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30 novembre 2024, par Ted Rutland, Philippe Néméh-Nombré
Bien que l'été 2020 ait fait sortir le champ lexical de l’abolition et de l’abolitionnisme des petits milieux militants pour arriver dans l’espace public au Québec, l'histoire (…)

Bien que l'été 2020 ait fait sortir le champ lexical de l’abolition et de l’abolitionnisme des petits milieux militants pour arriver dans l’espace public au Québec, l'histoire de la lutte abolitionniste ne date pas d'hier. Cet éditorial montre comment le système policier et carcéral s'est développé parallèlement au colonialisme, à l'esclavage, à l'anti-noirisme et au capitalisme hétéropatriarcal, et comment des personnes et des groupes ont combattu ces institutions dans le cadre de luttes plus larges pour la libération. Il suggère également que les groupes les plus ciblés et sujet à la violence de ces institutions ont conservé d'autres moyens de se protéger les uns les autres, des modes de vie libres et libérateurs qui révèlent que l'abolition est une pratique qui consiste à la fois à faire et à défaire, à être présent et absent.

La Justice, la réalité carcérale et l’abolition

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Une image non peinte : à propos de Prison Abolition d’Yves Bourque

30 novembre 2024, par Sheena Hoszko
Cet essai examine Prison Abolition (1988) d'Yves Bourque, tiré de la première édition du Journal of Prisoners on Prisons (1988). En retraçant l'écriture et la pratique créative (…)

Cet essai examine Prison Abolition (1988) d'Yves Bourque, tiré de la première édition du Journal of Prisoners on Prisons (1988). En retraçant l'écriture et la pratique créative de Bourque en relation avec le mouvement plus large de justice pour les prisonnier·ères au Québec et au Canada pendant les années 70 et 80, l'essai met en lumière l'influence de la pensée politique écrite par les prisonnier·ères dans les luttes abolitionnistes contemporaines.

Mettre la clé sous la porte. L’expérience de la désinstitutionnalisation pour penser les ruptures abolitionnistes

30 novembre 2024, par Delphine Gauthier-Boiteau, Aurélie Lanctôt
En examinant le continuum juridico-psychiatrique québécois, cet article propose de considérer l’expérience de la désinstitutionalisation psychiatrique en tant que précédent (…)

En examinant le continuum juridico-psychiatrique québécois, cet article propose de considérer l’expérience de la désinstitutionalisation psychiatrique en tant que précédent abolitionniste. L’histoire des institutions psychiatriques québécoises est traversée par des mouvements de résistance et de recul de la carcéralité, en particulier face au modèle asilaire et par l’antipsychiatrie. Cette histoire est également marquée par une expérience concrète de désinstitutionalisation (ou « déshospitalisation »), entendu comme un mouvement de fermetures massives et définitives d’institutions d’hébergement et d'hôpitaux psychiatriques, qui prend place dans les années 1950-1970. À l’échelle nord-américaine, et dans le contexte du tournant néolibéral, cette expérience de désinstitutionalisation des personnes psychiatrisées et en situation de handicap est présentée à tort comme l’une des causes de l’explosion de l’itinérance et de l’incarcération de masse des personnes psychiatrisées. Nous soutiendrons que cette expérience constitue néanmoins un précédent abolitionniste pouvant être (ré)investi dans une perspective émancipatrice. Au-delà de l’abolition comme processus de transformation sociale ou comme superposition de réformes non-réformistes, nous soutiendrons que cette expérience permet d'intégrer la notion de rupture institutionnelle à la théorie et à la praxis abolitionniste.

La justice transformatrice pour une politique préfigurative de l’abolition

30 novembre 2024, par Will V. Bourgeois, Julian Beyer
Ce texte explore comment la justice transformatrice contribue à la lutte pour l’abolition des prisons et de la police en offrant des alternatives révolutionnaires à la violence (…)

Ce texte explore comment la justice transformatrice contribue à la lutte pour l’abolition des prisons et de la police en offrant des alternatives révolutionnaires à la violence étatique. En retraçant des exemples aux États-Unis et au Québec, ainsi qu'au Rojava, et au Chiapas, il illustre comment des pratiques communautaires peuvent répondre aux violences et aux conflits sans recourir aux systèmes judiciaires punitifs. Les auteur-ices soulignent la nécessité de soutenir les initiatives autochtones et de connecter avec les initiatives de justice réparatrice, en prônant une culture collective de soin et de responsabilité. Iels proposent de créer des structures locales et régionales, inspirées de modèles révolutionnaires, pour soutenir la responsabilisation collective, le soin et la médiation, dans une démarche fondée sur l'amour et la solidarité.

