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Le projet d’une société égalitaire passe inévitablement par le combat contre le racisme systémique

La question du racisme systémique soulevé par Haroun Bouazzi a été l'éléphant dans la pièce durant le congrès. Plusieurs assos avaient envoyé une résolution d'appui envers Haroun. Lors du congrès nous avons travaillé de façon consensuelle afin de s'assurer qu'elle soit adoptée. Le résultat final n'était pas exactement ce que nous souhaitions avec l'ajout du quatrième paragraphe, mais nous avons appuyé la résolution parce qu'elle donnait le mandat de soutenir Haroun et était suffisamment claire dans la dénonciation de l'instrumentalisation dont sont victimes les personnes immigrantes.
Dans sa résolution d'urgence, le congrès de Québec solidaire a réaffirmé son engagement à lutter contre le racisme. Cette résolution rappelle que des partis politiques multiplient les discours pour blâmer les personnes migrantes de tous les maux de la société québécoise : le manque d'accessibilité au soin de justice, la crise du logement, la détérioration des services publics… L'utilisation de cette rhétorique stigmatise les personnes immigrantes et nourrissent la xénophobie et le racisme. Les propos d'Haroun Bouazzi ne faisaient que rappeler ces pénibles réalités. C'est pourquoi la résolution se solidarise avec ce qu'a voulu dire notre député.
Résolution d'urgence CCN
Que le Congrès
Réaffirme son engagement historique et fondamental dans la lutte contre le racisme systémique, la haine et toutes les formes d'intolérance ;
Dénonce l'instrumentalisation injustifiée dont sont régulièrement victimes les personnes immigrantes notamment dans le cadre des débats entourant la crise du logement, l'emploi, l'accès aux services publics et la place du français au Québec, et continue à mettre en lumière les causes véritables de ces enjeux de société en proposant des solutions concrètes ;
Condamne fermement les menaces, la violence et la campagne de diffamation dirigée contre le député Haroun Bouazzi et lui offre son soutien face à ces circonstances ;
Affirme clairement et sans ambiguïté que QS ne soutient pas et n'a jamais soutenu que l'Assemblée nationale et ses membres sont racistes et réitère qu'il ne s'agit pas de la position du parti.
Selon l'entourage d'Haroun, la question n'était pas tant de sauver la face mais de considérer quelle sera la réaction des populations racisées face à cette déclaration. Vont-elles sentir que QS est le parti qui les défend et est préoccupé par le phénomène de construction de l'autre comme l'a si bien dit Haroun.
Haroun n'a pas eu l'appui escompté normalement par le caucus parlementaire de QS. Sa faiblesse à défendre Haroun, en fait le caucus l'a aussi condamné dans une bonne mesure, ce qui a certainement encouragé cette droite péquiste et caquiste. Peut-être aurait-elle été dans le même sens quand même mais, le caucus aurait dû défendre leur camarade devant cette offensive et garder leurs critiques à l'interne. La sortie publique de Christine Labrie contre Haroun est inacceptable et contraire à la résolution à laquelle nous avons travaillé au congrès et qui a été adoptée. Les députéEs sont redevables au parti, s'ils et elles ont éluEs c'est qu'ils et elles étaient sous la bannière de QS.
Une lettre d'appui a circulé et a été envoyée à la députation
À Roxane Milot, présidente de Québec solidaire,
Au caucus de Québec solidaire,
« Tout d'abord, nous tenons à féliciter la présidente Roxane Milot pour les efforts déployés lors du congrès, où elle a su présenter et faire adopter une résolution avec une forte majorité, en prenant l'engagement formel d'assurer l'unité du parti et du caucus afin de sortir de la crise actuelle renforcé.e.s. Nous estimons qu'il est impératif de respecter l'esprit de cette résolution pour poursuivre notre travail commun et avancer dans la réalisation du projet solidaire.
C'est dans cette perspective que nous exprimons notre stupéfaction d'apprendre aujourd'hui, dans les médias, que plusieurs député.e.s du caucus de Québec solidaire envisageraient la suspension du député Haroun Bouazzi. Une telle démarche ne peut être justifiée, que ce soit sur le plan éthique ou politique.
En effet, une telle démarche va à l'encontre de l'esprit de la résolution adoptée et de la volonté démocratique des membres, tout en remettant en question les principes fondamentaux de solidarité et de justice qui sont au cœur de notre mouvement. Revenir en arrière et suspendre Haroun Bouazzi, c'est ne pas respecter l'engagement de la présidente et s'affranchir de la décision du congrès, instance suprême du parti. Il est essentiel de préserver l'unité et la cohésion au sein de nos rangs. Toute tentative de diviser les voix et de remettre en cause les décisions collectives risque de fragiliser la confiance des membres et d'affaiblir notre mouvement.
Nous vous appelons donc à exprimer votre soutien à Haroun Bouazzi et à démontrer que Québec solidaire est un parti qui reste fidèle à ses valeurs ainsi qu'à ses engagements, même face à l'adversité. »
L'assemblée nationale
Selon le Journal de Québec, « Haroun Bouazzi a donc dû écouter les doléances de ses adversaires politiques durant près d'une demi-heure au Salon rouge, une situation jamais vue. Il a encaissé le tout en gardant les yeux rivés sur l'écran de son iPad.
À ses côtés, la plupart des élus solidaires sont demeurés stoïques, alors que caquistes, libéraux et péquistes ne rataient pas une occasion de se lever pour applaudir chaudement.
Seule la députée solidaire Christine Labrie s'est fait un point d'honneur d'applaudir après chaque intervention contre son collègue, tout en demeurant assise. Plus tôt dans la journée, elle avait clairement fait connaître son désaccord avec ses propos. » Paradoxalement c'est elle que Haroun Bouazzi avait appuyée lors de la course au poste de porte-parole féminin.
Des appuis qui désavouent une offensive bien orchestrée
Toute cette histoire a été orchestrée en bonne partie par le Journal de Montréal qui a publié l'information concernant l'événement du Gala du Club Avenir deux semaines plus tard à la veille du congrès de QS, jusque-là personne ne s'en était offusqué. Rabah Moulla indiquait que parmi les députés qui accablent publiquement Haroun Bouazzi, il y a le député du PLQ, Moncef Derraji qui va sans doute déposer une Motion contre lui, aujourd'hui le 20 novembre. Or, comme Haroun, il était invité au Gala du Club Avenir le 02 novembre et a donc écouté en direct l'intervention du député QS. Pourquoi n'a-t-il rien dit entre cette date et le jeudi 14, jour où le Journal de Montréal a consacré un article à cette affaire ?
Selon Jonathan Durand-Folco, « tout se passe comme si le racisme systémique, qui peut potentiellement se manifester dans n'importe quelle institution (police, éducation, système de santé, médias, etc.) ne pouvait pas absolument pas exister au sein de l'Assemblée nationale. C'est tout simplement impensable. Le parlement serait une institution sacrée, surhumaine, immunisée contre ce mal absolu, comme si le racisme ordinaire et inconscient ne pouvait pas s'y retrouver, comme dans le trou d'un cyclone. »
France-Isabelle Langlois, directrice-générale d'Amnistie internationale Canada, a soutenu Haroun et mis en évidence comment cette controverse s'inscrit dans une dynamique sociopolitique plus large à l'échelle internationale : « Les constats de M. Haroun Bouazzi décrivent une réalité préoccupante qu'Amnistie Canada a maintes fois dénoncée. Un discours de plus en plus présent et décomplexé blâmant les personnes migrantes pour tous les maux de la société. Un discours de fermeture, opposant le nous aux autres. Plusieurs élu·e·s sont les leaders de ce discours, c'est aussi un fait. Un discours qui s'inscrit dans une tendance mondiale de fond, où des mouvances, des partis politiques et des personnalités politiques de droite et d'extrême-droite, ouvertement sexistes, sinon misogynes, racistes et xénophobes ont le vent dans les voiles. Un discours qui est simplement repris comme étant valable, une opinion, une pensée parmi tant d'autres. C'est cette réalité qui devrait nous alarmer au plus haut niveau, d'autant qu'elle rappelle une période parmi les plus sombres de l'humanité. Elle doit être décrite et dénoncée. Les tirs groupés contre M. Bouazzi s'apparentent à tirer sur le messager, celui qui avertit du danger que nous ne voulons ni voir ni entendre. »
Le député fédéral du NPD Alexandre Boulerice, s'est exprimé sur le harcèlement contre Haroun Bouazzi. Il explique qu'il y a du racisme partout, que des politiciens québécois utilisent les immigrants comme boucs émissaires et cite les propos du premier ministre et du ministre Jean Boulet, les immigrants refusent de travailler et d'apprendre le français. Alexandre Boulerice indique que si on n'a pas construit de logements sociaux depuis trente ans et qu'il manque maintenant de logements ce n'est certainement pas pas à cause des immigrants.
Jean Boulet avait déclaré que 80 % des nouveaux arrivants ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n'adhèrent pas aux valeurs. Or François Legault avait lui-même alimenté une controverse sur l'immigration, en affirmant que « ce serait un peu suicidaire » d'accueillir plus de 50 000 nouveaux arrivants par année. Il avait à l'époque indiqué que Jean Boulet avait fait une « erreur de jugement ».
La ligue des droits et liberté s'est dit également consternée par la vague d'indignation, d'intimidation et de réactions outragées qui s'est abattue sur Haroun Bouazzi, député de Québec solidaire dans Maurice-Richard, à la suite de ses propos sur le phénomène du racisme et de la construction de l'Autre à l'Assemblée nationale. Les porte parole Maryève Boyer,Sam Boskey et Laurence Guénette ont exprimé être hautement préoccupés par le racisme systémique, la LDL observe une tendance à l'exacerbation des discours nationalistes identitaires très inquiétante ces années-ci. Non seulement le gouvernement en place refuse obstinément de reconnaître l'existence du racisme systémique au Québec, mais certains élus attribuent à tort à l'immigration une multitude de maux sociaux.
Quelques faits
𝐋'𝐚𝐜𝐭𝐮𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́, 𝟑𝟏 𝐣𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟒 : « Avec la crise du logement qui ne cesse de prendre de l'ampleur, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, affirme qu'il est nécessaire de réduire, non seulement les seuils d'immigration permanente, mais également le nombre d'immigrants temporaires. »
𝐋𝐚 𝐏𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞, 𝟕 𝐦𝐚𝐢 𝟐𝟎𝟐𝟒 : « Le gouvernement du Québec persiste et signe : le futur musée ne sera pas consacré à l'histoire du Québec, mais plutôt à celui de la nation québécoise, qui est distincte des Premières nations. »
𝐋𝐞 𝐉𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐝𝐞 𝐐𝐮𝐞́𝐛𝐞𝐜, 𝟏𝟎 𝐣𝐮𝐢𝐧 𝟐𝟎𝟐𝟒 : « François Legault estime que 100% du manque de logements vient directement de l'augmentation du nombre de nouveaux arrivants ayant un statut temporaire, incluant les demandeurs d'asile. »
𝐑𝐚𝐝𝐢𝐨-𝐂𝐚𝐧𝐚𝐝𝐚, 𝟐 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞 𝟐𝟎𝟐𝟒 : « De passage en France pour une mission diplomatique, M. Legault a déclaré pour la première fois, à la fin d'une mêlée de presse avec des journalistes québécois, que ces transferts de migrants vers d'autres provinces canadiennes devraient selon lui être "obligatoires." ».
