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Le déplacement forcé des Palestiniens est un « crime de guerre »

Le haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a estimé jeudi que les déplacements forcés effectués par l'armée d'occupation sioniste contre une (…)

Le haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a estimé jeudi que les déplacements forcés effectués par l'armée d'occupation sioniste contre une grande partie des Palestiniens dans le nord de la bande de Ghaza constituent un « crime de guerre ».

Tiré d'Algeria-Watch.

Dans une déclaration aux journalistes de New York, M. Türk a souligné que les droits de l'homme doivent être au cœur de toutes les consultations aux Nations unies, affirmant l'importance de cela, en particulier à la lumière des développements au Moyen-Orient. Les conclusions du dernier rapport de l'IPC de l'ONU sont « plus qu'horribles » et que le risque de famine demeure dans toute la bande de Ghaza, a-t-il ajouté en affirmant que « le monde ne peut pas permettre que cela se produise ».

« L'entité sioniste est tenue de faciliter le flux de nourriture, de fournitures médicales et d'aide humanitaire vers Ghaza conformément au droit humanitaire international, malheureusement, la réalité sur le terrain montre que l'aide à Ghaza n'arrive pas », a-t-il déploré. Le responsable onusien a estimé que « le déplacement forcé d'une grande partie de la population du nord de Ghaza constitue un crime de guerre ».

Depuis le 6 octobre, l'armée d'occupation sioniste a poursuivi son invasion terrestre dans le nord de la bande de Ghaza, coïncidant avec ses frappes aériennes et ses bombardements d'artillerie contre les maisons des citoyens et les écoles abritant des personnes déplacées.

Concernant l'agression sioniste au Liban, M. Türk a mis en garde que les attaques sionistes contre la force de maintien de la paix des Nations unies (Finul) pourraient également constituer un crime de guerre. « Ces tensions déraisonnables doivent cesser. Un cessez-le-feu est indispensable », a-t-il insisté.

Ciblage des journalistes
Le 10 octobre, la Finul a annoncé que deux soldats de la Force de maintien de la paix au Liban avaient été blessés lorsque l'armée d'occupation sioniste a pris pour cible une tour de guet de cette force au Liban. Le lendemain, l'armée d'occupation a visé l'entrée principale du centre de commandement de la Finul dans la ville de Naqoura, au sud du Liban, avec des obus d'artillerie.

Une tour d'observation de la Finul a été touchée par un obus tiré par un char sioniste, blessant deux autres soldats de l'ONU. Concernant le ciblage des journalistes par l'agresseur sioniste, M. Türk a indiqué que « les journalistes, en particulier ceux qui travaillent dans les zones de guerre, sont des défenseurs des droits de l'homme », précisant que « leur protection était extrêmement importante ».

La guerre génocidaire sioniste en cours dans la bande de Ghaza depuis le 7 octobre 2023 a fait 42 438 martyrs et 99 246 blessés, en majorité des femmes et des enfants. L'entité sioniste, puissance occupante, continue ses massacres, ignorant la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU visant à y mettre fin immédiatement, ainsi que les ordres de la Cour internationale de justice de prendre des mesures pour prévenir les actes de génocide et améliorer la situation humanitaire catastrophique à Ghaza.

Depuis le 23 septembre dernier, l'occupant sioniste a étendu la portée du génocide à la plupart des régions du Liban, y compris la capitale Beyrouth, par des raids aériens d'une violence et d'une intensité sans précédent. Il a également lancé une invasion terrestre dans le Sud, ignorant les avertissements et résolutions de l'ONU.

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Israël déploie-t-il une stratégie « se rendre ou mourir de faim » à Gaza ?

Une nouvelle phase de la guerre est peut-être en cours, alors que les espoirs d'un cessez-le-feu et d'un accord pour libérer les derniers otages du Hamas s'amenuisent. Tiré (…)

Une nouvelle phase de la guerre est peut-être en cours, alors que les espoirs d'un cessez-le-feu et d'un accord pour libérer les derniers otages du Hamas s'amenuisent.

Tiré d'Europe solidaire sans frontière. Photo : Une femme tient un enfant dans ses bras dans la ville de Gaza samedi (Dawoud Abu Alkas/Reuters).

Pendant un bref instant, l'attention semblait s'être détournée de la dévastation à Gaza. Le conflit entre Israël et l'organisation militante libanaise Hezbollah a déclenché une escalade et une nouvelle campagne israélienne au nord de sa frontière – causant des centaines de victimes civiles libanaises en l'espace de quelques jours, des tirs, apparemment, sur des soldats de maintien de la paix de l'ONU par les forces israéliennes et des scènes de destruction semblables à celles que nous avons vues à Gaza dans les villes du sud du Liban. Parallèlement, un tir de barrage de missiles iraniens sur des cibles israéliennes a laissé entrevoir la possibilité d'une riposte israélienne sur les sites pétroliers, voire nucléaires, de l'Iran, ce qui pourrait provoquer des bouleversements plus importants au Moyen-Orient.

Mais les événements de ces derniers jours nous rappellent la calamité durable qui est le point névralgique de toute l'agitation dans la région. Le nord de Gaza, déjà éprouvé par une année de guerre ruineuse, est en proie à une nouvelle offensive israélienne punitive. Les forces israéliennes ont encerclé le camp de réfugiés de Jabalya dans le but de « démanteler systématiquement les infrastructures terroristes », selon un communiqué des forces armées israéliennes. Israël a donné des ordres d'évacuation à quelque 400 000 habitants du nord de la bande de Gaza, leur demandant de se rendre dans des zones situées plus au sud, qui regorgent déjà de personnes déplacées et qui sont toujours touchées par les bombardements israéliens. Les frappes aériennes ont fait des dizaines de morts.

Les travailleurs humanitaires ont décrit une situation catastrophique. « Pour être honnête, c'est l'enfer », a déclaré Fares Afana, responsable des services ambulanciers dans le nord de la bande de Gaza, dans un message vocal au Washington Post dimanche. Les forces israéliennes attaquaient le camp de réfugiés de Jabalya « pour la troisième fois ainsi que ses environs à Beit Lahya et Beit Hanoun », a déclaré Afana, et le camp était encerclé « de tous les côtés ».

L'organisation humanitaire Médecins sans frontières a déclaré vendredi que des milliers de personnes, dont cinq membres de son personnel, étaient piégées dans le camp de Jabalya. « Personne n'est autorisé à entrer ou à sortir – tous ceux qui essaient se font tirer dessus », a déclaré Sarah Vuylsteke, coordinatrice de projet pour l'organisation, dans un communiqué de presse.

L'intensification du siège « se poursuivra aussi longtemps que nécessaire pour atteindre ses objectifs », a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué. Il s'accompagne apparemment d'un blocus. D'août à septembre, Israël a progressivement réduit l'aide parvenant au nord de la bande de Gaza. Aucun camion de nourriture n'est entré en octobre.

Une telle tactique pourrait alimenter les accusations selon lesquelles Israël affame délibérément les Palestiniens de Gaza. « Je ne comprends pas vraiment quel est l'objectif stratégique concernant le nord », a déclaré à mes collègues Michael Milshtein, un ancien responsable des services de renseignement israéliens, ajoutant que si les habitants du nord de la bande de Gaza choisissent de ne pas partir – et beaucoup risquent de ne pas le faire, étant donné la conviction largement répandue que nulle part dans la bande de Gaza n'est réellement sûr – « ils mourront de faim ».

Les Nations Unies ont prévenu, lors d'une réunion d'information vendredi, qu'Israël avait coupé des « lignes de vie essentielles » dans le nord de la bande de Gaza. Dans certains cas, des hôpitaux débordés ont reçu l'ordre d'évacuer des patients, y compris des bébés en soins néonatals. Un rapport des Nations Unies publié la semaine dernière a souligné une « politique concertée » d'Israël visant à « détruire le système de santé de Gaza » dans le cadre de sa guerre contre le Hamas, qui a perpétré l'attaque audacieuse du 7 octobre 2023 contre le sud d'Israël.

« Il est clair qu'il existe un nouveau plan visant à déplacer de force les habitants du nord de Gaza en évacuant l'ensemble du système de santé », a déclaré Hussam Abu Safiya, directeur de l'hôpital Kamal Adwan, à mes collègues.

Georgios Petropoulos, chef du bureau de Gaza de l'agence des Nations Unies pour les affaires humanitaires, a décrit à mes collègues les tentatives infructueuses, la semaine dernière, d'un convoi de l'ONU pour atteindre les hôpitaux du nord de la bande de Gaza et récupérer les patients qui s'y trouvaient. « Il faut que les militaires israéliens comprennent que, quelle que soit leur action à long terme, les travailleurs humanitaires doivent se rendre sur place et faire leur travail en parallèle », a déclaré M. Petropoulos.

Dans les médias israéliens, les rapports du week-end ont suggéré qu'une nouvelle phase de la guerre pourrait être en cours, alors que les espoirs d'un cessez-le-feu et d'un accord pour libérer les derniers otages du Hamas s'amenuisent. Cette évolution s'accompagne de frustrations internes chez certaines personnalités de l'establishment militaire, qui souhaitaient que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu présente plus clairement un plan stratégique pour la résolution du conflit, qui aurait permis d'intensifier la pression sur le Hamas et de gagner la bienveillance des voisins d'Israël.

En son absence, et compte tenu de la capacité du Hamas à perdurer parmi les ruines de Gaza, certaines voix éminentes ont appelé à des mesures extrêmes. En fait, certains éléments d'une stratégie envisagée – surnommée le « plan des généraux » dans les médias israéliens après qu'un groupe d'officiers à la retraite a lancé cette proposition – pourraient être en jeu dès à présent, à en juger par les préoccupations exprimées par les groupes humanitaires dans le nord de la bande de Gaza.

Il est possible que l'opération prépare le terrain pour une décision du gouvernement de mettre en œuvre le plan « se rendre ou mourir de faim » du général de division (à la retraite) Giora Eiland, notait dimanche le journal israélien Haaretz. « Ce plan prévoit l'évacuation de tous les habitants du nord de la bande de Gaza vers les zones humanitaires du sud, ceux qui choisissent de rester étant considérés comme des agents du Hamas et des cibles militaires légitimes. Alors que les Gazaouis du sud reçoivent une aide humanitaire, ceux qui restent dans le nord seront confrontés à la faim. »

Comme l'a ajouté Haaretz, il s'agit là d'un crime de guerre évident et aucune déclaration officielle d'Israël n'approuve de telles politiques. « Un fonctionnaire au fait de la question a déclaré que certaines parties du plan étaient déjà mises en œuvre, sans préciser lesquelles », a rapporté l'Associated Press. Un second responsable, qui est israélien, a déclaré que Netanyahou « avait lu et étudié » le plan, « comme de nombreux plans qui lui sont parvenus tout au long de la guerre », mais il n'a pas précisé si une partie de ce plan avait été adoptée.

M. Eiland, qui s'est fait entendre dans les médias israéliens et a critiqué l'approche initiale de la guerre par M. Netayahu, a ouvertement discuté de ce qu'il pensait devoir se passer ensuite. Dans une récente interview, il a déclaré que les 400 000 habitants du nord de la bande de Gaza devaient se voir accorder un délai pour quitter les lieux et qu'ensuite, « toute cette zone deviendrait … une zone militaire ». Les Palestiniens qui restent, a-t-il ajouté, « qu'il s'agisse de combattants ou de civils, auront le choix entre se rendre ou mourir de faim ».

