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Nouvelle politique québécoise de financement des universités : plus de questions que de réponses

Le ministère de l'Enseignement supérieur (MES) a rendu publique, lundi matin dernier, le 10 juin, sa nouvelle politique québécoise de financement des universités. Cette nouvelle politique en a laissé plus d'un sur son appétit, notamment du côté de la Table des partenaires universitaires (TPU).
Tiré de Ma CSQ cette semaine.
Un certain mystère planait depuis quelques mois quant à l'éventuelle nouvelle politique québécoise de financement des universités. Une consultation lancée à peu près à pareille date l'an dernier par le MES avait été l'occasion, pour la Fédération du personnel de soutien de l'enseignement supérieur (FPSES-CSQ) et la Fédération de la recherche et de l'enseignement universitaire du Québec (FREUQ-CSQ), d'émettre dix-huit recommandations pour mieux soutenir nos communautés universitaires.
Un résultat mitigé
Ultimement, le résultat suggère que le MES a davantage tendu l'oreille à ses collègues des autres ministères qu'auprès des personnes qui connaissent le mieux les universités. La hausse de la part de financement inconditionnel aux établissements a de quoi réjouir, tout comme l'attention portée à la vitalité et au rayonnement des activités des universités en région. En revanche, cette nouvelle politique rate complètement la cible des besoins mis de l'avant par les personnes qui travaillent dans les milieux.
Faire les poches aux étudiants internationaux pour financer le réseau
Déjà, il n'est pas question du réinvestissement nécessaire dans le réseau. Aucune nouvelle somme n'est prévue, mais plutôt un remaniement des enveloppes déjà en place. Pour remplir les coffres, le MES persiste et signe sur son annonce du 13 octobre dernier. Les étudiants internationaux débourseront désormais un minimum de 20 000 $ pour une année d'études au Québec dans une université anglophone. Ce sera 12 000 $ pour des étudiants canadiens non résidents du Québec.
Des programmes laissés pour compte ?
Plus inquiétant encore, on annonce des sommes supplémentaires pour les inscriptions et la diplomation des effectifs étudiants dans certains programmes d'études liés à l'Opération main-d'œuvre du gouvernement et au programme des Bourses Perspectives. L'effet positif de ces bourses sur les inscriptions demeure à être démontré. Rien ne permet présentement de conclure qu'elles ont pesé fortement dans la balance pour les choix de programmes collégiaux et universitaires.
De même, il faudra surveiller la mise à jour des pondérations du financement alloué selon les domaines et les cycles d'études. D'aucuns pressentent que le gouvernement pourrait être tenté de surpondérer les familles de programmes plus près de ses actuels objectifs à court terme, au détriment des autres.
Université VS université ?
La nouvelle politique est également susceptible de mettre en place une nouvelle forme de compétition entre universités québécoises : celle qui les oppose entre elles pour le recrutement en génie, technologies de l'information, enseignement ou santé et services sociaux. Elle envoie aussi un signal d'un potentiel système universitaire à deux vitesses entre les familles de programmes privilégiés par le gouvernement et tous les autres.
Cette nouvelle politique, comme le PL44 avant elle, laisse ainsi un goût amer chez les personnes qui travaillent au quotidien dans nos universités. Après s'être accaparé les Fonds de recherche du Québec (FRQ), on décèle dans cette politique une énième tentative de ce gouvernement d'orienter les énergies du Québec vers la seule croissance économique à court terme, quitte à le faire au détriment du développement social, culturel ou à long terme.
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Christian Dubé devant la CCMM | Un comité d’accueil pour rappeler au ministre que sa réforme est tout, sauf santé !

Profitant du passage du ministre de la Santé, Christian Dubé, devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), les organisations syndicales en santé et services sociaux ont voulu lui rappeler que sa réforme est tout, sauf santé ! Depuis le dépôt du projet de loi créant l'agence Santé Québec, les organisations syndicales multiplient les dénonciations face à une réforme centralisatrice, antidémocratique et qui offre une place de choix au privé en santé.
« L'absence d'écoute et de dialogue social du ministre est déplorable. Sa réforme va à l'encontre de solutions qui font largement consensus de la part des intervenant-e-s du terrain et du milieu de la recherche », lancent d'une seule voix Robert Comeau de l'APTS, David Bergeron-Cyr de la CSN, Réjean Leclerc de la FSSS-CSN, Isabelle Dumaine de la FSQ-CSQ, Jessica Goldschleger de la FP-CSN, Isabelle Groulx de la FIQ, Fanny Demontigny du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS-SCFP), Martin Trudel du SPGQ et Sylvie Nelson du SQEES-FTQ.
Plusieurs dizaines de militant-e-s et de membres des organisations syndicales en santé et services sociaux étaient aux abords du Palais des congrès de Montréal pour accueillir le ministre Dubé invité à prendre la parole devant des membres issu-e-s de la communauté des affaires. Le réseau de la santé et des services sociaux sera frappé de plein fouet par une énième réforme et les expériences du passé devraient allumer de nombreux voyants rouges sur le tableau de bord du ministre Dubé. « La visite du ministre Dubé devant la CCMM n'est pas sans intérêt. Alors que monsieur Dubé rencontre les gens du milieu des affaires, il refuse de rencontrer ceux et celles qui sont concerné-e-s au premier chef, les travailleur-euse-s du réseau. Par ailleurs, dans sa réforme, l'ouverture sans précédent du privé aux services publics est hautement préoccupante. Qu'est-ce que ça va lui prendre pour comprendre que ce n'est pas d'une réforme de structure que les Québécois-e-s ont besoin ? La population veut avoir accès à de meilleurs soins et services, et ce, dans un réseau public, gratuit et accessible », de poursuivre les porte-parole.
Pour les organisations syndicales, ni la voix des citoyen-ne-s ni celles des travailleur‑euse‑s ne sont prises en compte actuellement par le ministre Dubé. « Comment peut-il lancer une réforme d'une telle ampleur dans le réseau de la santé et des services sociaux en réfutant les nombreuses questions sur la centralisation accrue qui éloignera la prise de décisions du plancher, sur l'insuffisance des mécanismes de reddition de compte et sur l'ouverture inédite à la privatisation ? Ni l'offre de soins et de services, ni les listes d'attentes, ni les problèmes de pénurie de main-d'œuvre ou ni la capacité du réseau d'attirer et de retenir du personnel en santé et services sociaux ne seront améliorés dans la forme actuelle de sa réforme. Que le ministre se le tienne pour dit, nous ne lâcherons pas le morceau ! Pour le bien des travailleur-euse-s et celui des patient-e-s du Québec ».
Sources
Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)
Fédération de la Santé du Québec (FSQ–CSQ)
Fédération des professionnèles (FP–CSN)
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ)
Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)
Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ)
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Des chefs syndicaux internationaux affirment leur appui aux syndicats et au peuple palestiniens

Cette semaine, des dirigeants de sept fédérations syndicales internationales (FSI) et de la Confédération syndicale internationale (CSI) se sont rendus à Ramallah pour manifester leur solidarité aux syndicats de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Ces organisations représentent des personnes travaillant dans presque tous les secteurs de l'économie mondiale et ont plus de 200 millions de membres dans plus de 150 pays. De concert avec leur affiliés palestiniens et d'autres, ces FSI et tous les membres du Conseil des Syndicats mondiaux (CGU) se sont engagés à intensifier les efforts faits pour aider les syndicats locaux à traverser cette période difficile pour les travailleurs et travailleuses et à jouer leur rôle de facteurs clés de changement en Palestine.
La délégation, qui comprenait les secrétaires généraux de la CSI et des FSI ainsi que de nombreux dirigeants syndicaux principaux du monde entier, a rencontré des représentants de la Fédération générale des syndicats de Palestine (FGSP) et des dirigeants syndicaux représentant les travailleurs et travailleuses de Cisjordanie et de la bande de Gaza. Elle a aussi rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas, le premier ministre Mohammad Mustapha et plusieurs ministres gouvernementaux pendant la mission du 28 au 30 mai 2024. Plusieurs syndicats mondiaux collaborent déjà étroitement avec leurs collègues palestiniens, tous engagés à appuyer la lutte des travailleurs et travailleuses de Palestine.
La délégation a indiqué clairement ce qui suit : « nous exprimons notre solidarité à l'égard des syndicats et des travailleurs palestiniens en ces temps difficiles. Nous nous inquiétons grandement de la grave crise humanitaire que vit la population de la bande de Gaza et nous épaulons les Palestiniens, les Israéliens et les gens du monde entier qui appellent à la paix, à l'égalité et à la justice ».
Les priorités immédiates doivent comprendre un cessez-le-feu immédiat et permanent et le plein respect du droit humanitaire international, l'accès immédiat à l'aide humanitaire, la libération de tous les otages et les autres personnes détenues sans qu'ait été suivie une procédure judiciaire appropriée et le retour chez eux en sécurité de tous les travailleurs et travailleuses piégés par le conflit.
La délégation a rappelé la politique de longue date de la CSI et d'autres syndicats mondiaux en faveur d'une solution à deux États et de l'appel à une paix juste et durable par la pleine mise en œuvre des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU pour faciliter un avenir économique valable dans une Palestine indépendante. Cela comporte la fin de l'occupation de la Cisjordanie, le démantèlement de toutes les colonies illégales et la reconnaissance des frontières d'avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale d'un État palestinien.
La délégation a incité les gouvernements à rétablir et à accroître le financement de l'UNRWA. « Le rôle de l'UNRWA est crucial pour la prestation de services essentiels et le soutien des Palestiniens à un moment où ils en ont le plus besoin. »
« Nous sommes venus renforcer et approfondir notre engagement à l'égard des travailleurs et travailleuses palestiniens et de leurs syndicats – nous faisons tous partie de la même grande famille. Notre objectif est d'instaurer une Palestine démocratique et souveraine, vivant en paix et en sécurité justes et durables aux côtés d'Israël. Nous savons que les syndicats sont un élément essentiel de toute démocratie et que des syndicats indépendants forts et démocratiques seront un des principaux facteurs de l'atteinte de cet objectif en Palestine. »
La délégation a indiqué qu'elle avait entendu d'émouvants témoignages de Palestiniens qui avaient payé un prix terrible pendant la guerre en cours. Outre la réalité déchirante des destructions et des pertes de vies dans la bande de Gaza, nous avons entendu parler de la violence des colons et de restrictions des droits de la personne tels que la liberté de circulation ainsi que de difficultés économiques en Cisjordanie.
Néanmoins, ce qui ressort, c'est l'engagement à l'égard du syndicalisme et de son potentiel d'aider à un juste règlement dans le chaos plus large de ce conflit.
« Notre responsabilité de syndicalistes mondiaux est de nourrir ce sentiment, et nous appelons le mouvement syndical mondial à mettre en pratique ses principes de paix, d'humanité, de démocratie et de solidarité. Il peut y arriver notamment en continuant à investir dans un dialogue constructif avec les syndicats tant d'Israël que de Palestine qui reconnaissent le rôle critique qu'ils sont appelés à jouer dans leurs sociétés respectives. »
« Les organisations syndicales internationales n'oublieront ni ne délaisseront leurs consœurs et confrères de Palestine. Nous redoublerons d'efforts pour soutenir vos syndicats et vous soutenir. Les syndicats sont restés constants – démocratiques, enracinés dans leurs communautés et bien équipés pour apporter un soutien concret pendant la reconstruction, qui devrait intégrer les principes du travail décent et des services publics de qualité. »
De nombreux syndicats internationaux ont déjà apporté une aide importante aux travailleurs et travailleuses par l'intermédiaire des syndicats de la bande de Gaza et de la Cisjordanie. L'Internationale de l'éducation a fourni une aide financière à plus de 1 000 enseignants en Palestine et des abris à plus de 5 000 enfants à Rafah. La Fédération internationale des journalistes apporte un soutien direct aux reporters de la bande de Gaza et gère un centre de solidarité doté d'un espace de travail et d'équipements à Khan Younis. La Fédération internationale des ouvriers du transport et l'Internationale des services publics ont toutes deux lancé des fonds de solidarité pour apporter une aide immédiate et un soutien à plus long terme aux travailleurs et travailleuses palestiniens des transports et des services publics et à leurs familles. L'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois a fourni une aide humanitaire et des abris aux travailleurs de la construction et à leurs familles.
La délégation a conclu : « Les syndicats font partie du mouvement mondial pour la paix. Nous défendons la paix au même titre que des valeurs aussi importantes que la démocratie et l'humanité. C'est pourquoi nous sommes ici. »
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Déclaration (France) : Urgence face à la montée de l’extrême-droite

URGENCE, face à la montée de l'extrême-droite nous faisons le choix d'un espoir de construction sociale et politique libre, juste, solidaire, hors des dominations de l'argent et du masculin triomphant, machiste et misogyne
Tiré de Europe Solidaire
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article71090
vendredi 14 juin 2024,
par MMF France
Depuis le 9 juin cette construction parait encore plus difficile, les forces d'extrême droite, fascistes, racistes, misogynes, ont fait passer tous leurs mensonges pour un futur rassurant.
Hier, nous avons toutes et tous subi un terrible choc. Comme une épidémie, le virus de l'extrême droite frappe dans un nombre impressionnant de pays. C'est un phénomène de société développé par le système d'individualisation extrême, où le collectif est dévalorisé. La pensée est niée, seuls comptent la satisfaction immédiate, le développement individuel, le moi démesuré, la consommation à outrance comme vecteur de bien être.
Cette société alimentée par les média aux mains des plus grandes fortunes, cette société s'est construite depuis une quarantaine d'années, pour ouvrir les portes au parti politique et au gouvernement qui servira le mieux les intérêts de ceux qui ne veulent pas perdre la domination des peuples.
Nous sommes face à une destruction, qui se veut massive, des acquis sociaux, sociétaux, économiques du plus grand nombre des citoyen.ne.s. Ce n'est pas seulement une erreur politique, une mauvaise passe, non, le phénomène est international, la peste brune s'installe en Europe, aux Etats-Unis, en Amérique Latine. La peste brune grandit partout et contamine l'esprit des femmes et des hommes.
