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Une École d’été citoyenne dans une perspective de justice sociale

17 octobre, par Rédaction
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[1]La justice sociale est une des principales valeurs au fondement du travail social[2]. Elle est d’ailleurs abordée dès le début du parcours universitaire au premier cycle. Toutefois, cette valeur est portée par de nombreuses personnes à l’extérieur du milieu universitaire et du travail social. Ces dernières se soucient de la justice sociale et participent à diverses actions en ce sens en espérant contribuer à l’émergence d’un monde plus juste et plus égalitaire.

Toutefois, malgré un objectif commun, ces deux « mondes » œuvrent en parallèle. En effet, l’université est difficile d’accès, voire intimidante pour un nombre important de personnes. On pense ici aux lieux physiques, mais également aux différentes activités de transmission des connaissances qui y sont associées, les publications scientifiques et les colloques universitaires. Il y a donc lieu de réfléchir à la façon dont ces deux « mondes » peuvent se rejoindre, partager leurs savoirs et agir ensemble dans la perspective d’améliorer la société. Il faut se demander comment créer un espace, une intersection, où les savoirs expérientiels et les savoirs théoriques peuvent se rejoindre et se partager. C’est dans cette perspective que fut imaginée et organisée l’École d’été citoyenne à l’Université du Québec en Outaouais (UQO).

Le présent article présente les débuts de l’École d’été citoyenne. Suivent la description de l’École et les deux premières éditions. Enfin, nous soulèverons différentes questions auxquelles réfléchir avant de poursuivre le travail.

Genèse du projet

La professeure Nathalie St-Amour, du département de travail social de l’UQO, a eu l’idée d’une école d’été citoyenne en Outaouais pour créer un espace de rencontre entre la communauté et le milieu universitaire. Deux collègues du département de travail social, Grace Chammas et Célyne Lalande, ont manifesté un intérêt pour le projet. Ensemble, ces professeures ont décidé d’organiser une journée sur le thème de la justice sociale pendant la semaine du travail social en 2020 à l’UQO. L’organisation de l’événement avançait bien, jusqu’à ce qu’on doive annuler le tout en raison de la pandémie mondiale de COVID-19.

L’après-COVID-19

À la reprise des activités dites normales, en 2022, la professeure St-Amour a de nouveau mis de l’avant le projet. À ce moment-là, la rectrice de l’UQO, Mme Murielle Laberge, s’est montrée intéressée et a mandaté le Centre de soutien et d’innovation pédagogique universitaire (CSIPU) pour se joindre à la professeure St-Amour et réactiver le projet[3].

De nouveau à la recherche de partenaires, les pionnières du projet ont contacté un nouvel organisme communautaire de la région, le Laboratoire de formation populaire de l’Outaouais (LFPO ou LabPop). C’est ainsi que la coordonnatrice du LFPO, Mme Joscelyne Lévesque, s’est jointe à l’équipe de l’école d’été. Par la suite, l’auteur de ce texte a intégré le groupe à titre de chargé de projet. L’organisation de la première édition de l’École d’été citoyenne s’est alors accélérée[4].

Le Laboratoire de formation populaire de l’Outaouais

Partenaire de l’UQO lors des deux premières éditions de l’École d’été citoyenne, le LFPO a officiellement été créé en 2022 à Gatineau. Parrainé par la Table régionale des organismes communautaires autonomes de l’Outaouais (TROCAO)[5], il a reçu une aide financière du Fonds de soutien au développement des communautés (FSDC), de la Ville de Gatineau et de la Conférence des préfets de l’Outaouais grâce au Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale (PAGIEPS). Le LFPO définit ainsi sa mission : « En concordance avec les valeurs et principes de l’action communautaire autonome, le LabPop vise à soutenir le mouvement communautaire en Outaouais afin d’augmenter sa capacité et son pouvoir d’agir sur son territoire et dans une diversité de milieux[6] ». Cet organisme est venu combler un besoin important dans la région.

École d’été citoyenne 2023, la première édition

Avant de poursuivre, il est important de préciser une particularité de l’événement. En effet, il ne s’agit pas d’une école d’été comme en présentent certains établissements d’enseignement supérieur, qui s’adresse davantage aux étudiantes et étudiants qui doivent s’y inscrire et qui permettent d’acquérir des crédits ou des unités. Il s’agit plutôt d’une activité ouverte à toutes les personnes intéressées par des enjeux sociaux et des projets d’implication citoyenne.

Cette première édition de l’École d’été citoyenne s’est tenue durant quatre jours, du 30 mai au 2 juin 2023 sur le campus de l’UQO. Elle avait comme objectif de « faire de l’université un espace ouvert et délibératif qui permet de valoriser tous les types de savoirs et qui contribue au renforcement de nos compétences citoyennes, tant sur le plan personnel que collectif[7] ». Selon la professeure St-Amour : « Il s’agit de mettre ensemble les expertises et les compétences de toutes les personnes présentes afin de participer à l’édification d’une société inclusive et engagée[8] ».

L’idée de départ consistait à organiser l’événement hors des murs de l’université pour favoriser le rapprochement avec la communauté. Toutefois, le comité organisateur a dû se rendre à l’évidence et admettre que ce ne serait pas possible compte tenu du temps dont il disposait. Il a donc décidé de tenir l’événement à l’UQO et a cherché à rendre ce dernier plus convivial et accessible à toutes et tous. Ainsi, certaines activités se sont déroulées à l’extérieur sous un chapiteau alors qu’à d’autres moments, des musiciens sont venus se produire. De plus, l’événement, financé par l’UQO, était totalement gratuit, inscription, repas, transport. Une collaboration avec des personnes rattachées au programme de Techniques d’éducation à l’enfance du Cégep de l’Outaouais afin d’offrir un service de garde gratuit pour les personnes participantes a dû malheureusement être annulé faute de demande.

Organisée sous le thème de la participation citoyenne, chaque journée de l’événement exploitait un thème plus spécifique, soit : 1) la participation citoyenne en contexte de diversité et d’immigration; 2) les pratiques innovantes en soutien à la participation citoyenne; 3) la participation écocitoyenne des jeunes; et 4) appels à l’action pour soutenir la participation citoyenne. Chacune des journées comportait diverses activités telles que des présentations, des panels, des ateliers thématiques et des activités ludiques. Ces activités étaient animées et présentées par des personnes provenant de divers milieux : citoyennes et citoyens, organismes et regroupements communautaires, politiciennes et politiciens, professeur·e·s d’école secondaire, d’université, étudiantes et étudiants[9]

Un partenariat intéressant fut également développé avec le Centre d’intervention et de prévention de la toxicomanie en Outaouais (CIPTO)[10] et son programme Le LAB. Ce dernier se veut : « un lieu d’expression et de création artistique qui s’adresse aux personnes de 16 ans et plus[11] ». Ainsi, des artistes du LAB furent présents à l’ensemble des activités de la semaine afin de recueillir du matériel pour produire un « zine » de l’événement. Un zine est une « [p]ublication à diffusion restreinte (faible ou moyenne) dont la périodicité est irrégulière et qui est éditée par un petit groupe de personnes sur des sujets qui les passionnent (bandes dessinées, science-fiction, cinéma, musique, artistes ou auteurs favoris)[12]. Celui produit par des artistes du LAB accompagnés par l’artiste Camille Dion comportait une quarantaine de pages et fut imprimé en cent copies. Le lancement officiel de l’œuvre eut lieu lors de l’édition suivante de l’École d’été citoyenne, en 2024.

La deuxième édition, 2024

À la suite du succès de la première édition, l’événement fut organisé de nouveau, du 1er au 4 mai  2024. Toujours sur le thème de la justice sociale et l’implication citoyenne, on a jumelé l’École d’été citoyenne avec la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs du 1er mai. Dans ce contexte, de nouveaux partenariats se sont établis avec le Conseil central des syndicats nationaux de l’Outaouais (CSN) et le Conseil régional de l’Outaouais de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) qui ont collaboré à l’organisation de l’École d’été, ainsi que des citoyens et citoyennes et des personnes du milieu communautaire.

Comme l’édition précédente, chacune des quatre journées a abordé un thème particulier. La journée du 1er mai a été consacrée à la Journée internationale des travailleuses et travailleurs; la première partie de la journée a traité du syndicalisme alors que le lancement du zine de l’École d’été citoyenne de 2023 a eu lieu en après-midi. Les personnes présentes ont ensuite été invitées à se joindre à la marche des travailleuses et des travailleurs dans les rues du centre-ville de Gatineau. Le jeudi, les thèmes de la transition socioécologique et des mobilisations anichinabées ont été suivis de celui de la citoyenneté engagée et, pour terminer la semaine, de celui de la solidarité au travail. La conférence de Julia Posca, Travailler moins ne suffit pas, titre de son dernier essai, a précédé la présentation du film Richelieu et une discussion avec l’acteur Luis Olivia[13].

Cette deuxième édition a eu lieu principalement dans les salles municipales de la Maison du citoyen à Gatineau, sauf le samedi sur le campus de l’université. Afin de rendre l’événement plus accessible et écologique, la Société de transport de l’Outaouais (STO) et l’UQO ont conclu une entente pour que le transport en commun soit gratuit pour toutes les participantes et participants. Toutefois, cela a présenté le défi de rejoindre l’ensemble de la population de l’Outaouais, une grande région dont plusieurs secteurs ruraux ne sont pas desservis par les transports en commun. De plus, des collaborations ont été établies avec des organismes communautaires de la région, ce qui a permis de réduire de façon substantielle le coût de la location des salles de la Maison du citoyen.

Appréciation générale de l’événement

Les deux premières éditions de l’École d’été citoyenne ont constitué un succès. La très grande majorité des commentaires exprimés ont été positifs. En général, on a souligné la variété, la qualité, la pertinence et l’accessibilité des activités offertes, quelle que soit la provenance des personnes présentes. De nouvelles collaborations ont également émergé de l’événement, entre des personnes de différents milieux. Nous avons reçu des commentaires positifs de professeur·e·s qui ont été enchantés de pouvoir discuter, partager et réfléchir avec des personnes hors du milieu universitaire. Nous avons également reçu des témoignages de personnes disant qu’elles n’auraient jamais pensé un jour assister à une activité à l’université et qui en ont retiré une grande fierté.

Enjeux

Malgré tous ces aspects positifs, l’expérience nous a montré qu’il est loin d’être simple de mettre en œuvre un espace de collaboration entre des milieux qui se côtoient peu habituellement. Loin d’être insurmontables, nous croyons que ces difficultés sont partie intégrante de ce genre d’expérience, surtout lors des premières éditions. Comme nous souhaitons voir ce type d’activité se multiplier, nous voulons présenter les défis qui se dégagent de notre expérience à la suite des deux éditions de l’École d’été citoyenne de façon à aider quiconque veut s’inspirer de notre projet et créer des espaces de collaboration entre acteurs de différents milieux.

Le calendrier

Un des premiers défis sur lequel il faudrait réfléchir est le peu de participation de personnes appartenant au milieu universitaire. En effet, l’expérience montre une belle participation de la communauté, que ce soit à la première édition qui s’est tenue principalement sur le campus, qu’à la deuxième dans des locaux externes. Toutefois, la participation des universitaires (étudiantes et étudiants, professeur·e·s, etc.) a été plutôt faible. Or, pour mieux répondre à l’objectif de rapprochement entre la communauté et l’université, il serait impératif de les attirer davantage. Cette situation soulève la question du meilleur moment où tenir l’événement. En effet, les mois de mai et juin se veulent des mois fort occupés pour les professeur·e·s alors que c’est la fin de session, la correction et une série de colloques où leur participation est nécessaire pour diffuser leurs travaux et pour se tenir à jour dans leur domaine d’expertise. D’autre part, beaucoup d’étudiantes et d’étudiants ont quitté la région à la fin de la session et la majorité a intégré un emploi rémunéré dès la fin de la session.

Des réalités différentes

Il faut aussi considérer les différentes réalités, celles du milieu universitaire, des organismes communautaires et de la population. À titre d’exemple, examinons la production du zine. Du côté de l’université, cette activité s’intègre à plusieurs autres et les réflexions et échanges lors de l’événement s’insèrent souvent dans un bassin plus grand de matériaux nécessaires au développement de travaux de recherche. De l’autre côté, les personnes peuvent parfois s’attendre à des résultats plus rapides associés aux suites de l’événement. Dans le cas des artistes du LAB, il aurait été souhaitable de voir les résultats concrets de leur travail plus rapidement, alors que le zine de la première année a été lancé un an plus tard, à l’ouverture de la seconde édition.

Outre le moment de l’année où tenir ce genre d’événement, l’horaire demeure une difficulté. La première édition de l’École d’été a eu lieu du mardi au vendredi. Or, selon des commentaires adressés au comité organisateur, les personnes occupant un emploi peuvent difficilement se libérer quatre jours durant la semaine pour assister à l’événement. C’est ainsi que la deuxième année, on a décidé de tenir l’événement du mercredi au samedi. Dans ce cas-là, la participation a été moindre le samedi, alors que les personnes en congé ont profité d’une belle journée estivale.

Un troisième défi consiste à trouver un juste milieu quant au degré de sensibilisation des personnes présentes. Loin de nous l’intention de les hiérarchiser, mais il faut quand même reconnaitre qu’il est normal qu’il y ait certaines différences. C’est justement dans cette perspective que ça devient un défi. Nous avons d’un côté des personnes dont le niveau de sensibilisation à certains enjeux sociaux est élevé alors qu’il l’est moins chez d’autres. Évidemment, cette situation peut occasionner des frictions. Or, si nous revenons à l’objectif premier de l’événement, soit de démocratiser l’université en favorisant un rapprochement avec la population, il faudra voir à créer un lieu de réflexion où les deux milieux peuvent se côtoyer et se respecter. Il faudra développer une certaine tolérance pour éviter les clivages et pour créer des espaces d’ouverture afin que des discussions franches puissent avoir lieu dans l’optique de sensibiliser le plus grand nombre et de favoriser un meilleur vivre ensemble.

Un autre défi consiste à trouver la place de toutes et tous dans l’organisation de l’événement, c’est-à-dire mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Évidemment, il est normal de donner de la visibilité à l’université qui finance l’ensemble du projet. Cependant, la contribution des acteurs est à la hauteur de leurs ressources. Donc, encore ici, il faut se rappeler l’objectif initial de l’événement : rapprocher la population et l’université. Dans cette perspective, l’ensemble des acteurs qui collaborent à l’organisation devraient être mis à égalité dans les médias, à titre d’exemple.

Finalement, il faut soulever l’enjeu de la gratuité de l’inscription à l’événement. En effet, nous avons constaté, lors des deux événements, un important taux d’absentéisme par rapport au nombre de personnes inscrites. Il devient alors difficile de planifier les activités. Dès lors, comment maintenir l’accessibilité à l’événement, ici la gratuité, tout en ayant un moyen fiable de prédire le nombre de personnes participantes ?

Conclusion

En terminant, il est important de rappeler que malgré les nombreux enjeux soulevés, nous demeurons fiers des résultats obtenus. Nous croyons à la pertinence de ce genre d’événement et nous souhaitons cerner ces enjeux afin d’améliorer les éditions à venir, mais également pour faciliter la tâche des personnes qui seraient tentées de s’en inspirer. Nous espérons voir les initiatives de ce type se multiplier afin de travailler vers l’objectif commun, soit une société plus juste où l’implication de toutes et tous est encouragée.

Finalement, nous pouvons annoncer qu’une troisième édition de l’École d’été citoyenne aura lieu. Elle se déroulera les 21 et 22 mai ainsi que les 6 et 7 juin 2025. La programmation sera disponible prochainement sur le site Internet de l’UQO ainsi que sur la page Facebook de l’événement.

Par Martin Chartrand, Chargé de cours au département de travail social de l’UQO


  1. Martin Chartrand a agi comme chargé de projet lors des deux premières éditions de l’École d’été citoyenne.
  2. Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, Référentiel des compétences des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux, 20212.
  3. La directrice du CSIPU, Mme Stéphanie Demers, maintenant doyenne des études, et son équipe vont collaborer avec la professeure St-Amour à l’organisation de l’événement.
  4. Le comité organisateur fut complété par Joey Néron du CSIPU.
  5. <https://trocao.org/wp/>.
  6. <https://lfpo.org/qui-sommes-nous/>.
  7. UQO, Une toute première École d’été citoyenne à l’UQO, 2023.
  8. Ibid.
  9. Pour plus de détails, voir le Guide de la personne participante.
  10. <http://www.cipto.qc.ca/>.
  11. <http://www.cipto.qc.ca/le-lab/>.
  12. <https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/8363521/zine>.
  13. Pour davantage de détails, voir le Guide de la personne participante : <https://uqo.ca/ecole-ete-citoyenne-2024/guide-la-personne-participante>.

 

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Le gouvernement Legault est au service de la classe dominante. Et il en est fier. Il distribue l'argent aux grandes entreprises (Northvolt, Airbus, Lion électrique, etc.) [1], (…)

Le gouvernement Legault est au service de la classe dominante. Et il en est fier. Il distribue l'argent aux grandes entreprises (Northvolt, Airbus, Lion électrique, etc.) [1], sans s'assurer d'un retour sur ces investissements. Il a réussi à perdre plus d'un milliard de dollars en une année dans ces opérations [2]. Mais il n'a pas d'argent pour les services hospitaliers, pour les écoles ou pour la francisation. Le parti pris de ce gouvernement pour la classe dominante est bien compris par des secteurs de plus en plus larges de la population. Sa dégringolade dans les sondages est loin d'être terminée. Et c'est pour masquer le caractère de classe de sa politique et pour se construire une rente électorale qu'il multiplie les déclarations contre les travailleuses et travailleurs immigrés,afin de les rendre responsables de tous les maux qui frappent la société québécoise.

L'explosion des subventions et des cadeaux fiscaux pour les grandes entreprises

La politique économique du gouvernement Legault repose essentiellement sur une dépense d'argent public au profit du capital. Sa politique de subventions et d'évitement fiscal vise le soutien massif à des « champions industriels » jugés stratégiques pour la compétitivité du Québec dans l'économie mondiale.

Les entreprises privées, souvent des multinationales ou de grands groupes industriels, sont les principales bénéficiaires de cette politique. Les dix premiers récipiendaires – dont Nemaska Lithium, Northvolt, Airbus, Résolu, Kruger, CAE et Davie – accaparent à eux seuls près de 3 milliards de dollars, soit davantage que le budget annuel du ministère de la Culture et des Communications. Ces aides se concentrent dans quelques filières jugées stratégiques : électrification et batterie (Northvolt, Nemaska, Ultium CAM), aéronautique et défense (Airbus, CAE, Pratt & Whitney), forêt et papier (Résolu, Kruger), énergie et biocarburants (Varennes, Enerkem) et sécurité privée (GardaWorld). Peu de soutien est dirigé vers les petites et moyennes entreprises régionales, les coopératives ou l'économie sociale [3].

Cette logique s'accompagne d'un fort soutien à la recherche et à l'innovation, qui totalise plus de 1,6 milliard $. Cependant, cette recherche est largement orientée vers les besoins industriels et organisée en partenariat avec les entreprises, au détriment de la recherche fondamentale et indépendante. Le modèle d'innovation québécois s'apparente ainsi à un capitalisme où la production de savoirs est intégrée à la logique marchande.

Le gouvernement Legault a décidé de placer les fonds publics dans des projets phares : batterie, aéronautique, intelligence artificielle, afin d'attirer les investisseurs étrangers et d'ancrer le Québec dans les chaînes de valeur mondiales. Ces choix ont débouché sur des pertes majeures d'argent public. Il a subordonné le soutien à la recherche aux besoins de l'industrie et il a privilégié les villes industrielles comme Montréal, Varennes ou Bécancour, tout en négligeant les régions périphériques.

Sur le plan politique, cette orientation correspond à un néonationalisme économique où l'État québécois, via Investissement Québec, assume un rôle d'actionnaire et de bailleur de fonds du capital privé. Les investissements publics massifs visent à consolider une base industrielle qui renforce la dépendance envers les multinationales, au détriment des services publics et de la redistribution sociale.

Une orientation pro-patronale couplée à une offensive contre les intérêts populaires

Depuis le début de la session parlementaire d'automne 2025, une série de mobilisations féministes, syndicales et populaires dresse un même constat : le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) mène une politique budgétaire et économique qui affaiblit systématiquement les services publics, les organismes communautaires et les protections sociales, au profit des intérêts privés et des plus fortunés. Derrière le discours sur « l'efficacité de l'État » et « la rigueur budgétaire » se déploie une restructuration idéologique et matérielle de l'action publique : compressions, sous-financement chronique, désengagement social et dérégulation économique et environnementale.

Au moment même où les services essentiels subissent des compressions, le gouvernement Legault se prépare à octroyer, par l'entremise d'Investissement Québec, des subventions massives à l'industrie de l'armement. Québec solidaire dénonce ce virage comme un signe inquiétant de militarisation économique : alors que les ressources manquent pour les femmes, les enfants et les travailleurs, des fonds publics iront soutenir des entreprises d'armement « très rentables » et souvent étrangères. Ce déplacement des priorités révèle une logique de sécurisation autoritaire, centrée sur la puissance industrielle et militaire plutôt que sur la sécurité humaine et sociale [4].

La marginalisation de la lutte aux changements climatiques

Le gouvernement de la CAQ opère une réorientation majeure de sa politique climatique. Sous la direction du ministre Bernard Drainville, Québec entend désormais consacrer une part plus importante de ses ressources non plus à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), mais à l'adaptation de la population aux effets déjà perceptibles des changements climatiques. Selon un document interne du ministère de l'Environnement obtenu par Radio-Canada, le Plan pour une économie verte 2030 sera modifié afin de transférer une portion significative du budget vers des mesures d'aide aux citoyens touchés par les inondations, les tornades, les glissements de terrain ou les refoulements d'égouts. Le Fonds d'électrification et de lutte contre les changements climatiques — anciennement le Fonds vert — fera donc l'objet d'une révision en profondeur. Actuellement, seules 13 % des sommes du plan (1,3 milliard sur 10,1 milliards) sont destinées à l'adaptation ; cette proportion devrait augmenter sensiblement.

Cette réorientation s'inscrit dans une volonté politique plus large de François Legault de revoir à la baisse les ambitions du Québec en matière de réduction des GES. Déjà, la cible actuelle de 37,5 % de réduction des émissions sous le niveau de 1990 d'ici 2030 semble compromise : le Québec n'a pour l'instant atteint qu'une réduction de 19 %.

