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Israël : la déraison du plus fort

L'État hébreu n'entend pas s'en tenir à ses succès militaires contre le Hamas et le Hezbollah. Au-delà d'une riposte au 7-Octobre, son but de guerre est d'en finir avec la Palestine et ses soutiens. Tout doit être fait pour arrêter cette guerre sans fin.
Tiré d'Europe solidaire sans frontière.
« La raison du plus fort est toujours la meilleure / Nous l'allons montrer tout à l'heure » : ainsi commence Le Loup et l'Agneau, cette fable où La Fontaine montre l'impuissance de la raison et de ses arguments logiques face à la violence de la force, animée par la vengeance – « On me l'a dit : il faut que je me venge », dit le loup avant de dévorer l'agneau « sans autre forme de procès ».
En 2003, le philosophe Jacques Derrida avait placé ces vers de La Fontaine en exergue de Voyous, un livre qui s'attachait à déconstruire la passion aveugle qui s'est emparée des États-Unis d'Amérique sous le choc des attentats du 11-Septembre, ressentis comme une menace vitale. Une décennie après la fin de l'Union soviétique, cet aveuglement a ouvert dans les relations internationales de l'après-guerre froide un cycle dévastateur qui n'a fait que s'aggraver, où la puissance revient à qui s'arroge le droit de suspendre le droit.
« Rogue States » – États voyous : c'est en ces termes que les États-Unis ont disqualifié les États dont ils firent leur cible, l'Irak au premier chef, dans une fuite en avant où la déraison idéologique l'emportait sur la raison politique – l'Irak n'avait rien à voir avec les attentats du World Trade Center.
« Les premiers et les plus violents Rogue States, commentait alors Derrida, ce sont ceux qui ont ignoré et continuent de violer le droit international dont ils se prétendent les champions, au nom duquel ils parlent, au nom duquel ils partent en guerre, chaque fois que leur intérêt le commande. »
Une guerre contre l'existence même de la Palestine
Israël est aujourd'hui le plus emblématique de ces États voyous. Ses dirigeants ne cherchent même pas à sauver les apparences d'une humanité commune au nom de laquelle des droits fondamentaux s'imposeraient aux nations, quelles qu'elles soient. Le pays combat des « animaux humains », avait ainsi déclaré son ministre de la défense, Yoav Gallant, annonçant au lendemain du 7-Octobre une guerre sans pitié ni règles non pas contre le Hamas mais contre l'enclave de Gaza, ses civil·es, ses habitations, ses lieux de vie.
Au mépris de toute vérité factuelle et rigueur historique, l'assimilation de la question de la Palestine au terrorisme du Hamas sert de fin qui justifie tous les moyens. Malgré le blocus médiatique imposé par l'armée israélienne sur sa guerre, le monde entier en est témoin, à tel point que les mots manquent devant tant de crimes assumés, revendiqués et banalisés, dont Le Livre noir de Gaza offre un premier inventaire. C'est bien une guerre contre la Palestine que mène Israël, non seulement contre l'existence d'un État à son nom mais contre la survie de son idée même, une guerre de destruction du peuple qui l'incarne et d'occupation de la terre qui le porte.
Si l'on en doutait, l'intensification des opérations militaires, au nord de Gaza et dans le sud du Liban, voire au-delà, dont les civil·es sont les premières victimes, le confirme alors qu'Israël aurait pu décider de suspendre ses offensives, se targuant d'avoir décapité le Hamas et son allié régional, le Hezbollah.
Ses dirigeants font le choix inverse d'une guerre sans fin dans le fol espoir d'annihiler toute altérité qui contredirait l'identité dont ils se réclament, résumée sans fioritures par l'actuel premier ministre après l'adoption en 2018 de la loi sur Israël « État-nation du peuple juif » : « Israël n'est pas l'État de tous ses concitoyens. Il est l'État-nation des seuls Juifs. »
Cet imaginaire colonial où Israël est une « villa dans la jungle » (Ehud Barak en 2008) qui devra éternellement se « défendre face à des bêtes sauvages » (Benyamin Nétanyahou en 2016) est une perdition. La raison du plus fort, qui assure la victoire militaire, s'y révèle une déraison politique, qui promet une défaite existentielle – « un suicide collectif », résume Rony Brauman en ouverture du Livre noir de Gaza. Car cette idéologie qui érige Israël en poste avancé de l'Occident, face non seulement aux peuples qui l'entourent mais plus essentiellement face à la diversité du monde, donne la main à cela même qui a produit le génocide dont ont été victimes les juifs d'Europe.
L'impunité dont bénéficie l'État d'Israël est une invitation à la sauvagerie générale
L'origine ne protège de rien, et seul le présent fait preuve. Racisme, suprémacisme, apartheid, épuration ethnique, expulsion, extermination, espace vital, pureté de sang, etc. : comme l'a déjà documenté Sylvain Cypel dans L'État d'Israël contre les Juifs, l'extrême droite israélienne, dont la participation au gouvernement garantit la survie politique de Nétanyahou, n'est avare d'aucune des obsessions meurtrières qui font le glossaire des fascismes. Sinistre et tragique retournement où l'État qui tient sa légitimité internationale de la conscience du crime contre l'humanité devient le laboratoire contemporain d'un retour en force des idéologies qui l'ont enfanté. Parmi lesquelles l'antisémitisme qui, inévitablement, prolifère dans le sillage de tous les autres racismes, tant il est leur noyau dur moderne.
La catastrophe qui en résulte dépasse donc le sort des peuples palestinien et israélien. Elle se joue à l'échelle du monde : l'impunité dont bénéficie l'État d'Israël, alors même qu'il bafoue les droits humains de toute une population et piétine sans retenue ni vergogne le droit international, est une invitation à la sauvagerie générale. Sous leurs divers atours et sous toutes latitudes, qu'elles soient déjà au pouvoir ou qu'elles le convoitent, les forces autoritaires et identitaires, nationalistes et xénophobes, ne peuvent qu'y trouver un encouragement.
Ce qui est en jeu n'est autre que l'effacement du sursaut des lendemains de la Seconde Guerre mondiale quand, sur les décombres du fascisme et du nazisme, la communauté internationale prit conscience des ravages incommensurables des hiérarchies civilisationnelles, de leur haine de l'égalité et de leur sacralisation de l'identité. Ne pas arrêter la course en avant criminelle de Benyamin Nétanyahou, c'est détruire la promesse démocratique de la Déclaration universelle des droits de l'homme, éteindre sa lumière émancipatrice et, dès lors, plonger le monde dans la nuit.
Il est déjà bien tard mais, tant qu'il est encore temps, tout devrait être fait pour empêcher cet effondrement. Ayant fait d'Israël un État voyou, ses actuels dirigeants devraient être sanctionnés par ceux de cet Occident dont ils se réclament. Autrement dit par l'Union européenne et par les États-Unis. C'est le seul moyen de les contraindre : les bannir diplomatiquement, les boycotter économiquement, les assécher militairement. Il y a fort à craindre, hélas, que ce ne sera pas le cas, tant l'égarement domine, à Bruxelles, Paris, Berlin ou Washington.
Déjà lourd d'orages, le ressentiment du monde contre nos nations n'en sera que plus grand. Et nous devrons l'affronter avec cette sourde honte de n'avoir rien pu empêcher alors même que nous étions témoins, les yeux grands ouverts, de cette marche à l'abîme.
Edwy Plenel
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Depuis des années, Québec solidaire lutte pour que cesse le financement des écoles privées religieuses

Depuis des années, Québec solidaire lutte pour que cesse le financement des écoles privées religieuses. Malgré les récents débats sur la laïcité au Québec, le gouvernement Legault continue de subventionner une cinquantaine d'écoles qui maintiennent des pratiques religieuses explicites. La CAQ tient un double discours sur la laïcité. Il prétend défendre la laïcité mais il continue à financer des écoles privées religieuses. Il fait preuve d'incohérence et il refuse de mettre fin à la laïcité à deux vitesses. C'est plus de 200 millions $ qui resteraient dans les coffres du gouvernement.
Nous publions ci-dessous l'intervention faite à cet égard par Garbriel Nadeau-Dubois à l'Assemblée nationale le 24 octobre dernier et le débat qu'il a mené avec le Premier ministre.
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Colloque bilan de cent ans d’occupation au Saguenay lac Saint-Jean : Une rencontre réussie !

Le 22 octobre dernier à Saguenay se tenait un colloque organisé par Climat Québec et l'Association des retraités syndiqués de Rio Tinto, colloque s'intitulant 1926-2026 : cent ans d'occupation par Alcan et Rio Tinto, le bilan s'impose. Environ une centaine de personnes se sont déplacées pour entendre et discuter avec 9 conférenciers sur ce vaste sujet.
Germain Dallaire
Le colloque s'est amorcé par un historique du dernier siècle qui montre à l'envie la complicité des pouvoirs publics avec une compagnie ayant comme objectif principal la recherche du profit maximum au détriment de l'environnement et d'une partie significative de la population. Par la suite, le professeur à l'UQAC Marc-Urbain Proulx a brossé un portrait de l'évolution actuelle du marché mondial de l'aluminium. Il en ressort qu'avec un marché contrôlé à 53% par la Chine et une prime "midwest" défavorable à une transformation secondaire près des lieux de production, les perspectives d'emploi pour l'industrie de l'aluminium au Saguenay lac St-Jean sont plutôt limitées. Pour M. Proulx, la région serait bien avisée de se tourner vers la production d'énergie renouvelable.
Le reste de l'avant-midi a porté principalement sur deux aspects importants de l'impact environnemental de l'occupation d'Alcan et Rio Tinto au Saguenay Lac St-Jean. Le premier aspect concernait l'impact dévastateur d'un niveau du Lac St-Jean maintenu artificiellement depuis 1926 à un niveau dépassant largement son niveau « naturel » d'avant 1926, plusieurs lots ayant été partiellement ou complètement ennoyés. On en veut pour preuve le secteur de St-Méthode où la rive a reculé de trois kilomètres. Le lac St-Jean étant géré comme un réservoir privé à des fins uniques de production maximale d'électricité, ses berges ont pris à certains endroits des allures de zone de guerre. Éric Scullion, riverain du lac et écologiste de longue date qui documente depuis longtemps cette détérioration nous a présenté une multitude de diapositives et documents vidéo (disponibles sur You Tube en tapant Éric Scullion et en allant à l'onglet vidéos) l'illustrant éloquemment.
M. Scullion a été suivi de Mme Hélène Savard du Comité pour un Vaudreuil Durable ( CVD) qui a entretenu l'audience du crassier de résidus de bauxite. Rappelons que pour obtenir une tonne d'alumine (l'ingrédient de base de production d'aluminium), on doit traiter chimiquement deux tonnes de bauxite. La tonne de résidus qui en découle s'ajoute au crassier. Depuis 1960 jusqu'en 2049, on parle d'une superficie équivalente à 596 terrains de football de déchets toxiques qui se trouvent pour la plus grande partie en plein cœur de la ville de Saguenay. On prévoit que le site actuel aura atteint sa limite en 2030. Rio Tinto planifie un nouveau site toujours en plein milieu de la population. Malgré la modestie de ses moyens, le CVD à présenté un site alternatif. La multinationale tout comme les autorités politiques sont aux abonnés absents. Encore une fois, ce qui prime d'abord et avant tout, c'est l'intérêt économique de la multinationale.
Avant la pause du midi Alain Proulx, le représentant des retraités syndiqués de Rio Tinto est venu entretenir l'audience de la condition des retraités (quatre fois plus de retraités que d'actifs en 2023) syndiqués de RTA sous le thème « Pendant que Rio Tinto s'enrichit, les retraités s'appauvrissent ». À cause d'une indexation insuffisante, les retraités ont perdu 17% de leur pouvoir d'achat de 2002 à 2022. Pour la période de 2023 à 2029, l'indexation est remplacée par un montant forfaitaire global de 28 M$. Qui dit forfaitaire dit temporaire. En 2029, les retraités se retrouveront avec leur rente de 2023 mais les augmentations seront toujours là, si bien qu'au 17% de perte pour la période 2002 à 2022, il faudra en ajouter une de 16,2%. Ainsi, en 2029, les retraités se seront appauvris de 33,2% en 27 ans. Pendant la même période, Rio Tinto s'est permis des mesures d'allègement de cotisation et des congés atteignant 738 M$ privant la caisse de revenus d'intérêts de 1,275 M$ ce qui donne un total de 2,013 M$. Rio Tinto était bien mal pris… seulement de 2020 à 2023, les profits nets de Rio Tinto Alcan se sont élevés 6,750 M$. Encore une fois, l'intérêt économique de la multinationale avant tout.
L'après-midi s'est poursuivi par un exposé de Mme Aude Bastien qui a présenté un résumé des recherches effectuées il y a dix ans sous la direction de Mme Marie Claude Prémont de l'ENAP et portant sur la fiscalité foncière de la production hydroélectrique au Saguenay lac Saint-Jean où les centrales de Rio Tinto/Alcan dominent. C'est un système de compensations fiscales très particulier qui reconduit la situation inéquitable prévalant en 1971. Deux choses ressortent clairement de cette étude : 1- les disparités sont majeures entre les perceptions dont bénéficient les différentes municipalités touchées alors que les centrales du secteur de la forêt supportent une charge fiscale beaucoup plus importante quant à leur capacité installée que celles du secteur de l'aluminium. 2- Comme à son habitude, Rio Tinto s'en tire à très faible prix puisque l'évaluation historique de ses centrales à l'époque où elles étaient encore portées au rôle foncier (1971) était arbitrairement déterminée en sa faveur. Encore une fois, l'intérêt de la multinationale avant tout.
Après Mme Bastien, c'était au tour de Robert Laplante, directeur de l'Action Nationale et de l'Institut de Recherche en Économie Contemporaine (IREC) de nous entretenir de développement régional endogène ainsi que de l'impact des éoliennes privées depuis 20 ans au Québec. M. Laplante fait la distinction entre développement endogène et exogène. Symbole de la prise en main par les Québécois de leur développement économique, Hydro-Québec s'est appuyé sur la mobilisation des ressources locales favorisant ainsi un développement endogène. À l'inverse, le développement actuel du secteur éolien répond à des impératifs de profit pour le secteur privé. Dans cette logique, les caquistes ont diminué entre autres les exigences d'achat local dans la construction des éoliennes. Comme le secteur éolien se développe depuis plus de 20 ans au Québec, on peut en tirer des leçons. C'est ainsi que dans une étude réalisée en début d'année, des chercheurs de l'IREC ont calculé que l'achat par Hydro de l'énergie éolienne privée a occasionné un surcoût de 6,09 milliards$ de 2009 à 2021.
C'est Denis Trottier, riverain du lac au passé riche en implication citoyenne et politique qui a suivi M. Laplante. M. Trottier nous a livré un vibrant plaidoyer en faveur d'une reprise en main de la région par ses habitants s'inspirant de la lutte d'Onésime Tremblay contre l'appropriation sauvage (cautionné par les autorités politiques) du lac par Alcan au début du siècle. M. Trottier n'y est pas allé par quatre chemins qualifiant entre autres de honteux l'appauvrissement des retraités de Rio Tinto. Il a terminé en esquissant quelques pistes de solution.
Le colloque s'est conclu sur une allocution de Martine Ouellet qui n'a pas manqué de mettre en opposition les 700 millions$ par année dont profite Rio Tinto parce qu'elle possède ses barrages et la diminution en peau de chagrin du nombre d'emplois générés par la multinationale. Une diminution qui prend une tournure particulièrement inquiétante à l'heure où le projet de loi 69 ouvre la porte à la vente d'électricité par les producteurs privés. Mme Ouellet a rappelé qu'en 2012, lors du lock out de six mois à l'aluminerie d'Alma, il était plus payant pour Rio Tinto de vendre de l'électricité que de produire de d'aluminium. Rio Tinto a un projet de parc éolien de 700 à 1000 mégawatts et Jérôme Pécresse, le nouveau patron de Rio Tinto Aluminium, arrive directement de General Electric où il supervisait l'installation d'éoliennes en mer. Un plus un fait deux ! Plus que jamais, le sort des gens du Saguenay lac Saint-Jean est directement lié à celui de l'ensemble du Québec.
Vous pouvez le constater, les sujets de réflexion ne manquent pas. En plus de l'abondance et de la qualité des informations, le point marquant de ce colloque aura été la grande variété de l'auditoire qui a regroupé autant des intervenants du communautaire que de la société civile, des syndicalistes, des retraités et des syndicalistes. Bientôt, un document vidéo devrait être disponible et on retrouvera sur le site de Climat Québec les documents des conférenciers. Dans la foulée du colloque, un comité de suivi et mobilisation d'une quinzaine de personnes de provenances tout aussi variées a été formé. Ce colloque n'est donc qu'un début.
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Une étude exhaustive sur les élections québécoises de 2022

