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Allemagne. L’industrie automobile face à une crise systémique

12 novembre 2024, par Stephan Krull — , ,
[Le mercredi 6 novembre 2024 a éclaté une crise du gouvernement Ampel (feu tricolore : SPD, Grünen, FDP) portant sur la politique budgétaire. Un des éléments de cette politique (…)

[Le mercredi 6 novembre 2024 a éclaté une crise du gouvernement Ampel (feu tricolore : SPD, Grünen, FDP) portant sur la politique budgétaire. Un des éléments de cette politique porte sur le financement par le gouvernement de l'industrie automobile. Option choisie par le chancelier Olaf Scholz (SPD) à laquelle le ministre des Finances Christian Lindner (FDP) s'est opposé par un veto. Cela intervient alors que la crise de l'industrie automobile – composante centrale de l'industrie de l'Allemagne – s'affirme depuis quelques années, mais a éclaté avec force au premier semestre 2024. En effet, l'indice de production dans ce secteur a chuté de 7,9% sur un an, en juillet. Après une relance en août, en septembre le recul s'est de nouveau manifesté. C'est dans ce contexte que se pose, du point de vue d'une « orientation écosocialiste », le thème du futur de l'industrie automobile et d'une reconversion des modes de transport, dans ce pays de même qu'en Europe. C'est à cette interrogation que Stephan Krull, dans le cadre de la Fondation Rosa Luxemburg, répond en dessinant les lignes de force d'un programme à moyen terme. – Réd. A l'Encontre]

8 novembre 2024 tiré de alencontre.org
http://alencontre.org/europe/allemagne-lindustrie-automobile-face-a-une-crise-systemique.html

Les crises dans l'industrie automobile arrivent régulièrement, les intervalles entre elles se raccourcissent et elles deviennent plus violentes. Comme actuellement, il s'agit de la concurrence entre groupes, d'accès à marchés et de parts de marché, de l'édification puis de la destruction de capacités productives sur des sections de marchés en déclin.

Les crises ont tendance à éliminer des concurrents, à provoquer une tendance plus ou moins grande à la monopolisation et à la concentration et centralisation, à des restructurations de l'ensemble de l'appareil productif, comme annoncé en fin octobre 2024 chez Volkswagen [1]. La fermeture de l'usine Opel de Bochum (2014) et celle de l'usine Ford de Sarrelouis [début février 2024 est annoncé l'arrêt de production de la Ford Focus en novembre 2025, avec suppression de plus de 2000 emplois] sont des exemples du premier processus. La formation du groupe Stellantis [en 2021], avec Peugeot, Citroën, Opel, Fiat et Chrysler, est l'un des exemples de la concentration dans le secteur. Au cours des cinq dernières années, plus de 60'000 emplois ont été délocalisés ou détruits dans l'industrie de la sous-traitance, et de nombreux sites ont été abandonnés.

La crise est avant tout une crise de l'emploi (avec ses diverses facettes), pas une crise des profits. Les bénéfices réalisés l'année dernière par Volkswagen (22 milliards d'euros), Mercedes (15 milliards) et BMW (12 milliards) s'élèvent à 49 milliards d'euros, le total des bénéfices non distribués des trois groupes (Konzerne) s'est élevé à 250 milliards.

On peut le montrer clairement avec l'exemple de Volkswagen. Il ne s'agit nullement de pertes, comme l'entreprise l'affirme publiquement et comme les journalistes zélés se plaisent à le relayer. Les propriétaires et les managers ne se contentent pas d'une marge opérationnelle [2] de 3,5% sur le chiffre d'affaires de la marque Volkswagen [elle est évaluée à 2,3% pour le premier semestre 2024 – réd.], ils veulent 6,5%. Sur un chiffre d'affaires d'un peu plus de 100 milliards d'euros, la seule question est donc de savoir si l'on réalise 3,5 milliards ou 6,5 milliards d'euros de profits.

Les surcapacités productives créées à grands frais constituent bien sûr un problème réel – il y a peu, le groupe VW voulait construire à Wolfsburg (Basse-Saxe) une « Gigafactory » pour de nouveaux véhicules de luxe (Trinity), sur le modèle de Tesla. Or, aujourd'hui, il est question de licenciements massifs et de fermetures d'usines [Le projet Trinity devait se concrétiser en 2028, il a été repoussé en 2032, et est mis en question étant donné le recul des ventes de voitures électriques.]

Stagnation et recul des ventes

La conduite continue en marche arrière de VW a commencé avec la gigantesque fraude sur les gaz d'échappement en 2016 – depuis lors, la demande baisse en Allemagne et en Europe. A cela s'ajoute la présence sur le marché de plusieurs nouvelles entreprises technologiquement avancées en provenance de Chine [BYD, NIO, XPeng, Li Auto, et SAIC Motor, qui produit des véhicules sous la marque MG].

Et bien sûr, s'y ajoutent : les guerres et les rivalités internationales à la tonalité agressive [tarifs douaniers et diverses normes protectionnistes], la course à l'armement accompagné du démantèlement de l'Etat social avec ses effets sur le pouvoir d'achat, le débat sur le changement de motorisation au profit des voitures électriques et l'infrastructure à cet effet qui piétine. Tout cela joue un rôle important dans la demande de voitures.

Après 40 ans de bonnes affaires, les ventes de Volkswagen, BMW et Mercedes ont chuté de manière spectaculaire en Chine. La production mondiale de voitures a chuté de 73 millions en 2017 à 55 millions en 2020, avant de remonter à 67 millions en 2023.

La même année, il s'est vendu en Europe deux millions de voitures de moins que cinq ans auparavant, ce qui correspond à la capacité de quatre très grandes usines automobiles ou aux ventes mondiales réunies d'Audi et de Peugeot. Mais cela touche particulièrement un constructeur de gros volumes comme Volkswagen, pour lequel il manque dans son bilan les ventes d'environ 500 000 véhicules. En revanche, le luxe se vend toujours très bien.

Crise climatique

Depuis quelques années, la simultanéité entre la crise climatique, le débat sur l'avenir de l'automobile et la perte de centaines de milliers d'emplois donne un mélange explosif. Le glissement général vers la droite, le soutien au parti de Björn Höcke (un des leaders de l'Afd-Alternative für Deutschland) dans les clusters automobiles de Saxe, du Bade-Wurtemberg, de Hesse et de Basse-Saxe est extrêmement préoccupant. Il existe un risque de backlash en matière de politique des transports, ce qui aggraverait la crise climatique, gaspillerait des milliards et mettrait en danger d'autres emplois.

La construction ininterrompue de nouvelles autoroutes et les subventions aberrantes qui sont versées à l'industrie automobile constituent une redistribution de la richesse allant du bas vers le haut. De nombreuses personnes dépendent encore de la voiture faute de transports publics de qualité, alors que la densité des voitures [nombre de véhicules pour 1000 personnes] et les émissions décroissent avec le niveau de revenu des ménages

Au lieu de répondre aux exigences de la majorité du pays, comme la limitation de vitesse et la suppression des subventions, le gouvernement fait des concessions à l'industrie automobile et renforce encore sa politique centrée sur la voiture.

Même l'abandon du moteur à combustion est sans cesse remis en question par des forces anti-écologiques comme le FDP (Freie Demokratische Partei, libéral), la CSU (Christlich-Soziale Union in Bayern) et le BSW (Büdnis Sarah Wagenknecht). La protection du climat et le tournant en matière de mobilité sont ainsi mis à mal, ou plutôt passe sous le bitume.

Pourtant, des centaines de milliers d'emplois peuvent être créés dans la construction de véhicules ferroviaires (matériel roulant), dans les chemins de fer et dans les entreprises de transport public à condition que ces firmes disposent d'une planification assurée sur le long terme. Cela accompagné, pour les générations futures, de la perspective d'obtenir un bon salaire, une vie de qualité et un avenir digne d'être vécue. Dans ce processus, il s'agit d'assurer la sécurité des salarié·e·s, notamment par le biais d'une formation continue et d'un perfectionnement professionnel garantis par la loi, d'une garantie d'emploi et d'une indemnité de reconversion professionnelle.

Un programme immédiat pour la reconversion écologique

L'argent pour la reconversion de l'industrie automobile est disponible. La reconversion est l'alternative à une concurrence exacerbée, au démantèlement social, aux licenciements massifs et aux fermetures d'usines, à plus de subventions pour l'industrie automobile. A la place, il faudrait créer un fonds spécial par l'Etat fédéral de 200 milliards d'euros ainsi qu'un prélèvement sur les bénéfices des groupes automobiles pour la réorientation des transports, le développement des infrastructures, la création de capacités pour la production de matériel ferroviaire et de bus intelligents.

De larges alliances pour la protection du climat et opérer un virage dans les transports. En vue d'un meilleur travail et d'une meilleure vie pour tous et toutes !

Le syndicat Ver.di et Fridays for Future luttent ensemble pour le développement des transports publics et pour de meilleures conditions de travail des personnes qui y sont employées. Les syndicats, les associations environnementales et sociales ont fondé « l'Alliance pour un tournant vers la mobilité socialement acceptable ». Le mouvement pour la justice climatique met du sable dans les rouages de la machinerie de promotion d'automobiles comme l'IAA-Internationaler Automobil-Ausstellung (Salon international de l'automobile de Francfort). Cette perspective complète les revendications pour une transformation de l'industrie et un tournant dans les transports urbains et dans les zones rurales.

Cela permet de nouvelles alliances pour la transformation socio-écologique. Il existe des déclarations communes des syndicats, des associations environnementales et des églises, mais on ne leur donne pas assez de poids – surtout dans la pratique des syndicats, mais aussi de la gauche. La gauche sociale a la grande responsabilité de résoudre la contradiction prétendument insoluble entre l'écologie et l'emploi et de lier à la réorientation des transports, les intérêts légitimes des travailleurs et travailleuses à un bon travail et à une vie de qualité.

Récemment, plusieurs études ont montré le grand potentiel pour un travail de qualité dans le cadre d'un développement résolu d'un changement de la mobilité [voir les études éditées par Mario Candeias et Stephan Krull (Hrsg.), Spurwechsel Studien zu Mobilitätsindustrien, Beschäftigungs potenzialen und alternativer Produktion, VSA Verlag, 2022]. Il existe un grand besoin de main-d'œuvre dans la construction de matériel roulant ferroviaire, dans les entreprises de transport ferroviaire et de transport public. Si l'on ajoute à cela le besoin de main-d'œuvre lié au nécessaire développement du secteur des soins et que l'on prend en compte le potentiel d'une réduction du temps de travail vers la semaine de 28 heures en termes de politique de l'emploi et de sociabilité, il devient évident qu'il y a beaucoup à y gagner.

Mais cela présuppose que les syndicats et la gauche reprennent systématiquement les initiatives de changement de mode de transport. Cela suppose en outre que les syndicats assument leur engagement politique en faveur d'une transformation socio-écologique. Et cela présuppose que les nombreuses approches et réflexions positives émanant des salarié·e·s de l'industrie automobile ne soient plus balayées par les directions respectives, mais qu'elles soient reprises par les scientifiques, les syndicats et les courants de gauche, réunies sur l'ensemble des différents sites et intégrées de manière offensive dans les débats sociopolitiques.

