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« Art contre le génocide culturel au Kurdistan »

TURQUIE / KURDISTAN – Lisa Çalan, réalisatrice et l'une des artistes kurdes ayant fondé l'Initiative « Art pour la Liberté » a déclaré « Nous nous opposons aux politiques du gouvernement qui tentent constamment de discipliner l'art et les artistes ».
Tiré de Entre les ligne set les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/17/art-contre-le-genocide-culturel-au-kurdistan/
« Nous voulons créer un espace où les artistes peuvent s'exprimer »
Les artistes luttent contre l'effacement culturel et la discipline de l'art par le régime AKP-MHP en créant l'initiative « L'art pour la liberté ». L'une des fondatrices, Lisa Çalan, a déclaré qu'il s'agissait de briser le climat de peur.
Il y a quelques jours, la création de l'initiative « L'art pour la liberté » a été annoncée à Amed. De nombreux artistes du Kurdistan et de Turquie ont rejoint l'initiative. L'une des fondatrices est Lisa Çalan.
Dans une interview accordée à l'ANF, elle a expliqué que la politique d'interdiction de l'art par le régime d'Ankara devenait de plus en plus dramatique. Elle a déclaré : « La principale raison de cette initiative est de donner une voix à tous les problèmes sociaux et de créer un espace où les artistes peuvent s'exprimer. »
Çalan a poursuivi : « Il y a quelques mois, nous avons publié la déclaration « Devenez une voix de la paix ». Cette déclaration a ensuite été signée par près de 700 artistes. Ces signatures nous ont motivés, en tant qu'artistes, à aller un peu plus loin. Le fait que des artistes qui étaient restés silencieux et en retrait pendant longtemps aient fait une déclaration avec leur signature et aient fait entendre à nouveau leur voix nous a donné l'idée de fonder cette initiative. Après cela, nous nous sommes réunis et avons agi. Nous avons décidé d'aller plus loin avec des artistes qui s'engagent dans l'art, qui veulent changer et transformer la société avec leur production et qui ont une conscience sociale. »
« Le régime voit le pouvoir de l'art et tente de le détruire »
Çalan a souligné qu'il ne pouvait être question de démocratie en Turquie et a ajouté : « Il existe un environnement antidémocratique dans le pays. Les gens sont intimidés et vivent dans la peur. En tant qu'artistes, nous avons voulu agir ensemble pour briser ce cadre et nous avons fondé l'« Initiative Art pour la Liberté ». L'art ne peut avoir lieu que dans un environnement libre. C'est pourquoi ce nom était très important pour nous. Presque toute notre vie est imprégnée d'isolement. Les films sont censurés, ou les cinéastes s'autocensurent pendant la production ; il devient de plus en plus difficile de publier des livres. C'est une politique de guerre. Elle nous a déjà isolés, et l'art est devenu un champ de production non libre. L'objectif principal de cette initiative est de donner une voix à tous les problèmes sociaux. Il s'agit de créer un espace où les artistes peuvent s'exprimer contre cette politique de guerre et d'intimidation. Il est très important pour nous d'élever la voix contre les nombreuses violations des droits. Non seulement au Kurdistan, mais dans toute la société turque, un état d'isolement s'est installé au cours des dix dernières années. C'est particulièrement vrai pour l'art. « Les systèmes et les gouvernements connaissent très bien le pouvoir de l'art et ont essayé de le détruire dès le début. Ils ont constamment puni les artistes. Aujourd'hui, de nombreux artistes sont en prison. La politique d'un gouvernement qui considère l'art comme si dangereux ne peut être stoppée que par la voix des artistes. »
« Notre voix contre le génocide culturel »
Lisa Çalan a évoqué les restrictions imposées à l'art dans le monde entier. Mais la situation est particulièrement pire en Turquie, a-t-elle déclaré, ajoutant : « La société est dépossédée de sa mémoire. Les formes d'action sont adaptées à la structure des médias virtuels. Une action a lieu et disparaît en un jour. Il est nécessaire de garder la mémoire vivante. Depuis dix ans, il y a un régime qui imprègne toutes les parties de la société. Il y a un régime qui ne nous laisse même pas respirer, et encore moins faire entendre notre voix. Il y avait autrefois un réseau de production en Turquie et au Kurdistan, même partiel. Mais malheureusement, on n'en parle plus aujourd'hui. Le régime a toujours essayé de discipliner l'art et les artistes. Nous résistons à cela. Nous ferons entendre notre voix quoi qu'il arrive. Il est nécessaire d'être la conscience de la société. Nous voulons aborder tous les sujets que nous considérons comme importants. Malheureusement, il y a un génocide culturel en Turquie. Nous continuerons notre travail pour l'empêcher. »
https://kurdistan-au-feminin.fr/2024/07/26/art-contre-le-genocide-culturel-au-kurdistan/
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Melenchon ostracisé, la France dans l’impasse !

Grisée par les J.O, la France découvre la réalité de l'instant présent : Une crise politique profonde. Macron coupe court aux ambitions du Nouveau Front Populaire.
De Paris, Omar HADDADOU
Une crise à ne pas prendre par le bout des lorgnettes !Au Palais Bourbon on s'écharpe ad libitum.
Fort de son Pouvoir, Macron balaie l'option d'un gouvernement de gauche. Tollé et indignation au sein du Nouveau Front Populaire.
La curée au perchoir de l'Assemblée nationale, cadeau empoisonné ayant pris en otage le Premier ministre sortant Gabriel Attal pour la stabilité du pays, atomise la classe politique française.
Les masques tombent, dévoilant le jeu malsain des uns et la vassalité des autres. On en est aux compromissions et aux règlements de compte, au grand dam d'une Démocratie valétudinaire. En témoigne la semonce de Laurent Vaquiez (Les Républicains) à l'encontre de la France Insoumise de Mélenchon, l'accusant du « plus grand danger du pays ». Voilà pour l'ambiance !