Montréal, le 27 octobre 2024. « Imparfait notre système électoral ? Bien davantage : inacceptable et injustifiable pour une société qui se veut démocratique. Je dépose aujourd'hui publiquement une étude exhaustive sur les élections québécoises de 2022, et les précédentes, qui vous le démontrera », a déclaré madame Mercédez Roberge, autrice du livre Des élections à réinventer-Un pouvoir à partager.
« D'une élection à l'autre, nous revivons le même scénario et on nous sert les mêmes promesses de modifier le mode de scrutin. Sans résultat. Le dernier à nous laisser en plan est le gouvernement Legault qui, même après des consultations fructueuses et prometteuses, a abandonné le chantier. Alors qu'il débute la deuxième moitié de son mandat, le gouvernement a encore le temps de redresser la situation et de nous démontrer la valeur qu'il accorde à la démocratie », a souligné madame Roberge en présentant les résultats de sa recherche qui sera mise en ligne aujourd'hui sous l'appellation Élections québécoises 2022 et précédentes : S'indigner et remplacer le système électoral.
Élections 2022 : le pouvoir de décision entre les mains d'un seul parti !
Pour madame Roberge, notre système électoral, qui ne tient compte que du nombre de sièges obtenus, entraîne des défectuosités qui portent clairement atteinte à notre vie démocratique. Depuis les élections du 3 octobre 2022, les décisions sont monopolisées par un seul parti alors que le vote était diversifié comme le montre le graphique indiquant le pourcentage de votes et de sièges.
Les résultats de 2022 sont spectaculaires, mais pas exceptionnels puisque les élections antérieures regorgent d'illustrations des mêmes défectuosités ; à titre d'exemple, le balayage de 1973 au profit du Parti libéral du Québec de Robert Bourassa. De telles monopolisations de l'Assemblée nationale se sont manifestées au cours de 20 élections.
Surreprésentation et sous-représentation, voilà deux effets pervers du mode de scrutin québécois. En 2022, la Coalition avenir Québec (CAQ), avec 41 % des votes, a raflé près de trois quarts des sièges. À l'opposé, le Parti conservateur du Québec (P.C.Q.) a recueilli 13 % des votes et n'a aucun siège. Quant à elle, l'opposition officielle est formée par le Parti libéral du Québec (PLQ) alors qu'il est arrivé 4e en pourcentage de votes. « Cette totale inadéquation entre le pourcentage de votes et le rôle occupé par un parti équivaut tout simplement à un reversement de la volonté populaire », a affirmé madame Roberge.
Les régions durement touchées !
Le dysfonctionnement de notre système électoral se manifeste durement à l'échelle régionale. À titre d'exemple, la CAQ a remporté 100 % des sièges dans 9 régions et de 80 % à 91 % dans 4 autres régions tout en n'y recueillant que 47,4 % des votes en moyenne. Autre exemple : les 21 sièges PLQ ne se retrouvent que dans 4 régions. L'opposition officielle est donc absente dans les trois quarts des régions du Québec.
La mauvaise représentation peut être mesurée par ce qu'il est convenu d'appeler « l'indice de distorsion ». Plus le chiffre est élevé, plus la distorsion est forte entre les votes exprimés et la représentation obtenue. Avec un taux de 25,8, l'indice de distorsion québécois de 2022 est 4 fois plus élevé que chez les pays utilisant une formule proportionnelle pour distribuer les sièges ; l'indice de distorsion s'élève même entre 30 et 51 dans 13 régions, ce qui se situe dans la moyenne des élections des 15 années précédentes.
La chercheuse souligne l'incidence négative de notre système sur l'accès à une représentation diversifiée ; le score national de 46 % de femmes élues n'étant atteint que dans 7 régions tandis que l'élection de personnes racisées ou nées à l'étranger n'atteint le niveau national de 16 % que dans 4 régions.
Des votes inégaux et sans valeur : 2 millions de votes perdus en 2022 !
La recherche de madame Roberge souligne que les votes qui n'ont pas désigné la personne gagnante pour la circonscription sont perdus puisqu'ils ne se transposent pas en une représentation adéquate pour le territoire donné. C'est le cas pour 2,1 millions de votes en 2022 (53 %). Dans 12 régions, les votes perdus varient entre 50% et 65,7%.
En calculant le nombre moyen de votes par parti pour obtenir un siège, un constat s'impose : les votes ne sont pas égaux. Ainsi, la CAQ a obtenu un siège avec aussi peu que 18 729 de votes en moyenne et, pour sa part, le PQ a eu besoin en moyenne de 200 236 votes. Cela signifie qu'un vote pour le PQ a eu 11 fois moins de poids qu'un vote pour la CAQ.
« Se pourrait-il que cette réalité explique en partie le faible taux de participation aux élections et le désenchantement de citoyennes et de citoyens qui auraient l'impression que leur vote ne servira pas à grand-chose ? En 2022, le taux de 66,1 %, déjà très bas, de participation nationale n'était même pas atteint dans 8 régions », questionne la chercheuse.
Un système proportionnel mixte compensatoire : l'urgence de l'adopter d'ici 2026 !
Deux projets de loi ont été présentés pour remplacer le système électoral québécois par un système proportionnel mixte compensatoire : le projet de loi 39 (2019) par le gouvernement et le projet de loi 499 (2023) par deux partis d'opposition. On reconnaît donc la nécessité de remplacer le mode de scrutin actuel. Ces projets suggèrent des améliorations importantes qui peuvent constituer une base de discussion à reprendre d'urgence et cela, à la lumière de la recherche déposée aujourd'hui par madame Roberge.
« Le gouvernement Legault doit tout mettre en œuvre pour adopter un nouveau système électoral avant les prochaines élections. Un système proportionnel mixte compensatoire bien conçu limiterait autant la surreprésentation que la sous-représentation et mettrait fin aux énormes et inacceptables écarts entre les votes exprimés et les sièges détenus. Le partage du pouvoir, en respect de la volonté populaire, devrait aller de soi dans une démocratie », a conclu madame Roberge en réitérant le fait que le premier ministre a encore la moitié de son mandat pour nous démontrer qu'il croit en la démocratie et qu'il respecte la voix des citoyennes et citoyens du Québec.
Présentation de l'autrice
Mercedez-Roberge - JulesTomi photographe
Originaire du Saguenay, Mercédez Roberge travaille et milite dans le milieu féministe et communautaire depuis 1980. Que ce soit professionnellement ou par militance son parcours est orienté par la quête de l'égalité, le respect des droits, l'amélioration des conditions de vie et l'exercice de la citoyenneté, ainsi que la représentation des idées et des personnes, selon une vision globale des enjeux démocratiques.
Elle a publié en 2019« Des élections à réinventer - Un pouvoir à partager » aux Éditions Somme toute, comme outil de référence sur l'amélioration de la démocratie représentative (408 pages). S'intéressant à la représentation des idées et des personnes, elle a présidé le Mouvement démocratie nouvelle (2003-2010), lequel lui a décerné le prix RÉFORMERA (2014) pour son engagement et son expertise.
Militante féministe depuis toujours, elle est co-autrice de « Histoire du mouvement des femmes au Saguenay-Lac-Saint-Jean » de la Collective La Chambarde, en 1988. Elle s'est impliquée dans de nombreux événements et comités de la Fédération des femmes du Québec et du Collectif féminisme et démocratie (dissous).
Au niveau professionnel, elle a travaillé pour de nombreuses organisations communautaires et féministes, contribuant notamment à laMarche des femmes contre la pauvreté« Du pain et des roses » en 1995, ainsi qu'à sa célébration 20 ans plus tard, de même qu'à l'organisation internationale de la première édition de la Marche mondiale des femmes (1998-2002). Depuis 2007 elle est coordonnatrice de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles, laquelle rassemble près de cinquante regroupements agissant pour l'amélioration globale de la santé de la population et rejoint plus de 3 000 groupes communautaires autonomes partout au Québec.
En octobre 2024 elle diffuse Élections québécoises de 2022 et précédentes : s'indigner et remplacer le système électoral, une étude exhaustive dans l'objectif d'alimenter la lutte des militantes et des militants. Le document peut être téléchargé en entier et ses sections peuvent être consultées sur le site internet de l'autrice.
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Nous marchons contre les guerres et le capitalisme, pour la souveraineté populaire et le bien vivre

Depuis la MMF Macronorte Pérou, les femmes féministes, diverses, communautaires et populaires poursuivent leur résistance, leur mouvement et leur réflexion constante sur la façon de continuer à construire une pensée critique dans nos organisations sociales dans les territoires de conflits extractifs pour la construction de sujets politiques à partir de nos pratiques de lutte et de résistance pour la défense du corps - du territoire - de la terre.
Tiré de Boletin MMF Las Americanas oct 24
C'est dans ce processus que nous nous sommes réunis les 20 et 21 juillet, dans la ville de Cajamarca, avec différents délégués de nos organisations de base pour travailler ensemble dans notre XIVème ECOLE FEMINISTE YANINA POVEDA. Les principaux piliers du projet sont la mise en œuvre décentralisée des écoles féministes, qui sont ancrées dans les territoires pour contribuer à la formation politique et à l'autonomie des organisations, les processus de guérison, de soins collectifs et d'autosoins dans le cadre des processus d'éducation populaire féministe que nous mettons en œuvre depuis plusieurs années dans la macro-région du nord du Pérou.
Nous nous sommes réunies pour analyser le contexte politique et social au niveau régional, national et international afin de planifier le processus de préparation de notre VIème Camp Féministe, où nous aborderons les lignes directrices et les défis de notre VIème Action Internationale en tant que mouvement féministe internationaliste, avec la capacité de mener des actions qui appellent à la protestation et à l'émancipation à travers les écoles, la moralisation et les marches.
Dans cette même ligne de réflexion, d'action et de mobilisation, du 27 au 29 juillet, nous partons de nos territoires vers la prise de Lima 2024, avec beaucoup d'efforts et d'engagement pour notre plateforme de lutte de résistance historique, où nous nous réaffirmons contre le système capitaliste, patriarcal, colonialiste et extractiviste, contre le congrès fondamentaliste et ce gouvernement usurpateur et meurtrier. Nous avons élevé notre voix et notre bannière pour une assemblée constituante plurinationale dans les rues de la capitale, malgré la pression policière constante et les arrestations arbitraires qui ne sont pas couvertes par les médias, contrairement à la première page et à la couverture massive des condamnations pénales prononcées systématiquement contre des dizaines de défenseurs communautaires de la démocratie, de l'eau et du territoire, ce qui réaffirme le message dictatorial de ce gouvernement qui criminalise la protestation, embrasse la violation des droits de l'homme et l'impunité. En outre, nous restons fermes et dans la rue pour exiger la justice avec les proches des personnes assassinées dans les mobilisations de 2022 - 2023, un symbole de lutte et de solidarité nationale de diverses femmes et peuples.
Capiremov.org
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Lettre ouverte ― La lutte contre la pauvreté ne laisse que des miettes pour les femmes !

En 1995, les femmes au Québec prenaient la rue pour l'amélioration de leurs conditions socio-économiques, avec le pain comme symbole de leur lutte. Près de 30 ans plus tard, à l'aube d'une nouvelle Marche des femmes, devenue mondiale depuis, la ministre Chantal Rouleau n'a que des miettes à nous offrir avec son quatrième plan d'action gouvernemental pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale, et sa « modernisation » de l'aide sociale !
Au Québec, la pauvreté a un genre. Et il est féminin. Pour s'attaquer à la racine du problème, le gouvernement doit, entre autres, augmenter les revenus des personnes les plus pauvres de notre société. Il fait plutôt le contraire en coupant dans des mesures de soutien à des femmes déjà en situation de vulnérabilité.
En effet, la réforme de l'aide sociale impose un recul majeur en abolissant la bonification de 161 $ par mois pour les chefs de famille monoparentale d'un enfant de moins de 5 ans à charge alors qu'au contraire des mesures supplémentaires sont nécessaires pour améliorer la capacité de ces parents, qui sont majoritairement des femmes, à subvenir à leurs besoins de base et à ceux de leurs enfants.
Les femmes victimes de violence conjugale et vivant en maison d'hébergement feront également les frais de cette réforme en se voyant retirer l'octroi automatique de la prestation pour « contraintes temporaires à l'emploi » (CTE). Cette régression inquiétante et incompréhensible complexifie les démarches de ces femmes au lieu de faciliter leur parcours de reprise de pouvoir sur leur vie.
Par ailleurs, on ne peut s'empêcher de remarquer que le gouvernement offre des miettes supplémentaires uniquement lorsque les femmes occupent des rôles sociaux genrés qui bénéficient à l'État. Au lieu d'abolir la notion de vie maritale et de garantir une prestation pleine et entière à chaque personne, peu importe sa situation familiale, le gouvernement choisit de l'assouplir dans un seul cas, c'est-à-dire lorsque les personnes agissent comme proches aidantes et permettent d'éviter que la personne conjointe aille vivre dans un établissement d'hébergement en raison de son état de santé. Il transforme ainsi la relation conjugale en relation aidante-aidé pour alléger le réseau de la santé et des services sociaux sur le dos des femmes, qui sont plus souvent dans le rôle de proches aidantes.
En prime, la ministre a failli à son engagement d'appliquer une analyse différenciée selon les sexes dans une perspective intersectionnelle (ADS+) pour l'élaboration de ce plan gouvernemental. Force est de constater qu'encore une fois, des plans d'actions gouvernementaux sont conçus sans une prise en compte des besoins des femmes et des obstacles qu'elles vivent, particulièrement pour celles à la croisée des oppressions.
Comme la ministre se targue qu'il s'agit d'un plan « évolutif », un retour à la table à dessin s'impose. La ministre doit refaire ses devoirs et réviser les mesures qu'elle propose pour lutter contre la pauvreté si elle veut réellement améliorer les conditions de vie de toutes les femmes !
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Invitation à une marche historique à Washington DC !

Le Mouvement des Femmes Américaines invite toutes les organisations féministes du Québec à participer à une grande marche à Washington DC le samedi 2 novembre, juste avant les élections historiques américaines du 6 novembre.
Tiré de la page Facebook de la FFQ.
Ce mouvement souhaite une forte participation de notre mouvement féministe québécois et canadien pour marquer notre solidarité et notre engagement en faveur des droits des femmes à l'échelle internationale. Nous avons déjà vécu une expérience similaire en 2017, et c'est l'occasion de réitérer cet élan de solidarité féministe !
🚍 L'organisation du Mouvement des Femmes de Washington recherche des bénévoles à Montréal pour aider à organiser un voyage en autobus afin que nous puissions participer en grand nombre à cet événement marquant.
Vous désirez vous impliquer dans l'organisation de cette activité historique ? N'hésitez pas à nous contacter.
La première rencontre du comité d'organisation aura lieu prochainement pour discuter des détails.
Merci de diffuser largement et de nous soutenir dans cet engagement !
📧 Pour plus d'informations, veuillez contacter Pérard Joseph : cachou2@outlook.com
Le site web de la Marche des femmes vers la Maison blanche – 2024
https://www.womensmarch.com/
https://wewontgoback.com/
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Mobilisation contre le projet de mine à ciel ouvert avec transport de pouzzolane de la société EcoRock Dalhousie

Nouvelle, mardi 22 octobre 2024. – Le groupe citoyen Non Merci, Pozzolan Dalhousie ! invite la population de la Baie-des-Chaleurs à venir manifester et à s'informer sur ce projet.
Caché aux citoyens depuis 2022 jusqu'à 2024, le rapport préliminaire est explicitement inquiétant pour la Gaspésie : pollution visuelle, bruit, trafic maritime, poussière cancérigène, dragage de la baie, remise en circulation dans la mer de métaux lourds déjà enfouis... Tout cela compromettrait la santé et pourrait mettre en péril des secteurs importants de l'économie, comme la pêche et le tourisme. Après avoir manqué de communication avec la population, puis semé la confusion quant à la date de la rencontre, les promoteurs Cimbec et Carboniq, nouvellement regroupés sous la société d'exploitation EcoRock Dalhousie, organiseront bel et bien une première séance d'information en Gaspésie le mardi 29 octobre 2024 à 18 h au Centre des congrès de l'Hostellerie Baie Bleue, à Carleton-sur-Mer. La rencontre s'inscrit dans leur tentative d'obtenir l'acceptabilité sociale nécessaire au projet.
La manifestation de Non Merci, Pozzolan Dalhousie ! se tiendra dès 17 h le jour même à l'hôtel de ville de Carleton-sur-Mer. Le groupe exige des promoteurs plus de transparence dans leur démarche et conteste que le projet soit exempt du mécanisme fédéral d'évaluation d'impact sur l'environnement, lequel permettrait d'obtenir un portrait clair des risques environnementaux ainsi que des conséquences socioéconomiques réelles.
« On est beaucoup à s'être déplacés à Dalhousie pour demander des explications. Pour vous donner une idée, à Miguasha et à Escuminac, on entend déjà le trafic et les sirènes de Dalhousie comme s'ils étaient dans notre cour. C'est clair que les gens des deux côtés de la baie méritent d'être consultés dans un projet aussi imposant. »
– Léo Ouellet, membre du groupe Non Merci, Pozzolan Dalhousie !
et résident de Miguasha
« C'est tout le territoire mi'gmaw. Ça fait que pour nous autres, puis le gouvernement, il y a une obligation de consulter avec les Mi'gmaq sur le territoire. On n'a jamais été consulté. »– Quentin Condo, artiste et membre de la communauté
mi'gmaw de Gesgapegiag
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Parc Éolien du Bas-Saint-Laurent - ou comment mettre la charrue devant le boeufs

Montréal, le 22 octobre 2024 – Hydro-Québec et l'Alliance de l'énergie de l'Est ont annoncé la signature d'une entente de partenariat pour le développement éolien de la zone Wocawson, dans le sud-ouest du Bas-Saint-Laurent. L'annonce, ainsi que la façon de procéder, sont problématiques à plusieurs égards.
Sans appel d'offres et sans autorisation de la Régie de l'énergie ?
L'entente survient malgré le fait que la loi actuelle1 stipule que pour ses approvisionnements, Hydro-Québec doit d'abord soumettre à l'approbation de la Régie une procédure d'appel d'offres et d'octroi et obtenir son approbation. Elle survient également alors qu'un nouveau cadre législatif qui propose la modification de ces dispositions, le projet de loi n° 69 (PL-69) sur l'énergie, est discuté à l'Assemblée nationale, mais n'a toujours pas été adopté. Le cadre législatif actuel requiert donc de procéder par appels d'offres et il nécessite toujours l'approbation par la Régie de l'énergie.
Cette annonce précipitée suggère qu'une fois de plus, le gouvernement agit à la marge du cadre légal actuel et espère régulariser la situation à posteriori, procédant selon ses propres visées, déterminées dans l'ombre derrière des portes closes.
La production d'électricité devrait être utilisée dans le but d'atteindre les objectifs climatiques du Québec.
Dans l'attente d'un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE), prévu pour adoption avant le 1er avril 2026 par le PL-69, la population est toujours dans le noir quant aux usages auxquels le gouvernement entend consacrer la production d'énergie prévue. Jusqu'à présent, peu de mégawatts ont été accordés par le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie pour décarboner les activités actuelles des promoteurs. Le gouvernement n'a pas fait la démonstration qu'il entendait privilégier la transition énergétique, qu'il utilise pourtant pour justifier cette augmentation de la production.
Or, un développement débridé et mal planifié aurait des conséquences sociales et environnementales importantes. Lors de la consultation particulière sur le PL-69, plusieurs organisations ont souligné que « plus on produira d'électricité, plus ça coûtera cher ». Les impacts sur le territoire et sur la biodiversité ont également été mis de l'avant. Il est donc essentiel de bien déterminer les besoins réels d'électricité avant de se lancer à la hâte dans une production débridée. Cela n'a pas encore été fait.
Les « partenariats » : un modèle en rupture avec le pacte social établi lors de la création d'Hydro-Québec qui pourrait augmenter l'accaparement privé des infrastructures énergétiques. L'électricité est un service public essentiel dont les actifs sont hautement stratégiques, et la production, le transport et la distribution d'électricité au Québec devraient être entièrement publics et sous contrôle démocratique. Le modèle nationalisé de production et de distribution d'électricité au Québec a historiquement permis une redistribution collective des dividendes à l'ensemble de la population.
L'annonce du Bas-Saint-Laurent mentionne qu'un « processus compétitif pourra être mis en place pour accueillir dans le partenariat un développeur apportant l'expertise technique pour la réalisation des phases de développement subséquentes ». Le modèle proposé par Hydro-Québec et l'Alliance de l'énergie l'Est redirige donc une partie de ces dividendes vers certaines municipalités ou MRC et vers des promoteurs privés.
Les promoteurs peuvent avoir leur place dans l'exécution, l'opération ou l'entretien des infrastructures énergétiques. Par contre, ils ne devraient pas posséder les actifs. Le projet de privatisation du patrimoine énergétique du Québec n'a jamais été présenté à la population, et n'a donc pu être débattu - et encore moins les options permettant les transformations nécessaires pour réaliser la transition énergétique et lutter contre la crise climatique.
Le gouvernement doit garantir que la propriété des actifs demeurera publique en l'inscrivant dans le PL-69 qui, pour le moment, prévoit au contraire la possibilité d'étendre cette formule de partenariats publics-privés à la nouvelle production tout comme à d'autres infrastructures existantes comme les barrages) et le réseau électrique.
Une grande conversation nationale est plus que jamais nécessaire pour éclairer ces choix de société, qui affecteront au moins les deux prochaines générations.
*Listes des organisations signataires :
Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)
Fondation Rivières
Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ)
GMob (GroupMobilisation)
ACEF du Nord de Montréal
1. Article 74.1 de la loi sur le Régie de l'énergie : 74.1. Afin d'assurer le traitement équitable et impartial des fournisseurs participant à un appel d'offres, le distributeur d'électricité doit établir et soumettre à l'approbation de la Régie, qui doit se prononcer dans les 90 jours, une procédure d'appel d'offres et d'octroi, ainsi qu'un code d'éthique portant sur la gestion des appels d'offres applicables aux contrats d'approvisionnement en électricité requis pour satisfaire les besoins des marchés québécois qui excèdent l'électricité patrimoniale, ou les besoins qui seront satisfaits par un bloc d'énergie déterminé par règlement du gouvernement en vertu du paragraphe 2.1° du premier alinéa de l'article 112.
Coalition large sur l'énergie
Front commun pour la transition énergétique
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La prochaine mission de TES Canada : éduquer les récalcitrants