Du point de vue d'Eiland, l'objectif devrait être de rendre la pression sur le Hamas insupportable, afin que son appareil militaire s'effondre et que les otages restants soient libérés. Mais pour les alliés d'extrême droite de Netanyahou, l'anéantissement des quartiers de Gaza et l'instauration d'un régime militaire indéfini pourraient être le prélude à de nouvelles vagues d'annexion. « Nos héroïques combattants et soldats détruisent le mal du Hamas et nous occuperons la bande de Gaza », a déclaré le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, au début de l'année. « Pour dire la vérité, là où il n'y a pas de colonie, il n'y a pas de sécurité. »

Smotrich aurait réitéré ces appels à l'annexion et à la colonisation lors d'une réunion au plus haut niveau la semaine dernière.

Les détracteurs d'Israël, de plus en plus nombreux en Occident, craignent que la vision de M. Smotrich, autrefois marginale, ne devienne réalité. « Une population entière est encerclée et forcée de partir, sans aucun endroit où aller », a déclaré dimanche le ministre irlandais des affaires étrangères, Micheál Martin, dans un communiqué. « Il s'agit de l'expulsion massive de personnes de leur patrie. »

Ishaan Tharoor

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L’armée israélienne s’acharne sur le Sud-Liban : Carnages à Nabatiyeh et Cana

22 octobre 2024, par Mustapha Benfodil — , , , ,
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a fermement condamné le bombardement du bâtiment municipal de Nabatiyeh, hier, qui a coûté la vie à six personnes, dont le maire, (…)

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a fermement condamné le bombardement du bâtiment municipal de Nabatiyeh, hier, qui a coûté la vie à six personnes, dont le maire, Ahmad Kahil. L'armée israélienne a « délibérément visé une réunion du conseil municipal à Nabatiyeh », dénonce-t-il. Les élus et autres responsables communaux fauchés par les frappes sionistes « étaient réunis pour discuter de la situation et des secours », a-t-il précisé. Et de déplorer l'immobilisme de la communauté internationale en s'interrogeant : « Qu'est-ce qui peut dissuader l'ennemi de ses crimes, lui qui est allé jusqu'à cibler des Casques bleus dans le Sud ? »

Tiré d'El Watan.

L'armée israélienne a intensifié hier ses frappes sur la banlieue sud de Beyrouth et sur les localités du Sud-Liban, en particulier la ville de Nabatiyeh, importante agglomération de 75 000 habitants. Une série de raids meurtriers se sont, en effet, abattus hier sur cette ville, ciblant le bâtiment municipal et d'autres infrastructures publiques.

Cette attaque a fait 6 morts, selon les autorités libanaises. « Le raid de l'ennemi israélien contre les bâtiments de la municipalité de Nabatiyeh et de son Union des municipalités a entraîné la mort de six personnes et en a blessé 43 autres », a annoncé le ministère libanais de la Santé dans un communiqué. Parmi les victimes figure le maire de Nabatiyeh, Ahmad Kahil, ainsi que d'autres élus. « L'aviation israélienne a mené une quinzaine de frappes sur Nabatiyeh, au Liban-Sud, et ses environs », rapportait hier L'Orient-Le Jour. « Ces frappes ont été menées avec des missiles de gros calibre », précise le journal libanais sur son site officiel.

« Des images obtenues par des personnes sur place montrent une dizaine de colonnes de fumée au-dessus de Nabatiyeh et derrière les collines environnantes. Ces bombardements ont notamment visé Zebdine, Nabatiyeh El Tahta, Nabatiyeh El Faouqa, Kfar Tebnit et Kfar Joz. Les détonations ont été entendues jusqu'à Saïda », détaille le même média.

Un autre massacre à Cana

La gouverneure de Nabatiyeh, Howaïda Al Turk, parle d'une « ceinture de feu » autour de cette ville, dont le marché principal avait été réduit en cendres samedi par l'aviation israélienne. Outre le siège de la mairie, un centre médical adjacent a été touché par les frappes d'hier. Selon l'ANI, une bibliothèque et un centre commercial ont également été visés. Deux médecins ont été tués dans cette attaque, selon un responsable des secours du Hezbollah, cité par l'AFP.

La Défense civile libanaise a déclaré elle aussi avoir perdu un de ses membres. Howaïda Al Turk qualifie l'opération de « massacre ». Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a fermement condamné cette tuerie dans un communiqué. L'armée israélienne a « délibérément visé une réunion du conseil municipal », dénonce-t-il. Les élus et autres responsables communaux fauchés par les bombardements sionistes « étaient réunis pour discuter de la situation et des secours », a-t-il précisé. Et de déplorer l'immobilisme de la communauté internationale en s'interrogeant : « Qu'est-ce qui peut dissuader l'ennemi de ses crimes, lui qui est allé jusqu'à cibler des Casques bleus dans le Sud ? »

La coordinatrice spéciale de l'ONU au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a condamné elle aussi cette opération. « Cette attaque fait suite à d'autres événements durant lesquels des civils et des infrastructures civiles ont été visés à travers le Liban (...). Les violations du droit humanitaire international sont absolument inacceptables », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

L'armée israélienne a mené des frappes contre d'autres localités au Sud-Liban hier. « Des frappes israéliennes ont ciblé Houla, une maison de Marwaniyé qui avait déjà été bombardée la veille, Toul, où la frappe a visé les abords de l'hôpital Ragheb Harb, Zefta, Mhaybib, Chéhabiyé, Mjadel, Mazraat Mechref, Tiri, Qlaylé, Maaroub. La ville de Bint Jbeil a, elle, été visée à dix reprises par l'aviation israélienne. Dans la Békaa, selon notre correspondante Sarah Abdallah, une frappe a visé Yammouné », détaille L'Orient-Le Jour. Outre les villes et les villages du Sud, Israël a de nouveau bombardé hier matin la banlieue sud de Beyrouth, notamment à Harat Hreik, fief du Hezbollah.

A retenir également cette attaque effroyable commise mardi dans le village-martyr de Cana. Dans la mémoire collective libanaise, Cana est le « symbole de raids meurtriers israéliens depuis trois décennies », note l'AFP. Selon les autorités sanitaires, cette frappe a fait 3 morts et 54 blessés. « Selon Mohammed Ibrahim, secouriste du mouvement Amal, allié du Hezbollah, 15 bâtiments ont été « entièrement détruits » dans le quartier où « les dégâts sont énormes » », rapporte l'AFP.

« L'aviation israélienne a visé « la place du village » et « les morts sont des déplacés » ayant trouvé refuge à Cana pour fuir les bombardements israéliens sur leur village du sud du Liban, frontalier d'Israël », ajoute ce secouriste. Selon Euronews, le bilan est beaucoup plus lourd. Il serait de 15 morts. « Au moins 15 personnes sont mortes dans la ville de Cana, dans le sud du Liban, dans une frappe israélienne. Les recherches se poursuivent. La ville a déjà connu par le passé un nombre élevé de victimes civiles à la suite d'attaques israéliennes », révèle Euronews.

La marine de guerre pilonne les côtes libanaises

Signalons aussi cette frappe sur la plaine de la Békaa, précisément à Yammouné, près de Baalbek, faisant deux morts et 15 blessés, selon la presse libanaise. Le ministère libanais de la Santé a fait état aussi d'un raid aérien qui a visé des positions sur l'autoroute reliant Riyak à Baalbeck. Cette attaque a fait deux morts et neuf blessés.

L'armée israélienne a par ailleurs mobilisé sa force navale pour pilonner les côtes libanaises. La marine de guerre sioniste a visé des « dizaines de cibles du Hezbollah au Liban-Sud, en coordination avec les troupes sur le terrain, une première depuis le lancement de l'opération baptisée « Flèches du Nord » le 23 septembre dernier », relève L'Orient-Le Jour. « Un avis d'évacuation des côtes et des eaux libanaises avait été publié il y a une semaine par l'armée israélienne, affirmant que toute présence humaine au sud du fleuve Awali, qui se jette au nord de la ville de Saïda, serait considérée comme « hostile » », ajoute le quotidien francophone.

De son côté, le Hezbollah a indiqué avoir lancé « un grand nombre de roquettes » sur Karmiel, à l'est de Acca, hier après-midi. « Quatre personnes, trois hommes et une femme d'environ 50 ans, ont été blessés par des tirs de roquettes sur Majd El Krum, localité du nord d'Israël, voisine de Karmiel, selon le Haaretz. Le Hezbollah avait annoncé avoir visé Karmiel à 14h15. L'explosion a également causé des dégâts matériels, touchant des commerces et des voitures », écrit L'Orient-Le Jour.

Le mouvement de résistance chiite a en outre ciblé « à l'aide d'un missile guidé, un char Merkava israélien dans la périphérie de Ramiyé », près de Bint Jbeil. L'équipage de ce char a été touché de plein fouet. Il y a eu des morts et des blessés parmi les soldats israéliens suite à cette opération, selon le « Hizb ».

Dans la nuit de mardi à hier, la formation libanaise a tiré plusieurs projectiles en direction de Safed, au nord d'Israël. Des missiles ont été tirés aussi sur Haïfa. Des salves de roquettes ont également visé des positions de l'artillerie israélienne à Dalton et Dishon (nord-est). D'après l'armée israélienne, le Hezbollah a tiré plus de 50 missiles sur le nord d'Israël depuis le Liban.

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La course à l’abîme d’Israël – Entrevue avec Mayla Baklache du Mouvement social libanais

22 octobre 2024, par Golias Hebdo, Mayla Bakhache — , , , ,
Nous publions une entrevue avec Mayla Bakhache, membre du comité de direction du Mouvement social libanais. Elle livre un témoignage de première ligne sur l'agression (…)

Nous publions une entrevue avec Mayla Bakhache, membre du comité de direction du Mouvement social libanais. Elle livre un témoignage de première ligne sur l'agression israélienne en cours au Liban. Elle aborde différents asects de la conjoncture libanaise dans ce contexte, dont le place du Hezbollah. Tout droit réservé. Nous remercions Golia Hebdo de nous permettre de partager l'entrevue avec notre lectorat.

Tiré d'Alter.québec.

Golias : Comment vivez-vous ces derniers jours l'enchaînement des évènements et cette nouvelle guerre israélo-libanaise qui commence ?

Mayla Bakhache : Nous vivons au jour le jour, heure après heure, cela donne du recul, de la détermination, du courage aussi, même si l'espoir semble aux oubliettes, mais comme le disait Mouloudji « Et bien qu'aveugles sur fond de nuit, entre les gouffres infinis, des milliards d'étoiles qui rient, faut vivre ». Il faut vivre, donc. Je crois d'ailleurs qu'on apprend à vivre seulement quand on se dégage de l'espoir illusoire.

Golias : Comment le MSL réagit-il face à l'afflux de ces personnes réfugiées fuyant les bombardements israéliens ?

