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Etats-Unis. La grève de 45 000 dockers… cinq semaines avant les élections présidentielles

13 octobre 2024, par Ellen Ioanes — , ,
Les travailleurs des ports de la côte est des Etats-Unis et du golfe du Mexique se sont mis en grève mardi 1er octobre à la suite de l'échec des négociations entre le syndicat (…)

Les travailleurs des ports de la côte est des Etats-Unis et du golfe du Mexique se sont mis en grève mardi 1er octobre à la suite de l'échec des négociations entre le syndicat qui les représente – l'International Longshoremen's Association (ILA)– et l'organisation des compagnies maritimes internationales qui les emploient.

2 octobre 2024 | tiré du site alencontre.org
https://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/etats-unis-la-greve-de-45-000-dockers-cinq-semaines-avant-les-elections-presidentielles.html

Environ 45'000 travailleurs ont débrayé à 0h01 ce mardi, ce qui en fait la grève la plus importante que le syndicat ait connue depuis 1977. Mardi, les travailleurs de 36 ports différents ont cessé le travail après l'expiration de leur contrat de six ans avec l'United States Maritime Alliance (USMX) – et selon la durée de la grève – cela pourrait avoir un impact considérable sur l'économie des Etats-Unis.

La grève touche certains des plus grands ports du pays, comme la Port Authority of New York and New Jersey (Autorité portuaire de New York et du New Jersey). Dans l'ensemble, les ports concernés manutentionnent environ 50% des importations et des exportations depuis et à destination des Etats-Unis. Bien qu'une partie du fret ait été détournée à titre préventif vers la côte ouest, cette solution n'est pas sans complications.

Ces derniers jours, il semblait que les négociations entre l'USMX et l'ILA allaient bon train. L'USMX demandait une prolongation du contrat actuel afin de disposer de plus de temps pour négocier. L'ILA a toutefois refusé la nouvelle proposition.

Le président de l'ILA, Harold J. Daggett [élu en 2011, réélu en 2023 pour la quatrième fois], a prévenu mardi que le syndicat était « prêt à se battre aussi longtemps que nécessaire, à rester en grève aussi longtemps qu'il le faudra, pour obtenir les salaires et les protections contre l'automatisation que méritent les membres de l'ILA ».

Qu'est-ce que l'International Longshoremen's Association ? Pourquoi ses membres font-ils grève ?

L'ILA représente environ 45'000 travailleurs qui assurent le déchargement des énormes conteneurs de grands porte-conteneurs. En fin de compte, les marchandises transportées par les navires sont acheminées vers les entrepôts, les rayons des magasins et les usines.

Les membres travaillent dans les ports de la côte Est, jusqu'au Maine, ainsi que dans les ports de la côte du Golfe du Mexique, en Louisiane et au Texas.

« La grève porte sur deux questions principales », indique Art Wheaton. Il dirige les études sur les conditions de travail et « relations industrielles » à l'université de Cornell (dans l'Etat de New York). « La première porte sur les salaires. La deuxième concerne la technologie. »

Le syndicat a exigé une augmentation de salaire significative pour les dockers au cours des six années de la durée du contrat collectif, ainsi qu'une augmentation des cotisations à leur plan de retraite et un droit de regard sur le rôle de l'automatisation dans leur secteur. Certains rapports indiquent que le syndicat a demandé jusqu'à 77 % d'augmentation de salaire (AP, 18 septembre) ; la proposition la plus récente d'USMX offrait une augmentation de 50%, sur la durée du contrat.

Selon Art Wheaton : « La principale préoccupation des dockers est qu'ils ne veulent pas que des machines automatisées soient chargées de prendre, de déposer et de décharger la cargaison automatiquement. Ils tiennent à ce qu'un opérateur soit présent pour garantir la qualité et la sécurité de leurs opérations, ainsi que la sécurité de l'emploi. »

Les négociations entre l'USMX et l'ILA en vue d'un nouveau contrat ont été interrompues en juin, apparemment à cause de l'utilisation de l'automatisation dans Port of Mobile situé dans l'Etat du Alabama [un port en eau profonde et bien connecté au réseau ferroviaire de CN]. La semaine dernière (fin septembre), l'USMX a déposé une plainte auprès du National Labor Review Board [agence fédérale chargée contrôlant les élections syndicales et les infractions aux règles commises par les syndicats ou les employeurs], affirmant que l'ILA refusait de poursuivre les négociations contractuelles. L'USMX n'a pas répondu à notre demande de commentaire.

Les compagnies maritimes qui composent l'USMX – toutes basées en dehors des Etats-Unis – ont gagné des milliards grâce à l'essor du commerce mondial et du transport maritime, affirme le syndicat, alors que les salaires ont stagné face à l'inflation.

Les dockers de la côte ouest gagnent environ 55 dollars de l'heure, (New York Times 24 septembre 2024) comparés au 39 dollars de l'heure en moyenne pour les travailleurs qualifiés de la côte est et du golfe du Mexique (CNN 1er octobre 2024). Les dockers de la côte ouest ont obtenu une augmentation de salaireimpressionnante lors leur dernier contrat [pour six ans]. Ces derniers appartiennent à un autre syndicat, l'ILWU (International Longshoremen and Warehouse Union). Il est depuis longtemps beaucoup plus radical que l'ILA en termes d'orientation, de revendications et de tactiques, selon Gabe Winant, historien du travail à l'université de Chicago. Les grands succès salariaux des travailleurs organisés dans l'ILWU ont prouvé qu'il était possible d'exiger davantage – et surtout de l'obtenir. Aujourd'hui, l'ILA espère remporter une victoire similaire.

Quelles seront les marchandises concernées ?

Plus de 50% des marchandises importées aux Etats-Unis par des porte-conteneurs entrent par les ports de la côte est et du golfe du Mexique, et près de 70% des exportations par conteneurs sortent par ces ports. Dans l'immédiat, il devrait y avoir peu de pénuries ou d'augmentations de prix sur la plupart des biens de consommation. De nombreuses firmes se sont préparées à la grève. Toutefois, en fonction de la durée de la grève, certains produits périssables pourraient être plus chers ou plus difficiles à trouver.

« Nous avons tous ces produits périssables importés [sur] la côte Est », comme les myrtilles, les bananes et le poisson d'Amérique du Sud, indique Chris Tang, professeur de gestion des filières d'approvisionnement auprès de l'UCLA (Université de Californie à Los Angeles). « Nous importons également des vêtements, des jouets et des produits électroniques via la côte Est. »

L'industrie automobile risque également d'être touchée, car de nombreuses voitures et pièces détachées sont importées d'Europe. Chris Tang souligne : « Il y a encore des stocks disponibles dans les usines automobiles et chez les concessionnaires, donc à court terme, la grève n'a pas d'impact majeur ». Mais si la grève se prolonge pendant des semaines, ces stocks s'épuiseront et les problèmes de réparation automobile pourraient s'aggraver en raison des retards de livraison des pièces détachées.

Outre la grève, d'autres facteurs affectent actuellement le transport maritime mondial, notamment les attaques des Houthis en mer Rouge, qui ont perturbé le transport depuis novembre dernier, ainsi que des conditions météorologiques extrêmes. Le canal de Panama a également été touché indépendamment des grèves ; la voie navigable souffre d'un manque d'eau, ce qui a créé un retard dans le transport maritime.

Art Wheaton ajoute : « Quiconque a essayé d'acheter du papier hygiénique pendant la pandémie de Covid peut vous le dire : notre chaîne d'approvisionnement est fragile, et lorsque vous commencez à vous attaquer aux cargos, au rail et aux semi-remorques, vous êtes fichus. Il est impossible d'acheminer quoi que ce soit. Ajoutez à cela qu'une grande partie de la côte Est vient d'être submergée par les eaux suite l'ouragan (Hélène) qui vient de passer. »

Dans l'ensemble, les consommateurs ne devraient pas trop s'inquiéter de la pénurie de marchandises. Pour l'instant, Chris Tang conseille de ne pas accumuler les produits de peur qu'ils ne disparaissent des rayons, ce qui créerait des pénuries et ferait grimper les prix, indépendamment de la grève.

Une grève à la veille des élections du 5 novembre. Une « complication » pour Biden et Kamala Harris ?

La suite de la grève dépend en grande partie de la rapidité avec laquelle l'ILA et l'USMX parviendront à un accord.

La Loi fédérale donne au Congrès et au président le pouvoir d'interrompre une grève dans certaines circonstances. Dans le cas présent, le président Joe Biden pourrait ordonner le retour des dockers dans les ports pour une durée 80 jours, le temps que l'USMX et l'ILA poursuivent les négociations contractuelles, en vertu des pouvoirs conférés par la loi Taft-Hartley, mais il ne souhaite pas le faire [1].

Chris Tang prévient que cela pourrait changer au fur et à mesure que la grève se prolonge, étant donné qu'elle pourrait se poursuivre jusqu'à l'élection présidentielle.

L'administration Biden devra faire face à « la pression des consommateurs, des détaillants, des fabricants et des compagnies maritimes » pour prendre des mesures et rouvrir les ports, a déclaré M. Tang. Certains regroupements de firmes demandent déjà à M. Biden de renvoyer les membres de l'ILA au travail. Mais Biden a également largement soutenu l'action syndicale, à l'exception de la grève des cheminots de 2022[blocage par le Congrès, sur demande de Biden, en 2022, d'accorder un congé maladie payés de 7 jours pour les travailleurs du rail] et un certain nombre de syndicats contribuent à la campagne de la vice-présidente Harris.

« Je pense qu'en ce moment, le président Biden est soumis à une forte pression », a déclaré Chris Tang. Dans l'idéal, l'administration n'aura pas à agir, l'ILA et l'USMX parvenant à un accord soit de leur propre chef, soit avec l'aide de fonctionnaires du NLR, lors des négociations [2].

« La politique officielle du gouvernement depuis plus de 100 ans est que la meilleure solution est une solution négociée », explique Art Wheaton. L'approche gouvernementale est la suivante « Le syndicat n'obtiendra pas tout ce qu'il veut, la direction de l'USMX de n'obtiendra pas tout ce qu'elle veut, mais il faut se réunir pour des négociations pour voir ce que les deux parties peuvent accepter. » (Article publié sur le site de Vox en date du 2 octobre 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)

Ellen Ioanes travaillait, avant d'écrire pour Vox, auprès de Business Insider


Notes

[1] Selon Politico du 1er octobre 2024 « La Maison Blanche a réaffirmé mardi qu'elle ne contraindrait pas les dockers en grève à reprendre le travail. Elle a insisté sur le fait que l'impact sur les marchandises vitales de l'Amérique serait minime pour l'instant.

La formule clé est “pour l'instant” […] Jusqu'à présent, l'administration Biden s'en tient à son scénario : tenter de réunir le syndicat et l'industrie du transport maritime autour d'une table, surveiller la situation et espérer que le conflit ne s'éternise pas. Cela signifie que le président Joe Biden n'a pas l'intention d'utiliser les pouvoirs conférés par la loi Taft-Hartley de 1947 pour mettre fin à la grève [selon la loi Raft-Hartley, le gouvernement fédéral dispose du droit d'interdire ou d'arrêter une grève qui met en danger la sécurité nationale]. Des groupements d'entreprises comme la Chambre de commerce des Etats-Unis (U.S. Chamber of Commerce) demandent déjà à Biden de faire appel à cette loi, mais cela l'exaspération des syndiqués à quelques semaines des élections. » (Réd.)

[2] Sur le site de l'ILA, en date du 25 septembre, il est proclamé – ce verbe n'est pas exagéré : « L'ILA, le syndicat “I love America”, maintiendra son engagement de longue date d'assurer le fret militaire pendant la grève. Les navires de croisière ne seront non plus pas affectés par la grève du 1er octobre dans les ports de l'Atlantique et du Golfe. » De quoi rassurer l'administration. (Réd.)

Prélude d’un nouvel ordre impérial ? – T. Gordon et J.R. Webber

12 octobre 2024, par Archives Révolutionnaires
Archives Révolutionnaires traduit ici un texte de Todd Gordon et Jeffery R. Webber qui porte sur la configuration actuelle de l’impérialisme, marqué plus que jamais par des (…)

Archives Révolutionnaires traduit ici un texte de Todd Gordon et Jeffery R. Webber qui porte sur la configuration actuelle de l’impérialisme, marqué plus que jamais par des rivalités géopolitiques et commerciales permises par un dégonflement de l’hégémonie américaine. Les auteurs avancent l’argument que la conception d’un super-impérialisme américain, comme puissance incontestée, n’a jamais vraiment permis d’expliquer la subtilité des contradictions qui se jouent dans les relations impériales depuis la Seconde Guerre mondiale. Ils avancent aussi que la catégorie de monopole, centrale pour les conceptions marxistes classiques, possède la même tendance à effacer les rivalités et les contradictions. Selon eux, le primat de la loi de la valeur et du principe de compétition qui lui est intrinsèque est un outil privilégié pour expliquer la nature des États capitalistes. Dans une aire de soi-disant « multipolarité », Gordon et Webber proposent une théorie qui prend en compte la réalité de puissances impérialistes émergentes (Chine, Russie), tout en admettant une hégémonie du capitalisme américain. Si la domination américaine est fragilisée, on ne doit pas non plus déduire un inéluctable passage à la suprématie d’une nouvelle puissance (par exemple chinoise). Même en état de crise, les Empires peuvent durer longtemps.