En parallèle, d'autres changements confirment un assouplissement général des normes environnementales. Le ministère prévoit de simplifier et d'alléger la réglementation sur la gestion des sols contaminés : sept règlements deviendraient deux d'ici 2026. De nombreuses enquêtes avaient pourtant révélé les dérives de ce secteur — dépôts illégaux, fraudes, implication du crime organisé —, ce qui avait conduit à l'imposition du traçage GPS des camions en 2019. Malgré cela, le cabinet du ministre parle d'une approche « équilibrée et responsable », conciliant environnement et économie « dans une perspective de développement durable » [5].

De plus, avec l'arrivée de Bernard Drainville, environ 130 postes ont été supprimés au ministère de l'Environnement, dans le cadre d'un plan gouvernemental de réduction de la fonction publique. Officiellement justifiés par des motifs d'« efficacité » et de « rationalisation », ces licenciements risquent d'entraîner des pertes d'expertise, des retards dans les évaluations environnementales et un affaiblissement de la capacité d'action écologique de l'État. Les syndicats dénoncent une réorientation politique où la gestion budgétaire prime sur la protection de l'environnement [6].

Des services sociaux minés par des politiques austéritaires

Violence conjugale et ressources pour femmes

Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale tire la sonnette d'alarme : trois budgets successifs (2023, 2024 et 2025) ont ignoré la hausse dramatique des besoins. Malgré qu'il y ait plus de 8 000 femmes et enfants hébergé-es par an, une demande sur deux est refusée, faute de ressources. Les maisons vivent un déficit de financement structurel de 30 % et un taux de roulement de personnel de 33 %, mettant en péril la sécurité de femmes déjà en danger. Les organismes demandent un financement récurrent de 57 millions sur trois ans et une reconnaissance salariale équitable, rappelant que la violence conjugale n'attend pas et que l'austérité tue [7].

Éducation : une attaque du primaire à l'université

Dans le réseau scolaire, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) rapporte une adhésion record de 160 000 signatures contre les nouvelles restrictions budgétaires imposées aux centres de services scolaires. Ces compressions, dénoncées comme des coupes déguisées, menacent directement les services aux élèves en difficulté ou en situation de handicap. L'austérité éducative revient ainsi au cœur d'un modèle où les besoins particuliers sont traités comme des charges, non comme des droits [8].

En mai dernier, le gouvernement de la CAQ annonçait des compressions de 150 millions de dollars dans le réseau de l'enseignement collégial en 2025-2026. De plus, l'augmentation des subventions de fonctionnement de ce réseau pour 2025-2026 sera réduite à seulement 0,3 %, ce qui ne permettra pas de faire face adéquatement à l'augmentation des coûts du système [9]. Le gouvernement de la CAQ a également réduit de 31 millions $ le financement des universités pour 2025-2026 et, en limitant le nombre d'étudiant-es étranger-es, a accentué les pressions budgétaires sur l'ensemble du réseau universitaire. [10]

Travail et santé au travail

Au sein de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), le SCFP-Québec dénonce la suppression de 250 postes à temps plein, soit près de 5 % des effectifs. Ces coupes frappent directement les travailleurs et les travailleuses accidentées et celles qui réclament l'équité salariale, alors même que les délais de traitement sont déjà trop longs. La disparition de postes d'enquêteur-ices, de conseiller-es et d'agent-es d'indemnisation allonge les délais, dégrade la qualité du service et accroît la souffrance des personnes blessées. Ces « économies » se traduisent par une détérioration des droits fondamentaux au travail et par l'affaiblissement d'une institution clé de la justice sociale [11].

Habitation et logement social

Les organisations de locataires — le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) et le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) — dénoncent une politique du logement fondée sur la dérégulation et la financiarisation. Le gouvernement caquiste poursuit une logique pro-propriétaire : refus du contrôle des loyers, nouveaux règlements favorisant les hausses cumulatives et transfert complet des coûts des rénovations aux locataires. Pendant que les loyers atteignent des sommets, le Programme d'habitation abordable Québec (PHAQ) permet désormais des logements dits « abordables » à 150 % du loyer médian, rendant le terme vide de sens. Ces décisions traduisent un choix politique clair : confier la réponse à la crise au marché privé, au détriment du logement social, communautaire et public. Le FRAPRU réclame 10 000 nouveaux logements sociaux par an, la réorientation du PHAQ vers les besoins réels des ménages et la reconnaissance du logement comme droit fondamental [12].

Pauvreté, itinérance et services communautaires

Le Collectif pour un Québec sans pauvreté, le FRAPRU, le RSIQ, la TNCDC, le RTRGFQ et d'autres réseaux communautaires dénoncent une crise sociale sans précédent : explosion de l'itinérance, paupérisation des ménages, effondrement du filet social. Les organismes sont eux-mêmes au bord du gouffre, étranglés par le sous-financement chronique et le gel de leurs budgets. Le gouvernement a vidé de toute substance sa stratégie en habitation, réduit de quatre fois le budget de son plan de lutte contre la pauvreté et laissé expirer sans suite son plan d'action interministériel en itinérance (2026). Pendant ce temps, les cadeaux fiscaux s'accumulent : 7,4 milliards $ de baisses d'impôts et 6,7 milliards $ de chèques électoralistes depuis 2022, profitant surtout aux mieux nantis. Ces décisions privent les finances publiques des moyens de répondre aux urgences sociales et accélèrent la fracture entre riches et pauvres [13].

Les axes et intentions des politiques caquistes

Les multiples communiqués syndicaux et populaires convergent sur une analyse commune : le gouvernement de la CAQ cache, sous un discours prétendant viser la rigueur financière, une politique d'austérité sociale fondée sur des compressions sélectives ; le transfert de fonds publics vers les grandes entreprises et les mieux nantis ; le démantèlement du filet social par le sous-financement des services publics et communautaires ; et la redéfinition des priorités gouvernementales autour de « l'efficacité », de « l'identité » et de la « sécurité », au détriment de l'égalité et de la solidarité.

Ces politiques traduisent une intention politique de refondre l'État québécois en un appareil gestionnaire et pro-entreprise, où les enjeux sociaux sont traités comme secondaires ou comme des charges. La lutte contre la pauvreté, l'itinérance, la violence conjugale et pour l'accessibilité au logement, à l'éducation et aux services de santé au travail est ainsi remplacée par le soutien à une hypothétique rentabilité des entreprises.

Les discours de Legault sur la responsabilité des travailleuses et travailleurs migrants dans les difficultés de la population du Québec à avoir accès aux services publics nourrissent un nationalisme conservateur et régressif. Cette stratégie du « diviser pour régner » n'est pas nouvelle. En désignant tour à tour des boucs émissaires – immigrant·e·s temporaires, musulman·e·s, demandeurs d'asile, Étudiant·e·s étrangers– comme responsables des difficultés économiques et sociales du Québec, le gouvernement détourne la colère populaire de sa véritable cible : le capitalisme québécois et ses alliés politiques.

Il mobilise une laïcité falsifiée, qui n'a rien à voir avec la neutralité de l'État et la défense de la liberté de conscience, pour présenter les minorités culturelles comme un danger pour la culture et la langue françaises. De principe émancipateur, la laïcité devient un instrument de contrôle culturel, au service d'un projet identitaire exclusif. Ce qui devrait servir à libérer l'espace public des discriminations est désormais utilisé pour les justifier.

Il utilise la notion confuse de « capacité d'accueil » pour appeler à la réduction de l'immigration, au rejet des demandes des réfugié·e·s et pour dresser des obstacles à la régularisation de nombreux travailleurs et travailleuses issus de l'immigration, qui n'ont pas les mêmes droits que les autres Québécois·es. Ces propos démagogiques contre les personnes migrantes cachent une offensive idéologique dirigée contre la gauche, les syndicats, les mouvements féministes et antiracistes — bref, contre toute forme de solidarité de classe.

Un mouvement social en riposte à l'offensive caquiste

Face à cette offensive, les syndicats, les groupes de femmes, les comités logement et les réseaux communautaires s'unissent dans un même front de résistance, à la hauteur des luttes pour les besoins populaires, pour l'égalité, la justice économique et la fin des discriminations ainsi que du racisme systémique. Ce front de résistance appelle à un réinvestissement massif dans les services publics, à un financement stable des organismes communautaires, à une reconnaissance salariale équitable dans les secteurs féminisés et à la mise en œuvre immédiate d'un plan de lutte contre la pauvreté, contre le logement inabordable et contre tous les rapports d'oppression.


[1] Aide aux entreprises : les promesses d'emploi et de productivité liées aux subventions se réalisent rarement, Journal de Québec, 17 décembre 2024

[2] Émilie Nicolas, S'enfler à en crever. Le nationalisme conservateur projette une pression d'hommes d'État forts… pour qui arrive à y croire, Le Devoir, 9 octobre 2025.

[3] Sylvain Larocque, Aide aux entreprises : des milliards de dollars chaque année, mais bien peu de transparence, Journal de Montréal, 15 décembre 2024, et toute une série d'articles de la fin décembre de ce même journal

[4] Québec solidaire, Subventions publiques dans l'industrie militaire : Québec solidaire exige de la transparence, 5 octobre 2025

[5] Thomas Gerbet, Québec change de stratégie face aux changements climatiques, Radio-Canada, 14 octobre 2025

[6] Thomas Gerbet, Québec supprime 134 postes au ministère de l'Environnement, Radio-Canada, 24 septembre 2025

[7] Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, On ne protège pas les femmes à moitié – Une campagne nationale pour exiger un financement à la hauteur des besoins des maisons d'hébergement, 9 octobre 2025

[8] Centrale des syndicats du Québec, Compressions budgétaires en éducation – Adhésion massive et spontanée à la pétition dénonçant les restrictions budgétaires du gouvernement, 2 octobre 2025

[9] Léa Carrier, Des compressions historiques dans les cégeps, La Presse, 12 mai 2025

[10] L'Union étudiante du Québec, L'austérité frappe en enseignement supérieur, mars 2025.

[11] SCFP, Coupes à la CNESST : les travailleurs et travailleuses écopent encore !, 8 octobre 2025

[12] RCLALQ, rcalq.qc.ca, et FRAPRU, Le FRAPRU reproche au gouvernement Legault sa déconnexion et manifeste pour un plan de développement du logement social, 5 octobre 2025

[13] Collectif des organisations mentionnées, Un gouvernement déconnecté : la pauvreté, l'itinérance et le logement absents du discours d'ouverture, 5 octobre 2025

RÉGÉNÉRATION : Remettre à l’heure du printemps l’horloge du temps

15 octobre, par Marc Simard
Autrefois, les villages étaient habités par des gens de tous les âges, de toutes les générations, de tous les métiers de la terre, de la mer ou de la forêt, au cœur d’une (…)

Autrefois, les villages étaient habités par des gens de tous les âges, de toutes les générations, de tous les métiers de la terre, de la mer ou de la forêt, au cœur d’une immense nature au renouvellement sain et vivace. La réunion de toutes les générations agissait tel le brassage des marées, (…)
Deux hommes souriants, Bill Clinton et George W. Bush, assis sur des chaises lors d'un événement de la Clinton Foundation, avec un fond bleu affichant des logos de fondations.

Le Canada et la politique impérialiste occidentale

15 octobre, par Archives Révolutionnaires
Un texte de Martin Forgues Biographie de l’auteur : Martin Forgues est un ancien militaire devenu journaliste indépendant. Actuellement chroniqueur pour Pivot, il (…)

Un texte de Martin Forgues

Biographie de l’auteur : Martin Forgues est un ancien militaire devenu journaliste indépendant. Actuellement chroniqueur pour Pivot, il s’intéresse particulièrement au militarisme, aux dérives sécuritaires ainsi qu’aux guerres et conflits. Auteur de trois essais, il développe également plusieurs projets journalistiques, littéraires et documentaires.

Où se situe le Canada dans la reconfiguration de l’impérialisme occidental et la défense de son hégémonie, considérant la fascisation rapide de l’imperium américain sous le régime Trump et des métastases qu’elle cause partout dans le Nord global ? Au printemps 2025, dès son élection, le premier ministre canadien Mark Carney promettait d’augmenter massivement les dépenses militaires du pays pour atteindre non pas le seuil minimum de 2 % requis par l’OTAN, mais plutôt de 5 %, cédant ainsi aux pressions exercées par l’amerikanischer führer. Que retenir de cette promesse ? Dans quel contexte s’inscrit-elle ? Est-elle réalisable ? Est-elle même souhaitable ? Avant de décortiquer la question, j’aimerais vous faire part, puisqu’elles sont pertinentes aux questions susmentionnées, de mes observations personnelles quant à la transformation de la politique militaire canadienne au tournant du XXIe siècle.

Lorsque je me suis enrôlé dans l’Armée canadienne en mai 1999, l’état des forces du pays se résumait en un seul mot : lamentable, sous-financé et profondément balafré par une multitude de scandales. Nos uniformes vert olive étaient basés sur un design des années 1960, les armes et l’équipement étaient désuets, les vieux hélicoptères Sea King et Labrador ont fait des victimes dans leurs propres équipages, la marine était incapable d’assurer la souveraineté du pays. Parallèlement, le gouvernement canadien, en plus de maintenir une brigade de combat et des avions de chasse en Allemagne de l’Ouest, avait engagé ses troupes dans de nombreuses missions sous l’égide des Nations-Unies et de l’OTAN, soit de « maintien de la paix » (Chypre, ex-Yougoslavie) ou « d’imposition de la paix » (Somalie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo).

Mal entraînés, sous-équipés et handicapés par des règles d’engagement grotesques, les Casques bleus déployés en ex-Yougoslavie – officiellement dans le cadre d’une mission de « maintien de la paix », mais en réalité dans une zone de guerre active – ont dû observer, impuissants, le massacre de milliers de civils. Pour sauver la face, le gouvernement canadien, dirigé à l’époque par les Libéraux de Jean Chrétien, avait cherché à camoufler que des soldats canadiens s’étaient retrouvés en situation de combat dans la région de Medak en Croatie et qu’un soldat canadien, le caporal Daniel Gunther, avait été tué lors d’une patrouille en Bosnie. En Somalie, le déploiement de troupes d’élite du Régiment aéroporté du Canada, unité déjà sur la sellette en raison de son infiltration par des groupes d’extrême droite et de son leadership déficient, a mené au meurtre de civils somaliens et déclenché une commission d’enquête dont le résultat fut le démantèlement du régiment et la condamnation de simples soldats alors que les hauts responsables militaires furent amnistiés. En somme, les tentatives du Canada de jouer dans « la cour des grands » menaient invariablement à une forme ou une autre d’humiliation publique.

Contrairement à d’autres pays occidentaux, le Canada avait entamé un vaste effort de démilitarisation dès les années 1970, alors que la Guerre froide s’amenuisait avec la politique de détente amorcée après la Crise des missiles à Cuba en 1962. Pendant ce temps, les États-Unis, en plus de constituer le fer de lance atlantiste contre les forces du Pacte de Varsovie, poursuivaient, au nom de la lutte contre le communisme, une politique étrangère agressive teintée de coups d’État, de tentatives de renversement de régimes (souvent élus démocratiquement) et d’invasions militaires, que ce soit en Iran, au Guatemala, à Cuba, au Vietnam ou en Afghanistan. La tentative américaine de contrer la Révolution de Saur de 1978 en Afghanistan a d’ailleurs mené à l’intervention militaire soviétique dans ce petit pays d’Asie du Sud-Ouest, ce qui a contribué à la fin de la détente des années 1970, à l’aube de l’élection du belliciste Ronald Reagan.

De leur côté, les pays européens, dont l’histoire coloniale n’est plus à démontrer, n’ont pas cessé d’influencer et de soutenir des régimes qui leur étaient favorables longtemps après l’accession à l’indépendance de leurs anciennes colonies, notamment en Afrique. La France et la Belgique furent également derrière les assassinats de Patrice Lumumba au Congo et de Thomas Sankara au Burkina Faso. Sinon, le bon vieux colonialisme s’était simplement revêtu de nouveaux habits, les grandes entreprises européennes et leur mainmise sur les abondantes ressources naturelles du continent ayant remplacé les administrations coloniales et les garnisons militaires. La Grande-Bretagne, de son côté, avait perdu le lustre de son vieil empire au sortant de la Seconde Guerre mondiale, avec l’indépendance de l’Inde en 1947. Elle est devenue, rapidement et non sans ironie, le valet des États-Unis en Europe, tout en poursuivant un impérialisme soft notamment via la British Petroleum (BP) et ses intérêts en Iran, qui furent menacés avec l’arrivée au pouvoir du socialiste Mohammed Mossadegh en 1952. Pour régler le « problème », Mossadegh fut renversé l’année suivante par un putsch organisé par la CIA américaine et le MI6 britannique.

Par ailleurs, les grands mouvements anti-coloniaux dans ce qu’on appelait à l’époque le « Tiers-monde » (aujourd’hui rebaptisé le Sud global) ont largement résulté d’une volonté de résister aux politiques néocoloniales occidentales. Un symbole parlant à ce sujet demeure la crise du Canal de Suez en 1956, lorsque le gouvernement égyptien de Gamal Abdel Nasser a nationalisé le canal de Suez et qu’il a chassé le consortium anglo-français du pays. C’est ce qui a d’ailleurs mené à la création des Casques bleus de l’ONU à l’initiative du diplomate canadien, plus tard premier ministre, Lester B. Pearson. Même si le Canada, pourtant un des grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, s’est largement contenté d’un rôle de soutien sur la scène impérialiste internationale en se concentrant sur la diplomatie et un engagement militaire strictement onusien, on y a poursuivi des politiques néocoloniales agressives, surtout envers les Premiers peuples, mais aussi contre les minorités linguistiques, ainsi que contre le Québec. Je vous propose donc cette analyse présentée comme une synthèse historique qui, en aucun cas, ne saurait être exhaustive.

La « fin de l’Histoire », un rendez-vous manqué

Le politologue Francis Fukuyama avait considéré que la chute de l’URSS en 1991 représentait « la fin de l’Histoire », pour mieux se récuser en 2006. Car c’est plutôt le contraire qui s’est produit – ce fut le début d’une nouvelle ère impérialiste pour l’Occident en général et les États-Unis en particulier. Alors que le Pacte de Varsovie se démantelait, l’OTAN, de son côté, loin de se désarmer, s’est réinventée en « policier mondial » à l’heure où l’ONU, avec les échecs meurtriers de ses missions de « maintien de la paix » dans les Balkans et au Rwanda, était frappée d’une importante crise de légitimité. On assistait à une remise en question de sa capacité à assurer la stabilité de ce « nouvel ordre mondial » néolibéral et capitaliste.

J’insiste ici sur la dimension capitaliste, incarnée par la militarisation de la finance à travers les organisations banditistes que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Pendant ce temps, la Russie faisait face aux promesses brisées de son rival qui, manifestement, n’avait rien retenu des leçons de l’histoire qui démontrent qu’humilier un ennemi vaincu ne fait que garder allumées les braises du ressentiment, lesquelles alimentent le foyer du nationalisme revanchard, comme ce fut le cas en Allemagne de 1919 à 1933. Et la Chine post-Mao, de son côté, continuait de troquer le communisme pour un capitalisme d’État franchement affirmé en devenant le sweatshop de l’Occident…

Deux hommes souriants, Bill Clinton et George W. Bush, assis sur des chaises lors d'un événement de la Clinton Foundation, avec un fond bleu affichant des logos de fondations.
Bill Clinton et George W. Bush

Le point tournant : 11 septembre 2001

Les années 1990 furent largement prospères pour les pays occidentaux nonobstant une brève récession en début de décennie, partiellement (et ironiquement !) causée par une baisse généralisée des dépenses militaires, témoignant ainsi de l’importance du complexe militaro-industriel dans le tissu économique occidental. Je me souviens, personnellement, alors que j’étais l’adolescent aîné d’une famille banlieusarde de classe moyenne, d’une époque qui était empreinte d’optimisme, bercé par des illusions dont je n’ai réalisé le caractère factice que bien plus tard.   C’est donc au tournant du XXIe siècle que je me suis enrôlé dans les Forces armées canadiennes, motivé par l’idée de me faire Casque bleu et non d’être l’instrument d’une politique étrangère impérialiste. Je pensais être différent des recrues des forces américaines à qui on faisait miroiter l’idée de « défendre la liberté » alors qu’ils servaient les intérêts des oligarques et du complexe militaro-industriel, pourtant dénoncé par deux généraux élevés au rang de mythes, Smedley Butler dans War is a Racket en 1935 et Dwight Eisenhower lors de son discours d’adieu à la présidence en 1961.

Malgré ces deux-là, il faut dire que l’impérialisme américain a toujours pu compter sur une machine de propagande et de fabrication du consentement bien huilée. Pendant que l’Occident se vautrait dans l’opulence crasse que lui procurait ce qu’on appelait de manière orwellienne les « dividendes de la paix », qui étaient en réalité les richesses spoliées dans l’ancien Tiers-Monde désormais privé du soutien de l’URSS, le nouvel ennemi désigné se manifestait : l’Islam. Après le « péril rouge », c’était le « péril vert », qu’il vienne de l’Iran des mollahs qui avaient renversé le pantin britanno-américain Reza Pahlavi, de l’Irak de Saddam Hussein (pourtant une république laïque et un allié durant la guerre Iran-Irak des années 1980 qui a par la suite « désobéi » aux ordres du maître), de la Libye de Mouammar Kadhafi ou encore de la nébuleuse al-Qaïda fondée par un autre ancien allié américain, Oussama ben Laden.

Pour quelque temps, à l’époque de Bill Clinton (1993-2001), l’Amérique des riches s’est bercée au son d’un chant de sirène qui cachait, derrière ses airs angéliques, les pleurs et les cris de détresse des pauvres et des peuples opprimés sur le dos de qui se construit toujours la richesse des dominants, qui comptent sur l’apathie des « gens de bien » comme les appelait l’historien populaire Henri Guillemin. Mais l’élection de George W. Bush en novembre 2000 incarnait le retour au pouvoir des néo-conservateurs avérés, dont les velléités impérialistes ne se cachaient pas derrière un vernis de progressisme social. Il s’agissait du retour à la Maison-Blanche d’un reaganisme plus sophistiqué, repensé dans les laboratoires politique du Project for a New American Century, de la Heritage Foundation et du Carlyle Group. Avec « W. » pour servir d’idiot utile et de pancarte présidentielle aux vrais détenteurs du pouvoir : Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz et le reste de la fauconnière américaine d’arrière-boutique.