Postes Canada retire les assurances d’une travailleuse atteinte d’un cancer

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/11/138945-e1732920764151-1024x520.jpg29 novembre 2024, par Comité de Montreal
Postes Canada coupe les assurances de grévistes, mettant en péril la vie de travailleurs malades comme Sylvie, atteinte d’un cancer. L’article Postes Canada retire les (…)

Postes Canada coupe les assurances de grévistes, mettant en péril la vie de travailleurs malades comme Sylvie, atteinte d’un cancer. L’article Postes Canada retire les assurances d’une travailleuse atteinte d’un cancer est apparu en premier sur L'Étoile du Nord.

De la lutte antiraciste à la lutte étudiante

29 novembre 2024, par Marc Bonhomme — ,
Le Devoir d'aujourd'hui met à la une de sa page web l'article « Une association étudiante réclame la « destitution » de Pauline Marois à l'UQAM ». L'article nous informe que « (…)

Le Devoir d'aujourd'hui met à la une de sa page web l'article « Une association étudiante réclame la « destitution » de Pauline Marois à l'UQAM ». L'article nous informe que « l'Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) de l'UQAM, qui a publié une lettre sur sa page Facebook mercredi soir pour faire état de son « désarroi » face à cette nomination… » De dire cette lettre :

Le gouvernement Marois, entre 2012 et 2014, a mis en place une politique xénophobe, austéritaire et antisociale […] Entre autres, le gouvernement Marois a ouvert la porte aux débats sur la « laïcité judéo-chrétienne » avec la mise en place de la « Charte des valeurs québécoise ». Ce morceau de législation hautement islamophobe et raciste aboutira, sous le gouvernement Legault, à l'adoption de la loi 21 bannissant les femmes et les personnes portant le hijab de la fonction publique et de l'éducation. L'AFESH, à l'époque, s'est opposée à l'adoption de cette charte [… et] à l'indexation des frais de scolarité…

La lettre ajoute que « [c]e lobbying politique n'a pas sa place à l'UQAM ni dans aucune institution d'éducation » et que ce poste symbolique devrait être aboli. En réaction à cette lettre, le porte-parole homme de Québec solidaire, sollicité par Le Devoir, a répondu que « les publications d'une association étudiante de l'UQAM. Ça ne m'intéresse pas beaucoup » en précisant qu'il y a des sujets plus importants comme la crise du logement et les centres de la petite enfance. De conclure que « si vous me demandez si Pauline Marois est xénophobe, la réponse est non ».

Pour l'ancien dirigeant étudiant du Printemps érable de 2012, la courageuse et pertinente dénonciation de la xénophobie du PQ et de la CAQ par une des associations étudiantes les plus militantes en 2012 et encore aujourd'hui — elle a fait grève et participé aux activités pro palestiniennes de la CRUES la fin de semaine dernière — est « circulez, il n'y a rien à voir ». Par rapport aux enjeux sociaux, pour le porte-parole Solidaire, la lutte contre le racisme et la xénophobie est de la petite bière. Un double reniement en si peu de mots est une performance politicienne à se souvenir.

Rien d'étonnant que le député Haroun Bouazzi soit sur la touche. La gauche critique du parti qui a consenti à voter avec la direction du parti lors du dernier congrès cette contre-vérité « que QS ne soutient pas et n'a jamais soutenu que l'Assemblée nationale et ses membres sont racistes » n'a pas à être fière d'elle-même.

