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Le pacifisme du Collectif « Échec à la guerre » n’est pas la paix

Par sa prise de position publié dans Le Devoir sous le titre de « Au-delà de la fin de la guerre, il faut une paix juste en Ukraine », le collectif « Échec à la guerre » se montre favorable au revirement des ÉU de Trump au sujet de la guerre contre l'Ukraine comme étant un chemin vers la paix.
16 février 2026 | Photo : tiré du journal Le Devoir
Le collectif voit dans le rejet de facto de l'OTAN par Trump, qu'évidemment rejette aussi Poutine, la base d'une entente pouvant déboucher sur le respect du droit international. En plus de l'utopie d'un retrait russe du Donbass conquis alors que la Russie gagne la guerre, l'Ukraine devrait accepter l'annexion russe de la Crimée en 2014 ! Il est remarquable que le collectif, s'il spécule sur la politique extérieure de Trump, y voyant un facteur de guerre, ne dit mot sur son exécrable politique intérieure raciste, sexiste, super austéritaire et liberticide, laquelle politique n'a rien de spéculative.
De la même manière qu'il corrobore la propagande russe au sujet de l'Euromaïdan de 2014. Le collectif véhicule la vieille théorie de l'expansive OTAN justifiant l'invasion de l'Ukraine par la Russie qu'heureusement il juge illégale. Si douze pays d'Europe de l'Est ont rejoint l'OTAN en trois vagues entre 1999 et 2009, soit bien avant 2022, c'est autant dû à la volonté de ces pays de se protéger de l'impérialisme russe qu'à de la volonté de l'impérialisme occidental de s'étendre. À la veille de la ratée invasion russe de tout l'Ukraine en 2022, faisant suite à celle larvée du sud-est en 2014, l'OTAN était en « mort cérébral » (Macron) suite au fiasco de son invasion de l'Afghanistan. L'invasion russe l'a ressuscité en plus de l'étendre davantage à la Finlande et à la Suède. En parlant de droit international, que conclure du Mémorandum de Budapest de 1994 où la Russie garantissait les frontières de l'Ukraine en retour de son renoncement à ses armes nucléaires héritées de l'ex-URSS ?
Le collectif ne comprend fondamentalement pas, ce qui surprend pour des militante-s du Québec dénonçant le militarisme fédéral, c'est la lutte du peuple ukrainien, et de son gouvernement si néolibéral soit-il mais non fascisant, pour son existence même. Pour Poutine, comme pour les tsars et Staline avant lui, l'Ukraine est la « Petite Russie » ou la « Nouvelle Russie ». Pour Poutine, l'Ukraine est une invention de Lénine que Staline n'a pas pu formellement effacer même s'il l'a fait réellement. Ça me paraît d'autant plus odieux pour des Québécois-e-s de ne pas se reconnaître dans la lutte du peuple ukrainien que pour beaucoup de fédéralistes, le Québec fait intrinsèquement partie du Canada. Le pacifisme dogmatique du collectif me paraît brouiller dans son esprit toute compréhension de l'histoire autre qu'une superficielle analyse géostratégique attardée au XXe siècle… devenant confuse en ce siècle.
On me répondra que je me fous du carnage, des morts, des souffrances et des destructions. C'est le peuple ukrainien, entraînant à sa suite son gouvernement, qui a héroïquement choisi la voie de la résistance armée, et aussi non armée en organisant une solidarité interne, à la grande surprise de la Russie mais aussi des ÉU et de l'OTAN qui attendaient une capitulation rapide. Il revient au peuple ukrainien, et à lui seul, en fonction des rapports de force internes et externes d'y renoncer. Le devoir de tous les démocrates est de les soutenir par tous les moyens en commençant par l'effacement de la dette externe de son gouvernement, des dons civils et, last but not least, des armes, davantage d'armes.
La défaite de l'Ukraine, même sous la forme masquée d'un cessez-le-feu, serait un encouragement à tous les « bullies » du monde. Cette accalmie permettrait à Poutine de réarmer et pas seulement contre l'Ukraine. La Chine serait encouragée à envahir Taïwan… les ÉU on ne sait trop. Ce serait un enfer répressif pour le peuple ukrainien comme c'est déjà le cas dans les zones occupées. Même la partie restée « libre » connaîtrait davantage de répression puisque la défaite déroulerait le tapis à la vengeresse extrême-droite. Cette dernière est en ce moment marginale en Ukraine contrairement à la Russie, à la France, à l'Allemagne et aux ÉU. Cette supposée paix du conquérant ouvrirait la porte à une dystopie mondiale comme la défaite de l'Espagne républicaine en 1938-39, faute de soutien des démocraties occidentales, avait ouvert la porte à la Deuxième guerre mondiale.
Marc Bonhomme, 16 février 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Contre les politiques trumpistes

Voici le discours prononcé par Émilia Castro de la Coordination du Québec de la Marche Mondiale des Femmes (CQMMF) lors de la manifestation à Québec contre les politiques de Trump. Ce rassemblement avait lieu devant le Consultat américain et a regroupé une centaine de personnes militantes.
Nous sommes réunies ici en appui solidaire envers les personnes militantes, les hommes et les femmes progressistes des État Unis confrontées à un gouvernement avec un président qui contrôle en exerçant un pouvoir que le permet entre autres de congédier dizaines de milliers de fonctionnaires, des professionnels et de les remplacer par ses partisans.
La Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes dénonce les politiques basées sur la discrimination, comme par exemple interdire du vocabulaire dans les règlements et les contrats fédéraux l'utilisation d'expressions telles que « orientation sexuelle et identité de genre », « diversité », « équité » et « inclusion », et « droits génésiques ».
De couper l'aide gouvernementale dans des institutions comme le ministère de l'éducation.
Nous dénonçons Trump son intention qu'il a clairement indiqué de mettre en œuvre des mesures extrêmes, comme le plus grand effort massif de déportation de l'histoire et d'attaquer ses ennemis en utilisant ses pouvoirs présidentiels.
Dans son programme on retrouve entre autres, de rejet de l'idée que l'avortement fait partie des soins de santé et à réduire les protections climatiques. Il soutient également le déploiement de forces militaires pour faciliter les arrestations à la frontière avec le Mexique.
Trump a plus de pouvoir pour mettre en œuvre ce projet de loi que les autres présidents grâce à la Cour suprême, qui a statué dans la récente affaire Trump v. United States, aussi incroyable que cela puisse paraître, que le président jouit d'une immunité présumée absolue contre les poursuites pénales si ses crimes font partie « d'actes officiels ».
Comme militante féministe et internationaliste je me permet de citer Simone de Beauvoir » N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis »
Nous resterons vigilants et vigilantes, nous resterons en action et mobilisées.
Se vouloir libre, c'est aussi vouloir les autres libres.
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L’« exceptionnalisme » américain et le fascisme de Trump
Les personnes trans craignent grandement un recul de leurs droits
Divergenres est un organisme de défense des droits trans et en ce moment notre communauté, notre équipe et nos partenaires communautaires craignent grandement un recul des droits LGBTQ+, mais particulièrement un recul des droits trans au Canada.
Aux États-Unis, les reculs sont déjà en cours. Le gouvernement de Trump ne reconnaît que deux sexes qui sont considérés immuables, les femmes trans se font bannir des sports, les militaires trans se font exclure, les femmes trans se font envoyer dans des prisons pour hommes, et l'accès aux soins d'affirmation de genre est en péril.
Les personnes trans ont peur, et avec raison. Plusieurs personnes trans ont commencé à stocker leurs hormones, par peur de se faire retirer leurs médicaments nécessaires. Les thérapies de conversions prennent de l'ampleur et sont normalisées. Plusieurs personnes trans se voient refuser leur renouvellement de passeport avec leurs marqueurs de genres adéquats ou se font carrément confisquer leurs documents. Des comptes se font bloquer sur Meta en raison de “propagande trans”. Et la liste délirante et anxiogène de recul des droits trans continue encore longtemps…
Une tonne de sites officiels du gouvernement de Trump ont retiré toute mention des personnes trans. Par exemple, le site des parcs nationaux, dans sa section sur le monument national de Stonewall, utilise maintenant l'acronyme LGB et ne mentionne plus les personnes trans. Pourtant, les émeutes de Stonewall étaient des manifestations violentes rendues possibles par des personnes trans. Ces émeutes ont été une des étapes importantes de désobéissance civile afin que les personnes LGBTQ+ puissent avoir les droits qui leurs reviennent.
La recherche scientifique est aussi menacée par les politiques de Trump.
Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies a demandé à ses scientifiques de rétracter ou de suspendre la publication de tout manuscrit de recherche qui comprend des “termes interdits”. Utiliser des termes interdits comme “genre, transgenre, transsexuel ou non-binaire” pourrait faire perdre le financement des scientifiques qui font des recherches sur nos communautés. On sonne l'alarme : cette censure importante de la recherche et des informations en ligne nous inquiète au plus haut point.
On essaye très fort de nous effacer en ce moment. Tout comme les nazis qui ont brûlé des bibliothèques de livres sur la recherche sur le genre en 1933, Donald Trump essaie d'effacer systématiquement les personnes trans et intersexes parce que leur existence même menace sa vision fasciste du monde. On assiste présentement à des brûlages de livres nazis à l'ère de l'internet, il y a peut-être moins de flammes mais il y autant de censure et de violence.
Toutes les personnes marginalisées se font cibler par les politiques de Trump, et l'impact de ces politiques va particulièrement se faire sentir chez les personnes à l'intersection de plusieurs oppressions, comme les femmes trans racisées.
Nous avons peur qu'attaquer autant publiquement les droits des personnes marginalisées, ça mène à encore plus de violence, puisque la haine devient complètement décomplexée. Être transphobe, raciste ou sexiste semble soudainement une opinion valide, pas un enjeu d'ignorance.
Ce qui est certain, c'est qu'on ne peut pas prendre nos droits pour acquis au Canada. On voit comment ça peut rapidement dégringoler. C'est le temps de solidariser nos politiciennes et politiciens locaux à nos causes et de nous mobiliser.
Des attaques aussi directes à nos droits, ça peut nous paralyser de peur, pis c'est ça qu'ils veulent : qu'on soit isolés et apeurés. Il faut combattre ça avec des actions de solidarité, et tisser des liens communautaires parce qu'ensemble on est plus fort qu'eux ! On va avoir besoin d'allié.e.s et de solidarité plus que jamais pour mener ces luttes ! Sachez que les personnes trans sont derrière vous, on va vous soutenir et on ne se laissera pas effacer.