Mayla Bakhache : Après le 7 octobre, il y en a eu près de 70 000 fuyant la frontière sud du Liban, au démarrage des bombardements la semaine dernière, ils étaient 300 000 et avec les tous derniers bombardements sur Beyrouth et le début de l'invasion terrestre, on estime le nombre de déplacés à un million un quart. Il faut les accueillir et leur apporter le soutien matériel, social et psychologique. Nous avons dû fermer nos centres au Sud Liban (excepté dans la ville de Saïda, épargnée jusqu'aujourd'hui), rapatrier et répartir nos personnels qui sont pour certains eux-mêmes réfugiés, nous nous coordonnons avec les autres associations et sous les auspices des instances publiques dans les lieux ouverts aux déplacés, les écoles principalement. Outre la réponse à l'urgence, notre ligne est de créer des passerelles entre les centres de déplacés et le milieu d'accueil pour dépasser les logiques communautaires qui sont toujours à l'œuvre dans notre pays clivé. Les déplacés appartiennent essentiellement à la communauté chiite, le risque étant que les communautés chrétiennes et sunnites estiment que c'est le parti armé chiite, le Hezbollah, qui les a entraînés dans cette nouvelle guerre avec Israël. Dans notre travail dans les centres, nous mettons en avant les valeurs d'accueil et de bienveillance pour désarmer l'hostilité que l'afflux des déplacés suscite. Pour l'instant les citoyennes et les citoyens libanais sont au rendez-vous. Si la guerre devait durer, de nouvelles tensions pourraient monter.

Golias : En France, on lit que l'État libanais n'existe plus. Qui alors gère la situation des déplacés et coordonne l'assistance ?

Mayla Bakhache : C'est une vision galvaudée de la réalité libanaise qui arrange les voix misérabilistes et assistancialistes. Certes les institutions sont bloquées, nous n'avons plus de présidence de la République depuis deux ans, la corruption règne à tous les étages de l'administration, mais il y a encore des services publics qui fonctionnent même a minima et l'administration a une expérience de ces périodes de guerre. Si on excepte la guerre israélo-palestinienne de 1947-1948, nous subissons notre quatrième invasion israélienne : l'opération Litani de 1978 avec l'occupation permanente de la bande frontalière, Paix en Galilée, en 1982, quand l'armée d'Invasion israélienne est arrivée à Beyrouth, en 2006 et aujourd'hui en 2024. Il y a plus d'un an le MSL a participé à la préparation d'un plan pour accueillir les déplacés en cas de guerre, coordonné par le gouvernement libanais. Même si l'ampleur et la répartition géographique des déplacés dépassent le plan, les services de l'État ont su réagir : ouverture des écoles publiques et des centres sociaux, évacuation organisée, coordination des acteurs associatifs. L'objectif est d'accueillir tout le monde, certains vont dans leurs familles ou chez des amis. Il n'y a presque pas de réquisition de logements vides pour éviter les phénomènes de « squatérisation » quand la situation redeviendra normale et les écoles confessionnelles, chrétiennes pour la plupart, n'ont pas encore été ouvertes pour les déplacés. Il n'y a pas beaucoup de moyens, mais la solidarité entre les habitants complète pour l'instant. Ce n'est pas le chaos dans le pays, mais la situation est dramatique pour un million de Libanais et Libanaises et leurs familles. On craint que la situation ne s'aggrave, par exemple la nuit dernière l'armée israélienne a bombardé un quartier chiite dans le centre de Beyrouth près du siège de la Croix rouge libanaise où s'étaient réfugiés les habitants de La Banlieue Sud faisant fuir des personnes déjà déplacées. Lors de l'attaque contre le Hezbollah à travers les bipeurs piégés qui ont gravement blessé des membres du parti, les hôpitaux ont été un moment débordés.

Golias : Le coup porté contre le Hezbollah par Israël aura-t-il des répercussions sur les blocages politiques au Liban ?

Mayla Bakhache : Pas sûr. La place du Hezbollah dans la société libanaise est ambivalente. La violence disproportionnée de la riposte israélienne sur Gaza nous traumatise. Toute la population libanaise se sent solidaire de celle de Gaza, mais que pouvons-nous faire sinon témoigner de notre effroi et de notre compassion ? Le Hezbollah qui a gagné la guerre en 2006 maintenait en nous cette illusion que nous étions capables de riposter (sous le nom de l'équilibre de la terreur), que nous ne nous laissions pas faire en tant que pays. Mais le Hezbollah s'est piégé lui-même. Il a surestimé ses capacités militaires après 2006 et les combats qu'il a menés en Syrie aux côtés du régime de Bachar al Assad ont eu des conséquences ambiguës pour lui. L'affaire des bipeurs et des talkies-walkies a affaibli la ligne de commandement, les deux têtes du Hezbollah ont été tuées, mais les milliers de combattants et de combattantes aguerris sont toujours là et le parti maintient sa domination sur la communauté chiite. En 1982 c'était l'OLP de Yasser Arafat qui tenait ce rôle de structure politique armée à côté de l'État libanais. Il a été remplacé par les Syrien.nes puis par le Hezbollah avec l'appui de l'Iran après une guerre civile qui a connu des massacres inter et intracommunautaires épouvantables. Qui prendra la place du Hezbollah s'il sort durablement diminué ? Nul ne le sait. Même avec ses alliés, le Hezbollah comme parti politique n'est pas majoritaire au Liban, les dernières élections législatives de mai 2022 l'ont montré. Il est probable qu'au sein même de la communauté chiite il ne le soit pas non plus, ses méthodes violentes étouffent les voix dissidentes. La communauté chiite au Liban est ancienne, elle a construit le pays comme les autres communautés, on compte en son sein des grands intellectuel.les, des marxistes, des libertaires même. On peut aussi se mettre à espérer que les leaders politiques feront collectivement face à cette nouvelle invasion. Un cessez-le-feu a déjà été demandé par le gouvernement pour le respect strict de la résolution 1701 de l'ONU de 2006 prévoyant le désarment des milices armées au sud de la rivière Litani. C'est peut-être le vieux leader de la communauté chiite Nabih Berri, 88 ans, président du parlement depuis plus de trente ans qui détient la clé d'une évolution politique du pays dans un sens moins mortifère. Son parti Amal s'était allié avec le Hezbollah, mais les derniers évènements lui donnent possiblement de nouvelles marges de manœuvre. Les pays arabes en bute avec l'implantation iranienne dans la région au moyen de ses groupes armés alliés, peuvent contribuer à cette inflexion politique. On ne sait pas, tout est possible, le pire comme le moins pire voire le mieux, mais là on rêve.

Golias : Que pensez-vous d'Israël. Jusqu'où ira-t-il ?

Mayla Bakhache : C'est l'ennemi du Liban parce que, depuis sa création, il n'a pas pu, ne sait pas et ne peut pas vivre en paix avec les pays voisins. Le problème fondamental d'Israël est la domination de l'idéologie sioniste sur la société et l'État, un composite détonant de nationalisme juif, et de colonialisme de peuplement et de remplacement. Le sionisme laïque au départ, demandait la création d'un foyer national pour les Juifs persécutés en Europe. Il est devenu un sionisme religieux qui fait de la Palestine une terre sacrée qui doit revenir dans sa totalité aux Juifs uniquement, faisant fi des millions de Palestiniens et de Palestiniennes qui y vivent. Le projet du gouvernement Netanyahou à Gaza est d'expulser les 2,5 millions h'habitants vers l'Égypte, il n'y arrive pas. En Cisjordanie c'est l'expulsion des trois millions d'habitants palestiniens qui y vivent, vers la Jordanie. L'existence d'Israël est maintenant un fait historique. Même l'OLP l'a reconnu dans sa Chartre en 1988 et Israël a établi ou est en passe d'établir des relations diplomatiques avec plusieurs pays arabes. La question est celle de la capacité de ce pays à reconnaître l'existence de Palestiniens et de Palestiniennes et à vivre en paix avec eux. On dit qu'Einstein qui n'était pas sioniste s'était vu proposer la présidence du nouvel État, il refusa parce qu'il craignait que les sionistes ne puissent jamais vivre en paix avec les pays voisins.

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Mayla Bakhache a été secrétaire générale du Mouvement social libanais (MSL) une des plus anciennes et importantes associations libanaises intervenant dans le domaine du développement social sur l'ensemble du pays. Elle est aujourd'hui au comité de direction chargée de renforcer la représentation, le rôle et le fonctionnement de l'assemblée générale de l'association pour en renouveler la dimension citoyenne active, affirmée à l'origine de sa fondation en 1961. Construit sur une base multiconfessionnelle dans ses instances, dans ses équipes salariées (187), ses bénévoles et ses bénéficiaires, le MSL s'est donné pour mission de faciliter l'accès des plus pauvres à l'autonomie et à la citoyenneté et d'impliquer les jeunes du Liban dans le développement et l'amélioration de leur société. L'association gère une quinzaine de centres de développement sur tout le territoire et dans la périphérie de Beyrouth en proposant des services concrets à plusieurs milliers de jeunes : école maternelle, soutien scolaire, centres de formation professionnelle, sensibilisation à la citoyenneté, ateliers de théâtre, espaces de débats et d'expression. Le MSL promeut un certain nombre de valeurs comme la laïcité, le non-confessionnalisme, le développement de tous et de chacun, le non caritatif, la citoyenneté ouverte et la non-violence comme forme de changement.

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Coup d’éclat surprise des travailleurs d’Amazon à Laval

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16 octobre 2024, par Rédaction-coordination JdA-PA
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Entrevue avec Mayla Bakhache, du Mouvement social libanais réalisé par Golias Hebdo Nous publions une entrevue avec Mayla Bakhache, membre du comité de direction du Mouvement social libanais. Elle livre un témoignage de première ligne sur l’agression israélienne en cours au Liban. Elle aborde (…)

Mali : la junte rompt l’accord de paix avec les rebelles du nord

16 octobre 2024, par Serigne Sarr
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Serigne Sarr Le Mali est dirigé par une junte militaire depuis 2021. Elle a proposé une nouvelle constitution qui fut entérinée à 97 % par un référendum en 2023, notamment pour assurer l’éligibilité de ses membres aux élections. Alors qu’elle avait annoncé des présidentielles en février 2024 (…)

Grève du secteur public 2023 : mobilisation inspirante et espoir déçu ?

16 octobre 2024, par Rédaction

La ronde de négociations du secteur public québécois qui s’achève s’est révélée historique à plusieurs égards. Mais malgré l’ampleur de la mobilisation, peut-on dire pour autant qu’elle a permis d’obtenir les gains espérés ? Nous présentons ici un rapide survol des évènements afin de tenter d’en dégager un portrait général et d’en faire un bilan à chaud. Cette négociation a été historique par sa combativité, sa portée féministe, le fait qu’elle a réussi à mettre de l’avant dans le débat public non seulement les conditions salariales, mais aussi et surtout la question des conditions de travail des enseignantes et des enseignants. Enfin, elle fut historique par la solidarité qu’on a pu constater sur le terrain. Quant aux résultats, si dans l’ensemble, on peut les juger honorables sur le plan salarial, sur celui des conditions de travail, il ne semble pas y avoir eu d’avancées notables, dans le domaine de l’éducation du moins, et ce, malgré l’importance que cet enjeu a eue, en particulier dans la mobilisation des enseignantes et des enseignants.