Todd Gordon et Jeffery Webber sont co-auteurs du livre The Blood of Extraction : Canadian Imperialism in Latin America. Ils sont respectivement professeurs à l’Université Wilfrid Laurier (Waterloo) et à l’Université York (Toronto).


Prélude d’un nouvel ordre impérial ?

Todd Gordon et Jeffery R. Webber
Initialement publié le 26 avril 2024 sur le journal Specter

L’immédiateté de l’invasion russe de l’Ukraine, au côté de l’émergence de la Chine en tant que puissance mondiale potentielle, a modifié le débat sur l’impérialisme. Les théories fondées sur l’intégration croissante du capitalisme mondial sous la domination incontestée des États-Unis sont devenues de plus en plus insoutenables. Cette perspective, illustrée par l’ouvrage de Leo Panitch et Sam Gindin The Making of Global Capitalism, lauréat du prix Deutscher, a joui d’une estime considérable au sein de la gauche au cours des dernières décennies[1]. Entre-temps, le plus récent prestige dont jouissent les célébrations campistes de la multipolarité représente une sorte de miroir déformé des mêmes prémisses d’un impérium américain singulier. Dans ce dernier cas, la différence est que l’imperium est désormais en péril, non pas en raison d’une rivalité inter-impériale, mais plutôt en raison de l’émergence d’un bloc d’États en conflit avec les États-Unis, ces derniers devant, de ce fait, être compris comme des entités anti-impérialistes indépendamment de leur structure sociale ou de leur paysage politique. Malgré leurs analyses contrastées à propos de la force persistante de la suprématie américaine, les deux perspectives convergent progressivement sur le plan politique, comme dans leur apologie commune de l’invasion russe de l’Ukraine, que les deux courants tendent à considérer comme une simple réponse à l’excès de pouvoir des États-Unis.

S’il est plus évident que jamais que le capitalisme mondial est fragmenté par des puissances géopolitiques concurrentes, la vision de la suprématie américaine — même à l’apogée de sa puissance après la guerre froide — en tant que machine bien huilée et exempte de toute contradiction sérieuse n’a jamais vraiment rendu compte de la complexité, du dynamisme ou de l’irrégularité de l’ordre mondial et de ses configurations impérialistes. La domination des États-Unis a souvent été interprétée à tort comme une force omnipotente. Les espoirs de longévité illimitée de l’empire américain se sont naturellement développés à partir des fondements de cette vision du monde. En bref, un moment exceptionnel de prééminence a été confondu avec une nouvelle normalité, occultant le long épisode de l’impérialisme multipolaire dans l’histoire du capitalisme mondial.

Souligner que la thèse de l’unipolarité a toujours obscurci plus qu’elle n’a éclairé n’exige pas de croire en un successeur imminent de la puissance américaine, ni de revenir aux théories de l’impérialisme vieilles d’un siècle, lorsque la rivalité interimpériale était brutalement manifeste, même si nous pouvons continuer d’apprendre sur les débats qui ont émergé au cours de la Deuxième Internationale. Le défi pour les anti-impérialistes du XXIe siècle est d’identifier les forces fondamentales qui animent l’impérialisme capitaliste à travers le temps, tout en restant attentifs aux diverses formes qu’il prend dans les différentes périodes historiques. L’ordre mondial capitaliste est intrinsèquement impérialiste, même si ses hiérarchies et les modalités de la concurrence et de la coopération entre les États sont susceptibles d’évoluer. L’impérialisme ne peut être éliminé par des traités de paix ni transcendé par un marché mondial intégré. La stabilité, la paix et la justice à l’international resteront nécessairement incertaines tant que le capitalisme survivra.

Dans ce qui suit, nous proposons quelques points de départ pour une analyse de la logique impérialiste sous-jacente du capitalisme et de ses formes phénoménales au XXIe siècle.

Le marché mondial

L’histoire du capitalisme montre clairement qu’il possède une dynamique impérialiste qui diffère de la construction d’empires non capitalistes. Ellen Meiksins Wood l’a exprimé de la manière la plus éloquente dans Empire of Capital[2]. Tout comme les seigneurs féodaux dans leurs relations avec les paysans, les empires coloniaux non capitalistes du passé — tels que les empires féodaux portugais et espagnol en Amérique latine entre la fin du XVe et le début du XIXsiècle — ont dominé des territoires et des sujets par la conquête militaire et le pouvoir politique direct ; il s’agissait, en d’autres termes, d’une forme de coercition non marchande qui dépendait principalement de l’exercice du pouvoir politique. Ce que nous considérons aujourd’hui comme deux domaines institutionnellement distincts, le pouvoir économique et le pouvoir politique, étaient couramment fusionnés dans les empires européens non capitalistes. Le pouvoir politique était dévolu au souverain, à l’élite foncière et à la hiérarchie ecclésiastique. Le pouvoir direct et personnalisé qu’ils acquéraient grâce à leur statut politico-religieux était utilisé pour extraire de force les richesses des paysans à l’intérieur du pays et des colonisés à l’étranger.

Par opposition, l’impérialisme capitaliste mature est guidé par les impératifs universels et impersonnels du marché qui régissent la société capitaliste. La richesse productive — c’est-à-dire le capital — est déployée uniquement pour réaliser des profits dans les limites disciplinaires de la concurrence du marché. La survie sur le marché dépend de la capacité des capitalistes, en tant que capital, à augmenter efficacement la productivité en accumulant et en déployant les technologies les plus avancées, en extrayant toujours plus de valeur du travail et en recherchant de nouveaux marchés avec des ressources naturelles à transformer en marchandises, une main-d’œuvre moins chère à exploiter et un plus grand nombre de consommateurs pour acheter leurs marchandises. Le pouvoir d’extraire des richesses du travail et de la terre d’autrui n’est pas, à proprement parler, un acte directement politique, mais le produit de la domination sur le marché. Le fait que les capitalistes soient obligés de piller les richesses naturelles et d’exploiter la main-d’œuvre est lui-même un produit de la contrainte du marché, le fouet de la concurrence.

Malgré les affirmations des théories marxistes orthodoxes du début du XXe siècle, l’impérialisme coexiste avec le capitalisme en tant que tel et n’est pas un sous-produit temporaire d’un « stade monopolistique » particulier dans lequel l’expansion internationale est ostensiblement motivée par un excédent de capital à la recherche de débouchés. L’augmentation de la taille des entreprises concomitante au libéralisme classique de la fin du XIXe siècle ou au néolibéralisme de la fin du XXe siècle, par exemple, n’est pas synonyme de contrôle monopolistique ou de suppression de la concurrence. Les théories du capital monopolistique ont toujours eu une valeur analytique limitée. Le capitalisme recrée systématiquement concurrence et oligopole sous des formes complémentaires. À certains moments d’intenses rivalités entre firmes, des entreprises spécifiques introduisent des formes transitoires de suprématie. Or, celles-ci succombent toujours aux nouvelles batailles concurrentielles menées par les pressions à la baisse sur le taux de profit et la poursuite concurrentielle de l’amélioration de la productivité qui lui est associée.

Il s’ensuit qu’il existe une logique d’expansion géographique au cœur même de l’ordre social capitaliste, enracinée dans les impératifs du marché. « La tendance à créer le marché mondial », affirme Marx, « est directement donnée dans le concept de capital lui-même [3]». En d’autres termes, l’impulsion du capital à transcender les frontières nationales est immanente à un ordre social fondé sur la recherche concurrentielle du profit. L’obligation quotidienne de s’étendre est en outre conditionnée par la volatilité ordinaire du régime capitaliste, de même que les crises systémiques récurrentes du capitalisme entraînent souvent des poussées d’expansion obligatoires. Les contours de l’expansion sur le marché mondial dépendent des limites spatio-temporelles, logistiques et politiques rencontrées par le capital à dans un temps et un lieu donné.

L’occupation coloniale directe de territoires étrangers habités était, par exemple, une caractéristique importante des puissances capitalistes en transition qui émergeaient du féodalisme européen, face au monde non capitaliste au-delà de l’Europe. La domination coloniale directe faisait partie du répertoire de conquêtes appropriées au début du capitalisme expansionniste, étant donné la concurrence intense entre les puissances coloniales européennes naissantes et leurs efforts mutuels pour établir des marchés au-delà de leurs propres frontières nationales, sur lesquels elles pouvaient exercer un accès préférentiel. Mais le contrôle territorial et politique direct des colonies n’a jamais été une fin en soi. Le capital était au contraire poussé à transformer ces sociétés, leurs formes de travail et leurs écologies, en les subordonnant à la logique impersonnelle du marché capitaliste ; la survie des entreprises capitalistes européennes dominantes dépendait de leur capacité à se reproduire par le biais de relations de marché mondiales régies par les capacités de puissances coloniales concurrentes.

Si l’occupation territoriale était la caractéristique principale des empires féodaux, dans le cadre du capitalisme de transition, elle est devenue l’expression politique de la volonté sous-jacente d’expansion et de domination du marché — le résultat, et non la cause, de l’impérialisme capitaliste. Ainsi, la désintégration du colonialisme formel après la Seconde Guerre mondiale dans le sillage de la rébellion anticoloniale n’a pas signifié la fin de l’impérialisme capitaliste. Au contraire, elle représentait, entre autres, un changement de forme rendu possible par des relations capitalistes plus développées à l’échelle mondiale. Cela a entraîné une évolution vers des mécanismes de pouvoir impérial, de subordination et de concurrence plus fortement réfractés par les relations de marché qui englobaient désormais le monde entier. Le régime colonial, qui implique un contrôle et une domination territoriale directe, n’a pas entièrement disparu dans ce nouveau scénario, mais il s’est principalement limité à la dynamique interne des sociétés coloniales de peuplement d’États-nations nominalement souverains et indépendants.

Ainsi, même si chaque machination impérialiste est difficilement réductible à un calcul économique immédiat, les mécanismes de l’impérialisme au XXIe siècle opèrent à travers les forces impersonnelles du marché mondial. Il ne fait guère de doute que dans le monde d’aujourd’hui, la reproduction matérielle de toutes les nations, et donc leurs expressions politiques, est inséparable des forces du marché mondial. Tous les États-nations, même les plus puissants, sont subordonnés de manière différenciée à la loi de la valeur et à ses impératifs. Les régimes réglementaires qu’ils établissent et les modèles de commerce et d’investissement transfrontaliers qu’ils facilitent servent à reproduire ces impératifs. Les phases historiques successives du développement du capitalisme en tant qu’ensemble unifié sont jalonnées des conséquences de cette logique générale qui l’anime.

Appréhender le marché mondial comme un système d’interdépendance mondiale différenciée, plutôt que d’indépendance nationale, est donc un point de départ nécessaire pour comprendre les trajectoires spécifiques des différentes sociétés. À cet égard, l’ordre capitaliste mondial doit être compris comme une totalité en train de naître, au cœur de laquelle se trouve le marché mondial, dont les parties liées entre elles ne peuvent être correctement comprises indépendamment les unes des autres ou de l’ensemble plus vaste qu’elles constituent. Ainsi comprises, les actions impérialistes entreprises par les États dominants pour reproduire leur position dans la hiérarchie des États n’ont guère de sens si elles répondent à un équilibre calculé entre une logique économique du capital et une logique géopolitique de gestion de l’État. L’espace territorial du monde moderne est celui de l’argent mondial. Sa logique opère à l’intérieur de l’État lui-même plutôt que d’agir sur lui de l’extérieur. L’État et le capital, en ce sens, n’adhèrent pas à des logiques distinctes et externes qui ne se résolvent que par des collisions, mais sont au contraire intégrés de manière interne et dialectique dans un processus unique et unifié, plein d’antagonismes et de contradictions.

Ces antagonismes complexes signifient que l’impérialisme capitaliste ne se dispense jamais de recourir à la force coercitive, comme en atteste un simple coup d’œil porté aux journaux d’aujourd’hui. Tout comme la domination du marché doit être imposée localement sur les pauvres et les dépossédés, les États capitalistes et les institutions internationales exercent leur pouvoir à l’échelle mondiale dans le même but. Le pouvoir sur les autres nations et leurs populations est renforcé par la dépendance à l’égard du marché (market dependency). Les pays qui manquent — le plus souvent en tant qu’héritage de leur subordination historique par le biais de la domination coloniale — de capacités à rivaliser sur le marché mondial avec les capitaux plus avancés des pays plus riches restent coincés dans un cycle de faible productivité accompagné de niveaux élevés de pauvreté et d’endettement. C’est précisément pour cette raison que les relations du marché mondial sont intrinsèquement instables et que la force est nécessaire pour garantir les droits de propriété du capital investi à l’international. Les populations récalcitrantes, et parfois leurs gouvernements, doivent être maintenues dans le droit chemin. Parallèlement, la concurrence généralisée entre les États au sein du marché mondial pousse également les États à promouvoir les intérêts d’un groupe de capitalistes contre un autre.