À peine arrivé en place, le régime définissait le nouvel « Axe du Mal » qui menaçait désormais le « monde libre » : l’Iran, l’Irak, la Corée du Nord, Cuba, la Libye et la Syrie, un mélange de pays « islamistes » et de reliques de la Guerre froide. Le 11 septembre 2001, le suzerain obtenait son casus belli pour exécuter les premières phases de son plan. Comme membre de l’OTAN, le gouvernement Bush a invoqué l’article 5 de la Charte de l’organisation pour forcer les autres pays membres à le suivre dans cette nouvelle épopée guerrière, dont le Canada. Dès octobre 2001, ce dernier déployait une troupe de 40 soldats des forces spéciales en Afghanistan, où se cachait Oussama ben Laden, protégé par le régime des Talibans, lui-même issu des mujahidin anti-soviétiques financés et armés par les États-Unis et l’Arabie saoudite, qui a disséminé sa théologie intégriste via un réseau d’écoles religieuses entre l’Afghanistan et le Pakistan.

En novembre 2001, une équipe des forces spéciales américaines a reçu comme mission d’infiltrer le pays avec Hamid Karzai, un politicien afghan qui a mangé dans presque toutes les auges politiques du pays – incluant les Talibans – et qui était devenu un agent de la CIA. Karzai avait été désigné pour devenir président après avoir également travaillé comme consultant pour Unocal, une pétrolière qui cherchait à brasser des affaires avec le régime taliban à la fin des années 1990. Le même mois, le Pentagone dressait une liste de sept pays musulmans à envahir au cours des années subséquentes : Syrie, Liban, Libye, Iran, Somalie et Soudan. Dans le même temps, le Secrétaire à la Défense Rumsfeld (qui avait également servi sous Richard Nixon et Gerald Ford) demandait au conseiller spécial en contre-terrorisme Richard Clarke de fabriquer des preuves qui montreraient des liens, en réalités inexistants, entre l’Irak et les attentats d’al-Qaïda. Ce même Clarke avait d’ailleurs cherché à alerter la Maison-Blanche de la haute probabilité d’attaques en sol américain par l’organisation de ben Laden, mais sans succès.

Convoi de véhicules militaires dans un environnement désertique, sous un ciel orangé, avec des soldats armés sur le toit de chaque véhicule.
Invasion de l’Irak, 2003. Source.

Irak : un crime contre l’humanité toujours impuni

En 2003, les États-Unis, appuyés par la Grande-Bretagne et une douzaine d’autres pays plus ou moins impliqués, envahissent l’Irak après des mois à justifier l’invasion à l’aide de preuves plus ou moins bien fabriquées, souvent bâclées, mais jamais crédibles aux yeux des autres pays qui demandaient des preuves tangibles que l’Irak représentait une menace pour les États-Unis. Pensons seulement au Secrétaire d’État Colin Powell, généralissime américain pendant la Guerre du Golfe contre l’Irak en 1991, pris à agiter de petites fioles de poudre blanche – on ne saura jamais s’il s’agissait d’anthrax ou de bicarbonate de soude – à la table du Conseil de Sécurité de l’ONU, aux « laboratoires mobiles » et à un grossier canular cherchant à prouver que Saddam Hussein cherchait à acheter de l’uranium… au Niger. L’invasion illégale de l’Irak, en vertu du droit international, marquait une rupture avec le multilatéralisme qui semblait la norme depuis plusieurs décennies et venait cristalliser l’idéologie néo-conservatrice résumée dans cette citation de George W. Bush à la suite des attentats du 11 septembre : « Vous êtes avec nous, ou vous êtes avec les terroristes. » Pourtant, la raison réelle de l’invasion était simplement la mainmise sur le pétrole irakien… Ce qui n’empêcha pas le vice-président Dick Cheney – qui avait dirigé de 1995 à 2000 la compagnie pétrolière Halliburton qui profitait de l’invasion – de clamer que les troupes américaines allaient être reçues en « libérateurs ».

Mais l’Irak allait surtout être l’élément déclencheur d’une réaction en chaîne. Dès 2004, le pays s’est embrasé et une guerre civile impitoyable allait perdurer pour plus d’une décennie après que Bush ait, dans une des plus vulgaires démonstrations de propagande jamais mises en scène, atterri sur le porte-avions USS Abraham-Lincoln, sur lequel fut déployée une immense banderole ornée du Stars and Stripes et de la mention : « Mission Accomplished ». C’était au même moment où plusieurs groupes jihadistes s’insurgeaient contre le nouveau régime irakien soutenu par les États-Unis. Un de ces groupes a retenu l’attention : al-Qaïda en Irak, qui allait devenir le socle sur lequel s’est élevé… Daech.

De la Libye vers Daech : les pompiers pyromanes à l’assaut du Sud global   

En 2011, c’est la Libye de Mouammar Khadafi qui fait les frais de l’élan néo-impérialiste de l’OTAN, peu de temps après que le leader panarabe et panafricain eut suggéré que son dinar devienne une nouvelle pétro-devise.   Il n’en fallut pas davantage pour que le gendarme mondial, sous l’impulsion de la France sarkozyste, s’engage à « libérer » le peuple libyen d’un autre « tyran » tiers-mondiste. Cette fois, il s’agissait surtout d’appuyer des groupes armés rebelles qui s’opposaient à Kadhafi. Dans les faits, la plupart de ces groupes étaient des jihadistes plus ou moins liés à al-Qaïda. L’ennemi juré d’hier devenait l’allié du moment – énième démonstration du cynisme qui guide cette « guerre contre le terrorisme » qui, au moment d’écrire ces lignes, continue de faire rage de manière de plus en plus clandestine. Où a donc mené cette nouvelle « libération » ? À une Libye déchirée, avec une multitude de groupes armés qui disputent le pouvoir à un gouvernement qui contrôle à peine la capitale Tripoli et quelques régions éparses, à l’image de l’Afghanistan des années 2000 où le président Hamid Karzai était sarcastiquement appelé « le maire de Kaboul ».

Mais cette guerre a surtout embrasé une grosse partie de l’Afrique de l’Ouest quand les arsenaux de l’armée libyenne se sont retrouvés dans les mains d’une pléthore de groupes armés : Touaregs, séparatistes, jihadistes. Réponse occidentale ? Une autre invasion, cette fois par l’armée française, au Mali, pour chasser ces jihadistes qui avaient pris le contrôle d’une grande partie du nord du pays après avoir été les vainqueurs de ces microconflits entre groupes armés. La politique, comme la nature, a horreur du vide, et la France, après des décennies de jeux de coulisses pour asseoir son influence sur ses anciennes colonies, a profité de la crise pour réaffirmer sa mainmise économique et militaire sur la région. En fait, dans la région, les indépendances n’ont souvent été que nominales et les grandes multinationales françaises gardent la main sur les ressources de la région. À la même époque, on voyait dans certains médias des reportages sur les « bienfaits » de l’époque coloniale.

C’est au cours de cette période, au tournant de 2014, que Daech a profité de l’instabilité pour saisir un territoire s’étendant sur une partie de l’Irak et de la Syrie pour y établir un « califat ». L’organisation a ainsi pu livrer une guerre violente, notamment contre sa propre population, et planifier des attentats qu’elle a revendiqués un peu partout en Occident. Les pays de l’OTAN, dont la France, les États-Unis et le Canada, ont alors déployé des troupes d’élite des forces spéciales et des avions de chasse en Irak et en Syrie pour lutter contre une organisation qui, sans les invasions de l’Irak et de la Libye en 2003 et en 2011, n’aurait pas pu exister telle qu’elle. Mais l’impérialisme a besoin, pour croître et se maintenir, de pompiers pyromanes qui soient éteignent les feux qu’ils ont déclenchés, ou qui arrosent les brasiers avec de l’essence.

Caricature politique représentant un coq habillé comme Uncle Sam, symbolisant l'impérialisme américain et la Doctrine Monroe, entouré de diverses autres volatiles représentant les pays d'Amérique latine.
Caricature de 1901 illustrant la doctrine Monroe. Source.

L’Amérique du Sud et la résurgence de la doctrine Monroe

L’insuccès des épopées militaires au Moyen-Orient a grandement endommagé l’hégémonie impérialiste de l’Occident, en montrant sa faiblesse, notamment sur le plan militaire, avec son incapacité à vaincre des groupes armés locaux dans une dynamique de guerre complètement asymétrique. On peut poser la question : est-ce pour cette raison que les États-Unis semblent avoir décidé de réaffirmer leur suprématie sur l’Amérique du Sud ?

Cette politique ne date pas d’hier – on peut remonter jusqu’au XIXe siècle et à la création de la doctrine Monroe par le président éponyme en 1823, qui stipulait que la région devenait la chasse gardée des États-Unis et devait être exempte de colonisation par les puissances européennes, et qui fut modifiée sous Theodore Roosevelt pour inclure un droit d’ingérence américain dans les affaires politiques d’Amérique latine. C’est par ailleurs l’application de cette doctrine qui a fait dire au général Smedley Butler dans War is a Racket (et d’autres écrits parus notamment dans le magazine socialiste Common Sense) qu’il fut le bras armé des compagnies américaines telles que la United Fruit Company et la Standard Oil. Dans les décennies qui ont suivi, l’imperium états-unien s’est ingéré dans les affaires politiques des pays sud-américains, notamment en 1954 au Guatemala quand vint le temps de renverser le gouvernement issu de la révolution guatémaltèque, alors que les réformes agraires allaient nuire aux profits de la United Fruit.

Dès le lendemain de la révolution cubaine de 1959, qui a chassé du pouvoir le crime organisé américain et les suppôts corrompus du président Batista, les États-Unis ont constamment cherché à éliminer le président Fidel Castro, surtout après son rapprochement avec l’URSS. L’échec de l’invasion de la baie des Cochons en 1961 fut une autre humiliation et c’est aussi à Cuba qu’a failli se jouer le sort de l’humanité lors de la crise des missiles soviétiques en sol cubain qui aurait pu dégénérer en conflit nucléaire. Notons qu’en dépit de la résilience de la révolution cubaine, l’empire américain a réussi à maintenir une présence négociée avec la base navale de Guantanamo, devenue tristement célèbre après avoir été convertie en centre de tortures dans une dimension politique parallèle, alors que nombre des prisonniers n’avaient jamais été reconnus coupables de quoi que ce soit.

En 1973 au Chili, un coup d’État soutenu par les États-Unis renverse le gouvernement élu démocratiquement de Salvador Allende et installe le général Augusto Pinochet qui allait présider à un des régimes dictatoriaux les plus répressifs et sanglants du continent. Dans les années 1980, ce fut le tour du Nicaragua de Daniel Ortega et du Panama de Manuel Noriega, en plus des ingérences motivées par l’infâme « Guerre à la drogue ». Puis, au tournant du XXIe siècle, la révolution bolivarienne au Venezuela, l’arrivée au pouvoir de leaders socialistes au Brésil (Luis Ignacio Lula da Silva) puis en Bolivie (Evo Morales), et la vague progressiste qui a balayé une partie du continent sud-américain, a mené le régime impérialiste de la Maison-Blanche à réorienter leur attention vers ce qu’il considère son arrière-cour, en soutenant des politiciens de droite et d’extrême droite surtout au Chili, en Colombie, en Argentine, au Brésil et au Venezuela.

Un homme en costume avec un t-shirt bleu s'approche d'un groupe de soldats canadiens en uniforme militaire, lors d'un événement en extérieur.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau passe en revue les troupes à Yavoriv, en Ukraine, le 12 juillet 2016. Source.

Conclusion : le renouveau militariste canadien et nos pistes de sortie

Comme je l’écrivais plus haut, cette analyse cherche à présenter une synthèse historique de l’impérialisme occidental, ses mutations et ses orientations, sans en faire une description exhaustive. On pourrait y ajouter un nombre effarant d’autres exemples que j’ai soit omis, soit consciemment laissé de côté pour des fins de clarté et de concision.C’est ainsi que je viens refermer la boucle entamée plus haut pour revenir vers le rôle et la posture du Canada (et, conséquemment, du Québec qui est toujours pris dans les rets du néocolonialisme canadien), que j’avais quelque peu délaissé au fil de l’écriture, pour mieux y retourner.

De son rôle de soutien pendant la Guerre froide à ses tentatives ratées de revenir dans la cour des grands après l’avoir désertée dans les années 1970, le Canada a profité des attentats du 11 septembre 2001 pour réaffirmer son engagement au sein de l’appareil impérialiste occidental. Il fut un des principaux pays impliqués dans l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan, d’abord à Kandahar aux côtés des forces américaines, puis dans une mission de « stabilisation » à Kaboul de 2003 à 2005. À la suite du refus du gouvernement libéral de Jean Chrétien d’envoyer des soldats canadiens en Irak (davantage par incapacité opérationnelle que par réel souci du respect du droit international), son successeur Paul Martin a cédé à la pression du régime Bush et redéployé les troupes à Kandahar, dans un rôle de combat, pour la première fois depuis la Guerre de Corée.

L’arrivée au pouvoir des Conservateurs de Stephen Harper (qui avait soutenu en 2003 la participation canadienne à l’invasion de l’Irak en tant que chef de l’opposition) a exacerbé ce que j’avais baptisé en 2015 dans mon essai le « renouveau militariste canadien ». Non seulement il a reconduit à deux reprises la mission de combat à Kandahar, mais il a engagé le pays dans l’invasion de la Libye en 2011 malgré les avertissements du renseignement militaire qui avaient prédit, avec précision, les conséquences horribles d’une Libye post-Kadhafi. Il a également autorisé une intervention militaire en Irak et en Syrie en 2014, comprenant des avions de chasse CF-18 et des soldats des forces spéciales pour former et conseiller les Peshmergas kurdes. Cette forme d’aide, nommée « défense, diplomatie et assistance militaire », est devenue une panacée en Afghanistan, en Irak de même que dans des pays d’Afrique de l’Ouest comme le Mali et le Niger. Elle rend les forces armées locales dépendantes des ressources militaires de l’Occident et ne vise pas une réelle souveraineté de ces pays quant à leur sécurité. Elle reste également conditionnelle à un alignement idéologique avec le pays « fournisseur ». À preuve, les coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger par des anticolonialistes, inspirés notamment par le mouvement de Thomas Sankara dans les années 1980, ont mené à l’interruption abrupte de toute aide militaire par les pays occidentaux qui y étaient impliqués.

La chute des Conservateurs au profit des Libéraux de Justin Trudeau nous a montré qu’à l’image de la dualité Républicains-Démocrates aux États-Unis, le mirage du progressisme social ne résiste pas aux velléités impérialistes propres à l’establishment politique élargi. Les mêmes guerres, toujours plus clandestines, se sont poursuivies jusqu’à aujourd’hui. Puis, en 2022, l’invasion russe de l’Ukraine a pu servir à ramener le monde à une logique de Guerre froide opposant l’OTAN et ses alliés à un bloc formé par la Russie et ses alliées. C’est l’histoire qui se répète, pour paraphraser George Santayana, un analyste qui avait aussi dit, au sujet de la guerre, que seuls les morts en voient la fin. Quelle porte de sortie pour le Canada et, conséquemment, le Québec, tant qu’il fera partie du Canada ? Des militant·es québécois·es de gauche avaient autrefois publié un petit manifeste intitulé Un Québec sans armée. Cette proposition, quoique louable, est atrocement naïve. Les ressources naturelles abondantes et fortement en demande du Canada attisent la convoitise mondiale, surtout de l’omnipotent voisin américain dont le président Trump a ouvertement suggéré que nous devenions le 51e État.

Ce qui nous force, au minimum, à développer les ressources, les alliances internationales et les stratégies militaires suffisantes pour y résister. En ce sens, l’approche suisse et celles des pays dits « non alignés » sont ce qui ressemble le plus à une réelle « défense nationale », surtout à l’heure où le Pentagone a renommé le Département de la Défense en Département de la Guerre. Il faut donc une politique militaire, mais qui est anti-impérialiste et strictement axée sur la défense territoriale terrestre, maritime et aérienne. Parce qu’avoir une politique militaire de défense, ça ne veut aucunement dire avoir une politique belliciste. Il faut pouvoir se défendre, mais il faut aussi pouvoir tenir tête aux va-t’en-guerre. Et pour cela, il nous faut un mouvement pacifiste fort. Voilà notre principal chantier à l’heure actuelle. 

Bibliographie

BENJAMIN, Medea et SWANSON, David. L’OTAN : une alliance au service de la guerre, Lux, 2025

BUTLER, Gen. Smedley D. War is a Racket, Feral House, 2003

CHOMSKY, Noam et VLTCHEK, André. L’Occident terroriste, Écosociété, 2015

FORGUES, Martin. L’Afghanicide, cette guerre qu’on ne voulait pas gagner, VLB Éditeur, 2014

FORGUES, Martin. Un Canada errant sur le sentier de la guerre, Poètes de brousse, 2016

MBEKO, Partick. Le Canada dans les guerres en Afrique centrale, Éditions Le Nègre, 2012

MBEKO, Partick. Objectif Khadafi, Éditions Libre-pensée, 2016

QADERI, A Hadi. Dans ma tête vos champs de ruines, Éditions de la rue Dorion, 2016

ZIEGLER, Jean. L’empire de la Honte, Fayard, 2005

Adolfnald Trumper - Prix Nobel de la guerre

14 octobre, par Gaétan Roberge — , ,
Trump incarne un narcissique malfaisant aux visées à la fois expansionnistes et isolationnistes. Il est habité d'un esprit guerrier carburant aux menaces et aux poursuites (…)

Trump incarne un narcissique malfaisant aux visées à la fois expansionnistes et isolationnistes. Il est habité d'un esprit guerrier carburant aux menaces et aux poursuites judiciaires. Passé maître dans l'utilisation de l'abc délétère de l'humanité, soit l'argent, la bêtise et la corruption. Il représente un réel péril pour l'humanité et nous devrions lui dire au plus tôt : « you're fired » !

Un bandit à cravate

Coupable de discrimination envers les locataires noirs en 1975. Dans les années 90, il fait des « affaires » avec des entreprises liées à la Mafia à cravate. À la fin des années 2000, 25 femmes ont signalé des agressions de sa part. En 2005, il fonde la Trump University (sans licence universitaire) et escroque 5000 étudiants et étudiantes pour 40 millions de dollars. En 2016, Trump et son ami Epstein sont accusés de viol. Six de ses hôtels et casinos font faillite. S'amuse à virer des personnes dans son émission de téléréalité The Apprentice. Il accepte un Boeing 747 offert par le Qatar pour l'utiliser comme avion présidentiel alors que la Constitution américaine interdit à la présidence d'accepter des cadeaux. Il se sert de sa présidence afin de faciliter les « affaires » de sa propre famille dans plusieurs endroits de la planète, dont le Qatar … Où il s'est fait promettre 1400 milliards de dollars d'investissements sur dix ans ! Voilà pourquoi il a forcé Netanyahou à téléphoner pour s'excuser auprès du Qatar pour y avoir lancé une attaque.

Un psychopathe à la Maison Blanche

45e et 47e Président des États-Unis. En 2017, le psychologue américain John Gartner affirmait que : « les handicaps mentaux de Donald Trump étaient un mélange de narcissisme, de paranoïa, de sociopathie et de sadisme ». Tandis que d'autres, comme Boucar Diouf, pensent qu'il souffre sans doute de dissonance cognitive. En 2018, Trump s'est moqué de son homologue nord-coréen, Kim Jong-Un, affirmant avoir un bouton nucléaire « plus gros et plus puissant que le sien » … – De vrais p'tits culs dans la cour d'école, mais fort dangereux. – Il conteste avec entêtement et sans preuve la victoire de Joe Biden à la présidence. Plagie le slogan de campagne de Ronald Reagan de 1980 : (Let's) Make America Great Again (MAGA). La Trump Organization condamnée à payer une amende 1,6 million de dollars pour fraudes fiscales. Accusé de conspiration criminelle dans le but d'invalider les résultats électoraux de l'État de Géorgie. Possession illégale de documents secrets stockés dans une salle bain de sa résidence. – Sale histoire n'est-ce pas ? – Ce fabulateur, maître des grands sparages, se vante d'avoir mis fin à sept guerres ! – À part la première phase du cessez-le-feu à Gaza, lesquelles ? – Monsieur déteste les escaliers roulants, n'ingurgite pas de Tylenol et a en sainte horreur le fentanyl. Mais, il aime bien les alligators, les colonnes gréco-romaines, tout ce qui recèle de la dorure et c'est qui explique que son poisson préféré soit la dorade.

Le culte de la personnalité ou In Trump we trust

Donald Trump a remodelé le bureau Ovale de la Maison Blanche de manière ostentatoire en s'entourant d'accessoires clinquants et de préférence dorés en plus de faire construire une immense salle de bal attenante à la Maison Blanche. Une grande affiche de lui-même est désormais accrochée au bâtiment du ministère du Travail à Washington. Il existe une rumeur à l'effet qu'éventuellement l'on érige un gigantesque Arc de triomphe dépassant celui de Paris. – Bien évidemment. – Pour la célébration des 250 ans de l'indépendance des États-Unis, en 2026, une pièce commémorative de 1 dollar à son effigie pourrait voir le jour … Et ce, même si la législation américaine actuelle l'interdit formellement.

Vive les riches – À bas les pauvres

Propulsé au pouvoir grâce au financement des milliardaires de la Silicon Valley, ces oligarques de la tech et de l'Intelligence Artificielle (IA). Il fait adopter la loi de réduction des impôts et des dépenses, son fameux « One Beautiful Big Bill », qui équivaut en réalité à un transfert de richesses des pauvres aux riches … Cette loi réduit les impôts de 5 000 milliards, de 1 200 milliards les allocations Medicaid et les bons d'alimentation. Ainsi, 12 millions de personnes parmi les plus pauvres perdront leur assurance maladie et 3 millions leurs bons d'alimentation. S'attaque aux Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Multiplie les décrets visant la communauté LGBTQ+ et les personnes trans. Licencie massivement sans raison et selon ses caprices des milliers de fonctionnaires fédéraux. Démantèle le département de l'Éducation et fait du chantage, musèle et coupe le financement d'universités.

« On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps ». Abraham Lincoln

La devise de Trump : Fight – Fight – Fight

Menace d'annexer le Groenland, de prendre le contrôle du canal de Panama et de faire du Canada le 51ième état américain. Il rebaptise le ministère de la Défense en « ministère de la Guerre ». – Cela en dit long sur ses véritables intentions. – Dépêche la Garde nationale et l'Armée pour « pacifier » les villes, surtout démocrates et sanctuaires, afin « d'é-rat-diquer » toute opposition légitime à ses idées. Attribue les pleins pouvoirs à ICE, cette force paramilitaire masquée et violente à l'image des « chemises brunes » et ne respectant aucune règle de droit. Commande la plus grande campagne « brutale » d'expulsions de l'histoire américaine. Ainsi, le « statut de protection temporaire » de 520 000 Haïtiens a été révoqué et ils risquent l'expulsion vers leur pays d'origine en plein chaos. – Entre les années 1933 et 1939, 520 000 Juifs ont été contraints de fuir l'Allemagne. – Trump commande avec une certaine joie la création d'un centre de rétention pour migrants surnommé « l'Alcatraz des alligators ». – Les premiers camps nazis sont des lieux de détention extrajudiciaires établis en 1933-1934, pour contrôler les opposants politiques et les individus et groupes jugés nuisibles à la communauté nationale. – Soutenant la même rhétorique qu'Hitler envers les Juifs, les immigrés, les gauchistes, les intellectuels et les musulmans représentent des « ennemis » de l'Amérique.

