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30 novembre 2024, par Danielle Cadieux
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Exercices de prose renversée

30 novembre 2024, par Simon Van Vliet

Abolition, abolitions

30 novembre 2024, par Ted Rutland, Philippe Néméh-Nombré
Bien que l'été 2020 ait fait sortir le champ lexical de l’abolition et de l’abolitionnisme des petits milieux militants pour arriver dans l’espace public au Québec, l'histoire (…)

Bien que l'été 2020 ait fait sortir le champ lexical de l’abolition et de l’abolitionnisme des petits milieux militants pour arriver dans l’espace public au Québec, l'histoire de la lutte abolitionniste ne date pas d'hier. Cet éditorial montre comment le système policier et carcéral s'est développé parallèlement au colonialisme, à l'esclavage, à l'anti-noirisme et au capitalisme hétéropatriarcal, et comment des personnes et des groupes ont combattu ces institutions dans le cadre de luttes plus larges pour la libération. Il suggère également que les groupes les plus ciblés et sujet à la violence de ces institutions ont conservé d'autres moyens de se protéger les uns les autres, des modes de vie libres et libérateurs qui révèlent que l'abolition est une pratique qui consiste à la fois à faire et à défaire, à être présent et absent.

La Justice, la réalité carcérale et l’abolition

30 novembre 2024, par OZ; Orlando Nicoletti

Cela a commencé avant ma naissance

30 novembre 2024, par Sheri Pranteau

L’abolition de la prison

30 novembre 2024, par Yves Bourque

Une image non peinte : à propos de Prison Abolition d’Yves Bourque

30 novembre 2024, par Sheena Hoszko
Cet essai examine Prison Abolition (1988) d'Yves Bourque, tiré de la première édition du Journal of Prisoners on Prisons (1988). En retraçant l'écriture et la pratique créative (…)

Cet essai examine Prison Abolition (1988) d'Yves Bourque, tiré de la première édition du Journal of Prisoners on Prisons (1988). En retraçant l'écriture et la pratique créative de Bourque en relation avec le mouvement plus large de justice pour les prisonnier·ères au Québec et au Canada pendant les années 70 et 80, l'essai met en lumière l'influence de la pensée politique écrite par les prisonnier·ères dans les luttes abolitionnistes contemporaines.

Mettre la clé sous la porte. L’expérience de la désinstitutionnalisation pour penser les ruptures abolitionnistes

30 novembre 2024, par Delphine Gauthier-Boiteau, Aurélie Lanctôt
En examinant le continuum juridico-psychiatrique québécois, cet article propose de considérer l’expérience de la désinstitutionalisation psychiatrique en tant que précédent (…)

En examinant le continuum juridico-psychiatrique québécois, cet article propose de considérer l’expérience de la désinstitutionalisation psychiatrique en tant que précédent abolitionniste. L’histoire des institutions psychiatriques québécoises est traversée par des mouvements de résistance et de recul de la carcéralité, en particulier face au modèle asilaire et par l’antipsychiatrie. Cette histoire est également marquée par une expérience concrète de désinstitutionalisation (ou « déshospitalisation »), entendu comme un mouvement de fermetures massives et définitives d’institutions d’hébergement et d'hôpitaux psychiatriques, qui prend place dans les années 1950-1970. À l’échelle nord-américaine, et dans le contexte du tournant néolibéral, cette expérience de désinstitutionalisation des personnes psychiatrisées et en situation de handicap est présentée à tort comme l’une des causes de l’explosion de l’itinérance et de l’incarcération de masse des personnes psychiatrisées. Nous soutiendrons que cette expérience constitue néanmoins un précédent abolitionniste pouvant être (ré)investi dans une perspective émancipatrice. Au-delà de l’abolition comme processus de transformation sociale ou comme superposition de réformes non-réformistes, nous soutiendrons que cette expérience permet d'intégrer la notion de rupture institutionnelle à la théorie et à la praxis abolitionniste.

La justice transformatrice pour une politique préfigurative de l’abolition

30 novembre 2024, par Will V. Bourgeois, Julian Beyer
Ce texte explore comment la justice transformatrice contribue à la lutte pour l’abolition des prisons et de la police en offrant des alternatives révolutionnaires à la violence (…)

Ce texte explore comment la justice transformatrice contribue à la lutte pour l’abolition des prisons et de la police en offrant des alternatives révolutionnaires à la violence étatique. En retraçant des exemples aux États-Unis et au Québec, ainsi qu'au Rojava, et au Chiapas, il illustre comment des pratiques communautaires peuvent répondre aux violences et aux conflits sans recourir aux systèmes judiciaires punitifs. Les auteur-ices soulignent la nécessité de soutenir les initiatives autochtones et de connecter avec les initiatives de justice réparatrice, en prônant une culture collective de soin et de responsabilité. Iels proposent de créer des structures locales et régionales, inspirées de modèles révolutionnaires, pour soutenir la responsabilisation collective, le soin et la médiation, dans une démarche fondée sur l'amour et la solidarité.

Postes Canada retire les assurances d’une travailleuse atteinte d’un cancer

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/11/138945-e1732920764151-1024x520.jpg29 novembre 2024, par Comité de Montreal
Postes Canada coupe les assurances de grévistes, mettant en péril la vie de travailleurs malades comme Sylvie, atteinte d’un cancer. L’article Postes Canada retire les (…)

Postes Canada coupe les assurances de grévistes, mettant en péril la vie de travailleurs malades comme Sylvie, atteinte d’un cancer. L’article Postes Canada retire les assurances d’une travailleuse atteinte d’un cancer est apparu en premier sur L'Étoile du Nord.

De la lutte antiraciste à la lutte étudiante

29 novembre 2024, par Marc Bonhomme — ,
Le Devoir d'aujourd'hui met à la une de sa page web l'article « Une association étudiante réclame la « destitution » de Pauline Marois à l'UQAM ». L'article nous informe que « (…)

Le Devoir d'aujourd'hui met à la une de sa page web l'article « Une association étudiante réclame la « destitution » de Pauline Marois à l'UQAM ». L'article nous informe que « l'Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) de l'UQAM, qui a publié une lettre sur sa page Facebook mercredi soir pour faire état de son « désarroi » face à cette nomination… » De dire cette lettre :

Le gouvernement Marois, entre 2012 et 2014, a mis en place une politique xénophobe, austéritaire et antisociale […] Entre autres, le gouvernement Marois a ouvert la porte aux débats sur la « laïcité judéo-chrétienne » avec la mise en place de la « Charte des valeurs québécoise ». Ce morceau de législation hautement islamophobe et raciste aboutira, sous le gouvernement Legault, à l'adoption de la loi 21 bannissant les femmes et les personnes portant le hijab de la fonction publique et de l'éducation. L'AFESH, à l'époque, s'est opposée à l'adoption de cette charte [… et] à l'indexation des frais de scolarité…

La lettre ajoute que « [c]e lobbying politique n'a pas sa place à l'UQAM ni dans aucune institution d'éducation » et que ce poste symbolique devrait être aboli. En réaction à cette lettre, le porte-parole homme de Québec solidaire, sollicité par Le Devoir, a répondu que « les publications d'une association étudiante de l'UQAM. Ça ne m'intéresse pas beaucoup » en précisant qu'il y a des sujets plus importants comme la crise du logement et les centres de la petite enfance. De conclure que « si vous me demandez si Pauline Marois est xénophobe, la réponse est non ».

Pour l'ancien dirigeant étudiant du Printemps érable de 2012, la courageuse et pertinente dénonciation de la xénophobie du PQ et de la CAQ par une des associations étudiantes les plus militantes en 2012 et encore aujourd'hui — elle a fait grève et participé aux activités pro palestiniennes de la CRUES la fin de semaine dernière — est « circulez, il n'y a rien à voir ». Par rapport aux enjeux sociaux, pour le porte-parole Solidaire, la lutte contre le racisme et la xénophobie est de la petite bière. Un double reniement en si peu de mots est une performance politicienne à se souvenir.

Rien d'étonnant que le député Haroun Bouazzi soit sur la touche. La gauche critique du parti qui a consenti à voter avec la direction du parti lors du dernier congrès cette contre-vérité « que QS ne soutient pas et n'a jamais soutenu que l'Assemblée nationale et ses membres sont racistes » n'a pas à être fière d'elle-même.

