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Delhi : grève dans le taxi contre Uber et Ola

10 septembre 2024, par Anne-Florence Maranda — , ,
Le 22 et 23 août dernier, près de 400 000 syndiqué.es du taxi se sont rassemblé.es et mobilisé.es afin d'organiser une grève à grande échelle contre des services comme Uber et (…)

Le 22 et 23 août dernier, près de 400 000 syndiqué.es du taxi se sont rassemblé.es et mobilisé.es afin d'organiser une grève à grande échelle contre des services comme Uber et Ola à Delhi. Les 15 syndicats qui les représentent condamnent les pratiques d'exploitation de ces entreprises et demandent des conditions de travail plus saines, justes et équitables.

Tiré du Journal des alternatives. L'autrice est stagiaire d'Alternatives en Inde.

Les revendications de cette manifestation

Plusieurs motifs expliquent l'instigation de cette grève. Tout d'abord, le taux de commissions des services Uber et Ola est beaucoup trop élevé, soit environ 40 % par trajet. Lorsque les applications comme Uber et Ola sont arrivées en Inde, leur taux de commission était d'environ 10 %. Or, ce pourcentage a énormément augmenté en quelques années, ce qui a diminué le revenu des employé.es.

Également, il y a une concurrence déloyale entre les taxis, les automobiles et les tuk-tuks conventionnels (ou également appelés rickshaws motorisés), ainsi qu.avec l'introduction des tuk-tuks électriques et des motos-taxis. En effet, l'entretien et l'usage de moyens de transport plus grands consommant plus en essence fait en sorte que les tarifs fixés sont plus élevés dans la première catégorie pour pallier aux coûts supplémentaires, que dans la deuxième. De plus, le secteur traditionnel du taxi est désavantagé face aux services des applications comme Uber et Ola, qui offrent des tarifs plus bas. La clientèle choisissant davantage l'option la moins chère, les véhicules traditionnels sont moins sollicités, ce qui diminue les opportunités et les bénéfices de ces salarié.es.

Enfin, les syndicats alertent sur l'utilisation de véhicules privés sous les applications de taxi dans le trafic de contrebandes, de drogue et d'alcool, contribuant à une économie illégale.

Des données choquantes

Un rapport de 2024 élaboré par People's Association in Grassroots Action and Movement (PAIGAM) et financé par l'Université de Pennsylvanie dévoile des faits troublants sur les conditions de vie et de travail des salarié.es sur les plateformes en Inde. En effet, cette recherche intitulée « Prisonniers sur roues ? » [Trad. Libre] révèle que 83 % du personnel de taxi des plateformes travaillent plus de 10 heures par jour, 60 % plus de 12 heures et 31 % plus de 14 heures.

Ces longues périodes assises immobiles sur un siège ont pour conséquences des problèmes de santé, comme des douleurs musculaires aux pieds, aux jambes, aux genoux et au dos, des maux de tête, du stress, de la dépression, et bien d'autres symptômes causés par les conditions de ce travail. Cela fait aussi en sorte que les employé.es ont moins d'heures de sommeil et les mettent en danger..

Malgré ces longues journées de travail, 43 % de ces personnes gagnent moins de 500 roupies par jour, ce qui équivaut à un peu moins de 8 $ CAN. En tout, 70 % des salarié.es reçoivent un revenu en dessous de 1 000 roupies par jour, donc un peu plus de 16 $ CAN, après les déductions.

Comme les salaires ne sont pas élevés, les applications prennent en plus une importante portion des revenus sur chaque trajet. En effet, 35 % d'entre du personnel déclarent que ces entreprises prennent une commission de 31 % à 40 % par trajet. Approximativement 23 % disent que c'est plutôt entre 41 % et 50 %.

En plus de ne recevoir qu'une fraction de ce qu'ils gagnent, 68 % des personnes répondantes rapportent avoir subi des déductions inexpliquées et arbitraires à travers l'algorithme des applications. Cela comprend des changements dans les taux de commission ou des paiements en ligne. Également, 83 % des réponses rapportent des blocages ou à des désactivations des applications les empêchent de travailler.

Des demandes qui ne sont pas nouvelles

Ce n'est pas la première fois que le monde du travail du taxi et des tuk-tuk manifestent pour leurs droits. Aussi, cette grève générale s'inscrit dans un mouvement plus large pour améliorer les conditions de travail des employé.es fonctionnant avec les applications bien avant le Covid. On peut mentionner d'autres manifestations en 2018 organisées entre autres dans les villes de Pune, Delhi et Mumbai par des salarié.es d'Uber, d'Ola, de Swiggy et de Zomato (ces deux dernières sont des plateformes de livraison). Elles dénonçaient les mauvaises pratiques de ces entreprises envers le personnel et leur demandaient de meilleures conditions de travail. Certaines grèves, notamment dans la ville de Guwahati en 2023, ont davantage impacté les déplacements de la population.

Bref, les manifestations sont récurrentes contre ces applications dans ce secteur d'activité, démontrant que les conditions de travail dans le secteur du taxi sont encore à améliorer. Malgré les tentatives des syndicats pour sensibiliser les autorités et le gouvernement concernant les problématiques avec Ola, Uber et les plateformes similaires, les directions politiques ne réagissent pas beaucoup et n'appliquent pas d'actions assez efficaces pour réduire les désagréments qu'ont le personnel du secteur des taxis dans leur emploi. Cette situation est empirée par le silence criant des entreprises numériques, qui se taisent face aux problèmes qu'ils apportent à l'industrie.

Ainsi, les 15 syndicats demandent que le gouvernement soutienne davantage le monde traditionnel du travail dans le taxi pour qu'il soit moins pénalisé par les iniquités créées par Ola et Uber. Aussi, ils exigent que les autorités légifèrent plus afin que ces compagnies respectent les droits des travailleuses et des travailleurs et qu'il y ait une plus grande transparence de leurs pratiques. Certains secteurs salariés veulent même que ces applications soient bannies du marché, alors que d'autres proposent le développement d'une application gouvernementale du secteur du taxi. L'objectif est d'apporter, d'améliorer et de sécuriser des conditions de travail saines et généralisées.

La mobilisation du monde du travail dans le taxi en Inde demande d'améliorer les conditions de travail, ainsi que les ressources d'aide. La sensibilisation et la participation de la population en appui à ce mouvement sont essentielles et résonnent avec les manques aux droits du monde du travail en Inde.

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Confronté à une contestation sans précédent, l’appareil israélien fait front commun

En Israël, les manifestations antigouvernementales, de plus en plus violemment réprimées, ne cessent d'enfler, mais se heurtent à un système militaire et politique qui a tout à (…)

En Israël, les manifestations antigouvernementales, de plus en plus violemment réprimées, ne cessent d'enfler, mais se heurtent à un système militaire et politique qui a tout à craindre d'une commission d'enquête indépendante.

Tiré de Courrier international.

Samedi 7 septembre, “onze mois jour pour jour après le samedi noir” [les massacres commis en Israël le 7 octobre 2023 par le Hamas palestinien], “près de 400 000 manifestants se sont rassemblés devant la porte Begin [du nom de Menahem Begin, premier Premier ministre issu du Likoud]”, face à la Kirya, un quartier situé au cœur de Tel-Aviv et considéré comme l'équivalent israélien du Pentagone américain, rapporte Ilana Curiel dans Yediot Aharonot.

Durant la manifestation, “la plus imposante de l'histoire d'Israël”, Einav Zangauker, mère d'un otage israélien, criait : “Tant que Benyamin Nétanyahou restera au pouvoir, nos proches continueront à revenir dans des sacs mortuaires.”

Dans une marée de drapeaux israéliens et de rubans jaunes, les manifestants scandaient “Maintenant ! Maintenant !” pour exiger que le gouvernement parvienne à un cessez-le-feu avec le Hamas afin de libérer les derniers otages. “On les veut vivants !” lisait-on encore sur des pancartes brandies par des manifestants.

La répression se durcit

Les manifestations quasi quotidiennes, démarrées au lendemain de la découverte, le 1er septembre, dans un tunnel de la bande de Gaza, des corps de six otages israéliens tués “à bout portant”, selon Israël, n'ont cessé d'enfler depuis.

Mais elles sont de plus en plus durement réprimées par la police israélienne, “désormais sous la coupe du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir [extrême droite suprémaciste]”, s'inquiète Bar Peleg dans Ha'Aretz. “Plusieurs manifestants ont été placés en garde à vue et ont reçu des pressions pour qu'ils ‘avouent' avoir été payés pour manifester contre le gouvernement israélien”, poursuit le journaliste.

Ces événements interviennent alors que, malgré l'état d'urgence imposé par la guerre, Yariv Levin, le ministre de la Justice israélien [qui appartient au Likoud, le parti du Premier ministre], “œuvre encore et toujours pour placer la Cour suprême d'Israël sous la coupe du gouvernement et de la Knesset [Parlement israélien]”. Même si l'actuelle Cour suprême parvient pour l'instant à protéger son indépendance

Un “putsch” toujours d'actualité

L'on pourrait croire que cet “activisme anticonstitutionnel” est déconnecté de la réalité née du 7 octobre 2023. Mais il n'en est rien, selon Yossi Verter, toujours dans Ha'Aretz.

“Placer la Cour suprême sous les fourches caudines de l'exécutif et de la Knesset permettrait à Nétanyahou d'échapper à une Commission d'État nommée par la Cour suprême et chargée d'instruire les manquements du gouvernement et de l'état-major de Tsahal ayant conduit au désastre du 7 octobre 2023.”