L'urgence est grande, il faut absolument reconstruire une unité qui rassemble toutes les forces vives. Lorsque les citoyennes et des citoyens s'organisent pour construire un monde plus juste et solidaire, leur pouvoir est réellement efficient.
Nous souhaitons une vie juste et digne pour le plus grand nombre, plutôt que la richesse sans limite pour quelques-uns.
Nous voulons la solidarité et la sororité, plutôt que la division, l'empathie plutôt que la rivalité. Nous voulons une éducation laïque et non sexiste. La liberté de choisir la maternité ou pas, et donc le droit à l'IVG et le mariage pour toutes et tous quels que soient nos choix, ne doivent être mis en cause.
Nous devons dénoncer les double discours concernant les droits des femmes du Rassemblement National. Le RN est l'ennemi des femmes. Le retour de l'extrême droite au pouvoir c'est le retour à une société archaïque et masculiniste.
Le projet que nous portons, nous les féministes, est incontournable et indispensable aux changements, pour que les femmes participent enfin à la construction politique, sociale, économique.
Nous faisons le choix de nous battre, car en nous attaquant à la racine des inégalités, nous portons des solutions pour un avenir juste, solidaire, émancipateur, égalitaire.
AUJOURD'HUI IL EST PLUS QUE JAMAIS URGENT DE REFLECHIR ET D'AGIR ENSEMBLE.
MMF France
• Entre les lignes entre les mots. 17 juin 2024 :
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/06/17/contre-lextreme-droite-dans-la-rue-et-dans-les-urnes-divers-textes/
Copyright
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La syndicalisation d’Amazon aux États-Unis : s’organiser face à la nouvelle barbarie capitaliste

Léo Palardy a participé à la délégation du Journal des Alternatives à la conférence No War, But Class War à New York. Il a rencontré Justine Medina, travailleuse au site Amazon JFK8 à New York et qui est impliquée dans l'organisation du syndicat Amazon Labor Union.
12 juin 2024 | tiré du site du Journal des alternatives
https://alter.quebec/la-syndicalisation-damazon-aux-etats-unis-sorganiser-face-a-la-nouvelle-barbarie-capitaliste/
Léo Palardy – JdA-PA. À quoi ressemblent les conditions de travail dans les entrepôts Amazon ?
Avant de joindre l'Amazon Labor Union, Justine Medina, à droite, fut organisatrice centrale de campagne d'Alexandria Ocasio-Cortez, à gauche, membre, députée de Democratic Socialists of America (DSA) sous la bannière démocrate.
Justine Medina : Les conditions de travail chez Amazon sont horribles. À Amazon JFK8, il y a sans cesse des blessures et des ambulances visitent l'entrepôt presque tous les jours. Et ce ne sont que les blessures qui sont déclarées, d'autres sont complètement ignorées par la compagnie.
Une enquête a démontré qu'il y a deux fois plus de blessures chez Amazon que le ratio normal de blessures dans un entrepôt semblable et qu'il est plus élevé que le ratio de blessures dans l'industrie moderne d'extraction du charbon.
Dans d'autres entrepôts, des gens sont littéralement morts au travail. Les quarts de travail sont de 10 à 12 heures, au moins quatre jours par semaine. Durant les périodes de pointe, nous sommes forcé·es à faire du surtemps. On doit alors travailler 60 heures par semaine en étant toujours debout. Amazon cherche constamment à accélérer la production et à imposer des rythmes très rapides. Les travailleur·euses ne sont pas en mesure de s'asseoir, même si ce sont des personnes âgées, voire handicapé·es ou enceintes.
Très souvent, Amazon viole la loi en refusant de donner des accommodements ou de les respecter s'il y en a. C'est un des principaux problèmes que le syndicat cherche à régler. Nous défendons les personnes lésées devant les ressources humaines afin qu'elles obtiennent les accommodements dont elles ont besoin. Nous veillons à ce qu'elles connaissent leurs droits, notamment celui de refuser de travailler si on leur demande d'exécuter un travail dangereux ou si leurs accommodements ne sont pas respectés.
L.P. À propos du cadre juridique, est-ce la législation qui est mauvaise ou est-ce plutôt qu'elle n'est pas appliquée ? Ou peut-être une combinaison des deux ?
J.M. : Un peu des deux. La législation n'est définitivement pas assez forte. Depuis Taft-Hartley, qui est une loi qui remonte à 1947, au début du Red Scare1, les pénalités envers les compagnies qui brisent le code du travail sont très légères : ce ne sont qu'une petite tape sur les doigts pour ces méga corporations. Il est aussi très difficile de les faire appliquer. Le Labor Department et le National Labor Relations Board ont tous les deux été sévèrement sous-financés. Ça prend des années pour faire appliquer ces lois par la Cour. En conséquence, les compagnies violent la loi constamment.
Le cadre légal est toutefois utile comme outil d'agitation et de sensibilisation. Dans l'État de New York, par exemple, nous avons soutenu l'adoption d'une loi appelée la Warehouse Worker Protection Act, qui assure le respect de droits de base. Par exemple, si vous travaillez dans un entrepôt, vous avez le droit d'aller aux toilettes ou d'aller boire de l'eau sans vous faire renvoyer. Ce qui vient en même temps réduire le rythme de la production bien entendu.
Avec le Warehouse Worker Protection Act, c'est aujourd'hui devenu plus difficile pour Amazon de mettre des gens à la porte pour avoir eu recours à un droit prévu dans la loi, surtout lorsqu'on demande son respect en affirmant : « Non, ce sont mes droits ! ». On se sert du code du travail comme un outil de lutte. Bien sûr, une application plus forte de la loi et des lois plus contraignantes seraient utiles aux travailleur·euses.
L.P. À propos du nombre d'heures de travail par jour, y a-t-il des restrictions aux États-Unis ? Et si oui, est-ce qu'Amazon les respecte ?
J.M. : Au niveau fédéral, après avoir travaillé 40 heures, vous devez être payé·es en temps supplémentaire et on ne peut pas travailler plus de 60 heures par semaine pour un travail unique. Certains États calculent le surtemps en fonction du nombre d'heures par jour, mais la plupart le font par semaine. C'est ainsi qu'Amazon réussit à imposer des journées de 12 heures. Ils respectent la loi de cette manière.
Cependant, Amazon est aussi très reconnu pour faire du vol de paye, surtout vis-à-vis de ses chauffeur·euses. Ils refusent de leur donner les bonus et les pourboires qui leur sont dus. Amazon trouve aussi des moyens d'éviter de payer quand il y a des blessures et travaille très fort à voler une partie des salaires des travailleur·euses tout en semblant respecter la loi.
L.P. Et face à cela vous vous organisez ?
J.M. : Oui, nous le faisons, ou du moins nous y travaillons.
L.P. Vous avez eu des succès ?
J.M. : Dans certains cas, oui. Amazon JFK8 a été le premier entrepôt Amazon en Amérique du Nord à réussir à se syndiquer2. La décision du National Labor Relations Board aux États-Unis est une très grande victoire considérant qu'il s'agit d'un entrepôt de plus de 5000 travailleur·euses. Plus récemment, un autre emplacement, un centre de livreur·euses a réussi à se syndiquer sous les Teamsters, ce centre emploie par sous-traitance environ 150 travailleur·euses.
Mais ce n'est pas tout, il y a beaucoup d'autres mobilisations qui ont lieu en même temps. Il y a présentement des comités dans près d'une centaine d'Amazon à travers les États-Unis. Certains essaient de se syndiquer, mais d'autres cherchent simplement à faire de l'agitation contre les politiques d'Amazon. Il peut s'agir d'enjeux de racisme, de sexisme, d'homophobie ou de transphobie. Il y a aussi la campagne du mouvement No Tech For Apartheid, qui lutte entre autres contre les politiques pro-guerres et pro-apartheids d'Amazon, qui supporte l'IDF par le biais de contrats avec l'armée américaine.
L.P. Avec cette lutte directe pour de meilleures conditions de travail, est-ce que la conscience de classe des travailleur·euses se développe ?
J.M. : Je peux définitivement dire qu'à mon entrepôt, le JFK8, la conscience de classe est beaucoup plus forte qu'il y a trois ans. Vous savez, même si le syndicat est toujours faible en termes de participation des membres, il y a une conscience de classe qui se développe chez les travailleur·euses. Certain·es commencent à dire qu'iels méritent d'être mieux payé·es. D'autres résistent individuellement à travailler dans des conditions dangereuses. D'autres encore commencent à refuser de travailler dans d'autres entrepôts par lesquels iels n'ont pas été embauché·es.
Parfois les travailleur·euses reprennent les arguments du syndicat, mais même si ce n'est pas toujours le cas, on sait que nous avons fait un bon travail sur le plan de l'éducation aux droits. Quand j'ai commencé à travailler à JFK8, j'allais voir les gens et je leur parlais du mouvement et du combat syndical. La plupart n'en n'avaient jamais entendu parler et ne savaient pas vraiment ce que voulait dire être syndiqué·e. Depuis ce temps, nous voyons définitivement une progression dans la conscience de classe ainsi que dans le combat collectif. La prochaine étape est simplement d'organiser ces travailleur·euses de manière à les unir et à passer à l'action.
L.P. Merci beaucoup pour votre disponibilité.
J.M. : Vous êtes le bienvenue.
Peur Rouge, expression qui veut caractériser le sentiment qui prévaut dans la population américaine durant la période de l'offensive anticommuniste et antisyndicale du sénateur McCarthy aux États-Unis. [↩]
Au Québec, c'est le 10 mai 2024 que fut reconnu un premier syndicat chez Amazon au Canada par le Tribunal administratif du travail, suite au dépôt de signatures majoritaires par la CSN : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2072208/syndicat-entrepot-amazon-laval-canada [↩]
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Nouveau Front Populaire : Contrat de législature

Voici le programme du Nouveau Front populaire, candidat à l'élection législative déclenchées par Macron en réponse à la poussée de l'extrême droite aux récentes européennes.
14 juin 2024 | tiré du site alencontre.org |Photo : La présentation du programme du Nouveau Front populaire à Paris le 14 juin. © JULIEN DE ROSA / AFP
Partie 1
15 premiers jours
LA RUPTURE
Une seule priorité pour le gouvernement du Nouveau Front Populaire dès son installation : répondre aux urgences qui abîment la vie et la confiance du peuple français. Nous en finirons avec la brutalisation et la maltraitance des années Macron. Nous adopterons immédiatement 20 actes de rupture pour répondre à l'urgence sociale, au défi climatique, à la réparation des services publics, à un chemin d'apaisement en France et dans le monde. Pour que la vie change dès l'été 2024.
Décréter l'état d'urgence sociale
- Bloquer les prix des biens de première nécessité dans l'alimentation, l'énergie et les carburants par décret, et renforcer le bouclier qualité-prix pour les outre-mer
- Abroger immédiatement les décrets d'application de la réforme d'Emmanuel Macron passant l'âge de départ à la retraite à 64 ans, ainsi que la réforme de l'assurance-chômage
- Augmenter le minimum contributif au niveau du SMIC et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté
- Augmenter les salaires par le passage du SMIC à 1600€ net, par la hausse de 10% du point d'indice des fonctionnaire (intégralement compensée pour les collectivités territoriales), augmenter les indemnités des stagiaires, le salaire des apprentis et des alternants
- Engager les négociations commerciales en garantissant un prix plancher et rémunérateur aux agriculteurs et en taxant les superprofits des agro-industriels et de la grande distribution
- Revaloriser les APL [Aide personnalisée au logement] de 10%
Relever le défi climatique
- Décréter un moratoire sur les grands projets d'infrastructures autoroutières
- Adopter un moratoire sur les méga-bassines
- Mettre en place des règles précises de partage de l'eau sur l'ensemble des activités
Défendre le droit au logement
- Relancer la construction du logement social en revenant sur les coupes de Macron pour les organismes HLM de 1,4 milliard d'euros annuels
- Créer les places d'accueil d'hébergement d'urgence permettant un accueil inconditionnel et procéder dans les situations d'urgence à la réquisition des logements vides nécessaires pour loger les sans-abris
Réparer les services publics
- Organiser une conférence de sauvetage de l'hôpital public afin d'éviter la saturation pendant l'été, proposer la revalorisation du travail de nuit et du week-end pour ses personnels
- Redonner à l'école publique son objectif d'émancipation en abrogeant le « choc des savoirs » de Macron, et préserver la liberté pédagogique
- Faire les premiers pas pour la gratuité intégrale à l'école : cantine scolaire, fournitures, transports, activités périscolaires
- Augmenter le montant du Pass'Sport à 150 euros et étendre son utilisation au sport scolaire en vue de la rentrée
Apaiser
- Relancer la création d'emplois aidés pour les associations, notamment sportives et d'éducation populaire
- Déployer de premières équipes de police de proximité, interdire les LBD et les grenades mutilantes, et démanteler les BRAV-M [brigade de répression de l'action violente motorisée]
Retrouver la paix en Kanaky-Nouvelle Calédonie
- Abandonner le processus de réforme constitutionnelle visant au dégel immédiat du corps électoral. C'est un geste fort d'apaisement qui permettra de retrouver le chemin du dialogue et de la recherche du consensus. À travers la mission de dialogue, renouer avec la promesse du « destin commun », dans l'esprit des accords de Matignon et de Nouméa et d'impartialité de l'État, en soutenant la recherche d'un projet d'accord global qui engage un véritable processus d'émancipation et de décolonisation.