Marc Bonhomme, 29 novembre 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

Diglossie maudite (Part One)

29 novembre 2024, par Marc Simard
Certains mots peu connus décrivent pourtant des réalités quotidiennes des plus courantes. C’est le cas de « diglossie ». Nommer des réalités permet de mieux les appréhender. (…)

Certains mots peu connus décrivent pourtant des réalités quotidiennes des plus courantes. C’est le cas de « diglossie ». Nommer des réalités permet de mieux les appréhender. Ainsi du terme diglossie, qui vient du préfixe di⁠-, ‘deux’, glosso⁠-, ‘langue’, et du suffixe -⁠ie, ‘le fait de’. Ce mot (…)

Budgets militaires ou budgets sociaux

29 novembre 2024, par Par Guy Roy
Des choix nouveaux qui s’offrent à nous et à nos organisations

Des choix nouveaux qui s’offrent à nous et à nos organisations

La gestion de l’offre mise à mal par le Canada anglais

29 novembre 2024, par Par Gabriel Ste-Marie
Le Sénat émascule le projet de loi du Bloc Québécois

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Un pas de plus vers un Québec bilingue

29 novembre 2024, par Par Charles Castonguay
L’estimation délirante de la demande de services en anglais

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Postes Canada investit massivement, vend des actifs rentables, puis crie au déficit

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/11/2024-11-18-16.19.34_1-e1732837466585-1024x537.png28 novembre 2024, par West Coast Committee
Deux semaines après le début de leur grève, les travailleurs de Postes Canada continuent de sonner l'alarme au sujet de la mauvaise gestion et la privatisation. En janvier de (…)

Deux semaines après le début de leur grève, les travailleurs de Postes Canada continuent de sonner l'alarme au sujet de la mauvaise gestion et la privatisation. En janvier de cette année, la société d'État a vendu ses services informatiques et logistiques pour se restructurer, invoquant des (…)

Nouvelles prisons, mêmes enjeux ?

28 novembre 2024, par Ligue des droits et libertés

Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2024

Nouvelles prisons, mêmes enjeux?

Mathilde Chabot-Martin, candidate à la maîtrise, École de travail social, UQAM Karl Beaulieu, doctorant, École de travail social, UQAM
[caption id="attachment_17085" align="alignright" width="393"] Établissement de détention Leclerc de Laval. Les femmes y sont incarcérées, dans des conditions maintes fois dénoncées, depuis la fermeture de la Maison Tanguay en 2016. Le gouvernement du Québec a annoncé six ans plus tard, en 2022, la construction d’une nouvelle prison d’ici 2030 au coût de 400 millions de dollars.[/caption]
Nombre de voix se sont élevées ces dernières années pour dénoncer les violations des droits humains et les conditions de détention délétères qui continuent de régner au sein des prisons et pénitenciers au Québec et au Canada. Personnes (ex-) incarcérées, chercheuses et activistes participent à remettre de l’avant une réflexion collective sur la pertinence de la prison comme institution1. Par leurs prises de parole, elles démontrent comment l’institution carcérale fonctionne selon une logique punitive, individualisant des problématiques pourtant structurelles. Ainsi, la prison contribue à la reproduction des inégalités sociales et enferme de manière disproportionnée les personnes marginalisées dans un cycle sans fin d’injustice et d’exclusion. Ces constats, mis de l’avant dans de multiples rapports et ouvrages publiés récemment2, devraient interpeller et préoccuper nos décideurs politiques et les autorités des services correctionnels. Or, ils sont plutôt accueillis par un mutisme inquiétant et une récupération politique préoccupante. En effet, la prison profite d’une légitimité et d’un appui politique aveugle qu’aucune recherche ne semble pouvoir ébranler, ni  même  minimalement  remettre  en question. Dans ce contexte, quel avenir pour la prison, et comment comprendre son actuelle expansion, malgré les critiques qui émanent de nos mobilisations ?
[…] cet usage de l’inclusivité au sein des discours officiels s’inscrit dans l’idéologie d’une nouvelle carcéralité. En effet, les critiques relatives à la surreprésentation et aux spécificités de certains groupes sont, ici, instrumentalisées pour mieux enfermer plutôt que de désincarcérer.

Des prisons inclusives ?

Pour justifier les plus récentes expressions de l’expansion carcérale, celle de la construction de nouvelles prisons et du réaménagement d’espaces carcéraux, à laquelle nous assistons, plusieurs discours récents réfèrent à une volonté d’inclusivité. Effectivement, les services correctionnels québécois ont annoncé à la fin de l’année 2022 la construction d’une nouvelle prison pour femmes, la plus grosse qui soit au Québec. Cette nouvelle prison, nous dit-on, « pourra leur offrir de meilleures perspectives de réinsertion sociale grâce à un meilleur accès aux programmes et aux services dont elles ont besoin3 ». Au niveau fédéral, des millions de dollars ont récemment été alloués pour aménager des espaces traditionnels autochtones au pénitencier Archambault de Sainte-Anne-des-Plaines. À nouveau, les autorités soutiennent que ces espaces vont permettre de « répondre davantage aux besoins culturels de la clientèle autochtone »4. D’autres annonces promettent aux prisonnier-ère-s trans d’être incarcéré-e-s de manière conforme à leur identité de genre, embrassant un discours inclusif des personnes trans (Trans rights are human rights)5. On met ainsi l’accent sur l’inclusivité, afin de mieux enfermer des populations ciblées. Nous soutenons que cet usage de l’inclusivité au sein des discours officiels s’inscrit dans l’idéologie d’une nouvelle carcéralité. En effet, les critiques relatives à la surreprésentation et aux spécificités de certains groupes sont, ici, instrumentalisées pour mieux enfermer plutôt que de désincarcérer. Cette nouvelle carcéralité présente le risque évident que les prisons deviennent des espaces où les personnes marginalisées pourraient finalement obtenir l’accès aux soins et aux services dont elles ont besoin. Si la mise en place et l’investissement dans des programmes ciblés et adaptés sont souhaitables, nous partageons l’idée bien répandue selon laquelle ceux-ci doivent avoir lieu en amont de l’incarcération. C’est notamment ce que suggérait l’Enquêteur correctionnel du Canada au moment de l’annonce des réaménagements culturels au pénitencier Archambault, rappelant l’échec des programmes fédéraux pour les personnes autochtones incarcérées et demandant plutôt la redirection de ces fonds vers les communautés autochtones. En somme, cette idée de faire des prisons plus inclusives nous ancre dans un cycle répressif où les gens doivent être punis pour obtenir des soins au sein de notre société. Considérant l’ampleur des conséquences liées à un passage en prison, dont la stigmatisation et les conséquences sur l’entourage des personnes incarcérées, nous devons plutôt investir dans les soins en amont. Autrement, nous continuons à nourrir un cycle d’enfermement des personnes marginalisées, coûteux sur le plan économique et dévastateur sur le plan social. Les prisons sont des institutions intrinsèquement exclusives, elles ne peuvent pas être inclusives.

Plus sécuritaires… pour qui ?

Un deuxième enjeu nommé par les autorités pour justifier l’expansion carcérale a trait à la sécurité – sécurité qui semble ne jamais pouvoir être complètement atteinte. Plusieurs analyses soutiennent que la prison est un environnement hostile où les personnes incarcérées sont à risque de subir des violences physiques, psychologiques et sexuelles6. L’environnement carcéral produit et exacerbe de nombreux problèmes de santé affectant l’intégrité physique et mentale des personnes incarcérées. Tel que présenté dans l’article Quand la prison fait mourir de ce dossier, un récent rapport révèle une hausse de 87 % des décès dans les prisons entre 2009-2010 et 2021-2022, d’autant plus marquée en ce qui concerne les suicides. Toutefois, il semble que les critiques à propos des mauvaises conditions de détention des personnes incarcérées deviennent encore une fois des leviers justifiant l’expansion carcérale. Par exemple, le ministère de la Sécurité publique (MSP) a promis le « plus gros investissement jamais accordé dans la sécurité de nos prisons »7 en réponse, notamment, aux enjeux liés aux conditions de détention des personnes incarcérées8. Les problématiques humanitaires dans les prisons sont donc abordées sous le prisme de la sécurité, ce qui n’est pas un choix anodin. Ce cadrage sécuritaire des conditions de détention des personnes incarcérées est révélateur des priorités du MSP et pose la question : de la sécurité de qui parlons-nous exactement ? En effet, en répondant à des problématiques de nature sociale par des investissements dans la sécurité des lieux, les autorités démontrent un manque de considération pour le bien-être des personnes incarcérées. Par ailleurs, l’augmentation des mesures de sécurité dans les prisons, entendues ici comme plus de surveillance et de répression, ouvre non seulement la porte à plus d’abus envers les personnes incarcérées, mais elle voile également l’enjeu des conditions de détention et violations de droits dont il est question au sein des multiples rapports. Il semble donc qu’on parle strictement d’une sécurité qui exclut celle des personnes incarcérées lorsqu’on promet plus d’investissements dans le béton. Comment peut-on expliquer que les mauvaises conditions de détention et la violence qui règnent au sein des prisons soient résolues par des mesures soutenant une répression et un contrôle encore plus étroits ?