Gracie les insurgés, des « Patriotes » selon lui, qui ont pris d'assaut le Capitole, siège emblématique de la démocratie américaine. On estime à quelque 200 Proud Boys, des suprémacistes blancs, ainsi que des Oath Keepers, un mouvement d'extrême droite organisé en milices anti-gouvernement fédéral, ont participé à cet assaut. – Cette action n'est pas sans rappeler le coup d'État manqué d'Hitler, en 1923 et l'incendie du Reichstag, en 1933. – Impose sa guerre des tarifs au monde entier. Met sous tutelle l'Agence américaine pour le développement international (USAID). Fustige sévèrement les organisations internationales comme l'OTAN et l'ONU et se retire de l'UNESCO, de l'accord de Paris sur le climat et de l'OMS. En plus de son soutien politique, il a accordé 22,7 milliards en 2023-24 et 12,5 milliards en 2024-25 d'aide militaire à Israël pour financer le génocide à Gaza. Et n'oublions pas qu'il avait proposé de faire une espèce de « Riviera » avec la bande de Gaza et de « nettoyer » la place ! Promet plus de 1 000 milliards de dépenses militaires pour 2026. Son administration, par la bouche de son secrétaire à la défense, pourfend l'obésité des militaires, alors que le président pèse « officiellement » rien de moins qu'un léger poids plume de 110 kilos … Par contre, la nouvelle stratégie pour combattre l'obésité chez les jeunes présente des pistes pour combattre la malbouffe … tout en ménageant grandement l'industrie agro-alimentaire.

La naissance d'une autocratie

Puisqu'il leur est redevable, les Seigneurs de la tech ont dorénavant le champ libre pour faire tout ce qu'ils veulent et sans aucune entrave pour le développement de l'Intelligence Artificielle (IA). Cette situation s'avère des plus troublante pour la suite du monde. Il attaque et censure la presse et les chaînes de télévision. – Reporter sans frontières parle « d'une dégradation inquiétante de la liberté de presse, évoque la polarisation croissante des institutions, la réduction du soutien aux médias indépendants et la mise au pas de journalistes ». – Il va même jusqu'à demander de retirer des milliers de pages des sites web des départements fédéraux de la Santé, des Sciences, de l'Environnement et de l'Éducation en plus d'éliminer des mots provenant d'une liste préétablie ; des mots tels équité, diversité, égalité, justice sociale, même le mot « femmes » y figure. Pourtant, cette information appartient au peuple américain et personne n'a le droit de la censurer ou de la retenir. Fonde son propre réseau social, Truth social, alimenté par sa novlangue et le vomissement quotidien de ses élucubrations odieuses et mensongères. Devant un parterre de flancs-mous siégeant à l'assemblée générale de l'ONU, il affirme que les changements climatiques sont une arnaque alors que les éléments se déchainent à vitesse grand « V », pour violence, sur tous les continents. Il tente de détruire la science du climat en coupant du financement et démantelant des équipes de recherche et annule 7 projets solaires et 11 projets éoliens. À l'image de l'Allemagne nazie de 1933, il ordonne l'autodafésde données numériques indispensables à la science et la recherche.

S'en prend aux juges « politisés » qui entravent ses décisions inconsidérées et fragilise subséquemment la balance des pouvoirs aux États-Unis. Au bout du compte, il bouscule le fragile équilibre mondial et malheureusement tous mettent un genou au sol … Monsieur « l'État c'est moi » ne respecte pas la Constitution américaine, brime la liberté d'expression et impose son régime d'injustice et de terreur. Il se grise littéralement de ses provocations et s'entête malicieusement à démanteler l'État de droit mettant ainsi en péril la démocratie libérale. Oui, ce Brother Trump est tout cela, sauf présidentiel et nobélisable. Ne commettons pasles erreurs de 1933 en Allemagne. Levons-nous et stoppons-le avant qu'il soit trop tard.

« Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter ». George Santayana
Prix Nobel de la guerre

Si jamais le Comité Nobel norvégien avait osé décerner le Prix Nobel de la Paix à Donald Trump, ce prédateur responsable de tant d'infamies, cela aurait constitué une injure envers les formidables personnes et organisations qui l'ont mérité auparavant. Mais en plus, cela aurait été une grave insulte pour une partie du peuple américain et surtout pour les 67 200 êtres humains tués avec de l'armement et le soutien américain dans la guerre, non dans le « massacre » dans la bande de Gaza. Sans oublier ceux et celles qui ont souffert des bombardements, des déplacements et de la famine et qui vont souffrir encore. Les Gazaouis n'ont plus rien, sauf leurs larmes de douleur et le profond sentiment d'avoir été abandonnés par le reste du monde. Ce terrible « génocide » en Palestine s'est produit sous nos yeux et nous sommes donc maintenant redevables à ce peuple. On pourrait peut-être enfin lui offrir un pays ! Un pays espéré depuis 1948 …

Gaétan Roberge

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DÉMOCRATISER LA POLITIQUE

14 octobre, par Marc Simard
Les temps sont durs pour la démocratie sur notre petite planète menacée. Les crises sont multiples, et plusieurs d’entre nous croulent sous l’impuissance et le désespoir, mais (…)

Les temps sont durs pour la démocratie sur notre petite planète menacée. Les crises sont multiples, et plusieurs d’entre nous croulent sous l’impuissance et le désespoir, mais cela n’est pas une raison pour ne rien faire! Un mouvement prend forme À la fin de 2023, une cinquantaine de personnes (…)

Débat de Sherbrooke : un forum sans étincelle, dans un moment qui exige plus

14 octobre, par Geru Schneider — ,
Jeudi soir 9 octobre, à Sherbrooke, avait lieu le débat des trois candidatures au co-porte-parolat de Québec solidaire. Je n'étais pas sur scène — mais, en tant que militant (…)

Jeudi soir 9 octobre, à Sherbrooke, avait lieu le débat des trois candidatures au co-porte-parolat de Québec solidaire.
Je n'étais pas sur scène — mais, en tant que militant de gauche et politologue, j'ai écouté attentivement, avec l'espoir d'y voir s'esquisser un vrai débat d'idées, une vision d'ensemble et peut-être un souffle politique. Malheureusement, il faut le dire : ce débat n'en était pas vraiment un. C'était davantage un forum, soigneusement balisé, où les différences de fond ont à peine pu s'exprimer. Les questions, très générales, portaient sur l'économie, le logement et l'écologie — des sujets essentiels, bien sûr, mais sans véritable ancrage dans les débats internes qui secouent QS depuis des mois et surtout dans une volonté d'y répondre pour corriger la situation et les dépasser.
On a peu, voire pas du tout, abordé les questions organisationnelles, les tendances internes propres à un parti qui coalise des gauches, ni la démocratie du parti, pourtant au cœur des difficultés actuelles

Comment prétendre refonder le parti, sans nommer ses failles ?

Ces failles, pourtant, ne sont pas invisibles — elles sont simplement tues. 򽖏
Depuis plusieurs années, Québec solidaire semble se résigner à un certain pragmatisme gestionnaire, hérité de la dernière campagne électorale. Le moment de la « taxe orange » en fut le symbole : un repli sur une posture défensive, où l'on cherche à rassurer plutôt qu'à convaincre, à ménager l'opinion publique plutôt qu'à la transformer.

Au lieu de pointer les véritables responsables du déséquilibre fiscal — les multinationales, les grandes fortunes, les profits indécents —, on a choisi la prudence du calcul, au détriment du courage politique. C'est là que s'est amorcée la dérive : celle d'un parti qui se veut radical dans ses idéaux, mais modéré dans ses gestes.

À cela s'est ajouté un glissement démocratique plus profond. Le Comité national de Saguenay a été un moment révélateur : une tournée des régions qui devait nourrir un grand débat collectif, mais dont le rapport n'a jamais été présenté aux membres. Ce processus, transformé en déclaration programmatique rédigée à huis clos, illustre un malaise croissant : celui d'un parti qui consulte sa base sans réellement lui confier le pouvoir de décider.

Ce déficit démocratique s'est aussi reflété dans la réactualisation du programme. On a produit un « manifeste des travailleurs », certes bien intentionné, mais vidé de sa teneur politique. On a refusé de nommer les rapports de force, les classes sociales, les logiques de domination qui structurent le capitalisme. On a parlé de précarité, sans parler de profits. D'écologie, sans parler d'exploitation.

Comme si la transformation sociale pouvait se faire à coût neutre, sans conflit avec le capital.
Et que dire de nos structures internes ? L'élection des porte-parole au suffrage universel, présentée comme un geste de démocratisation, reproduit en réalité les biais du système médiatique. Elle favorise les figures déjà connues, celles qui disposent de réseaux, de visibilité et de ressources financières — bref, celles qui peuvent se permettre de faire campagne. Cette logique exclut de fait une grande partie des militant·e·s de terrain, pour qui la politique se vit dans l'action, pas dans la communication. Elle transforme ce qui devrait être un exercice d'émancipation démocratique en un concours de notoriété.

Enfin, le repli du parti sur lui-même, sur sa seule scène nationale, mine la portée de notre projet. Québec solidaire parle trop peu du nécessaire travail commun avec la gauche du reste du Canada, alors même que toute lutte pour l'indépendance populaire se heurtera au pouvoir du capital financier et à l'appareil fédéral.

Nous parlons trop rarement aussi de la gauche internationale, de ces mouvements populaires et écosocialistes qui, partout dans le monde, affrontent les mêmes ennemis : la spéculation, la privatisation du vivant, le démantèlement du droit du travail.

Or, sans solidarité transnationale, sans alliances concrètes avec ces luttes sœurs, notre projet de transformation demeure prisonnier de ses frontières — condamné à n'être qu'une réforme locale d'un système globalement injuste.

Ce sont ces angles morts, ces renoncements successifs, qui expliquent aujourd'hui la fatigue militante et le sentiment de déconnexion. Refonder le parti, ce n'est pas seulement changer de ton ou de visage : c'est d'assumer et d'ouvrir les débats qui ont été refermés trop tôt, et redonner sens à ce qu'une « gauche de rupture » veut dire dans les faits.

C'est d'autant plus regrettable que la direction actuelle, parfois au cœur de ces tensions, a balisé le débat — peut-être par peur de froisser les esprits ou « donner l'impression » que les séquences turbulentes des derniers mois sont choses « du passé ».
Sans regard critique sur soi, il est difficile d'avancer. Difficile aussi d'éviter de répéter les mêmes erreurs.

Une course qui peine à mobiliser

Soyons honnêtes : cette course ne soulève pas les passions. Elle demeure confidentielle, peu médiatisée, et encore trop distante de la base militante. Pourtant, elle aurait pu être un moment fort de réflexion et de réappropriation collective — un temps pour redonner souffle au projet solidaire.
Au lieu de cela, on assiste à un exercice convenu, sans véritables débats politiques. Comme si la recherche du consensus devait remplacer la confrontation d'idées. Ce silence traduit moins une sérénité qu'un essoufflement : celui d'un parti qui s'éloigne peu à peu de sa vocation de rupture pour s'enfermer dans les logiques institutionnelles.

Une course porteuse d'avenir aurait dû poser les vraies questions : comment refonder la démocratie interne ? Comment renouer avec les luttes populaires ? Comment rompre, concrètement, avec le modèle néolibéral qui détruit le vivant et fragilise nos solidarités ? Ces débats n'auraient pas divisé le parti : ils l'auraient revivifié.

Trois approches politiques, trois visages d'une même recherche de sens

J'ai perçu trois visions distinctes, chacune apportant une pièce du puzzle, mais aucune d'entre elles ne propose une réponse complète au moment politique que nous vivons.

La première vision mise sur l'imaginaire du rêve, de l'audace, de la créativité politique. Elle invite à retrouver l'enthousiasme des débuts de Québec solidaire — ce souffle de liberté et d'espoir collectif qui avait su inspirer bien au-delà des cercles militants. Cette approche parle à ce qu'il y a de plus noble dans la gauche : la conviction que l'action politique peut encore transformer le monde, que l'espérance est un moteur de changement.

Mais rêver ne suffit pas si les conditions matérielles de l'espérance ne sont plus réunies. Pour espérer collectivement, il faut pouvoir se loger, se nourrir, se soigner, respirer. Sans cela, l'appel à « l'audace » devient une incantation — belle, certes, mais détachée du réel vécu par la majorité.

Le discours s'appuie sur des propositions comme la taxation des riches, des banques ou des grandes fortunes. Ce sont des mesures justes, nécessaires, mais qui font aujourd'hui consensus au sein de Québec solidaire. Elles ne définissent plus à elles seules une orientation politique. Elles atténuent les excès du capitalisme sans jamais en remettre en cause la logique centrale : celle de la marchandisation du monde et de l'accumulation infinie. Autrement dit, on en ressort inspiré, mais pas outillé. Le rêve n'est pas encore devenu stratégie.

Et puis, il y a ce silence qui dérange.

Celui sur la compatibilité avec le Parti québécois.

Non pas qu'une tendance soit elle-même complaisant envers des idées réactionnaires — loin de là, soyons clairs. Cependant, depuis plusieurs années, le PQ s'est habitué à un discours qui franchi les lignes rouges : un nationalisme identitaire, qui exclut et qui divise plus qu'il n'unit.
Lorsqu'on demande jusqu'où ils seraient prêt à aller dans une éventuelle alliance avec un PQ dans le camp du « oui » qui continue de tolérer ces dérives, la réponse se fait attendre. Toujours. Et ce silence, à force de durer, finit par dire quelque chose.

À quel moment trace-t-on la ligne entre ouverture stratégique et compromission politique ?

Si un référendum sur l'indépendance devait s'organiser demain, sur quelle base et avec qui le mènerait-on ? Avec un PQ incapable de condamner clairement le racisme ou la xénophobie lorsqu'ils se glissent dans ses rangs ?

Ces questions ne sont pas accessoires : elles sont centrales pour une gauche qui veut bâtir un projet émancipateur, décolonial et inclusif.

Cette première vision émeut, sans doute. Elle ranime le goût de croire en un Québec plus juste, plus humain. Mais elle contourne la conflictualité du moment politique. Elle inspire, mais ne confronte pas. Et dans une période où les droites sont en ascension et où le débat public est de plus en plus polarisé, une gauche qui n'ose pas nommer ses adversaires politiques finit par devenir inoffensive

La seconde vision, elle, incarne davantage la continuité de la ligne actuelle du parti. C'est celle qui prône « l'unité », la « modération du ton » et la « cohésion interne ». Dans un parti parfois fracturé, cette approche part d'une intention sincère : éviter la division, maintenir le dialogue, préserver une image publique stable. Elle valorise la civilité et la prudence, deux qualités trop souvent absentes de la gauche.

Mais sans un diagnostic lucide des échecs récents, la continuité devient inertie.

Depuis plusieurs années, QS peine à faire entendre sa voix. Nous plafonnons dans les sondages, oscillant autour de 6 %. Le discours électoral se dilue dans le bruit ambiant. Les militant·e·s, eux, s'épuisent, faute d'avoir l'impression de peser réellement sur les orientations du parti. La démocratie interne s'est affaiblie au fil des processus de « réactualisation » du programme, vidés de débats substantiels.

Face à ce constat, l'appel à « l'unité » ne suffit pas.

L'unité, oui en principe — mais autour de quoi ? Autour d'un projet commun clair, d'une stratégie partagée, d'une vision de société. Pas autour d'un silence poli ou d'une discipline imposée d'en haut.

Lorsque l'unité devient un objectif en soi, elle se transforme en prétexte pour éviter les débats de fond : ceux sur le rapport au pouvoir, sur la place du parti dans les luttes sociales, sur la stratégie indépendantiste ou encore sur la transformation de l'État.

Cette vision a le mérite d'être rassurante, de vouloir protéger le parti de la division. Mais elle peine à rallumer la flamme. Elle ne parle pas au cœur des militant·e·s fatigués ni à la base qui cherche un sens à son engagement.

Dans un contexte de crise sociale et écologique profonde, cette prudence risque de ressembler à une forme de conservatisme organisationnel. Et c'est une ironie tragique : une gauche devenue conservatrice d'elle-même.

La troisième, enfin, quant à elle, incarne une gauche sincère, humaniste et profondément animée par le désir de rassembler. C'est une approche portée par de belles intentions, une foi dans la bienveillance et la capacité de dialogue. Mais à mes yeux, dans le contexte actuel, cela ne suffit plus.

Nous traversons un moment charnière : la droite est décomplexée, elle se structure, et occupe sans gêne le terrain médiatique, culturel et politique. Les droites — et leurs relais — avancent avec aplomb, pendant que nous hésitons encore à assumer pleinement notre radicalité. Dans ce contexte, une gauche douce, trop conciliante, risque d'être perçue comme désarmée.

Ce qu'il nous faut aujourd'hui, plus que jamais, c'est une gauche qui s'assume, qui parle fort, qui bouscule, qui confronte les fausses évidences et les conforts du statu quo. Une gauche qui n'a pas peur d'être en désaccord ni d'être jugée « trop radicale » par les gardiens de l'ordre établi. Les temps exigent de la fougue, de la vigueur, de la répartie — pas seulement de la bonté et de la bienveillance.

Sans cette combativité, nous risquons de devenir une force morale sympathique, mais inoffensive. Or, le moment historique que nous vivons nous commande autre chose : une gauche vivante, insurgée, capable de dire non avec force — et d'incarner, par son audace, la possibilité d'un autre monde.

Un moment politique critique

Au-delà des personnes, c'est le contexte qui devrait nous préoccuper.

Le Québec vit une montée rapide des droites — certaines se disent modérées, d'autres ne se cachent même plus. Les médias dominants, eux, oscillent entre complaisance et défense du statu quo.
Pendant ce temps, Québec solidaire stagne à 6 % dans les sondages.

C'est effarant : nous sommes, 19 ans après notre fondation, aux mêmes niveaux qu'à nos débuts.

Certes, il reste une éternité politique avant octobre 2026. Mais si la tendance se maintient, nous risquons non seulement de perdre des député·es, mais aussi de perdre le sens même de notre projet collectif.

Et ça, ce serait plus grave encore.

Cette course devrait être un wake-up call.

Un moment pour repolitiser notre parti, rouvrir le débat stratégique, reconnecter QS à sa base populaire, syndicale, communautaire. Un moment pour redonner du souffle à la gauche — une gauche de rupture, vivante, enracinée.

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Le pompier-pyromane et son Nobel de la Paix !

14 octobre, par Mohamed Lotfi — , , ,
Après avoir laissé s'embraser Gaza, Washington se félicite d'un cessez-le-feu à Sharm el-Sheikh et rêve d'un Nobel de la Paix. Une manœuvre diplomatique cynique, où le (…)

Après avoir laissé s'embraser Gaza, Washington se félicite d'un cessez-le-feu à Sharm el-Sheikh et rêve d'un Nobel de la Paix.
Une manœuvre diplomatique cynique, où le pompier-pyromane vient récolter les lauriers d'un incendie qu'il a contribué à allumer.

Le 8 octobre dernier, à Sharm el-Sheikh, un accord de cessez-le-feu a été signé entre Israël et le Hamas. Présentée comme une avancée “historique”, cette trêve, censée ouvrir la voie à un échange d'otages et à un apaisement progressif, a été largement mise en avant par l'administration Trump, qui y voit un succès diplomatique majeur.

Mais la réalité est plus trouble : ce cessez-le-feu intervient après deux ans de bombardements massifs, de destructions d'infrastructures civiles, et d'un bilan humain dépassant les 150 000 victimes, morts, blessés et disparus.

Pendant que la Maison-Blanche se met en scène en artisan de la paix, les convois humanitaires continuent d'être bloqués, les flottilles de la liberté interceptées, et la population gazaouie privée de nourriture, d'eau et de soins. La juxtaposition entre les images de diplomates souriants et celles des hôpitaux en ruine dit tout du décalage entre la rhétorique politique et la tragédie humanitaire.

L'expression n'est pas nouvelle, mais elle n'a jamais été aussi juste. Le “pompier-pyromane”, c'est celui qui crée le problème pour mieux prétendre le résoudre. Celui qui laisse se consumer un brasier qu'il aurait pu éteindre, pour apparaître ensuite en sauveur.

C'est ainsi que les États-Unis, principaux fournisseurs d'armes d'Israël, et premiers à opposer leur veto à toute résolution de l'ONU exigeant un cessez-le-feu, se présentent aujourd'hui comme médiateurs de paix. Cette stratégie est ancienne : maintenir une position dominante en se posant comme arbitre “indispensable”, tout en s'assurant que les déséquilibres du conflit demeurent. Le discours est calibré, Israël a “le droit de se défendre”, les Palestiniens ont “droit à une aide humanitaire”, mais les faits montrent que le soutien militaire américain a prolongé la guerre bien plus qu'il ne l'a freinée.

L'accord signé à Sharm el-Sheikh ne change rien à la nature du conflit. Il ne parle ni de fin de l'occupation, ni de gel de la colonisation, ni de création d'un État palestinien viable. Il ne reconnaît pas davantage la nécessité d'une reconstruction à grande échelle de Gaza, ni de dédommagement pour les victimes. Rien, dans ce texte, n'évoque une justice réparatrice ou un règlement durable. Ce n'est pas un accord de paix : c'est une pause politique. Une respiration destinée à soulager les chancelleries occidentales avant les cérémonies du prix Nobel, le 10 décembre. Un coup de peinture blanche sur les ruines.

Les ONG et plusieurs rapporteurs des Nations unies continuent de parler de crimes de guerre et de violations du droit international humanitaire. Le cessez-le-feu, aussi nécessaire soit-il, n'efface pas la responsabilité de ceux qui ont ordonné les bombardements aveugles, imposé un siège total ou entravé les secours. Mais dans le jeu diplomatique actuel, la justice est le grand absent : aucun mécanisme contraignant, aucune exigence de réparation, aucune sanction réelle. Si le pompier-pyromane obtient demain le Nobel de la Paix, ce ne sera pas une récompense pour la paix, ce sera un certificat d'impunité. Un symbole d'un monde où la reconnaissance prime sur la responsabilité, et où la diplomatie spectacle remplace le courage politique.

Ce conflit marque plus qu'une tragédie régionale : il révèle une crise morale de l'Occident. En soutenant sans réserve un État accusé de violations graves, tout en prétendant défendre les valeurs des droits humains, l'Amérique et ses alliés sapent leur propre crédibilité. À force de fermer les yeux sur l'injustice, ils risquent non seulement le déclin d'Israël qu'ils prétendent protéger, mais aussi leur propre discrédit historique.