Mettre à l'ordre du jour des changements en Europe
- Refuser les contraintes austéritaires du pacte budgétaire
- Proposer une réforme de la Politique agricole commune (PAC)
L'urgence de la Paix
Promouvoir une diplomatie française au service de la paix
Faire des propositions en vue d'une diplomatie de promotion des biens communs planétaires :
- Une diplomatie qui préserve notre environnement : reconnaissance du crime d'écocide, protection des fonds marins, défense de la gestion des pôles comme bien communs de l'humanité, soutenir la création d'un tribunal international de justice climatique et environnementale
- Une diplomatie au service de la santé : défendre la levée des brevets sur les vaccins et les moyens médicaux de lutte contre les pandémies
- Une diplomatie qui garantit la démilitarisation et la dépollution de l'espace
Adopter une diplomatie féministe en augmentant les financements internationaux pour les droits des femmes et en poussant l'adoption de la clause de la législation la plus favorisée en Europe
Faire respecter l'engagement de la France d'attribuer 0,7% de son RNB à l'aide publique au développement
Promouvoir une diplomatie française au service de la paix
Pour faire échec à la guerre d'agression de Vladimir Poutine, et qu'il réponde de ses crimes devant la justice internationale : défendre indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l'intégrité de ses frontières, par la livraison d'armes nécessaires, l'annulation de sa dette extérieure, la saisie des avoirs des oligarques qui contribuent à l'effort de guerre russe dans le cadre permis par le droit international, l'envoi de casques bleus pour sécuriser les centrales nucléaires, dans un contexte international de tensions et de guerre sur le continent européen et œuvrer au retour de la paix.
Agir pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza et pour une paix juste et durable
- Rompre avec le soutien coupable du gouvernement français au gouvernement suprémaciste d'extrême droite de Netanyahu pour imposer un cessez-le-feu immédiat à Gaza et faire respecter l'ordonnance de la Cour Internationale de Justice (CIJ) qui évoque, sans ambiguïtés, un risque de génocide
- Agir pour la libération des otages détenus depuis les massacres terroristes du Hamas, dont nous rejetons le projet théocratique, et pour la libération des prisonniers politiques palestiniens
- Soutenir la Cour Pénale Internationale (CPI) dans ses poursuites contre les dirigeants du Hamas et le gouvernement de Netanyahu
- Reconnaître immédiatement l'État de Palestine aux côtés de l'État d'Israël sur la base des résolutions de l'ONU
- Décréter un embargo sur les livraisons d'armes à Israël
- Infliger des sanctions contre le gouvernement d'extrême droite de Netanyahu tant que celui-ci ne respecte pas le droit international à Gaza et en Cisjordanie
- Demander la suspension de l'accord d‘association Union européenne – Israël, conditionné au respect des droits humains
- Permettre l'organisation d'élections libres sous contrôle international pour permettre aux Palestiniens de décider de leur destin
- Faire respecter la souveraineté du Liban et la protection des 700 Français engagés sous casque bleu pour le droit international
Partie 2
100 premiers jours
L'ÉTÉ DES BIFURCATIONS
Passés les 15 premiers jours, une session extraordinaire s'ouvrira à l'Assemblée nationale, où les groupes du Nouveau Front Populaire sont majoritaires, puis une seconde à la rentrée, après la fin des Jeux Olympiques et Paralympiques. Le Parlement tient une place beaucoup plus importante dans le type de gouvernement promu par le Nouveau Front Populaire.
Les députés sont particulièrement associés et / ou à l'initiative de 5 paquets législatifs pour amorcer les grandes bifurcations dont le pays a besoin. D'abord, à la suite des mesures d'urgence par décret, la présentation d'une grande loi permet de rattraper et d'améliorer la situation sociale des Français grandement paupérisés par 7 ans de macronisme et 3 ans d'inflation. Deux grandes lois permettront d'entamer la reconstruction des deux services publics les plus cruciaux : santé et éducation.
Une loi énergie climat permettra de jeter les bases de la planification écologique. Enfin, le premier projet de loi de finances rectificative sera présenté pour abolir les privilèges des milliardaires.
Faire une grande loi pour le pouvoir d'achat
- Organiser une grande conférence sociale sur les salaires, l'emploi et la qualification
- Indexer les salaires sur l'inflation et porter l'Allocation d'Autonomie Handicapée (AAH) au niveau du SMIC
- Abolir la taxe Macron de 10% sur les factures d'énergie, annuler la hausse programmée du prix du gaz au 1er juillet, plafonner des frais bancaires, faire la gratuité des premiers kWh, abolir les coupures d'électricité, de chaleur et de gaz (hors trêve hivernale), annuler les réformes Macron sur le revenu de solidarité active (RSA)
Faire une grande loi santé
- Réguler l'installation des médecins dans les déserts médicaux et rétablir des permanences de soin des soignants libéraux dans les centres de santé
- Conditionner l'ouverture des cliniques privées à la participation à la permanence des soins et à la garantie d'un reste à charge zéro
- Engager un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social (médecins, infirmiers, aides-soignants, personnels administratifs) et de revalorisation des métiers et des salaires
- Créer un pôle public du médicament avec renforcement des obligations de stocks
- Interdire tous les polluants éternels (PFAS) pour toutes les utilisations, notamment les ustensiles de cuisine
Faire une grande loi éducation
- Réduire les effectifs par classe pour faire mieux que la moyenne européenne de 19 élèves
- Moduler les dotations des établissements scolaires – y compris privés – en fonction de leur respect d'objectifs de mixité sociale
- Démocratiser l'université en abolissant Parcoursup et la sélection dans l'université publique, instaurer le repas à 1 euro dans les Crous [Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires]
- Investir dans l'Éducation nationale à hauteur des besoins en engageant la revalorisation des grilles de salaires, en réinvestissant dans les locaux scolaires, en renforçant les effectifs de la médecine scolaire – en garantissant le nombre de personnels par établissement – et de la vie scolaire en reconnaissant leur rôle pédagogique, en créant un service public d'accompagnement des élèves en situation de handicap, en formant et titularisant les actuelles accompagnantes d'élèves en situation de handicap (AESH)
- Mettre en place une garantie d'autonomie qui complète les revenus des ménages situés sous le seuil de pauvreté (accessible dès 18 ans pour les personnes indépendantes fiscalement et dès 16 ans pour les élèves de l'enseignement professionnel)
Entamer la planification écologique
- Faire voter une loi énergie-climat
- Inscrire le principe de la règle verte
- Mettre en place un plan climat visant la neutralité carbone en 2050
- Assurer l'isolation complète des logements, en renforçant les aides pour tous les ménages et garantissant leur prise en charge complète pour les ménages modestes
- Accélérer la rénovation des bâtiments publics (écoles, hôpitaux, etc)
- Renforcer la structuration de filières françaises et européennes de production d'énergies renouvelables (de la fabrication à la production)
- Faire de la France le leader européen des énergies marines avec l'éolien en mer et le développement des énergies hydroliennes
- Revenir sur la fusion entre l'Agence de sûreté nucléaire (ASN) et l'Institut de recherche sur la sûreté nucléaire (IRSN)
- Refuser la privatisation des barrages hydroélectriques
Lutter contre toutes les formes de racismes, contre l'antisémitisme et l'islamophobie
Au moment où l'extrême droite menace, nous rappelons que la parole et les actes racistes, antisémites et islamophobes se propagent dans toute la société et connaissent une explosion inquiétante, sans précédent. Aucune tolérance n'est de mise face à ces menaces et à ces comportements d'où qu'ils viennent.
S'attaquer à nos compatriotes pour leur couleur de peau ou leur religion supposée ou réelle, c'est s'attaquer à la République. En voir certains quitter ou vouloir quitter notre pays est un échec collectif.
Nous nous engageons à :
- Donner à la justice les moyens de poursuivre et de sanctionner les auteurs de propos ou actes racistes, islamophobes et antisémites
- Instaurer un Commissariat à l'égalité doté d'un Observatoire des discriminations et de pôles spécialisés au sein des services publics et des cours d'appel
- Adopter et mettre en œuvre un plan de lutte contre les discriminations, notamment à l'embauche, à la santé et au logement, et le renforcement des sanctions
L'antisémitisme a une histoire tragique dans notre pays qui ne doit pas se répéter. Tous ceux qui propagent la haine des juifs doivent être combattus.
- Nous proposerons un plan interministériel pour comprendre, prévenir et lutter contre l'antisémitisme en France, notamment à l'école et contre ses effets sur la vie des populations qui le subissent.
- Une autre haine cible particulièrement les musulmans ou les personnes assimilées à cette religion. Elle découle notamment de l'omniprésence des discours islamophobes dans certains médias, de presse écrite ou audiovisuelle.
- Nous proposerons un plan interministériel pour comprendre, prévenir et lutter contre l'islamophobie en France, et contre ses effets sur ceux qui la subissent.
- Nous assurerons la sécurité des lieux cultuels et culturels (juifs, musulmans, chrétiens) de notre pays en renforçant si nécessaire toutes les mesures de protection policières dont elles bénéficient.
Abolir les privilèges des milliardaires
Adopter un projet de loi de financement rectificative le 4 août, pour se doter d'une politique fiscale juste avec notamment les mesures suivantes :
- Accroître la progressivité de l'impôt sur le revenu à 14 tranches
- Rendre la CSG [Contribution sociale généralisée] progressive
- Rétablir un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) renforcé avec un volet climatique
- Supprimer la flat tax et rétablir l'exit tax [peut s'appliquer lorsqu'un contribuable français transfère son domicile fiscal hors de France]
- Supprimer les niches fiscales inefficaces, injustes et polluantes
- Réformer l'impôt sur l'héritage pour le rendre plus progressif en ciblant les plus hauts patrimoines et instaurer un héritage maximum
- Instaurer une taxe kilométrique sur les produits importés
Partie 3
Les mois suivants
LES TRANSFORMATIONS
Une fois ces grands chantiers lancés, tout reste à faire pour tout changer ! Ce sera la tâche du gouvernement et des députés du Nouveau Front Populaire, en lien constant avec la société mobilisée, notamment les syndicats, associations, collectifs.
L'ambitieux programme législatif de transformation que le Nouveau Front Populaire se fixe pour les mois suivants est largement issu des propositions et revendications produites par cette société mobilisée. Sa cohérence globale c'est l'application pleine et entière du programme suivant : liberté, égalité, fraternité. Son cap c'est l'harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature.
Le service public est de retour
- Lancer le rattrapage des postes manquants de fonctionnaires à l'hôpital public, dans le soin et le médico-social, à l'école publique, dans la justice, dans les services et les agences de l'État, en revalorisant les métiers et les salaires
- Garantir l'accès aux services publics à toutes et tous sans condition de nationalité et sur tout le territoire par un plan d'investissement : personne ne doit habiter à plus de trente minutes d'un accueil physique des services publics
- Garantir l'accès à chaque famille à un mode de garde adapté grâce à un service public de la petite enfance ouvrant 500 000 places en crèches ou autre solution de garde
- Organiser des états généraux des quartiers populaires et des états généraux des espaces ruraux pour construire une véritable égalité territoriale, notamment dans les services publics
- Lancer un plan Grand âge en rénovant les EHPAD, en augmentant et en formant les professionnels du grand âge
- Interdire des placements hôteliers dans le cadre de l'Aide Sociale à l'Enfance et interdire les sorties sèches à 18 ans
- Faire une loi de programmation de la recherche plus ambitieuse
Garantir le droit au logement
Construire 200 000 logements publics par an pendant cinq ans aux normes écologiques les plus ambitieuses
Adopter une grande loi pour garantir le droit au logement effectif comprenant notamment :
- L'abrogation de la loi Kasbarian qui criminalise les locataires et l'interdiction des expulsions locatives pour impayés sans proposition de relogement
- L'encadrement des loyers de manière obligatoire dans les zones tendues ainsi que des prix du foncier
- La garantie universelle des loyers pour sécuriser les propriétaires et les locataires
- Aucune remise en cause de la loi SRU [Loi relative à la solidarité et au renouvellement urgain] et l'aggravation des sanctions contre les communes hors la loi
- L'ouverture du prêt à taux zéro à tous les ménages primoaccédants sans distinction géographique ou entre neuf ou ancien
Le nouveau droit à la retraite
Réaffirmer l'objectif commun du droit à la retraite à 60 ans
- Rétablir les facteurs de pénibilité supprimés par Emmanuel Macron
- Prendre en compte le RSA pour valider des trimestres en vue de la retraite
- Indexer le montant des retraites sur les salaires
- Soumettre à cotisation les dividendes, la participation, l'épargne salariale, les rachats d'action, les heures supplémentaires
- Augmenter de 0,25 point par an pendant 5 ans les cotisations vieillesse et moduler les cotisations sociales patronales
- Créer une surcotisation sur les hauts salaires
Vers une 6e République
Abolir la monarchie présidentielle dans la pratique des institutions :
- Instaurer la proportionnelle
- Revitaliser le parlement
- Abroger le 49.3
- Défendre la décentralisation effective en renforçant la démocratie locale dans l'unité de la République
Instaurer le référendum d'initiative citoyenne (RIC) et renforcer le référendum d'initiative partagée en abaissant notamment le seuil de signatures citoyennes pour son déclenchement
Passer à une 6e République par la convocation d'une assemblée constituante citoyenne élue
Sûreté, Sécurité et Justice
- Assurer la sécurité de la population par le rétablissement de la police de proximité, la suppression de la réforme Darmanin qui a affaibli la police judiciaire, le maintien de l'ensemble des gendarmeries, l'augmentation des effectifs de police judiciaire, technique, scientifique, du renseignement, des unités en charge du narcotrafic, de la délinquance financière, du trafic d'êtres humains et du démantèlement des réseaux mafieux
- Revoir et allonger la formation des policiers
- Mettre en place un nouveau code de déontologie, supprimer l'IGPN [Inspection générale de la police nationale] et l'IGGN [Inspection générale de la gendarmerie nationale] et les remplacer par un nouvel organisme indépendant, rattaché à la Défenseure des droits
- Augmenter les moyens de la justice pour garantir un traitement juste et dans un délai raisonnable de l'ensemble des procédures, notamment par l'embauche de magistrats, greffiers, agents de la protection judiciaire de la jeunesse
- Agir contre la surpopulation carcérale, assurer des conditions dignes de détention et donner les moyens à l'administration pénitentiaire et judiciaire de réaliser sa mission en toute sécurité
- Mettre en place les récépissés pour les contrôles d'identité
Faire bifurquer l'économie et réindustrialiser la France
- Engager un plan de reconstruction industrielle pour mettre fin à la dépendance de la France et de l'Europe dans les domaines stratégiques (semi-conducteurs, médicaments, technologies de pointe, voitures électriques, panneaux solaires, etc.)
