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Pourquoi il nous faut un parti ?

3 décembre 2024, par Édouard Soulier, Fabienne Dolet — , ,
La situation sociale, politique, écologique du monde montre plus que jamais que nous avons besoin de mutualiser nos expériences de lutte, de réfléchir ensemble pour gagner (…)

La situation sociale, politique, écologique du monde montre plus que jamais que nous avons besoin de mutualiser nos expériences de lutte, de réfléchir ensemble pour gagner l'ensemble de notre classe à la transformation sociale. Reste à déterminer la forme d'organisation nécessaire.

Novembre 2024 | tiré de la Revue l'Anticapitaliste no 161| Photo : Manifestation à Angoulême, 9 setembre 2024. © Photothèque Rouge / Aurore C. / CC0.
https://lanticapitaliste.org/actualite/politique/pourquoi-il-nous-faut-un-parti
section débats

« Pourquoi tout le monde crée des mouvements et plus personne ne crée de partis », s'interrogeait Galaad Wilgos dans Slate en 20171. Depuis un peu plus d'une dizaine d'années, avec l'horizontalité permise par les réseaux sociaux, le discrédit des politiques de gauche et de droite alignées sur le « No alternative » thatchérien, un consensus avait surgi : il y aurait une désaffectation historique pour la forme « parti ». Pourtant, à l'heure où résonnent les bruits de bottes partout en Europe, le « mouvement » ou le « réseau » suffisent-ils encore ? En quoi un parti peut-il être utile ?

De la rue aux partis politiques : une rupture

Faute de victoires significatives des mouvements sociaux ces quinze dernières années, d'autres formes de contestation, souvent complémentaires, parfois vues comme remplaçant l'action des partis et des syndicats ont émergé : le mouvement des places, Nuit Debout en 2016, black blocs et politique appeliste, Gilets jaunes en 2018, etc. Dans ces mouvements s'exprime souvent la peur de l'endoctrinement et la volonté de conserver une certaine indépendance de pensée. S'exprime aussi l'envie d'une démocratie ponctuelle, horizontale, d'une action politique exemplaire. La spontanéité est valorisée par rapport à la lourdeur des partis, vus comme bureaucratisés ou prisonniers des enjeux de pouvoir.

La désaffection pour les partis semble avoir atteint un pic qui s'accompagne d'ailleurs d'une abstention record aux élections. Ainsi, seul·es un tiers des Français déclarent être membres d'une association, d'un syndicat ou d'un parti politique2. Pour la participation active, seul·es 2 % des Français·es déclarent être membre d'un parti et y participer activement, 4 % d'un syndicat et enfin 9 % d'une association qui « défend une cause ». Ces chiffres traduisent donc un désengagement pour l'organisation collective, au-delà de la forme « parti ».

De l'impuissance à l'action directe

Si les partis politiques sont souvent vus comme des outils obsolètes, c'est parce qu'ils se fixent des objectifs politiques lointains ou ne répondent pas suffisamment dans le cadre institutionnel aux revendications.

Au cours de la dernière décennie, le déclin numérique des organisations politiques militantes (on ne parle évidemment pas des partis d'élus de la droite) a coïncidé avec une diminution de la lutte organisée et de masse notamment au plan syndical. Ce recul entraîne des frustrations devant l'impuissance, avec à la clé résignation, désaffection mais aussi de nouvelles formes de mobilisation. Ces mobilisations ont privilégié l'action immédiate, qui donne des résultats tangibles rapidement. Cette idée résonne particulièrement avec les luttes écologiques : de Notre-Dame-des-Landes à Greta Thunberg, du barrage de Sivens à Sainte-Soline. L'écologie radicale a trouvé à s'exprimer en France autour des Soulèvements de la Terre.

Du « parti » aux mouvements : recul de la conscience de classe

La faiblesse des organisations politiques traditionnelles suit par ailleurs une tendance au long court : la méfiance à l'égard de toute organisation politique quelle qu'elle soit. Les partis politiques traditionnels de la gauche ont donné une image ambivalente : l'émancipation était souvent soumise aux enjeux de pouvoir. Ainsi, la tradition stalinienne, qui réunissait des organisations de militants obéissant aveuglément ou presque, a produit des courants politiques dans la dynamique post-Mai 68 qui ont cherché d'autres manières de faire de la politique, comme la Ligue communiste, devenue ensuite LCR (Ligue communiste révolutionnaire). Les partis d'élu·es de la social-démocratie en France dans les années 1980-1990 pouvaient utiliser les militants comme des faire-valoir et servir de petites mains à des barons locaux ou ministériels.

De la peur de la récupération politique à la déconnexion totale entre la rue et les partis de gouvernement sous François Hollande, en passant par l'inventaire post-1989, la forme « parti » a pris un coup dans l'aile au profit d'organisations basées sur le mouvement. Les partis d'élus de la gauche institutionnalisés, menant des politiques social- libérales, ont achevé de discréditer les partis. La macronie est le fruit de cette décomposition. Elle s'est d'ailleurs organisée elle aussi en mouvement… évoqué par le nom même lui-même : « En marche ! », pour faire moderne ! La bourgeoisie a contribué à vider de sa substance la forme « parti », mais aussi la forme « mouvement », pour promouvoir… des hommes forts. Macron est l'incarnation de ce processus. D'abord, parce que sa politique l'a mené à discréditer les « corps intermédiaires », puis à mépriser les partis représentés à l'Assemblée nationale, et enfin les députés et l'Assemblée elle-même avec l'usage réitéré de l'article 49.3… Sans même parler du déni de démocratie de la dissolution et des législatives anticipées.

Tout cela éclaire l'offensive idéologique et matérielle du libéralisme économique. Depuis 2008, et la crise des subprimes, les milliardaires se sont enrichis, et les plus pauvres se sont appauvris. Les droits sociaux et les services publics issus du consensus d'après-guerre ont été attaqués de plus en plus à l'échelle européenne. Le capitalisme libéré de toute entrave politique affaiblit les liens collectifs et sociaux, voire il a intérêt à les détruire au profit d'une société d'individus producteurs à bas coût, d'une part, et de consommateurs enragés, d'autre part. Les individualismes ont aussi tendance à accentuer le repli sur soi et la baisse de l'engagement.

En conséquence, il existe des sauts générationnels avec rupture de transmission d'expérience dans les partis et une difficulté à aborder les changements de paradigme historique et politique. Tout cela, alors que s'organiser, réfléchir ensemble, résister ont rarement été aussi nécessaires.

Un parti pour comprendre et résister

Pour faire face à un capitalisme débridé, à bout de souffle, archi-subventionné, comme le dit David Harvey, pour faire face à l'autoritarisme, nous avons besoin d'une organisation, pas seulement ponctuelle, pas seulement tournée vers l'action immédiate, pas seulement tournée vers des victoires institutionnelles… Une organisation qui n'est pas la somme des individus qui la composent mais qui est et qui a une force de penser et d'agir.

Une organisation politique, telle que nous la concevons, se donne à la fois des objectifs stratégiques (la transformation révolutionnaire de la société) et tactiques (gagner des luttes pour renforcer les travailleuses et les travailleurs). Or, ce socle commun, ce programme, est transmis, construit et retravaillé dans des pratiques à la fois formatrices et démocratiques. Un parti permet de mutualiser et de lutter contre l'idéologie dominante. C'est aussi un cadre collectif pour assimiler des expériences organisationnelles et politiques. C'est un lieu de formation pour comprendre le monde. Parce qu'il n'y pas homogénéité entre les luttes et la conscience de classe, il y a nécessité d'un outil collectif pour assimiler les expériences de la classe et agir. Le parti sert à comprendre mais aussi à conserver la mémoire des luttes et à les intégrer. On apprend bien sûr de ses erreurs, si on peut ensemble en tirer les bilans.

Un parti pour agir

Le parti permet de transmettre la mémoire des luttes mais aussi des bonnes pratiques. Pour toute tentative de lutte d'émancipation, nous avons besoin d'une organisation solide politiquement tournée vers l'action. Nous entrons dans une période où la satisfaction des revendications même les plus élémentaires nécessite un rapport de forces supérieur à celui d'il y a trente ans, cela nécessite donc de s'unir. Un groupe avec des habitudes militantes développées en commun – habitudes de discussion, reconnaissance et confiance créées pendant la lutte – est une force pour organiser des actions. Et il faut savoir sur quelles forces on peut compter pour les organiser.

Une organisation est utile pour être ensemble, pour préparer et intégrer différentes idées/méthodes, etc. Il est évident que la répression ne s'abat pas de la même manière sur des individus ou sur un collectif. Ce collectif permet aussi de donner la confiance nécessaire contre cette répression. Tous ces éléments montrent l'importance du collectif pour la lutte.

Ainsi une organisation doit être un outil utile pour les luttes. Cette idée générale de base repose sur le parti qui est un outil face à une classe dirigeante impitoyable et organisée. On imagine mal la police venir sans leur matériel pour réprimer en manif. Il est indispensable de se coordonner pour être efficace dans une lutte. Cette nécessité de s'organiser, notre camp social l'a naturellement lors d'affrontements avec la classe dirigeante. Lorsque c'est nécessaire, il y a des AG qui s'organisent des comités de mobilisation, etc. Mais lorsque la lutte reflue, il est plus difficile de maintenir l'activité locale. C'est pour cette raison que puisque la lutte de classes est permanente, l'organisation politique et militante doit l'être aussi.

Le parti aujourd'hui

La situation du monde est pleine de potentiel pour des luttes révolutionnaires, et les rapports de classe sont si tendus que les revendications qui s'expriment ne peuvent trouver satisfaction dans le cadre du capitalisme. Elles posent la question du pouvoir : qui décide et pourquoi ?

C'est pour cette raison qu'il faut envisager que l'organisation de notre classe, au-delà de la discussion sur la forme « parti », implique une forme de plasticité. Comme l'exprime Daniel Bensaïd : « Dans toute crise révolutionnaire, il faut chercher la forme d'organisation dans laquelle peuvent s'exprimer le plus directement et plus clairement les rapports de forces ; dans laquelle peuvent se modifier les rapports entre les masses et leurs organisations traditionnelles ; par laquelle la rupture entre les masses et ces directions peut s'opérer sans provoquer des divisions accrues du mouvement de masse lui-même. Autrement dit, un cadre où les aspirations unitaires pèsent un maximum, où la radicalisation de la base, qui va dans ces circonstances beaucoup plus vite que celle des appareils, même intermédiaires, se reflètent le mieux et le plus fidèlement. »3

1. Galaad Wilgos, Pourquoi tout le monde crée des mouvements et plus personne ne crée de partis, Slate.fr, 31 juillet 2017.

2. Adelaïde Zulfikarpasic, Les Français et l'engagement, Fondation Jean Jaurès, 22 juillet 2021

3. Daniel Bensaïd, Stratégie et parti, Les Prairies ordinaires, 2016, page 85.

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Né-e-s ici ou venu-e-s d’ailleurs, l’égalité des droits, c’est pour toutes et tous !

3 décembre 2024, par ATTAC-France — , ,
Appel : Nous ne voulons pas d'une société raciste. Nous voulons pour nos voisin-e-s, collègues de bureau, d'atelier, nos camarades d'amphi, pour notre médecin, notre (…)

Appel :

Nous ne voulons pas d'une société raciste. Nous voulons pour nos voisin-e-s, collègues de bureau, d'atelier, nos camarades d'amphi, pour notre médecin, notre boulanger-e, pour la copine ou le copain de classe de nos filles, de nos garçons… une réelle égalité des droits.

Nous vivons ensemble, et ne concevons pas la société autrement que dans le respect de ce qui nous lie. La fraternité est aux côtés de la liberté et de l'égalité sur le fronton de nos édifices publics. Ces grands principes doivent se traduire par l'accès effectif à tous les droits, pour toutes et tous ; par l'accueil et la valorisation de la diversité qui fait la richesse de notre pays, de tout pays ; par le développement des solidarités pour et avec celles et ceux qui en ont besoin.

Travailleuses et travailleurs étrangers, personnes exilées, étudiantes et étudiants internationaux… qu'ils et elles soient arrivés hier ou il y a 20 ans, toutes et tous se retrouvent la cible de politiques migratoires qui voient en l'étranger un criminel en puissance, un « indésirable ».

La loi immigration de janvier 2024 et le Pacte Asile & Immigration de l'Union européenne ont encore radicalisé des politiques répressives et brutales, généralisant la maltraitance administrative. Les politiques publiques sont aujourd'hui dévoyées et utilisées comme des outils pour surveiller, arrêter, enfermer, expulser… C'est sur cette toile de fond que prospèrent au quotidien la xénophobie, la stigmatisation et les discriminations.

Les mers ramènent sur nos côtes les corps de celle et ceux que le choix politique d'une « Europe forteresse » a condamné-e-s ; des exilé-e-s venu-e-s chercher la protection à laquelle elles et ils ont droit sont renvoyé-e-s vers d'atroces destins dans des pays qui violent les droits fondamentaux autant que le droit international ; des enfants et des adolescents sont abandonnés par les institutions qui devraient les protéger ; des personnes qui travaillent, étudient, vivent avec nous sont harcelées et traitées comme des délinquants faute de recevoir les documents qui légaliseraient et pérenniseraient leur séjour ; des résident-e-s de longue date rencontrent des difficultés indues pour la prolongation de leur titre de séjour, et se retrouvent de ce fait plongé-e-s dans une dramatique spirale, perdant leur travail, leur logement, leurs droits sociaux et leur couverture médicale.

L'extrême droite développe le fantasme d'une population « étrangère » présentée comme trop nombreuse et « inassimilable ». Elle attise auprès de la population le rejet des « étrangers » qui – selon elle – seraient la cause de tous les maux socio-économiques endurés par la société. En écho, le gouvernement instrumentalise cette peur de l'autre et prépare une énième loi toujours plus répressive qui pourrait s'affranchir, cette fois, du cadre de l'Etat de droit. Cette surenchère, contraire à nos valeurs d'humanité et de solidarité à la base de notre pacte social, abîme profondément nos sociétés.

Il faut réagir ! Nous sommes déjà nombreuses et nombreux à le faire au quotidien, en dépit des menaces qui pèsent sur nos militant-e-s syndicaux et associatifs qui s'engagent auprès de celles et ceux qui sont privé-e-s de leurs droits et de leur dignité pour une couleur de peau, une religion ou le simple fait d'être né-e ailleurs.

Des millions de citoyennes et de citoyens pensent comme nous et sont prêts à faire retentir la puissante voix de la solidarité !

Le 14 décembre, manifestons partout en France pour défendre le respect de la protection et des droits des travailleuses et travailleurs migrants, de leurs familles et de toutes les personnes exilées !

Et le 18 décembre, Journée internationale des migrants, en meeting unitaire à Paris et dans d'autres initiatives en régions, réaffirmons plus encore l'impérieuse nécessité de l'égalité des droits pour toutes et tous, né-e-s ici ou venu-e-s d'ailleurs !

Un appel à l'initiative de la LDH (Ligue des droits de l'Homme), Amnesty International France, Attac France, Centre de recherche et d'information pour le développement (Crid), La Cimade, Confédération générale du travail (CGT), Emmaüs France, Fédération syndicale unitaire (FSU), Femmes égalité, Groupe accueil et solidarité (Gas), Intercollectif de sans-papiers, Médecins du monde, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), Oxfam France, SOS Racisme, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat de la magistrature (SM), Union syndicale Solidaires, Utopia 56.

Autres signataires :

Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Femmes Egalité, Réseau d'actions contre l'antisémitisme et tous les racismes (RAAR)

Les organisations qui souhaitent signer l'appel « Né-e-s ici ou venu-e-s d'ailleurs, l'égalité des droits, c'est pour toutes et tous ! » peuvent remplir CE FORMULAIRE.

https://www.ldh-france.org/ne-e-s-ici-ou-venu-e-s-dailleurs-legalite-des-droits-cest-pour-toutes-et-tous/

https://france.attac.org/se-mobiliser/contre-la-repression-et-le-racisme-pour-les-libertes-publiques/article/ne-e-s-ici-ou-venu-e-s-d-ailleurs-l-egalite-des-droits-c-est-pour-toutes-et

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Trump et les droites européennes : des rapports attraction-répulsion qui n’annoncent rien de bon…

3 décembre 2024, par Yorgos Mitralias — ,
*Que penser du retour de Trump à la Maison Blanche ? Pour les bourgeoisies européennes et leurs partis, la réponse devrait être et a été positive et même enthousiaste. Pourquoi (…)

*Que penser du retour de Trump à la Maison Blanche ? Pour les bourgeoisies européennes et leurs partis, la réponse devrait être et a été positive et même enthousiaste. Pourquoi ?

Mais, en raison de l'intention très clairement exprimée de Trump d'appliquer des politiques réactionnaires, anti-syndicales, anti-ouvrières, antisociales et pro-capitalistes que les droites européennes voudraient bien mettre en œuvre chez elles aussi, afin de “pacifier” leurs propres sociétés pour une période aussi longue que possible. Signe infaillible de cette euphorie capitaliste : les bourses européennes pavoisaient le lendemain de la victoire électorale de Trump…*

Évidemment, les partis et autres forces d'extrême droite ont tout à fait raison d'exulter plus que tout autre, s*ûr*s que la victoire de Trump ne peut que leur profiter dans leur marche -pour le moment inarrêtable- vers le pouvoir de plusieurs pays, y inclus des plus grands de l'Union Européenne comme la France et l'Allemagne. Ayant déjà le vent en poupe depuis une dizaine d'années, ces partis d'extrême droite et même néofascistes, deviennent maintenant, grâce a Trump, encore plus attrayants pour les ailes et les tendances ultra-droitières déjà existantes au sein des grands partis de la droite traditionnelle. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les hémorragies électorales et les scissions que vont subir ces partis de la droite traditionnelle européenne en faveur d'une extrême droite plutôt très radicale et sympathisante de Poutine, risquent de redessiner le paysage politique de toute l'Europe, changeant radicalement le rapport de forces également à l'intérieur de la Commission de l'Union Européenne !...

Cependant, force est de constater qu'il y a aussi l'autre face de la médaille des conséquences européennes du retour de Trump à la Maison Blanche. C'est pourquoi la liesse initiale des bourgeoisies européennes qui a suivi le triomphe électoral de Trump a été de courte durée. Pourquoi ? Mais, parce qu'il y a dans tout ça un hic de taille : le protectionnisme agressif et l'ultra-nationalisme de Trump. C'est ainsi qu'au fur et à mesure que Trump multiplie, jour après jour, les déclarations concrétisant son intention d'imposer même à ses alliés et amis des tarifs douaniers exorbitants qui vont frapper durement leurs économies, la satisfaction initiale est remplacée par l'inquiétude, l'anxiété et même la peur. Il s'agit une vraie douche froide qui a comme résultat non seulement de calmer leurs enthousiasmes mais aussi de changer profondément l'humeur et les dispositions des bourgeoisies, des médias et des droites européennes envers Trump.

En somme, ce qui se dessine à l'horizon seulement un mois après sa victoire électorale, c'est que* les droites et les bourgeoisies **européennes** sont presque **condamnées* *à* *développer** des rapports * *d'attraction-répulsion** avec **Trump** et son administration !* D'un coté l'attraction provoquée par la proximité idéologique et la haine commune de ceux d'en bas. Et de l'autre, la répulsion provoquée par les profondes divergences géostratégiques et surtout, par le protectionnisme très agressif de Trump. Un protectionnisme qui pourraient bien mettre le feu aux poudres dans les sociétés du vieux continent et au-delà (par exemple en Chine, aux Indes, au Mexique et même au Canada) et déstabiliser ultérieurement leurs systèmes politiques déjà fragilisés, en raison du marasme social et du chômage record résultant de la faillite des pans entiers de leurs economies et de la probable perte des millions de postes de travail...

Il va de soi, que de tels rapports si contradictoires ne peuvent pas durer éternellement et que les bourgeoisies européennes ainsi que leur personnel politique ne pourront pas être tiraillés éternellement entre l'attirance et la répulsion pour Trump. Tôt ou tard la balance va pencher en faveur de l'attraction et de la coexistence plus ou moins pacifique ou de la répulsion qui pourrait conduire à des drames. Si évidemment ces drames ne sont pas empêchés par l'entrée en jeu des forces sociales et politiques capables de stopper et de battre tant les uns que les autres. Ceci étant dit, on ne peut pas exclure que des inconditionnels ou même des clones politiques de Trump se tournent contre lui si leurs conflits d'intérêts s'exacerbent outre mesure. D'ailleurs, les premières manifestations de tels changements sont déjà perceptibles quand par exemple la Première ministre italienne, la meta-fasciste Mme *Meloni *ou son ami raciste et islamophobe d'extrême droite, le hollandais M. *Wilders* dénoncent le protectionnisme de Trump et font front avec leurs autres partenaires européens contre les tarifs douaniers qu'il veut imposer sur les produits de leurs pays.

Mais, ce qui semble inquiéter le plus les Européens sont les traits pour le moins atypiques du caractère de Trump, qui le rendent totalement imprévisible et incontrôlable.(1) Et cela d'autant plus qu'il décide seul de tout, car il a fait le vide autour de lui et il n'y a plus de garde-fous et des soupapes de sécurité institutionnelles pour l'empêcher de faire n'importe quoi, des folies. Comme par exemple de choisir seul un casting de son gouvernement, que la presse européenne s'est empressée de qualifier d ' « extravagant » ou d'« effroyable », tout en prévoyant que la prochaine administration américaine sera « chaotique ».

Et la gauche européenne dans tout ça ? Que pense-t-elle et que fait-t-elle en ce moment si critique de l'histoire ? La réponse pourrait se résumer dans ces mots : elle fait peu de choses. D'abord, sa social-démocratie jadis puissante mais aujourd'hui déconsidérée et faible, ne fait plus que subir les événements sans réagir, comme par exemple en Allemagne où elle s'attend à essuyer une défaite historique aux élections de février prochain, avec un résultat qui pourrait ne pas dépasser la moitié du résultat de l'extrême droite dure !

Quant à la gauche plus combative et radicale, elle a une influence et des forces assez limitées pour pouvoir peser sur la social-démocratie et les événements qui font trembler notre monde. A l'exception évidemment de la France à cause de l'existence du Nouveau Front Populaire (pourtant assez fragilisé) ainsi que des syndicats ouvriers qui ont fait encore récemment la preuve de leur combativité. Toutefois, cette gauche plus radicale est confrontée à un problème de taille dans sa lutte contre l'extrême droite : l'existence d'une gauche qui « hésite » et évite de dénoncer clairement Trump comme ennemi mortel des syndicats, des mouvements ouvriers, féministes, écologiques et de tout ce qui fait la gauche. Et pire, elle est confrontée à un courant de cette gauche « hésitante », lequel sympathise avec Trump, lui attribuant des vertus... « anti-systèmiques », qui le rendent un allié potentiel de ceux que cette « gauche » appelle des « anti-impérialistes ».

Ce n'est pas surprenant que la grande majorité de ceux qui découvrent en Trump un activiste anti-système, sont aussi des sympathisants de Poutine. Comme il n'est pas surprenant et sans précédents historiques de voir des gens de gauche adopter de telles positions qui dérivent vers l'extrême droite. En réalité, les actuels sympathisants et admirateurs de Trump et de Poutine ne font que perpétuer un triste, ou plutôt criminel, phénomène de l'entre-deux guerres qui a vu même des éminents représentants du mouvement ouvrier et de la gauche, comme par exemple l'Italien *Nicola Bombacci *ou le Français *Jacques Doriot* (1) reconnaître en...Mussolini et Hitler des « champions de la paix », des « révolutionnaires anti-impérialistes » et des « unificateurs de l'Europe » !

Notre conclusion ne peut être que (très) provisoire, car tout le monde est dans l'attente de la suite des événements pour se faire une idée plus claire de ce que va représenter pour l'Europe et pour le monde la deuxième présidence de Donald Trump. Cependant, une chose est déjà plus que sûre : Il faudra mobiliser tout ce qui est mobilisable de par le monde d'abord pour résister bec et ongles et ensuite pour battre l'extrême droite et l'Internationale Brune en gestation, qui constitue actuellement la plus grande menace mortelle pour ce qui reste de notre humanité, de nos droits et de notre planète…

Notes

1. <https://www.pressegauche.org/Et-mai...> https://www.pressegauche.org/Et-maintenant-l-humanite-face-au-fleau-Trump <https://www.pressegauche.org/Et-mai...> *

2. Fondateur et dirigeant avec son ami Gramsci du Parti Communiste Italien (PCI), le très populaire Nicola Bombacci* a été emprisonné et déporté à plusieurs reprises par le régime fasciste dont il était l'ennemi juré, avant de se rapprocher petit à petit à lui et d'adhérer finalement à la *Repubblica di Salò*. Arrêté et fusillé avec Mussolini par les partisans, il est mort le poing levé et criant « *Viva il So**c**ialismo ».

Numéro 2 dans les années ‘30 du Parti Communiste Français, le très populaire parmi les ouvriers *Jacques Doriot* passe en 1936 à l'extrême droite, dont il devient un des leaders. Collaborateur des occupants nazis, dirigeant du *P**arti Populaire* fasciste et créateur de la* Légion* des nazis Français, il combat avec la Wehrmacht en Russie et meurt en Allemagne en 1945 à la fin de la guerre.

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France-dossier. Vague de suppressions d’emplois : sur l’autel de la « compétitivité » et du profit

3 décembre 2024, par A l'encontre — , ,
Le quotidien Le Monde du 28 novembre constate : « A l'accumulation des faillites s'ajoutent les annonces de restructurations en dehors de toute procédure judiciaire. Mercredi (…)

Le quotidien Le Monde du 28 novembre constate : « A l'accumulation des faillites s'ajoutent les annonces de restructurations en dehors de toute procédure judiciaire. Mercredi 27 novembre, la CGT [Confédération générale du travail] a indiqué avoir recensé 286 plans de suppressions d'emplois depuis septembre 2023, estimant qu'entre 128 250 et 200 330 emplois directs, indirects et induits sont supprimés ou menacés. Sa secrétaire générale, Sophie Binet, a appelé les salariés à “se mettre en grève et occuper leurs usines” face à cette “saignée”. »

Nous reproduisons ci-dessous : 1° le bilan établi par la CGT ayant trait aux Plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) – officiellement le PSE « vise à faciliter le reclassement des salariés dont le licenciement économique est inévitable » ! – et 2° « les mesures d'urgence » proposées par la CGT, publiés le 27 novembre. (Réd. A l'Encontre)

28 novembre 2024 | alencontre.org
https://alencontre.org/europe/france/france-dossier-vague-de-suppressions-demplois-sur-lautel-de-la-competitivite-et-du-profit.html

286 PSE : près de 300 000 emplois menacés ou supprimés

Dans un contexte où les entreprises s'enrichissent toujours plus, les vagues de suppressions d'emplois dans l'industrie se multiplient et impactent durement la France. Mercredi 27 novembre, la CGT a présenté à la presse ses propositions pour répondre à l'urgence sociale. Elle organisera des actions sur l'ensemble du territoire, pour l'emploi et l'industrie le 12 décembre.

La CGT dénombre près de 300 plans de licenciement
Depuis plusieurs mois, la CGT alerte sur la situation industrielle désastreuse. En mai dernier, la CGT a présenté une liste de 130 plans de suppressions d'emplois afin de dénoncer ce processus de désindustrialisation. En octobre, lorsqu'elle est présentée au Premier Ministre [Michel Barnier] par la CGT, cette liste atteint les 180 plans de licenciement.

Et moins de 6 mois après notre première liste, la CGT recense aujourd'hui 286 plans de suppressions d'emplois depuis septembre 2023.

Entre 128 250 et 200 330 emplois menacés ou supprimés depuis septembre 2023 recensés par la CGT
Une tendance globale à l'accélération du rythme de mise en œuvre de plans de suppressions d'emplois se dégage, avec plus de 120 plans concentrés sur la période juillet-novembre 2024, dont 89 sur la seule période septembre/novembre.

Les secteurs le plus impactés par les suppressions d'emploi sont :

la métallurgie : 13 000 emplois directs supprimés ou menacés,
le commerce : plus de 10 000 emplois directs supprimés,
le secteur public et associatif : plus de 7 000 emplois supprimés,
les banques et assurances : plus de 6000 emplois supprimés ou menacés
la chimie : plus de 7000 emplois directs supprimés

Si on cumule le total des emplois supprimés ou menacés (70 586) et le potentiel d'emplois indirects et induits dans l'industrie (57 664 hypothèse basse, 129 744 hypothèse haute), on arrive donc à l'évaluation globale d'un impact négatif compris entre 128 250 et 200 330 emplois depuis septembre 2023 recensés par la CGT.

Il donc permis de penser que ce sont plusieurs dizaines de milliers d'emplois supplémentaires menacés qui peuvent être ajoutés à ceux recensés par la CGT.

Le recensement de la CGT documenté est donc cohérent avec les évaluations qui ont pu circuler récemment, notamment celle du cabinet Altares [entreprise intervenant dans le domaine de la « Data Intelligence »] portant sur 300 000 emplois menacés du fait de la vague de défaillances d'entreprises.

Au-delà des ravages sociaux avec la destruction d'emplois directs et indirects, la désindustrialisation entraîne aussi des ravages territoriaux avec la désertification impactant tout le tissu économique et les services publics français.

Chaque emploi supprimé entraîne des effets domino sur les sous-traitants, les prestataires de services et tout l'écosystème économique local. Ces plans de licenciements n'effacent pas seulement des emplois, ils vident des régions de leur attractivité, de leur commerce de proximité…

Des vies brisées, des familles dans l'incertitude : derrière les chiffres c'est un drame humain qui se joue
Il n'y a pas pire violence sociale que le chômage, ces suppressions d'emplois plongent également des familles dans l'incertitude. Ces annonces peuvent être effectuées en visio ou par SMS en un temps extrêmement court, sans prendre en compte les conditions de vie des salarié·es et leurs chances de retrouver un emploi, notamment s'ils et elles sont en fin de carrière.

Ces plans de licenciements entraînent des impacts sociaux profonds, des difficultés financières jusqu'à la perte de logement, fragilisant le tissu social dans de nombreux territoires.

