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« Les Défis de la gauche aujourd’hui »

22 octobre 2024 — ,
Nancy Fraser enseigne à la New School for Social Research de New York, où elle est titulaire de la chaire Henry et Louise Loeb de philosophie et de politique. Elle est (…)

Nancy Fraser enseigne à la New School for Social Research de New York, où elle est titulaire de la chaire Henry et Louise Loeb de philosophie et de politique. Elle est également membre du comité éditorial de la New Left Review. Fraser a reçu de nombreux prix et distinctions, dont celle de Chevalier de la Légion d'honneur, la plus haute décoration française. Elle est membre de l'Académie américaine des arts et des sciences. En 2018, elle a reçu le prix mondial Nessim Habif et, en 2022, le prix Nonino ‘Maître de notre temps', parmi de nombreuses autres décorations. Chercheuse prolifique, elle s'est penchée dans plusieurs œuvres sur la question de la justice et est réputée pour ses discussions sur la relation entre la reconnaissance et la redistribution dans les luttes pour la justice sociale, ainsi que pour ses contributions à la théorie féministe et marxiste. Elle a écrit ou co-écrit plusieurs livres ces dernières années, dont The Old Is Dying and the New Cannot Be Born, Feminism for the 99% et Capitalism : A Conversation in Critical Theory. Son dernier livre, publié en 2022 par la maison d'édition Verso, s'intitule Cannibal Capitalism : How Our System Is Devouring Democracy, Care and the Planet and What We Can Do about It. [1]

Comme Boris Kagarlitsky, Nancy Fraser est préoccupée par la question du dépassement de la fragmentation de la gauche contemporaine. Elle cherche à trouver une voie pour construire des ponts et une compréhension commune des sources des crises multiples et interdépendantes de notre époque parmi les socialistes, les féministes de gauche, les mouvements antiracistes et décoloniaux, la gauche du mouvement écologiste et d'autres pièces du puzzle qui pourraient former une alliance radicale, contre-hégémonique et anticapitaliste capable de contrer la montée alarmante du populisme et de l'extrême droite et de constituer une force efficace pour la transformation sociale.

Nancy Fraser a un autre point commun avec Boris Kagarlitsky en tant que cible récente d'efforts visant à punir et à faire taire les voix dissidentes. En l'occurrence, il s'agit de la campagne menée à l'échelle de l'Occident pour étouffer les critiques à l'égard d'Israël et supprimer les expressions de solidarité avec le peuple palestinien, campagne de répression que plusieurs qualifient de nouveau maccarthysme. Heureusement, ses démêlés avec la Chambre des Esteilles ne l'a pas valu une peine de prison, et nous avons le plaisir et le privilège de l'entendre aujourd'hui.

Introduction : Andrea Levy
Traduction : André Frappier et Andrea Levy

Intervention de Nancy Fraser

Nous nous sommes réunis à travers toutes ces distances dans une démonstration de la solidarité internationale de la gauche en action. C'est une chose vraiment merveilleuse et émouvante. En fait, comme on l'a déjà dit, il y a beaucoup trop peu d'événements comme celui-ci.

Boris Kagarlitsky est loin d'être le seul militant russe anti-guerre de gauche à avoir subi la répression. Et il y a, pourrions-nous dire, des Boris partout, en Palestine et en Israël, en Iran et en Chine, en Inde et au Brésil, en Allemagne, en France et aux États-Unis. La plupart de ces militants et militantes de gauche réprimés sont moins bien connus de l'intelligentsia internationale de gauche que ne l'est Boris. Mais ils ont tout autant besoin de notre soutien et cet événement, je l'espère, pourra servir de modèle en cette période de crise mondiale aiguë et de répression. Nous devrions multiplier les événements de ce type, encore et encore. Mais bien sûr, la défense des camarades en danger est le strict minimum lorsqu'il s'agit de pratiquer la solidarité internationale de la gauche. Nous devons également les prendre au sérieux. Nous devons honorer leur pensée et leur pratique. Et comme Kagarlitsky lui-même serait le premier à nous le rappeler, et il l'a d'ailleurs fait, nous devons avoir une conception stratégique à leur propos et avec eux. S'ils sont vraiment nos camarades, nous devons réfléchir à la manière de relier leurs luttes aux nôtres, leurs difficultés aux nôtres, ainsi que celles des autres.

En d'autres termes, nous devons poursuivre non pas une simple résistance, mais un changement social émancipateur. C'est ce que Boris lui-même nous a demandé de faire. Nous discuterons plus tard de son récent livre, The Long Retreat, où ce problème est au cœur de l'actualité, c'est à dire le dépassement de la résistance afin de former des coalitions pour le changement. Je ne veux pas voler la vedette à nos distinguéEs panélistes qui parleront du livre un peu plus tard, mais je tiens à noter qu'il fournit à la fois une analyse brillante de la conjoncture actuelle et un plaidoyer passionné en faveur d'une réflexion stratégique. Kagarlitsky diagnostique une crise aiguë du capitalisme néolibéral, ce qu'Adam Tooze a appelé une poly crise, une crise qui est à la fois économique, écologique, sociale, reproductive, politique, et bien sûr il faut maintenant ajouter géopolitique.

C'est une crise que nos classes dirigeantes mondiales ne peuvent résoudre. Elles ne peuvent pas décarboniser l'économie mondiale à temps pour arrêter la conflagration planétaire. Elles ne peuvent pas fournir des moyens de subsistance décents et un travail significatif à des milliards de personnes à travers le monde. Ils ne peuvent ni prévenir ni gérer avec succès les pandémies mondiales. Ils ne peuvent pas nous protéger de la violence des armées, de la police, des banques, des propriétaires terriens et des foules déchaînées et exaspérées. Ils ne peuvent pas arrêter la montée des mouvements autoritaires, même lorsque ces derniers semblent les menacer. Ils ne peuvent pas arrêter la guerre. En fait loin d'arrêter cet ensemble d'horreurs, le système qu'ils incarnent produit effectivement toutes ces choses, selon Boris. En conséquence, et je suis tout à fait d'accord, notre poly crise n'admet aucune solution capitaliste éclairée si cette expression n'est pas une contradiction en soi.

La crise est systémique et objective, mais elle est aussi, disons, subjective et hégémonique. Des masses de gens comprennent maintenant que les problèmes qu'ils rencontrent ne peuvent être résolus par des réformes au coup par coup. Nombre d'entre eux souhaitent un changement radical, et c'est ainsi que des masses de personnes à travers le monde sont désaffectés. Comme il fallait s'y attendre, ils abandonnent les partis et les visions du monde conventionnels. Ils sortent des sentiers battus. Ils recherchent des alternatives radicales. Mais nous devons nous demander ce qu'ils trouvent lorsqu'ils cherchent des alternatives radicales. Selon Kagarlitsky, ils ne trouvent pas d'alternative socialiste crédible, pas de regroupement de forces sociales de gauche en qui ils auraient confiance et qui véhiculerait un programme sérieux et un engagement stratégique solide en faveur d'un changement structurel profond. Au contraire, les forces qui auraient pu s'unir dans ce genre de bloc contre-hégémonique ont été atrophiées et désorientées au cours des décennies de recul de la gauche.

C'est la thèse de Boris. Qu'est-ce qui usurpe leur place aujourd'hui ? Je dirais, et je pense être d'accord avec lui, qu'il y a deux formations mutuellement antagonistes. Tout d'abord une poignée, peut-être plus, de groupes moralisateurs, cloisonnés dans l'identitarisme, qui ont perdu la force transformatrice et émancipatrice qu'ils possédaient autrefois. C'est ce que l'on peut appeler si l'on veut être méchant ‘Wokisme', mais je ne veux pas être aussi méchante. Ensuite, une panoplie de contre-mouvements populistes autoritaires, qui - et c'est l'expression de Boris - mélangent des griefs économiques légitimes avec des haines ethnoculturelles régressives. Ces deux forces, que j'appelle le néolibéralisme progressiste et le populisme réactionnaire, sont aujourd'hui enfermées dans une série de batailles factices qui sont loin d'aller au cœur des choses.

Le résultat est un amas de symptômes morbides qu'Antonio Gramsci reconnaîtrait facilement. Maintenant, le diagnostic de Kagarlitsky, qui me semble proche, si ce n'est en tous points, mais dans sa forme générale, de celui que je viens d'exposer. Son diagnostic me semble juste, mais que faut-il faire ? Y a-t-il aujourd'hui une voie possible pour reconstruire la gauche dans un avenir proche ? Et bien sûr, il faut ajouter, pas n'importe quelle gauche, mais une gauche qui renonce au sectarisme et à l'utopie au profit du réalisme, de la stratégie et de l'imagination. Existe-t-il donc une voie pour reconstruire ce type de gauche, disons, mature, une gauche qui soit réellement adaptée à la gravité, à l'ampleur et à la profondeur de notre crise ? Ou devons-nous nous contenter d'une retraite bien gérée qui nous permettra de vivre et de nous battre plus tard ? Et bien sûr, si vous adoptez cette deuxième option, vous devez vous demander si nous aurons le temps nécessaire avant la conflagration planétaire. Ce sont des questions dont j'ai envie de discuter avec Boris Kagarlitsky. Je ne l'ai jamais rencontré, mais j'ai imaginé un dialogue avec lui sur ces questions. À vrai dire, je suis un peu plus optimiste que lui. Je voudrais expliquer pourquoi par le biais de trois questions spécifiques qui me préoccupent.

Je viens tout juste de mentionner la première : la retraite ou la contre-hégémonie. La deuxième est la question de classe sociale, de la classe ouvrière mondiale et comment nous la comprenons. Et la troisième concerne la géopolitique. Ce sont toutes des questions profondes, troublantes et difficiles, et je ne sais pas exactement ce que j'en pense, mais quant à la question de la retraite versus la contre-hégémonie, je pense que la clé ici est de penser stratégiquement.

Pour cela, il faut commencer par les forces sociales existantes afin de déterminer lesquelles sont potentiellement émancipatrices, même si ce n'est peut-être pas le cas tout de suite, et lesquelles la gauche pourrait tenter de séduire afin qu'elles se séparent de leurs alliés actuels et se tournent vers la gauche.

Qui, parmi les personnes considérées les plus ‘Woke', c'est-à-dire les militantes et militants féministes et les antiracistes anticolonialistes, peuvent être persuadéEs de déserter leurs protecteurs corporatistes et d'adopter une perspective de classe qui corresponde mieux à leurs positions sociales réelles ? Qui parmi les rangs des réactionnaires ordinaires pourrait-on convaincre à se détacher des hommes forts tant adorés qui sont destinés à les trahir ? Et qui pourrait au contraire faire cause commune avec d'autres segments de la classe ouvrière qu'ils méprisent aujourd'hui ? C'est à ce genre de question que je réfléchis en termes de stratégie. La classe sociale est évidemment un élément clé de cette question. C'est donc le deuxième point que je souhaite évoquer. Boris souligne à juste titre que la classe ouvrière mondiale d'aujourd'hui n'est pas la classe ouvrière industrielle du 19e siècle.

Il conclut à juste titre qu'un socialisme pour le 21e siècle doit être différent de tous les modèles précédents. La notion de classe, prétend-t-il, et je suis tout à fait d'accord, demeure le critère de différenciation social déterminant. Et en fin de compte, elle doit être le point de ralliement crucial pour la gauche. Mais ce n'est pas la même idée de la lutte des classes d'autrefois. La question est de savoir comment nous pouvons comprendre globalement la notion de classe ouvrière aujourd'hui. Existe-t-il une façon de penser cette classe qui ne soit ni un industrialisme dépassé ni un mélange pluraliste de différences, quelque chose qui se rapprocherait de l'idée de la multitude de Negri ?

