Derniers articles

Solidarité avec la Palestine

La Marche mondiale des femmes est indéfectiblement solidaire du peuple palestinien, en particulier des femmes et des enfants, qui subissent un assaut génocidaire permanent sous l'occupation israélienne.
octobre 7, 2024
Les opérations militaires brutales, les bombardements incessants et les déplacements forcés au cours de l'année écoulée font partie d'une campagne d'extermination calculée, visant la population civile à Gaza, à Jénine, en Cisjordanie et au Liban.
À Gaza, les forces d'occupation israéliennes ont mené un bombardement sans précédent depuis le 7 octobre 2023, tuant plus de 40 000 personnes, dont 60 % de femmes et d'enfants. Cette dévastation n'est pas un dommage collatéral, elle est intentionnelle et vise les maisons, les écoles, les hôpitaux et les lieux de refuge. La crise humanitaire à Gaza, exacerbée par un blocus qui dure depuis 17 ans, a privé les Palestiniens des produits de première nécessité comme la nourriture, l'eau, les médicaments et l'électricité. Il s'agit là de crimes de guerre qui se produisent avec l'approbation tacite de la communauté internationale.
Les femmes palestiniennes, en particulier dans des régions comme Jénine, sont confrontées aux souffrances aggravées des déplacements forcés, de la perte de leur maison et du refus systémique d'accès aux services essentiels tels que les soins de santé, l'éducation et la protection. Le siège de l'armée israélienne a détruit 80 % des infrastructures de Jénine, laissant des centaines de familles sans abri et créant des conditions de punition collective.
La situation au Liban est tout aussi désastreuse, les frappes aériennes israéliennes ayant entraîné la destruction de villages entiers, la mort de 414 personnes et le déplacement de 160 000 autres. Depuis plus de 60 ans, le Liban subit le traumatisme de l'occupation et des agressions violentes, les femmes et les enfants étant toujours en première ligne de la souffrance.
La Marche mondiale des femmes condamne ces crimes qui s'inscrivent dans le cadre du projet plus vaste d'occupation coloniale et de nettoyage ethnique mené par Israël depuis des décennies. L'incapacité de la communauté internationale à tenir Israël pour responsable a enhardi ce régime génocidaire, lui permettant d'agir en toute impunité.
Nous déclarons que la cause palestinienne n'est pas seulement une lutte de libération nationale, mais aussi une cause féministe. La violence actuelle touche de manière disproportionnée les femmes et les jeunes filles, les privant de leurs droits à la vie, à la dignité et à la liberté. Les conditions imposées par l'occupation israélienne – déplacements forcés, violences sexuelles, privation des services de base, et détention arbitraire des femmes dans les geôles israéliennes représentent une attaque directe contre leur corps et leur vie.
Nous sommes également aux côtés du peuple palestinien de Cisjordanie et de Syrie, où les colons israéliens, soutenus par leur gouvernement, continuent de mener des attaques violentes en toute impunité, déracinant des agriculteurs et tuant des civils. Cette agression s'étend au Liban et à la Syrie, perpétuant une crise régionale enracinée dans l'impérialisme, le colonialisme et le racisme.
Nous dénonçons les crimes historiques et continus de l'occupation israélienne qui, depuis 1948, ont violemment perturbé la coexistence pacifique des différents peuples de la région. L'utilisation délibérée de nourriture, d'eau et de fournitures médicales comme armes de guerre, associée à la destruction de l'environnement et à la guerre chimique, sont des indicateurs clairs d'une politique génocidaire visant à la destruction totale de la vie palestinienne.
Face à de telles atrocités, nous réaffirmons le droit du peuple palestinien à résister, à lutter pour sa libération et à réclamer sa terre. Nous appelons les mouvements féministes et anticolonialistes mondiaux, ainsi que les organisations de défense des droits de l'homme, à soutenir activement et visiblement la Palestine, en élevant la voix contre ces crimes et en demandant à leurs gouvernements de rendre compte de leur complicité.
Nous demandons aux Nations unies et à tous les organismes internationaux de mettre en œuvre les protections des droits de l'homme pour le peuple palestinien et de veiller à ce qu'Israël soit tenu pour responsable de ses crimes de guerre et de ses crimes contre l'humanité. Le chemin vers la paix et la justice commence par la fin de l'occupation et la libération de la Palestine.
Nous continuons à marcher pour les droits de nos corps, de nos terres et de nos territoires !
La Marche mondiale des femmes
octobre 2024
*****
Action urgente nécessaire
11 octobre 2024
Par le Comité national palestinien BDS (BNC)
L'Israël génocidaire a lancé une campagne d'extermination contre 400 000 survivants palestiniens dans le nord de Gaza.
En plein génocide contre 2,3 millions de Palestiniens dans la bande de Gaza occupée, l'armée israélienne intensifie ses massacres dans le nord de la bande de Gaza pour déplacer de force la population palestinienne restante – environ 400 000 personnes. Au cours des sept derniers jours, les forces israéliennes ont avancé dans cette zone, bloquant de fait les trois seules entrées et imposant un siège qui comprend des frappes aériennes et des bombardements massifs, ciblant en particulier ce qui reste du camp de réfugiés de Jabalia.
Alors que le bilan des morts s'alourdit, les corps de nombreux Palestiniens massacrés gisent dans les rues, inaccessibles en raison du blocus en cours. Les forces génocidaires israéliennes tirent sur les Palestiniens qui tentent de secourir les blessés. Israël a ordonné aux hôpitaux du nord de Gaza d'évacuer tout le personnel et les patients, menaçant de bombarder s'ils ne s'exécutent pas. Parallèlement, Israël intensifie son agression sanglante en Cisjordanie occupée, ses massacres au Liban, allant jusqu'à bombarder une position de casques bleus de l'ONU, et ses campagnes de bombardements en Syrie, en Irak et au Yémen.
La criminalité sans précédent d'Israël est le résultat direct de son impunité sans précédent, rendue possible par l'armement, le financement et le partenariat total de l'Occident colonial, dirigé par les États-Unis.
« Où aller ? » se demandent plus de 400 000 Palestiniens restés dans le nord de Gaza. Il n'y a pas de réponse, car il n'y a pas d'endroit sécuritaire où aller. Israël utilise la politique de la « terre brûlée », réduisant les terres palestiniennes en poussière, bombardant des maisons, des infrastructures, des installations médicales et des écoles, pendant qu'il provoque une famine énorme et la propagation de maladies infectieuses afin d'exterminer autant de Palestiniens que possible et de nettoyer ethniquement les survivants.
Ceci est un appel urgent à l'action : agissez maintenant pour mettre fin au génocide israélien contre les Palestiniens, diffusé en direct. Seul notre pouvoir populaire peut construire la pression nécessaire pour mettre fin au carnage israélien et contribuer au démantèlement de son régime de colonialisme de peuplement et d'apartheid, vieux de 76 ans.
IL FAUT AGIR MAINTENANT :
1. FAITES PRESSION SUR VOTRE GOUVERNEMENT POUR QU'IL IMPOSE DES SANCTIONS À ISRAËL, Y COMPRIS UN EMBARGO MILITAIRE TOTAL.
Ce n'est pas un choix, c'est un devoir : les sanctions contre Israël ont été votées par une majorité global de 124 États le 18 septembre à l'Assemblée générale des Nations Unies . Les décisions historiques de la Cour internationale de justice cette année déclenchent l'obligation juridique de tous les États de mettre fin à leur complicité avec le régime d'oppression d'Israël.
2. DESCENDEZ DANS LA RUE POUR FAIRE PRESSION SUR LES GOUVERNEMENTS POUR QU'ILS METTENT FIN À LA COMPLICITÉ.
Rejoignez les millions de personnes qui manifestent et perturbent pacifiquement le cours normal des choses pour faire pression sur leurs gouvernements afin qu'ils mettent fin à leur complicité dans les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide d'Israël.
3. SOUTENEZ LE MOUVEMENT DE BOYCOTT, DÉSINVESTISSEMENT ET SANCTIONS (BDS).
Le mouvement BDS est dirigé par la plus grande coalition de la société palestinienne. Boycottez les entreprises ciblées par le mouvement BDS. Faites pression sur votre université, votre fonds de pension, votre conseil municipal, votre syndicat, votre église, votre centre culturel et d'autres institutions pour qu'ils respectent les directives du BDS, pour qu'ils désinvestissent des entreprises complices de l'occupation militaire, de l'apartheid et du génocide israéliens.
4. EXIGER LA SUSPENSION IMMÉDIATE D'ISRAËL, UN ÉTAT D'APARTHEID, DE L'ONU.
Israël a été admis en 1949 au sein de l'ONU sous le faux prétexte qu'il s'agirait d'un État épris de paix et prêt à coopérer avec l'ONU pour mettre en œuvre la résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations Unies, qui stipule le droit des réfugiés palestiniens au retour et à des réparations. Aujourd'hui, alors qu'Israël poursuit son génocide à Gaza, ses massacres au Liban, ses attaques contre les Casques bleus de l'ONU et son nettoyage ethnique des Palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, il est grand temps d'expulser Israël de l'ONU et de toutes les instances internationales.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Comptes rendus de lecture du 15 octobre 2024


Ma gauche
Edgar Morin
Le sociologue et philosophe français Edgar Morin a fêté ses 103 ans en juillet. On lui doit près de 120 œuvres, dont la principale, « La Méthode », publiée en sept tomes, donne probablement le ton à l'ensemble de son œuvre. Il a aussi écrit dans de nombreux journaux. « Ma gauche » est en fait une sélection de ses textes le plus souvent publiés dans des journaux ou des revues dans les années 1990 et 2000. Certaines des prises de position que l'on y retrouve, parfois frileuses, quelquefois schématisées, posent en mon sens toute la responsabilité des intellectuels... des intellectuels de gauche, faut-il le préciser aujourd'hui.
Extrait :
C'est seulement dans cette petite planète qu'il y a, à notre connaissance, une vie et une pensée consciente. C'est le jardin commun à la vie et à l'humanité. C'est la Maison commune de tous les humains. Il s'agit de reconnaître notre lien consubstantiel avec la biosphère et d'aménager la nature. Il s'agit d'abandonner le rêve prométhéen de la maîtrise de l'univers pour l'aspiration à la convivialité sur terre.

Les angoisses de ma prof de chinois
Jean-François Lépine
Je n'ai pas aimé cette lecture. Sans être un grand admirateur de la Chine actuelle, je ne m'attendais tout de même pas à ce qu'on témoigne dans ce livre autant de hargne à l'endroit de ce pays et de son histoire. Je comprends bien que la Chine est actuellement prise pour cible par les États-Unis, qui voient leur hégémonie sur le reste du monde mise à mal, mais un devoir d'objectivité s'imposait tout de même. Les critiques et statistiques de l'auteur à l'endroit de Mao Zedong semblent d'abord tout droit sorties de l'ouvrage « Mao : l'histoire inconnue » de Jung Chang et Jon Holliday, un ouvrage très sévèrement critiqué par de nombreux sinologues quant à sa méthodologie, à son interprétation de la réalité et à son manque d'objectivité. (L'auteur devrait se rappeler que Mao Zedong, ce « monstre », a tout de même unifié son pays après des siècles d'humiliation de la part de l'Angleterre, puis du Japon, que son parti a fait passer en moins de trente ans l'espérance de vie des Chinois d'environ 35 ans à 65 ans, et qu'il y a fait passé le taux d'alphabétisation de 15 % en 1949 à près de 90 % au début des années 1970 ; enfin qu'il a permis, malgré ses erreurs, le développement économique fulgurant du pays sous Deng Xiaoping, développement qui a permis de sortir plus de 800 millions de personnes de la pauvreté…) Les critiques de l'auteur à l'endroit de l'actuel gouvernement chinois sont aussi à l'avenant. Pour ce qui est du Canada, l'auteur n'a que des éloges pour des « visionnaires » comme Paul Desmarais de Power Corporation (société de gestion qui voulait et voudrait bien encore privatiser notre système de santé public), pour Laurent Beaudoin de Bombardier, et pour les anciens premiers ministres Philippe Couillard et Lucien Bouchard (ces Robins des Bois à l'envers, qui prenaient aux pauvres pour donner aux riches). Le premier ministre canadien Justin Trudeau y est pour sa part décrit comme un naïf et un maladroit, presque comme un imbécile. À la défense de cet ancien journaliste de Radio-Canada, je dois dire que j'y ai appris des choses, principalement quant à nos rapports avec la Chine et aux nouvelles générations de Chinois.
Extrait :
Pour beaucoup de pays et de populations qui partagent nos valeurs, ces dernières années de relations avec la Chine ont marqué la fin d'une certaine naïveté.

Menaud maître-draveur
Félix-Antoine Savard
La première édition de cet incontournable roman du terroir québécois a été publiée en 1937. Le héros est un draveur de Charlevoix, inspiré à Savard par un homme des bois rencontré dans cette région. Il raconte la lutte du vieux Menaud pour délivrer son peuple de l'asservissement des étrangers, les Anglais, qui se sont emparés de la Montagne, microcosme du pays. On assiste à la mort de Joson, fils unique de Menaud, emporté par la débâcle. Menaud, rongé par la douleur, tente de rallier à sa cause les habitants de Mainsal. Seul le Lucon, son fils spirituel, accepte de le suivre et d'affronter le Délié, le traître. Menaud voudra aussi l'affronter. Perdu dans la tempête, mais sauvé par le Lucon, Menaud sombre dans une espèce de folie. L'action du maître-draveur n'aura cependant pas été inutile. Le Lucon et Marie, fille de Menaud, sont déterminés à poursuivre la lutte…
Extrait :
Alors, au milieu des hommes qui se passaient la main sur le front contre le frôlement de la démence, lentement le vieil ami de la terre, Josime, prononça : « Ce n'est pas une folie comme une autre ! Ça me dit à moi, que c'est un avertissement. »

L'économie de la nature
Alain Deneault
Ce brillant petit essai est d'une lecture un peu ardue au départ, mais on y prend goût assez vite. Il nous décrit intelligemment comment, au cours des deux derniers siècles, le terme « économie » a pu être dévoyé de son sens général englobant l'ensemble du monde naturel à une approche essentiellement comptable et utilitaire, mettant en fin de compte l'humain en opposition avec la nature. C'est le premier « feuilleton théorique » d'une série de six de l'auteur. J'aurai tôt fait de lire aussi le second, « L'économie de la foi ».
Extrait :
La science économique n'a pas seulement neutralisé la notion d' « économie de la nature », mais elle l'a totalement intégrée au rang de ses savoirs et capitaux. Les entités multinationales et leurs actionnaires se fantasment aujourd'hui comme des souverains de l'évolution, celle qui, hier encore, nous fascinait comme une chose infinie. Leurs technosciences ont pénétré les secrets repliés de la génétique, au point de prétendre à la pleine maîtrise de la nature. Il s'est ensuivi au dernier tiers du XXe siècle des effets de manipulations inouïes dans le domaine animal et végétal. Maintenant, des exploits génétiques et agricoles d'apprentis sorciers perturbent en profondeur les écosystèmes, plus qu'ils ne les contrôlent. C'est à eux qu'on attribue en Europe la disparition de 80 % des insectes, parmi lesquels de forts contingents d'abeilles.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Il y a 50 ans, octobre 1974 : l’assassinat de Miguel Enriquez

C'est le 5 octobre 1974 que Miguel Enriquez, principal dirigeant du Movimiento de Izquierda Revolucionnaria (MIR, Mouvement de la gauche révolutionnaire), a été assassiné par les services de répression de la dictature chilienne (1). Cela fait alors un peu plus d'un an que, le 11 septembre 1973, un coup d'état sponsorisé par l'administration des États-Unis et réalisé par l'armée chilienne a porté au pouvoir le général Pinochet. C'est la réponse ultime de l'impérialisme et de la bourgeoisie chilienne à l'Unité populaire, terme qui désigne à la fois le gouvernement de gauche dirigé par le président socialiste Salvador Allende et le puissant mouvement de masse qui s'est développé depuis sa victoire électorale, à l‘automne 1970.
15 septembre 2024 | tiré du site de la Gauche écosocialiste
https://gauche-ecosocialiste.org/il-y-a-45-ans-octobre-1974-lassassinat-de-miguel-enriquez/
Les deux lignes de l'Unité populaire
Dès le début du processus, deux orientations (2) s'affrontent au sein même de l'Unité populaire et des partis qui la composent. À chaque étape de l'affrontement avec la bourgeoisie, les choix politiques à opérer sont l'objet d'un débat passionné. Sous le slogan « Consolider pour avancer », la minorité́ droitière du Parti socialiste (autour d'Allende) et le Parti communiste chilien défendent une orientation légaliste et modérée, censée par sa modération même décourager toute tentative putschiste. À cette approche, au sein même de l'Unité́ populaire et du gouvernement, la majorité́ du Parti socialiste – ainsi que d'autres composantes de l'Unité́ populaire, comme le Mouvement d'action populaire et unitaire (MAPU) et la Gauche chrétienne – oppose une orientation visant à̀ radicaliser à la fois la mobilisation sociale et la pratique gouvernementale : cette orientation est résumée par la formule « Avancer sans transiger ! ».
Quant au Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), dirigé par Miguel Enriquez, il est très présent dans les mobilisations populaires qui scandent les principales étapes politiques et sociales des trois années que dure l'Unité populaire. Par contre, à aucun moment, il ne participe à la coalition gouvernementale. A l'inverse, il dénonce périodiquement les hésitations et le « réformisme » du gouvernement de gauche. Surtout, il n'a de cesse de mettre en garde : la bourgeoisie chilienne et l'appareil militaire se préparent à l'affrontement.
Cette approche est le résultat d'une orientation politique qui plonge ses racines dans l'histoire du MIR.
Quelques éléments sur l'histoire du MIR
Le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire s'est constitué en août 1965 (3) par la convergence et le rassemblement de groupes militants aux origines politiques assez diverses : socialistes de gauche, communistes en rupture avec le légalisme du PCC, trotskistes ouverts, syndicalistes de lutte, libertaires, militants chrétiens, etc. Le MIR se dote alors d'une déclaration de principes affirmant une perspective socialiste et de thèses « politico-militaires » qui resituent la question de la lutte armée dans une perspective de luttes populaires (et non dans une optique guerrillériste, comme c'est alors le cas de nombreuses organisations révolutionnaires latino-américaines). Le MIR bénéficie ensuite d'une importante progression de son implantation dans la jeunesse. Sur le plan interne, le MIR connaît un tournant politique en 1967 avec l'arrivée à sa direction du « groupe de Concepción », constitué d'étudiants révolutionnaires dont le bastion est l'Université de Concepción. Ce groupe est principalement dirigé par Miguel Enriquez (alors en fin d'études à la faculté de médecine) et principalement influencé par la Révolution cubaine (4). A partir de 1969, le MIR se structure en groupes politico-militaires qui reflètent la conception de l'organisation politique qui est celle Miguel Enriquez et de la (nouvelle) direction du MIR : des cadres politiques dotés d'une grande homogénéité idéologique, implantés dans les différents mouvements de masses, construisant en parallèle un appareil militaire capable d'organiser l'auto-défense des mobilisations. Mais aussi de réaliser des « expropriations »…
Lorsque se constitue l'Unité populaire – dont le Parti socialiste et le Parti communiste sont les principaux protagonistes – dans la perspective de l'élection présidentielle de 1970, le MIR adopte une position complexe et équilibrée : la perspective stratégique du MIR n'est pas celle d'une victoire électorale. Si elle se produit, l'élection de Salvador Allende risque de fort de provoquer une violente contre-offensive réactionnaire. Pour autant, le MIR n'entend pas faire obstacle à l'élection d'Allende. En particulier, le MIR ne présente pas de candidat concurrent et n'appelle pas à l'abstention. Il indique même que, dans cette élection, face aux candidats de droite ou démocrate-chrétien, Allende représente le camp des travailleurs et que, face aux offensives réactionnaires, il défendra les conquêtes populaires. Le MIR suspend alors ses actions de « propagande armée », mais ne participe pas au gouvernement ni à la majorité parlementaire.
Un évènement étonnant illustre les rapports complexes qui existent entre le MIR et l'Unité Populaire. Après son élection, Salvador d'Allende s'estime (à juste titre) physiquement menacé par les groupes d'extrême droite, dont certains entretiennent des liens étroits avec des secteurs de l‘appareil militaire ou des services secrets. Il constitue donc une structure particulière – « privée », en quelque sorte – destinée à assurer sa protection : le Groupe des Amis du Président (GAP) qui, pour l'essentiel, est composé de militants… du MIR.
En pratique, le MIR apporte un soutien critique au gouvernement de l'Unité Populaire, notamment ses mesures économiques et sociales (dont l'extension du secteur nationalisé). Il cherche à s'implanter dans les mouvements sociaux, à créer des structures sympathisants (ou « fronts ») et à radicaliser les revendications, sans pour autant abandonner son expression indépendante et la dénonciation du développement des tendances putschistes au sein des Forces armées. Il pousse notamment aux occupations (illégales) de terres appartenant aux grands propriétaires fonciers, afin de faire pression sur le gouvernement pour pousser plus avant la réforme agraire et la redistribution des terres.
En juillet 1972 – contre l'avis du Parti communiste local mais avec le soutien des directions régionales du MAPU, de la Gauche Chrétienne et du Parti socialiste – le MIR impulse à Concepción la constitution une « Assemblée du Peuple », présentée comme une « alternative révolutionnaire » à la légalité institutionnelle « bourgeoise », posant ainsi la question du « double pouvoir », thème qui prend une dimension nationale en octobre 1972. Aux côtés de ceux de l'Unité populaire, les militants du MIR jouent alors un rôle significatif lors des mobilisations populaire qui mettent en échec la « grève de la bourgeoisie », une véritable opération de sabotage économique et de grève des patrons camionneurs destinée à provoquer des pénuries alimentaires dont serait rendu responsable le gouvernement d'Allende. Dans la foulée de cette confrontation se créent des structures d'auto-organisation – les « cordons industriels » et les « commandos communaux » – où s'investissent les militants du MIR.
Le MIR, une organisation révolutionnaire
A l'époque – c'est-à-dire la première partie des années 70 – le MIR a naturellement constitué une référence voire un modèle pour la gauche révolutionnaire européenne, notamment française. Ce qui n'empêche d'ailleurs nullement une appréciation critique de certaines orientations politiques des révolutionnaires chiliens, comme en témoigne par exemple un article d'hommage à Miguel Enriquez, publié en octobre 1974 dans Rouge (5), lors du trentième anniversaire de l'assassinat de Miguel Enriquez : « La volonté et la sincérité révolutionnaires du MIR ne font pas de doute. Des milliers de militants dans le monde, dont ceux de la LCR des années 1970, se sont identifiés à ses couleurs rouge et noir. Toutefois, coulée dans les conceptions stratégiques de « guerre prolongée », la direction du MIR est intervenue davantage pour accumuler des forces, dans la perspective de la « guerre de demain ou d'après-demain », que pour dénouer positivement une crise révolutionnaire résultant de la dualité́ de pouvoir des années 1972 et 1973 ».
La première raison de cette identification est évidemment la lucidité stratégique un peu désespérée du MIR : alors que pour les États-Unis, le Chili fait partie – comme toute l'Amérique latine, d'ailleurs – de sa chasse gardée (6), la voie parlementaire et légaliste au socialisme (incarnée avec beaucoup de force par Salvador Allende) est une illusion. Jamais l'impérialisme ne tolèrera un « nouveau Cuba », fut-il produit par les urnes. Après le boycott et les différentes mesures de rétorsion, viendra inévitablement l'heure du golpe, le coup d'état militaire. On ne peut nier que le déroulement ultérieur des évènements a largement confirmé ces analyses. Bien sûr, une interrogation demeure : pourquoi le MIR – et les autres courants politiques qui, comme la majorité du Parti socialiste ou encore les courants d'origine chrétienne (MAPU), partageaient peu ou prou la même analyse – s'est-il avéré incapable d'endiguer la catastrophe annoncée ?
La seconde raison de la fascination qu'exerce le MIR tient évidemment à la valeur et à l'héroïsme de ses militants et de ses militantes. En première ligne des mobilisations sous l'Unité populaire, le MIR demeure en première ligne après l'instauration de la dictature. Alors que la terreur policière contraint de nombreux militants de gauche à un exil douloureux, la direction du MIR décide que ses responsables doivent rester au Chili pour organiser la résistance à la dictature : « Les militants du MIR ne s'asilent pas ! » La direction du MIR va payer un lourd tribut : successivement Miguel Enriquez, son frère Edgardo Enriquez puis Bautista Van Schouwen seront assassinés par la police de Pinochet. La répression est tellement brutale qu'elle contraint finalement une partie de l'appareil du MIR à l'exil. Mais, dès 1977, la direction du MIR décide « l'opération Retour » : les militants exilés, principalement en Europe ou à̀ Cuba, rentrent clandestinement au Chili pour reprendre le combat. Le coût humain de cet héroïsme des militants et des militantes du MIR sera considérable.
La troisième raison de l'identification de la gauche révolutionnaire au MIR tient sans doute à cela : avec un noyau de « révolutionnaires professionnels » entouré de « fronts de masse », le MIR offre alors un « modèle » d'organisation dont l'originalité retient l'attention de militants qui sont certes fascinés par des références – plus ou moins pertinentes… – au parti bolchévique originel, mais aussi à la recherche de solutions nouvelles. Au centre du dispositif (7), il y a le MIR lui-même : une organisation « politico-militaire » comme le sont, à l'époque, de nombreuses organisations révolutionnaires latino-américaines. Le MIR dispose ainsi d'un secteur armé, d'un service de renseignement, de « casernes » clandestines, etc. Dans les différents secteurs d'intervention, le MIR organise les sympathisants, celles et ceux qui se reconnaissent dans son combat, au sein de fronts, plus larges et publics, qui sont une véritable projection du MIR dans un milieu social donné : ainsi existent un Front des travailleurs révolutionnaires (FTR), un Mouvement des paysans révolutionnaires (MCR), un Front des habitants révolutionnaires (FPR), un front des étudiants révolutionnaires (FER) et un Mouvement universitaire de la gauche (MUI).
François Coustal
Notes :
1. Carmen Castillo, membre de la direction du MIR et compagne de Miguel Enriquez, a consacré à cet évènement tragique un livre, Un jour d'octobre à Santiago (Paris, Bernard Barrault, 1992), et un film, Calle Santa Fe.
2. On trouvera un rappel des débats d'orientation au sein de l'Unité populaire et une présentation plus détaillée de la stratégie du MIR dans l'ouvrage : Hélène Adam et François Coustal, C'était la Ligue. Éditeurs Arcane 17 et Syllepse.
3. Sur l'histoire du MIR, on pourra utilement se référer aux articles suivants : Pedro Naranjo Sandoval, « La vie de Miguel Enriquez et le MIR », www.tlaxcala.es/upload/Sandoval-vie-Miguel-Enriquez- MIR.pdf ; Igor Goicovic et Franck Gaudichaud, « Chili : à 50 ans de sa fondation, le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) en héritage », www.contretemps.eu/?s=Chili+%3A+a%CC%80+50+ans+de+sa+fondation%2C+le+Mouvement+de+la+Gauche .
4. Alors que Cuba est contraint à un rapprochement avec l'URSS, les dirigeants cubains continuent d'ailleurs à entretenir des rapports étroits avec des organisations révolutionnaires latino-américaines plutôt qu'avec les partis communistes « pro-Moscou » du continent. A cette époque – fin des années 60, début des années 70 – la plupart des groupes révolutionnaires sont fortement influencées par la Révolution cubaine. C'est le cas du MIR chilien. Pour autant, le MIR conserve son autonomie : contrairement aux dirigeants cubains, en 1968, il condamne l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie.
5. François Sabado, « Miguel Enriquez, Presente ! », Rouge, n° 2088, 25 novembre 2004.
6. Les obstacles et les pressions qu'ont rencontré, au cours des dernières années, les différents gouvernements progressistes latino-américains – pourtant parvenus au pouvoir par les urnes – montrent à la fois les limites des processus de « révolution citoyenne » et la permanence de la vieille malédiction qui frappe depuis longtemps l'Amérique latine : si loin de Dieu, si près des États-Unis…
7. Voir l'ouvrage déjà cité, Hélène Adam et François Coustal, C'était la Ligue.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Militant·es et artistes se couchent sur les rails à Rouyn-Noranda pour forcer l’écoute du gouvernement