Des conséquences environnementales sont inévitables

La délocalisation de nos productions vers des pays où les normes environnementales sont faibles, voire inexistantes, amplifie l'impact écologique de ces choix.

A cela s'ajoute un paradoxe, les productions exportées à l'étranger reviendront manufacturées dans notre pays, alourdissant encore plus le bilan carbone de la délocalisation. La souveraineté de notre pays est, quant à elle, menacée.

En externalisant ces pans entiers de sa capacité productive, la France perd non seulement des emplois, mais aussi le contrôle sur des secteurs clés de son économie. Cette situation alimente une dépendance accrue à l'égard d'autres pays.

De l'argent public distribué sans contrepartie aux entreprises qui licencient et délocalisent

Face à cela, l'État ne joue pas son rôle de garant, et au contraire, il aggrave la situation. L'argent public est massivement versé dans des aides et subventions aux entreprises qui, sans contrepartie, licencient et délocalisent.

En juillet 2023, la Cour des comptes estime à 260,4 milliards d'euros le soutien financier total aux entreprises, y compris les prêts garantis et le report du paiement des cotisations sociales. Aucun contrôle ni mécanisme coercitif n'empêchent ces pratiques qui affaiblissent notre tissu industriel et nos emplois.

Ces fermetures d'entreprises et d'usines sont les conséquences directes de la politique de l'offre menée par Emmanuel Macron depuis son premier mandat.

Sa seule boussole a été d'attirer des investisseurs étrangers, qui une fois sur le territoire, pillent les savoirs et les brevets avant de repartir ouvrir des usines à bas coûts dans d'autres pays.

L'État doit impérativement agir pour restaurer la souveraineté industrielle de la France et mettre en place une véritable politique industrielle ambitieuse. Cela passe par l'arrêt des délocalisations et par une relocalisation des productions.

Il est également essentiel de lutter contre le dumping social qui exploite les travailleur·ses sous-payés dans d'autres pays, tout en détruisant les emplois locaux. Une véritable stratégie industrielle est donc indispensable afin de garantir un avenir durable pour la France.

La CGT demande à l'Etat de prendre ses responsabilités et de lancer en urgence des assises pour l'industrie afin de relancer notre outil productif et agir pour les emplois en France.

La CGT organise des actions pour l'emploi et l'industrie, le 12 décembre.

***

Les mesures d'urgence de la CGT pour endiguer les PSE

Face à la gravité de la saignée industrielle, il faut agir, sans attendre, sur trois aspects :

Un plan d'urgence pour l'emploi et l'industrie

  • Un moratoire sur les licenciements et un renforcement des dispositifs garantissant la recherche effective d'un repreneur
  • Un plan national de maintien et de relocalisation des outils et emplois industriels, piloté par un État assumant un rôle d'acteur central de l'industrie
  • Permettre un retour immédiat aux tarifs réglementés de vente de l'électricité et du gaz

Des assises de l'industrie et une grande loi pour réindustrialiser le pays et répondre au défi environnemental

  • Planifier et protéger notre industrie
  • Donner la possibilité aux travailleurs d'intervenir sur les orientations stratégiques des entreprises
  • Mettre en place une Sécurité Sociale professionnelle et environnementale
  • Responsabiliser les donneurs d'ordre par rapport aux sous-traitants
  • Mettre l'industrie au service de l'intérêt général
  • Investir pour préparer l'avenir

Réorienter la politique européenne

  • Renforcer les normes sociales et environnementales et protéger notre industrie
  • Mettre en place un plan d'investissement européen, à rebours des politiques d'austérité
  • Sortir du dogme de la concurrence libre et non faussée

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Par l'Union syndicale Solidaires

L'Union syndicale Solidaires est inquiète et en colère face à la multiplication des annonces de plans de licenciements.

Inquiète pour l'avenir des dizaines de milliers de salarié·es concerné·es qui risquent de perdre brutalement leur emploi, et de subir le chômage.

En colère, car ce sont des vies qui sont détruites, des couples qui parfois perdent simultanément leurs emplois.

En colère, car les gouvernements successifs et le patronat ne cessent de s'attaquer à l'Assurance-chômage pour en durcir les règles. Le cynisme patronal est décidément sans limite alors qu'en même temps il licencie en masse.

En colère, car les politiques des gouvernements successifs nous ont menés à cette situation et aujourd'hui le gouvernement joue le théâtre de l'impuissance.

“Moderniser” le marché du travail, inverser la hiérarchie des normes, faciliter les licenciements (loi El Khomri de 2016), soutien financier massif aux entreprises (CICE, CIR, exonérations de cotisations…) : la politique de l'offre appliquée depuis des années n'a abouti qu'à engraisser les grands groupes.

Bien qu'effectuant des bénéfices et reversant des milliards de dividendes, ces grandes entreprises licencient pour préserver voire augmenter leurs marges au mépris des salarié·es et de leurs sous-traitants.

Michelin qui avance des raisons économiques à ces licenciements se garde bien de rappeler que le groupe a encore réalisé des bénéfices records de plus de 3 milliards d'euros en 2023 !

Auchan annonçait quasi concomitamment 2400 licenciements dans ses magasins français malgré un chiffre d'affaires de plus de 16 milliards d'euros en 2023 et 1 milliard de dividendes versés !

Casino, Saunier-Duval, Bosch, Valeo, Adrexo-Milee, Lecas, Don't Nod, People Doc, Exxon Mobil, Stellantis, Nexity, Sanofi, Batimetal… autant de groupes qui licencient. La liste ne cesse de s'allonger.

Pour arrêter le massacre, il faut des mesures d'urgence. Solidaires revendique l'interdiction des licenciements pour les entreprises qui font des bénéfices, un droit de veto des CSE sur les licenciements et le remboursement des aides publiques !

Face à la multiplication des annonces, l'heure est à se coordonner pour frapper plus fort ensemble.

L'Union syndicale Solidaires travaille à la construction d'une riposte unitaire. Pour l'interdiction des licenciements, la défense de l'emploi et un statut du salarié plus protecteur qui garantisse la continuité des droits des salarié·es. (18 novembre 2024)

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Mettre un coup d'arrêt aux fermetures de sites et aux licenciements

Par Robert Pelletier (L'Anticapitaliste)

Après les premières suppressions d'emplois et de fermetures annoncées par Sanofi, Michelin et Auchan, de nouvelles annonces de suppression d'emploi tombent chaque semaine, presque chaque jour.

La filière automobile est la plus touchée. Dans le cadre d'une situation au moins européenne les restructurations engagées chez Renault, les baisses de production continues chez Stellantis tentent de répondre à la concurrence exacerbée, à la stagnation voire aux baisses des ventes notamment dans l'électrique qui s'inscrivent dans la durée.

Dans toutes les branches, toutes les régions

Les mesures décidées ou envisagées impactent d'ores et déjà plusieurs sous-traitants ou équipementiers que ce soit Valeo (Normandie, Sarthe, Isère), Amis (Montluçon), Dumarey et Novarex en Alsace, et en contrecoup, Michelin. Dans la chimie, la fermeture de Vencorex (Isère) et celle de WeylChem Lamotte (Oise) pourraient bien n'être que l'amorce d'une séquence importante de suppressions d'emplois dans ce secteur. Et au-delà de ces exemples qui ont plus ou moins franchi le mur du silence médiatique ce sont des dizaines (centaines) de milliers d'emplois qui sont condamnés dans les mois qui viennent dans de multiples branches (sidérurgie, alimentation, habillement). L'expérience montre qu'à ces milliers de suppressions de postes de travail dits « directs » il convient d'ajouter 3 à 4 fois plus de suppressions d'« indirects » que ce soit dans le commerce, les transports et même les services publics. Même si certaines régions comme le Nord, l'Est ou l'Ouest sont particulièrement impactées, tous les territoires risquent de connaître ces situations désespérées.

Et pendant ce temps-là le gouvernement regarde ailleurs

À la question du journal les Échos, le 22 novembre, « la multiplication des annonces de plans de licenciement augure-t-elle selon vous d'un retournement du marché du travail ?? », la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, ose répondre : « ?Non. Des tensions mais pas un retournement. Il faut être lucides et mobilisés, sans verser dans le catastrophisme ». Osera-t-elle aller tenir ce discours à Cholet, Vannes ou dans l'Isère ? Même le très officiel OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) se montre nettement plus pessimiste pour la fin de l'année, mais surtout pour 2025 avec 143 000 emplois en moins et un taux de chômage qui se hausserait à 8% en fin d'année prochaine. Pour le gouvernement, il semble n'y avoir pas de sujet, tout juste l'occasion de mesures de répression contre celles et ceux qui comme à Cholet tentent de défendre leurs moyens de vivre : sept ouvriers, dont un militant de la CGT, étaient convoqués au tribunal d'Angers vendredi dernier à la demande de Michelin qui se permet d'invoquer sa « liberté » du travail avec l'appui de l'appareil judiciaire à défaut de pouvoir dans l'immédiat assumer politiquement une intervention des forces de police contre le piquet de grève.

Élargir la riposte
Sur de nombreux sites, la mobilisation se construit. Mais on est encore « chacun dans son coin » et bien souvent sur la revendication d'un « départ digne ». Devant l'ampleur de la purge annoncée, entamée, c'est plus que jamais un « tous ensemble » qu'il faut construire. Dans les filières, dans les régions. En lien avec la défense de l'emploi public lui aussi violemment attaqué. L'interdiction des licenciements, la suppression des aides au patronat accordées tant par les gouvernements de droite que de gauche, la réduction du temps de travail ne seront pas obtenues lors de batailles parlementaires. Plusieurs dates de mobilisation dans le public comme dans le privé sont au calendrier de décembre. Nous devons nous en saisir pour amplifier les mobilisations encore trop éparses pour faire reculer patronat et gouvernement. (28 novembre 2024)

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Contre les fermetures et les licenciements : ce combat doit devenir celui de tous !

Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière, 25 novembre, Bulletins d'entreprise)

Que nous soyons ouvriers, employés, salariés du public ou du privé, le gouvernement et le grand patronat ne nous laissent aucun répit. Après le vol de deux années de retraite et la brutale flambée des prix, voici les licenciements de masse !

200 fermetures d'usines seraient déjà annoncées. Et on ne compte pas les centaines de petits fournisseurs et sous-traitants entraînés dans la chute des plus grosses entreprises. 150 000, voire 200 000 suppressions d'emplois seraient à prévoir dans l'automobile, la chimie, la sidérurgie, la grande distribution… C'est une attaque d'ampleur.

Mais elle n'a rien d'une fatalité. Car les responsables, les Michelin, Auchan, Bosch, Valeo…, sont des groupes richissimes dont les actionnaires sont assis sur des montagnes de capitaux. Ils ont les moyens financiers d'assurer les emplois et les paies de tous leurs salariés. Ils peuvent répartir les productions entre les dizaines, voire les centaines d'usines qu'ils possèdent dans le monde et préserver tous les emplois.

Cela leur coûterait de l'argent ? Oui ! Cela diminuerait leur taux de rentabilité ? Également. Mais où est-il inscrit qu'ils doivent faire 8, 10 ou 15% de marge ? L'année dernière, Michelin a réalisé deux milliards de profits et a distribué 900 millions à ses actionnaires. Eh bien, qu'il prenne sur ces dividendes !

Les fortunes des grands actionnaires, les familles Michelin, Mulliez ou Peugeot, se comptent en dizaines de milliards. Qu'ils ne touchent pas de dividendes pendant quelques années ne les privera de rien. Ils continueront de survoler la planète en jet privé, de peupler les palaces de luxe et de claquer des milliers d'euros en une soirée.

Mais à Cholet, si Michelin ferme et que le chômage fait rage, combien de travailleurs ne pourront plus rembourser leur crédit, plus payer les études de leurs enfants, plus se chauffer ? Combien se retrouveront avec des retraites de misère ? Misère qui frappera aussi les artisans, les commerçants et les petits agriculteurs déjà étranglés par la baisse de la consommation et par les crédits contractés pendant le Covid.

Les industriels se disent en « crise ». Celle-ci serait provoquée par la faiblesse des ventes de voitures électriques en Europe, par la concurrence chinoise et le prix élevé de l'énergie. Et de fait, la bourgeoisie européenne est secouée par ses concurrents chinois et aussi américains.

Mais dans cette crise, le grand patronat n'a encore rien perdu. C'est pour ne pas perdre un centime qu'il se retourne contre des centaines de milliers de travailleurs. C'est aussi pour cela qu'il réorganise son système productif en délocalisant ou en retirant ses capitaux des affaires jugées pas assez rentables. Alors, il n'y a pas à se laisser attendrir par ce grand patronat. Non seulement il pleure la bouche pleine, mais il a déclaré la guerre à l'ensemble du monde du travail !

Ne nous laissons pas berner par ceux qui promettent de lutter contre la concurrence « déloyale » et de faire du protectionnisme. La concurrence est toujours jugée déloyale par les perdants, en particulier les plus petits, qui finissent toujours dévorés par plus gros qu'eux. Le problème, c'est le principe même de la concurrence, parce que c'est la loi de la jungle.

Cette jungle économique, le grand patronat la défend bec et ongles. Il en est le principal acteur et profiteur. Parce qu'avec la propriété privée des entreprises, la concurrence est à la base du capitalisme. Pour les groupes les plus puissants, c'est une source d'enrichissement sans fin et le moyen de mettre les travailleurs du monde entier en compétition pour les exploiter toujours plus.

Les discours politiciens sur la réindustrialisation et le protectionnisme ne sont que démagogie. Les capitalistes jouent nos emplois et nos vies au casino mondial de la finance pour leurs seuls intérêts de parasites. Notre seule protection, c'est notre colère, notre combativité et notre organisation.

Il y a des luttes, des débrayages et des grèves dans certaines usines menacées de fermeture. Les ouvriers qui se battent pour leur emploi et leur salaire ont raison. Mais il ne faut pas les laisser seuls. Les licenciements frappent tant de secteurs et de régions que nous en subirons tous les conséquences. Alors, ce combat doit devenir celui de tous les travailleurs !

La mobilisation générale ne se décrète pas, surtout après des années de recul. Mais le grand patronat ne nous laisse pas le choix. Il faut nous battre avec la conviction que nous ne sommes pas condamnés à subir les diktats d'une minorité de rapaces. Tout est une question de rapport de force. Et parce que le monde du travail produit tout et fait tout tourner dans la société, il peut et doit s'imposer !

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France : Fermeture d’usines à ArcelorMittal : la grève s’étend à l’ensemble des sites du pays

3 décembre 2024, par Lino Lussu — , ,
Alors que les travailleurs de Reims et Denain se mobilisent depuis la semaine dernière contre la fermeture de leurs usines, les 6 autres sites du pays ont rejoint le mouvement (…)

Alors que les travailleurs de Reims et Denain se mobilisent depuis la semaine dernière contre la fermeture de leurs usines, les 6 autres sites du pays ont rejoint le mouvement ce mardi à l'appel de l'Intersyndicale. Une jonction progressiste qu'il s'agit d'amplifier et de généraliser.

27 novembre 2024 | tiré de Révolution permanente | Photo : Crédit photo : Union Locale CGT Onnaing et Environs

Suite à l'annonce de la fermeture de leurs usines, les salariés d'ArcelorMittal Centres de Services de Reims et de Denain se sont mis en grève la semaine dernière. Ce mardi 26 novembre, à l'appel de l'Intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC), le mouvement s'est étendu à l'ensemble des 8 sites français. Même s'ils ne sont pas directement concernés par les licenciements en cours, de nombreux travailleurs ont souhaité se mettre en grève en solidarité avec leurs collègues, alors qu'ils pourraient également être les prochains sur la liste.

En effet, rien ne porte à croire que la direction du deuxième producteur mondial d'acier va s'arrêter là. Au contraire, dans leur course effrénée au profit, le plus probable est une progressive délocalisation de toute la production vers des pays où la main d'œuvre est « meilleur marché ». En ce sens, les patrons d'ArcelorMittal viennent de geler les investissements sur les projets de décarbonation de l'acier français, et exhorte l'Union Européenne à les protéger de « la concurrence extra-européenne déloyale ». Un discours teinté de protectionnisme qui cherche à justifier les licenciements.

Travailleur sur le site de Woippy, Thomas* nous explique : « c'est toujours pareil, la direction essaye toujours de nous monter contre les travailleurs allemands ou chinois, alors que pendant ce temps-là ils font des milliards de profits ! ». Tout comme Michelin, Auchan ou encore Stellantis, ArcelorMittal s'apprête à licencier alors qu'il a versé près de 9 milliards d'euros à ses actionnaires entre 2020 et 2022.

Alors qu'une vague de licenciements frappe la France depuis plusieurs mois, laissant souvent les salariés visés dans l'isolement, l'initiative d'élargir la grève à l'ensemble des sites français va dans le bon sens. En effet, comme le rappelait dans notre précédent article David Blaise, délégué syndical central CGT, « il est clair que la solidarité entre tous les travailleurs, peu importe leur secteur ou leur branche, est essentielle. On ne peut pas se permettre de rester isolés chacun de notre côté à mener des luttes séparées. C'est en unissant nos forces qu'on pourra réellement peser. ».

De plus, l'offensive patronale en cours concerne en réalité l'ensemble des travailleurs du pays. En supprimant des centaines de milliers d'emplois, c'est tous les salaires qui vont être tirés vers le bas. Le monde du travail dans sa globalité aurait donc intérêt à se mobiliser autour de revendications fortes telles que l'interdiction des licenciements et l'embauche en CDI des salariés avec contrats précaires. De ce point de vue, l'appel de la CGT à une « convergence des mobilisations, avec débrayages et grèves en région pour l'emploi et l'industrie » le 12 décembre est un premier pas. Si cette journée peut constituer un point d'appui pour que différents secteurs se coordonnent, il faudra que la mobilisation dépasse la logique de journées de grèves isolées et sans lendemain si l'on souhaite construire un rapport de force suffisant pour mettre un frein à l'offensive patronale. Pour faire face à une bourgeoisie radicalisée seul un véritable plan de bataille construisant crescendo un mouvement de grève dure à dimension nationale, organisé par la base dans chaque entreprise, pourrait permettre d'imposer l'interdiction des licenciements.

*prénom modifié

Volodymyr Ishchenko : « En Ukraine, le désir réel de se sacrifier pour l’État est très faible »

3 décembre 2024, par Philippe Alcoy, Volodymyr Ishchenko, Sasha Yaropolskaya — , , ,
Cette entrevue ne ne reflète pas nécessairement les positions de Presse-toi à gauche ! Révolution Permanente s'est entretenu avec Volodymyr Ishchenko, sociologue ukrainien, (…)

Cette entrevue ne ne reflète pas nécessairement les positions de Presse-toi à gauche !

Révolution Permanente s'est entretenu avec Volodymyr Ishchenko, sociologue ukrainien, au sujet du conflit qui ravage le pays. Il nous donne sa vision de la guerre, des rivalités au sein de la bourgeoisie ukrainienne et du rôle de la classe ouvrière. Philippe Alcoy et Sasha Yaropolskaya et Volodymyr Ishchenko

25 novembre 2024 | tiré de Révolution permanente
https://www.revolutionpermanente.fr/Volodymyr-Ishchenko-En-Ukraine-le-desir-reel-de-se-sacrifier-pour-l-Etat-est-tres-faible

Sasha Yaropolskaya et Philippe Alcoy ont interviewé Volodymyr Ishchenko, sociologue ukrainien qui a milité et pris part dans plusieurs initiatives des milieux de gauche en Ukraine avant de déménager en Allemagne en 2019. Ishchenko travaille actuellement à la Freie Universität de Berlin et poursuit ses recherches sur les révolutions ukrainiennes, la gauche et la violence politique de l'extrême-droite qu'il étudie depuis 20 ans.

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, il a également beaucoup écrit dans plusieurs médias internationaux sur différents aspects de celle-ci. Il nous livre ici sa vision sur le cours de la guerre, les évolutions des sentiments de la population ukrainienne à l'égard du conflit, les luttes internes au sein des classes dominantes nationales, le renforcement de l'extrême-droite souvent relativisé par les médias dominants en Occident et enfin la situation de la classe ouvrière et de la gauche ukrainienne.

Ici, en Occident, de nombreux reportages ont tendance à parler de l'enthousiasme des Ukrainiens à défendre leur pays. Mais aujourd'hui, nous voyons des images de jeunes hommes qui désertent ou refusent de servir dans l'armée. Pouvez-vous nous expliquer quel est le sentiment de la population ukrainienne aujourd'hui face à la situation de la guerre contre la Russie ?

Il n'y a pas d'enthousiasme ou du moins cet enthousiasme est limité à un groupe de personnes beaucoup plus restreint qu'il ne l'était en 2022. À l'époque, l'enthousiasme était occasionné non pas seulement par une réaction à l'invasion russe, mais aussi par le fait que le plan d'invasion initial avait échoué en quelques jours. Il n'y avait pas seulement l'indignation que la Russie ait attaqué notre pays, mais aussi d'immenses espoirs de victoire au printemps, et encore plus après la contre-offensive ukrainienne de septembre 2022 et les attentes d'un plus grand succès de la contre-offensive en 2023. Comme nous le savons maintenant, la campagne ukrainienne de l'année dernière a échoué et n'a atteint aucun de ses objectifs. Au lieu de cela, nous avons assisté à l'avancée relativement réussie des forces russes.

Cela a des conséquences sur la façon dont les gens ressentent la guerre. Dans l'opinion publique en particulier, il y a des tendances claires : lorsque la situation sur la ligne de front était bonne pour l'Ukraine avec des chances d'amélioration, le soutien aux négociations était très faible, mais lorsque la situation s'est détériorée et les espoirs que l'Ukraine pourrait gagner la guerre se sont amenuisés, le soutien aux négociations a augmenté, alors que le soutien au compromis et la confiance en Zelensky ont diminué.

Il y a de multiples indications qui laissent à penser que l'enthousiasme de 2022 était assez fragile ; ce n'est pas la première fois que l'on voit ce genre de dynamique. Après la « Révolution Orange » de 2004 et la révolution EuroMaidan de 2014, les gens ont eu de grandes attentes qui ont laissé rapidement place à la déception. Une dynamique similaire s'est produite après l'élection de Zelensky en 2019, puis en 2022. L'une des lignes d'interprétation est que ces événements étaient la manifestation de la montée de la nation ukrainienne avec une dynamique quasi-théologique, en tant qu'aboutissement ultime de la lutte de libération nationale.

Vous avez parlé de désertion. Le nombre de personnes qui tentent de s'échapper par la frontière est élevé. Une statistique encore plus parlante est que la majorité des hommes soumis au service militaire, âgés de 18 à 60 ans, n'ont pas mis à jour leurs coordonnées auprès du bureau de recrutement militaire. Ceci avait été exigé afin de rendre la conscription ukrainienne un peu plus efficace et de ne pas recourir à cette méthode assez brutale qui consiste à capturer les gens dans la rue, mais d'essayer de collecter les données de tous les conscrits potentiels pour ensuite commencer à les mobiliser de manière plus efficace. S'ils ne mettent pas à jour les données, ils seront punis d'une amende élevée et si les gens ne paient pas cette amende, il y aura encore plus de complications dans leur travail et leur vie. Il s'agit d'une question très sérieuse et, malgré tout, la majorité des hommes ukrainiens n'ont pas tenu compte de cette exigence. Et pour ce qui est des hommes ukrainiens à l'étranger, selon les estimations, seuls quelques-uns d'entre eux ont mis à jour leurs données, alors que tout le monde était tenu de le faire. Cela signifie que le désir réel de se sacrifier pour l'État est très faible.

La conscription militaire devient de plus en plus brutale en Ukraine. Des vidéos ont émergé d'arrestations publiques de conscrits militaires, et d'affrontements entre des policiers et des militaires d'un côté, et des citoyens témoins de la scène de l'autre. Y a-t-il un parallèle à faire avec la situation en Russie sur la question de la conscription militaire ? Et est-ce un sujet de crainte pour l'État de pousser à une large conscription qui pourrait entraîner un mécontentement social comme en Russie, où depuis des années il y a un mouvement des familles des conscrits, notamment des épouses et des mères, qui se mobilisent pour soutenir leurs maris et leurs fils ? En Russie, le régime craignait de lancer un vaste effort de conscription et il a essayé de trouver différents moyens d'éviter de grandes vagues de conscription militaire. Mais j'ai le sentiment que l'Ukraine, en particulier lorsque les approvisionnements en provenance des États-Unis étaient faibles, n'a pas eu le choix et a abaissé l'âge de la conscription, ce qui s'est accompagné d'une grande brutalité de la part de la police. Y a-t-il des protestations sociales potentielles qui pourraient découler de cette situation ?

Il y a beaucoup à dire à ce sujet. Contrairement à la Russie, la conscription a toujours existé en Ukraine. Ce n'est donc pas une seule vague de conscription comme celle que que Poutine a annoncée en septembre 2022 en réponse à la contre-offensive ukrainienne. L'armée ukrainienne se procurait ses soldats principalement par le biais de la conscription. Les volontaires ne constituent pas la majorité de l'armée ukrainienne, et leur nombre est devenu négligeable à partir de 2022. Toutes ces méthodes brutales de mobilisation sont le résultat d'un faible désir de se porter volontaire pour l'armée.

Pourquoi est-il si faible ? L'explication la plus généreuse pour l'État ukrainien, et également celle qui est répétée dans certains cercles, est que c'est simplement parce que les États-Unis n'ont pas fourni suffisamment d'armes. Cet argument implique une idée très précise de la manière dont la guerre pourrait être gagnée. Mais il n'est pas certain que si toutes les armes et fournitures avaient été livrées en 2022, une victoire décisive aurait été remportée sur la Russie. Je n'entrerai pas dans des spéculations, mais je ne pense pas qu'il s'agisse d'une analyse consensuelle parmi les experts militaires. Le revers de la médaille est que l'envoi d'armes est conditionné à l'efficacité de la mobilisation ukrainienne. Ainsi, la modification de la loi sur la conscription cette année était liée à l'envoi d'armes par les États-Unis. C'est ce qu'ont confirmé de nombreux hommes politiques ukrainiens. Les États-Unis attendaient de l'Ukraine qu'elle rende la conscription plus efficace. Aujourd'hui, la question la plus urgente est de réduire l'âge de la conscription. Il a déjà été ramené de 27 à 25 ans, et il y a maintenant une forte pression pour l'abaisser encore plus, à 22 ans, voire à 18 ans.

Il y a un argument important contre cela. Il s'agit de la cohorte démographique la plus fertile de la population ukrainienne, et c'est aussi l'une des plus petites. En fait, si vous envoyez ces jeunes gens mourir dans un massacre, la capacité de la population ukrainienne à se régénérer après la guerre diminuera encore plus. Selon les dernières prévisions de l'ONU concernant la population ukrainienne, d'ici la fin du siècle, celle-ci ne comptera plus que 15 millions d'habitants, contre 52 millions en 1992, après la désintégration de l'URSS. Et il ne s'agit même pas du scénario le plus pessimiste ; il repose sur l'hypothèse plutôt optimiste que la guerre prendra fin l'année prochaine et que des millions de réfugiés, en particulier des femmes fertiles, reviendront et pourront contribuer à la reproduction de la population ukrainienne, ce qui n'est pas certain, c'est le moins que l'on puisse dire.

Il s'agit d'un choix impossible. Tout au long de l'histoire, de nombreuses nations ont mené de longues guerres contre des conquêtes impériales – pas nécessairement des conquêtes impériales d'ailleurs : prenons l'exemple de la France révolutionnaire. Après 1789, la France a pu vaincre la coalition des plus grandes puissances européennes jusqu'en 1812, lorsque Napoléon a été vaincu en Russie. Pendant deux décennies, la France a vaincu toute l'Europe. Tel était le pouvoir de la révolution. Après 1917, la Russie révolutionnaire a pu vaincre la coalition des puissances impérialistes les plus fortes grâce au pouvoir de la révolution et à la capacité de construire une armée rouge efficace, nombreuse et victorieuse. Lors de la guerre du Vietnam, les Vietnamiens ont vaincu la France et les États-Unis sur une période de plusieurs décennies. L'Afghanistan a vaincu l'URSS et les États-Unis dans une guerre qui a duré de 1979 à 2021. Théoriquement, on peut penser qu'une petite nation peut vaincre un ennemi beaucoup plus grand, mais cela nécessite une stature sociale et une politique différentes.

Toutes ces guerres ont donc été menées par des pays disposant d'une importante population paysanne capable de se mobiliser dans des guerres révolutionnaires ou de guérilla de grande ampleur. Ainsi, au Vietnam, la démographie s'est maintenue au fil des décennies malgré les génocides perpétrés par les États-Unis au Vietnam, même si l'équilibre des forces était disproportionné. Mais c'était là le pouvoir de la révolution. L'Ukraine post-soviétique est un pays très différent. Sa structure démographique est très différente, pas comme au Vietnam, pas comme en Afghanistan, pas même comme en Ukraine il y a cent ans, qui était un pays essentiellement paysan avec de multiples armées révolutionnaires, l'Armée rouge, l'armée de Makhno, les divers seigneurs de guerre nationalistes qui bénéficiaient de la démographie de la paysannerie. Aujourd'hui, l'Ukraine est une société urbaine modernisée avec une démographie en déclin, elle ne pourra pas mener la guerre pendant des décennies.

Par ailleurs, il n'y a pas de changements révolutionnaires. Paradoxalement, les trois révolutions ukrainiennes de 1990, 2004 et 2014 n'ont pas créé un État révolutionnaire fort capable de mettre en place un appareil efficace pour mobiliser l'armée et l'économie. L'idée qui sous-tend ces révolutions est que l'Ukraine est censée s'intégrer dans l'ordre mondial des États-Unis comme une sorte de périphérie. Ce type d'intégration ne profiterait qu'à une étroite classe moyenne, à certains oligarques opportunistes et au capital transnational.