Selon M. Gauthier, PDG de TES Canada, seul « un petit bassin de gens » s'opposent au projet. Mais alors, que faut-il penser de la multitude de pancartes qui sur le territoire témoignent du contraire, comme des stigmates anticipés sur un territoire qu'on se prépare à sacrifier. Ce démenti formel serait donc l'œuvre d'une petite minorité ?
De plus, ces opposants seraient ignares ? Sinon, comment comprendre ce besoin avancé par M. Gauthier « d'éduquer les gens sur les impacts des éoliennes. Y a des impacts ». Éduquer, ici, signifierait-il dissoudre les nuisances réelles dans une rhétorique fallacieuse conduisant à faire de ce moindre mal la voie royale vers un grand bien ? D'autant plus qu'il est question de « démontrer que certaines des préoccupations et des craintes on les évite ou ne sont tout simplement pas là… »
Un an s'est presque écoulé depuis l'annonce du projet, et nous devons avouer, qu'au sein de ce « petit bassin de gens », les préoccupations et les craintes, loin de se dissiper, ont crû à la mesure des connaissances acquises de la filière éolienne et du projet de TES en particulier. Pourquoi avoir tant tardé à vouloir nous éduquer ? Ne serait-ce pas plutôt parce que « ces préoccupations et ces craintes », on voulait avant tout « éviter » d'en parler ?
Évidemment, M. Gauthier a l'excuse de circonstance, l'échappatoire morale capable de disculper les consciences de toute faute. Et oui, il lui suffit de dire « on a fait le meilleur projet qu'il était possible de faire ». Mais pour qui ?
Et de conclure comme s'il luttait contre une implacable fatalité dont TES Canada ne serait pas à l'origine « on a écouté la population »
Ce discours est-il suffisant pour se dédouaner d'impacts réels pouvant être évités ? Nous ne le croyons pas.
Si un territoire habité ne peut permettre la création d'un parc éolien sans créer de graves préjudices à la population qui l'habite, ne serait-ce pas parce que ce n'est pas l'endroit idéal pour le créer ?
Ne serait-ce pas parce que le promoteur ne veut surtout pas s'engager à respecter certaines normes protégeant véritablement les citoyens, les considérant trop exigeantes et donc susceptibles de l'empêcher de répondre entièrement à ses désirs ?
TES Canada n'a pas « écouté la population » parce que ce projet fut pensé sans la consultation de cette population. L'écouter l'obligerait à modifier ce projet, à éloigner les éoliennes de la population, mais cela nécessiterait des coûts supplémentaires et TES Canada, de l'aveu même de M. Gauthier, ne veut pas franchir ce pas. Trop dispendieux, pas suffisamment de profit. La solution est simple, sacrifions le territoire et sa population au nom de la rentabilité. Qu'importe la démesure entre la taille du projet et la possibilité d'accueil du territoire, poussons pour qu'il y entre tout de même.
« certaines des préoccupations et des craintes on les évite »
Vraiment ? Essayons de voir ce qu'il en est. Illustrons notre propos à l'aide d'une mesure possible parmi bien d'autres. TES Canada pourrait s'engager à éliminer les nuisances produites par le bruit, s'il avait véritablement « écouté la population ». Que nous promet-il ? Qu'il n'excèdera pas la norme provinciale de 40 décibels la nuit, et de 45 le jour. Notons toutefois qu'il n'est pas vraiment méritoire de s'engager à la respecter quand on sait que ces seuils de décibels sont prescrits par la loi. Un véritable signe de bonne volonté de la part de TES Canada serait d'abaisser ce seuil, de s'engager à ce que 35 décibels soit le seuil maximum du bruit émanant de l'éolienne qui puisse être entendu à l'emplacement d'une résidence. Voilà un engagement qui serait probant envers la population. Mais pourquoi, direz-vous placer ce seuil à 35 décibels ? Mais tout simplement parce qu'un rapport datant du 28 octobre 2014, sur une étude menée en 2012 par Santé Canada sur une période d'un an, dans des parcs éoliens d'Ontario et de l'Île-du-Prince-Édouard, montre parfaitement que les seuils de 40 et 45 décibels ne sont pas aptes à protéger le bien-être des citoyens. « Une augmentation statistiquement significative du désagrément a été observée lorsque le bruit des éoliennes dépassait 35 dBA », voilà un des résultats obtenu par Santé Canada dans cette étude. En Ontario 16,5% des répondants déclaraient être « fortement incommodés » lorsque le nombre de décibels étaient plus grand ou égal à 40 décibels. TES Canada serait donc prêt à sacrifier ce pourcentage de la population ? Il n'aurait donc « écouté » que 83,5% de la population ?
Dans les faits, une source de bruit de 40 décibels, probablement imperceptible en milieu urbain, sera belle et bien perceptible dans un rang en campagne, justement là où seront les éoliennes. Car c'est le bruit ambiant qui détermine si une source d'un bruit particulière sera perçue. Dans un rang, en campagne, la nuit, un bruit de 40 décibels dérangera. Peut-être même dérangera-t-il le jour lors de l'accalmie des activités humaines. TES Canada nous annonce que cela correspond au bruit d'une conversation à voix basse. Aimeriez-vous dormir avec des gens qui chuchotent toute la nuit à proximité, et cela parfois pendant plusieurs nuits ? Surtout si la discussion est ennuyante ? Poser la question, c'est y répondre.
Le programme d'éducation projeté par TES Canada comprendra sûrement un petit cours de géométrie et/ou de géographie, car certaines notions sont assez complexes à saisir. Pensons à l'obligation légale précisant que la source d'alimentation électrique doit être « adjacente » à l'usine qu'elle dessert, alors que certaines éoliennes seront à plus de 35 kilomètres. La formation prévue vous permettra de résoudre cet épineux problème par une solution ingénieuse : il suffit de doter le terme « adjacent » d'une extension infinie. Inscrivez-vous dès maintenant, les places sont peut-être restreintes.
Enfin, ce projet d'éduquer la population n'atteindra pas son objectif, s'il ne s'attaque pas à la classe plus cultivée de la population. On peut donc s'attendre à ce que les universitaires de maintes disciplines, les experts forts de plusieurs années d'expérience dans leur champ de compétence, de même que plusieurs joueurs s'activant dans les coulisses de la politique provinciale, seront également invités à parfaire leur « éducation » afin de rectifier leur vue erronée sur la décarbonation proposée par TES Canada, leur attachement excessif à la nationalisation de l'électricité, leur méthode de calcul des bilans financiers, etc. Il y a tant à faire pour « éduquer » la population. Encore une fois, merci TES Canada, pour tout effort allant en ce sens.
Il est incontestable que le projet de TES Canada ne fait pas l'unanimité et que les gens réfractaires à sa réalisation sont beaucoup plus nombreux que ne l'affirme M. Gauthier. Il est également manifeste que les raisons de cette résistance excèdent, et de beaucoup, celles mentionnées plus haut et qu'elles ne peuvent être condensées dans une seule lettre d'opinion.
TES Canada profite du climat apocalyptique, des craintes légitimes engendrées par le dérèglement climatique, essaie de distendre les règles de l'autoproduction pour ouvrir une brèche vers la privatisation de l'électricité, et bénéficie d'une politique gouvernementale fonçant tous azimuts vers des choix mal planifiés, fortement contestés et ne répondant pas au mandat pour lequel il fut élu. Sans ces trois conditions réunies, l'évidence nous sauterait aux yeux : le projet de la création d'un parc éolien, en milieu habité, pour alimenter une usine sise à des dizaines de kilomètres, et impactant considérablement 12 municipalités apparaîtrait pour ce qu'il est : une aberration énergétique.
Gaston Rivard,
Saint-Adelphe
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Défense du réseau de la santé : la CSN souhaite faire une démonstration de force

La proposition faite par la CSN est la première d'une série de mesures qui seront annoncées le 23 novembre prochain lors d'un rassemblement d'envergure tenu par la centrale syndicale.
Devant les difficultés d'accès au réseau de la santé qui s'accentuent, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) demande au ministre de la Santé, Christian Dubé, de mettre fin à l'exode des médecins qui quittent le régime public pour aller exercer au privé.
En 2024, plus de 500 médecins de famille étaient désaffiliés du régime public d'assurance maladie (RAMQ) pour exercer uniquement au privé. Selon les données officielles de la régie, ce nombre a doublé depuis 2015 et quadruplé depuis 2009.
« On nous dit souvent que le réseau de la santé est un gros bateau à faire bouger, mais le gouvernement n'a pas d'excuse sur ce point-ci ; il pourrait mettre fin à l'exode dès lundi, par simple arrêté ministériel, soutient la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Les médecins qui partent pour le privé diminuent nécessairement l'accès au réseau, mais privent aussi les Québécois du travail des infirmières, des agentes administratives et des préposées qui quittent avec les médecins », ajoute-t-elle.
La proposition faite par la CSN est la première d'une série de mesures qui seront annoncées le 23 novembre prochain lors d'un rassemblement d'envergure tenu par la centrale syndicale.
Un grand rassemblement
Dans un peu moins d'un mois, la CSN rassemblera des milliers de militants au Colisée Vidéotron de Trois-Rivières. L'événement sera animé par la comédienne engagée Eve Landry et réunira des invités de marque comme la rappeuse Sarahmée, le groupe Valaire, l'humoriste Christian Vanasse, la chercheuse Anne Plourde, le regroupement Médecins Québécois pour un régime public (MQRP) et plusieurs autres.
Un plan d'urgence pour freiner l'érosion du réseau de la santé et des services sociaux sera notamment présenté sur place et fait suite à la campagne Pas de profit sur la maladie que la CSN mène depuis plusieurs mois.
« Partout au Québec, un nombre croissant de travailleuses et de travailleurs sont préoccupés par la privatisation du réseau de la santé. Cet événement est un signal que la CSN envoie au gouvernement de la CAQ. Les Québécoises et les Québécois tiennent à leur réseau et ils sont prêts à le défendre ! », conclut Caroline Senneville.
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Élections américaines : quelles répercussions sur l’économie du Québec ?

L'économie du Québec est fortement dépendante de celle des États-Unis. Les politiques économiques, qui seront mises en place par la future présidence américaine, entraineront donc des répercussions directes sur la vie des Québécoises et Québécois. Tour d'horizon des enjeux qui entourent les élections américaines du 5 novembre 2024.
Tiré de Ma CSQ cette semaine. Les auteurs sont conseillers à la CSQ.
Malgré des efforts historiques pour étendre une intégration économique « d'un océan à l'autre », l'axe Nord-Sud détermine encore fortement la santé économique du Québec et celle du Canada. Depuis le 19e siècle, le Québec se développe sous le contrôle des investisseurs étatsuniens. Aujourd'hui, plus de 55 % des multinationales présentes ici et ailleurs au Canada, et 70 % des investissements directs étrangers proviennent des États-Unis.
L'économie du Québec repose largement sur le commerce extérieur, avec 60 % de sa production vendue à l'étranger. Parmi ces exportations, 44 % ont pour destination les États-Unis, ce qui est plus que l'ensemble des provinces canadienne (40 %) et bien au-dessus des autres partenaires internationaux, comme l'Europe, la Chine et le Mexique.

Le Québec exporte principalement des matériaux bruts vers les États-Unis, comme l'aluminium, l'or, le cuivre, le bois et l'électricité. Pour ce qui est des importations, la provenance est plus diversifiée : seulement 22 % viennent des États-Unis.

Le plan de Trump
Le plan économique que Donald Trump propose pour un éventuel mandat manque de cohérence. Il semble davantage ancré dans une idéologie de nationalisme économique qu'axé sur la résolution de problèmes concrets, comme les changements climatiques, la lutte contre la pauvreté et la pénurie de logements abordables.
Une des mesures phares de son plan consiste à réduire à nouveau les impôts. Il propose de prolonger les dispositions du Tax Cuts and Jobs Act, même pour les ménages les plus riches, et de réduire le taux d'imposition des entreprises à 15 %. Cela entrainerait une perte de 1218 milliards de dollars pour les États-Unis d'ici 2035, une somme qui pourrait être utilisée pour financer des initiatives de lutte contre la pauvreté et de logements abordables.
Trump promet également des tarifs douaniers de 10 % sur toutes les importations et de jusqu'à 60 % sur celles venant de Chine, augmentant ainsi les couts pour les familles.
Enfin, il prévoit l'expulsion massive d'immigrantes et immigrants sans papiers, qui représentent environ 11 millions de personnes aux États-Unis, selon le Pew Research. Ils comptent également pour environ 10 % des travailleuses et travailleurs du secteur agroalimentaire.
Les promesses d'Harris
Héritière d'un bilan démocrate négatif en termes d'inflation, la priorité affichée de Kamala Harris est de s'attaquer à l'explosion du cout de la vie.
- Faire croitre les revenus
Harris compte maintenir les réductions d'impôts, accordées par Trump, pour les ménages qui gagnent moins de 400 000 dollars, et ajouter un crédit d'impôt pour les bas salariés allant jusqu'à 1 250 dollars. Elle propose de soutenir les parents en reconduisant l'allocation familiale supplémentaire de 3 600 dollars et en accordant un « boni bébé » de 6 000 dollars à la naissance de chaque enfant.
Pour aider les jeunes, elle promet d'éliminer certaines dettes étudiantes et d'augmenter les bourses universitaires. Rappelons que les dettes d'études représentent la deuxième source d'endettement des ménages aux États-Unis, après les hypothèques.
- S'attaquer aux prix
Harris s'engage à réduire les prix des biens essentiels. Pour alléger la facture d'épicerie, elle propose de renforcer les lois fédérales anticartel et de donner plus de mordant à l'agence responsable d'assurer une saine concurrence sur les marchés. Elle souhaite aussi investir pour soutenir les petits producteurs et les distributeurs alimentaires locaux. Elle continuera à réduire le coût des médicaments, accordera à toutes et tous l'accès à l'insuline à 35 dollars, mesure instaurée par Biden aux personnes aînées, et fixera à 2 000 dollars par mois les franchises personnelles pour les médicaments.
Du côté du logement, elle propose une subvention 25 000 dollars pour les premiers acheteurs. Afin de lancer le « plus grand chantier de construction depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », Harris promet d'accorder des crédits de taxes aux entrepreneurs et d'investir 40 milliards de dollars dans des projets.

- Augmenter les impôts des plus riches et des entreprises
Afin de financer ces initiatives, Kamala Harris souhaite rétablir une plus grande progressivité de l'impôt fédéral. Elle promet d'augmenter les impôts pour celles et ceux qui gagnent 400 000 dollars et plus, notamment en imposant un impôt minimum aux milliardaires. Pour les entreprises, elle propose de relever l'imposition sur les profits à 28 %. En contrepartie, Harris souhaite encourager la création d'entreprises en accordant un crédit d'impôt de 50 000 dollars pour leur première année d'opération.
- Mieux contrôler l'immigration
En matière d'immigration, ses engagements s'inscrivent dans la continuité des annonces de Biden : mieux contrôler l'immigration en recrutant plus d'agentes et agents de frontière, mais aussi plus de juges et d'agentes et agents d'immigration afin de traiter plus rapidement les dossiers des personnes réfugiées.
- Maintenir un protectionnisme mesuré
Bien que les démocrates ne versent pas dans le protectionnisme simple de Trump, ils ont adopté plusieurs mesures afin de réduire la concurrence internationale. Biden a maintenu plusieurs tarifs imposés par Trump. En mai dernier, il a instauré des tarifs de 25 à 100 % sur les voitures électriques, les batteries, les panneaux solaires et plusieurs matériaux critiques pour l'électrification des transports en provenance de Chine. Harris ne semble pas se détacher de cette approche.
Une élection importante pour l'économie du Québec
Bien que spectateurs du processus électoral américains, les Québécoises et Québécois savent que son résultat entraînera des conséquences profondes sur leur avenir politique, social, culturel et surtout économique. Le retour potentiel de Trump aux commandes représente, selon nos analyses, un risque majeur pour l'économie du Québec. Ses promesses d'imposer des tarifs douaniers généralisés pourraient engendrer une réduction de 2,5 % de nos exportations vers le Sud, sachant que près de la moitié de celles-ci se dirigent vers les États-Unis.
Le protectionnisme pourrait aussi inciter des multinationales étatsuniennes à rapatrier certaines de leurs activités, provocant des pertes d'emplois ici. D'autres pays, y compris le Canada, pourraient riposter en imposant eux aussi des tarifs, augmentant ainsi le prix des importations pour les consommatrices et consommateurs du Québec.
Bien que les démocrates de Harris demeurent relativement protectionnistes, leurs plans pour la construction de logements et la décarbonation des États-Unis pourraient stimuler les exportations québécoises, notamment du bois d'œuvre, de minéraux critiques, de l'électrification des transports et de l'électricité.
Le choix de nos voisins aura d'autres conséquences indirectes. Bien que les politiques fiscales soient indépendantes, elles s'influencent mutuellement en raison de la concurrence économique. Ainsi, l'élection de Trump pourrait exercer une pression pour réduire la progressivité du régime fiscal québécois, particulièrement pour les entreprises. Dans un contexte où les besoins en services publics augmentent, il apparaît risqué de réduire la capacité du gouvernement de les financer.
Enfin, la fermeture des frontières et l'expulsion de travailleuses et travailleurs sans papiers des États-Unis, telles que proposées par Trump, exerceraient une pression sur le Québec et sur le Canada pour accueillir davantage de personnes.
Quel que soit le résultat, nous ne pouvons qu'espérer que les deux parties acceptent la décision démocratique. Car une contestation politique et juridique, telle qu'on l'a connue en 2020, risquerait cette fois d'entrainer une crise sociale et politique encore plus profonde, qui viendrait ébranler socialement et économiquement notre gigantesque voisin et partenaire.
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Journée de réflexion sur l’action régionale de la FTQ