Rouyn-Noranda, le dimanche 13 octobre 2024 – Aujourd'hui avait lieu la grande marche pour revendiquer le droit à une qualité de l'air sans risque pour la santé, et le droit à un environnement sain et sécuritaire à Rouyn-Noranda.
Plus de 500 personnes se sont rassemblées dans les rues, dont bon nombre d'entre elles sont venues de plusieurs villes au Québec, en solidarité à la communauté de Rouyn-Noranda. La marche s'est terminée avec les artistes et militant·es allongé·es sur les rails, devant la Fonderie Horne, rappelant ainsi que les intrants importés par la multinationale et incinérés à même l'usine, contribuent largement à la contamination de la ville et à la mise en danger de sa population.
« Depuis plus de deux ans, les mères de Rouyn-Noranda ont tenté et épuisé tous les moyens de se faire entendre. Si le gouvernement est resté sourd à ces appels, plusieurs mères, pères et artistes nous ont entendues. Ils et elles ont décidé de nous prêter main-forte parce que ce qui se passe à Rouyn-Noranda pourrait se reproduire n'importe où. »
– Isabelle Fortin Rondeau, du groupe de Mères au front Rouyn-Noranda
Des allocutions ainsi que des témoignages touchants, des performances poignantes, et des actions aux symboliques puissantes ont été déployées. Plusieurs artistes et personnalités publiques ont pris part aux performances. Notons la présence de Ève Landry, Alexandre Castonguay, Anaïs Barbeau-Lavalette, Steve Gagnon, Véronique Côté et Laure Waridel, accompagné·es par la musique de Chloé Lacasse qui a livré une magnifique interprétation de la chanson Va-t'en pas de Richard Desjardins. Copper Crib a également apporté sa touche artistique avec l'une de leurs chorégraphies dansée dans la rue.
S'ancrer dans le territoire
La manifestation a débuté par les prises de parole d'Isabelle Fortin-Rondeau, résidente de Rouyn-Noranda et mère au front, ainsi que Diane Polson, conseillère politique au conseil de la communauté anishnabe de Long Point.
C'est devant le bureau du député Daniel Bernard que Thomas Faber et Jennifer Ricard Turcotte ont abordé les sujets du rôle des élus dans l'état de statu quo par rapport à la fonderie, ainsi que du très controversé projet Horne 5, toujours en attente de se concrétiser ou non.
L'aréna Dave Keon aura servi d'exemple à Marc-André Larose et Simon Turcotte, deux résidents, qui se sont prononcés pour leur part sur « l'omerta des commandites » qui règne à Rouyn-Noranda, avec le nom Glencore se retrouvant à peu près partout.
Sur le chemin en direction de la Fonderie Horne, Alexandre Castonguay a livré un texte touchant, avant de nous inviter à parcourir les derniers mètres en silence. Il était ainsi possible d'entendre des extraits d'entrevues, menées par le collectif Tomber debout, avec les résident·es faisant partie de la « Zone tampon » dont la première maison a été détruite en décembre 2023.
« C'est pratiquement tout moi qui a fait le travail [sur ma maison]. J'ai pas l'énergie de refaire ça, là […] L'exercice pour moi, ça a été d'essayer de la regarder, pis de l'haïr [ma maison]. De voir les côtés négatifs. Je pense que j'ai besoin de ça pour faire le deuil. Si j'ai une autre maison, ce sera pas MA maison. Ma maison va mourir c'te journée-là [où elle sera détruite]. » - Texte tiré d'un extrait des entrevues
La dernière scène
Pour le tableau final, Ève Landry, Anaïs Barbeau-Lavalette, Steve Gagnon, Véronique Côté et Laure Waridel sont monté·es sur la scène pour livrer une performance bouleversante, dévoilant tour à tour les parties de leur corps « malades » ou l'ayant été, peintes en noir pour en simuler la putréfaction. Le texte de Véronique Côté, diffusé en trame de fond pendant la performance, était incisif et troublant de vérité. Des mères au front se sont massées autour de la scène, arborant des photos des enfants qu'elles protègent. La mise en scène renvoyait à l'image de Rouyn-Noranda comme étant une zone sacrifiée du Québec. Une zone abandonnée par les gouvernements.
« Tu vis dans une ville que tu aimes, où tu as passé toute ta vie. Depuis peu, tu sais avec certitude qu'habiter ici t'empoisonne depuis le début de ton existence. »
« Ton enfance est une zone sacrifiée. Depuis des dizaines et des dizaines d'années, la Fonderie Horne qui surplombe ta ville a outrepassé les seuils d'émission d'arsenic, en toute connaissance de cause, avec la bénédiction de l'État québécois. » - Extraits du texte final écrit par Véronique Côté.
Entre autres messages essentiels, ce qui est ressorti est que, bien plus qu'une question environnementale, Rouyn est l'exemple flagrant d'un cas qui devrait sérieusement être considéré par la santé publique, en plus d'exposer les innombrables lacunes environnementales et humaines au sein de la vision globale du développement économique du Québec. Le gouvernement accepte, encore aujourd'hui, et non pas uniquement à Rouyn-Noranda, de sacrifier des populations à proximité d'usines, de mines, d'industries, prétextant le bien de l'économie québécoise.
Pendant que Chloé Lacasse entonnait la pièce Nataq (Richard Desjardins), non sans émotion et encore quelques larmes dans la voix, les artistes et certaines mères au front se sont couché·es sous les wagons se trouvant sur les rails longeant la fonderie pour symboliser l'extrême urgence de se faire entendre, enfin. Toute l'action s'est déroulée de manière pacifique et sans heurts.
Assez c'est assez
Le message est clair : la population de Rouyn-Noranda en a assez d'être une zone sacrifiée du Québec, de se voir exposée à des risques accrus de maladie du système nerveux, de cancers du poumon et des voies urinaires, à un plus grand nombre de naissances de bébé de faible poids, et des issues de grossesse défavorables. Appuyé·es par des mères au front et des allié·es de partout sur le territoire québécois, la solidarité envers les citoyen·nes de Rouyn était palpable, sans oublier les artistes venu·es amplifier le message par des performances artistiques bouleversantes et on ne peut plus éloquentes.
« Nous reviendrons mettre la lumière sur votre lâcheté tant que vous ne ferez pas respecter ce droit. Nous continuerons de ramener ce débat dans l'espace public tant que ce ne sera pas réglé. Il faut que la vérité sorte de l'Abitibi. Il ne sera pas question de se fermer la gueule. » - Extrait du texte final écrit par Véronique Côté
Rappelons que l'autorisation ministérielle entérinée en 2023 demeure largement insatisfaisante, permettant toujours à la Fonderie Horne de rejeter dans l'air de Rouyn-Noranda des quantités allant jusqu'à 22 fois la norme nationale sur l'arsenic, celle-ci étant établie à 3 ng/m3. Selon ladite entente, la Fonderie Horne est seulement tenue à graduellement diminuer les émissions à 15 ng/m3 (soit 5 fois la norme), avant de présenter un éventuel plan. Pour permettre l'obtention de métaux critiques, le gouvernement québécois accepte d'exposer la population à des taux d'arsenic qu'il sait lui-même être dangereux.
Depuis des années, la population de Rouyn-Noranda est exposée à de l'arsenic, du plomb, du cadmium, du nickel, du cuivre et du dioxyde de soufre à des taux beaucoup plus élevés que partout ailleurs au Québec. Au moins 25 contaminants sont mesurés dans l'air, l'eau, la neige ou les sols des environs. Plusieurs de ces contaminants sont des cancérigènes et des neurotoxiques sans seuil, ce qui signifie qu'ils entraînent des risques quelle que soit la dose. Les normes sont déjà un compromis.
Crédit photos : Maude Desbois photographie
À propos de mères au front (http://Événements organisés cet automne)
Avec plus de 30 groupes locaux dans les différentes villes et villages du Québec et au-delà, Mères au front est un mouvement décentralisé qui regroupe des milliers de mères, grand-mères et allié.es de tous les horizons politiques, économiques, professionnels et culturels. À travers leurs actions, elles demandent aux élu.es de mettre en place les mesures qui s'imposent pour protéger l'environnement dont dépend la santé et la sécurité de tous les enfants.
SALLE DE PRESSE VIRTUELLE (https://www.dropbox.com/scl/fo/gf29nq5vxxdv62f0j9175/ALbPO1zUsVlErzLjJNaSCBU?rlkey=m8ji2iiicsvlzh1iod5p7gaog&st=uqwxgmfg&dl=0)
https://www.facebook.com/MeresAuFront/?locale=fr_FR
https://www.instagram.com/meresaufront/
https://meresaufront.org/
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Ouverture des consultations sur le projet de loi 71 : Une réforme sur le dos des plus pauvres, c’est non !

Alors que débutent les consultations sur le projet de loi 71, qui vise à « moderniser » le régime d'assistance sociale québécois, les représentant∙es de différentes organisations ont tenu à faire entendre leur mécontentement à l'occasion d'un rassemblement devant l'Assemblée nationale.
8 octobre 2024
Parmi les principales critiques adressées à la « réforme » de la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l'Action communautaire, Chantal Rouleau, notons :
– Aucune augmentation des prestations d'assistance sociale
– Reculs pour les personnes avec des contraintes temporaires à l'emploi, particulièrement celles avec des enfants à charge de moins de 5 ans et celles de 58 ans et plus (compressions de 100 millions $)
– Impacts négatifs plus importants pour les femmes
– Insistance sur « l'accompagnement » des personnes dans un contexte de dégradation généralisée de l'accès aux services publics
– Avancées timides qui ne profiteront qu'à une minorité de personnes
CITATIONS
Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté
« D'après nous, le principal défaut du projet de loi 71 est qu'aucune augmentation des prestations n'y est prévue. Actuellement, peu importe le programme, le montant des prestations est insuffisant pour permettre aux gens de couvrir leurs besoins de base. Les personnes seules au programme d'Aide sociale, par exemple, disposent d'un revenu annuel de 11 245 $, de quoi couvrir à peine 46 % de leurs besoins. Quand on sait que le prix moyen d'un 3 ½ est de 914 $ par mois, les prétentions de la ministre Rouleau selon lesquelles sa réforme vient humaniser l'assistance sociale apparaissent pour le moins fantaisistes. Comment la ministre peut-elle s'imaginer que les droits des personnes assistées sociales sont respectés ? » (lien vers le mémoire du Collectif)
Steve Baird, organisateur communautaire au Front commun des personnes assistées sociales du Québec
« Ce n'est pas normal qu'on tolère la pauvreté extrême au Québec. Tout le monde devrait pouvoir manger à sa faim, avoir un toit sur la tête, et prendre soin avec dignité de ses enfants. Ça manque d'humanité de couper les revenus de gens aussi vulnérables. » (lien vers le mémoire du FCPASQ)
Michel Girard, vice-président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)
« Le projet de loi ne règle aucun des problèmes structurants qui minent les efforts d'accompagnement déployés par les agents et agentes du ministère au quotidien. Nos membres nous le disent : les coupes successives et la dévalorisation de leur travail les empêchent de fournir un accompagnement de qualité. En plus d'être difficile de parler à un agent, on assiste déjà à des situations où des prestataires doivent raconter plusieurs fois leur histoire, parfois traumatisante, à des agents différents. Cette approche déshumanisante comporte des dangers en matière d'accès aux services publics, de risque d'erreurs, d'imputabilité de l'action publique et de suivi auprès des prestataires. Non seulement nous dénonçons les dérives du projet de loi de la ministre Rouleau, mais également les nombreux oublis qui en font une coquille principalement vide. »
Boromir Vallée Dore, directeur général du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec
« Bien que l'emploi constitue un levier pour améliorer les conditions de vie des personnes en situation d'itinérance, nous sommes convaincus qu'il est primordial de mettre en place des mesures d'accompagnement visant à stabiliser divers aspects de la vie de ces personnes, avant de les orienter vers l'emploi. Cette étape de stabilisation devrait pouvoir s'appuyer sur la capacité financière des personnes à combler leurs besoins de bases. Malheureusement, ce n'est actuellement pas le cas. » (lien vers le mémoire du RSIQ)
Monique Toutant, militante de l'Association pour la défense des droits sociaux du Québec métropolitain (ADDS-QM)
« J'ai des craintes par rapport à la reconnaissance des contraintes sévères à l'emploi, c'est très compliqué de faire reconnaître sa contrainte. Je parle d'expérience, moi ça m'a pris trois ans et demi de procédures et de nombreuses signatures de formulaire. J'aimerais que la ministre simplifie la procédure et j'ai une pensée pour toutes les personnes qui sont prises dans ce processus décourageant. »
Katherine Lortie, coordonnatrice au volet luttes féministes de ROSE du Nord
« Si la loi actuelle renferme déjà plusieurs mesures qui complexifient l'accès à l'assistance sociale pour les femmes, le projet de loi 71 viendra ajouter une couche à ces obstacles. Par exemple, il est prévu de couper la prestation destinée aux familles monoparentales ayant un enfant de moins de 5 ans, lesquelles sont représentées à forte majorité par les femmes. Il n'est également pas prévu d'intervenir efficacement sur les mesures problématiques déjà en place, notamment celles liées au statut de vie maritale. » (lien vers la lettre ouverte de Rose du Nord publiée aujourd'hui)https://www.ledevoir.com/opinion/id...
Rappel
La ministre Chantal Rouleau a déposéle projet de loi 71, Loi visant à améliorer l'accompagnement des personnes et à simplifier le régime d'assistance sociale, le 11 septembre dernier. Les auditions publiques sur le projet de loi se tiennent du 8 au 10 octobre et une vingtaine d'organisations y seront entendues.
Présents au rassemblement, le Collectif pour un Québec sans pauvreté, le Front commun des personnes assistées sociales du Québec, le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec et le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec interviendront également devant la Commission de l'économie et du travail. À noter que la commission n'a malheureusement pas cru bon d'inviter d'organisations féministes ou de groupes de base.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Neuf organisation juives canadiennes font appel aux membres de la communauté juive pour se solidariser avec le peuple palestinien