Rappelons qu'en vertu de l'article 12 de la Constitution, Emmanuel Macron, garant du bon fonctionnement des institutions de la V République, avait osé la dissolution de ladite Assemblée le 9 juin 2024, motivée par la cristallisation du Rassemblement National (RN). Des élections législatives à deux tours sont alors convoquées en Juillet et aucun parti n'obtient la majorité absolue fixée à 289 sièges. Sièges de l'Assemblée nationale qui seront partagés entre le Nouveau Front Populaire (1ère force politique), le camp présidentiel et le Rassemblement national.
Depuis lors, la liquidation les affaires courantes est compromise par le choix du locataire de Matignon. Macron est désormais en proie à la quadrature du cercle ! Celle de former un gouvernement inclusif en conciliant et honorant les revendications des formations politiques (antagonistes) ayant apporté leur soutien pour déjouer la percée de l'Extrême droite. Mais en politique, la pulsion de prise du pouvoir ne recule devant aucune crapulerie ni scélératesse.
Le Parti de Bardella et Marine Le Pen (RN) a été reçu, hier, à l'Elysées par le chef de l'Etat dans le cadre des consultations qui se poursuivent dans la matinée de ce mardi 27 août (3 ème round) pour désigner un Premier ministre.
Toutefois, le coup de théâtre qui risque d'enfieller la situation, est la déclaration d'Emmanuel Macron (en guerre ouverte avec Mélenchon), hier, au nom de la « stabilité institutionnelle ». Ce dernier a écarté l'option d'un gouvernement du NFP, exhortant le PS, les Ecologistes et PCF à coopérer avec d'autres forces politiques.
Prenant acte du coup porté à La France Insoumise en tant que catalyseur du Nouveau Front Populaire, Mélenchon parle « d'une situation d'une exceptionnelle gravité » après la décision de l'exécutif d'évincer LFI du gouvernement.
Pour le Coordinateur national, Emmanuel Bompard, « c'est un coup anti-démocratique ». Quant à la Présidente de LFI, Mathilde Panot, elle promet une riposte d'envergure : « Si le Président s'entête dans son déni, nous engageons contre lui une procédure de destitution ! »
Victime d'une carence de vrais (es) poids lourds de la politique, la France reste chevillée dans la procrastination du choix idoine des dirigeants (es). Le risque du blocage du pays par les manifs à la veille de la rentrée sociale, reste prégnant !
O.H
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Après la défaite de l’extrême droite en France, nous avons plus que jamais besoin du féminisme

Pour une fois, je me permets de commencer cette newsletter sur une note personnelle. Je tiens à remercier toutes les personnes en France qui ont voté contre l'extrême droite et son programme de haine, de peur et de division ce dimanche.
tiré de NPA 29
Comme beaucoup d'immigrant·es dans ce pays sans droit de vote, j'ai suivi ces dernières semaines de campagne en France avec un sentiment de terreur croissante : de la défaite de Macron aux élections européennes, à son pari risqué d'amener des élections législatives anticipées, au résultat dévastateur du premier tour où le Rassemblement National d'extrême droite a terminé en tête. J'ai fait ce que je pouvais : j'ai écrit, j'ai lu, j'ai manifesté,
j'ai tenté de tirer la sonnette d'alarme sur les risques d'un gouvernement d'extrême droite. Et hier soir, quand les premiers sondages ont été publiés à 20h et ont montré une victoire du Nouveau Front Populaire, j'ai ressenti de l'espoir pour la première fois. De l'espoir, du soulagement et de la gratitude envers mes voisin·es, mes ami·es, les personnes qui ne sont pas d'accord avec moi et celles qui le sont – envers toutes les personnes qui se sont mobilisées dans des proportions sans précédent pour dire non au racisme, à la xénophobie, à l'islamophobie, à l'antisémitisme, à l'homophobie, à la transphobie et à la misogynie du Rassemblement National.
Le combat est loin d'être terminé. Le Rassemblement National a fini troisième, mais il a gagné plus de 50 sièges de plus au parlement et recueilli les voix de plus de 8 millions de personnes. Le parti restera une force majeure en Europe, où il a de nombreux alliés d'extrême droite à travers le continent – des allié·es qui souhaitent interdire l'avortement et les transitions de genre, des allié·es qui ciblent les familles queer. Le racisme et la xénophobie décomplexés qui ont été déchaînés pendant cette campagne violente ici en France ne seront pas facilement oubliés.
Le front républicain français a une fois de plus triomphé, et j'en suis éternellement reconnaissante. Mais il reste encore du travail. L'extrême droite ne disparaîtra pas d'elle-même : la cheffe du Rassemblement National, Marine Le Pen, a déclaré que la victoire de son parti n'était “que différée”. Pour éviter une catastrophe à l'avenir, la France devra continuer à contrer l'extrême droite partout où elle se trouve. La lutte n'est pas encore terminée, et avec plus de femmes que jamais qui votent pour l'extrême droite, nous aurons besoin de réponses féministes dans les années à venir.
Heureusement, il y a des féministes partout dans le monde qui ont l'expérience de résister aux forces de l'extrémisme, et elles ont beaucoup à nous apprendre, où que nous soyons, et que nous puissions voter ou non. La semaine dernière, j'ai écrit à certain·es de ces activistes pour leur demander des conseils sur la manière de continuer à affronter l'extrême droite en France.
Debora Diniz connaît trop bien les dangers des forces d'extrême droite. Elle a reçu des menaces de mort pour avoir témoigné devant la Cour suprême du Brésil lors d'une audience sur la décriminalisation de l'avortement, et a été placée sous protection policière et finalement exilée à cause de son travail. Elle est considérée comme la première personne contrainte à l'exil sous le gouvernement de droite dure du Brésil, dirigé par Jair Bolsonaro, un politicien souvent comparé à Donald Trump.
“Il y a deux leçons principales que je tire des moments difficiles de Jair Bolsonaro au pouvoir au Brésil. La première est la manière dont l'extrême droite fonctionne en répandant la peur, et comment cela peut paralyser le courage et la créativité féministes”, a-t-elle expliqué. Mais “nous ne pouvons pas changer des normes injustes par la peur.”