Une grève féministe

Cette négociation revêt d’emblée un caractère féministe, considérant que le secteur public québécois emploie très majoritairement des femmes – 78 % sont des travailleuses dans le Front commun – et c’est à ce titre qu’elle a connu une certaine résonance dans l’espace public[1]. Le taux de travailleuses dans le secteur public est en effet très élevé, plus que le taux moyen canadien pour les emplois de la fonction publique, qui se situe lui-même déjà dans la moyenne supérieure des secteurs publics les plus féminisés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)[2]. Il faut dire que le secteur public québécois concentre des domaines du care[3] : santé, éducation, services sociaux, lesquels sont de juridiction provinciale. Or, historiquement, ces domaines font face à une dévalorisation de long terme, liée à leur essence même, étant des emplois associés aux soins à la personne et à la prise en charge d’autrui, tâches qui étaient traditionnellement réalisées par les femmes dans l’espace privé du foyer. La professionnalisation de ces soins et leur rémunération, du fait de la spécialisation genrée des métiers, ont été accompagnées d’un déficit de reconnaissance tant sur le plan de la rémunération que de la pénibilité[4]. C’est d’ailleurs à une partie de cette iniquité que la loi sur l’équité salariale cherche à répondre. Cependant, malgré les différents exercices d’évaluation et de réévaluation de la valeur des emplois à majorité féminine, le secteur public québécois accuse dans son ensemble un retard qui ne cesse de se creuser avec les autres secteurs publics et le secteur privé. Cette année, l’Institut de la statistique du Québec a mesuré ce retard à 17 % en ce qui concerne les salaires et à 7 % si on tient compte aussi des avantages sociaux[5]. C’est que, comme le souligne Louise Boivin, « le fait de limiter la réalisation de l’équité salariale au sein d’une entreprise, voire au sein d’un syndicat, ne favorise pas l’atteinte de l’équité dans l’ensemble du marché du travail[6] ».

Le secteur public québécois connait depuis des décennies une dégradation des conditions de travail liée à la nouvelle gestion publique, au manque de personnel, aux changements organisationnels constants – pensons par exemple à l’enchainement des réformes : le virage ambulatoire dans les années 1990, la création des centres de santé et de services sociaux (CSSS) par la fusion des établissements en 2003, puis celle des centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) en 2015, lesquels seront bientôt remplacés par l’agence Santé Québec créée par la réforme du ministre de la Santé Christian Dubé et adoptée en décembre 2023. Faire une lecture féministe de cette négociation, c’est donc souligner à quel point cette lutte joue un rôle central dans la reproduction ou non d’iniquités systémiques de genre sous le couvert d’une simple négociation entre le gouvernement et le personnel d’un secteur public dont la composition de genre est trop souvent invisibilisée.

Les problèmes de « rétention de la main-d’œuvre » que cherchent à résoudre tant la partie patronale que la partie syndicale avaient pour origine, déjà avant la pandémie de COVID-19, différents changements organisationnels cumulés qui produisirent et produisent toujours de plus en plus souvent un épuisement professionnel ou une fatigue de compassion, « une usure émotionnelle qui apparaît lorsqu’une personne est témoin de la souffrance d’autrui de façon répétée et se sent impuissante devant cette souffrance[7] ».

S’ajoute à cela le contexte particulier post-COVID-19. En 2023, lors de la négociation, nous finissions à peine de sortir de cette pandémie, avec ce qu’elle a comporté d’ajustements et de temps supplémentaire pour les travailleuses et travailleurs des services essentiels. En effet, une des particularités des emplois du care est que la plupart ne peuvent pas être effectués à distance, « en virtuel ». L’opinion publique était d’emblée consciente des efforts fournis par les infirmières et infirmiers et du temps supplémentaire obligatoire qui leur était constamment imposé. Bien que moins visibles dans les débats publics, l’ensemble des travailleuses et travailleurs des secteurs de la santé et des services sociaux ont dû jouer les « anges gardiens », avec ce que cela a impliqué comme sacrifices et comme risques accrus pour leur propre santé.

Or, adopter une lecture féministe de la négociation, c’est aussi insister sur cette réalité propre au travail du care. La perspective de l’éthique du care comme celle que propose Molinier[8] nous pousse à formuler différemment les besoins de valorisation du secteur public québécois en insistant sur la question des conditions de travail et non seulement sur la rétribution, et en notant par ailleurs que nos sociétés vieillissantes sont appelées à avoir de plus en plus d’emplois liés au care.

La FAE donne le rythme et le ton…jusqu’à la fin !

À lui seul, le personnel du secteur public québécois représente à présent 15 % de l’ensemble de la population active au Québec. Les acteurs centraux pour le représenter lors de la négociation qui vient de se terminer formaient trois grands groupes : le Front commun rassemblant les syndicats de la CSQ, de la CSN, de la FTQ et de l’APTS (420 000 membres), la FAE (66 000 membres) et la FIQ (80 000 membres)[9].

Malgré sa petite taille proportionnellement au Front commun, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) s’est toutefois imposée durant toute la négociation comme un acteur incontournable. Cela tient principalement du fait que pendant que le Front commun a étalé ses « coups de semonce » de un jour, deux jours, trois jours de grève sur plusieurs semaines à partir du 6 novembre, la FAE a choisi la grève générale illimitée comme moyen de pression à partir du 23 novembre, paralysant ainsi 40 % des écoles de la province et faisant parler d’elle au quotidien, en raison de la perturbation économique et sociale entrainée par la fermeture des écoles.

Il très difficile dans le contexte de la négociation du secteur public de mettre de l’avant les enjeux liés aux conditions de travail, ce sont généralement les enjeux salariaux qui retiennent l’attention. Mais cette fois-ci, il est notable que la FAE ait réussi à imposer un enjeu dit « sectoriel » dans l’espace public : la composition des classes au primaire et au secondaire. Elle a réussi à le faire notamment parce que le système d’éducation est mis à mal depuis un bon moment déjà et fait l’objet de débats publics. Ces dernières années, le nombre d’enfants ayant des besoins particuliers dans les classes du secteur régulier n’a cessé de croitre, une conséquence de la création d’un système d’éducation à trois vitesses (écoles privées subventionnées, écoles publiques avec projets particuliers et écoles publiques régulières) qui s’étend à présent même au primaire[10].

Pendant que la FAE réussissait à faire parler de l’importance de l’éducation, d’autres enjeux passaient malheureusement sous le radar. C’est le cas de la réforme Dubé en santé (loi 15[11]), adoptée sous le bâillon le 9 décembre 2023, en pleine négociation du secteur public, alors que celui-ci sera directement affecté par cette loi. Cela démontre la grande difficulté à relier les enjeux de négociation aux enjeux considérés de « deuxième front », selon le jargon syndical. Les transformations du secteur de la santé et des services sociaux auront pourtant un impact majeur et direct sur les conditions de travail des personnes œuvrant dans ce réseau.

Solidarité et soutien public remarquables

On a observé un très grand nombre de gestes de solidarité de la part des parents, mais aussi d’autres syndicats, à l’égard de l’ensemble des syndiqué·e·s du secteur public[12], mais en particulier envers les enseignantes et enseignants de la FAE. Plusieurs personnes amenaient des cafés, des cartes cadeaux d’épicerie, faisaient des dons par l’entremise de groupes Facebook ou venaient simplement marquer leur soutien aux grévistes sur les lignes de piquetage. Plusieurs syndicats ont voté des appuis moraux et des dons aux sommes importantes pour soutenir les grévistes. Même si, au courant des dernières semaines de janvier 2024, on sent poindre un certain discours indiquant que la grève renforcerait les inégalités au sein du système scolaire et qu’elle aura des impacts négatifs sur les élèves, durant la période de la négociation, les journalistes et chroniqueurs ont largement défendu la pertinence des revendications des enseignantes et enseignants[13]. Il faut par ailleurs souligner que la responsabilité du gouvernement dans le prolongement indu de la grève, notamment par son refus d’avancer des propositions constructives aux tables de négociation, a aussi été remarquée.

Débats internes autour du rythme de la grève et des fonds de grève

Malgré une mobilisation que l’on peut à bon droit qualifier d’historique, le Front commun a vécu ce qui apparait comme une tension interne forte quant au rythme à donner à la grève. Après avoir voté à plus de 95 % en faveur de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée, plusieurs – parmi les profs de cégep de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) par exemple – auraient souhaité démarrer la séquence des journées de grève plus vite et plus fort plutôt que de commencer par ce qui était pour la plupart des travailleuses et travailleurs une demi-journée[14], et d’échelonner les journées de grève pour aboutir finalement avec un mouvement qui cherche à tout prix une entente avant le congé des Fêtes.

Un mécontentement analogue concernant le rythme de la mobilisation s’était déjà fait sentir par le passé et avait amené plusieurs syndicats locaux à faire des représentations pour influer sur le rythme et le type de grève à effectuer, afin d’éviter notamment les grèves tournantes régionales qui avaient été expérimentées lors du Front commun précédent, en 2015, et qui avaient été perçues comme des coups d’épée dans l’eau. Certains justifient ces stratégies de mobilisation progressive en arguant qu’il y a des syndicats moins mobilisés que d’autres en faveur d’une grève de longue haleine. On peut se demander s’il n’y avait pas lieu de déterminer d’autres stratégies d’exercice de la grève, en s’inspirant, pourquoi pas, du mouvement étudiant qui, à plusieurs reprises, a adopté le déclenchement de grèves en paliers : les syndicats locaux se dotaient d’un seuil à partir duquel ils considéraient être suffisamment nombreux pour déclencher une grève et d’autres pouvaient se joindre au mouvement par la suite.

Mais ces tensions internes ne furent pas l’exclusivité du Front commun. On a souligné du côté de certains membres de la FAE qu’il était particulier d’avoir comme seule possibilité une grève générale illimitée, d’autant plus en l’absence d’un fonds de grève. Les enseignantes et enseignants auront sacrifié d’importants montants d’argent par leurs moyens de pression, et nombreux ont été les témoignages de profs qui ont dû chercher de petits boulots ou avoir recours aux banques alimentaires. La CSQ n’avait pas non plus de fonds de grève, et des travailleuses et travailleurs aux plus bas salaires se sont retrouvés dans une situation critique malgré un nombre moindre de jours de grève effectués. À la CSN et à la FTQ, la présence d’un fonds de grève rendait l’exercice moins douloureux, alors que plusieurs syndicats locaux possèdent en sus un fonds de grève complémentaire.

Du côté de la CSN, un enjeu relatif à la gestion du Fonds de défense professionnelle a également suscité des remous. Afin de contrer des iniquités ressenties entre les syndicats lors des journées de grève exercées durant les négociations précédentes, on a imposé un même temps de piquetage d’une durée de six heures à l’ensemble des syndicats. Cela a provoqué non pas un mais deux tollés : en effet, le contexte d’une grève hivernale durant laquelle les enfants d’âge du primaire n’étaient pas à l’école rendait le respect de cette directive très difficile pour les parents, et plus particulièrement pour les mères, encore celles qui souvent assument ces tâches familiales en plus grande partie. À l’échelle locale, plusieurs syndicats ont dû mettre en place des « haltes-garderies » autogérées pour les enfants des grévistes. Mais surtout, dans plusieurs milieux syndicaux, le nombre d’heures imposé a été vécu comme un contrôle très serré et un manque de confiance envers les membres; de plus, il était parfois compliqué d’obtenir des accommodements pour les enfants malades ou pour les personnes avec un handicap qui pouvaient difficilement rester debout dehors pendant six heures afin de recevoir les prestations du fonds de grève. Le piquetage d’une durée de six heures qui avait pour objectif de démontrer la mobilisation des membres a eu paradoxalement un effet démobilisant en raison de son caractère infantilisant.

Une autre déception a été de ne pas voir vu le Front commun et la FAE marcher ensemble lors des grandes manifestations nationales, qui ont parfois eu lieu la même journée, voire à la même heure, dans la même ville mais à deux endroits différents.

Ces différents éléments de débats, normaux et plutôt sains en termes de démocratie syndicale, peuvent malheureusement avoir entrainé des répercussions négatives sur la négociation, le gouvernement ayant joué la carte de la division entre la FSE-CSQ et la FAE.

Quels résultats au bout du compte ?