𝐑𝐚𝐝𝐢𝐨-𝐂𝐚𝐧𝐚𝐝𝐚, 𝟐𝟏 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞 𝟐𝟎𝟐𝟒 : « En s'appuyant sur le cas de l'école Bedford, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, affirme qu'il y a de "l'entrisme religieux et idéologique" dans les établissements scolaires du Québec et veut que la laïcité soit renforcée pour le contrer. »
𝐋𝐞 𝐉𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥 𝐝𝐞 𝐐𝐮𝐞́𝐛𝐞𝐜, 𝟐𝟖 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞 𝟐𝟎𝟐𝟒 : « Une immigration massive nuit à la natalité au Québec, selon le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, qui suggère une baisse drastique du nombre de nouveaux arrivants. »
Période de motions à l'Assemblée nationale contre le député Haroun Bouazzi
Le 18 novembre dernier, à l'Assemblée nationale du Québec, cette période de motions de la CAQ, du PLQ et du PQ a constitué un véritable hallali contre un député anti-raciste, Haroun Bouazzi. Pour mémoire. (Extrait de la vidéo produite par le Service numérique de l'Assemblée nationale.).
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Le congrès des statuts et ses suites

Québec solidaire vient de vivre son premier congrès consacré essentiellement aux statuts du parti depuis la fondation en février 2006. Plusieurs changements substantiels étaient proposés par le comité de coordination national, à la suite des travaux d'un comité de révision des statuts auquel l'auteur de ces lignes a participé. Notons que les efforts du comité ont été encadrés par des mandats reçus de conseils nationaux et de congrès précédents et par un vaste processus de consultation.
Parmi les nombreuses décisions prises par les quelque 250 personnes déléguées, certaines constituent des avancées pour ceux et celles qui souhaitent un parti militant, orienté vers les mouvements et une démocratie participative et délibérative. Nous pouvons nous appuyer sur ces gains pour aller plus loin dans la direction souhaitée. D'autres décisions constituent des reculs importants mais qu'il est encore possible de contenir et de limiter par des décisions futures. Enfin, certains changements contiennent des possibilités pouvant aller dans les deux directions. Dans ces quelques cas, c'est la pratique militante et le travail sur les détails du fonctionnement des nouvelles structures qui vont déterminer la suite des choses.
Des avancées
La création de la commission nationale des personnes racisées (CNPR) et l'établissement d'un seuil minimal de deux personnes racisées au comité de coordination national constituent des pas importants vers une prise en compte plus systématique de la lutte contre le racisme dans la réflexion et les actions du parti. Les interventions des personnes qui présentaient la proposition ont constitué des moments forts de la fin de semaine. Dans le contexte de la controverse médiatique créé autour d'une déclaration bien ordinaire du député Haroun Bouazzi, ces décisions ont pris une portée brûlante d'actualité.
La dimension de la formation prend une nouvelle importance avec l'École solidaire annuelle et une clarification du rôle de la personne responsable à la formation. Sans un effort systématique de formation, on peut difficilement résister à la pression des idées dominantes et continuer à construire un parti qui avance à contre-courant.
La création d'un poste au CCN à la solidarité internationale et hors-Québec est aussi une décision très positive et l'aboutissement d'une longue démarche. Sans un effort important pour tisser des liens avec nos camarades du reste du Canada et de nombreux autres pays, on peut difficilement imaginer la réussite de notre projet politique, notamment l'indépendance du Québec - qui aura besoin de reconnaissance et de solidarité - et la lutte forcément globale autour de la crise climatique.
Nous avons réussi à bloquer une tentative de la part du CCN de mettre fin aux collectifs, ce qui n'est pas rien. Après les efforts déployés pour faire reconnaître le nouveau collectif écoféminste et écosocialiste lors du dernier CN à Saguenay, cette décision était très bienvenue. Le congrès a plutôt retenu la proposition visant à préciser le rôle des collectifs et leur place dans le parti, sans toutefois aller jusqu'à leur garantir un budget ou une délégation sur les instances nationales. Ils pourront faire connaître leurs idées et leurs activités aux personnes responsables des diverses associations et des autres structures du parti, mais pas directement à l'ensemble des membres. À noter, la nouvelle formulation sur les collectifs précise qu'ils servent à regrouper des membres qui partagent une perspective politique d'ensemble et non une affinité, une identité ou un intérêt particulier. Ils n'entrent donc pas en compétition avec les nouveaux comités d'action politique ou les commissions nationales.
Un comité permanent sur le fonctionnement du parti a aussi été ajouté aux statuts, suite à une recommandation du comité de révision. Ce comité composé en majorité de personnes élues en CN va piloter la révision permanente des statuts, des politiques qui en découlent et des procédures. Ceci devrait permettre d'éviter une autre révision complète des statuts dans l'avenir prévisible et assurer une certaine continuité dans la réflexion, au lieu de la pratique des comités ad hoc qui a prévalu au cours des dernières années.
Des reculs
D'autres décisions constituent des reculs sur le plan de la qualité de la démocratie dans le parti. On a ouvert grand la porte à des modes plébiscitaires qui ressemblent plus à de la consommation de politique médiatique qu'à de l'action politique collective.
L'élection des porte-paroles au suffrage universel des membres et l'institution d'une course à la chefferie constitue probablement la pire de ces décisions. Par contre, il faudra réviser la politique actuelle encadrant les courses au porte-parolat, ce qui nous donne l'occasion d'imposer des limites à l'expansion de ces courses qui prennent déjà trop de place dans la vie du parti. Nous pourrions, par exemple, limiter les contributions à la course à 100$ par personne, plutôt que la limite de 500$ permise par la loi, sauf pour la personne candidate elle-même. Ceci, à la fois pour limiter l'ampleur que pourrait prendre la course et pour assurer une plus grande équité parmi les membres.
Les référendums internes décisionnels constituent aussi un danger majeur pour le parti, surtout la clause qui permet au CCN d'initier une telle consultation. Imaginons un scénario dans lequel le CCN déciderait d'en appeler directement aux membres parce qu'il estime que la masse des membres à carte est plus susceptible d'appuyer sa position qu'un CN ou un congrès, des instances qui représentent les membres actifs. Ceci causerait forcément une crise majeure au sein du parti dont il pourrait ne jamais se relever. Notons que cette clause a été intégrée aux statuts par une majorité des deux tiers plus deux votes...
Dans ce cas, c'est toute une nouvelle politique qui doit être élaborée pour encadrer la pratique des référendums internes. Cette politique pourrait clarifier que le CCN ne peut prendre l'initiative d'un référendum que dans le cas où la question est urgente et ne peut pas être d'abord traitée par le CN (l'argument avancé par le CCN). On pourrait aussi préciser que le sujet du référendum ne pouvait pas être anticipé par le CCN et donc être mis à l'ordre du jour d'un CN. Par exemple, s'il s'agit d'une orientation stratégique en lien avec une élection générale, comme une alliance avec un autre parti, il n'y a pas de raison de ne pas passer par le CN ou le congrès, étant donné que les élections sont à date fixe.
On devrait aussi créer des camps du OUI et du NON ayant un accès rigoureusement égal aux outils de communication interne et aux médias durant la campagne référendaire. Ces campagnes devraient avoir une durée minimale et des moyens de rejoindre l'ensemble des membres. On pourrait même exiger la participation à au moins une activité liée à la campagne pour obtenir le droit de vote. Ceci irait dans le sens de l'objectif formulé par le CN de 2023 au sujet de la participation directe des membres aux décisions. (Objectif 4. Se doter de statuts qui donnent davantage de pouvoir décisionnel directement aux membres et que ce pouvoir soit accompagné de lieux de formation et de débats.)
Des pas de côté
Les gens qui ont discuté de ce sujet avec moi au cours des dernières années seront étonnés de lire que je considère le nouveau conseil national comme un pas de côté. Il se trouve que la création d'un CN permanent, avec des mandats d'un an, ouvre des possibilités d'amélioration de la vie démocratique, notamment une supervision plus étroite des activités de l'aile parlementaire, du CCN et de la permanence par des personnes représentant les structures de base. Mais cette possibilité ne sera réalisée que par la pratique. Il sera également possible de rendre le CN plus autonome par rapport au CCN en organisant un mécanisme de communication horizontale parmi ses membres et en permettant aux membres du CN de préparer collectivement leur ordre du jour et les propositions qui seront soumises aux votes lors des réunions. Mais est-ce que ce sera fait ?
Également, les dangers soulevés quant à la nouvelle formule sont des possibilités que nous pouvons éviter. Notons en particulier l'autonomisation des délégations au CN par rapport aux structures qu'elles représentent. Les associations, commissions et comités représentés au CN peuvent prendre des moyens pour s'assurer que leur délégation rende régulièrement des comptes et les consulte sur toutes les décisions importantes. Mais ceci va demander un effort.
La création des comités d'action politique (CAP), une structure combinant les responsabilités actuelles de réseaux militants et des commissions thématiques a soulevé des résistances importantes. Notamment, on craint une perte d'autonomie par rapport au modèle des réseaux militants. Mais cette possibilité peut être contrée dans la politique qui va encadrer le fonctionnement des CAP. Par exemple, on peut s'assurer que le comité de coordination de chaque CAP soit élu par les membres en assemblée générale annuelle, toutes les personnes intéressées par le sujet pouvant participer à l'AG.
Aussi, les personnes qui vont représenter les CAP au conseil national et à la commission politique devraient être issues de ces comités de coordination élus par la base militante. Ceci aurait notamment pour effet d'assurer que la commission politique soit composée de personnes enracinées dans la vie du parti.
Afin d'assurer la parité tant au CN qu'à la CP, un tirage au sort pourrait être utilisé afin de déterminer quelle moitié des CAP doit déléguer une femme à la CP, l'autre moitié devant déléguer une femme au CN. Cette répartition pourrait être inversée à intervalle régulier, tous les deux ans, par exemple. Alors, le rôle du CN serait uniquement de ratifier les décisions prises de manière autonome par chaque CAP, en plus de reconnaître les CAP sur la base d'une politique claire et largement acceptée.