L'histoire jugera non pas sur les discours, mais sur les actes : Qui aura eu le courage d'exiger la fin de l'occupation ? Qui aura financé la reconstruction de Gaza ? Qui aura défendu la justice, plutôt que la façade de la paix ?

Pour l'heure, le pompier-pyromane savoure ses lauriers. Mais la fumée n'a pas fini de s'élever au-dessus des ruines.

Mohamed Lotfi
9 octobre 2025

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Le 18 octobre prochain, on débarque en force à Québec !

14 octobre, par Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) — ,
Sous le thème « Encore en marche pour transformer le monde », des féministes de toutes les régions se rassemblent pour une grande journée de mobilisation collective 🔥Tiré (…)

Sous le thème « Encore en marche pour transformer le monde », des féministes de toutes les régions se rassemblent pour une grande journée de mobilisation collective

🔥Tiré de Facebook de la CQMMF

Ensemble, nous marcherons pour dénoncer la pauvreté, les violences faites aux femmes et la crise environnementale afin d'opposer une vision d'un monde juste, solidaire et féministe.
💥 Au programme :

Samedi 18 octobre 2025
Québec – Place de l'Assemblée nationale

Début des animations dès 10h
Départ de la marche à 12h
Cérémonie festive et engagée dès 15h

Pour poursuivre les festivités, en soirée, deux options s'offrent à vous :

Une boisson féministe pour célébrer nos solidarités dès 19h30, lieu à confirmer.

Un spectacle féministe organisé par le Regroupement des femmes de la Côte-de-Gaspé se déroulera à la salle Raoul Jobin du Palais Montcalm à 20h00. Les billets pour le Spectacle F sont disponibles au lien suivant : https://www.palaismontcalm.ca/.../f-regroupement-des.../

🔸 L'événement est ouvert à toustes. Nous invitons cependant les hommes cisgenres à adopter une posture de soutien en laissant à l'avant les femmes et les personnes de la diversité de genre, afin que leur corps et leur voix soient en premier plan.

🥾 Le trajet formera une boucle de 2km sur un parcours relativement plat.

💧 Il y aura des fontaines d'eau sur place. Apportez votre gourde, nous ne fournirons pas de bouteilles de plastique.

🥪 Prévoyez d'être autonome sur la nourriture. Il n'y aura pas de tables en quantité suffisante. Apportez une couverture pour pique-niquer.

♿️Mesures d'accessibilité :

Le site est accessible aux personnes à mobilité réduite, des toilettes adaptées seront disponibles, et une interprétation en Langue des signes du Québec (LSQ) sera assurée. Des coins enfants et un parcours court rendront l'événement convivial pour toustes.

🚌 Des transports en autobus seront organisés à partir de différentes régions

✨ Un événement coordonné par la CQMMF, dans le cadre de la 6e action internationale de la Marche mondiale des femmes, en collaboration avec le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale (RGF-CN) qui, en tant que région hôte, soutient avec brio l'organisation logistique et l'idéation de cette action d'envergure. Une mobilisation rendue possible grâce à la force de notre travail collectif. 💪
Un merci tout spécial à nos commanditaires notamment, la Caisse d'économie solidaire Desjardins.

𝐕𝐢𝐥𝐥𝐚𝐠𝐞 𝐟𝐞́𝐦𝐢𝐧𝐢𝐬𝐭𝐞

Et la veille, vendredi 17 octobre, ne manquez pas le Village féministe organisé par le RGF-CN !
Une journée d'ateliers créatifs, de panels et d'activités d'éducation populaire féministe pour échanger, créer, s'organiser… et se préparer ensemble à la grande action du lendemain.

Lien vers l'évènement : https://www.facebook.com/events/1406670513929560

🔎 Qu'est-ce que la Marche mondiale des femmes ?

Née en 2000, la MMF est un mouvement international de lutte féministe contre la pauvreté et la violence envers les femmes. Tous les cinq ans, une action d'envergure mobilise les militantes du monde entier pour porter des revendications concrètes et transformantes. Au Québec, c'est la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF) qui anime ce grand mouvement dans toute sa diversité.

💜 Le 18 octobre, nous marcherons pour une société basée sur les valeurs féministes qui place l'économie au service du vivant.

🌍Le 18 octobre, nous serons Encore en marche pour transformer le monde

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Les centrales syndicales et le RATTMAQ appellent à dépolitiser l’immigration

14 octobre, par Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Confédération des syndicats nationaux (CSN), Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ), Réseau d'aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) — ,
Québec, le 7 octobre 2025. – Les grandes centrales syndicales (CSD, CSN, CSQ et FTQ) ainsi que le Réseau d'aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (…)

Québec, le 7 octobre 2025. – Les grandes centrales syndicales (CSD, CSN, CSQ et FTQ) ainsi que le Réseau d'aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) demandent au gouvernement de dépolitiser la gestion de l'immigration.

7 octobre 2025 | tiré du site de la CSQ

« La planification pluriannuelle de l'immigration est un exercice trop important pour être entaché des débats politiques qui sont souvent inutilement partisans. On doit offrir aux personnes immigrantes toutes les chances de contribuer pleinement à la société québécoise et traiter véritablement avec humanité. Ce que l'on souhaite de tous nos vœux, c'est que le gouvernement fasse la démonstration que les dés ne sont pas pipés », ont affirmé d'une seule voix Luc Vachon, président de la CSD, Katia Lelièvre, vice-présidente de la CSN, Pascal Côté, troisième vice-président de la CSQ, Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ et Mélanie Gauvin, porte-parole du RATTMAQ.

« Bien que nous participions aux consultations, nous demeurons dubitatifs quant à la volonté réelle du gouvernement d'écouter et d'ajuster sa politique. De nombreux acteurs, issus d'horizons variés, recommandent d'offrir des réelles voies d'accès à la résidence permanente pour les personnes à statut temporaire qui sont actuellement au Québec, notamment afin de répondre à des besoins de main-d'œuvre qui sont à la base permanents. Or, le plan actuel s'oriente clairement à l'inverse et ne répond pas adéquatement aux défis d'immigration, de francisation et d'inclusion au Québec », a ajouté Luc Vachon, président de la CSD.

Miser sur la résidence permanente

Depuis de nombreuses années, les centrales syndicales préconisent la résidence permanente plutôt que la précarité associée à la résidence temporaire. À long terme, croient-elles, seule l'immigration permanente motive l'apprentissage du français et peut soutenir la démographie, le marché du travail et la prestation de services.

« Le Québec a des besoins démographiques, de main-d'œuvre et de services qui sont permanents. Nous devons combler ces besoins en offrant des statuts permanents aux immigrantes et immigrants qui sont ici présentement. Il faut être responsables dans notre façon d'accueillir ces gens. Pour ce faire, nous devons hausser les seuils de la résidence permanente par l'admission de résidents temporaires déjà chez nous, ce qui aura pour effet de réduire leur nombre sur le territoire », affirme la vice-présidente de la CSN, Katia Lelièvre.

Le piège des permis de travail fermés

Afin de mettre fin aux pratiques abusives dont souffrent les travailleurs étrangers temporaires, les centrales syndicales et le RATTMAQ exigent du gouvernement qu'il mette fin au permis de travail lié à un seul employeur dans tous les programmes temporaires et qu'il procède à une réforme en profondeur du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Mélanie Gauvin, porte-parole du RATTMAQ explique que : « Pour les travailleuses et travailleurs migrants temporaires, la seule véritable capacité d'accueil du Québec doit passer par l'abolition des permis de travail fermés et par un accès égal et inclusif à la résidence permanente. Nous souhaitons que le Québec agisse dans le respect des droits humains. »

Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ poursuit : « Québec doit arrêter de tourner en rond dans le dossier des travailleuses et travailleurs migrants. Il doit, de façon urgente, régulariser la situation de ces milliers de travailleuses et travailleurs en leur accordant le statut permanent et en mettant fin aux permis de travail fermés » déclare Denis Bolduc secrétaire général de la FTQ.

Soutenir la francisation et reconnaître l'apport des étudiantes et étudiants étrangers

Les leaders syndicaux appellent le gouvernement à reconnaître pleinement la contribution des étudiantes et des étudiants internationaux et à réinvestir massivement en francisation, à tous les niveaux, dans les centres de services scolaires, en entreprise et celle offerte par les groupes communautaires.

« L'apprentissage du français est un formidable passe-partout pour l'intégration des personnes immigrantes au Québec ! Le gouvernement devrait éviter de jouer au yo-yo avec le financement comme il l'a fait l'automne dernier. Ce sont des parcours de vie dont il est question, pas de simples chiffriers Excel. En matière d'intégration, on ne peut pas non plus faire abstraction des étudiantes et étudiants internationaux. Ils sont déjà bien intégrés à leurs communautés et contribuent à la vitalité économique, sociale et culturelle de celles-ci », a conclu Pascal Côté, troisième vice-président de la CSQ.

Pour lire les mémoires, cliquez sur les icônes :
CSD :


CSN :


CSQ :


FTQ :

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À Charm el-Cheikh, une paix négociée sans Israéliens, ni Palestiniens

Réuni en Égypte, le sommet de Charm el-Cheikh s'annonce décisif pour l'après-ceasez-le-feu à Gaza. Derrière l'unanimité diplomatique affichée, la rencontre révèle les fractures (…)

Réuni en Égypte, le sommet de Charm el-Cheikh s'annonce décisif pour l'après-ceasez-le-feu à Gaza. Derrière l'unanimité diplomatique affichée, la rencontre révèle les fractures du dossier palestinien, la stratégie américaine et la difficile relance d'une dynamique de paix.

Tiré de MondAfrique.

Le sommet de Charm el-Cheikh, qui s'ouvre en Égypte, a tout du rendez-vous diplomatique majeur. L'enjeu affiché : assurer la consolidation du cessez-le-feu récemment conclu entre Israël et le Hamas, enclencher la reconstruction de la bande de Gaza, et définir une nouvelle architecture sécuritaire régionale. À la table, les grands acteurs internationaux – États-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne, Nations unies – multiplient les signes d'unité. Mais un fait s'impose, à la fois symptomatique et révélateur des limites du moment : ni Israël ni aucune représentation palestinienne n'ont été invités à prendre part officiellement aux discussions.

Cette absence, loin d'être anecdotique, éclaire la complexité d'une séquence où chaque acteur tente de préserver ses intérêts, parfois au prix d'une paix durable. Du côté américain, Donald Trump s'affiche en chef d'orchestre d'un processus voulu « inédit », misant sur l'effet d'annonce d'une coalition occidentale et arabe sous égide égyptienne. Il s'agit, selon ses mots, de « coordonner avec de nombreux alliés l'organisation du plan Trump et d'ancrer le soutien international » (Orient-Le Jour). Washington veut mettre en scène sa capacité à relancer la dynamique de paix, mais sans véritable engagement sur les paramètres du conflit, ni interlocuteur local autour de la table.

Le maréchal Sissi, intermédiaire incontournable

L'Égypte, pour sa part, capitalise sur son statut d'intermédiaire incontournable. Le Caire, fort de ses réseaux auprès du Hamas comme de l'Autorité palestinienne, cherche à s'imposer comme garant de la stabilité régionale, tout en contrôlant la reconstruction de Gaza – enjeu diplomatique mais aussi économique majeur. Emmanuel Macron et ses homologues européens, eux, affichent leur appui à une reprise du dialogue, mais se gardent de bousculer les lignes rouges posées par Washington et Jérusalem.

Dans les faits, le sommet s'inscrit dans une séquence incertaine. Le cessez-le-feu, obtenu au prix d'intenses pressions américaines sur Israël, ne dissipe ni la défiance entre les parties, ni les failles béantes du processus. « Il y a en réalité un malaise persistant à Gaza, car le Hamas reste présent à Gaza, et l'Autorité palestinienne demeure le seul représentant légitime du peuple palestinien », confie un diplomate européen cité dans l'article de Dany Moudallal. L'absence de représentants locaux, l'embarras de l'ONU et la prudence des Européens témoignent d'une diplomatie de l'entre-soi, soucieuse d'afficher des résultats mais incapable d'impliquer les premiers concernés.

L'enjeu du sommet, sous ses airs de grand-messe consensuelle, se révèle donc double : d'une part, gagner du temps en affichant la perspective d'un après-guerre à Gaza, d'autre part, imposer un format de négociation qui esquive les points de blocage – la question des otages israéliens, le retour des réfugiés palestiniens, et la gouvernance future de l'enclave.

La pression américaine

Si Charm el-Cheikh se présente comme la première étape d'une « relance du processus de paix », la réalité du rapport de force impose un constat plus nuancé. Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, arraché dans la douleur, porte la marque d'une pression diplomatique sans précédent de la Maison-Blanche sur le gouvernement Netanyahou. « Aucun président, sans exception, n'avait exercé une telle pression sur un Premier ministre israélien », rappelle Aaron David Miller, ancien conseiller du département d'État américain, dans l'entretien accordé à L'Orient-Le Jour. Selon lui, c'est la « dynamique du second plan Trump » et la crainte d'une escalade incontrôlable qui ont poussé Israël à céder – temporairement – sur l'arrêt des hostilités.

Mais la fragilité du compromis est manifeste. La trêve ne résulte ni d'un accord politique durable ni d'un règlement des principaux contentieux : elle a été obtenue grâce à un échange partiel d'otages, sous la menace d'une reprise immédiate des combats. Pour Aaron David Miller, la première phase « est cruciale parce qu'elle répond aux trois facteurs essentiels : une gestion espérée de la sortie des otages, la couverture de 50 ou 90 Palestiniens tués par jour, et la bonne architecture ». Mais la fenêtre reste étroite. La suite du processus – notamment la libération massive de prisonniers palestiniens et la possible réintégration de l'Autorité palestinienne à Gaza – bute sur l'absence de confiance mutuelle, et sur les calculs de chaque camp.

La posture de Benyamin Netanyahou est celle d'un leader en sursis, soumis à la fois à la pression de Washington et à la défiance de son propre camp. L'accord sur la trêve, mal accepté par une partie de la droite israélienne, lui coûte sur le plan politique et n'engage en rien une acceptation d'un compromis définitif sur Gaza. L'ouverture de la bande à une administration internationale ou palestinienne demeure un tabou, tout comme la question du retour des réfugiés ou la levée du blocus.

Côté palestinien, le Hamas joue sa survie politique et militaire, refusant tout processus qui signifierait sa mise à l'écart ou son désarmement. L'Autorité palestinienne, elle, se retrouve marginalisée, cantonnée à un rôle d'acteur secondaire, sans réelle prise sur la réalité du terrain.

Dans ce contexte, la diplomatie américaine mise sur un « effet d'entraînement » : la reconnaissance, à terme, d'Israël par certains pays arabes, et la création d'un mécanisme international de reconstruction pour Gaza, géré par l'Égypte et supervisé par l'ONU et la France. Mais le calendrier reste flou, tout comme l'adhésion réelle des acteurs régionaux à ce schéma. La conférence de Charm el-Cheikh s'apparente, pour Washington, à une scène de bal où il s'agit d'occuper l'espace, de fixer le récit, et d'imposer les termes d'un après-guerre qui reste à définir.

Des lignes de fracture assumées

En creux, le sommet égyptien illustre l'incapacité des puissances à trancher les questions centrales du dossier israélo-palestinien. Malgré les annonces et les promesses de reconstruction, la nouvelle architecture régionale promue par l'administration Trump ne règle ni la question du statut de Gaza, ni celle du sort des réfugiés, ni celle des garanties sécuritaires pour Israël.

Les Européens, soucieux d'éviter l'escalade mais impuissants à imposer un cadre contraignant, se bornent à soutenir les initiatives américaines et à défendre la nécessité d'une solution politique négociée, sans offrir de perspectives concrètes. L'Égypte, pivot stratégique, profite du vide diplomatique pour renforcer sa position, mais se garde de s'impliquer au-delà de la gestion humanitaire et logistique.

Quant aux principaux absents – Israéliens et Palestiniens –, ils restent spectateurs d'un processus qui se joue largement sans eux. L'absence de représentants locaux lors des discussions trahit la défiance persistante, l'incapacité à produire un consensus minimal, et l'inadéquation des formats internationaux à la réalité du conflit.

L'après-sommet s'annonce donc incertain. Pour Aaron David Miller, le vrai test viendra dans la durée : « C'est toute la dynamique américaine sur ce que l'on pourrait juger opportun de rappeler “l'architecture Trump d'ordre régional” ». L'ouverture de Gaza, la pérennité du cessez-le-feu et la relance d'un dialogue politique restent suspendus à la capacité des acteurs à dépasser les postures, à accepter des compromis, et à impliquer réellement les sociétés concernées.

En somme, le sommet de Charm el-Cheikh acte davantage une transition prudente qu'un tournant décisif. La paix y est moins l'horizon que le prétexte d'une gestion collective du statu quo, sur fond d'alignements stratégiques, de rivalités régionales et de diplomatie d'affichage. À court terme, il s'agit surtout d'éviter la rechute dans la violence. À plus long terme, la reconstruction de Gaza et la reconnaissance d'Israël par les pays arabes resteront suspendues à des équilibres fragiles, et à l'implication – ou non – des principaux intéressés.

Sources : Article de Dany Moudallal, L'Orient-Le Jour ; entretien avec Aaron David Miller, Carnegie Endowment for International Peace, OLJ.

Trois Canadien·ne·s enlevé·e·s ont été libéré·e·s ; trois autres sont toujours détenues en Israël. Que fait le gouvernement Carney ?

14 octobre, par Bateau Canadien pour Gaza - FFC — , , ,
Si les familles, les proches et les défenseur·e·s des droits humains universels sont soulagé·e·s et heureux·ses d'apprendre que trois des six volontaires canadien·ne·s (…)

Si les familles, les proches et les défenseur·e·s des droits humains universels sont soulagé·e·s et heureux·ses d'apprendre que trois des six volontaires canadien·ne·s enlevé·e·s en eaux internationales sont arrivé·e·s sain·e·s et sauf·ves à Istanbul, nous demeurons très inquiet·ète·s pour les trois autres Canadien·ne·s qui figurent parmi les dizaines de volontaires internationaux de la Flottille toujours illégalement interné·e·s par le régime israélien dans la prison tristement célèbre de Ketzi'ot.

Leur détention continue—tout comme l'abordage et la saisie des navires de la Flottille en eaux internationales, ainsi que le vol de l'aide humanitaire à bord—constituent des violations flagrantes du droit international par l'État voyou d'Israël. Nous devons poser la question : quand le gouvernement du Canada agira-t-il contre l'illégalité israélienne ?

Les conditions de détention seraient épouvantables, et nous craignons pour le bien-être et la santé de toutes les personnes détenues. Nous savons que ces conditions inacceptables pâlissent néanmoins devant le traitement brutal réservé à plus de 11 000 Palestinien·ne·s, dont des centaines d'enfants, incarcéré·e·s par Israël, souvent sans accusation ni peine déterminée.

Alors que Mskwaasin Agnew (Ontario), Khurram Musti Khan (Ontario) et Nimâ Machouf (Québec) font partie des personnes libérées de cette incarcération illégale et expulsées aujourd'hui par le système carcéral israélien, Devoney Ellis, Sadie Mees et Nikita Stapleton—toutes de St. John's (T.-N.-L.)—comptent parmi les dizaines de volontaires internationaux toujours illégalement détenu·e·s en prison en Israël, possiblement parce qu'ils et elles refusent, par principe, de signer un « reconnaissement » affirmant qu'ils et elles seraient « entré·e·s illégalement » dans l'État qui les a enlevé·e·s en eaux internationales.

Nous appelons la ministre Anand et le reste du gouvernement libéral de Carney à prendre des mesures concrètes et immédiates pour faire cesser les violations continues des droits humains des Palestinien·ne·s par l'État d'apartheid génocidaire d'Israël. Rien ne permet de croire qu'Israël respectera les termes du récent « accord de paix ». Si le génocide par les bombes a pu cesser, le génocide par la famine délibérée se poursuivra tant que l'aide humanitaire ne pourra pas être acheminée sans entrave vers les Palestinien·ne·s de Gaza—sans contrôle israélien—ainsi que l'ordonne la Cour internationale de Justice.

Passez à l'action : Appelez les bureaux de circonscription des députés des personnes détenues et exigez que chaque député contacte la ministre des Affaires étrangères et qu'elle appelle sans délai son homologue israélien :
• Paul Connors, PLC (Avalon) : 709-834-3421 — (Ellis & Stapleton)
• Joanne Thompson, PLC (St. John's-Est) : 709-772-7171 — (Mees)

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Pour une gauche qui combat Trump, Netanyahou et Poutine, sans distinction !

14 octobre, par Yorgos Mitralias —
Avec Greta Thunberg Pour une gauche qui combat Trump, Netanyahou et Poutine, sans distinction ! Yorgos Mitralias, Blogue de Mediapart 7 octobre 2025 Mais, de quel plan de (…)

Avec Greta Thunberg Pour une gauche qui combat Trump, Netanyahou et Poutine, sans distinction !