Le nombre de voitures sur nos routes doit être réduit de manière drastique, surtout dans les grandes villes dotées de transports publics développés. Les manques dans les zones rurales peuvent être comblés par des services de transport, des bus à la demande et le covoiturage, dans le cadre d'une planification intégrée des transports et des services publics d'intérêt général. Pour cela, il faut une politique d'investissement durable dans les transports publics. Une mobilité publique peu coûteuse et, à long terme, gratuite est un droit socio-économique fondamental.

Ce dont il faudrait s'occuper maintenant

1. La mise en place de conseils de transition régionaux composés de syndicats, de responsables politiques régionaux, d'associations de protection de l'environnement et de transport, de groupes de réflexion sur la transition énergétique et les transports. Ils ont pour mission d'initier des forums sociaux et d'exercer une influence directe sur la transformation socio-écologique des productions dans l'ensemble de l'industrie de la mobilité. Ces forums sociaux doivent être soutenus, tout comme les conseils régionaux de transformation, par le Fonds d'avenir pour l'automobile.

2. Encourager et soutenir les initiatives et les alliances locales pour la transformation socio-écologique de l'industrie automobile et de la mobilité.

3. La création et le développement d'entreprises (d'utilité publique, démocratiques) qui comblent les lacunes de l'industrie actuelle de la mobilité pour le transport écologique des bus, des trains et de la logistique, ce qui permet de compenser judicieusement les emplois supprimés. En complément : la socialisation des entreprises qui bloquent le tournant des transports, conformément aux articles 14 et 15 de la Constitution allemande.

4. Une réforme du code de la route et de la loi sur la circulation routière, afin que les communes soient habilitées à décider et à mettre en œuvre des mesures socio-écologiques telles que des limitations de vitesse, des voies de bus et autres.

5. Une politique industrielle européenne visant à développer une industrie européenne de la mobilité pour la construction si nécessaire de bus et de matériel roulant ferroviaires. La possibilité d'adjudication directe pour les transports publics et les chemins de fer doit être maintenue.

6. Telles sont les propositions du groupe de discussion de la fondation Rosa Luxemburg sur l'avenir de l'automobile, de l'environnement et de la mobilité.

7. Un tournant dans le domaine des transports et de la mobilité ainsi compris fait partie d'une transformation de la production et des services dans notre pays axée sur les besoins. Il s'agit de remettre l'économie à l'endroit, de réduire les activités socialement et écologiquement nuisibles et de mettre la créativité humaine et les ressources sociales au service d'une vie de qualité. Le tournant dans la mobilité est à la fois un élément constitutif et le résultat d'une telle transformation. (Article publié sur le site de la SoZ, novembre 2024 ; traduction et édition rédaction A l'Encontre)


[1] Thomas Schaefer PDG de Volkswagen a déclaré le 28 octobre 2024 : « Nous ne gagnons pas assez d'argent avec nos voitures actuellement. Dans le même temps, nos coûts en matière d'énergie, de matériaux et de personnel continuent d'augmenter. Ce calcul ne peut pas fonctionner à long terme. Nous devons donc nous attaquer à la racine du problème : nous ne sommes pas assez productifs sur nos sites allemands et nos coûts d'usine sont actuellement 25 à 50 % plus élevés que ce que nous avions prévu. Cela signifie que les usines allemandes sont deux fois plus chères que la concurrence.

»En outre, chez Volkswagen, nous traitons encore en interne de nombreuses tâches que la concurrence a déjà externalisées de manière plus rentable. Cela signifie que nous ne pouvons pas continuer comme avant. Nous devons rapidement trouver une solution commune et durable pour l'avenir de notre entreprise. » (Reuters-Réd.)

[2] La marge opérationnelle mesure le bénéfice qu'une entreprise réalise sur un dollar de ventes après avoir payé les coûts variables de production, tels que les salaires, les matières premières et les biens intermédiaires, mais avant de payer les intérêts ou les impôts. (Réd.)

[3] Les articles 14 et 15 de la Constitution allemande (appelée Loi fondamentale pour la République fédérale d'Allemagne ou Grundgesetz) sont les suivants :

Article 14 : Droit de propriété, droit d'héritage

1. La propriété et le droit d'héritage sont garantis.
2. L'expropriation n'est permise que pour un intérêt public, dans le cadre des lois. Elle doit être suivie d'une indemnisation équitable.

Article 15 : Transfert de biens à la collectivité

1. Des biens peuvent être transférés à la collectivité en vertu de lois spéciales, en vue de leur exploitation ou de la mise en œuvre d'objectifs d'intérêt public. Ces biens peuvent être expropriés dans le cadre de cette procédure.
2. La compensation doit être décidée par un tribunal, et elle doit être équitable pour les personnes concernées. (Réd.)

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Appel à la solidarité internationale avec la population des régions catalanes

12 novembre 2024, par Esquerra Independentista dels Països Catalans — , ,
Chers camarades, À la lumière des terribles événements qui se sont produits dans la région de Valence au cours des derniers jours nous, les organisations de Esquerra (…)

Chers camarades,

À la lumière des terribles événements qui se sont produits dans la région de Valence au cours des derniers jours nous, les organisations de Esquerra Independentista dels Països Catalans ( Gauche indépendantiste des pays Catalans), lançons un appel à tous et toutes pour la solidarité internationale en ce moment de grande tristesse.

Leur nationalisme espagnol et leur déni du changement climatique les ont amenés à se débarrasser de leurs propres unités d'urgence dans le Pais Valencia et ont été incapables d'apporter une réponse immédiate pour aider les milliers de personnes piégées sur les routes, dans les rues, sur leur lieu de travail ou chez eux. Ils ont ignoré les avertissements du service météorologique et n'ont pas envoyé les alarmes d'urgence à la population jusqu'à ce que l'eau et la boue recouvrent déjà de nombreux villages. À l'heure où ce genre d'événement peut se produire plus fréquemment, le gouvernement laisse dans une situation de grande fragilité les services publics qui pourraient y répondre. En échange, ils continuent d'investir dans les « corridas » de taureaux et les fêtes espagnoles.

Les inondations font des centaines de morts. Nous nous joignons au deuil pour chacun d'entre eux et envoyons tout notre soutien et notre chaleur aux personnes qui ont perdu des parents, des amis et des collègues. Mais la douleur que nous ressentons ne nous fait pas oublier que la grande majorité des victimes auraient pu être évitées et qu'il y a des responsables directs de cette tragédie : le président du gouvernement de Pais Valencia, Carlos Mazon, et son parti, le PP (Parti populaire), et ils doivent assumer leurs responsabilités.

Nous dénonçons également le gouvernement de l'État du PSOE (le Parti socialiste espagnol) et de Sumar (leurs partenaires gouvernementaux), car ils n'ont pris aucune mesure pour éviter la tragédie, par exemple, en déterminant l'arrêt de toute activité non essentielle. De plus, leur programme économique est aussi dévastateur contre la nature et la terre que celui de leurs adversaires électoraux, le PP, et est maintenant la cause de ces événements naturels qui causent tant de destruction.

Enfin, nous attirons l'attention sur tous les propriétaires d'entreprises qui ont mis en danger la vie de milliers de travailleurs en les obligeant à continuer à travailler alors qu'il y avait un avertissement de cette ampleur. Des hommes d'affaires comme Juan Roig, propriétaire de la plus grande marque de supermarché de l'État espagnol, ont un tel pouvoir et se sentent si impunis qu'ils n'ont pas risqué un centime de leurs prestations pour laisser leurs employés partir pour se rendre dans un endroit sûr. Ils bénéficient de la connivence et de la collaboration totales des gouvernements, soit par le soutien direct du gouvernement de Mazon, soit par le cynisme montré par le gouvernement de l'État, lorsque le ministre du Travail, Yokanda Diaz, a simplement demandé aux propriétaires d'entreprises de faire preuve d' « empathie ».

Pour tout ce qui précède, nous demandons aux organisations et aux collectivités des peuples du monde de :

Exprimez leur solidarité avec les victimes et dénoncez les coupables de ce drame sur les réseaux sociaux, en utilisant les hashtags #MazónDimissió #DANA

• Nous mettons à disposition un compte de solidarité et de résistance afin de collecter des fonds pour apporter une aide matérielle aux personnes touchées. Toute contribution sera reçue avec plaisir.
• Montrons que la solidarité, c'est vraiment la tendresse des peuples et qu'elle peut aller là où les institutions ont tant à le faire, en montrant clairement qu'elles sont redevables au capital.
Pour plus d'informations, vous pouvez suivre les comptes de nos organisations sur les réseaux sociaux.

Arran- Youth organisation : @Arran_jovent
Canditatura d'Undat Popular (CUP) : @cupnacional
Coordinadora Obrera Sindical- Workers' Union : @COSnacional
Endavant – Socialist organisation for national liberation : @Endavant_OSAN
Itaca- International organisation : @ItacaPPCC
Sindicat d'Estudiants dels Països Catalans (SEPC)- Student's Union of the Catalan Countries : @SEPC_nacional
Solidarity account : IBAN ES74 3025 0002 4614 3344 7057

Planifier l’obsolescence de Postes Canada

12 novembre 2024, par Paris Marx — , ,
Si vous avez entendu parler de Postes Canada récemment, c'est probablement qu'elle perd de l'argent. Beaucoup d'argent. Et rien n'indique que cette hémorragie s'arrêtera de (…)

Si vous avez entendu parler de Postes Canada récemment, c'est probablement qu'elle perd de l'argent. Beaucoup d'argent. Et rien n'indique que cette hémorragie s'arrêtera de sitôt.

4 novembre 2024 | tiré de Canadian Dimension | Photo : Boîte aux lettres de Postes Canada à Markham, en Ontario. Photo de Raysonho/ Wikimedia Commons.
https://canadiandimension.com/articles/view/planning-the-obsolescence-of-canada-post

L'an dernier, la société d'État a déclaré une perte annuelle de 748 millions de dollars et a prévenu qu'elle pourrait manquer de fonds de roulement d'ici le début de 2025, à moins qu'elle ne trouve de nouvelles options d'emprunt ou de refinancement. Les activités de Postes Canada ne sont pas subventionnées par le gouvernement fédéral. On s'attend à ce que Postes Canada desserve chaque adresse du pays et qu'elle parvienne à atteindre le seuil de rentabilité, avec des limites quant aux prix qu'elle peut facturer et aux services qu'elle peut offrir.

Avec l'essor des communications électroniques, les volumes de courrier ont chuté, ce qui signifie que les revenus tirés de la vocation première de Postes Canada sont moindres. Elle livre également des colis, mais elle doit faire face à la concurrence non seulement des services de livraison de colis traditionnels, mais aussi d'un modèle de salaires encore plus bas lancé par Amazon.