La nouvelle répartition des rôles entre les associations locales et les concertations régionales est une formule dont le succès n'est pas déterminé à l'avance non plus. Il faudra notamment que nous développions des pratiques participatives et équitables pour le fonctionnement des associations locales à plus d'une circonscription. La mise en action des concertations régionales sur des enjeux de mobilisation sociale ou de formation politique ne sera pas automatique et va dépendre de l'action des militantes et des militants.
Sur la résolution d'urgence
La résolution développée par le CCN constituait un compromis entre des visions divergentes présentes depuis le début au sein du parti quant à la manière de répondre aux attaques des chroniqueurs nationalistes conservateurs et des adversaires politiques nationalistes identitaires du PQ et de la CAQ.
D'une part, un courant dominant à la tête du parti depuis longtemps considère que les enjeux dits identitaires sont des champs de mine à éviter et que QS devrait chercher des terrains d'entente avec les autres partis sur ces questions afin d'éviter la polarisation. Un cas typique de cette approche est le projet de loi sur la laïcité qui avait été présenté par notre députation en 2013, un peu avant la Charte des valeurs du PQ. Ce projet de loi était bien pire que la loi 21 de la CAQ que nous avons dénoncée fortement quelques années plus tard. Reconnaître que la diversité religieuse était un problème méritant une solution était une erreur stratégique et une concession envers les discours réactionnaires.
D'autre part, bien des membres du parti pensent que la bataille contre le nationalisme étroit, la xénophobie et diverses formes de racisme plus ou moins affiché, est inévitable et ne peut être menée que de front, sans compromis d'aucune sorte. L'exemple de l'attitude faite de concessions et de compromis adoptée par une bonne partie de la gauche traditionnelle en Europe ou par les Démocrates aux États-Unis démontre bien que la première stratégie est vouée à l'échec et que la gauche devrait plutôt adopter une stratégie de confrontation sereine et déterminée. À chaque fois qu'on donne raison à la droite sur un argument particulier (“Il faut fermer la frontière et rejeter les personnes réfugiées.”, par exemple), on leur cède du terrain qui servira de base pour aller toujours plus loin dans une direction autoritaire, policière et d'exclusion, fondée sur une panique identitaire.
La résolution d'urgence adoptée à la fin du congrès évite de trancher entre ces deux stratégies. Elle affirme notre engagement à lutter contre le racisme. Mais elle refuse de reconnaître explicitement qu'au moins deux de nos principaux adversaires politiques, la CAQ et le PQ, alimentent le racisme au quotidien avec leurs déclarations, leurs propositions et certaines lois, comme la loi 21. S'il ne s'agit pas de déclarer que les personnes qui parlent au nom de ces deux partis “sont” racistes - ce qui n'est pas démontrable ou utile, comme le dit Haroun - on doit cesser de prétendre que leurs stratégies politiques ne sont pas fondées sur une sollicitation en même temps qu'un renforcement des sentiments racistes dans une partie de la population.
Benoit Renaud
18 novembre 2024
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Un nouveau contrat pour l’égalité entre les femmes et les hommes pour l’Europe

Ce livre en libre accès, publié par la FEPS et la Fondation Jean-Jaurès et par Palgrave, est centré sur le travail de penseurs féministes progressistes contemporains et sur l'idée qu'il n'y a pas de démocratie sans égalité des sexes. Les auteures développent le concept d'un féminisme qui fonctionne pour tout le monde – indépendamment de leur sexe, de leur identité sociale ou culturelle – dans le contexte de la politique de l'UE.
Le livre présente des experts du genre aux antécédents multidisciplinaires de toute l'Europe, offrant une exploration complète des efforts visant à s'éloigner de la rhétorique du « retour de bâton du genre » et à s'orienter vers un nouveau contrat de genre pour une Union européenne plus juste et plus égalitaire.
Face à l'opposition persistante au genre en Europe et au-delà, cette publication s'efforce donc de faire valoir que l'égalité des sexes devrait devenir une force unificatrice vers des sociétés plus égalitaires, solidaires et bienveillantes dans le cadre de ce nouveau « contrat de genre ».
Bien plus qu'un simple exercice théorique, cette publication cherche à relier l'intelligence académique féministe à l'élaboration pratique des politiques. L'objectif sous-jacent est d'appliquer les idéaux d'une utopie féministe à la pratique très concrète et quotidienne de l'élaboration et de l'élaboration des politiques en Europe.
Cherchant à surmonter l'idée d'une tension inévitable entre la recherche sur l'égalité des sexes dans le monde universitaire et d'autres domaines politiques, ce livre contribue à montrer comment ils peuvent se renforcer mutuellement, en s'appuyant sur l'idée que l'avenir de l'UE est façonné par le genre.
C'est précisément la raison pour laquelle chaque chapitre de ce recueil décrit comment élaborer un tel nouveau contrat sur le genre à travers une sélection de domaines politiques clés.
Dans le cadre de cet effort, notre livre s'efforce de favoriser le dialogue entre des universitaires et des décideurs politiques de pointe sur des sujets clés de l'avenir féministe de l'UE. Chaque chapitre suit la même structure. Il commence par une analyse des tendances actuelles dans ce domaine, suivie d'une discussion sur la pertinence de la réalisation d'un nouveau contrat sur l'égalité entre les sexes pour chaque domaine politique. Les auteures plaident de manière convaincante, à travers l'angle choisi et la question de recherche, pour la co-construction de politiques orientées vers un futur féministe. En outre, les chapitres décrivent le type d'actions et de recommandations à explorer dans la contribution pour offrir des réponses tangibles aux défis actuels en matière d'égalité des sexes dans le domaine discuté.
Le premier chapitre, rédigé par Krystyna Dzwonkowska-Godula, met l'accent sur l'importance de la santé et des droits sexuels et reproductifs (SDSR) pour l'égalité des sexes. Les études sur la SDSR sont cruciales pour la santé et le bien-être des êtres humains, la dignité et l'autonomie individuelles, ainsi que dans le contexte des droits des femmes et de la personne. L'auteur explore certains aspects de la SDSR, tels que l'éducation sexuelle, l'accès à la contraception moderne et l'avortement, qui conditionnent tous les choix reproductifs des personnes et, par conséquent, les choix de vie et les chances. Le chapitre conclut en affirmant que l'adoption de la perspective de la justice reproductive, qui combine les droits reproductifs avec la justice sociale et l'approche de l'intersectionnalité, est utile dans l'analyse critique des politiques reproductives dans les pays européens et pour formuler des recommandations visant à créer un nouveau contrat de genre comme base pour une Europe plus inclusive, plus juste et plus féministe.
Dans le chapitre suivant, Rachel Silvera cherche à construire un nouveau contrat d'égalité des sexes pour le travail et à démontrer que le féminisme est une perspective vitale pour l'avenir de l'Europe. Si l'on ne s'attaque pas aux différentes formes d'inégalités structurelles sur le marché du travail, les femmes n'acquerront pas leur pleine indépendance et ne seront pas en mesure de prendre leur place effective dans la société.
Eugenia Caracciolo di Torella aborde ensuite le rôle d'un contrat de genre pour les soins. L'auteur soutient qu'il s'agit non seulement d'une condition préalable pour jeter les bases d'un monde meilleur, mais aussi d'un élément essentiel d'une reprise post-pandémique. En tant que tel, il fournit un plan pour faire face aux événements qui se déroulent devant nous, de l'augmentation du coût de la vie à la crise des soins de santé, en vue de rendre notre société et notre économie plus durables. Elle soutient également que l'UE dispose déjà, au moins d'une partie, des « outils juridiques » nécessaires à l'élaboration d'un tel contrat, et qu'elle doit maintenant prendre le leadership dans ce domaine de toute urgence.
Andrea Pető propose de repenser l'enseignement supérieur européen à travers le féminisme. Le chapitre analyse les réponses aux défis récents initiés par la séparation des institutions et la décentralisation de la science, en soutenant que l'internationalisation de la science peut être aussi menaçante pour la mission originelle de l'éducation que le processus de renationalisation. L'auteur soutient que les acteurs apparemment paralysés et insensibles contribuent à la propagation des alternatives illibérales en Europe.
Dans son chapitre, Mafalda Dâmaso traite de la culture et de la manière dont la perspective féministe pourrait être ajoutée à cette politique publique. La diversité culturelle fait l'objet de débats depuis des décennies, mais l'auteure soutient que les études féministes devraient être mieux intégrées dans cette réflexion. L'auteur propose de relier la pensée décoloniale et féministe aux droits culturels, afin que nous la comprenions comme faisant partie des droits de l'homme. Elle formule également quelques recommandations pour assurer une gestion de la diversité culturelle avec une approche holistique.
Le chapitre de Réjane Sénac, consacré à la démocratie, examine les défis à relever pour atteindre la parité en Europe. Elle rappelle, d'une part, que l'héritage européen est inégalitaire en raison de l'exclusion historique des femmes du contrat démocratique. D'autre part, il est également égalitaire en raison de ses institutions, où nous le promouvons. Dans ces tensions inéluctables, l'auteur n'en fait pas moins valoir que, plus que jamais, l'Europe a un rôle énorme à jouer pour relancer le débat politique, notamment dans la défense des droits fondamentaux.
Dans son chapitre, Annica Kronsell analyse le lien entre le climat et l'égalité des sexes. Le changement climatique a de nombreux impacts sur les femmes, à commencer par la dimension gouvernance de celui-ci. L'auteur propose de construire une gouvernance climatique alternative en introduisant la notion de rationalité empathique comme nouvelle façon d'élaborer des politiques pour faire face à l'un des grands défis de notre siècle.
Dans le dernier chapitre, Annika Bergman Rosamond et Jessica Cheung mettent en avant la dimension féministe au sein de la politique étrangère. La Suède a été le premier État et membre de l'UE à adopter une politique étrangère féministe. D'autres pays l'ont adopté depuis 2014. En définissant ce que pourrait être une politique étrangère féministe et en la mettant en place, les auteurs soulignent comment l'UE a intégré une approche féministe dans ses relations extérieures, même si beaucoup reste à faire pour progresser dans ce domaine.
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Soyons solidaires du député solidaire Haroun Bouazzi

Dans sa résolution d'urgence, le congrès de Québec solidaire a réaffirmé son engagement à lutter contre le racisme. Cette résolution rappelle que des partis politiques multiplient les discours pour imputer aux personnes immigrantes la responsabilité de tous les maux qui affectent la société québécoise : le manque d'accessibilité au soin de santé, la crise du logement, la détérioration des services publics, etc. L'utilisation de cette rhétorique stigmatise les personnes immigrantes et nourrit la xénophobie et le racisme. Les propos d'Haroun Bouazzi ne faisaient que rappeler ces pénibles réalités. C'est pourquoi, dans sa résolution, QS se solidarise avec ce qu'a voulu dire notre député. Parce que malheureusement, ces propos qui nourrissent la méfiance envers les personnes immigrantes sont tenus dans le cadre de l'Assemblée nationale. Ne pas reconnaître cette réalité, c'est non seulement se fermer les yeux, mais c'est prêter le flanc à toutes les manipulations qui prolifèrent à l'heure actuelle dans les médias visant à discréditer notre parti. Ce qui est en jeu, ce n'est pas la caractérisation des idées et des comportements des député-es, mais bien le refus de faire de personnes qui participent à la construction de notre société les boucs émissaires des difficultés à auxquelles la société québécoise doit faire face.