“La deuxième leçon est qu'il faut ignorer la fausse prophétie du retour de bâton contre les idées féministes”, a-t-elle ajouté. Les manifestations de masse au Brésil à la veille des élections sous le mot d'ordre ”Pas lui” rappellent la mobilisation féministe que nous avons vue dans les rues de France avant le premier tour des élections le mois dernier. “Le récit du retour de bâton est un récit qui tente de contrôler notre élan de mobilisation et de participation politique”, analyse la militante. Bolsonaro a perdu le pouvoir en 2022 face au candidat de gauche Lula da Silva.
La philosophe Marcia Tiburi a également quitté le Brésil en raison des menaces de mort de l'extrême droite, et a vécu en exil à Paris pendant les années Bolsonaro. “J'ai passé quatre ans en France à souffrir de la situation au Brésil et maintenant je suis au Brésil à souffrir de la situation en France,” déclare-t-elle. “Bolsonaro a laissé en héritage des horreurs et des personnages tout comme lui au sein du congrès national… Que la France ait réussi à stopper l'avancée de l'horreur hier est une chose à célébrer, mais nous devons rester vigilants.“
Nous aurons également besoin de construire des réseaux à travers l'Europe, d'après Zsofi Borsi, la cofondatrice de Lazy Women, un collectif né en Hongrie avec pour mission d'apporter des perspectives autres que celles d'Europe occidentale au discours féministe dominant. Dans son pays natal, le président d'extrême droite Viktor Orbán a fait passer des lois anti-LGBT et des restrictions sur les soins liés à l'avortement, tout en diabolisant les migrant·es. Son parti a rejoint un bloc d'extrême droite avec le Rassemblement National au parlement européen.
“Que ce soit une ‘guerre' contre les immigré·es, George Soros, l'UE ou le genre, en Hongrie, la machine de propagande d'Orbán abreuve la population de différents ennemis, et détruit systématiquement la tolérance du public pour la diversité, et la société civile dans son ensemble”, raconte Zsofi Borsi. Avec les forces d'extrême droite s'unissant à travers l'Europe, elle dit que les féministes devront faire de même. “Construire des réseaux de solidarité entre les petites organisations féministes pour élever les voix des un·es et des autres localement et dans la région – où de nombreux pays voisins font face à des défis similaires – joue un rôle crucial.”
Depuis presque dix ans, les féministes d'Argentine sont des leaders mondiales qui ont réussi à transformer leur société pour le mieux. L'activiste Verónica Gago a été l'une des voix majeures du mouvement #NiUnaMenos qui a protesté contre les violences de genre à partir de 2015, et donné naissance à une nouvelle vague de discours féministes dans le monde, y inclus la “vague verte” qui a permis à de nombreux pays d'Amérique latine d'obtenir le droit à l'avortement. Mais l'élection récente en Argentine prouve que les victoires féministes ne peuvent jamais être prises pour acquises : en l'espace de quelques mois seulement, le président ultraconservateur Javier Milei a décimé nombre de ces droits durement acquis.
“L'extrême droite au gouvernement, cela veut dire un recul absolu des conditions qui rendent possibles nos luttes”, a déclaré l'activiste et autrice argentine. “En tant que féministes, notre engagement est de lutter contre le fascisme de toute notre force. C'est ce que nous faisons ici. Il est aussi essentiel de renforcer les luttes transféministes. Nous devons continuer à nous organiser et, surtout, à construire et élargir nos alliances.”
Ces dernières années, l'Inde a été témoin de la montée du nationalisme hindou et des idéologies d'extrême droite. Mais les dernières élections ont vu le parti nationaliste Bharatiya Janata du Premier ministre Narendra Modi perdre sa majorité parlementaire pour la première fois depuis 2014. Teesta Setalvad est une militante féministe, journaliste et fondatrice de Sabrang Trust et Citizens for Justice and Peace. Elle a longtemps milité pour les victimes des émeutes du Gujarat en 2002 et a été détenue pour son activisme par le gouvernement. “L'extrême droite dans différents pays, contextes et cultures présente une similarité étrange, voire effrayante”, a-t-elle remarqué. “Il est plus que temps de forger des alliances internationales.”
“L'Inde a vécu cela, l'a vu et en sort lentement (espérons-le), bien que marquée et blessée… Nous souhaitons bonne chance à nos sœurs en France alors que nous-mêmes luttons pour respirer un peu plus facilement tout en étant encore menacé·es par des nuages noirs en Inde.”
Des millions de personnes en France, et celles qui nous regardent partout dans le monde, respirent un peu plus facilement aujourd'hui. Une fois de plus, l'extrême droite était aux portes du pouvoir. Une fois de plus, elle a été repoussée par une population qui a choisi l'espoir plutôt que la haine. Une fois de plus, les féministes ont montré la voie.
Dès aujourd'hui, la lutte continue, mais rappelons-nous : nous sommes plus nombreuses et nombreux qu'eux.
Megan Clement
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États-Unis - « La Convention du Parti démocrate ignore pour l’essentiel la question morale la plus pressante de notre époque : Gaza »

Les prestations de la première nuit de la Convention nationale du Parti démocrate ont été impeccables. Les réactions aux discours tenus dans l'enceinte de la convention et aussi dans la fraction des réseaux sociaux libéraux [progressistes] ont été enthousiastes.
Tiré de A l'Encontre
23 août 2024
Par Natasha Lennard
Aux cris de « We love Joe », le président Joe Biden a accordé sa bénédiction d'homme d'Etat à sa future successeure, la candidate démocrate Kamala Harris. Hillary Clinton a parlé de briser le « plafond de verre ». Le sénateur Raphael Warnock (Géorgie), un pasteur baptiste, a prononcé un éloge vibrant selon lequel « un vote est une sorte de prière ». Et la représentante Alexandria Ocasia Cortez [New York, figure de la gauche démocrate et écartée de DSA pour son soutien à la politique de Biden face à Israël] a qualifié Donald Trump de « briseur de syndicats à deux balles » sous les acclamations de « AOC, AOC ».
La démonstration de l'unité du Parti démocrate était aussi parfaite qu'elle était sourde à ce qui est sans doute la question morale la plus urgente de notre époque.
Au-delà de clins d'œil, vous n'auriez pu saisir aucune mention effective de la guerre génocidaire qu'Israël, soutenu par les Etats-Unis, continue de mener contre les Palestiniens de la bande de Gaza.
