Presse-toi à gauche !
Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...

Haïti : Dénonçons l’inaction du CPT et du gouvernement Conille dans la crise sécuritaire et migratoire

REHMONCO dénonce et condamne avec véhémence le comportement irresponsable du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du gouvernement Conille dans la gestion du pays notamment dans le dossier de sécurité. Les massacres se succèdent les uns plus horribles que les autres pendant que la présidence et le gouvernement s'enlisent dans l'immobilisme.
Le 2 octobre 2024, le gang Grangrif, connu pour ses exactions et crimes dans les communes de Petite-Rivière et de Liancourt, a massacré au moins 117 personnes et blessé grièvement plusieurs dizaines d'autres à Pont Sondé dans le département de l'Artibonite. En dépit de l'ampleur du carnage, cet événement crapuleux n'a rien de surprenant puisque les organisations paysannes ont alerté à plusieurs reprises les responsables de l'État sur l'imminence d'une telle attaque. Rien n'a été fait pour mettre hors d'état de nuire les cohortes criminelles du gang Grangrif et assurer la protection et la sécurité de la population.
Loin d'être un hasard, l'indifférence du gouvernement constitue une conséquence de l'orientation et de la politique gouvernementale. En effet, le premier ministre et le CPT sont proactifs dans les promesses creuses, les campagnes de propagande sur la sécurité dans différentes tribunes et plateforme de communication.
Par contre, ils se révèlent incapables de poser le moindre acte concret visant à rétablir la sécurité publique. Ils sont aussi très actifs dans la pérennisation des pratiques de corruption et de pillage des maigres ressources de l'État, comme en témoigne le scandale des trois conseillers-présidents dans le dossier de la Banque nationale de crédit (BNC).
Cette tendance se confirme un peu plus lorsque le CPT et la primature choisissent de faire main basse sur les fonds alloués au service d'intelligence. Ces comportements, si besoin était, viennent prouver que l'intérêt de la population est le cadet des soucis de ces conseillers-présidents qui ne pensent qu'à se remplir les poches. Pour allier le cynisme à l'indécence, même un discours hypocrite n'est prononcé pour rassurer la population en détresse.
Cette insouciance criminelle du CPT et du gouvernement Conille ne se limite pas à la politique intérieure. Elle se manifeste également dans la diplomatie. Actuellement, des centaines de milliers de ressortissant.e.s haïtien.ne.s sont victimes de campagne de discrimination et de racisme dans plusieurs parties du monde sans le moindre accompagnement des services consulaires et diplomatiques haïtiens. Un cas emblématique est la menace de déportation de l'État dominicain de près 10 000 haïtiens par semaine, mise en exécution depuis plusieurs semaines. Comme d'habitude, ces rapatriements par l'État dominicain se font à l'encontre des normes minimales des droits humains lors de l'arrestation, l'emprisonnement et le transport des ressortissant.e.s haïtien.ne.s.
Le gouvernement haïtien se contente de crier au scandale et au racisme. Comme dans le cas de la politique intérieure, cette crise migratoire met en lumière l'inaction du gouvernement dans la gestion du pays depuis plus de 6 mois. Loin d'être un accident, cette apparente nonchalance témoigne d'un modèle de gouvernance dans lequel l'improvisation constitue un axe central.
REHMONCO salue la mémoire des personnes victimes des massacres perpétrés par les gangs à travers le pays, notamment à Pont Sondé dans le département de l'Artibonite. Il appuie l'initiative de nombreuses organisations populaires de reprendre la mobilisation contre l'inertie des autorités de l'État dans le dossier de l'insécurité.
En ce sens, REHMONCO soutient le choix des mouvements sociaux haïtiens d'adopter une journée de deuil national le 31 octobre 2024 en mémoire des victimes des massacres perpétrés par les gangs. Date hautement symbolique commémorant l'assassinat, en 1919, par les troupes américaines d'occupation du militant patriote, anti-impérialiste Charlemagne Péralte.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Quand des femmes en Égypte sont abandonnées parce qu’elles tombent malades

Quand Rabab Adel a appris qu'elle avait une hépatite C, son mari est parti. Il a abandonné sa femme, une enseignante de 49 ans originaire de la province de Fayoum en Égypte, ainsi que leurs deux enfants, en prétendant qu'il devait se protéger. Il a aussi arrêté de soutenir sa famille financièrement.
Article tiré de NPA 29
Par Faten Sobhi
“S'il avait tellement peur d'être infecté, pourquoi il n'a pas pris les enfants pour les protéger eux aussi ?” se demande-t-elle.
Plus tard, lorsque le gouvernement égyptien a lancé son initiative 100 millions de vies saines pour lutter contre l'hépatite C, Rabab Adel a pu bénéficier d'un traitement gratuit et a complètement guéri. Entre temps, son mari s'était déjà remarié et avait coupé tous les liens.
C'est une histoire tristement familière, partout dans le monde : une femme tombe gravement malade, et son partenaire masculin la quitte. Une étude de 2009 menée sur des patient·es atteint·es de tumeurs cérébrales aux États-Unis a révélé que les partenaires masculins étaient six fois plus susceptibles de quitter une relation après un diagnostic. En 2015, des chercheur·es ont constaté un risque accru de divorce parmi les couples après une maladie physique grave, mais seulement lorsque la personne malade était une femme.
En Égypte, le problème est particulièrement aigu, d'après les soignant·es, et le coût du traitement est souvent un facteur déterminant.
“Les maris abandonnent souvent leurs épouses lorsque le coût des soins médicaux est élevé”, explique Ziad Waleed, spécialiste de la santé sexuelle et reproductive des femmes, qui fait du bénévolat pour plusieurs organisations de femmes. “Ils pensent que dépenser de l'argent pour le traitement des femmes est un luxe que seules les personnes aisées peuvent se permettre.”
Dans d'autres cas, les familles restent ensemble mais refusent l'accès aux soins car elles ne veulent pas dépenser d'argent pour les membres féminins de la famille.
Heba Rashed, fondatrice de la Fondation Mersal, une ONG de santé basée au Caire, décrit la discrimination médicale en Égypte comme “l'une des pires formes de violence contre les femmes”.
Il n'y a pas que les hommes qui discriminent les membres féminins de la famille. “Je n'oublierai jamais une mère qui a insisté pour soigner d'abord son fils, alors que l'état de sa fille était plus urgent”, raconte Heba Rashed. “Elle a justifié cela en disant que sa fille finirait par rester à la maison pour la servir, tandis que son fils fonderait sa propre famille et la soutiendrait financièrement.”
Une analyse des données de l'Agence internationale pour la recherche sur le cancer a révélé que pour quatre garçons diagnostiqués avec un cancer dans le monde, seules trois filles étaient diagnostiquées, bien qu'il n'y ait pas de différences genrées considérables pour les cancers infantiles. Les chercheur·es pensent que cela s'explique par le fait que, à l'échelle mondiale, les familles sont plus susceptibles de consulter pour les garçons que pour les filles.
Doaa Mahmoud, une infirmière dans une clinique du gouvernorat de Matrouh, voit les conséquences de la discrimination médicale sur les femmes au quotidien. “Leurs ordonnances sont souvent déchirées et leurs maris décident de leur donner ce qui est déjà disponible à la maison”, dit-elle.
La soignante note que les hommes et les garçons de la région reçoivent souvent une meilleure alimentation, et de la viande, tandis que les filles sont plus susceptibles d'en être privées. Cela peut entraîner des niveaux d'hémoglobine trop faibles chez les femmes enceintes, ce qui peut provoquer des hémorragies, des interruptions de grossesse et des saignements post-partum.
D'après des données de la Banque mondiale, un accès limité à des aliments nourrissants a conduit à un taux d'anémie de 28 % en 2019, avec des impacts négatifs à la fois pour les mères et pour les bébés. Les mères anémiées sont beaucoup plus susceptibles de
donner naissance à des bébés en sous poids, ce qui peut augmenter le risque de dénutrition ou de retard de croissance, et avoir un impact à long terme sur le développement physique d'un enfant.
Pour contrer cela, le ministère de la Solidarité sociale du gouvernement égyptien a lancé le programme “Les 1 000 premiers jours”, qui offre des services aux femmes enceintes et aux enfants jusqu'à l'âge de deux ans.
“Le projet fournit aux jeunes mariées des médicaments et des vitamines pour couvrir la période allant de la grossesse aux deux premières années d'allaitement”, explique Doaa Mahmoud, mais elle note que les jeunes mariées peuvent être poussées à tomber enceintes trop rapidement, ce qui empêche le centre de santé de les préparer correctement à la grossesse.
Bien que les traitements gratuits aident les femmes et les filles à recevoir certains soins nécessaires, en pratique, cela signifie néanmoins qu'il existe un système de santé à deux vitesses dans le pays, où le genre détermine l'accès aux soins
“Les garçons reçoivent des soins complets, un soutien et des médicaments, tandis que les filles doivent se contenter des services gratuits dans les unités de soins”, raconte l'infirmière.
Certaines familles empêchent les femmes et les filles de recevoir des soins, même lorsqu'elles n'ont rien à payer. La Fondation Mersal tente également de lutter contre les discriminations médicales en cherchant des femmes privées de soins par leurs familles et en leur offrant des services de santé gratuits.
“Parfois, nous réussissons, mais d'autres fois, nous échouons lorsque la famille refuse de faire bénéficier à ses filles du service gratuit”, explique Heba Rashed.
Hoda El-Saadi, présidente du Conseil national des femmes dans le gouvernorat de Qena en Haute-Égypte, explique que la privation est un facteur majeur de discrimination en matière de santé dans la région.
“L'écart dans les soins de santé entre les hommes et les femmes au sein des familles est lié au conservatisme et à la pauvreté dans le sud”, dit-elle.
Selon la députée Maha Abdel Nasser, la racine du problème est qu'il n'y a pas de stigmatisation sociale associée à l'abandon par les maris de leurs femmes lorsqu'elles tombent malades, ni de loi.
“Nous pouvons autonomiser les femmes sur le plan économique de plusieurs manières, mais la loi ne les protège pas, déclare-t-elle. Rien ne changera vraiment si nous ne sensibilisons pas les gens à ce problème.“
Cet article a été produit en collaboration avec Egab
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Bandung du Nord : les femmes racisées doivent se réapproprier le discours, récrire l’histoire