Ni l'un ni l'autre ne sont adéquats. Je pense être entièrement d'accord avec Kagarlitsky. Maintenant, je voudrais simplement mentionner très rapidement, sans entrer dans les détails, que je crois qu'il y a une façon de penser la notion de classe sociale qui n'appartient à aucune de ces deux catégories. Et c'est parce qu'il s'agit d'une façon structurelle de penser la notion de classe sociale. Je pense que le capitalisme, l'accumulation du capital, dépend aujourd'hui et a toujours été dépendante d'au moins trois formes de travail distinctes mais mutuellement imbriquées :la main-d'œuvre exploitée, c'est-à-dire les travailleurs ‘libres' dans les usines ; la main-d'œuvre expropriée, à savoir les personnes non libres ou semi-libres, les coloniaux, les indigènes, les esclaves, les péons et les formes qu'ils revêtent aujourd'hui ainsi que les travailleuses et travailleurs du sexe victimes de la traite, les travailleurs emprisonnés, etc. ; ces travailleurs qui n'ont pas la possibilité de vendre leur propre force de travail et qui ne bénéficient pas de des droits donnant ouverture à des poursuites ou de la protection de l'état. Enfin, un groupe que j'appellerai les travailleurs ‘domestiqués', ceux qui se spécialisent dans la reproduction sociale, en particulier la reproduction de la force de travail.

Je prétends que la plus-value ne peut être extraite des travailleurs et travailleuses exploitéEs en l'absence d'intrants bon marché fournis par les travailleurs expropriés et de la main-d'œuvre bon marché fournie par les travailleurs domestiques. Vous pouvez déjà constater que cela suggère une classe ouvrière mondiale, divisée non seulement par pays, région et empire, mais aussi par sexe et par divisions ethno-raciales.

Cela rejoint ma première question concernant les publics que nous devons atteindre et comment y arriver. Et si nous pouvions convaincre la classe ouvrière, les personnes racisées qu'elles ont un rôle à jouer dans un système qui est complètement imbriqué et inextricablement lié aux travailleurs exploités qui ont toujours joué un rôle central dans les mouvements socialistes jusqu'à nos jours. Et si nous pouvions convaincre les féministes de la classe ouvrière qu'elles sont réellement des travailleuses et qu'on peut bien aborder leurs enjeux sous l'angle de la lutte de classe ?

Troisième et dernier point : la géopolitique. Ici il faut qu'on se parle, je pense, de deux choses : la guerre et l'immigration. Si nous parlons de la guerre, de l'impérialisme, de la rivalité inter-impérialiste et du vide de l'hégémonie géopolitique avec la montée relative de la Chine, le déclin relatif des États-Unis et ainsi de suite, si c'est l'un des axes du problème, on pourrait bien penser que les alternatives relèvent de l'opposition entre une gauche nationaliste et une gauche internationaliste, et c'est vrai. Cependant, si nous plaçons l'immigration au centre, les choses deviennent un peu plus complexes.

Et cela a tout à voir avec un populisme réactionnaire au sein de la classe ouvrière focalisé en grande partie sur l'opposition à l'immigration. Dans ce cas, la question est celle du nationalisme contre le transnationalisme, et non celle de l'internationalisme. Comment faire cohabiter ces deux éléments ? Je ne sais pas, mais il me semble que c'est extrêmement important. Force est de constater que nous n'avons pas eu, et ce depuis très longtemps, de véritable idée de ce que serait aujourd'hui une politique étrangère de gauche. C'est le point faible de la gauche, à mon avis. Ici et là, on trouve des gens qui ont des idées intéressantes sur la réorganisation de la production ou même de la reproduction, mais la politique étrangère est en quelque sorte un territoire inexploré. L'essentiel, et c'est là mon tout dernier point, est de savoir comment garder deux ‘Non' dans sa tête en même temps et comment les transformer en une sorte de ‘Oui', par exemple : Non à Poutine. Non à l'OTAN. L'un ne va pas sans l'autre. Quel est le ‘Oui' qui en découle ? Je ne pourrais dire.

De la même manière on doit dire ‘Non' au génocide gazaoui et ‘Non' à l'antisémitisme. Comment mettre les deux ensembles et aboutir à quelque chose d'autre ? Et cette incapacité à traiter ce dernier point, fait des ravages parmi les populations qui sont désemparées face au Moyen-Orient. « Non à Poutine, Non à l'OTAN », j'aimerais vraiment entendre ce que les collègues russes auront à dire à ce sujet. En tant qu'Américaine fermement anti-américain, je ne peux pas rejeter toute la responsabilité sur Poutine. Mais il se peut que nous ne soyons pas d'accord sur ce point. J'aimerais vraiment avoir une discussion plus approfondie à ce sujet. En tout cas, ce sont trois questions que j'ai envie de discuter avec Boris et avec vous. C'est dommage qu'il ne soit pas là, mais c'est formidable que vous soyez là. Je vous remercie.

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[1] Voir le lien vers la recension de son dernier livre paru dans Pressse-toi à gauche ! https://www.pressegauche.org/A-propos-de-Cannibal-Capitalism-de-Nancy-Fraser

Le racisme passe sa visite médicale

22 octobre 2024, par Omar Haddadou — ,
– Détendez-vous, M. Le Racisme ! Je vais prendre votre tension artérielle, comme d'habitude. – J'ai eu un moment d'émotion avant d'arriver, Docteur. - Pourquoi ? - En (…)

Détendez-vous, M. Le Racisme ! Je vais prendre votre tension artérielle, comme d'habitude.

– J'ai eu un moment d'émotion avant d'arriver, Docteur.

- Pourquoi ?
- En croisant un Africain, Avenue Montaigne.
– Mais ce n'est rien, ça.
– Si Docteur !
- Vous trouvez ?
- Evidemment. Il était affublé comme un Milord et paraissait vachement heureux.
– Ça doit être un touriste américain ?
- Non, non, non ! Un Africain ! Un Congolais.
– Pourquoi nommément un Congolais ?
- Sa SAPE*, Docteur ! Sa Sape ! On aurait dit une Labradorite.

– Y a pas d'mal à faire preuve d'élégance à Paris et d'être bien dans sa peau ?
- Attendez, Docteur ! Au lieu de se pavaner sur nos Avenues, il ferait mieux d'aller protéger les richesses convoitées de son pays.
– Et si c'était un militant bien fringué ?

- Elle est belle celle-là !
( Le Docteur incline la tête vers l'avant pour mieux le considérer, sans piper mot )
- Un Militant ? Ha, ha, ha. Avec une telle « Djatance* », et une iridescence digne d'une aurore boréale ? Désorbité, l'Africain ! Désorbité !
- Assez, rigolé ! Ajustez bien le brassard du tensiomètre !

- (…)
- 12.7 ! Je vous envie, M. Le Racisme. Une tension d'un Athlète de haut niveau, malgré l'âge. La dernière fois qu'on s'est vus, vous étiez angoissé, abattu par le diagnostic. Et aujourd'hui, j'ai devant moi un Racisme épanoui, lustral.

– J'infuse Docteur, j'infuse.
– J'aimerais bien voir la tête de l'Empathie, la Tolérance, l'Altruisme, l'Humanisme.

– Ils rasent les murs depuis le 12 janvier 2024*.
– Les pauvres !
- Vous allez me prescrire quelque chose Docteur ?

- Vous vous portez comme un charme, M. Le Racisme, et c'est tant mieux. Mais, par souci déontologique médical, j'aimerais que votre état aille en s'améliorant davantage.

– De l'anticipation conservatoire ou préventive ?

Plutôt préventive ! Assortie de recommandation méliorative. Ça tient en seule ligne

– D'accord.
( Le Docteur saisit le stylo et rédige l'ordonnance )

« Un séjour bimensuel de remise en forme « xénophobique » en France, Italie, Hongrie, Autriche, Pays-Bas… » Signé : Docteur HAINE

Texte et dessin Omar HADDADOU

* Date promulgation de la Loi Immigration par la Droite *Djatance : M'as-tu- vu ou la frime au Congo

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Il faut sortir de la bulle parlementaire pour être sur le terrain

22 octobre 2024, par Roger Rashi, Ruba Ghazal — ,
Ruba Ghazal sera la prochaine porte-parole féminine de Québec solidaire. Seule candidate à ce poste, elle sera intronisée lors du congrès du parti qui se tiendra à Montréal le (…)

Ruba Ghazal sera la prochaine porte-parole féminine de Québec solidaire. Seule candidate à ce poste, elle sera intronisée lors du congrès du parti qui se tiendra à Montréal le 15-16-17 novembre prochain. Militante du parti depuis sa fondation, elle est députée du comté de Mercier depuis 2018 ou elle succéda à Amir Khadir, le premier parlementaire à être élu sous la bannière de QS. Ruba s'est présentée pour la première fois au porte-parolat féminin en 2023, course qu'elle a perdu par seulement quatre voix. Suite à la démission surprise d'Émilise Therrien-Lessard au printemps dernier, Ruba a annoncé sa candidature au courant de l'été. Sa campagne s'est donnée comme thème « Un nouveau souffle ». Elle a bien voulu répondre ici à quelques questions à caractère stratégiques que je lui avais posées il y a quelques semaines.
Roger Rashi

1. Roger Rashi : Comptes-tu toujours proposer une grande conférence ouverte à tous les membres du parti pour discuter/déterminer collectivement la stratégie électorale du parti aux prochaines élections ? Ce fut l'une des propositions phares de ton programme lors de la campagne pour le porte-parolat féminin en 2023. Suite à la crise du printemps dernier, cette vision démocratique des débats stratégiques dans QS serait plus que jamais nécessaires pour unifier le parti.

Ruba Ghazal : Lors de la course au porte-parolat de 2023, j'ai proposé, si je gagnais, d'organiser, d'ici l'élection de 2026, un Grand Rendez-vous des membres de Québec solidaire pour discuter uniquement de la conjoncture politique au Québec et des stratégies à déployer par notre parti. Je pense toujours que ce serait une bonne idée de tenir un tel évènement. N'ayant malheureusement pas gagné la course, je n'ai pas poursuivi la réalisation de cette proposition. L'idée reste bonne pour toute personne qui voudrait pousser pour sa réalisation.

Pour la présente course au porte-parolat, je propose que QS mette de l'avant un nationalisme ouvert et rassembleur, un nationalisme de gauche. Je propose également que QS ramène l'indépendance à l'avant-plan, car notre projet de transformation de la société québécoise à travers l'indépendance ne semble pas assez entendu par les Québécoises et les Québécois. Je parle aussi beaucoup de l'unité du parti, qui sera primordiale dans les deux prochaines années, et du fait qu'il faille rester fidèles à nos convictions. Je ferais d'autres propositions tout le long de la campagne.

2. Roger Rashi : Est-ce qu'une campagne politique pour « Défendre les services publics et s'opposer aux privatisations de la CAQ » te semblerait pertinente pour la prochaine période ?

Ruba Ghazal : Absolument. Le parti le fait déjà avec le site web services-coupés. QS doit être le chien de garde contre une austérité qui pourrait s'en venir plus vite que prévu. Il faut continuer à être les gardiens des services publics. Donc j'appuierais toute initiative qui allant dans le sens de mettre sur pieds une campagne politique pour défendre les services publics.

Roger Rashi : Dans ta plateforme de 2023, tu proposais de mener des campagnes politiques afin de renforcer la présence médiatique du parti et mobiliser les membres à la base, dans ce qui semble être une vision de QS comme parti des urnes et de la rue, c.a.d. pas uniquement cantonné au seul travail parlementaire. Est-ce que tu es toujours du même avis ?

Ruba Ghazal : Plus que jamais. Je pense qu'il faut renouer avec les campagnes politiques. L'an passé j'allais même jusqu'à proposer le thème d'une première campagne politique que j'aurais aimé voir porter sur les inégalités. Je pense qu'il faut plus sortir de la bulle parlementaire pour être sur le terrain.

3. Roger Rashi : Quels sont les moyens que tu préconises pour combattre la concentration du pouvoir au sein de l'aile parlementaire et à la direction du parti ? Comment comptes assurer la présence et pertinence de la PPF ? La concentration du pouvoir aux mains de quelques personnes de l'entourage du porte-parole masculin a été pointé du doigt par Catherine Dorion et Émilise Thérien-Lessard comme les raisons amenant leur démission. Quelles sont les améliorations/réformes que tu envisagerais au caucus parlementaire et à la direction du parti pour assurer une vraie collégialité ?