L'Ukraine discute toujours de l'augmentation des taxes, assez modérée, après deux ans et demi de guerre, ce qui en dit long sur la confiance potentielle des Ukrainiens envers l'État et sur leur désir de défendre leur État. La question des classes sociales était très importante, car les conscrits venaient principalement des classes inférieures, des villages. Il s'agit principalement de pauvres gens qui n'ont pas pu soudoyer les officiers de recrutement pour qu'ils les laissent partir et de personnes qui n'ont pas trouvé le moyen de fuir le pays.

Zaloujny, le chef des forces armées ukrainiennes, et Kuleba, le ministre des Affaires étrangères, ont été limogés cette année. Est-ce que vous pourriez revenir la question des luttes politiques au sein de la bourgeoisie ukrainienne ?

Zaloujny est un adversaire politique potentiel de Zelensky. Il était dangereux pour lui de voir un général populaire se transformer en politicien. C'est l'une des idées qui a motivé l'envoi de Zaloujny en tant qu'ambassadeur au Royaume-Uni. Avec Kuleba, il y avait aussi un problème de confiance. Nous pouvons analyser cela comme la construction d'un pouvoir vertical, une manière informelle de consolider l'élite et de gouverner le pays en utilisant des institutions formelles, comme la Constitution démocratique et le Parlement, mais aussi par le biais de mécanismes informels.

Tous les présidents ukrainiens ont essayé de construire ce pouvoir informel. Le pouvoir vertical de Zelensky a commencé à se construire avant l'invasion, mais la guerre a offert plus d'opportunités et son chef de cabinet, Andri Yermak, est considéré comme la deuxième personne la plus puissante du pays avec un énorme pouvoir informel et la capacité de construire une structure informelle efficace qui consolide le pouvoir autour du bureau présidentiel.

La dynamique de ces conflits qui éclatent parfois dans la sphère publique reste pour l'essentiel hors de portée du public. Elle est principalement liée aux résultats de la ligne de front et aux développements militaires. En cas de mauvais développement pour l'armée ukrainienne, ces conflits s'intensifieraient et certains nationalistes radicaux, voire certains oligarques, pourraient relever la tête, etc.

Beaucoup de choses dépendent de la position des États-Unis et de l'UE et de la stratégie que Trump va choisir. À moins que Zelensky ne soit en mesure de mettre fin à cette guerre d'une manière qui pourrait être présentée au public ukrainien comme une victoire, avec l'obtention de l'adhésion à l'UE ou à l'OTAN ou de certains programmes de financements généreux pour l'Ukraine par exemple, même si elle perd du territoire. Avec une issue qui serait perçue comme une défaite, Zelensky n'aurait probablement pas beaucoup de perspectives après la guerre.

Quel est le rôle de l'extrême droite en Ukraine ? Ce sujet a été très discuté dans les médias occidentaux tout au long de la guerre. Certains médias occidentaux libéraux tentent également de présenter l'extrême droite ukrainienne comme étant moins dangereuse que l'extrême droite occidentale parce qu'elle se bat du bon côté de l'histoire en présumant que la Russie est l'ennemi le plus important. Le régime Zelensky a tenté de s'adresser à ces secteurs de l'extrême droite en organisant des cérémonies officielles pour le bataillon Azov ou en célébrant l'anniversaire de Stepan Bandera, nationaliste et sympathisant nazi. Il est difficile de suivre depuis la France l'évolution de cette dynamique au fur et à mesure que la guerre progresse. L'extrême droite est-elle un petit segment mais puissant en raison de son implantation dans l'armée, ou gagne-t-elle en popularité en dehors des secteurs traditionnels de l'extrême droite ? L'extrême droite joue-t-elle un rôle important dans le paysage politique ukrainien ou est-elle exagérée par les médias ?

Lorsque les Occidentaux discutent de l'extrême droite ukrainienne, je pense qu'ils se trompent de point de comparaison. Par exemple, en France, l'extrême droite, principalement le Rassemblement national, le parti de Le Pen, est bien moins extrême que les mouvements dont nous parlons en Ukraine. Le parti de Le Pen n'utilise probablement pas de symboles nazis et a une attitude plus sophistiquée à l'égard de la collaboration avec Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils essaient de se désintoxiquer. Ce n'est pas le cas en Ukraine.

Vous avez mentionné Stepan Bandera, qui est glorifié ouvertement, et plus encore la Waffen-SS, en particulier par les membres du bataillon Azov. Le degré d'extrémisme de l'extrême droite ukrainienne est bien plus élevé que celui de l'extrême droite occidentale. Récemment, une conférence internationale, « Nation Europa », s'est tenue à Lviv, la plus grande ville de l'Ukraine occidentale, où ont été invités des groupes tels que le Dritte Weg d'Allemagne, CasaPound d'Italie et d'autres groupes néo-nazis similaires de nombreux pays européens. En Ukraine, toutes les grandes organisations d'extrême droite y ont participé, y compris le parti Svoboda et des membres éminents d'Azov/Corps national. Ces partis, organisations et unités militaires ukrainiens sont généralement appelés « extrême droite », mais ils entretiennent des relations internationales avec des groupes occidentaux bien plus extrêmes et violents que les partis d'extrême droite dominants. D'ailleurs, la plupart des unités militaires ukrainiennes qui ont participé à cette conférence ont des liens avec les services de renseignement militaire ukrainiens (HUR).

La capacité de violence politique approuvée idéologiquement par l'« extrême droite » ukrainienne est bien plus grande que celle des partis d'extrême droite dominants en Occident. Ils disposent de beaucoup plus d'armes et de mouvements paramilitaires construits autour d'unités militaires capables de violence politique. Contrairement aux principaux partis d'extrême droite occidentaux qui cherchent à obtenir un statut parlementaire, le pouvoir de l'extrême droite ukrainienne a toujours reposé sur sa capacité de mobilisation dans la rue et sur la menace de la violence. Ils n'ont pas été capables de devenir des élus populaires, à l'exception des élections de 2012, lorsque le parti d'extrême droite Svoboda a remporté plus de 10 % des voix (bien qu'ils aient également été capables d'obtenir une représentation beaucoup plus significative et d'avoir les factions les plus importantes dans de nombreux conseils locaux de l'Ukraine occidentale). Toutefois, la principale source de pouvoir provenait de leur capacité de mobilisation extraparlementaire, contrairement aux partis oligarchiques ou aux faibles libéraux.

Les nationalistes ukrainiens peuvent s'appuyer sur une tradition politique qui remonte à l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), qui appartenait à une famille de mouvements fascistes dans l'Europe de l'entre-deux-guerres. Les nationalistes ukrainiens post-soviétiques se sont souvent inspirés littéralement de l'OUN. Cette tradition s'est maintenue dans la diaspora ukrainienne, en particulier en Amérique du Nord. Le public canadien ne découvre que maintenant le nombre de fascistes ukrainiens que son gouvernement a accueillis après la Seconde Guerre mondiale. Les autres segments politiques ukrainiens post-soviétiques n'ont pas cet avantage de tradition politique préservée.

Aujourd'hui, les membres d'Azov sont devenus très légitimes en tant que héros de la guerre, ils bénéficient d'une attention extraordinaire de la part des médias, ils se présentent comme une unité d'élite, une affirmation qui est confirmée par les médias. De nombreux orateurs d'Azov sont devenus des célébrités. Ils ont également bénéficié d'un certain blanchiment dans les médias occidentaux qui, avant 2022, les qualifiaient de néo-nazis. Aujourd'hui, ils oublient facilement cette partie de l'histoire.

Enfin, nous devons réfléchir non seulement à l'extrême droite elle-même, mais aussi à la complicité des élites ukrainiennes et occidentales dans le blanchiment de l'extrême droite ukrainienne et de l'ethnonationalisme. Non seulement en Ukraine, mais aussi en Occident, discuter de ce sujet aujourd'hui peut immédiatement conduire à l'ostracisation. Par exemple, Marta Havryshko, une historienne ukrainienne qui s'est installée aux États-Unis, continue d'écrire des articles critiques sur les nationalistes ukrainiens, les politiques ethno-nationalistes ukrainiennes, l'extrême droite ukrainienne, et elle reçoit des milliers de menaces, des menaces de mort, des menaces de viol.

Azov est pour vous la principale force de l'extrême droite ukrainienne ? Elle a été fortement affaiblie par la bataille de Marioupol et de Bakhmout. Pensez-vous qu'elle jouera encore un rôle important à l'avenir, dans la recomposition de l'extrême droite ?

Au contraire, ils se sont développés, formant désormais deux brigades – la 3ᵉ brigade d'assaut et la brigade Azov de la Garde nationale – en plus d'une unité spéciale, le Kraken, subordonnée à la HUR. Leur attrait politique et leur publicité dans les médias se sont considérablement accrus. Leur légitimité s'est également accrue, de sorte qu'ils ne sont pas affaiblis, mais renforcés. Contrairement au mythe populaire, ils ne se sont pas dépolitisés.

Craignez-vous qu'après la guerre, l'extrême droite, et en particulier celle qui a combattu au front, soit la seule à avoir un projet idéologique suffisamment cohérent pour l'Ukraine d'après-guerre, compte tenu de l'absence d'idéologie du projet néolibéral pour l'Ukraine et de la faiblesse de la gauche ?

Cela dépend totalement de l'issue de la guerre, et l'éventail des résultats est encore très large. Une guerre nucléaire est une issue possible, même si l'on espère qu'elle n'est pas la plus probable. Dans ce cas, tout ce dont nous discutons aujourd'hui n'aura plus d'importance. Un cessez-le-feu durable est également possible, mais peu probable. La radicalisation de l'extrême droite ukrainienne dépendra de la stabilité du gouvernement de Zelensky et de la stabilité de l'économie ukrainienne. En cas de désintégration des institutions de l'État et d'économie défaillante, les nationalistes auront de bonnes chances d'asseoir leur pouvoir, car ils constituent une force politique très légitime, très connue et militarisée.

Quelle est la situation du mouvement ouvrier ? Il y a eu quelques grèves mineures en Ukraine depuis le début de la guerre, en particulier dans le secteur de la santé. Mais il est difficile de savoir quelle est la situation réelle de la classe ouvrière en Ukraine. Quelle est la situation et la capacité de la classe ouvrière à s'organiser et peut-être à jouer un rôle ou au moins à contrebalancer la montée de l'extrême droite dans le pays ?

La classe ouvrière ne peut jouer aucun rôle dans la situation actuelle. Le mouvement ouvrier en Ukraine était faible bien avant la guerre. La dernière grève politique vraiment massive a eu lieu en 1993 au sein des mineurs du Donbass. Ils réclamaient l'autonomie du Donbass et des relations plus étroites avec la Russie, ironiquement. Mais même cette grève était liée aux intérêts des « directeurs rouges » des entreprises soviétiques qui avaient beaucoup de pouvoir dans les années post-soviétiques immédiates. Ils ont utilisé la grève pour obtenir certaines concessions de la part du gouvernement. Finalement, la grève a conduit à des élections anticipées et à un changement de gouvernement. Mais depuis lors, il n'y a pas eu de grève à grande échelle.

Pendant trois décennies, nous n'avons vu que des grèves à petite échelle, généralement limitées à des entreprises spécifiques, au mieux à certains segments de l'économie, et très rarement politisées. D'ailleurs, c'est précisément l'incapacité à lancer une grève politique lors de la révolution EuroMaidan de 2014 qui a conduit à l'escalade violente, faute de pouvoir peser sur un gouvernement qui ne voulait faire aucune concession aux manifestants. Cela a donné l'occasion aux nationalistes radicaux de promouvoir la stratégie violente des manifestations. Et donc oui, après cette invasion à grande échelle, les grèves sont interdites. Les grèves qui ont eu lieu sont probablement des grèves informelles.

Ce qui se passera après la guerre dépend encore beaucoup de la façon dont elle se terminera. Mais d'après ce que nous savons, l'autonomisation du mouvement ouvrier nécessiterait une certaine croissance économique afin que les travailleurs ne soient pas licenciés. Cela nécessite une reconstruction réussie de l'économie ukrainienne. Dans certains scénarios très optimistes – mais pas nécessairement probables – les soldats ukrainiens qui reviendraient dans l'économie ukrainienne pourraient exiger davantage du gouvernement, ce qui s'est effectivement produit après certaines guerres, en particulier après la Première Guerre mondiale. Mais cela reste aujourd'hui de l'ordre de la spéculation. Des scénarios beaucoup plus sombres semblent désormais plus probables…

Pour ce qui est de la situation et les positions de la gauche ukrainienne ; au début de la guerre, beaucoup d'articles et de textes présentaient le point de vue de militants de gauche ukrainiens et expliquaient à quel point la gauche occidentale fait preuve d'aveuglement en ne soutenant pas davantage les livraisons d'armes de l'OTAN. Dans vos articles, vous essayez d'avoir un point de vue plus nuancé sur la guerre. Comment les positions de la gauche ukrainienne, et même de la gauche organisée, mais aussi des intellectuels, ont-elles évolué après deux ans d'invasion ? La gauche adopte-t-elle une position plus critique à l'égard du gouvernement ukrainien et du rôle joué par l'OTAN dans le conflit ?

La gauche ukrainienne a toujours été très diverse. Ironiquement, le plus grand parti de gauche en Ukraine, le Parti communiste ukrainien, a soutenu l'invasion russe. Le parti communiste d'Ukraine était un parti très important jusqu'à la révolution EuroMaidan. Il était le parti le plus populaire du pays dans les années 1990. Le candidat du parti communiste a obtenu 37 % des voix lors des élections présidentielles de 1999. Même à la veille de la révolution EuroMaidan, le parti communiste a obtenu 13 % des voix. Même si son soutien a diminué, il disposait d'une représentation significative au Parlement et soutenait efficacement le gouvernement de Viktor Ianoukovytch. Après EuroMaidan, il a

perdu son bastion électoral dans le Donbass et en Crimée. Ils ont également été victimes de répression en raison des politiques de décommunisation, le parti a été suspendu et, en 2022, il a été définitivement interdit, tout comme une série d'autres partis dits pro-russes. Petro Symonenko, le leader du parti, qui n'a pas changé depuis 1993, depuis la création du parti, s'est enfui en Biélorussie en mars 2022. Depuis la Biélorussie, il a soutenu l'invasion russe comme une opération antifasciste contre le « régime de Kiev ». Les organisations communistes des zones occupées ont fusionné avec le Parti communiste de la Fédération de Russie et ont participé aux élections locales organisées par la Russie en 2023, entrant même dans certains conseils locaux. La même fusion s'est produite avec les syndicats officiels ukrainiens dans les zones occupées.

Voilà donc la part du lion de ce que l'on a appelé la gauche en Ukraine. Dans le même temps, il existait des groupes de gauche beaucoup plus petits et plus jeunes. Ils ont toujours critiqué les communistes et se sont mieux intégrés aux socialistes démocratiques et à la gauche libérale en Occident. Ils avaient également une base sociale très différente de celle des communistes – plus proche de la « société civile » pro-occidentale ONGisée de la classe moyenne en Ukraine. Après le début de l'invasion, ils ont pu communiquer leur position de manière beaucoup plus efficace à l'Occident grâce à une sorte de politique identitaire : « Nous sommes la gauche ukrainienne. La gauche occidentale, stupide et arrogante, ne comprend rien à ce qui se passe dans le pays ». Bien entendu, cette position a été très problématique, c'est le moins que l'on puisse dire, dès le début. À titre de comparaison, le Parti communiste comptait 100 000 membres détenteurs d'une carte en 2014. Le jeune milieu de gauche ne comptait pas plus de 1 000 militants et sympathisants dans l'ensemble du pays, même dans les meilleures années de son développement, et leur nombre a diminué depuis lors, après l'Euromaïdan. Parmi la gauche, la plupart ont soutenu l'Ukraine, beaucoup se sont portés volontaires pour l'armée, mais ils n'ont pas été capables de créer une unité militaire de gauche comparable aux unités d'extrême droite, même à une échelle beaucoup plus réduite. Beaucoup ont également participé aux initiatives humanitaires.

Aujourd'hui, certains d'entre eux ont tendance à revoir leurs positions sur la guerre, en particulier en réponse à la conscription brutale. Il est vraiment difficile d'affirmer que la guerre est toujours une sorte de « guerre populaire » si la majorité des Ukrainiens ne veulent pas se battre. La mesure dans laquelle ils sont prêts à exprimer cette position dépend également de leur crainte de la répression. Il est difficile de dire cela dans la sphère publique ukrainienne, ce type de critique existe surtout dans les conversations privées, les comptes Facebook « réservés aux amis » et ainsi de suite, et n'est articulé que très prudemment dans les publications.

Il y a aussi des critiques sur l'ethno-nationalisme qui vient de ce milieu parce qu'il est devenu trop difficile d'ignorer comment l'Ukraine a changé en deux ans avec l'extension de la discrimination des russophones et des politiques d'assimilation ethnique. Par exemple, le russe n'est plus enseigné dans les écoles ukrainiennes, même en tant qu'option, même dans des villes massivement russophones comme Odessa où probablement 80 à 90 % des enfants ukrainiens parlent russe avec leurs parents. Un projet de loi récemment présenté pourrait interdire de parler russe dans les écoles, non seulement en classe avec les enseignants, mais aussi pendant les pauses, dans les conversations privées des élèves entre eux. Le projet de loi a déjà été approuvé par le ministre de l'Éducation.

Le troisième segment de la gauche ukrainienne est marxiste-léniniste, et fait partie de ce que j'appelle le « renouveau néo-soviétique » qui se produit dans de nombreux pays post-soviétiques. Ils sont généralement organisés en krushki – ce qui signifie littéralement « cercles », mais qui sont des organisations proto-politiques, quelque chose de plus que de simples groupes de lecture marxistes-léninistes. Ils sont beaucoup plus populaires en Russie, où ils sont capables de créer des chaînes YouTube comptant des centaines de milliers d'abonnés. En Russie, au Belarus et en Asie centrale, les krushki peuvent impliquer des milliers de jeunes qui n'ont pas vécu un seul jour dans l'URSS, mais qui critiquent la réalité sociale et politique de leur pays et qui trouvent dans le léninisme marxiste orthodoxe des instruments pour faire face à cette réalité. Ils existent et se sont même développés en Ukraine également, malgré la décommunisation et la montée du nationalisme anti-russe et des attitudes anticommunistes. Presque dès le départ, ces groupes se sont opposés aux deux gouvernements et ont adopté une position défaitiste révolutionnaire. Dans cette situation, on peut se demander si une révolution sociale est même possible, comme ce fut le cas il y a cent ans, également en Ukraine, dans l'Empire russe qui s'effondrait. Néanmoins, dès le début, ces groupes ont critiqué la conscription forcée, ont appelé à l'internationalisme et n'ont pas essayé de légitimer les actions de l'État ukrainien.

Les interviews publiées sur le journal de Révolution Permanente ne reflètent pas nécessairement les positions de notre organisation.

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Pour la liberté de l’Ukraine et la nôtre !

3 décembre 2024, par Bulletin du Réseau syndical de solidarité avec l'Ukraine — , , ,
tiré du Bulletin d'information syndicale (Ukraine, octobre-novembre 2024, numéro 13) Pour lire l'ensemble du Bulletin cliquez sur ce lien Les temps sont durs pour le (…)

tiré du Bulletin d'information syndicale (Ukraine, octobre-novembre 2024, numéro 13)

Pour lire l'ensemble du Bulletin cliquez sur ce lien

Les temps sont durs pour le syndicalisme en Ukraine et dans le monde entier. La victoire de Trump à l'élection présidentielle américaine a ouvert un scénario plus sombre et plus complexe de montée de la menace de la droite et de l'extrême droite. Pour les travailleurs et les pauvres, les réponses “faciles” standard offertes par le capitalisme débridé et irresponsable sont de garder la tête baissée et de continuer à travailler (si nous avons un emploi ou si nous pouvons en trouver un) et de continuer à consommer (s'il nous reste de l'argent après avoir payé le loyer et les factures).

En période de crise, cette “normalité” s'apparente à un effort pour tromper, détourner et amortir la colère qui grandit face à la dégradation des conditions de vie et de travail, à l'urgence climatique, aux cancers de la xénophobie et de la haine raciale et à la montée du militarisme.

L'Ukraine, tout comme l'attaque du gouvernement israélien contre Gaza et le Liban, reste au centre de l'attention de l'Europe et du monde. La situation militaire s'aggrave, étant donné la réponse inadéquate en armes et en munitions que le gouvernement ukrainien reçoit depuis longtemps de la part de ceux qui se vantent de “soutenir l'Ukraine jusqu'à la victoire”.

La victoire de Trump et le spectre d'un accord conclu avec Poutine aux dépens de l'Ukraine rendent l'impasse sur le champ de bataille encore plus inquiétante. Elle est également aggravée par la politique du gouvernement ukrainien lui-même, qui, comme l'explique Oleksandr Kyselov du Mpuvement social, “suggère un choix délibéré des élites dirigeantes de transférer le fardeau de la résistance à l'agression sur les gens ordinaires”.

En réponse, le mouvement Iabour de solidarité avec l'Ukraine doit redoubler d'efforts pour une victoire ukrainienne. La troisième année de guerre ne sera probablement pas comme les précédentes : soit des progrès sont réalisés sur le front de bataille en vue d'une victoire sur l'envahisseur et des avancées sont réalisées à l'intérieur du pays pour restaurer la valeur réelle des salaires et des droits du travail et arrêter le glissement de millions de personnes dans la pauvreté, soit le revers qui en résultera se répercutera dans toute l'Europe.

La tâche immédiate du mouvement syndical soutenant l'Ukraine est de répondre à l'appel urgent de leurs frères et sœurs ukrainiens pour une aide humanitaire afin de faire face à l'hiver, tout en défendant le rôle du mouvement syndical ukrainien en tant qu'interlocuteur - et acteur social - face à un gouvernement déterminé à les marginaliser. Quelle est la meilleure façon d'y parvenir ? D'abord, en alertant les adhérents de nos syndicats sur les enjeux de la bataille qui se déroule en Europe et dont les caractéristiques rappellent la période qui a précédé la Seconde Guerre mondiale. Après avoir installé la dictature en Allemagne, Hitler a préparé sa machine de guerre devant la passivité de l'Occident dit démocratique, l'Angleterre et la France ayant d'abord abandonné la République espagnole à la dictature militaire de Franco, puis s'étant entendues avec Hitler et Mussolini pour dépecer la Tchécoslovaquie.

Si, à notre époque, Poutine parvient à acquérir un cinquième ou un quart de l'Ukraine grâce à l'aide de Trump et à l'inaction européenne, qui peut être sûr que ce ne sera pas le prélude à une nouvelle guerre, plus étendue, avec des répercussions dans le monde entier, mais surtout en Europe ? Le Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine appelle les syndicats solidaires de l'Ukraine à se mobiliser pour soutenir les campagnes d'aide d'urgence pour l'hiver proposées par la Fédération des syndicats d'Ukraine (FPU) et la Confédération des syndicats libres d'Ukraine (KVPU), dont les détails sont disponibles aux pages 5 à 8.

Cette campagne devrait être dirigée à la fois vers les membres et les sympathisants des syndicats individuels, mais aussi pour exiger le soutien du gouvernement à tous les niveaux.

L'ENSU demande également aux parlements, aux groupes parlementaires et aux partis - en particulier ceux qui se réclament de la gauche et défendent le droit à l'autodétermination nationale - d'exiger du gouvernement (1) que l'Ukraine reçoive les armes dont elle a besoin pour gagner, et (2) que de véritables sanctions soient imposées aux entreprises russes et autres qui soutiennent l'agression de Poutine et tirent profit de la guerre. En particulier, comme l'explique l'éditorial de notre dernière Newsletter, le mouvement syndical devrait s'approprier la campagne visant à réduire fortement les importations de combustibles fossiles russes en vue de leur suppression complète (voir la couverture de la campagne aux pages 9 à 13).

Troisièmement, les syndicats doivent continuer à défendre les droits des travailleurs et des syndicats en Ukraine, par le biais de leurs propres déclarations et de celles qu'ils peuvent parrainer dans les parlements nationaux et régionaux et les organes gouvernementaux locaux, en prenant soin de communiquer leur position à la présidence, au gouvernement et au parlement ukrainiens, ainsi qu'aux principaux organes syndicaux ukrainiens (voir les coordonnées à la page 8). Trump La victoire de Donald Trump dramatise les enjeux de la lutte pour une victoire ukrainienne.

Comme l'explique Colin Long dans sa contribution en page 66, le spectre de la destruction des droits démocratiques, sociaux et syndicaux se profile de plus en plus lorsque deux des puissances dominantes du monde sont dirigées par des autoritaires déterminés à “rendre leur pays grand à nouveau”.

L'ENSU estime que le moment est venu pour le mouvement syndical de s'engager dans une défense internationale unie des droits démocratiques et syndicaux contre cette menace croissante de l'extrême droite, en commençant par l'Ukraine. Soulevons d'urgence ce besoin au sein de chaque syndicat en Europe, en commençant par ceux qui apportent déjà leur soutien à l'Ukraine, en promouvant une discussion collective sur la manière de développer une action commune, unie, visible et audacieuse contre ces forces qui considèrent le travail organisé comme leur plus grand ennemi.

Nous proposons d'ouvrir ce débat par cet éditorial. Tout d'abord, bien sûr, nous pensons que ce sont les syndicats ukrainiens, la FPU et la KVPU, qui doivent voir l'utilité et la possibilité de s'approprier cette proposition, de la conduire, de l'orienter pour répondre aux besoins qu'ils considèrent comme les plus urgents. S'ils sont d'accord, il faut agir. Une action qui pourrait déboucher sur une grande délégation internationale à la veille du troisième anniversaire de la guerre en février prochain, avec des délégués des organisations syndicales les plus importantes qui se réuniraient pour établir des plans d'aide concrets en faveur de la résistance de l'Ukraine et de sa reconstruction présente et future.

Donc, réflexion collective puis action collective. En attendant, commençons par répondre aux listes de besoins urgents de la FPU et de la KVPU. ¡No pasarán !

Alfons Bech, coordinateur syndical du RESU

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Le point sur les frappes ukrainiennes sur sol russe.

3 décembre 2024, par Antoine Rabadan — , ,
On parle beaucoup, à juste titre, des frappes de missiles Atacms ou de Storm Shadows, fournis respectivement par les Américains et les Britanniques et qui font mal à la (…)

On parle beaucoup, à juste titre, des frappes de missiles Atacms ou de Storm Shadows, fournis respectivement par les Américains et les Britanniques et qui font mal à la logistique russe du côté de Koursk et alentour. Les cibles visées : des aérodromes, des dépôts de munitions mais aussi des centres de commandements. Mais on sait moins que les Ukrainiens, ayant acquis une autonomie certaine en matière de frappes aériennes, utilisent avec succès leurs drones kamikazes, toujours plus performants, pouvant aller jusqu'à 2000 km dans la profondeur russe.

28 novembre 2024 |

La vidéo ci-jointe (https://www.youtube.com/watch?v=8YtRaUd-Aak&t=287s) récapitule les diverses attaques ukrainiennes de ce type menées ces derniers jours combinant drones et missiles : de toute évidence elles affaiblissent les opérations menées par les Russes pour récupérer le territoire occupé dans l'oblast de Koursk et, à ce titre, elles neutralisent, au moins pour partie, l'avantage qu'escomptait Poutine de l'arrivée de troupes nord-coréennes dans ce secteur. Lesquelles troupes ont particulièrement été visées par ces attaques avant même qu'elles aient pu monter au front. Façon d'envoyer le message au dictateur nord-coréen du coût humain mais aussi politique de la mesure insensée dans laquelle il engage son pays. D'une gifle militaire à plusieurs portées, deux magistraux coups politiques ont été assénés au prestige espéré, par ces deux satrapes meurtriers, de l'accroissement de leurs folies meurtrières. La suite de la mise en oeuvre de cette boîte à gifle ne devrait pas, malgré les menaces irresponsables du néofasciste du Kremlin, se faire attendre !

Drones et missiles constituent désormais par leur combinaison inédite un atout important pour les Ukrainiens, chacun permettant de jouer de ses avantages (les drones portent plus loin, 2000 km pour ceux qui ont été utilisés ces derniers jours, les missiles ne pouvant, pour l'heure, dépasser les 300 km) et de compenser les désavantages de l'autre (les drones ont une charge explosive bien moindre que celle des missiles : dans ce cas 75 kg contre 227 kg).

Quant à la situation sur le front, la note aujourd'hui du Ministère français des Armées constate que "les Forces Armées de la Fédération de Russie (FAFR) ont nettement diminué le rythme de leur progression et semblent se réarticuler sur tous les fronts en vue de relancer leurs efforts. Les avancées FAFR les plus notables s'observent sur le front Sud.

Les Forces Armées Ukrainiennes (FAU) maintiennent leurs dispositifs de défense ferme et tentent des contre-attaques localisées."

Le point le plus chaud, ce 28 novembre, se situe du côté de Koupiansk (oblast de Kharkiv, ville de 27 000 habitants réduite à 3500 aujourd'hui) où les Russes auraient réussi à franchir la rivière Oskil, jusqu'ici un obstacle infranchissable (1). A suivre mais, ces temps-ci, les contre-attaques ukrainiennes, souvent soutenues par des drones, se font plus nombreuses et reprennent du terrain à plusieurs endroits en continuant à infliger des pertes énormes à l'ennemi. Exemple du côté de la petite commune de l'oblast de Donetsk Velyka Novosilka (300 habitants avant la guerre), un verrou ukrainien important, que l'on nous annonçait, l'avant-veille, sur le point de tomber : https://www.youtube.com/watch?v=4dHm1EqsO38

(1) On lit dans le Grand Continent : "Dimanche 24 novembre, l'armée russe — après avoir essuyé des échecs suite à des tentatives d'assaut en direction de Koupiansk — a réussi à établir une tête de pont sur la rive ouest de la rivière Oskil au niveau de Novomlynsk, un village situé à environ 5km au nord-est de Dvorichna.

Les forces russes revendiquent désormais le contrôle d'une zone d'environ 6km2 sur cette rive. Faute de pouvoir installer des pontons afin d'y acheminer des véhicules blindés, la poche russe est composée uniquement d'infanterie.

• Malgré la saturation de la ligne de front par des drones FPV et autres moyens de reconnaissance, la traversée par bateau a été rendue possible par la faible largeur de l'Oskil à cet endroit (environ 40 mètres) et l'absence de fortifications ukrainiennes.