- Réaliser un diagnostic préalable des ressources naturelles avant implantation industrielle
- Encadrer la sous-traitance, garantir la responsabilité du donneur d'ordre et mettre en place des quotas de sous-traitants issus du tissu de TPE/PME et de l'artisanat local
- Conditionner les aides aux entreprises au respect de critères environnementaux, sociaux et de lutte contre les discriminations au sein de l'entreprise. Les inscrire dans une stratégie industrielle publique. Exiger le remboursement des aides en cas de non-respect des contreparties
- Faire des salariés de véritables acteurs de la vie économique, en leur réservant au moins un tiers des sièges dans les Conseils d'Administration et en élargissant leur droit d'intervention dans l'entreprise
- Réglementer la banque et la finance pour éviter de nouvelles crises et financer l'économie réelle :
- Augmenter les réserves des banques pour faire face aux risques climatiques
- Zero financement des banques pour les énergies fossiles en commençant par les nouveaux projets
- Taxation renforcée des transactions financières
- Créer un droit de préemption pour permettre aux salariés de reprendre leur entreprise sous la forme d'une coopérative
- Accompagner les reprises des entreprises en SCOP par les salariés
- Créer un pôle public bancaire s'appuyant sur la caisse des dépôts et des consignations et la banque publique d'investissement qui aura notamment pour tâche d'affecter la collecte de l'épargne réglementée vers les besoins sociaux et écologiques
Défendre les droits des travailleurs
- Organiser une conférence nationale sur le travail et la pénibilité visant au rétablissement de la durée effective hebdomadaire du travail à 35 heures, au passage aux 32 heures dans les métiers pénibles ou de nuit immédiatement et son extension par la négociation collective
- Adopter un plan d'action « zéro mort au travail » par le rétablissement des comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), l'embauche d'inspecteurs du travail et de médecins du travail, la mise à jour du tableau des maladies professionnelles en intégrant notamment le burn-out
Développer les transports publics et écologiques
- Garantir des tarifs accessibles et des mesures de gratuité ciblée (jeunes, précaires, etc.) dans les transports publics et baisser la TVA sur la tarification des transports en commun à 5,5%
- Mettre en place un plan rail et fret, créer des services express régionaux, adopter un moratoire sur la fermeture des petites lignes et les rouvrir dès que possible, revenir sur la privatisation de Fret SNCF
Conserver la biodiversité
- Défendre les zones agricoles, naturelles et les zones humides, doubler et améliorer la protection des aires maritimes protégées
- Protéger la forêt en garantissant la diversité des essences, avec une filière sylvicole respectueuse de la biodiversité et des sols, garantissant les qualifications et les emplois des forestiers
- Rétablir les milliers de postes supprimés dans le service public de suivi et de protection de la nature : à l'Office national des forêts, à l'Office français de la biodiversité, à Météo France, au Cerema [Centre d'études et d'expertise sur les risques, la mobilité et l'aménagement]
L'eau, notre bien commun
- Passer à la gestion 100% publique de l'eau en régies locales : pour la gratuité des premiers mètres-cubes indispensables à la vie et la tarification progressive et différentielle selon les usages
- Atteindre durant le mandat le très bon état écologique et chimique de tous les cours d'eau (fleuves, rivières, ruisseaux) et réserves souterraines et faire contribuer les industriels à la dépollution des nappes et des sols
- Mailler le territoire de fontaines à eau, de douches et de sanitaires publics et gratuits
Pour une agriculture écologique et paysanne
- Annuler l'accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne (CETA) ; renoncer à l'accord du Mercosur et protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale
- Interdire l'importation de toute production agricole ne respectant pas nos normes sociales et environnementales
- Lutter contre l'accaparement des terres et permettre à chaque agriculteur qui souhaite s'installer d'accéder à une exploitation pour préserver le modèle agricole familial
- Soutenir la filière du bio et l'agroécologie, encourager la conversion en bio des exploitations en reprenant leur dette dans une caisse nationale et garantir un débouché aux produits bio dans la restauration collective
- Rétablir le plan Ecophyto, interdire le glyphosate et les néonicotinoïdes avec accompagnement financier des paysans concernés
Pour l'émancipation de la jeunesse
- Arrêter le Service National Universel (SNU) pour soutenir à nouveau les associations de jeunesse et d'éducation populaire
- Créer un dispositif de billet unique ouvert aux jeunes permettant d'accéder à l'ensemble des trains, transports en commun ainsi qu'aux vélos et voitures en libre service du territoire français
Étendre les droits des femmes et des personnes LGBTQI
- Adopter une loi intégrale pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles en portant le budget à 2,6 milliards d'euros comme demandé par les associations
- Instaurer l'égalité salariale et créer un congé menstruel dans les entreprises et administrations
- Prendre en charge par la Sécurité sociale les protections menstruelles et sanctionner les fabricants qui ne respectent pas le contrôle sanitaire et la régulation des prix
- Établir la filiation par reconnaissance comme principe par défaut, rembourser la procréation médicalement assistée (PMA), la rendre accessible aux personnes trans
- Mettre en œuvre un plan d'éradication des violences à l'encontre des personnes LGBTQI
- Autoriser le changement d'état-civil libre et gratuit devant un officier d'état civil
- Faire face à l'offensive transphobe : lutter contre la transphobie et augmenter les moyens dans la santé pour les transitions
Rompre avec la maltraitance animale
- Sortir des fermes-usines, améliorer le bien-être animal et interdire l'élevage en cages d'ici la fin de mandature
Un service public des arts et de la culture et des médias au service de l'émancipation
- Renforcer le budget public consacré à l'art, la culture et la création pour le porter à 1% du PIB par an
- Limiter strictement la concentration dans les industries culturelles et les médias dans les mains de quelques propriétaires et exclure des aides publiques les médias condamnés pour incitation à la haine ou atteinte à la dignité des personnes
- Défendre l'indépendance des rédactions face à leurs propriétaires
- Garantir la pérennité d'un service public de l'audiovisuel en instaurant un financement durable, lisible, socialement juste et en garantissant son indépendance
- Étendre la gratuité dans tous les musées nationaux, garantir une tarification abordable dans les institutions publiques et encadrer les tarifs abusifs des lieux privés
- Défendre et améliorer le régime des intermittents et aller vers la création d'un nouveau régime pour les artistes-auteurs
Une République laïque
- Engager un vaste plan de formation des fonctionnaires à la laïcité, aux principes juridiques de la loi de 1905, renforcer la pédagogie de la laïcité dans l'Éducation nationale pour accompagner les professeurs
- Augmenter les moyens de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) et élargir son domaine d'intervention au domaine de la formation professionnelle et de la santé publique
- Refuser les financements publics pour la construction de nouveaux édifices religieux, dédiés aux activités cultuelles ou d'établissements confessionnels
Pour un sport populaire
- Fixer la pratique de l'EPS à quatre heures hebdomadaires tout au long de la scolarité et créer une association sportive dans tous les établissements scolaires du premier degré
- Porter un plan de 10 000 équipements sportifs supplémentaires, pensé pour favoriser la pratique du sport féminin et du parasport.
- Rénover les équipements sportifs existants, notamment dans les universités
- Porter les moyens du ministère des sports à 1% du budget de l'État
- Développer des maisons de Sport-Santé dans tout le pays et rembourser le sport sur ordonnance
Les Outre-mer, avant-postes de la planification écologique
- Réglementer les tarifs de desserte aérienne
- Mettre en place un taux maximal de sucre dans les aliments transformés
- Organiser un congrès général des territoires éloignés et insulaires pour établir un plan d'action partagé pour l'égalité et l'autonomie dans les Outre-mer sur la base des cahiers de revendications et des « plans pays » et la mise en place d'un plan quinquennal d'investissement
- Organiser la distribution de bouteilles d'eau et plafonner le prix de l'eau partout où le service d'eau potable est défaillant via modification du plan ORSEC-eau, et mettre en place de grands travaux de rénovation des canalisations
- Créer un fonds d'indemnisation et de prévention contre les pollutions pour indemniser et assurer la prise en charge médicale des victimes du chlordécone et des sargasses et investir dans la dépollution et la décontamination des sols et des eaux (chlordécone et glyphosate aux Antilles, mercure en Guyane, essais nucléaires en Polynésie…)
- Cesser de faire de Mayotte un territoire de seconde zone de la République. Étendre l'aide médicale d'État, aligner les niveaux du RSA et du SMIC sur le reste du pays et scolariser systématiquement tous les enfants
- Prendre systématiquement en compte les outre-mers dans chaque texte législatif
- Lutter contre les situations de monopole dans les Outre-mer
- Proposer un principe de faveur des ultra-marins sur les postes à responsabilité et favoriser le retour des fonctionnaires d'État
- Favoriser l'enseignement des langues régionales en outre-mer
- Lancer un plan spécifique de rattrapage en matière de désenclavement routier et ferroviaire en Guyane
Garantir un accueil digne
- Abroger les lois asile et immigration de Macron
- Mettre en place une agence de sauvetage en mer et sur terre, dans l'attente de sa création au niveau européen et en appui de l'agence de l'Union européenne pour l'asile
- Assurer un accompagnement social et une autorisation de travailler pour les demandeurs d'asile
- Faciliter l'accès aux visas, régulariser les travailleurs, étudiants, parents d'enfants scolarisés et instituer la carte de séjour de dix ans comme titre de séjour de référence
- Créer un statut de déplacé climatique
- Améliorer les conditions d'accueil des exilés à Mayotte et supprimer les conditions empêchant le déplacement entre Mayotte et le reste du territoire
- Créer des voies légales et sécurisées d'immigration
- Réviser le pacte asile immigration européen pour un accueil digne des migrants
- Mettre fin aux mesures dérogatoires sur l'étude de la demande d'asile
- Renforcer les politiques de co-développement aux services des populations
- Garantir l'accès à l'aide médicale d'État
- Garantir le droit du sol intégral pour les enfants nés en France et faciliter l'obtention de la nationalité française
Défendre les libertés publiques
- Abroger le contrat d'engagement républicain liberticide pour les associations
- Organiser des États généraux sur les libertés publiques
- Abroger les dispositions liberticides des lois sécurité globale, séparatisme, et les lois qui instaurent un état d'urgence permanent et portent atteinte à nos libertés individuelles et collectives, et réviser la loi et la doctrine sur l'ouverture du feu pour que cessent les morts pour refus d'obtempérer
- Interdire la reconnaissance faciale et évaluer de manière indépendante les dispositifs de vidéosurveillance en lien avec le défenseur des droits
- Protéger les lanceurs d'alerte
- Défendre et renforcer les libertés syndicales et associatives et en finir avec leur répression
Europe
- Refuser le pacte de stabilité budgétaire
- Proposer un pacte européen pour le climat et l'urgence sociale
- Proposer une réforme de la Politique agricole commune (PAC)
- Mettre fin aux traités de libre-échange
- Instaurer un protectionnisme écologique et social aux frontières de l'Europe
- Adopter un mécanisme d'harmonisation sociale par le haut entre les États pour mettre fin aux politiques de dumping social et fiscal
- Réindustrialiser l'Europe : numérique, industrie du médicament, énergie, etc.
- Instaurer une règle verte pour prioriser des investissements verts
- Taxer les plus riches au niveau européen pour augmenter les ressources propres du budget de l'Union européenne
- Généraliser la taxation des superprofits au niveau européen
- Modifier le droit de la concurrence en Europe pour garantir le droit de monopole public au niveau national
- Passer au vote à la majorité qualifiée au conseil pour les questions fiscales
Conformément à ce que nos groupes ont voté à l'Assemblée nationale, nous refuserons, pour l'application de notre contrat de législature, le pacte budgétaire, le droit de la concurrence lorsqu'il remet en cause les services publics et nous rejetterons les traités de libre-échange.
*****
« Emmanuel Macron voulait nous diviser, il nous a en réalité rassemblé. Maintenant tous en campagne ! » – Manon Aubry
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Le « Sud global » avec Poutine ?

Le 10 juin 2024, les résultats sont tombés ; le délégué de la principale centrale syndicale Russe, la FNPR, est élu comme membre adjoint au Conseil d'administration du Bureau international du travail (BIT), avec 65 voix sur 126 votant·es (voir document joint).
À deux voix près, le représentant de la centrale ouvertement pro-Poutine et soutien affiché à « l'Opération spéciale » en Ukraine, n'aurait donc pas été élu. Cela aurait été une première au sein de l'OIT, une « humiliation », selon Frédéric Koller un journaliste Suisse qui a suivi ces élections. De fait, les candidat·es, préalablement identifiés et sélectionnés par les syndicats, « sont habituellement élus avec une centaine de voix ou sans opposition lors d'un scrutin à bulletins secrets ».
Dans le même sens, le journaliste relève que le représentant Chinois de la Fédération nationale des syndicats de Chine (FNSC-ACFTU), une autre gigantesque centrale syndicale (plus de 130 millions de membres) complètement inféodée au pouvoir, a été élu plus difficilement qu'à l'accoutumé : « [a]vec 88 voix, le candidat chinois, autre surprise, est lui aussi l'un des plus mal élus » des représentants des travailleurs et des travailleuses.
Un syndicaliste ukrainien a quant à lui été élu sans contestation, par consensus, comme membre suppléant au Conseil d'administration du BIT ; c'est également une première. Un représentant des syndicats du « territoire palestinien occupé », selon la formule de l'OIT a également été élu.
Trois éléments ressortent en particulier de ce résultat.
En premier lieu ce vote rappelle une nouvelle fois que, comme ailleurs, les positions politiques des travailleurs et des travailleuses du « Sud » ne sauraient être mécaniquement associées à celles de leur dirigeant·es. De fait, nombre de dirigeant·es du « Sud global » soutiennent ouvertement Poutine ou Xi Jinping, au nom d'une prétendue solidarité anticoloniale, d'une lutte contre l'impérialisme occidental ou, plus surement encore, de la promotion d'un « monde multipolaire », c'est-à-dire d'un monde aux multiples régimes autoritaires. A contrario, le vote des délégué·es syndicaux à l'OIT - à bulletin secret - révèle que nombre d'entre eux et elles ne sont pas dupes et que la classe ouvrière n'a rien à gagner à les soutenir. Il est donc faux de marteler, comme le font certain-es à gauche, que la « moitié de l'humanité » appuie Poutine et la colonisation de l'Ukraine par exemple [1].