Le fait que des dizaines de milliers de manifestant·e·s anti-guerre se soient rassemblés en solidarité avec les Palestiniens [devant la Convention réunie à Chicago], dès le matin du lundi 20 août, n'a pratiquement pas été mentionné à la convention lundi soir. Le silence a persisté alors que la campagne de Kamala Harris pourrait souffrir du prix de plus d'un demi-million de voix [1] dans des Etats clés, en particulier le Michigan, pour avoir refusé d'arrêter le flux d'armes à destination d'Israël.
Pendant que Biden parlait, un petit groupe de participants a déployé en silence une bannière sur laquelle on pouvait lire « Stop Arming Israel » (Arrêtez d'armer Israël). Prem Thakker, de Zeteo [organe de critique des médias dominants, animé entre autres par Mehdi Hasan], a rapporté depuis le United Center de Chicago que les chants « We Love Joe » des participants proches se sont alors renforcés. « Les lumières de la salle omnisports se sont alors éteintes et la bannière a été arrachée », a écrit Prem Thakker sur X.
Les quelques mentions fugaces ayant trait à la guerre, à Israël et à la Palestine dans les discours de lundi soir étaient insignifiantes et trompeuses, tout en dévalorisant les vies des Palestiniens par rapport à celles des Israéliens.
Alexandria Ocasio-Cortez a déclaré sous un tonnerre d'applaudissements : « Kamala travaille sans relâche pour un cessez-le-feu. » C'est peut-être vrai ou non, mais une telle approche trancherait avec le bilan de l'administration Biden-Harris. Depuis que Kamala Harris a accepté la candidature à la présidence, l'administration Biden-Harris a approuvé une vente d'armes à Israël pour un montant de 20 milliards de dollars, et cela sans aucune condition. Si c'est cela « travailler sans relâche » pour mettre fin aux combats, Kamala Harris n'est pas à la hauteur de la tâche proclamée.
Le fait que les appels au cessez-le-feu aient été chaleureusement accueillis dans le parterre de la convention pourrait être considéré comme un signe prometteur – une autre indication adressé à l'establishment démocrate qu'il existe un soutien populaire pour un cessez-le-feu permanent de la part du grand public. Mais c'est déjà le cas depuis longtemps. Il n'y a rien d'encourageant à applaudir un geste vide de sens en faveur de l'idée d'un cessez-le-feu, qui dissimule la complicité de l'administration dans la guerre.
Dans son discours, Joe Biden a fait un clin d'œil aux manifestations devant la Convention : « Ces manifestant·e·s dans la rue n'ont pas tort. Beaucoup d'innocents sont tués des deux côtés. » Pourtant, même ce clin d'œil a réussi à dénaturer les positions, établies de longue date, du mouvement de solidarité avec la population de Gaza.
Les manifestations contre la guerre de Gaza – qu'elles aient eu lieu au cours des dix derniers mois, cette semaine à Chicago ou par la présence de délégués « non engagés » (« uncommitted ») à la Convention – n'ont pas pour but de faire valoir que des innocents sont tués « des deux côtés ». Elles font partie d'une mobilisaton internationale contre le génocide et le nettoyage ethnique des Palestiniens par l'armée israélienne soutenue par les Etats-Unis.
Ce que veulent les manifestant·e·s
Plus tôt dans la journée de lundi, la DNC a accordé à la campagne « Uncommitted » un espace pour organiser une table ronde (forum) distincte consacrée à Gaza et aux droits de l'homme des Palestiniens. Selon les rapports, des centaines de personnes ont assisté et écouté les récits intolérables de médecins qui ont travaillé dans les hôpitaux dévastés de Gaza, où un grand nombre des patients qui arrivent sont des enfants mutilés.
La Dresse Tanya Haj-Hassan [membre de Médecins sans frontières], une chirurgienne américano-palestinienne qui a soigné des patients à Gaza, a raconté l'histoire d'un petit garçon qui avait perdu tous les membres de sa famille et qui a déclaré qu'il souhaitait mourir lui aussi parce que tous ceux qu'il aimait « sont maintenant au paradis ».
Tanya Haj-Hassan a expliqué que même les enfants qu'elle avait réussi à soigner et à faire sortir de l'hôpital risquaient de mourir à cause des bombardements, de la famine et de la déshydratation. Des « rapports alarmants » font état des premiers cas confirmés de poliomyélite infantile à Gaza.
Une autre participante, Hala Hijazi, s'est décrite comme une démocrate « de longue date » et « modérée », qui a travaillé comme collecteuse de fonds pour le parti, récoltant plus de 12 millions de dollars dans le passé. « Je suis ici parce que ma famille est morte », a-t-elle déclaré, expliquant qu'elle avait perdu plus de 100 membres de sa famille large au cours de l'offensive actuelle.
Hala Hijazi, qui siège au conseil d'administration du comité d'action politique pour les droits génésiques NARAL Pro-Choice California, a déclaré au public qu'elle se battait pour les libertés génésiques dans son pays, « mais que je ne pouvais pas aider les femmes de Gaza qui sont enceintes en ce moment ». Ces remarques étaient un rejet tacite des critiques selon lesquelles ceux qui poussent Kamala Harris à s'engager en faveur d'un embargo sur les armes sont des électeurs qui ne s'intéressent qu'à un seul sujet [la Palestine], négligeant d'autres domaines comme, par exemple, la menace qu'une deuxième administration Trump ferait peser sur les droits reproductifs aux Etats-Unis.
C'est pourquoi les organisateurs de la manifestation, les manifestant·e·s et les personnes concernées qui sont venus à Chicago ne se contenteront pas d'un forum mis à l'écart et d'un discours spécieux de la part des politiciens sur la scène principale. A l'heure actuelle, la plateforme de 92 pages du Parti démocrate ne mentionne pas un conditionnement des livraisons d'armes à Israël, et encore moins l'embargo sur les armes réclamé par les 30 délégués non engagés (uncommitted) et les plus de 200 groupes de la Coalition to March on the DNC (Coalition pour une marche sur la DNC).