What do we, as weak, have ? Qu'avons-nous, en tant que faibles ? – Yasmin Jiwani. Les femmes racisées doivent se réapproprier le discours, récrire l'histoire. C'est ainsi que les cinq panélistes de l'atelier ont exprimé d'une voix commune leur démarche sur le féminisme civilisationnel à la conférence Bandung du Nord. Le panel a réuni Yasmin Jiwani, Magalie Lefebvre, Nahla Abdo, Fabienne Présentey et Françoise Vergès. Celui-ci a eu lieu le 28 septembre à l'UQAM, à Montréal.
Tiré de : Journal des Alternatives
Par Amélie Kermel -11 octobre 2024
Photo :"Women's March 1743." Edward Kimmel, Takoma Park, MD. Janvier 2017. CC BY-SA 2.0
La réduction au silence et la marginalisation
La marginalisation se produit lorsque nous réduisons au silence ce qui est différent. Yasmin Jiwani souligne que la suprématie blanche est une structure de pouvoir. Celle-ci définit comment nous voyons le monde et notre langage. Nous refusons de voir l'humanité chez l'autre. Nous ne reconnaissons pas leurs expériences. Françoise Vergès insiste sur le fait que le féminisme blanc est aveugle et/ou ignore la question du racisme et coloniale.
Pour la théoricienne féministe bell hooks, les femmes racisées font partie de deux groupes opprimés : la race et le genre. Elles ont leur propre vision de l'oppression. Les femmes blanches, bien qu'opprimées, peuvent devenir l'oppresseur des femmes racisées.
L'intersectionnalité dans le mouvement féministe nous permettrait de décoder les différences entre les femmes. Il faut briser cette vision binaire. « On parle pour nous » affirme Magalie Lefebvre, qui combat le féminisme hégémonique à l'échelle micro.
Femmes racisées et féminisme blanc
Les femmes racisées sont forcées d'adhérer à la vision blanche du féminisme. En tant que personne biraciale, Magalie Lefebvre dénonce la nécessité de rentrer dans une case pour se faire écouter. S'il y a de l'émotion dans le discours, elles perdent de la crédibilité.
Ce sont les femmes blanches qui, dans les années 90, apportent au-devant de leur mouvement la question de l'Islam. Elles s'approprient la religion et la juge conservatrice, hostile aux droits des femmes. L'opposition des pays arabes au progrès et à la laïcité ont attiré l'attention des institutions internationales et a mené à la reconnaissance d'Israël comme seule démocratie du Moyen-Orient bien qu'elle soit coloniale et basée sur le nettoyage ethnique.
A Gaza, la souffrance des femmes est mise en compétition
On instrumentalise la souffrance des femmes israéliennes pour justifier la barbarie à Gaza, en Cisjordanie et au Liban. « Elles sont des agentes de la compassion » pour Fabienne Présentey. Les femmes palestiniennes sont déshumanisées. Tandis que les femmes juives sont incitées à continuer la perpétuation des violences envers les palestiniens.nes en s'appropriant le discours de victimisation. Elles permettent de gagner le soutien du public malgré qu'elles subissent elles-mêmes des discriminations raciales genrées et institutionnelles.
Nahla Abdo vient ajouter que le féminisme anticolonial permet de résister face au colonialisme de peuplement. Elle utilise une approche féministe, anticolonialiste et anti-impérialiste pour souligner la nature genrée du colonialisme.
Il faut créer au sein du mouvement féministe, des coalitions dans lesquelles les femmes peuvent se revendiquer antiraciste, anticapitaliste, anti-impérialiste. À l'intérieur de ces coalitions, les femmes vont pouvoir respecter les différences qui les séparent et accepter le vécu des femmes racisées. Le mouvement féministe doit se séparer de cette vision monolithique de la femme et s'élargir.
Atelier Genres et suprématie blanche ; comment combattre le féminisme civilisationnel ?
À la conférence Bandung du Nord à l'UQAM, samedi 28 septembre
Ont pris la parole :
Yasmin Jiwani, professeure à l'Université de Concordia en communication et activiste féministe, Yasmin Jiwani s'intéresse à l'influence croisées de la race et du genre dans le contexte des représentations médiatiques de groupes racialisés et de la violence envers les femmes marginalisées.
Magalie Lefebvre, professeure au Cégep en région et chercheuse.
Nahla Abdo est professeure à Carleton University dans le départment de sociologie et anthropologie, elle utilise une approche féministe anticolonialiste et anti-impérialiste pour souligner la nature genrée du colonialisme.
Fabienne Présentey, sociologue et militante juive antisioniste et féministe.
Françoise Vergès est une politologue et militante féministe décoloniale française.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

La prisonnière politique Iranienne Maryam Akbari Monfared maintenue à l’isolement

La prisonnière politique Maryam Akbari Monfared emprisonnée depuis maintenant quinze ans est aujourd'hui maintenue en prison suite à de nouvelles accusations lui reprochant de demander la vérité et justice sur l'exécution de quatre de ses frères et sœurs lors des massacres de 1988.
Par Marie Penin, L'Humanité, France, le 17 octobre 2024
« Je suis restée éloignée de mes enfants depuis treize ans, mais j'ai vu le crime de mes propres yeux et ma résolution s'est renforcée plus que jamais. » Maryam Akbari Monfared, mère de trois filles, est enfermée depuis maintenant quinze ans dans les geôles iraniennes.
Pendant toutes ces années, la prisonnière politique n'a cessé de dénoncer les violations des droits humains dans son pays, comme à travers ses écrits publiés au centième jour du soulèvement Femme, Vie, Liberté, fin 2022 <https://www.humanite.fr/monde/iran/...> . Après plus de douze années de détention, prolongées de deux ans pour « insulte envers le guide suprême », elle est aujourd'hui sous le coup de nouvelles accusations la maintenant à l'isolement.
Sa peine devait prendre fin le 12 octobre 2024. C'était compter sans la répression qu'elle subit de la part du système judiciaire iranien depuis sa plainte demandant vérité et justice à la suite de l'exécution de quatre de ses frères et sœurs lors des massacres de 1988.
Pendant toutes ces années, la prisonnière politique n'a cessé de dénoncer les violations des droits humains dans son pays.
*Une suggestion de lecture de André Cloutier, Montréal, 18 octobre 2024
**********
Maryam Radjavi : Personne ne peut arrêter une femme déterminée à obtenir sa liberté
Comment aider les femmes iraniennes est le titre d'un article publié sur le site Internet de Mme Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI). L'article souligne le rôle crucial que jouent les femmes iraniennes dans la lutte contre le régime clérical au pouvoir.
Mme Radjavi évoque la résilience et les sacrifices des femmes iraniennes face à une répression sévère, en soulignant comment elles sont devenues des symboles de la résistance et des catalyseurs du changement. Elle souligne la détermination de ces femmes, dont la quête de liberté et d'égalité est essentielle dans la lutte plus large pour démanteler un régime caractérisé par une discrimination et une oppression systématiques. Mme Radjavi appelle la communauté internationale à soutenir ces femmes dans leur quête d'un Iran libre et démocratique.
Voici le texte intégral de l'article contenant un message inspirant pour les femmes d'Iran :
Les femmes en Iran lutteront jusqu'au bout pour la liberté.
Le visage quotidien de l'Iran est encore ensanglanté par les exécutions, les meurtres et la misogynie des mollahs.
Afin de maintenir ce régime médiéval et d'instaurer un climat de terreur, la répression continue de s'abattre avec violence sur les femmes.
La dictature religieuse opprime les femmes avec démagogie et sous le prétexte absurde de lutter contre les mal-voilées. Elle a pour objectif d'enchaîner les femmes, et non de leur donner de l'espace pour mener une vie sociale. Elle cherche à piétiner leur humanité par des humiliations et des persécutions quotidiennes.
La misogynie et la vision marchande des femmes alimentent ces pratiques oppressives.
Le récit des désastres et de l'amère histoire de l'oppression des femmes sous la dictature religieuse n'a pas de fin, et des volumes ne suffiraient pas pour décrire cette oppression noire et inhumaine. Mais l'autre facette de cette histoire est que les Iraniennes sont fières de leur magnifique résistance contre le pouvoir le plus misogyne de l'histoire parce qu'elles ne se sont jamais soumises.
Des femmes qui ont enduré la prison et la torture pendant plus de quarante ans, les souffrances de l'exil et de l'itinérance, mais qui ne cessent de lutter pour la liberté et l'égalité.
Les mollahs et leurs gardiens politiques n'ont d'autre objectif que de préserver le pouvoir fragile de leur régime, et jouent avec les droits des Iraniennes et les piétinent à coups de manœuvres et de démagogie. Avec des slogans déviants, ils occultent la lutte radicale des femmes contre ce régime criminel. Mais les Iraniennes sont vigilantes, elles connaissent leurs droits et leur véritable statut et elles répondent aux agissements des mollahs par la colère et la haine et ne se contenteront de rien de moins que du renversement complet de ce régime inhumain. Elle se battront jusqu'au bout pour la liberté.
Après un siècle de participation active à la lutte politique et sociale, les femmes en Iran sont à l'avant-garde de la résistance nationale.
Mon message aux femmes iraniennes est le suivant :
Mes chères sœurs, vous pouvez et devez jouer votre rôle dans cette résistance libératrice, où que vous soyez en Iran et quels que soient votre âge et votre situation.
Si vous avez ressenti dans votre chair la nature misogyne du régime des mollahs, si vous n'avez aucun doute sur le fait que les femmes sont les plus opprimées, alors ne doutez pas que vous, les femmes éveillées et libres, jouerez un rôle décisif dans le renversement de ce régime. Vous les femmes qui voulez mettre fin à l'oppression des mollahs ; Vous les femmes qui voulez vous libérer de l'oppression et de l'humiliation quotidiennes ; Vous les femmes qui voulez construireune société libre avec des femmes et des hommes libres.
En saluant votre résistance tous azimuts contre les gardiens des ténèbres et du crime, je vous appelle à être en première ligne de cette bataille. C'est là votre place. C'est là où vous utiliserez votre plus grande force et votre plus grand talent contre le régime misogyne des mollahs, vous briserez le mythe de la faiblesse des femmes, vous entrerez dans monde nouveau, libérées, et vous verrez que les êtres humains, femmes et hommes, ont des capacités infinies que les extrémistes suppriment et détruisent.
Cependant, quand elles s'épanouissent, elles sont magnifiques, et en s'appuyant sur elles, vous pouvez surmonter n'importe quel problème et éliminer n'importe quel obstacle, même le régime des mollahs qui barrent la voie à la liberté de tout le peuple.
Je voudrais aborder le défi devant lequel vous vous trouvez, à savoir l'incrédulité dans la qualité de votre véritable rôle.
Ne sous-estimez pas votre efficacité et votre rôle. Ne pensez pas que vous ne servez à rien.
La question n'est pas de savoir quelles sont les capacités ou les faiblesses de chaque personne, la question fondamentale à laquelle il faut répondre est de savoir si la participation au renversement de ce régime cruel est le devoir de toute la population et de toutes les forces conscientes ou non ?
Il ne fait aucun doute que vous avez votre propre rôle à jouer et votre propre responsabilité à cet égard, et vous pouvez et devez assumer ce rôle sur la scène de la bataille de la libération.
Soyez certaines que personne ne peut empêcher une femme de se libérer quand elle a décidé de vivre libre ; libre de toutes les contraintes que nous connaissons bien. Vous n'êtes pas seules sur ce chemin, vos sœurs de larésistance iranienne, les femmes héroïques qui ont vaincu le monde de l'incapacité et de la faiblesse, assument désormais les responsabilités clés à la direction de cette résistance avec tout leur mérite, et elles sont pour vous le meilleur soutien.
Extraits du discours de Maryam Radjavi intitulé « message aux femmes d'Iran » du 2 mars 1998
https://wncri.org/fr/2024/10/08/maryam-radjavi-femmes-iraniennes/
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Géopolitique 101 : le « conflit » au Moyen-Orient