Après 22 jours de grève à la FAE, 11 jours au Front commun et 8 à la FIQ, une proposition d’entente de principe est survenue le vendredi 22 décembre 2023 entre le gouvernement et la FSE-CSQ concernant la table sectorielle de celle-ci, le jeudi 28 décembre pour le Front commun et la même journée pour la FAE. Au moment d’écrire ces lignes, il n’y a toujours pas d’entente entre la FIQ et le gouvernement du Québec.

Le Front commun demandait 9 % de rattrapage salarial par rapport aux autres salarié·e·s du Québec en plus de l’indexation à l’indice des prix à la consommation (IPC) qui était évaluée à près de 13 % sur 3 ans. L’entente couvrira finalement 5 ans de convention collective. Les augmentations de 17,4 % sur 5 ans permettront aux salaires du secteur public de suivre l’inflation prévue par le gouvernement du Québec entre 2023 et 2027, si les prévisions sont bonnes. Une clause de protection allant jusqu’à 1 % de plus est prévue pour les trois dernières années de la convention si l’inflation est plus élevée que prévu. Il n’y aura donc pas de rattrapage du retard accumulé entre les salaires du secteur public québécois et ceux des autres types d’emploi. Il est cependant notable d’avoir obtenu 6 % pour 2023 – il faut remonter à 1991 pour voir une augmentation salariale aussi importante sur une année. Sans être novateur, le fait d’avoir un mécanisme de protection en cas d’inflation galopante en 2026 et 2027 est aussi intéressant, bien que la situation que nous venons de vivre rappelle qu’il serait pertinent d’avoir un mécanisme de protection automatique face à l’inflation.

Plusieurs primes et mécanismes entrainent des augmentations pour certains corps d’emploi. Voici quelques exemples : une prime de 10 % pour les intervenantes et intervenants en centre jeunesse, une majoration aussi de 10 % pour les psychologues du réseau public, une prime de rétention de 15 % pour les ouvriers spécialisés[15].

Concernant le salaire des profs de cégep, il y a eu un effort supplémentaire pour augmenter davantage les échelons du bas, ce qui faisait partie des demandes pour les précaires et les nouveaux profs. Les enseignantes et enseignants du primaire et du secondaire obtiennent une bonification additionnelle sur l’ensemble des échelons sauf le dernier, ce qui amène les résultats globaux à 21,5 % d’augmentation[16].

Sur le plan des conditions de travail, il est impossible de faire un tour exhaustif des résultats. Cependant, certains indices montrent que pour les enseignantes et enseignants, l’enjeu de la composition de la classe n’est pas résolu. Au moment des votes des syndicats locaux sur les ententes survenues avec le gouvernement, les yeux se sont à nouveau rivés sur la FAE : en effet, les votes y ont été beaucoup plus divisés qu’au Front commun ; plusieurs assemblées ont voté contre l’entente de principe et son adoption finale a été très serrée[17]. Comme on l’a noté plus haut, c’est principalement sur le dossier de la composition de la classe que les déceptions se font entendre. Dans les classes du primaire, les enseignantes se demandent comment elles vont pouvoir faire leur travail alors qu’il faut 60 % d’élèves ayant un plan d’intervention avant d’avoir de l’aide supplémentaire. Plusieurs expriment aussi leur déception devant des primes monétaires liées à une composition de la classe trop lourde si l’on n’arrive pas à trouver de personnel pour venir en aide en classe, car les primes n’allègent en rien le travail au quotidien. Il semble plus facile pour le gouvernement d’allonger quelques avantages pécuniaires plutôt que de réellement s’attaquer aux enjeux sur le terrain de la qualité des services donnés à la population du Québec.

Il faudra donc encore de bonnes années de mobilisation pour le secteur public afin de faire comprendre au gouvernement les besoins du réseau. Les syndicats du secteur public peuvent néanmoins être fiers de cet exercice de mobilisation et de négociation. Même s’il reste encore du travail à faire pour tisser des réseaux de solidarité ou développer d’autres stratégies de mobilisation, cette négociation envoie toutefois un signe encourageant et témoigne que ce mouvement est en marche.

Par Fanny Theurillat-Cloutier, professeure de sociologie au cégep Marie-Victorin


  1. Voir par exemple les trois lettres ouvertes suivantes : Martine Delvaux, « Une grève féministe », La Presse, 29 novembre 2023 ; Judith Huot, « Le contrôle du travail des femmes, on ne se laissera pas faire ! », Le Devoir, 27 septembre 2023 ; Françoise David, « La lutte du secteur public : un combat féministe », La Presse, 21 septembre 2023.
  2. OCDE, « Égalité femmes-hommes dans l’emploi dans le secteur public », Panorama des administrations publiques 2021, Paris, OCDE 2021, <https://www.oecd-ilibrary.org/docserver/c5522452-fr.pdf>.
  3. Le terme « soin » n’est pas utilisé car il ne traduit qu’une partie des significations associées au mot « care » dans la tradition féministe. En effet, celui-ci signifie soin, attention, sollicitude, mais il est aussi un verbe d’action qui signifie « s’occuper de », « faire attention », « prendre soin », « se soucier de ».
  4. Pascale Molinier, « De la civilisation du travail à la société du care », Vie sociale, vol. 2, n° 14, 2016, paragr. 20, p. 127-140.
  5. Clémence Pavic, « Les salaires de l’administration québécoise à la traîne de 17 % », Le Devoir, 30 novembre 2023.
  6. Louise Boivin, « L’équité salariale pour les femmes au Québec : un enjeu toujours d’actualité », Politique et Sociétés, vol. 39, n° 3, 2020, p. 189-212.
  7. Catherine Côté, « La fatigue de compassion dans une société capitaliste et patriarcale », Nouveaux Cahiers du socialisme, n° 30, automne 2023, p. 35.
  8. Pascale Molinier, op. cit.
  9. Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Confédération des syndicats nationaux (CSN), Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).
  10. Anne Plourde, Où en est l’école à trois vitesses au Québec ?, IRIS, 19 octobre 2022 ; Ghislaine Raymond, « Acceptable l’hypothèse de règlement soumise aux membres de la FAE et de la FSE ? », Presse-toi à gauche, 23 janvier 2024.
  11. « Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace ».
  12. Pour ne donner que quelques exemples : don de 100 000 $ par l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC-Québec), 72 000 $ du syndicat Unifor Québec, 65 000 $ de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale (AIMTA Canada), 100 000 $ des Métallos. Lia Lévesque, « Des dons d’Unifor, des Métallos, des machinistes et de l’AFPC pour les grévistes du secteur public », Le Devoir, 15 décembre 2023.
  13. Même un Francis Vailles y va d’un « J’ai le plus grand respect pour les enseignants qui ont choisi de débrayer sans fonds de grève. Leurs sacrifices montrent à quel point ils veulent du changement » dans son article « Québec a économisé 1,3 milliard avec les grèves », La Presse, 16 décembre 2023.
  14. En effet, la grève du 6 novembre 2023, débutant à minuit et se terminant à midi, s’est traduite, dans les faits, pour la plupart des personnes en grève en une seule matinée de grève, à la suite de laquelle, elles durent reprendre le travail à partir de midi.
  15. Front commun, « Détails sur l’entente de principe soumise aux 420 000 travailleuses et travailleurs formant le Front commun », Info-négo du 7 janvier 2024, <https://www.frontcommun.org/entente-principe/>.
  16. Tommy Chouinard, « Hausse salariale jusqu’à 24 % pour des enseignants », La Presse, 15 janvier 2024.
  17. La Presse canadienne, « Front commun : après deux semaines d’assemblées, les votes favorables se multiplient », Radio-Canada, 26 janvier 2024 ; Benoit Valois-Nadeau, « L’entente entre Québec et la FAE adoptée de justesse », Le Devoir, 2 février 2024.

 

15 000 employés des collèges de l’Ontario bientôt en grève ?

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/10/Screenshot-2024-10-15-at-4.13.58%E2%80%AFPM-1024x685.png15 octobre 2024, par Southern Ontario Committee
Plus de 15 000 professeurs, instructeurs, conseillers et bibliothécaires de l'Ontario votent aujourd'hui jusqu'au 17 octobre sur un mandat de grève. L'équipe de négociation du (…)

Plus de 15 000 professeurs, instructeurs, conseillers et bibliothécaires de l'Ontario votent aujourd'hui jusqu'au 17 octobre sur un mandat de grève. L'équipe de négociation du personnel enseignant des collèges du SEFPO/OPSEU et le Conseil des employeurs des collèges (CEC) négocient depuis (…)

Vote des infirmières aujourd’hui, une avancée possible dans les négociations

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/10/media-3-e1729010459878-1024x467.jpg15 octobre 2024, par Martin Bordeleau
Les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé, l'un des plus importants syndicats de travailleurs de la santé au Québec, se prononceront dans les prochains (…)

Les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé, l'un des plus importants syndicats de travailleurs de la santé au Québec, se prononceront dans les prochains jours sur une série de recommandations présentées par un conciliateur. Les infirmières, perfusionnistes cliniques et (…)

Conjoncture politique et les tâches qui en découlent

15 octobre 2024 — ,
Ce texte a été produit dans le cadre des débats sur la conjoncture en cours dans l'organisation Révolution écosocialiste. Août 2024 / Bernard Rioux, Ginette Lewis 1. Une (…)

Ce texte a été produit dans le cadre des débats sur la conjoncture en cours dans l'organisation Révolution écosocialiste.

Août 2024 / Bernard Rioux, Ginette Lewis

1. Une situation internationale chaotique

Le capitalisme mondial a engendré de multiples crises. Il y a d'abord l'effondrement de l'économie mondiale. Celle-ci est de plus en plus incapable de satisfaire aux besoins élémentaires de la population, particulièrement à celle du Sud global.

La catastrophe climatique n'est plus une perspective d'avenir, elle frappe déjà dans toutes les régions du monde, même si ce sont les pays les plus pauvres qui en subissent d'abord les effets. Les périodes de canicule, les inondations destructrices, les ouragans et les tornades, les feux de forêt deviennent de plus en plus nombreux et graves. Cela affecte directement la production alimentaire qui est de plus en plus difficile.

Une économie mondiale de moins en moins capable de répondre aux besoins élémentaires de la population et de la crise climatique provoque des migrations importantes de la population, particulièrement dans les zones frappées par la guerre. Les migrations se sont d'abord faites sur un axe SUD-SUD, mais cela est appelé à changer, car les zones tropicales du globe vont voir leur habitabilité diminuer considérablement face à l'intrication des crises économique et climatique. Les migrations vers les pays du Nord ont commencé à se développer. La classe dominante a répondu aux conséquences de ses politiques de prédation, à la fois la mobilisation d'une main-d'œuvre immigrée et sans droits, mais choisie, et le blocage de l'immigration de demandeur-euses d'asile ou de réfugié-es climatiques, en dressant des murs à leurs frontières. Les différents États impérialistes nourrissent les sentiments d'insécurité et les préjugés xénophobes pour justifier leurs politiques. Cela crée un terrain pour la remontée de l'extrême droite qui fait son beurre du rejet des personnes migrantes, qui défend la notion de préférence nationale et qui va jusqu'à proposer la « remigration », soit l'expulsion massive d'une partie de la population. Aux États-Unis et en Europe, de telles politiques sont déjà à l'ordre du jour.