Marc Bonhomme, 29 novembre 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

Diglossie maudite (Part One)

29 novembre 2024, par Marc Simard
Certains mots peu connus décrivent pourtant des réalités quotidiennes des plus courantes. C’est le cas de « diglossie ». Nommer des réalités permet de mieux les appréhender. (…)

Certains mots peu connus décrivent pourtant des réalités quotidiennes des plus courantes. C’est le cas de « diglossie ». Nommer des réalités permet de mieux les appréhender. Ainsi du terme diglossie, qui vient du préfixe di⁠-, ‘deux’, glosso⁠-, ‘langue’, et du suffixe -⁠ie, ‘le fait de’. Ce mot (…)

Budgets militaires ou budgets sociaux

29 novembre 2024, par Par Guy Roy
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Postes Canada investit massivement, vend des actifs rentables, puis crie au déficit

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/11/2024-11-18-16.19.34_1-e1732837466585-1024x537.png28 novembre 2024, par West Coast Committee
Deux semaines après le début de leur grève, les travailleurs de Postes Canada continuent de sonner l'alarme au sujet de la mauvaise gestion et la privatisation. En janvier de (…)

Deux semaines après le début de leur grève, les travailleurs de Postes Canada continuent de sonner l'alarme au sujet de la mauvaise gestion et la privatisation. En janvier de cette année, la société d'État a vendu ses services informatiques et logistiques pour se restructurer, invoquant des (…)

Nouvelles prisons, mêmes enjeux ?

28 novembre 2024, par Ligue des droits et libertés

Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2024

Nouvelles prisons, mêmes enjeux?

Mathilde Chabot-Martin, candidate à la maîtrise, École de travail social, UQAM Karl Beaulieu, doctorant, École de travail social, UQAM
[caption id="attachment_17085" align="alignright" width="393"] Établissement de détention Leclerc de Laval. Les femmes y sont incarcérées, dans des conditions maintes fois dénoncées, depuis la fermeture de la Maison Tanguay en 2016. Le gouvernement du Québec a annoncé six ans plus tard, en 2022, la construction d’une nouvelle prison d’ici 2030 au coût de 400 millions de dollars.[/caption]
Nombre de voix se sont élevées ces dernières années pour dénoncer les violations des droits humains et les conditions de détention délétères qui continuent de régner au sein des prisons et pénitenciers au Québec et au Canada. Personnes (ex-) incarcérées, chercheuses et activistes participent à remettre de l’avant une réflexion collective sur la pertinence de la prison comme institution1. Par leurs prises de parole, elles démontrent comment l’institution carcérale fonctionne selon une logique punitive, individualisant des problématiques pourtant structurelles. Ainsi, la prison contribue à la reproduction des inégalités sociales et enferme de manière disproportionnée les personnes marginalisées dans un cycle sans fin d’injustice et d’exclusion. Ces constats, mis de l’avant dans de multiples rapports et ouvrages publiés récemment2, devraient interpeller et préoccuper nos décideurs politiques et les autorités des services correctionnels. Or, ils sont plutôt accueillis par un mutisme inquiétant et une récupération politique préoccupante. En effet, la prison profite d’une légitimité et d’un appui politique aveugle qu’aucune recherche ne semble pouvoir ébranler, ni  même  minimalement  remettre  en question. Dans ce contexte, quel avenir pour la prison, et comment comprendre son actuelle expansion, malgré les critiques qui émanent de nos mobilisations ?
[…] cet usage de l’inclusivité au sein des discours officiels s’inscrit dans l’idéologie d’une nouvelle carcéralité. En effet, les critiques relatives à la surreprésentation et aux spécificités de certains groupes sont, ici, instrumentalisées pour mieux enfermer plutôt que de désincarcérer.

Des prisons inclusives ?