« Frénésie de va-t-en-guerre »

Nous nous tournons vers Munich où la conférence de haut niveau sur la sécurité se déroule en ce moment avec des douzaines de leaders. Premier point au programme : la guerre Russie-Ukraine.
Democracy Now 14 février 2025
Traduction, Alexandra Cyr
Amy Goodman : Le Président ukrainien, Volodymyr Zelenski devrait y rencontrer le Vice-président J.D.Vance et le Secrétaire d'État Marco Rubio aujourd'hui. Plus tôt cette semaine, le Président Trump a déclaré qu'il rencontrerait le Président V. Poutine pour mettre fin à cette guerre vieille de presque trois ans. Cette annonce a soulevé en Europe la peur que le Président Zelenski soit exclu des pourparlers. Voici la déclaration du Chancelier Scholz :
C. Olaf Scholz : (depuis la traduction en Anglais de l'Allemand). Rien ne doit se décider à propos de l'Ukraine sans les Ukrainiens.nes et rien à propos de l'Europe sans les Européens.nes. Cela va de soi. Nous sommes d'accord avec tous nos amis et partenaires en Europe à ce sujet. Une chose est très claire pour moi : toute solution négociée doit permettre à l'Ukraine d'avoir des forces armées à sa disposition dans le futur qui lui permette de combattre toute nouvelle attaque russe. C'est un défi considérable financièrement, matériellement et logistiquement. Cela va surpasser les capacités financières de l'Ukraine pour envisager l'avenir. Nous les Européens avec nos partenaires transatlantiques et internationaux devons l'assurer de notre présence.
A.G. : Jeudi, le Président Trump est revenu sur ses déclarations antérieures et a assuré les reporters que « bien sûr » l'Ukraine participerait aux discussions avec la Russie.
Le Vice-président J.D.Vance a déclaré au Wall Street Journal que les États-Unis pourraient frapper la Russie avec des sanctions et même utiliser des « moyens de pression militaires » si V. Poutine n'accepte pas une entente qui garantira l'indépendance ukrainienne à long terme. Il a ajouté qu'il entend dire aux leaders européens d'accueillir chaleureusement les partis populistes, de faire cesser l'immigration de masse et de revenir à les politiques progressistes. Il ne rencontrera pas le Chancelier allemand qui est l'hôte de la conférence.
Plus de 40 ralliements de protestations contre cette conférence sont programmés à Munich.
Pour mieux comprendre la situation nos avons deux invités à Munich : Melanie Schweizer est avocate. Elle a travaillé au Ministère du travail et des affaires sociales allemand. Elle est membre du Parti progressiste MERA25, et candidate à l'élection législative plus tard ce mois-ci.
Aussi, Yanis Varoufakis, ancien ministre des finances grec sera avec nous. Son ouvrage le plus récent est intitulé : Technofeudalism : What Killed Capitalism. Il doit prendre la parole à un de ces rassemblements de protestation samedi à Munich. Leur slogan : « Peace-capable instead of war-capable » !
Yanis Varoufakis nous allons commencer avec vous. Qu'est-ce que cela veut dire ? Quel est votre message à Munich en ce moment où se trouvent le nouveau Vice-président américain et le nouveau Secrétaire d'État américain ? Bien sûr qu'ils ne sont pas seuls. Le message, le sujet principal est la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Yanis Varoufakis : Amy, l'Europe était un merveilleux projet de paix. L'idée de réunir différentes nations dans l'Union européenne devait faire en sorte qu'il n'y ait plus de guerre en Europe. Malheureusement, cernée par deux différents autoritarismes, celui de V. Poutine d'une part et les forces des va-t-en-guerre expansionnistes américains.es dirigés.es par l'Alliance atlantique (OTAN) par ailleurs, l'Europe a été essentiellement captive d'une frénésie de va-t-en-guerre. Pensez-y, la cheffe de la défense et la porte-parole pour la sécurité de l'Union européenne, l'ancienne Première ministre estonienne, Mme Kaja Kallas, plaidait pour l'effondrement de la Fédération de Russie et la rupture (avec ce pays). C'est un appel à la guerre.
Donc, nous sommes à Munich pour démontrer la transformation de l'Union européenne en union de guerre. Et n'oubliez pas que cette conférence soi disant sur la sécurité est dans les faits un bizarre bazar d'armements. Tous les marchands d'armes du monde les plus ambitieux sont ici pour supposément discuter de paix. Nous sommes ici pour leur imposer notre récit pacifique.
A.G. : Pouvez-vous, Yanis, nous parler de ce que le Président Trump dit à propos des armements nucléaires chinois, russes et américains ?
Y.V. : Les motivations de D. Trump sont toujours douteuses. Et ses négociations peuvent ne virer à rien. Mais cette idée de négociations a surgi devant l'ampleur de cette confrontation nucléaire. Rappelez-vous, l'horloge nucléaire est très, très proche de minuit maintenant, le plus proche depuis au moins 50 ou 60 ans. Ce n'est pas une mauvaise idée d'avoir des négociations tripartites. Mais, ce à quoi cela devrait conduire … avec le comportement de D. Trump qui ne cesse d'inonder la zone d'incertitudes pour des objectifs très, très douteux…
A.G. : Je veux faire entrer Melanie Schweizer dans la conversation. Elle est membre du Parti MERA25 et candidate à l'élection législative de ce mois-ci. J'ai dit que vous aviez été avocate au Ministère allemand du travail et des affaires sociales. Pouvez-vous nous parler des pressions dont vous avez été l'objet et de ce qui vous est arrivé ?
Melanie Schweizer : Oui, merci beaucoup. Bonjour Amy. Merci de me fournir ce moment pour vous parler.
Je pense que la situation allemande, en ce moment, est vraiment désastreuse. Il y a une attaque flagrante contre la liberté d'expression et la liberté de rassemblement. Nous sommes témoins du démantèlement de l'État de droit au moment où la démocratie est en crise. Et nous voyons venir ces élections avec la peur au ventre ; nous pensons qu'il se peut que ce soit la dernière élection avant l'arrivée du fascisme parce que les Partis centristes, les Sociaux démocrates, les Verts, et le Parti de gauche ont adopté non seulement la rhétorique de l'extrême droite mais aussi ses politiques.
Ils ont présenté de nouvelles résolutions contre la liberté de parole. Ils ont empêché Francesca Albanese de prendre la parole dans les universités cette semaine et la semaine prochaine. Ces politiciens.nes ont aussi réprimé les manifestants.es du mouvement contre la guerre et celui contre la violence génocidaire. La semaine dernière il était interdit de parler une d'autres langues que l'Anglais ou l'Allemand à cause de mensonges répandus par le plus grand journal d'extrême droite en Allemagne, Axel Springer. Il ne cesse de s'en prendre aux personnes et publie des informations confidentielles à leur propos. Alors, qui que ce soit en Allemagne qui parle en ce moment contre les crimes de guerre israéliens, contre le gouvernement, est susceptible de répression politique tout comme de révélations personnelles ou politiques par ailleurs confidentielles. Des gens perdent leur emploi, alors que pourtant, il est possible d'afficher sa rhétorique génocidaire sans avoir peur de quelque conséquence que ce soit.
C'est pour ça que je suis candidate. C'est pour ça que je suis devenue active en politique, parce que je pense que c'est très sérieux. Comme Allemande, avec l'histoire allemande, je me sens obligée de parler face à l'oppression, l'injustice et spécialement parce que je suis avocate et que j'ai été préparée à défendre la Constitution et donc la loi internationale.
Je veux ne vous donner qu'un exemple récent de la manière dont ces discours de haine sont rendus normaux. Récemment, une personne juive, journaliste de métier, a été accusée d'incitation à la haine simplement pour avoir dit : « Nous Juifs, … ne sommes pas des victimes ». Donc, aussitôt que quelqu'un parle contre cette chasse aux sorcières, il est poursuivi. Encore hier, le Ministre de l'intérieur a publié sur les réseaux sociaux en déclarant avec fierté que l'Allemagne est le seul pays qui expulse des gens en Afghanistan. Avec fierté ! Cela a soulevé une vague de protestation : « Comment pouvez-vous être fiers.ères qu'un pays européen expulse (des gens) en Afghanistan ? En ajoutant : « où les Talibans sont exercent le pouvoir ». Aujourd'hui, au cours d'une entrevue que le Chancelier a donnée, un journaliste lui a demandé : « Qu'allez-vous faire si la Cour pénale internationale arrive à la conclusion qu'il y a eu un génocide à Gaza » ? Il a répondu : « Je ne répondrai pas à ces questions. Ce n'est pas possible. Ça n'arrivera pas. C'est absurde. Ça n'arrivera pas ».
A.G. : Melanie Schweizer, avez-vous été suspendue du Ministère du travail et des affaires sociales ?
M.S. : Oui, de fait je l'ai été. Je me suis donc exprimée sur Twitter en donnant mon nom. On a publié des informations confidentielles sur moi, donc on a découvert que je travaillais à ce Ministère. J'étais en vacances en décembre et je devais reprendre le travail en janvier. Aussitôt j'ai été suspendue avec effet immédiat. Depuis ce moment-là, un article venant de Axel Springer, publié dans Bild-Zeitung est sorti et je n'ai plus jamais mis un pied dans ce Ministère. Je n'ai toujours aucune idée … la seule chose dont je suis consciente c'est de m'être exprimée à propos du génocide en cours et que cela devait cesser, que l'Allemagne devait cesser de fournir des armes à Israël et qu'il devait être sanctionné.
A.G. : Je veux revenir à Yanis Varoufakis et parler d'Elon Musk. On l'appelle le Président X, non pas pour désigner un ancien Président américain (Ex Président n.d.t.), mais bien par la lettre X. Il est propriétaire d'une des plus grandes plateformes de médias sociaux au monde, la plateforme X, et il apparait à côté du Président dans le Bureau ovale. Il semble prendre beaucoup de décisions, il a présidé à une rencontre de dirigeants.es internationaux en Allemagne et il vient tout juste de participer à une conversation de deux heures avec l'AFD, en soutient à l'AFD (Parti d'extrême droite en Allemagne n.d.t.). Pourriez-vous nous décrire ce Parti et sa montée si rapide ? Pouvez-vous nous le décrire comme un parti Néo Nazi ? Et son rôle dans la manière dont vous parlez de techno féodalisme à propos d'Elon Musk ?
Y.V. : Commençons par l'Alternative für Deutschland, l'Alternative pour l'Allemagne. C'est un Parti qui s'est présenté comme euro sceptique et contre la monnaie unique. Il s'est servi de figures de style et autres tournures de phrase pour faire allusion au passé nazi. Il serait erroné de l'appeler parti nazi ou néo nazi. Il est plus exact de le qualifier de parti conservateur, raciste, xénophobe ce qui réfère à la période noire du nazisme.
Pour ce qui est d'Elon Musk, c'est un seigneur féodal de la technologie. Il faut se rappeler qu'il est un de ces seigneurs, arrivé sur le tard, après Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, Google et Microsoft qui ont été les pionniers des seigneurs féodaux de la technologie. Ils ont créé un système numérique dans lequel nous sommes enfermés.es et où on trouve une exploitation massive de tous et toutes, les gens qui vendent des produits sur Amazon, les médias et les journaux, et ceux et celles dont le travail a été usurpé. Mais Musk … il était un capitaliste standard. Il produisait des autos, des fusées. Ce n'est pas un produit standard mais quand même un produit industriel. Et il s'accapare de Tweeter ! Il l'achète parce qu'il veut connecter son empire capitaliste avec ce que j'appelle un « cloud capital », le capital algorithmique qui possède la remarquable capacité de modifier vos comportements. Quiconque possède cette capacité, le pouvoir, le capital et ce capital algorithmique peut tirer d'énormes bénéfices du reste de la société. Et, très vite, il décide de faire ce que tous les capitaines d'industrie ont fait dans le passé, c'est-à-dire amadouer le gouvernement et arriver à accéder directement au pouvoir politique. C'est un retardataire mais il avance très vite n'est-ce pas ?
A.G. : Je veux vous lire un extrait d'une publication de Reuters et du Wall Street Journal : « Celui qui vraisemblablement sera le prochain Chancelier allemand a mis en garde … Elon Musk devra faire face aux conséquences de son intervention pour favoriser l'AFD avec sa plateforme X. Ce qui est arrivé durant cette élection ne peut rester sans réponse », a déclaré au Wall Street Journal, Friedrich Merz, le meneur dans les sondages en vue de l'élection du 23 février. Musk n'a cessé de demander aux Allemands.es de voter pour l'AFD en disant que seul ce Parti peut sauver le pays. Qu'elle est votre réaction par rapport à ce que vous voyez en Allemagne en ce moment et ce qui arrive aux États-Unis où E. Musk a fait le salut nazi plusieurs fois dans les ralliements de D. Trump ?
Y.V. : C'est renversant de voir que nous devions être témoins de ces scènes de nos jours. Spécialement (quand c'est rattaché) à la mafia sud-africaine qui est derrière celle de PayPal. Rappelez-vous, ces gens ont grandi avec l'apartheid dans la tête.
Mais, permettez-moi de faire quelques commentaires à propos de Freidrich Merz qui sera le prochain Chancelier allemand si on en croit les sondages. Vous dites qu'il s'est retourné contre E. Musk en l'accusant plutôt correctement d'avoir mis sa plateforme au service de la cheffe de l'AFD. Même s'il est dans la vérité en disant cela, il est probablement la quintessence de l'hypocrisie. Il n'y a pas plus de dix jours, ce leader du CDU qui est en avance en Allemagne, c'est allié à l'AFD pour faire passer au parlement fédéral allemand une résolution xénophobe, raciste, toxique qui vise les requérants.es du statut de réfugié. Ensemble, L'Union démocratique chrétienne avec l'AFD ; vous devez en avoir entendu parler. Donc c'est le même homme qui deviendra Chancelier d'Allemagne qui accuse E. Musk d'avoir ouvert sa plateforme à l'extrême droite allemande alors qu'il a déjà couché avec elle.
Voilà où nous en sommes. Nous sommes maintenant pris.es dans cette diabolique alliance entre les centre droit et l'extrême droite. Et je crains vraiment qu'après les élections fédérales nous soyons dans la même situation qu'en Autriche ou dans les Pays bas : l'extrême droite et le centre droit poussent l'échiquier politique de plus en plus profondément dans la misanthropie utilisée comme une arme.
A.G. : Melanie Schweizer, vous êtes candidate pour le Parti MERA25 qui est un nouveau parti. Expliquez-nous ce que signifie le soutien d'E. Musk à l'AFD ?
M.S. : D'accord. MERA25 est un parti relativement nouveau. Il a été créé en 2021 en Allemagne. C'est donc la première élection fédérale à laquelle nous prenons part. C'est un parti socialiste, internationaliste et anti impérialiste. Il a été fondé dans la foulée du Mouvement européen pour la démocratie'25 (DiEM25). C'est un parti qui est résolument contre la militarisation. Nous pensons que nous avons besoin d'un mouvement politique mais en dehors des politiques, pour combattre les va-t-en-guerre dont nous entendons les discours, la préparation à la guerre. On se sent de plus en plus dans l'atmosphère de 1984, (le livre).
Ici, ce que nous voyons c'est aussi une instrumentalisation de notre passé, de notre histoire. L'antisémitisme et la raison d'État sont utilisés comme arme contre le peuple qui s'objecte à cette machine de guerre, qui veut mettre fin à la livraison d'armements. Entre 60 et 70% des Allemands.es ne veulent plus que des armes soient livrées à Israël. Tous les Partis présents au parlement le veulent aussi, ils soutiennent cette position. Mais ils ne respectent pas leur électorat, ils ne les représentent plus.
Et c'est la même chose … aujourd'hui l'idée que l'antisémitisme est un enjeu arabe ; nous avons abandonné notre histoire autour de ce sujet. Et voilà qu'arrive Elon Musk avec son salut nazi. Ça a été minimisé et on n'a pas nommé le geste correctement. Mais, en Allemagne, quand les gens défendent les droits des Palestiniens.nes, leur droit à la vie, à la dignité, on les traite d'antisémites.
Donc, ce qui se passe en ce moment c'est vraiment le fascisme en temps réel. Et ça empire de jour en jour ; ça devient vraiment apeurant, préoccupant. Et les médias sont complices de tout ça. Parce que nous sommes clairement contre et la guerre et son mouvement, nous n'avons aucun espace pour nous exprimer dans les médias. Ils ne nous donnent aucune couverture durant cette campagne électorale. Donc, comme Parti contre le mouvement belliciste, nous sommes marginalisés et menacés par la police également. On nous a informés que si nous organisions n'importe laquelle activité politique à Berlin, nous devrions les en aviser.
Qu'E. Musk travaille main dans la main avec L'AFD, ça dit aussi quelque chose des développements globaux. Mondialement, nous allons vers le fascisme. C'est ce qui fait que le gouvernement israélien peut parler comme il le fait en ce moment. C'est un gouvernement d'extrême droite fasciste. Tout cela avance de concert.
A.G. : Merci à vous deux. (…)
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Cabaret féministe

