Presse-toi à gauche !
Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...
Action urgente nécessaire
11 octobre 2024
Par le Comité national palestinien BDS (BNC)
L'Israël génocidaire a lancé une campagne d'extermination contre 400 000 survivants palestiniens dans le nord de Gaza.
En plein génocide contre 2,3 millions de Palestiniens dans la bande de Gaza occupée, l'armée israélienne intensifie ses massacres dans le nord de la bande de Gaza pour déplacer de force la population palestinienne restante – environ 400 000 personnes. Au cours des sept derniers jours, les forces israéliennes ont avancé dans cette zone, bloquant de fait les trois seules entrées et imposant un siège qui comprend des frappes aériennes et des bombardements massifs, ciblant en particulier ce qui reste du camp de réfugiés de Jabalia.
Alors que le bilan des morts s'alourdit, les corps de nombreux Palestiniens massacrés gisent dans les rues, inaccessibles en raison du blocus en cours. Les forces génocidaires israéliennes tirent sur les Palestiniens qui tentent de secourir les blessés. Israël a ordonné aux hôpitaux du nord de Gaza d'évacuer tout le personnel et les patients, menaçant de bombarder s'ils ne s'exécutent pas. Parallèlement, Israël intensifie son agression sanglante en Cisjordanie occupée, ses massacres au Liban, allant jusqu'à bombarder une position de casques bleus de l'ONU, et ses campagnes de bombardements en Syrie, en Irak et au Yémen.
La criminalité sans précédent d'Israël est le résultat direct de son impunité sans précédent, rendue possible par l'armement, le financement et le partenariat total de l'Occident colonial, dirigé par les États-Unis.
« Où aller ? » se demandent plus de 400 000 Palestiniens restés dans le nord de Gaza. Il n'y a pas de réponse, car il n'y a pas d'endroit sécuritaire où aller. Israël utilise la politique de la « terre brûlée », réduisant les terres palestiniennes en poussière, bombardant des maisons, des infrastructures, des installations médicales et des écoles, pendant qu'il provoque une famine énorme et la propagation de maladies infectieuses afin d'exterminer autant de Palestiniens que possible et de nettoyer ethniquement les survivants.
Ceci est un appel urgent à l'action : agissez maintenant pour mettre fin au génocide israélien contre les Palestiniens, diffusé en direct. Seul notre pouvoir populaire peut construire la pression nécessaire pour mettre fin au carnage israélien et contribuer au démantèlement de son régime de colonialisme de peuplement et d'apartheid, vieux de 76 ans.
IL FAUT AGIR MAINTENANT :
1. FAITES PRESSION SUR VOTRE GOUVERNEMENT POUR QU'IL IMPOSE DES SANCTIONS À ISRAËL, Y COMPRIS UN EMBARGO MILITAIRE TOTAL.
Ce n'est pas un choix, c'est un devoir : les sanctions contre Israël ont été votées par une majorité global de 124 États le 18 septembre à l'Assemblée générale des Nations Unies . Les décisions historiques de la Cour internationale de justice cette année déclenchent l'obligation juridique de tous les États de mettre fin à leur complicité avec le régime d'oppression d'Israël.
2. DESCENDEZ DANS LA RUE POUR FAIRE PRESSION SUR LES GOUVERNEMENTS POUR QU'ILS METTENT FIN À LA COMPLICITÉ.
Rejoignez les millions de personnes qui manifestent et perturbent pacifiquement le cours normal des choses pour faire pression sur leurs gouvernements afin qu'ils mettent fin à leur complicité dans les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide d'Israël.
3. SOUTENEZ LE MOUVEMENT DE BOYCOTT, DÉSINVESTISSEMENT ET SANCTIONS (BDS).
Le mouvement BDS est dirigé par la plus grande coalition de la société palestinienne. Boycottez les entreprises ciblées par le mouvement BDS. Faites pression sur votre université, votre fonds de pension, votre conseil municipal, votre syndicat, votre église, votre centre culturel et d'autres institutions pour qu'ils respectent les directives du BDS, pour qu'ils désinvestissent des entreprises complices de l'occupation militaire, de l'apartheid et du génocide israéliens.
4. EXIGER LA SUSPENSION IMMÉDIATE D'ISRAËL, UN ÉTAT D'APARTHEID, DE L'ONU.
Israël a été admis en 1949 au sein de l'ONU sous le faux prétexte qu'il s'agirait d'un État épris de paix et prêt à coopérer avec l'ONU pour mettre en œuvre la résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations Unies, qui stipule le droit des réfugiés palestiniens au retour et à des réparations. Aujourd'hui, alors qu'Israël poursuit son génocide à Gaza, ses massacres au Liban, ses attaques contre les Casques bleus de l'ONU et son nettoyage ethnique des Palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, il est grand temps d'expulser Israël de l'ONU et de toutes les instances internationales.
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Comptes rendus de lecture du 15 octobre 2024


Ma gauche
Edgar Morin
Le sociologue et philosophe français Edgar Morin a fêté ses 103 ans en juillet. On lui doit près de 120 œuvres, dont la principale, « La Méthode », publiée en sept tomes, donne probablement le ton à l'ensemble de son œuvre. Il a aussi écrit dans de nombreux journaux. « Ma gauche » est en fait une sélection de ses textes le plus souvent publiés dans des journaux ou des revues dans les années 1990 et 2000. Certaines des prises de position que l'on y retrouve, parfois frileuses, quelquefois schématisées, posent en mon sens toute la responsabilité des intellectuels... des intellectuels de gauche, faut-il le préciser aujourd'hui.
Extrait :
C'est seulement dans cette petite planète qu'il y a, à notre connaissance, une vie et une pensée consciente. C'est le jardin commun à la vie et à l'humanité. C'est la Maison commune de tous les humains. Il s'agit de reconnaître notre lien consubstantiel avec la biosphère et d'aménager la nature. Il s'agit d'abandonner le rêve prométhéen de la maîtrise de l'univers pour l'aspiration à la convivialité sur terre.

Les angoisses de ma prof de chinois
Jean-François Lépine
Je n'ai pas aimé cette lecture. Sans être un grand admirateur de la Chine actuelle, je ne m'attendais tout de même pas à ce qu'on témoigne dans ce livre autant de hargne à l'endroit de ce pays et de son histoire. Je comprends bien que la Chine est actuellement prise pour cible par les États-Unis, qui voient leur hégémonie sur le reste du monde mise à mal, mais un devoir d'objectivité s'imposait tout de même. Les critiques et statistiques de l'auteur à l'endroit de Mao Zedong semblent d'abord tout droit sorties de l'ouvrage « Mao : l'histoire inconnue » de Jung Chang et Jon Holliday, un ouvrage très sévèrement critiqué par de nombreux sinologues quant à sa méthodologie, à son interprétation de la réalité et à son manque d'objectivité. (L'auteur devrait se rappeler que Mao Zedong, ce « monstre », a tout de même unifié son pays après des siècles d'humiliation de la part de l'Angleterre, puis du Japon, que son parti a fait passer en moins de trente ans l'espérance de vie des Chinois d'environ 35 ans à 65 ans, et qu'il y a fait passé le taux d'alphabétisation de 15 % en 1949 à près de 90 % au début des années 1970 ; enfin qu'il a permis, malgré ses erreurs, le développement économique fulgurant du pays sous Deng Xiaoping, développement qui a permis de sortir plus de 800 millions de personnes de la pauvreté…) Les critiques de l'auteur à l'endroit de l'actuel gouvernement chinois sont aussi à l'avenant. Pour ce qui est du Canada, l'auteur n'a que des éloges pour des « visionnaires » comme Paul Desmarais de Power Corporation (société de gestion qui voulait et voudrait bien encore privatiser notre système de santé public), pour Laurent Beaudoin de Bombardier, et pour les anciens premiers ministres Philippe Couillard et Lucien Bouchard (ces Robins des Bois à l'envers, qui prenaient aux pauvres pour donner aux riches). Le premier ministre canadien Justin Trudeau y est pour sa part décrit comme un naïf et un maladroit, presque comme un imbécile. À la défense de cet ancien journaliste de Radio-Canada, je dois dire que j'y ai appris des choses, principalement quant à nos rapports avec la Chine et aux nouvelles générations de Chinois.
Extrait :
Pour beaucoup de pays et de populations qui partagent nos valeurs, ces dernières années de relations avec la Chine ont marqué la fin d'une certaine naïveté.

Menaud maître-draveur
Félix-Antoine Savard
La première édition de cet incontournable roman du terroir québécois a été publiée en 1937. Le héros est un draveur de Charlevoix, inspiré à Savard par un homme des bois rencontré dans cette région. Il raconte la lutte du vieux Menaud pour délivrer son peuple de l'asservissement des étrangers, les Anglais, qui se sont emparés de la Montagne, microcosme du pays. On assiste à la mort de Joson, fils unique de Menaud, emporté par la débâcle. Menaud, rongé par la douleur, tente de rallier à sa cause les habitants de Mainsal. Seul le Lucon, son fils spirituel, accepte de le suivre et d'affronter le Délié, le traître. Menaud voudra aussi l'affronter. Perdu dans la tempête, mais sauvé par le Lucon, Menaud sombre dans une espèce de folie. L'action du maître-draveur n'aura cependant pas été inutile. Le Lucon et Marie, fille de Menaud, sont déterminés à poursuivre la lutte…
Extrait :
Alors, au milieu des hommes qui se passaient la main sur le front contre le frôlement de la démence, lentement le vieil ami de la terre, Josime, prononça : « Ce n'est pas une folie comme une autre ! Ça me dit à moi, que c'est un avertissement. »

L'économie de la nature
Alain Deneault
Ce brillant petit essai est d'une lecture un peu ardue au départ, mais on y prend goût assez vite. Il nous décrit intelligemment comment, au cours des deux derniers siècles, le terme « économie » a pu être dévoyé de son sens général englobant l'ensemble du monde naturel à une approche essentiellement comptable et utilitaire, mettant en fin de compte l'humain en opposition avec la nature. C'est le premier « feuilleton théorique » d'une série de six de l'auteur. J'aurai tôt fait de lire aussi le second, « L'économie de la foi ».
