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L’émergence du prolétariat et les luttes ouvrières dans la vallée de l’Outaouais (1820-1840)

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Durant la première moitié du XIXe siècle, le capitalisme s’impose peu à peu dans ce qui deviendra le Canada. La crise économique des années 1820-1830 et la difficulté à obtenir (…)

Durant la première moitié du XIXe siècle, le capitalisme s’impose peu à peu dans ce qui deviendra le Canada. La crise économique des années 1820-1830 et la difficulté à obtenir de nouvelles terres accélèrent la formation d’un prolétariat urbain bas-canadien[1]. Les premières grandes industries de type capitaliste – impliquant une division du travail réalisé par des ouvriers peu ou pas qualifiés – se mettent en place. L’historien Robert Tremblay indique trois secteurs caractéristiques de ce nouveau mode de production : les chantiers de construction navale à Québec, le secteur de la transformation du cuir et des métaux à Montréal, et les scieries de l’Outaouais[2]. Cette dernière région retiendra notre attention afin de comprendre l’émergence du prolétariat comme classe exploitée et la réaction immédiate des travailleurs, qui luttent pour leurs droits politiques et économiques ou développent diverses formes d’insubordination. L’histoire de la vallée de l’Outaouais permet de constater ce double mouvement de constitution forcée et de résistance, notamment lors de la construction du canal Rideau (1826-1832) et de la « guerre des Shiners » (vers 1835-1845).

La formation du prolétariat

Dans les années 1810-1820, la paysannerie demeure le groupe le plus nombreux, alors que le prolétariat est une classe sociale minoritaire, encore mal définie économiquement et sociologiquement. La situation s’inverse pourtant au cours du XIXe siècle, avec le développement du capitalisme industriel. Au Bas-Canada, l’effondrement de la production de blé, en raison de techniques agricoles déficientes (notamment la rotation inadéquate des cultures) ébranle le monde rural. Le blé bas-canadien, insuffisant et trop coûteux, n’est plus compétitif sur les marchés mondiaux face à la concurrence britannique, américaine et du Haut-Canada. En 1765, environ 66 % des paroisses bas-canadiennes étaient composées de fermes produisant en moyenne 100 minots de blé ou plus par année. Cette proportion passe à 23 % en 1831 et à zéro en 1841. Inversement, la proportion de paroisses où la production moyenne par ferme était inférieure à 50 minots annuels passe de 1,9 % en 1765 à 37,9 % en 1831, puis à 98,3 % en 1844, indiquant un repli de la production à des fins de subsistance (ou de commerce local) plutôt que pour l’exportation[3]. Le secteur est clairement en déclin quant à son rôle économique.

Outre les conséquences sur les marchés, c’est la famine qui guette les Bas-Canadiens dans les années de mauvaise récolte. En 1829, à Lotbinière (sur la rive sud de Québec), sur 300 familles, « 83 n’ont pas récolté suffisamment pour leur subsistance, 34 n’ont aucun moyen de subsistance, 49 familles n’ont à manger que pour un mois »[4]. Les déficits commerciaux et les famines sont encore accentués par les épidémies de choléra de 1832 et de 1834 qui déciment la main-d’œuvre. Face à ces problèmes, le régime seigneurial (toujours en usage au Bas-Canada) se braque. Les grands propriétaires terriens essaient à la fois de maintenir leur statut social face aux capitalistes urbains, et désirent sauver la valeur de leurs possessions en forçant le maintien de la productivité aux dépens des travailleurs agricoles. Les seigneurs augmentent les rentes, lésinent à octroyer de nouvelles terres en usufruit, ressuscitent des taxes tombées en désuétude ou exigent des censitaires de nouvelles concessions (sur le revenu de bois, de pêche, etc.). Les paysans s’appauvrissent et la colère gronde.[5]

Les censitaires deviennent de plus en plus des « prolétaires agricoles », c’est-à-dire des ouvriers salariés sans attache à une terre spécifique ni droits afférents à celles-ci (perte des droits d’usufruit, d’usage du bois ou des cours d’eau, etc.). Les petits propriétaires s’endettent et doivent souvent vendre leurs terres. En 1831, dans plus de la moitié des paroisses du Bas-Canada, le nombre de non-propriétaires représente 30 % ou plus de la population, une situation alarmante alors que les censitaires étaient historiquement propriétaires d’au moins un lopin[6]. Dans ces circonstances, on voit se développer une première vague migratoire des campagnes vers les centres urbains canadiens, mais aussi américains.

Ces transformations dans les seigneuries de la vallée du Saint-Laurent forcent plusieurs fils d’agriculteurs à se déplacer loin de leur foyer natal afin de trouver un emploi. Plusieurs d’entre eux se tournent vers l’industrie du bois, alors en plein essor[7]. Cette industrie profite de la disponibilité de la main-d’œuvre : il y a plus de 700 scieries au Bas-Canada en 1831 et plus de 900 en 1844[8]. L’Outaouais est l’une des régions où l’industrie du bois se développe et de nombreux Canadiens-français s’installent à Wright Town (actuelle Gatineau, fondée par l’américain Philemon Wright en 1800) pour y travailler. À la fin des années 1820, c’est plus de 2 000 travailleurs forestiers de l’Outaouais qui viennent chercher du travail à Montréal ou à Québec durant l’été, lorsque les camps sont fermés, ce qui signifie qu’ils n’ont plus de terres où retourner[9].

Ce prolétariat canadien naissant est renforcé par l’arrivée massive d’immigrant·e·s des îles irlando-britanniques (plus de 25 000 par année[10]). Ces familles voient elles aussi leur mode de vie transformé par les enclosures et la ruine des petits propriétaires et artisans en ce début de Révolution industrielle. Les autorités britanniques en métropole encouragent cette émigration, qui permet de débarrasser l’espace métropolitain du surplus de démunis créé par ces transformations économiques[11]. Plusieurs migrant·e·s se dirigent vers le Haut-Canada, qui offre la promesse d’un travail et – éventuellement – d’une terre. Toutefois, le coût de la traversée les endette lourdement, ce qui les force, une fois arrivé·e·s, à accepter n’importe quel travail. Les milliers d’Irlandais·e·s fuyant la crise de l’industrie textile dans la province de l’Ulster sont de ce nombre, dont les hommes seront nombreux à s’engager dans la construction du canal Rideau à partir de 1826[12].

En somme, les seigneurs au Bas-Canada, incapables de faire face aux nouvelles réalités économiques, pressurisent sans mesure leurs censitaires, qui prennent la voie de la prolétarisation, ce qui renforce la crise du modèle féodal. Les transformations économiques en Angleterre et en Irlande entraînent la migration de nombreuses personnes en Amérique du Nord britannique, alors qu’elles cherchent à améliorer leur sort. Les capitalistes canadiens, dans le bois, les chantiers et les industries naissantes, ont alors accès à une main-d’œuvre nombreuse et peu coûteuse. C’est dans ce contexte qu’émergent les grands projets d’infrastructures tels le canal Rideau, ainsi que les premières révoltes d’un prolétariat canadien en formation.

Les travailleurs du canal Rideau

À cette époque, de nombreux projets de canalisation voient le jour en Amérique du Nord, tant pour des raisons économiques (on veut joindre directement les différentes villes par bateau) que pour des raisons militaires (faciliter le déplacement des troupes). Dans le cas canadien, on désire à la fois fluidifier la voie maritime reliant les Grands Lacs au Saint-Laurent, et augmenter la mobilité militaire pour faire face à une potentielle attaque des États-Unis, qui ont tenté d’envahir le Canada lors de la Guerre de 1812-1815. Le canal Rideau, construit entre 1826 et 1832, répond plus spécifiquement à cet objectif militaire, reliant les casernes de Kingston et de Montréal. L’emploi de « cheap labour » canadien et irlandais permet aux autorités britanniques d’économiser de grandes sommes, et à leurs associés privés (tels John Redpath ou Philemon Wright) de faire des profits mirobolants. En effet, un ouvrier gagne sur le chantier à peine de quoi se nourrir ainsi que sa famille[13], rien de plus. La main-d’œuvre est tellement bon marché qu’il est moins coûteux de faire creuser le canal (conçu pour des navires de guerre) manuellement plutôt qu’à l’aide de machines à vapeur. Le canal Rideau est creusé à la pioche et à la pelle, par des travailleurs qui triment de 14 à 16 heures par jour, 6 jours par semaine, toute l’année. Autrement, les travailleurs sont parqués dans des camps insalubres où la malaria est endémique, tuant ou incapacitant un grand nombre de personnes[14].

En réponse à ces conditions, plusieurs grèves ont lieu lors de la construction. Les sources étant rares quant à ces premières luttes ouvrières canadiennes, il faut faire preuve de prudence dans notre interprétation. Nous pouvons cependant dire que : 1) au moins trois grèves ont lieu au printemps 1827[15], 2) qu’elles portent sur les conditions de travail et les salaires, 3) qu’elles incluent tous les travailleurs du canal, indépendamment des divisions ethniques ou religieuses, et s’étendent même à la région (notamment à l’industrie du bois), et 4) que nous n’avons pas connaissance d’une ou de plusieurs organisation(s) à l’origine des grèves. Il faut cependant noter que les premières organisations syndicales font leur apparition au Bas-Canada dans la décennie 1830[16], tandis que dans les années 1840 des sociétés secrètes ouvrières coordonnent les luttes des Irlandais dans les chantiers, comme lors de la grève du canal de Beauharnois en 1843[17]. La répression des troupes britanniques, appelées en renfort pour surveiller les travailleurs, a cependant raison de ce cycle de lutte. En sus, de nombreux conflits ont opposé les travailleurs et les entrepreneurs autour de la vente de denrées essentielles, dont la nourriture et le bois de chauffage. Selon les témoignages de l’époque, les travailleurs irlandais sont principalement à l’origine de ce type d’actions, calquant certaines pratiques de leur terre natale.

Lors de la « bataille de Merrickville » en 1829, un certain Thomas Foley, travailleur irlandais au canal Rideau, entreprend de couper du bois sur une ferme adjacente afin de se chauffer. Le propriétaire s’y oppose et alerte les autorités. Foley et certains de ses confrères repoussent un constable, un shérif et son adjoint, et ne doivent se rendre qu’après l’intervention d’une compagnie entière de la milice locale. Ils seront acquittés à leur procès faute de témoins[18] : une action directe réussie en somme. Malgré qu’une certaine historiographie canadienne (par exemple Clare Petland) ait eu tendance à voir dans ces affrontements un trait culturel propre aux Irlandais, qui sont stéréotypés comme prompts à la bagarre, à l’insubordination et aux conflits ethniques et religieux, il est clair qu’ils relèvent plutôt de facteurs socio-économiques. Les conditions difficiles imposées aux travailleurs du canal, irlandais comme canadiens-français, sont la cause première de leurs grèves et des affrontements avec leurs patrons[19]. Des débrayages spontanés, les ouvriers passeront, quelques années plus tard, à l’organisation syndicale puis, pour certains, à la volonté révolutionnaire.

La guerre des Shiners

« Bytown [Ottawa], au milieu de ses forêts, était l’épouvantail du Canada. « Il n’y a pas de Dieu à Bytown », disait le proverbe. Le fait est qu’on n’y pensait guère à Dieu. Revenir de Bytown signifiait revenir de la caverne du lion. Quand une famille restait sans nouvelles d’un enfant parti pour les chantiers, on le pleurait comme mort et l’on se disait tout bas : il aura été tué à Bytown.

Les anciens racontent que souvent, la nuit, on entendait là-bas au pont des Chaudières des voix désespérées et des cris lamentables. C’étaient des voyageurs attardés que les chêneurs [shiners] jetaient dans l’abîme, ou des chêneurs qui, rencontrant plus forts qu’eux, allaient rejoindre, à leur tour, leurs victimes au fond de la rivière. »[20]

L’imposition progressive du capitalisme dans la vallée de l’Outaouais et l’afflux de populations migrantes prolétarisées entraîne son lot de conflits interethniques. En effet, l’extrême paupérisation des Irlandais·e·s et des Canadien·ne·s-français·e·s, ainsi que l’entretien volontaire d’une rivalité entre les deux groupes par le patronat entraînent de violentes bagarres dans les années 1830. Ce phénomène, connu sous le nom de guerre des Shiners[21], atteint son paroxysme vers 1835-1837 dans la région de Bytown (actuelle Ottawa).

Le développement de Bytown est intimement lié à l’essor de l’industrie du bois et à la construction du canal Rideau. La colline qui surplombe la rivière des Outaouais est considérée comme stratégique pour la protection des colonies canadiennes après la guerre de 1812. Sous les ordres du gouverneur, le colonel John By y fait donc construire un camp, qui servira d’avant-poste militaire en vue de la construction du canal Rideau. Lorsque la construction du canal prend fin, en 1832, Bytown s’est profondément transformée. Ce qui est maintenant devenu une ville est divisé en deux parties : la Upper Town, contrôlée par la bourgeoisie anglaise et écossaise, et la Lower Town, peuplée par les travailleurs migrants canadiens-français et irlandais ayant travaillé à la construction du canal.

Les Shiners, d’origine irlandaise, s’étaient principalement reconvertis comme travailleurs forestiers ou draveurs après la fin de la construction du canal Rideau, mais plusieurs d’entre eux étaient aussi réduits au chômage et à l’indigence. Suivant une séparation raciale du travail, ces ouvriers irlandais étaient au bas de l’échelle sociale, considérés comme plus « sauvages ». Les Canadiens-français, ayant meilleure réputation, étaient préférés par les patrons à l’embauche dans l’industrie forestière, tandis que les postes de notables étaient réservés aux Écossais.

Dans ces circonstances, les Shiners recourent à la violence, d’abord pour « chasser » les Canadiens français de l’industrie forestière et s’assurer leurs emplois, mais aussi pour intimider leurs employeurs et instaurer un rapport de force leur permettant d’améliorer leurs conditions de vie. L’action des Shiners est telle que, vers 1837, il est fréquent d’entendre « qu’ils ont pris le contrôle de la ville », une exagération qui témoigne toutefois de l’impunité dont jouissent les Shiners et de la peur qu’ils inspirent, y compris à leurs patrons (moins à la troupe britannique par contre). Le phénomène demeure toutefois complexe, puisque vers 1835, ces « insurgés » sont menés par Peter Aylen, un des plus riches marchand de bois dans la région et « roi des Shiners » autoproclamé. Celui-ci suscite l’adhésion des travailleurs irlandais en leur fournissant des emplois, de la nourriture et des femmes au retour des chantiers. Il faut ainsi noter le caractère criminel, voire de bande organisée, des Shiners, dont la révolte a souvent des airs de grand banditisme sur fond de misère endémique et de manque d’autorités policières dans la région.