Israël est un proxy des États-Unis. Les distances prises par les dirigeants américains à l'égard de l'État hébreu sont factices et futiles.
Michel Seymour
Professeur honoraire
Université de Montréal
Auteur de Nation et autodétermination au XXIe siècle, PUM, 2024
Ils veulent nous faire croire qu'ils sont pour un cessez le feu, qu'ils y travaillent jour et nuit, qu'ils sont pour l'acheminement de nourriture par la construction d'une zone portuaire à Gaza et qu'ils sont contre la régionalisation du « conflit », mais ils financent maximalement l'État sioniste pour qu'il accomplisse la basse besogne espérée par Washington : s'attaquer à l'Iran. On se rappellera à ce propos que dans un memo confidentiel dévoilé par le général Wesley Clark, les USA ont décidé après 2001 d'intervenir dans sept pays : Irak, Liban, Soudan, Syrie, Libye, Somalie et Iran. Seul l'Iran avait jusqu'à présent été épargné. C'est à cela qu'Israël veut maintenant s'employer.
Se servir d'un proxy, ce n'est pas nouveau. Les USA se sont servis des Moudjahidines contre l'URSS en Afghanistan. Ils se sont servis des Contras contre les Sandinistes au Nicaragua. Ils se sont servis des Kurdes pour combattre DAESH et de DAESH et d'Al Qaeda pour combattre Bachar Al Assad. Ils se servent maintenant de l'Ukraine pour affaiblir la Russie et bientôt, de Taiwan, de la Corée du Sud, des Philippines, du Japon et de l'Australie pour combattre la Chine. C'est dans ce contexte qu'ils veulent se servir d'Israël pour combattre l'Iran.
Un choc des civilisations
Pour que les peuples occidentaux soient mobilisés dans cette entreprise mortifère, l'État américain s'arrange pour entretenir les sentiments de russophobie, de sinophobie et d'islamophobie. Le choc des civilisations envisagé par Samuel Huntington est une théorie fausse, mais elle peut être rendue vraie dès lors que tout le monde y croit.
Mais pourquoi vouloir dominer le Moyen-Orient ? Pour le pétrole ? Pourquoi voudraient-ils s'emparer des ressources pétrolières et gazières qui s'y trouvent alors qu'ils sont maintenant autosuffisants ? Il s'agit en fait de s'assurer que le pétrole soit vendu en dollars US. Si les USA épargnent l'Arabie saoudite, c'est parce que celle-ci a jusqu'à récemment fait honneur aux pétrodollars. Ce n'est pas pour rien qu'ils veulent étendre les accords d'Abraham pour inclure les Saoudiens.
Les Américains et l'Arabie saoudite se sont impliqués dans la tentative de renverser Bachar Al Assad quand ce dernier a approuvé le projet de pipeline iranien au lieu du projet de pipeline saoudien. Il faut donc en finir avec les ressources pétrolières de l'Iran car celles-ci pourraient être vendues éventuellement sans faire usage du dollar US.
Les Américains ont réussi à mettre un terme à la vente du pétrole et du gaz russe en Europe, et là, ils occupent le tiers de la Syrie ainsi qu'une partie de l'Irak. Il ne manque plus que la destruction des installations pétrolières de l'Iran. Les États-Unis seraient contents de voir Israël se charger de les bombarder.
Le dollar US
Mais pourquoi vouloir à tout prix maintenir la ressource pétrolière vendue en dollars américains ? C'est pour s'assurer que le dollar demeure la devise de réserve mondiale. Sinon, leur monnaie va perdre de sa valeur. L'inflation sera galopante. Il faudra hausser les taux d'intérêt pour attirer les investisseurs vers les bons du trésor américains. Cela va ralentir l'économie et accroître le pourcentage de la dette par rapport au PIB. On prévoit pour 2050 une dette atteignant 200% du PIB et le tiers des revenus servant à payer le service de la dette. Cela va inquiéter les investisseurs et le dollar US va poursuivre sa chute, ce qui va accroître l'inflation, au point où les investisseurs voudront se départir de leurs bons du trésor, ce qui va affaiblir encore plus le dollar et engager les USA dans l'hyperinflation. La crainte de la dédollarisation hante les États-Unis et c'est la raison pour laquelle ils cherchent à maintenir leur hégémonie économique par la force, contre la Russie, la Chine et l'Iran.
La réflexion ne va pas loin dans l'explication des « conflits » au Moyen-Orient. On parle d'une « catastrophe humanitaire » causée par une guerre opposant Israël et le Hamas. L'emploi du mot 'génocide' est rendu difficile. La direction du New York Times interdit même à ses journalistes d'employer le mot. Chez nous, la vaste majorité des personnalités publiques n'osent pas s'aventurer sur ce terrain. Serions-nous sous l'emprise d'un interdit provenant de lobbys appuyant la propagande américaine ?
Conclusion
Sauf pour quelques députés du NPD, la Chambre des communes est demeurée réservée et ce, bien que le tandem Biden/Harris finance le génocide, fournit les bombes meurtrières et laisse aller la famine imposée par l'État d'Israël sur toute la bande de Gaza. Alors qu'ils appuient et encadrent volontairement le génocide de Netanyahou (ce serait sans doute pire avec Trump), nos propres dirigeants se réfugient dans un mutisme complet. C'est pourtant le premier génocide à être diffusé en direct partout dans le monde. Comment la chambre des communes parvient-elle à rester silencieuse face à cette entreprise criminelle ?
Si on veut cependant y mettre fin, il faut plus que l'indignation et la condamnation morale. Il faut comprendre ce qui est en jeu. Nous sommes en face d'une puissance impérialiste paniquée à l'idée de perdre son hégémonie. Expliquer le génocide présentement en cours à Gaza en se contentant d'invoquer l'existence d'un lobby pro-Israël risque de nous faire perdre de vue une appréciation géopolitique instruite qui va au cœur du sujet.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