Multiplicité

Souligner l’interdépendance mondiale n’implique pas l’existence présente d’un monde plat, pas plus que l’homogénéisation de la spécificité historique des trajectoires nationales et régionales de développement capitaliste. Le moment et la nature de la transition d’un territoire vers le capitalisme et son insertion dans un marché mondial en constante évolution ont des conséquences considérables. Il importe que le développement soit « précoce » ou « tardif », que l’intégration dans le marché mondial se fasse au sommet ou à la base de la hiérarchie mondiale des États. Il existe une dialectique entre l’universel (le marché mondial) et le particulier (les parties nationales et régionales), l’abstrait (la logique générale du capitalisme mondial) et le concret (les conditions locales spécifiques), qui informe le développement inégal du capitalisme et les expériences distinctes de formations sociales spécifiques.

L’accumulation inégale renforce et soutient un système pluriel d’États et fait ainsi obstacle au type d’architecture internationale du pouvoir étatique que certains libéraux et marxistes imaginaient se développer à l’apogée de la mondialisation. Les processus d’accumulation mondiale du capital se traduisent par des concentrations géographiques d’investissements, de marchés et de main-d’œuvre dans des endroits spécifiques de l’économie mondiale — regroupements de capitaux qui privilégient certaines régions au détriment d’autres et qui tendent à se renforcer au fil du temps. C’est principalement par le biais de ces particularités des sentiers de la dépendance de l’accumulation que les hiérarchies sont reproduites. Si tous les pays sont liés par les impératifs universels du marché, chacun s’y soumet d’une manière propre à sa taille et à sa puissance. Comme les marxistes l’ont affirmé de diverses manières depuis plus d’un siècle, le marché mondial se constitue et se reconstitue, en partie, par la canalisation de la richesse des pays pauvres vers les pays riches, en particulier dans les périodes de crise capitaliste profonde et durable. Conformément à l’unité dialectique de l’État et du capital décrite ci-dessus, la subordination permanente des États plus pauvres et plus faibles n’est jamais un processus strictement « économique », mais la conséquence du pouvoir impérial de l’État dans toutes ses dimensions.

Inégalité

L’inégalité mondiale est également une source essentielle de tension entre différents États impériaux, ainsi qu’entre les États impériaux et les pays en développement tardif qui aspirent à une plus grande puissance. L’impératif omniprésent de l’expansion capitaliste conduit à une intensification de la concurrence pour les marchés, souvent accompagnée d’efforts pour établir des sphères d’influence géopolitiques croissantes. Le développement tardif a une influence particulière sur les modèles de lutte des classes et leur expression dans la politique de « rattrapage » du développement, souvent illustrée par l’application par l’État du développement capitaliste par le haut au moyen d’un pouvoir autoritaire sur les travailleurs et de politiques interventionnistes visant à protéger, à promouvoir ou à contrôler des industries spécifiques. Le développement capitaliste dans une zone géographique du système mondial — y compris l’aspect politique et géopolitique du développement — est nécessairement lié, comme cause ou résultat, au développement d’autres zones.

C’est précisément la raison pour laquelle les théories du capitalisme mondial qui ne prêtent pas attention à la guerre et aux autres manifestations de rivalité — qu’il s’agisse de l’accent mis par William Robinson sur la formation transnationale des classes et des États, de Panitch et Gindin sur l’omnipotence des États-Unis, ou de Michael Hardt et Antonio Negri sur l’Empire — sont en contradiction flagrante avec les caractéristiques définitives de la conjoncture internationale actuelle.

L’inégalité, la tension et le conflit n’impliquent pas l’inévitabilité d’une guerre inter-impériale, ni la justification contemporaine simpliste des théories marxistes classiques de l’impérialisme au tournant du vingtième siècle. Les formes phénoménales du conflit ne sont jamais de simples épiphénomènes qui expriment mécaniquement la dispute féroce de la concurrence capitaliste. En fin de compte, lorsqu’on en vient aux rythmes de la compétition géopolitique dans des cas concrets, ses crescendos et ses nadirs dépendent d’une série de facteurs conjoncturels, tels que l’intensité de la concurrence, les variations de l’équilibre des forces, les enjeux d’un conflit donné et la capacité des institutions internationales à canaliser les tensions loin d’une confrontation militaire directe. Si les antagonismes géopolitiques ont pris des formes et des intensités différentes au cours de la longue histoire de la modernité capitaliste, ils sont toujours restés une caractéristique marquante du paysage et augmentent clairement les sérieuses fractures au sein du système mondial du XXIe siècle. Pour prendre en compte les propriétés émergentes des conflits qui apparaissent aujourd’hui, nous devons éviter de présupposer l’équilibre ou de surestimer les pouvoirs durables d’un ordre libéral ostensiblement intégré. Les investissements et les échanges transfrontaliers, couplés à la propriété multinationale des capitaux, se sont incontestablement approfondis et développés au cours des trois dernières décennies du vingtième siècle. Toutefois, à la suite de la crise de 2008, l’intégration globale a modestement décliné dans tous ces domaines. Il est trop tôt pour déterminer la profondeur et la vitesse de cette trajectoire, mais la direction est suffisamment claire, et elle pourrait bien s’accélérer et prendre une signification plus profonde à mesure que la rivalité entre les États-Unis, la Chine et la Russie s’intensifie.

Quelle que soit la cohérence conceptuelle de l’intégration du marché mondial et de la transnationalisation du capital et des structures étatiques au niveau de la logique capitaliste, la réalité historique est que le capitalisme mondial est né dans un monde de territoires et d’États nationaux, et que quatre siècles de capitalisme n’ont fait que multiplier leur nombre. La persistance des frontières territoriales, le développement économique inégal, la concurrence, l’instabilité et les crises ont en fait renforcé les processus de formation des États nationaux.

Les institutions internationales et régionales qui ont vu le jour dépassent rarement la somme des États nationaux qui les ont créées. Les États nationaux continuent de jouer un rôle fondamental dans la régulation de l’accumulation capitaliste nationale et internationale. Tant que l’État-nation reste un moyen central d’organiser l’accumulation capitaliste mondiale, il faut s’attendre à des conflits, des rivalités et des guerres. L’existence de l’État-nation présuppose que, même avec les investissements et le commerce internationaux, le capital maintiendra un certain enracinement dans des territoires spécifiques définis au niveau national ; le capital, et donc les capitalistes, conservera un certain degré d’identité nationale en fonction de l’endroit où ils sont apparus, de l’endroit où ils ont leur siège et de la manière dont ils sont liés aux institutions nationales.

Une chaîne

Le système mondial actuel est organisé en ce que Lénine appelait une chaîne impérialiste — un continuum de pouvoir qui s’étend de la superpuissance impérialiste aux États qui cherchent à défier la puissance dominante, en passant par les États impérialistes secondaires et les États périphériques. Chacun d’entre eux constitue un maillon d’une chaîne qui est une unité hiérarchique d’interdépendance, de coordination et de conflit économique et politique.

L’élément grossièrement coercitif de la reproduction de la domination américaine coexiste avec un élément plus intangible découlant de la stabilité et des opportunités sélectives que son leadership représente pour les membres positionnés tout au long de la chaîne impérialiste. Et pourtant, la notion d’une suprématie américaine sans friction est un fantasme ; son minimalisme élégant a pour prix de nier les complexités réelles de la concurrence, de la coopération, de l’antagonisme et de la dépendance mutuelle, lesquelles traversent le domaine hasardeux de la politique internationale. Le régime américain est marqué par de multiples symptômes de décomposition interne qui se répercutent sur la projection de son pouvoir à l’étranger. Entre-temps, les actions des États situés plus loin dans la chaîne, y compris les puissances secondaires alliées des États-Unis, n’ont jamais pu être expliquées simplement en référence aux diktats émanant de Washington. Il faut tenir compte des limites de l’action des puissances non hégémoniques et des antagonismes que cette marge de manœuvre entre les différentes puissances peut engendrer, jusqu’aux crises de la domination hégémonique.

Comme l’ont montré un certain nombre d’observateurs, une foule de pays autres que les États-Unis font preuve d’une capacité significative à projeter leur puissance politique, économique et militaire au-delà de leurs frontières. Si certains de ces pays sont alliés aux États-Unis, d’autres ne le sont pas. Dans The City : London and the Global Power of Finance, Tony Norfield développe l’un des seuls cadres sérieux permettant de mesurer systématiquement le poids et l’influence relatifs des différentes puissances capitalistes dans le monde d’aujourd’hui. Norfield propose des preuves empiriques pour remettre en question « l’hypothèse selon laquelle les autres puissances capitalistes ne sont, tout au plus, que des complices mineurs des plans américains, ignorant comment leurs propres intérêts sont également promus par leurs actions [4]». Mais, quelle que soit la manière dont on évalue les gradations de pouvoir entre les maillons de la chaîne impérialiste, les intérêts et les actions de nombreux pays ne peuvent manifestement pas être facilement réduits à la fantaisie des États-Unis. L’initiative chinoise de la « Nouvelle route de la soie », la militarisation de la mer de Chine méridionale, les dépenses de défense globales et la croissance calculée en tant que nation créancière des pays plus pauvres sont parmi les indicateurs les plus évidents des limites de la puissance américaine. De même, les interventions de la Russie en Géorgie, en Syrie, au Kazakhstan et en Ukraine représentent des efforts audacieux pour promouvoir l’intégration économique régionale et affirmer un pouvoir hors de portée de la domination américaine. Mais toutes les preuves d’intérêts et de capacité indépendants n’apparaissent pas comme un affront audacieux à la puissance américaine. Même l’imposition hostile d’un pouvoir impérial sur des États plus faibles du Sud par des alliés américains étroitement intégrés comme le Canada ou l’Australie est souvent irréductible à l’orientation stratégique des États-Unis.

Race et nation

Le nationalisme et le racisme imprègnent et renforcent les autres dimensions de l’impérialisme évoquées dans les sections précédentes. Le caractère auto-expansionniste du capital — son besoin et sa capacité à transcender les frontières nationales dans la poursuite de la rentabilité — n’implique nullement que les processus historiques concrets permettant sa mobilité soient purement économiques. Notre conception de l’unité dialectique de l’État et du capital exclut la possibilité d’une double logique, c’est-à-dire l’idée d’une expansion capitaliste isolée d’une gestion prétendument autonome des intérêts territoriaux par l’État. Le pouvoir politique et l’hégémonie bourgeoise sont nécessaires pour reproduire les relations sociales capitalistes au niveau de l’État-nation. De même, l’internationalisation du capital nécessite un pouvoir et une intervention politiques. L’intervention récurrente de l’État et la reproduction de la domination bourgeoise à ces échelles nécessitent une certaine forme de légitimation idéologique. Le recours au racisme s’est avéré être un moyen idéologique important pour justifier la domination impériale. « De nombreux moments clés décrits par les marxistes comme motivés par l’expansion capitaliste », observe Robert Knox, « étaient également imprégnés de racisme [5]».

Le nationalisme dans les États dominants du système-monde a souvent été lié au racisme. Comme le souligne Knox, une partie du problème de la plupart des travaux marxistes actuels sur l’impérialisme réside dans la séparation rigide entre la race et la valeur capitaliste, au lieu de les considérer comme des éléments co-constitutifs de l’expansion capitaliste, à la fois dans l’histoire et dans le présent. Le plus frappant est que « l’impérialisme s’est largement caractérisé par l’expansion d’États européens blancs dans des sociétés non blanches et non européennes et leur subordination » et que « la division contemporaine du travail a largement reflété ces schémas historiques ». S’inspirant de Frantz Fanon, Knox souligne la façon dont la race et la valeur sont entrelacées dans les moments historiques constitutifs de l’impérialisme capitaliste.