Les spectacles de lundi soir n'ont pas donné l'impression que la campagne de Kamala Harris, certes rafraîchie et alimentée en émotions, changerait de cap sur la Palestine, se concentrant plutôt sur l'avortement, la menace autoritaire de Trump pour la démocratie et la protection des travailleurs et travailleuses. Dans un contexte de stricte politique interne, ce serait une bonne chose. Je pourrais moi aussi rire avec le réjouissant président des United Auto Workers (UAW), Shawn Fain, qui fait référence à une chanson du rappeur Nelly et traite Trump de briseur de grève [2]. Mais pas le même jour où, dans le même centre de la Convention, parmi d'autres horreurs, un chirurgien a décrit le traitement d'un enfant de Gaza dont le visage avait été arraché lors d'une frappe israélienne.
A l'heure d'une guerre génocidaire menée avec les armes, les dollars et le soutien diplomatique des Etats-Unis – une offensive militaire qu'un président américain pourrait sérieusement limiter –, la Convention nationale du Parti démocrate ne peut rester une sphère myope et fermée.
Alors que les débats se poursuivent jusqu'à jeudi soir, 22 août, les protestations [Coalition to March on the DNC] se multiplient et le désespoir s'intensifie. Si la campagne de Harris décide qu'elle peut gagner sans écouter, il n'y a pas lieu de s'en réjouir. (Article publié par The Intercept le 20 août 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)
[1] Selon Ben Samuels dans Haaretz du 22 août, « le Mouvement national non engagé [« uncommitted », qui refuse de voter démocrate à cause de la politique de l'administration Biden envers Netanyahou] représenté au sein de la DNC-Democratic National Convention par 30 délégués qui représentent eux-mêmes 700 000 votes de protestation contre la politique israélienne de l'administration Biden, était un enjeu d'importance au début de cette semaine ». (Réd.)
[2] Le président de l'United Automobile Workers, Shawn Fain, a pris la parole lors de la première nuit de la convention nationale du Parti démocrate 2024 à Chicago. Shawn Fain a cité le rappeur Nelly, disant « il commence à faire chaud ici », avant d'enlever sa veste pour montrer un t-shirt sur lequel était écrit « Trump est un briseur de grève ». (Réd.)
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Québec Solidaire : Le train de Gabriel Nadeau-Dubois déjà entré en gare
Comme membre de Québec Solidaire j'ai reçu cette semaine des informations préliminaires sur le congrès de novembre prochain qui sera EN MODE VIRTUEL si j'ai bien compris. Je pensais déjà après le conseil national du printemps dernier que le train de Gabriel Nadeau-Dubois était sur le point d'entrer en gare et je me demandais s'il y avait moyen de le faire dérailler avant pour avoir une discussion franche et ouverte impliquant tous les membres sur l'avenir du parti avant l'étape de préparation du congrès, des pour ou contre les propositions qui y seraient présentées. Je me suis pour ma part essayé en demandant à la présidente de l'association locale de mon comté de tenir une assemblée générale spéciale en juin pour comprendre ce qui s'est passé au conseil national et se faire un idée sur le suite des choses avant la lancée de fin d'été vers le congrès. Sa réponse a été de m'inviter à prendre une bière avec d'autres membres…et alors que j'insistais en prenant cette bière elle m'a dit qu'elle en parlerait avec le comité de coordination, puis je n'ai plus eu de nouvelles depuis...
J'ai compris en recevant cette semaine les premières informations concernant le congrès de novembre qui portera sur les changements au statut que le train était déjà en gare, alors que ce congrès aurait pu être l'occasion de revenir sur le choix de notre co porte-parole masculin de plonger notre parti dans le pragmatisme électoraliste en jetant aux poubelles l'autre aspect de la mission de notre parti, soit sa présence dans la rue des villes et dans les rangs de campagnes. Du même coup c'est la victoire du cérébral avant tout masculin et la mise au rancart de la voie du coeur avant tout féminine incarnée par Catherine Dorion et plus récemment par Emilie Lessard-Therrien. Alors que pour moi le pragmatisme et le rêve, la folie et la fantaisie ne s'opposent par et ces deux composantes auraient pu continuer à se compléter représentées par deux co porte-paroles complémentaires, mais trop tard après le coup d'état de Gabriel Nadeau-Dubois et sa clique, et leur prise de contrôle du parti.
Je reviens sur le choix d'un congrès virtuel sans contact physique et affectif entre les délégués,es au congrès en l'absence de rencontres informelles et de délibérations en présence des humains en chair et en os. Il n'y a pas de plus merveilleuse façon de contrôler le déroulement d'un congrès chacun,e assis,e derrière un ordinateur à la merci des personnes qui ‘' dirigent ‘' le congrès vers un objectif déterminé d'avance.
Poutine ou Xi Jinping ne pourraient faire mieux.
Si je reviens à moi, comme notre parti devenu uniquement électoraliste tentant de ne fâcher personne et d'aller chercher le plus de votes en rêvant un jour de prendre le pouvoir, ne remettant plus en question le système capitaliste néolibéral mondial, il ne m'inspire plus et il ne me reste plus que de mettre ma carte du parti aux poubelles comme je l'ai fait avec celle de la SAQ qui ne m'inspirait plus... Comme je suis un fervent indépendantiste et ancien prisonnier de la Crise d'Octobre je vais peut-être retourner au Parti Québécois social-démocrate comme Québec Solidaire l'est devenu, pour rêver et peut-être réaliser l'indépendance du Québec, et dont le chef m'inspire plus que le nôtre. Je ne crois plus trop aux miracles, et vous ?

L’idée écologique et la philosophie - À la recherche d’un monde commun | À paraître le 3 septembre

Comment les philosophes ont-ils pensé la place de l'humain dans son
environnement ? Des philosophes grecs aux écoféministes, un voyage captivant
au cœur des fondements philosophiques de l'écologie.
L'essai *L'idée écologique et la philosophie - À la recherche d'un monde
commun*, de la philosophe française Laurence Hansen-Løve, va paraître *en
librairie le 3 septembre.*
*En bref* : À l'heure du péril écologique, renouer avec la clairvoyance, la
prudence et l'esprit de responsabilité des plus grands philosophes, de
Aristote et Épicure à Hans Jonas et Günther Anders, est devenu notre
impératif et notre espérance.