Postes Canada a commencé à vendre des parties de ses activités pour tenter de combler le vide, ce qui a amené les détracteurs de longue date de la poste, comme Ian Lee, professeur d'administration des affaires à l'Université Carleton, à déclarer que le service postal « disparaît sous nos yeux ». Ces dernières années, Lee a mis de l'avant une proposition radicale visant à réduire le nombre de bureaux de poste desservant les collectivités rurales, à réduire les effectifs des deux tiers et à réduire considérablement le réseau de livraison. Il ne s'agit pas seulement d'un plan visant à réduire les coûts, mais aussi de forcer le service public à devenir une entreprise comme une autre sur le marché.
Le débat sur cette question est délibérément circonscrit. Il y a un refus d'envisager un avenir dans lequel le rôle de Postes Canada pourrait évoluer en permanence pour répondre aux besoins des Canadiens. Et la dégradation du travail de livraison par Amazon est acceptée comme un fait accompli, au lieu d'être quelque chose que nous pouvons inverser si le gouvernement est prêt à défendre les droits des travailleurs contre une entreprise dont le modèle d'affaires vise à les affaiblir.

La réponse des travailleurs

Ce genre de discours au sujet de Postes Canada est promu par des organisations patronales et de gens comme monsieur Lee, qui ont des préjugés contre l'idée que le service postal public puisse survivre et prospérer au 21e siècle. Les médias le reprennent sans discernement, laissant entendre au public que Postes Canada est condamnée et qu'il n'y a que peu d'options pour se sortir du trou dans lequel elle se trouve, à part répondre aux appels à la privatisation et au démantèlement. Mais les choses ne doivent pas se passer comme ça.

Depuis plusieurs années, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) prône une vision beaucoup plus optimiste de cette institution dont dépend chaque personne au Canada. La Campagne Vers les Collectivités Durables du syndicat envisage un avenir où Postes Canada pourra se développer afin d'offrir des services bancaires, assurer des services de garde pour les personnes âgées et pourra jouer un rôle encore plus essentiel dans les collectivités durables de l'avenir. Contrairement au projet de Lee qui vise à fermer des bureaux de poste partout au pays, ce plan reconnaît le rôle crucial que joue cette institution et cherche à garantir qu'elle puisse continuer à fournir des services essentiels aux Canadiens même si leur dépendance à la poste aux lettres diminue. Mais il y a des obstacles à la réalisation de cette vision.

L'expansion du service postal nécessitera des fonds, ce qui n'est pas une mince affaire compte tenu des pertes financières que subit Postes Canada. Pourtant, le STTP conteste le discours adopté par la direction de l'entreprise et ceux et celles qui veulent voir la fin du service postal tel que nous le connaissons. Selon le syndicat, Postes Canada a vu ses dépenses non liées à la main-d'œuvre augmenter de plus de 56 % entre 2017 et 2023, ce qui comprend un plan quinquennal visant à dépenser 4 milliards de dollars pour des mises à niveau de l'infrastructure en raison d'une forte croissance du trafic de colis qui ne s'est pas concrétisée. Le syndicat soutient que ces décisions de dépenses expliquent en grande partie les pertes que subit Postes Canada. De plus, le volume de colis n'a pas réellement diminué, mais le marché total de la livraison de colis s'est plutôt élargi et Postes Canada n'a pas maintenu sa part de cette croissance, en partie parce que la direction a indiqué à Amazon qu'elle ne pourrait pas répondre à ses demandes en 2022, ce qui a fait fuir un client important.

La vision du STTP brosse un tableau différent des difficultés auxquelles Postes Canada est confrontée. Il ne s'agit pas tant d'une entreprise en phase terminale de déclin, mais plutôt d'une entreprise mal gérée qui prend de mauvaises décisions quant à l'avenir d'une institution publique. La vision limitée de la direction, combinée au manque d'intérêt du gouvernement à réinventer l'avenir de Postes Canada, explique en partie ce qui a mis l'entreprise dans cette situation difficile. La banque postale générerait des revenus importants qui pourraient aider à financer l'entreprise de livraison, mais le gouvernement n'aurait pas seulement à donner à la société d'État la permission d'élargir son mandat ; il devrait probablement aussi investir dans l'infrastructure nécessaire pour assurer la livraison du courrier. Et ni les libéraux ni les conservateurs n'ont intérêt à dépenser cet argent – ​​et à mettre en colère les grandes banques par la même occasion.

Postes Canada fait face à une autre menace qui pourrait être bien plus existentielle que ce que beaucoup de gens pensent. Amazon n'est pas seulement un client de Postes Canada, qui compte sur elle pour les livraisons hors de portée de son propre réseau ; c'est aussi un concurrent majeur dont le modèle d'affaires repose sur des offres de prix les plus bas rendus possibles en partie par des offensives agressives contre le pouvoir des travailleurs et travailleuses. Si ce problème n'est pas réglé, il sera difficile pour les employés syndiqués de Postes Canada de faire face à la concurrence.

La menace d'Amazon

Amazon a indéniablement changé la façon dont beaucoup de gens effectuent leurs achats au cours des dernières décennies et a joué un rôle important dans l'augmentation du nombre de colis que la plupart des gens reçoivent en moyenne au cours d'une année. Amazon est généralement considérée comme une plateforme de commerce électronique prospère qui a utilisé sa position dominante pour s'étendre à de nombreux autres secteurs d'activité, comme le streaming vidéo et les soins de santé. Mais ce succès est également le résultat de sa vigoureuse opposition aux syndicats et de la baisse des salaires de ses employés.

Si vous pensez à la manière dont un colis arrive d'Amazon à un client, il doit passer par un entrepôt, puis être chargé dans le camion d'un livreur avant d'arriver à la porte de celui-ci. Au fil du temps, Amazon s'est implanté dans ces secteurs et a essayé de transformer leur façon de travailler. La logistique est un secteur traditionnellement syndiqué où les travailleurs et travailleuses ont tendance à percevoir de bons salaires, mais ce n'est pas le cas avec le modèle d'Amazon. Le géant du commerce électronique combat farouchement toute tentative des travailleurs et travailleuses de former des syndicats dans ses centres de traitement des commandes, car il tente de redéfinir le travail en entrepôt comme un travail non qualifié pour lequel les employéEs ne devraient guère s'attendre à plus que le salaire minimum, et bien moins que dans les installations syndiquées.

Amazon a adopté une approche similaire dans le domaine de la livraison. Contrairement à ses entrepôts, Amazon n'embauche pas ses propres chauffeurs-livreurs. Au lieu de cela, elle fait appel à des entrepreneurs indépendants ou à des travailleurs et travailleuses « indépendantEs » via sa plateforme Amazon Flex, ou elle sous-traite le service à des partenaires de services de livraison comme Intelcom, qui effectuent eux-mêmes l'embauchent. Avec ce modèle, Amazon peut fixer des objectifs de livraison agressifs qui contraignent les travailleurs et travailleuses à une existence stressante et précaire . Il n'est pas étonnant que les employéEs d'Amazon, affectéEs aux entrepôts et à la livraison subissent un taux élevé de blessures.

Considérons maintenant les conséquences plus larges de cette évolution. À mesure que les modèles d'entreposage et de livraison d'Amazon se développent, ils exercent une pression sur leurs concurrents pour qu'ils suivent le mouvement : accélérer le rythme de travail, adopter de nouvelles formes de surveillance et de gestion algorithmique, et restreindre les salaires des travailleurs et travailleuses, voire attaquer leurs syndicats. Lorsque Lee parle de la nécessité de rendre les services de livraison de Postes Canada plus compétitifs par rapport à Amazon ou FedEx, dont les employéEs ne sont pas non plus syndiqués, on voit assez clairement ce qu'il suggère : pas seulement des licenciements massifs, mais aussi une attaque contre le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses des Postes.

Cela nous amène à une question importante à laquelle nous devons réfléchir. Non seulement ce que nous voulons pour l'avenir de Postes Canada, mais aussi dans quel genre de société nous voulons vivre. Nous devrions vouloir tirer parti de l'infrastructure nationale unique de Postes Canada pour offrir des services plus nombreux et de meilleure qualité à la population canadienne au lieu de démanteler un service que nous ne pourrons peut-être jamais reconstruire. Mais plus encore, le gouvernement devrait considérer le modèle à bas salaires et non syndiqué d'Amazon comme une menace non seulement pour Postes Canada, mais pour l'ensemble des travailleurs et travailleuses du Canada, et intervenir pour le maîtriser.

Paris Marx est critique technologique et animateur du podcast Tech Won't Save Us. Il rédige la newsletter Disconnect et est l'auteur de Road to Nowhere : What Silicon Valley Gets Wrong about the Future of Transportation.

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Lock out à l’Hôtel Radisson, chez Prelco inc., grève à la SAQ…

12 novembre 2024, par Martin Gallié, Francis Dupuis-Déri — ,
Les Assemblées générales du Conseil central du Montréal métropolitain – CSN, qui se tiennent le premier mercredi de chaque mois et accueillent une soixantaine de délégué·es des (…)

Les Assemblées générales du Conseil central du Montréal métropolitain – CSN, qui se tiennent le premier mercredi de chaque mois et accueillent une soixantaine de délégué·es des syndicats de la région, sont de rares occasion d'entendre des travailleurs et des travailleuses en lutte. Ces récits des conflits en cours nous apportent de précieuses informations que les médias traditionnels ne relaient pas, préférant réserver leurs pages économiques au point de vue des patrons, à la valeur des actions des grandes compagnies et à la gestion des finances personnelles.

Nous restituons ici, à partir de nos notes prises sur le vif en tant que délégués, les témoignages au sujet du déroulement des négociations et une partie des revendications de ces travailleurs et travailleuses en lutte.

- Journées de grève à la Société des alcools du Québec (SAQ)

C'est tout d'abord un travailleur de la Société des alcools du Québec (SEMB-SAQ) qui raconte que cela fait presque deux ans que les employé·es sont sans Convention collective, car l'employeur fait délibérément trainer les négociations. La SAQ est pourtant en plein développement, avec un profit net de 1.4 milliard de dollars en 2023-2024. C'est une augmentation de 5.6% qui permettra certainement de bonifier le salaire fixe de son patron (528 215$), dont le contrat de travail prévoit des bonis liés au rendement.

En revanche, l'entreprise ne semble pas prête à partager ces profits avec les travailleurs et les travailleuses. Au contraire, début 2024, en plein milieu des négociations, la SAQ a décidé de couper 64 postes.

« Quand ça fait 21 ans que tu travailles là, que t'as réussi à avoir ton poste permanent, que tu commences à pouvoir choisir tes horaires et qu'un jour on te dit que t'as plus de poste, tout s'écroule ».

Ces coupures n'ont évidemment pas facilité les négociations et les salarié·es, dont environ 70% sont précaires, ont adopté 15 jours de grève « à utiliser au moment opportun ». Plusieurs jours de grève ont déjà eu lieu en avril 2024 et il y a eu des « actions de visibilité » au Centre-ville, ce qui permis quelques avancées :

« On a obtenu des gains sur l'aménagement des horaires, la création d'un babillard. C'était une nouveauté incorporée dans la Convention, qui permet des horaires un peu plus prévisibles pour les précaires, mais également pour les personnes permanentes ».