Aujourd'hui, alors que le monde du travail et le syndicalisme se transforment, l'action régionale fait face, elle aussi, à de nouveaux défis. Comment innover pour que les membres et les Conseils régionaux de la FTQ demeurent des acteurs incontournables de l'action syndicale en région, en influençant leur développement social, démocratique et économique ?
Faisant suite à des résolutions de son 33e Congrès, la FTQ vous convie à une Journée de réflexion sur le thème « Nos régions : piliers d'une FTQ forte ! » le 25 février 2025 au Centre des congrès Palace à Laval. Ce rendez-vous se veut le coup d'envoi d'un dialogue au sein de la grande famille FTQ visant à réfléchir ensemble aux meilleures façons de renouveler l'action régionale des membres et des Conseils pour mieux affronter les nouvelles réalités politiques et socioéconomiques qui nous attendent.
Au cours de cette journée, nous aurons l'occasion d'entendre divers intervenants et intervenantes et de réfléchir collectivement, à travers des ateliers, aux défis et perspectives qui guideront le développement de notre action régionale.
1. Café du monde
Animé par des personnes conseillères de la FTQ, cet atelier permettra d'explorer collectivement différentes idées et solutions face à des problèmes, enjeux et défis de l'action régionale de la FTQ.
2. Les Conseils régionaux : des espaces d'innovation syndicale, sociale et économique
En plénière, nous apprendrons à connaître deux Conseils régionaux : quelles sont leurs particularités, leurs bons coups, leurs défis et la façon dont ils les relèvent.
3. L'action régionale de la FTQ : défis et voies de renouvellement
Un panel animé par Gilles Chapadeau, directeur des conseillers régionaux, et composé de Thomas Collombat, professeur au département des sciences sociales de l'Université du Québec en Outaouais, de Sylvain Martin, ancien conseiller politique à la FTQ et ancien directeur québécois d'Unifor, ainsi que de Sonia Charette, présidente du Conseil régional Abitibi-Témiscamingue et Nord-du-Québec, abordera les défis des Conseils régionaux, leur rôle au sein de la structure de la FTQ et leur avenir.
Inscription
Les frais d'inscription sont de 85$, incluant le repas du midi et les pauses. Remplissez le formulaire ci-dessous pour vous inscrire.
Paiement
Par chèque
Par dépôt direct
Hébergement
Un bloc de chambres est réservé au nom de la FTQ au tarif de 185 $ pour une chambre classique (inclus : petit-déjeuner complet formule buffet, Wi-Fi et stationnement).
Vous pouvez réserver votre chambre par téléphone :450 902-3000 ou encore via Internet Le Saint-Martin.
Renseignements
Pour toute question, vous pouvez communiquer avec Nicole Leblanc par téléphone au 514 383-8016 ou par courriel à nleblanc@ftq.qc.ca.
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Pour un arrêt immédiat de la Guerre au Proche-Orient. Pour un arrêt immédiat de la Guerre au Proche-Orient.

La force de capillarité transversale que connait la guerre au Proche-Orient, pourrait entraîner d'autres pays, comme l'Inde et l'Arabie Saoudite, dans un conflit global. A Paris, tournant le dos à la Toussaint, des manifestants ont battu le pavé, ce samedi, pour un cessez-le feu. Macron en visite au Maroc, la Diplomatie française choisit son camp !
De Paris, Omar HADDADOU
Les affaires et la politique vont de pair, même en guerre !
Le 7 octobre 2023 scella la rupture entre l'Occident et le Sud Global, comme nouvel acteur de la Géopolitique. La mondialisation a accouché d'un conglomérat agissant, toujours en extension, sous l'acronyme des BRICS. Depuis le 16 juin 2009, les rapports de force ne cessent de se cuirasser d'une part et s'anémier de l'autre. L'Europe voit ses murs porteurs se lézarder. Un déclin se profile !
La domination par le feu et, à moindre degré, le paternalisme patte-pelu, animent les Démocraties européennes expirantes, en quête de sauvegarde de leurs territoires nourriciers en Afrique.
Le Premier ministre Netanyahou, fort de l'appui étasunien, pensait boucler le sort des otages en quelques jours. On en est à la hantise nucléaire avec l'Iran, une expropriation des terres irréversible et un désastre humanitaire innommable !
Réduites à la symbolique, vidées de toute influence, les Institutions internationales dont l'ONU assistent percluses, humiliées, au piétinement de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (1948), Idem pour la Cour Pénale Internationale (CPI) et les chefs (es) d'Etat du Monde entier, sommés d'obtempérer au tandem Bibi - Biden.
L'escalade de la violence au Moyen-Orient continue au fil des jours. Dans la bande de Gaza, c'est l'année la plus meurtrière qu'ait connue l'enclave palestinienne depuis 2OO6. Les chiffres donnent froid dans le dos : 43.020 morts depuis le début de la guerre, il y a plus d'un an et plus de 2 millions de déplacés(es). L'exode, la famine, les maladies, c'est le lot quotidien de la population dont les enfants et les femmes sont les premières victimes. Même cauchemar et son cortège macabre au Liban, sous un déluge de bombardements incessant.
Plus de 2 700 personnes tuées depuis octobre 2023. Dimanche, 38 citoyens (es) libanais (es) ont succombé sous le pilonnage, ces dernières 24 heures.
Lundi 28 octobre, la Knesset, a approuvé par 92 des 120 voix, lundi 28 octobre, l'interdiction des activités de l'UNRWA, au moment où le Président américain déclarait que « La guerre à Gaza doit s'arrêter ». Un nouveau plan d'accord sur la libération des otages serait en discussion.
En France, la visite de 3 jours d'Emmanuel Macron au Maroc a fait couler beaucoup d'encre, laissant transparaitre des sons de cloche d'exaspération, du côté d'Alger. Ce périple, intervenant après 6 années de brouille entre Rabat et Paris, vise, selon l'Elysée « à marquer une nouvelle ambition pour les 30 ans à venir ».
Conscient de la une grogne sociale quotidienne, empreinte de manifestations virulentes contre la précarité, l'inflation et une hémorragie migratoire intense vers la France, le Président français abordera ce dernier point avec son homologue Mohamed VI. D'autres volets à l'ordre du jour, tels que la guerre au Moyen-Orient, en Ukraine, les relations bilatérales et surtout l'épineuse question du Sahara occidentale, source de tensions entre Rabat et Alger depuis plus de 50 ans.
Prenant ostensiblement position, Macron se veut le juge autoproclamé à la place des Institutions compétentes. Sa saillie au relents de protectorat, ont indigné plus d'un. Dans une missive adressée mi-juillet au Roi du Maroc, il déclare : « Le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
La rue parisienne et ses milliers de manifestants de tout bord, en battant le pavé ce samedi 26 octobre entre République et Chatelet pour un cessez-le feu au Moyen-Orient, ont envoyé un signal fort au Président français, lui signifiant que la politique de la théière ne changerait en rien la cadence de la lutte d'un peuple.
Raison pour laquelle, la foule, renforcée par les syndicats, les travailleurs de divers secteurs, les failles avec des enfants en tête du peloton, les collectifs et les étudiants (es) scandait haut et fort : « Il y a des Occupants ! Il y a des Occupés qui font semblant de l'ignorer ! », « Votre silence assassine les enfants de la Palestine ! » « Gaza, Gaza, la Palestine se bat ! »
« On est là, on est là pour la Palestine et toute l'Humanité qu'on assassine ! »
O.H





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Je me permets de vous écrire pour attirer votre...

Je me permets de vous écrire pour attirer votre attention sur l'ouvrage d'Ivan Bruneau, Au pays de Bernie Sanders. Enquête sur une autre Amérique , qui paraîtra en octobre.
Dans ce texte, l'auteur raconte son enquête menée dans le Vermont, État dans lequel Bernie Sanders est élu au Congrès depuis 1991, et auprès de ses habitants progressistes, écologistes et socialistes. En étudiant cette population marginale, dont l'engagement politique est à contre sens du reste des États-Unis, il livre un récit hors de la pensée binaire qui marque souvent l'analyse politique outre-Atlantique. Son livre donne à voir une ruralité dans laquelle les milieux sociaux et les groupes militants ont permis de légitimer un discours subversif. À l'approche des élections américaines, ce texte permet de comprendre plus en profondeur les rapports politiques états-uniens, et notamment les problématiques de division et de réinvention de la gauche.
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Le livre d’Alain Saulnier "Tenir tête aux géants du web - Une exigence démocratique" paraîtra le 12 novembre

Culture, (dés)information, valeurs : quelques multimilliardaires décident ce qui est bon pour nous, à commencer par Musk et Zuckerberg. Nos États sont-ils de taille pour leur résister ? Dans tous les cas, leur tenir tête est une exigence démocratique.
Le livre *Tenir tête aux géants du web - Une exigence démocratique*, d'Alain Saulnier, paraîtra *en librairie le 12 novembre prochain.*
*En bref* : « [...] J'ose lancer un cri d'alarme. Voulons-nous vraiment que les personnes les plus riches de la planète, comme Elon Musk, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos et quelques autres, dictent nos vies, nos valeurs, nos cultures, nos choix de société et notre avenir ? »
À propos du livre
Si les lois C-11 et C-18, ainsi que la (maigre) taxe de 3% pour les fournisseurs de services numériques, constituent des pas dans la bonne direction, il faut aller encore plus loin : la conquête de l'univers numérique par les géants du web ne menace pas seulement la survie de nos langues et de nos cultures, elle met carrément en péril nos acquis démocratiques. Il y a urgence d'agir.
Dans *Tenir tête aux géants du web*, qui poursuit la réflexion amorcée dans *Les barbares numériques*, Alain Saulnier propose un ensemble de mesures concrètes pour rééquilibrer dès maintenant les forces en présence et permettre à nos institutions démocratiques de reprendre l'ascendant dans un *farwest* numérique.
Propulsés par la puissance débridée des réseaux sociaux, les courants d'extrême droite (ultraconservateur et libertarien) gagnent en popularité et menacent ouvertement les fondements mêmes de nos démocraties, sans parler de la désinformation qui fleurit sous le parapluie d'une liberté d'expression instrumentalisée. N'est-il pas alarmant de savoir que l'homme le plus riche du monde, Elon Musk, ayant transformé Twitter en instrument de pouvoir au service de ses idées libertariennes et d'autocrates avérés ou en devenir, ait plus d'influence que n'importe quel média occidental avec ses 200 millions d'abonnés, et n'ait pourtant aucun compte à rendre ?
Véritable cri du cœur pour éviter que nos sociétés ne sombrent dans des dérives autoritaires, ce livre nous rappelle qu'il n'y a aucune raison de rester passifs et d'accepter d'être soumis aux diktats des GAFAM et aux préférences personnelles d'une poignée de ploutocrates. Il nous faut réduire notre dépendance à leur égard et défendre notre souveraineté culturelle, médiatique et démocratique.
*À propos de l'auteur*
Journaliste de métier, Alain Saulnier a dirigé le service de l'information à Radio-Canada (2006−2012) et enseigné le journalisme à l'Université de Montréal (2012−2022). Il est l'auteur de* Ici était Radio-Canada* (Boréal, 2014) et *Les barbares numériques - Résister à l'invasion des GAFAM, (Écosociété, 2022).
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Crise écologique, transition écosocialiste,"

Crise écologique, transition écosocialiste," revue Actuel Marx, no. 76, Paris, 25 septembre 2024.
https://www.puf.com/actuel-marx-2024-n76
Changement climatique, dégradation environnementale et destruction massive de la biodiversité sont devenus désormais, et pour un temps indéterminable, les questions sociales et politiques décisives auxquelles se confronte l'humanité. Provoquant un renouvellement des cadres paradigmatiques des recherches en sciences humaines et sociales, ces questions ont tout autant exigé ces dernières décennies un réexamen, et pour une part une réinvention des approches marxistes des trajectoires historiques, des contradictions internes et des régimes de conflictualité de la formation sociale capitaliste. Ce dossier propose différentes entrées dans les débats du marxisme écologique contemporain, et des contributions privilégiant une approche interdisciplinaire de certaines de ses questions-clés : la crise environnementale comme fait socionaturel « total », les débats soulevés par la planification écologique, les modalités et l'inventivité des luttes socioécologiques contemporaines...
Nombre de Pages
212
EAN
9782130860778
Numéro d'édition
1
Format
16 x 24 cm
Prix 25,00 €
DOSSIER : CRISE ÉCOLOGIQUE, TRANSITION ÉCOSOCIALISTE
Coordonné par Razmig KEUCHEYAN, Claire LEJEUNE, Michael LÖWY
Michael LÖWY, De Karl Marx à l'écomarxisme
Claire LEJEUNE, Valeur économique et planification écologique : Hayek, Neurath, Nordhaus et la bataille de l'incommensurabilité
Philippe HUNEMAN et Razmig KEUCHEYAN, Le besoin et la niche écologique : biologie et sciences sociales dans l'Anthropocène
Christine POUPIN, Les luttes écosociales en France
Émilie HACHE, De la (re)génération à la (re)production et retours. Actualités et enjeux de ces déplacements conceptuels
EN DÉBAT
Sabrina FERNANDES, Les luttes socio-écologiques en Amérique latine
DOCUMENTS
Cornelius CASTORIADIS, Conférence inédite sur Lénine (1949/1950), présentée par Quentin Mur Rodriguez
INTERVENTIONS
Jacques BIDET, Bifurquer dans la bonne direction
Patrick THEURET, De l'Aufhebung et l'Abschaffung chez Karl Marx : « l'idée fausse, non marxienne d'abolition » ?
Ranabir SAMADDAR, Textes venus du vide : Le Prince et Que faire ?
Roberto CICCARELLI, Dialectique, politique et ontologique chez Antonio Negri
Sandro MEZZADRA, Pour Toni Negri (1933-2023). Notes pour une biographie de son œuvre
=> Une suggestion de lecture de André Cloutier, Montréal, 24 octobre 2024
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Guide pratique Les forêts nourricières | Parution 5 nov. | Offrir un milieu au vivant, redonner vie à son milieu

Offrir un milieu au vivant, redonner vie à son milieu : un guide pour découvrir et créer des forêts nourricières collectives en ville ou en campagne.
Le guide pratique Les forêts nourricières - Manuel d'aménagement pour les communautés, de l'agronome et biologiste Caroline Dufour‑L'Arrivée, paraîtra en librairie le 5 novembre prochain.
En bref : Dans ce guide pratique, Caroline Dufour‑L'Arrivée met à profit son expertise pour outiller et accompagner les communautés qui souhaitent aménager des forêts nourricières dans leur milieu, qu'il soit urbain, rural, municipal, scolaire ou institutionnel. Un outil idéal pour les citoyen·nes qui souhaitent offrir un milieu au vivant, et redonner vie à leur milieu.
À propos du livre
Si la fonction nourricière de la forêt n'est pas nouvelle, plusieurs d'entre nous avons fini par l'oublier. Pourtant, la forêt continue d'assurer un rôle essentiel dans l'alimentation de centaines de millions de personnes sur la planète et la culture de ses aliments connaît un retour en force au Québec, en ville comme à la campagne. Face à des changements climatiques vertigineux sur lesquels plusieurs ne sentent pas avoir d'emprise, de plus en plus de citoyen·nes se mobilisent autour de lopins de terre bien concrets pour les protéger ou les cultiver. Les forêts nourricières en sont un exemple resplendissant.
S'autorégulant comme une forêt naturelle et exigeant un minimum d'entretien, ces dernières sont des alliées de choix dans la révolution agroécologique en cours. Non seulement peuvent-elles fournir facilement des aliments sains et frais à des communautés qui en manquent, mais leur apport dépasse largement les ventres : maintien de la biodiversité, pédagogie, amélioration de la qualité de l'air, réduction des îlots de chaleurs, dynamisation des communautés et de la participation citoyenne, absorption des eaux de pluie...
Dans ce guide, Caroline Dufour‑L'Arrivée met à profit son expertise pour outiller et accompagner les communautés qui souhaitent aménager des forêts nourricières dans leur milieu, qu'il soit urbain, rural, municipal, scolaire ou institutionnel. En plus d'offrir de nombreux conseils en matière de choix de végétaux et de techniques agricoles, ce guide :
explique le concept de « forêt nourricière » et son importance ;
partage l'expérience acquise par 13 initiatives modèles et pionnières du Québec ;
montre en quoi les collectivités peuvent retisser des liens et développer leur résilience grâce à ce type de projets ;
dégage les éléments fondamentaux pour mener à bien un projet de forêt nourricière collective ;
propose une méthode de travail étape par étape pour implanter ce type d'aménagement.
Ce guide saura autant accompagner les citoyen·nes qui souhaitent offrir un milieu au vivant que redonner vie à leur milieu, un terrain à la fois.
À propos de l'autrice
Agronome, biologiste et maître en agroforesterie et en génie civil en assainissement biologique de l'eau, Caroline Dufour‑L'Arrivée a accompagné la création de plusieurs projets de forêts nourricières collectives au Québec et transmet depuis son savoir à travers son entreprise Agriculture Vivante. Elle vit à Tête-à-la-Baleine, où elle gère la Ferme du Rigolet qui développe une agriculture nordique diversifiée pour une communauté isolée.
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Douce-amère Sainte Catherine

Montréal, octobre 2024 - Le 25 novembre approche à grands pas, et avec lui, une tradition québécoise bien particulière : la fête de la Sainte-Catherine. Dans son nouveau roman Douce-amère Sainte Catherine, l'auteur François-Pierre Gingras nous invite à plonger au cœur de cette célébration pour la redécouvrir à travers les yeux
d'Églantine, une adolescente attachante.
Réunis chez leurs grands-parents, les cinq cousins et cousines maintenant âgés de 10 à 15 ans s'apprêtent à étirer de la tire. Ne connaissant pas tellement les origines de la fête, ils se réjouissent surtout de manger des sucreries ! Avec son esprit curieux, Églantine ne
peut s'empêcher de poser des questions, s'engageant dans une quête qui va révéler des facettes inattendues de sa propre vie et de celle de ses proches.
À travers les péripéties de cette soirée, qui oscillent entre rires et émotions, l'auteur aborde des thèmes universels : la famille, la résilience et le passage à l'âge adulte. Le roman célèbre avec tendresse les liens qui unissent les générations tout en rendant
hommage aux femmes qui ont marqué notre histoire.
Composé de 54 courts chapitres, ce 8 tome de la série C'est Fête ! offre également une section « Références » qui enrichit l'expérience de lecture avec une recette de tire Sainte-Catherine, des curiosités historiques et des réflexions sur des sujets traités dans le livre.
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Le livre Tenir tête aux géants du web - Une exigence démocratique, d’Alain Saulnier

Culture, (dés)information, valeurs : quelques multimilliardaires décident ce qui est bon pour nous, à commencer par Musk et Zuckerberg. Nos États sont-ils de taille pour leur résister ? Dans tous les cas, leur tenir tête est une exigence démocratique.
En bref : « [...] J'ose lancer un cri d'alarme. Voulons-nous vraiment que les personnes les plus riches de la planète, comme Elon Musk, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos et quelques autres, dictent nos vies, nos valeurs, nos cultures, nos choix de société et notre avenir ? »
À propos du livre
Si les lois C-11 et C-18, ainsi que la (maigre) taxe de 3% pour les fournisseurs de services numériques, constituent des pas dans la bonne direction, il faut aller encore plus loin : la conquête de l'univers numérique par les géants du web ne menace pas seulement la survie de nos langues et de nos cultures, elle met carrément en péril nos acquis démocratiques. Il y a urgence d'agir.
Dans Tenir tête aux géants du web, qui poursuit la réflexion amorcée dans Les barbares numériques, Alain Saulnier propose un ensemble de mesures concrètes pour rééquilibrer dès maintenant les forces en présence et permettre à nos institutions démocratiques de reprendre l'ascendant dans un far west numérique.
Propulsés par la puissance débridée des réseaux sociaux, les courants d'extrême droite (ultraconservateur et libertarien) gagnent en popularité et menacent ouvertement les fondements mêmes de nos démocraties, sans parler de la désinformation qui fleurit sous le parapluie d'une liberté d'expression instrumentalisée. N'est-il pas alarmant de savoir que l'homme le plus riche du monde, Elon Musk, ayant transformé Twitter en instrument de pouvoir au service de ses idées libertariennes et d'autocrates avérés ou en devenir, ait plus d'influence que n'importe quel média occidental avec ses 200 millions d'abonnés, et n'ait pourtant aucun compte à rendre ?
Véritable cri du cœur pour éviter que nos sociétés ne sombrent dans des dérives autoritaires, ce livre nous rappelle qu'il n'y a aucune raison de rester passifs et d'accepter d'être soumis aux diktats des GAFAM et aux préférences personnelles d'une poignée de ploutocrates. Il nous faut réduire notre dépendance à leur égard et défendre notre souveraineté culturelle, médiatique et démocratique.
À propos de l'auteur
Journaliste de métier, Alain Saulnier a dirigé le service de l'information à Radio-Canada (2006−2012) et enseigné le journalisme à l'Université de Montréal (2012−2022). Il est l'auteur de Ici était Radio-Canada (Boréal, 2014) et Les barbares numériques - Résister à l'invasion des GAFAM (Écosociété, 2022).