L’armée ayant quitté Bytown après la fin des travaux au canal Rideau en 1832, l’endroit se transforme en véritable « ville-frontière ». Les attaques et les intimidations contre des travailleurs canadiens-français restent impunies, entraînant la formation de bandes rivales. C’est dans ce contexte que l’homme fort et héros populaire Jos Montferrand forge sa légende de dur à cuire et de protecteur de sa communauté. Les Shiners s’en prennent également à diverses personnalités s’opposant à eux, allant jusqu’à assassiner publiquement l’avocat Daniel McMartin. À moyen terme, les dénonciations ne suffisent plus et une sorte de panique s’empare de la bourgeoisie locale, voire régionale. Ces inquiétudes des classes privilégiées sont justifiées de leur point de vue : les Shiners agissent en toute impunité, ils prennent le contrôle du péage du pont de l’Union sur la rivière des Outaouais, ils intimident les magistrats censés les arrêter et ils libèrent leurs camarades de prison le cas échéant. Depuis 1835, ils détiennent le contrôle de la Société agricole de Bytown, un club de la bonne société locale, grâce à l’intimidation physique de ses membres, notamment lors des assemblées annuelles. Le premier échec des Shiners survient lorsqu’ils tentent de faire la même chose en janvier 1837 à l’assemblée du comté de Nepean, ne réussissant finalement qu’à provoquer une bagarre générale. Il n’empêche qu’ils continuent de commettre de nombreux actes de violences publiques, dont des viols, et instaurent de manière générale un climat d’anarchie dans la ville.

Pour rétablir l’ordre (et leurs privilèges), les notables de la région mettent sur pied la Bytown Association for the Preservation of the Peace, une milice armée prête à affronter les Shiners. De plus, la répression des rébellions patriotes de 1837-1838 par l’armée britannique, sans lien direct avec la guerre des Shiners, permet aux autorités locales de demander du même coup la répression des criminels irlandais, avec un succès certain. Le phénomène des Shiners est beaucoup plus faible à partir de ce moment, disparaissant définitivement vers 1845. Leur chef Peter Aylen quitte Bytown après 1837 pour Aylmer, de l’autre côté de la rivière des Outaouais. Il se dissocie des Shiners et mène une vie « d’honnête citoyen » jusqu’à sa mort trente ans plus tard. Ses descendants forment une véritable dynastie légale, étant avocats sur cinq générations successives, fournissant un juge à la Cour d’appel de l’Ontario et fondant le cabinet Scott & Aylen, à l’origine de Borden, Ladner, Gervais, LLP, un des plus grands cabinets d’avocat au Canada actuellement[22]. En somme, la guerre des Shiners incarne bien les violences et les contradictions propres à l’émergence du capitalisme : la révolte justifiée des prolétaires, mais aussi les violences interethniques et la duplicité d’un certain nombre d’individus prêts à tout pour une ascension.

/ / /

La période de transition entre le féodalisme et le capitalisme est marquée, au niveau international, par une brutalité rarement observée. Au Canada, ce phénomène est renforcé par la crise agricole des années 1830 et par les violences paniquées des seigneurs en perte de pouvoir. Ainsi, une large frange de la population se trouve appauvrie et dépossédée, dans l’obligation de vendre sa force de travail dans les industries naissantes. Avec cette main-d’œuvre abondante, les capitalistes se trouvent en position de force afin d’exploiter ces nouveaux prolétaires, à tel point qu’ils peuvent faire creuser le canal Rideau à la main plutôt qu’à l’aide de machinerie à vapeur, quitte à sacrifier des milliers de vies ouvrières. Parallèlement, les travailleurs entament de premiers actes de défiance, notamment sous la forme de grèves illégales, mais aussi de violences diverses contre la bourgeoisie locale. De telles actions se multiplieront dans les années 1840, comme lors de la grève des canneliers de Beauharnois (juin 1843). Malheureusement, la division des prolétaires selon des normes raciales entraîne aussi de violents conflits interethniques, comme à Bytown, d’autant plus brutaux qu’ils sont alimentés par des préjugés déjà existants.

De nombreuses recherches sont encore nécessaires pour mieux comprendre les grands chamboulements sociaux et économiques des années 1830 au Canada, cet article n’étant qu’un premier effort. Un travail de plus longue haleine permettra de mieux saisir comment les travailleur·euse·s se sont organisés pour faire face à ces nouvelles conditions – passant des guildes aux organisations clandestines puis au syndicalisme révolutionnaire. Le tout éclairera les choix qui furent faits, pour quelles raisons et avec quels effets, dans l’objectif d’éclairer l’enjeu de l’organisation ouvrière passée et présente.


Notes

[1] Pour en savoir plus sur la formation du prolétariat au Bas-Canada, on consultera RUDDEL, David-Thierry. « La main-d’œuvre en milieu urbain au Bas-Canada : conditions et relations de travail » dans la Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 41-3, hiver 1988, pages 389-402.

[2] TREMBLAY, Robert. « Un aspect de la consolidation du pouvoir d’État de la bourgeoisie coloniale : la législation anti-ouvrière dans le Bas-Canada » dans Labour/Le Travail, vol. 8-9, automne 1981-printemps 1982, page 244.

[3] OUELLET, Fernand. Histoire économique et sociale du Québec (1760-1850), Montréal, Fides, 1971, page 337.

[4] OUELLET. Histoire économique, 1971, page 332.

[5] OUELLET. Histoire économique, 1971, page 354.

[6] OUELLET. Histoire économique, 1971, page 348.

[7] Le commerce du bois procure un revenu à environ 12 % de la population. OUELLET. Histoire économique, 1971, page 402.

[8] OUELLET. Histoire économique, 1971, page 399.

[9] WYLIE, William. « Poverty, Distress, and Disease: Labour and the Construction of the Rideau Canal, 1826-1832 » dans Labour/Le Travail, vol. 11, printemps 1983, page 9.

[10] WYLIE. « Poverty… », 1983, page 9.

[11] BAEHRE, Rainer, « Pauper Emigration to Upper Canada in the 1830s » dans Histoire sociale/Social History, Vol. 14 No. 28, novembre/décembre 1981.

[12] WYLIE. « Poverty… », 1983, page 8.

[13] WYLIE. « Poverty… », 1983, page 14.

[14] WYLIE. « Poverty… », 1983, page 25.

[15] Le Congrès du travail du Canada (CTC) atteste d’une émeute ouvrière ayant eu lieu dans les rues de Bytown le 2 mars 1829 sur les mêmes bases que les actions du printemps 1827. Nous n’avons cependant pas trouvé d’autres sources corroborant cette affirmation. Voir en ligne.

[16] Pour en savoir plus, lire TREMBLAY, Robert. « Les pionniers du mouvement ouvrier au Québec : quelques pistes de réflexion sur la première génération de militants des années 1830 » dans le Bulletin du RCHTQ, vol. 38-1, printemps 2012, pages 20-27.

[17] BLEASDALE, Ruth. « Class Conflict on the Canals of Upper Canada in the 1840s » dans Labour/Le Travail, vol. 7, printemps 1981, page 28.

[18] WYLIE. « Poverty… », 1983, page 27.

[19] « Clustered around construction sites in almost exclusively Irish communities, they engaged in violent confrontations with each other, local inhabitants, employers, and law enforcement agencies. Observers of these confrontations accepted as axiomatic the stereotype of violent Paddy, irreconcilable to Anglo-Saxon norms of rational behaviour, and government reports, private letters, and newspaper articles characterized the canallers as « persons predisposed to tumult even without cause .’*’ As one of the contractors on the Lachine Canal put it: « they are a turbulent and discontented people that nothing can satisfy for any length of time, and who never will be kept to work peaceably unless overawed by some force for which they have respect »». BLEASDALE, Ruth. « Class Conflict on the Canals, page 9.

[20] DE BARBEZIEUX, Alexis. Histoire de la Province ecclésiastique d’Ottawa et de la colonisation de la Vallée de l’Ottawa, vol. 1, Ottawa, Compagnie d’imprimerie d’Ottawa, 1897, page 165.

[21] Voir notamment CROSS, Michael. « The Shiners’ War: Social Violence in the Ottawa Valley in the 1830s » dans The Canadian Historical Review, vol. 102, supp. 2, 2021, pages 364-386.

[22] Voir POWELL, James. « The Shiners War », The Historical Society of Ottawa, en ligne.

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Des ateliers de poésie, un projet rassembleur, quelques belles rencontres, de nouveaux liens tissés avec des Bas-Côtiers, Bas-Côtières et des gens d'Anticosti. Ancrée dans le territoire, inspirée de la beauté des lieux, ou dans les expressions locales. J'accepte cette invitation à créer de la poésie.

Écrire le paysage

Une première rencontre sous le thème des expressions et dictons locaux. Je me prépare, partir pour le large, revenir en d'dans, ma fille, my girl, touer, va ti vient. Tour à tour, à différents moments du processus de création, j'ose prendre la parole pour partager mes écrits. Je reçois des commentaires qui me motivent, me rendent fière aussi. Je révise, mais pas trop, l'objectif est d'avoir du plaisir, ici et maintenant et je découvre que j'aime ça.

J'ai le goût de recommencer, j'ai déjà hâte aux prochaines rencontres. J'inscris les dates à mon calendrier : le 10 et 24 février 2022, poésie sous le thème des paysages et du mode de vie locaux. Habiter notre territoire et s'en inspirer c'est notre façon d'être dans le monde. Sortir avec mon appareil photo, faire de la vidéo, décrire ce que je vois, ce que je ressens au moment où je suis touchée par les paysages, les couleurs, les odeurs, les sons. Dire pour ensuite écrire, laisser sa trace :

D'où je viens

Je viens des souvenirs de mon enfance,

Je viens d'un matin d'été, d'un vent du Nord, d'une mer calme,

Je viens d'un espace libre et immense,

Je viens du chant des huards au lever du jour, de l'odeur du lichen, de la froideur du noroît,

Je viens du bleu et du orangé du crépuscule,

Je viens de l'onde qui suit ton onde,

Je viens des départs et des arrivées,

Je viens de ce territoire que j'ai reconnu comme le lieu

D'où je viens.

Stéphanie Fournier, 24 février 2022, projet Poésie

Le velours des tourbières

Insérer dans la navette une petite bobine de fil de velours orange brûlé. Avec un élan initié par ma main, faire traverser la navette de bord en bord du métier, puis rabattre le peigne du métier à tisser pour tasser le fil de trame qui s'entrelace sur les fils de chaîne. Changer mon pied de pédale. Recommencer, cette fois-ci je change la bobine de fil orange brûlé pour un fil de laine vert tendre, sauge. Puis ce sera le tour d'un rouge rouille. Parfois, j'insère à la main quelques rangées de fils bleu profond entre les fils de chaîne, pour imiter des flaques d'eau.

Assise sur le banc du métier à tisser, dans la bibliothèque de l'école du village, je tisse une tourbière. C'est le territoire que j'ai choisi d'exprimer, après que d'autres femmes du village aient plutôt choisi de représenter leur chalet sur les îles de l'archipel face à Tête-à-la-Baleine, ou encore le ciel gris qui se confond à l'eau brillante. Pour d'autres femmes encore, le territoire qui se tisse est celui de la famille. L'héritage, les racines, l'attachement. Certaines intégreront à leur tissage des bouts de filets de pêche, des coquillages, de la fourrure de lièvre. Tous nos territoires tissés sur les mêmes fils de chaînes seront mis bout à bout, suspendus sur un mur de l'église du village, au cœur de la communauté. Nos territoires qui se suivent et se rassemblent.

Se baser sur le déjà-là

À travers la médiation culturelle, la création devient un prétexte pour parler de soi. Se montrer créatif et créative, c'est aussi se montrer vulnérable : il faut aller dans son intimité, sortir de sa zone de confort, cibler ce qui nous touche, nous inspire, et accepter de le partager aux autres. Il ne s'agit pas là d'un lieu commun dans la région, où les espaces de rassemblement sont majoritairement les maisons, où les relations sont principalement familiales et où les sujets de conversations pratiques dominent. Cependant, lorsqu'on ouvre la porte aux souvenirs, aux liens intimes avec la nature, au sentiment d'appartenance à travers la créativité, on laisse place à la sensibilité artistique des habitants et habitantes des communautés bas-nord-côtières, une sensibilité artistique qui est bien présente et souvent très ancrée au territoire et au patrimoine culturel et immatériel.

Glaise Bleue n'invente rien : la valeur de l'art pour générer d'autres types de discussions et des liens sociaux est déjà bien connue dans la région, notamment à Tête-à-la-Baleine. En effet, dans les années 1990, le regroupement de femmes Les Cousines d'Adéline écrit une pièce de théâtre qui souligne le cinquantième de l'obtention du droit de vote des femmes après de nombreuses luttes. Instigatrice de plaisirs et de rires à travers une écriture émancipatrice et communautaire, la pièce de théâtre a aussi été le véhicule de discussions politiques sur les droits des femmes et a pu servir d'outil éducatif pour certains et certaines. Utiliser le théâtre aura aussi inclus dans la boucle les hommes du village, qui étaient là lors de la présentation de la pièce, mais qui autrement ne participaient pas aux activités des regroupements de femmes puisqu'elles étaient volontairement non mixtes.

Notre organisme se base donc sur le déjà-là. Dans la douceur et de la manière qui se veut la plus organique possible, en partant des besoins exprimés et ressentis, nous nous percevons comme un levier d'action, des facilitatrices (notre équipe est actuellement entièrement féminine) et créatrices de moments et de lien social. À travers l'art, nous souhaitons mettre en valeur la beauté unique de la Basse-Côte-Nord, qui s'enracine à Tête-à-la-Baleine, ce village qui nous a vues naître. Le terme « glaise bleue » est d'ailleurs avant tout territorial. Tête-à-la-Baleine est ainsi bâti sur la glaise, qui se compose de différentes strates et couleurs, mais dont la bleue est la plus solide ; « presque dure comme le roc », diront certaines personnes.

À l'image de cette glaise bleue assez typique de Tête-à-la-Baleine, chacun des villages et chacune des communautés possède son unicité ; la Basse-Côte-Nord n'est pas un tout homogène. Chacun et chacune, à sa manière, fera ressortir le plus beau de « son » territoire. Le lien à ce territoire, cet « entre terre et mer » et la dépendance avec lui qu'ont encore les Bas-Nord-Côtiers et les Bas-Nord-Côtières est cependant un bon fil conducteur entre toutes les communautés du littoral.

Jusqu'où ce territoire et notre lien avec lui peuvent-ils nous mener ?

Jusqu'à la prochaine île en vue. Dans cette région nommée « Toutes isles » par le fameux documentariste Pierre Perreault, nous ne serons pas en peine.

Stéphanie Fournier est co-fondatrice de la résidence d'artiste Glaise bleue, conceptrice et réalisatrice de projets. Frédérique Lévesque est co-fondatrice et directrice à la Glaise bleue.

Photos : Stéphanie Fournier ; Samuel Bellefleur

Nourritures nordiques

Le Grenier boréal est une coopérative agricole et alimentaire située à Longue-Pointe-de-Mingan, un peu au nord du 50e parallèle. À bâbord ! est allé sur place en avril dernier (…)

Le Grenier boréal est une coopérative agricole et alimentaire située à Longue-Pointe-de-Mingan, un peu au nord du 50e parallèle. À bâbord ! est allé sur place en avril dernier pour discuter du projet, voir les installations et constater que les défis, tout comme la neige, abondent.