• Longtemps considérée comme constituant une « frontière naturelle » séparant les deux forces depuis la contre-offensive ukrainienne de l'automne 2022, contre les forces russes.

Le principal objectif de Moscou sur ce secteur du front est d'établir une tête de pont stable avant de progresser en direction de Koupiansk. Selon Yuriy Fedorenko, le commandant du bataillon ukrainien Achille appartenant à la 92e brigade mécanisée séparée, cette précondition n'est pas encore remplie. Les forces ukrainiennes sont toujours en mesure de localiser et détruire avec des tirs d'artillerie ou des frappes de drones les pontons que l'armée russe tente d'utiliser pour faire traverser des véhicules et du matériel.

Le secteur de Koupiansk illustre la persistance de l'asymétrie des ressources humaines disponibles pour les deux armées. Selon un officier ukrainien chargé de la défense du front dans cette zone, seulement 10 à 20 % des combattants russes tentant de traverser l'Oskil survivent. Ce taux est légèrement plus élevé lorsque ces derniers peuvent utiliser des véhicules .

• L'armée russe subit des pertes colossales sur toute la longueur du front. Celles-ci se sont davantage alourdies ces dernières semaines : l'État-major ukrainien estime que 1 950 combattants russes ont été blessés ou tués au cours de la journée du 12 novembre.

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Appel à désarmer l’empire Bolloré !

3 décembre 2024, par Désarmer Bolloré — , ,
Alors que l'Arcom étudie ce lundi 15 juillet la réattribution des fréquences TNT pour la chaîne Cnews, une centaine d'organisations syndicales, antiracistes, féministes et (…)

Alors que l'Arcom étudie ce lundi 15 juillet la réattribution des fréquences TNT pour la chaîne Cnews, une centaine d'organisations syndicales, antiracistes, féministes et écologistes lancent une campagne d'action contre le groupe Bolloré. Si l'on peut se réjouir provisoirement que le Rassemblement National n'ait finalement pas réussi à l'emporter lors de ces élections, celui-ci compte bien poursuivre sa conquête des territoires et des imaginaires. Nous devons, sans attendre de prochaines échéances électorales, unir nos force contre les vecteurs de fascisation de la société.

Tiré de Désarmer Bolloré.

Nous appelons en ce sens à mener partout bataille contre Bolloré : parce que c'est un acteur du ravage écologique, de l'exploitation néo-coloniale mais aussi parce qu'il est devenu en quelques années un levier majeur de la conquête du pouvoir par l'extrême droite.

Bolloré, directeur de la propagande

Bolloré met un ensemble toujours plus grand de médias de masse à disposition d'une politique ouvertement raciste. Sur des chaînes, les Éric Zemmour, Pascal Praud et autres commentateurs radicalisés disent qu'ils œuvrent pour une mission « civilisationnelle ». Leur projet est clair : nourrir le fantasme d'une nation pure en organisant la grande remigration. Ce projet glaçant suit un plan précis dont Bolloré est devenu l'aiguille et le fil à coudre. Qui Éric Ciotti va-t-il voir avant d'appeler à l'alliance du RN et de LR ? Qui met Cnews, Europe 1 et Hanouna au service de cette « union des droites » ? Vincent Bolloré 1 . C'est une question d'habitude pour le milliardaire déjà mis en cause pour la manipulation de plusieurs scrutins présidentiels en Afrique 2. Au-delà du déluge xénophobe,la bollosphère fait chaque jour la promotion de discours sexistes et homophobes légitimant les violences contre les femmes et les personnes LGBTQI+. Elle alimente la négation de la crise climatique et oeuvre sans relâche à ce qu'il ne soit pas fait obstacle à ceux qui tirent profit de la dévastation écologique. Bolloré est en guerre pour l'hégémonie culturelle, la conquête des imaginaires et la fabrique du consentement au pire. Si le RN est passé tout prêt de gagner les élections et prendre le pouvoir, c'est en partie son œuvre 3. Il est la cheville ouvrière de l'union des droites, de l'alliance objective entre le bloc libéral et le bloc néo-fasciste. Cette alliance colle parfaitement à ses intérêts de classe et à ses convictions politiques.

Bolloré, un empire industriel climaticide, néo-colonial et sécuritaire

Pour tirer les ficelles, il faut s'en donner les moyens. Avant de se révéler propagandiste en chef, Bolloré est bien un capitaine d'industrie. Il dirige un groupe international aux multiples filières dont les activités se divisent en plusieurs branches.

La plus connue est la branche « communication » avec Vivendi et Universal. En 20 ans, Bolloré a patiemment construit sa machine à communiquer et façonner les esprits. Journaux gratuits, institut de sondage, groupes publicitaires, puis chaînes de télévisions, radios, magazines et maisons d'édition. Avec la brutale prise de contrôle de Canal + et Europe 1, les licenciements massifs à I-Télé et la montée de CNews, ce puissant appareil s'est mis de plus en plus ouvertement mis au service des idées les plus réactionnaires. Les sanctions financières de l'ARCOM, (instance de régulation de l'espace audiovisuel), suite aux appels à la haine, aux visées monopolistiques, et à la partialité des médias du groupe se multiplient, mais n'ont fait jusqu'alors ni chaud ni froid à Bolloré 4. Mais en ce moment même, les autorisations de diffusion sur la TNT de CNEWS et C8 (et d'autres chaines) sont examinées 5. On peut imaginer que des mobilisation populaires fassent pression pour que chaines soient rayés de la TNT. Il possédera aussi bientôt l'édition de la moitié des livres de poche et plus de 70% des livres scolaires du pays. L'impact possible sur ce secteur en cas de ministre de l'éducation d'extrême droite est tout simplement alarmant.

La branche historique est la branche industrielle, qui se concentre autours de Bolloré Energy, qui détient plusieurs dépôts pétroliers, vend du fuel domestique, et de Blue qui rassemble des activités liées aux flux de déplacements et de données. Il est sans surprise un acteur majeur de diverses entreprises qui ont pour point commun le développement et l'automatisation des moyens de surveillance en tous genres : automatisation du contrôle d'accès et de la gestion des flux (Automatic Systems), sécurisation de l'espace public (Indestat), puces RFID et tracking (Track & Trace), conseil en numérique au service de la ville connectée (Polyconseil)...

Sa branche logistique en a fait un des poids lourd du fret aérien, maritime et routier mondial, organisant le transport de marchandises aux dépends des productions locales, des conditions de travail comme du climat. La vente récente de ce pôle à CMA CGM patrons pour leur part de BFM-TV et RMC, a offert à Bollore les moyens d'influencer considérablement la politique française.

Enfin, une grande partie des profits de Bolloré se fait depuis sa branche « agricole ». Il a bâti sa fortune sur la culture et la vente de tabac en Afrique. Outre ses domaines viticoles de prestige en France, il est le second actionnaire de la holding luxembourgeoise Socfin qui contrôle environ 390 000 ha de concessions de palmiers à huile et d'hévéa en Afrique et en Asie. Déforestation, spoliation des terres, mauvais traitement des populations riveraines, conditions de travail inhumaines, etc. Malgré la procédure judiciaire en cours pour ces violations répétées des droits humains sur ses plantations6, malgré la reconnaissance formelle de ces violations par diverses institutions financières 7, malgré des missions d'évaluation commanditées par Socfin auprès de la Earthworm Foundation pour "réfuter ces accusations" mais qui n'ont pu que constater et prendre acte de la réalité de ces violations, Socfin n'en continue pas moins de prospérer en toute impunité.

Bolloré est de tous les ravages. C'est un groupe fondé sur un système colonial qui perpétue sciemment des pratiques esclavagistes. C'est un industriel qui fait son profit des logiques extractivistes les plus dévastatrices. C'est un expropriateur de terres. Un patron menant pour ses employé·es de violentes politiques de casse sociale et de terreur managériale. Son empire est tentaculaire. Mais pour celleux qui estiment qu'il est temps d'y mettre fin, cela signifie une chose. Il est possible de nous rassembler en un large front à la fois syndical, social, écologiste, féministe, décolonial, antifasciste et international.

Désarmer le groupe Bolloré

Ses dernières années, sur le terrain des luttes écologiques, des campagnes d'actions internationales contre des industriels comme Lafarge-Hocim ou Total ont vu le jour. Des collectifs antifascistes, présents dans de nombreuses villes, quartiers populaires et territoires ruraux, mènent une résistance de terrain. Les derniers mouvements sociaux ont démontré qu'un syndicalisme combatif existe toujours. De larges mobilisations féministes et LGBTQI+ prennent les rues.Des mouvements dévalidistes nous appellent à substituer une culture du soin au culte de la force. De mouvements antiracistes et décoloniaux luttent au quotidien dans les quartiers populaires. Des réseaux de solidarité œuvrent à maintenir des territoires d'accueil pour les personnes exilées. Bolloré est une menace pour nous tous.tes. Mais ensemble, nous sommes fort.es d'une immense expérience de lutte. Nous appelons donc à une campagne commune - dans les prochaines, semaines, mois et années - pour démanteler l'empire Bolloré. Alors qu'il baillonne la critique de ses activités dans ses propres médias 8, nous appelons à enquêter minutieusement sur son empire, à regrouper des témoignages, à ce que des infos fuitent en son sein et à les regrouper, à afficher partout ses crimes, dans les rues, sur les réseaux et dans ses entreprises. Son agenda politique s'attaque aux vies de millions de personnes. Nous y répondrons dorénavant par des mobilisations, de masse ou décentralisées, qui pointent le groupe et l'impactent concrètement. Bolloré ne s'incruste pas seulement dans nos cerveaux, il est souvent présent matériellement - avec ses bureaux et entrepôts - à côté de chez nous. De multiples actions sont possibles si nous les menons ensemble. Bloquons ses plateaux télés, occupons ses dépôts pétroliers, soutenons les luttes syndicales à l'intérieur de ses entreprises et médias, vendangeons ses vignes, redistribuons son fuel domestique à celleux qui galèrent à se chauffer, traquons le traceur, tissons des alliances internationales, organisons des boycotts, virons ses chaînes de la TNT et soutenons la création et l'assise de contre-pouvoirs médiatiques puissants !

L'extrême droite croît sous perfusion de Bolloré, ensemble coupons-lui les vivres !

Premières organisation signataires

Action Justice Climat
Action Non-Violente COP21 (ANV-COP21)
Action antifasciste paris - banlieue
Alternatiba
Association Handi-Social
Association L'Offensive
Attac France
Avis de Tempête
BLOOM
Collectif Vietnam Dioxine
Contre-attaque
Decolonial Film Festival
Extinction Rebellion France
fédération SUD-Rail
Front de la jeunesse en lutte
Ingénieurs Sans Frontières France
Le Printemps du CARE
Les Soulèvements de la terre
Makery.info
Média Solidaires
Palestine Action France
PEPS (pour une écologie populaire et sociale)
ReAct Transnational
Riposte Alimentaire
Scientifiques en rébellion
SNJ-CGT
Sud Culture
Survie
Terres de luttes
Tsedek !
Union Syndicale Solidaires
Urgence Palestine
Vous N'êtes Pas Seuls (VNPS)

Organisations, groupes ou collectifs locaux

Action Antifasciste Deux Sevres
Action Antifasciste La Roche-Banlieue et Bastyon de Résistance
Action Antifasciste Tolosa
Alerte Pesticides Haute Gironde
Assemblée Populaire d'Auxerre
ATTAC 17 (Association locale de Charente Maritime )
Attac 33
Attac 85 et GP2ï (Grands Projets Irresponsables et Imposés)
Bibliothèque Fahrenheit 451
CNT 34 ESS
CNT-STAF29
CNT66
Collectif Alsace des luttes paysannes et citoyennes
Collectif Bassines Non Merci 79
Collectif transitions périgord noir
Cristal
Émancipation 17
Exctinction Rebellion Poitiers
Extinction Rebellion Foix et alentours
Groupe la sociale fédération anarchiste de rennes
Je dis en scène !
L'Antivol
La Carmagnole (Montpellier)
La Gang de La Boisselière
Mort aux rats !
Nous Toutes 35 Rennes
Sainté Debout
Section Antifasciste Montreuil Bagnolet & Alentours (SAMBA 93)
Stop Fessenheim
SUD Education 17
UNION LOCALE CGT NANTES
UNION syndicale Solidaires 44
Université Populaire Pour La Terre Tours
Vie Pays Environnement

Comités locaux des Soulèvements de la terre

Comité SDT 89
Comité SDT An Oriant
Comité SDT Annecy (74)
Comité SDT Bruxelles
Comité SDT Chalon sur Saône &+ (71)
Comité SDT Corrèze
Comité SDT Corrèze
Comité SDT Creusois 23
Comité SDT de l'Allier (03) - l'Allier se soulève
Comité SDT Doué-Montreuil Bellay
Comité SDT du Layon
Comité SDT du Pays de Redon
Comité SDT Forez
Comité SDT Gers
Comité SDT Grenoblois
Comité SDT IDF
Comité SDT Indre 44
Comité SDT Irwazh
Comité SDT Kerne Quimper
Comité SDT Lillois
Comité SDT Limoges
Comité SDT Local alsacien
Comité SDT Loire 49
Comité SDT Mayenne
Comité SDT Montpellier
Comité SDT Nantes
Comité SDT Nevers (58)
Comité SDT Paris Sud
Comité SDT Pontarlier
Comité SDT Quimperlé-Concarneau
Comité SDT Rennais
Comité SDT Rochelais
Comité SDT Romans
Comité SDT Saint Nazaire. Estuaire
Comité SDT Saumur
Comité SDT St Cere
Comité SDT Sud 77
Comité SDT Sud Vilaine
Comité SDT Sud-Grésivaudan-Royans-Vercors
Comité SDT Tours

Groupe locaux d'Extinction Rebellion

Extinction Rebellion Angers
Extinction Rebellion Aude
Extinction Rebellion Auxerre
Extinction Rebellion Chambery
Extinction Rebellion Foix et alentours
Extinction Rebellion Grenoble
Extinction Rebellion Mont Blanc
Extinction Rebellion Montagne Noire
Extinction Rebellion Poitiers
Extinction Rebellion Quimper
Extinction Rebellion Strasbourg

Notes

1- Comment Eric Ciotti a orchestré avec Vincent Bolloré l'annonce de son ralliement au RN, Le Monde, 13 juin 2024

2- https://www.arretsurimages.net/articles/sur-cnews-pascal-praud-milite-avec-ferveur-pour-lunion-des-droites

3- https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/16/legislatives-2024-comment-les-medias-de-vincent-bollore-orchestrent-l-alliance-du-rn-et-de-la-droite_6240508_823448.html

4- https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/05/24/retrouvez-toutes-les-sanctions-de-l-arcom-contre-c8-et-cnews_6223105_4355771.html
et
https://www.francetvinfo.fr/elections/legislatives/legislatives-2024-l-arcom-met-en-demeure-europe-1-pour-manque-de-mesure-et-d-honnetete-dans-l-emission-de-cyril-hanouna_6629991.html

5- le mardi 9 juillet pour C8 et le 15 juillet pour CNEWS. Article sur le site de l'ARCOM

6- https://www.asso-sherpa.org/bollore-victoire-associations-huiledepalme-camerounaise

7- https://www.farmlandgrab.org/post/31767-en-suisse-les-grands-fonds-de-pensions-publics-placent-bollore-sur-liste-noire

8- https://www.asso-sherpa.org/wp-content/uploads/2018/01/CP-poursuites-baillons_mis-en-page-PDF-24-janvier-2018.pdf

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Appel à des journées d’actions contre l’empire Bolloré du 29 janvier au 2 février 2025

3 décembre 2024, par Désarmer Bolloré — , ,
Au lendemain des élections législatives, une centaine d'organisations ont lancé un appel à désarmer l'empire Bolloré. Elles y pointaient la menace grave que représente une (…)

Au lendemain des élections législatives, une centaine d'organisations ont lancé un appel à désarmer l'empire Bolloré. Elles y pointaient la menace grave que représente une telle omnipotence financière et médiatique. Alors qu'un gouvernement très provisoire s'aligne déjà sur les vœux du Rassemblement National, des collectifs s'organisent pour pirater les visées de Bolloré. Du 29 janvier au 2 février 2025, une première grande vague d'actions est annoncée !

Tiré du blogue de l'auteur.

Au lendemain des élections législatives, une centaine d'organisations ont lancé un appel à désarmer l'empire Bolloré. Elles y pointaient la menace grave que représente une telle omnipotence - financière et médiatique - mise au service de la fascisation des esprits. Elles appelaient à agir contre un ensemble de dispositifs dédiés à la conquête du pouvoir par l'extrême droite.

Depuis, de l'autre côté de l'océan, E. Musk, un autre milliardaire, a su peser de tout son poids - fortune de Tesla et contrôle haineux des algorithmes de X - pour redonner les rênes de la première puissance mondiale à Donald Trump.

Ici, alors qu'un gouvernement très provisoire s'aligne déjà sur les vœux du Rassemblement National, des collectifs s'organisent pour pirater les visées de Bolloré.

Tandis qu'il publie le livre de Jordan Bardella, après avoir mis brutalement la main sur Fayard et placé à sa tête l'éditrice de Zemmour, les syndicats de cheminots refusent de voir sa propagande affichée dans les gares et forcent au respect des règles concernant l'espace publicitaire.

Une centaine de librairies se relient pour appeler à escamoter les éditions Bolloré/Hachette des rayons. Une opération d'insertion massive de marque-pages s'engage pour les fêtes afin d'inviter au boycott et à soutenir les éditions indépendantes.

Le 9 décembre, des collectifs franciliens se donnent rendez-vous pour perturber l'assemblée générale qui doit acter, manœuvre boursière, la scission en quatre entités de Bolloré/Vivendi, aux Folies Bergères en plein cœur de Paris3.

Et du 29 janvier au 2 février 2025, une première grande vague d'actions coordonnées contre l'empire Bolloré est annoncée !

Ce que l'on nomme empire Bolloré est l'expression d'un projet industriel, financier et politique aussi glaçant qu'absolument cohérent. Il se déploie sous diverses formes et firmes qui se nourrissent d'un renforcement autoritaire de l'ordre économique mondial autant qu'elles l'appuient :

De la poursuite de l'entreprise coloniale de pillage des autres continents via le pouvoir logistique (historiquement Bollore Logistics) ou les énergies fossiles Bollore Energy) à la fabrication d'outils de contrôle des accès et de renforcement des frontières (EASIER, IER).

De la mise sous tutelle de la recherche publique pour des desseins privés (Universités de Nantes, Grenoble, Collège de France, La Sorbonne…) au maintien à tout prix des profits capitalistes via une "transition énergétique" basée sur un extractivisme dévastateur (batteries au lithium de Blue Solutions)

De l'accaparement des vignobles et oliveraies par des puissances financières spoliant les travailleur.euses de la terre aux déforestations climaticides sur des surfaces immenses pour les plantations d'huile de palme (Socfin) en Afrique et en Asie

De la quête d'appropriation hégémonique des moyens médiatiques et culturels de diffusion de la pensée (Hachette, Canal, Europe 1, ses radios, journaux et télés en France mais aussi en Afrique avec Multichoice) au perfectionnement des technologies de surveillance et de répression (Automatic systems, IER, Indestat).

Des pratiques esclavagistes, viols et passages à tabac sur les employé.es de ses plantations au Cameroun ou au Liberia (Socfin – Socapalm) à la répression syndicale brutale et aux purges à Canal ou Itélé5.

De l'orchestration de la campagne de désinformation contre Reporters Sans Frontières (via Progressif media)6 à la récente reprise de l'École Supérieure de Journalisme de Paris avec un conglomérat d'autres milliardaires réactionnaires.

De la multiplication de ses agences de conseil, de pub' (Havas, Havas creative et toutes leurs filiales) et instituts de sondage (CSA) à la mise au pouvoir de gouvernements suffisamment autoritaires et discriminants pour répondre aux besoins dévorants des plus riches, dans un monde où les ressources ne cessent de se raréfier (via des processus de corruption au Togo et en Guinée...et bientôt en France ?)

Il se trouve que l'une ou l'autre des ramifications de ce royaume tentaculaire est probablement implantée non loin de chez vous. Bien au-delà d'une figure toxique et d'un dessein personnel, la bollosphère est avant tout un système, avec ses agents zélés, ses dispositifs clés, ses maillons, ses points faibles. Il est d'intérêt public de faire obstacle à son développement. Nous devons pour cela nous rassembler en un large front à la fois social, syndical, écologiste, antiraciste, féministe, décolonial et international.

Nous pouvons nous allier localement

pour nouer des solidarités avec les employé.es, journalistes, technicien.nes qu'il entend contrôler, pour les aider à retourner la peur contre leur patron et à reprendre le contrôle de leur outil de travail.

pour faire des apéros-palettes au pied de ses entrepôts, des bals populaires dans ses bureaux et sur ses plateaux.

pour redistribuer les biens qu'il nous a spoliés, le fuel de ses dépôts à ceux qui n'ont pas de quoi se chauffer, pour remettre ses boites au service des biens communs.

pour zbeuler les AG de ses actionnaires, leur faire payer les mesures d'austérité et le dérèglement bio-climatique.

pour faire avec Zaho des « fucks mais vraiment gros gros fucks » à Bolloré dans ses salles de concerts, ses disques, ses livres, etc.

pour qu'il se tape l'affiche sur les murs des quartiers qu'il voudrait mettre au pas, et qu'il sente bien ce qu'il inspire de dégoût sur les terres où il se croit chez lui.

pour qu'il reste avec ses semblables dans sa villa fortifiée en plein Paris et nous lâche la grappe.

pour couler ses yachts, lui reprendre à la voile l'accès à son île finistérienne, réserve à néo-nazis, et pouvoir retourner y observer les oiseaux.

pour leaker toutes les crapuleries qu'il veut tellement planquer et donner la parole à celles et ceux qu'il croit pouvoir bâillonner.

pour aller redécorer, bloquer, occuper, désarmer ses infrastructures les plus toxiques ... jusqu'à la chute de l'empire Bolloré.

Des collectifs partout dans le pays appellent à organiser des soirées d'information et des mobilisations en ce sens.

Sur le site desarmerbollore.net, vous trouverez :

une carte collaborative des différentes implantations de l'empire Bolloré au plus près de chez vous

une carte détaillée de ses maisons d'éditions, médias, réseaux sociaux, points de diffusion

des fiches de synthèse sur ses différentes activités auxquelles contribuer par des enquêtes de terrain et envois d'infos.

un espace de relais des actions, mobilisations, tribunes, appels, affiches, marque-pages...

Pour tous contacts, envois d'annonces et de récits des mobilisations en lien avec la campagne Bolloré : desarmerbollore@riseup.net

Ici l'appel initial à désarmer l'empire Bolloré publié en juillet et signé par une centaine d'organisations syndicales, antifascistes, féministes et écologistes : https://desarmerbollore.net/appel)

Rendez-vous du 29 janvier au 2 février ! Et par la suite !

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« Montréal s’attaque aux itinérants au lieu de s’attaquer à l’itinérance »

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/12/Still-2024-12-02-131323_1.10.1-scaled-e1733194188645-1024x474.jpg3 décembre 2024, par Comité de Montreal
La police a violemment détruit un campement d'itinérants à Montréal, suscitant l'indignation et un appel à un moratoire sur de tels démantèlements. L’article « Montréal (…)

La police a violemment détruit un campement d'itinérants à Montréal, suscitant l'indignation et un appel à un moratoire sur de tels démantèlements. L’article « Montréal s’attaque aux itinérants au lieu de s’attaquer à l’itinérance » est apparu en premier sur L'Étoile du Nord.

Nicaragua : de plus en plus affaibli, le régime Ortega-Murillo modifie la constitution pour assurer une succession dynastique

L'Assemblée nationale au Nicaragua vient d'approuver une réforme constitutionnelle dont l'objectif évident est de permettre au régime Ortega-Murillo de s'assurer une succession (…)

L'Assemblée nationale au Nicaragua vient d'approuver une réforme constitutionnelle dont l'objectif évident est de permettre au régime Ortega-Murillo de s'assurer une succession dynastique.

Ovide Bastien
Ex-coordonnateur des Études Nord-Sud du Collège Dawson, qui a séjourné chaque année au Nicaragua de 1995 à 2018, et auteur de Nicaragua 2018 : Racines de la crise (2018)

Étant de plus en plus affaibli et rejeté, non seulement par la population mais aussi par un nombre croissant de ses plus proches collaborateurs, le régime doit accentuer son caractère répressif et dictatorial en l'institutionnalisant.
Avant de préciser quelques éléments de cette réforme, voici un rappel historique qui en facilitera la compréhension.

Rappel historique

C'est le 3 janvier 2012. Je me trouve à El Espino, petite communauté paysanne dans le nord montagneux du Nicaragua, assis dehors avec mon ami nicaraguayen devant la résidence de ses parents. Il est venu rendre visite à ces derniers, nous prenons tranquillement une bière tout en contemplant le très beau paysage montagneux qui nous entoure, et cela fait presque deux heures que nous jasons.
« Tu sais qui a ordonné le limogeage, hier, de Manuel Calderón, notre maire bien apprécié de León ? » me confie-t-il soudain, de toute évidence, profondément troublé par ce qui vient d'arriver à un ex-leader fort réputé de la révolution sandiniste.

« C'est Rosario Murillo.
« La constitution actuelle ne permet pas à Daniel Ortega de se présenter à nouveau à la présidence, et Rosario avait l'intention de se présenter à ce poste. Comme plusieurs hauts placés du parti sandiniste la détestent et trouvent que cela serait une grave erreur, ils ont développé une stratégie pour que Daniel puisse se représenter à la présidence, bien que cela soit en théorie inconstitutionnel. C'est Calderón qui a élaboré et mis en œuvre cette stratégie.
»

Ce commentaire de mon ami ne m'étonne guère.

Lorsque je lisais La revolución perdida (2004) d'Ernesto Cardenal, j'avais noté à quel point ce prêtre catholique, poète renommé et ministre de la Culture durant la révolution sandiniste des années 80, déteste Murillo. À maintes fois dans son livre, il souligne l'arrogance et l'ambition qu'il a vues chez cette femme lorsqu'il collaborait avec elle durant la révolution.

Aussi et surtout, je savais par quel chemin tortueux et peu reluisant Murillo avait réussi à se tailler une place d'honneur avec son conjoint à la direction du Nicaragua.
En 1998, Zoilamérica Narváez, âgée de 30 ans, fait la une dans tous les médias du Nicaragua. Cette fille de Rosario Murillo, issue d'une relation antérieure et adoptée à l'adolescence par son beau-père Daniel Ortega, annonce que ce dernier l'a abusé sexuellement depuis l'âge de 11 ans, et présente un témoignage dévastateur de 48 pages contenant les détails de cet abus.

« Il me disait qu'il avait besoin de cela pour réduire l'énorme tension qu'il vivait à diriger la révolution, » explique Zoilamérica.

Au lieu d'appuyer sa fille, qui vient de poser un geste pénible qui demande un courage énorme, Murillo se range immédiatement du côté de son conjoint.

« Zoilamérica ne fait que mentir, » déclare-t-elle.

Ce désaveu éhonté et scandaleux de Murillo permet à Ortega de sauver sa carrière politique, qui, autrement, se serait sans doute effondrée comme un château de cartes. Cependant, elle rend aussi Ortega fort dépendant de Murillo, ce dernier devenant dorénavant comme un chien attaché avec une puissante laisse psychologique.
Ortega pour sa part nie carrément les accusations.

Et, dans les mois qui suivent, il conclut un pacte astucieux, mais on ne peut plus crasse, avec son grand ennemi politique conservateur Arnoldo Alemán.

Comme Ortega, ce dernier, qui préside le Nicaragua depuis 1996, se trouve dans une situation fort embarrassante. À la suite de l'Ouragan Mitch qui, à l'automne 98, causait d'immenses dégâts au Nicaragua, Alemán empochait une partie substantielle de l'aide financière internationale qu'on acheminait d'urgence à son pays. Comme la preuve de cela vient de sortir au grand jour, Alemán se trouve formellement accusé et sera bientôt condamné à 20 ans de prison.

Le pacte avantage les deux, car il leur assure un siège à l'Assemblée nationale pour les deux prochains mandats, ce qui leur confère automatiquement l'immunité parlementaire et leur permet d'échapper aux poursuites judiciaires.

Ortega reçoit aussi éventuellement un coup de pouce d'un juge sandiniste qui classe définitivement l'affaire Zoilamérica, déclarant que le délai de prescription a expiré.
Le mouvement des femmes, qui est devenu beaucoup plus fort et autonome au Nicaragua qu'ailleurs en Amérique latine à cause de la révolution sandiniste, est profondément outré par cette tournure des évènements. Partout où Ortega se rend pour des évènements, on voit toujours de nombreuses femmes en train de manifester, tout en brandissant des pancartes. On dénonce haut et fort le fait qu'un abuseur sexuel d'une mineure, grâce à son énorme pouvoir, puisse échapper à la justice.

Lorsque Daniel Ortega est reconduit à la présidence lors des élections de 2006, Sofía Montenegro, une grande féministe qui a joué un rôle important dans le renversement de la dictature de Somoza, continue à exprimer ouvertement et sans relâche son soutien à Zoilamérica et sa colère et indignation par rapport à l'injustice flagrante dont celle-ci souffre. Elle dénonce aussi avec force l'opportunisme politique crasse utilisé par Ortega durant la campagne électorale.

Afin de neutraliser l'opposition traditionnelle de l'Église catholique au FSLN et accroitre ses chances d'être élu, Ortega soutient, dans l'Assemblée nationale, la motion présentée par le parti au pouvoir, une motion qui rend tout avortement, même thérapeutique, illégal et criminel.

Un tel geste opportuniste, d'un parti qui se dit progressiste et même révolutionnaire, enragent Montenegro et tout le mouvement des femmes. Jusqu'à 2006, l'avortement thérapeutique avait toujours été légal et donc permis au Nicaragua. Même sous la longue dictature de la famille Somoza, il était permis !