À l'initiative de Voix juives indépendantes
À l'occasion du 7 octobre et à l'initiative de Voix juives indépendantes (VJI), neuf organisations juives canadiennes appellent les juives et les juifs du Canada à faire techouva, Conformément à la pratique juive, une erreur, un acte interdit peuvent être pardonnés sous réserve d'engager une démarche de techouva. Cette appel de VJI veut mobiliser la communauté juive en faveur d'une paix véritable, en commençant par la fin de ce génocide. La rédaction.
7 octobre 2024 | Journal des alternatives
https://alter.quebec/neuf-organisation-juives-canadiennes-font-appel-a-leurs-camarades-pour-se-solidariser-avec-le-peuple-palestinien/
À nos camarades Juifs et Juives,
Aujourd'hui, nous sommes en deuil. Nous avons été en deuil chaque jour de la dernière année, car chaque jour nous a apporté des nouvelles de pertes et de souffrances incommensurables. L'occupation et l'escalade de la violence menées par Israël à Gaza se perpétuent depuis de nombreuses années, mais cette dernière année a été marquée par une vague de destruction, de cruauté et de massacres sans précédent. Aujourd'hui, nous commémorons le premier yahrzeit, le premier anniversaire, de cet horrible de en priant notre communauté d'œuvrer activement à la justice.
Il y a un an, plus de 1 200 personnes ont été tuées lors des attaques lancées par le Hamas, et 250 autres citoyens et citoyennes d'Israël ont été pris en otage. Depuis ce jour-là, nous avons été témoins d'attaques incessantes contre la population civile captive de Gaza, de la détention illégale et de la torture de prisonniers politiques détenus par Israël, de pogroms et d'attaques toujours plus fréquents contre la population palestinienne de Cisjordanie, et d'une campagne de bombardements et d'attaques terroristes au Liban. Le gouvernement israélien d'ultra-droite a orchestré une campagne meurtrière de nettoyage ethnique, se livrant à un véritable génocide au vu et au su du monde entier. À Gaza, plus de 41 000 personnes palestiniennes ont été tuées, et des milliers d'autres sont présumées mortes, tuées indirectement ou ensevelies sous les décombres des bâtiments détruits.
L'esprit humain a du mal à concevoir pleinement l'ampleur d'une telle destruction et l'intensité des pertes qui en résultent.
La majorité des structures de Gaza ont été endommagées ou détruites, et on estime que les infrastructures essentielles qui ont été perdues dans la dernière année de bombardements ne pourront être tout à fait reconstruites avant 2040. Le mois dernier,le ministère de la Santé de Gaza a publié une liste de 34 444 noms de personnes tuées jusqu'au 31 août. De cette liste, 11 355 étaient des enfants. 710 avaient moins d'un an. Ils sont venus au monde – et ont perdu la vie – au milieu du génocide commis par Israël.
Nous pleurons les jumeaux nouveau-nés tués par une frappe israélienne – aux côtés de leur mère et de leur grand-mère – dont les certificats de décès ont été délivrés moins d'une heure après leur naissance. Nous pleurons Vivian Silver, une militante pacifiste canado-israélienne, assassinée lors des attaques du Hamas, le 7 octobre 2023. Nous pleurons Hind Rajab, une fillette de six ans, qui a survécu pendant plusieurs heures, piégée dans une voiture parmi les corps sans vie de ses proches, avant d'être elle-même abattue par un tir de char israélien. Nous pleurons Ziad Mohammad al-Dalou, un médecin palestinien enlevé par l'armée israélienne à l'hôpital al-Shifa de Gaza, qui est mort en captivité illégale. Nous pleurons Alon Shamriz, Samer Talalka et Yotan Haim, trois jeunes hommes capturés le 7 octobre et tués par des soldats israéliens lors de l'invasion militaire de Gaza alors qu'ils étaient torse nu et tenaient un drapeau blanc. Nous pleurons Tawfiq Ahmad Younes Qandil, un homme de 80 ans abattu par l'armée israélienne devant son domicile en Cisjordanie lors d'une incursion militaire à Jénine. Il faudrait d'innombrables pages, des centaines d'heures, pour nommer chaque personne tuée dans la dernière année.
Nos traditions juives nous enseignent que mettre fin à une seule vie, c'est détruire un monde tout entier. Combien de vies faudra-t-il pour faire le deuil de tous les mondes détruits par les attaques incessantes d'Israël ?
À ce temps-ci de l'année, alors que nous entamons les Grandes Fêtes, les Juifs et les Juives sont appelés à faire techouva, à rendre compte de nos fautes de l'année écoulée et à les réparer. Signifiant littéralement « retour », la techouva demande à chaque personne juive : comment peux-tu rendre des comptes pour l'année que tu as connue, et que comptes-tu faire pour redresser les torts dans l'année à venir ?
Quel sens pouvons-nous donner à la techouva cette année ?
Le rabbin Abraham Joshua Heschel a écrit : « Nous devons toujours nous rappeler que dans une société libre, nous sommes tous concernés par les actions de certains. Certains sont coupables, mais chacun est responsable. »
Nous connaissons les coupables. Nous avons vu notre gouvernement refuser d'instaurer un véritable embargo sur les armes ou d'imposer des sanctions significatives à Israël. Nous avons entendu des groupes de pression pro-israéliens prôner un soutien inconditionnel à l'armée israélienne et attaquer quiconque ose s'insurger contre le bain de sang incessant. Nous avons vu des organismes de bienfaisance enregistrés se targuer indûment de représenter l'ensemble de la communauté juive, tout en canalisant des fonds vers des milices israéliennes et des colonies illégales. Nous avons vu des manifestants pacifiques attaqués par la police pour avoir protesté contre le génocide. Nous avons entendu des membres de la société civile israélienne et canadienne applaudir Israël pour ses bombardements dans la région.
Et pourtant, nous sommes tous et toutes responsables. Nous avons le devoir d'être indignés par les effusions de sang, les crimes de guerre, les vols de terres et les déplacements massifs de population perpétrés par Israël. Nous sommes indignés par ceux qui prétendent représenter nos communautés, mais qui se servent de leurs plateformes pour répandre le racisme anti-palestinien et glorifier la violence. Il est de notre responsabilité d'exiger de notre gouvernement qu'il cesse de soutenir les actions intolérables d'Israël et prenne des mesures tangibles pour faire cesser les massacres.
Tel est le sens que nous devons donner à la techouva. Faire face à la responsabilité que nous partageons tous et toutes, non seulement en tant que Juifs et Juives, mais en tant que membres d'une société qui s'est faite complice d'un génocide.
Ainsi, nous demandons à nos frères et à nos sœurs de se joindre à nous dans la techouva cette année.
Reviendrez-vous avec nous aux valeurs éthiques juives ? Vous joindrez-vous à nous dans cette nécessaire quête de justice ?
Notre éthique doit être ancrée dans cette vérité primordiale que chaque vie est sacrée et que tous les peuples ont le droit de vivre dans la paix et la dignité, l'égalité et la liberté. Lutter pour cette égalité, c'est défendre la valeur juive la plus fondamentale : veiller à ce que chaque vie soit respectée et protégée.
Nous savons pertinemment que les efforts de guerre d'Israël ne pourront qu'entraîner plus de mort et de destruction, car le gouvernement de Netanyahou a ouvert un nouveau front de terreur au Liban. La violence n'arrêtera jamais la violence. Seule la justice pourra apporter la paix à tous les peuples de la région et mettre enfin un terme à ce terrible cycle de brutalité.
À l'aube de l'année 5785, malgré la peine – avec détermination – nous faisons techouva et nous réengageons à œuvrer pour la justice. Plus que jamais, nous invitons toutes les personnes de conscience à se joindre à nous dans cette quête.
Signé,
Independent Jewish Voices
The United Jewish People's Order
Jews for Tikkun Olam
Jews Say No To Genocide
Jewish Faculty Network Steering Committee
IfNotNow Toronto
Alt Jews Katarokwi
Jewish Alliance of Simcoe
Toronto Jewish Families
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Les ouragans soufflent en tempête sur la politique américaine

« Non seulement aux USA, mais en Palestine, en Iran, en Ukraine et partout, il n'est pas abusif de dire que l'avenir du monde, l'avenir des luttes pour l'émancipation, se joue dans les prochaines semaines aux USA. »
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
10 octobre 2024
Par Daniel Tanuro
Echantillon des mensonges répandus par Trump et ses fans à l'occasion des ouragans Helen et Milton :
l'organisme fédéral en charge des catastrophes (FEMA) n'a pas les moyens nécessaires, car Kamala Harris les a utilisés pour loger les migrant.e.s et aider l'Ukraine ;
la FEMA est rendue inefficace par la politique d'inclusion des femmes, des personnes racisées et des LGBTQ ;
les maisons endommagées sont confisquées ;
l'aide est plafonnée à 750 dollars ;
Biden et Harris n'aident pas les Etats à Gouverneur Républicain (démenti par les interessés).
Cerise sur le gateau : selon la fanatique MAGA Marjorie Taylor Green (élue de Georgie au Congrès), les ouragans sont causés artificiellement par les Démocrates pour nuire aux républicains... Trump, lui, pose la question : ne sont-ils pas envoyés par la Chine ?
(Nb : cette absurdité est cohérente avec son affirmation que le changement climatique est un truc inventé par les Chinois pour ruiner l'industrie US.)
Ces déclarations abracadabrantesques ont des effets pratiques : méfiance, voire hostilité des victimes vis-a-vis de la FEMA (il y aurait même eu des entraves à l'aide). Il est évident que Trump mise non seulement sur la confusion mais sur le chaos, car celui-ci serait propice à ses projets de dictature.
Toute bonne démagogie populiste s'appuie sur une réalité. La FEMA n'est pas sans critique, car elle est soumise à l'austérité néolibérale. Ses carences avaient été dénoncées lors de l'ouragan Katrina à New Orleans. Mais c'est à des boucs émissaires que Trump s'attaque, pas à l'austérité néolibérale. Lui même, à la présidence, a d'ailleurs serré la ceinture de la FEMA.
A noter que cette avalanche de mensonges est relayée sur X (ex Twitter) par l'homme le plus riche du monde. Elon Musk colporte aussi le ragot des étrangers bouffeurs de chiens et de chats. Il met toutes ses forces dans le soutien a Trump pour les dernières semaines avant la présidentielle.
Musk incarne ainsi cette frange croissante de la classe capitaliste internationale qui choisit le populisme autoritaire, voyou, machiste et raciste, pour défendre son hégémonie menacée. Pas étonnant que ces gens soutiennent ceux qui sont (jusqu'à présent) les deux plus grands criminels de guerre de ce siècle : Nétanyahou et Poutine... les deux chouchous de Trump, qui souhaitent ouvertement sa victoire.
Il faut voir en face que les Musk et Cie, avec Trump en tête, sont prêts à tout pour garder leurs privilèges (et échapper à la justice, dans leur pays et à l'international). Ils sont prêts y compris a s'appuyer sur les bandes fascistes qui défilent en scandant « Jews won't replace us » (les Juifs ne nous remplaceront pas).
Car, parenthèse, aux USA, le « grand remplacement » se décline, tenez-vous bien, en affirmant que « les Juifs » organisent l'immigration illégale... pour le compte des Démocrates qui veulent ainsi « remplacer » l'électorat blanc par un électorat d'étrangers criminels, violeurs et assassins (« c'est dans leurs gènes », a dit Trump récemment).
Comme quoi, confirmation : on peut être pro-sioniste et violemment antisémite. A méditer par ceux qui amalgament ces deux notions.
Bref, fin de la parenthèse. Le constat est clair : la décadence de la démocratie bourgeoise est abyssale, et ce n'est qu'un début. Aux USA et ailleurs.
Aux USA, le résultat du vote est très incertain. Tout se jouera dans les swing states.
Harris mise principalement sur la défense du droit des femmes à l'avortement. Elle vise a la fois l'électorat populaire démocrate décu et les Républicains « modérés ». « Modérés » avec guillemets, bien sur, car Dick Cheney et sa fille, et les autres « Republicans for Harris » ne sont pas des « modérés » : ce sont des durs de la ligne traditionnelle de l'impérialisme US, opposés notamment à l'isolationnisme de Trump et à son alliance avec Poutine (selon Bob Woodward, le descendeur de Nixon, Trump à la présidence a filé des documents classifiés à la Russie, et téléphoné six fois à Poutine après 2020 !)
Pour gagner les indécis, Harris joue à fond cette carte du rassemblement avec les Républicains anti-Trump. Elle marque des points sur ce terrain. C'est précisément cela qui incite Trump à son escalade de démagogie populiste. Pour gagner, il doit non seulement fanatiser sa base MAGA, mais aussi gagner de nouvelles couches, bien au-delà des indécis. Il vise donc les gens les plus primaires, qui ignorent tout de la politique. En priorité les jeunes hommes blancs (mais pas que !) des milieux virilistes, amateurs de « sports » de combat extreme (MMA).
Dans ce contexte, renvoyer Harris et Trump dos à dos serait une stupidité ultra-gauche gravissime. La gauche, sans semer la moindre illusion sur Harris, doit absolument s'insérer dans la mobilisation pour la défaite de Trump et de son projet néofasciste.
Elle doit le faire sous son propre drapeau anticapitaliste, féministe, écosocialiste. Le débat autour des ouragans, justement, montre la nécessite de cette indépendance absolue de la gauche. En effet, il est frappant que Biden et Harris, dans leur réponse aux mensonges de Trump, ne mettent pas au premier plan la dénonciation de son négationnisme climatique et de son programme pro-fossiles ultra (« I shall drill baby, drill »). En fait, ils n'en parlent pas.
Elle doit le faire en sachant que dans tous les cas, la bataille continuera aprés l'élection. Ce point est important. Si Trump gagne, il amnistiera ceux qu'il appelle les « patriotes martyrs » de l'assaut contre le Capitole (parce qu'il aura besoin de ces fascistes dans la rue, pour la traque aux illégaux, et pour la lutte contre les mouvements sociaux - syndicaux, féministes, écologistes). Et si Trump est battu... ses déclarations répétées montrent sans aucun doute qu'il tentera un nouveau coup d'Etat.
Non seulement aux USA, mais en Palestine, en Iran, en Ukraine et partout, il n'est pas abusif de dire que l'avenir du monde, l'avenir des luttes pour l'émancipation, se joue dans les prochaines semaines aux USA.
Daniel Tanuro
P.-S.
• Facebook. 10 octobre 2024 :
https://www.facebook.com/story.php?story_fbid=8538586399538973&id=100001630940002&rdid=naapINkBmn1nYEaF
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

« En Israël, la paix n’est pas une option »

Entretien avec Idan Landau conduit par C.J. Polychroniou.
PHoto et article tirés de NPA 29
Idan Landau
Un an après les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre [1], alors que la majeure partie de la bande de Gaza a été détruite et que le conflit au Moyen-Orient s'intensifie, on peut se demander quel est le « climat » à l'intérieur d'Israël. Les Israéliens ont soutenu [et soutiennent] la guerre à Gaza, s'opposent à une solution à deux Etats et semblent maintenant offrir un soutien enthousiaste aux attaques du gouvernement contre le Liban et même à une frappe contre l'Iran [2]. En fait, la popularité du Premier ministre Benyamin Netanyahou a augmenté à la suite des attaques contre le Hezbollah, et son parti, le Likoud, est de nouveau en tête des sondages au niveau national.
Que s'est-il passé en Israël ? Où est le mouvement pacifiste israélien ? Pourquoi le pays s'engage-t-il sur une voie de plus en plus illibérale, violente et destructrice ?
Dans cet entretien réalisé par C. J. Polychroniou, Idan Landau, universitaire israélien, militant de gauche et partisan de la résistance, fait la lumière sur le contexte politique et social actuel en Israël. Idan Landau a été incarcéré trois fois dans une prison militaire pour avoir refusé de servir dans les rangs des réservistes des Forces de défense israéliennes (IDF). Il est professeur de linguistique au département de linguistique de l'université de Tel-Aviv et tient un blog politique (en hébreu) sur les thèmes d'actualité.
C.J. Polychroniou – Les attaques du 7 octobre menées par l'aile militaire du Hamas, les Brigades al-Qassam, et plusieurs autres groupes armés palestiniens ont profondément ébranlé Israël. La nature et l'ampleur de l'opération – baptisée « Déluge d'Al-Aqsa » et qui a entraîné la mort de près de 1 200 personnes et la prise en otage de quelque 250 autres à Gaza – ont incité le gouvernement d'extrême droite de Benyamin Netanyahou à se lancer dans une campagne forcenée contre Gaza, qui a déjà fait plus de 41 000 morts parmi les Palestiniens, même si le nombre réel de victimes est sans aucun doute beaucoup plus élevé.
En effet, la destruction totale de Gaza est un objectif déclaré, le cabinet de guerre israélien ayant juré d'éradiquer le Hamas de la Terre. Il a été dit que les attaques ont créé un fort sentiment de solidarité parmi les Israéliens, l'écrasante majorité soutenant la réponse militaire contre le Hamas, y compris la limitation de l'aide humanitaire à Gaza, mais que les anciennes divisions sont revenues et que la société israélienne est divisée sur les leçons à tirer du 7 octobre. Pouvez-vous nous donner une idée de l'état d'esprit qui règne en Israël aujourd'hui, alors qu'Israël avance sur deux fronts ?
Idan Landau – La question qui divise le plus Israël est probablement celle du sort des otages. Il est désormais clair que la « pression » militaire (un euphémisme pour désigner le massacre effréné des habitants de Gaza) a non seulement échoué à permettre la libération des otages, mais a aussi directement contribué à leur mort. Les termes du dilemme sont donc devenus plus crus : êtes-vous, oui ou non, prêt à sacrifier la vie des otages israéliens pour la promesse de « victoire absolue » de Netanyahou ?
Notez que l'aspect humain a été supprimé : leur vie n'est plus considérée comme la fin ultime, pour laquelle différents moyens peuvent être déployés ; leur vie est un moyen stratégique de plus, parmi d'autres, comme le maintien le contrôle du « Couloir de Philadelphie [la dite « fine zone tampon » qui délimite l'enclave de l'Egypte] ou l'utilisation de bombes d'une tonne, etc. Cela reflète la déshumanisation croissante qui affecte non seulement les victimes d'Israël, mais, sous une autre forme, aussi les Israéliens eux-mêmes.
Les manifestations constantes en faveur des otages, qui ont attiré des centaines de milliers d'Israéliens, ont été une véritable gêne pour le gouvernement. Il a fait et fait encore tout ce qu'il peut pour diaboliser les manifestant·e·s : par exemple, il s'en prend directement aux membres des familles des otages – de malheureux pères, mères et frères et sœurs, qui ont passé de nombreuses nuits blanches d'angoisse et de chagrin – en les faisant tabasser dans les rues par les forces de police et par des bandes d'individus.
Dans ce contexte, le nouveau front libano-iranien sert parfaitement Netanyahou. Il a fait taire la protestation, littéralement, puisque les règlements d'urgence interdisent aux gens de se rassembler à l'extérieur. Même les analystes mainstream s'accordent à dire que l'une des motivations de Netanyahou pour intensifier cette guerre sans fin, avec toujours plus de nouveaux fronts est la « pacification » forcée des divisions internes qui menacent sa coalition.
Malheureusement, il n'y a pas de débat sérieux sur les grands thèmes de la politique israélienne. Etait-il moral ou sage de bombarder des villes libanaises, de tuer quelque 2 000 citoyens libanais depuis le 7 octobre et d'envahir des villages dans le sud du Liban ?
On parle de plus en plus d'une « zone de sécurité » [au Liban-Sud] – la même fausse idole qui a persisté entre 1982 et 2000 et qu'Israël a finalement abandonnée (la « queue entre les jambes »). Une telle zone tampon sera certainement stabilisée dans la bande de Gaza. Il n'y a aucune promesse de sécurité à repousser son ennemi à quelques kilomètres de la frontière alors que l'on ne cesse d'alimenter sa haine. Ainsi, la leçon la plus importante n'a pas été apprise : la force militaire ne peut pas tout résoudre.
Pour en revenir à votre question : Les Israéliens sont traumatisés, épuisés et se sentent plus que jamais vulnérables dans cet état de guerre sans fin [3]. Or, c'est précisément à ce moment-là que les sociétés se serrent les coudes et s'abstiennent de remettre en question leurs postulats les plus fondamentaux.
La situation en Cisjordanie s'est considérablement détériorée depuis le début de la guerre à Gaza. Les attaques de colons contre les Palestiniens ont augmenté de façon spectaculaire et Israël s'empare d'une quantité record de terres palestiniennes en Cisjordanie, ce qui constitue une violation totale du droit international. La société israélienne dans son ensemble soutient-elle ce qui se passe en Cisjordanie ? Existe-t-il une résistance aux colonies en territoire palestinien ?
La plupart des médias israéliens se sont tout simplement désintéressés de ces développe-ments. Cela signifie qu'un observateur occidental moyen en sait probablement plus que l'Israélien moyen. Ce n'est que si vous lisez Ha'aretz (qui a une couverture restreinte, de 5%) que vous êtes informés sur l'ampleur du pillage de terres et de la terreur parrainée par l'Etat en Cisjordanie. Les médias sont totalement complices de ces crimes, soit en les ignorant, soit en les banalisant.
Il est important de noter que, depuis le 7 octobre, l'extrême droite travaille d'arrache-pied pour effacer toute distinction entre Gaza et la Cisjordanie, entre le Hamas et l'Autorité palestinienne, et aussi pour effacer toute idée selon laquelle les Palestiniens sont aussi divers que n'importe quel autre peuple.
Ce sont tous des terroristes sans visage, qu'ils soient à Rafah ou à Tulkarem, cela ne fait aucune différence. Telle est la perception qui prévaut. Les incidents quotidiens d'expulsions forcées de communautés de bergers ou les tirs à balles réelles sur des manifestants non armés ne s'inscrivent tout simplement pas dans cette perception. Les Israéliens ne peuvent littéralement pas les voir ; ils ne sont pas équipés sur le plan conceptuel et sont souvent privés d'informations qui leur permettraient de réfléchir à ce qu'ils pensent de ces questions, et encore moins de s'y opposer.
Il est vraiment difficile d'exprimer à quel point les Israéliens sont insensibles, en particulier au cours de l'année écoulée, à toute preuve concrète que nous commettons à grande échelle des crimes injustifiés et non provoqués. Je ne veux pas exonérer le commun des Israéliens de toute responsabilité. Cette ignorance est souvent voulue, il ne s'agit pas d'une attitude marquée de passivité. Elle nécessite un refoulement constant des faits et conclusions désagréables qui s'infiltrent dans l'esprit des personnes (nous pouvons tous regarder la chaîne étasunienne CNN, et nous pouvons observer le dégoût international croissant à l'égard de notre pays).
En ce qui concerne la « résistance », il existe une poignée de très petits groupes d'activistes motivés qui pratiquent ce que l'on appelle la « présence protectrice » dans les communautés menacées de la vallée du Jourdain et des collines du sud d'Hébron. Leur succès est réel mais limité. En ce qui concerne les nouvelles colonies, je n'ai pas entendu une seule voix de protestation sur l'ensemble de l'échiquier politique. Elles sont totalement empreintes de normalité.
Où en est l'enquête sur les attentats du 7 octobre ? Le premier rapport militaire israélien publié au début du mois de juillet n'a pas apporté beaucoup d'éclaircissements, si ce n'est que l'armée n'était pas préparée à ce qui s'est passé à cette date, bien que des rapports fiables indiquent qu'Israël était au courant d'un plan d'attaque du Hamas plus d'un an auparavant. Est-il vrai, comme l'a récemment rapporté le Jerusalem Post (26 septembre 2024) que les enquêtes des FDI n'ont jamais pour but de révéler la vérité ?
Les commissions d'enquête sont l'épilogue rituel des guerres en Israël. Elles révèlent une culture ahurissante de négligence, d'arrogance et de dilettantisme typiquement israélien. Elles publient des tomes remplis de recommandations vitales, et rien n'en est jamais fait. Cette culture propre à une suffisance et à un manque d'intérêt réel pour l'amélioration de son propre comportement n'est pas spécifique à l'armée, mais elle y est accentuée.
Je soupçonne que des décennies de recours fanatique à la force militaire ont élevé le mythe de la « dissuasion » à un niveau tel que l'armée est largement immunisée contre la démystification. Ainsi, même si nous pouvons constater les différents éléments de l'échec, personne n'ose les mettre en relation.
Nous verrons quelques « leçons » locales et opérationnelles être tirées et éventuellement mises en œuvre, mais la complaisance générale (et la sous-estimation des capacités de nos ennemis) ne changera pas grand-chose. N'oublions pas qu'une enquête approfondie a été menée après la deuxième guerre du Liban (la commission Winograd-commission présidée par le juge à la retraite Eliahou Winograd pour établir un bilan de l'affrontement « israélo-libanais » de 2006). En 2008, la commission a publié un rapport très critique sur les conceptions militaires et les décisions politiques qui ont conduit à cet échec désastreux, et pourtant nous les avons retrouvées le 7 octobre.
On peut dire, comme vous l'avez noté précédemment, que la libération des otages ne fait pas partie des objectifs de Netanyahou. Pourtant, sa popularité a rebondi depuis les attaques sur le Liban et, selon un récent sondage, si des élections avaient lieu aujourd'hui, son parti, le Likoud, l'emporterait.
Comment expliquer l'alliance naturelle qui s'est formée entre la droite israélienne, les fous messianiques et les ultra-nationalistes, qui travaillent essentiellement ensemble pour empêcher la possibilité qu'Israël devienne (à nouveau) une démocratie libérale ?
Vous l'avez en quelque sorte dit vous-même : il s'agit d'une collaboration qui profite à toutes les parties concernées. Les extrémistes de droite font progresser leur vision « Arabrein » du grand Israël ; les promoteurs de la contre-réforme judiciaire obtiennent un soutien général pour leur prise de contrôle du système judiciaire ; les industries militaires et leurs satellites – une part énorme et toujours croissante de l'économie israélienne – bénéficient d'un soutien sans faille ; et les partis religieux ultra-orthodoxes obtiennent de plus en plus de privilèges en matière d'éducation, de logement, d'imposition, etc.
Tous les partis de la coalition de Netanyahou, y compris chacun de leurs membres, ont beaucoup à perdre de sa défaite, c'est pourquoi ils s'y accrochent tous au pouvoir, quels que soient les terribles crimes qu'ils commettent. Plus les crimes sont graves, plus le prix à payer sera élevé, et donc plus leur engagement en faveur de la survie gouvernementale est important.
En fin de compte, et contrairement à ce que prétendent de nombreux analystes occidentaux, je ne pense pas que Netanyahou soit uniquement motivé par le pouvoir et qu'il ne cherche qu'à se mettre à l'abri de ses procès. Je pense qu'il partage les principes fondamentaux [4] qui guident le ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich : la suprématie juive, le contrôle total de la Cisjordanie, la répression brutale de tout dirigeant politique palestinien. Il s'agit donc d'une alliance tout à fait naturelle.
Pourquoi le public continue-t-il à soutenir un gouvernement qui détruit clairement nos vies ? Des années d'endoctrinement raciste, alimenté par un discours de peur constant et la diabolisation de toute réconciliation possible avec les « ennemis arabes ». Comparés à ces menaces – dont certaines sont réelles mais pas aussi existentielles et fatales que la machine de propagande voudrait nous le faire croire – certains droits politiques ou démocratiques semblent être un luxe qui vaut la peine d'être sacrifié. Surtout si ceux qui souffrent de ce sacrifice sont des Arabes !
La paix a disparu de la culture politique israélienne. Comment cela se fait-il ?
C'est le résultat naturel de tous ces processus. De plus, il n'y a pas de véritable opposition à la Knesset [le parlement israélien]. En dehors des partis arabes, aucun parti juif n'ose parler de paix. Un système complet d'endoctrinement a rabaissé le concept de paix au niveau d'une ignoble conspiration de gauchistes amoureux du Hamas, prêts à vendre le pays à ses pires ennemis.
C'est ce que la « paix » a fini par signifier dans le discours constamment alimenté par le Canal14 (la Fox News d'Israël) et d'autres médias de ce type. La triste vérité est que la plupart des Israéliens sont nés dans un climat politique sans espoir où la paix n'est pas une option. Et il est très difficile d'imaginer un avenir qui ne vous a jamais été présenté comme une option.
Dans une tribune publiée dans Ha'aretz le 15 septembre, le célèbre journaliste et auteur israélien Gideon Levy a lancé un défi à ses concitoyens, déclarant que « nous vivons dans une réalité génocidaire » et demandant si les Israéliens devaient continuer à « vivre dans un pays qui se nourrit de sang ». Israël est-il en train de s'autodétruire ?
Je ne me risquerai pas à faire des prophéties, mais Israël est certainement allé assez loin pour ne plus ressembler à une démocratie dite libérale et je pense que cela ne changera pas de mon vivant (comme je l'ai laissé entendre, les jeunes générations sont encore plus militaristes, plus désespérées, plus fanatiques). Israël ne se détruira pas nécessairement, mais il pourrait bien détruire tout ce que de nombreuses personnes considéraient comme cher et beau dans ce pays. Il persistera en tant que Sparte paranoïaque des temps modernes, avec un régime interne ultra-orthodoxe, intolérant et persécuteur.
Le changement et l'espoir ne peuvent venir que de l'Occident. Or, c'est celui-là qui a implanté Israël au Moyen-Orient par intérêt colonial, qui l'a armé et soutenu dans ses aventures militaires pendant des décennies, qui a acquiescé à son expansion illégale et qui est aujourd'hui confronté aux répercussions catastrophiques et mondiales de son engagement dans une guerre sans fin. Israël ne se sauvera pas ; il s'est déjà abandonné à son pire penchant.
(Publié sur le site australien Links, le 8 octobre 2024, traduction et édition par la rédaction de A l'Encontre)
13 octobre 2024 0 Commentaire
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