Les instances dirigeantes israéliennes, militaires comme politiques, “ont tout à craindre d'une immixtion de la Cour suprême”, abonde Avi Ashkenazi dans Maariv.

“Au mépris de l'opinion publique israélienne et surtout des familles des victimes et otages du 7 octobre 2023, des sources militaires, anonymes mais présentes au sommet de l'état-major, confirment que Tsahal [l'armée israélienne] se démène pour empêcher à tout prix la mise sur pied d'une commission d'enquête indépendante” et protéger non seulement le Premier ministre, mais aussi Herzl Halevi, le chef d'état-major, “considéré jusqu'à il y a peu comme innocent”.

Les manifestations continueront-elles de prendre de l'ampleur et suffiront-elles à provoquer un dénouement positif pour les dizaines d'otages encore retenus par le Hamas ? Pour l'instant, rien ne semble moins sûr, selon Yossi Verter, pour qui “les appareils politique et militaire se protégeront mutuellement”.

Pascal Fenaux

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Les négociations pour un cessez-le-feu comme arme de guerre

10 septembre 2024, par Malak Hijazi — , ,
Nos espoirs d'un cessez-le-feu sont instrumentalisés contre nous. À chaque fois, les politiciens font des déclarations, les médiateurs font la navette entre les capitales, les (…)

Nos espoirs d'un cessez-le-feu sont instrumentalisés contre nous. À chaque fois, les politiciens font des déclarations, les médiateurs font la navette entre les capitales, les gros titres promettent une percée, puis tout s'écroule. Et à chaque fois, mes espoirs se brisent.

Tiré de France-Palestine
31 août 2024

Mondoweiss par Malak Hijazi

Photo : Au moins 22 Palestiniens confirmés morts dans le massacre d'Israël ciblant un camp de tentes abritant des familles déplacées à Rafah 28 mai 2024 © Quds News Network

Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis accroché à l'espoir d'un cessez-le-feu, pour le voir ensuite réduit en poussière. La guerre à Gaza se poursuit alors que l'été 2024 touche à sa fin, et la promesse de mettre fin à toutes nos souffrances apparaît de plus en plus comme une cruelle illusion.

Chaque fois que les médias mentionnent de nouvelles négociations, je ressens une lueur d'espoir – une petite flamme fragile s'allume en moi : peut-être, juste peut-être, cette fois-ci sera différente. Mais mon cœur, au fond de moi, connaît trop bien le schéma.

Depuis que le temps s'est arrêté en octobre et que l'incertitude règne, ma vie s'est trouvée comme suspendue. J'ai fait la liste de ce que j'allais faire dès que la guerre prendrait fin : rétablir le contact avec mes proches qui sont dans le sud de Gaza et que je ne peux pas voir maintenant, prendre une grande bouffée de liberté, imaginer ce qui nous attend et faire le deuil de ceux qui ont perdu la vie.

À Gaza, pour le moment, nous n'avons pas le loisir de faire correctement notre deuil. Nos journées sont rythmées par une routine impitoyable : courir d'un endroit à l'autre pour échapper aux bombes, écouter les nouvelles, chercher de l'eau et de la nourriture, et ramasser du bois pour faire du feu.

Encore et encore, le schéma familier se reproduit : les négociations échouent, les différents camps s'accusent mutuellement, et l'espoir glisse entre mes doigts comme du sable.

Chaque mois, on assiste au même scénario : les politiciens font des déclarations, les médiateurs font la navette entre les capitales et les gros titres annoncent une percée. Il y a quelques progrès, puis un pas en avant significatif, mais Israël refuse de faire la moindre concession, et tout s'écroule.

Un peu d'espoir, puis des massacres

Les habitants de Gaza sont victimes d'incessants massacres. Mais ils sont aussi les victimes du fait que leur espoir même est utilisé comme une arme contre eux. A l'ombre des négociations, Israël déclenche ses massacres les plus brutaux.

Au cours de ces dix mois de génocide, il y a eu d'innombrables moments où ma famille et moi-même nous sommes accrochés à l'espoir, avant qu'il ne soit brisé par un nouveau massacre. Encore et encore, nos espoirs ont été trahis, les miens et ceux de tous ceux que je connais.

Après le premier cessez-le-feu de novembre, il a été question de le prolonger et de mettre fin à la guerre. J'ai ressenti un bref réconfort, mais il a vite été anéanti.

Une semaine seulement après la rupture du cessez-le-feu, j'ai vécu le pire jour de ma vie. L'armée israélienne a envahi ma maison, nous obligeant, ma famille et moi, à partir en pleine nuit, sans téléphone ni lumière. J'étais terrifié, surtout lorsqu'un soldat israélien a menacé de nous tuer. J'étais terrorisé, les larmes coulaient sur mon visage pendant que nous avancions.

Nous avons finalement trouvé refuge dans un hôpital, où j'ai dormi sur un sol dégoûtant, avant de nous rendre chez un parent. Un mois plus tard, nous sommes revenus dans un quartier méconnaissable. Notre maison avait été partiellement détruite, et de nombreuses familles avaient entièrement perdu la leur.

En mars, ma tante nous a appelés, convaincue que la guerre prendrait fin avant le ramadan, d'après les nouvelles qu'elle avait eues. Elle était heureuse et pleine d'espoir, et nous parlait de ses projets pour après la guerre et des plats qu'elle allait cuisiner.

Mais peu de temps après, l'armée israélienne a envahi pour la deuxième fois l'hôpital al-Shifa et le quartier environnant, où vivait ma tante. Elle est restée enfermée chez elle pendant trois jours, en plein Ramadan, sans eau ni nourriture, terrifiée par le bruit des chars qui bombardaient aveuglément tout ce qui se trouvait autour d'eux.

Lorsque nous l'avons appelée, elle pleurait, sentant que la mort était proche. L'armée israélienne a fini par envahir sa maison, la forçant, elle, ses enfants et les voisins, à se déplacer à pied vers le sud, l'estomac vide, en marchant sur les corps des morts.

En mai 2024, le Hamas a fait savoir qu'il était prêt à accepter un cessez-le-feu proposé par le président américain Joe Biden. Pendant un bref instant, les gens ont cru que les horreurs de la guerre allaient enfin prendre fin.

Je me souviens parfaitement de ce jour. Les familles déplacées, réfugiées dans une école voisine, criaient de joie et faisaient la fête, toute heureuses à l'idée que la fin de leurs épouvantables souffrances approchait. Les voisins pleuraient de joie et mes petites nièces sautaient de joie.

Mais cette joie a été de courte durée. Dès le lendemain, Israël a lancé une invasion de Rafah, réduisant à néant le bref espoir qu'avait suscité la perspective de la fin des hostilités.

Chaque cycle de négociations est accompagné de ce que l'on appelle une « pression militaire » accrue sur le Hamas, ce qui se traduit souvent par l'assassinat de nouveaux Palestiniens. Israël emploie une stratégie qui consiste à commettre des crimes de guerre et des massacres pour faire échouer les négociations, comme brûler les tentes des personnes déplacées, tuer plus de 200 Palestiniens pour libérer quatre captifs israéliens, ou tuer 100 Palestiniens pendant les prières de l'aube.

Israël prétend que ces crimes sont nécessaires pour imposer ses conditions à un cessez-le-feu. Mais quelles sont ces conditions ? Israël ne souhaite pas vraiment la fin de la guerre.

Il ne cherche qu'une brève pause pour se réorganiser avant de revenir tuer d'autres Palestiniens.

Israël veut contrôler les corridors de Philadelphie et de Netzarim pour dominer indéfiniment la vie des Palestiniens, en bloquant l'accès à la nourriture et aux médicaments, en augmentant les restrictions de voyage et en rendant une fois de plus la vie à Gaza invivable. Et le régime d'occupation empêche toujours les Palestiniens de retourner dans leurs maisons au nord de Gaza.

Quand notre espoir est instrumentalisé contre nous

Après chaque échec des négociations pour un cessez-le-feu, je m'interroge sur l'objectif de la guerre en cours : Que veut vraiment Israël ? Une guerre régionale ? L'éradication complète des Palestiniens de Gaza ? Le déplacement forcé des Palestiniens vers l'Égypte ? Quels sont les plans qu'il élabore en secret ? Je me surprends à suranalyser chaque déclaration des dirigeants israéliens et des candidats à la présidence américaine.

Nos vies semblent contrôlées par des psychopathes criminels.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu'il n'y aurait pas de retrait des forces militaires israéliennes de Gaza. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie-t-il qu'ils peuvent envahir notre ville quand ils veulent, en tuant tout le monde sur leur passage et en détruisant toutes les maisons restantes ? Et pour combien de temps ? Deux, trois ou même dix ans ?

Serons-nous constamment menacés, devrons-nous vivre dans la crainte d'être tués ou blessés tout le reste de notre vie, si nous avons la chance de survivre ?

La décision des Démocrates d'allouer 3,5 milliards de dollars supplémentaires à Israël après que Kamala Harris a appelé à la fin de la guerre est d'une remarquable hypocrisie. Ce double-jeu met en lumière toute la fourberie étasunienne. Combien d'enfants vont encore mourir ? Combien de maisons vont encore être détruites ? Combien de rêves vont encore être anéantis ?