Ruba Ghazal : Je pense qu'il faut absolument garder le fait d'avoir deux porte-paroles égaux. Et je suis certaine que c'est ce que les membres et la direction veulent aussi. QS a toujours pris des décisions en collégialité et cela doit continuer. Lors de la crise du printemps dernier, je pense que les membres se sont bien fait entendre. Je suis d'avis que le caucus doit se donner des statuts de fonctionnement, ce qui est en cours présentement. Pour le futur de QS, il faut toujours s'inspirer de ce qui a fait que notre parti a percé et s'est tenu : notre démocratie interne et décentralisée.

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Dossier spécial sur la vie chère

22 octobre 2024, par Fédération des Travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — ,
« Il y a moins de logements qu'avant ! » « La crise du logement, c'est une affaire de Montréal. » « Dans mon temps, je pouvais me trouver un petit 4 ½ pas cher. Il faut juste (…)

« Il y a moins de logements qu'avant ! » « La crise du logement, c'est une affaire de Montréal. » « Dans mon temps, je pouvais me trouver un petit 4 ½ pas cher. Il faut juste chercher un peu. » « Si c'est trop cher à loyer, les jeunes ont juste à s'acheter une maison. » Ces affirmations, quoique familières, présentent une vision déconnectée d'une réalité bien plus difficile. Dans ce dossier spécial, Le Monde ouvrier a choisi de braquer les projecteurs sur la crise de la vie chère : non seulement pour démystifier ces raccourcis faciles, mais pour explorer des solutions ambitieuses et nécessaires face à une situation aussi déplorable. Car il ne s'agit pas seulement de logements, mais d'un modèle de société qui dérape.

Tiré du journal de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec
LE MONDE OUVRIER N° 148 • AUTOMNE 2024 •
Presse-toi-à-gauche ! a trouvé important de reproduire cet important dossier sur la vie chère.

La vie chère

La forte inflation des dernières années recule enfin. La Banque du Canada a même commencé à réduire son taux directeur face à une économie qui tourne de plus en plus au ralenti. Malgré une hausse du chômage, la situation est loin d'être comparable à celle des années 1980 où le taux de chômage a déjà atteint 12 %. Même si les données sur l'économie et l'emploi semblent encourageantes à première vue, l'impression que les Québécoises et les Québécois se portent mal demeure persistante. Les signaux d'alarme sont devenus trop nombreux pour être ignorés.

L'insécurité alimentaire est en hausse et les banques alimentaires font état d'un nombre record de demandes parmi lesquelles de plus en plus de personnes qui occupent un emploi. En quelques années, la crise de l'habitation s'est exacerbée avec une forte augmentation du prix des loyers et un taux d'inoccupation extrêmement bas. Des Québécoises et des Québécois doivent faire des choix impossibles, comme celui de couper ses médicaments en deux ou de sauter des doses. Du côté des syndicats, les membres réclament avec raison que leurs salaires soient augmentés pour tenir compte de la hausse du coût de la vie.

« Pendant des années, la FTQ s'est battue pour augmenter le salaire minimum, relate la présidente de la FTQ, Magali Picard. Même si demain matin, le salaire minimum passait à 21$, on ne réglerait pas le problème. Pour plusieurs travailleuses et travailleurs, ce ne serait pas suffisant pour joindre les deux bouts ». Au cours des derniers mois, les deux dirigeants de la centrale ont parcouru plusieurs régions du Québec pour aller à la rencontre de personnes qui sont au front de la hausse du coût de la vie. Les hommes et les femmes qui s'occupent des moins nantis de la société québécoise ont confirmé la gravité de la situation.

Les Québécoises et les Québécois n'y arrivent plus et la souffrance humaine est plus visible que jamais, particulièrement dans les centres urbains.

Ce dossier spécial du Monde ouvrier s'intéresse à la vie chère et plus particulièrement à la crise de l'habitation. Cette question trône au sommet des préccupations du moment. Dans nos discussions avec les personnes ouvrant au sein des groupes communautaires, tout partait ou se rapportait au logement. Les dysfonctions actuelles du marché avec des prix indécents et une cruelle rareté ont un impact sur le bien-être collectif et individuel des Québécoises et des Québécois. Le logeme nt n'est pas le seul problème associé à la vie chère, mais il s'agit d'un des plus urgents à régler. Le Monde ouvrier a ainsi voulu explorer des pistes de solution pour régler cette crise intolérable dans une société aussi riche que le Québec.


Les mythes

MYTHE Nº. 1
La crise du logement, c'est une affaire de Montréal.

Pas vraiment. Le taux d'inoccupation dans le marché locatif est de 1,3 % dans tout le Québec en octobre 2023, de 1,5 % à Montréal, de 1,3 % au Saguenay et à Sherbrooke, de 1,1 % à Gatineau, de 0,9 % dans la ville de Québec, de 0,5 % à Drummondville et de 0,4 % à Trois-Rivières.

MYTHE Nº. 2
Il y a moins de logement qu'avant !

Faux. Selon l'IRIS, l'offre résidentielle a augmenté au même rythme que celle de la population, malgré une diminution de l'accès et de l'abordabilité au logement locatif principalement pour les ménages à faibles et modestes revenus .

MYTHE Nº. 3
Si c'est trop cher à loyer, les jeunes ont juste à s'acheter une maison.

Le prix médian d'une maison unifamiliale au Québec s'élève en août 2024 à 443 000 $ en hausse de 7 % par rapport à 2023. Les hausses de prix sont notamment attribuables à une demande plus forte que l'offre. De plus, avec la hausse des taux d'intérêt, la mise de fonds requise, il est reconnu que l'accès à la propriété est de plus en plus difficile pour les jeunes.

MYTHE Nº. 4
L'immigration est à la base du problème

La crise du logement est surtout liée au déficit de construction de logements sociaux, aux difficultés d'accès à la propriété, au nombre croissant de locations à court terme sur des plateformes comme Airbnb, à la facilité de conversion de logements en condos et aux évictions de plus en plus nombreuses. Les personnes immigrantes, quant à elles, constituent une faible portion de la nouvelle demande pour des logements.

MYTHE Nº. 5
Dans mon temps je pouvais me trouver un petit 4 ½ pas cher. Il faut juste chercher un peu.

Dans les grands centres au Québec, le loyer moyen pour un deux chambres à coucher s'élevait à 1 042 $ en octobre 2023 selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). Cela dit, les prix des loyers sur le marché sont beaucoup plus élevés. D'après le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le loyer moyen demandé sur Kijiji pour un 4 ½ était de 1504 $ en 2023. Sur le site Rentals.ca, le loyer moyen demandé en septembre 2024 pour un deux chambres à coucher au Québec était de 2 168 $ ! Et tout le reste n'est pas encore payé :téléphone, chauffage, épicerie.

MYTHE Nº. 6
Pour régler la crise, il suffit d'augmenter l'offre en facilitant la construction au privé.

Il faut construire plus d'habitations, oui, mais surtout des logements sociaux et à prix modique. Le privé n'a jamais pu fournir suffisamment de logements abordables et en bon état pour les personnes à faible revenu.


L'habitation ne se porte pas bien

Au moment d'écrire ces lignes, l'Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 2 % en août 2024 comparativement à août 2023. [1]

Même si cela peut sembler encourageant, les ménages locataires n'ont pas connu de répit face à l'inflation. En effet, les prix des loyers ont augmenté de 8,6 % sur la même période. Le taux d'inoccupation demeure très bas dans la plupart des villes du Québec, particulièrement pour les loyers abordables. Chaque année, le 1er juillet est de plus en plus difficile avec de nombreux ménages incapables de se trouver un logement. Les campements de personnes en situation d'itinérance se multiplient et certaines municipalités n'ont d'autre réponse que de les démanteler alors que ces personnes n'ont nulle part où aller.

Comme le constate Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la crise du logement a progressivement pris des proportions de plus en plus alarmantes. « Avant même la crise des dernières années, il y avait déjà des milliers de ménages locataires qui vivaient une crise mois après mois, rappelle- t-elle. Ce n'est pas nouveau, mais ce qui est particulier c'est que, dans toutes les régions du Québec, il y a des pénuries. Cette rareté extrême vient mettre une pression importante et ça appauvrit des locataires qui se pensaient à l'abri. Compte tenu de l'absence d'un contrôle obligatoire des loyers, on voit le prix des loyers augmenter en flèche. On voit des ménages discriminés qui n'ont plus accès au logement et c'est sans compter les rénovictions qui se multiplient. »

Chantal Bertrand est conseillère régionale à la FTQ dans les régions de Lanaudière et des Laurentides. En l'espace de quelques années, elle a vu la situation se détériorer et l'itinérance exploser, particulièrement à Saint- Jérôme où se trouve le conseil régional FTQ.

« Les personnes qui perdent leur appartement n'ont plus beaucoup de possibilités pour se reloger, explique-t-elle. Les appartements en deçà de 1 500 $ par mois n'existent presque plus dans les Laurentides et le marché des maisons à vendre est devenu exorbitant. Dans le stationnement près de notre bureau, une mère a dû rester dans sa voiture avec ses deux enfants parce qu'elle n'arrivait pas à trouver un appartement à la hauteur de son budget. Cette crise de l'itinérance touche tout le monde, ce n'est plus juste ceux et celles qui ont des problèmes de consommation ou de santé mentale. »

Après avoir nié son existence, le gouvernement de la CAQ a finalement reconnu du bout des lèvres qu'il y avait bel et bien crise. Pourtant, cette reconnaissance tardive ne s'est pas traduite par des mesures structurantes.

Selon les personnes rencontrées par les dirigeants de la FTQ cet été, le dernier budget n'a pas sufisamment entraîné de hausses d'investissements pour le logement social et communautaire. On a même assisté à des reculs avec la fin du programme AccèsLogis qui visait la construction de logements sociaux ou la fin des cessions de bail avec l'adoption du projet de loi n o 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.

« Le gouvernement doit se réveiller et comprendre, exhorte Alexandre Cadieux, coordonnateur du Comité logement Bas- Saint-Laurent. Ce n'est pas idéologique, c'est humain. Le monde, y'en peuvent plus. Chaque jour, je reçois un appel avec quelqu'un qui a des idées noires. Pas juste en détresse. Ces personnes ont des idées suicidaires et parlent que ça va finir là. »


Logement et emploi vont de pair

À une certaine époque, des dirigeants de la FTQ expliquaient que la centrale s'était donné trois priorités : l'emploi, l'emploi et l'emploi. Elle continue d'être obsédée par cette question. Dans un contexte de hausse du coût de la vie et de chômage relativement faible, la qualité des emplois devient aussi importante que leur quantité.

La crise de l'habitation, avec des prix élevés et la rareté de l'offre de logements à prix raisonnable, entraîne des conséque nces sur l'emploi, les deux marchés étant fortement liés. Pour certaines travailleuses et certains travailleurs, les difficultés à dénicher un logement abordable et décent viennent affecter leur capacité à occuper un emploi, même bien rémunéré. Avec les prix élevés des loyers, déménager devient plus risqué surtout si on dispose d'un logement qui correspond à la capacité de payer. Il est normal d'avoir certaines réticences à accepter un emploi dans des villes où le prix des appartements et des maisons est élevé, surtout si le taux d'inoccupation est faible. Celui-ci peut se rapprocher de 0 % dans certaines municipalités.

Plusieurs articles de journaux font état des difficultés des entreprises à recru- ter de la main-d'œuvre en raison du manque flagrant de logements.

Certaines d'entre elles doivent même se lancer en immobilier pour continuer d'opérer. En outre, les prix élevés font en sorte que les travailleuses et les travailleurs doivent parfois s'éloigner de leur milieu de travail, ce qui entraîne une augmentation des temps et des coûts de déplacement.

Cette situation pourrait entraîner d'autres conséquences extrêmement néfastes . Dans les villes américaines inabordables, comme San Francisco, les travailleuses et les travailleurs n'ont tout simplement plus les moyens d'habiter à proximité de leur lieu de travail. Si la crise de l'habitation se poursuit, on peut s'attendre à une pénurie de main-d'œuvre accrue pour les services publics [2].