France : « Dette », démocratie, racisme

Les jours heureux, à la naissance du Front Populaire, ont été vécus avec bonheur quand partis, syndicats et associations reconnaissaient comme leur le programme commun à tout le mouvement ouvrier. Eh bien, ce sont ces jours heureux qui doivent revenir, pour que vive ensemble notre programme revendicatif et notre espérance immédiate de démocratie.
9 octobre 2024 | tiré du site aplutsoc
La « dette » ? Une Fake News au service de l'austérité-Barnier
« La dette explose, pourquoi ? C'est comme ça, ne vous posez pas de question, consentez à rembourser, parce que cette dette est la vôtre ! D'où mon budget d'une austérité qui ne fait que commencer. » Telle est la politique de Barnier.
La dette est à la fois l'ardoise de Macron et la croisade libérale d'austérité menée par Barnier. Une croisade sur plusieurs années. Explications.
1) Cette Dette, c'est la nôtre ? Ah bon ?
La dette des administrations publiques ? Seulement ? Tu parles…
En vrai, c'est un mécanisme financier infernal :
- L'État, pour financer ses dépenses, emprunte aux marchés financiers, et non à la Banque de France depuis que l'Union européenne l'a décidé.
-
- Une méthode du capitalisme financier.
-
- L'État français s'endette sur les marchés à des taux variables.
-
- Cette fluctuation des taux d'intérêt module le coût de refinancement de l'État.
-
Elle fait de la dette un instrument pour justifier la destruction des services publics et des modèles sociaux. C'est ainsi que la dette est d'abord et avant tout le « marché de la dette »
2) Une Dette instrument de l'austérité
- Le ralentissement de l'activité économique provoque une réduction des rentrées d'impôts, accentuée par les exonérations Macron pour les riches.
- Les recettes des impôts diminuent, le besoin de recourir à l'emprunt augmente.
- Et on est parti dans un cercle vicieux avec un effet boule de neige, c'est-à-dire une forte augmentation de la dette et des intérêts à payer.
- L'endettement public est en permanence instrumentalisé par le gouvernement, la Commission européenne, le Fonds monétaire internationale, ou encore lesagences de notation, pour l'adoption de mesures d'austérité.
3) Et vlan ! Le budget Barnier et la baisse des budgets sociaux,
…
…. les privatisations, la réduction de la protection sociale qui permet au plus grand nombre de vivre mieux (Sécurité sociale, système de retraites par répartition, assurance chômage de moins en moins protectrice)…
La démocratie ? « Perte de temps », crie le capitalisme ensauvagé !
Le pouvoir ne fait même pas semblant :
« La dette, surgie soudain à la rentrée, est celle du peuple, c'est vrai parce que je le dis, répète Barnier.
–Mais alors, nos besoins élémentaires, santé, travail, logement, ne sont pas pris en compte ? Le capitalisme d'automne n'a pas de temps à perdre avec la parole d'en bas ?
– Ben non, répond Barnier qui a une austérité à faire passer, la mise en souffrance de la démocratie en est la condition. »
Barnier comme Premier ministre est né d'un déni de démocratie électorale.
« Et alors ? Mon gouvernement dépend de Le Pen, de cette extrême droite rejetée par les électrices et les électeurs… Mais en quoi ça me concerne, moi Barnier je suis commissaire européen en capitalisme sauvage, alors, hein, les bulletins de vote…
– Ben alors, mon vote n'est pas pris en compte, seuls pèsent les intérêts des financiers, des riches, des nantis ? »
– Oui, oui, répond Barnier, minoritaire je suis minoritaire, j'impose les intérêts de la minorité, les très riches, les grandes fortunes. »
Austérité + déni de démocratie = putsch ultralibéral
Nous n'avons pas voté pour cette impasse démocratique, nous n'avons pas opté pour ce choc d'austérité contre nos intérêts sociaux et la satisfaction de nos besoins élémentaires.
Voilà pourquoi on ne peut plus séparer les revendications telles que l'augmentation des salaires, l'abrogation de la loi sur la retraite à 64 ans, la protection et l'indemnisation des chômeurs, avec l'exigence de démocratie.
S'opposer au putsch ultralibéral
Les jours heureux, à la naissance du Front Populaire, ont été vécus avec bonheur quand partis, syndicats et associations reconnaissaient comme leur le programme commun à tout le mouvement ouvrier. Eh bien, ce sont ces jours heureux qui doivent revenir, pour que vive ensemble notre programme revendicatif et notre espérance immédiate de démocratie.
Déni de démocratie et choc d'austérité – Le carburant raciste veut tout incendier
Au carrefour du déni démocratique et du choc d'austérité se développe un bloc réactionnaire contre une « invasion de migrant·es ».
Une puissante presse dominée par les milliardaires de droite et d'extrême droite déverse un discours anxiogène sur la menace d'une « immigration de masse ».
Une campagne électorale permanente de ces forces coalisées, dont le RN, dénonce le « laxisme » en matière d'immigration.
Elle appelle à intensifier les expulsions, jusqu'à la « remigration ». Retailleau au gouvernement, Le Pen en soutien à Barnier, en sont les animateurs.
Chaque jour, un « lumpen-commentariat » envahit les chaînes en continu et déverse les dénonciations de l'immigration comme des « préoccupations légitimes ».
Où est le cœur vibrant de l'idéologie de la réaction anti-immigrés ?
La panique morale organisée dénonce des frontières et des barrières qui s'érodent et des gens qui se trouvent là où ils ne devraient pas être.
Les réactionnaires lancent leur croisade contre « le déclin du mode de vie traditionnel » dominé par la perspective de « l'extinction des Blanc·hes ».
Les passions persécutrices et vengeresses sécrétées par le bloc réactionnaire sont le produit direct de :
- la compétition sociale incessante,
- l'inégalité de classes croissante,
- la célébration des gagnant·es et le sadisme envers les perdant·es,
- et des conséquences psychologiques de plus en plus toxiques de l'échec.
Le racisme d'aujourd'hui ?
Il est celui de l'époque des déplacements de populations entre les anciennes colonies et les anciennes métropoles coloniales.
Il est centré sur le refus des mouvements de populations provoqués par les dégâts de l'économie capitaliste, les guerres et les dérèglements climatiques.
C'est un racisme qui affirme l'irréductibilité des différences culturelles, et qui s'obsède du « danger « de l'effacement des frontières et l'incompatibilité des styles de vie.
C'est un racisme qui dit dans de multiples langues : « Puisque l'horizon du capitalisme est indépassable, alors battons-nous pour qu'il y en ait pour nous seuls car il n'y en aura pas pour tout le monde. »
Le nouveau pacte social et politique sur lequel convergent les néolibéraux et les néofascistes est un pacte économique à connotation ethno-raciale.
C'est pourquoi notre réponse combine la lutte pour la victoire du Nouveau Front Populaire, le développement des luttes sociales et la guerre au bloc raciste anti-immigrés.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Les trois bouffons du Journal de Montréal

Trois chroniqueurs du Journal de Montréal se démarquent par le ridicule de leurs propos : Richard Martineau, Joseph Facal et Mathieu Bock-Côté (MBC pour les intimes). Ils partagent un anti-wokisme obsessionnel. Qu'est-ce que le wokisme ? on le définit comme un "état d'éveil" devant l'injustice.
Il est apparu en 2013 et désigne des personnes conscientes des problèmes découlant de l'injustice sociale et ethnique. Il est semble-t-il, très fort dans certaines universités américaines, d'où il a essaimé dans divers milieux, aux États-Unis comme à l'étranger. C'est un courant de pensée présent surtout dans les universités.
Selon nos trois nonos, le wokisme (ou du moins ses excès) menacerait la liberté d'expression en imposant un discours "politically correct" de gauche qui minerait le système démocratique. Rien de moins. Ils y reviennent avec une constance presque comique (involontairement) et à coup sûr, suspecte.
Celui qui remporte la palme du grotesque dans le discours anti woke et sans conteste Richard Martineau par son style démagogique et ses propos tranchants. Suivent dans la séquence du dérisoire Mathieu-Bock Côté et Joseph Facal.
À tout seigneur, tout honneur : débutons notre critique par Richard Martineau. Dans le numéro des 12 et 13 octobre du Journal de Montréal par exemple, Richard Martineau, à mon avis le plus démagogue des trois, présente aux lecteurs et lectrices en page 4, un commentaire intitulé : "scandale, mon médecin est blanc !". Il se réfère dans sa brève introduction à une chronique de Joseph Facal où, selon Martineau, son ami affirmait que "le mouvement woke montrait des signes d'essoufflement." L'objet des récriminations de Martineau cette fois-ci est la décision de la Toronto metropolitan University qui "privilégiera les candidatures provenant de groupes minoritaires lors de l'ouverture de son département de médecine". Il précise avec inquiétude que cette université prévoit accueillir 94 étudiants en médecine et que seulement 24 d'entre eux "seront choisis sur la base de leurs notes". Les 70 autres le seront en vertu de leur appartenance à des groupes minoritaires sous-représentés dans le système d'éducation supérieure. Par conséquent, sans pousser plus avant sa réflexion, Martineau s'alarme pour la santé de leurs futurs patients.
Je ne connais pas les critères d'admission au département de médecine de cette institution universitaire, mais on peut croire que ses responsables sont assez intelligents et compétents pour avoir réfléchi au préalable à ce problème et qu'ils y ont trouvé une solution qui concilie ouverture à l'autre et acquisition des compétences indispensables pour exercer la médecine.
Passons maintenant à Joseph Facal. Il s'est emparé en page 6 d'une affaire qui a fait grand bruit dernièrement, celle de l'école primaire Bedford où des instituteurs d'origine maghrébine auraient utilisé des méthodes pédagogiques brutales et dépassées tout en évitant d'enseigner des matières peu prisées par les intégristes musulmans comme les sciences et l'éducation à la sexualité. Ils utilisaient aussi, paraît-il, des manuels nord-africains (!) remontant aux années 1970 et 1980. Le rapport officiel qui fait état de cette situation dégradée est sérieux et on doit en tenir compte.
Mais le texte du chroniqueur semble imprégné en filigrane d'une certaine xénophobie à l'endroit de l'Islam. Évidemment, il n'en conviendra pas. Mais il fait quand même partie du trio de choc anti-woke de l'organe de presse où il sévit. Je me souviens pour ma part d'une époque pas si lointaine où c'était un certain intégrisme catholique qui régentait notre système d'éducation durant les décennies 1950 et 1960. Une enfance l'eau bénie...
Finalement, examinons le cas de notre troisième larron, Mathieu Bock-Côté. Il s'en prend en page 57 aux organisations criminelles d'origine "ethnique" qui recrutent toujours plus de jeunes pour accomplir leur sale besogne. Cependant, Bock-Côté ressent le besoin d'ajouter :
"Ces gangs, quoi qu'on en dise, fonctionnent souvent selon le principe de l'affinité ethnique. Ce n'est pas nouveau. Hier, les gangs de rue étaient souvent haïtiens, et la mafia, italienne. D'ailleurs, ils le sont encore."
On ne peut nier que le crime organisé, dans ses multiples facettes, comporte une dimension "ethnique", ce qui peut s'expliquer de bien des manières ; entre autres, dans plusieurs cas, par la marginalité et la pauvreté auxquelles sont souvent confrontés les nouveaux venus dans la société d'accueil. Mais il faut éviter de généraliser. Tous les Haïtiens, Latinos et Italiens n'empruntent pas l'ascenseur de la criminalité comme voie d'élévation professionnelle. Rappelons aussi qu'il existe toute une pègre francophone de vieille souche...
L'anti-gauchisme de l'auteur touche à la paranoïa lorsqu'il déclare :
"La gauche, en imposant ses concepts, formate la pensée collective et dirige l'action publique.
Elle entrave ici l'efficacité des forces de l'ordre."
Outre qu'il s'agit là d'une affirmation gratuite, Mathieu Bock-Côté reprend le discours des bien pensants en jetant dans le même sac les contestataires de l'idéologie dominante et les délinquants professionnels qui profitent du système économique en place. Si on va jusqu'au bout de sa logique, les premiers seraient les complices involontaires des seconds.
Verdict final : nos trois commentateurs sont condamnés à continuer d'écrire n'importe quoi jusqu'à leur retraite.
Jean-François Delisle
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Lutte contre le racisme à Québec : La récompense du déni

Contrairement à certaines grandes villes canadiennes, la Ville de Québec fait piètre figure en matière de lutte contre le racisme. Malheureusement, c'est à cette administration municipale emmurée dans le déni du racisme que le prix pour le Québec sans racisme a été décerné.
Le 6 juin 2024, la Ville de Québec a reçu le prix pour un Québec sans racisme, dans la catégorie organisation publique. Créés par le gouvernement du Québec, « les prix pour un Québec sans racisme visent à reconnaître et à célébrer la contribution d'une personne, d'une organisation publique, d'une entreprise et d'un organisme qui se sont distingués par des réalisations remarquables et un apport exceptionnel à la lutte contre le racisme au Québec1 ».
La Ville de Québec a été primée pour son programme Parcours du vivre-ensemble. Axé sur l'approche ÉDI (équité, diversité, inclusion), celui-ci se résume, d'une part, à la mise en place d'une formation en ligne de trois heures sur le Mieux-vivre ensemble au travail destinée aux employeurs qui désirent l'offrir à leur personnel et, d'autre part, à l'institution du titre Ambassadeur du vivre-ensemble.
L'approche de la ville de Québec axée sur l'ÉDI a été critiquée pour son réductionnisme et son simplisme2. Au lieu d'une approche antiraciste politique basée sur l'inégalité de pouvoir et des droits, la ville de Québec préfère parler de diversité, une approche qui est peut-être pertinente pour d'autres exclusions mais ne l'est pas contre le racisme. Celui-ci est dès lors compris de manière réductrice comme une croyance ou une attitude qu'on peut changer par la sensibilisation en emmenant les gens à se connaître au travers d'activités socio-culturelles, sportives, culinaires, etc. Or, pour l'historien Ibrahim X. Kendi, en matière de lutte contre le racisme, la persuasion par l'éducation et la morale est une stratégie vouée à l'échec (lire Comment devenir antiraciste, p.354).
Dans cette même veine, en juin dernier, nous apprenions que l'efficacité de l'approche ÉDI est remise en question par des méta-analyses qui la jugent couteuse, inutile et peu adaptée.3
En réalité, la ville de Québec manque de volonté politique pour lutter contre le racisme. Le 22 février 2022, à l'occasion du Mois de l'histoire des Noirs, Mme Iréna Florence Harris, experte-conseil en diversité, équité et inclusion auprès du maire de Québec, a déclaré que la Ville de Québec ne lutte pas contre le racisme, et fait plutôt la promotion du vivre-ensemble et de la diversité.
Cette absence de volonté politique est encore plus manifeste dans le refus de la Ville de Québec de reconnaître le profilage racial policier au sein de son service de police. Or, les pratiques policières discriminatoires sont réelles et se traduisent par une interpellation sans motif4, par le contrôle routier d'un Noir au volant d'une voiture de luxe5, par un contrôle d'identité questionnable6, etc. Récemment, dans l'affaire opposant Pacifique Niyokwizera à la ville de Québec suite à son arrestation brutale le 27 novembre 2021, le juge Patrice Simard de la Cour municipale de Québec a reconnu que, si le profilage racial n'a pas motivé l'arrestation de Pacifique Niyokwizera, le traitement qui lui a été infligé relève du profilage racial.
Enfin, depuis son élection en 2021, nous ne nous rappelons ni d'une déclaration forte ni d'un engagement formel du maire Bruno Marchand à lutter contre le racisme.
Malheureusement, c'est à cette administration municipale emmurée dans le déni du racisme que le prix pour le Québec sans racisme a été décerné.
Nous demandons au ministre responsable de la lutte contre le racisme, Christopher Skeete, de resserrer les critères d'octroi des prix pour un Québec sans racisme afin de le décerner aux acteurs et actrices qui luttent réellement contre le racisme. En dépit du refus du gouvernement de la Coalition Avenir Québec de reconnaître officiellement l'existence du racisme systémique, instituer un prix pour reconnaître les contributions à la lutte contre le racisme est louable. Cependant, remettre ce prix à un acteur qui ne lutte pas contre le racisme le décrédibilise.
Il n'est jamais tard de bien faire.
Les auteurs : Collectif 1629, Table de concertation du Mois de l'histoire des Noirs, Collectif de lutte et d'action contre le racisme, Ligue des Droits et libertés – Section de Québec, Regroupement d'éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12).
Notes
1. À propos des prix Pour un Québec sans racisme | Gouvernement du Québec (quebec.ca)
2.Québec, la ville qui refuse de lutter contre le racisme – Pivot
3.https://www.lapresse.ca/affaires/2024-06-04/vie-au-travail/un-doute-important-sur-l-efficacite-des-formations-en-equite-au-travail.php
4.https://www.lesoleil.com/2019/12/05/profilage-racial-a-quebec ca7f00a398e34ed4477a33ca229f257a/ ?nor=true
5. https://www.journaldequebec.com/2021/10/25/les-plaintes-pour-profilage-ont-triple
6. https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/desautels-le-dimanche/segments/reportage/392330/quebec-une-communaute-noire-de-plus-en-plus-visible-et-engagee-michel-labrecque?fbclid=IwAR1WgoMXDJ5Mm18vEupDRyTZHE9x5OygPaqjbhT5w-Zn8_DzD3UKiJc_1UI
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Journée mondiale de la santé mentale