C'est pourquoi PTAG a cru nécessaire non seulement de publier la résolution du congrès, mais aussi de relayer un appel adressé à notre députation en défense de la résolution du congrès et d'ajouter quelques témoignages de solidarité envers le député solidaire Haroun Bouazzi.
Résolution d'urgence synthèse du CCN ,[ adoptée par le congrès] se lit comme suit :
Considérant la montée inquiétante des discours haineux et de la violence envers les personnes marginalisées en Occident ;
Considérant la multiplication des discours politiques consistant à blâmer les personnes immigrantes et les effets polarisant de ces discours ;
Considérant notre engagement à faire du Québec un pays diversifié, pluraliste et inclusif ;
Considérant les événements des derniers jours, entourant les déclarations du député solidaire Haroun Bouazi et les diverses réactions à celles-ci dont certaines ont largement dépassé les bornes et ont attaqué sa dignité humaine :
il est résolu que le congrès :
- Réaffirme son engagement historique et fondamental dans la lutte contre le racisme systémique, la haine et toutes les formes d'intolérance ;
- Dénonce l'instrumentalisation injustifiée dont sont régulièrement victimes les personnes immigrantes notamment dans le cadre des débats entourant la crise du logement, l'emploi, l'accès aux services publics et la place du français au Québec, et continue à mettre en lumière les causes véritables de ces enjeux de société en proposant des solutions concrètes ;
- Condamne fermement les menaces, la violence et la campagne de diffamation dirigée contre le député Haroun Bouazzi et lui offre son soutien face à ces circonstances ;
- Affirme clairement et sans ambiguïté que QS ne soutient pas et n'a jamais soutenu que l'Assemblée nationale et ses membres sont racistes et réitère qu'il ne s'agit pas de la position du parti.
Appel au respect de la décision du congrès À Roxane Milot, présidente de Québec solidaire, au caucus de Québec solidaire,
Tout d'abord, nous tenons à féliciter la présidente Roxane Milot pour les efforts déployés lors du congrès, où elle a su présenter et faire adopter une résolution avec une forte majorité, en prenant l'engagement formel d'assurer l'unité du parti et du caucus afin de sortir de la crise actuelle renforcé.e.s. Nous estimons qu'il est impératif de respecter l'esprit de cette résolution pour poursuivre notre travail commun et avancer dans la réalisation du projet solidaire.
C'est dans cette perspective que nous exprimons notre stupéfaction d'apprendre aujourd'hui, dans les médias, que plusieurs député.e.s du caucus de Québec solidaire envisageraient la suspension du député Haroun Bouazzi. Une telle démarche ne peut être justifiée, que ce soit sur le plan éthique ou politique.
En effet, une telle démarche va à l'encontre de l'esprit de la résolution adoptée et de la volonté démocratique des membres, tout en remettant en question les principes fondamentaux de solidarité et de justice qui sont au cœur de notre mouvement. Revenir en arrière et suspendre Haroun Bouazzi, c'est ne pas respecter l'engagement de la présidente et s'affranchir de la décision du congrès, instance suprême du parti. Il est essentiel de préserver l'unité et la cohésion au sein de nos rangs. Toute tentative de diviser les voix et de remettre en cause les décisions collectives risque de fragiliser la confiance des membres et d'affaiblir notre mouvement.
Nous vous appelons donc à exprimer votre soutien à Haroun Bouazzi et à démontrer que Québec solidaire est un parti qui reste fidèle à ses valeurs ainsi qu'à ses engagements, même face à l'adversité.
Solidairement,
Roger Rashi
Campagne de courriels :
Des rapports circulent dans les médias comme quoi des membres du caucus de Québec solidaire voudraient exclure Haroun Bouazzi et ce en dépit de la motion d'urgence qui vient d'être adoptée lors du congrès et qui prône l'unité du parti et du caucus. En réponse à ces rumeurs inquiétantes, des camarades proposent d'envoyer un courriel à la présidente et aux élu.e.s avec le texte que vous trouverez dans mon courriel ci-bas. Vous n'avez qu'à copier-coller le message et les adresses.
To : Roxane Milot , secretariat.general@quebecsolidaire.net, Ruba.Ghazal.MERC@assnat.qc.ca, Gabriel Nadeau-Dubois , Haroun.Bouazzi.MAUR@assnat.qc.ca, Guillaume.Cliche-Rivard.SHSA@assnat.qc.ca, "Andres.Fontecilla.LADO@assnat.qc.ca" , Etienne.Grandmont.TASC@assnat.qc.ca, Christine.Labrie.SHER@assnat.qc.ca, Alexandre.Leduc.HOCH@assnat.qc.ca, Vincent.Marissal.ROSE@assnat.qc.ca, Manon.Masse.SMSJ@assnat.qc.ca, Alejandra.ZagaMendez.VERD@assnat.qc.ca, Sol.Zanetti.JELE@assnat.qc.ca
Prises de positions de solidarité militante avec Haroun Bouazzi
Amir Khadir
Je pense à Haroun Bouazzi parce que je suis solidaire.
Je pense à Haroun parce que je suis malheureusement d'accord avec lui. Il y a du racisme de la part de gens au gouvernement Legault.
J'ai lu des commentaires qui apparaissaient sur sa page FB de gens absolument fâchés de ses propos. Hélas, Haroun a raison et cela choque parce que bien malheureusement c'est vrai.
Je vis au Québec depuis 53 ans. J'y suis chez moi et je m'y sens bien. Mais on n'est pas plus fin qu'un autre.
Enfin si ! On l'est quand même un peu : il y a beaucoup moins de racisme au Québec qu'en France ou au Danemark par exemple. Mais si des médias et certains politiciens inspirés par François Legault s'y appliquent davantage - comme ils le font depuis quelques temps - et continuent à susciter une sourde xénophobie teintée de racisme à l'endroit des communautés arabes et immigrantes, eh bien malheureusement nous auront tôt fait de rattraper la France qui vote à 33% pour l'héritier du parti raciste qu'est le Front National ! Ne pas se le dire, c'est se mentir.
Voulez-vous un exemple : François Legault et son gouvernement bloquent une motion pour condamner le génocide perpétré par Israël avec la complicité du gouvernement Trudeau qui continue à lui vendre des armes. Pourquoi me demandez-vous ? Je vais vous le dire comme je le pense : pour notre premier ministre les vies des Palestiniens, les milliers d'enfants massacrés n'ont que peu de valeur. Si peu que ça ne vaut même pas une condamnation.
Mais il n'est pas gêné de se dépêcher de condamner des échauffourées à Amsterdam où il croit que des Israéliens auraient été battus, victimes d'antisémitisme. Le pire dans cette histoire c'est que les événements en question ont été déclenchés par des hooligans israéliens venus encourager leur équipe mais qui ont brûlé un drapeau palestinien et insulté la mémoire des victimes des inondations en Espagne (ce pays a condamné à de maintes reprises le génocide).
Moi aussi j'aurai condamné toute victime de violence, serait-ce de méchants hooligans. Mais pour François Legault et certains de ses députés il y a deux poids deux mesures.
Les milliers de victimes palestiniennes innocentes massacrées, torturées, brûlées par Israël ne font pas le poids devant quelques centaines de hooligans partis en saccage dans les rues d'Amsterdam.
N'en déplaise à nos amis biens pensants qui hurlent avec les loups contre Haroun, il a malheureusement raison : ce deux poids deux mesures est profondément ancré dans un racisme qui ne dit pas son nom !
Rabah Moulla
Je n'ai pas toujours été d'accord avec Haroun Bouazzi député de Maurice-Richard mais je suis solidaire avec lui face aux commentaires haineux qui le ciblent depuis hier. J'ai écouté son entrevue ce matin chez Masbourian et l'extrait de ce qu'il a dit au gala Club Avenir et je trouve qu'il n'y a rien de choquant dans les propos rapportés de son intervention. À la limite, des propos qui avaient besoin d'être expliqués et c'est ce qu'il a fait à la radio.
Ça fait près de 20 ans que je vis au Québec et force est de constater que l'enjeu principal de la plupart des élections, que ce soit au provincial ou au fédéral, est l'immigration et surtout la construction d'une image négative de l'immigration. Sur cette question, mentions spéciales à la CAQ et au PQ qui ont beaucoup donné dans le discours pointant du doigt « l'autre » dont parle Haroun.
Québec Solidaire a besoin d'être solidaire avec son député face à la campagne qui va continuer à le viser.
Jonathan Durand Folco
Est-on en train de se magasiner une nouvelle crise interne à Québec solidaire ?
À l'heure où le fascisme est à nos portes du côté des États-Unis, où les conservateurs néotrumpistes de Poilievre risquent de gagner les prochaines élections fédérales, où la CAQ et le PQ jouent sur la surenchère identitaire en attribuant à l'immigration la quasi-totalité des problèmes de la société (pénurie de logement, crise des services publics, recul du français, scandale de l'école Bedford, baisse de natalité, disparition imminente du peuple québécois, allongement des listes d'attentes en chirurgie, crise de la DPJ, etc.), c'est le député Haroun Bouazzi qui se fait accuser de semer la division, de souffler sur les braises de l'intolérance, de polariser, de favoriser le repli, d'avoir des propos inacceptables ?
Tout ça pour avoir dit la chose suivante, qui décrit assez bien la réalité par ailleurs : "Dieu sait que je vois ça à l'Assemblée nationale tous les jours, la construction de cet Autre, de cet Autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure".
C'est le monde à l'envers.
Haroun ne dit pas que tous les députés sont racistes, et que toute l'Assemblée nationale serait intrinsèquement raciste ; il dit simplement qu'il y a des idées et mécanismes dans cette enceinte qui favorise la "construction de cet Autre", d'un bouc émissaire, d'un "Eux", d'une menace imminente au "Nous québécois". Et qu'on le veuille ou non, c'est bien une réalité.
Cela est-il exagéré, alors que les amalgames et les discours d'intolérance sont sans cesse répétés dans l'espace médiatique et dans l'arène parlementaire, sans trop de nuances, le tout pour marquer des points politiques ?