Pas une solution

De nouvelles prisons plus inclusives et toujours plus sécuritaires ne sont pas la solution. Il faut plutôt voir ces récents investissements comme un réflexe social d’entêtement carcéral, nous empêchant de réfléchir collectivement à des pistes de sortie de la carcéralité. Les personnes de la diversité sexuelle et de genre, les personnes autochtones, noires, et vivant dans la pauvreté sont surreprésentées au sein des prisons. Or, si nous nous enfermons socialement dans le paradoxe de la prison inclusive, les prochaines années pourraient faire place à une exacerbation des inégalités en matière d’enfermement. Lorsque les problèmes causés par les prisons sont pointés du doigt, les discours officiels nous amènent à penser que ce sont des prisons dont nous devons prendre soin, plutôt que des personnes qui s’y trouvent. Là est le problème. Face au cycle d’enfermement sans fin dans lequel nous sommes engagés, il faut mettre fin à la construction de nouvelles prisons. Si nous souhaitons véritablement avoir une société plus juste et assurer une sécurité réelle pour les groupes marginalisés, agissons tout de suite, avant les premières pelletées de terre pour la construction de la nouvelle prison pour femmes de Montréal. Bien qu’il faille continuer de porter attention aux problèmes concernant les conditions de détention qui règnent à l’intérieur des prisons, il faut également, en amont,investir dans des programmes agissant au sein de nos communautés et refuser l’expansion carcérale. Les prisons sont des endroits mortifères où les violations de droits et les dénis de soins sont des réalités quotidiennes pour les personnes incarcérées : elles ne sont pas une solution comme le rappelle la Ligue des droits et libertés. Ce dossier nous rappelle l’importance d’imaginer et de bâtir autour d’initiatives locales, humaines, ancrées dans nos communautés, étant porteuses de principes de bienveillance et ayant à cœur le respect des droits humains. Ces solutions existent et continuent à émerger autour de nous. Il suffirait qu’on leur porte collectivement notre attention pour que nos communautés se portent mieux.

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La prison comme institution coloniale

28 novembre 2024, par Ligue des droits et libertés

Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2024

Qu’en est-il des systèmes carcéraux et des abolitionnismes?

Entrevue avec Cyndy Wylde, professeure en travail social à l’Université d’Ottawa, ancienne professionnelle à Service correctionnel Canada Propos recueillis par Alexia Leclerc, finissante à la maîtrise en science politique et membre du comité de rédaction de la revue et du comité Enjeux carcéraux et droits des personnes en détention de la Ligue des droits et libertés
Originaire de la communauté Pikogan située dans le nord-est de l’Abitibi- Témiscamingue, Cyndy Wylde est Anicinape et Atikamekw. Elle a étudié la criminologie, la toxicomanie, la santé mentale et elle s’intéresse aux enjeux et réalités des peuples autochtones. Pendant plus de 25 ans, elle a évolué professionnellement au Service correctionnel Canada ; plus précisément dans les Initiatives autochtones. Jusqu’à mars 2019, elle était membre de l’équipe de recherche de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec : écoute, réconciliation et progrès (Commission Viens), à titre d’experte pour le service public des Services correctionnels du Québec. Elle a également été conseillère politique auprès de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) et elle est aussi consultante sur différents enjeux autochtones. Elle est aujourd’hui professeure en travail social à l’Université d’Ottawa.

Pouvez-vous décrire votre parcours ?

J’ai travaillé au service correctionnel fédéral pendant 25 ans. J’ai décidé de prendre ma retraite du milieu en 2019 et de continuer mes études au doctorat. J’ai travaillé pour la Commission Viens comme experte sur le système correctionnel, avant de devenir professeure à l’Université d’Ottawa à l’École de travail social. Je termine actuellement ma thèse de doctorat sur la surreprésentation carcérale des femmes des Premières Nations au Québec. Je veux connaître la perception qu’elles ont de leur traitement. Voici mes trois objectifs. Je vise : à documenter la perception des femmes des Premières Nations incarcérées en regard du traitement qu’elles reçoivent dans le système carcéral au Québec; à identifier les causes et les mécanismes de la discrimination vécue par les femmes des Premières Nations incarcérées ; et à mieux comprendre la manière dont les femmes des Premières Nations perçoivent les effets de l’accès à des services spirituels ou traditionnels dans leur cheminement. C’est important pour moi, car lorsque je travaillais dans le système correctionnel fédéral, j’ai vu beaucoup de femmes de l’Ouest être incarcérées ici pour de la gestion de population. Cela réfère à des prises de décisions qui visent à gérer des personnes incarcérées sans vraiment prioriser leurs besoins et ceux de leurs familles.

Pouvez-vous relater votre expérience dans le système correctionnel fédéral en ce qui concerne les initiatives autochtones ? Selon votre expérience, est-ce que c’est un moyen efficace pour contrer la surreprésentation carcérale des Autochtones ?

J’ai commencé comme commis de gestion de cas, un poste administratif au sein de Service correctionnel Canada. Mon objectif était de devenir agente correctionnelle. On m’a appelée vers 1999-2000 pour m’annoncer que la boîte des initiatives autochtones était lancée et qu’on avait besoin de mettre en place les initiatives locales. J’ai ainsi occupé le premier poste d’agente de développement régional auprès de la collectivité autochtone, le premier poste dédié à ces initiatives et je suis devenue la coordonnatrice de cette équipe-là. Ça remonte à 1992, lorsque la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition a été modifiée. Les initiatives pour adapter nos politiques et nos façons de faire pour contrer la surreprésentation carcérale des Autochtones dans notre système sont survenues plus tard. Quand les initiatives autochtones ont commencé, la population carcérale autochtone était de 17 % dans le système carcéral fédéral, ce qui était beaucoup à l’époque, car la population autochtone dans l’ensemble du Canada était de 3 %. Aujourd’hui, 30 % de la population carcérale est autochtone, et on parle de 50 % pour les femmes autochtones. Les jeunes autochtones suivent également cette courbe-là qui augmente.
« Le cœur me battait quand j’allais visiter des centres dans l’Ouest pour prendre connaissance des initiatives mises en place là-bas. J’y croyais tellement, mais j’ai été désillusionnée. L’institution est plus grande que moi, même si je ne suis pas toute seule à m’être battue. »
J’ai beaucoup cru aux initiatives autochtones dans le milieu carcéral. Le cœur me battait quand j’allais visiter des centres dans l’Ouest pour prendre connaissance des initiatives mises en place là-bas. J’y croyais tellement, mais j’ai été désillusionnée. L’institution est plus grande que moi, même si je ne suis pas toute seule à m’y être si engagée. En mettant un chapeau de fonctionnaire à tous les jours, je me suis rendu compte que j’étais confrontée à mes valeurs culturelles et celles de ma nation. Ça a été drainant, il y avait beaucoup de répétitions, de confrontation et de résistance. Le système carcéral est un système colonial et paternaliste, il y a peu de place pour remettre en question les façons de faire. Je me suis buttée à une organisation rigide. Ça été difficile d’implanter des initiatives et de se faire respecter. En plus, alors que je travaillais dans le système correctionnel fédéral, le gouvernement Harper a coupé le financement, a instauré des mesures punitives encore plus sévères, a diminué les ressources pour la relation d’aide et la réinsertion sociale, la nourriture pour les détenu-e-s et les employé-e-s. Tout a été coupé, mais on disait qu’il fallait contrer la surreprésentation des Autochtones. Le gouvernement envoyait donc quand même des enveloppes pour les initiatives autochtones, ce qui a été perçu comme un deux poids deux mesures. Il n’y avait pas d’éducation par rapport à l’enjeu de la surincarcération. Ça a été mal compris par les employé-e-s, mal reçu par les détenu-e-s qui trouvaient que les détenu-e-s autochtones avaient des passe-droits. Ces programmes sont donc retombés sur les épaules des employé-e-s autochtones qui devaient les mettre en place, mais qui n’avaient pas de pouvoir décisionnel. Par exemple, la première fois qu’on a essayé de permettre aux détenu-e-s de smudger, soit de pratiquer une cérémonie de purification par la fumée, on a dû aller en cour contre nos collègues qui alléguaient que la fumée les rendait malades. Il y avait plein de microagressions contre les détenu-e-s qui smudgeaient. On organisait également des cérémonies qui finissent toujours par des festins, durant lesquels il y a un partage de nourriture incluant des dons de viande sauvage offerte par la communauté. J’ai remarqué que les détenu-e-s non-Autochtones s’identifiaient comme Autochtones pour avoir accès à la nourriture. Je ne voulais pas être la police du statut autochtone, mais j’ai observé cela même chez les employé-e-s que j’étais censée former. Je ne les formais pas à travailler, mais plutôt à être Autochtones. J’étais également chargée de former mes collègues agent-e-s de libération conditionnelle concernant les principes de l’arrêt Gladue (1999), qui stipule que les juges doivent considérer une sentence substitutive et analyser les antécédents sociaux de la personne jugée en prenant compte des facteurs systémiques coloniaux. Le but était de favoriser d’autres traitements que l’emprisonnement. Les services correctionnels ont également été tenus de considérer les principes de l’arrêt Gladue. Toutefois, il y avait beaucoup de formation à faire aux agent-e-s pour qu’ils puissent faire une analyse cohérente des dossiers. Dans les faits, l’examen des antécédents sociaux des détenu-e-s leur nuisait au lieu de les aider. Par exemple, si le taux de criminalité de la communauté d’un détenu était très élevé, l’agent-e recommandait que la ou le détenu-e ne retourne pas dans sa communauté, plutôt que d’essayer de comprendre les causes de ce taux de criminalité élevé (tel que l’éloignement et la dépossession). Les agent-e-s considéraient ces informations comme des éléments de contexte plutôt que comme des éléments contributifs.

En quoi le système de justice pénale colonial canadien est-il fondamentalement différent des traditions juridiques autochtones en matière de Justice ?