Mais depuis que les discussions monétaires ont débuté, « la SAQ n'a montré aucune ouverture ». Elle propose « 16.5% pour six ans ; 5% pour la première année ; après, faites le calcul : c'est à peine 2% par année. Et puis ils n'arrêtent pas de nous demander de renoncer à toute revendication salariale ; ils disent qu'il n'y a aucune marge de manœuvre ». D'autres journées de grève sont prévues.

Au micro à la période de questions et d'échanges, une déléguée s'insurge, dénonce la rapacité des dirigeants et rapporte qu'elle a vu des gens traverser les lignes de piquetage, y compris des camarades de la CSN : « alors non ! On ne traverse pas les lignes de piquetage ! ».

- Lock out à l'Hôtel Radisson de Montréal

« J'ai rêvé d'être ici devant vous pour pouvoir enfin parler de notre conflit à l'Hôtel Radisson, pour faire connaitre et dénoncer ce que nous fait vivre notre employeur », déclare d'emblée l'un·e des trois travailleur·euse de l'Hôtel (STT de l'Hôtel Côte-de-Liesse) qui ont témoigné mercredi soir.

L'employeur a décrété un lock out le vendredi 1er novembre. Les salarié·es ont alors adopté un mandat de grève illimitée, « pour décider, nous, quand on retournera au travail ; car c'est pas l'employeur qui va décider ».

La principale demande porte sur un rattrapage de 2$ de l'heure.

« Aujourd'hui, une préposée aux chambres gagne 17$ de l'heure ; dans d'autres hôtels équivalents, elles gagnent déjà 23$. Donc, même si on obtenait les 2$, notre hôtel il sera toujours en arrière et il faudra des années pour arriver à obtenir les mêmes salaires qu'ailleurs dans le secteur ».

Comme à la SAQ, la négociation sur le normatif a trainé en longueur, mais elle n'a pas posé de problème majeur.

« On a avancé beaucoup sur le normatif. Mais c'est le rattrapage salarial qui empêche la négociation de finir. Le propriétaire ne veut pas payer les 2$. Le représentant de l'employeur nous dit : “vous savez, 2$ de l'heure, ça nous coute plus de 100 000$ chaque année” ».

L'hôtel a cependant des revenus importants. Il a notamment un contrat avec le Gouvernement fédéral qui lui rapporte 1.7 millions de dollars par mois ; « donc, c'est pas 100 000$ qui vont le ruiner » :

« Un côté fait le travail, un autre côté s'enrichit du travail de l'autre. Ce n'est plus un enjeu de négociation, c'est un enjeu de société. Les travailleurs s'appauvrissent chaque jour, incapables de participer dans la vie économique ; c'est triste de voir des conditions de travail comme ça... On ne peut pas laisser l'indifférence gagner ! Il faut aller jusqu'à la fin, jusqu'au bout ! Solidarité ! »

- 5 mois de lock out chez Prelco

C'est ensuite un travailleur du STT de chez Prelco, une entreprise spécialisée dans le vitrage, qui vient présenter leur conflit de travail : l'assemblée le connait bien, puisque ça fait presque 5 mois que le patron ne leur verse plus de salaire et que ce salarié est déjà venu présenter le conflit. Les négociations ont débuté le 1er février et l'employeur a décrété un lock out le 19 juin dernier. Depuis le conflit s'envenime, l'employeur a déposé de multiples recours judiciaires et il ne montre aucune ouverture pour le moment. Malgré la durée du conflit, malgré l'absence de ressource, malgré les pratiques patronales, les travailleurs maintiennent la pression et viennent de rejeter la dernière proposition patronale à 92% :

« Pour le normatif ça a ben été ; mais quand le monétaire a commencé, c'est là que ça a commencé à se corser. Il nous propose 10.5% pour 6 ans ! Et depuis, on a été scabé, beaucoup judiciarisé, on a eu une injonction… On a fait une plainte en 12 [article du code du travail qui interdit d'entraver les activités syndicales] à l'employeur, car il s'amuse à nous envoyer des lettres à la maison, pour faire peur aux membres, en disant que tout le monde va pas rentrer après le conflit…Aussi, le 30 octobre dernier, on avait une AG pour se prononcer sur l'offre finale de l'employeur, qui était la même offre qu'au début des négos. On avait un peu peur du vote des membres, car après cinq mois, c'est dur de tenir, c'est difficile… L'offre finale a été rejetée à 92% ; on était vraiment fier de nos membres… Mais je veux vous remercier, c'est grâce à vous autres qu'on tient. Grâce aux dons, mais pas seulement. Après 5 mois c'est difficile ».

La conseillère syndicale renchérit :

« C'est un conflit extrêmement judiciarisé. L'injonction est très restrictive. On a eu 9 outrages au tribunal ; 20 mises en demeure ; l'employeur essaie de casser les membres, qui sont pourtant bizarrement très sages, très disciplinés… C'est violent, un lock out, c'est violent quand ton employeur te méprise à ce point là… Et te scabe. Quand tu vois les cadres rentrer tous les jours, passer devant toi ; c'est violent de vivre ça pendant 5 mois de temps. Ce qui aide les gens à tenir bon, c'est les messages de solidarité qu'ils reçoivent ».

À la période des questions et d'échange, un camarade à pris la parole pour suggérer que les travailleurs et travailleuses dans la constriction refusent de poser des vitres de chez Prelco. Pour participer à la campagne de dons (50$ suggérés), voir ici.

Francis Dupuis-Déri, délégué du Syndicat des professeurs et et professeures de l'Université du Québec à Montréal (SPUQ-CSN) au CCMM.

Martin Gallié, délégué du Syndicat des professeurs et et professeures de l'Université du Québec à Montréal (SPUQ-CSN) au CCMM.

Le 12 novembre 2024.

Déclaration de Bernie Sanders suite au résultat de l’élection présidentielle 2024

12 novembre 2024, par Bernie Sanders — ,
Bernie Sanders a été réélu pour un quatrième mandat dans l'État du Vermont. Au lendemain de la défaite de Kamala Harris et de la perte du Sénat au profit des républicains, il (…)

Bernie Sanders a été réélu pour un quatrième mandat dans l'État du Vermont. Au lendemain de la défaite de Kamala Harris et de la perte du Sénat au profit des républicains, il dresse un bilan sévère envers son parti qui est passé à côté des besoins de la classe ouvrière américaine.

Il ne devrait pas être surprenant qu'un Parti Démocrate qui a abandonné la classe ouvrière se retrouve abandonné par la classe ouvrière. D'abord, c'était la classe ouvrière blanche, et maintenant ce sont aussi les travailleurs latinos et noirs. Pendant que la direction du Parti Démocrate défend le statu quo, la population américaine est furieuse et revendique du changement. Et elle a raison.

Aujourd'hui, alors que les biens nantis nagent dans l'opulence, 60% de la population américaine vit d'une paye à l'autre et nous avons plus d'inégalités de revenus et de richesse que jamais auparavant. Incroyablement, les salaires hebdomadaires réels, pris en compte de l'inflation, pour le travailleur américain moyen sont en fait inférieurs aujourd'hui à ce qu'ils étaient il y a 50 ans.

Aujourd'hui, malgré l'explosion de la technologie et de la productivité des travailleurs et travailleuses, les jeunes auront un niveau de vie inférieur à celui de leurs parents. Et beaucoup d'entre eux et elles craignent que l'intelligence artificielle sur la robotique n'aggrave encore une situation déjà mauvaise.

Aujourd'hui, bien que nous dépensions beaucoup plus per capita que d'autres pays, nous restons le seul pays riche à ne pas garantir les soins de santé à tous et toutes en tant que droit humain et nous payons, de loin, les prix les plus élevés au monde pour les médicaments sur ordonnance. Nous, seuls parmi les grands pays, ne pouvons même pas garantir des congés familiaux et médicaux payés.

Aujourd'hui, malgré la forte opposition d'une majorité de femmes et d'hommes Américains, nous continuons à dépenser des milliards pour financer la guerre totale du gouvernement extrémiste de Netanyahu contre le peuple Palestinien, qui a conduit à l'horrible désastre humanitaire de la malnutrition de masse et à la famine de milliers d'enfants.

Les grands intérêts financiers et les consultants grassement payés qui contrôlent le Parti Démocrate tireront-ils de véritables leçons de cette campagne désastreuse ? Comprendront-ils la douleur et l'aliénation politique que vivent des dizaines de millions d'Américains ? Ont-ils des idées sur la façon dont nous pouvons affronter l'oligarchie de plus en plus puissante qui a tant de pouvoir économique et politique ? Probablement pas.

Dans les semaines et les mois à venir, ceux qui se préoccupent de la démocratie populaire et de la justice économique doivent avoir des discussions politiques très sérieuses.
Restez à l'écoute.

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Mort de Madeleine Riffaud, sentinelle d’un siècle de tempêtes

12 novembre 2024, par Rosa Moussaoui — , ,
Une héroïne s'en est allée. Son legs : tout un siècle de combats. La liberté c'est ce cours d'eau...* par Madeleine RIFFAUD La liberté c'est ce cours d'eau Qui vient (…)

Une héroïne s'en est allée. Son legs : tout un siècle de combats.

La liberté c'est ce cours d'eau...*
par Madeleine RIFFAUD

La liberté c'est ce cours d'eau
Qui vient passer sur ta maison.
Tous les gens de la rue y puisent à pleins seaux
Les filles fatiguées y viennent se baigner
Le soir, quand la sirène ouvre les ateliers.
Et l'on y lave, aussi, les vestes de travail.

Je te regarde face à face
Et je vois l'eau du fleuve
Aux hublots de tes yeux.

Tu t'en vas sur le fleuve,
Avec le fleuve, vers la mer.
Je viens, nous venons tous, nous nageons près de toi,
Écume du sillage ou feuilles emportées,
Frôlés de poissons d'or, survolés d'éperviers.

C'est un fleuve sans rive et notre foule s'y perdra,
Se fondra, fraternelle, à celle de partout.

Demain, ceux qui vivront trouveront naturel
D'être au large, au soleil, sur la mer Liberté.

Madeleine RIFFAUD

Poème écrit en 1946, dédié à Paul ÉLUARD

Tiré de l'Humanité
https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/deces/mort-de-madeleine-riffaud-sentinelle-dun-siecle-de-tempetes

* Madeleine Riffaud, poétesse, résistante, ancienne journaliste à l'Humanité, est décédée ce mercredi 6 novembre. Elle était un personnage de roman, à l'existence tramée par la lutte, l'écriture, trois guerres et un amour. Une vie d'une folle intensité, après l'enfance dans les décombres de la Grande guerre, depuis ses premiers pas dans la résistance jusqu'aux maquis du Sud-Vietnam.