Plusieurs régions, comme l'Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord, font actuellement face à de graves pénuries de personnel dans le réseau de la santé et des ser- vices sociaux, lesquelles mettent en péril les services auxquels ont droit les citoyennes et les citoyens.

Karine Cabana, conseillère au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), a été impliquée de près dans les négociations pour mettre sur pied des équipes volantes afin de limiter le recours aux agences privées de placement. « Jamais dans les négociations on a abordé la disponibilité de logements comme une des causes de la pénurie dans ces régions, explique-t-elle. Cela dit, ça ne prend pas de grandes analyses pour comprendre qu'il manque sérieusement de logements sur la Côte-Nord. On a beau vouloir faire venir des infirmières ou des préposées aux bénéficiaires, mais il va falloir trouver un endroit où les loger. C'est clair que la crise du logement est un frein dans la recherche d'une solution permanente. »


Une insécurité alimentaire inacceptable

En rencontre avec l'organisme Le Pignon bleu l'été dernier, le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc, s'est entretenu avec sa directrice générale Roseline Roussel. « On n'a jamais vu une situation comme on la vit en ce moment, confie-t-elle. La moitié des gens qui nous fréquente, ce sont des travailleuses et des travailleurs au salaire minimum alors qu'avant la pandémie c'était environ 10 %. Tu travailles 40 heures par semaine, pour finalement ne pas être capable de te loger et te nourrir. Ces gens-là travaillent très fort. Les familles font du mieux avec ce qu'elles ont, mais elles n'y arrivent pas. Une petite de 7 ans est venue nous voir avec son argent de poche parce que sa mère n'avait plus les moyens de payer le montant de 1,60 $ pour un dîner fourni par notre organisme. Ça n'a aucun sens qu'une enfant doive supporter ce poids-là. On en voit beaucoup d'histoires comme ça. C'est inacceptable que le gouvernement accepte ça. »


Les solutions à la crise de l'habitation

Malheureusement, il n'existe pas de solution unique pour régler rapidement et durablement la crise de l'habitation. Pour la FTQ, une véritable sortie de crise débute par une prise de conscience collective sur la reconnaissance du droit au logement.

Tant et aussi longtemps que les gouvernements continueront de privilégier les intérêts financiers et le droit à la propriété au lieu des besoins humains, cette crise ne se réglera pas.

Rapidement, les gouvernements doivent renforcer les droits des locataires. À cet égard, des mesures pourraient être rapidement mises sur pied. Un fort consensus existe concernant l'efficacité d'un registre des loyers pour limiter les hausses abusives. Un tel outil a déjà été développé par l'organisme Vivre en ville et pourrait être rapidement utilisé s'il y avait volonté politique de la part du gouvernement. Les dysfonctionnements du Tribunal administratif devraient aussi être corrigés afin d'assurer un véritable accès aux services et à la justice ainsi que de garantir un contrôle des loyers.

Face à l'ampleur de la crise, l'heure est peut-être venue de formaliser la défense des intérêts collectifs des locataires à l'instar de ce que font les syndicats.

Déjà, des groupes de locataires ont mené des luttes héroïques, mais extrêmement exigeantes, contre des tentatives d'évincement. Cela dit, il n'existe pas de mécanisme formel pour leur garantir un droit d'association incluant celui de négocier avec son propriétaire. Encore une fois, certains États américains progressistes pavent la voie à de telles solutions. En 2022, le gouvernement local de San Francisco a adopté une loi qui accorde un droit d'association aux locataires. [3]

Pour tout immeuble comprenant plus de cinq unités, les locataires peuvent former une association si la majorité des résidentes et des résidents y consentent. Cette association peut informer ses membres et organiser des assemblées.

Les propriétaires ont l'obligation de discuter de bonne foi avec l'association et doivent assister à une de leur rencontre au moins tous les trois mois. Le non-respect du droit d'association des locataires par le propriétaire peut même servir de motif à une réduction de loyer ! Une association de locataires s'est appuyée sur ce nouveau cadre légal pour faire la grève des loyers, ceux-ci étant versés en fiducie le temps des moyens de pression, afin de forcer le propriétaire à régler les problèmes d'insalubrité de l'immeuble [4] . Si les syndicats savent bien une chose, c'est que la force du nombre fait toute la différence devant un adversaire de taille.

Plusieurs appellent également à limiter la spéculation immobilière, à démarchandiser le logement et à considérer l'habitation comme un bien essentiel. Autrement dit, il faut cesser de considérer une maison ou un immeuble comme une façon de faire de l'argent ou d'accumuler de la richesse. En priorité, il apparaît fondamental de construire massivement des logements sociaux et communautaires, ce qui nécessite des investissements de la part des deux paliers de gouvernement.

À cet égard, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) propose de doubler la part de ce type de logement en 15 ans.

Le documentaire, Le dernier flip [5] relatait entre autres l'expérience de la ville de Burlington avec les fiducies foncières communautaires comme solution pour maintenir l'abordabilité en habitation. Il y aurait immobilier également lieu de serrer la vis aux plateformes comme Airbnb qui retirent des logements du marché locatif.

Ce ne sont pas les solutions qui manquent pour s'attaquer à la crise. Ce sont plutôt les embûches politiques qui risquent d'être fort nombreuses. Lorsque le Parti libéral du Canada a augmenté le taux d'inclusion du gain en capital dans son dernier budget, plusieurs propriétaires sont montés aux barricades pour dénoncer une mesure pourtant juste et équitable. En 2022, la proposition progressiste de Québec solidaire d'imposer davantage la richesse n'a pas été bien reçue par tout le monde.

La crise de l'habitation fait déjà des gagnants et beaucoup trop de perdants. Des débats de société devront avoir lieu sur les solutions à mettre de l'avant et surtout pour remettre en question les privilèges trop longtemps détenus par une minorité.

Chose certaine, toute stratégie sérieuse devra être ambitieuse et prévoir des investissements.

Dans tout ça, qui devra payer la facture ? Les ménages locataires qui font déjà les frais de cette crise ou tous les acteurs qui en ont tiré des bénéfices immenses ?


Les syndicats ont un rôle à jouer

Par l'action politique et des revendications pour de meilleures lois et des investissements massifs pour le logement social et communautaire, les syndicats jouent déjà un rôle pour régler la crise de l'habitation.

Cela dit, cet enjeu doit redevenir une priorité pour le mouvement syndical et des pressions politiques doivent s'exercer à Ottawa, à Québec ainsi que dans chaque municipalité. Bien qu'il revienne d'abord aux gouvernements de régler cette crise, les syndicats disposent de leviers d'action qu'ils peuvent mobiliser dès maintenant, particulièrement grâce à la négociation collective. Face aux difficultés de leurs membres, de plus en plus de syndicats aux États-Unis abordent la question du logement lors du renouvellement des conventions collectives.

Voici quelques exemples de ces innovations syndicales. Dans le secteur de l'éducation, certains syndicats exigent la conversion de bâtiments inutilisés pour loger leurs membres ou les familles d'élèves qui ne disposent pas d'un logement adéquat [6]. Dans d'autres cas, on demande la cession de certains terrains vacants pour y construire du logement social. De telles demandes s'inscrivent dans un courant où les négociations doivent simultanément viser l'amélioration directe des conditions de travail, mais aussi le bien-être de la communauté.

Le Culinar y Workers Union Local 226, qui représente des travailleuses et des travailleurs de casinos de la région de Las Vegas, a négocié un fonds pour le logement afin de favoriser l'accès à la propriété pour ses membres. Pour ce faire, le syndicat accorde un prêt sans intérêt pouvant atteindre jusqu'à 20 000$, ce qui donne un coup de pouce pour la mise de fonds ainsi que tous les frais afférents à l'achat d'une maison. Depuis son implantation en 2007, cette initiative a sou- tenu plus de 1 700 membres du syndicat. [7]

À Los Angeles, un syndicat de l'hôtellerie a proposé d'imposer une surtaxe de 7% sur les prix des chambres afin de construire du logement social et fournir des prêts à très faible intérêt aux membres qui ont de la difficulté à payer leur loyer [8].

En remontant plus loin dans le temps, on constate que les syndicats ont déjà été extrêmement ambitieux en matière de logement. Au Québec, la FTQ a proposé le projet Corvée Habitation afin de relancer la construction domiciliaire dans un contexte de ralentissement du secteur de la construction. Ce grand succès a pavé la voie au Fonds de solidarité FTQ, lequel collabore avec les acteurs du milieu pour favoriser la construction de logements communautaires et abordables. Aux États-Unis, des syndicats ont contribué à construire des immeubles afin de loger leurs membres et les populations les moins nanties. À New York, un syndicat de l'électricité a construit un complexe de 38 bâtiments (Electc hester) en 1949, lesquels abritent encore des membres syndiqués.

Partout dans le monde, les syndicats et les forces progressistes ont contribué à la construction de logements sociaux et communautaires afin que le profit n'entre plus dans l'équation. Face à l'ampleur des défis et au laxisme des gouvernements, peut-être est-il temps pour les syndicats de s'impliquer plus activement dans la mise en œuvre de solutions à la crise de l'habitation.


La vie chère vue par les syndicats affiliés

Anny Gilbert, conseillère au SCFP. Elle œuvre dans cinq secteurs (transport, municipal, santé, mixte, incendies) et dans plusieurs régions (Saguenay-Lac-Saint-Jean et Nord-du-Québec).

« Pendant de nombreuses années, on a obtenu du 2 % à 2,5 % par année d'augmentations salariales. Il n'y a pas eu d'enrichissement. Les membres ont donc des attentes élevées sur le plan monétaire et ils nous les manifestent. Mais pour obtenir de bonnes hausses salariales, il faut de la solidarité. Les membres l'ont bien compris et ça a donné des résultats grâce à la mobilisation des exécutifs et des membres. Ça a été positif pour la vie syndicale.

La dynamique de négociation a vraiment changé. On a des arguments qui sont justes parce que, comme tout le monde, on subit l'augmentation des prix quand on fait notre épicerie et qu'on paie notre hypothèque. Les employeurs sont conscients que des ententes sont rejetées malgré de bonnes augmentations et que c'est la réalité des milieux de travail. C'est sans compter que l'inflation est venue empirer les difficultés de rétention du personnel chez certains employeurs parce que les salaires ne sont pas attractifs. »

Marc-André Paré, représentant national au service au Bureau de Trois-Rivières pour Unifor

« Les membres sont déterminés à aller chercher des offres satisfaisantes. Je suis allé chercher plusieurs mandats de grève à 100 % ou proche de 100%. Quand l'employeur fait des offres salariales très basses, ils se disent que c'est ça qu'ils auraient eu s'ils n'étaient pas syndiqués. Ceux qui ne comprenaient pas à quoi servait un syndicat le comprennent un peu plus aujourd'hui.

Un de nos groupes est en grève depuis 16 semaines parce que les membres veulent un rattrapage salarial pour les trois grosses années d'inflation. Pendant le conflit, certains ont trouvé des jobines en attendant, mais d'autres se sont trouvé des emplois permanents. C'est un réel enjeu. »

Michel Thivierge, représentant syndical attitré à la négociation, Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce, section locale 500 (TUAC-500)

« Les prix augmentent de partout : le logement, l'essence, le panier d'épicerie et le transport. Je me promène beaucoup pour mon travail et c'est rendu une réalité à la grandeur du Québec. Se trouver un logement, c'est tout un défi. Et devenir propriétaire c'est devenu impensable avec les prix de l'immobilier.

On est dans le secteur alimentaire, mais aussi dans la transformation alimentaire, le secteur bancaire et l'hôtellerie. Peu importe le secteur, les gens sont inquiets de la perte du pouvoir d'achat. Même si l'inflation a commencé à descendre, ils ne voient pas la différence. Les salaires n'ont pas toujours suivi l'inflation des années de la pandémie et il y a une volonté pour un rattrapage salarial afin de maintenir le pouvoir d'achat. »

Appel à toutes et à tous

Est-ce que votre section locale ou votre syndicat a récemment négocié des clauses en lien avec le logement ? Si oui, contactez le service de la recherche de la FTQ qui s'intéresse de près à ces questions (recherche@ftq.qc.ca).