Les notions éthiques des Premières Nations et des Inuit portent une conception des valeurs et de la justice complètement différentes de celles coloniales. Si on regardait les notions éthiques de ces peuples, on comprendrait bien des choses, mais on ne le fait pas beaucoup même si on est censé le faire depuis le rapport Gladue. Par exemple, dans le système colonial, on te considère comme innocent jusqu’à preuve du contraire. On doit donc essayer de donner le moins d’informations possible pour obtenir la plus petite sentence, les meilleures conditions, et une cote sécurité minimale. Ce sont toutefois des notions étrangères et inutiles pour un ou une détenu-e autochtone. Dans les conceptions autochtones, c’est complètement un affront si tu as fait quelque chose et que tu ne peux pas en parler ; les Autochtones et les Inuit vont reconnaître leur responsabilité tout de suite. Aussi, être incarcéré, c’est complètement se dispenser de sa responsabilité à réparer ce que la ou le détenu-e autochtone a fait. On l’enlève de sa communauté, mais pour lui, il doit y retourner pour aller réparer ce qu’il a fait, dédommager la victime et sa famille.

Quelles seraient, selon vous, les pistes de solution pour contrer la surincarcération des Autochtones?

Il y a des initiatives prometteuses dans tout le pays. Le problème majeur est que ces programmes souffrent souvent d’un manque de pérennité. Le programme est bon pour un certain temps, mais on ne dispose pas du temps nécessaire pour évaluer ses retombées, et ensuite il n’y a plus d’argent pour le poursuivre. En matière de justice, par exemple, le Centre Waseskun a une délégation du fédéral qui lui permet de garder des détenu-e-s qui ont une cote de sécurité minimale. Toutefois, le Centre Waseskun est assujetti à toutes les directives du commissaire et du service correctionnel. Je l’ai vécu de l’intérieur, il y tellement un choc de culture et de valeurs. Il y a aussi le Centre résidentiel communautaire Kapatakan qui fonctionne bien, mais qui doit continuellement naviguer à travers un mode de gouvernance tripartite avec des délégations du provincial et fédéral. Les initiatives autochtones, c’est positif, car ça permet de renouer avec sa culture. Renouer avec sa culture permet d’aller à l’intérieur de soi, et renouer avec des choses de ton passé et réfléchir sur des choses qui t’ont blessé-e. C’est important. Mais ce n’est pas suffisant. Pour contrer la surreprésentation des Autochtones dans le système carcéral, il faut aller plus loin que mettre en place des initiatives autochtones au sein du système carcéral, ou déléguer certains services aux communautés : il faut procéder à un transfert des responsabilités et du financement aux communautés autochtones en matière de justice. Il faut que les peuples autochtones puissent exercer leur droit à l’autodétermination dans tous les domaines, incluant la justice. La nouvelle loi fédérale C-921 est d’ailleurs un parallèle très inspirant à faire. Depuis que la nation atikamekw d’Opitciwan a sa propre loi en matière de protection de la jeunesse, il n’y a plus de cas judiciarisés dans le système de protection de la jeunesse du Québec, ce qui veut dire qu’il y a plein d’enfants qui restent dans leur famille et au sein de leur nation. La Loi C-92, c’est vraiment un bel exemple. J’espère qu’elle va ouvrir la voie à d’autres formes de gouvernance en matière de justice. La surreprésentation des Autochtones en milieu carcéral, surtout la surreprésentation des femmes autochtones, c’est une tragédie nationale. Je suis une abolitionniste et je pense qu’on devrait recommencer à zéro. C’est utopique, mais il faut radicalement changer les choses.

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Le transport collectif, pilier essentiel pour une transition écologique durable

28 novembre 2024, par Marc Simard
L’autoroute 20, comme de nombreux projets routiers, illustre bien les choix de développement qui, depuis le milieu du XXe siècle, ont perpétué le recours à la voiture et le (…)

L’autoroute 20, comme de nombreux projets routiers, illustre bien les choix de développement qui, depuis le milieu du XXe siècle, ont perpétué le recours à la voiture et le déploiement massif d’infrastructures routières au détriment d’alternatives. L’extension de la 20 dans le Bas-Saint-Laurent (…)

La Géorgie, l’éternel recommencement

28 novembre 2024, par Sacha Dessaux
Sacha Dessaux, correspondant en stage Depuis la dislocation de l’URSS en 1991, les différentes républiques socialistes ayant gagné leur indépendance peinent à la conserver. (…)

Sacha Dessaux, correspondant en stage Depuis la dislocation de l’URSS en 1991, les différentes républiques socialistes ayant gagné leur indépendance peinent à la conserver. Elles oscillent entre une volonté de se rapprocher de l’Occident et une influence russe qui n’accepte pas de perdre ses (…)

Grève chez Postes Canada

27 novembre 2024, par Marc Simard
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FSMÉT 2024 en Colombie : le rendez-vous des économies populaires, sociales et solidaires

27 novembre 2024, par Mario Gil Guzman
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Une activité des JQSI témoigne de l’impact de l’extractivisme au Honduras au Guatemala et au Chiapas

26 novembre 2024, par Carolina Dominguez Restrepo
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Une austérité mal déguisée menace le transport en commun, selon les travailleurs

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Gaza, Israël, USA : angle mort de l’acclamée lauréate du prix Pulitzer 2024 Anne Applebaum

26 novembre 2024, par Ovide Bastien — , ,
Penguin Random House, juillet 2024 Je viens de terminer la lecture de ce livre récent fort intéressant et bien documenté. Plus j'avançais dans ma lecture de ce bestseller, (…)

Penguin Random House, juillet 2024
Je viens de terminer la lecture de ce livre récent fort intéressant et bien documenté.
Plus j'avançais dans ma lecture de ce bestseller, cependant, plus je sentais que l'analyse de l'autrice, si impressionnante soit-elle, souffrait d'une lacune.

Ovide Bastien

Et non pas une lacune quelconque. Une immense lacune, qui, dans le contexte du génocide présentement perpétré par Israël à Gaza, et ce, avec l'appui indéfectible de son grand allié étatsunien, invalide, à toutes fins pratiques, une bonne partie de la thèse principale de son livre.

La thèse principale du livre Autocracy, Inc.

De nos jours, affirme Applebaum, les autocraties sont dirigées par des réseaux sophistiqués s'appuyant sur des structures financières kleptocratiques, un ensemble de services de sécurité - militaires, paramilitaires, policiers - et des experts technologiques qui assurent la surveillance, la propagande et la désinformation.

Et quelles sont, selon elle, ces autocraties ? Parmi elles, on trouve des régimes qui ont des racines historiques et objectifs fort différents. Le communisme chinois et le nationalisme russe, par exemple, diffèrent non seulement l'un de l'autre mais aussi du socialisme bolivarien du Venezuela, du Juche de la Corée du Nord ou du radicalisme chiite de la République islamique d'Iran. Et ces derniers diffèrent tous des monarchies arabes et autres autocraties - Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Vietnam - qui, pour la plupart, ne cherchent pas à saper le monde démocratique. Ils se distinguent également des autocraties plus douces et des démocraties hybrides - Turquie, Singapour, Inde, Philippines, Hongrie - qui tantôt s'alignent sur le monde démocratique et tantôt non.

Ce groupe d'autocraties, poursuit Applebaum, ne fonctionne pas comme un bloc mais plutôt comme une agglomération d'entreprises, liées non pas par une idéologie mais plutôt par la ferme et unique détermination de préserver richesse personnelle et pouvoir.
Les membres de ces réseaux sont connectés non seulement entre eux au sein d'une autocratie donnée, mais aussi avec des réseaux d'autres pays autocratiques, et parfois aussi avec certaines démocraties. Entreprises corrompues que contrôle l'État d'une dictature font affaire avec entreprises corrompues que contrôle l'État d'une autre dictature. La police d'un pays arme, équipe et forme la police d'un autre pays. Le propagandiste d'un dictateur partage ses ressources, fermes à trolls et réseaux médiatiques avec un autre dictateur. Et même le message à propager est partagé : les autocraties représenteraient ordre et stabilité, alors que les démocraties ne représenteraient que dégénérescence et instabilité, et Washington le mal incarné.

Au lieu d'idées, les hommes forts qui dirigent la Russie, la Chine, l'Iran, la Corée du Nord, le Venezuela, le Nicaragua, l'Angola, le Myanmar, Cuba, la Syrie, l'Azerbaïdjan et peut-être trois douzaines d'autres pays, ont en commun la volonté de priver leurs citoyens de toute influence réelle ou de toute voix publique, affirme Applebaum. Ils s'opposent à toute forme de transparence ou de responsabilité et répriment toute personne, dans leur pays ou à l'étranger, qui ose les défier.