L'entraide en santé mentale : un maillon essentiel (et fragile) du filet social québécois
Montréal, le 10 octobre 2024 - Le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) souligne aujourd'hui la 12e Journée de l'alternative en santé mentale sous le thème « L'entraide en santé mentale, c'est loin d'être fou ! ». Pour l'occasion, plus d'une trentaine de groupes communautaires aux quatre coins de la province se mobilisent aujourd'hui de différentes façons : portes ouvertes, distribution de matériel de sensibilisation, kiosques d'information, campagne d'envoi de cartes postales, dévoilement d'une capsule vidéo [1], etc.
Au Québec, près d'une centaine de ressources alternatives en santé mentale œuvrent dans les différentes régions soutenant et accompagnant des milliers de personnes. Pour ces personnes, la ressource alternative est devenue la communauté voire la famille qui leur a fait cruellement défaut. « On parle beaucoup de l'aide individuelle et professionnelle en santé mentale mais peu de l'importance du soutien social et des pratiques de groupe. L'entraide est pourtant un puissant outil pour lutter contre l'isolement », explique Anne-Marie Boucher, co-coordonnatrice du RRASMQ. Selon Statistiques Canada [2], plus de 12% de la population québécoise se sent toujours ou souvent seule, et au Canada, la moitié [3] des personnes qui se sentent toujours ou souvent seules déclarent que leur santé mentale est passable ou mauvaise.
« Il y a quelque chose de très puissant à s'entraider entre personnes qui partagent un vécu commun, entre personne qui sont passées par là. Et on a la chance d'avoir des lieux dédiés à ça au Québec, et qui valorisent nos savoirs développés grâce à nos expériences de vie », souligne France Brault, membre de l'organisme Le Phare source d'entraide, en Estrie. « À l'occasion de la Journée de l'alternative en santé mentale, on invite la population à faire preuve d'entraide, à s'informer sur les ressources qui existent et à en parler dans leur entourage ! », ajoute Anne-Marie Boucher.
Dans les prochaines semaines, une grande œuvre collective sera déposée au bureau du ministre Lionel Carmant, délégué à la santé et aux services sociaux. Le RRASMQ récupérera l'œuvre l'année suivante tout en prenant la mesure du soutien concret apporté par le gouvernement aux ressources alternatives en santé mentale. « Cette œuvre représente le filet d'humanité que constitue l'ensemble des ressources alternatives dans notre société. Un filet d'humanité qui doit être soutenu de façon accrue par le gouvernement pour faire face à l'isolement et la solitude grandissante. Et pour que les personnes ne tombent pas entre les mailles du filet, des mesures plus fortes pour agir sur les conditions de vie des personnes doivent aussi être prises urgemment », soutient Anne-Marie Boucher, co-coordonnatrice du RRASMQ.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Une Coalition braque littéralement les projecteurs sur les écueils du Plan santé du ministre Dubé

La Coalition Riposte au Plan santé lance une vaste campagne pour sensibiliser la population aux multiples reculs découlant de la réforme du réseau de la santé et des services sociaux opérée par le ministre Christian Dubé. À partir d'immenses projections réalisées par le Collectif Sémaphore sur deux façades d'un hôpital public de Montréal, la Coalition Riposte au Plan santé souligne l'urgence de riposter avant la destruction du réseau de santé et de services sociaux.
À partir d'aujourd'hui, et jusqu'à la fin novembre, la population est invitée à participer à la campagne de sensibilisation menée par la Coalition sur les réseaux sociaux de ses organisations membres, en visionnant et partageant largement la série de photos et en visitant les sites Internet des organisations participantes pour s'informer davantage des reculs présents et à venir liés à la mise en œuvre du Plan santé.
Le Plan santé, annoncé en mars 2022, est implanté rapidement et sans consultation démocratique. Le projet de loi 15, gargantuesque pièce du casse-tête de la réforme, a été adopté sous bâillon il y a moins d'un an malgré une forte opposition populaire, de nombreux amendements apportés lors de l'étude parlementaire et des organisations qui n'ont jamais été entendues alors qu'elles souhaitaient s'exprimer lors des consultations.
Le message lancé cet automne est clair : la riposte au Plan santé est non seulement encore possible, mais elle est nécessaire ! Il importe plus que jamais de se mobiliser pour la consolidation d'un réseau public de santé et de services sociaux fort de processus démocratiques et respectueux tant du secteur communautaire que du personnel soignant.
Citations
« Non seulement le Plan santé se déploie à une vitesse folle dans un déficit démocratique effarant, mais il ne permet pas d'améliorer le respect du droit à la santé. La population est en droit d'être consultée et de participer aux décisions en matière de santé et de services sociaux, plutôt que de se voir imposer des bouleversements majeurs qui ébranlent le régime public » – Laurence Guénette, porte-parole de la Ligue des droits et libertés.
« En tant que médecin ayant travaillé dans le secteur public (CLSC) pendant les 45 dernières années, j'ai vécu et je vis encore la destruction du secteur public et c'est ce que le Plan santé perpétuera. Cela n'améliorera pas les soins aux patients. Les résultats du Plan santé sont prévisibles : les intérêts économiques de quelques-uns seront priorisés au détriment des besoins en soins de santé et en services sociaux de la majorité. Une forme démocratique, décentralisée et plus inclusive de soins de santé est possible » – Arnold Aberman, médecin membre du collectif Soignons la justice sociale et porte-parole de la Coalition Riposte au Plan santé
« Le Plan santé va à l'encontre des principes de base de notre système de santé public, en ouvrant grand la porte au privé et en centralisant outre mesure avec Santé Québec. Cette nouvelle structure opaque, composée de gens des milieux d'affaires, donne le ton pour un système de santé morcelé par le privé » – Sophie Verdon, coordonnatrice et porte-parole de la Coalition solidarité santé
« Le Plan santé met en péril l'autonomie et les pratiques des organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux (OCASSS), notamment en introduisant une nouvelle condition à remplir pour obtenir du financement. Alors qu'ils revendiquent que l'État favorise leur mission de transformation sociale, bien sûr en augmentant les subventions, mais aussi en respectant leur mode de fonctionnement, le Plan santé va dans le sens inverse. Il compromet l'exercice du droit d'association et la spécificité de la contribution des groupes communautaires au respect du droit à la santé. » – Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles.
« Avec son Plan santé, le ministre Dubé – sous couvert d'un langage plus acceptable socialement – poursuit sur la lancée de ses prédécesseurs et consacre l'idéologie néolibérale qui a tant mis à mal le réseau dans les dernières décennies. Hypercentralisation, déficit démocratique, acoquinement au privé… Pour nous, le Plan santé est tout sauf santé, sans compter qu'il évacue complètement nos services sociaux ! »
– Émilie Charbonneau, vice-présidente de l'APTS.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

6ème action internationale de la MMF

Yildiz Temürtürkan, parle de la prochaine et 6ème action internationale de la MMF lors de la rencontre au Brésil
Tiré de Boletin las Americas
Coordination du secrétariat international de la MMF
La table thématique sur la 6ème action internationale de la MMF s'est tenue pendant les activités de la 3ème réunion nationale de la MMF Brésil à Natal, Rio Grande do Norte.
La coordinateur du secrétariat international de la MMF, Yildiz Temürtürkan, a parlé de l'importance de comprendre les changements dans la dynamique du capitalisme, en défiant les mouvements sociaux et le féminisme, plus spécifiquement, en formulant de nouvelles stratégies d'action depuis les territoires.
Mme Yildiz a déclaré que la récupération des acquis politiques de la Marche mondiale des femmes est fondamentale pour la construction de la 6e action internationale en 2025. « L'année prochaine, nous marcherons contre toutes les formes de guerre, qu'elles soient conventionnelles ou hybrides. Nous marcherons pour la souveraineté, pour nos corps, nos territoires et pour le bien-vivre », a-t-elle déclaré.
Dans ce scénario, des actions fortes et énergiques promues dans les lieux où les féministes s'organisent sont fondamentales pour pouvoir affronter ce système.
Mme Yildiz a également évoqué les nouvelles formes de colonialisme à l'échelle mondiale et les avancées de l'extrême droite, qui promeut la misogynie et la lesbophobie et provoque une plus grande destruction de la nature, comme en témoigne l'accélération du changement climatique.
Tout cela exige des mouvements qu'ils apportent de nouvelles réponses aux crises et qu'ils construisent des alternatives concrètes à ce modèle prédateur. Cela doit se faire collectivement, en alliance avec d'autres organisations anticapitalistes, et aux niveaux local, régional et international.
L'action 2025, comme l'action 2021, s'appuiera sur quatre piliers liés aux axes de lutte de la MMF :
1) la défense des biens communs contre l'exploitation des entreprises transnationales ;
2) la proposition d'une économie féministe comme alternative concrète à l'économie capitaliste, qui est aussi patriarcale et raciste ;
3) la défense de l'autonomie féministe sur les corps, les sexualités et les territoires des femmes ;
4) la lutte contre la militarisation du monde, qui est non seulement patriarcale mais aussi raciste.
4) la lutte contre la militarisation et les autres formes de violence qui ravagent les territoires dans le monde.
Pour la MMF, l'économie féministe est un outil important de la lutte féministe car elle révèle que les relations de pouvoir et l'organisation économique sont liées, ce qui rend nécessaire de « changer le monde et la vie des femmes en un seul mouvement », comme l'ont dit les féministes de la Marche.
La 6ème Action Internationale 2025 partira du Sahara Occidental et se terminera au Népal. Comme pour les éditions précédentes, elle débutera le 8 mars, Journée internationale de lutte des femmes, et se terminera le 17 octobre, Journée internationale de lutte contre la pauvreté. Le lien entre la force féministe et la lutte des classes sera la prémisse de l'action et de l'ensemble de son processus d'organisation.
Notre quatrième axe sera de faire face à la militarisation des territoires et de la vie des femmes. C'est pourquoi nous commencerons notre action le 8 mars 2025 au Sahara Occidental. Toutes nos actions commencent le 8 mars et se terminent le 17 octobre. Nous organisons toujours des actions au niveau local, national, régional et mondial. Nous relions notre force féministe au féminisme et à la lutte des classes.
« Nous travaillons à la construction d'un symbole commun qui nous unit en tant que Marche mondiale des femmes. Nous voulons avoir des tentes partout dans le monde. La tente est liée à la lutte pour le logement, qui est également liée au changement climatique, causé par le capitalisme. Une autre signification est liée à la migration, aux personnes et aux populations qui migrent et sont réfugiées dans le monde entier. Dans de nombreuses régions du monde, telles que l'Asie et l'Afrique, nous portons ce symbolisme des tentes du point de vue des populations. Les tentes accueillent également nos alternatives et nos débats, tels que l'économie féministe, l'agroécologie, la défense des biens communs », a déclaré M. Yildiz.
Pour Yildiz, en plus d'organiser une action internationale forte qui réponde aux avancées de l'extrême droite, nous voulons aussi porter la mémoire de la vie et des luttes de camarades comme Nalu Faria, dont la trajectoire a toujours été marquée par la construction d'un féminisme internationaliste de principe.
Nalu Faria présente, aujourd'hui et toujours !
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Éléments pour parler d’éducation populaire féministe

De l'École internationale des facilitatrices, Verónica del Cid partage des principes féministes et décoloniaux pour l'éducation populaire
Tiré de Entre les lignes et les mots
Quand on parle d'éducation féministe et populaire, il ne faut pas seulement lire sur la domination, mais aussi pouvoir donner de l'espoir au monde, le regarder comme quelque chose que nous avons construit et que nous pouvons changer. Nous partons de ce que nous construisons déjà, en sachant que ce n'est pas suffisant, mais que c'est nécessaire et urgent. De ce pouvoir hégémonique et de ce système de mort, nous reconnaissons le schéma de pouvoir installé depuis l'époque coloniale sur nos territoires.
Avec la colonie, on a commencé à rationaliser et à sexualiser la vie et le travail. Les hommes, les femmes et les peuples ont été désignés par la couleur de la peau ; en même temps, des emplois ont été attribués et des axes d'accumulation et de marchandisation ont été installés. Tout a commencé à être vendu et acheté. Nous ne pouvons pas séparer ces systèmes de domination. Une contradiction capitaliste ne peut être comprise sans interconnexion avec le colonialisme et le patriarcat.
Nous vivons dans un processus néocolonial. La colonie n'est pas une expression du passé historique, mais plutôt une forme de construction de la société qui a évolué au fil du temps. Aujourd'hui, elle réaffirme une manière de nous dépouiller de tout ce qui est sur terre et en dessous.
Le corps des gens devient une partie du pillage qui nous domine et nous contrôle. La violence doit être identifiée sous plusieurs formes concaténées. Lorsqu'une compagnie minière entre sur un territoire, par exemple, elle y entre avec une structure militaire et la violence sexuelle est aggravée, les corps sont contrôlés, les gens deviennent des prisonniers politiques. Une violence ne peut être séparée des autres.
L'hégémonie viendra de tout ce qui est rebelle. Nos corps non normatifs impliquent déjà une rébellion qui ne plaît pas, qui dérange la normalité. Ces corps rebelles ont été rendus invisibles et contrôlés tout au long de l'histoire. Il y a une féminisation de la pauvreté et un approfondissement des politiques néolibérales basées sur des fondamentalismes qui ont des stratégies spécifiques pour contrôler les corps invisibles.
Nous sommes marquées par ces mêmes cicatrices, même lorsque nous sommes formatrices dans des espaces d'éducation féministe et populaire. Nous avons des histoires de vie douloureuses, pleines de peurs, de culpabilité et d'autres traces de ce modèle dans nos corps. Nous avons donc besoin de processus dans lesquels nous faisons également partie de cette construction. Nous, les femmes, les dissidences et les peuples autochtones, avons une conception différente de la vie, exprimée dans les cosmogonies, les cycles lunaires et dans nos changements hormonaux. Tout cela génère et régénère continuellement la vie, qui n'est ni donnée ni déterminée. Penser qu'il est possible de changer est le moteur qui nous fait proposer une éducation féministe et populaire. Il y a une féminisation des résistances car au quotidien les femmes résolvent l'accès à l'eau, le rôle des soins, la lutte contre les processus d'extraction. Nous ne nous sommes pas nommées, mais nous le sommes.
La formation politique continue de faire partie de cette stratégie fondamentale de construction et de déconstruction de ces formes de pensée hégémoniques. Tout comme nous parlons d'une triade de pouvoir – capitalisme, colonialisme et patriarcat – à partir de plusieurs espaces coïncidents, nous parlons également d'émancipation. Il est urgent de réfléchir à la manière dont nous construisons un sujet politique capable d'esquisser notre projet politique. Les dimensions de l'émancipation doivent être étroitement embrassées, tout comme la domination.
Parler d'éducation populaire inclut nécessairement un pari féministe et un pari décolonial. Cependant, nos processus d'éducation populaire découlent d'une tradition révolutionnaire qui ne comprenait la vie que par la contradiction de l'exploitation, mais n'intégrait pas la domination dans la stratégie d'exploitation. Pour cette raison, nous avons encore de nombreuses organisations qui parlent d'éducation populaire, mais pas de démêler les composantes patriarcales et coloniales. Nous commençons à déranger les processus mêmes de l'éducation populaire lorsque nous commençons à y ajouter de la corporéité, à parler de la façon dont nous pensons, ressentons, aimons et comment nous considérons tout cela comme des dimensions politiques. À partir de ce point de départ, nous commençons à donner d'autres clés à une éducation populaire différente.
L'éducation populaire féministe nous permet de discuter : de quoi avons-nous besoin pour nous constituer en sujets politiques ? Sur quel projet politique parions-nous ? Comment incarnerons-nous cette émancipation ? Quelques possibilités nous permettent d'aborder cette proposition. L'une récupère les connaissances et situe la dimension de la génération naturelle du monde. À partir de là, nous avons commencé à repenser nos sources épistémologiques et à connaître la capacité de guérison de la Terre.
En se rencontrant, non seulement on se reconnaît, mais on apprend aussi à s'aimer. On ne construit pas un horizon et un projet de vie avec quelqu'un qu'on ne connaît pas. Nous devons savoir qui nous sommes. Les processus d'éducation populaire féministe nous permettent de le faire : d'apprendre de près les différences et les réglages que nous avons.
L'éducation populaire féministe est si audacieuse qu'elle commence à parler de dissidence des peuples. Ce n'est pas une éducation exclusive, mais elle a pour point de départ l'invisible, qui est constitué de corps sans nom.
On a survécu. Nous vivons aujourd'hui après plus de 500 ans d'invasion en Amérique latine. Nous vivons l'accusation d'une contradiction, comme si les luttes des femmes pour leurs territoires et leurs droits étaient revendicatives, mais pas politiques. Et elles le sont.
Lorsque le coup d'État a eu lieu au Honduras, la question « que faire de la peur ? » a été posée avec force. Nous avions peur de sortir dans la rue, nous avions peur que nos filles ne reviennent pas, qu'il arrive quelque chose à nos enfants… En tant que formatrices, nous avons suscité cette peur. De la peur, nous générons d'autres forces pour lutter et changer. Nous avons besoin de guérir, de pouvoir parler, d'avoir des espaces de confiance. Nos espaces de formation doivent être des espaces de tendresse et de grande confiance politique dans toutes les dimensions du mot.
Comment soignons-nous et dépatriarchalisons-nous nos méthodologies ? Comment faisons-nous des processus de dialogue ? Comment pouvons-nous travailler d'une autre façon pour gérer le temps ? Comment récupérer la connaissance de soi, les histoires niées ? Nous partons de l'idée qu'aujourd'hui il est nécessaire de créer de nouveaux dispositifs de pensée, mais nous ne nions pas les accumulations des peuples. En tant que formatrices, nous menons ces processus en suscitant la méfiance, la remise en question et la capacité de réponse.
La pédagogie féministe née dans le milieu universitaire ne suffit pas. Nous devons nous relier aux expériences concrètes quotidiennes des mouvements et des luttes des territoires, qui nous apportent de nombreuses réponses. Nous ne pouvons pas sectoriser. Nous devons nous unir et faire des alliances et des articulations de mouvement. L'éducation populaire féministe et décoloniale a l'ambition de révolutionner l'éducation populaire elle-même et de la remplir de significations qui contribuent à dépatriarcaliser, décoloniser et démercantiliser la vie.
Verónica del Cid est guatémaltèque et coordonne le réseau Mésoaméricain d'Éducation Populaire Red Alforja. Cet article est une édition de sa présentation à l'École Internationale d'Organisation Féministe pour Facilitatrices (IFOS), qui a eu lieu au Honduras en août 2024.
Édition par Helena Zelic
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : espagnol
https://capiremov.org/fr/analyse/elements-pour-parler-deducation-populaire-feministe/
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Comment les médias canadiens augmentent le capital de sympathie de la classe des propriétaires immobiliers

Ces histoires sur le thème « pitié pour le propriétaire » inversent les rôles. Les propriétaires et les locataires ne sont pas interchangeables. Ils s'opposent dans un conflit où les propriétaires siphonnent les revenus des familles de la classe ouvrière pour les verser dans les poches d'une classe de propriétaires.
Mercredi 15 mai 2024 / DE : The Breach
Traduction Johan Wallengren
Martin Lukacs : À en croire les médias canadiens, on peut avoir l'impression que les propriétaires immobiliers – ceux qui possèdent et louent des logements – ont une vie terriblement difficile.
Présentatrice : Nous commençons par une histoire qui est vraiment le pire cauchemar d'un propriétaire immobilier.
Commentateur : Shafiq fait partie d'un nombre croissant de petits propriétaires ontariens qui protestent contre le système qui, selon eux, favorise injustement les locataires.
Journaliste : Est-ce que vous diriez à quelqu'un que vous connaissez ou aimez d'être propriétaire immobilier ?
Propriétaire 1 : Jamais. Jamais.
Propriétaire 2 : Je me suis littéralement effondrée sur le palier, devant le logement, et tout ce que je pouvais faire, c'était pleurer.
J'ai littéralement sangloté et sangloté et sangloté.
Lukacs : Ce qu'on voit là n'est pas un travail de reportage sérieux. C'est de la poudre aux yeux. [gaslighting, en anglais].
Amplifiées par les médias de l'establishment, ces histoires à arracher des pleurs servent à masquer l'exploitation du marché du logement et à saper la lutte pour le renforcement des droits des locataires.
Le but visé ?
Faire en sorte que vous ayez pitié de la classe des propriétaires immobiliers, plutôt que d'être en colère contre eux.
Titre affiché : COMMENT LES MÉDIAS NOUS CONDITIONNENT À PLAINDRE LES PROPRIÉTAIRES
Début de chanson :
Ayez pitié du propriétaire qui n'a pas la belle vie, qui marche courbé sous le poids des soucis.
Ses cheveux gris méritent votre compréhension, ne demandez pas de réparations.
Et évitez les retards de loyer.
Lukacs : Il y a un schéma récurrent dans ces histoires qui incitent à prendre les propriétaires en pitié.
Elles commencent généralement ainsi :
Titre affiché : 1. LES PROPRIÉTAIRES ÉPROUVÉS
Commentatrice : Avec son salaire d'enseignante, Norma DeSilva a économisé pour investir dans deux propriétés.
Lukacs : Les propriétaires sont dépeints comme des personnes modestes, qui travaillent dur et qui ont du mal à joindre les deux bouts.
Leurs locataires, en revanche, sont dépeints comme des délinquants.
Titre affiché : 2. LES LOCATAIRES DE L'ENFER
Propriétaire : Il y avait définitivement des cailles à l'intérieur. Définitivement des lapins. Il y avait des poulets. Il y avait définitivement une chèvre.
Lukacs : Reste que des études menées par des groupes de propriétaires ont révélé que près de 100 % des loyers sont perçus à l'échéance, donc c'est un secteur d'une extrême stabilité.
Et pourtant, quand les loyers ne sont pas tous encaissés à l'heure dite, les médias en parlent comme si c'était le jour le plus triste de l'histoire.
Titre affiché : 3. PRÉSENTER LE RISQUE D'INVESTISSEMENT COMME UNE TRAGÉDIE
Présentatrice : Natalie Clancy vous propose ce reportage exclusif.
Commentatrice : Madame Gouws a une créance de plus de 5 000 dollars.
Propriétaire : C'est choquant et ça ne devrait pas arriver.
Lukacs : Quand vous possédez un bien locatif, vous n'êtes pas un travailleur qui gagne un revenu, vous êtes un investisseur qui cherche à faire un très gros profit – ce qui comporte toujours un certain risque.
Ces derniers temps, pour faire monter encore la cote de la classe des propriétaires, les médias ont introduit un nouvel élément dans leur schéma : les propriétaires racisés sont surreprésentés.
Titre affiché : 4. LA JUSTICE RACIALE INSTRUMENTALISÉE
Mais les propriétaires ressemblent le plus souvent à moi, pas à ça : [la vidéo montre des personnes racisées]
On a là une stratégie cynique promue par les groupes de pression du secteur immobilier : instrumentaliser la justice raciale pour promouvoir des politiques qui enrichiront davantage les propriétaires.
Vous vous opposez à ce que les propriétaires aient plus de pouvoir pour expulser les locataires ? Il est clair que vous devez être raciste.
Enfin, les médias escamotent souvent le point de vue le plus important sur le logement locatif : celui des locataires et de leurs défenseurs.
Titre affiché : 5. DES LOCATAIRES DE MOINS EN MOINS ENTENDUS
Organisateur : Quand je dis grève, vous dites loyers ! Grève des loyers !
Locataires : Grève... Loyers...
Lukacs : Cela leur permet de présenter les propriétaires comme les vraies victimes – et de les plaindre parce que des lois prétendument radicales sur la protection des locataires sont proches de les acculer à la faillite.
Ces histoires sur le thème « pitié pour le propriétaire » inversent les rôles.
Les propriétaires et les locataires ne sont pas interchangeables. Ils s'opposent dans un conflit où les propriétaires siphonnent les revenus des familles de la classe ouvrière pour les verser dans les poches d'une classe de propriétaires.
En réalité, les propriétaires au Canada ne sont même pas des particuliers.
Si on fait abstraction du petit nombre de logements publics et hors marché, les propriétaires sont des familles riches possédant plus d'un logement, des petites entreprises exploitant des dizaines de logements, des sociétés détenant des centaines d'immeubles et des dizaines de milliers d'appartements et de puissants investisseurs financiers achetant des centaines de milliers de logements.
La classe des propriétaires réalise des profits mirobolants en augmentant les loyers pour les porter à des niveaux record.
Ils rédigent des lois à mettre en œuvre par des gouvernements provinciaux complaisants.
Et ils utilisent leur pouvoir pour expulser les locataires et augmenter les loyers de manière à garnir encore plus leur portefeuille.
Les organisations de défense des locataires estiment que plus de 40 000 personnes sont expulsées frauduleusement chaque année, rien qu'en Ontario.
En d'autres termes, pour chaque locataire aimant les chèvres, il y a infiniment plus de propriétaires prédateurs.
Mais bonne chance si vous voulez que les médias canadiens en parlent.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Dans le passé nous avons résolu la crise du logement. Pouvons-nous le refaire ?