[…] à chaque moment du processus d’accumulation du capital, la race est centrale. La race entre d’abord en scène pour justifier la dépossession des habitants autochtones et légitimer le transfert de valeur depuis la périphérie. Les profondes transformations sociales nécessaires à l’expansion de l’accumulation capitaliste sont articulées en termes de catégorisations raciales. Enfin, ces catégories raciales jouent un rôle crucial dans la gouvernance des territoires périphériques et dans l’endiguement de la résistance aux processus d’accumulation capitaliste.[6]

La race n’est pas une caractéristique d’une période initiale de l’histoire coloniale qui est ensuite transcendée par l’accumulation capitaliste sans distinction de couleur. Au contraire, la race se manifeste continuellement à travers les principaux axes de l’impérialisme contemporain — un impérialisme largement mené sans colonies. « Le fait que le journal phare de l’empire américain moderne, Foreign Affairs, ait évolué à partir du Journal of Race Development, dont le titre est révélateur, suggère », soulignent Elizabeth Esch et David Roediger, « que peu d’architectes de l’empire américain ont fait leur travail en dehors d’un cadre racial [7]». Comme l’affirme Knox, le racisme continue de figurer dans la rhétorique de bonne gouvernance des institutions financières internationales telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, dans la mesure où leur langage s’appuie sur des stéréotypes racistes des populations paresseuses et corrompues des sociétés périphériques. Lorsque l’aide conditionnelle est divisée, retenue et policée, la race fournit des outils linguistiques utiles pour construire les histoires des pauvres méritants et non méritants. Il en va de même pour le bras armé du pouvoir impérial. Les interventions militaires de l’époque contemporaine s’appuient sur des reproductions rénovées de tropes coloniaux standard concernant la sauvagerie ostensible des sociétés non européennes. Les renouvellements n’ont pas toujours besoin d’être approfondis — « barbare » est un refrain constant, par exemple, dans les apologies libérales de Michael Ignatieff de la guerre d’Irak de 2003. Un travail idéologique similaire est effectué sous la bannière de l’humanitarisme, où les codes raciaux prédominent, comme l’illustre le ciblage exclusif des pays africains par la Cour pénale internationale.

Horizons

L’organisation impérialiste du monde est dynamique, un mélange instable de coopération et de concurrence, de frictions et de contradictions. Des puissances se dressent, de nouvelles menacent d’émerger et d’autres, plus anciennes, sont confrontées à un déclin potentiel. Certains moments historiques peuvent accélérer ces processus et approfondir les lignes de fracture existantes, ouvrant la voie à des transformations majeures.

Les futurs étudiants en politique mondiale considéreront probablement la crise capitaliste mondiale de 2008 et la période de stagnation prolongée qui en a résulté comme l’un de ces moments. Toutes les périodes précédentes de crise profonde et prolongée du capitalisme ont transformé l’ordre géopolitique. La Grande Dépression des années 1870-1890 a intensifié la course aux possessions coloniales et a culminé avec la Première Guerre mondiale. La Grande Dépression des années 1930 a finalement conduit — après la défaite de l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale — à la consolidation de l’hégémonie américaine dans la période d’après-guerre, à la vague de luttes anticoloniales couronnées de succès et au déclin des puissances européennes. La crise des années 1970 a ouvert la voie à l’ère néolibérale, avec, entre autres, l’essor industriel de la Chine, l’effondrement de l’Union soviétique et la fin de la guerre froide.

De même que la rivalité entre grandes puissances a précédé la première Grande Dépression et que les origines de la montée en puissance des États-Unis se situent avant la Seconde Guerre mondiale, les caractéristiques centrales de la conjoncture impériale actuelle — le déclin relatif de la domination américaine, l’émergence de la Chine en tant que puissance régionale et mondiale potentielle, et l’affirmation croissante de la Russie dans sa sphère d’influence — sont toutes des phénomènes qui ont commencé avant 2008. Mais la volatilité libérée par 2008 — la destruction du capital aux États-Unis, en Europe et en Russie, le quasi-effondrement des systèmes bancaires, les défauts de paiement de la dette souveraine en Grèce et ailleurs, une décennie et demie d’investissements et de croissance anémiques, et la capacité de la Chine à atténuer certains des pires impacts de la crise et de la stagnation qui s’en est suivi — ne pouvait que transformer le paysage mondial.

Les États-Unis restent l’État impérialiste dominant dans le monde, mais l’ordre mondial est en pleine reconfiguration. La compétitivité internationale du capital manufacturier américain s’affaiblit.

Le rôle du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale commence à décliner. La puissance américaine n’a pas été en mesure d’intégrer la Chine dans le système mondial selon ses propres termes. L’Irak et l’Afghanistan ont clairement montré les limites de la guerre américaine en tant que moyen de leadership. La Chine a profité de ce moment pour renforcer son influence économique, politique et militaire de manière régionale et au-delà. Elle a développé des multinationales championnes pour concurrencer ses homologues américaines et européennes. Elle s’est assuré l’accès aux matières premières des pays plus faibles pour alimenter sa croissance industrielle et de haute technologie, tout en enfermant ces pays dans de nouvelles relations d’endettement. Elle maintient sa domination globale dans l’industrie des minéraux critiques. Le budget de la défense de la Chine a augmenté rapidement et pourrait dépasser les estimations américaines habituelles. Elle est désormais capable d’affirmer sa prédominance militaire dans la mer de Chine méridionale. Si, hormis ses capacités nucléaires, la Russie n’est ni une grande puissance ni une puissance émergente, elle a elle aussi saisi l’occasion offerte par les instabilités de l’hégémonie américaine et les recettes d’exportation provenant de la dépendance de l’Union européenne à l’égard de son pétrole et de son gaz pour réaffirmer ses prétentions sur une sphère d’influence qui remonte à l’empire russe d’avant l’ère soviétique.

Si nous voulons ne serait-ce que commencer à comprendre les transformations actuelles de l’impérialisme, nous ne pouvons pas nous en tenir aux idées reçues. Nous avons besoin d’un cadre théorique ouvert et dialectique. Nous devrons être attentifs aux nouveaux développements qui suggèrent une multipolarisation. En même temps, nous ne devons pas prétendre que la montée en puissance d’une ou plusieurs puissances entraîne nécessairement le déclin sans fin d’une autre. Si la situation mondiale dynamique actuelle se transforme en un ordre international relativement stable et reconfiguré, il est très peu probable qu’il s’agisse d’une simple répétition de l’hégémonie américaine contestée de l’après-Seconde Guerre mondiale ou du début du vingtième siècle, marqué par la rivalité classique entre les puissances. Si nous espérons garder nos repères, nous pourrions faire pire que de prêter attention à l’expansion incessante du capital sur le marché mondial, aux capacités durables de l’État-nation dans toute sa multiplicité, aux contradictions de l’accumulation inégale, au renforcement et à l’affaiblissement des maillons de la chaîne impérialiste, et à la férocité du nationalisme et du racisme qui sous-tend tout cela.

Texte traduit de l’anglais par Nathan Brullemans

Notes

[1] Leo Panitch and Sam Gindin, The Making of Global Capitalism: The Political Economy of American Empire (New York: Verso, 2012).

[2] Ellen Meiksins Wood, Empire of Capital (New York: Verso, 2005).

[3] Karl Marx, Grundrisse: Foundations of the Critique of Political Economy (New York: Penguin, 1993).

[4] Tony Norfield, The City: London and the Global Power of Finance (London: Verso, 2017).

[5] Robert Knox, “Valuing Race? Stretched Marxism and the Logic of Imperialism,” London Review of International Law, 4, no. 1 (2016): 28.

[6] Knox, “Valuing Race?” 28.

[7] Elizabeth Esch and David Roediger, “‘One Symptom of Originality’: Race and the Management of Labor in US History” in David Roediger, Class, Race and Marxism, (London: Verso, 2017), 143.

#16OCT24 – Journée internationale d’action pour la souveraineté alimentaire des peuples et contre les multinationales

12 octobre 2024, par Vía Campesina — ,
BAGNOLET, le 1er octobre 2024. Nous, la paysannerie mondiale, rassemblant des peuples ruraux divers, des communautés autochtones et migrantes, des femmes et des enfants du (…)

BAGNOLET, le 1er octobre 2024. Nous, la paysannerie mondiale, rassemblant des peuples ruraux divers, des communautés autochtones et migrantes, des femmes et des enfants du monde rural, des pêcheur·euses, des berger·ères, ainsi que tous les autres petit·es producteur·rices alimentaires, nous unissons de nouveau nos voix pour faire entendre nos luttes pour la souveraineté alimentaire de nos peuples.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/11/16oct24-journee-internationale-daction-pour-la-souverainete-alimentaire-des-peuples-et-contre-les-multinationales/

Chaque jour, le monde se réveille face à de nouvelles dégradations environnementale dans diverses régions. Pendant ce temps, un tout petit nombre d'actionnaires de multinationales continue de tirer profit des crises que ces mêmes multinationales ont générées. La vie est constamment menacée, et de nombreuses politiques publiques sont vidées de droits fondamentaux tels que la santé, le logement et l'alimentation, ainsi que des droits collectifs et paysans. Cela a conduit à la détérioration de la justice sociale et à la monopolisation des biens communs.

La paysannerie mondiale, ainsi que d'autres populations vulnérables, subissent une dépossession constante de leurs moyens de subsistance et de survie. En plus de cela, la guerre, les occupations et les opérations militaires continuent de détruire la biodiversité et la souveraineté alimentaire, tout en semant la terreur et en fauchant des vies dans plusieurs régions comme la Palestine, le Liban, le Soudan, le Yémen et Haïti. La criminalisation et l'oppression des luttes pour la terre et les territoires continuent de coûter la vie à des activistes, comme on le voit dans des pays tels que le Honduras, les Philippines, la Colombie et le Brésil, pour n'en citer que quelques-uns.

Le réchauffement climatique, principalement causé par l'agrobusiness, l'extractivisme et l'exploitation minière, aggrave ces crises et met en danger le droit à l'alimentation de nos peuples. Plus de deux milliards de personnes – soit près d'un tiers de la population mondiale – peinent à accéder régulièrement à une alimentation adéquate. La faim et l'insécurité alimentaire sévère touchent aujourd'hui 864 millions de personnes, en particulier les enfants et les femmes. La malnutrition est une réalité pour beaucoup, et de plus en plus de pays signalent une hausse de ce fléau.

Alors, que faire dans un monde en proie à une crise systémique ?

De la paysannerie mondiale et du mouvement mondial pour la souveraineté alimentaire, nous croyons fermement en la nécessité d'une transformation systémique qui protège notre relation symbiotique avec Terre. Seule une telle transformation peut garantir la justice sociale, la paix, et une réforme agraire globale, afin que nous puissions vivre avec dignité, sans pauvreté ni faim.

Pour commencer, nous EXIGEONS une transition agroécologique qui préserve les systèmes alimentaires locaux et promeut un nouveau cadre commercial basé sur les principes de la souveraineté alimentaire.

Nous AVONS URGEMMENT BESOIN de politiques publiques qui soutiennent et mettent en œuvre une telle transition, en priorisant les modèles de production paysanne, les économies sociales et solidaires.

Nous EXIGEONS également la protection des paysan·nes et des défenseur·euses des droits humains de nos territoires contre la violence , la stigmatisation et la criminalisation. Ceci passe par la mise en œuvre de la déclaration des Nations unies sur les droits des paysan·nes et autres personnes travaillant dans le monde rural (UNDROP) ainsi que par d'autres actions protégeant et revendiquant le rôle de ces personnes.

Les politiques agricoles dictées par les multinationales aggravent uniquement la crise climatique, et l'accent mis sur les produits agricoles importés entraîne un désespoir croissant parmi la paysannerie.

Nous EXIGEONS des mesures pour freiner le pouvoir croissant des multinationales dans les espaces politiques de nos pays et dans les forums multilatéraux.

Nous APPELONS à un traité contraignant de l'ONU pour réguler les entreprises transnationales ETN), mettre fin aux violations des droits humains, mettre fin à l'impunité des entreprises multinationales, et garantir l'accès à la justice pour les communautés affectées, en conformité avec l'UNDROP et d'autres instruments juridiques.

Il est urgent d'établir un système de réponse au changement climatique qui RECONNAISSE la paysannerie comme un acteur clé, en particulier les femmes paysannes. Cependant, dans de nombreux pays et cultures, les femmes paysannes et les diversités manquent encore de reconnaissance légale. Il est essentiel de modifier les lois et les politiques publiques pour garantir les droits de propriété, en reconnaissant leur rôle historique dans l'agriculture.

Pour toutes ces raisons, en ce 16 octobre 2024, Journée internationale d'action pour la souveraineté alimentaire des peuples et contre les entreprises transnationales, nous appelons nos organisations régionales et locales, allié·es, mouvements sociaux et collectifs à se mobiliser ensemble en défense de la vie, d'une alimentation saine et souveraine pour les peuples, et des droits de millions de paysan·nes.

Nous demandons d'autres politiques publiques pour que les populations ne soient plus dépendantes des produits agricoles importés émetteurs de carbone et d'un type d'agriculture dominé par les multinationales de l'agroalimentaire. Nous avons besoin d'une agriculture durable basée sur la souveraineté alimentaire, c'est pourquoi les réformes agraires, comme le prévoit l'UNDROP, sont essentielles.