Ces autocrates partagent également une approche brutalement pragmatique par rapport à la richesse. Contrairement aux dirigeants fascistes et communistes du passé, qui étaient soutenus par les machines du parti et ne faisaient pas étalage de leur cupidité, ces autocrates structurent ouvertement une partie importante de leur collaboration comme entreprises à but lucratif et ne montrent souvent aucune gêne à vivre dans des résidences opulentes. Ce sont des accords ou ‘deals', et non pas des idées, qui cimentent les liens entre eux et avec leurs amis du monde démocratique. Des accords visant à atténuer les sanctions, à échanger des technologies de surveillance, et à s'entraider pour s'enrichir.
Les autocrates collaborent aussi pour se maintenir au pouvoir, poursuit Applebaum. On sait que depuis 2008, les États-Unis, le Canada et l'Union européenne renforcent les sanctions contre le Venezuela en réponse à la brutalité du régime et ses liens avec le trafic de drogue et le crime organisé international. Cependant, les amis autocrates du régime Maduro lui viennent au secours, neutralisant l'impact de ces sanctions. La Russie lui accorde des prêts et investit, comme l'Iran d'ailleurs, dans l'industrie pétrolière vénézuélienne. Une entreprise biélorusse assemble des tracteurs au Venezuela. La Turquie facilite le commerce illicite de l'or vénézuélien. Cuba fournit, et ce depuis longtemps, des conseillers en sécurité et des technologies de sécurité à ses homologues de Caracas. La Chine fournit à Maduro canons à eau, bombes lacrymogènes et boucliers qui seront utilisés pour écraser les manifestants de rue à Caracas en 2014, et à nouveau en 2017. La Chine fournit aussi au Venezuela la technologie de surveillance nécessaire pour surveiller la population. Pendant ce temps, les hauts placés du régime Maduro, grâce au trafic international de stupéfiants, continuent d'être bien approvisionnés en Versace et en Channel.

Cette étroite collaboration internationale fait en sorte que même si des autocrates comme Alexandre Loukachenko en Biélorussie, ou Nicolas Maduro au Venezuela, sont largement méprisés dans leurs pays respectifs ; même si tous deux seraient perdants face à des élections libres, si jamais de telles élections avaient lieu ; et même si tous deux font face à de puissants mouvements d'opposition qui pourraient normalement les renverser, ils demeurent néanmoins solidement ancrés au pouvoir.

Car ces mouvements d'opposition ne luttent pas seulement contre les autocrates de leur propre pays, poursuit Applebaum. Ils luttent contre les autocrates du monde entier qui contrôlent des entreprises publiques qui peuvent venir à l'aide de leurs amis autocrates en procédant à des investissements à coup de milliards de dollars ; en leur vendant caméras de sécurité et robots de fabrication chinoise. Aussi et surtout, ils combattent des autocrates qui ont appris, et ce depuis longtemps, à se foutre éperdument des sentiments et opinions de leurs compatriotes, ainsi que des sentiments et opinions du monde entier. Le groupe de pays autocratiques offre à ses membres non seulement argent et sécurité ; il lui offre aussi quelque chose de moins tangible mais sans doute encore plus important : l'impunité.

Autrefois, poursuit Applebaum, les autocraties s'inquiétaient beaucoup de la façon qu'elles étaient perçues sur le plan international. C'était le cas, par exemple, de l'Union soviétique, l'autocratie la plus puissante de la seconde moitié du XXe siècle. Aujourd'hui cependant, ce n'est plus le cas. Les autocrates actuels les plus radicaux se foutent éperdument de l'opinion des autres nations. Ils croient que l'opinion internationale n'a aucune importance et qu'aucun tribunal de l'opinion publique ne les jugera jamais. Les dirigeants de l'Iran ignorent avec assurance les opinions des infidèles occidentaux ; ceux de Cuba et du Venezuela considèrent les critiques de l'étranger comme la preuve d'un vaste complot impérial organisé contre eux. Et ceux de la Chine et de la Russie ont passé une décennie à contester le langage des droits de l'homme utilisé par les institutions internationales, réussissant à convaincre de nombreuses personnes dans le monde que les traités et les conventions sur la guerre et le génocide - et des concepts tels que « libertés civiles » et « État de droit » - incarnent des idées occidentales qui ne s'appliquent pas à eux, affirme Applebaum.

Arguments du livre qui semblent valides

On peut difficilement nier la validité de plusieurs aspects de la thèse présentée dans Autocracy, Inc. Cela explique sans doute pourquoi il est rapidement devenu un best-seller.
En voici quelques-uns.

Depuis le soulèvement populaire massif d'avril 2018 contre le régime Ortega-Murillo au Nicaragua, je suis devenu de plus en plus critique d'une certaine gauche radicale qui persiste à qualifier ce gouvernement de progressiste, socialiste et révolutionnaire. Et qui fait sienne le narratif du régime selon lequel la droite nicaraguayenne, financée et orchestrée par le méchant impérialisme étatsunien, aurait orchestré une tentative de coup d'État contre lui.

Ayant séjourné pendant plus de 18 ans consécutifs au Nicaragua, la plupart du temps accompagnant un groupe d'étudiants du Collège Dawson lors de leur stage d'un mois ; ayant donné chaque année aux futures stagiaires un cours de 45 heures sur le Nicaragua, je connais fort bien ce pays.

Voir la répression brutale utilisée par le régime Ortega-Murillo pour écraser les immenses manifestations qui secouaient pendant des mois le pays entier, une répression qui faisait plus de 320 morts et de milliers de blessés ; voir comment le régime éliminait systématiquement toute presse indépendante, emprisonnait, et soumettait à la maltraitance et souvent à la torture tous les dissidents, même d'anciens héros sandinistes avec lesquels Daniel Ortega avait collaboré étroitement pour vaincre la dictature de Somoza ; voir comment Cuba, le Venezuela, la Russie, la Chine, et l'Iran offraient immédiatement leur appui à Ortega-Murillo : tout cela me secouait et m'ébranlait profondément, me plongeant dans une crise émotionnelle.

Une crise émotionnelle qui, pour moi, était d'autant plus déchirante que la plupart des Nicaraguayens et Nicaraguayennes avec lesquelles j'avais collaboré pendant ces 18 ans – campesinos, enseignants, maires, médecins, membres d'ONGs, etc. - étaient des adeptes du gouvernement Ortega-Murillo, et que j'avais développé avec eux une profonde amitié.
Afin de voir plus clair, afin de me retrouver dans tout cela, j'ai donc entamé une recherche dans laquelle je tentais de présenter, le plus objectivement possible, le point de vue des masses nicaraguayennes qui se soulevaient contre le régime Ortega-Murillo, et celui de ce dernier, qu'appuyait fermement une partie la gauche internationale, surtout en Amérique latine.

À l'automne 2018, je publiais le résultat de cette recherche dans Racines de la crise : Nicaragua 2018.

La crise nicaraguayenne, et ma démarche pour la décortiquer, m'amenaient à affirmer l'urgence, pour une certaine gauche plus radicale, de sortir de son aveuglement. Comment peut-on continuer à qualifier de progressiste et révolutionnaire un gouvernement, qui, pour se maintenir au pouvoir, n'hésite pas à écraser impitoyablement le peuple ? Comment peut-on présenter comme anti-impérialiste et espoir pour les marginalisés de la planète, un gouvernement qui penche de plus en plus vers l'autocratie, voire la dictature, et qui est dirigé par un homme et sa conjointe, lesquels octroient à leurs nombreux enfants les postes clés du gouvernement et deviennent rapidement la famille la plus riche du pays ?

Lorsque la Russie envahissait l'Ukraine le 24 février 2022, je vivais un autre questionnement difficile. Plusieurs de mes amis dans la gauche, surtout des Latino-américains, avaient tendance à placer le gros du blâme, non pas sur l'esprit impérialiste et colonialiste de Poutine, mais carrément sur l'expansion de plus en plus menaçante de l'OTAN, une expansion propulsée surtout par Washington. Même si ce point de vue me paraissait avoir un certain fondement, je trouvais qu'on exagérait carrément le pouvoir de Washington dans tout cela, et qu'on ignorait, à toutes fins pratiques, la volonté à maintes fois exprimée par la population des pays qui s'étaient graduellement joints à l'OTAN. Le fait qu'une partie de l'extrême droite, surtout chez les Républicains aux Etats-Unis, adoptait le même point de vue que cette gauche qui focalisait sur l'OTAN, ne faisait qu'accroitre mes doutes à cet égard.

En décembre 2022, je n'étais pas du tout étonné de voir que, sur 195 pays membres, le régime Ortega-Murillo, la Syrie, la Corée du nord, et la Biélorussie étaient les seuls à voter contre la motion de l'Assemblée générale de l'ONU condamnant l'annexion par la Russie des quatre territoires qu'elle venait d'envahir en Ukraine.

Applebaum dénonce le caractère autocratique, répressif, et corrompu du régime Maduro au Venezuela. La fraude monumentale que nous avons tous vu dans les dernières élections vénézuéliennes, une fraude qui est même reconnue par de nombreux pays latinoaméricains progressistes, semble lui donne raison.

Applebaum dénonce la répression brutale par la Chine des Ouighours. Elle dénonce l'Iran pour son oppression des femmes, pour sa répression brutale des dissidents, pour ses actions terroristes, en particulier ses assassinats de dissidents.
Ce n'est qu'un petit échantillon d'une abondance de faits troublants que documente fort bien Autocracy, Inc.

L'angle-mort de la lauréate du prix Pulitzer 2024

Tout cela étant reconnu, j'en viens maintenant à ce qui m'amenait, plus j'avançais dans ma lecture, à douter de plus en plus de la validité de la thèse principale du livre. À percevoir que celle-ci souffrait d'un angle-mort. Non seulement d'une lacune quelconque, mais d'une lacune qui, en quelque sort, remettait en question sa validité.