Dans le cadre de la Journée internationale des droits des Femmes, le Comité des femmes de Québec Solidaire de la Capitale-Nationale vous invite à une toute nouvelle édition du Cabaret féministe qui aura lieu le samedi 1er mars 2025 de 14 h à 16 h 30 à La Korrigane - Brasserie artisanale.
Venez partager vos textes, chansons, slams, danses ou autres.
Cette année, le thème principal sera le contexte politique et social actuel. Les sous-thèmes suggérés mais non restrictifs sont : justice climatique, femmes migrantes et immigrantes, femmes autochtones, violences obstétricales, travailleuses essentielles, charge mentale, violences, pauvreté, etc.
Préinscription recommandée pour les participant.es, ainsi que pour celles qui souhaitent contribuer au micro-ouvert non-mixte (pour les personnes s'identifiant comme femme ou non-binaire). La priorité sera accordée aux pré-inscriptions pour la prise de parole lors de l'évènement. Voici l'adresse courriel pour vous inscrire au micro-ouvert : comitedesfemmesqsqc@hotmail.com
Évènement mixte, mais participation au micro-ouvert non-mixte
Où ? La Korrigane - Brasserie artisanale
380 Rue Dorchester, Québec, QC G1K 6A7
Quand ? Le samedi 1er mars de 14 h à 16 h 30
Lien facebook de l'événement : https://www.facebook.com/share/18k77RrneE/
Au plaisir de vous voir en grand nombre !
Émilie, Ginette et Mathilde
Comité organisateur du Cabaret féministe 2025
Comité des femmes de Québec Solidaire de la Capitale-Nationale
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Une rencontre stimulante, une expérience à répéter