L’OMS met en garde contre l’« amnésie collective » sur la Covid-19

Notre « amnésie collective » concernant la gravité de la pandémie de Covid-19 ne doit pas nous empêcher de nous protéger et de protéger nos proches contre la propagation continue des maladies respiratoires, alors que l'hémisphère nord se prépare à l'hiver, a averti mercredi le bureau régional de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Europe.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/15/loms-met-en-garde-contre-lamnesie-collective-sur-la-covid-19/
Selon l'OMS, les coronavirus tels que le virus de la Covid-19, la grippe et le virus respiratoire syncytial (VRS) « doivent être pris au sérieux », car ils sont particulièrement dangereux pour les groupes à risque, notamment les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes souffrant d'une maladie existante ou chronique.
« L'amnésie collective concernant la Covid-19 s'est installée, ce qui est préoccupant », a déclaré le Dr Hans Kluge, Directeur régional de l'OMS pour l'Europe. « Les individus, les communautés et les pays veulent, à juste titre, tourner la page sur le traumatisme des années de pandémie. Pourtant, la Covid-19 est toujours bien présente, circulant avec d'autres virus respiratoires ».
Pleins feux sur l'Europe
Le responsable de l'OMS a fait remarquer que 53 pays d'Europe et d'Asie centrale connaissent encore jusqu'à 72 000 décès dus à la grippe saisonnière, ce qui représente environ 20% du fardeau mondial.
« La grande majorité de ces décès peuvent être évités », a-t-il affirmé, ajoutant que les personnes les plus vulnérables « doivent être protégées » par la vaccination, dont il est prouvé qu'elle prévient la maladie et les conséquences graves.
Dans les 28 jours précédant le 22 septembre, les autorités sanitaires de la région européenne de l'OMS ont signalé un peu plus de 278 000 cas du nouveau coronavirus et 748 décès, de Chypre à la Moldavie et de l'Irlande à la Russie. Ces chiffres sont supérieurs à ceux de toutes les autres régions de l'OMS et sont probablement sous-estimés, a fait valoir la branche européenne de l'Agence sanitaire mondiale des Nations Unies.
Selon les données de l'OMS, la Covid-19 a tué plus de sept millions de personnes depuis le début de l'épidémie fin 2019, la plupart des décès ayant été signalés aux États-Unis (1,2 million), au Brésil (702 000), en Inde (534 000) et en Russie (403 000).
Des agents pathogènes imprévisibles
« La Covid-19 a dévasté tous les coins de la planète », a dit le Dr Kluge.
« Le clade II du mpox est apparu de manière inattendue en Europe en 2022 et continue de circuler dans la région, alors même que le clade I du mpox en Afrique centrale et orientale a déclenché une urgence de santé publique de portée internationale. Le virus respiratoire syncytial (VRS) et la grippe continueront à co-circuler avec une intensité accrue dans les mois à venir, notamment parce que de plus en plus de personnes se rassemblent à l'intérieur en raison du temps plus froid », a-t-il insisté.
Dans ce combat contre « des agents pathogènes imprévisibles », les autorités sanitaires nationales devraient remplir leur rôle de protection des populations vulnérables, a poursuivi le haut fonctionnaire de l'OMS, qui a appelé à un investissement accru dans les soins de santé publique afin de protéger les professionnels de la santé surchargés.
Les virus nouveaux et existants peuvent « faire des ravages dans les systèmes de santé, les économies et la société », a averti le Dr Kluge, en appelant à une surveillance et à un suivi réguliers et cohérents pour « garantir que nous sommes prêts à faire face à la prochaine grande urgence sanitaire, quel que soit le moment ou le lieu où elle surviendra ».
L'appel à l'action de la campagne de l'OMS/Europe
Dans le cadre d'une campagne de santé publique de l'OMS Europe visant à prévenir la propagation de la grippe et d'autres maladies respiratoires, l'OMS a rappelé que les principales mesures de protection consistent à rester chez soi en cas de maladie, à pratiquer l'hygiène des mains et de la toux et à assurer une bonne ventilation.
Les populations vulnérables, qui comprennent également les personnes dont le système immunitaire est affaibli et toute personne qui pense avoir attrapé un virus respiratoire, doivent porter un masque ajusté dans les espaces bondés ou fermés, a ajouté l'OMS.
« La protection contre les virus respiratoires est une responsabilité partagée par les gouvernements et l'ensemble de la société », a déclaré le Dr Kluge de l'OMS. « Chacun doit jouer son rôle en encourageant une culture de soins et de solidarité avec les personnes vulnérables ».
« La campagne de cette année intitulée « Personne ne sait à quel risque vous êtes exposé mieux que vous » encourage les individus à évaluer leurs risques personnels et à avoir confiance en leur capacité à effectuer des choix responsables pour eux-mêmes et leur communauté », explique pour sa part, Cristiana Salvi, Conseillère régionale pour la communication sur les risques et la gestion de l'infodémie à l'OMS/Europe.
https://news.un.org/fr/story/2024/10/1149561
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Pétition : Il y a urgence : sauvons les maternités de Mayotte !

À l'attention de Madame la Ministre de la Santé ; Monsieur le Directeur de l'ARS Mayotte ; Mesdames et Messieurs les Élus de Mayotte ; les Responsables du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) ; des mahoraises et des mahorais ; des françaises et des français ; des européennes et des européens
Tiré de Entre les lignes et les mots
La situation est critique : le système de santé de Mayotte est au bord du gouffre !
Mayotte est en train de vivre une véritable catastrophe sanitaire. Alors que l'île enregistre un taux de natalité record en Europe, avec 10 730 naissances en 2022, les maternités de Dzoumogné et Mramadoudou sont sur le point de fermer leurs portes. Cette fermeture annoncée va mettre en danger immédiat la vie de milliers de femmes enceintes et de leurs enfants à naître.
La situation est alarmante : comment, dans une région où la population est en pleine explosion démographique, peut-on envisager de fermer des services vitaux ? C'est un crime contre la santé publique !
Une décision qui met des vies en péril
Les fermetures programmées de ces maternités sont une erreur monumentale. Mayotte connaît une augmentation de 1,1% du nombre de naissances entre 2021 et 2022, et une hausse de 17% par rapport à 2020. Le territoire est déjà sous-équipé pour faire face à la demande croissante en soins, et maintenant, on nous annonce la fermeture de services essentiels. C'est insensé !
Pourquoi fermer deux maternités alors que la population continue d'augmenter ?
Pourquoi priver les femmes enceintes de soins adéquats, alors que Mayotte a enregistré 9 760 naissances de plus que de décès en 2022 ?
Comment justifier cette décision alors que 970 décès ont été recensés en 2022, soit une augmentation de 23% par rapport à 2019 ? La conséquence directe de cette fermeture sera une multiplication des accouchements à domicile non assistés, des complications mortelles, des fausses couches, et une hausse dramatique de la mortalité maternelle et néonatale.
Les femmes enceintes : condamnées à l'insécurité et à l'abandon
Avec la fermeture des maternités de Dzoumogné et Mramadoudou, les patientes seront obligées de se rendre à Kahani ou Mamoudzou, des trajets longs, dangereux, et imprévisibles. Peu importe l'heure, peu importe les conditions de circulation ou l'insécurité omniprésente à Mayotte, les femmes devront risquer leur vie et celle de leurs bébés pour atteindre un service de maternité saturé. Le plus effrayant est que de nombreux témoignages montrent que les femmes enceintes doivent se débrouiller seules, parfois obligées de faire le trajet avec leurs propres moyens, sous la directive d'un médecin régulateur basé à la Réunion. Cela a déjà conduit à des dizaines de fausses couches et des naissances non assistées à domicile, souvent dans des conditions terrifiantes. Combien de vies faudra-t-il sacrifier avant d'agir ?
Un personnel soignant épuisé et en danger
Les soignants de Mayotte sont eux aussi en première ligne de cette catastrophe. Malgré la présence d'environ 90 à 100 sages-femmes sur le territoire, le manque d'organisation et de ressources continue d'handicaper gravement le fonctionnement des services. Les sages-femmes et le personnel médical sont redéployés dans des zones à haut risque, sans aucune protection ni garantie de sécurité. Ils sont régulièrement agressés lors de leurs trajets, sans qu'aucune mesure sérieuse ne soit mise en place pour les protéger.
En parallèle, des primes de 12 000 euros sont accordées à certains agents, mais cela ne résout rien. Le personnel continue d'être sous-équipé, mal réparti, et épuisé. La mauvaise gestion est devenue chronique, et les conséquences sont visibles : fausses couches, décès évitables, bébés nés sans assistance.
Les infrastructures médicales : au bord de l'effondrement !
À Mramadoudou, la situation est hors de contrôle. Il n'y a plus assez de sages-femmes ni de médecins. Ce sont désormais les aides-soignants qui prennent en charge les suites de couche. Les infrastructures sont vétustes, et le personnel, débordé, ne peut plus faire face à l'afflux constant de patientes. Il est urgent de réouvrir ces maternités, mais également de moderniser les infrastructures existantes. Il est inacceptable que des femmes soient obligées d'accoucher dans de telles conditions, dans un territoire français en 2024 !
Nos revendications immédiates
– Réouverture immédiate et sans condition des maternités de Dzoumogné et Mramadoudou :Chaque jour de fermeture expose des femmes enceintes à la mort. La réouverture des services de maternité est une priorité absolue ;
– Transparence des décisions et consultation des instances locales ;
Aucune décision ne doit être prise dans le secret. Les syndicats, élus locaux, CHM, et la population doivent être consultés. La transparence sur les décisions de l'ARS et du CHM est un devoir moral.
– Publication des statistiques d'urgence :
Il est impératif de publier les statistiques détaillées sur l'impact des fermetures : combien de fausses couches, combien de décès néonatals, combien d'accouchements non assistés ? La transparence sur ces chiffres est cruciale pour comprendre l'ampleur de la catastrophe ;
– Renforcement immédiat des effectifs médicaux et amélioration des conditions de travail :
Des médecins et des sages-femmes supplémentaires doivent être envoyés en urgence pour soulager le personnel en place. L'insécurité pour le personnel médical doit cesser immédiatement, et des moyens de protection doivent être mis en place
– Création d'une école de sages-femmes à Mayotte :
Il est inacceptable que Mayotte, avec un des taux de natalité les plus élevés d'Europe, ne dispose pas de sa propre école de sages-femmes. Cette situation doit être corrigée de toute urgence.
Conclusion
La fermeture des maternités de Dzoumogné et Mramadoudou est une véritable catastrophe humanitaire en cours. Nous faisons face à une crise sanitaire sans précédent, qui risque de coûter la vie à des centaines de femmes et de nouveau-nés si des mesures immédiates ne sont pas prises. Nous exigeons l'intervention immédiate des autorités ! Chaque jour qui passe sans action condamne des femmes à accoucher dans des conditions inacceptables. Signez cette pétition dès maintenant pour sauver des vies ! Il est temps de mettre un terme à cette catastrophe. Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps. La vie de nos enfants et de nos mères est en jeu.
Signez ici :
https://www.mesopinions.com/petition/sante/urgence-sauvons-maternites-mayotte/234573
lire aussi :
https://www.francetvinfo.fr/france/mayotte/reportage-a-mayotte-la-plus-grande-maternite-de-france-tente-de-faire-face-a-l-explosion-demographique-on-manque-de-tout-ici_5783702.html
Le Courrier de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et la Pauvreté – N°436 – 15 octobre 2024
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Rigueur budgétaire : « Une politique d’austérité, mise en œuvre à l’échelle européenne, sera un remède pire que le mal