Lorsque Donald Trump soutient l'élargissement des territoires d'Israël, qu'est-ce que cela implique ? Quelles sont les terres qui seront saisies ? Allons-nous être relocalisés de force dans le désert du Sinaï ?

Les États-Unis et Israël veulent tous deux une victoire militaire et un gain politique, le tout à nos dépens. Mais personne ne semble s'inquiéter de reconstruire Gaza.

Nos enfants doivent pourtant retourner à l'école et nous avons besoin d'universités et d'hôpitaux. Pendant que nous luttons pour reprendre en main nos vies et restaurer nos infrastructures, l'accent reste mis sur les objectifs politiques et militaires, sans tenir compte de nos besoins essentiels et nos perspectives d'avenir.

À l'approche du premier anniversaire de cette guerre, je me suis rendu compte que ces négociations de cessez-le-feu ne sont qu'une arme de plus dans cette guerre.

Elles nous font miroiter la promesse de mettre fin à cet holocauste, pour ensuite la réduire à néant lorsque nous tendons la main. J'entends le monde parler de la nécessité d'un cessez-le-feu, j'entends les discours et je vois les gros titres, mais ici, sur le terrain, rien ne change.

Les massacres se succèdent de plus en plus horribles, et les innocents qui rêvaient de la fin de la guerre meurent.

Je me demande quel était l'espoir de ceux qui ont été tués. Comme moi, ils faisaient des projets pour la fin de la guerre. Mais que faire d'autre ? Même celui qui se noie s'accroche à l'espoir d'une bouée de sauvetage.

Ce qui me permet de supporter le poids de la vie, c'est l'espoir, et ce qui me brise à chaque fois, c'est aussi l'espoir.

Traduction :Chronique de Palestine

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Les otages israélien.ne.s et les Palestinien.ne.s méritent tout autant d’être pleuré.e.s

10 septembre 2024, par Voix juives indépendantes — , , , ,
Nous pleurons la mort des six otages israélien.ne.s retrouvé.e.s tué.e.s ce week-end, tout comme nous pleurons les 47 Palestinien.ne.s tué.e.s le même jour par Israël, et les (…)

Nous pleurons la mort des six otages israélien.ne.s retrouvé.e.s tué.e.s ce week-end, tout comme nous pleurons les 47 Palestinien.ne.s tué.e.s le même jour par Israël, et les plus de 40 000 personnes tuées depuis le 7 octobre 2023.

3 septembre 2024 IJV Canada

Ces morts auraient pu être évitées. Au moins 3 des Israélien.ne.s tué.e.s figuraient sur une liste afin d'être libéré.e.s en juillet, si Israël avait décidé d'accepter un accord déjà accepté par le Hamas. Mais non. Le gouvernement israëlien a décidé de tuer le négociateur en chef du Hamas et a donné la priorité à la poursuite de sa campagne militaire plutôt qu'à la sécurité des otages capturé.e.s.

En fait, toutes les vies perdues depuis le 7 octobre auraient pu être évitées si Israël et ses bailleurs de fonds occidentaux, dont le Canada, avaient cherché à remédier à la situation insupportable qui a conduit aux événements du 7 octobre. Au lieu de cela, nous avons armé Israël et lui avons donné carte blanche pour agir en clamant la « légitime défense » contre un peuple illégalement occupé et emprisonné.

Les Israélien.ne.s tué.e.s le 7 octobre auraient également pu être épargné.e.s si les Palestinien.ne.s de Gaza n'avaient pas été poussé.e.s au désespoir, si leurs vies n'avaient pas été abandonnées et dévalorisées par le régime d'apartheid génocidaire d'Israël. On oublie parfois que les Israélien.ne.s ont tué 23 000 Gazaoui.e.s dans diverses attaques au cours de la décennie précédant le 7 octobre 2023.

Malheureusement, nous ne pouvons pas revenir en arrière. Mais nous pouvons avancer dans une direction différente. Une direction dans laquelle les vies des Palestinien.ne.s ont autant de valeur que celles des Israélien.ne.s. Pas moins, pas plus.

Malheureusement, la réaction disproportionnée aux morts des 6 otages israélien.ne.s sert à perpétuer le statu quo dans lequel la vie des Israélien.ne.s a infiniment plus de valeur que celle des Palestienien.ne.s. Les six Israélien.ne.s tué.e.s sont désormais des noms et des visages connus. Les dizaines de milliers de Palestinien.ne.s tué.e.s, en revanche, sont mort.e.s sans que l'on connaisse leurs noms, leurs visages, leurs histoires. Leurs vies méritent tout autant d'être connues et leurs pertes d'être pleurées. Nous nous opposons à cette division raciste de l'humanité par notre gouvernement, par les médias canadiens, par nos compatriotes juif.ve.s canadien.ne.s et par la société israélienne.

Notre Talmud nous enseigne qu'une personne qui détruit une seule vie détruit un monde entier, et que chaque personne qui sauve une vie sauve un monde entier. Cet enseignement est partagé par le Coran, qui indique que celui qui détruit une seule vie détruit l'humanité toute entière, et qu'une personne qui sauve une seule vie, sauve l'humanité toute entière. Nous pleurons chaque vie détruite, chaque monde possible éteint, comme une perte immense.

Pendant ce temps, un nouveau mouvement de protestation s'est déclenché au cours du week-end en Israël, où nous avons vu quelque 700 000 Israélien.ne.s descendre dans la rue pour réclamer un accord sur les otages. Si ces manifestations nous permettent d'espérer qu'un cessez-le-feu négocié est en vue, elles montrent aussi tristement où en est la société israélienne après près d'un an de génocide israélien à Gaza.

À l'instar du précédent mouvement de manifestations en Israël contre les réformes judiciaires, les nouvelles manifestations concernent résolument et sans équivoque la vie des Israélien.ne.s, en omettant complètement les Palestinien.ne.s. Iels se sont rassemblé.e.s parce que les Israélien.ne.s se sont rendu.e.s compte que le génocide mettait également en danger la vie des Israélien.ne.s, et non parce qu'iels ont soudainement réalisé qu'Israël était allé trop loin dans sa campagne génocidaire.

On entend des cris à Rama-
Des lamentations, des larmes amères-
Rachel pleure ses enfants.
Elle refuse d'être consolée
Sur ses enfants, car ils ne sont plus.

– Jérémie 31:15

Nous sommes en deuil avec les innombrables parents qui pleurent amèrement leurs enfants disparus. Nous refusons de nous laisser réconforter par les promesses creuses de nos politicien.ne.s, alors que chaque jour apporte son lot de morts et qu'iels continuent à ne rien faire face à ce génocide. Le monde entier réclame un cessez-le-feu et la justice pour la Palestine.

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Caractérisation du génocide en cours à Gaza : chronologie d’un tabou

10 septembre 2024, par Agence Média Palestine — , , , ,
Depuis 75 d'occupation et de régime d'apartheid imposés par Israël au peuple palestinien, et au cours des nombreux épisodes sanglants qui ont ponctué cette longue période, les (…)

Depuis 75 d'occupation et de régime d'apartheid imposés par Israël au peuple palestinien, et au cours des nombreux épisodes sanglants qui ont ponctué cette longue période, les termes reviennent : crimes génocidaires, nettoyage ethnique, génocide. Si elles ont toujours été vivement niées par Israël et ses soutiens, ces accusations n'en sont pas moins sérieuses. Depuis le 7 octobre, de nombreux·ses ONG, défenseur·ses des droits humains et historien·nes qualifient les massacres perpétrés par Israël à l'encontre des civils palestiniens de génocide, faisant de plus en plus consensus. Retour sur bientôt 11 mois de débats sur la caractérisation d'un génocide encore en cours.

Tiré d'Agence médias Palestine.

Définition

Le terme « génocide » est codifié par les Nations unies dans la Convention sur le génocide de 1948 et défini comme « des actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ».

Entre le 7 octobre et le 28 août, date de rédaction de cet article, au moins 40 435 Palestinien·es ont été assassiné·es par Israël. En prenant en compte les morts liées aux suites des blessures, aux épidémies et à la famine causées pas les exactions de l'armée israélienne à Gaza, ce chiffre pourrait être multiplié par 4, selon une étude du Lancet.

Mais un nombre élevé de morts ne constitue pas à lui seul une preuve de génocide. Les experts juridiques précisent que l'intention est un élément clé. Là aussi, les éléments ne manquent pas, à commencer par les déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu immédiatement après le massacre du 7 octobre, dans lesquelles il a qualifié Gaza de « ville du Mal ». : « Nous réduirons en ruines tous les endroits où le Hamas se déploie et se cache. Je déclare aux habitants de Gaza : sortez de là maintenant. Nous agirons partout et avec toute notre puissance ».

Pour Anisha Patel, chercheuse juridique au sein de l'association Law for Palestine, « Les intentions que nous avons observées sont nombreuses et proviennent de tous les secteurs de l'État israélien ». Son association, qui fournit des analyses juridiques sur le droit international en rapport avec les Palestiniens, affirmait en décembre 2023 avoir identifié plus de 400 cas « à tous les niveaux de l'élite israélienne » exprimant ce que l'organisation considère comme une preuve d'intention génocidaire.

Alors que la violence de l'armée israélienne continue de s'abattre sur les Palestinien·nes et que les déclarations déshumanisantes se suivent dans les discours des dirigeant·es israélien·nes, de plus en plus d'expert·es affirment qu'il s'agit bien d'un cas de génocide.