Des inégalités de patrimoine

Non seulement les ménages locataires doivent subir les aléas du marché du logement, mais plusieurs vivent dans la pauvreté, car le paiement du loyer occupe une place disproportionnée dans leurs dépenses. Ces inégalités sont aussi présentes pour la richesse. L'Observatoire des inégalités a également compilé des données qui montrent que les familles propriétaires disposaient en 2019 d'un patrimoine 20 fois plus élevé que celles qui sont locataires [9] . L'augmentation des prix de l'immobilier des dernières années combinée à la hausse du prix des loyers viendra inévitablement accentuer ces inégalités de patrimoine entre propriétaires et locataires.


Documentaire à venir

Les rencontres que nos dirigeants ont faites cet été seront bientôt disponibles dans un documentaire à visionner sur nos réseaux. Lors de ces échanges, les personnes qui travaillent dans les milieux communautaires ont eu l'occasion d'expliquer ce qu'elles observent sur le terrain depuis quelques mois. Le constat est inquiétant ; notre filet social se fragilise dangereusement. Si vous souhaitez en savoir plus sur la vie chère et ses impacts, suivez-nous sur nos différentes plateformes.

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[1] Calculs FTQ, Statistique Canada, Indice des prix à la consommation mensuel, non désaisonnalisé, Tableau 18-10-0004-01

[2] https://abc7news. com/san-francisco- teachers-affordable- housing-sfusd-cost-of- living/14005317/

[3] https://www.sf.gov/ news/new-legislation- tenant-organizing-and- tenant-associations

[4] https://onlabor.org/ january-16-2024/

[5] https://ici.tou.tv/ le-dernier-flip- demarchandiser-l-

[6] https://drive.google.com/ file/d/1hF5qenxpGnsd DjIEKG4TJmsIji-Hcrfw/ view ; https://www. thenation.com/article/ activism/chicago- teachers-union- homelessness/

[7] https://www.instagram. com/p/C8nh1YPI6An/ ?utm_source=ig_embed &ig_rid=8e6a312d-fe68- 4f0f-a70a-facfc16a364d

[8] https://www.npr.org/ 2023/10/15/1205976886/ a-hotel-workers-3-hour-commute-tells-the-story-of-las-housing-crisis-and-her-str

La réponse canadienne aux sans-abris est de l’ordre du crime contre l’humanité

22 octobre 2024, par Cathy Crowe — ,
Prodiguer un abri devrait être déclaré : « droit humain » et pas qu'un simple abri mais abri adéquat. Un autobus ne peut être qualifié d'abri adéquat. Tiré de Rabble.ca (…)

Prodiguer un abri devrait être déclaré : « droit humain » et pas qu'un simple abri mais abri adéquat. Un autobus ne peut être qualifié d'abri adéquat.

Tiré de Rabble.ca
Cathy Crowe, 8 octobre 2024
Traduction, Alexandra Cyr

Le mois dernier, j'ai écrit sur les dangers et le jargon autour de l'itinérance dans notre langage. J'ai une nouvelle façon de voir.

Il y a 26 ans, le 8 octobre, des avocats.es déclaraient l'itinérance « désastre national ». La suite est de l'histoire, une mauvaise histoire. Les mauvais.es joueurs.euses des trois niveaux de gouvernement ont permis que l'itinérance empire de manière draconienne durant ces 26 ans. Il en résulte un désastre humanitaire dû à une négligence intentionnelle qui a causé de sévères maladies, des blessures et fait des centaines de morts prématurées. Cela s'appelle un meurtre social.

Les plus récents exemples de la négligence intentionnelle du gouvernement sont évidents dans les villes les plus importantes et les plus riches du pays.

Peut-on croire que Toronto ne peut trouver mieux comme abri que les autobus de la Toronto Transit Commission (TTC) ? Je crois que oui. Les élus.es de la ville pourraient ouvrir de véritables abris mais ne le font pas. Pourquoi ? Je pense que la mairesse, Mme Olivia Chow, attend l'argent du provincial.

Toronto a établi les plus bas standards en abris d'urgence de tout le pays. Je ne suis pas une avocate mais je pense que les décisions des hauts fonctionnaires de la ville et encore plus significativement celles de la mairesse et du conseil municipal devraient être considérées comme des crimes contre l'humanité. Ne rien faire est un refus de protéger la santé et la vie (des itinérants.es).

La solution de se servir des autobus comme abris n'arrive pas du tout au niveau des standards des Nations Unies dans ce domaine. Nulle part dans le monde on la considérerait comme une forme acceptable d'abri.

Un véritable abri doit comporter minimalement un lit, au moins un lit de camp, des provisions de bouche dont au moins un repas chaud par jour, des toilettes, des douches, un personnel qualifié et surtout (une obligation de) ne pas réveiller les gens pour qu'ils et elles quittent le refuge à cinq heures du matin. On peut se demander pour aller où ? On peut penser que pour éviter des abris dangereux, ont ait établi des standards d'hébergement. Ils sont là pour garantir le respect, la dignité des personnes tout en leur offrant la protection, les soins et l'attention.

Dans un autobus c'est impossible d'offrir cela aux personnes les plus vulnérable de la ville.

Les autobus chauffés, comme la ville les désigne, font maintenant partie de notre vocabulaire. Mais ce ne sont pas que des mots nous les intégrons comme des solutions à l'itinérance et c'est un problème dangereux.

Malgré des décennies de preuves que les refuges de la ville sont chroniquement à capacité, ses bureaucrates proposent de se servir des autobus pour retirer les itinérants.es des couloirs du métro et de les transporter vers des refuges. Si, et c'est un énorme « si » selon un fonctionnaire, les refuges sont pleins, les personnes sans-abris pourront passer la nuit dans les autobus. Ce programme a été baptisé « Transit Bus Initiative ».

Pour être honnête envers la TTC et la ville, les services en santé mentale, le soutien multidisciplinaire ont été introduit comme réponse aux problèmes plus larges de sécurité dans les transports en commun. Cela va de vérifications du bien-être, au support infirmier pour arriver à former le personnel des transports en commun sur les interventions de désescalade pour y assurer la sécurité.

Après la saison hiver-printemps 2023-24, d'utilisations des autobus chauffés comme refuge, la plupart des avocats.es, le public et les médias ont été sans nouvelles sur les résultats du programme ou sur les plans de la ville en vue des hébergements pour le futur.

Lors de sa réunion de juillet dernier, le TTC a tenu un discours sans grande cohérence à propos du TTC's Partnership Approach to Community Safety, Security and Well-being on Public Transit. Il traitait du temps de réponse de la police, de la vétusté du système PA, des coûts du programme des autobus chauffés, et comment minimiser la dépendance de la ville sur les refuges dans les transports pour la saison froide à venir.

Le personnel du TTC a rapporté qu'il avait coûté 1,200 millions de dollars entre autre pour la modification des véhicules, pour les contrats en sécurité, pour des toilettes amovibles et pour le chauffage. 5,900 prestations d'aide ont été effectuées et pas qu'à des individus, seulement 296 personnes ont été transportées avec succès vers des refuges ou des centres chauffés. Il y avait rarement de la place. Au point de départ on prévoyait deux autobus pour passer à six puis à 8 avec un achalandage de 62 personnes demeurant dans les autobus au plus fort de la demande. Comme le déclarait la conseillère municipale également membre du conseil d'administration du TTC, Dianne Saxe : « c'était surement une très piètre qualité d'hébergement ».

Ce qui est préoccupant, c'est que nous n'avons rien su des impacts humains, à propos du genre, de l'âge, de la race, de l'accessibilité ou sur les soins de santé nécessaires et sur où les gens ont été dirigés ailleurs à cinq heures du matin. Ces renseignements n'ont pas été recueillis. Et le silence des partenaires qui dispensent les services dans les autobus chauffés est encore plus inquiétant. Pour ce que j'en sais, personne n'a exprimé de préoccupations sur le caractère inadéquat du programme, sur les besoins de refuges à caractère humain. Aucune de ces agences n'a été présente à la réunion du TTC en juillet.
Le conseiller municipal, Paul Ainslie, qui est aussi membre du conseil d'administration du TTC et qui détient une réputation enviable de suivi des informations pour tenir la ville responsable avec des données a exprimé sa frustration, avait fait adopter six mois plus tôt, une résolution au Conseil municipal qui exige que les données liées à l'utilisation des autobus (comme refuge), soient incorporées à celles des refuges de la ville. Mais rien n'a été fait. (P. Ainslie est responsable de la collecte des données sur les décès de sans-abris à Toronto).

Comme c'est souvent le cas, les décisions des instances civiles sont transformées ou reportées. Dans le cas présent, il s'agissait de revoir les comptes rendus depuis octobre précédent en rapport avec « des options pour minimiser la dépendance (de la ville) envers le système de transport en commun du TTC pour offrir des refuges durant l'hiver 2024-25 ». J'aurais préféré qu'on écrive : « Communiquer au Toronto Shelter and Support Services que le TTC n'est pas un dispensateur de service adéquat et qu'il est incapable de donner les services requis à l'avenir ».

En septembre, j'ai reçu un rapport de Transit Bus Initiative Usage, qui montre que 100 refuges avec des lits pourrait être disponibles immédiatement. Mais nous le savions déjà. Alors que les autobus recevaient des gens tous les soirs, j'ai colligé quelques données pour démontrer les besoins`

25 décembre : 14 personnes sont restées dans l'autobus. Je me demande si elles ont reçu leur part de souper à la dinde.

14 février : 64 personnes sont restées dans les autobus.

18 février : 90 y sont restées.

21 mars : 82 personne y sont également restées.
Cela donne une idée de l'achalandage. Évidemment le logement est la solution à long terme. Mais pour le moment, on peut fournir de véritables refuges et Toronto devrait prendre la tête des droits humains au refuge.

Pour la mairesse Olivia Chow et son équipe, les possibilités de créer des refuges sont presque infinies : utiliser les ressources municipales comme les centres communautaires ou les écoles non occupées, exproprier des propriétés pour les transformer en refuges, se servir d'un quatrième Sprung dome qui est déjà utilisé depuis quatre ans dans la ville comme lieu de relaxation, allouer un site pour un projet pilote de « Two-Step Homes » avec ses cabines communautaires, demander au gouvernement fédéral l'autorisation de se servir d'un de ses sites, sortir le personnel municipal des édifices municipaux pour convertir les salles de réunion en abris, louer ou exproprier les espaces de condominium vides pour y installer des refuges, en faire autant dans les salles de la Légion ou les édifices du Centre de l'exposition nationale canadienne.

Cessons de ne faire des plans que pour des refuges pour l'hiver à venir. Soyons créatifs.ives et déclarons que l'abris adéquat est un droit humain.

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Au-delà de la fin des fossiles, quel type de « sobriété » la résoudra ?