Le nouveau représentant syndical ukrainien à l'OIT, Vasyl Andreyev, souligne en ce sens :
« On nous disait qu'il y aurait un vote du Sud global contre le Nord global. La réalité est différente. Le faible résultat du candidat russe montre qu'il y a de moins en moins de soutien aux va-t-en-guerre. »
Dans le même sens, Luca Cirigliano, un syndicaliste suisse également élu au CA, relève :
« Le score russe surtout, mais aussi le chinois sont une immense gifle. Cela démontre que la diplomatie du chéquier, pratiquée par Moscou et Pékin, n'a pas fonctionné. C'est un très bon signe pour l'OIT et le syndicalisme international. »
Le deuxième élément à retenir est beaucoup moins réjouissant pour le syndicalisme international. Ce vote a en effet été l'occasion d'apprendre que la Confédération syndicale internationale (CSI-ITUC) a ouvertement déconseillé au candidat Ukrainien de déposer sa candidature face à celle du candidat Russe de la FNPR ; celui-là même qui a finalement été élu de justesse au poste d'adjoint au Conseil d'administration. La CSI craignait une vague d'opposition du « Sud global » et la remise en cause de la solidarité internationale. C'est du moins ce qu'affirme Vasyl Andreyev, après le vote, regrettant alors de ne pas avoir déposé sa candidature malgré tout :
« C'est notre faute, explique-t-il, nous n'avons pas osé le faire. » Pourquoi ? Parce que les dirigeants de la Confédération syndicale internationale ont fait comprendre aux Ukrainiens qu'ils n'auraient aucune chance en raison du soutien du « Sud global » à la Russie et qu'il valait mieux « ne pas rompre la solidarité internationale ». « C'était prendre le risque de perdre dans un vote de blocs ».
Ainsi, au nom d'une présumée « solidarité internationale » des syndicalistes du « Sud global » avec la Russie coloniale, la direction de la CSI aurait demandé au représentant de travailleurs et travailleuses ukrainien·nes, qui vivent quotidiennement sous les bombes de Poutine, de retirer sa candidature au profit d'une centrale syndicale qui milite ouvertement pour coloniser l'Ukraine. Il est difficile de penser que la solidarité syndicale internationale sorte grandie d'une telle prise de position qui n'est ni plus ni moins qu'un renoncement à l'internationalisme et à la solidarité de la classe ouvrière au profit de calculs stratégiques pusillanimes.
Enfin, dernièrement, ce vote révèle à quel point au Québec et au Canada, comme ailleurs, la démocratie syndicale a des progrès à faire. À notre connaissance, aucune centrale canadienne n'a communiqué sur le sujet. Nous ne savons donc toujours pas quelles positions ont été défendues par nos représentant.es lors du vote à l'OIT, comme auparavant lors des discussions à la Confédération syndicale internationale (CSA-ITUC) et encore avant à la Confédération syndicale des Amériques (CSA-TUCA). Tout au plus, grâce à l'OIT cependant, on sait que Mme Lily Chang, ancienne trésorière du Congrès du travail canadien (CTC), a été élue membre permanente du Conseil d'administration de l'OIT comme représentante des travailleurs et travailleuses.
Reste maintenant à savoir quelles positions politiques elle défendra en notre nom et ce que revendiqueront nos directions syndicales à l'OIT au nom de l'internationalisme.
Martin Gallié
Le 14 juin 2024
Ce texte fait suite à un premier texte paru dans l'édition précédente de presse toi à gauche.
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[1] Voir par exemple l'intervention de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale française en 2022 : « A l'ONU, dans le vote sur la résolution à propos de l'Ukraine, notant l'abstention de l'Inde et de la Chine, c'est-à-dire de 50 % de l'humanité. C'est un signal d'une extrême importance. Un autre ordre géopolitique du monde s'installe déjà, à partir de l'Asie. Il est temps alors d'actualiser nos conceptions ». https://lafranceinsoumise.fr/2022/02/28/guerre-en-ukraine-intervention-de-jean-luc-melenchon-a-lassemblee-nationale/

Législatives (France) - Nouveau Front populaire : un programme économique d’alternative au macronisme

Présenté le 14 juin, le programme économique de l'alliance de gauche est classiquement social-démocrate : il met l'accent sur le rôle de l'État, la lutte contre les inégalités et le détricotage des réformes macronistes.
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
14 juin 2024
Par Romaric Godin
La part économique du « contrat de législature » du Nouveau Front populaire (NFP) n'est pas à proprement parler un programme. On n'y trouvera pas d'éléments de chiffrage, mais c'est le corollaire naturel d'une campagne courte. En revanche, ce contrat dessine un certain nombre d'actions prévues selon un calendrier en trois phases : dans les deux premières semaines, dans les cent jours et dans le reste de la législature.
Cette division chronologique permet de distinguer les priorités et de déployer une action en posant les fondements de décisions plus profondes. En cela, ce projet n'abandonne pas une ambition de transformation qui constitue sa troisième partie. Mais il prend en compte la situation politique et sociale qui impose d'abord de réparer un pays soumis à la violence néolibérale depuis près de quinze ans.
Soutien au niveau de vie
La première étape pourrait donc être qualifiée de « défensive », il s'agit d'en finir avec la violence néolibérale de l'ère Macron, en prenant des mesures de protection et en revenant sur certaines réformes. Il y aura donc une abrogation dela réforme des retraites de 2023et de la réforme de l'assurance-chômage (rien n'est précisé concernant les trois précédentes réformes).
La protection, elle, passe par une tentative de maîtrise de l'inflation par « le blocage des prix des biens de première nécessité dans l'alimentation, l'énergie et les carburants ». Dans le domaine agricole, la garantie du prix plancher est ainsi compensée par une taxation des superprofits de l'agro-industrie et de la grande distribution, empêchant le cercle vicieux de l'effet d'aubaine pour les profits qui a enflammé les prix en 2022 et 2023.
Mais la question du niveau de vie est moins aujourd'hui l'augmentation actuelle des prix que leur niveau depuis trois ans au regard de l'évolution des salaires. C'est pour cette raison que les mesures proposées sont d'abord centrées sur le renforcement des revenus : augmentation du minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté, l'augmentation du Smic à 1 600 euros net, hausse de 10 % du point d'indice des fonctionnaires.
Cette politique peut être qualifiée de « réparatrice » pour venir compenser la baisse du niveau de vie que l'inflation a induite depuis 2021. Ces premières mesures peuvent paraître relativement modestes et elles le sont, mais elles sont aussi les seules qui peuvent être prises rapidement par la décision d'un gouvernement. Compte tenu de l'état désastreux du secteur du commerce en France, ces mesures ne peuvent cependant qu'être un soutien, au moins provisoire, à l'activité dans les premières semaines.
Le projet de loi de finances rectificative du 4 août viendra rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) « renforcé avec un volet climatique ».
Les cent premiers jours du gouvernement de ce Nouveau Front populaire verront l'élargissement des mesures de soutien à l'économie. L'union de la gauche propose ainsi le rétablissement dans les trois mois de l'indexation des salaires sur l'inflation en parallèle d'une grande « conférence sociale sur les salaires, l'emploi et la qualification ». L'articulation de ces deux mesures reste en grande partie à construire et le projet ne précise pas quels seront les objectifs de ladite conférence. Une chose est certaine : après quatre décennies de néolibéralisme, l'État devra soutenir fermement les intérêts du travail contre la tentation du chantage à l'emploi que le capital ne manquera pas d'entonner rapidement.
L'indexation des salaires sur l'inflation arrivera sans doute un peu tard, mais c'est une garantie minimale de protection de leur niveau de vie pour les salariés. Une telle mesure sera-t-elle inflationniste ou récessive dans la mesure où elle pèsera sur les profits ? pas nécessairement. Elle permettra d'éviter tout recul de la consommation comme ce fut le cas en 2023 en France et donc assurera des débouchés sur le marché intérieur pour les entreprises nationales.
Certes, sans augmentation de la productivité, il pourrait y avoir un effet inflationniste. Mais là encore, l'indexation des salaires sur l'inflation, en faisant pression sur la rentabilité des entreprises, est une incitation directe pour les entreprises à investir et à améliorer leur productivité pour, précisément, réduire la part du travail dans leurs coûts.
Rappelons que quarante ans de politiques néolibérales ont prétendu améliorer les gains de productivité alors même qu'elles ont conduit à une réduction de ces gains. Concernant la France, les aides massives au capital et la baisse du coût du travail ont même eu un effet désincitatif qui a conduit à privilégier les emplois peu productifs, conduisant à un fait inédit depuis plusieurs décennies, une baisse notable et durable de la productivité.
Planification écologique et égalité fiscale
Bref, le projet du NFP n'est pas « anti-économique » ni « absurde » économiquement, même si, on le verra, il convient d'apporter quelques réserves. C'est un pari que le moteur du redressement de la productivité réside non pas dans un soutien aveugle au capital, mais dans un appui aux salaires et dans une politique ambitieuse d'investissements publics.
À ce sujet, le NFP entend mettre en place des investissements ambitieux, notamment dans la transformation écologique. Les aides aux ménages seront « renforcées », permettant d'assurer « l'isolation complète des logements », la rénovation des bâtiments publics sera « accélérée », les « filières françaises et européennes de production d'énergies renouvelables » seront « renforcées ». Ce dernier point reste assez flou, il sera déployé dans la phase suivante, après les cent jours.
Dans cette phase, le NFP propose une politique de « reconstruction industrielle pour mettre fin à la dépendance de la France et de l'Europe dans les domaines stratégiques », qui sera accompagnée d'une inscription dans cette stratégie industrielle des aides publiques aux entreprises, lesquelles seront conditionnées à des critères environnementaux et sociaux. Un pôle public bancaire viendra collecter l'épargne pour le financement de cette politique. Ce dernier élément mis à part, on n'est pas très loin d'une ambition proche des plans de Joe Biden aux États-Unis, qui a mis en place un fléchage des investissements et des aides, accompagné de mesures protectionnistes (défendues par le NFP sous la forme d'une « taxe kilométrique sur les produits importés »). Tout cela est totalement différent des « arrosages massifs » de la politique défendue par Emmanuel Macron.
Ce pôle bancaire public n'est alors pas anecdotique. Il permet précisément de contourner le « privilège exorbitant » que représente le dollar pour les États-Unis. Il s'agit de passer le moins possible par les marchés financiers pour financer des mesures cruciales et urgentes et bien plutôt de piocher dans l'abondante source de l'épargne des ménages.
Le projet du RN, fondé sur l'exploitation économique des minorités et la discrimination, […] s'inscrit largement dans la continuité néolibérale.
Logiquement, pour rendre ce pôle public attractif, le NFP doit brider la finance et propose d'encadrer les investissements bancaires et de mettre en place une taxe sur les transactions financières. En parallèle, les finances publiques seront renforcées, dès les cent jours (le projet évoque la date symbolique du 4 août) par une remise en cause des politiques fiscales anti-redistributives de l'ère Macron.
Ce projet de loi de finances rectificative du 4 août viendra ainsi rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) « renforcé avec un volet climatique » qui pourrait venir frapper les activités les plus écocides. L'« exit tax », venant taxer les plus-values de cession des entreprises délocalisées, détricotée par Emmanuel Macron, sera aussi rétablie. Le projet du NFP propose aussi de supprimer les « niches fiscales inefficaces, injustes et polluantes ».
Ces mesures ne visent pas qu'à financer la politique proposée, mais aussi à réduire les inégalités dont les conséquences néfastes sur l'économie ont été largement documentées. Ainsi, il sera proposé de renforcer la progressivité de l'impôt sur le revenu avec quatorze tranches (contre cinq aujourd'hui), ce qui rendra les effets des hausses de salaires moins violents. La CSG deviendra aussi plus progressive (il existe aujourd'hui seulement quelques taux différenciés dans certains cas). Enfin, l'impôt sur l'héritage sera plus progressif et ciblera les plus hauts patrimoines, avec la mise en place d'un héritage maximum.
Un projet irréaliste ?
Ce projet mériterait encore d'être précisé, la campagne le permettra peut-être, mais il a le mérite de fixer un cap. Et il convient d'emblée d'écarter les critiques venant de la droite et de l'extrême droite et jouant sur les ressorts classiques de l'impossibilité et du caractère dangereux de ce projet. Ce levier classique a déjà été activé par le ministre de l'économie et des finances Bruno Le Mairele 14 juin sur France Info qui, sans avoir vu l'ébauche du programme, publié trois heures plus tard, a déjà promis « le retour du chômage de masse » dans le cas de son application.
La réalité est que, face à ce projet, les deux alternatives ne sont pas plus raisonnables, loin de là. Passons rapidement sur le projet du Rassemblement national, fondé sur l'exploitation économique des minorités et la discrimination et qui ne finance aucune dépense sérieusement et s'inscrit largement dans la continuité néolibérale. Mais le camp macroniste est-il en condition de donner des leçons ?
L'actuelle majorité présidentielle passe son temps à se gargariser de son « succès économique », mais celui-ci est une chimère. La baisse du chômage s'explique en grande partie par la baisse de la productivité et des aides publiques qui financent des bas salaires. La politique menée depuis 2017 a conduit à une dégradation nette et constante des finances publiques par l'affaiblissement des recettes à coups de cadeaux fiscaux pour les entreprises. La croissance, pourtant élevée au rang de vertu cardinale par la majorité sortante, est en berne : le PIB du dernier trimestre se situe encore 1,8 % en deçà de ce qu'aurait été son niveau si la tendance 2009–2019 s'était poursuivie. Et cela, malgré les milliards déversés. Mais, on l'a vu, la crise du niveau de vie est passée par là.