Dans son appartement parisien, la vieille dame, front plissé, traits durs, regard perçant malgré la cécité, dépliait d'elle-même un récit sûr, précis, ponctué du pépiement des oiseaux qui l'entouraient, dans leurs grandes volières. Vêtue de noir, ses longs cheveux toujours nattés de côté, elle fumait, en se remémorant l'intime et l'histoire, et jusqu'à la première blessure, longtemps enfouie dans l'oubli, un viol enduré alors qu'adolescente, elle devait passer la ligne de démarcation pour rejoindre le sanatorium. La tuberculose était tombée sur elle comme un malheur de plus, dans l'exode, alors que sa famille fuyait Paris occupé.

Embrasser le combat

De la maladie, elle se releva, pour embrasser le combat. « Je suis entrée dans la Résistance avec un nom d'homme, un nom d'Allemand, un nom de poète » : dans la clandestinité, elle était Rainer, pour Rainer Maria Rilke. Il avait fallu la force de conviction de Raymond Aubrac pour qu'elle accepte de témoigner de son action dans la Résistance – « Je suis un antihéros, quelqu'un de tout à fait ordinaire. Il n'y a rien d'extraordinaire dans ce que j'ai fait, rien du tout », insistait-elle dans le documentaire que lui consacra en 2020 Jorge Amat, Les sept vies de Madeleine Riffaud.

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Le 16 novembre, ensemble contre les violences faites aux enfants et adolescent·es

12 novembre 2024, par Collectif — ,
Texte collectif Associations, collectifs, personnalitéEs et organisations syndicales, engagéEs contre les violences faites aux enfants et aux ados appellent à une (…)

Texte collectif Associations, collectifs, personnalitéEs et organisations syndicales, engagéEs contre les violences faites aux enfants et aux ados appellent à une mobilisation générale le samedi 16 novembre 2024 à 14h à Paris et dans plusieurs villes de France.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/12/le-16-novembre-ensemble-contre-les-violences-faites-aux-enfants-et-adolescent%c2%b7es/?jetpack_skip_subscription_popup

Pour les enfants et les ados, nous appelons la société à dire stop aux infanticides, à l'inceste, à la pédocriminalité, à l'exploitation sexuelle, aux mutilations sexuelles, aux maltraitances, au mariage forcé, à la violence éducative ordinaire, aux violences intra-familiales et institutionnelles, aux multiples discriminations et à toutes formes de violences qui leur sont faites.

Certaines figures publiques et/ou politiques orientent l'attention de la société vers une image d'enfants et de jeunes prétendument incontrôlables ou délinquantEs, occultant ainsi la réalité de ces violences qu'iels subissent partout, tout le temps et dans tous les milieux. La jeunesse n'est vue par la classe politique que sous un angle autoritariste, considérant qu'il faudrait simplement « dresser » les enfants et les jeunes.

Pendant que nous critiquons les supposés enfants-rois, des bébés dépérissent dans nos pouponnières, des enfants se suicident, des ados sont violéEs, chaque jour iels meurent un peu plus, dans l'indifférence générale. Mobilisons-nous pour que cela change !

La protection des enfants et des ados est une urgence pour notre société

Les discours et les actes en faveur de la protection des enfants et des jeunes sont trop peu nombreux. 80% des violences sexuelles en France, commencent ou ont lieu avant 18 ans [1]. Cela concerne 130 000 filles et 30 000 garçons par an. 1 enfant meurt tous les 5 jours [2], tué majoritairement par ses propres parents. 400 000 enfants sont victimes de violences conjugales parentales [3], 129 sont devenus orphelinEs de féminicide en 2022 [4]. Que fait la France pour tous ces enfants ? Elle les abandonne parce qu'il y a d'autres priorités et des économies à faire. Cette société semble de plus en plus déconnectée des besoins primaires des enfants, oubliant parfois l'importance de les écouter et de les protéger. Mobilisons-nous pour que cela change !

Des enfants vulnérables qu'on ne veut pas voir

Les enfants et les ados raciséEs sont parmi les plus vulnérables. Iels sont stigmatiséEs et exposéEs à un racisme décomplexé, systémique et quotidien. Cela affecte gravement leur développement et leur confiance en la société.

Les enfants en situation de handicap sont 3 à 4 fois plus exposés aux violences sexuelles [5] que les autres. Iels n'ont pas tous·tes Toustes accès à la scolarité alors que l'école est un droit pour tous·tes Toustes en France. Les enfants placéEs sont, quant à eux, elleux invisibles. Personne ne se préoccupe de leur sort. Iels peuvent subir des maltraitances au sein de leur famille d'accueil, mourir seulE dans leur foyer, sans que cela suscite la moindre réaction. En moyenne, les enfants issus de l'ASE ont 20 ans d'expérience de vie en moins [6]. Le harcèlement des jeunes LGBTQIA+ est en constante augmentation et conduit à des suicides que nous aurions pu prévenir. Les enfants trans sont aujourd'hui particulièrement victimes de campagnes réactionnaires visant à pathologiser leur situation et à remettre en question leur libre-arbitre. Les enfants intersexes sont mutilés dès la naissance sans justification pour leur santé et avec souvent des conséquences néfastes durables sur leur corps et leur vie.

Chaque année, environ 2000 enfants et ados dorment dans la rue [7] et 1 enfant sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté [8]. En Outre-mer, les difficultés d'accès à l'éducation, à la santé, à l'eau, à la nourriture et à la protection affectent de enfants. A Mayotte, ce sont 8 enfants sur 10 en situation de pauvreté [9], certainEs n'ont pas accès à l'eau potable. Tous les territoires ultramarins sont touchés par ces inégalités et l'Hexagone semble bien muet. La précarité impacte gravement le développement des enfants, comment pouvons-nous laisser faire cela ?

Les enfants et les ados sont victimes de violences partout dans le monde, premières victimes des guerres actuelles, premières victimes de la colonisation, on leur enlève leur culture et leur humanité pour mieux contrôler les peuples. Actes de torture, mutilations, éducation coloniale, placement, emprisonnement : de nombreux enfants seront détruitEs par nos sociétés. Nous en sommes tous·tes responsables.

Mobilisons-nous pour que cela change !

Des institutions en crise

A cela s'ajoutent des institutions en crise : petite enfance, éducation nationale, aide sociale à l'enfance, justice, santé à bout de souffle, elles n'ont ni les moyens, ni parfois les formations adéquates pour prendre en charge les nombreux enfants et ados victimes de violences. De plus, dans un contexte de réduction systématique des dépenses publiques et de dégradation de la qualité de vie au travail, même les professionnels formés, et aux pratiques adaptées, sont conduits malgré eux, à adopter des comportements inappropriés. Il est urgent de mettre en place une véritable politique publique dédiée à la protection des mineur·es et de redonner des moyens financiers conséquents pour restaurer pleinement le fonctionnement de ces institutions essentielles.

Mobilisons-nous pour que cela change !
La libération de la parole face à une société adultiste

Les enfants et les ados parlent, mais leurs voix restent souvent ignorées voire niées. 92 % d'entre elleux ayant dénoncé des violences sexuelles n'ont pas été protégéEs [10]. Trop souvent, iels sont réduitEs à leur statut de mineurEs, perçus comme insignifiants, soumisEs à un devoir d'obéissance aveugle envers leurs aînés. Pire encore, la présence des enfants est considérée comme si dérangeante que certains espaces leur sont désormais interdits alors même que l'espace public, largement occupé par les adultes, n'est en très grande partie déjà pas conçu pour les enfants. Notre société est adultiste. Mobilisons-nous pour que cela change ! Un pays qui ne s'occupe pas des enfants est un pays qui va mal, une société qui a peur des ados est une société à la dérive. Comment notre société pourrait bien se porter quand elle accepte sans broncher qu'un enfant ou un·e ados soit violéE toutes les 3 minutes dans notre pays [11]. Qui décide des priorités pour l'avenir de notre peuple ? Qui se lèvera pour dire stop ?

Aujourd'hui, nous comptons sur vous tous·tes pour vous lever avec nous et dire stop aux violences faites aux enfants et aux ados. Nous invitons les enfants, les jeunes et toute la société à se mobiliser le 16 novembre. Montrons à tous les enfants et aux ados que nous sommes là, que nous nous indignons face à leur souffrance et que nous ferons tout pour que ces jeunes puissent grandir en toute sécurité.

« Chaque monde sera jugé sur ce qu'il a considéré comme négociable ou non négociable ». – Charles Peguy

[1] Enquête IPSOS – Violences sexuelles de l'enfance – 2019
[2] Rapport Igas, IGJ, IGAENR – Mission sur les morts violentes d'enfants au sein des familles – 2019
[3] Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes – 2019
[4] Ministère de l'Intérieur – Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple – 2022
[5] Etude publié dans The lancet child & adolescent health – 2022
[6] Association Impactes
[7] Unicef – 2024
[8] Unicef–Insee–2018
[9] Rapport Unicef – 2023
[10] Rapport Ciivise – 2023
[11] Rapport Ciivise – 2023

Premiers et premières signataires : Collectif Enfantiste ; Cofrade ; Protéger l'enfant ; Association Allegria ; AVI – Action contre les Violences Infantiles ; Chris-à-VIF ; Collectif féministe contre le viol (CFCV) ; Collectif Nos Enfants Trans ; Embrase Le Monde ; Enfance sauvage 84 ; EspacCollective des mères isolées Mineur.e.s Trans Toulouse (EM2T) ; FAGE ; Fondation pour l'enfance ; FNAREN ; FSU ; Héroïnes 95 ; Fédération Nationale des victimes de féminicides ; IELES ; Je te crois, je te protège ; Justice des familles ; Le déni, ça suffit ! ; Le monde à travers un regard, groupeFemmes avec.. de parole Chateaulin ; Les chiens de justice ; Les Unschorrigibles ; Les Midis du MIE ; Mendorspas ; Mouv'enfants ; NonSco'llectif ; #NousToutes ; Observatoire des politiques du handicap ; OVEO ; Pépite sexiste ; Pour une M.E.U.F. (Pour une Médecine Engagée Unie et Féministe) ; Prévenir & protéger ; Renaitre après l'inceste, agir avec les Bonnes Mères Organisation de Solidarité Trans (OST) ; SNJMG Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes ; SNPPE ; Soutien Ciivise ; Stop Bébé Secoué ; StopVEO Enfance sans violences ; Team Eunomie ; Toustes en colo ; UNEF, le syndicat étudiant ; Union syndicale Solidaires ; SOS Inceste & Violences Sexuelles

Publié dans le Courrier N° 437 de la Marche Mondiale des Femmes

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École Bedford, plus jamais de climat malsain dans une école du Québec

12 novembre 2024, par Ghislaine Raymond — ,
Depuis plus d'un mois, la dynamique interne à l'école Bedford occupe les manchettes. Des problématiques concernant le climat à l'école et des lacunes au niveau pédagogique ont (…)

Depuis plus d'un mois, la dynamique interne à l'école Bedford occupe les manchettes. Des problématiques concernant le climat à l'école et des lacunes au niveau pédagogique ont été relevées depuis l'année scolaire 2016-17 nous apprend-on. À la suite de la parution récente d'un rapport d'enquête demandé par le ministère de l'Éducation (MEQ), le Centre de services scolaires de Montréal (CSSDM) a suspendu 11 des 22 titulaires de l'école. Les partis politiques s'en mêlent. On va même jusqu'à parler d'entrisme religieux dans les écoles publiques. La laïcité de nos écoles est menacée, affirme certain-es. Des enquêtes journalistiques dans les quotidiens La Presse et Le Devoir complètent l'information disponible. Regardons cela de plus près. Qu'en est-il vraiment ? Qui est responsable d'un tel gâchis ? Et quelles seraient les pistes de solution ?