En lisant Autocracy, Inc., il devient vite évident que, selon Applebaum, les puissances occidentales, et bien sûr les États-Unis, représentent État de droit, libertés civiles, ordre international fondé sur les règles, respect des droits humains, respect des Nations unies, respect des traités et conventions sur la guerre et le génocide, etc.

Par ailleurs, Applebaum ne cesse de nous rappeler tout au long du livre que les pays qu'elle qualifie d'autocraties ne reconnaissent pas ces mêmes valeurs. Qu'ils les rejettent même, les qualifiant d'idées purement occidentales.

Le 20 novembre 2024, le Conseil de sécurité des Nations unies tenait une autre réunion sur Gaza. Celle-ci fut convoquée, à la demande, cette fois, des onze membres élus de ce conseil. Une motion de cessez-le-feu, élaborée pendant des semaines, et adoucie pour plaire aux Etats-Unis, fut proposée. Il était question d'imposer des sanctions à Israël si elle n'acquiesçait pas au cessez-le-feu. Par esprit de compromission, on accepte d'enlever cette clause que rejetait Washington.

La motion demande à la fois un cessez-le-feu inconditionnel et permanent à Gaza et la libération par le Hamas de tous les otages israéliens.

Aucun des 15 membres s'abstient, et tous, sauf le grand allié indéfectible d'Israël, les États-Unis, votent en faveur.

Depuis l'invasion israélienne de Gaza, qui en est maintenant à son 412ième jour, c'est la quatrième fois que Washington utilise son véto pour empêcher l'adoption d'une motion de cessez-le-feu !

Au moment où Applebaum publiait Autocracy, Inc. en juillet dernier, certains experts en santé publique estimaient que si on tient compte des effets indirects d'une guerre – épidémies, absence de soins médicaux, destruction de l'infrastructure permettant la production, etc. - l'assaut israélien de Gaza qui débutait en octobre 2023 finirait par tuer, même si cette guerre se terminait immédiatement en juillet, au moins 180 000 Palestiniens et Palestiniennes.i

Environ 70 % des victimes – au 24 novembre il y en a plus de 44 000 – sont, selon le ministère de Santé du Hamas, des enfants et femmes, dont plus de 700 bébés. Ce que semble confirmer le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) dans le rapport qu'il publiait le 8 novembre, après avoir vérifié 8 119 des plus de 34 500 personnes qui auraient été tuées au cours des six premiers mois de la guerre. Dans l'ensemble, affirme ce rapport, 44 % des victimes étaient des enfants, la catégorie la plus importante étant celle des 5 à 9 ans, suivie de celle des 10 à 14 ans, puis de celle des 4 ans et moins. Ce qui se passe à Gaza, poursuit le rapport, revêt toutes les caractéristiques d'un génocide.ii

Le nombre de blessés à Gaza dépasse présentement 104 000. Les bombardements sans relâche d'Israël ont obligé l'immense majorité des 2 millions de survivants de se déplacer à plusieurs reprises dans une bande de Gaza devenu inhabitable, et où on n'observe un peu partout que décombres et ordures. Depuis plus de 40 jours, Israël se sert de plus en plus de la faim comme arme de guerre, surtout dans le nord de Gaza. Une stratégie militaire que dénonce de façon répétée les Nations unies, ainsi que toutes les ONGs. En janvier, la Cour internationale de justice estimait plausible qu'un génocide avait lieu à Gaza et entamait une enquête.

Dans une situation aussi apocalyptique, où, chaque jour sur nos écrans on voit en direct des scènes déchirantes, où on voit le peuple palestinien s'enfoncer de plus en plus dans un enfer qui dépasse l'entendement, le représentant étatsunien au Conseil de sécurité de l'ONU, Robert Wood, prend la parole pour expliquer pourquoi son pays rejette, pour la quatrième fois consécutive, la motion de cessez-le-feu.

« Selon nous, affirme Wood, la motion est inacceptable. Il aurait fallu que le cessez-le-feu soit conditionnel à la libération des otages israéliens. »

Une astuce sémantique digne d'un monstre impérialiste qui veut que le carnage se poursuive ! Même les familles des otages réclament depuis des mois un cessez-le-feu ! C'est pourquoi ils manifestant massivement dans les rues de Tel Aviv.

Quelques jours plus tôt, Washington avait recours à une autre astuce sémantique afin de permettre à Israël de poursuivre sa campagne de destruction et de tuerie.

On sait que la Maison Blanche écrivait une lettre étonnante à Israël le 13 octobre dernier. Sans doute pour donner un petit coup de pouce à Kamala Harris, qui risquait de perdre le vote du secteur plus progressiste, et surtout arabe, du parti démocrate, on permettait que cette lettre, grâce à une fuite, devienne publique. Dans cette lettre, Washington exprime une profonde inquiétude au sujet de la situation humanitaire de plus en plus catastrophique à Gaza ; elle dénonce l'absence d'aide humanitaire et accorde à Israël 30 jours (comme par hasard, exactement quelques jours après la tenue des élections étatsunienne !) pour remédier à la situation, précisant même une série de mesures qu'Israël doit prendre pour augmenter substantiellement l'aide humanitaire, la plus spectaculaire de celles-ci étant un minimum de 350 camions d'aide entrant à Gaza chaque jour ; enfin, Washington menace de couper de façon substantielle son soutien militaire à Israël si elle n'accomplit pas ce qui est demandé.

Grande surprise, un mois plus tard, le 13 novembre... Même si Israël, dans le délai qui lui a été accordé, n'a permis que 57 camions d'aide en moyenne entrent à Gaza quotidiennement ; même si tous les ONGs ainsi que les Nations Unies voient bien qu'Israël n'a pas du tout augmenté de façon substantielle l'aide humanitaire à Gaza et nous avertissent que la plupart des Gazaouis, surtout dans le nord, font face à une famine imminente...

Que fait l'administration Biden ?

Elle a recours à une astuce sémantique pour justifier la poursuite de son soutien militaire à Israël.

« Nous constatons que toutes les mesures exigées n'ont pas été parfaitement respecté » affirme-elle. « Cependant, nous sommes satisfaits du progrès réalisé dans l'accroissement de l'aide humanitaire ! »

Autrement dit, le président Biden accorde encore une fois le feu vert à son allié...
Que se poursuive la campagne de carnage et destruction !

Au lendemain de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, soit le 21 novembre, la Cour pénale internationale émet un mandat d'arrêt contre le premier ministre d'Israël, Benjamin Nétanyahou, et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant (aussi contre un leader du Hamas qu'Israël aurait supposément déjà assassiné). Les deux sont accusés de crimes contre l'humanité, notamment de l'utilisation de la famine comme arme de guerre, de meurtre, et d'autres actes inhumains. La cour estime aussi qu'il existe des motifs raisonnables de penser que le siège israélien de Gaza « a créé des conditions de vie calculées pour entraîner la destruction d'une partie de la population civile ».

Cela veut dire que si ces deux leaders israéliens se rendent dans un des 124 pays qui reconnaissent la Cour pénale internationale, ils risquent d'être immédiatement détenus et soumis à un procès devant cette cour.

La réaction du Premier ministre Nétanyahou à ces mandats d'arrêt : mensonges éhontés, pur antisémitisme !

La réaction de Washington va dans le même sens :

« Ces mandats d'arrêt sont révoltants, » déclare le Président Joe Biden. « Quoi que la CPI puisse laisser entendre, il n'y a absolument pas d'équivalence entre Israël et le Hamas. Nous défendrons toujours Israël contre les menaces qui pèsent sur sa sécurité ».

J'en reviens maintenant à ce que je qualifie d'énorme angle-mort dans le livre Autocracy, Inc. Un angle-mort à mon sens impardonnable.

Dans son livre, Applebaum mentionne l'attaque brutale d'Israël par le Hamas le 7 octobre 2023, se réfère souvent à l'Iran et aux proxys de ce dernier : le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, et les Houthis au Yémen. Tous, selon elle, seraient horriblement terroristes, et tous seraient étroitement liés à l'ensemble des autocraties.

À la page 155 de son livre, Applebaum écrit :
« Les autocraties suivent les défaites et les victoires des uns et des autres, programmant leurs propres actions pour créer un maximum de chaos. À l'automne 2023, l'Union européenne et le Congrès américain se sont trouvés dans l'incapacité d'envoyer de l'aide à l'Ukraine parce que des minorités ayant des liens profonds avec la Russie, dirigées respectivement par Victor Orban en Hongrie et par une poignée de Républicains Maga au Congrès, agissant sous les instructions de Donald Trump, ont bloqué la majorité et retardé l'aide. Un récit promouvant la « fatigue de l'Ukraine » s'est répandu sur Internet, poussé par des mandataires russes et des médias chinois en plusieurs langues. C'est à ce moment précis que les militants du Hamas, soutenus par l'Iran, ont lancé une attaque brutale contre Israël. Dans les semaines qui ont suivi, les militants houthis soutenus par l'Iran ont commencé à tirer sur des pétroliers et des cargos en mer Rouge, perturbant le commerce mondial et détournant l'attention des États-Unis et de l'Europe de la guerre en Ukraine. »
Tout semble donc se passer, selon Applebaum, comme si l'attaque d'Israël par le Hamas était une chose orchestrée. « C'est à ce moment précis, » dit-elle. Idem pour les attaques par les militants houthis de pétroliers et cargos en mer Rouge. Orchestrée par une bonne partie des autocraties, y inclus « une poignée de Républicains Maga au Congrès », qui veulent détourner l'attention de la guerre en Ukraine.