Pour recevoir un exemplaire en service de presse, merci de me fournir
votre adresse postale en cas de télétravail.
*À propos du livre*
Pour de nombreux philosophes contemporains, la maîtrise de la nature est
devenue la source des multiples crises auxquelles nous sommes confrontés.
Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Ils sont même plusieurs à avoir
applaudi et encouragé cette maîtrise au fil du temps, en séparant
artificiellement « nature » et « culture ». Pourtant, dès ses origines, en
tant que recherche de la vérité et de la sagesse et par sa condamnation de
la démesure, la philosophie fut doublement concernée par l'idée écologique.
Dans ce captivant voyage, Laurence Hansen-Løve remonte aux fondements
philosophiques de l'écologie. Elle montre l'importance des pensées antiques
de la sagesse contre l'hubris et de la représentation critique de la nature
qu'ont formulée nombre de philosophes à travers les âges (Aristote,
Spinoza, Rousseau, Thoreau, etc.). Un périple qui nous conduit jusqu'à nos
jours, avec l'essor de pensées résolument écologistes comme l'écologie
politique (Ellul, Charbonneau, Gorz, Næss, etc.), l'écoféminisme
(d'Eaubonne, Starhawk, etc.) ou la communauté terrestre (Mbembe).
À l'heure du péril écologique, renouer avec la clairvoyance, la prudence et
l'esprit de responsabilité des plus grands philosophes, de Aristote et
Épicure à Hans Jonas et Günther Anders, est devenu notre impératif et notre
espérance. Grâce à l'apport des philosophies matérialistes mais aussi
animistes ou panthéistes inspirées de penseurs de tous les continents, la
philosophie écologique contemporaine a partiellement renoué avec la sagesse
des Anciens. Celle qui nous invite à envisager la nature avec affection,
considération et bienveillance.
*À propos de l'autrice*
Laurence Hansen-Løve est professeure agrégée de philosophie et autrice de
nombreux ouvrages, dont *Planète en ébullition* (Écosociété, 2022), *La
violence. Faut-il désespérer de l'humanité ?* (Du retour, 2020) et *Cours
particulier de Philosophie*. Questions pour le temps présent (Belin, 2006).
Elle a aussi codirigé, avec Laurence Devillairs, *Ce que la philosophie
doit aux femmes *(Robert Laffont, 2024).
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La menace de l’ ultra-droite en France

Jacques Leclercq, chercheur indépendant spécialiste des extrêmes politiques, dresse un
état des lieux précis et actualisé de la mouvance radicale de l'extrême-droite.
Outre des rappels historiques, de nombreuses thématiques sont traitées, dont les projets
d'attentats, l'infiltration dans la police et l'armée, le mercenariat et trafic d'armes, les
condamnations prononcées par la justice, les dissolutions de structures ou l'activisme sur le
net.
Une étude objective et factuelle permettant de mieux cerner la dangerosité de ce courant.
Jacques Leclercq, 67 ans, est un ancien formateur. Il a publié dix ouvrages chez
L'Harmattan.
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L

L’évasion fiscale, toute une histoire

Nouveau livre d'Attac : L'évasion fiscale, toute une histoire
*A paraître* 30 aout 2024
*Le nouveau livre d'Attac et de la dessinatrice VAP*, */L'évasion fiscale, toute une histoire/ <https://adherez.attac.org/civicrm/m...> *,*sort en librairie le *30 aout*. En texte et en bande dessinée, cet ouvrage raconte l'histoire de l'évasion fiscale, décortique ses mécanismes avec humour et pédagogie et avance des pistes pour en finir avec ce fléau.*
*Le livre est d'ores et déjà disponible à la commande* *sur le site d'Attac <https://adherez.attac.org/civicrm/m...> *.
Présentation du livre
*À première vue, l'évasion fiscale apparaît comme une question bien éloignée de notre quotidien : une affaire de riches et de grandes entreprises, de pratiques obscures et complexes dans des îles lointaines et paradisiaques.
Et pourtant, cette question nous concerne toutes et tous ! Car les sommes évadées sont autant d'argent soustrait aux budgets publics, autant de moyens en moins pour nos services essentiels (santé, éducation…), ou encore pour faire face à la crise climatique.*
*En texte et en BD, avec pédagogie et humour, cet ouvrage décortique les mécanismes de ces pratiques scandaleuses, raconte l'origine et l'histoire de l'évasion fiscale, jusqu'aux affaires les plus récentes (SwissLeaks, Pandora Papers...), et revient sur les combats et mesures qui permettent, petit à petit, de la faire reculer – grâce, notamment, aux lanceurs et lanceuses d'alerte.*
*Ce livre avance également des propositions pour poursuivre la lutte contre l'évasion fiscale, qui doit s'appuyer sur des mobilisations citoyennes, la mise en place de réglementations efficaces et la création d'organismes de contrôle nationaux et internationaux. Pour que toute cette histoire ait une fin !*
**Vous pouvez* consulter ici <https://adherez.attac.org/civicrm/m...> *un extrait du livre.**
*VAP* est illustratrice et autrice de BD pour plusieurs revues et associations.
*John Christensen*, co-fondateur de Tax Justice Network, signe la postface du livre.
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Pourquoi la classe compte. Capitalisme, genre et conscience de classe

« Pourquoi la classe compte », autrement dit pourquoi la structure de classe a des conséquences sur, non seulement, les champs « macros » (évolutions et affrontements sociaux et politiques) mais sur la conscience des individus et des groupes jusqu'aux rapports interindividuels.
Tiré de Inprecor 722-223 juillet-août 2024
Par Norbert Holcblat
Erik Olin Wright, Pourquoi la classe compte. Capitalisme, genre et conscience de classe
Cet ouvrage (paru initialement en 2000) du sociologue américain Erik Olin Wright (1947-2019) apporte un éclairage original et important à l'étude des classe sociales. Edité en français en 2024, il a été traduit et postfacé par Ugo Palheta. « Le mot de classe ne sera jamais un mot neutre aussi longtemps qu'il y aura des classes » a écrit Pierre Bourdieu (1) ; la formule est juste même s'il peut paraître paradoxal de citer Bourdieu (dont la sociologie, aux apports indéniables, se différenciait du marxisme) au début d'un article consacré au livre d'un auteur qui, pour sa part, s'est durant la plus grande partie de son itinéraire, référé au marxisme tout en étant soucieux de le confronter inlassablement à la réalité.