Dans une situation de pénurie des ressources, on voit l'augmentation des guerres dans différentes régions, surtout celles où est contestée la prédation des ressources par différentes puissances impérialistes. C'est ainsi que nous sommes entrés dans une période d'exacerbation des rivalités impérialistes entre les États-Unis, la Chine et la Russie et la formation de blocs rivaux prêts à en découdre pour défendre leurs intérêts.

La crise climatique, la chute de la biodiversité, les pollutions diverses et la destruction de la vie animale ont détérioré les différents écosystèmes et crée les conditions pour la réapparition de maladies et de zoonoses.

Nous n'avons pas connu une telle période de crise, de conflits, de guerres, d'instabilité politique et de révoltes depuis des décennies. Nous sommes dans une période marquée par le chaos où nombre de repères ont disparu. Tout cela constitue un défi et une chance pour une gauche internationale et un mouvement ouvrier qui souffrent encore des conséquences de plusieurs décennies de défaites et de reculs. Des soulèvements populaires se sont multipliés du Moyen-Orient à l'Europe, de l'Inde à l'Amérique du Sud. Mais ces soulèvements, souvent très durement réprimés, ne sont pas parvenus à construire les instruments politiques capables de se poser comme une alternative au pouvoir de la classe dominante.

2. La politique de Trudeau, usure du gouvernement et maintien de l'avance du Parti conservateur du Canada dans les sondages

Le gouvernement Trudeau étant minoritaire, il doit compter sur le maintien de l'alliance avec le Nouveau Parti Démocratique et lui faire certaines concessions mineures (soins de santé, soins dentaires, aide au logement), ou certaines promesses de concessions pour aider ce parti à prétendre apporter des acquis à la majorité populaire. Le NPD continue de s'engoncer dans le rôle de soutien au PLC et il ne profite pas au niveau des intentions de vote de cette inféodation.

Le gouvernement Trudeau subit l'usure du pouvoir, car il en est déjà à son troisième mandat et il s'avère incapable de faire de face aux crises qui frappent le Canada, comme l'ensemble du monde. L'inflation diminue le pouvoir d'achat de la majorité ; la crise du logement s'approfondit tant au niveau de l'accès à des logements décents qu'au niveau de l'explosion des prix ; l'accès aux services de santé et à la qualité des soins médicaux continue de se détériorer. Lors du dépôt de son dernier budget, le gouvernement Trudeau a lancé une série d'initiatives sur ces terrains, ce qui l'amène à occuper les champs de compétence des provinces, sans que ces manœuvres débouchent sur des transformations réelles et visibles par la population. Il est incapable de dépasser le mécontentement populaire et il se heurte aux prérogatives des provinces.

Au niveau de la lutte à la crise climatique, les GES continuent d'augmenter et l'écart entre les prétentions de ses discours et les politiques réelles du gouvernement minent de plus en plus sa crédibilité sur ce terrain. Après avoir acheté pour des milliards de dollars l'entreprise Trans Mountain afin d'augmenter les capacités d'exportation du pétrole extrait des sables bitumineux, il maintient son soutien financier et politique à l'exploitation des énergies fossiles. L'imposition d'une taxe carbone dans les provinces qui n'ont pas de bourse du carbone a soulevé l'ire des gouvernements conservateurs provinciaux. En somme, cette politique de soutien à la définition comme État pétrolier tout en avançant une politique d'écoblanchiment, ne fait que manifester son inconséquence sur ce terrain et mécontente tant les secteurs climatosceptiques que les secteurs sensibles à la protection de l'environnement.

Au niveau de sa politique internationale, Trudeau s'aligne sur la politique de l'administration américaine. C'est ainsi, que dans un premier temps, il a soutenu l'offensive meurtrière de l'État sioniste contre la bande de Gaza. Mais, la réalité des actes génocidaires à Gaza, l'a obligé à tergiverser. S'il a ainsi refusé de reconnaître la réalité du génocide de l'État israélien contre la population de Gaza et d'accepter clairement et ouvertement la condamnation de Netanyahu comme responsable de crimes de guerre par la Cour Internationale de Justice, il a enfin demandé un cessez-le-feu et rappelé la nécessité d'une solution à deux états pour régler la question palestinienne. Ces tergiversations ont provoqué des divisions au sein du gouvernement et du PLC. Face au Parti conservateur de Polievre qui a maintenu un soutien indéfectible à l'État d'Israël, y compris dans ses actes génocidaires, le PLC est apparu comme un allié manquant de détermination face au soutien à l'État d'Israël.

Le Parti conservateur du Canada défend un conservatisme de plus en plus populiste et réactionnaire, inspiré par la politique américaine. Il refuse de reconnaître l'urgence de la crise climatique. Poilievre défend le développement de l'exploitation des hydrocarbures ; il se présente comme le défenseur des transports individuels et l'opposant au développement du transport public. De plus, il n'a strictement rien à proposer pour faire face à la crise climatique. Il soutient tous les plans et aventures de l'impérialisme américain et particulièrement le développement de sa rhétorique contre le gouvernement chinois.

Il se contente d'une politique qui surfe sur les préjugés contre l'immigration, sur un conservatisme social, tout en évitant de reprendre la lutte contre le droit à l'avortement, qui se heurterait trop frontalement au soutien au droit à l'avortement dans la population canadienne et particulièrement au Québec. Il tente de renforcer et de développer sa base par une politique démagogique et populiste (le gros bon sens) … en comptant sur l'usure du pouvoir. Il parvient ainsi à ramasser les dividendes de la montée de l'extrême droite dans le monde.

Le tassement à droite du champ politique au Canada, comme ailleurs dans la plupart des pays impérialistes, lui permet de maintenir une avance considérable (10 à 20 points) dans les différents sondages sur les intentions de vote. Tant et si bien que le leadership de Justin Trudeau commence à être discuté sur la scène publique.

Le Bloc québécois joue la carte nationaliste. Le refus de respecter les champs de compétence du Québec par Ottawa lui permet de se présenter comme le seul défenseur réel des intérêts du Québec au fédéral. Il se fait également le relais des discours anti-immigration de la CAQ comme du PQ, ce qui lui permet de consolider sa base électorale dans les secteurs influencés par le nationalisme conservateur. Il a réussi jusqu'ici à empêcher la percée du Parti conservateur, si ce n'est dans certaines régions du Québec. Il maintient donc un important soutien électoral qui le place au premier rang des partis fédéraux au Québec.

La prochaine échéance électorale (au printemps ou à l'automne 2025) risque de déboucher sur la prise du pouvoir par le Parti conservateur du Canada, même si rien n'est jamais joué et que la volatilité de l'électorat peut provoquer encore des surprises. Il reste que face à la montée du PCC, l'échéance électorale va poser des défis majeurs à la gauche et à QS en particulier. Le soutien au NPD (qui a été la cinquième roue du carrosse libéral) ou au Bloc québécois (qui n'a pris aucune distance face au gouvernement de la CAQ), n'offre pas de perspectives cohérentes pour la gauche indépendantiste.

3. La politique caquiste : une politique anti-populaire, antiécologiste, antiféministe qui commence à délégitimer ce gouvernement et à abaisser son soutien auprès de la population

La politique économique du gouvernement Legault s'articule autour d'une politique industrielle qui vise à attirer des multinationales manufacturières en leur offrant de l'électricité à faible coût, de généreuses subventions et l'accès à des ressources minières. Il refuse de réformer la loi des mines marquée par le free mining, alors que le Québec connaît une véritable prolifération de claims miniers, ce qui annonce un véritable pillage de nos ressources pour satisfaire les multinationales, ainsi que l'aggravation de la pollution des terres et des eaux du Québec. Cela est d'autant plus alarmant que le gouvernement a tendance à permettre à des entreprises polluantes de ne pas tenir compte des normes environnementales et de mettre de l'avant des projets qui leur permettent d'éviter des études du BAPE. L'exemple de Northvolt en est un éloquent. Le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs se fait davantage l'accompagnateur des entreprises pour éviter leurs obligations environnementales. Il est prompt à balayer du revers de la main les propositions écologiques des citoyens et des citoyennes des différentes régions et des institutions qui les représentent. Il s'est même fait le représentant de l'industrie forestière dans le dossier de la biodiversité en s'attaquant aux propositions visant à protéger le caribou forestier.

Ses investissements dans l'éolien, soit public avec Hydro-Québec, soit privé en ouvrant la possibilité de production énergétique à des entreprises privées, est exemplaire à cet égard. Il s'agit d'inscrire le Québec comme fournisseur de marchandises pouvant alimenter les entreprises américaines, particulièrement dans le domaine de l'automobile. Ce modèle économique refuse de reconnaître l'urgence climatique. Il s'inscrit dans la logique croissanciste, où décroissance, sobriété et économie d'énergie ne tiennent aucune place significative. Au niveau du transport, cette politique vise le maintien de l'auto solo et l'électrification du parc automobile, ce qui ne résoudra pas les dépenses importantes de ressources et d'énergie et qui nécessitera d'importants investissements dans les infrastructures routières. Les investissements dans les transports publics sont moins importants que ceux dans le transport individuel ; la surconsommation et le gaspillage demeurent très importants à ce niveau.

Si ces capitaux publics imposants sont mobilisés pour le développement de son modèle économique prédateur et écocidaire, ils ne sont pas disponibles pour des investissements massifs dans le secteur public, que ce soit au niveau du système de santé ou du système d'éducation. Au lieu de faire ces investissements, le gouvernement Legault privatise des pans entiers du système de santé. Après avoir fait la promotion des cliniques privées, il cherche maintenant à mettre en place des hôpitaux privés. Il s'affaire aussi à centraliser le système de santé dans une agence privée dont il a confié les rênes à des administrateurs et administratrices qui viennent du privé. L'éducation est également sous-financée et la part des écoles privées dans le réseau continue de se développer. À la mi-décembre 2023, Québec avait proposé des augmentations salariales de 9 % sur une période de cinq ans, tout en demandant aux travailleuses et travailleurs de la fonction publique de « faire preuve de flexibilité ». Son intransigeance face aux revendications des travailleuses et des travailleurs du secteur public (éducation et santé) s'est brisée face à l'intensité de la mobilisation et a amené son gouvernement à faire des concessions salariales aux salarié-es les moins bien rémunéré-es.

Le gouvernement de la CAQ encourage le développement des inégalités et refuse de prendre des mesures pour contrer l'inflation. La hausse du salaire minimum est si faible qu'elle ne permet nullement de répondre à la montée des prix, particulièrement dans le secteur de l'alimentation.

Il laisse la responsabilité de l'offre de logements dans les mains des entrepreneurs-euses immobiliers qui préfèrent construire des logements coûteux qui leur rapportent gros, plutôt que des logements répondant aux besoins de la majorité de la population. Le gouvernement ne prend aucune mesure contre les évictions faites par des grands propriétaires immobiliers et laisse ces derniers hausser le prix des logements sans frein ni plafond. Il refuse de reconnaître qu'un logement est un droit social et qu'il est nécessaire de démarchandiser la production de logements et de les offrir à bas coûts.

Pour masquer les conséquences sociales de ces différentes politiques et pour chercher à construire une rente électorale, le gouvernement de la CAQ, et particulièrement le premier ministre du Québec, cherche à faire peser sur les épaules de la population migrante la responsabilité de tous les maux de la société québécoise : crise du logement, accès difficile de la population aux services de santé, d'éducation et de garderie, développement de l'itinérance et détérioration de la santé mentale de la population. Cette démagogie est relayée par le Parti québécois et le Bloc québécois.