Yorgos Mitralias, Blogue de Mediapart 7 octobre 2025

Mais, de quel plan de paix en Palestine parlent-ils ? Celui qui, du haut de sa magnanimité, va jusqu'à consentir à laisser en vie les survivants du génocide des Palestiniens de Gaza ? Ou celui qui récompense leur recherche acharnée d'un État indépendant bien à eux, en les gratifiant d'un « gouvernement » d'étrangers pro-israéliens dirigé par un Américain (Trump) et/ou un Anglais (Blair) ? Un tel plan de paix n'a rien de pacifique, ressemble plutôt à une blague macabre et est condamné d'avance à rester lettre morte. Comme d'ailleurs, sont restés lettre morte tous ceux qui l'ont précédé. En d'autres mots, le génocide continue…

Alors, que faire ? D'abord, perdre les illusions qui sont aussi responsables de la situation actuelle. Et comprendre une fois pour toutes, que Netanyahou, comme d'ailleurs Poutine, sont intraitables, sûrs de leurs force (militaire) et surtout de l'appui sans faille de l'Internationale Brune dont ils sont tous les deux des éminences fondatrices et dirigeantes. Et aussi, que le salut des Palestiniens ne viendra jamais ni des « Grands » de ce monde, ni de ceux d'en haut, même s'ils sont arabes ou coreligionnaires. Et il ne viendra jamais d'eux parce qu'ils n'ont aucun intérêt de changer une situation qu'ils ont eux-mêmes créée et entretenue. Car même dans le meilleur des cas, leur reconnaissance si tardive d'un État Palestinien ressemble fort à la reconnaissance non pas d'un État mais plutôt d'un cimetière, du cimetière palestinien qu'est l'actuelle Gaza rasée au sol…

La leçon à tirer de ces constats crève les yeux : le salut tant des Palestiniens que des Ukrainiens ne peut venir que de ceux d'en bas. De cette humanité qui ne se contente plus de mots et passe aux actes, et manifeste sa solidarité dans la rue presque partout au monde. De ceux et celles, juifs de la Diaspora inclus, qui, armés de leur seul internationalisme militant, vont jusqu'à défier avec leur flottille désarmée la machine a tuer des génocidaires Israéliens. Et aussi de ces -malheureusement, encore peu nombreux- Juifs Israéliens qui sont solidaires du peuple palestinien et se battent courageusement au cœur même du monstre sioniste. Comme d'ailleurs, de ces Russes et Biélorusses héroïques qui n'hésitent pas de manifester leur solidarité au peuple Ukrainien bien que cela leur coute leur liberté et parfois même leur vie…

Alors, force est de constater que la scandaleuse hypocrisie de nos gouvernants, qui dénoncent l'écrasement de l'Ukraine par l'armée russe mais soutiennent sans condition celui de Gaza par l'armée israélienne, non seulement alimente grandement la révolte populaire quasi planétaire en cours contre les génocidaires Israéliens et leurs complices, mais exacerbe aussi la crise de ces gouvernants et de leurs régimes. C'est ainsi que le deux poids deux mesures pratiqué cyniquement par les droites et les extrêmes droites qui gouvernent désormais presque partout au monde, est en train de priver la domination bourgeoise de ce qui est son atout, probablement le plus précieux : sa crédibilité qu'elle construit patiemment depuis fort longtemps !

Cependant, force est aussi de constater que, cette crise majeure de la crédibilité bourgeoise et capitaliste ne profite pas du tout à la gauche internationale. Pourquoi ? Mais parce que la même hypocrisie et la même crise de crédibilité caractérisent actuellement la majeure partie de cette gauche internationale. En effet, si les droites soutiennent l'Ukraine mais arment, financent et couvrent diplomatiquement l'écrasement des Palestiniens de Gaza par Israël lequel, selon le ministre des affaires étrangères russe Serguei Lavrov, " poursuit des objectifs similaires à ceux de la Russie » en Ukraine (1), cette gauche internationale soutient sans réserves les Palestiniens contre Israël mais refuse ostensiblement de soutenir l'Ukraine agressée militairement par la Russie de Poutine. Et pire encore, une partie de cette gauche va jusqu'à soutenir Poutine auquel elle attribue des vertus… antiimpérialistes et progressistes totalement imaginaires.

Et pourtant, il y a -fort heureusement- une autre gauche internationale, minoritaire pour l'instant mais en pleine ascension, qui abhorre l'hypocrisie et refuse de pratiquer les deux poids et deux mesures : c'est pourquoi elle soutient tant les Palestiniens contre Israel de Netanyahou, que les Ukrainiens contre la Russie de Poutine. Et cela parce qu' elle refuse de choisir le bon bourreau contre le mauvais bourreau, en faisant cause commune avec le prétendu bon impérialiste contre le mauvais parce que tout simplement il n'y a pas de bon impérialiste et de bon capitaliste ! C'est la gauche qui se bat contre toutes les injustices et sur tous les fronts aux cotés des humbles, des pauvres et des opprimés, et dont le personnage emblématique n'est autre que la jeune suédoise Greta Thunberg que le mentor du trumpisme triomphant, le milliardaire néonazi Peter Thiel a ciblé, à juste titre, comme l'ennemi No 1 de la contre-révolution réactionnaire mondiale, allant jusqu'à la qualifier de… « antéchrist » !

Mais, il n'y a pas seulement le sieur Thiel qui lance des anathèmes contre Greta. Comme nous l'écrivions il y a presque deux ans (2), M. Poutine en 2019, « réagissant au discours de Greta à l'ONU, a fait preuve d'un paternalisme pitoyable en la traitant de « gentille fillette » mal informée qui ne comprend pas à quel point le monde d'aujourd'hui est complexe ! » Et nous complétions le tableau des horreurs anti-Greta rappelant que « c'est avec le même ton paternaliste de procureur de pacotille, que le célèbre magazine allemand, Der Spiegel, a récemment attaqué Greta, la qualifiant de « naïve ou peut-être antisémite » lorsqu'elle a osé manifester dans les rues d'Amsterdam en solidarité avec les Palestiniens. Apparemment parce que, selon le bon magazine allemand, seules les personnes « naïves » et « antisémites » peuvent se sentir solidaires des civils palestiniens massacrés par l'armée israélienne. Encore plus grave, elle a subi des attaques hystériques, allant jusqu'à l'identifier à... la jeunesse hitlérienne ( !), lorsque Greta a osé scander, avec d'autres manifestants, le mot d'ordre Krossa Sionismen (écrasez le sionisme) devant l'ambassade d'Israël à Stockholm.

Et tout cela sans oublier que des « libéraux » occidentaux sont allés jusqu'à la menacer... d'une « balle entre les yeux » lorsque Greta les a dénoncés avec les mêmes mots que ceux qu'elle utilise contre Poutine et ses acolytes, car tant les uns que les autres s'obstinent à émettre toujours plus de gaz à effet de serre, commettant ainsi le plus grand des crimes contre la planète et ses habitants. D'ailleurs, lorsque Greta déclare que « pour sauver la planète, le monde doit se débarrasser du capitalisme », cette affirmation catégorique ressemble à une déclaration de guerre contre les uns et les autres, sans aucune exception… ».

Et voici comment nous concluions ces rappels utiles aux quels nous n'avons aujourd'hui absolument rien à ajouter :

« Greta est donc emblématique de notre époque aussi pour une autre raison : parce qu'elle rallie contre elle la coalition la plus hétéroclite et sans précédent historique de tyrans sanguinaires, de capitalistes milliardaires, de grands bourgeois cossus et autres dictateurs frustes et démocrates assassins aux bonnes manières, lesquels se battent entre eux mais sont unis par leur commune passion du pouvoir et leur commune avidité pour des profits toujours plus grands. Mais en provoquant cette unanimité sans précédent et en ralliant contre elle tous ces destructeurs de l'humanité, Greta révèle aux yeux de tous l'essence des choses, les auteurs et les responsables de la crise historique généralisée d'aujourd'hui. D'ailleurs, comme elle est entièrement d'accord avec le grand prisonnier palestinien Marwan Barghouti (22 ans dans les prisons israéliennes !) qui se déclare « pacifique mais pas pacifiste », Greta apparaît comme l'ennemie jurée numéro un de « ceux d'en haut », et la principale source d'inspiration militante pour la multitude de « ceux en bas » et leurs avant-gardes révoltées. Quant à la gauche désorientée et confuse d'aujourd'hui, l'esprit clair de Greta pourrait lui être utile pour clarifier une fois pour toutes ses idées, ses priorités et ses orientations… »


Notes

1. Voir Sergueï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères : « Israël poursuit des objectifs similaires à ceux de la Russie » ! : https://www.pressegauche.org/Serguei-Lavrov-ministre-russe-des-affaires-etrangeres-Israel-poursuit-des

2. Voir aussi Contre la Russie, l'OTAN et Israël - Greta montre la voie ! : https://aplutsoc.org/2024/01/06/contre-la-russie-lotan-et-israel-greta-montre-la-voie-un-billet-de-yorgos-mitralias/

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Trump prépare-t-il un coup d’État militaire ?

14 octobre, par Dan La Botz — ,
Le débat actuel dans une grande partie de la société américaine porte sur la question de savoir si le président Donald Trump prépare ou non un coup d'État. Il est omniprésent, (…)

Le débat actuel dans une grande partie de la société américaine porte sur la question de savoir si le président Donald Trump prépare ou non un coup d'État. Il est omniprésent, des talk-shows télévisés populaires aux revues politiques sophistiquées.

6 octobre 2025 | Réseau Bastille
https://www.reseau-bastille.org/2025/10/06/trump-prepare-t-il-un-coup-detat-militaire/

Bill Maher, l'animateur libéral de Real Time, une émission-débat où il satirise l'actualité et qui compte un demi-million de téléspectateurs, a déclaré que le gouvernement Trump habituait les Américains à voir des forces de police masquées, des personnes enlevées dans la rue et des soldats dans les rues de Washington, D.C. Il a qualifié cela de « coup d'État lent » et a suggéré que même si les démocrates remportaient les élections de 2026, ils pourraient ne pas être en mesure de prendre leurs fonctions, des commentaires largement relayés par les médias nationaux. Le journal libéral Foreign Policy a posé la question suivante : « Trump est-il en train de mener un auto-coup d'État ? » et a fourni des preuves qu'il semblait effectivement le faire. Dès février, The Guardian avait publié un éditorial intitulé « La prise de pouvoir de Donald Trump : un coup d'État dissimulé par le chaos ».

Aujourd'hui, les preuves que Trump pourrait tenter de mener un coup d'État militaire s'accumulent. Trump part en guerre contre les Américains. Il a mobilisé la Garde nationale pour patrouiller à Los Angeles et à Washington, D.C., et a également envoyé 700 marines à Los Angeles. Il prévoit maintenant de faire appel à la garde à Chicago, bien que le gouverneur de l'Illinois, J.B. Pritzker, et le maire de Chicago, Brandon Johnson, affirment que la garde n'est pas nécessaire. Trump prévoyait d'envoyer des troupes à Portland, dans l'Oregon, affirmant que « la ville ressemble à une zone de guerre », mais un juge fédéral a ,au moins temporairement, bloqué ces plans, affirmant que les manifestations y étaient modestes, pas particulièrement violentes et qu'il n'y avait aucun risque de rébellion.

Trump utilise les manifestations contre l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) pour justifier l'envoi de la garde ou de soldats. On estime à quatorze millions le nombre d'immigrants sans papiers aux États-Unis, qui vivent désormais dans un État policier. Pour eux, un coup d'État a déjà eu lieu. Les 5 600 agents armés et masqués qui opèrent dans tout le pays arrêtent désormais environ 60 000 personnes par jour. Quelque 400 000 immigrants ont été expulsés ou, sous la pression du gouvernement, se sont auto-expulsés en septembre. Cet été, le Congrès a voté un budget supplémentaire de 76,5 milliards de dollars pour l'ICE, qui recrute 10 000 nouveaux agents chargés des expulsions.

Trump sait que dans les États démocrates, les arrestations de l'ICE dans les champs, les usines et les écoles provoqueront des protestations, et il utilise ensuite ces protestations pour justifier l'envoi de la Garde nationale ou de troupes.

Trump s'en prend désormais également à « l'ennemi intérieur », c'est-à-dire à ses adversaires politiques. Dans un mémorandum présidentiel du 25 septembre intitulé « Lutter contre le terrorisme intérieur et la violence politique », Trump a répondu à l'accusation selon laquelle il serait fasciste en déclarant : « Ce mensonge « antifasciste » est devenu le cri de ralliement utilisé par les terroristes nationaux pour mener une attaque violente contre les institutions démocratiques, les droits constitutionnels et les libertés fondamentales américaines. Les points communs qui animent ce comportement violent sont l'anti-américanisme, l'anti-capitalisme et l'anti-catholicisme, le soutien au renversement du gouvernement américain , l'extrémisme en matière de migration, de race et de genre et l'hostilité envers ceux qui ont des opinions américaines traditionnelles sur la famille, la religion et la moralité. »

Dans son discours prononcé lors d'un rassemblement sans précédent de 800 généraux et amiraux américains convoqués à une réunion spéciale le 1er octobre, il a déclaré que les villes dirigées par les démocrates de gauche radicale – San Francisco, Chicago, New York, Los Angeles – étaient « des endroits très dangereux, et nous allons les remettre en ordre une par une. Et cela va être une tâche importante pour certaines des personnes présentes dans cette salle. C'est aussi une guerre. C'est une guerre intérieure. » Il a déclaré : « Nous devrions utiliser certaines de ces villes dangereuses comme terrains d'entraînement pour notre armée, la Garde nationale, mais surtout l'armée, car nous allons très bientôt entrer à Chicago. »

Il semble donc que nous risquions d'être confrontés à un coup d'État, mais si c'est le cas, de nombreuses villes et États, ainsi que des millions de personnes, résisteront.

5 octobre 2025

Dan La Botz

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Acte 2 : Le 15 novembre et au-delà, dégageons Macron et son monde !

14 octobre, par l'Inter AGs Indignons Nous ! — ,
Alors que seulement 14 % des français lui font encore confiance quand 73 % d'entre eux exigent sa démission, Macron n'a jamais été aussi faible et c'est bien pour cette raison (…)

Alors que seulement 14 % des français lui font encore confiance quand 73 % d'entre eux exigent sa démission, Macron n'a jamais été aussi faible et c'est bien pour cette raison qu'il ne faut rien lâcher. Bien au contraire, c'est le moment de lui porter le coup de grâce.

12 octobre 2025 | tiré du site Arguments pour la lutte sociale

Appel issu de l'Inter AGs Indignons Nous – Bloquons Tout à l'ensemble des forces sociales du pays.

Le Roi est nu comme il ne l'a jamais été.

Alors que seulement 14 % des français lui font encore confiance quand 73 % d'entre eux exigent sa démission, Macron n'a jamais été aussi faible et c'est bien pour cette raison qu'il ne faut rien lâcher. Bien au contraire, c'est le moment de lui porter le coup de grâce.

L'heure est venue de mettre fin à son statut, à son régime, à sa monarchie présidentielle et à son monde pourris et pourrissant.

Vous attendiez des revendications claires ? Sachez que nous sommes bien là pour tout reprendre ! Il est temps que le Peuple prenne le pouvoir car si en bas, on ne veut plus et depuis trop longtemps, plus personne ne peut nier aujourd'hui qu'en haut, ils ne peuvent plus, ils ne peuvent même plus nous le cacher. La fin de partie a sonné et nous venons pour tout changer !

Le 10 septembre fut le premier acte de cette séquence qui est clairement révolutionnaire. Nous étions des centaines de milliers à descendre dans la rue, nous le Peuple, sans syndicats ni partis politiques, et notre détermination, à la hauteur de ce ras le bol général, a réussi à faire tomber pas un mais deux gouvernements en l'espace d'un seul mois. Tout pointe désormais vers le méprisant de la République, alors dégageons-le enfin, lui et son monde, pour le remplacer par le Pouvoir du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple.

La nécessité d'une réécriture des règles du jeu à travers un processus constituant est désormais dans toute les têtes, de l'extrême gauche à l'extrême droite en passant par l'extrême centre, ces anciens soldats de la Macronie qui, aujourd'hui, quitte le navire. Nous n'attendrons pas de prochaines élections législatives ou présidentielles pour choisir celui qui devra décider à notre place. C'est le moment. C'est notre moment.

Nous appelons donc l'ensemble des personnes mobilisées, bloqueur.euse.s, grévistes, étudiant.e.s, chômeur.euse.s ou retraité.e.s à la préparation de l'Acte 2 de cette séquence.

Dès maintenant et durant les prochaines semaines, créons les conditions matérielles de cette victoire historique. Construisons la grève générale reconductible, ses caisses de grève, ses réseaux solidaires, ses tournées des boites, ses commissions grève et coordinations interprofessionnelles. Élargissons nos rangs à l'ensemble des forces sociales, à toutes les luttes syndicales, paysannes, écologistes ou des quartiers populaires dans une grande convergence de tous les indignés pour frapper tous en même temps d'un seul poing.

Rejoignons l'appel du Var à organiser des coordinations dans chaque département autour du 1er novembre pour rassembler toutes nos forces localement partout, organiser des actions à grande échelle près de chez nous et coordonner ensemble le blocage réel du pays autour du 15 novembre, date anniversaire du grand mouvement des Gilets Jaunes. Au programme, une pluralité d'actions, déter ou pacifiques, manifestations déclarées ou sauvages, piquets de grève, blocages des routes, des entrepôts, des lycées, boycott ciblé et généralisé, artivisme et festivités, convoi des indignés vers Paris avec montée de nos cahiers de doléances à déposer légitimement devant l'Assemblée Nationale…

Si ce n'est pas nous, qui ? Et si ce n'est pas maintenant, quand ?

Alors, rejoignez, partagez, transformez cet appel pour que le 13, le 14, le 15 novembre et au delà, nous passions de l'indignation à l'action, de Bloquons Tout à Reprenons Tout !

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Interdit d’inclure

14 octobre, par Carmen Duplain — , ,
Le 24 septembre, le ministre Jean-François Roberge annonçait qu'il serait dorénavant interdit aux fonctionnaires d'utiliser l'écriture inclusive dans les publications (…)

Le 24 septembre, le ministre Jean-François Roberge annonçait qu'il serait dorénavant interdit aux fonctionnaires d'utiliser l'écriture inclusive dans les publications gouvernementales. Rien de moins banal. On parle déjà d'intervenir pour généraliser cette interdiction à toutes les institutions d'enseignement.

Au cours des dernières décennies, dans l'espace public, des efforts considérables incluant le dialogue, les prises de parole, la recherche et le partage d'expériences ont permis de favoriser l'évolution de notre langue de façon à en réduire les stéréotypes et la rendre ainsi plus représentative de toutes les personnes qu'elle entend nommer. L'un des résultats en est qu'à ce jour, une grande partie des institutions d'enseignement (collégiales et universitaires) et de nombreuses organisations se sont dotées d'un guide d'écriture inclusive, afin de susciter la réflexion, de sensibiliser et de guider leurs membres. Un effort conscient et transformateur qui a porté fruit, offrant une meilleure visibilité à toustes. Et la confiance dans le simple fait d'avoir le droit d'être, d'être légitimé-e. Ce sentiment fondamental de sécurité.

On observe une direction très nette dans le gouvernement de la CAQ. À chaque semaine, il porte atteinte à des droits qui ont mis du temps à être reconnus, de chaude lutte. Celui d'être inclus-e dans la langue en est un. Les droits des personnes de la diversité LGBTQ+ suivent une courbe similaire à ceux des femmes. Une société plus égalitaire pour les unes l'est déjà aussi davantage pour les autres. Nos combats se tiennent.

Je discutais avec George Lefebvre, un jeune homme trans engagé et passionné, pour qu'il m'aide à réfléchir à ce billet. Il m'a parlé de ce moment où pour la première fois, il a entendu une de ses profs utiliser des termes non-binaires pour s'adresser aux élèves. Une première fois à marquer d'une pierre parce qu'elle le faisait exister réellement dans les murs d'une classe. Ce simple statut : exister. Il m'a parlé de cette réalité que connaissent les personnes appartenant à sa communauté, à la fatigue d'avoir à se faire sans relâche porte-parole de sa propre cause parce que sinon, il n'y a aucune chance que la société puisse évoluer.

C'est par notre engagement commun, solidaire, vocal, c'est par notre volonté de ne pas laisser faire les un-es et laisser perdre les autres que nous devons tracer toujours notre direction. Une direction très, très nette.

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L’extrême-droitisation de la CAQ

14 octobre, par Mario Charland — , ,
C'est devenu un classique : lorsque les « bonzes » du néolibéralisme (dont la CAQ est un de nos plus beaux spécimens) se rendent compte qu'ils ont entraîné, par leur (…)

C'est devenu un classique : lorsque les « bonzes » du néolibéralisme (dont la CAQ est un de nos plus beaux spécimens) se rendent compte qu'ils ont entraîné, par leur incompétence et leur étroitesse d'esprit, toute une population dans une impasse à la fois sociale, politique et économique, le « réflexe » qui leur est naturel est de s'arrimer encore plus sur les thèmes de prédilection de l'extrême-droite.

L'immigration (source de tous les maux), la référence à la « Loi et l'ordre » (accompagnée, comme il se doit, d'une « nécessaire » répression à venir), la « purge » dans la classe des fonctionnaires (en guise de compensation pour la mauvaise gestion des fonds publics par le gouvernement en place), le soulagement du « terrible » fardeau fiscal qui pèse sur les plus hauts revenus (justifié, comme de raison, par le mythe tenace du « ruissellement » qui, comme la potion magique du sage et prévenant Panoramix, va redonner vigueur à la vie économique par l'entremise d'un réinvestissement « massif », rendu possible par les marges financières ainsi dégagées, dans les infrastructures de production, encourageant ainsi l'économie « réelle » et non le recours aux paradis fiscaux, aux abris fiscaux, à l'évasion fiscale pour se soustraite à l'impôt).

La CAQ est passée maître dans l'art du « paradoxe » (pour ne pas dire de l'« incohérence ») : réduire (une fois de plus) les subsides à la fonction publique sans que les services aux citoyens en soient affectés ; raffermir le tissu social tout en bonifiant la Loi 21 dont le caractère discriminatoire est dénoncé à l'International par des ONG spécialisées dans la défense des droits de la personne ; s'enorgueillir de « nos » valeurs communes (soi-disant menacées) tout en rappelant constamment notre « honteuse » infériorité économique face à l'Ontario (comme une épine dans le pied qu'on arrive pas à extirper), « […] notre mentalité d'extrême prudence [qu]' Il faut changer [...] » quand il s'agit de prendre des risques (environnementaux) pour faire du Québec « […] une des nations les plus prospères des Amériques [...] »1, notre attachement « archaïque » au modèle québécois social-démocrate qui serait passé date à l'heure de la mondialisation des marchés et de la toute puissance des multinationales capables de dicter leurs lois à tous les gouvernements de la planète.

Parlant de « valeurs communes », quelles sont-elles exactement ? Mise à part la « Laïcité » (qui n'est pas une valeur en soi mais un principe républicain de séparation des pouvoirs entre l'Église et l'État), Legault (et son troupeau de moutons qui lui sert d'aile parlementaire) est avare de commentaires. Il y a, bien sûr, l'égalité homme/femme qu'on brandit fièrement comme faisant partie de l'ADN du peuple québécois. À cette exception près que, comme pour tous les principes « vertueux » défendus par la CAQ, ils évoluent dans une couche de l'atmosphère tellement élevée en altitude que les retombées terrestres tardent toujours à se fraie sentir. Ce parti imbu de « valeurs » entrepreneuriales n'a que « mépris » pour tout ce qui relève de l'« État » (considéré ici comme l'Institution centrale représentative de la volonté générale, donc du Bien commun nourri par des valeurs communes, dans une démocratie libérale de type parlementaire). Qui dit « État » dit « services aux citoyens » libérés des lois implacables du marché capitaliste auxquelles notre François 1er voue un culte. Et qui dit « services aux citoyens » (santé, éducation, garderies, services sociaux) dit omniprésence des femmes comme employées de cet État, pressées comme des citrons pour répondre aux exigences d'un travail taylorisé, donc déshumanisé parce qu'en bout de ligne, une automobile, un ordinateur, une « canne de bines » et un corps humain, c'est la même chose : une « marchandise » qui doit prendre sa place et remplir sa fonction à l'intérieur d'une économie globalisée.