Une délégation mondiale représentant nos organisations membres participera à diverses activités, comme les mobilisations pour défendre la biodiversité lors de la COP16 à Cali, en Colombie, les sessions marquant la Décennie de l'Agriculture Familiale à Rome, la Session Plénière du Comité de la Sécurité Alimentaire Mondiale, etc. Nous rejoindrons également et soutiendrons les préparatifs du troisième Forum Mondial Nyeleni sur la souveraineté alimentaire, la justice globale et le changement systémique prévu pour 2025. Nous vous appelons à vous joindre à ces mobilisations et activités, à nous soutenir et à amplifier nos voix.

Pour la biodiversité et la souveraineté alimentaire. Mettons fin à l'impunité des multinationales et leur emprise sur nos territoires !

https://viacampesina.org/fr/16oct24-journee-internationale-daction-pour-la-souverainete-alimentaire-des-peuples-et-contre-les-multinationales/

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Les modifications proposées aux statuts de Québec solidaire pour le prochain congrès n'ont rien d'un nettoyage cosmétique. Elles vont déboucher, si jamais elles sont adoptées, sur un affaiblissement de la démocratie délibérative et nous mener à une démocratie plébiscitaire. Des amendements proposent l'utilisation du suffrage universel pour l'élection à des postes de responsabilité et l'utilisation de référendums pour trancher des débats politiques. Ces propositions relèvent d'une démocratie plébiscitaire. Des propositions sont marquées par le retour des notions de chef, la disparition ou l'affaiblissement d'instances ou par la diminution des pouvoirs du congrès ou des assemblées générales dans le fonctionnement du parti. C'est un fonctionnement verticaliste qui se profile. Ceci ne mènera pas au renforcement de l'engagement politique des membres ni à l'intensification de son rayonnement.

1. Affaiblir des prérogatives du congrès

Plusieurs amendements visent à affaiblir le pouvoir du congrès de Québec solidaire. L'élection au suffrage universel des porte-paroles et de la présidence constitue un recul du pouvoir attribué au congrès du parti.

La légitimité démocratique ne découle pas seulement de la simple expression des volontés individuelles, mais de leur co-construction dans la discussion. Cela est également vrai pour les élections. L'élection au suffrage universel ne peut que saper la démocratie délibérative en niant l'importance et la pertinence de la confrontation des idées à partir de débats concrets. Les personnes qui ne participent pas à ces débats n'ont pour guider leur choix que la notoriété de celles qui se présentent à une élection pour un poste. D'autre part, en introduisant des postes de responsabilité accordés par suffrage universel, alors que d'autres postes sont accordés par le vote des délégué-es, ces amendements aux statuts introduisent une double légitimité chez les personnes élues, et donc des inégalités de prestige et de statut entre elles. [1]

L'élection d'un chef ou d'une cheffe à partir des obligations imposées par la loi électorale ouvre la porte au retour du chef. Cette proposition est essentiellement motivée par des raisons économiques. Une élection de ce type permettrait de mener une vraie course à la chefferie, pouvant faire l'objet d'un financement. Le texte qui motive cette proposition se veut d'ailleurs rassurant, en prétendant que ce chef n'aura que des fonctions administratives. Mais cela ne sera considéré ainsi ni par les grands médias ni par les autres partis politiques. Ce type de fonctionnement conduira inévitablement à la rupture avec un fonctionnement qui est basé sur des préoccupations démocratiques et féministes, celles de porte-parole élu-es (une femme et un homme) par les délégué-es à un congrès. La notion de chef (au masculin) qui structure les partis politiques traditionnels comme partis patriarcaux ne doit pas faire un retour en force dans la pratique de QS. Les difficultés connues cette dernière année auraient dû être une leçon importante à cet égard.

Il en va de même de l'élection de la personne porte-parole candidate au poste de premier ou première ministre. La participation aux débats des chefs est une chose. L'élection d'un premier ou d'une première ministre en est une autre, d'autant plus que nous favorisons, si nous utilisons ce langage, une dynamique de centralisation du pouvoir dans le parti et nous taisons le fait que nous rejetons la centralisation actuelle des pouvoirs dans les mains d'un premier ministre. Notre démarche de constituante vise d'ailleurs à redéfinir nos institutions pour mettre fin à ce type de centralisation des pouvoirs.

2. Les référendums, utilisés comme moyens de trancher les débats

La tenue d'un vote des membres pour trancher des débats importants place la procédure d'un référendum sur le même pied que l'instance que représente le congrès. Il est d'ailleurs prévu que le congrès du parti ne pourra pas renverser une position adoptée par référendum à moins d'un vote des deux tiers.

Pour le comité des statuts, le référendum interne permet à l'ensemble des membres de se prononcer sur une question précise. Un référendum pourrait être lancé par décision du congrès ou du Conseil national, par des décisions du Comité de coordination national ou par une pétition portée par une association locale et signée par 5 % des membres en règle.

Qu'un congrès décide de tenir un référendum, dans des circonstances particulières et à des fins d'information, c'est une chose, mais en faire un mode de résolution des débats dans le parti en est une autre.

Un référendum peut conduire à éviter ou à contourner une assemblée générale délibérative. Il ne permet pas de débattre de manière approfondie des enjeux entourant une décision politique, de soupeser réellement les options alternatives à partir d'échanges concrets et d'enrichir par des amendements ou par des textes alternatifs des éléments pouvant éclairer la décision des membres impliqués concrètement dans les débats. De plus, les personnes qui n'ont pas participé aux débats peuvent ne pas avoir une véritable compréhension des enjeux reliés à ces débats.

La réponse binaire (voir les deux options proposées lors de la tenue d'un référendum) peut rendre dangereusement vaseuse et incompréhensible une décision à laquelle on aura agrégé une série de propositions contradictoires. C'est pourquoi le référendum constitue une dangereuse remise en question de la démocratie délibérative. Un tel fonctionnement ne conduirait pas à une amélioration de la démocratie, au contraire. Il peut rendre le parti vulnérable à des opérations extérieures puisqu'il ne s'agirait que de devenir membres pour avoir un poids sur les débats internes sans pour autant participer à ces débats.

3. Mettre en place un Conseil national moins représentatif du parti dans son ensemble réduira la richesse des débats politiques au sein du parti.

La mise en place d'un Conseil national qui ne serait pas composé d'une délégation reflétant le nombre de membres des associations locales mais bien plutôt de deux personnes déléguées par association de circonscription, et ce quelle que soit son importance, est dangereuse à plusieurs égards. On justifie cette proposition en arguant que cette délégation non proportionnelle permettrait de réduire l'importance numérique de l'instance tout en renforçant le poids des régions dans le Conseil national.

Un véritable fonctionnement démocratique impliquerait de ne pas écarter les positions minoritaires mais au contraire de leur permettre de s'exprimer car elles peuvent refléter des expériences distinctes de différents secteurs du parti et de différentes implantations sociales. Un Conseil national (CN) plus petit et ne tenant aucun compte de l'importance de l'implantation des associations locales risque de devenir un CN homogène, ne permettant pas de refléter les différentes orientations présentes dans le parti et donc infirmant la pertinence des débats et des décisions qui en découlent. Si on veut renforcer les représentations régionales, on pourra penser à une représentation proportionnelle modulée régionalement, qui permettrait à la fois d'alléger l'instance tout en tenant compte de la sous-représentation des régions hors des grandes régions urbaines.

4 Abolir des associations régionales pour une Concertation régionale volontaire des associations qui le veulent bien

L'abolition des associations régionales fait disparaître une assemblée générale des membres au niveau régional au profit de Comités de concertation régionaux. Ces derniers seraient le produit des associations qui veulent organiser cette concertation. D'ailleurs, cette Concertation régionale regrouperait des représentant-es des associations locales et une représentante régionale à la Commission nationale des femmes.

Nous croyons qu'il faut maintenir les associations régionales tout en précisant leurs missions. Pourquoi ? Les associations régionales ne sont pas seulement une instance regroupant les membres qui ne font pas partie d'une association locale. C'est une instance qui permet, par son assemblée générale et les débats qui y ont cours, de saisir les problématiques régionales, d'élaborer des analyses et des perspectives pour faire face aux dynamiques régionales et d'aider à construire le parti dans les divers mouvements sociaux des différentes régions. Que ce soit en ce qui concerne les services publics (école, santé, transports publics, questions environnementales, etc.) ou autrement, les problématiques régionales abondent et ne peuvent être appréhendées sur la seule base des associations locales. Des campagnes régionales peuvent être élaborées pour que le parti puisse donner des réponses concrètes à ces problèmes. Si on limite les associations régionales à organiser les membres non organisés dans une région, on passe à côté de la pertinence d'une association régionale et on ne permet pas son développement.

Se contenter d'une concertation large qui ne devra son existence qu'au bon vouloir des associations locales ne saurait être une réponse souhaitable. À l'heure où le parti parle d'implantation dans les régions, la centralisation des initiatives au niveau national et l'élimination d'une assemblée générale des membres dans les différentes régions ne peuvent conduire qu'à un évitement des particularités dont il faut pourtant se saisir pour implanter le parti. Une certaine décentralisation permettant le développement des capacités d'initiative et d'autonomie des régions est essentielle.

5. La fusion des Réseaux militants [2] avec les commissions thématiques, dans les Comités d'action politique (CAD), est un exemple de fausse piste.

Fusionner les réseaux militants visant la mobilisation des membres appartenant à différents mouvements sociaux et ayant une volonté de construire des bases dans les différentes régions du Québec avec des instances d'élaboration n'ayant que des pouvoirs de recommandation et les encadrer par la commission politique, c'est rejeter des structures ayant la volonté de construire le parti de la rue. Leur formation origine de la volonté des militant-es de QS dans différents mouvements sociaux.

D'autre part, la fusion de 4 réseaux militants avec 14 commissions thématiques reste mal définie. C'est ce qui amène le Comité de coordination national à « proposer de créer une politique pour détailler le nombre et les noms des futurs comités d'action politique, ainsi que leur interaction avec et au sein de la Commission politique. »

La fusion des commissions thématiques avec les réseaux militants n'aidera pas à régler les difficultés actuelles des commissions thématiques. Il faudrait plutôt redéfinir le rôle des commissions thématiques dont le travail était dédié à l'élaboration du programme du parti. Il faut maintenant que ces commissions thématiques se voient confier le mandat d'analyser différents enjeux sociaux, d'accumuler de l'expertise à cet égard. Mais elles peuvent également rechercher des témoignages auprès des militant-es de mouvements sociaux particuliers pour renforcer les sensibilités des membres du parti à ce qui est vécu dans les mouvements ayant un potentiel antisystémique.

La fonction spécifique des réseaux militants est de développer le travail du parti dans les mouvements sociaux. L'important, pour la construction des réseaux, c'est d'être un lieu de regroupement des militant-es de QS dans des structures militantes qui ne doivent pas seulement se construire au niveau national, mais chercher également à s'enraciner dans les différentes régions du Québec.

6. Une profusion d'autres propositions sont aussi soumises à l'attention des membres

Nombre d'autres enjeux seraient à discuter : la place accordée à la formation des membres et de son organisation dans le parti, notamment. La proposition d'une École solidaire qui se réunirait une fois par année et où le Congrès ne siégerait pas est pour le moins rachitique et ne constitue en rien une perspective de prise en charge véritable de la formation dans un parti qui se veut militant. Le rapport du parti avec l'aile parlementaire mériterait également des développements importants. La question des liens que doit établir un parti de gauche avec les partis et organisations sociales sur le plan international est également absente des propositions.

Enfin, il est nécessaire de rappeler que l'on a offert aux militant-es du parti un texte dépassant les 100 pages. Le cahier de synthèse risque d'être plus volumineux encore. Le temps de discussion attribué pour les mutations proposées dans le fonctionnement de Québec solidaire est certes trop court. Mais face aux enjeux importants soulevés par ces débats, il ne faut pas en minimiser l'importance et comprendre qu'il pourrait s'agir d'un tournant important dans la vie démocratique de Québec solidaire.