L’extrême-droite par le bas : une enquête de terrain

Le score du Rassemblement National aux élections européennes, puis législatives, a suscité de nombreux débats, tant sur la sociologie et les motivations de son électorat. Dans ce cadre, il nous a semblé important de présenter les analyses et les conclusions de Félicien Faury, qui propose dans « Des électeurs ordinaires » Ed. Du Seuil, une lecture très éclairante des ressorts du vote Rassemblement national, notamment dans le sud-est de la France, terrain qu'il a arpenté entre 2016 et 2022.
27 septembre 2024
Inégalités et racisme systémique, telles sont les motivations principales des électeur·ices du FN/RN.
Pour comprendre les ressorts sociologiques qui motivent des électeur·ices à donner leur suffrage à l'extrême droite, Félicien Faury s'est efforcé, par l'enquête de terrain d'identifier les logiques d'attraction que peut exercer sur eux un parti comme le RN.
Il prend le contre-pied d'une posture qui tend à minorer, voire ignorer la composante raciste du vote pour le FN/RN, au profit d'autres raisons. L'auteur montre que le facteur déterminant du vote RN est racial, et s'inscrit dans un contexte d'un racisme systémique qui se déploie bien au-delà des seules électeur·ices du RN.
L'étude de Félicien Faury se centre sur des ménages de classes populaires stables ou de classes moyennes et met en lumière l'insécurité (vécue et/ou ressentie) vis-à-vis de l'avenir qui les inquiète. Cette insécurité sociale permet de comprendre leur rejet de la fiscalité et de la redistribution.
En effet les ressorts du vote Rassemblement National qui sont expliqués à partir de l'environnement social au sein duquel il s'inscrit démontre que si le racisme est un des déterminants du vote pour le Rassemblement National, la critique de la redistribution par l'impôt et les prestations sociale sont vécues comme une forme de dépossession territoriale et culturelle. Les électeur·ices interviewé·es contestent systématiquement le principe de solidarité par la redistribution et l'usage des ressources communes.
S'ajoute à ce sentiment de déclassement, le souhait de se rattacher au groupe des dominant.es c'est à dire « Blanc ». Le vote RN ne se fait pas par méprise ou manque d'éducation mais bien pour défendre un ordre du monde, racial et dominant. Le fait est, que ces électeu.rices se sentent envahies/remplacés par des minorités « visibles » dans l'espace public. Et iels ont l'impression d'être de moins en moins chez eux, craignant que leurs privilèges soient fragilisés.
Le choix du vote RN et non pour la gauche, pour certain.es, [s'inscrit dans ce sentiment d'avoir subi des épreuves et découvert progressivement une certaine vérité sur la conflictualité de la vie sociale. Et ce à l'inverse de ces individus « qui ne voient pas le problème » parce qu'ils n'en ont pas, qui « donnent des leçons » Ceux-ci sont, très souvent dans les entretiens assimilés à la gauche. P187]. [… la gauche est considérée (…) comme systématiquement favorable aux « immigrés » sur le plan tant économique (…) que régalien. P191.]
Mais le succès du RN qui s'accélère, s'explique aussi [majoritairement par la radicalisation progressive de l'électorat de droite, notamment populaire. C'est la droite déçue (bien plus que la gauche) qui a, avant tout alimenté les succès lepénistes. P193]
Cet ouvrage démontre que, dans un contexte de services publics dégradés, en particulier l'Education nationale, la santé, de bashing constant d'une justice considérée laxiste, la normalisation politique du Rassemblement National au sein du champ médiatique et politique permet d'assumer son acceptation. Voter pour le RN comme et avec ses proches, ses collègues, ses voisins… fait ressortir l'évolution grandissante de l'intolérance envers l'immigration et en particulier celle des musulmans (ou supposés dans le cas de la non-blanchitude de certain.es considéré.es comme étranger.es)
La dimension raciste, qu'elle soit sociale, résidentielle et/ou relationnelle, souvent issue de perceptions subjectives, est toujours fondamentale dans le vote RN.
Avec cet ouvrage, Félicien Faury n'a pas pour ambition de fournir tous les éléments d'analyse sociologique qui expliquent les diversités du vote RN dans tous les différents territoires, ni de fournir les clés pour une stratégie d'ensemble de lutte contre l'extrême-droite. Mais ce livre est indispensable pour comprendre les imbrications complexes des motivations raciales et sociales qui fondent un socle très solide de vote RN dans la région PACA et, plus largement dans la représentation raciale de la société véhiculée par le RN.
Camille Boulègue
Félicien Faury est également l'auteur de « l'espace clivé du militantisme, une mobilisation électorale du Front National dans le Sud de la France ». Cette étude de la campagne présentielle de 2017 forme le chapitre 3 de l'ouvrage « Sociologie Politique du RN » coordonné par Safia Dahaini et Estelle Delaine, Presses Universitaires du Septentrion , 2023
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Génocide à Gaza : simple tolérance de l’Occident ou entière collaboration ?

Il y a quelques minutes, j'apprenais qu'hier, 26 octobre, Israël avait de nouveau tué de dizaines de Palestiniens à Gaza. Cette fois, elle faisait 70 victimes, la plupart, comme c'est le cas depuis un an, enfants et femmes !
Ovide Bastien
Au cours des trois dernières semaines, Israël a tué plus de 1 000 Palestiniens et Palestiniennes au nord de Gaza, tout en privant systématiquement 400 000 Gazaouis de cette région de nourriture, d'eau et de soins médicaux. La plupart de ces derniers doivent se débrouiller tant bien que mal avec des habitations de fortune, leurs maisons ayant été détruites par les forces de défense israéliennes.
C'est évident qu'Israël, en semant de façon systématique mort et famine, cherche à effrayer la population afin que celle-ci quitte en masse cette région.
Au début octobre, se tenait, à l'extérieur de la bande de Gaza une conférence intitulée « Préparer le repeuplement de Gaza », à laquelle assistaient de centaines d'Israéliens. Son objectif : décider de ce qu'on allait faire de Gaza et de ses habitants une fois la guerre terminée. Alors que retentissaient au loin des tirs d'artillerie, une jeune Israélienne suggérait : « Nous devrions tuer tous les Gazaouis ». Se montrant un peu plus raisonnable, le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, commentait : « Nous devrions encourager tous les Gazaouis de quitter volontairement, leur offrir la possibilité de s'installer dans d'autres pays. Car cette terre, en fin de compte, nous appartient ».
L'encouragement dont parle Ben-Gvir n'est pas du tout subtil. Car il se traduit par :
• Frappes aériennes incessantes occasionnant des massacres ; plus de 43 000 morts à Gaza jusqu'à maintenant et plus de 101 000 blessés ;
• Doubles frappes, c'est-à-dire l'envoi d'une deuxième frappe pour éliminer ceux et celles qui se sont rassemblés pour venir secourir les victimes des premières frappes ;
• Ciblage d'enfants avec des drones ;
• Empêcher les approvisionnements afin de créer des conditions de famine ;
• Ordonner aux équipes médicales et de défense civile de quitter le camp de réfugiés de Jabalia ;
• Brûler des patients vifs dans des lits d'hôpitaux, comme ce fut le cas pour Sha'ban al-Dalou, dont la perfusion était encore reliée à son bras ;
• Qualifier de « terroristes » plusieurs reporters d'Al Jazeera encore courageusement présents dans la région, et dont les reportages noircissent énormément l'image internationale d'Israël.
Si lectrices et lecteurs trouvent un peu extrême une telle stratégie ‘d'encouragement', on doit leur rappeler que celle-ci ne fait que refléter celle mise en pratique, et ceci, depuis fort longtemps, dans les territoires occupés que sont la Cisjordanie et Jérusalem-est. De colons juifs fanatiques expulsent violemment de leurs terres ancestrales Palestiniens et Palestiniennes, et ceci avec la totale complicité du gouvernement israélien.
En septembre dernier, le professeur Uzi Rabi, directeur du centre Moshe Dayan de l'université de Tel-Aviv, déclarait, lors d'une interview radiophonique, qu'il espérait que « toute la population civile de Gaza serait retirée du nord et que ceux qui refuseraient de quitter seraient légalement condamnés comme terroristes et soumis à un processus de famine ou d'extermination ». Ces propos s'inscrivent dans le droit fil du « plan des généraux », une proposition faite au gouvernement israélien début octobre par un certain nombre de généraux à la retraite. Selon ce plan, on donnerait aux Palestiniens quelques jours pour quitter le nord de Gaza, puis on déclarerait cette zone militaire. Enfin, on tuerait et affamerait ceux qui refuseraient de quitter.
Quand cette folie, ce massacre pur et simple de Palestiniens, qui sont devenus des réfugiés il y a des décennies à cause de la mainmise massive d'Israël sur leurs terres ancestrales, prendra-t-elle fin ? Quand cesserons-nous de regarder ces nouvelles, ce nettoyage ethnique, voire ce génocide, comme si on nous annonçait simplement que le temps est nuageux ? Quand la communauté internationale mettra-t-elle enfin son pied à terre ? Quand les États-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, ainsi que les autres alliés européens d'Israël, décideront-ils que trop c'est trop ? Quand mettront-ils fin à leur incroyable hypocrisie ? Quand cesseront-ils de nous raconter toutes ces histoires d'un ordre fondé sur des règles, de droits humains, de compassion humaine, alors que leurs gestes concrets quotidiens démontrent on ne peut plus clairement qu'ils se fichent éperdument de toutes ces valeurs ? Alors qu'ils ignorent tous les cris des manifestants à travers le monde et toutes les condamnations des organisations internationales ? Alors que nous voyons parfois des enfants palestiniens portant sur leur dos leurs frères et sœurs blessés, et que le Knesset, le parlement israélien, s'apprête à approuver une motion bannissant l'UNRA de Gaza et de la Cisjordanie, cette organisation des Nations Unies qui offre, depuis des décennies, l'aide la plus massive et la plus importante aux centaines de milliers de réfugiés palestiniens ?
Une enquête menée par l'agence de surveillance et de vérification Sanad d'Al Jazeera, dont le rapport fut publié récemment dans l'émission Inside Story de cette chaine de télévision, nous aide peut-être à comprendre la source de l'inaction et du silence de la communauté internationale. Car elle révèle que l'Occident fait plus que tolérer hypocritement ce que la Cour internationale de justice considère comme un génocide plausible à Gaza. Elle démontre on ne peut plus clairement que l'Occident participe massivement, sur le plan militaire, à ce génocide.
On sait qu'Israël se targue d'avoir l'armée la plus morale du monde. Qu'elle est extrêmement fière de sa capacité militaire, qui est non seulement immense mais aussi, à bien des égards, à la fine pointe de la technologie militaire mondiale. Cependant, aurait-elle pu mener une campagne de bombardement aussi prolongée et implacable à Gaza depuis plus d'un an, et maintenant au Liban ces dernières semaines, si elle n'avait pas pu compter sur l'immense coopération de l'Occident, et en premier lieu des États-Unis et du Royaume-Uni ?
L'agence de surveillance et de vérification Sanad d'Al Jazeera a utilisé des données de vol de source ouverte pour montrer l'ampleur de la participation américaine et britannique aux opérations militaires d'Israël entre octobre 2023 et octobre 2024. Ces données font état de plus de 6 000 vols militaires au-dessus de la région en un an, dont de centaines de missions de transport d'armes à destination d'Israël.
Est fort révélateur le fait qu'Israël n'aurait effectué que 20 % des 1 600 missions de reconnaissance enregistrées, alors que le Royaume-Uni, lui, en aurait effectué près de la moitié.
Le rapport de Sanad révèle aussi l'ampleur du pont aérien occidental construit pour Israël. En l'espace d'un an, plus de 1 200 vols de fret militaire ont été effectués. Plusieurs bases européennes ont été utilisées, avec de centaines de vols en provenance du Royaume-Uni, de l'Allemagne, de l'Italie, de Chypre et de la Grèce.
C'est ce pont aérien, affirme le rapport, ainsi que le grand nombre de vols de surveillance et de ravitaillement en vol, qui ont permis à Israël de mener une si longue, incessante et brutale guerre à Gaza et qui l'aide présentement à étendre ses opérations au Liban, et parfois ailleurs au Moyen-Orient.
L'incapacité de l'Occident - en particulier celle des États-Unis et du Royaume-Uni - à mettre le holà à Israël ne proviendrait donc pas du simple fait que l'Occident est profondément hypocrite, tolère ce qui est intolérable, et manque de courage et de force morale. Elle proviendrait plutôt du fait que l'assaut génocidaire en cours n'est pas seulement celui d'Israël. Dans une large mesure, il est carrément celui de l'Occident lui-même.
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Israël : Le nerf de la guerre