Pour justifier les plus récentes expressions de l’expansion carcérale, celle de la construction de nouvelles prisons et du réaménagement d’espaces carcéraux, à laquelle nous assistons, plusieurs discours récents réfèrent à une volonté d’inclusivité. Effectivement, les services correctionnels québécois ont annoncé à la fin de l’année 2022 la construction d’une nouvelle prison pour femmes, la plus grosse qui soit au Québec. Cette nouvelle prison, nous dit-on, « pourra leur offrir de meilleures perspectives de réinsertion sociale grâce à un meilleur accès aux programmes et aux services dont elles ont besoin3 ». Au niveau fédéral, des millions de dollars ont récemment été alloués pour aménager des espaces traditionnels autochtones au pénitencier Archambault de Sainte-Anne-des-Plaines. À nouveau, les autorités soutiennent que ces espaces vont permettre de « répondre davantage aux besoins culturels de la clientèle autochtone »4. D’autres annonces promettent aux prisonnier-ère-s trans d’être incarcéré-e-s de manière conforme à leur identité de genre, embrassant un discours inclusif des personnes trans (Trans rights are human rights)5. On met ainsi l’accent sur l’inclusivité, afin de mieux enfermer des populations ciblées. Nous soutenons que cet usage de l’inclusivité au sein des discours officiels s’inscrit dans l’idéologie d’une nouvelle carcéralité. En effet, les critiques relatives à la surreprésentation et aux spécificités de certains groupes sont, ici, instrumentalisées pour mieux enfermer plutôt que de désincarcérer. Cette nouvelle carcéralité présente le risque évident que les prisons deviennent des espaces où les personnes marginalisées pourraient finalement obtenir l’accès aux soins et aux services dont elles ont besoin. Si la mise en place et l’investissement dans des programmes ciblés et adaptés sont souhaitables, nous partageons l’idée bien répandue selon laquelle ceux-ci doivent avoir lieu en amont de l’incarcération. C’est notamment ce que suggérait l’Enquêteur correctionnel du Canada au moment de l’annonce des réaménagements culturels au pénitencier Archambault, rappelant l’échec des programmes fédéraux pour les personnes autochtones incarcérées et demandant plutôt la redirection de ces fonds vers les communautés autochtones. En somme, cette idée de faire des prisons plus inclusives nous ancre dans un cycle répressif où les gens doivent être punis pour obtenir des soins au sein de notre société. Considérant l’ampleur des conséquences liées à un passage en prison, dont la stigmatisation et les conséquences sur l’entourage des personnes incarcérées, nous devons plutôt investir dans les soins en amont. Autrement, nous continuons à nourrir un cycle d’enfermement des personnes marginalisées, coûteux sur le plan économique et dévastateur sur le plan social. Les prisons sont des institutions intrinsèquement exclusives, elles ne peuvent pas être inclusives.

Plus sécuritaires… pour qui ?

Un deuxième enjeu nommé par les autorités pour justifier l’expansion carcérale a trait à la sécurité – sécurité qui semble ne jamais pouvoir être complètement atteinte. Plusieurs analyses soutiennent que la prison est un environnement hostile où les personnes incarcérées sont à risque de subir des violences physiques, psychologiques et sexuelles6. L’environnement carcéral produit et exacerbe de nombreux problèmes de santé affectant l’intégrité physique et mentale des personnes incarcérées. Tel que présenté dans l’article Quand la prison fait mourir de ce dossier, un récent rapport révèle une hausse de 87 % des décès dans les prisons entre 2009-2010 et 2021-2022, d’autant plus marquée en ce qui concerne les suicides. Toutefois, il semble que les critiques à propos des mauvaises conditions de détention des personnes incarcérées deviennent encore une fois des leviers justifiant l’expansion carcérale. Par exemple, le ministère de la Sécurité publique (MSP) a promis le « plus gros investissement jamais accordé dans la sécurité de nos prisons »7 en réponse, notamment, aux enjeux liés aux conditions de détention des personnes incarcérées8. Les problématiques humanitaires dans les prisons sont donc abordées sous le prisme de la sécurité, ce qui n’est pas un choix anodin. Ce cadrage sécuritaire des conditions de détention des personnes incarcérées est révélateur des priorités du MSP et pose la question : de la sécurité de qui parlons-nous exactement ? En effet, en répondant à des problématiques de nature sociale par des investissements dans la sécurité des lieux, les autorités démontrent un manque de considération pour le bien-être des personnes incarcérées. Par ailleurs, l’augmentation des mesures de sécurité dans les prisons, entendues ici comme plus de surveillance et de répression, ouvre non seulement la porte à plus d’abus envers les personnes incarcérées, mais elle voile également l’enjeu des conditions de détention et violations de droits dont il est question au sein des multiples rapports. Il semble donc qu’on parle strictement d’une sécurité qui exclut celle des personnes incarcérées lorsqu’on promet plus d’investissements dans le béton. Comment peut-on expliquer que les mauvaises conditions de détention et la violence qui règnent au sein des prisons soient résolues par des mesures soutenant une répression et un contrôle encore plus étroits ?