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[1] Pour approfondir la question, voir L'art de la délibération, in Réinventer la démocratie, Jonathan Durand Folco, Les Presses de l'Université d'Ottawa 2023

[2] Réseau militant intersyndical, Réseau militant écologiste, Réseau de solidarité internationale, Réseau jeune…

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In an anarchist society, the absence of centralized state authority will permit a radically new integration of nature, labour and culture. As the social and ecological (…)

In an anarchist society, the absence of centralized state authority will permit a radically new integration of nature, labour and culture. As the social and ecological revolution progresses, national boundaries will become cartographical curiosities, and divisions based upon differences in (…)

Le politique, le Code criminel et la prison

8 octobre 2024, par Ligue des droits et libertés

Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2024

Le politique, le Code criminel et la prison

Jean Claude Bernheim, criminologue et membre du comité de rédaction de la revue et du comité Enjeux carcéraux et droits des personnes en détention de la Ligue des droits et libertés Il est commun de dire que tout est politique. En ce qui concerne certains faits et gestes, LE politique est incontournable. En effet, dans un État de droit, la criminalisation de certains comportements, choisis parmi d’autres, implique qu’ils doivent être inscrits dans la loi pour être considérés comme des crimes. C’est ce qui prévaut dans le Code criminel. Examinons tout d’abord le vol. L’article 322 (1) prévoit que « Commet un vol quiconque prend frauduleusement et sans apparence de droit, ou détourne à son propre usage ou à l’usage d’une autre personne, frauduleusement et sans apparence de droit, une chose quelconque, animée ou inanimée …». C’est simple, clair et facile à comprendre. [caption id="attachment_19976" align="alignleft" width="448"] Renaissance par JL | Projet Société Elizabeth Fry 2024.[/caption] L’article 334 concerne les sanctions possibles et établit que « sauf disposition contraire des lois, quiconque commet un vol » sera condamné à une amende ou un emprisonnement, ou les deux, accompagné probablement d’un casier judiciaire. Cela nous permet de comprendre que le vol à l’étalage constitue un crime alors que la publicité trompeuse, le miroir du vol à l’étalage, est gérée par une autre loi, ce qui évite la criminalisation des personnes qui ont rédigé et diffusé la publicité incriminée, ainsi que des personnes qui en ont tiré profit. C’est pourquoi des voleuses et voleurs à l’étalage se retrouvent en prison et les propriétaires de commerces n’y sont pas. Il en est de même pour les fraudes sur la TVQ et la TPS, qui sont prises en compte par d’autres lois que le Code criminel. Cette discrimination étant inscrite dans le Code criminel, les policier-ère-s, les procureur-e-s de la Couronne et les juges, dans l’application de leur mandat, seront appelés à intervenir lors de vols à l’étalage auprès de personnes généralement marginalisées, précaires ou jeunes, mais jamais auprès de commerçant-e-s voleurs. Confrontés à un seul type de voleur, l’image d’une société compartimentée ne peut que s’imposer, et ainsi conforter la pratique du profilage social. [caption id="attachment_19977" align="alignright" width="448"] Renaissance par JL | Projet Société Elizabeth Fry 2024.[/caption] Face à la méconnaissance du système de justice pénale et criminelle par la majorité de la population, il est impérieux de se pencher sur le contenu du Code criminel. Cette loi détermine l’intervention de la police, des procureur-e-s de la Couronne, des tribunaux, des institutions de la gestion des peines. Elle prévoit également les conséquences du casier judiciaire, qui affectent essentiellement des pauvres, des sans-pouvoir, des Autochtones, de personnes racisées, puisqu’il est exceptionnel que des médecins, des ingénieur-e-s, des avocat-e-s et des politicien-ne-s, entre autres, soient poursuivi-e-s en vertu du Code criminel. On peut difficilement mettre en doute que, dans les prisons et les pénitenciers, rares sont celles et ceux qui viennent de groupes sociaux dits de la classe moyenne ou supérieure. Cette observation empirique mérite d’être prise en compte, et surtout d’être expliquée. Cela n’a encore jamais été vraiment fait, alors qu’une dimension importante de ce dossier est soulevée, celle du profilage social et de la discrimination systémique. On pourrait citer d’autres comportements, comme la corruption, pour démontrer que les corporations professionnelles sont là d’abord et avant tout pour protéger leurs membres et éviter la criminalisation de leurs comportements par le biais de leur syndic et de leur comité de discipline. Ces organisations se substituent ainsi au processus de criminalisation de comportements qui relèveraient autrement du droit criminel. Ainsi, les député-e-s, tant fédéraux que provinciaux, adoptent des « dispositions contraires des lois » en créant des «tribunaux d’exception» pour ces professionnel-le-s, tels que les Comités de discipline des ordres professionnels. Pour paraphraser ironiquement le philosophe anglais Bertrand Russell (1872-1970), avançons que les hommes puissants sont toujours vertueux et les faibles toujours méchants. En 1970, le Parlement a créé la Commission de réforme du droit du Canada (CRDC). Dans son programme de recherches, publié en mars 1972, la CRDC estimait que « le rôle du droit pénal est objet de confusion et de controverse. Les objectifs du droit pénal feront donc l’objet d’une étude constante en fonction de l’évolution de la société canadienne. Au terme de cette discussion, nous devrions pouvoir énoncer succinctement les objectifs du droit pénal et en faire le préambule d’un nouveau code ». Ce souhait n’a jamais été exaucé.
Confrontés à un seul type de voleur, l’image d’une société compartimentée ne peut que s’imposer, et ainsi conforter la pratique du profilage social.
Dans l’introduction de son point de vue sur Le droit pénal dans la société canadienne, sans remettre en question les fondements du système de justice criminelle, Mᵉ Jean Chrétien, alors ministre fédéral de la Justice, posait, en 1982, quelques questions que l’on peut considérer encore aujourd’hui comme d’une grande actualité, bien qu’elles seraient assurément formulées autrement.

« Doit-on régler les querelles domestiques1, qui souvent comportent des actes de violence ou des menaces, en portant des accusations criminelles ou doit-on essayer de réconcilier les parties grâce à la médiation des organismes de services sociaux ? Doit-on criminaliser les infractions dites “sans victimes” ou “consensuelles” comme l’usage abusif des drogues, la prostitution, les jeux de hasard et la pornographie ? Doit-on soumettre les infractions mineures contre les biens au processus ordinaire du système pénal même si le contrevenant est disposé à indemniser la victime ? Doit-on considérer une personne morale comme criminelle si, au lieu de respecter ses obligations à l’égard de la protection de l’environnement, elle se contente de payer les amendes qu’elle encourt pour la violation répétée des règlements ? Doit-on encourager, tolérer ou interdire la “négociation des plaidoyers” ?2 ».

Toutes ces questions, et bien d’autres, devaient être « soumises à la considération du Parlement et du public au cours des prochaines années ». Nous attendons toujours.

Comment expliquer un tel constat?

Gérard Loriot résume bien le concept de pouvoir politique : « C’est la capacité que possède un groupe d’obliger d’autres groupes à faire ou à ne pas faire quelque chose, sous peine de sanction, grâce au monopole de la force que ce groupe exerce sur un territoire. Mais le pouvoir politique génère sans cesse des conflits, parce que les humains font rarement l’unanimité quant à son exercice ». Loriot précise que « les sociétés modernes ont tendance à trouver des produits de remplacement au pouvoir politique et à échanger la force, la violence et les armes, fondement de ce pouvoir, contre des images et des messages moins brutaux. Plus une société devient développée sur le plan politique, plus elle cherche à cacher la violence que constitue le pouvoir et à la remplacer par des luttes idéologiques, des symboles, des idéogrammes, des uniformes, des suggestions qui l’apparentent à l’influence3 ». Selon Althusser, « il est indispensable de tenir compte, non seulement de la distinction entre pouvoir d’État et appareil d’État, mais aussi d’une autre réalité qui est manifestement du côté de l’appareil (répressif) d’État, mais ne se confond pas avec lui [...] les appareils idéologiques d’État dont la religion, l’école, la famille, le droit, le système politique, les syndicats, l’information, la culture font partie4 ». Ainsi, le pouvoir de l’État consiste en l’adoption de législations qui vont assurer la mise en place des appareils idéologiques d’État pour en assurer la pérennité. Quant au fonctionnement des prisons et des pénitenciers, tout comme celui des écoles et du système de santé, il est la résultante des prescriptions législatives adoptées en toute connaissance de cause par les député-e-s. C’est d’ailleurs ce que résume bien Angela Davis :

« Depuis les années 1980, le système carcéral est de plus en plus imbriqué dans la vie économique, politique et idéologie des États-Unis ainsi que dans la distribution internationale des marchandises, de la culture et de l’idéologie états-uniennes. Par conséquent, le complexe carcéro-industriel représente bien plus que la somme de toutes les prisons de notre pays. C’est un réseau de liens symbiotiques tissé entre les communautés pénitentiaires, les sociétés multinationales, les conglomérats des médias, les syndicats de gardiens de prison et les institutions législatives et judiciaires5».

Les articles du présent numéro donnent une bonne idée de la réalité que LE politique instaure et cautionne sans état d’âme.
  1. Notons qu’il s’agit d’une terminologie d’une autre époque.
  2. Jean Chrétien, Le droit pénal dans la société canadienne, Ottawa, août 1982, 9.
  3. Gérard Loriot, Pouvoir, idéologies et régimes politiques, Éditions Études Vivantes, Laval, 1992, 57 et 62.
  4. Louis Althusser, Idéologie et appareils idéologiques d’État, La Pensée, 1970 ; Positions, Paris, Éditions sociales, 1976, 67-125.
  5. Angela Yvonne Davis, La prison est-elle obsolète? traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Peronny, Vauvert, Au Diable Vauvert, 2014. En ligne, version 2017 : https://paris-luttes.info/IMG/pdf/davis_prison.pdf
 

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L’importance d’une bibliothèque municipale : un pilier culturel et social

8 octobre 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Rimouski possède la plus grande bibliothèque municipale du Bas-Saint-Laurent, plus de 300 000 livres y ont été (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Rimouski possède la plus grande bibliothèque municipale du Bas-Saint-Laurent, plus de 300 000 livres y ont été empruntés en 2023 par 23% de la population qui la fréquente. Pourtant, cet espace n’est que très rarement abordé par les (…)

Gaza - un an plus tard !

8 octobre 2024, par Réseau militant en solidarité internationale de Québec solidaire — , ,
Bulletin du Réseau militant en solidarité internationale de Québec solidaire Lundi 7 octobre 2024 1— Un peu d'histoire La création de l'État d'Israël s'est effectuée en (…)

Bulletin du Réseau militant en solidarité internationale de Québec solidaire

Lundi 7 octobre 2024

1— Un peu d'histoire

La création de l'État d'Israël s'est effectuée en 1948 au terme de la Nakba (la « catastrophe » en arabe), c'est-à-dire un épisode de nettoyage ethnique en Palestine en 1948 : 750 000 Palestinien.nes ont été déplacé.es par la force, 532 villages ont été rasés, et 15 000 personnes tuées.

La guerre de six jours en 1967 entre Israël et les pays arabes a mené à une victoire israélienne écrasante. S'en sont suivies une occupation puis une annexion illégale du plateau du Golan. Israël a ensuite débuté l'implantation de colonies en Cisjordanie et à Gaza, considérées illégales au regard du droit international. On retrouve maintenant plus de 750 000 colons israéliens en Cisjordanie, qui s'établissent de sorte à trouer le territoire palestinien et à limiter la liberté de circulation.

Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, dénoncent aussi un système d'apartheid en Cisjordanie, en vue des inégalités systémiques flagrantes entre les deux populations : interdiction pour la population palestinienne de circuler sur certaines routes, etc. Si un Palestinien et un Israélien commettent le même crime en Cisjordanie, l'un sera jugé dans une cour militaire et l'autre dans une cour civile.

Les territoires restants sont divisés par des murs et des routes sous occupation militaire contrôlées par Israël. Le peuple palestinien est donc sans pays souverain et sous occupation depuis 75 années.

2) Droit international

Les Nations unies ont dénoncé et jugé les actions israéliennes dans des centaines de résolutions, toutes ignorées par Israël.

Israël commet des violations graves des droits humains de manière routinière et systématique, dont des emprisonnements de longues durées sans procès et des tueries arbitraires. Depuis le 7 octobre, les cas de tortures sur de personnes prisonnières palestiniennes dans les prisons israéliennes sont courants.

Depuis 2007, Israël contrôle les frontières terrestres, aériennes et maritimes, ainsi que l'eau et l'électricité de Gaza, en plus d'imposer un blocus. Ce blocus a transformé le territoire en « prison à ciel ouvert », selon la rapporteuse pour les droits humains de l'ONU Francesca Albanese. Cet acte de guerre, selon le droit, limite drastiquement toute importation et exportation civile, soumettant la population à un état de survie.

En février 2024, la Cour internationale de justice (CIJ) a reconnu qu'il y avait un risque plausible de génocide à Gaza. La CIJ a donc exhorté Israël à mettre en œuvre plusieurs mesures visant à réduire l'impact de sa guerre sur les civils palestiniens. De toute évidence, cela n'a pas été fait.

En mai 2024, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé des mandats d'arrêt contre Benjamin Netanyahou et son ministre de la défense Yoav Gallant, ainsi que trois responsables du Hamas, pour crimes de guerre.

En juin 2024, le Conseil de sécurité de l'ONU a ordonné un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Force est
de constater qu'encore une fois, Israël a ignoré cette résolution obligatoire.

En plus d'un soutien militaire d'une valeur de 300 milliards à Israël depuis 1946, les États-Unis ont appliqué leur veto sur 45 résolutions du Conseil de sécurité en faveur d'Israël depuis 1945. Sans le support étatsunien, Israël ne serait pas en mesure de commettre un génocide à Gaza.