Chronologie non-exhaustive

Pour certain·es, il n'a pas fallu onze mois de bombardements et de blocage de l'aide humanitaire pour trouver le mot. Car comme le démontre Anisha Patel, l'intention était clairement formulée dès le début du mois d'octobre.

Dès le 13 octobre, peu après la déclaration du blocus total de Gaza par Yoav Galland « Pas d'électricité, pas de nourriture, pas de carburant. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence », et alors que le premier ordre israélien d'évacuation du nord de Gaza contraint plus d'un million de civils, dont la moitié sont des enfants, à se lancer dans une fuite frénétique au milieu de bombardements, le professeur agrégé d'études sur l'Holocauste et les génocides Raz Segal titre son analyse de la situation dans le média Jewish Current : « Un cas d'école de génocide ».

« Human Rights Watch a confirmé que les armes utilisées incluent des bombes au phosphore, qui mettent feu aux corps et aux immeubles, créant des flammes qui ne peuvent être éteintes au contact de l'eau. Cela illustre clairement ce que Gallant signifie par « agir en conséquence » : non pas cibler individuellement les militants du Hamas, comme le clame Israël, mais déchainer une violence meurtrière contre les Palestinien.ne.s de Gaza « en tant que tels », pour reprendre le langage de la Convention sur le génocide de l'ONU. », explique Raz Segal. « Je dis ça en tant qu'expert du génocide, qui a passé de nombreuses années à écrire à propos de la violence de masse d'Israël contre les Palestinien.ne.s. J'ai écrit sur le colonialisme de peuplement et la suprématie juive en Israël, la déformation de l'Holocauste pour renforcer l'industrie militaire israélienne, l'instrumentalisation d'accusations d'antisémitisme comme arme pour justifier la violence israélienne contre les Palestinien.ne.s, et le régime raciste d'apartheid Israélien. »

Le même jour, plusieurs organisations palestiniennes de défense de droits humains signent une tribune exhortant les États tiers à intervenir de toute urgence pour protéger le peuple palestinien contre le génocide : « Il est indiscutable qu'Israël impose délibérément au peuple palestinien des conditions de vie susceptibles d'entraîner sa destruction physique totale ou partielle. Il incombe désormais à la communauté internationale d'intervenir pour empêcher un génocide imminent. »

Fin octobre, le directeur du bureau des droits de l'homme à l'ONU signe sa lettre de démission, dans laquelle il affirme : « En tant que juriste spécialisé dans les droits de l'homme, avec plus de trente ans d'expérience dans ce domaine, je sais bien que le concept de génocide a souvent fait l'objet d'abus politiques. Mais le massacre actuel du peuple palestinien, ancré dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, dans le prolongement de décennies de persécution et de purge systématiques, entièrement fondées sur leur statut d'Arabes, et associé à des déclarations d'intention explicites de la part des dirigeants du gouvernement et de l'armée israéliens, ne laisse aucune place au doute ou au débat. »

Au fil des mois et alors que l'horreur se perpétue, les déclarations se poursuivent, dont nous proposons ici une chronologie non-exhaustive. Accompagnées d'exhortations à la communauté internationale, aux gouvernements, aux populations, de ne pas rester impuissant·es face au génocide.

Chronologie-genocide : téléchargez ici.

Le 29 décembre 2023, l'Afrique du Sud dépose auprès de la Cour Internationale de Justice une requête affirmant que les actes et omissions d'Israël à l'égard des Palestiniens de Gaza depuis le 7 octobre 2023 revêtent un caractère génocidaire et qu'Israël viole ses obligations aux termes de la Convention de 1948 des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide. Les 11 et 12 janvier 2024, les audiences consacrées à la demande de l'Afrique du Sud se déroulent à La Haye. Le dossier de 84 pages accuse Israël d'actes et d'omissions à caractère génocidaire, car commis avec l'intention spécifique requise de détruire les Palestiniens à Gaza en tant que partie du groupe national, racial et ethnique palestinien au sens large.

Le verdict de la CIJ est rendu le 26 janvier 2024 : le tribunal conclut que la plainte de l'Afrique du Sud contre Israël pour violation de la convention sur le génocide est « plausible ». La Cour ordonne à Israël de prévenir et punir tous les actes qui relèvent de la convention sur le génocide.

De nombreuses organisations de défense des droits de l'homme et milant·es s'appuient sur cette décision pour légitimer leur propre usage du terme et exhorter la communauté internationale, les gouvernements, la société civile à réagir. Le 16 avril, un sondage révèle qu'un français sur trois estime qu'Israël commet un génocide à l'encontre des Palestiniens de Gaza.

Dans un court essai publié par le Guardian le 13 août 2024, Omer Bartov, historien de l'holocauste et spécialiste du génocide, raconte son récent séjour en Israël et la difficulté d'y exprimer sa conviction que l'armée israélienne perpétue un génocide. Dans son texte, puis dans une interview donnée au journaliste Owen Jones, il explique comment il en est venu à caractériser le génocide et les réticences auxquelles il a été confronté.

« Le 10 novembre 2023, j'ai écrit dans le New York Times : « En tant qu'historien du génocide, je pense qu'il n'y a aucune preuve qu'un génocide a lieu actuellement à Gaza. […] L'histoire nous apprend qu'il est crucial d'alerter sur les risques de génocide avant qu'ils ne se produisent, plutôt que de les condamner tardivement une fois qu'ils ont eu lieu. Je pense que nous avons encore le temps de le faire ». Je ne le crois plus. […] Au moins depuis l'attaque des FDI à Rafah le 6 mai 2024, il n'est plus possible de nier qu'Israël est engagé dans des crimes de guerre systématiques, des crimes contre l'humanité et des actions génocidaires. »

Après avoir détaillé les raisons sémantiques de cet usage du terme, il ajoute : « Je n'ai pu discuter de ces questions qu'avec une très petite poignée de militants, d'universitaires, d'experts en droit international et, ce qui n'est pas surprenant, de citoyens palestiniens d'Israël. Au-delà de ce cercle restreint, de telles déclarations sur l'illégalité des actions israéliennes à Gaza sont anathèmes en Israël. Même la grande majorité des manifestants contre le gouvernement, ceux qui appellent à un cessez-le-feu et à la libération des otages, ne les admettront pas. »

Car si le terme semble de plus en plus communément admis dans certains cercles, il n'en reste pas moins l'objet de vives critiques et attaques, et peu de dirigeant·es l'utilisent. Comment expliquer un tel fossé entre les expert·es en génocide, les organismes de défenses des droits humains et les militant·es d'une part, et les gouvernements occidentaux, qui peinent à reconnaitre qu'un génocide est en cours ?

Censure des voix palestiniennes, répression des militant·es

Le 21 novembre dernier, l'Agence Média Palestine publiait une traduction d'un article de Rabea Eghbariah, avocat spécialisé dans les droits humains terminant ses études doctorales à la Harvard Law School, qui avait été censuré par la Harvard Law Review au cours d'une procédure inédite pour la revue. Il s'agissait du premier article écrit par un universitaire palestinien pour cette revue juridique, et le terme génocide, largement argumenté et documenté, y était employé pour définir les crimes d'Israël à Gaza.

« La discussion n'a pas porté sur les aspects techniques ou le fond de votre article », a écrit Tascha Shahriari-Parsa, éditrice, à Eghbariah. « La discussion a plutôt porté sur des préoccupations concernant les rédacteurs qui pourraient s'opposer à l'article ou être offensés par celui-ci, ainsi que sur la crainte que l'article ne provoque une réaction de la part de membres du public qui pourraient à leur tour harceler, dénoncer ou tenter d'intimider nos rédacteurs, notre personnel et la direction de HLR ».

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Ces formes de censures, souvent appliquées dans des procédures exceptionnelles rocambolesques, ont été fréquemment observées depuis le 7 octobre 2023, alors que le blackout imposé par Israël à Gaza, ainsi que le ciblage de journalistes en exercice de leur fonction, rend déjà très difficile le relais de l'information.

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Double standard des médias occidentaux

Si la société civile autant que la communauté internationale peine à prendre la mesure de ce qu'il se passe à Gaza, c'est aussi car les médias occidentaux participent à déshumaniser les Palestinien·nes et à invisibiliser leurs souffrances, affirmait Yara Hawari, codirectrice d'Al-Shabaka, lors du 2024 Annual Palestine Forum, organisé par l'Institute for Palestine Studies et l'Arab Center for Research and Policy Studies à Doha, au Qatar, en février 2024.

Outre la légèreté avec laquelle le groupe TF1 invitait le 30 mai dernier le premier ministre israélien à prendre la parole à une heure de grande écoute, on observe d'une manière générale dans les médias occidentaux que les sources israéliennes sont généralement acceptées comme « fiables », y compris lorsqu'elles ne fournissent aucune preuve. À l'inverse, les sources palestiniennes sont souvent citées au conditionnel ou traitées avec beaucoup de précaution.

L'emploi des mots est aussi vivement critiqué par les militant·es. Par exemple, les bombardements israéliens à Gaza seront rapportés comme des « explosions » dont personne n'est responsable, jusqu'à ce que l'armée israélienne en accepte ou en nie la responsabilité. », résumait le journaliste Daniel Boguslaw en janvier dernier. Depuis octobre, de nombreux activistes dénoncent par exemple qu'on parle de « mort·es » plutôt que de « tué·es » ou « assassiné·es », de « mineurs » plutôt que d' « enfants », de « guerre » plutôt que de « génocide ».« Des milliers de personnes meurent et sont mutilées, submergées par un flot de violence qu'on ne pas peut qualifier de guerre, sauf par paresse », déclarait le journaliste Raffaele Oriani dans une lettre adressée à la direction de son journal, annonçant sa démission afin de dénoncer le traitement médiatique de la situation à Gaza.