De même que Rosario Murillo était venue au secours de son conjoint en déclarant menteuse sa propre fille, elle lui vient à nouveau au secours, et toujours d'une façon peu digne et honorable.

Sofía Montenegro, écrit Murillo dans la revue qu'elle dirige, est une agente de la CIA. Elle et le mouvement des femmes qu'elle dirige reçoivent leur financement des ONGs situées dans les pays capitalistes et impérialistes.

Et que voit-on apparaître par la suite, et ce pendant des mois, sur la page d'accueil du site Web du bureau du président Ortega ? Le titre ‘Un agent nommé Montenegro' dont l'hyperlien renvoie à l'article rédigé par Murillo !

Peu étonnamment, Rosario Murillo prend une place de plus en plus prépondérante dans le gouvernement Ortega inauguré officiellement en janvier 2007. Bien que non élue, elle agit, à toutes fins pratiques, comme porte-parole officiel du gouvernement.

Chaque midi, du lundi au vendredi, elle prend la parole dans les médias - radio et télévision - pour commenter l'actualité, vanter les projets mis de l'avant par le gouvernement, annoncer les fêtes, etc. Elle fait disparaître complètement la distinction entre FSLN et gouvernement, associe constamment Ortega aux forces divines et à Jésus, et elle-même à la Sainte vierge Marie. Et elle s'acharne à discréditer, à la Trump, toute personne qui ose critiquer le gouvernement « chrétien, socialiste, et solidaire ».

Les médias dans lesquels elle s'adresse tous les midis à la nation deviennent d'ailleurs, et ce, de plus en plus, la propriété de sa propre famille. Cela est possible grâce au $500, 000 d'aide, sous forme de pétrole, provenant du Venezuela chaque année. Une aide qui ne va pas au gouvernement du Nicaragua comme tel, comme ce serait normalement le cas, mais plutôt directement au FSLN. Étant donné que Daniel Ortega a graduellement transformé, au cours des années, le FSLN de parti politique à simple outil de dynastie familiale, il est relativement facile pour la famille Ortega-Murillo d'acheter la plupart des médias au Nicaragua.

Le pouvoir de Rosario Murillo ne se limite pas, cependant, à la seule propagande. Il s'étend aussi aux municipalités où des groupes de Sandinistes, dont de nombreux jeunes, sont mis sur pied, agissant, sous la direction de Murillo, comme une espèce de pouvoir parallèle aux élus municipaux.

De plus, Murillo préside toutes les réunions à Managua auxquelles sont convoqués, tous les deux lundis, les maires du pays.

J'apprenais ce dernier détail en janvier 2008. Je devais me rendre de Las Pozas, où j'accompagnais des stagiaires étudiants du programme Études Nord-Sud du Collège Dawson, jusqu'à Managua, afin de régler des affaires financières de notre stage. Comme le maire de la municipalité de Santo Tomas del Norte, qui se trouve à quelques kilomètres de Las Pozas, se rendait à Managua pour assister à une réunion de maires, il m'offre de voyager avec lui. Je connais bien ce maire de cette zone rurale montagneuse du nord du Nicaragua, car notre programme a souvent financé des petits projets dans sa municipalité – bourses aux étudiants et étudiantes du secondaire provenant de familles extrêmement pauvres, eau potable, ordinateurs pour écoles, etc.

« C'est Rosario Murillo qui préside toutes nos réunions, » m'expliquait-il, alors que nous nous dirigions vers Managua.

En 2016, lors du congrès du FSLN, Ortega annonce que sa conjointe, Murillo, sera sa candidate à la vice-présidence pour les élections de cette année-là. Et même si, normalement, la constitution ne lui permet pas de se présenter à nouveau à la présidence, il a recours à son pouvoir sur les tribunaux pour contourner les limites des mandats constitutionnels. De plus, il ne se gêne pas pour se servir de ces mêmes tribunaux afin d'empêcher ses rivaux les plus populaires de se présenter. Peu étonnamment, Ortega-Murillo gagnent facilement les élections. Et peu étonnamment, aussi, plusieurs enfants de la famille Ortega-Murillo se voient assignés des postes clés au gouvernement.

Extrait de mon journal au Nicaragua le 31 janvier 2017

Le chauffeur de taxi qui nous a emmenés au Bufé Laprado aujourd'hui pour notre dîner était fort intéressant.
« Je me suis battu avec les sandinistes pour renverser Somoza. Pourquoi nous sommes-nous battus ? Parce que Somoza utilisait la fraude pour gagner des élections. Parce qu'il possédait une partie considérable des terres et de nombreuses grandes entreprises au Nicaragua. Parce qu'il contrôlait la garde nationale et se situait au-dessus de toutes les lois. Parce qu'il utilisait la force pour écraser toute opposition.
« Et qu'avons-nous présentement ? Le leader avec lequel nous nous sommes battus pour libérer le Nicaragua de la dictature de Somoza – une guerre qui a fait quelque 40 000 morts – fait maintenant la même chose que Somoza. Il utilise de la fraude massive pour gagner les élections. Il est propriétaire de nombreuses grandes entreprises au Nicaragua, notamment de la plupart des stations de télévision et de radio. Il contrôle la Cour suprême et le Conseil électoral suprême. Il utilise la force pour écraser toute opposition. Si un ami de Daniel Ortega décide qu'il veut ta maison, tu vas avoir des problèmes. Il y a peu de choses que tu peux faire pour empêcher ça. Ce n'est pas la règle de droit dans le Nicaragua actuel.

Soulèvement populaire d'avril 2018

Le soulèvement populaire qui, sous l'initiative d'étudiants universitaires, éclate en avril 2018 au Nicaragua, devient rapidement massif et tout à fait historique. Non seulement s'étend-il rapidement au pays entier, mais il dure pendant des mois.
Comme elles le faisaient lorsqu'elles se soulevaient contre la dictature de Somoza dans les années 70s, les foules inondent les rues du pays, érigeant dans celles-ci des barricades afin de se protéger de la répression policière. Et, comme au moment de la révolution sandiniste, ce qu'elles veulent, ce n'est pas seulement que cessent répression, favoritisme et corruption dans les plus hautes sphères du gouvernement. Ce qu'elles veulent - et cela devient de plus en plus clair au fur et à mesure que s'intensifient les manifestations, c'est que le gouvernement Ortega-Murillo démissionne, et que soient organisées le plus rapidement possible de nouvelles élections. Des élections, cette fois, transparentes et véritablement démocratiques, et non pas frauduleuses.

En 1989, le FSLN, après avoir dirigé une révolution pendant dix ans, initialement fructueuse mais éventuellement de plus en plus problématique, surtout à cause de la longue guerre lancée par la Contra avec l'appui de Washington, perd les élections.
Cette fois, cependant, le régime Ortega-Murillo, même contesté par un soulèvement populaire historique, est déterminé que cela ne se produira plus jamais.

Pendant les premiers jours du soulèvement, le président Daniel Ortega ne souffle mot, Rosario Murillo, cependant, se met immédiatement à l'œuvre. Elle envoie un courriel à ses subordonnés politiques, les convoquent pour une réunion d'urgence, et lors de celle-ci, leur ordonne :

¡Vamos con todo ! No vamos a dejar que nos roben la revolución.i
« Fonçons avec toute notre force. Nous n'allons pas les laisser voler notre révolution, » affirme-t-elle.

On sait ce qui est arrivé par la suite. Des paramilitaires cagoulés, recrutés d'urgence d'un peu partout au pays, qui se promènent en camionnettes, tirant sur les foules, souvent avec des fusils de guerre, agissant, de toute évidence, avec la complicité de la police. Plus de 320 morts, de milliers de blessés, de centaines de milliers de Nicaraguayens et Nicaraguayennes, surtout des jeunes, qui s'expatrient.

Les quelques médias indépendants que compte encore le Nicaragua, comme Confidencial et 100% Noticias, font leur possible pour raconter le plus fidèlement possible les évènements historiques qui se déroulent. Et leur cote d'écoute monte en flèche alors que celles des médias devenus quasi-monopoles de la famille Ortega-Murillo chute.

Assez rapidement, cependant, le régime ferme un après l'autre tous les médias indépendants, sous le prétexte que leurs reportages violent le droit du pays à paix et stabilité, et qu'ils constituent des traîtres de l'État. Plus de 278 journalistes se voient obligés de s'expatrier afin de poursuivre, généralement sur Internet, leurs reportages sur leur pays.

Les prisons se remplissent de prisonniers politiques, et plusieurs sont soumis à maltraitance, et parfois, torture.

Le régime expulse du Nicaragua plus de 450 politiciens, hommes d'affaires, journalistes, intellectuels, militants des droits de l'homme et membres du clergé, dont certains évêques. La plupart sont également déchus de leur nationalité.

Qualifiés de traitres de la patrie et complices d'une tentative de coup d'État en avril 2018 – c'est ainsi que le régime Ortega-Murillo qualifie le soulèvement historique contre lui – plusieurs de ces expatriés voient le régime confisquer tous leurs biens et possessions au Nicaragua.

Identifiant les ONGs à puissances capitalistes et impérialisme étatsunien, le gouvernement ferme aussi la plupart des ONGs qui œuvraient jusqu'alors au Nicaragua, inventant milles prétextes pour le faire : mauvaise gestion de la comptabilité, lavage d'argent, et quoi encore. ONGs œuvrant pour femmes, enfants handicapés, pour aider financièrement les pauvres à fréquenter l'école, etc. La très réputée université fondée par les Jésuites, UNAM, une université progressiste qui appuyait la révolution sandiniste, est nationalisée, nombre de professeurs prestigieux perdant leur emploi ou démissionnant tout simplement.
On estime présentement que depuis avril 2018, plus de 5 000 ONGs, dont des groupes religieux, auraient été fermées Nicaragua.

Les qualificatifs qu'utilisait Rosario Murillo, dans ses discours quotidiens à la télévision et la radio, pour dépeindre les personnes qui assumaient le leadership du soulèvement historique d'avril 2018, dépassent en couleur et agressivité, et de beaucoup, ceux qu'utilisait Donald Trump pour dépeindre les démocrates lors de la récente campagne électoral étatsunienne : putschistes, terroristes, criminels, pyromanes, pilleurs, tortionnaires, violeurs, forces sataniques, empoisonnés, et j'en passe.

Quelques éléments de la réforme constitutionnelle

En gros, la réforme adoptée ne fera qu'inclure dans la constitution, et donc institutionnaliser, le comportement adopté depuis plusieurs années, mais surtout depuis le soulèvement populaire d'avril 2018, par le régime Ortega-Murillo.

Le rappel historique ci-haut illustre de façon assez éloquente comment Rosario Murillo a pu se hisser au sommet de la direction du Nicaragua. Or la réforme la fait grimper encore plus : de vice-présidente, elle devient co-présidente.

Au lieu d'organiser des élections tous les cinq ans, on ne le fera dorénavant que tous les six ans.

Les événements décrits plus haut montrent que le régime Ortega-Murillo contrôle non seulement le parti, devenu simple outil de la dynastie familiale, mais aussi le pouvoir législatif, judiciaire et électoral. La main très forte et contrôlante de Rosario Murillo, comme illustré plus haut, est partout présente non seulement dans toutes les réunions des maires mais aussi dans toutes les affaires municipales. Or la réforme ne fait que miroiter et institutionnaliser tout cela. Des institutions qui, selon la constitution actuelle, doivent être indépendantes du gouvernement, par exemple le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire, le pouvoir électoral, et le pouvoir municipal, deviennent, dans la constitution réformée, de simples organes que coordonnent directement le couple présidentiel Ortega-Murillo.
La constitution actuelle défend formellement toute torture. Cette clause disparaît de la nouvelle réforme. On peut difficilement voir d'un bon œil une telle disparition, même si, en incluant le respect de la Charte universelle des droits de l'homme, la réforme semble reconnaître, au moins par ce biais, la défense de la torture.

Dans le rappel historique, je soulignais que le couple Ortega-Murillo persiste à propager le mensonge évident que le soulèvement populaire d'avril 2018 n'était qu'une tentative de coup d'État, appuyé par des manifestants « traitres de l'État », et dont plusieurs furent pour cette raison expulsés du pays et déchus de leur nationalité. Or l'article 134 de la réforme constitutionnelle stipule que sont inéligibles à la présidence de la République ceux qui financent un coup d'État, ceux qui ont acquis une autre nationalité, les fonctionnaires en activité et ceux qui « violent ou ont violé les principes fondamentaux prévus par la Constitution ». En d'autres termes, ceux qui, selon le gouvernement, commettent des infractions contre la « paix et la sécurité ».

Dans ce même rappel historique, j'ai mentionné que les biens et possessions de centaines de personnes, qualifiées par le régime de « traitres de l'État », furent confisqués par le gouvernement. Or, à l'article 46 de la réforme sur l'interdiction de la confiscation des biens, la clause stipulant que « les fonctionnaires qui enfreignent cette disposition auront toujours à répondre des dommages subis, et ce à partir de leurs propres biens » a été supprimée.
De même, au dixième alinéa de l'article 24 de la réforme, il est établi que « les Nicaraguayens ont le droit de circuler et d'établir leur résidence dans n'importe quelle partie du territoire national ». Cependant, la liberté des Nicaraguayens « d'entrer et de sortir librement du pays », qui est pourtant inscrite à l'article 31 de la Constitution actuelle, est supprimée.

Pour réprimer les médias indépendants au Nicaragua, le régime Ortega-Murillo a eu recours à l'argument selon lequel ces médias, par leurs reportages sur les manifestations, violent le droit de la communauté à la sécurité, la paix, et le bien-être. Or la réforme adoptée modifie la clause de la constitution actuelle qui porte sur la liberté d'expression. Cette clause stipule que les Nicaraguayens ont le droit « d'exprimer librement leurs pensées en public ou en privé, individuellement ou collectivement, oralement, par écrit ou par tout autre moyen ». Cependant, la réforme rend le respect de cette clause conditionnel : à la condition, précise la réforme, « qu'elle ne viole pas le droit d'une autre personne, de la communauté, et les principes de sécurité, de paix et de bien-être ».

Note
1. Wilfredo Mirando Aburto, “Vamos con todo” : filtración desvela que Rosario Murillo ordenó aplastar las protestas en Nicaragua, Univisón noticias, le 21 novembre 2018. Consulté le 2 décembre 2024.
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Le Droit à la Santé en Haiti : Un droit ignoré et piétiné par les Dirigeants de l’État

3 décembre 2024, par Organisme de Défense des Droits de l'Homme en Haiti ECCREDHH — ,
L'Organisme de Défense des Droits de l'Homme en Haiti ECCREDHH exprime sa préoccupation face l'éradication des droits fondamentaux en Haiti. Ces droits sont violés au jour le (…)

L'Organisme de Défense des Droits de l'Homme en Haiti ECCREDHH exprime sa préoccupation face l'éradication des droits fondamentaux en Haiti. Ces droits sont violés au jour le jour sous les yeux des autorités en place. Ce qui implique qu'Haiti est devenue un État de non droit. Ces droits constituent un ensemble de droits et libertés ayant un aspect important pour l'être humain. Mais, l'état de droit et la démocratie sont en fait les conditions indispensables pour une pleine et entière jouissance de ces droits.

Port au Prince, Haiti 1/12/2024

En effet, l'Organisme de Défense des Droits de l'Homme en Haiti ECCREDHH constate que les droits fondamentaux en Haïti ne veulent rien dire, notamment le droit à la santé qui est gravement piétiné, galvaudé et ignoré par l'État dans ses différentes politiques publiques. C'est-à-dire, aucune priorité en termes de gouvernance politique n'est mise en place pour aborder la question de santé publique dans le pays. Dans un contexte complexe et compliqué que le pays est plongé le nombre de personnes touchées par balle ou blessées se sont multipliées et presque pas de centre hospitalier disponible pour apprécier la situation sans compter les cas existants laissés pour compte.

Or la charte des nations unies a proclamé leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'Egalité des hommes et des femmes (...). Cela étant dit, ces actions constituent le fondement même de la liberté, de la Justice et de la paix. C'est un idéal commun à atteindre. Par-là, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) en ses premiers articles stipule que " Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et
en droits (...). Elle poursuit à l'article 3 que " Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne " conformément à l'article 19 de la Constitution Haïtienne.

En outre, pratiquement à Port-au-Prince et ses zones périphériques 80 % des hôpitaux publics et/ou centres hospitaliers seraient fermés ou dysfonctionnels. Le seul Hôpital de la Paix qui essaie de répondre, mais dépassé par les affluences des personnes blessées et aussi d'autres cas. Il faut le rappeler, à l'hôpital de la paix des accouchements se font à même le sol sur les céramiques froides.

C'est extrêmement grave d'énoncer cela en plein 21ème siècle. Mais c'est un fait pour démontrer qu'aucune priorité n'est en aucun cas accordée au droit à la santé dans le pays. À cause de ces actes de violences, plus de 18 institutions sanitaires ne sont pas fonctionnelles dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. Parmi elles, on peut citer « l'Hôpital de l'Université d'État d'Haïti, le Centre de santé Aurore du Bel-air, le Centre de santé Saint-Martin 2(rue Saint Martin), le Centre de santé Saint-Martin 1 (Delmas 18 et Delmas 3), l'hôpital Dash Delmas 18, la Maternité

ENSEMBLE DES CITOYENS COMPÉTENTS À LA RECHERCHE DE L'ÉGALITÉ DES DROITS DE L'HOMME EN HAITI (ECCREDHH).
Rue Théodate # 27 Tabarre, Haïti, W.I Tel : (509) 36203405 / 36513668 / 48364348
Email:eccredhh12@gmail.com
Adresse : Rue Theodate # 27 Tabarre - Tels : +50936203405 / 36513668 / 48364348. E-mail : Eccredhh12@gmail.com

Isaïe Jeanty de Chancerelles, l'hôpital Saint-François de Sales, le sanatorium (Carrefour-Feuilles), l'hôpital communautaire de Bon-Repos, l'hôpital communautaire de Beudet, le centre de santé de la Croix-des-Bouquets etc. »

Si la situation est si compliquée pour les hôpitaux de la capitale qu'en est-il pour ceux en région ? En fait, malgré l'existence des traités internationaux, des accords, des conventions signées et ratifiées par Haïti et les lois nationales relatives en la matière, le droit à la santé est piétiné par les dirigeants de l'État appelés à faire appliquer les lois de la République. Donc, il est inacceptable voire inconcevable qu'Haiti devienne une république dirigée par des nuls qui ne comprennent même pas le sens de l'État et de la gouvernance publique. Konbyen kretyen vivant Souf yo etenn akòz pa gen lopital osnon lopital fèmen ?

L'État est créé pour assister sa population et non pour assurer son assassinat. Soit ces dirigeants sont là pour servir l'État et sa population ou soit ils se font prendre par les pieds, car c'est révoltant. On peut même se demander pourquoi continuer à payer des inutiles qui ne garantissent aucun respect de nos droits ?

La population doit être plus exigeante envers ses décideurs parce qu'ils ont pleine et entière responsabilité pour garantir le respect des droits et les libertés. Ils ont cette obligation, donc nous devons les contraindre.

Vive la Démocratie !!!

Vive le Respect des Droits Humains !!!

Vive une société Juste !!!

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Une activité des Journées Québécoises de Solidarité Internationale témoigne de l’impact de l’extractivisme au Honduras au Guatemala et au Chiapas

3 décembre 2024, par Carolina Dominguez Restrepo — , ,
La présence des entreprises transnationales sur les territoires en Amérique centrale entraîne une détérioration des droits humains des communautés vivant dans les zones (…)

La présence des entreprises transnationales sur les territoires en Amérique centrale entraîne une détérioration des droits humains des communautés vivant dans les zones d'exploitation des ressources, en particulier au Honduras, au Guatemala et au Chiapas. Il existe toutefois une résistance issue de la population locale. Les interventions lors de l'assemblée « Mobilisation pour les droits et les territoires » du 19 novembre dernier en témoignaient.

26 novembre 2024 | tiré d'alterquébec
https://alter.quebec/une-activite-des-jqsi-temoigne-de-limpact-de-lextractivisme-au-honduras-au-guatemala-et-au-chiapas/?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=JdA-PA-2024-11-27

Le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) et le Centre international de solidarité ouvrière (CISO), avec la collaboration de Déveloement et Paix et de Solidarité Laurentides Amérique centrale (SLAM) ont pris l'initiative de tenir une rencontre à Montréal dans le cadre des Journées québécoises de la solidarité internationale (JQS).

Trois perspectives qui s'entrecroisent

L'activité réunissait Ervin Hernandez, un journaliste hondurien qui a exposé les injustices causées par l'extractivisme ; Leocadio Jucaran, un activiste guatémaltèque qui a travaillé pour la régularisation des personnes déplacées dans une perspective contre-hégémonique ;

et Libertad, une éducatrice populaire qui s'est consacrée à la dénonciation de la diplomatie criminelle et des liens paraétatiques qui favorisent l'investissement étranger au Chiapas. Au cours de la réunion, chaque personne a caractérisé le mode de fonctionnement de l'intervention étrangère et a décrit la résistance qui s'exerce à partir de la base sociale. Les trois perspectives s'entrecroisent : l'articulation du capital étranger, des réseaux de corruption de l'État et du crime organisé. Elles caractérisent les obstacles quotidiens qui oppriment les communautés et entravent la résistance.

Honduras

Dans le cas du Honduras, les investissements se concentrent sur deux types d'activités productives : l'exploitation des terres par l'extractivisme et les monocultures, ainsi que l'industrie de fabrication de tissus pour des entreprises canadiennes telles que GILDAN. Ces activités économiques et l'importance que leur accordent certaines entités étatiques entraînent le déplacement des populations qui habitent ces territoires, ainsi que la précarisation des travailleuses et des travailleurs de cette industrie.

Cependant, les actions collectives qui résistent à ces dynamiques d'exploitation font face à des défis, tels que la persécution politique des activistes qui luttent pour la souveraineté de leurs territoires, l'interventionnisme de l'État qui exerce une violence systémique à travers ses appareils, et la criminalisation de la mobilisation. Ce dernier défi représente une contrainte significative dans la lutte pour le territoire et sa diffusion, car la criminalisation provient non seulement des opérateurs légaux, mais aussi des médias et de l'opinion publique. Ceux-ci cherchent à polariser et à atomiser l'organisation afin de faire de la place aux intérêts étrangers, en plus de donner peu de visibilité à la situation.

Guatemala

Au Guatemala et au Honduras, la reconnaissance de l'autonomie territoriale et le droit de la population à être consultée au préalable de la réalisation d'un projet ont pris du retard. C'est au Guatemala qu'il a progressé et qui fut abordé sous l'angle de la nature ancestrale originelle des espaces territoriaux qui ont été appropriés par les communautés. L'autogestion exercée sur ces localités et menée par les organisations de base repose sur le principe de la solidarité globale Nord-Sud décolonisatrice. C'est pourquoi les plans d'action mis en œuvre encouragent la participation aux assemblées territoriales et prévoient une assistance juridique.

Chiapas, Mexique

Au Mexique, et plus précisément au Chiapas, on observe une intensification des effets négatifs de l'interventionnisme attribué à la présence de bandes armées, étant donné qu'il s'agit d'un lieu important sur les routes de la migration irrégulière. Ce facteur aggravant compromet non seulement les conditions de vie des communautés, mais démontre également que la configuration du territoire est au service du capital mondial et de la criminalité qui exerce un contrôle sur ces zones. L'État, ses entités et l'interlocution diplomatique entre le Nord et le Sud sont complices de cette situation.

Face à cette réalité, le Canada a une position marquée par l'absence de politiques qui limitent et contrôlent les dommages causés par les activités productives des transnationales canadiennes sur l'environnement. Celles-ci détériorent également les moyens de subsistance des communautés et des populations dans les territoires du Sud global. Dans ce contexte, la solidarité internationale prend tout son sens et devrait chercher à intégrer des piliers démocratiques dans les processus et les décisions qui affectent les communautés latino-américaines.

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Donald Trump et Elon Musk prônent un antihumanisme

3 décembre 2024, par Scandola Graziani — , ,
Donald Trump et Elon Musk prônent un antihumanisme décomplexé, géré par l'intelligence artificielle et « vidé de ses corps », explique le philosophe Éric Sadin. Une idéologie (…)

Donald Trump et Elon Musk prônent un antihumanisme décomplexé, géré par l'intelligence artificielle et « vidé de ses corps », explique le philosophe Éric Sadin. Une idéologie déjà à l'œuvre en France.

Éric Sadin est philosophe spécialiste de la critique du numérique et de son monde. Ses nombreux ouvrages, dont La Siliconisation du monde (2016), L'Ère de l'individu Tyran (2020) ou La Vie spectrale (2023), abordent les conséquences de l'avènement des nouvelles technologies, notamment de l'intelligence artificielle (IA), sur l'organisation de nos sociétés.

27 novembre 2024 | tiré de reporterre.net | Photo : Le président élu Donald Trump et Elon Musk assistent au lancement du sixième vol d'essai de la fusée Starship, de SpaceX, au Texas, le 19 novembre 2024. - © Brandon Bell / Getty Images North America / Getty Images via AFP
https://reporterre.net/Trump-et-Musk-nous-menent-vers-un-monde-glacial-domine-par-l-IA

Reporterre — Le milliardaire Elon Musk a été nommé par Donald Trump au ministère de « l'efficacité gouvernementale ». Que cela révèle-t-il ?

Éric Sadin — Elon Musk incarne le mythe de l'entrepreneur visionnaire qui a tout saisi de la vérité de l'époque. Sa figure fait penser à celle de John Galt, le héros de La Grève, le fameux roman d'Ayn Rand publié en 1957, devenu depuis la référence majeure du courant libertarien. John Galt est un ingénieur, caractérisé par sa puissance inventive, qui décide d'organiser une fronde de grands entrepreneurs contre l'inertie de l'État. Ensemble, ils brandissent la menace de cesser leur activité, affirmant que le pays finira alors exsangue. C'est exactement ce à quoi nous avons affaire avec Elon Musk : l'image d'un génie semblant dorénavant indispensable à la bonne santé économique de la nation. Donald Trump a récemment déclaré à son propos : « C'est un super génie, il faut qu'on les protège, nous n'en avons pas tant que ça. »

Quelle est l'idéologie derrière cette figure de « l'entrepreneur visionnaire » ?

Cette idéologie, à l'œuvre depuis une trentaine d'années dans la Silicon Valley, est fondée sur le postulat que Dieu n'a pas parachevé la création. Le monde est truffé de défauts et l'humain étant fondamentalement imparfait, il en est le premier vecteur. Toutefois, un miracle a lieu désormais : les technologies dites de « l'exponentiel », qui sont vouées à racheter toutes nos insuffisances. C'est là que l'intelligence artificielle donne corps à ce projet, en réalisant de façon infiniment plus rapide, prétendument plus fiable et à moindre coût, un nombre sans cesse extensif de tâches.

L'humain étant alors appelé à être évacué des affaires qui le regardent, pour n'être plus réduit qu'à une cible continuellement marchande, assaillie par des offres automatisées et hyperpersonnalisées. Voit-on l'antihumanisme radical à l'œuvre ? Celui cherchant à instaurer une société hygiéniste, délivrée de tout défaut, et une marchandisation intégrale de la vie.

Comment cette idéologie prônée par Elon Musk et la Silicon Valley trouve-t-elle un écho auprès de Donald Trump ?

Trump et Musk se rejoignent dans une sorte d'iconoclasme radical et décomplexé. Leur point commun est le refus des intermédiaires, des instances centrales, supposés être des facteurs d'inertie. C'est pour cela que Musk a vite été un adepte des cryptomonnaies, ambitionnant de se débarrasser de tous les maillons de régulation de la valeur. Du côté de Trump, les intermédiaires, ce sont l'État fédéral, Washington, les institutions, le prétendu « État profond », et les élites qu'il entend renverser, au profit d'un lien plus direct avec les Américains. C'est aussi le fantasme d'une parfaite transparence.

« Un monde glacial, vidé de ses corps »

On parle de possibles conflits d'intérêts, des contrats publics d'Elon Musk, de sa cotation en bourse qui a grimpé depuis l'élection de Trump… Ce n'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est qu'ils trouvent dans cette alliance la certitude que leur vision du monde va s'appliquer sans aucune limite.

Concrètement, que compte faire Elon Musk à ce poste de « l'efficacité gouvernementale » ?

Je donnerais un autre nom à ce poste : celui de « l'automatisation des affaires publiques ». Il existe aujourd'hui des systèmes d'intelligence artificielle capables de gérer quantité de dossiers administratifs et publics, à un point que l'on n'aurait plus besoin d'autant d'humains dans ces domaines. Elon Musk risque d'y aller à la hache. Et celle-ci va s'appuyer sur un levier principal : l'automatisation par l'IA. Des systèmes se substitueront à l'humain.

Le paradoxe, c'est qu'en voulant éradiquer la bureaucratie, on en arrive à des effets d'hyper bureaucratie, semblables aux récits kafkaïens, où personne ne sait où se trouvent les interlocuteurs. On s'imagine que l'IA va fluidifier les choses, en réalité c'est l'opposé ! Ce sera le règne de la « technocratie algorithmique ». Un monde glacial, vidé de ses corps.

Dans un entretien accordé au Monde en 2020, vous déclariez : « Il est probable qu'un fascisme d'un nouveau genre émerge dans les années post-coronavirus. » Sommes-nous arrivés à cela ?

Les dictateurs entendent asseoir leur pouvoir en muselant et en contrôlant les populations. Ici, il ne s'agit pas de cela. Ce n'est pas « big brother » ou le « crédit social » chinois. En revanche, ce qui vient, c'est le bannissement de l'humain des affaires qui le regardent. C'est ce que j'avais appelé dans La Silicolonisation du monde le « soft-totalitarisme numérique », à savoir que les algorithmes prévalent sur l'humain dans l'organisation de la société. C'est la fin du politique.

D'ailleurs, en encourageant l'automatisation des affaires humaines, le monde politique scie la branche sur laquelle il est assis ! Les États-Unis sont avant-coureurs d'une situation appelée, à terme, à devenir globale.

Où en est-on en France ?