3) Conflit depuis un an

Plus de 42 000 personnes ont été assassinées, dont plus de 70 % sont des civils, surtout des femmes et des enfants ;

En comptant les morts indirects tels que par la maladie, la famine ou le poids des décombres, Rasha Khatib et son équipe de recherche estiment dans leur article publié dans The Lancet que le nombre de victimes serait plus près de 186 000 ;

Près de 900 médecins et autres personnels de la santé ont été tués selon l'ONU. Plus de 125 journalistes et plus de 220 salarié.es de l'ONU et d'organismes humanitaires ont aussi été tués. Il s'agit de records parmi tous les conflits du monde des derniers siècles ;

Plus de 85 % des écoles primaires et secondaires et 100 % des universités ont été détruites ou lourdement endommagées ;

31 hôpitaux sur 36 ont été détruits ou fortement endommagés par Israël et 100 % des centres de santé ont été ravagés et remplacés par des petits postes improvisés.

Depuis peu, Israël laisse présager que le conflit pourrait s'étendre jusqu'au Liban et en Iran. Après l'explosion de moyens de communication au Liban, blessant plus de 3 000 personnes les 17 et 18 septembre derniers, Israël a commencé une opération de plus grande envergure au Liban.

Avec l'assassinat de chefs des partis rivaux par Israël, tels que Ismaël Haniyeh du Hamas et Hassan Nasrallah du Hezbollah, il devient difficile de négocier une solution diplomatique. Les récents développements avec l'Iran et le Liban semblent indiquer que sans cessez-le-feu et solution durable, il y aura une intensification régionale.

4) Mythes

Mythe 1 — Être antisioniste, c'est être antisémite

La gauche a le devoir historique de se placer en rempart contre l'antisémitisme, ainsi que toutes les formes de haine. L'antisémitisme est une problématique bien réelle dans nos sociétés. Bien que certaines personnes considèrent toute critique contre l'État d'Israël comme étant par définition « antisémite », il faut comprendre que la majorité n'est pas alimentée par une haine contre le peuple juif, mais par les actions génocidaires d'Israël. Critiquer l'État d'Israël n'est pas plus antisémite que ne serait islamophobe de critiquer l'Arabie Saoudite ou antichrétien de critiquer le Canada.

Accuser systématiquement un.e militant.e critique d'Israël d'antisémitisme bloque la discussion et empêche de réfléchir au conflit dans sa globalité. Mettre sur un pied d'égalité « critique d'Israël » et « antisémitisme » ne vise que la légitimation des crimes israéliens.

Mythe 2 — Israël a « le droit de se défendre » contre les attaques

Israël a le devoir de protéger toute la population civile sur son territoire, incluant les territoires palestiniens qu'il occupe militairement depuis 1967. En effet, selon les conventions internationales, il est du devoir de l'occupant d'assurer la protection des civils qui se trouvent sur le territoire occupé. Présenter le Hamas comme une menace externe à Israël est une contradiction, dans la mesure où le territoire palestinien est sous occupation israélienne. Les civils occupés, eux, ont le droit de se soulever contre leur occupant, tant qu'ils et elles se limitent à des cibles militaires et non civiles.

Mythe 3 — Il est trop tôt pour savoir si les massacres d'Israël à Gaza constituent un génocide.

Il faudra des années pour que les spécialistes tranchent sur la question du génocide. D'ici là, une simple lecture de la définition de génocide permet à toutes et tous de constater qu'Israël en commet un à Gaza. Si tuer près de 10 % d'une population et réduire le reste à boire de l'eau souillée et manger de la nourriture pour chien pour survivre ne constitue pas un génocide, qu'est-ce qui pourrait bien en être un ? En février 2024, la CIJ a convenu qu'il existe bel et bien un doute raisonnable de génocide, et a exhorté Israël à cesser ses actions qui ciblent des civils. De toute évidence, la justice internationale n'a pas les moyens de faire appliquer ses jugements dans ce contexte.

5) Position du Qc/Canada + Appel à la mobilisation

Le soutien politique du Canada envers Israël est indéniable. Sur toutes les tribunes, le gouvernement canadien ne fait que rappeler le « droit d'Israël à se défendre ».

Dans les votes à l'Assemblée générale de l'ONU, le Canada est un grand soutien d'Israël. Le Canada fait constamment partie de la poignée de pays qui vote en faveur d'Israël (ou s'abstient), dans des résolutions qui recueillent 120+ votes favorables.Le Québec n'est pas en reste : en plus d'ouvrir un bureau à Tel-Aviv, on apprenait récemment que des munitions d'une valeur de plus de 60 millions $ fabriquées au Québec pourraient être livrées à Israël sous peu, même si le Canada s'est récemment engagé à cesser l'émission de nouvelles licences d'exportation.Face à la complicité de nos gouvernements dans le génocide israélien à Gaza, il est impératif d'agir

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Où est l’humanité de François Legault ?

8 octobre 2024, par Ghislaine Raymond — ,
« Nous, ce qu'on veut, c'est que la moitié des demandeurs d'asile qui sont actuellement au Québec soient transférés dans d'autres provinces. » Tels sont les propos tenus par (…)

« Nous, ce qu'on veut, c'est que la moitié des demandeurs d'asile qui sont actuellement au Québec soient transférés dans d'autres provinces. » Tels sont les propos tenus par François Legault le 2 octobre dernier lors d'une intervention à Paris. D'où vient ce besoin de cibler les personnes immigrantes ? Comment justifier un tel manque d'humanité ?

Demandeurs et demandeuses d'asile

Le nombre de demandeurs et de demandeuses d'asile est croissant depuis de nombreuses années, non seulement au Québec ou au Canada mais partout sur la planète. Les guerres (Ukraine, Gaza, Liban) et les conflits armés intérieurs (Soudan, Haïti) forcent le déplacement d'un nombre grandissant de personnes. Les reculs démocratiques dans maints pays forcent à l'exil des milliers de personnes dont les vies sont en danger.

Toute personne qui demande l'asile recherche la protection du Canada. Cette demande peut être faite lors de son arrivée au pays ou une fois sur place, à titre de détenteur ou détentrice d'un visa de visiteur, d'un permis de travailleur temporaire ou d'un permis de résident temporaire l'autorisant légalement à étudier au Canada. Si la demande est approuvée, la personne obtient le droit de rester et de présenter une demande de résidence permanente. Cette approche est conforme aux prescriptions de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés auxquelles le Canada et le Québec souscrivent.

Politique d'immigration canadienne et québécoise

Depuis 2021, le Canada a indiqué sa volonté de voir le nombre de résident-es permanent-es augmenter pour atteindre 500 000 nouvelles admissions par an d'ici 2025. Cette ouverture est motivée par le fait qu'il cherche à combler les emplois vacants partout au pays alors que les besoins de main d'œuvre sont réels et que les provinces peinent à les combler malgré des efforts de recrutement à l'étranger. Au cours de la même période, le nombre de personnes réfugiées illégalement et demandeuses d'asile a cru. Leur passage dans les aéroports de Toronto et de Montréal ont eu comme conséquence que c'est principalement dans ces 2 villes que leur nombre a mis sous pression les autorités municipales et provinciales.

Là où le bât blesse, c'est dans le clientélisme dont font preuve les gouvernements du Canada et du Québec. Tous deux veulent plaire aux employeurs en favorisant l'arrivée de travailleuses et de travailleurs étrangers temporaires, cette main d'œuvre étant reconnue comme étant corvéable et bon marché. Alors qu'elle devait initialement combler les besoins dans les secteurs où, preuves à l'appui, il n'y avait pas de réponse positive parmi les travailleurs et travailleuses d'ici, la main d'œuvre constituée de travailleuses et travailleurs étrangers temporaires arrive par milliers.

Initialement, c'est dans le secteur agricole que ces permis de travail restreints ont été attribués. Depuis, tous les secteurs de travail ont recours à une telle approche qui permet ce type d'embauche. On ne s'assure plus que le poste visé ne puisse être comblé par des travailleurs et travailleuses d'ici. Ainsi, les employeurs ont accès à une main d'œuvre qui détient un permis de travail temporaire d'une durée déterminée ( 3, 6 ou 12 mois), après quoi on peut la retourner dans son pays d'origine, selon le bon vouloir de l'employeur. L'apport économique est ce qui prime. C'est pourquoi bon nombre d'employeurs qui ont financé la venue de travailleuses et travailleurs temporaires par un démarchage privé n'ont pas pris en compte les besoins sociaux et de logement de celleux-ci.

À cette cuvée appréciable s'ajoutent les immigrant-es économiques, que le Québec, tout comme ses homologues des autres provinces, veut choisir et les étudiantes et étudiants étrangers que l'on accueille par dizaines de milliers au Québec. Cette deuxième cuvée recherchée permet de combler le financement des institutions post-secondaires et de procurer un bassin de main d'œuvre spécialisé, hautement scolarisé dans nombre de cas. La filière tant québécoise que canadienne doit permettre d'accroître l'économie tant du Québec que celle du Canada. Les demandeurs et demandeuses d'asile sont les trouble-fêtes qui créent des besoins nouveaux auxquels le Québec doit répondre sans avoir la garantie d'en récolter des gains financiers pour le gouvernement.

Legault à Paris et son inhumanité

Exaspéré par les problèmes politiques qui lui tombent dessus, le premier ministre du Québec « pète sa coche » et se défoule sur le chef du gouvernement canadien en prenant pour bouc émissaire les demandeurs et demandeuses d'asile. Le projet Northvolt bat de l'aile, la baisse de popularité du gouvernement Legault se confirme dans les sondages, les réformes de structures du secteur de la santé (PL 15), de celui des ressources énergétiques (PL 69) et de la mobilité (PL 61) ne garantissent pas l'efficience recherchée. À tout cela s'ajoute un manque criant de logements sociaux, de places en garderie, des fermetures de groupes de francisation et de classes spéciales dans les commissions scolaires qui génèrent de la grogne dans la population.

Il ne reste à François Legault que la fuite en avant en prenant pour cible tous les demandeurs et demandeuses d'asile, non seulement celleux qui arrivent mais aussi celleux qui ont obtenu la reconnaissance de leur statut et peuvent se prévaloir d'une demande de résidence permanente. Il pousse l'arrogance jusqu'à demander la déportation forcée ailleurs au pays de 80 000 des 160 000 personnes réfugiées intégrées au Québec. Prenant la France pour exemple, il va même jusqu'à évoquer la mise en place de camps de détention jusqu'à leur obtention d'un statut légal de travailleur temporaire ou leur expulsion, si leur demande d'obtention du statut de réfugié est rejetée. Legault sait pourtant qu'il faut trois ans pour que le dossier d'un demandeur ou d'une demandeuse d'asile soit traité au Canada.

Déconnecté de tout projet de société rassembleur, il va de coup de tête en coup de tête. Après avoir unilatéralement interdit en août dernier le renouvellement de permis de travail temporaire dans la région de Montréal pour les bas salarié-es qui gagnent annuellement moins de 57 000$, il pousse le bouchon plus loin en parlant de déplacement forcé des demandeuses et demandeurs d'asile. Son gouvernement va même en Cour suprême pour contester l'accès à des places en garderie pour les demandeurs et demandeuses d'asile.

Ce discours anti-immigration est inacceptable. Plutôt que de discourir à l'encontre des demandeurs et demandeuses d'asile, le gouvernement devrait trouver comment répondre à la fois aux besoins de main d'œuvre des employeurs, à la consolidation des services publics et à la construction en urgence de logements sociaux.

Monsieur Legault, cessez cette rhétorique mesquine. Relevez le défi du vivre ensemble en faisant primer les droits humains sur ceux des corporations. Les politiques de votre gouvernement ne peuvent se résumer à un exercice comptable.

Ghislaine Raymond

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Au lieu de couper dans la santé mettons fin au contrat en PPP

8 octobre 2024, par Jean-Pierre Daubois — ,
Le Journal de Montréal rapportait le 1er octobre qu'au CUSM, « plus de 747 000$ qui ont été facturés aux contribuables pour des modifications mineures (…) par le partenaire (…)

Le Journal de Montréal rapportait le 1er octobre qu'au CUSM, « plus de 747 000$ qui ont été facturés aux contribuables pour des modifications mineures (…) par le partenaire privé chapeauté par SNC-Lavalin (…)… » [1].

Voici quelques exemples :

- 7217 $ pour deux prises électriques 110V
Installation de deux détecteurs de fumée 21 954$
Ajout de deux serrures sur les portes de salles de triage 312,53$
Sondes d'humidité et de pression à la pharmacie 102 561$
Réaménagement de 3 bureaux 614 000$
Etc…

Ce n'est pas nouveau. À peine ouvert en 2015, le consortium du PPP facturait des « extras » car en mode PPP, la plus minime modification est un extra en vertu du contrat d'entretien qui ne prévoit que l'entretien « normal ». On voit que le simple ajout de deux prises électriques murales de 110V ce n'est pas de l'entretien selon le contrat PPP c'est un « extra ». Ledit contrat est secret et signé pour plus de 30 ans.