Cette tribune, rédigée par des économistes membres de la Fondation Copernic et d'ATTAC, a été publiée dans Le Monde le 3 octobre 2024.
17 octobre 2024 |tiré du site Entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/17/rigueur-budgetaire-une-politique-dausterite-mise-en-oeuvre-a-lechelle-europeenne-sera-un-remede-pire-que-le-mal/
Sans surprise, le premier ministre, Michel Barnier, a pointé, mardi 1er octobre, dans son discours de politique générale, « notre dette publique colossale » et entend baisser massivement les dépenses publiques, tout en envisageant de« demander une participation (…) aux grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et « une contribution exceptionnelle aux Français les plus fortunés ».
Il semble suivre ainsi Adrien Auclert, Thomas Philippon et Xavier Ragot, qui, dans une tribune, « Budget 2025 : “La question n'est pas de savoir s'il faut réduire le déficit, mais comment le faire sans peser trop fortement sur la croissance” »(Le Monde du 17 septembre),constatent que « l'heure est partout à la consolidation budgétaire » et prônent « une réduction du déficit primaire structurel de 4 points de PIB [produit intérieur brut], soit 112 milliards d'euros étalés sur sept à douze ans », avec dès cette année 20 milliards, essentiellement par des baisses de dépenses.
Ces économistes, qui n'excluent certes pas « des hausses, possiblement transitoires, de la fiscalité », évoquent la « diminution des aides aux entreprises en repensant les allégements de charges ». Rappelons que les baisses d'impôts ou de prélèvements en faveur des ménages les plus riches et des grandes entreprises coûtent chaque année 76 milliards au budget de l'Etat et que les subventions sans contrepartie accordées aux entreprises sont de l'ordre de 170 milliards. Les marges de manœuvre sont donc réelles.
Le spectre de la situation de la Grèce
C'est pourtant la baisse des dépenses publiques qui est privilégiée en matière de services publics, de financement de l'Assurance-maladie et des complémentaires santé. Pis, les auteurs se prononcent pour « un excédent primaire [hors charge de la dette] d'un point de PIB à moyen terme », car, nous disent-ils, « pour réduire la dette, il faudra dégager des surplus primaires », c'est-à-dire avoir un budget durablement excédentaire.
Ce qu'ils nous proposent ici est donc une cure d'austérité massive et prolongée qui ne dit pas son nom, même s'ils s'en défendent en avançant vouloir essayer de trouver un point d'équilibre concernant la vitesse de l'ajustement. Le grand absent chez ces économistes, comme d'ailleurs du discours du premier ministre, est l'état de l'économie et de la société, française autant qu'européenne. Or, la zone euro fait aujourd'hui face à une stagnation économique, et la France n'est pas épargnée.
Dans une telle situation, une politique d'austérité, de plus mise en œuvre à l'échelle européenne, sera un remède pire que le mal qu'il est censé guérir et ira, en définitive, à l'encontre du but recherché. Alors que l'investissement des entreprises est au plus bas, que la consommation des ménages stagne ou régresse, baisser les dépenses publiques aura un effet récessif qui, in fine, aggravera la situation des finances publiques. Phénomène bien connu dont la Grèce a fait l'amère expérience.
« Lente agonie »
Il est particulièrement significatif qu'aucune allusion ne soit faite au rapport que vient de présenter Mario Draghi à la Commission européenne. Celui-ci constate que « le revenu disponible réel par habitant a augmenté presque deux fois plus aux Etats-Unis qu'en Europe depuis 2000 » et que, faute d'un sursaut d'investissement, l'économie européenne est condamnée à « une lente agonie ».
Rappelons que, en trente ans, la productivité horaire du travail dans la zone euro a augmenté moitié moins qu'aux Etats-Unis. Mario Draghi indique que les investissements annuels nécessaires pour combler ce retard se monteraient à 5 points de PIB. Comment faire ces investissements, que ce soit en matière écologique, sociale ou industrielle, avec un budget durablement excédentaire ?
Mais, nous dira-t-on, il y a le feu au lac. La dette publique se monte à 110% du PIB et la charge d'intérêt est d'environ 50 milliards d'euros par an, soit 1,8% du PIB ; elle était de près de 4% à la fin des années 1990, et alors considérée comme soutenable. Il est vrai toutefois que cette somme pourrait être plus utilement employée.
Une réforme fiscale porteuse de justice est nécessaire
Remarquons par ailleurs qu'une partie non négligeable du coût de la dette (13,6 milliards d'euros) provient de l'émission par l'Etat de titres indexés sur l'inflation. Au contraire des salaires, le capital est protégé contre l'inflation ! Que faire alors ? Une réforme fiscale porteuse de justice est évidemment nécessaire.
Les entreprises et les ménages doivent être mis à contribution en fonction de leur richesse effective. Mais, aussi importante soit-elle, elle ne suffira pas à financer les investissements massifs qui sont aujourd'hui nécessaires ; aussi, s'endetter est une nécessité. Ces investissements permettront de construire des infrastructures qui seront utilisées des décennies durant par plusieurs générations, c'est pourquoi un financement par la dette est légitime.
Dire cela ne signifie cependant pas accepter la forme que prend l'endettement actuel, qui, aujourd'hui, dans l'Union européenne (UE), place la dette publique sous l'emprise des marchés financiers. Or, si l'on veut à la fois se prémunir contre les risques d'une spéculation sur la dette publique et réduire sa charge, il est nécessaire de dégager durablement le financement public de cette emprise des marchés.
Un dispositif pour garantir la stabilité du financement
Il faut pour cela créer un dispositif qui, comme jusqu'aux années 1980, garantira la stabilité du financement ; son cœur sera formé par un pôle bancaire public, édifié autour des institutions financières déjà existantes ; il permettra d'orienter l'épargne populaire vers les investissements sociaux et écologiques stratégiques décidés démocratiquement. N'étant pas soumis à la logique de la rentabilité financière, ce pôle bancaire public pourra ainsi être un acheteur important et stable de titres de la dette publique.
Par ailleurs, il pourra avoir accès aux liquidités fournies par la Banque centrale européenne dans le cadre de ses opérations de refinancement, comme le permet l'article 123.2 du traité sur le fonctionnement de l'UE, les titres de dette publique constituant un collatéral de très bonne qualité.
Les institutions financières privées doivent quant à elles être soumises à un contrôle strict et avoir l'obligation de placer une partie de leurs actifs en titres de la dette au taux fixé par la puissance publique.
Les signataires de la tribune, Jean-Marie Harribey, Esther Jeffers, Pierre Khalfa, Dominique Plihon, Jacques Rigaudiat, économistes, sont tous membres d'Attac et de la Fondation Copernic.
******
Une cure d'austérité massive et prolongée
Ce texte est issu d'un exposé de Pierre Khalfa fait lors d'un webinaire de la Fondation Copernic
Le projet de budget du gouvernement correspond aux annonces antérieures. Précédé d'un feu roulant médiatique sur « la situation catastrophique des finances publiques », il prévoit une cure d'austérité massive et prolongée.
Ce qui est prévu
Le déficit public sera de 6,1% du PIB en 2025. Le gouvernement voudrait le ramener à 5% en 2025 et passer sous la barre des 3% à la fin 2029. Il ne s'agit donc pas de mesures ponctuelles, mais de mesures qui vont se répéter année après année. Pour 2025 est prévu un ajustement budgétaire de 60 milliards d'euros. Il s'agit d'un choc budgétaire considérable.
Il y a là un premier problème. Passer à 5% du PIB en 2025 correspond à un ajustement de 1,1 point de PIB ce qui, théoriquement, devrait faire 30 milliards d'euros. Or, le gouvernement en annonce 60 parce qu'il prend comme base de calcul ce qu'aurait été, d'après lui, le déficit public en 2025 si rien n'avait été fait. C'est à dire 7%. Il en déduit la nécessité d'un ajustement de deux points de PIB, c'est-à-dire 60 milliards d'euros. Autrement dit, il prend en compte une situation qui n'existe pas et qui ne va pas exister, pour imposer un choc budgétaire deux fois plus important que ce qui aurait été nécessaire, même de son propre point de vue.
Ce qui est prévu, c'est essentiellement une baisse des dépenses publiques de 40 milliards d'euros et une et une augmentation d'impôts de 20 milliards.
Dans ces 20 milliards, il va y avoir d'une part les ménages les plus riches qui vont être touchés, ceux dont les revenus sont supérieurs à 500 000€. Ce qui représente 65 000 ménages et devrait rapporter 2 milliards d'euros. Il y aura aussi un impôt sur les plus grosses entreprises, celles qui ont un chiffre d'affaires supérieur à un milliard d'euros – chiffre d'affaires uniquement en France – qui devrait rapporter 8 milliards. Ces deux prélèvements sont présentés comme exceptionnels et provisoires. Les cotisations patronales devraient être alourdies pour rapporter 4 milliards d'euros et diverses surtaxes devraient être mises en place. Pour le reste de la population, le gouvernement affirme qu'il n'y aura pas d'augmentation d'impôts. C'est faux et on sait par exemple que la taxe sur l'électricité va augmenter.
La baisse des dépenses publiques sera massive. Quand on parle de dépenses publiques, ce que l'on met en avant c'est le ratio dette publique sur PIB. Il était en 2023 de 57%. Ce ratio donne l'impression qu'il y aurait plus de la moitié de la richesse produite, le PIB, qui passerait dans les dépenses publiques. Ce qui est totalement faux parce que ce ratio mesure deux grandeurs hétérogènes. Quand on calcule le PIB, on ne prend pas en compte ce qu'on appelle les consommations intermédiaires, c'est à dire les biens et les services transformés ou consommés au cours du processus de production. Le PIB, pour des raisons techniques ne prend pas en compte ces consommations intermédiaires, alors que le calcul des dépenses publiques les prend en compte. Donc on compare deux choses qui ne sont pas comparables et le ratio dette publique sur PIB a assez peu de sens.
Parmi les baisses de dépenses citons en vrac, la sécurité sociale qui va être amputée de 14 milliards, le report de l'indexation des retraites sur l'inflation qui va rapporter 4 milliards d'euros, des coupes dans le fonctionnement des hôpitaux, la suppression de 4000 postes d'enseignants, etc.