À un an du début de l'offensive en cours et alors que son développement régional continue d'aggraver le bilan des pertes civiles, l'Agence Média Palestine propose un tour d'horizon (non exhaustif) des soutiens d'Israël.
Tiré de l'Agence Média Palestine
24 octobre 2024
Par l'Agence Média Palestine
La guerre génocidaire d'Israël en Palestine a un coût. Lors de la présentation du budget annuel israélien, le ministre des finances Betsalel Smotrich la qualifiait lui-même de « guerre la plus longue et la plus coûteuse de l'histoire d'Israël », alors que la Banque d'Israël a estimé que les coûts liésà la guerre pour 2023-2025 pourraient s'élever à 55,6 milliards de dollars. Le nerf de la guerre, ou plus exactement le nerf du génocide, est bien là.
De nombreux pays apportent une aide financière et fournissent les armes et l'énergie nécessaires à Israël pour qu'il puisse mener sa guerre. Pourtant, les arrêts de la Cour de justice internationale (ICJ), qui ont fait suite à la plainte pour génocide de l'Afrique du Sud à l'encontre d'Israël, ont condamné la violence en cours et demandé l'arrêt immédiat de toute aide militaire approvisionnant le génocide. Selon certain·es expert·es juridiques, ces entreprises et ces pays pourraient être tenu·es pour complices de ce génocide en vertu de la Convention sur le génocide.
Les pays, ainsi que les entreprises privées et les compagnies pétrolières et gazières, doivent être tenu·es pour responsables de leur rôle dans la perpétuation de la violence et des violations des droits de l'homme. Les groupes palestiniens et leurs allié·es demandentun embargo sur la fourniture d'énergie et d'armes à Israël et exigent que les gouvernements et les entreprises cessent toute livraison de carburant et d'armes à Israël jusqu'à ce que ce dernier mette fin au génocide et à son régime d'apartheid contre le peuple palestinien.
Un incendie dans les tentes des Palestinien-nes déplacés à l'hôpital Al-Aqsa Martyrs dans la ville de Gaza, octobre 2024 (Anadolu via Getty Images)
Le partenariat économique européen
L'union Européenne est le premier partenaire économique d'Israël, et les échanges sont garantis par un accord d'association signé en 1995 et entré en vigueur en 2000. Celui-ci contient deux axes principaux : un dialogue politique et une libéralisation des échanges commerciaux entre les parties. Les échanges commerciaux en question permettent à l'UE de se maintenir comme premier partenaire commercial d'Israël, représentant 28,8 % de ses échanges de marchandises en 2022.
Ces échanges sont largement encouragés par l'accord, qui supprime notamment les droits de douane et interdit les restrictions quantitatives. L'UE est ainsi devenu le principal fournisseur d'Israël, avec 31 % de ses importations ; mais aussi son deuxième plus gros client, avec 24 % de ses exportations. C'est presque autant que les États-Unis, qui reçoivent 25,5 % des exportations israéliennes. La France à elle seule est le 10ᵉ fournisseur et le 11ᵉ client d'Israël.
Depuis 2022 et désireuse de réduire sa dépendance aux énergies fossiles russes après l'invasion de l'Ukraine, l'UE s'est également rapprochée de l'Etat hébreu dans le but d'augmenter ses importations de gaz en provenance du pays.
Outre ces échanges commerciaux, l'Union Européenne finance « l'innovation et la recherche » israélienne à travers le programme Horizon Europe. Israël en est le plus gros bénéficiaire hors UE, avec 126 millions d'euros reçus depuis octobre 2023. L'université de Tel Aviv à elle seule a reçu 28 millions d'euros, alors qu'elle a mené plus de 5030 projets de recherche conjoints avec l'armée israélienne. En tout, les financements d'Horizon Europe ont servi le développement de 130 projets israéliens.
En mars 2024, les observateurs Statewatch et Informationsstelle Militarisierungont révélé que le programme Horizon Europe avait contribué au financement de la technologie des drones utilisée par Israël dans sa guerre contre Gaza. Xtend, fabricant de drones soutenant l'armée israélienne, aurait reçu 50 000 € d'Horizon Europe, un fonds de recherche et d'innovation, pour réaliser une étude sur l'optimisation de son système de drone Skylord Xtender et trouver des « partenaires stratégiques pour la production et la commercialisation de la technologie », selon les observateurs. L'entreprise aurait ensuite signé des contrats avec le ministère américain de la Défense, qui impliquaient l'armée israélienne, et le PDG de Xtend a déclaré le PDG Aviv Shapira que sa société avait « réorienté ses énergies pour soutenir les forces israéliennes à 100 % » après le 7 octobre 2023.
Les aides militaires états-uniennes
Les Etats-Unis sont, de très loin, le premier partenaire d'Israël en matière de défense, et Israël est le premier bénéficiaire de l'aide étrangère américaine depuis la seconde guerre mondiale. Israël reçoit une aide militaire annuelle de 3,8 milliards de dollars (2,9 milliards de livres sterling) dans le cadre d'un accord décennal visant à permettre à leur allié de maintenir ce qu'ils appellent un « avantage militaire qualitatif » par rapport aux pays voisins.
Dans les jours qui ont suivi le 7 octobre 2023, le président Joe Biden a déclaré que les États-Unis fourniraient une « assistance militaire supplémentaire » à Israël. Les Etats-Unis ont par ailleurs autorisé l'armée israélienne à puiser dans un de munitions arsenal stockées en Israël pour éviter d'avoir à l'acheminer en cas de conflit armé dans la région. Ces cessions ont permis à Washington de se passer de l'aval du Congrès.
Jeudi 26 septembre, en pleine escalade régionale du conflit et le déclenchement d'attaques terrestres israéliennes au sud Liban, le ministère de la Défense israélien a annonçé avoir obtenu une nouvelle aide militaire américaine d'une valeur de 8,7 milliards de dollars « en soutien à l'effort militaire en cours d'Israël ». Ironiquement ce même jour, le gouvernement états-unnien réclamait un cessez-le-feu dans un communiqué commun avec la France en marge de l'Assemblée Générale de l'ONU.
Les ventes d'armes
Tous les fournisseurs d'armes à Israël ne détaillent pas leurs exportations de matériel militaire. Il est donc difficile d'en connaître la nature et le volume, mais quelques donnéespermettent d'en faire un bref état des lieux. L'Agence Média Palestine se propose donc de dresser une liste non-exhaustive des pays qui fournissent à Israël des armes.
États-Unis
En décembre,l'administration Biden a rendu publiques deux ventes à Israël après avoir utilisé l'autorité d'urgence pour éviter l'examen par le Congrès. L'une portait sur 14 000 munitions pour chars d'assaut, d'une valeur de 106 millions de dollars, tandis que l'autre concernait des composants pour la fabrication d'obus d'artillerie de 155 mm, d'une valeur de 147 millions de dollars. Les médias américains ont rapporté en mars 2024 que l'administration avait également effectué discrètement plus de 100 autres ventes militaires à Israël depuis le début de la guerre, la plupart d'entre elles n'atteignant pas le montant en dollars qui nécessiterait une notification formelle au Congrès.
En mai 2024, les États-Unis ont interrompupour la première fois une livraison d'armes à Israël, les représentants du parti démocrate de M. Biden au Congrès et leurs partisans étant de plus en plus préoccupés par le projet israélien d'offensive terrestre sur la ville de Rafah, dans le sud de Gaza. En juillet, des responsables américains ont déclaré que la livraison des bombes de 500 livres serait autorisée, mais que les bombes de 2 000 livres continueraient d'être retenues en raison de l'inquiétude persistante concernant les victimes civiles.
En août 2024, l'administration Biden a informé le Congrès avoir approuvé des ventes d'armes à Israël pour un montant de 20 milliards de dollars. Il s'agit d'un paquet de 18,8 milliards de dollars pour 50 jets F-15IA et des kits de mise à niveau pour 25 avions F-15I qu'Israël possède déjà ; un nombre non spécifié de camions cargo de 8 tonnes d'une valeur de 583 millions de dollars ; 30 missiles air-air de moyenne portée pour 102 millions de dollars ; et 50 000 obus de mortier de 120 mm pour 61 millions de dollars. En septembre, les États-Unis ont approuvé une autre vente d'armes à Israël pour un montant de 165 millions de dollars afin de financer des remorques de chars lourds, dont la livraison est prévue en 2027.
Allemagne
L'Allemagne est le deuxième plus grand exportateur d'armes vers Israël, représentant 30 % des importations entre 2019 et 2023, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).
L'année dernière, les ventes d'armes de l'Allemagne à Israël se sont élevées à 326,5 millions d'euros (361 millions de dollars ; 274 millions de livres sterling), soit 10 fois plus qu'en 2022, et la majorité des licences d'exportation ont été accordées après les attentats du 7 octobre. Le gouvernement allemanda déclaré en janvier 2024 que les ventes comprenaient 306,4 millions d'euros d'« équipements militaires » et 20,1 millions d'euros d'« armes de guerre ».
Selon l'agence de presse DPA, ces dernières comprennent 3 000 armes antichars portables et 500 000 munitions pour armes à feu automatiques ou semi-automatiques. L'agence précise également que la plupart des licences d'exportation ont été accordées pour des véhicules terrestres et des technologies destinées au développement, à l'assemblage, à l'entretien et à la réparation d'armes.
Cependant, depuis le mois de mars 2024, les autorisations de vente semblent avoir été suspendues, sans que l'Allemagne, soutien politique fort d'Israël, n'ait fait de déclaration claire à ce sujet. En août, les données fournies par le ministère de l'économie indiquaient que 14,5 millions d'euros avaient été accordés de janvier au 21 août, ce qui témoigne d'une baisse considérable. Sur ce montant, la catégorie des armes de guerre ne représentait que 32 449 euros. En septembre, plusieurs sources citées dans un rapport de l'agence Reuters affirmaient que de nouvelles licences d'exportation d'« armes de guerre » vers Israël avaient été suspendues dans l'attente d'un recours en justice.
L'Allemagne est en effet assignée en justice dans deux affaires intentées dans le but de stopper ses ventes d'armes à Israël. La première est a à l'initiative du Nicaragua, qui a demandé en la CIJ, également connue sous le nom de Cour mondiale, d'ordonner à l'Allemagne de cesser ses exportations d'armes militaires vers Israël et de reprendre son financement de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), estimant qu'il existait un risque sérieux de génocide à Gaza. La seconde, à Berlin, est intentée par le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l'homme. Si aucune de ces affaires n'a encore abouti, elles ont créé de vives tensions au sein du gouvernement allemand.
Le ministre de l'économie Robert Habeck a déclaré mi-septembre que l'Allemagne examinait « de près » les demandes. « S'il existe des soupçons de violation du droit humanitaire international, [la question] sera traitée différemment », affirmait le ministre, avant de nier l'arrêt des ventes et de rappeler que l'Allemagne et Israël entretiennent une « alliance militaire étroite » et que Berlin avait une « obligation historique » envers Israël en raison des crimes commis par l'Allemagne nazie contre le peuple juif.
Italie
L'Italie est le troisième exportateur d'armes vers Israël, mais elle n'a représenté que 0,9 % des importations israéliennes entre 2019 et 2023, selon le SIPRI.
En 2023, les ventes d'« armes et de munitions » se sont élevées à 13,7 millions d'euros, selon le magazine Altreconomia qui cite le bureau national des statistiques ISTAT. Quelque 2,1 millions d'euros d'exportations ont été approuvés entre octobre et décembre 2023, bien que le gouvernement ait assuré qu'il les bloquerait en vertu de la loi italienne interdisant les ventes d'armes aux pays qui font la guerre ou considérés comme violant les droits de l'homme.
Le ministre de la Défense, Guido Crosetto, a déclaré au Parlementen mars 2024 que l'Italie avait seulement honoré les contrats pré-existants, après les avoir vérifiés au cas par cas et s'être assurée « qu'ils ne concernaient pas des matériaux susceptibles d'être utilisés contre des civil·es ».
Royaume-Uni
En décembre 2023, le gouvernement britannique déclarait que les exportations britanniques de matériel militaire vers Israël étaient « relativement faibles », s'élevant à 18,2 millions de livres en 2023. Entre le 7 octobre 2023 et le 31 mai 2024, 42 licences d'exportation ont été délivrées pour des biens militaires, alors que 345 licences étaient déjà en cours. Le ministère des Affaires et du Commerce a déclaré que l'équipement militaire couvert par les licences comprenait des composants pour les avions militaires, les véhicules militaires et les navires de combat.
En septembre 2024, le ministre britannique des affaires étrangères David Lammy a annoncé la suspension immédiate d'une trentaine de licences d'exportation (sur 350) pour des articles utilisés dans les opérations militaires israéliennes à Gaza. Le communiqué du ministère affirme l'existence d'un « risque manifeste » que certaines exportations de matériel militaire « puissent être utilisées pour commettre ou faciliter une violation grave du droit international humanitaire ». Les licences concernées couvrent des composants d'avions militaires, notamment des avions de chasse, des hélicoptères et des drones, ainsi que des articles facilitant le ciblage au sol.
Amnesty International déclarait en réaction que cette décision était « pleine de lacunes et n'allait pas assez loin ». La décision de continuer à fournir à Israël des composants d'avions meurtriers F-35 « est un échec catastrophique pour le contrôle des armes et la justice », a déclaré l'organisation.
France
Les exportations d'armes sont nimbées d'opacité et le détail exact des livraisons d'armes est inconnu. Chaque année, un rapport sur les exportations d'armes est remis au Parlement, mais il ne contient que des données financières générales sur les licences et les livraisons. Le dernier document en date, paru à l'été 2023, révèle que la France a livré pour 189,8 millions d'euros d'équipements à Israël entre 2013 et 2022, à un rythme moyen d'environ 20 millions d'euros par an.
La France a à plusieurs reprise affirmé ne pas vendre d'armes létales à Israël, et que ses exportations ne concernaient que des éléments destinés à la revente ou à des dispositifs de défense. Pourtant, les révélations de Disclose et Marsactu ont mis en lumière que la France avait livré à la société israélienne IMI Systems des composants pour mitrailleuses. Des maillons M27, en l'occurrence, en quantité suffisante pour relier 100 000 cartouches adaptées au fusil israélien Negev 5, et aucun contrôle ne permet d'affirmer que ces pièces ont été ré-exportées et n'ont pas servi directement à l'armée Israélienne.
La France a signé le traité sur le commerce des armes, censé empêcher les ventes d'armes en cas de risque de violation des droits humains, mais ne semble pas toujours respecter cet engagement. Disclose a révélé que la société Thales avait continué de livrer à Israel des pièces équipements électroniquespour l'assemblage des drones armés « Hermès 900 », alors que ces drones sont utilisés pour bombarder des civils à Gaza.
Il s'agit de transpondeurs de type « TSC 4000 IFF » classés par le ministère des armées dans la catégorie des « systèmes de surveillance, de poursuite de cible et de reconnaissance ». L'enquête de Disclose met en évidence au moins huit frappes meurtrières des drones israéliens contre la population gazaouie depuis octobre 2023. Au moins huit de ces transpondeurs devaient être expédiés en Israël entre décembre 2023 et fin mai 2024, soit plusieurs mois après les premiers bombardements aériens de Tsahal. Deux d'entre eux ont été livrés au début de l'année 2024. Les six autres unités seraient bloquées par les douanes françaises.
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A propos de l’accord de compromis de l’Association internationale des dockers (ILA) et la fin de la grève

Kim Moody propose quelques réflexions initiales sur le règlement de la grève de l'Association internationale des dockers (ILA) sur la côte Est et sur le rôle de l'administration Biden. Voir les articles publiés sur le site alencontre.org en date du 2 et du 4 octobre.
22 octobre 2024 | alencontre.org
https://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/etats-unis-a-propos-de-laccord-de-compromis-de-lila-et-la-fin-de-la-greve.html
L'administration Biden est en effet intervenue très tôt dans les négociations entre l'ILA (The International Longshoremen's Association) et l'USMX (The United States Maritime Alliance, une alliance des compagnies de transport maritime par conteneurs, des opérateurs portuaires et d'autres employeurs du secteur des débardeurs) – par l'intermédiaire de la secrétaire au Travail Julie Su [en fonction depuis le 11 mars 2023] et du secrétaire aux Transports Pete Buttigieg [en fonction depuis le 3 février 2021]. Elle a finalement obtenu du syndicat qu'il mette fin à sa grève de trois jours en échange d'une augmentation de salaire de 62% sur six ans. C'est moins que les 77% demandés par le syndicat, mais plus que les 50% proposés par les employeurs de l'USMX.
L'administration Biden a fait pression sur les deux parties pour qu'elles parviennent à cet accord de principe et évitent une prolongation de la grève. La question centrale de l'automatisation doit être négociée d'ici au 15 janvier 2025, date à laquelle le contrat prolongé expirera et où une grève deviendra légale. Le Wall Street Journal du 8 octobre rapporte [dans un article intitulé « The Battle Over Robots at U.S. Ports Is On »] toutefois qu'un « responsable de l'industrie du transport maritime » a déclaré que l'accord salarial avait été « conclu à la condition que les dockers acceptent des gains de productivité (efficacité) incluant davantage de technologie ».
Si ces propos sont exacts, l'ensemble de l'accord vise à favoriser non seulement les démocrates lors des élections, mais aussi les employeurs en matière d'automatisation. Il n'y a pas de menace de grève avant le 15 janvier et seul le président de l'ILA, Harold Daggett, qui gagne 900 000 dollars par an, peut déclencher une grève. Les membres de l'ILA n'ont pas de droit de vote officiel en cas de grève, bien que certaines sections locales aient procédé à des sondages auprès de leurs membres cette année.
Les libéraux (démocrates dits de gauche) ont salué cet effort de Joe Biden en faveur des syndicats, ainsi qu'une diversion par rapport à une grève pré-électorale embarrassante et très perturbatrice qui pourrait favoriser Donald Trump. Ils soulignent que l'Association des industriels et la Chambre de commerce des Etats-Unis ont demandé à Biden d'invoquer la loi Taft-Hartley [datant de juin 1947] pour empêcher une grève, ce à quoi il a héroïquement résisté ! En revanche, l'USMX, elle, n'a pas formulé une telle exigence, qui n'était absolument pas nécessaire.
Le fait est que l'administration a convaincu le syndicat de ne pas recourir à la grève avant les élections et après que les importations eurent chuté de façon spectaculaire pour atteindre leur niveau annuel le plus bas en janvier et février 2024 (voir graphique ci-dessous), après les vacances de fin d'année, comme toutes les parties concernées le savaient Le syndicat aura donc beaucoup moins d'influence même lorsque la date d'une grève potentielle arrivera finalement avec l'expiration du contrat le 15 janvier.
Les importations maritimes des Etats-Unis atteignent le troisième taux mensuel le plus élevé en juillet 2024
Les importations américaines par conteneurs atteignent un pic plus tôt que d'habitude en 2024 en raison des attaques en cours en mer Rouge, d'une grève potentielle dans les ports maritimes de la côte Est et du golfe du Mexique et de la constitution de stocks de cellules solaires, de batteries de véhicules électriques et d'autres marchandises exposées à des hausses tarifaires à venir (introduites en septembre).
Source : Siddharth Cavale & Lisa Baertlein, « US retailers rush holiday imports, fearing strikes and disruption », Reuters, 10 août 2024.
Il convient de rappeler que, avant cette dernière action visant à briser la grève, l'administration Biden est également intervenue directement dans les négociations pour empêcher les grèves de l'ILWU (International Longshore and Warehouse Union), de l'IBT (International Brotherhood of Teamsters) chez la grande firme de logistique UPS (même s'il n'était pas nécessaire de le faire) ainsi que celle envisagée par les syndicats des chemins de fer [1]. (Article publié par Tempest le 19 octobre 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)
Kim Moody, de 1979 à 2001, a animé la revue Labor Notes, basée à Detroit. Il réside actuellement en Angleterre comme chercheur auprès de University of Herdfordshire. Il est l'auteur, entre autres, de Breaking the Impasse : Electoral Politics, Mass Action, and the New Socialist Movement in the United States, Haymarket Books, 2022.
[1] En 2022, un conflit s'est développé entre les compagnies de chemins de fer du fret et les syndicats du secteur. En effet, la base avait rejeté les propositions établies en septembre 2022 d'accord contractuel entre les employeurs et les directions syndicales. Le Congrès et le président Joe Biden sont intervenus pour faire passer l'accord provisoire en loi le 2 décembre, évitant ainsi une grève. (Réd.)
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États-Unis. Les machinistes de Boeing rejettent l’accord et poursuivent la grève : “On lâche rien”

L'accord douloureusement conclu entre le syndicat majoritaire des usines de Boeing et la direction a été rejeté mercredi 23 octobre par une large majorité des votants. Prolongeant la grève entamée le 13 septembre et ainsi même la crise qui affecte l'avionneur américain.
224 octobre 2024 | tiré du site de Courrier international | Photo : Piquets de grève à l'entrée de l'usine Boeing de Renton, près de Seattle, aux États-Unis, le 23 octobre 2024. to David Ryder/REUTERS
https://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-les-machinistes-de-boeing-rejettent-l-accord-et-poursuivent-la-greve-on-lache-rien_223768
C'est à une “large majorité” que les grévistes de Boeing ont rejeté mercredi 23 octobre le projet d'accord négocié “dans la douleur” et décidé de prolonger la grève entamée il y a “près de six semaines” dans les usines de la région de Seattle, alors que l'avionneur américain avait “annoncé quelques heures plus tôt un déficit de 6,1 milliards de dollars [5,6 milliards d'euros]”, rapporte The New York Times.
Selon le syndicat IAM, qui représente quelque 33 000 machinistes de Boeing, “le contrat, le deuxième que les salariés refusent, a été rejeté par 64 % des votants”, détaille le quotidien américain. John Holden, le dirigeant de l'IAM-District 751 de la région de Seattle, a expliqué à l'assemblée “scandant ‘On lâche rien'” : “On a encore beaucoup de travail. On poussera pour retourner à la table des négociations. On poussera pour que vos revendications soient entendues dès que possible.”
Lire aussi : Social. La famille Merwin, fidèle depuis soixante ans à Boeing, fait grève contre le déclassement
Un revers pour le patron de Boeing
Boeing n'a pas réagi au vote, qui “constitue un revers” pour Kelly Ortberg, le patron nommé en août dernier pour “tenter de restaurer la réputation et les résultats” de l'entreprise, engluée dans une crise majeure. Un peu plus tôt, pour expliquer l'ampleur du déficit des résultats trimestriels affiché, il avait expliqué qu'il “faudrait un ‘changement radical de culture' pour retrouver l'équilibre et améliorer le fonctionnement” de Boeing.
Autant dire que l'affaire se présente mal. La grève avait été votée le 13 septembre, quand 95 % des machinistes avaient rejeté une première mouture de la convention collective. Puis Boeing avait proposé sa “meilleure et dernière offre”, une hausse des salaires de “près de 40 % sur quatre ans”. Mais pour parvenir à cet accord finalement rejeté, il avait fallu l'“intervention du gouvernement Biden”, via sa ministre du Travail, Julie Su.
Lire aussi : Aéronautique. Chez Boeing, les machinistes votent la grèvehttps://www.courrierinternational.c...
C'est que Boeing est “un moteur économique majeur pour les États-Unis et un symbole de sa réussite industrielle”, avec 150 000 salariés sur le territoire, “dont près de la moitié dans l'État de Washington”, rappelle le quotidien de New York.
Mais le moteur est pour le moins grippé. Boeing vient d'annoncer une vague de licenciements qui concernerait “environ 10 % des effectifs, soit 17 000 emplois”. La grève lui “coûterait des dizaines de millions de dollars par jour”. Boeing “tente de se rétablir d'une crise ouverte par la porte arrachée en plein vol d'un 737 Max”, en janvier dernier, qui avait fait resurgir les critiques sur les failles de sécurité des avions de l'entreprise.
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BRICS+, une rencontre bonne ou mauvaise pour la planète ?