L'école Belford en 2024

Cette école de 370 élèves est composée de 5 groupes de niveau préscolaire, 4 et 5 ans, et de 17 groupes de niveau primaire. C'est une équipe comprenant 22 groupes classe ayant chacun un-e titulaire dont l'enseignement est complété par 5 enseignant-es spécialisé-es en éducation physique, musique, anglais et art dramatique.

Située dans le quartier Côte-des-Neiges, l'école a une cote de défavorisation de 10 sur 10, ce qui lui permet de recevoir plus de services pour les élèves et d'avoir un ratio d'élèves moindre par classe (17 ou 18 au maximum).

Les services complémentaires sont assurés par une psychoéducatrice, une orthophoniste, des orthopédagogues (3), un enseignant en soutien linguistique et des techniciennes en éducation spécialisées (3). Un service de garde qui compte plus de 30 intervenantes est actif au sein de l'école. Une aide aux devoirs pour les élèves de 4e, 5e et 6e année est disponible à raison de 2 fois semaine.

Rapports d'enquête de la CSSDM (2020) et du MEQ (2024) et suivi ministériel

Comme nous l'avons mentionné, des problématiques concernant le climat de l'école et des lacunes au niveau pédagogique ont été relevées dès l'année scolaire 2016-17. Dès 2018-2019, une clarification des attentes de la direction à l'endroit de certain-es enseignant-es est faite. La direction demande aussi au CSSDM la tenue d'une enquête sur le climat qui prévaut à l'école Bedford. Le CSSDM, plutôt que d'acquiescer à cette demande, choisit une approche ciblant les relations interculturelles. La situation ne se résorbant pas, il s'ensuit en 2020 une première enquête effectuée par une firme de psychologues industriels qui constate des problèmes relationnels entre les membres de l'équipe école ainsi qu'un besoin de supervision des pratiques pédagogiques. Un plan d'action est alors mis en place en septembre 2020. Malgré cela, la situation continue de se détériorer.

En 2022, une nouvelle direction met fin au plan d'action. S'en est suivi le départ de plusieurs membres du personnel enseignant. En 2023, des reportages faits par Valérie Lebeuf sur 98,5 FM ont permis de recueillir 18 témoignages sous couvert de l'anonymat dénonçant le climat de travail qui prévaut à Bedford. En septembre 2023, le MEQ sollicite du CSDM toute la documentation pour faire enquête sur la situation médiatisée. Un rapport d'enquête réalisé à la demande du MEQ est rendu public en octobre 2024.

Voici les différents constats effectués :

• Il y a absence de mécanisme efficace d'évaluation de la compétence des enseignants en cours d'emploi ;
• Globalement, le niveau de compétence des enseignants de l'école Bedford est inquiétant ;
• Le climat de l'école Bedford ne s'est pas amélioré malgré toutes les actions entreprises par le CSSDM ;
• Le CSSDM a perdu de vue la situation de l'école Bedford en cours de route ;
• Le CSSDM dispose d'une faible capacité à effectuer des suivis ;
• Les directions peinent à imposer des formations aux membres du personnel ;
• Certains enseignants cherchent à se dérober des mesures de surveillance.

Par la suite, 11 enseignant-es concerné-es par les allégations faites à leur endroit ont été suspendus. « Les suspensions resteront en vigueur durant toute la durée des travaux des comités d'enquête mandatés par le ministre de l'Éducation ». Ces derniers doivent déterminer si les 11 enseignant-es en question « ont commis une faute grave ou un acte dérogatoire à l'honneur ou à la dignité de la profession enseignante dans l'exercice de leurs fonctions ».

Dans sa conclusion, le rapport affirme que « la CSSDM a utilisé les moyens dont elle disposait, sans qu'une amélioration de la situation ne s'observe. »

Problématiques tues

Il importe de considérer quelles sont les problématiques qu'on a tues ou dont on n'a pas tenu compte, pour espérer une vraie sortie de crise et assurer qu'une telle situation ne se reproduise pas.

1- À l'interne :
• Le roulement du personnel de direction : pendant la période où on a noté un climat et des lacunes pédagogiques problématiques, soit entre 2016 et 2024, 4 directions et 5 directions adjointes se succéderont à l'école Bedford.
• L'identification du problème lié au climat malsain a été mal circonscrite voire erronée : la CSSDM a ciblé les rapports interculturels et non un non-respect des exigences de la Loi de l'instruction publique (LIP), du régime pédagogique ou de l'application de la convention collective qui définit la tâche des enseignant-es et les obligations associées dont celle de travailler en collaboration avec les autres membres de l'équipe école, sur des bases de respect mutuel, exempt de harcèlement. Est-ce par crainte d'être taxée de racisme ?
• L'absence de mesures disciplinaires explicites face à des manquements sévères. Le rapport indique que le CSSDM « conseillait plutôt de faire attention et de ne pas être coercitifs pour ménager le climat. « (p. 67)
• Les exigences pédagogiques non explicites, l'encadrement déficient et l'absence de suivi sont énoncés sans relation aux élèves. Le rapport ne comporte aucune mention des résultats scolaires de l'ensemble des groupes classe de l'école.
• L'absence de données comparatives et longitudinales sur la réussite éducative des élèves (2014-2024) pour l'ensemble des écoles primaires du quartier Côte-des-Neiges. Ces données sont nécessaires pour savoir si les élèves de l'école Bedford ont des résultats scolaires comparables à ceux des élèves d'écoles similaires malgré les approches pédagogiques décriées.
• Le projet éducatif de l'école n'est jamais mentionné. Quelle place joue l'équipe école dans la détermination du projet éducatif de l'école ?
• Le mode de fonctionnement en assemblée générale de l'ensemble du personnel de l'école (enseignant, non enseignant et service de garde), n'est pas abordé. Les problèmes identifiés concernent-ils l'ensemble du personnel de l'école ? Les organisations syndicales du personnel de soutien, des services professionnels et des services de garde ont-ils été associés aux démarches faites par le CSSDM auprès de l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal (APPM) ?
• La place des parents et des élèves dans ce processus scolaire n'est pas abordée. Nulle part ne fait-on référence aux besoins, demandes ou critiques tant des parents que celles des enfants. Ils sont pourtant les premiers concernés. La suspension des titulaires des enfants a eu des impacts directs sur eux.
• Le conseil d'établissement n'est pas mentionné dans le rapport d'enquête. Qu'en est-il de sa composition et de son fonctionnement ? Quels échanges s'y déroulent en lien avec le climat qui a prévalu et qui prévaut à l'école ?

2- Au CSSDM :
• L'abandon d'un soutien soutenu à la direction de l'école par le CSSDM et le tâtonnement dans l'approche. Le CSSDM n'a pas eu une approche cohérente dans le soutien aux directions de l'école. La direction en poste en 2018 qui cherchait à encadrer les enseignant-es récalcitrant-es n'a pas été outillée adéquatement et la débandade s'est enclenchée. Les interventions faites n'ont pas été évaluées, ni des ajustements apportés. On a plutôt privilégié un changement de cap, une approche multiculturelle. Deux enquêtes et 4 directions plus tard, la situation perdure.
• Malgré les reportages de Valérie Lebeuf, la direction générale du CSSDM dit publiquement en 2023 que les problèmes soulevés à cette école sont réglés.
• La quantité de services déployés au détriment d'une réponse adéquate validée à la problématique de climat malsain indique non pas que le CSSDM a fait tout ce qu'il pouvait mais plutôt qu'il a failli à analyser correctement les manquements qui sévissaient dans cette école. Le dossier de l'école est éparpillé au sein de plusieurs services du CSSDM nous dit le rapport d'enquête.
• Les outils de la convention collective locale des enseignant-es ont-ils été utilisés ? Deux comités existants, le comité des politiques pédagogiques (CPE) et le comité des relations de travail (CRT) sont les endroits où les problématiques de climat malsain et de compétence pédagogique peuvent être soulevées et des solutions apportées. On n'en fait aucunement mention dans le rapport d'enquête.
• Le français langue de travail en milieu scolaire est-il garanti au sein du CSSDM ? Comment peut-on justifier que le français en tout temps et en tout lieu ne soit pas exigible au sein du CSSDM ? L'école publique francophone ne doit-elle pas être le lieu privilégié pour ce faire ?

3- À l'Alliance des profs :
• L'absence de prise en compte des plaignant-es et de soutien explicite quant au climat malsain. Des problématiques signalées entre membres d'un même syndicat ne peuvent être banalisées, voire non répondues. Des enquêtes ne doivent-elles pas être entreprises, des réponses trouvées, des revendications à la faveur d'un climat sain faites auprès de l'employeur ?
• La définition erronée par certain-es enseignant-es du concept de l'autonomie professionnelle n'a pas été contredite par le syndicat. L'autonomie professionnelle ne peut se substituer au devoir de travailler conjointement à la réussite des élèves, à la complémentarité des approches et à la nécessaire coordination entre toutes celles et ceux qui interviennent auprès des élèves d'un même groupe classe. Le soutien aux élèves en difficultés d'apprentissages doit être garanti ainsi que leur accès aux services adéquats offerts.
• Quelles ont été les interventions effectuées en CRT à la suite du rapport de la firme de psychologues industriels en 2021 ? Cette instance paritaire syndicale-patronale n'est pas abordée dans le rapport.
• Quel suivi le syndicat a-t-il fait auprès de ses membres à l'école Bedford ? Et auprès du CSSDM ?

4- Au ministère de l'Éducation
• La compétence professionnelle de certain-es enseignant-es est remise en cause dans le rapport d'enquête. Toutefois, le ministère qui décerne l'autorisation d'enseigner le fait en suivi à des qualifications acquises et reconnues par les universités. Comment le rapport d'enquête peut-il mener à modifier cette démarche ?
• Le rapport conclut que le CSSDM a fait tout ce qu'il a pu. Nous pouvons en douter. Le rapport n'indique nullement que tous les outils à sa disposition ont été utilisés. Les enseignant-es ciblés ne semblent pas avoir de dossier disciplinaire en lien avec des manquements dans l'exercice de leur tâche ou liés à de l'insubordination. Les résultats des élèves de ces groupes classes ne sont pas considérés.