Dans un texte publié sur le média Mondoweiss, le collectif Writers Against the War in Gaza (WAWG) dénonce ce double standard dans une analyse linguistique comparative des termes utilisés par le journal The New-York Times pour qualifier les affrontements en Ukraine et à Gaza. L'emploi des mots est un enjeu majeur ici, car il participe à la réception des informations que nous recevons, et à la désensibilisation devant des massacres qui se perpétuent en direct et au regard de tous·tes.

Pas qu'un mot

La bataille est plus que sémantique : si le mot est important, c'est aussi parce que l'article premier de la Convention de 1948 dispose que les États signataires ont l'obligation de tout mettre en œuvre pour prévenir les génocides.

Certain·es militant·es et universitaires ont critiqué le débat que soulevait ce terme, ou même les actions menées par l'Afrique du Sud pour faire reconnaitre le génocide à Gaza. Prouver la qualification de génocide prend du temps, et n'empêche pas les personnes d'être tuées. L'émotion que suscite le terme, et la vigueur des débats qu'il entraîne, détournerait l'attention des mesures urgentes à prendre.

Pour répondre à ces arguments, Raz Segal rappelle que le gouvernement américain a refusé de qualifier de génocide les crimes commis contre les Tutsis au Rwanda, car cela signifiait qu'il aurait dû envoyer du personnel pour intervenir. Les mots sont des idées, nous en avons besoin pour comprendre une situation et pour y réagir. « Si nous ne nous en tenons pas à la vérité, nous ne pourrons jamais faire un bilan honnête de la façon dont nous sommes arrivés au 7 octobre et de la façon dont nous allons aller de l'avant », déclare Segal. « Nous devons nommer les choses pour ce qu'elles sont. »

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Attaques en Cisjordanie : Pour les dirigeants occidentaux, il n’y a pas de ligne rouge pour les massacres perpétrés par Israël

10 septembre 2024, par Lubna Masarwa — , ,
Enhardi par les États-Unis et d'autres puissances occidentales, Israël estime qu'il peut s'en tirer en déchaînant l'enfer sur tous les Palestiniens. Tiré de (…)

Enhardi par les États-Unis et d'autres puissances occidentales, Israël estime qu'il peut s'en tirer en déchaînant l'enfer sur tous les Palestiniens.

Tiré de France-Palestine
3 septembre 2024

Par Middle East Eye par Lubna Masarwa

Photo : L'armée israélienne détruit des routes au bulldozer dans le camp de réfugiés de Jénine © Quds News Network

L'assaut de l'armée israélienne contre quatre camps de réfugiés et presque toutes les villes du nord de la Cisjordanie occupée, à l'aide d'armes de combat, d'atterrissages d'hélicoptères de type commando, de drones et de bulldozers, ne peut être considéré comme une réponse à la guerre contre Gaza.

Il s'agit d'une opération bien plus importante qu'une opération de "contre-terrorisme" revendiquée par Israël.

La guerre en Cisjordanie était prévue avant l'attaque du Hamas le 7 octobre de l'année dernière, m'a dit un membre haut placé du Fatah ayant des liens étroits avec les cercles de sécurité.

Elle a été reportée par la guerre de Gaza, mais aussi affinée et peaufinée par elle.

Lorsqu'Israël a vu combien de sang palestinien les États-Unis et l'Europe étaient prêts à tolérer à Gaza - combien de destructions, combien de millions de personnes seraient continuellement déplacées, et pour combien de temps - Israël s'est senti enhardi à faire subir le même enfer à sa véritable cible : la Cisjordanie occupée.

Écrasez la Cisjordanie et le peuple palestinien pourra dire adieu à son État pour toujours.

Tel est le message que Bezalel Smotrich, ministre d'extrême droite et colon qui s'efforce de faire passer la gouvernance de la Cisjordanie occupée d'un contrôle militaire à un contrôle civil, n'a cessé de diffuser publiquement.

À l'instar de la guerre à Gaza, l'opération "Camps d'été" ne vise pas principalement les groupes de résistance locaux ou leurs dirigeants, bien que plusieurs d'entre eux aient déjà été pris pour cible et tués.

Les attaques terrestres et aériennes contre Jénine, Tulkarem et Tubas, ainsi que la mise en place d'un siège, le bouclage des hôpitaux et la détention du personnel médical, sont toutes dirigées contre la population, tout comme à Gaza.

Les bulldozers entrent en action, non pas pour dégager un chemin pour les chars, mais pour creuser les conduites d'eau et les égouts indispensables à la vie, sachant que dans six mois, la Cisjordanie occupée connaîtra des flambées de maladies graves et des épidémies, comme c'est le cas à Gaza aujourd'hui.

N'allons pas croire qu'il s'agit simplement d'un plan de Smotrich visant à annexer furtivement la majeure partie de la Cisjordanie et à forcer d'importants transferts de population vers la zone A - la zone encore théoriquement sous le contrôle de l'Autorité palestinienne (AP) - ou mieux encore, du point de vue d'Israël, vers la Jordanie.

Il s'agit d'un plan gouvernemental. Peu après le début de l'offensive de l'armée, le ministre israélien des affaires étrangères, Israël Katz, a appelé à des transferts de population, sous le couvert d'une "évacuation temporaire".

"C'est une guerre pour tout et nous devons la gagner", a déclaré M. Katz.

Objectif clinique

Smotrich lui-même a révélé, lors d'un discours aux colons enregistré par un militant de Peace Now, que son plan bénéficiait du soutien total du Premier ministre. Benjamin Netanyahou est "tout à fait d'accord avec nous", a déclaré M. Smotrich.

Il a qualifié de "méga-dramatique" son projet de modifier de manière irréversible la manière dont la Cisjordanie occupée est gouvernée, ajoutant que "de tels changements modifient l'ADN d'un système".

Pour le citoyen israélien juif moyen, l'opération en Cisjordanie, c'est de la viande et de la boisson.

Si la communauté internationale nous a autorisés à transférer plus de deux millions de Palestiniens à Gaza, se disent-ils et se répètent-ils, nous pouvons faire de même en Cisjordanie, libres des obligations légales d'Israël en tant que puissance occupante, libres de toute frontière ou ligne rouge.

Et le pire, c'est qu'ils ont raison de tirer cette conclusion.

Gaza a donné un coup d'accélérateur au plan Smotrich d'annexion de la Cisjordanie occupée.

Depuis le 7 octobre, la frontière entre les colonies et l'armée, qui était floue avant la guerre, a été complètement effacée, comme le souligne Haaretz dans un éditorial.

Les colons qui, avant le 7 octobre, incendiaient les maisons et les cultures des Palestiniens, sont réapparus en uniforme avec les armes et l'autorité de l'armée israélienne.

Dix jours seulement après l'attaque du Hamas, 62 Palestiniens ont été tués et des dizaines d'autres blessés dans des attaques de colons, tandis que des barrages routiers ont été érigés - et tout cela dans un but bien précis : chasser les Palestiniens de leurs maisons et de leurs fermes.

B'Tselem, l'observatoire israélien des droits humains, a documenté huit communautés entières, abritant 87 familles comptant 472 personnes, dont 136 mineurs, chassées de leurs maisons en une semaine.

Ne vous laissez pas abuser par les rares voix de la raison, de plus en plus solitaires, émanant de l'élite sécuritaire israélienne. Le chef du Shin Bet, Ronen Bar, a averti que la violence de plus en plus manifeste des colons causait des "dommages indescriptibles" à Israël et le transformait au point de le rendre méconnaissable.

L'attaque des camps de réfugiés de Balata, Nur Shams, Jénine et Far'a a un objectif clinique.

Les camps représentent la densité de la population palestinienne de tous horizons. L'objectif d'Israël est de procéder à un nettoyage ethnique des camps afin d'effacer les derniers vestiges de la revendication fondamentale du peuple palestinien d'un droit au retour.

L'Autorité palestinienne est paralysée. Elle n'a pas de réponse à cette attaque en règle contre sa patrie.

"Il n'y a pas de plan sérieux, car l'aspect le plus important pour résister à l'action israélienne est d'avoir une direction palestinienne unique et une vision palestinienne unique, ce qui signifierait mettre fin à la division entre le Fatah et le Hamas. Et pourtant, l'Autorité palestinienne ne prend pas cela au sérieux", m'a confié un membre du Fatah bien informé.

Pas de lignes rouges

Privée de leaders, la réaction palestinienne est inconnue. Mais souvenez-vous d'une chose : aucun des événements majeurs qui ont changé le cours de ce conflit n'a été prédit.

Personne n'avait prédit la première Intifada. Personne n'avait prévu l'opération "Déluge d'al-Aqsa".

"Les réactions du peuple palestinien sont toujours créatives et distinctes, et ne se rendent pas", a déclaré l'initié du Fatah.

Mais une chose est sûre : le génocide, dont le monde a juré qu'il ne se reproduirait plus jamais après l'Holocauste, est en train d'être normalisé. Et cela n'affectera pas seulement notre avenir en tant que Palestiniens, mais l'avenir du monde entier.

