Derniers articles
La danse des fleurs
Épreuve numérique sur toile
François Rioux : L’empire familier : Poésie : Le Quartanier Éditeur : 2017 : 112 pages (recension)
Abolition, abolitions
Bien que l'été 2020 ait fait sortir le champ lexical de l’abolition et de l’abolitionnisme des petits milieux militants pour arriver dans l’espace public au Québec, l'histoire de la lutte abolitionniste ne date pas d'hier. Cet éditorial montre comment le système policier et carcéral s'est développé parallèlement au colonialisme, à l'esclavage, à l'anti-noirisme et au capitalisme hétéropatriarcal, et comment des personnes et des groupes ont combattu ces institutions dans le cadre de luttes plus larges pour la libération. Il suggère également que les groupes les plus ciblés et sujet à la violence de ces institutions ont conservé d'autres moyens de se protéger les uns les autres, des modes de vie libres et libérateurs qui révèlent que l'abolition est une pratique qui consiste à la fois à faire et à défaire, à être présent et absent.
Une image non peinte : à propos de Prison Abolition d’Yves Bourque
Cet essai examine Prison Abolition (1988) d'Yves Bourque, tiré de la première édition du Journal of Prisoners on Prisons (1988). En retraçant l'écriture et la pratique créative de Bourque en relation avec le mouvement plus large de justice pour les prisonnier·ères au Québec et au Canada pendant les années 70 et 80, l'essai met en lumière l'influence de la pensée politique écrite par les prisonnier·ères dans les luttes abolitionnistes contemporaines.
Mettre la clé sous la porte. L’expérience de la désinstitutionnalisation pour penser les ruptures abolitionnistes
En examinant le continuum juridico-psychiatrique québécois, cet article propose de considérer l’expérience de la désinstitutionalisation psychiatrique en tant que précédent abolitionniste. L’histoire des institutions psychiatriques québécoises est traversée par des mouvements de résistance et de recul de la carcéralité, en particulier face au modèle asilaire et par l’antipsychiatrie. Cette histoire est également marquée par une expérience concrète de désinstitutionalisation (ou « déshospitalisation »), entendu comme un mouvement de fermetures massives et définitives d’institutions d’hébergement et d'hôpitaux psychiatriques, qui prend place dans les années 1950-1970. À l’échelle nord-américaine, et dans le contexte du tournant néolibéral, cette expérience de désinstitutionalisation des personnes psychiatrisées et en situation de handicap est présentée à tort comme l’une des causes de l’explosion de l’itinérance et de l’incarcération de masse des personnes psychiatrisées. Nous soutiendrons que cette expérience constitue néanmoins un précédent abolitionniste pouvant être (ré)investi dans une perspective émancipatrice. Au-delà de l’abolition comme processus de transformation sociale ou comme superposition de réformes non-réformistes, nous soutiendrons que cette expérience permet d'intégrer la notion de rupture institutionnelle à la théorie et à la praxis abolitionniste.
La justice transformatrice pour une politique préfigurative de l’abolition
Ce texte explore comment la justice transformatrice contribue à la lutte pour l’abolition des prisons et de la police en offrant des alternatives révolutionnaires à la violence étatique. En retraçant des exemples aux États-Unis et au Québec, ainsi qu'au Rojava, et au Chiapas, il illustre comment des pratiques communautaires peuvent répondre aux violences et aux conflits sans recourir aux systèmes judiciaires punitifs. Les auteur-ices soulignent la nécessité de soutenir les initiatives autochtones et de connecter avec les initiatives de justice réparatrice, en prônant une culture collective de soin et de responsabilité. Iels proposent de créer des structures locales et régionales, inspirées de modèles révolutionnaires, pour soutenir la responsabilisation collective, le soin et la médiation, dans une démarche fondée sur l'amour et la solidarité.
Carole Massé : Journal d’un dernier voyage : Poésie : Écrits des Forges : 2024 : 112 pages (recension)
Postes Canada retire les assurances d’une travailleuse atteinte d’un cancer
De la lutte antiraciste à la lutte étudiante
Le Devoir d'aujourd'hui met à la une de sa page web l'article « Une association étudiante réclame la « destitution » de Pauline Marois à l'UQAM ». L'article nous informe que « l'Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) de l'UQAM, qui a publié une lettre sur sa page Facebook mercredi soir pour faire état de son « désarroi » face à cette nomination… » De dire cette lettre :
Le gouvernement Marois, entre 2012 et 2014, a mis en place une politique xénophobe, austéritaire et antisociale […] Entre autres, le gouvernement Marois a ouvert la porte aux débats sur la « laïcité judéo-chrétienne » avec la mise en place de la « Charte des valeurs québécoise ». Ce morceau de législation hautement islamophobe et raciste aboutira, sous le gouvernement Legault, à l'adoption de la loi 21 bannissant les femmes et les personnes portant le hijab de la fonction publique et de l'éducation. L'AFESH, à l'époque, s'est opposée à l'adoption de cette charte [… et] à l'indexation des frais de scolarité…
La lettre ajoute que « [c]e lobbying politique n'a pas sa place à l'UQAM ni dans aucune institution d'éducation » et que ce poste symbolique devrait être aboli. En réaction à cette lettre, le porte-parole homme de Québec solidaire, sollicité par Le Devoir, a répondu que « les publications d'une association étudiante de l'UQAM. Ça ne m'intéresse pas beaucoup » en précisant qu'il y a des sujets plus importants comme la crise du logement et les centres de la petite enfance. De conclure que « si vous me demandez si Pauline Marois est xénophobe, la réponse est non ».
Pour l'ancien dirigeant étudiant du Printemps érable de 2012, la courageuse et pertinente dénonciation de la xénophobie du PQ et de la CAQ par une des associations étudiantes les plus militantes en 2012 et encore aujourd'hui — elle a fait grève et participé aux activités pro palestiniennes de la CRUES la fin de semaine dernière — est « circulez, il n'y a rien à voir ». Par rapport aux enjeux sociaux, pour le porte-parole Solidaire, la lutte contre le racisme et la xénophobie est de la petite bière. Un double reniement en si peu de mots est une performance politicienne à se souvenir.
Rien d'étonnant que le député Haroun Bouazzi soit sur la touche. La gauche critique du parti qui a consenti à voter avec la direction du parti lors du dernier congrès cette contre-vérité « que QS ne soutient pas et n'a jamais soutenu que l'Assemblée nationale et ses membres sont racistes » n'a pas à être fière d'elle-même.
Marc Bonhomme, 29 novembre 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
Diglossie maudite (Part One)
gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.