C'est en 2013 que le Grenier boréal est mis sur pied par Claude Lussier et Josée Bélanger. Le projet initial était de fournir du travail aux membres travailleur·euses des communautés locales à travers la production maraîchère et l'éducation dans les écoles, notamment sur les enjeux de l'alimentation locale. La mission avait aussi une part sociale et engagée, avec la volonté d'offrir et de faire découvrir une alimentation saine et locale aux habitant·es de la Minganie, région éloignée où les légumes frais ne sont pas souvent disponibles et coûtent beaucoup plus cher qu'au sud du Québec. Depuis, le projet a grandi et a développé de nouveaux volets, dont la cueillette et la transformation des produits forestiers non ligneux (PFNL), c'est-à-dire les plantes sauvages, les petits fruits et les champignons.

Rose-Aimée Auclair, directrice générale depuis janvier 2022, souligne que dans une entreprise traditionnelle, les employé·es ne développeront pas nécessairement de sentiment d'appartenance. Le modèle coopératif permet aux travailleur·euses qui ont une vue d'ensemble sur le terrain de participer plus activement au développement du projet, d'avoir leur mot à dire et d'ainsi se sentir plus impliqué·es. Pour elle, ce travail collaboratif mettant à profit « l'intelligence collective », avec un fonctionnement horizontal, est beaucoup plus souhaitable que le modèle vertical conventionnel. Le Grenier boréal permet ainsi de « pousser cette idéologie » coopérative en Minganie, avec toutes les valeurs de gauche qui l'accompagnent – solidaires, environnementales, etc.

Agriculture boréale

Cultiver des légumes au nord du 50e parallèle comporte son lot de défis et d'enjeux. Par exemple, le type de sol présent à cet endroit sur la Côte-Nord, très sableux, retient moins l'eau et les engrais. Aussi, parce que la saison est tellement courte – la période sans gel ne s'étend que de la mi-juin au tout début d'octobre ! –, la période d'activité biologique l'est également, freinée quand le sol est trop froid. Rendre les sols propices à la production maraîchère est donc un travail de longue haleine.

La fertilisation est en fait un enjeu majeur sur la Côte-Nord, et encore plus en Minganie, en raison du transport et des coûts. Tout sera plus cher et moins facilement accessible. Faire venir un « douze roues » de fumier, par exemple, coûtera environ 800 $, comparativement à moins de 200 $ dans les régions plus au sud. Pour cette raison, plusieurs stratégies sont déployées pour amender les sols avec ce qui est disponible localement – et gratuit. Parmi ces alternatives, il y a l'usage des algues, qui sont ramenées sur la ferme, puis laissées en décomposition pendant l'été afin de pouvoir en faire un fertilisant à épandre à l'automne. De même, le capelan, un petit poisson qui vient s'échouer sur les berges, est ramassé au mois de juin et enfoui dans les sols. Ce genre de savoir provient souvent des aîné·es des communautés locales, qui maintiennent que c'est « le meilleur engrais ».

Des moyens plus techniques pour allonger la saison de maraîchage dans le climat nordique deviennent aussi nécessaires, comme la culture en serre, les « tunnels chenilles » (qui ne sont pas chauffés, mais qui permettent de protéger les légumes) ainsi que l'usage de bâches thermiques. Tout cela amène des coûts de production qui sont beaucoup plus grands qu'ailleurs. Malgré tout, sur ses 0,6 hectare, le Grenier boréal réussit à produire bien plus que les traditionnels « choux, carottes, navets, patates » auxquels les gens des villages nord-côtiers étaient habitués.

Cueillir ce qui est à portée de main

Ce climat boréal de la Minganie représente toutefois un avantage pour d'autres types de cultures. Traditionnellement, c'est la cueillette forestière qui est pratiquée sur le territoire. L'exploitation des ressources non ligneuses permet alors de mettre en valeur ce qui pousse localement, soit les petits fruits nordiques (l'airelle vigne d'Ida – ce que les Innu·es appellent les « graines rouges » –, la camarine, la ronce arctique et la chicoutai). C'est une « escouade » d'environ 80 cueilleur·euses qui sont engagé·es chaque été sur 400 km de long, de Kegaska à Sheldrake.

Ce volet est beaucoup développé en partenariat avec la communauté innue d'Ekuanitshit. Comme le souligne Alex Beaudin : « les aîné·es des communautés allochtones cueillent depuis toujours et les aîné·e·s des communautés autochtones… c'est encore pire, y cueillent des affaires qu'on ne connaît même pas ! »

L'esprit collaboratif de la coopérative prend forme aussi à travers différents projets de recherche menés avec le Centre d'expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB) situé à Baie-Comeau, pour mettre en place des essais de culture des petits fruits nordiques et des procédures de cueillettes responsables, avec des objectifs de protection des ressources.

Semer du changement

À travers ces partenariats, le Grenier boréal entend élargir ses sphères d'activités, en misant de plus en plus sur la formation et l'éducation, non seulement de ses membres, mais aussi des habitant·es de la région. Le volet éducatif se lie à l'agrotourisme, avec l'organisation de visites de la ferme ou encore l'accueil de bénévoles pour travailler aux champs – près de 40 000 heures de bénévolat ont d'ailleurs été offertes au Grenier boréal jusqu'à maintenant, par une centaine de personnes !

L'aspect alimentaire est aussi en développement, en vue d'initier des jeunes de la région à manger des légumes différents. Une collaboration avec l'école primaire de la communauté innue de Nutashkuan, qui souhaite introduire des aliments locaux dans sa cafétéria, prendrait ainsi forme.

Le Grenier boréal apparaît ainsi comme un terreau fertile en innovations, apprentissages et collaborations qui permettent de cultiver, au-delà des légumes et des petits fruits nordiques, des liens de solidarité dans les communautés.

Rose-Aimée Auclair est directrice générale du Grenier boréal ; Alex Beaudin est vice-président et coordonnateur volet forestible du Grenier boréal.

Photos : Adèle Clapperton-Richard

Accès difficile à l’avortement

Au Québec, l'accessibilité des services d'avortement semble acquise sur l'ensemble du territoire. Or, des disparités régionales briment le droit de plusieurs femmes à mettre un (…)

Au Québec, l'accessibilité des services d'avortement semble acquise sur l'ensemble du territoire. Or, des disparités régionales briment le droit de plusieurs femmes à mettre un terme à une grossesse, ce qui porte atteinte à leur droit de contrôler leur corps. Propos recueillis par Mat Michaud.

À bâbord ! : Comment décririez-vous l'accessibilité à l'avortement, tout particulièrement dans une région éloignée comme la Côte-Nord ?

Valérie Tremblay : Je dirais que l'avortement est en fait loin d'être une chose acquise. On a décriminalisé l'avortement au Canada, mais l'accès à ce droit est constamment remis en question et n'est pas protégé adéquatement par la loi. À chaque élection fédérale, c'est un sujet qui revient sur la table. Ça nous fait sentir la précarité de l'accès à l'avortement. Au Québec, dans plusieurs régions, c'est un service très difficile d'accès et on doit encore se battre pour faire prévaloir ce droit-là.

ÀB ! : Quelles sont les principales embûches auxquelles font face les personnes qui souhaitent avoir accès à l'avortement sur la Côte-Nord ?

V. T. : Quand on parle d'avortement sur la Côte-Nord, il est très important de prendre en considération les grandes variations dans l'accès. La Côte-Nord comprend six MRC (soit Caniapiscau, la Haute-Côte-Nord, Manicouagan, la Minganie, Sept-Rivières et Le Golfe-du-Saint-Laurent) et des services d'avortement sont seulement offerts dans deux d'entre elles. On peut aller à l'Hôpital de Baie-Comeau et à celui de Sept-Îles.

Encore là, les interruptions de grossesse se font jusqu'à douze semaines à Baie-Comeau et jusqu'à quinze semaines à Sept-Îles. Après, il faut sortir de la Côte-Nord et se rendre à Québec ou à Montréal. Non seulement deux points de services, c'est loin d'être suffisant pour répondre à la demande, mais aussi, pour nous qui opérons sur le territoire de la Haute-Côte-Nord, on n'a accès à aucun service dans notre MRC.

Sylvie O'Connor : Une des difficultés reliées à l'accessibilité vient du déplacement. Le CISSS rembourse les frais de déplacement après 200 km, mais cette distance n'est pas atteinte pour les femmes de Forestville qui doivent se rendre à Baie-Comeau ou encore celles des Escoumins qui se déplacent vers Chicoutimi. Les frais de déplacement ne sont donc pas couverts. Avec l'augmentation des coûts de l'essence, entre autres, les coûts montent très rapidement.

Pendant un certain temps, le transport scolaire était utilisé pour avoir accès aux services des CLSC en Haute-Côte-Nord, mais le processus d'inscription à ce service était complexe, les horaires ne fonctionnaient pas toujours pour une population adulte, et le contact des adultes avec les enfants utilisant le transport scolaire donnait lieu à des situations inconfortables. D'autres services existent, mais ils s'adressent souvent à des populations très précises, comme les personnes âgées ou les personnes avec une déficience intellectuelle. Ça laisse un trou de service très important.

À cela, on doit ajouter que les transports en commun privés (comme Intercar) ont diminué leur offre de services depuis le début de la pandémie. On est rendu à un trajet par jour, ce qui veut dire qu'une personne qui utilise Intercar pour se rendre à Baie-Comeau devra probablement y passer la nuit. Ça implique des frais d'hébergement, de restaurant, etc. De plus, la personne sera probablement seule, surtout si elle n'a pas de réseau social à Baie-Comeau ou Sept-Îles.

V. T. : Aux frais de déplacement, on peut aussi ajouter la perte de journées de travail payées, donc de revenus. Même si le rendez-vous peut durer seulement une vingtaine de minutes, c'est la journée au complet qui passe dans le transport.

On peut ajouter à tout ça le manque d'information sur des méthodes de contraception efficaces. La pauvreté et les préjugés, ça veut non seulement dire un frein économique et social à l'accès à la contraception, mais aussi un frein à l'accès à l'éducation et l'information.

S. O. : Qui plus est, sur la Côte-Nord tout particulièrement, l'accès à un médecin de famille est particulièrement difficile. À l'exception de Montréal, c'est ici qu'on a le plus bas taux d'inscription au programme, avec seulement 77 % de la population desservie. Si on compare à d'autres régions éloignées comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean (93 %) ou encore la Gaspésie (91 %), c'est beaucoup plus bas. Ce que ça implique, c'est que si tu n'as pas accès à un médecin de famille, il faut que tu te présentes à l'urgence pour avoir accès à un examen et à une référence dans un des deux hôpitaux, pour la pilule abortive ou pour l'avortement chirurgical.

V. T. : Finalement, je dirais que l'autre problématique rencontrée sur la Côte-Nord, c'est la confidentialité. C'est-à-dire que les soins de santé sont souvent prodigués par des personnes connues. Par exemple, la pharmacienne, c'est peut-être ta tante, l'infirmière de l'école, ta cousine… Ça devient difficile de maintenir la confidentialité et certaines personnes préfèrent aller chercher de l'aide à l'extérieur de leur village ou de la région pour cette raison. C'est un facteur qui joue particulièrement sur l'accès aux services pour les adolescentes, puisqu'elles sont beaucoup moins autonomes sur le plan financier et du transport.

ÀB ! : Est-ce qu'il y a des enjeux socioculturels qui freinent l'accès à l'interruption de grossesse ?

V. T. : À ce niveau-là, il y a plusieurs barrières ! La plus importante, je dirais, c'est la pression familiale qui découle, entre autres, de valeurs religieuses. La religion prend encore beaucoup de place sur la Côte-Nord et ça peut se faire sentir quand il est question d'avortement. En effet, l'avortement est encore très mal vu sur le territoire. Souvent, les familles vont pousser pour que la naissance ait lieu, quitte à ce que la mère, la grand-mère ou toute autre personne prenne la charge de l'enfant. Trop souvent, les personnes qui vivent une grossesse non désirée vont manquer d'information, s'isoler et ne seront pas conscientes du choix qui s'offre à elles.

ÀB ! : Quels sont les grands changements qui devraient être mis en place afin de généraliser l'accès à l'avortement et à l'autonomie corporelle sur la Côte-Nord ? Quelles sont les demandes du milieu communautaire et féministe ?

S. O. : À court terme, on souhaiterait que le CISSS reconnaisse l'expertise des Centres de femmes comme ressource vers laquelle diriger les personnes venant pour un avortement. Autrement, bien évidemment, on aimerait que les MRC et les centres de santé trouvent une solution au problème de transport.

À plus long terme, c'est bien beau d'avoir décriminalisé l'avortement, mais on ne doit pas s'arrêter là. Il faut travailler pour pérenniser ce droit qui n'est toujours pas encadré par une loi. Sans ça, à chaque élection, ça reviendra sur la table. Il faut se battre pour que le terrain gagné par les féministes dans la bataille pour l'accès à l'avortement ne soit pas perdu.

ÀB ! : Quelles sont les initiatives en place sur la Côte-Nord afin de pallier ces problèmes ?

V. T. : Sur la Côte-Nord, le programme des Passeuses (voir autre article du dossier) vise à outiller les personnes qui font la demande de services en avortement. On fait autant de l'éducation que de l'accompagnement, avant, pendant et après l'avortement. On oublie souvent le « après ». Il n'existait pas de service pour supporter les personnes ayant reçu un avortement. Dans le cas des adolescentes, c'est rare qu'elles se sentent à l'aise d'en parler à un parent, c'est donc important qu'elles aient quelqu'un à qui parler. Cela dit, notre approche est pro-choix, ce qui veut dire que si la personne souhaite être accompagnée, elle peut en faire la demande, mais si elle veut juste de l'information, on lui en donne sans pression. On va respecter son choix et ses besoins.

S. O. : Le programme des Passeuses, c'est une première en matière d'éducation à l'autonomie corporelle. Quatre centres de femmes de la région (ceux de Sacré-Cœur, de Forestville, de Baie-Comeau et de Sept-Îles) ont été formés et ça nous permet maintenant d'augmenter significativement l'offre de services.

Valérie Tremblay et Sylvie O'Connor sont intervenantes au Centre des Femmes de Forestville.

Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent

POUR AVOIR ACCÈS À DES SERVICES EN AVORTEMENT SUR LA CÔTE−NORD :
Hôpital Le Royer 635, boul. Joliet, Baie-Comeau
RDV : 418 589-3701 # 302546
Hôpital de Sept-Îles 45, rue du Père-Divet, Sept-Îles
RDV : 418 962-9761 # 452752

Aire protégée d’initiative autochtone au Pipmuakan

Atiku, le caribou forestier, est une espèce sacrée pour les Innu·es. Il connait un déclin tragique sur le territoire dit du Québec depuis plusieurs décennies. La communauté de (…)

Atiku, le caribou forestier, est une espèce sacrée pour les Innu·es. Il connait un déclin tragique sur le territoire dit du Québec depuis plusieurs décennies. La communauté de Pessamit propose un plan de protection de l'espèce afin de sauver les populations menacées d'extinctions et préserver l'innu-aitun, leur culture.

En 2020, le Conseil des Innus de Pessamit dépose le projet d'aire protégée Pipmuakan auprès du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) pour contribuer à l'atteinte de la cible de 17 % d'aires protégées terrestres. Notre proposition de 2761 km2, soit 0,18 % de la superficie terrestre du Québec, est localisée près du réservoir du même nom, à environ 150 km au nord-est de la ville de Saguenay, sur notre terre ancestrale, le Nitassinan.