Chaque jour, depuis 11 mois, je reçois des photos de cadavres, de têtes fracassées et de parties de corps rassemblées dans des sacs mortuaires.

En tant que chef de bureau de Middle East Eye dans la région, il m'incombe de passer ces images au crible et de les examiner. Aucune de ces images de barbarie n'apparaît dans les médias israéliens ou dans le monde occidental, mais un public arabe et musulman les reçoit tous les jours.

Ce que font les soldats israéliens peut être fait dans d'autres pays également. Il semble que nous soyons entrés dans une nouvelle ère de barbarie.

Et pendant que ce massacre quotidien a lieu, une nouvelle candidate démocrate à la présidence, Kamala Harris, a été couronnée, alors que les organisateurs de la convention du parti ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour exclure un orateur palestinien de leur plate-forme principale.

Ils ont déclaré au Washington Post qu'ils avaient agi de la sorte au nom de l'"unité" de la conférence.

L'inhumanité de cette époque me fait peur, en tant que journaliste et en tant que personne.

Chaque Palestinien sait qu'Israël jouit d'une impunité totale, d'une liberté totale de faire ce qu'il veut de nous.

Peut-être qu'à long terme, la Cour internationale de justice ou la Cour pénale internationale l'emporteront sur les tentatives des États-Unis et d'autres pays de les museler. Mais rien de tout cela ne protège aujourd'hui Jénine, Tukarm ou Tubas. Rien de tout cela n'empêche Israël de larguer des bombes de 1 000 livres sur des tentes.

En tant que Palestinien, où que vous viviez - à Gaza, en Cisjordanie occupée, en tant que résident de Jérusalem ou en tant que citoyen d'Israël - l'État israélien peut vous faire tout ce qu'il veut. Vous, votre maison et votre famille pouvez disparaître du jour au lendemain, sans qu'aucune question ne soit posée.

Gaza et maintenant la Cisjordanie occupée nous ont montré à tous qu'il n'y a pas de lignes rouges. Combien d'enfants doivent être tués avant que le monde ne demande l'arrêt de ce massacre ?

La réponse est qu'il n'y a pas de limite.

Traduction : AFPS

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Une militante américaine d’origine turque abattue par l’armée israélienne dans le nord de la Cisjordanie occupée

10 septembre 2024, par Middle East Monitor — , , ,
Une activiste turco-américaine a été abattue par les forces israéliennes vendredi lors d'une manifestation contre les colonies israéliennes illégales dans la ville de Beita, (…)

Une activiste turco-américaine a été abattue par les forces israéliennes vendredi lors d'une manifestation contre les colonies israéliennes illégales dans la ville de Beita, dans le district de Naplouse, en Cisjordanie occupée, rapporte l'agence Anadolu.

Tiré de France palestine Solidarité. Article publié à l'origine par le Middle East Monitor.

Fouad Nafaa, directeur de l'hôpital Rafidia, a déclaré à Anadolu qu'Aysenur Ezgi Eygi, qui possédait la double nationalité turque et américaine, était arrivé à l'hôpital avec une blessure par balle à la tête.

Eygi, qui est née dans la ville turque d'Antalya en 1998, a succombé à ses blessures malgré les tentatives de réanimation des équipes médicales, selon Nafaa.

Des témoins oculaires ont rapporté que des soldats israéliens ont ouvert le feu sur un groupe de Palestiniens qui participaient à une manifestation condamnant les colonies illégales sur le Mont Sbeih à Beita, au sud de Naplouse.

L'agence de presse officielle palestinienne, Wafa, a confirmé que la victime était une citoyenne américaine et une bénévole de la campagne Fazaa, une initiative visant à soutenir et à protéger les agriculteurs palestiniens des violations constantes commises par les colons et l'armée israéliens illégaux.

Les habitants de Beita organisent des manifestations hebdomadaires après les prières du vendredi pour s'opposer à la colonie israélienne illégale d'Avitar, établie sur le sommet du mont Sbeih. La communauté exige le retrait de la colonie illégale, qu'elle considère comme une violation de ses droits fonciers.

Les tensions sont montées d'un cran dans toute la Cisjordanie occupée alors qu'Israël poursuit son assaut sur la bande de Gaza, qui a tué près de 40 900 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, depuis le 7 octobre de l'année dernière.

Selon le ministère de la santé, au moins 691 personnes ont été tuées et plus de 5 700 blessées par des tirs israéliens en Cisjordanie depuis cette date.

Photo : Une militante de la solidarité internationale, une Américaine d'origine turque, a succombé aux blessures qu'elle avait reçues plus tôt dans la journée après avoir été touchée à la tête par une balle tirée directement par des soldats de l'occupation israélienne dans la ville de Beita, au nord de la Cisjordanie occupée, le 6 septembre 2024 © Eye On Palestine

Traduction : AFPS

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Gaza : Le vaccin contre la polio est efficace, mais son administration requiert un cessez-le-feu

10 septembre 2024, par Amer Ruwaida Kamal — , ,
Alors que les Palestinien·nes de Gaza craignent une épidémie de polio, les professionnel·les de la santé avertissent que l'offensive militaire israélienne en cours entravera (…)

Alors que les Palestinien·nes de Gaza craignent une épidémie de polio, les professionnel·les de la santé avertissent que l'offensive militaire israélienne en cours entravera gravement les efforts déployés pour la contrer.

Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
27 août 2024

Par AMER Ruwaida Kamal

Des Palestiniens marchent à côté de bâtiments détruits et de mares d'eau stagnante à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 juillet 2024. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

Pendant 25 ans, la bande de Gaza a été préservée de la polio. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Au début du mois, le ministère de la santé a signalé qu'un bébé de 10 mois avait contracté la maladie ; une semaine plus tard, il était paralysé. Cette annonce a été faite après la détection du poliovirus dans des échantillons d'eaux usées provenant de six localités des villes de Deir Al-Balah et de Khan Younis.

Avec les eaux usées brutes qui coulent dans les rues de Gaza, à proximité des tentes des personnes déplacées et des quelques sources d'eau douce restantes, une épidémie potentiellement catastrophique pourrait bientôt se préparer. Une campagne de vaccination de masse est essentielle, mais tant que l'offensive militaire israélienne se poursuit, une telle campagne semble impossible, même si des vaccins ont commencé à être acheminés. Dans toute la bande de Gaza, les Palestinien·nes craignent les conséquences de la propagation de la maladie, en particulier pour les enfants, qui représentent la moitié de la population de l'enclave.

« Lorsque mes enfants sortent jouer, nous courons après eux en leur criant de ne pas s'approcher des eaux usées », explique à +972 Reem Al-Masry, 35 ans, mère de trois enfants déplacés de Beit Hanoun à Deir al-Balah. « Mais ils et elles sont piqué·es en permanence par les moustiques et les mouches qui vivent sur les tas d'ordures et d'eaux usées et qui nous transmettent des maladies. Chaque jour, mes enfants se plaignent de douleurs à l'estomac, de fièvre, d'éruptions cutanées et d'autres problèmes de santé. »

Pour Saeed Samour, 40 ans, qui a été déplacé de la ville de Gaza à Khan Younis, « la présence d'eaux usées autour de nous – et à proximité des rares sources d'eau disponibles – est une chose effrayante ». Ces dernières semaines, Zaid, le fils de Samour âgé de 3 ans, a montré des signes d'infection cutanée, probablement due à la pollution de l'air causée par les restes de la guerre. « Ces enfants ont besoin d'un bain quotidien », explique-t-il. « Mais les produits de nettoyage sont très rares et très chers. Un pain de savon, qui ne coûtait qu'un dollar, se vend aujourd'hui 4 dollars. »

Aujourd'hui, Samour craint que Zaid ne tombe malade après avoir été exposé aux agents pathogènes présents dans les eaux usées. « Il n'y a pas un seul quartier de la ville où il n'y a pas de mares d'eaux usées, et personne ne peut se promener à cause de ces mares », explique-t-il. « Notre nourriture et notre eau doivent être stérilisées et cuites plusieurs fois pour pouvoir être bues et mangées, et le manque de gaz de cuisine est un obstacle majeur. »

Alors que les frappes aériennes, les incursions terrestres et les ordres d'évacuation d'Israël continuent de terroriser les Palestiniens dans toute la bande de Gaza, la soi-disant « zone humanitaire » le long de la côte est devenue l'une des zones les plus densément peuplées au monde. Adnan Abu Hasna, porte-parole de l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), a déclaré à +972 que 1,8 million de Palestinien·nes sont entassé·es dans la zone qui s'étend du nord de Rafah au camp de réfugiés de Nuseirat, en passant par Deir al-Balah. « Il y a 60 000 personnes par kilomètre carré et le processus de déplacement se poursuit », ajoute-t-il.

Combinée à l'effondrement des infrastructures d'approvisionnement en eau et d'évacuation des eaux usées, cette grave surpopulation a inévitablement conduit à l'apparition et à la transmission de maladies. Et ce n'est pas seulement la polio qui inquiète les autorités sanitaires.

« Avant le 7 octobre, Gaza comptait 85 cas d'hépatite », explique Abu Hasna. « Aujourd'hui, nous parlons d'un millier de cas par semaine et le nombre augmente : il y a environ un mois, nous avons enregistré 40 000 cas. Compte tenu de ce taux de transmission rapide, Abu Hasna a averti que « la découverte du poliovirus est une évolution dangereuse qui aura des conséquences désastreuses ».