Non seulement le gouvernement de la CAQ développe une telle démagogie contre les personnes migrantes, mais il fait campagne pour la diminution par le gouvernement fédéral de l'accueil de réfugié-es. Il demande le transfert de pouvoir vers le Québec pour pouvoir bloquer les possibilités de regroupement familial. Il appelle à la diminution du nombre de migrant-es temporaires, alors que ce sont ces politiques qui ont favorisé la venue d'une main-d'œuvre corvéable et exploitable à merci.

Le gouvernement Legault n'hésite pas à nier l'existence du racisme systémique présent dans la société québécoise, vécu particulièrement par les populations autochtones.

4. Redéfinition des rapports de force entre les partis politiques québécois…

Le gouvernement de la CAQ connaît un recul profond. La population est de moins en moins dupe des politiques et des promesses du gouvernement de la CAQ. Ce dernier est d'ailleurs passé en seconde place dans les sondages d‘intentions de vote, et cela depuis des mois maintenant. Si ses promesses, que ce soient celles qui concernent le troisième lien à Québec, l'amélioration de l'accès au service de santé ou la présence de ressources enseignantes suffisantes dans le système scolaire ne se concrétisent pas, cela minera de plus en plus la crédibilité et le soutien à ce parti et à ses député-es.

Le PQ connaît une remontée : il se maintient à plus de 30% dans les sondages, en avance sur la CAQ. Comme parti d'opposition, il peut se dédouaner de toutes les difficultés vécues actuellement par la majorité populaire. La direction de Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) a décidé de redéfinir le champ politique autour de la polarisation fédéralisme contre indépendantisme en mettant de l'avant la tenue d'un référendum sur l'indépendance du Québec dans un premier mandat et en stigmatisant l'inefficacité du positionnement de la CAQ sur un autonomisme incapable d'arracher des gains significatifs au gouvernement fédéral quant à ce qui a trait aux augmentations de transfert en santé et à la protection face à la centralisation du gouvernement fédéral qui n'hésite pas à occuper les champs de compétences du Québec.

Ce sont là d'habiles manœuvres sur un fond de nationalisme identitaire et régressif. Pour PSPP, l'indépendance s'identifie à la souveraineté-association, le gouvernement canadien y étant présenté comme un futur partenaire consentant. Plus, s'il propose la mise sur pied d'une armée québécoise, il n'hésite pas à affirmer qu'un Québec indépendant serait membre de l'OTAN et de NORAD, car « on va toujours demeurer loyal envers les intérêts géopolitiques de l'Amérique du Nord, notamment sur le plan des ressources et de la défense. »(Jérome Labbé, Radio-Canada, 18 octobre 2023)

Qu'est-ce que cela veut dire ? Dépenser 2% du budget du Québec sur l'armement pour satisfaire aux demandes de l'OTAN ? Défendre des politiques de libre-échange qui répondent d'abord aux besoins des États-Unis ? Produire plus d'électricité pour les besoins de l'industrie américaine comme s'apprête à le faire le gouvernement Legault ? Il cherchera bien sûr à conserver un vernis social et démocratique en disant appuyer le tournant écologique, mais sans aucune critique de fond cependant du modèle de développement proposé par la CAQ.

Le PQ se reconstruit dans un Québec où le nationalisme identitaire occupe une place de plus en plus importante. Pour le PQ, la défense de la nation québécoise passe par la baisse des quotas d'immigration et par la lutte pour l'homogénéité culturelle. Le refus du PQ de reconnaître la réalité de l'islamophobie et du racisme systémique, contre les Noir-es et les peuples autochtones notamment, démontre que le PQ refuse de comprendre les voies de la construction du Québec comme société multinationale et pluriculturelle.

Le Parti libéral du Québec peut profiter de cette repolarisation du champ politique autour de la question nationale pour se reconstruire. Les gouvernements Charest et Couillard, par leurs politiques néolibérales, les coupures massives qu'ils ont effectué dans les services publics, la répression et la criminalisation des mouvements sociaux et leur fédéralisme complètement à-plat-ventriste face au gouvernement fédéral, au mépris de la défense du moindre droit national du Québec, a conduit à une défaite catastrophique, qui l'a réduit pour l'essentiel à la région montréalaise et à la communauté anglophone qui lui ont permis de garder son statut d'opposition officielle à l'Assemblée nationale. Sa minorisation dans la population francophone a été telle que différents sondages ont révélé qu'il se maintenait entre 5 et 10% des intentions de vote dans les circonscriptions majoritairement francophones.

La polarisation du champ politique lui permettra sans doute de se présenter comme le seul défenseur conséquent du fédéralisme canadien, mais il devra surmonter sa crise de direction et être de capable de définir un fédéralisme coopératif dans le cadre d'une probable prise du pouvoir par le Parti conservateur du Canada en 2025. Rien ne dit qu'il sera capable de relever ces défis. Il veut déjà se présenter comme le meilleur défenseur des intérêts du patronat.

La direction de Québec solidaire propose une stratégie de recentrage inspirée par un électoralisme à courte vue. Pourquoi la direction de QS a-t-elle mis l'indépendance en marge de son discours durant la dernière campagne électorale ? Pourquoi a-t-elle refusé d'inclure la nécessité d'une nationalisation / socialisation des richesses naturelles, minières et forestières, dans sa plate-forme électorale ? Pourquoi n'a-t-elle pas cherché à préciser les conditions du développement d'une aspiration à l'élection d'une constituante dans la population du Québec ? Pourquoi a-t-elle ciblé les citoyen-nes et leur consommation avec la taxe sur les VUS au lieu de viser directement les grandes entreprises et leur volonté de continuer à utiliser les énergies fossiles et à produire des véhicules énergivores ? Pourquoi a-t-elle accepté de rentrer dans la logique des quotas d'immigration ? La réponse essentielle à l'ensemble de ces questions, c'est qu'elle a cherché non pas à poser la nécessité d'une société en rupture avec la société capitaliste actuelle, mais à se présenter comme une alternative gouvernementale qui pouvait aspirer à devenir à court terme l'opposition officielle. Cette stratégie a fait la preuve de son inefficacité. Québec solidaire est entré dans une période de stagnation. Pour imposer ses vues, la direction a rapetissé l'expression démocratique des membres du parti. Les démissions de la députée Catherine Dorion et de la porte parole féminine, Émilise Lessard-Therrien, ont été des symptômes du grippage démocratique et du recul des sensibilités féministes au sein du parti. Les débats autour de la reformulation du programme du parti et des statuts vont être l'expression d'un débat sur l'avenir de l'orientation fondamentale de Québec solidaire, soit celle d'un parti électoraliste et social-libéral soit celle d'un parti de rupture avec le capitalisme.

L'un et l'autre cherchera à reprendre les circonscriptions ravies par Québec solidaire au fil des ans, soit cinq au PLQ et sept au PQ. Ce n'est pas avec une stratégie encore plus réformiste que le parti pourra se défendre sur ces deux fronts. QS n'aura d'autre choix que d'affirmer sa singularité de parti de rupture sociale et écologique et de lier intimement l'indépendance du Québec à son projet social. Pour faire face à l'échéance électorale, QS a besoin d'un programme qui fait une critique radicale des politiques du gouvernement de la CAQ et se démarque clairement de la politique péquiste tant sur le terrain social que climatique et au niveau de sa conception de la stratégie pour l'indépendance.

5. Des mouvements sociaux sont traversés par des débats stratégiques importants

Le mouvement syndical a connu une série de mobilisations sans pareil des travailleuses et travailleurs du secteur public québécois. Les gains et les améliorations aux conditions de travail obtenus auraient été impossibles sans cette mobilisation exemplaire et sans l'appui de la population. Mais dans l'ensemble, le mouvement syndical s'est avéré incapable d'améliorer les conditions de travail et à faire reculer la précarité et la surcharge de travail vécues dans le secteur, ce qui aurait nécessité un réinvestissement massif et la planification d'une hausse significative du nombre des travailleuses et travailleurs de ces secteurs. Le mouvement syndical est miné par les politiques de privatisation dans le secteur de la santé et défendu par le renforcement de la précarité des différents personnels.

La réforme en santé et sécurité du travail a diminué le pouvoir syndical sur ce terrain. La nouvelle loi a été condamnée unanimement par le mouvement syndical ; mais elle a été imposée. Si elle étend finalement les droits en prévention à tous les secteurs de l'économie, elle réduit les pouvoirs, déjà très limités, que l'ancien régime accordait aux travailleurs et travailleuses. Elle réduit le temps de libération des représentant-es en santé-sécurité ce qui existait avant dans les quelques secteurs où la loi avait été appliquée.

Le mouvement syndical a été incapable de s'opposer à l'adoption de la Loi modifiant l'encadrement de la main-d'œuvre dans l'industrie de la construction (r-20). L'embauche des travailleurs et travailleuses des régions n'est plus protégée. La polyvalence des métiers a été imposée. Tous les amendements proposés par les organisations syndicales du secteur ont été rejetés. L'ensemble des propositions patronales ont été reprises.

Le mouvement syndical fait face à de nouveaux défis. Une partie de plus en plus importante du prolétariat est composée de travailleurs et travailleuses migrant-es sans droits, ce qui rend plus difficile leur organisation, sans parler des migrant-es sans statut qui n'ont pas de perspective de régularisation. De plus, l'extrême droite se renforce et cela préoccupe les organisations syndicales. La FTQ a d'ailleurs organisé une rencontre de réflexion sur la nécessité de passer à l'action contre l'extrême droite. (https://www.pressegauche.org/Passer-a-l-action-61843)

Pourtant, les directions des différentes centrales appellent au dialogue social. Lors de son bilan de rencontre avec le premier ministre Legault, le premier mai 2022, avant l'affrontement du Front commun, le président de la FTQ, Daniel Boyer, a affirmé avoir remarqué une ouverture du premier ministre au « dialogue social » qu'il n'avait pas autant perçue avant. (Lia Lévesque, 29 avr. 2022, Lia Lévesque La Presse Canadienne ). Même après la lutte du secteur public, l'ouverture du dialogue social est encore à l'ordre du jour.

Mais si les directions restent sur une orientation de concertation avec le gouvernement et le patronat et que le mouvement syndical est traversé par des orientations contradictoires, il existe également une orientation qui prône un syndicalisme de combat ou de transformation sociale, même si cette dernière demeure minoritaire. Différentes tentatives de regrouper la gauche syndicale ont vu le jour, même si elles sont restées minoritaires.

Plusieurs questionnements traversent les mouvements de femmes actuellement ; intersectionnalité, écoféminisme, prostitution pornographie, queer et trans. Les réponses se font difficiles. Mais ces tempêtes d'idées ne peuvent expliquer à elles seules l'état de désorganisation, de paralysie, de démission des organisations féministes. D'autres facteurs jouent, comme le manque de financement et conséquemment, de structuration, le pouvoir des femmes et entre femmes, les conflits intergénérationnels. La Fédération des femmes du Québec et l'R des Centres de femmes, les deux regroupements de femmes les plus connus, vivent cette crise actuellement et mettent en branle des moyens pour s'en sortir.

Tout cela se jouant dans un contexte de montée de l'extrême droite où les droits des femmes risquent d'être remis en question, que ce soit en Europe, en Argentine ou plus près de nous aux États-Unis, autour de l'avortement et, au Canada, sous un gouvernement conservateur. Les politiques gouvernementales doivent donc être scrutées à la loupe. Cela crée évidemment une pression additionnelle sur les organisations.

