbone. Ce ne sont que des plans pour le moment.

Le chercheur sur le climat, Hadrian Mertins-Kirkwood, démontre dans un chapitre percutant de son ouvrage : The Trudeau Record : Promise and Performance, que le gouvernement fédéral a manqué plusieurs occasions d'implanter ses plans sur le climat. L'an dernier, il a déclaré lors de la mise à jour économique de l'automne, que les Libéraux étaient allés aussi loin qu'ils le pouvaient pour ce qui est du financement des actions envers le climat. Il avait raison. Dans le budget 2024 on mentionne que 2 milliards de dollars seront investis au cours des 5 prochaines années. Pourtant, le Canada devrait investir environ 100 milliards de dollars par année en énergie propre pour atteindre les objectifs son but de zéro énergie fossile en 2050. Même si cette somme ne viendra pas que du gouvernement fédéral, il n'est reste pas moins qu'un gouvernement vraiment engagé investirait plus de 2 milliards au cours des cinq prochaines années.

En même temps, les Libéraux ont évidemment soutenu les industries pétrolières et gazières avec de généreuses subventions, des exemptions sur la taxe carbone et financé directement des oléoducs et autres infrastructures pour le pétrole. Ce soutien a permis à la production d'augmenter entrainant ainsi une augmentation des GES. Cela a annulé les progrès faits dans d'autres secteurs, comme la fin de l'utilisation du charbon. Sans aucun doute, P. Poilievre maintiendra cette politique de soutien à la production pétrolière et gazière.

En matière de logement, le plan de P. Poilievre est de bâtir, bâtir et bâtir encore. C'était aussi le focus des Libéraux qui ont fait plus que les gouvernements qui les ont précédés mais moins qu'ils ne le disent. La stratégie nationale pour le logement est centrée sur le soutien au secteur privé qui construit des logements pour la location. Ce qui, selon plus d'une analyse du gouvernement, ne rend pas le logement accessible à une majorité de locataires.

Les fonds pour l'aide aux sans abris se sont constamment réduits entre 2015 et 2020 pendant que le nombre de personnes dans cette situation, ne cesse d'augmenter. Le financement des projets de logements hors marché (Coop. Obnl et autres) a fondu bien en dessous de ce que les analystes estiment nécessaire. Dans le budget de 2024, on trouve un million et demi pour ce secteur alors que 15 millions sont prévus pour les développeurs privés.

Et en même temps, le gouvernement utilise un discours progressiste, reconnait que le logement est un droit humain, crée le Conseil national sur le logement, le Bureau du défenseur fédéral des droits au logement, promet une Charte des droits des acheteurs de maisons et une autre pour les locataires. Jusqu'ici tout cela n'a rien donné.

Même la promesse de la fin des enchères à l'aveugle dans le marché immobilier n'a pas été tenue à ce jour. La taxation du secteur immobilier qui aboutit à des profits excessifs dans le secteur locatif, devait être révisée. Le projet est mort. Le gouvernement a beaucoup enquêté sur ce secteur au cours des deux dernières années et il rétropédale.

Ce que nous savons des détails du plan de P.Poilievre se résume à imposer aux municipalités des obligations de permettre par tous les moyens aux développeurs d'augmenter les constructions. Les Libéraux en font plus : le fonds d'accélération de la construction à des buts mixtes allant de dézonages au gel des charges en matière de développement ce que le ministre du logement, M. Sean Fraser appelle abusivement, une taxe sur le logement.

Sur ces grands enjeux, un futur gouvernement conservateur n'aurait pas beaucoup de marge de manœuvre pour être plus pro-marché que l'actuel gouvernement.

Clairement, un gouvernement Poilievre serait différent. Les Conservateurs courtisent les groupes d'extrême droite, n'est pas précis sur l'avortement et est prêt à tester les limites de la Constitution. Tout cela pourrait générer des pertes de droits et de libertés. Mais la peur de l'avenir ne doit pas interférer dans notre jugement sur le présent.

Derrière les gestes progressistes des Libéraux, leurs politiques mitigées et leur financement parcimonieux des solutions non marchandes, il y a un engagement profond envers les approches marchandes. C'est cette idéologie qui affaibli l'État canadien depuis les années 1990.

Un gouvernement Poilievre se débarrasserait du vocable « progressiste » dans « néo libéralisme progressiste » en faisant confiance aux approches pro marchés qui empêchent tout progrès sur les enjeux que la population a à cœur.

Une véritable alternative économique serait concentrée sur l'augmentation des taxes et impôts des plus riches pour améliorer la qualité des services publics universels, sur la réglementation des marchés pour les empêcher de profiter des biens de base comme la nutrition, la santé, l'éducation et le logement. Elle renationaliserait les ressources naturelles et les infrastructures publiques.

Cette alternative n'est pas offerte au Canada en ce moment.