À l'heure où Trump menace de déporter 20 millions d'immigrants, François Legault de son côté aimerait bien déporter (oups, opérer un "transfert obligatoire", euphémisme pour parler d'expulsion) 80 000 demandeurs d'asile. De son côté, le PQ, comme première réponse à l'élection de la semaine dernière, s'inquiète d'abord de la menace de millions d'immigrants qui vont bientôt se ruer à nos frontières, tout en reprenant la même rhétorique trumpiste mais sous une forme modérée et "politiquement correcte".
On peut comprendre que le PQ et la CAQ visent QS, cherchent à diviser la gauche et à discréditer Haroun Bouazzi, lequel a été depuis 2013 un grand opposant du projet de Charte des valeurs québécoises et de la loi 21. On peut comprendre que les chroniqueurs du JdeM et les populistes conservateurs soient sur son dos, en l'accusant de "racisme antiblanc", d'avoir des "propos mensongers", tout en niant que le racisme systémique existe au Québec par ailleurs. Tout le camp du parti "anti-immigrationniste" est en train de savourer ce spectacle.
Mais que les libéraux et Marwah Rizqy embarquent dans le jeu, que les porte-paroles de QS rabrouent leur collègue en disant que ses propos étaient "maladroits et exagérés", alors que QS tient un discours beige et tiède en évitant de dénoncer les propos qui contribuent à la montée du racisme au sein de l'Assemblée nationale, de peur de se faire accuser de racistes à leur tour, tout cela dépasse les bornes.
Déjà il y a deux semaines, on condamnait l'action d'un ex-candidat solidaire qui fit une action de désobéissance civile en faveur de la juste climatique. Que cette condamnation vienne des principaux partis, c'est normal et attendu, mais de la part de QS, cela témoigne qu'on cherche encore à se dissocier de propos qui ferait paraître le parti comme trop "radical" ou "intolérant". C'est la gauche pragmatique molle, qui malheureusement ne parvient pas à convaincre une majorité de voter pour elle, mais contribue paradoxalement à démobiliser sa propre base militante et électorale.
Alors que la gauche ne cesse de reculer partout, que la stratégie du centre-mou a été pulvérisée par le trumpisme chez nos voisins du sud, que les écologistes sont toujours plus criminalisés partout sur la planète, que le féminisme et l'antiracisme vivent un immense backlash avec la remontée de mouvements masculinistes et d'extrême droite de plus en plus décomplexés, on devrait pourtant redoubler de solidarité, se serrer les coudes, trouver des moyens de recadrer le débat et/ou d'assumer ses positions, en montrant où se situent les mécanismes qui nourrissent le racisme et la xénophobie.
Dans toute cette controverse, j'apporte mon soutien à Haroun Bouazzi, tout comme Catherine Dorion qui met en évidence l'hystérie médiatique autour de cette affaire. Dans sa publication du 15 novembre sur Facebook, elle dit : "L'absence de nuance n'est pas dans les propos d'Haroun Bouazzi mais dans la réaction folle que le milieu médiatico-politique en fait. Heureusement, beaucoup de gens le saisissent d'emblée, même parmi ceux qui sont en désaccord avec Bouazzi. Ceux-là regardent les politiciens qui s'écrasent devant quelques chroniques, et prennent des notes."
Je rejoins aussi les propos de Amir Khadir qui a affirmé hier : "Je pense à Haroun Bouazzi parce que je suis solidaire. Je pense à Haroun parce que je suis malheureusement d'accord avec lui. Il y a du racisme de la part de gens au gouvernement Legault.
[...] Hélas, Haroun a raison et cela choque parce que bien malheureusement c'est vrai. [...] Si des médias et certains politiciens inspirés par François Legault s'y appliquent davantage – comme ils le font depuis quelque temps – et continuent à susciter une sourde xénophobie teintée de racisme à l'endroit des communautés arabes et immigrantes, eh bien malheureusement nous aurons tôt fait de rattraper la France qui vote à 33 % pour l'héritier du parti raciste qu'est le Front National. Ne pas se le dire, c'est se mentir.
Voulez vous un exemple : François Legault et son gouvernement bloquent une motion pour condamner le génocide perpétré par Israël avec la complicité du gouvernement Trudeau qui continue à lui vendre des armes. Pourquoi me demandez-vous ? Je vais vous le dire comme je le pense : pour notre premier ministre les vies des palestiniens, les milliers d'enfants massacrés n'ont que peu de valeur. Si peu que ça ne vaut même pas une condamnation. Mais il n'est pas gêné de se dépêcher de condamner des échauffourées à Amsterdam où il croit que des israéliens auraient été battus, victimes d'antisémitisme. Le pire dans cette histoire c'est que les événements en question ont été déclenchés par des hooligans israéliens venus encourager leur équipe mais qui ont brûlé un drapeau palestinien et insulté la mémoire des victimes des inondations en Espagne (ce pays a condamné à de maintes reprises le génocide). Moi aussi j'aurai condamné toute victime de violence, serait-ce de méchants hooligans. Mais pour François Legault et certains de ses députés il y a deux poids deux mesures. [...] N'en déplaise à nos amis biens pensants qui hurlent avec les loups contre Haroun, il a malheureusement raison : ce deux poids deux mesures est profondément ancré dans un racisme qui ne dit pas son nom !
Mais bien sûr, on dira que c'est Haroun le vrai raciste dans toute cette histoire, l'intolérant, le méchant, le communautariste, l'islamo-gauchiste, le woke totalitaire, et autres anathèmes qui commencent déjà déferler.
Le Congrès de QS va commencer ce soir, et j'espère que les militant.e.s solidaires vont montrer leur soutien à Haroun, et demander à l'aile parlementaire de rectifier le tir en nommant un chat un chat : la vraie intolérance, elle est du côté des chroniqueurs et des politiciens qui diabolisent l'immigration alors que cette rhétorique est précisément en train d'éroder nos démocraties, alors que les vrais coupables sont les milliardaires et l'oligarchie qui prennent le contrôle de nos institutions pendant que le peuple se chicane sur le wokisme.
Ce n'est pas le wokisme qui contribue à faire perdre la gauche, c'est le populisme réactionnaire qui alimente la chasse aux wokes, aux trans et aux immigrants, pendant que la gauche n'arrive pas à recadrer le débat vers d'autres enjeux. Dans toute cette histoire, Haroun sera désigné comme le "woke en chef", et c'est la raison pour laquelle on cherche à le clouer au pilori. Quand il sera dénoncé par l'ensemble des partis de façon honteuse, et qu'il sera muselé, la campagne antiwoke qui fait le lit du trumpisme trouvera une nouvelle cible, et ainsi de suite…
Haro sur Haroun Bouazzi - Les artistes pour la paix - extrait de leur envoi
Les Artistes pour la Paix dénoncent « l'affaire Haroun Bouazzi », montée par des racistes anti-palestiniens de l'élite politique « bien-pensante », constituée de partis politiques et de journalistes radio-canadiens (les Mordus sans Lisée), n'ayant JAMAIS trouvé l'once de courage nécessaire pour dénoncer le génocide perpétré par Tsahal (IDF) contre les Palestiniens de Gaza, de Cisjordanie et du Liban. Ils n'ont rien retenu des entrevues livrées par la rapporteuse de Palestine pour l'ONU Francesca Albanese et des témoignages poignants des humanitaires de l'UNRWA venus dire la vérité à Montréal et à Ottawa. Ils ont préféré accuser Bouazzi d'avoir proféré des paroles racistes, alors qu'il s'inquiétait d'un Parlement dont la ministre Martine Biron a procédé à l'ouverture d'un bureau du Québec à Tel-Aviv en plein génocide !
Les APLP appuient l'assemblée générale de Québec Solidaire réunie en congrès en fin de semaine pour avoir voté en faveur de M. Bouazzi, sans désavouer leur nouvelle et dynamique co-porte-parole d'origine palestinienne Ruba Ghazal, protégée d'Amir Khadir à ses débuts et maintenant plébiscitée avec raison par un vote à 91%. Son rôle délicat d'affronter les journalistes tous les jours rend compréhensibles ses paroles mesurées sur la « maladresse politique » de son confrère.
Pourquoi M. Paul Saint-Pierre Plamondon a-t-il ressenti le honteux besoin de gonfler ce conflit par opportunisme d'écarter un parti rival ? On l'admirait parce qu'il ne faisait pas de politique partisane : s'excusera-t-il, pour rectifier sa réputation pourtant consolidée par sa montée dans les sondages ? On l'espère pour la paix...
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Dénoncer les nouvelles restrictions à l’immigration et amplifier les voix des travailleurs migrants

Montréal, 12 novembre 2024 – Le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants vous invite à une conférence de presse où seront dénoncés les derniers changements en matière de politique d'immigration ainsi que la fausse promesse du gouvernement d'implémenter un programme de régularisation.
Ces derniers mois, le gouvernement canadien et québécois ont mis en place une restructuration du Programme des travailleurs étrangers temporaires, des étudiants internationaux et des demandeurs d'asile. Les mesures annoncées affectent directement plusieurs groupes de travailleurs précaires et elles vont conduire des milliers de migrants à travers le pays dans une précarité encore plus grande. En effet, ces changements augmenteront le nombre de travailleurs qui seront incapables de maintenir leur statut
migratoire actuel, créant ainsi une nouvelle vague d'insécurité pour des individus et des familles qui vivent et travaillent ici depuis des années.
Nous en avons assez que les migrants soient utilisés comme bouc-émissaires des problèmes de pénurie de logement et de surcharge du système des services sociaux. Ces problèmes sont en réalité le résultat des politiques d'austérité qui favorisent les grandes compagnies et le secteur privé.
Nous, les immigrants, sommes indispensables à la communauté québécoise.
Nous avons le droit de vivre en toute dignité et sécurité. “D'essentiels” et “anges gardiens” pendant la pandémie, nous nous sentons maintenant blâmés pour les problèmes sociaux du Québec et Canada.
QUOI : Conférence de presse
OÙ : Centre des travailleurs et travailleuses Immigrants, 4755 avenue Van
Horne, Bureau #110, Montréal, QC H3W 1H8
QUAND : Mardi 12 Novembre, 2024 à 10h00
PORTE PAROLES :
Manuel Salamanca : Organisateur Communautaire du CTTI
Viviana Medina : Organisatrice Communautaire du CTTI et Coordinatrice de
l'Alliance Internationale de Migrantes Chapitre Canada Est.
Christelle : Membre du Comite Femme du CTTI
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Élection 2024 aux États-Unis : Première réponse

« Il ne devrait pas être surprenant qu'un parti démocrate qui a abandonné la classe ouvrière se retrouve abandonné par la classe ouvrière. Alors que les dirigeants démocrates défendent le statu quo, le peuple américain est en colère et veut du changement. Et il a raison ». - Bernie Sanders
Tiré de Inprecor
15 novembre 2024
Par Solidarity
Le président Joe Biden rencontre le président élu Donald Trump, mercredi 13 novembre 2024, dans le Bureau ovale.© Maison Blanche / Cameron Smith.