Grâce au statut de réserve de biodiversité, ou encore à celui d'aire protégée d'initiative autochtone (pour en savoir plus à ce sujet, voir le texte suivant), le projet du Pipmuakan vise à protéger les derniers massifs de forêts intacts dans le secteur afin d'y préserver notre patrimoine culturel ainsi que l'habitat du caribou forestier, qui sont tous deux menacés. Le projet inclut aussi la rivière Betsiamites (Pessamiu Shipu), une rivière patrimoniale qui a joué un rôle crucial dans l'histoire de notre communauté.

Bien qu'au même moment, le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) déclare dans son rapport d'inventaire que le caribou du Pipmuakan « est dans un état extrêmement précaire », notre projet d'aire protégée n'est pas retenu.

En février 2021, le MELCC modifie sa Loi sur la conservation du patrimoine naturel pour y introduire le nouveau statut d'aire protégée d'initiative autochtone. Dix-huit mois plus tard, aucune nouvelle du gouvernement, mis à part un accusé de réception qui nous indique que l'analyse des projets d'aires protégées se poursuivra dans le cadre des nouveaux objectifs à atteindre d'ici 2030.

Pour le Pipmuakan, c'est aujourd'hui qu'il faut agir. Les taux de perturbation dans l'habitat essentiel du caribou forestier ne cessent de s'accroître, réduisant de jour en jour nos probabilités de maintenir l'espèce, ainsi que le lien fondamental qui nous unit à Atiku (caribou, en innu-aimun).

Culture en péril

Devant la dégradation de notre terre ancestrale, le déclin de sa biodiversité et de notre culture qui y est intimement associée, puis devant le non-respect du gouvernement envers nos droits ancestraux et ses obligations constitutionnelles de consultation et d'accommodement, nous devons agir. Agir pour nous réapproprier notre terre et notre culture afin d'éviter notre propre disparition.

Le projet d'aire protégée Pipmuakan a donc été créé par et pour les Pessamiulnuat (Innu·es de Pessamit), pour assurer notre survie culturelle et la vitalité de notre communauté. Rappelons que nos membres ont été durement éprouvé·es au cours du dernier siècle et qu'ils et elles le sont encore avec les impacts cumulatifs du développement continu dans notre territoire, mené sans égard à nos préoccupations. Un développement dont notre communauté ne tire aucun bénéfice.

Rétablissement et réconciliation

Le Pipmuakan est un refuge pour Atiku. Il est aussi un lieu névralgique pour la transmission et le partage de notre culture, un lieu de ressourcement et de guérison pour nos membres, un lieu de développement de notre savoir et de notre expertise. Il permet aussi un lien d'éducation, de recherche et d'alliance entre les savoirs innus et scientifiques.

Depuis plusieurs années, nous y déployons des efforts considérables pour y maintenir et y préserver notre culture. Nous y avons développé notre propre programme de suivi pour le caribou. Nous travaillons en collaboration avec les équipes de suivi du MFFP ainsi qu'avec de nombreux chercheur·es afin d'accroître nos connaissances sur l'espèce, la biodiversité qui y est associée et les mesures d'interventions optimales pour les protéger. À travers toutes ces démarches, nous développons nos capacités afin d'assurer la gestion et la gouvernance de cette future aire protégée. De plus, nous travaillons à mettre en valeur ce territoire afin d'assurer des retombées pour notre communauté, des retombées qui seront bénéfiques pour l'ensemble de la société.

Le projet d'aire protégée Pipmuakan constitue une solution clés en main pour contribuer au rétablissement du caribou au Québec, ainsi qu'à la réconciliation entre nos peuples.

Marie-Hélène Rousseau est ingénieure forestière, M. Sc. et conseillère en gestion intégrée des ressources forestières au Secteur Territoire et Ressources, Conseil des Innus de Pessamit.

Illustration : Emilie Pedneault

Protégeons la terre et les sites naturels sacrés innus

UAPASHKUSS – qui signifie ourson blanc en innu-aimun – est un groupe autochtone basé à Uashat mak Mani-Utenam. Composé de guides spirituel·les et d'aîné·es, le collectif œuvre (…)

UAPASHKUSS – qui signifie ourson blanc en innu-aimun – est un groupe autochtone basé à Uashat mak Mani-Utenam. Composé de guides spirituel·les et d'aîné·es, le collectif œuvre avec des ressources et savoirs innus à la protection de sites sacrés sur le territoire ancestral, mais aussi à la transmission du patrimoine culturel [1].

Les peuples et communautés autochtones entretiennent depuis longtemps des relations avec la nature, fondées sur des systèmes de connaissances et des pratiques qui reconnaissent et respectent l'environnement spirituel dans lequel ils vivent. Ils ont attribué une signification particulière à des zones naturelles spécifiques comme les montagnes, les rivières, les lacs et les forêts, conformément à leurs croyances [2]. Les « zones de terre ou d'eau ayant une profonde importance spirituelle pour les peuples et les sociétés » sont définies comme des sites naturels sacrés par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) [3]. Ces sites naturels sacrés ainsi que les droits et les responsabilités des peuples autochtones à l'égard de ces lieux sont reconnus tant au Canada qu'à l'international, avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) et la Convention sur la diversité biologique (CDB).

Patrimoine naturel et culturel

Depuis neuf ans, les membres de UAPASHKUSS, tous·tes gardien·nes de sites naturels sacrés, ont travaillé à identifier, documenter et cartographier huit de ces sites. Cinq sont situés sur la Côte-Nord et trois au Labrador. Pour ce faire, UAPASHKUSS a consulté des aîné·es, des membres des communautés innues de Uashat mak Mani-utenam et de Matimekush-Lac John, des chefs et conseillers de la Nation innue, des acteur·trices du milieu environnemental, des organisations autochtones et allochtones ainsi que des membres des gouvernements locaux et régionaux.

Cette série de sites naturels sacrés fait partie du Chemin des Innus, qui a permis à notre peuple d'aller vers ses territoires de chasse en passant par des rivières, des portages, des montagnes et des lacs. Le but ultime de ce long voyage, qui suivait les saisons, était de rencontrer le caribou afin d'assurer l'existence de notre peuple nomade. Pour se rendre de la côte vers le nord, jusqu'à nos terres ancestrales, il fallait passer par de nombreux pakatakan – le mot innu pour portages. Les portages sont des routes profondes tracées par nos ancêtres innu·es à pied, en canot, en raquettes ou en toboggan. Nous considérons les portages et les sites qu'ils relient comme sacrés. Ils reflètent notre identité et notre culture. Puisqu'ils ont été parcourus par nos ancêtres, ils sont des témoignages de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de notre lien intégral à la nature. Les légendes, les récits de vies, les souvenirs, les cérémonies et les connaissances liés à ces sites et aux portages qui les relient sont transmis à nos jeunes [4] et confirment que les modes de connaissance et de vie innus sont vivants aujourd'hui.

Les huit sites naturels sacrés identifiés par UAPASHKUSS sont situés dans la forêt boréale et la toundra arctique, dans des habitats écologiquement intacts qui sont le résultat des pratiques millénaires de gestion traditionnelle de ces terres par les Premières Nations innues. Avec les bassins des rivières Moisie et George – deux des plus grands milieux aquatiques protégés du Québec –, ces sites sacrés font également partie d'un corridor biologique ininterrompu. Ils méritent d'être reconnus et protégés afin d'assurer la pérennité de notre patrimoine bioculturel et spirituel associé à la Terre, au caribou et au mode de vie circulaire des Innus, afin d'ainsi renforcer notre identité.

Pour cela, UAPASHKUSS a entamé une étroite collaboration avec la Société pour la nature et les parcs (SNAP-Québec). Ensemble, ils ont créé le projet Pakatatan, visant la reconnaissance et la protection des huit sites naturels sacrés innus identifiés par UAPASHKUSS, y compris les sentiers de portage qui les relient.

Aires protégées d'initiative autochtone

Depuis 2019, cette collaboration entre UAPASHKUSS et SNAP-Québec s'est poursuivie à travers l'organisation d'une série de consultations et d'activités pour développer des relations avec des représentant·es d'organisations autochtones, d'organismes gouvernementaux et d'autres acteur·trices aux niveaux local, régional, national et international, afin de promouvoir l'importance de la protection des sites naturels sacrés innus.

En 2020, un processus de consultations spéciales a été organisé au Québec dans le cadre de la révision de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel par le gouvernement du Québec. Cette révision représentait une occasion unique d'ajouter un statut d'aires protégées qui reconnaîtrait les particularités de la conservation menée par les peuples autochtones. Nous considérions qu'un tel statut permettrait de reconnaître les sites naturels sacrés innus comme des aires protégées. La SNAP-Québec et UAPASHKUSS ont donc travaillé ensemble pour soumettre un mémoire et mobiliser d'autres organisations autour de la question d'une nouvelle catégorie d'aire protégée d'initiative autochtone, visant les sites naturels sacrés [5]. Un statut d'aire protégée d'initiative autochtone (APIA) a finalement été inclus dans la révision de la loi. L'APIA permet donc la reconnaissance des savoirs autochtones dans la conservation et la protection des sites naturels sacrés.

UAPASHKUSS et la SNAP-Québec ont par la suite fait un pas de plus dans leur collaboration en s'associant aussi avec l'Innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam (ITUM) afin de coordonner leurs efforts vers la mise en place d'une aire protégée innue sur le territoire.

Le gouvernement provincial annonçait aussi la désignation en 2020 d'un territoire de 30 000 km2 au Nunavik comme réserve de territoire aux fins d'aire protégée, dans laquelle était inclus un site sacré identifié par UAPASHKUSS. Depuis, trois des cinq sites sacrés situés sur la Côte-Nord sont légalement protégés. Les futurs travaux de UAPASHKUSS consisteront maintenant à demander la désignation d'aire protégée d'initiative autochtone (APIA) pour les sites sacrés restants. Pour y parvenir, l'équipe de UAPASHKUSS et ses partenaires se concentreront sur la poursuite des concertations, le lancement de campagnes de sensibilisation, puis la mise en œuvre des actions proposées suite aux consultations tenues avec les membres et leaders autochtones locaux ainsi que les autres gouvernements locaux et régionaux. D'autres actions seront aussi menées : visites des sites, documentation et finalement rédaction d'une proposition pour l'obtention du statut d'aire protégée d'initiative autochtone (APIA) pour tous les sites naturels sacrés innus identifiés afin qu'ils puissent obtenir un statut légal au Québec.

Collaborations internationales

UAPASHKUSS s'est impliqué dès 2013 dans des initiatives autochtones de conservation des sites sacrés. Avec des représentant·es de douze pays différents, le groupe a participé, à Rovaniemi et à Pyhätunturi en Finlande, à la rédaction d'une déclaration sur La reconnaissance et la sauvegarde des sites sacrés des peuples autochtones dans les régions septentrionales et arctiques. Cette déclaration est une initiative importante qui démontre la nécessité d'une action commune centrée sur les savoirs autochtones pour identifier, protéger, promouvoir, et reconnaître les sites sacrés, et assurer la transmission de la culture et de l'identité autochtones à travers ces lieux.

En mai 2019, UAPASHKUSS a également participé activement à l'élaboration de la Déclaration régionale nord-américaine sur la diversité bioculturelle lors d'une conférence tenue à Montréal et réunissant plusieurs organisations d'Amérique du Nord. Cette déclaration rassemble des recommandations adressées à la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies.

Conservation de la biodiversité et transmission des savoirs

Tous ces outils et actions mis en place par UAPASHKUSS contribueront à préserver notre patrimoine culturel, spirituel et naturel, et à le protéger des multiples impacts qui affectent les sites sacrés et leur diversité bioculturelle. Selon la Déclaration régionale nord-américaine sur la diversité bioculturelle, ces impacts incluent entre autres les changements environnementaux et climatiques, le tourisme, les industries extractivistes, ainsi que les politiques coloniales. La protection des sites sacrés innus nécessite de reconnaître la transmission de notre histoire et de notre savoir innu pour le maintien de notre identité culturelle et la conservation de la biodiversité de ces lieux.

Le travail d'UAPASHKUSS en collaboration avec ses partenaires souligne l'importance des systèmes de gouvernance et de conservation dirigés par les autochtones ainsi que de la reconnaissance de nos savoirs pour la préservation des sites naturels sacrés. Il est essentiel d'avancer ensemble dans la conservation bioculturelle de notre environnement pour les générations actuelles et futures, et pour honorer nos ancêtres.


[1] Ce texte s'appuie sur une version antérieure publiée en anglais dans la revue Nordicum-Mediterraneum, vol. 17, no 3, 2022. En ligne : https://nome.unak.is

[2] Liljeblad, J., & Verschuuren, B. (2019). Indigenous Perspectives on Sacred Natural Sites. Culture, Governance and Conservation. Routledge.

[3] Wild, R. and McLeod, C. (2008). Sacred Natural Sites : Guidelines for Protected Area Managers, Best Practice Protected Area Guidelines Series, p. 7.

[4] Vollant, T. (2011). Ka Kushpian- Mon voyage. Short film, 3'40'', produced by Wapikoni Mobile. https://vimeo.com/154909234

[5] Société pour la nature et les parcs du Canada – Section Québec (SNAP Québec) (2020). Mémoire présenté à la Commission des Transports et environnement dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi no 46 : Loi modifiant la Loi sur la conservation du patrimoine naturel. 70 p. et Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam (ITUM) (2020). Mémoire quant au projet de loi 46. Mémoire déposé par Innu Takuaikan Uashat mak.

Dolorès André est membre du groupe UAPASHKUSS.

Photo : Dolorès André

1 000 enfants ont subi des amputations sans anesthésie à Gaza

28 décembre 2023, par Rédaction-coordination JdA-PA
Quelque 1 000 enfants ont été amputés de membres sans anesthésie dans la bande de Gaza depuis le début de sa campagne de bombardements brutale par Israël le 7 octobre, a (…)

Quelque 1 000 enfants ont été amputés de membres sans anesthésie dans la bande de Gaza depuis le début de sa campagne de bombardements brutale par Israël le 7 octobre, a déclaré le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Il a ajouté qu’autoriser la poursuite des bombardements sur Gaza (...)

Guerre en Ukraine. La grande régression

Comprendre la guerre en Ukraine ne devrait pas poser de problème : il y a un agresseur et un agressé, une brute et une victime, voilà tout. Malgré cela, on constate qu'il (…)

Comprendre la guerre en Ukraine ne devrait pas poser de problème : il y a un agresseur et un agressé, une brute et une victime, voilà tout. Malgré cela, on constate qu'il s'agit en vérité d'une histoire très compliquée, entrainant des explications innombrables et contradictoires.

De nombreuses questions laissent perplexe. Comment arrêter les massacres et la destruction en Ukraine sans entrer dans une surenchère guerrière ? Vladimir Poutine porte-t-il à lui seul l'entière responsabilité de cette invasion ? Aurait-il été possible de le stopper ? Comment entrevoir la paix ?