Les orientations que prennent les membres des BRICS+ pourraient créer un futur réunissant les meilleurs ou les pires côtés de l'ancien et du nouvel ordre mondial.
Terminé le 24 octobre, le 16e Sommet annuel de trois jours à Kazan en Russie des BRICS+, représentant près de la moitié de la population mondiale et le tiers du PIB de la planète, a réuni une quarantaine de chefs d'État ou de gouvernement, incluant ceux de ses neuf pays membres. L'objectif de ce regroupement est d'augmenter son influence dans des négociations économiques internationales dominées par l'Occident. Politiquement, ils veulent créer une alternative économique à l'ordre existant en faisant émerger un monde multipolaire. Ces pays font partie d'un phénomène plus large, soit l'émergence de nations qui n'avaient pas de pouvoir économique et politique au XXe siècle.
Victoire et tentative de manipulation
Cette rencontre a prouvé que, pour les pays membres des BRICS+, la guerre en Ukraine n'a pas l'importance qu'elle a pour les Occidentaux. Pour beaucoup de pays du tiers monde, l'Ukraine est une guerre de blancs qu'ils ont peur de devoir payer comme cela a été le cas dans les deux premières Guerres mondiales. La Russie a aussi démontré qu'elle a hérité de plusieurs des liens qu'avait créés l'URSS alors qu'elle était une grande puissance anticoloniale. Elle a encore des milliers de coopérants dans le monde et reste une référence pour ceux qui contestent l'Occident.
Le président de la Russie, Vladimir Poutine, qui est soumis à des sanctions depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, a aussi voulu faire de ce sommet une arme contre les Occidentaux et leur vision du monde, mais l'Inde et le Brésil ont insisté pour qu'il soit plutôt un levier de puissance pour ses pays membres qui veulent moins contester l'ordre occidental que de le récupérer à leur profit.
L'unité des BRICS+ n'a jamais paru aussi fictive que durant cette rencontre pendant laquelle la Russie a tenté de masquer des différences fondamentales. Si l'Inde et le Brésil fonctionnent démocratiquement, la Russie, la Chine et plusieurs autres membres sont des régimes autoritaires qui contestent les règles faites par l'Occident en 1945. Les pays du BRICS n'ont aucune alliance militaire entre eux et seulement quelques liens économiques conjoncturels, incluant ceux de l'Inde et de la Chine qui boivent littéralement à prix cassés 90 % de la production de pétrole russe visée par des sanctions.
La véritable victoire diplomatique de l'événement était d'avoir rapproché les dirigeants indiens et chinois, Narendra Modi et Xi Jinping, actuellement en guerre ouverte dans l'Himalaya, à la frontière des deux pays, depuis l'affrontement en 2020 entre leurs armées.
Attention aux autocrates !
Le président russe Vladimir Poutine s'est aussi fait remettre sur le nez par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, que l'invasion russe de l'Ukraine était une violation du droit international. « Nous avons besoin de la paix en Ukraine. Une paix juste, conforme à la Charte des Nations unies, au droit international et aux résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU », y a-t-il affirmé soulignant que la liberté de navigation en mer Noire était d'une importance capitale pour la sécurité alimentaire et énergétique mondiale. Narendra Modi a aussi publiquement déclaré au dirigeant russe qu'il voulait la paix en Ukraine.
Il est sain que les pays émergents s'organisent pour augmenter la qualité de vie de leurs citoyens, mais les discours contre la force occidentale sont essentiellement faits par des autocrates qui refusent l'universalisme. Le BRICS+ n'est pas le club des pays émancipateurs du « Sud global ». Les autocrates qui en sont membres désirent qu'on ne les empêche pas de massacrer leur population et visent à revenir à des zones d'influence issue de la force brute comme dans l'ordre de Yalta. Cela représente les désirs des dirigeants autoritaires et non de leurs citoyens qui doivent les souffrir.
Les BRICS+ sont donc devenus un objet politique ambigu dans lequel des autocrates cherchent à continuer à commettre impunément leurs crimes. Ils veulent faire de la realpolitik comme les Occidentaux, dont les discours vertueux ne correspondent pas aux actions. Ceux-ci dénoncent que l'Occident n'est pas au rendez-vous de l'éthique qu'il demande au reste du monde.
Les démocraties auraient tout intérêt à trouver, face à cette situation, l'énergie nécessaire pour restaurer leur unité face aux régimes autoritaires, défendre la liberté politique, se réformer et s'associer aux nouvelles puissances du Sud, qui visent une gouvernance ouverte de leur société. Les désirs d'égalité, de justice et d'humanisme ne sont pas des lubies occidentales. Ils sont les moteurs de la modernité et ont quelque chose d'irrésistible, transcendant les siècles et les peuples. Les populations préféreront toujours se battre pour ne pas être soumises. Pourquoi faire naître dans le sang le nouvel ordre mondial alors qu'il pourrait être négocié en épargnant la vie de millions d'innocents ?
Michel Gourd
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Iran : Le Conseil des gardiens approuve un nouveau projet de loi sur le hijab, renforçant l’apartheid entre les sexes

Le samedi 19 octobre 2024, Hadi Tahan Nazif, porte-parole du Conseil des gardiens, a annoncé que le Conseil avait approuvé le nouveau projet de loi sur le hijab et qu'il était maintenant soumis au Parlement pour les prochaines étapes.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Cette annonce fait suite à celle faite un mois plus tôt, le 17 septembre 2024, par Mousa Ghazanfari Abadi, qui avait également confirmé l'approbation du projet de loipar le Conseil des gardiens. Plus tard, le 25 septembre 2024, le porte-parole de la Commission culturelle parlementaire du régime a déclaré : « La question a été communiquée au parlement et le président du parlement informera bientôt le gouvernement de cette loi ». (Javanonline.ir, 25 septembre 2024)
Dans ce contexte, Hadi Tahan Nazif a déclaré : « Plusieurs membres du parlement ont déjà fourni des mises à jour sur cette question, il n'était donc pas nécessaire de faire des annonces supplémentaires. »
Réactions sociales à l'approbation par le Conseil des gardiens de la nouvelle loi sur le hijab
De nombreux utilisateurs des médias sociaux se sont demandés pourquoi, alors que le pays traverse une grave crise, le régime soulève à nouveau la question de l'approbation par le Conseil des gardiens de la loi sur le hijab et la chasteté. Ces utilisateurs ont évoqué les menaces de guerre, l'effondrement de la valeur du rial, les crises économiques et les sanctions, les différends concernant la propriété des îles iraniennes, l'inflation sans précédent, les pénuries d'eau et d'électricité et l'affaissement des terres.
Le parlement du régime a approuvé la nouvelle loi sur le hijab le 20 septembre 2023, un an exactement après la mort de Zhina Mahsa Aminiet le début des manifestations nationalesen 2022. La loi prévoit de nombreuses peines et amendes sévères pour les personnes qui s'opposent au port obligatoire du hijab. Elle devait être mise en œuvre à titre expérimental pendant trois ans, le texte final étant examiné et approuvé par la commission judiciaire et juridique. Toutefois, les allers-retours entre le Conseil des gardiens et le Parlement au sujet du projet de loi ont duré une année entière et ont donné lieu à 6 cycles d'examen.
Un mois plus tard, le projet de loi n'a toujours pas été communiqué
Un mois après l'approbation du Conseil des gardiens, le projet de loi n'a toujours pas été officiellement communiqué par le gouvernement ou le parlement. Le 16 octobre 2024, Shahram Dabiri, adjoint aux affaires parlementaires de Pezechkian, a répondu à une question sur l'intention du gouvernement de présenter un projet de loi visant à modifier la loi sur le hijab et la chasteté. Il a déclaré : « Il n'est pas prévu pour l'instant de présenter un nouveau projet de loi, car le projet précédent a déjà été approuvé, bien qu'il n'ait pas encore été officiellement communiqué. » (asriran.com, 16 octobre 2024).
Il a ajouté : « Il y a quelques problèmes ici, et nous envisageons certaines réformes dans ce domaine. Le Dr Pezechkian croit fermement que cela (c'est-à-dire l'application du Hijab obligatoire) doit être fait, mais principalement par des approches positives plutôt que punitives. »
Il semble que le gouvernement Pezechkian hésite à communiquer le projet de loi en raison des réactions du public. Dans le même temps, compte tenu de la situation critique du pays, le régime est profondément inquiet de la possibilité d'une nouvelle agitation sociale et de l'éclatement d'un nouveau soulèvement. Par conséquent, parallèlement à l'augmentation des exécutions, le régime soulève fréquemment la question de la mise en œuvre de la loi sur le hijab sans la communiquer officiellement.
Mise en œuvre illégale de la nouvelle loi sur le hijab avant sa rédaction
6 mois avant la rédaction du nouveau projet de loi sur le hijab,dès le printemps 2023, le régime avait déjà intensifié ses actions répressives, renforçant le contrôle et imposant des restrictions sévères aux femmes dans tout le pays. Après la rédaction du projet de loi, le régime a commencé à l'appliquer illégalement, avant même qu'il ne devienne une loi.
Le retour des patrouilles de la police des mœurs, le déploiement de patrouilles en hijabdans les rues et les stations de métro, l'imposition d'amendes et la mise en fourrière des voitures dans lesquelles des femmes étaient vues sans hijab, l'interdiction des services aux femmes non voilées, la mise sous scellés des magasins, restaurants et entreprises qui servaient des femmes non voilées, l'interdiction de l'éducation et de l'emploi, L'assassinat d'Armita Geravand, letabassage brutal de 2 écolières dans la rue et les tirs sur la voiture d'Arezou Badri, qui ont laissé cette dernière paralysée, ne sont que quelques-unes des dimensions de la répression infernale qui est devenue un cauchemar quotidien pour les femmes iraniennes et l'ensemble de la population.
Selon les experts en criminologie et en droit pénal du régime, les actions des forces de sécurité de l'État (FSE) concernant la saisie des voitures, l'obtention d'engagements de la part d'individus sur la question du hijab, la mise sous scellés de magasins, l'interdiction de se trouver dans des lieux publics et l'envoi de messages textuels ne reposent sur aucune base juridique. Toutes ces actions sont considérées comme illégales.
Le SSF n'a même pas le pouvoir d'émettre des avertissements verbaux à ce sujet. Des entités telles que le Conseil de sécurité du régime, le quartier général chargé de promouvoir la vertu et d'interdire le mal, le quartier général chargé de mettre en œuvre le hijab et la chasteté, et le ministre de l'intérieur ne sont pas des organes législatifs et ne peuvent donc pas établir de droits et d'obligations légaux pour les individus, les institutions et les entreprises.
Les forces de sécurité de l'État (FSE) n'ont que le pouvoir de présenter des individus au tribunal et rien d'autre. Il est essentiel de noter que les forces de sécurité de l'État n'ont pas le pouvoir d'arrêter des personnes ou de détenir des femmes et des filles dans les commissariats de police ou les quartiers généraux. (Site Internet de l'État Roozno.com, 14 avril 2024)
« La détention de femmes et de jeunes filles dans ces lieux contre leur volonté constitue un crime de détention illégale, passible de 1 à 3 ans d'emprisonnement en vertu de l'article 583 du code pénal. » (Compte du Dadban Legal Consultants Group, samedi 13 avril 2024)
Le nouveau projet de loi sur le hijab viole les droits fondamentaux des femmes
On ne sait toujours pas ce que contient le texte final du projet de loi approuvé par le Conseil des gardiens, ni quels changements ont été apportés au projet initial. Ce qui est certain, cependant, c'est que chaque clause du nouveau projet de loi sur le hijab viole les droits fondamentaux des femmes.
Le projet de loi porte atteinte aux libertés individuelleset cible les femmes de manière disproportionnée, les marginalisant dans l'emploi, la vie publique et même les espaces virtuels. En criminalisant la prestation de services aux femmes qui ne se conforment pas au hijab obligatoire, il perturbe fondamentalement leur capacité à vivre.
Selon l'article 32 du nouveau projet de loi sur le hijab, « la condition pour tout emploi ou recrutement de femmes dans tous les bureaux et institutions du gouvernement, et même dans les centres éducatifs non gouvernementaux, est le respect de la culture de la chasteté et du hijab, non seulement dans les espaces publics, mais aussi en dehors du lieu de travail et des environnements éducatifs, y compris les espaces virtuels ».
Outre les mesures violentes à l'encontre des femmes, le projet de loi met l'accent sur l'extension de la ségrégation sexuelle dans les universités, les centres administratifs et éducatifs, les parcs, les zones de loisirs et même dans les sections de traitement des hôpitaux.
Les peines liées à la violation du hijab dans ce projet de loi sont plus sévères que celles prévues pour de nombreux délits liés à la drogue ou au port d'armes, transformant ainsi la répression des citoyens en loi.
La nouvelle loi sur le hijab est un exemple d'apartheid entre les sexes
Le 1er septembre 2023, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme a publié un rapport dans lequel un groupe d'experts nommés par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a critiquéla loi iranienne sur le hijab. Les experts ont déclaré que le projet de loi pourrait constituer un « apartheid de genre », soulignant l'inquiétude mondiale concernant la position de plus en plus répressive de l'Iran sur les droits des femmes.
Selon la mise à jourpubliée par la Mission d'établissement des faits de l'ONU, « depuis avril 2024, les autorités de l'État ont « renforcé les mesures et les politiques répressives par le biais du plan dit « Nour » (Nour signifiant « lumière » en persan), encourageant, sanctionnant et approuvant les violations des droits de l'homme à l'encontre des femmes et des filles qui ne respectent pas le hijab obligatoire », peut-on lire dans la mise à jour.
Les forces de sécurité ont encore intensifié les schémas préexistants de violence physique, notamment en frappant, en donnant des coups de pied et en giflant les femmes et les filles perçues comme ne respectant pas les lois et les réglementations relatives au hijab obligatoire, comme le montrent des dizaines de vidéos examinées par la Mission. Parallèlement, les autorités de l'État ont renforcé la surveillance du respect du hijab dans les sphères publiques et privées, y compris dans les véhicules, par le biais d'un recours accru à la surveillance, y compris par drones.
Au milieu de cette escalade de la violence, un projet de loi sur le hijab et la chasteté est en phase finale d'approbation par le Conseil des gardiens de l'Iran et devrait être finalisé dans les plus brefs délais. Ce projet de loi prévoit des sanctions plus sévères pour les femmes qui ne portent pas le hijab obligatoire, notamment des amendes exorbitantes, des peines de prison plus longues, des restrictions en matière de travail et d'éducation, ainsi que des interdictions de voyager.
La réponse des femmes iraniennes reste un non retentissant au hijab obligatoire
Mme Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, a réagià la nouvelle en déclarant : Après l'adoption du projet de loi sur le hijab obligatoire, les femmes iraniennes éprises de liberté disent au Conseil des gardiens, au guide suprême des mollahs et à son président, Massoud Pezechkian : « Non au voile obligatoire, non à la religion obligatoire et non au gouvernement obligatoire ».
https://wncri.org/fr/2024/10/20/nouveau-projet-de-loi-sur-le-hijab/
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Narges Mohammadi, emprisonnée en Iran depuis 2021, en danger de mort

En détention depuis trois ans, la lauréate iranienne du Nobel de la paix 2023 voit sa santé se dégrader après avoir été violemment frappée par des gardiens au cours de l'été.
Par Eugénie Barbezat,
Tiré de L'Humanité, France, le mardi 22 octobre 2024
Incarcérée depuis novembre 2021 à la prison d'Evin, près de Téhéran, la lauréate du prix Nobel de la paix en 2023 (1), condamnée à dix ans de prison (2) par le régime Iranien, est en danger de mort. C'est ce que révèlent ses soutiens et sa famille, qui déplorent le refus des autorités de la conduire à l'hôpital après les violences graves qu'elle a subies.
L'été dernier, des gardiens l'ont violemment frappée, au point qu'elle aurait perdu connaissance, victime d'une crise cardiaque. Depuis, « sa santé ne fait que se dégrader », alerte Pinar Selek, qui appelle chacun à se mobiliser, notamment en envoyant des courriers à l'ambassadeur d'Iran en France.
Et la sociologue turque en exil forcé en France de rappeler l'un des faits d'armes de la journaliste iranienne : « Il y a déjà quelques mois, elle avait réussi à faire une action énorme : pour rendre visible l'apartheid de genre, elle avait choisi de converser avec sept femmes dans le monde entier, posant des questions spécifiques à chacune d'entre elles. J'ai eu la chance d'être l'une de ces femmes. »
Fin septembre, à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, Narges Mohammadi avait aussi envoyé, toujours de sa prison, une lettre aux principaux dirigeants mondiaux pour qu'ils demandent la libération des prisonniers politiques et la fin de la répression des femmes et de la société civile en Iran.
« Je vous demande instamment d'exiger le respect des droits humains, (…) qui constitue le seul chemin possible pour la réalisation de la démocratie et de la paix au Moyen-Orient », écrivait-elle alors. Aujourd'hui c'est pour que cette voix de la paix ne soit pas réduite à jamais au silence qu'un appel est lancé.
(2) https://www.humanite.fr/monde/iran/la-journaliste-iranienne-narges-mohammadi-a-nouveau-condamnee
Narges Mohammadi, lauréate iranienne du prix Nobel de la paix 2023 incarcérée depuis novembre 2021 à la prison d'Evin en Iran.
*Une suggestion de lecture de André Cloutier, Montréal (Québec), le 24 oct0bre 20-24
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La féminisation de la pauvreté en Iran : Les femmes chefs de famille et leurs luttes incalculables