Vendredi le 21 février 2025, l'organisation Révolution écosocialiste a tenu une rencontre pour discuter des impacts des pressions de l'administration américaine sur l'évolution de la situation économique et politique au Canada et au Québec. Ces pressions visent à favoriser le renforcement des positions de la droite et de l'extrême-droite sur toute une série d'enjeux allant de la fermeture des frontières à l'augmentation des dépenses militaires. Le rôle de la gauche et des mouvements sociaux pour faire face à ces nouveaux défis a été au centre des préoccupations des militant-es qui ont participé à cette rencontre.
Un panel réunissant Amir Khadir, Karine Cliche, Andres Fontecilla, Josée Chevalier et André Frappier a ouvert le débat avec les participant-es à cette rencontre. Nous présentons dans les vidéos ci-dessous, les différentes interventions de ce panel. Nous reviendrons dans notre prochaine édition sur les débats que ces interventions ont suscités.
Les interventions du panel
Amir Khadir, ex-député et ancien porte-parole de Québec solidaire
Amir Khadir décrit la stratégie de choc et d'effroi de Trump et son impact sur les gens de la gauche. Il rappelle les failles dans la puissance de Trump et insiste sur les possibilités de s'opposer ouvertement à ses politiques et à son capitalisme extrême.
Karine Cliche, ex-candidate de QS dans Ste-Rose et initiatrice de QS-Parti de la rue.
Karine Cliche souligne que dans cette période de crise ce que doit faire la gauche c'est de convaincre que les changements importants doivent se faire et qu'on a toutes les raisons de les faire. Il est essentiel pour cela que la gauche prenne toute sa place.
Andres Fontecilla, député de QS dans Laurier-Dorion.
Andres Fontecilla constate que, dans son ensemble, le peuple québécois est inquiet face au changement du paradigme du capitalisme mondial. On assiste à une remise en question complète des politiques libre-échangistes. Une version raciste et colonialiste du capitalisme s'installe portée par la montée de l'extrême droite. Face à la crise de la gauche sociale-démocrate, nous avons besoin d'élaborer une nouvelle stratégie.
Josée Chevalier, ex-candidate de QS dans Laval-des-Rapides et militante CSN.
Josée Chevalier insiste sur le fait que Trump est un misogyne qui s'attaque aux droits des femmes. Ces attaques contre les femmes viennent de partout, y compris dans la société québécoise. Face à cela, il faut que Québec solidaire fasse preuve de combativité et qu'il donne toute leur place aux femmes si nous voulons briser le modèle patriarcal de la politique.
André Frappier, militant à QS Maurice-Richard et membre de Révolution écosocialiste.
Dans son allocution, André Frappier a souligné l'importance pour QS d'aller au-delà d'un électoralisme à courte vue. Il a également esquissé la nécessité pour la gauche d'une rupture avec le système tout en développant des alliances populaires pour combattre l'extrême droite et l'austérité.
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Municipalités et droits humains : une rencontre qui se densifie
Retour à la table des matières Droits et libertés, automne 2024 / hiver 2025
Municipalités et droits humains: une rencontre qui se densifie
Me Benoît Frate, Professeur agrégé, Département d’études urbaines et touristiques, ESG UQAM
Me David Robitaille, Vice-doyen aux études et professeur titulaire, Section de droit civil, Faculté de droit, Université d’Ottawa Il est clair depuis longtemps, en droit interne canadien, que les municipalités sont imputables de la mise en œuvre et du respect des droits humains, en vertu, notamment, des Chartes canadienne et québécoise des droits. Comme le texte de la Pr Lucie Lamarche dans ce numéro l’a démontré, les institutions internationales, comme les organes de traités des Nations unies, voient quant à elles de façon croissante les municipalités d’ici et d’ailleurs sur leur radar, et ce, même si elles n’ont pas de statut formel en droit international public. Ce rapprochement, entre droits humains et municipalités, va de soi quand on y pense. Les municipalités du 21e siècle, gouvernements de proximité, créatrices et gardiennes des milieux de vie, jouent un rôle important bien au-delà des champs de compétence qu’on leur associe traditionnellement, comme la voirie, l’aqueduc ou la collecte des déchets ! Cette rencontre entre municipalités et droits humains s’est densifiée au même moment où le rôle des municipalités se transformait et que celles-ci gagnaient en autonomie. Le droit n’est pas étranger à cette transformation, bien au contraire. En effet, les trente dernières années ont vu les municipalités canadiennes traverser d’importantes réformes législatives provinciales visant à leur accorder davantage de pouvoirs et d’autonomie, malgré les paramètres constitutionnels en place, des réformes dont les tribunaux semblent jusqu’à maintenant bien avoir saisi la teneur. L’autonomisation croissante des municipalités sur les plans législatif et jurisprudentiel fait d’elles, plus que jamais, des interlocutrices incontournables en matière de droits humains. Cela est presque mathématique : avec plus de pouvoirs, viennent plus de responsabilités. Les prochaines lignes exposeront les grandes lignes de cette dynamique.Vers l’autonomie locale
Comme le rappelait récemment la Cour suprême du Canada1, les municipalités, constituant un champ de compétence provincial en droit constitutionnel, sont juridiquement sous le contrôle absolu des provinces. La Cour confirma dans cette affaire que le gouvernement ontarien avait parfaitement le droit de recomposer le conseil de ville de Toronto durant la campagne électorale municipale de 2013, le faisant passer de 47 à 25 conseillers, et que cela ne constituait pas une violation de la liberté d’expression des candidats. Les provinces, via une législation abondante, encadrent ainsi dans les moindres détails l’existence, les finances et les pouvoirs des municipalités. Malgré ce contrôle, des réformes législatives provinciales majeures ont eu lieu. L’aspect le plus frappant de ces dernières réside dans la façon dont l’attribution des compétences et pouvoirs aux municipalités a changé. La traditionnelle délégation spécifique, détaillée et restrictive de pouvoirs (sous forme de « liste d’épicerie ») a été transformée en approche plus globale par la création de « sphères de compétence », c’est-à-dire l’énonciation de domaines de compétence où les municipalités sont titulaires de pouvoirs larges. Au Québec, la Loi sur les compétences municipales2, entrée en vigueur en 2006, s’inscrit dans cette tendance. Celle-ci vise les pouvoirs dans neuf domaines de compétence, dont plusieurs ont des liens évidents avec les droits humains (culture, loisirs, activités communautaires et les parcs; développement économique local; production d’énergie et systèmes communautaires de télécommunication; environnement; salubrité; nuisances; sécurité; transport; et, depuis 2023, habitation).
Des effets concrets en pratique
S’il est incontestable que les développements législatifs et jurisprudentiels décrits ci-dessus ont contribué, au moins en partie, à l’émancipation des municipalités canadiennes, celles-ci demeurent bien sûr assujetties à de nombreuses limites en raison des paramètres constitutionnels actuels. Pensons, par exemple, au fait que de nombreuses lois habilitantes sont encore rédigées sous le modèle de la « liste d’épicerie » ou encore que les lois et règlements de la province priment sur la réglementation municipale. Cela dit, dans l’histoire du droit municipal au pays, les avancées précitées sont non négligeables et ont des effets bien concrets. Elles sont prometteuses sur le plan de l’autonomie, de l’adaptabilité et de l’innovation réglementaire des municipalités, n’enfermant plus ces dernières dans un carcan aussi rigide qu’auparavant. Les municipalités agissent ainsi de façon croissante dans un ensemble de domaines, souvent de façon innovante. De l’interdiction des pesticides à l’encadrement de l’hébergement touristique de courte durée en passant par la lutte aux déserts alimentaires, les municipalités contribuent à la mise en œuvre locale des droits humains à un environnement sain, au logement, à la santé ou à l’alimentation, par exemple. Bien sûr, cette médaille a deux facettes : des actions municipales sont aussi susceptibles d’aller à l’encontre des droits humains. Bref, l’augmentation des pouvoirs municipaux entraînent des répercussions pour les titulaires de droits humains, ces derniers étant plus que jamais susceptibles d’être touchés par une action municipale.Bref, l’augmentation des pouvoirs municipaux entraînent des répercussions pour les titulaires de droits humains, ces derniers étant plus que jamais susceptibles d’être touchés par une action municipale.Les municipalités sont aussi souvent au centre de tensions et d’arbitrages entre des droits humains qui en apparence s’opposent, comme dans le dossier Transcontinental4 où la liberté d’expression a été plaidée à l’encontre d’un règlement interdisant la distribution d’imprimés publicitaires et ayant pour effet, notamment, de contribuer à la protection de l’environnement. Soulignons enfin que, fortes de cette autonomisation et des nombreux domaines dans lesquelles elles agissent désormais, nombreuses sont aussi les municipalités qui se déclarent villes des droits humains, villes inclusives ou villes durables, entre autres, quoique la contribution de ces étiquettes à la réalisation effective des droits humains dépende ultimement des actions concrètes qui en découlent. La rencontre entre droits humains et municipalités se densifie et rien n’indique un essoufflement de la dynamique, bien au contraire. Cette édition de Droits et libertés contribue à en prendre la pleine mesure.
Les auteurs sont respectivement Professeur agrégé, Département d’études urbaines et touristiques, ESG UQAM et Vice-doyen aux études et professeur titulaire, Section de droit civil, Faculté de droit, Université d’Ottawa. Tous deux sont membres du Barreau du Québec. Ils sont auteurs d’un récent texte qui fait le bilan de l’adoption de la Loi sur les compétences municipales; voir Benoît Frate et David Robitaille, Quinze ans de Loi sur les compétences municipales : contexte, avancées et limites pour l’autonomie locale, Service de la qualité de la profession, Barreau du Québec, Développements récents en droit municipal (2022), vol. 509, 2022, 203. 1 Toronto (Cité) Ontario (Procureur général), [2021] 2 RCS 845. 2 Loi sur les compétences municipales, RLRQ, C-47.1. 3 Produits Shell Canada ltée Vancouver (Ville), [1994] 1 RCS 231. 4 Médias Transcontinental Ville de Mirabel, 2023 QCCA 863.
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Un géant en guerre contre les travailleurs du monde

« Nous sommes en face du surgissement de l’inconcevable »