Bref, il est plus facile d'adorer la Femme éternelle (égale en droit au Mâle éternel) que d'être solidaire de la condition féminine au jour le jour sans porter de jugement sur la façon dont chaque « femme » perçoit sa propre identité de « femme » au point de vue religieux, sexuel, familial, professionnel, maternel et citoyen en général. Comme il est plus facile de « vanter » l'ouverture d'esprit de Québécois que d'accepter d'être confronté à des pratiques culturelles hors normes (port du voile islamique pour les employées de l'État, prières de rue, éthique vestimentaire, rapport au corps, à la sexualité, relations homme/femme) qui nous déstabilisent de par leur caractère inédit, qu'on a du mal à comprendre et qu'on a tendance, de fait, à mal interpréter.

Avec la rentrée parlementaire, Legault (chef incontesté parce qu'incontestable) franchi une nouvelle étape dans sa droitisation, voire son extrême-droitisation. Il ne mâche pas ses mots, tout simplement parce qu'il n'a pus rien à perdre (chute des intentions de vote dans les sondages, discrédit généralisé de sa gouvernance dans la population, éventuel effacement du parti aux prochaine sélections) : assauts des islamistes (« radicaux »), renforcement de l'État policier, référence au mythe « masculiniste » de la force brute qui gravit tous les échelons à force de volonté et d'abnégation, retour aux sources « aliénantes » du culte de l'argent et de la personnalité. En d'autres mots : « fuite en avant », telle une sorte de politique de la « terre brûlée » appliquée à la vie parlementaire qui consiste à ne rien laisser de substantiellement constructif en héritage au prochain gouvernement qui lui permettrait de rebâtir sur des bases solides et ne pas avoir à repartir à zéro à chaque changement d'administration. Autant la fin de sa carrière politique s'annonce humiliante pour Legault, autant il anticipe sa vengeance selon l'intensité du ressentiment qui l'habitera d'ici là.

L'image de Rocky Balboa utilisée à escient pour nous présenter un Premier Ministre prêt à se battre jusqu'à son dernier souffle pour rester au pouvoir n'est pas anodine. Elle est construite de façon délibérée et envoie un message qui nous en dit long sur l'esprit « jusqu'au-boutiste » qui habite un politicien de carrière comme François Legault : la vie politique, du moins dans son acception « parlementaire » dans le contexte d'une démocratie libérale, est comme une arène de boxe, il faut apprendre à donner des coups et être capable d'en encaisser sans vaciller, tout est une question de « stratégie », d'endurance, de tactique car l'objectif ultime est la « victoire » (par « K.O. » préférablement). Ce faisant, ce pourquoi l'on se bat est relégué au second plan, étant donné qu'il est préférable de « gagner » pour une mauvaise cause que de « perdre » pour une bonne.

Il faut espérer que le naufrage annoncé de la CAQ entraînera avec lui, à plus ou moins long terme, celui de cette vision « machiste » de l'exercice du pouvoir en démocratie parlementaire qui éloigne toujours un peu plus, en corps et en esprit, les citoyens ordinaires des instances de décision et transforme leur potentiel engagement et intérêt pour la politique en cynisme et désintérêt patent. Ce n'est pas pour demain car le prochain gouvernement, formé vraisemblablement par le PQ de Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), s'aligne déjà sur les mêmes thèmes démagogiques et chauvins de l'immigration « massive » comme menace à notre « identité » nationale (figée dans le béton si on comprend bien le discours des nationalistes conservateurs), des manifestations publiques d'appartenance religieuse comme prélude à une éventuelle révolution islamique au Québec (!), des demandeurs d'asile, résidents non-permanents, étudiants étrangers comme responsables des diverses crises que traverse le Québec depuis plusieurs années (logement, engorgement des hôpitaux, manque de places en garderie, criminalité juvénile en hausse, recul du français). Alors que l'essentiel de ces problèmes, devenus « chroniques » à force de déni sur leurs véritables causes, est dû à la perversion du rôle de l'État comme instance régulatrice de l'économie de marché, des rapports sociaux de production, des tensions entre classes sociales pour l'accaparement des richesses produites en amont de la croissance du PIB et comme garant d'une justice redistributive à la base même de la confiance des citoyens dans la démocratie « représentative ».

Sur le plan strictement « économique », il ne faut pas s'attendre à des miracles de la part de ce « vieux » parti de gouvernement dans les veines duquel coule le sang du déficit zéro élevé au rang de projet de société par cet ancien conservateur converti sur le tard au souverainisme et à qui revient le mérite d'avoir ouvert la voie au rétrécissement de l'intervention de l'État pour laisser à Québec inc, plus efficace parce que « privé », toute la latitude nécessaire afin de nous assurer d'une prospérité sans limites qui, comme par magie, va profiter également à tout le monde. On connaît la suite. D'autant plus qu'avec Éric Duhaime et son PCQ imbibé d'idéologie libertarienne qui va bien finir par mettre le pied dans la porte de l'Assemblée Nationale, PSPP ne vas pas hésiter à séduire son potentiel électorat en stigmatisant à qui mieux mieux la gauche, associée pour l'occasion à l'islamisme radical, dans un beau mélange « islamo-gauchiste » qui va faire les délices des chroniqueurs du Journal de Montréal !

Parlant de « gauche », la seule chance, dans l'état actuel des choses, de pouvoir nous extraire de ce cirque ambulant avec ses clowneries qui finissent par ne plus être drôles, nous est donné par Québec Solidaire (QS) et son leitmotiv d'origine : « faire de la politique “autrement” ». S'étant autoproclamé dès le départ « parti des “urnes” et de la “rue” », avec son récent « recentrement » pour plaire aux médias, calmer les angoisse du citoyen lambda (elles-mêmes nourries par des scénarios catastrophes élaborés par ces mêmes médias dans l'éventualité d''un gouvernement solidaire) et rassurer les électeurs de la CAQ qu'une politique environnementale digne de ce nom ne les empêchera pas de continuer à polluer l'atmosphère avec leurs gros VUS énergivores, on a l'impression que, finalement, l'« Urne » a fini par bouffer la « Rue ». Avec les résultats électoraux et intentions de vote conséquents à cette soi-disant « modernisation » du programme. QS doit revenir aux « fondamentaux » s'il ne veut pas subir le même sort que le NPD de Jagmeet Singh aux dernières élections fédérales...

Mario Charland
Shawinigan

Note
1.Le Devoir, 30 septembre 2025, « Legault enfile les gants pour lutter contre la “paperasse” et les “islamistes radicaux” ».
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À la recherche d’un Québec inclusif

14 octobre, par Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI) — , ,
Mémoire déposé à la Commission des relations avec les citoyens dans le cadre de la Consultation générale sur le cahier de consultation intitulé : La planification de (…)

Mémoire déposé à la Commission des relations avec les citoyens dans le cadre de la Consultation générale sur le cahier de consultation intitulé : La planification de l'immigration au Québec pour la période 2024-2027

Pour lire le mémoire, cliquez sur l'icône

Le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI), fondé en 2001 à Montréal, vise à protéger les droits des personnes migrantes, immigrantes et racisées, particulièrement lorsqu'il s'agit des enjeux du travail, et à développer leur capacité d'agir de manière collective. L'acquisition d'un « pouvoir d'agir » (empowerment) de ces populations cibles constitue ainsi une valeur fondamentale du Centre, et les orientations sont déterminées par la participation démocratique des travailleur·euse·s migrants, immigrants ou racisés. Le CTTI est actuellement actif à travers le Québec, grâce à ses sections régionales au Bas-Saint-Laurent, en Capitale-Nationale, au Saguenay-Lac-Saint-Jean et en Outaouais. Le présent mémoire repose sur des recherches scientifiques et des données statistiques, mais aussi et avant tout sur des expériences vécues par les personnes migrantes et immigrantes rencontrées au cours des deux dernières décennies.
https://iwc-cti.ca/fr/
info@iwc-cti.ca
(514) 342-2111

Points centraux du mémoire
Notre mémoire présente d'abord nos propres analyses des politiques d'immigration et des réalités vécues par les personnes migrantes et immigrantes ainsi que nos positions par rapport aux politiques mises en oeuvre. Les analyses sont particulièrement concentrées sur les politiques d'immigration de plus en plus axées sur la migration temporaire et sur les enjeux autour de la protection de la langue française. À partir de ces analyses, des propositions concrètes sont formulées, présentées à la fin du mémoire. Nous soulignons notamment l'importance d'offrir de meilleures protections aux travailleur·euse·s migrants n'ayant qu'un statut temporaire et d'ouvrir l'accès à la résidence permanente à toute personne ayant accumulé des expériences sur le sol québécois. Nous proposons d'ailleurs des pistes alternatives de la protection de la langue française, adaptées aux réalités des personnes migrantes.

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Les ruptures de services en santé mentale ne sont pas une question de méconnaissance, mais de sous-investissements

14 octobre, par Association des groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) — , ,
Montréal, le 8 octobre 2025 – L'Association des groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) souhaite réagir au cri du cœur de la famille (…)

Montréal, le 8 octobre 2025 – L'Association des groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) souhaite réagir au cri du cœur de la famille du jeune Arsen Sarukhanyan, à la suite de la sortie du rapport de la coroner, lié à son décès tragique.

L'association est en désaccord avec l'idée émise que les ressources sont suffisantes et simplement méconnues.

« Nous ne devons pas nier la réalité vécue par des milliers de personnes qui cherchent, souvent en vain, à obtenir du soutien en santé mentale. Les ruptures de services, la fragmentation du réseau et les délais d'attente ne sont pas une question de communication ou de méconnaissance : ils sont le résultat d'un système en surcharge, sous-financé » mentionne François Winter, porte-parole de l'AGIDD-SMQ.

Selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux, plus de 12 000 personnes étaient en attente d'un premier service en santé mentale en août dernier, dont plus de 7000 hors délai. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes. Sur le terrain, les organismes communautaires sont témoins au quotidien de la détresse de jeunes adultes qui se heurtent à des portes closes, à des critères d'admissibilité trop rigides ou à des suivis interrompus faute de ressources. Des impacts qui auraient pu mener à la commission d'un acte irréparable sur autrui et de plus en plus déshumanisé.

Le rapport du coroner Me Julie-Kim Godin le souligne clairement : la mort de M. Sarukhanyan illustre « une série de ruptures de services, de communications déficientes, de travail en silo et d'occasions manquées
».

« Ces constats appellent à prioriser les besoins des personnes qui souffrent et à investir dans la prévention plutôt que dans la coercition avec une révision de la loi P-38. Les gens ont besoin de support et d'humanité, pas de coercition » mentionne François Winter.

Nancy Melanson, co-coordonnatrice de l'AGIDD-SMQ, évoque aussi que « Ces constats appellent à un investissement dans une multitude de stratégies de prévention et de postvention, auprès des personnes qui
demandent des services, et ce, partout au Québec, pour aider et accompagner “au bon moment” et prévenir l'application d'une loi P-38 »

La méconnaissance ne tue pas. L'absence de réponse, si.

L'AGIDD-SMQ souhaite travailler avec le ministre Carmant afin qu'il soit en mesure d'entendre les personnes concernées, les proches, les groupes communautaires et les intervenants de première ligne, afin de
bâtir ensemble des services réellement accessibles, continus et centrés sur les besoins des personnes.

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Deux ans de génocide, deux ans de complicité

14 octobre, par Canadiens pour la paix et la justice au Moyen-Orient (CJPMO) — , , ,
Il y a deux ans aujourd'hui, Israël lançait son attaque génocidaire contre Gaza, utilisant l'attaque du Hamas comme prétexte pour sa campagne ciblant l'ensemble du peuple (…)

Il y a deux ans aujourd'hui, Israël lançait son attaque génocidaire contre Gaza, utilisant l'attaque du Hamas comme prétexte pour sa campagne ciblant l'ensemble du peuple palestinien. Malgré les preuves accablantes de ces crimes de guerre systématiques, le Canada continue d'offrir le soutien politique et militaire qui permet cette horreur.

Depuis deux ans, chaque jour, nous sommes confrontés à de nouvelles preuves des crimes atroces commis par Israël, diffusées en direct sur les réseaux sociaux. Des immeubles d'habitation, des camps de réfugiés, des hôpitaux et des tentes de familles déplacées, bombardés, sont délibérément pris pour cible par des frappes aériennes israéliennes incessantes. Des familles affamées sont privées de nourriture, d'eau et d'aide par un siège et un blocus cruels. Des Palestiniens désespérés sont abattus alors qu'ils cherchaient de l'aide pour leurs familles.

Pour beaucoup d'entre nous, toute confiance que nous pouvions avoir dans nos institutions politiques a été brisée. Face aux preuves accablantes d'un génocide qui se déroule sous nos yeux, trop de personnes au pouvoir ont refusé de reconnaître cette réalité ou ont relayé la propagande israélienne. Pire encore, trop de dirigeants canadiens ont continué d'offrir un soutien militaire, politique et économique à la machine de guerre d'Israël, malgré l'opposition de la majorité des Canadiens au nettoyage ethnique israélien.

Les négociations de cessez-le-feu en cours n'offrent pas non plus beaucoup d'espoir. Si la proposition de cessez-le-feu de Trump, approuvée par le Canada, promet un soulagement immédiat à la violence génocidaire d'Israël, elle laisse également présager un avenir sombre où les Palestiniens se verront perpétuellement refuser le droit à l'autodétermination, où ils seront soumis à une administration étrangère coloniale et à une occupation israélienne continue.

Malgré cette situation désastreuse, nous continuons de collaborer avec nos alliés de la société civile et du Parlement pour plaider en faveur d'une approche différente, fondamentalement ancrée dans la dignité et l'humanité des Palestiniens, une approche capable de mettre fin aux atrocités commises par Israël et de respecter le droit international. Cela implique d'exercer une pression intense et croissante sur nos dirigeants afin qu'ils imposent des mesures concrètes, telles que des sanctions, susceptibles de contraindre Israël à mettre fin au génocide et à son occupation illégale. Cela implique également de faire pression sur les médias grand public pour qu'ils garantissent que leurs reportages sur Gaza respectent les normes professionnelles et rendent compte fidèlement de la situation.

Contester la réponse du Canada au génocide

Les gouvernements libéraux du Canada, tant sous Trudeau que sous Carney, n'ont pas réagi adéquatement au génocide en cours. Les intentions meurtrières d'Israël étaient connues dès le début, et des spécialistes du génocide et des experts de l'ONUont très tôt alerté sur le fait que les actions et le langage d'Israël indiquaient qu'un génocide était en cours. Malgré ces avertissements, le Canada a apporté un soutien sans équivoque à l'offensive militaire israélienne contre Gaza après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, et a refusé pendant de nombreuses semaines de soutenir les appels au cessez-le-feu, alors même que le bilan des victimes s'alourdissait rapidement.

Au fil du temps, la gravité et la cruauté des actions d'Israël sont devenues impossibles à ignorer. Le crime de génocide a été retenu par la Cour internationale de Justice et des mandats d'arrêt ont été émis par la Cour pénale internationale pour famine forcée systématique. Au niveau national, des manifestations populaires se sont poursuivies chaque semaine à travers le pays contre le génocide et pour un embargo sur les armes.

Face à cette réalité, le gouvernement canadien a lentement commencé à modifier son approche et a finalement adopté de nouvelles politiques : l'imposition d'une « pause » temporaire sur certaines nouvelles exportations d'armes destinées à la production de biens « mortels », l'imposition de sanctions contre deux ministres israéliens d'extrême droite, et plus récemment la reconnaissance de l'État de Palestine avec des conditions totalement asymétriques et coloniales. Dans chaque cas, ces politiques résultaient de pressions populaires, mais aussi de mesures incomplètes qui sont loin de mettre fin aux ambitions génocidaires d'Israël ni de rompre l'alliance militaire et économique du Canada avec Israël et son mécène, les États-Unis.

Face à cette réponse molle du gouvernement au génocide, nous, à CJPMO, avons récemment fait campagne pour des changements politiques sérieux : ceux-ci incluent le projet de loi C-233,la Loi visant à éliminer les échappatoires fiscales , qui mettrait fin aux profits de guerre des entreprises canadiennes à Gaza ; et des sanctions économiquesstratégiques contre les principales organisations responsables de l'annexion de la Cisjordanie.

Contester la complicité des médias

Les grands médias canadiens ont joué un rôle important dans la distorsion de la clarté morale de l'opposition à ce génocide. Du mensonge inventé selon lequel le Hamas aurait « décapité des bébés » le 7 octobre aux allégations non corroborées selon lesquelles le Hamas « se cacherait parmi les civils » pendant qu'Israël bombarde des hôpitaux et des écoles, les grands médias répètent la propagande israélienne sans scepticisme, transformant les mensonges en gros titres et la vérité en cendres.

Depuis deux ans, CJPMO lutte contre la mauvaise couverture médiatique et a eu d'innombrables répercussions. Nous avons contribué à un nouveau livre, « Quand le génocide n'était pas une nouvelle » , qui témoigne de cette tache sur notre histoire. Notre site webtémoigne de nos efforts incessants pour faire pencher la balance contre les intérêts des puissants et favoriser une presse plus honnête, même si cela implique de critiquer les médias traditionnels dans l'espoir d'inciter les Canadiens ordinaires à consulter de meilleures sources. Notre équipe et nos bénévoles ont envoyé des milliers de courriels à des journalistes, des rédacteurs en chef et des salles de presse partout au pays. Les médias nous connaissent, connaissent beaucoup d'entre nous par leur prénom et sont obligés de nous prendre de plus en plus au sérieux.

L'opinion mondiale se dresse contre Israël

Du génocide israélien à Gaza à l'expansion des colonies illégales en Cisjordanie occupée, en passant par ses attaques contre le Yémen, la Syrie, l'Iran, le Liban et le Qatar, l'impunité d'Israël semble sans limites. Les gouvernements ont clairement fait savoir qu'il n'y avait pas de ligne rouge ni de conséquences.

Pourtant, au Canada et partout dans le monde, nous constatons un changement radical dans l'opinion publique : une majorité de Canadiens et une pluralité d'Américains reconnaissent que les actions d'Israël à Gaza constituent un génocide. Israël est de plus en plus isolé, tandis que la solidarité mondiale avec la lutte palestinienne continue de croître. Lorsque le premier ministre Netanyahou s'est adressé aux Nations Unies à New York, il s'est retrouvé face à des rangées de sièges vides, tandis que les dirigeants mondiaux quittaient la salle en signe de protestation. (Malheureusement, l'ambassadeur canadien Bob Rae était l'un des rares à rester assis.)

Quelques jours plus tôt, le 22 septembre, les Italiens avaient déclenché une grève générale, paralysant le pays. Les travailleurs portuaires, les chauffeurs de taxi, les chauffeurs d'autobus et les enseignants protestaient contre la complicité de leur gouvernement dans le génocide. Le même jour, l'Espagne annonçait un embargo « total » sur les armes contre Israël. D'autres pays européens ont également commencé à prendre des mesures plus importantes, de l'Irlande qui promettait d'interdire les produits des colonies à la Slovénie qui a imposé une interdiction de voyager à Netanyahou. Aujourd'hui, à Montréal, où se trouve le bureau de CJPMO, des grèves en solidarité avec Gaza ont contraint les universités à fermer.

Il ne fait aucun doute que les choses évoluent et que la volonté d'agir est plus forte. Mais ce changement est lent et le temps presse. Il est crucial de continuer à inciter nos gouvernements et nos institutions à prendre les mesures nécessaires. La complicité de génocide fait peut-être partie de l'histoire du Canada, mais elle ne doit pas nécessairement définir notre avenir.

Nous ne resterons pas silencieux.

Grâce à votre soutien, nous pouvons continuer à lutter pour mettre fin à la complicité du Canada dans le génocide israélien à Gaza et son annexion de la Cisjordanie. Ensemble, nous pouvons réclamer justice au Parlement et dans les médias. Avec votre aide, CJPMO continuera de se battre pour des politiques fondées sur le droit international et les droits de la personne, de la lutte contre la complicité canadienne dans les exportations d'armes à la lutte contre la désinformation dans les médias.

Faire un don maintenant
Deux ans après le début de ce génocide, notre détermination est plus forte que jamais : demander des comptes à nos dirigeants, exiger justice et soutenir sans faille le peuple de Gaza.

Pour la justice et la paix

L'équipe CJPMO

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Guerre commerciale : ce n’est pas le temps de limiter l’accès à l’assurance emploi

14 octobre, par Collectif — , ,
Montréal, le 9 octobre 2025. - Les groupes de défense des sans-emploi, le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) et le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (…)

Montréal, le 9 octobre 2025. - Les groupes de défense des sans-emploi, le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) et le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE) et les grandes centrales syndicales québécoises (CSD, CSN, CSQ et FTQ) tiennent à exprimer leur déception face à l'expiration en date du 11 octobre de la mesure qui permettait une admissibilité élargie à l'assurance-emploi dans le contexte actuel de guerre commerciale et de hausse du chômage.

L'expiration de cette mesure d'ajustement du taux de chômage, dans un tel contexte économique, réduira 'accès à l'assurance-emploi pour des travailleurs et travailleuses qui en ont véritablement besoin. De plus, nous considérons que la reconduction de la mesure concernant le « délai de carence » et celle de la suspension de la répartition de la rémunération payée avant d'avoir accès aux cotisations atteint à peine un minimum des besoins des travailleurs et travailleuses.

Ensemble, les groupes et les centrales syndicales invitent le gouvernement fédéral à plutôt mettre en place des mesures permanentes améliorant l'accès au plus important programme social canadien dans le cadre de son prochain budget le 4 novembre prochain.

« En campagne électorale, Mark Carney avait conservé la position des libéraux des dernières années, promettant de renforcer le filet social et une assurance-emploi mieux adaptée aux réalités du travail. Or, non seulement n'y a-t-il pas de réforme du programme, mais son gouvernement recule sur la seule mesure qui permettait d'élargir l'accès à l'assurance-emploi dans un contexte d'insécurité économique provoquée par la guerre commerciale avec les États-Unis », ont déclaré Selma Lavoie et Milan Bernard, co-porteparoles du CNC. « Comme si ce n'était pas assez, la nouvelle mesure introduite ne s'applique qu'aux “travailleurs de longue date” et risque bien de laisser tomber ceux et celles avec des emplois précaires et vulnérables, comme les travailleurs saisonniers, les employés contractuels et à temps partiels, les jeunes et les nouveaux arrivants, de même que certains secteurs importants de l'économie ».