Pierre E. Trudeau s'est servi du logement comme instrument de justice économique. Cinquante ans plus tard, son fils, l'utilise comme moteur de l'inégalité. Dans un rapport du gouvernement sur « la spirale de la hausse du prix du logement » les auteurs.trices expriment leur préoccupation face « au niveau des constructions au Canada en regard de la demande projetée ».
James Hardkick, Canadian Dimension, 3 octobre 2024
Traduction, Alexandra Cyr
On y souligne que la politique de l'offre et de la demande est un facteur qui contribue à « l'incapacité des Canadiens.nes à bas revenus d'acheter leur propre logis ». On y trouve aussi des commentaires sur le problème créé par la hausse des taux d'intérêts, l'inflation des coûts des services publics et « l'augmentation des coûts du capital dans le secteur de la construction ».
Le rapport aurait pu décrire l'état du marché du logement en 2024 ou de n'importe quelle autre année des dix dernières où ce problème existe. Mais, en fait il s'agit d'une évaluation du Programme d'aide au logement équitable (FHAP) qui a été mis en place il y a presque 50 ans. Il répondait en détails à l'action d'Ottawa face à la crise de 1970.
Au début de cette décennie, les coûts du logement étaient hors de contrôle ; « leur prix étaient constamment au-delà de la capacité de payer des Canadiens.nes ». Le gouvernement fédéral a donc lancé le FHAP qui a permis à l'État de construire des logements sociaux, d'offrir des subventions au loyer et de fournir des hypothèques à rabais aux acheteurs.euses de maisons.
Ce fut un franc succès. À la fin de la décennie le prix des maisons avait vraiment baissé. Les travailleurs.euses pouvaient en acheter une. Ceux et celles qui préféraient louer, avaient accès à une variété de solutions dans le logement social qui pouvaient satisfaire n'importe qui à bas revenus. Il n'y avait pratiquement plus de sans abri.
Étonnamment, cette crise qui affecte le Premier ministre Justin Trudeaudepuis qu'il est élu, avait été plus ou moins résolue par le gouvernement de son père en peu de temps.
Comprendre ces solutions peut nous aider à revenir à un marché stable du logement. Le FHAP embrasse une série de programmes où le gouvernement déploie des ressources pour traiter la crise avec des solutions hors marché. La plus importante étant la construction de logements sociaux.
À partir de 1972 entre 10% et 20% de toutes les habitations construites au Canada, étaient publiques, dans le secteur non lucratif ou en coopératives. Ces logements venaient avec une variété de formules d'accessibilité qui stabilisaient les prix. Soudain les propriétaires privés se retrouvaient en compétition avec un secteur public fort qui favorisait l'accessibilité au lieu du profit. Tous les prix ont ainsi diminué.
Et le FHAP offrait plus que la construction de logement hors marché. Les locataires pouvaient recevoir un subside mensuel via le Programme d'assistance au loyer (ARP). Les personnes à bas revenu qui voulaient avoir leur propre maison pouvaient bénéficier d'hypothèques à bas taux directement du gouvernement fédéral, ou encore une hypothèque privée subventionnée via l'Incitatif à l'achat d'une première maison (AHOP).
Les résultats de ces programmes se sont vite fait sentir. La spirale de la hausse des prix a été interrompue. Années après années le prix des logements s'est stabilisé. Malgré le tableau des hauts salaires et de la montée des prix à cause de l'inflation, cette baisse des coûts a rendu celui des habitations, significativement plus abordable.
À Toronto, ou la participation du FHAP était importante, le coût du logement a chuté de 30% entre 1974 et 1978. Ce fut une incroyable expérience grandeur nature. Les provinces qui ont le plus participé à l'opération ont vu les bénéfices de la réduction des prix du logement pendant que les autres comme l'Alberta dont le Premier ministre M. P. Lougheed a installé son propre programme, ont connu une augmentation des prix avec l'inflation.
Ces résultats sont spectaculaires : les programmes FHAP ont rétabli l'accessibilité au logement en moins de 10 ans !
On se doute que tous et toutes n'étaient pas aux anges avec ce résultat. La classe d'affaire et leurs acolytes dans le gribouillage se sont manifesté. L'Institut Fraser s'est mis à hurler : « de fait la politique du logement est devenu un moyen de redistribution de la richesse en faveur des ménages à bas revenus ».
Malheureusement, les bonnes politiques ne durent pas longtemps au Canada. Les années 1980 sont arrivées avec une élection et un bond dans le marché immobilier. Il fallait à tout prix remettre aux mains du marché les politiques en habitation. Le gouvernement a cessé de subventionner les loyers et les hypothèques et a diminué ses investissements dans le logement social. Les politiques sont de nouveau centrées sur les dettes privées assurées et autorisent la création de titres garantis par des créances hypothécaires.
Ce virage vers le secteur privé provoque une hausse des prix. À la fin de 1980 cette hausse a mené à une véritable épidémie de sans-abris qui est encore là. C'est une autre expérimentation grandeur nature qui confirme toutes les recherches scientifiques à ce sujet : le logement est sans aucun doute la solution à l'itinérance.
Malgré les preuves que le secteur privé ne peut pas répondre aux besoins de la population en matière de logement, le gouvernement en rajoute. En 1992, il met fin au programme des coopératives d'habitation et au milieu de la décennie il cesse de financer la construction de nouveaux logements abordables.
À la fin des années 1990 le gouvernement fédéral se retire complètement de secteur du logement. Il transfère ce qui reste de quelques programmes aux provinces et territoires qui les remettront presque tous aux municipalités plus tard. Le parc existant de logements sociaux dépéri sous cette responsabilité des administrations inférieures. Ils sont sous financés en permanence, laissés à l'abandon et souvent vendus par des Premiers.ères ministres et des conseillers.ères municipaux.ales capricieux.euses et sans la vision nécessaire.
Au tournant du millénaire, les programmes nationaux de logement qui avaient produit plus de la moitié de ce qui était abordable, n'existaient plus.
Au moment où Justin Trudeau a été élu, en 2015, la situation du marché du logement était revenue exactement à ce qu'elle était antérieurement. Les Canadiens.nes étaient incapables d'acheter leur habitation et le prix ds loyers étaient hors de contrôle. Le nouveau Premier ministre a décidé d'imiter son père et a lancé La stratégie nationale du logement (NHS) et attribué des dizaines de milliards de dollars pour résoudre la crise.
Mais les deux programmes n'ont rien à voir entre eux. Le NHS ne conçoit le logement que par la règle de l'offre et la demande. La théorie veut que s'il y a suffisamment de logements construits, les prix vont baisser. Les fonds du programme sont attribués en priorité aux développeurs qui en retour vendent leurs constructions à des spéculateurs de tous acabits. Ces solutions attachées au marché sont un contre-feu. Depuis l'introduction du NHS les prix des habitations n'ont cessé d'augmenter.
Ce résultat était absolument prédictible. La montée spectaculaire des prix sur fond d'augmentation de l'offre était emblématique de la nature du marché du logement durant les décennies précédant le NHS. Année après année, il s'est construit 30,000 maisons de plus au pays que ce qui était nécessaire pour satisfaire l'augmentation de la population et les prix ont quand même excédé l'inflation.
C'est très clair, la crise du logement au Canada n'est pas un simple problème d'offre et de demande. Il faut plutôt s'interroger sur qui détient les logements et pourquoi. En se concentrant presque exclusivement sur l'offre venant du secteur privé, le NHS a remis notre système d'habitation dans les mains d'investisseurs prédateurs en creusé profondément l'endettement des classes inférieures.
En 1978, le marché de l'habitation a servi de moyen de redistribution de la richesse. Les investissements massifs dans le logement social ont réduit les inégalités de ressources et nous a poussés.es vers une société plus égalitaire. En ce moment, ce marché est de nouveau devenu une machine à redistribution des richesses nationales mais en les dirigeants vers le haut de la pyramide sociale.
Pour résoudre cette crise, il faut rompre avec les doctrines néo libérales qui donnent la préséance à l'entreprise privée et chercher des solutions reconnues efficaces. Notre propre expérience et celle d'autres ailleurs nous enseignent que le seul moyen de recréer du logement abordable réside dans les alternatives hors marché qui stabilisent les prix et ainsi poussent les investisseurs privés en dehors su secteur.
Nous avons besoin d'un parc de logements sociaux capable d'ajuster les prix aux revenus, donc d'un investissement fédéral dans le logement et d'un contrôle universel des loyers. Nous avons besoin d'un système bancaire de prêts capable d'offrir des hypothèques conçues pour les acheteurs.euses à bas revenus. Les intérêts payés sur ces hypothèques doivent servir à construire du logement social et à en maintenir encore plus.
Nos milieux de vie ne doivent plus être est véhicules d'enrichissement pour les spéculateurs, ils doivent redevenir ce qu'ils auraient dû demeurer, nos foyers.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Le nécessaire désarmement

Nous devons mettre un terme à la guerre, à toutes les guerres ! Si nous en avions l'obligation jusqu'aux récents siècles pour des raisons morales, nous en avons aussi d'autant l'obligation de nos jours pour des raisons environnementales.
(Ce texte a d'abord été publié dans l'édition d'octobre du journal Ski-se-Dit.)
La militarisation croissante de presque tous les pays dans le monde, propulsée par les États-Unis et la production d'armes de plus en plus sophistiquées, et les guerres qu'elles entraînent et perpétuent, détournent notre intérêt, les sommes qui y sont investies et nos précieuses énergies de la lutte aux changements climatiques et aux nombreuses formes de pollution auxquelles nous sommes de plus en plus confrontés. La production et l'utilisation de ces armes ont aussi un forte incidence sur l'environnement, sans compter bien sûr l'impact des guerres elles-mêmes ; en plus d'endommager les écosystèmes, les attaques faites sur des installations énergétiques et industrielles en période de guerre polluent l'air, le sol et l'eau.
Dépenses militaires
Aucune région du globe n'échappe à la hausse des dépenses militaires. Comme le rapportait l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm en avril dernier, elles ont atteint 2 443 milliards de dollars américains en 2023 (3 351 milliards de dollars canadiens), soit 6,8 % de plus en termes réels qu'en 2022. Les trente et un pays de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) cumulent 55 % de ces dépenses ; les États-Unis à eux seuls ont dépensés 916 milliards de dollars, la Chine 296 milliards, la Russie 109 milliards, l'Inde 83,6 milliards et l'Arabie saoudite 75,8 milliards. À l'échelle de la planète, cette somme faramineuse représente en moyenne une dépense de 306 dollars par année par personne.
Le Canada, comme on le sait, fait l'objet comme plusieurs de constantes pressions de la part des États-Unis pour qu'il accorde au moins 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à ses dépenses militaires en tant que membre de l'OTAN. L'atteinte d'un tel pourcentage, qu'il s'est pourtant engagé à atteindre, représenterait 8,1 milliards de dollars canadiens supplémentaires par année au cours des cinq prochaines années. (Le budget militaire canadien se situe pour l'instant à 26,5 milliards de dollars canadiens.) Ce sont d'importantes sommes et des énergies que l'on pourrait certainement mieux employer en les orientant vers la santé, l'éducation, le logement, le mieux-être de l'ensemble de la population… et l'environnement.
Dans l'édition du 8 mai de la Gazette de la Mauricie, Charles Fontaine faisait d'ailleurs une intéressante remarque à ce sujet après avoir comparé le budget militaire canadien à l'aide publique au développement - qui ne se situe toujours qu'à 0,38 % du PIB, malgré l'objectif jamais atteint de 0,7 % formulé dans les années 1970 : « Investir dans la paix et le développement durable, écrit-il entre autres, devrait être notre priorité absolue. Saurons-nous, en tant que société civile, empêcher le gaspillage de sommes astronomiques dans des armes et des conflits qui ne font que perpétuer un cycle de destruction et de violences ? »
L'impact sur l'environnement
Comme mentionné plus haut, la production d'armes et les guerres ont d'importantes conséquences sur la qualité de l'environnement et sur nos efforts en vue de protéger nos écosystèmes et la qualité de l'eau, de l'air et des sols.
Selon un texte paru en juin 2023 dans le journal Le Devoir, le ministère de la Défense du Canada a produit à lui seul, en 2021-2022, quelque 1 113 kilotonnes d'équivalent CO2. La pollution générée par le parc de véhicules conventionnels du Ministère et par les 20 000 bâtiments placés sous sa gouverne représente 504 kilotonnes d'équivalent CO2 ; et les émissions dégagées par les aéronefs, les navires et les véhicules terrestres tactiques de l'armée canadienne 609 kilotonnes d'équivalent CO2. L'aviation et la marine engendrent à elles seules 99 % de cette pollution.
On peut aussi songer, aussi chez nous, à l'achat annoncé l'an dernier de 88 avions de combat F-35. Ces avions au lourd bilan carbone, dont la fabrication nécessite une grande quantité d'aluminium et plusieurs métaux rares comme le cobalt et le samarium, sont beaucoup plus énergivores que leur prédécesseur le F-16. Leur utilisation nécessite la combustion d'environ 5 600 litres de carburant par heure. L'utilisation d'un seul avion pendant une heure équivaut donc à faire le plein d'environ 119 voitures de marque Honda Civic. Remplir une seule fois le réservoir de ces 88 avions brûle 2 464 tonnes de CO2.
Les guerres altèrent quant à elles directement les écosystèmes à travers les incendies et la destruction d'espèces et d'habitats rares, comme des forêts, des réserves naturelles, des sources d'eau et des steppes. L'usage massif par l'armée américaine de l'agent orange dans les années 1960, lors de la guerre du Vietnam, est saisissant : cet herbicide toxique a détruit des forêts entières et continue de nuire à l'environnement et aux populations.
Le nombre de dommages environnementaux lors des guerres modernes est impressionnant. Entre le début de 2022 et la fin de 2023, sur une période d'une vingtaine de mois, on compte près de 1500 cas de dommages environnementaux seulement dans la guerre opposant la Russie à l'Ukraine. Quand on sait que les guerres s'étirent souvent sur plusieurs années et que l'on dénombre une dizaine de guerres majeures en cours dans le monde, on juge des impacts sur les écosystèmes et l'environnement.
Les centrales nucléaires, les installations de stockage de déchets dangereux, les industries et les ports maritimes sont aux premières loges des hostilités, comme le montrent de nombreux conflits. Les attaques touchent souvent des infrastructures énergétiques à travers les pays, comme des raffineries de pétrole, des plates-formes de forage et des installations gazières, multipliant ainsi les cas de pollution atmosphérique et des eaux.
Que faire ?
Lutter de façon honnête contre la crise écologique n'est certes pas aisé. Le pas le plus difficile à franchir en ce sens est probablement de s'extraire du discours ambiant.
Dans les médias grand public, c'est le silence radio quant aux impacts du militarisme sur l'environnement. L'augmentation des budgets militaires pour complaire aux États-Unis et leur permettre de maintenir leur hégémonie sur le monde semble légitime. Les quotidiens nous parlent de l'augmentation du budget militaire canadien en vue d'atteindre ce fameux 2 % du PIB comme quelque chose allant de soi, de nécessaire, allant même jusqu'à considérer le gouvernement Trudeau comme un mauvais élève.
Les forces armées sont quant à elles depuis longtemps portées aux nues, ici comme chez nos voisins, enrobées dans ce discours mièvre et mensonger voulant qu'elles s'emploient à défendre nos droits, nos libertés et notre démocratie. Plus que tout autres citoyens, les soldats sont célébrés comme des héros, des hommes et des femmes d'une grande générosité qui font preuve d'abnégation. Nous devons remettre les pendules à l'heure : il n'y a rien de noble ni de moral à développer et à utiliser des instruments meurtriers qui serviront à détruire des vies et ravager des sociétés. Rien de noble ou de moral non plus à tirer sur des humains ou à larguer des bombes sur des groupes d'humains. Tout cela sans considérer l'impact significatif du militarisme et des guerres sur la crise écologique.
L'industrie de l'armement est puissante et très influente sur le plan politique. Selon les données de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm de 2022, les cinq plus grands fabricants d'armes d'armes sont états-uniens. Ce sont Lockheed Martin, Raytheon Technologies, Northrop Grumman, Boeing et General Dynamics. Ils ont comme on s'en doute une très grande influence sur la politique de leur pays et en Occident et ont besoin de débouchés pour vendre leurs armes partout dans le monde. Le gouvernement des États-Unis et les médias grand public du pays - écrits et électroniques – avec qui ils ont souvent partie liée, leur servent puissamment de relais. Notre gouvernement et nos médias grands publics aussi.
Nous devons leur résister et œuvrer à un monde de justice et de paix. Nous ne serons pas seuls à le faire. Un très grand nombre de personnes et d'organisations œuvrent déjà pour la paix et le désarmement ici et partout dans le monde. Si nos gouvernements et nos médias grand public ne leur accordent guère de place, nous devons alors le faire et parler et écrire contre l'augmentation des budgets militaires, pour le désarmement, contre la présence de l'armée canadienne dans nos écoles, auprès de nos enfants, pour la dissolution de l'OTAN, cette détestable organisation militaire qui sème la pagaille dans le monde, pour de l'information utile et non biaisée de la part des médias et pour la résolution des conflits en cours.
Nous devons le faire du mieux que nous le pouvons et de toutes les manières possible en soulignant l'important impact négatif de la guerre et de la militarisation sur la lutte à la crise écologique et climatique et sur l'importance d'accorder la priorité aux questions d'environnement.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Mirage des anodes inertes. Elysis quand tu nous tiens !

Elysis, un mot quasiment magique. Quand Fitzgibbon en parlait, il lévitait presque. Pour ceux et celles qui ne sont pas au courant, Elysis désigne un nouveau procédé de production de l'aluminium actuellement en recherche et développement au Saguenay lac St-Jean. Ce procédé en est un dit « d'anode inerte » et son principal mérite serait de ne pas dégager de gaz à effet de serre (GES). Il faut dire que les GES dégagés par les anodes de carbone (la technologie actuelle) entraînent un lourd bilan environnemental qui fait du secteur de l'aluminium au Québec le principal émetteur de GES en industrie.
Germain Dallaire
C'est presqu'un euphémisme, les gouvernements fantasment à plein sur cette technologie. En 2018, à l'amorce des travaux de recherche au Saguenay, les deux ordres de gouvernement investissent 160 millions$, Alcoa et Rio Tinto 55 millions et Apple 13 millions. À ce moment-là, l'application industrielle était prévue pour 2024. En juin dernier, Rio Tinto annonçait la construction pour 2027 d'une usine de démonstration composée de 10 petites cuves permettant de produire annuellement 2500 tonnes métriques. Rio Tinto investira 375 millions et le gouvernement du Québec 140 millions. Compte tenu des promesses de 2018, on est encore dans la recherche et développement. Rio Tinto achète du temps.
Lors de l'annonce de juin, le fédéral était aux abonnés absents. Peut-être garde-t-il ses annonces pour la campagne électorale à venir ou peut-être que le ministre Champagne commence à trouver que c'est cher payé en argent public pour des résultats relativement modestes qui laissent place encore à beaucoup d'incertitude. Toujours est-il que j'ai obtenu copie par une source désirant garder l'anonymat d'une lettre caviardée dont on peut cependant voir qu'elle est rédigée par un député et adressée à un ministre (sûrement François Philippe Champagne). Dans cette lettre, le député met en garde le ministre en insistant sur le fait que toutes les prétentions concernant la mise en œuvre de cette technologie sont basées uniquement sur les dires de la multinationale puisqu'aucun représentant gouvernemental n'est impliqué dans les travaux de recherche et développement de cette technologie. Tout se passe dans plus grand secret. La parole de la multinationale est parole d'évangile. Pour pallier à ce problème, l'auteur de la lettre favorise l'implication du conseil national de recherche du Canada. Au contraire de l'épais brouillard sur les perspectives d'aboutissement de cette technologie, les investissements publics sont eux, importants et bien concrets. L'auteur de la lettre va même jusqu'à évaluer comme nul pour les 25 prochaines années l'impact dÉlysis sur les GES. Autant dire l'éternité.
Pour appuyer son appel a la prudence, le député se réfère au témoignage en avril dernier devant un comité des communes de Jérôme Pécresse, chef de la direction aluminium chez Rio Tinto. Il caractérise ce témoignage comme un « tableau précautionneux ». En effet, il faut prendre le temps de lire ce témoignage. Questionné par le député bloquiste Mario Simard quant à un échéancier, M. Pécresse commence en disant qu'il ne sait pas ce que signifie un échéancier et enchaîne sur un long monologue disant pour l'essentiel que la recherche et développement est un processus par définition indéfini et incertain mais qu'il a confiance d'aboutir. Voilà pour ce que le député qualifie dans sa lettre de « témoignage précautionneux ».
Il faut savoir que, comme le dit la lettre, « depuis 50 ans, plusieurs ont exploré sans succès cette nouvelle voie" (anodes inertes). On parle de Reynolds, Péchiney, Alusuisse, Trimet, Moltech, des chercheurs du MIT et des laboratoires nationaux américains et canadiens (INRS). Pour un, Alcoa a investi plusieurs dizaines de millions de dollars au début du millénaire. À l'époque, la multinationale parlait d'une mise en service pour 2002… Aujourd'hui, Alcoa est partenaire avec Rio Tinto. Tirez-en votre conclusion.
Un peu d'étymologie : Élysis est un mot inventé, c'est un nom propre comme pour une personne qu'on pourrait imaginer de sexe féminin. Un objet de désir quoi ! Spontanément, le mot peut évoquer l'Élysée qui est le domicile du président français. En mythologie grecque, Élysée signifie un lieu délicieux qui faisait partie des Enfers et était le séjour des âmes des héros et des hommes vertueux. Autre piste, le prénom Élyse qui chez les grecs signifie « Des îles bénies ». Encore là, tirez-en votre conclusion.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

1926-2026, cent ans d’occupation par Alcan et Rio Tinto : Le bilan s’impose !