Internationalisme et démocr@tie n°9
Donald Trump est redevenu président ou plutôt il vient d'être investi 47e président des États-Unis d'Amérique. Trois mois ont suffi, les répliques de la secousse ne sont pas stabilisées, mais rien ne sera plus comme avant.
20 février 2025 | tiré du site entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/02/20/nous-sommes-en-face-du-surgissement-de-linconcevable/#more-90879
Et le monde a basculé…
Des signes avaient précédé l'événement. Mais, c'était davantage la faiblesse, les erreurs de la campagne démocrate qui étaient soulignés. L'arrivée de Trump était souvent minorée, voire moquée : « C'est un clown », « Ce sera comme la dernière fois »… L'attaque du Capitole par la horde de ses partisans était relativisée, voire oubliée [1].
Les débats lexicologiques ne sont pas sans intérêt pour la compréhension fine de l'époque. Nous publions deux textes de Gaspar Miklos Tamás sur l'apparition du post-fascisme en Hongrie [2]. La vague vient de loin…
« L'histoire ne repasse pas les plats », remarquait Hegel, au début du 19e siècle. La politique de Trump n'est pas identique à celle menée en Europe par Mussolini, Hitler ou le colonel de La Roque [3] ; l'oligarque de la tech, Elon Musk, n'est pas Henry Ford.
Pourtant ce n'est pas une comédie qui se déroule sous nos yeux malgré les gesticulations, les saluts et les grimaces des protagonistes [4].
Trump, depuis son investiture, déroule ce qu'il faut bien appeler une politique fasciste. Pour s'en convaincre, il suffit de récapituler quelques-uns des nombreux décrets qu'il a théâtralement signés.
* Amnistie des assaillants du Capitole en 2021… Milices armées.
* Aide aux entreprises amies, suppression des règlements et organismes anticorruption… Mafia.
* Expulsions des immigré·es, réaffectation de Guantanamo… Racisme.
* État d'urgence à la frontière avec le Mexique… Menaces contre les pays voisins.
* « Dégraissage de l'État », fermeture de services à la population… Libertarisme.
* Suspension de l'aide internationale (USAID) et nationales… Isolationnisme.
* Hausse des tarifs douaniers… Guerre commerciale.
* Organisation de l'espace d'influence (Canada, Panama, golfe du Mexique, Groenland)… Doctrine Monroe élargie.
* Attaques contre le droit international et ses instances : CPI et CIJ, protection du criminel Netanyahou… Impunité renforcée des criminels et destruction du droit et des droits.
* Suppression du « droit du sol »… Nativisme.
* Fin des programmes d'égalité, de diversité et d'inclusion… Remise en cause des acquis de la lutte pour les droits civiques.
* Retrait des organismes internationaux où ils siégeaient encore, en particulier, l'OMS… Laisser faire, conspirationniste, eugénisme.
* Attaques contre les femmes (droit à la contraception et à l'avortement) laissées au bon vouloir des États avec la bénédiction d'une Cour suprême à majorité réactionnaire, en attente de possibles nouveaux décrets… Masculinisme et destruction des droits.
* Restauration de « la réalité biologique naturelle ». Essentialisme.
* Exclusion des personnes « trans » de l'armée et du sport… Homophobie et sexisme.
La liste est longue et s'allonge [5]…
Un exemple troublant et lourd de sens : Trump a publié un décret sur l'architecture des établissements publics et s'est nommé président de la Fondation J. F. Kennedy Center of Performing Arts. À quand l'interdiction de l'art « dégénéré », c'est-à-dire celui qui ne reçoit pas l'agrément de ses amis, comme Bernard Arnaud, qui font et contrôlent le marché de l'art ?
Pour appliquer cette rafale de décrets, le président s'est entouré de collaborateurs issus du mouvement MAGA [6], créé sur la base du mot d'ordre initial de campagne, dans et hors du vieux Parti républicain.
Aujourd'hui, Trump dicte sa politique et les républicains approuvent ou se taisent [7]. D'autre part, ses collaborateurs n'ont pas suivi le cursus traditionnel qui menait à l'exercice du pouvoir ; ce sont des businessmen pour la plupart. La réussite en affaires, encore faut-il distinguer les investisseurs industriels et les aventuriers des échanges transactionnels [8], semble être le viatique pour gouverner. Le néolibéralisme dans son idéologie et par son soft power magnifiait depuis longtemps ces « héros » aux États-Unis, mais aussi en Europe. La vague vient de loin…
MAGA accoucha de MEGA (Make Europe Great Again) le 8 février 2025 à Madrid où se sont réunis les soutiens européens de Trump [9]. Une force politique réelle et dangereuse au pouvoir ou à ses portes dans beaucoup de pays mais aussi à Bruxelles.
Vendredi 14 février, le vice-président des États-Unis s'est adressé aux chefs d'États européens à Munich. Il a reproché à l'Europe son renoncement à « certaines valeurs fondamentales », comme le liberté d'expression. Pour lui, comme sur X, celle-ci doit être sans limite et laisser libre cours au complotisme et aux « vérités alternatives ». L'Europe a également, selon lui, renoncé à la démocratie. Il prend pour exemple le président roumain qui, sans campagne aucune, a été élu grâce à des malversations informatiques venues de l'étranger (Russie très certainement). C'était la démocratie selon Vance et jamais il n'aurait dû être obligé de démissionner.
Vance est en phase et soutient les MEGA dans leur lutte orwellienne contre « L'Europe des Lumières » et, contre l'avis de tous les dirigeants allemands, il a rencontré personnellement Alice Weidel, la responsable de l'AfD.
Au début du siècle, les études sur le « post-humanisme » s'attardait sur le côté dangereux mais folklorique des pionniers de la réalité augmentée, du dépassement du vivant, etc. Aujourd'hui, Musk, a rallié la Silicon Valley – une illustration du basculement de secteurs capitalistes vers des solutions très autoritaires et illibérales [10] – à la cause de Trump et ce qui, il y a peu, semblait encore un cauchemar de science-fiction, est devenu un marché juteux. Sous couvert de recherches médicales réelles, le champ des applications de l'augmentation machiniste du « potentiel humain » s'est extraordinairement étendu.
De même, se retrouvent au pouvoir des propriétaires de plateforme d'échanges de bitcoins, à commencer par Trump et Musk. Ce marché financier parallèle et obscur enrichit les riches d'autant plus qu'ils sont au pouvoir. La vague vient de loin…
Notre revue a un an
Née en réaction au 7 octobre en Israël-Palestine – crimes du Hamas et politique de Netanyahou – et à l'invasion poutinienne de l'Ukraine, soutien à la résistance du peuple ukrainien contre l'impérialisme russe, Adresses s'est intéressée à la transformation du monde en multipolarités impérialistes [11]. Les divers pôles, issus le plus souvent des BRICS, cumulaient des politiques autoritaires pour le moins. Mais il restait des aspects de la mondialisation capitaliste (adhésion de la Chine à l'OMC en 2001) qui faisait que les économies se trouvaient en concurrence certes mais incroyablement interpénétrées.
Restait encore, une domination évidente de la puissance étasunienne qui semblait maintenir un équilibre précaire et renvoyer un reflet de la démocratie dite occidentale.
C'était même l'unique grille de lecture de bien des analystes qui prônent un campisme primaire ou une hiérarchisation des combats au nom d'une conception étriquée de la colonialité [12].
L'élection de Trump vient de chambouler bien des analyses. Le basculement fasciste du gouvernement des États-Unis rentre en résonance avec les pratiques des autres pôles impérialistes.
Il ne s'agit pas simplement de recréer de nouvelles narrations mais d'ouvrir les yeux sur la profondeur du changement.
L'instauration d'un dialogue entre Trump et Poutine excluant de fait les dirigeants ukrainiens, la place des accords économiques (la volonté d'accaparement des terres rares) primant sur le droit international sont des exemples de ce qu'il convient d'appeler la « diplomatie transactionnelle ». La loi du plus fort, la primauté des intérêts financiers.
Cette nouvelle pratique s'applique à bien des aspects de la politique internationale. Tous les acteurs majeurs de la politique mondiale prennent langue avec Trump et se préparent à ce grand casino. Les règlements internationaux n'interfèrent plus avec la volonté du plus fort, la tentative d'organiser un développement « éthique » et concerté de l'« Intelligence artificielle » a échoué cruellement pour son organisateur lors du sommet de Paris des 10 et 11 février.
Ces rapports directs de subordinations et de transactions sont lourds de confrontations à venir. Le néolibéralisme mondialisé a vu les conflits se multiplier, le trumpisme, ses avatars et ses dérivés mènent aux guerres et aux affrontements contre les collectifs de travailleurs et travailleuses [13].
Certes la vague vient de loin mais aujourd'hui c'est une déferlante. Bien des interrogations se posent : quel sera le rôle de la Chine ? Quel sort réserve-t-on aux Gazaoui·es ? Que deviennent les résistant·es ukrainien·nes ? Dans cette nouvelle forme de domination du monde que deviennent les populations qui ne participent pas aux razzias, celles et ceux qui n'ont que leur force de travail ?
En conclusion que peut faire la « gauche d'émancipation » dans ce nouveau « casino » ?
Certes les analyses doivent sortir de la peinture à gros traits de la situation. Ce travail doit être poursuivi et approfondi rapidement. Il faut aussi apprendre des erreurs. La faiblesse de cette gauche, son inconséquence, sa rapidité à transformer les mobilisations émancipatrices en regroupements conformistes font partie du problème global.
Mais sans tarder, face à cette déferlante c'est bien d'un barrage uni contre le fascisme [14] pour la défense implacable de la démocratie, du droit des femmes à disposer de leur corps [15], du droit des peuples à l'autodétermination, de la solidarité internationale sans laisser quiconque dans l'ombre (Afghan·nes, Congolais·es, Géorgien·nes, Haïtien·nes, Soudanais·es, Iranien·nes, Kurdes, Ouïgour·es, Palestinien·nes, Rohingyas, Tutsi·es, Syrien·nes, Tamoul·es, Tibétain·nes, Ukrainien·nes, etc. – tous et toutes aussi dignes que les autres –, sans oublier les peuples-nations effacés de l'outremer français).
Sans tarder, ensemble, en respectant les choix de chacun·e, par-delà les divergences, nous pouvons populariser les résistances fragmentaires, ressouder des liens distendus, participer à revivifier toutes ces formes sociales et politiques qui se construisent par en bas, etc.
Faire front commun contre la déferlante fasciste. Il y a urgence !
Didier Epsztajn, Michel Lanson, Patrick Silberstein, 15 février 2025
Nous avons emprunté le titre de cet édito à Patrick Chamoiseau que nous remercions chaleureusement pour son autorisation.
Télécharger le n°9 : Adresses n°9
Notes
[1] Deux romans, à la fois dystopiques et uchroniques, auraient pu attirer notre attention sur la survenue possible de l'inconcevable. Impossible ici, de Sinclair Lewis date de 1935 et Complot contre l'Amérique de Philip Roth est paru en 2004.
[2] Voir Gaspar Miklos Tamás, « Naissance du post-fascisme dans la Hongrie de Orban », p.27 et « Sur le post-fascisme », p.36.
[3] Voir Didier Leschi, « Les Croix-de-feu et la tentation autoritaire à la française », Adresse n° 09/88, p.72 ; Patrick Le Tréhondat, Robi Morder et Patrick Silberstein, « Dernière station avant l'abattoir », Adresse n° 09/89, p. 84.
[4] Voir Bart Cammaerts, « Le salut nazi d'Elon Musk, George Orwell et cinq leçons », Adresse n° 09/89, p. 49.
[5] Voir Frieda Afary, « Fascism or not fascism », Adresse n° 09/82, p.18.
[6] Make America Great Again : Rendre l'Amérique à nouveau grande.
[7] Voir Sam Farber, « Comprendre la réélection de Trump », Adresse n° 09/87, p.63.
[8] Voir Samuel Farber, « Trump Lumpen Capitalist », Jacobin, octobre 2018.
[9] Voir Gilbert Achcar, « L'ère du néofascisme et ses particularités », Adresse n° 09/86, p. 61.
[10] Voir Taki Manolakos, « La fin du néolibéralisme préfigure la montée du fascisme », Adresse n° 07/63, p. 23.
[11] Voir Kavita Krishna, « Multipolarité une doctrine au service des autoritarismes », Adresses, n° 0, 23 janvier 2024.
[12] Voir Michel Cahen, « Violences en colonialité : “Angola 1961. Gaza-Israël 2023” », Adresses, n°4, 1er septembre 2024 ; « Intégrer l'ethnicité à la démocratie politique », à paraître dans Adresses, n°10.
[13] Voir Ilya Budraitskis, « Le poutinisme, c'est le fascisme », Adresse n° 09/85, p.52
[14] Voir, Carl Davidson et Bill Fletcher Jr., « Combattre l'abolition de la démocratie », Adresse n° 09/81, p. 9.
[15] Voir Un appel unitaire, « 8 Mars : grève féminist ! », Adresse n° 09/90, p. 100.
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Ensemble contre Trump et contre l’extrême droite !

Plus d'une centaine de manifestant-es se sont réunis devant le Consulat général des États-Unis à Québec ce dimanche 23 février 2025 pour dénoncer les politiques fascistes, colonialistes, misogynes et racistes du président Trump. Presse-toi à gauche publie ci-dessous les différentes interventions qui, toutes, soulignaient les dangers des politiques du président Trump non seulement pour les personnes vivant aux États-Unis mais également pour les peuples du Québec, du Canada et du monde.
Les interventions
1. Vania Wright-Larin du Regroupement d'éducation populaire en action communautaire des régions de Québec-Chaudière-Appalaches (REPACQ 03-12) dénonce les politiques de Trump et d'Elon Musk, leurs volontés impérialistes et leurs menaces tarifaires. Il a également introduit les différents intervenant-es et a ponctué ses propos de slogans bien sentis repris par les participant-es à cette manifestation.
2. Interventions de Marie-Hélène Fortier et d'Émilia Castro de la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes lors de la manifestation devant le Consulat américain à Québec le 23 février dernier contre les politiques régressives de Trump.
3. Intervention de Charlotte Veilleux de l'organisation DIVERGENRES en défense des droits des personnes LGBTQ+ et trans lors de la manifestation devant le Consulat américain à Québec le 23 février dernier contre les politiques régressives de Trump.
4. Intervention d'Hyungu Kang du Collectif de lutte et d'action contre le racisme qui vise à
combattre le racisme sous toutes ses formes et de défendre les droits des personnes racisées. Discours prononcé le 23 février 2025 à Québec dans le cadre d'un rassemblement de solidarité contre les politiques de Trump.
5. Intervention de Raphaël Laflamme du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants de Québec. Discours prononcé le 23 février 2025 à Québec dans le cadre d'un rassemblement de solidarité contre les politiques de Trump.
6. Mama Keita intervient au nom du Comité femmes immigrantes de Québec le 23 février 2025 dans le cadre d'un rassemblement de solidarité contre les politiques de Trump, rassemblement qui s'est tenu devant le Consulat américain de Québec.
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Mujeres Libres : Individuality and Community | Martha Ackelsberg (USA, 1984)

Les syndicats et groupes communautaires dénoncent le PL 89

MONTRÉAL, QC : Le Comité d'Action en Solidarité avec la Construction du Québec (CASQ), qui est un regroupement de différentes organisations communautaires et ouvrières supportant les travailleurs et travailleuses de la construction, organisera un rassemblement devant le bureau du ministre du Travail, Jean Boulet, pour dénoncer la déposition du projet de loi 89.
Le 19 février, Jean Boulet, le ministre du Travail de la CAQ, a déposé le projet de loi 89 (PL89) qui attaquer le droit de grève des travailleurs du Québec. L'ensemble des syndicats de la province a dénoncé ce projet de loi qu'ils accusent de brimer le droit constitutionnel de libre association.
Le Comité d'Action en Solidarité avec la Construction du Québec (CASCQ)
Contact : Renaud Simard - Responsable à la coordination
Téléphone : 438-935-8257
Courriel : renousim@hotmail.fr
Avec ce projet de loi, Boulet se donne le droit de forcer le retour au travail dans des secteurs qui ne sont pas considérés comme essentiels. Éducation, secteur municipal, secteur privé rien n'est épargné par le ministre accusé à plusieurs reprises de favoriser les intérêts du patronat.
Au Québec, l'année 2025 est déjà ponctuée par plusieurs conflits de travail, notamment dans les CPE, le transport scolaire et l'hôtellerie. À ces secteurs risquent de s'ajouter dans les prochains mois la construction, le transport collectif et les cols bleus.
Si le PL89 est adopté, le ministre du Travail pourrait suspendre ces grèves et imposer des arbitrages exécutoires aux tables de négociation en question. Or, ce genre de mesure a pour effet de réduire considérablement le rapport de force des syndiqués.
Avec les conventions collectives dans l'industrie de la construction qui se terminent le 30 avril 2025, les négociations sont déjà en cours et les offres patronales proposent des reculs majeurs en matière de conditions de travail et de salaire et mèneront à l'appauvrissement des travailleurs et travailleuses dans l'industrie dans un contexte d'inflation épuisante. Si les deux
côtés des tables de négociations ne se rapprochent pas et la grève est inévitable, le PL89 met directement en question le rapport de force que les travailleurs de la construction et leurs syndicats ont pour mettre de la pression sur le patronat.
Pour ces raisons, le CASCQ dénonce fortement le PL89 et nous invitons les membres des médias à venir couvrir notre rassemblement, parler avec nos organisations affiliées sur comment le PL89 va les affectées, et de discuter avec les travailleurs et travailleuses de la construction de leurs conditions de travail.
Alliance Ouvrière
Centre des Travailleurs/Travailleuses Immigrants (CTI-IWC)
Syndicat des Locataires de Montréal (SLAM-MATU)
Ligue 33
Syndicat des Locataires de Gatineau/Hull
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Paix entre néofascistes et guerre contre les peuples opprimés