Pour régler cette situation inextricable et compte tenu d'une dégradation historique de la productivité, la seule proposition de la majorité sortante est la répression sociale par l'austérité et par la réduction des droits des travailleurs. C'est la seule façon de rétablir une forme de politique consensuelle au sein du capital entre ceux qui bénéficient des aides publiques et ceux qui veulent des garanties de remboursement de la dette publique. Cette politique a d'ailleurs commencé : après la réforme des retraites en 2023 et la coupe de 10 milliards d'eurosdans le budget en début d'année 2024, le gouvernement n'a d'autres promesses qu'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage et de nouvelles coupes budgétaires massives.
La rhétorique des « réformes douloureuses, mais nécessaires » est un classique du néolibéralisme, mais après sept ans d'Emmanuel Macron à l'Élysée, elle est clairement émoussée. S'il est une chose que prouve cette dissolution en panique, c'est bien l'échec patent de cette politique et son rejet massif par la population française. En cela, les leçons d'économie des partisans du chef de l'État traduisent davantage les positions de classe de ceux qui les formulent qu'une réalité quelconque.
Le projet du Nouveau Front populaire prend acte de cet échec et cherche en partie son inspiration dans la politique de Joe Biden. C'est un projet keynésien et social-démocrate cherchant à rééquilibrer la distribution de richesses et à stimuler l'investissement par la demande et la dépense publique.
Les obstacles
Un tel chemin n'est cependant pas sans obstacles. Compte tenu de l'état du capitalisme, il est difficile d'envisager qu'une quelconque politique économique se résume à une promenade de santé. La question n'est pas réellement là, mais bien plutôt dans les priorités qui sont posées. Doit-on protéger d'abord les salariés et, parmi eux, les plus faibles, ou favoriser l'accumulation du capital ? Doit-on faire de l'écologie une priorité absolue face à la croissance ? Ces questions vont inévitablement se poser à un potentiel gouvernement de gauche.
La politique préconisée par le NFP vient rompre l'alliance scellée par le macronisme entre le capital financier et le capital industriel que l'on vient de décrire. Inévitablement, le premier et une partie du second, effrayés par la politique de redistribution, entreront en conflit avec le gouvernement français. Ce dernier, comme durant la période 1981-1983 ou celle du quinquennat Hollande, sera sous la pression des classes dominantes qui, se sentant attaquées, vont riposter par des fuites de capitaux et par un chantage à l'emploi.
Si la Banque centrale européenne (BCE) dispose désormais des moyens de contrer une véritable crise de la dette publique, on a vu dans le cas grec voici dix ans que cette institution pouvait n'être pas aussi neutre politiquement qu'elle le prétend. Francfort pourrait faire pression sur Paris et, là encore, il faudra tenir et placer la BCE face à ses responsabilités.
Il en sera de même avec Bruxelles. Le projet du NFP insiste sur son rejet de l'austérité et des nouvelles règles budgétaires européennes. Mais là encore, cela implique de ne pas se soumettre aux demandes de la Commission et d'en assumer les conséquences. La France est un pays clé de la zone euro et une source de matière première incontournable pour les marchés financiers.
Une crise de la dette française risquerait de tourner en une crise financière généralisée. Il faudra donc tenir le cap et ne pas céder à la panique et aux pressions. Pour cela, il semble indispensable que se construise un mouvement social fort en soutien à cette politique et conscient des sacrifices à faire pour construire un avenir durable hors du néolibéralisme.
Il reste un autre écueil à ce projet. Le pari qui est fait ici est celui d'une possibilité du « capitalisme vert et social ». C'est ce qui fait que ce projet est authentiquement social-démocrate, il entend donner une chance au système actuel d'être, avec l'appui de l'État, plus vertueux socialement et écologiquement. Le projet n'évoque aucun projet de dépassement de la croissance comme horizon, ni de renforcement majeur du pouvoir des travailleurs (ni même de l'État).
Or, il existe une hypothèse que ce projet soit au-delà des forces du capitalisme actuel et qu'il faille engager une transformation beaucoup plus profonde du système économique pour faire face aux crises écologiques et sociales, notamment remettre en cause la logique des besoins capitalistes et l'accumulation même du capital. Dans ce cas, quel sera le chemin choisi par cette alliance politique ? Tout retour en arrière supposera une aggravation de l'exploitation de la nature et du travail.
L'urgence de ces élections législatives a conduit l'alliance de gauche à favoriser un projet permettant de lisser ses divergences internes sur l'économie, notamment sur la question de la croissance, essentielle pour faire face aux crises actuelles. Mais l'exercice du pouvoir ne manquera pas de ramener ces questions au premier plan. L'enjeu sera alors de construire un nouveau compromis, permettant d'affronter ces difficultés.
Il faut noter cependant que ces difficultés, contrairement à ce que l'on entend souvent, ne sont pas le signe d'un irréalisme de la politique proposée, mais bien plutôt du fait que les priorités énoncées permettent de se confronter réellement à la situation concrète du capitalisme contemporain. C'est donc une option difficile, mais profondément réaliste. À l'inverse, l'option néolibérale se berce dans l'illusion que faciliter l'accumulation du capital permettra de résoudre l'ensemble des problèmes sociaux et écologiques.
Le projet du Nouveau Front populaire n'est donc pas la caricature que ses adversaires en font. Mais si l'on considère que son esprit est la priorité donnée à la résolution de la double crise environnementale et sociale, son principal obstacle réside bien davantage dans sa détermination politique que dans de supposées « lois économiques » immuables.
Romaric Godin
P.-S.
• Mediapart, 14 juin 2024 à 19h01 :
https://www.mediapart.fr/journal/politique/140624/nouveau-front-populaire-un-programme-economique-d-alternative-au-macronisme
Législatives (France) - Nouveau Front populaire : un programme économique d'alternative au macronisme
vendredi 14 juin 2024, par GODIN Romaric
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programme (économique)
Alternatives (Fr)
Nouveau Front Populaire (France)
Présenté le 14 juin, le programme économique de l'alliance de gauche est classiquement social-démocrate : il met l'accent sur le rôle de l'État, la lutte contre les inégalités et le détricotage des réformes macronistes.
Sommaire
Soutien au niveau de vie
Planification écologique (...)
Un projet irréaliste ?
Les obstacles
La part économique du « contrat de législature » du Nouveau Front populaire (NFP) n'est pas à proprement parler un programme. On n'y trouvera pas d'éléments de chiffrage, mais c'est le corollaire naturel d'une campagne courte. En revanche, ce contrat dessine un certain nombre d'actions prévues selon un calendrier en trois phases : dans les deux premières semaines, dans les cent jours et dans le reste de la législature.
La présentation du programme du Nouveau Front populaire à Paris le 14 juin. © JULIEN DE ROSA / AFP
Cette division chronologique permet de distinguer les priorités et de déployer une action en posant les fondements de décisions plus profondes. En cela, ce projet n'abandonne pas une ambition de transformation qui constitue sa troisième partie. Mais il prend en compte la situation politique et sociale qui impose d'abord de réparer un pays soumis à la violence néolibérale depuis près de quinze ans.
Soutien au niveau de vie
La première étape pourrait donc être qualifiée de « défensive », il s'agit d'en finir avec la violence néolibérale de l'ère Macron, en prenant des mesures de protection et en revenant sur certaines réformes. Il y aura donc une abrogation de la réforme des retraites de 2023 et de la réforme de l'assurance-chômage (rien n'est précisé concernant les trois précédentes réformes).
La protection, elle, passe par une tentative de maîtrise de l'inflation par « le blocage des prix des biens de première nécessité dans l'alimentation, l'énergie et les carburants ». Dans le domaine agricole, la garantie du prix plancher est ainsi compensée par une taxation des superprofits de l'agro-industrie et de la grande distribution, empêchant le cercle vicieux de l'effet d'aubaine pour les profits qui a enflammé les prix en 2022 et 2023.
Mais la question du niveau de vie est moins aujourd'hui l'augmentation actuelle des prix que leur niveau depuis trois ans au regard de l'évolution des salaires. C'est pour cette raison que les mesures proposées sont d'abord centrées sur le renforcement des revenus : augmentation du minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté, l'augmentation du Smic à 1 600 euros net, hausse de 10 % du point d'indice des fonctionnaires.
Cette politique peut être qualifiée de « réparatrice » pour venir compenser la baisse du niveau de vie que l'inflation a induite depuis 2021. Ces premières mesures peuvent paraître relativement modestes et elles le sont, mais elles sont aussi les seules qui peuvent être prises rapidement par la décision d'un gouvernement. Compte tenu de l'état désastreux du secteur du commerce en France, ces mesures ne peuvent cependant qu'être un soutien, au moins provisoire, à l'activité dans les premières semaines.
Le projet de loi de finances rectificative du 4 août viendra rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) « renforcé avec un volet climatique ».
Les cent premiers jours du gouvernement de ce Nouveau Front populaire verront l'élargissement des mesures de soutien à l'économie. L'union de la gauche propose ainsi le rétablissement dans les trois mois de l'indexation des salaires sur l'inflation en parallèle d'une grande « conférence sociale sur les salaires, l'emploi et la qualification ». L'articulation de ces deux mesures reste en grande partie à construire et le projet ne précise pas quels seront les objectifs de ladite conférence. Une chose est certaine : après quatre décennies de néolibéralisme, l'État devra soutenir fermement les intérêts du travail contre la tentation du chantage à l'emploi que le capital ne manquera pas d'entonner rapidement.
L'indexation des salaires sur l'inflation arrivera sans doute un peu tard, mais c'est une garantie minimale de protection de leur niveau de vie pour les salariés. Une telle mesure sera-t-elle inflationniste ou récessive dans la mesure où elle pèsera sur les profits ? pas nécessairement. Elle permettra d'éviter tout recul de la consommation comme ce fut le cas en 2023 en France et donc assurera des débouchés sur le marché intérieur pour les entreprises nationales.
Certes, sans augmentation de la productivité, il pourrait y avoir un effet inflationniste. Mais là encore, l'indexation des salaires sur l'inflation, en faisant pression sur la rentabilité des entreprises, est une incitation directe pour les entreprises à investir et à améliorer leur productivité pour, précisément, réduire la part du travail dans leurs coûts.
Rappelons que quarante ans de politiques néolibérales ont prétendu améliorer les gains de productivité alors même qu'elles ont conduit à une réduction de ces gains. Concernant la France, les aides massives au capital et la baisse du coût du travail ont même eu un effet désincitatif qui a conduit à privilégier les emplois peu productifs, conduisant à un fait inédit depuis plusieurs décennies, une baisse notable et durable de la productivité.
Planification écologique et égalité fiscale
Bref, le projet du NFP n'est pas « anti-économique » ni « absurde » économiquement, même si, on le verra, il convient d'apporter quelques réserves. C'est un pari que le moteur du redressement de la productivité réside non pas dans un soutien aveugle au capital, mais dans un appui aux salaires et dans une politique ambitieuse d'investissements publics.
À ce sujet, le NFP entend mettre en place des investissements ambitieux, notamment dans la transformation écologique. Les aides aux ménages seront « renforcées », permettant d'assurer « l'isolation complète des logements », la rénovation des bâtiments publics sera « accélérée », les « filières françaises et européennes de production d'énergies renouvelables » seront « renforcées ». Ce dernier point reste assez flou, il sera déployé dans la phase suivante, après les cent jours.
Dans cette phase, le NFP propose une politique de « reconstruction industrielle pour mettre fin à la dépendance de la France et de l'Europe dans les domaines stratégiques », qui sera accompagnée d'une inscription dans cette stratégie industrielle des aides publiques aux entreprises, lesquelles seront conditionnées à des critères environnementaux et sociaux. Un pôle public bancaire viendra collecter l'épargne pour le financement de cette politique. Ce dernier élément mis à part, on n'est pas très loin d'une ambition proche des plans de Joe Biden aux États-Unis, qui a mis en place un fléchage des investissements et des aides, accompagné de mesures protectionnistes (défendues par le NFP sous la forme d'une « taxe kilométrique sur les produits importés »). Tout cela est totalement différent des « arrosages massifs » de la politique défendue par Emmanuel Macron.
Ce pôle bancaire public n'est alors pas anecdotique. Il permet précisément de contourner le « privilège exorbitant » que représente le dollar pour les États-Unis. Il s'agit de passer le moins possible par les marchés financiers pour financer des mesures cruciales et urgentes et bien plutôt de piocher dans l'abondante source de l'épargne des ménages.
Le projet du RN, fondé sur l'exploitation économique des minorités et la discrimination, […] s'inscrit largement dans la continuité néolibérale.
Logiquement, pour rendre ce pôle public attractif, le NFP doit brider la finance et propose d'encadrer les investissements bancaires et de mettre en place une taxe sur les transactions financières. En parallèle, les finances publiques seront renforcées, dès les cent jours (le projet évoque la date symbolique du 4 août) par une remise en cause des politiques fiscales anti-redistributives de l'ère Macron.
Ce projet de loi de finances rectificative du 4 août viendra ainsi rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) « renforcé avec un volet climatique » qui pourrait venir frapper les activités les plus écocides. L'« exit tax », venant taxer les plus-values de cession des entreprises délocalisées, détricotée par Emmanuel Macron, sera aussi rétablie. Le projet du NFP propose aussi de supprimer les « niches fiscales inefficaces, injustes et polluantes ».
Ces mesures ne visent pas qu'à financer la politique proposée, mais aussi à réduire les inégalités dont les conséquences néfastes sur l'économie ont été largement documentées. Ainsi, il sera proposé de renforcer la progressivité de l'impôt sur le revenu avec quatorze tranches (contre cinq aujourd'hui), ce qui rendra les effets des hausses de salaires moins violents. La CSG deviendra aussi plus progressive (il existe aujourd'hui seulement quelques taux différenciés dans certains cas). Enfin, l'impôt sur l'héritage sera plus progressif et ciblera les plus hauts patrimoines, avec la mise en place d'un héritage maximum.
Un projet irréaliste ?