«

Ça fait des années que les groupes syndicaux, communautaires et sociaux se mobilisent pour exiger une réforme en profondeur du régime d'assurance-emploi. Trop de travailleuses et de travailleurs sont exclus d'emblée du régime. Favoriser l'admissibilité, c'est la clé. Alors, pourquoi retirer la seule mesure facilitant l'accès au régime depuis longtemps ? Exiger un meilleur filet social, c'est faire un pas concret – et essentiel – vers un régime réellement universel, accessible, juste et non discriminatoire. Le gouvernement fédéral ne peut plus faire semblant en instaurant des mesures temporaires à la pièce. Il doit agir, maintenant ! », dénonce Michael Bizzarro, co-coordonnateur du MASSE.

« Avec la guerre commerciale qui fait rage, les centrales syndicales du Québec demandent au gouvernement Carney de ne pas se limiter à soutenir seulement les entreprises, mais aussi les travailleuses et les travailleurs dans les secteurs affectés. Dans cette optique, il faudrait notamment hausser les prestations d'assurance-emploi et augmenter les transferts fédéraux relatifs à la formation afin de donner un réel appui aux principales victimes de cette guerre qui perdure malgré les efforts de trouver un terrain d'entente avec Donald Trump », affirment à l'unisson Luc Vachon, président de la CSD, Caroline Senneville, présidente de la CSN, Luc Beauregard, secrétaire-trésorier de la CSQ, et Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ.

En février dernier, les groupes de défense des sans-emploi et les centrales syndicales avaient d'ailleurs appelé à mettre en place les mesures suivantes :

● Une norme universelle d'admissibilité de 420 heures ;

● Une augmentation du montant des prestations et l'établissement d'un seuil plancher à 500 $ ;

● Que l'exclusion pour fin d'emploi invalide ne s'impose que sur le dernier emploi occupé ;

● Rendre permanente la mesure permettant de recevoir des prestations plus tôt en simplifiant les règles régissant le traitement des indemnités de départ et autres sommes versées à la suite d'une cessation d'emploi.

La coalition invite ainsi de nouveau le gouvernement à profiter du budget pour mettre en place ces mesures, afin de fournir aux travailleurs et aux travailleuses une réelle protection en cas de chômage.

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Lettre ouverte : La décision du NPD de l’Ontario de promouvoir l’énergie nucléaire constitue une erreur historique

14 octobre, par Paul Kahnert — , ,
Lors de son congrès qui s'ouvre prochainement, le NPD de l'Ontario se doit de rejeter les projets nucléaires de Doug Ford. La décision du NPD de l'Ontario de promouvoir le (…)

Lors de son congrès qui s'ouvre prochainement, le NPD de l'Ontario se doit de rejeter les projets nucléaires de Doug Ford. La décision du NPD de l'Ontario de promouvoir le nucléaire comme une énergie propre, verte et abordable est une erreur historique. On parle d'un dérapage comparable à la décision prise par l'ancienne première ministre libérale Kathleen Wynne de vendre Hydro One.

18 septembre 2025 / DE : Paul Kahnert
Traduction Johan Wallengren
Tiré de Rabble

Cette position pro-nucléaire du NPD ne lui rapportera aucun vote et lui coûtera en fait la prochaine élection, en plus de le priver d'un grand nombre de votes dans les années à venir.

C'est un prix très élevé à payer pour apaiser les lobbyistes du nucléaire, ainsi que les autres parties intéressées, qui ne voteront jamais pour le NPD de toute façon.

Les délégués au congrès du NPD de l'Ontario seraient bien avisés, le week-end du 20 septembre, de voter en faveur de l'abandon de cette politique.

Cette lettre ouverte se veut une tentative d'empêcher le NPD de l'Ontario de commettre une erreur épouvantable.

En juin 2002, une personne au fait des affaires internes du NPD est venue à notre réunion de l'Ontario Electricity Coalition et nous a avertis du projet imminent du NPD de privatiser l'ensemble de la nouvelle production d'électricité. Il a été expliqué au chef Howard Hampton pourquoi il s'agissait d'une très grave erreur, et celui-ci s'est présenté au congrès avec une motion invitant à y renoncer. À l'issue du vote, le projet a été abandonné.
Détaillons pourquoi le projet du NPD prônant l'énergie nucléaire en tant que source d'énergie propre, verte et abordable constitue une erreur épouvantable.

La question de l'hydroélectricité est complexe et fait appel à des connaissances techniques, politiques et historiques. Or, il n'y a personne au NPD de l'Ontario qui possède une telle combinaison de connaissances.

Ayant travaillé dans le secteur de l'hydroélectricité pendant 33 ans, je connais très bien le système hydroélectrique. J'ai en outre mené les campagnes provinciales de 2002, 2003 et 2007 et ai débattu en face à face avec les ministres de l'Énergie. Je peux vous dire que la question de l'énergie nucléaire a été recentrée sur la privatisation et la maximisation des profits. Le premier ministre Doug Ford a plusieurs fois décrit l'énergie nucléaire comme étant « propre et abordable ». C'est comme dire que les lasagnes et les gâteaux au fromage sont des aliments amaigrissants.

Le plan nucléaire de Ford est largement axé sur le financement par partenariat public-privé (PPP) de nouvelles centrales nucléaires et s'intéresse particulièrement aux petits réacteurs modulaires (PRM), qui restent à un stade très expérimental et n'ont pas fait leurs preuves. Le financement par PPP est la forme la plus insidieuse de privatisation.

Les investisseurs qui s'engagent dans des PPP s'attendent à un retour sur investissement conséquent. Il n'y a pas d'argent gratuit. Nous devons nous souvenir qu'Ontario Hydro ancienne formule a accumulé 34 milliards de dollars de dette presque entièrement liée au nucléaire, ce qui montre clairement à quel point la construction et l'entretien des centrales nucléaires coûtent cher. Ajouter une rémunération pour les investisseurs ne fera que rendre l'énergie nucléaire ridiculement chère.

L'extraction et la production de combustible nucléaire sont des activités très polluantes et émettrices de carbone. Les investisseurs privés ne parlent jamais du problème des déchets. L'énergie nucléaire est inefficace : on en perd une grande partie sous forme de chaleur non récupérée et de déperdition dans le transport. Une grande question se pose alors : comment fera-t-on pour économiser de l'énergie ? On n'est pas près de voir les investisseurs privés réclamer des économies d'énergie. Prendre des mesures pour véritablement réduire la consommation d'énergie implique une diminution de la demande et des profits.

Les politiciens de tous bords n'ont pas la moindre idée de l'ampleur des coûts en jeu lorsqu'il s'agit de se tourner vers un système énergétique vert basé sur les énergies renouvelables. Si tous les conducteurs de l'Ontario branchaient leur véhicule électrique après le travail, au moment même où la demande culmine déjà, on assisterait à une saturation du système assez redoutable.

La construction des infrastructures nécessaires exigera des investissements massifs dans la production, le transport et surtout la distribution, sans compter l'installation de stations de recharge et de bornes de recharge à domicile.

Nombre de pays ont reconnu le fait que la transition vers les énergies renouvelables et une économie moins énergivore est définitivement incompatible avec un système de maximisation des profits et ont par conséquent créé des entreprises publiques destinées à produire de l'énergie verte. L'Australie, notamment, est un pays qui s'est engagé sur cette voie. En Europe, neuf des dix pays à la pointe de la transition énergétique vers les énergies renouvelables ont un point commun : le processus y a été piloté par une entreprise publique œuvrant dans l'énergie renouvelable. Le NPD de l'Ontario devrait regarder cela de près, car c'est en fait la voie de l'avenir.

La loi sur l'énergie propre des libéraux a en substance donné carte blanche aux producteurs privés d'énergie verte pour imprimer de l'argent. En août dernier, Ford a annoncé la plus grande expansion du secteur privé de l'énergie de l'histoire de l'Ontario. En effet, il a promis exactement la même chose que le premier ministre conservateur Mike Harris du temps où ce dernier procédait à la déréglementation de l'hydroélectricité, dans les années 1990, puisque Ford a à son tour fait miroiter une baisse des tarifs. Lorsqu'il a annoncé la nouvelle, il a utilisé neuf fois le mot « abordable » et a promis une baisse des coûts, des économies pour les consommateurs et des prix compétitifs. Voici ce qu'il est advenu de la promesse de baisse des tarifs de Harris : en 2007, les tarifs avaient doublé ! En 2010, ils avaient triplé et en 2018, ils avaient quadruplé.

Selon le Bureau provincial de la responsabilité financière, Ford dépense jusqu'à 7 milliards de dollars par an pour dissimuler et protéger le programme de déréglementation du marché de l'électricité de Mike Harris. Actuellement, Ford se porte garant des profits et refile la facture aux contribuables. L'expansion record des activités à but lucratif du secteur privé dans l'énergie nucléaire voulue par Ford fera grimper les tarifs et sera très coûteuse pour les particuliers comme pour les entreprises. Ford va-t-il lui aussi utiliser les deniers publics pour subventionner les hausses de tarifs ? Prendre en marche le train du nucléaire en le présentant comme une énergie propre, verte et abordable est une erreur épouvantable. C'est plutôt le moment de mettre le holà et de dénoncer le projet de Ford. Le NPD de l'Ontario a déjà eu pour politique de laisser le secteur public gérer l'énergie. Il est temps de renouer avec le secteur public, de même qu'avec une énergie effectivement propre, verte, et un tarif « au prix coûtant pour la population ».

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Les trois autres membres du Bateau Canadien pour Gaza détenues en captivité illégale par Israël sont maintenant en Jordanie – Nima Machouf de retour à Montréal

14 octobre, par Bateau canadien pour Gaza — , , ,
12 octobre 2025 – Bateau Canadien pour Gaza confirme que la captivité illégale des trois derniers membres de sa mission à bord du bateau Conscience de la Coalition Flottilles (…)

12 octobre 2025 – Bateau Canadien pour Gaza confirme que la captivité illégale des trois derniers membres de sa mission à bord du bateau Conscience de la Coalition Flottilles pour la liberté (FFC) a pris fin aujourd'hui le 12 octobre.

Nikita Stapleton, Sadie Mees, Devoney Ellis étaient en détenue illégalement pendant 4 jours dans une prison en Israël après le rapt de leur bateau par un commando israélien en violation des lois maritimes en eaux internationales. Elles sont maintenant saines et sauves à Amman en Jordanie.

La captivité de Nima Machouf et des deux autres membres de l'équipage de Conscience, Mskwaasin Agnew et Khurram Musti Khan, avait pris fin le 10 octobre. Elle sera de retour à Montréal le 12 octobre, où elle tiendra un point de presse à l'aéroport à 18h00, dès son arrivée.

Rappelons qu'Israël n'a aucune juridiction en eaux internationales. Le rapt et la saisie de Conscience et des autres bateaux étaient des violations flagrantes du droit international en plus de défier les ordres contraignants de la Cour Internationale de Justice exigeant un accès humanitaire sans entrave à Gaza.

Les volontaires de la FFC ne relevaient pas de la juridiction israélienne et ne peuvaient en aucun cas être criminalisés pour vouloir livrer une aide ou contester un blocus illégal. Le rapt des bateaux et la détention illégale des volontaires peuvent être adéquatement qualifiés d'actes de piraterie et de kidnapping.

La détention illégale des volontaires de la flottille est une autre illustration des pratiques systématiques d'Israël : défier les ordres contraignants de la CIJ, ignorer le droit international protégeant la navigation civile et rejeter les demandes de millions de personnes à travers le monde exigeant la fin du siège illégal et les massacres de palestiniens et le génocide dont les effets se feront sentir pour des années à venir.

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Le dirigeant syndical Rob Ashton annonce sa candidature à la direction du NPD

14 octobre, par Gabriela Calugay-Casuga — , ,
Rob Ashton, président de la section canadienne du Syndicat international des débardeurs et des entrepôts (ILWU), a annoncé mercredi qu'il se lançait dans la course à la (…)

Rob Ashton, président de la section canadienne du Syndicat international des débardeurs et des entrepôts (ILWU), a annoncé mercredi qu'il se lançait dans la course à la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD). Se positionnant comme le porte-parole des travailleurs et des travailleuses, Ashton affirme vouloir ramener le NPD à ses racines, celles d'un parti qui défend les gens ordinaires.

2 octobre 2025 | tiré de rabble.ca

« Je ne suis pas un politicien. Pendant la plus grande partie de ma vie, j'ai été un travailleur », peut-on lire sur le site de sa campagne. « Je sais ce que signifie une dure journée de travail, l'inquiétude de savoir si le chèque de paie suffira, et ce que c'est que de se tenir côte à côte avec d'autres pour affronter le patron — et gagner. »

Le site d'Ashton indique qu'il mettra l'accent sur la lutte contre le coût de la vie et l'aggravation des inégalités de revenus, des enjeux qu'il dit entendre régulièrement dans ses conversations avec des citoyen-nes.

« Pour le dire simplement : je me bats pour les travailleurs et travailleuses, je parle franchement, j'écoute attentivement et je ne recule pas devant un combat », a-t-il déclaré.

Ashton est la troisième personne à avoir été provisoirement approuvée par le comité de vote à la direction du parti. Il rejoint Heather McPherson, députée albertaine, et Avi Lewis, militant et cinéaste. Yves Engler, militant basé à Montréal, avait annoncé plus tôt cet été son intention de se présenter à la direction et a reçu l'appui du Caucus socialiste du NPD. La conseillère municipale britanno-colombienne Tanille Johnston devrait également se joindre à la course.

Pour participer à la course à la direction, les membres doivent soumettre un formulaire de mise en candidature signé par au moins 500 membres du NPD et payer des frais d'entrée de 100 000 $. Les candidat-es doivent ensuite être approuvé-es par le comité de vote à la direction pour être officiellement reconnu-es.

Historiquement, le NPD a été le bras politique du mouvement syndical au Canada. Le parti a été fondé en 1961 par le Congrès du travail du Canada (CTC) et la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC). Toutefois, Larry Savage, spécialiste du travail à l'Université Brock, note que les liens formels entre les syndicats et le NPD se sont affaiblis au cours des dernières décennies.

Sur la scène fédérale, le NPD a souvent occupé le rôle de troisième ou quatrième parti. Il avait toutefois accédé au statut d'opposition officielle en 2011. Sous le gouvernement de l'ancien premier ministre Justin Trudeau, le NPD avait conclu un accord de soutien et de confiance avec le Parti libéral, en vigueur de 2022 à 2024.

Grâce à cet accord, plusieurs revendications syndicales de longue date ont progressé. La Loi sur l'assurance-médicaments a reçu la sanction royale en octobre 2024, et une loi sur les soins dentaires nationaux a été adoptée à l'été 2023.

Lors de l'élection fédérale d'avril 2025, le NPD a toutefois perdu son statut de parti officiel après n'avoir remporté que sept sièges à la Chambre des communes. Lors du panel Off the Hill organisé récemment par rabble.ca, les invité-es ont discuté des qualités nécessaires pour la ou le prochain chef du parti après ce revers.

Chuka Ejekam, chercheur ayant collaboré avec le Centre canadien de politiques alternatives et la Fédération du travail de la Colombie-Britannique, a souligné que le parti a besoin d'un-e leader capable de tirer parti de ses ressources même lorsque le parti n'est pas au pouvoir.

« Si ce n'est pas un gouvernement minoritaire et que le NPD ne détient pas la balance du pouvoir pour faire adopter des lois, le parti doit quand même trouver des moyens d'être influent, » a expliqué Ejekam. « Parce qu'il y a beaucoup de gens pour qui le NPD reste essentiellement le seul choix. »

Les candidatures à la direction peuvent être déposées jusqu'au 31 janvier 2026. Le vote aura lieu le 29 mars, lors du congrès annuel du parti à Winnipeg.

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Les périls de construire grand et vite

14 octobre, par Ole Hendrickson — , ,
Beaucoup des prétendus « projets d'intérêt national » de Mark Carney auront des effets négatifs sur l'environnement. 8 octobre 2025 | tiré de rabble.ca La partie Building (…)

Beaucoup des prétendus « projets d'intérêt national » de Mark Carney auront des effets négatifs sur l'environnement.

8 octobre 2025 | tiré de rabble.ca

La partie Building Canada Act du projet de loi C-5 — désormais loi du pays — a suscité des inquiétudes en raison de son potentiel à contourner les obligations de consultation autochtone et de protection de l'environnement. L'annonce faite le 11 septembre par le premier ministre Mark Carney de cinq « projets d'intérêt national » (Projects of National Interest, PONI) et de la création d'un Bureau des grands projets a accentué ces inquiétudes.

Y a-t-il des projets réellement d'intérêt national, pouvant être réalisés rapidement et profitant aux Canadiennes et Canadiens de plusieurs provinces ? Probablement.

Y a-t-il parmi eux des projets qui gaspilleraient l'argent public, nuiraient à l'environnement et ne profiteraient qu'à une minorité ? Oui.

Malheureusement, certains de ces projets figurent dans l'annonce du premier ministre.

L'un d'eux — LNG Canada Phase 2, à Kitimat, en Colombie-Britannique — « doublerait la production de gaz naturel liquéfié de LNG Canada, en faisant la deuxième plus grande installation de ce type au monde ». L'article Here's how Canada's LNG exports could make your heating bill go up identifie les véritables bénéficiaires de ce projet : Shell, Petronas, Korea Gas, PetroChina et Mitsubishi. La fracturation hydraulique utilisée pour extraire le gaz naturel (méthane) contamine les nappes phréatiques. Le méthane est le deuxième gaz à effet de serre le plus important. L'augmentation du trafic de méthaniers accroît les risques pour la faune marine. Est-ce vraiment dans l'intérêt national ?

Un autre « projets d'intérêt national », le projet nucléaire de Darlington, viserait à faire du Canada « le premier pays du G7 à disposer d'un petit réacteur modulaire opérationnel », censé « fournir une énergie fiable, abordable et propre ».

Fiable ? Ce réacteur est d'un modèle non éprouvé. Le réacteur GE-Hitachi BWRX-300 (non canadien) choisi par Ontario Power Generation (OPG) pour ce projet n'a jamais été homologué, encore moins construit, même si l'organisme de réglementation nucléaire canadien, notoirement accommodant, a accordé à OPG un permis de construction. Abordable ? Le gouvernement fédéral a déjà versé 970 millions de dollars à OPG pour ce « projets d'intérêt national ». Propre ? Les réacteurs nucléaires émettent des gaz radioactifs et produisent des déchets nucléaires insolubles.

On peut se demander en quoi les Canadiens vivant hors de la région de Toronto pourraient en bénéficier, et pourquoi ce serait un « grand » projet. Avec une puissance de 300 mégawatts, le BWRX-300 reste un « petit » réacteur modulaire relativement grand, mais qui ne représente qu'un tiers de la taille des réacteurs actuels d'OPG.

Les gouvernements fédéral et ontarien semblent parier que le BWRX-300 s'avérera un modèle miracle, construit rapidement, fonctionnant parfaitement, produit en série et exporté à travers le monde. L'industrie nucléaire cherche désespérément une issue à la stagnation décrite en détail dans le World Nuclear Industry Status Report. Elle espère sans doute aussi que le Canada égalera la Russie et la Chine en matière de financement public. Mais ces pays ont besoin de réacteurs pour leurs programmes d'armement — ce qui n'est pas notre cas.

Le premier ministre Carney a également annoncé six « projets d'intérêt national » potentiels « à un stade plus précoce ». L'un d'eux est Pathways Plus, un projet albertain de captage, d'utilisation et de stockage du carbone (CCUS).

Le CCUS est une forme de géo-ingénierie. David Suzuki explique que ces projets « permettent à l'industrie destructrice des combustibles fossiles de continuer à fonctionner ». Ils entretiennent l'illusion qu'il est possible de lutter contre les changements climatiques sans modifier nos modes de vie hyper-consuméristes. Ces projets souffrent d'un manque d'efficacité, de coûts exorbitants, de problèmes d'échelle et de délais, de risques environnementaux et de défis de gouvernance. Malgré le crédit d'impôt fédéral pour l'investissement dans le CCUS et le Carbon Capture Incentive Program de l'Alberta, l'industrie fossile n'a pas agi. Peut-être attend-elle encore davantage.

Un autre « projets d'intérêt national » potentiel, Wind West Atlantic Energy, viserait à « exploiter plus de 60 GW de potentiel éolien en Nouvelle-Écosse, et davantage encore dans l'Atlantique ». Celui-ci pourrait avoir du potentiel.

Les investissements dans l'énergie éolienne explosent à l'échelle mondiale, mais ont été freinés au Canada par des blocages politiques. En 2018, le gouvernement de Doug Ford a annulé des centaines de projets d'énergie renouvelable, pour se raviser six ans plus tard. L'Alberta a imposé de sévères restrictions l'année dernière. Certes, les projets éoliens comportent des enjeux environnementaux, mais d'autres pays semblent parvenir à les gérer efficacement. La syndicalisation devrait être encouragée pour accélérer la création d'emplois et améliorer la santé et la sécurité dans le secteur éolien.

Un autre « projets d'intérêt national » possible, Alto High-Speed Rail, est présenté comme « le premier chemin de fer à grande vitesse du Canada ». Cela dit, le gouvernement fédéral étudie le train à grande vitesse depuis plus d'un demi-siècle. La création d'un Bureau des grands projets changera-t-elle quelque chose ? Les voyageurs lassés de l'avion et des autoroutes congestionnées peuvent toujours espérer, mais qu'ils ne retiennent pas leur souffle.

D'autres pays que le Canada semblent capables de construire plus vite et plus intelligemment. Le gouvernement fédéral canadien, lui, ne construit pratiquement rien. Les gouvernements provinciaux et municipaux se limitent presque exclusivement aux routes. Pour la plupart des projets d'infrastructure, l'argent public est canalisé vers le secteur privé par des partenariats public-privé, des subventions, des allégements fiscaux, des prêts sans intérêt, et autres mécanismes similaires.

Plus grand ne veut pas dire meilleur. La construction nationale passe d'abord par le soutien aux personnes : éducation, santé, recherche scientifique, suivi environnemental, formation professionnelle. Des stratégies fondées sur des investissements communautaires, d'un océan à l'autre, procureront vraisemblablement plus d'avantages globaux que des investissements tournés vers l'exportation.

Nous devons notre gratitude aux peuples autochtones qui, depuis des millénaires, agissent comme gardiens de la nature. Les stratégies de développement national n'ont pas à reposer sur des infrastructures construites par l'humain. Nos magnifiques lacs, forêts, côtes et prairies — notre infrastructure naturelle — font du Canada une destination recherchée, tant pour les personnes que pour les entreprises.

Le projet de loi C-5 risque de ne pas définir correctement nos priorités nationales. Ne laissons pas la quête du profit économique mettre en péril la richesse naturelle du Canada. Plaçons les gens et la nature avant les profits des entreprises.

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