Le gouvernement Legault vient intensifier les débats avec le refus de reconnaître le racisme systémique et le Principe de Joyce ; il se refuse donc à reconnaître les revendications des femmes autochtones et la surexploitation des femmes racisées rendues pourtant visibles durant la pandémie. Les « anges gardiens » de monsieur Legault sont en fait majoritairement des femmes racisées. Ce même refus de reconnaître le racisme systémique lui permet de tout mettre sur le dos de l'immigration : crise de la santé, crise du logement, crise du travail, crise de l'itinérance. Crises dont les femmes subissent des conséquences graves.

Ce même gouvernement Legault refuse aussi de voir l'importance de la santé dans le bien-vivre d'une société en centralisant davantage la structuration du réseau et surtout en privatisant les services. Ce qui là aussi aura des conséquences graves sur la situation des femmes et surtout des femmes pauvres. Les travailleuses du secteur public, majoritaires à 75% dans la main-d'œuvre, goûtent aussi aux médecines du gouvernement caquiste. La dernière négociation du secteur public a permis aux plus bas salarié-es de faire un rattrapage salarial, mais l'indexation des salaires est loin de garantir le niveau de vie des gens. Les revendications sur l'organisation du travail n'ont pas fait l'unanimité. Les infirmières en savent quelque chose, elles dont la négociation ne réussit pas à se conclure.

Les politiques caquistes en matière d'environnement ne peuvent que faire augmenter l'écoanxiété. Elles s'axent uniquement sur la satisfaction des multinationales et des entreprises, que ce soit en fourniture d'énergie électrique à bas prix, en généreuses subventions, en outrepassant les lois environnementales actuelles et en promesses de toutes sortes. Tout cela au détriment d'une société pour le bien-vivre axée sur l'humain comme le revendique le mouvement des femmes, plutôt que sur le profit.

Les perspectives suivantes peuvent être esquissées. Tous les cinq ans, la Marche Mondiale des Femmes rappelle la nécessité d'agir mondialement, ensemble, entre le 8 mars 2025 Journée Internationale des femmes et le 17 octobre, Journée pour l'élimination de la pauvreté.

« Les Actions internationales, tous les 5 ans, sont des moments pour réaffirmer notre identité en tant que mouvement. Être « en marche » exprime l'idée de bouger et avancer librement, sans contrainte, et exprime la force des femmes organisées collectivement dans des associations, groupes et mouvements ; femmes avec diverses expériences, cultures politiques, ethnicités, mais avec un objectif commun, soit de surmonter l'ordre en place qui est injuste et qui cause violence et pauvreté. Notre solidarité internationale constitue également une partie de notre identité, ainsi que l'attention portée à ce qui arrive à nos sœurs dans d'autres parties du monde ». (Marche mondiale des femmes| Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF)

C'est autour de thématiques comme : « Nous continuerons à marcher contre les guerres et le capital, pour la souveraineté populaire et le bien-vivre » (Tiré du site Capiré La force féministe de la 13e Rencontre internationale de la MMF - Capire (capiremov.org) ) que les femmes à travers le monde, en 2025, vont marcher.

Ces perspectives d'action vont aider à unifier les militantes du mouvement des femmes en mettant tout le monde à la tâche autour d'un projet commun.

Cette action mondiale aura pour effet de remettre de l'avant la solidarité internationale, mais aussi les revendications féministes dans leur ensemble. Et, espérons-le, cela permettra le renforcement du mouvement des femmes au Québec.

Le mouvement écologiste et de lutte aux changements climatiques a connu une remontée après l'éclipse qu'il a connu sous l'effet de la COVID. Le mouvement s'est orienté vers une résistance à l'implantation du projet de croissance verte du gouvernement de la CAQ. C'est ainsi qu'a été publié le Manifeste pour un avenir énergétique juste et viable autour des 14 revendications suivantes : pour une énergie publique sous contrôle démocratique ; pour un débat sur l'énergie au Québec ; pour une nouvelle politique énergétique au Québec ; pour une planification intégrée des ressources ; pour des mesures qui favorisent la réduction des demandes en énergie ; pour des plans contraignants visant une sortie graduelle et prévisible, mais rapide, des énergies fossiles ; contre le principe du pollueur payé ; contre la privatisation totale ou partielle d'Hydro-Québec ; pour la sauvegarde et le renforcement des pouvoirs de la Régie de l'énergie ; pour une transition juste pour les travailleurs et travailleuses ; contre une augmentation des tarifs d'électricité qui accentuerait la précarité et risquerait de ralentir la transition énergétique ; pour la protection du territoire ; pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones ; et pour le consentement des populations locales. Ce manifeste a été soutenu par nombre d'organisations environnementales, syndicales et populaires.

Ce sont les organisations des populations locales qui ont été au centre des mobilisations (avec les municipalités et les MRC) qui se sont opposées à l'installation du projet Northvolt et des projets de parcs éoliens sur les terres agricoles et contre le mépris du gouvernement de la CAQ de leurs revendications. Le mouvement syndical, particulièrement le SCFP-Hydro, a mené campagne contre la privatisation d'Hydro-Québec.

Mais le mouvement écologiste et de luttes aux changements climatiques est traversé par de nombreux débats stratégiques. Les travailleurs et travailleuses pour la justice climatique, qui regroupe des militant-es syndicaux en provenance particulièrement du syndicalisme enseignant cégépien a publié un manifeste qui proclame que « le syndicalisme doit devenir un écosyndicalisme : il doit défendre, bien plus que des salaires et des congés, des conditions de travail qui enrichissent et régénèrent notre milieu de vie. C'est en nous appuyant sur nos syndicats que nous pourrons contrer le ravage. Nous avons le pouvoir de sonner l'alarme et de forcer l'arrêt de la machine. Par notre intelligence démocratique, par nos actions de mobilisation, par la solidarité que nous bâtissons, par notre pouvoir de grève, nous pouvons renverser la vapeur. Les carburants fossiles sont aujourd'hui la principale menace à la préservation de l'humanité, mais aussi de l'ensemble du vivant. Il faut s'en libérer. La crise écologique ne se résoudra pas en achetant une voiture électrique. Ce sont les transports publics qu'il faut déployer partout, c'est le chauffage au gaz qu'il faut détrôner, ce sont nos manières d'habiter, de produire et de manger qu'il faut révolutionner. Le réchauffement climatique n'est plus une éventualité, c'est une réalité. Nous revendiquons la sortie des énergies fossiles d'ici 2030. » Ce regroupement travaille à créer les conditions politiques et organisationnelles de possibles grèves pour le climat. Ce travail en est à ses débuts, mais constitue une perspective essentielle pour construire le rapport de force nécessaire à bloquer les projets de croissance “verte”.

Des noyaux militants se sont intéressés à la théorie écologique, à l'analyse des luttes écologiques et à leur stratégie. Ce sont des groupes comme Polémos, de l'IRIS, de Rage climatique, de Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC) et de Mob6600. Ils développent une réflexion qui leur permet d'esquisser la possibilité d'un monde « post-croissance ».

Mais tout un autre pan du mouvement écologiste reste engoncé dans la possibilité d'une croissance verte, de la nécessité de larges alliances avec des secteurs verts du patronat, de limiter leur stratégie à une politique de pression sur le gouvernement. Il y aurait même un « momentum mondial pour une relance solidaire, prospère et verte », soutient le G15+ qui serait la démonstration d'un mouvement d'ensemble dans la lutte aux changements climatiques. Fondé en mars 2020, par quinze leaders issus des domaines sociaux, syndicaux, environnementaux et d'affaires défendant des « mesures pour une relance, solidaire, prospère et verte, le G15+ regroupe le Conseil du patronat du Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, la Fondation David Suzuki, Équiterre, Vivre en ville, le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement, le Chantier de l'économie sociale et bien d'autres. (G15+, Contribution aux initiatives de relance du gouvernement du Québec, Cahier de propositions - recommandations et fiches-projets, juillet 2020, https://www.g15plus.quebec/ )

Les postulats qui fondent leur action peuvent être résumés ainsi : la crise climatique est une occasion économique à saisir. Il faut mobiliser les capitaux pour investir dans les énergies renouvelables. L'économie québécoise doit prendre le tournant vert qui lui permettra de répondre aux besoins mondiaux de décarbonisation. Les gouvernements doivent aider les entreprises à prendre ce tournant.

Les revendications de la coalition G15+ sont complètement en phase avec le Plan pour une Économie verte de la CAQ : a) faire de la croissance verte une priorité et multiplier pour ce faire les occasions d'investissements rentables ; b) utiliser les impôts ou les taxes de la population pour aider les entreprises à passer à des technologies vertes et développer leurs capacités concurrentielles sur le marché mondial ; c) définir une énergie fossile comme le gaz naturel comme une énergie de transition et accepter la perspective du bouquet énergétique ; d) inscrire l'action gouvernementale dans une logique de croissance verte combinant réindustrialisation pour certains biens stratégiques et expansion des exportations sur le marché international ; e) viser une souveraineté alimentaire, mais sans remettre en question une industrie agro-exportatrice centrée sur la production carnée et utilisant des entrants qui, comme les pesticides, sont dévastateurs sur le plan écologique.

Les débats stratégiques dans le mouvement écologiste sont donc à l'ordre du jour.

Le mouvement antiraciste et de solidarité internationale s'est développé autour des mobilisations des peuples autochtones contre la négation par le gouvernement de la CAQ de l'existence du racisme systémique et pour dénoncer la politique de soutien au gouvernement israélien du gouvernement Trudeau dans son offensive et sa politique génocidaire contre le peuple palestinien de Gaza. La complicité du gouvernement de la CAQ à ce niveau a également été dénoncée. Les campements établis sur les campus universitaires sont à la pointe de ces mobilisations.

6. La défense d'une stratégie écosocialiste et écoféministe dans le cadre de la conjoncture actuelle.

La stratégie que nous défendons n'est pas une stratégie électoraliste alternative pour la construction d'un parti de gouvernement, mais bien celle d'une stratégie visant à construire le pouvoir dans la société par le renforcement de l'expression démocratique, de la combativité et de l'unité des différents mouvements sociaux antisystémiques.

La ligne de rupture que nous proposons pour rallier une majorité populaire, c'est celle défendant une société plurinationale et pluriculturelle qui nécessitera :

a) la remise en question de l'exploitation de nos ressources naturelles et de notre énergie par des multinationales étrangères ;

b) la planification démocratique de nos choix d'investissements pour une transition écologique véritable ;

c) la mise en place d'institutions politiques dépassant le strict cadre de la démocratie représentative. Ce qui se fera dans le cadre de l'élection d'une constituante visant l'établissement d'une république sociale ;

d) la lutte pour une société écoféministe assurant l'égalité de genre ;

e) le développement de nos services publics contrôlés par les usagers et les usagères et les personnes qui y travaillent ;

f) le refus de l'existence de secteurs de la société privés de droits, comme ceux des travailleurs et travailleuses temporaires et des sans-papiers ;

g) la liberté de circulation et d'installation de toutes les personnes migrantes ;

h) l'éradication du racisme systémique qui touche tant les peuples autochtones que les autres secteurs racisés de la population ;

i) une politique linguistique qui défend l'usage du français comme langue commune, mais qui refuse de faire des personnes immigrantes la cause du manque d'attractivité de la langue française et enfin :

k) le rejet d'une laïcité identitaire qui essentialise la réalité de la nation.

Ce ne sont là, rapidement esquissés, que certains axes, parmi d'autres, qu'il faudra préciser pour l'indépendance que nous voulons. C'est autour de ces axes programmatiques que nous voulons construire un Québec indépendant et solidaire.

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