Saguenay, Québec – 8 octobre 2024 – Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, en collaboration avec l'Association des retraités syndiqués de Rio Tinto Alcan et d'autres partenaires annoncent la tenue d'un colloque à l'hôtel Delta à Jonquière, mardi le 22 octobre 2024 intitulé : 1926-2026, cent ans d'occupation par Alcan et Rio Tinto : le bilan s'impose !
Ce colloque sera l'occasion de faire un bilan des impacts et des retombés de la présence de Alcan/Rio Tinto depuis près de 100 ans au Saguenay et Lac St-Jean. Plusieurs personnalités tant du milieu régional comme Marc-Urbain Proulx, Denis Trottier, Alain Proulx que national comme Martine Ouellet et Robert Laplante, viendront présenter un aspect du bilan de 100 ans d'occupation.
L'année 2026 marquera le centième anniversaire de la fermeture des vannes du barrage d'Isles Malignes au Lac St-Jean et le début de l'aventure de l'aluminium dans une région qui est passée de grenier du Québec à vallée de l'aluminium Après cent ans, il est temps de regarder les choses du point de vue des résidents du Saguenay – Lac St-Jean et d'amorcer un bilan ainsi qu'une réflexion. Ces résidents étaient là avant et ils le seront après.
Berges, crassier de résidus, électricité, transformation
Si ce bilan comporte un actif important représenté par les milliers d'emplois qui ont façonné la région, il comporte également un important passif sur lequel il existe une forme d'omerta. On pense en particulier à l'artificialisation des berges du Lac Saint-Jean ou encore les gigantesques crassiers de résidus de bauxite sans parler de la pollution de l'air ou celle de l'eau qui affecte toujours les bélugas à l'embouchure du Saguenay.
Il est aussi temps d'analyser les retombés versus les privilèges consentis à Alcan lors de la nationalisation de l'électricité en contrepartie d'un contrat social pour la création d'emploi et la transformation d'aluminium. De 12 000 qu'il était au début des années 60, le nombre d'employés n'a fait que diminuer et est maintenant que de 2 700. Alors que l'électricité privé représente un équivalent de subvention d'environ 700 millions de $ par année, sans parler des passe-droits au niveau de l'impôt et des GES. Est-ce toujours aussi pertinent ? Il y aurait-il d'autres avenues pour la région ?
Que nous réserve l'avenir pour les installations de Rio Tinto ?
Est-ce que l'implantation de la nouvelle usine d'AP-60 promise à de multiple reprise verra un jour le jour ? Est-ce que la nouvelle technologie Élysis qui ressemble de plus en plus à une chimère va rencontrer ses promesses ? Comment le PL 69 risque de changer le portrait du tout au tout avec des méga parcs éoliens et la privatisation de l'électricité ?
Compte tenu de ces différents éléments, les jeannois et saguenayens ont matière à réflexion. C'est dans le but d'amorcer ce bilan et cette réflexion dans une perspective globale que se tiendra ce colloque.
SOURCE :
climat.quebec
communications@climat.quebec
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Le consensus québécois en environnement

À travers le pays, depuis maintenant des décennies, le Québec s'est démarqué en intégrant des principes environnementaux forts dans son développement économique et social. Notre nation a fait des choix ambitieux, a adopté des lois, s'est dotée de plans, a eu de grands débats de société, a mené des luttes, a bâti des infrastructures collectives et a mené des chantiers importants pour bâtir un avenir viable. Pour nous, l'aboutissement de tout ce travail représente aujourd'hui le consensus au Québec en matière d'environnement.
Ces choix représentent des acquis sur lesquels nous ne pouvons pas reculer.
C'est pourquoi nous demandons aux partis politiques fédéraux de s'engager à respecter le Consensus québécois en environnement.
Si pour vous aussi, il est non-négociable que les partis fédéraux respectent ce que le Québec a bâti et choisi depuis des années, appuyez le consensus. Demandons aux partis de s'engager formellement à respecter nos valeurs et nos acquis en matière d'environnement s'ils souhaitent se faire élire aux prochaines élections !
Notre consensus, en bref
– Nous sommes fiers d'être de grands producteurs d'énergies renouvelables et nous croyons qu'elles sont la voie de l'avenir.
Pour l'affirmer, le Québec a interdit la production d'énergies fossiles sur son territoire et fait partie d'une alliance Beyond Oil and Gas (BOGA).
– Nous croyons que les changements climatiques sont un enjeu prioritaire et nous sommes engagés à agir pour réduire les émissions de GES de notre province.
Pour y arriver, le Québec a adhéré à l'accord de Paris, s'est donné des cibles pour atteindre la carboneutralité d'ici 2050, a mis en place un marché du carbone et un prix sur la pollution.
– Nous voulons réduire les déchets et le gaspillage dans notre province.
Pour y arriver, le Québec a voté une loi contre l'obsolescence programmée, pour forcer les producteurs à faire des biens plus durables et réparables. Plusieurs villes interdisent aussi les produits en plastique jetable pour diminuer les déchets.
– Nous voulons habiter des milieux de vie sains et vivants, où nous avons accès à des services de proximité et où nous pouvons profiter de la nature.
Pour y arriver, le Québec s'est doté d'une politique d'architecture et d'aménagement du territoire (PNAAT) qui cherche à concentrer la croissance urbaine près des services et infrastructures existantes et à limiter l'étalement urbain pour protéger les milieux naturels.
– Nos terres agricoles sont précieuses et cruciales pour notre résilience alimentaire. Nous voulons les protéger et les garder en bonne santé.
Pour y arriver, nous avons adopté au Québec un plan d'agriculture durable (PAD), qui prévoit des pratiques agroenvironnementales, la réduction des engrais azotés et des mesures de protection de la santé des sols. Notre politique d'architecture et d'aménagement du territoire (PNAAT) vise aussi la protection de nos terres en limitant l'étalement urbain.
– Nous aimons profondément notre territoire et nous voulons agir pour prendre soin de nos milieux naturels et de notre biodiversité.
Pour y arriver, nous nous sommes engagés à protéger 30% de notre territoire d'ici 2030, nous avons adhéré au Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal pour inverser la tendance de la perte de biodiversité et plusieurs villes interdisent l'utilisation de pesticides sur leur territoire.
– Notre eau, nos lacs, nos rivières, notre fleuve, nos milieux humides, sont des richesses collectives précieuses que nous voulons protéger contre la pollution et la destruction.
Pour y arriver, nous avons adopté une loi pour garantir “zéro perte nette” de milieux humides et hydriques.
– Nous voulons nous déplacer de manière plus durable et avoir accès à des options de transport moins polluantes, efficaces et abordables.
Pour y arriver, le Québec a adopté une loi pour cesser la vente de véhicules à essence à partir de 2035, a adopté sa norme VZE pour encourager la transition vers des véhicules plus propres et a choisi de bâtir de nouvelles infrastructures de transports en commun, comme le tramway de Québec.
Pour consulter le document complet du Consensus québécois en environnement, cliquez ici.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Quand Christian Rioux appelle à la « guerre totale » au Proche orient !
Petites « mises au point » suite à la chronique intitulée : « Pogrom »
Le Devoir, 7 octobre, 2024
Mario Charland
« On peut bien sûr avoir de bonnes raisons de penser que le coût humain payé par les Gazaouis est démesuré. [...] Mais cela ne nous explique pas comment il est possible d'éviter une guerre totale face à un ennemi qui ne veut ni vous vaincre ni vous faire reculer, mais vous exterminer et vous faire disparaître “du fleuve à la mer” ? » Je souligne.
On pourrait renverser les protagonistes du conflit israélo-palestinien dans cette citation tirée de la chronique ci-haut mentionnée du polémiste en résidence du journal Le Devoir, Christian Rioux, et on aurait le même résultat : une fraction extrémiste qui veut éradiquer la présence de l'« Autre » sur ce qu'elle considère comme étant son pré-carré et sa prérogative absolue, offert par son Dieu Tout puissant et bienveillant envers ses fidèles, ce qui leur donne le droit, et même le devoir, d'en finir avec ces « étrangers » qui souillent la Terre sacrée du Peuple élu (« Juif » dans ce cas-ci).
Mais Rioux n'en dit mot. Il n'y a que le Hamas ou le Hezbollah (ou même l'Iran) qui porte le fardeau de la faute dans cet engrenage de violence, Nétanyahou, Ben-Gvir, Smotrich, Joe Biden n'y sont pour rien car Israël a le « droit de se défendre » contre les femmes, les enfants et les journalistes palestiniens, les travailleurs humanitaires, les médecins, les chirurgiens, tous ligués contre les Juifs, tous antisémites, même les membres de l'ONU et les Cours de Justice Internationale. Comme le dit si bien notre philo-sémite : « Ce jour-là [le 7 octobre], ils [les Israéliens] ont compris qu'ils étaient seuls au monde, [...] »
On aurait envie de pleurer, ne serait-ce le fait que, en Palestine, plusieurs aimeraient bien vivre ce genre de « solitude » : L'armée la plus puissante du monde qui assure ses arrières, lui fournissant armes, munitions, renseignements, logistique, lui donnant le feu vert pour effectuer ses opérations militaires dans la région comme bon lui semble, au mépris du droit international, sans égard à la souveraineté des pays tiers, bloquant régulièrement à l'ONU toute proposition de cessez-le-feu, confondant délibérément, en toute connaissance de cause, antisionisme et antisémitisme dans le but explicite de justifier les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité perpétrés par Tsahal.
C'est sans parler de la grande majorité des pays occidentaux, alignée bien sagement derrière l'Oncle Sam, n'osant le contredire, opinant de la tête à toute déclaration aussi dénuée de sens humanitaire, d'attitude conciliatrice, d'empathie pour les populations civiles (prises pour cibles par l'armée israélienne) puissent-elles être de la part du Président de cette Superpuissance sur le déclin, en pleine décomposition socio-politique, moralement décadente, économiquement dépendante (donc parasitaire) du reste du monde, les États-Unis d'Amérique. Malheureusement (ou heureusement, dépendamment de quelle solitude on parle), l'éventuelle prochaine Présidente compte bien demeurée aveugle sur le déséquilibre évident des rapports de force entre Israël et le monde arabe.
Cela non plus, Rioux n'en fait mention nulle part. Il préfère nous partager sa contribution théorique à la science historique (qui va sûrement intéresser les historiens du monde entier) : Un Peuple qui a été victime d'un génocide ne peut pas, à son tour, devenir génocidaire envers un autre Peuple. Ce n'est pas possible ou si ce l'est, c'est sûrement pour de bonnes raisons, justifié par des circonstances atténuantes (toute critique d'Israël étant, au fond, un déni du droit aux Juifs d'exister politiquement). Pour mieux comprendre la pertinence de la découverte de M. Rioux, faisons un parallèle avec la psychologie sociale : Un enfant victime de violence parentale ne pourra pas devenir, à son tour, violent envers ses futurs enfants ; c'est impossible et impensable ; il est trop « conscient » des conséquences néfastes pour l'être humain de tels traitements traumatisants. Tous les pédopsychiatres savent cela !
La solution est donc simple et limpide : Pour que les Occidentaux (USA en tête) considèrent comme « légitime » l'aspiration des Palestiniens à former un État, ils doivent se débarrasser du Hamas, laissant ainsi toute latitude à l'extrême-droite israélienne d'accomplir son projet « sioniste » d'un Grand Israël au Proche-Orient, dans lequel seuls les « Juifs » seront considérés comme des citoyens à part entière, les autres confessions, populations, ethnies devant accepter leur statut d'infériorité congénitale dont la destinée sera dictée par le Peuple élu de Dieu. En d'autres termes, c'est le Troisième Reich, version israélite...
Bref, si comme l'
affirme Christian Rioux : « Le 7 octobre aura donc été le premier pogrom du XXIe siècle. », Gaza sera, pour sa part, le premier génocide... et non le dernier...
Mario Charland
Shawinigan
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

David Harvey, « Brève histoire du néolibéralisme »

Il faut féliciter les éditions Amsterdam pour leur réédition de cet ouvrage de David Harvey, initialement paru en 2005. L'auteur est un géographe et économiste marxiste de renommée internationale dont la revue L'Anticapitalistea déjà traite des travaux, en juin 2023 [1]. Harvey résume ainsi l'objet de ce livre : fournir une « histoire politico-économique des origines du néolibéralisme et de sa prolifération généralisée sur la scène mondiale ».
9 octobre 2024 | tiré du alencontre.org
https://alencontre.org/economie/david-harvey-breve-histoire-du-neoliberalisme.html
Avant la déferlante néolibérale fonctionnait ce que l'auteur qualifie de « libéralisme intégré » basé sur un « compromis de classe » entre le capital et le travail. Il est à regretter que Harvey ne dise pratiquement rien sur les raisons et facteurs de développement de ces politiques. Toutefois, il signale à juste titre que les bénéfices du libéralisme intégré furent en fait limités aux pays capitalistes les plus développés.
A la fin des années 60, le modèle commença à s'effondrer tant au niveau national qu'à l'échelle internationale : suraccumulation du capital, croissance en berne, « stagflation » (chômage et inflation simultanés), déficits budgétaires, impuissance des politiques keynésiennes, crise du système monétaire international issu de Bretton Woods. A partir de là, se présentaient deux possibilités. La première, exprimée confusément par Harvey, était la radicalisation des politiques antérieures. L'auteur explique que cela a été plus ou moins tenté dans divers pays mais que cela s'est avéré incompatible avec l'accumulation du capital et que la gauche s'est montrée incapable d'aller au-delà des solutions sociales-démocrates (il faut regretter que cette question essentielle soir traitée de manière allusive et peu claire, sans aucune allusion au principal élément socio-politique de la question : l'affrontement avec la classe dominante). Ce fut donc l'heure du néolibéralisme dont les pères fondateurs avaient brandi l'idéal de la liberté individuelle (ce qui a un attrait quasiment irrésistible aux yeux de larges secteurs des populations) et ont affirmé que les libertés individuelles supposaient la liberté du marché et des échanges. Sous cet habillage, le projet politique du néolibéralisme était en fait le rétablissement des conditions d'accumulation du capital et la restauration du pouvoir des élites économiques
Après l'expérimentation consécutive au coup d'Etat au Chili, le tournant majeur intervient en 1979-1980 avec l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher et la hausse drastique des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine dirigée par Paul Volcker qui vise à réduire l'inflation quel qu'en soit le coût pour l'emploi. En 1980, Reagan est élu président des Etats-Unis. Ensuite, le néolibéralisme s'est généralisé et imposé mais de manière différenciée en fonction des caractéristiques des différents Etats.
Les années qui suivent sont marquées par le développement de l'endettement international. Sous prétexte de faire face aux crises de la dette, FMI et Banque mondiale se font les relais internationaux des politiques néolibérales. Avec le « consensus de Washington », dans les années 90, les Etats-Unis épaulés par le FMI et la Banque mondiale ont fait de leur modèle la réponse aux problèmes du monde. Il s'agissait en fait d'ouvrir la majeure partie des Etats à la libre circulation des capitaux. Des dynamiques internes et des forces externes ont joué en ce sens mais Harvey souligne à juste titre que « parfois tout se passe même comme si le FMI ne faisait que prendre la responsabilité des réformes voulues de toute façon par la classe dirigeante de tel ou tel pays ».
Le néolibéralisme a renforcé le pouvoir de la classe dominante tout en favorisant sa reconfiguration : aux dirigeants des grandes entreprises et entités financières se sont ajoutés les détenteurs des fortunes rapides réalisées dans les nouveaux secteurs-phares, notamment les NTIC. Pratiquement partout, on a assisté à une énorme concentration des richesses.
Le fossé entre le capital industriel ou marchand et le capital financier a disparu, le pouvoir du monde de la finance s'est accru tandis que la stabilité du système financier est devenue le principal souci des Etats néolibéraux. Cette classe dirigeante est internationalisée tout en restant liée à des appareils d'Etat nationaux pour les avantages et la protection qu'elle en retire.
Après cette description de la montée et des différentes facettes du néolibéralisme, Harvey cherche à montrer comment, hors le cas du Chili où le néolibéralisme s'est imposé par la répression militaire, il a su créer un consensus qui a permis à des politiciens de gagner des élections et de mettre en œuvre leurs orientations.
Harvey développe en premier lieu les cas des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne (les brefs éléments concernant la France sont approximatifs et discutables). Aux Etats-Unis, on a assisté à la combinaison d'une offensive idéologique multiforme grassement financée par les milliardaires, d'une agression antisyndicale menée avec acharnement par Reagan, d'une capacité à accentuer les divisions entre salariés et du ralliement des deux grands partis, républicain (avec dans ce cas une alliance entre big business et chrétiens conservateurs) et démocrate, aux logiques néolibérales. Un chapitre entier est consacré à la Chine : Harvey y voit une marche particulière vers la libéralisation et la reconstitution d'un pouvoir de classe, « un néolibéralisme à caractéristiques chinoises » qui a permis la croissance économique et panache autoritarisme, nationalisme et certaines formes d'impérialisme rejoignant, selon lui, la vague néo-conservatrice américaine
Le rôle de l'Etat dans la théorie néolibérale est relativement simple : garantir le fonctionnement du marché. Le libre jeu de la concurrence est la meilleure solution, quitte à inventer des mécanismes de marché face à des problèmes nouveaux : comme le marché des droits à polluer. Pour se protéger des menaces que les processus électoraux pourraient faire peser sur la stabilité du marché, les gouvernements néo-libéraux donnent des pouvoirs à des institutions « indépendantes », comme les banques centrales, les cours de justice (on pourrait y ajouter l'édifice des traités européens : « Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens » avait déclaré le président de la Commission en janvier 2015 après la victoire électorale de Syriza en Grèce). En fait, malgré son discours, l'Etat néolibéral se méfie de la démocratie et ses résultats économiques et sociaux sont en décalage par rapport à ses proclamations.
Cependant, on constate des pratiques souvent disparates entre les Etats néolibéraux, certaines renvoient à des considérations pragmatiques ou opportunistes, d'autres aux contextes socio-politiques. Tandis que, aussi bien les Etats nationaux que les institutions internationales comme le FMI, font des entorses aux principes pour sauver des institutions financières qui se sont mises elles-mêmes en difficulté.
Harvey souligne que l'Etat néolibéral est instable. Il est de plus en plus paradoxal de vanter les vertus de la concurrence quand la monopolisation de l'économie se renforce, que les scandales financiers se multiplient, que les travailleurs font les frais de la flexibilité, que les inégalités explosent et que les solidarités se désagrègent. Pour faire face aux mécontentements, l'autoritarisme et les méthodes policières se renforcent tandis que l'Etat néolibéral en appelle de plus en plus au nationalisme face aux désordres internes et à la compétition internationale. Harvey souligne que les contradictions du néolibéralisme peuvent être porteuses de dérives encore plus dangereuses, centrées sur les valeurs morales, le racisme, etc.
Dans un chapitre intitulé « le néolibéralisme en procès », Harvey revient sur les résultats de la néolibéralisation. Il souligne leurs limites : les politiques néolibérales n'ont pas réussi à impulser une nouvelle phase de croissance mondiale. L'Asie de l'Est (avec la Chine) et l'Inde semblent infirmer ce diagnostic mais il s'agit d'Etats poursuivant des politiques spécifiques et non alignées sur le « consensus de Washington ». Le seul succès du néolibéralisme est en fait le contrôle de l'inflation. L'auteur relativise l'impact du développement des technologies de l'information (ce qui pourrait déboucher sur des débats essentiels qu'il n'aborde pas).
Selon Harvey, ce qui marque en fait la phase actuelle du capitalisme c'est ce qu'il qualifie d'« accumulation par dépossession » : une extension généralisée de la sphère marchande qui transforme en marchandises tout une série de biens et d'activités qui bénéficiaient antérieurement à la masse des populations. C'est un point essentiel dont il souligne la continuité avec l'accumulation primitive décrite par Marx.
Harvey conclut son livre en évoquant les crises dont est porteur le néolibéralisme. Des crises financières violentes sont inévitables. La classe dominante en est consciente mais ne fait pratiquement rien pour les prévenir. Un des fondements de cette attitude est sa confiance à pouvoir s'en tirer sans trop de mal. Mais ce scenario pourrait s'avérer fallacieux : une crise financière majeure pourrait accentuer un basculement accentué de l'état du monde au profit de l'Asie ou bien rogner malgré tout les capacités de contrôle de la société par les dominants. Par ailleurs, la néolibéralisation génère de nombreux mouvements contestataires dont une grande partie se distingue des mouvements à base ouvrière autrefois dominants. Ce qui ne signifie pas, souligne Harvey, la mort des mouvements ouvriers, ni dans les vieux pays industriels, ni dans les nouveaux. Les luttes contre l'accumulation par dépossession font naître de nouveaux mouvements enracinés dans le quotidien et le local. Ils ont certes produit ou favorisé la production d'une pléthore d'idées alternatives mais ont, souligne justement l'auteur, souvent du mal à aller au-delà de la question sur laquelle chacun d'entre eux s'est constitué pour appréhender la nature de classe des politiques auxquelles ils se heurtent.
Comme on l'a signalé plus haut, certains développements de Harvey apparaissent parfois confus, voire discutables. Par ailleurs, il semble inutile d'essayer de comprendre les graphiques joints au texte étant donné leur faible lisibilité mais cela est de la responsabilité de l'éditeur. Mais cela ne réduit pas l'intérêt d'un livre extrêmement utile pour comprendre le néolibéralisme dans sa globalité.
[1] VoirThierry Labica, « Petite invitation au marxisme de David Harvey », Revue L'anticapitaliste, Numéro 146, mai 2023 | L'Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Livre Le Curateur public et moi - Parution le 29 oct.