Les élections américaines de novembre ont donné lieu à une large victoire de l'extrême droite, non seulement aux États-Unis, mais aussi à l'échelle internationale. Elle a provoqué une onde de choc non seulement dans la direction du Parti démocrate, mais aussi dans les forces progressistes et les mouvements pour la justice raciale, autochtone et de genre.
Certes, la victoire décisive de Trump a permis d'écarter les craintes de chaos post-électoral et de crise constitutionnelle - et toutes les accusations concoctées par la droite de « fraude électorale massive » se sont évaporées comme la rosée du matin. Nous pouvons également tirer un trait sur l'héritage présidentiel durable de Joe Biden : valider le génocide de Gaza, s'accrocher à sa campagne de réélection bien au-delà de la date de péremption, et porter Trump au pouvoir.
Les conséquences pourraient être tout aussi désastreuses que le prédisent de nombreux commentateurs. C'est certainement vrai pour le peuple palestinien qui subit le génocide de l'État d'Israël, soutenu par les États-Unis, très probablement pour la lutte de l'Ukraine pour se défendre de l'invasion russe, sans aucun doute pour les communautés d'immigrants aux États-Unis qui font face à un nouveau règne de la terreur, et pour les étudiants et les professeurs activistes pro-palestiniens qui font face à la répression sur les campus, ainsi qu'aux menaces imminentes pour les mouvements antiracistes, pro-LGBTQ et pour les droits des transsexuel·les. Elle accélérera également - nous ne savons pas dans quelle mesure - l'apocalypse du changement climatique mondial.
Il y a beaucoup à dire sur tout cela, et nous ne pouvons qu'en effleurer une partie dans cette première réponse. Mais nous devons commencer par un dilemme que la victoire de Trump/MAGA présente bien au-delà de la défaite d'une présidence Biden stagnante : Pour ceux d'entre nous qui font partie du mouvement socialiste, la lutte et l'auto-activité de la classe ouvrière sont l'élément déterminant pour obtenir des gains sérieux et durables. Pourtant, la réalité d'aujourd'hui est qu'une minorité substantielle de travailleurs aux États-Unis - en grande partie, mais pas seulement, parmi les travailleurs blancs- a été amenée à voter pour un programme profondément réactionnaire. Selon certaines sources, la moitié des membres des syndicats du Michigan ont soutenu Trump.
Les travailleurs qui ont voté pour Trump ne s'identifient pas nécessairement aux politiques sociales vicieuses de l'extrême droite. Il est tentant, et en partie valable, d'attribuer le résultat de l'élection à la suprématie de la race blanche - mais après tout, il s'agit d'une réalité constante aux États-Unis, qui n'explique pas de manière adéquate le résultat de 2024. Si cette élection a tourné autour d'une question centrale, c'est bien celle de l'inflation, dans le sillage de la dislocation de la vie des gens par le Covid.
Les appels racistes anti-immigrants ont clairement été une force mobilisatrice à droite, et le restent évidemment, mais les sondages électoraux ont indiqué qu'ils n'étaient pas l'essentiel - comme c'était également le cas pour les craintes très réelles concernant l'avenir de la démocratie qui ont motivé une grande partie du vote démocrate.
La désertion du Parti démocrate par la classe ouvrière n'est pas une nouveauté. Elle apparaît dans les élections depuis les années 1980, s'est accélérée pendant les décennies désastreuses du « néolibéralisme » et se manifeste aujourd'hui. Dans le même temps, l'aliénation politique est largement répandue au sein de la population. En 2024, le vote Trump n'a pas beaucoup changé, avec environ 72 millions de voix (contre 74 millions en 2020), tandis que le vote présidentiel des démocrates a chuté de 13 millions de voix, passant de 81 millions en 2020 à 68 millions.
Alors même que nous nous préparons à rejoindre la résistance, par tous les moyens disponibles, à l'assaut qui s'annonce contre les mouvements progressistes et les populations vulnérables, la gauche socialiste doit accepter les tendances politiques à droite au sein d'une grande partie de la classe ouvrière et analyser clairement la manière dont elles pourraient être inversées.
L'extrême droite elle-même fera une partie du travail - puisque les tarifs douaniers de Trump, les réductions d'impôts pour les riches et les attaques contre les programmes et services essentiels victimisent des millions de personnes qui ont voté pour lui. Mais cela ne fera pas automatiquement évoluer les classes populaires vers la gauche, en particulier lorsque tant de personnes réagissent aux crises de leur vie en tant qu'individus et familles isolés plutôt qu'en tant que classe organisée.
La débâcle des démocrates
Nous n'ignorons pas les graves pressions exercées sur la vie des gens par la pandémie de Covid, en particulier l'inflation corrosive qui en a résulté (faussement imputée par la droite, bien sûr, aux « dépenses publiques effrénées »). Mais nous pensons que le sénateur Bernie Sanders met précisément le doigt sur la raison fondamentale pour laquelle une grande partie de la classe ouvrière a « abandonné » les démocrates.
Il est trop facile de se concentrer sur des questions secondaires et des maladresses tactiques. Bien sûr, l'establishment démocrate a dissimulé le déclin de Biden pendant bien trop longtemps. Bien sûr, leur refus, lors de la convention, d'autoriser le moindre discours d'un délégué palestino-américain était une rebuffade cynique, lâche et raciste - qui aurait pu être fatale si l'élection s'était révélée beaucoup plus serrée et si le vote arabo-américain et progressiste avait été décisif.
Mais nous devons comprendre pourquoi la campagne de Kamala Harris - qui n'a pas été conçue par Harris mais par la même clique de consultants d'entreprise qui perçoivent leurs honoraires exorbitants après chaque défaite - a été si insipide. Harris s'est focalisée sur la seule question de fond du droit à l'avortement, qui a bien sûr une résonance, ainsi que sur le fait qu'elle n'est pas Donald Trump, et sur très peu d'autres choses.
Son programme économique se résumait à des phrases creuses sur les « opportunités », avec des gestes de campagne en faveur des syndicats - mais rien sur la loi PRO (Protect the Right to Organize) que les démocrates n'ont pas réussi à faire passer, sur l'augmentation du salaire minimum au niveau de la pauvreté, ou sur la lutte contre les inégalités obscènes qui existent dans le pays. Plutôt que d'adhérer au message de Bernie Sanders qui s'attaque au pouvoir des entreprises, elle (c'est-à-dire les consultants professionnels qui ont façonné la campagne) a choisi de tourner avec Liz Cheney, proposant essentiellement un gouvernement de coalition avec les républicains qui ne font pas partie de Trump.
Sa promesse de « construire l'armée la plus meurtrière du monde » tournait le dos à la base électorale progressiste, et à toute circonscription populaire. Il s'agissait de la promesse faite par les démocrates à la classe dirigeante d'être le principal parti de l'impérialisme américain. La promesse démagogique et mensongère de Trump de « mettre rapidement fin aux guerres » en Ukraine et au Moyen-Orient a peut-être été mieux perçue par certains électeurs.
Pour être clair, nous ne saurons jamais si une campagne véritablement progressiste (ou même une campagne traditionnelle de type New Deal) aurait vaincu Trump et les Républicains MAGA. Il aurait difficilement pu faire pire que le Parti démocrate, qui n'a absolument pas mené une telle campagne. Et il n'y a pas la moindre raison de penser qu'il le fera un jour.
Sanders a mis le doigt sur le problème lorsqu'il a conclu : » Les grands intérêts financiers et les consultants bien payés qui contrôlent le Parti démocrate tireront-ils de véritables leçons de cette campagne désastreuse ? Ont-ils des idées sur la manière dont nous pouvons nous attaquer à l'oligarchie de plus en plus puissante qui détient tant de pouvoir économique et politique ? Probablement pas ».
Dystopies à venir
La nouvelle présidence Trump commencera sans aucun doute à réaliser ses promesses de campagne aux intérêts des entreprises, de la haute technologie et des crypto-monnaies : nouvelles réductions d'impôts, déréglementation, démantèlement des protections environnementales qui sont déjà désastreusement insuffisantes, etc.
Les conséquences de ces mesures - pour le déficit budgétaire fédéral et la dette nationale, pour la catastrophe climatique en cascade - se feront sentir dans les années à venir. Des promesses telles que la nomination du fanatique anti-vaccination Robert Francis Kennedy Jr. à la tête des agences de santé publique et d'Elon Musk à la tête d'une nouvelle commission de réduction des budgets auraient également des conséquences médicales et sociales à long terme.
Ce qui n'est pas clair, c'est si Trump passera rapidement à la mise en œuvre de mesures telles que d'énormes droits de douane qui déstabiliseraient immédiatement l'économie et les relations internationales, et « le plus grand programme de déportation de l'histoire » qui coûterait des dizaines de milliards, pourrait provoquer des bouleversements et de la violence, et avoir un impact sérieux sur des pans de l'économie agricole, des services et même de l'économie industrielle.
En bref, il pourrait y avoir une concurrence entre les éléments du programme de Trump - la cupidité pure et simple des entreprises d'une part, et les politiques plus folles et plus idéologiques qui pourraient prématurément saper le soutien de la nouvelle administration (compte tenu des impulsions erratiques de Trump et de certains signes de déclin, le chef de cabinet de la Maison Blanche pourrait jouer un rôle décisif).
Il s'agit là de spéculations, mais en tout état de cause, les défis auxquels la gauche est confrontée sont considérables. Il est certain que la construction d'une résistance contre les menaces anti-immigrés et les déportations massives doit être une priorité de premier ordre pour les progressistes !
Il est regrettable que l'espoir d'une modeste percée du Parti vert ne se soit pas concrétisé au niveau national - bien que le potentiel ait été perçu dans un endroit comme Dearborn, Michigan, où la rage entièrement justifiée des communautés arabo-américaines et musulmanes contre le génocide de Joe Biden et la destruction de Gaza s'est manifestée par un soutien de 18 % à la candidate verte Jill Stein.
L'incapacité de la gauche à forger une alternative crédible au duopole des partis capitalistes explique en partie comment nous en sommes arrivés au gâchis politique toxique actuel. Dans le même temps, la stratégie préconisée par une grande partie de la gauche, qui consiste à « travailler au sein du Parti démocrate pour le changer », n'a rien fait pour arrêter le recul du parti vers le « centre », c'est-à-dire vers la droite.