Ce projet mériterait encore d'être précisé, la campagne le permettra peut-être, mais il a le mérite de fixer un cap. Et il convient d'emblée d'écarter les critiques venant de la droite et de l'extrême droite et jouant sur les ressorts classiques de l'impossibilité et du caractère dangereux de ce projet. Ce levier classique a déjà été activé par le ministre de l'économie et des finances Bruno Le Maire le 14 juin sur France Info qui, sans avoir vu l'ébauche du programme, publié trois heures plus tard, a déjà promis « le retour du chômage de masse » dans le cas de son application.
La réalité est que, face à ce projet, les deux alternatives ne sont pas plus raisonnables, loin de là. Passons rapidement sur le projet du Rassemblement national, fondé sur l'exploitation économique des minorités et la discrimination et qui ne finance aucune dépense sérieusement et s'inscrit largement dans la continuité néolibérale. Mais le camp macroniste est-il en condition de donner des leçons ?
L'actuelle majorité présidentielle passe son temps à se gargariser de son « succès économique », mais celui-ci est une chimère. La baisse du chômage s'explique en grande partie par la baisse de la productivité et des aides publiques qui financent des bas salaires. La politique menée depuis 2017 a conduit à une dégradation nette et constante des finances publiques par l'affaiblissement des recettes à coups de cadeaux fiscaux pour les entreprises. La croissance, pourtant élevée au rang de vertu cardinale par la majorité sortante, est en berne : le PIB du dernier trimestre se situe encore 1,8 % en deçà de ce qu'aurait été son niveau si la tendance 2009–2019 s'était poursuivie. Et cela, malgré les milliards déversés. Mais, on l'a vu, la crise du niveau de vie est passée par là.
Pour régler cette situation inextricable et compte tenu d'une dégradation historique de la productivité, la seule proposition de la majorité sortante est la répression sociale par l'austérité et par la réduction des droits des travailleurs. C'est la seule façon de rétablir une forme de politique consensuelle au sein du capital entre ceux qui bénéficient des aides publiques et ceux qui veulent des garanties de remboursement de la dette publique. Cette politique a d'ailleurs commencé : après la réforme des retraites en 2023 et la coupe de 10 milliards d'euros dans le budget en début d'année 2024, le gouvernement n'a d'autres promesses qu'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage et de nouvelles coupes budgétaires massives.
La rhétorique des « réformes douloureuses, mais nécessaires » est un classique du néolibéralisme, mais après sept ans d'Emmanuel Macron à l'Élysée, elle est clairement émoussée. S'il est une chose que prouve cette dissolution en panique, c'est bien l'échec patent de cette politique et son rejet massif par la population française. En cela, les leçons d'économie des partisans du chef de l'État traduisent davantage les positions de classe de ceux qui les formulent qu'une réalité quelconque.
Le projet du Nouveau Front populaire prend acte de cet échec et cherche en partie son inspiration dans la politique de Joe Biden. C'est un projet keynésien et social-démocrate cherchant à rééquilibrer la distribution de richesses et à stimuler l'investissement par la demande et la dépense publique.
Les obstacles
Un tel chemin n'est cependant pas sans obstacles. Compte tenu de l'état du capitalisme, il est difficile d'envisager qu'une quelconque politique économique se résume à une promenade de santé. La question n'est pas réellement là, mais bien plutôt dans les priorités qui sont posées. Doit-on protéger d'abord les salariés et, parmi eux, les plus faibles, ou favoriser l'accumulation du capital ? Doit-on faire de l'écologie une priorité absolue face à la croissance ? Ces questions vont inévitablement se poser à un potentiel gouvernement de gauche.
La politique préconisée par le NFP vient rompre l'alliance scellée par le macronisme entre le capital financier et le capital industriel que l'on vient de décrire. Inévitablement, le premier et une partie du second, effrayés par la politique de redistribution, entreront en conflit avec le gouvernement français. Ce dernier, comme durant la période 1981-1983 ou celle du quinquennat Hollande, sera sous la pression des classes dominantes qui, se sentant attaquées, vont riposter par des fuites de capitaux et par un chantage à l'emploi.
Si la Banque centrale européenne (BCE) dispose désormais des moyens de contrer une véritable crise de la dette publique, on a vu dans le cas grec voici dix ans que cette institution pouvait n'être pas aussi neutre politiquement qu'elle le prétend. Francfort pourrait faire pression sur Paris et, là encore, il faudra tenir et placer la BCE face à ses responsabilités.
Il en sera de même avec Bruxelles. Le projet du NFP insiste sur son rejet de l'austérité et des nouvelles règles budgétaires européennes. Mais là encore, cela implique de ne pas se soumettre aux demandes de la Commission et d'en assumer les conséquences. La France est un pays clé de la zone euro et une source de matière première incontournable pour les marchés financiers.
Une crise de la dette française risquerait de tourner en une crise financière généralisée. Il faudra donc tenir le cap et ne pas céder à la panique et aux pressions. Pour cela, il semble indispensable que se construise un mouvement social fort en soutien à cette politique et conscient des sacrifices à faire pour construire un avenir durable hors du néolibéralisme.
Il reste un autre écueil à ce projet. Le pari qui est fait ici est celui d'une possibilité du « capitalisme vert et social ». C'est ce qui fait que ce projet est authentiquement social-démocrate, il entend donner une chance au système actuel d'être, avec l'appui de l'État, plus vertueux socialement et écologiquement. Le projet n'évoque aucun projet de dépassement de la croissance comme horizon, ni de renforcement majeur du pouvoir des travailleurs (ni même de l'État).
Or, il existe une hypothèse que ce projet soit au-delà des forces du capitalisme actuel et qu'il faille engager une transformation beaucoup plus profonde du système économique pour faire face aux crises écologiques et sociales, notamment remettre en cause la logique des besoins capitalistes et l'accumulation même du capital. Dans ce cas, quel sera le chemin choisi par cette alliance politique ? Tout retour en arrière supposera une aggravation de l'exploitation de la nature et du travail.
L'urgence de ces élections législatives a conduit l'alliance de gauche à favoriser un projet permettant de lisser ses divergences internes sur l'économie, notamment sur la question de la croissance, essentielle pour faire face aux crises actuelles. Mais l'exercice du pouvoir ne manquera pas de ramener ces questions au premier plan. L'enjeu sera alors de construire un nouveau compromis, permettant d'affronter ces difficultés.
Il faut noter cependant que ces difficultés, contrairement à ce que l'on entend souvent, ne sont pas le signe d'un irréalisme de la politique proposée, mais bien plutôt du fait que les priorités énoncées permettent de se confronter réellement à la situation concrète du capitalisme contemporain. C'est donc une option difficile, mais profondément réaliste. À l'inverse, l'option néolibérale se berce dans l'illusion que faciliter l'accumulation du capital permettra de résoudre l'ensemble des problèmes sociaux et écologiques.
Le projet du Nouveau Front populaire n'est donc pas la caricature que ses adversaires en font. Mais si l'on considère que son esprit est la priorité donnée à la résolution de la double crise environnementale et sociale, son principal obstacle réside bien davantage dans sa détermination politique que dans de supposées « lois économiques » immuables.
Romaric Godin
P.-S.
• Mediapart, 14 juin 2024 à 19h01 :
https://www.mediapart.fr/journal/politique/140624/nouveau-front-populaire-un-programme-economique-d-alternative-au-macronisme
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Le sport et les jeux olympiques de Paris

Par souci de clarté et à l'invitation de Jean-Marie Brohm, nous avons parfois réécrit et précisé des éléments de réflexion en s'inspirant de formules qu'il emploie dans son ouvrage « Théorie critique du sport », Quel sport ?, 2017.
Propos recueillis par Gary Libot, journaliste au Chiffon.
30 décembre 2023 | tiré du site Le chiffon
https://www.lechiffon.fr/entretien-avec-jean-marie-brohm-presque-plus-personne-ne-critique-lideologie-et-la-pratique-sportive/
Le Chiffon – Quand le sport apparaît-il ? Est-il consubstantiel à l'activité physique humaine ?
Jean-Marie Brohm – Il y a deux réponses possibles. La première provient de l'idéologie sportive traditionnelle. Des auteurs très sérieux expliquent que depuis des temps immémoriaux l'homme est un sportif qui pratique la natation, la course, la lutte, la boxe, etc.
La seconde réponse cherche à distinguer plusieurs choses. D'une part, elle rappelle qu'il y a des « activités corporelles » constitutives de l'humain depuis son hominisation. C'est ce que le grand anthropologue Marcel Mauss va appeler les « techniques du corps ». C'est le fait de savoir marcher, sauter, courir, nager, faire l'amour, accoucher, etc. Ces techniques du corps sont en partie variables d'une culture à l'autre et peuvent être considérées comme des activités physiques.
D'autre part, il y a le « sport » proprement dit, c'est-à-dire l'institution de la compétition physique codifiée. On le voit apparaître dans l'Antiquité. Mais il y a une césure très nette entre le sport dit « antique » (Grec) qui était un acte cultuel et le sport dit « moderne ».
Globalement, le sport moderne commence à se forger vers 1750 en Angleterre, c'est-à-dire là où le capitalisme s'ébauche . Les premiers sports institués avec des fédérations, des règlements, des records, vont être le rugby, le football, l'athlétisme, l'équitation et le tennis.
Le sport s'organise autour de trois caractéristiques majeurs. Primo, la compétition systématique comme finalité. Secundo, l'entraînement régulier comme préparation à la compétition. Tertio, l'insertion dans une structure institutionnelle organisant et contrôlant l'activité sportive (fédérations, clubs, comités, etc.) selon des règles strictes (classes d'âge et de poids, licences, conditions d'accès aux épreuves, etc.). Mais les frontières entre activités physiques et pratiques sportives peuvent être perméables. En outre, il y a une tendance à la professionnalisation (via le salariat) des sportifs, c'est-à-dire leur transformation en capital. C'est ce qu'entament les premiers clubs anglais de football qui vont ensuite s'exporter en France, notamment au Havre.
En somme, je distinguerais les « techniques du corps » spécialisées de l'être humain – que l'éducation physique contemporaine permet de stimuler – et le sport proprement dit qui est éminemment lié au capitalisme.
Pouvez-vous revenir sur les fondamentaux de la critique du sport ?
Rentrons un peu plus dans le détail. Le sport s'est avant tout organisé autour de la compétition qui est chronométrage (dimension temporelle) et mesure au millimètre près (dimension spatiale). Il faut la distinguer de l'agôn grecque qui était une confrontation dans l'effort physique sans découpage mesuré des performances.
Le sport moderne commence en Angleterre avec la chronométrie. Soit dit en passant, c'est pour cela que nous avions pour épigraphe de la revue Chrono enrayé « Les chronomètres n'ont fait jusqu'ici que mesurer les efforts aliénés de l'humanité, il s'agit à présent de les briser ». Cette compétition implique la lutte contre soi (dépassement de soi), contre les concurrents (dépassement des limites, quête de l'exploit suprême) et contre la nature (maîtrise des éléments et des situations).
Chez les Grecs, ce cadre compétitif n'était pas clairement défini. Même s'il faut noter que l'on a très peu d'information sur le déroulé des Jeux olympiques antique qui sont supposés avoir commencé au VIIe siècle avec J.C. dans la ville d'Olympie. Au début du XXe siècle, Pierre de Coubertin a profité de ce flou pour le combler par son imagination, forgeant l'idéologie olympique. Mais il a créé une vision imaginaire et fantasmée d'Olympie et des Grecs1.
Puis, il y a la professionnalisation. Dans les années 1920, il y avait des débats pour savoir si un sportif amateur pouvait être un vrai sportif. Les réponses apportées par les Étasuniens, les Anglais, les Allemands ou les Français ont tendu à dire que non. Lorsque Juan Antonio Samaranch, ex-franquiste, prend les rênes du Comité international olympique en 1980, il dit en gros « l'amateurisme c'est terminé », alors les sportifs vont de plus en plus être des salariés rémunérés pour faire carrière. Ça, c'est la structure globale du sport.
Ensuite, il y a ce que j'ai appelé la « sportivisation » de la société. C'est-à-dire que toutes les activités physiques aujourd'hui sans exception ont tendance à être transformées en sport. Par exemple les balades à vélo, la course à pied, le badminton, le ping-pong, etc. tendent à passer sous la coupe de la compétition. De plus en plus souvent, lors d'un jeu il faut savoir qui est le meilleur.
Le sport a en définitive pour caractéristique de cliver à l'infini le corps social : pratiquants et non pratiquants, hommes et femmes, jeunes et vieux, valides et invalides, vainqueurs et perdants, dopés et non dopés, professionnels et amateurs, masse et élite, experts et débutants, etc.
Je tiens à ajouter qu'en plus de cela, le sport a trois piliers idéologiques. À savoir : « Quel est le meilleur sportif de tous les temps ? », et ce pour chaque discipline. C'est ce sur quoi spécule très bien le journal L'Équipe par exemple. Ensuite : « Jusqu'où pourront aller les records ? » (« Plus vite – Plus haut – Plus fort », comme le dit bien devise olympique). Enfin : « Le potentiel du corps humain est-il illimité ? ».
C'est sur ce dernier point que se greffe entre autre la pratique du dopage qui cherche à augmenter les potentialités biologiques, psychologiques, alimentaires, cardiaques, respiratoires de l'être humain. Aujourd'hui, le dopage se prolonge dans les discours sur le « post-humain » qui s'appuient sur la recherche scientifique et technologique pour poursuivre avec de nouveaux moyens (prothèses, biotechnologies, etc.) l'« amélioration » des performances physiques.
La Théorie critique du sport a pour but de rappeler que le sport, c'est avant tout cela. Et il faut notamment le faire comprendre aux professeurs d'éducation physique et sportive (EPS). J'ai essayé d'expliquer à mes collègues à l'École émancipée2 que l'éducation physique ce n'est pas le sport. Que le sport n'est pas un moyen privilégié d'éducation physique puisque précisément, il consiste à éviter la solidarité, à augmenter la violence de la compétition et le narcissisme égotique.
L'une des objections que l'on pourrait vous faire consisterait à dire que le sport n'est pas le problème en prenant l'exemple de la danse ou des échecs qui sont eux aussi soumis à la compétition et à la professionnalisation de la pratique. Cela est-il pour autant néfaste ? Peut-on dire que la danse et les échecs sont des sports ?