« Si nos enfants ne sont pas tués par des missiles, ils ou elles mourront de maladies ».

Quelques heures avant que le premier cas de polio ne soit signalé à Gaza, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a appelé à un cessez-le-feu immédiat d'une semaine – une « pause polio » – afin de permettre le déploiement d'une campagne de vaccination. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu'elle était prête à distribuer 1,6 million de doses, les équipes médicales de l'UNRWA se préparant à les administrer à plus de 640 000 enfants palestiniens de moins de 10 ans.

Israël a rapidement commencé à vacciner ses propres soldats contre la maladie, mais a attendu plusieurs semaines avant d'autoriser l'entrée des vaccins pour les habitants de Gaza. Pourtant, alors que les équipes médicales cherchent à vacciner la population, aucun cessez-le-feu ne semble se dessiner.

« Le vaccin oral contre la polio est efficace », a déclaré Sameer Sah, directeur britannique des programmes de Medical Aid for Palestinians (MAP), à +972. « Le défi consiste à distribuer le vaccin dans une région où les gens sont déplacés presque quotidiennement, où les moyens de transport sont difficiles à trouver, où les routes sont endommagées et où les services de santé sont attaqués.

« Une telle campagne serait très utile, mais l'extension de la zone rouge à Gaza [les zones dont Israël a ordonné l'évacuation] fait qu'il est difficile d'atteindre chaque enfant », poursuit Sah. « Un cessez-le-feu complet est nécessaire pour fournir des soins de santé adéquats, y compris la vaccination non seulement contre la polio, mais aussi contre d'autres maladies évitables. »

Ces derniers jours, les patient·es et les infirmier·es ont été contraint·es de fuir l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa à Deir Al-Balah alors que les forces israéliennes se rapprochaient. Le Dr Khalil Al-Daqran, directeur du département des soins infirmiers de l'hôpital, a déclaré à +972 avant l'évacuation que l'hôpital avait accueilli environ un million de personnes déplacées dans la région centrale de Gaza ; les couloirs et les étages étaient remplis de patient·es en raison du manque de chambres et de lits disponibles.

Face à ces conditions désastreuses, M. Al-Daqran se montre pessimiste quant aux perspectives de lutte contre la propagation de la polio, y compris dans les hôpitaux qui restent fonctionnels malgré les bombardements israéliens. « Nous n'avons même pas l'équipement nécessaire pour effectuer des tests de dépistage de l'épidémie », a-t-il déclaré.

Dans ces circonstances, et alors que d'autres maladies sévissent à Gaza, les parents sont terrifiés pour leurs enfants. « En tant que mères, ces maladies nous font peur », a déclaré Al-Masry, mère de trois enfants. « Si nos enfants ne sont pas tué·es par les missiles, ils et elles mourront de ces maladies étranges qui apparaissent à cause de la pollution et du manque d'assainissement. »

Israël utilise l'eau comme une arme

Fin juillet, une vidéo a largement circulé sur les réseaux sociaux, montrant des ingénieur·es de combat de l'armée israélienne en train de faire sauter un réservoir d'eau dans le quartier de Tel al-Sultan à Rafah. Le soldat ayant téléchargé la vidéo dédiait la démolition « en l'honneur du shabbat », suscitant une condamnation internationale, et l'armée affirme maintenant enquêter sur l'incident.

Pour Ayman Labad, chercheur à l'unité des droits économiques et sociaux du Centre palestinien pour les droits de l'homme, la destruction du réservoir n'est pas une surprise étant donné que les forces israéliennes ont détruit environ 67 % des installations d'eau et d'assainissement de la bande de Gaza au cours des dix derniers mois. La seule surprise, a-t-il ajouté, est qu'elles se soient filmées en train de le faire.

À la mi-juin, les installations détruites pendant la guerre comprenaient 194 puits de production d'eau, 40 réservoirs d'eau à grande échelle, 55 stations de pompage des eaux usées, 76 usines de dessalement municipales, quatre usines de traitement des eaux usées, neuf entrepôts de pièces détachées et deux laboratoires d'analyse de la qualité de l'eau. « La signification de tout cela est claire : Israël utilise l'eau comme une arme dans son génocide contre la population de la bande de Gaza », déclare Labad.

Avec la fermeture forcée de ces installations, les sources d'eau de Gaza ont été contaminées, ce qui a entraîné une propagation rapide des maladies. « Les habitant·es de la bande de Gaza vivent actuellement avec seulement un cinquième de la quantité d'eau disponible avant le 7 octobre », a déclaré M. Labad. « Environ 66 % des habitants de Gaza souffrent de maladies d'origine hydrique telles que le choléra, la diarrhée chronique, la gastro-entérite et l'hépatite. »

Les sources d'eau potable s'étant raréfiées, les habitant·es de Gaza sont contraint·es de faire la queue pendant des heures pour obtenir le peu d'eau disponible et de sacrifier l'hygiène de base, qui est un élément essentiel pour éviter les maladies. « Chaque personne a besoin de dizaines de litres d'eau, mais nous faisons maintenant la queue et attendons environ sept heures pour obtenir deux gallons », a déclaré Saeed Al-Jabri, un habitant de Rafah âgé de 38 ans, à +972. « Est-il acceptable pour une personne d'endurer de telles conditions ? »

Comme de nombreux Palestinien·nes déplacés, Al-Jabri a pris l'habitude de se baigner dans la mer. « L'eau de mer est salée et lorsqu'elle s'assèche, les sels se déposent sur la peau et peuvent provoquer des inflammations », raconte-t-il.

M. Al-Jabri a vu les vidéos des soldats israéliens ciblant les sources d'eau et ne peut retenir sa colère. « Il n'y a pas d'objectif militaire derrière tout cela », note-t-il. « Il s'agit simplement d'une vengeance, où les civils sont punis. »

Ruwaida Kamal Amer, le 27 août 2024

P.-S.

• Agence Média Palestine. 28 août 2024 :
https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/08/28/le-vaccin-contre-la-polio-est-efficace-mais-son-administration-requiert-un-cessez-le-feu/

• Traduction : JB pour l'Agence Média Palestine.

Source :+972 Mag

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Vidéo de l’IRIS sur le projet de loi 69

3 septembre 2024, par Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) — , ,
Dès le dépot du projet de loi 69, l'IRIS a organisé une discussion sur le projet de loi 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant (…)

Dès le dépot du projet de loi 69, l'IRIS a organisé une discussion sur le projet de loi 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives.

Ce projet de loi a été présenté par M. Pierre GFitzgibbon, ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.

Voici la vidéo de cette discussion réalisée en juin 2024 qui nous permet de comprendre les tenants et aboutissants de ce projet de loi et des intentions de gouvernement Legault.

Grande manifestation pour la suite du monde partout au Québec

3 septembre 2024, par Pour la suite du monde — ,
Le mouvement Pour la suite du monde lance un appel à l'action et à la mobilisation à travers le Québec le 27 septembre prochain afin d'exiger la mise en place d'actions (…)

Le mouvement Pour la suite du monde lance un appel à l'action et à la mobilisation à travers le Québec le 27 septembre prochain afin d'exiger la mise en place d'actions concrètes en faveur de la transition sociale et environnementale.

Depuis plusieurs années, la société civile québécoise étudie, documente, consulte, se concerte et s'entend sur des principes et des actions pour réaliser et mettre en œuvre cette transition.

À l'inverse, le gouvernement ne veut rien entendre, navigue sans planification adéquate, ni direction claire. C'est de ce ras-le-bol qu'est né notre mouvement.

👉 Nous demandons un dialogue social pour mettre en oeuvre une véritable transition écologique et sociale, car c'est ensemble que nous pourrons construire le Québec de demain.

Les décideurs sont en mesure de faire des choix courageux pour mener la société vers un avenir plus sécuritaire, écologique et juste.

Il est temps de créer un rapport de force et de reprendre le pouvoir d'agir sur l'avenir du Québec.

💪📢 Sortons dans les rues le 27 septembre pour exiger une véritable transition écologique et sociale !

Montréal : https://www.facebook.com/share/8PtixWhJRRSBnu4f/
Québec : https://www.facebook.com/share/RvQLEocynacEX9Uk/
Joliette : https://fb.me/e/1y9dZ2dn7
Sherbrooke : https://www.facebook.com/share/tRhVeGu7JRgfRs1r/
Gaspé : https://www.facebook.com/events/7825597804230297/
Saint-Jérôme : https://www.facebook.com/share/71H3zBhWBoHMAD85/

Plusieurs manifestations auront lieu partout au Québec. Restez à l'affût !
Visitez notre site web : pourlasuitedumonde.ca


Dialogue difficile avec le gouvernement Legault sur la transition sociale et environnementale : 50 organisations appellent à manifester le 27 septembre

MONTRÉAL, le 29 août 2024 - Les représentant-e-s de 50 organisations de la société civile appellent la population à manifester dans les rues l e 27 septembre prochain pour dénoncer un dialogue difficile avec le gouvernement Legault et des avancées trop lentes et insuffisantes en matière de transition sociale et environnementale. Selon elles et eux, « les décisions prises en vase clos ne peuvent plus continuer ».

Lors du lancement du mouvement Pour la suite du monde le 22 mai dernier, les partenaires ont sollicité une rencontre avec le gouvernement québécois afin de réclamer la mise en place d'actions concrètes en faveur d'une véritable transition sociale et environnementale. Cet appel à une plus grande participation démocratique dans la prise de décision demeure encore à ce jour sans réponse de la part du gouvernement Legault.