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Où vont les profits des entreprises canadiennes ? Ils ne sont pas de « retour au pays »

20 août 2024, par Martin Lukacs — , ,
Loblaw et d'autres géants de l'entreprise investissent moins de leurs profits que jamais auparavant, démentant la promesse du néolibéralisme. 11 juillet 2024 | tiré du site (…)

Loblaw et d'autres géants de l'entreprise investissent moins de leurs profits que jamais auparavant, démentant la promesse du néolibéralisme.

11 juillet 2024 | tiré du site du journal The Breach | Photo : Le président du conseil d'administration de Loblaw, Galen Weston Jr
https://breachmedia.ca/canadas-soaring-corporate-profits-reinvestment/

Le président du conseil d'administration de Loblaw, Galen Weston Jr, le visage incrédule de la richesse canadienne héritée, a souri sereinement aux parlementaires en expliquant pourquoi, en ce qui concerne la hausse des prix des denrées alimentaires, son entreprise était irréprochable.

S'adressant à un comité de l'agroalimentaire au printemps 2023, il leur a dit que les profits de Loblaw « retournent au pays ».

« Les profits que nous générons, nous les réinvestissons dans ce pays pour créer plus de magasins, plus de services et plus d'emplois », a déclaré M. Weston sur le même ton doux qu'il utilise pour vendre les produits du Choix du Président à la télévision.

Bien que Weston n'ait pas étayé ses affirmations par des chiffres, ses détracteurs n'en avaient pas non plus pour le contester.

Aujourd'hui, nous le faisons.

Deux nouveaux rapports, l'un rédigé par Canadiens pour une fiscalité équitable et l'autre par l'économiste du CTC, D.T. Cochrane, révèlent que Loblaw – et de nombreuses grandes sociétés canadiennes – utilisent principalement leurs profits pour enrichir leurs propriétaires déjà riches, au lieu de les utiliser au profit des Canadiens.

Les données montrent que, depuis les années 1980, les entreprises canadiennes ont réinvesti de moins en moins dans de nouveaux équipements ou produits, même si les bénéfices des entreprises ont augmenté de façon constante.

Il y a des décennies, ils consacraient jusqu'à un tiers de leurs bénéfices au réinvestissement. Aujourd'hui, ce rapport est tombé à dix pour cent.

Dans le cas de Loblaw, la baisse des réinvestissements est encore plus extrême : de 2020 à 2022, elle n'était que de un pour cent

Alors, où va l'argent ?

Selon les calculs de Canadiens pour une fiscalité équitable, les sociétés canadiennes utilisent plus des deux tiers de leurs profits pour verser des dividendes à leurs actionnaires et racheter leurs actions.

Cette dernière manœuvre fait grimper le prix de leurs actions (sans parler des bonus de dirigeants comme Galen Weston Jr, qui sont souvent liés au cours des actions) et injecte encore plus d'argent dans les poches de leurs investisseurs.

Ce qu'il ne fait pas, c'est contribuer à l'investissement productif.

En d'autres termes, et en contradiction catégorique avec Weston, pas plus de magasins, pas plus de services, ni plus d'emplois.

Voilà pour le « ruissellement » des bénéfices des entreprises

Pendant des décennies, on nous a dit que nous ne devrions pas nous inquiéter de la réduction sur brûlis des réglementations et de l'impôt sur les sociétés.

Des bénéfices plus élevés pour les entreprises et leurs riches propriétaires seraient censés se répercuter sur le reste d'entre nous sous forme d'investissements, ce qui créerait plus d'emplois et de meilleurs revenus.

Mais les chiffres trahissent ce dogme essentiel de l'ère néolibérale.

Malgré un environnement d'affaires favorable – en gros, un pouvoir et une liberté méconnus – les entreprises canadiennes investissent moins que jamais leurs profits.

L'économiste Jim Stanford écrit qu'il s'agit d'un « signe certain que les entreprises ont littéralement plus d'argent qu'elles ne savent quoi en faire ».

Il souligne que les géants de l'épicerie Loblaw, Empire et Metro « ont dépensé deux fois plus l'an dernier en rachats d'actions qu'il n'en aurait coûté à l'ensemble du secteur de la vente au détail d'aliments pour augmenter les salaires de tous les travailleurs des épiceries de 2 $ l'heure ». (Rappelez-vous quand les épiciers ont offert aux travailleurs et travailleuses une « prime de héros » de 2 $ pendant les premiers confinements de COVID, puis l'ont récupérée ?)

Les investisseurs peuvent comprendre que toute croissance majeure provenant de l'investissement rendra les travailleurs-euses avides d'une plus grande part du gâteau. Au lieu de cela, en freinant la croissance, ils peuvent maintenir les travailleurs-euses en permanence dans l'insécurité et les rendre plus conformes.

Mais quelle que soit la cause de la thésaurisation, le lien entre des profits plus élevés et des investissements plus importants a été brisé de manière retentissante.

Et malgré les douces promesses de Weston Jr, le temps des petites corrections est révolu.

Les deux rapports préconisent des augmentations importantes de l'impôt sur les sociétés et des impôts sur les bénéfices exceptionnels. Cela garantirait que les gains massifs des entreprises « retournent vraiment au pays », selon les mots de Weston.

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