Il faut insister sur une fonction importante des dépenses publiques qui risque de faire les frais de cette cure d'austérité. Une part importante des dépenses publiques, ce sont des transferts sociaux vers les ménages. La moitié en moyenne du revenu des ménages est aujourd'hui issu des transferts sociaux et le montant global des prestations financières est aujourd'hui supérieur au montant des salaires nets. C'est dire l'importance de ces transferts sociaux du point de vue du revenu des ménages. Ainsi les 10% des plus riches, reçoivent 18 fois plus de revenu primaire – c'est à dire de salaire, de revenu du patrimoine – que les plus pauvres (13% de la population). Après transferts sociaux, cet écart passe de 1 à 3. On voit donc à quel point les transferts sociaux sont importants pour le revenu des ménages et pour réduire les inégalités. Or, ces transferts sociaux sont au cœur de la dépense publique.
Y-a-t-il le feu au lac ?
Le déficit est de 6% de plus du PIB. La dette publique représente 110% du PIB. Cela paraît énorme, plus de 3 200 milliards d'euros.
Concernant la dette publique deux points doivent être soulignés. D'une part, d'autres pays avec des économies avancées comme le Japon ou les États-Unis ont une dette nettement supérieure à celle de la France et il n'y a pas dans l'absolu de niveau d'endettement optimum au-delà duquel les problèmes commencent. D'autre part le ratio dette publique sur PIB, mis en avant pour montrer l'importance de la dette publique, est tout à fait problématique. En effet la dette est un stock alors que le PIB représente le flux annuel de richesse créée. Or comparer un stock à un flux a assez peu de sens.
D'autre part, le deuxième point à souligner est qu'un État ne rembourse jamais sa dette. Quand les titres publics arrivent à échéance, l'État ne les rembourse pas. Il emprunte de nouveau, en l'occurrence là sur les marchés financiers. On dit qu'un État fait rouler sa dette. Donc il est faux de dire qu'il faudra rembourser la dette. Aucun État, parmi les grands pays en Europe, aux Etats-Unis, au Japon, etc., ne rembourse sa dette.
L'important, pour savoir si une dette est soutenable, est de regarder la charge de la dette, c'est-à-dire les intérêts que l'on paye. En 2023 la charge de la dette représentait 1,8% du PIB. Elle représentait 4% du PIB à la fin des années 90. Donc, en fait, aujourd'hui le poids de la charge de la dette est moindre que dans les années 90. Elle est néanmoins importante, représentant ces 50 milliards d'euros qui pourraient effectivement être utilisé à autre chose.
Mais cela montre que la France n'est pas dans une situation de crise financière contrairement au discours dominant. Les opérateurs financiers, les banques, les fonds d'investissement, etc. recherchent la dette française et la France n'a aucun mal à emprunter sur les marchés financiers. À chaque adjudication, la demande est supérieure à l'offre de 2 à 3 fois. Cela veut dire que la France n'a pas à supplier les marchés financiers ou les banques pour emprunter. La dette française est une dette parmi les plus sûres au monde.
Maintenant, venons-en au déficit public : 6,1% du PIB en 2024 alors que la prévision du gouvernement était de 4,4%. Pourquoi ça a dérapé ? Le déficit public n'a pas dérapé parce que il y a eu une augmentation des dépenses publiques. Celles-ci sont restées stables et ont même plutôt diminué légèrement entre 2023 et 2024. Le dérapage est imputable à une baisse des recettes fiscales et notamment une baisse des recettes de la TVA. Pourquoi ? Parce qu'il y eu une baisse de la consommation des ménages. Les ménages ont moins consommé, il y a eu moins de recettes de la TVA et de plus en moyenne les ménages, pour ceux qui le peuvent, ont épargné plus. On a en France un taux d'épargne aujourd'hui record, de 18% du revenu disponible des ménages, ce qui est ce qui est le taux le plus important depuis des décennies. Et si les ménages qui le peuvent épargnent, c'est tout simplement parce qu'ils ont la crainte de l'avenir. Les ménages consomment moins, soit parce qu'ils n'en ont pas les moyens, soit parce qu'ils épargnent parce qu'ils craignent l'avenir. Cela entraîne une baisse des recettes fiscales, une baisse de la TVA et donc une augmentation du déficit.
Plus globalement, le déficit public est dû historiquement, depuis les années 2000, à des baisses d'impôts, essentiellement en faveur des grandes entreprises et des ménages les plus riches., Ces baisses d'impôts coûtent 76 milliards d'euros par an au budget de l'État. Avec les 10 milliards de hausse d'impôts prévus par le gouvernement qui vont toucher les ménages les plus riches et les très grosses entreprises, on est donc loin du compte. Et si on prend les subventions aux entreprises en France, ce sont 170 milliards d'euros par an en moins pour le budget de l'État. Dans ces subventions, il y a certaines qui peuvent être utiles, mais il y a de nombreuses qui sont totalement inutiles et qui produisent des effets d'aubaine pour les entreprises. Il y aurait donc des marges de manœuvre fiscales beaucoup plus importantes que celles sur lesquelles joue le gouvernement Barnier.
Les conséquences
Réduire la dépense publique à grande échelle avec ce choc budgétaire ne peut avoir pour conséquence que de réduire le niveau de vie des populations qui sont les premiers bénéficiaires de la dépense publique, les classes moyennes et les classes populaires, que ce soit en matière de services publics ou de transferts sociaux. Cela va aussi aggraver la situation économique.
On est dans une situation économique où la consommation des ménages stagne, voire régresse, ainsi que l'investissement des entreprises. Dans une telle situation, baisser les dépenses publiques aura un effet récessif. Cela entrainera moins de pouvoir d'achat pour des salariés, moins de profits pour les entreprises parce qu'il y aura moins d'activité économique, plus de chômage et donc moins de recettes fiscales et donc, in fine, un risque de plus de déficit public. Et on rentrerait là dans une sorte de spirale mortifère bien connue, c'est celle qu'a subie la Grèce dans les années 2010-2015. C'est ce qu'on appelle en économie l'effet multiplicateur : lorsque la dépense publique baisse d'un point il y a un risque, surtout dans une situation économique dégradée comme aujourd'hui, que l'activité économique baisse encore plus fortement, ce d'autant plus que des mesures similaires vont être prises dans beaucoup de pays européens.
Cela risque de créer un effet récessif global au niveau européen, alors même que l'Europe est en situation de stagnation économique. On est en train de refaire l'erreur économique déjà faite dans les années 2010 où on avait eu une cure d'austérité massive en Europe, un peu moins d'ailleurs à l'époque en France que dans les autres pays européens. Cette fois, cela risque d'être le contraire. On risque d'avoir une cure d'austérité beaucoup plus importante en France que dans les autres pays européens. Mais dans tous les cas, cela avait entraîné une récession de plusieurs années dont on a eu du mal à sortir.
Que faire ?
Aujourd'hui on a besoin d'investir. Investir massivement pour la transition écologique, pour réindustrialiser la France, pour remettre à niveau nos services publics, etc. Il y a eu deux rapports officiels récents qui le confirment. Le rapport Pisani-Ferry-Mafhouz, des économistes proches du pouvoir, indique qu'il faudra 66 milliards d'euros par an en plus d'investissements. Également le rapport pour la Commission européenne fait par Mario Draghi, ancien président de la BCE, qui avance qu'il faudra 800 milliards d'euros d'investissements supplémentaires en Europe. Il note le décrochage de tous les pays de l'Union européenne par rapport aux États-Unis et par rapport à la Chine, parlant même de lente agonie s'agissant de l'économie européenne. Le revenu disponible par habitant a augmenté deux fois plus vite aux Etats-Unis qu'en Europe depuis 2001 et en trente ans la productivité horaire dans la zone euro a augmenté moitié moins qu'aux États-Unis. On est dans un processus de paupérisation relative au niveau du continent européen par rapport au par rapport aux États Unis.
Une réforme fiscale porteuse de justice est évidemment nécessaire. Les entreprises et les ménages doivent être mis à contribution en fonction de leur richesse effective et on a vu que les mesures Barnier sont notoirement insuffisantes. Mais, aussi importante soit-elle, elle ne suffira pas à financer les investissements massifs qui sont aujourd'hui nécessaires ; aussi, s'endetter est une nécessité.
Il faut le dire, pour investir, il faudra s'endetter. Ces investissements permettront de construire des infrastructures qui seront utilisées des décennies durant par plusieurs générations, c'est pourquoi un financement par la dette est légitime. La dette est un pont entre les générations et un bon État, qui pense à l'avenir, est un État qui s'endette. Dire cela ne signifie cependant pas accepter la forme que prend l'endettement actuel, qui, aujourd'hui, dans l'Union européenne place la dette publique sous l'emprise des marchés financiers. Or, si l'on veut à la fois se prémunir contre les risques d'une spéculation sur la dette publique et réduire sa charge, il est nécessaire de dégager durablement le financement public de cette emprise des marchés.
Il faut pour cela créer un dispositif qui, comme jusqu'aux années 1980, garantira la stabilité du financement ; son cœur sera formé par un pôle bancaire public, édifié autour des institutions financières déjà existantes ; il permettra d'orienter l'épargne populaire vers les investissements sociaux et écologiques stratégiques décidés démocratiquement. N'étant pas soumis à la logique de la rentabilité financière, ce pôle bancaire public pourra ainsi être un acheteur important et stable de titres de la dette publique. Par ailleurs, il pourra avoir accès aux liquidités fournies par la Banque centrale européenne dans le cadre de ses opérations de refinancement, comme le permet l'article 123.2 du traité sur le fonctionnement de l'UE, les titres de dette publique constituant un collatéral de très bonne qualité. Les institutions financières privées doivent quant à elles être soumises à un contrôle strict et avoir l'obligation de placer une partie de leurs actifs en titres de la dette au taux fixé par la puissance publique.
https://www.fondation-copernic.org/une-cure-dausterite-massive-et-prolongee/
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