Dans cet article, nous commémorons la Journée internationale pour l'élimination de la pauvretéen nous penchant sur le sort des femmes chefs de famille en Iran et sur les pressions supplémentaires qu'elles subissent.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Lorsque l'on parle de femmes chefs de famille, plusieurs groupes clés viennent à l'esprit : les veuves, les divorcées, les épouses d'hommes toxicomanes, les épouses d'individus incarcérés, les épouses de travailleurs migrants, les femmes célibataires autonomes et les épouses d'hommes handicapés ou invalides. Toutes ces femmes sont obligées de subvenir aux besoins de leur famille et de la gérer. Pendant ce temps, les lois du régime clérical iranien les catégorisent officiellement comme des citoyennes de seconde zone, n'existant que pour servir les hommes. C'est pourquoi les experts soulignent depuis longtempsla féminisation de la pauvreté en Iran.
Les femmes chefs de famille : Les soutiens de famille les plus pauvres
Selon le Centre national des statistiques d'Iran (NSC), il y avait près de 4 millions de femmes chefs de famille en Iran en 2020. (mokhaberatema.ir, 20 octobre 2021)
Le dernier rapport du NSC sur les dépenses et les revenus des ménages pour l'année 2020 indique que sur un total de 25 685 000 chefs de famille dans le pays, 3 517 000 étaient des femmes. Notamment, sur ces 3,5 millions de femmes chefs de ménage, près de 1,5 million étaient des femmes célibataires autonomes (vivant seules). En d'autres termes, environ 13,7% de tous les chefs de famille en Iran sont des femmes, et environ 41,5% de ces femmes vivent de manière indépendante. (mashreghnews.ir, 9 avril 2022)
Près de la moitié des femmes soutiens de famille appartiennent aux segments les plus pauvres de la société. Selon les statistiques officielles, dans le décile des revenus les plus bas (les plus pauvres), environ 45% des chefs de famille sont des femmes. (salamatnews.com, 20 octobre 2021)
Il est important de noter que le régime iranien manque de transparence en ce qui concerne les statistiques. On peut supposer que les chiffres réels sont nettement plus élevés que ceux publiés par le CNS. Par exemple, Ensieh Khazali, l'ancienne députée chargée des affaires féminines et familiales, a déclaré en juin 2022 que « les statistiques non officielles indiquent que nous avons près de6 millions de femmes chefs de famille ». Avant elle, Tayebeh Siavoshi, ancien membre du parlement du régime, avait indiqué que ce nombre pouvait varier et atteindre jusqu'à5 millions.(ICANA.ir, 7 août 2017)
Femmes chefs de famille : Une part minime sur le marché du travail
En Iran, les femmes sont confrontées à une importante discrimination structurelle et sociale, ce qui fait qu'il leur est extrêmement difficile d'entrer sur le marché du travail et d'obtenir des postes convenables et bien rémunérés. En conséquence, de nombreuses femmes employées sont contraintes d'accepter un travail dans le secteur informel, souvent dans de petits ateliers fonctionnant sans réglementation, et d'effectuer des tâches éreintantes pour de maigres salaires et de longues heures de travail.
Ces femmes, qui doivent faire face à de nombreux défis dans leur vie, souffrent de troubles physiques dus à des conditions de travail inadaptées. Nombre d'entre elles souffrent de problèmes de dos et de cou résultant d'un travail pénible.
La plupart des femmes chefs de famille sont au chômage ou occupent des emplois informels à temps partiel. Même celles qui ont un emploi formel gagnent très peu, ce qui ne leur permet pas de maintenir un niveau de vie élémentaire. Un nombre important de femmes chefs de famille ont du mal à couvrir les dépenses quotidiennes, y compris les dépôts de loyer et autres nécessités, en raison de leurs revenus limités.
Les femmes chefs de famille : Les championnes silencieuses des terres agricoles
Dans la province du Khouzestan, il y a plus de 35 000 femmes chefs de famille, bien que des sources non officielles suggèrent que ce nombre pourrait être plus élevé. (quotidien Etemad, 15 juin 2024)
Une grande partie de ces femmes travaillent dans l'agriculture. Dans la seule ville de Dezfoul, plus de 5 000 femmes sont employées dans le secteur agricole. Des adolescentes aux septuagénaires, elles travaillent en groupe pour un maigre salaire journalier de 200 000 tomans (3,25 dollars). Ces femmes travaillent aux côtés des hommes mais ne reçoivent que 60% de leur salaire.
La plupart d'entre elles travaillent sans assurance. Une femme de 80 ans a déclaré qu'elle travaillait dans l'agriculture sans assurance depuis 60 ans, endurant la chaleur torride de 50 degrés du Khouzestan ! Si ces femmes avaient été assurées à un tel âge et avec une telle ancienneté, elles auraient déjà dû prendre leur retraite deux fois.
En 2017, l'Organisation de recherche sur la sécurité sociale a indiqué que les femmes représentaient 80% de la main-d'œuvre non assurée.
Les ouvrières agricoles travaillent souvent en double journée et doivent faire face à diverses excuses de la part de leurs employeurs lorsqu'il s'agit de percevoir leur salaire. Certains employeurs prétendent qu'ils manquent de fonds, tandis que d'autres subordonnent le paiement intégral à la vente complète de leurs produits ; si leurs marchandises ne se vendent pas, elles ne sont pas payées du tout.
De nombreuses travailleuses perdent tragiquement la vie dans des accidents de la route alors qu'elles se rendent à leur travail. En septembre 2022, 18 travailleuses agricoles ont perdu la vie lorsqu'un minibus les transportant a été impliqué dans un accident sur les routes de Chouchtar. Au cours de l'hiver 2024, une camionnette transportant des ouvrières agricoles s'est renversée près du canton de Fazili à Dezfoul, blessant huit femmes. En juin 2024, un autre incident impliquant le renversement d'une camionnette transportant des ouvrières a fait sept blessés.
Ali Ziaei, chef du groupe d'enquête sur les scènes de crime à l'organisation médico-légale, a déclaré en avril 2024 que 2 115 travailleurs étaient morts et 27 000 avaient été blessés dans des accidents du travail en 2023. (Etemad daily, 15 juin 2024) Malheureusement, il n'existe pas de données détaillées concernant spécifiquement les travailleuses.
Femmes chefs de famille : Vendeuses de rue pour une bouchée de pain
De nombreuses femmes chefs de famille sont contraintes de s'engager dans des activités telles que la vente ambulanteen raison de la grande pauvreté et du manque d'accès à des emplois stables. Alors que les couches les plus défavorisées de la société continuent de s'appauvrir, le nombre de femmes qui ont recours à la vente de rue augmente de jour en jour. Ces femmes jonglent souvent avec leur rôle de mère tout en assumant la responsabilité de subvenir aux besoins de leur famille.
Il y a une dizaine d'années encore, la vente ambulante était essentiellement considérée comme une activité masculine, et très peu de femmes descendaient dans la rue pour y ouvrir un magasin. Cependant, aujourd'hui, les pressions économiques et les charges financières qui pèsent sur les femmes chefs de famille sont si écrasantes que la vente ambulante est devenue un travail bien établi pour nombre d'entre elles. Partout où les vendeurs de rue se rassemblent, les femmes font partie intégrante de la scène.
Malgré cette réalité, il n'existe pas de données précises sur le nombre de vendeuses de rue. Le nombre de femmes exerçant cette activité a doublé depuis le début de la pandémie de COVID-19. (Journal Arman-e Melli, 7 juin 2024)
Asieh est une femme qui gagne sa vie depuis cinq ans en vendant du thé, du café et des infusions sur la place Tajrich à Téhéran. Son mari est complètement handicapé et elle doit également subvenir aux besoins de ses 2 filles. Asieh a déclaré : « Au début, travailler dans la rue était très difficile et embarrassant. Mais quand vous n'avez rien et pas de capital, vous mettez de côté votre gêne et vous vous concentrez uniquement sur l'alimentation de vos enfants, même si cela signifie vendre dans la rue ».
Najmeh est une autre femme qui a commencé à vendre dans la rue il y a 4 ans, en raison de son divorce et de la responsabilité qu'elle avait de s'occuper de ses deux enfants. Le soleil a fortement altéré son visage, reflétant le poids de son travail de vendeuse de rue. En ce qui concerne le stress lié à son travail, Najmeh déclare : « Lorsque les agents municipaux viennent nettoyer la zone, ils sont tellement harcelants que le froid, la chaleur et les coups de soleil ne comptent même plus. »
La féminisation de la pauvreté dans un contexte économique difficile
Sous le règne des religieux, la société iranienne s'appauvrit de plus en plus. Selon les dernières statistiques officielles, le seuil de pauvreté en Iran est fixé à 30 millions de tomans (484 dollars), mais plus de 30 millions de personnes vivent en dessous de ce seuil. (eghtesadonline.com, 12 septembre 2024)
Dans ce contexte, les travailleurs et les retraités, mais aussi les fonctionnaires et la plupart des salariés du pays peinent à joindre les deux bouts. Le salaire minimum pour les travailleurs en 2024 serait de 7 millions de tomans (113$), tandis que la pension pour les retraités est fixée à 9 millions de tomans (145 $). (sepidarsystem.com, 20 mai 2024) Cela suppose que ces salaires soient effectivement versés, car les travailleurs et les retraités passent souvent plusieurs mois sans recevoir ne serait-ce que ces montants minimaux en raison de l'état d'épuisement du trésor public et des ministères concernés.
Dans des circonstances économiques aussi difficiles, avec des taux de chômage élevés, la situation est encore pire pour les femmes, qui sont victimes de discrimination à l'embauche et dans l'emploi. Certaines femmes chefs de famille dans les provinces du Kurdistan, de Kermanchah et d'Hormozgan ont recours au travail de porteur (koulbari) pour subvenir aux besoins de leur famille. Dans certains cas, la pression exercée par le manque d'emplois appropriés et la nécessité d'assurer la santé et l'éducation de leurs enfants poussent les femmes chefs de famille à s'engager dans des activités non conventionnelles, telles que la vente d'organes ou même la prostitution.
Selon un expert gouvernemental, la féminisation de la pauvreté est un problème très dangereux. On ne peut s'attendre à ce qu'une société piégée dans une pauvreté féminine chronique fasse preuve d'une grande tolérance. (Rouydad24.ir, 2 juin 2024)
Le régime clérical n'a pas l'intention d'améliorer les conditions économiques de la population, en particulier des femmes, et ne le souhaite pas. En appauvrissant la population, le régime vise à la maintenir préoccupée par la satisfaction de ses besoins quotidiens, dans l'espoir d'empêcher tout soulèvement contre son régime oppressif. Cependant, cette stratégie est une grave erreur de calcul.
La société iranienne est devenue une véritable poudrière et, malgré la répression sévère et impitoyable des religieux, il y a eu au moins cinq soulèvements nationaux majeurs au cours des sept dernières années. Tout indique que le jour approche où la dernière vague de colère populaire éclatera, balayant une fois pour toutes la tyrannie religieuse au pouvoir des pages de l'histoire iranienne.
https://wncri.org/fr/2024/10/17/les-femmes-chefs-de-famille-pauvrete-iran/
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L’affaire de Mazan vu à travers du prisme du terrorisme masculiniste

Une série de crimes violents, orchestrée méthodiquement en réseau, ayant pour objectif de normaliser les violences sexuelles et visant une femme, symbole de toutes les autres… Et si l'affaire Mazan relevait d'une nouvelle forme de terrorisme – masculiniste – contre lequel il est crucial de protéger notre pays ?
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/21/laffaire-de-mazan-vu-a-travers-du-prisme-du-terrorisme-masculiniste/
Le procès ouvert le 2 septembre 2024 à Avignon bouleverse les perceptions collectives des violences sexuelles. Cette affaire de viols de masse mobilise l'appareil judiciaire pour une durée de quatre mois, en raison de la gravité et de l'ampleur des crimes commis. Entre 2011 et 2020, un total de 92 viols a été perpétré sur une seule victime. L'exploitation des fichiers saisis chez Dominique Pélicot, maître d'œuvre, a permis aux enquêteurs de cartographier un réseau tentaculaire de 83 violeurs présumés, dont 54 ont été formellement identifiés. Parmi ces hommes, 23 avaient des antécédents judiciaires, certains pour violences conjugales et d'autres pour violences sexuelles. Au total, 49 accusés sont poursuivis pour viol aggravé, un pour tentative de viol, et un autre pour agression sexuelle. De plus, cinq d'entre eux sont inculpés pour possession massive d'images pédopornographiques, renforçant ainsi la dimension criminelle transnationale du dossier.
Ce procès a ouvert des débats publics sur des enjeux essentiels liés à la sécurité des femmes et la justice sociale, aussi autour de la soumission chimique, de la culture du viol et des stratégies employées par les avocats des accusés. À cela s'ajoute une réflexion sur la liberté d'informer, lorsqu'une victime, courageuse, refuse le huis clos pour briser l'omerta. Mais l'enjeu sécuritaire le plus préoccupant, à mes yeux, reste celui de la radicalisation masculiniste qu'on voit ici à l'œuvre. Mon objectif, ici, n'est pas de créer une nouvelle figure du « monstre », alors que l'affaire Mazan révèle la banalité déconcertante des profils de ces agresseurs, mais de mettre en lumière l'expansion rapide des foyers de terrorisme masculiniste sur notre territoire, ainsi que la diffusion de leur discours extrémiste.
Rebondissons sur une phrase polémique lancée par Me Guillaume de Palma, l'un des avocats de la défense, pour qui il existerait « viol et viol ». Si l'avocat a tenté de minorer la gravité des faits commis par son client, nous pourrions aussi proposer leur aggravation en les qualifiant de terroristes. En effet, l'article 421-1 du code pénal, qui définit ce qui constitue l'acte terroriste, s'applique aussi aux atteintes à l'intégrité de la personne, dont les crimes de viol. Les violences sexuelles, bien que rarement pensées comme mode d'action terroriste, n'en sont pas pour autant exclues. Pourquoi ne pas envisager alors ces viols de masse en termes sécuritaires, tant ils portent gravement atteint à l'ordre public ? Encore faudrait-il que les services de l'État entendent que l'« ordre public » serait troublé par la commission de ces viols…
Il est vrai que le terrorisme masculiniste n'opère en général pas par la mise en scène publique de la violence ni ne cherche à augmenter sa notoriété par ses attentats (ce qui constitue le terrorisme dans l'imaginaire collectif). Il travaille à normaliser les violences fondées sur le genre dans une volonté de transformation sociétale vers le renforcement de la domination masculine. Minorer la gravité des violences commises ainsi que la portée symbolique de leur action, est, pour la plupart des milieux radicaux masculinistes, l'objectif stratégique.
Dans l'imaginaire collectif, toujours, un attentat n'en est un que si l'auteur ne connaît pas sa cible. Dans le cas des actes terroristes masculinistes, choisir une cible de proximité, d'opportunité, est le choix du moindre risque, permettant de tenter de réduire la gravité de ces crimes par la confusion faite entre violences interpersonnelles et les leurs fondées sur l'idéologie violente de l'effacement totale de la perspective des femmes.
Les éléments révélés au cours de la procédure judiciaire permettent de replacer cette affaire dans une approche de sécurité publique. Dominique Pélicot n'était pas un loup solitaire, il agissait comme un recruteur au sein d'une entreprise collective. Pour démontrer la dimension terroriste de ces viols, nous nous appuierons sur des caractéristiques clés des milieux radicaux élaborées par les sociologues de la violence politique Stefan Malthaner et Peter Waldmann :
Communauté Partagée : Offrir un espace où les individus partagent des croyances et des valeurs similaires, favorisant un sentiment d'appartenance. Dans l'affaire Pélicot, c'est le salon au titre explicite « à son insu » sur le site coco.gg, un site visé par plus de 23 000 procédures judiciaires et fermé depuis peu. La valeur partagée est celle de la performance technique pour contourner le consentement des femmes.
Soutien Mutuel : Créer un environnement de solidarité, où les membres s'encouragent mutuellement à adopter des comportements extrêmes. Les récits faits à l'audience, montrent le partage d'un savoir-faire pour neutraliser la cible (sans pour autant la tuer, ce qui pourrait éveiller des soupçons). Cette solidarité, masculine, s'exprime aussi lors du déroulement du procès, avec une complicité nouée lors des pauses, et une hostilité partagée à l'égard de la presse et des soutiens féministes de Gisèle Pélicot.
Normes et Idéologies : au sein de ces milieux sont promues des idées radicales qui justifient l'utilisation de la violence. L'idéologie, ici, est celle de la déshumanisation des femmes, une misogynie collective et caractérisée par l'apologie de la violence sexuelle. Lorsque l'un des complices, un infirmier, fournit à Pélicot les dosages exacts pour garantir l'efficacité des substances chimiques utilisées dans les violences, il agit comme un artificier au service d'une cause terroriste. Cette transmission de savoirs, loin de susciter des remords, vient renforcer leur sentiment de légitimité. Les actions sont méticuleusement organisées, et donc justifiées.
Cohésion Sociale : L'engagement et la loyauté envers le groupe sont renforcés par des rituels et des pratiques collectives, dont celui du partage des faits d'armes – le contournement du consentement –, par le récit ou l'image. Par ailleurs, Dominique Pélicot instaurait un protocole strict pour la mise en œuvre des actions violentes, et documentait systématiquement la commission de viols.
Contrôle Social : Il existe un mécanisme de surveillance interne qui sanctionne les comportements déviants, renforçant l'idéologie collective. Lorsque le protocole mis en place par Dominique Pélicot n'était pas respecté, ce dernier ne ré-invitait plus. La captation par l'image de la commission des viols, lui permettait également de contrôler les actions de ses adeptes. Le silence mutuel devient une règle absolue : personne ne trahit, garantissant ainsi la pérennité du groupe.
Dans mon essai La Terreur Masculiniste (Éditions Du Detour, 2024), j'ai analysé en profondeur la manière dont la misogynie ordinaire peut évoluer en un passage à l'acte violent du fait de milieux radicaux, et l'affaire Pélicot en est une illustration parfaite. J'ai notamment élaboré des outils d'identification de ces milieux. Le salon « À son insu » se distingue comme un exemple typique de ce que je désigne par « milieu flexeur ». Dans cet espace, Dominique Pélicot recrutait des complices et orchestrait des actions violentes, tout en structurant une masculinité hégémonique fondée sur la maîtrise technique du viol et la perpétuation de l'impunité. La transmission de ce savoir-faire destructeur devient ici un outil de pouvoir.
Comprendre ces dynamiques est une étape essentielle pour pouvoir les combattre. Sans ces clés d'analyse, nous ne pourrons jamais endiguer la normalisation de cette forme de violence, qui relève d'une forme de terrorisme. Dans l'affaire Mazan, Gisèle Pélicot n'est pas seulement une survivante de viols de masse, elle est aussi une rescapée héroïque d'attentats. Masculinistes.
Stephanie Lamy
Féministe, chargée d'enseignement, chercheuse
https://blogs.mediapart.fr/stephanielamy/blog/181024/laffaire-de-mazan-vu-travers-du-prisme-du-terrorisme-masculiniste
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