| Une représentante légale dénonce les pratiques du Curateur public
*Alors que le Protecteur du citoyen constatait, en septembre dernier, une «
déshumanisation » des services offerts par l'État québécois, une
représentante légale dénonce les pratiques opaques et étouffantes d'une
institution publique essentielle, mais méconnue : le Curateur public du
Québec.*
Le livre *Le Curateur public et moi - Un déficit d'humanité*, de
l'autrice Alexandra Gilbert, paraîtra *en librairie le 29 octobre prochain.*
*En bref* : On parle beaucoup, avec raison, de maltraitance envers les
personnes vulnérables, mais il faut aussi parler de *surveillance excessive*
et de *déshumanisation des proches aidants et représentants légaux*. Une
représentante légale lève ainsi le voile sur les pratiques étouffantes et
opaques d'une institution nécessaire, mais méconnue : le Curateur public.
*À propos du livre*
« “Ma blonde, elle aide son père handicapé et le Curateur public la traite
comme un bandit.” Cette phrase délicieusement franche de mon amoureux a
fait son chemin dans ma prise de parole. […] J'ai réfléchi. Aux années de
demandes incessantes du Curateur public qui avaient contribué à me
maintenir dans un stress constant, dans une sorte d'état d'hypervigilance.
Au manque de transparence et de professionnalisme de l'institution. Aux
règles obscures et froides qui régissent la fonction de représentant légal.
J'ai décidé que c'en était assez. »
*Le Curateur public et moi* est le récit sans concession d'une citoyenne
dévouée qui assume depuis 25 ans le rôle de représentante légale de son
père victime d'un AVC. Si la réalité de « proche aidant·e » nous est
maintenant familière, il en va tout autrement de celle de « tuteur ou
tutrice » d'un proche adulte déclaré inapte, alors qu'elle est vécue par
près de 10 000 personnes au Québec. Alexandra Gilbert lève ainsi le voile
sur les répercussions concrètes de ce rôle au quotidien, à commencer par
l'expérience de la bureaucratie opaque, étouffante et rigide du Curateur
public du Québec.
Bien que la mission du Curateur public de « veiller à la protection des
personnes inaptes, à la sauvegarde de leur autonomie et au respect de leurs
droits » soit essentielle, l'essai met plutôt en lumière le stress,
l'incompréhension et le sentiment d'isolement et de solitude qui
accompagnent bien souvent le vécu des représentants légaux, alors que le
Curateur prétend soutenir les familles et les proches dans leur fonction.
L'organisme Proche aidance Québec a d'ailleurs développé le concept de «
maltraitance organisationnelle », qui « [...] réfère, entre autres, à une
négation des compétences apportées par la personne proche aidante à la
personne aidée, à l'absence de transmission d'informations pour l'aider
dans son rôle, tout en la laissant se débrouiller seule. » Ce concept
pourrait-il également s'appliquer aux représentants légaux ?
Dans un contexte de vieillissement de la population, où le nombre de
personnes sous tutelle risque de croître, *Le Curateur public et moi* est
un vibrant plaidoyer pour que le rôle fondamental que jouent les
représentants légaux dans notre société soit enfin soutenu et reconnu à sa
juste valeur. Faute de quoi des familles et des proches de personnes
vulnérables pourraient, à l'avenir, craindre de prendre soin d'elles…
Est-ce ce que nous voulons comme société ?
*À propos de l'autrice*
Alexandra Gilbert a travaillé pendant 20 ans en développement
international. Auteure de deux romans (*Gourganes*, 2017 et *Obsolète*,
2022, tous deux chez Stanké), elle œuvre désormais comme rédactrice et
gestionnaire de projets. Représentante légale de son père handicapé depuis
25 ans, *Le Curateur public et moi* est son premier essai.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Soutien à la résistance ukrainienne

Le ficher PDF du livre à télécharger
3
Table des matières
CE N'EST QU'UN DÉBUT CONTINUEZ À TERGIVERSER
CHRISTIAN MAHIEUX
5
CARNET DE BORD DE LA GUERRE EN UKRAINE
Menace nucléaire russe, batailles de Koursk et de Vuhledar…
ANTOINE RABADAN
8
SOLIDARITÉ INTERNATIONALE
Des syndicalistes ukrainiens en tournée dans l'État espagnol
ALFONS BECH
32
Intercepted : salle comble pour la projection en avant-première au Louxor
SOPHIE BOUCHET-PETERSEN
40
Déportation, adoption, russification des enfants ukrainiens
ROBI MORDER ET MARIANA SANCHEZ
42
Carnet de voyage
MANON BOLTANSKY ET NICO DIX
44
Deuxième assemblée générale du Comité français du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine
BERNARD DREANO, ROBI MORDER, MARIANA SANCHEZ
54
FÉMINISMES
Travail des femmes : comment la guerre a changé le marché du travail en Ukraine
ALIONA TKALITCH
59
Une perspective féministe
L'ATELIER FÉMINISTE
62
Le dilemme de la violence domestique en Ukraine
RUCHI KUMAR
63
Féministes en lutte contre l'impérialisme russe
UNE VIDÉO PRODUITE PAR FRIEDA AFARY ET L'ATELIER FÉMINISTE DE

Enzo Traverso : « Le concept de génocide à Gaza apparaît clairement justifié »

Auteur d'un grand nombre d'ouvrages sur le nazisme, l'antisémitisme ou « la guerre civile européenne de 1914 à 1945 », l'historien s'interroge dans son nouvel essai sur la signification – et les supposées justifications – de la violence israélienne contre Gaza et les Palestiniens aujourd'hui.
2 octobre 2024 | tiré de lettre de Lux éditeur
https://luxediteur.com/catalogue/gaza-devant-lhistoire/
Enzo Traverso, Italien, né en 1957, est venu enseigner l'histoire dans les universités parisiennes dans les années 1980, se spécialisant sur l'antisémitisme, le nazisme et la violence de la première moitié du XXe siècle. Professeur à Cornell University (New York), spécialiste de l'histoire du judaïsme, du sionisme et de l'antisémitisme, il est l'auteur de nombreux ouvrages traduits à travers le monde. Son regard sur la guerre qui fait rage aujourd'hui en Palestine – et désormais au Liban – en fait donc un observateur particulièrement pertinent sur l'évolution de la tragédie en cours.
Au début de votre nouveau livre, Gaza devant l'histoire, vous citez les propos d'un gradé israélien : « Rien n'arrive par hasard ; tout est intentionnel. Et s'il est nécessaire de tuer une petite fille de 3 ans dans une maison de Gaza, c'est parce que quelqu'un dans l'armée a décidé qu'il n'était pas grave qu'elle meure, que c'était le prix à payer pour atteindre [une autre] cible. Nous savons exactement combien de dommages collatéraux il y a dans chaque maison. » Il y a donc bien une « intention génocidaire » ?
Enzo Traverso : Vous avez raison de souligner qu'il y a eu des déclarations – multiples – de hauts gradés mais aussi des principaux ministres du gouvernement israélien, qui ont clairement affiché l'objectif de cette guerre. Même si ce terme de « guerre » ne me semble pas très approprié, puisqu'il ne s'agit pas d'une guerre au sens classique du terme, dans le sens où nous n'assistons pas à un affrontement entre deux armées, mais bien plutôt à la destruction planifiée et systématique d'un territoire encerclé par une armée faisant face à une résistance militaire de groupes dont l'armement n'est en rien comparable à celui de l'armée israélienne.
[…]
Voir la suite dans Politis.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Un franc succès pour la première Grande Marche lavalloise contre les violences sexuelles

Laval, 9 octobre 2024 — La Table de concertation en violence conjugale et agressions à caractère sexuel de Laval (TCVCASL) et le projet Laval alliée contre les violences sexuelles (LACVS), une initiative possible grâce à la Politique régionale de développement social de Laval (PRDS), sont fiers d'annoncer le grand succès de la première Grande Marche lavalloise contre les violences sexuelles, s'étant tenue le 5 octobre dernier.
« Cette première grande marche contre les violences sexuelles marque un tournant pour la communauté lavalloise, démontrant une mobilisation collective et une volonté forte de lutter contre ce fléau. L'organisation exemplaire et la participation de nombreuses personnalités montrent l'importance accordée à cette cause essentielle pour le bien-être de tous » a déclaré Alberto Georgian Mihut, rédacteur en chef du Média Communautaire Lavallois.
Une initiative locale qui mobilise à l'échelle transrégionale
Des organismes et des citoyen.ne.s venu.e.s de régions aussi éloignées que Joliette et Saint-Ours, et d'autres de Terrebonne, Boucherville et Montréal se sont joints par centaines à cette marche. Des élu.e.s, des organisations spécialisées en violence sexuelle ou conjugale, ainsi que des représentant.e.s de divers secteurs (scolaire, pauvreté, itinérance, etc.) ont répondu à l'appel, rassemblant des participants âgés de 7 à 77 ans.
« Je viens de Boucherville. C'est la première fois que je participe à une manifestation de toute ma vie. Ma fille ne pouvait pas venir […] je suis venue toute seule […] c'était trop important pour moi » a partagé une marcheuse.
TABLE DE CONCERTATION EN VIOLENCE CONJUGALE ET
LAVAL ALLIÉE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES AGRESSION À CARACTÈRE SEXUEL DE LAVAL
Une première Grande Marche en bonne compagnie L'animateur et chroniqueur Jordan Dupuis a eu l'honneur d'animer l'évènement. Les discours inauguraux de Sandra El-Helou, conseillère municipale de Souvenir-Labelle et responsable des dossiers de la condition féminine, en remplacement du maire Stéphane Boyer, ainsi que et de Christopher
Skeete, ministre responsable de la région de Laval, ont marqué le début des activités. Ils ont exprimé leurs félicitations aux organisateur.trice.s et aux participant.e.s, mettant de l'avant l'importance cruciale de cette mobilisation pour la communauté.
L'invitée d'honneur, Manon Massé, et la porte-parole officielle, Léa Clermont-Dion, ont également contribué à l'enthousiasme ambiant, scandant des slogans tout au long de la marche. Leurs discours ont été réservés pour la clôture de l'évènement.
« Laval. Tous allié.e.s », l'un des slogans solidaires scandés pendant la marche
Présences notables
Parmi les personnalités présentes, on retrouvait l'invitée d'honneur, Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques et ancienne travailleuse du Centre des Femmes de Laval ; Léa Clermont-Dion, autrice et militante reconnue, porte-parole officielle
de l'évènement ; Christopher Skeete, député de Sainte-Rose et ministre responsable de la région de Laval ; Sandra El-Helou, conseillère municipale de Souvenir-Labelle et responsable des dossiers de la condition féminine, en remplacement du
maire Stéphane Boyer ; Ruba Ghazal, députée de Québec solidaire dans Mercier et porte-parole parlementaire du deuxième groupe d'opposition en matière de condition féminine ; Virginie Dufour, députée de Mille-Îles ; Valérie Schamltz députée de Vimont ; Cecilia Macedo, conseillère municipale de Marigot ; Christine Poirier, conseillère municipale de Duvernay-Pont-Viau ; Silvio Manfredi, Adjoint au directeur de la Santé publique de Laval ; ainsi que, Martin Camiré, directeur Santé mentale et dépendance du CISSS de Laval.
Leur présence a amplifié le message de solidarité et d'engagement dans la lutte contre les violences sexuelles.
Les discours d'ouverture ont été prononcés sur la plateforme du Boombox, un haut-parleur géant et mobile, qui a ouvert la voie au contingent de la Grande Marche lavalloise
À la rencontre de la communauté : une lutte universelle
La Grande Marche lavalloise a été conçue pour rassembler tous les membres de la communauté. Le parcours, court et accessible, était adapté aux familles et aux personnes à mobilité réduite. Des interprètes de la langue des signes du Québec (LSQ) du Service d'Interprétation Visuel et Tactile (SIVET) étaient présents pour garantir l'inclusivité. Escortés par le Service de police de Laval, les marcheuses et marcheurs ont atteint le Parc Bernard-Landry, où ils ont pu visiter des kiosques de sensibilisation, renforçant ainsi le message contre les violences sexuelles.
Moments forts
La journée a été ponctuée de plusieurs moments marquants, notamment les discours inspirants de Manon Massé et Léa Clermont-Dion. Le duo n'a pas manqué de revenir sur les évènements entourant les déclarations misogynes de Stéphane Venne à l'égard de Clermont-Dion, survenu quelques jours avant la Grande Marche lavalloise, soulignant ainsi toute la pertinence de poursuivre les luttes contre toutes les formes de violence faites aux femmes. Elles ont également félicité les organisateur.trice.s pour leur initiative remarquable en matière de prévention et de sensibilisation, exprimant leur fierté de participer à un tel mouvement.
Jordan Dupuis a souligné la surreprésentation des personnes LGBTQ+ parmi les personnes victimes et survivantes de violences sexuelles. La directrice de la TCVCASL, Genevieve Dionne, Travailleuse sociale, a également fait allusion à l'affaire Pelicot, plaidant que la lutte aux violences sexuelles continue d'être un enjeu social, politique et de santé publique réel, urgent et contemporain.
Plusieurs enfants ont monté sur scène pour dévoiler une œuvre collective réalisée sur place : une banderole intitulée Les petit.e.s allié.e.s. Juliette Bélanger-Charpentier, Chargée de projet à la mobilisation et aux communications de la TCVCASL, a expliqué : « Il s'agit d'une activité toute simple, mais nous espérons qu'elle servira de levier pour aider les
parents à aborder avec leurs enfants des sujets essentiels tels que la santé sexuelle, l'égalité entre les genres et le consentement. »
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Mobilisation contre les féminicides : La 21e est encore en vie !

Québec, 10 octobre 2024 - Des groupes de femmes et des féministes se sont rassemblés jeudi midi à l'Assemblée nationale pour répondre à l'appel à la mobilisation du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale. Face au 20e féminicide survenu dans la province, elles souhaitaient alerter la population et dénoncer l'inaction et le silence du gouvernement face à l'ampleur des féminicides.

Violences banalisées
Les manifestantes réunies déplorent la banalisation des violences faites aux femmes. « Les féminicides sont la pointe de l'iceberg des violences faites aux femmes. Vingt féminicides ont eu lieu cette année, et combien de milliers d'autres femmes ont été victimes de violence conjugale ou sexiste ? Comment le gouvernement pense s'y prendre pour empêcher le 21e féminicide ? » alerte Alexandra Beale, de la Maison Marie-Rollet. Les organisatrices du rassemblement soutiennent que les solutions pour mettre fin aux violences sont multiples : augmentation du financement en prévention, en accompagnement et en hébergement des femmes victimes de violences conjugales et sexuelles, formations obligatoires et continues sur la violence conjugale et le contrôle coercitif pour toutes les personnes intervenant auprès des femmes et des enfants, éducation à des modèles de relations basés sur l'égalité, déconstruction des discours qui banalisent les violences et adoption d'approches qui reposent sur la responsabilisation des agresseurs.
Contexte social difficile
Lors du rassemblement, les militantes ont aussi fait des liens entre le contexte actuel d'augmentation du coût de la vie et les violences faites aux femmes. Elles déplorent que la réforme de l'aide sociale précarise et appauvrisse les femmes victimes de violence conjugale notamment en abolissant les prestations additionnelles pour les femmes hébergées en maison d'hébergement. Les femmes se retrouvent prises au piège dans des relations violentes, une situation complexifiée par l'inflation, la crise du logement, le sous-financement des services publics et des groupes communautaires. « Depuis le début de l'année, 20 femmes ont été assassinées. Pourtant, au printemps dernier, la ministre responsable de l'Habitation bloquait les projets de maisons d'hébergement parce qu'ils coûtent trop cher. Nous sommes ici parce qu'il est urgent que nous retissions un filet de sécurité autour des victimes et nous exigeons du gouvernement qu'il prenne des engagements clairs pour lutter contre les violences faites aux femmes » explique Élise Landriault-Dupont, du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale.
Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Lettre à un ancien acheteur de services sexuels

Depuis un an et demi, je partage la vie d'un survivant de la prostitution. J'ai découvert ce monde, qui m'était inconnu auparavant, à travers lui et son projet d'exposition sur le sujet, que je l'ai aidé à mettre en œuvre. L'exposition Force de vivre (expoforcedevivre.com) a été présentée en avril dernier au Centre communautaire et résidentiel Jacques-Cartier à Québec, et sera affichée à nouveau le mois prochain au Théâtre Périscope.
En constatant les séquelles que leur passage dans l'industrie du sexe laisse sur les personnes qui se prostituent, la lutte contre l'exploitation sexuelle est rapidement devenue une cause chère à mon cœur.
Récemment, j'ai croisé le chemin d'un ancien acheteur de services sexuels. Il disait de sa conjointe, qu'il a rencontrée la première fois pour une transaction de cette nature, que c'était son choix si elle avait commencé à consommer à l'adolescence et en était venue à se prostituer pour payer sa drogue. Son propos m'a fait réagir fortement. Pour bien lui expliquer mon point de vue sur le sujet et pourquoi je suis en total désaccord avec lui, je lui ai écrit une lettre. Je la partage ici :
« Mon cher,
J'ai décidé d'écrire un texte, pour t'expliquer les raisons profondes derrière ma vision du choix…
Figure-toi que j'ai déjà eu une vision du choix assez semblable à la tienne, mais ma pensée a beaucoup évolué à travers mes études en santé communautaire et mes expériences de vie des dernières années.
Je t'amène donc à adopter une vision plus globale de la société, que de focaliser sur des individus comme mon conjoint ou ta conjointe. Je t'amène aussi à regarder plus globalement les habitudes de vie des gens, et non pas parler seulement de drogue ou de prostitution.
On peut s'entendre pour dire que les situations dans lesquelles les individus se retrouvent (état de santé, dépendance, pauvreté, etc.) dépendent en partie des habitudes de vie qu'ils adoptent (ex. : faire du diabète si on a de mauvaises habitudes alimentaires, avoir un cancer du poumon si on fume, être pauvre si on dépense tout son argent en drogue…). À tes yeux, selon ce que j'ai compris, ce que les individus mangent, boivent, s'ils font de l'exercice ou pas, s'ils fument ou pas, s'ils prennent de la drogue ou pas, ce sont leurs choix.
Si je te dis maintenant que selon un rapport de la santé publique de la Capitale-Nationale de 2018, il y a environ 8 ans de différence d'espérance de vie entre la population des quartiers de la Haute-Ville et celle des quartiers de la Basse-Ville à Québec : les gens de la Haute-Ville (quartiers les plus riches) vivent en moyenne 8 ans de plus que les gens de la Basse-Ville (quartiers les plus pauvres).i Est-ce que cela veut dire que les gens de la Basse-Ville sont tellement niais qu'ils font des choix qui vont les mener à mourir 8 ans plus tôt que ceux de la Haute-Ville ?
Je ne pense pas que les gens de la Basse-Ville sont niais. Je pense juste qu'ils vivent dans des conditions qui font en sorte qu'ils n'ont pas la possibilité de faire les mêmes choix que les gens de la Haute-Ville. Ils sont plus nombreux à avoir grandi dans des environnements familiaux dysfonctionnels, à avoir vécu de la violence et des abus, à ne pas avoir eu le soutien dont ils auraient eu besoin pour développer leur plein potentiel, etc. Ils se retrouvent donc à l'âge adulte avec des problèmes de santé mentale, avec un niveau d'éducation plus faible, à ne pas pouvoir accéder à des emplois bien rémunérés, etc. Donc les choix qu'ils font ne sont pas réellement des choix, puisque s'ils avaient les mêmes possibilités que les gens de la Haute-Ville, ils feraient fort probablement les mêmes choix qu'eux et vivraient aussi longtemps qu'eux. Ils font les choix qu'ils peuvent avec les possibilités qu'ils ont.
Donc dire des individus qui adoptent des habitudes de vie néfastes pour leur santé et leur bien-être (habitudes alimentaires, sédentarité, tabagisme, consommation de drogues, etc.), que ce sont uniquement leurs choix, c'est nier tous ces facteurs sociaux. C'est faire reposer sur les épaules des individus l'entière responsabilité des situations difficiles dans lesquelles ils se retrouvent, alors qu'ils sont loin d'en être entièrement responsables.
Pourquoi certaines personnes défendent-elles si ardemment cette idée de choix et de responsabilités individuels ? Qui sont ces personnes qui défendent le plus ardemment ces idées ? Ce sont celles qui ont le plus à gagner à défendre ces idées et le plus à perdre si l'idée de responsabilité collective fait sa place dans la société. Ce sont les personnes mieux nanties pour qui la pauvreté d'une partie de la société est très profitable. Parce que oui, le fait qu'il y ait des personnes moins éduquées, qui ne sont pas bien outillées pour défendre leurs droits, qui sont incapables d'accéder à des emplois avec de bonnes conditions de travail, qui ne sont parfois même pas capables d'accéder à de vrais emplois (pour différentes raisons, comme des problèmes de santé mentale ou de dépendance), ça profite à bien du monde. Ceux qui se remplissent les poches et assouvissent leurs envies en sous-payant leurs employés, en vendant de la drogue à des personnes dépendantes, en vendant ou en achetant les services sexuels d'autres personnes, etc., ils n'ont aucun intérêt à reconnaître la responsabilité de la société et leur propre responsabilité dans les conditions dans lesquelles vivent ces personnes dont ils profitent. En disant que les habitudes de vie de ces personnes (habitudes alimentaires, sédentarité, tabagisme, toxicomanie, prostitution…) sont leurs choix uniquement, ils s'en lavent les mains et peuvent continuer d'exploiter la vulnérabilité de ces personnes à leur guise, en disant que si leurs conditions de vie ne leur plaisent pas, elles n'ont qu'à faire des choix différents.
Prendre conscience qu'on n'est pas l'unique responsable des conditions de misère dans lesquelles on se trouve, c'est le premier pas vers la guérison. Arrêter de s'autoflageller en se disant qu'on a été stupide de faire ces mauvais choix et reconnaître qu'on n'avait pas toutes les possibilités pour faire de meilleurs choix, ça enlève un gros poids. Ça aide à sortir la tête de l'eau, à devenir plus bienveillant envers soi-même, à se construire une estime, qui nous permettra d'aller chercher des outils pour nous aider à prendre réellement du pouvoir sur notre vie et à faire des choix différents.
Voilà pourquoi je ne peux pas tolérer qu'on dise d'une personne qui est tombée dans la dépendance à l'adolescence, puis dans la prostitution, que c'était son choix. »
Note
1. Milieu de vie et santé dans la Capitale-Nationale (gouv.qc.ca)
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.
gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.