Pas une solution

De nouvelles prisons plus inclusives et toujours plus sécuritaires ne sont pas la solution. Il faut plutôt voir ces récents investissements comme un réflexe social d’entêtement carcéral, nous empêchant de réfléchir collectivement à des pistes de sortie de la carcéralité. Les personnes de la diversité sexuelle et de genre, les personnes autochtones, noires, et vivant dans la pauvreté sont surreprésentées au sein des prisons. Or, si nous nous enfermons socialement dans le paradoxe de la prison inclusive, les prochaines années pourraient faire place à une exacerbation des inégalités en matière d’enfermement. Lorsque les problèmes causés par les prisons sont pointés du doigt, les discours officiels nous amènent à penser que ce sont des prisons dont nous devons prendre soin, plutôt que des personnes qui s’y trouvent. Là est le problème. Face au cycle d’enfermement sans fin dans lequel nous sommes engagés, il faut mettre fin à la construction de nouvelles prisons. Si nous souhaitons véritablement avoir une société plus juste et assurer une sécurité réelle pour les groupes marginalisés, agissons tout de suite, avant les premières pelletées de terre pour la construction de la nouvelle prison pour femmes de Montréal. Bien qu’il faille continuer de porter attention aux problèmes concernant les conditions de détention qui règnent à l’intérieur des prisons, il faut également, en amont,investir dans des programmes agissant au sein de nos communautés et refuser l’expansion carcérale. Les prisons sont des endroits mortifères où les violations de droits et les dénis de soins sont des réalités quotidiennes pour les personnes incarcérées : elles ne sont pas une solution comme le rappelle la Ligue des droits et libertés. Ce dossier nous rappelle l’importance d’imaginer et de bâtir autour d’initiatives locales, humaines, ancrées dans nos communautés, étant porteuses de principes de bienveillance et ayant à cœur le respect des droits humains. Ces solutions existent et continuent à émerger autour de nous. Il suffirait qu’on leur porte collectivement notre attention pour que nos communautés se portent mieux.

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La prison comme institution coloniale

28 novembre 2024, par Ligue des droits et libertés

Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2024

Qu’en est-il des systèmes carcéraux et des abolitionnismes?

Entrevue avec Cyndy Wylde, professeure en travail social à l’Université d’Ottawa, ancienne professionnelle à Service correctionnel Canada Propos recueillis par Alexia Leclerc, finissante à la maîtrise en science politique et membre du comité de rédaction de la revue et du comité Enjeux carcéraux et droits des personnes en détention de la Ligue des droits et libertés
Originaire de la communauté Pikogan située dans le nord-est de l’Abitibi- Témiscamingue, Cyndy Wylde est Anicinape et Atikamekw. Elle a étudié la criminologie, la toxicomanie, la santé mentale et elle s’intéresse aux enjeux et réalités des peuples autochtones. Pendant plus de 25 ans, elle a évolué professionnellement au Service correctionnel Canada ; plus précisément dans les Initiatives autochtones. Jusqu’à mars 2019, elle était membre de l’équipe de recherche de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec : écoute, réconciliation et progrès (Commission Viens), à titre d’experte pour le service public des Services correctionnels du Québec. Elle a également été conseillère politique auprès de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) et elle est aussi consultante sur différents enjeux autochtones. Elle est aujourd’hui professeure en travail social à l’Université d’Ottawa.

Pouvez-vous décrire votre parcours ?