Une invasion plus prévisible qu'on le croyait

Le seul sujet de l'OTAN a soulevé une importante controverse : en faisant toujours planer la possibilité d'une adhésion de l'Ukraine à cette alliance militaire, n'a-t-on pas provoqué l'ours, de façon imprudente, voire désinvolte ? C'est l'avis de David Mandel, professeur de sciences politiques retraité, qui reconnaît une responsabilité à l'OTAN et à tous les pays qui le soutiennent, dont le Canada, pour avoir refusé de proposer à l'Ukraine une neutralité à l'autrichienne (empêchant les alliances militaires et la présence de bases militaires étrangères sur son sol). Selon lui, dans son article « La guerre en Ukraine : la vérité est le tout », publié par plusieurs médias indépendants, « ni l'OTAN ni Kiev n'ont voulu prononcer les mots qui auraient certainement évité la guerre : l'Ukraine ne deviendra pas membre de l'OTAN ».

Cette idée est réfutée, entre autres, par deux biographes de Poutine selon lesquels le président russe chercherait, d'abord et avant tout, à reconstruire l'espace géographique de l'empire soviétique, sous le contrôle de la Russie. Ainsi, la seule existence d'un régime pro-européen et démocratique à sa frontière — avec toutes les failles que ce système peut avoir, en Ukraine particulièrement, ou ailleurs — serait un mal qu'il fallait éradiquer, avec ou sans l'OTAN dans le portrait.

Selon Vladimir Fédorovski, auteur de Poutine, l'itinéraire secret, « Vladimir Poutine se prend pour le continuateur de la grandeur russe, celle des grands tsars de Saint-Pétersbourg et celle de l'URSS forgée dans la lutte contre les nazis ». Ainsi, sans qu'il soit question de l'OTAN, l'auteur entrevoyait déjà en 2014 (l'année de la publication de l'ouvrage) la menace d'une confrontation avec ses conséquences, des réfugié·es qui déferleront « en Russie, mais aussi au moins en Pologne ».

Michel Eltchaninoff, auteur de Dans la tête de Vladimir Poutine, publié dans une nouvelle édition après le début de la guerre, abonde dans le même sens, avec plus de précision. Selon lui, l'invasion de l'Ukraine « était inscrite depuis de nombreuses années » dans les discours et les déclarations de Poutine, dont il retrace minutieusement le parcours. Évoquer l'OTAN est un « piège » et pour le président russe, un « simple prétexte » pour envahir l'Ukraine. L'invasion de ce pays était en fait un projet qui mijotait depuis longtemps et qui a été retardé à cause des contraintes imposées par la COVID-19.

Toujours selon Elchaninoff : « Vladimir Poutine ne raisonne plus (l'a-t-il jamais fait ?) en termes utilitaristes, étudiant les conséquences de ses actes pour sa population. Il sait que son pays va être confronté à la réprobation mondiale et à des sanctions massives qui plongeront les Russes, enfermés derrière un nouveau rideau de fer, dans la misère et l'effroi. Mais dans son esprit, dire c'est faire : il se veut conséquent par rapport à sa vision patiemment forgée de l'histoire du monde, de la Russie, de l'Ukraine. L'entrée en guerre a été préparée, sans doute depuis des années. »

Négocier, mais comment ?

Si la guerre en Ukraine était une catastrophe annoncée, comme le prétendent ces auteurs, et qu'on n'a rien accompli de sérieux pour l'empêcher, il faut maintenant trouver le moyen d'y mettre fin sans avoir recours à une logique guerrière qui viendrait empirer la situation. Le contact diplomatique avec Poutine, même si ce dernier semble toujours aussi obstiné dans son entreprise, est un fil qu'on ne doit pas rompre, aussi ténu soit-il.

Mais que faut-il négocier, au juste, si un jour Poutine se montre enfin prêt à entendre une autre position que la sienne ? L'intellectuel Noam Chomsky, dans une entrevue avec le journaliste Jeremy Scahill sur le site de The Intercept, propose une neutralité non pas comme celle de l'Autriche, mais comme celle du Mexique devant les États-Unis : une souveraineté avec comme seule limite l'adhésion à de grandes alliances militaires. Il suggère de remettre à plus tard la question délicate de la Crimée. Et dans la région du Donbass, il défend l'organisation d'un référendum, supervisé par des représentants de plusieurs pays, afin que la population puisse décider de son adhésion soit à la Russie soit à l'Ukraine. Chomsky en profite pour blâmer les États-Unis et leur refus net de négocier, parce que cette guerre est entièrement à leur avantage, puisqu'elle affaiblira de beaucoup un adversaire coriace.

Le défi n'est pas seulement d'asseoir Poutine à la table des négociations, mais de lui faire entendre raison. Cet homme semble penser de façon différente, comme un individu d'un autre siècle, rêvant d'expansion territoriale, alors que beaucoup d'autres pays savent que la véritable guerre du 21e siècle est celle du soft power, de la domination économique et culturelle, beaucoup plus rentable à tous les points de vue, ce que les États-Unis ont bien compris, malgré certaines défaillances — qui semblent en fait superficielles. La façon anachronique de considérer la puissance étatique dans l'esprit de Poutine est bien exprimée par l'écrivain Jonathan Littell, dans une entrevue au journal Le Monde, début mars : « son pouvoir est entièrement fondé sur la violence : pas juste sa menace, mais son usage systématique. C'est la seule façon dont il sait se comporter. » Comment répondre autrement que par le langage de la violence à un homme qui ne comprend que celui-ci ? Voilà un des plus grands défis posés par Poutine.

Un appui très discret

Si les pays occidentaux se sont rapidement unis contre la Russie, il en va autrement des pays du Sud et de la Chine, plus hésitants. Tant Chomsky, que le journaliste Alain Gresh dans Le Monde diplomatique du mois de mai, que le philosophe Slavoj Žižek en donnent des explications : ces pays refusent d'appuyer le bloc occidental qui leur a tant fait subir les effets de la colonisation ; ils n'apprécient pas l'attitude « deux poids deux mesures » des États-Unis, prêts à accuser les autres de crimes de guerre, mais incapables de reconnaître ceux qu'ils ont commis ; ils voient les démonstrations d'un racisme non avoué qui rend acceptables en Occident les réfugié·es d'origine européenne, mais beaucoup moins ceux et celles d'autres pays. Žižek, dans un article publié dans L'Obs, affirme ressentir de la honte devant l'attitude ségrégationniste de ses compatriotes slovènes.

Pour se sortir d'un lourd passé de domination et d'exploitation, et recueillir l'appui d'un nombre beaucoup plus grand de pays contre la Russie, Žižek propose de repenser en profondeur les rapports Nord-Sud : « Notre véritable tâche est de convaincre les pays du tiers-monde que, face à nos problèmes mondiaux, nous pouvons leur offrir un meilleur choix que la Russie ou la Chine. Et la seule façon d'y parvenir est de nous changer nous-mêmes bien au-delà du politiquement correct post-colonialiste, d'extirper impitoyablement de nous toutes formes de néocolonialisme, même celles qui sont masquées en aide humanitaire. »

En attendant, il est particulièrement douloureux d'observer les conséquences de la guerre en Ukraine. Les pays se réarment dans une logique de dissuasion guerrière et l'OTAN s'attire de nouvelles candidatures. Une véritable catastrophe environnementale a cours, un monumental gaspillage d'énergie, alors qu'il faut combattre le réchauffement climatique. Et surtout, les morts s'accumulent, les massacres, la destruction… Le plus difficile est de rester impuissant·e devant cette guerre, devant les autres guerres qui ont cours actuellement, mais dont on parle trop peu.

DES INTERVENTIONS IMPÉRIALES BRUTALES
La lecture du dernier roman de Mario Vargas Llosa, Temps sauvage, permet de faire des liens troublants entre la situation du Guatemala pendant les années 1950 et celle de l'Ukraine aujourd'hui. Dans les deux cas, une superpuissance s'est attaquée à un pays démocratique, a justifié son intervention par une propagande grotesque (l'invention pure et simple d'une menace communiste dans le cas du Guatemala) et a créé le chaos, avec de la violence, de la grande misère et un mépris total pour les droits humains. Les États-Unis ont toutefois eu la possibilité de sous-traiter leur contre-révolution et de laisser aux brutes locales la tâche de réprimer dans la violence. Ils ont aussi eu le sombre mérite d'avoir remporté une victoire totale, soumettant les Guatémaltèques à une instabilité tragique dont le pays ne se s'est jamais remis. Tout cela pour satisfaire la volonté d'une grande compagnie étatsunienne, la United Fruit, qui n'acceptait pas qu'elle soit soumise à des lois, qu'elle paie des impôts, que ses employé·es se syndiquent.

Illustration : Le bon, la brute et le truand (Alan, CC BY-NC-SA 2.0)

États-Unis : ampleur et conséquences des ententes 2023 dans l’automobile

24 décembre 2023, par Ronald Cameron
Ronald Cameron, à partir Labor Notes, Democracy Now et Jacobin Les membres du syndicat UAW (United Auto Workers) des usines des trois grands constructeurs automobiles des (…)

Ronald Cameron, à partir Labor Notes, Democracy Now et Jacobin Les membres du syndicat UAW (United Auto Workers) des usines des trois grands constructeurs automobiles des États-Unis (GM, Ford et Stellantis) ont accepté les ententes conclues fin octobre entre les « Big Three » et leurs (...)

Michel Gauthier (1949-2023)

24 décembre 2023, par Yvan Perrier — , ,
Michel Gauthier n'est plus. Ma première rencontre avec Michel remonte en 1961. C'était à Ville La Salle, à l'École Sainte-Catherine Labourée plus précisément. Michel était en (…)

Michel Gauthier n'est plus.

Ma première rencontre avec Michel remonte en 1961. C'était à Ville La Salle, à l'École Sainte-Catherine Labourée plus précisément. Michel était en 7ième année et moi en 3ième. Entre lui et moi il y avait une grande différence d'âge. Michel faisait partie des « grands » de l'école et moi, j'appartenais à la catégorie des « petits ». Nos heures de récréation du matin et de l'après-midi n'étaient pas les mêmes. Je me rappelle de mon premier souvenir qui me rapporte à lui. Du haut de ma salle de classe, je voyais à travers la fenêtre ouverte, les « grands » jouer au basketball dans la cour d'école. Je l'ai ensuite revu, quelques années plus tard, quand il travaillait à la Kruger. Je savais, grâce au frère d'un de mes amis qui oeuvrait également dans cette entreprise, que Michel était très impliqué dans le syndicat ouvrier de la boîte. Je l'ai ensuite recroisé par hasard au célèbre 1001 Saint-Denis. Michel était, si je ne m'abuse, conseiller syndical à la Fédération des travailleurs du papier (FTPF) et moi, étudiant en science politique à l'UQAM, je militais au Mouvement d'action chômage. Michel Chartrand, président à l'époque du Conseil central de Montréal, nous offrait gratuitement un immense local pour accompagner les chômeuses et les chômeurs dans leur démarche auprès de la Commission d'assurance-chômage. Michel Chartrand exigeait une seule chose en retour de notre part. Que nous acceptions les sans-emploi sans égard pour leur appartenance syndicale. J'ai revu par la suite Michel Gauthier quand il était président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de la CSN. C'est lors du congrès de la CSN de 1982, le premier congrès auquel j'ai assisté en tant que délégué officiel du Syndicat des professeurs du Cégep du Vieux Montréal, que j'ai renoué contact avec lui.

Michel a eu une longue carrière à la CSN, qui va de militant dans son syndicat d'entreprise, à délégué dans les instances de sa fédération, à conseiller syndical, à président du STT-CSN et last but not least, rien de moins que secrétaire-général de la centrale.

Michel est issu du système du Rank and file. Il a gravi chacun des échelons qui vont de son syndicat d'appartenance jusqu'au poste d'officier de la centrale. Pour un gars de La Salle, c'est un parcours remarquable.

Repose en paix maintenant Michel.

Yvan Perrier

23 décembre 2023

21h

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8e Conférence mondiale de LVC : Sous le signe de la souveraineté alimentaire et de la diversité

23 décembre 2023, par Kalya Nzesseu
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Kalya Nzesseu Le mouvement paysan international La Via Campesina (LVC) a tenu sa 8e Conférence internationale du 1er au 8 décembre à Bogotá. Plus de 500 délégué.es de 81 pays et 182 organisations paysannes étaient présents à cette première rencontre depuis la pandémie, qui marque aussi le 30e (...)

Envoi massif de cartes postales au bureau de l’Immigration

23 décembre 2023, par Marc Simard
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L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Dans le cadre de la journée internationale des migrants, le Centre des Travailleuses et des Travailleurs Immigrant.e.s (CTTI) du Bas-Saint-Laurent a inonder le bureau du ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, de cartes postales (...)

La famille milliardaire Lalji menace ses travailleurs qui espèrent obtenir un salaire décent

23 décembre 2023, par West Coast Committee
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Les travailleurs de l'hôtel Sheraton de l'aéroport de Vancouver sont en grève depuis le 14 juin, dans le cadre d'un bras de fer avec la famille Lalji, oligarque milliardaire de l'immobilier. Les grévistes du Sheraton poursuivent leur piquetage et leur appel au boycott s'étend aux hôtels (...)
Contre-manifestation à la défense des jeunes trans - Laissez les enfants s'épanouir! 21 octobre 2023

Contrer la banalisation et l’instrumentalisation des droits humains

22 décembre 2023, par Revue Droits et libertés

Contre-manifestation à la défense des jeunes trans - Laissez les enfants s'épanouir! 21 octobre 2023