Comme c'est le cas depuis plus d'un siècle, la classe ouvrière des États-Unis a besoin de son propre parti, mais en ce moment désastreux, les perspectives ont rarement semblé aussi lointaines. Nous n'avons pas de schéma directeur, mais une alternative politique ne peut émerger que des mouvements sur le terrain, y compris l'indignation contre le nettoyage ethnique en Palestine, les luttes continues pour les droits reproductifs, et la modeste augmentation de l'activisme ouvrier et des activités de grève - pas encore une « poussée » selon les normes historiques, mais un signe d'espoir de renouveau. Nous notons que les référendums sur les droits reproductifs ont été adoptés même dans certains États qui ont élu Trump, et que dans d'autres, les électeurs ont augmenté le salaire minimum de l'État.
Il n'y a pas de raccourcis, et il n'y en a jamais eu. Mais dans l'immédiat, la tâche urgente est de faire partie des mouvements qui résistent aux attaques des entreprises et de l'extrême droite, au génocide de Gaza, aux agressions brutales contre les communautés d'immigrés et à la menace du changement climatique qui pèse sur la survie de la civilisation.
Publié par le Comité nationale de Solidarity le 11 novembre 2024
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Et maintenant, l’humanité face au fléau Trump !

Commençons par les fondamentaux : Si Trump est fasciste, et il l'est. S'il exerce un contrôle absolu sur le parti Républicain totalement dévoué à lui, et il l'exerce.
Avec l'aimable permission de l'auteur
*Par Yorgos Mitralias*
* S'il dispose des pleins pouvoirs, en détenant tous les leviers du pouvoir, c'est à dire le Sénat, la Chambre des Représentants, et la Cour Suprême, et il en dispose. Alors, sa seconde présidence fera que les États-Unis ressemblent fortement à un pays à parti unique ! Et fera aussi de Trump un quasi-dictateur. Et les terribles conséquences de tout ça sont pratiquement connues d'avance…*
D'abord, un tel régime est destiné à durer indéfiniment. Car il ne cède le pas que contraint, d'habitude après son renversement, qui est souvent violent. D'ailleurs, Trump ne fait que répéter qu'une fois installé à la Maison Blanche, il ne (ré)fera pas l' « erreur » de la quitter, qu'il a fait en 2021, après l'échec de l'assaut (golpiste) au Capitole de ses partisans.
Ensuite, un tel régime ne se « calme » pas et ne « s'apaise » pas car il tient ses promesses racistes, barbares et inhumaines, comme d'ailleurs ne cesse de le répéter Trump avant et même après sa victoire électorale. En conséquence, toute tentative de l'amadouer et de l'apaiser n'est que dangereuse illusion qui ne fait que le perpétuer au pouvoir, en paralysant ses opposants.
Ceci étant dit, force est de constater que l'ampleur de la victoire de Trump, ou plutôt de la défaite de Harris, combinée à l'effondrement du parti Démocrate et à l'actuelle absence des forces crédibles à sa gauche, fait que la masse des opposants à Trump soit maintenant sonnée, abattue, fatiguée, désorientée et donc incapable de réagir, tout au moins dans la rue et pendant un certain temps.
Cependant, cette « paralysie » des opposants a Trump ne devrait pas durer éternellement. D'abord, parce que les appels au calme et à l'obéissance à Trump de la direction du parti Démocrate risquent fort de ne pas être attendus car venant des dirigeants désormais déconsidérés, discrédités et en pleine crise. Ensuite, parce que le pays reste toujours profondément divisé, et on n'assiste pas (encore) à un fort basculement de la société américaine en faveur de Trump. Et cela parce que la défaite de Harris n'est pas due à l'augmentation du nombre des soutiens de Trump par rapport à 2020 (en réalité il a perdu 2 millions de voix), mais plutôt à la perte de 14 millions de voix de son adversaire par rapport au résultat de Biden aux présidentielles de 2020.
Alors, comme Trump vient de le promettre, une fois installé à la Maison Blanche, il ordonnera l'ouverture de *la chasse aux migrants*, y inclus de ceux et celles né*E*s aux États-Unis. On peut déjà imaginer comment cette gigantesque chasse aux migrants va se dérouler : partout dans le pays, la police et ...l'armée seront employées pour arrêter tous ceux et celles qui seront un peu plus... bronzés que les autres, et les parquer dans des camps (de concentration) en attendant leur expulsion vers l'inconnu. Étant donné
que cette opération visera des millions d'êtres humains (peut être plus de 15 millions !), on peut imaginer que pratiquement l'ensemble des citoyens américains en seront au moins des témoins oculaires. Alors, il leur sera impossible de fermer les yeux et prétendre ne rien voir. Combien d'entre-eux vont-ils réagir en actes pour sauver leur parent, leur ami ou leur voisin pourchassé ? Même une minorité suffira pour que cette opposition en actes au trumpisme voit le jour.
Mais, il ne s'agit pas seulement de la chasse aux immigré*E*s. Au fur et à mesure que Trump passe aux actes, les citoyens américains devront choisir entre rester paralysés et se soumettre, ou agir et créer des poches de résistance. Les occasions ne vont pas manquer : la mise en application des promesses de Trump de priver les femmes et la communauté Lgbt de leurs droits (avortement…), le « dégraissage » radical du secteur public et de l'armée (licenciements des dizaines de milliers de fonctionnaires, d'enseignants et de militaires), les forages de tout ordre qui polluent et détruisent l'environnement et les parcs nationaux, les attaques contre les syndicats et la répression des grévistes, etc. Confrontés non pas aux déclarations délirantes mais aux actes de Trump, on peut croire qu'au moins une forte minorité de la société américaine ne restera pas apathique mais réagira...en actes.
En effet, on peut être relativement optimistes parce que les campagnes électorales de *Bernie Sanders* ont laissé des traces, formant une jeune génération de militants radicaux, qui ont déjà fait leurs preuves, par exemple en prenant la tête des importantes mobilisations populaires contre la complicité américaine au génocide des Palestiniens par Israël. Une jeune génération de militants de gauche qui pourrait faire jonction avec les nouvelles avant-gardes d'un mouvement ouvrier nord-américain en pleine renaissance. Et sans oublier que la base du parti Démocrate se découvre actuellement « orpheline » en raison de la faillite et du discrédit dont souffre la direction doublement vieillissante de ce parti…
En somme, le pays reste plus que jamais divisé et même si le spectre de la guerre civile s'est éloignée après la victoire sans appel de Trump (qu'on n'avait pas prévu), la « pacification » de la société américaine n'est que provisoire, et le cadre de sa future explosion qu'on avait présenté dans notre article précédent <https://blogs.mediapart.fr/yorgos-m...> reste tout à fait pertinent.
Entre-temps, on peut être *sûrs* que l'isolationnisme et le protectionnisme de Trump feront des dégâts pratiquement partout de par le monde. Et sans doute, surtout en Chine et dans notre vieux continent européen, dont les directions politiques, même celles d'extrême droite qui partagent les mêmes orientations idéologiques de Trump, et aussi les bourgeoisies, s'inquiètent déjà à juste titre de cette guerre commerciale et économique que Trump semble décider de déclencher très bientôt.
Nous voici donc devant le spectre de la guerre (nucléaire ?) que les politiques protectionnistes à outrance n'ont manqué de déclencher souvent dans le passé. Scénario de pure politique fiction ? Nous ne le croyons pas étant donné la détermination de tout l'établissement américain, sans exception, de régler ses comptes avec l'épouvantail chinois. Mais aussi, étant donné les caractéristiques cauchemardesques du personnage qui détient désormais tous les leviers du pouvoir de la première super-puissance du monde…
Cependant, en attendant de voir si Trump ira jusqu'au bout de sa « logique » protectionniste et « pacificatrice » dans les guerres d'extermination en cours que mènent ses amis Netanyahou et Poutine en Ukraine et en Palestine, on peut être totalement sûrs de sa détermination de faire tout son possible pour écraser tous ceux et celles qui mènent la plus importante de toutes les guerres : celle contre la crise climatique ! Ne serait-ce que le négationnisme climatique et les actions de Trump en faveur de
l'accélération vertigineuse de la catastrophe climatique, suffiraient à faire de lui le plus grand criminel de l'histoire de l'humanité !
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L’attentat d’Amsterdam montre que les Israéliens nient la réalité qu’ils ont créée

Un pogrom hideux et criminel contre des supporters de football israéliens a eu lieu jeudi à Amsterdam. Des pogroms similaires, perpétrés par des colons, ont lieu presque quotidiennement en Cisjordanie. Les pogroms de Hawara, par exemple, ont dépassé en ampleur et en violence même l'Holocauste II à Amsterdam. Le lendemain du pogrom aux Pays-Bas, des colons violents se sont déchaînés à Surif ; deux jours auparavant, ils s'étaient déchaînés à Al-Maniya.
Tiré d'Europe solidaire sans frontière. Publié dans Ha'aretz le 10 novembre 2024
Alors que des Israéliens étaient battus à Amsterdam, dans la bande de Gaza, des dizaines de personnes étaient tuées sans distinction, y compris de nombreux enfants, comme c'est le cas tous les jours. Les pogroms quotidiens en Cisjordanie et, bien sûr, la guerre à Gaza n'ont pas été comparés à l'Holocauste ; le président de Yad Vashem n'a pas été interrogé à leur sujet ; aucune force de secours n'a été envoyée pour sauver les victimes ; le ministre israélien des affaires étrangères et le président de la Knesset n'y ont pas vu l'occasion d'une séance de photos. Ces pogroms ont lieu tous les jours et personne ne se soucie de vous en informer.
Israël a battu jeudi un nouveau record d'auto-victimisation, et les médias ont battu un nouveau record d'incitation, d'exagération, d'alarmisme et, surtout, de dissimulation des informations qui ne cadrent pas avec le récit, que leurs consommateurs apprécient. Amsterdam était une occasion à ne pas manquer : Une fois de plus, les Juifs sont battus en Europe.
Un fan de football du Maccabi Tel Aviv a raconté qu'il avait visité la veille la Maison d'Anne Frank - une coïncidence qui fait froid dans le dos - et l'animateur radio a failli fondre en larmes. La correspondante de la propagande israélienne en Allemagne, Antonia Yamin, a expliqué que « l'Europe ne comprend pas le problème » : L'année dernière, 300 membres d'une famille de Khan Yunis sont arrivés comme réfugiés à Berlin et certains d'entre eux ont déjà eu des problèmes avec la police. Mais à Amsterdam aussi, c'est le sort fait à Gaza qui est responsable de la situation.. M. Yamin a bien sûr oublié de mentionner l'enfer d'où venait cette famille et qui l'avait créé.
C'est comme ça quand on vit dans la bulle chaude et confortable, complètement déconnectée de la réalité, dans le déni complet, que les médias israéliens construisent pour nous : Nous sommes toujours les victimes et les seules victimes ; il n'y a eu un massacre que le 7 octobre ; tout Gaza est à blâmer ; tous les Arabes sont assoiffés de sang ; toute l'Europe est antisémite. Vous en doutez ? Voir la Nuit de Cristal à Amsterdam.