Que Washington et Moscou aient choisi le royaume saoudien comme lieu de réunion entre leurs délégations pour discuter des perspectives de la guerre qui se déroule en Ukraine depuis que les forces russes ont envahi ce pays il y a trois ans, est une illustration claire des profonds changements qui se produisent sous nos yeux dans les affaires internationales.
Tiré de Médiapart
https://blogs.mediapart.fr/gilbert-achcar/blog/190225/paix-entre-neofascistes-et-guerre-contre-les-peuples-opprimes
19 février 2025
Gilbert Achcar
Professeur, SOAS, Université de Londres
La manière même dont la réunion a été organisée est tout à fait cohérente avec le lieu : l'administration néofasciste de Donald Trump n'a pas cherché à promouvoir la paix entre les parties belligérantes dans le cadre du droit international et des Nations unies, comme la Chine n'a cessé d'y appeler depuis le début du conflit, mais cherche plutôt à conclure un accord direct avec le régime également néofasciste de Vladimir Poutine aux dépens du peuple ukrainien. Il est donc tout à fait naturel que les deux parties n'aient pas choisi une arène neutre et conforme au droit international, comme les Nations Unies, mais une arène conforme à leur nature, même si son régime despotique est de type traditionnel.
Ce qui rend la scène encore plus hideuse, c'est que les États-Unis sont un partenaire à part entière dans la guerre génocidaire menée contre le peuple palestinien à Gaza, qui se déplace actuellement en partie vers la Cisjordanie. L'administration Trump s'est même empressée d'annuler les mesures limitées que l'administration précédente avait prises pour parer au blâme, en particulier le gel de l'exportation de bombes d'une tonne qui ont grandement contribué à la destruction de la bande de Gaza et à l'extermination de sa population, ainsi qu'à la guerre d'élimination qu'Israël a menée contre le Hezbollah au Liban. Au contraire, comme prévu, excepté par ceux qui ont tenté d'échapper à l'amère réalité en projetant leurs désirs sur elle (voir « Deux mythes sur le cessez-le-feu à Gaza », 22 janvier 2025), la nouvelle administration a surpassé la précédente dans la surenchère sioniste avec l'appel de Trump à déporter sans retour les résidents de la bande de Gaza, c'est-à-dire à mettre en œuvre ce que le droit international appelle « nettoyage ethnique » – un crime contre l'humanité.
L'axe néofasciste sioniste-américain converge avec la Russie de Poutine dans la haine raciale des peuples opprimés. Moscou a excellé dans ce domaine, non seulement par son agression coloniale contre l'Ukraine, répudiant sa souveraineté nationale, mais aussi dans la région arabe, où elle a joué un rôle clé dans la destruction de la Syrie et l'extermination d'un grand nombre de ses habitants, tout en étant ouvertement complice de l'État sioniste en lui permettant de bombarder à volonté les sites iraniens en Syrie (dans le cadre de la rivalité entre les influences russes et iraniennes dans ce pays). Le ministre russe des affaires étrangères a même comparé la guerre de Moscou contre l'Ukraine à la guerre d'Israël contre Gaza, assimilant la description poutiniste des dirigeants ukrainiens comme nazis à la description sioniste du Hamas comme nazis. Notons également que la réaction de Moscou au projet criminel d'expulsion énoncé par Trump a été modérée, même par rapport à la condamnation explicite émise par certains des alliés traditionnels de Washington, comme la France.
Voici maintenant les Américains impliqués dans le meurtre de centaines de milliers de Gazaouis qui rencontrent les Russes impliqués dans le meurtre de centaines de milliers de Syriens, les deux parties partageant avec l'État sioniste un mépris commun pour les droits territoriaux des peuples. Ils se rencontrent sur le territoire d'un État arabe qui, s'il se préoccupait vraiment du sort des peuples syrien et palestinien, aurait dû être si hostile aux deux parties qu'il ne leur serait même pas venu à l'idée de lui demander d'accueillir leur réunion.
Ce à quoi nous assistons en réalité n'est rien de moins qu'une refonte de la carte politique du monde, passant de la confrontation de la Guerre froide entre un bloc occidental qui prétendait défendre les valeurs de la démocratie libérale (et les a constamment trahies) et un bloc de l'Est dans lequel prévalaient des régimes dictatoriaux – de cette confrontation à la dissolution du système occidental, après le système oriental, par suite de la crise mortelle qui a frappé la démocratie libérale et de la montée mondiale du néofascisme (voir « L'ère du néofascisme et ses particularités », 5 février 2025). L'ère de la Nouvelle Guerre froide, qui a suivi l'effondrement de l'Union soviétique et la dissolution de son bloc, a constitué la transition en combinant loi de la jungle et néolibéralisme effréné. Washington a joué le rôle principal dans la prédominance de ces deux caractéristiques sur le droit international et le développement fondé sur l'État social et la protection de l'environnement.
Nous assistons aujourd'hui à une convergence entre néofascistes aux dépens des peuples opprimés, car le nouveau fascisme, comme l'ancien, nie ouvertement le droit des peuples à l'autodétermination. Les gouvernements libéraux restants en Europe sont stupéfaits, après avoir compté pendant huit décennies sur la protection américaine du système occidental sans oser former un pôle mondial indépendant de Washington, non seulement militairement, mais principalement dans le domaine de la politique étrangère. Le résultat est que les peuples opprimés du monde ne sont plus en mesure de profiter de la divergence entre grandes puissances qui existait dans le passé, mais doivent maintenant mener leurs luttes de résistance et de libération dans des conditions plus difficiles que jamais. Le cas de la Palestine en est la preuve la plus évidente.
Traduit de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est d'abord paru en ligne le 18 février. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.
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Quelle stratégie pour combattre l’extrême-droite et l’austérité ?

Révolution écosocialiste organisait une conférence vendredi le 21 février concernant la montée de l'extrême droite. Voici le texte de l'allocution d'André Frappier. Quelle stratégie pour QS au-delà d'un électoralisme à courte vue ? Assumer les perspectives de gauche et de rupture avec le système tout en développant des alliances populaires pour combattre l'extrême droite et l'austérité.
1. Définir la nouvelle problématique. Les raisons qui ont conduit à la montée de l'extrême droite dans le monde et à Trump en particulier
Le faible taux de syndicalisation est un révélateur de la pauvreté, les combats pour des salaires et des conditions de travail décents étant plus difficiles, ainsi que de la fragmentation du tissu social et par conséquent de la conscience politique de classe.
En 2023, 10,5 % des hommes salariés étaient syndiqués, contre 9,5 % des femmes ce qui est un nouveau record à la baisse. Le taux d'adhésion des travailleurs du secteur privé est resté inchangé, à un niveau record de 6 %. Les employeurs ont exploité les faiblesses du droit du travail américain et les responsables politiques fédéraux et nationaux n'ont pas réussi à les en empêcher.
Comparativement il était de 39,1% au Québec en 2022, 26,5% en Ontario et 29,4 dans le reste du Canada.
2. On ne peut revenir en arrière
L'irruption d'un régime à caractère néofasciste dans la principale puissance militaire et économique du monde cause une sidération naturelle et entraîne un réflexe bien compréhensible : celui de tenter de sauvegarder « le monde d'avant. L'ennui, c'est que c'est bel et bien ce « capitalisme démocratique » qui a enfanté de la monstruosité. Aux États-Unis les populations se sont tournées vers l'extrême droite en grande partie parce que les néolibéraux ont échoué, parce qu'ils n'ont pas tenu leurs promesses d'amélioration des conditions de vie.
Au Canada et au Québec
Mark Carney envisage la possibilité de réduire la taille des services publics. Selon l'AFPC Lorsque Pierre Poilievre dit qu'il veut “couper dans la bureaucratie”, le message est très clair. Un gouvernement sous Pierre Poilievre, ça voudrait dire des coupes dans les programmes dont ont besoin les familles, l'élimination d'emplois au gouvernement pour alléger les impôts de ses amis entrepreneurs, et la privatisation de services publics pour rediriger les fonds publics vers les poches des entrepreneurs privés.
Le Conseil du Patronat du Québec (CPQ) propose quant à lui de réduire l'impôt sur les bénéfices des sociétés de 15 à 12%, voire 10 % au fédéral et de 11,5 à 10 % au provincial.
Le gouvernement de la CAQ se prépare déjà à ce régime d'austérité en voulant retirer à toutes fin pratiques le droit de grève. Le seul qui s'y oppose c'est Québec solidaire. Legault s'est rangé sans nuance aux demandes de Trump en matière d'immigration. Le ministre Bonnardel a affirmé se préparer à envoyer la Sûreté du Québec pour faire face à la vague migratoire qui sera provoquée par la volonté d'expulsion de Trump.
Quant au PQ, PSPP dans une publication sur X n'hésite pas à affirmer : « Les États-Unis ont des points légitimes sur la question du laxisme aux frontières. Il faut donc voir cette situation pour ce qu'elle est réellement : avant tout, un enjeu de gestion négligente des frontières du gouvernement fédéral. Nous demandons au gouvernement fédéral de travailler avec l'administration Trump pour régler les enjeux aux frontières.
Quant à QS le recentrage populiste ne l'a pas servi. Selon le dernier sondage, nous sommes passés en dessous du PCQ d'Éric Duhaime avec son populisme de droite. Il est plus que temps de revenir à des revendications qui ciblent les responsables de la déchéance économique et environnementale, les grandes entreprises, les multinationales et les dirigeants de la finance.
L'immigration devient la cible de tous les maux avec lequel carbure le nationalisme identitaire.
3- Nos perspectives, ne comptons que sur nos propres moyens
S'il est normal et légitime, en cette période sombre, de chercher à sauver ce qui peut l'être, on ne doit pas oublier l'autre, essentielle, celle de se projeter vers l'avenir. Pour passer, enfin, à l'offensive.
S'opposer à Trump par le seul biais de la réponse aux tarifs qu'il dit vouloir imposer, c'est refuser de voir l'ensemble de ses objectifs. Et cette situation va maintenant amplifier la crise environnementale qui menace la survie de la planète. Seule une coordination une riposte environnementale et une alternative internationale pourra changer le cours des choses.
Si nous n'offrons pas d'alternative à la classe ouvrière, elle suivra forcément les forces néolibérales qui, de capitulation en capitulation devant la droite, la désarmera et la laissera au final sans force de résistance face à la droite et l'extrême droite. C'est l'histoire du mouvement ouvrier.
Notre force repose sur la politisation, sur la mobilisation. Il faut s'adresser à la population et aux progressistes américains, construire la mobilisation avec eux. Le Canada pays est contrôlé au final par les multinationales, les minières, les papetières, les compagnies forestières, les pétrolières et les consortiums financiers. Aucun secteur du capital ne viendra au secours de la démocratie.
Notre défi n'est pas de sauver ce Canada, mais de lier les luttes sociales de la classe ouvrière du Reste du Canada dans une stratégie commune avec les luttes des mouvements sociaux au Québec et avec les nations autochtones. Nous sommes la seule force qui peut apporter une solution à la crise politique et environnementale. L'heure est maintenant pour nous de construire la mobilisation populaire, d'unir les forces de la gauche au niveau international afin de pouvoir poser une politique et un discours alternatif.
- Qui mettra en priorité une politique altermondialiste basée sur la planification écologique dans la lutte aux changements climatiques passant par une rupture avec le capitalisme fossile,
- L'égalité sociale et la défense des services sociaux dans une perspective d'égalité sociale ;
- Une lutte anti-patriarcale défendant l'égalité des hommes, des femmes et des personnes de la diversité sexuelle et de genre, une lutte antiraciste ;
- Une indépendance du Québec en alliance avec les classes ouvrières et populaires du ROC et les nations autochtones et faisant du Québec une terre d'accueil face aux migrations appelées à se développer à cause de la pauvreté engendrée par l'exploitation économique des industries du nord et de la crise climatique causée par ces derniers.
Conclusion
Le 30 septembre 1938, le Français Daladier, le Britannique Chamberlain et l'Italien Mussolini signaient avec Hitler les accords de Munich. En cédant une nouvelle fois à la menace, les Occidentaux confirmaient le dictateur allemand dans la conviction que tout lui est permis.
Rosa Luxembourg nous avait déjà averti de cette situation en 1915. "La société bourgeoise est placée devant un dilemme : ou bien passage au socialisme ou rechute dans la barbarie »
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Déclaration du Comité Femmes Immigrantes contre la haine et les reculs sociaux : notre engagement pour une société juste et inclusive