J’ai travaillé au service correctionnel fédéral pendant 25 ans. J’ai décidé de prendre ma retraite du milieu en 2019 et de continuer mes études au doctorat. J’ai travaillé pour la Commission Viens comme experte sur le système correctionnel, avant de devenir professeure à l’Université d’Ottawa à l’École de travail social. Je termine actuellement ma thèse de doctorat sur la surreprésentation carcérale des femmes des Premières Nations au Québec. Je veux connaître la perception qu’elles ont de leur traitement. Voici mes trois objectifs. Je vise : à documenter la perception des femmes des Premières Nations incarcérées en regard du traitement qu’elles reçoivent dans le système carcéral au Québec; à identifier les causes et les mécanismes de la discrimination vécue par les femmes des Premières Nations incarcérées ; et à mieux comprendre la manière dont les femmes des Premières Nations perçoivent les effets de l’accès à des services spirituels ou traditionnels dans leur cheminement. C’est important pour moi, car lorsque je travaillais dans le système correctionnel fédéral, j’ai vu beaucoup de femmes de l’Ouest être incarcérées ici pour de la gestion de population. Cela réfère à des prises de décisions qui visent à gérer des personnes incarcérées sans vraiment prioriser leurs besoins et ceux de leurs familles.

Pouvez-vous relater votre expérience dans le système correctionnel fédéral en ce qui concerne les initiatives autochtones ? Selon votre expérience, est-ce que c’est un moyen efficace pour contrer la surreprésentation carcérale des Autochtones ?

J’ai commencé comme commis de gestion de cas, un poste administratif au sein de Service correctionnel Canada. Mon objectif était de devenir agente correctionnelle. On m’a appelée vers 1999-2000 pour m’annoncer que la boîte des initiatives autochtones était lancée et qu’on avait besoin de mettre en place les initiatives locales. J’ai ainsi occupé le premier poste d’agente de développement régional auprès de la collectivité autochtone, le premier poste dédié à ces initiatives et je suis devenue la coordonnatrice de cette équipe-là. Ça remonte à 1992, lorsque la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition a été modifiée. Les initiatives pour adapter nos politiques et nos façons de faire pour contrer la surreprésentation carcérale des Autochtones dans notre système sont survenues plus tard. Quand les initiatives autochtones ont commencé, la population carcérale autochtone était de 17 % dans le système carcéral fédéral, ce qui était beaucoup à l’époque, car la population autochtone dans l’ensemble du Canada était de 3 %. Aujourd’hui, 30 % de la population carcérale est autochtone, et on parle de 50 % pour les femmes autochtones. Les jeunes autochtones suivent également cette courbe-là qui augmente.
« Le cœur me battait quand j’allais visiter des centres dans l’Ouest pour prendre connaissance des initiatives mises en place là-bas. J’y croyais tellement, mais j’ai été désillusionnée. L’institution est plus grande que moi, même si je ne suis pas toute seule à m’être battue. »
J’ai beaucoup cru aux initiatives autochtones dans le milieu carcéral. Le cœur me battait quand j’allais visiter des centres dans l’Ouest pour prendre connaissance des initiatives mises en place là-bas. J’y croyais tellement, mais j’ai été désillusionnée. L’institution est plus grande que moi, même si je ne suis pas toute seule à m’y être si engagée. En mettant un chapeau de fonctionnaire à tous les jours, je me suis rendu compte que j’étais confrontée à mes valeurs culturelles et celles de ma nation. Ça a été drainant, il y avait beaucoup de répétitions, de confrontation et de résistance. Le système carcéral est un système colonial et paternaliste, il y a peu de place pour remettre en question les façons de faire. Je me suis buttée à une organisation rigide. Ça été difficile d’implanter des initiatives et de se faire respecter. En plus, alors que je travaillais dans le système correctionnel fédéral, le gouvernement Harper a coupé le financement, a instauré des mesures punitives encore plus sévères, a diminué les ressources pour la relation d’aide et la réinsertion sociale, la nourriture pour les détenu-e-s et les employé-e-s. Tout a été coupé, mais on disait qu’il fallait contrer la surreprésentation des Autochtones. Le gouvernement envoyait donc quand même des enveloppes pour les initiatives autochtones, ce qui a été perçu comme un deux poids deux mesures. Il n’y avait pas d’éducation par rapport à l’enjeu de la surincarcération. Ça a été mal compris par les employé-e-s, mal reçu par les détenu-e-s qui trouvaient que les détenu-e-s autochtones avaient des passe-droits. Ces programmes sont donc retombés sur les épaules des employé-e-s autochtones qui devaient les mettre en place, mais qui n’avaient pas de pouvoir décisionnel. Par exemple, la première fois qu’on a essayé de permettre aux détenu-e-s de smudger, soit de pratiquer une cérémonie de purification par la fumée, on a dû aller en cour contre nos collègues qui alléguaient que la fumée les rendait malades. Il y avait plein de microagressions contre les détenu-e-s qui smudgeaient. On organisait également des cérémonies qui finissent toujours par des festins, durant lesquels il y a un partage de nourriture incluant des dons de viande sauvage offerte par la communauté. J’ai remarqué que les détenu-e-s non-Autochtones s’identifiaient comme Autochtones pour avoir accès à la nourriture. Je ne voulais pas être la police du statut autochtone, mais j’ai observé cela même chez les employé-e-s que j’étais censée former. Je ne les formais pas à travailler, mais plutôt à être Autochtones. J’étais également chargée de former mes collègues agent-e-s de libération conditionnelle concernant les principes de l’arrêt Gladue (1999), qui stipule que les juges doivent considérer une sentence substitutive et analyser les antécédents sociaux de la personne jugée en prenant compte des facteurs systémiques coloniaux. Le but était de favoriser d’autres traitements que l’emprisonnement. Les services correctionnels ont également été tenus de considérer les principes de l’arrêt Gladue. Toutefois, il y avait beaucoup de formation à faire aux agent-e-s pour qu’ils puissent faire une analyse cohérente des dossiers. Dans les faits, l’examen des antécédents sociaux des détenu-e-s leur nuisait au lieu de les aider. Par exemple, si le taux de criminalité de la communauté d’un détenu était très élevé, l’agent-e recommandait que la ou le détenu-e ne retourne pas dans sa communauté, plutôt que d’essayer de comprendre les causes de ce taux de criminalité élevé (tel que l’éloignement et la dépossession). Les agent-e-s considéraient ces informations comme des éléments de contexte plutôt que comme des éléments contributifs.