SI le journal de Montréal est en mesure de donner ces chiffres c'est parce que quelqu'un a fourni des informations en cachette. Pour le Consortium le contrat secret signifie que le public n'a pas le droit de savoir …

Déjà en 2015, le Journal rapportait :

- 26 508$ pour installer 19 téléviseurs déjà payés par le CUSM
8 792$ pour installer sur les murs 130 crochets pour vêtements
20 442$ pour déplacer une quinzaine de pancartes « code Bleu »
66 757$ pour installer des gradateurs d'éclairage dans 10 salles
49 554$ pour un comptoir dans une salle d'attente
Et bien plus…

Ainsi donc les firmes des PPP abusaient des fonds publics il y a 9 ans et tout indique que c'est encore le cas aujourd'hui. Il ne se trouve aucune autorité gouvernementale qui lève le petit doigt depuis 9 ans pour mettre fin au triste cirque des PPP.

Il y a quelque chose d'encore plus grave. Le contrat du CUSM a été obtenu grâce à 22.5 millions versés en pot de vin à deux individus. Arthur Porter est décédé avant son procès, son épouse a plaidé coupable de « recyclage des produits de la criminalité [2] » et le complice de Porter, Yanaï Elbaz, a plaidé coupable [3] d'avoir accepté 10 millions en pot-de vin.

Nous avons donc, d'un côté : un contrat PPP obtenu frauduleusement et, de l'autre côté, un gouvernement qui « faute d'argent » coupe dans les conditions de travail et dans les services aux usagers dans la santé.

Il y a pourtant une autre voie pour sauver de l'argent et éviter de couper dans la santé et ou de s'attaquer aux conditions de travail des « anges gardiens de la population ». Il faut mettre fin au contrat PPP qui, avant depuis qu'il est signé, est le véhicule parfait, parce que secret, pour abuser allègrement des coffres de l'État

La question centrale est donc : Est-ce possible de mettre fin à un contrat signé ?

La réponse est oui si on peut prouver devant la Cour Supérieure que le contrat a été obtenu par le « dol » (NOTE : au sens de notre Code civil le mot « dol » c'est le fait pour un contractant, d'obtenir le consentement de l'autre par des manœuvres ou des mensonges.) .

Voici quelques extraits du Code Civil

1399. Le consentement doit être libre et éclairé. Il peut être vicié par l'erreur, la crainte ou la lésion.

1400. L'erreur vicie le consentement des parties ou de l'une d'elles lorsqu'elle porte sur la nature du contrat, sur l'objet de la prestation ou, encore, sur tout élément essentiel qui a déterminé le consentement. L'erreur inexcusable ne constitue pas un vice de consentement.

1401. L'erreur d'une partie, provoquée par le dol de l'autre partie ou à la connaissance de celle-ci, vicie le consentement dans tous les cas où, sans cela, la partie n'aurait pas contracté ou aurait contracté à des conditions différentes. Le dol peut résulter du silence ou d'une réticence.

(…)
1407. Celui dont le consentement est vicié a le droit de demander la nullité du contrat ; en cas d'erreur provoquée par le dol, de crainte ou de lésion, il peut demander, outre la nullité, des dommages-intérêts ou encore, (…).

1411. Est nul le contrat dont la cause est prohibée par la loi ou contraire à l'ordre public.

1417. La nullité d'un contrat est absolue lorsque la condition de formation qu'elle sanctionne s'impose pour la protection de l'intérêt général.

1422. Le contrat frappé de nullité est réputé n'avoir jamais existé.

Donnons aux libéraux le bénéfice de croire qu'ils ne savaient pas qu'ils étaient fraudés… et que si le gouvernement avait su pour la fraude et les pots-de vins il n'aurait pas signé le contrat PPP.
Va pour le bénéfice du doute, mais la CAQ elle… elle sait que le contrat PPP du CUSM a été obtenu par la fraude, les condamnations sont connues.

La CAQ a été élue le 1er octobre 2018. Pamela Porter (la veuve de Arthur Porter) a plaidé coupable le 14 décembre 2014 et Yanaï Elbaz a plaidé coupable le 26 novembre 2018. Ces plaidoyers de culpabilité font de ce contrat PPP un contrat obtenu par le « dol » ou la fraude, ce qui ouvre toute grande la porte au gouvernement de faire résilier les contrats en Cour Supérieure.

Une simple question M. Legault. Pourquoi diable, le gouvernement caquiste qui sait, que le gouvernement et la population du Québec ont été et continuent à chaque jour à être lourdement lésés avec ce contrat PPP, pourquoi n'a-t-il pas entrepris les procédures légales pour faire résilier le contrat PPP du CUSM ?

Si la Cour Supérieure en venait à déclarer qu'il y a au « dol » elle ferait annuler le contrat PPP à sa naissance même (ab inicio en termes juridique).

Il faut savoir qu'en vertu du Code civil, si un contrat résilié à sa naissance même pour « dol », toutes les clauses du contrat sont résiliées y compris les clauses garantissant des indemnités ou des dommages pour avoir mis fin au contrat avant son terme.

Voici un extrait du contrat PPP du CUSM qui reprend les dispositions du Code civil.

60. ACTES INTERDITS
60.1 Définition

a) L'expression « Acte interdit » s'entend de ce qui suit :
(i) offrir, donner ou s'engager à donner au CHUM ou à une Autorité gouvernementale ou à une personne employée par ou pour le CHUM ou une Autorité gouvernementale ou à un représentant, un agent ou un consultant du CHUM ou d'une Autorité gouvernementale ou à un membre de la famille d'une telle personne, un cadeau ou une contrepartie de quelque nature que ce soit à titre d'incitatif ou de récompense :
(…)
(iii) violer les Lois applicables ou commettre une infraction aux termes de celles-ci relativement à des gestes de corruption ou de fraude concernant la présente Entente ou une Autorité gouvernementale ; ou
(…)

Les « cadeaux » illégaux (pots-de-vin) ont été donnés, la fraude est avérée du fait des admissions de culpabilité (Pamela Porter) et des condamnations au criminel (Yanaï Elbaz).

Un tel jugement nous libérerait totalement du contrat PPP sans voir à payer les pénalité prévues au contrat

Au CUSM, le gouvernement ordonne de couper dans les services à la hauteur de 39 millions et ce sera la même chose partout en province. Il est temps de mettre fon au gâchis des PPP.

Il est hors de question que nous acceptions une réduction de service à la population et une dégradation de nos conditions de travail, tout en laissant les PPP continuer en toute impunité à abuser des fonds publics, et à, comme le dirait Richard Desjardins, « mettre leur pelle dans le cash.. » des coffres de l'état.

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Les Fonds Publics pour le Filet Social

8 octobre 2024, par PTAG !, Véronique Laflamme — ,
Le 3 octobre dernier, la Coalition Main Rouge, le RÉPAC-03-12, le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale et le Conseil central de (…)

Le 3 octobre dernier, la Coalition Main Rouge, le RÉPAC-03-12, le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale et le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN ont réuni près de 1000 personnes dans une grande manifestation à Québec pour dénoncer les politiques de coupures et de privatisation du gouvernement Legault. Ces manifestant-e-s provenaient de diverses régions du Québec : Montréal, Longueuil, Estrie, Lanaudière, Trois-Rivières, Mauricie, Rive Sud de Québec et Capitale-Nationale.

Les personnes présentes ont voulu dénoncer, en ce deuxième anniversaire de la CAQ au pouvoir, « les décisions de la CAQ qui favorisent les riches et le secteur privé : privatisation croissante, centralisation des pouvoirs en santé et en éducation, financement insuffisant du logement social, baisses d'impôts qui profitent aux plus fortunés, etc. Ces choix creusent les inégalités, entraînent plus de souffrance sociale, des files d'attente aux banques alimentaires et une augmentation des personnes en situation d'itinérance. La fiscalité doit redistribuer la richesse, pas la laisser s'accumuler dans les poches d'une minorité. La CAQ détourne les fonds publics et privatise nos services. Ça suffit ! »

Les manifestant-e-s ont demandé une meilleure redistribution de la richesse en scandant « Justice fiscale, justice sociale ! »

******

Vous le savez, le Québec traverse une crise du logement sans précédent

Nous reproduisons ici dessous, l'intervention de Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui a bien voulu nous faire parvenir l'intervention qu'elle a faite dans le cadre de cette manifestation.(PTAG !)

Il manque de logements locatifs partout. Ceux qui sont disponibles à la location se louent à des prix exorbitants.

La spéculation immobilière augmente. En l'absence d'un contrôle obligatoire des loyers, les loyers explosent. Les logements neufs et les condos locatifs qui se construisent et qui sont présentés comme une solution à la crise sont carrément hors de prix.

Des logements à 2500 $ à Montréal, à Québec, à 1600 $ à Trois-Rivière, à Chicoutimi, à Drummondville, c'est complètement déconnecté de la réalité des gens avec qui on travaille, de nos collègues, nos voisin.es. nos parents des familles monoparentales, des aînés

Il y a une banque alimentaire de l'autre côté de la rue… qui déménage temporairement pour aggrandir. Les kings vont être la demain

Il y a des files à tous les mois. Parce qu'après avoir payé le loyer il reste plus grand-chose à bien du monde.

L'itinérance augmente. Des campements s'érigent un peu partout au Québec et les ressources ne parviennent pas à répondre à la demande.

Est-ce que c'est le genre de société dans laquelle on veut vivre ?

Le désespoir est palpable partout au Québec et l'absence d'alternatives aux logements trop cher y contribue grandement.

Il est évident que la maigre part de 10,5% occupée par le logement social au sein du parc locatif n'est pas suffisante pour répondre aux besoins de plus en plus criants.
Combien de familles doivent vivent dans un logement trop petits faute de mieux ? Combien de personnes aînées sont chassées de leurs milieux ? Combien de personnes nouvellement en situation d'itinérance étaient inscrites sur une liste d'attente pour une habitation à loyer modique ? Combien de femmes victimes de violence conjugale, pourtant prioritaires pour obtenir un tel logement, doivent encore attendre pour y accéder ? Trop !
La crise du logement et la crise de l'itinérance exposent dramatiquement l'insuffisance de notre filet social.

POURQUOI On en est là ?

Parce qu'on a sous-financés nos programmes sociaux pendant des années.
Le logement social est financé au compte goutte depuis 25 ans !

On a laissé les listes d'attente pour un logement social grossir, grossir, atteindre pratiquement 40 000 ménages !

On ne prend pas la lutte à la pauvreté au sérieux ! Le chèque d'aide sociale permet à peine de couvrir le prix d'un 3 ½ au Québec. Ici à Québec, c'est rendu 909$ le loyer moyen pour un 3 ½. 721$ pour un studio….

Sans parler du salaire minimum qui condamne de plus en plus de gens à consacrer 50, voire 80% de leur revenu au loyer !

Est-ce que c'est acceptable dans une société riche comme la nôtre ?

Même si on obtient des petites augmentations de salaire, les gens dans nos milieux s'appauvrissent à la vitesse grand V avec la cherté des logements

Le filet social c'est un rempart contre l'appauvrissement, contre l'exclusion sociale de membres de nos communautés.

Et c'est pas vrai qu'on peut confier nos programmes sociaux à des philantropes et sous-traiter la job de l'État sans que ça ait des conséquences. Maintenant qu'elle a reconnu la crise, la CAQ privilégie des solutions qui ne sont pas réellement structurantes. Avec les fonds publics, on finance à la pièce et sans transparence des projets de logements abordables à l'extérieur de programmes. La ministre préfère la flexibilité du hors programme. C'est grave !

Plusieurs des logements qu'on qualifie d'abordables qui ne le sont pas vraiment n'ont pas les mêmes retombées sociales que les logements sociaux et communautaires construits avec des programmes sociaux qui se suffisent à eux-mêmes.

Alors qu'on traverse une grave crise du logement c'est de plus en plus difficile d'avoir accès aux services publics au Tribunal adminsitratif du logement. C'est pratiquement impossible pour certaines personnes d'exercer leurs recours.

Le désengagement de l'État met une charge immense sur les comités logement et les associations de locataires qui, comme de nombreux organismes communautaires, ceux en itinérance par exemple manquent de ressources.

La crise du logement est une des illustrations de ce filet social troué qu'il est urgent de racommoder avant qu'encore plus de monde passe au travers. Ça nous concerne tous et toutes. C'est pour ça qu'on est ensemble aujourd'hui et qu'on parle d'une seule voix.

C'est une question de choix d'investir dans les programmes sociaux et les services publics, et il faut le faire de toutes urgence pour nous protéger collectivement contre les crises actuelles et à venir.

Il faut cesser de laisser les inégalités se creuser ! Le 1 % dont font aussi partie certains joueurs de hockey a les moyens de contribuer davantage, revoyons la fiscalité, ça presse !

C'est maintenant que ça se passe. Il faut s'unir contre la dépossession …

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