22 octobre 2024, par Marc Bonhomme — ,
Un article de la revue savante de l'American Institute of Biosciences s'introduit par le cri d'alarme : « Nous sommes au bord d'une catastrophe climatique irréversible. Il (…)

Un article de la revue savante de l'American Institute of Biosciences s'introduit par le cri d'alarme : « Nous sommes au bord d'une catastrophe climatique irréversible. Il s'agit sans aucun doute d'une urgence mondiale. Une grande partie du tissu même de la vie sur Terre est en péril. Nous entrons dans une nouvelle phase critique et imprévisible de la crise climatique. […] Nous avons maintenant amené la planète à des conditions climatiques jamais observées par nous ou par nos parents préhistoriques du genre Homo. »

On répertorie dans cette étude une quarantaine de graphiques dont la grande majorité montre une croissance confinant au dérapage vers la terre-étuve. Comme le PIB mondial, la consommation de viande ne cesse de croître pendant que la perte de couverture forestière se maintient à un niveau élevé après avoir doublé en 20 ans et que les subventions aux énergies fossiles ont grimpé en flèche depuis 2020. Le résultat attendu en sont des émissions de gaz carbonique, de méthane et d'oxyde nitreux sans cesse croissants mais en plus à un taux croissant (graphiquement les courbes non seulement vont vers le haut mais aussi se courbent vers la gauche) ce qui se conclue en une courbe semblable à ce qui a trait à la hausse de la température de la surface terrestre même si la rigueur statistique ne permet pas de conclure selon une étude en ce sens. De commenter Carbon
Brief
:

Toutefois, certains scientifiques ont remis en question les méthodes utilisées dans l'étude. Richard Allan, professeur de sciences du climat à l'université de Reading, a déclaré que les données relatives au réchauffement de la surface utilisées dans cette étude sont « influencées par la variation naturelle ». Selon lui, « lorsque toutes les sources de données sont examinées de près » - telles que les données satellitaires et les mesures océaniques – « il est évident que le changement climatique s'accélère au lieu de se poursuivre de manière régulière ». Zeke Hausfather, collaborateur de Carbon Brief pour les sciences du climat, a publié au début de l'année une vérification des faits sur l'accélération du réchauffement climatique. Après avoir évalué les observations et les résultats des modèles climatiques, il a conclu qu' « il y a de plus en plus de preuves d'une accélération du rythme du réchauffement au cours des 15 dernières années ».

Là est la catastrophe climatique ce qui fait qu'« [e]n 2023, plusieurs records historiques de température et d'étendue de glace ont été battus par des marges énormes. Les températures de surface de la mer à l'échelle mondiale et dans l'Atlantique Nord ont été bien supérieures à leurs moyennes pour la période 1991-2024 pendant la majeure partie de l'année, une tendance qui s'est poursuivie jusqu'en 2024. » À ces records il faut ajouter une augmentation ininterrompue de la température, de l'acidité et du niveau des océans et une diminution tout aussi constante de la masse des glaciers pendant que sur la terre ferme les incendies de forêts et les inondations faisaient de même.

L'abrupte fin (temporaire ?) de l'absorption de la moitié des émissions de carbone

Les conséquences immédiates sur l'accélération du réchauffement planétaire risquent d'être drastiques. Normalement, « les océans, les forêts, les sols et les autres puits de carbone naturels de la planète absorbent environ la moitié [Je souligne, NDLR] de toutes les émissions humaines. » Mais…

En 2023, année la plus chaude jamais enregistrée, les résultats préliminaires d'une équipe internationale de chercheurs montrent que la quantité de carbone absorbée par les terres s'est temporairement effondrée. Au final, les forêts, les plantes et les sols n'ont pratiquement pas absorbé de carbone. Des signes d'alerte se manifestent également en mer. Les glaciers du Groenland et les calottes glaciaires de l'Arctique fondent plus vite que prévu, ce qui perturbe le courant océanique Gulf Stream et ralentit la vitesse à laquelle les océans absorbent le carbone. Quant au zooplancton mangeur d'algues, la fonte de la glace de mer l'expose davantage à la lumière du soleil, ce qui, selon les scientifiques, pourrait le maintenir plus longtemps dans les profondeurs, perturbant ainsi la migration verticale qui permet de stocker le carbone au fond des océans. […]

Seule une grande forêt tropicale humide - le bassin du Congo - reste un puits de carbone important qui absorbe plus de carbone qu'il n'en rejette dans l'atmosphère. Exacerbé par le phénomène climatique El Niño, la déforestation et le réchauffement climatique, le bassin de l'Amazone connaît une sécheresse record, avec des cours d'eau à un niveau historiquement bas. L'expansion de l'agriculture a transformé les forêts tropicales humides de l'Asie du Sud-Est en une source nette d'émissions ces dernières années. Les émissions provenant des sols - qui constituent le deuxième réservoir actif de carbone après les océans - devraient augmenter de 40 % d'ici la fin du siècle si elles se poursuivent au rythme actuel, car les sols deviennent plus secs et les microbes les décomposent plus rapidement. […] Les forêts boréales, qui abritent environ un tiers du carbone terrestre et s'étendent sur la Russie, la Scandinavie, le Canada et l'Alaska, ont vu la quantité de carbone qu'elles absorbent chuter de plus d'un tiers en raison des épidémies de coléoptères liées à la crise climatique, des incendies et du défrichement pour l'exploitation du bois.

Tout comme la croissance vertigineuse des feux de forêts n'est pas prise en compte dans les statistiques nationales d'émanations de GES qui régissent les plans nationaux des COPs climatiques, les modèles théoriques de réchauffement futur les minimisent tout en maximisant la capacité de la nature de les absorber :

Bon nombre des derniers modèles de systèmes terrestres utilisés par les scientifiques intègrent certains des effets du réchauffement climatique sur la nature, en tenant compte d'impacts tels que le dépérissement de l'Amazonie ou le ralentissement des courants océaniques. Mais les événements qui sont devenus des sources majeures d'émissions ces dernières années n'ont pas été intégrés, affirment les scientifiques. « Aucun de ces modèles n'a pris en compte des pertes telles que des facteurs extrêmes qui ont été observés, comme les incendies de forêt au Canada l'année dernière, qui ont représenté six mois d'émissions fossiles aux États-Unis. Deux ans auparavant, nous avions écrit un article qui montrait que la Sibérie avait perdu la même quantité de carbone », explique M. Ciais [chercheur au Laboratoire français des sciences du climat et de l'environnement, auteur de l'article le plus récent]. « Un autre processus absent des modèles climatiques est le fait que les arbres meurent de la sécheresse. Ce phénomène est observé et aucun des modèles n'intègre la mortalité due à la sécheresse dans leur représentation du puits terrestre », ajoute-t-il. « Le fait que ces facteurs soient absents des modèles les rend probablement trop optimistes ».

La COP16 sur la biodiversité de Cali, après celle de Montréal, s'annonce un échec

Il ne faut pas non plus croire que les gouvernements du monde se précipitent pour corriger cette gigantesque faille ce pour quoi la COP16 sur la biodiversité leur fournirait l'occasion :

Selon une nouvelle analyse, plus de 80 % des pays n'ont pas présenté de plans pour respecter un accord des Nations unies visant à mettre un terme à la destruction des écosystèmes de la planète. Il y a près de deux ans, le monde a conclu à Montréal, au Canada, un accord unique en son genre qui prévoyait notamment de protéger 30% des terres et des mers pour la nature, de réformer des milliards de dollars de subventions néfastes pour l'environnement et de réduire l'utilisation des pesticides. Les pays se sont engagés à présenter leurs plans pour respecter l'accord avant la Cop16 sur la biodiversité qui débute ce mois-ci à Cali, en Colombie, mais seuls 25 pays l'ont fait. Les 170 autres pays n'ont pas respecté le délai.

Faut-il s'étonner que les populations d'animaux sauvages aient décliné de 73 % en moyenne en 50 ans « selon le rapport de référence du Fonds mondial pour la nature (WWF) publié jeudi, à quelques jours de la COP16 Biodiversité en Colombie. » Faut-il se surprendre que l'ONG Climate Action Tracker, réputée pour le sérieux de ses analyses eu égard à la réalisation des plans nationaux des COPs climatiques, considère qu'il n'y a pas un seul pays ayant un plan national compatible avec l'accord de la COP de Paris pour ne pas dépasser 1.5°C. Elle calcule que seulement six pays font des efforts presque suffisants pour y arriver dont quatre pays africains ayant au départ un bilan GES au bas de l'échelle et la Norvège qui finance son électrification d'avant-garde par de massives exportations de pétrole que les bilans nationaux ne prennent pas en compte. Tous les autres pays dotés de plans nationaux font des efforts insuffisants ou pire encore.

La demande d'électricité croît plus vite que les renouvelables : les GAFAM y voient

Pourtant une certaine brume médiatique prédit que « [n]ous sommes en bonne voie pour voir toutes les énergies fossiles atteindre leur pic avant 2030 ». Peut-être mais la réalité soulignée par cette même Agence internationale de l'énergie (AIÉ) est plutôt que « [l]a demande mondiale d'électricité devrait augmenter fortement cette année [2024] et l'année prochaine, reflétant le rôle croissant de l'électricité dans les systèmes énergétiques du monde entier ». L'énergie dite renouvelable n'y suffira pas car « [m]algré la forte augmentation des énergies renouvelables, la production mondiale d'électricité à partir de charbon ne devrait pas diminuer cette année en raison de la forte croissance de la demande, en particulier en Chine et en Inde. »

La cause n'en est pas le branchement des ménages pauvres des pays dépendants comme le souligne la Banque mondiale car « [l]'accès à l'énergie régresse pour la première fois en dix ans » :

Le nouveau rapport vient confirmer que le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'électricité a augmenté pour la première fois en plus d'une décennie, pour atteindre 685 millions d'habitants en 2022 (soit 10 millions de plus qu'en 2021). […] Par ailleurs, le nombre de personnes qui n'ont toujours pas accès à des combustibles et techniques de cuisson propres a globalement stagné, pour s'établir à 2,1 milliards d'habitants en 2022. Le recours à des moyens de cuisson rudimentaires a des répercussions de grande ampleur sur la santé, les conditions de vie des femmes et l'environnement…

D'où vient alors ce surgissement de la demande ? Selon l'AIÉ, « [l]a demande mondiale d'électricité augmente à son rythme le plus rapide depuis des années, sous l'effet d'une croissance économique soutenue, de vagues de chaleur intenses et de l'adoption croissante de technologies fonctionnant à l'électricité, telles que les véhicules électriques et les pompes à chaleur. » On constate que le chien court après sa queue. En particulier, toujours « [s]elon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), en combinant l'IA [Intelligence artificielle] et le secteur des cryptomonnaies, les centres de données ont consommé près de 460 TWh d'électricité en 2022, soit 2 % de la production mondiale totale. » Et l'avenir ne s'annonce pas radieux car « [l]es émissions des centres de données sont probablement 662 % plus élevées que ce que prétendent les grandes entreprises technologiques » suite à leur « comptabilité créative ». La pression de cette dernière demande sera à ce point forte que les Google, Microsoft et Amazon mobilisent d'entières centrales nucléaires, dont celle de Three Mile Island qui sera réouverte pour l'occasion, et commandent toute une série de mini-réacteurs nucléaires, une technologie non encore éprouvée.

Il n'y a pas que les GAFAM et le gouvernement des ÉU (et de la France et du Japon et de la Russie et de la Chine…) qui misent sur la fausse solution de l'énergie nucléaire. L'Ontario suit la même logique : « Pour répondre à l'augmentation annuelle de la demande d'électricité de la province, qui pourrait atteindre 1,7 %, il est prévu d'ajouter des turbines fonctionnant au gaz naturel, de remettre en état d'anciens réacteurs nucléaires et de développer de petits réacteurs modulaires (SMR). » Le Québec a beau avoir laisser tomber l'énergie nucléaire, quoique la CAQ a mis un bémol sur cette décision, il est dans la même ligue : « Dans son sixième avis, déposé le 3 juillet [2024], le Comité consultatif sur les changements climatiques [CCC] demeure formel. À l'échelle internationale, l'action climatique reste largement insuffisante et, sans accélération des efforts, nous ne pourrons plus limiter le réchauffement à 1,5 °C, voire à 2,0 °C. ‘‘La situation du Québec ne fait pas exception : l'évolution des émissions de GES sur le territoire québécois ne s'inscrit pas dans une trajectoire sobre en carbone et en énergie'' ». L'insatisfaction de ce comité, pourtant mis sur pied par la CAQ en 2021, est à ce point que trois de ses éminents membres ont démissionné durant la dernière année.

Faut-il un mouvement « gilets jaunes » pour obtenir la « sobriété » de la CAQ ?