Mama Keita intervient au nom du Comité femmes immigrantes de Québec le 23 février 2025 dans le cadre d'un rassemblement de solidarité contre les politiques de Trump, rassemblement qui s'est tenu devant le Consulat américain de Québec.
Bonjour à toutes et à tous : Ceci est une déclaration du Comité Femmes Immigrantes contre la haine et les reculs sociaux : notre engagement pour une société juste et inclusive. Nous, membres du Comité Femmes Immigrantes, dénonçons fermement les discours haineux, sexistes, transphobes, racistes, antiavortement et climatosceptiques tenus par Donald Trump. Ces propos, non seulement divisent, mais mettent en péril les droits durement acquis par les femmes, les communautés immigrantes et les groupes marginalisés à travers le monde.
Nos droits ne sont pas négociables
Les attaques contre le droit à l'avortement et l'autonomie des femmes sur leur propre corps sont un recul inacceptable. Nous affirmons haut et fort que toutes les femmes doivent avoir le droit de décider de leur avenir, sans ingérence politique ou idéologique.
Nous défendons une société inclusive
Les paroles racistes et transphobes de Trump encouragent un climat de peur et de discrimination. Nous croyons en une société où chacune et chacun a sa place, peu importe son origine, son genre ou son identité.
L'urgence climatique est réelle
Nier le changement climatique, c'est nier la réalité de millions de personnes, en particulier des populations les plus vulnérables. Nous exigeons des politiques responsables et durables, loin des discours négationnistes et destructeurs.
Nous appelons à la mobilisation
Nous refusons de rester silencieuses face à ces discours qui nous visent directement. Nous appelons toutes les femmes, les allié.e.s et les organisations engagées pour les droits humains à s'unir, se mobiliser et faire entendre nos voix contre ces idéologies rétrogrades.
Un monde meilleur est possible
Ensemble, nous continuerons à bâtir un monde où l'égalité, la justice et la solidarité sont au cœur de nos actions.
Nous ne reculerons pas. Nous avançons
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Manif contre Trump à Québec : Quels intérêts dirigent les États-Unis ?

Discours prononcé le 23 février 2025 à Québec dans le cadre d'un rassemblement de solidarité contre les politiques de Trump. Par Raphaël Laflamme, organisateur communautaire au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants et militant du groupe Alliance Ouvrière.
Sur 23 ministres nommés au cabinet de Trump, on compte au moins 16 milliardaires. Seulement trois d'entre eux détiennent des fortunes personnelles de moins de 10 millions de dollars. Tous, sans exception, sont investis dans les formes les plus perverses du capital financier : des compagnies d'assurances au bitcoin en passant par les investissements boursiers dans les pétrolières et les compagnies d'armement.
Combinées, les fortunes personnelles du cabinet de Trump sont de plus de 460 milliards de dollars. En comparaison, la valeur du cabinet de Biden – qui était composée presque exclusivement de millionnaires venus du 1% – était de 118 millions de dollars. Le cabinet de Trump vaut presque 4000 fois plus que le cabinet de Biden, qui était déjà composé de millionnaires ! Avec Trump, on passe d'un gouvernement du 1% à gouvernement du 0,0001%.
Nous ne verserons pas de larmes pour Biden et ses associés. Leur héritage est celui d'un gouvernement de l'establishment, du 1% qui nous gouverne et nous exploite depuis des décennies. Leur gouvernance néo-libérale a posé les bases du virage à droite. Mais qu'est-ce que ce changement veut dire pour les travailleurs et travailleuses, pour le monde ordinaire ?
Nous le voyons déjà. Le 7 février, Elon Musk a annoncé que le Consumer Financial Protection Bureau allait être dissous. Cette agence protégeait les consommateurs, par exemple, des frais excédentaires chargés par les compagnies de crédits ou les banques. En janvier, juste avant l'inauguration de Trump, l'agence avait passée un règlement comme quoi les dettes contractées pour rembourser des frais médicaux ne seraient pas prises en compte dans le calcul de la cote de crédit pour obtenir une hypothèque. Cette mesure, et l'ensemble de la mission de ce bureau, sont caducs. Pour les survivants du cancer qui voulaient une maison, on oublie ça.
C'est bien connu que la commission « DOGE » de Musk a ordonné de nombreuses coupures de postes de fonctionnaires fédéraux. Hormis la protection du consommateur, dans quoi est-ce que Musk a coupé ? Entre autres dans la Food and Drug Administration, chargée de surveiller les opérations de compagnies comme Neuralink, possédée par Musk. Dans la Federal Aviation Administration, chargée de surveiller les opérations de compagnies comme SpaceX, possédée par Musk. Dans USAID, qui avait enquêté sur Starlink, la compagnie de Musk. Elon Musk est littéralement en train de couper dans les mécanismes de surveillance et de responsabilité de ses propres compagnies. Ce n'est plus une question de conflit d'intérêts ou de manigances : c'est un gouvernement qui agit ouvertement en défense de ses propres intérêts.
Ces exemples ne sont que la pointe de l'iceberg d'une série de mesures déjà prises, et qui seront prises, pour presser à fond le citron des classes populaires et renvoyer le maximum de richesse vers les banquiers, les magnats des compagnies d'assurances et les oligarques du capital financier.
Pour se donner une idée de ce qui s'en vient, on peut se fier aux nombreuses affirmations de Trump contre la classe ouvrière qu'il vomit régulièrement sur Truth Social et X : il aimerait délocaliser des usines pour payer des moins bons salaires, il trouve que les salaires des travailleurs aux États-Unis sont trop élevés, il propose de renvoyer les travailleurs dans le cas d'une grève, il s'oppose au paiement des heures supplémentaires, etc.
Pour les gens ordinaires, un gouvernement Trump, ça veut dire ne jamais savoir que son usine ne sera pas délocalisée. Ça veut dire que les acquis du passé, comme les fonds de retraites, sont toujours à un décret près d'être annulé. Ça veut dire plus de latitude pour les banques et les compagnies d'assurance pour frauder légalement. Ça veut dire des attaques décomplexées contre l'assurance emploi et les programmes sociaux. Ça veut dire une législation à l'extrême du néo-libéralisme, un code du travail qui sera reforgé dans l'intérêt des grandes corporations. C'est un retour aux conditions de travail des sweatshop de la première révolution industrielle.
Au cours des prochaines années, la fortune personnelle des membres du cabinet Trump va décupler. La valeur des corporations détenues par Elon Musk a déjà grimpée de 613 milliards. Cette valeur-là, ce n'est pas Musk qui l'a créée en travaillant. De l'argent, ça n'apparaît jamais de nul part. C'est de la valeur qui a été volée directement à la classe ouvrière. 613 milliards volés en un mois par une seule personne. Imaginez ce qui sera volé en quatre ans par l'ensemble des oligarques au pouvoir.
Nous devons clairement comprendre ce que le cabinet de Trump représente : les intérêts des éléments les plus réactionnaires de l'oligarchie financière. Ils sont en train de préparer la voie pour une dictature ouverte du capital financier, autrement dit, pour instaurer un régime fasciste aux États-Unis. Leur stratégie est de créer un front uni en ralliant une base d'appui parmi les petits entrepreneurs frustrés et dans les classes populaires blanches afin de les mobiliser contre les migrants, contre les minorités de genre, les minorités religieuses, etc. autour d'un programme axé sur les valeurs ultra-conservatrices. Mais au bout de la ligne, même les ouvriers blancs et les petits entrepreneurs y seront perdants : l'essence du programme de Trump, c'est l'enrichissement du 0,0001% au détriment de la vaste majorité, au détriment de tous les gens ordinaires des États-Unis, au détriment des peuples du monde et au détriment de la viabilité de la vie sur Terre.
Nous devons lutter pour éviter que la vague Trump arrive ici. L'agenda de Poilievre, ce n'est peut-être pas encore Trump, mais c'est certainement un pas dans sa direction. Contre la vague de droite, il faut promouvoir l'unité de classe. Il faut lutter avec nos camarades immigrants et immigrantes, avec nos camarades des minorités religieuses et de genre, pour défendre leurs droits et nos droits. Ensemble, il faut prendre l'offensive et diriger une lutte sociale d'envergure pour mettre un terme au système capitaliste qui génère l'inégalité, la guerre et le fascisme.
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La colère tarifaire de Trump

Au cours du week-end, le président Donald Trump a annoncé une série d'augmentations tarifaires sur les importations américaines de marchandises en provenance des partenaires commerciaux les plus proches des États-Unis, le Canada et le Mexique. Il a proposé une augmentation de 25 % des tarifs douaniers (avec un taux inférieur pour les importations de pétrole en provenance du Canada). Il a ensuite annoncé une augmentation de 10 % des droits de douane sur toutes les importations chinoises. C'est ainsi que Trump a commencé sa nouvelle guerre commerciale.
7 février 2025 | tiré de Viento sur
https://vientosur.info/la-rabieta-arancelaria-de-trump/
Et pourtant, dès qu'il l'a commencé, il a pris du recul. Trump a annoncé qu'il reportait d'un mois les hausses de droits de douane avec le Canada et le Mexique parce que leurs gouvernements avaient accepté de faire quelque chose contre la contrebande de fentanyl aux États-Unis, qui, selon lui, tue 200 000 Américains chaque année. Ce chiffre est absurde, bien sûr, car moins de 100 000 Américains meurent chaque année d'overdoses de drogues de toutes sortes. À l'heure actuelle, la contrebande de fentanyl à la frontière canado-américaine est minuscule, surtout si on la compare aux opérations des cartels de la drogue à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. De plus, comme le président mexicain Sheinbaum l'a fait remarquer à Trump, les cartels peuvent utiliser des méthodes violentes grâce au trafic d'armes effectué par les Américains aux États-Unis.
Les gouvernements du Canada et du Mexique se sont empressés de conclure un accord avec Trump, promettant des groupes de troupes aux frontières pour arrêter le trafic et plus de forces antidrogue conjointes avec les États-Unis, etc. Cela semble suffisant pour que Trump reporte sa mesure tarifaire, bien que les droits de douane sur la Chine soient maintenus (pas de médicaments là-bas ?). Des taxes seront également introduites dans le système douanier sur les importations de petits colis qui étaient auparavant exempts de droits de douane, ce qui affectera les achats en ligne de marchandises en provenance de l'étranger par les Américains.
Alors, que devrions-nous apprendre de cette crise de colère ? Les menaces d'augmentation des droits de douane sont-elles simplement utilisées pour intimider d'autres pays afin qu'ils fassent des concessions à Trump ? Ou y a-t-il une politique économique cohérente dans tout cela ?
Cette folie répond à une méthode. Sur le front extérieur, Trump a l'intention de rendre à l'Amérique sa grandeur en augmentant le coût de l'importation de biens étrangers pour les entreprises et les ménages américains, réduisant ainsi la demande et l'énorme déficit commercial que les États-Unis ont actuellement avec le reste du monde. Il veut le réduire et forcer les entreprises étrangères à investir et à opérer aux États-Unis au lieu d'y exporter.