Cette automatisation est en vigueur depuis une dizaine d'années en France. Le fait que le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian ait salué la nomination d'Elon Musk n'est pas anodin. Le projet porté par Emmanuel Macron est exactement le même que celui de Musk et Trump, mais à la française, c'est-à-dire un cran en dessous. Il a twitté pour se réjouir de l'installation d'un bureau à Paris du géant de l'IA générative, OpenAI.

Macron est un adepte du technopositivisme, qui a pour ennemi l'inertie, et doit conduire vers un monde conçu comme une horloge parfaitement réglée. Lui aussi honnit les corps intermédiaires, qui empêchent supposément la rapidité et l'efficacité de l'action…

« Il suffit d'ouvrir le capot de ses Tesla pour voir que c'est de l'esbroufe totale »

Cette idéologie est déjà à l'œuvre dans la plupart des démocraties libérales, avec le distinguo qu'elle n'est pas encore radicale. Avec Trump et Musk, ce projet prendra forme de façon totalement décomplexée.

Quels effets cela aura-t-il sur l'environnement ?

Les technologies numériques, plus encore l'intelligence artificielle et les IA génératives, entraînent de gigantesques conséquences énergétiques. Le besoin en électricité est tel qu'Amazon et autres Big Tech entendent alimenter leurs serveurs avec de petits réacteurs nucléaires. Il y a une forme de dissonance cognitive troublante d'un côté, avec la question écologique de plus en plus présente et, de l'autre, l'usage sans cesse extensif par des milliards d'individus de systèmes numériques.

Elon Musk est-il aussi dans cette dissonance cognitive ?

Oui, comme tous les gourous du numérique. Prenez sa voiture électrique prétendument vertueuse pour le climat. Il suffit d'ouvrir le capot de ses Tesla pour voir que c'est de l'esbroufe totale ! En réalité, ses véhicules sont aux antipodes de l'écologie. Ils vont encourager les transports, et le recyclage des batteries n'est pas encore possible. Un pragmatisme écologique consisterait tout simplement à ne concevoir ni voiture ni fusée, mais d'œuvrer à d'autres formes d'organisation — réellement vertueuses et écologiques — en commun.

« Allons interroger les salariés dans les entrepôts d'Amazon »

Il y a quelques années, les grands patrons de la Silicon Valley se disaient préoccupés par la question climatique, et soutenaient plutôt le camp démocrate…

Nous sommes naïfs. Nous accordons beaucoup trop d'attention à ce que disent ces personnes. Regardez la place qu'ils ont dans la presse, ces entrepreneurs et ingénieurs du numérique : elle est outrageusement importante ! Ce ne sont pas leurs discours qu'il faut écouter, il faut observer les conséquences de leurs systèmes. Ce n'est pas eux qu'on devrait interroger dans les médias : mais ceux qui subissent les conséquences de ce qu'ils font.

Allons interroger les salariés dans les entrepôts d'Amazon, là où des systèmes d'IA instaurent des modes managériaux indignes, réduisant des humains à des robots de chair et de sang. Allons interroger les professeurs dans les écoles publiques qui subissent de plein fouet les effets de la numérisation à marche forcée. Allons voir dans l'hôpital public l'implantation des systèmes d'IA qui coûtent une fortune et ne servent à rien, alors qu'on s'est rendu compte pendant le Covid que ce n'était pas d'IA dont on avait besoin, mais de personnel et de matériel élémentaire, de respirateurs, etc. En faisant cela, nous aurions une tout autre compréhension des phénomènes, et la société serait davantage transparente à elle-même.

Aujourd'hui, le discours d'Elon Musk flirte avec le climatoscepticisme. Comment expliquer ce revirement ?

Selon lui, ceux qui travaillent sur les questions environnementales se perdent dans des négociations sans fin, pour déboucher sur des projets d'accord, tels ceux de la COP, qui ne feraient rien avancer. Tout ceci peut donner l'impression d'être laborieux et surtout élitiste. Pour Musk, c'est une manne ! Ça lui permet de dire : « Nous, on va faire de la véritable écologie. Des systèmes vont résoudre la crise climatique. » Autrement dit, la solution viendra de la technologie : fini les discussions, la contradiction, la pluralité de points de vue, tout cela n'étant que de la perte de temps et des dépenses inutiles.

Quelles alternatives à la vision d'Elon Musk pouvons-nous proposer ?

La solution, c'est d'être partie prenante des affaires qui nous regardent. C'est un projet de société : que tout le monde ait la chance de pouvoir vivre d'autres modalités d'existence plus vertueuses, s'il le souhaite. Avec des relations entre les êtres plus équitables, et l'usage de matériaux qui ne bafouent pas la biosphère.

Nous devrions pouvoir expérimenter des modes d'organisation — via la mise en place de collectifs — dans le soin, l'éducation, l'artisanat, l'architecture… Pour l'instant, ces expériences sont marginales, presque héroïques. Il faudrait que la puissance publique soutienne ces projets, qu'ils puissent essaimer ! C'est ce que j'appelle le « printemps des collectifs ».

Je ne vois pas d'autre solution que de défendre le vivant. Celui des éléments, mais aussi celui qui est en nous et qui ne demande qu'à s'épanouir. Appelons cela un puissant et joyeux désir de vie ; contre la pulsion de mort qui, aujourd'hui, semble être devenue notre monnaie bien trop courante.

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De Biden à Trump, la fin à l’aide militaire à Israël n’est pas à l’ordre du jour

3 décembre 2024, par Dan La Botz — , ,
La semaine dernière, le sénateur Bernie Sanders a présenté au Sénat trois résolutions visant à mettre un terme aux transferts d'armes américaines vers Israël. Ces résolutions (…)

La semaine dernière, le sénateur Bernie Sanders a présenté au Sénat trois résolutions visant à mettre un terme aux transferts d'armes américaines vers Israël. Ces résolutions visant à mettre fin au soutien des États-Unis à la guerre génocidaire menée par Israël contre les PalestinienNEs de Gaza ont toutes reçu entre 18 et 19 voix de la part des démocrates et aucune des républicains.

Hebdo L'Anticapitaliste - 731 (28/11/2024)

Par Dan La Botz

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Bien que ce vote n'engage pas même 20 % des 100 sénateurs, il reflète une division croissante au sein du parti démocrate et démontre une opposition significative au président Joe Biden et à la majorité des démocrates qui soutiennent fermement l'État juif. Selon les sondages, les deux tiers des démocrates souhaiteraient arrêter complètement l'aide militaire à Israël ou la conditionner à un cessez-le-feu.

Les démocrates autour de Biden inébranlables

Le Parti démocrate ayant échoué à ce test politique et moral, la CPI (Cour pénale internationale) a lancé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, comprenant la famine comme méthode de guerre, les attaques intentionnelles contre des civils, « le meurtre, la persécution et d'autres actes inhumains ».La CPI a également délivré un mandat d'arrêt à l'encontre du commandant du Hamas, Ibrahim al-Masri.

Biden a condamné les actions de la CPI en déclarant : « La délivrance par la CPI de mandats d'arrêt à l'encontre de dirigeants israéliens est scandaleuse. Permettez-moi d'être clair une fois de plus : quoique la CPI puisse laisser entendre, il n'y a aucune équivalence – aucune – entre Israël et le Hamas. Nous nous tiendrons toujours aux côtés d'Israël contre les menaces qui pèsent sur sa sécurité ».

Au même moment, au Conseil de sécurité de l'ONU, les États-Unis ont été les seuls à voter contre une proposition appelant à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, opposant ainsi leur veto à la résolution par 14 voix contre 1. « Nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permettait pas de libérer les otages », a déclaré Robert A. Wood, ambassadeur américain aux Nations unies. C'est la quatrième fois que les États-Unis bloquent une résolution de cessez-le-feu au Conseil de sécurité.

La semaine précédente, le Bureau des droits de l'homme des Nations unies a condamné le massacre de civilEs lors de la guerre à Gaza, affirmant que 70 % des victimes étaient des femmes et des enfants. Il a indiqué que 43 300 personnes avaient été tuées, mais que de nombreux autres morts étaient enterrés sous les bâtiments bombardés. Volker Türk, chef des droits de l'homme des Nations unies, a déclaré que « ce niveau sans précédent de meurtres et de blessures de civilEs est une conséquence directe du non-respect des principes fondamentaux du droit humanitaire international ».

Soutien à Israël et répression accrue sous Trump

Alors que le soutien de M. Biden à Israël est resté inébranlable, l'administration de Trump sera encore pire. Lors du débat présidentiel qui a précédé l'abandon de Biden à l'élection présidentielle, Trump a demandé à Netanyahou de « finir le travail à Gaza ». Au cours de son premier mandat présidentiel (2016-2020), Trump a soutenu le gouvernement de Netanyahou, en faisant déplacer l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, appuyant les revendications israéliennes sur le plateau du Golan et en Cisjordanie, en réduisant l'aide aux PalestinienNEs. Le nouvel ambassadeur de Trump en Israël, Mike Huckabee, est un sioniste chrétien qui ne reconnaît pas l'existence du peuple palestinien.

Les manifestations contre le soutien des États-Unis à Israël et contre la guerre d'Israël contre la Palestine se sont poursuivies. Bien que le mouvement sur le campus ait été réprimé conduisant à la suspension, l'expulsion ou l'emprisonnement d'étudiantEs, en dehors du campus, les activités se poursuivent. À la base aérienne de Travis, dans le nord de la Californie, une cinquantaine de manifestantEs ont bloqué l'entrée de la base et 28 personnes ont été arrêtées. Un militant a posté sur X : « Les Américains veulent la paix ! ARRÊTEZ DE TUER LES ENFANTS ! Embargo du peuple ! Arrêtez de financer Israël et les crimes de guerre ».

Sous Trump, les manifestantEs feront l'objet d'une surveillance accrue, d'enquêtes, d'accusations fallacieuses d'être des agents étrangers ou des terroristes, avec la menace de la déportation pour les immigréEs. Les antisionistes seront accusés d'antisémitisme et pourront être inculpés d'incitation à la haine. La résistance à Trump va nécessiter une nouvelle stratégie de la part de la gauche.

Dan La Botz, traduit par la rédaction

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Rowshon Nipa : « Les films sont les choses les plus puissantes pour un travail révolutionnaire »

3 décembre 2024, par Bianca Pessoa, Rowshon Nipa — , ,
La militante pour les droits des personnes migrantes aux États-Unis parle du pouvoir de la culture dans la lutte politique. L'élection de la semaine dernière aux États-Unis (…)

La militante pour les droits des personnes migrantes aux États-Unis parle du pouvoir de la culture dans la lutte politique.

L'élection de la semaine dernière aux États-Unis a été dominée par un discours raciste et xénophobe anti-immigration. Indépendamment des théories du complot créées et encouragées par Trump pendant sa campagne, et qui sont à la base de son projet d'extrême droite, la vérité est que les personnes migrantes dans le pays représentent une partie importante de la classe ouvrière qui soutient la vie et l'économie avec un travail dur et souvent précaire. Capire a parlé avec Rowshon Nipa pour comprendre la lutte des personnes migrantes aux États-Unis et comment cette lutte est liée aux arts et à la culture. Elle est une activiste communautaire chez Desisse lèvent et bougent [Desis Rising Up and Moving – DRUM], une organisation dirigée par des membres travaillant pour la justice des personnes migrantes, la justice de genre, la justice climatique, la justice raciale, la justice éducative et la justice en matière de logement.

« Desissont les peuples de l'Asie du Sud et de l'indo-Caraïbe. Nous travaillons avec ces immigrants, avec des jeunes et des gens de la classe ouvrière ici à New York. Nous militons et renforçons le leadership dans notre communauté », explique-t-elle. La militante pour les droits des personnes migrantes est née à Sirajganj, au Bangladesh, et exprime l'identité de sa communauté à travers des films. Depuis son enfance, Rowshon a été inspirée par son père pour aimer et travailler avec le cinéma et le théâtre : « j'ai un grand intérêt pour le théâtre et j'ai travaillé avec lui en tant qu'artiste de théâtre. À l'université, j'étais assez active dans le théâtre et aussi dans la politique de gauche ».

En 2000, Rowshon a obtenu une bourse de la BBC pour la formation des producteurs et a commencé à travailler avec des documentaires, des films et à la télévision. Pour ses films, Rowshon a reçu le prix UNICEF (2004), ce qui a facilité son voyage aux États-Unis lorsqu'elle a dû émigrer en raison de problèmes économiques et politiques en 2017. Son dernier film, Toute seule [All Alone – 2024], a été nominée pour le Prix du Meilleur Projet d'Autonomisation des Femmes au Festival International de cinéma de Roshani et a reçu le prix du Meilleur Scénario de Court Métrage au Festival du Film Indépendant de Berlin. Outre les prix qu'elle a reçus, elle a mené une carrière de résistante et d'artiste engagée, liée à la lutte politique et à la lutte contre la violence à l'égard des femmes.

Comment avez-vous commencé à travailler avec DRUM ?

Après l'Emmy, je n'ai jamais arrêté, mais j'ai dû me battre très fort pour être une femme. Les gens ont toujours voulu me dominer. J'ai été attaquée par des groupes suprémacistes au Bangladesh. J'étais inquiète pour ma sécurité et ils ont également menacé ma fille. J'ai donc décidé de venir aux États-Unis. En octobre 2017, je suis venue ici et j'ai soumis des documents à l'immigration. Ils m'ont offert la catégorie EB1 pour avoir remporté un Emmy.

Quand je suis arrivée ici, il y avait aussi beaucoup d'incertitude. J'ai commencé à travailler dur dans les supermarchés, les boutiques de cadeaux. Entre-temps, je suis allée à une télévision communautaire où j'ai rencontré une personne de l'équipe de travail de DRUM et elle parlait de problèmes de justice sociale. J'étais impressionnée. Je suis allée à leur bureau et j'ai vu qu'ils avaient une photo de Che Guevara sur leur ordinateur. Ça alors ! Je veux dire, aux États-Unis, c'est une chose nouvelle. Alors je me suis connectée et je suis restée bénévole avec eux.

J'ai commencé à faire de l'interprétation et beaucoup de traductions. Ils m'ont demandé si je voulais travailler dans l'organisation construisant la base du Bronx. En 2019, j'ai commencé à faire partie de l'équipe de DRUM en tant qu'activiste communautaire. De là jusqu'ici dans le Bronx on a construit une base de plus de 700 personnes, dont environ 30 dirigeants.

Quels sont les défis auxquels les personnes migrantes sud-asiatiques, en particulier les femmes, sont désormais confrontées dans les grands centres urbains comme New York ?

Les immigrants ont des problèmes spécifiques avec leur emploi, leur survie et leur logement, mais je tiens à dire que pour les femmes, le plus gros problème est la violence domestique. La plupart des femmes d'âge moyen n'ont aucun contrôle sur leur vie. Elles gagnent de l'argent parce que la famille en a besoin, mais elles n'ont aucun contrôle sur leurs économies. Elles doivent travailler et remplir leurs tâches domestiques. Ce n'est qu'alors qu'elles sont autorisées à partir. Mais où qu'elles aillent, elles sont surveillées par des applications. Elles n'ont pas de vie ou d'identité personnelle.

En 2021, nous avons eu une grande manifestation sur le fonds d'aide au personnel sans papiers, lorsque nous avons reçu le stimulus. Les sans-papiers n'avaient aucun soutien du gouvernement et souffraient énormément. Il y avait des centaines de personnes à la manifestation à Manhattan. C'était la première fois que Moshe, l'une de nos membres, participait à une manifestation. Quand elle est sortie du métro et a vu tant de gens scander des slogans, elle a dit « Wow, c'est la première fois que je me sens comme un être humain. J'ai de quoi élever la voix ». C'est de ça que je parle.

Dès le début, j'ai subi beaucoup d'oppression dans ma vie. D'être noire, d'être une femme, d'être pauvre et de parler. J'ai quitté mon pays parce que je suis bavarde. Je peux pas céder. J'exhorte toujours les gens à être eux-mêmes.

Les femmes bangladaises d'âge moyen ne pensent jamais qu'elles sont des êtres humains complets. Dans l'enfance, les parents les contrôlent. Quand elles grandissent, elles se marient et leurs maris les contrôlent. Dans certains endroits, il est impossible de sortir sans une personne de confiance. Même si votre frère a 10 ans, vous devez l'emmener avec vous pour pouvoir sortir. Nous avons besoin de beaucoup pour nous en sortir et être des personnes entières.

Vous parliez de la façon dont, avec le temps et l'organisation, les femmes apprennent qu'elles sont des êtres complets avec des voix puissantes. C'est le thème de votre dernier film, n'est-ce pas ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

L'idée de ce film m'est venue à l'esprit en 2015. J'étais au Bangladesh et de nombreux cas de viol se produisaient. J'ai écrit un article dans un journal bangladais disant que les femmes devraient protester. C'était comme ça pour moi. Même dans le bus, s'ils essayaient de toucher mon corps, je réagissais. Et si les gens me demandaient pourquoi j'ai frappé ces gars, je leur répondais « Pourquoi vous le demandez à moi ? ». C'est ainsi que j'ai pensé à l'histoire du film. La fille s'est vengée. Dans la tête des gens, les victimes de viol sont toujours faibles et honteuses. Alors j'ai pensé que je voulais faire quelque chose où les femmes sont puissantes.

Après l'idée, je suis venue dans ce pays et j'ai dû me battre. J'étais loin de mes films. Quand le covid-19 est arrivé, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose et que je reprenne ma passion. Mais comment pourrais-je faire ça ? Je n'avais pas d'argent. J'ai donc demandé à certains de mes amis de se porter volontaires. Ma fille est le personnage principal, Amrita. D'une certaine manière, nous avons réussi cette année, lorsque nous avons fait la production finale.

Pourquoi pensez-vous qu'il est important de raconter des histoires de femmes immigrées ?

En tant que militante, j'ai vu que la formation politique est la partie la plus difficile pour une communauté, en particulier pour les personnes à la base. Mais quand elles voient quelque chose, elles l'embrassent. J'ai toujours cru que le changement social devrait s'accompagner de divertissement. Ce n'est pas le genre de connaissance que vous recevez seulement, mais que vous ne pouvez pas digérer. Ceux autres vous ne faites qu'oublier.

Notre communauté a toujours aimé les choses de Bollywood, les chansons de Bollywood, les robes, les films, mais cette histoire n'a jamais été racontée. Personne ne connaît les histoires des immigrants et de la classe ouvrière. J'essaie de faire ces films depuis cinq ans. J'ai frappé à toutes les portes, mais ils m'ont demandé « pourquoi la protagoniste est-elle noire ? Elle devrait être blanche ». Mais c'est la représentation des faits. À notre base, nous organisons chaque mois une projection de film sur les personnes LGBTQ+ et d'autres choses. C'est ainsi que nous faisons de la formation politique. J'ai l'impression que les films sont les choses les plus puissantes – ou le théâtre, ou le travail artistique et culturel. Cela peut être puissant pour un travail révolutionnaire, pour unir tous les peuples.

Interview réalisée par Bianca Pessoa
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : anglais
https://capiremov.org/fr/entrevue/rowshon-nipa-les-films-sont-les-choses-les-plus-puissantes-pour-un-travail-revolutionnaire/

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« Décourageant » Les États-Unis reviennent sur leur engagement envers le traité mondial contre la pollution plastique

3 décembre 2024, par Joseph Winters, Mother Jones — , ,
Presque 70 pays soutiennent l'idée d'un plafond (de production de plastique). Les environnementalistes ont été amenés.es à croire que l'administration Biden le faisait aussi. (…)

Presque 70 pays soutiennent l'idée d'un plafond (de production de plastique). Les environnementalistes ont été amenés.es à croire que l'administration Biden le faisait aussi.

Joseph Winters, Mother Jones, 20 novembre 2024
Traduction, Alexandra Cyr

N.B. Cet article a d'abord été publié par GRIST. Il est reproduit ici comme partie de la collaboration Climate Desk.

L'administration Biden est revenue sur son soutien à l'établissement d'un plafond de production du plastique tel que présenté dans la proposition de traité mondial contre la production de plastique par les Nations Unies.

Les représentants.es de cinq organisations environnementales nous informent que le personnel de la Maison blanche leur a expliqué lors d'une réunion à huis clos la semaine dernière, qu'ils ne voyaient plus l'installation d'un plafond déterminé de production comme « une proposition viable » pour ce INC-5, le nom de cette dernière ronde de négociations du traité en question prochainement à Busan en Corée du Sud. Ils ont au contraire, annoncé que les délégués.es américains.es à ces négociations allaient prôner une approche plus « flexible » qui permettrait à chaque pays d'établir ses propres cibles de réduction de la production du plastique.

C'est un virage complet par rapport à ce que ce même groupe c'était fait dire à une réunion semblable en août dernier. Les représentants.es de l'administration Biden avaient soulevé des espoirs que le pays se joindrait à d'autres comme la Norvège, le Pérou et le Royaume Uni pour défendre l'application d'une limite à la production du plastique.

Après la réunion d'août, l'agence Reuthers avait rapporté que les États-Unis : « allaient soutenir un traité mondial qui imposerait une réduction de la quantité de plastique pouvant être produite chaque année ». L'administration Biden avait confirmé que l'article de Reuthers était « correct ».

Après la plus récente réunion, un.e porte-parole du Council on Environmental Quality de la Maison blanche, a déclaré à GRIST que les négociateurs.trices américains.nes avaient accepté l'idée de « l'aspiration à un objectif global » de réduction de la production de plastique mais que « cela ne passe pas nécessairement par un plafond de production et que donc, ils et elles ne soutiennent pas une telle solution. Nous croyons qu'il y a plusieurs façons possibles d'arriver à cette réduction de production et de consommation (du plastique). Nous allons être flexibles, lors des négociations, sur la manière d'y arriver et nous demeurons optimistes que nous pourrons réussir avec un moyen solide qui fera comprendre aux marchés qu'il faut changer ».

Jo Banner, co-fondatrice et co-directrice de The Descendants Project, une organisation citoyenne qui défend les communautés de « l'allée des cancers » en Louisiane a déclaré que cette annonce était l'équivalent d'un « un coup de poing » : « Je pensais que nous étions sur la même longueur d'onde pour ce qui est de plafonner le plastique et réduire sa production. Visiblement ce n'était pas le cas ».

Frankie Orona, directeur exécutif de la Society of Native Nations, qui lutte pour la justice environnementale et la préservation des cultures autochtones, parle d'une nouvelle « absolument décourageante. Deux heures de cette réunion m'ont semblé me prendre deux jours de ma vie ».

Cette situation est le reflet d'un conflit qui a surgit lors de discussions à propos du traité où les Nations Unies ont accepté de négocier il y a deux ans en vue de « mettre fin à la pollution par le plastique ». Le différent portait sur les objectifs du traité : se concentrer sur la gestion des déchets plastiques en nettoyant les océans ou en augmentant le recyclage et plafonner l'augmentation de la production.

Presque 70 pays, avec les scientifiques et les environnementalistes, soutiennent le plafond. Ils plaident qu'il est inutile de gérer les déchets pendant que la production augmente toujours. Mais un grand groupe de pays producteurs de pétrole, très actifs, font pression pour un traité moins ambitieux basé sur le consensus quant aux normes. Ainsi ils ralentissent les négociations. En plus de renoncer aux limites de production, ces pays veulent un traité qui permettent des cibles nationales volontaires plutôt que des obligations mondiales.

Comment les États-Unis vont ils se positionner ? Rien n'est moins clair. Le-la porte-parole de la Maison blanche expliquait à GRIST qu'ils veulent que le traité porte sur « les provisions de polymères dans la fabrication du plastique ». Cela peut vouloir dire tout un lot de choses dont une taxe sur la production ou la fin des produits de plastique à usage uniques. Ces soit disant instruments des marchés pourraient pousser la demande de plastique à la hausse mais avec beaucoup moins de certitude qu'une limite quantitative de production.

Le directeur exécutif de l'ONG International Polluants Elimination Network, Bjorn Beeler, notre que les États-Unis pourraient agir sur les stocks de plastiques en réduisant les taux d'augmentation de production prévus par l'industrie même si cela permettrait encore une augmentation annuelle de la production. Il ajoute : « Les États-Unis ont été très vagues. Ils n'ont pas été le leader qui pouvait faire avancer les discussions vers un traité qui ait du sens ».

Puisque l'annonce de la Maison blanche n'était qu'une clarification, comme l'ont souligné les fonctionnaires, Jo Banner pense que l'administration Biden aurait dû rendre sa déclaration plus précise il y a plusieurs mois, immédiatement après la rencontre du mois d'août : « En août, nous disions clairement plafond. S'il y a eu un malentendu, il aurait dû nous être signalé il y a longtemps ».

Il semble aussi que les États-Unis aient opéré un autre changement dans leur stratégie, cette fois à propos des produits chimiques utilisés pour la production du plastique. En août dernier, la Maison blanche a confirmé via l'agence Reuthers, qu'ils soutenaient l'établissement d'une liste des produits chimiques liés aux plastiques en vue de leur bannissement ou de leur restriction. Actuellement, les négociateurs.trices vont voter en faveur de listes qui traitent des produits de plastique contenant ces produits chimiques. Les groupes environnementaux trouvent que cette approche est moins efficace. Il y a tant de sorte de produits de plastique et les manufacturiers ne déclarent pas toujours toutes les informations au sujet des produits chimiques utilisés par leurs fournisseurs.

F. Orona est d'avis que de se centrer sur les produits ferait reculer les discussions loin des raffineries prétrochimiques et des usines de production du plastique qui polluent de façon démesurée les communautés pauvres des gens de couleur. Il souligne : « C'est tellement arrogant, irrespectueux. Ça ne vous donne que l'envie de vous cacher dans votre oreiller et de pleurer en pensant à votre communauté ».

Lors de la prochaine ronde de négociations, (qui a lieu en ce moment. N.d.t.), les groupes environnementaux ont déclaré à GRIST qu'ils s'attendent à ce que les États-Unis fassent un pas de côté. Étant donné qu'il est fort probable que la prochaine administration Trump ne se soumette pas au traité et comme les Républicains.nes en plus, contrôlent le Sénat, le traité ne sera pas ratifié. Certains.es intervenants.es dans le débat voudraient que les pays soient moins centrés sur le fait de vaincre les États-Unis et plus de surtout s'assurer que la version la plus ambitieuse atteignable du traité (soit adoptée). Un.e porte-parole de l'ONG Break Free From Plastic, exprime son espoir que le reste du monde va aller de l'avant, c'est-à-dire, l'Union européenne, les petits États insulaires en développement et la coalition des pays africains entre autres.

La directrice du programme santé et justice de l'ONG Alaska Community Action on Toxics, Viola Waghiyi, est une autochtone qui vit dans le village amérindien de Savoonga sur l'ile de Sivuqaq sur la côte ouest de cet État. Elle fait directement le lien entre un traité faible et les impacts auxquels les communautés sur son ile font déjà face : soit, les changements climatiques auxquels la production de plastique contribue, la pollution par les micros plastiques dans l'Océan arctique qui affecte la vie marine et les dynamiques atmosphériques, qui poussent des produits chimiques liés aux plastiques dans le grand nord de l'hémisphère.

Elle ajoute : « Les États-Unis devraient s'assurer que des mesures soient en place pour protéger les plus vulnérable, les peuples indigènes, les travailleurs.euses, les éboueurs.euses et les générations futures. À titre de grand-mère autochtone elle soulève ses préoccupations à propos des perturbateurs endocriniens : « Comment pourrons-nous transmettre notre langue, nos histoires de la création, nos chansons et nos danses, nos traditions et nos cultures si nos enfants sont incapables d'apprendre » ?

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Israël a assassiné 10% des journalistes de Gaza

3 décembre 2024, par Agence Média Palestine — , , ,
Depuis plus d'un an à Gaza, l'armée israélienne assassine des journalistes à Gaza et détruit leurs infrastructures. Aux frontières de l'enclave palestinienne, Israël interdit (…)

Depuis plus d'un an à Gaza, l'armée israélienne assassine des journalistes à Gaza et détruit leurs infrastructures. Aux frontières de l'enclave palestinienne, Israël interdit l'entrée aux journalistes internationaux qui demandent à couvrir l'actualité gazaouie, arrête massivement les journalistes palestiniens en Cisjordanie et dans les territoires de 48, et interdit des médias internationaux comme Al-Jazeera, qui couvre en continu les attaques israéliennes.

Tiré de Agence média palestine
https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/11/26/israel-a-assassine-10-des-journalistes-de-gaza/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=israel_a_assassine_10_des_journalistes_de_gaza&utm_term=2024-11-28

Suggestion de lesture d'André Clutier

Par l'Agence Média Palestine, le 26 novembre 2024

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), qui cite des données du Syndicat des journalistes (PJS) palestiniens, près de 10 % des journalistes opérant à Gaza ont été tués depuis le début des hostilités. Contactée par l'Agence Média Palestine, la porte-parole du PJS Suruq As'ad confirme que le nombre de journalistes palestinien-nes tué-es à Gaza s'élève à 182, auxquels s'ajoutent 164 blessé-es. 136 journalistes ont été arrêté-es à Gaza et en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023, dont 58 sont toujours en détention. 88 établissements de presse palestiniens ont été détruits, dont 73 dans la bande de Gaza.

Dans son allocution au séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, qui s'est tenu le 1er novembre à Genève, le secrétaire général des Nations unies a fait remarquer que « le nombre de journalistes tués à Gaza a atteint un niveau sans précédent dans les conflits modernes ». Il a qualifié d'« inacceptable » l'interdiction faite aux journalistes internationaux d'entrer dans la bande de Gaza, soulignant que « les voix des journalistes doivent être protégées et la liberté de la presse défendue ».

Le 16 novembre, le journaliste Mohammed Saleh Al-Sharif a été assassiné par un drone israélien, qui lui a tiré dessus près de l'hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, rapportent le syndicat des journalistes palestiniens (PJS).

Al-Sharif avait récemment été contraint d'évacuer sa maison dans le quartier de Tal Al-Zaatar, à l'est de Jabalia, en raison des bombardements israéliens en cours, et s'était réfugié chez un parent à Beit Lahia. Les médias locaux indiquent que le journaliste et son cousin rentraient chez eux pour évaluer les dégâts lorsqu'un drone israélien les a pris pour cible. Al-Sharif a saigné pendant deux heures avant de succomber à ses blessures, tandis que son cousin a été tué sur le coup.