L’oligarchie « macro-lepéniste » est en train de tout détruire - François Boulo

Le 7 juillet au soir, la France est officiellement entrée dans une crise de régime qui pourrait aboutir, à terme, à l'effondrement de la Ve République. En prononçant la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin dernier, Emmanuel Macron pensait réaliser un coup de maître en se reconstituant une majorité absolue sur les cendres d'une gauche qu'il pensait définitivement divisée, tout en activant une énième fois le fameux « barrage républicain ». Sa stratégie est un échec cuisant et plutôt que d'accepter sa défaite, il a fait le choix de se mettre à la merci du Rassemblement national, qui est désormais en position de censurer n'importe quel gouvernement, à commencer par celui de Michel Barnier. Faut-il vraiment s'étonner de voir celui qui s'est fait élire comme « rempart » face à la montée de l'extrême droite s'allier désormais ouvertement avec elle ? Que les deux forces politiques présentées depuis des décennies comme les plus opposées en viennent à s'entendre pour permettre la constitution d'un gouvernement n'est-il pas le signe que les institutions actuelles ne sont plus seulement à bout de souffle, mais bien agonisantes ?
11 octobre 2020 | tiré de la lettre d'Elucid
https://elucid.media/democratie/oligarchie-macron-lepeniste-france-tout-detruire-francois-boulo
Si le macro-lepénisme, concept théorisé par Emmanuel Todd en 2020 (1), est devenu une réalité institutionnelle quatre ans plus tard, ce n'est pas le fruit du hasard. Certes, si l'on s'en tient à la surface des choses, l'extrême centre est censé incarner l'ouverture au monde et la promotion de la diversité, alors que l'extrême droite est présentée comme symbole du repli sur soi et du racisme. Ces discours et ces représentations largement relayés par les médias dominants fonctionnent à merveille dans l'opinion publique.
L'extrême centre parle aux gens relativement aisés et, en tout cas, plutôt satisfaits de leur sort, là où l'extrême droite séduit les mal-considérés (les « sans dents »), et plus largement tous ceux qui se plaignent de l'insécurité économique, urbaine ou culturelle. Il n'y a là rien d'illogique à ce que des gens qui se déclarent heureux se montrent disposés à s'ouvrir sur l'extérieur et qu'à l'inverse, ceux qui souffrent ou sont angoissés réclament de la protection et revendiquent une forme de retour aux traditions.
Macronisme et Lepénisme : les deux faces d'une même pièce
Ces considérations auront traversé le débat public français depuis au moins une quarantaine d'années, et plus intensément encore après l'accession au deuxième tour de l'élection présidentielle de Jean-Marie Le Pen en 2002. Or, ce clivage entre camp républicain d'un côté et menace fasciste de l'autre s'apprête à apparaître pour ce qu'il a toujours été : une tartufferie.
Après la fausse alternance gauche/droite qui aura gouverné le pays jusqu'en 2017 avant de fusionner dans le macronisme, voilà que l'autre grand clivage revendiqué dans le champ politique français est en train de s'évaporer sous nos yeux. Et il n'y a là rien de surprenant.
Si l'on fait fi du vernis superficiel qui passionne les journalistes politiques de salon, tout observateur politique avisé voit bien le rapprochement quasi achevé des positions idéologiques portées par l'extrême centre et l'extrême droite. Depuis 2017, le Rassemblement national n'a cessé de se « recentrer » en matière économique – en renonçant à toute politique de rupture avec l'Union européenne – alors que dans le même temps, le camp macroniste s'est progressivement radicalisé sur les questions culturelles, et en particulier sur son rapport à l'islam.
Sans que ces exemples soient exhaustifs, on pense à tel ministre macroniste mandatant le CNRS en 2021 pour mener une « étude scientifique » sur « l'islamo-gauchisme » dans les universités, à l'interdiction de l'abaya lors de la rentrée scolaire 2023, ou encore à Gérald Darmanin reprochant à Marine Le Pen d'être « un peu dans la mollesse » sur sa critique de l'islam, lors d'un débat télévisé sur le service public audiovisuel.
De son côté, le RN a opéré une toute nouvelle série de reculs sur son programme économique lors des dernières élections législatives, parmi lesquels le retour de l'âge légal de départ en retraite à 62 ans, l'exonération de l'impôt sur le revenu pour les jeunes de moins de 30 ans, ou encore la sortie du marché européen de l'électricité. En réalité, la seule différence notable (et elle est quand même de taille !), c'est que l'arrivée au pouvoir du RN – dont le discours répand le venin de la division en stigmatisant certaines communautés minoritaires – accélèrerait plus encore la libération des paroles et des actes racistes.
À cette exception près, force est de constater que ces deux forces politiques s'attirent en réalité comme des aimants. Au point où nous sommes rendus, on a peine à les distinguer puisqu'en retenant une grille de classification de fond, ces deux partis sont inégalitaires (économiquement), autoritaires (démocratiquement) et conservateurs (culturellement). Dit autrement, Emmanuel Macron n'a jamais été un libéral ; il est un inégalitaire-autoritaire !
À la fin, c'est l'oligarchie qui gagne…
Une fois admis cet état de fait, tout s'éclaire. On comprend mieux pourquoi Emmanuel Macron s'est obstinément refusé à désigner un Premier ministre issu du Nouveau Front Populaire (NFP), alors même que c'est le groupe politique qui compte le plus de députés à l'Assemblée, et alors que la France insoumise – excommuniée arbitrairement du « champ républicain » – se montrait disposée à ne pas entrer au gouvernement. Certes, rien n'obligeait Macron dans la lettre de la Constitution, mais l'esprit démocratique, lui, l'imposait.
On est loin de la leçon d'exemplarité donnée par le Général de Gaulle, lui qui démissionnait de la Présidence en 1969 après avoir été désavoué lors d'un référendum par une très courte majorité de 52,41 %. Emmanuel Macron, lui, s'obstine contre vents et marées alors qu'au moins 70 % des Français rejettent sa politique (c'est même 75 % selon un récent sondage Odoxa) ! Que fallait-il néanmoins espérer d'un Président de la République qui, à maintes reprises, a piétiné la démocratie en s'accrochant coûte que coûte à une lecture purement légaliste de la Constitution pour bafouer la volonté exprimée par le peuple ? Rien, à l'évidence.
Le passage en force de la réforme des retraites en 2023 était jusqu'alors la dernière démonstration de sa pratique extrêmement autoritaire du pouvoir. Le double coup de force de la dissolution surprise suivie du refus de tenir compte du résultat des élections n'en est que la continuité.
Pourquoi ? Pourquoi empêcher par tout moyen le Nouveau Front Populaire (NFP) d'accéder au pouvoir ? Le programme de cette gauche issue d'une alliance de circonstances n'avait strictement rien de révolutionnaire. Mais pour la bourgeoisie française, les quelques mesures de justice fiscale et l'abrogation de la réforme des retraites, c'était déjà trop. Et c'est là que nous touchons à l'un des points caractéristiques de la période. Les classes dominantes ne veulent plus faire aucun compromis, aucune concession. Elles veulent le gâteau tout entier, et même les miettes ! Elles tiennent l'appareil d'État et n'ont jamais été aussi arrogantes et sûres d'elles-mêmes.
C'est pour cela qu'il était hors de question pour Macron de prendre le risque de laisser un gouvernement NFP se former. Même si celui-ci était assez certain de tomber par censure dès le vote de confiance voire au bout de seulement quelques semaines, il ne fallait pas même concéder au peuple, en particulier de gauche, une victoire ne serait-ce que symbolique. Pourquoi s'abaisser à s'incliner face à la volonté majoritairement exprimée par les citoyens (même si relative) quand on a la possibilité de s'allier avec l'extrême droite ?
Pour la bourgeoisie, il importe avant tout que le camp au pouvoir soit inégalitaire et autoritaire. Qu'il s'agisse ensuite de l'extrême centre ou de l'extrême droite, c'est bonnet blanc ou blanc bonnet. Dans le moment, la conservation du pouvoir bourgeois passe par un gouvernement de droite macroniste soutenu par l'extrême droite. Demain, ce sera peut-être l'inverse : un gouvernement d'extrême droite soutenue par l'extrême centre. Peu importe la formule, tant que la bourgeoisie garde la main pour servir ses intérêts…
… et la France qui perd
Reste qu'aux yeux de la plupart des électeurs – plus sensibles aux apparences et aux personnalités qu'à l'analyse des programmes et des idéologies –, le macronisme et le lepénisme demeurent à ce jour deux camps politiques radicalement opposés, d'où une tripartition de l'électorat entre gauche, extrême centre et extrême droite, qui empêche de dégager une majorité absolue à l'Assemblée.
Cette tripartition institutionnellement neutralisante, ou à tout le moins incapacitante, pourrait durer plusieurs années, car elle repose sur des critères relativement structurants : une fracture générationnelle entre la gauche (jeune) et l'extrême centre (vieillissant) et une fracture éducative entre la gauche (plutôt diplômée) et l'extrême droite (plutôt peu diplômée). Pour autant, cette tripartition porte en elle une fragilité substantielle, car elle repose fondamentalement sur l'idée – on l'a vue erronée – que le RN serait un parti de « rupture » (preuve en est la justification brandie par nombre de ses électeurs « On n'a jamais essayé »).
Le drame de la scène qui se joue sous nos yeux est que l'extrême droite réussit – avec la complaisance des médias officiels – à se présenter auprès de leurs électeurs comme une alternative à l'extrême centre alors qu'elle n'est que l'autre visage (moins présentable) des classes dominantes. Après 40 ans de néolibéralisme au cours desquels les « élites » ont trahi la nation française en dilapidant le patrimoine public, en bradant une grande part de l'industrie aux puissances étrangères, et en appauvrissant ainsi une part toujours croissante de la population, l'envie des électeurs de renverser la table n'a jamais été aussi forte, et on les comprend ! Là est le point commun entre l'électorat de gauche et celui d'extrême droite.
Mais les électeurs du RN sont les dindons de la farce. La vie politique française est bloquée dans ce paradoxe où 2/3 des Français expriment la volonté d'une rupture politique radicale, mais où dans le même temps, 2/3 d'entre eux votent aussi pour la continuité (extrême centre et extrême droite). Il est à espérer que le soutien de Marine Le Pen au gouvernement Barnier – même s'il ne tiendra peut-être pas dans le temps – agisse comme un révélateur…
L'autre drame est que la France entre en crise institutionnelle au même moment où elle sombre sur le plan économique.
Pendant que la bourgeoisie se gave en battant chaque année de nouveaux records de détention de richesse – les 500 familles françaises les plus fortunées détiennent désormais 1 228 milliard d'euros de patrimoine, soit 50 % du PIB français (c'était 6,4 % en 1996…) – la France, elle, court tout droit à la ruine. Niveau d'endettement, déficit public, balance commerciale… tous les indicateurs sont dans le rouge, à tel point que la Commission européenne vient de déclencher une procédure pour déficit excessif à son encontre, ce qui promet déjà un plan d'austérité drastique pour les années à venir, et cela dans un contexte où l'ensemble de la production au sein de l'Union européenne décroche significativement face à la concurrence mondiale.
Avec des capacités industrielles pulvérisées par les délocalisations massives – causées en grande partie par l'euro et le marché unique européen –, la France ne dispose plus de beaucoup de marges de manœuvre pour se relancer. Il faudrait assumer une rupture avec les règles de l'Union européenne, ce qui, dans un premier temps, produirait inévitablement un choc économique douloureux pour l'ensemble de la population. Or, aucun représentant politique n'assumera de prendre un tel risque. Rien de bon et durable n'adviendra tant que l'Union européenne – dans sa construction actuelle – n'aura pas implosé.
Les crises de régime finissent mal, en général…
Résumons. La France est en déclin économique, une large majorité de la population ne le supporte plus et réclame du changement, mais la bourgeoisie entend plus que jamais continuer à s'accaparer toujours plus de richesses, et aucun représentant politique n'aura le courage ni la légitimité de prendre les décisions radicales (et pour certaines impopulaires) qui s'imposent… et tout cela dans une configuration où plus aucune majorité absolue ne parvient de toute façon à se dégager à l'Assemblée nationale.
En y ajoutant les traditionnelles ambitions personnelles des représentants politiques, il ne serait pas étonnant d'assister dans les prochains mois et prochaines années à une valse des gouvernements comme au temps de la IVe République. À court terme, même la possibilité d'une démission contrainte du Président Macron, malgré son indéfectible volonté de s'accrocher au pouvoir, est désormais une hypothèse tout à fait envisageable. Quelle autre option aura-t-il si le gouvernement Barnier venait à tomber ? Il est bien possible que lui-même ne parvienne pas à répondre à cette question.
Les impasses sont partout. C'est pourquoi, même si la gauche parvenait à accéder au pouvoir, elle pourrait être balayée par les forces de l'Histoire. En 1936, le Front Populaire a certes réussi a légué un héritage social encore d'actualité, mais il n'a rien pu faire pour enrayer les dynamiques guerrières de l'époque, et en particulier la montée du nazisme en Allemagne qui se rêvait en grande puissance européenne. Quatre ans plus tard, la défaite de juin 1940 aboutissait à la fin de la IIIe République et accouchait du régime de Vichy ce qui, on le rappelle, n'avait posé strictement aucun problème à la bourgeoisie française…
Des outils institutionnels pour sortir de la crise ?
Pour sortir de la crise de régime actuelle, nombreux sont ceux dans les sphères militantes qui préconisent l'instauration de nouveaux outils institutionnels permettant une intervention plus directe des citoyens dans le processus démocratique. Référendum d'initiative citoyenne, tirage au sort pour composer les assemblées représentatives, élection au jugement majoritaire, généralisation du dispositif de convention citoyenne sont autant de propositions présentées comme remèdes à nos impasses.
Si ces dispositifs peuvent paraître séduisants en théorie, et que leur discussion présente un incontestable intérêt pédagogique pour la conscience citoyenne, il faut avoir la lucidité et l'honnêteté d'affirmer qu'il s'agit certes d'un moyen de mobilisation important, mais que la solution ne viendra pas là. Et pour une raison fort simple : les classes dominantes n'ont pas du tout l'intention de céder la moindre parcelle de pouvoir au peuple. Elles viennent, d'une main en la personne d'Emmanuel Macron, de refuser le résultat des élections législatives, ce n'est certainement pas pour concéder de l'autre main quelque largesse que ce soit !
La sortie de crise ne se fera malheureusement pas dans l'apaisement et la discussion raisonnable. On ne fera pas l'économie du rapport de force. Autrement dit, seule une force politique réellement de rupture accédant au pouvoir serait disposée à introduire de nouveaux outils institutionnels. Mais encore faut-il déjà accéder au pouvoir, ce qui est pratiquement impossible face à la censure et à la propagande que les médias dominants pratiquent chaque jour avec plus d'autoritarisme et de sectarisme.
En tout état de cause, aucun texte juridique, aussi brillant soit-il, ne sauvera la démocratie. Une Constitution, aussi bien écrite soit-elle, ne constitue jamais un garde-fou absolu. Pour preuve, l'article 2 de la Constitution de 1958 énonce que « le principe de la République est celui du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». On sait ce qu'il en est de ce beau principe aujourd'hui.
Une Constitution est toujours menacée d'être victime d'un coup de force de la part d'une minorité agissante. Cela peut être le fruit d'un putsch militaire, mais aussi, bien plus subtilement, d'une emprise de plus en plus grande d'un pouvoir oligarchique sur l'ensemble des leviers du pouvoir institutionnel. Face à cette menace, il n'existe qu'un seul gardien du temple : un peuple éclairé, soudé et combatif. La souveraineté du peuple est proportionnelle à son niveau de conscience politique.
La période actuelle est certes très incertaine et couve de terribles dangers. Mais une crise systémique comme celle que nous connaissons aujourd'hui ouvre aussi des brèches, des opportunités pour convaincre la masse des gens jusqu'alors insouciante qu'il va désormais falloir prendre les problèmes à bras-le-corps. L'avenir n'est pas ce qui advient, mais ce que nous en
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.
ferons. Au travail !