Il pense que cela augmentera les revenus et l'emploi des Américains. Et avec les revenus supplémentaires des droits de douane, le gouvernement aura suffisamment de fonds pour réduire autant que possible l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les bénéfices des sociétés (en fait, Trump dit qu'il veut abolir complètement l'impôt sur le revenu). Si tel est le plan, les droits de douane finiront par être pleinement mis en œuvre et la Chine obtiendra probablement une augmentation encore plus importante.
Si Trump va de l'avant avec ses mesures tarifaires protectionnistes, quel sera l'impact sur le commerce et l'économie américains ? Les droits de douane actuellement prévus affecteraient 1,3 billion de dollars d'échanges commerciaux avec les États-Unis, et 43 % de toutes les importations américaines seraient touchées.

Les augmentations cumulatives des droits de douane depuis que Trump les a lancés pour la première fois au cours de son mandat de 2016 à 2020 atteindraient des niveaux jamais vus depuis 1969, juste avant les réductions tarifaires internationales du GATT et de l'OMC au cours des décennies de mondialisation à la fin du XXe siècle.

En effet, les droits de douane sont une taxe sur les biens importés, que le Trésor américain peut empocher. Un tarif de 25 % sur le Canada et le Mexique augmenterait les coûts pour les constructeurs automobiles américains. On s'attend à ce que ces tarifs augmentent jusqu'à 3 000 $ sur le prix de certaines des 16 millions de voitures vendues aux États-Unis chaque année. Les coûts des denrées alimentaires augmenteraient également, car le Mexique fournit plus de 60 % des produits frais aux États-Unis.

L'impact précis dépendra de la durée pendant laquelle les tarifs resteront en place et de la décision d'autres pays de prendre des mesures de rétorsion. La Chine a déjà annoncé une série de contre-mesures. Le ministère chinois du Commerce a déclaré que le pays imposerait des contrôles à l'exportation sur le tungstène, le tellure, le ruthénium, le molybdène et les articles liés au ruthénium, des composants essentiels des produits technologiques. La Chine prévoit également une taxe de 15 % sur le gaz naturel liquéfié.
Aux États-Unis, si des augmentations tarifaires sont mises en œuvre, les prix intérieurs augmenteront et il y aura une pression à la hausse sur l'inflation. Il y a un facteur qui contrecarre cela. Si le dollar américain se renforce par rapport aux autres devises commerciales, le coût des importations en dollars sera plus faible, ce qui réduira l'impact des droits de douane sur les prix. Mais le taux d'inflation aux États-Unis augmentera très probablement. L'inflation recommence déjà à augmenter. Les augmentations tarifaires porteront le taux au-dessus de 3 % d'ici 2025.

Un groupe de réflexion américain, le Tax Policy Center, estime que le revenu médian des ménages américains après impôts diminuera de 1 %, soit 930 dollars, d'ici 2026 si les tarifs sont pleinement mis en œuvre. En effet, les prix à la consommation augmenteraient de 0,7 % et le PIB réel perdrait de 0,4 %. Le Peterson Institute for International Economics estime que les droits de douane entraîneront une contraction de l'économie américaine de 0,25 % l'année prochaine et de 0,1 % à long terme. « Les politiques qu'il poursuit présentent un risque inflationniste élevé », a déclaré Adam Posen, directeur du groupe de réflexion du Peterson Institute for International Economics. « Il semble que la promotion de l'industrie manufacturière et l'atteinte des partenaires commerciaux de l'Amérique soient des objectifs qui, pour Trump, ont plus de priorité que le pouvoir d'achat de la classe ouvrière. »
Trump affirme que les revenus supplémentaires provenant des tarifs seraient utilisés pour réduire les impôts et que l'ensemble des types de revenus serait censé aider les revenus des ménages. Mais les estimations des revenus supplémentaires provenant des droits de douane ne s'élèvent qu'à 150 milliards de dollars par an. Et les réductions d'impôt sur le revenu profiteront principalement aux personnes aux revenus les plus élevés, tandis que la hausse de l'inflation touchera les groupes à faible revenu.
Si l'impact des hausses tarifaires devait réduire la croissance économique, le soi-disant succès relatif de l'économie américaine par rapport à d'autres grandes économies serait en péril. La croissance du PIB réel aux États-Unis avait déjà ralenti à la fin de 2024 pour s'établir à un taux annualisé de 2,3 %. Des mesures tarifaires réduiraient ce taux de croissance cette année et l'année prochaine.

Ainsi, alors que Trump impose des droits de douane, l'inflation aux États-Unis augmente et la croissance de la production ralentit.
Les pays soumis aux augmentations tarifaires de Trump seront durement touchés. Le Peterson Institute calcule que « sous la deuxième administration Trump, le PIB des États-Unis serait inférieur d'environ 200 milliards de dollars à ce qu'il aurait été sans les droits de douane. Le Canada perdrait 100 milliards de dollars à cause d'une économie beaucoup plus petite et, à son apogée, les droits de douane réduiraient la taille de l'économie mexicaine de 2 % par rapport à ses prévisions de base. En fait, les économistes de JP Morgan estiment que ces mesures pourraient plonger le Canada (déjà faible) et le Mexique dans une récession à part entière.

L'impact sur la Chine dépendra de l'ampleur des augmentations tarifaires. Pour l'instant, ce n'est que 10 %, mais Trump a déclaré que ce serait finalement 60 %. Si les États-Unis imposaient un tarif supplémentaire de 10 % à la Chine et que la Chine répondait en conséquence, le PIB américain serait réduit de 55 milliards de dollars au cours des quatre années de la deuxième administration Trump, et de 128 milliards de dollars en Chine. L'inflation devrait augmenter de 20 points de base aux États-Unis et, après une baisse initiale, de 30 points de base en Chine.

Ces estimations supposent que des mesures tarifaires seront appliquées. Jusqu'à présent, Trump a reporté son application pendant qu'il poursuit ses tactiques de négociation avec ses partenaires commerciaux. Mais n'oubliez pas qu'il prévoit également d'augmenter les droits de douane sur toutes les importations de l'UE, et cela n'est pas encore arrivé.
En général, l'augmentation des droits de douane et d'autres mesures protectionnistes seront affaiblies par les mesures de rétorsion et la croissance économique. La croissance du commerce mondial s'est quelque peu redressée en 2024 après s'être contractée en 2023. Les tarifs douaniers de Trump arrêteront cette reprise dans son élan.

Dans les années 1930, la tentative des États-Unis de protéger leur base industrielle avec les tarifs douaniers Smoot-Hawley n'a conduit qu'à une nouvelle contraction de la production qui a conduit à la Grande Dépression qui a englouti l'Amérique du Nord, l'Europe et le Japon. Les grandes entreprises et leurs économistes ont condamné les mesures Smoot-Hawley et ont mené une campagne vigoureuse contre leur mise en œuvre. Henry Ford a tenté de convaincre le président Hoover d'opposer son veto à ces mesures, les qualifiant de « stupidité économique ». Des mots similaires viennent maintenant des grandes entreprises et de la finance ou du Wall Street Journal, qui a qualifié les tarifs douaniers de Trump de « guerre commerciale la plus stupide de l'histoire ».
La Grande Dépression des années 1930 n'a pas été causée par la guerre commerciale protectionniste provoquée par les États-Unis en 1930, mais les tarifs douaniers n'ont fait qu'ajouter de la force à la contraction mondiale, qui est devenue « chacun pour soi ». Entre 1929 et 1934, le commerce mondial a chuté d'environ 66 % alors que les pays du monde entier mettaient en œuvre des mesures de rétorsion commerciale.
Bien que Trump ait rompu avec les politiques néolibérales de mondialisation et de libre-échange pour « rendre sa grandeur à l'Amérique » aux dépens du reste du monde, il n'a pas abandonné les politiques néolibérales pour l'économie nationale. Les impôts des grandes entreprises et des riches seront réduits, mais il est également prévu de réduire la dette du gouvernement fédéral et de réduire les dépenses publiques (sauf pour l'armement, bien sûr). Cette année, le déficit budgétaire des États-Unis sera de près de 2 000 milliards de dollars, dont plus de la moitié sont des intérêts nets, soit à peu près la même quantité que les États-Unis dépensent pour leur armée. L'encours total de la dette publique s'élève aujourd'hui à 30,2 billions de dollars, soit 99 % du PIB. La dette américaine en pourcentage du PIB dépassera bientôt le pic de la Seconde Guerre mondiale. Le Congressional Budget Office estime que d'ici 2034, la dette du gouvernement américain dépassera 50 000 milliards de dollars, soit 122,4 % du PIB. Les États-Unis dépenseront 1,7 billion de dollars par an rien qu'en intérêts.
Trump a laissé Elon Musk prendre en charge les dépenses du gouvernement fédéral, fermer des ministères (peut-être le ministère de l'Éducation) et licencier des milliers d'employés publics pour réduire le gaspillage. Le problème pour Musk est que la plupart des déchets et des dépenses vont à la défense, mais il ne fait aucun doute qu'il continuera à réduire les services publics et même les programmes de droits comme Medicare.
Trump a l'intention de privatiser autant de gouvernement qu'il le peut. « Nous vous encourageons à trouver un emploi dans le secteur privé dès que vous le souhaitez », a déclaré le Bureau de la gestion du personnel de l'administration Trump. Selon Trump, le secteur public est improductif, mais pas le secteur financier, bien sûr. « La voie vers une plus grande prospérité américaine est d'encourager les gens à passer d'emplois à faible productivité dans le secteur public à des emplois à plus forte productivité dans le secteur privé. » Personne ne connaît ces excellents emplois. De plus, si le secteur privé cesse de croître à mesure que la guerre commerciale s'intensifie, ces emplois à plus forte productivité n'existeront jamais.
4/02/2025
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