Extrait :
La science économique n'a pas seulement neutralisé la notion d' « économie de la nature », mais elle l'a totalement intégrée au rang de ses savoirs et capitaux. Les entités multinationales et leurs actionnaires se fantasment aujourd'hui comme des souverains de l'évolution, celle qui, hier encore, nous fascinait comme une chose infinie. Leurs technosciences ont pénétré les secrets repliés de la génétique, au point de prétendre à la pleine maîtrise de la nature. Il s'est ensuivi au dernier tiers du XXe siècle des effets de manipulations inouïes dans le domaine animal et végétal. Maintenant, des exploits génétiques et agricoles d'apprentis sorciers perturbent en profondeur les écosystèmes, plus qu'ils ne les contrôlent. C'est à eux qu'on attribue en Europe la disparition de 80 % des insectes, parmi lesquels de forts contingents d'abeilles.
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Il y a 50 ans, octobre 1974 : l’assassinat de Miguel Enriquez

C'est le 5 octobre 1974 que Miguel Enriquez, principal dirigeant du Movimiento de Izquierda Revolucionnaria (MIR, Mouvement de la gauche révolutionnaire), a été assassiné par les services de répression de la dictature chilienne (1). Cela fait alors un peu plus d'un an que, le 11 septembre 1973, un coup d'état sponsorisé par l'administration des États-Unis et réalisé par l'armée chilienne a porté au pouvoir le général Pinochet. C'est la réponse ultime de l'impérialisme et de la bourgeoisie chilienne à l'Unité populaire, terme qui désigne à la fois le gouvernement de gauche dirigé par le président socialiste Salvador Allende et le puissant mouvement de masse qui s'est développé depuis sa victoire électorale, à l‘automne 1970.
15 septembre 2024 | tiré du site de la Gauche écosocialiste
https://gauche-ecosocialiste.org/il-y-a-45-ans-octobre-1974-lassassinat-de-miguel-enriquez/
Les deux lignes de l'Unité populaire
Dès le début du processus, deux orientations (2) s'affrontent au sein même de l'Unité populaire et des partis qui la composent. À chaque étape de l'affrontement avec la bourgeoisie, les choix politiques à opérer sont l'objet d'un débat passionné. Sous le slogan « Consolider pour avancer », la minorité́ droitière du Parti socialiste (autour d'Allende) et le Parti communiste chilien défendent une orientation légaliste et modérée, censée par sa modération même décourager toute tentative putschiste. À cette approche, au sein même de l'Unité́ populaire et du gouvernement, la majorité́ du Parti socialiste – ainsi que d'autres composantes de l'Unité́ populaire, comme le Mouvement d'action populaire et unitaire (MAPU) et la Gauche chrétienne – oppose une orientation visant à̀ radicaliser à la fois la mobilisation sociale et la pratique gouvernementale : cette orientation est résumée par la formule « Avancer sans transiger ! ».
Quant au Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), dirigé par Miguel Enriquez, il est très présent dans les mobilisations populaires qui scandent les principales étapes politiques et sociales des trois années que dure l'Unité populaire. Par contre, à aucun moment, il ne participe à la coalition gouvernementale. A l'inverse, il dénonce périodiquement les hésitations et le « réformisme » du gouvernement de gauche. Surtout, il n'a de cesse de mettre en garde : la bourgeoisie chilienne et l'appareil militaire se préparent à l'affrontement.
Cette approche est le résultat d'une orientation politique qui plonge ses racines dans l'histoire du MIR.
Quelques éléments sur l'histoire du MIR
Le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire s'est constitué en août 1965 (3) par la convergence et le rassemblement de groupes militants aux origines politiques assez diverses : socialistes de gauche, communistes en rupture avec le légalisme du PCC, trotskistes ouverts, syndicalistes de lutte, libertaires, militants chrétiens, etc. Le MIR se dote alors d'une déclaration de principes affirmant une perspective socialiste et de thèses « politico-militaires » qui resituent la question de la lutte armée dans une perspective de luttes populaires (et non dans une optique guerrillériste, comme c'est alors le cas de nombreuses organisations révolutionnaires latino-américaines). Le MIR bénéficie ensuite d'une importante progression de son implantation dans la jeunesse. Sur le plan interne, le MIR connaît un tournant politique en 1967 avec l'arrivée à sa direction du « groupe de Concepción », constitué d'étudiants révolutionnaires dont le bastion est l'Université de Concepción. Ce groupe est principalement dirigé par Miguel Enriquez (alors en fin d'études à la faculté de médecine) et principalement influencé par la Révolution cubaine (4). A partir de 1969, le MIR se structure en groupes politico-militaires qui reflètent la conception de l'organisation politique qui est celle Miguel Enriquez et de la (nouvelle) direction du MIR : des cadres politiques dotés d'une grande homogénéité idéologique, implantés dans les différents mouvements de masses, construisant en parallèle un appareil militaire capable d'organiser l'auto-défense des mobilisations. Mais aussi de réaliser des « expropriations »…
Lorsque se constitue l'Unité populaire – dont le Parti socialiste et le Parti communiste sont les principaux protagonistes – dans la perspective de l'élection présidentielle de 1970, le MIR adopte une position complexe et équilibrée : la perspective stratégique du MIR n'est pas celle d'une victoire électorale. Si elle se produit, l'élection de Salvador Allende risque de fort de provoquer une violente contre-offensive réactionnaire. Pour autant, le MIR n'entend pas faire obstacle à l'élection d'Allende. En particulier, le MIR ne présente pas de candidat concurrent et n'appelle pas à l'abstention. Il indique même que, dans cette élection, face aux candidats de droite ou démocrate-chrétien, Allende représente le camp des travailleurs et que, face aux offensives réactionnaires, il défendra les conquêtes populaires. Le MIR suspend alors ses actions de « propagande armée », mais ne participe pas au gouvernement ni à la majorité parlementaire.
Un évènement étonnant illustre les rapports complexes qui existent entre le MIR et l'Unité Populaire. Après son élection, Salvador d'Allende s'estime (à juste titre) physiquement menacé par les groupes d'extrême droite, dont certains entretiennent des liens étroits avec des secteurs de l‘appareil militaire ou des services secrets. Il constitue donc une structure particulière – « privée », en quelque sorte – destinée à assurer sa protection : le Groupe des Amis du Président (GAP) qui, pour l'essentiel, est composé de militants… du MIR.
En pratique, le MIR apporte un soutien critique au gouvernement de l'Unité Populaire, notamment ses mesures économiques et sociales (dont l'extension du secteur nationalisé). Il cherche à s'implanter dans les mouvements sociaux, à créer des structures sympathisants (ou « fronts ») et à radicaliser les revendications, sans pour autant abandonner son expression indépendante et la dénonciation du développement des tendances putschistes au sein des Forces armées. Il pousse notamment aux occupations (illégales) de terres appartenant aux grands propriétaires fonciers, afin de faire pression sur le gouvernement pour pousser plus avant la réforme agraire et la redistribution des terres.
En juillet 1972 – contre l'avis du Parti communiste local mais avec le soutien des directions régionales du MAPU, de la Gauche Chrétienne et du Parti socialiste – le MIR impulse à Concepción la constitution une « Assemblée du Peuple », présentée comme une « alternative révolutionnaire » à la légalité institutionnelle « bourgeoise », posant ainsi la question du « double pouvoir », thème qui prend une dimension nationale en octobre 1972. Aux côtés de ceux de l'Unité populaire, les militants du MIR jouent alors un rôle significatif lors des mobilisations populaire qui mettent en échec la « grève de la bourgeoisie », une véritable opération de sabotage économique et de grève des patrons camionneurs destinée à provoquer des pénuries alimentaires dont serait rendu responsable le gouvernement d'Allende. Dans la foulée de cette confrontation se créent des structures d'auto-organisation – les « cordons industriels » et les « commandos communaux » – où s'investissent les militants du MIR.
Le MIR, une organisation révolutionnaire
A l'époque – c'est-à-dire la première partie des années 70 – le MIR a naturellement constitué une référence voire un modèle pour la gauche révolutionnaire européenne, notamment française. Ce qui n'empêche d'ailleurs nullement une appréciation critique de certaines orientations politiques des révolutionnaires chiliens, comme en témoigne par exemple un article d'hommage à Miguel Enriquez, publié en octobre 1974 dans Rouge (5), lors du trentième anniversaire de l'assassinat de Miguel Enriquez : « La volonté et la sincérité révolutionnaires du MIR ne font pas de doute. Des milliers de militants dans le monde, dont ceux de la LCR des années 1970, se sont identifiés à ses couleurs rouge et noir. Toutefois, coulée dans les conceptions stratégiques de « guerre prolongée », la direction du MIR est intervenue davantage pour accumuler des forces, dans la perspective de la « guerre de demain ou d'après-demain », que pour dénouer positivement une crise révolutionnaire résultant de la dualité́ de pouvoir des années 1972 et 1973 ».
La première raison de cette identification est évidemment la lucidité stratégique un peu désespérée du MIR : alors que pour les États-Unis, le Chili fait partie – comme toute l'Amérique latine, d'ailleurs – de sa chasse gardée (6), la voie parlementaire et légaliste au socialisme (incarnée avec beaucoup de force par Salvador Allende) est une illusion. Jamais l'impérialisme ne tolèrera un « nouveau Cuba », fut-il produit par les urnes. Après le boycott et les différentes mesures de rétorsion, viendra inévitablement l'heure du golpe, le coup d'état militaire. On ne peut nier que le déroulement ultérieur des évènements a largement confirmé ces analyses. Bien sûr, une interrogation demeure : pourquoi le MIR – et les autres courants politiques qui, comme la majorité du Parti socialiste ou encore les courants d'origine chrétienne (MAPU), partageaient peu ou prou la même analyse – s'est-il avéré incapable d'endiguer la catastrophe annoncée ?