Éditorial

Retour à la table des matières Droits et libertés, automne 2023 / hiver 2024

Alexandra Pierre, Présidente de la Ligue des droits et libertés Le 10 décembre 2023, la Déclaration universelle des droits de l’homme (sic) (DUDH) célèbre ses 75 ans. Ce document majeur, référence incontournable quand il s’agit de droits humains, affirme la dignité intrinsèque de chaque être humain et l’égalité en droits de tous et toutes. Dans les divers instruments relatifs aux droits humains, on souligne le fait que d’énoncer formellement ces droits n’est certainement pas suffisant. Il est nécessaire que les États honorent leurs obligations de les respecter, les protéger et de les mettre en oeuvre. En bref, que les États soient non seulement imputables, mais responsables des droits humains. [caption id="attachment_18681" align="alignright" width="448"]Contre-manifestation à la défense des jeunes trans - Laissez les enfants s'épanouir! 21 octobre 2023 Contre-manifestation à la défense des jeunes trans - Laissez les enfants s'épanouir! 21 octobre 2023[/caption] Dans ces instruments internationaux, la notion d’interdépendance est aussi incontournable : les différents droits sont liés les uns aux autres, et les progrès ou reculs sur certains droits ont un impact sur les autres droits. De même, on insiste sur le caractère indivisible des droits : les droits humains forment un ensemble cohérent qu’il faut défendre dans sa globalité, pas un menu à la carte dans lequel on prélève ce qui nous est utile. Or, on observe une certaine banalisation, une instrumentalisation du cadre de référence des droits humains, et une mise en opposition de certains droits, à tort. Ces tendances mettent à mal les principes d’universalité, d’indivisibilité et d’interdépendance, et les obligations des États en matière de droits humains. À l’automne 2023[1], les communautés trans luttant pour le respect de leurs droits ont été la cible de dérapages dans le cadre des mobilisations de personnes opposées aux enseignements de la diversité sexuelle et de genre dans les écoles. Ces tentatives de fragmenter les droits et de les mettre en opposition les uns aux autres ne sont pas une nouveauté : les droits de l’enfant contre la liberté de conscience et de religion ; les droits des parents contre le droit à l’égalité et l’interdiction de discrimination fondée sur l’identité sexuelle et de genre ; le droit à la sécurité des enfants et adolescent-e-s trans et non binaires contre la liberté d’expression des personnes opposées à l’enseignement de la diversité, etc. Pourtant, l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance des droits doivent être prises en compte et servir de grille d’analyse pour jauger des impacts d’une politique, d’une opinion ou d’une revendication sur les personnes et les communautés, tout en tenant compte du contexte social et de l’exclusion subie par certains groupes. Ainsi, invoquer la protection des enfants ou l’autorité parentale pour s’opposer à l’éducation sur les identités de genre et l’orientation sexuelle dans les écoles ne tient pas la route… La Convention relative aux droits de l’enfant (CRDE), ratifiée par le Québec et le Canada en 1991, souligne que les enfants sont des titulaires de droits à part entière, que ces enfants doivent pouvoir exercer leurs droits dans tous les aspects de leur vie, pas seulement à travers leurs parents ou tuteur-trice-s. Bien que les parents soient titulaires d’une autorité parentale, l’enfant lui-même a des droits, incluant le droit à la vie, au développement mental, émotionnel, cognitif, social et culturel, et le droit à l’éducation. Dans une observation développée sur la même Convention, les États parties conviennent que l’éducation de l’enfant doit lui inculquer le respect des droits et libertés fondamentales, et des principes consacrés dans la Charte des Nations unies. De même, l’article 10 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne interdit toute discrimination fondée sur l’identité ou l’expression de genre, de même que sur l’orientation sexuelle. Les personnes trans et non binaires sont titulaires de droits et ne peuvent être discriminées sur la base de leur genre. Bien que les parents puissent avoir en toute légitimité une opinion sur ce qui devrait être enseigné ou pas, et exprimer celle-ci, le climat des manifestations de septembre 2023, les fausses informations circulant sur les cursus scolaires et la soi-disant l’idéologie de genre contribuaient à exacerber la transphobie. Encore une fois, les droits humains ne sont pas une option et ils sont garantis à tous et toutes. Ils ne peuvent être applicables selon la tête du client ou au gré du vent. Les droits humains ne sont surtout pas des obstacles à la bonne morale, au gros bon sens, à la possibilité de s’exprimer ; ils incarnent des balises pour le respect de la dignité de toutes et tous. Si on en revient au rôle des États, les droits humains ne devraient pas dépendre de volonté individuelle ou de la majorité, ou encore, de la possibilité d’y croire ou pas. Dans le même sens, les droits à l’égalité, à la dignité et à la sécurité des personnes trans et non binaires ne sont pas une question de croyance ou de choix individuel ou parental. Le Canada et le Québec ont des obligations en ce sens par leur ratification des instruments comme la DUDH et la CRDE. Il faut admettre qu’il reste encore du pain sur la planche pour éduquer tout un chacun aux questions de genre et que la cadence sur ce plan doit s’accélérer. Les discussions peuvent être un moment intéressant d’apprentissage collectif, notamment sur l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance des droits. Comme dans bien des cas, l’actualité nous offre une occasion de dialogues, mais cela doit se faire sans compromettre les droits et la dignité des personnes concernées. Les droits ont beaucoup évolué depuis 1948, année de l’adoption de la DUDH, et ils sont appelés à poursuivre leur évolution. Il est plus nécessaire que jamais de contrer ces phénomènes de banalisation et d’instrumentalisation des droits humains pour poursuivre notre route collectivement vers une société respectueuse des droits et explicitement opposée aux discours transphobes et autres formes d’exclusion sociale et de discrimination.
[1] Ligue des droits et libertés, Déclaration, La Ligue des droits et libertés préoccupée par la montée de la transphobie, 21 septembre 2023. En ligne : https://liguedesdroits.ca/la-ligue-des-droits-et-libertes-preoccupee-par-la-montee-de-la-transphobie/

L’article Contrer la banalisation et l’instrumentalisation des droits humains est apparu en premier sur Ligue des droits et libertés.

Les travailleurs de Pete’s Frootique demeurent inébranlables malgré l’obstruction de la direction

21 décembre 2023, par Southern Ontario Committee
Alors que les travailleurs de Pete's Frootique à Halifax approchent leur deuxième mois de grève, des piquets d'information ont été organisés à travers le Canada par la section (…)

Alors que les travailleurs de Pete's Frootique à Halifax approchent leur deuxième mois de grève, des piquets d'information ont été organisés à travers le Canada par la section locale 2 de l'Union internationale des employés de service (UIES). Les piqueteurs arboraient des pancartes ornées (...)

Coupe en altitude dans les Chic-Chocs : Une coalition en demande l’arrêt

21 décembre 2023, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Une coalition de groupes environnementaux composée de Environnement Vert Plus, du Comité de protection des monts (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Une coalition de groupes environnementaux composée de Environnement Vert Plus, du Comité de protection des monts Chic-Chocs, de la Société de Conservation ZICO de la Baie de Gaspé, de l’Action Boréale et de Nature Québec demande la fin (...)

Huit façons d’avoir des conversations difficiles sur le cessez-le-feu à Gaza durant le temps des fêtes !

21 décembre 2023, par Rédaction-coordination JdA-PA
Au cours du mois dernier, des centaines de milliers de personnes ont rejoint Jewish Voices for Peace ! (JVP) aux États-Unis. Beaucoup sont accablés par l’ampleur de la (…)

Au cours du mois dernier, des centaines de milliers de personnes ont rejoint Jewish Voices for Peace ! (JVP) aux États-Unis. Beaucoup sont accablés par l’ampleur de la dévastation que nous constatons chaque jour en Palestine. Certain·es n’ont peut-être pas l’habitude d’avoir des conversations (...)

L’inclusion sociale, c’est aussi pouvoir prendre l’autobus

21 décembre 2023, par Comité sur l'accès au transport collectif du Collectif pour un Québec sans pauvreté — , ,
L'automne a été marqué par une crise du financement des transports collectifs au Québec. Les maires et mairesses des grandes villes, aux prises avec les déficits importants de (…)

L'automne a été marqué par une crise du financement des transports collectifs au Québec. Les maires et mairesses des grandes villes, aux prises avec les déficits importants de leurs Sociétés de transport en commun, ont réclamé une aide financière conséquente au gouvernement du Québec. Et pour cause ! Faute d'investissements suffisants,
des coupes et des bris de services sont à craindre.

* Par le comité sur l'accès au transport collectif du Collectif pour un Québec sans pauvreté

Les problèmes de financement frappent aussi les plus petits milieux. Dans certaines municipalités et MRC, des trajets ont disparu ou ont vu la fréquence de leurs départs diminuer. Dans d'autres, les services ont été carrément démantelés (par exemple à Memphrémagog, dans la Matawinie et Les Etchemins).

À cela s'ajoutent des réductions drastiques et des bris de service dans le transport adapté, en milieu rural comme bain. Et pour couronner le tout, l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) révélait récemment qu'il y a aujourd'hui sept fois moins de départs hebdomadaires d'autocars interurbains au Québec qu'il y a quarante ans !

Le comité sur l'accès au transport collectif

Lors de la tournée de consultation [R]ASSEMBLONS menée par le Collectif, l'importance du transport collectif pour l'inclusion sociale et la sortie de pauvreté est ressortie à plusieurs reprises. L'hiver passé, le Collectif a formé un comité pour travailler sur la question. Ce comité est composé de personnes en situation de pauvreté et de salarié.es de regroupements régionaux et nationaux. À la suite d'une première analyse collective, le comité a conclu qu'un problème important du transport collectif est le manque d'engagement financier de l'État. Le comité a alors effectué des recherches pour mieux comprendre le financement des services, qu'il a ensuite décortiqué pour identifier ce qui cloche. Voici donc un résumé des recherches du comité.

Un besoin essentiel

Le transport est l'un des besoins essentiels que retient Statistique Canada pour son calcul de la Mesure du panier de consommation. La difficulté à se déplacer complique l'accès aux biens et services de la vie courante. C'est un obstacle majeur à la réalisation de plusieurs droits, comme le droit à la santé, le droit à l'éducation et le droit au travail. Combien de personnes en situation de pauvreté manquent un rendez-vous important ou s'empêchent de réaliser un projet faute de transport ? Beaucoup ! Le manque de transport limite aussi les rencontres avec la famille et les ami.es de même que l'implication sociale.

Pour les personnes en situation de pauvreté, les options de déplacement sont souvent plus limitées et compliquées. L'accès à du transport collectif qui répond à leurs besoins est donc un élément important de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.

Désengagement du gouvernement

Puisque le transport est un besoin essentiel, on pourrait s'attendre à ce que l'État assume la responsabilité de financer les services de transport en commun. Pourtant, le gouvernement du Québec se décharge de cette responsabilité sur les municipalités ! Résultat : les services varient au gré des choix politiques des municipalités et leur financement repose, souvent, sur des tarifs très élevés.

Cette situation crée des inégalités importantes à travers le Québec. En ville, les secteurs plus pauvres et plus excentrés sont souvent moins bien desservis. Dans les petits milieux, l'offre de services (quand elle existe !) est généralement insuffisante et mal connectée. Il est alors difficile de se déplacer d'une municipalité à l'autre pour prendre part à des activités ou pour avoir accès à des services.

Dans le contexte actuel de forte inflation, l'augmentation des coûts (entretien, essence, ressources humaines, etc.) est difficile à absorber pour les municipalités. Ce qui entraîne une diminution généralisée des services (élimination de trajets, réduction des horaires, etc.), souvent accompagnée par des hausses de tarifs.

Alors que, d'un côté, le gouvernement se dédouane de sa responsabilité en matière de transport collectif, de l'autre, il continue de financer le développement des autoroutes. Les municipalités ont par conséquent tendance à s'étendre autour des grandes routes (qu'elles n'ont pas à payer !) et à maintenir leurs services de transport en commun dans un état de sous-développement.

Ce qui fait en sorte que, à l'heure de la crise climatique, le nombre de véhicules sur les routes continue d'augmenter, ainsi que les émissions des gaz à effet de serre et la pollution de l'air.

Responsabiliser l'État

Ce qui se dégage à travers la crise des transports collectifs, c'est le refus du gouvernement du Québec de s'engager à long terme dans ce qu'il s'entête à présenter comme une responsabilité municipale.

Le temps presse pour sauver les services existants, ainsi que pour assurer le développement continu du transport collectif.

Dans le contexte actuel de crise climatique, d'augmentation du coût de la vie et d'accroissement des inégalités, les services de transport collectif constituent un moyen incontournable pour lutter à la fois contre la pauvreté et contre la dégradation environnementale. C'est pourquoi le Collectif vient d'adopter une revendication visant la reconnaissance de l'accès au transport collectif comme un droit, ce qui obligerait l'État à financer des services publics de transport collectif à travers le Québec.

* Les membres du comité sur l'accès au transport collectif sont :
Michel Bellemare (RDDS Shawinigan)
Chantal Bisson (Table nationale des CDC)
Michel Dubé (Action Populaire Rimouski-Neigette)
Rosalie Dupont (TACAE)
Émilie Frémont-Cloutier (TRAAQ)
Ghislain Hudon (CLAP-03)
Jessica Lambert (MÉPAL)
Marise Proulx (GRAP Chaudière-Appalaches)
Simon Pouliot et Laurence Simard (équipe de travail du Collectif)

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Résister au fascisme qui vient

21 décembre 2023, par Maxime Motard — , ,
Tout récemment, plusieurs politiciens du Rassemblement National ont parlé de victoire idéologique pour leur propre camp. Ils observent qu'il y a aujourd'hui un alignement sur (…)

Tout récemment, plusieurs politiciens du Rassemblement National ont parlé de victoire idéologique pour leur propre camp. Ils observent qu'il y a aujourd'hui un alignement sur le programme de Marine Le Pen.

La présidente du RN à l'Assemblée Nationale prend également acte de la situation, et bien entendu s'en réjouit. L'ostracisme du second tour de la présidentielle était de forme ; sur le fond, on les rejoint, on les approuve. Comme un miroir, le Rassemblement National s'observe dans la loi Asile Immigration reconnaissant dans les mesures, ses propres phobies.

Cette cogestion avec l'extrême droite est là depuis longtemps. Ils ont mis leur énergie et leur vote pour que la politique austéritaire du gouvernement voit le jour.
A la rescousse de la minorité présidentielle à l'Assemblée Nationale, le RN a systématiquement voté contre le rétablissement de l'ISF, la taxe sur les supers profits, l'augmentation du SMIC, l'indexation des salaires sur l'inflation, le gel des loyers, la garanti d'autonomie pour les jeunes, la revalorisation des minima sociaux, la revalorisation du salaire des fonctionnaires. Même chose pour le projet de loi visant à renforcer l'accès des femmes aux responsabilités publiques. Autant dire que le féminisme, le partage des richesses, ce n'est pas leur truc. D'ailleurs, l'écologie et la défense de la biodiversité, ce n'est pas leur truc non plus. Tout récemment, Le RN s'est allié à la droite et à la droite macroniste pour faire adopter des amendements de suppression de l'article unique de la proposition de loi de la France Insoumise. Cette stratégie leur a permis de rejeter un moratoire sur les mégas bassines. Voilà qui aurait été utile : on met sur pause et on réfléchit encore un peu. Ce fut rejeté. L'Agrobusiness a encore de beaux jours devant lui.

Aujourd'hui, un autre cap est franchi. Alors qu'il y avait divergence sur l'intensité de la sanction, l'extrême droite voulant toujours être plus dur et plus sévère à l'égard des étranger.ères, il y avait au moins consensus sur la philosophie. Oui, il faut une loi, et oui il faut rajouter des obstacles à la régularisation des sans papiers, au regroupement familial, et faciliter les expulsions. Alors que la première version de la loi a subi une motion de rejet de la part de la majorité des députés, les 14 membres de la commission mixte paritaire étaient chargés de réécrire un texte afin de sortir de l'impasse. Parce que la nouvelle version est plus violente, l'extrême droite est satisfaite car on recycle encore son programme. Encore une fois, on porte atteinte à un droit qu'on croyait universel, celui de la liberté de circulation. On s'attaque aux étranger.ères, à l'humain, à nous. En revanche, on ne légifère pas sur la libre circulation du Capital qui fait des ravages sur la planète, mettant en péril la survie même de l'espèce humaine. On laisse faire. Les macronistes ont mis le doigt dans l'engrenage et certains s'étonnent que le bras parte avec. Cécile Rilhac, député du camp présidentiel à tweeté : “le texte reprend clairement les idées du RN et je n'ai pas été élu sur mon territoire pour voter des mesures d'extrêmes droites.”