Dans cet ouvrage, la démarche d'Olin Wright se différencie donc largement de celles de la plupart des chercheurs marxistes. Ceux-ci, comme il le note dans ses conclusions, « se fondent traditionnellement plutôt sur des méthodes historiques et qualitatives dans leurs recherches empiriques ». Cela, on le sait, a donné lieu à des travaux qui ont fait progresser la connaissance (2) . Olin Wright, pour sa part, utilise ici les méthodes de l'analyse quantitative (enquêtes par questionnaires) pour faire apparaitre en quoi la classe « compte » ou ne compte pas.
Dépasser l'analyse schématique
Mais, en préalable, il construit une structure de classe qui ne dérive pas des catégories de la population active construites, en France par exemple, par la statistique officielle (les PCS de l'INSEE en France) mais est fondée sur le marxisme et la place fondamentale des rapports de propriété et de l'exploitation (il se démarque ainsi d'autres d'analyses des classes, telles celles de Max Weber et de Bourdieu). Cela le conduit à opérer une première distinction, fondé sur la propriété des moyens de production, entre ceux qui ne peuvent subsister qu'en vendant leur force de travail et ceux qui détiennent un capital, eux-mêmes subdivisés entre capitalistes (au moins dix salariés), petits employeurs (2 à 9), petite bourgeoisie (1 au maximum).
Mais Olin Wright entend aussi et surtout analyser le conglomérat majoritaire que constituent les salariés sans adopter la solution habituelle qui consiste à regrouper dans une « classe moyenne » (parfois qualifiée de petite bourgeoisie) à géométrie et à fondements variables ceux qui ne peuvent être classés ni parmi les prolétaires ni parmi les bourgeois. Il souligne que s'en tenir au critère de la propriété des moyens de production « amène à positionner 85 à 90 % de la force de travail des pays capitalistes les plus développés dans une seule classe (la classe travailleuse). En un certain sens, cela reflète une vérité profonde concernant le capitalisme à savoir qu'une large partie de la population est séparée des moyens de production et doit vendre sa force de travail sur le marché du travail pour survivre. » Néanmoins, c'est insuffisant, « si l'on souhaite notamment que la structure de classe nous aide à expliquer la conscience de classe, la formation de classe et le conflit de classe ». Dans le schéma d'Olin Wright, la condition de salarié·e ne suffit pas à caractériser une seule position de classe. La « classe moyenne » salariée correspond à « un ensemble de positions liées au processus d'exploitation et de domination de manière contradictoire ».
Distinguer les classes sociales
Pour analyser le salariat dans sa totalité, il introduit donc deux types de distinctions : la place dans la hiérarchie et l'autorité d'une part, les qualifications d'autre part. Ainsi parmi les travailleurs « de base » non-encadrants, Olin Wright distingue trois positions selon le niveau de qualification : non qualifiés, qualifiés, hautement qualifiés. Il procède de même pour les cadres supérieurs et le petit encadrement. Cela le conduit à distinguer neuf catégories parmi les salariés. Olin Wright remarque que le schéma ainsi construit n'inclut pas, par exemple, les « capitalistes qui ne sont pas techniquement des “employeurs” », c'est-à-dire ceux qui vivent essentiellement de revenus du capital sans être eux-mêmes des patrons. Mais son objectif est d'abord de construire un schéma théorique apte à être utilisé dans des enquêtes quantitatives produisant des résultats comparables dans divers pays, enquêtes qui confirmeront ou infirmeront la solidité de ses hypothèses.
Olin Wright met l'accent sur l'importance d'étudier les différences et les similitudes entre les salariés non prolétariens et les prolétaires au sens strict. Les premiers, donc, occupant des « positions contradictoires au sein des rapports de classe », à la fois exclus de la propriété des moyens mais en même temps distincts – dans une mesure plus ou moins grande – de la « classe travailleuse ». Les réponses aux questionnaires permettent d'en appréhender certaines dimensions, notamment pour ce qui est de la vision du conflit capital-travail : la « classe travailleuse », qualifiée ou non, est toujours la plus anticapitaliste et l'encadrement supérieur hautement qualifié se rattache à la coalition idéologique bourgeoise. Par ailleurs, si le degré de sentiment anticapitaliste varie selon les pays dans la « classe travailleuse » (et semble dépendre de l'importance d'organisations ouvrières indépendantes), la classe bourgeoise est partout clairement pro-capitaliste, ce qui d'une certaine façon rejoint les observations de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot sur la bourgeoisie française comme classe consciente et mobilisée (3).
Penser la complexité
Il faut souligner qu'Olin Wright ne s'engage pas dans le modèle ternaire avancé par certains économistes ou sociologues comme Gérard Duménil et Dominique Lévy qui font de l'encadrement une classe sociale à part et n'excluent pas que « le capitalisme pourrait laisser la place à un nouveau mode de production post-capitalisme, dit “cadrisme”, dont la classe supérieure serait celle des cadres » à moins que la lutte des classes populaires ne conduise à une alliance entre les cadres (ou certains membres de cette classe) et celles-ci (4). On peut penser que Olin Wright a eu raison de ne pas céder à ce type d'extrapolations, qui d'ailleurs n'est pas récent, tant parmi ceux qui ont pu se réclamer du marxisme comme James Burnham dans les années 1930 et 40 (5) que parmi des économistes ou sociologues non-marxistes comme d'une certaine façon John Kenneth Galbraith dans les années 1960 (6).
Dans sa postface, Ugo Palheta rappelle que certains attribuent souvent et hâtivement aux marxistes une forme de « réductionnisme de classe ». Ce travers a pu exister mais il n'est aujourd'hui en aucun cas général. En tout cas, il en innocente à raison Olin Wright. D'aucune matière, celui-ci ne soutient que la classe explique tout. S'il reconnait que le facteur racial n'est abordé que de manière sommaire dans son ouvrage (à propos des USA) et qu'il mériterait d'autres investigations, quatre chapitres du livre sont consacrés aux questions de genre.