La seconde raison de la fascination qu'exerce le MIR tient évidemment à la valeur et à l'héroïsme de ses militants et de ses militantes. En première ligne des mobilisations sous l'Unité populaire, le MIR demeure en première ligne après l'instauration de la dictature. Alors que la terreur policière contraint de nombreux militants de gauche à un exil douloureux, la direction du MIR décide que ses responsables doivent rester au Chili pour organiser la résistance à la dictature : « Les militants du MIR ne s'asilent pas ! » La direction du MIR va payer un lourd tribut : successivement Miguel Enriquez, son frère Edgardo Enriquez puis Bautista Van Schouwen seront assassinés par la police de Pinochet. La répression est tellement brutale qu'elle contraint finalement une partie de l'appareil du MIR à l'exil. Mais, dès 1977, la direction du MIR décide « l'opération Retour » : les militants exilés, principalement en Europe ou à̀ Cuba, rentrent clandestinement au Chili pour reprendre le combat. Le coût humain de cet héroïsme des militants et des militantes du MIR sera considérable.
La troisième raison de l'identification de la gauche révolutionnaire au MIR tient sans doute à cela : avec un noyau de « révolutionnaires professionnels » entouré de « fronts de masse », le MIR offre alors un « modèle » d'organisation dont l'originalité retient l'attention de militants qui sont certes fascinés par des références – plus ou moins pertinentes… – au parti bolchévique originel, mais aussi à la recherche de solutions nouvelles. Au centre du dispositif (7), il y a le MIR lui-même : une organisation « politico-militaire » comme le sont, à l'époque, de nombreuses organisations révolutionnaires latino-américaines. Le MIR dispose ainsi d'un secteur armé, d'un service de renseignement, de « casernes » clandestines, etc. Dans les différents secteurs d'intervention, le MIR organise les sympathisants, celles et ceux qui se reconnaissent dans son combat, au sein de fronts, plus larges et publics, qui sont une véritable projection du MIR dans un milieu social donné : ainsi existent un Front des travailleurs révolutionnaires (FTR), un Mouvement des paysans révolutionnaires (MCR), un Front des habitants révolutionnaires (FPR), un front des étudiants révolutionnaires (FER) et un Mouvement universitaire de la gauche (MUI).
François Coustal
Notes :
1. Carmen Castillo, membre de la direction du MIR et compagne de Miguel Enriquez, a consacré à cet évènement tragique un livre, Un jour d'octobre à Santiago (Paris, Bernard Barrault, 1992), et un film, Calle Santa Fe.
2. On trouvera un rappel des débats d'orientation au sein de l'Unité populaire et une présentation plus détaillée de la stratégie du MIR dans l'ouvrage : Hélène Adam et François Coustal, C'était la Ligue. Éditeurs Arcane 17 et Syllepse.
3. Sur l'histoire du MIR, on pourra utilement se référer aux articles suivants : Pedro Naranjo Sandoval, « La vie de Miguel Enriquez et le MIR », www.tlaxcala.es/upload/Sandoval-vie-Miguel-Enriquez- MIR.pdf ; Igor Goicovic et Franck Gaudichaud, « Chili : à 50 ans de sa fondation, le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) en héritage », www.contretemps.eu/?s=Chili+%3A+a%CC%80+50+ans+de+sa+fondation%2C+le+Mouvement+de+la+Gauche .
4. Alors que Cuba est contraint à un rapprochement avec l'URSS, les dirigeants cubains continuent d'ailleurs à entretenir des rapports étroits avec des organisations révolutionnaires latino-américaines plutôt qu'avec les partis communistes « pro-Moscou » du continent. A cette époque – fin des années 60, début des années 70 – la plupart des groupes révolutionnaires sont fortement influencées par la Révolution cubaine. C'est le cas du MIR chilien. Pour autant, le MIR conserve son autonomie : contrairement aux dirigeants cubains, en 1968, il condamne l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie.
5. François Sabado, « Miguel Enriquez, Presente ! », Rouge, n° 2088, 25 novembre 2004.
6. Les obstacles et les pressions qu'ont rencontré, au cours des dernières années, les différents gouvernements progressistes latino-américains – pourtant parvenus au pouvoir par les urnes – montrent à la fois les limites des processus de « révolution citoyenne » et la permanence de la vieille malédiction qui frappe depuis longtemps l'Amérique latine : si loin de Dieu, si près des États-Unis…
7. Voir l'ouvrage déjà cité, Hélène Adam et François Coustal, C'était la Ligue.
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Militant·es et artistes se couchent sur les rails à Rouyn-Noranda pour forcer l’écoute du gouvernement

Rouyn-Noranda, le dimanche 13 octobre 2024 – Aujourd'hui avait lieu la grande marche pour revendiquer le droit à une qualité de l'air sans risque pour la santé, et le droit à un environnement sain et sécuritaire à Rouyn-Noranda.
Plus de 500 personnes se sont rassemblées dans les rues, dont bon nombre d'entre elles sont venues de plusieurs villes au Québec, en solidarité à la communauté de Rouyn-Noranda. La marche s'est terminée avec les artistes et militant·es allongé·es sur les rails, devant la Fonderie Horne, rappelant ainsi que les intrants importés par la multinationale et incinérés à même l'usine, contribuent largement à la contamination de la ville et à la mise en danger de sa population.
« Depuis plus de deux ans, les mères de Rouyn-Noranda ont tenté et épuisé tous les moyens de se faire entendre. Si le gouvernement est resté sourd à ces appels, plusieurs mères, pères et artistes nous ont entendues. Ils et elles ont décidé de nous prêter main-forte parce que ce qui se passe à Rouyn-Noranda pourrait se reproduire n'importe où. »
– Isabelle Fortin Rondeau, du groupe de Mères au front Rouyn-Noranda
Des allocutions ainsi que des témoignages touchants, des performances poignantes, et des actions aux symboliques puissantes ont été déployées. Plusieurs artistes et personnalités publiques ont pris part aux performances. Notons la présence de Ève Landry, Alexandre Castonguay, Anaïs Barbeau-Lavalette, Steve Gagnon, Véronique Côté et Laure Waridel, accompagné·es par la musique de Chloé Lacasse qui a livré une magnifique interprétation de la chanson Va-t'en pas de Richard Desjardins. Copper Crib a également apporté sa touche artistique avec l'une de leurs chorégraphies dansée dans la rue.
S'ancrer dans le territoire
La manifestation a débuté par les prises de parole d'Isabelle Fortin-Rondeau, résidente de Rouyn-Noranda et mère au front, ainsi que Diane Polson, conseillère politique au conseil de la communauté anishnabe de Long Point.
C'est devant le bureau du député Daniel Bernard que Thomas Faber et Jennifer Ricard Turcotte ont abordé les sujets du rôle des élus dans l'état de statu quo par rapport à la fonderie, ainsi que du très controversé projet Horne 5, toujours en attente de se concrétiser ou non.
L'aréna Dave Keon aura servi d'exemple à Marc-André Larose et Simon Turcotte, deux résidents, qui se sont prononcés pour leur part sur « l'omerta des commandites » qui règne à Rouyn-Noranda, avec le nom Glencore se retrouvant à peu près partout.
Sur le chemin en direction de la Fonderie Horne, Alexandre Castonguay a livré un texte touchant, avant de nous inviter à parcourir les derniers mètres en silence. Il était ainsi possible d'entendre des extraits d'entrevues, menées par le collectif Tomber debout, avec les résident·es faisant partie de la « Zone tampon » dont la première maison a été détruite en décembre 2023.
« C'est pratiquement tout moi qui a fait le travail [sur ma maison]. J'ai pas l'énergie de refaire ça, là […] L'exercice pour moi, ça a été d'essayer de la regarder, pis de l'haïr [ma maison]. De voir les côtés négatifs. Je pense que j'ai besoin de ça pour faire le deuil. Si j'ai une autre maison, ce sera pas MA maison. Ma maison va mourir c'te journée-là [où elle sera détruite]. » - Texte tiré d'un extrait des entrevues
La dernière scène
Pour le tableau final, Ève Landry, Anaïs Barbeau-Lavalette, Steve Gagnon, Véronique Côté et Laure Waridel sont monté·es sur la scène pour livrer une performance bouleversante, dévoilant tour à tour les parties de leur corps « malades » ou l'ayant été, peintes en noir pour en simuler la putréfaction. Le texte de Véronique Côté, diffusé en trame de fond pendant la performance, était incisif et troublant de vérité. Des mères au front se sont massées autour de la scène, arborant des photos des enfants qu'elles protègent. La mise en scène renvoyait à l'image de Rouyn-Noranda comme étant une zone sacrifiée du Québec. Une zone abandonnée par les gouvernements.
« Tu vis dans une ville que tu aimes, où tu as passé toute ta vie. Depuis peu, tu sais avec certitude qu'habiter ici t'empoisonne depuis le début de ton existence. »
« Ton enfance est une zone sacrifiée. Depuis des dizaines et des dizaines d'années, la Fonderie Horne qui surplombe ta ville a outrepassé les seuils d'émission d'arsenic, en toute connaissance de cause, avec la bénédiction de l'État québécois. » - Extraits du texte final écrit par Véronique Côté.
Entre autres messages essentiels, ce qui est ressorti est que, bien plus qu'une question environnementale, Rouyn est l'exemple flagrant d'un cas qui devrait sérieusement être considéré par la santé publique, en plus d'exposer les innombrables lacunes environnementales et humaines au sein de la vision globale du développement économique du Québec. Le gouvernement accepte, encore aujourd'hui, et non pas uniquement à Rouyn-Noranda, de sacrifier des populations à proximité d'usines, de mines, d'industries, prétextant le bien de l'économie québécoise.
Pendant que Chloé Lacasse entonnait la pièce Nataq (Richard Desjardins), non sans émotion et encore quelques larmes dans la voix, les artistes et certaines mères au front se sont couché·es sous les wagons se trouvant sur les rails longeant la fonderie pour symboliser l'extrême urgence de se faire entendre, enfin. Toute l'action s'est déroulée de manière pacifique et sans heurts.
Assez c'est assez
Le message est clair : la population de Rouyn-Noranda en a assez d'être une zone sacrifiée du Québec, de se voir exposée à des risques accrus de maladie du système nerveux, de cancers du poumon et des voies urinaires, à un plus grand nombre de naissances de bébé de faible poids, et des issues de grossesse défavorables. Appuyé·es par des mères au front et des allié·es de partout sur le territoire québécois, la solidarité envers les citoyen·nes de Rouyn était palpable, sans oublier les artistes venu·es amplifier le message par des performances artistiques bouleversantes et on ne peut plus éloquentes.