En quoi le système de justice pénale colonial canadien est-il fondamentalement différent des traditions juridiques autochtones en matière de Justice ?

Les notions éthiques des Premières Nations et des Inuit portent une conception des valeurs et de la justice complètement différentes de celles coloniales. Si on regardait les notions éthiques de ces peuples, on comprendrait bien des choses, mais on ne le fait pas beaucoup même si on est censé le faire depuis le rapport Gladue. Par exemple, dans le système colonial, on te considère comme innocent jusqu’à preuve du contraire. On doit donc essayer de donner le moins d’informations possible pour obtenir la plus petite sentence, les meilleures conditions, et une cote sécurité minimale. Ce sont toutefois des notions étrangères et inutiles pour un ou une détenu-e autochtone. Dans les conceptions autochtones, c’est complètement un affront si tu as fait quelque chose et que tu ne peux pas en parler ; les Autochtones et les Inuit vont reconnaître leur responsabilité tout de suite. Aussi, être incarcéré, c’est complètement se dispenser de sa responsabilité à réparer ce que la ou le détenu-e autochtone a fait. On l’enlève de sa communauté, mais pour lui, il doit y retourner pour aller réparer ce qu’il a fait, dédommager la victime et sa famille.

Quelles seraient, selon vous, les pistes de solution pour contrer la surincarcération des Autochtones?