Somme toute, le CSSDM a failli à sa tâche, n'ayant pas assuré le respect des lois, règlements et contrats de travail permettant de résoudre les problèmes rencontrés.
Les recours pédagogiques et disciplinaires à sa portée n'ont pas été utilisés, les directions d'école ont été laissées à elles-mêmes.
Le syndicat n'a pas pris fait et cause pour les enseignant-es victimes de harcèlement, voire de violence. Le syndicat devrait pouvoir assurer un mécanisme de traitement neutre et sans parti pris des plaintes.

Sortie de crise

Pour assurer une sortie de crise satisfaisante du point de vue du personnel mais aussi des parents et des élèves, il convient d'agir.

• En offrant une réponse adéquate et valorisante de la qualification légale des enseignant-es et de son encadrement. Elle doit être apportée non seulement pour les enseignant-es suspendu-es mais pour l'ensemble du personnel enseignant du CSSDM.
Alors que la pénurie d'enseignant-es dans les écoles du Québec subsiste, que la lourdeur de la tâche est décriée et n'a pas été répondue à la satisfaction des enseignantes et enseignants au sortir de la grève de 2024, il faut trouver une réponse qui favorise l'acquisition des savoirs essentiels aux apprentissages des élèves et valoriser la complémentarité des approches pédagogiques plutôt que de les opposer.

• En mettant de l'avant une approche multipartite CSSDM/directions écoles/syndicat pour :

    • Solutionner et garantir un climat sain à l'école Bedford en mettant en place des mesures explicites et concrètes ;
    • Prévenir toute récidive là ou ailleurs d'un tel climat malsain ;
    • Rassurer les familles de Côte-des-Neiges de la prise en compte des besoins de leurs enfants au sein des écoles du quartier (assemblées citoyennes, médiation au besoin en lien avec les organismes du quartier, etc.) ;
    • Promouvoir l'école québécoise publique laïque où le français et la culture québécoise sont au cœur du projet éducatif à convenir.

Des réponses innovantes doivent être trouvées tant par les premières et premiers intervenants de l'école soit le personnel, les élèves et les parents que par les instances en autorité (CSSDM, directions d'école et syndicats). Le MEQ doit s'assurer que le CSSDM assume ses responsabilités et qu'il clarifie, pour le bénéfice de tous les personnels à son emploi, ce que signifie travailler dans un climat de travail sain, où le français et la culture québécoise sont au cœur du projet éducatifs de toutes et tous. Le cas échant, l'employeur doit être sanctionné pour ses manquements. Plus jamais un climat malsain dans une école du Québec ne doit être toléré.

Ghislaine Raymond

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De quel parti avons-nous besoin ?

12 novembre 2024, par Benoît Renaud — ,
Avant d'aborder les sujets qui seront à l'ordre du jour du congrès de Québec solidaire sur les statuts, il convient de se demander quelles sont les tâches de la gauche dans la (…)

Avant d'aborder les sujets qui seront à l'ordre du jour du congrès de Québec solidaire sur les statuts, il convient de se demander quelles sont les tâches de la gauche dans la période actuelle et quel type d'organisation convient le mieux à la réalisation de ces tâches. En effet, un parti n'est rien d'autre qu'un instrument, un outil, dont l'utilité ne se mesure qu'à sa capacité à accomplir ce qui est nécessaire.

En ce qui concerne les tâches de la gauche pour les années qui viennent, il apparaît évident, notamment suite aux résultats de la présidentielle étasunienne, que nous aurons à mener de multiples batailles difficiles contre un vent de droite et d'extrême-droite intense. Le simple respect des droits humains n'est pas une référence pour bien des gens. En particulier, le droit de quitter son pays pour fuir la guerre, la misère ou la répression est nié par l'autoritarisme sécuritaire et le nationalisme étroit. Les efforts visant à minimiser le chaos climatique se heurtent à un individualisme exacerbé et parfois violent, en plus des intérêts financiers du capitalisme extractiviste. Les acquis du mouvement féministe des dernières générations sont remis en question par divers mouvements conservateurs, nationalistes ou religieux.

La liste des batailles à venir pourrait être très longue. L'essentiel est de s'entendre sur le fait que l'évolution récente et prévisible du paysage politique n'est pas favorable aux idées féministes, humanistes, écologistes ou internationalistes. La démocratie libérale elle-même est minée par les tendances autoritaires démagogiques, parfois fascisantes. Partout, les forces politiques de centre-droite et de centre-gauche démontrent leur incapacité à mener les batailles nécessaires avec succès. Bref, nous allons devoir ramer à contre-courant pour toute une période et s'atteler à construire, patiemment, des contre-pouvoirs, des mouvements de résistance et une vision collective d'une alternative globale et radicale. Les petites réformes à la marge ou le simple remplacement des personnes présentement au pouvoir par d'autres ne suffiront pas. Gagner les élections ne suffira pas. On l'a vu récemment en France avec la victoire du Nouveau front populaire, effacée par l'autoritarisme présidentiel et les manigances de coulisse entre les partis de droite.

ACTION POLITIQUE OU CONSOMMATION POLITIQUE ?

Quel type de parti convient à ces efforts de résistance sur plusieurs fronts à la fois, à la construction patiente d'un mouvement social capable de renverser la vapeur ? Une machine électorale bien huilée avec un plan de communication en béton, des candidatures prestigieuses et un gros budget ne fera pas l'affaire. On vient de voir les limites de ce modèle avec la faillite totale du Parti démocrate étasunien. Si on se limite à une compétition électorale pour attirer des consommateurs politiques atomisés vers “notre produit”, nous n'avancerons pas. Québec solidaire pourrait même perdre des plumes d'une élection à l'autre, face au rouleau compresseur institutionnel et au capitalisme médiatique.

Face à l'individualisme exacerbé et de plus en plus autoritaire qu'on pourrait qualifier d'égofascisme, l'alternative doit être une démarche d'action politique collective. La gauche doit se définir non seulement par ce qu'elle propose, mais aussi par sa manière de mener le travail politique, toujours sur le terrain des luttes et des résistances quotidiennes. Notre mode de fonctionnement doit être centré sur la délibération collective dans des espaces de démocratie participative. Le parti dans son ensemble doit être une école de militantisme, un incubateur de résistances, un point de rencontre pour toutes les personnes qui refusent de se laisser assimiler par la machine à produire des travailleurs-consommateurs-citoyens dociles.

QUE PENSER DES CHANGEMENTS PROPOSÉS AUX STATUTS ?

Plusieurs propositions en débat au congrès vont clairement dans la mauvaise direction. Tout ce qui encourage un rapport de consommation politique individuelle entre les membres et la structure de l'organisation est à rejeter. Non aux référendums décisionnels. Non au suffrage universel pour toute élection interne. Dans les deux cas, les membres se retrouvent seuls face à une décision politique et n'ont pas l'obligation d'en discuter avec qui que ce soit. On peut créer “des espaces de formation et de discussion”, tel que souhaité par le conseil national, mais les membres n'ont aucune obligation d'y participer.

Les grandes décisions politiques et les élections internes devraient demeurer entre les mains des structures de délibération, d'échange et de débat, comme le congrès ou le conseil national. C'est ce qui fait notre force depuis presque vingt ans. À noter, tant pour les élections au suffrage universel que pour les référendums, on abandonnerait le principe de la parité. On peut difficilement imaginer une manière de limiter les droits de vote individuels dans ce contexte.

Tout ce qui mine la collégialité des structures exécutives et l'égalité entre les personnes qui y participent est aussi à rejeter. C'est le cas de l'élection des porte-paroles ou de la présidence au suffrage universel. C'est certainement le cas avec l'introduction de courses à la chefferie. On nous dit que c'est pour que les courses au porte-parolat s'autofinancent et aussi que la collégialité du CCN sera maintenue. Ce sont là de belles intentions et de belles paroles qui font fi de la réalité politique. Si des milliers de dollars sont recueillis et dépensés pour une course à la chefferie, la personne qui va emporter cette course n'aura pas un statut égal à l'autre porte-parole, tant dans les yeux de la plupart des membres que dans les médias et dans l'opinion publique. Et la loi nous interdit d'utiliser ces sommes pour autre chose que la course. Alors pourquoi rompre avec nos principes pour ce plat de lentilles ?

Il y a aussi de bonnes idées dans ce cahier de synthèse. Un conseil national composé de personnes désignées pour des mandats d'un an (comme les membres des comités de coordination des associations) sera mieux à même de jouer son rôle de supervision de l'ensemble des activités du parti. Il pourra se réunir plus rapidement, plus souvent, pour des rencontres de durée variable, et donc réagir aux revirements fréquents de la conjoncture. Bref, ce sera un gouvernail efficace dans les tempêtes politiques qui s'annoncent.

L'ajout d'une personne responsable des liens pancanadiens et internationaux au CCN est aussi une excellente idée. Les luttes que nous aurons à mener seront internationales par la force des choses. Notamment, la bataille pour l'indépendance du Québec va devoir se mener avec des alliances pancanadiennes et internationales pour briser la résistance de l'État fédéral et obtenir la reconnaissance rapide du nouveau pays.

DES DÉBATS À POURSUIVRE

Sur d'autres questions, il semble, après quelques mois d'échanges sur le cahier initial de propositions, que le fruit n'est pas mûr et que le congrès devrait reporter les décisions à plus tard. C'est notamment le cas avec la réforme des structures locales et régionales. Des échanges plus approfondis sont nécessaires pour fignoler une réforme qui nous donne de la flexibilité tout en respectant le principe de l'égalité des droits pour les membres. Présentement, trop de membres n'ont pas la possibilité de participer à une association locale et ce sont ces associations qui dominent le congrès et le CN. Aussi, trop d'associations régionales sont moribondes ou dormantes. On doit redéfinir leur rôle en pratique avant de refléter ces nouvelles pratiques dans une réforme des structures.

C'est aussi le cas avec l'idée intéressante des comités d'action politique. Ceux-ci devraient représenter un renforcement du rôle des structures thématiques dans le parti, en combinant les rôles de la mobilisation, de la formation et du développement des orientations. Mais il y a trop de résistance à cette idée parmi les personnes présentement impliquées dans les réseaux militants et les commissions thématiques. Manifestement, les intentions initiales du comité de révision des statuts ont été mal traduites en amendements spécifiques. Aussi, les répercussions indirectes de cette réforme (sur la commission politique notamment) manquent de précision.

En conclusion, le congrès sur les statuts sera une occasion de décider quel type de parti nous voulons construire au cours des prochaines années. Allons-nous céder aux pressions institutionnelles et médiatiques et faire de QS un parti de plus en plus semblable aux autres ? Allons-nous au contraire résister à ces pressions et insister sur la nécessité de “faire de la politique autrement”, comme on le disait souvent dans les premières années ? Espérons que le congrès retiendra la seconde option.