Les mensonges de l'extrême droite se sont largement répandus dans l'espace médiatique et politique. Nous sommes pris dans ce filet. Contraint d'avoir un avis mais ne sachant rien. Les préjugés prennent le dessus et les peurs commandent. En se refilant le discours, les personnalités politiques et médiatiques se transforment en Rhinocéros, comme dans l'œuvre de Ionesco qui traite par métaphore de la grégarisation et de la conversion au fascisme. Dans l'espace médiatique télévisuel on reprend les termes, on parle “d'appel d'air”, de vague migratoire, on laisse courir les amalgames, on entretient les mensonges, les peurs. Bref, on est pas vigilant, pas rigoureux, pas scientifique. On survole, et par là, on met la vie d'autrui en danger. Cela explique en partie que “le débat public français sur l'immigrarion soit en décalage complet par rapport aux réalités de bases”, comme le souligne François Héran, professeur au Collège de France. Le mensonge s'installe, les équations se gravent dans les têtes (immigration-délinquance) et la grande cabale se prépare contre les migrant(es), les étranger.ères, jusqu'à ce que le cercle se restreigne et qu'on soit tous inclus dans ce cercle ; dans cette spirale basée sur la suspicion, la surveillance et l'enfermement. En reprenant la phrase du Talmud « Quiconque sauve une vie sauve l'Univers tout entier » on peut dire : “quiconque menace une vie, les menace toutes.” Par conséquent, il est temps de se solidariser avec son prochain, avec ou sans papiers, et d'engager un rapport de force contre l'Etat et le Capital.

Un sondage récent (réalisé par Viavoice) nous apprend que 59 % des français(e)s se disent mal informé(e)s sur l'immigration. Pourtant, plus la connaissance est faible nous dit Paloma Moritz, journaliste à Blast, et plus l'avis rendu est en défaveur de l'immigration. Rappelons cependant qu'en 2021 la population étrangère dans son ensemble s'élevait à 7,7 % de la population totale française (source : INSEE), un chiffre en-deçà de la moyenne européenne. Par ailleurs, les sans papiers en France représente environ 0,89 à 1,19% de la population totale. De la même manière, à l'échelle européenne, en 2021, un peu moins de 200 000 personnes sans papiers auraient rejoint l'Europe, ce qui représente 0,04 % de la population européenne.

Il faut le dire, encore, encore, rien ne justifie qu'on fasse la guerre aux étrangers. Rien ne justifie de bailloner et d'attacher des sans papiers pour assurer leur expulsion. Rien ne justifie de porter atteinte à l'unité familiale à travers des mesures hostiles au regroupement familial. Rien ne justifie les discriminations, les intimidations et les enfermements systématiques dont les étranger.ères sont victimes. On n'est pas égaux face à la prison et face à la violence de l'Etat. Il est temps de s'organiser par le bas et de défendre l'héritage de nos aînés résistant(e)s et anticolonialistes ; il est temps de construire une riposte unitaire et révolutionnaire pour désarmer l'État Policier, et le mettre hors d'état de nuire.

Maxime Motard, membre de la Cimade et militant écosocialiste

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COP28 : utile pour les générations futures ?

21 décembre 2023, par Michel Gourd — ,
Encensée par les pays producteurs de pétrole, mais décriée par les environnementalistes, la COP28 pourrait avoir comme utilité d'être un témoin pour les générations futures de (…)

Encensée par les pays producteurs de pétrole, mais décriée par les environnementalistes, la COP28 pourrait avoir comme utilité d'être un témoin pour les générations futures de ce qu'ont fait leurs ancêtres pour tenter de combattre la plus grande crise climatique planétaire qu'ils avaient à gérer. Avec quelque 110 000 participants accrédités, dont près de 2500 lobbyistes des énergies fossiles, la COP28 a été la plus importante jamais organisée.

Une réussite pour certains

Cette COP28 est considérée comme un succès par de nombreux pays en raison de l'opérationnalisation du fonds sur les pertes et préjudices. Les pays participants s'y sont aussi engagés à tripler les capacités d'énergies renouvelables dans le monde d'ici à 2030. De plus, le 28e paragraphe du texte final appelle à sortir des énergies fossiles d'une manière équitable, juste et ordonnée pour atteindre la neutralité carbone en 2050. L'accord présenté à la fin de la conférence a été considéré comme « historique » par plusieurs pays et organismes, dont de nombreux producteurs de pétrole.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) y voit d'ailleurs des résultats consensuels et positifs. TotalEnergies estime pour sa part que le compromis conforte sa stratégie. Un acteur important des hydrocarbures, l'italien ENI, trouve le texte final comme ayant « beaucoup de pragmatisme » et exprime la nécessité d'équilibrer l'accès à l'énergie, le développement compétitif, les objectifs d'émission et la sécurité énergétique.
Pour le président et fondateur de la Fondation Solar Impulse, Bertrand Piccard, la COP28 a eu le plus grand succès possible dans le « monde réel. »

Un échec pour d'autres

De très nombreux groupes de la société civile considèrent que la nomination du Sultan al-Jaber est un exemple de mainmise des entreprises sur le sommet. « On n'est pas du tout dans une transition », affirme le coordonnateur en France du Global Carbon Project, le physicien Philippe Ciais. Ce sont les énergies fossiles qui gagnent disent aussi plusieurs climatologues.

Pour ceux qui le dénoncent, cet accord ne contient aucune clause contraignante pour une sortie des énergies fossiles et n'est qu'un appel à la sensibilisation sans engagement, reconnaissant implicitement le gaz comme un des carburants de transition pour assurer une sécurité énergétique.

Le climatologue spécialiste de l'analyse du rôle du changement climatique sur certains phénomènes météorologiques extrêmes, Friederike Otto, considère que les intérêts financiers à court terme de quelques-uns l'ont à nouveau emporté sur la santé, la vie et les moyens de subsistance de la plupart des habitants de cette planète. « Avec tous ces verbes vagues, ces promesses vides dans le texte final, des millions de personnes de plus se retrouveront en première ligne du changement climatique. »

Pour le professeur Kevin Anderson, qui enseigne le changement climatique à l'Université de Manchester, le compromis de la COP28 « sonne le glas » de l'objectif +1,5 °C, de l'accord de Paris à la COP21. Greta Thunberg, considère pour sa part cette entente comme un coup de poignard dans le dos des plus vulnérables comme les habitants d'îles qui commencent déjà à être submergées par la hausse du niveau de la mer.

Et pour le futur ?

Madeleine Diouf Sarr, présidente du groupe des pays les moins avancés, considère que le texte final de la COP28 ne fixe pas d'agenda précis, si ce n'est de parvenir à zéro émission nette en 2050. La directrice du programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen affirme donc que le monde n'est pas sur la bonne voie, puisque la planète s'est déjà réchauffée de 1,2 degré depuis l'ère industrielle, qu'il y a déjà des inondations catastrophiques, de la chaleur extrême, de grandes sécheresses, des incendies et que si rien ne change, la Terre se dirige vers un réchauffement allant de 2,5 à 2,9 °C d'ici 2100.

Les actions de l'industrie pétrolière semblent lui donner raison. Selon l'OPEP, le pétrole et le gaz représentent 55 % du marché énergétique et devraient conserver une part majoritaire pendant les décennies à venir. L'organisme ne prévoit pas réduire sa production et considère que la demande mondiale de pétrole devrait même connaître une croissance de 2,2 millions de barils par jour en 2024. Il n'est donc pas du tout certain que la COP28 ait réussi à réduire substantiellement les émissions de CO2 sur le long terme.

Mais comme elle a occupé les premières pages de plusieurs grands journaux et médias de la planète pendant une dizaine de jours, elle a cependant eu l'avantage de fixer dans l'Histoire les paroles et promesses des personnes qui y ont participé. Elle a donc le potentiel de permettre aux historiens des générations futures de départager parmi leurs ancêtres ceux qui ont aidé ou nuit à régler ce qui a toutes les chances d'être le plus important problème planétaire qu'eux et leurs enfants devront continuer à affronter.

Michel Gourd

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Négociation dans les secteurs public et parapublic

19 décembre 2023, par Yvan Perrier — , ,
Ajout 24 décembre Minuit 30 Le gouvernement Legault et le Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS semblent se diriger vers la finalisation de nombreuses propositions de " (…)

Ajout

24 décembre

Minuit 30

Le gouvernement Legault et le Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS semblent se diriger vers la finalisation de nombreuses propositions de " règlements " ou " d'ententes " portant sur les conditions de travail avec une majorité des 420 000 salarié.e.s syndiqué.e.s. Des négociations intensives sont toujours en cours entre le Secrétariat du Conseil du trésor et le front commun à la table centrale au sujet des augmentations salariales, de la retraite, des assurances, etc..

23 décembre

23h30

L'Alliance des syndicats de professeures et professeurs de cégep (ASPPC) a annoncé ce soir à 22h30 être parvenue à un projet de règlement global avec le Comité patronal de négociation des collèges (CPNC) sur les matières sectorielles touchant les conditions de travail du personnel enseignant du réseau collégial public.

21h40

D'autres hypothèses ou propositions de règlement ou d'entente selon Vincent Larin, Tommy Chouinard et Léa Carrier du quotidien La Presse.

Je cite un extrait de l'article :

« Après plusieurs jours d'intensification des pourparlers à sa table sectorielle, la Fédération des professionnelles et professionnels de l'éducation du Québec (FPPE-CSQ), qui regroupe 12 400 membres, est arrivée samedi à une proposition de règlement global avec l'employeur. Idem pour la FPPC-CSQ, qui regroupe la majorité du personnel professionnel des cégeps. »
« Le comité de négociation du Secteur scolaire de la FEESP-CSN, qui représente 35 000 employés de soutien scolaire dans toute la province, vient aussi de s'entendre sur une hypothèse d'entente de principe. »

Source : Vincent Larin, Tommy Chouinard et Léa Carrier. « Entente avec le plus important syndicat de la santé, d'autres en éducation. » La Presse, 23 décembre 2023.

18h55

Les choses commencent à débouler.
Hypothèse d'entente de principe dans le secteur de la santé entre le Secrétariat du Conseil du trésor et la FSSS-CSN .

Dans un communiqué émis par le Secrétariat du Conseil du trésor il est écrit ceci : « les mesures convenues dans l'hypothèse d'entente permettront une meilleure conciliation du travail et de la vie personnelle, d'améliorer l'offre de service pendant les quarts de travail défavorables avec de meilleures conditions de travail et d'assurer une organisation du travail plus souple. »

16h30
« Projet de règlement » versus « Entente de principe »

Le conseil fédéral de la FSE-CSQ a convenu que le « Projet de règlement sectoriel » conservera cette appellation jusqu'à ce que les membres se soient prononcés pour ou contre. C'est uniquement dans l'éventualité d'une acceptation majoritaire par les membres qu'il sera possible de parler d'une « Entente de principe ». D'ici là, nous sommes devant un « Projet de règlement sectoriel » et non une « Entente de principe.

Il s'agit ici d'une nouvelle façon de dire qu'il appartient aux membres - et à eux et à elles seule - de décider si la négociation est terminée ou non.

FAE : Intensification des négociations entre le Secrétariat du Conseil du trésor et la FAE.

20h50

Nous venons d'apprendre que le Conseil fédéral de la FSE-CSQ et l'APEQ ont entériné la proposition de règlement sectoriel. La proposition sera soumise aux membres des deux organisations. Selon les porte-parole de la FSE-CSQ, Josée Scalabrini, et de l'APEQ, Steven Le Sueur, la proposition de règlement comporte des éléments qui s'accompagnent des gains en lien avec les trois priorités syndicales suivantes : « la composition de la classe, l'allègement de la tâche et la rémunération ».

Il reste pour ces deux organisations syndicales à régler les enjeux de la table centrale (le salaire, la retraite, les assurances, etc.).

17h15

Le Secrétariat du Conseil du trésor (SCT) confirme « avoir convenu d'une proposition de règlement sectorielle avec la FSE-CSQ/APEQ ».

Sans dévoiler quoi que ce soit sur la teneur de cette proposition de règlement, le communiqué émis par le SCT précise ceci :

« Les diverses mesures dans la proposition permettront d'offrir de meilleurs services aux élèves et de favoriser leur réussite scolaire ; notamment avec des améliorations à l'organisation du travail, la charge de travail, la composition de la classe, l'autonomie professionnelle et l'échelle salariale. »

À suivre.

15h

La FAE annonce que le Conseil fédératif de négociation accepte à l'unanimité d'entrer en blitz de négociation avec le Secrétariat du Conseil du trésor.

9h50

Nous venons d'apprendre qu'il y a un blitz de négociation du côté de la table sectorielle des cégeps et que les pourparlers avancent en santé.

22 décembre
9h35

La FSE-CSQ va présenter en début d'après-midi à son Conseil fédéral " une proposition de règlement sectoriel convenue avec le gouvernement". Le salaire et les clauses en lien, entre autres choses, avec les assurances et le régime de retraite sont toujours en négociation à la table centrale du Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS.

4h10

Un blitz de négociation serait en cours entre le Secrétariat du Conseil du trésor et la FSE-CSQ. Les pourparlers se sont intensifiés entre l'État-patron et la FAE. Ce changement de rythme se produit au moment où une rencontre au sommet se serait apparemment déroulée entre le premier ministre François Legault, la présidente du Conseil du trésor Sonia Lebel et le ministre de l'Éducation Bernard Drainville.

Se pose une question : cette fois sera-t-elle la bonne ou l'État-patron va-t-il se traîner les pieds jusqu'au 8 janvier ?

Ajout

21 décembre 2023

9h45

Manifestement, la FAE a décidé, après plus de onze moins de négociation infructueuse avec le Conseil du trésor, d'intensifier ses moyens de pression. Des enseignant.e.s syndiqué.e.s, en grève générale illimitée depuis vingt et un jours, ont bloqué ce matin l'accès aux ports de Québec et de Montréal dans l'espoir que ces deux cibles économiques essentielles à la circulation des marchandises aient pour effet de sortir de son immobilisme le gouvernement Legault qui fait la sourde oreille aux revendications syndicales. L'objectif est d'amener le premier ministre à « prendre ses responsabilités et d'agir en chef d'État soucieux d'en arriver à une entente de principe satisfaisante, qui répondra aux besoins criants des profs, mais aussi de leurs élèves, jeunes et adultes ». (Extrait du communiqué de presse émis par la FAE).

Devant ce sursaut de combativité et cette nouvelle orientation dans la lutte d'opposition et de résistance des membres de la FAE, la présidente du Conseil du trésor, madame Sonia Lebel, a décidé de se réfugier dans le silence et de ne pas commenter le rejet de sa plus récente proposition d'offre soumise mardi dernier à la FAE et à la FSE-CSQ.

Madame Lebel doit sûrement se demander, à ce moment-ci, comment elle va parvenir à conclure une entente satisfaisante avec au moins une des deux organisations syndicales de l'enseignement élémentaire et secondaire. De deux choses l'une, la présidente du Conseil du trésor va défendre jusqu'au bout les choix préalables du gouvernement dans la présente négociation ou l'autre, elle multiplie les démarches auprès de certains de ses collègues en vue de dégager une nouvelle marge de manœuvre susceptible de déboucher sur un compromis négocié avec une organisation syndicale.

Des enseignant.e.s syndiqué.e.s découvrent que la lutte qu'elles et qu'ils mènent en ce moment s'inscrit dans un processus qui porte sur le traitement réservé aux enseignant.e.s précaires et qui concerne également l'organisation d'un service public qui doit répondre aux besoins de la population.

Ajout

Mercredi 20 décembre 2023

16 h.