« Nous reviendrons mettre la lumière sur votre lâcheté tant que vous ne ferez pas respecter ce droit. Nous continuerons de ramener ce débat dans l'espace public tant que ce ne sera pas réglé. Il faut que la vérité sorte de l'Abitibi. Il ne sera pas question de se fermer la gueule. » - Extrait du texte final écrit par Véronique Côté
Rappelons que l'autorisation ministérielle entérinée en 2023 demeure largement insatisfaisante, permettant toujours à la Fonderie Horne de rejeter dans l'air de Rouyn-Noranda des quantités allant jusqu'à 22 fois la norme nationale sur l'arsenic, celle-ci étant établie à 3 ng/m3. Selon ladite entente, la Fonderie Horne est seulement tenue à graduellement diminuer les émissions à 15 ng/m3 (soit 5 fois la norme), avant de présenter un éventuel plan. Pour permettre l'obtention de métaux critiques, le gouvernement québécois accepte d'exposer la population à des taux d'arsenic qu'il sait lui-même être dangereux.
Depuis des années, la population de Rouyn-Noranda est exposée à de l'arsenic, du plomb, du cadmium, du nickel, du cuivre et du dioxyde de soufre à des taux beaucoup plus élevés que partout ailleurs au Québec. Au moins 25 contaminants sont mesurés dans l'air, l'eau, la neige ou les sols des environs. Plusieurs de ces contaminants sont des cancérigènes et des neurotoxiques sans seuil, ce qui signifie qu'ils entraînent des risques quelle que soit la dose. Les normes sont déjà un compromis.
Crédit photos : Maude Desbois photographie
À propos de mères au front (http://Événements organisés cet automne)
Avec plus de 30 groupes locaux dans les différentes villes et villages du Québec et au-delà, Mères au front est un mouvement décentralisé qui regroupe des milliers de mères, grand-mères et allié.es de tous les horizons politiques, économiques, professionnels et culturels. À travers leurs actions, elles demandent aux élu.es de mettre en place les mesures qui s'imposent pour protéger l'environnement dont dépend la santé et la sécurité de tous les enfants.
SALLE DE PRESSE VIRTUELLE (https://www.dropbox.com/scl/fo/gf29nq5vxxdv62f0j9175/ALbPO1zUsVlErzLjJNaSCBU?rlkey=m8ji2iiicsvlzh1iod5p7gaog&st=uqwxgmfg&dl=0)
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Ouverture des consultations sur le projet de loi 71 : Une réforme sur le dos des plus pauvres, c’est non !

Alors que débutent les consultations sur le projet de loi 71, qui vise à « moderniser » le régime d'assistance sociale québécois, les représentant∙es de différentes organisations ont tenu à faire entendre leur mécontentement à l'occasion d'un rassemblement devant l'Assemblée nationale.
8 octobre 2024
Parmi les principales critiques adressées à la « réforme » de la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire, Chantal Rouleau, notons :
– Aucune augmentation des prestations d'assistance sociale
– Reculs pour les personnes avec des contraintes temporaires à l'emploi, particulièrement celles avec des enfants à charge de moins de 5 ans et celles de 58 ans et plus (compressions de 100 millions $)
– Impacts négatifs plus importants pour les femmes
– Insistance sur « l'accompagnement » des personnes dans un contexte de dégradation généralisée de l'accès aux services publics
– Avancées timides qui ne profiteront qu'à une minorité de personnes
CITATIONS
Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté
« D'après nous, le principal défaut du projet de loi 71 est qu'aucune augmentation des prestations n'y est prévue. Actuellement, peu importe le programme, le montant des prestations est insuffisant pour permettre aux gens de couvrir leurs besoins de base. Les personnes seules au programme d'Aide sociale, par exemple, disposent d'un revenu annuel de 11 245 $, de quoi couvrir à peine 46 % de leurs besoins. Quand on sait que le prix moyen d'un 3 ½ est de 914 $ par mois, les prétentions de la ministre Rouleau selon lesquelles sa réforme vient humaniser l'assistance sociale apparaissent pour le moins fantaisistes. Comment la ministre peut-elle s'imaginer que les droits des personnes assistées sociales sont respectés ? » (lien vers le mémoire du Collectif)
Steve Baird, organisateur communautaire au Front commun des personnes assistées sociales du Québec
« Ce n'est pas normal qu'on tolère la pauvreté extrême au Québec. Tout le monde devrait pouvoir manger à sa faim, avoir un toit sur la tête, et prendre soin avec dignité de ses enfants. Ça manque d'humanité de couper les revenus de gens aussi vulnérables. » (lien vers le mémoire du FCPASQ)
Michel Girard, vice-président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)
« Le projet de loi ne règle aucun des problèmes structurants qui minent les efforts d'accompagnement déployés par les agents et agentes du ministère au quotidien. Nos membres nous le disent : les coupes successives et la dévalorisation de leur travail les empêchent de fournir un accompagnement de qualité. En plus d'être difficile de parler à un agent, on assiste déjà à des situations où des prestataires doivent raconter plusieurs fois leur histoire, parfois traumatisante, à des agents différents. Cette approche déshumanisante comporte des dangers en matière d'accès aux services publics, de risque d'erreurs, d'imputabilité de l'action publique et de suivi auprès des prestataires. Non seulement nous dénonçons les dérives du projet de loi de la ministre Rouleau, mais également les nombreux oublis qui en font une coquille principalement vide. »
Boromir Vallée Dore, directeur général du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec
« Bien que l'emploi constitue un levier pour améliorer les conditions de vie des personnes en situation d'itinérance, nous sommes convaincus qu'il est primordial de mettre en place des mesures d'accompagnement visant à stabiliser divers aspects de la vie de ces personnes, avant de les orienter vers l'emploi. Cette étape de stabilisation devrait pouvoir s'appuyer sur la capacité financière des personnes à combler leurs besoins de bases. Malheureusement, ce n'est actuellement pas le cas. » (lien vers le mémoire du RSIQ)
Monique Toutant, militante de l'Association pour la défense des droits sociaux du Québec métropolitain (ADDS-QM)
« J'ai des craintes par rapport à la reconnaissance des contraintes sévères à l'emploi, c'est très compliqué de faire reconnaître sa contrainte. Je parle d'expérience, moi ça m'a pris trois ans et demi de procédures et de nombreuses signatures de formulaire. J'aimerais que la ministre simplifie la procédure et j'ai une pensée pour toutes les personnes qui sont prises dans ce processus décourageant. »
Katherine Lortie, coordonnatrice au volet luttes féministes de ROSE du Nord
« Si la loi actuelle renferme déjà plusieurs mesures qui complexifient l'accès à l'assistance sociale pour les femmes, le projet de loi 71 viendra ajouter une couche à ces obstacles. Par exemple, il est prévu de couper la prestation destinée aux familles monoparentales ayant un enfant de moins de 5 ans, lesquelles sont représentées à forte majorité par les femmes. Il n'est également pas prévu d'intervenir efficacement sur les mesures problématiques déjà en place, notamment celles liées au statut de vie maritale. » (lien vers la lettre ouverte de Rose du Nord publiée aujourd'hui)https://www.ledevoir.com/opinion/id...
Rappel
La ministre Chantal Rouleau a déposéle projet de loi 71, Loi visant à améliorer l'accompagnement des personnes et à simplifier le régime d'assistance sociale, le 11 septembre dernier. Les auditions publiques sur le projet de loi se tiennent du 8 au 10 octobre et une vingtaine d'organisations y seront entendues.
Présents au rassemblement, le Collectif pour un Québec sans pauvreté, le Front commun des personnes assistées sociales du Québec, le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec et le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec interviendront également devant la Commission de l'économie et du travail. À noter que la commission n'a malheureusement pas cru bon d'inviter d'organisations féministes ou de groupes de base.
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Neuf organisation juives canadiennes font appel aux membres de la communauté juive pour se solidariser avec le peuple palestinien

À l'initiative de Voix juives indépendantes
À l'occasion du 7 octobre et à l'initiative de Voix juives indépendantes (VJI), neuf organisations juives canadiennes appellent les juives et les juifs du Canada à faire techouva, Conformément à la pratique juive, une erreur, un acte interdit peuvent être pardonnés sous réserve d'engager une démarche de techouva. Cette appel de VJI veut mobiliser la communauté juive en faveur d'une paix véritable, en commençant par la fin de ce génocide. La rédaction.
7 octobre 2024 | Journal des alternatives
https://alter.quebec/neuf-organisation-juives-canadiennes-font-appel-a-leurs-camarades-pour-se-solidariser-avec-le-peuple-palestinien/
À nos camarades Juifs et Juives,
Aujourd'hui, nous sommes en deuil. Nous avons été en deuil chaque jour de la dernière année, car chaque jour nous a apporté des nouvelles de pertes et de souffrances incommensurables. L'occupation et l'escalade de la violence menées par Israël à Gaza se perpétuent depuis de nombreuses années, mais cette dernière année a été marquée par une vague de destruction, de cruauté et de massacres sans précédent. Aujourd'hui, nous commémorons le premier yahrzeit, le premier anniversaire, de cet horrible de en priant notre communauté d'œuvrer activement à la justice.
Il y a un an, plus de 1 200 personnes ont été tuées lors des attaques lancées par le Hamas, et 250 autres citoyens et citoyennes d'Israël ont été pris en otage. Depuis ce jour-là, nous avons été témoins d'attaques incessantes contre la population civile captive de Gaza, de la détention illégale et de la torture de prisonniers politiques détenus par Israël, de pogroms et d'attaques toujours plus fréquents contre la population palestinienne de Cisjordanie, et d'une campagne de bombardements et d'attaques terroristes au Liban. Le gouvernement israélien d'ultra-droite a orchestré une campagne meurtrière de nettoyage ethnique, se livrant à un véritable génocide au vu et au su du monde entier. À Gaza, plus de 41 000 personnes palestiniennes ont été tuées, et des milliers d'autres sont présumées mortes, tuées indirectement ou ensevelies sous les décombres des bâtiments détruits.