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Pourquoi le gouvernement Trudeau annule-t-il soudainement la rencontre prévue avec Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés depuis 1967

12 novembre 2024, par Ovide Bastien — ,
La semaine passée, je critiquais de façon cinglante l'ambassadrice étatsunienne au Conseil de sécurité de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, qui s'en prenait carrément à Francesca (…)

La semaine passée, je critiquais de façon cinglante l'ambassadrice étatsunienne au Conseil de sécurité de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, qui s'en prenait carrément à Francesca Albanese, cette si courageuse et impressionnante rapporteuse spéciale de l'ONU pour les territoires palestiniens occupés depuis 1967, qui ose dénoncer sans relâche, publiquement et avec force et ténacité, les atrocités en cours à Gaza, qu'elle n'hésite pas, d'ailleurs, à qualifier de génocide.

Et qui faisait cela alors que l'assaut ne montre aucun signe de relâche ? Israël, non satisfaite d'avoir déjà tué 43 000 Palestiniens et Palestiniennes, dont 17 000 enfants et 700 bébés, d'avoir fait 103 000 blessés et bombardé tellement d'infrastructures que Gaza en soit devenu majoritairement que débris et restes humains, impose, depuis un mois, un siège total sur le nord de Gaza, coupant systématiquement cette région de toute énergie et de tout aliment et produit médical, et ordonnant à nouveau à la population de se déplacer vers le sud ; alors que la Knesset, le parlement israélien, vient d'adopter, et ce à très forte majorité, une motion déclarant terroriste la seule agence de l'ONU ayant l'infrastructure et l'expérience nécessaire pour fournir aide humanitaire, éducation, et services de santé au peuple palestinien, l'UNRWA, et bannissant formellement toutes les opérations de celle-ci à Gaza, en Cisjordanie, et à Jérusalem-est alors qu'elle se trouve à New York pour assister à la réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU, convoquée à cause de la motion si troublante adoptée par la Knesset le jour précédent.

Ce qui m'indigne et me révolte profondément, c'est de voir Thomas-Greenfield, dans un tel contexte apocalyptique, diriger sa fureur contre Albanese, celle qui dénonce le génocide en cours, et non contre le pays qui est en train de le perpétuer.

« Je tiens à réaffirmer la conviction des États-Unis qu'elle est indigne de ses fonctions », tweete Thomas-Greenfield. « Les Nations Unies ne devraient pas tolérer de l'antisémitisme de la part d'une fonctionnaire affiliée à l'ONU et engagée pour promouvoir les droits de la personne. »

Ce qui m'indigne et me révolte profondément cette semaine, c'est de voir le comportement de notre gouvernement canadien.

Le 5 novembre, Francesca Albanese se trouvait à Ottawa pour une rencontre avec la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et d'autres hauts fonctionnaires du gouvernement canadien. Et voilà que, soudainement et à la toute dernière minute, on lui apprend que le gouvernement annule la rencontre.

Incroyable et révoltant !

N'est-ce pas une stratégie grossière et immorale de la part de notre gouvernement que de refuser de rencontrer la personne qui pourrait lui occasionner énormément d'embarras public ? La personne qui l'obligerait à se regarder dans le miroir... La personne qui l'inviterait publiquement à sanctionner et rompre ses liens commerciaux et diplomatiques avec un pays qui, selon la Cour internationale de justice, non seulement occupe de façon totalement illégale des territoires palestiniens depuis 1967, mais serait aussi plausiblement en train de commettre un génocide...

Pourquoi Israël a-t-elle toujours refusé à Francesca Albanese d'aller enquêter directement dans les territoires occupés ? N'a-t-elle pas reçu son mandat directement de l'ONU ? Selon l'ONU, tout pays n'a-t-il pas l'obligation formelle d'ouvrir ses portes à tout rapporteur spécial ? Si Israël et son grand allié étatsunien trouvent qu'Albanese est antisémite et ne donne qu'une version des événements, pourquoi ne pas lui donner l'opportunité d'exercer son droit d'aller sur le terrain ? Cette expérience ne constituerait-elle pas la meilleure façon de lui permettre de voir la réalité comme la perçoivent les Israéliens ?

Pourquoi Israël refuse-t-elle systématiquement aux médias étrangers d'entrer à Gaza ? Est-ce vraiment la meilleure façon de se protéger de toute fausse information qui serait teintée d'antisémitisme ? Est-ce vraiment la meilleure façon de démontrer au monde entier qu'Israël représente, dans le Moyen-Orient, le joyau de la liberté et de la démocratie ? N'est-ce pas tout simplement un effort on ne peut plus grossier de cacher la réalité ?

Pourquoi les militaires israéliens, le 5 mai dernier,envahissaient-ils les bureaux d'Al Jazeera en Israëll, confisquant son matériel de diffusion, coupant cette chaîne de télévision des compagnies de câble et de satellite et bloquant tous ses sites web ? Al Jazeera, qui, grâce à ses nombreux reporters palestiniens qui vivent à Gaza, permet aux téléspectateurs et téléspectatrices de voir en direct les images d'horreurs. Des reporters, dont le courage et la persévérance sont extraordinaires, un nombre historiquement sans précédent d'eux ayant trouvé la mort, souvent directement ciblés par les militaires israéliens.

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Je reproduis ci-bas, pour lectrices et lecteurs, de larges extraits de la conférence de presse qu'accordait Francesca Albanese, peu après qu'elle eut appris que sa rencontre avec Mélanie Joly n'aurait pas lieu.UN Special Rapporteur on the Palestinian Territories Speaks to Media in Ottawa, CPAC, le 5 novembre 2024. Consulté le jour même.

« Il ne m'a pas échappé qu'en dépit de l'urgence du moment, à quelques exceptions près, les dirigeants politiques de ce pays ont choisi de ne pas me rencontrer ou ont retiré leurs invitations. En attendant, c'est un honneur pour moi de savoir que les premiers gardiens de cette terre prévoient venir de tout le pays pour me rencontrer et discuter de ce qui se passe en Palestine. Ce sont également les jeunes et un bon nombre de mes pairs qui se sont battus pour que je prenne la parole et qui ont cherché des lieux de rencontre.

« Il semblerait que mes paroles, ma lecture franche des faits, du droit international et de la justice, mon insistance à parler honnêtement du génocide qui se déroule à Gaza et du risque sérieux qu'il se propage dans toute la région, effraient la classe politique et ceux qui détiennent le pouvoir. Y compris le pouvoir économique et financier. Nous savons, depuis Edward Said jusqu'à Antonio Gramsci, que la détention du pouvoir détermine également l'hégémonie culturelle.

« Il est clair pour moi que le peuple canadien veut plus de clarté, d'intégrité et d'actions concrètes de la part de son gouvernement par rapport aux atrocités que nous voyons tous se dérouler en Palestine. À Gaza, nous sommes contraints de regarder les bombardements, les tirs de snipers et les tirs d'artillerie incessants d'Israël qui n'épargnent personne : journalistes, médecins, enseignants, universitaires, infirmières, personnes handicapées, personnes en quête de nourriture et de sécurité, travailleurs humanitaires, y compris le personnel des Nations unies, notamment dans les zones dites humanitaires.

« Selon des estimations prudentes, l'assaut israélien sur Gaza a tué, blessé, mutilé ou enseveli sous les décombres quelque 155 000 Palestiniens, des familles entières ayant été exterminées. Et 70 % des personnes tuées sont des femmes et des enfants. Parmi les 17 000 enfants tués, 700 étaient des bébés. Gaza n'est plus qu'un champ de ruines, d'ordures et de restes humains, où les survivants s'accrochent à la vie au milieu des privations et des maladies.

« Les Palestiniens qui y sont piégés ont connu un niveau de violence sans précédent au cours de ce siècle. Leurs résidences ont été démolies. Et tout cela se fait de façon intentionnelle. Et pourtant, Israël intensifie ses attaques en ce moment même.

« Pendant ce temps, la violence s'étend à la Cisjordanie, où on voit se reproduire le même pattern qu'à Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, le nombre de Palestiniens tués en Cisjordanie a été multiplié par dix par rapport à la moyenne des vingt années précédentes, dont 169 enfants. Cela représente un cinquième de tous les enfants qu'Israël a tués en Cisjordanie depuis 2000. Des universitaires palestiniens, des défenseurs des droits de l'homme, des universitaires, des médecins, des infirmières, des enfants sont arbitrairement arrêtés et incarcérés dans le cadre d'une campagne d'arrestations massives, et sont maintenant confrontés à la privation et à la torture dans des conditions sordides, et tout cela sans inculpation ni procès.

« Des milliers de Palestiniens ont été déplacés dans le cadre de la plus grande opération d'accaparement de terres en Cisjordanie et à Jérusalem-Est de ces trente dernières années.
« Alors que je continue à enquêter et à documenter les actes de génocide, il est clair qu'il existe également un déni et un obscurantisme qui se cachent derrière la perception commune de ce qu'est un génocide. Cette perception a été clairement façonnée par les horreurs massives de l'Holocauste et probablement par les caractéristiques du génocide rwandais. Dans les deux cas, l'échelle quasi industrielle et la brutalité de l'extermination ont défini notre compréhension collective du crime. Mais je vous rappelle que le génocide n'est pas défini par des opinions ou des histoires personnelles. Il peut y avoir génocide sans massacre ni extermination ; cependant, on retrouve ces deux éléments en Palestine.

« L'amnésie coloniale de la plupart des États occidentaux nous a fait oublier les centaines de millions de personnes qui ont vécu un génocide, que ce soit en Namibie, en Australie, dans les Amériques ou ici. C'est la mémoire du passé qui permettra à l'avenir d'être différent. C'est pourquoi la connaissance est aujourd'hui subversive.

« Le crime de génocide consiste en des actes accompagnés de l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel. Si la destruction du groupe s'interprète en termes physiques, biologiques, la loi génocidaire découle d'actes dont l'intention est de détruire l'esprit d'un peuple, la volonté de vivre, la vie elle-même. Ainsi, lorsque nous exprimons l'intention, nous devons nous rappeler que le génocide est un processus, et non un acte unique, comprenant une pluralité d'actes et d'acteurs. L'essentiel est donc d'identifier le fil conducteur de cette conduite collective.

« Ainsi, conformément à la jurisprudence la plus récente, mon dernier rapport évalue l'intention d'Israël de détruire le peuple palestinien de manière holistique par le biais d'une approche à triple lentille. En considérant la totalité de la conduite et des crimes israéliens contre la totalité du peuple palestinien en tant que tel, à travers la totalité du territoire palestinien illégalement occupé par Israël.
« Et si j'insiste sur ce cadre, permettez-moi de vous expliquer pourquoi. Parce que les Palestiniens subissent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité depuis des décennies. Mais ces faits ne suffisent pas à révéler l'ampleur du crime, ni à mettre en lumière le risque sérieux d'effacement auquel ils sont confrontés. Et je suis loin d'être le seul à le penser. En novembre 2023, 13 experts indépendants des Nations unies avaient déjà conclu à l'existence d'un génocide plausible. »

Enfin, j'invite lectrices et lecteurs à lire le rapport complet que Francesca Albanese soumettait, le 1 octobre dernier, à l'Assemblée générale des Nations Unies. [1] Une lecture aussi difficile à digérer, sur le plan humain et émotionnel, que les horreurs que nous voyons dérouler quotidiennement sur nos écrans.

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