Du côté du Front commun

Les porte-parole du Front commun intersyndical CSN-CSQ-FTQ-APTS ont tenu un point de presse ce matin. Événement médiatique durant lequel il a été annoncé ce qui suit :

un règlement est possible dans les secteurs public et parapublic d'ici la fin de l'année 2023 ;

les négociatrices et les négociateurs syndicaux sont disponibles pour négocier d'ici là ;

à défaut d'une entente négociée, il y aura le déclenchement d'une grève générale illimitée (GGI) de la part des 420 000 salarié.e.s syndiqué.e.s du Front commun en janvier 2024 ;

la date du déclenchement de la GGI n'a pas été annoncée.

Du côté de la FAE

La FAE a réuni son les délégué.e.s de son instance fédérative qui accompagne le comité de négociation de l'organisation syndicale indépendante. À l'ordre du jour : l'étude de la plus récente offre du gouvernement qui a été sur le champ rejetée par la FSE-CSQ.

Du côté de la FSE-CSQ

La FSE-CSQ a annoncé avoir déposé une contre-proposition ce matin même (mercredi 20 décembre 2023). L'objectif poursuivi est d'arriver à une entente avec le gouvernement avant les fêtes. Cette contre-proposition se veut fidèle aux discussions entre les parties et conforme aux priorités des enseignant.e.s en regard de la composition de la classe et de l'allègement de la tâche. »

Dans les échanges avec certaines organisations syndicales, il semble que le gouvernement ne tient pas compte ni des demandes syndicales ni des discussions entre les parties.

Il semble y avoir du côté gouvernemental de la distorsion entre ce qui est convenu aux tables entre les parties et les nouvelles versions des offres gouvernementales.

https://www.ledevoir.com/politique/quebec/804146/front-commun-reitere-menace-greve-generale-illimitee-debut-2024?. Consulté le 20 décembre 2023.

https://www.ledevoir.com/politique/quebec/804151/fse-csq-depose-contre-offre-quebec-fae-reunie-instance?. Consulté le 20 décembre 2023.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2036332/negociation-impasse-front-commun-legault. Consulté le 20 décembre 2023.

Questions ou réflexion en marge des développements récents :

Pourquoi les différents comités de négociation de la partie patronale soumettent-ils à la partie syndicale des textes non conformes au contenu des discussions ou des avancées dans la négociation ? Il y a sûrement du côté du Conseil du trésor une personne ou un comité qui coordonne la négociation et qui dicte les conduites à suivre.

Y aurait-il des tensions au sommet de l'État en ce moment entre la présidente du Conseil du trésor, le ministre des Finances et le premier ministre au sujet des propositions finales à présenter aux organisations syndicales ?

Selon Magalie Picard (présidente de la FTQ) et François Enault (1er vice-président de la CSN) la négociation peut se conclure dans les 24 à 72 prochaines heures. Ce qui est fort possible. Mais pourquoi y a-t-il de la résistance, du côté du gouvernement, à conclure une entente négociée à court terme ?

La présente ronde de négociation aurait dû être la négociation du secteur de la santé (voir à ce sujet les priorités du gouvernement dans la présente ronde de négociation aux paragraphes consacrés à l'Équipe soins et l'Équipe santé mentale). La grève générale illimitée de la FAE a peut-être pris de court les stratèges gouvernementaux. Le processus de consultation des instances de la FAE y est peut-être pour quelque chose dans le mouvement de yo-yo que le gouvernement impose à la table centrale et aux tables sectorielles. Il s'agit ici de réflexions ad lib qui ont uniquement une valeur hypothétique.

Le premier ministre Legault s'est réfugié dans un mutisme et il n'accorderait pas, apparemment, d'entrevues bilans de son année politique. S'agit-il là d'un précédent ?

Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, dit vraiment n'importe quoi. Il est à se demander s'il prend connaissance des documents que les négociateurs gouvernementaux soumettent à la partie syndicale ?

La ministre de l'Enseignement supérieur est particulièrement silencieuse dans le cadre de la présente ronde de négociation. Étrange ?

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, considère que l'adoption du projet de loi 15 a eu pour effet d'améliorer la qualité des soins au Québec. Quelques jours plus tard, devant le débordement dans les urgences, il a été obligé de remettre sur pied la cellule de crise de son ministère. Plus ça change…

17h.

La FAE rejette la nouvelle offre gouvernementale. Dans le communiqué de la fédération syndicale qui regroupe 66 000 enseigna.e.s il est précisé que cette nouvelle offre, contrairement aux affirmations de la présidente du conseil du trésor, Sonia LeBel, et du ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, contient "des reculs".

Mardi 19 décembre 2023. Il ya du mouvement du côté des négociations dans les secteurs public et parapublic. La situation n'est plus stationnaire. Voici une liste des principaux événements qui se sont produits aujourd'hui :

10h15 : le SFPQ (section personnel Ouvrier) se dit « prêt pour la grève ». La date du déclenchement des arrêts de travail n'est pas précisée dans le communiqué.

11h57 : le SPGQ annonce qu'il vient de soumettre une contre-offre au Secrétariat du Conseil du trésor. Le communiqué ne précise pas le contenu de cette contre-offre. Le paragraphe suivant est probablement le plus significatif quant aux objectifs poursuivis à ce moment-ci par le SPGQ dans le cadre de la présente ronde de négociation :

« Sa volonté est de parvenir à un règlement satisfaisant, reflétant les aspirations et les besoins de ses membres. Malgré les défis actuels, le SPGQ reste optimiste quant à la possibilité de trouver des solutions équitables et constructives pour toutes les parties impliquées. »

14h : après plus de 75 séances de négociation avec le Conseil du trésor, la FIQ demande l'intervention d'un conciliateur. Le ministre du travail, monsieur Boulet, donne rapidement suite à la demande de la FIQ et procède à la nomination d'un conciliateur en vue de « faciliter l'atteinte d'une entente le plus rapidement possible ».

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2036113/offre-syndicats-enseignants-greve-quebec . Consulté le 19 décembre 2023.

Milieu de l'après-midi : annonce surprise. Le Secrétariat du Conseil du trésor vient d'annoncer qu'il présentera au cours des prochaines heures une offre sectorielle à la FAE et à la FSE-CSQ en vue de mettre fin à la grève en cours dans certaines écoles du Québec.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2036113/offre-syndicats-enseignants-greve-quebec . Consulté le 19 décembre 2023.

https://www.ledevoir.com/societe/education/804090/front-commun-analyse-situation-instance ?. Consulté le 19 décembre 2023.

Fin de l'après-midi : le Secrétariat du Conseil du trésor a présenté une nouvelle offre aux enseignantes et aux enseignants de la FAE et de la FSE-CSQ.

https://www.ledevoir.com/societe/education/804090/front-commun-analyse-situation-instance ?. Consulté le 19 décembre 2023.

19 décembre 2023 : les organisations membres du Front commun intersyndical CSN-CSQ-FTQ-APTS sont réunies séparément à Québec. Elles doivent faire le point sur leur cadre stratégique le mercredi 20 décembre.

Yvan Perrier

19 décembre 2023

17h30

Ajout 18h30

18h30 : Communiqué émis par le Front commun intersyndical CSN-CSQ-FTQ-APTS

À défaut d'une entente satisfaisante, le front commun annonce qu'il déclenchera la grève générale illimitée « au moment opportun » en début d'année 2024.

Voici un extrait significatif du communiqué :

« Plusieurs messages contradictoires ont circulé dans les médias. À cet effet, nous tenons à préciser que nous avons signalé à la partie patronale que nous étions ouverts à discuter d'une convention collective pouvant aller jusqu'à une durée de cinq ans, pour autant que celle-ci réponde à nos demandes d'enrichissement et de rattrapage. Par ailleurs, nous n'avons pas chiffré ces demandes, nous avons plutôt indiqué au gouvernement que notre ouverture était liée à deux conditions, soit :

1- Qu'elle garantisse la protection du pouvoir d'achat ;
2- Qu'elle amène un enrichissement. Celui-ci n'a pas été chiffré afin de laisser un espace de négociation à la table. »

Ajout
19h45

Réaction de la FSE-CSQ et APEQ au dépôt patronal du 19 décembre

Intervention sur les réseaux sociaux de la présidente de la FSE-CSQ, madame Josée Scalabrini au sujet de la nouvelle proposition formelle du Secrétariat du conseil du trésor présentée plus tôt en fin d'après-midi à la FAE et à la FSE-CSQ :

« Malgré le show de boucane du gouvernement dans les médias aujourd'hui, la nouvelle proposition « formelle » du gouvernement représente un recul dans les pourparlers par rapport aux séances de négociation de la fin de semaine. On se retrousse les manches et on continue. »

Il n'y a aucune proposition gouvernementale en lien avec la composition de la classe et l'allègement de la tâche.

Ajout

20h30

Commentaire de fin de journée

Tout se passe comme si, le gouvernement Legault, en avançant et en reculant cherche uniquement à gagner du temps en feignant la négociation. Il attend son moment opportun pour dévoiler son offre finale possiblement déjà rédigée.

Ajout

20h45

Je me permets de porter à votre connaissance un fait digne de mention : la prise de position publique de la mairesse de Montréal, madame Valérie Plante, en faveur des femmes salariées syndiqués en santé et en éducation.

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Costco à Rimouski !

19 décembre 2023, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Lors de la séance extraordinaire du conseil municipal de Rimouski hier le 18 décembre, la vente des lots 6 294 234 et (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Lors de la séance extraordinaire du conseil municipal de Rimouski hier le 18 décembre, la vente des lots 6 294 234 et 6 294 235 du cadastre du Québec a été votée à l’unanimité, tout comme le changement de PPCMOI, cela dans le but (...)

Chili. Rejet de la Constitution d’extrême droite, mais maintien de celle de Pinochet

19 décembre 2023, par La Diaria — , ,
Le « non » l'a emporté lors du plébiscite organisé au Chili, au cours duquel les citoyens et citoyennes devaient exprimer leur accord ou leur désaccord avec le nouveau projet (…)

Le « non » l'a emporté lors du plébiscite organisé au Chili, au cours duquel les citoyens et citoyennes devaient exprimer leur accord ou leur désaccord avec le nouveau projet de constitution élaboré par le Conseil constitutionnel [élu le 7 mai 2023 et composé de 50 membres], un organe composé principalement de représentants de la droite et du Parti républicain d'extrême droite, un secteur dirigé par l'ancien candidat à l'élection présidentielle José Antonio Kast.

Tiré d'À l'encontre.

Selon les données fournies par le Service électoral chilien (Servel), après dépouillement de plus de 99,86% des bureaux de vote, le « non » a obtenu 55,76% des voix [6'890'826] contre 44,24% [5'457'264] pour le « oui ».

Ainsi, comme cela s'était produit en septembre 2022 [le « non » avait réuni 61,89% des votes, le « oui » 38,11%] – alors que, contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, le projet de nouvelle constitution avait été élaboré par une Convention constitutionnelle majoritairement de gauche –, la majorité des Chiliens et Chiliennes s'est prononcée contre la modification de la Magna Carta. Il en découle que la Constitution rédigée en 1980, sous la dictature d'Augusto Pinochet, continue d'être en vigueur [1].

Une fois les résultats connus, l'ultra-droitier José Antonio Kast, l'un des principaux promoteurs de l'acceptation, a émis un message dans lequel il critique l'ensemble du processus entamé après la flambée sociale de 2019, qu'il a qualifiée de « flambée criminelle ». Il continue ainsi selon Radio Bio Bio : « Nous sommes peut-être tristes, mais nous sommes heureux, parce que nous avons fait le job, parce que nous avons été cohérents, parce que nous pouvons regarder n'importe qui dans les yeux et dire que nous avons fait ce qu'il fallait, et c'est quelque chose qui nous remplit de fierté. Nous, les Républicains, sommes différents. Quand nous gagnons, nous gagnons, et quand nous perdons, nous perdons. Et ce soir, une grande majorité de Chiliens a rejeté le projet de Constitution que nous avons soutenu au Conseil constitutionnel. Nous reconnaissons cette défaite avec une grande clarté, mais aussi avec beaucoup d'humilité. »

José Antonio Kast a déclaré que les Républicains avaient échoué « dans leur tentative de convaincre les Chiliens qu'il s'agissait d'une meilleure Constitution que l'actuelle et du dispositif le plus sûr pour mettre fin à une situation d'incertitude politique, économique et sociale ».

Il a également déclaré qu'il n'y avait pas lieu de se féliciter. « Ni pour la gauche, ni pour le gouvernement, ni pour la droite, parce qu'au cours de ces quatre dernières années le pays a subi des dégâts considérables qu'il faudra des décennies pour réparer. Mon espoir est qu'aujourd'hui marque la fin d'une triste étape de notre histoire, qui a commencé par une flambée de criminalité […] et qui se termine ce soir par une manifestation démocratique massive qui clôt ce cycle de débat constitutionnel. »

***

Plus tard, c'est le président chilien, Gabriel Boric [en fonction depuis le 11 mars 2022], qui a pris la parole depuis le Palais de la Moneda, indiquant clairement que le cycle de tentatives d'élaboration d'une nouvelle constitution ne se poursuivrait pas sous son gouvernement. « Pendant notre mandat, le processus constitutionnel sera interrompu, les urgences sont autres. Le processus a suscité de la déception et même de la lassitude », a déploré le président de gauche âgé de 37 ans. Il a reconnu que, suite aux deux processus constitutionnels infructueux, « le pays s'est polarisé et divisé, et malgré ce résultat marquant [le « non » du dimanche 17 décembre] les deux processus n'ont pas réussi à concrétiser les espoirs d'avoir une nouvelle constitution rédigée pour tous », ce qui a eu pour conséquence de « laisser la politique en situation de dette à l'égard du peuple chilien ».

Selon le quotidien El Mercurio, Gabriel Boric a déclaré que ces référendums devraient servir de leçon pour l'ensemble de la société. « Nous ne pouvons pas commettre la même erreur que lors des référendums précédents, le pays est fait par nous tous, et ceux qui triomphent lors d'une votation ne peuvent pas ignorer ceux qui sont conjoncturellement défaits. »

Faisant référence aux deux projets constitutionnels, le chef de l'Etat a souligné que « ni l'une ni l'autre n'ont réussi à représenter ou à unir le Chili dans sa belle diversité ». Gabriel Boric a déclaré qu'à ce stade, après les résultats, il n'y avait de place « ni pour la célébration ni pour l'arrogance. Le ballon doit être remis au centre, il faut de l'humilité et du travail, beaucoup de travail », a-t-il déclaré. (Article publié dans le quotidien uruguayen La Diaria, le 18 décembre 2023 ; traduction rédaction A l'Encontre)


[1] Les forces politiques se prononçant en faveur du « oui » le 17 décembre étaient : le Parti républicain, le Renouveau national (RN), l'Union démocratique indépendante (UDI) et Evópoli (créé par Andrés Molina en fin 2012, lors du deuxième tour des présidentielles de 2021 le parti a appuyé José Antonio Kast). Le « non » était soutenu par le parti au pouvoir, Convergence sociale, et une coalition composée par le Parti socialiste, Parti pour la démocratie, le Parti radical et le Parti libéral, le Frente Amplio qui réunit Convergence sociale, Révolution démocratique et Communes, ainsi que le Parti communiste. (Réd.)

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