L'esprit humain a du mal à concevoir pleinement l'ampleur d'une telle destruction et l'intensité des pertes qui en résultent.
La majorité des structures de Gaza ont été endommagées ou détruites, et on estime que les infrastructures essentielles qui ont été perdues dans la dernière année de bombardements ne pourront être tout à fait reconstruites avant 2040. Le mois dernier,le ministère de la Santé de Gaza a publié une liste de 34 444 noms de personnes tuées jusqu'au 31 août. De cette liste, 11 355 étaient des enfants. 710 avaient moins d'un an. Ils sont venus au monde – et ont perdu la vie – au milieu du génocide commis par Israël.
Nous pleurons les jumeaux nouveau-nés tués par une frappe israélienne – aux côtés de leur mère et de leur grand-mère – dont les certificats de décès ont été délivrés moins d'une heure après leur naissance. Nous pleurons Vivian Silver, une militante pacifiste canado-israélienne, assassinée lors des attaques du Hamas, le 7 octobre 2023. Nous pleurons Hind Rajab, une fillette de six ans, qui a survécu pendant plusieurs heures, piégée dans une voiture parmi les corps sans vie de ses proches, avant d'être elle-même abattue par un tir de char israélien. Nous pleurons Ziad Mohammad al-Dalou, un médecin palestinien enlevé par l'armée israélienne à l'hôpital al-Shifa de Gaza, qui est mort en captivité illégale. Nous pleurons Alon Shamriz, Samer Talalka et Yotan Haim, trois jeunes hommes capturés le 7 octobre et tués par des soldats israéliens lors de l'invasion militaire de Gaza alors qu'ils étaient torse nu et tenaient un drapeau blanc. Nous pleurons Tawfiq Ahmad Younes Qandil, un homme de 80 ans abattu par l'armée israélienne devant son domicile en Cisjordanie lors d'une incursion militaire à Jénine. Il faudrait d'innombrables pages, des centaines d'heures, pour nommer chaque personne tuée dans la dernière année.
Nos traditions juives nous enseignent que mettre fin à une seule vie, c'est détruire un monde tout entier. Combien de vies faudra-t-il pour faire le deuil de tous les mondes détruits par les attaques incessantes d'Israël ?
À ce temps-ci de l'année, alors que nous entamons les Grandes Fêtes, les Juifs et les Juives sont appelés à faire techouva, à rendre compte de nos fautes de l'année écoulée et à les réparer. Signifiant littéralement « retour », la techouva demande à chaque personne juive : comment peux-tu rendre des comptes pour l'année que tu as connue, et que comptes-tu faire pour redresser les torts dans l'année à venir ?
Quel sens pouvons-nous donner à la techouva cette année ?
Le rabbin Abraham Joshua Heschel a écrit : « Nous devons toujours nous rappeler que dans une société libre, nous sommes tous concernés par les actions de certains. Certains sont coupables, mais chacun est responsable. »
Nous connaissons les coupables. Nous avons vu notre gouvernement refuser d'instaurer un véritable embargo sur les armes ou d'imposer des sanctions significatives à Israël. Nous avons entendu des groupes de pression pro-israéliens prôner un soutien inconditionnel à l'armée israélienne et attaquer quiconque ose s'insurger contre le bain de sang incessant. Nous avons vu des organismes de bienfaisance enregistrés se targuer indûment de représenter l'ensemble de la communauté juive, tout en canalisant des fonds vers des milices israéliennes et des colonies illégales. Nous avons vu des manifestants pacifiques attaqués par la police pour avoir protesté contre le génocide. Nous avons entendu des membres de la société civile israélienne et canadienne applaudir Israël pour ses bombardements dans la région.
Et pourtant, nous sommes tous et toutes responsables. Nous avons le devoir d'être indignés par les effusions de sang, les crimes de guerre, les vols de terres et les déplacements massifs de population perpétrés par Israël. Nous sommes indignés par ceux qui prétendent représenter nos communautés, mais qui se servent de leurs plateformes pour répandre le racisme anti-palestinien et glorifier la violence. Il est de notre responsabilité d'exiger de notre gouvernement qu'il cesse de soutenir les actions intolérables d'Israël et prenne des mesures tangibles pour faire cesser les massacres.
Tel est le sens que nous devons donner à la techouva. Faire face à la responsabilité que nous partageons tous et toutes, non seulement en tant que Juifs et Juives, mais en tant que membres d'une société qui s'est faite complice d'un génocide.
Ainsi, nous demandons à nos frères et à nos sœurs de se joindre à nous dans la techouva cette année.
Reviendrez-vous avec nous aux valeurs éthiques juives ? Vous joindrez-vous à nous dans cette nécessaire quête de justice ?
Notre éthique doit être ancrée dans cette vérité primordiale que chaque vie est sacrée et que tous les peuples ont le droit de vivre dans la paix et la dignité, l'égalité et la liberté. Lutter pour cette égalité, c'est défendre la valeur juive la plus fondamentale : veiller à ce que chaque vie soit respectée et protégée.
Nous savons pertinemment que les efforts de guerre d'Israël ne pourront qu'entraîner plus de mort et de destruction, car le gouvernement de Netanyahou a ouvert un nouveau front de terreur au Liban. La violence n'arrêtera jamais la violence. Seule la justice pourra apporter la paix à tous les peuples de la région et mettre enfin un terme à ce terrible cycle de brutalité.
À l'aube de l'année 5785, malgré la peine – avec détermination – nous faisons techouva et nous réengageons à œuvrer pour la justice. Plus que jamais, nous invitons toutes les personnes de conscience à se joindre à nous dans cette quête.
Signé,
Independent Jewish Voices
The United Jewish People's Order
Jews for Tikkun Olam
Jews Say No To Genocide
Jewish Faculty Network Steering Committee
IfNotNow Toronto
Alt Jews Katarokwi
Jewish Alliance of Simcoe
Toronto Jewish Families
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Les ouragans soufflent en tempête sur la politique américaine

« Non seulement aux USA, mais en Palestine, en Iran, en Ukraine et partout, il n'est pas abusif de dire que l'avenir du monde, l'avenir des luttes pour l'émancipation, se joue dans les prochaines semaines aux USA. »
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
10 octobre 2024
Par Daniel Tanuro
Echantillon des mensonges répandus par Trump et ses fans à l'occasion des ouragans Helen et Milton :
l'organisme fédéral en charge des catastrophes (FEMA) n'a pas les moyens nécessaires, car Kamala Harris les a utilisés pour loger les migrant.e.s et aider l'Ukraine ;
la FEMA est rendue inefficace par la politique d'inclusion des femmes, des personnes racisées et des LGBTQ ;
les maisons endommagées sont confisquées ;
l'aide est plafonnée à 750 dollars ;
Biden et Harris n'aident pas les Etats à Gouverneur Républicain (démenti par les interessés).
Cerise sur le gateau : selon la fanatique MAGA Marjorie Taylor Green (élue de Georgie au Congrès), les ouragans sont causés artificiellement par les Démocrates pour nuire aux républicains... Trump, lui, pose la question : ne sont-ils pas envoyés par la Chine ?
(Nb : cette absurdité est cohérente avec son affirmation que le changement climatique est un truc inventé par les Chinois pour ruiner l'industrie US.)
Ces déclarations abracadabrantesques ont des effets pratiques : méfiance, voire hostilité des victimes vis-a-vis de la FEMA (il y aurait même eu des entraves à l'aide). Il est évident que Trump mise non seulement sur la confusion mais sur le chaos, car celui-ci serait propice à ses projets de dictature.
Toute bonne démagogie populiste s'appuie sur une réalité. La FEMA n'est pas sans critique, car elle est soumise à l'austérité néolibérale. Ses carences avaient été dénoncées lors de l'ouragan Katrina à New Orleans. Mais c'est à des boucs émissaires que Trump s'attaque, pas à l'austérité néolibérale. Lui même, à la présidence, a d'ailleurs serré la ceinture de la FEMA.
A noter que cette avalanche de mensonges est relayée sur X (ex Twitter) par l'homme le plus riche du monde. Elon Musk colporte aussi le ragot des étrangers bouffeurs de chiens et de chats. Il met toutes ses forces dans le soutien a Trump pour les dernières semaines avant la présidentielle.
Musk incarne ainsi cette frange croissante de la classe capitaliste internationale qui choisit le populisme autoritaire, voyou, machiste et raciste, pour défendre son hégémonie menacée. Pas étonnant que ces gens soutiennent ceux qui sont (jusqu'à présent) les deux plus grands criminels de guerre de ce siècle : Nétanyahou et Poutine... les deux chouchous de Trump, qui souhaitent ouvertement sa victoire.
Il faut voir en face que les Musk et Cie, avec Trump en tête, sont prêts à tout pour garder leurs privilèges (et échapper à la justice, dans leur pays et à l'international). Ils sont prêts y compris a s'appuyer sur les bandes fascistes qui défilent en scandant « Jews won't replace us » (les Juifs ne nous remplaceront pas).
Car, parenthèse, aux USA, le « grand remplacement » se décline, tenez-vous bien, en affirmant que « les Juifs » organisent l'immigration illégale... pour le compte des Démocrates qui veulent ainsi « remplacer » l'électorat blanc par un électorat d'étrangers criminels, violeurs et assassins (« c'est dans leurs gènes », a dit Trump récemment).
Comme quoi, confirmation : on peut être pro-sioniste et violemment antisémite. A méditer par ceux qui amalgament ces deux notions.
Bref, fin de la parenthèse. Le constat est clair : la décadence de la démocratie bourgeoise est abyssale, et ce n'est qu'un début. Aux USA et ailleurs.
Aux USA, le résultat du vote est très incertain. Tout se jouera dans les swing states.
Harris mise principalement sur la défense du droit des femmes à l'avortement. Elle vise a la fois l'électorat populaire démocrate décu et les Républicains « modérés ». « Modérés » avec guillemets, bien sur, car Dick Cheney et sa fille, et les autres « Republicans for Harris » ne sont pas des « modérés » : ce sont des durs de la ligne traditionnelle de l'impérialisme US, opposés notamment à l'isolationnisme de Trump et à son alliance avec Poutine (selon Bob Woodward, le descendeur de Nixon, Trump à la présidence a filé des documents classifiés à la Russie, et téléphoné six fois à Poutine après 2020 !)