Offensive raciste : Retailleau veut déporter des sans-papiers en Irak, au Kazakhstan ou en Egypte

L'Opinion révèle que le ministre de l'Intérieur négocie actuellement des accords avec des pays tels que l'Irak, le Kazakhstan ou l'Égypte pour pouvoir y déporter des étrangers. Un pas de plus franchi dans l'horreur par les politiques racistes et xénophobes du gouvernement.
16 octobre 2024 | tiré du site de Révolution permanente
https://www.revolutionpermanente.fr/Offensive-raciste-Retailleau-veut-deporter-des-sans-papiers-en-Irak-au-Kazakhstan-ou-en-Egypte
Dans le cadre de son premier discours aux préfets du 8 octobre dernier, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur proposait d'intensifier la chasse aux étrangers en ayant recours à la « diplomatie migratoire ». Le journal l'Opinion révèle ce mercredi que Retailleau ne propose ni plus ni moins que la déportation d'étrangers désignés comme « illégaux et indésirables » dans des pays tels que le Rwanda, le Burundi, le Kazakhstan, l'Irak ou l'Égypte.
En plus de vouloir faire « baisser les régularisations », Bruno Retailleau, est en effet sur le point de nouer des accords avec des pays tiers pour que ces derniers acceptent de recevoir des étrangers sur leur sol, notamment ceux qui y ont transité ou séjourné. Par exemple, un étranger qui serait considéré comme illégal en France pourrait alors être déporté dans un des pays signataires quand bien même il n'aurait aucune attache avec ce pays. Cette proposition institutionnalise la déportation d'hommes et de femmes migrant.es à des milliers de kilomètres.
Ces accords inhumains, marchandés cyniquement avec des pays qui sont eux-mêmes déstabilisés par des conflits (comme en Irak) et dont l'environnement économique et social est très dégradé, sont négociés aux dépens d'hommes et de femmes qui fuient les ravages des guerres, des crises économiques et de l'instabilité causées par les puissances impérialistes, au premier rang desquelles la France. Ces accords rendront les migrants encore plus vulnérables, comme cela a été le cas après les traités signés entre l'Europe et la Libye. Amnesty International dénonçait des « conditions d'accueil infernales » dans les centre de rétention où les migrants sont exposés à la torture, aux violences sexuelles et à des sévices cruels et inhumains.
Lorsqu'il s'agit de mener des politiques inhumaines et racistes, Bruno Retailleau sait être inventif tout en s'inspirant des politiques xénophobes et racistes menées à échelle européenne, comme celles de Giorgia Meloni en Italie. La présidente italienne a en effet procédé, cette semaine, aux premières déportations de migrants vers l'Albanie, pour limiter les arrivées de migrants secourus en Méditerranée, grâce à un accord signé en 2023. Sous les applaudissements de Commission européenne, la politique d'externalisation des frontières de Meloni est en passe d'être appliquée dans toute l'Europe, au prix des vies de dizaines de milliers de migrants chaque année.
Cette nouvelle annonce intervient après que le ministre de l'Intérieur et le gouvernement ont multiplié, depuis plusieurs semaines, les propositions sur l'immigration dans une course au racisme et la xénophobie. Ce lundi, la porte-parole du gouvernement annonçait la préparation d'une deuxième loi immigration qui porterait la durée maximale de rétention des étrangers « jugés dangereux » de 90 à 210 jours.
Alors que le gouvernement poursuit ses offensives xénophobes en appliquant le programme du Rassemblement National, le parlement s'apprête à voter un budget d'une violence historique, qui devrait encore aggraver les conditions de vie des classes populaires et mettre en danger les vies des travailleurs migrants du fait du gel du budget de l'Aide Médicale d'État. Parce que la violence raciale est le laboratoire de toutes les offensives sociales, tout notre camp social doit s'unir pour lutter contre l'agenda raciste du gouvernement et ses mesures antisociales.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.