On ne reprendra pas ici les débats actuels sur l'intersectionnalité qui mériteraient de longs développements. Sur ce point, on se bornera pour conclure à reprendre le titre de l'ouvrage : « la classe compte ». Et l'éluder conduit à des impasses, théoriques et politiques, comme le rappelle Jean-Marie Harribey dans un article récent de la revue du conseil scientifique d'ATTAC : « si l'exploitation du travail au sens du prélèvement de la plus-value par le capital ne résume pas la totalité des dominations dans la société, sans le concept d'exploitation d'une classe par une autre la société devient incompréhensible » (7).
Norbert Holcblat, le 10 mai 2024
Notes
1. Pierre Bourdieu, Questions de sociologie, éditions de Minuit, 1984-1982, qui poursuit assez justement « La question de l'existence ou de la non-existence des classes un enjeu de lutte entre les classes ».
2. Nous nous contenterons ici de deux références La formation de la classe ouvrière anglaise de E.P. Thompson (The Making of the English Working Class), Le Seuil, collection Points, 2012 (édition française la plus récente) et Les ouvriers dans la société française, 19e-20e siècle, de Gérard Noiriel, Paris, Le Seuil, collection Points, 2011 (édition la plus récente).
3. M. Pinçon & M. Pinçon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie, Collection « Repères », La Découverte, souvent réédité.
4. Gérard Duménil et Dominique Lévy ont exposé cette thèse dans de nombreux textes, voir notamment une interview à Contretemps « A propos de « La grande bifurcation ». Entretien avec Gérard Duménil et Dominique Lévy »
5. les managers. Plus tard, il devint un idéologue de l'impérialisme américain.
6. Pour ce dernier, auteur du Nouvel État industriel (1967), i l y a une forme de divorce entre la détention du pouvoir juridique (celui des actionnaires) et l'exercice réel du pouvoir par les managers, la technostructure qui a pour objectif la croissance à long terme de l'entreprise. Le néolibéralisme a asséné un coup fatal à cette hypothèse.
7. « L'invisibilisation des classes populaires ». Dans cet article plutôt polémique et avec différentes cibles mais argumenté, J-M Harribey déplore le développement exagéré à gauche d'un « fond de référence identitaire plutôt que de classe pour caractériser individus et groupes sociaux ».
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Le chemin qui mène à la paix est... l’apaisement
Cette formule résume bien l'actuelle situation calamiteuse qui afflige Gaza et les Gazaouis. En effet, depuis des mois, on discute d'une trêve (toujours insaisissable) dans le conflit entre le Hamas et Israël.
Pour les Américains, il faudrait une trêve de six mois qui permettrait la libération des otages israéliens toujours détenus par le Hamas d'une part, et d'autre part de prisonniers palestiniens qui croupissent dans les sinistres prisons israéliennes. Le Hamas, lui, exige un cessez-le-feu permanent d'abord, suivi de l'élargissement des otages et des taulards palestiniens.
Pendant ce temps, le gouvernement Netanyahou continue de bombarder sans arrêt Gaza ainsi que ses opérations militaires au sol, multipliant ce qu'on appelle pudiquement les victimes civiles ; et ce, sans même mentionner la résistances croissante des Palestiniens et Palestiniennes en Cisjordanie, qui fait elle aussi l'objet de la répression israélienne. On craint, à tort ou à raison, un élargissement dangereux du conflit dans une bonne partie de la région du Proche-Orient, ce que redoute par dessus tout l'administration Biden.
Deux remarques s'imposent. L'une découle de l'autre. Tout d'abord, le gouvernement américain fait tout pour obtenir un cessez-le-feu, sauf le nécessaire : l'adoption de mesures de rétorsion contre son homologue israélien. Tant que le soutien financier et militaire américain au cabinet Netanyahou va se poursuivre, ce dernier ne verra aucun intérêt à assouplir sa position vis-à-vis du Hamas. C'est élémentaire. Biden et consorts ne l'envisagent même pas. Ils prétendent vouloir obtenir un cessez-le-feu (temporaire, répétons le, ce qui est inacceptable pour le Hamas) tout en fournissant armes et munitions à Tel-Aviv et sans s'engager sur le long terme. Cette politique complaisante durcit l'intransigeance de Netanyahou à l'égard de Gaza et nourrit le sentiment d'injustice des Gazaouis.
De toute manière, au mieux, si une trêve permanente s'établissait, cela signifierait le retour au statu quoi : Gaza redeviendrait une prison à ciel ouvert et le paupérisme continuerait d'y sévir, le tout à cause du blocus israélien.
Il faudrait plutôt procéder à l'inverse : un cessez-le-feu d'abord, suivi de négociations entre le Hamas et le gouvernement israélien. Dans une optique plus large, si on tient à régler enfin le conflit israélo-palestinien, il importerait d'engager des négociations décisives à ce sujet au plus vite après le règlement de la guerre Israël-Gaza.
Plusieurs observateurs et analystes craignent, à tort ou à raison, un élargissement du conflit à toute la région du Proche-Orient si l'affrontement Israël-Hamas perdure. En particulier. certains redoutent que Téhéran ne se dote de l'arme nucléaire pour faire contrepoids à l'État hébreu.
On ne peut souhaiter le pire, bien entendu. Mais il est permis aussi de se demander si le danger d'un tel élargissement ne forcerait pas Israël à entendre raison et par conséquent, à négocier enfin de bonne foi avec la Palestine. Tant que l'extrême-droite israélienne demeurera au pouvoir, on ne peut espérer aucun progrès dans les relations entre les deux nations.
La clé de la paix au Proche-Orient passe par la résolution du conflit israélo-palestinien. Elle ne réglerait pas tous les problèmes de cette zone, mais vu son importance symbolique auprès des populations arabes, elle contribuerait à l'apaiser. D'ailleurs, la sécurité de l'État hébreu emprunte le long chemin de son acceptation par ses voisins. Toutes les parties gagneraient à une paix durable entre ces deux entités, y compris l'Occident.
Jean-François Delisle
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