Tout semble se passer comme si Israël, partie intégrale des pays démocratiques occidentaux, devenait soudainement la cible des méchantes autocraties à tendance terroriste. Rien de plus.

J'avais remarqué que si Applebaum se permettait, à un moment donné, de lancer une flèche contre le gouvernement archi-conservateur de Nétanyahou, laissant entendre que ce dernier ignorait parfois les droits humains, elle faisait cependant sienne le narratif sioniste selon lequel Israël, dans son développement historique, se comportait de façon tout à fait démocratique. Les troubles, elle laissait entendre, avaient commencé avec l'attaque brutale du Hamas, mouvement religieux fanatique et fondamentalement terroriste, qui agissait de concert avec les autocraties.

Je n'ai pas vu un seul mot dans son livre au sujet de la guerre génocidaire qui se déroule à Gaza. Je n'ai pas entendu un seul mot non plus au sujet de cette guerre dans les conférences qu'elle donnait sur son livre dans les semaines suivant sa publication en juillet dernier. Du moins pas celles que j'ai moi-même écoutées sur YouTube.

Il n'y a pas un seul mot dans son livre sur l'oppression coloniale et on ne peut plus brutale dont souffre le peuple palestinien depuis des décennies, oppression qui a donné naissance au PLO, au Hamas, au Hezbollah, et qui explique pourquoi les militants houthis tiraient sur des pétroliers et cargos en mer Rouge. Pas un seul. Et ce, malgré le fait qu'Applebaum est une historienne, journaliste et écrivaine à la fois fort réputée et admirée.

Ignorant complètement le fait que l'attaque d'Israël par le Hamas le 7 octobre avait lieu dans un contexte où de nombreux pays arabes concluaient des accords de normalisation avec Israël qui laissait complètement tomber la cause palestinienne, le prochain sur le point de le faire étant l'Arabie Saoudite ; ignorant le fait qu'Israël imposait depuis plus de 16 ans un siège illégal et inhumain à Gaza, qualifié par plusieurs observateurs de plus grande prison ouverte du monde entier, soumettant les Gazaouis à pauvreté, malnutrition, marginalisation et absence de future, dans un des territoires le plus densément peuplé du monde entier, où la moitié de la population a moins de 18 ans ; ignorant le fait que de milliers de Palestiniens sévissaient dans des prisons israéliennes depuis des années, souvent après avoir été détenu sans accusation et possibilité de procès...

Ignorant complètement tout cela, Applebaum interprète l'attaque d'Israël par le Hamas non pas pour ce qu'elle est – une action brutale issue d'années de frustration croissante, de souffrances inimaginables sous une occupation brutale et illégale, un cri de désespoir visant à secouer le monde arabe et à vrai dire aussi le monde entier, visant à les faire sortir de leur apathie et indifférence – mais plutôt selon ce qui fait son affaire. Plus précisément, elle lui accorde le sens qui correspond à la thèse principale qu'elle défend dans son livre.
Les autocraties, affirme Applebaum, programment « leurs propres actions pour créer un maximum de chaos ». D'abord, la Hongrie sous Victor Orban et les Républicains Maga sous Trump bloquent l'aide à l'Ukraine. Ensuite, les Russes et les Chinois répandent sur Internet le récit de la « fatigue de l'Ukraine ». Après, c'est « à ce moment précis que les militants du Hamas, soutenus par l'Iran, » lancent « une attaque brutale contre Israël », poursuit Applebaum. Enfin, les militants houthis jouent leur rôle dans cette grande programmation autocratique. Dans les semaines qui suivent, affirme-t-elle, « les militants houthis soutenus par l'Iran » commencent « à tirer sur des pétroliers et des cargos en mer Rouge, perturbant le commerce mondial et détournant l'attention des États-Unis et de l'Europe de la guerre en Ukraine. »

La preuve est faite. L'attaque d'Israël par le Hamas fait partie d'une série d'actions coordonnées par les autocraties !

Rien de plus normal, dès lors qu'Israël, pays démocrate, entre en action pour se défendre contre ce terrorisme qu'appuient les autocraties !

Chose étrange, si la lauréate du Prix Pulitzer 2024 ne semble pas du tout consciente de l'épouvantable drame dont souffre depuis des décennies le peuple palestinien, presque tous les pays du monde le sont. Refusant de réduire l'attaque du Hamas à du simple terrorisme, ils dénoncent sans relâche les barbaries qu'Israël est en train de commettre présentement.

Depuis l'éclatement de la guerre à Gaza, j'ai passé d'innombrables heures à écouter les discours des représentants de nombreux pays lors des séances de l'Assemblée générale de l'ONU et du Conseil de sécurité de l'ONU. Des pays d'Afrique, des pays du Moyen-Orient, des pays de l'Amérique latine.

Les propos qu'ils tenaient au sujet de Gaza et du conflit Israël-Palestine m'étonnaient. M'émouvaient profondément, même... Au point que qu'il m'arrivait parfois d'en avoir des larmes aux yeux.

La plupart de ces pays étaient d'anciennes colonies des grandes puissances, et plusieurs figurent dans la liste de ce qu'Applebaum qualifie d'autocraties. Ils ont souffert de ce dont souffre présentement le peuple palestinien. Ils savent, en chair et en os, ce que veut dire souffrir de l'oppression d'un empire.

Et lorsque j'écoutais les propos de la Chine, de l'Iran, et de la Russie au sujet de ce qui se passe à Gaza, j'étais encore agréablement étonné de voir leur degré de compréhension de la situation. Même si je sais parfaitement bien que ces pays soient loin d'être des saints au niveau des droits humains, leurs propos m'étonnaient néanmoins, car ils étaient fort similaires à ceux de la grande majorité des pays. Comme ces derniers, ils semblaient comprendre en profondeur la souffrance du peuple palestinien et l'injustice historique qu'il subit.

Je ne pouvais pas en dire autant, par ailleurs, des propos tenus par plusieurs puissances occidentales. Surtout pas des propos du Royaume Unie et des États-Unis.
À la page 139 de son livre, Applebaum souligne le fait que les autocraties assassinent souvent leurs dissidents, en particulier les journalistes. Et je sais qu'elle a parfaitement raison d'affirmer cela. Cependant, elle ne mentionne pas une seule fois dans son livre les assassinats par Israël de leaders palestiniens, même si on sait que le nombre de ces assassinats est inouï. Elle ne mentionne pas une seule fois non plus les journalistes tués par Israël à Gaza depuis octobre 2023. Pourtant, leur nombre est ahurissant et historiquement sans précédent. De plus, les militaires israéliens les ciblent souvent directement. Silence total aussi par rapport aux innombrables hôpitaux, écoles, universités, mosquées, édifices de l'ONU, résidences, etc., bombardés, et souvent complètement pulvérisés par Israël à Gaza.

Les pays autocratiques offrent à leurs membres non seulement argent et sécurité, affirme Applebaum. Aussi et surtout, ils leurs offrent une chose moins tangible mais sans doute plus importante : l'impunité.

Après avoir vu les États-Unis utiliser leur véto au Conseil de sécurité de l'ONU pour bloquer une motion de cessez-le-feu à Gaza, et cela pour la quatrième fois depuis l'invasion israélienne de Gaza en octobre 2023, cette dernière affirmation d'Applebaum m'a frappée comme un coup de masse.

Pourquoi la plus grande puissance militaire au monde, qui se prétend la leader internationale de la démocratie, qui affirme défendre un ordre international fondé sur les règles, etc., accorde-t-elle à son grand allié israélien cette impunité totale ? Pourquoi offre-t-elle à Israël argent, soutien militaire à coup de dizaines de milliards de dollars, et sécurité ? Pourquoi rejette-t-elle le jugement de la Cour internationale de la justice qui estime plausible un génocide à Gaza et entame une enquête ? Pourquoi rejette-t-elle catégoriquement l'action de la Cour pénale internationale qui vient d'émettre un mandat d'arrêt contre le Premier ministre d'Israël Benjamin Nétanyahou et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes contre l'humanité ?

L'argument d'Applebaum selon lequel seules les autocraties ne respectent pas l'ordre international fondé sur des règles et les traités et convention sur le génocide tient-il vraiment la route ?

Notes
1.Counting the dead in Gaza : difficult but essential, The Lancet, le 10 juillet 2024. Consulté le 23 novembre 2024.
2.Nearly 70 percent of deaths in Gaza are women and children : UN, Al Jazeera, le 8 novembre 2024. Consulté le 23 novembre 2024.