Suffit-il cependant de se référer à la « sobriété » pour blâmer la CAQ comme le fait le CCC ? Après tout le ministre de l'Environnement du Québec s'y réfère lui aussi. Il ne faut pas se surprendre de cette récupération car la sobriété est un concept moral — à part quelques huluberlus qui oserait la dénoncer ? — tout à fait apolitique. Ce n'est du tout le cas de la « décroissance matérielle » intrinsèquement anticapitaliste de par l'opération croissanciste de la loi de la compétition entre les capitaux. Pour viser cette sobriété nébuleuse « [l]e Comité pointe notamment en direction du système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de GES (SPEDE) — ou Bourse du carbone — et des diverses mesures d'écofiscalité, qui n'ont pas donné un signal de prix suffisant pour induire la réduction nécessaire des émissions de GES ». Le CCC propose « de majorer la tarification carbone et d'accentuer le recours à l'écofiscalité. ‘‘Jusqu'à présent, le gouvernement a surtout privilégié l'aide financière, mais le Comité insiste sur les limites de cette approche et recommande des mesures plus contraignantes pour accélérer la transition.'' »

Voilà une excellente stratégie pour provoquer un mouvement de type Gilets jaunes. Manque au CCC une vision de classe. Une chose est de pénaliser les grandes et moyennes entreprises — encore là il faut mettre en échec la fuite des capitaux permis par les accords de libre-échange — et la consommation luxueuse des riches. Une autre est par le SPEDE ou par une taxe carbone de frapper M. et Mme Tout le monde. Par exemple, une telle taxe ou un péage anti-automobile, en l'absence d'un système de transport en commun fréquent, confortable, partout et gratuit prend en souricière les personnes usagères à qui on impose le dilemme de la fin du mois versus la fin du monde. Idem pour le ménage qui n'a pas les moyens de contrer la rente foncière des logements centraux, et peu propice aux familles, et qui doit de ce fait, faute de logements sociaux écoénergétiques pour tout le monde, s'exiler dans une maison unifamiliale ou en rangée de la banlieue.

Ni bioéconomie ni extractivisme tout-électrique mais décroissance matérielle

Se pourrait-il que la bioéconomie, qui bannit les énergies fossiles mais sans remettre en cause la croissance, puisse régler le problème ? C'est cette solution, complément du tout-électrique des énergies renouvelables ou même à la limite son substitut par la biomasse énergétique, que suggérait l'émission agricole de RadioCanada, La semaine verte, du 12 octobre dernier, intitulée Bioéconomie : Mirage ou solution. Dans l'émission, l'éminent écologiste radical canadien-anglais David Suzuki jouait le rôle d'avocat du diable face à tous les experts qui prêchaient la bioéconomie. Sa réfutation de cette solution effleurait une critique anticapitaliste :

Il faut abandonner les combustibles fossiles au plus vite.

La croissance est devenue le moteur de notre économie mais on ne peut pas croître indéfiniment. On doit amorcer une décroissance économique. Si l'objectif de la bioéconomie est de consommer plus de ressources issues de la nature rien ne va changer.

Avec la bioéconomie, si le bois devient la ressource principale, on crée le même problème. On libère du carbone. On va vouloir accélérer la croissance des arbres [sans oublier leur déperdition par la maladie et les feux provoqués par le réchauffement, NDLR]. On ne peut pas imposer le rythme humain à la nature.

…notre système économique est construit autour du principe que l'homme est au sommet… On a aucune considération pour les lois de la nature. Il est trop tard pour penser qu'on pourrait accélérer la croissance des arbres et des algues. Il faut absolument réduire notre consommation.

L'espoir est devenu une espèce d'opium. La réalité est qu'on a eu des avertissements à répétition.

Les gens disent qu'on a tué la planète. Pas du tout. La nature va se perpétuer. Elle s'en est très bien tirée sans nous et poursuivra son œuvre bien après nous.

On pourrait plaider que la production circulaire, au cœur de cette émission, règle tout en recyclant tout. Comme alternative, cette production ne répond ni au besoin supplémentaire de ressources exigé par la croissance ni à l'exigence de rentabilité — les matières vierges sont souvent meilleur marché — ni à la voracité énergétique et polluante du recyclage. Par contre, dans le cadre d'une stratégie de décroissance matérielle, la circularité devient un moyen indispensable, après avoir assuré les principes de la réduction et de la réutilisation ou réparation, afin de recycler non pas seulement la consommation matérielle courante nécessaire pour pourvoir les services publics mais aussi l'amas de déchets abandonnés par la société de consommation de masse.

Font défaut aux propos pertinents de David Suzuki — on ne pouvait pas tout dire en quelques commentaires — l'explication de la rupture métabolique entre le capitalisme nécessairement croissanciste et l'opération des lois de la nature. De l'autre côté du miroir manque surtout l'alternative d'une société écosocialiste de décroissance matérielle qui permet plus de bien-être avec moins de consommation, et par le fait même d'accumulation de capital. Cette apparente contradiction se résout par la croissance, si l'on peut dire, du temps libre libérateur et de la solidarité « désanxiogène » et non pas par quelque miracle technologique qui ne ferait que déplacer le problème.

Le capitalisme, conscient du danger que pose cette solution évidente et bon marché, y oppose la fausse alternative de la réduction de la consommation populaire de masse, en y ajoutant l'austérité des services publics, mais de la continuelle accumulation sur la base de la géo-ingénierie, dont la capture et la séquestration du gaz carbonique, et de l'extractivisme tout-électrique. Sans compter la multiplication des guerres qui non seulement avalent de gargantuesques ressources et causent d'indicibles souffrances mais aussi par leur paroxysme anxiogène détournent l'attention de l'humanité de la course folle vers la terre-étuve.

Marc Bonhomme, 20 octobre 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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L’élection américaine échappe à tout pronostic

22 octobre 2024, par Dan La Botz — ,
À un peu plus de deux semaines de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, qui opposera la vice-présidente Kamala Harris à l'ancien président Donald Trump, la (…)

À un peu plus de deux semaines de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, qui opposera la vice-présidente Kamala Harris à l'ancien président Donald Trump, la compétition reste trop serrée pour être tranchée. Diverses questions, allant des théories du complot aux tentatives d'assassinat, compliquent la campagne et, parfois, embrouillent et induisent en erreur à la fois les électeurEs et les enquêteurEs.

Hebdo L'Anticapitaliste - 725 (17/10/2024)

Par Dan La Botz

Crédit Photo
Gage Skidmore - CC BY-SA 2.0

En septembre et octobre, le Sud-Est a été frappé par les ouragans Helene et Milton, dont les vents violents et les pluies torrentielles ont causé d'énormes destructions de maisons et d'entreprises, d'autoroutes et de ponts, et fait un certain nombre de victimes. On aurait pu espérer que la société s'unisse face à un tel désastre. Mais non.

Les ouragans, au cœur du déni politique… et des théories complotistes

Des conspirationnistes de droite, dont la députée Marjorie Taylor Green, ont affirmé que le gouvernement américain, c'est-à-dire Biden et Harris, contrôlait la météo et utilisait la tempête pour attaquer ces États majoritairement républicains, perturber le vote et voler l'élection à Trump. D'autres ont affirmé que le gouvernement, après avoir fabriqué ou dirigé les ouragans, prévoyait de s'emparer des terres pour y extraire du lithium. Ces théories sont devenues virales sur les médias sociaux et ont donné lieu à des menaces, y compris de mort, à l'encontre des secouristes fédéraux et des météorologues qui annoncent le temps qu'il fera et en rendent compte. Alors que certainEs sont en deuil, que d'autres sont blesséEs, que beaucoup n'ont plus de maison ou n'ont plus d'électricité, Mme Harris estime apparemment que ce n'est pas le moment de parler du changement climatique.

Trump lui-même a affirmé que Biden et Harris avaient ignoré les États frappés par les ouragans – déniés par leurs gouverneurs républicains – et que le gouvernement fédéral ne donnait que 750 dollars aux victimes des catastrophes, ce qui est faux. Il s'agissait simplement d'un paiement d'aide d'urgence.

Trump, menacé, récolte moins d'argent que Harris

Il y a ensuite la question de la sécurité. Au cours des quatre derniers mois, des Américains ont tenté à deux reprises d'assassiner M. Trump, et les services de renseignement américains ont pu vérifier que l'Iran avait l'intention d'assassiner M. Trump. Il est donc compréhensible que M. Trump ait des préoccupations en matière de sécurité et qu'il ait exigé davantage de protection, notamment de la part de l'armée américaine, et qu'il ait même demandé un avion militaire. Des demandes qui sortent de l'ordinaire pour la protection d'un candidat. Dans le même temps, Trump a suggéré, et nombre de ses partisans ont accepté l'idée, que les démocrates étaient à l'origine des tentatives d'assassinat.

Des rapports indiquent que Trump est en colère parce que ses donateurs n'ont pas versé plus d'argent. Harris, quant à elle, est inondée d'argent. Elle a collecté plus d'un milliard de dollars et semble disposer de plus de 100 millions de dollars de plus que Trump. L'argent sert à financer la publicité à la télévision, à la radio et sur les réseaux sociaux, le personnel et les opérations sur le terrain, c'est-à-dire le démarchage à domicile.

Érosion du soutien des électeurEs noirEs, hispaniques et arabo-américainEs à Harris

Mme Harris s'inquiète toutefois de la conquête des électeurs noirs et hispaniques. Au cours des trois dernières élections, les démocrates ont perdu des électeurEs noirEs et hispaniques au profit du Parti républicain et en particulier de Donald Trump. Un sondage du New York Times révèle que Mme Harris a perdu du terrain parmi les électeurEs noirEs, en particulier les jeunes électeurEs, ceux qui n'ont pas de diplôme universitaire et les hommes noirs. Aujourd'hui, 15 % des électeurEs noirEs soutiennent Trump. Mme Harris a également perdu du terrain auprès des électeurEs hispaniques, dont 37 % soutiennent aujourd'hui Trump. La majorité des électeurEs noirEs et hispaniques soutiennent toujours Harris, de même que toutes les organisations noires et hispaniques importantes ; néanmoins, Harris a subi une sérieuse érosion de son soutien.

Il y a aussi le problème des électeurEs arabo-américainEs qui se sont éloignéEs de Mme Harris en raison de son soutien à Israël et à sa guerre génocidaire contre Gaza. Un sondage réalisé il y a un mois auprès des 206 000 électeurEs musulmanEs et arabes du Michigan a révélé que 40 % d'entre eux préféraient la candidate du parti vert Jill Stein, 18 % préféraient Trump et seulement 12 % préféraient Harris. Les Verts sont un parti de gauche, mais les votes en faveur de Jill Stein pourraient entraîner l'élection de Trump.

Beaucoup d'entre nous, à gauche, ont du mal à soutenir l'un ou l'autre candidat, mais beaucoup d'entre nous voteront pour Harris afin d'arrêter Trump.

Dan La Botz, traduction par la rédaction

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COP16 biodiversité : en Colombie, les Amérindiens veulent mettre les projecteurs sur l’Amazonie

22 octobre 2024, par Emilien Perez — ,
La Colombie entend donner à la COP16 sur la biodiversité, qui débute ce lundi 21 octobre à Cali, l'étoffe d'une “COP du peuple”, en plaçant les populations autochtones au (…)

La Colombie entend donner à la COP16 sur la biodiversité, qui débute ce lundi 21 octobre à Cali, l'étoffe d'une “COP du peuple”, en plaçant les populations autochtones au centre des débats. Ces dernières veulent profiter de l'occasion pour faire de la préservation de l'Amazonie une priorité.

21 octobre 2024 | tiré de Courrier international | Photo : Un indigène brésilien photographié le 20 octobre 2024 au Pacific Event Center, le site de la COP16, près de Cali, en Colombie. PHOTO JOAQUIN SARMIENTO/AFP
https://www.courrierinternational.com/article/environnement-cop16-biodiversite-en-colombie-les-amerindiens-veulent-mettre-les-projecteurs-sur-l-amazonie_223595

Généralement, les Conférences des parties (COP) sur la biodiversité sont des sommets de l'ONU où les grandes décisions se prennent entre États, à porte fermée, pratiquement sans prise en compte de la société civile. Mais, cette année, les peuples autochtones espèrent peser de tout leur poids sur la COP16, qui se tient du 21 octobre au 1er novembre à Cali, en Colombie. Et c'est aussi la couleur que le gouvernement colombien veut donner à l'événement, à en juger par le surnom que lui a donné le président, Gustavo Petro : “COP du peuple”.