Pour gagner les indécis, Harris joue à fond cette carte du rassemblement avec les Républicains anti-Trump. Elle marque des points sur ce terrain. C'est précisément cela qui incite Trump à son escalade de démagogie populiste. Pour gagner, il doit non seulement fanatiser sa base MAGA, mais aussi gagner de nouvelles couches, bien au-delà des indécis. Il vise donc les gens les plus primaires, qui ignorent tout de la politique. En priorité les jeunes hommes blancs (mais pas que !) des milieux virilistes, amateurs de « sports » de combat extreme (MMA).
Dans ce contexte, renvoyer Harris et Trump dos à dos serait une stupidité ultra-gauche gravissime. La gauche, sans semer la moindre illusion sur Harris, doit absolument s'insérer dans la mobilisation pour la défaite de Trump et de son projet néofasciste.
Elle doit le faire sous son propre drapeau anticapitaliste, féministe, écosocialiste. Le débat autour des ouragans, justement, montre la nécessite de cette indépendance absolue de la gauche. En effet, il est frappant que Biden et Harris, dans leur réponse aux mensonges de Trump, ne mettent pas au premier plan la dénonciation de son négationnisme climatique et de son programme pro-fossiles ultra (« I shall drill baby, drill »). En fait, ils n'en parlent pas.
Elle doit le faire en sachant que dans tous les cas, la bataille continuera aprés l'élection. Ce point est important. Si Trump gagne, il amnistiera ceux qu'il appelle les « patriotes martyrs » de l'assaut contre le Capitole (parce qu'il aura besoin de ces fascistes dans la rue, pour la traque aux illégaux, et pour la lutte contre les mouvements sociaux - syndicaux, féministes, écologistes). Et si Trump est battu... ses déclarations répétées montrent sans aucun doute qu'il tentera un nouveau coup d'Etat.
Non seulement aux USA, mais en Palestine, en Iran, en Ukraine et partout, il n'est pas abusif de dire que l'avenir du monde, l'avenir des luttes pour l'émancipation, se joue dans les prochaines semaines aux USA.
Daniel Tanuro
P.-S.
• Facebook. 10 octobre 2024 :
https://www.facebook.com/story.php?story_fbid=8538586399538973&id=100001630940002&rdid=naapINkBmn1nYEaF
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« En Israël, la paix n’est pas une option »

Entretien avec Idan Landau conduit par C.J. Polychroniou.
PHoto et article tirés de NPA 29
Idan Landau
Un an après les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre [1], alors que la majeure partie de la bande de Gaza a été détruite et que le conflit au Moyen-Orient s'intensifie, on peut se demander quel est le « climat » à l'intérieur d'Israël. Les Israéliens ont soutenu [et soutiennent] la guerre à Gaza, s'opposent à une solution à deux Etats et semblent maintenant offrir un soutien enthousiaste aux attaques du gouvernement contre le Liban et même à une frappe contre l'Iran [2]. En fait, la popularité du Premier ministre Benyamin Netanyahou a augmenté à la suite des attaques contre le Hezbollah, et son parti, le Likoud, est de nouveau en tête des sondages au niveau national.
Que s'est-il passé en Israël ? Où est le mouvement pacifiste israélien ? Pourquoi le pays s'engage-t-il sur une voie de plus en plus illibérale, violente et destructrice ?
Dans cet entretien réalisé par C. J. Polychroniou, Idan Landau, universitaire israélien, militant de gauche et partisan de la résistance, fait la lumière sur le contexte politique et social actuel en Israël. Idan Landau a été incarcéré trois fois dans une prison militaire pour avoir refusé de servir dans les rangs des réservistes des Forces de défense israéliennes (IDF). Il est professeur de linguistique au département de linguistique de l'université de Tel-Aviv et tient un blog politique (en hébreu) sur les thèmes d'actualité.
C.J. Polychroniou – Les attaques du 7 octobre menées par l'aile militaire du Hamas, les Brigades al-Qassam, et plusieurs autres groupes armés palestiniens ont profondément ébranlé Israël. La nature et l'ampleur de l'opération – baptisée « Déluge d'Al-Aqsa » et qui a entraîné la mort de près de 1 200 personnes et la prise en otage de quelque 250 autres à Gaza – ont incité le gouvernement d'extrême droite de Benyamin Netanyahou à se lancer dans une campagne forcenée contre Gaza, qui a déjà fait plus de 41 000 morts parmi les Palestiniens, même si le nombre réel de victimes est sans aucun doute beaucoup plus élevé.
En effet, la destruction totale de Gaza est un objectif déclaré, le cabinet de guerre israélien ayant juré d'éradiquer le Hamas de la Terre. Il a été dit que les attaques ont créé un fort sentiment de solidarité parmi les Israéliens, l'écrasante majorité soutenant la réponse militaire contre le Hamas, y compris la limitation de l'aide humanitaire à Gaza, mais que les anciennes divisions sont revenues et que la société israélienne est divisée sur les leçons à tirer du 7 octobre. Pouvez-vous nous donner une idée de l'état d'esprit qui règne en Israël aujourd'hui, alors qu'Israël avance sur deux fronts ?
Idan Landau – La question qui divise le plus Israël est probablement celle du sort des otages. Il est désormais clair que la « pression » militaire (un euphémisme pour désigner le massacre effréné des habitants de Gaza) a non seulement échoué à permettre la libération des otages, mais a aussi directement contribué à leur mort. Les termes du dilemme sont donc devenus plus crus : êtes-vous, oui ou non, prêt à sacrifier la vie des otages israéliens pour la promesse de « victoire absolue » de Netanyahou ?
Notez que l'aspect humain a été supprimé : leur vie n'est plus considérée comme la fin ultime, pour laquelle différents moyens peuvent être déployés ; leur vie est un moyen stratégique de plus, parmi d'autres, comme le maintien le contrôle du « Couloir de Philadelphie [la dite « fine zone tampon » qui délimite l'enclave de l'Egypte] ou l'utilisation de bombes d'une tonne, etc. Cela reflète la déshumanisation croissante qui affecte non seulement les victimes d'Israël, mais, sous une autre forme, aussi les Israéliens eux-mêmes.
Les manifestations constantes en faveur des otages, qui ont attiré des centaines de milliers d'Israéliens, ont été une véritable gêne pour le gouvernement. Il a fait et fait encore tout ce qu'il peut pour diaboliser les manifestant·e·s : par exemple, il s'en prend directement aux membres des familles des otages – de malheureux pères, mères et frères et sœurs, qui ont passé de nombreuses nuits blanches d'angoisse et de chagrin – en les faisant tabasser dans les rues par les forces de police et par des bandes d'individus.
Dans ce contexte, le nouveau front libano-iranien sert parfaitement Netanyahou. Il a fait taire la protestation, littéralement, puisque les règlements d'urgence interdisent aux gens de se rassembler à l'extérieur. Même les analystes mainstream s'accordent à dire que l'une des motivations de Netanyahou pour intensifier cette guerre sans fin, avec toujours plus de nouveaux fronts est la « pacification » forcée des divisions internes qui menacent sa coalition.
Malheureusement, il n'y a pas de débat sérieux sur les grands thèmes de la politique israélienne. Etait-il moral ou sage de bombarder des villes libanaises, de tuer quelque 2 000 citoyens libanais depuis le 7 octobre et d'envahir des villages dans le sud du Liban ?
On parle de plus en plus d'une « zone de sécurité » [au Liban-Sud] – la même fausse idole qui a persisté entre 1982 et 2000 et qu'Israël a finalement abandonnée (la « queue entre les jambes »). Une telle zone tampon sera certainement stabilisée dans la bande de Gaza. Il n'y a aucune promesse de sécurité à repousser son ennemi à quelques kilomètres de la frontière alors que l'on ne cesse d'alimenter sa haine. Ainsi, la leçon la plus importante n'a pas été apprise : la force militaire ne peut pas tout résoudre.
Pour en revenir à votre question : Les Israéliens sont traumatisés, épuisés et se sentent plus que jamais vulnérables dans cet état de guerre sans fin [3]. Or, c'est précisément à ce moment-là que les sociétés se serrent les coudes et s'abstiennent de remettre en question leurs postulats les plus fondamentaux.
La situation en Cisjordanie s'est considérablement détériorée depuis le début de la guerre à Gaza. Les attaques de colons contre les Palestiniens ont augmenté de façon spectaculaire et Israël s'empare d'une quantité record de terres palestiniennes en Cisjordanie, ce qui constitue une violation totale du droit international. La société israélienne dans son ensemble soutient-elle ce qui se passe en Cisjordanie ? Existe-t-il une résistance aux colonies en territoire palestinien ?
La plupart des médias israéliens se sont tout simplement désintéressés de ces développe-ments. Cela signifie qu'un observateur occidental moyen en sait probablement plus que l'Israélien moyen. Ce n'est que si vous lisez Ha'aretz (qui a une couverture restreinte, de 5%) que vous êtes informés sur l'ampleur du pillage de terres et de la terreur parrainée par l'Etat en Cisjordanie. Les médias sont totalement complices de ces crimes, soit en les ignorant, soit en les banalisant.
Il est important de noter que, depuis le 7 octobre, l'extrême droite travaille d'arrache-pied pour effacer toute distinction entre Gaza et la Cisjordanie, entre le Hamas et l'Autorité palestinienne, et aussi pour effacer toute idée selon laquelle les Palestiniens sont aussi divers que n'importe quel autre peuple.
Ce sont tous des terroristes sans visage, qu'ils soient à Rafah ou à Tulkarem, cela ne fait aucune différence. Telle est la perception qui prévaut. Les incidents quotidiens d'expulsions forcées de communautés de bergers ou les tirs à balles réelles sur des manifestants non armés ne s'inscrivent tout simplement pas dans cette perception. Les Israéliens ne peuvent littéralement pas les voir ; ils ne sont pas équipés sur le plan conceptuel et sont souvent privés d'informations qui leur permettraient de réfléchir à ce qu'ils pensent de ces questions, et encore moins de s'y opposer.