Là, il faut revenir à des questions fondamentales. Que produit un sportif ? Pas grand-chose, à part de la sueur et du spectacle. Alors, vous me direz que les danseurs ou les joueurs d'échec produisent aussi sueur et spectacle. Mais la différence essentielle, c'est que les danseurs sont au service d'une œuvre. Si l'on prend un danseur du Sacre du Printemps mis en scène par Maurice Béjart, par exemple, il participe à une œuvre immortelle.
En contre-point, que produit du point de vue esthétique et culturelle le sportif ? Presque rien. Ce dernier tend à être oublié rapidement après son apogée, englouti dans le renouvellement incessant des champions.
À ce moment-là, il faudrait distinguer sport et culture. Quels seraient les critères pour séparer l'un de l'autre ?
Le sport n'est pas une culture. C'est comme si l'on disait que la guerre, c'est une culture. Nous pourrions aussi dire cela après tout ! Qu'il y a une « culture guerrière », une « culture militaire ». Mais si tout est culture, plus rien n'est culture.
Nombreux sont les philosophes, notamment Platon, à avoir fait la distinction entre ce qui élève l'intelligence (la noblesse d'âme, nous pourrions dire) et la culture de masse. Je dis qu'une culture de masse est rarement une culture. C'est un pléonasme. À contrario, le sport est aujourd'hui un élément de contrôle social massif.
Herbert Marcuse écrit dans Éros et Civilisation que l' « Éros » ce n'est pas seulement faire l'amour, mais que cela a à voir avec la culture comme force de pacification générale des sociétés. Il y a certes un côté utopique là-dedans. Nous sommes en tout cas bien loin de l'affrontement institué par la pratique sportive. La culture, c'est autre chose que l'affrontement de bovins qui font 120 kilos dans la première ligne de rugby en se rentrant dans le lard avec une violence inouïe. C'est autre chose que le rassemblement de meute de spectateurs. C'est autre chose que la violence et l'infantilisation émotionnelle des supporters. Ce n'est pas cela la culture.
Le sport est aussi un instrument de massification totalitaire. Aujourd'hui il n'y a pas un État, qu'il soit dit « libéral », autoritaire ou totalitaire, qui n'utilise massivement le sport. Et ce grâce à une homologie structurelle entre le défilé militaire et défilé sportif. Le tout pour la pérennisation des régimes en place. Le sport est un instrument d'asservissement politique et cela est vrai mondialement : à l'Est comme à l'Ouest (avec le sport dit « socialiste » comme « capitaliste » au XXe siècle), au Nord comme au Sud. Le sport joue le même rôle de stabilisateur de l'ordre établi, quels que soient les régimes politiques des sociétés qui sont toutes sous l'hégémonie du capital financier international. Cela ne fait pas du sport une culture.
Si l'on prend le Sacre du Printemps ou la cinquième symphonie de Beethoven, elle peut être utilisée par les pouvoirs en place (les nazis l'ont fait par exemple) mais l'œuvre transcende, dépasse largement ces régimes. Alors que la « culture de masse » dont fait partie le sport s'épuise dans le moule des régimes politiques, elle ne peut les dépasser. Elle en est le produit. C'est une des raisons pour laquelle c'est une culture abrutissante, une culture Prisunic. Ce qui est terrible, c'est qu'une grande partie de la jeunesse – et notamment gauchisante – passe une partie de son temps à la consommer, par l'intermédiaire des écrans entre autre.
Quels pourraient être selon vous les progrès dans l' « aliénation sportive » observables depuis dix ans ?
Aujourd'hui la critique du sport est ultra-minoritaire. Presque plus personne ne critique l'idéologie et la pratique sportive : nous passons pour des hurluberlus ! En 1980 aux Jeux olympiques de Moscou, ou en 2008 aux Jeux de Pékin, il y avait encore des comités de boycott. Aujourd'hui, ce type d'action et de critique me semble plus marginale. C'est ce qui me fait notamment dire que – par exemple – le passage de la flamme olympique dans les différentes bourgades françaises ne sera pas contesté.
Pour la quasi totalité des observateurs des pratiques sportives le sport serait en effet ni aliénation, ni émancipation, ni de gauche, ni de droite, ni répressif, ni permissif, ni réactionnaire, ni progressiste, mais tout cela à la fois dans un melting pot idéologique « à la carte ». Actuellement, nous pourrions évoquer les réflexions de Pascal Boniface, de Stéphane Beaud ou George Vigarello.
De la même manière, tous les syndicats sans exception [NDLR : la Confédération nationale du travail (CNT) et l'Union syndicale Solidaires s'opposent à la tenue des JO] ont accompagné l'accueil des JO de Paris et diront que cet événement est magnifique. Le problème dans tout cela c'est que l'idéologie sportive demeure largement impensée. Les gens peuvent admettre que le fascisme ou le libéralisme sont des idéologies politiques contestables. Mais le sport, lui, paraît propre, pur et universel. Et Pierre de Coubertin, je le rappelle, est la mère pondeuse de cette idéologie.
Votre analyse repose sur une vision du corps modelée par le freudo-marxisme, courant intellectuelle qui se structure dans les années 1950. Pouvez-vous nous en dire plus sur la manière dont vous définissez le corps et un quoi la pratique sportive l'aliène selon vous ?
Ma vision s'appuie sur celle de penseurs très importants comme Sigmund Freud, Herbert Marcuse ou Wilhem Reich. La question du corps est une question, au fond, philosophique. Il n'y a pas de corps en dehors d'une subjectivité. Et la subjectivité du sportif en tant que sportif n'existe pas, il ne fait que travailler sa capacité d'obéissance et de « résilience ». Sa subjectivité est atrophiée parce que le sportif est sous les ordres d'un entraîneur et contraint à un effort morcelé et rationalisé qui ne lui appartient pas.
Le corps se construit aussi dans l'intersubjectivité : dans le rapport aux autres. Et donc dans l'interculturalité, dans le rapport aux cultures dont sont porteur les autres. Le corps est une histoire, une singularité. La pratique sportive alliée à la publicité qui en est faite tend à homogénéiser les corps. La préoccupation devient la forme des muscles, le tracé des abdominaux, etc. Dans ce cadre, la subjectivité s'homogénéise, la dimension culturelle du corps est niée. Les corps perdent petit à petit leur histoire propre.
Dans la perspective du corps sportif, la question n'est plus : « Comment puis-je explorer mon corps, et m'épanouir à son contact ? », elle devient : « Comment peut-on augmenter mon corps ? ». Question qui a à voir avec les recherches menées dans le cadre du transhumanisme et du post-humain dont je viens de parler3. Ces dernières tendent aussi à nier le caractère biologique du corps, en plus de son caractère culturel. Le transhumanisme pense le corps comme une construction sociale modifiable à volonté pour se mettre au service des fins recherchées. Alors que le corps a un aspect biologique irrécusable. Il est en réalité un entremêlement de dimensions biologique, médical, psychologique, culturelle, spirituelle et philosophique. Et il faut bien dire que la pratique sportive encadre les pratiques corporelles et les aliènent à son principe de rendement.
À quoi pourrait ressembler une pratique physique qui soit émancipatrice ?
Je crois qu'il n'y en a pas pour l'instant. Pourquoi ? Parce que le fondement de la subjectivité corporelle, c'est d'une part la famille et d'autre part le travail. Tant que ce socle constitutif du corps n'aura pas été transformé en son fond, il n'y aura pas de libération de notre rapport à notre corps parce qu'il continuera d'être soumis à un principe de rendement, comme Herbert Marcuse en a d'ailleurs ébauché une critique remarquable.
En revanche, il est possible de trouver ici ou là des pratiques de transition qui ne soit pas totalement inféodées à la société capitaliste. À vrai dire, cela n'a rien de rédhibitoire de faire une partie de ping-pong entre copains, un peu de natation ou du canoë-kayak.
Mais si vous prenez une bande de potes qui jouent au foot le dimanche, très vite il va falloir trouver un arbitre parce que les deux équipes vont se chamailler pour gagner. Le principe compétitif est tellement implanté dans nos cervelles qu'il réapparaît automatiquement. Si on joue au ping-pong, c'est jamais marrant de se faire balader à gauche, à droite. On va alors rapidement se rebiffer et chercher à écraser l'autre.
Il faut bien comprendre que l'humain est porteur d'un principe de concurrence. Il faut l'accepter pour chercher à le détourner. C'est ce que le sport fait pour placer les uns vis-à-vis des autres en contradiction, en opposition. Il faut détourner cette concurrence – comme l'avaient fait les Grecs avec l'agôn – et tenter de la mettre au service de pratiques physiques imaginatives et profondément sociales.
Vous parlez dans l'un de vos ouvrages de la nécessité d'une transition d'un « corps fonctionnel » à un « corps ludique », que les aspects sensoriels du corps doivent primer sur les aspects moteurs, pouvez-vous revenir sur ces points ? Que pourrait donner ces pratiques physiques imaginatives ?
J'ai été pendant 25 ans professeur d'éducation physique et sportive. J'avais à m'affronter à des lycéens, globalement porteurs de l'idéologie de la compétition. J'essayais de leur faire comprendre, par le jeu, que l'on pouvait manipuler des ballons autrement que dans les règles instituées de la compétition, que c'est bien plus marrant et d'une certaine manière plus difficile.
Par exemple, je leur proposais de jouer au volley-ball avec un ballon de rugby, ce qui est loin d'être évident. Ou bien, je les faisais jouer au football (garçons et filles mélangées, ce qui n'était pas facile à l'époque) sur un terrain de basket. L'objectif était alors de toucher le poteau de basket avec la balle. Cela les stimulaient. Ensuite, je leur expliquais pourquoi nous explorions ces pratiques et cherchions à remettre en question le cadre. Vous imaginez que tout cela n'était pas très bien vu par mes collègues et surtout par l'inspection.
Ce qu'il faut bien avoir à l'esprit, c'est que le sport et le sportif sont aujourd'hui programmés. Il y a les catégories d'âge : minime, cadet, junior, senior, etc. avec un volume d'entraînement correspondant. Tel entraînement et régime alimentaire le matin, tel autre le soir. Cela n'est plus une vie. Nous retrouvons des logiques similaires avec les pratiques de coaching sportif où les gens forcent l'effort comme des malades mentaux, et se marrent bien peu . Il faut s'opposer dans notre vie quotidienne à cette programmation.
Mais tout cela est très difficile à critiquer. Il faut comprendre que le sport est un fait social total qui demande un certain nombre de références théorique pour être bien compris. Cela n'est pas évident, mais c'est cette compréhension que nous devons viser.
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Pas de Jeux olympiques ordinaires. Rejoignez la campagne pour #BanIsraël

Plus de 300 équipes sportives palestiniennes demandent l'exclusion d'Israël des Jeux olympiques en raison du génocide perpétré contre les Palestiniens de Gaza. Comme l'a dit le journaliste sportif Dave Zirin, « le Comité international olympique (CIO) n'agira pas tant que nous ne l'aurons pas fait ». Alors faisons-le.
20 février 2024 | Auteur : By Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI)
Rejoignez la campagne mondiale pour perturber pacifiquement la route vers Paris 2024 en appelant le CIO à #BanIsraël jusqu'à ce qu'il mette fin à ses crimes contre les Palestiniens et reconnaisse nos droits stipulés par l'ONU.
Inscrivez votre groupe pour participer à la campagne
Il ne peut y avoir de Jeux olympiques ordinaires tant qu'Israël continue d'intensifier son génocide contre les Palestiniens de Gaza et d'asseoir son régime d'apartheid. Les organismes internationaux dominés par l'Occident, comme le CIO, qui avaient exclu l'Afrique du Sud par le passé, autorisent aujourd'hui non seulement Israël, un Etat d'apartheid, à participer aux Jeux olympiques, mais ils défendent également sa participation avec véhémence ! L'hypocrisie coloniale n'a jamais été aussi grande.
Voici ce que vous pouvez faire.
Protester devant les bureaux olympiques
Répondez à l'appel des équipes palestiniennes à votre Comité national olympique, aux Fédérations sportives internationales et aux Fédérations sportives reconnues. Organisez des manifestations, des sit-in, des perturbations pacifiques ou des événements de sensibilisation aux attaques israéliennes contre les sports palestiniens. Inscrivez votre groupe pour plus d'informations.
Qualifications et épreuves olympiques
D'ici au début des Jeux olympiques en juillet, la route vers Paris sera jalonnée d'occasions de rappeler au CIO que les auteurs de génocides n'ont pas leur place aux Jeux olympiques. Au début du mois, quatre coureurs ont porté le message #CeasefireNow au marathon olympique de Floride, franchissant la ligne d'arrivée avec des drapeaux palestiniens. Trouvez des informations sur les épreuves olympiques chronométrées et les épreuves de qualification (également ici) ou d'autres événements liés aux Jeux olympiques dans votre région. Inscrivez votre groupe pour plus d'informations.
Chassez l'apartheid israélien du sport
Votre pays est-il signataire de la Convention internationale contre l'apartheid dans les sports ? Si c'est le cas, il a l'obligation de « prendre toutes les mesures appropriées pour obtenir l'expulsion d'un pays pratiquant l'apartheid des organismes sportifs internationaux et régionaux ». Inscrivez votre groupe pour savoir ce que vous pouvez faire.
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Dans le cadre de son #GazaGenocide, Israël commet également un sporticide, en tuant les entraîneurs et les athlètes palestiniens des @Olympiques et en détruisant les stades.
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À Gaza, Israël a tué l'entraîneur de football olympique palestinien Hani Al Masdar, détruit les bureaux du Comité olympique palestinien et transformé des installations sportives en centres honteux de détention de masse et de torture.
Nous ne pouvons pas rester les bras croisés alors que le CIO permet à Israël d'utiliser les Jeux olympiques pour laver sportivement son génocide à Gaza et son régime d'apartheid contre les Palestiniens partout dans le monde. Soutenez l'appel des équipes palestiniennes. Rejoignez la campagne pour #BanIsraël des Jeux Olympiques et perturbez pacifiquement la route vers les Jeux de Paris 2024.
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