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Visa le pouvoir, tua le pays

26 novembre 2024, par Sébastien Robert — , ,
Après la défaite du référendum de 1995, Jacques Parizeau allait dans son discours faire porter la responsabilité de la défaite indépendantiste sur « L'argent, puis des votes (…)

Après la défaite du référendum de 1995, Jacques Parizeau allait dans son discours faire porter la responsabilité de la défaite indépendantiste sur « L'argent, puis des votes ethniques ». En six mots, il avait réussi à aliéner à la cause de l'indépendance une bonne partie des québécois issus de l'immigration.

Par Sébastien Robert, Syndicaliste, conseiller municipal et ex-candidat de Québec solidaire

Dans les années qui ont suivi, l'austérité péquiste menée par Lucien Bouchard a mené à l'aliénation au PQ des Québécois progressistes, issus des classes populaires et des jeunes. Avec beaucoup d'autres de ma génération, c'est me faire gazer pendant une fin de semaine complète au Sommet des Amériques, sous le gouvernement de Bernard Landry, qui m'a convaincu que le PQ travaillait contre mes idées et moi.

J'ai néanmoins toujours été pour que le Québec devienne un pays. Avec d'autres, j'ai participé à fonder l'UFP, puis Québec solidaire. Dans les 25 dernières années, j'ai rencontré beaucoup de personnes qui étaient devenues énormément réticentes à l'indépendance parce que l'idée était associée au PQ, un parti qui les avait trahis ou maltraité énormément dans le passé.

Avec énormément d'effort, on a réussi à construire des ponts et rebâtir la confiance avec ces Québécois et on a réussi à leur montrer qu'ils avaient une place dans le mouvement indépendantiste. Certaines de ces personnes, comme Ruba Ghazal, Andres Fontecilla, Haroun Bouazzi et Alejandra Zaga-Mendez, sont maintenant députés indépendantistes à l'Assemblée nationale.

Cette semaine, après avoir vu le PQ mener la charge contre Haroun Bouazzi et Québec solidaire, beaucoup de ces personnes vont conclure qu'ils n'auraient pas leur place dans un pays du Québec. On peut difficilement leur reprocher quand c'est un message qui leur est régulièrement transmis par le PQ depuis bientôt 30 ans.

La stratégie de Paul St-Pierre-Plamondon est de devenir premier ministre du Québec en 2026 et d'appeler le Québec à un référendum sur l'indépendance en 2027 ou 2028. Cette semaine, je me suis surpris à me demander ce que j'allais faire si la stratégie du PQ se concrétisait. Est-ce que j'allais donner le mandat d'écrire la Constitution de mon pays à ceux qui disent que je suis un « woke antidémocratique » ?

J'ai encore le temps de réfléchir à la question et, dans ma situation, je crains peu pour ma sécurité et celle de ma famille dans un pays du PQ. Je ne peux pas en dire autant pour tous les québécois issus de l'immigration, qui vive de la précarité ou qui font partie de groupes régulièrement discriminés. Pour eux, c'est réellement inquiétant de donner les clés du pays à un parti qui les prend régulièrement comme boucs-émissaires et qui les présente comme des menaces à la nation québécoise. Vous pensez que le Oui obtiendra la majorité des votes si le pays du Québec qui en résulte fait peur à la majorité des Québécois ?

Blâmer les immigrants et les wokes pour tous les maux de la société, c'est le discours que Trump a utilisé pour prendre le pouvoir. En adoptant le même discours dans le but de prendre le pouvoir à la CAQ, le PQ est en train de tuer les chances que le Québec devienne un jour un pays. Paul St-Pierre-Plamondon et les péquistes n'auront qu'eux-mêmes à blâmer si les résultats d'un éventuel référendum en 2027-2028 sont similaires à ceux des référendums de 1980 ou 1995. Les personnes que le discours actuel du PQ aura poussé vers le fédéralisme n'auront alors que protégé leur sécurité et celle de leur famille. Peut-on vraiment les en blâmer ?

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TES Canada : la nouvelle idole

26 novembre 2024, par Gaston Rivard — , ,
Nous avons eu droit mercredi dernier, à la Cité de l'énergie, à la première célébration de la dernière idole des GENS D'AFFAIRES. En plus des officiants, quelques fidèles (…)

Nous avons eu droit mercredi dernier, à la Cité de l'énergie, à la première célébration de la dernière idole des GENS D'AFFAIRES.

En plus des officiants, quelques fidèles étaient présents. Tous participaient au culte du jour, tous communiaient avec la même ferveur à la table des redevances de TES Canada, l'hostie ostentatoire capable d'apaiser les pires tourments de l'âme et de faire taire les pires remords engendrés par la culpabilité de céder à l'intérêt personnel.

Certes, le prochain n'est pas totalement oublié par ces gens d'affaires malgré la ferveur qui les transporte. Seuls les citoyens égarés, qui tournent le dos à leur idole, ne trouvent pas place dans leur cœur. Mais ils sont peu nombreux selon leurs dires. Un groupuscule d'opposants ! Malheureusement, ils menaceraient la majorité des fidèles, pacifique, silencieuse et invisible qui aimerait manifester sa foi ouvertement.

Ils seraient dangereux, ces opposants. Vindicatifs, aux dires des fidèles interrogés, ils seraient prompts à lancer des pierres aux apôtres du nouveau culte. Voilà la raison pour laquelle ces derniers ont tant attendu avant d'affirmer leur foi vacillante. Mais voilà, c'est chose du passé. Leur courage a crû parce que les débordements des opposants seraient aujourd'hui moindres.

Mais qui sommes-nous, nous qui nous opposons au projet de TES Canada ?

Nous ne sommes pas contre les éoliennes, mais nous sommes contre les éoliennes en milieu habité.

Nous ne sommes pas contre la transition énergétique, mais contre le fait que l'urgence climatique puisse servir à excuser toutes manœuvres, plus intéressées par le profit que par des solutions réelles capables d'en enrayer la progression.

Le gouvernement actuel agit dans la précipitation, progresse « de risques calculés » en « risques calculés » et abuse de son pouvoir pour contourner les mesures élémentaires de prudence. On peut penser à l'abolition du BAPE dans le cas de Northvolt qui non seulement n'agit pas contre le dérèglement climatique, mais provoque celui du climat social.

D'autres solutions existent et sont proposées par plusieurs experts, mais le gouvernement semble vouloir poursuivre une mission pour laquelle il n'a pas obtenu le mandat lors de son élection. À qui obéit notre gouvernement et qui sert-il ?

La panique, à laquelle il semble obéir, le conduit à proposer un remède qui risque d'engendrer des maux pires que le mal qu'il veut guérir. Ces parcs éoliens ont des impacts et même TES Canada le reconnaît puisqu'il consent à indemniser les résidents demeurant à moins de 1000 mètres de ses éoliennes. Mais TES Canada ne reconnaît pas tous les impacts. Il a même le culot, si ce n'est le ridicule, d'en enjoliver certains ou d'en présenter d'autres comme des mythes. Selon ses dires, les éoliennes « ajoutent une touche de modernité au paysage ». TES Canada pense-t-il qu'en ridiculisant les faits et maquillant la réalité, il abolira le réel ? Un parc éolien n'améliore pas un paysage, il le dénature. La nuisance sonore et les risques indirects susceptibles d'affecter la santé sont bien réels, la dévaluation foncière est bien réelle, les impacts sur la faune et la biodiversité sont bien réels, sinon pourquoi TES Canada entend-il « minimiser » les impacts ?

Ces parcs éoliens en milieu habité, construits sous le prétexte de sauver la planète, de nous sauver, font de nous de nouvelles victimes de ce dérèglement climatique. Ils ajoutent des victimes aux victimes.

Il faut cesser de nous présenter les GENS D'AFFAIRES et les PROMOTEURS comme des philanthropes magnanimes et généreux. Il s'en trouve sûrement, mais c'est l'exception, non la règle. Ils pensent avant tout à leur propre intérêt : « faire des AFFAIRES ». S'ils sont utiles à la bonne marche de l'économie, ils ne sont qu'un rouage d'une politique qui doit trouver ailleurs ses lumières. On oublie trop facilement qu'une politique dominée par l'argent accouche toujours d'un monstre.

M. Angers, maire de Shawinigan, par un grossier subterfuge, substitue la « pertinence sociale » à « l'acceptabilité sociale ». Il biffe ainsi cette notion capitale sur laquelle insistent tous les documents officiels du gouvernement. Cette condition préalable et indispensable à tout projet de société, supprimée par M. Angers, est un bel exemple de l'humanisme de certains GENS D'AFFAIRES.

Il n'y a pas que les gens d'affaires qui font passer leur intérêt avant le bien-être de leur voisinage et de leur environnement.

Le témoignage poignant d'une propriétaire terrienne, qui accepta de signer une entente pour accueillir une éolienne, est apporté pour illustrer la mansuétude dont peut faire preuve TES Canada. Eh oui, TES accepta de modifier l'emplacement choisi pour son éolienne parce que la dame ne la voulait pas à cet endroit sur sa terre. Elle devait craindre la trop grande proximité de l'éolienne par rapport à sa résidence, le bruit ou la détérioration du paysage, bref des raisons légitimes de demander cette modification. Tous les voisins de tous ces propriétaires ayant signé des ententes avec TES Canada n'auront pas cette chance de se faire entendre.

Gaston Rivard
Citoyen de Saint-Adelphe

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