L'un des enjeux majeurs de cet événement est l'Amazonie, la forêt primaire aux 7 millions de kilomètres carrés que partage ce pays avec 8 autres nations. Pourtant, le président ne lui a pas consacré un mot lors de son discours d'inauguration, le dimanche 20 octobre, au terme d'une émouvante cérémonie au cours de laquelle Amérindiens et afrodescendants ont rappelé les liens étroits qui les unissent à la nature.

Le chef de l'État a chargé, pêle-mêle, les ultra-riches qui rêvent d'aller sur Mars, l'économie de marché et l'intelligence artificielle, en assurant “qu'il est illusoire de nier que l'extinction de la biodiversité et de la vie a déjà débuté”, et qu'il faudra “une révolution” pour en finir avec l'ère néolibérale, relate le journal El Espectador.

Reconnaissance du rôle clé des Amérindiens

Mais les peuples autochtones ne désespèrent pas de faire entendre leur demande de financement, en lien avec le rôle fondamental qu'ils jouent dans la conservation de la biodiversité, ainsi qu'une plus grande protection face aux menaces extérieures “et, surtout, la reconnaissance de leurs droits sur les terres qu'ils habitent depuis des générations”, assure l'agence Inter Press Service.

Car en Colombie les zones où la biodiversité est le mieux conservée sont généralement habitées par des peuples amérindiens. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Petro leur a concédé, quelques jours avant la COP16, le statut d'autorité environnementale, rapporte El Colombiano
.
La guerre avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) en toile de fond

Au départ, Cali était loin d'être la ville favorite pour accueillir ce sommet auquel assistent 14 chefs d'État, plus de 100 ministres de l'Environnement et 18 000 autres personnes. Mais le tremblement de terre survenu en 2023 en Turquie, pays qui devait présider l'événement, a rebattu les cartes. Et le gouvernement de Petro semblait alors cocher toutes les cases pour que la Colombie devienne le nouvel hôte de cet événement né en 1992 à Rio, en même temps que les COP annuelles sur le climat, et celles sur la désertification (bisannuelles).

Le slogan officiel choisi par la Colombie, “Faire la paix avec la nature”, peut toutefois sembler ironique, dans la mesure où la guerre a repris pratiquement dans toute la Colombie, faisant exploser le déboisement dans les zones que dominent des dissidents ayant refusé de se soumettre à l'accord de paix signé en 2016 avec les Farc. Ce qui explique la présence de milliers de policiers et de militaires censés garantir la sécurité lors de l'événement.

Dans ce contexte, l'autre grand enjeu de la COP au niveau régional sera de “parvenir à définir une feuille de route commune à tous les pays de l'Amazonie afin de définir un plan pour traiter les problèmes majeurs en matière de déforestation, d'exploitation minière illégale, d'abattage illégal et d'expansion de la frontière agricole”,explique à La Silla Vacía Andrés Santiago Arroyave, spécialiste de l'environnement de l'Université nationale de Colombie. Mais aussi d'allouer des ressources au reboisement des milliers d'hectares qui perdent leur flore chaque année.

Instaurer des zones protégées sur 30 % de la planète

Le journal El Heraldo détaille les objectifs de la COP au plan international :

“L'accent sera mis sur la mise en place de l'accord de Kunming-Montréal, adopté lors du dernier sommet, au Canada, dont l'objectif principal est de protéger 30 % de la planète (zones terrestres, marines et d'eau douce), en les convertissant en zones protégées d'ici à la fin de la décennie, et de restaurer 30 % des écosystèmes dégradés.”

La situation actuelle ne pousse cependant pas à l'optimisme. Sur les 195 pays ayant signé cet accord, seuls 25 ont publié leurs “stratégie et plan d'action nationaux pour la biodiversité”.

Lire aussi : Biodiversité. COP16 : la grande majorité des pays n'ont pas transmis leur feuille de route

Et d'après une enquête du Paulson Institute menée en 2021, entre 120 000 et 140 000 millions de dollars sont investis chaque année dans la conservation de la biodiversité, alors qu'il faudrait 700 000 millions de plus chaque année pour inverser son déclin d'ici à 2030.

Ce sera donc à la Colombie, l'un des pays qui abritent la plus grande biodiversité au kilomètre carré – avec 311 écosystèmes continentaux et marins –, de trouver la clé pour mettre en place “un programme politique fondé sur le rassemblement de pays extrêmement divers afin de donner autant d'importance à la biodiversité qu'à l'urgence climatique globale”, conclut le journal El Espectador.

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12 juges pour trouver les fantômes de Sortons les radios-poubelles qui hantent RNC Media

22 octobre 2024, par Coalition Sortons les radio-poubelles de Québec — , ,
Ça fait donc 3 ans que RNC persécute judiciairement 5 personnes, 4 hommes et une femme, qu'elle croit liées à la Coalition. De Coalition Sortons les radio-poubelles de (…)

Ça fait donc 3 ans que RNC persécute judiciairement 5 personnes, 4 hommes et une femme, qu'elle croit liées à la Coalition.

De Coalition Sortons les radio-poubelles de Québec , le 2024-10-16

Paradis, Émond, Michaud, Dallaire, Samson, Geoffroy, Bouchard, Gagnon, Hardy-Lemieux, Cantin, Soldevila et Moulin.

Ce sont les noms de tous les juges qui ont travaillé sur la poursuite de RNC contre la Coalition sortons les radios-poubelles depuis 2021.

Ça fait donc 3 ans que RNC persécute judiciairement 5 personnes, 4 hommes et une femme, qu'elle croit liées à la Coalition.

Ces personnes doivent se trouver des avocats, se déplacer au tribunal, subir des interrogatoires, bref endurer un stress inimaginable, mettre leur vie en suspens, non parce qu'elles ont commis des crimes. Mais parce que RNC les a pointées du doigt. À cause d'une lubie de ses propriétaires qui croient que des avocats et des juges pourront faire ce qu'ils n'arrivent pas à faire autrement : identifier les membres anonymes de la Coalition, ses mystérieux fantômes tourmenteurs.

Tout ça, alors que la Coalition sortons les radios-poubelles a cessé ses activités depuis 2023, et a fermé sa page Facebook depuis 2021.

RNC utilise les tribunaux de façon abusive.

« Rien ne soutient les affirmations de RNC quant à la possible commission d'un acte criminel dont auraient été victimes des tiers », avait pourtant noté la juge Alicia Soldevila, dans sa décision du 22 février 2024.

C'est typique du modus operandi de RNC. S'entêter à suivre une mauvaise voie envers et contre tous. Cette poursuite est frivole, non justifiée et embourbe des tribunaux déjà surchargés.

Et dans le secret. Le public ne peut pas participer aux jeux de coulisses de RNC. Lorsqu'un tiers a tenté de faire une « intervention amicale », le 31 mars 2023, le juge a refusé le débat.

De plus, rien n'apparaît dans les rôles. C'est pourtant d'intérêt public. Parce que la question en litige est importante : Peut-on critiquer une entreprise librement, oui ou non ?

RNC (Robert Ranger, Raynald Brière, Jean-Yves Gourd, Pierre R. Brosseau et Fernand Belisle) doit retrouver la raison et faire cesser ce cirque le plus tôt possible. C'est de l'acharnement et un abus de procédures.

RNC doit admettre qu'il est incapable d'attraper ses fantômes. Le tribunal, ce n'est pas Ghostbusters.

La Coalition sortons les radios-poubelles avait été fondée en 2012 pour observer et agir contre le racisme, le sexisme, l'homophobie et l'anti-journalisme ordinaire.


La Coalition sortons les radio-poubelles de Québec

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Nous sommes communautaires autonomes !

22 octobre 2024, par Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) — , ,
Saint-Jérôme, 17 octobre 2024 – Du 21 au 25 octobre 2024, nous célébrons l'action communautaire autonome et notre fierté d'être un moteur de progrès social, une locomotive qui (…)

Saint-Jérôme, 17 octobre 2024 – Du 21 au 25 octobre 2024, nous célébrons l'action communautaire autonome et notre fierté d'être un moteur de progrès social, une locomotive qui tire notre société vers une plus grande justice sociale et climatique.

En cette semaine nationale de l'action communautaire autonome (#SNACA), nous souhaitons rendre visible l'engagement des 4500 organismes communautaires et rendre hommage aux 54 000 personnes qui contribuent quotidiennement, bien souvent dans l'ombre, à améliorer les conditions de vie des personnes, des communautés et de la société.

« Nous sommes communautaires autonomes ! » est le thème porteur et rassembleur de cette 23e édition de la #SNACA. Nous existons dans les quatre coins du Québec, nous accompagnons des milliers de personnes de tout âge et de tout horizon, nous contribuons à construire une société plus juste et respectueuse du vivant et de par notre nature alternative et innovante, nous représentons un tremplin pour le changement. C'est ça, être communautaire autonome !

Cependant, avec le fractionnement des sources de financement, les projets non récurrents et les commandes et décisions ministérielles qui viennent contrecarrer les négociations établies en région, il est devenu de plus en plus exigeant pour les organismes communautaires autonomes de garder un esprit critique et de jouer leur rôle de transformation sociale. N'oublions pas toutes ces crises qui sévissent actuellement et affectent les populations du Québec. C'est dans ce paysage loin d'être rose que les organismes communautaires autonomes existent en 2024 et tentent sur tous les fronts — logement, alimentation, défense de droits, santé mentale et bien plus encore, de pallier au désengagement de l'État.

« Avec ces forces qui nous tirent et nous poussent de tous les côtés, nous avons besoin les unEs des autres pour rester ancréEs dans nos racines faites de nos membres et d'approches alternatives à celles d'un réseau qui, avec la nouvelle Agence Santé Québec, part résolument sous la gouverne d'intérêts privés, vers une centralisation des pouvoirs et une perte des espaces de consultations citoyennes » témoigne Sophie Dion, présidente du ROCL.

C'est pour se camper dans cette force collective et solidaire que plus de 75 organismes communautaires des Laurentides fermeront leurs portes, le 24 octobre prochain, comme moyen de revendication afin de faire reconnaître leur apport essentiel à la région. Le 24 octobre a été décrété comme la Journée régionale de reconnaissance des travailleuses et des travailleurs du milieu communautaire afin de rendre visible un travail trop souvent invisible.

« Nous sommes fièrEs d'être communautaire autonome, mais épuiséEs de réparer les pots cassés dans des conditions précaires avec de la colle bon marché, pendant que nos décideurs priorisent les intérêts privés au détriment d'une vision adéquate et préventive pour aborder les problèmes sociaux auxquels la population est confrontée » affirme avec vigueur Benoit Larocque, coordonnateur du ROCL.

Nous brillons par notre résilience, notre détermination et notre créativité à vouloir créer une société plus juste, verte et inclusive. En contrepartie, nous portons aussi le poids de la crise sociale et climatique sans précédent que traverse la planète actuellement.
Face aux différents enjeux vécus présentement par les groupes communautaires, d'autres solutions existent pour apporter des changements qui sont nécessaires. Dans un esprit de bien commun, nous souhaitons être entendus afin de contribuer à humaniser un peu plus notre monde. Notre place n'est plus à défendre et notre voix pour l'avenir de notre société compte plus que jamais. C'est ça, être communautaire autonome !

Le ROCL est un regroupement existant depuis près de 30 ans constitué de plus de 160 organismes communautaires autonomes qui œuvrent dans les Laurentides. Lieu de rassemblement pour les organismes de la région, il offre de la formation, de l'accompagnement et du soutien aux organismes du territoire afin de leur permettre de s'épanouir pleinement dans leurs racines communautaires. Il vise par son action, son approche et son rôle de représentation à faire rayonner l'identité des organismes communautaires autonomes et à opérer de profonds changements pour plus de démocratie, de solidarité et de justice sociale et climatique.

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Pour information :
Benoit Larocque / 450-438-8005
www.roclaurentides.com

P.J. Sur la photo, l'équipe de travail du ROCL.

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