Et maintenant, les faits : À Amsterdam, certains supporters israéliens se sont déchaînés dans les rues avant même le pogrom : les médias israéliens n'ont pratiquement jamais montré les cris dégoûtants « Nous allons baiser les Arabes » (en hébreu) et l'enlèvement d'un drapeau palestinien légitimement accroché au balcon d'un immeuble, ce qui pourrait ternir l'image de l'antisémitisme. Personne n'a posé la première question que la vue de la violence et de la haine à Amsterdam aurait dû soulever : Pourquoi nous détestent-ils à ce point ? Non, ce n'est pas parce que nous sommes juifs.
Non pas qu'il n'y ait pas d'antisémitisme : Bien sûr qu'il existe et qu'il doit être combattu, mais la tentative de tout mettre sur le dos de l'antisémitisme est ridicule et mensongère. Un vent anti-israélien a soufflé sur Amsterdam jeudi, et c'est ce qui a déclenché le pogrom. Les immigrés nord-africains, les Arabes et les Néerlandais qui se sont révoltés ont vu les horreurs commises à Gaza au cours de l'année écoulée. Ils n'ont pas l'intention de les passer sous silence.
Pour eux, les victimes sont leurs frères et leurs compatriotes. Et qui peut rester indifférent lorsque son peuple est massacré de manière aussi cruelle ? Chaque serveur marocain dans chaque ville néerlandaise reculée a vu bien plus de choses de Gaza que les experts des affaires arabes en Israël. Aucune personne décente ne peut rester indifférente aux images de Gaza. Les émeutiers d'Amsterdam ont commis des actes de violence flagrants et méritent d'être condamnés et punis. Rien ne peut justifier un pogrom, ni à Amsterdam, ni à Hawara.
Mais les émeutes d'Amsterdam ont aussi un contexte, et Israël ne veut pas l'aborder. Il préfère désormais envoyer un garde du corps avec chaque supporter israélien qui se rend en Europe plutôt que de se demander pourquoi ils nous haïssent tant et comment cette haine peut être apaisée. Après tout, elle n'a pas éclaté de la sorte avant la guerre de Gaza.
Il s'agit là d'un autre coût de la guerre à Gaza qui aurait dû être pris en compte : Le monde nous détestera pour cela. Chaque Israélien à l'étranger sera désormais la cible de la haine et de la violence. C'est ce qui arrive lorsque l'on tue près de 20 000 enfants, que l'on procède à un nettoyage ethnique et que l'on détruit la bande de Gaza. C'est une petite bizarrerie du monde : il n'aime pas ceux qui commettent ce genre de crimes.
Gideon Levy
• Traduction Claude Szatan.

Les sociétés capitalistes ont atteint leurs limites, climatiques et économiques !

Le capitalisme ne peut s'affranchir de certaines limites qu'en révolutionnant ses modalités d'accumulation, son régime d'accumulation. La panne, l'épuisement des capacités de création de richesses – l'accumulation du capital – est visible. La crise climatique marque la limite de l'accroissement des forces productives depuis la révolution industrielle qui se traduit par la nécessité de révolutionner la définition même de l'industrie.
14 novembre 2024 | tiré du site Entre les lignes entre les mots
La réponse ne se trouve pas forcément dans la décroissance, même marxiste (pour Kohei Saito, voir ses interviews dans Le Monde et Alter Eco) qui serait le communisme d'aujourd'hui mais, pour le capitalisme, la construction de nouveaux paradigmes remettant totalement en cause les formes de l'accumulation existantes jusque là. Cette révolution dépasse la naissance d'un nouveau régime d'accumulation qui prendrait la place de celui qui se maintient et qui a pris son envol depuis le milieu des années 1980, dit régime d'accumulation à dominante financière. Il s'est traduit par la déréglementation dans tous les domaines à commencer bien sur par la finance avec comme effet la croissance exponentielle des marchés financiers et le droit du travail pour laisser la place à une hypermondialisation réduisant la part des Etats, avec comme conséquence une crise politique profonde passant par la contestation de la légitimité des gouvernements tout autant que des « élites » et les institutions y compris la science – voir les théories du complot et les anti-vaccin). Les politiques économiques se référant à un corpus commun appelé le néo libéralisme.
Cette idéologie est en train d'exploser et d'imploser. Les inégalités, dans toutes les sociétés, se sont approfondies, la pauvreté s'est élargie même si l'extrême pauvreté a reculé. La génération d'aujourd'hui vit moins bien que la génération d'avant. Les reculs de la protection sociale, la hausse de la précarité provoquent un sentiment de colère individuelle qui, dans les divisions profondes entre groupes sociaux, se manifeste par une sorte d'apathie-révoltes individuelles – un oxymore qui reflète mieux la situation que le terme de « déclassement » – qui peuvent s'agglutiner sans la référence à un projet de société commun, collectif comme l'a montré la révolte des « gilets jaunes » en France ou celle du monde agricole.
Ces politiques ont échoué y compris dans la réalisation d'une croissance économique qui aurait pu dissimuler la profondeur des inégalités. La récession fait la démonstration de l'incapacité de ces politiques. La limite de ce régime d'accumulation est, sur le terrain économique, évidente.
La pandémie a montré d'une part les limites de l'hypermondialisation. La déstructuration des chaînes de valeur a suscité une nouvelle mondialisation en même temps que la nécessité de lutter contre la crise politique. La doxa dite néo libérale était condamnée.
Depuis la pandémie, le discours a changé. Il est question de « nationalisme », de se « défendre » face à tous les autres, de faire la guerre non pas pour faire la paix mais parce que la guerre sert à construire un sentiment d'appartenance. Les montées de l'extrême droite exprime cette nouvelle donne que l'élection de Trump couronne. Kamala Harris a conservé le vieux discours, la vieille idéologie. Trump, avec ses outrances, a signé la fin de cette idéologie.
Désormais la référence sera, selon toute vraisemblance, libertarienne à l'image de Millei en Argentine. La démocratie actuelle n'est plus légitime de la faute même de ces politiques. Répression et absence totale de règle dans un cadre national avec la montée d'un protectionnisme douanier pour défendre les capitalistes nationaux seront les nouveaux credo. Un éclatement social plus important qu'aujourd'hui, une contre révolution pour conserver la place des plus riches comme fractions dominantes de la société.
Les sociétés capitalistes ont atteint leurs limites, climatiques, économiques – depuis la grande crise de 2007-2008, l'accumulation est très faible -, sociale, politique… La finance dominante privilégie la distribution de dividendes pour que les riches deviennent encore plus riches. Depuis les années 2000 en gros, les grandes fortunes sont financières et dépendent du cours de la Bourse.
Cette caste qui pratique l'entre soi et n'est ouverte sur aucun des grands problèmes qui agitent les sociétés, de ces révolutions qui transforment notre monde et qui devraient le détruire, de cette décomposition à l'œuvre, s'enferment dans la défense de leurs privilèges. La contre révolution est préalable pour que les réponses nécessaire aux crises fondamentales vécues par le capitalisme ne soient pas posées. Musk avec Trump s'attaquera aux fonctions publiques pour privatiser toujours plus et utilisera les évangélistes aux États-Unis et en France Bolloré allie la défense de la finance et le catholicisme intégriste contre toute possibilité de révolution même interne au capitalisme.
Faute de projet, disons « socialiste », la contre révolution s'étendra liée à une nouvelle forme du fascisme. La guerre fait partie intégrante de cette panoplie.
Nicolas Béniès
En complément possible :
Bill Fletcher Jr : Comment se défendre dans la nouvelle période Trump
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/10/comment-se-defendre-dans-la-nouvelle-periode-trump/
Jessica Washington : Les électeurs et les électrices ont massivement choisi de protéger l'avortement – même lorsqu'elles et ils n'ont pas choisi Harris
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/08/les-electeurs-et-les-electrices-ont-massivement-choisi-de-proteger-lavortement-meme-lorsquelles-et-ils-nont-pas-choisi-harris/

Ruba Ghazal, nouvelle porte-parole de Québec solidaire

L'élection de Ruba Ghazal comme porte-parole de Québec Solidaire représente un moment marquant pour le parti et pour la société québécoise dans son ensemble.
18 novembre 2024 | tiré de la page Facebook de l'auteur
À plus de 91 %, les délégués du congrès l'ont choisie pour incarner, aux côtés de Gabriel Nadeau-Dubois, les valeurs progressistes de QS. Membre fondatrice du parti en 2006, Ruba Ghazal, née au Liban de parents réfugiés palestiniens, est arrivée au Québec à l'âge de 10 ans. Elle se définit volontiers comme une enfant de la loi 101, symbole de son attachement à la langue française et à la nation québécoise. Depuis son entrée à l'Assemblée nationale en 2018, elle s'est illustrée par plusieurs interventions marquantes, notamment lorsqu'elle a parlé de la Nakba de 1948. Bien que sa récente motion visant à reconnaître le génocide à Gaza et à faire pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il arrête les ventes d'armes canadiennes à Israël ait été rejetée, cette initiative a mis en lumière l'importance d'un débat éthique et politique sur ces enjeux internationaux.
Cette élection fait de Ruba Ghazal la première femme issue des minorités visibles à occuper ce poste au sein de QS, renforçant ainsi l'image d'un parti inclusif et en phase avec les réalités sociales du Québec. Elle succède à des figures marquantes comme Amir Khadir et Andrés Fontecilla, eux aussi nés à l'étranger, inscrivant ainsi sa nomination dans une tradition d'ouverture et de diversité. Sa vision d'un nationalisme ouvert, allié à des valeurs féministes, écologiques et sociales, résonne fortement avec l'identité de QS, tout en renouvelant son message pour séduire un électorat plus large.
Cependant, cette victoire s'accompagne de défis, notamment dans le contexte des critiques adressées à QS pour une mollesse sur le conflit israélo-palestinien. Comparé à la posture de La France Insoumise en France, le parti semble parfois contraint par le contexte politique nord-américain, où le discours public sur le Moyen-Orient manque de vigueur. Malgré cela, les partisans de Ruba Ghazal soulignent que son engagement courageux sur des sujets complexes témoigne d'une volonté d'affronter les défis politiques sans détourner QS de ses idéaux.
Son élection représente donc une opportunité pour Québec Solidaire de consolider son identité, de se rapprocher davantage des mouvements sociaux et de renouveler son engagement à défendre un Québec féministe, plus juste, plus vert et plus inclusif. Alors que QS a eu un débat interne important dans la dernière année autour de la volonté de Gabriel Nadeau-Dubois d'opérer un recentrage du parti pour plus de pragmatisme, Ruba Ghazal porte avec elle, selon ses proches, l'espoir d'un parti qui refuse de choisir entre les urnes et la rue, car c'est dans cette dualité que réside toute sa force. Bon vent Ruba.