Il est vraiment difficile d'exprimer à quel point les Israéliens sont insensibles, en particulier au cours de l'année écoulée, à toute preuve concrète que nous commettons à grande échelle des crimes injustifiés et non provoqués. Je ne veux pas exonérer le commun des Israéliens de toute responsabilité. Cette ignorance est souvent voulue, il ne s'agit pas d'une attitude marquée de passivité. Elle nécessite un refoulement constant des faits et conclusions désagréables qui s'infiltrent dans l'esprit des personnes (nous pouvons tous regarder la chaîne étasunienne CNN, et nous pouvons observer le dégoût international croissant à l'égard de notre pays).
En ce qui concerne la « résistance », il existe une poignée de très petits groupes d'activistes motivés qui pratiquent ce que l'on appelle la « présence protectrice » dans les communautés menacées de la vallée du Jourdain et des collines du sud d'Hébron. Leur succès est réel mais limité. En ce qui concerne les nouvelles colonies, je n'ai pas entendu une seule voix de protestation sur l'ensemble de l'échiquier politique. Elles sont totalement empreintes de normalité.
Où en est l'enquête sur les attentats du 7 octobre ? Le premier rapport militaire israélien publié au début du mois de juillet n'a pas apporté beaucoup d'éclaircissements, si ce n'est que l'armée n'était pas préparée à ce qui s'est passé à cette date, bien que des rapports fiables indiquent qu'Israël était au courant d'un plan d'attaque du Hamas plus d'un an auparavant. Est-il vrai, comme l'a récemment rapporté le Jerusalem Post (26 septembre 2024) que les enquêtes des FDI n'ont jamais pour but de révéler la vérité ?
Les commissions d'enquête sont l'épilogue rituel des guerres en Israël. Elles révèlent une culture ahurissante de négligence, d'arrogance et de dilettantisme typiquement israélien. Elles publient des tomes remplis de recommandations vitales, et rien n'en est jamais fait. Cette culture propre à une suffisance et à un manque d'intérêt réel pour l'amélioration de son propre comportement n'est pas spécifique à l'armée, mais elle y est accentuée.
Je soupçonne que des décennies de recours fanatique à la force militaire ont élevé le mythe de la « dissuasion » à un niveau tel que l'armée est largement immunisée contre la démystification. Ainsi, même si nous pouvons constater les différents éléments de l'échec, personne n'ose les mettre en relation.
Nous verrons quelques « leçons » locales et opérationnelles être tirées et éventuellement mises en œuvre, mais la complaisance générale (et la sous-estimation des capacités de nos ennemis) ne changera pas grand-chose. N'oublions pas qu'une enquête approfondie a été menée après la deuxième guerre du Liban (la commission Winograd-commission présidée par le juge à la retraite Eliahou Winograd pour établir un bilan de l'affrontement « israélo-libanais » de 2006). En 2008, la commission a publié un rapport très critique sur les conceptions militaires et les décisions politiques qui ont conduit à cet échec désastreux, et pourtant nous les avons retrouvées le 7 octobre.
On peut dire, comme vous l'avez noté précédemment, que la libération des otages ne fait pas partie des objectifs de Netanyahou. Pourtant, sa popularité a rebondi depuis les attaques sur le Liban et, selon un récent sondage, si des élections avaient lieu aujourd'hui, son parti, le Likoud, l'emporterait.
Comment expliquer l'alliance naturelle qui s'est formée entre la droite israélienne, les fous messianiques et les ultra-nationalistes, qui travaillent essentiellement ensemble pour empêcher la possibilité qu'Israël devienne (à nouveau) une démocratie libérale ?
Vous l'avez en quelque sorte dit vous-même : il s'agit d'une collaboration qui profite à toutes les parties concernées. Les extrémistes de droite font progresser leur vision « Arabrein » du grand Israël ; les promoteurs de la contre-réforme judiciaire obtiennent un soutien général pour leur prise de contrôle du système judiciaire ; les industries militaires et leurs satellites – une part énorme et toujours croissante de l'économie israélienne – bénéficient d'un soutien sans faille ; et les partis religieux ultra-orthodoxes obtiennent de plus en plus de privilèges en matière d'éducation, de logement, d'imposition, etc.
Tous les partis de la coalition de Netanyahou, y compris chacun de leurs membres, ont beaucoup à perdre de sa défaite, c'est pourquoi ils s'y accrochent tous au pouvoir, quels que soient les terribles crimes qu'ils commettent. Plus les crimes sont graves, plus le prix à payer sera élevé, et donc plus leur engagement en faveur de la survie gouvernementale est important.
En fin de compte, et contrairement à ce que prétendent de nombreux analystes occidentaux, je ne pense pas que Netanyahou soit uniquement motivé par le pouvoir et qu'il ne cherche qu'à se mettre à l'abri de ses procès. Je pense qu'il partage les principes fondamentaux [4] qui guident le ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich : la suprématie juive, le contrôle total de la Cisjordanie, la répression brutale de tout dirigeant politique palestinien. Il s'agit donc d'une alliance tout à fait naturelle.
Pourquoi le public continue-t-il à soutenir un gouvernement qui détruit clairement nos vies ? Des années d'endoctrinement raciste, alimenté par un discours de peur constant et la diabolisation de toute réconciliation possible avec les « ennemis arabes ». Comparés à ces menaces – dont certaines sont réelles mais pas aussi existentielles et fatales que la machine de propagande voudrait nous le faire croire – certains droits politiques ou démocratiques semblent être un luxe qui vaut la peine d'être sacrifié. Surtout si ceux qui souffrent de ce sacrifice sont des Arabes !
La paix a disparu de la culture politique israélienne. Comment cela se fait-il ?
C'est le résultat naturel de tous ces processus. De plus, il n'y a pas de véritable opposition à la Knesset [le parlement israélien]. En dehors des partis arabes, aucun parti juif n'ose parler de paix. Un système complet d'endoctrinement a rabaissé le concept de paix au niveau d'une ignoble conspiration de gauchistes amoureux du Hamas, prêts à vendre le pays à ses pires ennemis.
C'est ce que la « paix » a fini par signifier dans le discours constamment alimenté par le Canal14 (la Fox News d'Israël) et d'autres médias de ce type. La triste vérité est que la plupart des Israéliens sont nés dans un climat politique sans espoir où la paix n'est pas une option. Et il est très difficile d'imaginer un avenir qui ne vous a jamais été présenté comme une option.
Dans une tribune publiée dans Ha'aretz le 15 septembre, le célèbre journaliste et auteur israélien Gideon Levy a lancé un défi à ses concitoyens, déclarant que « nous vivons dans une réalité génocidaire » et demandant si les Israéliens devaient continuer à « vivre dans un pays qui se nourrit de sang ». Israël est-il en train de s'autodétruire ?
Je ne me risquerai pas à faire des prophéties, mais Israël est certainement allé assez loin pour ne plus ressembler à une démocratie dite libérale et je pense que cela ne changera pas de mon vivant (comme je l'ai laissé entendre, les jeunes générations sont encore plus militaristes, plus désespérées, plus fanatiques). Israël ne se détruira pas nécessairement, mais il pourrait bien détruire tout ce que de nombreuses personnes considéraient comme cher et beau dans ce pays. Il persistera en tant que Sparte paranoïaque des temps modernes, avec un régime interne ultra-orthodoxe, intolérant et persécuteur.
Le changement et l'espoir ne peuvent venir que de l'Occident. Or, c'est celui-là qui a implanté Israël au Moyen-Orient par intérêt colonial, qui l'a armé et soutenu dans ses aventures militaires pendant des décennies, qui a acquiescé à son expansion illégale et qui est aujourd'hui confronté aux répercussions catastrophiques et mondiales de son engagement dans une guerre sans fin. Israël ne se sauvera pas ; il s'est déjà abandonné à son pire penchant.
(Publié sur le site australien Links, le 8 octobre 2024, traduction et édition par la rédaction de A l'Encontre)
13 octobre 2024 0 Commentaire
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France : « Dette », démocratie, racisme

Les jours heureux, à la naissance du Front Populaire, ont été vécus avec bonheur quand partis, syndicats et associations reconnaissaient comme leur le programme commun à tout le mouvement ouvrier. Eh bien, ce sont ces jours heureux qui doivent revenir, pour que vive ensemble notre programme revendicatif et notre espérance immédiate de démocratie.
9 octobre 2024 | tiré du site aplutsoc
La « dette » ? Une Fake News au service de l'austérité-Barnier
« La dette explose, pourquoi ? C'est comme ça, ne vous posez pas de question, consentez à rembourser, parce que cette dette est la vôtre ! D'où mon budget d'une austérité qui ne fait que commencer. » Telle est la politique de Barnier.
La dette est à la fois l'ardoise de Macron et la croisade libérale d'austérité menée par Barnier. Une croisade sur plusieurs années. Explications.
1) Cette Dette, c'est la nôtre ? Ah bon ?
La dette des administrations publiques ? Seulement ? Tu parles…
En vrai, c'est un mécanisme financier infernal :
- L'État, pour financer ses dépenses, emprunte aux marchés financiers, et non à la Banque de France depuis que l'Union européenne l'a décidé.
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- Une méthode du capitalisme financier.
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- L'État français s'endette sur les marchés à des taux variables.
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- Cette fluctuation des taux d'intérêt module le coût de refinancement de l'État.
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Elle fait de la dette un instrument pour justifier la destruction des services publics et des modèles sociaux. C'est ainsi que la dette est d'abord et avant tout le « marché de la dette »
2) Une Dette instrument de l'austérité
- Le ralentissement de l'activité économique provoque une réduction des rentrées d'impôts, accentuée par les exonérations Macron pour les riches.
- Les recettes des impôts diminuent, le besoin de recourir à l'emprunt augmente.
- Et on est parti dans un cercle vicieux avec un effet boule de neige, c'est-à-dire une forte augmentation de la dette et des intérêts à payer.
- L'endettement public est en permanence instrumentalisé par le gouvernement, la Commission européenne, le Fonds monétaire internationale, ou encore lesagences de notation, pour l'adoption de mesures d'austérité.