Une politique menée à tâtons

En plus de ne pas répondre à cette demande de dialogue, le gouvernement du Québec refuse de prendre acte de l'urgence d'agir dans plusieurs domaines, en plus de poursuivre un agenda législatif et économique parfois incompatible avec ses obligations environnementales.

La procrastination dans le dossier du caribou, un projet de loi sur l'exploitation minière qui effleure à peine les demandes de la société civile, un projet de loi sur l'énergie au service d'une politique industrielle aux visées imprécises et qui ne répond pas pleinement aux besoins de décarbonation, le manque de financement pour les réseaux de transport collectifs existants sont tous des symptômes du manque de dialogue avec la société civile et d'écoute envers les solutions concrètes promues par celle-ci.

Des solutions prêtes à mettre en oeuvre

Les signaux sont tous au rouge : un autre été catastrophique, marqué par des épisodes de pluies diluviennes dévastatrices, des records de température élevée, des feux de forêt incontrôlables et leurs conséquences sur nos activités quotidiennes, notre économie et notre santé. Dans ce contexte, la société civile mobilisée affiche aujourd'hui un front uni afin d'appeler le gouvernement Legault à mettre en place les solutions avancées par nos organisations pour accélérer la transition sociale et environnementale et adapter le Québec aux défis de demain.

Depuis le 22 mai dernier, le mouvement a accueilli en son sein une dizaine de nouvelles organisations, portant le nombre de partenaires représentés à plus de 50. Leur appel à un véritable dialogue avec le gouvernement se fera entendre le 27 septembre prochain lors de la grande journée de mobilisation qui s'organise à travers la province. La population est invitée à descendre dans la rue afin de joindre sa voix à celle des organisations membres.

Des manifestations sont actuellement prévues à Montréal, Québec, Sherbrooke, Joliette, Gaspé, Saint-Jérôme et Nicolet. D'autres villes s'ajouteront à la liste prochainement.

Ce qu'ils et elles en disent

« Si nous voulons réellement diminuer nos émissions de GES de façon significative, on ne peut pas miser seulement sur un projet de la filière batterie : il faut mettre en place plusieurs projets structurels et collectifs qui touchent à l'ensemble des sphères de la société. Il est grand temps de donner un coup de barre si on veut réduire l'impact négatif des changements climatiques. Les travailleuses et les travailleurs du Québec demandent formellement aux gouvernements du Québec et du Canada d'enfin mettre en place un plan clair et un financement suffisant pour s'assurer d'une vraie transition écologique et sociale qui ne laisse personne derrière. » affirment les organisations du secteur syndical.

« Notre système économique basé sur l'extraction débridée de ressources naturelles, le gaspillage et la destruction du vivant est à transformer. Il est urgent de réapprendre à vivre en harmonie avec la nature, en s'éloignant de cette logique nocive et dangereuse de croissance infinie. Nous devons décider ensemble de notre avenir commun afin de faire face aux enjeux socio-environnementaux auxquels nous sommes confrontés. C'est pourquoi les gouvernements doivent écouter la société civile, mettre en œuvre les solutions qui existent déjà, et agir sans plus tarder pour une transition socioécologique qui nous permettra de vivre collectivement en sécurité et en santé. »
- Thibault Rehn, Vigilance OGM, représentant du secteur environnemental

« Cela fait des années que le mouvement communautaire tire la sonnette d'alarme devant un filet social québécois qui s'évapore à vitesse grand V. En y ajoutant les impacts dévastateurs de la crise climatique et celle de la biodiversité sur les populations que nous soutenons au quotidien, l'accroissement des injustices et des inégalités s'accélère et nous fait craindre le pire pour notre futur collectif. Enclencher une transition écologique juste et respectueuse des droits humains, c'est ne laisser personne derrière, surtout pas les plus vulnérables. »
- Claudia Fiore-Leduc, Réseau québécois pour l'action communautaire autonome, représentante du secteur communautaire

« L'avenir de notre planète ne doit pas reposer uniquement sur les épaules de la jeunesse. La crise climatique concerne tout le monde. Face à l'inaction des gouvernements, nous avons besoin de l'engagement et de la mobilisation de chaque personne citoyenne pour faire face à ce défi crucial. Les autorités doivent assumer leurs responsabilités et prendre des mesures concrètes pour assurer un avenir durable pour toutes et tous. »
- Marie Maltais, étudiante, représentante du secteur jeunesse

« De plus en plus de gens se rendent compte des liens étroits entre la santé environnementale et la santé humaine, de même qu'avec la justice sociale, et l'acceptabilité sociale des projets y est d'ailleurs aussi de plus en plus associée. Le gouvernement québécois doit enfin entendre et prendre en compte les solutions qui sont discutées dans la société civile, par rapport aux possibilités et aux importants bénéfices qu'elles comportent. Pour la santé de tous et toutes, à travers tout le Québec - citoyen.ne.s, patient.e.s et professionnel.le.s de la santé, et même de notre économie, de concert avec une réduction des coûts de notre système de santé. »
- Patricia Clermont de l' Association québécoise des médecins pour l'environnement, représentante du secteur de la santé

« Que le veuille ou non le gouvernement actuel, la transition socio-écologique est inévitable. Les limites planétaires et sociales ont été atteintes et notre système économique actuel ne fonctionne que pour une minorité d'individus. Un changement de logique économique est donc essentiel, mais surtout possible. Au Québec, des modèles économiques qui prennent soin à la fois des personnes et de la planète existent et sont déjà bien ancrés. Le gouvernement doit reconnaître et soutenir les secteurs, les entreprises et la diversité de personnes qui travaillent à absorber les chocs des changements climatiques et à réduire notre empreinte carbone. Parce qu'une transition peut seulement fonctionner si tout le monde fait partie de la solution. »
- Julie McClatchie, Oxfam-Québec, représentante du secteur de l' économie

« Nous subissons aujourd'hui la dépossession tranquille de nos meilleurs acquis économiques, sociaux et environnementaux. Le gouvernement du Québec n'a aucune vision structurante de la transition écologique et il continue de se préoccuper davantage des profits des multinationales que de la protection de nos joyaux naturels et du bien commun. Les Québécoises et Québécois n'ont certainement pas voté pour ça. »
- Louise Morand, Regroupement Vigilance Énergie Québec, représentante des regroupements citoyens

« La démocratie et la participation citoyenne devraient être au cœur de la transition énergétique, sociale et écologique. Le refus massif d'un trop grand nombre d'élus de tous les paliers, mais particulièrement du palier municipal, d'impliquer activement la population dans les décisions à prendre témoigne d'un manque de volonté politique et de vision pour notre avenir collectif. »
- Rachel Fahlman, porte-parole du regroupement d'élu.e.s municipaux Vent d'élus

Le Québec fait face à des décisions importantes. Il est impératif que les décisions ne soient pas prises derrière des portes closes, mais plutôt en collaboration et en dialogue avec la société civile pour que cette transition sociale et environnementale nécessaire se fasse au bénéfice de tous et toutes.

L'ensemble des mobilisations sont répertoriées sur le site Pourlasuitedumonde.ca .

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SOURCE Collectif Pour la suite du monde

Anthony Côté-Leduc, acoteleduc@equiterre.org, (514) 605-2000

Gabriel Danis, danis.gabriel@lacsq.org, (514) 219-1485

À propos du Collectif pour la suite du monde

Nous sommes un mouvement réunissant des organisations syndicales, environnementales, de santé, communautaires, étudiantes, économiques ainsi que des collectifs citoyens et d'élus autour d'une vision démocratique de la transition environnementale et sociale.

À travers diverses actions, nous nous mobilisons afin de forcer nos gouvernements à mettre en place des solutions démocratiques porteuses de justice sociale et environnementale.

Notre mouvement rassemble une cinquantaine d'organisations, représentant plus de deux millions de personnes.

https://pourlasuitedumonde.ca/

Organisations du mouvement Pour la suite du monde

Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), AREQ - Le mouvement des personnes retraitées CSQ, Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME), Attac Québec, Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Chantier de l'économie sociale, Coalition Alerte à l'Enfouissement RDN (CAER), Coalition Québec meilleure mine, Coalition Québécoise des lacs incompatibles avec l'activité minière (QLAIM), Coalition Verte / Green Coalition , Confédération des syndicats nationaux (CSN), Cyclo Nord-Sud, Demain Verdun, Eau Secours, ENvironnement JEUnesse, Équiterre, Fédération autonome de l'enseignement (FAE), Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ), Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ, Fondation David Suzuki, Fondation Monique-Fitz-Back, Fondation Rivières, Front commun pour la transition énergétique, Greenpeace Canada, La planète s'invite au parlement, L'Assomption en Transition, Les ami.e.s de la Forêt du lac Jérôme, sa rivière, son ruisseau, ses milieux humides et ses sentiers, Les oubliés de l'autobus, Mères au front, Mouvement d'action régional en environnement (MARE), Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MÉPACQ), Mouvement Démocratie Nouvelle, Nature Québec, Oxfam Québec, Réalité climatique Canada, Regroupement écocitoyen de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, Regroupement Vigilance Énergie Québec (RVÉQ), Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA), Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE), Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Solidarité pour l'environnement à Sutton (SES), Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec, Table de pastorale sociale des diocèses catholiques du Québec, Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC), Union étudiante du Québec (UEQ), Vigilance OGM, Vent d'élus.

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