Le 19 novembre, l'agence WAFA annonçait la mort violente dans un bombardement israélien d'une enfant et du journaliste Ahmed Abu Sharia, à proximité de la mosquée Al-Iman dans le sud de la ville de Gaza.

Le 23 novembre, le bureau des médias de Gaza a déclaré dans un communiqué de presse la mort du journaliste Wael Ibrahim Abu Quffa, professeur au département du journalisme et des médias de l'Université islamique, qui travaillait également comme journaliste pour la radio éducative du Coran – la Voix de l'Université islamique.

Crimes de guerre

Le comité de protection des journaliste (CPJ) affirmait au début du mois enquêter sur plus de 130 cas de journalistes tué·es par Israël à Gaza, dont la mort semble avoir été délibérée et directement liée à leur profession, ce qui constitue un crime de guerre. Le CPJ ajoute que ces enquêtes sontextrêmement difficiles à réaliser en raison des conditions du terrain.

Une enquête du Guardian révélait hier qu'Israël avait utilisé une munition américaine pour cibler et tuer trois journalistes et en blesser trois autres lors d'une attaque menée le 25 octobre dans le sud du Liban, que des experts juridiques ont qualifiée de crime de guerre potentiel.

Tous trois ont été tués dans leur sommeil lors de l'attaque, qui a également blessé trois autres journalistes de différents médias qui se trouvaient à proximité. L'enquête précise qu'il n'y a pas eu de combats dans la zone avant ou au moment de l'attaque.

« Tout indique qu'il s'agissait d'un ciblage délibéré de journalistes : un crime de guerre. Il était clairement indiqué qu'il s'agissait d'un lieu où séjournaient des journalistes », a déclaré Nadim Houry, avocat spécialisé dans les droits de l'homme et directeur exécutif de Arab Reform Initiative.

Janina Dill, codirectrice de l'Oxford Institute for Ethics, Law and Armed Conflict (Institut d'Oxford pour l'éthique, le droit et les conflits armés), a déclaré : « Il s'agit d'une tendance dangereuse déjà observée à Gaza : des journalistes sont associé·es à des opérations militaires en raison de leur affiliation supposée ou de leurs tendances politiques, puis semblent devenir la cible d'attaques. Cela n'est pas compatible avec le droit international. »

Cette enquête, qui n'aurait pas pu être réalisée à Gaza en raison des bombardements constants et de l'interdiction faite aux journalistes internationaux de pénétrer dans l'enclave, démontre la dangerosité, l'illégalité des pratiques d'Israël ainsi que la complicité des États-Unis.

Irene Khan, rapporteure spéciale des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, a déclaré : « Le récit du Guardian sur ce qui s'est passé au Sud-Liban correspond au schéma des meurtres et des attaques des forces israéliennes contre les journalistes à Gaza. Les assassinats ciblés, l'excuse selon laquelle les attaques étaient dirigées contre des groupes armés sans fournir aucune preuve à l'appui, l'absence d'enquêtes approfondies, tout cela semble faire partie d'une stratégie délibérée de l'armée israélienne pour réduire au silence les reportages critiques sur la guerre et faire obstacle à la documentation d'éventuels crimes de guerre internationaux »

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Cessez-le-feu au Liban : Quand la guerre asymétrique redéfinit les conflits modernes !

Le mercredi 26 novembre 2024 un cessez-le-feu a été annoncé et entré en vigueur par médiation américaine et française, entre l'armée israélienne et le groupe armé militant (…)

Le mercredi 26 novembre 2024 un cessez-le-feu a été annoncé et entré en vigueur par médiation américaine et française, entre l'armée israélienne et le groupe armé militant Hezbollah « parti du dieu », situé principalement au sud du Liban. Région hostile et théâtre de conflits armés historiques de « guérilla urbaine » entre les deux camps.

Photo Serge d'Ignazio

Cette zone géographique qui s'étend sur les frontières nord de l'Israël est depuis deux mois un champ de bataille ouvert, lors de l'invasion terrestre le 23 septembre 2024 sous le nom « flèches du nord », Dans le contexte de l'intensification de guerre au bande du gaza qui s'été déclenché le 7 octobre 2023, et les tentions amplifiés entre L'Iran et l'état hébreu, qui considère le hezbollah comme un bras armé de l'Iran à la région et sur ses frontières nordiques. Deux puissances régionales antagoniques risquent à mener toute la région du moyen orient dans une guerre sanglante et une situation chaotique à long terme notamment avec les derniers affrontements militaires directe entre Téhéran et Tel-Aviv.
Cet accord aborde un cessez-le-feu de 60 jours durant laquelle le mouvement rébellion doit se retirer des frontières sud vers le nord de la rivière « Litani » à la faveur de l'armée libanaise qui s'y déploie et l'armée israélienne quitte le territoire libanais, un accord sous la surveillance des États Unis.

En effet près 3800 morts selon les chiffres de ministère libanais de la santé depuis le 7 octobre 2023, la majorité depuis fin septembre.

Un défi asymétrique insurmontable ?

L'asymétrie c'est l'opposition de deux adversaires disposant des moyens totalement différents et déséquilibrés où le faible surprend le fort, c'est généralement considérée comme un effort du faible afin d'obtenir une capacité de nuisance supérieure à moindre frais, se positionnant ainsi comme l'égal du puissant. Cas de l'échec israélien durant la guerre du 2006 contre le mouvement rébellion hezbollah également appelé la guerre du Liban. Une redéfinition du conflit, laquelle dans sa version moderne les guerres asymétriques ont bien modifié la perception de la puissance des Etats. La nature de la victoire a elle aussi été modifiée. L'histoire se répète, un mouvement de quelques milliers de soldats peu armés, peu développé technologiquement, mais qui porte une doctrine d'un mouvement insurrectionnelle ayant pour objectif la résistance, avec sa mobilité, connaissance du terrain, soutien local réussit à maintenir en place pour la deuxième fois malgré l'assistanat de ses principaux leaders « Hassan Nasrallah » et « Hachem Safieddine » le 27 octobre 2024 par des bombardements aériens à la banlieue sud de Bierut.

L'armée d'Israël selon les règles de la guérilla est face à un problème de détermination du combattant. Pour elle, tout civil est un insurgé potentiel, ce qui limite sa capacité d'action, la densité du peuple sur les zones de guerre a mis la situation à une grande complexité sans atteindre les objectifs ultimes de son opération militaire qui est la destruction totale des infrastructures militaires du hezbollah, l'élimination de tous ces membres et sécuriser la frontière nord. créant de pertes humains et matérielles ainsi que des critiques de la communauté internationale et la majorité des états membres de l'Organisation des Nations Unies tout en accusant l'Israël par la violation du droit international et de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, notamment avec le gouvernement d'extrême droite de « Benjamin Netanyahou » condamné pour les mêmes accusations par la cour pénale internationale.

Conséquences lourdes :

Selon les chiffres officiels de l'office international des Nations Unies à Genève et Amnesty international plus 3300 personnes ont été tués lors de ce conflit dont 203 enfants et 644 femmes ont perdu la vie, Le déplacement forcé est un enjeu majeur engendrant une crise migratoire en plus de crise humanitaire.

Près de 880 000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du Liban, tandis que plus de 510 000 ont fui vers la Syrie, aggravant une crise humanitaire régionale déjà critique​.
Le respect du droit international humanitaire suscite vivement des inquiétudes en raison des violations des droits humains et des frappes disproportionnées dans des zones densément peuplées.

Malgré la multiplication des appels à un cessez-le-feu et à la protection des civils, la situation sur le terrain demeure tragique, alimentant une crise humanitaire qui pourrait se prolonger dans les semaines à venir.

Des défis de reconstruction de Liban et de maintenir une paix durable émergent maintenant pour la communauté internationale, mais quelle sera la capacité de ce système peut être obsolète à pacifier la région et apaiser les tensions géopolitiques ?...

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La révolution syrienne est de retour et elle défie l’ordre macabre des Trump, des Poutine et des Netanyahou !

3 décembre 2024, par Vincent Présumey — , ,
Jeudi 28 était signé, sous l'égide des États-Unis, un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, célébré de part et d'autre comme une victoire, en fait une trêve jusqu'à (…)

Jeudi 28 était signé, sous l'égide des États-Unis, un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, célébré de part et d'autre comme une victoire, en fait une trêve jusqu'à l'investiture de Trump. C'est sans doute le moment qui fut choisi, le Hezbollah ébranlé tentant de reconstituer son emprise sur le Liban que rejette la plus grande partie de la population, par le HTS, Hayat Tahir al-Cham, pour tenter une percée sur les casernes du régime située à l'ouest d'Alep.

30 novembre 2024 | tiré d'aplutsoc | Photo : Liesse populaire après la libération d'Alep
https://aplutsoc.org/2024/11/30/la-revolution-syrienne-est-de-retour-et-elle-defie-lordre-macabre-des-trump-des-poutine-et-des-netanyahou/

Le HTS est principalement issu d'al-Nosra, armée islamiste apparue postérieurement à l'éclatement de la révolution lorsque celle-ci était privée d'armes. Il était alors liée à al-Qaida et aux monarchies du golfe, qui a alors tenté soit de prendre à revers, soit de contrôler, la révolution – et échouèrent en fait. Par la suite, Daesh, mouvement ennemi du HTS structuré par les anciennes polices politiques formées par le FSB notamment en Irak, a pris le relais de ce rôle contre-révolutionnaire direct, et le HTS, formé en 2017, a à la fois assuré la protection de zones insurgées, tenté de les encadrer tout en reculant sur l'essentiel de l'application de la charia, et servi de relais à l'influence de la Turquie d'Erdogan. Le HTS est puissant dans l'enclave d'Idlib peuplée par les réfugiés mais y est aussi très contesté.

L'opération initiée au matin du 28 a très rapidement connu un succès gigantesque et imprévu. La raison principale en est le degré avancé de décomposition d'un État et d'une armée qui ne paient pas ses hommes, tous conduits à trafiquer et à piller, qui ont immédiatement déserté ou décampé. Des stocks d'armes, y compris russes, ont été saisis tout de suite et ont rendu l'offensive militairement puissante. Et des dizaines de milliers d'hommes, habitants d'Alep qui avaient fui en 2016, dont ceux qui ont à plusieurs reprises manifesté contre le HTS, sont alors arrivés en se réclamant, eux, de l'ASL, Armée Syrienne Libre, le vieux sigle né dans la révolution lorsqu'elle cherchait à s'armer, en 2011. Ce sont eux qui ont investi Alep et ont libéré le centre-ville dans la nuit du 28 au 29.

Ouverture d'une prison pour femmes à Alep : des centaines de femmes détenues retrouvent la liberté.
La libération des prisons a commencé par une prison de centaines de femmes. La foule en liesse, femmes comprises, a rempli les rues, avant que le HTS ne décrète un couvre-feu, accepté en raison des bombardements russes qui ont fait au moins 18 morts, et motivé par le risque d'affrontements avec les FDS – Forces Démocratiques Syriennes, coalition armée formée sous l'égide des États-Unis autour du parti kurde PYD, lié au PKK de Turquie, et à ses milices YPG. FDS qui, au Nord d'Alep, sont imbriquées avec des troupes russes, qui ont effectivement tenté de prendre l'aéroport mais ont renoncé.

Dans la journée du vendredi 29 novembre, l'onde de choc de la libération d'Alep a littéralement fait s'effondrer un peu partout l'armée du régime. En fin d'après-midi, l'Armée syrienne libre était à Hama, et des manifestations insurrectionnelles éclataient dans les régions de Homs et de Deraa. Bachar el Assad s'est rendu à Moscou dès le 28 et y a placé sa famille à l'abri. Des rumeurs contradictoires parlent de son retour, d'affrontements entre garde prétorienne et secteurs de l'armée à Damas, ceci non confirmé à cette heure.

Tels sont, succinctement et pour s'y retrouver, les faits à cette heure.

Maintenant, leur signification : elle est énorme. L'effondrement du régime tortionnaire et cleptomane syrien n'était prévu ni par Téhéran, ni par Tel-Aviv, ni par Washington, ni, surtout, par Moscou. Les Ukrainiens protègent de fait les Syriens d'une intervention russe plus massive, et les Syriens apportent aux Ukrainiens la plus grande aide qu'ils aient en réalité reçue, le jour même où la renonciation à la libération du Donbass dans la guerre actuelle est ouvertement endossée par Volodomyr Zelenski … mais où un Maïdan s'amorce à Tbilissi en Géorgie !

Autant dire que la révolution syrienne contredit tout ce qui se passe, de Gaza au Donbass ! Car Alep, le martyr d'Alep, avait en fait été le départ de ceux de Marioupol puis de Gaza. C'est cette unité de la lutte des classes que le campisme et la « géopolitique » veulent interdire de comprendre.

Les chaînes télé et la grande presse françaises en sont au maximum de la désinformation contre la Syrie. Relent colonial du temps où ils parlaient des fellagas en Algérie, peur de la révolution, inertie de l'appareil d'État français qui aimait les régimes « nationalistes arabes » après 1962, désinformation poutinienne profonde et prolongée, et pure et simple bêtise se rejoignent pour raconter partout qu'Alep a été prise par Daesh ou par un équivalent !

Ce mensonge est du même niveau que celui sur les « nazis ukrainiens » et nous allons le retrouver dans la « gauche » campiste qui, rappelons-le, a applaudi au martyre d'Alep en 2015.

Mais ce niveau de mensonge interroge tout de même. La révolution syrienne qui refait irruption, et avec une telle force, un tel panache, est quelque chose d'insupportable à tous les impérialistes – seul Erdogan tentera, avec des contradictions qui se retourneront contre lui, de se renforcer dans le cadre nouveau qu'elle annonce pour toute la région, y compris pour la lutte démocratique et nationale du peuple palestinien. Poutine, Trump, et tous les autres, ne peuvent accepter ce peuple trouble-fête, ce peuple admirable.

Nous devons donc conclure par un avertissement solennel. Si les grands de ce monde, avec l'aide de fait des campistes jusqu'aux anarchistes hypnotisés par « le Rojava » compris, préparent un crime de masse, une intervention armée, un bombardement à la Poutine, ils devront trouver sur leur chemin tous les partisans de la démocratie et de l'émancipation :

BAS LES PATTES DEVANT LA RÉVOLUTION SYRIENNE !

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Israël renforce le régime d’apartheid : Les colons juifs bénéficient de l’immunité de détention sans procès

Renforçant le régime d'apartheid israélien, le ministre de la défense, Israël Katz, a annoncé que les colons juifs de la Cisjordanie illégalement occupée ne seraient plus (…)

Renforçant le régime d'apartheid israélien, le ministre de la défense, Israël Katz, a annoncé que les colons juifs de la Cisjordanie illégalement occupée ne seraient plus soumis à la détention administrative, un système d'emprisonnement sans procès qui continue d'être largement utilisé contre les Palestiniens.

Tiré d'Israël Palestine Solidarité. Photo : Les colons israéliens mènent des raids à Masafer Yatta © Mohammad Hureini

Cette décision, condamnée par les organisations de défense des droits humains, met en évidence la disparité flagrante entre le traitement réservé par Israël aux Juifs et aux non-Juifs dans les territoires palestiniens occupés. Depuis le 7 octobre 2023, Israël a émis 9 500 ordres de détention administrative à l'encontre de Palestiniens. En revanche, seuls huit colons illégaux ont été détenus en novembre dans le cadre du système d'apartheid israélien.

Selon Haaretz, en juillet, la Knesset a approuvé lors d'un vote préliminaire un projet de loi qui interdirait effectivement la détention administrative, ou la détention sans procès, pour les Juifs, mais autoriserait son utilisation contre les Palestiniens.

La Paix Maintenant, un organisme israélien de surveillance des colonies, a averti que la suppression de cet outil juridique éliminerait effectivement l'un des rares mécanismes disponibles pour freiner la violence des colons. « L'annulation des ordres de détention administrative pour les seuls colons est une mesure cynique qui blanchit et normalise l'escalade du terrorisme juif sous le couvert de la guerre », a déclaré l'organisation, faisant référence à la recrudescence des attaques de colons pendant le conflit entre Israël et le Hamas.

Le ministre de la défense, M. Katz, a justifié cette décision en affirmant qu'il était « inapproprié » de recourir à la détention administrative contre des colons. Cette décision intervient alors que les gouvernements occidentaux, y compris les États-Unis, ont imposé des sanctions aux colons israéliens et aux organisations de colonisation en raison des violences commises à l'encontre des Palestiniens.

Yonatan Mizrahi, directeur de la surveillance des colonies pour Peace Now, a déclaré à l'AFP que si la détention administrative était principalement utilisée contre les Palestiniens, elle constituait l'un des rares outils efficaces pour éloigner temporairement les colons violents des communautés palestiniennes.

Cette décision a été critiquée parce qu'elle renforce le système juridique d'apartheid d'Israël en Cisjordanie occupée, où 3 millions de Palestiniens vivent sous le régime de la loi militaire tandis qu'environ 700 000 colons israéliens bénéficient de la protection de la loi civile israélienne - une situation que les experts juridiques internationaux et les principaux groupes de défense des droits humains qualifient depuis longtemps d'apartheid.

Cette décision intervient alors que la violence des colons fait l'objet d'une attention accrue de la part de la communauté internationale. Le Trésor américain a récemment sanctionné Amana, une importante organisation de développement des colonies, la décrivant comme « un élément clé du mouvement extrémiste israélien de colonisation » ayant des liens avec des acteurs violents en Cisjordanie.

D'anciens responsables militaires israéliens ont également fait part de leur inquiétude, un ancien chef de l'armée israélienne qualifiant cette décision de « grave erreur » qui pourrait conforter les colons extrémistes qui ont intensifié leurs attaques contre les communautés palestiniennes depuis le mois d'octobre 2023.

Aidés par le gouvernement d'extrême droite, les violences et les pogroms perpétrés par les colons israéliens ont déclenché le « plus grand transfert forcé » de Palestiniens depuis le 7 octobre.

Traduction : AFPS

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Guerre contre Ghaza : Israël continue de semer la mort

De nouveaux bombardements israéliens ont tué au moins 15 personnes dans la bande de Ghaza, a rapporté, hier, l'agence de presse Reuters. Tiré d'El Watan. Une frappe sur (…)

De nouveaux bombardements israéliens ont tué au moins 15 personnes dans la bande de Ghaza, a rapporté, hier, l'agence de presse Reuters.

Tiré d'El Watan.

Une frappe sur une maison du camp de Nusseirat, dans le centre de l'enclave palestinienne, a fait 6 morts, et une autre en a fait 3 dans la ville de Ghaza, selon le personnel médical palestinien cité par l'agence de presse. Alors que 2 enfants ont été tués par un missile tiré sur un camp de tentes à Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza, 4 autres personnes sont mortes dans un bombardement à Rafah, près de la frontière avec l'Egypte.

D'après des habitants, l'armée israélienne a fait exploser des blocs de maisons dans les secteurs de Djabaliya, Beit Lahya et Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Ghaza, où l'armée mène, depuis début octobre, des bombardements intenses et ordonne des évacuations forcées, tout en privant la zone d'aide humanitaire.

Dans la nuit de vendredi à samedi, des frappes israéliennes ont tué aussi au moins 32 personnes à Ghaza, selon l'agence Reuters citant des sources médicales. Le ministère de la Santé a annoncé, hier, un nouveau bilan de 44 429 morts dans le territoire palestinien depuis octobre 2023. Au moins 47 personnes ont été tuées au cours des dernières vingt-quatre heures, a-t-il indiqué dans un communiqué.

L'UNRWA suspend la livraison d'aide…

L'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé, hier, suspendre la livraison d'aide dans la bande de Ghaza depuis un point de passage clé avec Israël, l'acheminement étant devenue « impossible ». « Nous suspendons l'acheminement de l'aide par Kerem Shalom, le principal point de passage de l'aide humanitaire à Ghaza. » « C'est une décision difficile (...) alors que la faim s'aggrave rapidement », a indiqué, sur X, le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini. La plupart des camions contenant de l'aide humanitaire entrent par le point de passage de Kerem Shalom à la frontière entre Israël et le sud de la bande de Ghaza. Or, « la route qui sort de ce point de passage n'est pas sûre depuis des mois.

Le 16 novembre, un important convoi de camions d'aide a été volé par des bandes armées », a ajouté Philippe Lazzarini. « Nous avons essayé d'acheminer quelques camions de nourritures sur cette même route. Ils ont tous été pris », a-t-il écrit. « L'opération humanitaire est devenue impossible », en cause notamment, selon Lazzarini, le « siège en cours, les obstacles posés par les autorités israéliennes » et le « manque de sécurité » sur les itinéraires. « La responsabilité de la protection des travailleurs humanitaires et du matériel incombe à l'Etat d'Israël en tant que puissance occupante.

Il doit veiller à ce que l'aide parvienne à Ghaza en toute sécurité et s'abstenir d'attaquer les travailleurs humanitaires », a estimé le chef de l'Unrwa, qui appelle à un cessez-le-feu. La bande de Ghaza a sombré dans l'anarchie, avec une hausse de la famine, des pillages généralisés et des viols de plus en plus fréquents dans les camps de réfugiés, alors que l'ordre public s'est effondré, alertaient, vendredi dernier, des responsables onusiens. La plupart des camions entrent par Kerem Shalom avant d'être contrôlés pour des raisons de sécurité. Ces contrôles sont l'une des raisons de la lenteur des livraisons, selon des ONG, mais les autorités israéliennes évoquent l'incapacité de ces organisations à prendre en charge les quantités d'aide.

La pénurie de carburant pour les camions, le mauvais état des routes et les combats dans des zones très denses ajoutent à la complexité des opérations. L'arrêt temporaire des livraisons par l'Unrwa est donc de « très mauvais augure » et « dramatique dans un contexte qui l'était déjà » a réagi Jean-François Corty, président de Médecins du monde, selon lequel « les indicateurs de mortalité sont exponentiels et hallucinants », du fait notamment du manque de nourriture, de médicaments et d'accès à l'eau. Pour Claire Nicolet, chef de mission pour Médecins sans frontières, c'est « catastrophique ». Les livraisons « commerciales ont été arrêtées, il n'y a plus de boulangerie, et l'agence onusienne est la colonne vertébrale de l'aide pour l'approvisionnement en nourriture et matériel », et une partie du médical.

Efforts pour un cessez-le-feu

Sur le front diplomatique, les Etats-Unis « travaillent activement » à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Ghaza, mais « nous n'y sommes pas encore », a déclaré Jake Sullivan, le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche. « Il y aura d'autres discussions et consultations, et nous espérons pouvoir conclure un cessez-le-feu avec un accord sur les otages, mais nous n'y sommes pas encore », a déclaré ce conseiller du président américain Joe Biden, sur NBC, selon une retranscription de l'entretien publiée par la chaîne. « Nous travaillons activement pour que cela se produise. Nous sommes très impliqués auprès des acteurs clés dans la région, et il y a de l'activité même aujourd'hui », a-t-il encore déclaré.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a estimé qu'il y avait des « indications » que des progrès pourraient être faits vers un accord. « Ce que je peux dire, c'est qu'il y a des signes qu'on pourrait voir à un plus grand degré de flexibilité de la part du Hamas en raison des circonstances, dont l'accord au Liban, mais pas seulement », a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Le gouvernement israélien « a la volonté d'avancer à ce sujet », a ajouté le ministre.

De son côté, l'émir du Koweït a appelé à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza lors d'un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG). « Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat (à Ghaza), à fournir une protection internationale pour les civils innocents et à garantir l'ouverture de corridors sûrs et l'arrivée d'une aide humanitaire urgente » a déclaré l'émir du Koweït, Michal Al Ahmad Al Sabah, aux six membres du Conseil des Etats du Golfe réunis dans son pays. L'émir du Koweït a critiqué une politique de « deux poids, deux mesures dans l'application des lois, chartes et résolutions internationales » ayant « entraîné l'extension de l'occupation israélienne et la déstabilisation » de la région. Pour sa part, le Hamas est « prêt » à discuter « toute proposition » de trêve dans la bande de Ghaza, a assuré, avant-hier, un responsable du groupe palestinien, alors qu'une délégation se trouvait au Caire pour rencontrer des médiateurs égyptiens.

La Maison-Blanche a annoncé, mercredi dernier, un nouvel effort diplomatique des Etats-Unis, avec l'aide de la Turquie, du Qatar et de l'Égypte, en vue d'arracher un accord portant sur un cessez-le-feu à Ghaza et la libération des otages qui y sont retenus. Depuis le début de l'année, une médiation menée par Washington, Doha et Le Caire a multiplié les efforts en vue d'un nouvel accord de trêve et de libération d'otages, mais jusque-là en vain.

« Nettoyage ethnique »

Dans un rare témoignage, l'ancien ministre de la Défense israélien, Moshé Yaalon, a affirmé que l'armée israélienne menait un « nettoyage ethnique » dans la bande de Ghaza, provoquant un tollé au sein de la classe politique. « La route sur laquelle on est entraînés, c'est la conquête, l'annexion et le nettoyage ethnique », a déclaré Yaalon lors d'une interview sur la chaîne privée DemocratTV.

Relancée par la journaliste qui lui a demandé s'il pensait qu'Israël se dirigeait vers un « nettoyage ethnique », Yaalon a répondu : « Que se passe-t-il là-bas ? Il n'y a plus de Beit Lahia, plus de Beit Hanoun, l'armée intervient à Jabaliya et en réalité on nettoie le terrain des Arabes. »

Les réactions n'ont pas manqué de fuser, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qualifiant de « honte » le fait qu'Israël ait eu « un tel personnage comme chef de l'armée et ministre de la Défense ». Le Likoud, le parti du Premier ministre, Benyamin Netanyahu, a réagi dans un communiqué fustigeant Yaalon « dont les propos (…) mensongers sont un cadeau à la CPI et au camp des ennemis d'Israël ».

Moshé Yaalon a été le chef de l'armée israélienne entre 2002 et 2005, juste avant le retrait unilatéral d'Israël de la bande de Ghaza. Entré au Likoud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, il a été ministre de la Défense et vice-Premier ministre, avant de démissionner en 2016, à la suite de différends avec Netanyahu.

Israël n'a « aucune excuse » sur l'aide humanitaire, selon Berlin

Israël n'a « aucune excuse » pour empêcher l'acheminement de l'aide humanitaire vers la bande de Ghaza, a affirmé, hier, un haut représentant de la diplomatie allemande, à la veille d'une conférence sur le sujet au Caire. Israël doit « tenir enfin ses promesses de fluidifier l'aide humanitaire vers Ghaza et d'accorder un accès humanitaire suffisant à tout moment », a demandé Tobias Lindner, le ministre adjoint aux Affaires étrangères, dans un communiqué publié en amont de son déplacement en Egypte. « Il n'y a aucune excuse pour cela. Le droit d'Israël à la légitime défense trouve ses limites dans le droit international humanitaire », a-t-il souligné. La ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avait tenu des propos similaires début novembre, reprochant à Israël d'échapper « constamment » à ses engagements. L'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé, hier, suspendre la livraison d'aide dans la bande de Ghaza depuis un point de passage clé avec Israël, l'acheminement étant devenu « impossible ». R. I."

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Toute l’histoire des injustices du sionisme dans un village bédouin

La destruction d'Umm Al-Hiran illustre la vision sioniste des Palestiniens, considérés comme des pièces d'échecs mobiles dans un jeu d'ingénierie démographique. Tiré (…)

La destruction d'Umm Al-Hiran illustre la vision sioniste des Palestiniens, considérés comme des pièces d'échecs mobiles dans un jeu d'ingénierie démographique.

Tiré d'Agence médias Palestine.

La semaine dernière, l'État d'Israël a accroché à sa ceinture le scalp d'une autre communauté palestinienne après avoir achevé la démolition d'Umm Al-Hiran. Le matin du 14 novembre, des centaines de policiers ont pris d'assaut le village bédouin – situé dans le désert du Néguev/Naqab, dans le sud d'Israël – accompagnés d'officiers des forces spéciales et d'hélicoptères. Les habitants, des citoyens israéliens qui craignaient depuis longtemps que ce jour arrive, avaient déjà démoli eux-mêmes la plupart des structures du village pour éviter d'avoir à payer de lourdes amendes. Il ne restait plus à la police qu'à détruire la mosquée.

C'est ainsi que deux décennies et demie de lutte juridique pour sauver le village ont pris fin et que les habitants se sont retrouvés sans abri. Si vous voulez comprendre toute l'histoire des injustices commises par le sionisme à l'encontre des Palestiniens – avec toute la discrimination, le racisme, la dépossession et la violence, fondés sur une vision de la suprématie juive et une obsession concomitante de l'ingénierie démographique – vous n'avez qu'à regarder Umm Al-Hiran.

Dans le discours israélo-juif, la destruction d'une communauté bédouine fait à peine sourciller, et encore moins la une des journaux. Après tout, il s'agissait d'un « village non reconnu » – un artifice linguistique qu'Israël déploie pour dépeindre les citoyens bédouins comme des envahisseurs sur leurs propres terres. Le public israélien perçoit la destruction systématique de ces communautés comme une simple mesure de répression à l'encontre de contrevenants. Or, non seulement les habitants d'Umm Al-Hiran n'étaient pas des envahisseurs, mais ils y ont été installés par l'État israélien lui-même.

Avant la création d'Israël, la communauté qui est devenue Umm Al-Hiran vivait dans le nord-ouest du Néguev. En 1952, le gouvernement militaire israélien les a déplacés de force plus à l'est afin de confisquer leurs terres pour la construction du kibboutz Shoval. Quatre ans plus tard, l'État a décidé de les déraciner à nouveau, les poussant vers une zone située juste à l'intérieur de la ligne verte, près de l'extrémité sud-ouest de la Cisjordanie, où ils sont restés jusqu'à la semaine dernière.