3) Et vlan ! Le budget Barnier et la baisse des budgets sociaux,
…
…. les privatisations, la réduction de la protection sociale qui permet au plus grand nombre de vivre mieux (Sécurité sociale, système de retraites par répartition, assurance chômage de moins en moins protectrice)…
La démocratie ? « Perte de temps », crie le capitalisme ensauvagé !
Le pouvoir ne fait même pas semblant :
« La dette, surgie soudain à la rentrée, est celle du peuple, c'est vrai parce que je le dis, répète Barnier.
–Mais alors, nos besoins élémentaires, santé, travail, logement, ne sont pas pris en compte ? Le capitalisme d'automne n'a pas de temps à perdre avec la parole d'en bas ?
– Ben non, répond Barnier qui a une austérité à faire passer, la mise en souffrance de la démocratie en est la condition. »
Barnier comme Premier ministre est né d'un déni de démocratie électorale.
« Et alors ? Mon gouvernement dépend de Le Pen, de cette extrême droite rejetée par les électrices et les électeurs… Mais en quoi ça me concerne, moi Barnier je suis commissaire européen en capitalisme sauvage, alors, hein, les bulletins de vote…
– Ben alors, mon vote n'est pas pris en compte, seuls pèsent les intérêts des financiers, des riches, des nantis ? »
– Oui, oui, répond Barnier, minoritaire je suis minoritaire, j'impose les intérêts de la minorité, les très riches, les grandes fortunes. »
Austérité + déni de démocratie = putsch ultralibéral
Nous n'avons pas voté pour cette impasse démocratique, nous n'avons pas opté pour ce choc d'austérité contre nos intérêts sociaux et la satisfaction de nos besoins élémentaires.
Voilà pourquoi on ne peut plus séparer les revendications telles que l'augmentation des salaires, l'abrogation de la loi sur la retraite à 64 ans, la protection et l'indemnisation des chômeurs, avec l'exigence de démocratie.
S'opposer au putsch ultralibéral
Les jours heureux, à la naissance du Front Populaire, ont été vécus avec bonheur quand partis, syndicats et associations reconnaissaient comme leur le programme commun à tout le mouvement ouvrier. Eh bien, ce sont ces jours heureux qui doivent revenir, pour que vive ensemble notre programme revendicatif et notre espérance immédiate de démocratie.
Déni de démocratie et choc d'austérité – Le carburant raciste veut tout incendier
Au carrefour du déni démocratique et du choc d'austérité se développe un bloc réactionnaire contre une « invasion de migrant·es ».
Une puissante presse dominée par les milliardaires de droite et d'extrême droite déverse un discours anxiogène sur la menace d'une « immigration de masse ».
Une campagne électorale permanente de ces forces coalisées, dont le RN, dénonce le « laxisme » en matière d'immigration.
Elle appelle à intensifier les expulsions, jusqu'à la « remigration ». Retailleau au gouvernement, Le Pen en soutien à Barnier, en sont les animateurs.
Chaque jour, un « lumpen-commentariat » envahit les chaînes en continu et déverse les dénonciations de l'immigration comme des « préoccupations légitimes ».
Où est le cœur vibrant de l'idéologie de la réaction anti-immigrés ?
La panique morale organisée dénonce des frontières et des barrières qui s'érodent et des gens qui se trouvent là où ils ne devraient pas être.
Les réactionnaires lancent leur croisade contre « le déclin du mode de vie traditionnel » dominé par la perspective de « l'extinction des Blanc·hes ».
Les passions persécutrices et vengeresses sécrétées par le bloc réactionnaire sont le produit direct de :
- la compétition sociale incessante,
- l'inégalité de classes croissante,
- la célébration des gagnant·es et le sadisme envers les perdant·es,
- et des conséquences psychologiques de plus en plus toxiques de l'échec.
Le racisme d'aujourd'hui ?
Il est celui de l'époque des déplacements de populations entre les anciennes colonies et les anciennes métropoles coloniales.
Il est centré sur le refus des mouvements de populations provoqués par les dégâts de l'économie capitaliste, les guerres et les dérèglements climatiques.
C'est un racisme qui affirme l'irréductibilité des différences culturelles, et qui s'obsède du « danger « de l'effacement des frontières et l'incompatibilité des styles de vie.
C'est un racisme qui dit dans de multiples langues : « Puisque l'horizon du capitalisme est indépassable, alors battons-nous pour qu'il y en ait pour nous seuls car il n'y en aura pas pour tout le monde. »
Le nouveau pacte social et politique sur lequel convergent les néolibéraux et les néofascistes est un pacte économique à connotation ethno-raciale.
C'est pourquoi notre réponse combine la lutte pour la victoire du Nouveau Front Populaire, le développement des luttes sociales et la guerre au bloc raciste anti-immigrés.
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Les trois bouffons du Journal de Montréal

Trois chroniqueurs du Journal de Montréal se démarquent par le ridicule de leurs propos : Richard Martineau, Joseph Facal et Mathieu Bock-Côté (MBC pour les intimes). Ils partagent un anti-wokisme obsessionnel. Qu'est-ce que le wokisme ? on le définit comme un "état d'éveil" devant l'injustice.
Il est apparu en 2013 et désigne des personnes conscientes des problèmes découlant de l'injustice sociale et ethnique. Il est semble-t-il, très fort dans certaines universités américaines, d'où il a essaimé dans divers milieux, aux États-Unis comme à l'étranger. C'est un courant de pensée présent surtout dans les universités.
Selon nos trois nonos, le wokisme (ou du moins ses excès) menacerait la liberté d'expression en imposant un discours "politically correct" de gauche qui minerait le système démocratique. Rien de moins. Ils y reviennent avec une constance presque comique (involontairement) et à coup sûr, suspecte.
Celui qui remporte la palme du grotesque dans le discours anti woke et sans conteste Richard Martineau par son style démagogique et ses propos tranchants. Suivent dans la séquence du dérisoire Mathieu-Bock Côté et Joseph Facal.
À tout seigneur, tout honneur : débutons notre critique par Richard Martineau. Dans le numéro des 12 et 13 octobre du Journal de Montréal par exemple, Richard Martineau, à mon avis le plus démagogue des trois, présente aux lecteurs et lectrices en page 4, un commentaire intitulé : "scandale, mon médecin est blanc !". Il se réfère dans sa brève introduction à une chronique de Joseph Facal où, selon Martineau, son ami affirmait que "le mouvement woke montrait des signes d'essoufflement." L'objet des récriminations de Martineau cette fois-ci est la décision de la Toronto metropolitan University qui "privilégiera les candidatures provenant de groupes minoritaires lors de l'ouverture de son département de médecine". Il précise avec inquiétude que cette université prévoit accueillir 94 étudiants en médecine et que seulement 24 d'entre eux "seront choisis sur la base de leurs notes". Les 70 autres le seront en vertu de leur appartenance à des groupes minoritaires sous-représentés dans le système d'éducation supérieure. Par conséquent, sans pousser plus avant sa réflexion, Martineau s'alarme pour la santé de leurs futurs patients.
Je ne connais pas les critères d'admission au département de médecine de cette institution universitaire, mais on peut croire que ses responsables sont assez intelligents et compétents pour avoir réfléchi au préalable à ce problème et qu'ils y ont trouvé une solution qui concilie ouverture à l'autre et acquisition des compétences indispensables pour exercer la médecine.
Passons maintenant à Joseph Facal. Il s'est emparé en page 6 d'une affaire qui a fait grand bruit dernièrement, celle de l'école primaire Bedford où des instituteurs d'origine maghrébine auraient utilisé des méthodes pédagogiques brutales et dépassées tout en évitant d'enseigner des matières peu prisées par les intégristes musulmans comme les sciences et l'éducation à la sexualité. Ils utilisaient aussi, paraît-il, des manuels nord-africains (!) remontant aux années 1970 et 1980. Le rapport officiel qui fait état de cette situation dégradée est sérieux et on doit en tenir compte.
Mais le texte du chroniqueur semble imprégné en filigrane d'une certaine xénophobie à l'endroit de l'Islam. Évidemment, il n'en conviendra pas. Mais il fait quand même partie du trio de choc anti-woke de l'organe de presse où il sévit. Je me souviens pour ma part d'une époque pas si lointaine où c'était un certain intégrisme catholique qui régentait notre système d'éducation durant les décennies 1950 et 1960. Une enfance l'eau bénie...
Finalement, examinons le cas de notre troisième larron, Mathieu Bock-Côté. Il s'en prend en page 57 aux organisations criminelles d'origine "ethnique" qui recrutent toujours plus de jeunes pour accomplir leur sale besogne. Cependant, Bock-Côté ressent le besoin d'ajouter :
"Ces gangs, quoi qu'on en dise, fonctionnent souvent selon le principe de l'affinité ethnique. Ce n'est pas nouveau. Hier, les gangs de rue étaient souvent haïtiens, et la mafia, italienne. D'ailleurs, ils le sont encore."
On ne peut nier que le crime organisé, dans ses multiples facettes, comporte une dimension "ethnique", ce qui peut s'expliquer de bien des manières ; entre autres, dans plusieurs cas, par la marginalité et la pauvreté auxquelles sont souvent confrontés les nouveaux venus dans la société d'accueil. Mais il faut éviter de généraliser. Tous les Haïtiens, Latinos et Italiens n'empruntent pas l'ascenseur de la criminalité comme voie d'élévation professionnelle. Rappelons aussi qu'il existe toute une pègre francophone de vieille souche...
L'anti-gauchisme de l'auteur touche à la paranoïa lorsqu'il déclare :
"La gauche, en imposant ses concepts, formate la pensée collective et dirige l'action publique.
Elle entrave ici l'efficacité des forces de l'ordre."
Outre qu'il s'agit là d'une affirmation gratuite, Mathieu Bock-Côté reprend le discours des bien pensants en jetant dans le même sac les contestataires de l'idéologie dominante et les délinquants professionnels qui profitent du système économique en place. Si on va jusqu'au bout de sa logique, les premiers seraient les complices involontaires des seconds.
Verdict final : nos trois commentateurs sont condamnés à continuer d'écrire n'importe quoi jusqu'à leur retraite.
Jean-François Delisle
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