Il y a des initiatives prometteuses dans tout le pays. Le problème majeur est que ces programmes souffrent souvent d’un manque de pérennité. Le programme est bon pour un certain temps, mais on ne dispose pas du temps nécessaire pour évaluer ses retombées, et ensuite il n’y a plus d’argent pour le poursuivre. En matière de justice, par exemple, le Centre Waseskun a une délégation du fédéral qui lui permet de garder des détenu-e-s qui ont une cote de sécurité minimale. Toutefois, le Centre Waseskun est assujetti à toutes les directives du commissaire et du service correctionnel. Je l’ai vécu de l’intérieur, il y tellement un choc de culture et de valeurs. Il y a aussi le Centre résidentiel communautaire Kapatakan qui fonctionne bien, mais qui doit continuellement naviguer à travers un mode de gouvernance tripartite avec des délégations du provincial et fédéral. Les initiatives autochtones, c’est positif, car ça permet de renouer avec sa culture. Renouer avec sa culture permet d’aller à l’intérieur de soi, et renouer avec des choses de ton passé et réfléchir sur des choses qui t’ont blessé-e. C’est important. Mais ce n’est pas suffisant. Pour contrer la surreprésentation des Autochtones dans le système carcéral, il faut aller plus loin que mettre en place des initiatives autochtones au sein du système carcéral, ou déléguer certains services aux communautés : il faut procéder à un transfert des responsabilités et du financement aux communautés autochtones en matière de justice. Il faut que les peuples autochtones puissent exercer leur droit à l’autodétermination dans tous les domaines, incluant la justice. La nouvelle loi fédérale C-921 est d’ailleurs un parallèle très inspirant à faire. Depuis que la nation atikamekw d’Opitciwan a sa propre loi en matière de protection de la jeunesse, il n’y a plus de cas judiciarisés dans le système de protection de la jeunesse du Québec, ce qui veut dire qu’il y a plein d’enfants qui restent dans leur famille et au sein de leur nation. La Loi C-92, c’est vraiment un bel exemple. J’espère qu’elle va ouvrir la voie à d’autres formes de gouvernance en matière de justice. La surreprésentation des Autochtones en milieu carcéral, surtout la surreprésentation des femmes autochtones, c’est une tragédie nationale. Je suis une abolitionniste et je pense qu’on devrait recommencer à zéro. C’est utopique, mais il faut radicalement changer les choses.

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Le transport collectif, pilier essentiel pour une transition écologique durable

28 novembre 2024, par Marc Simard
L’autoroute 20, comme de nombreux projets routiers, illustre bien les choix de développement qui, depuis le milieu du XXe siècle, ont perpétué le recours à la voiture et le (…)

L’autoroute 20, comme de nombreux projets routiers, illustre bien les choix de développement qui, depuis le milieu du XXe siècle, ont perpétué le recours à la voiture et le déploiement massif d’infrastructures routières au détriment d’alternatives. L’extension de la 20 dans le Bas-Saint-Laurent (…)

La Géorgie, l’éternel recommencement

28 novembre 2024, par Sacha Dessaux
Sacha Dessaux, correspondant en stage Depuis la dislocation de l’URSS en 1991, les différentes républiques socialistes ayant gagné leur indépendance peinent à la conserver. (…)

Sacha Dessaux, correspondant en stage Depuis la dislocation de l’URSS en 1991, les différentes républiques socialistes ayant gagné leur indépendance peinent à la conserver. Elles oscillent entre une volonté de se rapprocher de l’Occident et une influence russe qui n’accepte pas de perdre ses (…)

Grève chez Postes Canada

27 novembre 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Depuis le vendredi 15 novembre, les travailleurs et travailleuses de Postes Canada au Bas-Saint-Laurent, comme dans (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Depuis le vendredi 15 novembre, les travailleurs et travailleuses de Postes Canada au Bas-Saint-Laurent, comme dans d’autres régions du pays, sont en grève. Ce mouvement social fait suite à l’échec des négociations entre la direction de (…)

FSMÉT 2024 en Colombie : le rendez-vous des économies populaires, sociales et solidaires

27 novembre 2024, par Mario Gil Guzman
Mario Gil Guzman, correspondant Les économies transformatrices sont des territoires autogérés, des relations cordiales et amoureuses entre l les êtres humains et la nature, des (…)

Mario Gil Guzman, correspondant Les économies transformatrices sont des territoires autogérés, des relations cordiales et amoureuses entre l les êtres humains et la nature, des échanges de besoins, de complémentarités et de solidarités. Ce sont des économies qui placent la vie, la santé (…)
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Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

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Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.

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