Pendant toutes ces décennies, l'État n'a pas pris la peine de réglementer le statut du village. Il n'a pas fourni aux habitants l'infrastructure ou les services de base tels que l'électricité, l'eau, l'éducation ou l'assainissement. C'est la sournoiserie du sionisme mise à nu : priver les habitants palestiniens du Néguev des conditions de vie les plus élémentaires pendant des générations, avant de les remplacer un jour par une communauté juive au nom de la « floraison du désert ».

Le Néguev constitue plus de la moitié du territoire de l'État d'Israël, et de vastes zones sont inhabitées. Pourtant, l'État s'obstine à détruire des villages arabes « non reconnus » pour en construire de nouveaux, juifs. Dans le cas d'Umm Al-Hiran, la nouvelle communauté devait à l'origine porter une version judaïsée du nom du village qu'elle remplaçait : Hiran. Quelqu'un a eu une meilleure idée et elle s'appellera désormais Dror – « liberté ».

Il ne s'agit bien sûr pas d'une nouveauté. Depuis sa création, Israël détruit des communautés palestiniennes et installe des Juifs à leur place. Il a dépeuplé des centaines de villes et de villages palestiniens rien que pendant la Nakba de 1948. Mais l'histoire d'Umm Al-Hiran contient une autre couche de l'attitude d'Israël envers les Palestiniens, qui est essentielle pour comprendre le modus operandi du sionisme : la perception de la présence des Palestiniens comme étant temporaire.

C'est l'une des expressions les plus violentes de la suprématie juive. Les Palestiniens sont considérés comme une poussière humaine qui peut être simplement balayée, ou comme des pièces d'échecs qui peuvent être déplacées d'une case à l'autre conformément au projet interminable d'ingénierie démographique d'Israël entre le fleuve et la mer. C'est un élément essentiel de la déshumanisation de ceux dont l'État lorgne les terres : la conviction profonde que ces personnes n'ont pas de racines et que, par conséquent, les déplacer d'un endroit à l'autre ne peut être considéré comme un déplacement.

De cette manière, il est possible de continuer à ignorer les demandes des habitants des villages d'Iqrit et de Bir'em en Galilée, plus d'un demi-siècle après que la Haute Cour a statué qu'ils devraient être autorisés à retourner sur leurs terres après avoir été expulsés pendant la Nakba ; il est possible de procéder à un nettoyage ethnique généralisé en Cisjordanie sous le prétexte de la sécurité et de l'État de droit ; et il est possible d'ordonner à des centaines de milliers d'habitants de Gaza d'évacuer encore et encore, les transformant en éternels nomades comme le voulait le sionisme – et, pour couronner le tout, de considérer qu'il s'agit d'un acte humanitaire.

L'ingénierie démographique du sionisme ne se limite pas aux Palestiniens. L'histoire de Givat Amal, un quartier mizrahi de Tel Aviv qui a été expulsé de force et démoli en 2021, présente de nombreux parallèles avec l'histoire d'Umm al-Hiran ; là aussi, l'État a contraint une communauté marginalisée à s'installer dans une zone frontalière, sans jamais réglementer son statut ou ses droits sur la terre, et dès que la valeur de cette terre a augmenté, il en a expulsé les résidents par cupidité. Pendant ce temps, des « comités d'admission » approuvés par l'État continuent de faire respecter l'apartheid dans des centaines de communautés juives à travers le Néguev et la Galilée, en veillant à ce que les « bonnes personnes » vivent aux bons endroits.

Mais ce sont les Palestiniens que le sionisme a transformés en un peuple temporaire à l'identité éphémère. C'est l'hypothèse qui est au cœur du plan d'échange de terres défendu il y a dix ans par Avigdor Liberman, qui verrait plusieurs communautés palestiniennes à l'intérieur d'Israël délocalisées en Cisjordanie tandis qu'Israël annexerait certaines colonies : aujourd'hui, les Palestiniens peuvent être citoyens d'Israël, mais demain, d'un simple geste du doigt, ils peuvent cesser de l'être. (Liberman, autrefois considéré comme étant à l'extrême droite de la politique israélienne, est récemment devenu une sorte de héros du centre gauche).

Cette détermination sioniste à arracher les Palestiniens à leur terre est peut-être sous-tendue par une peur intériorisée de leur attachement profond à la terre. C'est peut-être l'illusion que s'ils sont déracinés et jetés d'un endroit à l'autre suffisamment de fois – que ce soit par les marches de la mort à Gaza, le nettoyage ethnique en Cisjordanie, ou la destruction et l'expulsion dans le Néguev – ils finiront par abandonner et partir.

Il y a huit ans, le leader de l'opposition israélienne Yair Lapid écrivait une ode au mouvement Hashomer Hachadash, dans laquelle il disait avec humour qu'« un homme qui plante un arbre ne va nulle part ». Il y a quelque chose de remarquable dans la manière dont le subconscient jaillit parfois du stylo, en dépit de la personne qui le tient. Après tout, l'État sait exactement qui a planté les oliviers que l'armée bombarde à Gaza et que les colons incendient en Cisjordanie. Mais même après des décennies de destruction, d'expulsion et de carnage, le sionisme refuse d'accepter qu'ils ne vont nulle part.


Orly Noy est rédactrice à Local Call, activiste politique et traductrice de poésie et de prose en farsi. Elle est présidente du conseil d'administration de B'Tselem et militante au sein du parti politique Balad. Ses écrits traitent des lignes qui se croisent et définissent son identité en tant que Mizrahi, femme de gauche, femme, migrante temporaire vivant à l'intérieur d'une immigrante perpétuelle, et du dialogue constant entre elles.

Traduction : JB pour l'Agence Média Palestine

Source : +972

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L’ONU a failli à sa mission sur Gaza. Nous devons radicalement décoloniser et réformer cette organisation

Par décolonisation, j'entends un processus de transformation qui intègre les points de vue des communautés marginalisées et les plus touchées. Tiré d'Agence médias (…)

Par décolonisation, j'entends un processus de transformation qui intègre les points de vue des communautés marginalisées et les plus touchées.

Tiré d'Agence médias Palestine.

Bien avant l'investiture du président américain élu Donald Trump en janvier 2025, l'ONU a vu son propre pouvoir, sa crédibilité et même sa pertinence s'atrophier. L'organisation internationale a été confrontée à de nombreux défis depuis sa création en 1945, dans le contexte du chapitre le plus horrible de notre histoire moderne. Pourtant, peu de chapitres de l'ONU ont été plus sombres que celui de son regard docile tandis qu'Israël diffuse en direct le génocide contre 2,3 millions de Palestiniens à Gaza en toute « impunité ».

Le fait que le génocide perpétré par Israël soit armé, financé et protégé de toute responsabilité par de puissants États occidentaux (avec les États-Unis en tête), a rendu cette impunité plus flagrante que jamais. L'hypocrisie occidentale qui consiste à infliger à la Russie un régime de sanctions des plus sévères après son invasion de l'Ukraine en 2022, tout en autorisant pleinement le génocide israélien, vieux de plusieurs décennies de colonialisme, d'apartheid et d'occupation militaire illégale, a également atteint des niveaux sans précédent, rendant dérisoire la prétention de l'Occident à se préoccuper des droits de l'Homme universels. Lors d'un récent débat à l'ONU sur Gaza, le ministre des affaires étrangères indonésien a appelé les États membres à ne pas « enterrer les principes de la Charte des Nations unies et du droit international sous les décombres du double standard, du déficit de confiance et du jeu à somme nulle ».

Le sociologue congolais-américain Pierre van den Berghe a inventé le terme de « démocratie herrenvolk », qui est « démocratique pour la race dominante mais tyrannique pour les groupes subordonnés ». Le principe dystopique que « la force fait le droit » planant sur les ruines et au sein des interminables cadavres palestiniens à Gaza, ainsi que la montée du fascisme aux États-Unis, en Europe et ailleurs, représentent une menace crédible d'un dérapage du monde vers une ère de législation internationale herrenvolk – exercée exclusivement par les puissants oppresseurs contre les dispensables et les opprimés qui osent résister à la soumission et cherchent à s'émanciper. Cette année, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a donné un premier aperçu d'une telle situation en déclarant : « Si vous n'êtes pas à la table du système international, vous serez sur le menu ».

Dans ce contexte, la délivrance de mandats d'arrêt par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre de Benjamin Netanyahou et de l'ancien ministre du cabinet de guerre Yoav Gallant, le 21 novembre, n'aurait pas pu arriver à un moment plus opportun. Bien qu'elle fasse suite à des dizaines de milliers de cadavres palestiniens, la décision de la CPI donne une lueur d'espoir que les Palestiniens puissent encore obtenir un semblant de justice de La Haye après des années de tergiversations et d'apathie mortelle. De plus, cette décision de la CPI, qui résiste à des années de menaces et d'intimidations de la part d'Israël et des États-Unis, pourrait également contribuer à restaurer, au moins partiellement, la discipline du droit international, alors que de nombreuses parties, en particulier dans le sud mondial, ont quasiment abandonné toute confiance en elle.

Mais il serait irréaliste, voire complètement illusoire, de considérer la décision tardive de la CPI comme le triomphe ultime de la justice sur la force brute. Cela nous transformerait également en témoins d'un spectacle d'inévitabilité déterministe dans lequel notre volonté ne joue aucun rôle. Parmi les nombreuses choses à régler dans ce monde pour mettre fin au génocide à Gaza et empêcher toute puissance de refaire « un Gaza » sur quelconque communauté vulnérable, la décolonisation de l'ONU est peut-être la priorité absolue. L'arrivée imminente d'un destructeur en chef à la Maison Blanche rend cette tâche des plus urgentes.

Par décolonisation de l'ONU, j'entends un processus de transformation qui intègre les perspectives des communautés et des nations marginalisées et les plus touchées, en particulier celles qui souffrent encore du poids de l'héritage colonial, qui se manifeste sous forme de dettes, de développement inégal et de pillage pur et simple des ressources naturelles. Ce processus radical mais progressif vise à réclamer l'ONU en tant qu'héritage de l'humanité au sens large et en tant que seule organisation capable d'incarner les principes de justice, de paix, de dignité humaine et de salut collectif.

Ce processus multi-facettes et exceptionnellement exigeant impliquerait d'aborder les questions d'une représentation véritablement démocratique et inclusive, de l'élimination du pouvoir de veto et de la réorganisation de la structure grossièrement démesurée de l'ONU, pour la rendre plus légère, plus agile, plus efficace et, par conséquent, moins corrompue et moins dépendante des largesses conditionnées de Washington et d'autres capitales occidentales. Après tout, les salaires et les avantages ridiculement élevés que touchent les hauts fonctionnaires de l'ONU, qui sont pour la plupart occidentaux, peuvent contribuer à réduire la pauvreté dans des petites nations.

Le transfert du siège de l'ONU du territoire qui sera bientôt gouverné par Trump vers un territoire plus démocratique et moins autoritaire comme l'Afrique du Sud pourrait être essentiel dans ce processus. Certes, l'Afrique du Sud n'est pas une utopie, mais elle symbolise la victoire de l'humanité et de la démocratie sur une ère impitoyable de colonialisme occidental et d'apartheid, malgré le long chemin qui reste à parcourir pour mettre fin à l'injustice économique et sociale.

En prévision de l'inévitable colère de l'empereur à Washington et de la réduction sévère attendue des contributions américaines à l'ONU, et dans un esprit de décolonisation et de démocratisation, je propose une taxe annuelle progressive de l'ONU qui serait prélevée sur chaque adulte dans le monde, calculée en fonction du PIB par habitant de chaque pays et payée par les États membres au nom de leurs citoyens.

Un citoyen de Singapour ou du Qatar, par exemple, devrait payer beaucoup plus qu'un citoyen du Sud-Soudan ou de l'Afghanistan, mais tout le monde contribue au gouvernement mondial. Cette contribution s'accompagne d'un droit à la parole sur la gouvernance et l'efficacité des Nations unies, afin de préserver leur indépendance et leur pertinence face aux défis les plus persistants de l'humanité, et de refléter véritablement l'aspiration de la majorité de l'humanité pour un monde plus propre, plus sûr, plus durable, moins militarisé, plus juste et plus en paix. Les multinationales seraient régies par des règles strictes qui privilégieraient les peuples et la planète avant la cupidité et les profits sanglants.

Tout cela peut sembler assez idéaliste, voire impossible, vu la dynamique de pouvoir qui règne au sein des Nations unies et dans le monde en général. Mais de nombreux changements dans l'histoire ont commencé par des idées originales, non orthodoxes, qui peuvent sembler impossibles jusqu'à ce qu'elles deviennent possibles. Nous, avec notre autonomie, pouvons les rendre possibles. Avant que la vague montante de fascisme et de folie impériale ne transforme l'ONU en un véritable organisme comateux, avant que davantage de nations ne se retrouvent sur le « menu », nous devons tous imaginer une réalité différente et nous efforcer avec tout notre pouvoir d'y parvenir. Nous n'avons qu'un seul monde.

Source : The guardian

Traduction : SP pour l'Agence Média Palestine

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Les 49 fois où les États-Unis ont utilisé leur pouvoir de veto contre des résolutions de l’ONU concernant Israël

Rien que pour cette dernière année, Washington a mis son veto à quatre résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Tiré d'Agence médias (…)

Rien que pour cette dernière année, Washington a mis son veto à quatre résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu à Gaza.

Tiré d'Agence médias Palestine.

Les États-Unis ont mis mercredi dernier leur veto face à un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Cette décision marque la 49e utilisation des États-Unis de leur pouvoir de veto à l'encontre de projets de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies concernant Israël.

Le projet de résolution a été présenté par les dix membres élus du Conseil de sécurité et tous les membres, à l'exception des États-Unis, ont voté en sa faveur.

Ce veto marque plus d'un an de soutien diplomatique des États-Unis à Israël dans sa guerre contre Gaza, qui s'est poursuivie le mois dernier par l'invasion du Liban par Israël.

Toutefois, ce soutien diplomatique de Washington à Israël n'est pas nouveau et se poursuit sur une base bipartisane depuis des décennies.

Outre l'aide militaire d'un montant d'environ 3 milliards de dollars qu'ils lui accordent chaque année, les États-Unis sont également le principal allié d'Israël au sein des institutions internationales et ont souvent utilisé leur pouvoir de veto au Conseil de sécurité pour bloquer les mesures diplomatiques visant Israël en raison de leur traitement des Palestiniens.

Premier veto

Selon la Jewish Virtual Library, les États-Unis ont déjà utilisé leur pouvoir de veto 48 fois contre des projets de résolution du Conseil de sécurité concernant Israël depuis qu'ils ont commencé à l'utiliser en 1970.

La première, la résolution S/10784, exprimait une profonde inquiétude « face à la détérioration de la situation au Moyen-Orient » et visait l'agression israélienne à la frontière libanaise.

Rédigée par la Guinée, l'ancien pays de la Yougoslavie et la Somalie, les États-Unis ont été les seuls à s'opposer à la résolution. Le Panama s'est abstenu.

Plusieurs résolutions similaires ont également fait l'objet d'un veto américain au cours des années suivantes. En 1975, année où la guerre civile a éclaté au Liban, la résolution S/11898 demandait à « Israël de renoncer immédiatement à toute attaque militaire contre le Liban ». Là encore, les États-Unis ont été les seuls à voter contre.

En 1982, année qui a vu certaines des plus féroces attaques israéliennes contre le Liban, l'Espagne a présenté un projet de résolution exigeant qu'Israël « retire toutes ses forces militaires immédiatement et sans condition jusqu'aux frontières internationalement reconnues du Liban » dans un délai de six heures. Les États-Unis y ont posé leur veto.

Les États-Unis se sont opposés à des résolutions similaires en 1985, 1986 et 1988. La guerre civile libanaise a pris fin en 1990, mais Israël ne s'est pas retiré du sud du pays avant l'an 2000.

Jerusalem

La question du statut définitif de Jérusalem, dont les accords d'Oslo stipulaient qu'elle ne serait discutée qu'à la fin d'un éventuel accord de paix entre Israël et la Palestine, est depuis longtemps la cible du veto américain à l'ONU.

Le projet de résolution S/12022, présenté en 1976, appelait Israël à protéger les « Lieux saints qui sont sous son occupation ».

La résolution se déclare « profondément préoccupée par les mesures prises par les autorités israéliennes qui ont conduit à la grave situation actuelle, y compris les mesures visant à modifier le caractère physique, culturel, démographique et religieux des territoires occupés ».

Les États-Unis ont été le seul pays à voter contre le projet de texte.

En 1982, le Maroc, l'Iran, la Jordanie et l'Ouganda ont présenté un projet de résolution après qu'un soldat israélien ait tiré sur des croyants, tuant au moins deux d'entre eux, dans le complexe de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.

Ce projet demandait à « la puissance occupante (Israël) d'observer et d'appliquer scrupuleusement les termes de la quatrième Convention de Genève et les principes du droit international concernant l'occupation militaire, et de s'abstenir de toute entrave à l'accomplissement des fonctions établies du Conseil supérieur islamique à Jérusalem ».

Se référant au complexe de la mosquée Al-Aqsa dans la vieille ville de Jérusalem, le texte qualifie le site de « l'un des lieux les plus saints de l'humanité ».

Le texte a également décrit le « statut unique de Jérusalem et, en particulier, la nécessité de protéger et de préserver la dimension spirituelle et religieuse des lieux saints de la ville ».

Un autre projet de texte appelant Israël à respecter les lieux saints musulmans a fait l'objet d'un veto américain en 1986.

Palestine

En 1976, les États-Unis se sont opposés à une résolution appelant Israël à se retirer de tous les territoires palestiniens – dans ce cas, le Royaume-Uni, la Suède et l'Italie se sont abstenus.

Le projet de texte présenté par la Tunisie en 1980 soulignait les « droits inaliénables du peuple palestinien ». Les États-Unis ont voté contre et le Royaume-Uni, la France, la Norvège et le Portugal se sont abstenus.

Les résolutions condamnant les colonies israéliennes (considérées comme illégales selon le droit international), n'ont été bloquées en 1983, 1997 et 2011 qu'uniquement par les États-Unis.

En 2004 et 2006, les États-Unis ont refusé d'appeler Israël à mettre fin aux guerres contre Gaza, qui ont tué des centaines de personnes.

Le dernier combat d'Obama

Fin 2016, après l'élection de Donald Trump mais avant qu'il ne prenne ses fonctions, l'administration américaine de l'ancien président Barack Obama s'est abstenue lors d'un vote sur les colonies israéliennes.

C'était la première fois en quarante ans qu'une résolution de l'ONU condamnant Israël était adoptée.

Les États-Unis avaient pourtant utilisé leur pouvoir de veto contre un vote similaire en 2011, et c'était la seule fois que l'administration Obama avait exercé ce pourvoir lors de sa présidence.

Évoquant l'absence de progrès visible dans le processus de paix, l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Samantha Power, a déclaré : « On ne peut pas à la fois défendre l'expansion des colonies israéliennes et défendre une solution viable à deux États qui mettrait fin au conflit. Un choix s'impose entre les colonies et la séparation ».

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que cette décision était « honteuse » de la part des États-Unis.

Trump attaque l'ONU

La précédente administration Trump a inauguré une nouvelle ère de diplomatie pro-israélienne à l'ONU.

En juin 2018, les États-Unis se sont retirés du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, l'accusant d'avoir un « parti pris chronique » contre Israël.

L'administration Trump a également posé son veto à plusieurs résolutions de l'ONU concernant Israël.

Le 19 décembre 2017, les États-Unis se sont opposés à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui rejetait la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.

Plusieurs mois plus tard, en juin 2018, les États-Unis ont posé leur veto face à une mesure rédigée par le Koweït qui condamnait l'usage de la force par Israël envers les Palestiniens. Les forces israéliennes avaient tué des dizaines de manifestants non violents à Gaza lors des manifestations de la Marche du retour.

Comme dans de nombreux autres cas, les États-Unis ont été les seuls à s'opposer à la résolution.

La guerre d'Israël contre Gaza

Le 7 octobre 2023, le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens de Gaza ont lancé une attaque surprise contre le sud d'Israël, tuant environ 1,140 personnes et en prenant 240 autres en otage.

Israël a répondu en guerre totale et a lancé une violente offensive de bombardements aériens, suivie d'une invasion terrestre de Gaza. À ce jour, les forces israéliennes ont tué plus de 44,000 Palestiniens, selon le bilan officiel communiqué par le ministère palestinien de la santé.

Toutefois, d'autres estimations prudentes estiment que le nombre de morts est beaucoup plus élevé. Une étude publiée dans la revue Lancet estime que le nombre de morts pourrait dépasser les 186,000 personnes.

Depuis le début de la guerre, les membres du Conseil de sécurité ont tenté d'introduire des résolutions appelant à un cessez-le-feu et à la fin des combats à Gaza.

Cependant, ces efforts ont été bloqués à de nombreuses reprises par les États-Unis. Depuis le début de la guerre, Washington a bloqué quatre résolutions différentes appelant au cessez-le-feu.

En outre, les États-Unis ont bloqué une résolution visant à reconnaître la Palestine comme membre à part entière des Nations unies.

De nombreux dirigeants mondiaux ont dénoncé les efforts déployés par les États-Unis pour bloquer un appel au cessez-le-feu au sein de l'administration internationale, et les alliés occidentaux de Washington ont également exprimé leur regret face à la non-adoption de ces mesures.

Source : The Middle East Eye

Traduction : SP pour l'Agence Média Palestine

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L’UNRWA déclare que seuls 6 % des besoins alimentaires de Gaza sont satisfaits

L'Agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a confirmé que les denrées alimentaires qui entrent dans la (…)

L'Agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a confirmé que les denrées alimentaires qui entrent dans la bande de Gaza ne couvrent que 6% des besoins de la population, a rapporté hier le Centre d'information palestinien.

Tiré de France Palestine Solidarité. Photo : La famine sévère se répand au sud de Gaza en raison des attaques et du blocus intensifié d'Israël, empêchant l'entrée des denrées alimentaires essentielles, 23 octobre 2024 © Quds News Network

L'UNRWA a déclaré que l'armée israélienne autorise des quantités limitées de farine et de nourriture à travers les points de passage, qui ne couvrent que 6% des besoins. L'agence a souligné que cette situation a entraîné une grave crise à Gaza, notamment en ce qui concerne l'accès au pain, ce qui a contraint la plupart des boulangeries du sud de l'enclave à fermer leurs portes.

L'agence a ajouté que plus de deux millions de personnes déplacées à Gaza souffrent de la faim, de la soif, de la maladie et de la peur. Les familles sont dans l'impossibilité de se procurer des repas, car les conditions dans les camps de déplacés et les abris restent désastreuses en raison de la faim, du froid et de l'incapacité des organisations internationales à fournir une aide humanitaire adéquate dans un contexte de graves pénuries alimentaires. Elle a appelé à la réouverture totale des points de passage pour permettre l'acheminement des fournitures essentielles afin d'éviter une famine généralisée, la malnutrition et les maladies étant déjà présentes.

Le nord de Gaza subit des conditions particulièrement difficiles, a déclaré l'UNRWA, avec une pénurie critique d'eau potable, de médicaments et de nourriture. La poursuite du blocus de l'aide humanitaire, associée aux frappes aériennes, aux tirs d'artillerie, au nivellement des terres et aux démolitions, a aggravé la crise humanitaire.

L'armée d'occupation israélienne poursuit sa guerre agressive contre Gaza depuis 415 jours consécutifs. Au moins 44 000 Palestiniens ont été tués et 105 000 blessés, principalement des femmes et des enfants. On estime à 11 000 le nombre de personnes disparues, présumées mortes sous les décombres de leurs maisons et autres infrastructures civiles détruites par les forces d'occupation.

Traduction : AFPS

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Michel Seymour à Upop : reconnaître le peuple comme une entité au-delà des individus

3 décembre 2024, par Massi Belaid
Massi Belaid, correspondant en stage Dans un contexte d’une économie mondialisée, comprendre et reconnaître l’importance de ce qu’est un peuple se situe est au cœur des enjeux (…)

Massi Belaid, correspondant en stage Dans un contexte d’une économie mondialisée, comprendre et reconnaître l’importance de ce qu’est un peuple se situe est au cœur des enjeux majeurs de notre époque. Le philosophe Michel Seymour s’est donné pour mission de réhabiliter les concepts de nation et (…)

Santé Québec est là, qu’est-ce que ça va changer ?

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/12/299649060_615070829982717_8295051408353778714_n-e1733191106367-1024x492.png2 décembre 2024, par Comité de Montreal
La réforme de la santé de la CAQ, qui favorise la privatisation et la centralisation, pourrait aggraver l'accès aux soins et les conditions de travail. L’article Santé Québec (…)

La réforme de la santé de la CAQ, qui favorise la privatisation et la centralisation, pourrait aggraver l'accès aux soins et les conditions de travail. L’article Santé Québec est là, qu’est-ce que ça va changer ? est apparu en premier sur L'Étoile du Nord.

Comptes rendus de lecture du mardi 3 décembre 2024

2 décembre 2024, par Bruno Marquis — , ,
Le mage du Kremlin Giuliano da Empoli Ce roman, qui s'est mérité il y a deux ans le Grand prix du roman de l'Académie française et qui aurait dû à coup sûr se mériter le (…)

Le mage du Kremlin
Giuliano da Empoli

Ce roman, qui s'est mérité il y a deux ans le Grand prix du roman de l'Académie française et qui aurait dû à coup sûr se mériter le prix Goncourt, est un roman captivant qui nous éclaire avec une lucidité surprenante en cette ère manichéenne sur l'accession au pouvoir du président russe Vladimir Poutine. Il a été achevé en 2021, avant que n'éclate la guerre en Ukraine. Vadim Baranov, personnage fictif parmi de nombreux personnages réels, l'éminence grise du président, nous y confie son histoire jusqu'à ce qu'il se retire de la politique. Une vision un peu exotique et stéréotypée de la vraie Russie peut-être par endroit, selon le chercheur Antoine Nicolle, l'un de ses rares détracteurs, mais un livre éclairant sur les réalités du pouvoir, en Russie et ailleurs, et sur les tractations et véritables intérêts de la politique internationale.

Extrait :

Il faudrait toujours regarder l'origine des choses. Toutes les technologies qui ont fait irruption dans nos vies ces dernières années ont une origine militaire. Les ordinateurs ont été développés pendant la Deuxième guerre mondiale pour déchiffrer les codes ennemis. Internet comme moyen de communication en cas de guerre nucléaire, le GPS pour localiser les unités de combat, et ainsi de suite. Ce sont toutes des technologies de contrôle conçues pour asservir, pas pour rendre libre.

La société de provocation
Dahlia Namian

Je vous recommande vivement la lecture de cet essai sur l'obscénité des riches. L'auteure y fustige leur exhibitionnisme, leur démesure, leur luxe ostentatoire, leur aveuglement et leur parfait égoïsme, attitudes qui contribuent à priver de plus en plus les populations des moyens de satisfaire leurs besoins souvent fondamentaux et à détruire notre environnement commun. L'essai, qui foisonne d'exemples, nous incite assurément à rompre avec cette société de provocation.

Extrait :

Le consumérisme, pur produit exportable de l'American way of life, prône un modèle hédoniste de capitalisme où l'atteinte du bonheur se définit non seulement par la capacité d'accumuler des biens matériels, mais également de fermer les yeux devant l'exploitation des êtres et des ressources qui rendent possible cette consommation effrénée.

Propaganda
Edward Bernays
Traduit de l'anglais

C'est un ami qui m'a ramené ce livre à l'esprit il y a quelques temps. « Propaganda » d'Edward Bernays est un livre essentiel pour bien comprendre la politique et la manipulation. Véritable petit guide pratique écrit en 1928 par Edward Bernays, neveu américain de Sigmund Freud, il expose sans détours les grands principes de la manipulation mentale de masse utilisée depuis et que l'auteur appelait déjà en son temps la fabrique du consentement. Ce document fort instructif nous apprend que la propagande politique moderne n'est pas née dans les régimes totalitaires, mais au cœur même de ce que l'on considère trompeusement la « démocratie américaine » Je me répète, mais « Propagande » est une œuvre essentielle, surtout en cette époque ou tout devient une affaire de perception.

Extrait de la préface de Normand Baillargeon :

Il est crucial de rappeler combien ce qui est proposé ici contredit l'idéal démocratique moderne, celui que les Lumières nous ont légué, de rappeler à quel point Bernays, comme l'industrie qu'il a façonnée, doit faire preuve d'une étonnante aptitude à la duplicité mentale pour simultanément proclamer son souci de la vérité et de la libre discussion et accepter que la vérité sera énoncée par un client au début d'une campagne, laquelle devra mettre tout en oeuvre - y compris, s'il le faut absolument, la vérité elle-même - pour susciter une adhésion à une thèse ou des comportement chez des gens dont on a postulé par avance qu'ils sont incapables de comprendre réellement ce qui est en jeu et auxquels on ne sent donc en droit de servir ce que Platon appelait de « pieux mensonges ».

La dictature du bonheur
Marie-Claude Élie-Morin

J'ai pris connaissance de cet essai sur la dictature du bonheur dans l'un des feuilletons théoriques d'Alain Deneault sur l'économie. J'ai par la suite été agréablement surpris par l'analyse éclairée que l'auteure y fait de cette société du « bonheur » à tout prix que l'on nous vend sous forme de livres, de formations, de « coachs de vie » et de toute une ribambelle de moyens et de principes ou théories, souvent simplistes, souvent fumeuses et non fondées, non confirmées ou même démenties par des études scientifiques. Marie-Claude Élie-Morin nous y expose aussi les vicissitudes de cette manière de penser qui fait que beaucoup d'entre nous en arrivent à se blâmer d'être malades, malheureux, seuls ou pauvres. Une œuvre fouillée dont je vous recommande la lecture.

Extrait :

La peur aiguise nos sens, nous rend plus alertes et nous aide à trouver des solutions. Sans elle, notre jugement est altéré et nous prenons des risques exagérés, comme conduire ivre, financer des prêts hypothécaires douteux qui mèneront à une crise économique, ou ignorer les changements climatiques… Les émotions dites « négatives » sont essentielles dans nos vies, même si elles n'ont pas bonne réputation et nous font parfois passer un mauvais quart d'heure.

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